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IliiiilitititlHIlIltlIlllMI*
LES
LITTÉRATURES POPULAIRES
TOME VII
LES
LITTÉRATURES
POPULAIRES
DE
TOUTES LES NATIONS
TRADITIONS, LÉGENDES
CONTES, CHANSONS, PROVERBES, DE\'INETTES
SUPERSTITIONS
TOME VII
PARIS
MAISONNEUVE ET C'% 'EDITEURS
25, QUAI VOLTAIRE, 25
1882
Tous droits réservés
POÉSIES POPULAIRES
DE LA GASCOGNE
TOME in
POÉSIES POPULAIRES
DE
LA GASCOGNE
PAR
M. Jean-François BLADÉ
TOME m
CHANSONS DE DANSE
PARIS
MAISONNEUVE ET C'% ÉDITEURS
25, QUAI VOLTAIRE, 25
1882
Tous droits réservés
PRÉFACE
|E troisième et dei-nier volume des Poésies
populaires de la Gascogne est exclusive-
ment réservé aux Chansons de danse. Je
suis tenu d'expliquer au lecteur comment ce genre de
poésies s'adapte à sa destination.
Et d'abord, je n'ai rien à dire des quadrilles,
valses, polkas, et attires danses importées, que nos
paysans gascons ignoraient encore il y a cinquante ans.
Je n'ai pas à parler non plus du Saut, dont l'usage
est limité au Pays Basque et au Béarn, exclus, comme
je l'ai déjà dit ailleurs, du domaine de mes recherches.
Quelques lignes suffiront pour la Farandole, dont la
II PRÉFACE
description a été déjà faite bien des fois. La Farandole,
dite en gascon la Courante (Courrento), n'est guère
en honneur que dans la portion orientale de mon
domaine contiguë au Languedoc et au Bas-Quercy. Il
y a des localités oii les hommes seuls figurent dans
cette danse, et d'autres où, les femmes y sont admises.
La Farandole ne comporte pas de chansons. Elle n'a
lieu qu'au son du fifre ou du violon , souvent scandé
par un tambour battant la mesure. On trouvera dans
la Musique du présent volume (Airs w 8-11) quatre
de ces mélodies, sur lesquelles on peut aussi danser le
rondeau (branle, arroundèu, roundèu), seule figure
de chorégraphie à la fois populaire et générale en Gas-
cogne.
Comme son nom l'indique, le rondeau se meut en
cercle, tantôt au son des instruments, tantôt à la voix
des danseurs, chantant toujours à l'unisson. A ce
propos, j'ai hâte d'ajouter que l'unisson est de règle
dans les poésies chantées, sauf un très-petit nombre
de pièces d'origine récente, et visiblement empreintes
de l'influence des Orphéons.
Les modernes instruments de cuivre sont d'un em-
ploi très-peu fréquent pour danser en rond. Ceux dont
on use le plus volontiers, sont la vielle, le violon, le
fifre et le flageolet. Au besoin, on s'accommode de la
PRÉFACE m
guimbarde. L'usage du petit hautbois désigné, selon
les contrées, sous les noms de clarin ou rf'amboèso, est
circonscrit à la Gascogne languedocienne, et à une
portion des Pyrénées. La musette ne résonne guère en
dehors de la région Landaise, d'oii n'ont pas encore
disparu le tympanon et la flûte à deux ou trois trous,
dont on ne veut guère plus dans le reste de ma pro-
vitwe. Le tympanon est une étroite et longue caisse
d'harmonie, percée d'un trou rond aie milieu. Six à
huit cordes de tons divers, vibrent toutes à la fois,
sous un petit bâton, que le ménétrier tient de la main
droite, tandis que l'instrument repose attaché sur
l'épaule gauche. L'autre main sert à manœuvrer la
flûte, dont le bruit monotone du tympanon scande la
mélodie, forcément restreinte à quelques notes aiguës.
La plupart de nos anciens ménétriers, étaient hors
d'état de déchiffrer une portée de la musique la plus
simple. Certains de leurs successeurs sont assurément
plus avancés. Mais bon nombre d'instrumentistes
ruraux, jouent encore en simples praticiens, et n'ap-
prennent qu'en tâtonnant les airs de rondeaux, assortis,
ou non de paroles. A ce métier, qui rarement est leur
principal çagne-pain, la plupart, doués d'un véritable
instinct mélodique, ne tardent pas à faire montre
d'habileté manuelle.
IV PRÉFACE
Les bénéfices des ménétriers proviennent des bals
publics ou privés. Quand les danses ont lieu dans
des salles, les rondeaux obtiennent rarement aujour-
d'hui la même faveur que les danses importées. Les
partisans encore nombreux des vieux usages s'accom-
modent plus volontiers de la halle du village en temps de
pluie, de la promenade publique aicbeau temps. Dans les
communes rurales, les bals commencent aux approches
du Carnaval, et finissent le Mercredi des Cendres. Ils
reprennent, avec moins d'animation, dans la seconde
quinzaine d'avril, et sont à peu près abandonnés au
temps des fortes chaleurs. On ne danse guère que le
dimanche, et le jour de la fête patronale (hoto), depuis
la sortie des vêpres jusqu'aux approches de la nuit. Le
musicien est uniquement rétribué par les jeunes gens,
dont chacun lui remet une pièce de billon, à moins
que le conducteur du rondeau ne paie tout, pour faire
honneur à la danseuse qu'il a choisie.
*
* *
VOILA pour les bals en mtisique, où parfois encore
les danseurs font taire un moment l'instrumen-
tiste, et tourbillonnent au son de leurs propres voix.
PRÉFACE
Mais, en général, on ne danse aux chansons que faute
de mieux, par exemple en temps de vendanges, ou les
soirs d'hiver, che^ quelque riche paysan, qui ne craint
pas trop de brider son bois et son huile, ni de régaler
ses hôtes d'un verre de vin blanc doux.
Il s'agit maintenant de bien préciser comment se
danse et se chante simultanément le rondeau.
J'ai déjà, dit que cette figure s'exécute en rond. Le
rondeau est conduit ou mené (amiat) par un danseur
qui donne la main droite à une danseuse, laquelle
donne la droite à un autre danseur, et ainsi de suite
jusqu'à ce que le personnel chorégraphique soit au com-
plet. Cependant il n'est pas rare de voir, au milieu
ou à la fin d'un rondeau, deux ou trois danseuses se
donnant la main, ce qui n'arrive jamais pour les
danseurs. Quand la danse circulaire a lieu toujours
en avançant, c'est le rondeau simple. Quand la ronde
est coupée par intervalles de mouvements de recul,
c'est la Ressegado on sciage, oîi le mouvement en
avant est du reste très supérieur à celui qui se produit
ensuite en arrière. Tous les airs de danse ne se prêtent
pas également à la Ressegado ; et on choisit, pour s'y
livrer, les chants oti les couplets sont les plus longs.
Après avoir entonné et donné le signal de départ en
avant, le chef de danse, qui d'habitude est aussi le
VI PRÉFACE
chef de chant, indique le mouvement de recul, sur tel
ou tel vers pris dans la suite du couplet. Cet avertis-
sement est aussitôt mis à profit par les autres dan-
seurs, qui sont ainsi avertis une fois pour toutes, et
qui rétrogradent spontanément, aux couplets suivants ,
quand revient la portion de plorase poétique et musicale
primitivement marquée par une indication de recul.
La danse en une seule ronde, est surtout avantageuse
poîir ceux qui sont le plus rapprochés de l'homme qui
la conduit. Plus loin, les sauts en cadence deviennent
difficiles et même impossibles, si les danseurs sont trop
nombreux. C'est pourquoi la ronde se meut souvent
par petits groupes, dont le minimum est de trois
personnes, une femme tenant un homme de chaque
nmin.
Parlons maintenant du chant, qui s'exécute en
même temps.
Je viens de dire que le chef de danse est habituelle-
ment celui du chant. Quand on déroge à cette règle,
c'est-à-dire quand le chanteur ou la chanteuse se
trouvent à une distance variable du chef de danse, les
choses se passent, sous le rapport musical, absolument
comme si celui qui conduit la ronde était aussi le chej
de chant.
Donc, avant de donner le signal du départ, le chef
PRÉFACE VII
de danse et de chant entonne, presque toujours au repos,
la première partie du premier cotiplet, que tous les
autres danseurs répètent aussitôt, pendant qu'ils
marquent la mesure en balançant leurs mains enlacées.
Après cet avertissement, donné une fois pour toutes,
la danse et le chant continuent comme je vais dire,
pour ne finir qu'avec la chanson.
Le chef de danse et de chant, met la ronde en branle
avec la première partie du couplet initial, que la masse
des danseurs répète aussitôt. Cela fait, le chef passe,
si la chanson le comporte, à la portion du couplet qu'il
doit dire seul, et que suit incontinent le refrain, répété
par les danseurs. Beaucoup de rondeaux se composent
de couplets formés de deux ou de quatre vers de même
mesure, sans compter les intercalations et additions
uniformes, qui reviennent régulièrement, et aux mêmes
places. En ces cas-là, on forme la première partie du
second couplet par voie de répétition. Selon que la
chanson comporte des couplets de quatre ou de deux
vers, on prend les deux derniers ou le dernier vers du
premier couplet, pour y en ajouter deux antres, ou un
seul.
Un exemple mettra ces explications en pleine lu-
mière. Je l'emprunte à la Chanson de danse LXXI,
p. 246- p, intitulée : Lou curé dou Castera.
VIII PRÉFACE
CHEF DE DANSE ET DE CHANT
Moussu curé dou Castera,
Sai jouga de la guitara.
DANSEURS
Moussu curé dou Castera,
Sa jouga de la guitara.
CHEF DE DANSE ET DE CHANT
Pren soun fusil, s'en ba cassa.
Sai jouga de la guitareto :
Sai jouga de la guitara.
Sai jouga de la guitareto.
Sai jouga de la guitara.
CHEF DE DANSE ET DE CHANT
Pren souu fusil, s'en ba cassa.
Sai jouga de la guitara.
DANSEURS
Pren soun fusil, s'en ba cassa.
Sai jouga de la guitara.
PRÉFACE IX
CHEF DE DANSE ET DE CHANT
Perdics, ni lèbes trobo pas.
Sai jouga de la guitareto :
Sai jouga de la gnitara.
DANSEURS
Sai jouga de la guitareto.
Sai jouga de la guitara.
Et ainsi de suite pour tout le reste de la chanson,
qui est de celles oii la danse peut se modifier en Resse-
gado ou sciage, dont il a été déjà question. En ce cas,
la ronde s'ébranle en avant durant les deux premiers
vers, chantés par le chef de danse et de chant, et recule
pendant qu'ils sont répétés par les danseurs. Cela fait,
le mouvement en avant recommence, jusqu'à la fin du
couplet.
Ces explications suffisent amplement. Je dois aussi
prévenir le lecteur que les chansons de danse sont dis-
posées, dans le présent volume, suivant l'ordre dé-
croissant, en n'ayant égard qu'au nombre de vers qui
composent les couplets, et au besoin à la quantité syl-
labique des vers. Ce mode de classement, déjà adopté
pour certaines parties du tome II, a l'inconvénien
PRÉFACE
de séparer parfois des pièces que leurs analogies de-
vraient réunir ; mais alors, j'ai obvié par des réfé-
rences à cet inconvénient Jorcé.
Encore un mot. Ici, comme dans le second volume,
j'ai signalé les répétitions de vers par des bis, typo-
graphiquement limités aux premier et dernier couplets
de chaque pièce.
* *
VOILA les explications spéciales que fêtais tenu
de fournir, en tête de ce troisième et der-
nier tome des Poésies populaires de la Gascogne.
Demain, le public jugera, dans son entier, ce Recueil
QÎi les communications de tant d'amis sont venues
grossir le résultat de plus de vingt ans de recherches
personnelles. Certes, mes compatriotes attesteront une
fois de plus ma pleine sincérité. Mais les critiques
trouveront, sans effort, ample matière à censure, dans la
mise en œuvre, l'agencement et les notes des textes que
fai rassemblés. Il est passé, le temps oit je redoutais
plus qu'il ne faut ces sévérités, d'ailleurs salutaires.
Perdu dans mes souvenirs, je relis encore une fois les
vieilles chansons de ma proviwe. Sans doute, je n'ai
PRÉFACE XI
pas rempli tout mon devoir, et je mérite que l'entre-
prise d'un autre fasse quelque jour oublier la mienne.
A celui qui viendra, je souhaite ce qui m'a manqué,
et je dis du meilleur et du plus pv/ond de mon âme :
« Hâte-toi. Le temps presse. Jl sera trop tard de-
main. Écoute les enfants qui chantent :
Nous n'irons plus au bois :
Les lauriers sont coupés.
« Moi feu arrive, pour n'y retourner jamais. Adieu,
senteurs amères de l'aubépine d'avril, baume des
vieux chênes rajeunis au souffle des vents printaniers.
Encore une fois adieu, grands champs de blé pleins de
coquelicots et de bluets, iris jaunes, blancs nénuphars
épanouis au bord des fontaines oii chante, vierge et
jaillissant, le flot de la poésie populaire. Mes fleur s sont
lices à peine, et déjà je dois songer aux traditions
prosaïques de mon pays. Sur la fin de ce labeur, je
reviendrai peut-être cueillir encore, au bord des che-
mins, quelques pâles scabieuses d'automne. Et puis,
sans repos ni trêve, je cheminerai parmi les marnes
paysages de l'histoire provinciale, où, la mort me bri-
sera dans ma tâche inachevée, »
XII PRÉFACE
Tel je songeais, l'autre soir, dans la solitude et le
silence d'un humble Musée de province. Là, parmi
cent modernes produits de l'art bête et ministériel, je
sais une œuvre fière, où, le crayon de l'artisan déroula,
dans son entier, la pompe triomphale d'un César de la
vieille Rome.
Regarde^. Les temples sont ouverts. L'encens fume
devant les statues des Dieux décorées de fleurs et de
feuillages. Le peuple bat les gradins, et monte jusqu'au
faîte des demeures patriciennes. A la porte Capène,
magistrats et sénateurs ont rallié le cortège. Les trom-
pettes résonnent. Voici les chariots chargés de butin,
les images des provinces conquises et des nations vain-
cues. Voici les joueurs de flûte, les bœufs blancs aux
cornes dorées, conduits par les victimaires portant les
couteaux sacrés. Sous les crachats et les huées de la
canaille, le roi train par la fortune chemine parmi
ses proches et ses serviteurs enchaînés.
— << Gloire à César victorieux ! »
Et César, licteurs en avant, triomphe, campé sur
son sceptre, dans son quadrige d'ivoire. Sur sa tête
laurée, l'esclave insulteur balance la couronne d'or
étrusque. « Respice post te. Hominem mémento
te. » Après le char, se ruent les chefs et les soldats,
brandissant leurs rameaux verts. « Jo triumphe.
PRÉFACE XIII
lo triumphe. » Et les chansons militaires reten-
tissent, sarcastiques ou louangeuses, avec les hymnes
aux Dieux.
Dans cette œuvre, faite de l'insolence des vain-
queurs et de la misère des captifs, je sais où. trouver
ceux que j'aime.
— << Alle^, patriciens serviles, tribuns militaires et
centurions rapaces, légionnaires avinés. Triomphe,
ô César, dans ton officielle et stupide majesté.
a Salut, noble roi vaincu, fusqu'au bout, tu porte-
ras, droite et fière, la tête promise au licteur.
« Mais tes proches, tes amis des jours prospères,
n'auront pas le même destin. Tournés vers le char triom-
phal, ils supplient et tendent les mains :
— (( Pitié, divin César! La vie! Laisse-nous la
vie. »
Le clément empereur fera grâce. Avec son légat ,
ces traîtres retourneront d'oii ils viennent. Par eux
sera consommée la ruine de la patrie.
— (< Salut aussi, vieux barde à la lyre étrange et
barbare. Serviteur libre et fidèle, tu te souviens, et tu
regardes ton roi captif. Pourtant, tu ne mourras pas.
César te gardera piisonnier dans Rome. Tout le jour,
tu vivras courbé sur ton labeur dur et servile. Mais
le soir, tu retrouveras ta lyre. Je te vois, au bord du
XIV PRÉFACE
Tihre jaune, jetant au vent de la terre étrangère les
vieux airs qu'on oublie là-bas. Parfois, s'arrêtent
quelque lettré, disciple d'Auîu-Gelle, quelque patricien
désœuvré.
— « Vieil esclave, chante encore.
— (( Passe ton chemin, grammairien curieux.
Passe, illustre sénateur. Je chante ce qui ne vit plus
que dans mon âme. Je pleure mes Dieux brisés, tnon
roi vaincu, mon peuple aboli. Passe:(. Demain, la
mort me fera libre. Demain, ma lyre sera muette.
Alors, alle\ dire à votre César que le vieux barde
emporte dans la tombe les chansons des ancêtres, et
que le nom même de sa race est à jamais effacé de la
mémoire des hommes. »
Jean-François BLADÉ.
Agcti, ce 2 titars 18S2.
PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTES
POUR LES RÉFÉRENCES DU TOME III
Inslructions relatives aux poésies populaires de la France. In-S".
Paris, 1853.
Rnnie des langues romanes. In-8°. Montpellier. Commence en
1860.
Combes (A.). Chants populaires du Pays Castrais. In-12. Castres,
1862.
Damase Arbaud. Chants populaires de la Proi'ence. 2 vol. in-12.
Aix, 1862-1864.
Tarbé. Romancero de Champagne. 5 vol. in-8°. Reims, 1863-1864.
Les poésies populaires occupent le tome II.
DoRRiEUx. Chants et chansons populaires du Camhrésis, dans le
tome XXXV'III i'^ partie, des Mémoires de la Société d'ému-
lation de Cambrai. In-8°. Cambrai, 1864.
Champfleury et Wekerlin. Chansons populaires des prcn>inces de
France. Gr. in-8°. Paris, 1865.
Gagnon (E.). Chansons populaires du Canada. Gr. in-8°. Québec,
186).
Puymaigre (Comte de). Chants populaires recueillis dans le Pays
Messin. 1.1-8°. Paris, 1865.
Bujeaud(J.). Chants cl chansons populaires disprovinces de l'Ouest.
2 vol. gr. in-8°. Paris, 1865.
Cénac-Moncaut. Littérature populaire de la Gascogne. 1 vol. in-12.
Paris, 1868.
BucHON (M.). Chants populaires de la Franche-Comté. In-12.
Paris, 1878.
Gaidoz et Rolland. La Mélusine. In-4°. Paris, 1878.
Bladé (J. F.). Poésies populaires en langue française, recueillies
dans l'Armagnac et l'Agenais. In-B°. Paris, 1879.
Montel et Lambert. Chants populaires du Languedoc, i vol. in-8".
Paris, 1880.
Sébillot (Paul). Littérature orale de la Haute-Bretagne. 1 vol.
in-12. Paris, 1881.
Rolland. Almanach des traditions populaires de la France. in-iS.
Paris, 1882.
m
CHANSONS DE DANSE
m
CANSOUS DE DANSO
SUR LA MOUNTAGKO
— « Sur la mountagno, }
Ma maire (i), j
Sur la mountagno,
Sur la mountagno,
Que jogon dou biuloun.
Ma maire.
Sur la mountagno, )
(bis).
Que jogon dou biuloun. )
(bis).
(i) Maire, mère, expression languedocienne ; en gascon,
tnai.
CHANSONS DE DANSE
SUR LA MONTAGNE
« Sur la montagne, }
Ma
mère.
i (7'/^-;.
Sur la montagne,
Sur la montagne,
On joue du violon.
Ma mère,
Sur la montagne , }
On joue du violon. )
(lus).
POÉSIES POPULAIRES
— Se jogon goaire.
Ma maire.
Se jogon goaire,
Se jogon goaire,
I bau dansa un roun.
Ma maire,
Se jogon goaire,
I bau dansa un roun.
— Se bas en danso,
Ma hillo.
Se bas en danso,
Se bas en danso,
Pren goardo au bastoun.
Ma hillo.
Se bas en danso,
Pren goardo au bastoun.
— Se me bat moun orne.
Ma maire.
Se me bat moun orne,
Se me bat moun ome,
Jou me boi tourna.
Ma maire.
DE LA GASCOGNE
— Si on joue guère,
Ma mère,
Si on joue guère.
Si on joue guère,
J'y vais danser un rond.
Ma mère.
Si on joue guère,
J'y vais danser un rond.
— Si tu vas en danse,
Ma fille,
Si tu vas en danse,
Si tu vas en danse,
Prends garde au bâton.
Ma fille.
Si tu vas en danse.
Prends garde au bâton.
— Si mon homme me bat,
Ma mère,
Si mon homme me bat ,
Si mon homme me bat,
Je veux me défendre.
Ma mère.
POÉSIES POPULAIRES
Se me bat moun orne,
Jou me boi tourna.
— Se tu te tournos,
Ma hillo,
Se tu te tournos.
Se tu te tournos,
L'ase que coûtera.
Ma hillo,
Se tu te tournos,
L'ase que courera.
— Se court, que courre.
Ma maire.
Se court, que courre.
Se court, que courre.
Per bous courrouc ta plan :
Ma maire y
Se court, que courre,
Per bous courrouc ta plan.
— Se l'ase sauto,
Ma maire,
Se l'ase sauto,
Toutos diran :
DE LA GASCOGNE
Si mon homme me bat,
Je veux me défendre.
— Si tu te défends,
Ma fille,
Si tu te défends,
Si tu te défends,
L'âne courra (i).
Ma fille,
Si tu te défends,
L'âne courra.
— S'il court, qu'il coure,
Ma mère,
S'il court, qu'il coure.
S'il court, qu'il coure.
Pour vous il courut si bien
Ma mère,
S'il court qu'il coure.
Pour vous il courut si bien.
— Si l'âne saute.
Ma mère,
Si l'âne saute.
Toutes diront :
(i) Les niaiis battus montent sur l'âne, en camavaL Cf. Bladé,
Poésies piipulaires de la Gascogne, t. II, p. vi-xii, de la préface
et le chant s;iécial IV, Chanson de charivari, p. 288-95.
POÉSIES POPULAIRES
« Bieil ase echaureillat, »
Ma maire,
Toutos diran :
« Bieil ase echaureillat.
— Enlocd'aureiUos.)
Ma maire, )
En loc d'aureillos,
En loc d'aureillos,
Que n'a cornos au cap.
Ma maire.
En loc d'aureillos, ]
Que n a cornos au cap. » )
DE LA GASCOGNE
« Vieil âne aux oreilles coupées, »
Ma mère,
Toutes diront :
« Vieil âne aux oreilles coupées.
— Au lieu d'oreilles, ;
Ma mère, ) ^ ^
Au lieu d'oreilles,
Au lieu d'oreilles,
Il a cornes en tête.
Ma mère,
Au lieu d'oreilles, j
Il a cornes en tête (i). » )
(i) Dicté pur Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cliamp-
fleury, 187-88, Sur la montagne, ma mère (Provence et Comtat
d'Avignon) ; Ccn.ic-Moncaut, 366-68, Tao i hlUo /non tnny (Gas-
cogne).
10 POÉSIES POPULAIRES
(his).
II
TOUT OME OU A BOUN BESIN
Tout orne qu'a boun besin (bis),
Diu l'aberti cado maitin (his).
— « Tu partisses a touto euro, /
E tu t'en abises pas. )
Quitos ta henno souleto. ]
Lou curé la ba trouba. S
Lou curé la ba trouba (his).
— James jou nou ac creirioi (i),
Que se jou nou lou hesioi (2).
— Praube, s'ac holes pas crese,
Tourno-t'en a la maisoun.
Se jou te ac héu pas base,
M'apèreras gros pinsoun.
M'apèreras gros pinsoun. «
Lou praube ome i es anat.
Per un trauc a regardât.
(i) Creirioi, croirais, forme laiv^iied. ; en gascon, creiri.
(2) Btsioi, voyais, forme languedocienne ; en gascon, bescui.
DE LA GASCOGNE II
(bis).
II
TOUT HOMME aUI A BON VOISIN
Tout homme qui a bon voisin (l>is).
Doit l'avertir chaque matin (bis).
— « Tu pars à toute heure, /
Et tu ne t'en avises pas. )
Tu laisses ta femme seulette. i
Le cure va la trouver. )
Le curé va la trouver (bis).
— Jamais je ne le croirais,
Que si je le voyais.
— Pauvre, si tu ne veux pas le croire.
Reviens-t'en à la maison.
Si je ne te le fais pas voir,
Tu m'appelleras gros pinson (i).
Tu m'appelleras gros pinson. »
Le pauvre homme y est aile.
Par un trou il a regardé.
(l) Xijis.
12 POÉSIES POPULAIRES
E qu'a bist la peillo negro,
Qu'anauo de cap au Uèit.
Per débat sa soutanasso,
Pourtauo un gigot tout coèit :
Pourtauo un gigot tout coèit.
— « Tè, ma henno, bèno, bèno (i).
Tè, ma henno, bèno oubri.
Que m'èi desbrumbat la cordo, '
Per estaca lou roussin.
— Aio ! aio ! aio ! aio !
E oun jou me bouterèi ?
E oun jou me bouterèi?
— Boutatz-bous à la banèlo.
Plegatz-bous dens lou linço.
Dou marit n'augetz pas poù.
— Tè, moun orne, bèno, bèno,
Bèno bese quin gros ra/.
N'es toumbat dens la banèlo.
La remplis de toutz coustatz.
(i) Bcno, W«o, viens, viens, forme languedocienne; en gascoij, m».
DE LA GASCOGNE I5
Et il a vu le vêtement noir,
Qui allait vers le lit.
Par-dessous sa soutane,
Il (i) portait un gigot tout cuit :
Il portait un gigot tout cuit.
— « Tiens, ma femme, viens, viens.
Tiens, ma femme, viens ouvrir.
J'ai oublié la corde.
Pour attacher le roussin.
— Aïe ! aïe 1 aïe ! aïe !
Et où me mettrai-je ?
Et où me mettrai-je (2)?
— Mettez-vous à la ruelle.
Cachez-vous dans le drap de lit.
Du mari n'ayez pas peur.
— Tiens, mon homme, viens, viens,
Viens voir quel gros rat.
Il est tombé dans la ruelle.
Il la remplit de tous côtés.
(i) Le curé.
(2) Demande du curé.
14 POÉSIES POPULAIRES
— Arratas, gros arratas (bis).
Te baillerèi cops de lato (bis). »
Que l'a baillât cops de lato, j
Per dauant e per darrè, ) ^
Enta qu'auouse plus embejo i .
D'ana bese ma mouillé, )
D'ana bese ma mouillé (bis).
III
aUANT LA MARIOUN BA AU MOULIN
Quant la Marioun ba au moulin (bis),
Ta plan lou se coumo lou maitin,
Se pren soun sac, soun ase,
Litchèino litchoun.
Se pren soun sac, soun ase, ^
La bèro Marioun. )
DE LA GASCOGNE 15
— Rat, gros rat (bis),
Je te donnerai des coups de gaule (bis). »
Te lui ai donné des coups de gaule, ) „ . ,
V (bîs).
Par devant et par derrière, )
Pour qu'il n'eut plus envie ) ,, . ,
(h / ç )
D'aller voir ma femme, )
D'aller voir ma femme (i) (bis).
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agennis et Bruilhois).
III
ClUAND MARION VA AU MOULIN
Quand Marion va au moulin (lus),
Aussi bien le soir que le matin,
Elle prend son sac, son âne,
Litchèine litchon.
Elle prend son sac, son âne,
La belle Marion. *
l6 POÉSIES POPULAIRES
Quant lou mouliè la bei heni, \
L'arrise nou se pot teni,
E lou descargo l'ase, ;
Litchèino litchoun. i
E lou descargo l'ase, j
La bèro Marioun. \
i
— « Darrè lou moulin a un pruè, j
Que porto lou mes de heure. '
Anatz-i estaca l'ase, '■
Litchèino litchoun. i
Anatz-i estaca l'ase, :
La bèro Marioun. »
Mes, tant que lou moulin moulèuo,
E lou mouliè se l'embrassauo,
Lou loup a minjat l'ase,
Litchèino litchoun.
Lou loup a minjat l'ase,
La bèro Marioun.
— « Mouliè, que me hasètz gran tort,
Ètz en causo que l'ase es mort.
DE LA GASCOGNE 17
Quand le meunier la voit venir,
Le rire il ne peut tenir,
Et il décharge son âne,
Litchèine litchon.
Et il décharge son âne,
La belle Marion.
— « Derrière le moulin il y a un prunier.
Qui produit au mois de février.
Allez-y attacher l'âne,
Litchèine litchon.
Allez-y attacher l'âne,
La belle Marion. »
Mais, tandis que le moulin moulait.
Et que le meunier l'embrassait,
Le loup a mangé l'âne,
Litchèine litchon.
Le loup a mangé l'âne,
La belle Marion.
— « Meunier, vous me faites grand tort.
Vous êtes cause que l'âne est mort.
III 2
l8 POÉSIES POPULAIRES
Que ba dise noste orne?
Litchèino litchoun.
Que ba dise noste orne ?
La bèro Marioun.
— Dens moun cofre, i a dètz escutz,
Prenguètz-ne hoèit, dèchatz-ne dus,
Per bous croumpa un aute ase,
Litchèino litchoun.
Per bous croumpa un aute ase,
La bèro Marioun.
Douman, la hero a Mounflanquin,
Se calera lèua maitin,
Enta ana croumpa l'ase,
Litchèino litchoun.
Enta ana croumpa l'ase,
La bèro Marioun. »
Quant soun orne la bei béni,
L'arrise nou pot se teni.
— « Acô es pas noste ase,
Litchèino Htchoun.
Acô es pa noste ase,
La bèro Marioun.
DE LA GASCOGNE I9
Que va dire notre homme? j
Litchèine litchon. '
Que va dire notre homme ? i
La belle Marion. '
!
— Dans mon coffre, il y a dix écus, !
Prenez-en huit, laissez-en deux, ;
Pour acheter un autre âne, j
Litchèine litchon. j
Pour acheter un autre âne,
La belle Marion.
Demain, la foire à Monflanquin (i), ,
Il faudra se lever matin, j
Pour aller acheter l'âne,
Litchèine litchon. ,
Pour aller acheter l'âne,
La belle Marion. » i
\
Quand son homme la voit venir, ,i
Le rire il ne peut tenir. l
— « Cela n'est pas notre âne, j
Litchèine litchon. ?
Cela n'est pas notre âne,
La belle Marion. 1
i
(l) Chef-lieu de canton du département de Lot-et-Garonne. ■
I
20 POÉSIES POPULAIRES ]
Noste ase abio quoate pès blancs,
Lous de darrè, lous de dauant,
Las aureillos coupados,
Litchèino litchoun.
Las aureillos coupados,
La bèro Marioun. »
(bis).
IV
LA HENNO A BENE
Lou Basilo qu'a uo henno. )
Lou besin n'es amourous. ) ^ ^'
Que se la pren, se la ligo.
Se la bouto a paquetous.
Que se l'amio a la hero,
A la hero a Castilloun (i).
(i) Il existe, en Gascogne, plusieurs communes ou localités
du nom de Castillou.
DE LA GASCOGNE 21
Notre âne avait quatre pieds blancs (bis),
Ceux de derrière, ceux de devant,
Les oreilles coupées,
Litchèine litchon.
Les oreilles coupées, )
La belle Marion (i). » j
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois). Cf.
Tarbé, 255-56, L'Ane de Madelon (Champagne); Champfleury,
38-39, Le Moulin (Dauphiué) ; Buchon, 89 (Franche-Comté) ;
Bujeaud, I, 108-9, L'Ai.c de Marion (Provinces de l'Ouest);
Gagnon, 121-22, Mariann'' s'en va-t-ait moulin (Canada); Dur-
rieux, 143-44, Marianne (Cambrésis) ; Puymaigre, 249, L'Jne
et la femme (Pays Messin); Cénac-Moncaut, 421-22, L'J^é et la
trou/o (Gascogne) ; Sébillot, 271, L'^ne c/;an^e (Haute-Bretagne) ;
Montel et Lambert, 464-65, L'Asc (Languedoc).
IV
LA FEMME A VENDRE
Basile a une femme. )
Le voism en est amoureux. ) ^
Il la prend, la lie,
La met en petits paquets.
Il l'amène à la foire,
A la foire de Castillon.
22 POÉSIES POPULAIRES
Toustems la landendeto, }
_ , 1 , • 1 i (bis).
Toustems la landenda )
Lou prumè que et arrencountro,
Que n'estèc moussu Larrous.
— « Que portos aqui, Basilo ?
Que portos a paquetous ?
— Que porti ma henno a bene.
Moussu, la croumperetz-bous ?
Me costo quinze centz liuros,
Bous la dau per un escut.
Bous la bailli a l'esprobo,
De cap d'an dinqu'à Sent-Luc ;
E, se n'ètz pas countent d'ero,
Tournatz-me-l'au prumè frut.
Se la porto n'es barrado,
L'estaqueratz au barrouill.
Se la porto n'es ouberto,
Jitatz-lo deguens lou hour.
Prenguètz un brassât de paille.
Boutatz-i lou hoèc autour.
DE LA GASCOGNE 2}
Toujours la landeridette, )
Toujours la landerida. )
Le premier qu'il rencontre,
Ce fut monsieur Larrous.
— « Que portes-tu là, Basile ?
Que portes-tu en petits paquets ?
— Je porte ma femme à vendre.
Monsieur, l'achèteriez-vous ?
Elle me coûte quinze cents livres.
Je vous la donne pour un écu.
Je vous la donne à l'essai,
Du premier de l'an à la Saint-Luc (i) ;
Et, si vous n'êtes pas content d'elle.
Rendez-la-moi au premier fruit (2).
Si la porte est fermée,
Vous l'attacherez au verrou.
Si la porte est ouverte.
Jetez-la dans le four.
Prenez une brassée de paille.
Mettez-v le feu autour.
(i) Le 18 octobre.
(2) Au premier enfant.
24 POÉSIES POPULAIRES
Quant lou hoèc hara tapatge, }
Que beiratz, de las maisous, j
Courre orne e mainatges,
Au brut de bostos cansous.
Embitatz lou besinatge
A s'i bengue cauha toutz. »
Toustems la landerideto,
Toustems la landerida.
(bis).
AU NOSTE POUMÈ
Au noste poumè, i a nau poumos (bis).
Lou poumè qu'es blanc, las poumos soun roujos.
Gausi, gauserèi-jou,
Embrassa las mainados ?
Gausi, gauserèi-jou, ) „ ■ x
„ , . j (hs).
Embrassa mas amous ? ;
Au noste poumè, i a hoèit poumos, etc. (i).
(i) Dicté par Isidore Escarnot de Bivès (Gers). A chaque
nouveau couplet, le nombre des pommes diminua cie un.
DE LA GASCOGNE 25
Qiiand le feu fera tapage, )
Vous verrez, des maisons, )
Accourir hommes et enfants.
Au bruit de vos chansons.
Invitez les gens du voisinage
A venir s'y chauffer tous. »
Toujours la landeridette,
Toujours la landerida (i).
(/-/.;.
(bis).
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Puy-
maigre, 266-67, ^ mari Jaloux (Pays Messin) ; Cénac-Moncaut,
292-0 ), La Henno a henc (Gascogne).
V
A NOTRE POMMIER
A notre pommier, il y a neuf pommes (bis).
Le pommier est blanc, les pommes sont rouges.
J'ose, oserai-je.
Embrasser les filles ?
J'ose, oserai-je,
Embrasser mes amours? )
A notre pommier, il y a huit pommes, etc.
26 POÉSIES POPULAIRES
VI
LAS HILLOS DE SENT-GAUDENS
(lus).
Las hillos de Sent-Gaudens,
N'an pas argent.
Las que n'an pas ne boulerén,
Faridoundèno, \
Ne boulerén. ; '
— « Au Pais-Bas (i), anen, anen,
Coeille d'argent.
En sega blat, en dailla hen,
Faridoundèno,
N'en gagnarén. »
En passa lou bosc de Guchen (2),
La poù las pren.
— « Que haran, se lou loup nous pren ?
Faridoundèno,
Nous sparmarén. »
(i) La B.isse-Gascogiie.
(2) Commune du département des Hautes-Pyrénées.
DE LA GASCOGNE 27
VI
LES FILLES DE SAINT -GAUDENS
Les filles de Saint-Gaudons (i),
N ont pas d argent. ;
Celles qui n'en ont pas en voudraient,
Faridondaine, |
En voudraient. )
— « Au Pays-Bas, allons, allons,
Chercher de l'argent.
En sciant du blé, en fauchant du foin,
Faridondaine,
Nous en gagnerons. «
En passant au bois de Guchen,
La peur les prend.
— « Que ferons-nous, si le loup nous prend?
Faridondaine,
Nous nous disperserons. »
(i) Chef-lieu d'arrondissement de la Haute-Garonne, ancienne
capitale de la vicomte de Nébouzan. Tous les ans, à l'époque
de la fenaison, de la moisson et des vendanges, bon nombre de
jeunes gens et jeunes filles de ce pays de montagnes descendent
dans la 3asse-Gascogiic, pour v louer leurs services.
28 POÉSIES POPULAIRES
Un carbouniè nou bei arren ;
Mes las enten.
— « Se nous counduisetz a Guchen,
Faridoundèno,
Bous pagarén.
Nou pas dab or, ni dab argent.
Que nou n'auèn.
Quauques poutetz bous dounarén,
Faridoundèno,
Bous dounarén. »
Qiiant lou carbouniè las enten,
La poù lou pren.
Per holos aquet pèc las pren,
Faridoundèno,
N'escouto arren.
Quito la capo, esclops taben,
Sens perde tems.
Puch, a huto, sens dise arren,
Faridoundèno,
Que court toustems.
DE LA GASCOGNE 29
Un charbonnier ne voit rien ;
Mais il les entend.
— « Si vous nous conduisez à Guchen,
Faridondaine,
Nous vous paierons.
Non pas avec de l'or, ni de l'argent.
Nous n'en avons pas.
Quelques baisers nous vous donnerons,
Faridondaine,
Nous vous donnerons. »
Quand le charbonnier les entend,
La peur le prend.
Pour des folles ce sot les prend,
Faridondaine,
Il n'écoute rien.
Il quitte la cape, les sabots aussi,
Sans perdre de temps.
Puis, au galop, sans rien dire,
Faridondaine,
Il court toujours.
30 POÉSIES POPULAIRES
Qiie disètz d'aquet ignourent?
Quin pauc de sens !
De las hillos cregne las dentz !
Faridoundèno,
Quin Joan d'arren !
Bèros hillos de Sent-Gaudens,
En mes balentz. * ' ^'
De bètz poutetz que bous harén,
Faridoundèno,
^ . , (Us).
Estessotz cent. '
DE LA GASCOGNE 3I
Que dites-vous de cet ignorant ?
Quel homme de peu de sens !
Des filles craindre les dents !
Faridondaine,
Quel Jean de rien !
Belles filles de Saint-Gaudens,
Nous sommes plus vaillants.
De beaux baisers nous vous ferions,
Faridondaine,
Fussiez-vous cent (i).
(lus).
(lus).
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 384-86, Las Fillos de Sen-Gaoudens (Gascogne).
32 POESIES POPULAIRES
I (l^^O-
VII
JOAN DE LA REULO
Joande La Reulo (i), moun amie
As ta henno mau couhado.
Amio-me-lo, te la couherèi,
En touto ouro, en touto ouro.
Amio-me-lo, te la couherèi, )
T- j 1 -• (bis).
En touto ouro de la neit. ; ^ •^
(i) Chef-lieu du département de la Gironde, dans raucieii
pays de Bazadais.
DE LA GASCOGNE
33
Vil
JEAN DE LA PÉOLE
Jean de La Réole mon ami, \
Tu as ta femme mal coiffée. j ^ •^
Amène-la moi, je te la coifferai,
A toute heure, à toute heure (i).
Amène-la-moi, je te la coifferai,
A toute heure de la nuit (i).
(bis).
(i) Je sais ce couplet depuis mon enfance. Cf. Capelle,
n" 256, La Clef du caveau; Gagnon, Jean âe Ruina (Canada);
Combes, 85 , Jean de La Rioule (Pays Castrais); Montel et Lambert,
44)-47i /^"« <^^ Nibèlo (Languedoc).
m
34 POÉSIES POPULAIRES
VIII
DENS LA PRADERIO
Dens la praderio,
Au houn d'un baloun, j
Uo bergèro toujour,
Goardo soulo, goardo soulo ;
Uo bergèro toutjour,
Goardo soulo sous moutous.
Un maitin, setudo,
Sur soun capuchoun,
La trobi dens lou baloun,
Ta poulido, ta poulido,
La trobi dens lou baloun,
Aussi belle que le jour,
Lou disi : « Bergèro,
Tu me plases tant 1
E que toun oeill es charmant,
Ta man blanco, ta man blanco;
E que toun oeill es charmant,
Bergèro dous moutous blancs.
(bis).
DE LA GASCOGNE 35
(bis).
VIII
DANS LA PRAIRIE
Dans la prairie, )
Au fond d'un vallon, j ' ^'^
Une bergère toujours,
Garde seule, garde seule ;
Une bergère toujours, )
Garde seule ses moutons. )
Un matin, assise,
Sur son capuchon,
Je la trouve dans le vallon,
Aussi jolie, aussi jolie.
Je la trouve dans le vallon,
Aussi belle que le jour.
Je lui dis : « Bergère,
Tu me plais tant !
Et que ton œil est charmant,
Ta main blanche, ta main blanche ;
Et que ton œil est charmant.
Bergère aux moutons blancs.
■x.
36 POÉSIES POPULAIRES
Espio la tourtero.
Enten-la canta.
Soun cô semblo suspira,
Sur la branco, sur la branco.
Soun cô semblo suspira,
Sur la branco de l'auba.
(bis).
Tout sentis, bergèro,
Lou tems dous amous :
Lous parpaiUoh sur las flous,
Uiroiindelo, Viroiindèlo,
Lous parpaiUoh sur las flous,
Bergèro, e mes tous moutons, »
(bis).
ÉJ.
DE LA GASCOGNE 37
Vois la tourterelle.
Entends-la chanter.
Son cœur semble soupirer,
Sur la branche, sur la branche.
Son cœur semble soupirer.
Sur la branche du saule.
(bis).
Tout ressent, bergère.
Le temps des amours :
Les papillons sur les fleurs,
L'hirondelle, l'hirondelle.
Les papillons sur les fleurs,
Bergère, et aussi tes moutons (i). » )
(i) Dicté par M. Aristide Tessier, de Sainte-B-izeille (Lot-et-
Garonne). Cf. Lamarque de Plaisance, 57-58 (Bazadais).
38 POÉSIES POPULAIRES
IX
A GRANADO
A Granado (i), i a nau pins (bis).
A Granado boU ana,
Bese lous pins, coumo berdejon.
A Granado, boit ana.
^1 . , . . . (bis).
Bese lous puis a berdeja. '
A Granado, i a hoèit pins, etc.
(i) Chef-lieu de canton du département des Landes.
DE LA GASCOGNE 39
IX
A GRENADE
A Grenade, il y a neuf pins (bis).
A Grenade, je veux aller,
Voir les pins, comme ils verdoient.
A Grenade, je veux aller,
Voir les pins verdoyer '
A Grenade, il y a huit pins, etc. (i).
(i) Dicté par Briscadieu, d'Estang (Gers). Le nombre des pins
diminue de un à chaque nouveau couplet. V. p. 24, la chanson V,
A notre pommier.
40 POÉSIES POPULAIRES
X
DE BOUN MAITIN
De bout! maitin se lèuo,
La hillo dou besin.
Pren soun sac e soun ase,
S'en ba dret au moulin.
Deridi.
Eb ! le beau meunier,
Qui la fait tourner,
La meule du moulin ?
Drindrin,
Trique trique traqua,
La faï la lira.
Y viendra moudre qui voudra.
— « Bounjour, mouliè, moulièro.
Pouiri-jou mole aci?
— Nâni, nâni, la bèro.
Passatz bùste camin.
DE LA GASCOGNE 41
X
DE BON MATIN
De bon matin se lève,
La fille du voisin.
Elle prend son sac et son âne,
S'en va droit au moulin.
Deridi.
Eh 1 le beau meunier,
Qui la fait tourner,
La meule du moulin ?
Drindrin,
Trique trique traque,
La faï la lira.
Y viendra moudre qui voudra.
— « Bonjour, meunier, meunière.
Pourrais-je moudre ici?
— Nenni, ncnni, la belle.
Passez votre chemin.
42 POÉSIES POPULAIRES
— Harri ! harri, moun ase,
Dens un aute moulin.
— Tournatz, tournatz, la bèro.
Bous haran mole aci. »
Deridi.
Eh ! le beau meunier.
Qui la fait tourner,
La meule du moulin ?
Drindrin,
Trique trique traque,
La fat la lira.
y viendra moudre qui voudra.
XI
l'amou e lou souci
L'amou e lou souci, \
Deridi, | (bis).
Gran Diu, la malo causo !
DE LA GASCOGNE 4.3
— Harri ! harri, mon âne,
Dans un autre moulin.
— Revenez, revenez, la belle.
Nous vous ferons moudre ici. »
Deridi.
Eh ! le beau meunier,
Qui la fait tourner,
La meule du moulin?
Drindrin,
Trique trique traque,
La faï la lira.
Y viendra moudre qui voudra (i).
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).
XI
l'amour et le souci
L'amour et le souci, ^
Deridi, f (bis).
Grand Dieu, la maie chose
--'.)
44 POÉSIES POPULAIRES
Lou gouiat qu'ous a au cap,
Deridi,
Nèit ni jour ne repauso.
La flou dou laurier.
Laurier, [ (bis).
La briuleto blanco.
Quant crei de repausa,
Chez la bèro eau qu'ango.
La trobo sur soun Uèit,
Sur soun llèit que plourauo.
— « Qu'auètz la bèro? Las!
Qu'auètz, que plouretz aro ?
— Las gens disoun aci, -
Que soui mau maridado.
— Crejotz pas, bèro. Las !
Seratz millou que nado.
A l'ouro dou dinna,
Bous seratz aperado.
— A l'ouro dou dinna, ^,
Deridi, v (bis).
Bous seratz aperado; ]
DE LA GASCOGNE 45
Le garçon qui les a en tête,
Deridi,
Ni nuit ni jour ne repose.
La fleur du laurier, \
Laurier, | (bis).
Le violier blanc. )
Qiiant il croit reposer,
Chez la belle il faut qu'il aille.
Il la trouve sur son lit.
Sur son lit qui pleurait.
— « Qu'avez-vous la belle ? Las !
Qu'avez-vous, que vous pleuriez mainte-
— Les gens disent ici, [nant?
Que je suis mal mariée.
— Ne le croyez pas belle. Las !
Vous le serez mieux qu'aucune.
A l'heure du dîner,
Vous serez appelée.
— A l'heure du dîner,
Derididi, [ (bis).
Vous serez appelée ;
46 POÉSIES POPULAIRES
E proche dou galant,
Deridi,
Bous seratz entaulado. »
La flou dou laurier, \
Laurier, l (bis).
La briuleto blanco. )
XII
LA HILLO DOU BESIN
La hillo dou besin,
l
S'es lèuado maitin, [ (bis).
Licoutin licoutin. )
Se pren soun sac, soun ase,
S'en ba dret au moulin.
Licoutin licoutin,
Mouliniè, tremble:^.
Retourne^, m'amour,
Lan miro licouti lan turo la lupa, )
Qui bouille mole molera. ) ^ ^'
DE LA GASCOGNE 47
Et proche du galant,
Deridi,
Vous serez attablée. »
La fleur du laurier, ^
Laurier, [ (bis).
Le violier blanc (i). ;
(t) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers).
XII
LA FILLE DU VOISIN
La fille du voisin,
S'est levée matin, | O'^O-
Licoutin licoutin. ]
Elle prend son sac, son âne.
S'en va droit au moulin.
Licoutin licoutin,
Meunier, tremblez.
Retournez, m'amour,
Lan mire licouti lan ture la lupa, ) , . ,
Qui voudra moudre moudra. )
48 POÉSIES POPULAIRES
Las brumos soun espessos.
Se troumpo de camin.
Que mounto sur un aubre,
Per abisa camin.
La branco s'es coupado, /
Per terro se loutit, )
Licoutin licoutin.
Las damos de la bilo,
N'an entenut lou cric.
Licoutin licoutin,
Mouliniè, irenible:^.
Retourne:^, m'amour,
Lan miro licouti lan turo la lupa,
Qui bouille mole molera. ^ ^
#
Dt LA GASCOGNE 49
Les brumes sont épaisses.
Elle se trompe de chemin.
Elle monte sur un arbre,
Pour regarder le chemin.
"o"
La branche s'est cassée, )
A terre elle est tombée, )
Licoutinlicoutin.
Les dames de la ville.
Ont entendu le cri.
Licoutin licoutin.
Meunier, tremblez.
Retournez, m'amour,
Lan mire licouti lan ture la lupa, /
Qui voudra moudre moudra (i). )
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (GersV Cf. Bujeaud,
II, 304, La Chinson lî;; meunier (Provinces de l'Ouest); Cénac-
Moncaut, a8}-8|, La Hillo dou hcsin (Gascogne).
#•
lU
50 POÉSIES POPULAIRES
XIII '
LOU RÈI d'ANGLOTERRO
I a hoèit jours passatz,
Lou rèi d'Angloterro,
Trauersant lous pratz,
Troubo cent bergèros.
En tout dansa, que l'auran, ^^
L'amou de la bèro. f
En tout dansa, que l'auran,
L'amou dou galant.
Las saludo toutes,
Dècho la mes bèro.
— « Perque me dèchatz-bous,
Bèt rèi d'Angloterro?
Èi très joenos hillos,
Toutos très tant bèros.
Uo es a Paris,
L'auto a La Rouchèlo.
(bis).
(bis).
DE LA GASCOGNE 5I
xni
LE ROI D ANGLETERRE
Il y a huit jours passés, )
Le roi d'Angleterre, )
Traversant les prés.
Trouve cent bergères.
Tout en dansant, nous l'aurons,
L'amour de la belle.
Tout en dansant, nous l'aurons '
L'amour du galant.
Il les salue toutes,
Laisse la plus belle.
— « Pourquoi me laissez-vous,
Beau roi d'Angleterre?
J'ai trois jeunes filles,
Toutes trois si belles.
Une est à Paris,
L'autre à La Rochelle.
$2 POÉSIES POPULAIRES
L'auto es a Paris. )
Que n'es la mes bèro. )
Perque me dèchatz-bous,
Bèt rèi d'Angloterro ? »
En tout dansa, que l'auran, \
L'amou de la bèro. /
En tout dansa, que 1 auran, \
L'amou dou galant. '
XIV
LOU MEN PAI, LA MIO MAI
— « Lou men pai, la mio mai,
Deridi, \ (lis)
N'a pas que jou hilleto.
M'embouion a la ma,
Deridi,
Pesca las anguiletos.
Deridèto loun lan liro la lira,
Deridèto loun lan liro.
(bis).
DE LA GASCOGNE 53
L'autre est A Paris. j
C'est la plus belle. i ^^"''^'
Pourquoi me laissez- vous,
Beau roi d'Angleterre ? »
Tout en dansant, nous l'aurons, -^
L'amour de la belle. /
Tout en dansant, nous l'aurons,
L'amour du galant (i).
(Ms).
(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. Puymaigre,
iSi-82, Le Roi d'Angleterre (Pays Messin); Durrieux, 289
(Cambrésis) ; Bujeaud, II, 192-93, Le Roi d'Angleterre (Provinces
de l'Ouest); Bladé, 78, Le Roi d'Angleterre (Armagnac et Age-
nais).
XIV
MON PÈRE, MA MÈRE
— « Mon père, ma mère, \
Deridi, [ (bis).
N'ont que moi pour fillette. ;
Ils m'envoient à la mer,
Deridi,
Pêcher les anguillettes.
Deridette Ion lan lire la lira, )
Deridette Ion lan lire. ) ^ ^'
54 POÉSIES POPULAIRES
Wabioi pas pescat duos,
Lous marines m'an preso.
— « Dèchatz-me, marines.
Lou men pai me marido.
N'es pas dens lou pais,
Que marido sa hillo.
Jou m'en bau a Clairac,
Clairac, charmanto bilo.
Quant bendrati a Clairac,
Passatz a ma boutigo.
Se moun ome i es pas,
M'apèreratz ma mio.
Mes, se lou bieillart i es,
M'apèreratz cousio.
— Quins cousis soun acô,
Qu'embrasson las cousios?
— Lous cousis de Clairac,
Deridi,
Embrasson las cousios ;
Deridi, [ (bis).
DE LA GASCOGNE 55
Je n'en avais pas péché deux,
Les mariniers m'ont prise.
— « Laissez-moi, mariniers.
Mon père me marie.
Ce n'est pas dans le pays,
Qu'il marie sa fille.
Je m'en vais à Clairac (i),
Clairac, charmante ville.
Quand vous viendrez à Clairac,
Passez à ma boutique.
Si mon homme n'y est pas,
Vous m'appellerez ma mie.
Mais, si le vieillard y est.
Vous m'appellerez cousine.
— Quels sont ces cousins-là,
Qui embrassent les cousines ?
— Les cousins de Clairac,
Deridi, [ (bb).
Embrassent les cousines; )
(i) Chef-lieu de canton du département de Lot-et-Garonne.
56 POÉSIES POPULAIRES
E mes que hèn fort plan,
Deridi,
Quant las trobon poulidos.
Deridèto loun lan liro la lira, ( ., . ^
Deridèto loun lan liro. » )
XV
LOU COUCUT
Lou coucut qu'es mort, i
hs mort a la guerro. j
D'un coup de canoun,
L'an pourtat per terro.
As pas entenut ?
Lou coucut cantauo.
As pas entenut, \
Ganta lou coucut ?
Lou coucut es mort,
Es mort en Espagno.
L'au boussouat lou eu,
Dab uo castagno.
(■"V-
DE LA GASCOGNE S7
Et même ils font fort bien,
Dcridi,
duand ils les trouvent jolies.
Dcridette Ion lan lire la lira, )
Dcridette Ion lan lire (i). » )
(i) Chanté par Isidore Escarnot, de Bivcs (Gtrs). — Air n° i.
XV
(biO.
LE COUCOU
Le coucou est mort.
Est mort à la guerre. *
D'un coup de canon,
On l'a porté par terre.
N'as-tu pas entendu?
Le coucou chantait. ■ ., . >
, (ris).
N'as-tu pas entendu, \
Chanter le coucou ?
i
Le coucou est mort,
Il est mort en Espagne.
On lui a bouché le cul.
Avec une châtaigne.
58 POÉSIES POPULAIRES
Lou coucut es mort,
La coucudo plouro.
A pas tout lou tort.
Cau que couche soulo.
Se toutz lous coucutz, i
rourtauon sounetos, ) ^
Harén mes de brut
Que cinq centz trompetos.
As pas entenut ? \
Lou coucut cautauo. f
As pas entenut, ( (^'^'')-
Ganta lou coucut ?
(^
DE LA GASCOGNE 59
Le COUCOU est mort,
La coucoiie (i) pleure.
Elle n'a pas tout le tort.
Il faut qu'elle couche seule.
Si tous les coucous, /
Portaient des sonnettes, \
Ils feraient plus de bruit
Que cinq cents trompettes.
N'as-tu pas entendu ? \
Le coucou chantait. r ., . >
N'as-tu pas entendu, \
Chanter le coucou (2).
(Hs).
(i) La femelle du coucou.
(2) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. Revue des
langues Romanes, IV, 575 (Languedoc).
c^
60 POÉSIES POPULAIRES
XVI
LOU CAMPANÈ
De boun maitin, au pè lèuat, /
Un boun pauc dauant l'aubado, )
Me prengui moutous, aucatz,
E m'en bau capbat la prado.
Turolututu turo luro, I
Turolututu sur la berduro. )
(bis).
N'estèi pas au mièi dou prat,
Moun amie m'a abisado.
— « Paulino, m'as escapat,
Te cresèui pas sourtido.
Se t'aui troubado au clos,
Que t'auri bien embrassado.
— Nou t'en passes pas, se bos,
Soui encoèro dispousado. «
Mes, Diu 1 au prumè poutet,
Lou campanè souno l'aubado (i).
— « L'ase te foute, campanè,
De ta maitin hè la sounado.
(i) l'Angelui de l'aubj.
DE LA GASCOGNE 6l
(bis).
XVI
LE SONNEUR DE CLOCHES
De bon matin, au pied levé,
Un beau moment avant l'aube,
Je prends moutons, oies.
Et m'en vais en-bas dans la prairie.
Turelututu ture lure, I, /i ■ \
Turelututu sur la verdure. \
Je ne fus pas au milieu du pré.
Mon ami m'a aperçue.
— « Pauline, tu m'as échappé.
Je ne te croyais pas sortie.
Si je t'avais trouvée au clos,
Je t'aurais bien embrassée.
— Ne t'en passe pas, si tu veux,
Je suis encore disposée. »
Mais, Dieu ! au premier baiser.
Le sonneur de cloches sonne l'aubade.
— « L'aze te foute, sonneur de cloches.
De faire si matin la sonnerie.
62 POÉSIES POPULAIRES
S'auèuos rai la cordo au cot,
Lou batan per la caillauado,
La campano en capetot,
Lou nas enta la bataillado. »
Turolututu turo luro, i
Turolututu sur la berduro.
XVII
LAS HILAIROS
Parlén un pauc de las hilairos,
Hileroun hileroun doundèno.
Las que hilon la lan,
Que s'an minjat tout lou pan.
Hileroun hilouroun doundèno,
Hileroun hileroun doundoun.
(his).
(Us).
(bis).
(Us).
DK LA GASCOGNE 65
Puisses-tu avoir la corde au cou, /
Le battant dans les chevilles, )
La cloche pour petit chapeau,
Et le nez sous le battant. »
Turelututu ture lure, /
Turclututu sur la verdure (i). )
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 392, Lou Campanè (Gascogne).
XVII
LES FILANDIÈRES
Parlons un peu des filandières, )
Fileron, fileron dondaine. ) ^ ^'
Celles qui filent la laine.
Elles ont mangé tout le pain.
Fileron fileron dondaine, J
Fileron fileron dondon. i ^ ^'
64 POÉSIES POPULAIRES
Las que hilon l'estoupo,
S'an minjat touto la soupo.
S'an beut tout lou bouilloun,
N'i auousso auùt un cauderoun.
Quant s'an bien pleat la panso,
Se soun boutados en danso.
Las que hilauon lou lin,
S'an hurlupat tout lou bin. •
Praqui passauo lou Jousèp,
Lous a hèit perde lou husèt.
Las mio deçà, delà :
Se desbrumbon de hila.
Las amio un pauc mes bas :
Lous hè perde lou debas.
Las pousso dinqu'a la cloto :
Lous i hè perdre la broco.
Las pousso un pauc mes loui :
Lous hè perde lou qounouill.
Las pousso dinquo a la houn :
Que s'i dèchon l'esoucoufioun.
DE LA GASCOGNE 6$
Celles qui filaient l'étoupe,
Ont mangé toute la soupe.
Elles ont bu tout le bouillon,
Y en eut-il eu un chaudron.
Q.uand elles ont eu bien rempli leur panse,
Elles se sont mises en danse.
Celles qui filaient le lin,
Ont lampe tout le vin.
Par-là passait Joseph,
Il leur a fait perdre le fuseau.
Il les mène deçà, delà :
Elles oublient de filer.
Il les amène un peu plus bas :
II leur fait perdre le bas.
II les pousse jusqu'à la mare :
II leur y fait perdre la broche.
Il les pousse un peu plus loin :
Il leur fait perdre la quenouille.
Il les pousse jusqu'à la fontaine:
Elles y laissent l'escoffion.
66 POÉSIES POPULAIRES
Las amio a la carrèro :
Lous hè perde la liilèro.
Las pousso au carrerot :
Lous i hè perde l'esclop.
Las amio sur la place, \
HUeroun, hileroun doundèno, j ^^"^'
Toutos que se las embrasse.
Las amio a la maisoun :
S'i dèchon lou coutilloun.
Hileroun, hileroun doundèno, }
Hileroun hileroun doundoun. j ^ ^'^^'
XVIII
LAS MOURENGLOS
— « Moun pai, ma mai, maridatz-me.
Jou qu'ac boli, boli, boli,
Moun pai, ma mai, maridatz-me. (
Jou qu'ac boli aqueste se.
.
DE LA GASCOGNE 67
Il les mène jusqu'au chemin :
Il leur fait perdre la filière.
Il les pousse jusqu'au sentier :
Il leur y fait perdre le sabot.
Il les mène sur la place, )
Fileron fileron dondaine, )
Toutes il les embrasse.
Il les mène à la maison,
Elles y laissent le cotillon.
Fileron fileron dondaine, )
Fileron fileron dondon (i). j
(i) Dicté p.-ir Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. CéiuC
Moiuaut, 3)i-)3, Las HiLiyros (Gascogne).
(lus).
XYlll
LES IMPATIENCES
— « Mon père, ma mère, mariez-moi.
Je le veux, le veux, le veux, / „ . .
Mon père, ma mère, mariez-nioi. l
Je le veux pour ce soir.
68 POÉSIES POPULAIRES
— Praubo hilleto, aten un an.
— Moun Diu, un an !
Praube, un an !
Toutz lous mens galantz que s'en ban.
Moun pai, ma mai, etc.
— Praubo hilleto, aten un mes.
— Moun Diu, un mes !
Praube, un mes !
Toutz lous mens galantz serén près,
— Praubo hilleto, aten un jour.
— Moun Diu, un jour 1
Praube, un jour!
Quant tant de gens me hèn l'amou.
— Ma hillo, que n'auèn pas pan.
— Moun Diu, pas pan !
Praube, pas pan !
Enta lou boulangé ne trouberan.
— Ma hillo, n'auèn pas nat llèit.
— Moun Diu, nat llèit !
Praube, nat llèit!
Sur l'erbo passeran la nèit.
DE LA GASCOGNE 69
— Pauvre fillette, attends un an.
— Mon Dieu, un an !
Pauvre, un an !
Tous mes galants s'en vont.
Mon père, ma mère, etc.
— Pauvre fillette, attends un mois.
— Mon Dieu, un mois !
Pauvre, un mois !
Tous mes galants seraient pris.
— Pauvre fillette, attends un jour.
— Mon Dieu, un jour 1
Pauvre, un jour !
Quand tant de gens me font l'amour.
— Ma fille, nous n'avons pas de pain.
— Mon Dieu, pas de pain !
Pauvre, pas de pain !
Chez le boulanger nous en trouverons.
— Ma fille, nous n'avons pas de lit.
— Mon Dieu, pas de lit !
Pauvre, pas de lit !
Sur l'herbe nous passerons la nuit.
70 POÉSIES POPULAIRES
— Ma hillo n'auèn pas d'anèt.
— Moun Diu, d'anèt !
— Praube, d'anèt !
Maridatz-me dab un armet.
Moun pai, ma mai, maridatz-me. ]
Jou qu'ac holi, boli, boli, [ (bis).
Jou qu'ac W/aqueste se. »
XIX
)
LAS GOUIATOS DOU PERGAN
Quin agréable bilatge, ) ^, . >
° ^ : (lys).
Lou bilatge dou Pergan (i)! )
S'i maridon a tout atge,
Lou hennatge i es élégant.
E ! Moun Diu ! que soun glouriousos,
Las gouiatos dou Pergan ! ]
(i) Commune du département du Gers.
/
(bis).
DE LA GASCOGNE "Jl
— Ma fille, nous n'avons pas d'anneau.
Mon Dieu, pas d'anneau !
Pauvre, pas d'anneau !
Mariez-moi avec un lien d'osier.
Mon père, ma mère, mariez-moi. \
Je le veux, le veux, le veux, \ (bis).
Je le veux pour ce soir (i). » )
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 327-28, Las Mourenos (GAScogne) ; Montel et Lambert,
432-38, La. Maridadoiina, (Languedoc); Scbillot, 279, La Fille
pressée (Haute-Bretagne).
XIX
LES JEUNES FILLES DU PERGAIN
Quel agréable village, ) ,, . ,
" ° \ (ois).
Le village du Pergain ! )
On s'y marie à tout âge.
Les femmes y sont élégantes.
Eh ! Mon Dieu ! qu'elles sont glorieuses, J ,, . >
^ ° '1 (bu) .
Les jeunes filles du Pergain ! )
72 POÉSIES POPULAIRES
Lous mouchouèrs passon de modo,
Lous eau cohos a ribantz,
Lou drouguet, la filosèlo,
Acô a l'aire trop paisant.
Lous i eau raubos de sedo,
Coutillous de basin blanc.
Que se bouteran las damos,
Las darnaisèlos en gran ?
Se bon esta remarquados, i ,, . ,
S'abillèran de lin-lan, )
E dècheran las faribolos
A las hillos dou Pergan.
ElMounDiu! que sounglouriousos, } ., . ^
Las gouiatos dou Pergan ! i
>^
DE LA GASCOGNE 73
Les mouchoirs passent de mode,
Il leur faut des coities à rubans,
Le droguet, la filoselle,
Cela a l'air trop paysan.
(bis).
Il leur faut des robes de soie,
Des cotillons de basin blanc.
Que se mettront les dames,
Les demoiselles en grand ?
Si elles veulent être remarquées,
Elles s'habilleront de lin-laine.
Et laisseront les fariboles
Aux filles du Pergain.
Eh! Mon Dieu! qu'elles sont glorieuses, i ,,. ,
^ ® \ (In s).
Les jeunes filles du Pergain ! (i) )
(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Au nom
du l'ergain on substitue souvent ceux d'autres communes de
la Gascogne dont le nom finit en an, comme Miélan, Seissan,
Sarran, etc. Le « lin-laine » dont il est question au dernier
couplet est une étoffe locale, moitié lin et moitié laine.
m
74 POÉSIES POPULAIRES
XX
LOUS MACHANTZ MARIDATGES
Boulètz la patz a la maisoun ? f
Prenguètz-bous uo noro. )
Un maitin, sens nado faiçoun,
Que bous jito dehoro.
Tra la la la deri dera, î
Tra la la lèro. \ ^^'">'-
Boulètz aprengue a cousina ?
Prenguètz uo gourmando.
De pan hlourit bous hè dinna,
E se minjo uo pouro.
Boulètz aprengue à remoulia?
Ne eau prengue uo fierro.
Tout lou jour bous hè trabailla,
E court per la carrèro.
(bis).
DE LA GASCOGNE 75
XX
LES MAUVAIS MARIAGES
Voulez-vous la paix à la maison ? y
Prenez une belle-fille. )
Un matin, sans façon,
Elle vous jette dehors.
Tra la la la deri dera, ) ,, . ,
Tra la la laire. )
Voulez-vous apprendre à cuisiner ?
Prenez une gourmande.
De pain moisi elle vous fait dîner,
Et mange une poule.
Voulez-vous apprendre à baguenauder?
Il faut en prendre une élégante.
Tout le jour elle vous fait travailler,
Et court par la rue.
76 POÉSIES POPULAIRES
Boulètz aprengue a fignoula ?
Prenguètz-bous uo torto.
Lou maitin, bous hè troutina :
Lou se, barro la porto.
Boulètz la patz a la maisoun ?
Prenguètz-bous un bèt gendre.
Mestre se crei, sensé faiçoun,
E bous ac hè coumprengue.
Boulètz aprengue a bien dansa ? )
Prenguètz un biulounaire. ) ^
Maitin, dou biuloun jouguera :
Lou se, bastoun en l'aire.
Tra la la la deri dera,
Tra la la lero.
DE LA GASCOGNE 77
Voulez-vous apprendre à fignoler?
Prenez-en une boiteuse.
Le matin, elle vous fait trottiner :
Le soir, elle ferme la porte.
Voulez-vous la paix à la maison ?
Prenez un beau gendre.
Maître il se croit, sans façon,
Et vous le fait comprendre.
Voulez- vous apprendre à bien danser? )
Prenez un joueur de violon. ) ^ ■''
Le matin, du violon il jouera :
Le soir, le bâton en l'air.
Tra la la la deri dera.
. (bis).
Tra la la laire (i). *
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 346-48, Lou Maridatge emperiglat (Gascogne).
f
78 POÉSIES POPULAIRES
XXI
LA BIEILLO
A Bourdèus, i a uo bieillo,
Que se bo marida engoan.
Pracôjou soun pè tourtejo :
S'en ba tout guerlin guerlan.
O, la holo, la holo de biello !
Cresèuo n'aue que quinze ans.
Sensé counta que sa bouco,
Auo pas qu'uo dent dauant.
Encoèro la dent trémolo,
Quant bouho lou bent d'autan.
Ero s'es boutado en danso,
Au bal dour joens beligantz.
Gaho, dens la countrodanso,
Lous gouiat lou mes charmant.
Que lou ditz bas à l'aureiUo :
— « Mio-me bien de tiran,
E te paguerèi bouteiUo,
Se te bos marida engoan.
(bis).
(lus).
DE LA GASCOGNE 79
XXI
LA VIEILLE
A Bordeaux, il y a une vieille,
Qui veut se marier cette année.
Pourtant son pied boîte :
Elle s'en va tout guerlin guerlan.
Oh ! la folle, la foUe de vieille !
EUe croyait n'avoir que quinze ans.
Sans compter que sa bouche,
N'avait qu'une dent devant.
Encore la dent tremble-t-elle,
Quand souffle le vent d'autan.
Elle s'est mise en danse,
Au bal des jeunes viveurs.
Elle attrappe, dans la contredanse,
Le garçon le plus charmant.
Elle lui dit bas à l'oreille :
— « Mène-moi bien doucement,
Et je te paierai bouteUle,
Si tu veux te marier cette année.
(bis).
(lus).
8o POÉSIES POPULAIRES
— Pas au mens dab tu, la bieillo,
Quant aurés bint milo frans.
— N'èi cent milo dens ma bourso.
Dens moun cofre n'èi astant.
Queseran per tu, Pierrillo,
Se bos esta moun galant. »
Lou Pierrillo que l'escouto,
Tout en sauta de tiran.
— « Se tant n'as en ta bourseto,
Quauque jour acô beiran. »
Mes aquero bieillo holo,
Se bo marida douman.
Entau noutari que bolo,
Per hè nègre un pape blanc.
Lou noutari que l'espio.
Bei pas un cachau dauant.
— « La nobio, ça-ditz, trémolo.
Anguera pas a Sent-Joan (i). »
Lou dilus, fianço la bieillo.
Lou dimars, que l'espousan.
(i) An 24 juin.
DE LA GASCOGNE 8l
— Pas au moins avec toi, la vieille,
Quand tu aurais vingt mille francs.
— J'en ai cent mille dans ma bourse.
Dans mon coffre j'en ai autant.
Ils seront pour toi, Pierrille,
Si tu veux être mon galant. »
Pierrille l'écoute,
Tout en sautant toujours.
— « Si tu en as tant dans ta bourse,
Quelque jour cela nous verrons. »
Mais cette vieille folle,
Veut se marier demain.
Chez le notaire elle vole,
Pour faire noir un papier blanc.
Le notaire la regarde.
Il ne voit qu'une grosse dent devant.
— « La mariée, dit-il, tremble.
Elle n'ira pas à la Saint-Jean. »
Le lundi, il fiance la vieille.
Le mardi, nous l'épousons.
III
82 POÉSIES POPULAIRES
Lou dimècres, que gagnolo.
Lou ditjaus, que lafretan.
Lou dibès, la mort la gaho.
Lou dichate, l'enterran.
Lou dimeche, qu'es la messo
Lou dilus, lou cap de l'an.
Quant oubriscoun sa cachoto,
I troubèn un mus de can.
O ! la holo, la holo de bieillo ! )
Cresèuo n'aue que quinze ans. )
(Ms).
(bis).
^
(bis).
DE LA GASCOGNE 85
Le mercredi, elle se plaint.
Le jeudi, nous la frictionnons.
Le vendredi, la mort la prend.
Le samedi, nous l'enterrons.
Le dimanche, la messe ;
Le lundi, le bout de l'an.
Quant on ouvrit le caisson,
On y trouva un museau de chien.
Oh ! la folle, la folle de vieille ! |
Elle croyait n'avoir que quinze ans (i). ) ^
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Tarbé,
iié-17, Ronde de la vieille (Champagne); Damase-Arbaud,
II, 148-50, La Vicilho (Provence); Chants et chansons f<oputaires
de la France, édit. Deloye ; Charles Malo, Chansons d'autrefois,
509; Madame de Chabreuil, Jeux et exercices de jeunes filles, 167;
Buchon, 100- 10 1, La Vielle de Marteau (Franche-Comté) ; Cénac-
Moncaut, j4;-46, La Bieillo (Gascogne).
H^
84 POÉSIES POPULAIRES
XXII
LA BIEILLO DE MOUNBRAN
A Mounbran, i a uo bieiUo, j
Que n'a quoate-bint-dètz ans, )
E s'en ba per las beillados,
Per courtisa lous galantz.
Aquero que ba, gué gué gué,
Aquero que ba, gué gaîment.
(bis).
(bis).
— « Boulèn pas bieillos humados,
E dehoro las boutan.
— Se soui bieillo, soui plan richo.
Èi quoate-bint milo frans.
Èi ma bordo qu'es en fricho,
Un pareil de buùs tirantz. »
Lou dilus, fiançon la nobio :
Lou dimars, l'espouseran.
DE LA GASCOGNE 8$
XXII
LA VIEILLE DE MONBRAN
A Monbran(i), il y a une vieille,
Qui a quatre-vingt-dix-ans,
Et qui s'en va dans les veillées,
Pour courtiser les galants.
Celle-là va, gué gué gué,
(bis).
Celle-là va, gue gaiment. '
— « Nous ne voulons pas de vieilles enfumées,
Et dehors nous les mettons.
— Si je suis vieille, je suis bien riche.
J'ai quatre-vingt mille francs.
J'ai ma métairie qui est en friche.
Une paire de bœufs de trait. »
Le lundi, on fiance la mariée :
Le mardi, on l'épousera.
(^i) Hameau «le la commune de Foulayronnes (Lot-et-Garonne)
comiguë à celle d'Agen.
86 POÉSIES POPULAIRES
DiiTiècres, la bieillo es morto.
Louditjaus, l'enterreran.
Dibès, cap dou mes arribo ;
Dichate, lou cap de l'an (i).
Lou dimeche, ban au coffre.
N'i a qu'un pugat de peus blancs.
Se lou nobi, per las peillos,
Prumè (2) auo boutât la man,
(hS).
Se lou nobi, per las peillos,
Prumè auo boutât la man.
Auré bist que las merbeillos
Se trobon pas dens Mounbran.
Aquero que ba, gué gué gué,
Aquero que ba, gue gaunent. '
(i) Variante agenaise : A dibendres la hoèilcno, a vendn;di la
huitaine.
(2) V.iiiaiite agenaise : d'abord.
DE LA GASCOGNE 87
Mercredi, la vieille est morte.
Le jeudi, on Teiiterrera.
Vendredi, le bout du mois arrive ;
Samedi, le bout de l'an (i).
Le dimanche, on va au coffre.
Il n'y a qu'une poignée de cheveux blancs.
Si le marié, dans les chiffons,
Avait d'abord rais la main.
Si le marié, dans les chiffons,
Avait d'abord mis la main.
Il aurait vu que les merveilles
Ne se trouvent pas à Monbran.
Celle-là va, gué gué gué,
Celle-là va, gué gaîment (2).
(lus).
(!>'<)■
(1) En Gascogne, on célèbre un service funèbre un mois et uu
an après chaque décès.
(2) je sais cette chanson depuis mon enfance, Cf. Couyba,
Retiie de l'Agciiaii de lS8l, p. >2-$4, La Ricilli) de Moimhr.iv
(.\gen.us). Voyez la Chanson précédente.
88 POÉSIES POPULAIRES
XXIII
LA DAMO DE FLOURENÇO
A Flourenço, i a uo damo
Maridado richoment. '
Porto las raubos de sedo,
Cousudos dab hiu d'argent.
Biro bouquet boutoun de rose,
Biro bouquet boutoun d'argent.
(bis).
Ero s'en ba a la messo,
Très bailetz a l'endauant.
L'un, que lou porto las ouros ;
L'aute, que teng lous ribantz.
L'aute, s'en ba a la gièiso,
Per hè aligna las gens.
— « Alignatz-bous dounc, canaillo,
E saludatz umbloment.
DE LA GASCOGNE 89
XXIli
LA DAME DE FLEU RANGE
A Fleurance (i), il y a une dame /
Mariée richement. )
Elle porte des robes de soie,
Cousues avec du fil d'argent.
Vire bouquet bouton de rose, \
Vire bouquet bouton d'argent. )
Elle s'en va à la messe,
Avec trois valets devant.
L'un, lui porte les heures;
L'autre, tient les rubans.
L'autre, s'en va à l'église,
Pour faire aligner les gens.
— « Alignez-vous donc, canaille,
Et saluez humblement.
(1) Chef-lieu de canton du dcpanement du Gers, et capitale
de l'ancien comté de Gaure.
90 POÉSIES POPULAIRES
— Qui es aquero bèro damo,
Bestido tant richomeiit ?
Porto las raubos de sedo,
Cousudos dab hiu d'argent.
Quant èro entasoun pèro,
I a pas quoate ou cinq ans,
Pourtauo las raubos negros,
Cousudos dambe hiu blanc.
Mes aro qu'es maridado,
Dambe un riche opulent,
Porto las raubos de sedo,
Cousudos dab hiu d'argent. «
Biro bouquet boutoun de roso,
(bn).
Biro bouquet boutoun d'argent. '
DE LA GASCOGNE 91
— Qiii est cette belle dame,
Vêtue si richement ?
Elle porte des robes de soie,
Cousues avec du fil d'argent.
'O^
Quand elle était chez son père,
Il n'y a pas quatre ou cinq ans,
Elle portait des robes noires,
Cousues avec du fil blanc.
Mais maintenant qu'elle est mariée, /
Avec un riche opulent, i
Elle porte des robes de soie,
Cousues avec du fil d'argent. »
Vire bouquet bouton de rose, ;
Vire bouquet bouton d'argent (i). ^
(i) Dicté par Isidore E^caniot, de Bivcs (Gers).
(bis).
92 POÉSIES POPULAIRES
XXIV
LOU PRAUBE OME MARIDAT
Lou boun ome, lou praube orne,
Que s'en ba au camp laura.
Quant a hèit mièjo journado,
Que s'en tourne dejuna.
Atau lou malur n'arribo, }
Au praube ome mandat. )
Trobo la porto barrado :
Espio pou trauc dou gat.
Sa henno que n'es en taulo,
Dambe un mounge au coustat.
Que se minjon uo pouro :
Que roustissen un aucat.
— « Da-m'en, se t' platz, uo bricoto.
Tout te sera perdounat.
(bis).
DE LA GASCOGNE 93
XXIV
LE PAUVRE HOMME MARIÉ
Le bon homme, le pauvre homme,
S'en va au champ labourer.
Quand il a fait demi-journée,
Il s'en revient déjeûner.
Ainsi le malheur arrive, ^
Au pauvre homme marié.
(Ins).
(bis).
Il trouve la porte fermée :
Il regarde par la chatière.
Sa femme est à table,
Avec un moine à côté.
Ils mangent une poule :
Ils font rôtir une oie.
— « Donne-m'en, s'il te plaît, un brin.
Tout te sera pardonné.
94 POÉSIES POPULAIRES
— Nou. Ni brico, ni bricoto.
Nou. Nado brico n'auras ;
E se dises uo paraulo,
Cops de barrotz gagneras.
As la soupo a la limando.
Se ne bos, ne mingeras.
La tailluquèi a Pasquetos.
La trempèi lou ditjaus-gras.
As lou bin deguens la charro.
I a sèt ans que l'èi tirât.
Las mouscos s'i soun bagnados ;
Lous arratz s'i soun negatz.
Lou cuillè es débat la taulo.
Se lou bos, l'amasseras. »
Mentre que se l'amassauo,
Lagato l'a près lou nas.
Tout aganit, lou praube orne,
Au camp s'en tourno laura.
Trobo la juèro truchado,
Lou pareil tout esparmat.
DE LA GASCOGNE 95
— Non. Ni brin, ni petit brin.
Non. Pas un brin tu n'en auras ;
Et si tu dis une parole,
Des coups de barre tu gagneras.
Tu as la soupe dans l'armoire.
Si tu en veux, tu en mangeras.
Je la taillai à Pâques.
Je la trempai le jeudi-gras.
Tu as le vin dans la jarre.
Il y a sept ans que je l'ai tiré.
Les mouches s'y sont baignées ;
Les rats s'y sont noyés.
La cuiller est sous la table.
Si tu la veux, tu la ramasseras. »
Pendant qu'il la ramassait,
La chatte l'a pris par le nez.
Tout affamé, le pauvre homme.
Au champ s'en revient labourer.
Il trouve le joug brisé,
L'attelage tout dispersé.
96 POÉSIES POPULAIRES
La baco qu'es espanlado :
Lou buù tout escournichat.
Las tiros soun arroumpudos :
Arai, coutre, soun coupatz.
Sur la manego, la houo, )
i (ois).
Que cridauo : « Coucudas ! )
— Caro-te, bilèno houo,
S'ac sabes, ac digues pas. «
Atau lou malur n'arribo, i ., . >
Au praube orne maridat. )
DE LA GASCOGNE 97
La vache a l'épaule démise :
Le bœuf est tout décorné.
Les guides sont rompues :
Charrue, coutre, sont cassés.
(bis).
Sur le manche, la buse,
Criait : « Grand cocu !
— Tais-toi, vilaine buse,
Si tu le sais, ne le dis pas. »
Ainsi le malheur arrive, }
Au pauvre homme marié (i). )
(1) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Tarbé,
^>7"S9> I^ Chanson de Pelil-Jean (Champagne); Cénac-Moncaut,
331-33, Lou Fraouh'home maridat (Gascogne) ; Bladé, le Chant
de travail XVI, Quant lou hoè s'en bci laura (Gascogne), p. 256-
59 du tome II du présent recueil.
m
98 POÉSIES POPULAIRES
XXV
LA TORTO
A Paris, i a uo torto, }
Que s'en ba barlin barlan. 1
S'en ba per toutes las botos,
Per se cerca un galant.
Soun cô lou bat, gué gué, }
Soun cô lou bat gaîmeiit. ) '
La prumèro countrodanso,
S'en trobo un a la man.
Ero lou ditz a l'aureillo :
— « Bos te-marida, galant?
— Nou, pas dambe tu tourtasso, }
Qu'es toujours barlin barlan. )
— Se soui torto, serèi dreto.
Lous escutz me dresseran. »
Soun cô lou bat, gué gué, )
Soun cô lou bat gaiment. )
(bis).
DE LA GASCOGNE 99
XXV
LA BOITEUSE
(bis).
A Paris, il y a une boiteuse,
Qui s'en va barlin harlan.
Elle s'en va par les fêtes patronales,
Pour chercher un galant.
Son cœur lui bat, ";ué gué, )
Son cœur lui bat gaîment. )
A la première contredanse.
Elle en trouve un sous la main.
Elle lui dit à Toreille :
— « Veux-tu te marier, galant ?
— Non, pas avec toi, boiteuse, )
^ . . , ,. , , l (l'is).
Qui es toujours Darlm barlan. )
— Si je suis boiteuse, je serai droite.
Les écus me redresseront. »
Son cœur lui bat, gué gué.
Son cœur lui bat gaîment (i).
(bis).
(0 Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois), Cf.
ci-après, p. 204 207, La petiU boiteuse. — Air n» 2.
lOO POÉSIES POPULAIRES
XXVI
LAS HEROS D AGEN
— « Jou m'en bau a las héros, j
A las héros d'Agen. )
Jou n'i bau pas per bene,
Ni mes per croumpa aren.
Allen, anen, leugè, leugè; ) ^, ^
1 . ( (^")-
Anen, anen, leugeroment. )
T'i beirèi, l'amie Pierre,
Tu qu'èi aimât loungtems. »
L'èi troubat sur la plaço,
Que benèuo froument.
— « Adiu, moun amie Pierre.
Quant benes toun froument?
— Béni un escut lou segle :
Quoate escutz lou froument.
Dli LA GASCOGNE lOI
(bis).
(bis).
XXVI
LES FOIRES D'AGEN
— « Je m'en vais aux foires, J
Aux foires d'Agen (i). )
Je n'y vais pas pour vendre,
Ni même pour acheter rien.
Allons, allons, léger, léger ;
Allons, allons, légèrement.
Je t'y verrai, l'ami Pierre,
Toi que j'ai aimé longtemps. «
Je l'ai trouvé sur la place,
Qui vendait du froment.
— « Adieu, mou ami Pierre.
Combien vends-tu ton froment ?
— Je vends un écu le seigle :
Quatre écus le froment.
(t) Outre ses foires ordinaires, Agen en a deux autres, jadis
célèbres dans tout le Sud-Ouest, et qui n'ont pas encore perdu
toute leur importance. L'une est la foire du Gravier, qui com-
mence le premier lundi de juin, et dure les cinq jours suivant.?.
L'autre est la foire du Pin. Elle commence le second mercredi
de septembre, et dure les deux jours suivants.
I02 POESIES POPULAIRES
— lè ! Porto lou sac, Pierre,
E sai counta l'argent. »
Pendent que jou Tac counti,
L'arrise que nous pren.
— « Arriguetz pas tant, Pierre.
Harètz parla las gens.
— Que parlen, e qu'arriguen.
Toutjour nous aiiiiarcn (;).
— Mes, que hè acô au mounde.
Que toutjour nous aimen ?
Las gens que soun trop bieillos,
Soun pas countentz d'arren.
Que quillon las aureillos. i
Qu'arregagnon las dentz. ) ^^^^'
Atau hè nosto troujo,
Quant lou bâillon lou bren. »
Anen, anen, leugè, leugè; )
Anen, anen, leugèroment. ) '
(i) Aimnrén, aimerons, i. 1. ; en g., aitnerati.
DE LA GASCOGNE I03
-r Eh ! porte le sac, Pierre,
Et viens compter l'argent. »
Pendant que je le lui compte,
Le rire nous prend.
— « Ne riez pas tant, Pierre.
Vous feriez parler les gens.
— Qu'ils parlent, et qu'ils rient.
Toujours nous nous aimerons.
— Mais, que fait cela au monde,
Que toujours nous nous aimions ?
Les gens qui sont trop vieux.
Ne sont contents de rien.
Ils dressent les oreilles. )
Ils grmcent des dents. ]
Ainsi fait notre truie,
Quand on lui donne le son. «
Allons, allons, léger, léger; ^
Allons, allons, légèrement (i). )
(i) Dicic par Catherine Sustrac, de Sainte-Euklie. commune
de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, La Fièio d'Atge», 14-
15 (Haut-Quercy).
104 POÉSIES POPULAIRES
XXVII
LA CARDIO E LOU PINSAN
La cardio e lou pinsan, \
Se bon marida engoan. )
Que bon hè uo bèro noço,
E n'an pas nat mos de pan.
Lan liro liro la lira, j
Lan liro liro liro la. )
La hroumic s'en ba au marcat.
S'ou cap lous porto un sac de blat.
— « Aro, de tout nous auèn,
Sounco de bin pas n'auen. »
Lou bourriquet s'en ba au moulin,
E lous porto un pipot de bin.
— « Aro, de tout nous auèn.
Sounco linge nou n'auèn. »
'O'
La targagno sort dou planché,
Dab cent serbietos au darrè ;
E sous petitz targagnous,
Arribon dambe touaillous.
DE LA GASCOGNE I05
XXVII
LA CHARDONNERETTE ET LE PINSON
La chardonmrette (i) et le pinson, /
Veulent se marier cette année. )
Ils veulent faire une belle noce,
Et n'ont pas un morceau de pain.
Lan lire lire la lira, )
Lan lire lire lire la. ) ' '^'
La fourmi s'en va au marché.
Sur le cou elle leur porte un sac de blé.
— « A présent, de tout nous avons,
Sauf que nous n'avons pas de vin. »
Le bourrique! s'en va au moulin.
Et leur porte un barril de vin.
— « A présent, de tout nous avons,
Sauf que nous n'avons pas de linge. »
L'araignée sort du plancher,
Avec cent serviettes derrière;
Et ses petites araignées.
Arrivent avec de petits linges.
(i) Femelle du chardonneret.
I06 POÉSIES POPULAIRES
— « Aro, de tout nous auèn,
Sounco beires nou n'auèn. »
Lou grapaud sort dou barat,
Dab lous beires afrescatz.
— « Aro de tout nous auèn,
Mes cousine nou n'auèn. »
L'arrat que sort dou paillé,
— « Auètz aci lou cousine. »
Lou gat es proche dou hoèc,
Lou garraupio lou coupet.
L'arrat se bouto a crida :
— « Que me bon echerrea !
Ajudatz-me, brabos gens. )
Lou gat me teng dab las dentz. j
A mossis cruchis mous os.
M'esperrequo en quoate mos. »
Lan liro liro la lira, )
Lan liro liro liro la. j
DE LA GASCOGNE IO7
— M Maintenant, de tout nous avons,
Sauf que nous n'avons pas de verres. »
Le crapaud sort du fossé, -
Avec les verres rincés.
— « Maintenant de tout nous avons,
Mais de cuisinier nous n'avons pas. »
Le rat sort de la meule de paille,
— « Vous avez ici le cuisinier. »
Le chat est près du feu,
Il lui égratigne la nuque.
Le rat se met à crier :
— « On veut me casser les reins!
Aidez-moi, braves gens.
Le chat me tient avec les dents
En morceaux il broie mes os.
Il me déchire en quatre morceaux. »
Lan lire Hre la lira,
Lan Hre lire Hre la (i)
(bis).
(bis).
(i) Je sais cette cli.inson depuis mon enfance. Cf. Puymaigre,
311-12, L'Aloueile et le pinson (Pays Messin); Durrieux, 2S2-84,
L'Alouette et les pinsons (Cambrésis); Mclusine, 552-$3, La Bê-
tasse et la perdrix (Brest), ainsi que Les Ncces du roitelet (Bre-
tagne), Mélusine, 193-94; Montel et Lambert, 590-621, Lou
Mariage de l'Alauseta et les pièces suivantes (Languedoc) ;_Cénac-
Moncaut, 377-78, Lou Maridatje dou pinsan (Gascogne). V. aussi
A. de Gubernatis, Mythologie xpologique, II, 219, Conte du roi-
telet et de l'aigle luttant.
I08 POÉSIES POPULAIRES
(bis).
(bis).
XXVIII
TROP SOUI MARIDADO
Me lebèri (i) de maitin, \
Per bene ma salado. )
De l'argent que n'èi hèit,
Que m'èi croumpat un orne.
Trop soui maridado trop :
Troup soui maridado.
Lou menèri (2) a l'oustau,
Per me hè la bugado.
Jou cresioi que la. fasio :
Lou praubot se burlauo.
Lou prengouri (3) en un brassât :
Lou pourtèri dens Taigo.
Mountèri (4) sur un auba,
Per bese se nadauo.
(i) Lehèri, levai, f. 1. ; en g., Uuèi.
(2) Meneri, mènerai, f. I. ; en g., mieri.
(3) Prengauri, pris, f. 1. ; en g., prengoui.
(4) Mountèri, montai, f. 1. ; en g., mounièi.
DE LA GASCOGNE IO9
XXVIII
TROP JE SUIS MARIÉE
Je me levai de matin,
(his).
„ , 114 (^is).
Pour vendre ma salade. ;
De l'argent que j'en ai fait,
J'ai acheté un homme.
Trop je suis mariée trop :
Trop je suis mariée.
Je le menai à la maison,
Pour me faire la lessive.
Je croyais qu'il la faisait
Le pauvret se brûlait.
Je le pris en une brassée
Je le portai dans l'eau.
Je montai sur un saule.
Pour voir s'il nageait.
IIO POESIES POPULAIRES
Jou cresioi que badinio.
Lou praubas se negauo.
Lou p-engtièri en un brassât :
Lou tirèri de Taigo.
Lou pourtèri au soureil :
Las mouscos lou picauon.
Lou pourtèri au pouraillè :
Las pouros lou grafiauon.
Lou pourtèri au graiè :
Lous ratx_ (i) lou trigoussauon.
Lou pourtèri darrè l'oustau :
Lou praube se tourrauo.
Lou pourtèri darrè Toustau : )
Lou praube se tourrauo. ;
Lou pourtèri au Ilèit dab jou :
Lou praube s'esùrauo.
Bien soui maridado, bien
Bien soui maridado.
(l) Rai^, rats, f. 1. ; en g., arral;^.
(bis).
(bis).
DE LA GASCOGNE III
Je croyais qu'il badinait.
Le pauvre se noyait.
Je le pris en une brassée :
Je le tirai de l'eau.
Je le portai au soleil :
Les mouches le piquaient.
Je le portai au poulailler :
Les poules l'égratignaient.
Je le portai au grenier :
Les rats le charriaient.
Je le portai derrière la maison :
Le pauvre se gelait.
Je le portai derrière la maison : )
T 1 • \ (bis).
Le pauvre se gelait. )
Je le portai au lit avec moi :
Le pauvre s'étirait.
Bien je suis mariée, bien )
T>- • ■ ■. / N K (bis).
Bien je suis mariée (i). )
(i) Tiré du recueil de L.imbcrt (.\genais et Brnilhois).
112 POÉSIES POPULAIRES
XXIX
LOU MOÈNO
Que s'es lèuat, lou moèno (i),
Que s'ès lèuat maitin.
Pren soun sac, soun ase,
S'en ba dret au moulin.
Trop s'èro lèuat, lou moèno.
Trop s'èro lèuat maitin.
Las brumos soun espessos
Se troumpo de camin.
Que mounto sur un aubre,
Per abisa camin.
La branco èro seco, /
„ r • k (bis).
rer terro se routit. )
Las damos de la bilo.
An entenut soun cric.
Trop s'èro lèuat, lou moèno.
Trop s'èro lèuat maitin.
(i) Moivo, moine, f. 1. ; en g., ntounge.
(bis).
(bis).
(bis).
DE LA GASCOGNE I I 5
XXIX
LE MOINE
(bis).
Il s'est lève, le moine,
Il s'est levé matin.
Il prend son sac, son âne,
S'en va droit au moulin.
Trop il s'était levé, le moine
Trop il s'était levé matin.
Les brumes sont épaisses
Il se trompe de chemin.
Il monte sur un arbre.
Pour regarder le chemin.
(bis).
(bis).
La branche était sèche,
Par terre il se foutit.
Les dames de la ville.
Ont entendu son cri .
Trop il s'était levé, le moine,
Trop il s'était levé matin (i).
(bis).
(i) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers). Voy., p. 46-
49, la chanson intitulée : La Fille du voisin.
III
114 POÉSIES POPULAIRES
XXX
TIRO, MARINE, TIRO
— « Tire, marine, tiro :
Tiro de l'abiroun.
— Coumo tireri, praube?
Jou n'èi cap d'abiroun. »
Doundèno la doundèno, )
Doundèno la doundoun. )
(lus).
(bis).
Quant soun au mièi de l'aigo,
Canton uo cansoun.
Pierre que la disèuo :
Janetoun la respoun.
Soun pai n'èro en frinesto :
N'escoutauo lou soun.
— « Atau, atau, ma hillo,
Toutjour tu hès l'amou.
— Jou heù l'amou, moun paire,
Certos, n'auètz rasoun.
Jou boi pas passa soulo,
Lou tems qu'es lou mes boun.
DE LA GASCOGNE 11$
XXX
TIRE, MARINIER, TIRE
— « Tire, marinier, tire : )
Tire de l'aviron. j ' ^'
— Comment tirerais-je, pauvre ?
Je n'ai pas d'aviron. »
Dondaine la dondaine.
Dondaine la dondon. ' ^
Q.uand ils sont au milieu de l'eau.
Ils chantent une chanson.
Pierre la disait :
Jeanneton y répond.
Son père était à la fenêtre :
II en écoutait le son.
— « Ainsi, ainsi, ma fille.
Toujours tu fais l'amour.
— Je fais l'amour, mon père.
Certes, vous avez raison.
Je ne veux pas passer seule,
Le temps qui est le meilleur.
Il6 POÉSIES POPUL.VIRES
M'auoussotz maridado,
^ ,.1 I (bis).
Quant n ero la sasoun. ' ^ '
M'auoussotz dado au Pierre,
Qu'es un brabe garçoun. »
Doundèno la doundèno,
Doundèno la doundoun. *
XXXI
LOU MEN PAI ME MARIDO
Lou men pai me marido. )
Que me bo marida, la la. ) j
M'a dado en un ome, i
Que hè pas que rouna. |
Hou i hou ! hou ! Ça ne va guère.,
Tra la la. Ça ne va pas.
Lou se de mas noucetos,
Dambe et me hè coucha.
M'estèi pas mièi couchado,
Me crido : « Be-t'en-la. >>
(Us).
DE LA GASCOGNE 1 1 7
Que ne m'avez-vous mariée, )
Quand il était saison. )
Que ne m'avez-vous donnée à Pierre,
Qui est un brave garçon . »
Dondaine la dondaine,
^ , . ,1 . ^ s i (bis).
Dondaine la dondon (i). *
(i) Dicté par Françoise Lalanne, de Lectoure. Cf. Cénac-Mon-
.«ut, 314-16, Ijûus Aotùjès de la Marioun (Gascogne).
XXXI
MON PÈRE .ME MARIE
Mon père me marie.
Il veutmemaner, la la. )
Il m'a donnée à un homme,
Qui ne fait que grogner.
Hou ! hou ! hou ! Ça ne va guère.
Tra la la. Ça ne va pas.
Le soir de mes noces,
Avec lui il me fait coucher.
Je ne fus pas à moitié couchée,
Qu'il me crie : « Va-t'en-loin. »
(bis).
Il8 POÉSIES POPULAIRES
Me prengui moun courtsage,
Coutilloun a la man,
M'en bau enta ma maire,
Per lou counta l'afa.
— « Pren patienço, ma hillo,
L'as : te lou eau goarda.
A bint escutz au coffre,
Belèu te lous dara.
— Au diable la richesse, )
E mes qui l'aimera, la la. )
M'aimeri mes un dronle,
Que m'embrassèsse plan. »
Hou ! hou ! hou ! Ça ne va mère, I „ . ,
Tra la la. Ça ne t'a pas. )
«^f
DE LA GASCOGNE I I9
Je prends mon corsage,
Cotillon à kl main,
Je m'en vais chez ma mère.
Pour lui conter l'affaire.
— « Prends patience, ma lille.
Tu l'as : il faut le 2;arder.
Il a vingt écus dans le coffre.
Peut-être il te les donnera.
— Au diable la richesse, \
Et aussi qui l'aimera, la la. )
J'aimerais mieux un garçon,
Q.ui m'embrassât fort. »
Hou ! hou ! hou I Ça ne va guère, )
Tra la la. Ça ne va pas (i). j
(i) Chanté par feue Madame Bâche, de Mauvezin (Gers).
Ct. Puymaigre, 287, La mariée (P.iys Messin); Damase Arbaud,
1, i;i, Moun jouli jardinet (Provence); Durrieux, 259-40, La
Fille mal mariée (Carabrésis) ; Marcellus, Chant de Pappanlonis,
dans les Chants popnlaires de la Grèce moderne ; Wolff, Volkslie-
der aus Vénitien, n° 98, p. 74, La dona mal marilata, Bu-
jeaud, H, 6i, Mon père m'y marie (Provinces de l'Ouest).
('"■O-
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I20 POÉSIES POPULAIRES
XXXII
DENS LA BILO DE CRASTOS
Dens la bilo de Crastos, )
^ • (his).
Que ni a uo tour, )
E uo tant bèro hillo,
Que plouro nèit e jour.
Ah ! soubent, qu'arregrèti,
Lous plasés de l'amou.
Sa mai que lou demande :
— « Ma hillo, qu'auètz-bous ?
Auètz-bous la jaunisso,
Ou mau de l'amou ?
— Jou n'èi pas la jaunisso.
Ni lou mau de l'amou.
Jou regrèti un joen orne.
M'auèno hèit la cour.
(bis).
DE LA GASCOGNE 121
XXXII
DANS LA VILLE DE CRASTES
Dans la ville de Crastes (i), j
Il y a une tour, j ^ ^'
Et une si belle fille,
Qui pleure nuit et jour.
Ah ! souvent, je regrette, \
Les plaisirs d'amour. j ^'
Sa mère lui demande :
— « Ma fille, qu'avez-vous ?
Avez-vous la jaunisse,
Ou le mal d'amour ?
r
— Je n'ai pas la jaunisse.
Ni le mal d'amour.
Je regrette un jeune homme.
Il m'avait fliit la cour.
(i) Commune du département du Gers.
122 POÉSIES POPULAIRES
Praube ! M'a bien aimado 1
Sera penjat au jour.
— Bourrèu, se tu lou penjos,
Me penjeras a jou.
Toutz dus en mémo hosso,
Toutz dus enterratz nous.
Lous Sent-Jacaires passon,
Dambe sous grans bourdous.
Preguatz Diu, Sent-Jacaires, \
Loun Boun Diu pietadous, j
Que boute au cèu las amos
Dous praubes amourous. »
Ah ! soubent, jou qu'arregrèti, i ,, . ,
; (bis).
Lous plasés de l'amou.
*$•
DE LA GASCOGNE 12 3
Pauvre ! Il m'a bien aimée !
Il sera pendu au jour.
— Bourreau, si tu le pends,
Tu me pendras, moi.
Tous deux en même fosse,
Tous deux enterrez-nous.
Les pèlerins de Saint- Jacques passent.
Avec leurs grands bourdons.
Priez Dieu, pèlerins de Saint- Jacques, )
Le Bon Dieu compatissant, j '^'
Qii'il mette au ciel les âmes
Des pauvres amoureux. »
Ah ! souvent, je regrette, )
Les plaisirs de l'amour (i). )
(i) Dicté par feu Prosper Laftorgue, d'Auch (Gers). Cf.
Champfleury, 150-51, La Pernelte (Dauphiné) ; Lamarque de
Plaisance, 69- 70; Almanach des traditions populaires, i" année,
p. 70-72, L'Amour malheureux (environs de Lorient); Bladé,
t. II, du présent recueil, p. 190-93, Petite Marguerite (Gas-
cogne.)
124 POÉSIES POPULAIRES
XXXIII •
I
EN TOURNA DE LA BOTO
En tourna de la boto, )
Passant per Serillac, i
Tout lou mounde disèuo
Qu'èri un brabe gouiat.
La miro liran lireto,
La miro liran lira.
(bis).
Mes jou, per lous hè bese
Qu'acô èro bertat,
Me bouti man en pocho.
Un ausèt n'èi tirât.
I a très joenos gouiatos,
Que l'an marcandejat.
La mes joeneto d'eros,
A finit lou marcat.
DE LA GASCOGNE 12$
XXXIU
EN REVENANT DE LA FÊTE PATRONALE
En revenant de la fête patronale, ) ^, . ,
^ .„ . . l (bis).
Passant par Scnllac(i), )
Tout le monde disait
Que j'étais un brave garçon.
La mire liranlirette,
La mire liran lira.
Mais moi, pour leur faire voir
Que cela était vrai,
Je mets la main à la poche.
Un oiseau j'en ai tiré.
Il y a trois jeunes filles,
Qui me l'ont marchandé.
La plus jeunette d'elles,
A fini le marché.
(i) Château de la commune de La Sauveut (Gers).
126 POÉSIES POPULAIRES
La mes joeno hilletdf;
Au sen se l'a boutât.
L'ausèt, per l'escauhuro, l
S'es arrebiscoulat. !
Sur uo branco d'aoumo,
Que s'es arrepausat.
La branco n'èro seco.
L'ausèt que n'es toumbat.
La terro n'èro duro :
La cûo s'es truchat.
Per aqui que passauon,
Quoate charraantz gouiatz.
L'ausèt, dens soun lengatge,
Ta lèu lous a cridat :
— « Augetz pietat de cûo,
Se n'auètz pas dou cap. »
La miro liran lireto,
La miro liran lira.
(bis).
(bis).
DE LA GASCOGNE 127
La plus jeune fillette,
Dans son sein l'a mis.
L'oiseau, par la chaleur.
S'est tout ragaillardi.
Sur une petite branche d'ormeau,
Il s'est reposé.
La branche était sèche.
L'oiseau est tombé.
La terre était dure :
Il s'est brisé la queue.
Par là passaient.
Quatre charmants garçons.
(bis).
L'oiseau, dans son langage.
Aussitôt leur a crié :
— « Ayez pitié de la queue,
Si vous n'en avez pas de la tête. »
La mire liran liretîe, }
La mire liran lira (i). )
(i) Dicté par Françoise Lalanne, de I.tctoure. Cf. Durrieux,
Sur le clocher de Vaulx (Carabrésis); Puyraa-gre, 295-91, Il
Coucou (Pays Messin); Tarbé, 243, Le Médecin Raton (Cham-
pagne); Buchon, 132-35, Fo/< ro/eWc (Franche-Coratii); Legrand,
Romania, n° 39 (Calvados).
128 POÉSIES POPULAIRES
(hs).
XXXIV
LA CRABO BLANCO
La nosto crabo blanco, l /r- \
N'anguera plus aus camps. )
Nou i es que trop anado,
Aus cauletz dou Duran.
Tire liro lantran,
Lantran tran tiro liro.
L'an rendudo assinnado.
Déjà s'en hè cent frans.
La crabo n'est pas soto.
S'en ba au Parloment.
Que retrousso sa cûeto,
Et s'assèt sur un banc.
A hèit très petz pou jutge,
Un per lou liutenant.
DE LA GASCOGNE ï2Çf
XXXIV
LA CHÈVRE BLANCHE
Notre chèvre blanche,
N'ira plus aux champs.
Elle n'y est que trop allée,
Aux choux de Durand.
Tire lire lantran,
(hs).
Lantran tran tire lire. *
On l'a assignée.
Déjà elle s'en fait cent francs (i).
La chèvre n'est pas sotte.
Elle s'en va au Parlement (2).
Elle retrousse sa queue.
Et s'assied sur un banc.
Elle a fait trois pets pour le juge,
Un pour le lieutenant.
([) De frais.
(2) Fait appel au Parlement.
m
130 POÉSIES POPULAIRES
A hèit très petz pou jutge,
Un per lou lieutenant :
Un paillassoun de crotos,
Per moussu lou sergent.
Un paillassoun de crotos,
Per moussu lou sergent.
— « S'ac6 nou bous countento,
Bous ne harèi astant. »
Tiro liro lantran, ) ,. . .
Lantran tran tiro liro. )
(bis).
DE LA GASCOGKE I } I
Elle a fait trois pets pour le juge,
Un pour le lieutenant :
Un paillasson de crottes,
Pour monsieur le sergent.
Un paillasson de crottes,
Pour monsieur le sergent.
— « Si cela ne vous contente,
Je vous en ferai autant. »
Tire lirelantran,
Lantran tran tire lire (i).
(bis).
(bis).
(i) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte- Bulalie, commune
de Cauzac (Lot-et-Garonne). Le recueil manuscrit de Charbel
contient un rondeau à peu près conforme (Agenais).
132 POÉSIES POPULAIRES
XXXV
LA CRABO
La crabo n'es entrado
Au casau dou Duran.
Minjauo las laitugos,
E mes lous cauletz blancs.
Duran, la brigo doundèno,
Duran, la brigo doundoun.
L'an rendudo assinnado
Dauant lou lieutenant.
La crabo n'es pas soto.
S'en ba au Parlement.
(bis).
(bis).
i
Hascouc un pet pou jutge, ) ., . > '
1 (bis). 1
Dus per lou lieutenant, ) 1
Un plen desquet de crotos,
Per toutz lous assistantz.
Duran, la brigo doundèno,
Duran, la brigo doundoun.
(/.-.•;.
DE LA GASCOGNE 13}
XXXV
LA CHÈVRE
La chèvre est entrée )
Au jardin de Durand. )
Elle broutait les laitues,
Et même les choux blancs.
Durand, la brigue dondaine,
Durand, la brigue dondon.
(bis).
(bis).
On Ta assignée
Devant le lieutenant.
La chèvre n'est pas sotte.
Elle s'en va au Parlement.
Elle fait un pet pour le juge,
Deux pour le lieutenant.
Un plein panier de crottes.
Pour tous les assistants.
Durand, la brigue dondaine, \
Durand, la brigue dondon (i). )
(bis).
(bis).
(i) Dicté par ma belle-mère, madame Lacroix, de Notre-Dame-
de-Bon-Encontre (Lot-et-Garonne). Cf. la chanson précédente.
134 POÉSIES POPULAIRES
XXXVI
JANETO
L'èi presse per la man,
L'èi miado a la danso. ' ^ ''
— « Boulètz dansa, Janeto?
Maluroun malureto.
— Nou certes, dansi pas,
Malureto malura. '
Me eau ana a la messo.
A la messo me eau ana. »
Quant estèn au mièi dou prat:
— « Assetèn-nous, Janeto.
— Nâni eertos, m'assèti pas.
Nous eau ana a la messo. )>
Quant estèn à med culpd.
L'en brumbèe à Janeto.
DE LA GASCOGNE I3S
XXXVl
JEANNETTE
Te l'ai prise par la main, ) „ . .
t (bis).
Je 1 ai menée à la danse. )
— « Voulez-vous danser, Jeannette ?
Maluron malurette.
— Non certes, je ne danse pas,
Malurette malura.
(bis).
Il me faut aller à la messe.
A la messe il me faut aller. »
Quand ils furent au milieu du prc :
— « Asseyons-nous, Jeannette.
— Non certes. Je ne m'assieds pas.
Il nous faut aller à la messe. »
Quand ils en furent à meâ culpâ.
Il en souvint à Jeannette.
136 POÉSIES POPULAIRES
Lou clerc, fort estounat,
Espio la Janeto.
— « Janeto, n'i pensatz pas.
Ac6 es pas a la messo.
Acô es pas a la messo. 1 y, ■ ^
I (bts).
— Caro-te tu fripoun. )
Auras la discipline,
Maluroun malureto,
A grans cops de bastoun,
Malureto malura. »
y^
(bis).
DE LA GASCOGNE I57
Le clerc, fort étonné,
Regarde Jeannette.
— « Jeannette, vous n'y pensez pas.
Cela n'est pas dans la messe.
Cela n'est pas dans la messe. )
T. . . r . i (bis).
— Tais-toi, fripon, \
Tu auras la discipline,
Maluron malurette,
A grands coups de bâton, i
Malurette, malura (i). » S
(i) Dicté par Marie Lagarde, de Gimbréde (Gers). Cette
chanson est certainement incomplète.
^
138 POÉSIES POPULAIRES
XXXVII
AQ.UEROS MOUNTAGNOS
(bis).
(bis).
Aqueros mountagnos,
Que ta hautos soun,
M'empachon de bese
Mas amous oun soun.
Toun deritoun deridèto,
Toun deritoun lala.
Se sabi oun las bese,
Oun las rencountra,
Passer! l'aigueto,
Sens poù de me negua.
Hautos be soun hautos : ^
Mes s'abacheran. \
Las mios amouretos,
Que s'aproucheran.
Toun deritoun deridèto, i
Toun deritoun lala. j
DE LA GASCOGNE 139
XXXVII
CES MONTAGNES
Ces montagnes, ) ^j^-.y
Qui si hautes sont, )
M'empêchent de voir
Où sont mes amours.
Ton deriton deridette, î
Ton deriton lala. )
Si je savais où les voir,
Où les rencontrer,
Je passerais l'eau,
Sans peur de me noyer.
Hautes, oui elles sont hautes : } ^^.^^
Mais elles s'abaisseront. i
Mes amourettes.
S'approcheront.
Ton deriton deridette, | ,
Ton deriton lala(i). )
(0 le sais, depuis mon enfance, ces couplets, que cemms
.u.èurs ont désigné, je ne sais pourquoi, sous le nom de Chanson
1 Gaston-Phibuf, comte de Foix et vicomte de Bearn. Depui^
V ngt a^s, k pi ce originale a subi des additions, qu. var.en,
.2n Us pays/et qui sSnt en général des oeuvres de lettres. Cf.
Ccnac-Moncaut. 401-5, Cansoun de Phebus (Béam).
I40 POÉSIES POPULAIRES
XXXVIII
MOUN PAI ME MARIDO
Moun pai me marido.
Dab lou men galant. * ^
Ço que me defriso,
Qu'es un pauquet Jan (i),
Deritou deritèno,
Qu'es un pauquet Jan (bis).
(i) Un peu simple.
XXXIX
PETITO AUSERETO
Petito ausèreto, 1 „ • ,
(bis).
Dens soun nm s'en ba. )
Sur un branc d'ouliuo,
Se ba repausa.
Bruno, iou soui bruno. )
Bruno boi esta. '
DE LA GASCOGNE I4I
XXXVIII
MON PÈRE ME MARIE
Mon père me marie, )
A 1 (l"'s)-
Avec ridon galant. ) ^ '
Ce qui me défrise,
C'est qu'il est un peu Jean,
Deriton deritaine,
C'est qu'il est un peu Jean (i) (l'is).
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais).
XXXIX
PETITE OISELETTE
Petite oiselette, )
Dans son nid s en va. )
Sur une branche d'olivier,
Elle va se reposer.
Brune, je suis brune.
Brune je veux être. '
142
POÉSIES POPULAIRES
La branco n'es duro.
S'es blassado au cap.
N'i a pas nat au mounde,
Que Tango ajuda.
Mes sa mai l'ausèro,
L'angouc relèua.
— « Ausèreto, m'aimos.
Jou te boi aima.
— Très plumos de l'alo,
Jou que te boi da.
Duos soun daurados :
L'auto que n'es pas.
Se n'es pas daurado,
La harèi daura.
Quant sera daurado,
Jou te la boi da. »
Bruno, jou soui bruno.
Bruno boi esta.
(his).
(bis).
DE LA GASCOGNE 143
La branche est dure.
Elle s'est blessée à la tête.
Il n'y a personne au monde,
Qui aille l'aider.
Mais sa mère l'oisele
Alla la relever.
— « Oiselette, tu m'aimes.
Je veux t'aimer.
— Trois plumes de l'aile,
Je veux te dormer.
Deux sont dorées :
L'autre ne l'est pas.
Si elle n'est pas dorée,
Je la ferai dorer.
Quand elle sera dorée,
Je veux te la donner. »
Brune, je suis brune. \ n ' )
Brune je veux être (i). ;
(i) Dicté par Isidore Escamot, .'de Bivès (Gers). Cf. supr. p.
124-127, la Chanson de danse XXXIII, En revenant de la fite
patronale (Gascogne).
-(his).
144 POÉSIES POPULAIRES
XL
ANGUERAN AU PRAT
(bis).
(bis).
Angueran au prat,
Heneja uo ouro.
Lou resto dou jour,
Boïi, boit, boli,
Lou resto dou jour,
BoU hè l'amou.
L'amou d'un bieillard,
Nou duro qu'uo ouro.
Lou dou men pastou,
Duro nèit e jour.
L'aigo me hè mau.
Boli pas mes beue.
Boli dou boun bin, |
BoU, boli, boli,
Boli dou boun bin ^
(bis).
Dou noste besin. )
(bis).
DE LA GASCOGNE 145
XL
NOUS IRONS AU PRÉ
Nous irons au pré, )
Faner une heure. ) ^ ^'^'
Le reste du jour,
Je veux, je veux, je veux,
Le reste du jour, )
Je veux faire l'amour. ) ^
L'amour d'un vieillard.
Ne dure qu'une heure.
Celui de mon pâtre,
Dure nuit et jour.
L'eau me fait mal. J
Je ne veux plus boire. \
Je veux du bon vin,
Je veux, je veux, je veux,
Je veux du bon vin i
De notre voism (i). ) ^
(1) Tiré du recueil de Cbarbcl (Agenais).
(Ins).
III 10
146 POÉSIES POPULAIRES
XLI
LOU CERCO-HENNOS
— « Adichatz, gens de la maisoun,
Lou toupin, lou cuillè, lou tournejoun.
Oun auètz boste pèro ?
Lou toupin e la cuillèro. '
— Moun pai es estât au marcat,
Lou toupin, la cuillèro, lou gran plat,
Au marcat, a la hero,
Lou toupin e la cuillèro.
(Us).
— Sabètz perque jou soui bengut?
Lou toupin, lou cuillè, lou bin bèut ?
Bous demanda uo hillo.
Lou toupin e la gran' grillo. )
— Pierrot, quino boulètz-bous dounc ?
Lou toupin, lou cuillè, lou tournejoun.
— Boi la Margarideto
Lou toupm e 1 escauneto. '
(bis).
(Us).
(Us).
(Us).
DE LA GASCOGNE 147
XLI
LE CHERCHEUR DE FEMMES
— « Bonjour, gens de la maison. )
La mamiite, la cuiller, la spatule (i).) ^ ^^'
Où avez-vous votre père? )
La marmite et la grande cuiller. ) (^'^^^
— Mon père est allé au marché, )
La marmite, la cuiller, le grand plat, j ^ '^^
Au marche, à la foire, )
La marmite et la grande cuiller, j ' ' ^'
— Savez-vous pourquoi je suis venu? )
La marmite, la cuiller, le vin bu. ] ^ ^^'
Pour vous demander une fille, )
La marmite et le grand gril. ) (^"^•
■ — Pierrot, quelle voulez-vous donc ? )
La marmite, la cuiller, la spatule. \ ^ -'•
— Je veux Margueridette, )
La marmite et la bassinoire. j ' ^■^'
(i) A remuer la bouillie de maïs.
148 POÉSIES POPULAIRES
— La Margarido n'auratz pas. )
Lou toupin, la cuillèro, lou cédas. ) ^ ''
Que n'es trop capsadeto,
Lou toupin e l'escauheto :
{bis).
Capsado deguens la maisoun, )
Lou toupin, lou cuillè, lou tournejoun. y " ^'
La maisoun de soun pèro, \
Lou toupin e la cuillèro. ) ^'
Poudètz ana parla a sa mai, \
Lou toupin, la cuillèro, lou carmail. j ' ^^'
Bous baillera l'Anneto, )
Lou toupin e l'escauheto. ) ^'
L'Anneto qu'es basudo esprès
La poudètz ana bese au brès.
Bous bailleran l'Anneto.
Lou toupin e l'escauheto. »
(bis).
(bis).
^
DE LA GASCOGNE
149
— Marguerite vous n'aurez pas.
La marmite, la cuiller, le tamis.
Elle est trop bonne ménagère,
La marmite et la bassinoire :
(Ns).
(bis).
Bonne ménagère dans la maison,
La marmite, la cuiller, la spatule.
La maison de son père, 1
La marmite et la grande cuiller.)
(bis).
(bis).
Vous pouvez aller parler à sa mère,
La marmite, la cuiller, la crémaillère
Elle vous donnera Annette, ^
La marmite et la bassinoire. !
(bis).
(bis).
Annette est née exprès.
Vous pouvez aller la voir au berceau.
On vous donnera Annette. (
La marmite et la bassinoire (i).«
\(bis).
i (bis).
(1) Dicté p-ir Françoise Lalanne, de Lectoure. Cf. Ccnac-Mon-
caut, 362-63, Lou Ccrco-hennos (Gascogne); Bujcaud, II, 16-17,
La Cuillère et la marmite (Provinces de l'Ouest).
150 POÉSIES POPULAIRES
XLU
LA HENNO ALECADO ^
j
Au Castera, i a uo hillo, ) ,, . , 1
Maridado richoment.
(bis).
Ero se coho, s'abillo,
Dauant soun mirail d'argent.
Soun mirail partout ne porto,
Dou soun orne malasit.
Lou galant, darrè la porto,
Escouto ço que lou ditz.
— « Caro-t', caro-t', mos de dronlo.
Que parlos dempus cap d'an.
Chez toun pai, enta Charrolo,
Fignoulauos pas astant.
Que pourtauos raubos negros,
Cousudos dambe hiu blanc.
Aci, ne portos de sedo,
Debassis de bèro l^n.
(/-;.;.
DE LA GASCOGN'l- 151
XLII
LA FEMME COaUtlTH
Au Castéra, il y a une fille, i
I (bis) .
Mariée richement. )
Elle se coiffe, s'habille, / ^, ^
Devant son miroir d argent. )
Son miroir partout elle porte,
De son homme maudit.
Le galant, derrière la porte.
Écoute ce qu'il lui dit.
— « Tais-toi, tais-toi, morceau de tille.
Qui parles depuis le premier de l'an.
, Chez ton père, à Charrole,
Tu ne fignolais pas autant.
Tu portais des robes noires.
Cousues avec du fil blanc.
Ici, tu en portes de soie.
Des bas en belle laine.
1)2 POESIES POPULAIRES
Nou t' pleauos que d'armotos.
Aci, que minjos pan blanc.
Dècho lou niirail, hennoto.
Sai m'ajuda a sauma lou camp.
Jito l'escarpin la-horo.
Bouto-t' lous esclops d'un truc :
E, cap-nuso, sensé coho,
Sai hè peta lou mailluc.
— Podi dècha raubo, coho,
E segouti lou mailluc.
Mes, se lou galant m'apèro,
Lou sièguerèi sensé brut. »
(bis), I
(Us). I
m
DE LA GASCOGNE 153
Tu ne te remplissais que de bouillie de maïs.
Ici, tu manges du pain blanc.
Laisse le miroir, petite femme.
Viens m'aider à semer le champ.
Jette l'escarpin au loin.
Mets tes sabots d'un seul coup :
Et, tête nue, sans coiffe.
Viens faire retentir l'émottoir.
— Je puis laisser robe, coiffe.
Et secouer l'émottoir.
Mais, si le galant m'appelle, ;
Je le suivrai sans bruit (i). » )
(his).
(bis).
(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Ctnac-
Moncaut, 529-51, La Moitilhe helecado (G.iscogne). Cf. aussi supr.
p. 88-91 U Chanson de danse XXIII, Iji Dame de Fkttrance.
»^i
154 POÉSIES POPULAIRES
XLIII
SE TOUNOUN LA PEILLO d'UN MOUTOUN
Se tounoun la peillo d'unmoutoun, i
Se la tounoun a l'oumbro. ) ^
Quant l'auoun tounudo, i
La praubo peludo, )
(bis).
Se lauèn la peillo dou moutoun,
Se la lauèn a l'oumbro.
Quant l'auoun lauado,
La praubo pelado,
S'estenoun la peillo dou moutoun,
Se l'estenoun a l'oumbro.
Quant l'auoun secado,
La praubo pelado,
Se hilèn la peillo dou moutoun,
Se la hilèn a l'oumbro.
Quant l'aoun hilado,
La praubo pelado,
DE LA GASCOGNE 1$S
XLIII
ILS TONDIRENT LA TOISON D'UK MOUTON
Us tondirent la toison d'un mouton, i
Ils la tondirent à l'ombre. S
Quand ils l'eurent tondue, /
T 1 ( C''")-
La pauvre velue, )
Us lavèrent la toison du moutoiu
Ils la lavèrent à l'ombre.
Quand ils l'eurent lavée,
La pauvre pelée,
Ils étendirent la toison du mouton,
Ils rétendirent à l'ombre.
Quand ils l'eurent .séchée,
La pauvre pelée.
Ils filèrent la toison du mouton,
Ils la filèrent à l'ombre.
Quand ils l'eurent filée,
La pauvre pelée.
IS6 POÉSIES POPULAIRES
La techoun, la peillo dou moutoun,
La techoun a l'oumbro.
Quant l'auoun techudo,
La praubo peludo,
La coupèn, la peillo dou moutoun,
La coupèn a l'oumbro.
Quant l'auoun coupado,
La praubo turbado,
La pourtèn, la peillo dou moutoun,
Au soureil e a l'oumbro.
XLIV
LOU HER D ASE
De boun maitin jou me lèuèi (bis).
Un bèt her d'ase troubèi.
Dens moun jardin jou qu'entrèi.
Un bèt her d'ase !
Boulètz pas trouca moun her nau,
Dab un bieil d'ase?
DE LA GASCOGNE I57
Ils la tissèrent, la toison du mouton,
Ils la tissèrent à l'ombre.
Quand ils l'eurent tissée,
La pauvre velue.
Ils la coupèrent, la toison du mouton.
Ils la coupèrent à l'ombre.
Quand ils l'eurent coupée,
La pauvre troublée,
Ils la portèrent, la toison du mouton,
Au soleil et à l'ombre (i).
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais). Cf.Mélusine, 413-
15, Li Chanson de la laiof. (Velay). — Air n" 3.
XLIV
LE FER D'aNE
De bon matin je me levai (bis).
Un beau fer d'âne je trouvai.
Dans mon jardin j'entrai.
Un beau fer d'âne !
Ne voulez-vous pas troquer mon fer neuf,
Avec un vieux fer d'âne ? ■
158 POÉSIES POPULAIRES
Très rosos jou que i coeillèi.
Moun Diu, a qui las baillerèi ?
A un bèt amie que jou èi :
A un bèt amie que jou èi (bis).
Très poutetz que m'atraperèi,
Que quinze jours me sentirèi.
Un bèt her d'ase !
Boulètz pas trouca moun her nau, )
Countro un bieil d'ase ? j
XLV
L ASE E LA GOUIO
La bèro gouio dou besin,
S'es lèuado de maitin.
Se pren soun sac, soun ase,
Litchaire litchoun ;
Se pren soun sac, soun ase,
La bèro Marioun.
(bis).
(bis).
DE LA GASCOGNE 1 59
Trois roses j'y cueillis.
Mon Dieu, à qui les donnerai-je ?
A un bel ami que j'ai :
A un bel ami que j'ai (bis).
Trois baisers j'attraperai,
Dont quinze jours je me sentirai.
Un beau fer d'âne !
Ne voulez-vous pas troquer mon fer neuf,
Contre un vieux fer d'âne (i) ?
(i) Tiré dn recueil de Charbel (Agenais).
XLV
l'ane et la servante
La belle servante du voisin,
S'est levée matin.
Elle prend son sac, son âne,
Litchaire litchon ;
Elle prend son sac, son âne,
La belle Marion.
(bis).
(bis).
(bis).
l6o POÉSIES POPULAIRES
Quant lou mouliè la bei béni,
L'arrise nou pouscouc teni.
— « Mouleras la prumèro.
Darrè lou moulin i a un perè.
Que porto peros en heure.
Bèi-s-i estaca toun ase. »
Mentre que lou moulin moule,
Que Marioun parlauo au mouliè,
Lou loup escano l'ase.
— « Moun Diu, mouliè, auètz gran tort.
Ètz causo que l'ase es mort.
Que dira noste mestre ?
— Bèi-t'en la-haut. I èi dètz escutz.
Gaho-ne hoèit; dècho-m'en dus.
Bèi-t'en croumpa un aute ase. »
La gouio s'en court au marcat.
N'i trobo qu'un ase escamat.
Que lou bouto l'aubardo.
DE LA GASCOGNE l6l
Quand le meunier la voit venir,
Le rire il ne peut tenir.
— « Tu moudras la première.
Derrière le moulin, il y a un poirier,
Qui porte des poires en février.
Vas-y attacher ton âne. »
Tandis que le moulin moulait,
Que Marion parlait au meunier,
Le loup étrangle l'âne.
— « Mon Dieu, meunier, vous avez grand tort.
Vous êtes cause que l'âne est mort.
Que dira notre maître?
— Va-t'en là-haut. J'y ai dix écus.
Prends en huit ; laisse-m'en deux.
Va-t-en acheter un autre âne. »
La servante court au marché.
Elle n'y trouve qu'un âne estropié.
Elle lui met le bât.
III II
102 POÉSIES POPULAIRES
Quant lou mestre la bei bent,
Lou ploura nou pot pas teni.
— « Aquet es pas noste ase.
Noste ase auèuo très pès blancs :
Un de darrè, dus de dauant.
Auo la cûeto negro.
— Mou Diu, mestre, que bous troumpatz.
Lou mes de mai es arribat.
Toutz lous ases que mudon.
Se la cûeto l'a cambiat,
Au prat que s'es trop boulegat,
Deguens las bignaudèros.
— Praubo Marioun, parles pas trop.
Te fouterèi un cop d'esclop.
Tourno-me lou men ase.
Moun ase èro tout esberit.
Aqueste es tout engarrancit.
Tounio-me lou men ase. j
(
DE LA GASCOGNE 165
Quand le maître la voit venir,
Le pleurer il ne peut tenir.
— « Celui-ci n'est pas notre âne.
Notre âne avait trois pieds blancs :
Un de derrière, deux de devant.
II avait la queue noire.
— Mon Dieu, maître, vous vous trompez.
Le mois de mai est arrivé.
Tous les ânes muent.
Si la queue lui a changé,
C'est qu'au pré il s'est trop agité,
Dans les vignes sauvages.
— Pauvre Marion, ne parle pas trop.
Je te foutrai un coup de sabot.
Rends-moi mon âne.
Mon âne était tout gaillard.
Celui-ci est tout perclus.
Rends-moi mon âne.
l64 POÉSIES POPULAIRES
— Lou praube n'es tout ahamat.
Sera mes escarrabillat ;
Se lou baillatz siuaso. »
Lou loup pr'aquiu èro escounut.
Quillo l'aureillo en aquet brut,
Tant de poù n'a dou mestre.
Marioun ne gaho lou destrau. i
Ne descabeillo l'animau ; )
E per sa recompenso,
Litchaire litchoun ;
Lou mestre que la preso )
\ (bis).
Per mouillé, a Marioun. )
DE LA GASCOGNE l6<y
— Le pauvre est tout affamé.
Il sera plus gaillard,
Si vous lui donnez de l'avoine. »
Le loup par là était caché.
Il dresse l'oreille à ce bruit.
Tant il a peur du maître.
Marion attrape la hache. l /i ■ \
Elle décapite l'animal ; )
Et pour sa récompense,
Litchaire litchon ;
Le maître l'a prise
Pour femme, Marion (i).
(bis).
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Pan-issac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 321-24, L'^« c(/nGoH/o (Gascogne). Cf. supr.,p. 14-21,
la Chanson de danse III, Qtuind Marion va au moulin.
4.
l66 POÉSIES POPULAIRES
XLVI
JOAN DE NIBÈLO
Joan de Nibèlo a un capèt. | / j, • •>
Lou rèi n'a pas nat de mes bèt. )
Ta plan capèro la pouillèro. }
Harri dauant, Joan de Nibèlo ! )
Joan de Nibèlo a un justo-cos.
Per dauant, que n'i a pas nat mos ;
E per darrè la penjourlèro. 5
Joan de Nibèlo qu'a souliès, ■;
Oun trauerson lous ditz dous pès, 'j
E n'i a pas nado semèlo. 1
Joan de Nibèlo a un can, 1
Que toutjour lou prestis lou pan, <
E mes l'amaro de bourmèro. i
Joan de Nibèlo a un gat.
Ta plan l'i porto lou tabat. i
Débat la cûo la tabatièro.
DE LA GASCOGNE 167
XLVI
JEAN DE NIVELLE
Jean de Nivelle a un chapeau. /
Le roi n'en a pas de plus beau. )
Tout de même il couvre les poux. }
Harri devant, Jean de Nivelle ! )
Jean de Nivelle a un juste-au-corps.
Par devant, il n'y en a pas un morceau ;
Et par derrière pend la loque.
Jean de Nivelle a des souliers.
Où traversent les doigts des pieds,
Et il n'y a pas de semelle.
Jean de Nivelle a un chien,
Qui lui pétrit toujours le pain.
Et même lie la pâte avec sa morve.
Jean de Nivelle a un chat.
Tout de même il lui apporte le tabac.
Sous la queue la tabatière.
l68 POÉSIES POPULAIRES
Joan de Nibèlo qu'a uo troujo,
Que ta plan lou serbis de goujo,
E mes lou lauo la bachèro.
Joan de Nibèlo a un chibau,
Qu'es asta magre coumo un clau.
Ta plan lou hè pourta la sèro.
Joan de Nibèlo a uo espaso,
Que taillo pas e es espuntado.
Ta plan se l'emporto a la guerro.
Joan de Nibèlo a un pistoulet, }
Sensé poudro ni bassinet. )
Ta plan se l'emporto a la guerro.
Harri dauant, Joan de Nibèlo (bis)\
n^
DE LA GASCOGNE I69
Jean de Nivelle a une truie,
Qui tout de même lui sert de servante,
Et même lui lave la vaisselle.
Jean de Nivelle a un cheval,
Qui est aussi maigre qu'un clou.
Tout de même il lui foit porter la selle.
Jean de Nivelle a une épée,
Qui ne coupe pas et est émoussée.
Tout de même il l'emporte à la guerre.
Jean de Nivelle a un pistolet. }
Sans poudre ni bassinet. )
Tout de même il l'emporte à la guerre.
Harri devant, Jean de Nivelle (i) (bis)\
(:) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers). Cf. Cipelle,
n" 25e, La Clef du CciTeau ; Gagnon, 256, Jean de Ruina (Ca-
nada); Combes, 85, Jean de ta Reulo (Pays Castrais); Montel et
Lambert, 441, Jean de Nibélo, et 446, Jeun de la Reulo (Langue-
doc).
?y«
lyO POÉSIES POPULAIRES
XLVII
EN AQ.UESTO DANSO
En aquesto danso (bis).
Ta plan danson nau,
Coumo dètz-e-nau,
En aquesto danso (bis).
En aquesto danso
Ta plan danson hoèit,
Coumo dètz-e-hoèit, etc.
DE LA GASCOGNE I7I
XLVII
A CETTE DAXSE
A cette danse (bis).
Aussi bien on danse neuf,
Que dix-neuf,
A cette danse (bis).
A cette danse.
Aussi bien on danse huit,
Que dix-huit, etc. (i).
(i) Je sais cette chinson depuis mon enfance. A chaque nou-
veau couplet, les deux nombres exprimés dans le premier et le
troisième vers diminuent de un. Cf. supr. p. 24-25 ; 38-39 les
Ch.insons de danse V et IX, A votre pommier, et A Grenade.
172 POÉSIES POPULAIRES
XLVIII
AU CAP DE LA DANSO
Au cap de la danso i a un lourdaud (bis).
Que se marido, lirèto, )
Que se marido. ) ^
I
Gauso pas i ana lou jour.
Que crèbo de poù toutjour.
I ba lou sero (i).
I ba lou se, après soupa.
A la porto s'en ba tusta.
— « Doubris, mieto.
— Coumo, praubo, jou doubrirèi ?
Jou que soui souleto aci,
En camiseto.
— Boutatz-bous lou coutilloun,
Lou mes court ou lou mes loung,
Lou qu'a liguetos.
(i) Sero, soir, f. 1.; en g. se.
DE LA GASCOGNE I73
XLVIII
AU BOUT DE LA DANSE
Au bout de la danse il y a un lourdaud (bis).
Qui se marie, lirette, } , ,
„ . . i (bis).
Qui se mane. )
Il n'ose pas 5' aller le jour.
Il crève de peur toujours.
Il y va le soir.
Il y va le soir, après souper.
A la porte il s'en va frapper.
— « Ouvrez, mie.
— Comment, pauvre, ouvrirai-je?
Je suis seulette ici.
En chemisette.
— Mettez votre cotillon,
Le plus court ou le plus long,
Celui qui a des lies.
174 POÉSIES POPULAIRES
Boutatz lou mes court dessus (bis).
Que beiran que n'auètz dus )
„, . < (bis).
D estremiseto. » )
XLIX
L AOEILLADO
— « Coumo ba l'aoeillado (i), '
L'aoeillè (2)? ( (bis).
Coumo ba l'aoeillado ? ]
— Lous moutous soun enrhumatz,
L'aoeillè,
Las aoeillos entecados.
— Coumo ba l'aoeillado,
L'aoeillè ?
Coumo ba l'aoeillado ?
(i) Troupeau de brebis.
(2) Gardeur de brebis.
DE LA GASCOGNE 175
Mettez le plus court dessus (bis).
On verra que vous en avez deux / .
^ i (PIS) .
D'étoffe étroite (i). » )
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).
XLIX
LE TROUPEAU
— « Comment va le troupeau,
Berger? [ G''0-
Comment va le troupeau?
— Les moutons sont enrhumes,
Berger ,
Les brebis malades.
— Comment va le troupeau,
Berger?
Comment va le troupeau ?
lyô POÉSIES POPULAIRES
— Bien que ba l'aoeillado,
L'aoeillè,
Bien que ba l'aoeillado.
Lous moutous arrequinquatz, ]
L'aoeillè, [ (bis).
L'aoeillo escarrabillado. » ]
LOU MARIDATGE DE LA CATINOUN
— « Moun ^azVe, maridatz-me donne (bis).
— Hillo, qui bos per coumpagnoun ?
Courtillo bourdillo,
Marchand de cascouillos,
Marchand de cansous.
Marida las hillos,
Cure las maisous.
(bis).
DE LA GASCOGNE I77
— Bien va le troupeau,
Berger,
Bien va le troupeau.
Les moutons gaillards,
/
Berger, (bis).
La brebis éveillée (
I). >. )
(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 386, Cant doits pasious (Gascogne).
LE MARL\GE DE CATINOUN
— « Mon père, mariez-moi donc (bis).
— Fille, qui veux-tu pour compagnon ?
Courtille bourdille,
Marchand de coquilles,
Marchand de chansons.
Marier les filles, )
Vide les maisons. S '
III
178 POÉSIES POPULAIRES
— QjLie boi lou hill d'un boun maçoun,
Que me hara basti maisoun.
Boutera lou cap d'un pijoun,
Au jouquè de nosto maisoun. »
Diran las gens, sensé faiçoun :
— « Qui lotjo en aquero maisoun ?
La joeno henno d'un maçoun.
Quis es soun nom ? Quin es lou soun ?
S'apèro, cresi, Janetoun:
Nàni. L'apèron Catinoun.
— Un poulit nom es Catinoun.
Mes aimi mdllou sa maisoun. »
La henno perd bouno faiçoun.
Atau se hlouris l'escaudoun.
DE LA GASCOGNE I79
— Je veux le tils d'un bon maçon,
Qui me fera bâtir maison.
Il mettra la tète d'un pigeon
Au faîte de notre maison. »
Les gens diront, sans façon :
— « Qui loge dans cette maison ?
— La jeune femme d'un maçon.
— Quel est son nom ? Quel est le sien ?
— Elle s'appelle, je crois, Jeanneton.
— Non. On l'appelle Catinon (i).
— C'est un joli nom, Catinon :
Mais j'aime mieux sa maison. »
La femme perd bonne façon.
Ainsi se moisit l'escaudon (2).
(1) Diminutif gascon du nom de Catherine.
(2) Bouillie de farine de mais torréfié.
l8o POÉSIES POPULAIRES
Mes, dens dus centz ans, la maisoun ^
Loutjera lous hills dou maçoun. )
Courtillo bourdillo,
Marchand de cascouillos,
Marchand de cansous.
Marida las hillos, )
Luro las maisons.
LI
A MOUNBRAN
A Mounbran, i a uo bieillo
Que n'a qnoate-bint-dètz ans
Baillo-lou Mounbran,
Brandissen la bieillo ;
Que n'a qoate-bint dètz ans, r ,, . .
Baillo-lou Mounbran. ^
(Ins).
DE LA GASCOGNE l8l
Mais, dans deux cents ans, la maison }
Logera les fils du maçon. V
Courtille bourdille,
Marchand de coquilles,
Marchand de chansons.
Marier les filles, ^
Vide les maisons (i). )
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 379-80, Lou Maridalge de la Câlin (Gascogne); Puy-
maigre, 405, Les Charpentiers du roi (P.ivs Messin); Bladé, 88,
La Femme du maçon (Armagnac et Agenais).
LI
A MONBRAN
A Monbran (i), il y a une vieille, /
r\ • 1- V (bis).
Qui a quatre vmgt-dix ans ; )
Donne-lui Monbran,
Secouons la vieille ;
Qui a quatre-vingt-dix ans, /
Donne-lui Monbran. )
(1) Village voisin d'Agen.
l82 POÉSIES POPULAIRES
Ero s'en ba per las botos,
Crei pas aue que quinze ans.
Ero s'es boutado au branle,
A la man dou mes charmant,
E li a dit a l'aureillo :
— « Bos te marida, galant?
— Pas dab tu, bieillo, bieillasso.
Que n'as quoate-bint-dètz ans.
— Se soui bieillo, jou soui richo.
Éi quoate-bint milo francs.
Èi cent bacos a la granjo,
Cent pareills de buùs tirantz. »
Lou dilus, la bieillo fianço.
Lou dimars, l'enterreran.
Quant la bieillo estèc niorto,
Au cofre fuilla s'en ban (i).
Quino estèc la suspreso !
Troubèn pas que très peus blancs.
(l) Variante agenaise : Dcvs lou cofre gaitejaii, dans le coffre
nous regardons.
DE LA GASCOGNE 185
Elle s'en va par les fêtes patronales.
Elle croit n'avoir que quinze ans.
Elle s'est mis au branle,
A la main du plus charmant,
Et lui a dit à l'oreille :
— « Veux-tu te marier, galant ?
— Pas avec toi vieille, vieillasse.
Tu as quatre-vingt-dix ans.
— Si je suis vieille, je suis riche.
J'ai quatre-vingt-mille francs.
J'ai cent vaches à la grange.
Cent paires de boeufs de trait. >»
Le lundi, la vieille fiance.
Le mardi, on l'enterrera.
Quand la vieille fut morte,
Au coffre on s'en va fouiller.
Quelle fut la surprise !
On ne trouva que trois cheveux blancs.
184 POÉSIES POPULAIRES
— « Que l'ase te foute, bieillo,
Tu e mes tous très peus blancs:
Baillo-lou Mounbran,
Brandissen la biello ;
Tu e mes tous très peus blancs,
Baillo lou Mounbran. »
(Us).
(bis).
LU
LOU PASTOU COUMPLASENT
Quant jou èri pastoureleto, )
„. . ... { (bis).
Ticoutmtoun la ticotmteto, )
Pastoureleto per goarda,
Ticoutintoun la ticotinteto,
Pastoureleto per goarda, )
Ticotmtoun la ticotmta. ]
Jou n'èri tant desbrumbadeto,
Que m' desbrumbèi lou dejuna.
DE LA GASCOGNE 183
— « Que l'aze te foute, vieille, ) „ . >
; (t>li).
Toi et tes trois cheveux blancs : ]
Donne-lui Monbran,
Secouons la vieille :
Toi et tes trois cheveux blancs.
Donne-lui Monbran (i). »
(bis).
(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. Couyba,
Rei'ue de l'Agcnais Je 1881, p. 54-55, Li Bieillo de Mouiihran
(Agenais). V. supr. les Chansons de danse XXI, XXII et XXVI :
La Vieille; La Vieille de Monbran, et La Boiteuse.
LU
LE PATRE COMPLAISANT
Quand j'étais petite pastourelle,)
-,..,.. i Ois).
Tiquetinton la tiquetintette, )
Pastourelle pour garder,
Tiquetinton la tiquetintette,
Pastourelle pour garder, /
—..... i (bis).
Tiquetinton la tiquetinta. )
J'étais si oublieuse.
Que j'oubliai mon déjeuner.
l86 POÉSIES POPULAIRES
N'èro tant brabe, lou Pierreto,
Que m'a pourtat lou dejuna.
Coumo lou minjerèi, praubeto ?
N'èi lou bestia deçà, delà.
N'èro tant brabe lou Pierreto,
Que n'a courrut me l'abarja.
— « Anen-s-en entau bosc, Rouseto,
A l'oumbreto anen dejuna.
— Atau coum' bous plaira, Pierreto,
Nou saberi pas refusa.
— Ah ! Moun Diu, qu'èi hame, migueto !
Ali ! Quo soui pressât de minja.
— Prenguetz-bous d'aquero couqueto ;
Puch, a la hount anatz pinta.
— N'èi pas hame de pan, Rouseto,
Mes be de bous poutouneja.
— Diu ! Courrètz enta la baqueto,
Gourrètz arresta lou bestia. »
DE LA GASCOGNE 187
Il était si bon, Pierrot,
Qu'il m'a apporté le déjeûner.
Comment le mangerai-je, pauvrette ?
J'ai mon bétail deçà, delà.
Il était si bon, Pierrot,
Qu'il a couru mo le rassembler.
— « Allons-nous-en au bois, Rosette,
A l'ombre allons déjeûner.
— Comme il vous plaira, Pierrot,
Je ne saurais refuser.
— Ah! Mon Dieu, que j'ai faim, petite amie !
Ah ! Que je suis pressé de manger.
— Prenez de ce petit gâteau ;
Puis, à la fontaine allez pinter.
— Je n'ai pas faim de pain, Rosette,
Mais bien de vous couvrir de baisers.
— Dieu ! Courez à la petite vache,
Courez arrêter le bétail. »
l88 POÉSIES POPULAIRES
Puch, n'ac creseratz pas, hilletos,
Ticotimoun la ticotinteto,
Que se passée de dejuna,
Ticotintoun la ticotinteto ;
Que se passée de dejuna, /
_. . ... i (bis).
Ticotintoun la ticotmta. )
(bis.
LUI
Q.UANT JOU n'ÈRI JOENO PASTOURO
Quant jou n'èri joeno pastouro (bis),
Joeno pastouro a marida,
Ma touro lourèto,
Joeno pastouro a marida, )
Ma touro loura. )
Lou troupèt qu'èro chez moun pèro,
Me mandauon apostega.
Jou, que n'èri fort oiMidouso ,
M'èi oublidat lou dejuna.
DE I.A GASCOGNE 189
Puis, VOUS ne le croirez pas, fillette, \
Tiquetinton la tiquetintette, )
Il se passa de déjeûner,
Tiquetinton la tiquetintette ;
Il se passa de déjeûner, ^ ch' )
Tiquetinton la tiquetinta (i). }
(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 387-90, Lou Pastou coumplasm (Gascogne).
LUI
aUAND j'étais jeune PASTOURELLE
Qiiand j'étais jeune pastourelle (bis).
Jeune pastourelle à marier,
Ma toure lourette,
Teune pastourelle à marier, ) ,, . ^
Ma toure loura. )
Le troupeau qui était chez mon père,
On m'envoyait le suivre.
Moi, qui étais fort oublieuse,
J'ai oublié mon déjeûner.
igo POÉSIES POPULAIRES
Ma mai n'èro tant bouno henno,
Per Pierre me l'a hèit pourta.
— « Tenguètz, tenguètz, bèro oublidouso,
Auètz aqui lou dejuna.
— Coumo dejuiiarioi, prauboto ?
Jou èi toutz mous porcs a pensa. »
Pierre jogo de la flauto.
Mous porcs se mèton a dansa.
N'i ahio qu'uo bieillo, bieillasso,
Que se poudio pas boulega.
Pierre la prengouc per l'aureillo (bis),
— « Troujo, parblu! tu danseras,
Ma touro lourèto,
Troujo, parblu 1 tu danseras
Ma touro loura. » » ^ -'
DE LA GASCOGNE I9I
Ma mère ctait si bonne femme,
Par Pierre elle me l'a fait porter.
— « Tenez, tenez, belle oublieuse,
Vous avez ici le déjeuner.
— Comment déjeûnerais-je, pauvrette ?
J'ai tous mes porcs à panser. »
Pierre joue de la flûte.
Mes porcs se mettent à danser.
Il n'y avait qu'une vieille, vieiïïasse,
Qui ne pouvait se remuer.
Pierre la prit par l'oreille (bis),
— « Truie, parbleu ! tu danseras.
Ma toure lourette,
Truie, parbleu ! tu danseras, )
Ma toure loura (i). » )
(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais). Voy. la chanson
précédente.
e^^
192 POÉSIES POPULAIRES
LIV
LA NOSTO NOBIO
La nosto nobio a dus esclops (bis).
Tout en dansa, lou hèn flic-floc,
Lous sous esclops,
La nosto nobio.
Tout en dansa, lou hèn flic-floc, ) ^,
^ , , i (bis).
Sous dus esclops. )
La nosto nobio a un coutilloun.
Tout en dansa, l'esquisso tout.
La nosto nobio a un dauantau.
Tout en dansa, que se lou cai.
La nosto nobio a un justo-cos.
Tout en dansa, que cai a mos.
La nosto nobio a un moucadé.
Tout en dansa, qu'es au l'erabès.
DE LA GASCOGNE I93
LIV
NOTRE MARIÉE
Notre mariée a deux sabots (bis).
Tout en dansant, ils font flic-floc,
Ses sabots,
A notre mariée.
Tout en dansant, ils font flic-floc,
Ses deux sabots.
(bis).
Notre mariée a un cotiUon.
Tout en dansant, elle le déchiré tout.
Notre mariée à un tablier.
Tout en dansant, elle le laisse tomber.
Notre mariée a un juste-au-corps.
Tout en dansant, il tombe à morceaux.
Notre mariée à un mouchoir.
Tout en dansant, il est à l'envers.
m 13
194 POÉSIES POPULAIRES
La nosto nobio a un courneto.
Tout en dansa, que se la jito.
La nosto nobio, bente sadout,
Tout en dansa, que s'ac perd tout.
La nosto nobio, se nou s'ac teng (bis),
Qii'ou restera ? Lous pès, las dentz,
Se nou s'ac teng,
La nosto nobio.
Qu'où restera ? Lous pès, las dentz,
La nosto nobio.
(bis).
LV
LA MOUTOUÈRO
Moun pai n'a pas hillo que jou,
L'aigo muillo mous sabatous,
E me hè goarda lous moutons.
Las mios amouretos.
L'aigo muillo mous escarpis, |
Dehoro, dedins. ] ^ ^^'
(bis).
DE LA GASCOGNE 195
Notre imrico a une cornette.
Tout en dansant, elle la jette.
Notre mariée, ventre repu,
Tout en dansant, perd tout.
Notre mariée, si elle ne le retient (bis).
Que lui restera-t-il ? Les pieds, les dents,
Si elle ne le retient,
A notre mariée.
Que lui restera-t-il ? Les pieds, les dents, )
A notre mariée (1). )
(i) Dicté par Françoise Lalanne, de Lectoure (Gers). Cf.
Cénac-Moncaut, 462-64, La Bieillo (Bdani).
LV
LA GARDEUSE DE BREBIS
Mon père n'a que moi de fille , /
L'eau mouille mes petits souliers, \
Et me fait garder les moutons.
Mes amourettes.
L'eau mouille mes escarpins, i ^. • ^
Dehors, dedans. )
196 POÉSIES POPULAIRES
Ne goardi pas ni un ni dus ;
Mes que ne goardi trento-dus.
Lou loup que m'en a minjat dus.
— « Gentiuo pastouro, oun èrotz-bous?
— Èri la-bas, dab lous pastous.
Hasèuon ranieletz de flous.
N'i a un per jou, Faute per bous, ^
L'aigo muillo mous sabatous, )
L'aute per Pierrre, mas amous,
Las mios amouretos.
L'aigo muillo mous escarpis, )
T^ , 7 7- ( (bis).
Dehoro, dedins. » )
#
DE LA GASCOGNE 197
Je n'en garde ni un ni deux ;
Mais j'en garde trente-deux.
Le loup m'en a mangé deux.
— « Gentille pastourelle, où étiez-vous?
— J'étais là-bas avec les pasteurs.
Nous faisions des rameaux de fleurs.
Il y en a un pour moi, l'autre pour vous,l ...
L'eau mouille mes petits souliers , )
L'autre pour Pierre, mes amours,
Mes amourettes.
L'eau mouille mes escarpins, i
Dehors, dedans (i). » )
(t) Tire du recueil de Charbel (Agenais). Voy. ci-après U
chanson : Si j'avais ici, p. 206-209.
#
198 POÉSIES POPULAIRES
LVI
LA-BAS, DANS LA COUMETO
La-bas, deguens la coumeto, i
Hasèn de la hilasseto. ) '
Anén dounc, Marioun,
Gue la doundèno.
Anén dounc, Marioun, }
Gue la doundoun. j ^ '^'
— « Perque aquero hilasseto?
— Ne boi hè uo courdeto.
— Perque aquero courdeto ?
— Per gaha uo lauseto.
— Perque aquero lauseto ?
— Per aue uo plumeto.
— Perque aquero plumeto ?
— Per escriue uo letro.
DE LA GASCOGNE I99
LVI
LA-BAS, DANS LE VALLON
Là-bas, dans le vallon, ^ /u- \
Nous faisons de la filasse. )
Allons donc, Marion,
Gué la dondaine.
Allons donc, Marion, |
Gué la dondon. ) ^ ^^^'
— « Pourquoi cette filasse ?
— J'en veux faire une cordelette.
— Pourquoi cette cordelette ?
— Pour attraper une alouette.
— Pourquoi cette alouette?
— Pour avoir une petite plume.
— Pourquoi cette petite plume ?
— Pour écrire une lettre.
20O POÉSIES POPULAIRES
— Perque escriue uo letro ? )
— Per la manda a ma mastresso. » ;
Anén dounc, Marioun,
Gue la doundèno.
Anén doun, Marioun, }
Gue la doundoun. )
Lvn
LA PASTOURO ALECADO
Quant jou èri petiteto, ^ ....
Lanla, )
Petite Janetoun,
O gue la doundèno,
Petito Janetoun,
O gue la doundoun ;
(bis).
M'èi lougat un pastou,
Per goarda mous moutous.
DE LA GASCOGNfc. 20I
— Pourquoi écrire une lettre ? ) ., . >
— Pour l'envoyer à ma maîtresse. »)
Allons donc, Marion,
Gué la dondainc.
Allons donc, Marion, ) ,, . ,
Gué la dondon (i). ) '
(i) Dicté par Briscadieu, d'Estang (Gers). Cf. Bujeaud, I,
IÎ9, La Chanson tLs vignerons (Provinces de l'Ouest); Tigri,
Canli popolari Toscani, p. 182.
LVII
LA PASTOURELLE COQ.UETTE
Quand j'étais petiote, ) >■; • v
Lanla, )
Petite Jeanneton,
O gué la dondaine,
Petite Jeanneton, \
O gué la dondon ; )
(Hs).
J'ai loué un pâtre.
Pour garder mes moutons.
202 POESIES POPULAIRES
Lou pastou que jou logui,
Goardo raillou que jou.
A cado rebirado,
Me demande un poutoun,
— « Pastou, se d'acô parles,
Partis bien loèn de jou, »
Au prat, las erbos courtes ,
"Crecheun la nèit, lou jour.
Atau soun las mainados,
Crecheun dab las amous.
Un moussu que passauo,
L'a toucat lou menteun.
La pastoure fierreto,
A treubat acô boun.
— « Praube pastou, ahuto, )
Lanla, \ ^^''^'
Qu'an teunut toun moutoun,
O gue la doundèno,
Qu'an tounut toun moutoun, )
O gue la doundoun (i). » ;
ihis).
(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 372-74, La Paslouro helecado (Gascogne).
DE LA GASCOGNE 203
Le pâtre que je loue,
Garde mieux que moi.
A chaque retour (i),
Il me demande un baiser.
— « Pâtre, si de cela tu parles,
Pars bien loin de moi. »
Au pré, les herbes courtes,
Croissent la nuit, le jour.
Ainsi sont les fillettes.
Elles croissent avec les amours.
Un monsieur qui passait.
Lui a touché le menton,
La pastourelle fière,
A trouvé cela bon.
— « PauvTe pâtre, fuis, )
Lanla, ! ^">»-
On a tondu ton mouton,
O gué la dondaine,
On a tondu ton mouton,
O gué la dondon. »
(i) Uu pâturage.
(bis).
204 POÉSIES POPULAIRES
LVIII
LA TOURTETO
[ C^'O-
I abio un cop uno tourteto,
Touro loureto,
La la derideto,
Que bouUo se marida,
Touro loureto, ,
La la dérida. )
Ero s'en ba per lasbotos,
Per aprengue a dansa.
Ero que se met en danso,
A la ma dou mes fringant.
Lou ditz tout bas à l'aureillo :
— « Galant, bos-te marida ?
— O! pas dambe tu, tourteto.
Que n'as quoate-bint-dètz ans.
i (bis).
DU LA GASCOGNE 20$
LVIII
LA PETITE BOITEUSE
Il y avait une fois une boiteuse,
Toure lourette, [ (bis).
La la deridette,
Qui voulait se marier, ^
Toure lourette, [ (his).
La la dérida. ;
Elle s'en va par les fêtes patronales,
Pour apprendre à danser.
Elle se met en danse,
A la main du plus fringant.
Elle lui dit tout bas à l'oreille :
— « Galant, veux-tu te marier ?
— Oh! pas avec toi, boiteuse.
Tu as quatre-vingt-dix ans.
206 POÉSIES POPULAIRES
— Se n'èi quoate-bint-dètz ans,
Jou n'èi quoate milo frans;
Sensé counta ma bourseto, J
Touro loureto, > ('^'■^)-
La la derideto, )
Et ço de moun cofre blanc. »
Touro loureto, [ (bis).
La la dérida.
LIX
S AUEUI AGI
S'auèui aci mous esclops naus (bis).
M'en angueri goarda mous buùs.
Anen tout dous,
Touro loureto ;
Auen goarda,
Touro loura.
(bis).
DE LA GASCOGNE 207
— Si j'ai quatre-vingt-dix ans,
J'ai quatre mille francs ;
Sans compter ma bourse, ^
Toure lourctte , ( (^0-
La la deridette, )
Et ce qui est dans mon coffre blanc. » \
Toure lourette, > (bi:;).
La la dérida (i^. j
(i) Dicté par ma tante Marie Liaubotj, de Gontaud (Lot-et.
Garonne). Cf. supr., les Chansons Je danse XXI, XXII, XXV,
LI : La Vieille ; La Vielle de Monhran, La Boiteuse et A Motibran.
LIX
SI J AVAIS ICI
Si j'avais ici mes sabots neufs (bis),
Je m'en irais garder mes boeufs.
Allons tous doux,
Toure lourette ;
Allons garder ,
Toure loura. ^
208 POÉSIES POPULAIRES
Jou ne goardi pas un ni dus.
Jou ne goardi trento-dus.
Lou loup que m'en a minjat dus.
— « Gaïo pastouro, oun èrotz-bous ?
— Èri la-haut, dab lous pastous.
Coupaui très ramèus de flous :
Un per jou e l'aute per bous (bis),
L'aute per Pierre, mas amous. »
Anen tout dous,
Touro loureto ;
Anen goarda, ) ,,. s
^ \ (bts).
Touro loura. ;
m
DE LA GASCOGNE
209
Je n'en garde pas un ni deux.
J'en garde trcntc-doux.
Le loup m'en a mangé deux.
— « Gaie pastourelle, où étiez-vous ?
— J'étais là-haut avec les pâtres.
Je cueillais trois rameaux de fleurs :
Un pour moi et l'autre pour vous (bis),
L'autre pour Pierre, mes amours, »
Allons tout doux ,
Toure lourette.
Allons garder, )
Toure loura (i). ) (^'"^■
(0 Je sais, depuis mon enfance, cette chanson dont M. Fau-
gère-Dubourg, de Ncrac, m'a fait tenir une copie exactement
conforme à mes souvenirs. Cf. p. 194-197, la Chanson intitulée:
La Gardtuse de brebis.
^Ha
"I 14
210 POÉSIES POPULAIRES
LX
LOU MARCHANDOT
Lou marchandot s'en ba au marcat (bis),
Dab soun ase cargat de blat.
Lou marchandot,
Dab soun bourriq d'ase,
Lou marchandot, | ^, . »
Dab soun bourriquot. \
Au prumè hangas qu'a troubat,
Lou joen ase s'es enhangat.
Et a jurât e proutestat,
Qu'angueré pas mes au marcat
Que soun ase n'aousso minjat (hîs),
Un paillassoun de bren rasclat.
Lou marchandot,
Dab soun bourriq d'ase,
Lou marchandot,
Dab soun bourriquot.
DE LA GASCOGNE 211
LX
LE PETIT MARCHAND
Le petit marchand s'en va au marché (bis),
Avec son âne chargé de blé.
Le petit marchand,
Avec son bourriquct d'âne,
Le petit marchand, )
Avec son bournquet. )
Au premier bourbier qu'il a trouvé.
Le jeune âne s'est embourbé.
Lui a juré et protesté.
Qu'il n'irait jamais au marché
Que son âne n'eût mangé (bis),
Un paillasson de son raclé.
Le petit marchand,
Avec son bourriquet d'âne,
Le petit marchand,
Avec son bourriquet (i).
(l) Tiré du recueil de Charbel (Agenais).
-212 POÉSIES POPULAIRES
LXI
l'ausèt blassat
La-bas, au noste petit prat (bis),
I a un aubre broutounat.
Frai!
— Hoù (i) !
— Hè-me-lou ategne, hè :
TTi 1 t (his).
Hè-me-lou ategne. '
Un bèt ausèt s'i es pausat.
Lou hill dou rèi per aqui es passât.
Per débat l'aie i a tirât.
Aquet ausèt n'a tant sannat,
(i) Ce cri est poussé par l'ensemble des danseurs, à l'appel
de Frai! jeté par celui qui conduit la ronde. Cf. Mélusine, 459-
62, Le Canard blanc (Forez et Velay).
DE LA GASCOGNE 21 J
LXI
L OISEAU BLESSÉ
Là-bas, à notre petit pré (bis),
Il y a un arbre bourgeonné.
Frère !
— Hô!
— Fais-le moi atteindre, fais : }
Fais-le-moi atteindre. i ^ ^^'
Un bel oiseau s'y est posé.
Le fils du roi par là est passé.
Par-dessous l'aile il a tiré.
Cet oiseau a tant saigné,
214 POÉSIES POPULAIRES
Que n'a pleat routo e barat (bis),
E lou moulin s'es engourgat.
Frai !
— Hoù!
— Hè-me-lou ategne, hè :
Hè-me-lou ategne.
(his).
LXII
l'aute jour
— « L'aute jour, me proumenaui, \
Tout lou loung, [ (his).
Turlututu,
Tout lou loung,
La la dra iè, \ (bis).
Tout lou loung d'un bois.
Rencountrèi m'amou Janeto.
La bouloui baiser.
\
\ n,ic
DE LA GASCOGNE 21 >
Qu'il a rempli route et fossé, (his).
Et que le moulin s'est engorgé.
Frère !
— Hô !
— Fais-le moi atteindre, fais : |
Fais-le-moi atteindre (i). )
(i) Dicté par ma mère, feue Adèle Bladé, de Gontaud (Lot-
et-Garonne).
LXII
L AUTRE JOUR
— « L'autre jour, je me promenais, \
Tout le long, ( (bis).
Turlututu, }
Tout le long, ]
La la dra yè, > (bis).
Tout le long d'un bois. )
Je rencontrai mon amour Jeannette.
Je la voulus baiser.
2l6 POÉSIES POPULAIRES
Ero tiro sa quounouilleto,
Per me boule frapper.
— Ne frappe^ pas, m'amou Janeto,
Jou soui lou toun berge.
— Moun berge porto pas d'espaso,
Ni mèsd'aquetz, [ (bis).
Turlututu,
Ni mes d'aquetz, '\
La la dra iè, [ (his).
Ni mes d'aquetz plumetz. » )
LXIII
LAS HILLOS A LA HOUNT
Hillos de Biilonauo ,
Maitin lèuados soun :
Maitin lèuados soun,
(his).
DE LA GASCOGNE 21 7
Elle tire sa quenouille,
Pour vouloir me frapper,
— Ne frappe pas, mon amour Jeannette.
Je suis ton berger.
— Mon berger ne porte pas d'épée, ]
Ni de ces, [ (bis).
Turlututu,
Ni de ces,
La la dra yè, \ (bis).
Ni de ces plumets. »
(i) Dicté par ma tante Marie Liaubon, de Gontaud (Lot-et-
Garonne).
LXIII
LES FILLES A LA FONTAINE
Les filles de Villeneuve (i), )
Matm sont levées : )
Matin sont levées,
(i) Il existe en Gascogne plusieurs localités du nom de Vil
leneuve.
2l8 POÉSIES POPULAIRES
Digo douii gue la doundèno ;
Maitin lèuados soun,
Digo doun gue la doundoun.
Se prengoun la dourneto,
E s'en ban a la hount.
En debara la costo,
Ne chiulon la cansoun.
Lous boès, a la laurado,
N'escouton aquet soun.
Quiton buùs, aguiUados,
E courroun a la hount.
— « Cantatz, cantatz, mainados.
Arc, n'es la sasoun. »
Las mais que diran bostos :
— « Qu'auètz hèit a la hount ? »
— Trouberan rebirados,
En trauersa lou pount.
« Très guitetos saubatjos,
N'auon turbat la hount. »
(bis).
DE LA GASCOGNE 219
Digue don gué la dondaine ;
Matin sont levées, ^ // \
Digue don gué la dondon. )
Elles prennent la cruche,
Et s'en vont à la fontaine.
En descendant la côte,
Elles sifflent la chanson.
Les bouviers, au labour.
Écoutent ce son.
Ils quittent bœufs, aiguillons,
Et courent à la fontaine.
— « Chantez, chantez, jeunes filles.
Maintenant, c'est la saison. »
Vos mères diront :
— « Qu'avez-vous fait à la fontaine ? »
— Nous trouverons des reparties,
En traversant le pont.
« Trois petites canes sauvages.
Avaient troublé la fontaine. »
220 POÉSIES POPULAIRES
— Ah ! mainados, mainados,
Aquet guit saubatjoun,
N'es plan, sabèn la causo,
Quauque joen coumpagnoun.
— Se nostos mais testudos,
N'entenonn pas rasoun,
Lous diran : « Mais, maietos, )
Espiatz-oc pou tutoun.
Espiatz-oc pou tutoun,
Digo doun gue la doundèno ;
Espiatz-oc pou tutoun,
Digo doun gue la doundoun. »
"^
\(bis).
0ns).
DE LA GASCOGNE 221
— Ah ! jeunes filles, jeunes filles,
Ce canard sauvage.
Est bien, nous savons la chose,
Quelque jeune compagnon.
— Si nos mères têtues.
N'entendent pas raison.
(bis)
Nous leur dirons: « Mères, petites mères,
Regardez-le par le robinet.
Regardez-le par le robinet.
Digue don gué la dondaine ;
Regardez-le parle robinet, l /l- \
Digue don gué la dondon (i). » )
(O Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 325-26, Las Fillos à la hounl (Gascogne). — Air n" 4.
^
222 POÉSIES POPULAIRES
LXIV
LA BOTO AU CASTERA
— « Douman, que n'es la boto,
Doundèno touro lourèno,
La boto au Castera,
Doundèno touro lourèno,
La boto au Castera,
Doundèno touro loura.
Digatz, la mio maire,
M'i boulètz dècha ana ? »
Sa mai, la brabo henno,
L'i a dèchado ana.
Ta leù qu'entrée en danso,
S'es boutado a ploura.
(Us).
(bis).
DE LA GASCOGNE 223
(bis).
LXIV
LA FÊTE PATRONALE AU CASTÉRA
— « Demain, c'est la fête patronale,
Dondaine toure louraine,
La fête patronale au Castéra (i),
Dondaine toure louraine,
La fête patronale au Castéra, ) ,
i {^ms).
Dondaine toure loura. )
Dites, ma mère,
Voulez-vous m'y laisser aller ? »
Sa mère, la brave femme,
L'y a laissée aller.
Aussitôt qu'elle entra en danse.
Elle s'est mise à pleurer.
(i) 11 existe, en Gascogne, plusieurs localités du nom de Cas-
téra.
224 POÉSIES POPULAIRES
— « Qu'auètz, qu'auètz, la bèro?
Qu'auètz tant a ploura ?
— Èi plan rasoun se plouri,
E mes de suspira.
M'as près ma flou de liri.
James nou tournera.
— Plouretz pas mes, la bèro,
Doundèno touro lourèno.
Que nous eau marida,
Doundèno touro lourèno :
Que nous eau marida, i
Doundèno touro loura. » j
(bis).
(Us).
LXV
LAS AUÈJOS DE LA MARIO UN
Marioun, au bord de l'aigo,
Se lauo lou mentoun :
(bis).
DE LA GASCOGNE 22)
— « Qu'avcz-vous, qu'avcz-vous, la belle ?
Qu'avez-vous tant à pleurer ?
— J'ai bien raison si je pleure,
Et même de soupirer.
Tu m'as pris ma fleur de lys.
Jamais elle ne reviendra.
LXV
(bis).
— Ne pleurez plus, la belle,
Dondaine toure louraine.
Il faut nous marier,
Dondaine toure louraine,
Il faut nous marier, )
CM s)
Dondaine toure loura (i). » )
(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance.
LES ENNUIS DE MARION
Marion, au bord de l'eau, )
Se lave le menton ; i ^ ''
m 15
226 POÉSIES POPULAIRES
Se lauo lou meiitoun,
Gue la doundèno,
Se lauo lou mentoun,
Gue la doundoun. '
Quant la machèro es neto,
Se pintuo lou chignoun.
La coho que s'aliso,
E mes lou coutilloun.
Soun pai que l'i atrapo :
— « Que hès aqui, Marioun ?
— Que boi tourna beroio,
Prengue bouno faiçoun.
— Au trot marcho-m', drounleto,
Marcho-m'a la maisoun.
— Nou pas. Lou Meniqueto(i),
M'aten enta la hount.
(i) Diminatif de Dominique.
DE LA GASCOGNE 227
Se lave le menton,
Gué la dondaine,
Se lave le menton, i x, . .
(bis).
Gué la dondon.
Quand la joue est nette,
. Elle peigne son chignon.
La coiffe elle lisse,
Et aussi le cotillon.
Son père l'y attrape :
— « Que fais-tu là, Marion ?
— Je veux redevenir belle.
Prendre bonne façon.
— Au trot marche-moi, fillette.
Marche-moi à la maison.
— Non pas. Ménique,
M'attend à la fontaine.
228 POÉSIES POPULAIRES
— N'as pas tu dounc bergougno,
De parla d'aquet toun ?
— M'auoussotz maridado,
Quant n'èro la sasoun.
M'auoussotz dado au Pierre,
E mes lèu au Pierroun.
— Qu'en harés dou Pierreto ?
Pren lou bièil Menichoun.
— D'aquet, nou boi pas brico.
Mes lèu prengue un capoun.
Me truqueré de tiro,
Sensé coumpassioun.
— G ! Quino rasounairo !
Marcho-m' a la maisoun.
Bèi t'estuja, drounleto,
Tourneja l'escaudoun.
DE LA GASCOGNE 229
— N'as-tu donc pas honte,
De parler de ce ton ?
— M'eussiez-vous mariée,
Quand il était saison.
M'eussiez-vous donnée à Pierre,
Ou plutôt à Pierron.
— Que ferais-tu de Pierrot ?
Prends le vieux Ménichon.
— De celui-là, je neveux pas un brin.
Plutôt prendre un chapon.
Il me battrait continuellement.
Sans compassion.
— Oh ! Quelle raisonneuse !
Marche-moi à la maison.
Va te cacher, fillette.
Remuer Vescaiidoii (i).
(i) Bouillie faite de farine de mais, préalablement torréfiée.
230 POESIES POPULAIRES
Oui, quant lou Meniqueto )
M aujo bisto a la hount : )
M'aujo bisto a la hount,
Gue la doundèno,
M'aujo bisto à la hount, )
Gue la doundoun. « )
LXVI
DOU TEMS Q.U ÈRI MAINADO
(hs).
Dou tems qu'èri mainado,
Lanla,
Petito Janetoun,
La doundèno,
Petito Janetoun,
La doundoun.
(Ms).
Me hèn goarda las aoeillos,
E lous petitz agnerous.
DE LA GASCOGNE 23 I
Oui, quand Meniquette
M'aura vue à la fontaine :
M'aura vue à la fontaine,
Gué la dondaine,
M'aura vue à la fontaine, )
Gué la dondon (i). » )
(bis).
(bis).
(1) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 314-ié, Loti Aouèjès de la Marioun (Gascogne).
LX'^
DU TEMPS Q.UE J ÉTAIS ENFANT
Du temps que j'étais enfant.
Lanla. > <^''^-
Petite Jeanneton, j
La dondaine, f
Petite Jeanneton, \
La dondon. '
On me fait garder les brebis,
Et les petits agnelets.
232 POÉSIES POPULAIRES
Per aqui que ne passon,
Très chibaliès barous.
M'andit: « Bounjour, mainado,
A qui soun lous moutous ?
— Les moutous à moun pèro :
La bergèro à bous.
— Se n'èros pas tant joeno,
Te prendri dambe nous.
— Moussu, per ma joenesso,
Me refuseretz-bous ?
L'erbo dou prat es courto.
Crech la nèit e lou jour.
Atau hèn las hilletos, ) ^, ■ %
Lanla, )
Quant sount dens sas amous, j
La doundèno, f /l • \
Quant soun dens sas amous, \
La doundoun. »
DE LA GASCOGNE 233
Par là passent,
Trois chevaliers barons.
Ils m'ont dit: « Bonjour, enfant.
A qui sont les moutons ?
— Les moutons à mon père :
La bergère à vous.
— Si tu n'étais pas si jeune,
Je te prendrais avec nous.
— Monsieur, pour ma jeunesse,
Me refuseriez-vous ?
L'herbe du pré est courte.
Elle croît la nuit et le jour.
Ainsi font les fillettes, )
Lanla, \ ^''">
Quand elles sont dans leurs amours,
La dondaine.
Quand elles sont dans leurs amours,
La dondon (i). »
(hts).
(i) Tiré du recueil de Charbel (Agctuis). Cf. supr. p. 200-
203, la Chanson intitulée : La Pastourelle coquette.
2 34 POÉSIES POPULAIRES
LXVII
ME SOUI MESO EN DANSO
Me soui meso en danso, ) ., . ,
^ , , i (bis).
Entre dus galantz : ]
Entre dus galantz,
Tant poulido mio,
Entre dus galantz, )
Tant poulit amant.
\ (his).
Lou que mes m'aimauo,
M'a sarrat la man.
— « Galant, se m'aimauos,
Coumo hès semblant,
Me darés liurèio,
De quauques ribantz. »
Bouti man en bourso.
Tiri très ribantz.
DE LA GASCOGNE 233
LXVII
JE ME SUIS MISE EN DANSE
Je me suis mise en danse,
Entre deux galants :
Entre deux galants,
Si jolie mie,
Entre deux galants, ) ,, . ,
Si joli amant. )
Celui qui le plus m'aimait,
M'a serré la main.
— « Galant, si tu m'aimais.
Comme tu fais semblant.
Tu me donnerais livrée,
De quelques rubans. »
Je mis la main en bourse.
Je tire trois rubans.
(bis).
236 POÉSIES POPULAIRES
I
_ I
— « Tenguètz, tenguètz, bèro. \
Aqui très ribantz. \
Nou lous portetz, bèro, i
Que très cops per an. i
Un a Pentocousto, i
L'aute a Sent-Joan,
L'aute au jour de noços, / _ 1
Lou mes bèt de l'an. ) ' ^' ■,
Lou mes bèt de l'an, 1
Tant poulido mio,
Lou mes bèt de l'an. ^ 1
Tant poulit amant. » '
DE LA GASCOGNE 237
— « Tenez, tenez, belle.
Voici trois rubans.
Ne les portez, belle,
Que trois fois par an.
Une à la Pentecôte,
L'autre à la Saint-Jean,
L'autre au jour des noces, )
Le plus beau de l'an. ) ^'
Le plus beau de l'an,
Si jolie mie.
Le plus beau de l'an.
C- • 1- / N V Q'^^)'
Si joli amant (i). » )
(1) Dicté par M. Aristide Tessier, de Saintc-Bazeille (Lot-et-
Garonne). Cf. Lamarque de Plaisance, 53-60 (Bazadais); Voy.
aussi la chanson suivante.
238
POÉSIES POPULAIRES
LXVIII
LOU MARCAT A ESTANG
Anèit que n'es la hero,
Lou marcat a Estang :
Lou marcat a Estang,
Tant poulido mio,
Lou marcat a Estang,
Tant poulit amant.
(bis).
(bis).
I crouperan cintos,
E tant bètz ribantz.
— « T'i trouberas, bèro
— Tu tabé galant.
Tu tabé galant,
Tant poulido mio,
Tu tabé galant,
Tant poulit amant. »
(bis).
(bis).
DE LA GASCOGNE 239
LXVIIl
LE MARCHÉ A ESTANG
Aujourd'hui c'est la foire,
Le marché à Estang (i) :
Le marché à Estang,
Si jolie mie.
Le marché à Estang, |
Si joli amant. j
(bis).
(bis).
Nous y achèterons des ceintures,
Et de si beaux rubans.
— « Tu t'y trouveras, belle. ^
— Toi aussi, galant. ) ^'
Toi aussi, galant,
Si joHe mie,
Toi aussi galant, )
Si joU amant (2). » )
(i) Commune du département du Gers.
(2) Chanté par un charpentier d'Esung, nommé Briscadieu.
Cf. la chanson précédente.
240 POÉSIES POPULAIRES
LXIX
LOU MOULIÈ PREFERAT
La-bas, dens la prado, }
Uo pastouro i a. ;
Uo pastouro i a,
Landeridèto,
Uo pastouro i a, j
Landerida. j
I a uo pastouro,
Que goardo soun bestia.
Pierre, de Larroco,
Que l'ajudo a goarda.
— « Digo, pastoureto,
Hè pas-et boun goarda ?
Digo, pastoureto,
Se t'en bos pas tourna? »
DE LA GASCOGNE 24 1
LXIX
LE MEUNIER PRÉFÉRÉ
Là-bas, dans la prairie, )
Une pastourelle il y a. ) ^
Une pastourelle il y a,
Landeridette,
Une pastourelle il y a, )
Landerida. ) ^ ''
Il y a une pastourelle.
Qui garde son bétail.
Pierre, de Larroque (i),
L'aide à garder.
— « Dis, pastourelle,
Fait-il pas bon garder ?
Dis, pastourelle.
Si tu ne veux pas t'en retourner ? »
(i) I.ai-r.,q:r est un nom do lieu fort commun en Gascogne.
I" 16
242 POÉSIES POPULAIRES
Pastouro s'en tourno,
Enta s'ana coucha.
— « Lèuo-te, pastouro.
Bos-te marida?
Se d'acô me parles,
Cou rat je i aura.
— Pas dambe tu, Pierre.
Me harés laura.
— Se ma henno lauro.
Pan que minjera.
— Lou mouliè d'Arnaulo,
Mou afa hara.
— O. Mes la moulièro, j
Cops de hoet aura : '
Cops de hoet aura,
Landerideto,
Cops de hoet aura, J
Landerida. » )
(his).
DE LA GASCOGNE 243
La pastourelle s'en retourne,
Pour s'aller coucher.
— « Lève-toi, pastourelle.
Veux-tu te marier ?
Si de cela tu me parles.
Du cœur il y aura.
— Pas avec toi, Pierre.
Tu me ferais labourer.
— Si ma femme laboure,
Du pain elle mangera.
— Le meunier d'Arnaule (i),
Mon affaire fera.
— Oui. Mais la meunière.
Coups de fouet aura :
Coups de fouet aura,
Landerirette,
Coups de fouet aura,
Landerira (2). »
(his).
(bis).
(i) J'ignore où se trouve ce moulin.
(2) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 308-10, Lou moulic besiat (Gascogne).
244 POÉSIES POPULAIRES
LXX
PETITO BRUNETO
— « Petite brunette, ]
Que Jaites-vous la? ]
Que faites-vous là ?
Lnnderidette.
One faites-vous là? )
Landerida. )
— Soui aci souleto.
Goardi moun bestia.
— Petite brunette,
Vene^ avec moi.
— Coumo boulètz qu'i ango?
Podi pas marcha.
— Petite brunette,
Mon tel près de moi. »
DE LA GASCOGNE 245
LXX
PETITE BRUNETTE
(Ns).
(bis).
— « Petite brunette, \
Que faites-vous là ? )
Que faites-vous là ?
Landeridette.
Que faites-vous là ? )
Landerida. )
— Je suis ici seulette.
Je garde mon bétail.
— Petite brunette,
Venez avec moi.
— Comment voulez-vous que j'y aille?
Je ne peux pas marcher.
— Petite brunette,
Montez près de moi. »
246 POÉSIES POPULAIRES
Quant estèc mountado,
Se bôuto a ploura.
— « Petite hrunette,
Vous pie HT ex^. Pourquoi?
— N'èi rasoun se plouri,
Mes de suspira.
O ! Ma roso blanco, ) ^, ,
James tournera. ;
James tournera,
Landeridèto.
James tournera, ) ^, . ■>
Landerida, » S
LXXI
LOU CURÉ DOU CASTERA
Moussu curé dou Castera, ^ ,, . ,
i (dis).
Sai jouga de la guitara, )
Pren soun fusil, s'en ba cassa,
Sai jouga de la guitaretto. l n ■ \
Sai jouga de la guitara. )
DE LA GASCOGNE 247
Quand elle fut montée,
Elle se met à pleurer.
— « Petite brunette,
Vous pleurez. Pourquoi ?
— J'ai bien raison de pleurer,
Et de soupirer.
— Oh ! Ma rose blanche,
, (bis).
Jamais elle ne reviendra.
Jamais elle ne reviendra,
Landerirette.
Jamais elle ne reviendra, } ,, . .
Landerira (i). » )
(t) Chanté par ma tante Marie Liaubou, de Goiuaud (Lot-et-
Garonne).
LXXI
LE CURÉ DU CASTÉRA
Monsieur le curé du Castéra,
Je sais jouer de la guitare,
Prend son fusil, s'en va chasser.
Je sais jouer de la guitarette. }
Je sais jouer de la guitare. \
(bis),
(bis).
24^5 POÉSIES POPULAIRES
Perdics, ni lèbes trobo pas,
Sounco Marioun darrè un auba.
— « Marioun, bous boulètz coufessa ?
— Moussu curé, coumo etz plaira.
— Nous eau ana darrè l'auta. »
L'auta se bouto a trambla,
E las cadièros a dansa,
Las campanetos a tinta.
— « De la glèiso s'en eau ana.
Au bosc anen nous estuja. »
Quant soun au bosc, darè un auba,
Lous loups se bouton a hurla,
Houos, bresagos a piula,
E lous renards a marmouta,
E las graouillos a raina,
E lusertz e serps a chiula.
— « Moussu cure, s'en eau ana,
Jou per aci, bous per enla.
DE LA GASCOGNE 249
Perdrix, ni lièvres, il no trouve,
Sauf Manon derrière un saule.
— « Marion, voulez-vous vous confesser?
— Monsieur le curé, comme il vous plaira.
— Il nous faut aller derrière l'autel. »
L'autel se met à trembler,
Et les chaises à danser,
Les clochettes à tinter.
— « De l'église il flmt s'en aller.
Au bois allons-nous cacher. »
Quand ils sont au bois, derrière un saule.
Les loups se mettent à hurler,
Milans, orfraies à piauler,
Et les renards à marmotter.
Et les grenouilles à coasser.
Et lézards et serpents à siffler.
— « Monsieur le curé, il faut vous en aller,
Moi par ici, vous par là-bas.
250 POÉSIES POPULAIRES
— Auètz rasoun, s'en eau ana. )
Sai jouga de la guitara, ] ^ ''
Lou Diable semblo s'en menla. »
Sai jouga de la guitareto. \
Sai jouga de la guitara. ) ^ ''
LXXII
L AUTE JOUR
L'aute jour, jou m'en anguèri, )
La zuigo zingueto, ) ^ ^
Moun camin dret à Gountaud,
La zingo zingau,
Moun camin dret à Gountaud (his).
Rciicountrèri uo taulado,
De perdics e de lebraus.
A taulo jou me hoiitèri.
De faïçous, jou ne m'enchau.
DE LA GASCOGNE 231
— Vous avez raison, il faut s'en aller. ^
T ■ • j 1 • \ (bis).
Je sais jouer de la guitare. i
Le Diable semble s'en mêler. »
Je sais jouer de la guitarette. )
Je sais jouer de la guitare (i). \ ^ ^'
(i) Dicté pai Françoise Lalanne, de Lcctoure. Cf. Cénac-
Monoaut, 369-71, hou baroiw dou Castera (Gascogne). — Air
LXXII
L AUTRE JOUR
L'autre jour, je m'en allai, /
La zingue zinguette, )
Mon chemin droit à Gontaud (i),
La zingue zingau,
Mon chemin droit à Gontaud (bis).
Je trouvai une tablée,
De perdrix et de levrauts.
A table je me mis.
De façons, il ne m'en chaut.
(i) Petite ville du Lot-et-Garonne, canton de Marmande.
252 POÉSIES POPULAIRES
Aqui, minjèri e loutjèri.
Pas d'argent. Jou ne m'en fau.
Très poutetz a la serbento :
A la mastresso hoèit ou nau.
— « Mes, ça digouc la serbento,
Toiitis nous paguèssen atau.
— Mes, ça digouc la mestresso, ]
La znigo zmgueto, i
Nou farion pas gran cabau ,
La zingo zingau,
^ou farion pas gran cabau (bis). «
LXXIII
JANO
A l'oumbreto d'un rousè, /
Jano s'adoumbrauo. )
Jano s'adoumbrauo en-ci,
Jano s'adoumbrauo en-la, [ (bis).
Jano s'adoumbrauo.
DE LA GASCOGNE 253
LA, je mangeai et je logeai.
Pas d'argent. Il ne m'en faut.
Trois baisers à la servante :
A la maîtresse huit ou neuf.
— « Mais, dit la servante,
Que tous nous payassent ainsi.
— Mais, dit la maîtresse, )
La zuigue zmguette, ) ^ '
Nous ne ferions pas grand capital,
La zingue zingau,
Nous ne ferions pas grand capital (W,>'^ (i). »
(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais). Voy, ci-après, p.
294-297, la Chanson intitulée : L'autre jour, je m'en allai.
LXXIII
JEANNE
A l'ombre d'un rosier,
Jeanne s'abritait.
Jeanne s'abritait deçà,
Jeanne s'abritait delà,
Jeanne s'abritait.
2 54 POÉSIES POPULAIRES
Un moussu beng a passa.
Que la regardado.
— « Que regardatz-bous, moussu ?
Soui trop petitoto.
— Par ta petito que sios,
Boi que sios ma mio.
— Se ta mio bos que sio,
Cau que ta bourso saute.
— Se la bourso diu sauta,
Adiu, bèro Jano.
Adiu, bèro Jano, en-ça,
Adiu, bèro Jano, en-la,
Adiu, bèro Jano. »
'^
DE LA GASCOGNE 2)5
Un monsieur vient à passer.
Il l'a regardée.
•-0"
— « Que regardez-vous, monsieur ?
Je suis trop petiote.
— Pour si petiote que tu sois,
Je veux que tu sois ma mie.
— Si ta mie~tu veux que je sois,
Il faut que ta bourse saute.
— Si la bourse doit sauter, ^
Adieu, belle Jeanne. )
Adieu, belle Jeanne, deçà, j
Adieu, belle Jeanne, delà, [ (bis).
Adieu, belle Jeanne (i). » J
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 355-56, La Margalido (Gascogne).
^
256 POÉSIES POPULAIRES
(bis).
LXXIV
HILLOS DE LA ROUCHÈLO
Hillos de La Rouchèlo, ) /, ■ .
... Q^'O-
Las que jou tant aimei, )
Gue larirè doundèno ;
Las que jou tant aimèi,
Gue larirè doundèi.
Jou n'èi tant aimât uo.
Moun cô l'aimo dumpèi.
Quant la bau bese a caso,
Après soupa, la nèit,
La trobi en sa crampeto,
A ploura, sur soun llèit.
— « Queplouratz-bous, la bèro?
Que plouratz-bous anèit ?
— Rasoun qu'èi de tristesso.
Bien loungtems plourerèi.
DE LA GASCOGNE 2)7
LXXIV
FILLES DE LA ROCHELLE
(bis),
(bis).
Filles de La Rochelle,
Celles que j'aimai tant,
Gué lariré dondaine ;
Celles que j'aimai tant.
Gué lariré dondé.
J'en ai tant aimé une.
Mon cœur l'aime depuis.
Quand je vais la voir à la maison,
Après souper, la nuit, ^
Je la trouve dans sa chambrette,
A pleurer, sur son lit.
— « Pourquoi pleurez-vous, la belle?
Pourquoi pleurez-vous aujourd'hui?
— Raison j'ai de tristesse.
Bien longtemps je pleurerai.
III 17
258 POÉSIES POPULAIRES
M'an dit qu'etz en anauotz,
Au serbici dou rèi.
— Auant que jou m'en anguo,
Bèro, bousfiancerèi.
En tourna de campagne,
Bèro, etz espouserèi.
— Sur aquero proumesso,
James nou plourerèi.
La man se me toucauotz,
Jou m'en arriserèi,
Gue la rire doundèno;
Jou m'en arriserèi,
Gue la rire doundèi. »
(bis),
(bis).
DE LA GASCOGNE 259
On m'a dit que vous vous en alliez,
Au service du roi.
— Avant que je m'en aille,
Belle, je vous fiancerai.
En revenant de campagne.
Belle, je vous épouserai.
— Sur cette promesse,
Jamais je ne pleurerai.
La main si vous me touchiez,
J'en rirais.
Gué la rire dondaine;
J'en rirais.
Gué la rire dondé (i). »
(bis).
(bis).
(1) Dicté par Françoise Lalanne, de Lectoure. Cf. Cénac-Mon-
caut, 284-85, Las Hillos de La Rouchelo (Gascogne).
*^
26o POÉSIES POPULAIRES
LXXV
LA HILLO ESBERIDO
Quant jou n'èri petiteto,
La nia,
Petiteto à la maisoun ;
Débat l'ouliuè d'ouliuo,
Débat l'ouliuè d'amou,
Nat nou me benguèuo bese,
Sounco un poulit garçoun.
Aro que soui granoto,
Toutz bengoun a deroun.
L'un me pren la maneto,
E l'aute lou mentoun.
L'aute me ditz : « Petito,
Marido-te dab jou. »
Sabi pas que lous dise.
Lous dirèi 0 ou nou ?
(his).
(bis).
DE LA GASCOGNE 201
LXXV
LA FILLE ENJOUÉE
Quand j'étais petiote, ) ,,
Lanla, ) (^"^-
Petiote à la maison :
Sous l'olivier d'olive, ) ,, . .
[ (bis).
Sous l'olivier d'amour, ]
Nul ne venait me voir,
Sauf un joli garçon.
Maintenant que je suis grandelette.
Tous viennent en foule.
L'un me prend la menotte,
Et l'autre le menton.
L'autre me dit : « Petite,
Marie-toi avec moi. »
Je ne sais que leur dire.
Leur dirai-je oui ou non?
202 POÉSIES POPULAIRES
— « Galantz, tournatz dimeche.
Bous countenterèi toutz.
Au casau de moun paire,
Bous flourirèi de flous.
Qui aura roso sens hurpios, \
Lanla, ) (^"^^
Et aura mas amous. »
Débat l'ouliuè d'ouliuo,
Débat l'ouliuè d'amou.
(bis).
LXXVI
Q.UANT MOUN PAI
Quant moun pai m'a maridado (bis),
A un boè que m'a baillado.
Au soun dou biuloun,
Doundèno,
Au soun dou biuloun,
Doundoun.
(bis).
DE LA GASCOGNE 263
— « Galants, revenez dimanche.
Je vous contenterai tous.
Au jardin de mon père,
Je vous fleurirai de fleurs.
Celui qui aura rose sans épines, i ,, . ,
^ '^ \ (bis).
Lanla, )
Celui-là aura mes amours. »
Sous l'olivier d'olive,
Sous l'olivier d'amour (i). ^
(j) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 302-3, La Hillo esmerido (Gascogne).
LXXVI
Q.UAND MON PÈRE
duand mon père m'a mariée (bis).
A un vieillard il m'a donnée.
Au son du violon,
Dondaine , j
Au son du violon, i
Dondon (i). /
(i) Tiré da recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).
264 POÉSIES POPULAIRES
(bis).
LXXVII
LOU MARECHAU DOU BILATGE
Lou marechau dou bilatge,
Landeridèto,
A la campagne s'en ba,
Landerida,
A la campagnos'en ba (bis).
Dècho sa henno souleto.
Lou curé la ba trouba.
Li a dit : « Bounjour, marechalo,
Boste raarit i es pas ?
— Moun marit es en campagne.
Sabi pas quant tournera. »
A pas acabat de dise,
Lou marit es arribat.
Lou curé, per rebirado :
— « Bengui de la confessa.
DE LA GASCOGNE 20$
LXXVII
LE MARECHAL DU VILLAGE
Le maréchal du village,
Landerirette,
A la campagne s'en va,
Landerira,
A la campagne s'en va (bis).
(bis).
Il laisse sa femme seulette.
Le curé va la trouver.
Il lui a dit : « Bonjour, maréchale,
Votre mari n'y est-il pas ?
— Mon mari est en campagne.
Je ne sais quand il reviendra. »
Elle n'a pas achevé de dire.
Le mari est arrivé.
Le curé, par repartie (i) :
— « Je viens de la confesser.
(x) Pour se tirer d'embarras.
266 POÉSIES POPULAIRES
— Que lou Diable la coufesse,
E la pousque coufessa.
Jou bous podi bien proumète,
Se me tourni marida,
Qu'en bouleri prengue uo,
Landeridèto,
Que se coufessèsse pas,
Landerira,
Que se coufessèsse pas (his). »
(bis).
LXXVIII
LOU GALAPIAN
Èi un cousin qu'a tant bouno gulo (his),
Que sa minjat lou pan de doutze hournados.
Joan ! — « Hoù ! (i) »
— Te brumbos-tu de la cujeto ? )
Acô es un poulit passo-tems. ) ^ ^'
(i) Réponse des danseurs.
DE LA GASCOGNE 207
— Que le Diable la confesse,
Et la puisse confesser.
Je puis bien vous promettre,
Si je me remarie.
Que j'en voudrais prendre une,
Landerirette,
Qui ne se confessât pas, *
Latiderida,
Qui ne se confessât pas (bis) (i). >>
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenaiset Bruilhois).
LXXVIII
LE GOINFRE
J'ai un cousin qui a si bonne gueule (bis),
Qu'il a mangé le pain de douze fournées.
Jean ! — « Hô ! »
— Te souviens-tu de la petite gourde ?
/->•!• \ (bis).
C est un joli passe-temps. ^ ^ '^
268 POÉSIES POPULAIRES
S'a minjat nau buùs, toutz en car grillado.
S'a minjat nau porcs, toutz en car salado.
S'a beut lou bin de quinze coulados (bis).
Quant es bien sadout, demando couchado.
Joan ! — « Hoù ! »
— Te brumbos-tu de la cujeto ? )
Acô es un poulit passo-tems. ) ^ ^'
LXXIX
BASTINO LA SAUMÈLO
— « Serbenio, lèuo-te maitin (bis).
Bastino la saumèlo,
lou la doundèno :
Bastino la saumèlo, ^
lou la doundoun. )
Pren-te siès frans dou men argent,
E bèi-t'en a la hero.
DE LA GASCOGNE 269
Il a mangé neuf bœufs, tous en viande grillée.
II a mangé neuf porcs, tous en viande salée.
Il a bu le vin de quinze cuvées (bis).
Quand il est bien saoul , il demande la couchée.
Jean ! — « Ho ! ))
— Te souviens-tu de la petite gourde ?)
^1 • 1- / N \ (bis).
C est un joli passe-temps (i). '
(i) Dicté par Pauline Lacnze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 5)5-j4, Lou Galapiun (Gascogne).
LXXIX
BATE l'aNESSE
— « Servante, lève-toi matin (bis).
Bâte l'ânesse,
lou la dondaine :
Bâte l'ânesse.
, (bis).
lou la dondon. '
Prends six francs de mon argent,
Et va-t'en à la foire.
270 POÉSIES POPULAIRES
Toutz lous pifres que trouberas,
Cargo-ne la saumèlo.
Dous mes bètz e dous mes poulitz,
Hè-ne la cargo entièro. »
N'èi tant cargat e recargat,
Qu'èi coupât la croupière.
Quant la mestro (i) la bel beiii :
— « Boi pifra la prumèro.
— Nâni, mestro, ac haratz pas (bis).
Ei pifrat a la hero,
lou la doundèno :
Èi pifrat à la hero, ) ,, . ,
' (pis).
lou la doundoun. » )
(i) En gascon, mastresso.
DE LA GASCOGNE 27 1
Tous les fifres que tu trouveras,
Charges-en l'ânesse.
Des plus beaux et des plus jolis,
Fais-en la charge entière. »
J'en ai tant chargé et rechargé.
Que j'ai rompu la croupière.
Quand la maîtresse la vit venir :
— « Je VQUxffrer la première.
— Nenni, maîtresse,vousnele ferez p3is(bis).
J'ai Jîfré à la foire,
lou la dondaine :
J'ai //rJ à la foire, }
loula dondon(i).))j ^ ^"
(i) Tire du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).
272 POÉSIES POPULAIRES
LXXX
LA DESCAMPETO
M'èi perdut moun amigo,
La bèillo de Sent-Joan, [ (bis).
Mama.
Aimilous joens galantz, ma maire, i-^n ■■\
Aimi lous joens galantz, mama. )
Perdudo, es pas perdudo,
S'estujo enta l'embanc.
L'èi troubado endroumido,
Au pè d'un rousè blanc.
— « Galant, pren-te de goardo
Au soun pai. Qu'es mâchant.
— Dous parentz n'èi pas ancio.
Nou lous cregni pas tant.
— Èi moun bidet d'Espagno.
Court mes qu'un lebrè blanc.
DE LA GASCOGNE 275
LXXX
LA FUITE
J'ai perdu mon amie, \
La veille de la Saint-Jean. , (bis).
)
Maman.
J'aime les jeunes galants, ma mère.
J'aime les jeunes galants, maman.
Perdue, elle n'est pas perdue,
Elle se cache sous l'auvent.
Je l'ai trouvée endormie,
Au pied d'un rosier blanc.
— « Galant, prends garde
A son père. Il est méchant.
— Des parents je n'ai pas crainte.
Je ne les crains pas tant.
— J'ai mon bidet d'Espagne.
Il court plus qu'un lévrier blanc.
m 18
(bis).
274 POÉSIES POPULAIRES
Que sauti sur la sèro.
Puch, ahuto pous camps.
Sauto tepès e coumos,
Baratz de trento pams.
Empujo las mountagnos,
Dab lous pès de dauant.
En duos ou très ouros, ';
Darrè lous mounts seran. » [ (bis).
Marna.
)
Aimi lous joens galantz, ma maire. I /,• ^
Aimi lous joens galantz, mama. )
4-
DE LA GASCOGNE 27 S
Je saute sur la selle.
Puis, \'ite par les champs .
Il saute collines et combes,
Fossés de trente empans.
Il gravit les montagnes,
Avec les pieds de devant.
^
Dans deux ou trois heures, ,
Derrière les monts nous serons (i).» [ G^is).
Maman, )
J'aime les jeunes galants, ma mère. ) „ . ^
J'aime les jeunes galants, maman (2). )
(i) Les PjTénées.
(2) Je sais cette chanson depuis mon enflmce. Cf. Cénac-
Moncaut, 398-400, La Dcscampeio (Gascogne).
■4^
276 POÉSIES POPULAIRES
LXXXI
LA BEUSO
— « Beuso, qu'es à toun aise (bis).
Nou te marides pas,
Derideto ;
Nou te marides pas,
Dérida. < <^'"^-
— Èi toun moun benen chaume (i).
Qui me lou laurera.
— Logo-t' un boè, beuseto.
Que te lou laurera.
Houtjera la bigneto.
Lou casau sauclera.
— Un boè se jou me logui,
Lou calera paga.
(i) Chaume, expression agenaise ; en gascon, arrastoutll.
DE LA GASCOGNE 277
LXXXI
LA VEUVE
— « Veuve, tu es à ton aise (bis).
Ne te marie pas,
Deridette ;
Ne te marie pas,
Dérida. N (^">-
— J'ai tout mon bien en chaume.
Qui me le labourera ?
— Loue un bouvier, petite veuve.
Il te le labourera.
Il bêchera la vigne.
Le jardin il sarclera.
— Si je loue un bouvier,
Il faudra le payer.
278 POÉSIES POPULAIRES
Atau, se me maridi (bis),
Tout que s'arrenjera,
Derideto ;
Tout que s'arrenjera
Dérida. »
(bis).
LXXXII
LAS HENNOS DE MIRANDO
Las hennos de Mirando, \
Doundèno, /
Que n'aimon lou bin boun, '
Doundoun,
Que n'aimon lou bin boun (quater).
S'en ban per las auberjos,
Hurlupa lou pintoun.
DE LA GASCOGNE 279
Ainsi, si jo me marie (lui).
Tout s'arrangera,
Deridette ;
Tout s'arrangera, j
Dérida (i). >> \ ^^''^^
(i)2Dicti' par ma unie Marie Liaubon, de GonMud (Lot-et-
Garonne). Cf. BLidc, t. II du présent recueil, p. 246-49, La
l'tiive dt Monclar (Gascogne).
LXXXII
LES FEMMES DE MIRANDE
Les femmes de Mirandc (i),
Dondaine, • „ . >
Aiment le vin bon,
Dondon,
Aiment le vin bon (qiuiter).
Elles s'en vont par les auberges,
Lamper la petite pinte.
(i) Ville de l'ancien comté d'Astarac, aujourd'hui chef-lieu
d'arrondissement (Gers).
28o POÉSIES POPULAIRES
Lous omes las ban coeille.
— « Marchatz à la maisoun.
Lous guitz e lous aujames,
Tout es a l'abandoun.
Lous mainatjes que plouron,
E surtout lou secound.
— lè ! Caro-te, praube orne.
Ne perdes la rasoun.
Lou bin es hèit per beue,
Lous guitz, per hè cansoun.
E, se lous dronles plouron,
Doundèno,
logo-lous dou biuloun,
Doundoun.
Jogo-lous dou biuloun (quater)
(bis).
DE LA GASCOGNE 28 I
Les hommes vont les chercher.
— « Marchez à la maison.
Les canards et les bêtes,
Tout est A l'abandon.
Les enfonts pleurent,
Et surtout le second.
— Eh ! Tais-toi, pauvre homme.
Tu perds la raison.
Le vin est fait pour boire.
Les canards, pour faire chanson.
O'is).
Et, si les enfants pleurent,
Dondaine,
Joue-leur du violon,
Dondon.
Joue-leur du violon (i) (qiiater). »
(1) Dicte par P.-iuline Lacize, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 335-36, Las Bewdos (Gascogne).
282 POÉSIES POPULAIRES
LXXXIII
LOU GROS DE PROUCINÈLO
Es un joen moussu,
E uo damaiselo,
Loun larirèto,
E uo damaisèlo,
Lon làrirè. '
N'an hèit sèt ans l'amou,
E mes lou hèn encoèro.
Au cap d'aquetz sèt ans,
Lou galant se l'amio.
Se l'amio tant loèn,
Au castèt de soun pèro. »
— « Doiibrèt^, pèro, doithrèt-{.
Bous amii uo noro.
— Moun hill, ac6 es bien hèit.
La noro es espousado ?
DE LA GASCOGNE 283
LXXXIII
LE GROS DE PROUCINELLE
C'est un jeune monsieur, /
Et une demoiselle, )
Lon larirette,
Et une demoiselle, }
Lon larirc. ) ^ '^'
Ils ont fait sept ans l'amour,
Et ils le font encore.
Au bout de ces sept ans,
Le galant l'amène.
Il l'amène si loin,
Au château de son père.
— « Ouvrez, père, ouvrez,
Je vous amène une bru.
— Mon fils, cela est bien fait.
La bru est-elle épousée ?
284 POÉSIES POPULAIRES
— Nâni certos, moun pai,
Ni mémo fiançado.
— Moun hill, entourno-la
Au castet de soun pèro. »
La miado tant loèn,
Au Gros de Proucinello.
Quant ero a bist lou Gros,
Que cai tout embahido,
Estèc pas à mièi Gros,
S'atrapo a la lanièro.
Lou galant malicious,
A coupât la lanièro.
— « Moun Diu! que harèi-jou
De mas bèros raubetos ?
— Mio, baillo-me-los,
Per uo auto raastresso.
DE LA GASCOGNE 28$
— Non certes, mon père.
Ni même fiancée.
— Mon fils, ramènc-la
Au château de son père. »
Il Ta menée si loin,
Au Gros de Proucinelle (i).
Quand elle a vu le Gros,
Elle tombe tout évanouie.
Elle ne fut pas à moitié Gros,
Qu'elle s'attrape à la lanière.
Le galant méchant,
A coupé la lanière.
— « Mon Dieu ! Que ferai-je
De mes belles robes ?
— Mie, donne-les-moi,
Pour une autre maîtresse.
(i) Dans le Haut-Agenais et le Haut-Q.uercy , on donne
le nom de Cio; au\ parties proCoades des rivières. J'ignore où se
trouve le Cros Je Proucinelle.
286 POÉSIES POPULAIRES
— Moun Diu ! que harèi-jou )
De mas bèros raubetos, )
Loun larirèto,
De mas bèros raubetos,
Loun larirè ? »
(bis).
LXXXIV
LOU CAPITANI DE CASTELJALOUS
Entre Paris et La Rouchèlo,
Biro bigouza bigouza doundèno, ' ^'
I a uo tant bèro maisoun, ^
Biro bigouza bigouza doundoun.
I a uo tant bèro damaisèlo,
Que hè la barbo aus coumpagnous.
Praqui ne passo un capitani.
— « Bèro, me la harétz pas bous ?
(bis).
DE LA GASCOGNE 287
— Mon Dieu ! Qiic foniis-je )
' (Us)
De mes belles robes, ) ^
Lon larirette,
De mes belles robes, l n ■ \
Lonlariré(i)? » ) ^ "^'
(i) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Euklie, commune
de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 13-14, Lou Gros de
Proucinello (Haut-Quercj').
LXXXIV
LE CAPITAINE DE CASTELJALOUX
Entre Paris et La Rochelle,
Vire bigouza bigouza dondaine.
Il y a une si belle maison, |
Vire bigouza bigouza dondon. j
Il y a une si belle demoiselle,
Qui fait la barbe aux compagnons.
Par là passe un capitaine.
— « Belle, ne me la feriez-vous pas ?
(Us),
(bis).
288 POÉSIES POPULAIRES
— O be, moussu lou capitani.
Se boulètz, bous la harèi bous. »
Ta lèu qu'un taill de rasouèr baillo,
La bèro cambio de coulous.
— « Perque cambiatz bous, damaisèlo?
Cregnerétz pas bous mous galous ?
— Nâni, moussu lou capitani.
James n'èi cregnut lous galous.
— Se boulètz, bèro damaisèlo,
Que me mariderèi dab bous.
Seratz henno d\m capitani.
De jou lou rèi sera jalous.
Bous pourterèi darrè ma sèro,
Tout dret enta Casteljalous (i).
— Parlatz au men pai, capitani.
Se ditz o, jou dirèi pas nou. »
(i) Chef-lieu de canton du Lot-et-Garonne , autrefois siège
d'une des quatre sénéchaussées qui formaient le duché d'Albret.
Il est souvent question de Casteljaloux dans l'histoire des guerres
de religion eu Gascogne,
DE LA GASCOGNE 289
— Oui bien, monsieur le capitaine.
Si vous le voulez, je vous la ferai. »
Aussitôt qu'elle donne un coup de rasoir,
La belle change de couleur.
[demoiselle ?
— « Pourquoi changez-vous de couleurs,
Ne craindriez-vous pas mes galons?
— Non, monsieur le capitaine.
Jamais je n'ai craint les galons.
— Si vous voulez, belle demoiselle,
Je me marierai avec vous.
Vous serez la femme d'un capitaine.
De moi le roi sera jaloux.
Je vous porterai derrière ma selle.
Tout droit à Casteljaloux.
— Parlez à mon père, capitaine.
S'il dit oui, je ne dirai pas non. »
'" 19
290 POÉSIES POPULAIRES
Aqui coumo de La Rouclièlo, /
Biro bigouza bigouza doundèno, )
S'en bengouc a Casteljalous, /
Biro bigouza bigouza doundoun. )
LXXXV
LA NOÇO DE LA POULUC
Quant la pouluc s'es maridado (his),
Forço canaillo a embitado :
Sauten dounc, deridoun gue la doundèno, 1 .
Sauten dounc, deridoun gue la doundoun ; ) ^
Sounco la mousco s'a debrumbado.
Mes asta plan i es anado.
Per la frinesto qu'es entrado.
Sur la taulo que s'es pausado.
DE LA GASCOGNE 29 1
Voila comment de La Rochelle, > ., . .
Vire bigouza bigouza dondaine, )
Elle s'en vint à Casteljaloux, )
Vire bigouza bigouza dondon (i). )
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 295-98, Lou Capitaino de Casleljaloux (Gascogne);
VAlmanach des Traditions populaires ài^ 18S1, p. 90-91, La Bar-
bière (environs de Lorient).
LXXXV
LA NOCE DE LA PUCE
Quand la puce s'est mariée (bis),
Force canaille elle a invité :
Sautons donc, deridon gué la dondaine, )
Sautons donc, deridon gué la dondon ; )
Sauf la mouche qu'elle a oubliée.
Mais tout de même elle y est allée.
Par la fenêtre elle est entrée.
Sur la table elle s'est posée.
292 POÉSIES POPULAIRES
Dus platz de sauço n'a embessado.
Autant d'autes n'a hurlupado.
Moussu lou grilloun n'èro en cadièro.
D'arrise, s'es foutut per terro.
Un tros de testo s'a esquissado.
La culoto s'a escarkdo.
Lou nobi se bouto en coulèro.
Au cap lou jito la salèro.
Lou grill que pren la bijarrèro.
Bieill Joan-Henno que l'apèro.
Touto la noço s'es turbado,
E la nobio s'es abuhado.
Per oine bo pas un Joan-Henno.
Que s'ahuto darrè la dourno.
Grills, e cigalos, e purnachos,
Hissaillous, tauans e cagachos,
Après la pouluc que s'ahuton.
Deguens la dourno que s'entuton.
DE I,.\ GASCOGNE
295
Deux plats de sauce elle a renversé.
Autant d'autres elle a lampe.
Monsieur le grillon était sur sa chaise.
De rire, il s'est foutu par terre.
Un morceau de tête il s'est déchiré.
Sa culotte il a crevé.
Le marié se met en colère.
A la tête il lui jette la salière.
Le grillon s'irrite.
Vieux Jean-Femme (i) il l'appelle.
Toute la noce s'est troublée,
Et la mariée s'est effrayée.
Pour homme elle ne veut pas un Jean-Femme.
Elle s'enfuit derrière la cruche.
Grillons, et cigales, et punaises,
Frelons, taons et cloportes.
Après la puce s'enfuient.
Dans la cruche ils s'enferment.
(i) Imbécile.
294 POÉSIES POPULAIRES
Au houn d'aquero grano gourgo,
Touto la canaillo s'engourgo.
La pouluc, sou tutoun que s'ancro,
E que lous canto la brenado ;
E, per millou lous hè la higo (his),
Dab la millèro semarido.
Sauten dounc, deridoun gue la doundèno. ) ,, . ,
Sauten dounc, deridoun gue la doundoun. )
LXXXVI
l'aute jour, jou m'en axguèri
L'aute jour, jou m'en anguèri (i), j
Pou camin dret a Reaup. j
Praube afa quant l'argent manquo, /
Quant l'argent manquo a l'oustau. )
(i) Anguèrè, allai, f. 1.; en g., angoui.
DE LA GASCOGNE 295
Au fond de ce grand gouffre,
Toute la canaille se noie.
La puce, sur le tuyau (i) se cramponne,
Et leur chante le charivari ;
Et, pour mieux leur faire la figue (bis).
Avec la taupe elle se marie.
Sautons donc, deridon gué la dondaine.
Sautons donc, deridon gué la dondon (2). ] ^ '^^'
(i) Le tuyau delà cruche.
(2) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Ccnac
Moncaut, 374-76, La Noço de la Puce (Gascogne^
LXXXVI
l'autre jour, je m'en allai
L'autre jour, je m'en allai, }
Parle chemin droit à Réaup (i). ) ^ ^^^'^'
Pauvre affaire quand l'argent manque, )
Quand l'argent manque à la maison, j ^^'
(1) Réaup, commune du Lot-et-Garonue, canton de Méïin.
296 POÉSIES POPULAIRES
I entrèi en uo auberjo,
Oun dinnèri (i) coumo eau.
Mes, quant calouc paga l'oste,
N'auoui pas de que paga'u.
Embrassèi siès cops la gouio,
La mastresso dètz-e-nau.
— « Ah ! pardi ! ça ditz la gouio,
' Se toutz hasèuon atau ! »
M'i loutjèi per siès semmanos. 1
M'i loutjeri bien per nau. ) ^ ^^'
Praube afa quant l'argent manquo, i
Quant l'argent manquo a l'oustau. ) ^ '"'^'
(i) Dinnèrè, dinai, f. 1.; en g., duiiicc.
^
DE LA GASCOGNE 297
J'y entrai dans une auberge,
Où je dînai comme il faut.
Mais, quand il fallut payer l'hôte,
Je n'eus pas de quoi le payer.
J'embrassai six fois la servante,
La maîtresse dix-neuf.
— « Ali 1 Pardi ! dit la servante,
Si tous faisaient ainsi ! »
Je m'y logeai pour six semaines.
Je m'y logerais bien pour neuf.
Pauvre affaire quand l'argent manque, )
Quand l'argent manque à la maison (i).^
(i) Dicté par Derrey, du Pergain-Taillac, âgé d'environ
quarante ans. M. Faugère-Dubourg, de Nérac, m'a adressé un
texte i peu près semblable à celui de Derrey. Cf. supr. p. 250-; 5
la Chanson intitulée : L'autre Jour.
(bis).
^
298 POÉSIES POPULAIRES
LXXXVII
LOU PASTOU BAILET
j (bu).
Sur la ribèro de l'Adour (bis),
Pastouro goardo sous moutous
Deridèto la loun lan la, )
Deridèto la la doundoun.
Jousèp, un ta brabe pastou,
Arribo, lou cô plen d'amou.
— « Boulerétz pas bous un pastou ?
Adichatz bèro, adichatz bous.
S'en lougatz un, lougatz-m'a jou.
Que goarderèi plan lous moutous.
Mentre que seran dens l'estouill,
Nous angueran au bosc tout dus.
— S'ac boulètz bous, ac boi plan jou.
Haran bètz flocs de toutos flous.
DE LA GASCOGNE 299
LXXXVII
LE PATRE VALET
Sur la rivière de l'Adour (bis).
Pastourelle garde ses moutons.
Deridette la Ion lan la, ) ,, . ,
i (bis).
Deridette la la dondon. )
Joseph, un si brave pâtre,
Arrive, le cœur plein d'amour.
— « Ne voudriez-vous pas un pâtre ?
Bonjour belle, boujour vous.
Si vous en louez un, louez-moi.
Je garderai bien les moutons.
Tant qu'ils seront dans le chaume.
Nous irons au bois tous deux.
— Si vous le voulez, je le veux bien.
Nous ferons de beaux bouquets de toutes
[fleurs.
300 POÉSIES POPULAIRES
— O, pastoureto, moun amou :
L'un per jou, e l'aute per bous.
— O ! Jousèp, qu'ètz brabe pastou !
— L'aute per flouca lous moutous.
— Quino bountat auètz per jou !
— Cau hè quoate grans flocs de flous.
— Auètz rasoun, brabe pastou.
Un pou Pierre, moun amourous.
— Pou Pierre ! Diu, qu'enteni-jou ?
Me boulètz dounc rende raujous ?
— Caro-té, Jousèp. T'èi lougat jou,
Enta goarda lous mes moutous,
E mes tabé, t'ac disi jou,
Per pourta mous bouquetz de flous.
Praube bailet, pren doun ma flou.
Porto-la chez moun amourous.
DE LA GASCOGNE 5OI
— Oui, pastourelle, mon amour :
L'un pour moi, et l'autre pour vous.
— Oh ! Joseph, que vous êtes brave pâtre !
— L'autre pour fleurir les moutons.
— Quelle bonté vous avez pour moi !
— Il faut faire quatre grands bouquets de fleurs.
— Vous avez raison, brave pâtre.
Un pour Pierre, mon amoureux.
— Pour Pierre ! Dieu, qu'entends-je ?
Voulez-vous donc me rendre enragé ?
— Tais-toi, Joseph. Je t'ai loué,
Pour garder mes moutons,
Et aussi, je te le dis,
Pour porter mes bouquets de fleurs.
Pauvre valet, prends donc ma fleur.
Porte-là chez mon amoureux.
302 POÉSIES POPULAIRES
Aquet es Pierre, disi-jou (bis).
Tu , n'auras un cop de bastoun, »
Deridèto la loun lan la,
Deridèto la la doundoun.
(bis).
LXXXVIII
LA MIASSO
L'aute jour, m'en augoui goarda,
Miro la liroun miro la lira,
Tout au houn d'uo coumeto.
Loun lanla miro la lireto.
Sou camin, èi rencountrat
Uo gento pastoureleto.
Li èi dit e demandât :
— « Bos-tu esta ma mastresso ?
— Ta mastresso boi pas esta.
Me tenguerés pas prou secreto.
(bis),
(bis).
DE LA GASCOGNE 3O5
Celui-là, dis-je, c'est Pierre (bis).
Toi, tu auras un coup de bâton. »
Deridette la Ion lan la,
Deridette la la dondon (i). )
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 305-7, Loit Pasloii baykt (Gascogne).
Lxxxvni
LA MENACE
(bis).
L'autre jour, je m'en allai garder,
Mire la liron mire la lira,
Tout au fond d'une combe.
Lon lanla mire la lirette.
Sur le chemin, j'ai rencontré
Une gente pastourelle.
Je lui ai dit et demandé :
— « Veux-tu être ma maîtresse ?
— Ta maîtresse je ne veux pas être.
Tu ne me garderais pas assez le secret.
(bis).
304 POÉSIES POPULAIRES
— Secreto te tenguerèi plan,
Dempus lou se dinqu'a l'aubeto. »
Quant bei l'aubeto arriba,
Lou Pierrot hè la descampeto.
La hillo se bouto au darrè.
— « Pierrot, bous dèchatz la bouneto.
— La bouneto n'es pas arré.
Se tu nou cambios d'amoureto.
— D'amoureto cambierèi pas.
Se tu me dèchos pas souleto.
(bis).
Mes se hujès, au prumè pas,
Miro la liroun miro la lira,
Jou cerqui uo auto amoureto. » }
Loun lanla miro la lireto. )
DE LA GASCOGNE 305
— Le secret je te garderai bien,
Depuis le soir jusqu'à l'aube. »
Quand il voit l'aube arriver,
Pierrot décampe.
La fiUe court après lui,
— « Pierrot, vous laissez votre bonnet.
— Le bonnet n'est rien,
Si tu ne changes d'amourette.
— D'amourette je ne changerai pas,
Si tu ne me laisses pas seulctte.
Mais si tu fuis, au premier pas, )
Mire la liron mire la lira. )
Je cherche une autre amourette. \
Lon lanla mire la lirette (i). » )
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, }9>-97, La Miasso (Gascogne).
in 20
306 POÉSIES POPULAIRES
(bis).
LXXXIX
d'oun benguètz-bous ?
— « D'oun benguétz-bous, la bèro, anèit (his) ?
— Bengui dou bosc, de hè moun hèch.
Au bosc, au bosc, derideto.
E loun lanla dérida.
Diretz pas de quin boi l'èi hèit.
L'èi hèit d'un boi qu'es ta leugè,
Que l'apèron lou mesplè.
— Quitatz, la bèro, boste hèch.
Qj-iitatz, la bèro, boste hèch.
— Nou harèi, certes, nou harèi.
Èi caut lou hour, pasto à la mèit.
Èi très mainatges sou foiiguèi.
Èi moun marit malau au Hèit.
S'et mouris, jou que mourirèi.
DE LA GASCOGNE 307
LXXXIX
d'où venez-vous ?
— «D'où venez-vous, la belle, aujourd'hui (his)}
— Je viens du bois, de faire mon fagot.
Au bois, au bois, deridette, \
Et Ion lanla dérida. j ^ '''
Vous ne diriez pas de quel bois je l'ai fait.
Je l'ai fait d'un bois si léger,
Qii'on l'appelle le néflier.
— Quittez, la belle, votre fagot.
Quittez, la belle, votre fagot.
— Je ne le ferai, certes, je ne le ferai.
J'ai le four chaud, de la pâte dans le pctrin.
J'ai trois enfants au foyer.
J'ai mon mari malade au lit.
S'il meurt, moi je mourrai.
308 POÉSIES POPULAIRES
S'et mouris, jou que mourirèi (bis) ;
E se biu, jou que canterèi,
Au bosc, au bosc, derideto,
E loun lanla dérida. «
j (bis).
(bis).
XG
LAS NOÇOS DOU SIMOUN
Èri embitat a las noços,
A las noços dou Simoun.
Tou n'èi tanta ma turo lurèto, } ., . ,
Jou n'èi tanta ma turo lura. )
La nobio èro abillado
De la mes bèro faiçoun.
Lous souliès, de pèt de cebo,
Bourdatz dab un carduchoun.
Lous debassis, de pèt d'oumo,
Cousutz dab un ficeloun.
DE LA GASCOGNE 309
S'il meurt, moi je mourrai (bis) ;
Et s'il vit, je chanterai :
Au bois, au bois, deridette, )
Et Ion lanla dérida (i). » )
(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais).
xc
LES NOCES DE SIMON
J'étais invité aux noces.
Aux noces de Simon.
J'ai tanta ma turlurette,
J'ai tanta ma ture lura.
La mariée était habillée
De la plus belle façon.
Les souliers, de peau d'oignon,
Brodés d'un petit chardon.
Les bas, de peau d'ormeau.
Cousus d'un bout de ficelle.
(his).
310 POÉSIES POPULAIRES
Las brassières, d'uo aubardo :
Lou gilet, d'un paillassoiin.
La coho, d'uo escauheto :
Lou bounet, d'un careilloun.
Arribèc, la bèro nobio,
A chibau sur un bastoun.
S'en ba soulo à la glèiseto,
Espousa coumpai Simoun,
Frederuc coumo uo taupeto.
Attifât au perrecoun.
S'en tournon à la caseto,
Par galapia ço de boun.
Minjon soupos de moungetos,
Uo dobo de tachoun.
Arribatz a la salado,
Espugon un herissoun.
Per coucha, n'an que la paillo,
L'establot d'un saumiroun.
DE LA GASCOGNE 5 1 I
Les brassicres, d'un bât :
Le gilet, d'un paillasson.
La coiffe, d'une bassinoire :
Le bonnet, d'une lampe.
Elle arriva, la belle mariée,
A cheval sur un bâton.
Elle s'en va seule à l'église,
Epouser compère Simon,
Frileux comme une taupe,
Attifé en chiffonnier.
Ils s'en retournent à la maison,
Pour bâfrer ce qui est bon.
Ils mangent de la soupe de haricots,
Une daube de blaireau.
Arrivés à la salade.
Ils épluchent un hérisson.
Pour coucher, ils n'ont que la paille,
La petite établc d'un ânon.
312 . POÉSIES POPULAIRES
Mes, au Uèit de la canaillo,
L'amou beng sensé faïçoun ;
E toiitis (i) dus, a l'aubeto, )
Cantauon coumo un ptnsoiin {2) : 1
Tou n'èi tanta ma turo lurèto, ) ^ ^
Jou n ei lanta ma turo lura. )
(i) Toulis, tous, f. 1.; en g., loiit^.
(2) Pinsoun, pinson, f. 1.; en g., pinsan.
xa
LOU MEN PAI MA MARIDADO
Lou men pai m'a maridado,
A la nauèro laïçoun.
Anen dounc, ma Madelèno,
Anen dounc, ma Madeloun.
M'a baillât en maridatge,
Cent escutz e un cardoun,
(bis),
(bis).
DE LA GASCOGNE 313
Mais, au lit de la canaille,
L'amour vient sans façon ;
Et tous deux, à l'aube.
Chantaient comme un pinson :
J'ai tanta ma turlurette, j
J'ai tanta ma ture lura (i). j ( ' /•
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Céiiac-
Moncaut, 581-82, La Noço dou Simoun (Gascogne).
(his).
XCI
MON PÈRE m'a mariée
Mon père m'a mariée ,
A la nouvelle façon, ) ^ ^'
Allons donc, ma Madeleine, )
Allons donc, ma Madelon. )
Il m'a donné en mariage,
Cent écus et un chardon,
(bis).
314 POÉSIES POPULAIRES
Per dessus tout l'aquipatge,
Uo courdeto à'oiiznous.
Mes, lou se de mas noucetos,
Be que me lous minjèi toutz.
James ii'èi bist uo nobio,
Abillado a ma faïçoun.
Lous debas, de laparasso :
Lout soullès, de pèt d'ougnoun.
La raubo, de telo griso,
Bourdado d'un laitugoun.
M'an miado à la glèiso,
A chibau sur un bastoun.
M'an pourtat aigo benito,
Dans la corno d'un moutoun,
E baillât uo cûeto d'ase,
En modo d'un aspersoun.
Lou preste quito la messo,
E las gens la deboutioun,
DE LA GASCOGNE 31S
Par dessus tout l'cquipage,
Une cordelette d'oignons.
Mais, le soir de mes noces,
Je les mangeai tous.
Jamais je n'ai vu une mariée,
Habillée à ma façon.
Les bas, de bardane :
Les souliers, de peau d'oignon.
La robe, de toLle grise,
Bordée d'une petite laitue.
On m'a menée à l'église,
A cheval sur un bâton.
On m'a porté de l'eau bénite,
Dans la corne d'un mouton.
Et donné une queue d'âne,
En guise de goupillon.
Le prêtre quitte la messe.
Et les gens la dévotion,
3l6 POÉSIES POPULAIRES
Per bese aquero nobio, /
Abillado de faïçoun : ;
Anen dounc, ma Madalèno.
Anen dounc, ma Madeloun (i). ^
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois). Cf.
k chanson précédente.
XCII
LOU HAURE DE SENT-SAUBI
A Sent-Saubi, i a un haure,
Lou mes malurous de toutz.
Aquero que ba, gue e gue,
Aquero que ba, gue e ba.
A sa henno bien fringairo.
Lou praube orne n'es jalous.
Se la pren, e se l'amio,
A la hero de Tournoun.
(bis),
(bis).
DE LA GASCOGNE 317
Pour voir cette mariée, }
Habillée de cette façon : )
Allons donc, ma Madeleine. i
Allons donc, ma Madelon. )
XCII
LE FORGERON DE SAINT-SAUVY
A Saint-Sauvy (i), il y a un forgeron,)
Le plus malheureux de tous. )
Celle-là va, gué et gué,
Celle-là va, gué et va.
(bis).
Il a sa femme bien fringante.
Le pauvre homme en est jaloux.
D la prend, et il la mène,
A la foire de Tournon (2).
(i) Il y a dans la Gascogne et l'Âgcnais plusieurs communes
du nom de Saint-Sauvy.
(2) Ville de l'ancien Agenais, aujourd'hui chef-lieu de canton
du Lot-et-Garonne.
3l8 POÉSIES POPULAIRES
Sur soun camin, que rencountro
Lou brabe moussu Ramoun.
— « Oun auatz-bous, praube haure ?
Oun auatz atau toutz dus?
— Moussu, bau bene ma henno.
Me la croumperetz pas bous ?
Bous la bailli a l'assajo,
Per hoèit, e mes quinze jours ;
E , se ero nou bous countento,
Tournatz-me-la auant jour.
Estacatz-me-la a la porto,
Ou a l'anso dou barrouil.
Se lou barrouil barrouillejo,
Boutatz-la deguens lou hour :
Un ou dus pugnatz de paillo,
E lou hoèc tout à l'entour.
DE LA GASCOGNE 319
Sur son chemin, il rencontre
Le brave monsieur Raymond.
— « Où allez-vous , pauvre forgeron ?
Où allez-vous ainsi tous deux ?
— Monsieur, je vais vendre ma femme.
Ne me l'achètcricz-vous pas ?
Je vous la donne à l'essai,
Pour huit, et même quinze jours ;
Et , si elle ne vous contente,
Rendez-la-moi avant le jour.
Attachez-la-moi à la porte,
Ou à l'anse du verrou.
Si le verrou s'agite.
Mettez-la dans le four :
Une ou deux poignées de paille,
Et le feu tout à l'entour.
320 POÉSIES POPULAIRES
Sabèn coumo danso aro.
Beiran coumo hè dens lou hour. »
Aquero que ba, gue e gue,
Aquero que ba, gue e ba.
XCIII
(bis).
(Us).
(bis).
l.hS, TRES MAINADOS
La-bas, a la ribereto, )
La miro la lira doundèno , S
I a uo richo maisoun,
La miro la lira doundoun.
I auèuo très mainados,
Toutos très de la maisoun.
Uo que s'apèro Jano,
L'auto s'apèro Marioun.
L'auto que s'apèro Clèro,
E qu'esclairo nèit e jour.
DE LA GASCOGNE 32 I
[nant.
Nous savons comment elle danse mainte-
Nous verrons ce qu'elle fera dans le four. »'
Celle-là va, gué et gué,
Celle-là va, gué et va (i). ' ^ ^'
(i) Tiré Ju recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois). Cf.
supr., p. 20-2S, la Chanson de danse IV, ha Femme à vendre .
XCIII
LES TROIS JEUNES FILLES
i (bis).
Là-bas, à la rivière,
La mire la lira dondaine ,
Il y a une riche maison,
La mire la lira dondon.
(bis).
Il y avait trois jeunes filles,
Toutes trois de la maison.
L'une s'appelle Jeanne,
L'autre s'appelle Marion .
L'autre s'appelle Claire,
Et elle éclaire nuit et jour,
m 21
322 POÉSIES POPULAIRES
La suo mai que la pintauo,
Dambe un pintou d'argentoun.
Lou soun pai que la couhauo,
La miro la lira doundèno,
Dab nau canos de galoun,
La miro la lira doundoun.
(bis).
(bis).
XCIV
BOS-TE MARIDA, ROUSETO ?
— « Bos-te marida, Rouseto ? i ,, . ,
i (l"0-
Roso, bos te marida ? )
Tra la la la deridèto, ) ^ . ,
} (bts).
Tra la la la dérida. ) ^ ^
— Nou, pas au mens dab tu, haure.
Lou her me caldrio (i) tusta.
— Nou, nou, nou, m'amou Rouseto.
Un garçoun me boi louga. »
(i) Caldrio, faudrait, f. agenaise ; en gascon caleré.
DE LA GASCOGNE 323
Sa mère la peignait,
Avec un peigne d'argent.
Son père la coiffait, / „ . .
La mire la lira dondaine, )
Avec neuf cannes de salon, / /, . »
La mire la lira dondon (i). )
(i) Chanté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers).
XCIV
VEU,X-TU TE MARIER, ROSETTE?
— « Veux-tu te marier, Rosette ?)
Rose, veux-tu te maner ? )
Tra la la la deridctte, \ /u- \
Tra la la la dérida. )
— Non, pas au moins avec toi, forgeron.
Le fer il me faudrait frapper.
— Non, non, non, mon amour Rosette.
Un garçon je veux louer. »
324
POÉSIES POPULAIRES
Mes, quant ben lou punt de l'aubo,
Lous boès bengoun agusa.
— « Lèuo-te, m'amou Rouseto.
Ajudo-m' lou her a tusta. »
Mes, a la prumèro caudo.
S'a burlat lou dauantau.
Toutjour la Roso que plouro.
Que plouro soun dauantau.
— « Caro-te, m'amou Rouseto.
Jou t'en croumperèi un nau. »
L'èi croumpat de coutounado.
Lou boulèuo pas atau.
L'èi croumpat de sedo blanco.
Li a counbengut atau.
Tra la la la deridèto,
Tra la la la dérida.
(bis).
(bis).
DE LA GASCOGNE 32)
Mais, quand vient la pointe de l'aube,
Les bouviers viennent aiguiser (i).
— « Lève-toi, mon amour Rosette.
Aide-moi à frapper le fer. »
Mais, à la première chaude (2),
Elle a brûlé son tablier.
Toujours Rose pleure.
Elle pleure son tablier.
— « Tais-toi, mon amour Rosette.
Je t'en achèterai un neuf. »
Je l'ai acheté en cotonnade.
Elle ne le voulait pas ainsi.
(bis).
Je l'ai acheté en soie blanche.
Il lui a convenu ainsi.
Tra la la la deridette, J
Tra la la la dérida (3). )
(1) Aiguiser à la forge les ferrures de leurs charrues.
(2) Terme de maréchalerie. Se dit de l'action de chauffer le
fer et de le forger.
(5) Tiré du recueil de L.-Hnbert (Agenais et Bruilhois).
326 POÉSIES POPULAIRES
xcv
LOU BROC AU PÈ
— « Hoù ! Janetoun, anen, anen,,i
Anen-s-en a la hero. ]
Anen-s-en a la hero, lanla, / ., . ,
. (ms).
Anen-s-en a la hero. ]
— lè ! Praubo, coumo i angueri-jou ?
Jou soui pas abillado.
— lè! Janetoun, anen, anen.
T'atenderèi uo ouro. »
Quant soun estatz au cap dou bosc,
La ploujo lous atrapo.
— « lè! Janetoun, abriten-nous,
Per débat aquet casse.
— Me dira la mio marna :
Oun t'es tant amusado ?
DE LA GASCOGNE 327
XCV
l'Épine au pied
— « Ho ! Jeanneton, allons, allons,/
Allons-nous-en à la foire. )
Allons-nous-en à la foire, lanla, }
Allons-nous-en à la foire. ;
— Eh ! Pauvre, comment irais-je ?
Je ne suis pas habillée.
— Eh ! Jeanneton, allons, allons.
Je t'attendrai une heure. »
Quand ils sont arrivés au bout du bois,
La pluie les attrape.
— « Eh ! Jeanneton, abritons-nous,
Sous ce chêne.
— Ma mère me dira :
Où t'es-tu tant amusée ?
328 POÉSIES POPULAIRES
, — lè ! Praubo, que lou dirèi jou,
Un broc que m'a picado.
Que m'a picado au dit dou pè,
E dou pè a la camo ;
E jamès jou ne goarirèi,
Que nou sio maridado.
lè ! Mai, maridatz-me dounc lèu,
Auant la Nostro-Damo,
Dab lou pastou que m'amièc, ;
Débat la cassoulèro : )
Débat la cassoulèro, lanla, \ y, ■ -.
Débat la cassoulèro. » )
DE LA GASCOGNE 329
— Eh ! Pauvre, lui diral-je,
Une épine m'a piquée.
Elle m'a piquée au doigt du pied,
Et du pied à la jambe;
Et jamais je ne guérirai,
Que je ne sois mariée.
Eh ! Mère, mariez-moi donc tôt,
Avant Notre-Dame (i),
Avec le pâtre qui m'amena, ]
Sous la chesnaye : j
Sous la chesnaye, lanla, ) ,. . .
Sous la chesnaye (2). » )
(i) II y a deux fêtes de Notre-Dame, l'une le 2 février, La
Chandeleur ou Purification; l'autre, le 8 septembre, la Nativité.
(2) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Ccnac-
Moncaut, 395-9), Lou Itoc au pè (Gascogne). Voyez aussi, p.
3S6-89, la Chanson CXV, Jeannelouii, allons (Gascogne).
^
330 POÉSIES POPULAIRES
XCVI
L AMOUROUS
Quant jou m'en bau per las botos,
Landeridèto,
Jou n'i bau pas per dansa,
Landerida.
I bau per bese las hillos,
Las que soun a marida.
Jou qu'en èi espiat uo,
E moun cô li èi baillât.
L'èi demandado au soun paire,
E bo pas me la bailla.
Ditz que sa hillo es trop richo.
Que hara pas moun afa.
Las ! Que harèi-jou, pecaire,
Per poude la mérita ?
(Ins).
DE LA GASCOGNE 33 1
XCVI
L AMOUREUX
(bh).
Quand je m'en vais par les fêtes patro- ^
Landcridette, [nales, )
Je n'y vais pas pour danser,
Landerida.
J'y vais pour voir les filles,
Celles qui sont à marier.
J'en ai regardé une,
Et mon cœur lui ai donné.
Je l'ai demandée à son père,
Et il ne veut pas me la donner.
Il dit que sa fille est trop riche.
Qu'elle ne fera pas mon affaire.
Las 1 Que ferai-je, pecaire,
Pour pouvoir la mériter ?
332 POÉSIES POPULAIRES
M'en anguerèi a la guerro. |
Nou podi pas millou ha. 1
Que harèi quauquo actioun bèro, )
Landeridèto, )
Se mourissi, plourera,
Landerida.
(bis).
(bis).
XCVII
RAMOUNET SE MARIDO
Ramounet (i) se marido (bis).
Espouso dilus auant jour.
Ramounet, ma doundèno, )
^ 1 1 ( (ht s).
Ramounet, ma doundoun. )
— « Coumo nomon la nobio ?
— Se nomo bèro Madeloun. »
Mes, lou se de la noço,
Panèn la bèro Madeloun.
(i) Diminutif gascon du nom de Ramoitv, Raymond.
DE LA GASCOGNE 335
Je m'en irai à la guerre.
Je ne puis mieux faire.
Je ferai quelque action belle, i
Landeridette, ^
Si je meurs, elle pleurera,
Landerida (i).
(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais).
(bis).
XC^/II
RAMONET SE MARIE
Ramonet se marie (bis).
Il épouse lundi avant le jour.
Ramonet, ma dondaine, ) ., . ^
\ (bis).
Ramonet, ma dondon. )
— « Comment nommc-t-on la mariée ?
— Elle se nomme belle Madclon. »
Mais, le soir de la noce.
On enleva la belle Madclon.
334 POÉSIES POPULAIRES
— « Sabe qui l'aura preso ?
— Ac6 es lou prumè dounzeloun. »
Mes, quant me l'an tournado,
Èro double, la Madeloun.
— Tu que m'es pas fidèlo.
Es uo garço, Madeloun.
— Se te soui pas fidèlo,
Es dounc un cournard, Ramoun.
— Mes, se jou porti cornos (bis),
Es uo puto, Madeloun. »
Ramounet, ma doundèno, l /l- \
Ramounet, ma doundoun. j
DE LA GASCOGNE ^^^
— « Savoir qui l'aura prise ?
— C'est le premier donzelon (i). »
Mais, quand on me l'a rendue,
Elle était double, la Madelon.
— Tu ne m'es pas fidèle.
Tu es une garce, Madelon.
— Si je ne te suis pas fidèle,
Tu es donc un cornard, Raymond.
— Mais, si je porte cornes (bis),
Tu es une putain, Madelon. »
Ramonet, ma dondaine, )
Ramonet, ma dondon (2). )
(i) Garçon d'honneur.
(2) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).
336 POÉSIES POPULAIRES
(bis),
(bis).
XCVIII
m'en anaui proumena
M'en anaui proumena,
Miroun la liroun miroun la lira,
Lou loung d'uo Garouneto.
Gue lanla miroun la lireto.
I èi troubat e rencountrat,
Uo gentiuo pastoureleto.
Jou li èi dit e demandât :
— « Boudreti (i) esta ma matresso ? »
Ero m'a respounut : « Nou pas.
Soui encoèro trop joeneto. »
— Touto hillo qu'a quinze ans,
Diuré esta amourouseto.
Toutos las que ne soun pas,
Diurén traina la carreto.
(i) Boiiilrrli, voudriez-vous, f. I.; en g., houlcreli.
(bis).
DE LA GASCOGNE 5J7
XCVIII
JE m'en allais promener
Je m'en allais promener, )
Mire la liron mire la lira, )
Le long d'une Garonnette (i).
Gué lanla mire la lirette.
J'y ai trouvé et rencontré,
Une gentille pastourelle.
Je lui ai dit et demandé :
— « Voudricz-vous être ma maîtresse? »
Elle m'a répondu : « Non pas.
Je suis encore trop jeunette. »
— Toute fille qui a quinze ans,
Devrait être amoureuse.
Toutes celles qui ne le sont pas,
Devraient traîner la charrette.
(i) Petite Garonne. On nomme ainsi, dans l'Ageuais, beau-
coup de petits affluents de ce fleuve.
III 22
338 POÉSIES POPULAIRES
— Jou, que la trainerèi pas.
Soui un pauc amourouseto,
Amourouso d'un gouiat,
Miroun la liroun miroun la lira,
Que a la barbo douceto. » J
Gue lanla miroun la lireto. )
(bis).
(bis).
XCIX
LOU BAILET d'oUSTÈLERIO
L'aute jour, m'anguèri (i) louga (bis),
Dens uo oustèlerio, )
Lanla, [ (bis).
Dens uo oustèlerio. ]
Lou mestiè que me hasion ha,
Me hasion bira l'aste.
(i) Anguéri, allai, f. 1.; en g., angotii.
DE LA GASCOGNE 339
— Moi, je ne la traînerai pas.
Je suis un peu amoureuse,
Amoureuse d'un garçon,
Mire la liron mire la lira.
Qui a la barbe douce. »
Gué lanla mire la lirettc(i).
(Hs).
(bis).
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bniilhois).
XCIX
LE VALET d'hôtellerie
L'autre jour, j'allai me louer (bis).
Dans une hôtellerie,
Lanla, [ (bis).
Dans une hôtellerie.
Le métier qu'on me faisait faire.
On me faisait tourner la broche.
340 POÉSIES POPULAIRES
Aquetz lardous èron ta bous.
Sabètz se lous crouquaui ?
E la bieillo, qu'èro au cournè,
Sabètz se m'abastouauo?
Jou que trobi un trauc d'arrat (bis),
Sabètz se m'i enfilaui, ^
Lanla, | (bis).
Sabètz se m'i enfilaui? :
ROUMAN
Rouman maitin se lèuo (bis),
lè loun lanla deridèto ;
A Marmando que s'en ba,
lè loun lanla dérida.
(bis).
DE LA GASCOGNE 341
Ces lardons étaient si bons.
Savez-vous si je les croquais ?
Et la vieille, qui était au coin du feu,
Savez-vous si elle me bâtonnait ?
Je trouve un trou de rat (h's),
Savez-vous si je m'y enfilais,
Lanla, (bis).
Savez-vous si je m'y enfilais (i)? j
(i) Dicté par Isidore Escârnot, de Bivès (Gers).
ROMAIN
Romain matin se lève (bis),
Et Ion lanla deridette;
A Marmande (i) il s'en va, }
Et Ion lanla dérida. ) '^'
( I ) Ville de l'ancien Agenais, aujourd'hui chef-lieu d'arron-
dissement du Lot-et-Garonne.
342 POÉSIES POPULAIRES
Quant estèc a Marmando,
Ditz : « A la cour boi ana. »
Rouman bouto soun mantou,
Au castèt dou rèi s'en ba.
Lou rèi ero en frinesto.
Que l'auouc lèu abisat.
— « Quin es aquet gentillome?
— Rouman me boi hè nouma.
— Se Rouman tu t'apèros,
Jou que te boi hè penja.
— Perque me penja, praube?
Perque me boulètz hè penja ?
— As hèit burla nau glèisos (bis),
lè loun lanla deridèto,
Astantos gens nega, ^ /j ■ \
lè loun lanla dérida. » )
DE LA GASCOGNE 343
Quand il fut à Marmande,
Il dit : « A la cour jo veux aller. »
Romain met son manteau,
Au château du roi s'en va.
Le roi était à la fenêtre.
Il l'eut bientôt aperçu.
— « Quel est ce gentilhomme ?
— Romain je veux me faire nommer.
— Si Romain tu t'appelles,
Je veux te faire pendre.
— Pourquoi me pendre, pauvre?
Pourquoi voulez-vous me faire pendre ?
— Tu as fait brûler neuf églises (bis).
Et Ion lanla deridettc.
Autant de gens noyer, j
Et Ion lanla dérida (i). >> )
(i) Recueilli par P. Lafforgue, d'Auch. Cette chanson date
probablement de l'époque des guerres de religion.
344 POÉSIES POPULAIRES
CI
LOUS TRES MOULIS
Au jardin de moun père, }
Flou tin tin lèro lèro, )
Au jardin de moun père, ^
I a uo ta bèro hount. )
Dou prumè pous que mène,
Hè mole très moulis.
N'i a un per la canèlo,
L'aute pou pebe fin :
L'aute per las erbetos,
Per las hillos goari.
Uo de mas besios,
S'es dèchado mouri.
DE LA GASCOGNE 345
a
LES TROIS MOULINS
Au jardin de mon père, I
_, ...... ( (h<).
Fleur tin tin laire laire, }
Au jardin de mon père,
Il y a une si belle fontaine.^
De la première poussée qu'elle donne,
Elle fait moudre trois moulins.
Il y en a un pour la canelle,
L'autre pour le poivre fin :
L'autre pour les herbettes,
Pour les filles guérir.
Une de mes voisines,
S'est laissée mourir.
(0
(i) Fragment dicté par feue madame Bâche, de Ma;ivezin
(Gers).
346 POÉSIES POPULAIRES
Cil
RESSEGUERAN
Ressegueran las bieillos, engoan. /
Ressegueran las bieillos. ) ^ ^'
A las joenos, eau souliès {lis) :
A las bieillos, cops de pès.
Ressegueran las bieillos, etc.
A las joenos, eau coutillous :
A las bieillos, cops de bastous. ,
A las joenos, eau pan blanc :
Las bieillos s'en passeran.
A las joenos, eau bin boun :
Las bieillos beuran a la houn.
A las joenos, eau galantz (his) :
A las bieillos, lous peus blancs.
Ressegueran las bieillos, engoan. /
Ressegueran las bieillos. )
DE LA GASCOGNE 347
Cil
ON SCIERA
On sciera les vieilles, cette année. j
On sciera les vieilles. j ' ''
Aux jeunes, il faut des souliers (bis) :
Aux vieilles, des coups de pied.
On sciera les vieilles, etc.
Aux jeunes, il faut des cotillons :
Aux vieilles, des coups de bâtons.
Aux jeunes, il faut du pain blanc :
Les vieilles s'en passeront.
Aux jeunes, il faut de bon vin :
Les vieilles boiront à la fontaine.
Aux jeunes, il faut des galants (bis)
Aux vieilles, les cheveux blancs.
On sciera les vieilles, cette année.
On sciera les vieilles (i).
(bis).
(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. On la chantait
surtout aux approches du mardi-gras. Ce jour-là, disait-on plai-
samment, une vieille était tous les ans sciée en deux au Pont-
de-Pîle, hameau voisin de I.ectoure, sur le bord du Gers.
348 POÉSIES POPULAIRES
cm
SE JAMES ME MARIDI
— « Se jamès me maridi, )
Drin drin de la soumbardin, )
Jou boi Miquèu lou maçoun,
De la soumbardin de l'embardissoun.
— « Cau demanda au toun pai. »
Mes soun pai que lou respoun :
— « Cau demanda a ta mai. »
Mes sa mai que lou respoun :
— « Cau demanda au toun frai. »
Mes lou soun frai que lou respoun :
— « Cau demanda a ta so. »
Mes sa so que lou respoun :
— « Cau demanda au pairin. «
Mes lou pairin lou respoun :
(bis).
DE LA GASCOGNE 349
cm
SI JAMAIS JE ME MARIE
(lus).
— « Si jamais je me marie,
Drin drin de la sombardin,
Je veux Michel le maçon,
De la sombardin de l'embardisson.
— « Il faut demander à ton père. »
Mais le père lui répond :
— « Il faut demander à ta mère. »
Mais sa mère lui répond :
— « Il faut demander à ton frère. »
Mais son frère lui répond :
— « Il faut demander à ta sœur, a
Mais sa sœur lui répond :
— « Il faut demander au parrain. »
Mais le parrain lui répond :
(Hs).
350 POÉSIES POPULAIRES
— « Cau demanda a ta mairio. »
Mes sa mairio lou respoun :
— « Cau demanda au galant. »
Mes lou galant lou respoun :
— « Per que a jou me hoîes (i),
Drin drin de la soumbardin,
Pren Miquèu lou maçoun,
Delà soumbardin de l'embardissoun. » )
(i) Boles, veux, f. I.; en g., bos.
CIV
(bis),
(bis).
(bis).
NOU BAN PAS A LA GUERRO
Nou ban pas a la guerre,
Doundèno miro lirèno,
Doundèno miro lirèno, )
Lous très enfantz d'un roi. ) ' ''
Au loc d'ana a la guerro,
Sa mio ban trouver.
DE LA GASCOGNE 3 5 I
— « Il faut demander à ta marraine. »
Mais sa marraine lui répond :
— « n faut demander au galant. »
Mais le galant lui répend :
— « Puisque tu me veux, |
Drin drin de la sombardin, ) ^
Prends Michel le maçon, 1
De la sombardin de l'embardisson (i). » ) ^ '^'
(i) Tiré du recueU de Lambert (Agenais et Bruilhois).
CIV
ILS NE VONT PAS A LA GUERRE
Ils ne vont pas à la guerre,
Dondaine mire liraine, ' ^ ^'
Dondaine mire liraine,
Les trois enfants d'un roi. ' ^ ■''
Au lieu d'aller à la guerre,
Leur mie ils vont trouver.
352 POÉSIES POPULAIRES
L'an troubado souleto,
Sur soun Uèit que dormait.
— « Per que soulo te trobi,
Bèro, t'embrasserai.
— Galant, se tu m'embrassos,
Seras pas lou prumè.
D'autes m'an embrassado,
Galant, prumè que toi.
— Lous qui t'an embrassado,
Bengon per t'espousa.
— Soui jou bien malurouso,
D'aue ta mau parlât.
Per uo parauleto,
Doundèno miro lirèno,
Doundèno miro lirèno,
M'èi perdut moun fiançât. »
2^
(lus).
\ (bis).
DE LA GASCOGNE 353
Ils l'ont trouvée sculette,
Sur son lit qui dormait.
— « Puisque je te trouve seulette,
Belle, je t'embrasserai.
— Galant, si tu m'embrasses.
Tu ne seras pas le premier.
D'autres m'ont embrassée,
Galant, avant toi.
— Q.ue ceux qui t'ont embrassée,
Viennent pour t'épouser.
— Je suis bien malheureuse,
D'avoir si mal parlé.
(his).
Pour une petite parole,
Dondaine mire liraine,
Dondaine mire liraine, |
J'ai perdu mon fiancé (i). » i
(i) Tiré du recueil de Lambtrt (Agenais et Bruilhois).
m 23
354 POÉSIES POPULAIRES
cv
LA-BAS
(bis),
(bis).
La-bas, a la ribèro,
Lèrioun lèrioim dèno,
Tout proche de la tner,
Lèrioun lèrioun de,
I a uo chapèlo,
Couberto de laurès.
I a très joenos damos,
Que s'i ban adombrer.
La mes joeno de toutes,
Nou hè pas que pleurer.
Soun galant lou demando :
— « Bèro, ^^tx(\ut pleure\l
— N'èi plan rasoun se plouri,
E de me cbuirriner.
DE LA GASCOGNE 35$
cv
LA-BAS
(bis),
(bis).
Là-bas, à la rivière,
Lérion lérion daine.
Tout proche de la mer,
Lérion lérion dé,
Il y a une chapelle,
Couverte de lauriers.
II y a trois jeunes dames.
Qui vont s'y mettre à l'ombre.
La plus jeune de toutes,
Ne fait rien que pleurer.
Son galant lui demande :
— « Belle, pourquoi pleurez-vous ?
— J'ai bien raison si je pleure.
Et de me chagriner.
356 POÉSIES POPULAIRES
Lou men bèt berteil d'ambre,
Dens la mer est tombé.
— Que baillerétz, la bèro,
Que l'angousso chercher ?
— Que boulètz que bous baille ?
N'èi rien a bous donner.
— Un poutet de bous, bèro :
Un poutet, /// vous plaît.
— Per un, e mes per quoate,
Moun bèt galant, plonge^. »
Lou galant se despuillo.
Dens la ma s'est lancé.
Aro, ben un briu d'aigo,
Que l'a hèit enfoncer.
Aro, ben un briu d'aigo,
Qiie l'a hèit relever.
Sa mai èro en frinesto,
Que lou Boun Diu priait.
DE LA GASCOGNE 357
Mon beau berteil (i) d'ambre,
Dans la mer est tombé.
— Que donneriez-vous, la belle,
Que j'aille vous le chercher ?
— Que voulez-vous que je vous donne ?
Je n'ai rien à vous donner.
— Un baiser de vous, belle :
Un baiser, s'il vous plaît.
— Pour un, et même pour quatre,
Mon beau galant, plongez. »
Le galant se dépouille.
Dans la mer s'est lancé.
Maintenant vient un courant,
Qui l'a fait enfoncer.
Maintenant vient un courant,
Qui l'a fait relever.
Sa mère était à la fenêtre,
Qui le Bon Dieu priait.
(i) Peson dont on leste le b.is du fuseau.
358 POÉSIES POPULAIRES
— « Per tu, ma bèro damo,
Lèrioun lèrioun dèno,
Moun hill se ba noyer,
Lèrioun lèrioun de. »
(Us).
(bis).
CVI
LOU MEN PAI ME MARIDO
Lou men pai me marido (bis).
Me bo manda.
Boi pas esta maridado.
Ma mai n'ac sab pas.
Boi pas me marida.
Me baillo en un bieillard d'orne.
Qu'a cent ans passatz.
Mes, lou se de mas noços.
Me biro lou coustat.
DE LA GASCOGNE 359
— « Pour toi, ma belle dame, }
Lérion lérion daine, )
Mon fils va se noyer, )
Lérion lérion dé (i). » ;
(i) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune
de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 29-30, Abal a la
'ibiiro (Haut-Q.uercy).
CVI
MON PÈRE ME MARIE
Mon père me marie (lis).
Il veut me marier.
Je ne veux pas être mariée.
Ma mère ne le sait pas.
Je ne veux pas me marier.
Il me donne à un vieillard,
Qui a cent ans passés.
Mais, le soir de mes noces,
Il me tourne le côté.
360 POÉSIES POPULAIRES
Mes, quant bengouc l'aubo,
Biste s'es lèuat.
M'a tirado per l'aureillo (bis).
— « Nobio, lèuo-te. »
Boi pas esta maridado.
Ma mai n'ac sab pas.
Boi pas me marida.
cvn
LA GOUIO E LOU BOÈ
De boun maitin se leuo, )
Lèriè doundèno, j ^"
Lou noste boun boè, i
Lèriè doundè. ) ' '^'^■''
Pren sous buùs, sas bacos,
Part au prat garder.
Bacos soun sadouros.
Buùs n'an rien mangé.
DE LA GASCOGNE 361
Mais, quand vint l'aube,
Vite il s'est levé.
Il m'a tirée par l'oreille (bis).
— « Mariée, lève-toi. »
Je ne veux pas être mariée.
Ma mère ne le sait pas.
Je ne veux pas me marier (i).
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois),
CVII
LA SERVANTE ET LE BOUVIER
De bon matin se lève, )
Lérié dondaine, i
Notre bon bouvier.
Lcné donde. )
Il prend ses boeufs, ses vaches.
Part au pré garder.
Les vaches sont repues.
Les boeufs n'ont rien mangé.
362 POÉSIES POPULAIRES
Lou boè que s'entourno,
Pour les enfermer.
Bacos soun entrados.
Buùs s'en sont allés.
Apèro la gouio,
Lou bengo ajuder.
Lou mestre qu'espiauo,
Pou trauc dou cruguè.
— « Atau, atau, gouio,
Aimos-tu lou boè.
Quant trempos las soupos,
Au boè lou prumè.
Au boè, la fourcheto ;
Au mestre, lou cuillè.
Au boè, la serbieto ;
Au mestre, lou cenerè.
DE LA GASCOGNE 363
Le bouvier s'en revient,
Pour les enfermer.
Les vaches sont entrées.
Les bœufs s'en sont allés.
Il appelle la servante,
Pour venir l'aider.
Le maître le regardait,
Par le trou de l'évier.
— « Ainsi, ainsi, servante.
Tu aimes le bouvier.
Quand tu trempes la soupe.
Au bouvier d'abord.
Au bouvier, la fourchette ;
Au maître, la cuiller.
Au bouvier, la serviette ;
Au maître, le cendrier (i).
(i) Pièce de toile grossière qae l'on met au dessus du cuvicr
à lessiver, et qui sépare la cendre du linge à blanchir.
364 POÉSIES POPULAIRES
Au boè, sieto blanco,
Lèriè doundèno ;
Au mestre, lou salé, )
Lèriè doundè. » )
(ÎHS).
CVIU
LOU HILL DOU RÈI DE FRANCO
Lou hill dou rèi de Franco,
(bis),
(lus).
Larira doundèno,
S'en ba au bosc chasser,
Larira doundè.
Trobo perdic e lèbe.
I a pas pouscut tirer.
Cresio tua uo lauseto.
Sa mio a tué.
Sa mai èro en frinesto.
— « Ah! Mou n hill, qn'âs-iu fait}
DE LA GASCOGNE 365
Au bouvier, assiette blanche,^
Lérié dondaine; )
Au maître, l'écuclle, |
Lérié dondé(i).)) S ^''''^"
(i) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers).
cvni
LE FILS DU ROI DE FRANCE
Le fils du roi de France, ^
Larira dondaine, )^ ^'
(bis).
S'en va au bois chasser,
Larira dondé.
Il trouve perdrix et lièvre.
Il n'a pas pu y tirer.
Il croyait tuer une alouette.
Sa mie il a tué.
Sa mère était à la fenêtre.
— « Ah ! Mon fils, qu'as-tu fait ?
366 POÉSIES POPULAIRES
Tu as tuat ta mio,
Que te haran petijer (i). »
La lauseto cantauo,
Au cap d'un cipriè :
— « Tu as tuat ta mio.
Que te haran penjer.
— N'ac haran pas, ma mèro.
Jou que m'en anguerèi,
Dens lou pais d'Espagno,
En pais estrangè.
Baillatz-me cent camisos,
Que m'en pousco changer. »
S'en ba delà de l'aigo,
Dab lous arcliès après.
— « Pountouniè delà de l'aigo,
Sai biste me chercher.
— Pountouniè delà de l'aigo,
Reten-lou presounè.
(i) Penja, pendre; en francisant, />cw/i;r.
DE I.A GASCOGNE 367
Tu as tué ta mie,
On te fera pendre. »
L'alouette chantait,
Au faîte d'un cyprès :
— « Tu as tué ta mie.
On te fera pendre.
— On ne le fera pas, ma mère.
Je m'en irai,
Dans le pays d'Espagne,
En pays étranger.
Donnez-moi cent chemises,
Que je puisse en changer. »
Il s'en va au delà de l'eau,
Avec les archers après lui.
— « Pontonnier d'au delà de l'eau.
Viens vite me chercher.
— Pontonnier d'au delà de l'eau.
Retiens-le prisonnier.
368 POÉSIES POPULAIRES
— N'ac harèi pas, pecaïre,
Et que m'a bien payé.
A cent escutz en bourso, i ^, . .
Larira doundèno, 5
M'en a dat la moitié, )
Larira doundè. )
CIX
LOUS DUS PASTOUS
— « Adichatz, aoeillèro.
Oun batz goarda douman ? »
Mignouneto mio,
Mignounet amant.
(bis),
(bis).
Ça digouc l'aoeillèro :
— « Belèu pou boste camp. »
Respouni a l'aoillèro :
— « Bous hèu morde pou can. »
DE LA GASCOGNE 369
— Je ne le ferai pas, pecaïre,
Il m'a bien payé.
Il avait cent écus en bourse,
Larira dondaine,
Il m'en a donné la moitié,
Larira dondé (i). «
\ (bis),
(bis).
(i) Dicté par Catlierinc Sustrac, de Sainte-Eulalic, commune
•Je Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 28-29, Loi' fil del rèi
(Haut-Quercj-).
CIX
LES DEUX PATRES
— « Bonjour, gardeuse de brebis./
Où allez-vous garder demain? » ^
Mignonnette mie, ]
Mignonnet amant. )
La gardeuse de brebis dit :
— « Peut-être dans votre champ. »
Je réponds à la gardeuse de brebis :
— « Je vous fais mordre par le chien. »
m 24
370 POÉSIES POPULAIRES
Ça digouc l'aoeillero :
— « Que me trufi dou can. j)
Respouni a l'aoeillero :
— « Pas se nou maridan.
S'ac boulètz, aoeillèro,
Un dronle que n'auran. »
Ça respoun l'aoeillero :
— « Quin mestiè lou daran ?
— Se bous ètz aoeillèro, )
Et pintuera la lan. » )
Mignouneto mio, )
■Kf 1 (^^')-
Mignounet amant. ) ^
DE LA GASCOGNE
371
La gardeuse de brebis dit :
— « Je me moque du chien. »
Je réponds à la gardeuse de brebis :
— « Pas si nous nous marions.
Si vous le voulez, gardeuse de brebis,
Un garçon nous aurons. »
La gardeuse de brebis répond :
— u Quel métier lui donnerons-nous ?
— Si vous êtes gardeuse de brebis, )
Lui cardera la laine. » ) ^ ''^^'
Mignonnette mie, )
Mignonnet amant (i). )'"''■
(1) Dicté par Pauline Lacaze de Panasssac (Gers). Cf.Cénac-
Moncaut, 304-5, Lous dus Pasious (Gascogne).
372 POÉSIES POPULAIRES
ex
LA MOUNJO MALAUSO
La-bas, dens la prado, ) /^ • ^
Que i a un coumbent. )
Ba leugè, leugèro, j
Ba leugèroment. j
Que i a uo mounjo,
Malauso deguens.
— « Digatz-me, moungeto,
De qu'auètz talent ?
— De pommos blanquetos,
E d'un gouiat joen.
— N'en minjetz, moungeto.
Bous enterrerén,
Pas dens nado glèiso,
Ni mémo au coumbent,
DE LA GASCOGNE 375
ex
LA NONME MALADE
Là-bas, dans la prairie, )
Il y a un couvent. ;
Va léger, légère, }
Va légèrement. \ ^'
Il y a une nonne,
Malade dedans.
— « Dites-moi, nonnette,
De quoi avez-vous foim ?
— De pommes blanchettes.
Et d'un garçon jeune.
— N'en mangez pas, nonnette.
On vous enterrerait,
Pas dans une église.
Ni même au couvent.
374 POÉSIES POPULAIRES
Mes au cementèri,
Dab las praubos gens.» '
Ba leugè, leugèro,
Ba leugèroment.
(his).
CXI
AU PRAT DE LA ROSO
Au prat de la Roso (bis),
I a uo hount d'argent, '
Lerideridèto, ^ (his).
I a uo hount d'argent.
I a très paloumetos,
S'i bagnon deguens.
Quant s'i soun bagnados,
Bolon au dous tems.
\
DE LA GASCOGNE 37S
Mais au cimetière, )
Avec les pauvres gens. »)
Va léger, légère, )
Va légèrement (i). )
(i) Dicté par Pauline Laoaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moucaut, 294-95, la Mounjo malauso (Gascogne).
CXI
AU PRÉ DE ROSE
Au pré de Rose (bis),
Il y a une fontaine d'argent,
Lerideridette, \ {bis).
Il y a une fontaine d'argent.
Il y a trois petites palombes,
Qui se baignent dedans.
Quand elles s'y sont baignées.
Elles volent au doux temps.
376 POÉSIES POPULAIRES
An près la boulado (bis).
Sou castèt d'argent, ]
Lerideridèto, [ (bis).
Sou castèt d'argent.
)
CXII
DE BOUN MAITIN ME SOUI LEVEE
De boun maitin me soui levée , ) ,, ,
t (bis).
Doundèno, bibo l'amou, )
Mèi maitin que l'aubeto (bis).
Dens moun casau m'en soui allée,
Coeille la biuleto.
N'èi pas au ut goaire coeillut,
Ma m'ai m'a appelée.
— « Hillo Jano, benguètz, benguetz.
Bous eau ana a l'aigueto.
— Ma mai, l'aigo n'es pas ta loèn.
Que serèi lèu tournado.
DE LA GASCOGNE 377
Elles ont pris la volée (bis),
Sur le château d'argent, \
Lerideridette, [ (l'ii)-
Sur le château d'argent (i), )
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).
CXII
DE BON MATIN ME SUIS LEVÉE
De bon matin me suis levée, i
,, i (bis).
Dondame, vive 1 amour, )
Plus matin que l'aube (bis).
Dans mon jardin m'en suis allée,
Cueillir la violette.
Je n'en ai eu guère cueilli.
Ma mère m'a appelée.
— « Fille Jeanne, venez, venez.
Il vous faut aller à l'eau.
— Ma mère, l'eau n'est pas si loin.
Te serai bientôt revenue.
378 POÉSIES POPULAIRES
Surtout s'aUoi moun bèt amie,
Ah ! seri lèu tournado.
— Hillo Jano, aqui lou enla.
Qii'es couchât sur l'erbeto. »
Jou destaqui moun dauamau :
L'ac bouti sur la tèsto.
— « Moun bèt amie, counechètz pas
La Jano tant aimado ?
— Ma tant aimado tu n'es pas.
James nou t'èi aimado.
— Moun Diu ! E que harèi donne jou, J
Doundèno, bibo l'amou, )
De mas bèros raubetos? (his). »
Q?
DE LA GASCOGNE 379
Surtout si j'avais mon bel ami,
Ah ! je serais bientôt revenue.
— Fille Jeanne, le voilà là-bas.
Il est couché sur l'herbette. »
Je détache mon tablier:
Je le lui mets sur la tête.
— « Mon bel ami, ne reconnaissez-vous pas
Jeanne tant aimée?
— Ma tant aimée tu n'es pas.
Jamais je ne t'ai aimée.
Mon Dieu ! Et que ferai-je donc, )
Dondaine, vive l'amour, ;
De mes belles robes (bis) ? »
(i) Dicté par Catlieriiic Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune
de Caiizac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 30-31, De bon matin
me suis Iné (Haut-Qjiercy).
(^
380 POÉSIES POPULAIRES
CXIIÎ
ADIUS A LÈITOURO
Adiu, bilo de Lèitouro (his),
Lanla deran la. j
^- 1 . ( (bis).
Ta plan me eau te quita. )
Jou regrèti pas la bilo.
Es pas tant a regrèta.
Que regrèti ma mastresso.
Ta plan me la eau quita,
Eta m'en ana a la guerro,
Sens gran espoèr de tourna.
Ma mastresso es en frinesto.
Hè pas arré que ploura.
Jou m'en bau trouba soun pèro.
— « Moussu, me la eau bailla.
DE LA GASCOGNE 3^1
CXIIl
ADIEUX A LECTOURE
Adieu, ville de Lectoure (bis)y
Lanla deran la. / /, • ^
Aussi bien il me faut te quitter. )
Je ne regrette pas la ville.
Elle n'est pas tant à regretter.
Je regrette ma maîtresse.
Aussi bien il me faut la quitter,
Pour m'en aller à la guerre.
Sans grand espoir de revenir.
Ma maîtresse est à la fenêtre.
Elle ne fait rien que pleurer.
Je m'en vais trouver son père.
— a Monsieur, il faut me la donner.
382 POÉSIES POPULAIRES
— James la hillo d'un cossou,
Nou sera pas un sounlat.
— Bieillard, se nou me la baillos,
Te la holi derauba ;
E, quant l'aurèi deraubado (bis),
Lanla deran la, )
Te la boU bien tourna (i). » ]
;
(i) Chanté par Isidore Escarnot, de Bivès(Gers).
CXIV
ÈI MOUN OME qu'a LAS FIÈBRES
Èi moun ome qu'a las fièbres (bis).
Lan landeridi.
Diu lou goarde d'en goari.
A embejo de car de lèbe,
Car de lèbe ou de lapin.
(bis).
DE LA GASCOGNE 383
— Jamais la fille d'un consul (i),
Ne sera pour un soldat.
— Vieillard, si tu ne me la donnes pas,
Je veux te la dérober ;
Et, quand je te l'aurai dérobée (bis),
Lanla deran la.
Je veux bien te la rendre. »
(bis).
(i) Avant la Révolution, on nommait ainsi les m.igistrats
municipaux en Languedoc, et dans la partie de la Gascogne
comprise dans le ressort du Parlement de Toulouse.
CXIV
J AI MON HOMME QUI A LES FIEVRES
(bis).
J'ai mon homme qui a les fièvres (bis).
Lan landeridi.
Dieu le garde d'en guérir.
Il a envie de viande de lièvre.
Viande de lièvre ou de lapin.
384 POÉSIES POPULAIRES
Jou ne soui anado querre,
Trente lègos loèn d'aci.
Enta esta mes Icu tournado,
Que me sètoui pou camin.
Quant jou estèi arribado,
Lou troubèi ensebelit.
M'en angoui sur sa toumbeto.
— « Es aqui, damoro-s-i.
Plagni pas que la plegasso (bis),
Lan landeridi, j
Qu'èro un bèt linço de lin. » j
M
DE LA GASCOGNE 385
Je suis allée en chercher,
A trente lieues d'ici.
Pour être plus tôt revenue,
Je m'assis en chemin.
Quand je fus arrivée,
Je le trouvai enseveli .
Je m'en allai sur sa tombe :
— « Tu es là. Demeures-y.
Je ne regrette que le suaire (his),
Lan landeridi,
Qui était un beau linceul de lin (i). »
(Ms).
(1) Tiré du recueil de Lambert (A gênais et Bruilhois) Cf. la Ro-
mance XIV, la Veuve consolée, p. 56-61, du tome II du présent
recueil.
m 25
386 POÉSIES POPULAIRES
cxv
JANETOUN, ANEN
— « Janetoun, anen, anen (bis),
Anen a la boto, lanla,
Anen a la boto, doundoun (bis).
— Coumo, praubo, i aniri ?
Soui pas abillado.
— Janetoun, abillatz-bous.
Atendi uo ouro. »
Quant abillado estèc,
N'auouc pas mounturo.
— « Janetoun, ahanatz-bous.
Que n'auèn prou d'uo. »
Quant estèn bien loèn, bien loèn :
— « Pierre, boutatz-m'en terro.
— E, Pierre, per que descendètz?
Fer que descendètz, Pierre?
DE LA GASCOGNE 387
cxv
JEANNETON, ALLONS
— « Jeanneton, allons, allons (his),
Allons à la fête patronale^ lanla,
Allons à la fête patronale, dondon (bis).
— Comment, pauvre, irais-je?
Je ne suis pas habillée.
— Jeanneton, habillez-vous.
J'attends une heure. »
Quand elle fut habillée,
Elle n'eut pas de monture.
— « Jeanneton, dépêchez-vous.
Nous en avons assez d'une (i). »
Quand ils furent loin, bien loin :
— « Pierre, mettez-moi à terre.
— Eh, Pierre, pourquoi descendez-vous ?
Pourquoi descendez-vous, Pierre?
(i) Une monture pour deux.
388 POÉSIES POPULAIRES
— Janetoun, bouleri sabe,
S'ètz bien camboligado.
— E ! Camoligado soui be,
E mes soui plan caussado.
Jou èi très pareills de souliès,
De marouquin de Flandres.
Jou èi très pareills de debas (bis),
Toutz très de sedo blanco, lanla,
Toutz très de sedo blanco, doundoun (bis). »
CXVI
A CLAIRAC, I A UN MOU LIÉ
A Clairac, i a un mouliè (bis).
Liroun loun fa miro lira. /
i (bis).
A très poulidos hillôs. )
DE LA GASCOGNE 389
— Jeanneton, je voudrais savoir,
Si vos jarretières sont bien attachées.
— Eh ! Mes jarretières sont bien attachées,
Et même je suis bien chaussée.
J'ai trois paires de souliers.
De maroquin de Flandre.
J'ai trois paires de bas (bis).
Toutes trois en soie blanche, lanla,
Toutes trois en soie blanche, dondon (i) (bis). »
(i) Tiré du recueil de Charbcl (Agenais). Cf. p. 526-529, U
Chanson XCV, l'Epine au pied.
CXVI
A CLAIRAC, IL Y A UN MEUNIER
A Clairac (i), il y a un meunier (bis),
Liron Ion fa mire lira. )
Il a trois jolies filles. )
(i) Ville de l'ancien Agenais, aujourd'hui chef-lieu de canton
du canton du Lot-et-G.ironne.
390 POÉSIES POPULAIRES
De très, n'a mandat dios (i).
Resto la mes poulido.
Ero s'es boutado au llèit,
D'uo grano maladio.
Ban cerça lou médecin,
Lou médecin de hillos.
Quant lou médecin la bei,
Counech sa maladio.
— « Pèro, la eau marida au se (bis),
Luroun loun fa miro lira. )
Douman, sera goarido » ) ^ ^'
{j)Dios, deux, f. agenaise ; en g. iluos.
DE LA GASCOGNE 39I
De trois, il en a marié deux.
Reste la plus jolie.
Elle s'est mise au lit,
D'une grande maladie.
On va chercher le médecin,
Le médecin des filles.
Quand le médecin la voit,
Il connaît sa maladie.
— « Père, il faut la marier ce soir (bis),
Liron Ion fa mire lira. )
Demain, elle sera guérie (i). »)
(i)Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhoif) .
J^/
392 POÉSIES POPULAIRES
CXVII
LANDERIDI
Landeridi, se jamès me maridi (his),
Landeridi, me holi (i) bien causi (his).
Landeridi, m'en holi prengue uo,
Landeridi, sio hèito a moun plaisir.
Landeridi, s'ero n'es pas balento,
Landeridi, jou l'en harèi heni (2).
Landeridi, dab uo lato d'auoumo,
Landeridi, lou se e lou maitin.
Landeridi, la harèi beilla lou se^-o (3),
Landeridi, se lèua de maitin ;
Landeridi, hila sa qounouilleto (bis),
Landeridi, d'estoupas ou de lin (bis).
(i) Boli, veux, f. !. ; en g., loi.
(2) Béni, venir, f. 1. ; en g., bengue.
(5) Sera, soir, f. agenaise; en g., se.
DE LA GASCOGNE 39J
CXVII
LANDERIDI
Landeridi, si jamais je me marie (bis),
Landeridi, je veux bien choisir (bis).
Landeridi, j'en veux prendre une,
Landeridi, qui soit faite à mon plaisir.
Landeridi, si elle n'est pas laborieuse,
Landeridi, je l'en ferai venir.
Landeridi, avec une gaule d'ormeau,
Landeridi, le soir et le matin.
Landeridi, je la ferai veiller le soir,
Landeridi, se lever de matin ;
Landeridi, filer sa quenotcillette (bis),
Landeridi, d'étoupes ou de lin (i) (his).
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).
394 POÉSIES POPULAIRES
CXVIII
DESSUS LA MA
Dessus la ma, i a très nabiris (quater),
Que lou Boun Diu lous hè marcha (quater).
Lous hè marcha sèt ans sur l'aigo,
Sens jamès poude abourda.
Au cap de la sètièmo annado,
Lou capitani a demandât :
— « Quin de bous, bràbos camarados.
Au cap dou mast hoiidrio mounta ? »
Lou mes joen dous camarados
Ditz : « Capitani, i bau mounta. »
Mes, quant arribo au mièi de l'aubre,
Lou gouiat se bouto a ploura.
— « Que beses-tu dounc, camarado,
Que tant te boutes a ploura ?
DE LA GASCOGNE 59S
cxvni
SUR LA MER
Sur la mer, il y a trois navires (qiiater),
due le Bon Dieu fait marcher (quater).
Il les fait marcher sept ans sur l'eau,
Sans jamais pouvoir aborder.
Au bout de la septième année,
Le capitaine a demandé :
— « Qui de vous, braves camarades,
Au haut du mât voudrait monter? »
Le plus jeune des camarades
Dit : « Capitaine, j'y vais monter. »
Mais, quand il arrive au milieu de l'arbre.
Le garçon se met à pleurer.
— « Que vois-tu donc, camarade.
Que tant tu te mets à pleurer ?
596 POÉSIES POPULAIRES
— Besi pas que lou cèu e l'aigo,
E lous pechis per me minja.
— Couratge, bràbe camarade.
Au mast acabo de mounta. »
Quant es mountat au cap de l'aubre,
Lou gouiat se boute a canta.
— « Que beses-tu dounc, camarade,
Que tant te beutos a canta ?
— Besi lou castèt de moun père,
Lou pais oun ban abourda.
Besi ma mio a sa frineste (quater),
A sa frineste a se pintua (qiiater). »
DE LA GASCOGNE 397
— Je ne vois que le ciel et l'eau,
Et les poissons pour me manger.
— Courage, brave camarade.
Au mât achève de monter. »
Qjaand il est monté au bout de l'arbre,
Le garçon se met à chanter.
— « Que vois-tu donc, camarade,
Qpe tant tu te mets à chanter ?
— Je vois le château de mon père.
Le pays où nous allons aborder.
Je vois ma mie à sa fenêtre (quater),
A sa fenêtre à se peigner (i) (quater). »
(1) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune
de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, Dessus la ma (Haut-
Quercy).
398 POÉSIES POPULAIRES
CXIX
SUR LA PLANO DE COULAIRAT
Sur la piano de Coulairat (Us),
Moun Diu, i a un pescaire tant bràbeC^w).
A près la ligno e l'esparbè.
S'en ba pesca lou loung de l'aigo.
Per très cops, lanço l'esparbè.
Atrapo uo bèro carpo.
La plego dens soun mouchouèr blanc,
La porto a s'amou Jano.
— « M'amou Jano, tenguètz, tenguètz.
Tenguètz, aquero bèro carpo,
— Q.ue diran moun pai e ma mai,
De bese aquero bèro carpo ?
DE LA GASCOGNE 399
CXIX
SUR LA PLAINE DE COLAYRAC
4
Sur la plaine de Colayrac (i) (bis),
Mon Dieu, il y a un si brave pêcheur (lus).
Il a pris la ligne et l'épervier.
Il s'en va pêcher le long de l'eau.
Par trois fois, il lance l'épervier.
Il attrape une belle carpe.
Il l'enveloppe dans son mouchoir blanc,
La porte à son amour Jeanne.
— « Mon amour Jeanne, tenez, tenez.
Tenez, cette belle carpe.
— Que diront mon père et ma mère,
De voir cette belle carpe ?
(i) Commune située près d'Agen, sur le bord de la Garotme.
400 POÉSIES POPULAIRES
— M'amou Jano, bous lous diratz
Qu'ètz passado a Coulairat,
Qu'ètz passado a Coulairat (bis).
Lous pescaires bous l'an baillado (bis). »
cxx
LOU MEN PAI
Lou raen pai qu'a nau agnèrous (bis),
Arrebiratz-me lous moutous,
Poulido bergèro.
Arrebiratz-me lous moutous, )
De cap a l'erbo. j ^ ■^'
Lou men pai qu'a hoèit agnèrous, etc.
DE LA GASCOGNE 40 1
— Mon amour Jeanne, vous leur direz
Que vous êtes passée à Colayrac,
Que vous êtes passée à Colayrac (bis).
Les pêcheurs vous l'ont donnée (i) (bis). »
(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et BruiUiois). —
Air n" 6.
cxx
MOX PERE
Mon père a neuf petits agneaux (bis).
Ramenez-moi mes moutons,
Jolie bergère.
Ramenez-moi mes moutons, f
Du côté de l'herbe. \ ^^"'^'
Mon père a huit petits agneaux, etc. (i)
(i) A chaque couplet, le nombre des agneaux diminue de
un. Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. les Chan-
sons de danse V, IX et XLVIL
m 26
402 POÉSIES POPULAIRES
CXXI
LA GOUIATO E LOU MOULIÈ
De bout! maitin me soui lèuado (his).
Dèchatz-me passa, soui pas maridado,
Dèchatz-me passa, soui a marida.
»
Dens lou casau m'en soui anado,
Coeille la rouseto muscade.
A la danse m'en soui anade.
Ma rouseto m'i èi tounibado.
Un joen mouliè que l'a amassado.
— « Mouliè, boi ma rose muscado.
— Se me pagatz, bous sera tournado.
— De paga soui embarrassado.
Nâni. Mes lèu esta burlade,
Que d'un mouliè esta'mbrassado.
Tout hario m'auré boutade.
(his).
DE LA GASCOGN'F 405
CXXI
LA JEUNE FILLE ET LE MEUNIER
De bon matin me suis levée (bis).
Laissez-moi passer, je ne suis pas mariée, )
T . . .... (bis)
Laissez-moi passer, je suis a marier. ) ^
Dans le jardin je m'en suis allée,
Cueillir la rose musquée.
A la danso m'en suis allée.
Ma rose j'ai laissé tomber.
Un jeune meunier me l'a ramassée.
— « Meunier, je veux ma rose musquée.
— Si vous me payez, elle vous sera rendue.
— De payer je suis embarrassée.
Nenni. Plutôt être brûlée,
Que d'un meunier être embrassée.
Il m'aurait mise toute farine.
404 POÉSIES POPULAIRES
— Bous auri ta plan broussado.
Dab uo espousseto daurado (bis). »
Dcchatz-me passa, soui pas maridado.
Dèchatz-me passa, soui a marida.
CXXII
L APRENTIS D AMOUR
« Là-bas, a la ribereto (bis).
L'amour ba, landerideto,
L'amour ba, landerida (bis),
Èi pausat uo sedeto,
Enta gaha uo lauseto.
— Que boulètz hè de la lauseto ?
— Que lou boi tira las plumetos,
DE LA GASCOGNE 405
— Je VOUS aurais si bien brossée.
Avec une brosse dorée (lis). »
Laissez-moi passer, je ne suis pas mariée.
Laissez-moi passer, je suis à marier (i).
(1) Dicté p.ir Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 364-65, La Gouyato et lou mouliè (Gascogne).
CXXII
l'apprenti d'amour
— « Là-bas, à la rivière (bis),
L'amour va, landeridette,
L'amour va, landerida (bis),
J'ai posé un collet,
Pour prendre une alouette.
— Que voulez-vous faire de l'alouette ?
— Je veux lui tirer les plumes,
406 POÉSIES POPULAIRES
Sengles per sengles, a l'oumbreto.
— Que boulètz hè de las plumetos ?
— Que boi escriue uo letreto.
— Que bouletz hè de la letreto ?
— La boi manda a ma mestresso.
— L'amour se hè pas per letreto ;
Qu'es uo causo trop secreto.
Bau millou hè jouguinadeto,
Dus a dus, per débat l'oumbreto (bis). »
L'amour ba, landerideto,
L'amour ba, landerida (bis).
DE LA GASCOGNE 407
Une par une, à l'ombre.
— Que voulez -vous faire de ces plumes ?
— Je veux écrire une lettre.
— Que voulez-vous faire de la lettre ?
— Je veux l'envoyer à ma maîtresse.
— L'amour ne se fait pas par lettre ;
C'est une chose trop secrète.
Mieux vaut jouer,
Deux à deux à l'ombre (his). »
L'amour va, landeridette
L'amour va, landerida (i) (Us).
(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac-
Moncaut, 390-92, L'Aprcndis d'amour (Gascogne). Voy. supr.,
p. 190-201, la Chanson de danse LVI, Là-bas dans le Vallon.
AIR N" I
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,- , M t,riMFF=i
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Lou men pai, la mio mai, Deri-di, N'a pas que jouhil-
le-to. M'embou-ion a la ma, De-ri-di,Pes-ca las an-gui-
1 j KMr-rrri rrrr M -rr-n j^
■-^'i «1' PPC ^-U-k' k- 1^ J -^,^g-HiL^.LJ^
letos : M'embonion a la ma, Deridi, Pes-ca las an-gui -le-tos.
4IO
POÉSIES POPULAIRES
AIR N" 2
(Métr.
. • = lOO).
^m^^¥&m3^i^=msi
m
A Pa-ris, i a u -otorto, Clues'enba bar - Un barlan
^^3Eid^S^^^
A Pa-ris, i a u-o tor-to, Que s'en ba bar - liu barlan.
^S
;— 1nrl>i
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*»:
S'en ba per tou - tos las bo-tos, Per se cer-ca un galant. Soun
1 al 1 1 — ^
cô lou bat, gue gue, Soun cô lou bat gat-menl.
DE LA GASCOGNE
411
AIR N" 5
fr*
Mf^^:^f^^mm^^m
Se tounoun la peillo d'un moutoun, Se la tounoun a l'oumbro
5^=^
çsase
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Q,uantrau-ountou-nu-do, La prau-bo pe — lu-do.
^§^
AIR No 4
Allegretto (Métr. J« = 108).
Hil - los de Billo - iia-uo, Digo doun gueladoun
^^^^EiM^É^^^^^a
dè-no, Hil - los de Billo - na-uo, Digo doun gueladoun
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^^^^^^
dè-no, Mai-tin lè-ua-dos soun, Digo doun gue la doundèno; Mai
412
POÉSIES POPULAIRES
tin lê-ua-dos souu, Digo doun, gue la doundoun; Mai-tin lèuados
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soun, Digo doun gue la doun-doun.
Allegretto (Métr
AIR N" 5
■ J. = u<
i6).
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Moussu eu- rèdou Caste - ra, Sai jou -ga delà guita-
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ra, Moussu eu - rè dou Caste - ra, Sai jou - ga de la gui-ta-
f r ' U-FrT""
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ra, Pren soun fil - sil, s'en bacas - sa. Sai jou - ga de la guita-
DE LA GASCOGNE
413
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^l::L^jj.|.i,-'j.|j^^
re-to, Sai jou - ga de la gui-ta - ra. Sai jou - ga de la guita-
-.1 J' i ; I J .^-^yfl^
re-to. Sai ion - ga de la gui-ta — ra.
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AIR N» 6
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Sur la pla - no de Cou-lai-rat, Sur la pla-no
Fin
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de Cou-lai - rat, Moun Diu i a'n pes - cal - re tant brà-
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be : Moun Diu i a'n pes - cai - re tant brà — be.
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POÉSIES POPULAIRES
N" 7
LA CLAIRACOISE (l)
Rondeau
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(l) Rondeau sans paroles, dont l'air est surtout populaire à
Clairac (Lot-et-Garonne).
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DE LA GASCOGNE
415
COURRENTOS OU FARANDOLES
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POÉSIES POPULAIRES
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DE LA GASCOGNE
417
N° 1 1
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FIN DU TOME TROISIÈME
III
27
ADDITIONS ET CORRECTIONS
A l'ensemble du présent recueil
Je n'ai pas l'intention de corriger ici toutes Us
fautes, et moins encore de combler toutes les lacunes,
que l'on pourra signaler dans mes Poésies populaires
de la Gascogne. Mon ambition serait satisfaite, si je
tirais parti des observations que des juges autorisés
ont bien voulu m'adresser, soit après avoir lu le pre-
mier volume, soit api'ès avoir examiné les épreuves
des deux autres, qui vont paraître simultanément.
C'est pourquoi, je donne ici les remarques concernant
mes deux premiers tomes. Celles qui concernent le
dernier, me sont arrivées presque toutes à temps, pour
pouvoir être utilisées à leurs places naturelles.
420 ADDITIONS ET CORRECTIONS
TOME I
Page IV, ligne 22. « Dans ce recueil, chaque poésie
est rapportée constamment au fournisseur responsable. »
On s'étonnera peut-être du nombre relativement restreint
de personnes dont j'invoque le témoignr.ge. Certes, j'en
ai interrogé bien davantage ; mais je n'ai crii devoir
nommer que celles dont les communications méritaient
la préférence.
Page XI, ligne 17. « Les Cris d'enterrement, » qui
se perdent en Gascogne, sont encore usités dans le
Vivarais. Le fait m'est attesté par un littérateur origi-
naire de ce pays, M. Firmin Boissin, rédacteur en chef
du Messager de Toulouse.
Page xni, ligne 15. « Le repas fini, les assistants
s'agenouillent et prient Dieu pour l'âme du mort. »
J'ai oublié de dire que l'on se tourne, pour prier, vers
la chambre où est mort celui qu'on vient d'ensevelir.
Page 2, vers 3 et 6 : au lieu de « leuat », levé, lire ;
« lèuat. »
Pages 8 et 9, Oraison m, Pater blanc, ajouter aux ré-
férences : Mélusine, 308-9 (Charente).
Pages 26-31, Oraison vin, Prière du soir. En visant
note i, p. 31, la Mélusine, j'ai eu le tort d'attribuer à
la Charente une pièce qui appartient à l'Amiénois.
ADDITIONS ET CORRECTIONS 421
Pages 44-47, Oraison xv, La Planchette. On nie
communique, au dernier moment, cette variante age-
naise.
Enta ana au cèu,
I a uo palanqueto,
Qu'es tant estreteto
Qu'un peu de ma testeto.
Lou qui bien fara, »
Bien que passera.
Lou qui mau fara,
Que trabuquera.
Lou Diable se l'empourtera.
Pour aller au ciel,
II y a une planchette,
Qui est aussi étroite
Qu' un cheveu de ma tête.
Celui qui bien fera.
Bien passera.
Celui qui mal fera,
Trébuchera.
Le Diable l'emportera.
Pages 72-79, Oraison xxi, La trahison de Judas, p. 79,
note I. Cf. quelques vers de la pièce insérée dans la
Mélusine, 143 (Seine-et-Oise).
Pages 98-101, Oraison xxx , La Barbe-Dieu. Aux
422 ADDITIONS ET CORRECTIONS
références indiquées p. loi , note 2, ajouter : Revue
des langues Romanes, iv, 591.
Pages 103 -II, Oraison xxxi, Vie de sainte Margue-
rite, note I de la p. iio. Ajouter : Voy. dans les Mémoi-
res de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse, de 1875, la Vie de sainte Marguerite, en vers
romans, publiée par le Docteur Noulet. Il en a été fait
un tirage à part de 31 pages.
Pages 144-47, Noël vu, N'es bengtit un messatjè.
L'abbé Paul Tallez me signale, pour l'Armagnac, une
addition après les trois premiers vers de la p. 146.
Lous anjous ac an sabut.
Touto la nèit an courrut.
N'an courrut de pès, de grapos,
Pourta llèits e mes las capos.
Las pastouros, eu arriba,
S'auançauon en dansa.
Jousèp lous digouc : « Mainados,
Cau pas hè tant de gambados. »
Les anges l'ont su.
Joute la nuit ils ont couru.
Ils ont couru debout, à quatre pattes.
Porter des lits et des capes.
Les pastourelles, en arrivant,
S'avançaient en dansant.
ADDITIONS ET CORRECTIONS 423
Joseph leur dit : « Jeunes filles,
Il ne faut pas faire tant de gamlades. »
Pages 148-55, Noël vin, Aiièit qu'es nechut. Variante
des vers 11 et 12 de la p. 152, signalée pour l'Arma-
gnac, par l'abbé Tallez.
— « Qu'où pourteras-tu, Fclip ?
— Uo campicho, uo perdic. »
— « Que lui porteras-tu, Philippe?
— Un hoche-queue, une perdrix. » .
Page 154. Variante des deux premiers vers, signalée
pour l'Armagnac, par l'abbé Tallez :
Uo molo de froumatge.
Enta amusa lou mainatge.
Utie meule de fromage,
Pour amuser l'enfant.
Pages 176-81, Pièce iv. La Bergère muette. A la
référence indiquée par la note i delà p. 181, ajouter la
suivante : Smith, dans le n° 13 de la Romania,
p. 1 10-12, La Bergère muette (Velay et Forez). « La cir-
constance de la lettre (trouvée dans la main de la ber-
gère morte et lue par le pape , dans la complainte de
M. Smith), se retrouve dans la complainte de saint
Alexis (St-Alèche), qu'on chante en notre pays (Velay
424 ADDITIONS ET CORRECTIONS
et Forez), laquelle complainte semble n'être qu'un ex-
trait rythmé de la légende du saint, laissée par Jacques
de Voragine. » Voir cette complainte dans la Romania,
n" 15, p. 442-44.
Pages 182-85, Pièce v, Marie-Madeleine. Aux réfé-
rences indiquées par la note i de la p. 185, ajouter les
suivantes : Briz, u, 99 , Santa Madalena (Catalogne) ;
Smith, Romania, n°' 15 et 16, p. 439-40, Chant de la
pénitence et de la rechute (Velay et Forez).
Pages i88-2o3, Pièce ^^I, VA eon. Ce mot termine le
premier vers de chaque couplet, coxnraz eleysonlt second.
J'ai vainement cherché ce que pouvait signifier A eon,
que j'ai copié tel qu'il est écrit.
Page 276, Pièce ix. Pendent la benedictioitn nouhiauo,
note I. Boule, voulait, donné comme forme langue-
docienne, estplutôtattribuableà l'Armagnac. Néanmoins,
on la trouve dans une partie du Condomois et du
Bruilhois, démembrés de l'Agenais primitif, compris
dans le domaine du dialecte languedocien. Même obser-
vation pour troubèrè, trouverai, p. 98, note i ; aué, avait,
p, 148, note I, etc.
Pages 316-325, La Sérénade. Cf. Smith, Un mariage
dans le Haiit-ForeT^, dans la Romania, rv, n° 36, p. 547-
70. L' épithalame du cordonnier est à peu près le même par-
tout, du pays Messin à la vallée d'Ossau. Il est fort
répandu chez les Basques.
N. B. — Les sept airs mis à la fin du tome I, sont empruntés
au recueil de P. Lambert, particulièrement recommandable sous
ADDITIONS ET CORRECTIONS 42^
le rapport musical. La mesure des deux premiers airs a été mo-
difiée, en changeant en deux temps ce que feu M. Lambertavait
mis en cinq-quatre.
Dans le catalogue des Recueils imprimés et manuscrits des poésies
populaires pour la Gascogne et les pays limitrophes, imprimé à la fin
du tome I, j'ai omis de signaler Mazure, Histoire du Béarn
(i vol. in-8°, Paris, 1859), où se trouvent quelques pièces. Je
dois indiquer aussi dans la Romania, n" 9, p. 88-102, le petit
recueil du comte de Puymaigre, Chants populaires de la Vallée
d'Ossau (Basses- Pyrénées). M. de Puymaigre mentionne dans son
travail une collection manuscrite d'un habitant de cette vallée,
le botaniste Gaston Sacaze. L'Histoire des races maudites, de
M. Francisque-Michel, contient aussi des chansons.
TOME II
Page vu de la Préface. « Les charivaris, souvent
compliqués de poursuites en simple police... » Sous l'an-
cien régime, nos municipalités gasconnes ne se faisaient
pas faute d'édicter contre les auteurs de charivari des
pénalités beaucoup trop sévères pour être sérieusement
appliquées. Je n'en veux d'autre exemple que cet extrait
d'une ordonnance insérée dans un livre de jurade d'Agen,
datant de la seconde moitié du xvi° siècle, et conservé
aux Archives municipales, BB, 30. Défense de faire des
assemblées « avec son de taborin, insolences et chalibari,
soyt por le premier, second et troisième mariage, et ce à
peine de dix mil livres », ce qui équivaut à plus de cent
mille francs de notre monnaie.
Pages 10-13, Romance m, Le Dite d'Épernon. Dans
426 ADDITIONS ET CORRECTIONS •
le texte gascon, le mot « agullo », aiguille, qui revient
plusieurs fois, devrait être écrit « aguillo », pour mar-
quer que les deux // sont mouillées.
Pages 44-49 , Romance xi, Cribete. A la référence
indiquée page 49, ajouter : Milà y Fontanals, La hija
(tel Mallorquin (Catalogne); Damase Arbaud, n, 73-78,
Fluranço (Provence).
Pages 72-75, Romance xvui, Pierre s'en va à l'armée.
Aux références indiquées p. 75, ajouter : Damase Ar-
baud, i, 117-19, P/erroi (Provence) ; Combes, 139 (Pays
Castrais) ; Milà y Fontanals, 155, La Muerte de la Novia
(Catalogne) ; Briz, i, 135, La mort de la Nuvia (Cata-
logne); Smith, Rom a nia , n° 25, p. 83-84, Pierre de
Grenoble (Velay et Forez).
Page 96, vers 9. Au lieu de « compagno », lire
« campagno », campagne.
Page 114-17, Romance xxi. Le Pâtre. Aux références
indiquées p. 117, ajouter : E. Buclion, 91, En reve-
nant de la foire (Franche-Comté).
Pages 116-21, Romance xxxu, Les Finesses de Marion.
Aux références indiquées p. 120, note i, et p. 121,
note I, ajouter : Damase Arbaud, 11, 152, Loti Jalons
(Provence) ; Daymard, Bulletin de la Société des Etudes
du Lot de 1874, 2= fascicule (Haut-Q.uercy) ; Puymaigre,
Romania, n'' 36, p. 397, a trouvé dans laVallée d'Ossau,
le même chant en Béarnais ; Ferraro, Canti Montcferrini,
93, Il marito geloso; Briz, 11, 69, La trapassera (Cata-
ADDITIONS I£T CORRECTIONS 427
logne) ; Smith, Romania, n° 36, p. 566-67, Oh, dis-moi,
Marion (Velay et Forez) ; Le Chroniqusur du Limousin
(Périgueux, 1853, p. 103); Pouvillon, Nouvelles réalistes
(Bas-Quercy), Paris, 1878; Ampère, Littérature et
Voyages, 1,485, a traduit un chant danois parallèle.
Pages 142-47, Romance xxxvin , La Damnée. Aux
références indiquées p. 147, ajouter : Luzel, Gwerxiou,
I, 45, Celui qui alla voir sa maîtresse en enfer (Basse-
Bretagne); Smith, Remania, n°^ 15 et 16, p. 449-50, La
Concubine (Velay et Forez).
Page 160, vers 6. Au lieu de « d'autes », lire
« d'aute », d'autre. A la page suivante, vers 6 de la tra-
duction française, lire « d'autre », au lieu de « d'autres ».
Page 186, vers 12. Au lieu de « basto », lire « bosto »,
votre.
Pages 190-93, Chanson d'amour xi. Petite Marguerite.
Aux références indiquées, p. 195, ajouter : Damase
Arbaud, n, 111-14, Fa/f/Jinic/o (Provence) ; Bujeaud, n,
188, L'amour de mon berger (Bas-Poitou); Beaurepaire,
p. 61, a donné La Couronne et Fleur des Chansons, d'a-
près le livre imprimé à Venise en 1536, pour Antonio
del Abate ; Laprade, Pernette, note 28 et suiv. ; Am-
père (Lyonnais et Auvergne) ; Smith, Romania, n" 25,
p. 81-82 , Pernette (Velay et Forez).
Pages 196-201, Chanson d'amour xin, Les reparties de
Marion. A la référence indiquée p. 201, ajouter :
Francisque-Michel, Le Pays Basque, 313 ; Caselli, Chants
428 ADDITIONS ET CORRECTIONS
populaires de l'Italie, 199 (Piémont); Ferraro, Canti
Monteferrini, 84; Smith, Romania, n° 25, p. 54-55,
L'Amant au laurier (Velay et Forez).
Pages 272-281, Chant spécial i, La Giùllonè. Outre les
références indiquées p. 281, consulter sur cet usage :
Dictionnaire des Proveries français, article Gilaneu ; Le Bi-
bliophile de l'Ouest de la France, juillet 1880, p. 1-4.
Pages 302-3, Chanson pour les petits enfants i, Les
cloches de Condom. M. Recours, notaire àAgen, me com-
munique, au dernier moment, une chanson analogue
recueillie à Barran, canton d'Auch (Gers), par l'abbé
Loumagne, curé de cette paroisse.
Tin tan,
La campano de Barran.
Qui la souno?
La Marmouno.
Couic ! couac !
La campano dou limac.
Tin tan,
La cloche de Barran.
Qui la sonne ?
La Mormone.
Couic ! couac !
La cloche de l'escargot.
Pour comprendre le dernier vers, il faut savoir que
la flèche du clocher de Barran est en spirale.
ADDITIONS ET CORRECTIONS 429
Pages 348-49, Récitatif m, Contre le hoqiiet. Cf. Revue
des langues Romanes, iv, 386.
N. B. — Tous les airs du tome II, sauf ceux qui portent les
numéros, 2, 3, 4, 7 et 9, ont étc recueillis et notés par feu
P. Lambert.
TOME III
Page 64, vers 3. Au lieu de « beut », lire : « beuut. «
Page 130, V. 2. Au lieu de « lieutenant », lire
« liutenant ».
Page 189, V. I, Au lieu de « fillette », lire « fil-
lettes ».
Page 264, V. 3. Au lieu de « campagne », lire
« campagne ».
Page 288, V. 5. Au lieu de « cambiatz bous, » lire
« cambiatz-bous ».
Page 304, V. II. Au lieu de « hujès », lire
« huges ».
Pages 402-5. Chanson de danse cxxi, La jeune fille
et le meunier. Cf. une variante recueillie dans le Pays
d'Albret, et imprimée dans La Légende du jeune Henri
de Navarre (Paris, 1878), p. 54-58.
N. B. Sauf les rondeaux n°s 4 et 5, et la farandole n" 9, tous
les airs de ce recueil sont empruntés au recueil de P. Lambert.
RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
A la liste des Recueils imprimés et manuscrits de Poésies popu-
laires pour la Gascogne et les pays limitrophes, imprimée dans le
t. I, p. 355-57, ajouter les ouvrages ci-après :
Métivier (vicomte de). De V Agriculture et du défrichement du
département des Landes. In-8°. Bordeaux, 1837. On y trouve
quelques renseignements sur les traditions populaires des Landes.
pRANCisaUE-MicHEL. Histoire des races maudites de France et
d'Espagne. 2 vol. in-8°. Paris, 1847. Cet ouvrage contient des
poésies populaires, en sous-dialecte béarnais, contre les Cagots,
classe fort méprisée en Gascogne , sous l'ancien régime. Ces
vieilles répugnances ne sont pas complètement éteintes.
Arnaudin (Félix). Cet honorable habitant de Labouheyrs
(Landes), a présenté récemment au Congrès scientifique de Dax,
deux recueils d'essai encore manuscrits, mais qui ne tarderont
pas à paraître. Le premier a pour titre Chants populaires de la.
Grande-Lande, texte grand-landais, traduction française et musique.
11 contient trente-cinq pièces, qui sont presque toutes des chansons
de danse (rondes). Le second recueil comprend dix Contes popu-
laires, texte grand-landais et traduction française. M. Félix Ar-
naudin, de qui je tiens ces renseignements, m'annonce qu'en
cas de succès, il donnera le résultat intégral de ses recherches
sur les traditions poétiques et prosaïques de son domaine. Je
n'ai pas lu les manuscrits de M. Arnaudin ; mais je lui souhaite
bonne chance.
TABLE
PnÉFACE I
CHANSONS DE DANSE
I. Sur la montagne J
II. Tout homme qui a bon voisin II
m. Quand Marion va au moulin 15
IV. La Femme à vendre 21
V. A notre pommier 25
VI. Les Filles de Saint-Gaudens 27
VII. Jean de La Réole 33
VIII. Dans la prairie 3S
IX. A Grenade 39
X. De bon matin 41
XI. L'amour et le souci 43
XII. La Fille du voisin 47
XIII. Le Roi d'Angleterre S r
XIV. Mon père, ma mère 5 J
432
TABLE
XV. Le Coucou
XVL Le Sonneur de cloches
XVn. Les Filandières
XVin. Les Impatiences
XIX. Les Jeunes filles du Pergain
XX. Les mauvais mariages
XXI. La Vieille
XXII. La Vieille de Monbran
XXIII. La Dame de Fleurance
XXIV. Le pauvre homme marié
XXV. La Boiteuse
XXVI. Les Foires d'Agen
XXVII. La Chardonnerette et le Pinson . . . .
XXVIII. Trop je suis mariée
XXIX. Le Moine
XXX. Tire, marinier, tire
XXXI. Mon père me marie
XXXII. Dans la ville de Crastes
XXXIII. En revenant de la fête patronale . . . .
X.XXIV. La Chèvre blanche
XXXV. La Chèvre
XXXVI. Jeannette
XXXVII. Ces Montagnes
XXXVIII. Mon père me marie
XXXIX. Petite oiselette
XL. Nous irons au pré
XLI. Le Chercheur de femmes
XLIl. La Femme coquette
XLIII. Ils tondirent la toison d'un mouton
XLIV. Le fer d'âne
57
6i
63
«7
71
75
79
85
89
95
99
lOI
105
109
113
"5
117
121
125
129
133
135
139
141
141
145
147
151
15 5
157
TABLE 433
XLV. L'Ane et la Servante 159
XLVL Jean de Nivelle 167
XLVIL A cette danse 171
XLVIIL Au bout de la danse I7Î
XLIX. Le Troupeau 175
L. Le Mariage de Catinon 177
LL A Monbran iSi
LIL Le Pâtre complaisant 185
Lin. Quand j'éuis jeune pastourelle 189
LIV. Notre Mariée 19}
LV. La Gardeuse de brebis 19S
LVL Là-bas, dans le vallon 199
LVIL La Pastourelle coquette 201
LVIIL La petite boiteuse 205
LIX. Si j'avais ici 207
LX. Le petit marchand m
LXL L'Oiseau blessé 21}
LXIL L'autre jour 21$
LXIIL Les Filles à la fontaine 2x7
LXIV. La Fête patronale au Castéra 223
LXV. Les Ennuis de Marion 225
LXVL Du temps que j'étais enfant 231
LXVn. Je me suis mise en danse 23S
LXVin. Le Marché à Estang 239
LXIX. Le Meunier préféré 241
LXX. Petite brunette 24$
LXXL Le Curé du Castéra 247
LXXIL L'autre jour 251
LXXIIL Jeanne 253
LXXIV. Filles de La Rochelle 257
m 28
434 TABLE
LXXV. La Fille enjouée 261
LXXVL Qjiand mon père 26 5
LXXVIL Le Maréchal du village 265
LXXVIIL Le Goinfre 267
LXXIX. Bâte l'ânesse 269
LXXX. La Fuite 273
LXXXL La Veuve 277
LXXXIL Les Femmes de Mirande 279
LXXXin. Le Gros de Prouciiielle 283
LXXXIV. Le Gapitaine de Gasteljaloux 287
LXXXV. Le Noce de la puce 291
LXXXVL L'autre jour, je m'en allai 295
LXXXVn. Le Pâtre valet 299
LXXXVIII. La Menace 303
LXXXIX. D'où venez-vous ? 307
XG. La Noce de Simon 309
XCL Mon père m'a mariée 313
XCIL Le Forgeron de Saint-SauN-y 317
XCIIL Les trois jeunes filles 321
XGIV. Veux-tu te marier, Rosette? 323
XGV. L'épine au pied 3^7
XCVL L'Amoureux 331
XGVIL Ramonet se marie 333
XCVIII. Je m'en allais promener 337
XCIX. Le Valet d'hôtellerie 339
G. Romain 34i
CL Les trois moulins 345
GII. On sciera 347
CIIL Si jamais je me marie Î49
CIV. Ils ne vont pas à la guerre 351
TABLE 43 S
CV. U-bas 355
CVI. Mon père me marie 359
CVII. La Servante et le Bouvier 361
CVm. Le Fils du roi de France 365
CIX. Les deux pâtres 3^9
ex. La Nonne malade 375
CXL Au pré de Rose 375
CXIL De bon matin me suis levée 377
CXIIL Adieux à Lectoure 381
CXIV. J'ai mon homme qui a les fièvres 383
CXV. Jeaimeton, allons 387
CXVL A Clairac, il y a un meunier 389
CXVIL Landeridi 393
CXVin. Sur la mer 395
CXIX. Sur la plaine de Colayrac 399
CXX. Mon père 401
CXXI. La jeune fille et le meunier 403
CXXIL L'apprenti d'amour 405
MusiauE 409
Additions et Corrections 419
Achevé d'imprimer h 24 juin 1S82
par E. Cagniard imprimeur à Rouen
pour Maisonneuve & C''
libraires-éditeurs
à Paris
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