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Full text of "Les littératures populaires de toutes les nations; traditions, légendes, contes, chansons, proverbes, devinettes, superstitions"

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LES 

LITTÉRATURES    POPULAIRES 


TOME  VII 


LES 


LITTÉRATURES 

POPULAIRES 

DE 

TOUTES    LES    NATIONS 


TRADITIONS,    LÉGENDES 

CONTES,    CHANSONS,    PROVERBES,    DE\'INETTES 

SUPERSTITIONS 

TOME  VII 


PARIS 
MAISONNEUVE    ET    C'%   'EDITEURS 

25,      QUAI     VOLTAIRE,      25 
1882 

Tous  droits  réservés 


POÉSIES    POPULAIRES 
DE   LA   GASCOGNE 


TOME  in 


POÉSIES  POPULAIRES 


DE 


LA   GASCOGNE 


PAR 


M.  Jean-François   BLADÉ 


TOME  m 

CHANSONS    DE    DANSE 


PARIS 

MAISONNEUVE   ET    C'%  ÉDITEURS 

25,     QUAI     VOLTAIRE,     25 
1882 

Tous  droits  réservés 


PRÉFACE 


|E  troisième  et  dei-nier  volume  des  Poésies 
populaires  de  la  Gascogne  est  exclusive- 
ment réservé  aux  Chansons  de  danse.  Je 
suis  tenu  d'expliquer  au  lecteur  comment  ce  genre  de 
poésies  s'adapte  à  sa  destination. 

Et  d'abord,  je  n'ai  rien  à  dire  des  quadrilles, 
valses,  polkas,  et  attires  danses  importées,  que  nos 
paysans  gascons  ignoraient  encore  il  y  a  cinquante  ans. 
Je  n'ai  pas  à  parler  non  plus  du  Saut,  dont  l'usage 
est  limité  au  Pays  Basque  et  au  Béarn,  exclus,  comme 
je  l'ai  déjà  dit  ailleurs,  du  domaine  de  mes  recherches. 
Quelques  lignes  suffiront  pour  la  Farandole,  dont  la 


II  PRÉFACE 

description  a  été  déjà  faite  bien  des  fois.  La  Farandole, 
dite  en  gascon  la  Courante  (Courrento),  n'est  guère 
en  honneur  que  dans  la  portion  orientale  de  mon 
domaine  contiguë  au  Languedoc  et  au  Bas-Quercy.  Il 
y  a  des  localités  oii  les  hommes  seuls  figurent  dans 
cette  danse,  et  d'autres  où,  les  femmes  y  sont  admises. 
La  Farandole  ne  comporte  pas  de  chansons.  Elle  n'a 
lieu  qu'au  son  du  fifre  ou  du  violon ,  souvent  scandé 
par  un  tambour  battant  la  mesure.  On  trouvera  dans 
la  Musique  du  présent  volume  (Airs  w  8-11)  quatre 
de  ces  mélodies,  sur  lesquelles  on  peut  aussi  danser  le 
rondeau  (branle,  arroundèu,  roundèu),  seule  figure 
de  chorégraphie  à  la  fois  populaire  et  générale  en  Gas- 
cogne. 

Comme  son  nom  l'indique,  le  rondeau  se  meut  en 
cercle,  tantôt  au  son  des  instruments,  tantôt  à  la  voix 
des  danseurs,  chantant  toujours  à  l'unisson.  A  ce 
propos,  j'ai  hâte  d'ajouter  que  l'unisson  est  de  règle 
dans  les  poésies  chantées,  sauf  un  très-petit  nombre 
de  pièces  d'origine  récente,  et  visiblement  empreintes 
de  l'influence  des  Orphéons. 

Les  modernes  instruments  de  cuivre  sont  d'un  em- 
ploi très-peu  fréquent  pour  danser  en  rond.  Ceux  dont 
on  use  le  plus  volontiers,  sont  la  vielle,  le  violon,  le 
fifre  et  le  flageolet.  Au  besoin,  on  s'accommode  de  la 


PRÉFACE  m 

guimbarde.  L'usage  du  petit  hautbois  désigné,  selon 
les  contrées,  sous  les  noms  de  clarin  ou  rf'amboèso,  est 
circonscrit  à  la  Gascogne  languedocienne,  et  à  une 
portion  des  Pyrénées.  La  musette  ne  résonne  guère  en 
dehors  de  la  région  Landaise,  d'oii  n'ont  pas  encore 
disparu  le  tympanon  et  la  flûte  à  deux  ou  trois  trous, 
dont  on  ne  veut  guère  plus  dans  le  reste  de  ma  pro- 
vitwe.  Le  tympanon  est  une  étroite  et  longue  caisse 
d'harmonie,  percée  d'un  trou  rond  aie  milieu.  Six  à 
huit  cordes  de  tons  divers,  vibrent  toutes  à  la  fois, 
sous  un  petit  bâton,  que  le  ménétrier  tient  de  la  main 
droite,  tandis  que  l'instrument  repose  attaché  sur 
l'épaule  gauche.  L'autre  main  sert  à  manœuvrer  la 
flûte,  dont  le  bruit  monotone  du  tympanon  scande  la 
mélodie,  forcément  restreinte  à  quelques  notes  aiguës. 
La  plupart  de  nos  anciens  ménétriers,  étaient  hors 
d'état  de  déchiffrer  une  portée  de  la  musique  la  plus 
simple.  Certains  de  leurs  successeurs  sont  assurément 
plus  avancés.  Mais  bon  nombre  d'instrumentistes 
ruraux,  jouent  encore  en  simples  praticiens,  et  n'ap- 
prennent qu'en  tâtonnant  les  airs  de  rondeaux,  assortis, 
ou  non  de  paroles.  A  ce  métier,  qui  rarement  est  leur 
principal  çagne-pain,  la  plupart,  doués  d'un  véritable 
instinct  mélodique,  ne  tardent  pas  à  faire  montre 
d'habileté  manuelle. 


IV  PRÉFACE 

Les  bénéfices  des  ménétriers  proviennent  des  bals 
publics  ou  privés.  Quand  les  danses  ont  lieu  dans 
des  salles,  les  rondeaux  obtiennent  rarement  aujour- 
d'hui la  même  faveur  que  les  danses  importées.  Les 
partisans  encore  nombreux  des  vieux  usages  s'accom- 
modent plus  volontiers  de  la  halle  du  village  en  temps  de 
pluie,  de  la  promenade  publique  aicbeau  temps.  Dans  les 
communes  rurales,  les  bals  commencent  aux  approches 
du  Carnaval,  et  finissent  le  Mercredi  des  Cendres.  Ils 
reprennent,  avec  moins  d'animation,  dans  la  seconde 
quinzaine  d'avril,  et  sont  à  peu  près  abandonnés  au 
temps  des  fortes  chaleurs.  On  ne  danse  guère  que  le 
dimanche,  et  le  jour  de  la  fête  patronale  (hoto),  depuis 
la  sortie  des  vêpres  jusqu'aux  approches  de  la  nuit.  Le 
musicien  est  uniquement  rétribué  par  les  jeunes  gens, 
dont  chacun  lui  remet  une  pièce  de  billon,  à  moins 
que  le  conducteur  du  rondeau  ne  paie  tout,  pour  faire 
honneur  à  la  danseuse  qu'il  a  choisie. 


* 
*  * 


VOILA  pour  les  bals  en  mtisique,  où  parfois  encore 
les  danseurs  font  taire  un  moment  l'instrumen- 
tiste, et  tourbillonnent  au  son  de  leurs  propres  voix. 


PRÉFACE 


Mais,  en  général,  on  ne  danse  aux  chansons  que  faute 
de  mieux,  par  exemple  en  temps  de  vendanges,  ou  les 
soirs  d'hiver,  che^  quelque  riche  paysan,  qui  ne  craint 
pas  trop  de  brider  son  bois  et  son  huile,  ni  de  régaler 
ses  hôtes  d'un  verre  de  vin  blanc  doux. 

Il  s'agit  maintenant  de  bien  préciser  comment  se 
danse  et  se  chante  simultanément  le  rondeau. 

J'ai  déjà,  dit  que  cette  figure  s'exécute  en  rond.  Le 
rondeau  est  conduit  ou  mené  (amiat)  par  un  danseur 
qui  donne  la  main  droite  à  une  danseuse,  laquelle 
donne  la  droite  à  un  autre  danseur,  et  ainsi  de  suite 
jusqu'à  ce  que  le  personnel  chorégraphique  soit  au  com- 
plet. Cependant  il  n'est  pas  rare  de  voir,  au  milieu 
ou  à  la  fin  d'un  rondeau,  deux  ou  trois  danseuses  se 
donnant  la  main,  ce  qui  n'arrive  jamais  pour  les 
danseurs.  Quand  la  danse  circulaire  a  lieu  toujours 
en  avançant,  c'est  le  rondeau  simple.  Quand  la  ronde 
est  coupée  par  intervalles  de  mouvements  de  recul, 
c'est  la  Ressegado  on  sciage,  oîi  le  mouvement  en 
avant  est  du  reste  très  supérieur  à  celui  qui  se  produit 
ensuite  en  arrière.  Tous  les  airs  de  danse  ne  se  prêtent 
pas  également  à  la  Ressegado  ;  et  on  choisit,  pour  s'y 
livrer,  les  chants  oti  les  couplets  sont  les  plus  longs. 
Après  avoir  entonné  et  donné  le  signal  de  départ  en 
avant,  le  chef  de  danse,  qui  d'habitude  est  aussi  le 


VI  PRÉFACE 

chef  de  chant,  indique  le  mouvement  de  recul,  sur  tel 
ou  tel  vers  pris  dans  la  suite  du  couplet.  Cet  avertis- 
sement est  aussitôt  mis  à  profit  par  les  autres  dan- 
seurs, qui  sont  ainsi  avertis  une  fois  pour  toutes,  et 
qui  rétrogradent  spontanément,  aux  couplets  suivants , 
quand  revient  la  portion  de  plorase  poétique  et  musicale 
primitivement  marquée  par  une  indication  de  recul. 

La  danse  en  une  seule  ronde,  est  surtout  avantageuse 
poîir  ceux  qui  sont  le  plus  rapprochés  de  l'homme  qui 
la  conduit.  Plus  loin,  les  sauts  en  cadence  deviennent 
difficiles  et  même  impossibles,  si  les  danseurs  sont  trop 
nombreux.  C'est  pourquoi  la  ronde  se  meut  souvent 
par  petits  groupes,  dont  le  minimum  est  de  trois 
personnes,  une  femme  tenant  un  homme  de  chaque 
nmin. 

Parlons  maintenant  du  chant,  qui  s'exécute  en 
même  temps. 

Je  viens  de  dire  que  le  chef  de  danse  est  habituelle- 
ment celui  du  chant.  Quand  on  déroge  à  cette  règle, 
c'est-à-dire  quand  le  chanteur  ou  la  chanteuse  se 
trouvent  à  une  distance  variable  du  chef  de  danse,  les 
choses  se  passent,  sous  le  rapport  musical,  absolument 
comme  si  celui  qui  conduit  la  ronde  était  aussi  le  chej 
de  chant. 

Donc,  avant  de  donner  le  signal  du  départ,  le  chef 


PRÉFACE  VII 

de  danse  et  de  chant  entonne,  presque  toujours  au  repos, 
la  première  partie  du  premier  cotiplet,  que  tous  les 
autres  danseurs  répètent  aussitôt,  pendant  qu'ils 
marquent  la  mesure  en  balançant  leurs  mains  enlacées. 
Après  cet  avertissement,  donné  une  fois  pour  toutes, 
la  danse  et  le  chant  continuent  comme  je  vais  dire, 
pour  ne  finir  qu'avec  la  chanson. 

Le  chef  de  danse  et  de  chant,  met  la  ronde  en  branle 
avec  la  première  partie  du  couplet  initial,  que  la  masse 
des  danseurs  répète  aussitôt.  Cela  fait,  le  chef  passe, 
si  la  chanson  le  comporte,  à  la  portion  du  couplet  qu'il 
doit  dire  seul,  et  que  suit  incontinent  le  refrain,  répété 
par  les  danseurs.  Beaucoup  de  rondeaux  se  composent 
de  couplets  formés  de  deux  ou  de  quatre  vers  de  même 
mesure,  sans  compter  les  intercalations  et  additions 
uniformes,  qui  reviennent  régulièrement,  et  aux  mêmes 
places.  En  ces  cas-là,  on  forme  la  première  partie  du 
second  couplet  par  voie  de  répétition.  Selon  que  la 
chanson  comporte  des  couplets  de  quatre  ou  de  deux 
vers,  on  prend  les  deux  derniers  ou  le  dernier  vers  du 
premier  couplet,  pour  y  en  ajouter  deux  antres,  ou  un 
seul. 

Un  exemple  mettra  ces  explications  en  pleine  lu- 
mière. Je  l'emprunte  à  la  Chanson  de  danse  LXXI, 
p.  246- p,  intitulée  :  Lou  curé  dou  Castera. 


VIII  PRÉFACE 


CHEF  DE    DANSE    ET     DE  CHANT 

Moussu  curé  dou  Castera, 
Sai  jouga  de  la  guitara. 

DANSEURS 

Moussu  curé  dou  Castera, 
Sa     jouga  de  la    guitara. 

CHEF  DE  DANSE  ET  DE  CHANT 

Pren  soun  fusil,  s'en  ba  cassa. 
Sai  jouga  de  la  guitareto  : 
Sai  jouga  de  la  guitara. 


Sai  jouga  de  la  guitareto. 
Sai  jouga  de   la  guitara. 

CHEF  DE  DANSE  ET  DE  CHANT 

Pren  souu  fusil,  s'en  ba  cassa. 
Sai  jouga  de  la  guitara. 

DANSEURS 

Pren  soun  fusil,  s'en  ba  cassa. 
Sai  jouga  de  la    guitara. 


PRÉFACE  IX 


CHEF     DE    DANSE      ET    DE    CHANT 

Perdics,  ni  lèbes  trobo    pas. 
Sai  jouga  de  la  guitareto  : 
Sai  jouga  de  la  gnitara. 

DANSEURS 

Sai  jouga  de  la  guitareto. 
Sai  jouga  de  la  guitara. 

Et  ainsi  de  suite  pour  tout  le  reste  de  la  chanson, 
qui  est  de  celles  oii  la  danse  peut  se  modifier  en  Resse- 
gado  ou  sciage,  dont  il  a  été  déjà  question.  En  ce  cas, 
la  ronde  s'ébranle  en  avant  durant  les  deux  premiers 
vers,  chantés  par  le  chef  de  danse  et  de  chant,  et  recule 
pendant  qu'ils  sont  répétés  par  les  danseurs.  Cela  fait, 
le  mouvement  en  avant  recommence,  jusqu'à  la  fin  du 
couplet. 

Ces  explications  suffisent  amplement.  Je  dois  aussi 
prévenir  le  lecteur  que  les  chansons  de  danse  sont  dis- 
posées, dans  le  présent  volume,  suivant  l'ordre  dé- 
croissant, en  n'ayant  égard  qu'au  nombre  de  vers  qui 
composent  les  couplets,  et  au  besoin  à  la  quantité  syl- 
labique  des  vers.  Ce  mode  de  classement,  déjà  adopté 
pour  certaines  parties  du  tome  II,  a  l'inconvénien 


PRÉFACE 


de  séparer  parfois  des  pièces  que  leurs  analogies  de- 
vraient réunir  ;  mais  alors,  j'ai  obvié  par  des  réfé- 
rences à  cet  inconvénient  Jorcé. 

Encore  un  mot.  Ici,  comme  dans  le  second  volume, 
j'ai  signalé  les  répétitions  de  vers  par  des  bis,  typo- 
graphiquement  limités  aux  premier  et  dernier  couplets 
de  chaque  pièce. 


*  * 


VOILA  les  explications  spéciales  que  fêtais  tenu 
de  fournir,  en  tête  de  ce  troisième  et  der- 
nier tome  des  Poésies  populaires  de  la  Gascogne. 
Demain,  le  public  jugera,  dans  son  entier,  ce  Recueil 
QÎi  les  communications  de  tant  d'amis  sont  venues 
grossir  le  résultat  de  plus  de  vingt  ans  de  recherches 
personnelles.  Certes,  mes  compatriotes  attesteront  une 
fois  de  plus  ma  pleine  sincérité.  Mais  les  critiques 
trouveront,  sans  effort,  ample  matière  à  censure,  dans  la 
mise  en  œuvre,  l'agencement  et  les  notes  des  textes  que 
fai  rassemblés.  Il  est  passé,  le  temps  oit  je  redoutais 
plus  qu'il  ne  faut  ces  sévérités,  d'ailleurs  salutaires. 
Perdu  dans  mes  souvenirs,  je  relis  encore  une  fois  les 
vieilles  chansons  de  ma  proviwe.  Sans  doute,  je  n'ai 


PRÉFACE  XI 

pas  rempli  tout  mon  devoir,  et  je  mérite  que  l'entre- 
prise d'un  autre  fasse  quelque  jour  oublier  la  mienne. 
A  celui  qui  viendra,  je  souhaite  ce  qui  m'a  manqué, 
et  je  dis  du  meilleur  et  du  plus  pv/ond  de  mon  âme  : 
«  Hâte-toi.  Le  temps  presse.  Jl  sera  trop  tard  de- 
main. Écoute  les  enfants  qui  chantent  : 


Nous  n'irons  plus  au   bois  : 
Les   lauriers  sont  coupés. 


«  Moi  feu  arrive,  pour  n'y  retourner  jamais.  Adieu, 
senteurs  amères  de  l'aubépine  d'avril,  baume  des 
vieux  chênes  rajeunis  au  souffle  des  vents  printaniers. 
Encore  une  fois  adieu,  grands  champs  de  blé  pleins  de 
coquelicots  et  de  bluets,  iris  jaunes,  blancs  nénuphars 
épanouis  au  bord  des  fontaines  oii  chante,  vierge  et 
jaillissant,  le  flot  de  la  poésie  populaire.  Mes  fleur  s  sont 
lices  à  peine,  et  déjà  je  dois  songer  aux  traditions 
prosaïques  de  mon  pays.  Sur  la  fin  de  ce  labeur,  je 
reviendrai  peut-être  cueillir  encore,  au  bord  des  che- 
mins, quelques  pâles  scabieuses  d'automne.  Et  puis, 
sans  repos  ni  trêve,  je  cheminerai  parmi  les  marnes 
paysages  de  l'histoire  provinciale,  où,  la  mort  me  bri- 
sera dans  ma  tâche  inachevée,  » 


XII  PRÉFACE 

Tel  je  songeais,  l'autre  soir,  dans  la  solitude  et  le 
silence  d'un  humble  Musée  de  province.  Là,  parmi 
cent  modernes  produits  de  l'art  bête  et  ministériel,  je 
sais  une  œuvre  fière,  où,  le  crayon  de  l'artisan  déroula, 
dans  son  entier,  la  pompe  triomphale  d'un  César  de  la 
vieille  Rome. 

Regarde^.  Les  temples  sont  ouverts.  L'encens  fume 
devant  les  statues  des  Dieux  décorées  de  fleurs  et  de 
feuillages.  Le  peuple  bat  les  gradins,  et  monte  jusqu'au 
faîte  des  demeures  patriciennes.  A  la  porte  Capène, 
magistrats  et  sénateurs  ont  rallié  le  cortège.  Les  trom- 
pettes résonnent.  Voici  les  chariots  chargés  de  butin, 
les  images  des  provinces  conquises  et  des  nations  vain- 
cues. Voici  les  joueurs  de  flûte,  les  bœufs  blancs  aux 
cornes  dorées,  conduits  par  les  victimaires  portant  les 
couteaux  sacrés.  Sous   les  crachats  et  les  huées  de  la 
canaille,  le  roi  train  par  la  fortune  chemine  parmi 
ses  proches  et  ses  serviteurs  enchaînés. 
—  <<  Gloire  à  César  victorieux  !  » 
Et  César,  licteurs  en  avant,  triomphe,  campé  sur 
son  sceptre,  dans  son  quadrige  d'ivoire.   Sur  sa  tête 
laurée,   l'esclave   insulteur  balance  la  couronne  d'or 
étrusque.  «  Respice  post  te.  Hominem  mémento 
te.  »  Après  le  char,  se  ruent  les  chefs  et  les  soldats, 
brandissant  leurs    rameaux  verts.  «  Jo  triumphe. 


PRÉFACE  XIII 


lo  triumphe.  »  Et  les  chansons  militaires  reten- 
tissent, sarcastiques  ou  louangeuses,  avec  les  hymnes 
aux  Dieux. 

Dans  cette  œuvre,  faite  de  l'insolence  des  vain- 
queurs et  de  la  misère  des  captifs,  je  sais  où.  trouver 
ceux  que  j'aime. 

—  <<  Alle^, patriciens  serviles,  tribuns  militaires  et 
centurions  rapaces,  légionnaires  avinés.  Triomphe, 
ô  César,  dans  ton  officielle  et  stupide  majesté. 

a  Salut,  noble  roi  vaincu,  fusqu'au  bout,  tu  porte- 
ras, droite  et  fière,  la  tête  promise  au  licteur. 

«  Mais  tes  proches,  tes  amis  des  jours  prospères, 
n'auront  pas  le  même  destin.  Tournés  vers  le  char  triom- 
phal, ils  supplient  et  tendent  les  mains  : 

—  ((  Pitié,  divin  César!  La  vie!  Laisse-nous  la 
vie.  » 

Le  clément  empereur  fera  grâce.  Avec  son  légat , 
ces  traîtres  retourneront  d'oii  ils  viennent.  Par  eux 
sera  consommée  la  ruine  de  la  patrie. 

—  (<  Salut  aussi,  vieux  barde  à  la  lyre  étrange  et 
barbare.  Serviteur  libre  et  fidèle,  tu  te  souviens,  et  tu 
regardes  ton  roi  captif.  Pourtant,  tu  ne  mourras  pas. 
César  te  gardera  piisonnier  dans  Rome.  Tout  le  jour, 
tu  vivras  courbé  sur  ton  labeur  dur  et  servile.  Mais 
le  soir,  tu  retrouveras  ta  lyre.  Je  te  vois,  au  bord  du 


XIV  PRÉFACE 


Tihre  jaune,  jetant  au  vent  de  la  terre  étrangère  les 
vieux  airs  qu'on  oublie  là-bas.  Parfois,  s'arrêtent 
quelque  lettré,  disciple  d'Auîu-Gelle,  quelque  patricien 
désœuvré. 

—  «  Vieil  esclave,  chante  encore. 

—  ((  Passe  ton  chemin,  grammairien  curieux. 
Passe,  illustre  sénateur.  Je  chante  ce  qui  ne  vit  plus 
que  dans  mon  âme.  Je  pleure  mes  Dieux  brisés,  tnon 
roi  vaincu,  mon  peuple  aboli.  Passe:(.  Demain,  la 
mort  me  fera  libre.  Demain,  ma  lyre  sera  muette. 
Alors,  alle\  dire  à  votre  César  que  le  vieux  barde 
emporte  dans  la  tombe  les  chansons  des  ancêtres,  et 
que  le  nom  même  de  sa  race  est  à  jamais  effacé  de  la 
mémoire  des  hommes.  » 


Jean-François  BLADÉ. 


Agcti,  ce   2   titars  18S2. 


PRINCIPAUX    OUVRAGES    CONSULTES 

POUR    LES    RÉFÉRENCES    DU    TOME    III 


Inslructions  relatives  aux  poésies  populaires  de  la  France.  In-S". 
Paris,  1853. 

Rnnie  des  langues  romanes.  In-8°.  Montpellier.  Commence  en 
1860. 

Combes  (A.).  Chants  populaires  du  Pays  Castrais.  In-12.  Castres, 
1862. 

Damase  Arbaud.  Chants  populaires  de  la  Proi'ence.  2  vol.  in-12. 
Aix,   1862-1864. 

Tarbé.  Romancero  de  Champagne.  5  vol.  in-8°.  Reims,  1863-1864. 
Les  poésies  populaires  occupent  le  tome  II. 

DoRRiEUx.  Chants  et  chansons  populaires  du  Camhrésis,  dans  le 
tome  XXXV'III  i'^  partie,  des  Mémoires  de  la  Société  d'ému- 
lation de  Cambrai.  In-8°.  Cambrai,   1864. 

Champfleury  et  Wekerlin.    Chansons  populaires  des  prcn>inces  de 

France.  Gr.  in-8°.  Paris,  1865. 
Gagnon  (E.).  Chansons  populaires  du  Canada.  Gr.   in-8°.  Québec, 

186). 

Puymaigre  (Comte  de).  Chants  populaires  recueillis  dans  le  Pays 
Messin.  1.1-8°.  Paris,  1865. 

Bujeaud(J.).    Chants  cl  chansons  populaires  disprovinces  de  l'Ouest. 

2  vol.  gr.  in-8°.  Paris,  1865. 
Cénac-Moncaut.  Littérature  populaire  de  la  Gascogne.  1  vol.  in-12. 

Paris,  1868. 

BucHON    (M.).    Chants  populaires   de    la  Franche-Comté.    In-12. 

Paris,  1878. 
Gaidoz  et  Rolland.  La  Mélusine.  In-4°.  Paris,  1878. 

Bladé  (J.  F.).  Poésies  populaires  en  langue  française,  recueillies 
dans  l'Armagnac  et  l'Agenais.  In-B°.  Paris,  1879. 

Montel  et  Lambert.  Chants  populaires  du  Languedoc,  i  vol.  in-8". 

Paris,  1880. 
Sébillot   (Paul).  Littérature  orale  de   la   Haute-Bretagne.   1    vol. 

in-12.  Paris,  1881. 
Rolland.  Almanach  des   traditions  populaires  de   la  France.  in-iS. 

Paris,  1882. 


m 


CHANSONS    DE    DANSE 


m 


CANSOUS  DE  DANSO 


SUR    LA   MOUNTAGKO 


—  «  Sur  la  mountagno,     } 
Ma  maire  (i),  j 

Sur  la  mountagno, 

Sur  la  mountagno, 

Que  jogon  dou  biuloun. 
Ma  maire. 

Sur  la  mountagno,  ) 


(bis). 


Que  jogon  dou  biuloun.    ) 


(bis). 


(i)    Maire,    mère,    expression    languedocienne  ;    en    gascon, 
tnai. 


CHANSONS  DE  DANSE 


SUR    LA    MONTAGNE 


«  Sur  la  montagne,     } 


Ma 


mère. 


i  (7'/^-;. 


Sur  la  montagne, 
Sur  la  montagne, 
On  joue  du  violon. 

Ma  mère, 
Sur  la  montagne ,       } 
On  joue  du  violon.    ) 


(lus). 


POÉSIES   POPULAIRES 


—  Se  jogon  goaire. 
Ma  maire. 

Se  jogon  goaire, 
Se  jogon  goaire, 
I  bau  dansa  un  roun. 

Ma  maire, 
Se  jogon  goaire, 
I  bau  dansa  un  roun. 

—  Se  bas  en  danso, 
Ma  hillo. 

Se  bas  en  danso, 
Se  bas  en  danso, 
Pren  goardo  au  bastoun. 

Ma  hillo. 
Se  bas  en  danso, 
Pren  goardo  au  bastoun. 

—  Se  me  bat  moun  orne. 
Ma  maire. 

Se  me  bat  moun  orne, 
Se  me  bat  moun  ome, 
Jou  me  boi  tourna. 
Ma  maire. 


DE  LA   GASCOGNE 


—  Si  on  joue  guère, 
Ma  mère, 

Si  on  joue  guère. 
Si  on  joue  guère, 
J'y  vais  danser  un  rond. 

Ma  mère. 
Si  on  joue  guère, 
J'y  vais  danser  un  rond. 

—  Si  tu  vas  en  danse, 
Ma  fille, 

Si  tu  vas  en  danse, 
Si  tu  vas  en  danse, 
Prends  garde  au  bâton. 

Ma  fille. 
Si  tu  vas  en  danse. 
Prends  garde  au  bâton. 

—  Si  mon  homme  me  bat, 

Ma  mère, 
Si  mon  homme  me  bat , 
Si  mon  homme  me  bat, 
Je  veux  me  défendre. 

Ma  mère. 


POÉSIES   POPULAIRES 

Se  me  bat  moun  orne, 
Jou  me  boi  tourna. 

—  Se  tu  te  tournos, 
Ma  hillo, 

Se  tu  te  tournos. 
Se  tu  te  tournos, 
L'ase  que  coûtera. 

Ma  hillo, 
Se  tu  te  tournos, 
L'ase  que  courera. 

—  Se  court,  que  courre. 
Ma  maire. 

Se  court,  que  courre. 
Se  court,  que  courre. 
Per  bous  courrouc  ta  plan  : 

Ma  maire  y 
Se  court,  que  courre, 
Per  bous  courrouc  ta  plan. 

—  Se  l'ase  sauto, 
Ma  maire, 

Se  l'ase  sauto, 
Toutos  diran  : 


DE  LA  GASCOGNE 


Si  mon  homme  me  bat, 
Je  veux  me  défendre. 

—  Si  tu  te  défends, 
Ma  fille, 

Si  tu  te  défends, 
Si  tu  te  défends, 
L'âne  courra  (i). 

Ma  fille, 
Si  tu  te  défends, 
L'âne  courra. 

—  S'il  court,  qu'il  coure, 
Ma  mère, 

S'il  court,  qu'il  coure. 
S'il  court,  qu'il  coure. 
Pour  vous  il  courut  si  bien 

Ma  mère, 
S'il  court  qu'il  coure. 
Pour  vous  il  courut  si  bien. 

—  Si  l'âne  saute. 
Ma  mère, 

Si  l'âne  saute. 
Toutes  diront  : 


(i)  Les  niaiis  battus  montent  sur  l'âne,  en  camavaL  Cf.  Bladé, 
Poésies  piipulaires  de  la  Gascogne,  t.  II,  p.  vi-xii,  de  la  préface 
et   le   chant  s;iécial  IV,  Chanson  de  charivari,  p.  288-95. 


POÉSIES    POPULAIRES 


«  Bieil  ase  echaureillat,  » 

Ma  maire, 
Toutos  diran  : 
«  Bieil  ase  echaureillat. 

—  Enlocd'aureiUos.) 
Ma  maire,  ) 

En  loc  d'aureillos, 
En  loc  d'aureillos, 
Que  n'a  cornos  au  cap. 

Ma  maire. 
En  loc  d'aureillos,  ] 

Que  n  a  cornos  au  cap.  »  ) 


DE   LA   GASCOGNE 


«  Vieil  âne  aux  oreilles  coupées,  » 

Ma  mère, 
Toutes  diront  : 
«  Vieil  âne  aux  oreilles  coupées. 

—  Au  lieu  d'oreilles,  ; 

Ma  mère,  )  ^     ^ 

Au  lieu  d'oreilles, 
Au  lieu  d'oreilles, 
Il  a  cornes  en  tête. 

Ma  mère, 
Au  lieu  d'oreilles,  j 

Il  a  cornes  en  tête  (i).  »    ) 


(i)  Dicté  pur  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cliamp- 
fleury,  187-88,  Sur  la  montagne,  ma  mère  (Provence  et  Comtat 
d'Avignon)  ;  Ccn.ic-Moncaut,  366-68,  Tao  i  hlUo  /non  tnny  (Gas- 
cogne). 


10  POÉSIES    POPULAIRES 


(his). 


II 


TOUT   OME   OU  A    BOUN    BESIN 

Tout  orne  qu'a  boun  besin  (bis), 
Diu  l'aberti  cado  maitin  (his). 

—  «  Tu  partisses  a  touto  euro,    / 
E  tu  t'en  abises  pas.  ) 
Quitos  ta  henno  souleto.       ] 
Lou  curé  la  ba  trouba.           S 
Lou  curé  la  ba  trouba  (his). 

—  James  jou  nou  ac  creirioi  (i), 
Que  se  jou  nou  lou  hesioi  (2). 

—  Praube,  s'ac  holes  pas  crese, 
Tourno-t'en  a  la  maisoun. 

Se  jou  te  ac  héu  pas  base, 
M'apèreras  gros  pinsoun. 
M'apèreras  gros  pinsoun.  « 

Lou  praube  ome  i  es  anat. 
Per  un  trauc  a  regardât. 


(i)     Creirioi,    croirais,     forme    laiv^iied.  ;     en    gascon,   creiri. 
(2)    Btsioi,  voyais,  forme  languedocienne  ;  en  gascon,  bescui. 


DE   LA    GASCOGNE  II 


(bis). 


II 


TOUT    HOMME   aUI   A    BON    VOISIN 

Tout  homme  qui  a  bon  voisin  (l>is). 
Doit  l'avertir  chaque  matin  (bis). 

—  «  Tu  pars  à  toute  heure,  / 
Et  tu  ne  t'en  avises  pas.  ) 
Tu  laisses  ta  femme  seulette.  i 
Le  cure  va  la  trouver.  ) 
Le  curé  va  la  trouver  (bis). 

—  Jamais  je  ne  le  croirais, 
Que  si  je  le  voyais. 

—  Pauvre,  si  tu  ne  veux  pas  le  croire. 
Reviens-t'en  à  la  maison. 

Si  je  ne  te  le  fais  pas  voir, 

Tu  m'appelleras  gros  pinson  (i). 

Tu  m'appelleras  gros  pinson.  » 

Le  pauvre  homme  y  est  aile. 
Par  un  trou  il  a  regardé. 


(l)  Xijis. 


12  POÉSIES    POPULAIRES 

E  qu'a  bist  la  peillo  negro, 
Qu'anauo  de  cap  au  Uèit. 
Per  débat  sa  soutanasso, 
Pourtauo  un  gigot  tout  coèit  : 
Pourtauo  un  gigot  tout  coèit. 

—  «  Tè,  ma  henno,  bèno,  bèno  (i). 
Tè,  ma  henno,  bèno  oubri. 

Que  m'èi  desbrumbat  la  cordo,         ' 
Per  estaca  lou  roussin. 

—  Aio  !  aio  !  aio  !  aio  ! 
E  oun  jou  me  bouterèi  ? 
E  oun  jou  me  bouterèi? 

—  Boutatz-bous  à  la  banèlo. 
Plegatz-bous  dens  lou  linço. 
Dou  marit  n'augetz  pas  poù. 

—  Tè,  moun  orne,  bèno,  bèno, 
Bèno  bese  quin  gros  ra/. 
N'es  toumbat  dens  la  banèlo. 
La  remplis  de  toutz  coustatz. 

(i)  Bcno,  W«o,  viens,  viens,  forme  languedocienne;  en  gascoij, m». 


DE   LA   GASCOGNE  I5 

Et  il  a  vu  le  vêtement  noir, 
Qui  allait  vers  le  lit. 
Par-dessous  sa  soutane, 
Il  (i)  portait  un  gigot  tout  cuit  : 
Il  portait  un  gigot  tout  cuit. 

—  «  Tiens,  ma  femme,  viens,  viens. 
Tiens,  ma  femme,  viens  ouvrir. 

J'ai  oublié  la  corde. 
Pour  attacher  le  roussin. 

—  Aïe  !  aïe  1  aïe  !  aïe  ! 
Et  où  me  mettrai-je  ? 

Et  où  me  mettrai-je  (2)? 

—  Mettez-vous  à  la  ruelle. 
Cachez-vous  dans  le  drap  de  lit. 
Du  mari  n'ayez  pas  peur. 

—  Tiens,  mon  homme,  viens,  viens, 
Viens  voir  quel  gros  rat. 

Il  est  tombé  dans  la  ruelle. 
Il  la  remplit  de  tous  côtés. 

(i)  Le  curé. 

(2)  Demande  du  curé. 


14  POÉSIES    POPULAIRES 

—  Arratas,  gros  arratas  (bis). 
Te  baillerèi  cops  de  lato  (bis).  » 
Que  l'a  baillât  cops  de  lato,        j 
Per  dauant  e  per  darrè,  )  ^ 

Enta  qu'auouse  plus  embejo        i       . 
D'ana  bese  ma  mouillé,  ) 

D'ana  bese  ma  mouillé  (bis). 


III 


aUANT   LA   MARIOUN   BA   AU    MOULIN 

Quant  la  Marioun  ba  au  moulin  (bis), 
Ta  plan  lou  se  coumo  lou  maitin, 
Se  pren  soun  sac,  soun  ase, 

Litchèino  litchoun. 
Se  pren  soun  sac,  soun  ase,        ^ 

La  bèro  Marioun.  ) 


DE   LA    GASCOGNE  15 

—  Rat,  gros  rat  (bis), 

Je  te  donnerai  des  coups  de  gaule  (bis).  » 

Te  lui  ai  donné  des  coups  de  gaule,    )   „  .  , 

V  (bîs). 
Par  devant  et  par  derrière,  ) 

Pour  qu'il  n'eut  plus  envie       )    ,, .  , 

(h  /  ç  ) 

D'aller  voir  ma  femme,  ) 

D'aller  voir  ma  femme  (i)  (bis). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agennis  et  Bruilhois). 


III 


ClUAND   MARION   VA   AU   MOULIN 

Quand  Marion  va  au  moulin  (lus), 
Aussi  bien  le  soir  que  le  matin, 
Elle  prend  son  sac,  son  âne, 

Litchèine  litchon. 
Elle  prend  son  sac,  son  âne, 


La  belle  Marion.  * 


l6  POÉSIES   POPULAIRES 


Quant  lou  mouliè  la  bei  heni,  \ 

L'arrise  nou  se  pot  teni, 

E  lou  descargo  l'ase,  ; 

Litchèino  litchoun.  i 

E  lou  descargo  l'ase,  j 

La  bèro  Marioun.  \ 

i 

—  «  Darrè  lou  moulin  a  un  pruè,  j 

Que  porto  lou  mes  de  heure.  ' 

Anatz-i  estaca  l'ase,  '■ 

Litchèino  litchoun.  i 

Anatz-i  estaca  l'ase,  : 

La  bèro  Marioun.  » 


Mes,  tant  que  lou  moulin  moulèuo, 
E  lou  mouliè  se  l'embrassauo, 
Lou  loup  a  minjat  l'ase, 

Litchèino  litchoun. 
Lou  loup  a  minjat  l'ase, 
La  bèro  Marioun. 


—  «  Mouliè,  que  me  hasètz  gran  tort, 
Ètz  en  causo  que  l'ase  es  mort. 


DE   LA   GASCOGNE  17 


Quand  le  meunier  la  voit  venir, 
Le  rire  il  ne  peut  tenir, 
Et  il  décharge  son  âne, 

Litchèine  litchon. 
Et  il  décharge  son  âne, 

La  belle  Marion. 


—  «  Derrière  le  moulin  il  y  a  un  prunier. 
Qui  produit  au  mois  de  février. 
Allez-y  attacher  l'âne, 

Litchèine  litchon. 
Allez-y  attacher  l'âne, 

La  belle  Marion.  » 


Mais,  tandis  que  le  moulin  moulait. 
Et  que  le  meunier  l'embrassait, 
Le  loup  a  mangé  l'âne, 

Litchèine  litchon. 
Le  loup  a  mangé  l'âne, 

La  belle  Marion. 


—  «  Meunier,  vous  me  faites  grand  tort. 
Vous  êtes  cause  que  l'âne  est  mort. 
III  2 


l8  POÉSIES   POPULAIRES 

Que  ba  dise  noste  orne? 

Litchèino  litchoun. 
Que  ba  dise  noste  orne  ? 

La  bèro  Marioun. 

—  Dens  moun  cofre,  i  a  dètz  escutz, 
Prenguètz-ne  hoèit,  dèchatz-ne  dus, 
Per  bous  croumpa  un  aute  ase, 

Litchèino  litchoun. 
Per  bous  croumpa  un  aute  ase, 
La  bèro  Marioun. 

Douman,  la  hero  a  Mounflanquin, 
Se  calera  lèua  maitin, 
Enta  ana  croumpa  l'ase, 

Litchèino  litchoun. 
Enta  ana  croumpa  l'ase, 

La  bèro  Marioun.  » 

Quant  soun  orne  la  bei  béni, 
L'arrise  nou  pot  se  teni. 

—  «  Acô  es  pas  noste  ase, 
Litchèino  Htchoun. 

Acô  es  pa  noste  ase, 
La  bèro  Marioun. 


DE  LA  GASCOGNE  I9 


Que  va  dire  notre  homme?  j 

Litchèine  litchon.  ' 

Que  va  dire  notre  homme  ?  i 

La  belle  Marion.  ' 

! 

—  Dans  mon  coffre,  il  y  a  dix  écus,  ! 
Prenez-en  huit,  laissez-en  deux,  ; 
Pour  acheter  un  autre  âne,                                                      j 

Litchèine  litchon.  j 

Pour  acheter  un  autre  âne, 
La  belle  Marion. 

Demain,  la  foire  à  Monflanquin  (i),  , 

Il  faudra  se  lever  matin,  j 

Pour  aller  acheter  l'âne, 

Litchèine  litchon.  , 

Pour  aller  acheter  l'âne, 

La  belle  Marion.  »  i 

\ 
Quand  son  homme  la  voit  venir,  ,i 

Le  rire  il  ne  peut  tenir.  l 

—  «  Cela  n'est  pas  notre  âne,  j 
Litchèine  litchon.                                                                  ? 

Cela  n'est  pas  notre  âne, 

La  belle  Marion.  1 

i 

(l)  Chef-lieu    de  canton  du  département  de  Lot-et-Garonne.  ■ 


I 

20  POÉSIES   POPULAIRES  ] 


Noste  ase  abio  quoate  pès  blancs, 
Lous  de  darrè,  lous  de  dauant, 
Las  aureillos  coupados, 

Litchèino  litchoun. 
Las  aureillos  coupados, 

La  bèro  Marioun.  » 


(bis). 


IV 


LA   HENNO   A   BENE 

Lou  Basilo  qu'a  uo  henno.      ) 
Lou  besin  n'es  amourous.        )  ^     ^' 
Que  se  la  pren,  se  la  ligo. 
Se  la  bouto  a  paquetous. 
Que  se  l'amio  a  la  hero, 
A  la  hero  a  Castilloun  (i). 


(i)  Il  existe,   en  Gascogne,  plusieurs  communes  ou  localités 
du  nom  de  Castillou. 


DE   LA   GASCOGNE  21 

Notre  âne  avait  quatre  pieds  blancs  (bis), 
Ceux  de  derrière,  ceux  de  devant, 
Les  oreilles  coupées, 

Litchèine  litchon. 
Les  oreilles  coupées,  ) 

La  belle  Marion  (i).  »       j 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois).  Cf. 
Tarbé,  255-56,  L'Ane  de  Madelon  (Champagne);  Champfleury, 
38-39,  Le  Moulin  (Dauphiué)  ;  Buchon,  89  (Franche-Comté)  ; 
Bujeaud,  I,  108-9,  L'Ai.c  de  Marion  (Provinces  de  l'Ouest); 
Gagnon,  121-22,  Mariann''  s'en  va-t-ait  moulin  (Canada);  Dur- 
rieux,  143-44,  Marianne  (Cambrésis)  ;  Puymaigre,  249,  L'Jne 
et  la  femme  (Pays  Messin);  Cénac-Moncaut,  421-22,  L'J^é  et  la 
trou/o  (Gascogne)  ;  Sébillot,  271,  L'^ne  c/;an^e  (Haute-Bretagne)  ; 
Montel  et  Lambert,  464-65,   L'Asc  (Languedoc). 


IV 

LA   FEMME   A   VENDRE 

Basile  a  une  femme.  ) 

Le  voism  en  est  amoureux.     )        ^ 

Il  la  prend,  la  lie, 

La  met  en  petits  paquets. 

Il  l'amène  à  la  foire, 

A  la  foire  de  Castillon. 


22  POÉSIES   POPULAIRES 


Toustems  la  landendeto,     } 

_  ,    1      ,    •  1  i  (bis). 

Toustems  la  landenda         ) 


Lou  prumè  que  et  arrencountro, 
Que  n'estèc  moussu  Larrous. 

—  «  Que  portos  aqui,  Basilo  ? 
Que  portos  a  paquetous  ? 

—  Que  porti  ma  henno  a  bene. 
Moussu,  la  croumperetz-bous  ? 

Me  costo  quinze  centz  liuros, 
Bous  la  dau  per  un  escut. 
Bous  la  bailli  a  l'esprobo, 
De  cap  d'an  dinqu'à  Sent-Luc  ; 
E,  se  n'ètz  pas  countent  d'ero, 
Tournatz-me-l'au  prumè  frut. 

Se  la  porto  n'es  barrado, 
L'estaqueratz  au  barrouill. 
Se  la  porto  n'es  ouberto, 
Jitatz-lo  deguens  lou  hour. 
Prenguètz  un  brassât  de  paille. 
Boutatz-i  lou  hoèc  autour. 


DE   LA    GASCOGNE  2} 


Toujours  la  landeridette,     ) 
Toujours  la  landerida.         ) 

Le  premier  qu'il  rencontre, 
Ce  fut  monsieur  Larrous. 

—  «  Que  portes-tu  là,  Basile  ? 
Que  portes-tu  en  petits  paquets  ? 

—  Je  porte  ma  femme  à  vendre. 
Monsieur,  l'achèteriez-vous  ? 

Elle  me  coûte  quinze  cents  livres. 

Je  vous  la  donne  pour  un  écu. 

Je  vous  la  donne  à  l'essai, 

Du  premier  de  l'an  à  la  Saint-Luc  (i)  ; 

Et,  si  vous  n'êtes  pas  content  d'elle. 

Rendez-la-moi  au  premier  fruit  (2). 

Si  la  porte  est  fermée, 
Vous  l'attacherez  au  verrou. 
Si  la  porte  est  ouverte. 
Jetez-la  dans  le  four. 
Prenez  une  brassée  de  paille. 
Mettez-v  le  feu  autour. 


(i)  Le  18  octobre. 
(2)  Au  premier  enfant. 


24  POÉSIES   POPULAIRES 

Quant  lou  hoèc  hara  tapatge,     } 
Que  beiratz,  de  las  maisous,       j 
Courre  orne  e  mainatges, 
Au  brut  de  bostos  cansous. 
Embitatz  lou  besinatge 
A  s'i  bengue  cauha  toutz.  » 
Toustems  la  landerideto, 
Toustems  la  landerida. 


(bis). 


AU    NOSTE   POUMÈ 

Au  noste  poumè,  i  a  nau  poumos  (bis). 

Lou  poumè  qu'es  blanc,  las  poumos  soun  roujos. 

Gausi,  gauserèi-jou, 

Embrassa  las  mainados  ? 

Gausi,  gauserèi-jou,  )   „  ■  x 

„    ,  .  j  (hs). 

Embrassa  mas  amous  ?  ; 

Au  noste  poumè,  i  a  hoèit  poumos, etc.  (i). 

(i)  Dicté   par  Isidore  Escarnot   de    Bivès   (Gers).    A   chaque 
nouveau  couplet,  le  nombre  des  pommes  diminua  cie  un. 


DE    LA   GASCOGNE  25 


Qiiand  le  feu  fera  tapage,      ) 
Vous  verrez,  des  maisons,     ) 
Accourir  hommes  et  enfants. 
Au  bruit  de  vos  chansons. 
Invitez  les  gens  du  voisinage 
A  venir  s'y  chauffer  tous.   » 
Toujours  la  landeridette, 
Toujours  la  landerida  (i). 


(/-/.;. 


(bis). 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Puy- 
maigre,  266-67,  ^  mari  Jaloux  (Pays  Messin)  ;  Cénac-Moncaut, 
292-0 ),  La  Henno  a  henc  (Gascogne). 


V 

A   NOTRE   POMMIER 

A  notre  pommier,  il  y  a  neuf  pommes  (bis). 

Le  pommier  est  blanc,  les  pommes  sont  rouges. 

J'ose,  oserai-je. 

Embrasser  les  filles  ? 

J'ose,  oserai-je, 


Embrasser  mes  amours?  ) 
A  notre  pommier,  il  y  a  huit  pommes,  etc. 


26  POÉSIES   POPULAIRES 


VI 


LAS   HILLOS    DE   SENT-GAUDENS 


(lus). 


Las  hillos  de  Sent-Gaudens, 
N'an  pas  argent. 

Las  que  n'an  pas  ne  boulerén, 
Faridoundèno,     \ 
Ne  boulerén.       ;  ' 


—  «  Au  Pais-Bas  (i),  anen,  anen, 

Coeille  d'argent. 
En  sega  blat,  en  dailla  hen, 
Faridoundèno, 
N'en  gagnarén.  » 

En  passa  lou  bosc  de  Guchen  (2), 
La  poù  las  pren. 

—  «  Que  haran,  se  lou  loup  nous  pren  ? 

Faridoundèno, 
Nous  sparmarén.  » 


(i)  La  B.isse-Gascogiie. 

(2)  Commune  du  département  des  Hautes-Pyrénées. 


DE   LA   GASCOGNE  27 


VI 
LES   FILLES   DE   SAINT -GAUDENS 

Les  filles  de  Saint-Gaudons  (i), 


N  ont  pas  d  argent.  ; 

Celles  qui  n'en  ont  pas  en  voudraient, 
Faridondaine,         | 
En  voudraient.       ) 

—  «  Au  Pays-Bas,  allons,  allons, 

Chercher  de  l'argent. 
En  sciant  du  blé,  en  fauchant  du  foin, 

Faridondaine, 
Nous  en  gagnerons.  « 

En  passant  au  bois  de  Guchen, 
La  peur  les  prend. 

—  «  Que  ferons-nous,  si  le  loup  nous  prend? 

Faridondaine, 
Nous  nous  disperserons.  » 

(i)  Chef-lieu  d'arrondissement  de  la  Haute-Garonne,  ancienne 
capitale  de  la  vicomte  de  Nébouzan.  Tous  les  ans,  à  l'époque 
de  la  fenaison,  de  la  moisson  et  des  vendanges,  bon  nombre  de 
jeunes  gens  et  jeunes  filles  de  ce  pays  de  montagnes  descendent 
dans  la  3asse-Gascogiic,  pour  v  louer  leurs  services. 


28  POÉSIES   POPULAIRES 


Un  carbouniè  nou  bei  arren  ; 

Mes  las  enten. 
—  «  Se  nous  counduisetz  a  Guchen, 

Faridoundèno, 

Bous  pagarén. 

Nou  pas  dab  or,  ni  dab  argent. 

Que  nou  n'auèn. 
Quauques  poutetz  bous  dounarén, 

Faridoundèno, 

Bous  dounarén.  » 

Qiiant  lou  carbouniè  las  enten, 

La  poù  lou  pren. 
Per  holos  aquet  pèc  las  pren, 

Faridoundèno, 

N'escouto  arren. 

Quito  la  capo,  esclops  taben, 

Sens  perde  tems. 
Puch,  a  huto,  sens  dise  arren, 

Faridoundèno, 

Que  court  toustems. 


DE   LA   GASCOGNE  29 

Un  charbonnier  ne  voit  rien  ; 

Mais  il  les  entend. 
—  «  Si  vous  nous  conduisez  à  Guchen, 

Faridondaine, 

Nous  vous  paierons. 

Non  pas  avec  de  l'or,  ni  de  l'argent. 

Nous  n'en  avons  pas. 
Quelques  baisers  nous  vous  donnerons, 

Faridondaine, 

Nous  vous  donnerons.  » 

Quand  le  charbonnier  les  entend, 

La  peur  le  prend. 
Pour  des  folles  ce  sot  les  prend, 

Faridondaine, 

Il  n'écoute  rien. 

Il  quitte  la  cape,  les  sabots  aussi, 

Sans  perdre  de  temps. 
Puis,  au  galop,  sans  rien  dire, 

Faridondaine, 

Il  court  toujours. 


30  POÉSIES   POPULAIRES 

Qiie  disètz  d'aquet  ignourent? 

Quin  pauc  de  sens  ! 
De  las  hillos  cregne  las  dentz  ! 

Faridoundèno, 

Quin  Joan  d'arren  ! 

Bèros  hillos  de  Sent-Gaudens, 

En  mes  balentz.  *  '     ^' 

De  bètz  poutetz  que  bous  harén, 
Faridoundèno, 


^    .  ,  (Us). 

Estessotz  cent.         ' 


DE  LA  GASCOGNE  3I 

Que  dites-vous  de  cet  ignorant  ? 

Quel  homme  de  peu  de  sens  ! 
Des  filles  craindre  les  dents  ! 

Faridondaine, 

Quel  Jean  de  rien  ! 


Belles  filles  de  Saint-Gaudens, 

Nous  sommes  plus  vaillants. 

De  beaux  baisers  nous  vous  ferions, 

Faridondaine, 

Fussiez-vous  cent  (i). 


(lus). 


(lus). 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  384-86,  Las  Fillos  de  Sen-Gaoudens  (Gascogne). 


32  POESIES   POPULAIRES 


I    (l^^O- 


VII 


JOAN    DE   LA   REULO 

Joande  La  Reulo  (i),  moun  amie 
As  ta  henno  mau  couhado. 
Amio-me-lo,  te  la  couherèi, 
En  touto  ouro,  en  touto  ouro. 

Amio-me-lo,  te  la  couherèi,  ) 

T-  j    1       -•  (bis). 

En  touto  ouro  de  la  neit.  ;  ^     •^ 


(i)  Chef-lieu  du  département    de    la  Gironde,    dans   raucieii 
pays  de  Bazadais. 


DE  LA   GASCOGNE 


33 


Vil 

JEAN    DE   LA    PÉOLE 

Jean  de  La  Réole  mon  ami,  \ 

Tu  as  ta  femme  mal  coiffée.         j  ^    •^ 

Amène-la  moi,  je  te  la  coifferai, 

A  toute  heure,  à  toute  heure  (i). 

Amène-la-moi,  je  te  la  coifferai, 

A  toute  heure  de  la  nuit  (i). 


(bis). 


(i)  Je  sais  ce  couplet  depuis  mon  enfance.  Cf.  Capelle, 
n"  256,  La  Clef  du  caveau;  Gagnon,  Jean  âe  Ruina  (Canada); 
Combes,  85 ,  Jean  de  La  Rioule  (Pays  Castrais);  Montel  et  Lambert, 
44)-47i  /^"«  <^^  Nibèlo  (Languedoc). 


m 


34  POÉSIES   POPULAIRES 


VIII 

DENS   LA   PRADERIO 

Dens  la  praderio, 


Au  houn  d'un  baloun,   j 
Uo  bergèro  toujour, 
Goardo  soulo,  goardo  soulo  ; 
Uo  bergèro  toutjour, 
Goardo  soulo  sous  moutous. 

Un  maitin,  setudo, 
Sur  soun  capuchoun, 
La  trobi  dens  lou  baloun, 
Ta  poulido,  ta  poulido, 
La  trobi  dens  lou  baloun, 
Aussi  belle  que  le  jour, 

Lou  disi  :  «  Bergèro, 

Tu  me  plases  tant  1 

E  que  toun  oeill  es  charmant, 

Ta  man  blanco,  ta  man  blanco; 

E  que  toun  oeill  es  charmant, 

Bergèro  dous  moutous  blancs. 


(bis). 


DE    LA   GASCOGNE  35 


(bis). 


VIII 


DANS    LA   PRAIRIE 

Dans  la  prairie,         ) 
Au  fond  d'un  vallon,  j  '    ^'^ 
Une  bergère  toujours, 
Garde  seule,  garde  seule  ; 
Une  bergère  toujours,       ) 
Garde  seule  ses  moutons.  ) 

Un  matin,  assise, 

Sur  son  capuchon, 

Je  la  trouve  dans  le  vallon, 

Aussi  jolie,  aussi  jolie. 

Je  la  trouve  dans  le  vallon, 

Aussi  belle  que  le  jour. 

Je  lui  dis  :  «  Bergère, 

Tu  me  plais  tant  ! 

Et  que  ton  œil  est  charmant, 

Ta  main  blanche,  ta  main  blanche  ; 

Et  que  ton  œil  est  charmant. 

Bergère  aux  moutons  blancs. 


■x. 


36  POÉSIES   POPULAIRES 

Espio  la  tourtero. 
Enten-la  canta. 
Soun  cô  semblo  suspira, 
Sur  la  branco,  sur  la  branco. 
Soun  cô  semblo  suspira, 
Sur  la  branco  de  l'auba. 


(bis). 


Tout  sentis,  bergèro, 
Lou  tems  dous  amous  : 
Lous  parpaiUoh  sur  las  flous, 
Uiroiindelo,  Viroiindèlo, 
Lous  parpaiUoh  sur  las  flous, 
Bergèro,  e  mes  tous  moutons,  » 


(bis). 


ÉJ. 


DE   LA   GASCOGNE  37 

Vois  la  tourterelle. 
Entends-la  chanter. 
Son  cœur  semble  soupirer, 
Sur  la  branche,  sur  la  branche. 
Son  cœur  semble  soupirer. 
Sur  la  branche  du  saule. 


(bis). 


Tout  ressent,  bergère. 
Le  temps  des  amours  : 
Les  papillons  sur  les  fleurs, 
L'hirondelle,  l'hirondelle. 
Les  papillons  sur  les  fleurs, 
Bergère,  et  aussi  tes  moutons  (i).  »   ) 

(i)  Dicté  par  M.  Aristide  Tessier,  de  Sainte-B-izeille  (Lot-et- 
Garonne).  Cf.  Lamarque  de  Plaisance,  57-58  (Bazadais). 


38  POÉSIES   POPULAIRES 


IX 


A   GRANADO 


A  Granado  (i),  i  a  nau  pins  (bis). 
A  Granado  boU  ana, 
Bese  lous  pins,  coumo  berdejon. 
A  Granado,  boit  ana. 


^1         .        ,     .  .    .  (bis). 
Bese  lous  puis  a  berdeja.  ' 


A  Granado,  i  a  hoèit  pins,  etc. 

(i)  Chef-lieu  de  canton  du  département  des  Landes. 


DE  LA  GASCOGNE  39 


IX 


A  GRENADE 


A  Grenade,  il  y  a  neuf  pins  (bis). 
A  Grenade,  je  veux  aller, 
Voir  les  pins,  comme  ils  verdoient. 
A  Grenade,  je  veux  aller, 


Voir  les  pins  verdoyer         ' 


A  Grenade,  il  y  a  huit  pins,  etc.  (i). 


(i)  Dicté  par  Briscadieu,  d'Estang  (Gers).  Le  nombre  des  pins 
diminue  de  un  à  chaque  nouveau  couplet.  V.  p.  24,  la  chanson  V, 
A  notre  pommier. 


40  POÉSIES    POPULAIRES 


X 


DE   BOUN    MAITIN 

De  bout!  maitin  se  lèuo, 
La  hillo  dou  besin. 
Pren  soun  sac  e  soun  ase, 
S'en  ba  dret  au  moulin. 

Deridi. 
Eb  !  le  beau  meunier, 
Qui  la  fait  tourner, 
La  meule  du  moulin  ? 

Drindrin, 
Trique  trique  traqua, 

La  faï  la  lira. 
Y  viendra  moudre  qui  voudra. 

—  «  Bounjour,  mouliè,  moulièro. 
Pouiri-jou  mole  aci? 

—  Nâni,  nâni,  la  bèro. 
Passatz  bùste  camin. 


DE  LA  GASCOGNE  41 


X 


DE  BON  MATIN 

De  bon  matin  se  lève, 

La  fille  du  voisin. 

Elle  prend  son  sac  et  son  âne, 

S'en  va  droit  au  moulin. 

Deridi. 
Eh  1  le  beau  meunier, 
Qui  la  fait  tourner, 
La  meule  du  moulin  ? 

Drindrin, 
Trique  trique  traque, 

La  faï  la  lira. 
Y  viendra  moudre  qui  voudra. 

—  «  Bonjour,  meunier,  meunière. 
Pourrais-je  moudre  ici? 

—  Nenni,  ncnni,  la  belle. 
Passez  votre  chemin. 


42  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Harri  !  harri,  moun  ase, 
Dens  un  aute  moulin. 

—  Tournatz,  tournatz,  la  bèro. 
Bous  haran  mole  aci.  » 

Deridi. 
Eh  !  le  beau  meunier. 
Qui  la  fait  tourner, 
La  meule  du  moulin  ? 

Drindrin, 
Trique  trique  traque, 

La  fat  la  lira. 
y  viendra  moudre  qui  voudra. 


XI 


l'amou  e  lou  souci 


L'amou  e  lou  souci,  \ 

Deridi,  |  (bis). 

Gran  Diu,  la  malo  causo  ! 


DE   LA   GASCOGNE  4.3 

—  Harri  !  harri,  mon  âne, 
Dans  un  autre  moulin. 

—  Revenez,  revenez,  la  belle. 
Nous  vous  ferons  moudre  ici.  » 

Deridi. 
Eh  !  le  beau  meunier, 
Qui  la  fait  tourner, 
La  meule  du  moulin? 

Drindrin, 
Trique  trique  traque, 

La  faï  la  lira. 
Y  viendra  moudre  qui  voudra  (i). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


XI 


l'amour  et  le  souci 


L'amour  et  le  souci,  ^ 

Deridi,  f  (bis). 

Grand  Dieu,  la  maie  chose 


--'.) 


44  POÉSIES    POPULAIRES 

Lou  gouiat  qu'ous  a  au  cap, 

Deridi, 
Nèit  ni  jour  ne  repauso. 
La  flou  dou  laurier. 

Laurier,  [  (bis). 

La  briuleto  blanco. 

Quant  crei  de  repausa, 
Chez  la  bèro  eau  qu'ango. 
La  trobo  sur  soun  Uèit, 
Sur  soun  llèit  que  plourauo. 

—  «  Qu'auètz  la  bèro?  Las! 
Qu'auètz,  que  plouretz  aro  ? 

—  Las  gens  disoun  aci,    - 
Que  soui  mau  maridado. 

—  Crejotz  pas,  bèro.  Las  ! 
Seratz  millou  que  nado. 
A  l'ouro  dou  dinna, 
Bous  seratz  aperado. 

—  A  l'ouro  dou  dinna,  ^, 

Deridi,  v  (bis). 

Bous  seratz  aperado;      ] 


DE   LA    GASCOGNE  45 

Le  garçon  qui  les  a  en  tête, 

Deridi, 
Ni  nuit  ni  jour  ne  repose. 
La  fleur  du  laurier,     \ 

Laurier,  |  (bis). 

Le  violier  blanc.  ) 

Qiiant  il  croit  reposer, 
Chez  la  belle  il  faut  qu'il  aille. 
Il  la  trouve  sur  son  lit. 
Sur  son  lit  qui  pleurait. 

—  «  Qu'avez-vous  la  belle  ?  Las  ! 
Qu'avez-vous,  que  vous  pleuriez  mainte- 

—  Les  gens  disent  ici,  [nant? 
Que  je  suis  mal  mariée. 

—  Ne  le  croyez  pas  belle.  Las  ! 
Vous  le  serez  mieux  qu'aucune. 
A  l'heure  du  dîner, 

Vous  serez  appelée. 

—  A  l'heure  du  dîner, 

Derididi,  [  (bis). 

Vous  serez  appelée  ; 


46  POÉSIES    POPULAIRES 

E  proche  dou  galant, 

Deridi, 
Bous  seratz  entaulado.  » 
La  flou  dou  laurier,     \ 

Laurier,  l  (bis). 

La  briuleto  blanco.      ) 


XII 


LA  HILLO  DOU   BESIN 

La  hillo  dou  besin, 


l 


S'es  lèuado  maitin,         [  (bis). 

Licoutin  licoutin.  ) 

Se  pren  soun  sac,  soun  ase, 

S'en  ba  dret  au  moulin. 

Licoutin  licoutin, 

Mouliniè,  tremble:^. 

Retourne^,  m'amour, 

Lan  miro  licouti  lan  turo  la  lupa,     ) 

Qui  bouille  mole  molera.  )  ^     ^' 


DE   LA   GASCOGNE  47 

Et  proche  du  galant, 

Deridi, 
Vous  serez  attablée.  » 
La  fleur  du  laurier,     ^ 

Laurier,  [  (bis). 

Le  violier  blanc  (i).   ; 

(t)  Dicté  par  Isidore  Escarnot,  de  Bivès  (Gers). 


XII 


LA    FILLE   DU    VOISIN 

La  fille  du  voisin, 

S'est  levée  matin,       |  O'^O- 

Licoutin  licoutin.         ] 

Elle  prend  son  sac,  son  âne. 

S'en  va  droit  au  moulin. 

Licoutin  licoutin, 

Meunier,  tremblez. 

Retournez,  m'amour, 

Lan  mire  licouti  lan  ture  la  lupa,     )     , .  , 

Qui  voudra  moudre  moudra.  ) 


48  POÉSIES    POPULAIRES 

Las  brumos  soun  espessos. 
Se  troumpo  de  camin. 
Que  mounto  sur  un  aubre, 
Per  abisa  camin. 

La  branco  s'es  coupado,       / 

Per  terro  se  loutit,  ) 

Licoutin  licoutin. 

Las  damos  de  la  bilo, 

N'an  entenut  lou  cric. 

Licoutin  licoutin, 

Mouliniè,  irenible:^. 

Retourne:^,  m'amour, 

Lan  miro  licouti  lan  turo  la  lupa, 

Qui  bouille  mole  molera.  ^  ^ 


# 


Dt   LA   GASCOGNE  49 


Les  brumes  sont  épaisses. 
Elle  se  trompe  de  chemin. 
Elle  monte  sur  un  arbre, 
Pour  regarder  le  chemin. 


"o" 


La  branche  s'est  cassée,  ) 

A  terre  elle  est  tombée,  ) 

Licoutinlicoutin. 

Les  dames  de  la  ville. 

Ont  entendu  le  cri. 

Licoutin  licoutin. 

Meunier,  tremblez. 

Retournez,  m'amour, 

Lan  mire  licouti  lan  ture  la  lupa,     / 

Qui  voudra  moudre  moudra  (i).     ) 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (GersV  Cf.  Bujeaud, 
II,  304,  La  Chinson  lî;;  meunier  (Provinces  de  l'Ouest);  Cénac- 
Moncaut,  a8}-8|,  La  Hillo  dou  hcsin  (Gascogne). 


#• 


lU 


50  POÉSIES   POPULAIRES 


XIII  ' 


LOU   RÈI  d'ANGLOTERRO 


I   a  hoèit  jours  passatz, 
Lou  rèi  d'Angloterro, 
Trauersant  lous  pratz, 
Troubo  cent  bergèros. 
En  tout  dansa,  que  l'auran,      ^^ 
L'amou  de  la  bèro.  f 

En  tout  dansa,  que  l'auran, 
L'amou  dou  galant. 

Las  saludo  toutes, 

Dècho  la  mes  bèro. 

—  «  Perque  me  dèchatz-bous, 

Bèt  rèi  d'Angloterro? 

Èi  très  joenos  hillos, 
Toutos  très  tant  bèros. 
Uo  es  a  Paris, 
L'auto  a  La  Rouchèlo. 


(bis). 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  5I 


xni 


LE   ROI   D  ANGLETERRE 

Il  y  a  huit  jours  passés,       ) 

Le  roi  d'Angleterre,  ) 

Traversant  les  prés. 

Trouve  cent  bergères. 

Tout  en  dansant,  nous  l'aurons, 

L'amour  de  la  belle. 

Tout  en  dansant,  nous  l'aurons     ' 

L'amour  du  galant. 

Il  les  salue  toutes, 

Laisse  la  plus  belle. 

—  «  Pourquoi  me  laissez-vous, 

Beau  roi  d'Angleterre? 

J'ai  trois  jeunes  filles, 
Toutes  trois  si  belles. 
Une  est  à  Paris, 
L'autre  à  La  Rochelle. 


$2  POÉSIES   POPULAIRES 


L'auto  es  a  Paris.  ) 

Que  n'es  la  mes  bèro.    ) 
Perque  me  dèchatz-bous, 
Bèt  rèi  d'Angloterro  ?  » 
En  tout  dansa,  que  l'auran,  \ 
L'amou  de  la  bèro.  / 

En  tout  dansa,  que  1  auran,   \ 
L'amou  dou  galant.  ' 


XIV 


LOU  MEN    PAI,  LA  MIO  MAI 

—  «  Lou  men  pai,  la  mio  mai, 

Deridi,  \  (lis) 

N'a  pas  que  jou  hilleto. 

M'embouion  a  la  ma, 
Deridi, 

Pesca  las  anguiletos. 

Deridèto  loun  lan  liro  la  lira, 

Deridèto  loun  lan  liro. 


(bis). 


DE  LA   GASCOGNE  53 


L'autre  est  A  Paris.       j 
C'est  la  plus  belle.         i  ^^"''^' 
Pourquoi  me  laissez- vous, 
Beau  roi  d'Angleterre  ?  » 
Tout  en  dansant,  nous  l'aurons,     -^ 
L'amour  de  la  belle.  / 

Tout  en  dansant,  nous  l'aurons, 
L'amour  du  galant  (i). 


(Ms). 


(i)  Je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance.  Cf.  Puymaigre, 
iSi-82,  Le  Roi  d'Angleterre  (Pays  Messin);  Durrieux,  289 
(Cambrésis)  ;  Bujeaud,  II,  192-93,  Le  Roi  d'Angleterre  (Provinces 
de  l'Ouest);  Bladé,  78,  Le  Roi  d'Angleterre  (Armagnac  et  Age- 
nais). 


XIV 


MON    PÈRE,    MA    MÈRE 

—  «  Mon  père,  ma  mère,         \ 

Deridi,  [  (bis). 

N'ont  que  moi  pour  fillette.       ; 

Ils  m'envoient  à  la  mer, 
Deridi, 

Pêcher  les  anguillettes. 

Deridette  Ion  lan  lire  la  lira,       ) 

Deridette  Ion  lan  lire.  )  ^     ^' 


54  POÉSIES   POPULAIRES 

Wabioi  pas  pescat  duos, 
Lous  marines  m'an  preso. 
—  «  Dèchatz-me,  marines. 
Lou  men  pai  me  marido. 

N'es  pas  dens  lou  pais, 
Que  marido  sa  hillo. 
Jou  m'en  bau  a  Clairac, 
Clairac,  charmanto  bilo. 

Quant  bendrati  a  Clairac, 
Passatz  a  ma  boutigo. 
Se  moun  ome  i  es  pas, 
M'apèreratz  ma  mio. 

Mes,  se  lou  bieillart  i  es, 
M'apèreratz  cousio. 
—  Quins  cousis  soun  acô, 
Qu'embrasson  las  cousios? 


—  Lous  cousis  de  Clairac, 

Deridi, 
Embrasson  las  cousios  ; 


Deridi,  [  (bis). 


DE    LA   GASCOGNE  55 


Je  n'en  avais  pas  péché  deux, 
Les  mariniers  m'ont  prise. 

—  «  Laissez-moi,  mariniers. 
Mon  père  me  marie. 

Ce  n'est  pas  dans  le  pays, 
Qu'il  marie  sa  fille. 
Je  m'en  vais  à  Clairac  (i), 
Clairac,  charmante  ville. 

Quand  vous  viendrez  à  Clairac, 
Passez  à  ma  boutique. 
Si  mon  homme  n'y  est  pas, 
Vous  m'appellerez  ma  mie. 

Mais,  si  le  vieillard  y  est. 
Vous  m'appellerez  cousine. 

—  Quels  sont  ces  cousins-là, 
Qui  embrassent  les  cousines  ? 


—  Les  cousins  de  Clairac, 

Deridi,  [  (bb). 

Embrassent  les  cousines;         ) 


(i)   Chef-lieu  de  canton  du  département  de  Lot-et-Garonne. 


56  POÉSIES   POPULAIRES 

E  mes  que  hèn  fort  plan, 

Deridi, 
Quant  las  trobon  poulidos. 
Deridèto  loun  lan  liro  la  lira,        (   ., .  ^ 
Deridèto  loun  lan  liro.   »  ) 


XV 


LOU    COUCUT 


Lou  coucut  qu'es  mort,       i 
hs  mort  a  la  guerro.  j 

D'un  coup  de  canoun, 
L'an  pourtat  per  terro. 
As  pas  entenut  ? 
Lou  coucut  cantauo. 
As  pas  entenut,  \ 

Ganta  lou  coucut  ? 

Lou  coucut  es  mort, 
Es  mort  en  Espagno. 
L'au  boussouat  lou  eu, 
Dab  uo  castagno. 


(■"V- 


DE   LA   GASCOGNE  S7 

Et  même  ils  font  fort  bien, 

Dcridi, 
duand  ils  les  trouvent  jolies. 
Dcridette  Ion  lan  lire  la  lira,      ) 
Dcridette  Ion  lan  lire  (i).   »       ) 

(i)  Chanté  par  Isidore  Escarnot,  de  Bivcs  (Gtrs).  —  Air  n°  i. 


XV 


(biO. 


LE   COUCOU 

Le  coucou  est  mort. 

Est  mort  à  la  guerre.       * 

D'un  coup  de  canon, 

On  l'a  porté  par  terre. 

N'as-tu  pas  entendu? 

Le  coucou  chantait.         ■    ., .  > 

,    (ris). 
N'as-tu  pas  entendu,      \ 

Chanter  le  coucou  ? 


i 


Le  coucou  est  mort, 
Il  est  mort  en  Espagne. 
On  lui  a  bouché  le  cul. 
Avec  une  châtaigne. 


58  POÉSIES   POPULAIRES 

Lou  coucut  es  mort, 
La  coucudo  plouro. 
A  pas  tout  lou  tort. 
Cau  que  couche  soulo. 

Se  toutz  lous  coucutz,      i 
rourtauon  sounetos,        )  ^ 
Harén  mes  de  brut 
Que  cinq  centz  trompetos. 
As  pas  entenut  ?  \ 

Lou  coucut  cautauo.     f 
As  pas  entenut,  (  (^'^'')- 

Ganta  lou  coucut  ? 


(^ 


DE   LA   GASCOGNE  59 


Le  COUCOU  est  mort, 
La  coucoiie  (i)  pleure. 
Elle  n'a  pas  tout  le  tort. 
Il  faut  qu'elle  couche  seule. 

Si  tous  les  coucous,  / 

Portaient  des  sonnettes,  \ 

Ils  feraient  plus  de  bruit 
Que  cinq  cents  trompettes. 
N'as-tu  pas  entendu  ?       \ 
Le  coucou  chantait.         r   ., .  > 
N'as-tu  pas  entendu,       \ 
Chanter  le  coucou  (2). 


(Hs). 


(i)  La  femelle  du  coucou. 

(2)  Je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance.    Cf.    Revue  des 
langues  Romanes,  IV,   575  (Languedoc). 


c^ 


60  POÉSIES   POPULAIRES 

XVI 

LOU    CAMPANÈ 

De  boun  maitin,  au   pè  lèuat,  / 

Un  boun  pauc  dauant  l'aubado,         ) 
Me  prengui  moutous,  aucatz, 
E  m'en  bau  capbat  la  prado. 
Turolututu  turo  luro,  I 

Turolututu  sur  la  berduro.         ) 


(bis). 


N'estèi  pas  au  mièi  dou  prat, 
Moun  amie  m'a  abisado. 

—  «  Paulino,  m'as  escapat, 
Te  cresèui  pas  sourtido. 

Se  t'aui  troubado  au  clos, 
Que  t'auri  bien  embrassado. 

—  Nou  t'en  passes  pas,  se  bos, 
Soui  encoèro  dispousado.  « 

Mes,  Diu  1  au  prumè  poutet, 
Lou  campanè  souno  l'aubado  (i). 

—  «  L'ase  te  foute,  campanè, 
De  ta  maitin  hè  la  sounado. 

(i)  l'Angelui  de  l'aubj. 


DE   LA   GASCOGNE  6l 


(bis). 


XVI 

LE   SONNEUR   DE   CLOCHES 

De  bon  matin,  au  pied  levé, 

Un  beau  moment  avant  l'aube, 

Je  prends  moutons,  oies. 

Et  m'en  vais  en-bas  dans  la  prairie. 

Turelututu  ture  lure,  I,  /i  ■  \ 

Turelututu  sur  la  verdure.         \ 

Je  ne  fus  pas  au  milieu  du  pré. 
Mon  ami  m'a  aperçue. 

—  «  Pauline,  tu  m'as  échappé. 
Je  ne  te  croyais  pas  sortie. 

Si  je  t'avais  trouvée  au  clos, 
Je  t'aurais  bien  embrassée. 

—  Ne  t'en  passe  pas,  si  tu  veux, 
Je  suis  encore  disposée.  » 

Mais,  Dieu  !  au  premier  baiser. 

Le  sonneur  de  cloches  sonne  l'aubade. 

—  «  L'aze  te  foute,  sonneur  de  cloches. 
De  faire  si  matin  la  sonnerie. 


62  POÉSIES   POPULAIRES 

S'auèuos  rai  la  cordo  au  cot, 
Lou  batan  per  la  caillauado, 
La  campano  en  capetot, 
Lou  nas  enta  la  bataillado.  » 
Turolututu  turo  luro,  i 

Turolututu  sur  la  berduro. 


XVII 


LAS   HILAIROS 


Parlén  un  pauc  de  las  hilairos, 
Hileroun  hileroun  doundèno. 
Las  que  hilon  la  lan, 
Que  s'an  minjat  tout  lou  pan. 
Hileroun  hilouroun  doundèno, 
Hileroun  hileroun  doundoun. 


(his). 


(Us). 


(bis). 


(Us). 


DK   LA    GASCOGNE  65 


Puisses-tu  avoir  la  corde  au  cou,       / 
Le  battant  dans  les  chevilles,  ) 

La  cloche  pour  petit  chapeau, 
Et  le  nez  sous  le  battant.  » 
Turelututu  ture  lure,  / 

Turclututu  sur   la  verdure  (i).       ) 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  392,  Lou  Campanè  (Gascogne). 


XVII 

LES    FILANDIÈRES 

Parlons  un  peu  des  filandières,  ) 

Fileron,  fileron  dondaine.  )  ^     ^' 
Celles  qui  filent  la  laine. 
Elles  ont  mangé  tout  le  pain. 

Fileron  fileron  dondaine,  J 

Fileron  fileron  dondon.  i  ^     ^' 


64  POÉSIES    POPULAIRES 


Las  que  hilon  l'estoupo, 
S'an  minjat  touto  la  soupo. 
S'an  beut  tout  lou  bouilloun, 
N'i  auousso  auùt  un  cauderoun. 

Quant  s'an  bien  pleat  la  panso, 
Se  soun  boutados  en  danso. 
Las  que  hilauon  lou  lin, 
S'an  hurlupat  tout  lou  bin.     • 

Praqui  passauo  lou  Jousèp, 
Lous  a  hèit  perde  lou  husèt. 
Las  mio  deçà,  delà  : 
Se  desbrumbon  de  hila. 

Las  amio  un  pauc  mes  bas  : 
Lous  hè  perde  lou  debas. 
Las  pousso  dinqu'a  la  cloto  : 
Lous  i  hè  perdre  la  broco. 

Las  pousso  un  pauc  mes  loui  : 
Lous  hè  perde  lou  qounouill. 
Las  pousso  dinquo  a  la  houn  : 
Que  s'i  dèchon  l'esoucoufioun. 


DE    LA   GASCOGNE  6$ 

Celles  qui  filaient  l'étoupe, 
Ont  mangé  toute  la  soupe. 
Elles  ont  bu  tout  le  bouillon, 
Y  en  eut-il  eu  un  chaudron. 

Q.uand  elles  ont  eu  bien  rempli  leur  panse, 
Elles  se  sont  mises  en  danse. 
Celles  qui  filaient  le  lin, 
Ont  lampe  tout  le  vin. 

Par-là  passait  Joseph, 
Il  leur  a  fait  perdre  le  fuseau. 
Il  les  mène  deçà,  delà  : 
Elles  oublient  de  filer. 

Il  les  amène  un  peu  plus  bas  : 
II  leur  fait  perdre  le  bas. 
II  les  pousse  jusqu'à  la  mare  : 
II  leur  y  fait  perdre  la  broche. 

Il  les  pousse  un  peu  plus  loin  : 
Il  leur  fait  perdre  la  quenouille. 
Il  les  pousse  jusqu'à  la  fontaine: 
Elles  y  laissent  l'escoffion. 


66  POÉSIES   POPULAIRES 


Las  amio  a  la  carrèro  : 
Lous  hè  perde  la  liilèro. 
Las  pousso  au  carrerot  : 
Lous  i  hè  perde  l'esclop. 

Las  amio  sur   la  place,  \ 

HUeroun,  hileroun  doundèno,     j  ^^"^' 
Toutos  que  se  las  embrasse. 
Las  amio  a  la  maisoun  : 
S'i  dèchon  lou  coutilloun. 
Hileroun,  hileroun  doundèno,       } 
Hileroun  hileroun  doundoun.       j  ^  ^'^^' 


XVIII 


LAS  MOURENGLOS 


—  «  Moun  pai,  ma  mai,  maridatz-me. 
Jou  qu'ac  boli,  boli,  boli, 
Moun  pai,  ma  mai,  maridatz-me.  ( 

Jou  qu'ac  boli  aqueste  se. 


. 


DE   LA   GASCOGNE  67 

Il  les  mène  jusqu'au  chemin  : 
Il  leur  fait  perdre  la  filière. 
Il  les  pousse  jusqu'au  sentier  : 
Il  leur  y  fait  perdre  le  sabot. 

Il  les  mène  sur  la  place,  ) 

Fileron  fileron  dondaine,  ) 

Toutes  il  les  embrasse. 
Il  les  mène  à  la  maison, 
Elles  y  laissent  le  cotillon. 
Fileron  fileron  dondaine,  ) 

Fileron  fileron  dondon  (i).       j 


(i)  Dicté  p.-ir  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  CéiuC 
Moiuaut,  3)i-)3,  Las  HiLiyros  (Gascogne). 


(lus). 


XYlll 


LES   IMPATIENCES 


—  «  Mon  père,  ma  mère,  mariez-moi. 
Je  le  veux,  le  veux,  le  veux,  /  „  .  . 

Mon  père,  ma  mère,  mariez-nioi.  l 

Je  le  veux  pour  ce  soir. 


68  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Praubo  hilleto,  aten  un  an. 

—  Moun  Diu,  un  an  ! 
Praube,  un  an  ! 

Toutz  lous  mens  galantz  que  s'en  ban. 
Moun  pai,  ma  mai,  etc. 

—  Praubo  hilleto,  aten  un  mes. 

—  Moun  Diu,  un  mes  ! 
Praube,  un  mes  ! 

Toutz  lous  mens  galantz  serén  près, 

—  Praubo  hilleto,  aten  un  jour. 

—  Moun  Diu,  un  jour  1 
Praube,  un  jour! 

Quant  tant  de  gens  me  hèn  l'amou. 

—  Ma  hillo,  que  n'auèn  pas  pan. 

—  Moun  Diu,  pas  pan  ! 
Praube,  pas  pan  ! 

Enta  lou  boulangé  ne  trouberan. 

—  Ma  hillo,  n'auèn  pas  nat  llèit. 

—  Moun  Diu,  nat  llèit  ! 
Praube,  nat  llèit! 

Sur  l'erbo  passeran  la  nèit. 


DE   LA   GASCOGNE  69 

—  Pauvre  fillette,  attends  un  an. 

—  Mon  Dieu,  un  an  ! 
Pauvre,  un  an  ! 

Tous  mes  galants  s'en  vont. 
Mon  père,  ma  mère,  etc. 

—  Pauvre  fillette,  attends  un  mois. 

—  Mon  Dieu,  un  mois  ! 
Pauvre,  un  mois  ! 

Tous  mes  galants  seraient  pris. 

—  Pauvre  fillette,  attends  un  jour. 

—  Mon  Dieu,  un  jour  1 
Pauvre,  un  jour  ! 

Quand  tant  de  gens  me  font  l'amour. 

—  Ma  fille,  nous  n'avons  pas  de  pain. 

—  Mon  Dieu,  pas  de  pain  ! 
Pauvre,  pas  de  pain  ! 

Chez  le  boulanger  nous  en  trouverons. 

—  Ma  fille,  nous  n'avons  pas  de  lit. 

—  Mon  Dieu,  pas  de  lit  ! 
Pauvre,  pas  de  lit  ! 

Sur  l'herbe  nous  passerons  la  nuit. 


70  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Ma  hillo  n'auèn  pas  d'anèt. 

—  Moun  Diu,  d'anèt  ! 

—  Praube,  d'anèt  ! 
Maridatz-me  dab  un  armet. 

Moun  pai,  ma  mai,  maridatz-me.     ] 

Jou  qu'ac  holi,  boli,  boli,  [  (bis). 

Jou  qu'ac  W/aqueste  se.  » 


XIX 


) 


LAS   GOUIATOS   DOU   PERGAN 

Quin  agréable  bilatge,  )   ^, .  > 

°  ^  :  (lys). 

Lou  bilatge  dou  Pergan  (i)!  ) 

S'i  maridon  a  tout  atge, 

Lou  hennatge  i  es  élégant. 

E  !  Moun  Diu  !  que  soun  glouriousos, 

Las  gouiatos  dou  Pergan  !  ] 

(i)  Commune  du  département  du  Gers. 


/ 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  "Jl 


—  Ma  fille,  nous  n'avons  pas  d'anneau. 

Mon  Dieu,  pas  d'anneau  ! 

Pauvre,  pas  d'anneau  ! 
Mariez-moi  avec  un  lien  d'osier. 

Mon  père,  ma  mère,  mariez-moi.   \ 

Je  le  veux,  le  veux,  le  veux,  \  (bis). 

Je  le  veux  pour  ce  soir  (i).  »       ) 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  327-28,  Las  Mourenos  (GAScogne)  ;  Montel  et  Lambert, 
432-38,  La.  Maridadoiina,  (Languedoc);  Scbillot,  279,  La  Fille 
pressée  (Haute-Bretagne). 


XIX 


LES   JEUNES    FILLES    DU    PERGAIN 

Quel  agréable  village,  )   ,, .  , 

"  °  \  (ois). 

Le   village  du  Pergain  !  ) 

On  s'y  marie  à  tout  âge. 

Les  femmes  y  sont  élégantes. 

Eh  !  Mon  Dieu  !  qu'elles  sont  glorieuses,  J  ,, .  > 
^  °  '1  (bu) . 

Les  jeunes  filles  du  Pergain  !  ) 


72  POÉSIES    POPULAIRES 

Lous  mouchouèrs  passon  de  modo, 
Lous  eau  cohos  a  ribantz, 
Lou  drouguet,  la  filosèlo, 
Acô  a  l'aire  trop  paisant. 

Lous  i  eau  raubos  de  sedo, 
Coutillous  de  basin  blanc. 
Que  se  bouteran  las  damos, 
Las  darnaisèlos  en  gran  ? 

Se  bon  esta  remarquados,     i    ,, .  , 

S'abillèran  de  lin-lan,  ) 

E  dècheran  las  faribolos 

A  las  hillos  dou  Pergan. 

ElMounDiu!  que  sounglouriousos,      }  ., .  ^ 

Las  gouiatos  dou  Pergan  !  i 


>^ 


DE   LA   GASCOGNE  73 


Les  mouchoirs  passent  de  mode, 
Il  leur  faut  des  coities  à  rubans, 
Le  droguet,  la  filoselle, 
Cela  a  l'air  trop  paysan. 


(bis). 


Il  leur  faut  des  robes  de  soie, 
Des  cotillons  de  basin  blanc. 
Que  se  mettront  les  dames, 
Les  demoiselles  en  grand  ? 


Si  elles  veulent  être  remarquées, 

Elles  s'habilleront  de  lin-laine. 

Et  laisseront  les  fariboles 

Aux  filles  du  Pergain. 

Eh!  Mon  Dieu!  qu'elles  sont  glorieuses,   i  ,,.  , 
^  ®  \  (In s). 

Les  jeunes  filles  du  Pergain  !  (i)  ) 

(i)  Je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance.  Au  nom 
du  l'ergain  on  substitue  souvent  ceux  d'autres  communes  de 
la  Gascogne  dont  le  nom  finit  en  an,  comme  Miélan,  Seissan, 
Sarran,  etc.  Le  «  lin-laine  »  dont  il  est  question  au  dernier 
couplet  est  une  étoffe  locale,  moitié  lin  et  moitié  laine. 


m 


74  POÉSIES   POPULAIRES 


XX 


LOUS  MACHANTZ   MARIDATGES 


Boulètz  la  patz  a  la  maisoun  ?     f 
Prenguètz-bous  uo  noro.  ) 

Un  maitin,  sens  nado  faiçoun, 
Que  bous  jito  dehoro. 
Tra  la  la  la  deri  dera,     î 
Tra  la  la  lèro.  \  ^^'">'- 


Boulètz  aprengue  a  cousina  ? 
Prenguètz  uo  gourmando. 
De  pan  hlourit  bous  hè  dinna, 
E  se  minjo  uo  pouro. 

Boulètz  aprengue  à  remoulia? 
Ne  eau  prengue  uo  fierro. 
Tout  lou  jour  bous  hè  trabailla, 
E  court  per  la  carrèro. 


(bis). 


DE  LA   GASCOGNE  75 


XX 


LES   MAUVAIS   MARIAGES 


Voulez-vous  la  paix  à  la  maison  ?     y 
Prenez  une  belle-fille.  ) 

Un  matin,  sans  façon, 
Elle  vous  jette  dehors. 
Tra  la  la  la  deri  dera,  )   ,, .  , 
Tra  la  la  laire.  ) 


Voulez-vous  apprendre  à  cuisiner  ? 
Prenez  une  gourmande. 
De  pain  moisi  elle  vous  fait  dîner, 
Et  mange  une  poule. 

Voulez-vous  apprendre  à  baguenauder? 
Il  faut  en  prendre  une  élégante. 
Tout  le  jour  elle  vous  fait  travailler, 
Et  court  par  la  rue. 


76  POÉSIES    POPULAIRES 


Boulètz  aprengue  a  fignoula  ? 
Prenguètz-bous  uo  torto. 
Lou  maitin,  bous  hè  troutina  : 
Lou  se,  barro  la  porto. 

Boulètz  la  patz  a  la  maisoun  ? 
Prenguètz-bous  un  bèt  gendre. 
Mestre  se  crei,  sensé  faiçoun, 
E  bous  ac  hè  coumprengue. 

Boulètz  aprengue  a  bien  dansa  ?     ) 
Prenguètz  un  biulounaire.  )  ^ 

Maitin,  dou  biuloun  jouguera  : 
Lou  se,  bastoun  en  l'aire. 
Tra  la  la  la  deri  dera, 


Tra  la  la  lero. 


DE   LA   GASCOGNE  77 

Voulez-vous  apprendre  à  fignoler? 
Prenez-en  une  boiteuse. 
Le  matin,  elle  vous  fait  trottiner  : 
Le  soir,  elle  ferme  la  porte. 

Voulez-vous  la  paix  à  la  maison  ? 
Prenez  un  beau  gendre. 
Maître  il  se  croit,  sans  façon, 
Et  vous  le  fait  comprendre. 

Voulez- vous  apprendre  à  bien  danser?  ) 
Prenez  un  joueur  de  violon.  )  ^     ■'' 

Le  matin,  du  violon  il  jouera  : 
Le  soir,  le  bâton  en  l'air. 
Tra  la  la  la  deri  dera. 


.  (bis). 
Tra  la  la  laire  (i).         * 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  346-48,  Lou  Maridatge  emperiglat  (Gascogne). 


f 


78  POÉSIES    POPULAIRES 


XXI 


LA   BIEILLO 


A  Bourdèus,  i  a  uo  bieillo, 
Que  se  bo  marida  engoan. 
Pracôjou  soun  pè  tourtejo  : 
S'en  ba  tout  guerlin  guerlan. 
O,  la  holo,  la  holo  de  biello  ! 
Cresèuo  n'aue  que  quinze  ans. 

Sensé  counta  que  sa  bouco, 
Auo  pas  qu'uo  dent  dauant. 
Encoèro  la  dent  trémolo, 
Quant  bouho  lou  bent  d'autan. 

Ero  s'es  boutado  en  danso, 
Au  bal  dour  joens  beligantz. 
Gaho,  dens  la  countrodanso, 
Lous  gouiat  lou  mes  charmant. 

Que  lou  ditz  bas  à  l'aureiUo  : 
—  «  Mio-me  bien  de  tiran, 
E  te  paguerèi  bouteiUo, 
Se  te  bos  marida  engoan. 


(bis). 


(lus). 


DE   LA   GASCOGNE  79 


XXI 


LA   VIEILLE 


A  Bordeaux,  il  y  a  une  vieille, 
Qui  veut  se  marier  cette  année. 
Pourtant  son  pied  boîte  : 
Elle  s'en  va  tout  guerlin  guerlan. 
Oh  !  la  folle,  la  foUe  de  vieille  ! 
EUe  croyait  n'avoir  que  quinze  ans. 

Sans  compter  que  sa  bouche, 
N'avait  qu'une  dent  devant. 
Encore  la  dent  tremble-t-elle, 
Quand  souffle  le  vent  d'autan. 

Elle  s'est  mise  en  danse, 
Au  bal  des  jeunes  viveurs. 
Elle  attrappe,  dans  la  contredanse, 
Le  garçon  le  plus  charmant. 

Elle  lui  dit  bas  à  l'oreille  : 

—  «  Mène-moi  bien  doucement, 

Et  je  te  paierai  bouteUle, 

Si  tu  veux  te  marier  cette  année. 


(bis). 


(lus). 


8o  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Pas  au  mens  dab  tu,  la  bieillo, 
Quant  aurés  bint  milo  frans. 

—  N'èi  cent  milo  dens  ma  bourso. 
Dens  moun  cofre  n'èi  astant. 

Queseran  per  tu,  Pierrillo, 
Se  bos  esta  moun  galant.  » 
Lou  Pierrillo  que  l'escouto, 
Tout  en  sauta  de  tiran. 

—  «  Se  tant  n'as  en  ta  bourseto, 
Quauque  jour  acô  beiran.  » 

Mes  aquero  bieillo  holo, 
Se  bo  marida  douman. 

Entau  noutari  que  bolo, 
Per  hè  nègre  un  pape  blanc. 
Lou  noutari  que  l'espio. 
Bei  pas  un  cachau  dauant. 

—  «  La  nobio,  ça-ditz,  trémolo. 
Anguera  pas  a  Sent-Joan  (i).  » 
Lou  dilus,  fianço  la  bieillo. 

Lou  dimars,  que  l'espousan. 

(i)  An  24  juin. 


DE  LA  GASCOGNE  8l 


—  Pas  au  moins  avec  toi,  la  vieille, 
Quand  tu  aurais  vingt  mille  francs. 

—  J'en  ai  cent  mille  dans  ma  bourse. 
Dans  mon  coffre  j'en  ai  autant. 

Ils  seront  pour  toi,  Pierrille, 
Si  tu  veux  être  mon  galant.  » 
Pierrille  l'écoute, 
Tout  en  sautant  toujours. 

—  «  Si  tu  en  as  tant  dans  ta  bourse, 
Quelque  jour  cela  nous  verrons.  » 
Mais  cette  vieille  folle, 

Veut  se  marier  demain. 

Chez  le  notaire  elle  vole, 

Pour  faire  noir  un  papier  blanc. 

Le  notaire  la  regarde. 

Il  ne  voit  qu'une  grosse  dent  devant. 

—  «  La  mariée,  dit-il,  tremble. 
Elle  n'ira  pas  à  la  Saint-Jean.  » 
Le  lundi,  il  fiance  la  vieille. 

Le  mardi,  nous  l'épousons. 

III 


82  POÉSIES   POPULAIRES 


Lou  dimècres,  que  gagnolo. 
Lou  ditjaus,  que  lafretan. 
Lou  dibès,  la  mort  la  gaho. 
Lou  dichate,  l'enterran. 

Lou  dimeche,  qu'es  la  messo 
Lou  dilus,  lou  cap  de  l'an. 
Quant  oubriscoun  sa  cachoto, 
I  troubèn  un  mus  de  can. 
O  !  la  holo,  la  holo  de  bieillo  !        ) 
Cresèuo  n'aue  que  quinze  ans.     ) 


(Ms). 


(bis). 


^ 


(bis). 


DE  LA  GASCOGNE  85 


Le  mercredi,  elle  se  plaint. 
Le  jeudi,  nous  la  frictionnons. 
Le  vendredi,  la  mort  la  prend. 
Le  samedi,  nous  l'enterrons. 

Le  dimanche,  la  messe  ; 

Le  lundi,  le  bout  de  l'an. 

Quant  on  ouvrit  le  caisson, 

On  y  trouva  un  museau  de  chien. 

Oh  !  la  folle,  la  folle  de  vieille  !  | 

Elle  croyait  n'avoir  que  quinze  ans  (i).    )  ^ 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Tarbé, 
iié-17,  Ronde  de  la  vieille  (Champagne);  Damase-Arbaud, 
II,  148-50,  La  Vicilho  (Provence);  Chants  et  chansons  f<oputaires 
de  la  France,  édit.  Deloye  ;  Charles  Malo,  Chansons  d'autrefois, 
509;  Madame  de  Chabreuil,  Jeux  et  exercices  de  jeunes  filles,  167; 
Buchon,  100- 10 1,  La  Vielle  de  Marteau  (Franche-Comté)  ;  Cénac- 
Moncaut,  j4;-46,  La  Bieillo  (Gascogne). 


H^ 


84  POÉSIES   POPULAIRES 


XXII 


LA    BIEILLO    DE    MOUNBRAN 

A  Mounbran,  i  a  uo  bieiUo,         j 
Que  n'a  quoate-bint-dètz  ans,     ) 
E  s'en  ba  per  las  beillados, 
Per  courtisa  lous  galantz. 
Aquero  que  ba,  gué  gué  gué, 
Aquero  que  ba,  gué  gaîment. 


(bis). 


(bis). 


—  «  Boulèn  pas  bieillos  humados, 
E  dehoro  las  boutan. 

—  Se  soui  bieillo,  soui  plan  richo. 
Èi  quoate-bint  milo  frans. 

Èi  ma  bordo  qu'es  en  fricho, 
Un  pareil  de  buùs  tirantz.  » 
Lou  dilus,  fiançon  la  nobio  : 
Lou  dimars,  l'espouseran. 


DE  LA   GASCOGNE  8$ 


XXII 


LA    VIEILLE    DE   MONBRAN 

A  Monbran(i),  il  y  a  une  vieille, 
Qui  a  quatre-vingt-dix-ans, 
Et  qui  s'en  va  dans  les  veillées, 
Pour  courtiser  les  galants. 
Celle-là  va,  gué  gué  gué, 


(bis). 


Celle-là  va,  gue  gaiment.     ' 

—  «  Nous  ne  voulons  pas  de  vieilles  enfumées, 
Et  dehors  nous  les  mettons. 

—  Si  je  suis  vieille,  je  suis  bien  riche. 
J'ai  quatre-vingt  mille  francs. 

J'ai  ma  métairie  qui  est  en  friche. 
Une  paire  de  bœufs  de  trait.  » 
Le  lundi,  on  fiance  la  mariée  : 
Le  mardi,  on  l'épousera. 

(^i)  Hameau  «le  la  commune  de  Foulayronnes  (Lot-et-Garonne) 
comiguë  à  celle  d'Agen. 


86  POÉSIES    POPULAIRES 


DiiTiècres,  la  bieillo  es  morto. 
Louditjaus,  l'enterreran. 
Dibès,  cap  dou  mes  arribo  ; 
Dichate,  lou  cap  de  l'an  (i). 

Lou  dimeche,  ban  au  coffre. 
N'i  a  qu'un  pugat  de  peus  blancs. 
Se  lou  nobi,  per  las  peillos, 
Prumè  (2)  auo  boutât  la  man, 


(hS). 


Se  lou  nobi,  per  las  peillos, 
Prumè  auo  boutât  la  man. 
Auré  bist  que  las  merbeillos 
Se  trobon  pas  dens  Mounbran. 
Aquero  que  ba,  gué  gué  gué, 
Aquero  que  ba,  gue  gaunent.      ' 


(i)    Variante  agenaise  :    A  dibendres  la  hoèilcno,  a   vendn;di  la 
huitaine. 

(2)  V.iiiaiite  agenaise  :  d'abord. 


DE   LA   GASCOGNE  87 

Mercredi,  la  vieille  est  morte. 
Le  jeudi,  on  Teiiterrera. 
Vendredi,  le  bout  du  mois  arrive  ; 
Samedi,  le  bout  de  l'an  (i). 

Le  dimanche,  on  va  au  coffre. 

Il  n'y  a  qu'une  poignée  de  cheveux  blancs. 

Si  le  marié,  dans  les  chiffons, 

Avait  d'abord  rais  la  main. 


Si  le  marié,  dans  les  chiffons, 
Avait  d'abord  mis  la  main. 
Il  aurait  vu  que  les  merveilles 
Ne  se  trouvent  pas  à  Monbran. 
Celle-là  va,  gué  gué  gué, 
Celle-là  va,  gué  gaîment  (2). 


(lus). 


(!>'<)■ 


(1)  En  Gascogne,  on  célèbre  un  service  funèbre  un  mois  et  uu 
an  après  chaque  décès. 

(2)  je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance,  Cf.  Couyba, 
Retiie  de  l'Agciiaii  de  lS8l,  p.  >2-$4,  La  Ricilli)  de  Moimhr.iv 
(.\gen.us).  Voyez  la  Chanson  précédente. 


88  POÉSIES   POPULAIRES 


XXIII 

LA    DAMO    DE    FLOURENÇO 

A  Flourenço,  i  a  uo  damo 


Maridado  richoment.  ' 

Porto  las  raubos  de  sedo, 
Cousudos  dab  hiu  d'argent. 
Biro  bouquet  boutoun  de  rose, 
Biro  bouquet  boutoun  d'argent. 


(bis). 


Ero  s'en  ba  a  la  messo, 
Très  bailetz  a  l'endauant. 
L'un,  que  lou  porto  las  ouros  ; 
L'aute,  que  teng  lous  ribantz. 

L'aute,  s'en  ba  a  la  gièiso, 

Per  hè  aligna  las  gens. 

—  «  Alignatz-bous  dounc,  canaillo, 

E  saludatz  umbloment. 


DE   LA    GASCOGNE  89 


XXIli 


LA   DAME   DE    FLEU  RANGE 

A  Fleurance  (i),  il  y  a  une  dame  / 

Mariée  richement.  ) 
Elle  porte  des  robes  de  soie, 
Cousues  avec  du  fil  d'argent. 

Vire  bouquet  bouton  de  rose,  \ 

Vire   bouquet  bouton  d'argent.  ) 

Elle  s'en  va  à  la  messe, 
Avec  trois  valets  devant. 
L'un,  lui  porte  les  heures; 
L'autre,  tient  les  rubans. 

L'autre,  s'en  va  à  l'église, 
Pour  faire  aligner  les  gens. 
—  «  Alignez-vous  donc,  canaille, 
Et  saluez  humblement. 


(1)  Chef-lieu  de  canton  du  dcpanement   du  Gers,  et  capitale 
de  l'ancien  comté  de  Gaure. 


90  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Qui  es  aquero  bèro  damo, 
Bestido  tant  richomeiit  ? 
Porto  las  raubos  de  sedo, 
Cousudos  dab  hiu  d'argent. 


Quant  èro  entasoun  pèro, 
I  a  pas  quoate  ou  cinq  ans, 
Pourtauo  las  raubos  negros, 
Cousudos  dambe  hiu  blanc. 

Mes  aro  qu'es  maridado, 
Dambe  un  riche  opulent, 
Porto  las  raubos  de  sedo, 
Cousudos  dab  hiu  d'argent.  « 
Biro  bouquet  boutoun  de  roso, 


(bn). 


Biro  bouquet  boutoun  d'argent.     ' 


DE   LA   GASCOGNE  91 


—  Qiii  est  cette  belle  dame, 
Vêtue  si  richement  ? 
Elle  porte  des  robes  de  soie, 
Cousues  avec  du  fil  d'argent. 


'O^ 


Quand  elle  était  chez  son  père, 
Il  n'y  a  pas  quatre  ou  cinq  ans, 
Elle  portait  des  robes  noires, 
Cousues  avec  du  fil  blanc. 

Mais  maintenant  qu'elle  est  mariée,  / 

Avec  un  riche  opulent,  i 
Elle  porte  des  robes  de  soie, 
Cousues  avec  du  fil  d'argent.  » 

Vire  bouquet  bouton  de  rose,  ; 

Vire  bouquet  bouton  d'argent  (i).  ^ 

(i)  Dicté  par  Isidore  E^caniot,  de  Bivcs  (Gers). 


(bis). 


92  POÉSIES   POPULAIRES 


XXIV 


LOU    PRAUBE   OME   MARIDAT 

Lou  boun  ome,  lou  praube  orne, 
Que  s'en  ba  au  camp  laura. 
Quant  a  hèit  mièjo  journado, 
Que  s'en  tourne  dejuna. 
Atau   lou  malur  n'arribo,       } 
Au  praube  ome  mandat.        ) 

Trobo  la  porto  barrado  : 
Espio  pou  trauc  dou  gat. 
Sa  henno  que  n'es  en  taulo, 
Dambe  un  mounge  au  coustat. 

Que  se  minjon  uo  pouro  : 

Que  roustissen  un  aucat. 

—  «  Da-m'en,  se  t'  platz,  uo  bricoto. 

Tout  te  sera  perdounat. 


(bis). 


DE    LA    GASCOGNE  93 


XXIV 


LE  PAUVRE   HOMME   MARIÉ 

Le  bon  homme,  le  pauvre  homme, 
S'en  va  au  champ  labourer. 
Quand  il  a  fait  demi-journée, 
Il  s'en  revient  déjeûner. 
Ainsi  le  malheur  arrive,         ^ 
Au  pauvre  homme  marié. 


(Ins). 


(bis). 


Il  trouve  la  porte  fermée  : 
Il  regarde  par  la  chatière. 
Sa  femme  est  à  table, 
Avec  un  moine  à  côté. 

Ils  mangent  une  poule  : 

Ils  font  rôtir  une  oie. 

—  «  Donne-m'en,  s'il  te  plaît,  un  brin. 

Tout  te  sera  pardonné. 


94  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Nou.  Ni  brico,  ni  bricoto. 
Nou.  Nado  brico  n'auras  ; 
E  se  dises  uo  paraulo, 
Cops  de  barrotz  gagneras. 

As  la  soupo  a  la  limando. 
Se  ne  bos,  ne  mingeras. 
La  tailluquèi  a  Pasquetos. 
La  trempèi  lou  ditjaus-gras. 

As  lou  bin  deguens  la  charro. 
I  a  sèt  ans  que  l'èi  tirât. 
Las  mouscos  s'i  soun  bagnados  ; 
Lous  arratz  s'i  soun  negatz. 

Lou  cuillè  es  débat  la  taulo. 
Se  lou  bos,  l'amasseras.  » 
Mentre  que  se  l'amassauo, 
Lagato  l'a  près  lou  nas. 

Tout  aganit,  lou  praube  orne, 
Au  camp  s'en  tourno  laura. 
Trobo  la  juèro  truchado, 
Lou  pareil  tout  esparmat. 


DE   LA   GASCOGNE  95 


—  Non.  Ni  brin,  ni  petit  brin. 
Non.  Pas  un  brin  tu  n'en  auras  ; 
Et  si  tu  dis  une  parole, 
Des  coups  de  barre  tu  gagneras. 

Tu  as  la  soupe  dans  l'armoire. 
Si  tu  en  veux,  tu  en  mangeras. 
Je  la  taillai  à  Pâques. 
Je  la  trempai  le  jeudi-gras. 

Tu  as  le  vin  dans  la  jarre. 
Il  y  a  sept  ans  que  je  l'ai  tiré. 
Les  mouches  s'y  sont  baignées  ; 
Les  rats  s'y  sont  noyés. 

La  cuiller  est  sous  la  table. 
Si  tu  la  veux,  tu  la  ramasseras.  » 
Pendant  qu'il  la  ramassait, 
La  chatte  l'a  pris  par  le  nez. 

Tout  affamé,  le  pauvre  homme. 
Au  champ  s'en  revient  labourer. 
Il  trouve  le  joug  brisé, 
L'attelage  tout  dispersé. 


96  POÉSIES    POPULAIRES 


La  baco  qu'es  espanlado  : 
Lou  buù  tout  escournichat. 
Las  tiros  soun  arroumpudos  : 
Arai,  coutre,  soun  coupatz. 

Sur  la  manego,  la  houo,         ) 

i  (ois). 
Que  cridauo  :  «  Coucudas  !       ) 

—  Caro-te,  bilèno  houo, 

S'ac  sabes,  ac  digues  pas.  « 

Atau  lou  malur  n'arribo,  i  ., .  > 

Au  praube  orne  maridat.  ) 


DE   LA   GASCOGNE  97 


La  vache  a  l'épaule  démise  : 
Le  bœuf  est  tout  décorné. 
Les  guides  sont  rompues  : 
Charrue,  coutre,  sont  cassés. 


(bis). 


Sur  le  manche,  la  buse, 
Criait  :  «  Grand  cocu  ! 
—  Tais-toi,  vilaine  buse, 
Si  tu  le  sais,  ne  le  dis  pas.  » 
Ainsi  le  malheur  arrive,  } 

Au  pauvre  homme  marié  (i).  ) 

(1)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Tarbé, 
^>7"S9>  I^  Chanson  de  Pelil-Jean  (Champagne);  Cénac-Moncaut, 
331-33,  Lou  Fraouh'home  maridat  (Gascogne)  ;  Bladé,  le  Chant 
de  travail  XVI,  Quant  lou  hoè  s'en  bci  laura  (Gascogne),  p.  256- 
59  du  tome  II  du  présent  recueil. 


m 


98  POÉSIES    POPULAIRES 


XXV 


LA   TORTO 


A  Paris,  i  a  uo  torto,  } 

Que  s'en  ba  barlin  barlan.  1 
S'en  ba  per  toutes  las  botos, 
Per  se  cerca  un  galant. 
Soun  cô  lou  bat,  gué  gué,      } 
Soun  cô  lou  bat  gaîmeiit.       )  ' 

La  prumèro  countrodanso, 
S'en  trobo  un  a  la  man. 
Ero  lou  ditz  a  l'aureillo  : 

—  «  Bos  te-marida,  galant? 

—  Nou,  pas  dambe  tu  tourtasso,  } 
Qu'es  toujours  barlin  barlan.  ) 

—  Se  soui  torto,  serèi  dreto. 
Lous  escutz  me  dresseran.  » 
Soun  cô  lou  bat,  gué  gué,    ) 
Soun  cô  lou  bat  gaiment.    ) 


(bis). 


DE    LA   GASCOGNE  99 


XXV 


LA   BOITEUSE 


(bis). 


A  Paris,  il  y  a  une  boiteuse, 

Qui  s'en  va  barlin  harlan. 

Elle  s'en  va  par  les  fêtes  patronales, 

Pour  chercher  un  galant. 

Son  cœur  lui  bat,  ";ué  gué,   ) 

Son  cœur  lui  bat  gaîment.     ) 

A  la  première  contredanse. 
Elle  en  trouve  un  sous  la  main. 
Elle  lui  dit  à  Toreille  : 

—  «  Veux-tu  te  marier,  galant  ? 

—  Non,  pas  avec  toi,  boiteuse,   ) 

^  .  .  ,     ,.     ,     ,  l  (l'is). 

Qui  es  toujours  Darlm  barlan.      ) 

—  Si  je  suis  boiteuse,  je  serai  droite. 
Les  écus  me  redresseront.   » 

Son  cœur  lui  bat,  gué  gué. 
Son  cœur  lui  bat  gaîment  (i). 


(bis). 


(0  Tiré  du   recueil   de   Lambert    (Agenais  et   Bruilhois),   Cf. 
ci-après,  p.  204  207,  La  petiU  boiteuse.  —  Air  n»  2. 


lOO  POÉSIES   POPULAIRES 


XXVI 


LAS    HEROS   D  AGEN 


—  «  Jou  m'en  bau  a  las  héros,   j 
A  las  héros  d'Agen.  ) 

Jou  n'i  bau  pas  per  bene, 
Ni  mes  per  croumpa  aren. 

Allen,  anen,  leugè,  leugè;   )   ^,    ^ 

1       .  (  (^")- 

Anen,  anen,  leugeroment.    ) 


T'i  beirèi,  l'amie  Pierre, 
Tu  qu'èi  aimât  loungtems.  » 
L'èi  troubat  sur  la  plaço, 
Que  benèuo  froument. 

—  «  Adiu,  moun  amie  Pierre. 
Quant  benes  toun  froument? 

—  Béni  un  escut  lou  segle  : 
Quoate  escutz  lou  froument. 


Dli    LA   GASCOGNE  lOI 


(bis). 


(bis). 


XXVI 

LES   FOIRES   D'AGEN 

—  «  Je  m'en  vais  aux  foires,  J 
Aux  foires  d'Agen  (i).  ) 
Je  n'y  vais  pas  pour  vendre, 

Ni  même  pour  acheter  rien. 
Allons,  allons,  léger,  léger  ; 
Allons,  allons,  légèrement. 

Je  t'y  verrai,  l'ami  Pierre, 
Toi  que  j'ai  aimé  longtemps.   « 
Je  l'ai  trouvé  sur  la  place, 
Qui  vendait  du  froment. 

—  «  Adieu,  mou  ami  Pierre. 
Combien  vends-tu  ton  froment  ? 

—  Je  vends  un  écu  le  seigle  : 
Quatre  écus  le  froment. 


(t)  Outre  ses  foires  ordinaires,  Agen  en  a  deux  autres,  jadis 
célèbres  dans  tout  le  Sud-Ouest,  et  qui  n'ont  pas  encore  perdu 
toute  leur  importance.  L'une  est  la  foire  du  Gravier,  qui  com- 
mence le  premier  lundi  de  juin,  et  dure  les  cinq  jours  suivant.?. 
L'autre  est  la  foire  du  Pin.  Elle  commence  le  second  mercredi 
de  septembre,  et  dure  les  deux  jours  suivants. 


I02  POESIES   POPULAIRES 

—  lè  !  Porto  lou  sac,  Pierre, 
E  sai  counta  l'argent.  » 
Pendent  que  jou  Tac  counti, 
L'arrise  que  nous  pren. 

—  «  Arriguetz  pas  tant,  Pierre. 
Harètz  parla  las  gens. 

—  Que  parlen,  e  qu'arriguen. 
Toutjour  nous  aiiiiarcn  (;). 

—  Mes,  que  hè  acô  au  mounde. 
Que  toutjour  nous  aimen  ? 

Las  gens  que  soun  trop  bieillos, 
Soun  pas  countentz  d'arren. 

Que  quillon  las  aureillos.   i 
Qu'arregagnon  las  dentz.   )   ^^^^' 
Atau  hè  nosto  troujo, 
Quant  lou  bâillon  lou  bren.   » 
Anen,  anen,  leugè,  leugè;   ) 
Anen,  anen,  leugèroment.    )   ' 

(i)  Aimnrén,  aimerons,  i.  1.  ;  en  g.,  aitnerati. 


DE   LA    GASCOGNE  I03 

-r  Eh  !  porte  le  sac,  Pierre, 
Et  viens  compter  l'argent.  » 
Pendant  que  je  le  lui  compte, 
Le  rire  nous  prend. 

—  «  Ne  riez  pas  tant,  Pierre. 
Vous  feriez  parler  les  gens. 

—  Qu'ils  parlent,    et  qu'ils  rient. 
Toujours  nous  nous  aimerons. 

—  Mais,  que  fait  cela  au  monde, 
Que  toujours  nous  nous  aimions  ? 
Les  gens  qui  sont  trop  vieux. 

Ne  sont  contents  de  rien. 


Ils  dressent  les  oreilles.  ) 

Ils  grmcent  des  dents.  ] 

Ainsi  fait  notre  truie, 
Quand  on  lui  donne  le  son.   « 
Allons,  allons,  léger,  léger;         ^ 
Allons,  allons,  légèrement  (i).   ) 


(i)  Dicic  par  Catherine  Sustrac,  de  Sainte-Euklie.  commune 
de  Cauzac  (Lot-et-Garonne).  Cf.  Daymard,  La  Fièio  d'Atge»,  14- 
15  (Haut-Quercy). 


104  POÉSIES    POPULAIRES 


XXVII 
LA   CARDIO    E   LOU    PINSAN 

La  cardio  e  lou  pinsan,     \ 
Se  bon  marida  engoan.     ) 
Que  bon  hè  uo  bèro  noço, 
E  n'an  pas  nat  mos  de  pan. 
Lan  liro  liro  la  lira,    j 
Lan  liro  liro  liro  la.    ) 

La  hroumic  s'en  ba  au  marcat. 
S'ou  cap  lous  porto  un  sac  de  blat. 

—  «  Aro,  de  tout  nous  auèn, 
Sounco  de  bin  pas  n'auen.  » 

Lou  bourriquet  s'en  ba  au  moulin, 
E  lous  porto  un  pipot  de  bin. 

—  «  Aro,  de  tout  nous  auèn. 
Sounco  linge  nou  n'auèn.  » 


'O' 


La  targagno  sort  dou  planché, 
Dab  cent  serbietos  au  darrè  ; 
E  sous  petitz  targagnous, 
Arribon  dambe  touaillous. 


DE    LA   GASCOGNE  I05 


XXVII 
LA   CHARDONNERETTE   ET   LE   PINSON 

La  chardonmrette  (i)  et  le  pinson,    / 
Veulent  se  marier  cette  année.         ) 
Ils  veulent  faire  une  belle  noce, 
Et  n'ont  pas  un  morceau  de  pain. 
Lan  lire  lire  la  lira,    ) 
Lan  lire  lire  lire  la.    )  '     '^' 

La  fourmi  s'en  va  au  marché. 

Sur  le  cou  elle  leur  porte  un  sac  de  blé. 

—  «  A  présent,  de  tout  nous  avons, 
Sauf  que  nous  n'avons  pas  de  vin.  » 

Le  bourrique!  s'en  va  au  moulin. 
Et  leur  porte  un  barril  de  vin. 

—  «  A  présent,  de  tout  nous  avons, 
Sauf  que  nous  n'avons  pas  de  linge.  » 

L'araignée  sort  du  plancher, 
Avec  cent  serviettes  derrière; 
Et  ses  petites  araignées. 
Arrivent  avec  de  petits  linges. 

(i)  Femelle  du  chardonneret. 


I06  POÉSIES    POPULAIRES 


—  «  Aro,  de  tout  nous  auèn, 
Sounco  beires  nou  n'auèn.  » 
Lou  grapaud  sort  dou  barat, 
Dab  lous  beires  afrescatz. 

—  «  Aro  de  tout  nous  auèn, 
Mes  cousine  nou  n'auèn.  » 
L'arrat  que  sort  dou  paillé, 

—  «  Auètz  aci  lou  cousine.  » 

Lou  gat  es  proche  dou  hoèc, 
Lou  garraupio  lou  coupet. 
L'arrat  se  bouto  a  crida  : 

—  «  Que  me  bon  echerrea  ! 

Ajudatz-me,  brabos  gens.  ) 

Lou  gat  me  teng  dab  las  dentz.   j 
A  mossis  cruchis  mous  os. 
M'esperrequo  en  quoate  mos.   » 
Lan  liro  liro  la  lira,   ) 
Lan  liro  liro  liro  la.   j 


DE    LA   GASCOGNE  IO7 


—  M  Maintenant,  de  tout  nous  avons, 
Sauf  que  nous  n'avons  pas  de  verres.  » 
Le  crapaud  sort  du  fossé,  - 

Avec  les  verres  rincés. 

—  «  Maintenant  de  tout  nous  avons, 
Mais  de  cuisinier  nous  n'avons  pas.  » 
Le  rat  sort  de  la  meule  de  paille, 

—  «  Vous  avez  ici  le  cuisinier.  » 

Le  chat  est  près  du  feu, 
Il  lui  égratigne  la  nuque. 
Le  rat  se  met  à  crier  : 

—  «  On  veut  me  casser  les  reins! 


Aidez-moi,  braves  gens. 

Le  chat  me  tient  avec  les  dents 

En  morceaux  il  broie  mes  os. 

Il  me  déchire  en  quatre  morceaux.   » 

Lan  lire  Hre  la  lira, 

Lan  Hre  lire  Hre  la  (i) 


(bis). 


(bis). 


(i)  Je  sais  cette  cli.inson  depuis  mon  enfance.  Cf.  Puymaigre, 
311-12,  L'Aloueile  et  le  pinson  (Pays  Messin);  Durrieux,  2S2-84, 
L'Alouette  et  les  pinsons  (Cambrésis);  Mclusine,  552-$3,  La  Bê- 
tasse et  la  perdrix  (Brest),  ainsi  que  Les  Ncces  du  roitelet  (Bre- 
tagne), Mélusine,  193-94;  Montel  et  Lambert,  590-621,  Lou 
Mariage  de  l'Alauseta  et  les  pièces  suivantes  (Languedoc)  ;_Cénac- 
Moncaut,  377-78,  Lou  Maridatje  dou  pinsan  (Gascogne).  V.  aussi 
A.  de  Gubernatis,  Mythologie  xpologique,  II,  219,  Conte  du  roi- 
telet et  de  l'aigle  luttant. 


I08  POÉSIES    POPULAIRES 


(bis). 


(bis). 


XXVIII 


TROP   SOUI   MARIDADO 

Me  lebèri  (i)  de  maitin,  \ 
Per  bene  ma  salado.         ) 
De  l'argent  que  n'èi  hèit, 
Que  m'èi  croumpat  un  orne. 
Trop  soui  maridado  trop  : 
Troup  soui  maridado. 

Lou  menèri  (2)  a  l'oustau, 
Per  me  hè  la  bugado. 
Jou  cresioi  que  la.  fasio  : 
Lou  praubot  se  burlauo. 

Lou  prengouri  (3)  en  un  brassât  : 
Lou  pourtèri  dens  Taigo. 
Mountèri  (4)  sur  un  auba, 
Per  bese  se  nadauo. 


(i)  Lehèri,  levai,  f.  1.  ;  en  g.,  Uuèi. 

(2)  Meneri,  mènerai,  f.  I.  ;  en  g.,  mieri. 

(3)  Prengauri,  pris,  f.  1.  ;  en  g.,  prengoui. 

(4)  Mountèri,  montai,  f.  1.  ;  en  g.,  mounièi. 


DE   LA    GASCOGNE  IO9 


XXVIII 
TROP  JE   SUIS  MARIÉE 

Je  me  levai  de  matin, 


(his). 


„  ,  114  (^is). 

Pour  vendre  ma  salade.   ; 

De  l'argent  que  j'en  ai  fait, 

J'ai  acheté  un  homme. 

Trop  je  suis  mariée  trop  : 

Trop  je  suis  mariée. 


Je  le  menai  à  la  maison, 
Pour  me  faire  la  lessive. 
Je  croyais  qu'il  la  faisait 
Le  pauvret  se  brûlait. 

Je  le  pris  en  une  brassée 
Je  le  portai  dans  l'eau. 
Je  montai  sur  un  saule. 
Pour  voir  s'il  nageait. 


IIO  POESIES   POPULAIRES 

Jou  cresioi  que  badinio. 
Lou  praubas  se  negauo. 
Lou  p-engtièri  en  un  brassât  : 
Lou  tirèri  de  Taigo. 

Lou  pourtèri  au  soureil  : 
Las  mouscos  lou  picauon. 
Lou  pourtèri  au  pouraillè  : 
Las  pouros  lou  grafiauon. 

Lou  pourtèri  au  graiè  : 
Lous  ratx_  (i)  lou  trigoussauon. 
Lou  pourtèri  darrè  l'oustau  : 
Lou  praube  se  tourrauo. 


Lou  pourtèri  darrè  Toustau  :   ) 
Lou  praube  se  tourrauo.        ; 
Lou  pourtèri  au  Ilèit  dab  jou  : 
Lou  praube  s'esùrauo. 
Bien  soui  maridado,  bien 
Bien  soui  maridado. 

(l)  Rai^,  rats,  f.    1.  ;   en  g.,  arral;^. 


(bis). 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  III 

Je  croyais  qu'il  badinait. 
Le  pauvre  se  noyait. 
Je  le  pris  en  une  brassée  : 
Je  le  tirai  de  l'eau. 

Je  le  portai  au  soleil  : 
Les  mouches  le  piquaient. 
Je  le  portai  au  poulailler  : 
Les  poules  l'égratignaient. 

Je  le  portai  au  grenier  : 
Les  rats  le  charriaient. 
Je  le  portai  derrière  la  maison  : 
Le  pauvre  se  gelait. 

Je  le  portai  derrière  la  maison  :   ) 

T  1  •  \   (bis). 

Le  pauvre  se  gelait.  ) 

Je  le  portai  au  lit  avec  moi  : 

Le  pauvre  s'étirait. 

Bien  je  suis  mariée,  bien      ) 

T>-       •        ■  ■.     /  N  K  (bis). 

Bien  je  suis  mariée  (i).        ) 

(i)  Tiré  du  recueil  de  L.imbcrt  (.\genais  et  Brnilhois). 


112  POÉSIES   POPULAIRES 


XXIX 


LOU    MOÈNO 


Que  s'es  lèuat,  lou  moèno  (i), 
Que  s'ès  lèuat  maitin. 
Pren  soun  sac,  soun  ase, 
S'en  ba  dret  au  moulin. 
Trop  s'èro  lèuat,  lou  moèno. 
Trop  s'èro  lèuat  maitin. 

Las  brumos  soun  espessos 
Se  troumpo  de  camin. 
Que  mounto  sur  un  aubre, 
Per  abisa  camin. 

La  branco  èro  seco,   / 

„  r      •         k  (bis). 

rer  terro  se  routit.      ) 

Las  damos  de  la  bilo. 

An  entenut  soun  cric. 

Trop  s'èro  lèuat,  lou  moèno. 

Trop  s'èro  lèuat  maitin. 

(i)  Moivo,  moine,  f.  1.  ;  en  g.,  ntounge. 


(bis). 


(bis). 


(bis). 


DE    LA   GASCOGNE  I  I  5 


XXIX 


LE   MOINE 


(bis). 


Il  s'est  lève,  le  moine, 
Il  s'est  levé  matin. 
Il  prend  son  sac,  son  âne, 
S'en  va  droit  au  moulin. 
Trop  il  s'était  levé,  le  moine 
Trop  il  s'était  levé  matin. 

Les  brumes  sont  épaisses 
Il  se  trompe  de  chemin. 
Il  monte  sur  un  arbre. 
Pour  regarder  le  chemin. 


(bis). 


(bis). 


La  branche  était  sèche, 
Par  terre  il  se  foutit. 
Les  dames  de  la  ville. 
Ont  entendu  son  cri . 
Trop  il  s'était  levé,  le  moine, 
Trop  il  s'était  levé  matin  (i). 


(bis). 


(i)  Dicté  par  Isidore  Escarnot,  de  Bivès  (Gers).  Voy.,  p.    46- 
49,  la  chanson  intitulée  :  La  Fille  du  voisin. 


III 


114  POÉSIES   POPULAIRES 


XXX 

TIRO,    MARINE,    TIRO 

—  «  Tire,  marine,  tiro  : 
Tiro  de  l'abiroun. 

—  Coumo  tireri,  praube? 
Jou  n'èi  cap  d'abiroun.  » 
Doundèno  la  doundèno,   ) 
Doundèno  la  doundoun.   ) 


(lus). 


(bis). 


Quant  soun  au  mièi  de  l'aigo, 
Canton  uo  cansoun. 
Pierre  que  la  disèuo  : 
Janetoun  la  respoun. 

Soun  pai  n'èro  en  frinesto  : 
N'escoutauo  lou  soun. 

—  «  Atau,  atau,  ma  hillo, 
Toutjour  tu  hès  l'amou. 

—  Jou  heù  l'amou,  moun paire, 
Certos,  n'auètz  rasoun. 

Jou  boi  pas  passa  soulo, 
Lou  tems  qu'es  lou  mes  boun. 


DE   LA   GASCOGNE  11$ 


XXX 

TIRE,    MARINIER,    TIRE 

—  «  Tire,  marinier,  tire  :  ) 

Tire  de  l'aviron.  j  '     ^' 

—  Comment  tirerais-je,  pauvre  ? 
Je  n'ai  pas  d'aviron.  » 
Dondaine  la  dondaine. 


Dondaine  la  dondon.     '  ^ 

Q.uand  ils  sont  au  milieu  de  l'eau. 
Ils  chantent  une  chanson. 
Pierre  la  disait  : 
Jeanneton  y  répond. 

Son  père  était  à  la  fenêtre  : 
II  en  écoutait  le  son. 

—  «  Ainsi,  ainsi,  ma  fille. 
Toujours  tu  fais  l'amour. 

—  Je  fais  l'amour,  mon  père. 
Certes,  vous  avez  raison. 

Je  ne  veux  pas  passer  seule, 
Le  temps  qui  est  le  meilleur. 


Il6  POÉSIES   POPUL.VIRES 


M'auoussotz  maridado, 

^  ,.1  I  (bis). 

Quant  n  ero  la  sasoun.    '  ^     ' 

M'auoussotz  dado  au  Pierre, 

Qu'es  un  brabe  garçoun.  » 

Doundèno  la  doundèno, 


Doundèno  la  doundoun.   * 


XXXI 


LOU   MEN   PAI   ME   MARIDO 

Lou  men  pai  me  marido.    ) 

Que  me  bo  marida,  la  la.   )  j 

M'a  dado  en  un  ome,  i 

Que  hè  pas  que  rouna.  | 

Hou  i  hou  !  hou  !  Ça  ne  va  guère., 

Tra  la  la.  Ça  ne  va  pas. 

Lou  se  de  mas  noucetos, 
Dambe  et  me  hè  coucha. 
M'estèi  pas  mièi  couchado, 
Me  crido  :  «  Be-t'en-la.  >> 


(Us). 


DE   LA   GASCOGNE  1 1 7 


Que  ne  m'avez-vous  mariée,   ) 
Quand  il  était  saison.  ) 

Que  ne  m'avez-vous  donnée  à  Pierre, 
Qui  est  un  brave  garçon .  » 
Dondaine  la  dondaine, 


^      ,  .      ,1      .       ^  s     i  (bis). 
Dondaine  la  dondon  (i).   * 

(i)  Dicté  par  Françoise  Lalanne,  de  Lectoure.  Cf.  Cénac-Mon- 
.«ut,  314-16,  Ijûus  Aotùjès  de  la  Marioun  (Gascogne). 


XXXI 

MON    PÈRE  .ME   MARIE 

Mon  père  me  marie. 


Il  veutmemaner,  la  la.   ) 
Il  m'a  donnée  à  un  homme, 
Qui  ne  fait  que  grogner. 
Hou  !  hou  !  hou  !  Ça  ne  va  guère. 
Tra  la  la.  Ça  ne  va  pas. 

Le  soir  de  mes  noces, 
Avec  lui  il  me  fait  coucher. 
Je  ne  fus  pas  à  moitié  couchée, 
Qu'il  me  crie  :  «  Va-t'en-loin.  » 


(bis). 


Il8  POÉSIES   POPULAIRES 


Me  prengui  moun  courtsage, 
Coutilloun  a  la  man, 
M'en  bau  enta  ma  maire, 
Per  lou  counta  l'afa. 

—  «  Pren  patienço,  ma  hillo, 
L'as  :  te  lou  eau  goarda. 

A  bint  escutz  au  coffre, 
Belèu  te  lous  dara. 

—  Au  diable  la  richesse,     ) 
E  mes  qui  l'aimera,  la  la.    ) 
M'aimeri  mes  un  dronle, 
Que  m'embrassèsse  plan.  » 

Hou  !  hou  !  hou  !  Ça  ne  va  mère,    I    „  .  , 
Tra  la  la.  Ça  ne  t'a  pas.  ) 


«^f 


DE   LA   GASCOGNE  I  I9 


Je  prends  mon  corsage, 
Cotillon  à  kl  main, 
Je  m'en  vais  chez  ma  mère. 
Pour  lui  conter  l'affaire. 

—  «  Prends  patience,  ma  lille. 
Tu  l'as  :  il  faut  le  2;arder. 
Il  a  vingt  écus  dans  le  coffre. 
Peut-être  il  te  les  donnera. 

—  Au  diable  la  richesse,  \ 
Et  aussi  qui  l'aimera,  la  la.     ) 
J'aimerais  mieux  un  garçon, 
Q.ui  m'embrassât  fort.   » 

Hou  !  hou  !  hou  I  Ça  ne  va  guère,  ) 
Tra  la  la.  Ça  ne  va  pas  (i).  j 

(i)  Chanté  par  feue  Madame  Bâche,  de  Mauvezin  (Gers). 
Ct.  Puymaigre,  287,  La  mariée  (P.iys  Messin);  Damase  Arbaud, 
1,  i;i,  Moun  jouli  jardinet  (Provence);  Durrieux,  259-40,  La 
Fille  mal  mariée  (Carabrésis)  ;  Marcellus,  Chant  de  Pappanlonis, 
dans  les  Chants  popnlaires  de  la  Grèce  moderne  ;  Wolff,  Volkslie- 
der  aus  Vénitien,  n°  98,  p.  74,  La  dona  mal  marilata,  Bu- 
jeaud,  H,  6i,  Mon  père  m'y  marie  (Provinces  de  l'Ouest). 


('"■O- 


»s# 


I20  POÉSIES   POPULAIRES 


XXXII 


DENS   LA    BILO    DE   CRASTOS 

Dens  la  bilo  de  Crastos,   ) 

^         •  (his). 

Que  ni  a  uo  tour,  ) 

E  uo  tant  bèro  hillo, 

Que  plouro  nèit  e  jour. 

Ah  !  soubent,  qu'arregrèti, 

Lous  plasés  de  l'amou. 

Sa  mai  que  lou  demande  : 

—  «  Ma  hillo,  qu'auètz-bous  ? 
Auètz-bous  la  jaunisso, 

Ou  mau  de  l'amou  ? 

—  Jou  n'èi  pas  la  jaunisso. 
Ni  lou  mau  de  l'amou. 
Jou  regrèti  un  joen  orne. 
M'auèno  hèit  la  cour. 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  121 


XXXII 


DANS   LA    VILLE    DE    CRASTES 

Dans  la  ville  de  Crastes  (i),   j 

Il  y  a  une  tour,  j  ^     ^' 

Et  une  si  belle  fille, 

Qui  pleure  nuit  et  jour. 

Ah  !  souvent,  je  regrette,  \ 

Les  plaisirs  d'amour.         j        ^' 

Sa  mère  lui  demande  : 

—  «  Ma  fille,  qu'avez-vous  ? 
Avez-vous  la  jaunisse, 

Ou  le  mal  d'amour  ? 

r 

—  Je  n'ai  pas  la  jaunisse. 
Ni  le  mal  d'amour. 

Je  regrette  un  jeune  homme. 
Il  m'avait  fliit  la  cour. 

(i)  Commune  du  département  du  Gers. 


122  POÉSIES    POPULAIRES 

Praube  !  M'a  bien  aimado  1 
Sera  penjat  au  jour. 
—  Bourrèu,  se  tu  lou  penjos, 
Me  penjeras  a  jou. 

Toutz  dus  en  mémo  hosso, 
Toutz  dus  enterratz  nous. 
Lous  Sent-Jacaires  passon, 
Dambe  sous  grans  bourdous. 

Preguatz  Diu,  Sent-Jacaires,  \ 

Loun  Boun  Diu  pietadous,  j 

Que  boute  au  cèu  las  amos 

Dous  praubes  amourous.  » 

Ah  !  soubent,  jou  qu'arregrèti,     i    ,,  .  , 

;  (bis). 
Lous  plasés  de  l'amou. 


*$• 


DE    LA    GASCOGNE  12 3 


Pauvre  !  Il  m'a  bien  aimée  ! 
Il  sera  pendu  au  jour. 
—  Bourreau,  si  tu  le  pends, 
Tu  me  pendras,  moi. 

Tous  deux  en  même  fosse, 

Tous  deux  enterrez-nous. 

Les  pèlerins  de  Saint- Jacques  passent. 

Avec  leurs  grands  bourdons. 

Priez  Dieu,  pèlerins  de  Saint- Jacques,   ) 

Le  Bon  Dieu  compatissant,  j        '^' 

Qii'il  mette  au  ciel  les  âmes 
Des  pauvres  amoureux.  » 
Ah  !  souvent,  je  regrette,      ) 
Les  plaisirs  de  l'amour  (i).   ) 

(i)  Dicté  par  feu  Prosper  Laftorgue,  d'Auch  (Gers).  Cf. 
Champfleury,  150-51,  La  Pernelte  (Dauphiné)  ;  Lamarque  de 
Plaisance,  69- 70;  Almanach  des  traditions  populaires,  i"  année, 
p.  70-72,  L'Amour  malheureux  (environs  de  Lorient);  Bladé, 
t.  II,  du  présent  recueil,  p.  190-93,  Petite  Marguerite  (Gas- 
cogne.) 


124  POÉSIES   POPULAIRES 


XXXIII  • 

I 


EN   TOURNA   DE   LA   BOTO 

En  tourna  de  la  boto,       ) 
Passant  per  Serillac,         i 
Tout  lou  mounde  disèuo 
Qu'èri  un  brabe  gouiat. 
La  miro  liran  lireto, 
La  miro  liran  lira. 


(bis). 


Mes  jou,  per  lous  hè  bese 
Qu'acô  èro  bertat, 
Me  bouti  man  en  pocho. 
Un  ausèt  n'èi  tirât. 

I  a  très  joenos  gouiatos, 
Que  l'an  marcandejat. 
La  mes  joeneto  d'eros, 
A  finit  lou  marcat. 


DE  LA  GASCOGNE  12$ 


XXXIU 
EN  REVENANT  DE  LA  FÊTE  PATRONALE 

En  revenant  de  la  fête  patronale,     )  ^, .  , 
^    .„      .  .  l  (bis). 

Passant  par  Scnllac(i),  ) 

Tout  le  monde  disait 

Que  j'étais  un  brave  garçon. 

La  mire  liranlirette, 


La  mire  liran  lira. 


Mais  moi,  pour  leur  faire  voir 
Que  cela  était  vrai, 
Je  mets  la  main  à  la  poche. 
Un  oiseau  j'en  ai  tiré. 

Il  y  a  trois  jeunes  filles, 
Qui  me  l'ont  marchandé. 
La  plus  jeunette  d'elles, 
A  fini  le  marché. 

(i)  Château  de  la  commune  de  La  Sauveut  (Gers). 


126  POÉSIES   POPULAIRES 


La  mes  joeno  hilletdf; 

Au  sen  se  l'a  boutât. 

L'ausèt,  per  l'escauhuro,  l 

S'es  arrebiscoulat.  ! 


Sur  uo  branco  d'aoumo, 
Que  s'es  arrepausat. 
La  branco  n'èro  seco. 
L'ausèt  que  n'es  toumbat. 

La  terro  n'èro  duro  : 
La  cûo  s'es  truchat. 
Per  aqui  que  passauon, 
Quoate  charraantz  gouiatz. 

L'ausèt,  dens  soun  lengatge, 

Ta  lèu  lous  a  cridat  : 

—  «  Augetz  pietat  de  cûo, 

Se  n'auètz  pas  dou  cap.  » 

La  miro  liran  lireto, 

La  miro  liran  lira. 


(bis). 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  127 

La  plus  jeune  fillette, 
Dans  son  sein  l'a  mis. 
L'oiseau,  par  la  chaleur. 
S'est  tout  ragaillardi. 

Sur  une  petite  branche  d'ormeau, 
Il  s'est  reposé. 
La  branche  était  sèche. 
L'oiseau  est  tombé. 

La  terre  était  dure  : 
Il  s'est  brisé  la  queue. 
Par  là  passaient. 
Quatre  charmants  garçons. 


(bis). 


L'oiseau,  dans  son  langage. 

Aussitôt  leur  a  crié  : 

—  «  Ayez  pitié  de  la  queue, 

Si  vous  n'en  avez  pas  de  la  tête.   » 

La  mire  liran  liretîe,         } 

La  mire  liran  lira  (i).     ) 

(i)  Dicté  par  Françoise  Lalanne,  de  I.tctoure.  Cf.  Durrieux, 
Sur  le  clocher  de  Vaulx  (Carabrésis);  Puyraa-gre,  295-91,  Il 
Coucou  (Pays  Messin);  Tarbé,  243,  Le  Médecin  Raton  (Cham- 
pagne); Buchon,  132-35,  Fo/<  ro/eWc  (Franche-Coratii);  Legrand, 
Romania,  n°  39  (Calvados). 


128  POÉSIES   POPULAIRES 


(hs). 


XXXIV 


LA    CRABO   BLANCO 

La  nosto  crabo  blanco,  l  /r-  \ 

N'anguera  plus  aus  camps.     ) 
Nou  i  es  que  trop  anado, 
Aus  cauletz  dou  Duran. 
Tire  liro  lantran, 
Lantran   tran    tiro  liro. 

L'an  rendudo  assinnado. 
Déjà  s'en  hè  cent  frans. 
La  crabo  n'est  pas  soto. 
S'en  ba  au  Parloment. 

Que  retrousso  sa  cûeto, 
Et  s'assèt  sur  un  banc. 
A  hèit  très  petz  pou  jutge, 
Un  per  lou  liutenant. 


DE   LA   GASCOGNE  ï2Çf 


XXXIV 


LA   CHÈVRE    BLANCHE 


Notre  chèvre  blanche, 
N'ira    plus  aux    champs. 
Elle  n'y  est  que  trop  allée, 
Aux  choux  de  Durand. 
Tire  lire  lantran, 


(hs). 


Lantran  tran  tire  lire.     * 


On  l'a  assignée. 

Déjà  elle  s'en  fait  cent  francs  (i). 

La  chèvre  n'est  pas  sotte. 

Elle  s'en  va  au  Parlement  (2). 

Elle  retrousse  sa  queue. 

Et  s'assied  sur  un  banc. 

Elle  a  fait  trois  pets  pour  le  juge, 

Un  pour  le  lieutenant. 

([)  De  frais. 

(2)  Fait  appel  au  Parlement. 

m 


130  POÉSIES   POPULAIRES 

A  hèit  très  petz  pou  jutge, 
Un  per  lou  lieutenant  : 
Un  paillassoun  de  crotos, 
Per  moussu  lou  sergent. 

Un  paillassoun   de  crotos, 

Per  moussu  lou  sergent. 

—  «  S'ac6  nou  bous  countento, 

Bous  ne  harèi  astant.  » 

Tiro  liro  lantran,  )  ,. .  . 

Lantran  tran  tiro  liro.       ) 


(bis). 


DE    LA   GASCOGKE  I }  I 

Elle  a  fait  trois  pets  pour  le  juge, 
Un  pour  le  lieutenant  : 
Un  paillasson  de  crottes, 
Pour  monsieur  le  sergent. 


Un  paillasson  de  crottes, 
Pour  monsieur  le  sergent. 
—   «  Si  cela  ne  vous  contente, 
Je  vous  en  ferai  autant.  » 
Tire  lirelantran, 
Lantran  tran  tire  lire  (i). 


(bis). 


(bis). 


(i)  Dicté  par  Catherine  Sustrac,  de  Sainte- Bulalie,  commune 
de  Cauzac  (Lot-et-Garonne).  Le  recueil  manuscrit  de  Charbel 
contient  un  rondeau  à  peu  près  conforme  (Agenais). 


132  POÉSIES   POPULAIRES 


XXXV 


LA    CRABO 


La  crabo  n'es  entrado 
Au  casau  dou  Duran. 
Minjauo  las  laitugos, 
E  mes  lous  cauletz  blancs. 
Duran,  la  brigo  doundèno, 
Duran,  la  brigo  doundoun. 

L'an  rendudo  assinnado 
Dauant  lou  lieutenant. 
La  crabo  n'es  pas  soto. 
S'en  ba  au  Parlement. 


(bis). 


(bis). 


i 


Hascouc  un  pet  pou  jutge,  )   ., .  >  ' 

1  (bis).  1 

Dus  per  lou  lieutenant,  )  1 

Un  plen  desquet  de  crotos, 

Per  toutz  lous  assistantz. 

Duran,  la  brigo  doundèno, 

Duran,  la  brigo  doundoun. 


(/.-.•;. 


DE   LA   GASCOGNE  13} 


XXXV 

LA     CHÈVRE 

La  chèvre  est  entrée  ) 

Au  jardin  de  Durand.  ) 

Elle  broutait  les  laitues, 
Et  même  les  choux  blancs. 
Durand,  la  brigue  dondaine, 
Durand,  la  brigue  dondon. 


(bis). 


(bis). 


On  Ta  assignée 
Devant  le  lieutenant. 
La  chèvre  n'est  pas  sotte. 
Elle  s'en  va  au  Parlement. 

Elle  fait  un  pet  pour  le  juge, 
Deux  pour  le  lieutenant. 
Un  plein  panier  de  crottes. 
Pour  tous  les  assistants. 
Durand,  la  brigue  dondaine,         \ 
Durand,  la  brigue  dondon  (i).      ) 


(bis). 


(bis). 


(i)  Dicté  par  ma  belle-mère,  madame  Lacroix,  de  Notre-Dame- 
de-Bon-Encontre    (Lot-et-Garonne).    Cf.  la  chanson  précédente. 


134  POÉSIES   POPULAIRES 


XXXVI 


JANETO 


L'èi  presse  per  la  man, 

L'èi  miado  a  la  danso.         '  ^     '' 

—  «  Boulètz  dansa,  Janeto? 
Maluroun  malureto. 

—  Nou  certes,  dansi  pas, 


Malureto  malura.  ' 


Me  eau  ana  a  la  messo. 
A  la  messo  me  eau  ana.  » 
Quant  estèn  au  mièi  dou  prat: 

—  «  Assetèn-nous,  Janeto. 

—  Nâni  eertos,  m'assèti  pas. 
Nous  eau  ana  a  la  messo.  )> 
Quant  estèn  à  med  culpd. 
L'en  brumbèe  à  Janeto. 


DE   LA   GASCOGNE  I3S 


XXXVl 


JEANNETTE 


Te  l'ai  prise  par  la  main,       )  „  .  . 

t  (bis). 
Je  1  ai  menée  à  la  danse.       ) 

—  «  Voulez-vous  danser,  Jeannette  ? 
Maluron  malurette. 

—  Non  certes,  je  ne  danse  pas, 
Malurette  malura. 


(bis). 


Il  me  faut  aller  à  la  messe. 
A  la  messe  il  me  faut  aller.  » 
Quand  ils  furent  au  milieu  du  prc  : 

—  «  Asseyons-nous,  Jeannette. 

—  Non  certes.  Je  ne  m'assieds  pas. 
Il  nous  faut  aller  à  la  messe.  » 
Quand  ils  en  furent  à  meâ  culpâ. 

Il  en  souvint  à  Jeannette. 


136  POÉSIES    POPULAIRES 

Lou  clerc,  fort  estounat, 
Espio  la  Janeto. 

—  «  Janeto,  n'i  pensatz  pas. 
Ac6  es  pas  a  la  messo. 

Acô  es  pas  a  la  messo.  1   y,  ■  ^ 

I  (bts). 

—  Caro-te  tu  fripoun.  ) 
Auras  la  discipline, 
Maluroun  malureto, 

A  grans  cops  de  bastoun, 
Malureto  malura.  » 


y^ 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  I57 

Le  clerc,  fort  étonné, 
Regarde  Jeannette. 

—  «  Jeannette,  vous  n'y  pensez  pas. 
Cela  n'est  pas  dans  la  messe. 

Cela  n'est  pas  dans  la  messe.     ) 
T.  .       .    r  .  i  (bis). 

—  Tais-toi,  fripon,  \ 

Tu  auras  la  discipline, 
Maluron  malurette, 
A  grands  coups   de  bâton,       i 
Malurette,  malura  (i).  »  S 


(i)  Dicté  par  Marie    Lagarde,    de   Gimbréde    (Gers).    Cette 
chanson  est  certainement  incomplète. 


^ 


138  POÉSIES   POPULAIRES 


XXXVII 


AQ.UEROS   MOUNTAGNOS 


(bis). 


(bis). 


Aqueros  mountagnos, 
Que  ta  hautos  soun, 
M'empachon  de  bese 
Mas  amous  oun  soun. 
Toun  deritoun  deridèto, 
Toun  deritoun  lala. 

Se  sabi  oun  las  bese, 
Oun  las  rencountra, 
Passer!  l'aigueto, 
Sens  poù  de  me  negua. 


Hautos  be  soun  hautos  :  ^ 

Mes  s'abacheran.  \ 
Las  mios  amouretos, 
Que  s'aproucheran. 

Toun  deritoun  deridèto,  i 

Toun  deritoun  lala.  j 


DE   LA   GASCOGNE  139 

XXXVII 
CES   MONTAGNES 

Ces  montagnes,  )  ^j^-.y 

Qui  si  hautes  sont,        ) 
M'empêchent  de  voir 
Où  sont  mes  amours. 
Ton  deriton  deridette,     î 
Ton  deriton  lala.  ) 

Si  je  savais  où  les  voir, 
Où  les  rencontrer, 
Je  passerais  l'eau, 
Sans  peur  de  me  noyer. 

Hautes,  oui  elles  sont  hautes  :   }  ^^.^^ 

Mais  elles  s'abaisseront.  i 

Mes  amourettes. 

S'approcheront. 

Ton  deriton  deridette,         |         , 

Ton  deriton  lala(i).  ) 

(0  le  sais,  depuis  mon  enfance,  ces  couplets,  que  cemms 
.u.èurs  ont  désigné,  je  ne  sais  pourquoi,  sous  le  nom  de  Chanson 
1  Gaston-Phibuf,  comte  de  Foix  et  vicomte  de  Bearn.  Depui^ 
V  ngt  a^s,  k  pi  ce  originale  a  subi  des  additions,  qu.  var.en, 
.2n  Us  pays/et  qui  sSnt  en  général  des  oeuvres  de  lettres.  Cf. 
Ccnac-Moncaut.  401-5,  Cansoun  de  Phebus  (Béam). 


I40  POÉSIES    POPULAIRES 


XXXVIII 

MOUN    PAI    ME   MARIDO 

Moun  pai  me  marido. 


Dab  lou  men  galant.         *  ^ 
Ço  que  me  defriso, 
Qu'es  un  pauquet  Jan  (i), 

Deritou  deritèno, 
Qu'es  un  pauquet  Jan    (bis). 


(i)  Un  peu  simple. 


XXXIX 


PETITO   AUSERETO 

Petito  ausèreto,  1   „  •  , 

(bis). 
Dens  soun  nm  s'en  ba.  ) 

Sur  un  branc  d'ouliuo, 

Se  ba  repausa. 

Bruno,  iou  soui  bruno.      ) 

Bruno  boi  esta.  ' 


DE   LA   GASCOGNE  I4I 


XXXVIII 
MON   PÈRE   ME   MARIE 

Mon  père  me  marie,        ) 

A  1  (l"'s)- 

Avec  ridon  galant.  )  ^     ' 

Ce  qui  me  défrise, 

C'est  qu'il  est  un  peu  Jean, 

Deriton  deritaine, 

C'est  qu'il  est  un  peu  Jean  (i)  (l'is). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais). 


XXXIX 


PETITE   OISELETTE 

Petite  oiselette,  ) 

Dans  son  nid  s  en  va.    ) 
Sur  une  branche  d'olivier, 
Elle  va  se  reposer. 
Brune,  je  suis  brune. 


Brune  je  veux  être.         ' 


142 


POÉSIES    POPULAIRES 


La  branco  n'es  duro. 
S'es  blassado  au  cap. 
N'i  a  pas  nat  au  mounde, 
Que  Tango  ajuda. 

Mes  sa  mai  l'ausèro, 
L'angouc  relèua. 

—  «  Ausèreto,  m'aimos. 
Jou  te  boi  aima. 

—  Très  plumos  de  l'alo, 
Jou  que  te  boi  da. 
Duos  soun  daurados  : 
L'auto  que  n'es  pas. 


Se  n'es  pas  daurado, 
La  harèi  daura. 
Quant  sera  daurado, 
Jou  te  la  boi  da.  » 
Bruno,  jou  soui  bruno. 
Bruno  boi  esta. 


(his). 


(bis). 


DE  LA  GASCOGNE  143 


La  branche  est  dure. 
Elle  s'est  blessée  à  la  tête. 
Il  n'y  a  personne  au  monde, 
Qui  aille  l'aider. 

Mais  sa  mère  l'oisele 
Alla  la  relever. 

—  «  Oiselette,  tu  m'aimes. 
Je  veux  t'aimer. 

—  Trois  plumes  de  l'aile, 
Je  veux  te  dormer. 
Deux  sont  dorées  : 
L'autre  ne  l'est  pas. 

Si  elle  n'est  pas  dorée, 

Je  la  ferai  dorer. 

Quand  elle  sera  dorée, 

Je  veux  te  la  donner.  » 

Brune,  je  suis  brune.  \  n  '  ) 

Brune  je  veux  être  (i).       ; 

(i)  Dicté  par  Isidore  Escamot,  .'de  Bivès  (Gers).  Cf.  supr.  p. 
124-127,  la  Chanson  de  danse  XXXIII,  En  revenant  de  la  fite 
patronale  (Gascogne). 


-(his). 


144  POÉSIES   POPULAIRES 


XL 


ANGUERAN    AU   PRAT 


(bis). 


(bis). 


Angueran  au  prat, 
Heneja  uo  ouro. 
Lou  resto  dou  jour, 
Boïi,  boit,  boli, 
Lou  resto  dou  jour, 
BoU  hè  l'amou. 

L'amou  d'un  bieillard, 
Nou  duro  qu'uo  ouro. 
Lou  dou  men  pastou, 
Duro  nèit  e  jour. 


L'aigo  me  hè  mau. 

Boli  pas  mes  beue. 

Boli  dou  boun  bin,  | 

BoU,  boli,  boli, 

Boli  dou  boun  bin       ^ 


(bis). 


Dou  noste  besin.  ) 


(bis). 


DE    LA   GASCOGNE  145 


XL 

NOUS   IRONS   AU    PRÉ 

Nous  irons  au  pré,       ) 
Faner  une  heure.  )  ^    ^'^' 

Le  reste  du  jour, 
Je  veux,  je  veux,  je  veux, 
Le  reste  du  jour,  ) 

Je  veux  faire  l'amour.       )  ^ 

L'amour  d'un  vieillard. 
Ne  dure  qu'une  heure. 
Celui  de  mon  pâtre, 
Dure  nuit  et  jour. 

L'eau  me  fait  mal.  J 

Je  ne  veux  plus  boire.       \ 
Je  veux  du  bon  vin, 
Je  veux,  je  veux,  je  veux, 
Je  veux  du  bon  vin  i 

De  notre  voism  (i).  )  ^ 

(1)  Tiré  du  recueil  de  Cbarbcl  (Agenais). 


(Ins). 


III  10 


146  POÉSIES   POPULAIRES 


XLI 


LOU    CERCO-HENNOS 


—   «  Adichatz,  gens  de  la  maisoun, 
Lou  toupin,  lou  cuillè,  lou  tournejoun. 
Oun  auètz  boste  pèro  ? 


Lou  toupin  e  la  cuillèro.  ' 


—  Moun  pai  es  estât  au  marcat, 
Lou  toupin,  la  cuillèro,  lou  gran  plat, 
Au  marcat,  a  la  hero, 
Lou  toupin  e  la  cuillèro. 


(Us). 


—  Sabètz  perque   jou  soui  bengut? 
Lou  toupin,  lou  cuillè,  lou  bin  bèut  ? 
Bous  demanda  uo  hillo. 


Lou  toupin  e  la  gran'  grillo.       ) 

—  Pierrot,  quino  boulètz-bous  dounc  ? 
Lou  toupin,  lou  cuillè,  lou  tournejoun. 

—  Boi  la  Margarideto 


Lou  toupm  e  1  escauneto.  ' 


(bis). 


(Us). 


(Us). 


(Us). 


DE    LA   GASCOGNE  147 


XLI 

LE   CHERCHEUR    DE    FEMMES 

—  «  Bonjour,  gens  de  la  maison.       ) 

La  mamiite,  la  cuiller,  la  spatule  (i).)  ^  ^^' 

Où  avez-vous  votre  père?  ) 

La  marmite  et  la  grande  cuiller.  )  (^'^^^ 

—  Mon  père  est  allé  au  marché,  ) 

La  marmite,  la  cuiller,  le  grand  plat,    j  ^    '^^ 

Au  marche,  à  la  foire,  ) 

La  marmite  et  la  grande  cuiller,     j  '  '  ^' 

—  Savez-vous  pourquoi  je  suis  venu?  ) 

La  marmite,  la  cuiller,  le  vin  bu.         ]  ^  ^^' 

Pour  vous  demander  une  fille,  ) 

La  marmite  et  le  grand  gril.  )  (^"^• 

■     —  Pierrot,  quelle  voulez-vous  donc  ?  ) 
La  marmite,  la  cuiller,  la  spatule.         \  ^    -'• 

—  Je  veux  Margueridette,  ) 

La  marmite  et  la  bassinoire.  j  '    ^■^' 

(i)  A  remuer  la  bouillie  de  maïs. 


148  POÉSIES    POPULAIRES 


—  La  Margarido  n'auratz  pas.  ) 

Lou  toupin,  la  cuillèro,  lou  cédas.         )  ^     '' 
Que  n'es  trop  capsadeto, 
Lou  toupin  e  l'escauheto  : 


{bis). 


Capsado  deguens  la  maisoun,  ) 

Lou  toupin,  lou  cuillè,  lou  tournejoun.     y  "  ^' 
La  maisoun  de  soun  pèro,        \ 
Lou  toupin  e  la  cuillèro.  )        ^' 

Poudètz  ana  parla  a  sa  mai,  \ 

Lou  toupin,  la  cuillèro,  lou  carmail.    j  '    ^^' 

Bous  baillera  l'Anneto,        ) 

Lou  toupin  e  l'escauheto.    )        ^' 


L'Anneto  qu'es  basudo  esprès 
La  poudètz  ana  bese  au  brès. 
Bous  bailleran  l'Anneto. 
Lou  toupin  e  l'escauheto.  » 


(bis). 


(bis). 


^ 


DE    LA    GASCOGNE 


149 


—  Marguerite  vous  n'aurez  pas. 
La  marmite,  la  cuiller,  le  tamis. 
Elle  est  trop  bonne  ménagère, 
La  marmite  et  la  bassinoire  : 


(Ns). 


(bis). 


Bonne  ménagère  dans  la  maison, 
La  marmite,  la  cuiller,  la  spatule. 
La  maison  de  son  père,  1 

La  marmite  et  la  grande  cuiller.) 


(bis). 


(bis). 


Vous  pouvez  aller  parler  à  sa  mère, 
La  marmite,  la  cuiller,  la  crémaillère 
Elle  vous  donnera  Annette,         ^ 
La  marmite  et  la  bassinoire.        ! 


(bis). 


(bis). 


Annette  est  née  exprès. 
Vous  pouvez  aller  la  voir  au  berceau. 
On  vous  donnera  Annette.  ( 

La  marmite  et  la  bassinoire  (i).« 


\(bis). 
i  (bis). 


(1)  Dicté  p-ir  Françoise  Lalanne,  de  Lectoure.  Cf.  Ccnac-Mon- 
caut,  362-63,  Lou  Ccrco-hennos  (Gascogne);  Bujcaud,  II,  16-17, 
La  Cuillère  et  la  marmite  (Provinces  de  l'Ouest). 


150  POÉSIES    POPULAIRES 


XLU 


LA    HENNO    ALECADO  ^ 

j 

Au  Castera,  i  a  uo  hillo,       )   ,, .  ,  1 

Maridado  richoment. 


(bis). 


Ero  se  coho,  s'abillo, 
Dauant  soun  mirail  d'argent. 

Soun  mirail  partout  ne  porto, 
Dou  soun  orne  malasit. 
Lou  galant,  darrè  la  porto, 
Escouto  ço  que  lou  ditz. 

—  «  Caro-t',  caro-t',  mos  de  dronlo. 
Que  parlos  dempus  cap  d'an. 
Chez  toun  pai,  enta  Charrolo, 
Fignoulauos  pas  astant. 

Que  pourtauos  raubos  negros, 
Cousudos  dambe  hiu  blanc. 
Aci,  ne  portos  de  sedo, 
Debassis  de  bèro  l^n. 


(/-;.;. 


DE   LA   GASCOGN'l-  151 


XLII 


LA   FEMME   COaUtlTH 

Au  Castéra,  il  y  a  une  fille,  i 

I  (bis) . 
Mariée  richement.  ) 

Elle  se  coiffe,  s'habille,  /   ^,    ^ 

Devant  son  miroir  d  argent.  ) 

Son  miroir  partout  elle  porte, 
De  son  homme  maudit. 
Le  galant,  derrière  la  porte. 
Écoute  ce  qu'il  lui  dit. 

—  «  Tais-toi,  tais-toi,  morceau  de  tille. 
Qui  parles  depuis  le  premier  de  l'an. 
,  Chez  ton  père,  à  Charrole, 
Tu  ne  fignolais  pas  autant. 

Tu  portais  des  robes  noires. 
Cousues  avec  du  fil  blanc. 
Ici,  tu  en  portes  de  soie. 
Des  bas  en  belle  laine. 


1)2  POESIES    POPULAIRES 

Nou  t'  pleauos  que  d'armotos. 
Aci,  que  minjos  pan  blanc. 
Dècho  lou  niirail,  hennoto. 
Sai  m'ajuda  a  sauma  lou  camp. 

Jito  l'escarpin  la-horo. 
Bouto-t'  lous  esclops  d'un  truc  : 
E,  cap-nuso,  sensé  coho, 
Sai  hè  peta  lou  mailluc. 

—  Podi  dècha  raubo,  coho, 
E  segouti  lou  mailluc. 
Mes,  se  lou  galant  m'apèro, 
Lou  sièguerèi  sensé  brut.  » 


(bis),  I 

(Us).  I 


m 


DE   LA    GASCOGNE  153 


Tu  ne  te  remplissais  que  de  bouillie  de  maïs. 
Ici,  tu  manges  du  pain  blanc. 
Laisse  le  miroir,  petite  femme. 
Viens  m'aider  à  semer  le  champ. 

Jette  l'escarpin  au  loin. 
Mets  tes  sabots  d'un  seul  coup  : 
Et,  tête  nue,  sans  coiffe. 
Viens  faire  retentir  l'émottoir. 


—  Je  puis  laisser  robe,  coiffe. 
Et  secouer  l'émottoir. 
Mais,  si  le  galant  m'appelle,  ; 

Je  le  suivrai  sans  bruit  (i).  »  ) 


(his). 
(bis). 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Ctnac- 
Moncaut,  529-51,  La  Moitilhe  helecado  (G.iscogne).  Cf.  aussi  supr. 
p.  88-91  U  Chanson  de   danse  XXIII,  Iji  Dame  de  Fkttrance. 


»^i 


154  POÉSIES    POPULAIRES 


XLIII 

SE   TOUNOUN   LA   PEILLO   d'UN    MOUTOUN 

Se  tounoun  la  peillo  d'unmoutoun,  i 
Se  la  tounoun  a  l'oumbro.  )  ^ 

Quant  l'auoun  tounudo,       i 


La  praubo  peludo,  ) 


(bis). 


Se  lauèn  la  peillo  dou  moutoun, 
Se  la  lauèn  a  l'oumbro. 
Quant  l'auoun  lauado, 
La  praubo  pelado, 

S'estenoun  la  peillo  dou  moutoun, 
Se  l'estenoun  a  l'oumbro. 
Quant  l'auoun  secado, 
La  praubo  pelado, 

Se  hilèn  la  peillo  dou  moutoun, 
Se  la  hilèn  a  l'oumbro. 
Quant  l'aoun  hilado, 
La  praubo  pelado, 


DE   LA    GASCOGNE  1$S 


XLIII 
ILS   TONDIRENT    LA   TOISON    D'UK    MOUTON 

Us  tondirent  la  toison  d'un  mouton,     i 
Ils  la  tondirent  à  l'ombre.  S 

Quand  ils  l'eurent  tondue,       / 

T  1  (  C''")- 

La  pauvre  velue,  ) 

Us  lavèrent  la  toison  du  moutoiu 
Ils  la  lavèrent  à  l'ombre. 
Quand  ils  l'eurent  lavée, 
La  pauvre  pelée, 

Ils  étendirent  la  toison  du  mouton, 
Ils  rétendirent  à  l'ombre. 
Quand  ils  l'eurent  .séchée, 
La  pauvre  pelée. 

Ils  filèrent  la  toison  du  mouton, 
Ils  la  filèrent  à  l'ombre. 
Quand  ils  l'eurent  filée, 
La  pauvre  pelée. 


IS6  POÉSIES    POPULAIRES 


La  techoun,  la  peillo  dou  moutoun, 
La  techoun  a  l'oumbro. 
Quant  l'auoun  techudo, 
La  praubo  peludo, 

La  coupèn,  la  peillo  dou  moutoun, 
La  coupèn  a  l'oumbro. 
Quant  l'auoun  coupado, 
La  praubo  turbado, 

La  pourtèn,  la  peillo  dou  moutoun, 
Au  soureil  e  a  l'oumbro. 


XLIV 


LOU    HER    D ASE 

De  boun  maitin  jou  me  lèuèi  (bis). 
Un  bèt  her  d'ase  troubèi. 
Dens  moun  jardin  jou  qu'entrèi. 

Un  bèt  her  d'ase  ! 
Boulètz  pas  trouca  moun  her  nau, 
Dab  un  bieil  d'ase? 


DE   LA    GASCOGNE  I57 


Ils  la  tissèrent,  la  toison  du  mouton, 
Ils  la  tissèrent  à  l'ombre. 
Quand  ils  l'eurent  tissée, 
La  pauvre  velue. 

Ils  la  coupèrent,  la  toison  du  mouton. 
Ils  la  coupèrent  à  l'ombre. 
Quand  ils  l'eurent  coupée, 
La  pauvre  troublée, 

Ils  la  portèrent,  la  toison  du  mouton, 
Au  soleil  et  à  l'ombre  (i). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais).  Cf.Mélusine,  413- 
15,  Li  Chanson  de  la  laiof.  (Velay).  —  Air  n"  3. 


XLIV 


LE   FER  D'aNE 

De  bon  matin  je  me  levai  (bis). 
Un  beau  fer  d'âne  je  trouvai. 
Dans  mon  jardin  j'entrai. 

Un  beau  fer  d'âne  ! 
Ne  voulez-vous  pas  troquer  mon  fer  neuf, 
Avec  un  vieux  fer  d'âne  ?    ■ 


158  POÉSIES   POPULAIRES 


Très  rosos  jou  que  i  coeillèi. 
Moun  Diu,  a  qui  las  baillerèi  ? 
A  un  bèt  amie  que  jou  èi  : 

A  un  bèt  amie  que  jou  èi  (bis). 
Très  poutetz  que  m'atraperèi, 
Que  quinze  jours  me  sentirèi. 

Un  bèt  her  d'ase  ! 
Boulètz  pas  trouca  moun  her  nau,         ) 
Countro  un  bieil  d'ase  ?  j 


XLV 


L  ASE   E   LA   GOUIO 


La  bèro  gouio  dou  besin, 

S'es  lèuado  de  maitin. 

Se  pren  soun  sac,  soun  ase, 

Litchaire  litchoun  ; 

Se  pren  soun  sac,  soun  ase, 

La  bèro  Marioun. 


(bis). 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  1 59 


Trois  roses  j'y  cueillis. 

Mon  Dieu,  à  qui  les  donnerai-je  ? 

A  un  bel  ami  que  j'ai  : 

A  un  bel  ami  que  j'ai  (bis). 

Trois  baisers  j'attraperai, 

Dont  quinze  jours  je  me  sentirai. 

Un  beau  fer  d'âne  ! 
Ne  voulez-vous  pas  troquer  mon  fer  neuf, 
Contre  un  vieux  fer  d'âne  (i)  ? 

(i)  Tiré  dn  recueil  de  Charbel  (Agenais). 


XLV 


l'ane  et  la  servante 

La  belle  servante  du  voisin, 

S'est  levée  matin. 

Elle  prend  son  sac,  son  âne, 

Litchaire  litchon  ; 

Elle  prend  son  sac,  son  âne, 

La  belle  Marion. 


(bis). 


(bis). 


(bis). 


l6o  POÉSIES   POPULAIRES 


Quant  lou  mouliè  la  bei  béni, 
L'arrise  nou  pouscouc  teni. 

—  «  Mouleras  la  prumèro. 

Darrè  lou  moulin  i  a  un  perè. 
Que  porto  peros  en  heure. 
Bèi-s-i  estaca  toun  ase.  » 

Mentre  que  lou  moulin  moule, 
Que  Marioun  parlauo  au  mouliè, 
Lou  loup  escano  l'ase. 

—  «  Moun  Diu,  mouliè,  auètz  gran  tort. 
Ètz  causo  que  l'ase  es  mort. 

Que  dira  noste  mestre  ? 

—  Bèi-t'en  la-haut.  I  èi  dètz  escutz. 
Gaho-ne  hoèit;  dècho-m'en  dus. 
Bèi-t'en  croumpa  un  aute  ase.  » 

La  gouio  s'en  court  au  marcat. 
N'i  trobo  qu'un  ase  escamat. 
Que  lou  bouto  l'aubardo. 


DE   LA   GASCOGNE  l6l 

Quand  le  meunier  la  voit  venir, 
Le  rire  il  ne  peut  tenir. 

—  «  Tu  moudras  la  première. 

Derrière  le  moulin,  il  y  a  un  poirier, 
Qui  porte  des  poires  en  février. 
Vas-y  attacher  ton  âne.  » 

Tandis  que  le  moulin  moulait, 
Que  Marion  parlait  au  meunier, 
Le  loup  étrangle  l'âne. 

—  «  Mon  Dieu,  meunier,  vous  avez  grand  tort. 
Vous  êtes  cause  que  l'âne  est  mort. 

Que  dira  notre  maître? 

—  Va-t'en  là-haut.  J'y  ai  dix  écus. 
Prends  en  huit  ;  laisse-m'en  deux. 
Va-t-en  acheter  un  autre  âne.  » 

La  servante  court  au  marché. 
Elle  n'y  trouve  qu'un  âne  estropié. 
Elle  lui  met  le  bât. 

III  II 


102  POÉSIES   POPULAIRES 


Quant  lou  mestre  la  bei  bent, 
Lou  ploura  nou  pot  pas  teni. 

—  «  Aquet  es  pas  noste  ase. 

Noste  ase  auèuo  très  pès  blancs  : 
Un  de  darrè,  dus  de  dauant. 
Auo  la  cûeto  negro. 

—  Mou  Diu,  mestre,  que  bous  troumpatz. 
Lou  mes  de  mai  es  arribat. 
Toutz  lous  ases  que  mudon. 

Se  la  cûeto  l'a  cambiat, 

Au  prat  que  s'es  trop  boulegat, 

Deguens  las  bignaudèros. 

—  Praubo  Marioun,  parles  pas  trop. 
Te  fouterèi  un  cop  d'esclop. 
Tourno-me  lou  men  ase. 

Moun  ase  èro  tout  esberit. 

Aqueste  es  tout  engarrancit. 

Tounio-me  lou  men  ase.  j 


( 


DE   LA   GASCOGNE  165 


Quand  le  maître  la  voit  venir, 
Le  pleurer  il  ne  peut  tenir. 

—  «  Celui-ci  n'est  pas  notre  âne. 

Notre  âne  avait  trois  pieds  blancs  : 
Un  de  derrière,  deux  de  devant. 
II  avait  la  queue  noire. 

—  Mon  Dieu,  maître,  vous  vous  trompez. 
Le  mois  de  mai  est  arrivé. 

Tous  les  ânes  muent. 

Si  la  queue  lui  a  changé, 

C'est  qu'au  pré  il  s'est  trop  agité, 

Dans  les  vignes  sauvages. 

—  Pauvre  Marion,  ne  parle  pas  trop. 
Je  te  foutrai  un  coup  de  sabot. 
Rends-moi  mon  âne. 

Mon  âne  était  tout  gaillard. 
Celui-ci  est  tout  perclus. 
Rends-moi  mon  âne. 


l64  POÉSIES    POPULAIRES 

—  Lou  praube  n'es  tout  ahamat. 
Sera  mes  escarrabillat  ; 
Se  lou  baillatz  siuaso.  » 

Lou  loup  pr'aquiu  èro  escounut. 
Quillo  l'aureillo  en  aquet  brut, 
Tant  de  poù  n'a  dou  mestre. 


Marioun  ne  gaho  lou  destrau.  i 

Ne  descabeillo  l'animau  ;  ) 

E  per  sa  recompenso, 

Litchaire  litchoun  ; 

Lou  mestre  que  la  preso  ) 

\  (bis). 

Per  mouillé,  a  Marioun.  ) 


DE    LA   GASCOGNE  l6<y 


—  Le  pauvre  est  tout  affamé. 

Il  sera  plus  gaillard, 

Si  vous  lui  donnez  de  l'avoine.  » 

Le  loup  par  là  était  caché. 
Il  dresse  l'oreille  à  ce  bruit. 
Tant  il  a  peur  du  maître. 

Marion  attrape  la  hache.         l  /i  ■  \ 

Elle  décapite  l'animal  ;  ) 

Et  pour  sa  récompense, 

Litchaire  litchon  ; 

Le  maître  l'a  prise 

Pour  femme,  Marion  (i). 


(bis). 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Pan-issac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  321-24,  L'^«  c(/nGoH/o (Gascogne).  Cf.  supr.,p.  14-21, 
la  Chanson  de   danse  III,  Qtuind  Marion  va  au  moulin. 


4. 


l66  POÉSIES    POPULAIRES 


XLVI 


JOAN   DE   NIBÈLO 

Joan  de  Nibèlo  a  un  capèt.  |  / j,  •  •> 

Lou  rèi  n'a  pas  nat  de  mes  bèt.  ) 
Ta  plan  capèro  la  pouillèro.  } 

Harri  dauant,  Joan  de  Nibèlo  !       ) 

Joan  de  Nibèlo  a  un  justo-cos. 

Per  dauant,  que  n'i  a  pas  nat  mos  ; 

E  per  darrè  la  penjourlèro.  5 

Joan  de  Nibèlo  qu'a  souliès,  ■; 

Oun  trauerson  lous  ditz  dous  pès,  'j 

E  n'i  a  pas  nado  semèlo.  1 

Joan  de  Nibèlo  a  un  can,  1 

Que  toutjour  lou  prestis  lou  pan,  < 

E  mes  l'amaro  de  bourmèro.  i 

Joan  de  Nibèlo  a  un  gat. 

Ta  plan  l'i  porto  lou  tabat.  i 

Débat  la  cûo  la  tabatièro. 


DE   LA   GASCOGNE  167 


XLVI 
JEAN   DE   NIVELLE 

Jean  de  Nivelle  a  un  chapeau.  / 

Le  roi  n'en  a  pas  de  plus  beau.  ) 

Tout  de  même  il  couvre  les  poux.  } 

Harri  devant,  Jean  de  Nivelle  !  ) 

Jean  de  Nivelle  a  un  juste-au-corps. 
Par  devant,  il  n'y  en  a  pas  un  morceau  ; 
Et  par  derrière  pend  la  loque. 

Jean  de  Nivelle  a  des  souliers. 
Où  traversent  les  doigts  des  pieds, 
Et  il  n'y  a  pas  de  semelle. 

Jean  de  Nivelle  a  un  chien, 
Qui  lui  pétrit  toujours  le  pain. 
Et  même  lie  la  pâte  avec  sa  morve. 

Jean  de  Nivelle  a  un  chat. 

Tout  de  même  il  lui  apporte  le  tabac. 

Sous  la  queue  la  tabatière. 


l68  POÉSIES   POPULAIRES 

Joan  de  Nibèlo  qu'a  uo  troujo, 
Que  ta  plan  lou  serbis  de  goujo, 
E  mes  lou  lauo  la  bachèro. 

Joan  de  Nibèlo  a  un  chibau, 
Qu'es  asta  magre  coumo  un  clau. 
Ta  plan  lou  hè  pourta  la  sèro. 

Joan  de  Nibèlo  a  uo  espaso, 
Que  taillo  pas  e  es  espuntado. 
Ta  plan  se  l'emporto  a  la  guerro. 

Joan  de  Nibèlo  a  un  pistoulet,  } 
Sensé  poudro  ni  bassinet.  ) 

Ta  plan  se  l'emporto  a  la  guerro. 
Harri  dauant,  Joan  de  Nibèlo  (bis)\ 


n^ 


DE   LA   GASCOGNE  I69 

Jean  de  Nivelle  a  une  truie, 

Qui  tout  de  même  lui  sert  de  servante, 

Et  même  lui  lave  la  vaisselle. 

Jean  de  Nivelle  a  un  cheval, 

Qui  est  aussi  maigre  qu'un  clou. 

Tout  de  même  il  lui  foit  porter  la  selle. 

Jean  de  Nivelle  a  une  épée, 

Qui  ne  coupe  pas  et  est  émoussée. 

Tout  de  même  il  l'emporte  à  la  guerre. 

Jean  de  Nivelle  a  un  pistolet.      } 
Sans  poudre  ni  bassinet.  ) 

Tout  de  même  il  l'emporte  à  la  guerre. 
Harri  devant,  Jean  de  Nivelle  (i)  (bis)\ 

(:)  Dicté  par  Isidore  Escarnot,  de  Bivès  (Gers).  Cf.  Cipelle, 
n"  25e,  La  Clef  du  CciTeau  ;  Gagnon,  256,  Jean  de  Ruina  (Ca- 
nada); Combes,  85,  Jean  de  ta  Reulo  (Pays  Castrais);  Montel  et 
Lambert,  441,  Jean  de  Nibélo,  et  446,  Jeun  de  la  Reulo  (Langue- 
doc). 


?y« 


lyO  POÉSIES   POPULAIRES 


XLVII 


EN   AQ.UESTO   DANSO 

En  aquesto  danso  (bis). 
Ta  plan  danson  nau, 
Coumo  dètz-e-nau, 
En  aquesto  danso  (bis). 

En  aquesto  danso 
Ta  plan  danson  hoèit, 
Coumo  dètz-e-hoèit,  etc. 


DE   LA   GASCOGNE  I7I 


XLVII 


A   CETTE   DAXSE 


A  cette  danse  (bis). 
Aussi  bien  on  danse  neuf, 
Que  dix-neuf, 
A  cette  danse  (bis). 

A  cette  danse. 

Aussi  bien  on  danse  huit, 

Que  dix-huit,  etc.  (i). 

(i)  Je  sais  cette  chinson  depuis  mon  enfance.  A  chaque  nou- 
veau couplet,  les  deux  nombres  exprimés  dans  le  premier  et  le 
troisième  vers  diminuent  de  un.  Cf.  supr.  p.  24-25  ;  38-39  les 
Ch.insons  de  danse  V  et  IX,  A  votre  pommier,  et  A  Grenade. 


172  POÉSIES   POPULAIRES 


XLVIII 
AU   CAP   DE   LA   DANSO 

Au  cap  de  la  danso  i  a  un  lourdaud  (bis). 
Que  se  marido,  lirèto,       ) 
Que  se  marido.  )  ^ 

I 

Gauso  pas  i  ana  lou  jour. 
Que  crèbo  de  poù  toutjour. 
I  ba  lou  sero  (i). 

I  ba  lou  se,  après  soupa. 

A  la  porto  s'en  ba  tusta. 

—  «  Doubris,  mieto. 

—  Coumo,  praubo,  jou  doubrirèi  ? 
Jou  que  soui  souleto  aci, 

En  camiseto. 

—  Boutatz-bous  lou  coutilloun, 
Lou  mes  court  ou  lou  mes  loung, 

Lou  qu'a  liguetos. 

(i)  Sero,  soir,  f.  1.;  en  g.  se. 


DE   LA   GASCOGNE  I73 


XLVIII 


AU    BOUT    DE   LA    DANSE 


Au  bout  de  la  danse  il  y  a  un  lourdaud  (bis). 

Qui  se  marie,  lirette,    }  ,     , 
„   .  .  i  (bis). 

Qui  se  mane.  ) 

Il  n'ose  pas  5'  aller  le  jour. 

Il  crève  de  peur  toujours. 

Il  y  va  le  soir. 

Il  y  va  le  soir,  après  souper. 
A  la  porte  il  s'en  va  frapper. 
—  «  Ouvrez,  mie. 

—  Comment,  pauvre,  ouvrirai-je? 
Je  suis  seulette  ici. 

En  chemisette. 

—  Mettez  votre  cotillon, 

Le  plus  court  ou  le  plus  long, 
Celui  qui  a  des  lies. 


174  POÉSIES    POPULAIRES 


Boutatz  lou  mes  court  dessus  (bis). 

Que  beiran  que  n'auètz  dus     ) 

„,  .  <  (bis). 

D  estremiseto.  »  ) 


XLIX 


L  AOEILLADO 

—  «  Coumo  ba  l'aoeillado  (i),    ' 

L'aoeillè  (2)?  (  (bis). 

Coumo  ba  l'aoeillado  ?  ] 

—  Lous  moutous  soun  enrhumatz, 

L'aoeillè, 
Las  aoeillos  entecados. 

—  Coumo  ba  l'aoeillado, 

L'aoeillè  ? 
Coumo  ba  l'aoeillado  ? 


(i)  Troupeau  de  brebis. 
(2)  Gardeur  de  brebis. 


DE   LA   GASCOGNE  175 


Mettez  le  plus  court  dessus  (bis). 

On  verra  que  vous  en  avez  deux  /         . 

^  i    (PIS)  . 

D'étoffe  étroite  (i).  »  ) 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


XLIX 


LE   TROUPEAU 

—  «  Comment  va  le  troupeau, 

Berger?  [  G''0- 

Comment  va  le  troupeau? 

—  Les  moutons  sont  enrhumes, 

Berger , 
Les  brebis  malades. 

—  Comment  va  le  troupeau, 

Berger? 
Comment  va  le  troupeau  ? 


lyô  POÉSIES   POPULAIRES 


—  Bien  que  ba  l'aoeillado, 

L'aoeillè, 
Bien  que  ba  l'aoeillado. 

Lous  moutous  arrequinquatz,        ] 

L'aoeillè,  [  (bis). 

L'aoeillo  escarrabillado.  »  ] 


LOU  MARIDATGE   DE  LA   CATINOUN 

—  «  Moun  ^azVe,  maridatz-me  donne  (bis). 

—  Hillo,  qui  bos  per  coumpagnoun  ? 

Courtillo  bourdillo, 
Marchand  de  cascouillos, 
Marchand  de  cansous. 
Marida  las  hillos, 
Cure  las  maisous. 


(bis). 


DE    LA   GASCOGNE  I77 


—  Bien  va  le  troupeau, 

Berger, 
Bien  va  le  troupeau. 

Les  moutons  gaillards, 

/ 
Berger,  (bis). 


La  brebis  éveillée  ( 


I).  >.     ) 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  386,  Cant  doits  pasious  (Gascogne). 


LE    MARL\GE   DE   CATINOUN 

—  «  Mon  père,  mariez-moi  donc  (bis). 

—  Fille,  qui  veux-tu  pour  compagnon  ? 

Courtille  bourdille, 
Marchand  de  coquilles, 
Marchand  de  chansons. 
Marier  les  filles,         ) 
Vide  les  maisons.      S  ' 


III 


178  POÉSIES    POPULAIRES 

—  QjLie  boi  lou  hill  d'un  boun  maçoun, 
Que  me  hara  basti  maisoun. 


Boutera  lou  cap  d'un  pijoun, 
Au  jouquè  de  nosto  maisoun.  » 

Diran  las  gens,  sensé  faiçoun  : 

—  «  Qui  lotjo  en  aquero  maisoun  ? 


La  joeno  henno  d'un  maçoun. 

Quis  es  soun  nom  ?  Quin  es  lou  soun  ? 


S'apèro,  cresi,  Janetoun: 
Nàni.  L'apèron  Catinoun. 


—  Un  poulit  nom  es  Catinoun. 
Mes  aimi  mdllou  sa  maisoun.  » 


La  henno  perd  bouno  faiçoun. 
Atau  se  hlouris  l'escaudoun. 


DE   LA   GASCOGNE  I79 

—  Je  veux  le  tils  d'un  bon  maçon, 
Qui  me  fera  bâtir  maison. 

Il  mettra  la  tète  d'un  pigeon 
Au  faîte  de  notre  maison.  » 

Les  gens  diront,  sans  façon  : 

—  «  Qui  loge  dans  cette  maison  ? 

—  La  jeune  femme  d'un  maçon. 

—  Quel  est  son  nom  ?  Quel  est  le  sien  ? 

—  Elle  s'appelle,  je  crois,  Jeanneton. 

—  Non.  On  l'appelle  Catinon  (i). 

—  C'est  un  joli  nom,  Catinon  : 
Mais  j'aime  mieux  sa  maison.  » 

La  femme  perd  bonne  façon. 
Ainsi  se  moisit  l'escaudon  (2). 

(1)  Diminutif  gascon  du  nom  de  Catherine. 

(2)  Bouillie  de  farine  de  mais  torréfié. 


l8o  POÉSIES   POPULAIRES 

Mes,  dens  dus  centz  ans,  la  maisoun  ^ 
Loutjera  lous  hills  dou  maçoun.         ) 
Courtillo  bourdillo, 
Marchand  de  cascouillos, 
Marchand  de  cansous. 
Marida  las  hillos,     ) 
Luro  las  maisons. 


LI 


A   MOUNBRAN 


A  Mounbran,  i  a  uo  bieillo 
Que  n'a  qnoate-bint-dètz  ans 

Baillo-lou  Mounbran, 
Brandissen  la  bieillo  ; 
Que  n'a  qoate-bint  dètz  ans,  r   ,, .  . 

Baillo-lou  Mounbran.  ^ 


(Ins). 


DE   LA    GASCOGNE  l8l 


Mais,  dans  deux  cents  ans,  la  maison     } 
Logera  les  fils  du  maçon.  V 

Courtille  bourdille, 

Marchand  de  coquilles, 

Marchand  de  chansons. 

Marier  les  filles,  ^ 

Vide  les  maisons  (i).    ) 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  379-80,  Lou  Maridalge  de  la  Câlin  (Gascogne);  Puy- 
maigre,  405,  Les  Charpentiers  du  roi  (P.ivs  Messin);  Bladé,  88, 
La  Femme  du  maçon  (Armagnac  et  Agenais). 


LI 

A    MONBRAN 

A  Monbran  (i),  il  y  a  une  vieille,     / 

r\  •  1-  V  (bis). 

Qui  a  quatre  vmgt-dix  ans  ;  ) 

Donne-lui  Monbran, 

Secouons  la  vieille  ; 

Qui  a  quatre-vingt-dix  ans,        / 

Donne-lui  Monbran.  ) 

(1)  Village  voisin  d'Agen. 


l82  POÉSIES    POPULAIRES 

Ero  s'en  ba  per  las  botos, 
Crei  pas  aue  que  quinze  ans. 

Ero  s'es  boutado  au  branle, 
A  la  man  dou  mes  charmant, 

E  li  a  dit  a  l'aureillo  : 

—  «  Bos  te  marida,  galant? 

—  Pas  dab  tu,  bieillo,  bieillasso. 
Que  n'as  quoate-bint-dètz  ans. 

—  Se  soui  bieillo,  jou  soui  richo. 
Éi  quoate-bint  milo  francs. 

Èi  cent  bacos  a  la  granjo, 
Cent  pareills  de  buùs  tirantz.  » 

Lou  dilus,  la  bieillo  fianço. 
Lou  dimars,  l'enterreran. 

Quant  la  bieillo  estèc  niorto, 
Au  cofre  fuilla  s'en  ban  (i). 

Quino  estèc  la  suspreso  ! 
Troubèn  pas  que  très  peus  blancs. 

(l)  Variante  agenaise    :  Dcvs  lou  cofre  gaitejaii,  dans  le  coffre 
nous  regardons. 


DE   LA   GASCOGNE  185 


Elle  s'en  va  par  les  fêtes  patronales. 
Elle  croit  n'avoir  que  quinze  ans. 

Elle  s'est  mis  au  branle, 

A  la  main  du  plus  charmant, 

Et  lui  a  dit  à  l'oreille  : 

—  «  Veux-tu  te  marier,  galant  ? 

—  Pas  avec  toi  vieille,  vieillasse. 
Tu  as  quatre-vingt-dix  ans. 

—  Si  je  suis  vieille,  je  suis  riche. 
J'ai  quatre-vingt-mille  francs. 

J'ai  cent  vaches  à  la  grange. 
Cent  paires  de  boeufs  de  trait.  >» 

Le  lundi,  la  vieille  fiance. 
Le  mardi,  on  l'enterrera. 

Quand  la  vieille  fut  morte, 
Au  coffre  on  s'en  va  fouiller. 

Quelle  fut  la  surprise  ! 

On  ne  trouva  que  trois  cheveux  blancs. 


184  POÉSIES    POPULAIRES 

—  «  Que  l'ase  te  foute,  bieillo, 

Tu  e  mes  tous  très  peus  blancs: 

Baillo-lou  Mounbran, 

Brandissen  la  biello  ; 

Tu  e  mes  tous  très  peus  blancs, 

Baillo  lou  Mounbran.  » 


(Us). 


(bis). 


LU 


LOU    PASTOU    COUMPLASENT 

Quant  jou  èri  pastoureleto,      ) 

„.        .  ...  {  (bis). 

Ticoutmtoun  la  ticotmteto,      ) 

Pastoureleto  per  goarda, 

Ticoutintoun  la  ticotinteto, 

Pastoureleto  per  goarda,       ) 

Ticotmtoun  la  ticotmta.       ] 

Jou  n'èri  tant  desbrumbadeto, 
Que  m'  desbrumbèi  lou  dejuna. 


DE   LA    GASCOGNE  183 


—  «  Que  l'aze  te  foute,  vieille,  )  „  .  > 

;   (t>li). 

Toi  et  tes  trois  cheveux  blancs  :         ] 

Donne-lui  Monbran, 

Secouons  la  vieille  : 
Toi  et  tes  trois  cheveux  blancs. 

Donne-lui  Monbran  (i).  » 


(bis). 


(i)  Je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance.  Cf.  Couyba, 
Rei'ue  de  l'Agcnais  Je  1881,  p.  54-55,  Li  Bieillo  de  Mouiihran 
(Agenais).  V.  supr.  les  Chansons  de  danse  XXI,  XXII  et  XXVI  : 
La  Vieille;  La   Vieille  de  Monbran,  et  La  Boiteuse. 


LU 

LE   PATRE   COMPLAISANT 

Quand  j'étais  petite  pastourelle,) 

-,..,..  i   Ois). 

Tiquetinton  la  tiquetintette,        ) 

Pastourelle  pour  garder, 

Tiquetinton  la  tiquetintette, 

Pastourelle  pour  garder,         / 
—.....  i   (bis). 

Tiquetinton  la  tiquetinta.        ) 

J'étais  si  oublieuse. 

Que  j'oubliai  mon  déjeuner. 


l86  POÉSIES    POPULAIRES 

N'èro  tant  brabe,  lou  Pierreto, 
Que  m'a  pourtat  lou  dejuna. 

Coumo  lou  minjerèi,  praubeto  ? 
N'èi  lou  bestia  deçà,  delà. 

N'èro  tant  brabe  lou  Pierreto, 
Que  n'a  courrut  me  l'abarja. 

—  «  Anen-s-en  entau  bosc,  Rouseto, 
A  l'oumbreto  anen  dejuna. 

—  Atau  coum'  bous  plaira,  Pierreto, 
Nou  saberi  pas  refusa. 

—  Ah  !  Moun  Diu,  qu'èi  hame,  migueto  ! 
Ali  !  Quo  soui  pressât  de  minja. 

—  Prenguetz-bous  d'aquero  couqueto  ; 
Puch,  a  la  hount  anatz  pinta. 

—  N'èi  pas  hame  de  pan,  Rouseto, 
Mes  be  de  bous  poutouneja. 

—  Diu  !  Courrètz  enta  la  baqueto, 
Gourrètz  arresta  lou  bestia.  » 


DE   LA   GASCOGNE  187 

Il  était  si  bon,  Pierrot, 

Qu'il  m'a  apporté  le  déjeûner. 

Comment  le  mangerai-je,  pauvrette  ? 
J'ai  mon  bétail  deçà,  delà. 

Il  était  si  bon,  Pierrot, 

Qu'il  a  couru  mo  le  rassembler. 

—  «  Allons-nous-en  au  bois,  Rosette, 
A  l'ombre  allons  déjeûner. 

—  Comme  il  vous  plaira,  Pierrot, 
Je  ne  saurais  refuser. 

—  Ah!  Mon  Dieu,  que  j'ai  faim,  petite  amie  ! 
Ah  !  Que  je  suis  pressé  de  manger. 

—  Prenez  de  ce  petit  gâteau  ; 
Puis,  à  la  fontaine  allez  pinter. 

—  Je  n'ai  pas  faim  de  pain,  Rosette, 
Mais  bien  de  vous  couvrir  de  baisers. 

—  Dieu  !  Courez  à  la  petite  vache, 
Courez  arrêter  le  bétail.  » 


l88  POÉSIES   POPULAIRES 

Puch,  n'ac  creseratz  pas,  hilletos, 

Ticotimoun  la  ticotinteto, 

Que  se  passée  de  dejuna, 

Ticotintoun  la  ticotinteto  ; 

Que  se  passée  de  dejuna,      / 

_.      .  ...  i  (bis). 

Ticotintoun  la  ticotmta.        ) 


(bis. 


LUI 


Q.UANT  JOU  n'ÈRI  JOENO  PASTOURO 

Quant  jou  n'èri  joeno  pastouro  (bis), 
Joeno  pastouro  a  marida, 

Ma  touro  lourèto, 
Joeno  pastouro  a  marida,       ) 

Ma  touro  loura.  ) 

Lou  troupèt  qu'èro  chez  moun  pèro, 
Me  mandauon  apostega. 

Jou,  que  n'èri  fort  oiMidouso , 
M'èi  oublidat  lou  dejuna. 


DE    I.A   GASCOGNE  189 


Puis,  VOUS  ne  le  croirez  pas,  fillette,  \ 

Tiquetinton  la  tiquetintette,  ) 

Il  se  passa  de  déjeûner, 

Tiquetinton  la  tiquetintette  ; 

Il  se  passa  de  déjeûner,  ^  ch'  ) 

Tiquetinton  la  tiquetinta  (i).        } 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze  de   Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  387-90,  Lou  Pastou  coumplasm  (Gascogne). 


LUI 


aUAND   j'étais   jeune   PASTOURELLE 

Qiiand  j'étais  jeune  pastourelle  (bis). 
Jeune  pastourelle  à  marier, 

Ma  toure  lourette, 
Teune  pastourelle  à  marier,      )   ,, .  ^ 

Ma  toure  loura.  ) 

Le  troupeau  qui  était  chez  mon  père, 
On  m'envoyait  le  suivre. 

Moi,  qui  étais  fort  oublieuse, 
J'ai  oublié  mon  déjeûner. 


igo  POÉSIES   POPULAIRES 

Ma  mai  n'èro  tant  bouno  henno, 
Per  Pierre  me  l'a  hèit  pourta. 

—  «  Tenguètz,  tenguètz,  bèro  oublidouso, 
Auètz  aqui  lou  dejuna. 

—  Coumo  dejuiiarioi,  prauboto  ? 
Jou  èi  toutz  mous  porcs  a  pensa.  » 

Pierre  jogo  de  la  flauto. 
Mous  porcs  se  mèton  a  dansa. 

N'i  ahio  qu'uo  bieillo,  bieillasso, 
Que  se  poudio  pas  boulega. 

Pierre  la  prengouc  per  l'aureillo  (bis), 

—  «  Troujo,  parblu!  tu  danseras, 
Ma  touro  lourèto, 

Troujo,  parblu  1  tu  danseras 


Ma  touro  loura.  »  »  ^     -' 


DE   LA   GASCOGNE  I9I 

Ma  mère  ctait  si  bonne  femme, 
Par  Pierre  elle  me  l'a  fait  porter. 

—  «  Tenez,  tenez,  belle  oublieuse, 
Vous  avez  ici  le  déjeuner. 

—  Comment  déjeûnerais-je,  pauvrette  ? 
J'ai  tous  mes  porcs  à  panser.  » 

Pierre  joue  de  la  flûte. 

Mes  porcs  se  mettent  à  danser. 

Il  n'y  avait  qu'une  vieille,  vieiïïasse, 
Qui  ne  pouvait  se  remuer. 

Pierre  la  prit  par  l'oreille  (bis), 

—  «  Truie,  parbleu  !  tu  danseras. 
Ma  toure  lourette, 

Truie,  parbleu  !  tu  danseras,  ) 

Ma  toure  loura  (i).  »  ) 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Charbel  (Agenais).  Voy.   la    chanson 
précédente. 


e^^ 


192  POÉSIES    POPULAIRES 


LIV 


LA   NOSTO   NOBIO 


La  nosto  nobio  a  dus  esclops  (bis). 
Tout  en  dansa,  lou  hèn  flic-floc, 

Lous  sous  esclops, 

La  nosto  nobio. 

Tout  en  dansa,  lou  hèn  flic-floc,      )   ^, 
^         ,  ,  i  (bis). 

Sous  dus  esclops.  ) 

La  nosto  nobio  a  un  coutilloun. 
Tout  en  dansa,  l'esquisso  tout. 

La  nosto  nobio  a  un  dauantau. 
Tout  en  dansa,  que  se  lou  cai. 

La  nosto  nobio  a  un  justo-cos. 
Tout  en  dansa,  que  cai  a  mos. 

La  nosto  nobio  a  un  moucadé. 
Tout  en  dansa,  qu'es  au  l'erabès. 


DE   LA   GASCOGNE  I93 


LIV 


NOTRE   MARIÉE 

Notre  mariée  a  deux  sabots  (bis). 
Tout  en  dansant,  ils  font  flic-floc, 

Ses  sabots, 

A  notre  mariée. 
Tout  en  dansant,  ils  font  flic-floc, 

Ses  deux  sabots. 


(bis). 


Notre  mariée  a  un  cotiUon. 

Tout  en  dansant,  elle  le  déchiré  tout. 

Notre  mariée  à  un  tablier. 

Tout  en  dansant,  elle  le  laisse  tomber. 

Notre  mariée  a  un  juste-au-corps. 
Tout  en  dansant,  il  tombe  à  morceaux. 

Notre  mariée  à  un  mouchoir. 
Tout  en  dansant,  il  est  à  l'envers. 

m  13 


194  POÉSIES   POPULAIRES 

La  nosto  nobio  a  un  courneto. 
Tout  en  dansa,  que  se  la  jito. 

La  nosto  nobio,  bente  sadout, 
Tout  en  dansa,  que  s'ac  perd  tout. 

La  nosto  nobio,  se  nou  s'ac  teng  (bis), 
Qii'ou  restera  ?  Lous  pès,  las  dentz, 

Se  nou  s'ac  teng, 

La  nosto  nobio. 
Qu'où  restera  ?  Lous  pès,  las  dentz, 

La  nosto  nobio. 


(bis). 


LV 

LA   MOUTOUÈRO 

Moun  pai  n'a  pas  hillo  que  jou, 
L'aigo  muillo  mous  sabatous, 
E  me  hè  goarda  lous  moutons. 

Las  mios  amouretos. 
L'aigo  muillo  mous  escarpis,  | 

Dehoro,  dedins.  ]  ^    ^^' 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  195 


Notre  imrico  a  une  cornette. 
Tout  en  dansant,  elle  la  jette. 

Notre  mariée,  ventre  repu, 
Tout  en  dansant,  perd  tout. 

Notre  mariée,  si  elle  ne  le  retient  (bis). 
Que  lui  restera-t-il  ?  Les  pieds,  les  dents, 

Si  elle  ne  le  retient, 

A  notre  mariée. 
Que  lui  restera-t-il  ?  Les  pieds,  les  dents,  ) 

A  notre  mariée  (1).  ) 

(i)   Dicté  par    Françoise    Lalanne,    de    Lectoure   (Gers).  Cf. 
Cénac-Moncaut,  462-64,  La  Bieillo  (Bdani). 


LV 


LA   GARDEUSE  DE    BREBIS 

Mon  père  n'a  que  moi  de  fille ,  / 
L'eau  mouille  mes  petits  souliers,  \ 
Et  me  fait  garder  les  moutons. 

Mes  amourettes. 
L'eau  mouille   mes  escarpins,     i  ^.  •  ^ 

Dehors,  dedans.  ) 


196  POÉSIES    POPULAIRES 

Ne  goardi  pas  ni  un  ni  dus  ; 
Mes  que  ne  goardi  trento-dus. 

Lou  loup  que  m'en  a  minjat  dus. 

—  «  Gentiuo  pastouro,  oun  èrotz-bous? 

—  Èri  la-bas,  dab  lous  pastous. 
Hasèuon  ranieletz  de  flous. 


N'i  a  un  per  jou,  Faute  per  bous,    ^ 

L'aigo  muillo  mous  sabatous,  ) 

L'aute  per  Pierrre,  mas  amous, 

Las  mios  amouretos. 

L'aigo  muillo  mous  escarpis,       ) 

T^  ,  7  7-  (  (bis). 

Dehoro,  dedins.   »  ) 


# 


DE   LA   GASCOGNE  197 

Je  n'en  garde  ni  un  ni  deux  ; 
Mais  j'en  garde  trente-deux. 

Le  loup  m'en  a  mangé  deux. 

—  «  Gentille  pastourelle,  où  étiez-vous? 

—  J'étais  là-bas  avec  les  pasteurs. 
Nous  faisions  des  rameaux  de  fleurs. 


Il  y  en  a  un  pour  moi,  l'autre  pour  vous,l    ... 
L'eau  mouille  mes  petits  souliers ,         ) 
L'autre  pour  Pierre,  mes  amours, 

Mes  amourettes. 
L'eau  mouille  mes  escarpins,       i 
Dehors,  dedans  (i).  »  ) 

(t)  Tire   du  recueil    de  Charbel    (Agenais).   Voy.  ci-après  U 
chanson  :  Si  j'avais  ici,  p.  206-209. 


# 


198  POÉSIES   POPULAIRES 


LVI 


LA-BAS,  DANS   LA   COUMETO 

La-bas,  deguens  la  coumeto,     i 

Hasèn  de  la  hilasseto.  )  ' 

Anén  dounc,  Marioun, 

Gue  la  doundèno. 

Anén    dounc,   Marioun,     } 

Gue  la  doundoun.  j  ^     '^' 

—  «  Perque  aquero  hilasseto? 

—  Ne  boi  hè  uo  courdeto. 

—  Perque  aquero  courdeto  ? 

—  Per  gaha  uo  lauseto. 

—  Perque  aquero  lauseto  ? 

—  Per  aue  uo  plumeto. 

—  Perque  aquero  plumeto  ? 

—  Per  escriue  uo  letro. 


DE  LA  GASCOGNE  I99 


LVI 
LA-BAS,  DANS  LE  VALLON 

Là-bas,  dans  le  vallon,  ^  /u-  \ 

Nous    faisons  de   la  filasse.      ) 

Allons  donc,  Marion, 

Gué  la  dondaine. 

Allons    donc,   Marion,       | 

Gué  la  dondon.  )  ^  ^^^' 

—  «  Pourquoi  cette  filasse  ? 

—  J'en  veux  faire  une  cordelette. 

—  Pourquoi  cette  cordelette  ? 

—  Pour  attraper  une  alouette. 

—  Pourquoi  cette  alouette? 

—  Pour  avoir  une  petite  plume. 

—  Pourquoi  cette  petite  plume  ? 

—  Pour  écrire  une  lettre. 


20O  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Perque  escriue  uo  letro  ?  ) 

—  Per  la  manda  a  ma  mastresso.  »  ; 
Anén  dounc,  Marioun, 

Gue  la  doundèno. 

Anén  doun,  Marioun,  } 

Gue  la  doundoun.  ) 


Lvn 


LA   PASTOURO   ALECADO 

Quant  jou  èri  petiteto,     ^    .... 

Lanla,  ) 

Petite  Janetoun, 
O  gue  la  doundèno, 
Petito  Janetoun, 
O  gue  la  doundoun  ; 


(bis). 


M'èi  lougat  un  pastou, 
Per  goarda  mous  moutous. 


DE   LA   GASCOGNfc.  20I 


—  Pourquoi  écrire  une  lettre  ?         )  ., .  > 

—  Pour  l'envoyer  à  ma  maîtresse.  ») 
Allons  donc,  Marion, 

Gué  la  dondainc. 

Allons  donc,  Marion,       )    ,, .  , 

Gué  la  dondon  (i).  )  ' 

(i)  Dicté  par  Briscadieu,  d'Estang  (Gers).  Cf.  Bujeaud,  I, 
IÎ9,  La  Chanson  tLs  vignerons  (Provinces  de  l'Ouest);  Tigri, 
Canli  popolari  Toscani,  p.  182. 


LVII 

LA   PASTOURELLE    COQ.UETTE 

Quand  j'étais  petiote,       )   >■;  •  v 

Lanla,  ) 

Petite  Jeanneton, 
O  gué  la  dondaine, 
Petite  Jeanneton,        \ 
O  gué  la  dondon ;      ) 


(Hs). 


J'ai  loué  un  pâtre. 

Pour  garder  mes  moutons. 


202  POESIES   POPULAIRES 

Lou  pastou  que  jou  logui, 
Goardo  raillou  que  jou. 

A  cado  rebirado, 

Me  demande  un  poutoun, 

—  «  Pastou,  se  d'acô  parles, 
Partis  bien  loèn  de  jou,  » 

Au  prat,  las  erbos  courtes , 
"Crecheun  la  nèit,  lou  jour. 

Atau  soun  las  mainados, 
Crecheun  dab  las  amous. 

Un  moussu  que  passauo, 
L'a  toucat  lou  menteun. 

La  pastoure  fierreto, 
A  treubat  acô  boun. 

—  «  Praube  pastou,  ahuto,      ) 

Lanla,  \  ^^''^' 

Qu'an  teunut  toun  moutoun, 
O  gue  la  doundèno, 
Qu'an  tounut  toun  moutoun,   ) 
O  gue  la  doundoun  (i).  »         ; 


ihis). 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  372-74,  La  Paslouro  helecado  (Gascogne). 


DE   LA   GASCOGNE  203 


Le  pâtre  que  je  loue, 
Garde  mieux  que  moi. 

A  chaque  retour  (i), 

Il  me  demande  un  baiser. 

—  «  Pâtre,  si  de  cela  tu  parles, 
Pars  bien  loin  de  moi.  » 

Au  pré,  les  herbes  courtes, 
Croissent  la  nuit,  le  jour. 

Ainsi  sont  les  fillettes. 

Elles  croissent  avec  les  amours. 

Un  monsieur  qui  passait. 
Lui  a  touché  le  menton, 

La  pastourelle  fière, 
A  trouvé  cela  bon. 

—  «  PauvTe  pâtre,  fuis,   ) 

Lanla,  !  ^">»- 

On  a  tondu  ton  mouton, 
O  gué  la  dondaine, 
On  a  tondu  ton  mouton, 
O  gué  la  dondon.  » 

(i)  Uu  pâturage. 


(bis). 


204  POÉSIES   POPULAIRES 


LVIII 


LA   TOURTETO 


[    C^'O- 


I  abio  un  cop  uno  tourteto, 

Touro  loureto, 

La  la  derideto, 
Que  bouUo  se  marida, 

Touro  loureto,  , 

La  la  dérida.  ) 

Ero  s'en  ba  per  lasbotos, 
Per  aprengue  a  dansa. 

Ero  que  se  met  en  danso, 
A  la  ma  dou  mes  fringant. 


Lou  ditz  tout  bas  à  l'aureillo  : 

—  «  Galant,  bos-te  marida  ? 

—  O!  pas  dambe  tu,  tourteto. 
Que  n'as  quoate-bint-dètz  ans. 


i  (bis). 


DU    LA    GASCOGNE  20$ 


LVIII 


LA   PETITE   BOITEUSE 


Il  y  avait  une  fois  une  boiteuse, 

Toure  lourette,  [  (bis). 

La  la  deridette, 
Qui  voulait  se  marier,       ^ 

Toure  lourette,  [  (his). 

La  la  dérida.  ; 

Elle  s'en  va  par  les  fêtes  patronales, 
Pour  apprendre  à  danser. 

Elle  se  met  en  danse, 

A  la  main  du  plus  fringant. 

Elle  lui  dit  tout  bas  à  l'oreille  : 

—  «  Galant,  veux-tu  te  marier  ? 

—  Oh!  pas  avec  toi,  boiteuse. 
Tu  as  quatre-vingt-dix  ans. 


206  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Se  n'èi  quoate-bint-dètz  ans, 
Jou  n'èi  quoate  milo  frans; 

Sensé  counta  ma  bourseto,  J 

Touro  loureto,  >  ('^'■^)- 

La  la  derideto,  ) 

Et  ço  de  moun  cofre  blanc.  » 

Touro  loureto,  [  (bis). 
La  la  dérida. 


LIX 


S  AUEUI   AGI 


S'auèui  aci  mous  esclops  naus  (bis). 
M'en  angueri  goarda  mous  buùs. 

Anen  tout  dous, 

Touro  loureto  ; 

Auen  goarda, 

Touro  loura. 


(bis). 


DE   LA    GASCOGNE  207 

—  Si  j'ai  quatre-vingt-dix  ans, 
J'ai  quatre  mille  francs  ; 

Sans  compter  ma  bourse,     ^ 

Toure  lourctte ,  (  (^0- 

La  la  deridette,  ) 

Et  ce  qui  est  dans  mon  coffre  blanc.  »  \ 

Toure  lourette,  >  (bi:;). 

La  la  dérida  (i^.  j 

(i)  Dicté  par  ma  tante  Marie  Liaubotj,  de  Gontaud  (Lot-et. 
Garonne).  Cf.  supr.,  les  Chansons  Je  danse  XXI,  XXII,  XXV, 
LI  :  La  Vieille  ;  La  Vielle  de  Monhran,  La  Boiteuse  et  A  Motibran. 


LIX 


SI    J  AVAIS    ICI 

Si  j'avais  ici  mes  sabots  neufs  (bis), 
Je  m'en  irais  garder  mes  boeufs. 

Allons  tous  doux, 

Toure  lourette  ; 

Allons    garder , 


Toure  loura.  ^ 


208  POÉSIES   POPULAIRES 

Jou  ne  goardi  pas  un  ni  dus. 
Jou  ne  goardi  trento-dus. 

Lou  loup  que  m'en  a  minjat  dus. 

—  «  Gaïo  pastouro,  oun  èrotz-bous  ? 

—  Èri  la-haut,  dab  lous  pastous. 
Coupaui  très  ramèus  de  flous  : 

Un  per  jou  e  l'aute  per  bous  (bis), 
L'aute  per  Pierre,  mas  amous.  » 

Anen  tout  dous, 

Touro  loureto  ; 

Anen  goarda,       )  ,,.  s 
^  \  (bts). 

Touro  loura.        ; 


m 


DE    LA   GASCOGNE 


209 


Je  n'en  garde  pas  un  ni  deux. 
J'en  garde  trcntc-doux. 

Le  loup  m'en  a  mangé  deux. 

—  «  Gaie  pastourelle,  où  étiez-vous  ? 

—  J'étais  là-haut  avec  les  pâtres. 
Je  cueillais  trois  rameaux  de  fleurs  : 

Un  pour  moi  et  l'autre  pour  vous  (bis), 
L'autre  pour  Pierre,  mes  amours,  » 

Allons  tout  doux , 

Toure  lourette. 

Allons    garder,  ) 

Toure  loura  (i).  )  (^'"^■ 

(0  Je  sais,  depuis  mon  enfance,  cette  chanson  dont  M.  Fau- 
gère-Dubourg,  de  Ncrac,  m'a  fait  tenir  une  copie  exactement 
conforme  à  mes  souvenirs.  Cf.  p.  194-197,  la  Chanson  intitulée: 
La  Gardtuse  de  brebis. 


^Ha 


"I  14 


210  POÉSIES   POPULAIRES 


LX 


LOU     MARCHANDOT 


Lou  marchandot  s'en  ba  au  marcat  (bis), 
Dab  soun  ase  cargat  de  blat. 

Lou  marchandot, 
Dab  soun  bourriq  d'ase, 

Lou  marchandot,       |  ^, .  » 
Dab  soun  bourriquot.        \ 

Au  prumè  hangas  qu'a  troubat, 
Lou  joen  ase  s'es  enhangat. 

Et  a  jurât  e  proutestat, 
Qu'angueré  pas  mes  au  marcat 

Que  soun  ase  n'aousso  minjat  (hîs), 
Un  paillassoun  de  bren  rasclat. 

Lou  marchandot, 

Dab  soun  bourriq  d'ase, 

Lou  marchandot, 

Dab  soun  bourriquot. 


DE   LA   GASCOGNE  211 


LX 


LE   PETIT   MARCHAND 

Le  petit  marchand  s'en  va  au  marché  (bis), 
Avec  son  âne  chargé  de  blé. 

Le  petit  marchand, 

Avec  son  bourriquct  d'âne, 

Le  petit  marchand,        ) 

Avec  son  bournquet.     ) 

Au  premier  bourbier  qu'il  a  trouvé. 
Le  jeune  âne  s'est  embourbé. 

Lui  a  juré  et  protesté. 

Qu'il  n'irait  jamais  au  marché 

Que  son  âne  n'eût  mangé  (bis), 
Un  paillasson  de  son  raclé. 

Le  petit  marchand, 

Avec  son  bourriquet  d'âne, 

Le  petit  marchand, 

Avec  son  bourriquet  (i). 

(l)  Tiré  du  recueil  de  Charbel  (Agenais). 


-212  POÉSIES    POPULAIRES 


LXI 


l'ausèt  blassat 

La-bas,  au  noste  petit  prat  (bis), 
I  a  un  aubre  broutounat. 

Frai! 

—  Hoù  (i)  ! 
—  Hè-me-lou  ategne,  hè  : 


TTi  1  t  (his). 

Hè-me-lou  ategne.  ' 


Un  bèt  ausèt  s'i  es  pausat. 

Lou  hill  dou  rèi  per  aqui  es  passât. 

Per  débat  l'aie  i  a  tirât. 
Aquet  ausèt  n'a  tant  sannat, 


(i)  Ce  cri  est  poussé  par  l'ensemble  des  danseurs,  à  l'appel 
de  Frai!  jeté  par  celui  qui  conduit  la  ronde.  Cf.  Mélusine,  459- 
62,  Le  Canard  blanc  (Forez  et  Velay). 


DE   LA   GASCOGNE  21 J 


LXI 


L  OISEAU    BLESSÉ 

Là-bas,  à  notre  petit  pré  (bis), 
Il  y  a  un  arbre  bourgeonné. 

Frère  ! 

—  Hô! 
—  Fais-le  moi  atteindre,  fais  :  } 
Fais-le-moi  atteindre.  i  ^   ^^' 


Un  bel  oiseau  s'y  est  posé. 
Le  fils  du  roi  par  là  est  passé. 

Par-dessous  l'aile  il  a  tiré. 
Cet  oiseau  a  tant  saigné, 


214  POÉSIES   POPULAIRES 


Que  n'a  pleat  routo  e  barat  (bis), 
E  lou  moulin  s'es  engourgat. 

Frai  ! 

—  Hoù! 
—  Hè-me-lou  ategne,  hè  : 
Hè-me-lou  ategne. 


(his). 


LXII 


l'aute  jour 

—  «  L'aute  jour,  me  proumenaui,     \ 

Tout  lou  loung,  [  (his). 

Turlututu, 

Tout  lou  loung, 

La  la  dra  iè,  \  (bis). 

Tout  lou  loung  d'un  bois. 

Rencountrèi  m'amou  Janeto. 
La  bouloui  baiser. 


\ 


\  n,ic 


DE   LA   GASCOGNE  21  > 


Qu'il  a  rempli  route  et  fossé,     (his). 
Et  que  le  moulin  s'est  engorgé. 
Frère  ! 
—  Hô  ! 
—  Fais-le  moi  atteindre,  fais  :  | 
Fais-le-moi  atteindre  (i).  ) 

(i)  Dicté  par  ma  mère,  feue  Adèle  Bladé,   de  Gontaud  (Lot- 
et-Garonne). 


LXII 


L  AUTRE  JOUR 

—  «  L'autre  jour,  je  me  promenais,   \ 

Tout  le  long,  (  (bis). 

Turlututu,  } 

Tout  le  long,  ] 

La  la  dra  yè,  >  (bis). 

Tout  le  long  d'un  bois.  ) 

Je  rencontrai  mon  amour  Jeannette. 
Je  la  voulus  baiser. 


2l6  POÉSIES   POPULAIRES 

Ero  tiro  sa  quounouilleto, 
Per  me  boule  frapper. 

—  Ne  frappe^  pas,  m'amou  Janeto, 
Jou  soui  lou  toun  berge. 

—  Moun  berge  porto  pas  d'espaso, 
Ni  mèsd'aquetz,  [  (bis). 
Turlututu, 

Ni  mes  d'aquetz,  '\ 

La  la  dra  iè,  [  (his). 

Ni  mes  d'aquetz  plumetz.  »     ) 


LXIII 


LAS   HILLOS   A    LA   HOUNT 


Hillos  de  Biilonauo , 
Maitin  lèuados  soun  : 
Maitin  lèuados  soun, 


(his). 


DE   LA   GASCOGNE  21 7 

Elle  tire  sa  quenouille, 
Pour  vouloir  me  frapper, 

—  Ne  frappe  pas,  mon  amour  Jeannette. 
Je  suis  ton  berger. 

—  Mon  berger  ne  porte  pas  d'épée,   ] 
Ni  de  ces,  [  (bis). 
Turlututu, 
Ni  de  ces, 
La  la  dra  yè,             \  (bis). 

Ni  de  ces  plumets.  » 

(i)  Dicté  par  ma    tante  Marie  Liaubon,   de  Gontaud  (Lot-et- 
Garonne). 


LXIII 


LES   FILLES   A    LA    FONTAINE 

Les  filles  de  Villeneuve  (i),   ) 
Matm  sont  levées  :  ) 

Matin  sont  levées, 

(i)  Il  existe  en  Gascogne  plusieurs  localités  du  nom  de  Vil 
leneuve. 


2l8  POÉSIES   POPULAIRES 

Digo  douii  gue  la  doundèno  ; 

Maitin  lèuados  soun, 

Digo  doun  gue  la  doundoun. 

Se  prengoun  la  dourneto, 
E  s'en  ban  a  la  hount. 

En  debara  la  costo, 
Ne  chiulon  la  cansoun. 

Lous  boès,  a  la  laurado, 
N'escouton  aquet  soun. 

Quiton  buùs,  aguiUados, 
E  courroun  a  la  hount. 

—  «  Cantatz,  cantatz,  mainados. 
Arc,  n'es  la  sasoun.  » 

Las  mais  que  diran  bostos  : 

—  «  Qu'auètz  hèit  a  la  hount  ?  » 

—  Trouberan  rebirados, 
En  trauersa  lou  pount. 

«  Très  guitetos  saubatjos, 
N'auon  turbat  la  hount.   » 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  219 

Digue  don  gué  la  dondaine  ; 

Matin  sont  levées,  ^  //    \ 

Digue  don  gué  la  dondon.       ) 

Elles  prennent  la  cruche, 
Et  s'en  vont  à  la  fontaine. 

En  descendant  la  côte, 
Elles  sifflent  la  chanson. 

Les  bouviers,  au  labour. 
Écoutent  ce  son. 

Ils  quittent  bœufs,  aiguillons, 
Et  courent  à  la  fontaine. 

—  «  Chantez,  chantez,  jeunes  filles. 
Maintenant,  c'est  la  saison.  » 

Vos  mères  diront  : 

—  «  Qu'avez-vous  fait  à  la  fontaine  ?  » 

—  Nous  trouverons  des  reparties, 
En  traversant  le  pont. 

«  Trois  petites  canes  sauvages. 
Avaient  troublé  la  fontaine.  » 


220  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Ah  !  mainados,  mainados, 
Aquet  guit  saubatjoun, 

N'es  plan,  sabèn  la  causo, 
Quauque  joen  coumpagnoun. 

—  Se  nostos  mais  testudos, 
N'entenonn  pas  rasoun, 

Lous  diran  :  «  Mais,  maietos,  ) 

Espiatz-oc  pou  tutoun. 

Espiatz-oc  pou  tutoun, 

Digo  doun  gue  la  doundèno  ; 

Espiatz-oc  pou  tutoun, 

Digo  doun  gue  la  doundoun.  » 


"^ 


\(bis). 


0ns). 


DE   LA    GASCOGNE  221 

—  Ah  !  jeunes  filles,  jeunes  filles, 
Ce  canard  sauvage. 

Est  bien,  nous  savons  la  chose, 
Quelque  jeune  compagnon. 

—  Si  nos  mères  têtues. 
N'entendent  pas  raison. 


(bis) 


Nous  leur  dirons:  «  Mères,  petites  mères, 
Regardez-le  par  le  robinet. 
Regardez-le  par  le  robinet. 
Digue  don  gué  la  dondaine  ; 
Regardez-le  parle  robinet,  l  /l-  \ 

Digue  don  gué  la  dondon  (i).  »     ) 

(O  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  325-26,  Las  Fillos  à  la  hounl  (Gascogne).  —  Air  n"  4. 


^ 


222  POÉSIES   POPULAIRES 


LXIV 


LA   BOTO   AU   CASTERA 

—  «  Douman,  que  n'es  la  boto, 
Doundèno  touro  lourèno, 
La  boto  au  Castera, 
Doundèno  touro  lourèno, 
La  boto  au  Castera, 
Doundèno  touro  loura. 

Digatz,  la  mio  maire, 
M'i  boulètz  dècha  ana  ?  » 

Sa  mai,  la  brabo  henno, 
L'i  a  dèchado  ana. 

Ta  leù  qu'entrée  en  danso, 
S'es  boutado  a  ploura. 


(Us). 


(bis). 


DE   LA    GASCOGNE  223 


(bis). 


LXIV 


LA   FÊTE   PATRONALE   AU   CASTÉRA 

—  «  Demain,  c'est  la  fête  patronale, 

Dondaine  toure  louraine, 

La  fête  patronale  au  Castéra  (i), 

Dondaine  toure  louraine, 

La  fête  patronale  au  Castéra,    )         , 

i  {^ms). 
Dondaine  toure  loura.  ) 

Dites,  ma  mère, 

Voulez-vous  m'y  laisser  aller  ?  » 

Sa  mère,  la  brave  femme, 
L'y  a  laissée  aller. 

Aussitôt  qu'elle  entra  en  danse. 
Elle  s'est  mise  à  pleurer. 

(i)  11  existe,  en  Gascogne,  plusieurs  localités  du  nom  de  Cas- 


téra. 


224  POÉSIES   POPULAIRES 

—  «  Qu'auètz,  qu'auètz,  la  bèro? 
Qu'auètz  tant  a  ploura  ? 

—  Èi  plan  rasoun  se  plouri, 
E  mes  de  suspira. 

M'as  près  ma  flou  de  liri. 
James  nou  tournera. 

—  Plouretz  pas  mes,  la  bèro, 
Doundèno  touro  lourèno. 
Que  nous  eau  marida, 
Doundèno  touro  lourèno  : 
Que  nous  eau  marida,  i 
Doundèno  touro  loura.  »     j 


(bis). 


(Us). 


LXV 


LAS   AUÈJOS   DE   LA   MARIO  UN 

Marioun,  au  bord  de  l'aigo, 


Se  lauo  lou  mentoun  : 


(bis). 


DE    LA   GASCOGNE  22) 

—  «  Qu'avcz-vous,  qu'avcz-vous,  la  belle  ? 
Qu'avez-vous  tant  à  pleurer  ? 

—  J'ai  bien  raison  si  je  pleure, 
Et  même  de  soupirer. 

Tu  m'as  pris  ma  fleur  de  lys. 
Jamais  elle  ne  reviendra. 


LXV 


(bis). 


—  Ne  pleurez  plus,  la  belle, 

Dondaine  toure  louraine. 

Il  faut  nous  marier, 

Dondaine  toure  louraine, 

Il  faut  nous  marier,  ) 

CM  s) 
Dondaine    toure   loura    (i).  »       ) 

(i)  Je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance. 


LES  ENNUIS   DE   MARION 

Marion,  au  bord  de  l'eau,    ) 

Se  lave  le  menton  ;  i  ^     '' 

m  15 


226  POÉSIES    POPULAIRES 


Se  lauo  lou  meiitoun, 
Gue  la  doundèno, 
Se  lauo  lou  mentoun, 
Gue  la  doundoun.         ' 


Quant  la  machèro  es  neto, 
Se  pintuo  lou  chignoun. 

La  coho  que  s'aliso, 
E  mes  lou  coutilloun. 

Soun  pai  que  l'i  atrapo  : 

—  «  Que  hès  aqui,  Marioun  ? 

—  Que  boi  tourna  beroio, 
Prengue  bouno  faiçoun. 

—  Au  trot  marcho-m',  drounleto, 
Marcho-m'a  la  maisoun. 

—  Nou  pas.  Lou  Meniqueto(i), 
M'aten  enta  la  hount. 

(i)  Diminatif  de  Dominique. 


DE   LA   GASCOGNE  227 


Se  lave  le  menton, 

Gué  la  dondaine, 

Se  lave  le  menton,       i   x, .  . 

(bis). 
Gué  la  dondon. 


Quand  la  joue  est  nette, 
.  Elle  peigne  son  chignon. 

La  coiffe  elle  lisse, 
Et  aussi  le  cotillon. 

Son  père  l'y  attrape  : 

—  «  Que  fais-tu  là,  Marion  ? 

—  Je  veux  redevenir  belle. 
Prendre  bonne  façon. 

—  Au  trot  marche-moi,  fillette. 
Marche-moi  à  la  maison. 

—  Non  pas.  Ménique, 
M'attend  à  la  fontaine. 


228  POÉSIES   POPULAIRES 

—  N'as  pas  tu  dounc  bergougno, 
De  parla  d'aquet  toun  ? 

—  M'auoussotz  maridado, 
Quant  n'èro  la  sasoun. 

M'auoussotz  dado  au  Pierre, 
E  mes  lèu  au  Pierroun. 

—  Qu'en  harés  dou  Pierreto  ? 
Pren  lou  bièil  Menichoun. 

—  D'aquet,  nou  boi  pas  brico. 
Mes  lèu  prengue  un  capoun. 

Me  truqueré  de  tiro, 
Sensé  coumpassioun. 

—  G  !  Quino  rasounairo  ! 
Marcho-m'  a  la  maisoun. 

Bèi  t'estuja,  drounleto, 
Tourneja  l'escaudoun. 


DE   LA   GASCOGNE  229 

—  N'as-tu  donc  pas  honte, 
De  parler  de  ce  ton  ? 

—  M'eussiez-vous  mariée, 
Quand  il  était  saison. 

M'eussiez-vous  donnée  à  Pierre, 
Ou  plutôt  à  Pierron. 

—  Que  ferais-tu  de  Pierrot  ? 
Prends  le  vieux  Ménichon. 

—  De  celui-là,  je  neveux  pas  un  brin. 
Plutôt  prendre  un  chapon. 

Il  me  battrait  continuellement. 
Sans  compassion. 

—  Oh  !  Quelle  raisonneuse  ! 
Marche-moi  à  la  maison. 

Va  te  cacher,  fillette. 
Remuer  Vescaiidoii  (i). 

(i)  Bouillie  faite  de  farine  de  mais,  préalablement  torréfiée. 


230  POESIES   POPULAIRES 


Oui,  quant  lou  Meniqueto  ) 

M  aujo  bisto  a  la  hount  :  ) 

M'aujo  bisto  a  la  hount, 

Gue  la  doundèno, 

M'aujo  bisto  à  la  hount,       ) 

Gue  la  doundoun.  «  ) 


LXVI 


DOU    TEMS   Q.U  ÈRI   MAINADO 

(hs). 


Dou  tems  qu'èri  mainado, 

Lanla, 
Petito  Janetoun, 
La  doundèno, 
Petito  Janetoun, 
La  doundoun. 


(Ms). 


Me  hèn  goarda  las  aoeillos, 
E  lous  petitz  agnerous. 


DE    LA    GASCOGNE  23 I 


Oui,  quand  Meniquette 
M'aura  vue  à  la  fontaine  : 
M'aura  vue  à  la  fontaine, 
Gué  la  dondaine, 
M'aura  vue  à  la  fontaine,       ) 
Gué  la  dondon  (i).  »  ) 


(bis). 


(bis). 


(1)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  314-ié,  Loti  Aouèjès  de  la  Marioun  (Gascogne). 


LX'^ 


DU    TEMPS   Q.UE   J  ÉTAIS   ENFANT 

Du  temps  que  j'étais  enfant. 


Lanla.  >  <^''^- 

Petite  Jeanneton,   j 
La  dondaine,  f 

Petite  Jeanneton,  \ 
La  dondon.  ' 


On  me  fait  garder  les  brebis, 
Et  les  petits  agnelets. 


232  POÉSIES   POPULAIRES 


Per  aqui  que  ne  passon, 
Très  chibaliès  barous. 

M'andit:  «  Bounjour,  mainado, 
A  qui  soun  lous  moutous  ? 

—  Les  moutous  à  moun  pèro  : 
La  bergèro  à  bous. 

—  Se  n'èros  pas  tant  joeno, 
Te  prendri  dambe  nous. 

—  Moussu,  per  ma  joenesso, 
Me  refuseretz-bous  ? 

L'erbo  dou  prat  es  courto. 
Crech  la  nèit  e  lou  jour. 

Atau  hèn  las  hilletos,       )  ^,  ■  % 

Lanla,  ) 

Quant  sount  dens  sas  amous,     j 

La  doundèno,  f  /l  •  \ 

Quant  soun  dens  sas  amous,     \ 

La  doundoun.   » 


DE   LA   GASCOGNE  233 


Par  là  passent, 

Trois  chevaliers  barons. 

Ils  m'ont  dit:  «  Bonjour,  enfant. 
A  qui  sont  les  moutons  ? 

—  Les  moutons  à  mon  père  : 
La  bergère  à  vous. 

—  Si  tu  n'étais  pas  si  jeune, 
Je  te  prendrais  avec  nous. 

—  Monsieur,  pour  ma  jeunesse, 
Me  refuseriez-vous  ? 

L'herbe  du  pré  est  courte. 
Elle  croît  la  nuit  et  le  jour. 

Ainsi  font  les  fillettes,     ) 

Lanla,  \  ^''"> 

Quand  elles  sont  dans  leurs  amours, 
La  dondaine. 

Quand  elles  sont  dans  leurs  amours, 
La  dondon  (i).  » 


(hts). 


(i)  Tiré  du  recueil  de  Charbel  (Agctuis).  Cf.    supr.   p.   200- 
203,  la  Chanson  intitulée   :  La  Pastourelle  coquette. 


2  34  POÉSIES   POPULAIRES 


LXVII 


ME   SOUI   MESO   EN  DANSO 

Me  soui  meso  en  danso,   )   ., .  , 
^         ,  ,  i  (bis). 

Entre  dus  galantz  :  ] 

Entre  dus  galantz, 

Tant  poulido  mio, 

Entre  dus  galantz,  ) 

Tant  poulit  amant. 


\  (his). 


Lou  que  mes  m'aimauo, 
M'a  sarrat  la  man. 

—    «  Galant,  se  m'aimauos, 
Coumo  hès  semblant, 

Me  darés  liurèio, 

De  quauques  ribantz.  » 

Bouti  man  en  bourso. 
Tiri  très  ribantz. 


DE   LA    GASCOGNE  233 


LXVII 


JE   ME   SUIS   MISE   EN    DANSE 

Je  me  suis  mise  en  danse, 

Entre  deux  galants  : 

Entre  deux  galants, 

Si  jolie  mie, 

Entre  deux  galants,         )  ,, .  , 

Si  joli  amant.  ) 

Celui  qui  le  plus  m'aimait, 
M'a  serré  la  main. 

—  «  Galant,  si  tu  m'aimais. 
Comme  tu  fais  semblant. 

Tu  me  donnerais  livrée, 
De  quelques  rubans.  » 

Je  mis  la  main  en  bourse. 
Je  tire  trois  rubans. 


(bis). 


236  POÉSIES   POPULAIRES 

I 

_  I 

—  «  Tenguètz,  tenguètz,  bèro.  \ 

Aqui  très  ribantz.  \ 

Nou  lous  portetz,  bèro,  i 

Que  très  cops  per  an.  i 

Un  a  Pentocousto,  i 

L'aute  a  Sent-Joan, 

L'aute  au  jour  de  noços,  /  _                             1 

Lou  mes  bèt  de  l'an.  )  '  ^'                          ■, 

Lou  mes  bèt  de  l'an,  1 
Tant  poulido  mio, 

Lou  mes  bèt  de  l'an.  ^  1 

Tant  poulit  amant.  »  ' 


DE   LA   GASCOGNE  237 

—  «  Tenez,  tenez,  belle. 
Voici  trois  rubans. 

Ne  les  portez,  belle, 
Que  trois  fois  par  an. 

Une  à  la  Pentecôte, 
L'autre  à  la  Saint-Jean, 

L'autre  au  jour  des  noces,     ) 

Le  plus  beau  de  l'an.  )        ^' 

Le  plus  beau  de  l'an, 

Si  jolie  mie. 

Le  plus  beau  de  l'an. 


C-     •      1-  /     N  V      Q'^^)' 

Si  joli  amant  (i).  »  ) 

(1)  Dicté  par  M.  Aristide  Tessier,  de  Saintc-Bazeille  (Lot-et- 
Garonne).  Cf.  Lamarque  de  Plaisance,  53-60  (Bazadais);  Voy. 
aussi  la  chanson  suivante. 


238 


POÉSIES    POPULAIRES 


LXVIII 


LOU   MARCAT   A   ESTANG 


Anèit  que  n'es  la  hero, 
Lou  marcat  a  Estang  : 
Lou  marcat  a  Estang, 
Tant  poulido  mio, 
Lou  marcat  a  Estang, 
Tant  poulit  amant. 


(bis). 


(bis). 


I  crouperan  cintos, 
E  tant  bètz  ribantz. 


—  «  T'i  trouberas,  bèro 

—  Tu  tabé  galant. 
Tu  tabé  galant, 
Tant  poulido  mio, 
Tu  tabé  galant, 
Tant  poulit  amant.  » 


(bis). 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  239 


LXVIIl 
LE   MARCHÉ   A   ESTANG 

Aujourd'hui  c'est  la  foire, 
Le  marché  à  Estang  (i)  : 
Le  marché  à  Estang, 
Si  jolie  mie. 

Le  marché  à  Estang,      | 
Si  joli  amant.  j 


(bis). 


(bis). 


Nous  y  achèterons  des  ceintures, 
Et  de  si  beaux  rubans. 

—  «  Tu  t'y  trouveras,  belle.    ^ 

—  Toi  aussi,  galant.  )         ^' 
Toi  aussi,  galant, 

Si  joHe  mie, 

Toi  aussi  galant,       ) 

Si  joU  amant  (2).  »  ) 

(i)  Commune  du  département  du  Gers. 

(2)  Chanté  par  un  charpentier  d'Esung,   nommé   Briscadieu. 
Cf.  la  chanson  précédente. 


240  POÉSIES   POPULAIRES 


LXIX 


LOU    MOULIÈ   PREFERAT 

La-bas,  dens  la  prado,       } 

Uo  pastouro  i  a.  ; 

Uo  pastouro  i  a, 

Landeridèto, 

Uo  pastouro  i  a,      j 

Landerida.  j 

I  a  uo  pastouro, 

Que  goardo  soun  bestia. 

Pierre,  de  Larroco, 
Que  l'ajudo  a  goarda. 

—  «  Digo,  pastoureto, 
Hè  pas-et  boun  goarda  ? 

Digo,  pastoureto, 

Se  t'en  bos  pas  tourna?  » 


DE    LA   GASCOGNE  24 1 


LXIX 

LE    MEUNIER   PRÉFÉRÉ 

Là-bas,  dans  la  prairie,     ) 
Une  pastourelle  il  y  a.       )  ^ 
Une  pastourelle  il  y  a, 
Landeridette, 
Une  pastourelle  il  y  a,     ) 
Landerida.  )  ^     '' 

Il  y  a  une  pastourelle. 
Qui  garde  son  bétail. 

Pierre,  de  Larroque  (i), 
L'aide  à  garder. 

—  «  Dis,  pastourelle, 
Fait-il  pas  bon  garder  ? 

Dis,  pastourelle. 

Si  tu  ne  veux  pas  t'en  retourner  ?  » 

(i)  I.ai-r.,q:r  est  un  nom  do  lieu  fort  commun  en  Gascogne. 
I"  16 


242  POÉSIES   POPULAIRES 


Pastouro  s'en  tourno, 
Enta  s'ana  coucha. 

—  «  Lèuo-te,  pastouro. 
Bos-te  marida? 

Se  d'acô  me  parles, 
Cou  rat  je  i  aura. 

—  Pas  dambe  tu,  Pierre. 
Me  harés  laura. 

—  Se  ma  henno  lauro. 
Pan  que  minjera. 

—  Lou  mouliè  d'Arnaulo, 
Mou  afa  hara. 

—  O.  Mes  la  moulièro,  j 
Cops  de  hoet  aura  :  ' 
Cops  de  hoet  aura, 

Landerideto, 
Cops  de  hoet  aura,    J 
Landerida.  »  ) 


(his). 


DE   LA   GASCOGNE  243 

La  pastourelle  s'en  retourne, 
Pour  s'aller  coucher. 

—  «  Lève-toi,  pastourelle. 
Veux-tu  te  marier  ? 

Si  de  cela  tu  me  parles. 
Du  cœur  il  y  aura. 

—  Pas  avec  toi,  Pierre. 
Tu  me  ferais  labourer. 

—  Si  ma  femme  laboure, 
Du  pain  elle  mangera. 

—  Le  meunier  d'Arnaule  (i), 
Mon  affaire  fera. 


—  Oui.  Mais  la  meunière. 
Coups  de  fouet  aura  : 
Coups  de  fouet  aura, 

Landerirette, 
Coups  de  fouet  aura, 

Landerira  (2).  » 


(his). 


(bis). 


(i)  J'ignore  où  se  trouve  ce  moulin. 

(2)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  308-10,  Lou  moulic  besiat  (Gascogne). 


244  POÉSIES   POPULAIRES 


LXX 


PETITO   BRUNETO 

—  «  Petite  brunette,  ] 
Que Jaites-vous  la?  ] 
Que  faites-vous  là  ? 

Lnnderidette. 
One  faites-vous  là?  ) 
Landerida.  ) 

—  Soui  aci  souleto. 
Goardi  moun  bestia. 

—  Petite  brunette, 
Vene^  avec  moi. 

—  Coumo  boulètz  qu'i  ango? 
Podi  pas  marcha. 

—  Petite  brunette, 
Mon  tel  près  de  moi.  » 


DE   LA   GASCOGNE  245 


LXX 


PETITE    BRUNETTE 


(Ns). 


(bis). 


—  «  Petite  brunette,  \ 
Que  faites-vous  là  ?  ) 
Que  faites-vous  là  ? 

Landeridette. 
Que  faites-vous  là  ?    ) 
Landerida.  ) 

—  Je  suis  ici  seulette. 
Je  garde  mon  bétail. 

—  Petite  brunette, 
Venez  avec  moi. 


—  Comment  voulez-vous  que  j'y  aille? 
Je  ne  peux  pas  marcher. 

—  Petite  brunette, 
Montez  près  de  moi.  » 


246  POÉSIES    POPULAIRES 


Quant  estèc  mountado, 
Se  bôuto  a  ploura. 

—  «  Petite  hrunette, 
Vous  pie  HT  ex^.  Pourquoi? 

—  N'èi  rasoun  se  plouri, 
Mes  de  suspira. 

O  !  Ma  roso  blanco,  )   ^,    , 
James  tournera.  ; 

James  tournera, 

Landeridèto. 
James  tournera,       )  ^, .  ■> 

Landerida,  »       S 


LXXI 


LOU   CURÉ    DOU    CASTERA 

Moussu  curé  dou  Castera,      ^  ,, .  , 

i  (dis). 
Sai  jouga  de  la  guitara,  ) 

Pren  soun  fusil,  s'en  ba  cassa, 

Sai  jouga  de  la  guitaretto.  l  n  ■  \ 

Sai  jouga  de  la  guitara.  ) 


DE  LA  GASCOGNE  247 


Quand  elle  fut  montée, 
Elle  se  met  à  pleurer. 

—  «  Petite  brunette, 
Vous  pleurez.  Pourquoi  ? 

—  J'ai  bien  raison  de  pleurer, 
Et  de  soupirer. 

—  Oh  !  Ma  rose  blanche, 


,  (bis). 
Jamais  elle  ne  reviendra. 

Jamais  elle  ne  reviendra, 

Landerirette. 
Jamais  elle  ne  reviendra,  }    ,, .  . 

Landerira  (i).  »  ) 

(t)  Chanté  par  ma  tante  Marie  Liaubou,  de  Goiuaud  (Lot-et- 
Garonne). 


LXXI 

LE   CURÉ   DU    CASTÉRA 

Monsieur  le  curé  du  Castéra, 
Je  sais  jouer  de  la  guitare, 
Prend  son  fusil,  s'en  va  chasser. 
Je  sais  jouer  de  la  guitarette.       } 
Je  sais  jouer  de  la  guitare.  \ 


(bis), 
(bis). 


24^5  POÉSIES    POPULAIRES 

Perdics,  ni  lèbes  trobo  pas, 
Sounco  Marioun  darrè  un  auba. 

—  «  Marioun,  bous  boulètz  coufessa  ? 

—  Moussu  curé,  coumo  etz  plaira. 

—  Nous  eau  ana  darrè  l'auta.  » 
L'auta  se  bouto  a  trambla, 

E  las  cadièros  a  dansa, 
Las  campanetos  a  tinta. 

—  «  De  la  glèiso  s'en  eau  ana. 
Au  bosc  anen  nous  estuja.  » 

Quant  soun  au  bosc,  darè  un  auba, 
Lous  loups  se  bouton  a  hurla, 

Houos,  bresagos  a  piula, 
E  lous  renards  a  marmouta, 

E  las  graouillos  a  raina, 
E  lusertz  e  serps  a  chiula. 

—  «  Moussu  cure,  s'en  eau  ana, 
Jou  per  aci,  bous  per  enla. 


DE   LA   GASCOGNE  249 

Perdrix,  ni  lièvres,  il  no  trouve, 
Sauf  Manon  derrière  un  saule. 

—  «  Marion,  voulez-vous  vous  confesser? 

—  Monsieur  le  curé,  comme  il  vous  plaira. 

—  Il  nous  faut  aller  derrière  l'autel.  » 
L'autel  se  met  à  trembler, 

Et  les  chaises  à  danser, 
Les  clochettes  à  tinter. 

—  «  De  l'église  il  flmt  s'en  aller. 
Au  bois  allons-nous  cacher.  » 

Quand  ils  sont  au  bois,  derrière  un  saule. 
Les  loups  se  mettent  à  hurler, 

Milans,  orfraies  à  piauler, 
Et  les  renards  à  marmotter. 

Et  les  grenouilles  à  coasser. 
Et  lézards  et  serpents  à  siffler. 

—  «  Monsieur  le  curé,  il  faut  vous  en  aller, 
Moi  par  ici,  vous  par  là-bas. 


250  POÉSIES   POPULAIRES 


—  Auètz  rasoun,  s'en  eau  ana.     ) 

Sai  jouga  de  la  guitara,  ]  ^     '' 

Lou  Diable  semblo  s'en  menla.  » 

Sai  jouga  de  la  guitareto.      \ 

Sai  jouga  de  la  guitara.         )  ^     '' 


LXXII 


L  AUTE   JOUR 

L'aute  jour,  jou  m'en  anguèri,  ) 

La  zuigo  zingueto,  )  ^     ^ 

Moun  camin  dret  à  Gountaud, 

La  zingo  zingau, 
Moun  camin  dret  à  Gountaud  (his). 

Rciicountrèri  uo  taulado, 
De  perdics  e  de  lebraus. 

A  taulo  jou  me  hoiitèri. 

De  faïçous,  jou  ne  m'enchau. 


DE    LA   GASCOGNE  231 


—  Vous  avez  raison,  il  faut  s'en  aller.  ^ 

T       ■    •  j    1         •  \  (bis). 

Je  sais  jouer  de  la  guitare.  i 

Le  Diable  semble  s'en  mêler.  » 

Je  sais  jouer  de  la  guitarette.      ) 

Je  sais  jouer  de  la  guitare  (i).     \  ^     ^' 

(i)  Dicté  pai  Françoise   Lalanne,    de    Lcctoure.     Cf.    Cénac- 
Monoaut,  369-71,   hou  baroiw  dou  Castera  (Gascogne).  —   Air 


LXXII 


L  AUTRE    JOUR 

L'autre  jour,  je  m'en  allai,    / 
La  zingue  zinguette,         ) 

Mon  chemin  droit  à  Gontaud  (i), 
La  zingue  zingau, 

Mon  chemin  droit  à  Gontaud  (bis). 

Je  trouvai  une  tablée, 
De  perdrix  et  de  levrauts. 

A  table  je  me  mis. 

De  façons,  il  ne  m'en  chaut. 

(i)  Petite  ville  du  Lot-et-Garonne,  canton  de  Marmande. 


252  POÉSIES   POPULAIRES 

Aqui,  minjèri  e  loutjèri. 

Pas  d'argent.  Jou  ne  m'en  fau. 

Très  poutetz  a  la  serbento  : 
A  la  mastresso  hoèit  ou  nau. 

—  «  Mes,  ça  digouc  la  serbento, 
Toiitis  nous  paguèssen  atau. 

—  Mes,  ça  digouc  la  mestresso,  ] 
La  znigo  zmgueto,  i 
Nou  farion  pas  gran  cabau , 

La  zingo  zingau, 
^ou  farion  pas  gran  cabau  (bis).  « 


LXXIII 


JANO 

A  l'oumbreto  d'un  rousè,   / 
Jano  s'adoumbrauo.  ) 

Jano  s'adoumbrauo  en-ci, 
Jano  s'adoumbrauo  en-la,       [  (bis). 
Jano  s'adoumbrauo. 


DE    LA   GASCOGNE  253 


LA,  je  mangeai  et  je  logeai. 
Pas  d'argent.  Il  ne  m'en  faut. 

Trois  baisers  à  la  servante  : 
A  la  maîtresse  huit  ou  neuf. 

—  «  Mais,  dit  la  servante, 
Que  tous  nous  payassent  ainsi. 

—  Mais,  dit  la  maîtresse,  ) 

La  zuigue  zmguette,  )  ^     ' 

Nous  ne  ferions  pas  grand  capital, 

La  zingue  zingau, 
Nous  ne  ferions  pas  grand  capital  (W,>'^  (i).  » 

(i)  Tiré  du  recueil  de   Charbel  (Agenais).    Voy,  ci-après,  p. 
294-297,  la  Chanson  intitulée  :  L'autre  jour,  je  m'en  allai. 


LXXIII 


JEANNE 

A  l'ombre  d'un  rosier, 
Jeanne  s'abritait. 
Jeanne  s'abritait  deçà, 
Jeanne  s'abritait  delà, 
Jeanne  s'abritait. 


2  54  POÉSIES   POPULAIRES 

Un  moussu  beng  a  passa. 
Que  la  regardado. 

—  «  Que  regardatz-bous,  moussu  ? 
Soui  trop  petitoto. 

—  Par  ta  petito  que  sios, 
Boi  que  sios  ma  mio. 

—  Se  ta  mio  bos  que  sio, 
Cau  que  ta  bourso  saute. 


—  Se  la  bourso  diu  sauta, 
Adiu,  bèro  Jano. 
Adiu,   bèro  Jano,    en-ça, 
Adiu,  bèro  Jano,  en-la, 
Adiu,  bèro  Jano.  » 


'^ 


DE   LA    GASCOGNE  2)5 


Un  monsieur  vient  à  passer. 
Il  l'a  regardée. 


•-0" 


—  «  Que  regardez-vous,  monsieur  ? 
Je  suis  trop  petiote. 

—  Pour  si  petiote  que  tu  sois, 
Je  veux  que  tu  sois  ma  mie. 

—  Si  ta  mie~tu  veux  que  je  sois, 
Il  faut  que  ta  bourse  saute. 

—  Si  la  bourse  doit  sauter,     ^ 
Adieu,  belle  Jeanne.  ) 
Adieu,  belle  Jeanne,  deçà,     j 
Adieu,  belle  Jeanne,  delà,     [  (bis). 
Adieu,  belle  Jeanne  (i).  »   J 

(i)  Dicté   par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  355-56,  La  Margalido  (Gascogne). 


^ 


256  POÉSIES    POPULAIRES 


(bis). 


LXXIV 

HILLOS   DE    LA   ROUCHÈLO 

Hillos  de  La  Rouchèlo,       )  /,  ■  . 

...         Q^'O- 

Las  que  jou  tant  aimei,        ) 
Gue  larirè  doundèno  ; 
Las  que  jou  tant  aimèi, 
Gue  larirè  doundèi. 

Jou  n'èi  tant  aimât  uo. 
Moun  cô  l'aimo  dumpèi. 

Quant  la  bau  bese  a  caso, 
Après  soupa,  la  nèit, 

La  trobi  en  sa  crampeto, 
A  ploura,  sur  soun  llèit. 

—  «  Queplouratz-bous,  la  bèro? 
Que  plouratz-bous  anèit  ? 

—  Rasoun  qu'èi  de  tristesso. 
Bien  loungtems  plourerèi. 


DE   LA   GASCOGNE  2)7 


LXXIV 


FILLES   DE   LA   ROCHELLE 


(bis), 
(bis). 


Filles  de  La  Rochelle, 
Celles  que  j'aimai  tant, 
Gué  lariré  dondaine  ; 
Celles  que  j'aimai  tant. 
Gué  lariré  dondé. 

J'en  ai  tant  aimé  une. 
Mon  cœur  l'aime  depuis. 


Quand  je  vais  la  voir  à  la  maison, 
Après  souper,  la  nuit,  ^ 

Je  la  trouve  dans  sa  chambrette, 
A  pleurer,  sur  son  lit. 

—  «  Pourquoi  pleurez-vous,  la  belle? 
Pourquoi  pleurez-vous  aujourd'hui? 

—  Raison  j'ai  de  tristesse. 
Bien  longtemps  je  pleurerai. 

III  17 


258  POÉSIES    POPULAIRES 

M'an  dit  qu'etz  en  anauotz, 
Au  serbici  dou  rèi. 

—  Auant  que  jou  m'en  anguo, 
Bèro,  bousfiancerèi. 

En  tourna  de  campagne, 
Bèro,  etz  espouserèi. 

—  Sur  aquero  proumesso, 
James  nou  plourerèi. 


La  man  se  me  toucauotz, 
Jou  m'en  arriserèi, 
Gue  la  rire  doundèno; 
Jou  m'en  arriserèi, 
Gue  la  rire  doundèi.  » 


(bis), 
(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  259 

On  m'a  dit  que  vous  vous  en  alliez, 
Au  service  du  roi. 


—  Avant  que  je  m'en  aille, 
Belle,  je  vous  fiancerai. 

En  revenant  de  campagne. 
Belle,  je  vous  épouserai. 

—  Sur  cette  promesse, 
Jamais  je  ne  pleurerai. 

La  main  si  vous  me  touchiez, 

J'en  rirais. 

Gué  la  rire  dondaine; 

J'en  rirais. 

Gué  la  rire  dondé  (i).  » 


(bis). 


(bis). 


(1)  Dicté  par  Françoise  Lalanne,  de  Lectoure.  Cf.  Cénac-Mon- 
caut,  284-85,  Las  Hillos  de  La  Rouchelo  (Gascogne). 


*^ 


26o  POÉSIES   POPULAIRES 


LXXV 


LA   HILLO   ESBERIDO 

Quant  jou  n'èri  petiteto, 

La  nia, 
Petiteto  à  la  maisoun  ; 
Débat  l'ouliuè  d'ouliuo, 
Débat  l'ouliuè  d'amou, 

Nat  nou  me  benguèuo  bese, 
Sounco  un  poulit  garçoun. 

Aro  que  soui  granoto, 
Toutz  bengoun  a  deroun. 

L'un  me  pren  la  maneto, 
E  l'aute  lou  mentoun. 

L'aute  me  ditz  :  «  Petito, 
Marido-te  dab  jou.  » 

Sabi  pas  que  lous  dise. 
Lous  dirèi  0  ou  nou  ? 


(his). 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  201 


LXXV 


LA    FILLE    ENJOUÉE 

Quand  j'étais  petiote,  )   ,, 

Lanla,  )  (^"^- 

Petiote  à  la  maison  : 

Sous  l'olivier  d'olive,  )   ,,  .  . 

[  (bis). 
Sous  l'olivier  d'amour,       ] 

Nul  ne  venait  me  voir, 
Sauf  un  joli  garçon. 

Maintenant  que  je  suis  grandelette. 
Tous  viennent  en  foule. 

L'un  me  prend  la  menotte, 
Et  l'autre  le  menton. 

L'autre  me  dit  :  «  Petite, 
Marie-toi  avec  moi.  » 

Je  ne  sais  que  leur  dire. 
Leur  dirai-je  oui  ou  non? 


202  POÉSIES   POPULAIRES 


—  «  Galantz,  tournatz  dimeche. 
Bous  countenterèi  toutz. 

Au  casau  de  moun  paire, 
Bous  flourirèi  de  flous. 

Qui  aura  roso  sens  hurpios,     \ 

Lanla,  )  (^"^^ 

Et  aura  mas  amous.  » 
Débat   l'ouliuè    d'ouliuo, 
Débat  l'ouliuè  d'amou. 


(bis). 


LXXVI 


Q.UANT   MOUN   PAI 

Quant  moun  pai  m'a  maridado  (bis), 
A  un  boè  que  m'a  baillado. 
Au  soun  dou  biuloun, 

Doundèno, 
Au  soun  dou  biuloun, 

Doundoun. 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  263 

—  «  Galants,  revenez  dimanche. 
Je  vous  contenterai  tous. 

Au  jardin  de  mon  père, 
Je  vous  fleurirai  de  fleurs. 

Celui  qui  aura  rose  sans  épines,    i  ,, .  , 
^  '^  \  (bis). 

Lanla,  ) 

Celui-là  aura  mes  amours.   » 

Sous  l'olivier  d'olive, 


Sous  l'olivier  d'amour  (i).  ^ 

(j)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  302-3,  La  Hillo  esmerido  (Gascogne). 


LXXVI 

Q.UAND   MON    PÈRE 

duand  mon  père  m'a  mariée  (bis). 
A  un  vieillard  il  m'a  donnée. 
Au  son   du    violon, 

Dondaine ,  j 

Au  son    du   violon,  i 

Dondon  (i).  / 

(i)  Tiré  da  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


264  POÉSIES     POPULAIRES 


(bis). 


LXXVII 


LOU    MARECHAU   DOU    BILATGE 

Lou  marechau  dou  bilatge, 

Landeridèto, 
A  la  campagne  s'en  ba, 

Landerida, 
A  la  campagnos'en  ba  (bis). 

Dècho  sa  henno  souleto. 
Lou  curé  la  ba  trouba. 

Li  a  dit  :  «  Bounjour,  marechalo, 
Boste  raarit  i  es  pas  ? 

—  Moun  marit  es  en  campagne. 
Sabi  pas  quant  tournera.   » 

A  pas  acabat  de  dise, 
Lou  marit  es  arribat. 

Lou  curé,  per  rebirado  : 

—  «  Bengui  de  la  confessa. 


DE   LA  GASCOGNE  20$ 


LXXVII 


LE   MARECHAL   DU    VILLAGE 

Le  maréchal  du   village, 

Landerirette, 
A  la  campagne  s'en  va, 

Landerira, 
A  la  campagne  s'en  va  (bis). 


(bis). 


Il  laisse  sa  femme  seulette. 
Le  curé  va  la  trouver. 

Il  lui  a  dit  :  «  Bonjour,  maréchale, 
Votre  mari  n'y  est-il  pas  ? 

—  Mon  mari  est  en  campagne. 
Je  ne  sais  quand  il  reviendra.   » 

Elle  n'a  pas  achevé  de  dire. 
Le  mari  est  arrivé. 

Le  curé,  par  repartie  (i)  : 

—  «  Je  viens  de  la  confesser. 

(x)  Pour  se  tirer  d'embarras. 


266  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Que  lou  Diable  la  coufesse, 
E  la  pousque  coufessa. 

Jou  bous  podi  bien  proumète, 
Se  me  tourni  marida, 

Qu'en  bouleri  prengue  uo, 

Landeridèto, 
Que  se  coufessèsse  pas, 

Landerira, 
Que  se  coufessèsse  pas  (his).  » 


(bis). 


LXXVIII 


LOU   GALAPIAN 


Èi  un  cousin  qu'a  tant  bouno  gulo  (his), 
Que  sa  minjat  lou  pan  de  doutze  hournados. 

Joan  !  —  «  Hoù  !  (i)  » 
—  Te  brumbos-tu  de  la  cujeto  ?   ) 
Acô  es  un  poulit  passo-tems.  )  ^     ^' 


(i)  Réponse  des  danseurs. 


DE   LA    GASCOGNE  207 


—  Que  le  Diable  la  confesse, 
Et  la  puisse  confesser. 

Je  puis  bien  vous  promettre, 
Si  je  me  remarie. 

Que  j'en  voudrais  prendre  une, 

Landerirette, 
Qui  ne  se  confessât  pas,  * 

Latiderida, 
Qui  ne  se  confessât  pas  (bis)  (i).  >> 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenaiset  Bruilhois). 


LXXVIII 


LE    GOINFRE 


J'ai  un  cousin  qui  a  si  bonne  gueule  (bis), 
Qu'il  a  mangé  le  pain  de  douze  fournées. 

Jean  !  —  «  Hô  !  » 
—  Te  souviens-tu  de  la  petite  gourde  ? 


/->•!•  \  (bis). 

C  est  un  joli  passe-temps.  ^  ^     '^ 


268  POÉSIES    POPULAIRES 

S'a  minjat  nau  buùs,  toutz  en  car  grillado. 
S'a  minjat  nau  porcs,  toutz  en  car  salado. 

S'a  beut  lou  bin  de  quinze  coulados  (bis). 
Quant  es  bien  sadout,  demando  couchado. 

Joan  !  —  «  Hoù  !  » 
—  Te  brumbos-tu  de  la  cujeto  ?  ) 
Acô  es  un  poulit  passo-tems.        )  ^     ^' 


LXXIX 


BASTINO   LA   SAUMÈLO 

—  «  Serbenio,  lèuo-te  maitin  (bis). 
Bastino  la  saumèlo, 
lou  la  doundèno  : 
Bastino  la  saumèlo,     ^ 
lou  la  doundoun.         ) 

Pren-te  siès  frans  dou  men  argent, 
E  bèi-t'en  a  la  hero. 


DE  LA   GASCOGNE  269 

Il  a  mangé  neuf  bœufs,    tous  en  viande  grillée. 
II  a  mangé  neuf  porcs,  tous  en  viande  salée. 

Il  a  bu  le  vin  de  quinze  cuvées  (bis). 

Quand  il  est  bien  saoul ,  il  demande  la  couchée. 

Jean  !  —  «  Ho  !  )) 
—  Te  souviens-tu  de  la  petite  gourde  ?) 


^1  •  1-  /  N  \  (bis). 

C  est  un  joli  passe-temps  (i).  ' 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacnze,  de  Panassac  (Gers).    Cf.  Cénac- 
Moncaut,  5)5-j4,  Lou  Galapiun  (Gascogne). 


LXXIX 


BATE   l'aNESSE 


—  «  Servante,  lève-toi  matin  (bis). 
Bâte  l'ânesse, 
lou  la  dondaine  : 
Bâte  l'ânesse. 


,  (bis). 
lou  la  dondon.       ' 


Prends  six  francs  de  mon  argent, 
Et  va-t'en  à  la  foire. 


270  POÉSIES    POPULAIRES 

Toutz  lous  pifres  que  trouberas, 
Cargo-ne  la  saumèlo. 

Dous  mes  bètz  e  dous  mes  poulitz, 
Hè-ne  la  cargo  entièro.  » 

N'èi  tant  cargat  e  recargat, 
Qu'èi  coupât  la  croupière. 

Quant  la  mestro  (i)  la  bel  beiii  : 

—  «  Boi  pifra  la  prumèro. 

—  Nâni,  mestro,  ac  haratz  pas  (bis). 
Ei  pifrat  a  la  hero, 

lou  la  doundèno  : 

Èi  pifrat  à  la  hero,      )    ,, .  , 
'   (pis). 
lou  la  doundoun.  »     ) 

(i)  En  gascon,  mastresso. 


DE   LA   GASCOGNE  27 1 

Tous  les  fifres  que  tu  trouveras, 
Charges-en  l'ânesse. 

Des  plus  beaux  et  des  plus  jolis, 
Fais-en  la  charge  entière.  » 

J'en  ai  tant  chargé  et  rechargé. 
Que  j'ai  rompu  la  croupière. 

Quand  la  maîtresse  la  vit  venir  : 

—  «  Je  VQUxffrer  la  première. 

—  Nenni,  maîtresse,vousnele  ferez  p3is(bis). 
J'ai  Jîfré  à  la  foire, 

lou  la  dondaine  : 
J'ai //rJ  à  la  foire,  } 
loula  dondon(i).))j  ^     ^" 

(i)  Tire  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


272  POÉSIES   POPULAIRES 


LXXX 


LA   DESCAMPETO 


M'èi  perdut  moun  amigo, 

La  bèillo  de  Sent-Joan,  [  (bis). 

Mama. 

Aimilous  joens  galantz,  ma  maire,     i-^n  ■■\ 
Aimi  lous  joens  galantz,  mama.  ) 

Perdudo,  es  pas  perdudo, 
S'estujo  enta  l'embanc. 

L'èi  troubado  endroumido, 
Au  pè  d'un  rousè  blanc. 

—  «  Galant,  pren-te  de  goardo 
Au  soun  pai.  Qu'es  mâchant. 

—  Dous  parentz  n'èi  pas  ancio. 
Nou  lous  cregni  pas  tant. 

—  Èi  moun  bidet  d'Espagno. 
Court  mes  qu'un  lebrè  blanc. 


DE   LA    GASCOGNE  275 


LXXX 


LA    FUITE 


J'ai  perdu  mon  amie,  \ 

La  veille  de  la  Saint-Jean.       ,   (bis). 


) 


Maman. 

J'aime  les  jeunes  galants,  ma  mère. 
J'aime  les  jeunes  galants,  maman. 

Perdue,  elle  n'est  pas  perdue, 
Elle  se  cache  sous  l'auvent. 

Je  l'ai  trouvée  endormie, 
Au  pied  d'un  rosier  blanc. 

—  «  Galant,  prends  garde 
A  son  père.  Il  est  méchant. 

—  Des  parents  je  n'ai  pas  crainte. 
Je  ne  les  crains  pas  tant. 


—  J'ai  mon  bidet  d'Espagne. 
Il  court  plus  qu'un  lévrier  blanc. 

m  18 


(bis). 


274  POÉSIES   POPULAIRES 

Que  sauti  sur  la  sèro. 
Puch,  ahuto  pous  camps. 

Sauto  tepès  e  coumos, 
Baratz  de  trento  pams. 

Empujo  las  mountagnos, 
Dab  lous  pès  de  dauant. 


En  duos  ou  très  ouros,  '; 

Darrè  lous  mounts  seran.  »     [  (bis). 


Marna. 


) 


Aimi  lous  joens  galantz,  ma  maire.     I  /,•  ^ 
Aimi  lous  joens  galantz,  mama.         ) 


4- 


DE   LA   GASCOGNE  27 S 


Je  saute  sur  la  selle. 
Puis,  \'ite  par  les  champs . 

Il  saute  collines  et  combes, 
Fossés  de  trente  empans. 

Il  gravit  les  montagnes, 
Avec  les  pieds  de  devant. 


^ 


Dans  deux  ou  trois  heures,  , 

Derrière  les  monts  nous  serons  (i).»  [  G^is). 

Maman,  ) 

J'aime  les  jeunes  galants,  ma  mère.  )   „  .  ^ 

J'aime  les  jeunes  galants,  maman  (2).     ) 


(i)  Les  PjTénées. 

(2)  Je    sais  cette    chanson   depuis   mon  enflmce.  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  398-400,  La  Dcscampeio  (Gascogne). 


■4^ 


276  POÉSIES   POPULAIRES 


LXXXI 


LA    BEUSO 


—  «  Beuso,  qu'es  à  toun  aise  (bis). 
Nou  te  marides  pas, 

Derideto  ; 
Nou  te  marides  pas, 


Dérida.  <  <^'"^- 


—  Èi  toun  moun  benen  chaume  (i). 
Qui  me  lou  laurera. 

—  Logo-t'  un  boè,  beuseto. 
Que  te  lou  laurera. 

Houtjera  la  bigneto. 
Lou  casau  sauclera. 

—  Un  boè  se  jou  me  logui, 
Lou  calera  paga. 

(i)  Chaume,  expression  agenaise  ;  en  gascon,  arrastoutll. 


DE   LA   GASCOGNE  277 


LXXXI 


LA   VEUVE 


—  «  Veuve,  tu  es  à  ton  aise  (bis). 
Ne  te  marie  pas, 

Deridette  ; 
Ne    te   marie  pas, 


Dérida.  N  (^">- 


—  J'ai  tout  mon  bien  en  chaume. 
Qui  me  le  labourera  ? 

—  Loue  un  bouvier,  petite  veuve. 
Il  te  le  labourera. 

Il  bêchera  la  vigne. 
Le  jardin  il  sarclera. 

—  Si  je  loue  un  bouvier, 
Il  faudra  le  payer. 


278  POÉSIES    POPULAIRES 


Atau,  se  me  maridi  (bis), 
Tout  que  s'arrenjera, 

Derideto  ; 
Tout  que  s'arrenjera 

Dérida.  » 


(bis). 


LXXXII 


LAS   HENNOS   DE   MIRANDO 

Las  hennos  de  Mirando,         \ 

Doundèno,  / 

Que  n'aimon  lou  bin  boun,    ' 


Doundoun, 
Que  n'aimon  lou  bin  boun  (quater). 

S'en  ban  per  las  auberjos, 
Hurlupa  lou  pintoun. 


DE  LA   GASCOGNE  279 


Ainsi,  si  jo  me  marie  (lui). 
Tout  s'arrangera, 

Deridette  ; 
Tout  s'arrangera,       j 

Dérida  (i).  >>        \  ^^''^^ 

(i)2Dicti'  par  ma  unie  Marie  Liaubon,  de  GonMud  (Lot-et- 
Garonne).  Cf.  BLidc,  t.  II  du  présent  recueil,  p.  246-49,  La 
l'tiive  dt  Monclar  (Gascogne). 


LXXXII 


LES   FEMMES   DE   MIRANDE 

Les  femmes  de  Mirandc  (i), 

Dondaine,  •  „  .  > 

Aiment  le  vin  bon, 
Dondon, 

Aiment  le  vin  bon  (qiuiter). 

Elles  s'en  vont  par  les  auberges, 
Lamper  la  petite  pinte. 


(i)  Ville    de  l'ancien   comté    d'Astarac,  aujourd'hui  chef-lieu 
d'arrondissement  (Gers). 


28o  POÉSIES   POPULAIRES 


Lous  omes  las  ban  coeille. 

—  «  Marchatz  à  la  maisoun. 

Lous  guitz  e  lous  aujames, 
Tout  es  a  l'abandoun. 

Lous  mainatjes  que  plouron, 
E  surtout  lou  secound. 

—  lè  !  Caro-te,  praube  orne. 
Ne  perdes  la  rasoun. 

Lou  bin  es  hèit  per  beue, 
Lous  guitz,  per  hè  cansoun. 

E,  se  lous  dronles  plouron, 

Doundèno, 
logo-lous  dou  biuloun, 

Doundoun. 
Jogo-lous  dou  biuloun  (quater) 


(bis). 


DE    LA   GASCOGNE  28 I 

Les  hommes  vont  les  chercher. 

—  «  Marchez  à  la  maison. 

Les  canards  et  les  bêtes, 
Tout  est  A  l'abandon. 

Les  enfonts  pleurent, 
Et  surtout  le  second. 

—  Eh  !  Tais-toi,  pauvre  homme. 
Tu  perds  la  raison. 

Le  vin  est  fait  pour  boire. 

Les  canards,  pour  faire  chanson. 


O'is). 


Et,  si  les  enfants  pleurent, 

Dondaine, 
Joue-leur  du  violon, 

Dondon. 
Joue-leur  du  violon  (i)  (qiiater).  » 

(1)  Dicte  par  P.-iuline  Lacize,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  335-36,  Las  Bewdos  (Gascogne). 


282  POÉSIES    POPULAIRES 


LXXXIII 

LOU   GROS   DE    PROUCINÈLO 

Es  un  joen  moussu, 


E  uo  damaiselo, 

Loun  larirèto, 

E  uo  damaisèlo, 

Lon  làrirè.  ' 


N'an  hèit  sèt  ans  l'amou, 
E  mes  lou  hèn  encoèro. 

Au  cap  d'aquetz  sèt  ans, 
Lou  galant  se  l'amio. 

Se  l'amio  tant  loèn, 

Au  castèt  de  soun  pèro.  » 

—  «  Doiibrèt^,  pèro,  doithrèt-{. 
Bous  amii  uo  noro. 

—  Moun  hill,  ac6  es  bien  hèit. 
La  noro  es  espousado  ? 


DE   LA   GASCOGNE  283 


LXXXIII 
LE   GROS   DE   PROUCINELLE 

C'est  un  jeune  monsieur,   / 
Et  une  demoiselle,  ) 

Lon  larirette, 
Et  une  demoiselle,  } 

Lon  larirc.  )  ^     '^' 

Ils  ont  fait  sept  ans  l'amour, 
Et  ils  le  font  encore. 

Au  bout  de  ces  sept  ans, 
Le  galant  l'amène. 

Il  l'amène  si  loin, 

Au  château  de  son  père. 

—  «  Ouvrez,  père,  ouvrez, 
Je  vous  amène  une  bru. 

—  Mon  fils,  cela  est  bien  fait. 
La  bru  est-elle  épousée  ? 


284  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Nâni  certos,  moun  pai, 
Ni  mémo  fiançado. 

—  Moun  hill,  entourno-la 
Au  castet  de  soun  pèro.   » 

La  miado  tant  loèn, 
Au  Gros  de  Proucinello. 

Quant  ero  a  bist  lou  Gros, 
Que  cai  tout  embahido, 

Estèc  pas  à  mièi  Gros, 
S'atrapo  a  la  lanièro. 

Lou  galant  malicious, 
A  coupât  la  lanièro. 

—  «  Moun  Diu!  que  harèi-jou 
De  mas  bèros  raubetos  ? 

—  Mio,  baillo-me-los, 
Per  uo  auto  raastresso. 


DE   LA   GASCOGNE  28$ 


—  Non  certes,  mon  père. 
Ni  même  fiancée. 

—  Mon  fils,  ramènc-la 
Au  château  de  son  père.   » 

Il  Ta  menée  si  loin, 

Au  Gros  de  Proucinelle  (i). 

Quand  elle  a  vu  le  Gros, 
Elle  tombe  tout  évanouie. 

Elle  ne  fut  pas  à  moitié  Gros, 
Qu'elle  s'attrape  à  la  lanière. 

Le  galant  méchant, 
A  coupé  la  lanière. 

—  «  Mon  Dieu  !  Que  ferai-je 
De  mes  belles  robes  ? 

—  Mie,  donne-les-moi, 
Pour  une  autre  maîtresse. 


(i)  Dans  le  Haut-Agenais  et  le  Haut-Q.uercy ,  on  donne 
le  nom  de  Cio;  au\  parties  proCoades  des  rivières.  J'ignore  où  se 
trouve  le  Cros  Je  Proucinelle. 


286  POÉSIES   POPULAIRES 


—  Moun  Diu  !  que  harèi-jou       ) 
De  mas  bèros  raubetos,  ) 


Loun  larirèto, 
De  mas  bèros  raubetos, 
Loun  larirè  ?  » 


(bis). 


LXXXIV 

LOU  CAPITANI  DE  CASTELJALOUS 

Entre  Paris  et  La  Rouchèlo, 

Biro  bigouza  bigouza  doundèno,       '       ^' 


I  a  uo  tant  bèro  maisoun,  ^ 

Biro  bigouza  bigouza  doundoun. 

I  a  uo  tant  bèro  damaisèlo, 

Que  hè  la  barbo  aus  coumpagnous. 

Praqui  ne  passo  un  capitani. 

—  «  Bèro,  me  la  harétz  pas  bous  ? 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  287 


—  Mon  Dieu  !  Qiic  foniis-je      ) 

'  (Us) 
De  mes  belles  robes,  )  ^ 

Lon  larirette, 

De  mes  belles  robes,  l  n  ■  \ 

Lonlariré(i)?  »        )  ^  "^' 


(i)  Dicté  par  Catherine  Sustrac,  de  Sainte-Euklie,  commune 
de  Cauzac  (Lot-et-Garonne).  Cf.  Daymard,  13-14,  Lou  Gros  de 
Proucinello  (Haut-Quercj'). 


LXXXIV 

LE   CAPITAINE  DE   CASTELJALOUX 

Entre  Paris  et  La  Rochelle, 
Vire  bigouza  bigouza  dondaine. 
Il  y  a  une  si  belle  maison,  | 

Vire  bigouza  bigouza  dondon.       j 

Il  y  a  une  si  belle  demoiselle, 
Qui  fait  la  barbe  aux  compagnons. 


Par  là  passe  un  capitaine. 

—  «  Belle,  ne  me  la  feriez-vous  pas  ? 


(Us), 
(bis). 


288  POÉSIES   POPULAIRES 


—  O  be,  moussu  lou  capitani. 
Se  boulètz,  bous  la  harèi  bous.  » 

Ta  lèu  qu'un  taill  de  rasouèr  baillo, 
La  bèro  cambio  de  coulous. 

—  «  Perque  cambiatz  bous,  damaisèlo? 
Cregnerétz  pas  bous  mous  galous  ? 

—  Nâni,  moussu  lou  capitani. 
James  n'èi  cregnut  lous  galous. 

—  Se  boulètz,  bèro  damaisèlo, 
Que  me  mariderèi  dab  bous. 

Seratz  henno  d\m  capitani. 
De  jou  lou  rèi  sera  jalous. 

Bous  pourterèi  darrè  ma  sèro, 
Tout  dret  enta  Casteljalous  (i). 

—  Parlatz  au  men  pai,  capitani. 
Se  ditz  o,  jou  dirèi  pas  nou.  » 

(i)  Chef-lieu  de  canton  du  Lot-et-Garonne ,  autrefois  siège 
d'une  des  quatre  sénéchaussées  qui  formaient  le  duché  d'Albret. 
Il  est  souvent  question  de  Casteljaloux  dans  l'histoire  des  guerres 
de  religion  eu  Gascogne, 


DE   LA    GASCOGNE  289 


—  Oui  bien,  monsieur  le  capitaine. 
Si  vous  le  voulez,  je  vous  la  ferai.  » 

Aussitôt  qu'elle  donne  un  coup  de  rasoir, 
La  belle  change  de  couleur. 

[demoiselle  ? 

—  «  Pourquoi  changez-vous  de  couleurs, 
Ne  craindriez-vous  pas  mes  galons? 

—  Non,  monsieur  le  capitaine. 
Jamais  je  n'ai  craint  les  galons. 

—  Si  vous  voulez,  belle  demoiselle, 
Je  me  marierai  avec  vous. 

Vous  serez  la  femme  d'un  capitaine. 
De  moi  le  roi  sera  jaloux. 

Je  vous  porterai  derrière  ma  selle. 
Tout  droit  à  Casteljaloux. 

—  Parlez  à  mon  père,  capitaine. 
S'il  dit  oui,  je  ne  dirai  pas  non.  » 

'"  19 


290  POÉSIES   POPULAIRES 


Aqui  coumo  de  La  Rouclièlo,  / 

Biro  bigouza  bigouza  doundèno,       ) 
S'en  bengouc  a  Casteljalous,         / 
Biro  bigouza  bigouza  doundoun.    ) 


LXXXV 


LA  NOÇO    DE   LA   POULUC 


Quant  la  pouluc  s'es  maridado  (his), 
Forço  canaillo  a  embitado  : 
Sauten  dounc,  deridoun  gue  la  doundèno,  1     . 
Sauten  dounc,  deridoun  gue  la  doundoun  ;  )  ^ 

Sounco  la  mousco  s'a  debrumbado. 
Mes  asta  plan  i  es  anado. 

Per  la  frinesto  qu'es  entrado. 
Sur  la  taulo  que  s'es  pausado. 


DE   LA   GASCOGNE  29 1 


Voila  comment  de  La  Rochelle,  >   ., .  . 

Vire  bigouza  bigouza  dondaine,  ) 

Elle  s'en  vint  à  Casteljaloux,  ) 

Vire  bigouza  bigouza  dondon  (i).  ) 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  295-98,  Lou  Capitaino  de  Casleljaloux  (Gascogne); 
VAlmanach  des  Traditions  populaires  ài^  18S1,  p.  90-91,  La  Bar- 
bière  (environs  de  Lorient). 


LXXXV 


LA   NOCE   DE   LA   PUCE 

Quand  la  puce  s'est  mariée  (bis), 
Force  canaille  elle  a  invité  : 
Sautons  donc,  deridon  gué  la  dondaine,    ) 
Sautons  donc,  deridon  gué  la  dondon  ;    ) 

Sauf  la  mouche  qu'elle  a  oubliée. 
Mais  tout  de  même  elle  y  est  allée. 

Par  la  fenêtre  elle  est  entrée. 
Sur  la  table  elle  s'est  posée. 


292  POÉSIES    POPULAIRES 

Dus  platz  de  sauço  n'a  embessado. 
Autant  d'autes  n'a  hurlupado. 

Moussu  lou  grilloun  n'èro  en  cadièro. 
D'arrise,  s'es  foutut  per  terro. 

Un  tros  de  testo  s'a  esquissado. 
La  culoto  s'a  escarkdo. 

Lou  nobi  se  bouto  en  coulèro. 
Au  cap  lou  jito  la  salèro. 

Lou  grill  que  pren  la  bijarrèro. 
Bieill  Joan-Henno  que  l'apèro. 

Touto  la  noço  s'es  turbado, 
E  la  nobio  s'es  abuhado. 

Per  oine  bo  pas  un  Joan-Henno. 
Que  s'ahuto  darrè  la  dourno. 

Grills,  e  cigalos,  e  purnachos, 
Hissaillous,  tauans  e  cagachos, 

Après  la  pouluc  que  s'ahuton. 
Deguens  la  dourno  que  s'entuton. 


DE    I,.\   GASCOGNE 


295 


Deux  plats  de  sauce  elle  a  renversé. 
Autant  d'autres  elle  a  lampe. 

Monsieur  le  grillon  était  sur  sa  chaise. 
De  rire,  il  s'est  foutu  par  terre. 

Un  morceau  de  tête  il  s'est  déchiré. 
Sa  culotte  il  a  crevé. 

Le  marié  se  met  en  colère. 
A  la  tête  il  lui  jette  la  salière. 

Le  grillon  s'irrite. 

Vieux  Jean-Femme  (i)  il  l'appelle. 

Toute  la  noce  s'est  troublée, 
Et  la  mariée  s'est  effrayée. 

Pour  homme  elle  ne  veut  pas  un  Jean-Femme. 
Elle  s'enfuit  derrière  la  cruche. 

Grillons,  et  cigales,  et  punaises, 
Frelons,  taons  et  cloportes. 

Après  la  puce  s'enfuient. 
Dans  la  cruche  ils  s'enferment. 

(i)  Imbécile. 


294  POÉSIES   POPULAIRES 

Au  houn  d'aquero  grano  gourgo, 
Touto  la  canaillo  s'engourgo. 

La  pouluc,  sou  tutoun  que  s'ancro, 
E  que  lous  canto  la  brenado  ; 

E,  per  millou  lous  hè  la  higo  (his), 

Dab  la  millèro  semarido. 

Sauten  dounc,  deridoun  gue  la  doundèno.   )   ,, .  , 

Sauten  dounc,  deridoun  gue  la  doundoun.    ) 


LXXXVI 


l'aute  jour,  jou  m'en  axguèri 

L'aute  jour,  jou  m'en  anguèri  (i),    j 
Pou  camin  dret  a  Reaup.  j 

Praube  afa  quant  l'argent  manquo,      / 
Quant  l'argent  manquo  a  l'oustau.      ) 


(i)  Anguèrè,  allai,  f.  1.;  en  g.,  angoui. 


DE   LA    GASCOGNE  295 


Au  fond  de  ce  grand  gouffre, 
Toute  la  canaille  se  noie. 

La  puce,  sur  le  tuyau  (i)  se  cramponne, 
Et  leur  chante  le  charivari  ; 

Et,  pour  mieux  leur  faire  la  figue  (bis). 

Avec  la  taupe  elle  se  marie. 

Sautons  donc,  deridon  gué  la  dondaine. 

Sautons  donc,  deridon  gué  la  dondon  (2).   ]  ^  '^^' 

(i)  Le  tuyau  delà  cruche. 

(2)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,    de  Panassac  (Gers).  Cf.  Ccnac 
Moncaut,  374-76,  La  Noço  de  la  Puce  (Gascogne^ 


LXXXVI 


l'autre  jour,  je  m'en  allai 

L'autre  jour,  je  m'en  allai,  } 

Parle  chemin  droit  à  Réaup  (i).    )  ^  ^^^'^' 
Pauvre  affaire  quand  l'argent  manque,  ) 
Quand  l'argent  manque  à  la  maison,  j       ^^' 

(1)  Réaup,  commune  du  Lot-et-Garonue,  canton  de  Méïin. 


296  POÉSIES    POPULAIRES 

I  entrèi  en  uo  auberjo, 
Oun  dinnèri  (i)  coumo  eau. 

Mes,  quant  calouc  paga  l'oste, 
N'auoui  pas  de  que  paga'u. 

Embrassèi  siès  cops  la  gouio, 
La  mastresso  dètz-e-nau. 

—  «  Ah  !  pardi  !  ça  ditz  la  gouio, 
'  Se  toutz  hasèuon  atau  !  » 


M'i  loutjèi  per  siès  semmanos.      1 

M'i  loutjeri  bien  per  nau.               )  ^   ^^' 

Praube  afa  quant  l'argent  manquo,  i 

Quant  l'argent  manquo  a  l'oustau.  )   ^  '"'^' 

(i)  Dinnèrè,  dinai,  f.  1.;  en  g.,  duiiicc. 


^ 


DE    LA   GASCOGNE  297 


J'y  entrai  dans  une  auberge, 
Où  je  dînai  comme  il  faut. 

Mais,  quand  il  fallut  payer  l'hôte, 
Je  n'eus  pas  de  quoi  le  payer. 

J'embrassai  six  fois  la  servante, 
La  maîtresse  dix-neuf. 

—  «  Ali  1  Pardi  !  dit  la  servante, 
Si  tous  faisaient  ainsi  !   » 

Je  m'y  logeai  pour  six  semaines. 
Je  m'y  logerais  bien  pour  neuf. 
Pauvre  affaire  quand  l'argent  manque,  ) 
Quand  l'argent  manque  à  la  maison  (i).^ 

(i)  Dicté  par  Derrey,  du  Pergain-Taillac,  âgé  d'environ 
quarante  ans.  M.  Faugère-Dubourg,  de  Nérac,  m'a  adressé  un 
texte  i  peu  près  semblable  à  celui  de  Derrey.  Cf.  supr.  p.  250-;  5 
la  Chanson  intitulée  :  L'autre  Jour. 


(bis). 


^ 


298  POÉSIES   POPULAIRES 


LXXXVII 


LOU    PASTOU   BAILET 


j  (bu). 


Sur  la  ribèro  de  l'Adour  (bis), 
Pastouro  goardo  sous  moutous 
Deridèto  la  loun  lan  la,  ) 

Deridèto  la  la  doundoun. 

Jousèp,  un  ta  brabe  pastou, 
Arribo,  lou  cô  plen  d'amou. 


—  «  Boulerétz  pas  bous  un  pastou  ? 
Adichatz  bèro,  adichatz  bous. 

S'en  lougatz  un,  lougatz-m'a  jou. 
Que  goarderèi  plan  lous  moutous. 

Mentre  que  seran  dens  l'estouill, 
Nous  angueran  au  bosc  tout  dus. 

—  S'ac  boulètz  bous,  ac  boi  plan  jou. 
Haran  bètz  flocs  de  toutos  flous. 


DE   LA   GASCOGNE  299 


LXXXVII 


LE  PATRE  VALET 


Sur  la  rivière  de  l'Adour  (bis). 

Pastourelle  garde  ses  moutons. 

Deridette  la  Ion  lan  la,      )   ,,  .  , 

i  (bis). 
Deridette  la  la  dondon.      ) 

Joseph,  un  si  brave  pâtre, 
Arrive,  le  cœur  plein  d'amour. 

—  «  Ne  voudriez-vous  pas  un  pâtre  ? 
Bonjour  belle,  boujour  vous. 

Si  vous  en  louez  un,  louez-moi. 
Je  garderai  bien  les  moutons. 

Tant  qu'ils  seront  dans  le  chaume. 
Nous  irons  au  bois  tous  deux. 

—  Si  vous  le  voulez,  je  le  veux  bien. 
Nous  ferons  de  beaux  bouquets  de  toutes 

[fleurs. 


300  POÉSIES    POPULAIRES 

—  O,  pastoureto,  moun  amou  : 
L'un  per  jou,  e  l'aute  per  bous. 

—  O  !  Jousèp,  qu'ètz  brabe  pastou  ! 

—  L'aute  per  flouca  lous  moutous. 

—  Quino  bountat  auètz  per  jou  ! 

—  Cau  hè  quoate  grans  flocs  de  flous. 

—  Auètz  rasoun,  brabe  pastou. 
Un  pou  Pierre,  moun  amourous. 

—  Pou  Pierre  !  Diu,  qu'enteni-jou  ? 
Me  boulètz  dounc  rende  raujous  ? 

—  Caro-té,  Jousèp.  T'èi  lougat  jou, 
Enta  goarda  lous  mes  moutous, 

E  mes  tabé,  t'ac  disi  jou, 

Per  pourta  mous  bouquetz  de  flous. 

Praube  bailet,  pren  doun  ma  flou. 
Porto-la  chez  moun  amourous. 


DE   LA   GASCOGNE  5OI 


—  Oui,  pastourelle,  mon  amour  : 
L'un  pour  moi,  et  l'autre  pour  vous. 

—  Oh  !  Joseph,  que  vous  êtes  brave  pâtre  ! 

—  L'autre  pour  fleurir  les  moutons. 

—  Quelle  bonté  vous  avez  pour  moi  ! 

—  Il  faut  faire  quatre  grands  bouquets  de  fleurs. 

—  Vous  avez  raison,  brave  pâtre. 
Un  pour  Pierre,  mon  amoureux. 

—  Pour  Pierre  !  Dieu,  qu'entends-je  ? 
Voulez-vous  donc  me  rendre  enragé  ? 

—  Tais-toi,  Joseph.  Je  t'ai  loué, 
Pour  garder  mes  moutons, 

Et  aussi,  je  te  le  dis, 

Pour  porter  mes  bouquets  de  fleurs. 

Pauvre  valet,  prends  donc  ma  fleur. 
Porte-là  chez  mon  amoureux. 


302  POÉSIES   POPULAIRES 

Aquet  es  Pierre,  disi-jou  (bis). 
Tu ,  n'auras  un  cop  de  bastoun,  » 
Deridèto  la  loun  lan  la, 
Deridèto  la  la  doundoun. 


(bis). 


LXXXVIII 


LA     MIASSO 


L'aute  jour,  m'en  augoui  goarda, 
Miro  la  liroun  miro  la  lira, 
Tout  au  houn  d'uo  coumeto. 
Loun  lanla  miro  la  lireto. 

Sou  camin,  èi  rencountrat 
Uo  gento  pastoureleto. 

Li  èi  dit  e  demandât  : 

—  «  Bos-tu  esta  ma  mastresso  ? 

—  Ta  mastresso  boi  pas  esta. 
Me  tenguerés  pas  prou  secreto. 


(bis), 
(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  3O5 

Celui-là,  dis-je,  c'est  Pierre  (bis). 
Toi,  tu  auras  un  coup  de  bâton.  » 
Deridette  la  Ion  lan  la, 


Deridette  la  la  dondon  (i).  ) 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  305-7,  Loit  Pasloii  baykt  (Gascogne). 


Lxxxvni 


LA    MENACE 


(bis). 


L'autre  jour,  je  m'en  allai  garder, 
Mire  la  liron  mire  la  lira, 
Tout  au  fond  d'une  combe. 
Lon  lanla  mire  la  lirette. 

Sur  le  chemin,  j'ai  rencontré 
Une  gente  pastourelle. 

Je  lui  ai  dit  et  demandé  : 

—  «  Veux-tu  être  ma  maîtresse  ? 

—  Ta  maîtresse  je  ne  veux  pas  être. 
Tu  ne  me  garderais  pas  assez  le  secret. 


(bis). 


304  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Secreto  te  tenguerèi  plan, 
Dempus  lou  se  dinqu'a  l'aubeto.  » 

Quant  bei  l'aubeto  arriba, 
Lou  Pierrot  hè  la  descampeto. 

La  hillo  se  bouto  au  darrè. 

—  «  Pierrot,  bous  dèchatz  la  bouneto. 

—  La  bouneto  n'es  pas  arré. 
Se  tu  nou  cambios  d'amoureto. 

—  D'amoureto  cambierèi  pas. 
Se  tu  me  dèchos  pas  souleto. 


(bis). 


Mes  se  hujès,  au  prumè  pas, 
Miro  la  liroun  miro  la  lira, 
Jou  cerqui  uo  auto  amoureto.  »  } 
Loun  lanla  miro  la  lireto.  ) 


DE    LA   GASCOGNE  305 

—  Le  secret  je  te  garderai  bien, 
Depuis  le  soir  jusqu'à  l'aube.  » 

Quand  il  voit  l'aube  arriver, 
Pierrot  décampe. 

La  fiUe  court  après  lui, 

—  «  Pierrot,  vous  laissez  votre  bonnet. 

—  Le  bonnet  n'est  rien, 

Si  tu  ne  changes  d'amourette. 

—  D'amourette  je  ne  changerai  pas, 
Si  tu  ne  me  laisses  pas  seulctte. 


Mais  si  tu  fuis,  au  premier  pas,  ) 

Mire  la  liron  mire  la  lira.  ) 

Je  cherche  une  autre  amourette.  \ 

Lon  lanla  mire  la  lirette  (i).  »  ) 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  }9>-97,  La  Miasso  (Gascogne). 


in  20 


306  POÉSIES   POPULAIRES 


(bis). 


LXXXIX 


d'oun  benguètz-bous  ? 

—  «  D'oun  benguétz-bous,  la  bèro,  anèit  (his)  ? 

—  Bengui  dou  bosc,  de  hè  moun  hèch. 
Au  bosc,  au  bosc,  derideto. 
E  loun  lanla  dérida. 

Diretz  pas  de  quin  boi  l'èi  hèit. 
L'èi  hèit  d'un  boi  qu'es  ta  leugè, 

Que  l'apèron  lou  mesplè. 

—  Quitatz,  la  bèro,  boste  hèch. 

Qj-iitatz,  la  bèro,  boste  hèch. 

—  Nou  harèi,  certes,  nou  harèi. 

Èi  caut  lou  hour,  pasto  à  la  mèit. 
Èi  très  mainatges  sou  foiiguèi. 

Èi  moun  marit  malau  au  Hèit. 
S'et  mouris,  jou  que  mourirèi. 


DE   LA   GASCOGNE  307 


LXXXIX 


d'où  venez-vous  ? 

—  «D'où  venez-vous,  la  belle,  aujourd'hui  (his)} 

—  Je  viens  du  bois,  de  faire  mon  fagot. 
Au  bois,  au  bois,  deridette,  \ 

Et  Ion  lanla  dérida.  j  ^     ''' 

Vous  ne  diriez  pas  de  quel  bois  je  l'ai  fait. 
Je  l'ai  fait  d'un  bois  si  léger, 

Qii'on  l'appelle  le  néflier. 

—  Quittez,  la  belle,  votre  fagot. 

Quittez,  la  belle,  votre  fagot. 

—  Je  ne  le  ferai,  certes,  je  ne  le  ferai. 

J'ai  le  four  chaud,  de  la  pâte  dans  le  pctrin. 
J'ai  trois  enfants  au  foyer. 

J'ai  mon  mari  malade  au  lit. 
S'il  meurt,  moi  je  mourrai. 


308  POÉSIES   POPULAIRES 

S'et  mouris,  jou  que  mourirèi  (bis)  ; 
E  se  biu,  jou  que  canterèi, 
Au  bosc,  au  bosc,  derideto, 
E  loun  lanla  dérida.  « 


j  (bis). 


(bis). 


XG 


LAS    NOÇOS   DOU   SIMOUN 

Èri  embitat  a  las  noços, 

A  las  noços  dou  Simoun. 

Tou  n'èi  tanta  ma  turo  lurèto,       }    ., .  , 

Jou  n'èi  tanta  ma  turo  lura.  ) 

La  nobio  èro  abillado 
De  la  mes  bèro  faiçoun. 

Lous  souliès,  de  pèt  de  cebo, 
Bourdatz  dab  un  carduchoun. 

Lous  debassis,  de  pèt  d'oumo, 
Cousutz  dab  un  ficeloun. 


DE   LA   GASCOGNE  309 

S'il  meurt,  moi  je  mourrai  (bis)  ; 
Et  s'il  vit,  je  chanterai  : 
Au  bois,  au  bois,  deridette,  ) 

Et  Ion  lanla  dérida  (i).   »  ) 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Charbel  (Agenais). 


xc 


LES   NOCES   DE   SIMON 


J'étais  invité  aux  noces. 
Aux  noces  de  Simon. 
J'ai  tanta  ma  turlurette, 
J'ai  tanta  ma  ture  lura. 

La  mariée  était  habillée 
De  la  plus  belle  façon. 


Les  souliers,  de  peau  d'oignon, 
Brodés  d'un  petit  chardon. 

Les  bas,  de  peau  d'ormeau. 
Cousus  d'un  bout  de  ficelle. 


(his). 


310  POÉSIES   POPULAIRES 

Las  brassières,  d'uo  aubardo  : 
Lou  gilet,  d'un  paillassoiin. 

La  coho,  d'uo  escauheto  : 
Lou  bounet,  d'un  careilloun. 

Arribèc,  la  bèro  nobio, 
A  chibau  sur  un  bastoun. 

S'en  ba  soulo  à  la  glèiseto, 
Espousa  coumpai  Simoun, 

Frederuc  coumo  uo  taupeto. 
Attifât  au  perrecoun. 

S'en  tournon  à  la  caseto, 
Par  galapia  ço  de  boun. 

Minjon  soupos  de  moungetos, 
Uo  dobo  de  tachoun. 

Arribatz  a  la  salado, 
Espugon  un  herissoun. 

Per  coucha,  n'an  que  la  paillo, 
L'establot  d'un  saumiroun. 


DE   LA   GASCOGNE  5 1 I 

Les  brassicres,  d'un  bât  : 
Le  gilet,  d'un  paillasson. 

La  coiffe,  d'une  bassinoire  : 
Le  bonnet,  d'une  lampe. 

Elle  arriva,  la  belle  mariée, 
A  cheval  sur  un  bâton. 

Elle  s'en  va  seule  à  l'église, 
Epouser  compère  Simon, 

Frileux  comme  une  taupe, 
Attifé  en  chiffonnier. 

Ils  s'en  retournent  à  la  maison, 
Pour  bâfrer  ce  qui  est  bon. 

Ils  mangent  de  la  soupe  de  haricots, 
Une  daube  de  blaireau. 

Arrivés  à  la  salade. 

Ils  épluchent  un  hérisson. 

Pour  coucher,  ils  n'ont  que  la  paille, 
La  petite  établc  d'un  ânon. 


312      .  POÉSIES    POPULAIRES 


Mes,  au  Uèit  de  la  canaillo, 
L'amou  beng  sensé  faïçoun  ; 

E  toiitis  (i)  dus,  a  l'aubeto,  ) 

Cantauon  coumo  un  ptnsoiin  {2)  :    1 
Tou  n'èi  tanta  ma  turo  lurèto,      )   ^     ^ 
Jou  n  ei  lanta  ma  turo  lura.         ) 


(i)  Toulis,  tous,  f.  1.;  en  g.,  loiit^. 

(2)  Pinsoun,  pinson,  f.  1.;  en  g.,  pinsan. 


xa 


LOU   MEN    PAI    MA    MARIDADO 

Lou  men  pai  m'a  maridado, 
A  la  nauèro  laïçoun. 
Anen  dounc,  ma  Madelèno, 
Anen  dounc,  ma  Madeloun. 

M'a  baillât  en  maridatge, 
Cent  escutz  e  un  cardoun, 


(bis), 
(bis). 


DE  LA   GASCOGNE  313 

Mais,  au  lit  de  la  canaille, 
L'amour  vient  sans  façon  ; 

Et  tous  deux,  à  l'aube. 

Chantaient  comme  un  pinson  : 

J'ai  tanta  ma  turlurette,  j 

J'ai  tanta  ma  ture  lura  (i).  j  (  '  /• 


(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Céiiac- 
Moncaut,  581-82,  La  Noço  dou  Simoun  (Gascogne). 


(his). 


XCI 

MON    PÈRE   m'a    mariée 

Mon  père  m'a  mariée  , 


A  la  nouvelle  façon,  )  ^     ^' 

Allons  donc,  ma  Madeleine,         ) 
Allons  donc,  ma  Madelon.  ) 

Il  m'a  donné  en  mariage, 
Cent  écus  et  un  chardon, 


(bis). 


314  POÉSIES    POPULAIRES 

Per  dessus  tout  l'aquipatge, 
Uo  courdeto  à'oiiznous. 

Mes,  lou  se  de  mas  noucetos, 
Be  que  me  lous  minjèi  toutz. 

James  ii'èi  bist  uo  nobio, 
Abillado  a  ma  faïçoun. 

Lous  debas,  de  laparasso  : 
Lout  soullès,  de  pèt  d'ougnoun. 

La  raubo,  de  telo  griso, 
Bourdado  d'un  laitugoun. 

M'an  miado  à  la  glèiso, 
A  chibau  sur  un  bastoun. 

M'an  pourtat  aigo  benito, 
Dans  la  corno  d'un  moutoun, 

E  baillât  uo  cûeto  d'ase, 
En  modo  d'un  aspersoun. 

Lou  preste  quito  la  messo, 
E  las  gens  la  deboutioun, 


DE   LA   GASCOGNE  31S 

Par  dessus  tout  l'cquipage, 
Une  cordelette  d'oignons. 

Mais,  le  soir  de  mes  noces, 
Je  les  mangeai  tous. 

Jamais  je  n'ai  vu  une  mariée, 
Habillée  à  ma  façon. 

Les  bas,  de  bardane  : 

Les  souliers,  de  peau  d'oignon. 

La  robe,  de  toLle  grise, 
Bordée  d'une  petite  laitue. 

On  m'a  menée  à  l'église, 
A  cheval  sur  un  bâton. 

On  m'a  porté  de  l'eau  bénite, 
Dans  la  corne  d'un  mouton. 

Et  donné  une  queue  d'âne, 
En  guise  de  goupillon. 

Le  prêtre  quitte  la  messe. 
Et  les  gens  la  dévotion, 


3l6  POÉSIES   POPULAIRES 

Per  bese  aquero  nobio,  / 

Abillado  de  faïçoun  :  ; 

Anen  dounc,  ma  Madalèno. 


Anen  dounc,  ma  Madeloun  (i).  ^ 


(i)  Tiré  du  recueil  de   Lambert  (Agenais   et  Bruilhois).  Cf. 
k  chanson  précédente. 


XCII 

LOU    HAURE   DE   SENT-SAUBI 

A  Sent-Saubi,  i  a  un  haure, 
Lou  mes  malurous  de  toutz. 
Aquero  que  ba,  gue  e  gue, 
Aquero  que  ba,  gue  e  ba. 

A  sa  henno  bien  fringairo. 
Lou  praube  orne  n'es  jalous. 

Se  la  pren,  e  se  l'amio, 
A  la  hero  de  Tournoun. 


(bis), 
(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  317 


Pour  voir  cette  mariée,  } 

Habillée  de  cette  façon  :  ) 

Allons  donc,  ma  Madeleine.  i 

Allons  donc,  ma  Madelon.  ) 


XCII 


LE  FORGERON   DE  SAINT-SAUVY 

A  Saint-Sauvy  (i),  il  y  a  un  forgeron,) 
Le  plus  malheureux  de  tous.  ) 

Celle-là  va,  gué  et  gué, 
Celle-là  va,  gué  et  va. 


(bis). 


Il  a  sa  femme  bien  fringante. 
Le  pauvre  homme  en  est  jaloux. 

D  la  prend,  et  il  la  mène, 
A  la  foire  de  Tournon  (2). 

(i)  Il  y  a  dans  la  Gascogne  et  l'Âgcnais  plusieurs   communes 
du  nom  de  Saint-Sauvy. 

(2)  Ville  de  l'ancien  Agenais,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton 
du  Lot-et-Garonne. 


3l8  POÉSIES  POPULAIRES 


Sur  soun  camin,  que  rencountro 
Lou  brabe  moussu  Ramoun. 

—  «  Oun  auatz-bous,  praube  haure  ? 
Oun  auatz  atau  toutz  dus? 

—  Moussu,  bau  bene  ma  henno. 
Me  la  croumperetz  pas  bous  ? 

Bous  la  bailli  a  l'assajo, 

Per  hoèit,  e  mes  quinze  jours  ; 

E ,  se  ero  nou  bous  countento, 
Tournatz-me-la  auant  jour. 

Estacatz-me-la  a  la  porto, 
Ou  a  l'anso  dou  barrouil. 

Se  lou  barrouil  barrouillejo, 
Boutatz-la  deguens  lou  hour  : 

Un  ou  dus  pugnatz  de  paillo, 
E  lou  hoèc  tout  à  l'entour. 


DE   LA   GASCOGNE  319 

Sur  son  chemin,  il  rencontre 
Le  brave  monsieur  Raymond. 

—  «  Où  allez-vous ,  pauvre  forgeron  ? 
Où  allez-vous  ainsi  tous  deux  ? 

—  Monsieur,  je  vais  vendre  ma  femme. 
Ne  me  l'achètcricz-vous  pas  ? 

Je  vous  la  donne  à  l'essai, 

Pour  huit,  et  même  quinze  jours  ; 

Et ,  si  elle  ne  vous  contente, 
Rendez-la-moi  avant  le  jour. 

Attachez-la-moi  à  la  porte, 
Ou  à  l'anse  du  verrou. 

Si  le  verrou  s'agite. 
Mettez-la  dans  le  four  : 

Une  ou  deux  poignées  de  paille, 
Et  le  feu  tout  à  l'entour. 


320  POÉSIES    POPULAIRES 

Sabèn  coumo  danso  aro. 
Beiran  coumo  hè  dens  lou  hour.  » 
Aquero  que  ba,  gue  e  gue, 
Aquero  que  ba,  gue  e  ba. 


XCIII 


(bis). 
(Us). 


(bis). 


l.hS,   TRES   MAINADOS 

La-bas,  a  la  ribereto,  ) 

La  miro  la  lira  doundèno ,         S 
I  a  uo  richo  maisoun, 
La  miro  la  lira  doundoun. 

I  auèuo  très  mainados, 
Toutos  très  de  la  maisoun. 

Uo  que  s'apèro  Jano, 
L'auto  s'apèro  Marioun. 

L'auto  que  s'apèro  Clèro, 
E  qu'esclairo  nèit  e  jour. 


DE   LA   GASCOGNE  32 I 


[nant. 
Nous  savons  comment  elle  danse  mainte- 
Nous  verrons  ce  qu'elle  fera  dans  le  four.  »' 
Celle-là  va,  gué  et  gué, 


Celle-là  va,  gué  et  va  (i).         '  ^     ^' 


(i)  Tiré  Ju  recueil    de   Lambert   (Agenais  et  Bruilhois).  Cf. 
supr.,  p.  20-2S,  la  Chanson  de  danse  IV,  ha  Femme  à  vendre . 


XCIII 

LES   TROIS   JEUNES    FILLES 

i  (bis). 


Là-bas,  à  la  rivière, 
La  mire  la  lira  dondaine , 
Il  y  a  une  riche  maison, 
La  mire  la  lira  dondon. 


(bis). 


Il  y  avait  trois  jeunes  filles, 
Toutes  trois  de  la  maison. 

L'une  s'appelle  Jeanne, 
L'autre  s'appelle  Marion . 

L'autre  s'appelle  Claire, 
Et  elle  éclaire  nuit  et  jour, 
m  21 


322  POÉSIES   POPULAIRES 

La  suo  mai  que  la  pintauo, 
Dambe  un  pintou  d'argentoun. 

Lou  soun  pai  que  la  couhauo, 
La  miro  la  lira  doundèno, 
Dab  nau  canos  de  galoun, 
La  miro  la  lira  doundoun. 


(bis). 

(bis). 


XCIV 

BOS-TE   MARIDA,    ROUSETO  ? 

—  «  Bos-te  marida,  Rouseto  ?  i    ,, .  , 

i  (l"0- 
Roso,  bos  te  marida  ?  ) 

Tra  la  la  la  deridèto,  )  ^  .  , 

}  (bts). 
Tra  la  la  la  dérida.  )  ^     ^ 

—  Nou,  pas  au  mens  dab  tu,  haure. 
Lou  her  me  caldrio  (i)  tusta. 

—  Nou,  nou,  nou,  m'amou  Rouseto. 
Un  garçoun  me  boi  louga.  » 

(i)  Caldrio,  faudrait,  f.  agenaise  ;  en  gascon  caleré. 


DE   LA   GASCOGNE  323 


Sa  mère  la  peignait, 
Avec  un  peigne  d'argent. 

Son  père  la  coiffait,  /   „  .  . 

La  mire  la  lira  dondaine,  ) 
Avec  neuf  cannes  de  salon,  /   /, .  » 

La  mire  la  lira  dondon  (i).  ) 

(i)  Chanté  par  Isidore  Escarnot,  de  Bivès  (Gers). 


XCIV 


VEU,X-TU   TE    MARIER,    ROSETTE? 

—  «  Veux-tu  te  marier,  Rosette  ?) 
Rose,  veux-tu  te  maner  ?  ) 
Tra  la  la  la  deridctte,           \  /u-  \ 
Tra  la  la  la  dérida.               ) 

—  Non,  pas  au  moins  avec  toi,  forgeron. 
Le  fer  il  me  faudrait  frapper. 

—  Non,  non,  non,  mon  amour  Rosette. 
Un  garçon  je  veux  louer.  » 


324 


POÉSIES   POPULAIRES 


Mes,  quant  ben  lou  punt  de  l'aubo, 
Lous  boès  bengoun  agusa. 

—  «  Lèuo-te,  m'amou  Rouseto. 
Ajudo-m'  lou  her  a  tusta.  » 

Mes,  a  la  prumèro  caudo. 
S'a  burlat  lou  dauantau. 

Toutjour  la  Roso  que  plouro. 
Que  plouro  soun  dauantau. 

—  «  Caro-te,  m'amou  Rouseto. 
Jou  t'en  croumperèi  un  nau.  » 

L'èi  croumpat  de  coutounado. 
Lou  boulèuo  pas  atau. 


L'èi  croumpat  de  sedo  blanco. 
Li  a  counbengut  atau. 
Tra  la  la  la  deridèto, 
Tra  la  la  la  dérida. 


(bis). 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  32) 

Mais,  quand  vient  la  pointe  de  l'aube, 
Les  bouviers  viennent  aiguiser  (i). 

—  «  Lève-toi,  mon  amour  Rosette. 
Aide-moi  à  frapper  le  fer.  » 

Mais,  à  la  première  chaude  (2), 
Elle  a  brûlé  son  tablier. 

Toujours  Rose  pleure. 
Elle  pleure  son  tablier. 

—  «  Tais-toi,  mon  amour  Rosette. 
Je  t'en  achèterai  un  neuf.  » 

Je  l'ai  acheté  en  cotonnade. 
Elle  ne  le  voulait  pas  ainsi. 


(bis). 


Je  l'ai  acheté  en  soie  blanche. 
Il  lui  a  convenu  ainsi. 
Tra  la  la  la  deridette,  J 

Tra  la  la  la  dérida  (3).         ) 


(1)  Aiguiser  à  la  forge  les  ferrures  de  leurs  charrues. 

(2)  Terme  de  maréchalerie.   Se  dit    de  l'action  de  chauffer  le 
fer  et  de  le  forger. 

(5)  Tiré  du  recueil  de  L.-Hnbert  (Agenais  et  Bruilhois). 


326  POÉSIES   POPULAIRES 


xcv 

LOU    BROC   AU    PÈ 

—  «  Hoù  !  Janetoun,  anen,  anen,,i 

Anen-s-en  a  la  hero.  ] 

Anen-s-en  a  la  hero,  lanla,         /   ., .  , 

.   (ms). 
Anen-s-en  a  la  hero.  ] 

—  lè  !  Praubo,  coumo  i  angueri-jou  ? 
Jou  soui  pas  abillado. 

—  lè!  Janetoun,  anen,  anen. 
T'atenderèi  uo  ouro.  » 

Quant  soun  estatz  au  cap  dou  bosc, 
La  ploujo  lous  atrapo. 

—  «  lè!  Janetoun,  abriten-nous, 
Per  débat  aquet  casse. 

—  Me  dira  la  mio  marna  : 
Oun  t'es  tant  amusado  ? 


DE   LA    GASCOGNE  327 


XCV 


l'Épine  au  pied 

—  «  Ho  !  Jeanneton,  allons,  allons,/ 
Allons-nous-en  à  la  foire.  ) 
Allons-nous-en  à  la  foire,  lanla,  } 
Allons-nous-en  à  la  foire.                  ; 

—  Eh  !  Pauvre,  comment  irais-je  ? 
Je  ne  suis  pas  habillée. 

—  Eh  !  Jeanneton,  allons,  allons. 
Je  t'attendrai  une  heure.  » 

Quand  ils  sont  arrivés  au  bout  du  bois, 
La  pluie  les  attrape. 

—  «  Eh  !  Jeanneton,  abritons-nous, 
Sous  ce  chêne. 

—  Ma  mère  me  dira  : 
Où  t'es-tu  tant  amusée  ? 


328  POÉSIES    POPULAIRES 

,      —  lè  !  Praubo,  que  lou  dirèi  jou, 
Un  broc  que  m'a  picado. 

Que  m'a  picado  au  dit  dou  pè, 
E  dou  pè  a  la  camo  ; 

E  jamès  jou  ne  goarirèi, 
Que  nou  sio  maridado. 

lè  !  Mai,  maridatz-me  dounc  lèu, 
Auant  la  Nostro-Damo, 

Dab  lou  pastou  que  m'amièc,  ; 

Débat  la  cassoulèro  :  ) 

Débat  la  cassoulèro,  lanla,  \   y,  ■  -. 

Débat  la  cassoulèro.  »  ) 


DE    LA    GASCOGNE  329 


—  Eh  !  Pauvre,  lui  diral-je, 
Une  épine  m'a  piquée. 

Elle  m'a  piquée  au  doigt  du  pied, 
Et  du  pied  à  la  jambe; 

Et  jamais  je  ne  guérirai, 
Que  je  ne  sois  mariée. 

Eh  !  Mère,  mariez-moi  donc  tôt, 
Avant  Notre-Dame  (i), 

Avec  le  pâtre  qui  m'amena,  ] 

Sous  la  chesnaye  :  j 

Sous  la  chesnaye,  lanla,  )    ,. .  . 

Sous  la  chesnaye  (2).  »  ) 

(i)  II  y  a  deux  fêtes  de  Notre-Dame,  l'une  le  2  février,  La 
Chandeleur  ou  Purification;  l'autre,  le  8  septembre,  la  Nativité. 

(2)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Ccnac- 
Moncaut,  395-9),  Lou  Itoc  au  pè  (Gascogne).  Voyez  aussi,  p. 
3S6-89,  la  Chanson  CXV,  Jeannelouii,  allons  (Gascogne). 


^ 


330  POÉSIES   POPULAIRES 


XCVI 


L AMOUROUS 


Quant  jou  m'en  bau  per  las  botos, 

Landeridèto, 
Jou  n'i  bau  pas  per  dansa, 

Landerida. 

I  bau  per  bese  las  hillos, 
Las  que  soun  a  marida. 

Jou  qu'en  èi  espiat  uo, 
E  moun  cô  li  èi  baillât. 

L'èi  demandado  au  soun  paire, 
E  bo  pas  me  la  bailla. 

Ditz  que  sa  hillo  es  trop  richo. 
Que  hara  pas  moun  afa. 

Las  !  Que  harèi-jou,  pecaire, 
Per  poude  la  mérita  ? 


(Ins). 


DE   LA   GASCOGNE  33  1 


XCVI 


L AMOUREUX 


(bh). 


Quand  je  m'en  vais  par  les  fêtes  patro-  ^ 

Landcridette,  [nales,   ) 

Je  n'y  vais  pas  pour  danser, 

Landerida. 

J'y  vais  pour  voir  les  filles, 
Celles  qui  sont  à  marier. 

J'en  ai  regardé  une, 

Et  mon  cœur  lui  ai  donné. 

Je  l'ai  demandée  à  son  père, 
Et  il  ne  veut  pas  me  la  donner. 

Il  dit  que  sa  fille  est  trop  riche. 
Qu'elle  ne  fera  pas  mon  affaire. 

Las  1  Que  ferai-je,  pecaire, 
Pour  pouvoir  la  mériter  ? 


332  POÉSIES    POPULAIRES 

M'en  anguerèi  a  la  guerro.  | 

Nou  podi  pas  millou  ha.  1 


Que  harèi  quauquo  actioun  bèro,        ) 
Landeridèto,  ) 

Se  mourissi,  plourera, 
Landerida. 


(bis). 


(bis). 


XCVII 

RAMOUNET   SE   MARIDO 

Ramounet  (i)  se  marido  (bis). 

Espouso  dilus  auant  jour. 

Ramounet,  ma  doundèno,  ) 

^  1        1  (  (ht s). 

Ramounet,  ma  doundoun.  ) 

—  «  Coumo  nomon  la  nobio  ? 

—  Se  nomo  bèro  Madeloun.  » 

Mes,  lou  se  de  la  noço, 
Panèn  la  bèro  Madeloun. 

(i)  Diminutif  gascon  du  nom  de  Ramoitv,  Raymond. 


DE   LA   GASCOGNE  335 


Je  m'en  irai  à  la  guerre. 
Je  ne  puis  mieux  faire. 


Je  ferai  quelque  action  belle,  i 

Landeridette,  ^ 


Si  je  meurs,  elle  pleurera, 
Landerida  (i). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Charbel  (Agenais). 


(bis). 


XC^/II 

RAMONET   SE   MARIE 

Ramonet  se  marie  (bis). 

Il  épouse  lundi  avant  le  jour. 

Ramonet,  ma  dondaine,  )   ., .  ^ 

\  (bis). 
Ramonet,  ma  dondon.  ) 

—  «  Comment  nommc-t-on  la  mariée  ? 

—  Elle  se  nomme  belle  Madclon.  » 

Mais,  le  soir  de  la  noce. 
On  enleva  la  belle  Madclon. 


334  POÉSIES    POPULAIRES 


—  «  Sabe  qui  l'aura  preso  ? 

—  Ac6  es  lou  prumè  dounzeloun.  » 

Mes,  quant  me  l'an  tournado, 
Èro  double,  la  Madeloun. 


—  Tu  que  m'es  pas  fidèlo. 
Es  uo  garço,  Madeloun. 

—  Se  te  soui  pas  fidèlo, 

Es  dounc  un  cournard,  Ramoun. 

—  Mes,  se  jou  porti  cornos  (bis), 
Es  uo  puto,  Madeloun.  » 
Ramounet,  ma  doundèno,  l  /l-  \ 
Ramounet,  ma  doundoun.  j 


DE   LA   GASCOGNE  ^^^ 

—  «  Savoir  qui  l'aura  prise  ? 

—  C'est  le  premier  donzelon  (i).  » 

Mais,  quand  on  me  l'a  rendue, 
Elle  était  double,  la  Madelon. 

—  Tu  ne  m'es  pas  fidèle. 
Tu  es  une  garce,  Madelon. 

—  Si  je  ne  te  suis  pas  fidèle, 

Tu  es  donc  un  cornard,  Raymond. 

—  Mais,  si  je  porte  cornes  (bis), 
Tu  es  une  putain,  Madelon.  » 
Ramonet,  ma  dondaine,  ) 
Ramonet,  ma  dondon  (2).       ) 

(i)  Garçon  d'honneur. 

(2)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


336  POÉSIES   POPULAIRES 


(bis), 
(bis). 


XCVIII 

m'en  anaui  proumena 

M'en  anaui  proumena, 
Miroun  la  liroun  miroun  la  lira, 
Lou  loung  d'uo  Garouneto. 
Gue  lanla  miroun  la  lireto. 

I  èi  troubat  e  rencountrat, 
Uo  gentiuo  pastoureleto. 


Jou  li  èi  dit  e  demandât  : 

—  «  Boudreti  (i)  esta  ma  matresso  ?  » 

Ero  m'a  respounut  :  «  Nou  pas. 
Soui  encoèro  trop  joeneto.  » 

—  Touto  hillo  qu'a  quinze  ans, 
Diuré  esta  amourouseto. 

Toutos  las  que  ne  soun  pas, 
Diurén  traina  la  carreto. 

(i)  Boiiilrrli,  voudriez-vous,  f.  I.;  en  g.,  houlcreli. 


(bis). 


DE   LA  GASCOGNE  5J7 


XCVIII 

JE  m'en  allais  promener 

Je  m'en  allais  promener,  ) 

Mire  la  liron  mire  la  lira,  ) 

Le  long  d'une  Garonnette  (i). 
Gué  lanla  mire  la  lirette. 

J'y  ai  trouvé  et  rencontré, 
Une  gentille  pastourelle. 

Je  lui  ai  dit  et  demandé  : 

—  «  Voudricz-vous  être  ma  maîtresse?  » 

Elle  m'a  répondu  :  «  Non  pas. 
Je  suis  encore  trop  jeunette.  » 

—  Toute  fille  qui  a  quinze  ans, 
Devrait  être  amoureuse. 

Toutes  celles  qui  ne  le  sont  pas, 
Devraient  traîner  la  charrette. 

(i)   Petite  Garonne.  On  nomme  ainsi,  dans  l'Ageuais,  beau- 
coup de  petits  affluents  de  ce  fleuve. 

III  22 


338  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Jou,  que  la  trainerèi  pas. 
Soui  un  pauc  amourouseto, 

Amourouso  d'un  gouiat, 
Miroun  la  liroun  miroun  la  lira, 
Que  a  la  barbo  douceto.  »        J 
Gue  lanla  miroun  la  lireto.       ) 


(bis). 


(bis). 


XCIX 

LOU   BAILET  d'oUSTÈLERIO 

L'aute  jour,  m'anguèri  (i)  louga  (bis), 
Dens  uo  oustèlerio,  ) 

Lanla,  [  (bis). 

Dens  uo  oustèlerio.  ] 

Lou  mestiè  que  me  hasion  ha, 
Me  hasion  bira  l'aste. 

(i)  Anguéri,  allai,  f.  1.;  en  g.,  angotii. 


DE   LA   GASCOGNE  339 


—  Moi,  je  ne  la  traînerai  pas. 
Je  suis  un  peu  amoureuse, 


Amoureuse  d'un  garçon, 
Mire  la  liron  mire  la  lira. 
Qui  a  la  barbe  douce.  » 
Gué  lanla  mire  la  lirettc(i). 


(Hs). 
(bis). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bniilhois). 


XCIX 


LE  VALET   d'hôtellerie 

L'autre  jour,  j'allai  me  louer  (bis). 
Dans  une  hôtellerie, 

Lanla,  [  (bis). 

Dans  une  hôtellerie. 

Le  métier  qu'on  me  faisait  faire. 
On  me  faisait  tourner  la  broche. 


340  POÉSIES    POPULAIRES 


Aquetz  lardous  èron  ta  bous. 
Sabètz  se  lous  crouquaui  ? 

E  la  bieillo,  qu'èro  au  cournè, 
Sabètz  se  m'abastouauo? 

Jou  que  trobi  un  trauc  d'arrat  (bis), 
Sabètz  se  m'i  enfilaui,         ^ 

Lanla,  |  (bis). 

Sabètz  se  m'i  enfilaui?        : 


ROUMAN 


Rouman  maitin  se  lèuo  (bis), 
lè  loun  lanla  deridèto  ; 
A  Marmando  que  s'en  ba, 
lè  loun  lanla  dérida. 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  341 

Ces  lardons  étaient  si  bons. 
Savez-vous  si  je  les  croquais  ? 

Et  la  vieille,  qui  était  au  coin  du  feu, 
Savez-vous  si  elle  me  bâtonnait  ? 

Je  trouve  un  trou  de  rat  (h's), 
Savez-vous  si  je  m'y  enfilais, 

Lanla,  (bis). 

Savez-vous  si  je  m'y  enfilais  (i)?  j 

(i)  Dicté  par  Isidore  Escârnot,  de  Bivès  (Gers). 


ROMAIN 


Romain  matin  se  lève  (bis), 

Et  Ion  lanla  deridette; 

A  Marmande  (i)  il  s'en  va,     } 

Et  Ion  lanla  dérida.  )        '^' 


(  I  )  Ville  de  l'ancien  Agenais,  aujourd'hui    chef-lieu    d'arron- 
dissement du  Lot-et-Garonne. 


342  POÉSIES   POPULAIRES 


Quant  estèc  a  Marmando, 
Ditz  :  «  A  la  cour  boi  ana.  » 

Rouman  bouto  soun  mantou, 
Au  castèt  dou  rèi  s'en  ba. 

Lou  rèi  ero  en  frinesto. 
Que  l'auouc  lèu  abisat. 

—  «  Quin  es  aquet  gentillome? 

—  Rouman  me  boi  hè  nouma. 

—  Se  Rouman  tu  t'apèros, 
Jou  que  te  boi  hè  penja. 

—  Perque  me  penja,  praube? 
Perque  me  boulètz  hè  penja  ? 

—  As  hèit  burla  nau  glèisos  (bis), 
lè  loun  lanla  deridèto, 
Astantos  gens  nega,  ^  /j  ■  \ 
lè  loun  lanla  dérida.  »        ) 


DE   LA   GASCOGNE  343 

Quand  il  fut  à  Marmande, 

Il  dit  :  «  A  la  cour  jo  veux  aller.  » 

Romain  met  son  manteau, 
Au  château  du  roi  s'en  va. 

Le  roi  était  à  la  fenêtre. 
Il  l'eut  bientôt  aperçu. 

—  «  Quel  est  ce  gentilhomme  ? 

—  Romain  je  veux  me  faire  nommer. 

—  Si  Romain  tu  t'appelles, 
Je  veux  te  faire  pendre. 

—  Pourquoi  me  pendre,  pauvre? 
Pourquoi  voulez-vous  me  faire  pendre  ? 

—  Tu  as  fait  brûler  neuf  églises  (bis). 
Et  Ion  lanla  deridettc. 

Autant  de  gens  noyer,  j 

Et  Ion  lanla  dérida  (i).  >>         ) 

(i)  Recueilli    par    P.  Lafforgue,   d'Auch.  Cette  chanson  date 
probablement  de  l'époque  des  guerres  de  religion. 


344  POÉSIES   POPULAIRES 


CI 


LOUS   TRES   MOULIS 

Au  jardin  de  moun  père,        } 
Flou  tin  tin  lèro  lèro,  ) 

Au  jardin  de  moun  père,     ^ 
I  a  uo  ta  bèro  hount.  ) 

Dou  prumè  pous  que  mène, 
Hè  mole  très  moulis. 

N'i  a  un  per  la  canèlo, 
L'aute  pou  pebe  fin  : 

L'aute  per  las  erbetos, 
Per  las  hillos  goari. 

Uo  de  mas  besios, 
S'es  dèchado  mouri. 


DE   LA   GASCOGNE  345 


a 

LES  TROIS  MOULINS 

Au  jardin  de  mon  père,        I 

_,        ......  (  (h<). 

Fleur  tin  tin  laire  laire,         } 

Au  jardin  de  mon  père, 


Il  y  a  une  si  belle  fontaine.^ 

De  la  première  poussée  qu'elle  donne, 
Elle  fait  moudre  trois  moulins. 

Il  y  en  a  un  pour  la  canelle, 
L'autre  pour  le  poivre  fin  : 

L'autre  pour  les  herbettes, 
Pour  les  filles  guérir. 

Une  de  mes  voisines, 
S'est  laissée  mourir. 


(0 

(i)  Fragment   dicté    par   feue   madame  Bâche,  de  Ma;ivezin 
(Gers). 


346  POÉSIES   POPULAIRES 


Cil 

RESSEGUERAN 

Ressegueran  las  bieillos,  engoan.      / 
Ressegueran  las  bieillos.  )  ^     ^' 

A  las  joenos,  eau  souliès  {lis)  : 
A  las  bieillos,  cops  de  pès. 
Ressegueran  las  bieillos,  etc. 

A  las  joenos,  eau  coutillous  : 

A  las  bieillos,  cops  de  bastous.  , 

A  las  joenos,  eau  pan  blanc  : 
Las  bieillos  s'en  passeran. 

A  las  joenos,  eau  bin  boun  : 

Las  bieillos  beuran  a  la  houn. 

A  las  joenos,  eau  galantz  (his)  : 
A  las  bieillos,  lous  peus  blancs. 
Ressegueran  las  bieillos,  engoan.      / 
Ressegueran  las  bieillos.  ) 


DE   LA   GASCOGNE  347 


Cil 

ON    SCIERA 

On  sciera  les  vieilles,  cette  année.      j 

On  sciera  les  vieilles.  j  '     '' 

Aux  jeunes,  il  faut  des  souliers  (bis)  : 
Aux  vieilles,  des  coups  de  pied. 
On  sciera  les  vieilles,  etc. 

Aux  jeunes,  il  faut  des  cotillons  : 
Aux  vieilles,  des  coups  de  bâtons. 

Aux  jeunes,  il  faut  du  pain  blanc  : 
Les  vieilles  s'en  passeront. 

Aux  jeunes,  il  faut  de  bon  vin  : 
Les  vieilles  boiront  à  la  fontaine. 


Aux  jeunes,  il  faut  des  galants  (bis) 
Aux  vieilles,  les  cheveux  blancs. 
On  sciera  les  vieilles,  cette  année. 
On  sciera  les  vieilles  (i). 


(bis). 


(i)  Je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance.  On  la  chantait 
surtout  aux  approches  du  mardi-gras.  Ce  jour-là,  disait-on  plai- 
samment, une  vieille  était  tous  les  ans  sciée  en  deux  au  Pont- 
de-Pîle,  hameau  voisin  de  I.ectoure,  sur  le  bord  du  Gers. 


348  POÉSIES   POPULAIRES 


cm 

SE  JAMES   ME   MARIDI 

—  «  Se  jamès  me  maridi,  ) 
Drin  drin  de  la  soumbardin,  ) 
Jou  boi  Miquèu  lou  maçoun, 

De  la  soumbardin  de  l'embardissoun. 

—  «  Cau  demanda  au  toun  pai.  » 
Mes  soun  pai  que  lou  respoun  : 

—  «  Cau  demanda  a  ta  mai.  » 
Mes  sa  mai  que  lou  respoun  : 

—  «  Cau  demanda  au  toun  frai.  » 
Mes  lou  soun  frai  que  lou  respoun  : 

—  «  Cau  demanda  a  ta  so.  » 
Mes  sa  so  que  lou  respoun  : 

—  «  Cau  demanda  au  pairin.  « 
Mes  lou  pairin  lou  respoun  : 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  349 

cm 

SI   JAMAIS   JE   ME   MARIE 

(lus). 


—  «  Si  jamais  je  me  marie, 
Drin  drin  de  la  sombardin, 
Je  veux  Michel  le  maçon, 

De  la  sombardin  de  l'embardisson. 

—  «  Il  faut  demander  à  ton  père.  » 
Mais  le  père  lui  répond  : 

—  «  Il  faut  demander  à  ta  mère.  » 
Mais  sa  mère  lui  répond  : 

—  «  Il  faut  demander  à  ton  frère.  » 
Mais  son  frère  lui  répond  : 

—  «  Il  faut  demander  à  ta  sœur,  a 
Mais  sa  sœur  lui  répond  : 

—  «  Il  faut  demander  au  parrain.  » 
Mais  le  parrain  lui  répond  : 


(Hs). 


350  POÉSIES   POPULAIRES 

—  «  Cau  demanda  a  ta  mairio.  » 
Mes  sa  mairio  lou  respoun  : 

—  «  Cau  demanda  au  galant.  » 
Mes  lou  galant  lou  respoun  : 

—  «  Per  que  a  jou  me  hoîes  (i), 
Drin  drin  de  la  soumbardin, 
Pren  Miquèu  lou  maçoun, 
Delà  soumbardin  de  l'embardissoun.  »  ) 

(i)  Boles,  veux,  f.  I.;  en  g.,  bos. 


CIV 


(bis), 
(bis). 


(bis). 


NOU    BAN   PAS   A   LA    GUERRO 

Nou  ban  pas  a  la  guerre, 
Doundèno  miro  lirèno, 
Doundèno  miro  lirèno,  ) 

Lous  très  enfantz  d'un  roi.  )  '     '' 

Au  loc  d'ana  a  la  guerro, 
Sa  mio  ban  trouver. 


DE  LA  GASCOGNE  3  5  I 


—  «  Il  faut  demander  à  ta  marraine.  » 
Mais  sa  marraine  lui  répond  : 

—  «  n  faut  demander  au  galant.  » 
Mais  le  galant  lui  répend  : 

—  «  Puisque  tu  me  veux,  | 
Drin  drin  de  la  sombardin,  )  ^ 
Prends  Michel  le  maçon,  1 

De  la  sombardin  de  l'embardisson  (i).  »  )  ^     '^' 

(i)  Tiré  du  recueU  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


CIV 


ILS   NE   VONT   PAS   A   LA   GUERRE 

Ils  ne  vont  pas  à  la  guerre, 


Dondaine  mire  liraine,  '  ^     ^' 

Dondaine  mire  liraine, 

Les  trois  enfants  d'un  roi.    '  ^     ■'' 


Au  lieu  d'aller  à  la  guerre, 
Leur  mie  ils  vont  trouver. 


352  POÉSIES   POPULAIRES 

L'an  troubado  souleto, 
Sur  soun  Uèit  que  dormait. 

—  «  Per  que  soulo  te  trobi, 
Bèro,  t'embrasserai. 

—  Galant,  se  tu  m'embrassos, 
Seras  pas  lou  prumè. 

D'autes  m'an  embrassado, 
Galant,  prumè  que  toi. 

—  Lous  qui  t'an  embrassado, 
Bengon  per  t'espousa. 

—  Soui  jou  bien  malurouso, 
D'aue  ta  mau  parlât. 


Per  uo  parauleto, 
Doundèno  miro  lirèno, 
Doundèno  miro  lirèno, 
M'èi  perdut  moun  fiançât.  » 

2^ 


(lus). 

\  (bis). 


DE   LA   GASCOGNE  353 

Ils  l'ont  trouvée  sculette, 
Sur  son  lit  qui  dormait. 

—  «  Puisque  je  te  trouve  seulette, 
Belle,  je  t'embrasserai. 

—  Galant,  si  tu  m'embrasses. 
Tu  ne  seras  pas  le  premier. 

D'autres  m'ont  embrassée, 
Galant,  avant  toi. 

—  Q.ue  ceux  qui  t'ont  embrassée, 
Viennent  pour  t'épouser. 

—  Je  suis  bien  malheureuse, 
D'avoir  si  mal  parlé. 


(his). 


Pour  une  petite  parole, 
Dondaine  mire  liraine, 
Dondaine  mire  liraine,  | 

J'ai  perdu  mon  fiancé  (i).  »     i 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambtrt  (Agenais  et  Bruilhois). 


m  23 


354  POÉSIES   POPULAIRES 


cv 


LA-BAS 


(bis), 
(bis). 


La-bas,  a  la  ribèro, 
Lèrioun  lèrioim  dèno, 
Tout  proche  de  la  tner, 
Lèrioun  lèrioun  de, 

I  a  uo  chapèlo, 
Couberto  de  laurès. 

I  a  très  joenos  damos, 
Que  s'i  ban  adombrer. 

La  mes  joeno  de  toutes, 
Nou  hè  pas  que  pleurer. 


Soun  galant  lou  demando  : 

—  «   Bèro,  ^^tx(\ut pleure\l 

—  N'èi  plan  rasoun  se  plouri, 
E  de  me  cbuirriner. 


DE   LA   GASCOGNE  35$ 


cv 


LA-BAS 


(bis), 
(bis). 


Là-bas,  à  la  rivière, 
Lérion  lérion  daine. 
Tout  proche  de  la  mer, 
Lérion  lérion  dé, 

Il  y  a  une  chapelle, 
Couverte  de  lauriers. 


II  y  a  trois  jeunes  dames. 
Qui  vont  s'y  mettre  à  l'ombre. 

La  plus  jeune  de  toutes, 
Ne  fait  rien  que  pleurer. 

Son  galant  lui  demande  : 

—  «  Belle,  pourquoi  pleurez-vous  ? 

—  J'ai  bien  raison  si  je  pleure. 
Et  de  me  chagriner. 


356  POÉSIES   POPULAIRES 

Lou  men  bèt  berteil  d'ambre, 
Dens  la  mer  est  tombé. 

—  Que  baillerétz,  la  bèro, 
Que  l'angousso  chercher  ? 

—  Que  boulètz  que  bous  baille  ? 
N'èi  rien  a  bous  donner. 

—  Un  poutet  de  bous,  bèro  : 
Un  poutet,  ///  vous  plaît. 

—  Per  un,  e  mes  per  quoate, 
Moun  bèt  galant,  plonge^.  » 

Lou  galant  se  despuillo. 
Dens  la  ma  s'est  lancé. 

Aro,  ben  un  briu  d'aigo, 
Que  l'a  hèit  enfoncer. 

Aro,  ben  un  briu  d'aigo, 
Qiie  l'a  hèit  relever. 

Sa  mai  èro  en  frinesto, 
Que  lou  Boun  Diu  priait. 


DE   LA   GASCOGNE  357 


Mon  beau  berteil  (i)  d'ambre, 
Dans  la  mer  est  tombé. 

—  Que  donneriez-vous,  la  belle, 
Que  j'aille  vous  le  chercher  ? 

—  Que  voulez-vous  que  je  vous  donne  ? 
Je  n'ai  rien  à  vous  donner. 

—  Un  baiser  de  vous,  belle  : 
Un  baiser,  s'il  vous  plaît. 

—  Pour  un,  et  même  pour  quatre, 
Mon  beau  galant,  plongez.  » 

Le  galant  se  dépouille. 
Dans  la  mer  s'est  lancé. 

Maintenant  vient  un  courant, 
Qui  l'a  fait  enfoncer. 

Maintenant  vient  un  courant, 
Qui  l'a  fait  relever. 

Sa  mère  était  à  la  fenêtre, 
Qui  le  Bon  Dieu  priait. 

(i)  Peson  dont  on  leste  le  b.is  du  fuseau. 


358  POÉSIES   POPULAIRES 

—  «  Per  tu,  ma  bèro  damo, 
Lèrioun  lèrioun  dèno, 
Moun  hill  se  ba  noyer, 
Lèrioun  lèrioun  de.  » 


(Us). 


(bis). 


CVI 


LOU   MEN   PAI   ME    MARIDO 

Lou  men  pai  me  marido  (bis). 

Me  bo  manda. 

Boi  pas  esta  maridado. 

Ma  mai  n'ac  sab  pas. 

Boi  pas  me  marida. 

Me  baillo  en  un  bieillard  d'orne. 
Qu'a  cent  ans  passatz. 

Mes,  lou  se  de  mas  noços. 
Me  biro  lou  coustat. 


DE   LA   GASCOGNE  359 


—  «  Pour  toi,  ma  belle  dame,  } 
Lérion  lérion  daine,  ) 

Mon  fils  va  se  noyer,         ) 
Lérion  lérion  dé  (i).  »       ; 

(i)  Dicté  par  Catherine  Sustrac,  de  Sainte-Eulalie,  commune 
de  Cauzac  (Lot-et-Garonne).  Cf.  Daymard,  29-30,  Abal  a  la 
'ibiiro  (Haut-Q.uercy). 


CVI 


MON   PÈRE   ME   MARIE 

Mon  père  me  marie  (lis). 
Il  veut  me  marier. 
Je  ne  veux  pas  être  mariée. 
Ma  mère  ne  le  sait  pas. 
Je  ne  veux  pas  me  marier. 

Il  me  donne  à  un  vieillard, 
Qui  a  cent  ans  passés. 

Mais,  le  soir  de  mes  noces, 
Il  me  tourne  le  côté. 


360  POÉSIES   POPULAIRES 

Mes,  quant  bengouc  l'aubo, 
Biste  s'es  lèuat. 

M'a  tirado  per  l'aureillo  (bis). 
—  «  Nobio,  lèuo-te.  » 
Boi  pas  esta  maridado. 
Ma  mai  n'ac  sab  pas. 
Boi  pas  me  marida. 


cvn 

LA   GOUIO   E   LOU    BOÈ 

De  boun  maitin  se  leuo,  ) 

Lèriè  doundèno,  j        ^" 

Lou  noste  boun  boè,  i 

Lèriè  doundè.  )  '  '^'^■'' 

Pren  sous  buùs,  sas  bacos, 
Part  au  prat  garder. 

Bacos  soun  sadouros. 
Buùs  n'an  rien  mangé. 


DE  LA  GASCOGNE  361 


Mais,  quand  vint  l'aube, 
Vite  il  s'est  levé. 

Il  m'a  tirée  par  l'oreille  (bis). 
—  «  Mariée,  lève-toi.  » 
Je  ne  veux  pas  être  mariée. 
Ma  mère  ne  le  sait  pas. 
Je  ne  veux  pas  me  marier  (i). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois), 


CVII 


LA    SERVANTE    ET   LE    BOUVIER 

De  bon  matin  se  lève,       ) 
Lérié  dondaine,  i 

Notre  bon  bouvier. 


Lcné  donde.  ) 

Il  prend  ses  boeufs,  ses  vaches. 
Part  au  pré  garder. 

Les  vaches  sont  repues. 

Les  boeufs  n'ont  rien  mangé. 


362  POÉSIES   POPULAIRES 

Lou  boè  que  s'entourno, 
Pour  les  enfermer. 

Bacos  soun  entrados. 
Buùs  s'en  sont  allés. 

Apèro  la  gouio, 
Lou  bengo  ajuder. 

Lou  mestre  qu'espiauo, 
Pou  trauc  dou  cruguè. 

—  «  Atau,  atau,  gouio, 
Aimos-tu  lou  boè. 

Quant  trempos  las  soupos, 
Au  boè  lou  prumè. 

Au  boè,  la  fourcheto  ; 
Au  mestre,  lou  cuillè. 

Au  boè,  la  serbieto  ; 
Au  mestre,  lou  cenerè. 


DE   LA   GASCOGNE  363 

Le  bouvier  s'en  revient, 
Pour  les  enfermer. 

Les  vaches  sont  entrées. 
Les  bœufs  s'en  sont  allés. 

Il  appelle  la  servante, 
Pour  venir  l'aider. 

Le  maître  le  regardait, 
Par  le  trou  de  l'évier. 

—  «  Ainsi,  ainsi,  servante. 
Tu  aimes  le  bouvier. 

Quand  tu  trempes  la  soupe. 
Au  bouvier  d'abord. 

Au  bouvier,  la  fourchette  ; 
Au  maître,  la  cuiller. 

Au  bouvier,  la  serviette  ; 
Au  maître,  le  cendrier  (i). 

(i)  Pièce  de  toile  grossière  qae  l'on  met  au  dessus  du  cuvicr 
à  lessiver,  et  qui  sépare  la  cendre  du  linge  à  blanchir. 


364  POÉSIES   POPULAIRES 

Au  boè,  sieto  blanco, 
Lèriè  doundèno  ; 
Au  mestre,  lou  salé,  ) 

Lèriè  doundè.  »  ) 


(ÎHS). 


CVIU 

LOU   HILL   DOU  RÈI  DE   FRANCO 

Lou  hill  dou  rèi  de  Franco, 


(bis), 
(lus). 


Larira  doundèno, 
S'en  ba  au  bosc  chasser, 
Larira  doundè. 

Trobo  perdic  e  lèbe. 
I  a  pas  pouscut  tirer. 

Cresio  tua  uo  lauseto. 
Sa  mio  a  tué. 


Sa  mai  èro  en  frinesto. 

—  «  Ah!   Mou n  hill,  qn'âs-iu fait} 


DE   LA   GASCOGNE  365 


Au  bouvier,  assiette  blanche,^ 
Lérié  dondaine;  ) 

Au  maître,  l'écuclle,         | 
Lérié  dondé(i).))         S  ^''''^" 

(i)  Dicté  par  Isidore  Escarnot,  de  Bivès  (Gers). 


cvni 


LE   FILS   DU   ROI    DE   FRANCE 

Le  fils  du  roi  de  France,  ^ 

Larira  dondaine,  )^     ^' 


(bis). 


S'en  va  au  bois  chasser, 
Larira  dondé. 

Il  trouve  perdrix  et  lièvre. 
Il  n'a  pas  pu  y  tirer. 


Il  croyait  tuer  une  alouette. 
Sa  mie  il  a  tué. 

Sa  mère  était  à  la  fenêtre. 

—  «  Ah  !  Mon  fils,  qu'as-tu  fait  ? 


366  POÉSIES    POPULAIRES 


Tu  as  tuat  ta  mio, 

Que  te  haran  petijer  (i).  » 

La  lauseto  cantauo, 
Au  cap  d'un  cipriè  : 

—  «  Tu  as  tuat  ta  mio. 
Que  te  haran  penjer. 

—  N'ac  haran  pas,  ma  mèro. 
Jou  que  m'en  anguerèi, 

Dens  lou  pais  d'Espagno, 
En  pais  estrangè. 

Baillatz-me  cent  camisos, 
Que  m'en  pousco  changer.  » 

S'en  ba  delà  de  l'aigo, 
Dab  lous  arcliès  après. 

—  «  Pountouniè  delà  de  l'aigo, 
Sai  biste  me  chercher. 

—  Pountouniè  delà  de  l'aigo, 
Reten-lou  presounè. 

(i)  Penja,  pendre;  en  francisant, />cw/i;r. 


DE   I.A  GASCOGNE  367 

Tu  as  tué  ta  mie, 
On  te  fera  pendre.  » 

L'alouette  chantait, 
Au  faîte  d'un  cyprès  : 

—  «  Tu  as  tué  ta  mie. 
On  te  fera  pendre. 

—  On  ne  le  fera  pas,  ma  mère. 
Je  m'en  irai, 

Dans  le  pays  d'Espagne, 
En  pays  étranger. 

Donnez-moi  cent  chemises, 
Que  je  puisse  en  changer.  » 

Il  s'en  va  au  delà  de  l'eau, 
Avec  les  archers  après  lui. 

—  «  Pontonnier  d'au  delà  de  l'eau. 
Viens  vite  me  chercher. 

—  Pontonnier  d'au  delà  de  l'eau. 
Retiens-le  prisonnier. 


368  POÉSIES   POPULAIRES 


—  N'ac  harèi  pas,  pecaïre, 
Et  que  m'a  bien  payé. 

A  cent  escutz  en  bourso,         i  ^, .  . 
Larira  doundèno,  5 

M'en  a  dat  la  moitié,  ) 
Larira  doundè.  ) 


CIX 


LOUS   DUS   PASTOUS 


—  «  Adichatz,  aoeillèro. 
Oun  batz  goarda  douman  ?  » 
Mignouneto  mio, 


Mignounet  amant. 


(bis), 
(bis). 


Ça  digouc  l'aoeillèro  : 

—  «  Belèu  pou  boste  camp.  » 

Respouni  a  l'aoillèro  : 

—  «  Bous  hèu  morde  pou  can.  » 


DE   LA   GASCOGNE  369 

—  Je  ne  le  ferai  pas,  pecaïre, 
Il  m'a  bien  payé. 


Il  avait  cent  écus  en  bourse, 
Larira  dondaine, 
Il  m'en  a  donné  la  moitié, 
Larira  dondé  (i).  « 


\  (bis), 
(bis). 


(i)  Dicté  par  Catlierinc  Sustrac,  de  Sainte-Eulalic,  commune 
•Je  Cauzac  (Lot-et-Garonne).  Cf.  Daymard,  28-29,  Loi' fil  del  rèi 
(Haut-Quercj-). 


CIX 


LES    DEUX   PATRES 

—  «  Bonjour,  gardeuse  de  brebis./ 
Où  allez-vous  garder  demain?  »  ^ 
Mignonnette  mie,         ] 
Mignonnet  amant.        ) 

La  gardeuse  de  brebis  dit  : 

—  «  Peut-être  dans  votre  champ.  » 

Je  réponds  à  la  gardeuse  de  brebis  : 

—  «  Je  vous  fais  mordre  par  le  chien.  » 

m  24 


370  POÉSIES   POPULAIRES 

Ça  digouc  l'aoeillero  : 

—  «  Que  me  trufi  dou  can.  j) 

Respouni  a  l'aoeillero  : 

—  «  Pas  se  nou  maridan. 

S'ac  boulètz,  aoeillèro, 
Un  dronle  que  n'auran.  » 

Ça  respoun  l'aoeillero  : 

—  «  Quin  mestiè  lou  daran  ? 

—  Se  bous  ètz  aoeillèro,  ) 
Et  pintuera  la  lan.  »  ) 
Mignouneto  mio,           ) 

■Kf  1       (^^')- 

Mignounet  amant.         )        ^ 


DE   LA   GASCOGNE 


371 


La  gardeuse  de  brebis  dit  : 

—  «  Je  me  moque  du  chien.   » 

Je  réponds  à  la  gardeuse  de  brebis  : 

—  «  Pas  si  nous  nous  marions. 

Si  vous  le  voulez,  gardeuse  de  brebis, 
Un  garçon  nous  aurons.   » 

La  gardeuse  de  brebis  répond  : 

—  u  Quel  métier  lui  donnerons-nous  ? 

—  Si  vous  êtes  gardeuse  de  brebis,    ) 

Lui  cardera  la  laine.  »  )  ^  ''^^' 

Mignonnette  mie,  ) 

Mignonnet  amant  (i).    )'"''■ 

(1)  Dicté  par  Pauline  Lacaze  de  Panasssac  (Gers).  Cf.Cénac- 
Moncaut,  304-5,  Lous  dus  Pasious  (Gascogne). 


372  POÉSIES   POPULAIRES 


ex 

LA    MOUNJO   MALAUSO 

La-bas,  dens  la  prado,         )  /^  •  ^ 
Que  i  a  un  coumbent.         ) 
Ba  leugè,  leugèro,       j 
Ba  leugèroment.  j 

Que  i  a  uo  mounjo, 
Malauso  deguens. 

—  «  Digatz-me,  moungeto, 
De  qu'auètz  talent  ? 

—  De  pommos  blanquetos, 
E  d'un  gouiat  joen. 

—  N'en  minjetz,  moungeto. 
Bous  enterrerén, 

Pas  dens  nado  glèiso, 
Ni  mémo  au  coumbent, 


DE   LA    GASCOGNE  375 


ex 


LA   NONME   MALADE 


Là-bas,  dans  la  prairie,  ) 

Il  y  a  un  couvent.  ; 
Va  léger,  légère,      } 

Va  légèrement.         \  ^' 

Il  y  a  une  nonne, 
Malade  dedans. 


—  «  Dites-moi,  nonnette, 
De  quoi  avez-vous  foim  ? 

—  De  pommes  blanchettes. 
Et  d'un  garçon  jeune. 

—  N'en  mangez  pas,  nonnette. 
On  vous  enterrerait, 

Pas  dans  une  église. 
Ni  même  au  couvent. 


374  POÉSIES    POPULAIRES 


Mes  au  cementèri, 

Dab  las  praubos  gens.»  ' 


Ba  leugè,  leugèro, 
Ba  leugèroment. 


(his). 


CXI 


AU  PRAT  DE  LA  ROSO 

Au  prat  de  la  Roso  (bis), 

I  a  uo  hount  d'argent,  ' 

Lerideridèto,  ^  (his). 

I  a  uo  hount  d'argent. 


I  a  très  paloumetos, 
S'i  bagnon  deguens. 


Quant  s'i  soun  bagnados, 
Bolon  au  dous  tems. 


\ 


DE   LA   GASCOGNE  37S 


Mais  au  cimetière,  ) 

Avec  les  pauvres  gens.  ») 
Va  léger,  légère,  ) 

Va  légèrement  (i).       ) 


(i)  Dicté  par  Pauline  Laoaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.   Cénac- 
Moucaut,   294-95,   la  Mounjo  malauso   (Gascogne). 


CXI 


AU   PRÉ   DE   ROSE 


Au  pré  de  Rose  (bis), 

Il  y  a  une  fontaine  d'argent, 

Lerideridette,  \  {bis). 

Il  y  a  une  fontaine  d'argent. 

Il  y  a  trois  petites  palombes, 
Qui  se  baignent  dedans. 

Quand  elles  s'y  sont  baignées. 
Elles  volent  au  doux  temps. 


376  POÉSIES    POPULAIRES 


An  près  la  boulado  (bis). 
Sou  castèt  d'argent,         ] 

Lerideridèto,  [  (bis). 


Sou  castèt  d'argent. 


) 


CXII 


DE   BOUN    MAITIN    ME    SOUI   LEVEE 

De  boun  maitin  me  soui  levée ,     )  ,,    , 

t  (bis). 
Doundèno,  bibo  l'amou,  ) 

Mèi  maitin  que  l'aubeto  (bis). 

Dens  moun  casau  m'en  soui  allée, 
Coeille  la  biuleto. 

N'èi  pas  au  ut  goaire  coeillut, 
Ma  m'ai  m'a  appelée. 

—  «  Hillo  Jano,  benguètz,  benguetz. 
Bous  eau  ana  a  l'aigueto. 

—  Ma  mai,  l'aigo  n'es  pas  ta  loèn. 
Que  serèi  lèu  tournado. 


DE   LA   GASCOGNE  377 

Elles  ont  pris  la  volée  (bis), 

Sur  le  château  d'argent,  \ 

Lerideridette,  [  (l'ii)- 

Sur  le  château  d'argent  (i),  ) 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


CXII 

DE   BON    MATIN    ME   SUIS    LEVÉE 

De  bon  matin  me  suis  levée,  i 

,,  i  (bis). 

Dondame,  vive  1  amour,  ) 

Plus  matin  que  l'aube  (bis). 

Dans  mon  jardin  m'en  suis  allée, 
Cueillir  la  violette. 

Je  n'en  ai  eu  guère  cueilli. 
Ma  mère  m'a  appelée. 

—  «  Fille  Jeanne,  venez,  venez. 
Il  vous  faut  aller  à  l'eau. 

—  Ma  mère,  l'eau  n'est  pas  si  loin. 
Te  serai  bientôt  revenue. 


378  POÉSIES   POPULAIRES 

Surtout  s'aUoi  moun  bèt  amie, 
Ah  !  seri  lèu  tournado. 

—  Hillo  Jano,  aqui  lou  enla. 
Qii'es  couchât  sur  l'erbeto.  » 

Jou  destaqui  moun  dauamau  : 
L'ac  bouti  sur  la  tèsto. 

—  «  Moun  bèt  amie,  counechètz  pas 
La  Jano  tant  aimado  ? 

—  Ma  tant  aimado  tu  n'es  pas. 
James  nou  t'èi  aimado. 

—  Moun  Diu  !  E  que  harèi  donne  jou,  J 
Doundèno,  bibo  l'amou,  ) 
De  mas  bèros  raubetos?  (his).  » 


Q? 


DE   LA   GASCOGNE  379 


Surtout  si  j'avais  mon  bel  ami, 
Ah  !  je  serais  bientôt  revenue. 

—  Fille  Jeanne,  le  voilà  là-bas. 
Il  est  couché  sur  l'herbette.  » 

Je  détache  mon  tablier: 
Je  le  lui  mets  sur  la  tête. 

—  «  Mon  bel  ami,  ne  reconnaissez-vous  pas 
Jeanne  tant  aimée? 

—  Ma  tant  aimée  tu  n'es  pas. 
Jamais  je  ne  t'ai  aimée. 

Mon  Dieu  !  Et  que  ferai-je  donc,    ) 
Dondaine,  vive  l'amour,  ; 

De  mes  belles  robes  (bis)  ?  » 

(i)  Dicté  par  Catlieriiic  Sustrac,  de  Sainte-Eulalie,  commune 
de  Caiizac  (Lot-et-Garonne).  Cf.  Daymard,  30-31,  De  bon  matin 
me  suis  Iné  (Haut-Qjiercy). 


(^ 


380  POÉSIES   POPULAIRES 


CXIIÎ 


ADIUS   A   LÈITOURO 

Adiu,  bilo  de  Lèitouro  (his), 

Lanla  deran  la.  j 

^-      1  .  (  (bis). 

Ta  plan  me  eau  te  quita.         ) 

Jou  regrèti  pas  la  bilo. 
Es  pas  tant  a  regrèta. 

Que  regrèti  ma  mastresso. 
Ta  plan  me  la  eau  quita, 

Eta  m'en  ana  a  la  guerro, 
Sens  gran  espoèr  de  tourna. 

Ma  mastresso  es  en  frinesto. 
Hè  pas  arré  que  ploura. 

Jou  m'en  bau  trouba  soun  pèro. 
—  «  Moussu,  me  la  eau  bailla. 


DE   LA   GASCOGNE  3^1 


CXIIl 


ADIEUX   A   LECTOURE 

Adieu,  ville  de  Lectoure  (bis)y 

Lanla  deran  la.  /  /,  •  ^ 

Aussi  bien  il  me  faut  te  quitter.      ) 

Je  ne  regrette  pas  la  ville. 
Elle  n'est  pas  tant  à  regretter. 

Je  regrette  ma  maîtresse. 
Aussi  bien  il  me  faut  la  quitter, 

Pour  m'en  aller  à  la  guerre. 
Sans  grand  espoir  de  revenir. 

Ma  maîtresse  est  à  la  fenêtre. 
Elle  ne  fait  rien  que  pleurer. 

Je  m'en  vais  trouver  son  père. 

—  a  Monsieur,  il  faut  me  la  donner. 


382  POÉSIES   POPULAIRES 


—  James  la  hillo  d'un  cossou, 
Nou  sera  pas  un  sounlat. 

—  Bieillard,  se  nou  me  la  baillos, 
Te  la  holi  derauba  ; 

E,  quant  l'aurèi  deraubado  (bis), 
Lanla  deran  la,  ) 

Te  la  boU  bien  tourna  (i).  »        ] 

; 

(i)  Chanté  par  Isidore  Escarnot,  de  Bivès(Gers). 


CXIV 


ÈI   MOUN   OME    qu'a   LAS   FIÈBRES 

Èi  moun  ome  qu'a  las  fièbres  (bis). 

Lan  landeridi. 
Diu  lou  goarde  d'en  goari. 

A  embejo  de  car  de  lèbe, 
Car  de  lèbe  ou  de  lapin. 


(bis). 


DE   LA   GASCOGNE  383 


—  Jamais  la  fille  d'un  consul  (i), 
Ne  sera  pour  un  soldat. 

—  Vieillard,  si  tu  ne  me  la  donnes  pas, 
Je  veux  te  la  dérober  ; 


Et,  quand  je  te  l'aurai  dérobée  (bis), 

Lanla  deran  la. 
Je  veux  bien  te  la  rendre.  » 


(bis). 


(i)  Avant  la  Révolution,  on  nommait  ainsi  les  m.igistrats 
municipaux  en  Languedoc,  et  dans  la  partie  de  la  Gascogne 
comprise  dans  le  ressort  du  Parlement  de  Toulouse. 


CXIV 


J  AI   MON   HOMME   QUI   A   LES   FIEVRES 


(bis). 


J'ai  mon  homme  qui  a  les  fièvres  (bis). 

Lan  landeridi. 
Dieu  le  garde  d'en  guérir. 

Il  a  envie  de  viande  de  lièvre. 
Viande  de  lièvre  ou  de  lapin. 


384  POÉSIES   POPULAIRES 

Jou  ne  soui  anado  querre, 
Trente  lègos  loèn  d'aci. 

Enta  esta  mes  Icu  tournado, 
Que  me  sètoui  pou  camin. 

Quant  jou  estèi  arribado, 
Lou  troubèi  ensebelit. 

M'en  angoui  sur  sa  toumbeto. 
—  «  Es  aqui,  damoro-s-i. 

Plagni  pas  que  la  plegasso  (bis), 

Lan  landeridi,  j 

Qu'èro  un  bèt  linço  de  lin.  »         j 


M 


DE   LA   GASCOGNE  385 


Je  suis  allée  en  chercher, 
A  trente  lieues  d'ici. 

Pour  être  plus  tôt  revenue, 
Je  m'assis  en  chemin. 

Quand  je  fus  arrivée, 
Je  le  trouvai  enseveli . 

Je  m'en  allai  sur  sa  tombe  : 
—  «  Tu  es  là.  Demeures-y. 

Je  ne  regrette  que  le  suaire   (his), 

Lan  landeridi, 
Qui  était  un  beau  linceul  de  lin  (i).  » 


(Ms). 


(1)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (A  gênais  et  Bruilhois)  Cf.  la  Ro- 
mance XIV,  la  Veuve  consolée,  p.  56-61,  du  tome  II  du  présent 
recueil. 


m  25 


386  POÉSIES   POPULAIRES 


cxv 

JANETOUN,    ANEN 

—  «  Janetoun,  anen,  anen  (bis), 
Anen  a  la  boto,  lanla, 

Anen  a  la  boto,  doundoun  (bis). 

—  Coumo,  praubo,  i  aniri  ? 
Soui  pas  abillado. 

—  Janetoun,  abillatz-bous. 
Atendi  uo  ouro.  » 

Quant  abillado  estèc, 
N'auouc  pas  mounturo. 

—  «  Janetoun,  ahanatz-bous. 
Que  n'auèn  prou  d'uo.  » 

Quant  estèn  bien  loèn,  bien  loèn  : 

—  «  Pierre,  boutatz-m'en  terro. 

—  E,  Pierre,  per  que  descendètz? 
Fer  que  descendètz,  Pierre? 


DE   LA   GASCOGNE  387 


cxv 

JEANNETON,    ALLONS 

—  «  Jeanneton,  allons,  allons  (his), 
Allons  à  la  fête  patronale^  lanla, 
Allons  à  la  fête  patronale,  dondon  (bis). 

—  Comment,  pauvre,  irais-je? 
Je  ne  suis  pas  habillée. 

—  Jeanneton,  habillez-vous. 
J'attends  une  heure.  » 

Quand  elle  fut  habillée, 
Elle  n'eut  pas  de  monture. 

—  «  Jeanneton,  dépêchez-vous. 
Nous  en  avons  assez  d'une  (i).  » 

Quand  ils  furent  loin,  bien  loin  : 

—  «  Pierre,  mettez-moi  à  terre. 

—  Eh,  Pierre,  pourquoi  descendez-vous  ? 
Pourquoi  descendez-vous,  Pierre? 

(i)  Une  monture  pour  deux. 


388  POÉSIES   POPULAIRES 

—  Janetoun,  bouleri  sabe, 
S'ètz  bien  camboligado. 

—  E  !  Camoligado  soui  be, 
E  mes  soui  plan  caussado. 

Jou  èi  très  pareills  de  souliès, 
De  marouquin  de  Flandres. 

Jou  èi  très  pareills  de  debas  (bis), 
Toutz  très  de  sedo  blanco,  lanla, 
Toutz  très  de  sedo  blanco,  doundoun  (bis).  » 


CXVI 


A   CLAIRAC,    I  A   UN   MOU  LIÉ 

A  Clairac,  i  a  un  mouliè  (bis). 

Liroun  loun  fa  miro  lira.        / 

i  (bis). 
A  très  poulidos  hillôs.  ) 


DE    LA    GASCOGNE  389 

—  Jeanneton,  je  voudrais  savoir, 

Si  vos  jarretières  sont  bien  attachées. 

—  Eh  !  Mes  jarretières  sont  bien  attachées, 
Et  même  je  suis  bien  chaussée. 

J'ai  trois  paires  de  souliers. 
De  maroquin  de  Flandre. 

J'ai  trois  paires  de  bas  (bis). 

Toutes  trois  en  soie  blanche,  lanla, 

Toutes  trois  en  soie  blanche,  dondon  (i)  (bis).  » 

(i)  Tiré  du  recueil   de  Charbcl  (Agenais).  Cf.  p.   526-529,   U 
Chanson  XCV,  l'Epine  au  pied. 


CXVI 


A   CLAIRAC,    IL    Y   A    UN    MEUNIER 

A  Clairac  (i),  il  y  a  un  meunier  (bis), 
Liron  Ion  fa  mire  lira.         ) 
Il  a  trois  jolies  filles.  ) 


(i)  Ville  de  l'ancien  Agenais,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton 
du  canton  du  Lot-et-G.ironne. 


390  POÉSIES   POPULAIRES 

De  très,  n'a  mandat  dios  (i). 
Resto  la  mes  poulido. 

Ero  s'es  boutado  au  llèit, 
D'uo  grano  maladio. 

Ban  cerça  lou  médecin, 
Lou  médecin  de  hillos. 

Quant  lou  médecin  la  bei, 
Counech  sa  maladio. 

—  «  Pèro,  la  eau  marida  au  se  (bis), 
Luroun  loun  fa  miro  lira.     ) 
Douman,  sera  goarido  »       )  ^    ^' 

{j)Dios,  deux,  f.  agenaise  ;  en  g.  iluos. 


DE  LA  GASCOGNE  39I 


De  trois,  il  en  a  marié  deux. 
Reste  la  plus  jolie. 

Elle  s'est  mise  au  lit, 
D'une  grande  maladie. 

On  va  chercher  le  médecin, 
Le  médecin  des  filles. 

Quand  le  médecin  la  voit, 
Il  connaît  sa  maladie. 

—  «  Père,  il  faut  la  marier  ce  soir  (bis), 
Liron  Ion  fa  mire  lira.  ) 

Demain,  elle  sera  guérie  (i).  ») 

(i)Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhoif) . 


J^/ 


392  POÉSIES   POPULAIRES 


CXVII 

LANDERIDI 

Landeridi,  se  jamès  me  maridi  (his), 
Landeridi,  me  holi  (i)  bien  causi  (his). 

Landeridi,  m'en  holi  prengue  uo, 
Landeridi,  sio  hèito  a  moun  plaisir. 

Landeridi,  s'ero  n'es  pas  balento, 
Landeridi,  jou  l'en  harèi  heni  (2). 

Landeridi,  dab  uo  lato  d'auoumo, 
Landeridi,  lou  se  e  lou  maitin. 

Landeridi,  la  harèi  beilla  lou  se^-o  (3), 
Landeridi,  se  lèua  de  maitin  ; 

Landeridi,  hila  sa  qounouilleto  (bis), 
Landeridi,  d'estoupas  ou  de  lin  (bis). 

(i)  Boli,  veux,  f.  !.  ;  en  g.,  loi. 
(2)  Béni,  venir,  f.  1.  ;  en  g.,  bengue. 
(5)  Sera,  soir,  f.  agenaise;  en  g.,  se. 


DE   LA    GASCOGNE  39J 


CXVII 


LANDERIDI 


Landeridi,  si  jamais  je  me  marie  (bis), 
Landeridi,  je  veux  bien  choisir  (bis). 

Landeridi,  j'en  veux  prendre  une, 
Landeridi,  qui  soit  faite  à  mon  plaisir. 

Landeridi,  si  elle  n'est  pas  laborieuse, 
Landeridi,  je  l'en  ferai  venir. 

Landeridi,  avec  une  gaule  d'ormeau, 
Landeridi,  le  soir  et  le  matin. 

Landeridi,  je  la  ferai  veiller  le  soir, 
Landeridi,  se  lever  de  matin  ; 

Landeridi,  filer  sa  quenotcillette  (bis), 
Landeridi,  d'étoupes  ou  de  lin  (i)  (his). 

(i)  Tiré  du  recueil  de  Lambert  (Agenais  et  Bruilhois). 


394  POÉSIES   POPULAIRES 


CXVIII 


DESSUS  LA   MA 


Dessus  la  ma,  i  a  très  nabiris  (quater), 
Que  lou  Boun  Diu  lous  hè  marcha  (quater). 

Lous  hè  marcha  sèt  ans  sur  l'aigo, 
Sens  jamès  poude  abourda. 

Au  cap  de  la  sètièmo  annado, 
Lou  capitani  a  demandât  : 

—  «  Quin  de  bous,  bràbos  camarados. 
Au  cap  dou  mast  hoiidrio  mounta  ?  » 

Lou  mes  joen  dous  camarados 
Ditz  :  «  Capitani,  i  bau  mounta.  » 

Mes,  quant  arribo  au  mièi  de  l'aubre, 
Lou  gouiat  se  bouto  a  ploura. 

—  «  Que  beses-tu  dounc,  camarado, 
Que  tant  te  boutes  a  ploura  ? 


DE  LA  GASCOGNE  59S 


cxvni 


SUR   LA   MER 


Sur  la  mer,  il  y  a  trois  navires  (qiiater), 
due  le  Bon  Dieu  fait  marcher  (quater). 

Il  les  fait  marcher  sept  ans  sur  l'eau, 
Sans  jamais  pouvoir  aborder. 

Au  bout  de  la  septième  année, 
Le  capitaine  a  demandé  : 

—  «  Qui  de  vous,  braves  camarades, 
Au  haut  du  mât  voudrait  monter?  » 

Le  plus  jeune  des  camarades 

Dit  :  «  Capitaine,  j'y  vais  monter.  » 

Mais,  quand  il  arrive  au  milieu  de  l'arbre. 
Le  garçon  se  met  à  pleurer. 

—  «  Que  vois-tu  donc,  camarade. 
Que  tant  tu  te  mets  à  pleurer  ? 


596  POÉSIES   POPULAIRES 


—  Besi  pas  que  lou  cèu  e  l'aigo, 
E  lous  pechis  per  me  minja. 

—  Couratge,  bràbe  camarade. 
Au  mast  acabo  de  mounta.  » 

Quant  es  mountat  au  cap  de  l'aubre, 
Lou  gouiat  se  boute  a  canta. 

—  «  Que  beses-tu  dounc,  camarade, 
Que  tant  te  beutos  a  canta  ? 

—  Besi  lou  castèt  de  moun  père, 
Lou  pais  oun  ban  abourda. 

Besi  ma  mio  a  sa  frineste  (quater), 
A  sa  frineste  a  se  pintua  (qiiater).  » 


DE   LA   GASCOGNE  397 


—  Je  ne  vois  que  le  ciel  et  l'eau, 
Et  les  poissons  pour  me  manger. 

—  Courage,  brave  camarade. 
Au  mât  achève  de  monter.  » 

Qjaand  il  est  monté  au  bout  de  l'arbre, 
Le  garçon  se  met  à  chanter. 

—  «  Que  vois-tu  donc,  camarade, 
Qpe  tant  tu  te  mets  à  chanter  ? 

—  Je  vois  le  château  de  mon  père. 
Le  pays  où  nous  allons  aborder. 

Je  vois  ma  mie  à  sa  fenêtre  (quater), 
A  sa  fenêtre  à  se  peigner  (i)  (quater).  » 

(1)  Dicté  par  Catherine  Sustrac,  de  Sainte-Eulalie,  commune 
de  Cauzac  (Lot-et-Garonne).  Cf.  Daymard,  Dessus  la  ma  (Haut- 
Quercy). 


398  POÉSIES   POPULAIRES 


CXIX 


SUR  LA   PLANO    DE   COULAIRAT 

Sur  la  piano  de  Coulairat  (Us), 

Moun  Diu,  i  a  un  pescaire  tant  bràbeC^w). 

A  près  la  ligno  e  l'esparbè. 

S'en  ba  pesca  lou  loung  de  l'aigo. 

Per  très  cops,  lanço  l'esparbè. 
Atrapo  uo  bèro  carpo. 

La  plego  dens  soun  mouchouèr  blanc, 
La  porto  a  s'amou  Jano. 

—  «  M'amou  Jano,  tenguètz,  tenguètz. 
Tenguètz,  aquero  bèro  carpo, 

—  Q.ue  diran  moun  pai  e  ma  mai, 
De  bese  aquero  bèro  carpo  ? 


DE    LA   GASCOGNE  399 


CXIX 


SUR  LA  PLAINE  DE  COLAYRAC 

4 

Sur  la  plaine  de  Colayrac  (i)  (bis), 

Mon  Dieu,  il  y  a  un  si  brave  pêcheur  (lus). 

Il  a  pris  la  ligne  et  l'épervier. 
Il  s'en  va  pêcher  le  long  de  l'eau. 

Par  trois  fois,  il  lance  l'épervier. 
Il  attrape  une  belle  carpe. 

Il  l'enveloppe  dans  son  mouchoir  blanc, 
La  porte  à  son  amour  Jeanne. 

—  «  Mon  amour  Jeanne,  tenez,  tenez. 
Tenez,  cette  belle  carpe. 

—  Que  diront  mon  père  et  ma  mère, 
De  voir  cette  belle  carpe  ? 

(i)  Commune  située  près  d'Agen,  sur  le  bord  de  la  Garotme. 


400  POÉSIES   POPULAIRES 


—  M'amou  Jano,  bous  lous  diratz 
Qu'ètz  passado  a  Coulairat, 

Qu'ètz  passado  a  Coulairat  (bis). 

Lous  pescaires  bous  l'an  baillado  (bis).   » 


cxx 


LOU   MEN   PAI 

Lou  raen  pai  qu'a  nau  agnèrous  (bis), 
Arrebiratz-me  lous  moutous, 

Poulido  bergèro. 
Arrebiratz-me  lous  moutous,  ) 

De  cap  a  l'erbo.  j  ^     ■^' 

Lou  men  pai  qu'a  hoèit  agnèrous,  etc. 


DE   LA    GASCOGNE  40 1 

—  Mon  amour  Jeanne,  vous  leur  direz 
Que  vous  êtes  passée  à  Colayrac, 

Que  vous  êtes  passée  à  Colayrac  (bis). 
Les  pêcheurs  vous  l'ont  donnée  (i)  (bis).  » 

(i)  Tiré   du    recueil    de    Lambert  (Agenais  et    BruiUiois).  — 
Air  n"  6. 


cxx 


MOX    PERE 


Mon  père  a  neuf  petits  agneaux  (bis). 
Ramenez-moi  mes  moutons, 

Jolie  bergère. 
Ramenez-moi  mes  moutons,         f 

Du  côté  de  l'herbe.  \  ^^"'^' 

Mon  père  a  huit  petits  agneaux,  etc.  (i) 

(i)  A  chaque  couplet,  le  nombre  des  agneaux  diminue  de 
un.  Je  sais  cette  chanson  depuis  mon  enfance.  Cf.  les  Chan- 
sons de  danse  V,  IX  et  XLVIL 


m  26 


402  POÉSIES   POPULAIRES 

CXXI 

LA   GOUIATO   E   LOU   MOULIÈ 

De  bout!  maitin  me  soui  lèuado  (his). 
Dèchatz-me  passa,  soui  pas  maridado, 

Dèchatz-me  passa,  soui  a  marida. 

» 

Dens  lou  casau  m'en  soui  anado, 
Coeille  la  rouseto  muscade. 
A  la  danse  m'en  soui  anade. 
Ma  rouseto  m'i  èi  tounibado. 
Un  joen  mouliè  que  l'a  amassado. 

—  «  Mouliè,  boi  ma  rose  muscado. 

—  Se  me  pagatz,  bous  sera  tournado. 

—  De  paga  soui  embarrassado. 
Nâni.  Mes  lèu  esta  burlade, 
Que  d'un  mouliè  esta'mbrassado. 
Tout  hario  m'auré  boutade. 


(his). 


DE   LA  GASCOGN'F  405 


CXXI 

LA  JEUNE   FILLE   ET    LE    MEUNIER 

De  bon  matin  me  suis  levée  (bis). 

Laissez-moi  passer,  je  ne  suis  pas  mariée,  ) 

T    .  .  ....  (bis) 

Laissez-moi  passer,  je  suis  a  marier.      )        ^ 

Dans  le  jardin  je  m'en  suis  allée, 

Cueillir  la  rose  musquée. 

A  la  danso  m'en  suis  allée. 

Ma  rose  j'ai  laissé  tomber. 

Un  jeune  meunier  me  l'a  ramassée. 

—  «  Meunier,  je  veux  ma  rose  musquée. 

—  Si  vous  me  payez,  elle  vous  sera  rendue. 

—  De  payer  je  suis  embarrassée. 
Nenni.  Plutôt  être  brûlée, 

Que  d'un  meunier  être  embrassée. 
Il  m'aurait  mise  toute  farine. 


404  POÉSIES   POPULAIRES 


—  Bous  auri  ta  plan  broussado. 

Dab  uo  espousseto  daurado  (bis).  » 
Dcchatz-me  passa,  soui  pas  maridado. 
Dèchatz-me  passa,  soui  a  marida. 


CXXII 


L  APRENTIS   D  AMOUR 


«  Là-bas,  a  la  ribereto  (bis). 
L'amour  ba,  landerideto, 
L'amour  ba,  landerida  (bis), 

Èi  pausat  uo  sedeto, 

Enta  gaha  uo  lauseto. 

—  Que  boulètz  hè  de  la  lauseto  ? 

—  Que  lou  boi  tira  las  plumetos, 


DE   LA   GASCOGNE  405 


—  Je  VOUS  aurais  si  bien  brossée. 

Avec  une  brosse  dorée  (lis).  » 
Laissez-moi  passer,  je  ne  suis  pas  mariée. 
Laissez-moi  passer,  je  suis  à  marier  (i). 


(1)  Dicté  p.ir  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  364-65,  La  Gouyato  et  lou  mouliè  (Gascogne). 


CXXII 

l'apprenti  d'amour 

—  «  Là-bas,  à  la  rivière  (bis), 
L'amour  va,  landeridette, 
L'amour  va,  landerida  (bis), 

J'ai  posé  un  collet, 

Pour  prendre  une  alouette. 

—  Que  voulez-vous  faire  de  l'alouette  ? 

—  Je  veux  lui  tirer  les  plumes, 


406  POÉSIES   POPULAIRES 


Sengles  per  sengles,  a  l'oumbreto. 

—  Que  boulètz  hè  de  las  plumetos  ? 

—  Que  boi  escriue  uo  letreto. 

—  Que  bouletz  hè  de  la  letreto  ? 

—  La  boi  manda  a  ma  mestresso. 

—  L'amour  se  hè  pas  per  letreto  ; 
Qu'es  uo  causo  trop  secreto. 

Bau  millou  hè  jouguinadeto, 

Dus  a  dus,  per  débat  l'oumbreto  (bis).  » 
L'amour  ba,  landerideto, 
L'amour  ba,  landerida  (bis). 


DE   LA   GASCOGNE  407 

Une  par  une,  à  l'ombre. 

—  Que  voulez -vous  faire  de  ces  plumes  ? 

—  Je  veux  écrire  une  lettre. 

—  Que  voulez-vous  faire  de  la  lettre  ? 

—  Je  veux  l'envoyer  à  ma  maîtresse. 

—  L'amour  ne  se  fait  pas  par  lettre  ; 

C'est  une  chose  trop  secrète. 

Mieux  vaut  jouer, 

Deux  à  deux  à  l'ombre  (his).  » 
L'amour  va,  landeridette 
L'amour  va,  landerida  (i)  (Us). 

(i)  Dicté  par  Pauline  Lacaze,  de  Panassac  (Gers).  Cf.  Cénac- 
Moncaut,  390-92,  L'Aprcndis  d'amour  (Gascogne).  Voy.  supr., 
p.  190-201,  la  Chanson  de  danse  LVI,  Là-bas  dans  le  Vallon. 


AIR  N"  I 


^E 


,- ,  M  t,riMFF=i 


m 


;^J^ 


Lou  men  pai,  la  mio  mai,  Deri-di,  N'a  pas  que  jouhil- 


le-to.       M'embou-ion  a     la    ma,  De-ri-di,Pes-ca  las  an-gui- 


1  j  KMr-rrri  rrrr  M -rr-n  j^ 

■-^'i  «1'   PPC  ^-U-k'  k-  1^  J   -^,^g-HiL^.LJ^ 

letos  :  M'embonion  a  la     ma,  Deridi,  Pes-ca  las  an-gui -le-tos. 


4IO 


POÉSIES    POPULAIRES 


AIR  N"  2 


(Métr. 


.    •    =    lOO). 


^m^^¥&m3^i^=msi 


m 


A  Pa-ris,  i  a         u  -otorto,  Clues'enba  bar  -  Un  barlan 


^^3Eid^S^^^ 


A  Pa-ris,  i  a         u-o     tor-to,  Que  s'en  ba  bar  -  liu  barlan. 


^S 


;— 1nrl>i 


^^^ 


^^^ 


*»: 


S'en  ba  per  tou  -  tos  las  bo-tos,     Per  se  cer-ca     un  galant.  Soun 


1      al 1 1 — ^ 


cô  lou  bat,  gue  gue,       Soun     cô     lou  bat      gat-menl. 


DE   LA    GASCOGNE 


411 


AIR  N"  5 


fr* 


Mf^^:^f^^mm^^m 


Se  tounoun  la  peillo  d'un  moutoun,  Se  la  tounoun  a  l'oumbro 


5^=^ 


çsase 


^ 


-^ 


Q,uantrau-ountou-nu-do,         La  prau-bo  pe    —    lu-do. 


^§^ 


AIR  No  4 


Allegretto  (Métr.   J«   =    108). 


Hil  -  los  de  Billo   -     iia-uo,  Digo  doun  gueladoun 


^^^^EiM^É^^^^^a 


dè-no,         Hil    -  los  de  Billo     -     na-uo,  Digo  doun   gueladoun 


■(-^ 


^^^^^^ 


dè-no,  Mai-tin  lè-ua-dos  soun,  Digo  doun  gue  la  doundèno;  Mai 


412 


POÉSIES   POPULAIRES 


tin  lê-ua-dos    souu,  Digo  doun,  gue  la  doundoun;  Mai-tin lèuados 


—                                              1 

^ 1 

" 

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• 

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•    *v- 

^ 

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i- 

F 

7ZZ. 

t=J 

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soun,  Digo  doun  gue        la    doun-doun. 


Allegretto  (Métr 


AIR  N"  5 
■  J.   =   u< 


i6). 


^#^-ri;rrirTPgg^ 


Moussu  eu-  rèdou  Caste  -  ra,  Sai  jou  -ga  delà  guita- 


^ 


»   p    f»    P 


ra,   Moussu  eu  -  rè  dou  Caste  -  ra,  Sai  jou  -  ga  de  la  gui-ta- 


f  r  '  U-FrT"" 


fL|:rrirrrJMj-igs^ 


ra,  Pren  soun  fil  -  sil,  s'en  bacas  -  sa.    Sai  jou  -  ga  de  la  guita- 


DE   LA   GASCOGNE 


413 


i^^^^^^^^ 


^l::L^jj.|.i,-'j.|j^^ 


re-to,  Sai  jou    -  ga  de  la  gui-ta  -  ra.   Sai  jou  -  ga  de  la  guita- 


-.1  J'  i  ;  I  J  .^-^yfl^ 


re-to.    Sai  ion    -    ga  de  la  gui-ta    —  ra. 


^♦K 


AIR  N»  6 


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Sur  la  pla  -  no  de        Cou-lai-rat,  Sur    la     pla-no 
Fin 


1^ 


7V=^ 


? 


de  Cou-lai  -  rat,     Moun  Diu  i  a'n     pes  -  cal  -  re  tant  brà- 

•X- 


^ 


"  ' 


be  :  Moun  Diu  i  a'n   pes  -  cai    -    re  tant  brà     —     be. 


4U 


POÉSIES   POPULAIRES 


N"  7 

LA   CLAIRACOISE    (l) 

Rondeau 


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(l)  Rondeau  sans  paroles,  dont  l'air  est  surtout  populaire    à 
Clairac  (Lot-et-Garonne). 


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DE  LA  GASCOGNE 


415 


COURRENTOS  OU  FARANDOLES 


M»  8 


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N"  9 


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4i6 


POÉSIES   POPULAIRES 


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DE   LA   GASCOGNE 


417 


N°  1 1 


Ben  tnarcato 


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FIN    DU   TOME   TROISIÈME 


III 


27 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 
A    l'ensemble  du   présent  recueil 


Je  n'ai  pas  l'intention  de  corriger  ici  toutes  Us 
fautes,  et  moins  encore  de  combler  toutes  les  lacunes, 
que  l'on  pourra  signaler  dans  mes  Poésies  populaires 
de  la  Gascogne.  Mon  ambition  serait  satisfaite,  si  je 
tirais  parti  des  observations  que  des  juges  autorisés 
ont  bien  voulu  m'adresser,  soit  après  avoir  lu  le  pre- 
mier volume,  soit  api'ès  avoir  examiné  les  épreuves 
des  deux  autres,  qui  vont  paraître  simultanément. 
C'est  pourquoi,  je  donne  ici  les  remarques  concernant 
mes  deux  premiers  tomes.  Celles  qui  concernent  le 
dernier,  me  sont  arrivées  presque  toutes  à  temps,  pour 
pouvoir  être  utilisées  à  leurs  places  naturelles. 


420  ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


TOME  I 


Page  IV,  ligne  22.  «  Dans  ce  recueil,  chaque  poésie 
est  rapportée  constamment  au  fournisseur  responsable.  » 
On  s'étonnera  peut-être  du  nombre  relativement  restreint 
de  personnes  dont  j'invoque  le  témoignr.ge.  Certes,  j'en 
ai  interrogé  bien  davantage  ;  mais  je  n'ai  crii  devoir 
nommer  que  celles  dont  les  communications  méritaient 
la  préférence. 

Page  XI,  ligne  17.  «  Les  Cris  d'enterrement,  »  qui 
se  perdent  en  Gascogne,  sont  encore  usités  dans  le 
Vivarais.  Le  fait  m'est  attesté  par  un  littérateur  origi- 
naire de  ce  pays,  M.  Firmin  Boissin,  rédacteur  en  chef 
du  Messager  de  Toulouse. 

Page  xni,  ligne  15.  «  Le  repas  fini,  les  assistants 
s'agenouillent  et  prient  Dieu  pour  l'âme  du  mort.  » 
J'ai  oublié  de  dire  que  l'on  se  tourne,  pour  prier,  vers 
la  chambre  où   est  mort   celui  qu'on  vient   d'ensevelir. 

Page  2,  vers  3  et  6  :  au  lieu  de  «  leuat  »,  levé,  lire  ; 
«  lèuat.  » 

Pages  8  et  9,  Oraison  m,  Pater  blanc,  ajouter  aux  ré- 
férences  :  Mélusine,  308-9  (Charente). 

Pages  26-31,  Oraison  vin,  Prière  du  soir.  En  visant 
note  i,  p.  31,  la  Mélusine,  j'ai  eu  le  tort  d'attribuer  à 
la  Charente  une  pièce  qui  appartient  à  l'Amiénois. 


ADDITIONS    ET   CORRECTIONS  421 


Pages  44-47,  Oraison  xv,  La  Planchette.  On  nie 
communique,  au  dernier  moment,  cette  variante  age- 
naise. 

Enta  ana  au  cèu, 

I  a  uo  palanqueto, 
Qu'es  tant  estreteto 
Qu'un  peu  de  ma  testeto. 

Lou  qui  bien  fara,  » 

Bien  que  passera. 

Lou  qui  mau  fara, 

Que  trabuquera. 

Lou  Diable  se  l'empourtera. 

Pour  aller  au  ciel, 

II  y  a  une  planchette, 
Qui  est  aussi  étroite 
Qu'  un  cheveu  de  ma  tête. 
Celui  qui  bien  fera. 
Bien  passera. 

Celui  qui  mal  fera, 

Trébuchera. 

Le  Diable  l'emportera. 

Pages  72-79,  Oraison  xxi,  La  trahison  de  Judas,  p.  79, 
note  I.  Cf.  quelques  vers  de  la  pièce  insérée  dans  la 
Mélusine,  143  (Seine-et-Oise). 

Pages  98-101,   Oraison    xxx ,    La   Barbe-Dieu.    Aux 


422  ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 

références  indiquées  p.  loi ,  note  2,  ajouter  :  Revue 
des  langues  Romanes,  iv,  591. 

Pages  103 -II,  Oraison  xxxi,  Vie  de  sainte  Margue- 
rite, note  I  de  la  p.  iio.  Ajouter  :  Voy.  dans  les  Mémoi- 
res de  l'Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
de  Toulouse,  de  1875,  la  Vie  de  sainte  Marguerite,  en  vers 
romans,  publiée  par  le  Docteur  Noulet.  Il  en  a  été  fait 
un  tirage  à  part  de  31  pages. 

Pages  144-47,  Noël  vu,  N'es  bengtit  un  messatjè. 
L'abbé  Paul  Tallez  me  signale,  pour  l'Armagnac,  une 
addition  après  les  trois  premiers  vers  de  la  p.   146. 

Lous  anjous  ac  an  sabut. 
Touto  la  nèit  an  courrut. 
N'an  courrut  de  pès,  de  grapos, 
Pourta  llèits  e  mes  las  capos. 

Las  pastouros,    eu  arriba, 
S'auançauon  en  dansa. 
Jousèp  lous  digouc  :   «  Mainados, 
Cau  pas  hè  tant  de  gambados.  » 

Les  anges  l'ont  su. 

Joute  la  nuit  ils  ont  couru. 

Ils  ont  couru  debout,  à  quatre  pattes. 

Porter  des  lits  et  des  capes. 

Les  pastourelles,  en  arrivant, 
S'avançaient  en  dansant. 


ADDITIONS   ET  CORRECTIONS  423 


Joseph  leur  dit  :  «  Jeunes  filles, 

Il  ne  faut  pas  faire  tant  de  gamlades.   » 

Pages  148-55,  Noël  vin,  Aiièit  qu'es  nechut.  Variante 
des  vers  11  et  12  de  la  p.  152,  signalée  pour  l'Arma- 
gnac, par  l'abbé  Tallez. 

—  «  Qu'où  pourteras-tu,  Fclip  ? 

—  Uo  campicho,  uo  perdic.  » 

—  «  Que  lui  porteras-tu,   Philippe? 

—  Un  hoche-queue,  une  perdrix.  »  . 

Page  154.  Variante  des  deux  premiers  vers,  signalée 
pour  l'Armagnac,  par  l'abbé  Tallez  : 

Uo  molo  de  froumatge. 
Enta  amusa  lou  mainatge. 

Utie  meule  de  fromage, 
Pour  amuser  l'enfant. 

Pages  176-81,  Pièce  iv.  La  Bergère  muette.  A  la 
référence  indiquée  par  la  note  i  delà  p.  181,  ajouter  la 
suivante  :  Smith,  dans  le  n°  13  de  la  Romania, 
p.  1 10-12,  La  Bergère  muette  (Velay  et  Forez).  «  La  cir- 
constance de  la  lettre  (trouvée  dans  la  main  de  la  ber- 
gère morte  et  lue  par  le  pape ,  dans  la  complainte  de 
M.  Smith),  se  retrouve  dans  la  complainte  de  saint 
Alexis  (St-Alèche),  qu'on  chante  en  notre  pays  (Velay 


424  ADDITIONS    ET   CORRECTIONS 

et  Forez),  laquelle  complainte  semble  n'être  qu'un  ex- 
trait rythmé  de  la  légende  du  saint,  laissée  par  Jacques 
de  Voragine.  »  Voir  cette  complainte  dans  la  Romania, 
n"  15,  p.  442-44. 

Pages  182-85,  Pièce  v,  Marie-Madeleine.  Aux  réfé- 
rences indiquées  par  la  note  i  de  la  p.  185,  ajouter  les 
suivantes  :  Briz,  u,  99 ,  Santa  Madalena  (Catalogne)  ; 
Smith,  Romania,  n°'  15  et  16,  p.  439-40,  Chant  de  la 
pénitence  et  de  la  rechute  (Velay  et  Forez). 

Pages  i88-2o3,  Pièce  ^^I,  VA  eon.  Ce  mot  termine  le 
premier  vers  de  chaque  couplet,  coxnraz eleysonlt  second. 
J'ai  vainement  cherché  ce  que  pouvait  signifier  A  eon, 
que  j'ai  copié  tel  qu'il  est  écrit. 

Page  276,  Pièce  ix.  Pendent  la  benedictioitn  nouhiauo, 
note  I.  Boule,  voulait,  donné  comme  forme  langue- 
docienne, estplutôtattribuableà  l'Armagnac.  Néanmoins, 
on  la  trouve  dans  une  partie  du  Condomois  et  du 
Bruilhois,  démembrés  de  l'Agenais  primitif,  compris 
dans  le  domaine  du  dialecte  languedocien.  Même  obser- 
vation pour  troubèrè,  trouverai,  p.  98,  note  i  ;  aué,  avait, 
p,  148,  note  I,  etc. 

Pages  316-325,  La  Sérénade.  Cf.  Smith,  Un  mariage 
dans  le  Haiit-ForeT^,  dans  la  Romania,  rv,  n°  36,  p.  547- 
70.  L' épithalame  du  cordonnier  est  à  peu  près  le  même  par- 
tout, du  pays  Messin  à  la  vallée  d'Ossau.  Il  est  fort 
répandu  chez  les  Basques. 

N.  B.  —  Les  sept  airs  mis  à  la  fin  du  tome  I,  sont  empruntés 
au  recueil  de  P.  Lambert,  particulièrement  recommandable    sous 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS  42^ 


le  rapport  musical.  La  mesure  des  deux  premiers  airs  a  été  mo- 
difiée, en  changeant  en  deux  temps  ce  que  feu  M.  Lambertavait 
mis  en  cinq-quatre. 

Dans  le  catalogue  des  Recueils  imprimés  et  manuscrits  des  poésies 
populaires  pour  la  Gascogne  et  les  pays  limitrophes,  imprimé  à  la  fin 
du  tome  I,  j'ai  omis  de  signaler  Mazure,  Histoire  du  Béarn 
(i  vol.  in-8°,  Paris,  1859),  où  se  trouvent  quelques  pièces.  Je 
dois  indiquer  aussi  dans  la  Romania,  n"  9,  p.  88-102,  le  petit 
recueil  du  comte  de  Puymaigre,  Chants  populaires  de  la  Vallée 
d'Ossau  (Basses- Pyrénées).  M.  de  Puymaigre  mentionne  dans  son 
travail  une  collection  manuscrite  d'un  habitant  de  cette  vallée, 
le  botaniste  Gaston  Sacaze.  L'Histoire  des  races  maudites,  de 
M.  Francisque-Michel,  contient  aussi  des  chansons. 


TOME  II 

Page  vu  de  la  Préface.  «  Les  charivaris,  souvent 
compliqués  de  poursuites  en  simple  police...  »  Sous  l'an- 
cien régime,  nos  municipalités  gasconnes  ne  se  faisaient 
pas  faute  d'édicter  contre  les  auteurs  de  charivari  des 
pénalités  beaucoup  trop  sévères  pour  être  sérieusement 
appliquées.  Je  n'en  veux  d'autre  exemple  que  cet  extrait 
d'une  ordonnance  insérée  dans  un  livre  de  jurade  d'Agen, 
datant  de  la  seconde  moitié  du  xvi°  siècle,  et  conservé 
aux  Archives  municipales,  BB,  30.  Défense  de  faire  des 
assemblées  «  avec  son  de  taborin,  insolences  et  chalibari, 
soyt  por  le  premier,  second  et  troisième  mariage,  et  ce  à 
peine  de  dix  mil  livres  »,  ce  qui  équivaut  à  plus  de  cent 
mille  francs  de  notre  monnaie. 

Pages    10-13,  Romance  m,  Le  Dite  d'Épernon.   Dans 


426  ADDITIONS    ET   CORRECTIONS  • 

le  texte  gascon,  le  mot  «  agullo  »,  aiguille,  qui  revient 
plusieurs  fois,  devrait  être  écrit  «  aguillo  »,  pour  mar- 
quer que  les  deux  //  sont  mouillées. 

Pages  44-49 ,  Romance  xi,  Cribete.  A  la  référence 
indiquée  page  49,  ajouter  :  Milà  y  Fontanals,  La  hija 
(tel  Mallorquin  (Catalogne);  Damase  Arbaud,  n,  73-78, 
Fluranço  (Provence). 

Pages  72-75,  Romance  xvui,  Pierre  s'en  va  à  l'armée. 
Aux  références  indiquées  p.  75,  ajouter  :  Damase  Ar- 
baud, i,  117-19,  P/erroi  (Provence) ;  Combes,  139  (Pays 
Castrais)  ;  Milà  y  Fontanals,  155,  La  Muerte  de  la  Novia 
(Catalogne)  ;  Briz,  i,  135,  La  mort  de  la  Nuvia  (Cata- 
logne); Smith,  Rom  a  nia ,  n°  25,  p.  83-84,  Pierre  de 
Grenoble  (Velay  et  Forez). 

Page  96,  vers  9.  Au  lieu  de  «  compagno  »,  lire 
«  campagno  »,  campagne. 

Page  114-17,  Romance  xxi.  Le  Pâtre.  Aux  références 
indiquées  p.  117,  ajouter  :  E.  Buclion,  91,  En  reve- 
nant de  la  foire  (Franche-Comté). 

Pages  116-21,  Romance  xxxu,  Les  Finesses  de  Marion. 
Aux  références  indiquées  p.  120,  note  i,  et  p.  121, 
note  I,  ajouter  :  Damase  Arbaud,  11,  152,  Loti  Jalons 
(Provence)  ;  Daymard,  Bulletin  de  la  Société  des  Etudes 
du  Lot  de  1874,  2=  fascicule  (Haut-Q.uercy)  ;  Puymaigre, 
Romania,  n''  36,  p.  397,  a  trouvé  dans  laVallée  d'Ossau, 
le  même  chant  en  Béarnais  ;  Ferraro,  Canti  Montcferrini, 
93,    Il   marito  geloso;   Briz,  11,  69,  La  trapassera  (Cata- 


ADDITIONS   I£T    CORRECTIONS  427 


logne)  ;  Smith,  Romania,  n°  36,  p.  566-67,  Oh,  dis-moi, 
Marion  (Velay  et  Forez)  ;  Le  Chroniqusur  du  Limousin 
(Périgueux,  1853,  p.  103);  Pouvillon,  Nouvelles  réalistes 
(Bas-Quercy),  Paris,  1878;  Ampère,  Littérature  et 
Voyages,  1,485,  a  traduit  un  chant  danois  parallèle. 

Pages  142-47,  Romance  xxxvin ,  La  Damnée.  Aux 
références  indiquées  p.  147,  ajouter  :  Luzel,  Gwerxiou, 
I,  45,  Celui  qui  alla  voir  sa  maîtresse  en  enfer  (Basse- 
Bretagne);  Smith,  Remania,  n°^  15  et  16,  p.  449-50,  La 
Concubine  (Velay  et  Forez). 

Page  160,  vers  6.  Au  lieu  de  «  d'autes  »,  lire 
«  d'aute  »,  d'autre.  A  la  page  suivante,  vers  6  de  la  tra- 
duction française,  lire  «  d'autre  »,  au  lieu  de  «  d'autres  ». 

Page  186,  vers  12.  Au  lieu  de  «  basto  »,  lire  «  bosto  », 
votre. 

Pages  190-93,  Chanson  d'amour  xi.  Petite  Marguerite. 
Aux  références  indiquées,  p.  195,  ajouter  :  Damase 
Arbaud,  n,  111-14,  Fa/f/Jinic/o  (Provence)  ;  Bujeaud,  n, 
188,  L'amour  de  mon  berger  (Bas-Poitou);  Beaurepaire, 
p.  61,  a  donné  La  Couronne  et  Fleur  des  Chansons,  d'a- 
près le  livre  imprimé  à  Venise  en  1536,  pour  Antonio 
del  Abate  ;  Laprade,  Pernette,  note  28  et  suiv.  ;  Am- 
père (Lyonnais  et  Auvergne)  ;  Smith,  Romania,  n"  25, 
p.  81-82 ,  Pernette  (Velay  et  Forez). 

Pages  196-201,  Chanson  d'amour  xin,  Les  reparties  de 
Marion.  A  la  référence  indiquée  p.  201,  ajouter  : 
Francisque-Michel,  Le  Pays  Basque,  313  ;  Caselli,  Chants 


428  ADDITIONS   ET    CORRECTIONS 

populaires  de  l'Italie,  199  (Piémont);  Ferraro,  Canti 
Monteferrini,  84;  Smith,  Romania,  n°  25,  p.  54-55, 
L'Amant  au  laurier  (Velay  et  Forez). 

Pages  272-281,  Chant  spécial  i,  La  Giùllonè.  Outre  les 
références  indiquées  p.  281,  consulter  sur  cet  usage  : 
Dictionnaire  des  Proveries  français,  article  Gilaneu  ;  Le  Bi- 
bliophile de  l'Ouest  de  la  France,  juillet  1880,  p.  1-4. 

Pages  302-3,  Chanson  pour  les  petits  enfants  i,  Les 
cloches  de  Condom.  M.  Recours,  notaire  àAgen,  me  com- 
munique, au  dernier  moment,  une  chanson  analogue 
recueillie  à  Barran,  canton  d'Auch  (Gers),  par  l'abbé 
Loumagne,  curé  de  cette  paroisse. 

Tin  tan, 

La  campano  de  Barran. 

Qui  la  souno? 

La  Marmouno. 

Couic  !  couac  ! 

La  campano  dou  limac. 

Tin  tan, 

La  cloche  de  Barran. 

Qui  la  sonne  ? 

La  Mormone. 

Couic  !  couac  ! 

La  cloche  de  l'escargot. 

Pour  comprendre  le  dernier  vers,  il  faut  savoir  que 
la  flèche  du  clocher  de  Barran  est  en  spirale. 


ADDITIONS    ET   CORRECTIONS  429 

Pages  348-49,  Récitatif  m,  Contre  le  hoqiiet.  Cf.  Revue 

des  langues  Romanes,  iv,  386. 

N.  B.  —  Tous  les  airs  du  tome  II,  sauf  ceux  qui  portent  les 
numéros,  2,  3,  4,  7  et  9,  ont  étc  recueillis  et  notés  par  feu 
P.  Lambert. 

TOME    III 

Page  64,  vers  3.  Au  lieu  de  «  beut  »,  lire  :  «  beuut.  « 

Page  130,  V.  2.  Au  lieu  de  «  lieutenant  »,  lire 
«  liutenant  ». 

Page  189,  V.  I,  Au  lieu  de  «  fillette  »,  lire  «  fil- 
lettes ». 

Page  264,  V.  3.  Au  lieu  de  «  campagne  »,  lire 
«  campagne  ». 

Page  288,  V.  5.  Au  lieu  de  «  cambiatz  bous,  »  lire 
«  cambiatz-bous  ». 

Page  304,  V.  II.  Au  lieu  de  «  hujès  »,  lire 
«  huges  ». 

Pages  402-5.  Chanson  de  danse  cxxi,  La  jeune  fille 
et  le  meunier.  Cf.  une  variante  recueillie  dans  le  Pays 
d'Albret,  et  imprimée  dans  La  Légende  du  jeune  Henri 
de  Navarre  (Paris,  1878),  p.  54-58. 

N.  B.  Sauf  les  rondeaux  n°s  4  et  5,  et  la  farandole  n"  9,  tous 
les  airs  de  ce  recueil  sont  empruntés  au  recueil  de  P.  Lambert. 


RENSEIGNEMENTS   COMPLÉMENTAIRES 


A  la  liste  des  Recueils  imprimés  et  manuscrits  de  Poésies  popu- 
laires pour  la  Gascogne  et  les  pays  limitrophes,  imprimée  dans  le 
t.  I,  p.  355-57,  ajouter  les  ouvrages  ci-après  : 

Métivier  (vicomte  de).  De  V Agriculture  et  du  défrichement  du 
département  des  Landes.  In-8°.  Bordeaux,  1837.  On  y  trouve 
quelques  renseignements  sur  les  traditions  populaires  des  Landes. 

pRANCisaUE-MicHEL.  Histoire  des  races  maudites  de  France  et 
d'Espagne.  2  vol.  in-8°.  Paris,  1847.  Cet  ouvrage  contient  des 
poésies  populaires,  en  sous-dialecte  béarnais,  contre  les  Cagots, 
classe  fort  méprisée  en  Gascogne ,  sous  l'ancien  régime.  Ces 
vieilles  répugnances  ne  sont  pas  complètement  éteintes. 

Arnaudin  (Félix).  Cet  honorable  habitant  de  Labouheyrs 
(Landes),  a  présenté  récemment  au  Congrès  scientifique  de  Dax, 
deux  recueils  d'essai  encore  manuscrits,  mais  qui  ne  tarderont 
pas  à  paraître.  Le  premier  a  pour  titre  Chants  populaires  de  la. 
Grande-Lande,  texte  grand-landais,  traduction  française  et  musique. 
11  contient  trente-cinq  pièces,  qui  sont  presque  toutes  des  chansons 
de  danse  (rondes).  Le  second  recueil  comprend  dix  Contes  popu- 
laires, texte  grand-landais  et  traduction  française.  M.  Félix  Ar- 
naudin, de  qui  je  tiens  ces  renseignements,  m'annonce  qu'en 
cas  de  succès,  il  donnera  le  résultat  intégral  de  ses  recherches 
sur  les  traditions  poétiques  et  prosaïques  de  son  domaine.  Je 
n'ai  pas  lu  les  manuscrits  de  M.  Arnaudin  ;  mais  je  lui  souhaite 
bonne  chance. 


TABLE 


PnÉFACE      I 

CHANSONS    DE    DANSE 

I.  Sur  la  montagne   J 

II.  Tout  homme  qui  a  bon  voisin II 

m.   Quand  Marion  va  au  moulin 15 

IV.  La  Femme  à  vendre 21 

V.  A  notre  pommier 25 

VI.  Les  Filles  de  Saint-Gaudens 27 

VII.  Jean  de  La  Réole 33 

VIII.  Dans  la  prairie  3S 

IX.  A  Grenade   39 

X.  De  bon  matin    41 

XI.  L'amour  et  le  souci 43 

XII.  La  Fille  du  voisin 47 

XIII.  Le  Roi  d'Angleterre S  r 

XIV.  Mon  père,  ma  mère   5  J 


432 


TABLE 


XV.  Le  Coucou  

XVL  Le  Sonneur  de  cloches 

XVn.  Les  Filandières 

XVin.  Les  Impatiences 

XIX.  Les  Jeunes  filles  du  Pergain 

XX.  Les  mauvais  mariages 

XXI.  La  Vieille   

XXII.  La  Vieille  de  Monbran 

XXIII.  La  Dame  de  Fleurance 

XXIV.  Le  pauvre  homme  marié   

XXV.  La  Boiteuse 

XXVI.  Les  Foires  d'Agen   

XXVII.  La  Chardonnerette  et  le  Pinson  . . . . 

XXVIII.  Trop  je  suis  mariée   

XXIX.  Le  Moine  

XXX.  Tire,  marinier,  tire 

XXXI.  Mon  père  me  marie  

XXXII.  Dans  la  ville  de  Crastes 

XXXIII.  En  revenant  de  la  fête  patronale  .  .  .  . 

X.XXIV.   La  Chèvre  blanche   

XXXV.  La  Chèvre 

XXXVI.   Jeannette    

XXXVII.  Ces  Montagnes 

XXXVIII.  Mon  père  me  marie 

XXXIX.   Petite  oiselette 

XL.   Nous    irons  au  pré   

XLI.  Le  Chercheur  de  femmes 

XLIl.  La  Femme  coquette   

XLIII.  Ils  tondirent  la  toison  d'un  mouton 
XLIV.  Le  fer  d'âne 


57 
6i 

63 
«7 
71 
75 
79 
85 
89 

95 
99 

lOI 

105 
109 
113 
"5 
117 
121 

125 
129 

133 
135 
139 
141 
141 
145 
147 
151 
15  5 
157 


TABLE  433 


XLV.  L'Ane  et  la  Servante 159 

XLVL  Jean  de  Nivelle   167 

XLVIL  A  cette  danse    171 

XLVIIL  Au  bout  de  la  danse  I7Î 

XLIX.  Le  Troupeau    175 

L.  Le  Mariage  de  Catinon  177 

LL  A  Monbran   iSi 

LIL  Le  Pâtre  complaisant 185 

Lin.  Quand  j'éuis  jeune  pastourelle 189 

LIV.  Notre  Mariée  19} 

LV.  La  Gardeuse  de  brebis 19S 

LVL   Là-bas,   dans  le  vallon  199 

LVIL  La  Pastourelle  coquette 201 

LVIIL  La  petite  boiteuse  205 

LIX.  Si  j'avais  ici 207 

LX.  Le  petit  marchand   m 

LXL  L'Oiseau   blessé  21} 

LXIL  L'autre  jour  21$ 

LXIIL  Les  Filles  à  la  fontaine   2x7 

LXIV.  La  Fête  patronale  au  Castéra 223 

LXV.  Les  Ennuis  de  Marion   225 

LXVL  Du  temps  que  j'étais  enfant  231 

LXVn.  Je  me  suis  mise  en  danse   23S 

LXVin.  Le  Marché  à  Estang    239 

LXIX.  Le  Meunier  préféré   241 

LXX.  Petite  brunette   24$ 

LXXL  Le  Curé  du  Castéra    247 

LXXIL  L'autre  jour 251 

LXXIIL  Jeanne 253 

LXXIV.  Filles  de  La  Rochelle 257 

m  28 


434  TABLE 


LXXV.  La  Fille  enjouée    261 

LXXVL  Qjiand  mon  père 26  5 

LXXVIL  Le  Maréchal  du  village 265 

LXXVIIL  Le  Goinfre 267 

LXXIX.  Bâte   l'ânesse   269 

LXXX.  La  Fuite 273 

LXXXL  La  Veuve   277 

LXXXIL  Les  Femmes  de  Mirande 279 

LXXXin.  Le  Gros  de  Prouciiielle   283 

LXXXIV.  Le  Gapitaine  de  Gasteljaloux   287 

LXXXV.  Le  Noce  de  la  puce 291 

LXXXVL  L'autre  jour,   je  m'en  allai  295 

LXXXVn.  Le  Pâtre  valet  299 

LXXXVIII.  La  Menace 303 

LXXXIX.  D'où  venez-vous  ?   307 

XG.  La  Noce  de  Simon 309 

XCL  Mon  père  m'a  mariée    313 

XCIL  Le  Forgeron  de  Saint-SauN-y 317 

XCIIL  Les  trois  jeunes  filles   321 

XGIV.  Veux-tu  te  marier,  Rosette?   323 

XGV.  L'épine  au  pied   3^7 

XCVL  L'Amoureux 331 

XGVIL  Ramonet  se  marie   333 

XCVIII.  Je  m'en  allais  promener 337 

XCIX.  Le  Valet  d'hôtellerie 339 

G.  Romain   34i 

CL  Les  trois  moulins 345 

GII.  On  sciera    347 

CIIL   Si  jamais  je  me  marie Î49 

CIV.  Ils  ne  vont  pas  à  la  guerre 351 


TABLE  43 S 


CV.  U-bas 355 

CVI.  Mon  père  me  marie 359 

CVII.  La  Servante  et  le  Bouvier 361 

CVm.  Le  Fils  du  roi  de  France    365 

CIX.  Les  deux  pâtres 3^9 

ex.  La  Nonne  malade  375 

CXL  Au  pré  de  Rose  375 

CXIL  De  bon  matin  me  suis  levée   377 

CXIIL  Adieux  à  Lectoure  381 

CXIV.  J'ai  mon  homme  qui  a  les  fièvres 383 

CXV.  Jeaimeton,  allons 387 

CXVL  A  Clairac,  il  y  a  un  meunier 389 

CXVIL  Landeridi    393 

CXVin.  Sur  la  mer 395 

CXIX.  Sur  la  plaine  de  Colayrac 399 

CXX.  Mon  père 401 

CXXI.  La   jeune  fille  et  le  meunier 403 

CXXIL  L'apprenti   d'amour  405 

MusiauE 409 

Additions  et  Corrections 419 


Achevé    d'imprimer    h    24    juin    1S82 

par  E.  Cagniard  imprimeur  à  Rouen 

pour  Maisonneuve  &  C'' 

libraires-éditeurs 

à  Paris 


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0U\TIAGES  DU  MÊME  AUTEUR 


HISTOIRE   ET   GÉOGRAPHIE    HISTORIQ.UE 

Pierre  de  Lobanner  et  les  auATRE  chartes  de  Mont-de-Marsak. 

I  vol.  gr.  in-8°.  Paris,  Dumoulin,  1861. 
Études   sur    l'origine    des    Basques,    i    vol.   gr.    in-8°.    Paris, 

Vieweg,  1869. 
Études   oÉOGRAPHiauES    sur  la   Vallée  d'Andorre,   i  vol.  gr. 

in-S".  Paris,  Baër,   1874. 
Les  Exécuteurs  des  arrêts    criminels  d'Agen.    Br.  gr.    in-8°. 

Agen,  Lamy,  1877. 
Géographie  juive,  albigeoise  et  calviniste  de  la  Gascogne.  Br. 

gr.  in-S".  Bordeaux,  Lefebvre,  1878. 
Notice  sur  la  vicomte  de  Bézaume,  le  comté  de  Benauges,  etc. 

Br.  gr.  in-8°.  Bordeaux,  Lefebvre,  1877. 
Révolutions  andorranes.  Br.  gr.  in-S".  Agen,  Lamy,  1878. 

LITTÉRATURE   POPULAIRE 

Dissertation  sur  les  chants  héroïqjjes  des  Basques.  Br.  gr. 
in-8°.  Paris,  Franck,  i8é6. 

Contes  et  Proverbes  populaires  recueillis  en  Armagnac,  i  vol. 
gr.  iu-8°.  Paris,  Franck,  1867. 

Contes  populaires  recueillis  en  Agenais.  Traduction  française 
et  texte  agenais.  i  vol.  gr.  in-8°.  Paris,  Baër,   1874. 

Trois  Contes  populaires  recueillis  à  Lectoure.  Br.  gr.  in-8". 
Bordeaux,  Lefebwe,  1877. 

Poésies  populaires  en  langue  française  recueillies  dans  l'Ar- 
magnac et  r.\genais.  i  vol.  gr.  in-8°.  Paris,  Champion,  1879. 

Proverbes  et  Devinettes  populaires  recueillis  dans  l'Armagnac 
et  l'Agenais.  Texte  gascon  et  traduction  française,  i  vol. 
gr.  iu-8°.  Paris,  Champion,  1880. 

Trois  nouveaux  Contes  populaires  recueillis  à  Lectoure.  Br. 
gr.  in-8°.  Agen,  imprimerie  V=  Lamy,  1880. 

Seize  superstitions  populaires  de  la  Gascogne.  Br.  gr.  in-8°. 
Agen,  imprimerie  V'  Lamy,   1881. 

Deux  Contes  populaires  de  la  Gascogne.  Br.  gr.  in-S».  Agen, 
\^  Lamy,  i88i. 

Poésies  populaires  delà  Gascogne.  3  vol.  in-12.  Paris,  Maison- 
neuve,  1881-82. 


LES  LITTÉRATURES  POPULAIRES 

DE  TOinrES    LES  KATIOMS 


Charmants  volumes  petit  in-8  écu,  imprimés  avec  grand  soin 
sur  papier  vergé  des  Vosges  à  la  cuve,  fabriqué  spécialement 
pour  cette  collection  ;  fleurons,  lettres  ornées,  titres  rouge  et 
noir  ;  tirage  à  petit  nombre. 

Volumes  publiés  : 

Vol.  I.  Sébillot  (P.).  Littérature  orale  de  la  Haute- Bretagne, 
I  vol  de  XII  et  404  pp.,  avec  musique 7  fr.  50 

Vol.  II-III.  LuzEL  (F.  M.).  Légendes  chrétiennes  de  la  Basse-Bre- 
tagne, 2  vol.  de  XI,  363  et  379  pages 15  fr. 

Vol.  IV.  Maspero(G.).  Les  Contes  populaires  de  l'Egypte  ancienne, 
I  vol.  de  Lxxx  et  225  pages 7  fr.  50 

Vol.V-VII.  Bladé  (J.  F.).  Poésies  populaires  de  la  Gascogne;  texte 
gascon  et  traduction  française  en  regard,  avec  musique  notée, 
3  vol 22  fr.  50 

Vol.  VIII.  Lancereau  (É.).  L'Hilopadésa  traduit  du  sanscrit, 
I  vol 7  fr.  50 

Vol.  IX-X.  Sébillot  (Paul).  Traditions  et  Superstitions  populaires 
de  la  Haute- Bretagne,  2  vol 15  fr. 

En  préparation  : 

Luzel(F.  m..).  Contes  mythologiques  des  Bas-Bretons,  3  vol. 
Sébillot  (P.).  Gargantua  dans  les  traditions  populaires,  i  vol. 
Bladé  (J.  P.).  Contes  populaires  de  la  Gascogne,  3  vol. 
Consiglieri-Pedroso.  Contes  populaires  portugais,  2  vol. 
ViNSON  (J.).  Littérature  orale  du  pays  basque,  i  vol. 
Rolland  (E.).  Rimes  et  jeux  de  l'enfance,  1  vol. 
Le  Héricher.  Littérature  orale  de  la  Normandie,  1  vol. 


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