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Full text of "Les origines de l'alchimie"

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PES ORIGINES 


DE L'ALCHIMIE 


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PAR 


M. BERMRELOT 


MEMBRE DE L'INSTITUT 


Unité de la matière. 


PARIS 
AGEORGES STEINHEIL, ÉDITEUR 
2) RUE CASIMIR DELAVIGNE, 2 


1885 


LES ORIGINES 


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TYPOGRAPHIE 


EDMOND MONNOYER 


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LE MANS (SARTHE) 


Digitized by the Internet Archive 
.in 2010 with funding from 
Research Library, The Getty Research Institute 


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http://www.archive.org/details/lesoriginesdela00bert 


PESPORIGINES 


DE L'ALCHIMIE 


MOMIE EL ΟἹ 


MEMBRE DE L'INSTITUT 


Unité de la matière, 


PARIS 
GEORGES SREINHEIL, ÉDITEUR 
2, RUE CASIMIR DELAVIGNE, 2 


( 
1885 


PTT NE Re Æ 


PRÉFACE 


E monde est aujourd’hui sans mystère : 
la conception rationnelle prétend tout 


éclairer et tout comprendre; elle s’ef- 


force de donner de toutes choses une explication 
positive et logique, et elle étend son déterminisme 
fatal jusqu’au monde moral. Je ne sais si les déduc- 
tions impératives de la raison scientifique réali- 
seront un jour cette prescience divine, qui a soulevé 
autrefois tant de discussions et que l’on n’a jamais 


a 


VI LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


réussi à concilier avec le sentiment non moins impé- 
ratif de la liberté humaine. En tout cas l'univers 
matériel entier est revendiqué par la science, et 
personne n'ose plus résister en face à cette revendica- 
tion. La notion du miracle et du surnaturel s’est 
évanouie comme un vain mirage, un préjugé su- 
ranné. 

Il n’en a pas toujours été ainsi; cette conception 
purement rationnelle n’est apparue qu’au temps des 
Grecs; elle ne s’est généralisée que chez les peuples 
européens, et seulement depuis le xvin siècle. Même 
de nos jours, bien des esprits éclairés demeurent en- 
gagés dans les liens du spiritisme et du magnétisme 
animal. 

Aux débuts de la civilisation. toute connaissance 
affectait une forme religieuse et mystique. Toute 
action était attribuée aux dieux, identifiés avec 165 
astres, avec les grands phénomènes célestes et terres- 
tres, avec toutes les forces naturelles. Nul alors n'eut 
osé accomplir une œuvre politique, militaire, médi- 
cale, industrielle, sans recourir à la formule sacrée, 
destinée à concilier la bonne volonté des puissances 
mystérieuses qui gouvernaient l'univers. Les opéra- 
tions réfléchies et rationnelles ne venaient qu’ensuite, 
toujours étroitement subordonnées. 

Cependant ceux qui accomplissaient l’œuvre elle- 


même ne tardèrent pas à s’apercevoir que celle-ci se 


PRÉFACE VII 


réalisait surtout par le travail efficace de la raison 
et de l’activité humaines. La raison introduisit à son 
tour, pour ainsi dire subrepticement, ses règles précises 
dans les recettes d’exécution pratique ; en attendant le 
jour où elle arriverait à tout dominer. De là une période 
nouvelle, demi-rationaliste et demi-mystique, qui a pré- 
cédé la naissance de la science pure. Alors fleurirent 
les sciences intermédiaires, s’il est permis de parler 
ainsi : l’astrologie, l’alchimie, la vieille médecine des 
vertus des pierres et des talismans, sciences qui nous 
semblent aujourd’hui chimériques et charlatanesques. 
Leur apparition a marqué cependant un progrès im- 
mense à un certain jour et fait époque dans l’his- 
toire de l’esprit humain. Elles ont été une transition 
nécessaire entre l’ancien état des esprits, livrés à la 
magie et aux pratiques théurgiques, et l’esprit actuel, 
absolument positif, mais qui, même de nos jours, 
semble trop dur pour beaucoup de nos contempo- 
rains. | 
L'évolution qui s’est faite à cet égard, depuis les 
Orientaux jusqu'aux Grecs et jusqu’à nous, n’a pas été 
uniforme et parallèle dans tous les ordres. Si la 
science pure s’est dégagée bien vite dans les mathé- 
matiques, son règne a été plus retardé dans l’astrono- 
mie, où l'astrologie a subsisté parallèlement jusqu'aux 
temps modernes. Le progrès a été surtout plus lent 


en chimie, où l’alchimie, science mixte, a conservé 


VIII LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ses espérances merveilleuses jusqu’à la fin du siècle 
dernier. 

L'étude de ces sciences équivoques, intermédiaires 
entre la connaissance positive des choses et leur 
interprétation mystique, offre une grande importance 
pour le philosophe. Elle intéresse également les sa- 
vants désireux de comprendre l'origine et la filiation 
des idées et des mots qu’ils manient continuellement. 
Les artistes, qui cherchent à reproduire les œuvres de 
l'antiquité, les industriels, qui appliquent à la culture 
matérielle les principes théoriques, veulent aussi savoir 
quelles étaient les pratiques des anciens, par quels pro- 
cédés ont été fabriqués ces métaux, ces étofles, ces 
produits souvent admirables qu'ils nous ont laissés. 
L'étroite connexion qui existe entre la puissance intel- 
lectuelle et la puissance matérielle de l’homme se re- 
trouve partout dans l'histoire : c'est le sentiment se- 
cret de cette connexion qui fait comprendre les rêves 
d'autrefois sur la toute-puissance de la science. Nous 
aussi nous croyons à cette toute-puissance, quoique 
nous l’atteignions par d’autres méthodes. 

Telles sont les vues qui m'ont amené à m'occuper des 
Origines de l’Alchimie, à chercher à faire revivre cette 
doctrine perdue, à retracer l’histoire de ses adeptes, 
de ses laboratoires et de ses idées. Je me suis cru 
appelé à cette étude. En effet, les débuts de la science 


que je cultive depuis tant d'années m'ont souvent pré- 


PRÉFACE IX 


occupé; mais les renseignements brefs et incomplets 
donnés à cet égard dans les histoires de la chimie 
étaient plutôt de nature à piquer la curiosité qu'à la 
satisfaire. Ces origines ont quelque chose de bizarre. 
La chimie, la plus positive peut être des sciences, celle 
dont nous maïîtrisons le plus directement l’objet, dé- 
bute par des imaginations extravagantes sur l’art de 
faire de l'or et de transmuter les métaux; ses premiers 
adeptes sont des hallucinés, des fous et des charlatans, 
et cet état de choses dure jusqu’au xvi° siècle, mo- 
ment où la vraie doctrine remplace l'antique alchimie. 
Aussi les chimistes sérieux ont-ils hâte en général de 
se détourner de celle-ci; ce qui explique l'abandon 
dans lequel son histoire est tombée. C’est un fait bien 
connu de tous ceux qui ont enseigné, à savoir que les 
spécialistes étudient surtout une science en vue de ses 
applications : la plupart ne se tourmentent guère de son 
passé. L'Histoire des sciences attire surtout les phi- 
losophes et les gens curieux de la marche générale de 
l’esprit humain. Mais, si les spécialistes n'aiment ni les 
récits historiques ni les abstractions, par contre les 
philosophes sont arrêtés en chimie par le caractère 
technique du langage et le tour particulier des idées. 
Ils ont besoin d’être initiés par quelque personne 
compétente; nécessité plus grande s’il se peut que 
partout ailleurs dans une science qui a changé de 


fond en comble, il y a cent ans, le système général de 


Χ LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ses idées. Or, tel est le rôle que je me propose de 
remplir. 

Je demande la permission d’entrer dans quelques 
détails sur la composition de cet ouvrage; ne fut-ce que 
pour marquer au Public mon respect, en lui disant 
quelles sont mes références et mes autorités. 

Depuis bien des années, je réunissais des notes sur 
l'histoire de la chimie, lorsque le voyage que je fis en 
Orient en 1869, à l’occasion de l'inauguration du canal 
de Suez, la visite des ruines des villes et des temples 
de l’ancienne Egypte, depuis Alexandrie jusqu’à Thèbes 
et Philæ, l'aspect enfin des débris de cette civilisation 
qui a duré si longtemps et s’est avancée si loin dans 
ses industries, reportèrent mon esprit vers les con- 
naissances de chimie pratique que celles-ci supposent 
nécessairement. 

Les alchimistes prétendaient précisément faire 
remonter leur science à l'Egypte. C'était la doctrine 
sacrée, révélée par Hermès à ses prêtres. Mais où 
retrouver les traces positives de cet ordre de con- 
naissances ? Mariette, que j'entretins souvent à ce 
sujet, ne put rien m'apprendre. Un mémoire de 
Lepsius, sur les métaux Egyptiens, traduit en 1877 
pour la Bibliothèque des Hautes Etudes, me fournit 
cependant de premières ouvertures. En le comparant 
avec ce que je savais déjà des premiers alchimistes, 


par l'Encyclopédie méthodique et par les histoires de 


PRÉFACE ΧΙ 


Kopp et de Hoœæfer, je commençai à comprendre la 
suite des idées qui avaient guidé les premiers essais 
de transmutation et je pensai à m'en expliquer par 
écrit. Madame Adam, avec ce zèle aimable des choses 
de l'esprit et cette vive curiosité qui la distinguent, 
m'encouragea dans cette intention, et elle me pressa 
d'y donner suite dans la Revue nouvelle. Je le promis 
volontiers. Mais j'étais alors occupé de deux grands 
ouvrages : l’Essai de Mécanique chimique et le traité 
sur la Force des matières explosives. Leur publica- 
tion, terminée en 1883, me permit de revenir à mon 
projet d'étude sur l’alchimie. En le rédigeant, je vis 
la nécessité de prendre connaissance des Manuscrits 
grecs, inédits jusqu’à présent, qui renferment les plus 
anciens documents connus sur cette question. J’allai 
les consulter à la Bibliothèque nationale, et M. Omont 
voulut bien m'aider aux débuts de mon examen. Le 
sujet prit alors une extension inattendue : ce que je 
pus déchiffrer me découvrit une région nouvelle et à 
peu près inexplorée de l’histoire des idées; ce fut 
une véritable résurrection. En effet les premiers al- 
chimistes étaient associés aux cultes et aux doctrines 
mystiques qui ont présidé à la fondation du christia- 
nisme; ils participaient aux opinions et aux préjugés 
de cette curieuse époque. J’entrepris de pénétrer leur 
doctrine, jusqu'ici si énigmatique. La Bibliothèque 


nationale de Paris voulut bien me confier ses pré- 


XII LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


cieux manuscrits; je surmontai les difficultés du dé- 
chiffrement et celles plus grandes encore, qui résul- 
taient de ma connaissance un peu lointaine de Ja 
langue grecque, à l’étude de laquelle j'avais renoncé 
depuis quarante années. Elle se retrouva cependant 
dans ma mémoire, plus fraîche que je n’osais l’espé- 
rer. J’exposai mes premiers résultats dans deux ar- 
ticles publiés par la Nouvelle Revue, au commence- 
ment de l’année 1884; articles que les nombreux 
lecteurs de cette Revue ont bien voulu accueillir avec 
une faveur, dont j'ai conservé les sympathiques té- 
moignages. 

Mais ce n'était là qu'une entrée en matière. Depuis 
lors je n’ai cessé d’approfondir l'étude des manus- 
crits et de rechercher tous les textes des auteurs an- 
ciens se rapportant à la chimie, textes plus nombreux 
et plus explicites qu'on ne le croit communément. J'y 
ai récolté une multitude de renseignements, qui ont 
donné à mon œuvre plus de précision et de soli- 
dité. 

C'est ainsi que mon premier travail s’est trans- 
formé en un livre, composé de première main et 
d’après des documents en grande partie inédits. 

Les Papyrus grecs que nous a légués l’ancienne 
Égypte, et qui sont conservés dans les Musées de 
Leide, de Berlin et du Louvre, à Paris, m'ont procuré 


pour cet objet les plus précieux renseignements. Ils 


PRÉFACE XIII 


confirment pleinement les résultats fournis par l’étude 
des Manuscrits des Bibliothèques, auxquels je me 
suis particulièrement attaché. 

Non seulement j’ai fait une analyse complète des prin- 
cipaux Manuscrits parisiens ; mais j'ai pu, grâce à l'esprit 
libéral du gouvernement italien, comparer les textes 
que nous possédons avec ceux d’un Manuscrit de saint 
Marc à Venise, legs de Bessarion, le plus beau et le 
plus vieux de tous; car les paléographes déclarent qu’il 
remonte à la fin du x° siècle, ou au commencement 
du xi° siècle de notre ère. Les ouvrages qu’il ren- 
ferme sont d’ailleurs les mêmes que les nôtres. 1,65 
Manuscrits de Venise, aussi bien que ceux de Paris, 
sont formés par des traités dont les copies existent 
aussi dans les principales Bibliothèques d'Europe. 
Ces traités constituent une véritable collection, d’un 
caractère semblable dans les divers Manuscrits. J’ai 
traduit un grand nombre de fragments de ces traités; 
traduction difficile à cause de l’obscurité des textes et 
des fautes mêmes des copistes : je réclame à cet 
égard toute l’indulgence du lecteur. Parmi ces traduc- 
tions, J'appellerai particulièrement l’attention sur les 
passages où Stéphanus expose la théorie de la ma- 
tière première et du mercure des philosophes et sur 
un morceau d’Olympiodore, qui relate les doctrines 
des philosophes ioniens, d’après des sources aujour- 


d’hui perdues et qui les compare avec celle des maitres 


XIV LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


de l’Alchimie. Peut-être les historiens de la philoso- 
phie grecque y trouveront-ils quelque nouvelle lu- 
mière, sur un sujet à la fois si intéressant et si 
obscur. 

Je crois avoir réussi à établir par mes analyses le 
mode général de composition de cette collection de 
traités, sorte de Corpus des Alchimistes grecs, formé 
par les Byzantins, en même temps que les extraits de 
Photius et de Constantin Porphyrogénète. 

J'en ai mis en lumière les auteurs, j'ai relevé tous 
les traits qu’il m'a été possible de retrouver sur leur 
individualité et j'ai montré notamment comment ils 
se rattachent d'abord à une école Démocritaine, floris- 
sante en Egypte vers les débuts de l’ère chrétienne, 
puis aux Gnostiques et aux Néoplatoniciens. 

J'ai retrouvé non seulement la filiation des idées 
qui les avaient conduits à poursuivre la transmutation 
des métaux; mais aussi la théorie, la philosophie de 
la nature qui leur servait de guide; théorie fondée sur 
l'hypothèse de l’unité de la matière et aussi plausible au 
fond que les théories modernes les plus réputées au- 
jourd’hui. Cette théorie, construite par les Grecs, a été 
adoptée par les Arabes et par les savants du Moyen 
Acc, au milieu des développements d’une pratique 
industrielle sans cesse perfectionnée. Mais dans ce 
genre de doctrines, pas plus que dans les autres théo- 


ries physiques ou naturelles, le Moyen Age n'a été 


PRÉFACE XV 


créateur : on sait combien cette époque est demeurée 
stérile dans l’ordre scientifique. 

C’est ainsi que les systèmes des Grecs sur la ma- 
tière et sur la nature sont venus jusqu'aux temps 
modernes. Nul n’ignore les transformations profondes 
qu'ils ont alors subies, sous l'influence de l’évolution 
des esprits accomplie au moment de la Renais- 
sance. En Chimie même le changement des idées s’est 
fait plus tard : il date d’un siècle à peine. Or, cir- 
constance étrange! les opinions auxquelles les sa- 
vants tendent à revenir aujourd’hui sur la consti- 
tution de la matière ne sont pas sans quelque analogie 
avec les vues profondes des premiers alchimistes. 
C’est ce que je chercherai à montrer, en rapprochant 
les conceptions d’autrefois avec les systèmes et les 
théories des chimistes modernes. Ce résumé de la 
philosophie chimique de tous les temps forme ma con- 
clusion. 

Les divisions du présent ouvrage, sont les suivantes : 
les sources, les personnes, les faits, les théories; elles 
sont trop simples pour y insister. 

J'ai cru utile d'y joindre des appendices, renfermant 
un certain nombre de textes grecs, destinés à appuyer 
mes conclusions, tels que : 

La liste des titres grecs des articles du principal 
papyrus alchimique de Leide; 


Deux pages complètes de ce même papyrus, renfer- 


XVI LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


mant des recettes pour la transmutation et pour la 
teinture en pourpre; 

Une notice sur les papyrus du Louvre et de Berlin, 
rapprochés des textes de nos manuscrits; 

Le texte et la traduction de l’article du pseudo- 
Démocrite sur la teinture en pourpre; 

Une vieille recette pour doubler le poids de l'argent, 
tirée de nos manuscrits; l'énigme sibyllin; la liste 
alchimique des métaux. 

J'ai donné aussi une analyse détaillée des princi- 
paux Manuscrits de Paris et de Venise, sur les- 
quels je m’appuie; analyse qui rendra les vérifications 
plus faciles. Elle pourra être utile aux personnes qui 
voudraient comparer ces manuscrits avec ceux des 
autres Bibliothèques d'Europe. 

Des Index très étendus, relatifs aux lieux, aux faits, 
aux personnes et aux mots, rendront, je l'espère, ser- 
vice aux savants qui consulteront le présent ouvrage. 
Ils m'ont coûté beaucoup de temps et de peine. 

Enfin, deux planches exécutées en photogravure 
reproduisent, l'une la Chrysopée de Cléopâtre, avec 
ses formules magiques; l’autre, les symboles alchi- 
miques des métaux : le tout d’après le manuscrit de 
saint Marc. 

Un mot en terminant : mon travail achevé ne me 
laissait pas sans quelque inquiétude sur les conditions 


de sa publication, lorsque j'ai eu la bonne fortune de 


PRÉFACE XVII 
rencontrer un éditeur qui s’est associé avec enthou- 
siasme à mon œuvre et qui n’a reculé devant aucun 
sacrifice pour en faire un livre exceptionnel, par 
l’exécution et par les planches qu'il a bien voulu y 
joindre. Puisse le public accueillir mon essai avec 
la même bienveillance et l'honorer de la même fa- 


veur! 


Paris, 15 décembre 1884. 


M:'BERTHELOT. 


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Avec tr) pa 


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CHAPITRE 
CHAPITRE 


CHAPITRE 


CHAPITRE 
CHAPITRE 


CHAPITRE 


CHAPITRE 
CHAPITRE 
CHAPITRE 


CHAPITRE 


VI. 


VI. 


IV. 


cn ae cle ltiplols folie miel se κ ν᾽ pipe δι.» oteletu ete ete) er ea seen 


PIVRE PREMIER 
LES SOURCES 


Division durer …. 
Les Oneinesimyestiques "or. 


Sources égyptiennes, chaldéennes, juives, 


DOS IQ BE ce RE chance se 
Les témoignages historiques........... 
PesePapyous deReide..2%. 2207 .......… 


Les Manuscrits grecs des Bibliothèques. 


EIMRE SECOND 
LES PERSONNES 


Les Alchimistes œcuméniques......... 
Les Alehtimistes-mythiques............ 
Les Alchimistes pseudonymes:........ 


Les Alchimistes grecs proprement dits. 


Pages. 


95 


XX LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


LIVRE TROISIÈME 


LES“FAITS 
Pages 
CHAPITRE I. — Les métaux chez les Egyptiens........ 211 
CraerrRe ‘T1. — "La teinture des métaux. ,....1..7,.:. 238 
LIVRE QUATRIÈME 
LES THÉORIES 

Chaetree OT Théories "grecques"... Mme. 247 

CuariTRE II. -- Théories des Alchimistes et théories 
MOURFNES:- Le eseresee remis 279 
ΡΠ ΘΕΌ een la en Me ennemie ic A CE 329 
PTANGHES Re cree cristal sets af Re ES AR ST 363 
MARLP ANALYTIQUE. 2562000 SERRE AURONT 369 
INDEX ALPHABPTIQUE ES NOMS................ ces. 389 


INDES ALPHABÉTIQUE TES MOIS. ἧς, dé 0 ee Lohou nansen sata 419 


ÉESSORIGEINES 


DE L’'ALCHIMIE 


INTRODUCTION 


A Clic este d'hier : 11 y-a cent ans 
à peine qu’elle a pris la forme d’une 
science moderne. Cependant les progrès 
rapides qu’elle a faits depuis ont con- 


couru, plus peut-être que ceux d’aucune autre science, 
à transformer l’industrie et la civilisation matérielle, 
et à donner à la race humaine sa puissance chaque 
jour croissante sur la nature. C’est assez dire quel 
intérêt présente l’histoire des commencements de la 
Chimie. Or ceux-ci ont un caractère tout spécial : la 
Chimie n’est pas une science primitive, comme la 


éométrie ou l’astronomie; elle s’est constituée sur 
, 
H 


2 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


les débris d’une formation scientifique antérieure; 
formation demi-chimérique et demi-positive, fondée 
elle-même sur le trésor lentement amassé des décou- 
vertes pratiques de la métallurgie, de la médecine, 
de l’industrie et de l'économie domestique. Il s’agit 
de l’alchimie, qui prétendait à la fois enrichir ses 
adeptes en leur apprenant à fabriquer l'or et l'argent, 
les mettre à l’abri des maladies par la préparation 
de la panacée, enfin leur procurer le bonheur parfait 
en les identifiant avec l'âme du monde et l'esprit 
universel. 

L'histoire de l’alchimie est fort obscure. C’est une 
science sans racine apparente, qui se manifeste tout 
à coup au moment de la chute de l'empire romain 
et qui se développe pendant tout le moyen âge, au 
milieu des mystères et des symboles, sans sortir de 
l’état de doctrine occulte et persécutéé : les savants 
et les philosophes s’y mêlent et s’y confondent avec 
les hallucinés, les charlatans et parfois même avec 
les scélérats. Cette histoire mériterait d’être abordée 
dans toute son étendue par les méthodes de la cri- 
tique moderne. Sans entreprendre une aussi vaste 
recherche qui exigerait toute une vie de savant, je 
voudrais essayer de percer le mystère des origines 
de l’alchimie et montrer par quels liens elle se rat- 
tache à la fois aux procédés industriels des anciens 
Égyptiens, aux théories spéculatives des philosophes 
grecs et aux rêveries mystiques des Alexandrins et des 
gnostiques. 

Dans mon étude, je m’'appuierai d’une part sur les 
travaux modernes concernant les métaux dans l'an- 


INTRODUCTION 3 


tiquité, principalement sur le mémoire de Lepsius 
relatif aux « métaux dans les inscriptions égyp- 
tiennes » (r); d'autre part je recourrai aux plus an- 
ciens documents écrits sur l’alchimie. 

Je ne me suis pas borné à consulter les doctes his- 
toires de la chimie, composées par H. Kopp et par 
Hæfer; j'ai relu moi-même tous les passages des au- 
teurs grecs et latins sur ce sujet; j'ai eu également 
connaissance des papyrus égyptiens, magiques et al- 
chimiques, de Leide, écrits en grec vers le m° ou 
iv£ siècle, et qui sont analysés dans les ZLeftres de 
Reuvens à M. Leironne. J'ai entre les mains la photo- 
graphie et la copie.de deux feuillets de l’un d’entre eux, 
jusqu'ici inédit. M. Leemans, le savant directeur du 
musée de Leide, a bien voulu copier aussi pour moi 
deux autres articles de ce papyrus. M. Révillout, 
professeur d’Égyptologie au Louvre, m’a fourni le 
concours précieux de son érudition, pour l’histoire de 
la fin du paganisme en Égypte. Je dois aussi des 
renseignements très importants à M. Maspéro, notre 
grand égyptologue, qui a même eu connaissance des 
débris d’un ancien laboratoire, trouvé à Dongah, près 
de Siout. M. Derenbourg, si compétent pour les 
études arabes, m'a signalé les ouvrages en cette 
langue qui traitent de l’histoire de l’alchimie; et 
il a eu l'obligeance de traduire pour moi plusieurs 
pages du X1tab-al-Fihrist, recueil encyclopédique 
écrit au1x° siècle et dans lequel se trouvent les noms et 
les titres des livres d’alchimie connus à cette époque. 


(1) Traduit par W. BEREND, dans la Bibliothèque de l'École des 
hautes études, 30° fascicule, 1877. 


À LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


x 


Enfin, j'ai procédé à un examen très détaillé des 
manuscrits alchimiques grecs, conservés à la Biblio- 
thèque nationale depuis letemps de François [°", et que 
M. Omont m'a communiqués avec une obligeance 
inépuisable. Je les ai étudiés pendant près d’une 
année. J’ai même pu faire venir de Venise, grâce à la 
libéralité du gouvernement Italien, un manuscrit grec, 
écrit sur parchemin, conservé dans la Bibliothèque de 
Saint-Marc, lequel remonte au xi° ou ΧΙ siècle de notre 
ère : c’est le plus ancien manuscrit connu de cette 
espèce. 

Plusieurs auteurs et traités contenus dans les ma- 
nuscrits remontent à la même époque que les papy- 
rus. Ces auteurs, ces traités, et même certains pas- 
sages qui en sont extraits ont été cités dès le vin° siècle 
par les polygraphes byzantins et rappelés aussi par les 
Arabes. Non seulement ces manuscrits m'ont pro- 
curé des renseignements nouveaux et inédits sur les 
sources de l’alchimie; mais la comparaison de quel- 
ques-uns de leurs textes, avec ceux de Platon et des 
philosophes grecs, fournit des lumières inattendues 
sur les théories qui guidaient les premiers alchi- 
mistes; elle fait comprendre pourquoi ils se décla- 
raient eux-mêmes, dès le rv° siècle de notre ère, «les 
nouveaux commentateurs d’Aristote et de Platon (1) ». 
Le nom de philosophie chimique ne date pas de notre 
temps; dès ses premiers jours, la Chimie a prétendu 
être une philosophie de la nature. 

Voici le plan du présent ouvrage, établi d’après 
l’ensemble des données que je viens d’énumérer. 


(1) Ms. 2,327 de la Bibliothèque nationale, fo 105. 


INTRODUCTION 5 


Je dirai d’abord quelle idée les premiers alchimistes 
se faisaient des origines de leur science, idée qui 
porte le cachet et la date des conceptions religieuses 
et mystiques de leur époque; je préciserai cette cor- 
rélation, en comparant l’état des croyances aux n° et 
m° siècles de notre ère et les faits cités par les histo- 
riens, avec les textes mêmes que les alchimistes grecs 
-nous ont laissés. Ces textes, contemporains des écrits 
des gnostiques et de ceux des derniers néoplatoniciens, 
établissent la filiation complexe, à la fois égyptienne, 
babylonienne et grecque, de l’alchimie. Ils compren- 
nent, je le répète, des papyrus conservés dans le mu- 
sée de Leide, et des manuscrits écrits sur parchemin, 
sur papier coton et sur papier ordinaire, lesquels 
existent dans la plupart des grandes bibliothèques 
d'Europe, notamment dans la Bibliothèque nationale 
de Paris. 

Tel est le sujet traité dans le Livre I du présent 
ouvrage, livre consacré aux sources. 

Dans le Livre IT, j'étudie les personnes, c’est-à-dire 
les alchimistes dont les noms figurent dans les pa- 
pyrus et sont inscrits en tête des traités grecs conte- 
nus dans nos manuscrits. 

Ee Livre ΠΕ ἘΞ réservé aux) /aitss je veux dire 
qu’il précise la filiation positive de l’alchimie, en ré- 
sumant ce que nous savons des connaissances usuelles 
des Égyptiens relatives aux métaux, et en les rap- 
prochant des recettes alchimiques relatées par les pa- 
pyrus et les manuscrits. 

Ce n’est là d’ailleurs qu’une partie de la question. 
A côté des praticiens, il y eut de bonne heure des 


0 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


théoriciens, qui avaient la prétention de dominer et de 
diriger les expérimentateurs. Les Grecs surtout, occu- 
pés à transformer en philosophie les spéculations mys- 
tiques et religieuses de l'Orient, construisirent des 
théories métaphysiques subtiles sur la constitution des 
corps et leurs métamorphoses. Ces théories se mani- 
festent dès l’origine de l’alchimie; elles dérivent des 
doctrines de l’école Ionienne et des philosophes na- 
turalistes sur les éléments, et plus nettement encore 
des doctrines platoniciennes sur la matière première, 
qui est devenue le mercure des philosophes. Elles ont 
été reprises successivement par les Arabes et par les 
adeptes du moyen âge, et elles ont été soutenues 
jusqu'au temps de Lavoisier. 

Le Livre IV expose ces fhéories : j'y montre en 
effet dans les doctrines des écoles Ionienne, Pythago- 
ricienne et Platonicienne les racines des théories al- 
chimiques, telles que les Grecs d'Alexandrie les ont 
conçues, puis transmises aux Arabes et par ceux-ci 
aux auteurs Occidentaux du moyen âge; et je ter- 
mine en comparant ces doctrines avec les idées que 
les chimistes se forment aujourd’hui sur la consti- 
tution de la matière. 


LIVRE PREMIER 


LES SOURCES 


CHAPITRE PREMIER 


DIVISION DU LIVRE 


OUTE science doit être placée dans son 
cadre historique, si l’on veut en compren- 
dre le véritable caractère et la portée phi- 


losophique : ce travail est surtout néces- 
saire pour une doctrine en partie réelle et en partie 
mystique, telle que l’alchimie. C’est pourquoi nous 
allons comparer d’abord les assertions et les textes des 
premiers alchimistes avec les croyances religieuses et 
mystiques qui régnaient en Orient dans les premiers 
siècles de notre ère : ce sera l’objet du second cha- 
pitre (sources mysliques) et du troisième chapitre 
(sources ortentales, c’est-à-dire sources égypliennes, 
babyloniennes, gnostiques et juives). 


8 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


Dans le chapitre 1v nous réunirons les /émoignages 
historiques, c'est-à-dire les textes tirés des chroni- 
queurs et des autres auteurs authentiques grecs et 
latins, byzantins et arabes, susceptibles de contrôler 
les assertions des écrivains alchimiques et de fixer la 
date de leurs premiers travaux. 

Cela fait, il conviendra d’examiner les documents 
que ces écrivains nous ont laissés. Aïnsi le cha- 
pitre v sera consacré aux papyrus de Leide, le monu- 
ment le plus ancien et le plus certain des recherches 
des Égyptiens relatives à la transformation des mé- 
taux. 

Enfin dans le chapitre vi, je parlerai des m1anus- 
crits grecs, existant dans les bibliothèques et qui sont 
le fondement principal de nos connaissances sur 
les commencements de l’alchimie; j'exposerai les ré- 
sultats de l'étude nouvelle et approfondie que j'en ai 
faite; je ferai l'analyse de quelques-uns des plus im- 
portants et j'en discuterai l'origine et la composition. 


DÉS RSS RSR 


΄ 


CHAPITRE II 


LES ORIGINES MYSTIQUES 


Es saintes Ecritures rapportent qu'il ya 
un certain genre de démons ayant com- 
merce avec les femmes. Hermès en a parlé 


dans ses livres sur la nature. Les anciennes 
et saintes Écritures disent que certains anges, épris 
d'amour pour les femmes, descendirent sur la terre, 
leur enseignèrent les œuvres de la nature; et à cause 
de cela ils furent chassés du ciel et condamnés à un 
exil perpétuel. De ce commerce naquit la race des 
géants. Le livre dans lequel ils enseignaient les arts 
est appelé Chêéma : de là le nom de Chèma appliqué 
à l’art par excellence. » Aïnsi parlait Zosime le Pano- 
politain, le plus vieux des chimistes authentiques, 
exposant les origines de la Chimie, dans son livre 
Imouth (c'est-à-dire dédié à Zmhotep, dieu égyptien), 
livre adressé à sa sœur Théosébie. Ce passage est 
cité par Georges le Syncelle, polygraphe grec du 
vin siècle (1). 

GR 5 ΘΕ: Édition Goar, 1652. Scaliger a reproduit ce passage 


(Eusebiana, p. 834,) mais en l’attribuant à tort à Photius, au lieu de 
Georges le Syncelle. 


10 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


D'autres nous disent que ces œuvres de la nature, 
maudites et inutiles (1), enseignées par les anges tom- 
bés à leurs épouses, étaient l’art des poisons, des 
secrets des métaux et des incantations magiques (Ter- 
tullien). | 

Le nom du livre Chêma se retrouve en Egypte sous 
la forme Chemi, titre d’un traité cité dans un Papyrus 
de la XII° dynastie et recommandé par un scribe à son 
fils (2). Il est probable que le sujet en était tout difé- 
rent. C'était un vieux titre, repris plus tard pour s’en 
autoriser, comme il estarrivé souvent dans l'antiquité. 

Quoiqu'il en soit, le passage de Zosime est des 
plus caractéristiques. Sans en conclure, avec les 
adeptes du xvn siècle, que l’alchimie était déjà connue 
avant le déluge (3), il est certain qu'il nous reporte 
aux imaginations qui avaient cours en Orient dans 
les premiers siècles de l'ère chrétienne. Isis, dans 
son discours à son fils Horus, autre ouvrage alchi- 
mique des plus anciens, raconte également que la révé- 
lation lui fut faite par Amnael, le premier des anges 
et des prophètes, comme récompense de son com- 
merce avec lui (4). 

Quelques lignes étranges du chapitre v de la Genèse, 
probablement d’origine babylonienne, ont servi de 
point d'attache à ces imaginations. « Les enfants de 
Dieu, voyant que les filles des hommes étaient belles, 

(1) Πονηρὰ χαὶ undèv ὠφελοῦντα τὴν Ψυχὴν. 

(2) Masrero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient, p. 125 (1875). 

(3) V. Borricnius dans ManGET : Bibliotheca chemica, τ. 1. ; 

(4) Voir le manuscrit n° 2,327 dela Bibliothèque nationale, fol, 256. 


Ce passage a été traduit par Hogrer, Histoire de la chimie,t. T, p. 200, 
2° édition. 


LES ORIGINES MYSTIQUES IT 


choisirent des femmes parmi elles. » De là naquit 
une race de géants, dont l’impiété fut la cause du déluge. 
Leur origine est rattachée à Enoch. Enoch lui-même 
est fils de Caïn et fondateur de la ville qui porte son 
nom, d’après l’une des généalogies relatées dans la 
Genèse (chapitreiv); il descendait au contraire de Seth 
et il disparut mystérieusement du monde, d’après la 
seconde généalogie (chapitre v). À ce personnage équi- 
voque on attribua un ouvrage apocryphe composé un 
peu avant l’ère chrétienne, le livre d'Enoch, qui joue 
un rôle important dans les premiers siècles du christia- 
nisme. Georges le Syncelle nous a conservé des frag- 
ments considérables de ce livre, retrouvé depuis dans 
une version éthiopienne. Il en existe une traduction 
française imprimée dans le Diciionnatre des apocryphes 
de Migne, t. I, p. 395-514. 

Dans ce livre, ce sont également les anges pécheurs 
qui révèlent aux mortelles les arts et les sciences 
occultes. « Ils habitèrent avec elles et ils leur enseignè- 
rent la sorcellerie, les enchantements, les propriétés 
des racines et des arbres..., les signes magiques... Part 
d'observer les étoiles. [Il leur apprit aussi, dit encore 
le livre d'Enoch en parlant de l’un de ces anges, 
l'usage des bracelets et ornements, l’usage de la pein- 
ture, l’art de se peindre les sourcils, l’art d'employer 
les pierres précieuses et toutes sortes de teintures, 
de sorte que le monde fut corrompu. » 

Les auteurs du n° et du 518 6 }8 de notre ère re- 
viennent souvent sur cette légende. Clément d’Alexan- 
drie (r} la cite (vers 200 de notre ère) dans ses S{ro- 


͵ 


Li 2 Le ape \ » 3e Lo >\ 
(1) Αγγελοι ἐχεῖγοι... ἐζείπον τὰ ἀπορρητα ταῖς γυναιςίγ. 


12 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


males, 1. V. Tertullien en parle longuement. « Ils tra- 
hirent le secret des plaisirs mondains; ils livrèrent 


FR 


l'or, l'argent et leurs œuvres ; ils enseignèrent l’art 
« de teindre les toisons (1).» De même: « Ils décou- 
« vrirent les charmes mondains, ceux de l'or, des 
« pierres brillantes et de leurs œuvres (2). » Ailleurs 
Tertullien dit encore : « Ils mirent à nu les secrets des 


= 


ξ 


« métaux; ils firent connaître la vertu des plantes et 
« la force des incantations magiques, et ils décrivi- 
« rent ces doctrines singulières qui s'étendent jusqu’à 
« la science des astres (3). » On voit combien l’auteur 
est préoccupé des mystères des métaux, c'est-à-dire de 
l’alchimie, et comment il l’associe avec l’art de la 
teinture et avec la fabrication des pierres précieuses, 
association qui forme la base même des vieux Traités 
alchimiques contemporains, retrouvés dans les pa- 
pyrus et dans les manuscrits. La magie et l'astrologie, 
ainsi que la connaissance des vertus des plantes, re- 
mèdes et poisons, sont confondues par Tertullien avec 
l'art des métaux dans une même malédiction, et cette 
malédiction a duré pendant tout le moyen âge. Ailleurs 
Tertullien assimile ces anges qui ont abandonné Dieu 
par amour pour les femmes et révélé les arts interdits 


(1) Angeli peccatores illecebras detexerunt, aurum, argentum et 
opera eorum tradiderunt…. vellerumque tincturas inter cætera docue- 
runt. DE InoarriA, IX, D. 

(2) Qui siquidem angeli qui et materias ejusmodi et auri dico εἰ 
lapidum illustrium et opera eorum tradiderunt. DE CULTU FEMINA- 
RUM, X. 

(3) Siquidem et metallorum operta nudäverunt et herbarum ingenia 
traduxerunt et incantationum vires provulgaverunt et omnem curio- 
sitatem usque ad stellarum intervretationem designaverunt…. DE cuLTU 
FEMINARUM, I, Il, B. 


LES ORIGINES MYSTIQUES 15 


au monde inexpérimenté {1}; il les assimile, dis-je, à 
leurs disciples, les mages, les astrologues et les 
mathématiciens (2), et il établit un parallèle entre 
l'expulsion de ceux-ci de Rome, et celle des anges du 
cel (3): 

Il m'a paru nécessaire de développer ces citations, 
afin de préciser l’époque à laquelle Zosime écrivait : 
c'est l'époque à laquelle les imaginations relatives aux 
anges pécheurs et à la révélation des sciences occultes, 
astrologie, magie et alchimie, avaient cours dans le 
monde. On voit qu’il s’agit du πι᾿ siècle de notre ère. 
Les papyrus de Leide présentent également les re- 
cettes magiques associées aux recettes alchimiques. 

La proscription de ceux qui cultivaient ces sciences 
n’est pas seulement un vœu de Tertullien, elle était 
effective et cela nous explique le soin avec lequel ils se 
cachaient eux-mêmes et dissimulaient leurs ouvrages 
sous le couvert des noms les plus autorisés. Elle 
nous reporte à des faits et à des analogies historiques 
non douteuses. 

La condamnation des mathématiciens, c’est-à-dire 
des astrologues, magiciens et autres sectateurs des 
sciences occultes, était de droit commun à Rome. 
Tacite nous apprend que sous le règne de Tibère on 
rendit un édit pour chasser d'Italie les magiciens et 


(1) Materias quasdam bene occultas et artes plerasque non bene reve- 
latas seculo magis imperito prodiderunt. 

(2) Astrologos et aruspices et augures et magos... quorum artes ab 
angelis desertoribus prodifas. APoLoGEericus, XXV, C. 

(3) Expelluntur mathematici, sicut angeli eorum.….. Urbs et Italia 
interdicuntur mathematicis, sicut cœlum angelis eorum, eadem pœna est 
discipulis et magistris. DE Inozatria, IX, D. 


14 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


les mathématiciens ; l’un d’eux, Pituanius, fut mis à 
mort et précipité du haut d’un rocher (τ). Sous Claude, 
sous Vitellius, nouveaux sénatus-consultes (2), atroces 
et inutiles, ajoute Tacite. En effet, dit-il ailleurs, ce 
genre d'hommes qui excite des espérances trom- 
peuses est toujours proscrit et toujours recherché (3). 
L'exercice de la magie et même la connaissance de 
cet art étaient réputés criminels et prohibés à Rome, 
ainsi que nous apprend formellement Paul, juriscon- 
sulte du temps des Antonins (4). Paul nous fait savoir 
qu'il était interdit de posséder des livres magiques. 
Lorsqu'on les découvrait, on les brülait publiquement 
et on en déportait le possesseur; si ce dernier était de 
basse condition, on le mettait à mort. Telle était la 
pratique constante du droit romain (5). Or l'association 
de la magie, de l’astrologie et de l’alchimie, est évi- 
dente dans les passages de Tertullien cités plus haut. 
Cette association avait lieu particulièrement en Égypte. 
Les papyrus de Leide, trouvés à Thèbes, complètent 
et précisent ces rapprochements entre l’alchimie, l’as- 
trologie et la magie; car ils nous montrent que les 
alchimistes ajoutaient à leur art, suivant l’usage des 
(1) ANNALES, II, 32. 
(2) ANNALES. XII, 52; Hisr. 11, 02. 


(5) Genus hominum potentibus infidum, sperantibus fallax, quod in 
civitate nostra et vetabitur semper et retinebitur. (Hist. I, 22. 

(4) Libros magicæ artis apud se neminem habere licet, et si penes 
quoscunque reperti sint, bonis ademptis ambustisque his publice, in 
insulam deportaniur; humiliores capite puniuntur. Juzit PAULI, LIBER 
V, tit. xx. (Ad legem Corneliam de Sicariis et Veneficiis.) 

(5) Jubemus namque auctores quidem ac principes cum abominandis 
scripturis eorum severiori pœnæ subjici, ita ut flammeis ignibus exu- 
rantur. (Lois de Dioclétien et de son époque. Codicis Gregoriani, 
liber XIV, Tit. de maleficiis et manichæis, ὃ G.) 


LES ORIGINES MYSTIQUES 15 


peuples primitifs, des formules magiques propres à se 
concilier et même à forcer la volonté des dieux (ou 
des démons), êtres supérieurs que l’on supposait inter- 
venir perpétuellement dans le cours des choses. La 
loi naturelle agissant par elle-même était une notion 
trop simple et trop forte pour la plupart des hommes 
d’alors : 1l fallait y suppléer par des recettes mysté- 
rieuses. L’alchimie, l’astrologie et la magie sont ainsi 
associées et entremêlées dans les mêmes papyrus (1). 
Nous observons le même mélange dans certains ma- 
nuscrits du moyen âge, tels que le manuscrit grec 
2.419 de la Bibliothèque nationale. 

Cependant les formules magiques et astrologiques 
ne se retrouvent plus en général dans la plupart des 
traités alchimiques proprement dits. Il n’en est que 
plus intéressant de signaler les traces qui y subsistent 
encore. Tels sont le dessin mystérieux, désigné sous 
le nom de Chrysopée ou Art de faire de l'or de Cléo- 
pâtre (2) et les alphabets magiques du manus- 
crit 2.240, analogues à ceux d’un papyrus cité par 
Reuvens (3) et dont M. Leemans a reproduit le fac si- 
mile (4). La théorie de l'œuf philosophique, le grand 
secret de l’œuvre, symbole de l'univers et de lalchi- 
mie, donnait surtout prise à ces imaginations. Les 
signes bizarres (5) du Scorpion et les caractères ma- 


(1) Reuvess, 1'e lettre à M. Letronne, p. 10, 50, etc. 
(2) Ms. 2.240, fol. 96; ms. de saint Marc, fol. 188, vo. 


(3) Lettre I, p. 40. 

(4) Monuments égyptiens du Musée de Leide, 4° livraison, plan- 
cheXIV. 

(5) Ms. de la Bibliothèque Nationale, 2,327, fol. So; ms. 2,249, 
fol, 100; ms. de saint Marc, fol. 103. 


16 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


giques transcrits dans nos manuscrits; la sphère ou 
instrument d’'Hermès pour prédire l'issue des mala- 
dies (1), dont les analogues se retrouvent à la fois dans 
le manuscrit 2.410 et dans les papyrus de Leide; la 
table d’'Émeraude, citée pendant tout le moyen âge, 
et les formules mystiques : « en haut les choses cé- 
lestes, en bas les choses terrestres » qui se lisent dans 
les traités grecs, à côté, des figures des appareils (2), 
attestent la même association. Si elle n’est pas plus 
fréquente dans les ouvrages parvenus jusqu’à nous, 
c'est probablement parce que ces manuscrits ont été 
épurés au moyen âge par leurs copistes chrétiens. C’est 
ce que l’on voit clairement dans le manuscrit grec de la 
bibliothèque de saint Marc, le plus ancien de tous, car 
il paraît remonter au x1° siècle. On y trouve non seu- 
lement la Chrysopée de Cléopâtre (fol. 188) et la for- 
mule du Scorpion (fol. 103), mais aussi le Labyrinthe 
de Salomon (fol. 102, v°), dessin cabalistique, et, sous 
forme d’additions initiales (fol. 4), une sphère astro- 
logique, l’art d'interpréter les songes de Nicéphore, 
ainsi que des pronostics pour les quatre saisons. Les 
alphabets magiques s’y lisent encore; mais on a es- 
sayé de les effacer (fol. 193), et l’on a gratté la plupart 
des mots rappelant l’œuf philosophique (3). 

Il paraît s'être fait à cette époque, c’est-à-dire dès 
le x° ou xi° siècle, un corps d'ouvrages, une sorte d’en- 
cyclopédie purement chimique, séparée avec soin de 
la magie, de l'astrologie et de la matière médicale. 

(1) Ms. 2.327, fol. 203. 

(2) Ms. 2.327, fol. 81. 


(3) Voir par exemple fol. 22, vo; fol. 68, vo ; fol. 78, vo; fol. 106, vo; 
fol. 107, fol. xx0 ol" rS 1, VO5hÉOL. 177, vo, etc. 


LES ORIGINES MYSTIQUES Τχ 


Mais ces diverses sciences étaient réunies à l’origine 
et cultivées par les mêmes adeptes. 

On s'explique dès lors pourquoi Dioclétien fit brûler 
en Égypte les livres d’alchimie, ainsi que les chroni- 
queurs nous l’apprennent (1). 

Dès la plus haute antiquité d’ailleurs, ceux qui s’oc- 
cupent de l'extraction et du travail des métaux ont 
été réputés des enchanteurs et des magiciens. Sans 
doute ces transformations de la matière, qui attei- 
gnent au delà de la forme et font disparaître jusqu’à 
l'existence spécifique des corps, semblaient surpasser 
la mesure de la puissance humaine : c'était un em- 
piètement sur la puissance divine. 

Voilà pourquoi l'invention des sciences occultes et 
même l'invention de toute science naturelle ont été 
attribuées par Zosime et par Tertullien aux anges 
maudits. Cette opinion n’a rien de surprenant dans 
leur bouche; elle concorde avec le vieux mythe bi- 
blique de l'arbre du savoir, placé dans le Paradis 
terrestre et dont le fruit a perdu l'humanité. En effet 
la loi scientifique est fatale et indifférente; la connais- 
sance de la nature et la puissance qui en résulte 
peuvent être tournées au mal comme au bien : la 
“science des sucs des plantes est aussi bien celle des 
poisons qui tuent et des philtres qui troublent l'esprit, 
que celle des remèdes qui guérissent; la science des 
métaux et de leurs alliages conduit à Îles falsifier, 
aussi bien qu’à les imiter et à mettre en œuvre pour 
une fin industrielle. Leur possession, même légitime, 


(1) D’après JEAN D’ANTiocxr, Suipas, les ACTES DE SAINT PROCOPE : 
les passages de ces auteurs seront donnés plus loin. 


LS 


18 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


corrompt l’homme. Aussi les esprits mystiques ont-ils 
toujours eu une certaine tendance à regarder la science, 
et surtout la science de la nature, comme sacrilége, 
parce qu’elle induit l’homme à rivaliser avec les dieux. 
La conception de la science détruit, en effet, celle du 
Dieu antique, agissant sur le monde par miracle et par 
volonté personnelle : « C’est ainsi que la religion, par 
un juste retour, est foulée aux pieds ; la victoire nous 
égale aux dieux! » s'écrie Lucrèce avec une exaltation 
philosophique singulière (1). « Ne crois pas cependant, 
ajoute-t-il, que je veuille t’initier aux principes de l’im- 
piété et introduire dans la route du crime (2). » 

Par suite de je ne sais quelles affinités secrètes entre 
les époques profondément troublées, notre siècle a vu 
reparaître la vieille légende, oubliée depuis seize cents 
ans. Nos poètes, A. de Vigny, Lamartine, Leconte 
de Lisle, l’ont reprise tour à tour. Dans Æ/oha, A. de 
Vigny ne dit qu'un mot : 

Les peuples déjà vieux, les races déjà mûres 

Avaient vu jusqu’au fond des sciences obscures. 
Mais Lamartine, dans la Chute d'un Ange, a serré de 
plus près le mythe. Il nous décrit la civilisation 
grandiose et cruelle des dieux géants, leur corruption, 
leur science, leur art des métaux : 


Dès mon enfance instruit des arts mystérieux 
Qu'on enseigne dans l’ombre aux successeurs des dieux... 


(r) Quare relligio pedibus subjecta vicissim 
Obteritur; nos exœquat victoria cœlo. 
(LucrÈce, De natura rerum, 1.1.) 
(2) Ilud in his rebus vereor ne forte rearis 
Impia te rationis inire elementa, viamque 
Endogredi sceleris… 


LES ORIGINES MYSTIQUES 19 


Dans la douzième vision, au milieu des ministres de 
leurs crimes, apparaissent, par une assimilation pres- 
que spontanée, les agents des sciences maudites et les 
« alchimistes ». 

Leconte de Lisle a repris le mythe des enfants 
d’'Énoch et de Caïn, à un point de vue plus profond et 
plus philosophique. Après avoir parlé d'Hénokia : 

La ville aux murs de fers des géants vigoureux... 

Abîme où, loin des cieux aventurant son aile, 

L'ange vit la beauté de la femme et l’aima.. 
le poête oppose, comme Lucrèce, au Dieu jaloux qui a 
prédestiné l’homme au crime, la revanche de la 
science, supérieure à l'arbitraire divin et à la con- 
ception étroite de l’univers théologique : 

J’effondrerai du ciel la voûte dérisoire... 

Et qui t’y cherchera ne ΟὟ trouvera pas... 

Dans l’espace conquis les Choses déchaînées 

Ne t’écouteront plus quand tu leur parleras. 

Il y avait déjà quelque chose de cette antinomie, 
dans la haine contre la science que laissent éclater le 
livre d'Énoch et Tertullien. La science est envisagée 
comme impie, aussi bien dans la formule magique 
qui force les dieux à obéir à l’homme, que dans la loi 
scientifique qui réalise, également malgré eux, la vo- 
lonté de l’homme, en faisant évanouir jusqu’à la pos- 
sibilité de leur pouvoir divin. Or, chose étrange, 
l’alchimie, dès ses origines, reconnaît et accepte cette 
filiation maudite. Elle est d’ailleurs, même aujourd’hui, 
classée dans le recueil ecclésiastique de Migne parmi 
les sciences occultes, à côté de la magie et de la sorcel- 
lerie. Les livres où ces sciences sont traitées doivent 


20 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


être brûlés sous les yeux des évêques, disait déjà le code 
Théodosien (1). Les auteurs étaient pareillement 
brûlés. Pendant tout le moyen àge, les accusations de 
magie et d’alchimie sont associées et dirigées à la fois 
contre les savants que leurs ennemis veulent perdre. 
Au xv° siècle même, l'archevêque de Prague fut pour- 
suivi pour nécromancie et alchimie, dans ce concile 
de Constance qui condamna Jean Huss. Jusqu'au 
xvit siècle ces lois subsistèrent. Hermolaus Barbarus, 
patriarche d’Aquilée, nous apprend, dans les notes de 
son Commentaire sur Dioscoride (2), qu’à Venise, 
en 1530, un décret interdisait l’art des chimistes sous 
la peine capitale; afin de leur éviter toute tentation 
criminelle, ajoute-t-il. Telle est, je le répète, la tra- 
duction constante du moyen ἄρα. 

C’est ainsi que l’alchimie nous apparaît vers le 
115 siècle de notre ère, rattachant elle-même sa source 
aux mythes orientaux, engendrés ou plutôt dévoilés au 
milieu de l’effervescence provoquée par la dissolution 
des vieilles religions. 


(1) Livre IX, titre XVI, 12. 
(2) Corollariorum.…, fol. 73. 


GER Je) CEE) EEE Ie (+ AE 
Æ {30 CS 4 (50. c+ (τ {τ ES CS c++ 


CREER TT] 


SOURCES ÉGYPTIENNES, CHALDÉENNES, JUIVES, GNOSTIQUES 


Ç 1. — Sources Égyptiennes. 


ES sources égyptiennes de l’alchimie 
sont moins équivoques que ses origines 
mystiques. Tous les alchimistes les in- 


voquent d’un concert unanime, depuis 
le im° siècle jusqu’au xvr*. Les papyrus de Leide, tirés 
d'un tombeau de Thèbes, les confirment par une 
preuve sans réplique et lèvent- les derniers doutes 
que pouvait laisser une science qui débute par l’apo- 
cryphisme. Elle se rattache en effet par une tradition 
constante à Hermès Trismégiste, inventeur des arts 
et des sciences chez les Égyptiens. 

Faut-il admettre avec Zosime et avec Olympiodore, 
les premiers auteurs alchimistes authentiques, qu’il 
existait en Égypte, à côté des doctrines officielles et 
publiques, contenues dans l'Encyclopédie hermétique 
que nous citerons tout à l’heure, un ensemble de 


22 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


connaissances tenues secrètes au fond des temples, et 
qu’il était interdit de révéler ? Elles “seraient sorties, 
en quelque sorte, d’un long mystère vers le mm siècle 
de notre ère, mais en conservant toujours une expres- 
sion mystique et symbolique qui en trahit l’origine. 

Zosime le Panopolitain, écrivain du mn siècle, 
nous fait le récit suivant, cité et reproduit par 
Olympiodore, contemporain de Théodose (1): « Ici est 
« confirmé le livre de Vérité : Zosime à Théosébie, 
« salut. Tout le royaume d'Égypte (2) est sou- 
« tenu par ces arts psammurgiques (3). Il n'est 
« permis qu'aux prêtres de s’y livrer. On les inter- 
« prète d’après les stèles des anciens et celui qui 
« voudrait en révéler la connaissance serait puni, 
« au même titre que les ouvriers qui frappent la 
« monnaie royale, s'ils en fabriquaient secrètement 
« pour eux-mêmes. Les ouvriers et ceux qui avaient 
« la connaissance des procédés travaillaient seule- 
« ment pour le compte des rois, dont 115 augmen- 
« taient les trésors. [15 avaient leurs chefs particuliers 
« et il s'exerçait une grande tyrannie dans la prépa- 
« ration des métaux... C'était une loi chez les Égyp- 
« tiens de ne rien publier à ce sujet. » Il y a là 
le souvenir des industries métallurgiques, dont les 


(1) Manuscrit 2.327, fol. 251, verso; c’est le texte de Zosime. Au 
fol. 206, v°, on trouve celui d'Olympiodore, qui en diffère assez nota- 
blement. Voir aussi ce dernier : manuscrit de saint Marc, fol. 171, ve. 
J'ai résumé ces textes. 

(2) Ὅλον τὸ τῆς Αἰγύπτου βασίλειον. ὦ γύναι, ἀπὸ τῶν δύο τούτων 
τῶν τεχνῶν ἐστίν τῶν τὲ χυρίαχων χαὶ τῶν Ψάμιλων. 

(3) C'est-à-dire l’art de traiter les sables ou minerais métalliques, 


LA 
ψάμμοοι. 


< 


dd 


SOURCES ÉGYPTIENNES 2 


( 


rois s'étaient réservé le monepole, industries décrites 

par Agatharchide dans son ouvrage sur la mer Rouge. 
Une partie de cette dernière description est même 
transcrite dans le manuscrit de saint Marc (1). Les 
cruautés exercées dans l'exploitation des mines d’or 
ont été racontées par Diodore de Sicile, d'après 
Agatharchide (2). 

Zosime nous apprend ailleurs que la connaissance 
de l’art sacré, c’est-à-dire de l’alchimie, ne pouvait être 
communiquée qu'aux fils des rois; précisément 
comme la magie, d’après ce que nous savons (3). 

Clément d'Alexandrie (4) dit pareillement : « Les 
« prêtres ne communiquent leurs mystères à per- 
« sonne, les réservant pour l'héritier du trône, ou 
« pour ceux d’entre eux qui excellent en vertu et en 


= 


« sagesse. » De même sur la statue de Ptah-mer (5), 
orand prêtre de Memphis, qui est aujourd’hui au 
Louvre, on lit : « Il n’était rien qui lui fût caché; 
il couvrait d’un voile le sens de tout ce qu'il avait 
vu. » Plutarque écrit aussi, en parlant des Égyptiens : 
« Leur philosophie couvrait plusieurs mystères sous 
le voile des fables (6). » 


(1) Fol. 138 à 141. Le passage d’Agatharchide dont ce morceau est 
extrait a été conservé par Photius; il est imprimé parallèlement avec 
le texte de Diodore de Sicile, qui l’a compilé, dans les Geograrhi 
græci minores, t. 1, p. 122 à 129 (édition Didot). Un autre fragment 
cité par le manuscrit de saint Marc figure aux pages 183 à 186 de la 
même collection. 

(2) DioporE DE Sie, II, 12 et 13. — AGATHARCHIDE, dans les Geogr. 
græci minores, t. I, p. 126. 

(3) Révircour, Revue d'Égyptologie, 1'° année, p. 166. 

(4) STROMATES, V, 7. 

(5) Diction. d'archéologie égyptienne, par PierRET. Art. : Jnitiations. 

(6) Sur Isis et Osiris, vtr. 


24 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


« Cache ceci », nous dit le manuscrit 2.327,fol.271, 
après l'exposé d’une courte recette — « Cache ce 
secret, dit-il encore, car il contient toute l’œuvre, » 
(fol. 274). Dans les recettes positives qui nous ont été 
transmises, il y a souvent une partie réservée, tenue 
occulte à dessein (1). 

Les textes relatifs à l’œuf philosophique, autre- 
ment dit la pierre d'Égypte, et au dragon se mordant la 
queue, l’un et l’autre emblèmes de l’univers aussi bien 
que de l’alchimie, renferment toute une nomenclature 
symbolique, employée par les adeptes de l’art sacré. 

« Les anciens appellent (2) l’œuf : pierre de cuivre, 
pierre d'Arménie, pierre d'Égypte; d’autres, l’image 
du monde. Sa coquille est le cuivre. l’alliage de cuivre, 
de plomb, l’alliage de fer et de cuivre. La coquille 
calcinée signifie asbestos (chaux), arsenic, sandaraque, 
terre de Chio, etc. Les parties liquides de l’œuf sont 
la rouille de cuivre, l’eau de cuivre verte... Le blanc 
d'œuf s'appelle gomme, suc du figuier, suc du ti- 
thymale. Le jaune, minerai de cuivre concret... ochre 
attique, safran de Cilicie. Le mélange de la coquille 
et de son contenu est la magnésie (minerai de plomb ?), 
le corps (métal) de la magnésie, l’alliage de plomb et 
cuivre, l’argent commun... » Puis viennent les traduc- 
tions des mots : liquide blanc et liquide jaune, composi- 
tion Jaune. 

On voit dès lors quel est le vague et l'incertitude des 
recettes que nous lisons dans ces vieux auteurs. Aussi 
lesalchimistes grecs, le pseudo-Démocrite, Zosime, Sy- 


χι 


SOURCES ÉGYPTIENNES 2 


nésius, Olympiodore s’en réfèrentils continuellementau 
langage énigmatique de leurs maîtres, aux livres secrets 
des anciens (1), au livre traditionnel des ancêtres (2). » 

C'était un devoir religieux de parler par énigmes, 
car le philosophe dit : « Ce que les hommes écrivent, 
les dieux (3) en sont jaloux. » De là un symbolisme 
et des allégories continuels, devenus indéchiffrables 
(à supposer qu'ils aient jamais eu un sens scientifique), 
faute des explications orales par lesquelles on les com- 
plétait (4). Quelques-unes de celles-ci semblent être 
venues jusqu’à nous. Ainsi la formule du Scorpion 
(voir p. 15 et 16), incompréhensible dans la plupart 
des manuscrits, se trouve interprétée dans une addition 
inscrite sur la première feuille de garde du manuscrit 
de saint Marc. 

On sait que l'usage des mystères religieux et des 
initiations était universel dans lantiquité. Les al- 
chimistes prêtaient serment de ne pas divulguer 
la science qui leur était révélée. Un serment de 
ce genre, sans trace chrétienne, et tout rempli de 
noms et de mythes greco-Égyptiens : Hermès οἵ 
Anubis, le dragon Kerkoros;,'le rocher de l’Achéron, 
les trois Nécessités, les trois Fouets (Parques et 
Furies?) et l’Epée, figure dans la lettre d'Isis à 
son fils Horus (5). Un tel langage rappelle tout 


(1) Ms, 2.527, fol. 106. 
(2) MS. 2.327, fol. 140. 


Ÿ 


(3) Ms. 2.327, fol. 230. — Δαίμονες, c'est-à-dire les dieux inférieurs, 
de même que dans le langage de Jamblique et de ses contemporains; 
ce seront plus tard les génies des Arabes. 

(4) Voir le texte cité dans l’appendice A. 

(5) Ms. 2.327, fol. 256; vo. 


26 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


à fait celui des magiciens néoplatoniciens du 
iv< siècle. 

Le nom de l’art sacré, cultivé dans le temple de 
Memphis, c'est-à-dire dans le temple de Phtah, voisin 
du Sérapeum (1) retrouvé par Mariette, se rattache à 
cét ordre d’idées. Le texte de Zosime montre en eflet 
qu'il existait en Égypte une tradition métallurgique 
secrète, à laquelle les adeptes attribuaient la richesse 
de l'Égypte d'autrefois et la puissance de ses anciens 
rois nationaux. 

Ces opinions ont laissé leur trace dans l’histoire 
générale. Elles sont appuyées par un récit des chro- 
niqueurs byzantins, qui semble remonter à Panodorus, 
moine égyptien et chronographe du temps d’Arca- 
dius; récit que nous trouvons reproduit dans Jean 
d’Antioche, auteur du temps d'Héraclius (vers 020). 
puis dans Georges le Syncelle (vmfsiècle), ainsi quedans 
les actes de saint Procope et dans Suidas (χι" siècle). 
Suivant ces auteurs, Dioclétien, après avoir réprimé 
avec une extrême cruauté une insurréction des Égyp- 
tiens, révolte célèbre dans l’histoire, fit brûler les 
livres qui traitaient de l’art de faire de l'or et de l’ar- 
gent, afin d'enlever aux rebelles les richesses qui leur 
donnaient la confiance de se révolter. 

Les destructions opérées par Dioclétien en Égypte 
sont un fait historique; il est très probable qu'il fit, 
conformément à ce récit, brüler systématiquement les 
livres et les écrits des prêtres égyptiens. En effet, la 
proscription des écrits magiques et astrologiques, en 
un mot de tout ouvrage relatif aux sciences occultes, 


(1) Reuvens, 5e lettre à M. Letronne, p. δι; 


SOURCES ÉGYPTIENNES ‘ag 


était conforme à la politique connue des empereurs 
romains. Il existe dans le droit romain une série de 
lois sur ce point, lois citées plus haut (page 14). Or 
l'alchimie, nous l’avons déjà dit, était une science 
occulte, congénère de la magie. Ainsi le manuscrit grec 
2.419 de la Bibliothèque nationale contient, à côté de 
très vieux traités astrologiques de Petosiris (1), auteur 
égyptien déjà connu d’Aristophane, des formules ma- 
giques et des œuvres alchimiques. On retrouve pa- 
reillement dans les papyrus thébains du 11° siècle de 
notre ère, les écrits magiques, astrologiques et alchimi- 
ques associés, comme on le voit au musée de Leide (2). 

Non seulement les adeptes identifient leur science, 
« l’art sacré par excellence » avec les doctrines de 
l’ancienne Égypte; mais le nom même de la chimie a 
été rattaché par plusieurs, par Champollion notam- 
ment (3), à celui de l'Égypte, Chemi, mot que les Hé- 
breux ont traduit par terre de Cham. J’ai rapproché 
plus haut (page 10) le titre de l'ouvrage fonda- 
mental Chêéma, cité par Zosime, de celui du vieux 
livre Chemi, qui semble aussi rappeler le nom de 
l'Égypte. Cette étymologie est restée vraisemblable, 
à côté de celle qui tire le nom de chimie du grec 
cheuô, foudre : d'où chymos, chyme, et les mots con- 
génères (4). ξ 

(1) Perosirinis Mathematici ad regem Nechepso, fol. 82. Pline associe 
aussi ces deux noms propres. 

(2) Reuvens, 3e lettre à M. Letronne, p. 65. 

(3) Zd., p. 69. M. Maspero partage cette opinion, ainsi que le savant 
professeur Hoffmann, de Kiel. 

(4) Thesaurus de Henri ESTIENNE, édit. Didot; articles chymia et 


chimeia. — On peut comparer l’article de M. Gildemeister, dans le 
Journal de la société orientale allemande, 1876. 


28 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


C'était une tradition universelle parmi les alchi- 
mistes que la science avait été fondée par le dieu égyp- 
tien Hermès : d’où la dénomination d'art hermétique, 
usitée jusqu'aux temps modernes. Le nom même de 
l'antique roi Chéops, autrement dit Souphis ou Sophé, 
suivant les dialectes, figure en tête de deux livres de 
Zosime (1). 

Sans doute, on peut invoquer ici une tendance, bien 
connue au moyen âge, de la part des inventeurs mé- 
connus ou persécutés : celle de rattacher leur science ἃ. 
des origines illustres et vénérables. Elle existait déjà 
dans la vieille Égypte, où l’on attribuait aux anciens 
souverains des ouvrages mystérieusement décou- 
verts(2). 

La même aventure est arrivée chez les Juifs au temps 
des rois, lorsque le grand prêtre Helcias tira de l’arche 
le Deutéronome et le donna sous le nom de Moïse. 

Ce système était particulièrement en vigueur chez 
les chrétiens aux n° et n° siècles, et nous lui devons 
une multitude d’évangiles et d’apocryphes, attribués 
aux anciens prophètes. Les écrits alchimiques que 
nous possédons, papyrus ou manuscrits des biblio- 
thèques, remontent à la même époque et portent l’em- 
preinte de la même tendance. 

Mais le choix même de ces ancêtres apocryphes n’est 
pas arbitraire ; 1] repose d'ordinaire sur quelque tradi- 
tion réelle, plus ou moins défigurée. Les liens qui 
pouvaient rattacher les idées des alchimistes aux 
eroyances des anciens peuples d'Orient sont aussi 


(1) Ms. 2.327, fol. 251 et 260. 
(2) Masrero, Histoire ancienne des veuples de l'Orient, p. 74 (1875). 


SOURCES ÉGYPTIENNES 20 


obscurs que ceux qui relient les théories philosophi- 
ques, théurgiques et magiques de Jamblique, de Plo- 
tin et des autres néoplatoniciens d'Alexandrie, aux doc- 
trines des prêtres de Memphis ; mais ils ne paraissent 
pas moins réels. 

Il est certain, à un autre point de vue, qu'il existait 
en Égypte tout un ensemble de connaissances pratiques 
fort anciennes, relatives à l’industrie des métaux, des 
alliages, des verres et des émaux, ainsi qu’à la fabrica- 
tion des médicaments ; connaissances qui ont servi de 
support aux premiers travaux des alchimistes. Ainsi, 
nos manuscrits nous exposent les procédés pour fabri- 
quer les émeraudes et les hyacinthes, tirés du Livre du 
Sanctuaire (1). Sans attacher à ces expressions une 
certitude trop absolue, il n’en est pas moins digne d'in- 
térêt de faire observer leur existence dans les textes. 
Sur la feuille qui précède dans le même manuscrit, 
on lit trois recettes pour la fabrication de l'argent, 
et la troisième s’en réfère à la première, 2scrite plus 
haut sur la stèle (2). Cette expression, présentée en pas- 
sant dans une simple recette, est très caractéristique. 
Elle rappelle les stèles dont parlent Jamblique, Mané- 
thon l’astrologue, Galien et Olympiodore, et sur les- 
quelles était inscrite la science égyptienne. Nous pos- 
sédons même une de ces stèles, dite de Metternich, 


(1) Καταδαφὴ λίθων καὶ σμαράγδων χαὶ λυχνιτῶν χαὶ δαχίνθων Ex τοῦ 
ἐξαδύτου τῶν ἱερῶν ἐχδοθέντος Βιύλίου. Ms. 2.325, fol. 160, vo; ms. 2.327, 
fol. 147. 

(2) Λαδὼν xotvoy woX06Gov, χάθχρον αὐτὸν ὡς ἐν τῇ ἀνωτέρω στήλὴ 
γέγραπται. Ms. 2.525, fol. 150, νῦ; ms. 2.327, fol. 146. Le ms. de saint 


Marc, fol. τοῦ, porte ἀνωτέραν στήλην. 


30 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


couverte de formules magiques attribuées à Nec- 
tanebo. Le mot est d’ailleurs, je le répète, jeté en pas- 
sant dans le manuscrit, sans prétention ni charlata- 
nisme. 

Les papyrus de Leide (1), originaires de Thèbes, 
offrent des recettes toutes semblables à celles de nos 
alchimistes grecs, et qui semblent empruntées aux 
mêmes sources; car les titres sont identiques et les 
recettes roulent exactement sur le même genre de pré- 
parations, — les unes réelles : purification, trempe, 
soudure des métaux, combinaison des alliages, dorure, 
argenture, docimasie de l'or et de l’argent, écriture en 
lettres d’or, teinture en pourpre, fabrication des verres, 
des pierres précieuses artificielles ; — les autres chimé- 
riques : art de doubler le poids de l’or, multiplication 
de l'or, art de faire l’asemon, c’est-à-dire l’argent, ou 
plutôt l’électrum alliage d’or et d'argent, dit asem en 
égyptien. On reconnaît dans ces derniers titres la pierre 
philosophale. 

Ces préparations n'étaient pas seulement industrielles 
et médicales ; elles s’étendaient même aux choses 
religieuses. Lepsius nous signale les huit miné- 
raux qu'on mêlait pour préparer une substance 
sacrée à Edfou : or, argent, chesteb (pierre bleue), 
chenem, nesenem, mafek (pierre verte), hertes. Le 
Kyphi, autre corps sacré dont parle aussi Plutarque (2), 
est composé avec de nombreuses substances, parmi 
lesquelles on nomme à Denderà, l'or, l'argent, le 
chesteb, le mafek. 


(1) Reuvens, 3e lettre à M. Letronne, p. 66 à 60. 
(2) De Iside, LXXXV. 


SOURCES ÉGYPTIENNES 31 


Montrons par quelques exemples comment les alchi- 
mistes ont emprunté aux prêtres de l'Égypte les 
formes énigmatiques et symboliques, ainsi que l’usage 
des signes hiéroglyphiques de leur art. 

Le signe alchimique de l’eau, notamment, est: iden- 
tique avec son hiéroglyphe ; celui du soleil l’est égale- 
ment. Le signe d'Hermès est le même que le signe ac- 
tuel de la planète Mercure dans l’Annuaire des Longi- 
tudes; il a été appliqué tour à tour à l’étain et au 
métal mercure. On l’assimile d'ordinaire au caducée ; 
mais il offre aussi une ressemblance singulière (1) avec 
l’une des représentations de Toth, représentation 
ainsi définie dans le Dictionnaire d'Archéologie égyp- 
tienne de Pierret (1875) : « la tête d’ibis, qui le carac- 
térise ordinairement, est surmontée d’un disque et de 
deux cornes en croissant ». Toutefois 1l faudrait des 
preuves plus positives, tirées des papyrus ou des 
monuments, pour pouvoir affirmer cette identifica- 
tion.  Le’sceau d'Héfmes,aque [65  Dranitièns du 
moyen âge apposaient sur les vases et qui est de- 
venu le scellement hermétique de nos laboratoires, 
rappelle encore l’origine égyptienne de la science. Le 
fait seul que le nom et le signe du dieu Hermès 
(Mercurius) aient été attribués par les alchimistes au 
métal qui constituait la matière première du grand 
œuvre, c'est-à-dire à l’étain d’abord, au mercure 
plus tard, fournit un rapprochement du même 
ordre. 

Le mot Cnouphion, dérivé du nom du dieu Cnou- 


(1) Voir notamment la grande figure dessinée dans le ms. 2.527, 
fol. 207, v®, à la suite d’une liste des mois égyptiens. 


32 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


phis, est donné dans le lexique alchimique grec.(1), 
comme synonyme d’alambic. | 

Rappelons également que, d’après Stéphanus d’A- 
lexandrie, médecin et alchimiste du vu° siècle, con- 
firmé .sur ce point par le lexique alchimique grec (2), 
Osiris est synonyme du plomb et du soufre. 

Olympiodore compare la chimie au tombeau d’Osi- 
ris (3), dont les membres sont cachés et dont le visage 
seul est apparent : ce qui répond bien à l’aspect d’une 
momie dans sa gaîne. Ailleurs le tombeau d'Osiris est 
assimilé au mercure, l’un des agents fondamentaux du 
grand œuvre (4). Cette intervention du tombeau 
d’'Osiris est d’autant plus frappante, que le même tom- 
beau figure dans la plupart des conjurations magiques 
données par les documents démotiques, par exemple 
dans un papyrus àtranscriptions grecques de Leide (5). 
Les noms d’Isis, d'Osiris, de Typhon, se retrouvent 
fréquemment dans les écrits des alchimistes grecs ; ce- 
lui même de Toth y figure, à la vérité mal compris 
et associé à des imaginations gnostiques (6). Il est 
aussi question dans ces écrits des temples de Memphis 
et d'Alexandrie, du temple d'Isis, du temple de Sé- 
rapis à Alexandrie, ainsi que des bibliothèques Ptolé- 
maïiques, qui y étaient associées (7). 

La phraséologie des alchimistes les plus anciens est 


(ἡ Ms. 2.327, fol. 20. 

(2).Ms. 2,329 ol ΟἿΣ 

{3) Ms. 2.327, fol. 210; ms. de saint Marc, fol. 174, νος 

(4) Ms. 2.327, fol. 05. 

(5) Monuments égyptiens, par Leemans, texte in-8°, 1859, 115 li vrai- 


son (p. 7). 
(6) Ms. 2.240, fol. 98; ms. de saint Marc, fol. 100, 
(7) Ms. 2.327, fol, 206 ; ms. de saint Marc, fol. 190, vo. 


SOURCES ÉGYPTIENNES 33 


celle de gens résidant en Égypte et ayant sous les 
yeux les obélisques et les hiérogrammes, qu’ils ci- 
tent, mais sans en comprendre la signification an- 
tique (1). 

Zosime, en particulier, semble contemporain de Por- 
phyre et de Tertullien; il fait allusion aux mêmes 
mythes et aux mêmes croyances, ainsi que je l’ai déjà 
expliqué en exposant les sources mystiques de l’alchi- 
mie (p. 9.) ἢ parle à plusieurs reprises du courant du 
Nil (2). 

Olympiodore, auteur plus instruit et contempo- 
rain de Théodose, rappelle, par ses citations des an- 
ciens philosophes grecs, les néoplatoniciens d’Alexan- 
drie, de la fin du 1v° siècle. 

J'ai également retrouvé, à la fin d’un manuscrit grec 
alchimique (3), la liste des mois égyptiens, mis en re- 
gard des mois romains. Je reproduis cette double 
liste, en conservant la forme grécisée des noms latins 
qui figurent au manuscrit : 

Martios, phamenoth; aprilios, pharmouthi; maios, 
pachon; junios, panini; julios, épiphi; augustos, me- 
sori; Septevrios, thoth; octobrios, phaophi; noevrios, 
athyr ; decevrios, chiak ; januarios, tybi; fevruarios, 
méchir. | 

Cette liste (4) est la même que celle qui figure dans 
le Diclionnaire d'archéologie égyptienne, de Pierret. 
Deux des noms qu’elle contient,1echir et mesori, sont 
donnés à plusieurs reprises dans l’un des traités 


2 


ΞῈ 


34 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


d'Olympiodore (1). De même, les mois méchir et phar- 
mouthti, dans un traité d'Agathodémon (2). Cet ensemble 
d'indications répond bien à des auteurs écrivant en 
Égypte et ne s’expliquerait pas autrement. 

Essayons de préciser davantage, en entrant dans les 
doctrines elles-mêmes. 

Le nombre quatre joue un rôle fondamental chez les 
alchimistes, aussi bien que chez les Égyptiens. Ceux- 
ci distinguaient les quatre bases ou éléments, les 
quatre zones, les quatre divinités funéraires, qui 
étaient aussi les génies des quatre points cardinaux et 
qui répondaient d’ailleurs aux quatre vents, etc. (3). 
Les Égyptiens, nous dit Senèque, firent quatre élé- 
ments, puis chacun d’eux se doubla en mâle et fe- 
melle (4). Le nombre sacré quatre figure aussi dans le 
papyrus n° 75 de Leide (5). Les fragments des Hermé- 
tiques conservés par Stobée en font mention. Le pré- 
tendu Nilomètre, monument souvent cité par les au- 
teurs du commencement de ce siècle, serait d’après 
Reuvens (6) le symbole de Phtah et des quatre élé- 
ments. Les gnostiques Valentin et Marcus font jouer 
aussi un grand rôle aux tétrades dans leur système, 
lequel est en partie tiré des idées égyptiennes. 

Or Zosime signale de même les quatre choses fon- 
damentales, et la tétrasomie, c’est-à-dire l’ensemble 
des quatre éléments qui représente la matière des 


) 24527, 101». 7. 

) Ms. 2.327, fol. 263. 

) Reuvens. Lettres à M. Letronne ; corrections ct additions, p. 160. 
) Questions naturelles, IT, 14. 

5) REUVENS, 1re lettre, p. 28, 32, 34. 


SOURCES ÉGYPTIENNES 35 


corps (1) Les quatre teintures sont assimilées par lui 
aux quatre points cardinaux (2) : Le Nord représente 
la Mélanosis (teinture en noir) ; le Couchant, la Leu- 
cosis (teinture en blanc ou argent) ; le Midi, la Iosis 
(teinture en violet); l'Orient, la Xanthosis (teinture en 
jaune ou or). 

Dans le manuscrit 2.327 figure la fable {organon) 
d'Hermès Trismégiste, transcrite au fol. 293. Cette 
table renferme les nombres, de r à 34, écrits (en grec) 
suivant un ordre particulier. Un certain calcul, exécuté 
depuis le lever de l'Étoile du Chien (Sirius) et le mois 
Epiphi, conduit à un chiffre, lequel reporté dans la 
table permet de prédire la vie, la mort ou le danger 
d’un malade. Ces calculs astrologiques et médicaux, 
cesnoms égyptiens caractérisent l’époque et Île pays. 
Les traités de Petosiris, vieil astrologue égyptien, 
transcrits dans le manuscrit 2.419, renferment des 
tables et des cercles (sphères) tout à fait analogues 
(fol. 33 ; fol. 156.) Dans le papyrus de Leide, on trouve 
aussi une sphère de Démocrite, qui a le même carac- 
tère et le même objet. 

Jerappellerai encore deux alphabets mystérieux, don- 
nés dans le manuscrit 2249 (fol. r00) avec leurs équi- 
valents grecs, et qui ont reparu, après avoir été 
effacés, dans le manuscrit de saint Marc (fol. 105). 
M. Révillout, à qui je les ai communiqués, y constate 
l’existence d’au moins trois caractères démotiques très 
nets, savoir : le dj traduit par le fau grec, de même que 
dans les papyrus qui renferment une transcription 


(5: 2.352, fotos imsw/2h0 ol 120. 
CMS; 250; [0]. 31: 


36 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


grecque ; un autre caractère polyphone traduit par le 
psi grec, et un troisième polyphone, aussi très net, le 
hoout, traduit par le /héta. 

Des alphabets magiques analogues existent dans le 
manuscrit astrologico-alchimique 2.419 de la Biblio- 
thèque nationale, et des alphabets pareils se lisent dans 
les papyrus thébains de Leide (r). 

Les noms mêmes des laboratoires où l’on prépa- 
rait la pierre métallique, c'est-à-dire la pierre philoso- 
phale, sont transcrits à la suite d’un traité de Jean 
l'archiprêtre (2). Les voici : terre de la Thébaïde, Hé- 
racléopolis, Lycopolis, Aphrodite, Apollinopolis, Éle- 
phantine : ce sont là en effet toutes des villes connues 
en Égypte et sièges de grands sanctuaires. Cette liste 
semble reproduite du début d’un passage d’Agathar- 
chide, relatif aux exploitations métallurgiques de l’É- 
gypte (3) : peut-être que les lieux où l’on extrayait l'or 
de ses minerais étaient les mêmes que ceux où l’on pré- 
tendait le fabriquer. En tous cas la liste est fort an- 
cienne ; car ces noms n'étaient plus guère connus 
après la conquête musulmane, et 11 n’y figure aucun 
lieu étranger à l'Égypte, tels que ceux que nous retrou- 
vons plus tard dans les listes écrites au vu° siècle. 

Tout ceci nous ramène constamment vers l'Égypte 
et même vers l'Égypte gnostique et hellénisée d’A- 
lexandrie, telle qu’elle existait à l’époque de la domi- 
nation romaine, aux 1° et 1v° siècles de notre ère. 

Cependant dans ces faits, il n’y a,en somme, la preuve 

(1) No 75; Reuvens, [, 40. 

(2) Ms. 2.327, fol. 249, v°. 


(3) Voir p. 23. Le manuscrit de saint Marc a donné tout ce passage 
sous le titre : Des pierres métalliques (fol. 138). 


SOURCES ÉGYPTIENNES 37 


d'aucune filiation absolument certaine de doctrines 
avec la religion égyptienne, sauf peut-être le rôle at- 
tribué au nombre quatre. Certes, il ne saurait s’agir 
ici de doctrines philosophiques au sens moderne, mais 
de ces théories mystiques et religieuses que nous trou- 
vons en Orient. Or, jusqu’à quel point les notions 
pratiques de l’industrie égyptienne étaient-elles ratta- 
chées à des idées théoriques ? La chose est probable ; 
toute pratique importante étant accompagnée autrefois 
de rites religieux. Mais nous ignorerons peut-être 
toujours leur corrélation effective, à moins qu’un papy- 
rus sorti des nécropoles de l'Égypte ne nous apporte à 
cet égard des révélations inattendues. Mon savant ami 
M. Maspéro, qui recueille en ce moment l'héritage 
scientifique de Mariette et maintient sur le Nil la tra- 
dition de la science française, nous fournira sans doute 
quelque lumière sur ce point, comme sur tant d’autres 
problèmes soulevés par l’histoire égyptienne. 

Au xvu siècle, on a beaucoup parlé d’une prétendue 
table d'Hermès, c'est-à-dire d’un papyrus hiérogly- 
phique, existant à Turin. Le jésuite Kircher (1) nous 
apprend que Bernard Canisius est le premier qui ait 
fait connaître cet ouvrage ancien, et qu’il contient la 
théorie du grand œuvre. En effet, Kriegmann, en 1657, 
a cru y trouver l'explication du mercure des philo- 
sophes, et Dornœus y a vu la médecine spagyrique 
universelle. Mais ce sont là de pures rêveries, malgré 
l'affirmation absolue de Kircher (certissimum est). Les 
auteurs du xvrn° siècle ignoraient les premiers prin- 
cipes de la lecture des hiéroglyphes. 


(τ) Alchimia hieroglyphica, Rome, 1653. 


38 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Des opinions analogues existaient déjà dans l’anti- 
quité. Jamblique signale les antiques stèles d’Her- 
mès, où toute science était transcrite. Manéthon l’astro- 
logue, auteur du même temps, parle aussi des livres 
sacrés des sanctuaires et des stèles mystérieuses de 
l’omniscient Hermès (1). Les premiers alchimistes 
grecs, Olympiodore par exemple, tiennent le même 
langage, en appliquant cette tradition à leur science ; 
ils disent que le secret de l’art sacré est inscrit 
sur les obélisques en hiérogrammes. Olympiodore 
donne même des indications d’une extrême précision 
sur les inscriptions du temple d’Isis (sans doute celui 
de Philæ, qu'il avait visité d’après son propre récit) 
et sur celles de la montagne Libyque (2). Était-ce sim- 
plement, de la part des alchimistes, le besoin de rat- 
tacher leurs idées à ces vieilles écritures, dont ils ne 
comprenaient plus le sens ? ou bien existait-il réelle- 
ment dans les temples des stèles contenant les for- 
mules de l’art sacré, comme l’aflirment Zosime et 
Olympiodore ? La stèle de Metternich avec ses ins- 
criptions magiques appuyerait cette dernière opinion. 
Nous avons cité aussi (p. 20) une recette de trans- 
mutation rapportée formellement à l’une de ces 
stèles (3), dans un langage qui ne semble guère laisser 
place au doute. Cependant jusqu'ici des stèles alchi- 
miques de cette nature n’ont pas été retrouvées. Nous 
ne sommes donc pas autorisés à faire remonter la filia- 


(1) ManéTHoN : Apotelesmatica, livre V, p. 03 (1832). 

ἜΣ ἀδύτων ἱερῶν βίδλων.... 

Καὶ χρυφίμων στηλῶν, ἅς ηὕρατο πάνσοφος “Ἑρμῆς. 
, fol. 205, vo. 

, fol, 150, vo ms. de saint Marc, fol, 106. 


SOURCES ÉGYPTIENNES 39 


tion authentique de l’alchimie plus haut que les pa- 
pyrus égyptiens de Leide, des n° et 11° siècles. 

On peut expliquer ces prétentions par des considé- 
rations plus générales. En effet, si les alchimistes se 
sont rattachés à Hermès, s’ils lui ont dédié le mercure, 
matière première du grand œuvre, c’est que Hermès, 
autrement dit Toth, était réputé l'inventeur de tous les 
arts et de toutes les sciences. Platon en parle déjà dans 
ses dialogues, tels que le Philèbe et le Phédon. Diodore 
de Sicile (1) fait remonter à Hermès l'invention du 
langage, de l’écriture, du culte des dieux et celle de 
la musique; de même la découverte des métaux, celle 
de l’or, de l'argent, du fer en particulier (2). Her- 
mès paraît avoir personnifié la science du sacerdoce 
égyptien. C'était le Seigneur des divines paroles, le 
Seigneur des écrits sacrés. (PierreT, Dictionnaire.) 
Le néoplatonicien Jamblique écrivait au i° siècle 
(De mysteriis Ægyptiacis) : « Cependant nos ancêtres 
lui dédiaient les découvertes de leur science, étant con- 
venus de tout attribuer à Hermès. » Tertullien cite 
également Hermès Trismégiste, le maître de tous ceux 
qui s'occupent de la nature (3). D’après Galien (Adyer-- 
sus ea quæ Juliano in Hippocratis aphorismos, etc.) : 
« En Égypte, tout ce qui était découvert dans les arts 
était soumis à l'approbation générale des savants ; 
alors on l’inscrivait sans nom d’auteur sur des colonnes 
que l’on conservait dans le sanctuaire. De là cette 
multitude d'ouvrages attribués à Hermès. » M. Pierret, 


(Pire τὸ. 
(2) Suipas, article Davos. 
(3) Adversus Valentinianos, XV, À. 


el LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 
4 


dans son Dictionnaire, fait également observer que les 
phrases attribuées à Hermès Trimégiste semblent sou- 
vent une simple traduction de certains hiéroglyphes. 
Il y a là tout un ensemble de données positives, qui 
concordent avec le langage de Zosime et d'Olympiodore 
et qui en attestent la valeur historique. 

La science était alors essentiellement impersonnelle, 
et l’on comprend comment Jamblique assigne à Her- 
mês 20,000 livres, ou même, d’après Manéthon, 36,525. 
Mais toute cette science, quels qu’en fussent l’objet et 
le caractère, est aujourd’hui perdue. A l'époque 
alexandrine on paraît en avoir fait des résumés, assez 
analogues à nos encyclopédies, ou mieux encore à celles 
de la Chine et du Japon: Dans ces résumés, la tradi- 
tion égyptienne était déjà amalgamée par les traduc- 
teurs avec les connaissances des philosophes grecs, 
ainsi que Jamblique le déclare expressément. Cette 
œuvre de l'Égypte hellénisée nous est connue surtout 
par un passage de Clément d'Alexandrie. D’après cet 
auteur, qui semble avoir eu le recueil sous les yeux, 1] 
existait quarante-deux livres d'Hermès. Il les décrit, 
en racontant comment onles portait en cérémonie dans 
les processions. Citons tout ce passage, qui est carac- 
téristique : 

« C’est le chanteur qui ouvre la marche, portant 
quelqu'un des attributs de la musique. 11 faut, dit-on, 
qu'il sache parcœur deux des livres d'Hermès : le 
premier qui contient les hymnes des dieux, le second 
qui renferme les règles de la vie royale. Après le chan- 
teur, s’avance l’horoscope, qui tient dans sa main 
l'horloge et la palme, symboles de l'astronomie. Il doit 


SOURCES ÉGYPTIENNES 41 


connaître et avoir sans cesse à la bouche les livres 
d'Hermès qui traitent de cette science. Ces livres sont 
au nombre de quatre : l’un disserte sur le système des 
astres qui paraissent fixes ; un autre sur la rencontre 
et sur la lumière du soleil et de la lune ; les deux der- 
niers sur leur lever. Vient en troisième lieu le scribe 
sacré, ayant des plumes sur la tête et dans les mains un 
livre et une règle, sur laquelle se trouvent aussi l’encre 
et le roseau qui lui sert pour écrire. À son tour, il est 
tenu de connaîtretout ce qui concerne les hiéroglyphes, 
la cosmographie, la géographie, le cours du soleil, de 
la lune et des cinq planètes, la chorographie de l'Égypte 
et la description du Nil; il doit pouvoir décrire les 
instruments et les ornements sacrés, ainsi que les lieux 
qui leur sont destinés, les mesures, et généralement 
tout ce qui appartient au cérémonial. À la suite des 
trois personnages dont nous venons de parler, s’avance 
celui qu’on nomme l’ordonnateur (le maître des céré- 
monies), qui tient une coudée, comme attribut de la 
justice, et un calice pour faire des libations. Il doit être 
instruit de tout ce qui regarde le culte des dieux et le 
sacrifice. Or, il y a dix choses qui embrassent le culte 
des dieux et toute la religion égyptienne. Ce sont : les 
sacrifices, les prémices ou offrandes, les hymnes, les 
prières. les pompes,-lesjourside fêtes, etc, etc. Enfin. 
pour terminer la marche, vient le prophète, portant 
l’aiguière, suivi de ceux qui portent les pains envoyés. 
Car le prophète est, en outre, chargé chez les Égyp- 
tiens de la distribution des comestibles. Le prophète, 
en sa qualité de pontife suprême, doit connaître les dix 
livres que l’on nomme sacerdotaux. Ces livres trai- 


42 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


tent des lois, des dieux et de tout ce qui a rapport 
à la discipline sacerdotale; Il y a donc quarante-deux 
livres d'Hermès extrêmement nécessaires. Trente-six, 
qui contiennent toute la philosophie égyptienne, sont 
soigneusement étudiés par ceux dont nous venons de 
parler. Quant aux six derniers, qui ont trait à la méde- 
cine et traitent de la constitution du corps, des mala- 
dies, des instruments, des remèdes, des yeux et enfin 
des femmes, ils sont l’objet de l'étude assidue de ceux 
qui portent le manteau, c’est-à-dire des médecins. (1) » 

Pour concevoir la scène retracée par Clément 
d'Alexandrie, il conv ient de la replacer dans son milieu 
historique. Reportons-nous par la pensée à ces colos- 
saux sanctuaires d'Esneh, d’Edfou et de Denderà, où 
je vois encore figurer sur les murs le long déroule- 
ment des processions sacerdotales; reportons-nous à 
ces temples de Sérapis, où la culture grecque s’alliait 
avec la tradition égyptienne. Tel était le temple 
d'Alexandrie, qui s'élevait sur une colline et dominait 
la ville, avec ses portiques et les bâtiments qui l’entou- 
raient. C'était en même temps le siège du Muséum 
antique, de l’École d'Alexandrie, avec ses cours, ses 
professeurs et ses élèves. Là se trouvait la fameuse 
bibliothèque Ptolémaïque, brûlée une première fois 
par César, rétablie par Marc-Antoine aux dépens de 
celle de Pergame, citée comme autorité par Tertullien 
et par Zosime, et qui paraît avoir duré, dans son en- 
semble, à travers des aventures diverses, jusqu’à la fin 
du 1v° siècle. Quelques débris semblent même s’en être 
conservés jusqu’à la conquête musulmane. Cette asso- 


(1) CLÉ». ALEx., Stromates, liv. VI, 4. 


SOURCES ÉGYPTIENNES A3 


ciation de la science et de la religion s’est perpétuée en 
Orient; la mosquée d’El-Azhar, la grande Université 
musulmane du Caire, avec ses professeurs fanatiques 
et ses milliers d'étudiants, nous présente aujourd’hui 
un spectacle analogue. 

Le Sérapéum de Memphis n’était pas moins remar- 
quable, au point de vue de la fusion de la culture 
grecque et de la culture orientale. D’après les décou- 
vertes de Mariette qui en a retrouvé l'emplacement, il 
est précédé d’une avenue de 600 sphinx que terminaitun 
hémicycle, formé des statues grecques de Pindare, Ly- 
curgue, Solon, Euripide, Pythagore, Platon, Eschyle, 
Homère, Aristote, avec leurs noms écrits en grec. Ce 
dernier sanctuaire était surtout médical : la parenté 
étroite qui a toujours existé entre la préparation des mé- 
dicaments et les études chimiques, nous explique pour- 
quoi lesalchimistes le regardaient commeleur plus vieux 
laboratoire. C’est dans le Sérapéum de Memphis que 
l'on a peut-être le plus de chances de découvrir un jour 
quelques indices des pratiques chimiques des Égyp- 
tiens, quelques fragments de ces fourneaux que Zosime 
décrit, d’après ce qu'il a vu lui même dans le temple 
de Memphis (1); quelques restes des alambics et des 
creusets employés pour teindre les pierres précieuses 
« d’après le livre du sanctuaire », comme parle l’un 
des manuscrits (2); en un mot, les débris de ces antiques 
laboratoires. 

Cependant, si nous nous bornons au texte de Clé- 
ment d'Alexandrie, il ne semble pas que l'Encyclo- 


(1) Ms. 2.240, fol. 94, vo. 
(2) ΜΕ 2:32, fol. 247: 


44 LES ORIGINES ΡῈ L'ALCHIMIE 


pédie hermétique contint sur les arts industriels, ou sur 
l'étude des métaux proprements dits, rien qui justifiât 
l’assertion des alchimistes faisant de leur étude l’art 
hermétique par excellence. Mais sans doute il y avait, 
indépendamment des traités cités par Clément d’Alexan- 
drie, d’autres livres occultes, dont certains fragments 
nous ont été conservés par les papyrus de Leide et par 
nos manuscrits. 

En fait, et en dehors des opuscules alchimiques, 
les seuls ouvrages venus jusqu’à nous sous le nom 
d'Hermès sont des écrits grecs, philosophiques et 
mystiques, se rattachant à la dernière époque de la 
philosophie hellénique. Le Pæœmander, l'Asclepios, 
renferment un mélange d'idées empruntées au T'mée 
de Platon et d’imaginations mystiques et gnostiques. 
Une traduction complète de ces écrits a été publiée, il 
y a quelques années, par M. Louis Ménard (1866), 
Tous ces ouvrages sont fort curieux pour l’histoire 
des croyances de l’époque; ils sont cités par les 
docteurs chrétiens, à côté des prétendus oracles sibyl- 
lins; mais ils sont également apocryphes. Ils ne renfer- 
ment que des traces incertaines des dogmes religieux 
de l’ancienne Égypte. Néanmoins les Égyptologues font 
remarquer la concordance de quelques phrases de ces 
écrits avec celles des hiéroglyphes. Il semble qu'il y ait 
là quelques débris plus ou moins défigurés de la vieille 
littérature égyptienne. C’était l'opinion de Champollion. 

Cette remarque s'applique également aux écrits 
alchimiques. En eflet, plusieurs formules mystiques, la 
forme apocalyptique du langage, l'intervention d’Isis 
s’entretenant avec son fils Horus, celle de l'Agathodé- 


SOURCES CHALDÉENNES 45 


mon attestentune certaine parentéentrelesécrits pseudo- 
hermétiques et les traités de quelques uns de nos manus- 
crits alchimiques, lesquels emploient précisément les 
mêmes noms et les mêmes formules. En tous cas, ils sont 
du même temps. Les spéculations de Zosime et son lan- 
gage mystique et allégorique rappellent quelquefois, 
presque dans les mêmes termes, celles du Pœmander 
sur la composition des âmes, spéculations congénères 
également de celles du T'mée de Platon. Le rappro- 
chement était si évident que les alchimistes du 
moyen âge associent nominativement l’apocryphe 
table d’émeraude d’Hermès aux écrits de l’auteur 
du Pœmander (1), et à son hymne mystique d'Hermès. 
On sait que ce dernier était récité par les adeptes, au 
début de leurs opérations : « Univers, sois attentif à 
ma prière; terre, ouvre-toi; que la masse des eaux 
s'ouvre à moi, etc. » 


$ 2. — Sources babyloniennes et chaldéennes. 


Les théories alchimiques ne viennent pas seulement 
d'Égypte ; elles peuvent réclamer aussi, pour une part, 
quelque origine babylonienne. C’est par là qu’elles 
achèvent dese rattacher au système des sciences occultes 
sorties d'Orient : magie, astrologie, alchimie, méde- 
cine, doctrine des métaux, des pierres précieuses et des 
sucs des plantes, lesquelles ont formé un corps 


(1) Basize VALENTIN, dans la Bibliothèque des philosophes chimiques 
de Sazmon, t. II. 


46 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


commun dans l'antiquité et pendant tout le moyen 
âge; conformément aux vieilles analogies que j'ai si- 
gnalées en parlant du livre d'Enoch. 

Les Chaldéens, c’est-à-dire les maîtres des sciences 
occultes, jouent un rôle important à Rome, dans 
l'histoire des premiers siècles de notre ère. Tacite en 
parle fréquemment; toujours comme de personnages 
suspects, associés aux mages, promoteurs d’espérances 
coupables (1). Il nous cite même un Pammenès, réputé 
dans l’art des Chaldéens et exilé pour ce motif (2). Nous 
retrouverons le même nom parmi les alchimistes. Ces 
Chaldéens venaient de la Syrie et de la Mésopotamie : 
c’étaient les représentants des religions orientales et des 
doctrines secrètes, cultivées dans les temples. En effet, 
les cultes de la Syrie et de l’Asie Mineure étaient impré:- 
gnés de mythes babyloniens : dans les grandes villes de 
l’'Euphrate, telles que Ctésiphon, héritière de Séleucie 
et de Babylone, il s'était formé une culture gréco-per- 
sane, culture dont nous rencontrons aussi le témoignage 
dans les alchimistes. Attachon-snous spécialement à cette 
filiation, au double point de vue mystique et pratique, 

Démocrite est donné par les alchimistes égyptiens 
comme leur premier patron, patron apocryphe, 
bien entendu; or, le maître en magie de ce Dé- 
mocrite était, d’après Pline, aussi bien que d’après 
les alchimistes, le Mède Ostanès. Ce n'est pas tout. 
Le pseudo-Démocrite compare les pratiques des 

(1) ANNALES Il, 27. — Ad Chaldæorum promissa, magorum sacra, 
somniorum etiam interpretes. — IL, 22 : quœæsitum per Chaldæos — VI, 
20; XII, 22, 52; Objiceret Chaldæos, magos, — XIV, 0. 


(2) Pammenem, ejusdem loci exsulem et Chaldæorum arte famosum. 
(Ann. XVI, 14.) 


SOURCES CHALDÉENNES 47 


\ 


adeptes Persans à celles des Égyptiens, dans sa lettre 
à Leucippe (1), ainsi que dans le commentaire de Sy- 
nesius. Zosime invoque également les livres des pro- 
phètes Persans. Le pseudo-Zoroastre dont parle Por- 
phyre se retrouve dans Zosime (2). C’est aussi un 
apocryphe, contemporain des alchimistes, et se cou- 
vrant du nom du vieux prophète Iranien. Il circulait 
sous son nom des traités de médecine et d’astrologie, 
dont les Geoponica nous ont conservé des fragments. 
Ailleurs Olympiodore cite (3) le livre des Kyra- 
nides, ou livre des prescriptions divines, lequel nous 
reporte encore vers la Perse et vers la fin du n° siècle. 
Il existe réellement un livre de ce titre (4), qui nous 
est parvenu et qui a été imprimé par Fabricius (5). 
Il y est question des 24 gemmes et des 24 herbes, 
ainsi que de leurs vertus magiques et médicales. Tout 
cet exposé est conforme aux pratiques des mages et à 
des traditions qui se sont conservées jusqu’à nos Jours 
en Orient, sur la puissance secrète des pierres et des 
herbes. Galien cite aussi ce livre des Kyranides, 
comme le font les premiers alchimistes ; le Syncelle en 
parle pareillement, Disons enfin que les chroniqueurs 
byzantins attribuent à Dioclétien la destruction des 
traités persans d’alchimie, aussi bien que celle des 
traités égyptiens : ce qui est conforme à la fois et à la 
pratique des Romains et à l'extension que je signale 
dans la culture des sciences occultes. 
1) Ms. 2.327, fol. 258. 
2) Ms. 2.240, fol. 07; ms. de saint Marc, fol. 160. 
LMS+2.327, fol. 274; 


3 
4) ἀρ ηι is Plinianæ Exercitationes, p.69 (1689). 
5 


( 
( 
( 
( 
(5) Bibl. Græca, XII, 755, 1r° édition. : 


48 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Au point de vue pratique, il existait en Babylonie 
comme en Egypte tout un ensemble de procédés indus- 
triels très perfectionnés, relatifs à la fabrication des ver- 
res et des métaux, à la teinture des étoffes, à la trempe 
du fer {aciers de Damas et de l'Inde). L'existence de ces 
procédés est rendue manifeste par l’examen des débris 
de l’art assyrien; mais nous ne possédons guère de 
renseignements précis sur leur fabrication. Ces con- 
naissances étaient communes d’ailleurs aux Phéniciens 
et aux populations syriennes, intermédiaires entre 
l'Egypte et la Babylonie. Elles se sont conservées par 
voie traditionnelle jusqu'aux Arabes et aux Persans 
modernes, dont l’art a tiré de ces sources spéciales, au 
moyen âge du moins, sa principale originalité. En tous 
cas, elles n'étaient pas étrangères aux alchimistes, et 
elles expliquent pourquoi ils invoquent les prophè- 
tes Persans à côté des prophètes Égyptiens. 

Précisons quelques unes des théories venues de la 
Chaldée. : . 

C’est probablement aux Babyloniens qu'il convient 
de remonter pour la parenté mystique si célèbre entre 
les métaux et les planètes. Je ne sais si l’on en trou- 
verait une indication plus ancienne que celle de Pin- 
dare exprimant la relation de l'or avec le soleil (r). 
Cette relation, ainsi que l’influence des astres sur la 
production des métaux, se trouve exposée de la façon 
la plus nette dans le commentaire de Proclus sur le 
T'imée. On y lit en effet : « L'or naturel (2) et l'argent, 


(1) Isthméennes, ode V. 
2) Ce mot semble impliquer une opposition entre l’or naturel et 
l'or artificiel. 


SOURCES CHALDÉENNES 49 


et chacun des métaux, comme des autres substances, 
sont engendrés dans la terre sous l’influence des divi- 
nités célestes et de leurs effluves. Le Soleil produit 
l'or; la Lune l'argent; Saturne, le plomb ; et Mars, 
le fer (1). » 

Olympiodore, philosophe néoplatonicien du v® siècle, 
lequel paraît distinct de l’alchimiste et moins ancien que 
lui, donne une énumération plus étendue (2) : il attri- 
bue le plomb à Saturne; l’Electrum (alliage d’or et 
d'argent) à Jupiter ; le fer à Mars: l’or au Soleil; l’ai- 
rain ou cuivre à Vénus; l’étainà Hermès, l'argent à 
la Lune. De même dans le manuscrit de Saint Marc, 
(fol. 6) on lit à côté des signes correspondants : Soleil, 
l'or; Lune, l’argent; Saturne brillant, le plomb; Jupiter 
éclatant, l’électrum; Mars enflammé, le fer; Vénus 
porte-lumière, le cuivre; Mercure resplendissant, l’étain. 

Il y a ici quelques attributions différentes des nôtres, 
mais conformes à celles des vieux alchimistes. Ainsi 
l’Electrum, alliage d’or et d'argent, figure aussi dans 
Zosime comme associé à Jupiter (3). On le trouve 
également dans l’une des listes des signes alchimiques, 
comme je viens de le rappeler. C'était en effet un 
métal particulier pour les Egyptiens; mais plus tard 
il disparut de la liste des métaux et son nom passa 


LA ΩΣ 

(τ) Φυσιχὸς ὃ χρυσὸς χαὶ ἄργυρος καὶ ἔχαστα τῶν μετάλλων, ὥσπερ χαὶ 

τῶν ἄλλων, ἀπὸ τῶν οὐρανίων ἐν y} φύεται θεῶν, καὶ τῆς ἕχειθεν ἀποῤ- 
. CT “a \ 
δοίας. Λέγεται γοῦν Ἠλίου μέν ὃ χρυσὸς; Σελήνης δὲ 6 ἄργυρος, Κρόνου δὲ 
λ κ . , 

μόλυδδος καὶ Ἄρεος 6 σίδηρος. ProcLus, Commentaire sur le Timée, 
ἘΣ 

(2) Dans ses Météorologiques : passage cité par Fabricius, 1. V, ch. vi. 
Bibliotheca græca. 

(5) Μ8. 2.327, fol.:r70;1v0. 


50 LES ORIGINES DE L’'ALCHIMIE 


même, par une transition singulière, tirée sans doute 
de l’analogie des colorations, à celui d’un alliage d’étain 
couleur d’or, le laiton. En même temps le signe de 
Jupiter, devenu disponible, fut appliqué à l’étain. 

Le signe actuel d'Hermès et de la planète corres- 
pondante figurent sur les pierres gravées et amu- 
lettes gnostiques des collections de la Bibliothèque 
Nationale de Paris. Ce signe et cette planète étaient 
attribués d’abord à l’étain ; lorsque ce métal changea 
de signe et de planète, son symbole et sa planète 
furent assignés au mercure, c’est-à-dire au corps 
qui jouait le rôle fondamental dans la transmuta- 
tion des métaux. Ces changements de notation ont 
eu lieu entre le v°et le xrr° siècle. Ils rappellent ceux 
que l’histoire de la chimie a si souvent présentés. Ils 
se traduisent dans les listes successives qui ont formé 
les lexiques alchimiques placés en tête des manuscrits, 
comme je le montrerai plus loin. 

Quoiqu'il en soit, les vieux auteurs s’en réfèrent 
perpétuellement au parallélisme mystique entre les 
sept planètes et les sept métaux, auxquels Stephanus 
d'Alexandrie associe les sept couleurs et les sept trans- 
formations. Ainsi dans le symbolisme des vieux alchi- 
mistes, le même signe représente le métal et la pla- 
nète correspondante. Le signe astronomique du soleil, 
tel qu’il figurait dans les hiéroglyphes égyptiens, et tel 
qu’il se retrouveaujourd’hui dans l'Annuaire du Bureau 
des longitudes, est pris pour l’or; le signe de la lune 
pour l’argent ; et ce double sens des signes sidéraux se 
rencontre déjà dans les papyrus de Leide. 

Toutes ces notions, à la fois astrologiques et chi- 


SOURCES CHALDÉENNES ST 


miques, sont au moins de l’époque Alexandrine; si elles 
ne remontent beaucoup plus haut. Elles expliquent le 
côté mystique des alchimistes. 

L’œuf philosophique joue un rôle capital dans l’alchi- 
mie et il apparaît dès son origine,comme point de départ 
de ses emblêmes et de sa notation. C'était à la fois 
le signe de l’œuvre sacré et de la création de l'Uni- 
vers. (1) Toutes ses parties ont une signification emblé- 
matique, dont l’énumération semble être la première. 
forme des lexiques alchimiques. Or c’est là un symbole à 
la fois Egyptien etChaldéen. D’après la mythologie égyp- 
tienne: le démiurge Khnoum, autrement dit Cnouphis, 
voulant réaliser la création, fit sortir de sa bouche un 
œuf, c'est-à-dire l’univers. Dans nos musées, nous le 
voyons façonnant sur une roue à potier l’œuf mysté- 
rieux, d’où la légende tirait le genre humain et Îa 
nature entière. Cette imagination de l'œuf du monde 
est aussi babylonienne. 

Dans un ordre analogue d’assimilations mystiques et 
astrologiques, originaires aussi de Babylone, et sur 
lesquelles les alchimistes reviennent souvent, l'univers 
ou #7acrocosme ἃ pour image l’homme ou s#1crocosme. 
Toutes ses parties fondamentales s’y retrouvent, y 
compris les signes du zodiaque (2). 

A ces conceptions astrologiques venaient s’en asso- 
cier d’autres, empruntées à la germination et à la géné- 
ration, et qui nous rappellent quelle importance les 
phénomènes agricoles avaient en Mésopotamie et en 
Egypte : « l'or engendre l'or, comme le blé produit le 


(1) Ms. 2.327, fol. 23, au bas. Voir p. 24. 
(2) Olympiodore, ms. 2.327, fol. 213, vo. 


2 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Un 


blé, comme l’homme produit l’homme », répètent sans 
cesse les adeptes. Ces idées, qui ont été en vigueur 
parmi les alchimistes durant le moyen âge, existent 
déjà chez nos auteurs grecs. On voit comment elles 
tirent leur origine de l'Égypte et de Babylone. 

Le vague des espérances illimitées qu'excitaient les 
études alchimiques ne s’étendait pas seulement à l’art 
de faire de l’or, maïs aussi à l’art de guérir les mala- 
dies. Ce dernier art est invoqué par Ostanès le philo- 
sophe, l’un des plus. vieux pseudonymes, appelé aussi 
le mage, c'est-à-dire le Chaldéen, et dont le nom est 
cité par Pline. Or, dans le livre alchimique qui porte 
son nom, l’eau divine guérit toutes les maladies. De là 
la conception de la panacée, de l'élixir de longue vie, du 
remède universel chez les Arabes, héritiers de la culture 
chaldéenne et persane. 

La tradition alchimique s’étend au delà de l'Egypte et 
de la Chaldée. De tout temps les connaissances pra- 
tiques, dans l’ordre des sciences réelles, comme dans 
l’ordre des sciences occultes, se sont propagées au 
loin dans le monde avec une singulière rapidité, et 
nous en reconnaissons souvent, non sans surprise, la 
trace dans les monuments contemporains des diverses 
civilisations. C'est ainsi que l’alchimie apparaît en 
Chine, au rm° siècle, à l’époque même, où elle florissait 
en Egypte et chez les Alexandrins. Voici les rensei- 
gnements que le savant M. d'Hervey de Saint Denis, 
professeur au Collège de France, a bien voulu me four- 
nir à cet égard. On trouve dans la grande encyclopédie 

?ei-ouen-yun-fou, qui jouit en Chine d’une réelle auto- 
rité, cette mention très nette : « Le premier qui purifia 


SOURCES JUIVES ΒΩ 


le ΤᾺΝ (expression technique consacrée pour dire, 
chercher la transmutation des métaux) fut un nommé 
Ko-hong, qui vécut au temps de la dynastie des Ou, ». 
La dynastie des Ou a régné de l’an 222 à l’an 277 de 
notre ère. C'est donc au milieu du πιὸ siècle que les 
Chinois auraient commencé à s’occuper d’alchimie. 
L'initiative, d’après le dictionnaire yun-fou-linn-yu, 
en appartiendrait aux moines de la secte du Tao, sec- 
tateurs du philosophe Lao-tse, lesquels pratiquèrent 
aussi la magie. Les alchimistes chinois s’attachaient 
également à transmuter l’étain en argent et l’argent en 
or ; ils plaçaient toujours dans leurs creusets, avec la 
pierre de tan, une certaine quantité du métal cherché, 
envisagée comme substance mère. Or ce sont là les 
pratiques usitées chez les Grœco-Egyptiens; c’est aussi 
la même association de la magie avec l'alchimie. 


δ 3. — Sources Juives. 


LA 


Le rôle attribué aux Juifs pour la propagation des 
idées alchimiques, rappelle celui qu’ils ont joué à 
Alexandrie, lors du contact entre la culture Grecque et 
la culture Egyptienne et Chaldéenne. On sait que les 
Juifs ont une importance de premier ordre dans cette fu- 
sion des doctrines religieuses et scientifiques de l'Orient 
et de la Grèce, qui a présidé à la naissance du christia- 
nisme. Les Juifs Alexandrins ont été un moment à la 
tête de la science et de la philosophie. 

La Cabbale, œuvre chaldéo-rabbinique, a été liée pen- 


54 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


dant le moyen âge avec l’alchimie. On rencontre dans 
le manuscrit alchimique de saint Marc, qui date du 
xi® siècle, un dessin cabalistique, le labyrinthe de 
Salomon (r). Cette liaison entre les traditions juives et 
l'alchimie remonte très haut; on la reconnaît aussi 
bien dans les papyrus de Leide que dans les manuscrits 
grecs alchimiques. 

Ainsi dans le papyrus n° 75 de Reuvens (2) figure 
une recette alchimique, attribuée à Osée roi d’Israël. 
Dans d’autres papyrus de la même famille, on lit 
les noms d'Abraham, Isaac, Jacob, le mot Sabaoth et 
plusieurs autres passages se rapportant aux Juifs. 

Le papyrus n° 76 (3) renferme un ouvrage magique 
et astrologique, intitulé : le Saint livre, appelé la hui- 
tième Monade de Moyse, la clef de Moyse, le livre 
secret de Moyse. Les noms et les souvenirs juifs sont 
donc mêlés aux sciences occultes, à l’époque des pre- 
miers écrits alchimiques, c’est-à-dire vers le m° siècle 
de notre ère. 

Ce mélange est attesté également par les manus- 
crits des Bibliothèques. En effet dans le manuscrit 
2.325, fol. 163, v°, et dans le manuscrit 2.327, fol. 146, 
nous trouvons citée la chimie de Moyse (4). La recette 
de Moyse pour doubler le poids de l’or (diplosts) par 
transmutation, apparaît dans le vieux manuscrit de 
Saint-Marc (5) et dans la plupart des autres. 

Le livre de la Vérité de Sophé l’Égyptien, œuvre 

{1) Ms. de saint Marc, fol, 102, vo. 

(2) re lettre à M. Letronne, Appendice, p. 158. 

(3) Appendice, p. 151. 

(4) Ev τῇ Μουσέως οἰχείᾳ χυ μευτιχῇ τάξει. 

(5) Ms. de saint Marc, fol. 155. 


SOURCES JUIVES 55 


attribuée à Zosime, est consacré au Seigneur des 
Hébreux et des puissances Sabaoth (1). 

Dans le manuscrit 2.249 (2), sur la page où sont 
figurés divers appareils, il y a une addition d’une autre 
écriture, avec la note : de Salomon, de Juda le Juif. 
Zosime s’en réfère aussi aux écrits judaïques pour la 
description de ‘certains appareils (3) : quelques uns 
d’entre eux remonteraient même à Noë, d'après un 
autre passage. Ceci rappelle les emprunts faits au 
livre juif d'Hénoch. Aiülleurs il nous est dit qu'il y 
a deux sciences, celle des Égyptiens et celle des 
Hébreux, qui est plus solide (4). 

Il y a plus : il existe un traité, ou plutôt une série 
d'extraits tirés d’un même traité, qui semblent répon- 
dre précisément à cette chimie domestique de Moïse 
citée plus haut. En effet ces extraits débutent par 
une phrase tirée de l’Exode (5), sauf quelques varian- 
tes (6). « Et le Seigneur dit à Moïse : J’ai choisi 
Beseleel, prêtre de la tribu de Juda, pour travailler 
l'or, l’argent, le cuivre, le fer et tout ce qui regarde 
les pierres et les travaux du bois, et pour être Île 
maître de tous les arts. » Puis viennent une série 
de recettes purement pratiques, placées sous Île 
patronage de Moïse et de Beseleel. On sait que 
ce dernier est donné dans l’Exode comme lun 
des constructeurs de l’Arche et du Tabernacle. Il y 


1) Ms. 2.327, fol. 251 et fol. 260. 
2) FOOT, ve: 

227; 101202: 

2.327 101-1200: 

xODE, XXXI, 1 à 5; XXXV, 30. 
δὲ 2.927, 16}. 208,00: 


τ: 
a 
un 
op 


STE 


56 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


a dans tout ceci une attache rabbinique, et comme un 
premier indice des sources et des doctrines secrètes 
de la franc-maçonnerie au moyen âge. 

Zosime parle également de Salomon, roi de Jérusa- 
lem, et de sa sagesse (r), ainsi que de la traduction 
de la Bible, de l’hébreu en grec et en égyptien (2), tra- 
duction qu’il attribue à un interprète unique. Ce der- 
nier renseignement est fort ancien; car il diffère de celui 
qui avait cours au rv° siècle sur cette traduction, d’après 
le pseudo Aristée, et qui s’est maintenu dans les mots 
« version des Septante »; je veux dire le conte des 
soixante-dix vicillards, choisis comme interprètes des 
Écritures Saintes. 

L'art sacré des Égyptiens et la puissance de l'or 
qui en résulte, écrit encore Zosime, n’ont été revélés 
qu'aux Juifs (3), par fraude, et ceux-ci l’ont fait 
connaître au reste du monde. 

« Ne touche pas la pierre philosophale de tes 
mains ;tu n'es pas de notre race, tu n'es pas de Ja race 
d'Abraham » (4), dit Marie la Juive, l’un des auteurs 
fondamentaux de l’alchimie : plusieurs traités lui sont 
attribués, ainsi que l’invention du bain-marie. 

Nous rencontrons ici ce mélange de fables hébraï- 
ques et orientales, qui caractérise les trois premiers 
siècles de notre ère. Il se manifeste plus clairement 
encore dans les origines gnostiques de l’alchimie, 


2 
(2) Ms. 2.240, fol, 98 ; Ms. de saint Marc, fol. 190, vo. 
(3) Μόνοις δὲ Ιουδαίοις ἐξέδωσαν λάθρα ταύτα ποιεῖν χαὶ ypapeiv, x 
παραδιδόναι ; Ms. 2.327, fol. 252, vo. 
(4) Ms. de saint Marc, fol. 178; Ms. 2,327, fol. 214, vo. 


SOURCES GNOSTIQUES 57 


dont nous parlerons bientôt. Observons d’ailleurs 
que le rôle favorable attribué aux Juifs est en 
opposition avec les préjugés de certaines sectes gnosti- 
ques. Mais par contre 1] s’accorde avec ce fait que le 
prophète gnostique Marcus était né en Palestine. En 
tout cas, un tel mélange nous reporte vers le second 
siècle de notre ère, au temps où l’autorité des livres 
des Juifs était invoquée et opposée à celle des auteurs 
helléniques, et où les chrétiens ne méprisaient pas 
encore les Juifs ; comme ils ne manquèrent pas de le 
faire, dès que leur religion fut devenue celle des em- 


pereurs. 


δά, — Sources Gnostiques. 


L'étude des papyrus et des manuscrits conduit à. 
préciser davantage l’époque et le point de contact 
entre l’alchimie et les vieilles croyances de l'Égypte 
et de la Chaldée. En effet, ce contact coïncide 
avec Île contact même de ces croyances et de 
celles des chrétiens au πὸ et au mf siècle. Les premiers 
alchimistes étaient gnostiques. 

D’après Reuvens (1), lé papyrus n° 75 de Leide ren- 
ferme un mélange de recettes magiques, alchimiques, 
et d'idées gnostiques ; ces dernières empruntées aux 
doctrines de Marcus (2). 


(1) ττὸ Lettre à M. Letronne, p. 8 à ro. 

(2) Monuments Egyptiens du musée de Leide publiés par Leemans, 
p. 85 (1846). Les mêmes : Livraison in-8°, publiée en 1839, p. 18 
et 34. 


58 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Les auteurs de nos traités, Zosime, Synésius, 
Olympiodore, sont aussi tout remplis de noms et 
d'idées gnostiques. « Livre de vérité de Sophé l'Égyp- 
« tien : c’est ici l’œuvre divine du Seigneur des 
« Hébreux et des puissances Sabaoth. » Ce titre déjà 
cité reparaît deux fois : une fois seul (τὴ, une autre 
fois (2) suivi des mots : « Livre mystique de Zosime 
le Thébain. » On reconnaît l’analogue de l'Évangile de 
la Vérité et de la Pistis Sophia de Valentin, ainsi que la 
parenté de l’auteur avec les Juifs et avec les gnostiques. 
En effet les mots « Seigneur des Hébreux et Sabaoth » 
sont caractéristiques. 

Quant au nom de Sophé l’'Egyptien, c’est une 
forme équivalente à celui de Souphis, c’est-à-dire 
du Chéops des Grecs. Le livre qui lui est ici attri- 
bué rappelle un passage d’Africanus, auteur du m° 
siècle de notre ère, qui a fait un abrégé de l'historien 
Manéthon, abrégé compilé plus tard par Eusèbe (3). 
« Le roi Souphis, dit Africanus, a écrit un livre sacré, 
que j'ai acheté en Egypte, comme une chose très pré- 
cieuse » On vendait donc alors sous le nom du vieux roi 
des livres apocryphes, dont les auteurs réels étaient 
parfois nommés à la suite, comme dans le titre de notre 
ouvrage de Zosime. 

Le Serpent ou Dragon qui se mord la queue 
(ouroboros) est plus significatif encore : c’est le 


(1) Ms. 2.327, fol. 260. 

(2) Fol. 25r. 

(3) Collection Didot, p. 548. 'Eusèbe a altéré ce passage, en substi- 
tuant aux mots : j'ai acheté, etc; ceux-ci : livre que les Egyptiens regar- 
dent comme très précieux. 


SOURCES GNOSTIQUES 59 


symbole de l’œuvre, qui n’a ni commencement ni 
fin (1). Dans les Papyrus de Leiïde (2), il est question 
d’un anneau magique, sur lequel ce serpent est tracé. 
Il est aussi figuré deux fois dans le manuscrit 2.327, 
en tête d’articles sans nom d’auteur, dessiné et colo- 
rié avec le plus grand soin, en deux et trois cercles 
concentriques, de couleurs différentes, et associé aux 
formules consacrées : « La nature se plaît dans la 
nature, etc. (3). » [l est pourvu de trois oreilles, qui 
figurent les trois vapeurs, et de quatre pieds, qui re- 
présentent les quatre corps ou métaux fondamen- 
taux : Plomb, cuivre, étain. fer. 

Les derniersdétails rappellent singulièrement la sala- 
mandre, animal mystérieux qui vit dans le feu, lequel 
apparaît déjà à Babylone (4) et en Égypte (5), et dont 
Aristote(6), Pline, Sénèque et les auteurs du siècle sui- 
vant rappellent souvent les propriétés mystérieuses. Il 
en est aussi question dans les papyrus de [,6146 (7) et 


(1) Ms. 2.250, fol. 45 : Le Serpent Ouroboros dontle commencement 
est la fin et dont la fin est le commencement. 

(2) REuvENS, 1re lettre, p. 24. 

(3) Ms. 2.327, fol. 196 (trois cercles : rouge, jaune et vert) et fol. 
279 (deux cercles rouge et vert), 

(4) Ex ipsa quæ magi tradunt contra incendia, quoniam ignes sola 
animalium extinguat, si vera ferunt : Pine, 1. XXIX, ch. 1v, section 23. 

(5) D'après Gessner (de Quadrup. oviparibus) c'était en Égypte le sym- 
bole d’un homme brülé, et il cite Horus (Horapollon) in Hierogly- 
phicis. 

(6) Aristote, Hist. des animaux, 1. V, ch. x1x. — Αὕτη γὰρ ὥς φησὶ, 
διὰ τοῦ πυρὸς βαδίζουσα χατασόέννυσε τὸ πῦρ. — Galien accentue davan- 
tage le doute et rappelle des expériences positives : Ἢ σαλαμάνδρα μέχρι 
μὲν τινὸς ὑπὸ πυρὸς ουδέν πάσχει. Cependant il dit qu’à la fin elle est 
brûlée.— GaALIEN, sur les Mélanges, livre II; éd. de Kühn, I, 814, 1821. 

(7) Quatrième livraison de la publication de M. Leemans, planche XII. 


60 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


parmi les pierres gravées gnostiques de la collection de 
la Bibliothèque Nationale : elle jouait un certain rôle 
dans les formules magiques et médicales de ce temps. 

A la suite de la figure du serpent, on lit dans le 
manuscrit 2.327 un exposé allégorique de l’œuvre : 
« Le dragon est le gardien du temple. Sacrifie-le, 
écorche-le, sépare la chair des os et tu trouveras ce 
que tu cherches. » Puis, viennent successivement 
l’homme d’airain, qui change de couleur et se trans- 
forme dans l’homme d’argent; ce dernier devient à 
son tour l’homme d’or (1). Zosime a reproduit tout cet 
exposé avec plus de développement (2). Les mêmes 
allégories se retrouvent ailleurs dans un texte ano- 
nyme (3), sous une forme qui semble plus ancienne : 
l’homme d’airain est plongé dans la source sacrée, 
il change non seulement de couleur (yswux), mais de 
COrPS (σωμα), c’est-à-dire de nature métallique, et il de- 
vient l’homme d’Asemon, puis l’homme d’or. L'argent 
est ici remplacé par l’asemon, c’est à dire par l'Elec- 
trum, alliage d’or et d’argent, qui figurait au nombre 
des vieux métaux Egyptiens (p. 49). 

Remarquons encore ces allégories, où les métaux sont 
représentés comme des personnes, des hommes : c’est là 
probablement l’origine de l’homunculus du moyen âge ; 
la notion de la puissance créatrice des métaux et de celle 
de la vie s'étant confondues dans un même symbole. 

Un autre traité de Zosime renferme une figure 
enigmatique, formée de trois cercles concentriques, 


(1) Ms. 2.327, fol. τοῦ ; Ms. de saint Marc, fol. 94. 
(2) Ms, 2.327, fol. 86, v°. 
(3) Ms. de saint Marc, fol. 137 ; ms. 2.327, fol. 110, v° 


SOURCES GNOSTIQUES Gr 


qui semblent les mêmes que ceux du serpent, et entre 
lesquels on lit ces paroles cabalistiques : « Un est le 
tout, par lui le tout, et pour lui le tout, et dans lui le 
tout. Le serpent est un; 1l a les deux symboles (le bien 
et le mal) et son poison (ou bien sa flèche), etc. » (1). Un 
peu plus loin vient la figure du Scorpion etune suite de 
signes magiques et astrologiques. Ces axiomes repa- 
raissent, mais sans la figure, écrits à l’encre rouge 
au folio 88 du n° 2.327 (2) : probablement la figure 
existait ici dans le texte primitif; mais le copiste ne 
l'aura pas reproduite. 

Dans le manuscrit de saint Marc, fol. 188, v°, et dans 
le manuscrit 2.240, fol. 06, sous le nom de CArysopée 
de Cléopätre, le même dessin se voit, plus com- 
pliqué et plus expressif. En effet, non seulement 
les trois cercles sont tracés, avec les mêmes axiomes 
mystiques; mais le centre est rempli par les trois signes 
de l'or, de l’argent et du mercure. Sur le côté droit 
s'étend un prolongement en forme de queue, aboutis- 
sant à une suite de signes magiques, qui se déve- 
loppent tout autour. Le système des trois cercles 
répond ici aux trois couleurs concentriques du ser- 
pent citées plus haut. Au dessous, on voit l’image 
même du serpent Ouroboros, avec l’axiome central : 
« Un le tout: » Le serpent, aussi bien que le système 
des cercles concentriques, est au fond l'emblème des 
mêmes idées que de l’œuf philosophique, symbole de 
l’univers (3) et symbole de l’alchimie. 


1) Ms. 2.327, fol. 220 et fol. 80. 
) Voir aussi le ms. 2,325, fol. 83. 
) 


MS%%.327, 10125; 


( 
ἿΣ 


\ 


62 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Ce sont là des signes et des imaginations gnostiques, 
ainsi que le montre l’anneau magique décrit dans le 
papyrus de Leide et comme on peut le voir dans l’H5s- 
loire des origines du Christianisme de M. Renan (1). 

Le serpent qui se mord la queue se présente con- 
tinuellement associé à des images d’astres et à des 
formules magiques sur les pierres gravées de l’époque 
gnostique. On peut s’en assurer dans le Catalogue 
imprimé des camées et pierres gravées de la Biblio- 
thèque nationale de Paris, par Chabouillet. Les numé- 
105 2,170, 2.177; 2.100, 2.104, Ὁ ΕΠ ΘΕῈ ΤΣ 20112207) 
2.203, 2.204, 2.205, 2.206, etc., portent la figure de 
lPOuroboros, avec toutessortes de signes cabalistiques. 
De même la salamandre, n° 2.103. Au n° 2.203 on voit 
Hermès, Sérapis, les sept voyelles figurant les sept 
planètes, le tout entouré par le serpent qui se mord 
la queue. Au n° 2.240, le signe des planètes avec 
celui de Mercure, qui est le même qu’aujourd’hui. 
C'étaient là des amulettes et des talismans, que l’on 
suspendait au cou des malades, d’après Sextus Em- 
piricus médecin du 1v° siècle, et que l’on faisait servir 
à toutes sortes d’usages. Ces symboles sont à la fois 
congénères et contemporains de ceux des alchi- 
mistes. 

Le serpent qui se mord la queue était adoré à 
Hiérapolis en Phrygie, par les Naasséniens, secte 
gnostique à peine chrétienne. Les Ophites, branche 
importante du gnosticisme, comprenaient plusieurs 
sectes qui se rencontraient en un point, l’adora- 


(1) T. VIL, p. 183. 


SOURCES GNOSTIQUES 63 


tion du serpent, envisagé comme le symbole d’une 
puissance supérieure (1); comme le signe de la 
matière humide, sans laquelle rien ne peut exister; 
comme l’âme du monde qui enveloppe tout et donne 
naissance à tout ce qui est, le ciel étoilé qui entoure 
les astres; le symbole de la beauté et de l’harmonie 
‘de l’univers. Le serpent Ouroboros symbolisait donc 
les mêmes choses que l’œuf philosophique des alchi- 
mistes. Le serpent était à la fois bon et mauvais. 
Ce dernier répond au serpent égyptien Apophis, 
symbole des ténèbres et de leur lutte contre le 
soleil. 

L’Ophiouchos, qui est à la fois un homme et une 
constellation, joue un rôle essentiel dans la mytho- 
logie des Pérates, autres Ophites; il prend la défense 
de l’homme contre le méchant serpent. Nous le 
retrouvons dans Olympiodore (2). 

Ailleurs nous rencontrons la langue spéciale des 
gnostiques : « la terre est vierge et sanglante, ignée 
et charnelle » nous disent les mêmes auteurs (5). 

Les gnostiques, ainsi que les premiers alchimistes 
et les néoplatoniciens d’Alexandrie, unissaient la 
magie à leurs pratiques religieuses. On s’explique par 
là la présence de l'étoile à huit rayons, signe du 
soleil en Assyrie, parmi les symboles qui entou- 
rent la Chrysopée de Cléopâtre, aussi bien que 
dans les écrits Valentiniens. Elle semble rappeler 
l’ogdoade mystique des gnostiques et les huit dieux 


(1) Sur les Ophites, par Pu. BERGER, p. 28, 20, οὔ; 1873. 
(2) Ms. 2.327, fol. 204. 
(3) Zosime, dans le ms, de saint Marc, fol. 100, vo. 


64 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


élémentaires "égyptiens, assemblés par couples mâles 
et femelles, dont parle Sénèque (1). J’ai montré ailleurs 
(p. 34) que le nombre quatre joue un rôle fonda- 
mental dans Zosime, aussi bien que chez les Égyptiens 
et chez le gnostique Marcus. 

Le rôle de l'élément mâle, assimilé au levant, 
et de l’élément femelle, comparé au couchant (2); 
l’œuvre accomplie (πληρούμενον) par leur union; 
l'importance de l’élément hermaphrodite {la déesse 
Neith des Égyptiens) cité par Zosime (3), et qui 
reparaît jusque dans les écrits du moyen âge (4); l’in- 
tervention des femmes alchimistes, Théosébie, Marie 
la Juive, Cléopâtre la Savante, qui rappellent les pro- 
phétesses gnostiques (5), sont aussi des traits communs 
aux ghostiques et aux alchimistes. 

Les traditions juives jouaient un rôle important 
chez les gnostiques Marcosiens. Ceci est encore 
conforme à l'intervention des Juifs dans les écrits 
alchimiques et dans les papyrus de Leide. 

Zosime, et Olympiodore reproduisent les spécula- 
tions des gnostiques sur l’Adam, l’homme universel (6) 
identifié avec le Toth égyptien: les quatre lettres 
de son nom (7) représentent les quatre éléments. 
Eve s’y trouve assimilée à Pandore. Prométhée et 


(1) Questions naturelles, III, 14. 

(2) Ms. 2.327, fol. 206. 

(3) Ms. 2.327, fol. 220. 

(4) Theatrum Chemicum, V, 804. 

(5) RENaw, Histoire des origines du christianisme, t. VII, p. 116. 

(6) Ms. 2.327, fol. 20, et ms. 2.249, fol. 08, transcrit en partie dans 
Hæfer, 1, 534— ms. de saint Marc, fol. 190. 

(7) L'auteur ne savait pas qu’en hébreu ce nom n’a que trois 
lettres. 


DUT TANCHE I 


TPH( LEO Focus 114 


SOURCES GNOSTIQUES 65 


Épiméthée sont cités et regardés comme exprimant en 
langage allégorique l’âme et le corps. 

Nous trouvons pareillement dans les Geoponica 
une recette attribuée à Démocrite et où figure le 
nom d’Adam, destiné à écarter les serpents d’un 
pigeonnier. Sous une forme plus grossière, c’est 
toujours le même ordre de superstitions. 

Un tel mélange des mythes grecs, juifs et chrétiens 
est caractéristique. Les Séthiens, secte gnostique, 
associaient de même les mystères orphiques et les 
notions bibliques (1). Nos auteurs alchimiques ne 
manquent pas davantage de s’appuyer de l'autorité 


4 


des livres hébraïques; et cela à la façon des premiers 
apologistes chrétiens, c’est-à-dire en les joignant 
à Hermès, à Orphée (2), à Hésiode, à Aratus (3), 
aux philosophes, aux maîtres de la sagesse antique. 

Ce langage, ces signes, ces symboles nous repla- 
cent au milieu du syncrétisme compréhensif, bien 
connu dans l’histoire, où les croyances et les cosmo- 
gonies de l'Orient se confondaient à la fois entre 
elles et avec l’hellénisme et le christianisme. Les 
hymnes gnostiques de Synésius, qui est à la fois 
un philosophe et un évêque, un savant et un alchi- 
miste, montrent le même assemblage. 

Or, le gnosticisme a joué un grand rôle dans tout 
l'Orient et spécialement à Alexandrie, au n° siècle de 
notre ère (4); mais son influence générale n’a guère 


) RENAN, VII, 135. 

RMS: 2.327, fol 262: 

PMs°3:.327, fol 256/et.fol: 103: 
) ἘΠ Histoire des origines du christianisme, τ. VI, p. 130. 


5 


66 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


duré au delà du rv° siècle. C’est donc vers cet inter- 
valle de temps que nous sommes ramenés d’une façon 
de plus en plus pressante par les textes alchimiques. 
Ceux-ci montrent qu’il existait dès l’origine une affi- 
nité secrète entre la Gnose, qui enseigne le sens véri- 
table des théories philosophiques et religieuses, dissi- 
mulées sous le voile des symboles et des allégories, 
et la Chimie, qui poursuit la connaissance des pro- 
priétés cachées de la nature, et qui les représente, 
même de nos jours, par des signes à double et triple 
sens. 


See Ts Te sers raser 


CHAPTERE, IV 


LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES 


USQU'ICI nous avons exposé l’histoire des 
origines de l’alchimie, telle qu’elle ré- 
sulte de l'étude des plus vieux monuments 


de cette science, papyrus et manuscrits 
des bibliothèques Nous avons montré la concordance 
des renseignements tirés de ces deux sources, entre 
eux et avec les doctrines et les préjugés des premiers 
siècles de l’ère chrétienne. Cette concordance atteste 
que les traités manuscrits ont été composés à la même 
époque que les papyrus trouvés dans les tombeaux 
de Thèbes : vérification d’autant plus utile que les 
copies les plus anciennes que nous possédions de 
ces traités manuscrits ne remontent pas au delà du 
xi° siècle. 

Non seulement les papyrus et les manuscrits des 
bibliothèques concordent ; mais les noms des dieux des 
hommes, des mois, des lieux, les allusions de tout 
genre, les idées et les théories exposées dans les ma- 
nuscrits et dans les papyrus correspondent, avec 


GS LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


une singulière précision dans les détails, à ce que 
nous savons de l'Egypte grécisée des premiers siècles 
de l’ère chrétienne et du mélange étrange de doc- 
trines philosophiques, religieuses, mystiques et 
magiques, qui caractérise les néoplatoniciens et 
les gnostiques. Nous établirons dans une autre 
partie de cet ouvrage une comparaison pareille entre 
les notions pratiques, consignées dans les papyrus et 
les manuscrits, et les faits connus aujourd’hui sur 
les industries égyptiennes relatives à la métallurgie, 
à la fabrication des verres et à la teinture des 
étoffes. Nos musées fournissent, à ces égards les 
témoignages les plus divers et les plus authenti- 
ques. 

Tels sont les résultats obtenus par l’étude intrin- 
séque des textes et des monuments anciens. 

Il convient de contrôler les résultats de cette étude. 
en les rapprochant des faits et des indications posi- 
tives que l’on trouve dans les auteurs et les historiens 
ordinaires. 

Aucun de ceux-ci n’a parlé de l’alchimie avant 
l’ère chrétienne. La plus ancienne allusion que 
l’on puisse signaler à cet égard serait une phrase sin- 
gulière de Dioscoride (1), médecin et botaniste grec : 
« Quelques-uns rapportent que le mercure est une 
partie constituante des métaux. » Dioscoride paraît 
contemporain de l’ère chrétienne; les manuscrits de 
cet auteur que nous possédons sont fort beaux, et 


à à * \ > \ 5» “ 
(1) Dioscoride, V, r10."Evtor δὲ ἱστοροῦσιν χαὶ καθ᾿ ἑαυτὴν ἐν τοῖς 


ἄλλοις Edo Our τὴν ὑδράρ y 
μετάλλοις εὑρίσχεσθαι τὴν ὑδράργυρον. 


LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES 69 


datés d’une façon précise : les deux principaux ont été 
transcrits au milieu du v® siècle (1). 

On cite encore un passage de Pline l’Ancien (2), 
d’après lequel il existe un procédé pour fabriquer 
l'or au moyen de l’orpiment: Caligula, dit-il, fit 
calciner une quantité considérable d’orpiment pour 
en tirer de l’or : il réussit; mais le rendement fut 
si minime que la quantité d’or obtenue ne do. pas 
les frais de l’opération. 

Invitaverat spes Caium principem avidissimum 
« auri, quamobrem jussit excoqui magnum auripig- 
« menti pondus, et plane fecit aurum excellens, sed ita 
« parvi ponderis, ut detrimentum sentiret. » 

C’est évidemment la première tentative de trans- 
mutation, ou plutôt de préparation artificielle de l’or, 
que l’histoire nous ait transmise. Le fait en soi, tel 
que Pline le rapporte, n’a d’ailleurs rien que de vrai- 
semblable : car il semble qu’il se soit agi ici d’une 
opération analogue à la coupellation, ayant pour but 
et pour résultat d’extraire l’or contenu dans certains 
sulfures métalliques, signalés par leur couleur comme 
pouvant en recéler. Extraction de l’or préexistant, ou 
fabrication de ce métal de toutes pièces, ce sont là 
deux idées tout à fait distinctes pour nous; mais elles 
se confondaient dans l'esprit des anciens opérateurs. 

On rencontre, vers la même époque, un énoncé 

(1) Voir l'édition de Sprengel, Leïpsick, 1829 ; Préface, p. xvur. 
Dans les papyrus de Leide (n° 66 de Reuvens), on trouve, à la 
suite des recettes alchimiques, divers extraits de Dioscoride ; mais la 
phrase ci-dessus y manque, d’après ce que M. Leemans a bien voulu 


m'écrire. 
(2) Livre XXXIIL, ch. 1v. 


70 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


plus net dans Manilius, auteur d’un poème astrolo- 
gique d’une langue excellente, et que les critiques 
s'accordent à regarder comme contemporain de 
Tibère. Au livre IV£, il développe en beaux vers les 
effets du feu : « la recherche des métaux cachés et des 
richesses enfouies, la calcination des veines de mine- 
ais, l’art de doubler la matière par un procédé cer- 
tain, ainsi que les objets d’or et d'argent. » 
Quidquid in usus. 
Ignis agit. Scrutari cæca metalla 
Depositas et opes, terræque exurere venas, 


Materiamque manu certa duplicarier arte, 
Quiquid et argento fabricetur quidquid et auro. 


Scaliger a cru ce passage interpolé, mais surtout à 
cause de sa signification : ce qui est un cercle vicieux. 
Il est conforme aux analogies historiques qu’un astro- 
logue, tel que Manilius, ait eu une connaissance plus 
particulière de l’alchimie. D'ailleurs, l’idée de doubler 
l'or et l’argent (diplosis) était courante dès le n° οἵ 
le im siècles de notre ère, comme le montrent les 
papyrus de Leide (1), d'accord avec les manuscrits 
des Bibliothèques. 

Venons aux personnes et aux industries chimiques. 

Les plus vieux auteurs cités par les manuscrits 
alchimiques, Démocrite, Ostanès, figurent aussi 
comme magiciens etastrologues dans Columelle, dans 
Pline et dans les écrivains de l'antiquité. Le nom de 
l’alchimiste Pamménès se retrouve dans Tacite, comme 
celui d’un magicien (p. 46). L’astrologue égyptien 
Pétosiris, dont les traités sont associés à des ouvrages 


(1) N° 66 de Reuvens. — Voir plus loin. 


LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES Fa 


alchimiques dans le manuscrit 2.410 de la Biblio- 
thèque nationale, est cité par Pline, par Juvénal et 
déjà par Aristophane (1). 

Sénèque rappelle également les connaissances pra- 
tiques de Démocrite sur l’art de colorer les verres, art 
congénère de l’art de colorer les métaux : « Il avait 
trouvé le moyen d’amollir l’ivoire, de changer le sable 
en émeraude par la cuisson et son procédé est encore 
suivi de nos jours. » 

« Excidit porro vobis eumdem Democritum inve- 
« nisse quemadmodum ebur molliretur, quemadmo- 
« dum decoctus calculus in smaragdum converteretur, 
« quà hodie que cocturà inventi lapides in hoc utiles 
« colorantur. » 

Sont-ce là des inventions authentiques du vieux 
philosophe? ou n’avons-nous pas affaire à des pseu- 
donymes Egyptiens, peut-être même à ceux dont nous 
possédons les traités? Je reviendrai sur ce problème. 

Pline parle pareillement des ouvrages où l’on ensei- 
gnait l’art de teindre les émeraudes artificielles et 
autres pierres brillantes (2). C’étaient là des arts 
Egyptiens par excellence et les recettes de nos ma- 
nuscrits concordent avec cette indication (9): τοὰ 
supposer, je le répète, qu’elles ne reproduisent pas 
exactement les procédés auxquels Pline faisait allusion. 

Nous avons donné plus haut (p. 12) les passages où 
Tertullien parle, au mm siècle, des mystères des mé- 
taux et des pierres précieuses, révélés par les anges 


1) Voir plus loin. 
) Livre XXXVII, ch. Lxxv. 
PMS2327, fol147. 


a) 
2 
n 
2 


( 
( 
( 


72 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


rebelles, des secrets de l’or et de l’argent, rapprochés 
de ceux de la magie et de l’astrologie: il s’agit évidem- 
ment ici de l’alchimie. On trouve aussi dans le néo- 
platonicien Jamblique, un passage où la magie semble 
associée à l’art de composer les pierres précieuses (1), 
et de mélanger les produits des plantes. Les manuscrits 
alchimiques attribuent même à Jamblique deux pro- 
cédés de transmutation (2). 

Un texte plus explicite est celui des Chroniqueurs 
byzantins, d’après lesquels Dioclétien détruisit en 
Egypte les livres d’alchimie. Le fait est tout à fait 
conforme à la pratique du droit romain (p. 14); il est 
attesté par Jean d’Antioche, auteur qui a écrit au 
temps d’Héraclius (vn° siècle) et qui semble avoir 
copié sur ce point le chronographe égyptien Pano- 
dorus, contemporain d’Arcadius. Ce texte a été 
reproduit ensuite par Suidas et par plusieurs autres 
auteurs. Ces auteurs disent expressément que « Dioclé- 
tien fit brüler vers l’an 200, les anciens livres de 
chimie des Egyptiens relatifs à l’or et à l'argent, afin 
qu’ils ne pussent s'enrichir par cet art et en tirer la 
source de richesses qui leur permissent de se révolter 
contre les Romains » (3). 


(1) Ἢ θεουργιχὴ τέχνη... συμπλέχει πολλάχις λίθους. — De myste- 
riis, section V, ch. xxu1. 
(2) Ms. 2327, fol. 266 et 267. 
᾿ \ \ » τἀ \ LU 
(3) Διοκλητιανὸς τὰ περὶ Χημίας ἀογύρου καὶ χρυσοῦ vois παλαιοῖς αὖ- 
ὧν γεγράμμυιενα βίδλια διερευνησάμενος ἔχαυσε, πρὸς τὸ μηχέτι πλοῦτον 
τῶν γεγράμμιε ἰόλια διερευνησάμενος ἔχαυσε, πρὸς μη ὺ 
, 3 es LA , LA 4 
Αἰγυπτίοις ἐχ τῆς τοιαύτης περιγίνεσθχι τέχνης, μήτε χρημάτων αὑτοὺς 
θαῤῥοῦντας περιουσίᾳ τοῦ λοιποῦ Ῥωμαίοις ἀνταίρειν. — JEAN Δ ΑΝΤΙΟΘΗΕ, 
dans les Extraits de Constantin Porphyrogénète, publiés par Valois, 
p. 834. — Suipas a reproduit textuellement ce passage. 


LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES 7,3) 


M. A. Dumont, de l’Académie des Inscriptions, 
savant dont nous regrettons la perte récente, m'a 
signalé un texte tout pareil quant au fond, quoi- 
que distinct par les mots, qu’il a rencontré dans les 
Actes de Saint Procope (1). La rédaction actuelle de 
ces Actes semble du x° siècle; mais ils sont déjà cités 
au deuxième concile de Nicée (au commencement 
du vi siècle) et leur première rédaction remonterait, 
d’après Baronius, au temps de l’empereur Julien. 

En tout cas, le passage précédent est étranger à 
l’histoire du Saint lui-même; il a été tiré de vieilles 
chroniques, que les amplificateurs successifs des actes 
de Saint Procope n’avaient pas intérêt à modifier. 

Ces textes sont tout à fait conformes au passage de 
Zosime déjà cité (p. 22), d’après lequel le royaume 
d'Egypte était enrichi par l’alchimie. Il semble ré- 
pondre à la destruction de certains traités, où la 
métallurgie positive, très cultivée dans la vieille 
Égypte, était associée à des recettes chimériques de 
transmutation : traités pareils à ceux qui figurent 
dans les papyrus de Leide et dans nos manuscrits. 
La concordance de tous ces faits, tirés de sources 
diverses, est frappante. 

L’Alchimie était désignée à l’origine sous le nom de 
science sacrée, art divin et sacré (2), désignations qui 


(1) Actes de saint Procope, Bollandistes, Julii, Il, 557, À. — Καὶ 
Ne? (6λ ΤῸΝ γε AS ΡῈ τὰ » / \ A Ce / 

τὰς βίόλους, ὅσαι περὶ χυμείας ἀργύρου τε χαὶ χρυσοῦ τοῖς παλαιοτέροις 
- > , \ ΜΕ Ξ 2. 

τῶν Αἰγυπτίων χατὰ σπουδὴν ἐγράφησαν, ἀνάλωμα πυρὸς ἀυτὰς ἔθηχεν, 
À 2 / -Ὁ τ τ 

εἴργων Αἰγυπτίους πορισμοῦ χρημάτων, ὥστε μὴ ἐκ τῆσδε τῆς τέχνης 
» L4 , 

εὐχοπότατα χρηματισομένους.... 


(2) ᾿βπιστημὴ ἱερὰ, τέχνη θεία καὶ ἱερὰ. 


74 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


lui étaient communes avec la magie. Le nom même 
de l’Alchimie figure pour la première fois dans un 
traité astrologique de Julius Firmicus, écrivain du 
ve siècle de notre ère, dont la conformité géné- 
rale avec Manilius est bien connue (1) : « Si c’est 
la maison de Mercure, elle donne l’astronomie; celle 
de Vénus annonce les chants et la joie; celle de 
Mars, les armes. celle de Jupiter, le culte divin 
et la science des lois; celle de Saturne, la science de 
l’alchimie. » L’adjonction de la préfixe αἱ est sus- 
pecte et dûe sans doute à un copiste; mais l'existence 
du nom même de la chimie dans Firmicus n’a pas 
été révoquée en doute. Le patronage de Saturne 
rappelle à la fois le plomb, qui lui est dédié, et Osi- 
ris, synonyme du plomb, et dont le tombeau était 
l’emblême de la chimie, d’après Olympiodore (p. 32). 
Julius Firmicus reproduit ailleurs l’un des axiomes 
favoris du pseudo-Démocrite et de ses commenta- 
teurs (2) : « La nature est vaincue par la nature ». 
Julius Firmicus nous reporte au temps de Zosime, 
ou plutôt de ses premiers successeurs. 

Un texte très explicite se lit dans le Théophraste 
d’Enée de Gaza, dialogue relatif à la résurrection des 
morts, et qui constitue avec Pline et Manilius, en 
dehors des papyrus et des manuscrits alchimiques 
bien entendu, le plus ancien document précis, de date 
certaine, où il soit question de la transmutation des 
métaux. Énée de Gaza était un philosophe néoplato- 
nicien du v* siècle, élève d’Hiéroclès, et qui se con- 


(1) Juzius Firmicus, ΠῚ, 15, in nono loco. 
(2) Natura alid à naturd vincitur, livre IV, ch. xvr. 


LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES 75 


vertit plus tard au christianisme. Après avoir exposé 
que le corps humain, formé par l'assemblage des 
quatre éléments (terre, eau, air, feu), les reproduit 
par sa décomposition, il reprend (1) la thèse platoni- 
cienne des idées, d’après laquelle : « La forme sub- 
siste, tandis que la matière éprouve les changements, 
parce que celle-ci est faite pour prendre toutes les 
qualités. Soit une statue d'Achille en airain ; suppo- 
sons-la détruite, et ses débris réduits en petits mor- 
ceaux; si maintenant un artisan recueille cet airain, 
le purifie, et, par une science singulière, le change 
en or et lui donne la figure d'Achille, celui-ci sera 
en or au lieu d’être en airain ; mais ce sera pourtant 
Achille. Ainsi se comporte la matière du corps dépé- 
rissable et corruptible, qui par l’art du créateur de- 
vient pure et immortelle. » Ce passage pourrait être 
interprété comme une simple hypothèse philoso- 
phique; mais Énée de Gaza le précise, en disant un 
peu plus loin (2) : « Le changement de la matière 
en mieux n’a rien d’incroyable; c’est ainsi que les 
savants en l’art de la matière prennent de l’argent et 
de l’étain, en font disparaître l’apparence, colorent et 
changent la matière en or excellent. Avec le sable 
divisé et le natron dissoluble, on fabrique le verre, 
c’est-à-dire une chose nouvelle et brillante. » 

C’est toujours la même association entre les 
diverses pratiques de la chimie du feu, relatives 


(1) Æneæ Gazæi Theophrastus. Dialogue platonico-chrétien sur la 
résurrection des morts, 1635, édité par BARTHIUS, p. 71. 

(2) Loco citato, p. 76. Le mot colorent est tiré de l'édition Bots- 
SONADE. 


76 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


aux verres et aux métaux. Le mélange mystique 
des idées de transmutation et de résurrection se 
retrouve dans les traités des alchimistes grecs (1), 
aussi bien que dans Enée de Gaza. « Il faut 
dépouiller la matière de ses qualités pour arriver à la 
perfection, dit Stephanus; car le but de la philo- 
sophie, c’est la dissolution des corps (matériels) et la 
séparation de l’âme du corps » (2). 
= Ala même époque, les chimistes apparaissent indivi- 
duellement et sous leur dénomination véritable dans les 
chroniques. Le premier qui soit appelé de ce nomestun 
charlatan (3), Johannes Isthmeos, qui escroquait les or- 
fèvres au temps de l’empereur AÂnastase et qui pré- 
senta à cet empereur un mors de cheval en or massif : 
« Tu ne me tromperas pas comme les autres, » repar- 
tit Anastase, et 1l le relégua, en l’an 504, dans la 
forteresse de Petra, où il mourut. Tous les chroni- 
queurs byzantins, Cedrenus, Jean Malala, auteurs du 
xt siècle, Théophane et d’autres encore, qui ont 
raconté l’histoire de cette époque, parlent du person- 
nage à peu près dans les mêmes termes; sans doute 
en reproduisant un même texte original. Ce récit rap- 
pelle les proscriptions des Chaldéens sous les pre- 
miers empereurs. Johannes Isthmeos était l’ancêtre des 
alchimistes du moyen âge et de la Renaissance, qui ont 
fait tant de dupes en opérant devant les crédules la 
transmutation des métaux : entre les sectateurs des 

(rx) Ms. 2.327, fol. 219. 

(2) 42 Praxis, ms. 2327, fol. 50.— Physici et medici græci minores 
de Ideler, t, II, p. 215. 


(3) CEDRENUS, p. 


359, A.; voir aussi JEAN MaLALA, p. 395, 8, et 
THEOPHANE, p. 128, D. 


LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES ἢ 


sciences occultes, les charlatans et les escrocs, il ἃ 
toujours existé une étroite parenté. 

L’alchimie, envisagée comme formant un corps de 
doctrines scientifiques, n’est pas citée dans les his- 
toriens anciens parvenus jusqu’à nous, du moins avant 
Jean d’Antioche, qui paraît avoir vécu au vu siècle. 
Nous avons reproduit son passage relatif à la destruc- 
tion des ouvrages chimiques en Égypte par Dioclétien. 
Mais ce passage est tiré certainement de chroniqueurs 
plus anciens, probablement de Panodorus. On pour- 
rait rappeler aussi Ostanès et Démocrite, nommés dans 
Pline et dans Columelle, à la vérité comme magi- 
ciens, plutôt que comme alchimistes explicitement 
désignés : les traités du dernier relatifs à la colora- 
tion du verre appartiennent bien à notre science. 
Au vi siècle, le polygraphe Georges le Syncelle 
connaît nos principaux auteurs et il raconte la 
prétendue initiation de Démocrite par Ostanès, 
Marie la Juive et Pamménès; il cite ses quatre 
lyresiSusnlor. larsent Mes prierresetelatpourpre, 
à peu près dans les mêmes termes que Synésius. Ce 
texte est extrait aussi de chroniqueurs antérieurs. 
D’après Scaliger (1), il aurait été écrit par le chro- 
nographe égyptien Panodorus, moine contemporain 
d’Arcadius et que le Syncelle cite avec les plus 
grands éloges (2); ceci nous ramène encore au temps 
de Synésius. 

Georges le Syncelle reproduit aussi des extraits 


(1) Eusebii Chronicon Animadversiones J. Scaligeri, p. 258. Lug- 
duni Batavyorum, 1606. 
(2) GEORGES LE SYNCELLE, p. 34 et 35, édition de Paris. 


78 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


étendus de Zosime et de Synésius : or certains de 
ces mêmes extraits se lisent textuellement dans les 
manuscrits de nos bibliothèques. Le Syncelle et les 
auteurs qu’il a copiés avaient donc entre les mains 
les ouvrages mêmes qui sont arrivés jusqu’à nous. 
Photius, compilateur du 1x° siècle, cite également 
Zosime, ainsi qu'Olympiodore, dont il nous raconte 
la biographie. Suidas, au x° siècle, tient le même lan- 
gage. 

A la même époque nous pouvons invoquer une 
autorité d’un ordre tout différent, celle des Arabes. 
Dans le Xhitab-al-Fihrist, encyclopédie écrite vers 
l’an 235 de l’Hégire, c’est-a-dire vers l’an 850 de 
notre ère,on trouve plusieurs pages consacrées à la liste 
des auteurs alchimiques (p. 253 de l'édition de 1871). 
M. Leclerc (1) a cité ce texte et M. Derenbourg a eu 
l’obligeance de me le traduire verbalement. On y lit 
les noms d’un grand nombre d’auteurs : les uns per- 
dus, les autres inscrits dans les manuscrits grecs que 
nous possédons, tels que Hermès, Agothodémon, 
Ostanès, Chymès, Cléopâtre, Marie, Stephanus, Ser- 
gius, Dioscorus, etc. 

A partir de ce temps, nous trouvons chez les 
Byzantins, puis chez les Arabes et chez les Occi- 
dentaux, une chaîne non interrompue de témoi- 
gnages historiques, relatifs à l’alchimie et aux gens 
qui l'ont cultivée. Nous touchons d’ailleurs à la date 
où ont été faites les copies des manuscrits que nous 
possédons et dont les plus anciens, celui de Saint- 


{r) Histoire de la médecine arabe, t. I, p. 305. 


LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES 79 


Marc à Venise, par exemple, remontent au xi° siècle; 
c’est-à-dire qu'ils sont presque contemporains de Sui- 
das. 

Il résulte de cet ensemble de faits et de documents 
une filiation non interrompue de témoignages relatifs à 
l’alchimie et aux écrivains alchimiques,au moins depuis 
le rrr° siècle de notre ère; filiation qui ne le cède en 
valeur et en certitude à aucune de celles sur lesquelles 
repose l’autorité des ouvrages les plus authentiques de 
l'antiquité. 


ΣΥ͂Σ ΚΣ ΤΣ ΤΣ ΤΣ ΚΣ ΤΕΣ ΤΣ ΥΣ 


CHAPITRE" NW 


LES PAPYRUS DE LEIDE 


L existe à Leide une collection de papy- 
rus égyptiens, qui renferme les plus an- 
ciens manuscrits alchimiques connus jus- 


qu’à ce jour. Leur provenance, leur date 
ct la concordance de leurs indications avec celles 
des manuscrits grecs de nos bibliothèques, fournissent 
à l’histoire de l’alchimie une base historique indiscu- 
table et donnent lieu aux rapprochements les plus in- 
téressants. C’est pourquoi il paraît utile d’entrer dans 
quelques détails sur l’origine et sur le contenu de ces 
papyrus. 

La collection de Leide a pour fond principal une 
collection d’antiquités Égyptiennes, réunies dans le 
premier quart du xix° siècle, par le chevalier d’Anas- 
tasy, vice-consul de Suède à Alexandrie, collection 
achetée en 1828, par le gouvernement des Pays-Bas. 
Elle renfermait entre autres objets, plus de cent ma- 
nuscrits sur papyrus, vingt-quatre sur toile, un sur 
cuir, etc. Parmi ces papyrus, il en avait vingt en grec 
et trois bilingues, etc. Ces papyrus ont été l'objet 


LES PAPYRUS DE LEIDE SI 


d'une description générale avec commentaire par 
Reuvens, directeur du muséé de Leide, sous le 
titre de : lettres à M. Letronne, (au nombre de trois) 
imprimées à Leide en 1830. M. Leemans, qui a succédé 
à M. Reuvens dans la direction du musée, a publié 
depuis quarante ans une nombreuse suite de papyrus, 
tirés des collections dont il a la garde. Mais jusqu'ici 
il n’a donné que peu de chose sur les papyrus grecs 
dont il s’agit, et nous connaissons ceux-ci principale- 
menti par lesulettres- der Reuvens.«Un seul: de ceux 
qui nous intéressent a été donné par M. Leemans : c’est 
le fac-similé d’un papyrus démotique, avec transcrip- 
tions grecques, qui renferme quelques mots de matière 
médicale et d’alchimie et dont Reuvens avait déjà 
parlé (1). C’est des publications de Reuvens et de 
M. Leemans que j'ai tiré la plupart des renseignements 
qui vont suivre. 

J'aurais désiré pouvoir étudier d’une façon appro- 
fondie les textes alchimiques qui y sont donnés. 
Mais je n’ai pu obtenir l’autorisation d’en faire une 
copie complète. Je donnerai seulement en appendice 
(appendice A), d’après Reuvens, la liste des titres 
des articles de ces textes spéciaux : liste précieuse par 
sa similitude avec les titres de nombreux articles ana- 
logues, contenus dans les manuscrits grecs de nos 
bibliothèques. Une telle similitude témoigne que les 
uns et les autres ont été écrits vers la même époque 
et dans un but pratique tout pareil. 


(1) Monuments Egyptiens du musée de Leide, p.85, 4livraison in-fol. 
planche XII (1846). Voir aussi les indications de la rre livraison in-8°, 
Ῥ 3,» 1. 8594: (1830): 


δ LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pour aller plus loin, il aurait fallu connaître le texte 
même de ces articles des papyrus. Je n’ai pu le faire 
pour leur ensemble, ainsi qu’il vient d’être dit. Mais 
j'ai réussi cependant à y suppléer, de façon à avoir 
une connaissance assez étendue de ces textes. En effet 
M. Revillout, le savant professeur d'Egyptologie de 
l’École du Louvre, a eu l’obligeance de me communi- 
quer, sans réserves, la photographie de deux des 
pages du plus important de ces textes. M. Omont, 
employé au département des manuscrits de la Bi- 
bliothèque Nationale, a bien voulu, avec une rare 
complaisance, faire de cette photographie une trans- 
cription régulière. J’en ai tiré parti pour mes com- 
paraisons et je la reproduirai in extenso dans un autre 
appendice (appendice B), à la fin du présent volume. 

J'utiliserai aussi deux petits articles du même 
papyrus : sur l’art de donner au cuivre l’apparence de 
l'or; articles que M. Leemans a eu la bonté de trans- 
crire et de m'envoyer, mais en me demandant de ne 
pas en publier le texte. Aussi me suis-je abstenu de 
les reproduire ; non sans regret, à cause de l'intérêt de 
la matière traitée par l’un d’eux: dorure sans mer- 
cure, c’est-à-dire dorure dans laquelle l’usage d’un 
alliage de plomb et d’or remplace l’amalgamation. 

Trois de ces papyrus sont signalés comme relatifs 
à l’alchimie : ce sont les n° 65, 66 et 75 de Reu- 
vens (1) : le n° 66 en particulier. Ils paraissent 
remonter au im siècle et à une époque antérieure à 


(1) M. Leemans à changé ces numéros dans son catalogue. Le n° 65 
a été publié en fac-similé par lui, comme je l'ai dit à la page précé- 
dente. 


LES PAPYRUS DE LEIDE 83 


l'établissement officiel du christianisme (r). Ils sem- 
blent avoir fait partie d’une même trouvaille (2) 
tirée probablement du tombeau de quelque magi- 
cien de Thèbes. Ce sont en un mot, des manuscrits 
du même ordre que les livres brûlés par Dioclétien. 
La magie, l’astrologie, l’alchimie, l'étude des alliages 
métalliques, celle de la teinture en pourpre et celle des 
vertus des plantes y sont intimement associées, con- 
formément aux traditions rapportées par Tertullien 
et par Zosime. Nous y trouvons les noms de Dé- 
mocrite et d’Ostanès (3), comme dans les manus- 
crits de nos bibliothèques et dans Pline; le Serpent 
Ouroboros y figure de même. On y lit des alphabets 
magiques (4), comme dans le manuscrit 2.249 et 
dans celui de saint Marc. Les symboles astrono- 
miques du soleil (5) et de la lune (6) sont appliqués 
aux noms des plantes, et à ceux de l’or et de l'argent; 
toujours comme chez les alchimistes. 

Les idées gnostiques, le mystérieux nombre 
quatre (7), commun aux égyptiens, aux gnostiques et 
aux alchimistes, et jusqu’à l’autorité apocryphe des 
juifs et de Moïse (8), y sont pareillement invoqués. 


) Reuvens. Appendice, p. 151. 
) Reuvens. Appendice, p. 140. 
) Reuvens. Corrections et additions, p. 163 et 148. 
) Reuvens. Lettre I, p. 49. (Voir p. 15 et 35 de ce volume.) 
(5) Reuvens. Appendice, p. 154. — Planche XII de la 4° livraison 
des Monuments Égyptiens, publiés par Leemans. 
(6) Reuvens. Lettre I, p. 51. — Planche XII ci-dessus. 
(7) Papyrus 75 ; REUVENS, lettre I, p. 28, 32, 34 et 6o. (Voir p. 34 du 
présent ouvrage.) 
(8) Reuvexs. Appendice, p. 152. Ms. 2.327, fol. 149. (Voir p. 54 du 


présent ouvrage.) 
ὃ 


84 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Entrons dans quelques détails. 

Les papyrus n°65 (1) et n° 75 (2) sont bilingues 
Le second renferme un texte égyptien hiératique 
plus ancien, avec un texte grec inscrit sur la face 
intérieure. Le premier contient en outre des tran- 
scriptions interlinéaires de mots démotiques, écrites 
en grec; il provient de Thèbes. Ces deux papyrus 
portent les marques d’un usage journalier et d’une 
lecture usuelle : ce sont des rituels magiques que 
le possesseur consultait fréquemment. 

En effet le n° 75 est consacré à des cérémonies 
magiques, effectuées par l'entremise de l’amour mys- 
tique, envisagé comme grande puissance thaumatur- 
gique. Telles sont l’évocation d’un fantôme; la con- 
fection d’une image de l’amour; la recette d’un 
philtre, composé de diverses plantes; la recette mys- 
tique pour réussir dans ses entreprises ; plusieurs 
recettes pour obtenir ou envoyer un songe; la con- 
sultation de la divinité, qui répond sous la forme 
d'un Dieu à tête de serpent /fhéomantion) ; un pro- 
cédé pour porter malheur à quelqu'un; un autre 
pour arrêter sa colère. 

Puis viennent des procédés d’affinage de l'or; enfin 
une recette pour confectionner un anneau jouant le 
rôle de talisman, en gravant sur un jaspe enchassé 
dans cet anneau la figure d’un serpent qui se mord 
la queue, la lune avec deux astres et le soleil au- 
dessus. C’est là une figure dont l’analogue se retrouve 
dans les pierres gravées de la Bibliothèque nationale 


(1) Planche XII de la 4e livraison des Monuments Égyptiens, 
(2) Reuvens. Lettre 1, p. 4. 


LES PAPYRUS DE LEIDE SD 


et dans nos manuscrits alchimiques (voir p. 58 et 62). 
L'amour tyrannique figure pareillement dans ceux- 
ci, au milieu d’une recette de transmutation, dans 
une phrase incompréhensible (1), qui semble le lam- 
beau de quelque vieux texte mutilé. On rencontre en- 
core l’amour extracteur d’or dans un exposé mystique, 
où il est question d’un traité de Kron-Ammon (2), 
autre personnage énigmatique. 

On lit ensuite dans le papyrus une table en chiffre, 
pour pronostiquer par des calculs la vie ou la mort 
d’un malade, table attribuée à Démocrite (3) et ana- 
logue à la table d’Hermès du manuscrit 2.327; 
une formule pour amener une séparation entre époux ; 
une autre pour causer des insomnies jusqu’à ce que 
le patient en meure ; un philtre pour exciter l’amitié, 
composé de plantes, de minéraux et de lettres ma- 
giques; des explications de noms mystiques des 
plantes, etc. 

Toute cette thaumaturgie répond aux pratiques des 
sectes gnostiques et de Jamblique. Les noms mêmes 
des cérémonies sont pareils chez les gnostiques et dans 
les papyrus (4) : ce qui fixerait la date de ces derniers 
vers le nr° siècle. La divination par les songes, qui figure 
dans le papyrus précédent, se trouve aussi dans le papy- 
rus €, 116 et 122, publié par M. Leemans (5). Elle est 

(Ms 327 fol 2740 ave, 

(2) Ms. 2.327, fol. 215. Ὃ ἔρος 6 χρυσοριχύτης πρὸς χορνάμονα 
περὶ τῆς μερικῇς τέχνης. 

(3) Reuvens. Appendice, p. 148. Δημοχρίτου σφαιρα. — Voir ce vo- 
lume p. 35. 


(4) Reuvens. Lettre I, p. 26. 
(5) Papyri græci, I, 3, re livraison (1843). 


86 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


également associée à l’alchimie dans le manuscrit 
de saint Marc (1), et dans les ouvrages authenti- 
ques qui nous restent de l’évêque Synésius. La tra- 
duction du texte hiératique écrit au-dessus dans le 
papyrus, texte plus ancien, fera peut-être remonter 
plus haut encore la date des pratiques décrites dans 
ce papyrus. 

Quoiqu'il en soit, le mélange des recettes alchimi- 
ques, et des pratiques magiques est très caractéris- 
tique. L’indication de la table de Démocrite et celle 
du serpent Ouroboros entourant les figures d’astres, 
qui se trouvent à la fois dans le papyrus de Leide et 
dans les manuscrits alchimiques, ne le sont pas 
moins. 

Le papyrus n° 65 est également magique : son 
revers porte les noms (2) de divers produits animaux, 
minéraux et végétaux, parmi lesquels la salamandre, 
le sel ammoniac, l’aphroselinum, la pierre magnétique 
d’aimant (magnès), la magnésia, le sourcil du soleil et 
le sourcil de la lune (3); celle-ci figurée par un signe 
astrologique. Le tout renferme des indices non dou- 
teux d’alchimie. 

Le papyrus n° 66 (4) est surtout capital à ce point 
de vue : car il ne s’agit plus de simples indices, mais 
d’une centaine d’articles, relatifs à la fabrication des 


(1) Additions sur les feuilles de garde initiales. 

(2) Reuvexs. Lettre I, p. 51. — On en trouve le fac-simile dans les 
Monuments Égyptiens de Leide, 4° livraison, planche XII. 

(3) Opus Ἡλίου; oppus celnvns... αφροσελήνον... ηλιογονον ; 
gehnvoyovoy. . 

(4) Reuvexs. Lettre ΠῚ, p. 65. M. Leemans a donné à ce papyrus le 


n° 370, I. 


LES PAPYRUS DE LEIDE 87 


alliages, à la teinture en pourpre et à la matière mé- 
dicale. C’est un livre sur papyrus, de format in-folio, 
haut de o"30 sur o"18 de large, originaire de Thèbes : 
il consiste en dix feuilles entières, pliées en deux 
et brochées, dont huit seulement sont écrites. Cela 
fait donc seize pages écrites, contenant environ sept 
cent vingt lignes. Elles sont très lisibles, comme j'ai 
pu m'en assurer sur la photographie de deux de 
ces pages : l'écriture serait du commencement du 
mis isiècle (1). 

Les articles portent chacun un titre. Ce sont des 
recettes pures et simples, sans théorie, toutes pareilles 
par leur objet et par leur rédaction à un groupe de 
formules inscrites dans les manuscrits grecs de nos 
bibliothèques. Je pense que ces dernières formules ont 
été probablement transcrites à l’origine d’après des 
papyrus semblables à celui-ci. Le texte même des 
articles du papyrus que j'ai pu me procurer in inlegro 
n’est tout à fait identique dans aucun cas à celui 
de nos manuscrits; mais la ressemblance n’en est pas 
moins frappante, comme je vais l’établir. 

Signalons les principaux sujets traités dans les 
articles du papyrus, en les rapprochant à l’occasion 
des sujets pareils du manuscrit 2.327. Je les grouperai 
sous les chefs suivants : Plomb, étain, cuivre, argent 
et asemon, or, pourpre, minerais divers. 

Plomb. — Purification (2) et durcissement (3) du 
plomb. Le premier titre figure à peine modifié dans le 

(1) Voir Reuvexs. Appendice, p. 151 et 162. 


(2) Καθαρσις. 


(3) ὥχληρωσις, σχληρασια. 


88 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


manuscrit 2.527 (1) et le second sujet y est aussi 
traité (2). 

Etain. — Purification de l’étain, décapage (3) et 
durcissement de ce métal (4). Les manuscrits donnent 
de même des procédés pour l’affinage de l’étain (5). 

Purification de l’étain, projeté dans le mélange (6) 
qui sert à fabriquer l’asemon (c’est-à-dire pour la 
transmutation de l’étain en argent). 

Epreuve de la pureté de l’étain. 

Blanchiment de l’étain (7). Ce titre se retrouve dans 
le manuscrit 2.327 (δ). Dans la langue des alchimistes, 
le mot blanchiment s'applique d'ordinaire à la teinture 
du métal transformé en argent, comme le montre l’un 
des articles du manuscrit 2.327 (fol. 288 v°). 

Cuivre. — Blanchiment du cuivre. 

Fabrication du cuivre couleur d’or (bronze). Trois 
articles sont relatifs à ce sujet, qui préoccupait beau- 
coup les alchimistes ; car il s'agissait d’un premier 
degré de modification dans le métal, consistant à le 
teindre superficiellement. La même préparation se 
trouve exposée à plusieurs reprises dans le ma- 
nuscrit 2.327 (9). M. Leemans a eu l’obligeance 
de copier pour moi deux des articles du papyrus 


Ms. 2.327, fol. 274. 
2.527, fol.146 v°, au bas. 


oir aussi J'Appendice B. 


) 

) M 

) Sub. 
4) V 

5) Ms. 2.327, fol. Ta yo et fol. 270. 


( 

(7 

(8) Ms. 2.327, fol. 274 vo et fol. 288. 

(o) Ms. 2.327, fol. 288 et v°; fol. 284 et v°. 


LES PAPYRUS DE LEIDE 89 


relatifs à la même question, mais sans m'’autoriser 
à les reproduire in extenso. Aucun n’est identique à 
ceux des manuscrits qui portent le même titre. Le 
second procédé du papyrus paraît consister dans 
une dorure obtenue au moyen d’un alliage d’or et 
de plomb. On l’étendait à la surface du cuivre, puis 
on passait la pièce au feu à plusieurs reprises, jusqu’à 
ce que le plomb eut été détruit par une oxydation, 
à laquelle l’or résistait; comme l’auteur prend soin 
de l’indiquer. C’est donc un procédé de dorure sans 
mercure. 

Viennent ensuite les sujets suivants : Décapage 
des objets de cuivre. Ramollissement du cuivre (1) 
Liniment (2) de cuivre. 

Argent et Asemon. — Un certain nombre d’ar- 
ticles pratiques transcrits dans le papyrus se rappor- 
tent à l’argent proprement dit : purification de l’ar- 
gent ; décapage des objets d’argent ; docimasie, c’est- 
à-dire essai de l’argent ; dorure de l’argent; coloration 
de l'argent (3) (en couleur d’or?) Le dernier sujet est 
traité aussi dans le manuscrit 2.327 (4). 

Les suivants concernent l’alchimie proprement 
dite. Fabrication (5) de l’asemon (6). Le mot asemon 
était regardé au xvir siècle comme représentant l’ar- 
gent sans marque, c’est-à-dire plus ou moins impur, 

(1) Μαλαξις. 

(2) Χρισις. 

(3) Χρωσις. 

(4) Μ5. 2.327, ἴο]. 284, 285. 

(5) Ποιησις ἀσημου. Voir le ms. 2.327, fol. 146. ; le ms. de saint 


Marc, fol. 106. 
(6) Voir aussi le ms. 2.327, fol. 29 vo et fol. 17. 


O0 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE Ν 


renfermant du plomb, du cuivre ou de l’étain; en 
un mot tel qu'il se produit d'ordinaire à l’état brut 
dans la fonte des minerais. Mais d’après Lepsius, on 
peut rapprocher ce mot avec plus de vraisemblance 
du mot égyptien asem, qui exprime l’électrum, 
alliage d’or et d'argent. Quoiqu'il en soit, cet intitulé, 
fabrication de l’asemon, se retrouve fréquemment 
dans les manuscrits ; il est courant chez les alchi- 
mistes pour indiquer l’argent ou l’électrum produit 
par transmutation. On rencontre aussi la forme 
féminime ἀσημη. 

Qbservons que le mot ποιησις affecté à la transmu- 
tation figure seul dans le papyrus; 11 semble donc 
plus ancien que les impressions χρυσοποια Εἴ ἀργυροποια, 
quoique celles-ci soient déjà employées par Synésius. 

Le titre caractéristique : fabrication de l’asemon, 
reparaît une vingtaine de fois dans les articles du 
papyrus, sauf quelques variantes: telles que fabrica- 
tion de l’asemon fondu; fabrication de l’asemon égyp- 
tien. On voit par là quelle importance la question 
avait pour les auteurs du papyrus. 

La page photographiée que je possède, renferme 
notamment quatre de ces recettes, que l’on peut 
comparer avec celles des manuscrits des Bibliothè- 
ques : l’une prend l’étain comme point de départ ; une 
autre, le cuivre et peut être rapprochée d’un texte 
du manuscrit 2.327 (1); une autre emploie l’orichal- 
que (laiton). L’étain, le mercure et le fer sont nommés 
dans la dernière. Dans les deux premières, on intro- 
duit pendant l'opération une certaine dose d’asemon, 


(1) Ms, 2.327, fol. 146. 


LES PAPYRUS DE LEIDE OIL 


fabriqué à l’avance et destiné sans doute à jouer le 
rôle de ferment. La troisième recette se rapproche à 
plusieurs égards d’un procédé pour doubler l’argent 
au moyen de l’étain, donné dans le manuscrit 2.327 (1), 
procédé tiré, dit l’auteur de ce dernier manuscrit, 
d’un livre très saint. L’alun et le sel de Cappadoce 
figurent dans les deux textes, c’est-à-dire dans le 
papyrus comme dans notre manuscrit. 

Un titre plus significatif encore est celui-ci : art de 
doubler (2) l’asemon, lequel reparaît deux fois; c’est 
encore le titre de plusieurs articles dans les manus- 
crits (3). On peut en rapprocher les suivants : trempe 
ou teinture (4) de l’asemon; on lit le même titre ap- 
pliqué à l’or dans les manuscrits (5). Puis vient dans le 
papyrus la préparation du mélange ; et le titre sin- 
gulier : masse de métal inépuisable (6), intercalé au 
milieu des procédés de fabrication de l’asemon. Citons 
enfin ceux-ci : affinage (ἢ) de l’asemon durci (7); essai 
de l’asemon; comment on atténue (8) l’asemon. 

Or.— A ce métal se rapportent divers articles, dont 
la signification semble relative à certaines pratiques 
industrielles, telles que : coloration de l’or (0); fabrica- 
(1) Ms. 2.327, fol. 274, vo. 

(2) Διπλωσις. 
(3) 


Voir le ms. 2.327, fol. 274, vo. 


(5) Ms. 2.327, fol. 276 
(0) Ἀνεγλειπτος μαζα. 

(7) Ιωσις pour εξιωσις. 

(8) Αραιουται. Le mot ἀραιωσις appartient aussi à la langue des ma- 
nuscrits. Il s’agit sans doute de pulvérisation ou de dissolution. 


(9) Peut-être ce titre désigne-t-il aussi une opération de trans- 
mutation. 


O2 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


tion de l’or; préparations pour la soudure d’or. Cette 
dernière question est traitée aussi dans les ma- 
nuscrits (1). 

Ecriture en lettres d’or (2). Ce sujet est un de ceux 
qui préoccupaient le plus l’auteur du papyrus, car il 
reparaît douze fois. Il n’a pas moins d'importance 
pour les auteurs des traités des manuscrits des biblio- 
thèques (3), qui y reviennent aussi à plusieurs repri- 
ses, Montfaucon et Fabricius ont publié plusieurs 
recettes tirées de ces derniers. 

Docimasie de l'or; préparation de la liqueur 
d’or (4); dorure. 

Les titres suivants sont relatifs à la transmutation : 
multiplication de l’or (5); fabrication de l’or, sujet fré- 
quemment abordé dans les manuscrits (6) ; trempe (ou 
teinture) de l’or, question également traitée, dans les 
manuscrits (7); art de doubler l’or (plusieurs recettes) ; 
ce titre n’est pas rare dans les manuscrits (8). 

Cet art de doubler l’or et de le multiplier, en formant 
des alliages à base d’or, alliages dont on pensait 
réaliser ensuite la transmutation totale par des tours 
de main convenables, analogues aux fermentations ; 
cet art, dis-je, constitue la base d’une multitude de 
recettes. C’est au doublement de l’or que se rappor- 


(1) Voir ms. 2.327, fol. 281, vo et fol. 284. 
2) Χρυσογραφια. 

3) Par exemple ms. 2.327, fol. 283 vo et fol. 287 ve. 
) 

5) Πλεονασμος 

6) Voir ms. 5.32 ἼΝΊΤΟΙ. 146, 232, 267. 

7) Voir ms. 2.327, fol. 276. 

8) Voir par exemple le ms. 2,327, fol. 267, vo. 


\ 
( 
( 
(4) Χρυσιου uypou σχευασια. 
( 
( 
( 


LES PAPYRUS DE LEIDE 0 


tentolestesres de Manilius : (p..70)1et/d'Enée «de 
Gaza (p. 75). 

Pourpre. — Dans le papyrus les préparations 
métalliques sont suivies, sans transition, par les re- 
cettes pour teindre en pourpre; ce qui montre 15 
connexité qui existait entre ces deux ordres d’opéra- 
tions, connexité attestée pareillement par le contenu 
du traité Physica et mystica, du pseudo-Démocrite (1). 
Il ne s’agit pas ici d’une simple comparaison entre 
l’éclat de la teinture en pourpre et celui de la teinture 
en or, mais d’un rapprochement plus intime, à la 
fois théorique et pratique. En effet la fabrication du 
pourpre de Cassius,au moyen de préparations d’or 
et d’étain, semble n'être pas étrangère à cette assi- 
milation; ainsi que la coloration du verre en pour- 
pre par les préparations d’or. Quoi qu’il en soit, 
nous trouvons dans le papyrus une série de pré- 
parations de pourpre, fondées sur l’emploi de l’or- 
canette et du murex, comme dans le pseudo-Démocrite. 
Quelques-unes de ces préparations sont reproduites 
dans la partie photographiée de la page 13 de ce 
papyrus, que je donne dans l’appendice B. 

Mineraïs divers. — Enfin le papyrus se termine par 
divers extraits du traité de Dioscoride, attribués nomi- 
nativement à leur auteur; extraits relatifs à l’arsenic, 
à la sandaraque, à la cadmie, à la soudure d’or, au 
minium de Sinope, au natron, au cinabre et au mer- 
cure: ce qui nous montre que ce traité servait dès 
lors de manuel aux opérations métallurgiques. 

C’est en effet au moyen du texte de Dioscoride, des 


(1) οἷ ms "20327 101. 24; τ: 


04 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ouvrages de Pline et des Commentaires de ces 
ouvrages que nous pouvons retrouver aujourd’hui le 
sens véritable des dénominations contenues dans 
les papyrus ; lesquelles sont transcrites avec les mêmes 
significations techniques dans nos manuscrits alchi- 
miques. La concordance de ces divers textes est des 
plus précieuses pour en fixer le vrai caractère histo- 
rique. 


ἘΣΘ ΟΦ ΟΣ eee 


GHAPIFRE" VI 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 


$ 1. — Enumération des manuscrits. 


ES manuscrits alchimiques les plus an- 
ciens sont écrits en grec; ils forment un 
groupe caractéristique à la Bibliothèque 


nationale de Paris. Les plus vieux de 
ceux que nous possédons sont reliés aux armes de 
Henri I ; ils ont été apportés en France du temps 
de François I® (τ). à l’époque où ce roi faisait faire de 
grands achats de livres en Grèce et en Orient. Ceux- 
ci ont été copiés au xv® siècle. D’autres datent du 
xvi* et du xvn*, et proviennent de bibliothèques 
privées, telle que celle du chancelier Séguier, réunies 
plus tard à la Bibliothèque nationale. Le premier 
dextous.\ le n° 2.325. 4estléerit sur papier de. coton 
avec un soin tout particulier. Il serait du χαμὸ siècle, 
d’après la table manuscrite qui le précède ; de la fin 


(1) Bibliotheca Chemica de MAncer, t. I, p. 41. 


οὔ LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


du χης siècle (1), d’après Labbé et d’après Ameilhon:; 
du xiv‘, d’après M. Omont. Son contenu se re- 
trouve entièrement, comme je l'ai vérifié, dans le 
manuscrit suivant, qui est beaucoup plus étendu. 

Le n° 2.327 est le plus complet. Il porte sa date : 
1478, et le nom du copiste, Pelekanos de Corfou; j'en 
donne une analyse développée dans l’Appendice. 

Le n° 2.249 est du xvi° siècle. Il renferme divers 
traités, qui manquent dans le précédent; mais beau- 
coup d’autres y manquent. Il offre des variantes impor- 
tantes, conformes d'ordinaire au texte du manuscrit 
de saint Marc. Il est interrompu à la fin. 

Lésautres manuscrits, 2.326,2.520, 2.250 22517, 
2.252, 2.275, ne renferment rien de caractéristique, 
qui n'existe déjà dans les deux types 2.327 et 2.240. 

Des copies analogues existent dans la plupart 
des grandes Bibliothèques d'Europe (2), et il en est 
fait mention dans leurs catalogues imprimés. La 
Laurentienne (Florence), l’Ambroisienne (Milan), la 
Bibliothèque de Gotha, celles de saint Marc, de 
Vienne, du Vatican, les contenaient au siècle dernier, 
à l’époque où ces catalogues furent publiés, et elles les 
contiennent probablement encore. La plupart ont été 
écrits, comme les nôtres, aux xv° et xvi° siècles. 

Je signalerai à part le manuscrit de saint Marc, 
le plus beau et le plus ancien que je connaisse. Le 
gouvernement italien a bien voulu me prêter ce 


(1) Catalogue imprimé des manuscrits grecs de la Bibliothèque 


royale. 
(2) Fasriqus. Bibliotheca græca,t. XII, p. 747-751. Édition de 1724. 
Les éditions suivantes sont plus abrégées, en ce qui concerne l’alchi- 


mie. 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 97 


manuscrit capital, que J'ai étudié et comparé avec ceux 
de la Bibliothèque nationale de Paris. D’après la table 
imprimée qui la précède, il remonte au x1° siècle. La 
comparaison de son écriture avec les fac-similés de 
paléographie confirme cette attribution ; elle tendrait 
même à la reculer un peu davantage. En effet l'écriture 
en est toute pareille à celle d’un texte publié dans 
l'Anleitung τ  Grieschischen Palæographie von 
Watienbach (1877), comme type du x° siècle (1). On 
peut aussi en rapprocher, bien que la ressemblance soit 
moindre, un type du x1° siècle (2). Le manuscrit de saint 
Marc contient d’ailleurs les mêmes ouvrages que les 
autres. 

Leo Allatius, bibliothécaire du Vatican, avait an- 
noncé au xvir siècle qu’il se proposait de faire une pu- 
blication régulière de ces manuscrits. Mais il n’a pas 
tenu sa promesse et elle n’a été accomplie depuis par 
personne dans son ensemble; quoique des portions 
importantes aient été imprimées et traduites en latin à 
diverses époques. L’obscurité du sujet et le caractère 
équivoque de l’alchimie ont sans doute rebuté les 
éditeurs et les commentateurs. Cependant l'étude 
méthodique de ces manuscrits et la publication de 
certains d’entre eux ne serait pas sans intérêt, au point 
de vue de l’histoire de la chimie, de la technologie 
du moyen âge, et même à celui de l’histoire des idées 
régnant en Egypte vers [65 m° et rv° siècle de notre ère. 
On en tirerait quelque lumière sur les doctrines des 
derniers néoplatoniciens et des gnostiques, ainsi que 


(1) Ex Codice Palatino n° 398, fol. 191, Meleagrides. 
God” Palatns.252 


SJ 


οὗ LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


certains renseignements sur les vieilles écoles grec- 
ques : renseignements d’autant plus précieux, que les 
auteurs de quelques-uns de ces écrits, Olympiodore, 
par exemple, paraissent avoir eu entre les mains des 
ouvrages aujourd’hui perdus, tirés de la bibliothèque 
d'Alexandrie, ou plutôt des débris qui en subsistaient 
encore peu de temps avant la destruction de cette bi- 
bliothèque; je parle de la destruction contemporaine 
de celle du Sérapeum par Théophile, patriarche 
d'Alexandrie. 


$ 2. — Date et filiation des ouvrages contenus 
dans les manuscrits alchimiques. 


La date des divers ouvrages contenus dans les 
manuscrits varie ; elle peut être recherchée et sou- 
vent assignée, d’après leur contenu et d’après les 
citations des auteurs bysantins. 

Plusieurs écrits sont païens et dus à des con- 
temporains de Jamblique et de Porphyre. Tels sont 
les opuscules attribués à Hermès, à Agathodémon, 
à Africanus, à Jamblique lui-même. La lettre d’Isis à 
son fils Horus et le serment invoquant les divinités du 
Tartare, portent le même caractère (page 25). Une 
citation du « précepte de l’empereur Julien », per- 
sonnage si rarement invoqué plus tard, laquelle 
est donnée au manuscrit 2.327 (fol. 242), se rapporte 
aussi à cet ordre de traditions. 

Peut-être même quelques-uns des ouvrages alchi- 


LES MANUSCRISTS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 99 


miques que nous possédons sont-ils contemporains 
des débuts de l’ère chrétienne. Il en serait ainsi assu- 
rément, si l’on admettait l'identité du pseudo-Démo- 
crite, nommé dans nos manuscrits et dans les papy- 
rus, avec Bolus de Mendès, personnage signalé par 
Pline et par Columelle comme ayant composé certains 
traités attribués plus tard à Démocrite. Les Physica et 
mystica de nos manuscrits ont pu aussi faire partie 
des œuvres magiques du pseudo-Démocrite cité par 
Pline: lequel ; je le repète, semble n'être autre que 
Bolus de Mendès, ou quelqu'un de son temps. Les 
traités relatifs aux vitrifications colorées et aux éme- 
raudes artificielles que nous possédons dérivent de 
quelque compilation aux traités analogues dont parlent 
Pline et Sénèque. 

Certaines recettes anonymes d’alliages et de pierres 
précieuses artificielles pourraient être plus anciennes 
encore, s’il est vrai qu’elles aient été copiées sur les 
stèles (1) et sur les papyrus des sanctuaires. 

Cependant la plupart des auteurs alchimiques sont 
chrétiens. 

Zosime, par exemple, écrivait en Égypte vers le 
mme siècle, au temps de Clément d'Alexandrie et de 
Tertullien, c’est-à-dire au temps des gnostiques, 
dont il partage les croyances et les imaginations; 
ce que font aussi les papyrus de Leide, qui remon- 
tent vers la même époque. 

Synésius et Olympiodore appartiennent à la fin du 
iv* et au commencement du ve. 

Le Philosophe Chrétien peut être regardé comme 


(1) Voir pag. 20. 


100 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


intermédiaire entre ceux-ci et Stéphanus, d’après le 
contenu de ses ouvrages : tandis que l’'Anonyme serait 
à peu près du même temps que le dernier auteur. Cer- 
taines parties d’ailleurs, telles que les écrits de l’Ano- 
nyme et les Chapitres de Zosime à Théodore ne sont 
pas des œuvres complètes et originales : elles offrent 
le caractère de ces extraits et sommaires, que les 
polygraphes byzantins avaient coutume de faire et 
qui nous ont conservé tant de débris des historiens, 
des orateurs et des poètes anciens. 

Stéphanus est un personnage historique, qui a 
laissé des ouvrages de médecine et d’astrologie, en 
même temps que d’alchimie. Or il copie textuelle- 
ment Olympiodore, Synésius et il commente le 
pseudo-Démocrite. Ces auteurs l’ont donc précédé. 
Olympiodore lui-même reproduit, textuellement aussi, 
Synésius, et Synésius commente le faux Démocrite. 

Ainsi il existe une filiation non interrompue depuis 
le v®° siecle de l’ère chrétienne, entre les divers ou- 
vrages qui figurent dans nos manuscrits. Cette filia- 
tion a été admise comme incontestable par tous les 
érudits qui ont eu connaissance de ces manuscrits 
depuis le xvn® siècle et elle est confirmée, quant aux 
écrits les plus anciens, par la découverte des papyrus 
de Leide. 

Presque tous ces écrivains sont antérieurs aux 
Arabes. Plusieurs d’entre eux sont cités, parfois sans 
changement, par Georges le Syncelle au vint siècle, 
par Photius, au ix° siècle, et par les polygraphes 
byzantins des x° et ΧΙ" siècles, Suidas par exemple. 

Le ÆKilab-al-Fihrist, ouvrage arabe écrit vers 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES IOI 


l'an S50, nomme également nos écrivains. Ils sont 
donc antérieurs à Geber, le grand maître des Arabes 
au 1x° siècle. Celui-ci représente d’ailleurs dans ses 
livres authentiques une science plus méthodique, 
plus avancée et par conséquent postérieure à celle 
des alchimistes grecs. 

Après ces auteurs, appelés les philosophes œcumé- 
niques, l’alchimie a été exposée par des moines byzan- 
tins, tels que Cosmas, Psellus et Nicéphore Blem- 
mydas, d'une époque plus récente. 

On peut préciser jusqu’à un certain point l’époque 
où ces écrits ont été rassemblés en un corps encyclo- 
pédique, en remarquant que ce corps est antérieur 
à une tradition mythique fort accréditée au moyen 
âge, et dont Jean Malala et Suidas nous parlent dès 
le x° siècle : je veux dire la tradition qui identifie 
la recherche fabuleuse de la toison d’or par les Ar- 
gonautes avec celle d’un prétendu livre alchimique (r), 
écrit sur peau : or notre collection n’en fait aucune 
mention. 

L'ouvrage le plus moderne qu’elle renferme est 
un traité technique sur les verres et pierres précieuses 
artificielles, attribué à l’arabe Salmanas (vin siècle), 
lequel contient de très vieilles recettes, transmises 
peut-être depuis les anciens égyptiens. Ce traité 
a été ajouté aux autres livres à une époque plus 
rapprochée. de nousswcar tiln/existe. nil dans le 
manuscrit 2.325, le plus ancien de ceux de Paris, 
ni dans le manuscrit de saint Marc, écrit vers le 
XF οὐ 


(1) Salmasii Plinianæ Exercitationes, p. 772, Ὁ. B. (1680). 


102 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


En résumé, c'est par la réunion de ces œuvres de 
dates diverses que la collection alchimique a été formée 
à Constantinople, au moyen des écrits de divers au- 
teurs, les uns païens, les autres chrétiens, copiés, com- 
mentés et abrégés parfois par les moines byzantins. 
De là ces copies sont venues en Italie, puis dans le 
reste de l'Occident. 

Une lettre de Michel Psellus (vers 1050) sert en 
quelque sorte de préface au manuscrit 2.327. Cet 
érudit byzantin, dont la science était universelle et 
qui a laissé des traités sur les matières les plus 
diverses, est peut-être celui qui a constitué la 
collection elle-même. En tous cas, elle était déjà for- 
mée, au x1° siècle, peut-être même au x°; car le ma- 
nuscrit sur parchemin, de saint Marc à Venise, re- 
monte à cette époque (p. 07) et 1l renferme la plu- 
part des textes fondamentaux (sauf le traité de 
Salmanas). 

Ces écrits ont subi ensuite, comme 1] est arrivé 
fréquemment pour les manuscrits anciens, diverses 
additions plus récentes, ainsi que des interpolations 
et des additions évidentes, de la part des moines 
byzantins. Ceux-ci en eflet les copièrent, non comme 
des monuments historiques, mais au double titre de 
textes mystiques et de textes pratiques, qu’ils com- 
mentaient à la facon des ouvrages théologiques. En 
tant que livres industriels surtout, ils étaient exposés 
à être rectifiés, complétés par chaque copiste, bref, 
mis au courant des connaissances acquises ; comme le 
sont les ouvrages techniques de nos jours. 

Aux erreurs des copistes se sont parfois ajoutées 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES [103 


celles des commentateurs du xvin° et du xix° siècle. 
Par exemple, les manuscrits renferment un procédé 
relatif à La trempe du bronze chez les Perses, au temps 
de Philippe de Macédoine; bronze dont on peut voir, 
un ‘échantillon sur les portes de Sainte-Sophre. 
Cette dernière indication semble sincère. Elle se 
trouve dans les manuscrits 2.327 (1) et 2.325, mais 
elle manque dans le manuscrit de saint Marc (2), 
plus ancien : ce qui prouve qu’elle a été ajoutée après 
coup par quelque copiste byzantin. Par suite d’une 
confusion singulière, ce même procédé ἃ été attri- 
bué au siècle dernier à un moine de Sainte-Sophie, 
appelé Philippe de Macédoine. D’autres ont indiqué 
Philippe Sidètès, prêtre du temps de saint Jean 
Chrysostome. D’autres encore ont donné ce texte à 
Zosime. Mais les manuscrits cités ne disent rien de 
toutes ces attributions. De même la citation des 
savants ismaélites et les mots techniquesarabes, repro- 
duits dans le traité de Salmanas, ont été rapportés à 
tort par quelques modernes à Zosime, malgré les 
indications formelles des manuscrits. 

᾿ Ces manuscrits portent la trace de l'étude passion- 
née dont ils ont été l’objet autrefois: notes sur les 
marges (3), mementos, ratures de certains passages, 
surcharges, additions sur les feuillets de garde et dans 
les espaces vides, taches faites par les produits chimi- 


{τὸ Ms. 2.327 fol. 155, vo. 

(2) Ms. de saint Marc, fol. 118. 

(3) Par exemple ms.2.327,notes marginales, fol. 35 vo, 36 v°,140, 
etc.; memento, fol. 264; additions en haut, fol. 92, 178, 254 ; 
additions interlinéaires à l'encre rouge, fol. 262, vo; ratures, 
fol. 118, 140, etc. 


104. LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ques, telles que les sels de cuivre (1). En raison de ces 
circonstances, on pourrait croire que l’ancienneté 
des figures des instruments qui y sont dessinés, figures 
souvent reproduites (2), laisse quelque incertitude. 
Mais 11] convient d’observer que ces figures sont 
les mêmes dans les divers manuscrits; elles sont 
plus nettes et plus belles dans le plus vieux, celui de 
saint Marc, que dans aucun autre et elles répondent 
souvent à des descriptions précises du texte. Les appa-° 
reils qu’elles représentent sont donc d’une date reculée. 

En somme, les traités actuels sont antiques pour la 
plupart. Le langage, les idées philosophiques, les con- 
naissances techniques, les faits historiques et autres 
qui y sont relatés, aussi bien que le nom authen- 
tique de quelques-uns de leurs auteurs, nous font 
remonter vers le rv° siècle de notre ère ; peut-être 
même pour quelques-uns, jusque vers l'ère chré- 
tienne. 


$ 3. — Etudes et publications exécutées d’après 
les manuscrits alchimiques. 


Rappelons brièvement les études et les publica- 
tions dont ces manuscrits ont été l’objet jusqu’à ce 
jour. 

Il en est question tout d’abord dans le traité 
d'Olaüs Borrichius, médecin danois du xvu° siècle : 


1) Ms. 2,240, fol. 113. 
#9; 
(2) Voir entre autres Hoefer t. I, p. 262, 263, 264, 270, 580, 285. 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 105 


sur l'Origine de l'Alchimie, publié par la Biblio- 
theca chemica de Manget; l’auteur est savant, mais 
crédule. Morhofius en a parlé aussi, au xvi® siè- 
cle (1). Saumaise et Du Cange les avaient lus ; le pre- | 
mier en a tiré diverses citations, dans ses Plinianæ 
exercitationes. 

Reinesius en fit alors une étude détaillée, la 
plus complète qui existe, laquelle a été publiée dans 
le tome XII de la Bibliothèque grecque de Fabricius (2). 
On- y voit la liste des écrits contenus dans un 
manuscrit de Gotha et la notice détaillée de plusieurs 
des manuscrits de la Bibliothèque royale de Paris. 
Cette notice est fort exacte, quant aux citations 
spéciales. Mais, par suite de quelque méprise de l’édi- 
teur, on a mis bout à bout les titres des traités de 

w%lusiers manuscrits distincts : spécialement ceux des 
2.249 et 2.327, comme s’ils étaient contenus dans un 
volume unique. 

Fabricius a publié #7 extenso le texte et la 
traduction latine de l’un de ces ouvrages, le com- 
mentaire de Synésius sur Démocrite. Cette dernière 
est tirée d’une publication latine faite au xvi° siècle par 
Pizzimenti, sous le titre : Democriti de Arte magna, 
Padoue (1573); laquelle renferme la traduction la- 
tine du pseudo-Démocrite et celle des Commentai- 
res de Synésius, de Pélage et de Stéphanus. Ces tra- 
ductions sont peu exactes; elles ont plutôt le caractère 
de paraphrases. 

Les neuf leçons de Stephanus ont été transcrites 


(1) Polyhistor, t. I, p. τοῦ. 
PA 747; 75%, tre éditions 724; 


100 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


par le docteur Dietz et publiées après sa mort dans 
les Physici et medict Græci minores de Ideler (1). 
On lit dans le même ouvrage (2) les poètes alchimi- 
ques, dont quelques morceaux avaient été imprimés 
au xviu° siècle. 

Signalons encore un fragment sur la bière et des 
articles sur la trempe du bronze, sur celle du fer, sur 
la fabrication du verre, publiés par Grüner, puis 
reproduits dans les Ecloga physica de Schneider. 

Le lexique des mots alchimigues, ainsi qu’une par- 
tie des signes ônt été imprimés par Du Cange : les 
derniers d’une façon incomplète et sans correction. 
Le lexique même, sans les signes, est aussi reproduit, 
cette fois avec beaucoup de soin et d’après le manuscrit 
de saint Marc, à la fin de l’ouvrage de Palladius, de Fe- 
bribus, par Bernard, p. 120 à 148 (1745). 

Les titres des principaux traités de nos manuscrits 
existent dans le catalogue imprimé des manuscrits 
grecs de la Bibliothèque royale, publié au xvrr* siècle 
par Labbé. L’abbé Lenglet du Fresnoy en a eu connais- 
sance dans son Æistoire de la philosophie hermétique 
(1742). L'Encyclopédie méthodique les signale à l’article 
Alchimie (1792). Au commencement de ce siècle, 
Ameilhon, membre de l’Académie des Inscrip- 
tions, a donné quatre notes sur le même sujet dansles 
Notices et extrails des manuscrits de la Bibliothèque 
nationale (3). Enfin Hoefer, dans le tome [Ὁ de l’Æ1s- 
toire de la Chimie, ἃ parlé aussi de ces manuscrits 
{1) T. I, p. 199 à 253. Berlin, 1842. 

(2) T. IL, p. 328 à 353. 
(SI Ὗ, 998, 3745 © 'VL'p. 302, an IX; t'NIDpuers: 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 107 


ct HEnRa publié divers extraits et fragments inédits, 
texte grec et traduction française. 

Signalons brièvement les notices imprimées,relatives 
aux manuscrits contenus dans les autres Bibliothèques 
d'Europe. Ceux de Gotha et d’Altenbourg ont été 
décrits par Reinesius, dont Fabricius a reproduit 
l’article dans sa Bibliothèque grecque (voir la 
page 105): ils ne diffèrent pas des nôtres, comme 
date et comme composition générale. Celui de Gotha 
a été consulté également par le professeur Hoffman 
de Kiel, pour un article sur l’origine du mot chimie, 
publié récemment dans le dictionnaire de Heumann. 

Un manuscrit de Vienne a été décrit et analysé par 
Éimbheeus τὸ aumsiéceudernier: Lest une: copie 
datant de 1564; son contenu se retrouve d’ailleurs 
dans notre n° 2.327. 

Le Catalogue de la Bibliothèque Laurentienne, 
publié à Florence en 1770, analyse (2) un manuscrit 
tout à fait analogue. Dietz a parlé d’un manuscrit 
semblable, de Munich. 

Le manuscrit de Leide, signalé par Reuvens (3), est 
du même type; certains traités y sont reproduits seule- 
ment en abrégé. 

La bibliothèque de saint Marc contient le plus 
ancien manuscrit alchimique qui existe. Ce manus- 
crit, que j'ai entre les mains, renferme les plus impor- 
tants de nos traités et sa composition générale ne 
diffère pas sensiblement de celle des précédents. Il 


1) Comment. de Bibl. Cœsarea, etc. Pars IL, livre VI, p. 380. 
JE HE pe 347: 
) Troisième lettre à M. Letronne, p. 73. 


2 
9 
2 


( 
( 
( 


108 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


est écrit sur parchemin. Il remonterait au xi° siècle, 
d’après Bernard et d’après le catalogue de 1740; sa 
comparaison avec les types paléographiques donnés 
dans Wettenbach le reporte en effet entre le x° et le 
x1° siècle (v. p. 97). Nous possédons trois notices sur ce 
manuscrit : l’une à la fin du traité de Palladius, de 
Febribus, publié par Bernard en 1745; une autre, 
dans le Catalogue des manuscrits grecs de la biblio- 
thèque de saint Marc, publié en 1740 (p. 140 de ce 
Catalogue), où il porte le n° 299; la dernière, due 
à Morelli, dans son ouvrage relatif aux mêmes ma- 
nuscrits, publié en 1802 (1). J'ai fait moi-même une 
étude approfondie de ce manuscrit, et J'ai établi une 
collation soignée de ses articles avec ceux des manus- 
crits de la Bibliothèque de Paris. D’après Ia lecture 
des notices, il semble que le manuscrit de saint Marc 
ait été reproduit dans celui de la bibliothèque Am- 
broisienne de Milan, manuscrit plus moderne, analysé 
par Montfaucon (2). 

Les études que j'ai faites des manuscrits de Paris, 
de saint Marc, et des analyses imprimées des autres 
tendent à faire penser que les manuscrits alchimiques 
dérivent de trois types principaux. 

19 Le type du manuscrit de saint Marc, du xi° ou 
du x° siècle, le plus vieux de tous, et dans lequel 
manquent le traité de Salmanas et divers autres ; 
tandis qu’on y trouve le labyrinthe de Salomon, œuvre 
cabalistique. 

Le manuscrit 2.240, de la bibliothèque de Paris se 


(NA D 
(2) Paléographie grecque, p. 374. 


LES" MANUSCRITS. GRECS DES BIBLIOTHÈQUES LOU 


rapproche de celui de saint Marc par sa composition, 
quoique avec des variantes importantes. Il contient de 
même les résumés des traités de Zosime, la Chry- 
sopée de Cléopâtre, etc. 

2° Le type du manuscrit 2.325, datant du χης siècle 
ou du commencement du x1v® siècle, reproduit par la 
plupart des autres copies postérieures ; mais avec ad- 
dition de certains traités et fragments plus ou moins 
étendus. C’est ainsi qu'il a passé entièrement (sauf 
variantes) dans le manuscrit 2.527. 

3e type du manuscrit 2.327. lequel renferme, en 
outre du précédent, de nombreux traités techniques et 
des additions fort importantes. C’est le plus étendu 
qui existe. 

Il serait fort désirable que quelque érudit spécia- 
liste fit une étude complète de ces manuscrits, d’après 
les méthodes de la critique moderne. 

Sans prétendre entrer jusqu’au fond de cette ques- 
tion, il m'a semblé cependant utile de reproduire en 
appendice l’analyse très détaillée du manuscrit 2.327, 
le plus complet de ceux de notre Bibliothèque ; en en 
rapprochant la composition du n° 2.325, celle du 
manuscrit de saint Marc, celle du n° 2.249 de Paris, 
ainsi que celle des manuscrits étrangers, en tant que 
ces derniers sont connus par les catalogues imprimés. 

Je vais présenter ici les résultats généraux que j'ai 
déduits de cette analyse : résultats intéressants, car 
ils conduisent à décomposer la collection alchimi- 
que en ses éléments essentiels, c’est-à-dire à recon-” 
naître quels sont les traités partiels, théoriques ou 
techniques, et les groupes de recettes, dont l’assem- 


110 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


blage a servi à la constituer. Je demande quelque in- 
dulgence pour ce travail d'analyse, fort délicat de 
sa nature, mais qui semble propre à jeter un certain 
jour sur l’histoire de la science. 


$ 4. — Composition de la collection manuscrite 
des alchimistes grecs. 


Le manuscrit 2.327 est coordonné jusqu’à un cer- 
tain point à la façon d’un ouvrage moderne, au moins 
dans ses premières parties : c’est une sorte d'Encyclo- 
pédie alchimique, où le copiste a rassemblé tous les 
traités et morceaux congénères qu'il a pu connaître. 
Le manuscrit débute par une dissertation ou lettre de 
de Michel Psellus, adressée à Xiphilin, patriarche de 
Constantinople au milieu du xi° siècle. Elle est placée 
en tête, en guise de préface (1). Après diverses 
intercalations, qui semblent faites sur des pages de 
garde originellement blanches, on trouve, comme 
dans un traité de chimie actuel : 

1° Les indications générales relatives aux mesures et 
à la nomenclature ; 

2° L'ensemble des traités proprement dits, théo- 
riques οἵ pratiques, lesquels forment à la suite un tout 
distinct. 

Développons le détail de cette composition. 


(1) Ms. 2327. Fol. r à 7. 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES ΠῚ 


$ 5. — Indications générales. 
# 


Ces indications comprennent d’abord un fraité des 
poids ef mesures (1), attribué à Cléopâtre, traité 
classique pour ceux qui s'occupent de l’antiquité; 1] 
existe dans le manuscrit de saint Marc et dans beau- 
coup d’autres. 1] se trouve aussi dans les œuvres de 
Galien et dans divers manuscrits traitant d’autres 
sujets. Aussi a-t-1l été imprimé plusieurs fois, notam- 
ment par Henri Estienne dans son Thesaurus Græcæ 
linquæ (2). Une autre note relative aux poids et 
mesures se trouve dans des additions faites à la fin 
du manuscrit 2.527 (3). 

Les noms des mois égyptiens, comparés à ceux des 
mois romains (4), représentent un renseignement 
pratique du même ordre. 

Le traité des mesures est suivi, toujours comme 
dans un ouvrage moderne, par l'explication des signes 
de l’art sacré (5), lesquels correspondent aux symboles 
de nos éléments actuels, avec noms en regard. Ce 
tableau des signes existe aussi dans le manuscrit 
de saint Marc et dans le manuscrit 2.325: ce qui 


(1) Ms. 2.327, fol. 15 et τὸς ms. de saint Marc, fol. 108, verso. 

(2) Appendice de l'édition princeps, p. 218; avec traduction latine. 
L'édition moderne de Didot est moins complète sur ce point. 

(5)1MSY2:327, fol: 2021€t 2095 

(4)Ms:.2.327, fol. 280: et 297. 

(5) Ms. 2.327, fol. 16, verso, à 18; Ms. de saint Marc, fol. 6 et 7. 


112 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


prouve qu'il remonte au moins au ΧΙ" siècle. Quelques- 
uns des signes qu'il renferme, tels que ceux de l'or et 
de l'argent, figurent déjà dans les papyrus de Leide. 
Celui de l’eau est un hiéroglyphe, etc. » 

En examinant de plus près la liste des signes du 
manuscrit 2.327, on reconnait qu’elle résulte de juxta- 
position de plusieurs listes, ajoutées et combinées les 
unes avec les autres à diverses époques. En effet les 
noms des métaux, et ceux des autres corps y reviennent 
plusieurs fois, souvent avec des symboles différents, 
dont les derniers sont de simples abréviations. Le mer- 
cure, par exemple, est désigné au début par un crois- 
sant retourné, inverse du signe de l’argent ; tandis 
que dans la liste finale 1] s’est substitué à l’étain pour 
l'attribution du métal au signe astronomique de la 
planète Mercure. 

Les listes dont je parle sont faciles à distinguer. 

Citons d’abord une première liste, très courte et pro- 
bablement très ancienne, renfermant seulement les 
signes des sept planètes et des sept métaux, donnés en 
sept lignes dans le manuscrit de saint Marc (1). Cette 
liste se lit également au fol. 280 du manuscrit 2.327, 
mais plus développée et avec les noms d’une suite de 
substances annexes et subordonnées. J’y reviendrai. 

J'ai reproduit le fac-similé de la première et de la 
seconde liste du manuscrit de saint Marc. 

Le manuscrit de saint Marc et le manuscrit 2.327 (2) 
débutent par une autre liste méthodique (seconde 


(1) Ms. de saint Marc, fol. G, colonne de droite. Voir aussi ms. 
2,250, fol. 243; ms. de la Laurentienne, vers la fin. 
(2) Ms. 2.327, fol. 16 v°. 


É PLANCHE II 


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ἐγγρά (χα κυζει τῶν εροεόφων. καὶ κε λλουταττιειιν: tTinhC 
" . Ἠσ λαρποιεριετοαζέμης Φιγκιοερφιιο :- 


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ἃ χΑκΚοΎ TH ζ καιει τὴ OV PIN Nat 

ὦ NAN ΚΟ ΜΗ κα, ὅ 

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_ À ηλικοικεκ σον 5 raparope 

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KattiTHps VASTE TAN 4: 
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nait PAT PIN HatA πος ἰδῶ de ni. 
| ENT | + à fa 
? tin dd τούτους 

22 4BûC ᾧς ἀφ ρυεϑληνός 


ES ALCHIMIQUES DES MÉTAUX 


4 


V 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 112 


liste de signes), commençant par l'or et ses dérivés, 
suivis de l’argent et de ses dérivés, du cuivre et de ses 
dérivés, du fer et de ses dérivés, du plomb et de ses 
dérivés, de l’étain et de ses dérivés; puis vient le 
mercure, seul et sans dérivés, etc. Le manuscrit 2.327 
renferme, en haut de la feuille 17, certains signes du 
fer et de ses dérivés, différents de ceux du manuscrit 
de saint Marc. 

Toutes ces listes sont absentes dans le manuscrit 
2.325. Celui-ci débute par une troisième liste, qui se 
trouve aussi dans le manuscrit 2.327; mais qui man- 
que dans le manuscrit de saint Marc. Elle commence 
au mot Θαλασσα et finit au mot Xeuxn aan ἡ υδραργυρος 
λεγεται. Puis viennent les signes du plomb, de l’élec- 
trum, du fer, du cuivre, de l’étain, tirés de la même 
liste planétaire, qui figure tout d’abord au manuscrit 
de saint Marc. 

On reprend la liste de celui-ci dans les manuscrits 
2.325 et 2.327, à partir du mot χλαυδιανον jusqu’à la 
fin; les trois manuscrits étant conformes entre eux 
pour cette quatrième partie. 

Commence alors dans les manuscrits 2.325 et 2.227 
une cinquième liste des métaux, en cinq lignes, depuis 
χρυσος jusqu’à σιδηρεως Gui 

Elle est suivie par une sixième liste plus courte, 
existant dans les deux manuscrits, et qui débute par 
le mot caractéristique aïlo (autre). Le mercure, la 
litharge, etc., figurent dans ces deux listes, avec des 
signes distincts. Les symboles de l’ange et du démon 


(HMS: 2.325; fol. rett2>ms2.227. fol. 17, ΘῈ fol. 17 ve. 


114 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


dans la dernière semblent indiquer qu'elle a été tirée de 
quelque livre magique. 

Une septième liste, signalée par le mot αλλως, suit les 
trois précédentes dans le manuscrit 2.327 : c'est sur- 
tout une liste de matières médicales. 

Au verso du fol. 18 du manuscrit 2.327 reprend 
une huitième liste, comprenant les métaux. Elle 
est plus moderne; car l’électrum a disparu. L’étain 
s'y trouve avec le signe de la planète Jupiter, au 
lieu du signe de la planète Mercure, qu’il possédait 
dans la première et dans la troisième. Le métal 
mercure a de même changé de signe et il affecte le 
symbole de la planète Mercure, précédemment consa- 
cré à l'étain. 

En résumé, ces listes multiples semblent avoir été 
tirées de manuscrits distincts par l’époque et la com- 
position, dans lesquels elles figuraient d’abord; elles ont 
été mises bout à bout, en tête de la collection du ma- 
nuscrit 2.327. 

Le serpent qui se mord la queue (dragon Ouroboros) 
doit être rapproché des signes des métaux, bien qu'il 
soit dessiné et décrit à une place toute différente dans 
le manuscrit (1). J'ai montré (p. 58) l’origine égyptienne 
et gnostique de ce symbole, qui existe aussi dans les 
papyrus de Leïde et sur les pierres gravées du n° siècle, 
conservées dans nos collections. 

Après la liste des signes, vient le Lexique des mots 
de l’art sacré, par ordre alphabétique (2); toujours 
comme dans certains traités modernes de chimie. Le 


(1) Ms. 
(2) Ms. 


«3 
25 


7,201. τοῦ €t:270, 
A 101 16 4729. 


& "9 


2 
2 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES rie 


lexique se lit dans le manuscrit 2.325 et dans le 
manuscrit de saint Marc (1). Il existait donc dès le 
τ siècle. 

Bernard l’a donné in exlenso, à la suite de 
son édition du Traité de Palladius sur les fièvres 
(1745). 

Le lexique a été précédé par des nomenclatures beau- 
coup plus anciennes et de caractères divers, dont il 
représente l'assemblage. Tel est le petit ouvrage 
sur l'œuf philosophique, qui suit dans le manus- 
crit 2.327 (2), et qui renferme une nomenclature 
symbolique des parties de l’œuf, relatives à l’art sacré 
(voir p.24); cette même nomenclature se trouve 
dans le manuscrit de saint Marc, où les mots carac- 
téristiques ont été grattés (3). Tels sont encore les listes 
ou catalogues de substances, attribués à Démocrite 
et transcrits en divers endroits (4). Je les rappelle plus 
loin. 

C’est maintenant le lieu de citer la Ziste des faiseurs 
d’or (rorntes) (5). Le manuscrit de saint Marc (6) la con- 
tient aussi, avec des variantes importantes, et elle est 
le développement d’une liste plus courte, donnée par 
le Philosophe Anonyme (7). Je reproduirai tout à 
Fheure’ cette dernière. 

La liste principale se termine dans le manuscrit 


(1) Ms. de saint Marc, fol, 13 à 1361. 

(2) Ms. 2.327, fol. 23 et 24. Voir aussi fol. 229 vo : nomenclature 
de l’œuf, c’est le mystère de l’œuvre, etc. 

(3) Ms. de saint Marc, fol. 106. 

(4) MS. 2.327, fol. 118. 

(5).Ms. 2.357, fol. 195wotet fol. 1295: 

(6) Ms. de saint Marc, fol. 7 v°. 

(7) Ms. de saint Marc, fol. 70. 


110 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


2.327 par un énoncé des lieux où l’on prépare la 
pierre philosophale, en Égypte, à Constantinople, etc. 
Une désignation analogue et plus ancienne, car elle 
ne renferme que des noms de localités Égyptiennes, 
existe au fol. 249, verso : je l’ai reproduite p. 36. 
J'ai dit que ces listes paraissaient être le résumé 
et l'interprétation alchimique d’un passage d’Agathar- 
chide, relatif aux exploitations métallurgiques de 
l'Égypte. 

Les indications générales qui viennent d’être signa- 
lées, telles que celles des poids et mesures, des signes 
et de la nomenclature, sont suivies dans le manuscrit 
2.327 par la reproduction des traités alchimiques 
proprements dits. Ceux-ci peuvent être groupés sous 
diverses catégories. 


$ 6. — Traités théoriques. 


Un premier ensemble est formé par les ouvrages 
théoriques et philosophiques. Il se compose de plu- 
sieurs collections distinctes. 

La première constitue ce que l’on pourrait appeler 
les TraïTÉs DémocriTaINs : je veux dire le pseudo- 
Démocrite et ses commentateurs. Le pseudo-Démocrite 
est représenté par un traité fondamental, intitulé ?Ay- 
sica et Mystica (1), base de tous les commentaires, 
lequel se trouve également dans le manuscrit 2.325, 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES NE 


dans celui de saint Marc (1), etc. On doit en rapprocher 
la Lettre de Démocrite à Leucippe (2); les extraits 
d’un ouvrage de Démocrite adressé à Philarète, les- 
quels renferment un catalogue de matières minérales, 
la définition des substances (3), etc. ; enfin quelques au- 
tres citations de Démocrite, éparses dans les écrits de 
l'Anonyme et ailleurs. 

Le pseudo-Démocrite est commenté d’abord par 
Synésius (4), puis par Stéphanus, dans ses neuf lecons (5). 
Ces auteurs sont transcrits dans le manuscrit 2.325, 
dans le manuscrit de saint Marc, etc. 

Les traités de cette collection ont été traduits en latin, 
ou plutôt paraphrasés, par Pizzimenti en 1573 (6). Le 
texte même de Synésius a été imprimé par Fabricius, 
dans sa Bibliothèque grecque, et celui de Stephanus par 
Ideler, dans ses Physici et medici græci minores. 

La collection Démocritaine comprend encore l’ou- 
vrage d’Olympiodore, intermédiaire par sa date; car 
il cite Synésius et ne nomme pas Stephanus.Il représente 
une culture philosophique plus voisine que le dernier 
des néoplatoniciens. Mais cet ouvrage n’accompagne 
pas les précédents dans tous les manuscrits. Il existe 
dans le manuscrit de saint Marc et dans le manuscrit 
2.327 (7); mais 11 manque dans le manuscrit 2.325 et 
il offre des variantes très considérables dans les ma- 


(1) Ms. de saint Marc, fol. 66 vo. 
(2) Ms. 2.327, fol. 258 et 250. 


13}. ΝΞ: 5.357, fol. 115. ὑὸν (okbmre, 122, 
(HMS 2:52. [0]. ὍὙ ἃ 77: 
(5) Ms. 2.527, πράξεις : fol. 57 à 74. 


(6) Democriti de Arte magna. 
(7) Ms. 2.327, fol. 197; ms. de saint Marc, fol. 160 à 170. 


I1S LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


nuscrits 2.250 et 2.249. Sa publication offrirait beau- 
coup d'intérêt. 

Auprès de ces auteurs, on peut grouper les écrits 
attribués à Cléopâtre la Savante, et les écrits de Marie 
la Juive, écrits composés probablement à une époque 
voisine du pseudo-Démocrite, et dont nous possédons 
des extraits étendus, cités entre autres par Stéphanus : 

Les écrits d’Ostanès (1), le prétendu maître de Dé- 
mocrite dont parle Pline; 

Ceux de Comarius, le précepteur de Cléopâtre, 
commentés ou interpolés par un anonyme chré- 
tien (2) 

Ceux de Jean l’Archiprétre dans la divine Evagie 
et les sanctuaires qui en dépendent (3); le manuscrit 
de saint Marcdit : Jean l’Archiprétre de la Tuthie en 
Évagie et des sanctuaires, etc. 

Enfin les écrits de Pélage (4). 

Un second groupe de traités, congénères des écrits 
démocritains, est constitué par les LIVRES HERMÉTIQUES, 
contemporains par le style et les idées avec le Pœman- 
der, tels que : le discours de la Prophétesse Isis à son 
fils Horus (5); 

Le Commentaire d'Agathodémon sur l'oracle d'Or- 
phée (6); 

(1) Ms. 2.240, fol. 75, vo; ms. de saint Marc, fol. 66. 

(2) Ms. 2.327, fol. 74 à 70. 


ΠῚ 


(3) Ms. 2.327, fol. 140 οἵ fol. 243 à 240; ms. de saint Marc, fol. 70. 
Evxyux signifie Sainteté. Le mot originel du lieu appelé Tubrx paraît 
avoir été changé par les copistes en l’adjectif θεῖα (divine), plus facile à 
comprendre. 


(4) Ms. 2.327, fol. 222 à 227; ms. de saint Marc, fol. 62 ν΄": 
(5) Ms. 2.327, fol. 256 à 258 
(6) Ms, 2.527, fol. 262 à 264 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES I19 


L'Enigme tirée des livres sybillins et son commen- 
taire par Hermès et Agathodémon (1). Le chroniqueur 
Cedrenus (2) établit une certaine relation entre cette 
énigme et un autre petit écrit sur les mœurs des phi- 
losophes (3), écrit qu'il attribue d'ailleurs à Démocrite. 

Le serment des initiés figure dans le discours d’Isis 
sous une forme païenne et il est reproduit avec des 
variantes considérables qui lui donnent un carac- 
tère chrétien , soit à l’état anonyme (4), soit sous le 
nom de Pappus (5) : il dérive des mêmes traditions. 

Il en est peut-être de même de l’article, relatif à 
l'assemblée des philosophes (6), qui semble, au moins 
par son titre, avoir servi de point d’attache à la 
Turba philosophorum, écrit alchimique célèbre au 
moyen âge. 

Les interprélations sur les lumières, que l’on lit en- 
suite, sont probablement aussi du temps des gnostiques 
et de Zosime (7). 

Il en est de même de la Coction excellente de l'or ; 
à la suite de laquelle figurent les procédés de Jam- 
blique, les procédés pour doubler l'or, etc. (8), les- 
quels semblent contemporains de ceux des papyrus de 
Leide. 

Le signe d'IHermès (o) et l'instrument d’Hermès 


3) Ms, 2.327, fol. 109 v°; ms. de saint Marc, fol. 128. 
4) Ms: 2.327, fol. 109 v°. 


ῳ 
ES 
un 
. 
[er 
ui 


e saint Marc, fol. 184 v°. 
(6) Ms. 2.527, fol. 233. 
2927, LOI. 5 "ΕΒ 505: 
(8) Ms. 2.327, fol. 266 ἃ 268. 
2.327, 16}. 207. 


120 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


trismégisle pour prévoir l'issue des maladies (1), 
ainsi que la Chrysopée de Cléopâtre, formée uni- 
quement de noms et de signes magiques (2), rap- 
pellent l’union originelle de l’alchimie avec la magie 
et l'astrologie. 

Tout ceci se rattache en définitive aux livres hermé- 
tiques et porte l'empreinte des doctrines néoplatoni- 
ciennes et gnostiques. 

Aux mêmes doctrines se rapporte une troisième 
groupe, comprenant LES LIVRES DE ZOSIME LE PANOPOLI- 
TAIN, le plus vieil auteur alchimique authentique que 
nous possédions. Zosime avait rédigé, d’après Suidas, 
vingt-huit traités d’alchimie. Un grand nombre de 
ces ouvrages, les uns mystiques, les autres techni- 
ques (3) et relatifs à des descriptions d’instruments et 
d'opérations réelles, sont venus jusqu’à nous : les 
uns complets, les autres à l’état d'extraits, faits 
par le Philosophe Anonyme et par divers moines (4), 
d’autres à l’état de résumés seulement (5). J’en don- 
nerai les titres plus loin, en parlant de Zosime en 
particulier. 

Les mêmes traités existent à la fois dans les manus- 
crits 2.325 et 2.327; quelques-uns d’entre eux seule- 
ment sont contenus dans le manuscrit de saint Marc. 
Le manuscrit 2.240 nous a conservé certains som- 
maires. 


(TMS 22.327. 101.205: 

(2) Ms. de saint Marc, fol. 188, v°; ms. 2.240, fol. 96 v°. 

(5) Ms. 2.327, fol. 80 à 89; 112 à 136; 161, v9; 220 à 222; 251 à 
256; 260. 

(4) Ms. 

(5) Ms. 


D bb 


.327, fol. 168 à 177; 159 ve. 
.249, fol. 89; fol. 04 à 06. 


LES. MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 121 


Les auteurs que je viens d’énumérer, ceux des traités 
démocritains, ceux des traités hermétiques, ainsi queZo- 
sime, sont dits œcuméniques dans les manuscrits. Après 
eux viennent leurs COMMENTATEURS chrétiens et anony- 
mes, écrivains de l’époque byzantine, qui ont écrit en 
Egypte et à Constantinople, avant le temps des 
Arabes. Tels sont les Livres du Chrétien sur la bonne 
constitution de l’or et sur l’eau divine (1); et l'écrit du 
Philosophe Anonyme sur l’eau divine (2). 

L'explication de la science de la Chrysopée par le 
saint moine Cosmas (3), appartient au même groupe. 
Mais elle y a été ajoutée plus tard. En effetelle ne 
figure ni dans le manuscrit de saint Marc, ni 
dans le texte primitif du manuscrit 2.325. Dans 
ce dernier elle se trouve à la suite, transcrite d’une 
toute autre écriture, moins soignée et presque effacée. 
Son auteur réel ou pseudonyme serait-il le moine 
qui voyagea dans l'Inde? 

Tels sont les traités philosophiques, théoriques et 
mystiques, qui composent le Corpus des Alchi- 
mistes grecs. 


$ 7. — Poèmes alchimiques. 


Un second ensemble, très intéressant pour l’his- 
toire générale, mais sans importance pour celle de la 
S2.327,: 1015102, VO ἃ 160. 


G) M 
(2) Ms. 2.327, fol. 162 à 168. 
(5) M 327,1 fol 158] ἃ. ΤΟΣ 


122 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


chimie, comprend les poètes alchimiques, lesquels se 
présentent sous un titre commun : {railés lirés de la 
Chimie mystique (1). Il renferme les poèmes d’Æélio- 
dore, de T'héophraste, d'Archelaïüs, d'Hiérothée. Les 
premiers de ces poèmes paraissent écrits par des au- 
teurs de la fin du 1rv° siècle, contemporains de Théo- 
dose; mais ils ont subi des interpolations successives 
dans les manuscrits, lesquelles ont fini parfois par 
transformer les iambes du 1v° siècle, en vers dits politi- 
ques d’une basse époque. 

Jean de Damas et d’autres ont écrit plus tard des 
morceaux analogues, qui se trouvent seulement dans 
quelques manuscrits. 

Les poèmes manquent dans le manuscrit 2.325 ; mais 
ils existent dans le manuscrit de saint Marc. Quelques- 
uns avaient été imprimés à la fin du traité de Pal- 
ladius, de Febribus, en 1745. L'ensemble a paru dans le 
deuxième volume des Physicr et Medici græct 
minores de Ideler (1842). 


δ 8. — Traités technologiques. 


Un troisième ensemble est celui des traités et des 
recettes technologiques. Je vais essayer de classer ces 
traités et recettes, dont l’origine est très diverse 
quelques-uns semblent remonter à l'Égypte grecque 
et plus haut peut-être, tandis que d’autres sont de 


n 


(1) Ms. 2.527, fol. 178 à 195. 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 123 


l’époque arabe. La plupart se trouvent seulement 
dans le manuscrit 2.327. 

Je signalerai d’abord « le Livre de l'alchimie métal- 
lique, sur la chrysopée, l’argyropée, la fixation du 
mercure, renfermant les évaporalions, les leintures, les 
traitements par déflagration (?); il traite aussi des 
pierres vertes, escarboucles, verres colorés, perles, 
comme de la teinture en rouge des vêlements de peaux 
destinés à l’empereur : tout cela est produit au moyen 
des eaux par l’art métallurgique (1). » La fin de l’ou- 
vrage est marquée en marge. Un certain nombre de 
recettes et d’articles isolés, transcrits sans nom d’au- 
teur, sont probablement tirés de ce recueil; mais 1] 
n’est pas facile de le reconstituer d’une manière 
précise. 

Un traité, plus ancien peut-être, a pour titre : 
Bonne confection et heureuse issue de la chose 
créée οἱ du travail et longue durée de la vie, titre 
reproduit à la dernière ligne. Il est relatif aux opé- 
rations sur les métaux (2). Il débute par la phrase 
suivante : « Et le Seigneur dit à Moïse, j'ai choisi 
en nom Beseleel, le prêtre de la tribu de Juda, pour 
travailler l'or, l'argent, le cuivre, le fer, tous les 
objets de pierre, de bois, et pour être le maître de tous 
les arts. » 

Ce nom est caractéristique : c’est celui d’un des 
architectes de l'arche et du tabernacle dans l'Exode. Il 
semble que le traité actuel soit le même qui est dési- 
gné ailleurs sous le nom de chimie domestique de Moïse. 


124 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Je ne l'ai rencontré que dans le manuscrit 2.327. 
Rappelons que le nom de Moïse, regardé comme 
auteur de traités astrologiques et magiques, figure 
également dans les papyrus de Leide (pages 54 
et 83). 

Ce traité renferme des passages étranges, qui sem- 
blent les débris de quelque papyrus, copiés à la suite, 
d’une façon incohérente, sous préoccupation du sens 
général des titres, ni des phrases qui précédent. C’est 
ainsi que sous la rubrique : matière de l’argyro- 
pée (1), on lit, après des formules de minéraux et 
sans aucune transition, neuf lignes tirées de l’article sur 
la teinture en pourpre de Démocrite : « Ces auteurs 
sont estimés par nos prédécesseurs, etc.»; puis vient la 
finale banale des traités démocritains « la nature triom- 
phe de la nature, et la nature domine la nature. » Ceci 
jette un jour singulier sur le mode de composition des 
manuscrits que nous étudions. 

Dans un troisième traité, intitulé : Fusion de l'or très 
estimée et très célèbre (2), l’auteur expose des procédés de 
dorure et d’argenture, d’autres procédés pour confec- 
tionner des lettres d’or (5), pour souder l’or et l'argent, 
pour fabriquer des alliages de cuivre semblables à 
l'or. Plusieurs de ces procédés offrent par le détail des 
traitements qu'ils décrivent une ressemblance frappante 
avec ceux des papyrus de Leide (4). On dirait que ces 
derniers ont été extraits de quelque traité de ce genre; 


PM: 5.35, lSe75: 
(2) Ms. 2.327, fol. 280 à 200. 

(3) Μοντξαῦοον a reproduit l’un de ces articles dans sa Paléographie 
grecque. 

(4) Voir p. 88 et 92. 


LES MANUSCRITS GRECS DES BIBLIOTHÈQUES 125 


au même titre que l'on y rencontre des articles tirés 
de Dioscoride. 

Un autre traité du manuscrit 2.327 pourrait être 
appelé le travail des quatre éléments. 11 contient di- 
verses recettes obscures et se termine par les déno- 
minations de l’œuf philosophique (1). 

La Technurgie du célèbre Arabe Salmanas (2) rap- 
porte une série de procédés sur la fabrication des perles 
artificielles et sur le blanchiment des perles naturelles. 
Ce traité existe aussi dans plusieurs autresmanuscrits (3). 
C’est une collection quisemble remonter au vin siècle et 
41 doit avoir été tirée d’un ouvrage plus ancien. 

Α la suite se trouvent dans les trois manuscrits 
B255u2:327; 2240) deshrecettes (distinctes et posi- 
tives pour fabriquer l’argent, tremper le bronze, etc., 
plus vieilles que la rédaction actuelle de la technur- 
gie. En effet ces procédés figurent dans le manuscrit 
de saint Marc, lequel ne parle ni de Salmanas, 
hides perles. Ce sont d'abord trois recettes pour 
fabriquer l'argent (ασημον) avec le plomb, et avec l’é- 
tain (4), tout à fait analogues à celles du papyrus de 
Leide ; puis viennent la fabrication de l'or, celle 
du cinabre, la fabrication du mercure (laquelle man- 
que dans le manuscrit 2.325). 

Ensuite on lit les recettes pour la coloration des 
verres, émeraudes, escarboucles, hyacinthes, d’après le 
livre du sanctuaire, vieilles formules où l’on cite le 


(x) Ms 2.327, fol, 227 ἃ 230: 

(2) Ms. 2.327, fol. 141 à 146. 

(3) Ms. 2.325, fol. 152 à 150, et ms. 2.240, fol. 29 à 32. 
(4) Ms. 2.327, fol. 146. 


126 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


livre de Sophé l'Égyptien (ouvrage de Zosime) et la 
chimie de Moïse (1). 

Une série distincte de recettes métallurgiques, qui se 
rencontre aussi dans le manuscrit de saint Marc et dans 
le manuscrit 2.325, concerne la {rempe du bronze, écrite 
au temps de Philippe de Macédoine, la trempe du fer 
indien, etc. (2). Ces deux recettes ont été imprimées 
par Grüner en 1814, et par Schneider dans les Ecloga 
Physica ; un procédé pour la fabrication du verre (3) 
a été imprimé en même temps : il y est question du 
verre bleu et de divers espèces de verres verts, telles, 
que le prasinum et le venelum, mots déjà employés 
par Lampride au m° siècle. 

Telle est la composition générale des manuscrits 


alchimiques grecs. 


) Ms. 2 
) Ms. 2 
) 2 


2 
2 
ΟῚ 
.2 
3 


EIRE SECOND 


LES "PERSONNES 


CFAPTERE PRENMTER 


LES ALCHIMISTES ŒCUMÉNIQUES 


ONNONS les noms des alchimistes grecs, 
ceux-là surtout que les anciens manuscrits 
appellent œcuméniques, à cause de leur 


importance et de leur autorité univer- 
selle. La liste la plus vieille est celle du Philosophe 
Anonyme (1) : « Exposé des règles de la Chrysopée, 
en commencant par les noms des artistes. Hermes 
Trismégiste écrivit le premier sur le grand mystère. 
Il fut suivi par Jean, l’Archiprètre de la Tuthie en Eva- 
gie et des sanctuaires qui s’y trouvent. Démocrite, le- 
célèbre philosophe d’Abdère, parla après eux, ainzi 


(1) Ms. 2.327, fol. 163; ms. de saint Marc, fol. 70. 


128 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


que les excellents prophètes qui le suivirent. On cite 
alors le très savant Zosime. Ce sont là les philosophes 
œæcuméniques et renommés, les commentateurs des 
théories de Platon et d’Aristote. Olympiodore et Ste- Ὁ 
phanus, ayant fait des recherches et des découvertes, 
ont écrit de grands mémoires sur l’art de faire de l’or. 
Tels sont les livres très savants dont l'autorité va 
nous guider. » Cette liste remonte au vu° ou au 
vin® siècle; elle peut être étendue, en y adjoignant les 
noms des auteurs qui font partie des énumérations 
suivantes. 

En effet une liste presque aussi ancienne figure au 
commencement du manuscrit de saint Marc (1), 
sous la rubrique : « Noms des philosophes de la 
science et de l’art sacrés. Ce sont : Moïse, Démo- 
crite, Synésius, Pauseris, Pebichius, Xénocrate, Afri- 
canus, Lucas, Diogène, Hippasus, Stéphanus, Chi- 
mès, Le Chrétien, Marie, Petasius, Hermès, Théo- 
sébie, Agathodémon, Théophile, Isidore, Thalès, 
Héraclite, Zosime, Philarète, Juliana, Sergius. » A 
côté des noms des vieux philosophes grecs, tels que 
Xénocrate, Diogène, Hippasus, Thalès, Héraclite, 
cette liste contient les noms d’auteurs alchimistes 
véritables, cités pour la plupart dans les traités que 
nous possédons. 

Voici une autre liste, d’après les manuscrits de la 
Bibliothèque nationale (2) : 


A 


« Connais, Ô mon ami, le nom des maîtres de 


(x) Fol. 7 v°. 
(2) Ms. 2.327, fol. 195 v°; reproduite fol. 294; la même liste, 
MS. 12.290, 101. 245, 


σι 


LES ALCHIMISTES ŒCUMÉNIQUES 129 


l’œuvre : Platon, Aristote, Hermès, Jean l’Archiprètre 
dans la divine Evagie, Démocrite, Zosime le grand, 
Olympiodore, Stéphanus le philosophe, Sophar le 
Perse, Synésius, Dioscorus le prêtre du grand Sérapis 
à Alexandrie, Ostanès et Comarius, les initiés de 
l'Égypte, Marie, Cléopâtre femme du roi Ptolé- 
mée, Porphyre, Épibéchius, Pélage, Agathodémon, 
l’empereur Héraclius, Théophraste, Archelaüs, Peta- 
sius, Claudien, le Philosophe Anonyme, Ménos le phi- 
losophe, Panseris, Sergius. Ce sont là les maîtres 
partout célèbres et œcuméniques, les nouveaux com- 
mentateurs de Platon et d’Aristote. Les pays où l’on 
accomplit l’œuvre divine sont l'Égypte, la Thrace 
(Constantinople), Alexandrie, Chypre, et le temple de 
Memphis. » 

La dernière liste, sous sa forme actuelle, serait pos- 
térieure au temps d'Héraclius, d’après la citation du 
nom de cet empereur et de celui de Stéphanus, son 
contemporain. Elle fait mention du temple de Memphis, 
probablement détruit en même temps que le Sera- 
péum vers la fin du 1v° siècle; ce qui en ferait remon- 
ter plus haut la première rédaction. 

Remarquons cependant que les noms des labo- 
_ratoires alchimiques signalés ici sont de l’époque 
byzantine. Or il existe une énumération beaucoup plus 
vieille des endroits où l’on prépare l’or, énumération 
où il est question seulement de villes égyptiennes, 
dont le nom a été parfois mutilé par un copiste qui 
ne les connaissait pas (r). « Il faut connaître en quels 
lieux de la terre de la Thébaïde se prépare la poudre 


(1) Ms. 2.327, fol. 240 ve. 


130 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


mystérieuse : Cléopolis (Héracleopolis) , Alycoprios 
(Lycopolis), Aphrodite, Apolenos (Apollinopolis) et 
Elephantine. » Ces noms eux-mêmes paraissent tirés 
d'un morceau défiguré d’Agatharchide, relatif aux 
sièges des exploitations métallurgiques d'Égypte, sièges 
qui auraient été identifiés plus tard avec les lieux 
supposés de la fabrication de l'or (1). 

En somme, pour les lieux, comme pour les hommes, 
il semble que nous ayons affaire dans tout ceci à 
des listes anciennes, complétées plus tard par les 
copistes et commentateurs et étendues jusqu’au 
vit siècle. 

Comparons-les avec les auteurs alchimiques cités 
dans le ÆKilab-al-Fihrist, catalogue des sciences 
de Ibn-Abi-Yacoub-An-Nadim, auteur mort en 
l’an 235 de l'Hégire c'est-à-dire vers 850. Ce traité 
est postérieur à nos listes et peut servir à les con- 
trôler. M. Derenbourg a eu l’obligeance de traduire 
verbalement pour moi la page 353 du texte et les 
suivantes. La magie et l’alchimie y sont confondues, 
conformément aux analogies historiques. 

Voici le résumé de ce texte : 

« Œuvres d'Hermès sur la magie (2) : — livres 
d'Hermès à son fils sur la magie — livre de l'or qui 
coule (fusion de l’or ?) (3), — livre adressé à Toth, sur 
la magie, etc. 

« Ostanès d'Alexandrie. Il a écrit mille dissertations 
sur les secrets et les énigmes, etc. 


(1) Voir p. 36. 
(2) Voir ms. de saint Marc, fol, 190. 
(3) Voir le traité intitulé : Fusion excellente de l’or, p. 124. 


LES ALCHIMISTES ŒCUMÉNIQUES 131 


« Zosime a suivi la même voie qu'Ostanès. Il a écrit 
les clefs de la magie, qui comprennent un grand 
nombre de livres et de traités. 

« Les noms des philosophes qui se sont occupés de 
magie comprennent Hermès, Agathodémon , Onatos(?), 
philosophe pythagoricien de Crète, Platon, Zosime, 
Démocrite, Ostanès, Hercule (ou Héraclius), Marie, 
Stephanus, Chymès, Alexandre, Archélaus, le prêtre 
chrétien Arès. » Suivent divers noms qu’il n’a pas 
été possible de faire coïncider avec ceux des chimistes 
grecs. 

A la page 354, l’auteur arabe donne les titres des 
livres écrits par les sages, livres qu’il cite pour les 
avoir vus, ou d’après un auteur autorisé. On y trouve, 
parmi d’autres inconnus on non identifiés, les titres 
suivants qui se rapportent tous à des ouvrages ou à 
des personnages dénommés dans nos manuscrits : 
ouvrage de Dioscorus sur la magie; ouvrage de 
Marie la Copte; livre d'Alexandre sur la pierre; livre 
de la pierre rouge ; traité de Dioscorus répondant à 
Petasius; livre de Stéphanus; grand livre de Marie; 
livre d'Eugenius; livre de la reine Cléopâtre; livre 
de Sergius adressé à Kavini, évêque d’'Edesse; le 
grand livre d’Arès (ou d'Horus), le petit livre d’Arës ; 
livre du Nazaréen.… Livre de Démocrite sur les dis- 
sertations; livre de Zosime adressé à tous les sages... 
Livre du moine Sergius sur la magie... Disserta- 
tion de Pélage; livre de Théophile, etc. 

En somme, dès le rx° siècle, les auteurs alchimi- 
ques que nous possédons étaient entre les mains des 
Arabes, lesquels ont pris les Grecs pour guides 


132 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


en alchimie, comme dans les autres sciences. La 
concordance entre les noms contenus dans ces diver- 
ses listes, d’origine si différente, en atteste l’authen- 
ticité : je veux dire qu’elle prouve l'existence avant 
le 1x° siècle, de traités attribués à Hermès, à Démo- 
crite, à Zosime, à Marie, à Stéphanus, traités dont 
certain nombre sont parvenus jusqu’à nous par le ma- 
nuscrit de saint Marc et par ceux de la Bibliothèque 
nationale de Paris et des autres Bibliothèques euro- 
péennes. Le manuscrit 2.327, que nous suivons de pré- 
férence, renferme en effet des traités portant les noms 
de la plupart de ces auteurs; nous avons essayé de 
donner plus haut la classification de leurs ouvrages. 

Passons en revue les noms mêmes des auteurs, 
ceux du moins auxquels ont peut rattacher quelque 
commentaire historique. Pour plus de clarté, nous les 
décomposerons en plusieurs catégories : les auteurs 
mythiques, dieux, rois, et prophètes: les auteurs 
pseudonymes, et enfin les auteurs historiques, c'est-à- 
dire les auteurs réels, je veux dire connus sous leur 
nom véritable. 


ANNE RENE 


CÉPAPECRE. II 


LES ALCHIMISTES MYTHIQUES 


$ 1. — Hermès. 


E premier groupe des alchimistes ren- 
ferme des personnages mythiques et divins, 
tels que Hermès, Isis, Agathodémon. 


Tous ces noms se rattachent à l'Égypte et 
à l’ordre de ceux qu’invoquent les gnostiques et le 
Pœmander. Hermès, synonyme de Toth, était, nous 
l’avons déjà dit (p. 39), le patron des sciences et des 
arts dans la vieille Egypte. Les anciens livres, au 
nombre de vingt mille d’après les uns, de trente-six 
mille cinq cents, d’après les autres, portaient son 
nom. J'ai décrit plus haut, d’après Clément d’Alexan- 
drie, la procession solennelle, dans laquelle ces livres 
étaient portés en cérémonies. La tradition en vertu 
de laquelle on attribuait à Hermès les ouvrages secrets 
sur la magie, l'astrologie, la chimie, a longtemps per- 


134 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


sisté. L’étain, à l’origine, et plus tard le mercure, 
agents de la transmutation, lui ont été consacrés. 
La chimie même portait au moyen âge le nom 
de science hermétique. 1] a existé certainement des 
écrits alchimiques sous le nom d’Hermès : car ils 
sont continuellement cités (1) par Zosime, par Stepha- 
nus et par les autres auteurs de nos manuscrits 
grecs. 

Voici l’un des passages qui sont réputés tirés de 
ces écrits et qui peûvent donner une idée de leur 
style : « À l'entrée orientale du temple d’Isis, vous 
verrez des caractères relatifs à la substance blanche 
(argent). A l'entrée occidentale, vous trouverez le mi- 
nerai jaune (or), près de l’orifice des trois sources (2). » 
Cette description est-elle réelle ou symbolique ? 

Ailleurs on attribue à Hermès l’un des axiomesfavoris 
des alchimistes (3). « Si vous n’enlevez pas aux corps 
leur état corporel et sivous ne transformez pas en corps 
les substances non corporelles, vous n’obtiendrez pas ce 
que vous attendez; » ce qui veut dire : si vous n’en- 
levez pas aux métaux leur état métallique (par oxyda- 
tion, dissolution, etc.), et si vous ne régénérez pas les 
métaux avec des substances non métalliques, etc. 

L'hymne mystique d'Hermès, invoqué dans le Pœ- 
mander, était récité par les alchimistes : « Univers, 
sois attentif à ma voix; terre, ouvre-toi; que la 
masse deseaux s'ouvre à moi. Arbres : ne tremblez 


(r) Voir entre autres ms. de saint Marc, fol. 100. 

(2) Ms. 2.250, fol. 81. OLyxmpioporE reproduit le même texte avec 
plus de développements; il est cité dans le ms. 2.327, fol. 210 v°. 

(3) Ms. de saint Marc, fol. 05 v°. 


LES ALCHIMISTES MYTHIQUES 135 


pas, je veux louer le Seigneur, le Tout et l'Un.Que les 
Cieux s'ouvrent et que les vents se’taisent, que 
toutes mes facultés célèbrent le Tout et l’'Un. » — La 
formule du Tout et de l’Un reparaît continuellement 
Hans lestécritss des alchimistes grecs. Elle" 1or- 
mait le fond de leur doctrine, car elle exprimait l'unité 
de la matière et la possibilité de transmuter les corps 
les uns dans les autres. 

La table d’émeraude d’'Hermès, citée par les au- 
teurs du moyen âge, débute par des mots sacramen- 
tels, pareils à ceux que nous lisons dans les œuvres 
de Zosime : « En haut les choses célestes, en bas 
les choses terrestres; par le mâle et la femelle l’œuvre 
est accomplie. » 

Cependant ni /’Œuvre du Soleil d'Hermès, ni aucun 
livre qui porte son nom n'est arrivé jusqu’à nous; 
les traités arabes attribués à Hermès que nous pos- 
sédons sont très postérieurs. Mais on trouve dans 
nos manuscrits l'attribution à Hermès d’une table 
astrologique (dite instrument) et celle d’un commen- 
taire sur l’énigme de la Sybille. 

L’JZnstrument d'Hermès (1) est un tableau de chiffres, 
destiné à prévoir l'issue d’une maladie d’après 
un nombre compté d’une certaine manière, à partir 
du lever de Sirius, au mois Epiphi. Les tables de ce 
genre sont fort anciennes en Egypte ; les papyrus 
de Leide en contiennent une, attribuée à Démocrite, et 
le manuscrit 2.410 de la Bibliothèque nationale en 
renferme plusieurs, dites de Pétosiris. 

Sous le nom d'Hermès et d'Agathodémon figure le 


(1) Ms. 2.327, fol. 293. Voir p. 35 de ce volume. 


136 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


commentaire d’une énigme (1), relative à la pierre 
philosophale (2). « J’ai neuf lettres et quatre syllabes, 
connais-moi. Les trois premières ont chacune deux 
lettres, etc. » Cette énigme se trouve dans les livres 
sibyllins (3); elle a beaucoup occupé les alchimistes ; elle 
est citée par le pseudo-Démocrite, par Olympiodore, 
et commentée longuement par Stéphanus (dans sa 
VIe praxis). La traduction serait le mot arsemicon, 
d’après Cardan et d’après Leibnitz, qui ont eu con- 
naissance du texte de Stéphanus (4). On en donne 
aussi des interprétations toutes différentes, telle que 
Zoës bythos, l'abîme de la vie; Theos soter, le Dieu 
Sauveur; anexphonos; phaosphoros, etc.; dans les 
éditions des livres sybillins. En tous cas, la date 
du 1 livre nous reporte vers le m1° siècle; ce qui 
concorde avec les autres indications des ouvrages 
alchimiques. | 


$ 2. — Agathodémon. 


Agathodémon, ou le bon génie, est synonyme du 
dieu égyptien Cnouphi : il représente une divinité mé- 
dicale. Chez certains gnostiques on adorait le ser- 


(1) Me: 2.327, fol; 234, 

(2) Appendice E. 

(3) ay. I, vers 141. 

(4) Miscell. Berol. 1, 19. Voir Fasricrus, Bibl. græca, τ. XII, p. 606, 
1724. 


LES ALCHIMISTES MYTHIQUES or 


pent comme son emblème, et on conservait même des 
serpents domestiques, désignés sous le nom d’Aga- 
thodémons, et regardés comme les protecteurs de la 
maison (1). On voit la parenté de ce personnage avec le 
serpent qui se mord la queue, emblème de l’alchimie. 
Ses sectateurs (Agathodémonites) ont même été identi- 
fiés avec les alchimistes. 

Olympiodore soupçonne déjà, malgré sa crédulité, 
le caractère mythique et évhémérisé d’Agathodé- 
mon (2). « Les uns disent que c’est un ancien, l’un des 
vieux philosophes de l'Égypte; les autres, un ange 
mystérieux ou bon démon, protecteur de l'Égypte. 
Quelques-uns lappellent le ciel, parce que son 
symbole est l’image du monde. En effet les hiéro- 
grammates égyptiens, voulant désigner le monde sur 
les obélisques , en caractères sacrés, y figurent le ser- 
pent Ouroboros. » 

Agathodémon est souvent cité comme un auteur réel 
par nos alchimistes. Sous le nom d’Agathodémon nous 
possédons même l'énigme de la Sibylle, ainsi qu’un 
commentaire adressé à Osiris et relatif au vieil oracle 
d'Orphée, c’est-à-dire à un autre apocryphe du n° siècle, 
en honneur chez les gnostiques. L'auteur y parle de 
l’art de blanchir et de jaunir les métaux, ce qui veut 
dire les changer en argent et en or, ainsi que de di- 
verses recettes alchimiques (3). 


(1) RENAN. Histoire des origines du christianisme. — Voir le pré- 
sent volume, p. 62. 

(2) Ms. 2327, fol. 202. 

Θ᾽. ΝΞ. 2327, fol: 262: 


138 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


δ 3. — Isis. 


Isis est invoquée dans le Pœmander, l’un des 
livres pseudo-hermétiques. Elle jouait un grand rôle 
dans les cultes religieux de l’époque alexandrine et 
romaine. Elle apparaît aussi chez les alchimistes. 

J'ai déjà parlé de la lettre d’Isis la prophétesse à son 
fils Horus (1), à l’occasion du commerce des anges 
avec les femmes, auxquelles ils révèlent les sciences 
mystérieuses. On y lit le nom de Typhon (le Set 
égyptien), et celui de la ville d'Ormanouthi (Hermon- 
this près de Thèbes), mêlés à toutes sortes d’imagi- 
nations gnostiques sur les anges et sur les prophètes 
du premier firmament; puis vient un serment d’ini- 
tiation, où Hermès et Anubis sont associés au rocher 
de l’Achéron. 

Plusieurs de ces noms et cette lettre même sont encore 
rappelés, dans un procédé de transmutation transcrit 
plus loin (2). 

Les premiers siècles de notre ère sont féconds en 
mélanges de ce genre et en livres supposés, surtout 
dans la région de l'Égypte et de la Syrie, où ont 
été établies les premières relations entre l’hellénisme 
et les traditions religieuses de l'Orient. L'histoire du 
gnosticisme, celle des hérésies chrétiennes, celle des 


(1) Ms. 2.327, fol. 256, — Voir p. τὸ du présent ouvrage. 
(2) Ms:2,327, fol. 267. 


LES ALCHIMISTES MYTHIQUES 130 


philosophes mystiques d'Alexandrie, sont pleines de 
fausses attributions : livre d'Enoch, testament d'Adam, 
Évangiles apocryphes, etc.; attributions destinées à 
rattacher des doctrines modernes à une origine véné- 
rée : — soit pour en augmenter l'autorité, en les met- 
tant sous le nom de contemporains illustres; — soit 
pour sauvegarder leurs promoteurs contre la persé- 
cution. La proscription des mathématiciens et des 
Chaldéens à Rome, les massacres commandés par 
Dioclétien en Égypte, et la destruction par lui des ou- 
vrages alchimiques ne justifiaient que trop de pareilles 
précautions. 


δ 4 — Les rois et les empereurs. 


C'est de la même manière, c'est-à-dire par la 
double intention de garantir l’auteur à des persécu- 
tions et de donner de l'autorité aux ouvrages nouveaux, 
que j'explique les attributions faites de certains livres 
chimiques à des rois et à des empereurs. 

Déjà les anciens Égyptiens mettaient les ouvrages 
modernes sous le nom de leurs vieux rois. Le Livre 
mystique de Zosime est placé sous le patronage de 
Sophé, autrement dit Chéops (voir p. 58.) 

Non seulement les copistes ont assigné à certains 
alchimistes des titres fictifs, tels que celui de roi d’Ar- 
ménie, ajouté au nom de Petasius dans la suscription 
de certains traités, ou celui de reine d'Egypte, imputé 


140 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


à Cléopâtre la savante(r) : ce qui rappelle le titre de 
roi de l’Inde assigné à Geber dans les traités arabes; 
mais la fraude ou l'erreur ont mis certains traités 
sous le nom d’Alexandre. Ceci a lieu, par exemple 
dans une table ancienne placée en tête du manuscrit 
de saint Marc (2), et dans le Kitab-al-Fihrist. D’au- 
tres livres sont prétendus composés par l’empereur 
Héraclius (3) et par l’empereur Justinien. Mais aucun 
de ces derniers traités ne figure dans les ouvrages grecs 
parvenus réellement jusqu’à nous. 

(1) Ms. 2.327, fol. 74. 

(2) Liste ancienne du fol. 2 du ms. de saint Marc. 

(5) ΕΟ]. 2. Le contenu même du ms. ne répond qu’imparfaitement 


à cette table, qui devait être celle de quelque copie analogue et plus 
ancienne. 


CEÉRPEPERE TT] 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 


δ 1. — Leur énumération. 


côté des personnages mythiques, divins 
ou royaux, donnés comme auteurs des 
vieux ouvrages de chimie, il existe toute 


une série d’autres noms de personnages 
humains et historiques, sous le patronage apocryphe 
ou pseudonyme desquels se sont placés les premiers 
alchimistes : toujours pour accroître la célébrité 
de leurs ouvrages, ou pour se couvrir de la persé- 
cution. 

C’est ainsi qu’au moyen âge Albert le Grand, 
Raymond Lulle, saint Thomas, sont supposés les 
auteurs de certains traités d’alchimie. 

Tels sont les philosophes grecs de l’époque classi- 
que, devenus ici pseudonymes ; tels aussi les phi- 
losophes grecs de l’époque alexandrine, contem- 
porains de nos auteurs et dont plusieurs sont connus 


142 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


dans l’histoire comme magiciens ; peut-être ont-ils été 
aussi des alchimistes. Tels sont encore Démocrite et 
Ostanès, réputés les promoteurs de la magie et de l’al- 
chimie, d’après des traditions fort anciennes. Ostanès 
se rattache d’ailleurs aux origines chaldéennes (p. 46). 
Je dirai aussi quelques mots des pseudonymes juifs, 
Moïse, Marie et Cléopâtre, et je terminerai par 
l'énumération des égyptiens cités dans les plus 
anciens textes, soit comme alchimistes, soit comme 
astrologues, tels que Chymès, éponyme de la chi- 
mie, Pétésis, Pétosiris, Pammenès et Pauseris. 
Leur personnalité est douteuse; cependant plusieurs 
pourraient être également rangés parmi les écrivains 
historiques. 


$ 2. — Les philosophes grecs. 


Un grand nombre de philosophes grecs sont 
nommés dans leslistes alchimistes, et tout d’abord les 
deux grands maîtres de la philosophie antique : Platon 
et Aristote. Nous trouvons aussi dans la liste du 
manuscrit de saint Marc les noms des auteurs des 
écoles Ionienne et Italiote : Thalès, Héraclite, Xéno- 
crate, Diogène, Hippasus, Démocrite. Ces noms se 
rattachent à la doctrine des quatre Éléments, conti- 
nuellement invoquée par les alchimistes. Au contraire, 
les écoles Épicurienne et Stoïicienne, circonstance 
étrange, semblent inconnues de nos auteurs, et l’on n'y 
lit rien, en particulier, qui soit relatif aux théories de 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 145 


la vieille école Atomique (1). Aucun auteur latin ne 
figure non plus dans ces listes. 

Au moyen âge, les philosophes grecs font égale- 
ment partie des alchimistes. Ainsi dans la T'urba phi- 
losophorum, ouvrage d’une basse époque, on voit les 
noms de Pythagore, d’Anaxagore, de Parménide, de 
Socrate, de Zénon, de Platon, associés avec Bélus, 
avec Pandolfus et d’autres noms barbares. Chacun 
de ces philosophes y vient débiter quelques sentences, 
qui n’ont aucun rapport avec ses doctrines connues 
par l’histoire. La Turba se rattathe peut-être à un 
petittraité de nos manuscrits, ayant pour titre /’Assem- 
blée des philosophes (2). Cependant la composition 
de ce dernier est toute différente. 

Aristote est cité formellement et à plusieurs repri- 
ses, par les auteurs alchimiques, qui semblent en 
avoir eu une connaissance réelle. « Il y a quatre 
causes, d’après le naturaliste Aristote, pour tout ce qui 
est générique », dit le manuscrit 2.327, fol. 110. 

Quoi qu’il en soit de ce point, Platon et Aristote 
sont mis en tête de la liste des alchimistes œcu- 
méniques, sans qu'aucun ouvrage leur soit assigné. 

Platon, Aristote, Pythagore, ont été aussi comptés 
de bonne heure parmi les magiciens, toujours à cause 
de leur grande autorité scientifique. Au moyen âge, 
on leur attribua formellement des traités d’alchimie, 
rattachés à l'Égypte par un dernier souvenir tradi- 
tionnel. De secretiori Ægyptiorum philosophia : tel 
est en effet le titre de certains ouvrages d’alchimie, 


(1) Sauf un mot dans Olympiodore, ms. de saint Marc, 167 vo. 
MS 02,327, [0]. 233% 


I 44. LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


donnés comme de Platon et d’Aristote par les Arabes. 
Mais ces traités, que l’on peut lire imprimés dans le 
Theatrum chemicum, sont des œuvres arabes, sans 
racine antérieure. 

Un des ouvrages latins du pseudo-Aristote, re- 
produit dans le Theatrum chemicum (1), offre une 
physionomie singulière et plus ancienne. Il ne s’en 
réfère pas aux Arabes, du moins quant au fond des 
doctrines. Il cite, non seulement le nom d’Alexan- 
dre, — ce qui n’a rien de surprenant, — mais celui 
du roi Antiochus, et ïil parle sans ‘cesse du 
Serpent, dans des termes qui rappellent étrange- 
ment l’Ouroboros et son rôle chez les gnostiques. Les 
quatre roues du char quile supporte sont assimilées aux 
quatre éléments, comme les quatre pieds du dragon 
des alchimistes les plus anciens (p. 59). Peut-être y a-t-il 
là quelque débris d’un traité contemporain des nôtres. 

Les philosophes alexandrins touchent de plus près 
aux alchimistes. Non seulement ils étaient contempo- 
rains; mais ils s’occupaient de connaissances congénè- 
res, l'astrologie et la magie. Aussi s’explique-t-on la 
présence du nom de Porphyre dans la liste de la 
page 120 ; aucun écrit n'existe sous son nom dans les 
manuscrits. Au contraire, le nom de Jamblique, philo- 
sophe alexandrin qui a été le grand maître des magi- 
ciens, figure dans nos manuscrits comme celui de l’au- 
teur, peut-être authentique, de deux procédés de trans- 
mutation (2). La parenté des diverses sciences occultes, 
magie et alchimie, je le répète, se maintient donc ici. 


(r) TomeW,p. 705: 
(2) Ms. 2.327, fol. 266 et 267. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 145 


Une indication non moins significative peut être: 
tirée du nom de l’empereur Julien, qui figure au bas 
du fol. 242 (1) : « Ainsi fut accompli le précepte de 
l’empereur Julien. » Le nom de l’empereur Julien est 
remarquable. On sait quelles relations il entretint 
avec les magiciens disciples de Jamblique et comment 
ilse livra lui-même aux pratiques théurgiques ; on sait 
d'autre part que son nom, maudit par les chrétiens, 
disparut presque aussitôt de l’histoire. Son autorité 
ne put guère être invoquée que par des païens contem- 
porains, affiliés à la même école magique et philoso- 
phique. 

Une série de pseudonymes très intéressante, en 
raison des écrits qu’elle renferme, est celle des apo- 
cryphes proprements dits : je veux parler des traités 
écrits, figurant dans la collection et attribués à des 
personnages historiques, ou crus tels, en raison de 
quelque analogie d’école ou de tradition secrète. Peut- 
être aussi étaient-ce des noms conventionnels, que Îles 
initiés se donnaient les uns aux autres dans leurs 


réunions secrètes. Tels sont notamment Démocrite et 
Ostanès le Mède. 


$ 3. — Démocrite. 


Démocrite et les traditions qui s’y rattachent jouent 
un rôle capital dans l’histoire des origines de l’al- 
chimie. En effet, parmi les livres venus jusqu'à nous 


(1) Ms. 2.327. 


140 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


et qui contiennent des recettes et des formules pra- 
tiques, l'ouvrage le plus ancien de tous, celui que les 
auteurs ayant quelque autorité historique citent, οἵ 
qui n’en cite aucun, c'est celui de Démocrite, intitulé 
Physica et Mystica. Cet ouvrage est pseudonyme, je 
n'ai pas besoin de le répéter; mais il se rattache à 
l'œuvre authentique de Démocrite par des liens faciles 
à entrevoir. 

Assurément, les historiens de la philosophie antique 
ont le droit et le devoir de n’admettre que des livres 
incontestables, lorsqu'il s’agit d'établir ce que Démo- 
crite a réellement écrit. Mais ce n'est pas là une 
raison suffisante pour écarter le reste du domaine 
de l’histoire et pour refuser d’en établir l’époque et la 
filiation. En effet les ouvrages des imitateurs, même 
pseudonymes, de Démocrite ont leur date et leur 
caractère propre. Ces ouvrages sont anciens, eux aussi, 
et ils répondent à un certain degré de l’évolution inces- 
sante des croyances humaines, des doctrines philoso- 
phiques et des connaissances positives. Les livres ma- 
giques et naturalistes que l’on attribuait à Démocrite, 
au temps de Pline et de Columelle, feraient tache dans 
la vie du grand philosophe rationaliste; mais ils avaient 
pourtant la prétention de relever de son inspiration. 
Ils ont concouru à l'éducation mystique et pratique de 
plusieurs générations d'hommes ; ils se rattachent en 
outre de la façon la plus directe à l’histoire des origines 
de l’une des sciences fondamentales de notre temps, la 
chimie. 

Avant de parler de cet ordre d'ouvrages et de 
tâcher de retrouver les noms véritables de quelques-uns 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 147 


des auteurs de ces traités pseudo démocritains, cher- 
chons d’abord quel lien 115 peuvent offrir avec les 
événements véritables de la vie du philosophe et les 
œuvres qu’il a réellement composées. 

Démocrite, d’Abdère, mort vers l'an 357 avant 
l’ère chrétienne, est un des philosophes grecs les plus 
célèbres et les moins connus, du moins par ses œuvres 
authentiques. C'était un rationaliste et un esprit puis- 
sant. [l avait écrit avant Aristote, qui le cite fréquem- 
ment, sur toutes les branches des connaissances hu- 
maines et il avait composé divers ouvrages relatifs 
aux sciences naturelles, comme Diogène Laerce, 
son biographe, nous l’apprend. C’est le fondateur 
de l'école atomistique, reprise ensuite par Épicure, 
école qui a eu tant d’adeptes dans l'antiquité et qui 
a fait de nouveau fortune parmi les chimistes mo- 
dernes. 

Démocrite avait voyagé en Égypte, en Chaldée et dans 
diverses régions de l’Orient et il avait été initié aux 
connaissances théoriques et peut-être aussi aux arts 
pratiques de ces contrées. 

Ces voyages étaient de tradition parmi les premiers 
philosophes grecs, qui avaient coutume de compléter 
ainsi leur éducation. Les voyages d'Hérodote sont cer- 
tains et racontés par lui-même. La tradition nous a 
transmis le souvenir de ceux de Platon, de Pythagore et 
de Démocrite. Les derniers en particulier sont attestés 
par toute l’antiquité. Diogène Laerce les signale, et cela, 
paraît-il, d’après Antisthènes, auteur presque contem- 
porain de Démocrite ; lequel rapportait que Démo- 
crite apprit des prêtres la géométrie et visita l'Égypte, 


148 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


la Perse et la mer Rouge. Cicéron (1) et Strabon, 
parlent de ces voyages. D'après Diodore, Démo- 
crite séjourna cinq ans en Égypte. Clément d’Alexan- 
drie, dans un passage dontune partie, d’après Mullach, 
aurait été empruntée à Démocrite lui-même, dit éga- 
lement qu’il alla en Babylone, en Perse, en Égypte 
et qu'il étudia sous les mages et les prêtres. Aussi 
lui attribuait-on certains ouvrages sur les Écritures 
sacrées des Chaldéens et sur celles de Mérocé. 

Si j'insiste sur les voyages et sur l'éducation de 
Démocrite, c’est que ces récits, qui semblent authen- 
tiques, changent de physionomie dans Pline l’ancien. 
Pline est le premier auteur qui ait transformé le 
caractère du philosophe rationaliste, et qui lui ait 
attribué cette qualité de magicien, demeurée dès lors 
attachée à son nom pendant tout le moyen âge. 

Ainsi Pline fait de Démocrite, lé’ père Gemma 
magie, et 11 prélude aux histoires de Synésius et de 
Georges le Syncelle, d'après lesquelles Démocrite 
aurait été initié à l’alchimie par les prêtres égyptiens 
et par Ostanès le mage. 

On rencontre le même mélange de traditions, les 
unes authentiques, les autres apocryphes, dans l'étude 
des ouvrages de Démocrite. 

Les œuvres de Démocrite et de son école formaient 
dans l'antiquité une sorte d’encyclopédie philoso- 
phique et scientifique, analogue à l’ensemble des 
traités qui portent le nom d’Aristote. Elle fut réunie 
et classée en tétralogies par le grammairien Thrasylle, 
du temps de Tibère. Malheureusement ces livres 


(1) Ultimas terras peragratus. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 149 


sont aujourd’hui perdus, à l'exception de divers 
fragments récoltés ça et là et réunis d’abord par 
M. Franck, en 1836, puis par Mullach (1). 

Mullach, avec une critique sévère, a fait la part 
des œuvres authentiques dans sa collection, et il a 
soigneusement écarté tout ce qui lui a paru pseudo- 
nyme ou apocryphe. Toutefois une séparation absolue 
entre les deux ordres d’écrits mis sous le nom de Démo- 
crite est peut-être impossible, à cause des imitations et 
des interpolations successives; surtout en ce qui touche 
les ouvrages d’histoire naturelle et d’agriculture, si 
souvent cités par Pline et ses contemporains et dont les 
Geoponica nous ont conservé des débris fortétendus. 

Diogène Laerce attribue à Démocrite des traités 
sur le suc des plantes (cités aussi par Pétrone), 
sur les pierres, les minéraux, les couleurs, les 
métaux, la teinture du verre, etc. Sénèque (2) 
dit encore que Démocrite avait découvert les 
procédés suivis de son temps pour amollir l’ivoire, 
préparer l'émeraude artificielle, colorer les matières 
vitrifiées : guemadmodum decoctus calculus in smarag- 
dum converteretur. πᾶ hodièque coctura inventi lapides 
in hoc utiles colorantur. Ceci rappelle les quatre livres 
sur la teinture de l’or, de l'argent, des pierres et de la 
pourpre, assignés plus tard par Synésius et par 
George le Syncelle à Démocrite (3). Olympiodore, 
auteur alchimiste du 1v° siècle, parle encore des quatre 
livres de Démocrite sur les Éléments : le feu et ce qui 


(1) Berlin, 1843, in-8o. 
(2) Épist. ΧΕ. 
(3) Ms. 2.527, fol. 31. 


150 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


en vient; l’air, les animaux etce qui en vient; l’eau, les 
poissons εἴ ce qui en vient ; la terre, les sels, les 
métaux, les plantes et ce qui en vient, etc (1). Tout 
cela semble se rapporter à des traités antiques. 

Le départ rigoureux entre les œuvres authenti- 
ques et les ouvrages des disciples et des imitateurs 
de Démocrite, qui se sont succédé pendant cinq ou 
six siècles, est aujourd’hui, je le répète, difficile; sur- 
tout en l'absence d'ouvrages complets et absolument 
certains. Cependant, ces ouvrages, même pseudo- 
nymes, semblent renfermer parfois des fragments 
de livres plus anciens. Leur ensemble est d’ailleurs 
intéressant, comme portant le cachet du temps où 
ils ont été écrits, au double point de vue des doc- 
trines mystiques ou philosophiques et des connais- 
sances positives. 

J'ai retrouvé récemment dans les manuscrits 
alchimiques et publié un fragment sur la tein- 
ture en pourpre par voie végétale, fragment qui 
semble avoir appartenu à la collection des œuvres 
de Démocrite; je veux dire aux ouvrages cités par 
Diogène Laerce, Pétrone et Senèque. Les sujets 
que ceux-ci traitaient, notamment l'étude de la tein- 
ture des verres et émaux, nous expliquent comment 
les premiers alchimistes, empressés à se cacher sous 
l'égide d’un précurseur autorisé, ont donné le nom 
de Démocrite à leur traité fondamental, Physica et 
Mystica. 

Celui-ci est un assemblage incohérent de plusieurs 
morceaux d’origine différente. Il débute, sans préam- 


(1) Ms. 2.327, fol. 201 ; ms. de saint Marc, fol. 166 vo. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 1e 


bule, par un procédé technique pour teindre en 
pourpre; c’est celui que j'ai traduit (1) : ce fragment, 
dont le caractère est purement technique, n’a 
aucun lien avec le reste. Les manuscrits renferment 
à la suite une évocation des enfers du maître 
de Démocrite (Ostanès), puis des recettes alchi- 
miques. 

Donnons quelques détails sur ces diverses par- 
tresl 

Le second fragment (évocation magique) rapporte 
que le maître étant mort, sans avoir eu le temps 
d’initier Démocrite aux mystères de la science, ce 
dernier l’évoqua du sein des enfers : « Voilà donc la 
récompense de ce que j'ai fait pour toi », s’écrie l’ap- 
parition. Aux questions de Démocrite, elle répond : 
« Les livres sont dans le temple.» Néanmoins, on ne 
réussit pas à les trouver. Quelque temps après, pen- 
dant un festin, on vit une des colonnes du temple 
s’'entr'ouvrir ; on y apercçut les livres du maître, les- 
quels renfermaient seulement les trois axiomes mys- 
tiques : « La nature se plaît dans la nature; la nature 
triomphe de la nature; la nature domine la nature; » 
axiomes qui reparaissent ensuite comme un refrain, 
à la fin de chacun des paragraphes de l’opuscule 
alchimique proprement dit. Ce récit fantastique a été 
reproduit plus d’une fois au moyen âge, sous des 
noms différents, et attribué à divers maîtres célèbres. 
L'évocation elle-même tranche par son caractère avec 
la première et la dernière parties, où rien d’analogue 
ne se retrouve. Cependant, elle rappelle le titre d’un 


(1) Voir Pappendice F. 


152 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ouvrage sur les Enfers, attribué à Démocrite et dont 
le vrai caractère est incertain (1). Peut-être aussi faut-il 
y chercher quelque ressouvenir des idées du vrai Démo- 
crite sur les fantômes et sur les songes (2), auxquels 
il supposait une existence réelle. Nous trouvons des 
idées toutes pareilles dans Épicure et dans Lucrèce, 
qui attribuaient aux images sorties des corps une 
certaine réalité substantielle, analogue à celle de la 
mue des serpents (3). On conçoit que de telles théo- 
ries conduisaient aisément à des imaginations 
pareilles à celles des spirites de nos jours. 

Quoi qu'il en soit, le récit de l'évocation que je 
viens de rappeler nous ramène aux ouvrages magi- 
ques apocryphes, que l’on attribuait déjà à Démocrite 
du temps de Pline; je ne serais pas surpris qu'elle en 
fût même tirée. Nous aurions alors 1ci trois ordres de 
morceaux de date différente : la partie alchimique, 
apocryphe et la plus récente, mais antérieure au 
ive siècle de notre ère; la partie magique, également 
apocryphe, mais précédant Pline; et la partie tech- 
nique, peut-être la plus ancienne, se rattachant seule 
à Démocrite, ou plutôt à son école. Cette association, 
par les copistes, de fragments d’époques diflérentes 
n’est pas rare dans les manuscrits. En tous cas, elle 
a lieu dans quatre manuscrits de la Bibliothèque 
Nationale, lesquels semblent provenir d’une source 
commune. Elle existe aussi dans le manuscrit de saint 
Marc, qui remonte au χα" siècle. 

(1) MuLzLacH, Ρ. 16. 

(2) Voir la Philosophie des Grecs, par ZELLER, €. Il, p. 351, 353. 


Trad. Boutroux, 1882. 
(3) De natura rerum, IV, 333. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 253 


Certes, 1l est étrange de voir ainsi un homme 
tel que Démocrite, doué d’une incrédulité inflexible 
vis-à-vis des miracles, d’après Lucien, un philosophe 
naturaliste et libre penseur par excellence, méta- 
morphosé en magicien et en alchimiste! 

Pline raconte, en effet, que Démocrite fut instruit 
dans la magie par Ostanès (1); il revient à plu- 
sieurs reprises sur ses relations avec les mages (2). 
Solin (3) parle au contraire de ses discussions contre 
eux. D’après Pline, Démocrite viola le tombeau 
de Dardanus, pour retirer les livres magiques qui y 
étaient ensevelis, et il composa lui-même des ou- 
vrages magiques. Cependant Pline ajoute que plu- 
sieurs tiennent ces derniers pour apocryphes. 

L'usage d’enfermer des manuscrits dans les tom- 
beaux rappelle les papyrus que nous trouvons aujour- 
d'hui avec les momies et qui nous ont conservé tant 
de précieux renseignements sur l'antiquité. On a fait 
souvent des récits analogues de tombeaux violés pour 
en tirer les Livres des Maitres, dans les légendes du 
moyen âge, et déjà dans celles de la vieille Égypte. 
Elles n'étaient pas sans quelque fondement. C’est 
précisément un tombeau de Thèbes, sans doute 
celui d’un magicien, qui nous a restitué les papyrus 
de la collection Anastasi, aujourd’hui à Leide (p. 83). 

Or ces derniers papyrus montrent que la transfor- 
mation de Démocrite en magicien n’est pas attestée 
seulement par Pline et par les manuscrits alchi- 


1) Histoire naturelle, τ. XXX, ch. 11. 
D EPXXIV;, chxvirs PV, οἷς 17. 
) Chap. πι, p. 13 de l’édition de Saumaise, 1689. 


( 
( 
( 


2 
= 
=) 


154 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


miques de nos bibliothèques. Le nom de Démocrite 
se trouve à deux reprises dans le rituel magique 
des papyrus de Leïde (1), papyrus qui renferment à 
la fois des recettes magiques et des recettes alchi- 
miques. On rencontre aussi dans ces papyrus (2), 
sous le titre de Sphère de Démocrite, une table en 
chiffres destinée à pronostiquer la vie ou la mort 
d’un malade; table toute pareille aux tables d’Hermès 
et de Petosiris qui existent dans les manuscrits des 
bibliothèques (p. 35). Tout cela, je le répète, montre 
que les traditions attachées au nom de Démocrite en 
Égypte, à l’époque des premiers siècles de l’ère chré- 
tienne, avaient le même caractère que dans nos ma- 
nuscrits. Ajoutons, comme dernier trait commun, 
que dans le papyrus n° 66 de Leide, les procédés de 
teinture en pourpre, les recettes métallurgiques, les 
recettes de transmutation et les recettes magiques se 
trouvent pareillement associées. 

Or ces divers ordres de procédés se lisent ensemble 
dans l’opuscule du pseudo-Démocrite, opuscule tra- 
duit ou plutôt paraphrasé en latin, d’après un manus- 
crit analogue aux nôtres, et publié à Padoue, par 
Pizzimenti, en 1573, sous le titre de Democritr Ab- 
deritæ de Arte magna, avec les commentaires de 
Synésius, de Pélage et de Stephanus d'Alexandrie. 
Je l'ai analysé plus haut. 

Mullach regarde à tort cet Opuscule comme dis- 
tinct des Physica et Mystica; je me suis assuré qu'il 


(1) No 95 de REUVENS, p. 163 de l’appendice de ses lettres à M. Le- 
tronne. 
(2) REUVENS, p. 148. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 155 


n'existe entre eux d’autre différence que l’absence des 
deux morceaux relatifs à la teinture en pourpre et à 
l'évocation magique.Ceux-ci semblent avoir été ajoutés 
en tête par quelque copiste, d’après la seule analogie 
du nom de l’auteur, réel ou prétendu, et peut-être aussi 
d’après l’analogie des sujets (Teinture en pourpre et 
teinture des métaux). Le manuscrit de saint Marc 
(fol. 2) distingue, en effet, les deux sujets, dans une 
table des matières plus vieille que ce manuscrit. 

Il existe un autre traité du pseudo-Démocrite (1), 
traité dédié à Leucippe, philosophe qui fut en effet le 
maître et l'ami de Démocrite. « Je me servirai d’é- 
nigmes, mais elles ne t’arrêteront pas, toi médecin 
qui sais tout. » C’est le style des apocryphes. 

La Lettre de Démocrite à Philarète (2), autre ouvrage 
du même écrivain, commence par une liste de corps. 
« Voici le catalogue des espèces : le mercure tiré de 
l'œuf, la magnésie, l’antimoine, la litharge de Calcé- 
doine et d'Italie, le plomb, l’étain, le fer, le cuivre, la 
soudure d’or, etc. » Puis vient l’art mystérieux des 
teintures métalliques. 

L’exposé ci-dessus concorde avec les autres auteurs. 
En effet, d’après Synésius, reproduit par George 
le Syncelle, Démocrite avait écrit quatre livres de 
teintures sur l'or, l’argent, les pierres et la pourpre (3): 
ce qui rappelle à la fois la lettre précédente etle passage 
de Sénèque. 

Synésius dit encore que Démocrite avait dressé 


(x)Ms 42-327, fol 258: 
(2) Ms. 2.327, fol. 31 vo, 
(5) Ms. 2.327, fol. 118, 


0 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


tJ1 


Ι 


un catalogue du blanc et du jaune. « I] y enregistra 
d’abord les solides, puis les liquides. Il appela le 
catalogue de l’or, c’est-à-dire du jaune : Chrysopée, 
ou l’art de faire de l'or; et le catalogue de l’argent, 
c'est-à-dire celui du blanc : Argyropée , ou l’art de 
faire de l’argent. » 

Tous ces commentaires montrent quel intérêt on 
attachait aux recettes du pseudo-Démocrite et permet- 
tent de les faire remonter en decà de la fin du 1v° siècle 
de notre ère, peut-être même beaucoup plus haut. 

Attachons-nous d’abord à l'autorité de Synésius : 
il adresse son commentaire sur Démocrite à Dios- 
corus, prêtre de Sérapis à Alexandrie; dédicace 
conforme à l'opinion qui identifie l’alchimiste ‘et 
l'évêque de Ptolémais, lequel a vécu à la fin du 
ιν siècle. Son ouvrage doit avoir été écrit avant l'an 380, 
date de la destruction du temple de Sérapis à Alexan- 
drie. En outre, il cite Zosime le Panopolitain comme 
un auteur très ancien; ce qui reporterait celui-ci 
au moins au temps de Constantin ou de Dioclétien; 
peut-être plus loin encore. Le langage gnostique de 
Zosime est en effet celui des auteurs de la fin du 
n° siècle et du commencement du n°. Or, le pseudo- 
Démocrite est déjà une autorité pour Zosime. 

Tâchons d’aller plus avant. Les auteurs anciens 
signalent certains écrits ou mémoires sur la nature, 
fabriqués par un Égyptien, Bolus de Mendès, et 
attribués à tort à Démocrite (1). Ces mémoires 


(1) CoLumELce, 1. VII, ch. v. — Sed Ægyptiæ gentis auctor memo- 
rabilis Bolus Mendesius, cujus commenta quæ appellantur græcè 
ὑπομνήματα, sub nomine Democriti falso producuntur. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 167 


étaient appelés chirocmeta (1), c’est-à-dire manipula- 
tions (?), nom qui a été aussi donné aux écrits de 
Zosime. Pline, qui croit les mémoires de Démocrite 
authentiques, déclare qu’ils sont remplis du récit 
de choses prodigieuses (2). Peut-être Démocrite avait- 
il réellement composé des traités de ce genre, auxquels 
on a réuni ensuite ceux de ses imitateurs. Un autre 
ouvrage sur « les sympathies et les antipathies » est 
assigné tantôt à Démocrite par Columelle (3), tantôt 
à Bolus par Suidas. Ce livre a été publié par Fabricius 
dans sa Bibliothèque grecque (4) : c’est un amas de 
contes et d’enfantillages; mais Pline est rempli de 
recettes et de récits analogues. 

Aulu-Gelle dit formellement que des auteurs sans 
instruction ont mis leurs ouvrages sous le nom de 
Démocrite, afin des’autoriser de son illustration (5). Ce- 
pendant il n’est pas prouvé que Bolus ait commis sciem- 


(1) Pure, 1. XXIV, ch. cr. — ViTRuvE, 1. IX, ch. 11. — SAUMAISE 

(Plinianæ Exercitationes, 775 a, C à 6), a traduit ce mot par « mar- 
| qué de son anneau »; s'en rapportant à une tradition citée par Vi- 
truve, d’après laquelle Démocrite marquait de son anneau les expé- 
riences qu’il avait vérifiées lui-même.Mais un tel sens est bien détourné 
et sans analogies. 

(2) Pine, 1. XXIV, ch. xvir. — Democriti certè chirocmeta (ou chiro- 
cineta) esse constat. In his ille, post Pythagoram magorum studiosis- 
simus, quanto portentosiora tradit ? 

On lit encore dans ViTRuvE (1. IX, ch. m1) : multas res attendens, ad- 
miror etiam Democriti de rerum naturà volumina et ejus commenta- 
rium, quod inscribitur χειροχμητῶν, in quo utebatur annulo, signans 
cerà molli quæ esset expertus, (autre lecon : χειροτονητῶν). 

(3) σε με ΕΣ 1. XI, ch. ὙΠ 

1 ν τ τὰν cu 
à (5) Multa autem videntur ab hominibus istis male solertibus hujusce 
modi commenta in Democriti nomen data, nobilitatis auctoritatisque 
ejus perfugio utentibus ; 1, X,ch. x. 


158 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


ment cette fraude. Il semble plutôt s’être déclaré de 
l’école de Démocrite, suivant un usage très répandu 
autrefois. Peut-être prenait-il le nom de Démocrite 
dans les cérémonies secrètes des initiés. Stéphanus de 
Byzance, à l’article Apsinthios, parle en effet de Bolus 
le Démocritain ; de même les Scholia Nicandri ad 
theriaca. Dans Suidas et dans le Violarium de l’impé- 
ratrice Eudocie (1). autre recueil byzantin, il est ques- 
tion de Bolus le pythagoricien, qui avait écrit sur les 
merveilles, sur les puissances naturelles, sur les sym- 
pathies et les antipathies, sur les pierres, etc. (2). 
Bolus est tout au moins contemporain de l’ère chré- 
tienne, sinon plus ancien. C’est à quelque ouvrage 
de l’ordre des siens que semblent devoir être rappor- 
tées les recettes agricoles, vétérinaires et autres, attri- 
buées à Démocrite le naturaliste (3) dans les Geopo- 
nica, recueil byzantin de recettes et de faits relatifs à 
l’agriculture. Quelques-uns de ces énoncés se ressen- 
tent même des influences juives ou gnostiques ; 
par exemple celui-ci : « d’après Démocrite, aucun ser- 
pent n’entrera dans un pigeonnier, si l’on inscrit aux 
quatre angles le nom d’Adam. » 

Bolus n’était pas le seul auteur de l’école démo- 
critaine, ou pseudo-démocritaine. Nous trouvons 
aussi dans les manuscrits alchimiques l'indication 
des Mémoires démocritains de Pétésis, autre égyp- 
tien. 

Le livre de Sophé l'Égyptien, c’est-à-dire du vieux 


1) Édit de Leïipsick, p. 16r. 
2) Voir les Commentaires sur Columelle de SCHNEIDER, 1704. 
3) Geoponica, L. XIX, ch. 1x et passim. 


( 
( 
( 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 159 


roi Chéops, est attribué tantôt à Zosime (1), tantôt 
à Démocrite (2). 

Cela montre qu’il existait en Égypte, vers le com- 
mencement de l’ère chrétienne, toute une série de 
traités naturalistes, groupés autour du nom et de la 
tradition de Démocrite. 

Cette littérature pseudo-Démocritaine, rattachée à 
tort ou à raison à l'autorité du grand philosophe natu- 
raliste, est fort importante : car c’est l’une des voies par 
lesquelles les traditions, en partie réelles, en partie 
chimériques, des sciences occultes et des pratiques 
industrielles de la vieille Égypte et de Babylone ont 
été conservées. Sur ces racines équivoques de l’astro- 
logie et de l’alchimie se sont élevées plus tard les 
sciences positives dont nous sommes si fiers : la con- 
naissance de leurs origines réelles n’en offre que plus 
d'intérêt pour l’histoire du développement de l'esprit 
humain. 

En fait, je le répète, c’est à cette tradition que se 
rattachent les alchimistes, aussi bien que les papyrus 
de Leide. Il est possible que les œuvres magiques dont 
parle Pline continsent déjà des récits et des recettes 
alchimiques, pareilles à celles des Physica et Mystica : 
à supposer que ce dernier ouvrage n’en provienne pas 
directement. 

Le langage même prêté à Démocrite l’alchimiste, est 
parfois celui d’un charlatan, parfois celui d’un philo- 
sophe : peut-être en raison du mélange des ouvrages 
authentiques et apocryphes. Tantôt, en effet, il déclare: 


(1) Dans son intitulé, ms. 2.327, fol, 251, 
(2) Ms. 2,325, fol. 168 ; ms. 2,327 ἐν ᾿ 152 ; ms. 2.248, fol. 36. 


160 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


« il ne faut pas croire que ce soit par quelque sym- 
pathie naturelle que l’aimant attire le fer... mais cela 
résulte des propriétés physiques des corps (1)». Tantôt 
au contraire (2), Démocrite s'adressant au roi, dit : «Il 
faut, Ô roi, savoir ceci : nous sommes les chefs, les 
prêtres et les prophètes; celui qui n’a pas connu les 
substances οἵ ne lesa pas combinées et n’a pascompris 
les espèces et joint les genres aux genres, travaillera en 
vain et ses peines seront inutiles; parce que les natures 
se plaisent entre elles, se réjouissent entre elles, se 
corrompent entre elles, se transforment entre elles 
et se régénèrent entre elles. » 

Il existe dans les manuscrits une page célèbre qui 
expose les vertus du philosophe, c’est-à-dire de 
linitié (3). Or, cette prescription est attribuée par 
Cedrenus (4) à Démocrite, et il ajoute que celui qui 
possède ces vertus, comprendra l'énigme de la Sibylle, 
allusion directe à l’un des traités alchimiques (p. 136). 

Ailleurs, Démocrite l’alchimiste fait appel, non dans 
quelque naïveté, à ses vieux compagnons de travail 
contre le scepticisme de la jeunesse (5). « Vous donc, 
ὃ mes co-prophètes, vous avez confiance et vous con- 
naissez la puissance de la matière ; tandis que les 
jeunes gens ne se fient pas à ce qui est écrit : ils 
croient que notre langage est fabuleux et non symbo- 
lique. » Il parle ensuite de la teinture superficielle des 
métaux et de leur teinture profonde, de celle que le 


(1) Ms. 2.327, fol. 166. 

(2) Ms. 2.327, fol. 215 et 216. 
(3) Ms. 2.327, fol. 160, vo. 
(4) Édit. de Paris, p. 121. 

(5) Ms. 25329, fol: ai, 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 101 


[ον ὐββτρδεεξε “ΕἸ. celle, qui..y résiste, εἴδες δ υΧαὶ 
répond en effet à des notions réelles et scienti- 
fiques. 

Quant aux recettes alchimiques elles-mêmes du 
pseudo-Démocrite, on y entrevoit diverses expériences 
véritables, associées avec des résultats chimériques. 
Tel est le texte suivant : 

« Prenez du mercure, fixez-le avec le corps (1) de 
la magnésie (2), ou avec le corps du stibium d'Italie, 
ou avec le soufre qui n’a pas passé par le feu, ou avec 
l’aphroselinum, ou la chaux vive, ou lalun de 
Mélos, ou l’arsenic, ou comme il vous plaira, et jetez 
la poudre blanche sur le cuivre; alors vous aurez du 
cuivre qui aura perdu sa couleur sombre. Versez 
la poudre rouge sur l'argent, vous aurez de l'or: 
Socestesuralor:.quexvouspla jetez, vous aurez le 
corail d’or corporifié. La sandaraque produit cette 
poudre jaune, de même que l’arsenic bien préparé, 
ainsi que le cinabre, après qu’il a été tout à fait changé. 
Le mercure seul peut enlever au cuivre sa couleur 
sombre. La nature triomphe de la nature. » 

Il n’est guère possible d'interpréter aujourd’hui ce 
texte avec précision : d’abord parce que les mots 
mercure, arsenic, soufre, magnésie, ne présentaient 
pour les alchimistes ΠῚ le sens positif, ni le sens précis 
qu'ils ont pour nous (voir p. 24); chacun d’eux dési- 
gnait en réalité des matières diverses, ayant dans 
l'opinion des auteurs du temps une essence commune. 


(1) Corps signifie ici métal. 
(2) Le mot magnésie s'appliquait à diverses matières blanches. Ici 
il semble qu’il s'agisse d’un sel de plomb. 


- 


102 LES ORIGINES DE L'AILCHIMIE 


Cette notion est analogue aux idées des Égyptiens 
sur la nature des métaux. 

L'intérêt d'une semblable étude est d’ailleurs 
limité. En effet, les opérations qu’eflectuaient les 
alchimistes sont connues par leurs descriptions; ces 
opérations ne diffèrent pas des nôtres εἴ portent 
sur les mêmes substances. Or, tous les résultats posi- 
tifs des dissolutions, distillations, calcinations, cou- 
pellations, etc., auxquelles ils se livraient sont aujour- 
d’hui parfaitement éclaircis : nous savons que la 
transmutation tant rêvée ne s'y produit jamais. 
Il est donc inutile d’en rechercher la formule exacte 
dans les recettes du pseudo-Démocrite, de Zosime 
ou de leurs successeurs. Il semble d’ailleurs que 
ces auteurs laissassent toujours quelque portion 
obscure, destinée à être communiquée seulement 
de vive voix. C’est ce qu'indique la fin du pseudo- 
Démocrite. « Voilà tout ce qu'il faut pour l'or 
et l'argent; rien n'est oublié, rien n'y manque, 
excepté la vapeur et l’évaporation de l’eau : je 
les ai omises à dessein, les ayant exposées plei- 
nement dans mes autres écrits (1). » Je dirai cepen- 
dant que l’on entrevoit dans les descriptions du traité 
Physica et Mystica, deux poudres de projection, 
propres à fabriquer l'or et l’argent. On y cite aussi 
le corail d’or, autrement dit teinture d'or, qui était 
réputé communiquer aux métaux la nature de l'or: 
c'était pour lesalchimisteslechef-d'œuvredeleurart(2). 


(1) Ms. 2.327, fol. 31. 
(2) Ms. 2.327, lettre de Démocrite à Leucippe, fol. 269 ve : 
μέγιστον θαύμα, τοῦτο χαλούσιν χρυσοχόραλλον. 


: 


ΟῚ 
U2 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES I 


δ 4. — Ostanès et les Chaldéens. 


Ostanès est réputé le maître et l’initiateur de 
Démocrite ; leurs noms sont associés, aussi bien dans 
Pline et dans les papyrus de Leide que dans les 
manuscrits de nos Bibliothèques. Il mérite de nous 
arrêter. 

Au nom d’Ostanès le Mède, ou le Mage, se ratta- 
chent en effet, d’étranges légendes. Hérodote (r), parle 
d'un Perse de ce nom, père d’Amestris, épouse de 
Xerxès, lequel accompagnait ce prince dans son expé- 
dition en Grèce. C’est à lui que se sont reliées plus 
tard les traditions des magiciens, au commencement 
déPlere£chretenne MPhnesriconte, (2) que cet 
Ostanès, venu en Grèce avec Xerxès, était un magi- 
cien qui enseigna la science à Démocrite. Un second 
Ostanès aurait vécu au temps d'Alexandre. Le nom 
d'Ostanès aurait même été employé comme une sorte 
de dénomination générique parmi les mages. Ce nom 
est fréquemment rappelé, comme celui d’un magicien, 
par les auteurs des n° et m° siècles, tant païens que 
chrétiens. Origène parle du mage Ostanès; Tertul- 


16) 


lien le cite (3); de même saint Cyprien (4), Arnobe (5), 


WAV IL, Ch Exr- 

ΥΕ: 2x chere 

) De Animä, ch. Lvut. 

) De Idolorum vanitate. 
) 


A dversus gentes, 1.1. 


( 
( 
( 
( 
( 


2 
φ 
3 
4 
5 


104 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Minutius Félix, Tatien (1), saint Augustin (2), etc. 
Nicomaque de Gerasa, auteur des Theologumenon 
arithmetices (3) nomme aussi Ostanès le Babylonien 
à côté de Zoroastre. C’était donc un auteur réputé très 
autorisé. Aussi ne devons nous pas être surpris de 
le trouver invoqué plusieurs fois par les papyrus de 
Leide, qui le rapprochent de Démocrite : par exemple 
dans le rituel magique du n° 75, décrit par Reuvens (4. 

C'est précisément à ces traditions d'Ostanès Île 
Mage et de Démocrite, les maîtres des sciences 
occultes, que se refèrent les plus anciens alchimistes 
auxquels il soit permis d’attribuer un caractère tout 
à fait historique, tels que Zosime le Panopolitain, 
Synésius, Olympiodore. Synésius, par exemple (5), 
dans un passage que le Syncelle, auteur du vu siècle, 
reproduit en partie (6), rapporte que le philosophe 
Démocrite, pendant son voyage en Égypte, fut initié 
dans le temple de Memphis par le grand Ostanès. 
avec tous les prêtres de l'Égypte. Nous retrouvons 
ainsi dès la fin du 1v° siècle, le souvenir du voyage 
de Démocrite en Égypte, associé à son initiation, 
réelle ou prétendue, et à ses connaissances sur les 
sciences occultes. 

Synésius ajoute que Démocrite écrivit à cette 
occasion ses quatre livres sur la teinture de l'or, 


(1) Oratio contra Græcos. 

(2) L. IV. Contre les Donatistes. 

(3) Cité par Paorius, codex CLXXX VII. 

(4) Lettres à M. Letronne. Appendice, p. 163 et p. 148. 
(5) Ms. 2.327, fol. 31. 


(6) Scaliger regarde le passage de Syncelle comme tiré du chrono- 
graphe Panodorus, moine égyptien du temps d’Arcadius. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 165 


de l'argent, des pierres et de la pourpre. Ostanès, 
dit-il encore, en fut le promoteur, car 11 mit le pre- 
mier par écrit les axiomes : « La nature se plaît dans 
la nature; la nature domine la nature; la nature 
triomphe de la nature, etc. » Ostanès, toujours 
d’après son disciple, n’employait pas les procédés des 
Égyptiens, c'est-à-dire les injections et les évapora- 
tions; il teignait les substances du dehors et recou- 
rait à la voie ignée, suivant l’habitude des Perses. 
Ce dernier passage indique quelque opposition entre 
les méthodes suivies en Égypte dans l’art sacré et 
celles qui seraient venues de Perse, c’est-à-dire de la 
Chaldée et de Babylone. 

Zosime cite Ostanès comme un très ancien au- 
teur (1), et parle de son exposition sur l'aigle (2). Re- 
produisons-en quelques phrases, afin de donner une 
idée du langage énigmatique de ces vieux écrivains. 
D’après Zosime, Ostanès dit : « Va vers le courant du 
Nil, tu trouveras là une pierre, ayant un esprit; prends- 
la, coupe-la en deux, mets ta main dans l’intérieur, 
et tires-en le cœur, car son âme est dans son cœur (3). » 
Ces allégories singulières semblent se rattacher à la 
pierre philosophale et au mercure des philosophes. 

Il existe un traité apocryphe attribué à Ostanès, 
où l’on peut noter l'indication d’une eau divine, douée 
de propriétés merveilleuses : « Elle guérit toutes les 
maladies; par elle les yeux des aveugles voient, les 
oreilles des sourds entendent, les muets parlent. 


(1) Ms. 2327, fol. 160. 
(2) Ms. Fa "ἢ No 
(G)IMs 2527 


166 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Voici la préparation de l’eau divine. Cette eau ressus- 
cite les morts et tue les vivants; elle éclaircit les 
ténèbres et assombrit la lumière, etc (1). » La Panacée 
universelle, qui joua un si grand rôle au moyen âge, 
qui apparait ainsi dès les origines grecques de l’alchi- 
mie. Elle serait de source chaldéenne, c’est-à-dire 
babylonienne (p. 52). 

La tradition chaldéenne est attestée encore en 
alchimie par d’autres noms, de caractère non douteux. 
Tel est celui de Sophar le Persan, le divin Sophar, 
cité par Zosime à diverses reprises (2) : c'était un 
auteur autorisé pour lui. Le nom même de Sophar re- 
paraît au moyen âge, sous la forme d’un roi d'Égypte, 
inventeur d’une teinture propre à changer les métaux 
en or, et sous celui de Sopholat, roi païen ayant 
inventé un arcane qui lui permit de vivre trois cents 
ans. Mais ce sont là des contes arabes. Aucun traité 
n’est attribué à Sophar dans notre recueil. 

Zoroastre, qui s’y trouve aussi rappelé (3), repré- 
sente pareillement un souvenir de la Perse ou de la 
Chaldée. Il s’agit ici, bien entendu, non du prophète 
mythique iranien, mais d’un apocryphe, qui en 
avait pris le nom, lequel est cité par Porphyre et les 
Alexandrins et désigné par Suidas comme ayant 
composé des livres sur les pierres précieuses et sur 
l'astrologie. Il avait aussi écrit sur la médecine. Les 
Geoponica, collection byzantine d'extraits des auteurs 
du τι et me siècle sur l’agriculture, en donnent des 


.240, fol. 
(2) Ms. 2.327, fol. 160. 
2 


(3) Manuscrit de saint Marc, fol. 10. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 167 


fragments (1). On y parle encore d'un traité de 
Zoroastre sur les sympathies et antipathies natu- 
relles (2), titre fort en honneur vers le πιὸ siècle et que 
nous trouvons également assigné à un traité de Bolus, 
le pseudo-Démocrite, et à un traité d'Anatolius. Ces 
derniers livres sont parvenus jusqu’à nous. 


Ç 5: Les alchimistes égyptiens. 


Les manuscrits invoquent toute une série de 
vieux maîtres, se rattachant à l'Égypte par leur 
nom, et qui semblent être des personnages, les uns 
mythiques, les autres historiques, représentant la tra- 
dition de lascience alchimique vers les premiers temps 
de l’ère chrétienne. 

Tel est Chémès ou Chrymès, donné comme un 
auteur réel dans plusieurs endroits. Si ce mot ne 
doit pas se traduire par « le Chimiste » en général, 
ce serait peut-être, comme celui d’'Hermès, la traduc- 
tion du nom d’une divinité égyptienne (ἢ). telle que 
Khem ou Ammon générateur, symbole de la germi- 
nation et de la végétation. IL est cité à diverses 
reprises. Par exemple, le manuscrit 2.327 (3) lui attri- 
bue d’avoir énoncé, en suivant l'autorité de Parmé- 
nide, les axiomes mystiques : « Le tout est un ; par 


1) 1, Τοῦ ταν δ; Née. 


108 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


lui le tout est engendré ; un est le tout et si le tout 
ne contenait pas le tout, il ne pourrait l’engendrer (1). » 
Ces axiomes sont inscrits autour des cercles magiques 
et des images du serpent dessinés dans les manuscrits, 
avec les figures des métaux (ou des planètes) au mi- 
lieu; figures qui rappellent d’une manière frappante 
certains talismans gnostiques, entourés par le ser- 
pent Ouroboros et existant dans les Collections de 
pierres gravées de la Bibliothèque Nationale (voir 
p. 61 et 62). Démocrite, Synésius, Olympiodore, Ste- 
phanus, le Kitab-al-Fihrist s’en réfèrent également aux 
ouvrages de Chymès ; mais aucun de ceux-ci ne nous 
est parvenu. 

Epibechius ou Pébéchius, très vieil écrivain (2), 
porte un nom égyptien mythique, celui de l’épervier 
Pe-Bech, symbole d'Horus. Nous trouvons même une 
analogie plus complète dans le magicien de Coptos 
nommé par Pline (3) Apollo Bechès, c'est-à-dire Horus 
l’'Epervier. 

Peltasius, cité comme auteur de Mémoires démo- 
critains (4) et auquel s'adresse Ostanès (5), est aussi 
un égyptien : Pétésis, signifie le don d’Isis, Isidore 
en grec. Ces deux noms se lisent à la fois dans la 
liste placée en tête du manuscrit de saint Marc (6). Il 
existe deux saints Isidore d'Alexandrie, au 1v° siècle. 


/ 2.0 \ N € a \ "» 
(1) Ἵν γὰρ τὸ πὰν, καὶ δι αὑτοῦ τὸ nav γέγονε. Ἐν τὸ πὰν χαὶ εἰ μὴ 


2) 

3). 1 ἘΣ CHAT 
4) Ms. : 

5 


LES 'ALCHIMISTES PSEUDONYMES 100 


Un Pétésis figure comme prêtre et magicien, dans les 
papyrus de Leide (r). 

Le titre deroi d'Arménie a été attribué à cet auteur 
dans certaines suscriptions, pour augmenter son au- 
torité; de même que celui du roi de l'Inde, donné 
à Géber chez les Arabes. 

Le nom de Pétésis rappelle un personnage congé- 
nère : Pétosiris (le don d’Osiris), astrologue et magi- 
cien (2), cité par Aristophane, dans les Danaïdes (3). 
Pline (4) et Juvénal (5) en parlent et l’associent à Ne- 
cepso. Manéthon l’astrologue, Porphyre; le Tetrabi- 
blion de Ptolémée, Vettius Valens et J. Firmicus, autres 
astrologues du temps des Constantins, invoquent aussi 
son autorité. Nous possédons même à la Bibliothèque 
nationale un manuscrit grec relatif à l’astrologie, à la 
magie et à l’alchimie (6),manuscrit où se trouvent entre 
autres la lettrede Pétosiris au roi Necepso (7), laquelle 
existait peut-être déjà du temps de Pline. On y ren- 
contre aussi l’Organon (instrument) ou sphère de Péto- 
siris, destinée à prévoir l’issue des maladies d’après cer- 
taines combinaisons numériques : organon qui rappelle 
la table d’Hermès du ms. 2.327 et la sphère de 


(1) ReuvENs, 2e lettre, p. 76, 77. — Papyri Græci de LEEMaANS, 1, 41 
(1843) : Πετησιος. 

(2) Voir MarsHam Canon, p. 477 et suiv. (1672). 

(3) Pièce perdue. ATHÉNÉE, 1. III, 114. 

COM VIEChe σεῖς. 

(5) 6e satire : 

. capiendo nulla videtur 

Aptior hora cibo, nisi quam dederit Petosiris..…. 
Quique magos docuit mysteria vana Necepsos, 

(6) N° 2.410. 

(7) Fol. 32. 


[170 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Démocrite des papyrus de Leide (p. 35), construites 
en vue de la même destination. 

Pamménès est prétendu le précepteur de Démo- 
crite dans l’art de la Chrysopée (1). George le Syn- 
celle, dans un passage relatif à Démocrite, dit que 
Pamménès fut blâmé pour s'être exprimé clairement, 
tandis que les autres alchimistes parlaient en sym- 
boles (2). Ce nom figure aussi dans Tacite, comme 
celui d’un astrologue frappé de bannissement (p. 46). 

D'après les renseignements que M. Revillout ἃ 
bien voulu me fournir, Pamménès répond à un nom 
égyptien bien connu, qui existe sous une forme ana- 
logue (Pamenasis) dans des papyrus grecs et démo- 
tiques bilingues publiés par M. Brugsch, ainsi que 
dans un enregistrement existant au Louvre (Pamenas). 
C'était aussi le nom d’une bourgade voisine de Thèbes. 

Pauseris où Panseris est nommé dans les listes 
alchimiques. C’est là encore un nom égyptien. La 
forme Pauseris (3) nous reporte à la divinité Osiris, 
sous l’invocation duquel ce personnage aurait été 
placé. En tout cas, ce nom est égyptien, aussi bien 
que les précédents. 


$ 6. — Les Alchimistes Juifs. 


Une des choses les plus étranges dans cette histoire 
est le rôle attribué aux Juifs. J’ai rappelé déjà (p. 56) 
[1 Ms. 2.527, fol. 20. 


(2) P. 326, édit. de Paris. 
(3) Ms. de saint Marc, fol. 90, vo; ms. 2.327, fol. οὗ. 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES IT 


le passage de Zosime, d’après lequel les Juifs seuls 
eurent connaissance par fraude de l’art sacré, et ils le 
révélèrent. 

Moïse est en tête de la liste initiale du manuscrit 
de saint Marc. Il existait réellement sous son nom 
un traité de chimie domestique (1), dont il semble 
que nous possédions des fragments assez étendus (2): 
je me suis étendu sur ce point (p. 55 et 123). De même 
on lit dans les manuscrits la diplosis de Moïse, pro- 
cédé pour doubler le poids de l’or (3). Tout ceci se 
rapporte à des ouvrages pseudonymes fort anciens. 
contemporains des traités secrets, magiques et astro- 
logiques, attribués aussi à Moïse (p. 54 et 83) par les 
papyrus de Leide (4). Le labyrinthe de Salomon, des- 
siné dans le manuscrit de saint Marc et dans celui 
de l’'Ambroisienne, atteste la même prétention; quoi- 
qu'il soit peut-être moins ancien. 

Au contraire, c'est aux plus vieilles traditions et au 
pseudo-Démocrite que se rattache Marie la Juive. 
Elle est continuellement citée par Zosime et 
dans nos manuscrits : nous avons même un « Dis- 
cours de la très sage Marie sur la pierre philoso- 
phale (5). Il ya-deux procédés pour jaunir (teindre 
en or) et deux pour blanchir (teindre en argent), par 
l’atténuation (dissolution?) et par la coction (6). Ail- 
leurs : « si tu ne dépouilles les corps de l’état corpo- 

(1) Ἔν τῇ οἰκεία χημευτιχῇ ταξει. 

(2) Ms. 2.327, fol. 268 vo. 

(3) Ms. de saint Marc, fol. 185. 

(4) REuvENS, appendice, p. 152 et 158. 


(5) Ms. 2.327, fol. 136 vo et suiv. 
(6) Fol. 138. 


172 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


rel (1), (c'est-à-dire si tu n'enlèves pas aux métaux 
l’état métallique), tu n’avanceras pas. » Cet axiome 
était courant parmi les alchimistes; il est donné aussi 
comme dû à Hermès et à Agathodémon. 

Parmi les phrases attribuées à Marie, je repro- 
duirai encore les suivantes: « Ne le prends pas 
dans tes mains, c’est le remède igné, il est mortel (2).» 
Et ailleurs, ce passage déjà cité : « Ne le touche pas 
de tes mains. Tu n’es pas de la race d'Abraham, 
tu n’es pas de notre race (3).» L’interdiction de 
toucher la pierre philosophale avec les mains est sin- 
gulière; elle rappelle celle de toucher l'or, rapportée 
dans la vie du prophète égyptien Sénouti, au 
vit siècle (4). 

Le Theatrum chemicum (5) renferme un traité de Ma- 
rie la prophétesse, sœur d’Aaron (autre titre apocry- 
phe), traduit de l’arabe ; il y est question de la pierre 
rouge ou kybric. Le Kitab-al-Fihrist mentionne égale- 
ment ce dernier titre, ainsi que le nom de Marie la 
Copte. Mais nous ne possédons pas de texte grec 
correspondant; quoiqu’on ait attribué à Marie un 
ouvrage sur les instruments et fourneaux (6) et une 
chorographie (d'Égypte). Le nom même de l’alchi- 
miste Marie a été conservé dans le langage vulgaire, 
s’il est vrai, comme le pense Du Cange, que le bain- 
marie en rappelle le souvenir. 


(1) Ασωματωσις. 

[5) ΜΙ. 2.527, ol. 138. 
(3) Ms. 2.250, fol. 163. 
(4) RévizzouT, Revue de l’histoire des Religions, 45 série,t. VII, p.425. 
(5) ΤΟΎ ΡΒ 270. 1 

(6) Mauscrit de saint Marc, fol, 186. 


2 


LES ALCHIMISTES PSEUDONYMES 17 


Le nom de Cléopatre éveille pareillement des sou- 
venirs juifs. En effet, les femmes alchimistes, Marie 
et Cléopâtre sont associées chez les sectes gnos- 
tiques (p. 64), congénères des juifs. On sait le rôle 
capital de Marie, mère de Jésus, dans les Évan- 
giles gnostiques (1), ainsi que l’importance acquise 
par Marie Cléophas, nom identique à celui de Cléo- 
pâtre (2). Les gnostiques ont les premiers fondé la 
légende de Marie, qui a tant grandi depuis dans 
l’Église. Or, les documents valentiniens disent que 
Marie, la mère de Jésus, était arrivée à la perfec- 
tion dans la gnose, laquelle comprenait alors la 
magie : nous touchons donc encore ici à l’alchimie. 
L'art de faire de l’or de Cléopâtre, avec ses cercles 
concentriques, son serpent, ses axiomes, ses étoiles 
à huit rayons et ses figures magiques (3), a été décrit 
plus haut, (p. 61); il vient appuyer ces rapproche- 
ments. 

On connaît sous le nom de Cléopâtre un traité des 
poids et mesures, reproduit non seulement en tête 
des manuscrits alchimiques (4), mais aussi dans les 
œuvres de Galien ; lequel traité fait autorité parmi les 
archéologues (voir p.111). Il a été imprimé plusieurs 
fois, notamment dans le Thesaurus d'Henri Estienne. 
Il y porte un titre singulier : De munditiis, ponderibus 
el mensuris. Le mot munditiis rappelle les anathèmes 
de Tertullien contre la parure des femmes et semble 


(1) Renan, Histoire des origines du Christianisme, tome VII, p. 145. 
(2) RENAN, Histoire des origines du Christianisme, tome V, p. 548. 
(3) Ms. 2.240, fol. 96; ms. de saint Marc, fol. 188 v°. 

(4) Ms. 2.327, fol. 15 et 16; ms. de saint Marc, fol. 108 v°. 


174 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


s'appliquer à un ouvrage plus étendu, dont celui que 
nous possédons serait le débris. Quoi qu'il en soit, il y 
est question du denier de Judas, ce qui est d'accord 
avec le caractère gnostique de Cléopâtre. Nous n'avons 
pas d’autre traité sous son nom; mais un opuscule est 
attribué à Comarius, son maître en alchimie (1). 
L'auteur arabe Ibn-Wahs-Chijjah parle aussi d’un 
livre sur les poisons, composé par la reine Cléo- 
pâtre (2), lequel semble se rattacher à la même tra- 
dition. 

(1) Ms. 2.237, fol. 74 à 79. — Une partie de cet opuscule a été 
ajoutée par erreur à la fin de la οὐ praxis de Stéphanus dans InELER. 
Physici; ete Nt ΠΡ p.248 à 1253. 

(2) CHwozson. Sur les débris de la vieille littérature Nabathéenne, 
p. 129. Note. 


ΟΣ ΟΣ ας ΣΝ 


CHAPITRE IV 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 


$ 1. — Leur énumération. 


USQU’ICI nous avons parlé des personnages 
mythiques, pseudonymes ou incertains, 
qui se présentent à l’origine de l’alchimie, 
comme à celles de toutes les histoires 
et qui remontent probablement jusqu’au temps de 
l’ère chrétienne; peut-être même plus haut. Les vieux 


Égyptiens, Pammenès, Pétésis, Pétosiris, Pauseris, 
semblent même. avoir vécu : mais leurs écrits sont 
perdus. Maintenant nous arrivons à des savants 
sérieux, qui ont laissé pour la plupart des ouvrages 
signés, offrant certains caractères d'authenticité. 
[15 sont connus par une tradition continue depuis 
le ve siècle. Leurs noms figurent dans les poly- 
graphes byzantins et arabes; plusieurs d’entre eux 
ont joué un rôle important dans l’histoire de leur 


temps. 


170 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Tels sont : Zosime, qui avait écrit un ensemble 
de traités théoriques et pratiques, formant une sorte 
d’encyclopédie chimique ; Africanus, polygraphe 
célèbre du nr siècle; Pélage et quelques autres. 
Puis viennent les Commentateurs de Démocrite : 
Synésius, Olympiodore, Stéphanus ; l’un évêque, 
l’autre ambassadeur, le dernier médecin, tous connus 
dans l’histoire du 1v° au vu siècle. Eugénius, cité 
dans le manuscrit de saint Marc (1), est aussi du temps 
de Théodose. 

A la même époque, l’alchimie acquit assez de noto- 
riété pour être célébrée par les poètes : nous en 
possédons tout un recueil sous les noms que voici : 
Héliodore, probablement le même que l’évêque de 
Tricca, Théophraste, Hierothée, Archelaüs, etc. 

Ensuite nous trouvons les scoliastes : l’Anonyme, 
le Philosophe Chrétien, qui ont écrit des extraits, 
gloses et commentaires, concernant Zosime, Synésius, 
Olympiodore et les autres. Ces scoliastes sont des moi- 
nes byzantins ; ils doivent être placés entre Stéphanus 
qu'ils citent, et Michel Psellus, auteur du x siècle, 
presque contemporain du manuscrit de saint Marc. 

Vers le même temps se fit la transmission de la 
science aux Arabes : certaines compilations pratiques 
de ces derniers, par exemple celle de Salmanas sur 
les verres et pierres précieuses artificielles (voir p. 125), 
ont passé dans les recueils des manuscrits postérieurs 
à celui de saint Marc. 

Entrons dans quelques détails sur ces divers per- 
sonnages. 


(1) Ms. de saint Marc, fol. 185. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 197 


$ 2. — Zosime. 


Zosime le Panopolitain est le plus ancien des 
auteurs alchimiques dont nous possédions les écrits 
authentiques et auxquels nous soyons autorisés à 
attribuer une existence réelle. 11 est cité par Georges 
le Syncelle et par Photius (1), polygraphes du vin* et 
du 1x° siècle. Tous les alchimistes en parlent avec le 
plus profond respect; c’est la couronne des philo- 
sophes ; son langage a la profondeur de l’abîme, etc. (2). 

Suidas dit que Zosime avait composé vingt huit 
livres sur l’alchimie, portant le même titre (3) 
chirocmeta (manipulations ἢ que ceux attribués à 
Démocrite et à Bolus de Mendès (p. 157). Il avait 
aussi écrit une vie de Platon. La plupart de ces 
ouvrages sont aujourd’hui perdus. Cependant nous 
en possédons encore un certain nombre, ainsi que 
les sommaires de plusieurs autres. Leurs titres rap- 
pellent parfois par leur forme vague et emphatique ceux 
des ouvrages orientaux. Je vais en donner l’énumé- 
ration, principalement d’après le manuscrit 2.327. 

I. — Mémoires authentiques de Zosime le Pano- 
politain (fol. So ; reproduits fol. 220). Citons-en le 
début, qui présente une analogie frappante avec cer- 
taines pages du Timée et qui fournit la clef des idées 

(1) Codex CLXX. 

(21 Νῖ5: 2.527... fol: 2652v0 


(3) Eupocte donne aussi ce titre aux œuvres de Zosime. Le mot 
χειροτμήματα se trouve dans le ms. de saint Marc, fol. 171. 


ΕΟ 


178 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


des alchimistes sur le mercure des philosophes; j'y 
reviendrai à ce point de vue. 

« Sur l’eau divine. Voici le divin et grand mystère, 
la chose cherchée par excellence. C’est le tout. Deux 
natures, une seule essence ; car l’une d’elles entraîne 
et dompte l’autre. C’est l'argent liquide (mercure), 
l’androgyne, qui est toujours en mouvement. C’est 
l'eau divine que tous ignorent. Sa nature est diff- 
cile à comprendre : car ce n’est ni un métal, nide 
l’eau, ni un corps (métallique). On ne peut le dompter; 
c’est le tout dans le tout; il a vie et souffle. Celui qui 
entend ce mystère possède l'or et l’argent.. La 
puissance est cachée ; elle réside dans l’'Érotyle. » 

Au-dessous sont les trois cercles concentriques, 
avec les axiomes mystiques. « Un est le tout, par 
lui le tout et en lui le tout. Un est 16 serpent, il a les 
deux emblèmes et le poison. » A la feuille So ces 
axiomes sont inscrits dans le texte même, en lettres 
rouges. Au-dessous sont dessinés les quatre signes 
alchimiques du plomb, du mercure, de l'argent et de 
l'or, surmontés par celui du monde ou de l’œuf; 
ce dessin rappelle les anneaux astrologiques et gnos- 
tiques de la collection des pierres gravées de la Biblio- 
thèque nationale. J'ai déjà insisté (p. 58 à Go) sur la 
parenté entre Zosime et les gnostiques. 

Après ces phrases énigmatiques, viennent la 
description et la figure d’un alambic de verre, avec 
son tuyau en terre cuite, etc. À côté, une seconde 
figure, destinée à représenter l'appareil pour la 
fixation du mercure (πηξις). Une formule magique, 
au milieu de laquelle se trouve le Scorpion, accom- 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT. DITS 179 


pagne les explications, lesquelles s’en réfèrent à 
Agathodémon. 

IT. — Sur le Tribicus (alambic à trois pointes) et 
sur son tube (fol. 81 ; reproduit fol. 221). C’est la des- 
cription d’un appareil, avec une série de figures 
représentant, les unes un alambic, son chapiteau, ses 
tubes, son récipient; les autres, des fioles digérant 
sur un fourneau. Au bas (fol. 8r, verso), les axiomes 
mystiques : « En haut les choses célestes, en bas les 
choses terrestres; par le mâle et la femelle l’œuvreest 
accomplie. » 

ΠῚ. — Sur l’évaporation de l'eau divine qui fixe le 
mercure (fol. 82). 

Ce petit traité est suivi d’un commentaire sur la 
même eau divine, postérieur à Stéphanus. 

IV. — Livre de la Vertu. Sur la composition des 
eaux (1). 

Troislecons, avec avis complémentaire. 

C'est l’un des plus importants ouvrages de Zosime 
que nous possédions. Certains passages rappellent le 
T'imée, de Platon, et plus encore le Pœmander. « La 
matière homogène et multicolore comprend la nature 
variée de toutes choses. C’est elle qui, sous l'in- 
fluence lunaire de la nature, soumet l’augmenta- 
tion et la diminution à la mesure du temps (2). » 

Puis vient la description allégorique d’une vision, 
qui rappelle les élucubrations des gnostiques et des 
mystagogues des ri° et 1v° siècles. ἃ Je vis un prêtre 
debout devant un autel en forme de coupe, ayant plu- 


. 2.327, fol. 84 v°, jusqu’à 80. 


180 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


sieurs degrés pour y monter. Le prêtre répon- 
dit : Je suis le prêtre du sanctuaire et je suis sous 
le poids de la puissance qui m’accable. Au point du 
jour, il vint un employé qui me saisit, me tua 
avec un glaive, me divisa en morceaux ; après 
avoir enlevé la peau de la tête, il mêla les os 
avec les chairs et me calcina dans le feu, pour 
m'apprendre que l'esprit naît avec le corps. Voilà la 
puissance qui m'accable. Pendant que le prêtre par- 
lait ainsi, ses yeux devinrent comme du sang, et il 
vomit toutes ses chairs. Je le vis se mutiler, se 
déchirer lui-même avec ses dents et tomber à terre. 
Saisi de terreur, je me réveillai, je me mis à réflé- 
chir et à me demander si c'était bien là la composi- 
tion de l’eau. Et je me félicitais moi-même d’avoir 
deviné juste (1). » 

Plus loin, les métaux sont personnifiés par des 
hommes d’or, d'argent, de cuivre, de plomb, et 
par leurs aventures; allégorie qui figure déjà dans 
le mythe du serpent Ouroboros (2), où l’on trouve 
également celles de la peau séparée des os et des 
chairs, etc. (p. 6o). 

« Construis, mon ami, dit encore Zosime, un 
temple monolithe, semblable à la céruse, à lal- 
bâtre, un temple qui n'ait ni commencement ni 
fin, et dans l’intérieur duquel se trouve une source 
de l’eau la plus pure, brillante comme le soleil. 
C’est l'épée à la main qu'il faut chercher à y 


(1) Je tire cette traduction de Horrer, Histoire de la Chimie, τι 1, 
p. 265, 2tedit., 1866. 
(2) Ms. 2.327, fol. 196 v°, et fol: 270. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS ιδὲ 


pénétrer, car l'entrée est étroite. Elle est gardée par 
un dragon qu'on doit tuer et écorcher. En ré- 
unissant les chairs et les os, il faut en faire un 
piédestal, sur lequel tu monteras pour arriver dans le 
temple, où tu trouveras ce que tu cherches. Car le 
prêtre, qui est l’homme d’airain que tu vois assis près 
de la source, change de nature et se transforme en 
un homme d’argent, qui lui-même, si tu le désires, 
peut se transformer en un homme d’or... 

« Ne révèle rien de tout cela à autrui et garde ces 
choses pour toi-même, car le silence enseigne la 
vertu. Il est très beau de connaître la transmutation 
des quatre métaux, du plomb, du cuivre, de l’étain, 
de l’argent, et de savoir comment ils se changent en 
or parfait. » 

Ce serait perdre son temps que de chercher à 
entendre ce jargon symbolique, rendu obscur à dessein. 
On y entrevoit l’allusion à des opérations réelles 
effervescences, calcinations, dissolutions, εἴς... 

Nous lisons des récits analogues dans les ouvrages 
du moyen âge, récits dont l’origine remonte peut-être 
aux traditions actuelles. Telle est l’allégorie alchi- 
mique de Merlin, renouvelée de la légende de Médée, 
allégorie dans laquelle un roi boit l'eau mysté- 
rieuse, tombe malade, est soigné par des médecins 
égyptiens qui le pilent dans un mortier, le calcinent, 
le font fondre et ressusciter (1). 

« Recçois, dit ailleurs Zosime ou quelque auteur 
congénère (2) en parlant dela pierre philosophale, cette 


(1) HorrER, t. I, p. 355. 
(2). Ms 2.327, fol. 130 ; fol: 170 et fol. 8. 


182 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


pierre qui n'est pas une pierre, cette chose précieuse 
qui n’a pas de valeur, cet objet polymorphe qui n’a 
point de forme, cet inconnu qui est connu de tous. » 
Son genre est un, son espèce multiple (1). Tout 
vient de l'Unité et tout s’y range. « Voici le mys- 
tère mithriaque, le mystère incommunicable (2). » Un 
semblable langage, antithétique et charlatanesque, n’a 
jamais cessé d’être en vigueur parmi les alchimistes. 

Dans un autre endroit, Zosime reproduit la tétrade 
mystique des gnostiques et Ses antithèses : les 
quatre teintures et les quatre points cardinaux, le sec 
et l’humide, le chaud et le froid, le mâle et la 
femelle, etc. (3); les quatre éléments, deux supé- 
rieurs, le feu et l’air, deux inférieurs, la terre et l’eau. 
Tout ceci rappelle Marcus, le disciple de Valentin 
(p. 54). 

Quelques-unes des allégories de Zosime peuvent 
être comprises plus clairement. Tel est le passage 
suivant : « La lune est pure et divine, lorsque vous 
voyez le soleil briller à sa surface. » Ce qui semble 
vouloir dire que la purification de l’argent par la cou- 
pellation devient complète, au moment où le métal 
fondu présente le phénomène de l'éclair. 

A côté de ces allégories figurent des recettes plus 
positives, quoique mêlées de chimères, telles que la 
suivante : 

« Prends du sel et arrose le soufre brillant, jaune; 
lie-le, pour qu’il ait de la force, et fais intervenir 18 


(1) Ms. 2.240, fol. 10. 
(2) Ms. 2.327, fol. 8 ; ms. de saint Marc, fol. 95 vo. 
(3). Ms.2;: 


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LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 183 


fleur d’airain, et fais de cela un acide liquide, blanc. 
Fais la fleur d’airain graduellement. Dans tout cela, 
tu dompteras le cuivre blanc, tu le distilleras et tu 
trouveras après la troisième opération un produit qui 
donne l'or. » 

Mais revenons à l’énumération des ouvrages de 
Zosime. 

V.— Écrit authentique de Zosime le Panopoli- 
tain, sur l’art sacré et divin de la fabrication de l'or 
et de l'argent (1). C'est un sommaire qui semble 
extrait de traités plus étendus. 

VI. — Livre sur la vertu et l'interprétation (2). 
C'est encore un extrait, renfermant des citations 
d’une époque postérieure. 

VII. — Livre de la vérité de Sophé l'Égyplien, 
livre mystique de Zosime le Thébain (3). Le même 
titre reparaît un peu plus loin, sous le nom de Zo- 
sime et avec un texte différent (4). Cet ouvrage est 
cité par Olympiodore (5). 

J'ai dit ailleurs (p. 58), que Sophé était une forme 
spéciale du nom du roi Chéops, auquel on attribuait 
en Égypte, au m° siècle, les ouvrages nouveaux pour 
en augmenter l’autorité. 

VIII. — Ze premier livre de l’accomplissement 
(mot à mot du solde final), de Zosime le Thé- 
bain (6); lequel confirme le livre de la Vérité. 


(1) Ms. 2.327, fol. 112 à 136, reproduit en partie fol. 220 à 222. 
(YMs: 2.327, fol 168 Ὁ 407 

(G)Ms 2.327; fol. 251. 

(4) Ms. 2.327, fol. 260. 

(5) Ms. 2.327, fol. 264 

(6) Ms. 2.527, fol. 251 v°, à 256. 


184 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


C'est là que Zosime raconte que le royaume 
d'Égypte était soutenu par l’art de faire de l'or (1) Il 
parle de Démocrite, dontil cite les quatre catalogues (2). 
Il cite aussi les stèles antiques, avec leurs carac- 
tères symboliques, où se trouvait inscrit, en termes 
obscurs, l’art sacré (3) : ce qui semble le récit my- 
thique d’un homme frappé par la vue des hiéroglyphes 
qu’il ne comprend pas. 

IX. — Traité sur les instruments et les fourneaux, 
ouvrage descriptif qui se trouve exposé dans le ma- 
nuscrit 2.249 (4), plus complètement que dans le ma- 
nuscrit 2.327. Le manuscrit de saint Marc le contient 
aussi, mais avec des variantes (5). Zosime déclare qu'il 
décrit les instruments qu’il a vus dans le temple de 
Memphis et il s’en réfère (dans le manuscrit 2.240) 
aux ouvrages pneumatiques et mécaniques d’Archi- 
mède et d’'Héron d’Alexandrie. 

X. — Les chapitres de Zosime à Théodore figurent 
aussi dans le manuscrit 2.240 et dans le manuscrit de 
saint Marc (6), sous la forme d’une simple table de 
matières. 

ΧΙ. — Un autre ouvrage de Zosime, son ix° livre, 
était intitulé Zmouth, mot qui se retrouve dans Jam- 
blique (7), et qui est la transcription du mot égyp- 
tien Imhotep, fils de Ptah, assimilé à Esculape 


(HMS,.25327, 101-4251 (Voir p.122 
(2) Ms. 2,327, fol. 253. 
[33 Ms 2527, Τοῖς 255. Voir p. 20 


(4) Ms. 2.249, fol. 94 v°, à 102. 

(5) Ms. de saint Marc, fol. 186. 

(6) Ms. 2.240, fol. 80 et go; ms. de saint Marc, fol. 179 à 181. 
(7) De mysteriis, sect. VII, ch. τη. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 182 


(Asclepios) par les Grecs. C'était là que le crédule 
auteur parlait du livre Chéma, transmis par les anges 
aux mortels (p. 9). 

XII. — Sur la chaux (asbestos) (1). Cet ouvrage se 
termine par les mots: « c’est le secret que l’on a juré 
de ne pas révéler. » 

XIII. — Psellus nomme encore le Livre des Clefs 
ou la Petite Clef de Zosime. Le Kitab-al-Fihrist lui 
attribue pareillement les Clefs de la magie (p. 131). 

XIV.— Enfin Grüner a publié en 1814, quatre 
petits traités attribués à Zosime : l’un sur la bière (2), 
un autre sur la trempe persane du bronze (5), sur la 
trempe du fer (4), enfin sur la fabrication du verre (5). 
Les trois derniers articles figurent dans nos manus- 
crits, mais ils n’y sont pas donnés comme de Zosime; 
dans certains ils renferment des interpolations arabes. 
Ils semblent plutôt avoir fait partie de ces traités de 
technologie, d’origine ancienne, mais remaniés à 
diverses reprises par les praticiens pendant le moyen 
âge, traités dont j'ai eu occasion de signaler les titres 
et les cadres dans le chapitre relatif aux manuscrits 
ἘΠΕΘΘ 122}: 

Tels sont les ouvrages de Zosime parvenus jusqu’à 
nous, en totalité ou par extraits, et qui forment une 
partie considérable des manuscrits de nos Biblio- 
thèques. 

[τὸ Ms. 2.527, fol. ὃ. 

(2) Ms. de saint Marc, fol. 162. 

(3) Reproduit par Scaneiner,dans Ecloga physica, p. 95 ; ms. 2.327, 
fol. 162 ; ms. de saint Marc, fol. 118. 


(4) Ms. de saint Marc, fol. 104 et fol. 118 vo. 
(5) Ms. de saint Marc, fol. 115 vo ; ms. 2.327, foi. 12 et 19. 


180 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Après Zosime, et invoqués de même par les auteurs 
postérieurs, on rencontre dans notre liste plusieurs 
personnages, sur lesquels nous ne possédons aucun 
autre renseignement. Tel est Comarius, ou Come- 
rius, le prétendu maître de Cléopâtre. L’opuscule qui 
lui est assigné commence deux fois (1); car son 
vrai début est précédé par une invocation d’un 
caractère à la fois chrétien et néoplatonicien, qui 
paraît ajoutée après coup par quelque moine copiste. 
Il y est question d’une eau divine qui guérit les ma- 
ladies. 

Pélage l’Ancien, autre alchimiste (2), cite Zosime 
et reproduit les axiomes relatifs à la génération du 
semblable par son semblable : « Qui sème le blé, 
produit du blé et le récolte; qui sème l’or et l’argent, 
produit de l’or et de l’argent. » 

Il semble que nous touchions des personnages so- 
lides avec Dioscorus, ie prêtre du grand Sérapis à 
Alexandrie, auquel Synésius adresse son commen- 
taire sur Démocrite, et avec Jean l’archiprêtre dans la 
divine Évagie et les sanctuaires qui s’y trouvent (3). 
Son nom est chrétien; mais sa fonction semble se 
rapporter à quelque institution égyptienne. Dans le 
traité qui porte son nom (4), lequel renferme d’ailleurs 
la trace d’interpolations, Jean invoque à la façon des 


(1) Ms. 2.527, fol. 74 à 8o. 
(2) Ms. 2.3: 22 
3) Ms. 2.32 
trouve dans quelques manuscrits Τυθιας, qui semble une version plus 
ancienne ; c’est sans doute un nom de lieu. (Voir p. 127.) 


2 ; ms. de saint Marc, fol. 62 vo 


fol. 163, vo. Au lieu de τῆς θειᾶς, la divine, on 


(4) Ms. 2.327, fol. 243 à 240. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 187 


gnostiques, les natures célestes et démiurgiques, 
l'Unité et la Triade; il cite Démocrite et Zosime. 


δ 3. — Africanus. 


Africanus (Sextus Julius) est un syrien du temps 
d'Élagabale et d'Alexandre Sévère. C'est un compila- 
teur encyclopédiste (1). Georges le Syncelle, dans sa 
Chronographie (2), dit qu’Africanus avait écrit sur 
les matières médicales, naturelles, agricoles, chi- 
miques. Il avait composé aussi des ouvrages géogra- 
phiques, ainsi qu’une histoire d'Arménie, tirée des 
tabularia d'Édesse, et des ouvrages militaires, dont 
nous possédons des fragments imprimés. Son livre 


« 


intitulé : Keorév (allusion à la ceinture de Vénus, 
allusion analogue à celle qu’exprime le mot antholo- 
gie : bouquet de fleurs poétiques), traitait de toutes 
sortes de sujets. Suidas nous apprend que les re- 
mèdes proposés par Africanus, consistaient en carac- 
tères écrits, incantations et paroles magiques, précisé- 
ment comme céux des papyrus de Leide (p. 85). Les 
Geoponica renferment divers fragments de cet auteur, 
relatifs par exemple à des recettes agricoles la con- 
servation du vin. Le caractère des écrits d’Africanus 
rappelle Zosime et les gnostiques. 

Le nom d’Africanus figure dans la liste initiale du 
manuscrit de saint Marc etil est cité dans le manuscrit 


(1) Geoponica, édit. Needham, p. XLII (1781). 
(2) P. 319, de l'édition de Paris. 


1 ὯΝ LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


. 


2.327 (1), ἃ côté des auteurs les plus autorisés. C’est 
toujours la même littérature. 


$ 4. — Synésius. 


Les études alchimiques semblent atteindre leur plus 
haut degré de culture vers la fin du rv° siècle et au 
commencement du νὸς pendant le règne de Théo- 
dose I" et de ses successeurs. En effet, à ce moment 
nous entrons de plus en plus sur le terrain de l’histoire; 
et les noms qui se présentent sont ceux de personnages 
historiques, qui ont marqué de leur temps. Les écrits 
qui leur sont attribués ont le caractère d'ouvrages 
sérieux : ils renferment souvent des procédés positifs 
et pratiques; 115 s’en réfèrent à un grand nombre de 
circonstances de temps et de lieu caractéristiques etqui 
permettent d'affirmer qu'ils appartiennent à des gens 
de l’époque, tels que Synésius et Olympiodore. 

Synésius est un homme important dans l’histoire du 
rv° siècle; 1] est mort en 415.11 fut nommé (en 401) par 
ses concitoyens évêque de Ptolemaïs en Cyrénaïque, 
comme le citoyen principal de la ville et le plus capable 
de la défendre contre les barbares. C'était un singu- 
lier évêque, marié, gardant sa femme et ses enfants, 
à peine chrétien ; car il ne croit pas aux dogmes con- 
traires à la philosophie. Astronome, physicien, agri- 
culteur, chasseur, ambassadeur à Constantinople au- 
près de l’empereur Arcadius, il fut d’abord païen et ce- 


(1) Ms. 2.327, fol, 122 vo. 


PESPADCCHIMISDES GRECS"PROPREMENT DITS 1 80 


pendant ami du patriarche Théophile, qui le consacra 
évêque, malgré toutes ses réserves, en acceptant sa 
déclaration qu’il faut cacher la vérité au peuple et en 
lui laissant conserver sa femme ; bref, Synésius était un 
esprit universel. Ses œuvres ont été publiées à Paris en 
1631, avec celles de saint Cyrille. Elles contiennent 
divers ouvrages philosophiques, qui se rattachent aux 
doctrines néoplatoniciennes, et une correspondance 
très intéressante. Ainsi on connaît de lui une lettre à 
Hypatie (τ). la célèbre philosophe d’Alexandrie mas- 
sacrée plus tard par les chrétiens, lettre qui renferme 
la première indication connue de l’aréomètre. A la 
vérité, dans ses lettres, Synésius cite continuellement 
ses classiques, dont l’ouvrage alchimique ne renferme 
pastrace. Mais ce genre de citations est bien clairsemé 
dans l’ouvrage du même Synésius : De Proyidentià, 
où il raconte l’histoire de l’administration oppressive 
et de la chute de Gaïnas, sous le voile transparent 
de récits empruntés à la mythologie des Égyptiens. 
Il a encore écrit un livre sur les songes et sur leur 
interprétation, lequel rappelle le traité d'Oxirocrilie, 
transcrit au début du manuscrit de saint Marc, ainsi 
que les recettes pour procurer des songes, qui figu- 
rent dans les papyrus de Leide (2), à côté des τέ: 
cettes alchimiques et de l’anneau portant un Ouro- 
boros (p. 84). 

Ce sont la toujours les mêmes doctrines occultes. 
On lit en effet dans Synésius (3), une lettre où il 


(1) Œuvres de Synésius, p. 174. 
(2) Reuvexs, lettre I, p. 8-10. 
(3) Epist. 142. 


00 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


s'exprime, en un langage rendu vague à dessein, sur 
les mystères qui doivent rester cachés et qu’il ne 
veut pas même être soupçonné d’avoir fait connaître 
à son ami Héraclianus. S’agissait-il de magie ou d’al- 
chimie ? 

Enfin, toujours dans le même ordre d'associations, 
on peut citer les hymnes gnostiques de Synésius, 
congénères à certains égards des poèmes alchimiques, 
et où l’idée de la matière reparaît fréquemment (1). 
« Tu es la nature des natures, » s’écrie-t-il à peu 
près dans le style du pseudo-Démocrite. « O na- 
tures, démiurges des natures! (2). » 

Nous avons montré à plusieurs reprises quels liens 
étroits rattachent entre eux les premiers alchimistes et 
lès gnostiques. Dès lors, il n’y a rien de surprenant à 
ce que Synésius ait réellement écrit sur l’alchimie ; 
sauf à écarter peut-être certaines interpolations, 
dues à des copistes postérieurs, dans les ouvrages 
qui lui sont attribués. Lambecius, savant du siècle 
dernier, qui a publié le catalogue de la Bibliothèque de 
Vienne, partageait cette opinion. Dans nos manus- 
crits (3), on attribue spécialement à Synésius un com- 
mentaire sur le pseudo-Démocrite, adressé « à Diosco- 
rus, prêtre du grand Sérapis à Alexandrie, par la fa- 
veur divine : Synésius le philosophe, salut. » Ce 
commentaire a été traduit en latin par. /Pizzimenti 
(1573). Je l’ai déjà cité, en parlant de Démocrite 


{ 


(p. 154). La qualité de Dioscorus, prêtre de Sérapis, 


(1) Œuvres de Synésius, p. 330 et suivantes. 
(2}"Ms. 2.527, fol. 27; 
(3}Ms- 2,927, 101. O1. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS IOI 


auquel il est dédié, nous reporterait à l’époque 
païenne et à une date antérieure à la destruction du 
temple d’Alexandrie par l’ordre de Théodose, des- 
truction accomplie en 389. Le nom de Dioscorus 
figure aussi dans les lettres authentiques de Syné- 
sius (1), comme celui d’un évêque à la vérité. Serait-ce 
un homonyme, ou bien le prêtre de Sérapis, con- 
verti plus tard comme Synésius lui-même ? Julius 
Firmicus, auteur du même siècle, a laissé deux ou- 
vrages non moins contradictoires : un traité d’astro- 
logie, d’un caractère purement païen, et un ouvrage 
apologétique du christianisme. Les hommes de ce 
temps avaient d’étranges aventures. 

Un autre ouvrage de Synésius, qui semble interpolé 
par places, a été traduit en français; c’est « le vieux 
livre du docte Synésius, abbé grec (2) » : « Tire d’eux 
ton vif argent, y est-il dit, et tu en feras la médecine ou 
quintessence, puissance impérissable et permanente, 
nœud et lien de tous les éléments qu’elle contient en 
soi, esprit qui réunit toute chose. » C’est toujours 
le style de Zosime et des alchimistes gnostiques. 


$ ©. — Olympiodore. 


Olympiodore est un auteur de date non moins 
sûre. On connaît en effet sous ce nom un historien 
grec, natif de Thèbes en Egypte, qui prit part à une 
ambassade envoyée auprès d’Attila, sous Honorius, 


(1) Œuvres de Synésius, p. 211. 
(2) Paris, 1612. 


102 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


en 412. Il a voyagé chez les Blemmyes (1), en 
Nubie, et visité les prêtres d’Isis à Philæ, où les 
derniers débris de l’hellénisme, protégés par un 
traité, demeurèrent en honneur jusqu'en 562. Ce 
temple subsiste encore. J’ai vu moi-même sur les 
pylônes les grandes figures des dieux égyptiens mar- 
telées par les moines, au-dessus des inscriptions qui 
attestent le passage de l’armée de Desaix. 

Ce même Olympiodore a écrit l’histoire de son 
temps, de 400 à 425, et l’a dédiée à Théodose II. 

Photius (2) désigne Olympiodore sous le nom carac- 
téristique de porétès de profession : ce qui ne veut pas 
dire poète, mais alchimiste (operator), d’après l’inter- 
prétation de Reinesius et de Du Cange. Ce mot 
répond, en effet à potésis, qui signifie le grand œuvre 
dans la langue des adeptes. 

L’incohérence des compositions historiques d'Olym- 
piodore, signalée par Photius, se retrouve dans l’ou- 
vrage alchimique qui porte son nom (3). Celui-ci 
a pour en-tête : Olympiodore philosophe à Pétasius, 
rot d'Arménie, sur l’art divin et sacré. Fabricius (4) 
et Hœæfer (5) le citent d’après d’autres manuscrits, qui 
ajoutent les mots : Commentaires sur le livre de l'acte 
de Zosime et sur les dires d'Hermès et des philosophes. 
L'auteur nomme parmi ses prédécesseurs : Agatho- 


(1) Voir le Mémoire sur les Blemmyes de M. RévizcouT. Mém. de 
l'Acad. des Inscriptions, 11° série, t. ΝΠ], p. 371. Ce voyage est signalé 
par PHorius. 

(2) Codex LXXX, 

(5) Μ5. 2.527, fol: 107: 

(4) Bibliotheca Græca, t. XII, 764; 1re édition. 

(5) Histoire de la Chimie.T. I, p. 253 


ER 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 109 
démon, Chymès, Marie la Juive, Synésius. Il invoque 
les Muses et la race des illustres Piérides (1), les ora- 
cles d’Apollon (2), ceux des démons ou dieux inférieurs, 
et les expositions des prophètes. Il s’en réfère à la fois 
à l'autorité de la Bible, qu’il ne semble guères avoir 
lue, à celle des inscriptions du temple d’Isis (3), et à 
celle des ouvrages des philosophes grecs, qu'il connaît 
beaucoup mieux. Ailleurs il reproduit les contes de 
l'antiquité relatifs à l’origine de l’or engendré dans la 
terre d’Éthiopie (4). « Là, une espèce de fourmi extrait 
l'or et le met au jour et s’en réjouit (5). » J'ai cité plus 
haut les passages de cet auteur relatifs au tombeau 
d’Osiris, image de l'alchimie, au serpent qui se mord 
la queue, et aux douze signes du zodiaque (6); au micro- 
cosme et au macrocosme, dont l’homme est l’abrégé; 
aux hiérogrammes, ainsi qu'aux spéculations gnos- 
tiques, reproduites de Zosime. Tout cela nous repré- 
sente l'étrange mélange d’idées et de connaissances qui 
existaient dans la tête d’un savant du v° siècle. 

Cependant Olympiodore ne procéde pas par allégo- 
ries, comme Zosime. «Les anciens, dit-il, avaient 
l'habitude de cacher la vérité, de voiler et d’obscurcir 
par des allégories ce qui est clair et évident pour tout 
le monde. » C’est aux alchimistes sincères et de cet 
ordre qu’il convient de s'attacher de préférence, si 


(1) Ms. 2.250, fol. 69. 
2)IMS 2327, 10]. 2r0: 
(5) Ms. 2.327, fol. 210. 


(4) Voir Punne, 1. XI, ch. xxxr, 1: XXXIT, ch. 1v, sect. 21, — SOLIN, 
Cher etc. 
290, [Οἷς 


2 
4 
ΟῚ 


Ι 
327, 0120: 


104 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


l’on veut pénétrer le sens obscur du langage de leur 
temps ; sans méconnaître pourtant leur crédulité. 
Olympiodore parle d'abord de la macération, du 
lavage, du grillage des minerais; il distingue les corps 
en volatils et fixes. 

Plus loin : « Les anciens admettent trois tein- 
tures (1); la première est celle qui s’enfuit prompte- 
ment (se volatilise), comme le soufre et l’arsenic (2); 
la seconde est celle qui s'enfuit lentement, comme les 
matières sulfureuses ; la troisième, celle qui ne s’en- 
fuit pas du tout : tels sont les métaux, les pierres et la 
terre. La première teinture, qui se fait avec l’arsenic, 
teint le cuivre en blanc. L’arsenic est une espèce de 
soufre qui se volatilise promptement : tout ce qui est 
semblable à l’arsenic se volatilise par le feu et s’ap- 
pelle matière sulfureuse. » Il dit encore : « Le mercure 
blanchit tout, tire les âmes de tout, change les couleurs 
et subsiste. » 

Olympiodore reproduit les récits de Zosime sur le 
rôle de l’alchimie près des rois, en Égypte(3). Il cite 
textuellement les commentaires de Synésius sur 
Démocrite (4). 

Ailleurs, il signale en détail la seconde teinture, 
qui s'enfuit lentement et que l’on emploie dans la 
fabrication de l’émeraude : « Prenez deux onces de 
beau cristal et une demi-once de cuivre calciné; 
préparez d’abord du cristal, produit par l’action du 


(1) Ms. 2.327, fol. 100 ; ms. de saint Marc, fol. 165. 

(2) Les mots de soufre et d'arsenic ne doivent pas être pris dans 
leur sens littéral moderne. 

(3) Ms. 2.327, fol. 206. 

(4) Ms. 2.327, fol. 207 et 208. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 195 


feu, mettez-le dans l’eau pure, nettoyez-le, broyez ces 
substances (1) dans un mortier et faites-les fondre 
ensemble à une température égale. » 

L’écrit d'Olympiodore fournit des données histo- 
riques, de nature à en fixer la date et le lieu. En 
effet, dès les premières lignes, il nomme les mois 
égyptiens, —echir et mesori, mois égyptiens réels, 
qui se rapportent, comme on sait, aux tétraménies 
d’été et d’hiver. Il cite (2) les bibliothèques Ptolémai- 
ques, c’est-à-dire d'Alexandrie, du ton d’un homme qui 
les aurait lues lui-même, — à moins qu'il n’en ait parlé 
simplement dans le désir d’en tirer quelque autorité 
pour ses assertions; comme le faisait déjà Tertullien. 

Ce qui est plus concluant, Olympiodore repro- 
duit les opinions des philosophes grecs de l’école 
ionienne, Thalès, Anaximandre, Anaximène, et celles 
des Éléates, Parménide et Xénophane, sur les 
principes des choses. Il en parle à peu près dans les 
mêmes termes et probablement d’après les mêmes 
documents, aujourd’hui perdus, que Simplicius et les 
néoplatoniciens. A la vérité, il y amalgame les idées des 
auteurs alchimiques, Hermès et Agathodémon; je re- 
produirai plus loin ce passage, qui est fort important. 

Tout cela, joint au langage fortement imbu de 
gnosticisme, tend à préciser l’époque où l'ouvrage que 
nous citons a été écrit : à savoir un peu avant la ruine 
de l’école d'Alexandrie. Or, cette dernière est datée 
dans l’histoire : elle répond à la catastrophe du Séra- 
péum et de la bibliothèque Ptolémaique. 


(1) Il a ajouté un troisième corps, le Séricon. 
(2) Ms. 2.327, fol. 206. 


, 


190 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


$ 6. — La fin de la culture hellénique en Égypte 
et la destruction des Laboratoires. 


Le temple de Sérapis, en effet, était le centre de la 
civilisation grecque à Alexandrie. C'était un des 
grands foyers de la culture paienne et probablement 
aussi des études médicales et alchimiques. Aussi sa 
destruction fut-elle poursuivie avec acharnement par 
les chrétiens triomphants. On peut lire dans Gibbon 
Histoire de la décadence οἱ de la chute de l'empire 
romain, τ. V, p.356, trad. Guizot) le récit de cette 
ruine, accomplie à la suite de luttes violentes entre 
les défenseurs de l’hellénisme et les moines sou- 
levés par l'archevêque Théophile. Les premiers ne 
cédèrent que sur un ordre direct de l’empereur Théo- 
dose, ordre contemporain de l’édit qui ordonna la 
destruction générale des temples dans l'empire romain. 
Nul acte ne fut plus funeste que cet édit à l’art et à la 
science, et le souvenir de Tempereur qui le signa doit 
en rester à jamais flétri. 

La bibliothèque, ou plutôt ses débris, semblent 
avoir subsisté quelque temps encore. Les cours faits au 
Muséum d'Alexandrie se poursuivirent jusqu’au mas- 
sacre de la savante Hypatie, crime infime accompli 
avec des particularités atroces par les moines ameutés 
à la voix du patriarche saint Cyrille, neveu et héritier 
de Théophile. 

Ainsi disparurent l’Ecole d'Alexandrie et sa bi- 
bliothèque, anéanties par le fanatisme chrétien. L’his- 
torien P. Orose nous dit, quelque temps après, 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 197 


non sans une expression de regret, avoir vu les cases 
vides et la place des livres disparus. Quelques essais 
de reconstitution de la bibliothèque semblent avoir eu 
lieu, jusque vers le temps des Arabes. Mais l'École 
même ne fut jamais rétablie. Les philosophes persé- 
cutés se transportèrent à Athènes, autre centre d'études, 
où Proclus enseigna; et ce centre subsista près d’un 
siècle, jusqu’au jour où un nouvel édit de Justinien, 
en 529, accomplit la suppression officielle de la science 
et de la philosophie antiques. 

Le Sérapéum de Memphis et le temple de Ptah, où 
se trouvaient probablement les laboratoires médicaux 
et techniques des alchimistes, périrent vers la même 
époque que les sanctuaires d'Alexandrie. 

Des scènes épouvantables signalèrent dans toute 
l'Égypte la fin dela civilisation hellénique et le 
triomphe du christianisme. On peut lire dans les publi- 
cations de M. Révillout (τ) le récit de la vie de ces 
moines prophètes, tels que Sénouti, soulevant partout 
les pauvres contre les riches, maltraitant les magistrats 
envoyés pour rétablir l’ordre, coupant les digues 
du Nil afin d’engloutir les terres de leurs ennemis, 
massacrant et brülant les prêtres, les philosophes, 
les principaux citoyens des villes, au milieu des ruines 
de leurs maisons et de leurs temples incendiés. 
« Les dents des « pêcheurs, tu les as brisées... Le 
« Seigneur vous a détruits parce que vous l'avez 
« irrité, » s’écrie le fanatique après son triomphe. 

Voilà comment finit la culture grecque à Panopolis, 


(1) Revue de Fhistoire des religions, 4e série, t. VILL p. 146, 
431, 454, etc. 


LOS LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


l’un de ses milieux les plus importants. Le principal 
chef des Hellènes, le poète Nonnus d’après M. Révil- 
lout, fut brûlé vif avec ses richesses (1). Après le 
pillage, les chrétiens occupèrent les maisons de ceux 
qui s'étaient enfuis. 

Aucune calomnie n’était épargnée aux victimes. 
Suivant une fable toujours renouvelée et que nous 
avons vu invoquer de nos jours contre les Juifs de 
Hongrie, aussi bien que contre les catholiques de 
Notre-Dame des Victoires, à Paris, pendant la Com- 
mune, on accusait les prêtres d'immoler des enfants 
et des victimes humaines, et l'on en montrait aux 
populations fanatisées les restes au milieu des temples, 
au Sérapéum d'Alexandrie, par exemple. 

C'est au milieu de ces tragiques événements que se 
poursuivit la culture de l’art sacré; surtout sous forme 
théorique, car il semble que les expérimentateurs 
proprement dits aient disparu en Égypte avec leurs 
laboratoires. Les auteurs qui viennent ensuite, tels 
que Stéphanus, l’Anonyme, le Philosophe Chrétien, 
sont plutôt des scoliastes et des commentateurs que 
des écrivains originaux. 

La persécution à la fois politique et religieuse qui 
atteignit les adeptes peut faire comprendre pourquoi ils 
se cachaient avec tant de soin, sous le voile redoublé 
des pseudonymes et des apocryphes. Leurs précau- 
tions furent telles, que nous avons peine aujourd’hui 
à retrouver les indices et les caractères positifs de ce 
qu'ils ont été. 

Cependant 1] ne faudrait exagérer, ni l’absence de 


(1) Même recueil, p. 430. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 199 


mentions des faits positifs de leur temps, ni la signi- 
fication qu'il convient d’en tirer. D'une part, ces men- 
tions ne font pas absolument défaut, ainsi qu’il résulte 
des nombreuses citations que j'ai faites en parlant des 
origines égyptiennes et gnostiques de l’alchimie. D’au- 
tre part, on ne doit pas oublier que les auteurs préoc- 
cupés d’un objet spécial, technique ou scientifique, ne 
racontent guère les choses étrangères à leur sujet. 
Celui qui voudrait dans quelques siècles recons- 
truire l’histoire de notre temps à l’aide des Mémoires 
contenus dans les Annales de Physique et de Chimie,ou 
bien à l’aide des indications d’un traité d’analyse chi- 
mique ou de technologie, serait fort embarrassé. Nous 
ne rencontrons certainement pas plus d’allusions con- 
temporaines dans les ouvrages du philosophe Por- 
phyre que dans ceux des alchimistes Zosime et Olym- 
piodore. 


$ 7. - - Stéphanus. 


L'art sacré ne fut pas entièrement anéanti par la 
ruine de la culture païenne. Deux causes devaient le 
maintenir : d’une part, l’utilité de ses pratiques pour 
les travaux des métaux, des verres, des poteries, des 
teintures, travaux très en honneur à Constantinople; 
et, d'autre part, les espérances illimitées excitées par 
ses théories. Aussi existe-t-il toute une suite d'auteurs 
qui ont écrit des livres d’Alchimie, même après Syné- 
sius et Olympiodore. 

Le plus remarquable, celui qui continue le plus net- 
tement la tradition, est un personnage historique bien 


200 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


caractérisé et ayant joué un rôle de son temps, je veux 
dire Stéphanus d'Alexandrie, qui vivait à l’époque 
d'Héraclius (vers 620). Il est identifié par Fabricius (1) 
avec Stéphanus d’Athènes, qui a laissé des ouvrages 
médicaux. C’est, dit-on, l’un des sept compilateurs qui 
ont rassemblé les œuvres de Galien et les ont distri- 
buées en seize livres, arrêtant ainsi la forme sous 
laquelle ces œuvres nous sont parvenues (2). 

On lui attribue aussi un traité d’astrologie (Apote- 
lesmatica). Stéphanus est cité dans le Xitab-al-F'ihrist. 
Son nom se retrouve au moyen âge dans les Allego- 
riæ sapientui (Bibliotheca chemica, τ. 1, p.472 et 478), 
opuscule où Heraclès (Héraclius ?) s'adresse à Ste- 
phanus d'Alexandrie. 

Nous possédons de ce dernier neuf leçons (praxeis) 
sur la chimie, dédiées précisément à Héraclius. Cette 
œuvre existe dans nos principaux manuscrits, tels que 
celui de saint Marc, les numéros 2.325 et 2.327 de la 
Bibliothèque de Paris, etc. Pizzimenti en a donné une 
paraphrase latine en 1573, à la suite du traité de Démo- 
crite (Democriti de Arte magna). Ideler a publié le 
texte grec dans les Physici el medici græci minores (3). 

Stéphanus ferme le cycle des commentateurs démo- 
critains. Il cite Hermès, Orphée, Chymèës, Démocrite, 
Ostanès, Cléopâtre, Comarius, etc. C’est un chrétien 
mystique et en même temps un philosophe très au 
courant des doctrines pythagoriciennes et platoni- 
ciennes. 


(1) Fasricrus. Bibl. græca, 1. VI, ch, vi; t. XII, p. 694 de la 118 édit. 
(2) Leccerc. Hist. de la médecine arabe, τ. 1, p. 55. 
(3) T. Il. p. 199 à 253 (1842). 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 201 


Il éclate en expressions enthousiastes et figurées (1): 
« O métal de la magnésie, par toi s'exécute l'œuvre 
mystérieuse. O nature vraiment supérieure à la nature. 
tu triomphes des natures; tu es la nature une, qui com- 
prend le tout. O fleur charmante des philosophes 
praticiens; ὃ splendeur contemplée par les hommes 
vertueux... O lune empruntant ta lumière à celle du 
soleils. O nature une, qui demeure la même et qui 
ne change pas. Objet de jouissance et jouissant toi- 
même, triomphante et dominée, etc. » Un style sem- 
blable est celui d’un commentateur fasciné par son sujet, 
plutôt que d’un véritable expérimentateur. 

Je donnerai plus loin des citations considérables des 
doctrines philosophiques de Stéphanus, citations pré- 
cieuses pour l’histoire des théories alchimiques. 


δ ὃ. — Les Poëtes alchimiques. 


L'enthousiasme qui ἃ inspiré les écrits de Stépha- 
nus s’est traduit sous une forme plus frappante encore 
dans les poètes. Toute une littérature de poètes 
alchimiques se succède en effet, depuis l'énigme 
tirée des livres sibyllins (p. 136), jusqu’à Jean de 
Damas et jusqu’au temps des Croisades. Elle constitue 
dans nos manuscrits un groupe caractéristique d’ou- 
vrages, copiés à la suite les uns des autres (2). Les 

(1) Ms. 2.327, fol. 38 v°. — IneLer, Physici et medici græci minores, 


PAlEMD 2007 
(2)MS 2527 fol 4578148105; 


202 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


litanies de l’or y figurent (1) et attestent le mysticisme 
de leurs auteurs. 

Ces poèmes, objet d’une admiration et d’une 
lecture continuelle dans les couvents de Constan- 
tinople, ont été remaniés pendant plusieurs siècles 
par les copistes, avec des additions, interpolations, 
et changements, qui ont été parfois jusqu’à trans- 
former en vers politiques, dans certains manuscrits, 
les jambes assez corrects, contenus dans d’autres 
et rappelant les morceaux de l’anthologie. Plusieurs 
fragments ont été imprimés à la suite du traité de 
Palladius, de Febribus, par Bernard en 1745. L’en- 
semble a été publié par Ideler (2). 

Le plus ancien poète alchimique paraît être Hélio- 
dore, que l’onaïidentifié parfois avec l’évêque de Tricca, 
auteur du roman des Éthiopiques, élève de Proclus et 
contemporain de Théodose et d’Arcadius. Le poème 
alchimique qui porte son nom est en effet dédié à 
Théodose I‘. 

Archélaüs, autre poëte, est aussi fort ancien, quoique 
de date incertaine. Nommons encore les poèmes de 
Théophraste et d’'Hiérothée. Mais il y a peu de 
documents positifs à tirer d’une semblable littérature. 


$ 9. — Les Commentateurs. 
Les noms que j'ai cités jusqu'ici comprennent tous 
les auteurs sur lesquels on possède quelque rensei- 


(1) Ms. 2.249, fol. 62. 
(2) Physici et medici græci minores, t. II, p. 328 à 352 (1842). 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 203 


gnement historique, avant le temps d’'Héraclius. Ce 
ne sont pas cependant les derniers alchimistes. En 
effet, l’alchimie continua d’être cultivée à Constanti- 
nople et dans les pays grecs, pendant tout le moyen âge 
et Jusqu'à notre temps. 

Parmi les auteurs qui s’en sont occupé, plusieurs 
figurent dans nos collections : ce sont en général des 
commentateurs. Quelques-uns sont peut-être anté- 
rieurs à Stephanus. 

Telestle Philosophe Chrétien, dont nous possédons 
plusieurs traités (1) et qui est aussi nommé dans le 
Kitab-al-Fihrist. Son langage est analogue à celui 
d’Olympiodore : il mélange de même la culture grecque 
et la culture chrétienne, l’alchimie et la théologie. Il 
semble que ce soit un moine byzantin, très instruit et 
imprégné de gnosticisme. 

C’est ainsi qu’il parle de la source intarissable 
qui verse son eau au milieu du Paradis. « L’oracle 
« divin dit : formons l’homme... et faisons le mâle et 
« femelle (2). » Plus loin il fait mention de l’ombre du 
cône de la terre, qui s'étend jusqu’à la sphère de 
Mercure (3). Il cite d’un côté Aratus et Hésiode, de 
l’autre la Bible et en même temps Hermès, d’après son 
écrit à Pauséris (4), ainsi qu’Agathodemon, Zosime, 
Pétésis, Démocrite. Il expose, en langage philosophique, 
les diversités de la fabrication de l'or, suivant le genre et 


(1) Ms. 2.327, fol. 92 et suivants; ms. 2.249, fol. 6; ms. de saint 
Marc, fol. ro1, 110, etc 

(2) Ms. 2.327, fol. 100 

(5) Ms. 2.327, fol. 05 

(4) Ms. 2.327, fol. 98 


204 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


l'espèce (1). Plus loin il reproduit les images géomé- 
triques des éléments, empruntées aux Pythagoriens et 
aux Platoniciens: pyramide, tetraèdre, octaèdre (2), etc. 
Bref, ses opuscules représentent une série d’extraits et 
de scolies, tirés des anciens alchimistes, les uns mys- 
tiques, les autres pratiques. A la fin on retrouve, en 
abrégé, le passage de Zosime sur le rôle de l’alchimie, 
envisagée en Égypte comme source de richesses pour 
les rois (3). « Telle est, dit-il en finissant, l’image du 
monde, célèbre dans les anciens écrits, la science mys- 
tique des hiérogrammes égyptiens.» Puis viennent les 
natures substantielles, le consubstantiel Orphique et la 
lyre Hermaïque. Un style pareil rappelle à la fois les 
gnostiques et les théologiens qui ont suivi le concile de 
Nicée. 

Le Philosophe Anonyme est un scoliaste du même 
ordre (4), mais plus récent. Dans son traité sur l’art de 
faire de l’or et sur l’eau divine du blanchiment, il 
associe Olympiodore (5) et Stephanus à Hermès, à 
Démocrite, à Zosime, à Jean l’archiprêtre. Il cite, à côté 
d’eux, l’Écriture Sainte et les trois personnes de la Tri- 
nité. C'est lui qui a donné la première liste des philo- 
sophes œcuméniques. 

C’est ainsi que l’on arrive jusque vers le vin® siècle, 
époque où l’alchimie s’est transmise aux Arabes. Cette 
transmission paraît avoir eu lieu en même temps 
que celle des autres sciences naturelles et médicales. 


(1) Ms. 2:529 6003 v°. 

(2) Ms: 2.327, Hol 1105. 

(5) M5. 2.327; ΤῸ] ΤΥ y", 

(4) Ms. 2.327, fol. 162 et suiv. ; ms, de saint Marc, fol. 78. 
(5) Ms. 2.327, fol. 168. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 205 


A cet égard, le nom de Sergius, qui se trouve dans 
la liste alchimique, et auquel le philosophe chrétien 
a dédié (τ) son traité sur l’eau divine, est fort impor- 
tant ; car il semble qu’il s'agisse de Sergius Resainensis, 
lequel, au temps de Justinien (γι siècle), traduisit en 
syriaque les médecins et les philosophes grecs, ainsi 
que nous l’apprend M. Renan dans sa thèse sur la 
philosophie péripatéticienne parmi les Syriens (1852). 
Nous sommes amenés par là vers la Mésopotamie, du 
côté d'Édesse, ville où il existait alors une académie 
célèbre, c’est-à-dire un centre scientifique, et du côté 
de Harran, où s'était développée une école qui 
demeura païenne jusqu’au ΧΙ" siècle. 

L’alchimie pratique et théorique continuait cependant 
à être cultivée à Constantinople, comme l'attestent 
l'invention du feu grégeois (2) et les écrits des moines 
Cosmas, Psellus, et Blemmydas, ajoutés après coup 
dans quelques-uns de nos manuscrits. Mais, pendant ce 
temps, la science prenait un développement nouveau 
et capital chez les Arabes. 


$ 10. — Transmission de l’Alchimie aux Arabes et 
aux Occidentaux. 


L'origine grecque de la chimie arabe n’est pas dou- 
teuse ; les noms mêmes d’alchimie (3) et d’alambic ne 


(1) Ms. de saint Marc, fol. τοι. - 


(5) Voir mon ouvrage : Sur la force des matières explosives, t. Il, 
p. 352, appendice (1883). 

(3) Zur Chemie der Araber, E. WieDEMANN, p. 575. Morgenlandischen 
Gesellschaft, τ. XXXIL, 1878. — Alchymia, par GILDEMEISTER, Même 
recueil, t. XXX, p. 534; 1876: 


206 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


sont autre chose que des mots grecs, avec addition de 
l’article arabe. Les vieux maîtres, Démocrite, Zosime 
et les autres, sont mentionnés dans les livres arabes; 
je l'ai établi plus haut (p. 130), en donnant des 
extraits du Kitab-al-Fihrist. Les doctrines et les 
pratiques des Arabes demeurent d’ailleurs les mêmes, 
surtout au début; ainsi qu'il est facile de le reconnaitre 
en lisant Geber, le maître des alchimistes arabes. 

Geber (Al-Djaber) vivait à la fin du vint siècle. On 
lui ἃ attribué plus de cinq cents ouvrages; mais ils 
appartiennent pour la plupart à des époques posté- 
rieures. Le principal et celui qui semble le plus authen- 
tique est la Summa perfectionis magisterii in sua 
nalur& (1). C’est un ouvrage composé avec méthode, 
postérieur par là même aux travaux confus des alchi- 
mistes grecs qu’il coordonne. La naïveté de certains 
passages montre d’ailleurs un homme sincère et 
convaincu de la vérité de son art. 

Il débute par l’exposé des obstacles qui empêchent 
l’art de réussir : obstacles qui viennent du corps et 
de l'esprit. Ceci rappelle la page du pseudo-Démocrite 
sur les vertus de l’initié (p. 160). Puis vient la réfu- 
tation en forme et par arguments logiques des igno- 
rants et sophistes qui nient la vérité de l’art. 

Ce doute ne se rencontre guère formulé dans les 
alchimistes grecs : il accuse une époque postérieure et 
une réflexion plus approfondie. Geber le refute lon- 
guement. Cependant il n’est pas d’une crédulité 
absolue, car il nie l'influence de la position des astres 


(1) En latin, dans la Bibliotheca chemica de Mancer, t. 1; en francais, 
dans la Bibliothèque des Philosophes chimiques de Sao. 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENT DITS 207 


sur la production des métaux; contrairement aux 
opinions régnantes du temps de Zosime et de Pro- 
clus. 

La matière de l’art réside, d’après Geber, dans .l’é- 
tude des substances, telles que le soufre, l'argent, la 
tutie, la magnésie, la marcassite, le sel ammoniac, etc. ; 
énumération qui rappelle les catalogues du pseudo- 
Démocrire. Le rôle des esprits volatils nous reporte 
aux eaux divines et aux appareils distillatoires de 
Zosime. 

En effet, la description des opérations est faite à part 
par Geber. Ce sont : la sublimation; la volatilisation 
per descensum; la distillation par évaporation, ou par 
simple filtration ; la calcination; la solution ; la coagu- 
lation, qui comprend la cristallisation, et la fixation 
des métaux; la coupellation (examen cinerilii); lamol- 
lissement (ircération) des corps durs, etc. Tout ceci 
existe déjà dans les écrits des alchimistes grecs; mais 
Geber l’expose avec une clarté et une méthode qui 
leur manquaient, et qui rendent l'intelligence des vieux 
auteurs plus facile. 

Puis vient une description scientifique des métaux, 
analogue à celle des traités modernes. Mais 1] s’y 
joint l'indication des méthodes propres à les fabriquer 
de toutes pièces. Geber en effet regarde les métaux 
comme formés de soufre, de mercure et d’arsenic; 
théorie qui vient des alchimistes grecs et qui s’est 
perpétuée au moyen âge. L'or, en particulier, est 
formé par le mercure purifié, associé à une petite 
quantité de soufre pur. Le soufre, le mercure, Parse- 
nic purs de Geber sont des matières quintessen- 


208 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ciées, plus subtiles que les substances vulgaires qui 
portent le même nom. Celui qui parviendra à les 
isoler, pourra fabriquer et transformer à volonté les 
métaux. Le mercure qui donne la perfection aux mé- 
taux n'est pas le vif argent naturel, mais quelque 
chose tirée de lui : il faut lui ôter le grossier élément 
terrestre et l’élément liquide superflu, pour ne garder 
que la moyenne substance. De même pour le soufre et 
l’arsenic, qu’il faut dépouiller de l’impur élément ter- 
restre et de l’élément igné, c’est-à-dire inflammable. 

En fait, c’est en soumettant les métaux à des oxyda- 
tions et calcinations prolongées, puis en les réduisant 
à l’état de corps métalliques, et en répétant ces opéra- 
tions, que Geber cherche à les dépouiller de leurs pro- 
priétés : par exemple, on Ôte ainsi à l’étain son cri, sa 
fusibilité, sa mollesse, qui le distinguent de l’argent; 
on l'endurcit et on le rend plus fixe par des régéné- 
rations successives (ce qui est erroné). De même pour 
le plomb, que Geber déclare suceptible d’être changé 
facilement en argent : toutefois il reconnaît avec 
sincérité que ce métal deux fois calciné par lui et 
deux fois régénéré (remis en corps) ne s’est pas en- 
durci. 

Toutes ces pratiques et ces théories concordent avec 
celles des papyrus et des manuscrits (p. 87); elles 
font suite, pour ainsi dire, aux théories de Stéphanus. 
Le langage de ce dernier diffère à peine de celui de 
Geber, qui l’a suivi à un siècle d'intervalle. 

Ces études furent continuées avec ardeur par les 
Arabes de Mésopotamie et d'Espagne, qui les enri- 
chirent d’un grand nombre de découvertes, telles que 


LES ALCHIMISTES GRECS PROPREMENTS DITS 209 


la fabrication de l’alcool, de l’eau-forte, de lhuile 
de vitriol, du sublimé corrosif, du nitrate d'argent. Ils 
marquent donc un nouveau progrès dans l’ordre des 
études chimiques; je dis dans l’ordre pratique, car 
dans l’ordre philosophique, 115 ne sortent guères 
des cadres des théories grecques. Toutefois, je n'irai 
pas plus loin. Quel que soit l'intérêt de cette histoire, 
un Orientaliste seul peut en entreprendre l'exposé, 
pour laquelle l’examen approfondi des manuscrits 
arabes et hébreux de nos bibliothèques, pour la plupart 
inédits, serait indispensable. 

C’est par les Arabes que les études alchimiques 
revinrent en Occident, au temps des croisades, 
c'est-à-dire «vers lenxmSiecle., Il est facile de 
s’en convaincre, en lisant le Theatrum chemicum, 
collection informe des traités alchimiques du moyen 
âge. Elle ne renferme aucune œuvre des alchimistes 
grecs, mais seulement les traductions latines des 
Arabes et les traités de leurs imitateurs, du x au 
xvu® siècle. Les recherches chimiques se poursui- 
virent dès lors en Occident, jusqu’à la fondation de 
la science moderne. 

En résumé, les pratiques métallurgiques et les pre- 
mières idées de transmutation viennent de l'Égypte et 
de la Chaldée et elles se perdent dans une antiquité pro- 
bablement fort reculée. Les Grecs d'Égypte ont trans- 
formé ces pratiques en une théorie demi-scientifique, 
et demi-mystique, à peu près comme ils ont fait pour 
l’astrologie. Leur science, transportée à Constanti- 
nople, s’est transmise à son tour aux Arabes, vers les 
vu et vint siècles, ainsi que l’attestent formellement 


14 


210 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


les passages du Kitab-al-Fihrist; enfin, ce sont les 
Arabes de Syrie et d'Espagne qui l'ont enseignée à 
l'Occident. Telle est, je le répète, la filiation histo- 
rique de l’alchimie. 


LIVRE TROISIÈME 


ΚΕ ΕἸ 9 


CHAPITRE PREMIER 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 


K 1. — Introduction. 


’ALCHIMIE S'appuyait Sur un certain ensem- 
ble de faits pratiques connus dans l’anti- 
tiquité, et qui touchaient la préparation 
des métaux, de leurs alliages et celle des 
pierres précieuses artificielles: il y avait là un côté 
expérimental qui n’a cessé de progresser pendant tout 
le moyen âge, jusqu’à ce que la chimie moderne et 
positive en soit sortie. Cette histoire n’est autre que 


212 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


celle de l’industrie métallurgique. Certes je ne saurais 
prétendre l’embrasser toute entière dans le cadre res- 
treint de la présente étude ; mais il est nécessaire de 
l'exposer en partie, pour montrer l’origine positive 
des idées et des illusions des alchimistes. 

Cette origine doit être cherchée en Égypte, là où l’al- 
chimie eut d’abord ses maîtres, ses laboratoires et ses 
traditions. C’est pourquoi, après avoir établi dans les 
livres précédents le caractère historique de traditions, 
Je vais maintenant résumer les connaissances des 
anciens Égyptiens sur les métaux et sur les substan- 
ces congénères. Je le ferai principalement d’après le 
mémoire capital de M. Lepsius sur cette question, et 
je montrerai par quelle suite de raisonnements et 
d’analogies ils ont été conduits à tenter la transmu- 
tation et à poursuivre les expériences dont nous 
avons constaté l'exécution à Memphis et à Alexandrie. 

Sur les monuments de l’ancienne Égypte on voit 
figurer les métaux, soit comme butin de guerre, soit 
comme tribut des peuples vaincus ; on en reconnaît 
l'image dans les tombeaux, dans les chambres du 
trésor des temples, dans les offrandes faites aux dieux. 

D'après Lepsius (r), les Égyptiens distinguent dans 
leurs inscriptions huit produits minéraux particulière- 
ment précieux, qu'ils rangent dans l’ordre suivant : 

L'or, ou nub ; 

L’asem, ou electrum, alliage d’or et d’argent; 

L'argent, ou hat; 

Le chesteb, ou minéral bleu, tel que le lapis-lazuli ; 


(1) Traduit dans le 305 fascicule de la Bibliothèque des Hautes 
Études, p. 17 (1877). 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 213 


Le mafek, ou minéral vert, tel que l’émeraude ; 

Le chomt, airain, bronze, ou cuivre: 

Le men, ou fer (d’après Lepsius) ; 

Enfin le faht, autrement dit plomb. 

Cet ordre est constant ; on le constate sur les monu- 
ments des dynasties thébaines, et jusqu’au temps des 
Ptolémées et des Romains. Dans les Annales des com- 
pagnons de Thoutmosis III, à Carnak, on rencontre 
souvent, parmi les tributs, des listes et des tableaux 
figurés de ces substances précieuses, rangées d’après 
leur poids et leur nombre. 

Les diverses matières que je viens d’énumérer 
comprennent à la fois des métaux véritables et des 
pierres précieuses, naturelles ou artificielles. Passons 
les en revue: nous reconnaîtrons dans leurs proprié- 
tés le point de départ de certaines idées théoriques des 
alchimistes sur les métaux. Il faut en effet se replacer 
dans le milieu des faits et des notions connus des 
anciens, pour comprendre leurs conceptions. 


$ 2. — L'or. 


L'or, réputé le plus précieux des métaux, est repré- 
senté en monceaux, en bourses contenant de la poudre 
d'or et des pépites naturelles, en objets travaillés, 
tels que plaques, barres, briques, anneaux. On dis- 
tingue d’abord le bon or, puis l’or de roche, c’est-à- 
dire brut, non afliné, enfin certains alliages, l’élec- 
tros ou électrum en particulier. 


214 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


$ 3. — L'argent. 


L'argent est figuré sur les monuments égyptiens 
sous les mêmes formes que l’or, mais avec une couleur 
différente. Son nom précède même celui de l'or dans 
quelques inscriptions, par exemple sur les stèles du 
Barkal à Boulaq : comme si le rapport entre les deux 
métaux eût été interverti à certains moments, par 
suite de l’abondance de l'or. On sait que leur valeur 
relative, sans changer à un tel point, a été cependant 
fort différente chez certains peuples; chez les Japo- 
nais de notre époque, par exemple, elle s’est écartée 
beaucoup des rapports admis en Europe. 

L'argent se préparait avec des degrés de pureté très 
inégaux. Il était allié non seulement à l’or, dans l’élec- 
trum, mais au plomb, dans le produit du traitement 
de certains minerais argentifères. Ces degrés inégaux 
de pureté avaient été remarqués de bonne heure et 
ils avaient donné lieu chez les anciens à la distinction 
entre l'argent sans marque, sans titre, asemon, et 
l'argent pur, monétaire, dont le titre était garanti 
par la marque ou effigie imprimée à sa surface. Le 
mot grec asemon s’est confondu d’ailleurs avec l’asem, 
nom égyptien de j'électrum, l’asem étant aussi une 
variété d'argent impur. (Voir p. 90.) 

Dans l'extraction de l’argent de ses minerais, c'était 
d’abord l'argent sans titre que l’on obtenait. Son 
impureté favorisait l'opinion que l’on pouvait réussir 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 215 


à doubler le poids de l'argent, par des mélanges et des 
tours de main convenables (τὴ. C'était en effet l'argent 
sans titre que les alchimistes prétendaient fabriquer 
par leurs procédés, sauf à le purifier ensuite. Dans 
les papyrus de Leide, et dans nos manuscrits grecs, 
les mots: « fabrication de l’asemon (2) », sont syno- 
nymes de transmutation ; celle-ci était opérée à partir 
du plomb, du cuivre et surtout de l’étain. C'était aussi 
en colorant l’asemon que l’on pensait obtenir l’or (3): 
ce qui nous ramène à la variété d’argent brut qui 
contenait de l’or, c’est-à-dire à l’électrum. 


$ 4. — L’electrum ou asem. 


L’electros, ou electrum, en égyptien asem, alliage d’or 
et d'argent, se voit à côté de l’or sur les monuments; 
il a été confondu à tort par quelques-uns avec ce que 
nous appelons le vermeil, c’est-à-dire l'argent doré, 
lequel est seulement teint à la surface. 

Parfois le nom de l’électrum figure seul sur les 
monuments, à la place de l’argent. De même chez 
les alchimistes (4), le nom mystique d’hommes d'ar- 
gent est remplacé en certains endroits par celui 
d'hommes d'électrum (voir p. 60). 

(x)2Ms+ 2, 

(2) Ms. 2. 


(3) Ms. 2. 
4). Ms. 2. 


. 274 νοι (Voir p. 91 et 92 de ce volume.) 

. 20 v° Et passim. (Voir p. 89 et go de ce volume.) 
254 v°. (Voir p. 91 de ce volume.) 

. 110 v° ; ms. de saint Marc, fol. 137. 


OU) O9 ὦ ὦ. 
Ù D à 
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OO MS 
en nu du 
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] 
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216 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Plus dur et plus léger que l’or pur, cet alliage se 
prêtait mieux à la fabrication des objets travaillés. Il 
était regardé autrefois comme un métal du même 
ordre que l'or et l'argent. La planète Jupiter 
lui était consacrée à l’origine (1), attribution qui 
est encore attestée par les auteurs du v° siècle de 
notre ère (p. 49, 113, 114). Plus tard, l’électrum ayant 
disparu de la liste des métaux, cette planète fut assi- 
gnée à l’étain. 

L’alliage d’or et d'argent se produit aisément dans 
le traitement des minerais qui renferment les deux 
métaux simples. C'était donc la substance originelle, 
célle dont on tirait les deux autres par des opérations 
convenables, et 1] n’est pas surprenant que les anciens 
en aient fait un métal particulier ; surtout aux époques 
les plus reculées, où les procédés de séparation étaient 
à peine ébauchés. Néron semble le premier souve- 
rain qui ait exigé de l’or fin (2). 

« Tout or, dit Pline, contient de l’argent en propor- 
tions diverses ; lors que l'argent entre pour un 
cinquième, le métal prend le nom d'électrum. On 
fabrique aussi l'électrum en ajoutant de l'argent à 
l'or.» Les proportions signalées par Pline n'avaient 
d’ailleurs rien de constant. L’électrum, ayant une 
composition moins bien définie que les métaux purs, 
a paru former le passage entre les deux. 

On savait, en effet, les en extraire tous deux; l'or 
était, je le répète, le produit principal et l'argent en 
représentait la scorie, comme dit Pline. De là l'identi- 


[1] -Μβ. 2.357, %foln70o Ἢ 
:) Nero exigit aurum ad obrussam (Suétone). 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 217 


fication du nom égyptien de l'électrum, asem, avec 
celui de l'argent impur, asemon, et l’idée que l’or et 
l'argent, corps congénères, pouvaient être fabriqués 
par une même méthode de iransmutation. 

Avec le progrès de la purification des métaux, 
l’électrum tomba en désuétude. Cependant son nom 
est encore inscrit dans la liste des signes alchimi- 
ques, parmi les substances métalliques (1). 

Le mot d’électrum avait chez les grecs et les romains 
un double sens : celui de métal et celui d’ambre 
jaune. Son éclat a été comparé à celui de l’eau jail- 
lissante par Callimaque, et plus tard par Virgile (2); 
comparaison qui nous reporte à l'identification faite 
par le Timée de Platon entre les eaux chimiques et 
les métaux. On conçoit dès lors comment, dans le 
scholiaste d’Aristophane (3), l’électrum est assimilé au 
verre. Suidas le définit à son tour : une forme 
de l’or mêlé de verre et de pierres précieuses. Plus 
tard, le sens du mot changea et fut appliqué, 
peut-être à cause de l’analogie de la couleur, à divers 
alliages jaunes et brillants, tels que certains bronzes 
(similor) et le laiton lui-même. D’après Du Cange, les 
auteurs du moyen âge désignent sous le nom d’électrum 
un mélange de cuivre et d’étain. Dans un passage de 
cette dernière époque, il est regardé comme syno- 
nyme de laiton: «Il se donnait la discipline avec 
des chaînes d’électrum ou de laiton.» Nous voyons 
ici quels changements progressifs les noms des al- 


(1) Ms:2-327, fol.217. 
ι2)] Géorgiques, III, 522. 
(3. Ad Nubes, 768. 


210 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


liages métalliques ont éprouvés dans le cours des 
temps. 

Les trois métaux précédents présentent le fait 
caractéristique d’un alliage compris par les Égyptiens 
dans la liste des métaux purs; association que l’airain et 
le laiton ont reproduite également chez les anciens. 

En outre cet alliage peut être obtenu du premier jet, 
au moyen des minerais naturels; et il peut être repro- 
duit par la fusion des deux métaux composants, pris en 
proportion convenable. C’est -donc à la fois un mé- 
tal naturel et un métal factice : rapprochement indi- 
quant les idées qui ont conduit les alchimistes à tâcher 
de fabriquer artificiellement l’or et l’argent. En effet 
l'assimilation de l’électrum à l'or et à l’argent explique 
comment ces derniers corps ont pu être envisagés 
comme des alliages, susceptibles d’être reproduits par 
des associations de matières et par des tours de main : 
comment surtout, en partant de l’or véritable, on pou- 
vait espérer en augmenter le poids (diplosis) par 
certains mélanges, et par certaines additions d’ingré- 
dients, qui en laissaient subsister la nature fondamen- 
tale (p. 92). 

Le chesbet et le mafek vont nous révéler des assimi- 
lations plus étendues. 


δ. — Le saphir ou chesbet. 


Le chesbet et le mafek sont deux substances précieu- 


ses, qui accompagnent l'or et l'argent dans les ins- 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 


t2 


19 


criptions et qui sont étroitement liées entre elles. Ainsi, 
les quatres prophètes à Denderà portent chacun un 
encensoir: le premier en or et en argent, le second en 
chesbet (bleu), le troisième en mafek (vert), le quatrième 
en tehen (jaune). Or, le chesbet et le mafek ne désignent 
pas des métaux au sens moderne, mais des minéraux 
colorés, dont le nom a étésouvent traduit par les mots de 
saphir et d'émeraude. En réalité, le nom de chesbet ou 
chesteb s'applique à tout minéral bleu, naturel ou artifi- 
ciel, tel que le lapis-lazuli, les émaux bleus et leur pou- 
dre, à base de cobalt ou de cuivre, les cendres bleues, 
le sulfate de cuivre, etc. 

Le chesbet est figuré comme objet précieux sur les 
monuments, dans les corbeïlles et dans les bourses qui 
y sont dessinées : on l’aperçoit parfois en longs blocs 
quadrangulaires et en masses de plusieurs livres. Il a 
servi à fabriquer des parures, des colliers, des amu- 
lettes, des incrustations, qui existent dans nos musées. 
Il personnifie la déesse multicolore, représentée tantôt 
en bleu, tantôt en vert, parfois en jaune, c’est-à-dire la 
déesse Hathor, et plus tard, par assimilation, Aphro- 
dite, la déesse grecque, et aussi Cypris, la divinité phé- 
nicienne de Chypre, qui a donné son nom au cuivre. 

Les Annales de Thoutmosis III distinguent le vrai 
chesbet (naturel) et le chesbet artificiel. L'analyse des 
verres bleus qui constituent ce dernier, aussi bien que 
celle des peintures enlevées aux monuments, ont établi 
que la plupart étaient colorés par un sel de cuivre. 
Quelques-uns le sont par du cobalt, comme l'indique 
l'Histoire de la chimie de HoϾfer (1), et comme le 


(SAMI N GP I2ENEdT600: 


220 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


montre l'analyse des perles égyptiennes faite par 
M. Clemmer. Ce résultat est conforme aux faits 
reconnus par Davy pour les verres grecs et romains. 
Théophraste semble même parler explicitement du 
bleu de cobalt, sous le nom de bleu mâle, opposé au 
bleu femelle. Théophraste distingue également le 
cyanos autophyès, ou bleu naturel, venu de Scythie 
(lapis-lazuli) et le cyranos sceuastos, ou imitation, 
fabriquée depuis l’époque d’un ancien roi d'Égypte, 
et obtenue en colorant une masse de verre avec 
un minerai de cuivre pris en petite quantité. Le bleu 
imité devait pouvoir résister au feu ; tandis que le 
bleu non chauffé (apyros), c’est-à-dire le sulfate de 
cuivre naturel, ou plutôt l’azurite, n’était pas dura- 
ble. Vitruve donne encore le procédé de fabri- 
cation du bleu d'Alexandrie, au moyen du sable, 
du natron et de la limaille de cuivre, mis en pâte, 
puis vitrifiés au feu: recette qui se trouve dans les 
alchimistes grecs, ainsi que le montrent nos citations 
d’Olympiodore (p. 194). 

On rencontre ici plusieurs notions capitales au point 
de vue qui nous occupe. 

D'abord l'assimilation d’une matière colorée, pierre 
précieuse, émail, couleur vitrifiée, avec les métaux; les 
uns et les autres se trouvant compris sous une même 
désignation générale. Cette assimilation, qui nous 
paraît étrange, s'explique à la fois par l’éclat et la 
rareté qui caractérise les deux ordres de substances, et 
aussi par ce fait que leur préparation était également 
effectuée au moyen du feu, à l’aide d'opérations de voie 
sèche, accomplies sans doute par les mêmes ouvriers. 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 221 


Remarquons également limitation d’un minéral 
naturel par l’art, qui met en regard le produit naturel 
et le produit artificiel : cette imitation offre des de- 
grés inégaux dans les qualités et la perfection du 
produit. 

Enfin nous y apercevons une nouvelle notion, celle 
de la teinture ; car l’imitation du saphir naturel re- 
pose sur la coloration d’une grande masse, incolore 
par elle-même, mais constituant le fond vitrifiable, que 
l'on teint à l’aide d’une petite quantité de substance 
colorée. Avec les émaux et les verres colorés ainsi pré- 
parés, on reproduisait les pierres précieuses naturelles ; 
on recouvrait des figures, des objets en terre ou en 
pierre; on incrustait les objets métalliques. Nous 
reviendrons sur toutes ces circonstances, qui se re- 
trouvent parallèlement dans l’histoire du mafek. 


eo 


$ 6. — L'émeraude ou mafek. 


Le mafek, ou minéral vert, désigne l’émeraude, Île 
jaspe vert, l'émail vert, les cendres vertes, le verre de 
couleur verte, etc. Il est figuré dans les tombeaux de 
Thèbes, en monceaux précieux, mis en tas avec l'or, 
l’argent, le chesbet; par exemple, dans le trésor de 
Ramsès III. 

Les égyptologues ont agité la question de savoir si 
ce nom ne désignait pas le cuivre; comme Champollion 
l'avait pensé d’abord, opinion que Lepsius rejette. Je 
la cite, non pour intervenir dans la question, mais 


222 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


comme une nouvelle preuve de la parenté étroite du 
mafek avec les métaux. La confusion est d'autant plus 
aisée, que le cuivre est, nous le savons, le générateur 
d’un grand nombre de matières bleues et vertes. 

De même que pour le chesbet, il y a un mafek vrai, 
qui est l’émeraude ou la malachite, et un mafek artifi- 
ciel, qui représente les émaux et les verres colorés. 
La couleur verte des tombeaux èt des sarcophages est 
formée par la poussière d’une matière vitrifiée à base 
de cuivre. 

Le vert de cuivre, malachite ou fausse émeraude 
naturelle, était appelé en grec chrysocblle, c'est-à-dire 
soudure d’or ; en raison de son application à cet usage 
(après réduction et production d’un alliage renfermant 
un peu d’or et un cinquième d'argent, d’après Pline). 
C’était la base des couleurs vertes chez les anciens. 
Elle se trouvait, toujours suivant Pline, dans les mines 
d’or et d’argent ; la meilleure espèce existait dans les 
mines de cuivre. On. la fabriquait artificiellement, en 
faisant couler de l’eau dans les puits de mine jusqu’au 
mois de juin et en laissant sécher pendant les mois de 
juin et juillet. La théorie chimique actuelle explique 
aisément cette préparation, laquelle repose sur l’oxyda- 
tion lente des sulfures métalliques. 

Le nom d’émeraude était appliqué par les Grecs, 
dans un sens aussi compréhensif que celui de mafek, à 
toute substance verte. Il comprend non seulement le 
vrai béryl, qui se trouve souvent dans la nature en 
grandes masses sans éclat; mais aussi le granit vert, 
employé en obélisques et sarcophages sous la vingt- 
sixième dynastie; peut-être aussi le jaspe vert. Ces mi- 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 223 


néraux ont pu servir à tailler les grandes éme- 
raudes de quarante coudées de long, qui se trouvaient 
dans le temple d’Ammon. 

C’est au contraire à une substance vitrifiée que se rap- 
portent les célèbres plats d’émeraudes, regardés comme 
d’un prix infini, dont il est question au moment de la 
chute de l'empire romain etau moyen âge. Ainsi, danse " 
trésor des rois goths, en Espagne, les Arabes trouvèrent 
une table d'émeraude, entourée de trois rangs de perles 
et soutenue par 360 pieds d’or: ceci rappelle les des- 
criptions des Mille et une Nuits. On a cité souvent le 
grand plat d’émeraude, le Sacro Catino, pillé par les 
croisés à la prise de Césarée, en Palestine, en 1101: 
et que l’on montre encore aux touristes dans la sacris- 
tie de la cathédrale de Gênes. Il a toute une légende. 
On prétendait qu’il avait été apporté à Salomon par la 
reine de Saba. Jésus-Christ aurait mangé dans ce plat 
l'agneau pascal avec ses disciples. On crut longtemps 
que c'était une véritable émeraude; mais des doutes 
s'élevèrent au xvim° siècle. La Condamine avait déjà 
essayé de s’en assurer par artifice, au grand scandale 
des prêtres qui montraient ce monument vénérable. Il 
fut transporté, en 1809, à Paris, où l’on a constaté que 
c'était simplement un verre coloré, et il retourna, 
en 1815, à Gênes, où il est encore. 

La valeur attribuée à de tels objets et leur rareté 
s'expliquent, si l’on observe que la fabrication du 
verre coloré en vert, opération difficile et coûteuse, 
paraît avoir été abandonnée sous les Grecs et les Ro- 
mains. Pline ne parle pas de ce genre de vitrification, 
qui était certainement en usage dans l’ancienne Égypte, 


224 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


d’après l'examen microscopique des couleurs employées 
sur les monuments. 

Cependant nous trouvons parmi les recettes des 
manuscrits alchimiques un petit traité sur la fabrica- 
tion des verres, où il est question, à côté du verre bleu, 
du verre venetum, c'est-à-dire vert pâle (1). 

La confusion entre une série fort diverse de subs- 
tances de couleur verte explique aussi la particularité 
signalée par Théophraste, d’après lequel l'émeraude 
communiquerait sa couleur à l’eau, tantôt plus, tantôt 
moins, et serait utile pour les maladies des yeux. Il 
s’agit évidemment de sels basiques de cuivre, en partie 
solubles et pouvant jouer le rôle de collyre. 

Les détails qui précèdent montrent de nouveau une 
même dénomination appliquée à un grand nombre de 
substances différentes, assimilées d’ailleurs aux métaux : 
les unes naturelles, ou susceptibles parfois d’être pro- 
duites dans les mines, en y provoquant certaines 
transformations lentes, telle est la malachite ; d'autres 
sont purement artificielles. On conçoit dès lors le vague 
et la confusion des idées des anciens, ainsi que l’espé- 
rance que l’on pouvait avoir de procéder à une imita- 
tion de plus en plus parfaite des substances miné- 
rales et des métaux, par l’art aidé du concours du 
temps et des actions naturelles. 

(1) Ms. 2.327, fol. go ν᾿. Le mot venetum apparaît déjà dans LAw- 
PRIDE avec le sens de couleur verte, au mme siècle : Ut hodie prasi- 
num colorem, alia die venetum deinceps exhiberet. (Sarmasu Plinianæ 


exeréllationes, Ρ- 170, a, À.) Les Byzantins l’ont souvent employé 
dans ce sens. 


τῷ 
σι 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 2 


δ. — L’airain et le cuivre. 


Après le chesbet et le mafek, la liste des métaux 
égyptiens se poursuit par un vrai métal, le chomt, 
nom traduit, d’après Lepsius, par cuivre, bronze, 
airain, et qui se reconnaît à sa couleur rouge sur les 
monuments. Champollion traduisait le même mot par 
fer. Cette confusion entre l’airain et le fer est ancienne. 
Déjà le mot latin æs, airain, répond au sanscrit ayas, 
qui signifie le fer. 

Ici encore les Égyptiens comprenaient sous une 
même domination un métal pur, le cuivre, et ses 
alliages, obtenus plus facilement que lui par les trai- 
tements métallurgiques des minerais. Le cuivre pur, 
en effet, s’est rencontré rarement autrefois, bien qu’il 
existe à l’état natif: par exemple, dans les dépôts du lac 
Supérieur en Amérique; et bien qu’il puisse être réduit 
de certains minerais à l’état pur. Mais il se prête mal à 
la fonte. Dans la plupart des cas, la réduction s’opère 
plus aisément sur des mélanges renfermant à la fois le 
cuivre et l’étain (bronges), parfois aussi le plomb 
(molybdochalque des anciens), et le zinc (orichal- 
que, lattons), en diverses proportions relatives. De là 
résultent des alliages plus fusibles et doués de pro- 
priétés particulières, qui constituent spécialement 
l’airain des anciens, le bronze des modernes. 

Le chomt est représenté sur les monuments égyp- 
tiens en grosses plaques, en parallélipipèdes fondus 
(briques) et en fragments bruts, non purifiés par la 


15 


226 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


fusion. Les musées renferment des miroirs de bronze 
(alliage de cuivre et d'étain), des serrures, clefs, 
cuillers, clous, poignards, haches, couteaux, coupes 
et objets de toute nature en bronze. Vauquelin en a 
publié des analyses, où il signale un septième d’étain. 
J'ai eu occasion d'exécuter moi-même, pour Ma- 
riette, quelques analyses de miroirs se rapprochant 
encore davantage de la composition du bronze le plus 
parfait (un dixième d’étain). 

Ici vient se ranger l’orichalque (1), mot qui semble 
avoir représenté chez les Grecs tous les alliages métal- 
liques jaunes rappelant l'or par leur brillant. Il ἃ 
d’abord été employé par Hésiode et par Platon. Ce 
dernier parle dans son Aflantide d'un métal précieux, 
devenu mythique plus tard pour Aristote, et que, 
d'après Pline, on ne rencontrait plus de son temps dans 
la nature. Cependant le mot se retrouve, à l’époque de 
l'empire romain et dans les traités des alchimistes 
grecs, pour exprimer le laiton, l’alliage des cymbales 
et divers autres. Il est venu jusqu’à nous dans la déno- 
mination défigurée de fil d’archal. 

Telle est la variabilité indéfinie de propriétés des 
matières désignées autrefois sous un seul et même 
nom. Ce sont, je le répète, des circonstances qu'il 
importe de ne pas oublier, si l'on veut comprendre les 
idées des anciens, en se plaçant dans le même ensemble 
d’habitudes et de faits pratiques. Les nombreux 
alliages que l’on sait fabriquer avec le cuivre, la faci- 
lité avec laquelle on en fait varier à volonté la dureté, 


(1) Voir l’ouvrage intitulé : Du métal que les anciens appellent 
orichalque, par RossiGnor. 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 227 


la tenacité, la couleur, étaient particulièrement propres 
à faire naître l’espérance de transformer le cuivre en 
or. De là, ces recettes pour obtenir un bronze cou- 
leur d’or, inscrites dans les papyrus de Leide et dans 
nos manuscrits (1). 

On raconte aussi que l’on trouva dans le trésor des 
rois de Perse un alliage semblable à l’or, qu'aucun pro- 
cédé d'analyse, sauf l'odeur, ne permettait d'en 
distinguer. L'odeur propre de ces alliages, pareille 
à celle des métaux primitifs, avait frappé les opéra- 
teurs. Nous trouvons aussi dans une vieille recette de 
diplosis, où il est question d’un métal artificiel (2). 
ces mots : « la teinture le rend brillant et inodore. » 

Ainsi il semblait aux métallurgistes du temps 
qu'il n'y eût qu'un pas à faire, un tour de main 
à réaliser, une ou deux propriétés à modifier pour obte- 
nir la transmutation complète et la fabrication artifi- 
cielle de l’or et de l’argent. 


$ 8. — Le fer. 


Après le chomt, vient le men, plus tard fehset, que 
M. Lepsius traduit par fer. Il y a quelque incertitude 
sur cette interprétation, le nom du fer ne paraissant 
pas sur les monuments vis-à-vis des figures des objets 
qui semblent formés par ce métal. Il semble que ce 
soit là une preuve d’un caractère récent. Le fer, en 
effet, est rare et relativement moderne dans les 


(1 Ms. 2.327, fol. 288 et v° ; voir p. 88, 
(2) Ms. 2.327, fol. 274 v° au bas, 


228 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


tombeaux égyptiens. Les peintures de l’ancien empire 
ne fournissent pas d'exemple d'armes peintes en bleu 
(fer), mais toujours en rouge ou brun clair (airain). A 
l’origine, on se bornait à recouvrir les casques et les 
cuirasses de cuir avec des lames et des bagues de fer; 
ce qui montre la rareté originelle du fer. 

Tout ceci n’a rien de surprenant. On sait que la 
préparation du fer, sa fusion, son travail sont beau- 
coup plus difficiles que ceux des autres métaux. Aussi 
est-il venu le dernier dans le monde, où il a été connu 
d’abord sous la forme de fer météorique. L'âge de fer 
succède aux autres, dans les récits des poètes. L'usage 
du fer fut découvert après celui des autres métaux, 
dit Isidore de Séville. On connut l’airain avant le fer, 
d’après Lucrèce (1). Les Massagètes ne connaissaient 
pas le fer, suivant Hérodote ; les Mexicains et les 
Péruviens non plus, avant l’arrivée des Espagnols. 

Les opinions que je viens d’exposer sur l’origine 
récente du fer en Égypte sont les plus accréditées. 
Cependant je dois dire que M. Maspero ne les par- 
tage pas. Il pense qu'il existe des indices peu dou- 
teux de l'emploi des outils de fer dans la construction 
des pyramides et il a même trouvé du fer métallique 
dans la maçonnerie de ces édifices. 


$ 9. — Le plomb. 


Le faht ou plomb, le plus vulgaire de tous, termine 
la liste des métaux figurés par les Égyptiens. On doit 


(τ) Et prior æris erat quam ferri cognitus usus. 
Lucrèce. De rerum naturä, V. 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 229 


entendre sous ce nom, non seulement le plomb pur, 
mais aussi certains de ses alliages. 

D’après les alchimistes grecs, tels que le pseudo- 
Démocrite, le plomb était le générateur des autres mé- 
taux ; c'était lui qui servait à produire, par l'intermé- 
diaire de l’un de ses dérivés, appelé magnésie par les 
auteurs, les trois autres corps métalliques congénères, 
à savoir le cuivre, l’étain et le fer (1). 

Avec le plomb, on fabriquait aussi l’argent (2). Cette 
idée devait paraître toute naturelle aux métallurgistes 
d'autrefois, qui retiraient l'argent du plomb argen- 
tifère par coupellation. 


δ᾽ 10. — L’Étain. 


L’étain, circonstance singulière, ne figure pas dans 
la liste de Lepsius, bien qu’il entre dans la composi- 
tion du bronze des vieux Égyptiens. Peut-être ne 
savaient-ils pas le préparer à l’état isolé. Il n’a été 
connu à l’état de pureté que plus tard, à l’époque des 
Grecs et des Romains. Mais il était d’usage courant au 
temps des alchimistes, comme en témoignent Îles 
recettes des papyrus de Leide (p. 88). C'était l’une des 
matières fondamentales employées pour la prétendue 
fabrication ou transmulation de l'argent, dans ces 
papyrus (p. 90), comme dans nos manuscrits (3). C’est 
pourquoi il convient de parler ici du cassiteros anti- 


(HMS 2.327, fol. 122; 
(2) Ms. 2.327, fol. 146. Voir Geber, p. 208 de ce volume. 
(3) Ms. 2.327, fol. 146, par exemple. 


230 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIF 


que, mot dont le sens a changé, comme celui de 
l’airain, avec le cours des temps. 

A l’origine, dans Homère par exemple, il semble 
que le casstteros fut un alliage d’argent et de plomb, 
alliage qui se produit aisément pendant le traitement 
des minerais de plomb. Plus tard, le même nom fut 
appliqué à l’étain, ainsi qu'à ses alliages plombifères. 
De même, en hébreu, bédil signifie tantôt l’étain, tantôt 
le plomb, ou plutôt certains de ses alliages. 

L'étain lui-même a été regardé d’abord comme 
une sorte de doublet du plomb; c'était le plomb 
blanc ou argentin, opposé au plomb noir ou plomb 
proprement dit (Pline). Son éclat, sa résistance 
à l’eau et à l’air, ses propriétés, intermédiaires en 
quelque sorte entre celles du plomb et celles de l’ar- 
gent, toutes ces circonstances nous expliquent com- 
ment les alchimistes ont pris si souvent l’étain 
comme point de départ de leurs procédés de trans- 
mutation. Une de ses propriétes les plus spéciales, 
le cri ou bruissement qu'il fait entendre lorsqu'on le 
plie, semblait la première propriété spécifique qu’on 
dût s’attacher à faire disparaître. Geber y insiste et les 
alchimistes grecs en parlent déjà. 

Les alliages d’étain, tels que le bronze, l'orichalque 
(alliages de cuivre), et le c/audianon (alliage de plomb), 
jouaient aussi un grand rôle autrefois. On remar- 
quera que les alliages ont dans l'antiquité des noms 
spécifiques, comme les métaux eux-mêmes. 

Rappelons encore que l'astre associé à l'étain à 
l’origine n’était pas la planète Jupiter, comme 1] 
est arrivé plus tard, mais la planète Mercure. Les 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS ν 231 


lexiques alchimiques (1) portent la trace de cette 
première attribution. Le signe de Jupiter était assi- 
gné originairement à l’électrum. Cette planète d’ail- 
leurs, ou plutôt son signe, paraît avoir possédé à un 
certain moment une signification générique; car ce 
dernier est adjoint comme signe auxiliaire à celui du 
mercure, dans. un lexique alchimique très ancien (2). 


$ 11. — Le Mercure. 


Le mercure, qui joue un si grand rôle chez les 
alchimistes, est ignoré dans l’ancienne Égypte.’ Mais 
il fut connu des Grecs et des Romains. On distin- 
guait même le mercure natif et le mercure préparé par 
l’art, fabriqué en vertu d’une distillation véritable, 
que Dioscoride décrit (3). Sa liquidité, que le froid ne 
modifie pas, sa mobilité extrême, qui le faisait regar- 
der comme vivant, son action sur les métaux, ses pro- 
priétés corrosives et vénéneuses sont résumées par 
Pline en deux mots : liquor æternus, venenum rerum 
ommum ; liqueur éternelle, poison de toutes choses. 
Son nom primitif est vif argent, eau argent, c’est-à- 
dire argent liquide. Le métal n’a pris le nom et le 
signe de Mercure, c’est-à-dire ceux du corps hermé- 
tique par excellence, que pendant le moyen âge. 

Dans les papyrus grecs de Leide, recueillis à Thèbes 
en Égypte, le nom du mercure se trouve associé à 


{πὸ δ ῖ5:. 2. 55.; 101: τῇ: 
(2) Ms. 2:325; fol. 1, ΠΙΡΠΕ Ὁ Ὁ τῆξις 2.327, fol. 17. 
(3) Dioscoride, V, 110. 


232 ᾿ LES ORIGINES DE L'ALCHIMIF 


diverses recettes alchimiques ; précisément comme 
dans nos manuscrits. 


$ 12. — Autres substances congénères des métaux. 


Les minéraux bleus et verts sont les seuls qui soient 
inscrits en Égypte dans la liste des métaux. Cependant 
il convient de faire aussi mention d’autres pierres 
précieuses égyptiennes, telles que le chenem, rubis, 
pierre rouge, émail ou verre rouge ; 

Le nesem, substance blanc clair; 

Le tehen, topaze, jaspe jaune, émail ou verre jaune; 
soufre en copte; 

Le hertès, couleur blanche, quartz laiteux; peut-être 
aussi stuc, émail blanc et autres corps équivalents au 
filanos, mot qui veut dire chaux en grec. 

Ces substances, que nous rangerions aujourd’hui à 
côté du mafek et du chesbet, n'y figuraient cependant 
pas en Égypte: ce qui manifeste encore la diver- 
sité des conceptions des anciens, comparées aux nô- 
tres: 


$ 13. — Liste alchimique des métaux et de 
leurs dérivés. 


Pour compléter ce sujet et montrer l'étendue des 
rapprochements faits par les premiers alchimistes, il 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 2 33 


convient de citer une liste des corps associés à chaque 
métal (ek {ôn metallicôn), la liste de ses dérivés, dirions- 
nous ; tous corps compris sous le signe fondamental 
du métal, comme on le ferait aujourd’hui dans un 
traité (1) de chimie. Cette liste paraît fort ancienne, 
car elle précède immédiatement celle des mois égyp- 
tiens dans le ms. 2.327 (fol. 280); elle comprend les 
sept signes des métaux, assimilés aux sept planètes ; 
elle constate des rapprochements étranges. 

A la vérité, le mot plomb est suivi par celui de la 
litharge et du claudianon (alliage de plomb et d’étain), 
qui s'y rattachent directement, et le mot fer par 
ceux de l’aimant et des pyrites. 

Mais, d’autre part, le signe de l’étain (cassiteros) 
comprend en même temps le corail, toute pierre 
blanche, ce qui rappelle les émaux; puis la san- 
daraque, le soufre et les analogues. 

Sous le signe de l'or figurent, avec ce métal, l’es- 
carboucle, l’hyacinthe, le diamant (?, le saphir 
et les corps analogues ; c’est-à-dire les pierres pré- 
cieuses les plus brillantes et les plus chères. 

Après le signe du cuivre (chalkos), on lit la perle, 
l’onyx, l’améthyste, le naphte, la poix, le sucre, l’as- 
phalte, le miel, la gomme ammoniaque, l’encens. 

Le signe de l’émeraude comprend le jaspe, la chryso- 
lithe, le mercure, l’ambre, l’oliban, le mastic. La place 
assignée au mercure est significative. En effet, ce métal 
n'apparaît pas comme chef de file dans la vieille liste 
des métaux ; mais il est rattaché à une rubrique anté- 
rieure, celle de l’émeraude (chesbet), dont il semble 


(1) Appendice G. 


234 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


avoir pris plus tard la place dans la notation symbo- 
lique. 

Enfin le signe de l'argent embrasse le verre, la 
terre blanche et les choses pareilles. 

Cette liste établit, je le répète, des rapprochements 
curieux et dont la raison avec nos idées actuelles est 
difficile à expliquer. Il semble qu'il y ait là l'indice de 
quelque tableau général des substances, rangées sous 
un certain nombre de rubriques tirées des noms des 
métaux ; quelque chose comme les catalogues du blanc 
et du jaune attribués à Démocrite. 

Les analogies qui ont présidé à la construction de 
semblables classifications sont difficiles à retrouver 
aujourd’hui. Cependant, rappelons-nous que l'emploi 
de signes et de mots compréhensifs a toujours existé 
en chimie. Ceux qui liront, dans quelques siècles, 
le mot générique éfher, appliqué à des corps aussi 
dissemblables que l’éther ordinaire, le blanc de baleine, 
les huiles, la nitroglycérine, la poudre-coton, le sucre 
de cannes, sans connaître les théories destinées à grou- 
per tous ces corps, unis sous la définition d’une 
fonction commune, n’éprouveront-ils pas aussi quel- 
que embarras ? 

Quoi qu'il en soit, on remarquera que les pierres 
précieuses sont jointes aux métaux dans la vieille liste 
alchimique, aussi bien que dans la liste fondamentale 
des anciens Égyptiens. Les noms des métaux y com- 
prennent en effet le plomb, l’étain, le fer, l'or, le 
cuivre, l’'émeraude, l'argent : c’est la même association 
que celle des métaux égyptiens, d’après Lepsius. 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 235 


$ 14. —'Les Laboratoires. 


En quels lieux et par quels procédés préparait-on en 
Egypte les métaux et les substances brillantes, pierres 
précieuses artificielles et vitrifications, qui étaient 
assimilées aux métaux? C’est ce que nous ne savons 
pas d'une manière précise. Agatharchide nous ap- 
prend, à la vérité, quels étaient les centres d’exploita- 
tion métallurgique(r). Mais il s’agit plutôt, dans son 
récit, de l’extraction des minerais métalliques et de 
leur traitement sur place, que des industries chimiques 
proprement dites. Celles-ci paraissent avoir été exer- 
cées en général au voisinage des sanctuaires de Ptah 
et de Serapis. 

Les opérateurs qui s’occupaient de transmutation 
étaient les mêmes que ceux qui préparaient les médi- 
caments. L'association de ces diverses connaissances 
a toujours relevé d’un même système général de théo- 
ries. Aujourd’hui encore, les mêmes savants culti- 
vaient à la fois la chimie minérale, science des mé- 
taux et des verres, et la chimie organique, science des 
remèdes et des teintures. En Egypte d’ailleurs, les pro- 
cédés chimiques de tout genre étaient exécutés, aussi 
bien que les traitements médicaux, avec accompagne- 
ment de formules religieuses, de prières et d’incan- 
tations, réputées essentielles au succès des opérations 
comme à la guérison des maladies. Les prêtres seuls 


(1) Voir pages 23 et 36. 


236 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


pouvaient accomplir à la fois les deux ordres de céré- 
monies, pratiques et magiques. 

Cependant, jusqu’à présent, on n’a pas retrouvé la 
trace des vieux Laboratoires qui devaient être consa- 
crés à la fabrication des métaux, des verres et des 
pierres précieuses. Le seul indice que l’on en con- 
naisse est dû à une observation de M. Maspero, dont 
il a bien voulu me confier le détail. 

La découverte a été faite par des indigènes, à 
Drongah, à une demi-heure de marche au S.-S.-O. de 
Siout, au pied de la montagne, dans un cimetière 
musulman, établi au milieu de l’un des quartiers de 
l’ancienne nécropole. 

Dans une fouille faite pour cherher de l'or, et 
poursuivie jusqu’au sein de la roche même, on tomba 
sur une sorte de puits d’éboulement ; on rencontra au 
fond, à une profondeur de 12 à 13 mètres, une 
chambre funéraire, appartenant à une sépulture pro- 
fonde et déjà violée. Là on pénétra dans une chambre 
ayant servi de Laboratoire, et dont les parois étaient 
enfumées. On y trouva les objets suivants : un four- 
neau en bronze ; une porte en bronze, de ὁ "35 de 
hauteur, provenant d’un four plus grand; environ cin-. 
quante vases de bronze munis d’un bec en rigole non 
fermée, chacun dans une sorte de cône tronqué, aussi 
en bronze, et dont l’orifice supérieur était plus large. 
Ce cône rappelle nos bains de sable; mais l'usage des 
vases eux mêmes est Inconnu. 

Il y avait aussi plusieurs cuvettes d’albâtre ; un vase 
arrondi, provenant de l’ancien empire, en diorite ou 
jaspe vert; des cuillers en albâtre; des objets en or 


LES MÉTAUX CHEZ LES ÉGYPTIENS 20. 5 


à bas titre, pesant 06 dirhems, composés de morceaux 
ayant l'apparence de rubans en larges feuilles enrou- 
lées; ainsi qu’un masque de momie, faussé et plié. 
Ces objets d’or offraient l'aspect d'objets pillés et 
préparés pour la fonte. 

Le tout semble constituer un atelier du vi au 
vire siècle de notre ère, ayant appartenu à un faux- 
monnoyeur ou à un alchimiste : c'était alors à peu 
près la même chose. 

Dans un coin de la chambre, on apercçut une terre 
grasse et noirâtre que les assistants s’empressèrent 
d’emporter, disant qu’ils allaient s’en servir pour blan- 
chir le cuivre : en d’autres termes, ils la regardaient 
comme de la poudre de projection, susceptible de 
changer le cuivre en argent. On voit par ce préjugé 
que la tradition secrète de l’alchimie n’est pas encore 
perdue dans l’Egypte moderne. 


ARR RER 


CHAPITRE Il 


LA TEINTURE DES MÉTAUX 


ist les Égyptiens réunissaient dans une 
même liste et dans un même groupe les 
métaux vrais, leurs alliages et certains 


minéraux colorés ou brillants, les uns 
naturels, les autres artificiels. Les mêmes ouvriers 
traitaient les uns et les autres par les procédés de 
la cuisson, c’est-à-dire de la voie sèche. Les indus- 
tries du verre, des émaux, des alliages étaient très 
développées en Egypte et en Assyrie, comme le mon- 
trent les récits des anciens et l’examen des débris de 
leurs monuments. 

Cette assimilation entre les métaux et les pierres 
précieuses reposait à la fois sur les pratiques indus- 
trielles et sur les propriétés mêmes des corps. Elle 
paraît tirer son origine de l'éclat de la couleur, de 
l’inaltérabilité, communes à ces diverses substances. 
Les noms mêmes de certains métaux en grec et en 
latin, tels que l’électros, c’est-à-dire le brillant; l’ar- 
gent appelé argyrion, c’est-à-dire le blanc, en hébreu 
le pâle; le nom de l'or, qui est aussi dit le brillant en 
hébreu, rappellent l’aspect sous lequel les métaux 


LA TEINTURE DES MÉTAUX 220 


rares apparaissent d’abord aux hommes et excitent 
leur avidité. Dans la fusion accidentelle des minerais : 
produite au moment de l'incendie des forêts 

« Ils les voyaient se solidifier à terre avec une couleur 
brillante et les emportaient, séduits par leur éclat (1). » 
On les trouvait aussi dans le lit des rivières, associés 
aux pierres précieuses (2). 

Les Egyptiens n'avaient, pas plus que les anciens 
en général, cette notion d'espèces définies, de corps 
doués de propriétés invariables, qui caractérise la 
science actuelle; une telle notion ne remonte pas au 
delà du siècle présent en chimie. De là la signification 
multiple et variable des noms de substances employés 
dans le monde antique. Ceci étant admis, ainsi que 
la possibilité d’imiter plus ou moins parfaitement 
certains corps, d’après les expériences courantes sur 
les matières vitreuses et les alliages, on étendait cette 
possibilité à toutes, par une induction légitime en ap- 
parence. Les extractions de la plupart des métaux et les 
reproductions effectives des verres et des alliages ayant 
lieu en général par l’action du feu, à la suite de pulvé- 
risations, fusions, calcinations, coctions plus ou 

(1)  Quiquid id est, quâcumque ἃ causà flammeus ardor 

Horribili sonitu silvas exederat altas 
Ab radicibus in terram percoxerat ignis, 
Manabat venis ferventibus in loca terræ 
Concava conveniens argenti rivus, et auri, 
Æris item et plumbi; quæ cum concreta videbant 
Posterius claro in terris splendore colore, 
Tollebant nitido capti..…. 
Lucrèce. De naturä rerum, 1. V. 
(2) Et perlucentes cupiens prensare capillos 


Vorticibus mediis oculos immittet avaros. 
MANILIUS. 


240 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


moins prolongées (1) on concoit qu’on ait essayé 
d'opérer de même pour reproduire tous les mé- 
taux. 

Ce n’est pas tout : l’imitation des pierres précieuses 
par les émaux et les verres présente des degrés fort 
divers. De même, les alliages varient dans leurs pro- 
priétés et sont plus ou moins ressemblants aux vrais 
métaux. Nous avons vu qu'il en était ainsi pour l’airain, 
qui ἃ fini par devenir notre cuivre, mais qui signi- 
fiait aussi le bronze; pour le cassiteros, qui a fini 
par devenir notre étain, mais qui signifiait aussi le 
laiton et les alliages plombifères. 

On concoit dès lors l’origine de cette notion des mé- 
taux imparfaits et artificiels, possédant la couleur, 
la dureté, un certain nombre des propriétés des. 
métaux naturels parfaits, sans y atteindre complète- 
ment. Ainsi la fabrication du bronze couleur d’or figure 
dans les papyrus de Leide, aussi bien que dans nos 
manuscrits. 1] s'agissait de compléter ces imitations 
pour faire du vrai or, du vrai argent, possédant toutes 
leurs propriétés spécifiques, de l’or naturel, comme dit 
Proclus (p. 48). La prétention de doubler la proportion 
de l’or (ou celle de l'argent), en l’associant à un autre 
métal (diplosis), par des procédés dont il est question 
à la fois dans les papyrus de Leide, dans Manilius, et 
dans nos manuscrits ; cette prétention, dis-je, implique 
l'idée que l’or et l'argent étaient des alliages, alliages 
qu'il était possible de reproduire et de multiplier, en 

(1) Ρμῖνε, 1. XXXVII, 75. Quin immo etiam exstant commentarii 
auctorum, quos non equidem demonstrarim, quibus modis ex 


crysta Ilo tingantur smaragdi aliæque translucentes, etc. 
Voir aussi ce que j'ai dit plus haut de Démocrite, p. 140. 


LA TEINTURE DES MÉTAUX 241 


développant dans les mélanges une métamorphose ana- 
logue à la fermentation et à la génération. 

On croyait pouvoir en même temps, par des tours 
de main convenables, modifier à volonté les proprié- 
tés de ces alliages. De telles modifications sont en effet 
susceptibles de se produire dans la pratique métallur- 
gique, à l’aide de la trempe et par l’addition de cer- 
tains ingrédients en petites quantités, comme le montre 
la fabrication des bronzes et des aciers. 

Cette recherche était encouragée par des théories 
philosophiques plus profondes. C’est ici le lieu de 
rappeler les paroles de Bacon : 

« En observant toutes les qualités de l’or, on trouve 
qu’il est de couleur jaune, fort pesant et d’une telle 
pesanteur spécifique, malléable et ductile à tel 
degré, etc..., et celui qui connaîtra les formules et les 
procédés nécessaires pour produire à volonté la cou- 
leur jaune, la grande pesanteur spécifique, la ducti- 
lité, εἰς. : celui qui connaîtra ensuite les moyens de 
produire ces qualités à différents degrés, verra les 
moyens et pourra prendre les mesures nécessaires 
pour réunir ces qualités dans tel ou tel corps : d’où 
résultera sa transmutation en or. » 

Les Égyptiens opposent continuellement la substance 
naturelle et la substance produite par l’art: précisément 
comme il arrive dans les synthèses de la chimie orga- 
nique de nos jours, où l’identité des deux ordres de ma- 
tièresexige constamment une démonstration spéciale(r). 

L'idée principale des alchimistes grecs, dans Îles 


(1) Voir ma Chimie organique fondée sur la Synthèse, τ. 11, p. 778 
(1860). 


242 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


livres qu’ils nous ont laissés, c'est de modifier Îles 
propriétés des métaux par des traitements convena- 
bles, pour les teindre en or et en argent; et cela, non 
superficiellement à la façon des peintres, mais d'une 
façon intime et complète. Ils étaient guidés dans cette 
recherche par les pratiques de leur temps. Les prati- 
ques pour teindre les étoffes et les verres en pourpre, 
pour colorer le bronze en or et pour opérer la trans- 
mutation, sont en effet rapprochées dans les papyrus 
de Leide, aussi bien que dans le pseudo-Démocrite. 

Suivant les ‘alchimistes grecs, la science sacrée 
comprend deux opérations fondamentales : la xan- 
t1hosis, ou art de teindre en jaune, et la leucosis ou art 
de teindre en blanc; les auteurs de nos manuscrits 
reviennent sans cesse sur ce sujet. Quelques-uns y 
joignent même la mélanosis, ou art de teindre en noir, 
et l’iosis ou art de teindre en violet. « L’art tinctorial, 
dit Pélage, n’a-t-il pas été inventé pour faire une tein- 
ture qui est le but de tout l’art (1)? » 

D’après le même Pélage, les deux teintures ne 
diffèrent en rien, si ce n’est par la couleur; la 
préparation en est la même, c’est-à-dire qu'il n'existe 
qu’une pierre philosophale. « C'est l'eau à deux 
couleurs, pour le blanc et pour le jaune. » Stéphanus dit 
pareillement : il y a plusieurs teintures, l’une pour le 
cuivre, l’autre pour l'argent, l’autre pour l'or, selon 
la diversité des métaux; mais elles ne forment qu’une 
espèce (2). Nous possédons sous le nom de Démo- 


1) Ms. 2.327, fol. 223. 
(2) 7e Praxis, 2.327, fol. 64. — Physici et medici græci minores, 
ε, ἀρ D e0D 4 


LA TEINTURE DES MÉTAUX 243 


crite (1), le double catalogue des espèces agissant sur 
l'or et l’argent et susceptibles d’être blanchies, c’est-à- 
dire teintes en argent; ou bien jaunies, c’est-à-dire 
teintes en or; puis de jouer le rôle de matières tinc- 
toriales vis à vis des métaux. 

Dans la Bibliothèque des philosophes chimiques de 
Salmon , ouvrage publié à la fin du xvrré siècle et qui 
représente la science des alchimistes après quinze 
siècles de culture, la pierre philosophale est définie : 
« la médecine universelle pour tous les métaux impar- 
faits, qui fixe ce qu'ils ont de volatil, purifie ce qu'ils 
ont d’impur, et leur donne une teinture et un éclat plus 
brillants que dans la nature ». 

Cette idée d’une teinture, d’un principe colorant, 
d'une poudre de projection (xerion) douée d’un pou- 
voir tinctorial considérable, était conforme en eflet 
aux analogies tirées de la teinture des étoffes, de celle 
des émaux et matières vitreuses. 

« La pourpre royale est extraite de l’orcanette 
‘anchusa) et de l’orseille (phycos). On teint en jaune, 
après avoir teint en blanc, dans la teinture de l’or, de 
la soie, des peaux. Avant de teindre en pourpre, il faut 
blanchir d’abord {2). » On voit comment les alchimistes 
étaient à la fois guidés et égarés par les comparaisons 
empruntées aux fabrications industrielles. 

De même une trace de cuivre, c’est-à-dire une 
seule et même matière colorante, peut teindre le verre 
en bleu ou en vert, suivant la nature des compositions et 
d’après des recettes déjà connues des anciens. 


(MS #2 527 lolrrrer 
(2) Ms. 2.240, fol, 15. 


244 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


[15 trouvaient une confirmation de ces idées dans 
certaines observations des alchimistes, relatives à la 
teinture des métaux (1); car ilest, disent-ils, des agents 
qui blanchissent Vénus (tel le mercure qui blanchit le 
cuivre) ; mais c’est là une teinture imparfaite et qui ne 
résiste pas au feu. D’autres agents (le soufre, l’arsenic 
et leurs composés) jaunissent la Lune, c’est-à-dire l’ar- 
gent ; mais c’est encore là une imitation imparfaite. 

On distinguait donc pour les métaux, comme pour 
les étoffes et les verres, les procédés propres à les 
teindre à fond et les procédés propres à les teindre 
superficiellement. Ainsi pour dorer le cuivre ou l’ar- 
gent (2), c’est-à-dire pour teindre ces métaux à la 
surface, on enployait la dorure par amalgamation, déjà 
connue de Vitruve; ou bien on opérait au moyen d’un 
alliage d’or et de plomb. Au contraire, les procédés 
pour teindre les métaux à fond, dans leur masse et leur 
essence intime en quelque sorte (3), procédés congé- 
nères de la formation des alliages, tels que le bronze 
et le laiton, étaient réputés plus mystérieux. 

Le nom même d’'orpiment (auri pigmentum), qui 
désigne aujourd’hui le sulfure d’arsenic, mais qui avait 
une signification plus confuse pour les anciens, rappelle 
la teinture de l'or. 

Ces analogies expliquent également pourquoi Démo- 
crite, auteur d'ouvrages sur la teinture des verres et 
sur la teinture en pourpre, a été regardé plus tard 
comme l'inventeur de la teinture des métaux. Parmi 


(1) Démocrire, Physica et Mystica, ms. 2.327, fol. 28. 
(2) Ms. 2: 
(3) Voir le Pseubo-DÉMOCRITE, ms. 2,527, fol. 28. 


Ç 


327, fol, 282 à 285. 


LA TEINTURE DES MÉTAUX 245 


les ouvrages que nous possédons, les mêmes traités 
s’occupent à. la fois de la teinture des métaux, de celle 
des verres'et de celle-desrétoffes (p. 12, 93, 123). 

On voit comment l’idée de la fabrication même des 
métaux et celle de la transmutation ont découlé des 
industries et des idées égyptiennes, relatives à la prépa- 
ration des métaux, des alliages, des émaux, des verres 
et des étofles colorées. 

C'est même là ce qu'il y ait de plus clair dans les des- 
criptions techniques des manuscrits. Ce n’en est pas 
moins une chose étrange et difficile à comprendre 
aujourd’hui qu’un tel mélange de recettes réelles et posi- 
tives, pour la préparation des alliages et des vitrifica- 
tions, et de procédés chimériques, pour la transmuta- 
tion des métaux. Les uns et les autres sont exposés 
au même titre et souvent avec la même naïveté, 
dépouillée de tout attirail charlatanesque, dans les 
papyrus de Leide et dans certaines parties de nos 
manuscrits. Si les fourbes et les imposteurs ont souvent 
exploité ces croyances, il n’en est pas moins certain 
qu'elles étaient sincères chez la plupart des adeptes. 

Ici s'élève une question singulière. 

Comment cette expérience qui prétendait à un résultat 
positif et tangible et qui échouaïit toujours, en définitive, 
a-t-elle pu rencontrer une foi si persistante et si 
prolongée ? C’est ce que l’on s’expliquerait difficilement, 
si l’on ne savait avec quelle promptitude l’esprit 
humain embrasse tout préjugé qui flatte ses espérances 
de puissance ou de richesse, et avec quelle ardeur 
crédule il y demeure obstinément attaché. Les prestiges 
de la magie, les prédictions de l'astrologie, associées de 


246 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


tout temps à l’alchimie, ne sont pas moins chiméri- 
ques. Cependant ce n’est que de nos jours et en Oc- 
cident seulement qu’elles ont perdu leur autorité aux 
yeux des esprits cultivés. Encore les spirites et les 
magnétiseurs sont-ils nombreux, même en Europe. 

Les succès de l’alchimie et sa persistance se ratta- 
chent aussi à des causes plus philosophiques. En 
effet l’alchimie ne consistait pas seulement dans un 
certain ensemble de recettes destinées à enrichir les 
hommes; mais les savants qui l'avaient cultivée, au 
temps des Alexandrins, avaient essayé d'en faire une 
science véritable et de la rattacher au système général 
des connaissances de leur temps. Il convient donc 
maintenant de s'élever plus haut et d'examiner les 
théories par lesquelles les alchimistes justifiaient leurs 
procédés et dirigeaient leurs expériences. Ces théories 
sont d'ordre métaphysique: elles sont liées de la façon 
la plus intime avec les idées des anciens sur la nature et 
sur la matière. 


LIVRE QUATRIÈME 


LES THÉORIES 


CHAPITRE PREMIER 


THÉORIES GRECQUES 


$ 1. — Introduction. 


’ALCHIMIE n'est pas sortie uniquement et 
sans mélange du monde égyptien. C'est 
après la fusion de la civilisation grecque 


et de la civilisation égyptienne, à Alexan- 
drie, et au moment de leur dissolution finale, que nous 
voyons apparaître les premiers écrits alchimiques. On 
y trouve un étrange amalgame de notions d’origine 
diverse. A côté de descriptions et de préceptes pure- 


248 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ment empiriques, empruntés à la pratique des indus- 
tries chimiques dans l'antiquité, à côté des imagina 
tions mystiques, d’origine orientale et gnostique, que 
nous avons rapportées, on y rencontre tout un corps de 
doctrines philosophiques, issues des philosophes grecs, 
et qui constituent à proprement parler la théorie de la 
nouvelle science. Le double aspect à la fois positif et 
mystique de la chimie, la signification profonde des 
transformations dont elle étudie les lois, se montrent ici 
tout d’abord. Ces rapprochements philosophiques ne 
sont pas arbitraires; on y est conduit par le texte même 
des alchimistes grecs. Non seulement 115 se ratta- 
chent à Démocrite, en vertu d’une tradition suspecte: 
mais Zosime est un gnostique, imprégné des idées de 
Platon dont 1] avait écrit la vie. Les premiers auteurs 
dont les noms se retrouvent dans l’histoire de leur 
temps, tels que Synésius, Olympiodore, Stéphanus, 
sont des philosophes proprement dits, appartenant 
à l’école néoplatonicienne. Olympiodore et Stéphanus 
citent les pythagoriciens, l’école ionienne et l’école 
éléate, écoles qu'ils connaissaient fort bien. Leurs 
scoliastes, le Philosophe Chrétien et l’Anonyme. 
commentent les mêmes sources. Les idées de ces 
premiers alchimistes ont passé depuis aux Arabes, 
puis aux Occidentaux ; or, je le répète, elles se ratta- 
chent par des liens incontestables à celles de l’école 
ionienne et surtout aux idées de Platon ; je donnerai 
tout à l’heure sur ces deux points des preuves dé- 
monstratives. 

Citons dès à présent la lettre écrite au xr° siècle 
par Michel Psellus au patriarche Xiphilin, laquelle 


THÉORIES GRECQUES 249 


serten quelque sorte de préface au recueil des alchi- 
mistes grecs (1): « Tu veux que je te fasse connaître 
cet art qui réside dans le feu et les fourneaux et qui 
expose la destruction des matières et la transmutation 
des natures. Quelques-uns croient que c’est là une 
connaissance d’initié, tenue secrète, qu'ils n’ont pas 
tenté de ramener à une forme rationnelle ; ce que je 
regarde comme une énormité. Pour moi, j'ai cherché 
d’abord à connaître les causes et à en tirer une expli- 
cation rationnelle des faits. Je l’ai cherchée dans la 
nature des quatre éléments, dont tout vient par com- 
binaison et en qui tout retourne par dissolution... 
J'ai vu dans ma jeunesse la racine d’un chêne chan- 
gée en pierre, en conservant ses fibres et toute sa 
structure, participant ainsi des deux natures », c’est-à- 
diresduy bois set isde-elaspierre. :Ce -que, .Psellus 
attribue à l'effet de la foudre. Puis il cite, d’après 
Strabon, les propriétés d’une fontaine incrustante 
qui reproduisait les formes des objets immergés. 
« Ainsi les changements de nature peuvent se faire 
naturellement, non en vertu d’uneincantation ou d’un 
miracle, ou d’une formule secrète. Il y a un art de la 
transmutation. J’ai voulu t'en exposer tous les pré- 
ceptes et toutes les opérations. La condensation et la 
raréfaction des matières, leur coloration et leur altéra- 
tion : ce qui liquéfie le verre, comment l’on fabrique 
le rubis, l’'émeraude; quel procédé naturel amollit 
toutes les pierres : comment la perle se dissout et s’en 
va en eau ; comment elle se coagule et se forme en 
sphère ; quel est le procédé pour la blanchir ; j'ai voulu 


(TMS 2527 


250 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


réduire tout cela aux préceptes de l’art. Mais comme 
tu ne permets pas que nous nous arrêtions à des choses 
superflues, tu veux que je me borne à expliquer 
par quelles matières et à l’aide de quelle science on 
peut faire de l'or. Tu en veux connaître le secret, non 
pour avoir de grands trésors, mais pour pénétrer dans 
les secrets de la nature; pareil aux anciens philoso- 
phes, dont le prince est Platon. Il a voyagé en 
Égypte, en Sicile, dans les diverses parties de la Libye. 
pour voir le feu de l’Etna et les bouches du Nil et la 
pyramide sans ombre et les cavernes souterraines, 
dont la raison fut enseignée aux initiés. Nous te 
révèlerons toute la sagesse de Démocrite d’Abdère. 
nous ne laisserons rien dans le sanctuaire. » 

Ce que les théologiens, (c’est-à-dire les philosophes 
purs), entendent des choses divines, les physiciens 
c'est-à-dire les philosophes naturalistes), l’entendent 
de la matière, dit l’un de nos auteurs alchimi- 
ques (1). C’est l’éternelle lutte des métaphysiciens 
contre les philosophes de la nature : ils parlent sou- 
vent le même langage en apparence et emploient les 
mêmes symboles, mais avec une signification bien dif- 
férente (2). Ainsi l’alchimie était pour ses adeptes une 
science positive et une philosophie; elle s'appuyait 
sur les doctrines des sages de la Grèce. 

Précisons cette filiation. 


(1).Ms.s2.327 fol. 204. 


(2) Voir PLoTIN, Ennéade 2e; ], IX. 


THÉORIES GRECQUES 254 


K 2. — Les premiers philosophes naturalistes. 


Thalès de Milet (vers 600 avant J.-C.) et l’École 
ionienne à sa suite dégagèrent les premiers la concep- 
tion scientifique de la nature, du langage mythique, 
sous lequel elle était enveloppée par le symbolisme reli- 
gieux de l'Orient. D’après Thalès, qui semble avoir tiré 
ses opinions des mythes babyloniens, l’eau est la ma- 
tière première dont tout estsorti. 

Anaximène (νι siècle avant l'ère chrétienne), 
guidé par une première vue des phénomènes géné- 
raux de la nature, soutient de son côté que l’air est le 
principe des choses : raréfié, il devient du feu ; con- 
densé, il forme successivement les nuages, l’eau, la 
terre, les pierres |1} 

A ces notions un peu vagues, tirées d’une première 
vue de la nature, succèdent des aperçus plus profonds. 
Parménide et les Éléates, cités par Zosime et suivis par 
Chymès (2), admettent la permanence de la substance 
primordiale. Tout se réduit à une essence unique, éter- 
nelle, immobile. Les alchimistes disent de même : le 
tout vient du tout, voilà toute la composition (3). C’est 
ce qu'expriment plus fortement encore les axiomes mys- 
tiques inscrits dans les cercles concentriques du ser- 


(1) ZezLEr. La Philosophie des Grecs, t.I. Trad. Bourroux, 1877. 
ARISTOTE, Métaphysique, 1, 3, et De Cœlo, 11. 
(2) Ms. 2.527, fol. 204. 


(3) To πὰν ἐκ τοῦ παντὸς τὸ ὅλον σύνθεμα, ms. 2.327, fol. 64 v°. 


252 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


pent : « Un est le tout, par lui le tout est; si le tout ne 
contient pas le tout, il n’est pas le tout » (p. 59 et 61). 

Héraclite (vers l’an 500) est frappé, au contraire, par 
l'aspect du changement nécessaire des choses. Le feu 
se change en eau par condensation; et l’eau en terre ; 
la terre de son côté redevient liquide, et celle-ci éva- 
porée reproduit le feu, etc. Ainsi jamais rien ne sub- 
siste en sa forme. Rien ne demeure, tout devient et se 
transforme, tout est créé continuellement par les forces 
agissantes dans l’écoulement des phénomènes. L’appa- 
rence de la persistance tient à ce que les parties qui 
s’écoulent d’un côté sont remplacées de l'autre par l’af- 
flux d’autres parties dans la même proportion. Ce qui 
vitet se meut dans la nature, c’est le feu, l’âme ou 
souffle, principe mobile et perpétuellement changeant, 
substance première des choses. 

Ces idées ressemblent étrangement à celles qui ser- 
vent aujourd’hui de fondement à nos théories physi- 
ques sur l'échange incessant des éléments dans leurs 
composés, sur la transformation des forces et sur 
la théorie mécanique de la chaleur. 

Empédocle (au milieu du v° siècle avant J.-C.) pré- 
cise davantage et cherche à concilier la permanence des 
substances avec le changement perpétuel des apparen- 
ces. Ce qui nous apparaît comme lecommencement ou 
la fin d’un être n’est qu’une illusion; en réalité, 1] n’y a 
rien que mélange, réunion, combinaison, opposés à la 
séparation, à la décomposition. Les éléments dont 
toutes choses sont composées consistent dans quatre 
substances différentes, incréées et impérissables : la 
terre, l’eau, l'air et le feu. Empédocle est le fondateur 


Ὁ 


THÉORIES GRECQUES 25: 


ῳ 


de la doctrine des quatre éléments, déjà entrevue par 
ses prédécesseurs, mais à laquelle il a donné sa for- 
mule définitive. Cette doctrine a présidé à toute la 
chimie jusqu'à la fin du siècle dernier. 

Les quatre éléments répondent en effet aux apparen- 
ces et aux états généraux de la matière. La terre est le 
symbole et le support de l’état solide et de la séche- 
resse. L'eau, obtenue soit par fusion ignée, soit par 
dissolution, est le symbole et le support de la liquidité 
et même du froid. L’air est le symbole et le support de 
la volatilité et de l’état gazeux. Le feu, plus subtil 
encore, répond à la fois à la notion substantielle du 
fluide éthéré, support symbolique de la lumière, de la 
chaleur, de l'électricité, et à la notion phénoménale 
du mouvement des dernières particules des corps. 
C’étaient donc là, pour Empédocle et ses successeurs, 
les éléments de toutes choses. Ainsi Aristote nous 
dit : « La chair, le bois renferment de la terre et du 
feu en puissance, que l’on peut en séparer (1) ». 

Les alchimistes désignaient les quatre éléments parun 
seul mot : la fefrasomia, laquelle représentait la matière 
des corps (2). Ils rangeaient ces derniers en plusieurs 
classes ou catégories, selon qu'ils participent plus ou 
moins de l’un des éléments. Au feu se rattachent les 
métaux et ce qui résulte de l’art de la coction (voie 
ignée) ; à l’air, les animaux qui y vivent ; à l’eau, les 
poissons ; à la terre, les plantes, etc. (3). L'établisse- 
ment des catalogues de ces quatre classes était attribué à 


(1) De Cœlo, 1. HI, ch. xxxvrr. 
(2) Ms. 2.527, fol. 250. 
(3}"MS: 2.250, fol. 37: 


254 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


Démocrite, affirmation qui n’a rien d’invraisemblable. 
Ces idées rappellent celles de Stahl et de ses contem- 
porains sur le phlogistique et sur les corps qui 
s'y rattachent, tels que les métaux et les combus- 
tibles. 

Pour préciser davantage, il m’a paru utile de tra- 
duire 17 extenso le passage dans lequel Olympiodore 
s’en réfère formellement aux conceptions des premières 
écoles grecques et les met en parallèle avec les théories 
des alchimistes. 

« Le feu est le premier agent (r), celui de l'art tout 
entier. C’est le premier des quatre éléments. En effet le 
langage énigmatique des anciens sur les quatre élé- 
ments se rapporte à l’art. Que ta vertu examine avec 
soin les quatre livres de Démocrite sur les quatre élé- 
ments; il s’agit de physique. 

« Il parle tantôt du feu doux, tantôt du feu violent 
et du charbon et de tout ce qui a besoin de feu ; 

« Puis de l'air, de tout ce qui dérive de l’air, des 
animaux qui vivent dans l’air ; 

« Pareillement des eaux, de la bile des poissons, de 
tout ce qui se prépare avec les poissons et l’eau; 

« De même il parle de la terre et de ce qui s'y rat- 
tache, les sels, les métaux, les plantes. 

« Il sépare et classe chacun de ces objets, d’après la 
couleur, les caractères spécifiques et sexuels, mâle ou 
femelle. 

« Sachant cela, tous les anciens voilèrent l’art sous 
la multiplicité des paroles. L’art en effet a complète- 
ment besoin de ces données; en dehors d'elles rien de 


(1) Ms. de saint Marc, fol. 166 vo et suivants. 


3 


«σι 


THÉORIES GRECQUES 2 


sûr. Démocrite le dit, on ne pourra rien constituer de 
solide sans elles. Sache donc que selon ma force j'ai 
écrit, étant faible non seulement par le discours, mais 
aussi par l'esprit; et je demande que par vos prières 
vous empèêchiez que la justice divine ne s’irrite contre 
moi pour avoir eu l’audace d’écrire cet ouvrage, et 
qu’elle me soit propice de toute manière. 

« Les écrits des Égyptiens, leurs poésies, leurs doc- 
trines, les oracles des Démons, les expositions des 
prophètes traitent du même sujet... 

« Eprouve maintenant ta sagacité. On a employé 
plusieurs noms pour l’eau divine. Cette eau divine 
désigne ce que l’on cherche et l’on a caché l’objet de la 
recherche sous le nom d’eau divine. Je vais te montrer 
un petit raisonnement, écoute, (toi qui es) en posses- 
sion de toute vertu; car je connais le flambeau de ta 
pensée et le bien tutélaire; je veux placer devant tes 
yeux l'esprit des anciens. Philosophes, ils en tiennent 
le langage et ils sont venus à l’art par la sagesse, sans 
voiler en rien la philosophie ; ils ont tous écrit claire- 
ment. En quoi ils ont manqué à leur serment, car leurs 
écrits traitent de la doctrine et non des œuvres pratiques. 

« Quelques-uns des philosophes naturalistes rappor- 
tent aux principes le raisonnement sur les éléments, 
attendu que les principes sont quelque chose de plus 
général que les éléments. En effet au principe premier 
se ramène tout l’ensemble de l’art. Ainsi Agatho- 
démon, ayant placé le principe dans la fin et la fin 
dans le principe, veut que ce soit le serpent Ouro- 
boros..……. Cela est évident, à initié... 

« Agathodémon, quel est-il ? les uns croient que 


256 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


c'est un ancien, un des plus vieux personnages qui se 
sont occupés de philosophieen Egypte; d’autresdisent 
que c’est un ange mystérieux, bon génie de l'Égypte; 
d’autres l’ont appelé le ciel, et peut-être dit-on ceci 
parce que le serpent est l’image du monde. En eflet 
certains hiérogrammates égyptiens, voulant retracer le 
monde sur les obélisques, ou l’exprimer en caractères 
sacrés, dessinent le serpent Ouroboros; son corps est 
constellé d’astres. C’est, m'a-t-on dit, parce qu'il est le 
principe. Telle est l'opinion exposée dans le livre de 
la chimie, où l’on en retrace la figure (1). 

« Je cherche maintenant comment il se fait que le 
principe soit chose plus universelle que les éléments. 
Disons ce qui est pour nous un élément et en même 
temps ce qu'est le principe. 

« Les quatre éléments sont le principe des corps, 
mais tout principe n’est pas pour cela un élément. 
En effet le divin (2), l’œuf (3), l’intermédiaire, les 
atomes sont pour certains (philosophes) les principes 
des choses; mais ce ne sont pas des éléments. 

« Cherchons donc, d’après certains signes, quel est 
le principe des choses, s’il est un ou multiple. S'il est 
unique, est-il immobile, infini, ou déterminé? S'il ya 
plusieurs principes, les mêmes questions se posent : 
sont-ils immobiles, déterminés, infinis ? 

« Les anciens ont admis un principe de tous les 
êtres unique, immobile et infini. Thalès de Milet parle 

(1) On voit de même l’image du serpent dans Île manuscrit 2.327, 
fol. 106 et fol. 279. C’est là une vieille tradition. Voir p. 59 à 63. 

(2) 11 y a là une équivoque volontaire, le même mot signifiant le 


soufre. De même l’eau divine veut dire aussi l’eau dérivée du soufre. 
(3) L'œuf philosophique, emblème du monde et de l’alchimie. 


THÉORIES GRECQUES 257 


de l'œuf (1) — il s’agit de l’eau divine et de l'or ; — c’est 
un principe un, beau, immobile ; il est exempt de tout 
mouvement apparent; 1l est de plus infini, doué de 
puissance infinie et nul ne peut dénombrer ses puis- 
sances. 

« Parménide prend aussi pour principe le divin, 
principe unique, immobile, à puissance déterminée; 
il est, dit-il, un, immobile, et l’énergie qui en dérive 
est déterminée. 

« On remarque que Thalès de Milet, considérant 
l'existence du Dieu, le dit infini et doué de puissance 
infinie. Dieu est doué en effet d’une puissance infinie. 
Parménide dit que pour ses productions le Dieu n’a 
qu'une puissance déterminée; partout en effet il est 
évident que ce que Dieu produit répond à une puissance 
limitée. Les (choses) périssables répondent à une 
puissance limitée, à l'exception des choses intellec- 
tuelles. 

« Ces deux hommes, je veux dire Thalès de Milet 
et Parménide, Aristote semble les rejeter du chœur des 
physiciens (2). En effet ce sont des théologiens, s’oc- 
cupant de questions étrangères à la physique et s’atta- 
chant à l’immobile; tandis que toutes les choses phy- 
siques se meuvent. La nature est le principe du mou- 
vement et du repos. 

« Thalès a admis l’eau comme principe unique, 
déterminé des choses, parce qu’elle est féconde et 
plastique. Elle est féconde, puisqu'elle donne naissance 


(1) I y aici une confusion, peut-être voulue, entre l’œuf philoso- 
phique (ὠὸν) et l'être (ὃν) ; le manuscrit 2.350 donne d’ailleurs ὃν, 
(2) C'est-à-dire des philosophes naturalistes. 


M 


17 


258 | LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


aux poissons; et plastique, puisqu'on peut lui commu- 
niquer la forme qu’on veut : dans quelque vase qu’on 
la mette, elle en prend la forme, que le vase soit poli, 
en terre cuite, triangulaire ou quadrangulaire, ou ce 
que tu voudras. Ce principe (unique) est mobile; l’eau 
se meut en effet, elle est déterminée et non pas éter- 
nelle. 

« Diogène soutint que le principe est l'air, parce 
qu’il est riche et fécond ; car il engendre les oiseaux. 
L'air, lui aussi, se montre plastique; on lui donne la 
forme qu’on veut. Mais il est un, mobile et non éternel. 

« Héraclite et Hippasus ont soutenu que le feu est 
le principe de tous les êtres, parce qu’il est l'élément 
actif de toutes choses. Un principe doit en effet être 
la source de l’activité des choses issues de lui. 
Comme quelques-uns le disent, le feu est aussi fécond ; 
car les animaux naissent dans l’échauffement. 

« Quant à la terre, nul n’en a fait le principe, sinon 
Xénophane de Colophon. Comme elle n’est pas fé- 
conde, nul n’en a fait un élément. Et que celui qui est 
en possession de toute vertu (1) remarque que la terre 
n’est pas signalée comme un élément par les philo- 
sophes, parce qu’elle n’est pas féconde. Ceci se rap- 
porte à notre recherche. En effet, Hermès associe 
l’idée de la terre à celle de la vierge non fécondée. 

« Anaximène professe que le principe des choses, 
infini et mobile, est l’air. [1 parle ainsi : l’air est voisin 
de l’incorporel et nous jouissons de son eftluve; il faut 
qu'il soit infini pour produire, sans jamais rien perdre. 

« Anaximandre dit que le principe est l’intermé- 


(1) C'est-à-dire son interlocuteur. 


THÉORIES GRECQUES 259 


diaire; ce qui désigne les vapeurs humides (:) et les 
fumées (2). La vapeur humide est intermédiaire entre 
le feu et la terre; c’est, en un mot, l'intermédiaire 
entre le chaud et l’humide. La fumée est intermédiaire 
entre le chaud et le sec. 

« Venons à l’opinion de chacun des anciens et voyons 
comment chacun veut diriger à son point de vue son 
enseignement. Çà et là quelque omission a eu lieu, par 
suite de la complication des discours. 

« Récapitulons par parties et montrons comment 
nos philosophes (alchimiques), empruntant à ceux-là (3) 
le point de départ, ont construit notre art de la nature. 

« Zosime, la couronne des philosophes, dont le lan- 
gage a l'abondance de l’Océan, le nouveau devin, sui- 
vant en général Mélissus sur l’art, dit que l’art est un, 
comme Dieu. C’est ce qu’il expose à Théosèbie en 
d'innombrables endroits et son langage est véridique. 
Voulant nous affranchir des faux raisonnements et 
de toute la matière, il nous exhorte à chercher notre 
refuge dans le Dieu un. Il parle ainsi à cette femme phi- 
losophe : Assieds-toi là, reconnaissant que Dieu est 
unique et l’art unique, et ne va pas errer en cherchant 
un autre dieu; car Dieu viendra près de toi, lui quiest 
partout, et non confiné dans le lieu le plus bas, comme 
le démon. Repose ton corps et calme tes passions ; tu 
appelleras alors à toi le divin, et l'essence divine par- 
tout répandue viendra à toi. Quand tu te connaîtras 
toi-même, tu connaîtras aussi l'essence du Dieu unique. 


(1) Ατμος. 
(2) Καπνος. 
(3) Les Ioniens et les autres Grecs. 


260 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Agissant ainsi, tu atteindras la véritéet la nature, 
méprisant la matière. 

« De même Chymès suit Parménide, et dit « un est 
le tout; par lequel le tout est; car s’il ne contenait pas 
le tout, le tout ne serait rien. » 

« Les théologiens (1) parlent sur les questions di- 
vines, comme les physiciens (2) sur la matière. 

« Agathodémon, tourné vers Anaximène, voit l’ab- 
solu dans l'air. Anaximandre a dit que cet absolu était 
l'intermédiaire, c’est-à-dire la vapeur humide et la fu- 
mée. Pour Agathodémon c’est tout-à-fait la vapeur subli- 
mée (3). Zosime et la plupart des autres ont suivi cette 
opinion, lorsqu'ils ont fait la philosophie de notre art. 

« Hermès aussi parle de la fumée, à propos de la 
magnésie. Sépare-les, dit-il, en face du fourneau... 
La fumée des « Kobathia » étant blanche, blanchit les 
corps (métaux). La fumée (χαπνοςὺ est intermédiaire 
entre le chaud et le sec, et ici se place la vapeur su- 
blimée (aan) et tout ce qui en résulte. La vapeur. 
humide (ατμοςὶ est intermédiaire entre le chaud et l’hu- 
mide; elle désigne les vapeurs sublimées humides, 
celles que distillent les alambics et les analogues. » 

Telles étaient les idées des alchimistes sur la consti- 
tution de la matière. Mais leurs opinions variaient, 
aussi bien que celles des philosophes grecs, sur le 
rôle naturel et les transformations réciproques des 


’ 


éléments (4). 


(1) Les philosophes qui s'occupent de Dieu. 

(2) Les philosophes qui s'occupent de la nature. 

(3) Αιθαλη. Ce mot s'applique particulièrement au mercure à l’état 
de volatilisation. 

(4) ARISTOTE, Métaphysique, 1. I. 


, THÉORIES GRECQUES 261 


Empédocle , nous l’avons dit, regardait les éléments 
comme subsistant par eux-mêmes. Leurs mélanges et 
leurs séparations donnent lieu à tous les corps natu- 
rels ; mais eux-mêmes ne deviennent pas, c’est-à-dire 
qu’ils ne sont pas susceptibles d’être formés. 

Au contraire, d’autres philosophes imaginent, con- 
formément aux idées des Ioniens, que les éléments se 
changent les uns dans les autres : « Joignant l’air au 
feu, la terre à l’eau, ils admettent d’abord que le feu se 
change en air, celui-ci en eau, l’eau en terre; et tous 
les éléments, par une marche inverse, résultent à 
leur tour de la terre ». 


Et primum faciunt ignem se vertere in auras 

Aeris, hinc imbrem gigni, terramque creari 

Ex imbri, retroque à terrà cuncta reverti. 
EucrÈcE : |, 783. 


Ces notions générales prennent dans les Pythago- 
riciens une forme en apparence plus précise. En effet, 
à ces aperçus un peu vagues, ils opposent des con- 
ceptions mathématiques et géométriques. 

Ils dérivent tout de l’unité, envisagée comme géné- 
ratrice des nombres, c’est-à-dire des êtres. Zosime et 
les alchimistes (1) expriment par les mêmes formules 
la parfaite fabrication de la poudre de projection. 

Les combinaisons numériques étaient complétées, 
de même que dans nos sciences modernes, par la géo- 


(1) Πάντα γάρ Ex μόναδος προέρχεται, καὶ εἰς μόναδα χαταλήγειν, τὴν 
“ \ Ê 
γενικὴν πρῶτον εἰπὼν μοναδα εἰς τὸ χατάριθμον ἔληξεν τὴν τελείωσιν 


τοῦ ξηρίου σημάνας. 


262 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


métrie. En effet, d’après Philolaüs (vers 450 avant 
J.-C.), la terre est constituée par le cube, le feu par le 
tétraèdre, l’air par l’octaèdre, l’eau par l’icosaèdre, 
et le cinquième élément, qui comprend les autres et 
qui en est le lien, par la dodécaèdre. Le cinquième 
élément semble reparaître dans Aristote, quoique d’une 
facon plus contestable. Stéphanus en parle aussi, et 
il est devenu au moyen âge l’origine de la quintes- 
sence des alchimistes | 

Platon reproduit toutes ces idées des Pythagori- 
ciens, et nous les trouvons exposées en détail dans 
Stéphanus d'Alexandrie. Elles rappellent nos concep- 
tions actuelles sur Ja structure des corps : structure 
cristalline, qui est un fait positif; structure atomique, 
qui est une fiction représentative. 

L'esprit humain a besoin de créer à ses conceptions 
une base immuable et sensible (1). cette base fut elle 
purement fictive. Les éléments mobiles et transfor- 
mables d’'Héraclite, étaient déjà devenus les éléments 
fixes d'Empédocle, et ceux-ci avaient pris une forme 
figurée et visible, aux yeux des Pythagoriciens. 

Voici comment l'esprit grec fut conduit aux doctri- 
nes des atomistes, Leucippe et Démocrite (fin du ve et 
commencement du 1v° siècle avant notre ère). D'après 
ceux-ci, l'être consiste dans un nombre infini de petits 
corpuscules ou atomes, indestructibles et insécables, 
qui se meuvent dans le vide. Ils constituent la matière 
en soi, la substance multiple qui remplit l’espace. Les 


(1) Immutabile enim quiddam superare necesse est 
Ne res ad nilum redigantur funditus omnes. 


Lucrèce, I, 790. 


THÉORIES GRECQUES 263 


atomes se distinguent entre eux par leur forme, par leur 
grandeur, leur ordre, leur situation. Les combinaisons 
des atomes et leur séparation sont la cause de la pro- 
duction et de la destruction. « Les mêmes éléments 
constituent le ciel, la mer, les terres, les fleuves, le 
soleil ; les mêmes atomes constituent aussi les fruits 
de la terre, les arbres, les animaux; mais ils se meu- 
vent et se mélangent entre eux de diverses maniè- 
res (1). » Leurs arrangements divers, leurs mouve- 
ments, leurs permutations constituent toutes choses. 
Ce sont les atomes qui sont les principes des éléments : 
le feu est formé d’atomes ronds et petits; tandis que 
que les autres éléments sont un mélange d’atomes de 
diverses espèces et de différentes grandeurs. La 
théorie atomique, adoptée plus tard par les Épicuriens, 
est venue jusqu'à nous, et elle est encore professée 
aujourd'hui par la plupart des chimistes. Il semble donc 
que ce soit par une sorte d’affinité naturelle que les 
alchimistes aient rapporté leurs origines à Démocrite. 

Cependant, en fait, c’est l’expérimentateur et le magi- 
cien, plutôt que le philosophe théoricien, qui est visé 
par eux. En effet, dans les écrits des alchimistes grecs, 
comme dans ceux du moyen âge, il n'est pas question 
de la théorie atomique, contrairement à ce que l’on 
aurait pu croire. Le nom même d’atome n’est pour 
ainsi dire jamais prononcé par eux (2), et en tout cas, 


(1) Lucrèce, De natura rerum I, 820. 

(2) Je ne le trouve qu’en deux endroits, l’un d'OLYMPIODORE : manus- 
crit saint Marc, fol. 167 v°; mais il y a doute, car dans le ms. 2.327, 
fol. 202, au lieu de τὰ ἄτομα, on lit τὸ ἅμα, qui fait peut-être mieux 
pendant à τὸ μεταξὺ qui précède; l’autre passage est de STÉPHANUS, 
manuscrit 2.327, fol. 56 et InELER, t. Il, p. 222. 


264 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


jamais commenté. On sait d’ailleurs que les doctrines 
épicuriennes et stoïiciennes, qui ont joué un si grand 
rôle à Rome, sont presque ignorées à Alexandrie. C’est 
à l'École Ionienne, aux Pythagoriciens et surtout à 
Platon, que les alchimistes se rattachent, par une tradi- 
tion constante et par des théories expresses ; théories qui 
sont venues jusqu’à la fin du xvi° siècle. 


$ 3. — Les Platoniciens. — Le Timée. 


Les théories des alchimistes ont un caractère 
étrange ; elles s’écartenttellement de nos idées actuelles, 
qu’elles ne peuvent guère être comprises, à moins de 
remonter à leurs origines et aux conceptions de leurs 
contemporains. Or, ceux-ci ne sont autres que les 
Alexandrins et les néoplatoniciens, vers le temps de 
Dioclétien et de Théodose, c’est-à-dire vers les mi et 
iv* siècles, ainsi que je l'ai établi plus haut. C’est donc 
aux idées que les philosophes se faisaient de la ma- 
tière à cette époque, idées dérivées de celles de Platon, 
qu’il convient de nous reporter. 

Les opinions des alchimistes grecs ont une afh- 
nité singulièrement frappante avec celles que Platon 
exprime dans le Timée; il est facile de le vérifier, 
en comparant les théories de Platon avec celles de 
Zosime, de Synésius, et surtout de Stéphanus d’Alexan- 
drie. 

D’après Platon (1), il convient de distinguer d’abord 


(1) Timée, traduction de H. Marin, τ. I. 


THÉORIES GRECQUES 265 


la matière première. « La chose qui reçoit tous les 
corps ne sort jamais de sa propre matière; elle est le 
fonds commun de toutes les matières différentes, étant 
dépourvue de toutes les formes qu’elle doit recevoir 
d’ailleurs. » 11 l’a comparée aux liquides inodores, 
destinés à servir de véhicule aux parfums divers. Elle 
n’est par elle-même ni terre, ni air, ni feu, ni eau, ni 
corps né de ces éléments. Cette matière première reçoit 
ainsi les formes des quatre éléments, avec lesquels 
Dieu compose le monde (1). [Il la compose avec le feu, 
sans lequel rien de visible ne peut jamais exister ; avec 
la terre, sans laquelle 1] ne peut y avoir rien de solide 
et de tangible; entre deux et pour les lier, il a placé 
l’eau et l’air. Ces éléments ont eux-mêmes une forme 
géométrique, qui ne leur permet de s’assembler entre 
eux que suivant certains rapports. Platon reproduit ici 
les énoncés de Philolaüs, d’après lequel la terre est le 
cube, l’eau l’icosaèdre, l’air l’octaèdre. Les corpuscules 
du feu sont les plus petits, les plus aigus, les plus mo- 
biles, les plus légers. Ceux de l’air le sont moins ; ceux 
de l’eau, moins encore. 

Nous verrons tout à l'heure Stéphanus, au vu siècle 
de notre ère, revenir sur ces idées; on en retrouve 
encore le reflet dans les imaginations des chimistes du 
xvrie siècle sur les causes de la combinaison des acides 
avec les alcalis. Les théories de l’école atomiste, même 
de nos jours, invoquent des représentations géomé- 
triques analogues. 

Les éléments de Platon semblent pouvoir être chan- 
gés les uns dans les autres. En effet, dit encore Pla- 


(1) Loco citato, p. gr. Voir aussi ARISTOTE, De CϾlo, 1. 11], ch. vu. 
- 


266 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ton (1). « nous croyons voir que l'eau se condensant 
devient pierre et terre; en se fondant et se divisant, 
elle devient vent et air; l’air enflammé devient du feu; 
le feu condensé et éteint reprend la forme d’air ; l'air 
épaissi se change en brouillard, puis s'écoule en eau ; 
de l’eau se forment la terre et les pierres. » 

Les quatre éléments s’engendrent d’ailleurs pério- 
diquement (2). Ceci vient sans doute de ce qu’il faut 
voir là seulement les manifestations diverses de la 
matière première. Platon ne le dit pas expressément; 
mais Proclus, dans son commentaire sur le Tmée, 
explique que « les choses ne pouvant jamais con- 
server une nature propre, qui oserait affirmer que 
l’une d’elles est telle plutôt que telle autre? » 

C'est en conformité avec ces idées que Geber, le 
maître des alchimistes arabes au vin‘ siècle, expose 
que l'on ne saurait opérer la transmutation des métaux, 
à moins de les réduire à leur matière première. 

Les éléments ou corps primitifs de Platon sont 
répandus dans les corps naturels, sans qu'aucun de 
ceux-ci réponde exactement à tel ou tel élément. 
« Nous donnerons le nom de feu à l’apparence du feu 
répandue dans toutes sortes d'objets ; de même le nom 
l’eau, etc. Quand nous voyons quelque chose qui passe 
sans cesse d’un état à l’autre, le feu par exemple, nous 
ne devons pas dire que cela est du feu, mais qu'une 
telle apparence est celle du feu; ni que cela est de l’eau, 
mais qu'une telle apparence est celle de l’eau. Si 
quelqu'un formait en or toutes les figures imaginables, 


(1) Timée, p. 133, trad. de H. MarTin. 
(2) Timée, trad. de H. Martin, p. 132. 


THÉORIES GRECQUES 267 


ne cessait de changer chacune d’elles dans toutes les 
autres et, en montrant une de ces formes, demandait 
ce que c’est, la réponse la plus sûre serait que c’est de 
l'or. Il en est de même de la chose qui reçoit tous les 
corps. Elle reçoit tous les objets, sans changer sa pro- 
pre nature ; elle est le fond commun de toutes les ma- 
tiéres différentes, sans avoir d’autres formes ou mou- 
vements que ceux des objets qui sont en elle. » 

Une conception pareille, avec le même vague et le 
même caractère compréhensif, présidait à la définition 
du phlogistique de Stahl au xvi° siècle. Ce phlogis- 
tique représente par excellence la matière du feu, en- 
visagée en elle-même et isolément, et il représente 
cette même matière existant dans les corps combus- 
tibles, tels que l’hydrogène, le charbon, le soufre, les 
métaux. Les idées platoniciennes ont donc eu cours, 
sur ce point, jusqu'au moment de la fondation de la 
chimie moderne. 

Au xix° siècle même, c'est-à-dire de nos jours, le 
mot feu a présenté quatre sens, savoir : 

Le calorique, c’est-à-dire l'élément igné, le prétendu 
fluide impondérable, réputé constituer la matière du 
feu, distincte de celle des corps; 

La matière du corps en combustion : « Ne touchez 
pas au feu; le feu central » ; 

L'état actuel, c’est-à-dire statique, du corpsen com- 
bustion : « La maison parut toute en feu » ; 

Enfin l’acte même de l’inflammation, de la com- 
bustion, envisagée en soi et dans son évolution dyna- 
mique : « propagation du feu, mise de feu, etc., éteindre 
le feu. » Ces deux derniers sens se touchent. 


268 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


De même, dans les écrits alchimiques, le mot eau 
présente quatre significations : 

L'élément supposé, dont l'union avec les corps leur 
communiquerait l’état liquide, c’est-à-dire l'élément 
liquide, la matière de la liquidité en général. 

La matière particulière actuellement liquide ou li- 
quéfiable, telle que l’eau, les métaux fusibles ; 

L'état actuel et statique de la substance en fusion; 

Enfin l'acte dynamique de la liquéfaction en général, 
c’est-à-dire la fusion même s’accomplissant, envisagée 
dans son évolution dynamique; idée congénère de la 
précédente. 

Ces notions peuvent paraître subtiles ; mais si l’on 
ne s’y reporte, on ne peut comprendre ni Platon, ni 
les anciens alchimistes. 

Pénétrons plus avant dans les doctrines du T'imée 
sur la composition des corps. Il s’agit ici, comme 
Platon a soin de l'expliquer, de conceptions qui lui 
sont personnelles et qu’il expose pour ainsi dire en 
se jouant. Cependant elles semblent avoir des racines 
plus anciennes et plus générales. Le langage et les 
idées des alchimistes s’y rattachent d’ailleurs de la 
facon la plus directe. Il s’agit des diverses manifesta- 
tions des quatre éléments. 

Commençons par le feu. D’après le Timée (1) : « Il 
s’est formé plusieurs espèces de feu, la flamme, ce qui 
en sort et qui donne sans brûler de la lumière aux 
yeux, et ce qui reste dans les corps enflammés après 
que la flamme est éteinte. 

« De même dans l'air, il y a la partie la plus 


(1) Traduction citée, p. 153. 


THÉORIES GRECQUES 269 


pure qu’on nomme éther, la plus trouble qu’on 
nomme brouillard et nuages, et d’autres espèces sans 
nom. 

« L'eau se divise d’abord en deux espèces, celle qui 
est liquide et celle qui est fusible. L'espèce liquide, 
composée de parties d’eau petites et inégales, peut 
être facilement mue par elle-même et par d’autres 
corps. L'espèce fusible, composée de parties grandes 
et pareilles, est plus stable, pesante, compacte; le feu 
la pénètre et la dissout et elle coule; mais s'il se 
retire, la masse se resserre, se rétablit dans son 
identité avec elle-même et elle se congèle. De tous ces 
corps que nous avons nommés eaux fusibles, celui qui 
se forme des parties les plus petites et qui a le plus 
de densité, ce genre dont il n’y a point plusieurs 
espèces, dont la couleur est un jaune éclatant, le 
plus précieux des trésors, l’or, s’est condensé, en 
se filtrant à travers la pierre. L'espèce d’eau fusible 
quis’est formée par la réunion de parties presque 
aussi petites que celles de l'or, mais qui a plusieurs 
espèces, qui surpasse l'or en densité (1), qui renferme 
une petite partie de terre très ténue et qui est pour cette 
raison plus dure que l’or, mais qui est plus légère à 
cause des grands intervalles qui se trouvent dans sa 
masse, c’est un genre d’eau brillante et condensée que 
l’on nomme airain. Mais lorsque, avec le temps, la 
partie de terre qu’il contient se sépare de lui, deve- 
nue fusible par elle-même, elle prend le nom de 
rouille. » 

On reconnaît ici les eaux de Zosime le Panopolitain 


(1) Ou plutôt en cohésion. 


270 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


et des premiers alchimistes, ainsi que la signification 
cachée sous ces étranges paroles que nous avons repro- 
duites plus haut (p. 178 et 179). 

Platon dit encore, dans un langage facile à entendre: 
« L'eau mêlée de feu, celle qui, déliée et fluide, 
recoit, à cause de ce mouvement, le nom de liquide. 
cette eau, lorsqu'elle est séparée du feu et de l'air et 
isolée, devient plus uniforme, se trouve comprimée 
par la sortie de ces deux corps et se condense.… elle 
constitue, suivant les circonstances, la grèle, la glace, 
la neige ou le frimas. Les nombreuses espèces d’eau, 
mêlées les unes aux autres et distillées à travers les 
plantes que la terre produit, reçoivent en général le 
nom de sucs, etc. » 

Il distingue alors quatre espèces d’eau principales 
et qui contiennent du feu : le suc qui réchauffe l’âme 
et le corps, c’est-à-dire le vin; l'espèce alimentaire et 
agréable, c'est-à-dire le miel (espèce sucrée); enfin 
le genre de suc qui dissout les chairs et qui, par la 
chaleur, devient écumeux. Cette dernière espèce, tra- 
duite à tort par Cousin et par Henri Martin par le 
mot opium, est obscure; mais’ les trois autres ne le 
sont pas. 

Quant aux espèces de terre, Platon les distingue de 
même, suivant la proportion d’eau qu’elles renferment 
et selon l'égalité et l’uniformité de leurs parties, en 
pierre, basalte, tuile, sel enfin. Je reproduis seulement 
ce qui concerne le dernier genre. « Lorsque cette 
terre est privée d’une grande partie de l’eau qui s’y 
trouvait mêlée, mais qu’elle est composée des parties 
ténues et qu’elle est salée, il se forme aussi un corps 


THÉORIES GRECQUES LT 


à demi-solide et susceptible de se dissoudre de nou- 
veau dans l’eau : ainsi se produit, d'une part, le na- 
tron (1), qui sert à laver les taches d'huile et de terre; 
de l’autre, ce corps qu’il est si utile de mêler avec les 
substances réunies pour flatter le palais, le sel, ce 
corps aimé des dieux. 

«.. Quand la terre n’est pas condensée avec force, 
il n’y a que l’eau qui puisse la dissoudre; mais, quand 
elle est compacte, il n’y a que le feu, car il est le seul 
corps qui puisse y pénétrer. 

« Les corps qui contiennent moins d’eau que la 
terre sont toutes les espèces de verre, et toutes les 
espèces de pierre qu’on nomme fusibles; d’autres, au 
contraire, contiennent plus d’eau dans leur compo- 
sition : ce sont les corps semblables à la cire et aro- 
matiques. » | 

J'ai cru utile de donner ?n extenso ces passages du 
Timée de Platon, parce qu'ils me paraissent renfer- 
mer les véritables origines des théories alchimiques. 


$ 3. Les Alchimistes grecs. 


Il est facile, en effet, d’apercevoir la parenté des 
idées du T'imée avec celles qui sont présentées dans. 
nos citations des premiers alchimistes, contempo- 
rains et élèves des néo-platoniciens. Cette filiation est 
accusée d’une facon expresse par les écrits de Syné- 


(1) Carbonate de soude: traduit à tort par nitre par les auteurs 
étrangers à la chimie. 


272 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


sius et de Stéphanus d'Alexandrie. Nous lisons, par 
exemple, dans le commentaire de Synésius sur Dé- 
mocrite. 

« Les corps sont composés de quatre choses, ainsi 
que les choses qui y sont attachées; et quelles sont 
ces choses? Leurs matières premières sont leurs 
âmes. De même que l'artisan façonne le bois pour en 
faire un siège, ou un char ou autre chose, et ne fait 
que modifier la matière, sans lui donner autre chose 
que la forme ; de même l’airain est faconné en statue, 
en vase arrondi. Ainsi opère notre art ; de même le 
mercure, travaillé par nous, prend toute espèce de 
formes; fixé sur un corps formé des quatre élé- 
ments, 1l demeure ferme : il possède une affinité puis- 
sante (1). » 

La faculté d'amalgamation, d'action universelle 
du mercure préoccupe sans cesse notre auteur. Un 
peu avant il dit (2): 

« Le mercure prend toutes les formes, de même 
que la cire attire toute couleur; ainsi le mercure blan- 
chit tout, attire l’âme de toutes choses... il change 
toutes les couleurs et subsiste lui-même, tandis qu’elles 
ne subsistent pas; et même s’il ne subsiste pas en 
apparence, il demeure contenu dans les corps. » 

On voitici reparaître la notion de la qualité fonda- 
mentale, prise pour un élément, une substance pro- 


(1) Οὕτως οὖν χαὶ À ὑδράργυρος φιλοτεχνουμένη δ᾽ ἡμῶν, πὰν εἴδος αὐτὴ 
ἀναδέχεται χαὶ πεδηθείσα, ὥς εἴρηται, ἐν τῷ τετραστοιχῷ σώματι ἰσχυρὰ 
χαὶ ἀδιώχτος μένει. 'Διὰ τούτο χαΐ Επιδήχιος πολλὴν ἀγγελιὰν ἔχειν 
ἔλεγεν. (Ms. 2.327, fol. 34.) 

(2) ΝΜΙ5-:..2.327, fol. 54. 


THÉORIES GRECQUES 273 


prement dite; et celle de la matière première. cons- 
tituant, à proprement parler, l’âme des corps. La 
comparaison même de celle-ci, faite par Platon, avec 
l'or qui sert aux travaux de l'artisan, se retrouve ap- 
pliquée au bois. Seulement la notion métaphysique 
de la matière première universelle de Platon est 
transformée et concrétée en quelque sorte, par un 
artifice de métaphysique matérialiste que nous retrou- 
vons dans la philosophie chimique de tous les temps : 
elle est identifiée avec le mercure des philosophes. 
C’est là une notion toute nouvelle et très originale, 
notion plus ancienne d’ailleurs que Synésius, s’il est 
vrai que Dioscoride ait déclaré déjà, vers le temps de 
l’ère chrétienne, que « certains regardent le mercure 
comme contenu dans tous les métaux ». 

L'origine de cette opinion est facile à aper- 
cevoir, en rappelant que Platon désigne sous le 
nom d'eaux tous les corps liquides et tous les corps 
fusibles, l'or et le cuivre notamment. Les métaux 
fondus offrent en effet un aspect et des propriétés re- 
marquables, semblables à celles du mercure ordinaire. 
Il n’est pas surprenant que ces caractères communs 
aient été attribués à une substance spéciale, en qui 
résidait par excellence, disait-on, la liquidité métal- 
lique : c'était l’un des attributs momentanés du mer- 
cure des philosophes. Le mercure, joint au soufre et 
à l’arsenic des philosophes, symboles d’autres qualités 
fondamentales, constituent à proprement parler les 
éléments chimiques, comme Geber le déclare formelle- 
ment au vire siècle (p. 207). 

Stéphanus d’Alexandrie (vers 630) se rapproche 


18 


274 LES ORIGINES DE L’'ALCHIMIE 


encore davantage que Synésius des idées et du lan- 
gage du T'imée et des Pythagoriciens. C’est un auteur 
enthousiaste et mystique, comme les alchimistes 
gnostiques Zosime et Synésius. Il croit fermement au 
pouvoir illimité de la science. « La science peut tout, 
dit-il; elle voit clairement les choses que l’on ne peut 
apercevoir et elle peut accomplir les choses impos- 
sibles (1). » C’est aussi un néoplatonicien chrétien, qui 
débute par invoquer la sainte Trinité. 

« La multitude des nombres (2), dit encore Stéphanus 
d’après les Pythagoriciens, est composée d’une seule 
unité, indivisible et naturelle, qui la produit à l'infini, 
la domine et l’embrasse, parce que cette multitude dé- 
coulede l’unité. Elle estimmuable,immobile; les nom- 
bres résultent de son développement circulaire et 
sphérique. » De même Zosime écrivait déjà : « Tout 
vient de l’unité; tout s’y classe ; 6116 engendre tout. » 

Stéphanus expose plus loin (3) : « Que Dieu ἃ 
fait l'univers avec quatre éléments... Ces quatre élé- 
ments (l’air, le feu, la terre et l’eau), étant contraires 
entre eux, ne peuvent se réunir, si ce n'est par l’in- 
terposition d’un corps qui possède les qualités des 
deux extrêmes : ainsi le feu du vif-argent se Joint à 
l'eau par l’intermède de la terre, c’est-à-dire de la 
scorie... L'eau est jointe avec le feu du vif-argent par 
l'air du cuivre etc. Le feu, étant chaud et sec, engendre 
la chaleur de l’air et la sécheresse de la terre. L'eau 

(1) Ms. 2.327, fol. 63. 
(2) Ms. 2.327, 2e Praxis, fol. 40. — Inecer, Physici, etc., τ. IL, p.202. 
— Le texte publié par IDeLER paraît être celui de saint Marc; il diffère 


souvent beaucoup de celui du manuscrit 2.327. 
(3) Ve Praxis. — IoELER, t. II, p. 220. 


THÉORIES GRECQUES 275 


humide et froide engendre l'humidité de l'air et le 
froid de la terre ; la terre froide et sèche engendre le 
froid de l’eau et la sécheresse du feu, etc. Récipro- 
quement, l’air chaud et humide engendre la chaleur 
du feu et l’humidité de l’eau, etc. » Des théories mé- 
dicales connexes, sur le froid et le chaud, le sec et 
l’humide, le sang et la bile, sont ici entremélées et 
manifestent la profession de Stéphanus (1). 

Les paroles précédentes rappellent encore celles de 
Platon (2) : « C’est donc de feu et de terre que Dieu dut 
former l’univers; mais il est impossible de bien unir 
deux corps sans un troisième, car il faut qu'entre eux 
se trouve un lien qui les rapproche tous deux. » Nous 
retrouvons encore l’application, matérialisée suivant 
un sens chimique, d’une notion de la métaphysique 
platonicienne ; notion qui a reparu au siècle der- 
nier sous le nom du médiateur plastique, interposé 
entre l’âme et le corps. 

Stéphanus précise davantage, toujours dans un lan- 
gage pythagoricien; 1] montre les relations numéri- 
ques qui établissent une parenté mystique entre 
l’alchimie et l'astronomie, autre ordre de conceptions 
non moins intéressantes dans l’histoire de la science. 
Après avoir établi que chacun des quatre éléments, 
ayant deux qualités, résulte de l’association de trois 
éléments, dont deux associés à lui-même et qu'il 
conserve; 11 ajoute : « Cela fait douze combinaisons, 
résultant de quatre éléments pris trois à trois 


(1) Voir aussi ses Théories sur la Nutrition, ms. 2.327, fol. 61. — 
IDELER, t. 11, p. 220. 
(2) PLATON, T'imée, I, p. οἵ, trad. de H. Marri. 


276 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


c'est pourquoi notre art est représenté par le dodé- 
caèdre, qui répond aux douze signes du zodiaque (1). » 
Les quatre saisons répondent aux quatre éléments, 
aux quatre régions du corps humain, etc. De même 
les sept transformations, les sept couleurs, les sept 
planètes (2). Les relations établies par le Démiurge, 
autre conception platonicienne, entre les métaux et 
les planètes sont développées plus loin (3). 

Mais achevons d’exposer ce qui est relatif à la trans- 
formation de la matière, d’après Stéphanus. « Il faut 
dépouiller la matière (de ses qualités), en tirer l’âme, la 
séparer du corps, pour arriver à la perfection (4)... 
Le cuivre, est comme l’homme : il a une âme et un 
corps... Quelle est son âme et quel est son corps? 
L'âme est la partie la plus subtile..…., c’est-à-dire l’es- 
prittinctorial. Le corps est la chose pesante, matérielle, 
terrestre et douée d’une ombre... Après une suite de 
traitements convenables, le cuivre devient sans ombre 
et meilleur que l’or..… Il faut expulser l’ombre de la 
matière pour obtenir la nature pure et immaculée.…. 
Il faut donc dépouiiler la matière, et comment la dé- 
pouiller ? Si ce n’est par le remède igné (mercure). Et 
qu'est-ce que dépouiller ? si ce n’est appauvrir, cor- 
rompre, dissoudre, mettre à mort et enlever à celui- 
ci toute sa nature propre et sa grande mobilité; afin 
que l'esprit, subsistant et manifestant le principe tinc- 


[1 MS, 2.327, [Ὁ]. 55. — Inecer, t, ΠΡ. 221. 
(2) Ms. 2.327, fol. 55. — ΤΕΣ Ἐπ t. II, p. 221. 
(3) Ms. 2.327, fol. 73, o° Praxis. — Ce morceau est plus abrégé 


dans Ideler, p. 247. 
(4) Ms. 2.327, fol. 46, 50 et 60. — Voir aussi [DeLER, t. 11, p. 210, 
ΦΊΩ ΒΕ ΜΝ: 


THÉORIES GRECQUES 277 


torial, soit rendu susceptible de se combiner pour 
accomplir l’opération cherchée {c’est-à-dire la tein- 
ture des métaux ou transmutation).. La nature de la 
matière est à la fois simple et composée. Elle 
recoit mille noms, et son essence est une (1), etc. 
Les éléments deviennent et se transmutent (2), parce 
que les qualités sont contraires et non les substances. » 
Ailleurs : « [Il faut d’abord diviser la matière, la 
noircir, puis la blanchir; alors la coloration jaune 
sera stable. » Et encore : « Entends par le feu (3) le 
mercure et le remède igné : ce mercure brüle, cor- 
rompt et épuise les corps, etc. » Nous retrouvons la 
phrase de Marie la Juive (p. 172) et le mot de Pline : 
« Le mercure, poison de toutes choses. » 

_ Ces explications demi-métaphysiques sont entre- 
mêlées dans l’auteur par le récit d'opérations réelles, 
dont la signification s'aperçoit parfois très clairement. 
Ainsi, Stéphanus raconte en langage mystique le 
combat du cuivre et du mercure (4)... Le cuivre est 
blanchi et corrompu par le mercure. Celui-ci est fixé 
par son union avec le ΕΓ ete: Le cuivre ne teint 
pas, mais il reçoit la teinture, et après qu’il l’a reçue, 
il teint (les autres corps) (5). Ce qui paraît se rapporter 
à la fois et à la formation des alliages métalliques de 
diverses nuances et à la coloration des verres et émaux 


(1) Ms. 2.327, fol. 43. — IneLer, t. Il, p. 214. 
2) Ms. 2.327, fol. 70, 71. — IDELER, t. Il, p. 245: 
(3) Ms. 2.327, fol. 67. — IneLen, t. Il, p. 238. 


(4) Ms. 2.327, fol. 15.— IneLer, t. Il, p. 217. Ce dernier texte sub- 
stitue à tort l’argent (lune) au mercure dans la fixation par le cuivre, 
contrairement à ce qu’on lit dans le manuscrit de saint Mara, 
fol. r9 v°. 

(5) πε Ξε t. Il, p. 230. 


278 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


par les sels de cuivre, résultant de la dissolution 
préalable du métal. 

L'auteur (1) s’en réfère aussi aux préparations des 
Égyptiens et ajoute : « Un seul genre de pierre peut être 
fabriqué avec beaucoup de pierres de diverses espèces ; 
c'est ainsi qu'on fabrique les statues, les animaux, 
les verres, les couleurs (émaux ou verres colorés). » 

Nous touchons ici du doigt les faits positifs et les pra- 
tiques industrielles qui ont servi de base aux théories 
des alchimistes. Nous voyons comment ils en ont déduit 
la notion de la matière première, une et polymorphe, 
telle que nous la trouvons dans Platon, dans Énée de 
Gaza, dans Zosime, dans Pélage, dans Stéphanus. Ils 
précisent leur idée, tantôt par des comparaisons tirées 
de l’art des artisans, qui donnent une apparence diverse 
à une matière unique; tantôt, par des assimilations 
plus profondes, empruntées aux industries chimiques 
de la teinture et de la fabrication du verre et des 
émaux. Nous sommes donc ramenés par ces théories 
philosophiques sur le terrain même où nous avait 
conduit l'étude pratique des métaux égyptiens, de 
leurs alliages et des pierres brillantes, naturelles et 
artificielles, rangées à côté des métaux dans une même 
famille de substances. 


(1) 3e Praxis, Ms. 2.327. fol. 47. — IDELER, t. 11, p. 212. 


ἘΣ ΟΦ ΟΣ δ RsR 


CHAPPURE" ἢ 


THÉORIES DES ALCHIMISTES ET THÉORIES MODERNES 


$ 1. — Le Mercure des philosophes. 


’ALCHIMIE était une philosophie, c’est-à- 
dire une explication rationaliste des méta- 
morphoses de la matière. Nulle part, dans 


les procédés des premiers théoriciens grecs 
qui sont venus jusqu’à nous, le miracle n'apparaît; 
bien que les formules magiques semblent avoir été 
mêlées aux pratiques, lors des débuts de la science, 
au temps de Zosime par exemple. Mais elles semblent 
avoir disparu, en même temps que la théorie propre- 
ment dite s’est développée. Michel Psellus déclare 
formellement que les destructions et transforma- 
tions de matière se font par des causes naturelles, 
et non en vertu d’une incantation et d’une formule 
secrète. 

A travers les explications mystiques et les symboles 
dont s’enveloppent Îles alchimistes, nous pouvons 


280 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


entrevoir les théories essentielles de leur philo- 
sophie; lesquelles se réduisent en somme à un 
petit nombre d'idées claires, plausibles, et dont cer- 
taines offrent une analogie étrange avec les conceptions 
de notre temps. 

Tous les corps de la nature, d’après les adeptes 
grecs, sont formés par une même matière fondamen- 
tale. Pour obtenir un corps déterminé, l'or par 
exemple, le plus parfait des métaux, le plus précieux 
des biens, il faut prendre des corps analogues, qui en 
diffèrent seulement par quelque qualité, et éliminer 
ce qui les particularise; de façon à les réduire à leur 
matière première, qui est le mercure des philosophes. 
Celui-ci peut être tiré du mercure ordinaire, en lui 
enlevant d’abord la liquidité, c’est-à-dire une eau, un 
élément fluide et mobile, qui l’empêche d’atteindre la 
perfection. Il faut aussi le fixer, lui ôter sa volatilité, 
c’est-à-dire un air, un élément aérien qu’il renferme; 
enfin d’aucuns professent, comme le fera plus tard 
Geber, qu'il faut séparer encore du mercure une terre, 
un élément terrestre, une scorie grossière, qui s’op- 
pose à sa parfaite atténuation. On opérait de même 
avec le plomb, avec l’étain ; bref, on cherchait à dé- 
pouiller chaque métal de ses propriétés individuelles. 
Il fallait ôter au plomb sa fusibilité, à l’étain son 
cri particulier, sur lequel Geber insiste beaucoup ; le 
mercure enlève en effet à l’étain son cri, dit aussi Sté- 
phanus. 

La matière première de tous les métaux étant ainsi 
préparée, je veux dire le mercuredes philosophes, il ne 
restait plus qu’à la teindre par le soufre et l’arsenic; 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 281 


mots sous lesquels on confondait à la fois les sulfures 
métalliques, divers corps inflammables congénères, 
et les matières quintessenciées que les philosophes 
prétendaient en tirer. C’est dans ce sens que les mé- 
taux ont été regardés au temps des Arabes, comme 
composés de soufre et de mercure. Les teintures d’or 
et d’argent étaient réputées avoir au fond une même 
composition. Elles constituaient la pierre philoso- 
phale, ou poudre de projection (xerion). 

Telle est, je crois, la théorie que l’on peut entrevoir 
à travers ces symboles et ces obscurités; théorie en 
partie tirée d'expériences pratiques, en partie déduite 
de notions philosophiques. 

En effet, la. matière et ses qualités sont conçues 
comme distinctes, et celles-ci sont envisagées comme 
des êtres particuliers, que l’on peut ajouter ou faire 
disparaître. Dans les exposés des adeptes, 1 règne une 
triple confusion entre la matière substantielle, telle 
que nous la concevons aujourd’hui; ses états, solidité, 
liquidité, volatilité, envisagées comme des substances 
spéciales, surajoutées, et qui seraient même, d’après 
les Ioniens, les vrais éléments des choses ; enfin, les 
phénomènes ou’actes manifestés par la matière, sous 
leur double forme statique et dynamique, tels que la 
liquéfaction, la volatilisation, la combustion, actes 
assimilés eux-mêmes aux éléments. 

Il y a donc au fond de tout ceci certaines idées 
métaphysiques, auxquelles la chimie n’a jamais été 
étrangère. Au siècle dernier, un pas capital a été 
fait dans notre conception de la matière, par suite de 
la séparation apportée entre la notion substantielle 


282 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


de l'existence des corps pondérables et la notion phé- 
noménale de leurs qualités, envisagées jusque-là par 
les alchimistes comme des substances réelles. Mais 
pour comprendre le passé ilconvient de nous reporter à 
des opinions antérieures et qui paraissaient claires aux 
esprits cultivés, il y a un siècle à peine. Les doctrines 
des alchimistes et des platoniciens à cet égard diffèrent 
tellement des nôtres, qu’il faut un certain effort d’es- 
prit pour nous replacer dans le milieu intellectuel 
qu’elles étaient destinées à reproduire. Cependant, il 
est incontestable qu’elles constituent un ensemble 
logique, et qui a longtemps présidé aux théories 
scientifiques. Ces doctrines, que nous apercevons déjà 
dans le pseudo-Démocrite, dans Zosime, et plus net- 
tement encore dans leurs commentateurs, Synésius, 
Olympiodore et Stéphanus, se retrouvent exposées 
dans les mêmes termes par Geber, le maître des 
Arabes (voir p. 208), et après lui, par tous les philo- 
sophes hermétiques. 

Non seulement les matériaux employés par ceux-ci 
dans la transmutation : le soufre, l’argent, la tutie, 
la magnésie, la marcassite, etc., rappellent tout à fait 
ceux du pseudo-Démocrite et de ses successeurs 
grecs; mais Geber dit formellement que l’on ne sau- 
rait réussir dans la transmutation, si l’on ne ramène 
les métaux à leur matière première. 

L'esprit humain s’est attaché avec obstination à ces 
théories, qui ont servi de support à bien des expérien- 
ces réelles. Ce fut aussi la doctrine de tout le moyen 
âge. Dans les écrits attribués à Basile Valentin, écrits 
qui remontent au xv° siècle, l’auteur affirme de même 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 283 


que l'esprit de mercure est l’origine de tous les mé- 
taux, et nous retrouvons cette doctrine dans la Biblio- 
thèque des philosophes chimiques de Salmon, à la fin 
du xvu siècle. De là cet espoir décevant de la trans- 
mutation, espoir entretenu par le vague des anciennes 
connaissances ; il reposait sur l’apparence incontes- 
table d’un cycle indéfini de transformations, se repro- 
duisant sans commencement ni terme, dans les opé- 
rations chimiques. 

Ceci demande à être développé, si l’on veut com- 
prendre l’origine et la portée des idées des anciens 
chimistes. 


$ 2. — Origine et portée des idées alchimiques 


Je prends un minerai de fer, soit l’un de ses oxydes 
si répandus dans la nature; je le chauffe avec du 
charbon et du calcaire et j'obtiens le fer métallique. 
Mais celui-ci à son tour, par l’action brusque du feu 
au contact de l’air, ou par l’action lente des agents 
atmosphériques, repasse à l’état d’un oxyde, identique 
ou analogue avec le genérateur primitif. Où est ici 
l'élément primordial, à en juger par les apparences ? 
Est-ce le fer, qui disparaît si aisément? Est-ce 
l’oxyde, qui existait au début et se retrouve à la fin? 
L'idée du corps élémentaire semblerait a priori conve- 
nir plutôt au dernier produit, en tant que corrélative 
de la stabilité, de la résistance aux agents de toute 
nature. Voilà comment l’or a paru tout d’abord le 


284 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


terme accompli des métamorphoses, le corps parfait 
par excellence : non seulement à cause de son éclat, 
mais surtout parce qu'il résiste mieux que tout autre 
métal aux agents chimiques. 

Les corps simples, qui sont aujourd’hui l’origine 
certaine et la base des opérations chimiques, ne se 
distinguent cependant pas à première vue des corps 
composés. Entre un métal et un alliage, entre un élé- 
ment combustible, tel que le soufre ou l’arsénic, et les 
résines et autres corps inflammables combustibles 
composés, apparences ne sauraient établir une dis- 
tinction fondamentale. Les corps simples dans la 
nature ne portent pas une étiquette, s’il est permis 
de s’exprimer ainsi, et les mutations chimiques ne 
cessent pas de s’accomplir, à partir du moment où 
elles ont mis ces corps en évidence. Soumis à l’action 
du feu ou des réactifs qui les ont fait apparaître, ils 
disparaissent à leur tour ; en donnant naissance à de 
nouvelles substances,pareilles à celles qui les ont pré- 
cédées. 

Nous retrouvons ainsi dans les phénomènes chi- 
miques cette rotation indéfinie dans les transforma- 
tions, loi fondamentale de la plupart des évolutions 
naturelles ; tant dans l’ordre de la nature minérale que 
dans l’ordre de la nature vivante, tant dans la physio- 
logie que dans l’histoire. Nous comprenons pourquoi, 
aux yeux des alchimistes, l’œuvre mystérieuse n'avait 
ni commencement ni fin, et pourquoi ils la symboli- 
saient par le serpent annulaire, qui se mord la queue : 
emblème de la nature toujours une, sous le fond mo- 
bile des apparences. 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 285 


Cependant cette image de la chimie a cessé d’être 
vraie pour nous. Par une rare exception dans les 
sciences naturelles, notre analyse est parvenue en chi- 
mie à mettre à nu l’origine précise, indiscutable des 
métamophoses : origine à partir de laquelle la synthèse 
sait aujourd’hui reproduire à volonté les phénomènes 
et les êtres, dont elle a saisi la loi génératrice (1). 

Un progrès immense et inattendu a donc été ac- 
compli en chimie : car il est peu de sciences qui puis- 
sent ainsi ressaisir leurs origines. Mais ce progrès 
n'a pas été réalisé sans un long effort des générations 
humaines. 

C’est par des raisonnements subtils, fondés sur 
la comparaison d’un nombre immense de phéno- 
mènes, que l’on est parvenu à établir une semblable 
ligne de démarcation, aujourd’hui si tranchée pour 
nous, entre les corps simples et les corps composés. 
Mais ni les alchimistes, ni même Stahl ne faisaient 
une telle différence. Il n’y avait donc rien de chimé- 
rique, a prior: du moins, dans leurs espérances. 

Le rêve des alchimistes a duré jusqu’à la fin du 
siècle dernier, et je ne sais s’il ne persiste pas encore 
dans certains esprits. Certes il n’a jamais eu pour 
fondement aucune expérience positive. Les opérations 
réelles que faisaient les alchimistes, nous les con- 
naissons toutes et nous les répétons chaque jour dans 
nos laboratoires ; car ils sont à cet égard nos ancêtres 
et nos précurseurs pratiques. Nous opérons les 
mêmes fusions, les mêmes dissolutions, les mêmes 
associations de minerais, et nous exécutons en outre 


(1) Voir ma Chimie organique fondée sur la synthèse, τ. 11,Ρ. 81 1 (1860). 


286 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


une multitude d’autres manipulations et de métamor- 
phoses qu'ils ignoraient. Mais aussi nous savons de 
toute certitude que la transmutation des métaux ne 
s'accomplit dans le cours d’aucune de ces opérations. 

Jamais un opérateur moderne n’a vu l’étain, le 
cuivre, le plomb se changer sous ses yeux en argent ou 
en or par l’action du feu, exercée par les mélanges 
les plus divers; comme Zosime et Geber s’imaginaient 
le réaliser. La transmutation n’a pas lieu, même sous 
l’influence des forces dont nous disposons aujour- 
d’hui, forces autrement puissantes et subtiles que les 
agents connus des anciens. 

Les découvertes modernes relatives aux matières 
explosives (1) et à l'électricité mettent à notre disposi- 
tion des agents à la fois plus énergiques et plus pro- 
fonds, qui vont bien au delà de tout ce que les alchi- 
mistes avaient connu. Ces agentsatteignent des tempé- 
ratures ignorées avant nous; ils communiquent à la 
matière en mouvement une activité et une force vive 
incomparablement plus grande que les opérations des 
anciens. Ils donnent à ces mouvements une direction, 
une polarisation, qui permettent d'accroître à coup 
sûr et dans un sens déterminé à l'avance l'intensité 
des forces présidant aux métamorphoses. 

Par là même, nous avons obtenu à la fois cette 
puissance sur la nature et cette richesse industrielle 
que les alchimistes avaient si longtemps rêvées, sans 
jamais pouvoir y atteindre. La Chimie et la Mécanique 
ont transformé le monde moderne. Nous métamor- 


(1) Voir mon traité : Sur la force des matières explosives, t. II, 
p. 350 (1883). 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 287 


phosons la matière tous les jours et de toutes maniè- 
res. Mais nous avons précisé en même temps les 
limites auxquelles s'arrêtent ces métamorphoses : 
elles n’ont jamais dépassé jusqu’à présent nos corps 
simples ou éléments chimiques. 

Cette limite n’est pas imposée par quelque théorie 
philosophique; c’est une barrière de fait, que notre 
puissance expérimentale n'a pas réussi à renverser. 


$ 3. — Les corps simples actuels. 


Lavoisier a montré, il y a cent ans, que l’origine de 
tous les phénomènes chimiques connus peut être 
assignée avec netteté et qu’elle ne dépasse pas ce 
qu'il appelait, et ce que nous appelons avec lui, les 
corps simples et indécomposables, les métaux en 
particulier, dont la nature et le poids se maintiennent 
invariables. 

C’est cette invariabilité de poids des éléments ac- 
tuels qui est le nœud du problème. Le jour où elle a 
été partout constatée et démontrée avec précision, le 
rêve antique de la transmutation s’est évanoui. 

Dans le cycle des transformations, sila genèse réci- 
proque de nos éléments n’est pas réputée impossible 
à priori, du moins il est établi aujourd’hui que ce 
serait là une opération d’un tout autre ordre que 
celles que nous connaissons et que nous avons le 
pouvoir actuel d’exécuter. Car, en fait, dans aucune de 
nos opérations, le poids des éléments et leur nature 
n’éprouvent de variation. Nos expériences sur ce 


288 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


point datent d’un siècle. Elles ont été répétées et di- 
versifiées de mille façons, par des milliers d’expéri- 
mentateurs, sans avoir été jamais trouvées en défaut. 

L'existence constatée d’une différence aussi radicale 
entre la transmutation des métaux, si longtemps 
espérée en vain, et la fabrication des corps composés, 
désormais réalisable par des méthodes certaines, jeta 
un jour soudain. C'était à cause de l'ignorance où 
l’on était resté à cet égard jusqu'à la fin du xvine siècle 
que la chimie n’avait pas réussi à se constituer comme 
science positive. La nouvelle notion démontra l’ina- 
nité des rêves des anciens opérateurs, inanité que 
leur impuissance à établir aucun fait réel de trans- 
mutation avait déjà fait soupçonner depuis longtemps. 
Chez les alchimistes grecs, les plus anciens de tous, 
le doute n'apparaît pas encore ; mais le scepticisme 
existe déjà du temps de Geber, qui consacre plusieurs 
chapitres à le réfuter en forme. Depuis, ce scepticisme 
avait toujours grandi, et les bons esprits en étaient 
arrivés, même avant Lavoisier, à nier la transmuta- 
tion; non en vertu de principes abstraits, mais en tant 
que fait d'expérience effective et réalisable. 


$ 4. — L'Unité de la matière. — Les multiples de 
l'hydrogène et les éléments polymères. 


Assurément, cette notion de l'existence définitive et 
immuable de soixante-six éléments distincts, tels que 
nous les admettons aujourd’hui, ne serait jamais venue 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES. 280 


à l’idée d’un philosophe ancien; ou bien il l’eût rejetée 
aussitôt comme ridicule: il a fallu qu’elle s’imposât 
à nous, par la force inéluctable de la méthode expé- 
rimentale. Est-ce à dire cependant que telle soit la 
limite définitive de nos conceptions et de nos espé- 
rances ? Non, sans doute : en réalité, cette limite n’a 
jamais été acceptée par les chimistes que comme un 
fait actuel, qu'ils ont toujours conservé l'espoir de 
dépasser. 

De longs travaux ont été entrepris à cet égard, soit 
pour ramener tous les équivalents des corps simples 
à une même série de valeurs numériques, dont ils 
seraient les multiples; soit pour les grouper en fa- 
milles naturelles; soit pour les distribuer dans celles- 
ci, suivant des progressions arithmétiques. 

Aujourd’hui même, les uns, s’attachant à la con- 
ception atomique, regardent nos corps prétendus 
simples comme formés par l'association d’un certain 
nombre d’éléments analogues; peut-être comme engen- 
drés par la condensation d’un seul d’entre eux, l’hydro- 
gène par exemple, celui dont le poids atomique est le 
plus petit de tous. 

On sait en effet que les corps simples sont caractérisés 
chacun par un nombre fondamental, que l’on appelle 
son équivalent ou son poids atomique. Ce nombre repré- 
sente la masse chimique de l’élément, le poids inva- 
riable sous lequel il entre en combinaison et s'associe 
aux autres éléments, parfois d’après des proportions 
multiples. C’est ce poids constant qui passe de com- 
posé en composé, dans les substitutions, décomposi- 
tions et réactions diverses, sans éprouver jamais la plus 


19 


200 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


petite variation. La combinaison ne s'opère donc pas 
suivant une progression continue, mais suivant des 
rapoorts entiers, multiples les uns des autres, et qui 
varient par sauts brusques. De là, pour chaque élément, 
l’idée d’une molécule déterminée, caractérisée par son 
poids, et peut-être aussi par sa forme géométrique. Cette 
molécule demeurant indestructible, au moins dans 
toutes les expériences accomplies jusqu'ici, elle a pu 
être regardée comme identique avec l’atome de Démo- 
crite et d'Epicure. Telle est la base de la théorie ato- 
mique de notre temps. 

Ainsi chaque corps simple serait constitué par un 
atome spécial, par une certaine particule matérielle insé- 
cable. Les forces physiques, aussi bien que les forces 
chimiques, ne sauraient faire éprouver à cet atome que 
des mouvements d'ensemble, sans possibilité de vibra- 
tions internes; celles-ci ne pouvant exister que dans un 
système formé de plusieurs parties. Il en résulte encore 
qu'il ne peut y avoir dans l’intérieur d’un atome indivi- 
sible aucune réserve d'énergie immanente. 

Telles sont les conséquences rigoureuses de la théorie 
atomique. Je me borne à les exposer et je n'ai pas à 
discuter ici si ces conséquences ne dépassent pas les 
prémisses, les faits positifs qui leur servent de base; 
c’est-à-dire si les faits autorisent à conclure non seule- 
ment à l'existence de certaines masses moléculaires 
déterminées, caractéristiques des corps simples, et que 
tous les chimistes admettent; mais aussi à attribuer à 
ces molécules le nom et les propriétés des atomes 
absolus, comme le font un certain nombre de savants. 

Ces réserves sont d’autant plus opportunes que les 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 20! 


partisans modernes de la théorie atomique l’ont pres- 
que aussitôt répudiée dans les interprétations qu’ils 
ont données de la constitution des corps simples : 
interprétations aussi hypothétiques d’ailleurs que 
l'existence même des atomes absolus, mais qui attestent 
l’effort continu de l’esprit humain pour aller au delà de 
toute explication démontrée des phénomènes, aussitôt 
qu’une semblable explication ἃ été atteinte, et pour 
s’élancer plus loin vers des imaginations nouvelles. 

Retracons cette histoire : s’il ne s’agit plus d’une 
doctrine positive, cependant l’exposé que nous allons 
faire offre l'intérêt qui s'attache aux conceptions 
par lesquelles l'intelligence. essaie de représenter le 
système général de la nature. Nous retrouvons ici 
des vues analogues à celles des Pythagoriciens, alors 
qu'ils prétendaient enchaîner dans un même système 
les propriétés réelles des êtres et les propriétés mysté- 
rieusés des nombres. 

Le premier et principal effort qui ait été tenté dans 
cette voie, consiste à ramener les équivalents ou poids 
atomiques de tous les éléments à une même unité fonda- 
mentale. C’est là une conception a priori, qui a donné 
lieu à une multitude d’expériences, destinées à la 
vérifier. Si le fruit théorique à ce point de vue en a été 
minime, sinon même négatif; en pratique, du moins, 
ces travaux ont eu un résultat scientifique très utile : 
ils ont fixé avec une extrême précision les équivalents 
réels de nos éléments; c’est-à-dire, je le répète, les 
poids exacts suivant lesquels les éléments entrent en 
combinaison et se substituent les uns aux autres. 

Prout, chimiste anglais, avait proposé tout d’abord 


292 LES ORIGINES DE L’'ALCHIMIE 


de prendre le poids même de l’un de nos éléments, 
celui de l’hydrogène, comme unité; dans la suppo- 
sition que les poids atomiques de tous les autres 
corps simples en étaient des mulliples. Cette hypo- 
thèse, embrassée et soutenue pendant quelque temps 
par M. Dumas, réduit toute la théorie à une extrême 
simplicité. En effet, tous les corps simples seraient 
dès lors constitués par les arrangements divers de 
l’atome du plus léger d’entre eux. Malheureusement, 
elle n’a pas résisté au contrôle expérimental, c'est-à- 
dire à la détermination exacte, par analyse et par syn- 
thèse, des poids atomiques vrais de nos corps simples. 
Cette détermination a fourni, à côté de quelques poids 
atomiques à peu près identiques avec les multiples de 
l'hydrogène, une multitude d'autres nombres intermé- 
diaires. 

Mais dans les conceptions théoriques, pas plus que 
dans la vie pratique, l’homme ne renonce pas facile- 
ment à ses espérances. Pour soutenir la supposition de 
Prout, ses partisans ont essayé d’abord de réduire à 
moitié, puis au quart, l’unité fondamentale. 

Or, à ce terme, une objection se présente : c’est que 
les vérifications concluantes deviennent impossibles. 
Ea effet, nos expériences n'ont pas, quoi que nous 
fassions, une précision absolue; et il est clair que toute 
conjecture numérique serait acceptable, si l’on plaçait 
l'unité commune des poids atomiques au delà de la 
limite des erreurs que nous ne pouvons éviter. 

Ce n'est pas tout d'ailleurs; le fond même du 
système est atteint par cette supposition. La réduc- 
tion du nombre fondamental, au-dessous d’une unité 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET - THÉORIES MODERNES 209 


égale au poids atomique de l'hydrogène, enlève à 
la théorie ce caractère précis et séduisant, en vertu 
duquel tous les éléments étaient regardés comme 
formés en définitive par de l’hydrogène plus ou moins 
condensé. Il faudrait reculer dans l'inconnu jusqu’à un 
élément nouveau, quatre fois plus léger, élément in- 
connu qui formerait par sa condensation l’hydrogène 
lui-même. 

Encore cela ne suffit-il pas pour représenter rigou- 
reusement les expériences. En effet, M. Stas, par des 
études d’une exactitude incomparable, a montré que 
le système réduit à ces termes, c’est-à-dire réduit à 
prendre comme unité un sous-multiple peu élevé du 
poids de l'hydrogène, le système, dis-je, ne peut être 
défendu. Les observations extrêmement précises qu’il 
a exécutées ont prouvé sans réplique que les poids 
atomiques des éléments ne sont pas exprimés par des 
nombres simples, c’est-à-dire liés entre eux par des 
rapports entiers rigoureusement définis. La théorie des 
multiples de l'hydrogène n’est donc pas soutenable, 
dans son sens strict et rigoureux. 

Gardons-nous cependant d’une négation trop ab- 
solue. Si l’hypothèse qui admet les équivalents des 
éléments multiples les uns des autres ne peut pas 
être affirmée d’une façon absolue, cependant cette 
hypothèse a pour elle des observations singulières et 
qui réclament, en tout état de cause, une interprétation. 
A cet égard les faits que je vais citer donnent à réflé- 


chir. 


294 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


δ ὦ, —— Les éléments isomères et polymères. 


Il existe en réalité certains éléments, comparables 
entre eux, et qui possèdent en même temps des poids 
atomiques identiques. Tels sont le cobalt et le nickel, 
par exemple. Ces deux métaux sont semblables par 
la plupart de leurs propriétés et ils produisent deux 
séries de composés parallèles, en s’unissant avec 
les autres éléments. Or ici interviennent de nouvelles 
et plus puissantes analogies. En effet un tel parallé- 
lisme dans les réactions de deux corps et dans celles 
de leurs composés, joint à l'identité de leurs poids 
atomiques, n’est pas sans exemple dans la science : 
en particulier, il n’est pas rare de le rencontrer 
dans l'étude des principes organiques, tels que les 
carbures d'hydrogène, les essences de térébenthine et 
de citron, par exemple; ou bien encore les acides tar- 
trique et paratartrique. Ces deux essences, ces deux 
acides sont formés des mêmes éléments, unis dans les 
mêmes proportions et avec la même condensation, 
mais pourtant avec un arrangement diflérent. En outre, 
les deux carbures, les deux acides sont susceptibles d’en- 
gendrer des combinaisons parallèles : c'est là ce que 
nous appellons des corps isomères. Or le nickel et le 
cobalt se comportent précisément de la même manière. 
Il est certainement étrange de trouver un semblable 
rapprochement entre des principes composés, tels que 


des carbures ou les acides, et ces deux métaux, ces 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 209 


deux corps réputés simples : comme si les deux pré- 
tendus corps simples étaient formés, eux aussi, par les 
arrangements diflérents de certaines matières élémen- 
taires, plus simples qu’eux-mêmes. 

L'or, le platine et l'iridium, autres métaux qui cons- 
tituent un même groupe, offrent un rapprochement 
numérique pareil, quoique moins étroit dans leurs dé- 
rivés, que celui du cobalt et du nickel. 

Dans les cas de ce genre, il semble, je le répète, que 
l’on ait affaire à de certaines matières fondamentales, 
identiques quant à leur nature, mais diversifiées quant 
au détail de leurs arrangements intérieurs et de leurs 
manifestations. 

Néanmoins, pour être fidèle aux règles de la saine 
méthode scientifique, 11 importe d'ajouter aussitôt que 
jusqu'ici les chimistes n’ont jamais pu changer, par 
aucun procédé, ni le cobalt en nickel, ni l'or en platine 
ou en iridium. 

Poursuivons ces rapprochements : ils s'étendent 
plus loin. En effet, à côté des éléments isomères vien- 
nent se ranger d’autres éléments, dont les poids ato- 
miques ne sont pas identiques, mais liés dans un même 
groupe par des relations numériques simples, et mul- 
tiples les uns des autres. L’oxygène, par exemple, peut 
être comparé au soufre, dans les combinaisons de ces 
deux éléments avec l'hydrogène et avec les métaux. 
L'eau et l'hydrogène sulfuré, les oxydes et les sulfures 
constituent deux séries de composés parallèles. Le 
soufre peut même être rapproché plus strictement en- 
core du sélénium et du tellure : ce sont là des élé- 
ments comparables, formant, je le répète, des com- 


206 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


binaisons parallèles avec l'hydrogène, avec les métaux 
et même avec l’oxygène et la plupart des autres élé- 
ments. Or, l’analogie chimique de ces éléments se re- 
trouve dans la comparaison numérique de leurs poids 
atomiques : le poids atomique du soufre est sensible- 
ment double de l'oxygène; celui du sélénium en est 
presque quintuple, et celui du tellure est huit fois 
aussi considérable que celui de l’oxygène, c’est-à-dire 
quadruple de celui du soufre. 

Ici encore nous retrouvons des analogies remar- 
quables dans l'étude des combinaisons des carbures 
d'hydrogène. Ces poids atomiques d’éléments multiples 
les uns des autres rappellent les corps polymères, c’est- 
à-dire les composés condensés de la chimie organique. 
On connaît en eflet des carbures d'hydrogène, formés des 
mêmes éléments unis dans la même proportion rela- 
tive, mais tels que leurs poids moléculaires et leurs den- 
sités gazeuses soient multiples les uns des autres. La 
benzine et l’acétylène, par exemple, sont des carbures 
d'hydrogène de cet ordre : ils sont formés tous deux par 
l'association d’une partie en poids d'hydrogène avec six 
parties de carbone. Maïs la vapeur de la benzine, sous le 
même volume, est trois fois aussi lourde que celle de 
l’acétylène. Ce n’est pas tout : la benzine dérive de 
l’acétylène, par une condensation directe : elle en est le 
polymère. Réciproquement, nous savons transformer 
par expérience ces composés polymères dans un sens 
inverse, revenir du carbure condensé à son généra- 
teur; nous savons transformer notamment la benzine 
en acétylène, par la chaleur et par l'électricité. 

Cette ressemblance entre les carbures polymères et 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 207 


les corps simples à poids atomiques multiples suggère 
aussitôt l'espérance de transformations du même 
ordre. Si nous modifions les carbures d'hydrogène, 
pourquoi ne pourrions-nous pas modifier aussi les 
corps simples qui offrent des relations numériques 
analogues? Pourquoi ne pourrions-nous pas former le 
soufre avec l'oxygène, former le sélénium et le tellure 
avec le soufre, par des procédés de condensation con- 
venables ? Pourquoi le tellure, le sélénium ne pour- 
raient-ils pas être changés inversement en soufre, et 
celui-ci à son tour métamorphosé en oxygène? 

Rien, en effet, ne s’y oppose a priori : toute- 
fois, et la chose est essentielle, l’épreuve expérimen- 
tale, souvent essayée, a échoué jusqu’à présent. Ce 
critérium est empirique, dira-t-on ; il ne repose sur au- 
cune démonstration nécessaire et dès lors son carac- 
tère est purement provisoire. Sans doute; mais il en est 
ainsi de la plupart de nos lois, sinon même de toutes. 
L'expérience réalisée est le seul critérium certain de 
la science moderne : c’est la seule barrière qui nous 
garantisse contre le retour des rêveries mystiques d’au- 
trefois. 

On peut cependant pousser plus loin la démonstra- 
tion : car il existe une différence positive et fondamentale 
entre la constitution physique des carbures polymères, 
ou radicaux composés de la chimie organique, et celle 
des éléments proprement dits, ou radicaux véritables 
de la chimie minérale : cette différence est fondée sur 
les observations des physiciens relatives aux chaleurs 
spécifiques. D'après leurs mesures, la quantité de cha- 
leur nécessaire pour produire un même effet, une 


208 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


même variation de température, sur les carbures d’hy- 
drogène, croît proportionnellement à leur poids mo- 
léculaire. Pour la benzine gazeuse, par exemple, il faut 
trois fois autant de chaleur que pour l’acétylène, pris 
sous le même volume. Or, le contraire arrive pour les 
corps simples multiples les uns des autres : lorsqu'on les 
prend sous le même volume gazeux, ou plus générale- 
ment sous leurs poids moléculaires respectifs, la quan- 
tité de chaleur qui produit une même variation de tem- 
pérature dans les corps simples véritables demeure exac- 
tement la même. Par exemple, un litre d'hydrogène et 
un litre d'azote absorbent la même quantité de chaleur : 
identité d'autant plus frappante que le poids du second 
gaz est quatorze fois aussi considérable que celui du 
premier. Le travail de la chaleur est donc bien diflé- 
rent dans les deux cas, suivant qu'il s’agit des corps 
simples et des corps composés, et il établit une diver- 
sité essentielle entre les vrais éléments chimiques, tels 
que nous les connaissons aujourd’hui, et les polymères 
effectifs, c’est-à-dire les corps obtenus par la condensa- 
tion expérimentale d’un même radical composé. Assu- 
rément il y a là quelque chose d’un ordre tout particu- 
lier; il existe une propriété fondamentale, tenant à la 
constitution mécanique des dernières particules des 
corps, qui différencie nos éléments présents des corps 
composés proprement dits : c’est là une distinction 
dont nous n’avons pas encore sondé toute la pro- 


fondeur. 


THEORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 299 


δ 6. — Les familles naturelles des éléments. 


Cependant il existe une autre notion, connexe avec 
la précédente et non moins remarquable, qui con- 
court à entretenir nos espérances sur la génération 
synthétique des éléments : c’est leur classification en 
familles naturelles, classification tentée d’abord par 
Ampère, précisée par Dumas, et qui a pris une im- 
portance croissante dans ces dernières années. 

Citons d’abord un exemple très caractéristique, 
je veux parler de la famille des Chloroïdes : elle com- 
prend trois termes indubitables : le chlore, le brome, 
l’iode. Ces trois éléments, par leurs combinaisons avec 
les métaux et les autres corps, forment trois séries de 
composés parallèles, symétriques dans leurs formules 
et qui offrent souvent le même volume moléculaire et 
la même forme cristalline. Au point de vue chimique, 
rien n’est plus semblable à l’acide chlorhydrique, que 
les acides bromhydrique et iodhydrique : ce sont 
trois acides puissants, engendrés pareillement par 
l'union à volumes égaux des gaz simples qui les com- 
posent. Le chlorure, le bromure, l’iodure de potas- 
sium, sont aussi extrêmement analogues, cristallisés 
dans le même système, etc. Les propriétés physiques 
de ces trois éléments sont tantôt les mêmes, et tantôt 
elles varient d’une façon régulière. Pour n'en citer 
qu'une seule et des plus apparentes, je rappellerai que 
le chlore est jaune et gazeux, le brome rouge et li- 
quide, l’iode violet et solide. 


300 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Or, les poids moléculaires, c’est-à-dire les conden- 
sations de matière sous la forme gazeuse; vont en 
croissant de l’un à l’autre de ces trois éléments. En 
effet leurs équivalents ou poids atomiques respectifs, 
poids proportionnels aux condensations gazeuses, sont 
égaux à 35, 5 pour le chlore, à 8o pour le brome, à 127 
pour l’iode. Non seulement les poids croissent ainsi 
par degrés; mais ces degrés offrent une certaine régu- 
larité : l’équivalent ou poids atomique du brome étant 
à peu peu près la moyenne entre ceux du chlore et 
de l’iode. Le groupe entier constitue ce que l’on a ap- 
pelé une triade. 

Des remarques analogues ont été faites pour d’au- 
tres groupes d'éléments : par exemple, pour la famille 
des sulfuroïdes, constituée par l'oxygène, le soufre, le 
sélénium et le tellure, éléments dont les équivalents ou 
poids atomiques sont à peu près multiples d’une 
même unité. Ces éléments s’unissent avec l'hydrogène, 
en formant des composés gazeux, composés acides pour 
les trois derniers, et, dans tous les cas, renfermant 
leur propre volume d’hydrogène. Ces éléments se com- 
binent pareillement aux métaux. 

Le groupe formé par l’azote, le phosphore, l’arsenic 
et l’antimoine constitue une troisième famille, non 
moins caractérisée, celle des azotoïdes, dont les com- 
posés hydrogénés sont aussi des gaz, mais contiennent 
une fois et demie leur volume d’hydrogène. Les poids 
atomiques croissent aussi suivant une progression 
régulière. 

C'est ainsi que l’on a été conduit à une véritable clas- 
sification, asssemblant les corps simples suivant des 


- 


; THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 301 


principes de similitude pareïls à ceux que les natura- 
listes invoquent dans l'étude des trois règnes de la na- 
ture. Cette classification semble même plus étroite en 
chimie, parce que les analogies générales, toujours un 
peu élastiques en histoire naturelle, sont corroborées 
ici par la comparaison des nombres absolus qui repré- 
sentent les poids moléculaires : comme si chaque fa- 
mille d'éléments était engendrée en vertu d’une loi 
génératrice commune. 

Avant d’aller plus loin, je dois dire que je développe 
ces rapprochements numériques et cette notion de la 
génération des éléments, en prenant soin de leur con- 
server toute leur force et sans les affaiblir en rien. Cepen- 
dant, ce serait tromper le lecteur que de ne pas l’avertir 
que le doute s'élève, lorsqu'on précise tout à fait. En 
réalité, les rapprochements sur lesquels reposent de 
telles espérances ne sont pas d’une rigueur absolue, 
mais seulement approximatifs. Ce sont donc là des à 
peu près, plutôt que des démonstrations; ce sont des 
lueurs singulières, peut-être réelles et de nature à 
nous éclairer sur la constitution véritable de nos corps 
simples; mais peut-être aussi sont-elles trompeuses, 
peut-être résultent-elles uniquement du jeu équivoque 
des combinaisons numériques. 

En somme, je pense qu’il est permis ΟὟ voir, sans 
sortir d’une sage réserve, l'indice de quelque loi de 
la nature, masquée par des perturbations secondaires 
qui sont restées jusqu'ici inexpliquées : à mon avis, 
ce genre de rapprochements ne doit pas être écarté. 
Mais, je le répète, il serait périlleux de s’y attacher 
trop fortement et de les regarder comme définitive- 


302 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ment acquis. L'histoire des sciences prouve que l’es- 
prit humain, une fois qu’il accepte l’à peu près comme 
une démonstration, dans les théories positives des phé- 
nomènes naturels et surtout dans les combinaisons 
numériques, dérive bien vite vers les fantaisies arbi- 
traires de l’imagination. 


$ 7. — Les séries périodiques. 


Un pas de plus a été franchi dans cette voie; une 
tentative hardie, touchant peut-être à la chimère, a été 
faite pour construire des séries numériques, qui com- 
prennent tous les corps simples actuels dans leur 
réseau et qui prétendent même embrasser tous les 
corps simples susceptibles d’être découverts dans 
l'avenir. Je veux parler des séries périodiques paral- 
lèles, ou pour employer un langage plus franc et plus 
précis, des progressions arithmétiques, suivant les- 
quelles M. Chancourtois d’abord, puis MM. Newlands, 
Lothar Meyer et Mendeleef ont cherché de nos jours 
à grouper tous les nombres qui expriment les poids 
atomiques de nos éléments, ou des corps prétendus 
tels. 

C’est encore par l'étude des séries de la chimie 
organique que l’on a été conduit à de telles progres- 
sions arithmétiques. La chimie organique, en effet, 
est coordonnée autour d’un certain nombre de grandes 
séries de corps, liés les uns aux autres dans chaque 
série par des lois précises; je dis liés non seulement 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 3c3 


par leur formule et leurs propriétés, mais aussi par 
leur génération effective. Les corps compris dans cha- 
cune de ces séries peuvent être formés au moyen d’un 
seul carbure d'hydrogène fondamental; les autres 
termes en dérivent méthodiquement, par des addi- 
tions ou des substitutions successives d’éléments. Le 
système des dérivés d’un carbure rappelle, et même 
avec plus de richesse, le système des dérivés d’un 
métal simple en chimie minérale. 

Il y a plus : ici intervient une nouvelle donnée. 
Les carbures fondamentaux ne sont pas des êtres 
isolés et indépendants les uns des autres. En fait, 
ils peuvent être rangés à leur tour par groupes 
réguliers, ou séries dites homologues, séries dont les 
termes semblables diffèrent deux à deux par des élé- 
ments constants en nature, en nombre, et par consé- 
quent en poids : la différence numérique invariable de 
ces poids égale généralement 14. 

Ces relations générales sont certaines en chimie or- 
ganique. Elles coordonnent, non seulement les for- 
mules, mais aussi les propriétés physiques et chi- 
miques des carbures d'hydrogène et de leurs dérivés. 
Dès lors c'était une idée toute naturelle, et qui a dû 
se présenter à plus d’un esprit, que celle de distribuer 
l’ensemble des éléments minéraux suivant un prin- 
cipe de classification analogue, et fondé de même 
sur un système de différences constantes. 

Telle est, en effet, la base des séries dites pério- 
diques. On dresse aujourd’hui en chimie minérale 
des tableaux semblables à ceux de la chimie orga- 
nique; on y assemble les éléments, métaux et métal- 


304 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


loïdes, comme les carbures d'hydrogène. Il y a pour- 
tant cette différence, que les groupes des carbures 
d'hydrogène sont construits a posteriori et d’après 
les expériences synthétiques et positives de la chimie 
organique; tandis que les nouveaux groupes d’élé- 
ments minéraux sont formés a priori et par voie pu- 
rement hypothétique. 

Quoiqu'il en soit, une sorte de table à deux entrées 
a été construite : elle comprend tous nos éléments con- 
nus, classés selon certaines progressions arithmé- 
tiques. Les familles naturelles des éléments, telles 
qu'elles ont été définies plus haut, font la base de 
cette classification. 

Rappelons d’abord la famille des chloroïdes : elle 
comprend le chlore, le brome, l’iode, auxquels on 
a adjoint le fluor, premier terme un peu divergent. 
En fait, les différences numériques entre les poids 
atomiques de ces quatre éléments sont représentées 
par les chiffres suivants : 16, 5; 44, 5 et 47. Ces 
trois différences constituent à peu près une progres- 
sion, dont la raison serait le nombre 16, ou bien le 
nombre 15. 

De même la famille des sulfuroïdes, laquelle com- 
prend l'oxygène, le soufre, le sélénium et le tellure, 
offre les trois différences que voici entre les poids 
atomiques de ses termes successifs : 16; 47, 6; 
47, ὃ: nombres à très peu près multiples de 16 
c'est la même raison que tout à l’heure. 

Le lithium, représenté par 7, le sodium par 23, le 
potassium par 39,1, forment un troisième groupe 
d'éléments, tous éléments métalliques cette fois : on 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 305 


y retrouve la même différence ou raison approxima- 
tive, égale et 16. 

Venons à la famille des azotoïdes, tels que l'azote 
représenté par 14, le phosphore par 31, l’arsenic 
par 75, l’antimoine par 120. La raison de la progres- 
sion serait ici comprise entre 15 et 17, c’est-à-dire 
à peu près la même, quoique toujours avec des écarts 
notables dans sa valeur absolue. 

Je dis à peu près, et c’est cet à peu près perpétuel 
qui jette une ombre sur tout le système. Mais pour- 
suivons-en le résumé, en nous plaçant à un nouveau 
point de vue. 

La première famille, celle des chloroïdes, comprend 
des éléments caractérisés par une propriété chimique 
commune, qui domine toutes leurs combinaisons : ce 
sont des corps monovalents, capables de se combiner de 
préférence à volumes gazeux égaux, c’est-à-dire à poids 
atomiques égaux, avec l’hydrogène et avec les métaux. 

Au contraire la seconde famille, celle des sulfu- 
roides, oxygène, soufre et analogues, contient sur- 
tout des corps bivalents, se combinant dans l’état 
gazeux avec un volume d'hydrogène double du leur, 
et, d'une manière plus générale, suivant des rapports 
de poids atomiques doubles. 

A son tour, la famille qui renferme l'azote, le 
phosphore et les éléments analogues est frivalente; 
chacun de ces éléments, pris sous son poids atomique 
respectif, se combine avec trois atomes d’hydrogène 
ou des autres éléments. 

Enfin, l’on distingue une autre série quadrivalente, 
formée par le carbone, le silicium, l’étain, etc. 


306 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Ces quatre séries, caractérisées par les rapports de 
leurs combinaisons, embrassent une multitude de 
composés connus. Elles rappellent certains groupes 
généraux de carbures d'hydrogène. En effet, les uns de 
ceux-ci, tels que l’éthylène, pris sous la forme gazeuse, 
sont susceptibles de se combiner avec un volume 
égal d'hydrogène, de chlore et des autres éléments. 
D'autres carbures, tels que l’acétylène, sont aptes à se 
combiner de préférence avec un volume gazeux d’hy- 
drogène, de chlore, etc., double du leur. D’autres car- 
bures s'unissent avec un volume triple, ou quadruple 
des gaz élémentaires et spécialement d’hydrogène, etc. 
Or, si l’on compare entre eux les carbures d’hydro- 
gène monovalents, bivalents, trivalents, on reconnaît 
qu'on peut les grouper d’une façon très simple, en les 
rangeant par classes telles, que dans une classe de car- 
bures renfermant le même nombre d’atomes de car- 
bone. les carbures consécutifs diffèrent les uns des 
autres par deux équivalents d’hydrogène et, par con- 
séquent, par des poids atomiques croissant de 2 en 
2 unités. Cette différence constante entre les termes 
primordiaux des diverses séries se retrouve nécessaire- 
ment entre les termes suivants, c’est-à-dire entre les 
termes des séries homologues comparés entre eux. 
Les carbures les plus légers par leur poids atomique, 
dans chaque classe renfermant un nombre donné 
d'atomes de carbone, sont en même temps les moins 
saturés, ceux dont la valence est la plus considérable; 
car la valence croit proportionnellement au nombre 
d’atomes d'hydrogène unis avec une même quantité de 
carbone. Ces rapprochements numériques, cette clas- 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 307 


sification dominent toute la chimie organique et ils 
reposent sur l'expérience. 

Or, chose étrange! si l'on compare les termes pri- 
mordiaux de chacune des familles minérales, caractéri- 
sées par des valences distinctes; si l’on compare entre 
eux, par exemple, les quatre éléments suivants : le car- 
bone quadrivalent et représenté par un poids atomique 
égal à 12 ; l’azote trivalent et représenté par le poids 

‘atomique 14; l'oxygène bivalent et représenté par 16; 
enfin le fluor monovalent et représenté par 19; on re- 
marqué aussitôt que ces nombres diffèrent entre eux 
par des valeurs numériques progressivement crois- 
santes, telles que 2, 2 et 3 : soit en moyenne 2, dif- 
férence qui est aussi celle des carbures d'hydrogène 
de valence inégale. Cette différence constante des 
termes primordiaux se retrouve donc entre les termes 
corrélatifs des diverses familles d'éléments, en chimie 
minérale, aussi bien qu'entre les carbures correspon- 
dant des familles homologues, en chimie organique. 

Ce n’est pas tout. La famille du lithium, qui part 

du nombre 7, et quelques autres, un peu artificielles 
peut-être, telles que celle du glucinium, qui part du 
nombre 0, et celle du bore, qui part du nombre 11, 
fournissent autant de chefs de file complémentaires, 
dont les poids atomiques croissent par 2 unités, et 
achèvent de combler les vides subsistant entre les 
multiples successifs du nombre 16, raison commune 
de toutes les progressions dans l’intérieur de chaque 
famille d'éléments. 3 

Nous avons ainsi deux progressions fondamentales : 
d’une part, la grande progression, dont les termes 


308 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


croissent comme les multiples de 16, et qui est appli- 
cable aux corps particuliers compris dans chacune des 
familles ; et, d'autre part, la petite progression, crois- 
sant suivant les multiples de 2, et qui est applicable 
aux familles elles-mêmes, comparées entre elles dans 
leurs termes correspondants. En combinant ces deux 
progressions, on construit un tableau théorique, qui 
renferme l'ensemble des poids atomiques des corps 
simples, répartis sur la série des nombres entiers, jus- 
qu'à la limite des poids atomiques les plus élevés. 
Tel est le système : je l’ai présenté dans son en- 
semble, avec les artifices ingénieux de ses arrange- 
ments. Cependant, en réalité, les poids atomiques 
des éléments des quatre familles fondamendales, com- 
prenant environ quinze éléments, sont les seuls qui 
se trouvent coordonnés suivant des relations tout 
à fait vraisemblables. On peut disposer encore de 
même certaines séries de métaux, telles que le groupe 
formé par le lithium, le sodium, le potassium. Cela 
fait, il restait plus de la moitié des éléments connus, 
qui demeuraient en dehors de tout rapprochement 
précis. Les auteurs du système n’ont pas hésité à les 
grouper aussi, de facon à les ranger, chacun à sa place, 
dans leur tableau. Mais il est facile pour tout esprit 
non prévenu de reconnaître que ce dernier groupement 
repose sur des comparaisons purement numériques, et 
qui sont loin d’avoir la même solidité que les précé- 
dentes, si même elles ne sont tout à fait arbitraires. 
Quoi qu’il en soit, les rapprochements que le système 
des séries périodiques opère ne se bornent pas là. On 
sait en effet qu’il existe entre les poids atomiques des 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 300 


corps, leurs volumes atomiques et leurs différentes 
propriétés physiques et chimiques, certaines rela- 
tions générales. Ces relations ont été établies depuis 
longtemps en chimie et antérieurement à toute dis- 
position des éléments en séries parallèles : elles 
n'en dépendent en rien, car elles résultent de la 
valeur absolue des poids atomiques, et non de leurs 
différences périodiques. Cependant, comme ces rela- 
tions sont la conséquence immédiate des poids ato- 
miques, les rapprochements établis entre ceux-ci se 
retrouvent, par un contre-coup nécessaire, entre leurs 
volumes atomiques et entre toutes les autres proprié- 
tés corrélatives de la masse chimique des éléments. De 
telle sorte que le tableau des séries parallèles, une fois 
établi, comprend en même temps les propriétés phy- 
siques fondamentales des éléments : comme le ferait 
d’ailleurs tout groupement, quel qu'il fût, des mêmes 
éléments. Cette circonstance augmente la commodité 
du nouveau tableau ; quoiqu’elle n'apporte aucune dé- 
monstration nouvelle à l'existence des séries pério- 
diques : il faut se garder à cet égard de toute illu- 
sion. 

Mais passons outre et examinons les prévisions 
déduites de la nouvelle classification. C’est ici surtout 
que le système devient intéressant. On remarquera 
que dans les progressions arithmétiques qui com- 
prennent chaque famille d'éléments, 11: manque cer- 
tains termes. Entre le soufre, 32, et le sélénium, 79 
(c'est-à-dire à peu près 80), il devrait exister deux 
termes intermédiaires, tels que 48 et 64. De même 
entre le sélénium, 70, et le tellure, 128, il manque 


310 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


2 termes : 06 et 112. Il est clair que ce doivent être 
là des éléments inconnus et qu'il convient de recher- 
cher. Mais comme le nombre en eût été trop grand, les 
auteurs du système, empressés à combler les vides de 
chaque famille, y ont d’abord intercalé des éléments 
déjà connus, quoique manifestement étrangers à la 
famille, tels que le molybdène, 06, inséré entre le sé- 
lénium et le tellure; le tungstène et l’uranium, ajoutés 
pareillement à la suite. A la série du lithium, 7, ils ont 
également ajouté en tête l’hydrogène, 1, et à la fin le 
cuivre, 63, puis l'argent, 108, et l'or, 197 (1). Tout ceci 
touche à la fantaisie. 

De même, entre le chlore et le brome, entre le brome 
et l’iode, il manque certains termes des progressions 
arithmétiques fondamentales : ce sont encore là des 
éléments hypothétiques et à découvrir. Observons ici 
que leurs propriétés ne sont pas indéterminées. En 
effet, les propriétés physiques ou chimiques d’un élé- 
ment inconnu, ou du moins certaines d’entre elles 
peuvent être prévues et même calculées à priori, dès 
que l’on donne le poids atomique, et mieux encore 
la famille, c’est-à-dire les analogies. Mais cette prévi- 
sion, comme il a été dit plus haut, n’est pas une consé- 
quence de la théorie des séries périodiques; elle ré- 
sulte purement et simplement des lois et des analo- 
gies anciennement connues, lesquelles sont indépen- 
dantes du nouveau système. | 

Quoi qu’il en soit, le tableau hypothétique que je 
viens de décrire, tableau qui comprend tous les corps 
simples connus et tous les corps simples possibles, a 


(1) CarneLLey, Philosophical Magazine, Septembre 1884, p. 195. 


“ 


΄ 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 211 


quelque chose de séduisant et qui entraîne beaucoup 
d’esprits. 

Nous l’avons exposé dans toute sa netteté : mais le 
moment est venu de présenter certaines réserves. En 
effet, il est impossible de ne pas signaler à l’atten- 
tion du critique et du philosophe l'artifice commode, 
à l’aide duquel les auteurs du système sont parve- 
nus à y comprendre non seulement tous les corps 
connus, mais même tous les corps possibles. Cet 
artifice consiste à former leur tableau avec des termes 
qui ne diffèrent pas en définitive de plus de deux 
unités, termes assez resserrés pour que nul corps 
nouveau, quel qu'il soit, ne puisse tomber en dehors 
des mailles du filet. La chose est d'autant plus assurée 
que les différences périodiques, ou raisons de la pro- 
gression, comportent souvent dans leurs applications 
aux poids atomiques connus des variations de 1 à 
2 unités. On voit qu'il ne s’agit même plus ici de ces 
fractions d'unité, qui séparaient les uns des autres les 
multiples de l’hydrogène, et qui ont été objectées à 
l'hypothèse de Prout et de Dumas; mais nous rencon- 
trons des écarts bien plus grands, dont aucune expli- 
cation théorique n’a été donnée, écarts dont l'existence 
Ôte aux nouveaux rapprochements une grande partie 
de leur valeur philosophique. En tolérant de tels 
écarts, et en multipliant suffisamment les termes réels 
ou supposés des comparaisons, il sera toujours facile 
aux partisans d’un système, quel qu'il soit, de se dé- 
clarer satisfaits. 

Sans exclure absolument de pareilles conceptions, 
on doit éviter d’attacher une valeur scientifique trop 


- 


312 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


grande à des cadres si élastiques; on doit surtout se 
garder de leur attribuer les découvertes passées ou 
futures, auxquelles ils ne conduisent point en réalité 
d'une manière précise et nécessaire. 

En fait et pour être sincères, nous devons dire qu’en 
dehors des anciennes familles naturelles d'éléments, 
reconnues depuis longtemps, ce ne sont guère là que 
des assemblages artificiels. Le système des séries 
périodiques, pas plus que le système des multiples de 
l'hydrogène, n’a fourni jusqu'ici aucune règle certaine 
et définie pour découvrir soit les corps simples trouvés 
dans ces dernières années, soit ceux que nous ne con- 
naissons pas encore. Aucun de ces systèmes n’a fourni 
davantage une méthode positive, qui permette d’en- 
trevoir, même de très loin, la formation synthétique 
de nos éléments; ou qui mette sur la voie des expé- 
riences par lesquelles on pourrait essayer d’y attein- 
dre. De grandes illusions se sont élevées à cet égard. 

Ce n'est pas que de tels systèmes ne soient utiles 
dans la science; ils servent à exciter et à soute- 
nir l'imagination des chercheurs. Ceux-ci se rési- 
gnent difficilement à rester sur le pur terrain expéri- 
mental et ils sont poussés dans la région des construc- 
tions et des théories, par ce besoin d’unité et de 
causalité, inhérent à l’esprit humain. Aussi serait-il 
trop dur, et inutile d’ailleurs, de vouloir proscrire 
toute tentative de ce genre. Mais, quelle que soit la 
séduction exercée par ces rêves, il faudrait se garder 
d'y voir les lois fondamentales de notre science et la 
base de sa certitude, sous peine de retomber dans un 
enthousiasme mystique pareil à celui des alchimistes. 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 313 


De telles conceptions sont d’ailleurs trop étroites et 
il convient de s’élever plus haut. Au fond, ceux qui in- 
voquent les multiples de l’hydrogène et les séries pé- 
riodiques rattachent tout à la conception de certains 
atomes, plus petits à la vérité que ceux des corps répu- 
tés simples. Or, s’il venait à être démontré que les 
équivalents des corps simples actuels sont rigoureu- 
sement multiples les uns des autres, ou plus générale- 
ment, multiples de certains nombres formant la rai- 
son de progressions arithmétiques déterminées ; il en 
résulterait cette conclusion probable que les corps 
simples actuels représentent les états inégaux de con- 
densation d’une même matière fondamentale. Cette 
facon de concevoir les choses n’a rien qui puisse répu- 
gner à un chimiste, versé dans l’étude de sa science. 

On pourrait même invoquer à cet égard des faits 
connus de tous, et qui ne sont pas sans quelque 
analogie. Tels sont les états multiples du carbone, 
élément qui se manifeste à l’état libre sous les 
formes les plus diverses et qui engendre plusieurs 
séries de composés, correspondant dans une certaine 
mesure à chacun de ses états fondamentaux; au 
même titre que les composés d’un élément ordinaire 
correspondent à cet élément même. Le carbone re- 
présente en quelque sorte le générateur commun de 
toute une famille d'éléments, différents par leur conden- 
sation : c’est d’ailleurs à la même conclusion que nous 
avait déjà conduit l’étude des carbures d'hydrogène. 
On pourrait objecter que les diversités de propriétés 
du carbone ne vont pas aussi loin que les diversités 
des éléments compris dans une même famille, celle des 


314 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


chloroïdes ou celle des sulfuroïdes, par exemple. En 
effet, le soufre, le sélénium ne reproduisent jamais les 
mêmes composés, en s’unissant avec l'oxygène, 
l'hydrogène ou l'azote; et ils ne peuvent être régénérés 
par les condensations du plus simple d’entre eux. 
Tandis que toutes les formes du carbone, quelle 
qu’en soit la variété, représentent réellement les 
états inégalement condensés d’un même élément (1): 
toutes ces formes dérivent du carbone gazeux, état 
primordial, le moins condensé de tous, et dont l’ana- 
lyse spectrale révèle l’existence momentanée à une très 
haute température (2). Cependant, peut-être est-ce là 
une simple différence de degré dans la facilité des méta- 
morphoses. En somme, le carbone, envisagé sous ses 
états et ses degrés de condensation, équivaut à lui 
seul à une classe entière de corps simples. L’oxygène, 
le soufre, le sélénium, le tellure pourraient représenter 
au même titre, les états divers d’un élément commun. 
Il y a plus : l’ozone, corps doué de propriétés spéci- 
fiques très singulières et comparables à celles d’un 
véritable élément, a été réellement formé au moyen de 
l'oxygène : son existence autorise jusqu’à un certain 
point les. conjectures précédentes. 

Peut être en est-il aussi de même de certains groupes 
de métaux : chacun d’eux répondant par lui-même et 
par la série particulière de ses combinaisons à quel- 
qu’un de ces états du carbone, qui engendrent des séries 
correspondantes de dérivés. Il y a cette différence toute- 


(1) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. IX, p. 476 et suiv. 
(2) Voir mes Mémoires sur les états du carbone : Annales de Chi- 
mie et de Physique, 4° série, t. XIX, p. 307 et 308, 413, 427. 


2 + 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 315 


fois, je le répète, que les érats divers du carbone peuvent 
être tous ramenés à certains composés identiques, tels 
que l’acide carbonique, l’acétylène ou le formène ; tandis 
que le soufre, le sélénium, les métaux, sont demeu- 
rés irréductibles dans leurs combinaisons. 


$ 8. La Matière première une δύ multiforme. 


Jusqu'ici nous avons raisonné comme si les élé- 
ments actuels étaient nécessairement formés par la 
condensation d’un élément plus simple, tel que l’hy- 
drogène ou tout autre élément réellement existant et 
isolable, dont les propriétés individuelles seraient la 
source de celles de ses combinaisons. Mais ce n’est pas 
là la seule manière de comprendre la constitution de 
nos corps simples : il importe d'étendre à cet égard 
nos idées, et d'exposer une conception philosophique 
plus générale. 

L'identité fondamentale de la matière contenue 
dans nos éléments actuels et la possibilité de trans- 
muter les uns dans les autres les corps réputés 
simples, pourraient être admises comme des hypo. 
thèses vraisemblables, sans qu'il en résultât la néces- 
sité d’une matière unique réellement isolable, 
c'est-à-dire existant d’une facon’ propre. L'une des 
hypothèses n’entraîne pas l’autre comme conséquence 
forcée, contrairement à ce que l’on a pensé jusqu'ici. 
Ceci mérite une attention toute particulière. 

En effet, en admettant l’unité de la matière comme 
établie, on conçoit que cette matière une soit sus- 


316 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ceptible d’un certain nombre d'états d'équilibre stable, 
en dehors desquels elle ne saurait se manifester. 
L'ensemble de ces états stables renfermerait les corps 
simples aujourd’hui connus, les corps simples que l’on 
pourra découvrir un jour, et même former synthéti- 
quement; en supposant que l’on arrive jamais à en 
découvrir la loi génératrice. Mais on a toujours rai- 
sonné en assimilant ces états multiples d'équilibre de 
la matière à nos corps composés actuels, formés par 
l'addition d’éléments plus simples. 

Or, on peut concevoir les choses tout autrement. 
Il est possible que les états divers d'équilibre, sous 
lesquels se manifeste la matière fondamentale, ne 
soient ni des édifices composés par l'addition d’élé- 
ments différents, ni des édifices composés par l’addi- 
tion d’éléments identiques, mais inégalement con- 
densés. Il ne paraît pas nécessaire, en un mot, que 
tous ces édifices moléculaires représentent les mul- 
tiples entiers d'un petit nombre d’unités pondérales 
élémentaires. On peut tout aussi bien imaginer 
que de tels édifices offrent, les uns par rapport aux 
autres, des relations génératrices d’un autre ordre : 
telles, par exemple, que les relations existant entre les 
symboles géométriques des diverses racines d’une 
équation; ou plus généralement, entre les valeurs 
multiples d’une même fonction, définie par l’analyse 
mathématique. La matière fondamentale représente- 
rait alors la fonction génératrice, et les corps simples 
en seraient les valeurs déterminées. 

Dans cette hypothèse, plus compréhensive que celles 
que l’on formule d'ordinaire sur la constitution de la 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 317 


matière; dans cet ordre d'idées, dis-je, un corps ré- 
puté simple pourrait être détruit, mais non décomposé 
suivant le sens ordinaire du mot. Au moment de sa 
destruction, le corps simple se transformerait subite- 
ment en un ou plusieurs autres corps simples, iden- 
tiques ou analogues aux éléments actuels. Mais les 
poids atomiques des nouveaux éléments pourraient 
n'offrir aucune relation commensurable avec le poids 
atomique du corps primitif, qui les aurait produits par 
sa métamorphose. 1] y a plus : en opérant dans des 
conditions diverses, on pourrait voir apparaître tantôt 
“un système, tantôt un autre système de corps simples, 
développés par la transformation du même élément. 
Seul, le poids absolu demeurerait invariable, dans la 
suite des transmutations. 

D’après cette manière de voir, les corps qui résul- 
teraient de la métamorphose de l’un quelconque de 
nos éléments actuels ne devraient pas être envisagés 
comme des corps simples par rapport à lui; je dis à un 
titre supérieur à l'élément qui les aurait engendrés. 
Car ils pourraient, eux aussi, être détruits et transfor- 
més en un ou plusieurs autres corps, toujours de l’ordre 
de nos éléments présents. Au nombre de ces éléments 
de nouvelle formation, on pourrait même voir repa- 
raître le corps primitif, qui aurait donné lieu à la pre- 
mière métamorphose. Il ne s'agirait donc plus ici de 
compositions et de décompositions, comparables à 
celles que nous réalisons continuellement dans nos 
opérations. 

La notion d’une matière au fond identique, quoique 
multiforme dans ses apparences, et telle qu'aucune 


318 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


de ses manifestations ne puisse être regardée comme 
le point de départ nécessaire de toutes les autres, 
rappelle à quelques égards les idées des anciens alchi- 
mistes. Elle offrirait cet avantage d'établir une ligne 
de démarcation tranchée entre la constitution de nos 
éléments présents et celle de leurs combinaisons 
connues. Elle rendrait compte de la différence qui 
existe entre la chaleur spécifique des éléments actuels 
et celle des corps composés et carbures polymères 
(voir p. 297). Elle se concilierait d’ailleurs parfaite- 
ment avec les hypothèses dynamiques que l’on énonce 
aujourd’hui sur la constitution de la matière. 

Les divers corps simples, en effet, pourraient être 
constitués tous par une même matière, distinguée 
seulement par la nature des mouvements qui les ani- 
ment. La transmutation d’un élément ne serait alors 
autre chose que la transformation des mouvements 
qui répondent à l'existence de cet élément et qui lui 
communiquent ses propriétés particulières, dans les 
mouvements spécifiques correspondants à l'existence 
d’un autre élément. Or, si nous acceptons cette 
manière de voir, nous n’apercevons plus aucune rela- 
tion nécessaire de multiplicité équivalente entre Îles 
nombres qui caractérisent le mouvement primitif et 
ceux qui caractérisent le mouvement transformé. 

Cette conception, que j'ai développée devant la 
Société Chimique de Paris en 1863, ne recourt, en 
définitive, pour expliquer l'existence des éléments 
chimiques, qu’à celle de nos corps simples actuels et 
des corps du même ordre, ramenés en quelque sorte 
à la notion de matière première. 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 319 


$ 9. La Matière pondérable et le fluide éthéré. 


D'autres veulent préciser davantage. Par une 
imagination fort plausible, mais dont le caractère 
contradictoire avec la théorie atomique véritable a été 
parfois méconnu, ils envisagent les particules préten- 
dues atomiques de nos éléments comme les agrégats 
complexes d’une matière plus subtile, le fluide éthéré; 
agrégats constitués par des tourbillons de ce fluide, 
sorte de toupies en rotation, douées d’un mouvement 
permanent et indestructible. 

On voit que l'atome des chimistes, la base en appa- 
rence la plus solide et la plus démontrée de notre 
science, s’évanouit complètement. Si nous ajoutons 
que chacun de ces tourbillons se fait et se défait sans 
cesse, c’est-à-dire que la matière même contenue dans 
chacun des tourbillons demeure fixe par sa quantité, 
mais non par sa substance, nous retournons tout à 
fait aux idées d'Héraclite. C’est ainsi que, dans la 
philosophie scientifique de nos jours, la permanence 
apparente de la matière tend à être remplacée par la 
permanence de la masse et de l’énergie. 

Un seul être ferme subsisterait alors, comme 
support ultime des choses, c’est le fluide éthéré. Le 
fluide éthéré joue ici le rôle du mercure des philo- 
sophes ; mais 1l est difhcile de ne pas s’apercevoir que 
son existence réelle n’est pas mieux établie et qu’elle 
n’est guères moins éloignée des faits visibles et démon- 


320 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


trables, sur lesquels roulent nos observations. C’est 
là aussi un symbole, une fiction destinée à satisfaire 
l'imagination. Les fluides électrique, magnétique, 
calorifique, lumineux, que l’on admettait au commence- 
ment de ce siècle comme supports de l'électricité, 
du magnétisme, de la chaleur et de la lumière, n’ont 
certes pas, aux yeux des physiciens de nos jours, 
plus de réalité que les quatre éléments, eau et terre, air 
et feu, inventés autrefois, au temps des Ioniens et au 
temps de Platon, pour correspondre à la liquidité et à 
la solidité, à la volatilité et à la combustion. Ces fluides 
supposés ont même eu dans l’histoire de la science une 
existence plus brève que les quatre éléments : ils ont 
disparu en moins d’un siècle et ils se sont réduits à un 
un seul, l’éther, auquel on attribue des propriétés 
imaginaires et parfois contradictoires. Mais déjà 
l’atome des chimistes, l’éther des physiciens semblent 
disparaître à leur tour, par suite des conceptions nou- 
velles qui tentent de tout expliquer par les seuls 
phénomènes du mouvement. 

Toutes ces théories d’atomes, d'éléments, de fluides 
naissent d’une inclination invincible de l’esprit hu- 
main vers le dogmatisme. La plupart des hommes ne 
supportent pas de demeurer suspendus dans le doute 
et l'ignorance ; ils ont besoin de se forger des croyances, 
des systèmes absolus, en science comme en morale. 
Dans les matières où elle n’a pas réussi à établir des 
lois, c’est-à-dire des relations certaines et invariables 
entre les phénomènes, l'intelligence procède par ana- 
logies, et elle tourne dans un cercle d’imaginations 
abstraites qui ne varient guère. Assurément, je le ré- 


THÉORIES ALCHIMIQUES ET THÉORIES MODERNES 221 


pète, nul ne peut aflirmer'que la fabrication des 
corps réputés simples soit impossible a priori. Mais 
c’est là une question de fait et d’expérience. Si jamais 
on parvient à former des corps simples, au sens actuel, 
cette découverte conduira à des lois nouvelles, relations 
nécessaires que l’on expliquera aussitôt par de nou- 
velles hypothèses. Alors nos théories présentes sur 
les atomes et sur la matière éthérée paraîtront proba- 
blement aussi chimériques aux hommes de l'avenir, 
que l’est, aux yeux des savants d'aujourd'hui, la théorie 
du mercure des vieux philosophes. 


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RP ENDICES 


APPENDICE A 


ANALYSE DU PAPYRUS N° 66 (REUVENS) 
OU 1, 379 (LEEMANS), DU MUSÉE NÉERLANDAIS D’ANTIQUITÉS 
A LEIDE. 


En raison de l’importance de ce papyrus, il m’a paru 
utile de reproduire, d’après Reuvens, les titres des 
articles alchimiques qu’il renferme; toutefois, sans y 
faire aucune correction, ni accentuation. J’en ai donné 
(pages 87 à 93) la traduction, en la rangeant suivant 
un ordre différent, c’est-à-dire d’après la nature des 
métaux et des sujets. 


Page Titres 


1 Μῶολιβου καθαρσις και σληρωσις (1. σχληρωσις .) 
Αλλη κασσιτέρου. 
Κασσιτερου χαθερσις (1. χαθαρσις) του βαλλομένου εἰς τὴν xpaoiv 
του ἀσήμου. 
Κασσιτερου χαθαρσις. 
Ασημου rotnoets (]. ποιησις). 
Aonuou διπλωσις. 


2 Ἀνεγλειπτος μαζα (|. ἀανεχλειπτος). 


: e 
324 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 
Pages. Titres. 


Ασημου ποιησις. 
Acnuou χυτου ποιησεις (Ϊ. mouais) ; 
Ασήμου GirAwots, 
Ασημου ποιησις. 
Ασημου ποιησις. 
Ποιησις χρασεὼς... 
Χρυσιου χρωσις. 
3. Χρυσιου πλεανεσμος (1. πλεονασμος). 
Χρυσου δολος. 
Ἀσημου ποιησις. 
Ἀλλη. 
ἈΑλλη. 
4 Ασημου σχλήρου eut (L: ιωσις 7). 
Αλλη. 
Χαλχου λευχοσις (L. λευχωσις). 
Κασσιτερου σχληρωσις. 


Καταχρισις χρυσου. 


un 


Apyvoou χαθαρσις. 

Agyupou χρωσις. 

Χαλχου χρυσοφαάνους ποιησις. 
Ασήμου χυτου ποιησις. 

Ασημου ποιησις. 

Χρυσοχολλου σχευσεια (L. σχευχσια). 
Κασσιτερον yvwvat εἰ δεδολωται. 
Κολλης χρυσοχοιχὴς ποιησις. 

6, Χρυσοχραφια. 

Al. 

Ασημου ποίησις. 

ὥστε φαίνεσθαι τὰ χαλχα χρυσὰ. 
Χρυσογραφεια (1. “χρυσογραφ!α)- 
Ασημου ποιησις. 

Αλλη. 

Χαλχου χρίσις. 


NI 


Xpuoou δοχιμασια. 


Αργυρου δοχιμασια. 


Un 


APPENDICE A 32 


Pages. Titres. 


Χρυσογραφια. 
Χαλχωματων σμηζξις. 
Χαλχος χρυσοφανης. 
Ἀργυρωματων σμηξις. 
Apyvoou χρυσωσις. 
Χρυσογραφια. 


: Aopyupou χρυσωσις. 


Χρυσογραφια. 

Χρυσιου uypou σχευάσεια (]. σχευασια). 
Χρυσιοι χρωσις. 

Χρυσιου ποιησις. 

Αλλη. 

Χρυσογραφεια. 

Ἀσημου πς (]. ποιησις). 

An. 

Κασστερου (1. χασσιτερου) λευχωσις. 
Ασημου γραφη. 

Χρυσογραφεια. 

Ασημου δοχίμασια. 

Κασσιτερου σμηξεις (1. σμηξις). 
Acnuou καταβαφη. 

Χαλχου μαλαξις. 

Χρουσου χαταβαφη. 

Χρυσογραφια. 

Χρυσογραφια. 

ἈΑλλη. 

Αλλη (χρυσογραφια χωρις χρυσου). 
Χρυσωσις. 

Aln. 

Αλλη. 

Χρυσογραφεια (1. χρυσογραφια). 
Ασημου χαταβαφη. 

Ἄργυρον (1. Apyupou) χρωσις. 
Κασσιτερου σχληρασια. 


Ασημου ποιησις. 


326 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. litres. 


Ασημου ποίησις Αἰγυπτιου. 

An. 

An. 

Χρυσιου διπλοσις (1. διπλωσις). 
Αλλη. 

Aln. 

0 ἀσημος ουτος (l. ουτως) ἀρεουται (1. ἀραιουται]. 
Καταχος (ἰ. κατοχος) avyouons (ἰ. αγχουσης). 
Ἄνεσις avyouons ([. αγχουσης). 
Κατοχος avyouons (ἰ. αγχουσης). 
Papuuxx στυπτιχα. 

Πορ (φυρας) ποιησις. 

Ip? (υρας) βαφη. 

Αλλη. 

Αλλο. 

Αλλο. 

Al. 

Αντιγλαυχειμος (L. ἀντιγλαυχισμος). 
Διοσχοριδου εχ του περι υλης. 
Αρσενιχον ἀριστον. 

Σανδαραχη (1. Σανδαραχη). 

Μισυ. 

Καδμια (]. Καδμεια). 

Χρυσοχολλα. 

Νιλτος Συνοπιχη (1. Σινωπιχη). 
Στυπτηρια. 

Νιτρων. 

Κινναβαρει. 

Ὑδραργρυρος. 


HÉSÉSENERENERsR 


APPENDICE B 


PAGES {1 ET 13 DU PAPYRUS PRÉCÉDENT, 
IMPRIMÉES D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE 


Ce texte est inédit; je l’ai reproduit sans aucune 


correction (voir page 82.) 


ἝἜ 


= 


PAGE 11. — Procedes de transmutation. 


Κασσιτερου σχληρασια. 


Χωνευῶν αὐτὸν στυπτηριαν σχιστην χαι 
γαλαχκανθον μειξας χαι ἐνωσας λειχ TE ποίης 


ας ἐπίπασσε χαὶ εσται σχλήρος. 
Ασήμου ποιησις. 


Κασσιτερου χρηστου pv. α΄, πίσσης ξηρὰς ç ιγ΄ 
ἀσφάλτου cn’ εἰς λυτραν χενὴν περίπελωσ 

ας χωνευε εἰτα προφυζας προσιμισγε χαλ 

χου τροχίχου ς x! χαὶ ἀσήμου προτου ς γ΄ χαι 


μαγνησιας λειας ς ιβ΄ χωνευσας ποίει ο θελεις. 
Ασήμου ποιησις αἰγυπτίου. 


(27) Ὡς φιάλην α (?) ποιεις σαειτὴς λαβὼν χαλχον 
(2) κχυπριον τον ἀνειμένον ἐχχαθαρον οξεια (?) 
œer χαι στυπτὴ λιαν τα ἐχχαθαρᾶς χώνευε 


ειἰσβαλων ταις ταις ς x" ψίμιθιου αδολου 


3 


ὃ 


+ 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


ς γ΄ χαι λιθαργυρου χρυσισονδος (?) ς β΄ ες ταλε 
υχον εἰτὰ ἐπιβαλλε xonuou ἀταλωτατου 

xat ἀμέμπτους β΄ δειξεις οἱ αὐτὸ ἔπεχε 
χωνευων μη υποστὴ OUX εστιν ιδιωτου 

αλλα εν πυρου χαι ζησεται χάλως. 


Αλλη. 


Ἀσήμου ποισεις ἀληθος γειναμενη προς αληθειαν 
χρίσσον ἀσημου λαβὼν ὠροχάλχον οσὸν ἀλχὴν 

α΄ ἐσβαλε εἰσχωνευε (?) ὠσχυθη χαι προσβαλε αλος 
ἀμμωνιχου ἡ χαππαδοχιχου « α΄ χαι ἐπιχῶνε 

υσον χαι προς τος (7) στυπτηριας χιστης ολης 

οσον χυάμου αἰγυπτιου χαι ἐπιχωνευσον χαι 

προσδοσ σανδαραχὴς μὴ τῆς χρυσιζουσὴς αλλα 

τῆς λευχατιζουσης τῆς σαπρας « α΄ εἰτὰ μετὰ 
XEVVOU εἰς ETEPOV χοινον προχεχησμενον 

YA JEUX εἰτὰ χωνευσας προς διτου τὸ τριμελος 


ἀμωμου χαι χρω. 


Αλλη . 


Λαβων χασσιτερου < ιβ΄ υδραργυρου < à’ ÿn 
ς jets « β' χωνευε τὸν χχσσιτερον ἐμβαλη τὴν 


XELVEL σιδηρω αἀνχπλασσε HAE LR. 


Χρυσιου διπλωσις. 
Βαρυτερον εἑρπαζασαι (?) τον χρυσον τῆς τουχ 


ολχὴς χαι μιᾶς TO τεττάρτον συνχώνευξ 


χαι βαρυτερα (9) οσμεν σχληροτερος de ἀποβησεται 


PAGE 13. — Fin d'un article sur la teinture en pourpre. 


υτρον μν. α΄ χαι ἀρᾶς ξηρᾶνον χα! AVX/OUTAV βρεξας 


οξειζεσον χαι εἐπιβαλε exet τὸ ξρίον χά! ἀνχβησεέται 


APPENDICE B 


σοι χονχυλια τὸν χαι δια υδατος δὲ χαι νίτρου ζεσ 
θεισα ἀνεσι χρωμα χονχυλιον ειτα ξηρανας auto 
εἐπιβχπτε τροπὼ τωδὲ φυγος υδατι ζεσον και otav 
εξερας ἡ επιβαλλε μιχρον χαλχανθον προς οφθαλ 
μὸν τινα πορφυροὺυν γενηται χαι τοτε χαλα TO ερι 
ον χαι γεινεται εαν δὲ περίσσοτερον βαλης χαλ 


χανθιον μελανωτερον γείνεται. 
Αλλη. 


Kæpux διατριψον και μετ᾽ αυτῶν avyousav χαλ 

᾿ NN 
Ἣν εἰθ᾽ οταν τουτο ποιησις οξος ἐπιβαλλε δριμυ xxt 
πᾶλιν τριβε βαλων εχεις ιδιον χαι excov μιν. γ΄ χαι 
ψετα τὰ γ΄ χαθες εχει TO εριὸν χαι ἔσται ψυχρο 
βαφης λεγεται δὲ οτι πεδερω (7) τινων γεινε 
ται ἐνπορφυριζον χαι μετὰ νιτρου βερνιχαρι 


ου Boxyn αντι TOU καάρυου TO αὐτο ποίει. 


Ado. 


Στρουθισον to εριον χαι χεὲεν ετοιίμως TUTTNE 
ιαν σχιστὴν χαι τχηχητος τὸ ἐσὼ τριψας βαλε 
μετὰ τῆς στυπτηριᾶς εἰς χυθριδιον χαι επιβαὰ 
λων εασαν Wpa ολιγὰς χαι ἀρᾶς εασον ζηρανθη 
γαι προγεγονε τοδε σοι ἡ ἀγωγὴ αὐτὴ φαιχλειν 
τριψας βαλων εἰς ἀγγεῖον ἐπιβαλε υδορ χαι τὰρ 
αξας εαχατας τὴν διειτα ἀποσιρωσας TO χα 
θαρον υδὼρ εἰς ἐτερον αγγεῖον Eye εν ετοιμὼ 
ολβον (2) λαβων δὲ ἀνχουσα χαι βαλων εἰς αγγειον 
TO υδατι τῆς φαιχλης μειξον εως επιμέλως εν 
παχυνθηχαι γενηταῖ ὡς ἀμμῶωδες το de EL 
βαλε εἰς αγγείον υποχειρα τριβων εχ του προ 
χειίμεένου υδατος του τῆς ἀνχουσὴς ειθ'οταν 
γένηται ὡς γλοίωδες βαλὼν auto εἰς χυθρυδι 

ον προσεπιβαλε το λοιπὸν υδορ τῆς ανχουσὴς 


χαι ἐλεὼς αὐυτοχλιδρον ποιησις χαὶ τοτε χαλα 


329 


ωϑ 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


σᾶς TO EPLOV ἄφεως pus ολιγας χαι εὑρήσεις 


πορφυραν μενουσαν. 
ἀλλο. 


Λαβων ἀνχουσαν Aeovrixnv λεπισον χαι λαβων 

τα λεπισματαὰ εἰς θυιαν τριβε λεια ὡς στιμι χαι επιξα 
λων υδαρεστερον υδρομελει παλι τριβε etre τετρι 
μμέενον αὐτο μεταβαλε εἰς ἀγγεῖον χαι ζεσον οτὰ 

v δὲ εἰδης οτι χεχλειανται χαθες τὸ eplov χαι € 

α ενχοιτασθηναι ες τωδε TO EDLOV ἐστρου τιμενον 

χαι ἐστυμμενον χαι TOTE λαβων αὐτω χαθες εἰς υδὼ 


ρ ασβεστου χαι EXGOV GUVTLELV τὰ ἀρᾶς ἀποπλυ 


APPENDICE Β" 


LES PAPYRUS DU LOUVRE ET DE BERLIN 


Il m'a paru utile de compléter mes résultats par la compa- 
raison des Papyrus du Louvre, publiés d’après Letronne, dans 
le tome XVIII des Notices et Extraits de notre Académie des 
Inscriptions (1866), et des Papyrus de Berlin, publiés par Par- 
they, sous le patronage de l’Académie de Berlin. Ni les uns 
ni les autres ne renferment d’alchimie proprement dite; mais- 
ce sont des textes congénères de ceux de Leide, parfois même 
contemporains. 

Soit d’abord les noms des métaux et ceux des person- 
nages. 

Les noms de l'or, de l'argent, du fer, du cuivre y figurent 
seulement avec leur sens ordinaire. 

Le nom de l’asemon ne s’y rencontre pas; non plus que 
celui de l’étain. 

Pour le plomb, on trouve une seule fois : μολυύδινα ποτηρια 
(Papyrus du Louvre, p. 294). 

En fait d’alliages, on lit seulement le nom de l’orichalque, ou 
plutôt des ouvriers qui le fabriquent (p. 240). 

Le nom de Démocrite apparaît à titre d’astronome (1), asso- 
cié à celui d’Eudoxe à quatre reprises, dans un traité écrit du 
temps des Antonins. (Pap. du Louvre, p. 74-75). 

Le nom de Pétésios (2) s’y trouve aussi (p. 345). 


(1) Voir les Fragmenta astronomica de Démocrite dans Mullach, 
Ρ- 29ι:- 
(2) Voir ce volume p. 168. 


332 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Dans un thème généthliaque {p. 236), on rencontre les 
Chaldéens, Pétosiris, Hermès, Imouth, personnages fréquem- 
ment nommés dans les premiers siècles de notre ère et dans 
nos manuscrits (1). Le sujet même de ce thème, c’est-à-dire 
l’astrologie, est congénère de l’alchimie (2). 

Dans les papyrus de Berlin, il s’agit surtout de la magie et 
de la science des songes, comme dans certains de ceux de 
Leide (3). Leur style rappelle les gnostiques. Ils sont dès lors 
très voisins des écrits alchimistes, surtout de ceux de Sy- 
nésius et d’Olympiodore. — Précisons ces rapprochements. 

Le Soleil et la Lune y sont désignés par leurs symboles 
(p. 114), comme dans ceux de Leide (4). On n’y trouve rien sur 
les traitements des métaux, quoiqu’on y lise une certaine pré- 
paration magique où figurent des plantes (p. 151; Pap. 11, 35). 
Le nom du grand œuvre (μεγὰ epyov) s’y trouve, mais appliqué à 
la magie (Pap. I, 247 a). 

Le serpent Ouroboros y est nommé, ainsi que Chnouphi (5) 
l’Agathodémon (Pap. I, 27, 236). Le courant du Nil y est cité 
(Pap. I, 30), dans les mêmes termes, (τὰ του Νείλου ρευματα) que 
par Zosime. La méntion mystérieuse des sept sources(Pap.I,235) 
rappelle celle des trois sources du temple d’Isis (6). 

Les sept voyelles sont employées comme formule magique, 
de même que sur les amulettes gnostiques et pierres gravées de 
la Bibliothèque nationale de Paris (7). On y trouve, de même 
que chez les alchimistes (8), une formule de serment (Pap. I, 305). 
L'opposition entre le chaud et le froid (Pap. 1, 235) rappelle 
aussi les alchimistes; comme on peut le voir dans Stéphanus, 
(p. 275 de ce volume), et surtout dans une intercalation en petit 
texte, qui se lit dans le manuscrit 2.327, fol. 240 ν᾿. 

(1) Voir ce volume p. 9, 132, 169, 184. 

(2) Ce volume, p. 12 et suivantes; p. 48, 83, etc. 

(3) Ce volume, p. 84. 

(4) Ce volume, p. 83. 

(5) Ce volume, p. 136. 

(6) Ce volume, p. 134. 

(7) Ce volume, p. 62. 

(8) Ce volume, p. 25. 


‘) 


APPENDICE B BIS 393 


La formule de la terre vierge (ap0evou ÿns, Pap. 11, 57) est 
très caractéristique; car elle rappelle une phrase énigmatique 
attribuée à Hermès par les alchimistes (πάρθενος ἣ γὴ εὐρίσχεται 


ἐν τῇ οὐρᾷ τῆς παρθένου. — Manuscrit de saint Marc, fol. 168 v°) 
et les mots de Zosime (1) « la terre est vierge et sanglante, 
ignée et charnelle » (ms de saint Marc, fol. 190 vo). 

Les noms cités ne sont pas moins caractéristiques. On trouve, 
en effet, dans les Papyrus de Berlin : d’une part, Apollon et les 
Muses (Pap.de Berlin, p. 152, 155), invoqués dans un style qui 
semble une réminiscence du 1er livre de l’Iliade et qui rappelle 
aussi Olympiodore (2). 

On y lit pareillement les noms des trois Parques (Papyrus de 
Berlin, p. 153. — Ce volume, p. 25), et celui de Jupiter. 

A côté de ces divinités païennes, figurent Adonaï, l’archange 
saint Michel (Pap. de Berlin, p. 128), saint Georges, Moïse 
(Pap. 11, 115), Abraham : amalgame étrange d’éléments grecs 
classiques, d'éléments judaïques et d’éléments chrétiens, qui 
rappelle les derniers gnostiques (3), les Hymnes Orphiques, les 
auteurs du 1ve siècle de notre ère. Il rappelle en particulier les 
hymnes et les écrits de Synésius (4) et l'ouvrage d’Olympiodore 
(5). Tout cela appartient à une même époque et à une même 


littérature. 


(1) Ce volume. p. 63. 
(2) Ce volume, p. 193. 
(3) Ce volume, p. 65. 
(4) Ce volume, p. 190. 
(5) Ce volume, p. 193. 


DÉC ACACACACACACEACEE, 


APPENDICE C 


DIPLOSIS (DOUBLEMENT) DE L'ARGENT 
MANUSCRIT 2.327, FOLIO 274 V°. (VOIR PAGES OI et 02) 


On reproduit ici le texte du manuscrit sans correc- 
tions. 


Ἀργύρου δίπλωσις. 


Ἐπειδή χαὶ εἰς τὴν ἱερωτατὴν βίβλον εὐρίσχομεν ἀναγεγράμμενα" 
Ἀργύρου χράσεις διὰ τοῦ κασσιτέρου: ἀναγγαίον ἐνθέσθαι τὰ μυστήρια χαὶ 
4 f ΕἸ , à > o\ ποι τὰ A , \ 
τὰς χαθάρσεις αὐτοῦ “Ὅπως ἐν μηδὲν ἀμάρτις" βαλὼν στυπτηρίαν χαὶ 


ἄλας χαππαδοχιχόν" σύστρεφε μετὰ μαγνησίας, χαὶ χρώαν προσδίδωσιν 


σ / C4 \ 3 1 “ 4 - -" “Mn \ ’ ᾿ 
ÔTE TUDAVIXOS 129; GUY τῷ QUE £409017 ποιξι αὐτὸν XXL λοιπαρὸν χα! 


Rebetetetetetetene 


APPENDICE D 


Je vais exposer les résultats de mon examen des 
divers manuscrits dont j'ai eu connaissance : en com- 
mençant par le manuscrit 2.327, et par le manus- 
crit de saint Marc, que j'ai surtout dépouillés. (Voir 
page 95 et suivantes.) C’est en quelque sorte la table 
des matières de ces manuscrits : table qui peut servir 
à en définir les caractères généraux et spécifiques, ainsi 
que le mode de composition. Elle permettra en outre 
de comparer entre eux ceux que j'ai étudiés et ceux que 
je n’ai pas eu occasion de parcourir. 


Ι. — Ms. 2.327 DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE PARIS 
MS. IN-8°, RELIÉ AUX ARMES DE HENRI II : 300 FOLIOS 


Je traduirai les titres en français, non sans dissimuler que 
quelques-uns des mots techniques laissent un peu d’incerti- 
tude. Je donne en note l'indication des textes reproduits dans 
d’autres manuscrits, autant que j'ai pu l’établir d’après les 
catalogues imprimés, ou d’après mes propres collations. L'exa- 


336 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


men direct de tous les manuscrits serait nécessaire pour 

compléter cette comparaison. Le manuscrit de saint Marc fera 

d’ailleurs plus loin l’objet d’une notice spéciale. 

Livre sur l’art de faire de l'or, renfermant les écrits de plusieurs 
des philosophes qui se sont occupé de l'art sacré : Démocrite, 
Dioscorus, Synésius, Stéphanus, Olympiodore, Zosime οἱ 
autres. 

Puis vient une table latine moderne, laquelle renferme quel- 
ques inexactitudes. 


I. Lettre du bienheureux et omniscient Psellus au très 
saint Patriarche Xiphilin, sur l'art de faire de 
Por (1)- Fol. 1 à 7 

Entre cette lettre et le traité des poids et mesu- 
res qui se lit au folio 15, on trouve une suite 
d’intercalations et de surcharges, d’écritures diver- 
ses, faites par des copistes qui ont voulu utiliser 
des pages blanches et compléter l’exemplaire. Par 
exemple : recettes pour faire une espèce de colle ; 
une espèce de savon; Zosime dit sur l’asbestos(2).— 
Notes diverses, dont une formule à réciter contre 
le mal de dents, d'écriture moderne. — Puis 
vient un commentaire sur la pierre philosophale, 
d’après Démocrite, Ostanès, etc., composé de 
vieux fragments qui se retrouvent répétés plus 
loin et plus correctement. +"Fol.:8 à 2: 

Fabrication des verres. — Cet article est répété 
deux fois, d’une écriture différente, et suivi d’une 
énigme en six vers et de divers articles relatifs 
aux vapeurs sublimées, (αἰθάλαι), au blanchi- 


ment des métaux, etc. Fol. 12 à 14 
Il. Extrait du traité de Cléopâtre sur les poids et 
mesures (3). Fol. 15 et 16 


(1) Reproduite dans le ms. d’Altenbourg. 

(2) Laurentine, XL. | Saint Marc. 

(3) Ce traité existe aussi dans les ms. suivants : | Leide. | Laur. I | 
Vienne, XI | Saint Marc | ms. 2.275 | ms. 2.320. 


APPENDICE D 337 


IT. Explication des signes de l'art sacré et du livre sur 
la matière de l'or (1). 

Ce tableau parait formé par l'addition successive de 
sept ou huit tableaux analogues, mais plus 
anciens (voir ἢ. 112). Fol. 16 vo à 18 

IV. Lexique des mois de l’art sacré (2), par ordre 
alphabétique Folk 19423 

V. Ce que les anciens disent sur l'œuf (philosophique) : 
C’estune nomenclature symbolique très ancienne, 
relative à l’art sacré (3). Fol. 23 et 24 

VI. Physica et mystica, c'est-à-dire Écrits naturels et 
mystérieux de Démocrite (4), renfermant plus 

loin, en sous-titre, la fabrication de l’ase- 

mon. Fol. 24 vo à 31 

VIT. Synésius le philosophe à Dioscorus sur le livre de 
Démocrite, etc. (5). Fob 9 τε 57 

VIII. Stéphanus d'Alexandrie: sur l’art sacré et divin de 
faire de l’or (6), neufleçons /praxeis). Fol.37 vo à 74 

IX. Comarius, grand prêtre, maitre de Cléopâtre, 
etc (7): Fol. 74 à 79 ve. 

Sur l’art sacré, etc. A mFolZsoxe er 80 


(1) Ms. 2.325, fol. τ et 2. La 1e page de 2.327 manque. La liste 
commence au mot θαλασσα du fol. 17 et finit à ρινισμα du fol. 17 v° | 
ms. 2.250 à la fin. | Laur., II | saint Marc. 

(2) Ms. 2.525, fol. 2 v° à 8. La première demi-page de 2.327 manque. 
Débute par ἀφαιρημα | Leide | Laur., IT. — Vienne, XXI | saint Marc | 
THSN2.270. 

(3) Manque dans 2.325. | Saint Marc. . 

(4) Ms. 2.325, fol. 8 v° à 20. | Alt. | Leide | Laur., IV. | Saint Marc. 
Vienne, IV. | Ambr.] 

(5) Ms. 2.325, fol. 20 à 31. | Laur., V. | Vienne, V. 1 Saint Marc 
| Ambr. | m. 2.275. 

(6) Ms. 2.325, fol. 32 à8r. | Alt. | Leide. | Ms. 2.275. | Laur., VI. | 
Vienne, I. | Saint Marc. | Ambr. | Ms. 2.320. | 

(7) Ms. 2.250. Commentaire sur Comarius par un anonyme. | 
Laur., VII et VII 1 Saint Marc (fin de la ot leçon de Stépha- 
nus). 


ιὸ 
ιὸ 


338 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


X. Mémoires authentiques de Zosime le Panopoli- 
tain (1). 

Les formules sur le tout, y sont inscrites en lettres 
rouges, sans la figure des cercles concentriques, 
mais avec les signes des quatre métaux : Plomb, 
Mercure, Argent, Or. — Au verso, on voit à 
l'encre rouge des signes magiques, tels que celui 
du Scorpion (2). — En marge, des figures d’appa- 
reils (3). Fol. 8o et 81 

Sur le tribicos et le solen (alambic avec conden- 
sateur à trois pointes et son tube), avec figures (4). 

Au-dessous les mots : en haut les choses célestes, 
en bas les choses terrestres; par le mâle et la f:- 
melle l’œuvre est accomplie. — Formule repro- 
duite au verso du fol 8o. Fol. 81 

Évaporation de l'Eau divine qui fixe le mercure. — 
Sur la même eau (5). Fol. 82 à 84 

Livre de la Vertu de Zosime, sur la composition des 
eaux (6), trois leçons. Fol. 84 vo à 88 

Avis complémentaire pour ceux qui travaillent 
l’art (7). Fol. 89 

XI. Sur la fabrication du verre (8). C'est la troisièm: 
copie du même mémoire et la plus régulière. — 


(ἡ Laur., IX. | Ms. 2.275. 

(2) Ms. 2.325, fol. 83 à 84. On y voit les trois cercles avec 5 signes 
au centre, ainsi que le scorpion ct les figures. 

(3) Ms. 2.249, fol. 99 v°. 

(4) Ms. 2.240, fol. τοι. | Ms, 

(5) Ms. 2.249, fol. 96. | Ms. 
Marc. U 

(6) Saint Marc | Ambr. | Ms. 2.249. Début. | Ms. 2.325, fol. 88. 
La description du songe manque. | Laur., X. | Vienne, VII. 

(7) Ms. 2.249, fol. 3 v°. La formule « en haut les choses célestes » 
manque. | Laur., XI. 

(8) Ms. 2.249, fol. 4. | Laur., ΧΙ, XII. | Ambrois. | Ms. 2.325. 
Sur les lumières, fol. 88. La fabrication du verre manque, mais le 
texte renferme les articles sur la vapeur et le blanchiment, jusqu'au 
flio or. 


.325, fol. 83 ve et 84. | Saint Marc. 
.325, fol. 84 v° ct fol. 85. | Saint 


ι9 D 


APPENDICE D 330 


Trois autres articles à la suite reproduisent éga- 
lement ceux des feuilles 13 et 14 sur le blanchi- 
ment (1). Fol. 90 à 92 
ΧΙ, Livre du Chrétien (2) sur la bonne constitution de 
l'or (εὐσταθεια). Fol. 92 vo. 
(Le nom de Jacob (3), l’Inspiré de Dieu, est écrit au- 
dessus.) — Une série d’articles du même auteur 
suivent jusqu’au folio 00. 
Livre du Chrétien sur l’eau divine (4). Suite de 
commentaires sur les ouvrages secrets et autres 
des anciens, jusqu’au folio 100. 
XIIT. Recettes (5) pour teindre les laines, pour préparer 


la couleur noire, etc. Fol. 109 
Quelles doivent être les mœurs de celui qui pour- 

suit la science (6). Fol. 109 ve. 
Serment au nom de la Trinité (7). IFol.*109 vo. 

Sur le xerion (poudre de projection solide); — sur 

l’ios, sur la cadmie (8). Fol. 110 

XIV. Sur le jaunissement. — Cet article est tiré en partie 


de Zosime et reproduit les phrases relatives à 
l'importance de l’art en Egypte, ainsi que di- 
verses indications gnostiques (9)}.  Fol. 110-112 
Ecrit authentique de Zosime le Panopolitain (10) 


[ἢ Ms-%2.325, fol. 90 v°, 1 Laur ΧΟ 

()iMs:e2:540, ol:62 l'IMSs. Re [0]. ΟἿΣ tué Vi baur:,/ XV. | 
Vienne, XVI, VI, VII, XIX. | Saint Marc. | Ambr. 

(3) Stéphanus cite aussi un personnage de ce nom, Jacob Cabida- 
rius : [DELER, t. I[, p. 208. 

(4) Ms. 2.249, jusqu'au fol. 15. | Laur., XVI et XVII (14 chap.).] 
Vienne, X. | Saint Marc. 

(5) Ms. 2.240, fol. 15 et 16 

(6) Saint Marc. 

(7) Ms. 2.240, fol. 16, avec additions. | Ms. 2.325, fol. 116. | 
Laur., XVII. | Saint Marc. 

(8) Vienne, XXII. | Saint Marc. 

(9) Ms. 2.240, jusqu'au [0]. 17. 

(10) Voir les art. X, XIX (barré), XX, XXV, XXXVI, XXXIX. 


340 LES ORIGINES DE-L'ALCHIMIE 


sur l'art sacré. — Sommaire des chapi- 
tres (1). Fol. 112 à 136 
On y trouve un extrait d'après Démocrite (113 vo) 
— un autre tiré d’un livre du même, adressé à 
Philarète (118), et reproduisant un catalogue 
de substances, qui semble le point de départ des 
lexiques alchimiques. — Un autre extrait indi- 
que ce que Démocrite appelle les substances 
(οὐσίας. Fol. 122). — Pourquoi l'art parle d’une 
seule teinture (122 ve). — Sur les eaux divi- 
nes (125). — Sur les mesures (126 v°). — Articles 
sur la magnésie, etc., etc. (2). 
Sur la pierre philosophale (3). Fol. 136 à 140 
Jean l'archiprétre en la sainte Evagie. — Article 
barré et reproduit plus loin. 
XV. Methode pour arrondir les perles, tirée de la 
Technurgie du célèbre arabe Salmanas (4); pro- 
cédés pour nettoyer, rendre brillantes, blan- 


chir les perles jaunes. — Nettoyage de la perle 
de Bretagne. — Procédé du moine des Plom- 
biers. Fol. 141 à 146 


XVI. Fabrication de l'argent (5). — 3 recettes, deux avec 
le plomb, une avec l’étain, — fabrication de l’or 

— sur le cinabre. 
Fabrication du mercure. Fol. 146 
XVII. Coloration {par fusion) des pierres, émeraudes, 
lychnites, hyacinthes, d'après le livre du Sanc- 


(1) Ms. 2.240, fol. 18 à 28, écourté. Il y manque à cette place les 
articles qui suivent le fol, 131 du ms. 2.327. | Ms. 2 325, fol. 118 
à 152. | Laur., XVIII (19 chapitres). 

(2) Ms. 2.240, fol. 108 et suite. 

(3) Ms. 2.249, fol, 110, v°. | Manque dans 2,325. 

(4) Ms. 2.240, fol. 29 à 32. | Ms. 2.325, fol. 152 à 150. | Laur., XLIV 
[17 chap:).11Ms/2:275. 

(5) Ms. 2.325, fol. 159 v°. | Ms. 2.240, fol. 32 ve. | La fabrication du 
mercure manque dans 2.325. | Saint Marc renferme le tout, à la suite 
des procédés de trempe. 


APPENDICE D 341 


tuaire (1). Suite de procédés sur la fabrication des 

verres colorés, citant de vieux auteurs Egyptiens, 

le livre Sophé d'Egypte (152), la chimie de 

Moïse (149). — La fin de l'ouvrage est indiquée en 

marge. Fol. 147 à 155 

XVII. Recettes metallurgiques (2). Trempe du bronze, 
découverte chez les Perses, écrite sous le règne 

de Philippe, roi de Macédoine, tel qu’il se voit sur 

les portes de Sainte-Sophie. — Trempe du fer 

indien, écrite à la même époque. — Deux procédés 

de trempe. — Autre article relatif au plomb et 

à la feuille d’or. Fol. 155 vo à 159 

XIX. Explication de la science de la Chrysopée par le 
saint moine Cosmas (3). — Ceci est tiré d’un 

certain vieux Zosime; l’autre article, du grand art 

des anciens. Fol. 159 vo à 161 

Zosime le Panopolitain, mémoires sincères. — Page 
barrée Fol. 161 vo. 

XX. Traités du philosophe anonyme sur l'eau divine du 
blanchiment (4). Fol. 162 à 168 

Zosime le divin sur la vertu et l'interprétation — 
continue à la dernière ligne du précédent, — la 

suite n’est pas de Zosime, car elle parle des philo- 

sophes œcuméniques, etc. (5). Fol. 168 à 177 

XXI. Traités tirés de la chimie mystique : poésies d'Hé- 


(1) Ms. 2.249 jusqu’au fol 158 MMS 2525; .1folii6or νυ’ ἀν 79: 


[Μ8. 2.275. 


(2) Ms. 2.240, fol. 39 à 41. | Ms. 2.325, fol. 173 v° à 178. | Saint Marc. 


| Ms. 2.295, | Vienne, XVII. | Trempe du fer, dans saint Marc, avec 
des titres différents. |Ambr. 


(3) Ms. 2.240, fol, 4r v° à 52. | Laur., XLVI (9 chap.). | Ms. 2.325, 


fol. 181. En addition, d'une autre écriture à demi-effacée. | Lauren- 
tienne, XLV. 


(4) Msher250 Mol 69 à 185. 6ὲ 41216 1| Ms..2240; fol#42 PAIE 


Leide.| Saint Marc. | Ambr. |Vienne, XVIIL. | Laur., XXII et XXIIL. | 
Leide. l'Laur., XXIV 


(5) Ms. 2.249, fol. 47 v°. | Ms. 2240, fol. 104. 


342 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


liodore à Théodose — de Théophraste — d’Ar- 

chelaus (1). Fol. 178 à 195 

XXII. Listes des noms des faiseurs d'or (2). Fol. 195 vo 
XXIII. Le serpent qui se mord la queue fouroboros) — avec 
figure coloriée (trois anneaux concentriques, 

quatre pieds, trois oreilles). Fol. 196 

XXIV. Olympiodore le philosophe à Petasius, roi d’Ar- 
ménie : sur l’art divin et sacré de la pierre 
philosophale (3). Fol. 197 à 216 

Sur la pierre philosophale (4). Semble l’appendice du 

traité précédent par un commentateur. 217 à 219 

XXV. Zosime le Panopolitain. Mémoires sincères sur l'eau 
divine. Reproduction du fol. 80. — Trois cercles 
concentriques avec les formules (5) : Un est le 

tout — figures d'appareils — signe du Scorpion, 

etc. — Le tribicos et le solenos (6) (reproduits du 

fol. 81). — Sur l’art sacré et divin de la confection 

de l'or et de l’argent (7) — chapitres d’après le 
sommaire (reproduit du fol. 112). Fol. 220 à 222 

Pelage sur l’art sacré (8). Fol. 222 vo à 227 

XXVI. Nouvelle série d’explications et de dénominations 
chimiques relatives au travail des quatre éléments. 

— Principe du travail de l’eau et du vinaigre de 


(1) Ms. 2.329, ms. 2.240. (L’en-tête manque) : fol. 54 à 72, avec des 
variantes. Hiérothée nommé en plus; mais sa pièce existe au fol. 186 
du ms. 2.327. | Laur., article ajouté à la fin. | Ms. 2.250, fol. 241-248. 
Une partie seulement, | Alt. | Leide. | Vienne, XXIX à XXXIL | 
Saint Marc. | Ambr. 

(2) Ms. 2.250. | Saint Marc, après les signes. 

(3) Ms. 2.250, 1 à 168. | Ms. 2.240, fol. 76 à 89. | Laur., XIX. | 
Vienne, XXIIL. | Saint Marc, 

(4) Ms. 2.250. Reproduction de plusieurs pages, fol. 160 ν᾿. | 


ιϑ 


(5) Μ5. 2. 

(6) Ms. 2. 

(7) Laur., XXV. 

(8) Ms, 2.249, fol. 72 v°. | Leide, | Laur., XXVI. | Vienne, Il. [Saint 
Marc. | Ambr, | Ms. 2.252. 


XXVIT. 


XXVIIT. 
XXIX. 


XXXII. 


XXXIII. 


XXXIV. 


XXXV. 
XXXVI. 


APPENDICE D 343 


plomb — les noms de l’eau et du vinaigre divins. — 
Principe du travail de l’air; ses noms. — Principe 
du travail du feu. — Principe du travail de la terre 
et de l’asbestos (chaux ?) tout-puissant; ses noms. 
L'union des quatre éléments. — Dénominations de 
l'œuf philosophique (1) (analogues à celle de l’ar- 
ticle du fol. 23, mais non identiques). Fol. 227 à 230 


Sur lart sacré, etc. — Vieux traité, sans noms 

d'auteurs cités (2). Fol. 230 à 231 
Fabrication de l’or. — Préparation du cinabre. 232 
Sur l'assemblée des philosophes (3), d'une autre 


écriture et d’une encre plus pâle. Folk: 233 


. Enigme de la pierre philosophale, d'Hermès et 


d’Agathodémon, en vers (4). Fol. 254 à 237 


. Sur la Pierre étésienne (5). Se termine par ces 


mots qui semblent le titre d’un volume : le 
livre actuel s'appelle livre de la chimie métal- 
lique, etc. (voir p. 123). FO “9.7 ἃ 240 
Suit une intercalation plus moderne de quelques 
lignes en caractères très fins sur le plomb, le 
mercure, les métaux, les signes du zodiaque et 
leurs relations avec le sec et l’humide, etc. — 
Puis un traité sans titre. Fol. 240 vo à 243 
Jean, le grand prètre en Evagie, sur l'art sa- 


cré (6). Fol. 243 à 246 
Sur la pierre métallique : en quels lieux on la 
prépare. Fol. 249 vo 
Recette sur le cuivre calcine. Fol. 249 vo à 251 


Liste de la verité de Sophé l'égyptien. — Livre 
mystérieux de Zosime le Thébain (7). Fol. 251 


(1) Vienne, XXIV (non identique). 


[2 πὶ 


XXVII. 


(3) Laur., XLII. 
(4) Laur., XXVIII. 

(5) Laur., XXIX. | Vienne XII. 

(6) Voird'article XIV, fin. | Laur., XXXI. | Ms. 2.250. 
(7) Laur., XXXII. | 


544 


XXXVII. 
XXXVIIT. 
XXXIX. 


XL. 
ΧΕΙ; 
XLIT. 


‘XLII. 


XLIV. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Le premier livre de l'accomplissement de Zosime le 

Thébain (1). Fol. 251 vo à 256 
Isis la prophétesse à son fils Horus (2).Fol. 256 à 258 
Livre de Démocrite adressé à Leucippe (3). F. 258-259 
Livre de lavérité de Sophé l'égyptien (4), etc., avec 

commencement juif et texte différent.  Fol. 260 
Fabrication de l'or (5). Fol. 260 v° à 262 
Agathodémonsur l’oracle d'Orphée (6). Fol. 262 à 264 
Simple interprétation sur toutes choses et sur les 


lumières. Fol. 264 
Puis viennent deux demi-pages blanches et un 
traité sans titre. — [Interprétation sur les lu- 
mières (7). Fol. 265 


Coction excellente de l'or, pour fabriquer l'or. — 
Autre trempe ou teinture de Jamblique. — Pro- 
cédé de Jamblique (8). — Fabrication de lor. 
— Doublement de l'or. Fol. 266 à 268 

Bonne confection et heureuse issue de la chose créée 
et du travail et longue durée de la vie. — Débute 
par une phrase sur Moïse et Béseleel, prêtre de la 
tribu de Juda, maître de tous les arts. Fol. 268-269 


Affinage du cuivre. — Suite de recettes métal- 
lurgiques et alchimiques. — Jaunissement du 
mercure; économie de l’arsenic; blanchiment 
de l’arsenic. — Procédé pour obtenir de l'or 
éprouvé. — Economie de la sandaraque ; de Ja 
pyrite; du soufre, etc. — Sur l'argyropée. — 
Matière de la chrysopée — Matière des liqueurs. 


(1) Laur., XXXIII. 
(2) Ms. 2.250, fol. 217-256. | Laur., XXXIV. 
(3) Laur., XXXV. 


(4) Laur., 


XXXVI. 


(5) Laur., XXXVII. 
(6) Alt. ! Laur., XXXVIII. | Vienne, VIII. 


(7) Laur. 


, XXXIX (4 chap.). 


(8) Le texte dit αμόλιχου. Sans doute, le copiste ne connaissait pas 


le nom propre qu’il transcrivait. 


XLV. 


XELVI. 


XE VIT: 


XELVIII. 
XLIX. 


APPENDICE D 345 


— Matière de l’argyropée. — Economie de la 
pyrite; de la pyrite d'argent. — Fabrication de 
l'eau jaune. — Blanchiment de la magnésie. — 
Economie de la magnésie très divine (ou raffinée). 
— Fabrication du plomb pur. — Blanchiment du 
cuivre. — Doublement de l'argent. — Noircisse- 
ment de l'argent... Liqueurs pour l’argyropée. — 
Amollissement de l’or pour y imprimer un sceau 


— Trempe ou teinture de l'or, etc., etc. — Le 
titre est reproduit à la fin... Ceci va jusqu’au 
folio 278. 


Le serpent Ouroboros (autre figure avec deux an- 
neaux seulement). — Le commencement est diffé- 
rent; mais la recette mystique estla même. Fol. 279 

Sur le soufre non brûlé.— Blanchiment de l’eau qui 
sert à blanchir l’objet traité; l’arsenic et la san- 
daraque.—Blanchiment de l’arsenic, etc. F. 279 vo 

Listes des métaux (rangés sous la rubrique des sept 


planètes) (1). Fol. 280 
Liste des mois romains (et égyptiens). Fol. 280 
Fusion de l'or très estimée et très célèbre. — Sur 


la fusion (ἢ) (περὶ τοῦ λαγαρῆσαι) de l’or. Fol. 280 
Sur la fusion (ἢ de l’argent. — Explication de la 
dorure.— Autre..…...— Explication de l’émeraude 
— du savon. — Explication de la soudure royale 
(de l’or) — de l’argent. — Soudure d’argent. — 
Autre très rapide. — Explication pour faire la 
couleur du chrysaphion — la couleur qui 
sert à dorer l'argent. — Pour faire briller l’ar- 
gent. — Procédé mystique. — Autre procédé 
pour faire des lettres d’or. — Pour faire des 
lettres capitales en or dans les livres (2). — Pour 
dorer les animaux, etc. — Sur la soudure d’or. — 
Pour dorer le cuivre, etc. — Sur l’art de faire 


(1) Ms. 2.250, fol, 243. | Laur., vers la fin. 
(2) Reproduit dans la Paléographie grecque de Montfaucon. 


346 


LI. 


Lil 


LATE 


LIV: 


LV. 
LVE 


LVII. 


(x)plaurs, 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


briller les perles. — Ingrédients de l’art de la fusion 
d’or. — Autre procédé mystique. — Autre eau 
divine, etc. — Suite de procédés analogues. — 
Pour faire les lettres d’or. — Pour rendre l'o- 
richalque pareil à l’or. — Sur le savon — le 
verre. — Pour blanchir l’étain. — Pour rendre 
le cuivre pareil à l'or. — Eau du traitement 
assuré. Fol. 290 


. Dire de Rinaldi Telanobebila (Arnaud de Ville- 


neuve) sur l’art chimique (1). — C’est une addi- 
tion finale de quelque copiste. Fol. 291 
Ce livre a été terminé par moi Théodore Pélécanos, 
venu de Corfou, ile des Phéaciens, dans le pays 
de Crète, au mois de juin 1478, etc. Fol. 291 vo 
Puis viennent des additions et surcharges de tout 
genre. 
Sur les poids et mesures. — Sur les mesures de ma- 
tières humides, de vin, de miel, etc. Fol. 292-203 
Instrument d' Hermès Trismégiste pour prévoir l’is- 
sue des maladies, avec table numérique. Fol. 293 


Notes diverses. — Reproduction du titre : Livre de 
© Ja chimie métallique, etc. (fol. 240). — Repro- 
duction de la liste des noms des alchimistes 
(fol. 195 v°). — Procédés. — Art de dorer le fer. 

— Fixation du mercure. — Procédés pour faire 
de l'or. Fol. 295 vo à 296 


Vers de Jean Damascène, à l’encre rouge (2). 

Inscriptions marginales recollées sur des pages 
blanches, portant le signe d'Hermès (deux fois 
répété), avec commentaire. — Les mois égyp- 
tiens. | Fol. 297 

Trois lignes d’une écriture beaucoup plus ancienne. 
— Puis en addition le serment des philosophes 
(reproduit du fol. τοὺ ve). — Procédés divers. — 


XLVIII. 


(2) Laur.; XILVIT 


APPENDICE D 347 


Les trois teintures (1) (reproduites d’Olympio- 
dore). Fol. 298-299 
LVIIT. La dernière page est couverte d’imprécations contre 
l’alchimie, cette œuvre du diable, etc. Fol. 299 vo 


II. — MANUSCRIT DE SAINT MARC 


Manuscrit grec de la Bibliothèque de saint Marc 
(fin du xe siècle ou commencement du xre siècle) sur parchemin. 


Il contient 196 feuillets, de 29 lignes à la page. Ces lignes 
sont tracées au poinçon ainsi que les marges. 
Il est relié aux armes de Venise, avec la légende connue : 


ΦΈΡ, ὃν 
Πὰν δ] 
Μ 


c'est-à-dire Pax tibi, Marce, Evangelista meus. 

C'est un très bel exemplaire, écrit probablement pour quelque 
prince et qui paraît avoir appartenu à Bessarion, dont la bi- 
bliothèque de saint Marc possède les manuscrits. Un certain 
nombre d’additions faites, soit en marge, soit entre les lignes, 
seraient même de la main de Bessarion lui-même (2), d’après 
le savant M. Ruelle, à qui J'ai soumis ce manuscrit. 

Le texte proprement dit commence à la page ὃ, par les 
écrits de Stéphanus, avec un titre en lettres d’or majuscules, 
encadré d’ornements bleu et or. Dans le mot χρυσοποίας, 
les syllabes χρυσο ont été effacées, probablement pour dissi- 
muler à une certaine époque le sujet de l’ouvrage. 

(1) Ms. 2.250, fol. 86. 

(2) Par exemple aux fol. 13, 19 vo, 70, etc. Au fol. 99, le nom 


d'Hermès se trouve de la même main, au-dessus du signe de ce 
personnage; signe affecté ailleurs à la planète Mercure et à l’étain. 


348 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Les feuilles de garde, en partie intercalaires, sont couvertes 
par des additions d'une écriture serrée du xiv* siècle, laquelle 
s'étend aussi sur les marges de la liste des signes. Le premier 
paragraphe de ces additions, au fol. 1, se termine en citant 
l'onction de Justinien, suivie de mots bizarres et cabalistiques ; 
puis vient la traduction (1) de la ligne de signes comprenant le 
Scorpion. (Ms. 2.327, fol. 8o vo. — Ce volume, p. 15, 61.) 

Les premières feuilles sont palimpsestes (2). 

Sur les pages suivantes on lit l’Interprétation des songes de 
Nicéphore, un cercle astrologique du xvit siècle, avec les noms 
des planètes et les douze signes du zodiaque. 

Au fol. 2 : « voici la table du livre des Sages », en caractères 
dorés. Cette table appartient au texte original. Elle ne répond 
pas exactement au contenu présent et elle s’appliquait proba- 
blement à quelque collection plus étendue que celle du ma- 
nuscrit actuel, collection que le copiste semble avoir abrégée. 

Au verso du folio 5 se trouve une sorte de dédicace en vers, 
appartenant au texte primitif, laquelle fait l'éloge de l’art de 
faire de l’or, œuvre de la gnose divine. « Celui qui la comprend 
« et qui connaît les résultats cachés sous ses énigmes, c’est l’in- 


. telligence digne de tout honneur, l'esprit distingué de Théo- 
« dore (3)...., le fidèle défenseur des princes, qui forma cette 
« étrange collection, ce volume de conceptions savantes. Pro- 


(1) Les mots suivants, autant que j’ai pu les lire, sont écrits chacun 
au-dessus d’un signe correspondant. 

Σπαι (2) — ro παν — χαλχου τος — μολυδοχαλχον χεχαυμενον — 
ἀργυροχαλχον χεχαυμενον (c'est le scorpion) — χαι TMENNYLEVOV — 
εμεριτος. — δαγυα — ιὸ πα τιτανογχαλχον TO πᾶν ὀστραχον --- TO παν 
οστρᾶχον — τιτᾶνος — χαλχου. 

Puis viennent les mots : o νοησᾶς μαχαρίος. « Celui qui comprend 
sera heureux » et quelques lignes s’en référant finalement à Zosime. 
On voit qu’il s’agit d’une formule où figurent des alliages métalliques 
et l'œuf philosophique. 

(2) Au verso du fol. 3, l'écriture du xive siècle, superposée au 
palimpseste, a été grattée à son tour avec la pierre ponce sur la moitié 
de la page. 

(5) Est-ce le Théodore, auquel écrit Stéphanus : IoeLer, t. II, p.208 : 


APPENDICE D 340 


« tège-le, Christ, souverain maître, et tiens-le en ta gardé. » 
Telle est la seule mention positive qui puisse nous indiquer 
l’origine du manuscrit. 

Au folio 6, une bande dorée, encadrée d’un filet rouge, 
précède le titre suivant en lettres dorées : « Signes de la science 
des philosophes, tirés des textes techniques et surtout de la 
philosophie mystérieuse (de l’or), exposée par eux. » Le mot 
« de l'or » a été gratté. — Cette liste est analogue à celle du 
manuscrit 2.327. (Voir p. 112.) 

Au fol. 7 vo, sont les noms des philosophes. (V. p. 128.) 

Les lecons de Stéphanus vont du fol. 8 au fol. 44. — Elles 
s'accordent en général avec le texte du n° 2.327, jusqu’au fo- 
li0 44, 5e ligne en remontant. — Mais à ce momentil manque ici 
trois pages du manuscrit 2.327 (73, 74 et 75), pages qui renfer- 
ment la fin de Stéphanus et celles qui poursuivent etsont formées 
presque entièrement par le débris d’un autre petit traité, attri- 
bué à Comarius.— Le ms. de saint Marc poursuit, sans solution 
de continuité apparente, comme ce dernier traité, par les mots: 
ὅταν τὴν τέχνην ταύτην τὴν περιχαλῇ ὀούλεσθε, etc. (saint Marc, 
fol. 40, 1. 4 en remontant) c’est-à-dire ὅτε τὴν τέχνην ταύτην 
περιχαλῆς Θούλεσθαι (ms. 2.327, fol. 75, 1. 2 en remontant), pen- 
dant 7 pages, jusqu’à la fin du traité : ἐντᾶυθα γὰρ τῆς φιλοσοφίας 
ἣ τέχνη πεπλήρωται (saint Marc, 43 vo; ms., 2.327, fol. 79 vo). 
Ainsi deux traités distincts semblent avoir été confondus par 
une erreur du copiste dans le ms. de saint Marc. Il en est de 
même dans Ideler, qui a reproduit ce ms., et dans la traduc- 
tion de Pizzimenti, faite sur quelque copie qui en dérivait. 
Le ms. 2.327 paraît donc le meilleur sur ce point; remarque 
qui s'applique à plusieurs autres textes de ce manuscrit. 

Lems. de saint Marc renferme ensuite les poèmes. (Fol. 43 vo 
à 62 vo.) 

— ΕΟ]. 62 vo à fol. 66. Pelage. (Ms. 2.327, fol. 222 vo.) 

— ΒΟ]. 66. Ostanès. 

— Fol. 66 vo à 72 vo Démocrite, Physica et Mystica. 
(Ms. 2,327 108 24 γ 

— Fol. 72 à.78. Synésius. (Ms. 2.327, fol. 31.) 


350 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Fol. 78. L’Anonyme : sur l’eau divine du blanchiment. 
(Ms. 2.327, fol. 162. — La première ligne manque dans 
le ms. de saint Marc.) 

Fol. 70 à 02. Autres traités du même. (Ms. 2.327, fol. 163 
et suiv.) 

Fol. 92 ve. Zosime, sur la Vertu. (Ms. 2.327, fol. 85.) 

Fol. 95 ve. Agathodémon et Hermès. 

Fol. 96. L'espèce est complexe et non simple. (Ms. 2.327, 
fol. 04.) 

Fol. 97. Fabrication du tout. (Ms. 2.327, fol. 95 vo.) 

Fol. 98 vo. Autre économie. (Ms. 2.327, fol. 96 vo.) — Ce 
qu'est la chaux des anciens. (Ms. 2.327, fol. 07.) 

Fol. 99 v°. Autre économie de la chaux. — Suite de petits 
articles. (Ms. 2.327, fol. 96 vo et suiv.) 

Fol. 1o1.Traité du Chrétien sur l’eau divine. (Ms. 2.327, f°a0.) 

Fol. 102. Le labyrinthe de Salomon, avec 24 vers, d’une 
écriture postérieure au reste du manuscrit. 

Fol. 103. Le text: primitif recommence. 

Ici le relieur a interposé par erreur les feuillets 104 à 118, 
tirés d’autres traités, savoir : 

Fol. 104. Trempe du fer. (Ms. 2.327, fol. 157.) Le texte 
de saint Marc est beaucoup plus développé que celui 

du ms. 2.327. 

Fol. 105. Fabrication de l’asemon. Trois procédés très 
anciens, dont l’un fait mention de la stèle supérieure. 
(Ms. 2.327, fol. 146.) (Voir le présent volume, p. 29.) 

Fol. 106 v°. Sur le cinabre. — Sur œuf philosophique 
(beaucoup de mots grattés). 

Fol. 107. Fabrication du mercure. 

Fol. 108 vo. Traité des poids et mesures de Cléopâtre. 
(Ms. 2.327, fol. 15 et 16.) 

Fol. 110. Le Chrétien : sur la bonne constitution de l'or. 
(Ms. 2.327, fol. 92 ve.) 

Fol. 112 à 115. Sur l’eau divine. 

Fol. 115. Sur les lumières. (En partie, ms. 2.327, fol. 264.) 

Fol. 115 vo. Fabrication des verres. (Ms. 2.327, fol. 15.) 


APPENDICE D 281 


Fol. 116 vo. Les vapeurs. (Ms. 2.327, fol. 14.) 

Fol. 118. Sur le blanchiment. (Ms. 2.327, fol. 14 vo.) 

Fol. 118. Trempe du bronze du temps du règne de Philippe. 
— La mention des portes de Sainte-Sophie n’y est pas. 
(Ms. 2.527, fol. 156.) 

Fol. 119. Le texte fait ici suite au folio 103. (Ms. 2.327, 
fol. 101 vo.) 

Objection que l’eau divine est une par l'espèce, et sa solution. 
(Ms. 2.327, fol. τοὺ ve.) 

Articles divers, jusqu’au fol. 128 : serment. (Ms. 2.327, 

jusqu’à 109 vo.) 

Il y a ici des articles spéciaux au ms. saint Marc (φουρμας χαι 
τολους, οἴς.). 

ΕΟ]. 130. Le plomb et la feuille d’or. (Ms. 2.327, fol. 157 ve.) 

Fol. 131 à 136. Lexique. (Ms. 2.327, fol. 19.) 

Fol. 136 v°. La poudresolideet autres articles, etc. (Ms. 2.327, 
fol. 110.) 

Fol. 138 à 141. Deux articles d’Agatharchide. (Voir ce vo- 

lume, p. 23.) (Défigurés dans 2.327, fol. 249 vo.) 

Fol. 141 vo. Les quatre corps d’après Démocrite. — Articles 
divers jusqu’au fol. 159. (Ms. 2.327, fol. 113 ve jusqu’au 
fol. 133 vo.) 

Fol. 161 vo. Περί ἀφορμῶν συνθέσεως. Sur la composition des 
agens actifs. 

Fol. 162. Fabrication de la bière; de l'huile aromatique. 

Fol. 163 à 179. Olympiodore. (Ms. 2.327, fol. 197 à 216.) 

Fol. 179. Chapitres de Zosime à Théodore. 

Fol. 181. L’Anonyme : sur l’œuf. 

Fol. 184 vo. Serment de Pappus. 

Fol. 185. Diplosis de Moïse, etc. 

Fol. 186. Zosime : instruments et fourneaux. 

Fol. 188. L'eau divine, c’est le divin et grand mystère. 
(MS."2.327, fol. "2207) 

Fol. 188 vo. La Chrysopée de Cléopâtre, dessin. 

Fol. 189. Zosime. Mémoires sur les instruments et four- 
neaux, avec figures. 


092 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


— Fol. 193. Au bas les alphabets magiques presque effacés. 
Le premier est surmonté du mot « hellénique »; — le 
second précédé par le mot « hiéroglyphique ». Les 
lettres grecques régulières sont au-dessus des lettres 
conventionnelles, lesquelles dérivent de l'alphabet grec 
ordinaire, plus moins défiguré. 

— Fol. 194. Le tribicos et le solen. (Ms. 2.327, fol. 220.) 
Figures. 

— Fol. 195. Autres fourneaux. Figures. 


III. — manuscrir 2.325 


Ce manuscrit, écrit sur papier de coton, est le plus ancien de 
ceux de Paris (fin du xrre siècle). 

Le ms. 2.325 se retrouve à peu près intégralement dans le 
HS, 2927 

Les références entre ce manuscrit et le ms. 2.327 ont été 
données dans les notes relatives à ce dernier, dont il ne forme 
d’ailleurs qu’une fraction. 

Après le texte proprement dit viennent des pages presque 
effacées, d’une autre écriture, postérieure et très mauvaise : 


suite du Lexique; vers de l'énigme sibyllin, etc. — Traité du 

moine Cosmas. (Conforme à l’article XIX, fol. 159 v° du 

ms.2.327.) Fol. 181 à 185 
IV. — MANUSCRIT 2.249 


Le ms. 2.249 semble dériver du manuscrit de saint Marc, sur- 
tout à la fin. Les figures en sont copiées, ainsi que les deux 
alphabets magiques. Il a été écrit probablement au xvi® siècle. 

J'ai donné dans les notes du ms. 2.327 les résultats de sa col- 
lation pour les parties communes. 

Il renferme en plus, par rapport à 2.327: 


APPENDICE D 353 


Ostanès le Philosophe (1). Fol.,75 vo: 
Les titres des chapitres de Zosime à Théodore (2). Fol. 89 
Le Philosophe Anonyme. Fol. 90 et suiv. 
Pappus le Philosophe (3). Fol. 93 
Diplosis de Moïse (4). Fol. 93 ve. 
Procédés d’'Eugénius. — De Hiérothée (5). Fol. 93 ve. 
Zosime : sur les instruments et les fourneaux (6). Fol. 94 vo à 96 
Autres articles avec figures. Fol. o1 à 162 
Chrysopée de Cléopâtre (7). Fol. οὔ vo. 
Mémoires sincères de Zosime. Fol. 97 ve. 


Une partie se retrouve avec de fortes variantes dans le 
traité d'Olympiodore : ms. 2.327 et ms. 2.250, fol. 86. — C’est le 
morceau gnostique, où il est question de Toth, d'Adam et des 


bibliothèques Ptolémaïques. 
Un deuxième cahier commence à la feuille 108 ; il reproduit 


divers articles du ms. 2.327. 
Après vient « ce qui est d’après l’art substance et non sub- 


stance. » Fol. 116 vo 


Puis le livre est interrompu. 


- 


Ms. 2.250 de Paris. In-folio. — Rien de nouveau par rap- 


port à 2.327, sauf des variantes. 
Ms. 2.251; 2.252; 2.275, non plus. — Rentrent dans 2.327. 


Alt.i Leide. | Vienne, ΠΙ. ἡ Saint Marc. | Ambr. | 

(2) | Vienne, XII. | Saint Marc. | 

(5) | Alt. | Vienne, XXV. | Saint Marc. Le serment de Pappus. | 
Ambr. | 

(4) Vienne, XXVI. | Saint Marc. 

(5) | Leide. | Vienne, XXVII et XXVIIT. | Saint Marc. | Ambr. 

(6) Vienne, XIIT et XV. | Saint Marc. ] 

(7) 1 Leide. | Vienne, XIV. | Saint Marc. | 


354 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


V. — MANUSCRITS DES AUTRES BIBLIOTHÈQUES 


d'après les notices imprimées. 


Ms. Altenburgensis, décrit par Reinesius dans Morhofius 
p. 101, désigné ici par Alt. — Composition analogue, avec dis- 
tribution différente. On a donné les références avec le ms. 2.327. 


Ms. Gotha cité par Fabricius On y trouve l’art de faire la 
bière avec l'orge. — Et la description des mines d’Ethiopie, 
tirée d’Agatharchide. 


Ms. Leide, cité par Reuvens, troisième lettre p. 73 : semble 
un abrégé. 


Ms. de la Laurentienne à Florence, désigné par Laur. — Voir 
Catalogus Bibl. Laurentianæ, tome IE, p. 347. Florence, 1770. 

Il ressemble beaucoup au ms. 2.327 et il est rangé dans le 
même ordre jusqu’à l'article xxxiv, chapitre sur les lumières. 
Les références ont été données plus haut. 

Le Traité de Salmanas n'est pas à la même place. 

(XXXIX). Il contient en plus : Discours du philosophe Dé- 
mocrite. Nous avons trouvé évidemment la théorie, comme 
l'a dévoilée Démocrite disant... L'article finit par ces mots: 
en grande admiration, s’écriant : O natures démiurges des 
natures. 

Le cahier des poètes est ajouté à la fin. — La chimie de Moïse, 
le serpent, l'œuf, y existent. — Ce manuscrit a été copié en 1492 


APPENDICE D 355 


Ms. Vienne. Voir Lambecii Comment. de Bibl. Vindob. Cese- 
reä, Pars II, Livre VI, p. 168, p. 380. Les références avec le 
ms. 2.327 ont été données plus haut. 

Le Lexique est au milieu. — Ce manuscrit a été copié par 
Cornelius de Nauplie en 1564. 


Le manuscrit de l’Ambroisienne de Milan a été décrit par 
Montfaucon, Paléographie grecque, p. 374; il est conforme à 
celui de saint Marc. L'ordre est le même; mais il n’en renferme 
que le commencement. 

Il contient aussi le Labyrinthe de Salomon. 


Le principal manuscrit du Vatican (n° 1.174), a été examiné 
pour moi par mon fils André Berthelot, membre de l’École fran- 
çaise de Rome, qui en publiera une étude détaillée. Je me 
bornerai à dire ici qu’il est écrit sur papier, et qu’il renferme 
des morceaux de date très inégale, complétés jusqu’à une 
époque moderne, mais rangés suivant un ordre différent de 
ceux des nôtres. On y trouve pareillement le traité de Démocrite, 
(coupé en deux, la teinture en pourpre formant un morceau 
séparé), les traités de l’Anonyme, dédiés à l'Empereur Théodose, 
ceux de Zosime, de Stéphanus, d'Héliodore, d'Olympiodore, de 
Synésius, de Stéphanus, les poids et mesures, les mois, l’opuscule 
de Blemmydas, etc. Le contenu général est en somme le même. 


οὐδ 0/0 VS δι VS ὅθ δι 0/0 0/0 CVS 
Χορ; (5 6 On p & ol ὦ οἷ νυ ΟἿ᾽ ὦ ΟἿ. ὦ ΑἹ! 
Leg ete ΜΕ τὰν ee μὴ τὴν πε. τὴν δ. τὴν ὐδὴ τὴν Ve τὸν 205 6 


éd 


APPENDICE:Æ 


ÉNIGME SIBYLLIN (VOIR P. 130) 


Ἐννέα γράμματ΄ ἔχω. τετρασύλλαθος εἰμί" νόει με. 
Αἱ τρεῖς αἱ πρῶται δύο γράμματ᾽ ἔχουσιν ἑχάστη. 
A λοιπὴ δὲ τὰ λοιπὰ, καὶ εἰσὶν ἄφωνα δὲ πέντε᾽ 


- 


ur ὦ \ 9 > = € 1e CE \ 
Τοῦ παντὸς à ἀριθμοῦ ἑχατοντᾶοες εἰσὶ ÔLS οχτῶ 
o 


? 
» 
ι 


\ - ALAN UN / sc AA \ δ'. ἡ \ 
Καὶ τρεῖς τρὶς ὀεχάόες, σὺν Ὑ ἑπτὰ “γνοὺς GE τις εἰμι 


" “ , - 4 Ὁ 1» \ 1 
Οὐχ ἀμύητος ἔσῃ τῆς παρ ἐμοὶ σοφίης. 


ATPENDICENF 


TEINTURE EN POURPRE D'APRÈS LE PSEUDO-DÉMOCRITE 


(VOIR PAGE 180) 


Le fragment sur la teinture en pourpre attribué à Démocrite 
n’a rien de chimérique : c’est une description technique, positive 
et dont le sujet rappelle les assertions de Diogène Laerce et de 
Pétrone. En tous cas, ce fragment est ancien; il nous donne des 
renseignements nouveaux sur les procédés employés par lés an- 
ciens pour teindre en pourpre. On sait quelle lumière ont jetée 
sur cette question les travaux et les expériences de M. de La- 
caze-Duthiers (1); mais 1] s'est occupé surtout de la pourpre 
animale tirée des Mollusques, tandis qu'il s’agit, dans notre 
fragment, de la pourpre d'origine végétale. 

Les anciens, en effet, ont connu la pourpre végétale. Pline, 
Dioscoride et Pausanias parlent de la cochenille produite par 
un Ilex et font même mention de l’insecte qui la sécrète. Vi- 
truve cite aussi la racine de garance. Les divers passages des 
auteurs anciens où la question est traitée ont été réunis et 
discutés avec détail par le grand érudit Saumaise (2). Il a eu 


(1) Mémoire sur la pourpre, p. 1 à 84. (Annales des Sc. natur., 
4" série, Zoologie, t. XII.) 

(2) Plinianæ Exercitationes, p. 805 à 817, et à la suite, dans : 
de Homony mis Hyles Iatricæ, de cocco tinctorio, p. 93,in-folio, 1680. 


358 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


connaissance du fragment actuel, et il en a même cité quelques 
lignes, peut-être d’après un manuscrit différent des nôtres. 
Je me suis aidé de ses commentaires pour retoucher la dernière 
partie de la traduction qui suit. Ce fragment a été connu aussi 
de plusieurs autres érudits du xvre siècle. Boulanger, de Zmpe- 
ratore et Imperio Romano, p. 618 et 619 (Lyon, 1618), l’a 
même imprimé, mais en deux morceaux séparés, disposés 
différemment et sous une forme qui laisse subsister plus d’une 
obscurité. (Voir A. Schmidt, Forschungen auf den Gebiete des 
Alterthum, p. 169; Berlin, 1842.) La publication complète de 
notre texte et la collation des divers manuscrits que je vais 
donner lèvera ces doutes. La traduction française m'a paru 
d’ailleurs utile pour compléter nos connaissances sur la teinture 
en pourpre des anciens. 

Après avoir reconnu l'existence de ce texte et son intérêt, 
désirant donner plus d'autorité à ma publication, j'ai prié 
M. Omont, employé au département des manuscrits à la 
Bibliothèque nationale, de vouloir bien faire copier le texte 
original; il a eu l’extrême obligeance de s’en charger lui-même, 
ainsi que de la collation des textes des divers manuscrits. J'ai 
aussi comparé moi-même le texte du manuscrit de saint Marc. 
M. Omont ayant bien voulu faire un essai de traduction, je me 
suis borné à reviser cette dernière sur quelques points, et je 
réclame l'indulgence pour une œuvre étrangère à mes travaux 
habituels. Elle présente encore diverses obscurités, que les 
chimistes experts en teinture pourront éclaircir ou rectifier. 

Voici le texte et la traduction littérale (1) : 


(1) Democriti Physica et Mystica. 


Mss. de Paris. 


À."—= ms, prec:2.927, xve siècle, fol. 24vo-25. 
δ ἘΞ ; 2.325, XIVe ΟὟ ΧΙ »ν » ὅνο-ηνο, 
C. — » 227), Xve » » γνο-ϑνο, 
1 ΞΞ ) 2.326, XVe ) » 1 et verso. 


Le ms. ἃ présente le texte le meilleur. 
Mss. de Venise. M. — Saint Marc. xt ou xie siècle, fol. 66 v° et 67 v°. 


10 


20 


APPENDICE F 359 


AHMOKPITOY ΦΥΣΙΚΑ ΚΑΙ MYZETIKA 


βαλὼν εἰς λίτραν μίαν πορφύρας d060Xou λίτρας σχωρίας 98 εἰς oùpou 
ζβ, ἐπίθες ἐπὶ πυρᾶς ὥστε λαβεῖν βράσματα, εἶτα λαβὼν ἀπὸ τοῦ πυρὸς 
τὸ έμα, βάλε εἰς λεκάνην, προβχλὼν τὴν πορφύραν, καὶ ἐπιχέας τὸ ζέμα 
τὴ πορφύρᾳ ἔχ βρέχεσθαι νυχθήμερον ἔν. Εἶτα λαβὼν βρύων 
θαλασσίων λίτρας δ΄, βάλε ὕδωρ ὥστε εἶναι ἐπάνω τῶν βρύων 
τετραδάχτυλον, χαὶ ἔχε ὡς ἂν παχυνθῇ, καὶ διυλίσας τὸ διύλισμα 
θέρμανον, χαὶ συνθεὶς τὴν ἐρέαν χατάχεε, χαυνότερα δὲ συντεθήτω, 


ὥστε φθάσαι τὸν ζωμὸν ἕως τοῦ πυθμένος, καὶ ἔασον νυχθήμερα δύο 


- 
2 


Εἶτα λαβὼν μετὰ ταῦτα ξήρανον ἐν σχιᾶ, τὸν δὲ ζωμὸν ἔχχεον, εταῖ 
λαβὼν τὸν αὐτὸν ζωμὸν καὶ βαλὼν λίτρας δύο, βάλε ἐν τῷ Coué ὕδωρ 
ὥστε γενέσθαι τὴν πρώτην ἀναλογίαν, χαὶ ἔχε ὡσαύτως ἕως ἂν 
παχυνθῇ, εἶτα ὁλίσας βάλε τὴν ἐρέαν ὡς τὸ πρῶτον, χαὶ ποιησάτω) 
γυχθήμερον ἕν. Εἶτα λαβὼν ἀπόπλυνον εἰς οὐρον, καὶ ξήρανον ἐν σχιᾷ, 
ἔπειτα λαβὼν λαχχᾶν σ χαὶ λαβὼν λαπάθου λίτρας δ΄, ἔκζεσον μετὰ 
οὔρου ὡς λυθῆναι τὸ λάπαθον, χαὶ ὑλίσας τὸ ὕδωρ, βάλε λαχχᾶν χαὶ 
ἔψη ἕως παχυνθῇ, καὶ διυλίσας πάλιν τὸν λαχχᾶν, βάλε τὴν ἐρέαν, εἶτα 
πλύνον οὔρῳ, μετὰ ταῦτα ὕδατι, ἔπειτα ξηράνας ὁμοίως ἐν σχια θυμία 
ὄνυξι θαλασσίοις ἐπανοδεθρεγμένοις ἐν οὔρῳ σσβ. Εἷς δὲ τὴν χατασχευὴν 
τῆς πορφύρας τὰ εἰσερχόμενα εἰσὶ ταῦτα: φῦχος, ὃ καλοῦσι ψευδοκογχύ- 
λιον, καὶ xoxxov, καὶ ἄνθος θαλάσσιον, ἄγχουσαν λαδιχίνην, χρημνὸς, ἐρυ- 
θρόδανον τὸ ἱταλιχὸν, φυλάνθιον τὸ δυτικὸν, σκώληξ ὃ πορφύριος, ῥόδιον 
\ -} / 4 δὴ Υ̓ 1 \ Ὁ 7 
τὸ ἰταλιχόν. Τἀῦτα τὰ ἀνθη προτετίμηνται παρὰ τῶν προγενεστέρων. 
Καὶ εἰσὶ φευχτὰ οὐ τίμια, ἔστι δὲ ὃ τῆς Γαλατίας σχώληξ, χαὶ τὸ τῆς 
᾿Αχαίας ἄνθος, ὃ χαλοῦσι λαχχᾶν, καὶ τὸ τῆς Συρίας, ὃ καλοῦσι 
δίζιον, καὶ τὸ χογχύλιον τὸ λιδυχὸν, χαὶ ὃ αἰγύπτιος χόγχος, ὃ 
- , CA # Lieu y / Ὁ 5 LA 

τῆς παραλίου, ὃς καλεῖται πίννα, καὶ ἢ ἴσατις βοτάνη τῆς ἀνωτέρας, 
χαὶ ΓΕῚ ὩΣ Y,, / ὃ . ΩΣ ,ὔ τι A 2 ΩΝ , à x # Ξ 

L τὸ τῆς Συρίας, ὃ χαλοῦσι χόγχον. Ταῦτα ἐστιν ἀχίνητα, οὔτε 
τιμητὰ παρ᾽ ἡμῖν, πλὴν τῆς ἰσάτιδος. 

€ \ 2 / / 

2. D. “Ἑλὼν. — BC.ei. — D. λιτρισχωρίας, — M. σχορείαν. 

— 6. M. ὃς. — 7. M. ἕως. — διυλήσας. — το. M. μὴ ἐχγέες, 


— D. ἔχχεε. — τι. M. δαλὼν εἰς τὸν αὐτὸν ξωμὸν 6pÜuv λίτρας 


360 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


δύο. — 12. M. ὡς. — M. τὴν ἀναλογίαν τὴν πρώτην. — 13. M. 


ποιήσει. — 14. D. ἀπὸ πλῦνον. — 15. M. εἶτα. — M, τέσ- 
σαρας. — M. εἶτα μετὰ ταυτα. — 16. D. ὥστε. — M. δάλε τὸν 
λαχχὰν. — 17. BC. M. ἔψει. — 18. M. εἶτα πάλιν ὕδατι, καὶ 
μετὰ ταῦτα. — 19. D. omis évarobebpeyuévors. — M. èvonobe- 
Gpeyuévnv. — M. ἐν οὔρω ἡμέρας δύο. — 20. M. ἀπερχόμενα εἰσὶν 
τάδε. — 21. D. ἄγχουσαν, λωδικίνην. — χριμνὸς. SAUMAISE. — 
C. ἔγχουσαν. — 22. M. πορφύριος ἐκ τοῦ ἐρῶ γενόμενος. — 


23. προτέρων. SAUMAISE. — 26. D. καὶ χογχύλιον. — BC. χαὶ τὸ 
ΧοΟΥχ. bis repetitum. — M. repète χαὶ τὸ χοχλωχογχύλιον τὸ 
λιθυχὸν. --- D. δ. — 27. M. ὃ. — M. θοτάνη, καὶ τὸ τῆς ἀνωτέρας. 


— 29. M. ἰσάτεως. 


« Mettant dans une livre de pourpre... posez sur le feu 
jusqu’à ébullition, puis, enlevant du feu la décoction, mettez le 
tout dans un vase, et retirant la pourpre, versez la décoction 
sur la pourpre et laissez tremper une nuit et un jour. Puis, 
prenant 4 livres de lichen marin (1), versez de l’eau de façon 
qu'il y ait au-dessus du lichen quatre doigts d’eau, et qu’il puisse 
devenir épais; filtrez alors, faites chauffer et versez sur la laine. 
Mettez avec ce qui est le moins compact de façon à atteindre 
le jus au fond et laissez deux nuits et deux jours. Prenez 
ensuite et faites sécher à l’ombre, versez le jus, puis prenez le 
jus lui-même et dans deux livres de ce jus mettez de l’eau, de 
facon à reproduire la première quantité. Faites de même 
jusqu’à ce qu’il devienne épais, puis l'ayant filtré mettez la 
laine comme tout d’abord, et laissez une nuit et un jour. 
Prenez ensuite et rincez dans l’urine, puis séchez à l’ombre; 
prenez de l’orcanète (2), mettez 4 livres d’oseille et faites 
bouillir avec de l’urine jusqu'à ce que l’oseille soit réduite, et 
ayant clarifié l’eau mettez l’orcanète, faites cuire jusqu'à ce 
qu’elle soit épaissie et, ayant filtré à nouveau l'orcanète, 


(1) ORSEILLE, 

(2) LaccHa. — Le mot orcanète est indiqué comme traduction 
commune pour les deux mots laccha et anchusa, par les dictionnaires. 
{Voir SAUMAISE.) 


APPENDICE F 361 


mettez la laine, puis lavez de nouveau avec l'urine et après 
cela avec de l’eau. Faïtes sécher de même à l’ombre, exposez 
aux vapeurs des algues marines trempées dans l’urine..…. 

« Voici ce qui entre dans la préparation de la pourpre : 
l’algue qu’on appelle fausse pourpre, le coccus (1), la couleur 
marine (2), le crismos (Graminée?}), l’orcanète (3), la garance 
d'Italie, le phyllanthion des plongeurs (4), le ver de pour- 
pre (5), le rose d'Italie; ces couleurs sont estimées par nos 
prédécesseurs. Il y en a qu’il faut éviter et qui sont de nulle 
valeur : la cochenille de Galatie, la couleur d’Achaïe, qu’on 
appelle laccha, celle de Syrie qu’on appelle rhizion (6) et le 
coquillage de Lybie, et la coquille d'Égypte de la région mari- 
time, qu’on appelle pinna (7), et l’isatis (8) de la région supé- 
rieure, et la couleur de Syrie que l’on appelle murex. Ces cou- 
leurs (ne) sont (pas) solides, ni estimées parmi nous, excepté 
celle de l'isatis. » 


(1) Sorte de cochenille. 

(2) ORSEILLE. 

(3) AncausA. 

(4) Probablement une sorte de fucus. 

(5) Autre variété de cochenille. Les anciens en avaient fort bien 
observé l’insecte, {Voir SAUMAISE.) 

(6) Racine d’une sorte de garance ? 

(7) Voir le Mémoire de M. de Lacaze-DuTHiers. 

(8) PAsTEL. 


DÉÉOMCACACACACEHCEIE 


APPENDICE G 


MS. 2.327, FOL. 280 — LISTE DES MÉTAUX (ν. P. 232) 


Ἔχ τῶν μεταλλιχῶν᾽ 
Μολίόδος- λιθάργυρος" λίθοι 
/ , n an" ai , 

μηλίται, γαγάται" χλαυδιχνος χαί τὰ τοιαύτα. 
K / ΖᾺ 3 At ra ἢ \ δ ἔς . 

ασσίτηρος" χοράλλιον" χαὶ πᾶς λίθος λευχὸς" σανδαραχην 
θεῖον" χαὶ τὰ τοιαύτα. 
Σίδηρος- μαγνίτης" ψηφίς" καὶ λίθαχες πυρροὶ καὶ τὰ τοίαυτα 
r A “ἷ D 5n 7 , 
Χρυσὸς" ἄνθραξ- δάκινθος: ἀδάμας" σάμφυρος X. τ. τ. 
r \ Lo) 
Χαλχὸς" μαργαρίτης" ὀνυχίτης" ἀμέθυσος" νάφθα" πίσα' σάχαρ- 
ἄσφαλτον" μέλι" χαὶ ἀμμωνιχχὸν" θυικίαι 

φαλτον" μέ ὶ ἀμμωνιαχὸν" θυμίαμα 
ΣΙ 4 “Ωρ ἢ, en n) 0o-- συ" AR OOA AA nnc* +) « … 
Σμαραγδος᾿ ἴχσπις" χρυσόλιθο:“ ἥσυχιος " ὑδράργυρος" ἥλεχτρος 
λίβανος χαὶ μαστήχην 


né. + Dehoc* στί! - Cuve + -nAvèot" NT ) δ" LOL 
4 ργυρος ἑλος" στιμὴ Ya ανορα γὴ AEUXN° Χ. τ. ουοια 


Rene De eee renE 


PEANCHE I 


LA CHRYSOPÉE DE CLÉOPATRE (VOIR PAGE 61) 


Photogravure d'après le manuscrit de saint Marc, fol. 188 y. 


En haut : Κλεοπατρὴς χρυσοποιᾶς 
Les trois cercles concentriques renferment les axiomes 
mystiques. — Dans le premier anneau : 


" 9 
Ev το παν χαι διΐαυτου To παν HAL εἰς ŒUTO TO πᾶν χαὶι εἰ UN ἕλοι τὸ 


πᾶν οὐδὲν εστιν TO παν. 


« Un est le tout, et par lui le tout, et en lui le tout, et s’il ne 
« contient pas le tout, le tout n’est rien. » 


Dans l’anneau intérieur : 
Ets ἐστιν 0 ogus o eywv τὸν ἰὸν μετὰ δυο συνθεματα. 


« Le serpent est un, celui qui a le venin avec les deux em- 


« blèmes. » 
Au centre les signes du mercure, de l’argent et de l'or. 
Au bas à gauche, le serpent ouroboros avec l’axiome central : 
Εν to παν. 
« Un le tout. » 


A droite un alambic à deux pointes, sur son fourneau por- 
tant φωτὰ « flammes ». 


364 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Le récipient inférieur, notre chaudière, s'appelle Awrus : 
« matras ». 
Le chapiteau : gun « fiole ». 


Le tube gauche : ἀντιχειρος σολὴν « tube du pouce ». 


SR ER ENS A EP EN 


PLANCHE II 


SIGNES ALCHIMIQUES DES MÉTAUX 


Photogravure d'après le manuscrit de saint Marc, fol. 6. 


Σημεῖα τῆς ἐπιστήμης τῶν ἐγχειμένων ἐν τοῖς τεχνικοῖς συγγράμμασι 
τῶν φιλοσόφων, χαὶ μάλιστα τὴς μυστιχὴς παρ᾽ αὐτοῖς λεγομένης 
φιλοσοφίας. 

« Signes de la science, qui se trouvent dans les écrits 
« techniques des philosophes : ce sont surtout les signes de 
« ce qu’on appelle la philosophie mystique. » 


PREMIÈRE COLONNE A GAUCHE. 


Χρυσοῖν. PAPE Or. 

Xpvoou ρινημα....... .. Limaille d’or. 

Χρύσου meta er. Un Feuilles d’or (avec 2° signe à droite, 
d’une écriture plus récente). 

Χρυσος xexaumevos..... Or calciné (fondu). 

Xpuondextpov.......... Électrum [avec 2e signe plus récent). 

) Ut 1) CEE Soudure d’or. 


Mahuyuæ ypusou ....,. Mélange d’or. 
APYUENC. ee. 4e MATE 
Apyvoou ÿn..... ..... Terre d'argent (minerai). 


Apyupou ρινημᾶ. -«« «νον Limaille d'argent. 

Apyvpou netalæ........ Feuilles d'argent. 

ApyvpoypucoxoX hu. ..... Soudure d’or et d'argent (avec 2° signe 
récent). 


Apyvpos xexaumevos. .... Argent calciné (fondu). 


366 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Χαλχος xumpt06. ..... . Cuivre de Chypre (avec 2° signe d'une 
ancienne écriture). 

OR UT EE dE ν Terre de cuivre (minerai). 

Xaœhxou ρινημα...... ... Limaille de cuivre. 

Χαλχου πεταλα........ Feuilles de cuivre. 

Χαλχος χεχαυμενος..... Cuivre calciné (fondu). 

Loc χαλχουν ...... ..... Rouille de cuivre. 

Οριχαλκοε: τς να Orichalque. 

Ztônpos.............. Fer. — Au, autre signe. 

Σιδηδου nas re Terre de fer (minerai). 

Σιδηρου own. ..... «. Limaille de fer. 


Σιδηρου neradov........ Feuilles de fer. 
Ztômpou 106.........,. Rouille de fer. 
MODE rer mecs Plomb. 


DEUXIÈME COLONNE A DROITE. 


HAE HOUOOE., .e ::. Soleil, Or. 

Σεληνὴ apyuvpos........ Lune, argent. 

Kpovos φαίνων μολιόος... Saturne brillant, plomb. 

Levs φαεθων ἡλεχτρος.... Jupiter resplendissant, électrum. 
Agns muposts σιδηρος.... Mars enflammé, fer. 

Ἀφροδιτη φωσφορος χαλχος Vénus lumineuse, cuivre. 


Epuns στιλόων χασσιτηρο;. Mercure étincelant, étain. 


La suite, qui forme le commencement du verso, a été ajoutée 


sur la planche, après les noms des planètes à droite. 


Μολιῤδου ÿn....... ... Terre de plomb (minerai). 
Μολιόδοχαλχος.. ... .. Molibdochalque. 

Μολιόδου ρινημα.... .. Limaille de plomb. 

Μολιόδος xexaumevos. ... Plomb calciné (fondu). 
Κασσιτηρος. .......... Etain. — Ado, autre signe. 
Κασσιτηρου ÿn...... ... Terre d’étain (minerai). 
Κασσιτηρου ρινημα. .... Limaille d’étain. 

Κασσιτηρου πεταλα..... Feuilles d’étain. 


ΚΚασσιτηρος χεχαυμευος.. Etain calciné (fondu). 


PLANCHE II 367 


γὸραβήυρος 2.27 7. Mercure. 

Nepeln.............. Brouillard (vapeur condensée). 

AEUXNV παγεισᾶν...... Concrétion (coagulum) blanche. 

eu re 5 

ξανθὴν παγεισαν. . ... .. Concrétion jaune. 

Λιθαργυρος ....... “re. itharee: 

Θεῖον œrupov........ :. Soufre apyre, n'ayant pas subi l’action 
du feu. 


Θεῖον aux... .,...... Soufre. — Matières sulfureuses. 
Θειον αθιχτον... ..... Soufre natif. 
Ἀφροσελήνον. .,...... . Sélénite. 


Suivent deux autres pages de signes de matières chimiques, 
minérales et médicales. 


4 


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PRÉFACE Lennon ERA YO Hat ΤΟ cac Σ 
TABLE DES DIVISIONS. «Ὁ τοῖο τς τος ones sesseteee ter τ ποτα 
NTRODUCTION. — La chimie née d'hier, — elle s’est constituée 
sur une formation antérieure, l’alchimie, — prétentions de 
Bal Bebone onde ΓΗ 0000 MOTO OO DOC 
Mystère des origines de l’alchimie............................ 
Autorités sur lesquelles je m'appuie : Lepsius; histoires de la 
chimie de Kopp et Hæœfer; auteurs anciens; papyrus de Leïde ; 
Kitab-al-Fihrist; savants contemporains.... ............... 
Manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale de Paris. — 
Manuscrit de Venise...........s.ssssssssesssssessseeresesse 
La philosophie des alchimistes............................. . 
Plan de l'ouvrage. — Les sources. — Idées que les alchimistes 
se faisaient des origines de leur science. Croyances des n° et 
ue siècles de notre ère. Etude des faits historiques et des 
Les personnes; — les faits pratiques.......................... 
Les théories des Grecs sur les éléments, la matière première.. 
Le mercure des philosophes. — Idées des chimistes actuels 
sur la constitution de la matière................. 


LIVRE PREMIER. — LES SOURCES. 


CHAPITRE PREMIER. — Division du livre. -— Toute science doit 
être placée dans son cadre historique. — Croyances reli- 
gieuses et mystiques de l'Orient dans les premiers siècles de 
HOTFONÉRE etes νη 7.0.: 


οὐδε πο σουνπονα δ σ seoeesse 


24. 


[Ὁ] 


OU) 


370 LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


Pages. 


Témoignages historiques relatifs à l'alchimie. — Documents 
des’ alchimistes, papyruset manuscrits. 5925.2%.1 2820 
CHariTRE II, — Les Origines mystiques. — Les anges ayant eu 
commerce avec les femmes, d’après les Écritures, leur révèlent 
les arts. — Le livre Chema, d’après Zosime................. 
La science des poisons et les secrets des métaux. — Le livre 
Chemi. — L’'alchimie avant le déluge, — Révélation faite à 
Les enfants de Dieu et les filles des hommes, d’après la 
GENESE RC a sc sue ere 
Enoch, ses deux généalogies, son livre : les anges pécheurs 
révèlent aux femmes les arts et les sciences occultes..... de 
Clément d'Alexandrie et Tertullien citent cette légende. — 
Mystères des métaux, associés à l’art de la teinture et des 
pierres précieuses, à la connaissance des poisons et des vertus 
des plantes, ainsi qu'à la magie et à l’astrologie............. 
Proscription des anges maudits et de leurs disciples, mages et 
ASTLOÏOBUES RE ee nee. Mere Ee euh Reset 
Zosime écrivait au 11 siècle. — Papyrus de Leide contem- 
DOMAINS τῶν ον θεν annoenever accnsaremeteena esse 
La condamnation des mathématiciens, astrologues, magiciens, 
était de droit commun à Rome.....................,....... 
Edits de Tibère, de Claude. — Interdiction d'exercer la magie 
et de posséder des livres magiques, d’après le jurisconsulte 
JU ET cd de 000 I RAA MMOTQUO TA 0. JO: 0 OO 
Magie, astrologie, alchimie associées dans les papyrus de Leide 
et dans certains manuscrits.............. κ᾿ SALE . 
Traces de ce mélange dans les traités alchimiques : Chrysopée 
de Cléopâtre, alphabets magiques, œuf philosophique, signe 
du Scorpion, sphère d'Hermès, table d'Emeraude, labyrinthe 
Le SAlOMON MBLGS etes Re nee nee are nette κύνκιλν ἐκ ΚΗ, 
Les manuscrits ont été épurés, — passages grattés dans celui de 
ΒΗ ΕΘ PA TE An Se. TRS PP PR 2 
Formation d’un corps d'ouvrages purement chimiques........ 
Les métallurgistes réputés des enchanteurs. — Pourquoi — 
L'invention des sciences naturelles attribuées aux anges 
maudits. — Le mythe de l'arbre du Paradis................. 
La science de la nature donne la puissance du mal comme du 
bien ; remèdes et poisons; mise en œuvre des métaux ct 
falsificatronss ist suisse id, οὐδ ὁ smqaenf ls Rte men 
La science est sacrilège parce qu’elle détruit la notion du 
Miracle. τς πον 35 LÉ SO PEN CORP PTE ΡΥ TE CAO 


ὃ 


9 


10 


10 


11 


18 


TABLE ANALYTIQUE 


La légende des anges maudits chez les poètes: A. de Vigny, 
Lamartine, Leconte de Lisle....... 


L’alchimie classée parmi les sciences occultes par l'Eglise. 
— Persécutions...... 


“.... δ᾽ 5 δ,6 6.6 δ πϑ 9 Ὁ δ᾽ ὁ μδὲρ, δ δ᾽οἰμ, δα ἃ ἰδ α'δ.9.6.».5 αὶ» 6 


CHaPiTRE III. — Sources FRS chaldéennes, juives, 
CROQUER EE dede af se 


8 17. — Sources égyptiennes. — Invoquées par tous les Abe 


mistes et confirmées par les papyrus de Leide. — Hermès 
MnSMÉEIStE 0. Reste. nf OI ee Sd: 

Connaissances tenues secrètes au fond de temples, déni 
vers le re siècle. — Récits de Zosime sur la puissance métal- 
lurgique des anciens rois. — Les mines d’or d’après Aga- 
tharchide:.;,:sase ἐξρξ οι εν Ἐν πο νον ete cie adidas 

L'art sacré n'était communiqué qu'aux fils de rois. — Passage 
de Clément d’Alexandrie. — Inscription de la statue de 
Ptah-mer.. 


CCC ES CPC nus... .- … 


Langage énigmatique et boue — Nomenclature de AE 
philosophique 


Explications orales. — Formule du Scorpion. — ve 
religieux ; initiations ; serment d’Isis, — Art sacré... sa 
Dioclétien fait brûler les livres d’alchimie en Egypte. — Lois 


romaines sur laimapie se re see AT au. AN : 
Le nom de la chimie est celui de l'Egypte. — Autre étymologie 
parémentigreeque es af Ἐς 
La science fondée par Hermès. — Art hermétique. — Dieux et 
LOIS ÉENDHENS CESSE NET NE NE md «es RSC onn ee 
Tendance des inventeurs à rattacher leur science à des origines 
illustres. — Ouvrages attribués aux vieux rois d'Egypte. — 
Le Deutéronome d’Helcias chez les Juifs. — Evangiles apo- 
cryphes. — Le choix de ces origines repose d'ordinaire sur 
quelque tradition réelle..... 


Connaissances pratiques des Egyptiens. — Fabrication des 
pierres précieuses et des alliages. — Le livre du Sanctuaire — 
recettes inscrites}sumlesfsthleS DR onto es QE. 

Recettes du papyrus de Leide, semblables à celles des manus- 
MES ent Ru EE BEC DEMO OR MO TE 

Les unes sont réelles, les autres chimériques. — Composition 
des substances sacrées. — Le Kyphi.. Te 

Comparaison entre κ᾿ signes et bles des alchimistes et 
ceux des ÉBYDUENS Ta eee 

Signes de l'Eau, du Soleil, d'Hermès ; sceau d’Hermès ; Cnou- 
phion synonyme d’alambic ; Osiris, synonyme de plomb et 


371 


Pages. 


18 


19 


[Ὁ 
τὸ 


2 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


- 


de soufre ; tombeau d'Osiris comparé à la chimie ; assimilé 
au mercure. — Noms d'Isis, Osiris, Typhon, Toth ; — temples 
d'Isis, de Sérapis, — les bibliothèques Ptolémaiques, citées 
par les alchimistes............. So CE EE PS CE LE De 
Leur phraséologie est celle de gens résidant en Egypte; — obé- 
lisques, hiérogrammes ; le Nil; — ils sont contemporains 
des néoplatoniciens.-., :......,..:° UT LÉ ΕΣ) 5 
Liste des mois égyptiens comparés aux mois romains chez les 
alCHimistess τον τς ee ST SN κοῖς data πὶ save 
Doctrines communes aux alchimistes et aux Egyptiens. — Le 
nombre quatre..,...:.......s.setessoseensmoosnsesse soso 
Eléments, zones, divinités funéraires, etc.; tétrades gnostiques. 
Tétrasomia des alchimistes — les quatre teintures assimilées 
aux quatre points Cardinaux............s...s..sess.sssese 
Tables astrologico-médicales d'Hermès, de Pétosiris, de Démo- 
Alphabets magiques et leurs caractères démotiques....... me 
Noms des laboratoires situés dans des villes d'Egypte........ 
Corrélation probable entre les pratiques de l'industrie 
égyptienne et les théories mystiques et religieuses. — Pré- 
tendue table d'Hermès à Turin............................ 
Stèles antiques d’Hermès et livres sacrés des sanctuaires, d’après 
Jamblique et Manéthon. — Traditions analogues des alchi- 
mistes. — Inscriptions du temple d’Isis..................... 
Pourquoi les alchimistes se rattachent à Hermès. — (C’est 
l'inventeur des arts et des sciences en Egypte; il personnifie 
ja strence du sacerdoce.......:,...2".% APE PTT LS TE UD Εὐλθε 
La s:ience était impersonnélle.— Résumés encyclopédiques faits 
à l’époque Alexandrine............. ............. ΕΘΝ 
Les 42 livres d'Hermès, portés en procession. — Description 
de Clément d'Alexandrie... .,..:..s.s.esesconesssesesesse tee 
Les temples égyptiens.— Temple de Sérapis à Alexandrie, siège 
du Muséum et de la Bibliothèque.— Association de la science 
et de la religion en Orient. -— Mosquée d'El-Azhar, univer- 
SIC GOT. 6... dd dot RU ὅτ ΕΣ TS 
Sérapéum de Memphis. — Découvertes de Mariette. — Suites 
grecques de l’hémicycle.— Caractère médical de ce sanctuaire, 
— lieux où les restes des appareils alchimiques peuvent 
être recherchés...:........... ACL TL EL SN ΡΥ ἐν 
Clément d'Alexandrie ne mentionne pas d ouvrages alchi- 
miques. — Livres occultes...............,..... ..... TT 
Livres philosophiques et mystiques prétendus 4 Hermès, par- 


Pages. 


P2] 
(le) 


40 


40 


43 


44 


TABLE ANALYTIQUE 


venus jusqu'à nous. — Pœmander, Asclepias, congénères 
avec certains écrits alchimiques. — Spéculations de Zosime 
ἘΤ ΤΠ Πα ΘΟ. Eymne mystique dAérmes........:-..... 
ἢ 2. — Sources babyloniennes et chaldéennes. — Système des 
SIPRÉÉSIOECDIRES ONE. Rome s nel: comes ae 
Les Chaldéens à Rome. — Pamménès. — Les mythes chaldéens 
dans les cultes de Syrie et d'Asie mineure. — Les villes de 
ÉnainRessondoadmostesraut tot TOMATE Root 
Le Mède Ostanès, patron des alchimistes. — Les prophètes 
persans et le pseudo-Zoroastre. — Le livre des Kyranides : 
les 24 gemmes et les 24 herbes et leurs vertus. — Traités per- 
SANS PAIE hIMIeNdÉtHULS DARDIQClÉTIEN... 7.1.0 esse 
Industries de la Babylonie et de la Syrie, transmises aux Arabes 
CRANMRETS AT MOUSE EEE Er 1... τ τ ων τς 
Parenté mystique des métaux et des planètes. — Pindare. — 
Texte de Proclus sur les métaux engendrés dans la terre 
par l'influence des effluves des divinités célestes. — Enumé- 
ταύ OMR QT ER RE Eee blue τερον esse 
L’Electrum, métal particulier et la planète Jupiter............ 
Signe d’'Hermès et sa planète sur lès pierres et amulettes gnos- 
tiques. — Il a été attribué d’abord à l’étain, puis au métal 
MBFEUFE ne nee ee Me nee ee «tete unie à Sn 
Les sept planètes, les sept métaux, les sept couleurs, etc...... 
Éerméme sienereprésente/letmetiet ΞΘ ΒΡ] απ ει: τ. τς ........ 
L'œuf philosophique, signe de l’œuvre sacré et de l'Univers, 
symbole épyptien et ΒΘ ΘΠ στ τς ET... cos 
Le macrocosme et le microcosme ; le zodiaque ; conceptions 
tirées dela gérmination et déNapénération.. . .. κοινοῖς «τα à «te 
Art de guérir les maladies. — La panacée et l’eau divine... 
L'alchtmre’en"Chme ane SEE Mean Le scene ao 
8 3. — Sources Juives. — Rôle des Juifs à Alexandrie......... 
La Cabbale.— Le Labyrinthe de Salomon. — Recette du roi 
Osée. — Le livre secret de Moïse dans les papyrus de Leide. 
Éarchimiende Moïse -- ΘΟ din OS ER EE Re cs 
Livre dédié au Seigneur des Hébreux. — Instrument de Noé, — 
Béselcel constructeur de l’Arche et patron des alchimistes... 
Salomon, — traducteur unique de la Bible, — les Septante..…. 
L'art a été révélé aux Juifs par fraude. — Les paroles de 
Mae RENE RS ET LL. ue ue 
Rapprochements entre les traditions juives et gnostiques..... 
4. — Sources gnostiques. — Les premiers alchimistes étaient 
GE US en né po ce 20h MTS OS EME RTE PTE ERCPR FEU 


- 


αν ἐπὶ τ 
“ψὸ ἡ το 


ι ON 
LT 


τ σι 
ι 


ῳω 
σ᾽ 


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Sen 


σι 
I 


374 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. 


Le livre de Vérité de Sophé l’égyptien. — Analogies gnostiques. 
Sophé est synonyme de Chéops. — Ouvrages attribués à ce 
TIQUE Of ΕΞ ΑΕ ΒΕ TE A Arr env eus euetetas et 

Le Serpent qui se mord la queue ou dragon Ouroboros, symbole 
de l’œuvre. — On le trouve dans les papyrus de Leide. — Ses 
figures dans le manuscrit 2.327; ses cercles, ses pieds, ses 
ORNE Serre Mi ET EE nee eee 

On en rapproche la Salamandre et ses propriétés mystérieuses. 

Exposé allégorique de l’œuvre. Sacrifice du serpent, l’homme 
d’airain, l’homme d’argent ou d’asemon, l’homme d’or. — 
ΠΟ ΟΣ ER Seam nan el ΜΕΝ sue te rase demo 

La figure des trois cercles concentriques, avec ses axiomes sur 
᾿νε ἰδ ME TONER EE EE ee en recenser κέν teen tee e 

La Chrysopée de Cléopâtre et ses signes magiques............ 

Anneau magique des papyrus de Leide. — Pierres gravées 
gnostiques,amulettes et talismans de la collection de la Biblio- 
CHOEUR 

Adoration du serpent qui se mord la queue, à Hiérapolis, par 
les Ophites. — Serpent, emblème d’une puissance supé- 
rieure, etc., rapproché de l'œuf philosophique.— Le serpent 
égyptien ApOpAIS = L'Ophiouchae τ πο PER 

La terre vierge et sanglante. — La magie associée aux pra- 
tiques religièuses. — L'étoile à huit rayons. — L'ogdoade 
mystique 61. 16 5 ΠῚ τ ον κ᾿ élémentaires AREA 

Les éléments mâle et femelle ; l'élément hermaphrodite ; les 
femmes alchimistes: Marie et Cléopâtre; traits communs aux 
gnostiques Etes al0himistes. SN ER τ νοῶ et 

Traditions juives chez les Marcosiens. — Adam et Toth 
l’homme universel ; Eve et Pandore, etc., chez les alchimistes ; 
Recette fayecdemomid Adam... ressentent 

Les livres hébraïques invoqués, en même temps que les maîtres 
de la sagesse antique. — Hymnes gnostiques de Synésius. — 
Syncrétisme oriental.— Rôle du gnosticisme du 115 au rvesiècle. 
—\Affnité entre la Gnose ct la Chimie, Meme et 

CHariTRe, IV. — Les Témoignages historiques..........,....., 

Concordance entre les papyrus et les manuscrits des biblio- 

Les noms de dieux, d'hommes, de lieux, les allusions, les 
idées, les théories qui y sont exposés répondent à l’état 
de l'Egypte grécisée des premiers siècles de l'ère chrétienne. 

Il'enrest'dcrmeémetdes notions pratiques sine ete 

Aucun auteur n’a parlé de l’alchimie avant l'ère chrétienne... 


62 


65 


66 


66 


56 


68 
80 


TABLE ANALYTIQUE 395 


Pages. 


Phrase de Dioscoride sur le mercure, partie constituante des 

ΤῊ ΠΣ. -Ξ DAE dE SES MANUSErI ES: 22 τιν ὃς ones gras aie OO 
Plineessai de fabrication(de l’or.par Galigula.......1...,...1..69 
lPastdedoubler iesimétaux, d'apres Mantliuis#.7 2.070 
Les noms des vieux alchimistes figurènt comme magiciens et 

astrologues dans Columelle, Pline et Tacite. — Pétosiris..... 70 
Sénèque cite les traités de Démocrite sur la coloration du verre. 

Procédés signalés par Pline. — Les mystères des métaux et 

des pierres précieuses, d’après Tertullien et Jamblique...... 71 
Destruction des livres d’alchimie en Egypte par Dioclétien. — 

Textes de Jean d’Antioche et des Actes de saint Procope..... 72 
Art sacré, nom commun à l’alchimie et à la magie.— Le nom de 


l'alchimie cité par J. Firmicus. — Autres rapprochements 
dans ceFautenT rs Me Ne EE EE Cr À 
Transmutation décrite par Enée de Gaza....... ΡΣ ΡΟ ἦς 74 
Elle est aussi assimilée à la résurrection par Sen haoue- 70 
Le premier alchimiste cité par les chroniqueurs. : johannte 
ΤΕ ΠΟ ΟΞ ἘΠ οἱ PR ας στην Cette ἀνοῖτι πὰς SO ΣΡ ΤΥ 76 
L’alchimie comme corps de doctrines. — Jean d’Antioche, : 
— Allusions de Pline et de Columelle. — Georges le Syncelle 
connaît nos principaux auteurs; il écrit d’après Panodorus, 
contemporain d'Arcadius’et de SYRÉsius.. ποτ sites. 77 
Citons te tBhotus eds Er κπ- RAR γώ.) 
Auteurs alchimiques cités dans le Kitab-al-Fihrist, recueil arabe, 
antérieur à l'an 85048 Rte: à DÉS ee ar A δε ΤΗΣ 79 
Date de nos manuscrits.— Manuscrit de saint Marc au χιϑ siècle. 
Filiation non interrompue des témoignages. ....... CARE Ἔτι 
CHAPITRE Ne ΞΞ᾿ 565 Papyrus de Eede 1... ri ΕΣ ΘΟ 
Origine de cette collection. — Papyrus Anastasi. — Éue 
de Reuvens à M. Letronne. — Publications de M. Leemans... δὲ 
Photographie de deux pages alchimiques de ces papyrus... 02 
Contenu alchimique de trois papyrus. — Similitude avec les 
textes des manuscrits. — Magie, astrologie, gnosticisme...... 83 
Papyrus bilingues. — Rituels magiques, l'amour mystique ; 
formules, philtres, talismans, etc....... RASE Ne Eee L 


Table de Démocrite pour le pronostic des maladies....,........ 85 
Divination par les songes. — Recettes alchimiques. — Serpent 


Ouroboros. — Matière médicale................. En Aro RTE 86 
Papyrus renfermant 16 pages d’alchimie. — Articles relatifs 


au plomb, à l’étain, au cuivre, à l’argent, à l’asemon, à l'or, 
à la pourpre, aux minerais... se ROME RÉ RSR 87 


376 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. 
Comparaison avec ceux des manuscrits. -— Procédés de trans- 
mutation... TO SG pad Do cos 3 ouvert MSA Men à 88 
Dorure sans mercure. — L’asemon et l’asem égyptien........... 86 
Doublement de l’or et de l’argent. — Ecriture en lettres d’or. 
— Teinture en pourpre végétale.......,......... TN ES PE al 
Extraits de Dioscoride, — où le sens des noms de minéraux peut 
être cherché... PA ΝΟΣ Εν ΤΣ Contes Roc 03 
CHapirre VI, — Les manuscrits grecs des Bibliothèques... ........ 94 
2 τ. — Enumération des manuscrits. — Bibliothèque nationale Ὁ 
de Paris.— Achats de François Ier,— Les autres bibliothèques, 
— Manuscrit de saint Marc............. ES UE τ τ 68 
Utilité de la publication de ces manuscrits, pour la technologie 
et l’histoire générale........... en ER AE. OCT RE if 97 
2 2. — Date et filiation des ouvrages contenus dans les manus- 
CUS AIG RAMIOUOS A Date an  Ρ te de a RS AA ἀρ 08 
Ecrits paiïens, contemporains de Porphyre et peut-être des 
débuts de l’ère chrétienne.......... OS Ra PO ne δε. το rl στὴ 
Le pseudo-Démocrite et Bolus de Mendès. — Recettes des 
stelesetides papyrus ste OO uU ue ADO Gone. 09 
Zosime, gnostique du ane siècle. — Synésius et Olympiodore 
ΟΠ ΠΡ πον τ eseeneespensenpe een ΕΙΣ) OÙ) 
Le philosophe Chrétien, — l’Anonyme, — Stéphanus, — filia- 
tion de ces auteurs............ Ne TO lo NT Se 100 
Citations de Georges le Syncelle, de Photius, du Kitab-ale 
FIRE ACEDETIESMOSIÉTIEUR eee ae Pare CAT RTOD, 
Moines : Cosmas, Psellus, etc. — Tradition mythique de la 
tOIS DR OL me esse rc eee suspense AMION 
Traité technique sur les verres par l’arabe Salmanas, ajouté 
plus tard......…. ANR Dico DE A EP Dr CL ον ὁ [ΟῚ 
Formation de la collection à Constantinople. — Préface de 
Psellus.— La collection antérieure au xie siècle. — Additions, 
interpolations, mise au courant, — Erreurs des commentateurs. 102 
Etude passionnée d’autrefois.....,....... EN ES MT ERA EE Ci 103 
Figures*dinstroments. — Résumé. st. τ πτΠ Ὧν: 104 
2 3. — Etudes et publications exécutées d’après les manuscrits 
αἰ δα μενος ue à à mauve 2e an 88 ar RITES OR A Ne) « O1 
Auteurs du xvue siècle. — Etude de Reinesius et de Fabricius, 
— Traduction latine de Pizzimenti. — Publication de 
Stéphanus par Ideler — lexique, etc.........:.....,.......... 103 
Notices diverses et catalogues des bibliothèques. — Saint 
᾿ΕΝ Re es D TO LA era: Sera a eme 100 
Trois types principaux. — Analyse de ces manuscrits.......... 108 


TABLE ANALYTIQUE 


377 


Pages. 
ὃ 4, — Composition de la collection manuscrite des alchi- 
MISLESIETEES eee da το δῆς à sen ee τς NS Res 110 
ὃ 5. — Indications générales (d’après le manuscrit 2.327)... III 
Traité des poids et mesures de Cléopatre. — Mois égyptiens. — 
Liste des signes de l’art sacré. ἈΦ EN SE PE ET 
Cette liste résulte de la on de ES autres. — 
ANALYSE ER TE PS dar den CPE PURE Lada Ne RUN 
Lexique ΕΣ ἊΣ de l’art sacre. — Ne onelture de Léuf 
philosophique ............ date me πον à AE HS KML 
Listes des OURS d'or. — ΣΝ où EE prépare la pierre 
philosophale..).... #2 Da eee ni den πον A ride 
à 6. — Traités théoriques. — Traités Ὁ — Physica 
CMTYSUEAUR EE. Sauce en ἘΣ Dane tetes τι ἐς τς τὸς 110 
Commentaires de Synésius et de Stéphanus. — Olympiodore. 117 
Cléopâtre la Savante; Marie la Juive; Ostanès ; Comarius ; 
ΕΒ πὶ ΣΑΤΟ ΠΡ οὐ AtPÉla es ee ΘΟΕ ΡῈ RS Er 11 


Livres hermétiques.— Isis.— Agathodémon.— Enigme sibyllin. 
Serment des initiés. — Assemblée des philosophes — les lu- 
mières; coction de l’or; Jamblique ; Hermès; magie, etc... 


Livres de Zosime le Panopolitain............. Re τς 

Commentateurs chrétiens et anonymes. — Cosmas........... ; 

ὃ. 7. — Poèmes alchimiques. — Héliodore, Théophraste, ΔΗ: 
lAMSMEMÉTOIMÉE RAR EEE EC EE ιν ἐττιων τ τ οτηπον 

Auteurs contemporains de Théodose.— Interpolations. — Jean 


JÉRDAMAS ER τ τὴν ΡΥ ρρπροέοΨπσοΠΕοΕΠΠ[ἘΕΠΡ π0π|' 1... πτρριοοςς 
POS NAUESLECHNOIO MAUES Tee eee eee ae same νυν eeso ee ciese 
Livre de l’alchimie métallique. — Bonne confection de la chose 

ÉRCCE = Τ᾿ τα 6 de MOIS ποτ... 1:1. τὴ τὸ τον doses moe 
Fusion de l'or. — Procédés analogues à ceux des papyrus..... 


Travail des quatre éléments. — Technurgie de Salmanas...... 
Recettes de métallurgie et de transmutation. — Coloration des 
DÉNA ES et de nie «date decor GPS ONE NLOPPEÈRE 


LIVRE SECOND. — LES PERSONNES. 


CHAPITRE PREMIER. — Les alchimistes œcuméniques............. 
Liste de l’'Anonyme. — Liste du manuscrit de saint Marc — 
liste des manuscrits de la Bibliothèque nationale, — Sa date. 
PistendesMlaboratoites alterne enr ον τς τ τιν τς 
Auteurs cités dans le Kitab-al-Fihrist. — Concordance....... 
CHAPITRE Il. — Les alchimistes mythiques... .... νιν τη τιν τὴ. 


378 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. 


& 1. — Hermès. — Ses ouvrages. — Science hermétique. — 
Citations ; axiomes ; hymne; table d’émeraude ; instru- 
MENTS.. essor esse sones ses ssensnnesssssesesee 

Enigme de la Sibylle. — Son interprétation.................... 

ἢ 2. — Agathodémon. — Sa parenté avec le serpent. C'est un 
dieu ÉARÉRTÉDISÉ ARE IE RE MN MERE Judas is aaide à 

ἢ 3. — Isis. — Lettre à son fils Horus. — Livres supposés aux 
premiers éiéclesidenetnetère., “το δ. δ." chu. is. tan 

ἢ 4. — Les rois et les empereurs. — Pourquoi ces désigna- 
DONS. SN NES UE. SAR ne une cite une dan 

CHaPriTRE III. — Les alchimistes pseudonymes................... 

δ 1. — Leur énumération.— Origine de ces attributions....... 

ὃ 2. — Les philosophes grecs. — Ecoles Ionienne, Italiote..... 

Turba philosophorum. — Aristote et Platon................... 

Les Alexandrins. — Porphyre et Jamblique. — L'empereur 

2. 3. — Démocrite. — Intérêt des ouvrages pseudonymes...... 

Le Démocrite de l’histoire. — Ses voyages en Orient et son 
ἘΠ ΘΑ ΠΟΥ Se eieleis e siiaiee sie ds ec ον ee D leo UN eee 

Ses œuvres : tétralogies de Thrasylle ; fragments réunis 
parFranck'ebtpas/Mallachs.. τ π᾿ uvre enr ee 

Distinction entre ses œuvres authentiques et supposées....... 

Traités relatifs aux sucs des plantes, à la teinture, aux vitrifica- 
UONS τς sorte eee mme ss à οὐ ον 6, st ma nes ss side Share eterdlers 

Eragmentsur la teinture en pPOUrTpre.. er. ec -cesreec 

Analyse du traité Physica et Mystica. — Évocation magique. 


— Axiomes mystiques.................... FAR ΣΕ ΔΝ δ τ 
Idées de Démocrite sur les fantômes. — Pline en fait un magi- 
CHER eue dure ; Panne ἮΝ Art EN D PR est 


Manuscrits tirés ἥδ tombeaux. — Démocrite dans les papyrus 
de Leide..:. 
Association de sujets analogues dans ceux-ci. — Traité dédié à 
Leucippe. — Lettre à Philarète, — Récits de Synésius et du 
SYRIE TER AT. AE Mn sh νου ART EPST 7 
Filiation remontant de Synésius à Zosime et au ende: -Démo- 
Crite εν M ave. aies ὃν τς οὐδ ὁ τον οι οὖ σόα Ἐν τυ dette 


Oitriges de Bolus de Mendès. — Livres attribués à Démocrite 


dans l’antiquité........….. sde He sense neine οὐδένες CE 
Recettes des Geoponica. — Mémoires de Pétésis. — Livre de 
SOpPhé:. red M CRIE RE n te DM EE Mise πον 


Littérature pseudo-Démocritaine en Egypte ; son importance. 


TABLE ANALYTIQUE | 379 


Pages. 
Double langage prêté à Démocrite ; citations. — Recettes de 
FANS TANION ee RE ne PRO R Een nan tte 160 
Sens multiple des noms des minéraux anciens. — Les opéra- 
tions des alchimistes ne différaient pas des nôtres. — Partie 
IH OBSCUrE ἂν dessein US. DRE τε . 161 
ὃ 4. — Ostanès et les Chaldéens. — Légendes et traditions... 163 
N'estréputélintiateurrde Démoerite.............:.#4l.s 164 
Pratiques des Persans opposées à celles des Égyptiens. — ὦ 
Citations ταὶ L'eaurdivine et laipanacée..: une 165 
Sophar.— Zoroastre apocryphe ; ses œuvres..... .............. 100 
à 4. — Les alchimistes égyptiens. — Chymès ; ses axiomes. — 
PÉHÉCHUS NU PÉIÉSIS. πα... am ae naouus ea ee à je do tantah τς, 07 
Pétosiris l’Astrologue. — Pammenès. — Pauséris................ 169 
ὃ 6. — Les alchimistes juifs. — Moïse; sa diplosis. — Marie la 
Juive ; bain-marie. — Cléopâtre. — Marie et Cléophas dans 
les évangiles gnostiques. — Œuvres de Cléopâtre............ 173 
CuapiTRe IV. — Les alchimistes grecs proprement dits... mises 175 
à 1. — Lour énumération. — Caractères sérieux et historique 
de ces auteurs. — Les poètes, les scoliastes. — Compilations 
PIAEIQUES ER REE ENS τανε en sn eie διρπρα MR 175 
ὃ 2. — Zosime, cité par le Syncelle, Photius, Suidas. — Enu- 
mération de ses ouvrages........... Fe: se SRB No. LAS 177 
Mémoires authentiques, etc. — L'eau divine, les axiomes, les 
cercles, les appareils... πον store ES ALES 178 
Tribicus. — Livre de la Vertu : analogies avec le Pæœmander. — 
Nisionsallésonique re δε a t- cities 179 
Les hommes d’or et d’argent; le dragon. — Allégorie de 
Meslins—"£La pierre ῬΠ ΣΙ ]ΘΒΟΡ ΕΘ M... ass din . 180 
La tétrade mystique.— Recettes positives........................ 182 
Ecrit authentique ; livre sur la Vertu et l’Interprétation ; livre 
de Sophé; livre de l'Accomplissement.......................... 183 
Les instruments et les fourneaux. — Chapitres à Théodore. — 
Imouth. — La chaux. — Le livre des clefs. — Petits 
ἐγαε δα πε λοις RSI 108 RE CPS AE là rot are 184 
Ouvrages de Comarius. — Pélage l’Ancien. — Dioscorus.— Jean 
lATERLPréRE ESS ee PR ee εν το à dre À er, mate 180 
LS AT ει ΩΝ δι, AN SESOUVIARES RME. ee CT eds τὶς 187 
δ 4. — Synésius. — Epoque de Théodose. — Le Synésius de 
l’histoire. — Sa correspondance. — Traité sur les songes. — 
Doctrines occultes. — Hymnes gnostiques...................... 158 
Commentaire sur Démocrite adressé à Dioscorus, — Évêque 


de ce nom. — Double caractère des hommes de ce temps... 100 


380 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. 

ἢ 5. — Olympiodore, — Historien grec; ses voyages; il est cité 
par-PRODUS, 6 een sers Li ἐν τς Étsets sons Et nt es TRS 101 

Son ouvrage alchimique. — Caractère de ce livre. — Incohé- 
renceet sincérité... RE SARA AE TR RARE 192 

Il ne procède pas par allégories. — Les trois teintures.— Fabri- 
cation de l'érneraude tons or MAR TN ne AE ΟΝ 104 

Citations historiques, il reproduit les opinions des philo- 
sophes ioniens et éléates. — Date de cet ouvrage.............. 195 

ἢ 6. — La fin de la culture héllénique en Egypte et la destruction 
des laboratoires....,..... AREAS NS SE ENS: AO CE 100 

Le temple de Sérapis à Alexandrie. — Sa destruction : édit 
de THÉ SARA Lens sie be monte RUE LP TIR EVE OP 


Fin de la Bibliothèque et de l’école d'Alexandrie, — Ecole 
d'Athènes supprimée à son tour. — Ruine des temples de 
Memplhusetdes abüratoires.. 7.710000 PARU: 107 

Scènes de massacre et de pillage qui marquèrent la fin de la 
culture hellénique en Egypte. — Pourquoi les adeptes de 
l'art sacré se cachaient. — Rareté des mentions historiques 


dans Mes ouvrages scientifiques. : : Me Mise etes 100 
ὃ 7. — Stéphanus. — L'art sacré survit, à cause de l'utilité de 

ses pratiques et des espérances excitées par ses théories... 190 
Stéphanus d'Alexandrie ou d'Athènes, médecin, astrologue, 

[ὦ ἐν νοοῦν τ τ EPL. PO uit actes DS πόα ΘΑ ΚαΣ αορναν 300 
ΒΟΗ͂Σ ἘΠ ΒΟΠΞΙΒ 6 ὙΠ ΞΌΕΠΙΡ, Στ ee TNT TUE 201 
ἢ 8. — Les poètes alchimiques. — Litanies de l’or. — Remanic- 

MENtS, —"HÉLOAOLE. 2,20. nhne ne Sr MR. E Sr m0 
ἢ 0. — Les Commentateurs. — Le philosophe Chrétien, gnos- 

tique et philosophe... ve. ρα PRIS. Er rte 202 
Le philosophe Anonyme, plus récent.......,........... RAD AN ‘1204 
Sergius — culture hellénique à Edesse, à Harran. — L'alchimie 

à Constantinople, feu grégeois, etc........... A RENE 205 
? 10. — Transmission de l’alchimie aux Arabes et aux Occiden- 

LETTRE chine CPAS LEP ἐόν τὸν RS One Se a PNR εἷος RS De 209 
Les mots alchimie et alambic, — Citations du Kitab-al-Fihrist. 206 
Geber. — Ses ouvrages. — Summa perfectionis, etc. — Les 

obstacles de l’art; réfutation des doutes sur sa réalité... .... 206 
Etude des substances. — [Les opérations. — Les métaux. — 

Méthodes pour les fabriquer; ils sont composés de soufre, de 

Mercure ΘΕ ἢ ATEÉNIE LE τι τον Ὁ ΤῸ ας πο αι ΝΕ 207 
Le mercure des philosophes. — Tentatives pour dépouiller les 


métaux de leurs propriétés spécifiques. — Analogies avec 
StéphatÜs T3 6x FTP PR το RES NOM 208 


TABLE ANALYTIQUE 


Arabes de Mésopotamie et d’Espagne. — Découvertes pra- 
D'ALES EEE SAS Men Ἔσο at TRES DATE 
Nécessité d'étudier les manuscrits arabes et hébreux.— Retour 


de la science en Occident, au temps des croisades.— 7'heatrum 
chemicum.— Résumé 


LIVRE TROISIÈME. — LES FAITS. 


CuaPITRE PREMIER. — Les métaux CHIC E y PHERS:. ire 
δ 17, —Introduction.— Côté pratique del’alchimie.— Ses origines 
en Egypte. — Connaissances des Egyptiens sur les métaux.— 
Les huit métaux ou corps analogues, mentionnés sur les 
monuments... 


2 2.— L'or. — Ses figures. — Or pur et or de roche... ....... 
ἢ 3. — L'argent. — Ses figures. — Argent pur et argent sans 

titre. Origine desidéesidestransmutatiIOn. ............... 
ἢ 4. — L’électrum ou l’asem. — Alliage d’or et d’argent — son 


nom substitué parfois à l'argent, — Réputé métal particulier. 
— Sa planète. — Sa production dans les traitements métal- 


CRE ΕΠ ΘΕ ALI πτ dr DATE ἘΝ er EE 
On en retirait l'or et l'argent. — Il tomba en désuétude...…. ς 
Changement de sens de ce mot.— Laiton...…. Ἐν CET 
Alliage assimilé à un métal naturel et factice. — L'or et 


Vafgent envisagés {0 {5} ΠΡ τ. σηγθιο οι, τσ ον LRU RER 


& 5. — Le saphir ou chesbet. — Ses figures. — Corps naturel et 
artificiel . 


ΟΠ ΠΙἜὌΥΥ ΞΞΦΞΞ Ἐπ ψρρρρρρρρρροροο σον 


Verres bleus à base de cobalt, de cuivre. — Bleu d'Alexandrie. 
ἘΞ ΙΗ ον ΕΛ γον Δ AE A LE de PUR 


Masse incolore teinte par une petite quantité de colorant 


& 0. — L'émeraude ou mafek. — Parenté avec les métaux. — 
Corpstnatureletarntneiel DÉC πο πο ent aee 
Malachite ou chrysocolle (soudure d’or). — Sa Pres eu -- 


Minéraux verts naturels 


ΟΠ  Ξ Ξ ΞΕ ΞΡ οο 


Plats d’'émeraude, — Verre venetum. — Sels basiques de cuivre. 
— Vague des idées des anciens 


& 8. — L’airain et le cuivre.— Les alliages de cuivre sont obtenus 


plus facilement que le métal pur. — Bronzes. — Molybdo- 
chalque, onchalque ΟΣ tone ME πὲ ἐπ 
Figures. — Objets des musées. — Orichalque des anciens. — 


Variabilité de couleur et de propriétés 
Odeur des alliages 


AO αὖν δ οἷν, ὁ ὁ οἷο θα Ν᾽ Δ 0 08. ὦ ὁ 


211 


[Ὁ] 
- 
ῳϑ ιὉ 


382 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. 
3 8. — Le fer. — Métal rare et réputé moderne, — Préparation 

difficile. — Sa présence dans les pyramides............... “yat 258 
ὃ 9. — Le plomb. — Générateur des autres métaux. — Magnésie 

des ‘anciens. —"Plomb ἐσ βα δ RE en τας 2 228 
à 10. — L'étain pur a été connu seulement des Grecs et des 

Romains. — Matière de transmutation:....................... 229 
Le cassiteros. — Sens successifs. — Etain, doublet du plomb. — 

Son. cri. — Ses alliages... OR net ριβο us 302 
Sa planète ; elle a changé... πο κεν SR ne 231 
à 11. — Le mercure. — Natif et artificiel, — Ses propriétés, ses 

OMS, SON SAGE LT Ua e: τρις τον Laurens ARE 231 
à 12. — Autres substances congénères des métaux. — Pierres 

rouge. banc Jane) émail. eee à: 232 
2 13. — Liste alchimique des métaux el de leurs dérivés. — 

Emeraude associée aux métaux et au mercure.............. rup92 
Signes et mots compréhensifs de la chimie........................ 234 
ἢ 14. — Les laboratoires. — Association des préparations métal- 

liqtes etmédicales 5.002,22 RL STE MR trs 235 
Découverte faite a Droneah. nette me εὐ ee 236 

Gares ΠῚ La teur des meélaux. Ne RE 358 
Association des métaux, des alliages et des minéraux colorés, . 

naturels δὲ ΡΠ ΠΘΙΘΙΒ τ ὅτ οἷς οτος even de cree ee PI Re 238 
Analogies tirées de l'éclat de ces divers corps. — La notion 

d'espèces définies n'existait pas:, 40.45.08. Ὑπὸ σον ΠΟ .1e2 37239 
Imitation des pierres précieuses par l’action du feu. — Ses 

degrés. — Variation des propriétés des alliages. — Notion des 

DÉTOUR LOIRE... 2. 2 NM LR ὁ se 240 
La diplosis, d'après l’idée que l'or et l’argent sont des alliages. 

— Tours demain: νον... κε MEME TTC MONTE ΠΣ +" 240 
Opinion que les propriétés des corps peuvent être modifiées 

une à une. — Substances naturelles et artificielles............. 241 
Les métaux regardés comme susceptibles de teinture. — Ana- 

logie tirée des étoffes et des verres........ CL PO RATES. 242 
La science sacrée comprend deux opérations : la teinture en 

jaune et la-teinture en blanc..….......s..ss. sein dés ΠΕΣ son 242 
Les deux teintures sont au fond de même espèce. — Principe 

colorant ou poudre de projection... OR LIRE ER δεξί . 243 
Agents qui blanchissent le cuivre; qui jaunissent l'argent. — 

Teinture profonde et superficielle............... then Math 244 


Orpiment. — L'idée de la transmutation découle des pratiques 
ÉRYPTICDRES Nine nas tueuse, sens sos ee DR CN 245 


Ceux-ci s'engendrent périodiquement; ils sont répandus dans 


TABLE ANALYTIQUE 383 
Pages. 
Mélange de recettes réelles et chimériques. — Crédulité persis- 
ant Son OF ἀπ] 15} fhÉOrIQUE 11. ..5.2.encueracauee ces 245 
LIVRE QUATRIÈME. — LES THÉORIES. 
CHXPITREPREMIER..— Théories grecques :.................... 247 
2 1. — Introduction. — Notions multiples amalgamées dans 
l’alchimie. — Corps de doctrines philosophiques. — Leur 

hemaveccellestdesdoniens ettdePlatonse 2206 ἐπε τον ns 247 
Lettre de Psellus à Xiphilin. —. La chimie est une science 

TAtIOnnelle nr ARE rer Ἐν CRE PR σι, ἐά φτλο ΕΑ 240 
Les philosophes de la nature et les métaphysiciens...,......... 250 
à 2. — Les premiers philosophes naturalistes. — Thalès. — 

Anaximène. — L'eau et l'air principes des choses ............ 251 
Parménide : la substance une et éternelle. — Axiomes des 

alchamistes:).c) 2.4. 5 ἔρετος Es al ohms, Luz 251 
Héraclite : le feu, principe mobile des choses. — Idées 

modernes... corne αν πὶ ΣΡ e CERCLE δον 5 χονυλδινεὺς 252 
Empédocle : tout est mélange et séparation. — Les quatre 

éléments; états (sénéraux deflafmatières. sue. me 3 252 
Le Tétrasomia des alchimistes. — Catalogues de Démocrite... 253 
Texte d’'Olympiodore. — Les quatre éléments ; l’eau divine; 

lesprincipes et. les ΕἸ στ ΕΘ ΠῚ ne τ το ut 254 
Caractères du principe des choses. — Opinions de Thalès et 

ΕΘ τα μῦθος, πε αι ΠΕ ΘΗΝ δ τς LT At rss sue 250 
ΓΙ ΈΔΗΣ [61 le feu IPMACIPES πΠ ἼΞ ἘΡΈΓΟΙ. ., ἀπο πικικθοΣ 25e 
Les vapeurs humides et les fumées d'Anaximandre............. 258 
Zosime s’attache à l'unité. — Opinions de Chymès, d’Agatho- 

démon, d’'Hermès. — La vapeur sublimée.....…. be Dies et 234259 
Les éléments changés les uns dans les autres................ te + 261 
Les pythagoriciens dérivent tout de l'unité et de la géométrie. 

— Les solides réguliers et les éléments........................ 261 
Les hommes veulent une base fixe à leurs conceptions........ 202 
Lestatomess "ire ser DO O RTC oc RER ee 07. 263 
Les alchimistes grecs ne parlent pas de la théorie 

atomiques code ss SRG AE A RASE οἷ Leo ΘΕΙ͂Ν δ... 205 
ὃ 2. — Les platoniciens; le Timée. — Ἐς opinions des alchi- 

MISTESSYATAPPOrIENTE. EME. ET. ae ele HEC BE 264 
La matière première de Platon ; elle constitue les quatre élé- 

ments, dont la forme.est séamétrique 2: ::..:..catbu 265 


384 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. 
tous les corps naturels, sans qu'aucun de ceux-ci réponde 
exactement à un élément....... SAPRRRNETS rs er . 266 
Le phlogistique de Stahl. — Les sens multiples du mot feu; du 

ΤΟΣ CAUSE PARLER UE PISTE res Te Ὁ 267 
Les espèces de feu du Timée; les espèces d'air; les espèces 

d'eau: Tes eauxdes alCHIMNISIESR πότον nee mec eee . 268 
Les différentes espèces de l’eau. — Les espèces de terre, etc... 209 
ἢ 4. — Les alchimistes grecs. — Théorie de Synésius. — Le 

mercure, matière première des corps et des métaux.......... 271 
Origine de cette opinion. — Le mercure support de la liquidité 

MÉTRIQUE RE Venere ses Ponts muets ste νον 273 
Théories de Stéphanus. — L'unité engendre les nombres. — 

Les éléments et leur union par l’interposition d’un intermé- 

ATEN. ἀξ ΣΝ κατα δ ἀν ΟΝ Ἐν 74. 
Les douze combinaisons, le dodécaèdre et le zodiaque. --- Les 

HOUR GES IEEE ME LS EDE ρον τι ἐν ecesmmes fermant Dr 
Il faut dépouiller la matière de ses qualités.— Les qualités sont 

contraires et non les substances. — Le mercure.............. 279 
Opérations réelles et pratiques industrielles..................... 277 
CuaptTRe Il. — Théories des alchimistes et théories modernes. 
δ τ. — Le mercure des philosophes. — L'alchimie était une 

philosophie. — Ses théories. ...,............... ANRT τι . 279 
Matière première des corps. — Il faut y réduire les métaux, 

en leur ôtant ce qui les particularise......... DERNIER Pre . 280 
Il faut ôter au mercure, matière première des métaux, son 

eau (liquidité), son air (volatilité), sa terre, puis le teindre 

ἘΣ LE SUR ΠΕ ΗΠ, τρῶν RE Sont . 280 
La substance tinctoriale est la pierre philosophale ou poudre 

DEMAÉDIREROQRIMA DEEE LM ER Ne HD AE 281 
Notions métaphysiques. — La matière et ses qualités sont des 

êtres distincts, séparables et ajoutables.............. ΟΣ τῶν γι δὲ 
Changements survenus dans nos idées. — Théories des alchi- 

mistes grecs et arabes. Doctrine du moyen âge.............. 202 
ἢ 2. — Origine et portée des idées alchimiques. — Préparation 

du fer avec son oxyde et régénération de celui-ci. — Origine 

des transformations.— Les corps simples sont semblables aux 

corps composés dans leurs métamorphoses. — Rotation indé- 

finite vi γόνον τον ot a Me RER 283 
Rêve des alchimistes. — 1l ne repose sur aucune expérience 

POSITIVES. Te 2 ὃς RL NN DT 285 
Nous faisons les mêmes opérations et nous avons des agents 

plus puissants ὟΣ, .1.....0 ἀρ κεν: 286 


TABLE ANALYTIQUE 


La puissance sur la nature rêvée autrefois est atteinte.......... 
à 3.— Les corps simples actuels. — Lavoisier : invariabilité 
du poids de nos éléments... se date sen το κα Se HR 


La transmutation serait une opération d’un autre ordre que les 
nôtres. Sa différence avec la fabrication des corps composés. 
— Le scepticisme existait déjà au temps de Geber...... Soc e 
ὃ 4. — L'unité de la matière. — Les multiples de MReBraneuel 
Nos 66 éléments. — Sont-ils la limite de nos expérances ?... 
Les équivalents ou poids atomiques des éléments........,...... 
La Molécule indestructible de nos éléments assimilée à un 
ENTNNE oétaoudoudaouco dou 0000 06600 NOTONS 
Tentative pour ramener tous les poids atomiques à une même 
unité fondamentale. — Hypothèse de Prout et de Dumas: 
MUIBPIES dE NPATOBENE- Re. eee LORIE DRE 
L'expérience abaisse cette unité au quart.— Limite des erreurs. 
Analyses de Stas. — Les rapports ne sont pas simples..,..... 
2 5. — Les élémens isomères et polymères. — Corps à poids 
atomiques identiques. — Isomères. — Cobalt et nickel. — 
Orplatine "1ridiumnr οἰ Ὑπὸ Ὁ ns ποτε τς πες RTE 
Corps à poids atomiques multiples. —— te, ΘΟΌΓΕΘ, ἔθους 
Polymères. — Carbures d'hydrogène : Acétylène et ben- 
zine.— Synthèse et analyse... "55.0... SN PR NS SET 
Différence entre la constitution physique des composés poly- 
mètres et celle des éléments, tirée des chaleurs spécifiques... 


ὃ 6. — Les familles naturelles des éléments. — Classification de 
Dinnas ec σος σοὐφοσύςησο: στοῦ 50 ΔΌΣ Se ee Hé eropor 
Le chlore et sa famille : Chloroïdes. — Triades................... 
Le soufre et sa famille: Sulfuroïdes — A xotoïdes. — Familles 
monoatomique, biatomique, triatomique....….. MR Same rene 
Réserves. — Peut être loi naturelle masquée par des pertur- 
bationsi bte ες ποτ Ἢ rende Den ae CSA CRE 
2 7. — Les séries périodiques. — Progressions arithmé- 
QUES 4 10 eee Ne canne r à ati το 
Séries de la chimie organique — Carbures générateurs — 


Homologues. — Différences constantes entre les corps d’une 
IMÉMENSÉRIE een -e- cr eTEEE nn τ 0 colairie ste cest 
Tentative pour appliquer la même classification aux élé- 


ΤΠ ΙΒ το AE 0e 33. ee. sh an ante 
Différences à peu près constantes entre les corps d’une même 
famille — Chloroïdes, sulfuroïdes, azotoïdes ; Métaux 
AICAÏINS EEE ee ET ce ὍΣΟ ΕΣ Ὁ οπσοθθδος σὰς 


Corps monovalents, bivalents, trivalents, quadrivalents....... 


2 
201 


386 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Pages. 
Carbures d'hydrogène de valence inégale et dont les poids 
atomiques croissent par 2 unités.................. TT MTL 306 
Différences analogues entre les éléments de valence crois- 
SALE AE RTS PEUR RU Ph SP Fat cotes lou ER 307 
Les deux progressions arithmétiques. — Tableau réparti sur 
l’ensemble des nombres entiers.....…. RON PE PER LME aisé 207 
Éléments auxquels cette coordination s'applique avec vrai- 
semblance — groupements arbitraires.............. PR MO 308 


Relations entre les poids atomiques et les autres propriétés 
physiques et chimiques. — Elles ne dépendent pas de la loi 
périodique; maiselles sontcomprises dans les mêmestableaux. 308 

Les termes manquant dans les progressions sont réputés des 


éléments TINGONUB AE SM A EE κα ὑλενῳ ἧὰ de eut ee 309 
Artihées CUISSON RP Les nos ie rt dues de De ἀπ 1319 


Il n’y a là ni règle pour nur des corps simples nouveaux, 
ni méthode pour faire la synthèse des éléments. — Utilité de 


CEMSUSTÉMIES RE dre corse ben nee RO re paie nur 312 
Conception d’atomes plus petits que ceux des corps réputés 

SITES. ve dose ne ion anne ET ΕΝ τον Éfcdnienes : Sx2 
Etats inégaux de condensation d’une même matière. — Le 

carbone, ses états et ses séries de dérivés............. Real 313 
Assimilation avec les familles d’élémens.......... ER DENT 314 
ἢ 8. — La matière première une et multiforme. — Conception 


d'une matière commune identique, non isolable, susceptible 
d’un certain nombre d’états d'équilibre stable, constituée 
autrement que les corps simples actuels. — Fonction à 
valeurs multiples 22: 2....1, VERRE re en ae cr ee 315 
Le poids absolu seul invariable, — Aucun élément ne serait 
serait plus simple que les autres. — Un corps simple pourrait 
être détruit et transformé, mais non décomposé......7..... 9.7 
Tous seraient de même valeur, mais distincts par la nature 
de leurs mouvements. — Nouvelle idée de la transmu- 
ἘΠ ΟΠ ον ἐν Ἐν. STONE Paie el se EEE πος res 318 
ὃ 9. — La matière Ra et Fa fluide éthéré: — Les molé- 
cules regardées comme des tourbillons de fluide éthéré..... 316 
L'atome s'évanouit. — La matière fixe par sa quantité, non par 
ÉANSUDSLANCESS Re revue cer e CRU T=eerheas ἐν BASE 
Le fluide éthéré et les atomes sont dé symboles, comme les 
quatre éléments et le mercure des philosophes.............. 320 


APPENDICES 


APPENDICE À. — Analyse du papyrus alchimique de Leide... . 322 


TABLE ANALYTIQUE 387 


Pages. 
APPENDICE B. — Deux pages de ce papyrus d’après une photo- 
graphie. — Procédés de transmutation et de teinture en 
POIRIER ee eee ns ete MD ter ec cure en 227 
APPENDICE B bis. — Les papyrus du Louvre et de Berlin. — Leur 
contenu comparé avec les écrits alchimiques................ 351 
APPENDICE Ὡς -ΞΞ Diplosis 66. 1 ΔΈ ΡΘηἶδε. "4... 004 
APPENDICE D. — Analyse des principaux manuscrits grecs..... 335 
DRM ANUS CRC 2.9»). ee = semelle ts ste atroce 325 à 347 
II. — Manuscrit de saint Marc...... RE ste Ou tete 347 à 351 
DM QUS En 20e re ecuesccecaccebies 352 
NES EE 2260 A merci 4. usines 352 
V. — Manuscrits divers. — Altenbourg; Gotha; Leide; Lau- 
rentienne; Vienne; Ambroisienne; Vatican............. te. 209 
APPENDICE E. — Enigme sibyllin....... Re: Re TE 359 
APPENDICE F, — Teinture en pourpre d’après le pseudo-Démo- 
chiten—01exte 6Ὸ {πα ΠΕ ΘΠ. - τ .--:1.....:.ὄ ee 350 à 361 
APPENDICE G. — Liste des métaux......... AT S MHACON EPA THERE 362 
DESCRIPTION DE LA PLANCHE I. — La Chrysopée de Cléopatre..., 363 
DESCRIPTION DE LA PLANCHE II, — Signes alchimiques des métaux. 3565 
TABLE CANAELTIQUEs ner eme Re sde does celui tschre 366 
INDEX ALPHABÉTIQUE des noms............. sn EE Eee 389 


INDEX ALPHABETDIOUEITESMMOLS eee ee ee ec. 419 


| | AA τ ad a a > 


PAM QE Mes ef, ré F 
CI RSR ιν 
+1 ρων ζῥω 


ἀφωνάξα, ὌΝ ἡπηρ δι ἵν ᾿ 

ἐς ΔΨ sent + h ?” Ξε 
DRE" LERCIET CT CA ie 

ΝΥ." 


“πὰ ἢ . . RUN τ νυ ἡ ΣΡ ΟΝ : 


Le τὸν εὐ τὰΝ ᾿ nat LL LD: LR 
Τα τ RASE ns μὰ ia | 


fa ψι;. PNR  Σ Te Aime" = de M a EU 
pe Ye λυ ων αν" here: !. Pret Let ἐν τ ναοί EPTT ΌΝ 
δα DCE PTS ΜΝ ΜΝ Fh ἀοψερλφέψυν κϑαῦρς 
‘r ΕΣ dress À | 
ré > NET ais Fee ; | . INR 2° 717: 
" 4m δ ἷ} nat, SpA SE ων. 
ὁ ’ cdi Les MAS À À tue ὶ δ." 
ἢ à va ψεν PARA n PL Ν Ὶ £ 
LE Pppes Le” | or ὦ 
ὮΝ “ὦ ΡΟΝ ΡΝ der: 'FIIUTRE τὰ 
RE  ὼ Panne, ᾿ 
) ᾿ Ν FLE gas 
1 | de Médié : 


"tn, 


CR RSC 


INDEX DES NOMS 


Les chiffres romains indiquent la préface. — Les chiffres entre 
parenthèses, l’article principal. 


Aaron, 172. 

Abdère, 127, 147, 250. 

Abraham, 54, 56, 172, 333. 

Académie, 205. 

— de Berlin, 331. 

Académie des Inscriptions,106, 102, 
3317 

Accomplissement (Livre de 1, 183, 
344. 

Acétylène, 296, 298, 306, 315. 

Achaïe {Couleur d’), 361. 

Achéron, 25, 138. 

Achille, 75. 

Acide, 183, 26°, 

Acier, 49, 241. 

Acte (Livre del’), 192. 


299, 300. 


Adam, 64, 65, 158, 353. 

Adam (Madame), xt. 

Adam (Testament), 130. 

Adonaï, 333. 

Ægyptiorum secretior philosophia, 


τη. 

PS, 299, 

Biriednus, 59, 08, 128, 170, 
(187). 

Agatharchide, 23, 36, 110, 130, 


Fr 


25091 904. 
Agathodémon, 34, 44, 78, 98, 1 

τὸ, τοῦ; 

(156) 172, 

955: (550)» 

350. 
Agathodémons (Serpents), 137. 
Agathodémonites, 137. 
Aimant, 86, 160, 233. 


120, ἘΞ, 139, ὦ 
170, 102, 105, 


Ὕ 
260, 59,52, 549, 9 


300 


Air, 182, 230, 265, 266, 270, 274, 
275,280, 253; 320. 

Air (dérivés), 254. 

Air élément, 75, 150, 251, 252,253, 

254. | 

enflammé, 266. 

épaissi, 266. 

ses espèces, 209. 

octaèdre, 262, 265. 


Air principe, 251, 258, 260, 261. 

Air (travail), 343. 

Airaïn, 40, 75; 215,219, (229), 229. 
240, 272. 

Airain (constitution), 260. 

Airain (fleur), 183. 

Airain (homme), 60, 181. 

Al préfixe, 74, 206. 

Alambic, 32, 43, 178, 179,205, 260, 
338, 363. 

Albâtre, 180, 236. 

Albert le Grand, 141. 

Alcalis, 265. 

Alchimie et Chimie, vu, et passim. 

Alchimie (Chine), 52. 

— emblème, image, 24, 61, 193. 

— livres, 72,76, 80. 190, Εἴς. 

Alchimie métallique, 123. 

— nom. 74. 

— séparée de la magie, 16. 

Alchimique (atelier), 237. 

— lexiques et signes, (106), 337, 
5351: 

Alchimiques (manuscrits, leurs ty- 
pes), (108). 

Alchimiques (opérations), 162. 

Alchimiques (ouvrages), Date (98). 

— — leur composition, (110). 

— — corps encyclopédique, col- 

lection, etc., (101), 102, 109, 110. 

filiation, (100). 


— publications, 104 et suiv. 
Alchimiques (papyrus), (80) à 87, 


(323), (327). 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Alchimiques (poètes), (106), (121), 
341, 349, 354. 

Alchimiques (théories), 254, (278) et 
passim. 

— titres, 106. 

Alchimistes (femmes), 64, 173. 

Alchimiste de profession, 192. 

Alcool, 209. 

Alexandre, 131, 140, 144, 165. 

Alexandre Sévère, 187. 

Alexandrie, X, 29, 32, 33, 46, 40, 

2, 43, 44, 50, 53, 03,65, 90, 

99, 129, 130, 133, 139, 148, 154, 


156, 168, 184, 186, 189, 100, 
191, 195, 196, 197, 198, 200, 
212, 247, 262, 204,272, 273, 


Bibliothèque, 42, 195, 196. — 

(V. Bibliothèque.) 

— bleu, 220. 

— École, 42, 195, 196. 

Alexandrie (temple de Sérapis), 42, 
101, (196), 108. 

Alexandrins, 2, 6, 141, 144, 166, 


246, 204. 
Alexandrine (époque), 51, 52. 
Algues, 361. 


Allatius (Leo), 97. 


Allïages, 17, 20, 30, 83; 87,99, 
211, 212, 0217, 200; 290; (240), 
241, 244, 245, 277; 278, 284, 


331, 528. 
— couleur d'or, 50. 
de cuivre, (225). 
- de cuivre et de fer, 24. 


de cuivre et de plomb, ou d’étain, 
24, 225. 

— noms spécifiques, 225, 230, 348. 
227. 

Alliages d’or, 02, 213, 244. 


— odeur, 

— d'or et d'argent, 40, 212, 222.— 
(V. Electrum..) 

Alliage de plomb et d’or, 82, 80, 
244. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Alliage regardé comme métal sim- 
ple, 218. 
— semblable à l'or, 
Altenbourg, 107, 354. 
Alun, 91, 161. 
Alycoprios, 130. 
Amalgamation, 82, 244, 272. 
Ambre, 217, 233. 
Ambroisienne, 96, 108, 3 
Ameilhon, 96, 106. 
Amérique, 225, 228. 
Amestris, 103. 
Améthyste, 233. 
Ammon, 167, 223. 
Ammoniac (sel), 86, 207.— (V. 
Amnaël, 


297, 
£2) 


95: 


Sel). 
10. 

Amulettes, 62, 219, 332 

Ampère, 209. 

Anastase (empereur), 76. 

Anastasi (chevalier 4), 80, 153. 
Anatolius, 167. 

Anaxagore, 143. 

Anaximandre, 195, 258, 260. 
Anaximène, 195, 251, 258, 260. 
Anchusa, 243, 360, 
Androgyne, 178. 
Anglais, 201. 
Annales de Physique, 190, 314. 
Annales de Thoutmosis, 213, 210. 
Annuaire des Longitudes, 31, 50. 
Anonyme chrétien, 09, 118, (203), 


361. 


339, 350. — (V. Chrétien). 
Anonyme Philosophe, 115, 117, 
SONT, 27 120, 10012071); 
2487002350%351%353,995 
Anthologie, 187, 202. 
Antimoine, 155, 300, 305 
Antioche (Jean), 72. — V. Jean). 
Antiochus, 144. 
Antisthènes, 147. 
Antonins, 14, 331. 
Anubis, 25, 138. 


Aphrodite, 56, 130, 210. 


201 


Aphroselinum, 86, 161. 
Apocalyptique (langage), 44. 
Apolenos ou Apollinopolis, 
Apollinopolis, 36. 

Apollo Bechès, 168. 
Apollon, 103, 333. 
Apophis, 63. 
Apotelesmatica, 38, 2 
Apsinthios, 158, 

Apyros (Bleu), 220. 
Aquilée, 20. 


130. 


Arabes, x1v, 3, 4, Ὁ; ὃ, 25, 48, 52 


69,178, 100, ἘΘΘῚ; 1059, 121; 123, 


1350. τοι, 135}, τὴ, τάν 100, 
169, 192, 175,2 170; 185. 07, 
201, 204, (205) à 210, 223, 248, 
266, 280, 282, 340 

Aratus, 65, 205 

Arcadius, 26, 72, 77, 164, 202 

Archal (fil d’) 226. 

Arche, 123. 

Archélaüs 122, 120, 131, 176, 202, 
342. 


Archimède, 184. 
Aréomètre, 180. 
Arès (ou Horus), 131. 
Argent, 2 


2 
D PANIER 


39, 48, 50, 53, 


7, 
181, 186, 
5 


DO 208, 200, 212; (214) 210: 
στ, 210, 22174222 2,90), 
ΘΟ 71202, 280; 10,991 
535, 365, 304 

— alliages, 214, 216, 222, 230, 
— (V. Electrum). 

— assimilé à un alliage, 218, 240. 

— brut, 90. 3 

Argent calciné ou fondu, 364. 

— catalogue, 156. 

— couleur, 214. 

— dérivés, 115, (2 Ἢ 


302 LES ORIGINES 


Argent doublé, xv, 91, 215, 240, 
334, 345. 

extraction, 214. 
fabrication, 29, 125, 183, 
220,237, 340, 342. 
feuille, limaille, terre (minerai), 
364, 

homme, 60, 180, 181, 215. 
liquide, 178, 231. — (V. Mer- 
cure.) 

et lune, 49, 244, 364. 

noirci, 545. 

pureté inégale, 214. 
purification, 182. 

pyrite, 345. 

sans marque, 80,214. — (V. Ase- 
mon). 

scorie de l’er, 216. 

signe, 40, 83, 86, 112. 

soudure, 124, 345, 364. 


227; 


— teinture, 35, 140, 155, 165, 171, 
242, 243, 244, 281. 

— traitements divers, 80. 

— valeur relative, 214. 

— vrai, 240. 

Argentifères (minérais), 214. 

Argenture, 30, 124. 

Argonautes, 101. 

Argyrion, 238. 

Argyropée, 90, 123, 124, 156, 344, 
345. 

Aristée (pseudo), 56. 

Aristophane, 27, 71, 169, 217. 

Aristote, 4, 43, 59, 128, 120, 142, 
(143), 144, 147, 148, 226, 2517, 


253, 257, 200,202; 1205: 
Arménie, 
342. 
Arnaud de Villeneuve, 
Arnobe, 


Ars magna, 105, 


130, 169, 187, 192, 241, 


346. 

163. 

117, 154, 200. 

Arsenic, 24, 03, 161, 194, 207, 244, 
273, 280, 282, 300, 304, 344, 345. 


DE L'ALCHIMIE 


Arsenic quintessencié, 208. 

Arsenicon, 136. 

Asbestos, 24, 185, 336, 343. 

Asclepios, 44, 185. 

Asem, 30, 90, 212, 214 (215), 217. 

Asémè, go. 

Asemon, 30, 87, 88, (89), 125, 214, 
327, 331. — (V. Electrum..) 

— affinage, 90, 91. 

— atténué. οἱ. 

Asemon doublé, οι. 

— durci, 91. 

— Essai, OI. 

-— fabrication, 89, 100, 215, 
350. 

— ferment, ΟἹ. 

Asemon (homme), 60. 

— trempe ou teinture, 91. 

Asphalte, 233. 

Assemblée des philosophes, 
143, 343. 

Assyrie, 63, 238. 

Assyrien (Art.), 48. 

Astres, vi, 03, 84, 86, 256. 

— fixes, 41. 

Astres (images), 62. 

— influence sur les métaux, 
49. 

— relations avec métaux, 40, 50, 
206. 

Astres (science), 12, 41. 

— Signes, 49, 50. 


337; 


110, 


48, 


Astrologie, vir, 12, 14, 15, 16, 27, 
1, 


36, ATOME Te 546 


62, 72, 74, 83, 86, 100, 120, 124, 
15340195; AA, ΤῸ, E7T: 7; 
191, 200, 209, 245, 332, 


Astrologique (calcul), 35. 
Astrologique (cercle), 348. 
Astrologues, 13, 70, 169, 170. 
Astronomie, astronome, VII, 1, 40, 
74 83; 112, 180812754837. 


Athénée, 160. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Athènes, 1097, 200. 

Athyr, novembre, 33, 

Atlantide, 226. 

Atomes, 256, (262), 263, 290, 291, 
202) 312,920; 321. 

— dissolution (465), 310. 

Atomique (école), 143, 147, 265. 

Atomiques (poids), (289), 291, 292, 
293, 295, 296, 299, 300, 302, 
305} 905; 9985 568; 9510; 317. 

Atomique (structure), 262. 

Atomique (théorie), 289, (290), 291. 

— théorie contredite, 310. 

Atomique (volume), 308. 

Atomiste, 262. 

Attila, IOI. 

Augustin (saint), 164. 

Aulu-Gelle, 157. 

Auri pigmentum, 244. 

Autophyes cyanos, 220. 

Ayas, 225. 

Azote, 298, 300, 304, 305, 307, 314. 

Azotoides, 299, 304, 305. 

Azurite, 220. 


B 


Babylone, 51, 52, 59, 148, 159, 
164, 165, 166. 

Babylonien, 5, 7, 10, 45, 46, 48, 
DIPPOIES 

Bacon, 241. 

Bain-marie, 56, 172. 

Bain de sable, 236. 

Baleine (blanc), 234. 

Barkal, 214. 

Baronius, 73. 

Barthius, 75. 

Basalte, 270. 

Bedil, 230. 

Belus, 145. 

Benzine, 296, 208. 

Berend, 3. 


O2 
[æ) 
— 

(SE) 


Berger (Ph.), 63. 

Berlin, XVI, 106, 53}. 
358. 

Bernard, 106, 108, 115, 202. 

Berthelot (André), 355. 

Béryl, 222. 

Beseleel; 55, 123, 544: 

Bessarion, ΧΙ, 347. 

Bible, 65, 193, 203. 

Bible (traductions), 56. 

Bibliotheca Chemica, 10, 95, τοῦ, 
206. 

Biblique (mythe), 17. 

Ἐπ τ [166], 185, 351, 1947 

Bille 254 275: 

Bivalens, 305, 306, 307. 

Blemmydas, 101, 205, 355. 

Blemmyes, 102. 

Boissonade, 75. 

Bollandistes, 73. 

Bolus, go, (156), 157, 
177: 

Bore, 307. 

Borrichius, 10, 104. 

Bouches du Nil, 250. 

Boulanger, 358. 

Boulag, 214. 

BOUtTOUX, 152, 251. 

Bretagne (perles), 340. 

Brome, 299, 504, 310. 

Bromhydrique (acide), 200. 


XII, 149, 


Bromure de potassium, 200. 

Bronze, 88, 103, 106, 125, 126, 183, 
216, 1217; [555]; 220: 229; 290; 
244. 

— Couleur d’or, 227, 240, 244. 

-- Objets, 236, 240, 241. 

— Trempe, 341, 351. 

Brugsch, 170. 

Byzantins, xiv, 4, 8, 26, 47, 72, 76, 
75; 
159, MT00 70 1170; «205; 224. 


DOC ποῦ ΟΣ, HT 20, 


LES ORIGINES 


Cabidarius, 330. 

Cadmie, 03, 330. 

Caducée, 31. 

Caïn, 11, 19. 

Caire, 43. 

Caïus (empereur), 60. 

Calédonie, 155. 

Caligula, 60. 

Callimaque, 217. 

Calorifique (fluide), 320. 

Calorique, 267. 

Canisius (Bernard), 37, 

Carbonate de soude, 271. 

Carbone, 296, 305, 306, 307. 

— équivaut seul à une classe en- 
tière de corps simples, 314. 

Carbone {ses états), (313), 314. 

— gazeux, 513, 314: 

— ses séries, 313. 

Carbonique (acide), 315 

Carbures d’hydrogène, 

318. 

— leurs séries et leurs groupes, 
303, 305, 306, 307. 

Cardan, 136. 

Carnak, 

Carnelley, 310. 

Cassitéros, (220), 23 

Cassius (pourpre), ὁ 

Cedrenus, 76, 


294, 


507)» 302 AIS 


1 
212. 


0,123%, 240: 


119, "νὴ 

Cendres bleues, 219. — (V. Bleu οἵ 
Vert) 

Céruse, 180. 

César, 42. 

Césarée, 223. 

Chabouillet, 62. 

Chaldée, 147, 165, 166, 200. 

ἄχ 2: 
79, 139, 142, 148,(168), 1 

Chalkos, 233. 


Chaldéen, 46, 48, 


200, | 


DE L'ALCHIMIE 


Champollion, 27, 44, 221 

Chancourtois, 302. 

Charbon, 254, 267, 

Chaux, 24, 161, 185, 2 
350. 

Chema (livre), 9, 10, 27, 185. 

Chemes. — (V. Chymès). 

Chemi (livre), 10, 27. 

Cham, 27. 

Chêne, 240. 

Chenem, 30, 232. 

Chéops, 28, 58, 139, 159, 183. 

Chesbet, Chesteb, pierre bleue, 30, 
212, (213)8ἃ 55, 55}: 

— naturel et artificiel, 210. 


295 
az: 


28 


83. 
32,283, 343, 


292 


Cheud, 27. 

Chiak, Decembre, 33. 
Chien (étoile), 35. 
Chimeia, 
Chimès, 128. — (V. Chymès), 
Chine, 40, 52, 53. 

Chio (terre de) 24. 

Chirocmeta, (157), 177. 

Chlore, 2099, 300, 304, 306, 310. 
Chlorhydrique (acide), 200. 
Chloroides, 299, 304, 305, 314 
Chlorure de potassium, 209. 
Chnouphi, 332. — (V. Cnouphis). 


ὍΣ 
4 


hChomt,:213, 225, 227 

| Chrétien (le Ponte rares: 
176, 198, (203), 205, 248, 330, 
350. 

Christ, 348. 

Chrysaphion, 545. 

Chrysocolle, 222. 

Chrysolithe, 233. 

Chrysopée, XV, 90, 109, 120, 121, 
123,127, 106 1705 3478084 
351, 556, 608: 


Chrysopée de Cléopatre, 15, 16,67, 
63, (363). — (V. Cléopatre. 

Chrysostome (Jean), 103. 

ΩΝ Chwolson, 174, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Chymès, 78, 


= 
HOT 142, 


251200! 


(167) 168, 
193, 200, 
Chymos, 27. 
Chy mia, 27. 
Chypre, 129, 365. 
Cicéron, 148. 
Cilicie (safran), 24. 
Cinabre, 69; 125; 
350. 
Cineritii, 207. 
Cire 271, 272 
Citron (essence), 29 
Claude, 14. 
Claudianon, 113, 230, 233. 
Claudien, 120. 
Clefs (livre des), 185. 
Clefs de la magie, 131. 
Clef de Moyse, 54. 
Clément d'Alexandrie, 
42, 43, 99, 133, 148. 
Clemmer, 220. 
Cléopâtre, xv, 64, 78, 109, 111,118, 


161, 340, 343, 


11, 23, 40 à 


120, 120; 91. 110. ΤΣ ΠΣ. 
172), 174, 186, 260, 350, 35}; 
7 EE 22 
350: 9551: 999 

Cléopâtre (Chrysopée), 15, 16, 61, 
63 etc. (963): 


Cléophas, 173. 

Cléopolis, 130. 

Cnouphion, 31. 

Cnouphis, dieu, 31, 51, 136. 

Coagulum blanc et jaune, 365. 

Cobalt, 219, 220, 293, 294, 205. 

Cocco tinctorio (de), 357. 

Coccus, 361. 

Cochenille, 357, 561. 

Cœlo (de), 

Cæsarea (Bibliotheca), 107 

Colle (recette), 336. 

Collège de France, 52. 

Colophon, 258. 

Golumelle/ 70, 77,109 1400156! 
17. DO 


DD, 299% 209: 


395 


Comarius ou Comerius, 118, 120, 
174, 186, 200, 337, 340. 

Commune (la), 198. 

Confection (bonne) de 

123. 

Constance, 20. 

Constantin, 156, 160. 

Constantin Porphyrogénète, x1v, 72. 

Constantinople, 102, 110, 116, 121, 
129, 188, 199, 202, 205, 200. 

Copte tr, 172,232 

Coptos, 168. 

Corail, 233. 

Corail d’or, 161, 162. 

Corfou, 96, 346. 

Cornelius de Nauplie, 354. 

Corpus des Alchimistes grecs, xiv, 
121.—(V. Alchimiques.) 

Cosmas, 

Coton (papier), 

Coupellation, 


220, 


la chose 
créée, 


ON ΤΣ DNS 202 
2 
d 


352. 


RO 


69, 162, 
Cousin, 270. 

Grète, 135, 346. 
Crismos, 361. 
Cristal, 194. 
Croisades, 201, 
Croisés, 223. 
Ctésiphon, 46. 
Guber 562; 2 


200. 


2 
286, 310, 331. 
Cuivre (affinage), 344 
— alliages, 24, 217, et 564. 


Cuivre (âme et corps), 270. 
Cuivre (apparence de l'or), 82, 88, 


346. 
— blanc, 183. 
—- blanchiment, 88, 237, 244, 345 
— calciné ou fondu, 194, 343, 364 


Cuivre de Chypre, 364. 


300 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Cuivre colorant, 219, 220, 221, 243. | Démocrite, XV, 24, 46, 65, 70, 71: 


Cuivre (combat avec le mercure), 
277: 

décapage, liniment, ramollisse- 
ment, 80. 

dérivés, 113, (233). 

dorure, 89, 244, 345. 

eau, 24. 

feuille, limaille, terre (minerai), 
364. 

homme (de), 100. 

minerai, 24. 

natif, 225. 

nom, 221. 

sans ombre, 276. - 

oxyde, 364. 

Cuivre (pierre de), 24. 

— pur, 225. 

rouille, 24. 

sels, 278. 

sels basiques, 224. 

signe, 40. 

sulfate, 219, 220. 

Cuivre (taches par les sels), 104. 
teinture, 88, 194, 242. 
transmuté, 215,227. 

et Vénus, 40, 364. 

Cymbales {alliage), 226. 
Cyprien (saint), 163. 

Cypris, 210. 

Cyrénaique, 188. 

Cyrille (saint), 180, 106. 


D 

. 
Damas, 48, 201. 
Damascène (Jean), 346. 
Danaïides, 160. 
Dardanus, 153. 
Davy, 220. 
Démiurge, 51, 187, 190, 276, 354. 
Démocritains, x; 116, 118, 121, 

124, 147, 155, (159), 168, 200. 


74, 77, 83; 85, 86, 93,994. 100, 
109, τον MIO, αὐτὶ τ ϑου 
πα, 158, 129: ASL, 5%, 
155, 190, (142) 49145; αὐδᾶν ας 
107, 108; Lire, 274 176,447, 
184, 186, 187, 190, 194, 200, 
203, 204, 206, 207, 228, 234, 
240, 242, 244, 248, 250, 254, 
295,202, 203, 1272, 202, 300, 
351, 556; .937;: 540, 544, 340, 
561,954 395 6937,:598,.350, 
Démocrite (sphère), 35, 154. — 


(V. Sphère.) 

Démotique, 32, 81, 170. 

— caractères, 35. 

Denderâ, 30, 42, 210. 

Derenbourg, 3, 78, 130. 

Desaix, 192. 

Descensum (per), 207. 

Deutéronome, 28. 

Diamant, 233. 

Didot, 23; 27, 58 tir. 

Dietz, 106, 107. 

Dioclétien;17, 26, 47 (72), 77. 895, 
139, 156, 264. 

Diodore de Sicile. 25, 39, 148. 

Diogène, 128, 142, 258. 

Diogène 147, 
35% 

Diorite, 2306. 

Dioscoride, 20, 68, 69, (93), 12 
aan 478% 359: 

Dioscorus, 78, 129, 131, 156, 186, 
190; 101, 396, 337. 

Diplosis, 54, 70, 91, 171, 218, 227, 
240: (334);-451,:353: 


Laërce, P49, 150, 


σι 


| Dirhems, 237. 


Docimasie de l’argent, 30, 80. 
— de l'or, 30, g2. 
Dodécaèdre, 262, 276. 
Donatistes, 164. 

Dornœus, 37. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Dorure, M30,2182;216b; 1 02, : 124; 
244. 

Drongah, 3, 236. 

Du Cange,#wr05,. 108, 172, 192, 
ὉΠ" 


Du Fresnoy (Lenglet), τοῦ. 
Dumas, 292, 299, 311. 
Dumont (A.), 75. 


E 


Eau, 150, 162, 178, 182, 230, 265, 

266, 268, (269), 270, 271, 274, 279, 
280, 295, 320. 

— apparence, 266. 

— argent, 231.—(V. Mercure). 

composition, 180. 

condensée, 266, 270, 271. 

Eau (dérivés), 254. 

Eau à deux couleurs, 242. 

Eau divine, 52; 121, 105,176, 170, 


181; 186, 204, 205,1 207, "253; 
256,338; 330; 340) 341342, 
343, 346, 340, 350,351 


Eau divisée, 266. 

Eau élément, 75, 253, 254. 

— ses espèces, 269, 270, 273. 
Eau-forte, 208. 

Eau icosaèdre, 262, 265. 

Eau jaillissante, 217. 

Eau, matière première, 251. 

— mêlée de feu, 270. 

Eau principe, 257, 261. 

Eau, sens divers de ce mot, 268. 
Eau {signe}, 31, 112. 

— transformations, 252. 

Eau (travail), 341. 

Faux 1597. 170. 

Eaux chimiques, 123, 217. 
Eaux (masse des), 45. 

Eclogæ physicæ, τοῦ, 126, 185. 
Edesse, 131, 187, 205. 

Edfou, 30, 42. 


Égypte, 1x, x, ἘΠῚ XII, 3, 5, 10, 14, 
2 
0] 


17; 225) 26; 27. 25. 31) SO; 
ΞΟ 5 ἅπ|,;) 45, 48 ET) 
58, 59, 68, 72, 73, 77, 97, 09, 
τ 1390. 1595. 159... τὸ. “99; 
130» 147; 148, πο. 590; 04: 
T6 το; ΤΩΣ; 181), 10, 104, 
101, 194, 198; 100, 109, 204, 
200, 212,220, 12204 22072010 
295. 255, 297, 258; 250, 250, 
3530: 

Égypte (coquille d'}, 361. 

— nom, 27. 

— pierre, 24. 


— symbole, 50, 51. 

Égyptiens, DD D TRS ET 225 
26,150,:33,:,34; 41, 40. 417, “48, 
HO SDS 51. 52,.59. 5455 056: 
16, 09.04) ὅὁ8, 70, 71, 72, 77; 
80. 89; 84. 05 τῶι, 117... 156 


150.) 130,137: 138.) 130, 1412, 
179. τοῦ! 102 100,107, 108: 
10) 0172.01730081,-183;,.284, 
τὺ. ΤΟΣ, 192,, το; 2042272, 
ΕΝ 215; ΣΙ, 250, 2227 228; 
220023410238; 2.0, 241). 21, 
DA 200, 277, TA. 

— dieux, 64. 

— leurs élémens, 34. 

— industrie, 37, 43. 


métaux, x, 40, 60. 

-- leurs minéraux, 212. 
Égyptiens (mois), 33, 111, 345, 346. 
— monuments, 15, 81. 

— religion, 37, 41, 44, 64. 

— SEieRCE) 20, 30, 40, 42, 47- 
— sources, (21). 

Égyptologie, 3, 23, 44, 82, 221, 
EI-Azhar, mosquée, 43. 
Élagabale, 187. 

Éléates, 109, 248, 2951. 
Électricité, 253, 286, 206, 320. 
Électrique (fluide), 320. 


398 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Électros, 213, 215, 238, —(V. Élec-| Éléments (nature invariable), 287. 


trum.) 
Électrum, 30,090; 113, 124,212,213, 
214, (215) à 218, 364. — (V, Ase- 
mon.) 
artificiel, 216. 
changements de sens; devient 
laiton, 50. 
deux sens, 217. 
homme, 215. 


Ξ-- et. Jupiter, 40-216, 12319964, 

— métal particulier, 49, 60. 

— signe, 49. 

— tombe en désuétude, 217. 

Éléments, 6, τὰ, #49 TOrs 258, 
260, 261, 281, 287, 288, 200, 
291, 293, 294, 205, 297, 208, 
200; 201,2602, 1508, 300, 1913, 
54: 


agrégats d’éther, 310. 
caractérisés par leurs mouve- 
ments propres, 318. 
leurs changements, 
2708 

chimiques, 273. 
leurcomposition réciproque, 275, 
cinquième, 262. 

classés, 303. 

communs, 314. 

Éléments et composés, 252, 250. 
confondus avec les qualités des 
corps, 272. 

de nos corps simples, 280 


261, 266, 


distingués de leurs combinai- 
sons, 318. 

formation, 312. 

leur forme, 206. 

formés par atomes, 203. 

idées sur leur constitution, 315. 
igné, 267, 268. 

inconnus, 309, 310. 

liquide, 268. 

mobiles, fixes, figurés, 202. 


— ne deviennent pas, 261. 

— Jeur nombre, 288. 

— leur opposition et réunion, 274. 

Élément primordial, 283. 

— et principes, 255, 256. 

— quatre, 34) 1:64, #75, :142,: 144, 
182, 249, (252), 253, 254, 265, 
268, 272, 274, 275, 2775 520. 

Élemens (quatre), union, 345. 

— répandus dans les corps, 266. 

-- transformations, 317. 

Élemens (travail des quatre), 125, 
342. 

Élephantine, 36, 130. 

Élixir de longue vie, 52. 

Émail blanc, 232. 

Émail jaune, 232. 

Émail rouge, 232. 

Émaux, 20,150; 4222; 
238, 2A0)0243:0245,82770270 

Émaux bleus, 219. 

Émeraude (table 4, 16, 45, 135. 

Émeraudes, 20, 71, 99, 125, 140, 

104; 3,219... 210;.,232 1, .222,,0225; 

234, 240, 340, 345. 

grandes, 223. 

plats, 223. 

signe et dérivés, (233). 

solubles, 224. 


29 
ne) 


ως 


230, 


Emipédocle, 252, 353,. 801; 202. 


O2 


Encens, 253. 
rclopédie Méthodique, x. 
de Gaza, (74), 75, 
278. 


A 


76, 93, 

Ennéade, 250. 

Énoch, 11, 19, 46, 139. — (V. He- 
noch.) 

Épée (1); ua5: 

Épervier, 168. 

Épibéchius, 129, 168. — (V. Pébé- 
chius.) 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Épicure, 147; 152, 290: 
Épicuriens, 142, 263, 264. 
Épiméthée, 65. 

Épiphi, juillet, 33, 35, 135. 
Érotyle, 178. 
Escarboucle, 12 
Eschyle, 43. 
Esculape, 184. 
Esneh, 42. 
Espagne, 208, 210, 223. 


"- “ 
5. 41205299. 


Espagnols, 228. 

Esprit volatil, 207. 

Estienne (Henri), 173. 

Étain, 31, 53, 59, 75,87, (88), 80, 


do, 112,125} 134, 159, 161208; 
216,-21730295, 220) [220)» 290, 
254,4240 1.280; 206, 13051830 
340, 347 200: 


— alliages, 225, 230, 233. 

— alliage couleur d’or, 50. 

— blanchiment, teinture, 88. 
Étain changé en argent, 91, 215. 
— Cr 230, 286. 

Étain et dérivés, 114. 

feuille, limaille, terre (minerai), 
365. 


fondu ou calciné, 365. 


τὰ 9: 


365: 

et Jupiter, 50, 216, 230. 
préparation, 93. 
projection, 88. 

signe, 50. 

— traitement, 88. 
transmutation, 88. 
Étésienne (pierre), 343. 
Éther, 269, 320, 321. 
234. 


—- ordinaire, 
Éthers, 234. 
Éthéré (fluide), 
Éthiopie, 193, 354. 
Éthiopienne (version), 11 
Éthiopiques, 202. 


253, 310. 


et Hermès ou Mercure, 40, 230, 


ωϑ 
t© 
© 


Éthylène, 306. 

Étna, 250. 

Eudocie, 158, 177. 
Eudoxe, 331. 

Eugenius, 131, 176, 353 
Euphrate, 46. 

Euripide, 45. 

Europe, σι, χα, 5, 214, 24 
Européens, vr. 

Eusèbe, 58. 

Eusebiana, οἵ. 

Eusebii Chronicon, 77. 


Évagie (118), 127, 129186: 340, 
343. 
Évangile de la vérité. 58. 
Eve, 64. 
Évhémérisé, 137. 
Exode, 55, 123. 
F 


Fabricius, 47, 40, 92, 06, 105, 107, 


107, 136, 197,102, 200,354: 
Febribus (de), 106, 108, 122, 202. 
Fer, 30, 55, 59; θο; "τοῦ; 123, 155, 


160. 213, 225, (227), 220, : 
234, 209, 991, 800. 

Fer (alliage) 24. 

— armes, 228. 

— caractère récent, 228. 

— dans les pyramides, 228. 


— dérivés, 113, 233. 


| Fer doré, 346. 


Fer, feuille, limaille, terre (mine- 
rai), oxyde, 365. 
CHATS 20, 3 


31 
2 
D, 


Fer Re. 28 
— nom, 225, 227 
outils, 22 ΠΝ 

— rareté Pa ile, 227 
signe, 49, 119. 
travail, 228. 


ITEMPE, 40, 120, 1895) 541, 200% 


- 


400 


Fer (usage), 228. 

Feu, 149, 161, 182, 104, 195, 
239, 250, 251, 252, 255, 265, 
266, 267, (268), 270, 271, 274, 
275, 277, 283, 284, 286, 320. 

— action sur les eaux, 200. 

— apparence, 266. 

Feu (art du), 240. 

— ses atomes, 263. 

— dérivés, 254. 

— divers sens de ce mot, 267. 

— doux et violent, 254. 

Feu (ses effets), 70. 

Feu élément, 75. 

— ses espèces, 208. 

— éteint, 266. 

Feu grégeois, 205. 

Feu, sa matière, 267. 


220, 


Feu (pratiques), 75. 
Feu, premier agent, 254. 
Feu principe, 258, 261. 
Feu (résiste au), 220. 
Feu (ne résiste pas au), 244. 
— tétraèdre, 262. 

Feu (travail), 343. 

Feu (vit dans le), 50. 
Figuier (suc), 24. 
Firmicus (J.), 74, 160, 191. 
Florence, 96, 107, 354. 
Fluor, 304, 307. 

Fonte, 237. 

Formène, 315. 

Fouets (les trois), 25. 
France, 05. 

Franck, 140. 
Franc-maconnerie, 56. 
François Ier, 4, 05. 
Fucus, 361. 

Furies, 25. 


Gaînas, 180. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Galatie, 361. 

Galien, 29, 39, 
200. 

Garance, 357, 361. 

Gaza (Énée de). — (V. Énée.) 

Géants, 0, 11, 18, το. 

Geber, 101, 140, 169, (206) à 210, 
229, 230, 266, 273; 280,14 
288, 286. ù 

Gemmes (les 24), 47. 

Gênes, 223. 

Genèse, 10, 11. 

Généthliaque (thème), 332. 

Génie (bon), 256. — (V. Agathodé- 
mon.) 

Geographi græci minores, 23. 

Geoponica, x1v, 47, 05, 140, 
166, 187. 

Georges (saint), 333. 

Georgiques, 217. 

Gérasa (Nicomaque de), 164. 

Gessner, 59. 

Gibbon, 196. 

Gildemeister, 27, 205. 

Glace, 270. 

Glucinium, 307. 

Gnose, 66, 173, 348. 

Gnostique, xI, XII, 2, 5, 7, 32, 
36, 44, 45, 56, (57), 58, 60, € 
03, 64, 65, 68, 83, 85, 97, 99, 
114, 120 133,126, 1137; 
138, 158, 168, 
174, 178, 170, 182, 187; 
191, 193, 199, 199, 203, 2 
248, 274, 332, 333, 330, 353. 

— magie, 63. 

pierres et amulettes, 50, (62). 

— prophètes, 57. 

prophétesses, 64. 

— sectes, 62, 63. 

— signes, 61, 62. 

— symboles, 62, 63. 

— (traditions juives des), 64. 


A7 5e 50 ἀν,» 1778) 


158, 


4 


? 
2, 


110, 
144, 156, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Goar, 0. 

Gomme, 24. 

Gomme ammoniaque, 233. 
Gotha, 354. 


Gotha (manuscrit), 96, 105, 10 


Goths, 223. 
Granite vert, 222. 


AOT 

Henokia, 10. 

Henri ΠΠ 05; 336: 

Henri Estienne (Thesaurus), 27; 
111. — (V. Estienne.) 


7. | Héracléopolis, 36, 130. 


Héraclès, 200. 
Héraclianus, 190. 


ee : he Re 
Grecs, Vi, VII, XI, XIV, XV, 3, 4, 6, 8, | Heraclite, 128, 142, 252, 258, 262, 


2, 52, 53, 56, 58, 65, 68, 8o, 


84, 94, 98, 121, 127, 131, 


SO: 
185, | Héraclius, 26, 72, 120, 131, 140, 


196, 197, 205, 217, 219, 222,|. 200, 205. 

223, 226, 220, 231, 232, 258, | Herbes (les 24), 47. 
247, 254, 259, 262, 271, 280, | — puissance secrète, 47. 
582, 333. Hercule, 131. 


Grecs (philosophes), ΧπῚ, 141, (142), | Hermaïque (lyre), 204. 
152, 193, 195, 205, (248) et sui- | Hermaphrodite (Élément), 64. 


vantes, 251. 
Grèce, 95, 163; 250: 


Grecques (transcriptions), 32, 33, 


33% 


Gréco-Egyptiens, 25, 53, 122, 200. 


Gréco-persane (culture), 46. 
Grèle, 270: 

Grüner, 106, 126, 185. 
Guizot, 196. 


Harran, 205. 
Hat, 212. 
Hathor, 210. 


Hautes études (Bibliothèque), x, | — 


ἘΣ: 

Hébraïque, 56, 65. 

Hébreux, 55, 58, 64, 200, 

Hesgire, 78, 130. 

Helcias, 28. 

Héliodore, 122, 176, 202, 

Hellènes (chef des), τοῦ. 

Hellénisme, 36, 40, 57, 
105, 196. 

Hemicycle du Sérapeum, 43. 

Hénoch, 55. — (V. Énoch.) 


65, 


230, 238. 


541, 355. 


ÉISemEs 6». τὸν 21, 25. 28;.31:.95. 
2738 30, 40, 41, 35, 33.) 40, 
02, 65,178, 80. 8. πο 5.2: 1928. 

MARIO 30 τ91., 8925 [199}.} τὴν 

135, 138; 107100725010, 

το). 300,2203,1204)1230; 

332... 3355, 5245... MON MEN ISO: 

art, 28, 44. 

Encyclopédie, 21, 34, (40), 44. 

hymne, 45, 134. 

instrument, sphère, 16, 35, 119, 

HS D 

livres, 34, 40 à 45, 118, 120, 

Τῶν, 139 198. 

ouvrages, 39, 40, 44. 

planète, 49. — (V. Mercure.) 

sceau, 31. 

signe, 31, 40, 50, 110, 340. 


— stèles, 38, 39 
— table, 35, 37, 45, 135, 154, 346. 


Hermétique philosophie, 
100, 154, 282. 
— science, 231. 
138, | Hermolaus Barbarus, 20. 
Hermonthis, 138. 
Hérodote, 147, 163, 228. 
Héron d'Alexandrie, 184. 


Corps, 


26 


402 


Hertès, 30, 232. 

Hervey (d’) de St-Denis, 52. 

Hésiode, 65, 205, 220. 

Heumann, 107. 

Hiératique (texte), 84, 86. 

Hiérapolis, 62. 

Hiéroclès, 74. 

Hiéroglyphes, 31, 37, 41, 44, 50, 
59, 112, 184. 

Hiérogrammates, 137. 
Hiérogrammes, 32, 38, 193, 204, 
256. 
Hiérothée, 
355: 

Hippasus, 128, 142, 258. 

Hippocrate, 39. 

Hæfer, x, 3, 10, 104, 106, 180, 181. 
192, 219. 

Hoffmann (de Kiel), 27, 107. 

Homère, 43, 230, 333. 

Homologues, 303. 306. 

Homony mis (de), 350. 

Homunculus, Go. 

Hongrie, 198. 

Honorius, 191. 

Horapollon, 59. 

Horus, 10, 25, 44, 59, 98, 118, 131, 
138, 168, 344. 

Huiles, 234, 271. 

Huile aromatique, 351. 

Huile de vitriol, 208. 

Huss (Jean), 20. 

Hyacinthes, 29, 125, 

Hydrogène 267, 289, 292, 293, 295, 
200, 508, 900, 909, 500; 310; 


122456, 


“Ὁ 
5. 


340. 


304) 812, ! 14, 8915 
Hypatie, 189, 106. 


122 


lambes, 
Tatricæ (hyles\), 357. 
Ibis, 31. 


202. 


LES ORIGINES 


DE L'ALCHIMIE 


Ibn-Abi-Yacoub-An-Nadim, 130. 
JIbn-Wahs-Chijjah, 174. 
Icosaèdre, 262, 265. 

Ideler, (70, 100, 117, 122, 174200, 
201, #202,,042, 203%, 270,097, 
339, 349. 

|Hex, 557. 

Iliade, 333. 

Imhotep, 9, 184. 

Imouth, 9, 184, 332. 

Imperatore (de) romano, 358. 

Incération, 207. 

Inde, 48, 121, 140, 160. 

Indien (fer), 126, 341. 

Interprétation (sur 1}, 183. 

lode, 299, 300, 304, 310. 

lodhydrique (acide), 209. 

lodure de potassium, 299. 

lonienne (École), xt, 6, 142, 195, 
248, (250), 259, 261, 264, 281, 

320. 

los, 339. 

losis, 35, 242. 

Iranien, 47, 166. 

Iridium, 294, 205. 

Isaac, 54. 

Isatis, 361. 

Isidore, 128, 168. 

Isidore de Séville, 228. 

Isis, 10, 55, 25,30, 32, 361 MO, 
118,, 110, 153, 1340158), 108; 
102, δ πο). 344: 

Ismaélites, 103. 

Isomères, 204 et suivantes, 314. 

Israël, 54. 

Isthméennes, 148. 

| Isthmeos, 76. 

| Italie, 13, 109 AOT, 155: 5017, 

(gouvernement), xin, 


| Italien 
96. 

Italiote (École), 142. 

Ivoire, 149. 

Ivoire amolli, 71. 


4: 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 403 


Kerkoros, 25. 

Kestôn, 187. 

Khem, 167. 

Khnoum, 51. 

Kitab-al-Fihrist, 3, 78, 100, 130, 
140, 108, 172, 185, 200, 205, 
206, 210. 

Kircher, 37. 

Kobathia, 260. 

Kopp;rx, 3; 

Kriegmann, 37. 

Kron-Ammon, 85. 

Kühn, 50. 

Kybric, 172. 


Jacob, 54. 
Jacob l'Inspiré, 330. 
Jamblique, 29, 20, 304 30, 


40, 72, 
85, 98, 119, 144, 145, 184, 344. 

Japon, 40. 

Japonais, 214. 

Jaspe, 233. 

Jaspe enchassé, 84. 

— jaune, 232. 

"VERT, 221, 222,256! 

Jean d'Antioche, F7, 26,72, 77: : 

Jean lArchiprêtre, 118, 127, 7230. Kyphi, 30 

186, 204, 340, 343. | Kyranides (livre), 47. 

Jean de Damas, 122, 201, 346. 

Jérusalem, 56. 

Jésus-Christ, 173, 223. 

Johanes Isthmeos, :6. 


E 


Labbé, 96, 106. 


Juda, 55, 123, 174, 344. Labyrinthe de Salomon, 16, 54 


Judaïques, 333. 

Juifs, 7, 28, (53), 54, 55, 56, 37 
58, 64, 65, 83; 190, 173, 103 
198, 3 

Juifs (Alchimistes), (170), 171 

Juin, 22. 

Juillet, 222, 

Juliana, 128. 

Julien (empereur), 73, 98, 145. 

Julius Firmicus, 74. V. Firmicus. 

Jupiter, 333. ς 

Jupiter et Électrum, 49, 231, 364. 

— planète, 74, 114, 216, 230. 

— signe, 49, 50, 230, 231. 

—  — sens générique, 231. 


1080171; 350, 354; 
Lacaze Duthiers, 357, 36 
Laccha, 360, 361. 
La Condamine, 2 
Laine, 330, 360, 
Laiton, 90, 217, 218) 2520, 258, 


᾽ 


23 
361. 
240, 244 
Laiton, rie Electrum, 50, 217. 
Lamartine, 18. 
Lambecius, 107, 190, 354. 
Lampride, 126, 224. 
Lao-tse, 53. 
Lapis lazuli, 
Latin, 225, 
Latins, 3, 8. 
Laurentine, 06, 107, 112. 
Lavoisier, 6, 287, 288. 
Leclerc, 78, 200. 
Leconte de Lisle, 10. 
Leemans, 3, 15, 32, 57, 59, 69, 81, 
82, 83, 86, 88, 169, 325. 
Leibnitz, 136. 


212, 210; 220. 
539 
25ὃ 


— — Changements, 50. 
Justinien, 140, 197, 205, 348. 
Juvénal, 71, 160. 

K 


Kavini, 131. 


404 


Leide, x11, xv, etc. — (V. Papyrus.) 

Leipsick, Go, 158. 

Lenglet du Fresnoy, 106. 

Lepsius, x, 3, 30, 00, 212, 213, 221, 
225;°227; 220, 234, 

Letronne, 
(lettre à). 

Leucippe, 47, 110, 155,162, 1265; 
344. 

Leucosis, 35, 88, 242. 

Libye, 250, 361. 

Libyque (montagne), 38. 

Lichen marin, 360. 

Litbarge, 113, 155, 323307: 


331. — (V. Reuvens 


Lithium, 304, 307, 308, 310. 
Lothar Meyer, 302. 


Louvre Χ et, 3,29, 82, 170, 231 

Lucas, 128. 

Lucien, 1953. 

Lucrèce, 18, τὸ, 152, 228, 230, 261, 
202200: 

Lumineux (fluide), 520. 

Lunaire (influence), 170. 

Lune, 50,83; 84; 102, 207,244 
277, 322% 

Lune et argent, 49, 364. — (V. Ar- 
gent.) 

— métal (argent), 40. 

— signe, 49. 


Lune et Soleil, course, 41. 
lever, 41. 
lumière, 41. 
— rencontre, 41. 


— sourcil, 86. 
Lychnites, 340. 
Lycopolis, 36, 130. 
Lycurgue, 43. 
Lyon, 358. 


M 


Macédoine, 103, 126, 341. 
Macrocosme, 51, 103. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Mafek, pierre verte, 30, 213, 218, 


210, (221) à 224, 225, 232. 
— vrai etartificiel, 222. 
Magisterii, 206. 
Magnès, 86. 
Magnétique (fluide), 320. 
— 0 - (pierre), 86. 
Magnésie, 24, 86, 155, 161, 201, 


207, 229, 260, 282, 540,345, 
Magnétiseurs, 240. 
Magnétique (fluide), 320. 
Magnétisme, 520. 
Magnétisme animal, vi. 
Mälachite, 224, 232. 
Malala (Jean), 76, τοι. 
Manéthon (astrologue), 29, 30, 160. 
Manéthon (historien), 40, 58. 
Manget, 10, 95, 105, 206. 
Manilius, 70, 74, 93, 230, 240. 
Manuscrits (composition), 124. 
Manuscrits divers, 353, 358. 
Manuscrits (étude passionnée), 103. 
Manuscrits grecs, X, XI, XII, XIII, XV, 
4 53 8, 12, 57, 07,08, 71, 73, 74, 
78, 80, 81, “89, (05) δὲ suiv., 


107 030 00 15.5.γϑ, νσ δ, 
209, ‘215, 297, 291; 240, 245, 
(335) 


— notices, 105. 
Manuscrits (recettes), 87. 


Manuscrit d'Altenbourg, 336 à 344, 
359, 1359 


Manuscrit de l'Ambroisienne, 
337 Ἂν 545, 1954), 
Manuscrit de Gotha, 354. 


Manuscrit de la Laurentienne, 336 
à 346, (354). 
Manuscrit de Leide, 336 à 342, 


(354). 

Manuscrit de saint Marc, ΧΠῚ, XVI, 
4, 15,10, 23,20, 50; Ὁ, 59.590) 
38, 47. 54, 56, Go, 61, 63, 64, 
79, 83, 89, (96), (97), 101, 102, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


106, 
13, 
125, 
134, 
166, 
176, 
187, 


205, 


(107), 108, 100, 
HD ΤΙ. 18: 
τ απο τι 28, 
FAO MAS, «ΕἸΡῸΣ 1.52. 
168, 170, 
NAS 182. 
180, 1042002 
DD 2543 20809 
330140342154), 358: 
Manuscrits du Vatican, (355). 
Manuscrit de Vienne, 336 à 
(354). 
Manuscrit 2.249 : 15, 32, 35, 43» 
{ 


Τ11. 
110, 
130, 


TD 7 
184, 18 
ο 
3 


41595, 50 δὲ, δ, 83,:(06),«104, 
199.) ΓΟΘ, MTS 120,120, 160, 
108 HS τοις 1040202207, 
243, 338 à 342, (352). 


Manuscrit 2.250 : 35, 59, 69, οὔ, 


1185128, 154% M2; 0180 1259, 
5 75 5.7, ἃ 97), (353). 
Manuscrit 2.275 : 330, 337, (353). 
358. 
Manuscrit 2.825 : 20,38, 54, Gr, 


(05) Moro τοῦ) τὰν TT, 
15, BE 6 NES 
150,.200,.230, 3957 ἃ 5,42.) (992) 
358. 

Manuscrit 2.827 : 10 


NE 


O3 D 
ps 
[Ὁ 
ωι 
τὸ 
Q0 


μι 


1 90) 
56; 59. Ὁ, 60,69. 6416508 72; 
70,65; 89.)97, 86, 89; 00, dt, 2 
33, (96), 98, 102, 103, 105, 

(rio)fetsuiy- ra 
134. 135; 
145, 
162, 


no, 


Ὧν; “122. 136, 
8, 140, 
160, 
168, 
177; 
183, 184; 

7 
195, 
20121); 


229, 


405 
244, 240, 250; 251,258 250), 
503, 272; 2743: 275% 270277: 
270n:332, 384% 11539) 41347 


352,1358. 
Manuscrit 2.829 : 536 à 3 
Manuscrit 2.449 : 15, 16, 27, 35, 

36, 135, (169). 

Manuscrits types, 108. 
— (V. Saint Marc et 

Manuscrits), οὔ, 347. 

Marc Antoine, 42, 
Marcassite, 282. 


Marc (saint). 


Marcosiens, 04. 

Marcus, 34, 57, 64, 182. 
Marcus, 64,.77,-78, 118, 128, 
19220142, Φ{πῷ. 1; 


229 


56, 
ἴον. 131, 
103,277: 

Mariette, x, 26, 37, 43, 226. 

Mars, 40. 

— et fer, 364. 


ἘΠ, 


— métal, 40. 
Mars (planète), 74. 
— signe, 49. 
Marsham, 160. 
Martin (H.), 
Maspero, 3, 
236. 
Massagètes, 228. 
Mastic, 
Matras, 303. 
Méchir, “AFS 
Mède, 46, 145, 
Médée, 181. 
Médiateur plastique, 
Melanosis, 
Meleagrides, 07. 
Melissus, 259. 
Mélos, 161. 
Memphis, 23, 
164, 184, 212. 
Men 515. 227: 
Ménard (Louis), 44. 
Mendeleef, 302. 


264, 266, 
27. 


10, 


ΕΝ 
D 
35, 242 


= ἈΞ. “ Lo] Ἐ 
20. 20,9... 4157. 128 


406 


Mendès (Bolus de), 99, 156. 
Ménos, 120. 
Mer Rouge, 148. 


Mercure (métal), 31, 30, 68, 90, 93, 
194; 
277, | Métallurgiques exploitations, 
363, | Métallurgistes, 220, 


123 1 134 498 Gr; 
207, (231), 244, 273, 276, 
28», 338, 343;,1544,9347; 
364, 365. 

— associé à l’'émeraude, 233. 

— combat avec le cuivre, 277. 

Mercure, divinité, 31. 

Mercure (dorure sans), 82, 89. 

Mercure (esprit de), 283. 

‘— fabriqué. 125, 231, 340, 350. 

Mercure (fixation) 123, 178, 179, 
338, 346. 

Mercure fixé, travaillé, 272, 280. 

— (Hermès), et étain, 49. 230, 364. 
— (V. Étain.) 

— natif, 231. 


“ 


— ses noms, 231 


Marcus dés Pi MbANBStG: 37, 165, 
178. 279, 0(270k 200, Sn 
Mercure, planète, 31, 50, 62, 74, 


ται MIA 200: 

—. prend toutes les formes, 272. 
— propriétés, 231. 
Mercure quintessencié, 
10, 50; (9): 3, 
changements, 50, 231. 

— sublimé, 260. 

Mercure, tombeau d'Osiris, 32. 


207, 208. 
— signe; 62; 


— transmutation, 50. 
— vivant, 231. 
Merlin, 181. 
Méroë, 148. 
Mésopotamie, 46, 51, 205, 20$. 


Mesori, août, 33, τς A 
Métallique, 69, 123, 172. 
Métallique (chimie) 343, 346. 
Métallique (état), 134. 
Métalliques (minérais) 235. 


Métallique (pierre), 36. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


| Métalloïdes, 303. 


Métallürpie, 2, 22,023, 5660}; 36, 
68,-%8,008; 116, 1:28: 120; x30, 
154) 500" 212}; 225; 227) 247, 
DAT, à 


Le] 
ῳ9: 
ὧι 


MÉaUX,? var 2x, Al, 2,350; 
ἘΦ: 17,010, 29,920; "30, W4, PE 
AS, 140, 20,53, θὅν 78.780 128) 
134, 2137; "149, 190, 19546, 
162, 172, 178, 188, 190, 193, 

211) à 246, 235, 253, 254, 

267, 278, 280, 282, 

286, 287, 293,e294, 
295, 300; 309, 205} 4610, 
350 333,343: 

Métaux {action du mercure), 231. 

Métal artificiel, 227. 

Métaux assimilés aux pierres pré- 


201, | 
260, 
283, 


266, 
284, 
299, 
332, 


cieuses, 220, 234. 
Métaux, coloration, 71, 75. 
— contiennent du mercure, 273. 
281. 
Métaux {corps congénères), 232. 
Métaux (décoüverte), 30. 
— description, 207. 
Métaux et dérivés (232). 
Métaux (doctrine), 45, 235. 
Métaux égyptiens, 225, 234. 
— engendrés dans la terre, 40. 


— sont des corps composés, 


sous l'influence des astres, 
48, 49. 

extraction, 230. 

— fabrication, 245. 

— fusibles, 268, 269, 273. 

— groupes, 514, 

— imparfaits, 240, 243. 

— lieux de fabrication, , 236: 
Métaux (liste), xvi, 48, 40, 113, 114, 
345, (362). 


(matière première), 


n° 52, 


] ΝΙΝ 
(280). 


206, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Métaux (mystères, 71. 

Métaux (noms), 112. 

— parenté avec les planètes (48), 
49, 50, 233, 276, 36 

Métaux personnifiés, 69. 

Métaux, production, 207, 208, 240. 

Métaux, quatre fondamentaux, 50, 
191. 

— signe fondamental, 61, 233. 


Métaux (substances assimilées), 
224. 

Métaux (teinture) 155, (238), 160, 
242, 244, 277. 


Métaux vrais, 28, 240. 

Météorique (fer), 228. 

Météorologiques, 40. 

Metternich (stèle), 20, 38. 

Mexicains, 228. 

Michel (Saint), 333. 

Microcosme, 51, 103. 

Midi, 25, 

Miel, 233, 270, 346. 

Migne (dictionnaire des Apocry- 
phes), 11. 

— recueil ecclésiastique, 19. 

Milan, οὔ, 108, 354. 

Milet, 250, v. Thalès. 

Mille et une Nuits, 223. 

Minerais, 36, 70, 87, 93, 194, 
230, 285. 

Minerai d'argent, 00, 214. 
Minerai d'argent, de cuivre, 
plomb, d’étain, 364, 565. 
Minerais fondus, 230. 
Minerais métalliques 

Minéral bleu, 212. 
Minérales (familles), 306. 
Minéraux, 30, 85, 86, 124, 


212 


de 


[Ὁ] 
τῷ 


149. 
— vert, 
Minéraux (huit), 212. 
Minium de Sinope, 03. 
Minutius Felix, 104. 
Mithriaque, 182 


Moïse, sa chimie, 171, 341. 
— sa diplosis, 171. 
Mollusques, 357. 
Molybdène, 3 
Molybdochalque, 225, 365. 
Monade de Moïse, 54. 
Monolithe, 180. 
Monovalents (corps), 30 
108, ns 


10. 


PA 
ωϑ 
© 
σ᾽ 
ωϑ 
© 
I 


Montfaucon, 02, 
354. 

Morelli, 108. 

TO ES 


Morhofius, SDS 
Mosquée d’EI Azhar, 45. 
Moyen âge, xiv, 2, 6, 12, 15, 16, 20, 


48, 52 


54, 00,100, 045007: 
Ron T5 TAG. RSI 99, 
τ) 181,200, 207: 200,211; 
217, ta DAME PRES 

Mullach, 148, 149, 152, 154, 531 
Munditiis "Ἢ 173 

Munich, 107 

Murex, 95, 361 

Muses, 193, 355. 

Musées, 51, 69, 219, 226 


Musée de Leide, 15, 27, 81. 
τοῦ. 


84. 


Museum antique, 42, 
Mysteriis (de), 7 72. 1 
Musulmans, 50, 236. 
Musulmane (conquête), 42. 
— université, 43. 

N 
Naasséniens. 62. 
Nabathéens, 174. 
Naphte, 235. 


Natron, 75,03, 


220, 
Nazaréen, 151, 
Necepso ou Nechepso, 


270. 100: 
Nécessités (les trois), 23. 


408 LES ORIGINES 


Nectanébo, 30. 

Needham, 187. 

Neerlandais (musée), 323. 

Neige, 270. 

Neith (déesse), 64. 

Néoplatoniciens, ΧΙ, ΧΠῚ, 5, 26, 20, 
33,463, 68;:72, 74; 07 177, 1.0, 
186, 189, 195, 248, 264, 271, 
274. 

Néron, 216. 

Nesem, 232. 

Nesenem, 50. 

Newlands, 302. 

Nicandri scholia, 158. 

Nicée, 73, 204. « 

Nicéphore, 16, 101, 348. 

Nickel, 293, 294, 295 

Nicomaque de Gerasa, 104. 

Nil} 1863/8704; 10); τῶν, 250, 


Nilomètre, 34. 

Nitrate d’argent, 200. 
Niro ere 

Nitroglycérine, 234. 

Noë, 55. 

Nonnus, 108. 

Notices et extraits, 106, 331. 
Notre-Dame des Victoires, 198. 
Nouvelle Revue, xu. 

Nub, 2712. 

Nubie, 192. 


O 


Obrussam, 116. 

Occident, 102, 209, 210, 246. 

Occidentaux, 6, 78, 248. 

Océan, 250. 

Ochre attique, 24. 

Octaédre, 204, 262, 265. 

Œcuméniques (alchimistes), 1or, 
121, 0127, 1128/1120, 0148; 204, 


34:1. 


DE L'ALCHIMIE 


Œuf, 155, 178, 256. 
Œuf philosophique, 15, 16, 24, τὶ 
61/65; Ὑὐδὲ 125: 257, 05703 

250) 291304: 

— — ses noms, 343. 

— — ses parties, 24, 51, 115. 

— de l'univers, 51. 

Ogdoade, 63. 

Olain, Borrichius, 104. — (V. Bor- 
richius.). 

Oliban, 233. 

Olympiodore alchimiste, xt, 21, 
22, «25,20; 53,134; 958. 40, 27, 
51, 59; 63,64, 74, 78, 08, 90, 
100, 117, 128, ἅ20,. 154. 190; 
137, 143, 1140, 164, 1168, 170) 
183, 188, (191) à 199, 203, 204, 
220,248, (254), 263," 282,53; 

333, 936,342, 340, 351,135 

3 


— philosophe, 40. 

Omont, ΧΙ, 4, οὔ, 5538: 

Onatos, 131. 

Onirocritie, 189, 348. 

Onyx, 233. 

Operator, 192. , 

Ophiouchos, 63. 

Ophites, 62, 63. 

Opium, 267. 

Or, 2, 90, 4595. 30. 80/4800, 
53, 54095; 50/0176, 097, 
85,187; LOL, 125; 194, 197; TON 
162, 19,178. 1ϑι, 183,186, 


193; 207; 219, 1973) 214; 519) 
2106, "217; 5.19, - 210) 221, 2.58; 
553, ῳὩϑῦς τυ 5535, 3, 55; 
536; ..38. 245, 221.. 24.5, 2.3] 
244, Ὧ50;.957, "279." 376; 200; 
2094, 295, 310, 331, 338, 970, 
349, 303, 364. 


— affinage, 84. 
— alliages, 192, 213, 215, 216, 
223, 244. — (V. Electrum.) 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Or, alliage couleur (d’), 50. 

— amolli, 345. 

Or (apparence), 82, 227. 

— (art de faire de l’), 1x, 15. 26, 30, 
189. 18, 299: 204, 390; 337, 
340, 342, 343, 348. — (V. Chry- 
sopée.) 

— artificiel et naturel, 48. 

— assimilé à un alliage, 82, 89, 
218, 240. 

Or à bas titre, 236. 

Or bonne constitution, 339, 350. 

Or (bronze couleur d’), 240. 

Or (brut et fin), 215. 

Or calciné ou londu, 364. 

— catalogue, 156. 

coction, 119, 344. 

coloration, 91. 

constitution, 121, 260. 


— qui coule, 130. 

Or et dérivés, 113. 

— docimasie, 92. 

doublé, 30, 54; 70, 92, 
171, 240, 344. 

écriture, 92, 124. 


110, 


engendre l'or, 51, 53. 
extraction, 69. 
fabrication, 69, O2, 
241. 
faiseurs, 115, 128, 542. 
Or (feuille), 341, 351, 364. 
Or (figures en), 266. 

Or fin, 216. 

— fusion, 124, 345, 346. 

— (homme d’), 60, 180, 181. 
Or, lettres, 345, 346 

Or (lieux), 120, 130. 
limaille, mélange, 564. 


— liqueur, 92. 
litanies, 202. 


— mines, 23, 30. 


— multiplication, 02. 
Or, pourquoi corps parfait, 284. 


409 


Or (préparations), 93, 280. 

— puissance, 56. 

Or (sa scorie), 216. 

— secrets, 72. 

— signe 49, 61, 112, 83, 86. 

— et soleil, 48, 49, 364. 

— soudure, 92,.124, 155, 364. — 
(V. Chrysocolle.) 

Or (teinture), 35, 91, 92, 93, 140. 
164, "160, 171, 242,9 245, 244 
284, 345. 

— (ne pas toucher), 172. 

— vrai, 240. 

Or, valeur relative, 214. 

Orcanette, 93, 243, 360, 361. 

Organon d’Hermès, 33. 

Organon de Pétosiris, 169. 

Orge, 354. 

Orichalque, 90, 
331, 346, 364. 

Orient, 6, 7, 10, 
55305, 92, 158, 

Oriental, vi, 20, 27, 46, 50, 177, 


225 (220), 5720. 


248. 
Orientaliste, 209. 
Origène, 163. 
Ormanouthi, 138. — (V. Hermon- 
this.) 
Orose, τοῦ. 
Orphée, 65, 118, 137, 200, 344. 
Orphiques, 65, 204, 333. 
Orpiment, 60, 244. 
Orseille, 247, 360, 361. 
Osée, 54. 
Osini, 23, 32, 74, 137; 100, 170, 193. 


5 
Ostanès, 46, 52, 70, 77: 70: 83, 


PIS 120, 130; 131, 147; 145, 
RL 159) 0904; 105, 
168, 200, 336, 349, 352. 


:) 

Ou (dynastie), 53, 
Ouroboros, 24, 58 (59), 61, 62, 63, 
83, 84, 86, 114, 144, 168, 180, 


410 


189, 25 
345. 
Oxydation, 134, 208. 
Oxydation lente, 222. 
Oxydes, 205. 
Oxydes de cuivre et de fer, 365. 
Oxyde de fer, 283. 
Oxygène, 295, 296, 297, 
305, 307, 314: 
Ozone, 314, 


5, (256), 284, 332, 342, 


300, 304, 


P 


Pachon, mai, 33. 

Padoue, 105, 154. 

Palatino (Codice), 07. 

Paléographie, x111, 07, 
345, 354. 

Palestine, 57, 223. 

Palimpsestes, 348. 


Palladius, 106, 108, 115, 122, 202 
Pamenas, 170. 

Pamenasis, 170. 

Pammenès, 46, 70, 77, 142, 175, 


(170). 
Panacée, 2, 52, 166. 
Pandolfus, 143. 
Pandore, 64. 
Panini, Juin, 33. 
Panodorus, 26, 72, 77, 104. 
Panopolis. 107, 
Panopolitain, 9, 22. — (V. Zosime). 
Panséris, 129. — (V. Pauseris). 
Pappus. 119, 351, 352 
Papyri Græci, 


Papyrus, x, Xv, 3, 


169. 
DIS 36. 90, 34, 


14 15 ἴθ; : 
ΞΗ; «Dr, 50, 402! 


97) 39, 
64, 67, 68, 69, 70, 73, 74, (80), 
81 à 94; 99, 100, E12, 114, 110, 
5, 1199; 190; 


36, 3 50, 


124, 1925, 199 103, 
164; 170, 171% 18708, 215, 
227; 220, 251, 2840/1942, 245, 
323; 827; 331; 


LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE 


Papyrus (recettes), 87. 

Parallélipipèdes, 225. 

Paris, τῆς XV, 198, etc: 
(Voir Bibliothèque Nationale, 
Louvre). 

Paratartrique (acide), 204. 

Parménide, 143, 167, 195, 251, 257, 


20 3: 


260. 
Parques, 25,553. 
Parthey, 331. 
Pastel, 361. 
Patriarche d'Alexandrie, 98. 
Patriarche, 110, 189, 196, 248. 
Paul jurisconsulte, 14. 
Pausanias, 357. 


Pauséris, 128, 142, (170), 175, 
205. 
Pays-Bas, 80. 


Pe-Bech, 168. 
Pebechius, Pebichius, Epibéchius, 
128, 168. 
Pei-ouen-yan-fou 
52, 
Pélage, 105, 118, 126, 
176, 186, 242, 278, 342 
Pelekanos, οὔ, 346. 
PÉpites, 215, 
Pérates, 63. 
Péripatéticiens, 205. 
Perles; x ᾽ 15. 290 ὲ 
(240), 
Perle à 
— traitements, 


(encyclopédie), 


181. 
» 9340. 


154; 


249. 

240. 

Persans, 406, 47, 48, 52, 
166. 

Persane (trempe), 

Perse, 47, 129, 148, 
DE 

Péruviens, 228. 

Petasius, 

342. 

142, 


185. 


103 


».104, 


120,120; 131, 150, 


102, 
Pétésis, 158, 108, 109, 


205, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


PétasmS 2792070; 190, 179, 142. 
1545/(109); 352; 

Pétra, 76. 

Fétrone, 140, 150, 357. 

Phamenoth, mars, 3 

Phaophi, octobre, 3 

Pharmouthi, avril, 33, 34. 

Phéaciens, 346. 

Phédon, 30, 

Phéniciens, 48, 210. 

Philarète, 117, 120, 199, 340: 

Philèbe, 30. 

Philippe, 103, 126, 34r, 35 

Philæ, x, 38, 192. 

Philolaus, 262, 265. 

Philosophale (pierre), 30, 36, 56, 
TO 301. τὸ5,, αὐοὺᾶν 0172, ὅν 

243, 2713) 281, 330, 340, 


ΟἹ 
2. 
2 

2. 


énigme, 343. — (V. Énigme 
sibyllin. 

Philosophe chrétien (le), 99.— 
Chrétien). 

Philosophical Magazine, 310. 

Phlogistique, 254, 267. 

Phosphore, 300, 304, 305. 

29, 78, 


(Voir 


Photius, χιν, 0, 
177, 102 

Phrygie, 62. 

Phtah, 26, 34. — (V. Ptah). 

Phycos, 247. 

Phyllanthion, 201. 

Physica et mystica, 93, 99, 116, 
130.146; (151); vr54, 102242, 


100, 104, 


337, 349, 358, (359). 
Physici et medici græci minores, 


TO το6; T7, 22; 100, 200) 
201202, 24:2: 

Piérides, 193. 

Pierres 5595). 77: 125: AO RD, 
HS 10. 210; 29.» 0200/1270; 
DIT 


Pierres brillantes, 71, 278. 


AIT 


Pierres (coloration), (V. Co- 
loration.) 

— de cuivre, 24. 

Pierre d'Egypte, 2 

Pierre {un seul genre). 

Pierres gravées, 60, 62, 85, 
168, 178, 332. 

Pierre magnétique, 86. 

Pierre métallique, 343. 

Pierre philosophale, 


340. — 


114, 


30, 36,V56, 

116, 136, etc. — (V. Philoso- 
phale). 

Pierres précieuses, 
7, 71, 72, TON ᾿θῦ; 
213, 217, 219. 60 SUV. 

Pierres précieuses assimilées aux 


12, 43, 45, 
170} 21, 


γι 


métaux, 220. 

— — fabrication, 20, 50. 

— — puissance secrète, 47. 

Pierres précieuses (teinture), 43, 
165. 

Pierre rouge, 131. 

Pierres vertes, 123. 

Pierres (vertus), vir. 

Pierre vivante, 105. 

Pierret, 23, 31, 33, 30. 

Pindare, 43, 48. 

Pinna, 361. 

Pistis Sophia, 58. 

Pituanius, 14. ἡ 

Pizzimenti, 105, 117; 194, 190, 
349. 

Planches, xvi, 363 et 365. 


200, 


Planétaire (liste), 113 
Planètes (cours des cinq), 41. 


Planètes et métaux, 48, 40, 20, 
230, 233, 276, 345, 348, 364. — 
(V. Métaux.) 

—. changements, 40: 

Planètes (sept), 50, 62, 112, 276. 

— signes, 02. 

Plantes, 85. 190. 29.» 292; 27 
292. 


412 LES ORIGINES 


Plantes (noms), 83. 
— philtre, 84. 
Plantes (produits), 72. 


Plantes (sucs), 17, 45, 149. 

Plantes, vertus, 12, 83. 

Platine, 294, 205. 

Platon, 4, 39, 44, 45, 128, 120, 
151, 142, 18 144, 147. 177; 
170, 217,1 220; 548; 250, 262, 
(264) ‘À 271,-275,11278,278, 
320. | 

Platoniciens, 6, 200, 206, (264), 


270, 267,275, 385: 
Platonicienne (thèse), 75. 
Plérôme, 64. 
Pline,-46,152, 59,269, 78, :7x, 74, 

77. 83, 94, 99, 118, 146, 

140, 152; vu 6007165, 

168, 169, 103, 2:22, 

2200230, 2910, 240; 277, DO 
Plinianæ exercitationes, 47, 101, 

105,157, 224, 350: 

32, 59, 74, (87), 89, 125, 
τις 178, EME, 


216, 


230, 233, 240, 244, 365. 
argentifère, 220 

blanc et noir, 230. 
calciné ou fondu, 365. 
dérivés, 1159; 290, [295]: 
doublet, 230. « 
durcissement, 87. 

feuille, limaille, terre, 365. 
générateur des métaux, 220. 
(homme de) 180. 

minerai, 24, 365. 
oxydation, 80. 

purification, 87. 

et Saturne, 49, 364. 

Signe, 40. 


DE L'ALCHIMIE 


Plomb (transmuté), 208, 215, 
Plombiers (moine des), 340. 
Plotin, 29, 250. 
Plutarque, 23, 30. 
Pneumatiques (ouvrages), 1 
Pæmander, 44, 45, 118, 
138, 170. 
Poiesis, 00, 
Poietès, 192. 


84. 
ΕἸ 


2 
τὺ 


192. 


363. 
Poison du serpent, 61. 
Poissons, 150, 253, 254, 25 
Poix, 233. 
Polarisation, 286. 
Polyhistor, τοῦ. 
Polymères, 293, 294, 296, 297, 

318. 
Ponice,:563, 
Porphyre, 32, 47, 98, 

100, 169, 199: 

Potassium, 299, 504, 308. 
Poteries, 199. 
Potier (roue), 51. 


129, 


Pourpre, 30, 77, 83, 87, (93), 
140, 1280;4154,27504, 2108, 
243, 244, 360. 


ar 
29 


Pourpre animale, 
— de Cassius, 03. 
Pourpre (fausse), 361. 
— préparation, 03. 
teinture, 
357: 
Pourpre végétale, 357. 
— (verre coloré en), 03. 


Le 165, 328, 


XVI, 


Prague, 20. 
Prasinum, 
Proclus, 48, 49, 197, 202, 207, 


126. 


2656. 
| Procope (actes 
72: 

| 

| Projection (poudre), 161, 162, 
243, 


26%, 281,339; 351: 


Poisons, 10, 17, 174, 178, 231, 2 


de saint), 27, 


208, 


144, 


240, 
26, 


239; 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Prout, 291, 292, 311. 
Providentia (de) 180. 
Psammurgiques (arts), 22 


Psellus, 101, 102, 110, LE 185, 
205, 248, 240, 279, 336. 
PS 20: 


Ptah, 184, 107, 235 
Ptah-mer, 28. 
Ptolémaïis, 156, 188. 
Ptolémaiques, 195, k 
Ptolémée, 129, 169, 2 
Pylones, 192. 


Pyramide, 206, 207, 228, 250 
Pyrites, 233, 344, 345. 
Pythagore, 43, 143, 147. 
Pythagoriciens, 6, 131, 158, 200, 
206, 248, 261, 262, 264, 274, 
273, 20H. 
Q 


Quadrivalents, 305, 307. 
Quartz, 232. 
Quintessence, 191, 281, 262. 


R 


Rabbinique, 53, 56. 
Radical composé 
Ramsés ΠῚ, 221. 

Raymond Lulle, 


» 297, 208. 


I41., 

Reinesius, 105, 107, 19 

Renaissance, xv, 76. 

Renan102, 04, 09, 137, 179, 

Resainensis, 205. 

Résine, 284. 

Reuvens, 3,19, 27,130, 94, 990, 90; 
54, 57, 59, 69, 70, 81, 


2 TS 


- 


209. 


82, 83, | Sarcophages, 220, 


A13 


Rhizion, 361. 
Rinaldi, 346. 
Romains, 36, LL 
217, 233, 220, 
Romain (Empire), 
Rome, 13, 14, 46, 1 
Rose d'Italie, 361. 
Rossignol, 226. 
Rouge (mer), 23. 
Rouille, 269. 
Rubis, 232, 240. 
Ruelle, 347. 


Ξ 


Saba (reine), 223. 
| Sabaoth, 54, 55, 58. 
Sacro Catino, 223, 


Saint Marc (bibliothèque), 4. — 
(V. Bibliothèque.) 

— — (Catalogue, τοῦ. 

— — manuscrit, 4, 7&.—(V. Ma- 


nuscrit). 
Salamandre (59), 62, 86. 
Salée (terre), 270. 


Salmanas, 101, 102, 103, 108, 125, 
176, 340, 354. 

Salmon, 45, 206, 243, 283. 

Salomon, 16,54, 55, 50, 108, 177, 
229,130; 304. 

Sanctuaires, 118, 127. 

Sanctuaire (livre), 125, 340. 

Sandaraque, 24, 03, 161, 233, 344,. 
345. 

Sang, 275. 

Sanscrit, 225. 

SANT, 219, 210, 221, 233. 


239% 


#1 


84, 85, 86, 87, 107, 154, 164, | Saturne, 49. 


169, 189, 323, 
Revillout, 3, 25, 


192, 197, 198. 


ΤᾺ 


535, 52, 10. [7 


— Métal, 49, 364. 
Signe, 49. 
Saturne (planète), 74. 


414 LES ORIGINES 

Saumaise, (Salmasius), 47, 
105, 153; 157, 2249575366 
361. 

Savon, 336, 345, 346. 

Scaliger, 9, 70, 77; 164. 

Schmidt, 358. 

* Schneïder, 106, 126, 158, 185. 

Scorie, 274, 280. 

Scorie de l'or, 216. 

Scorpion, 15, 16, 
338, 342, (348). 

Scythie, 220. 

Séguier, 95. ᾿ 

Seigneur (le), 123, 197. 

Sels, 150, 182, 254, (270). 

Sel Ammoniacal, 86. 

Sel de Cappadoce, 91. 

Sélénite, 365. 

Sélénium, 295, 296, 297, 300, 304, 
309, 319; :314,. 915: 

Séleucie, 46. 

Sénèque, 34, 59, 64, 71, 990, 
SO 105: 

Sénouti, 172, 197. 

Septante (version), 56. 

Sérapéum de Memphis, 26, 
197. 

— d'Alexandrie, 42, 98, 120, 
197, 198. 

Sérapis, 32, 42, 62, 129, 156, 
190, 191, 196, 235. 

Sergius, 78, 128, 129, 131, 204- 

Séricon, 105. 

Serpent, 83, 84, 86, 114, 136, 144, 

152, 158, 168, 173, 178, 180, 103, 

251, 255, (256), 284, 332, 342 

345;. 354, 363. 

bon et mauvais, 63. 

cercles, Go. 

culte, 63. 

domestique, 137. 

Ouroboros, 137. — (V. l’article 

suivant et Ouroboros.) 


TOI, 


25,261: 183 


149, 


43, 


186, 


? 


DE L'ALCHIMIE 


Serpent qui se mord la queue, 58, 
59, 62, 63, 137. 

— symboles, 61. 

Set, 138, 

Séthiens, 65. 

Sextus Empiricus, 62. 

Sibylle, 135, 137, 160. 

Sibyllins (oracles, livres, énigme), 
XVI, 44, 110, 136, 201, 352, (356). 
— (V. Énigme.) 

Sicile, 250. 

Sidétès (Philippe), 103. 

Silicium, 205. 

Similor, 217. 

Simplicius, 105. 

Sinope (minium), 03. 

Siout, 3, 236. 

SITIUS, 355 199. 

Société Chimique de Paris, 318. 

Socrate, 143. 

Sodium, 304, 308. 

Soie, 243: 

Soleil, 83, 84, 263, 332. 

Soleil et lune, rencontre, 41. 

cours, 41. 

lever, 41. 

lumière, 41. 

or, 48, 40, 364. — (Voir 


Soleil et 
Or.) 

Soleil (signe), 31, 49, 50, 63. 

— sourcil, 86. 

— symbole en Assyrie, 63. 

Solen, 338, 542, 3551. 

Solin, 153, 103. 

Solon, 43. 

Sophar, 129, 166. 

Sophé, 28, 54, 58, 126, 139, 
183, 341, 343, 344. 

Sophie (sainte), 103, 341, 351. 

Sopholat, 166. 

Soufre, 32, 161, 182, 194, 207, 232, 
233,. 244, 256; 267,1 273, 1380; 
281, 282, 284, 295, 296, 297, 


158, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


209 0000143925; 344, 

Soufre, apyre, 365. 

— natif, 365. 

— quintessencié, 208. 

Souphis, 28, 58. 

Sourcil du soleil et de la lune, 86. 

Spagyrique, 37. 

Sphère, 169, 249. 

Sphère d'Hermès, 16, 

— astrologique, 16, 35. 

— de Democrite, 35, 154. 

Sphère de Mercure, 205. 

Sphinx, 43. 

Spirites vi, 152, 246. 

Sprengel, 69. 

Stahl, 254, 267, 

Stas, 203. 

Stèles, 22, 29, 38, 39, 99, 184, 350. 

— de Metternich, 29, 38. 

Stephanus, x, 32, 50, 76, 78, 100, 
(10h), 207, 18: 228, 120. 191. 


134 190, 154; TOC: 72) 170, 
170, 198, (199) à 201, 203, 204, 
208, 242, 248, 202, 209,204; 


265, 272, (273), 274, 275, 270, 
2770278, 5805) 282, 392. 390, 
337, 330, 347, 349, 355. 

Stephanus de Byzance, 158. 

Stibium, 161. 

Stilbon, 364. 

Stobée, 34. 

Stoïciens, 142, 264. 

Strabon, 148, 240. 

Stromates, 11, 23, 42. 

Stuc, 232. 

Sublimé corrosif, 200. 

SUCLE 229: 

Sucre de cannes, 234. 

Sucrée (espèce), 270. 

Suède, 80. 

Suétone, 210. 

Suez, x. 


A15 


SUdas; 17; :26 172; 78,270; 100, 
TOM 120, 158. τῦθῷ ἐγ 9; 
DUT 

Sulfate de cuivre, 219, 220. 

Sulfure d’arsenic, 244. 

Sulfuré (hydrogène), 205. 

Sulfures, 69, 222, 281, 282, 205. 

Sulfureuses (matières), 194. 

Sulfuroïdes, 209, 304, 305, 314. 

Summa perfectionis, (206). 

Supérieur (lac), 225. 

Syncelle (Georges le), 9, 11, 26, 
473 77: 78: 100, 148, 149, 155, 
164, 170, 177, 187: 

Synésius, 24, 47, 58, 65, 77, 78, 
90, 00, 00; 100,1 (105); ΕἸ; 1.2, 
120) 148, 1210; 194,10, 100 
164, 168, 176, (186) à 101, 
194, 199, 248, 264, 
57, 274. 282... 338ν5.339᾽ 
357» ,40; 355. 

Syriaque, 205. 

Syrie, 46, 138, 210. 

Syrie (couleur de), 361. 

Syriens, 48, 187, 205. 


9 
193, 
272, 


330, 


Ge 


Tabernacle, 55, 123. 
Tabularia, 187. 

Tacite, 13, 14, 46, 70, 170. 
Haht;,r3, 228. 
Talismans, vu, 62, 84, 188. 
Hiaripièmelde), 53. 

Tao (secte), 53. 

Tartare, οὗ. 

Tartrique (acide), 294. 
Tatien, 164. 

Tau-dj, 35. 

Technurgie, 125, 340. 
Tehen, 219, 232. 

Tehset, 227. 

Teindre la laine, 330. 


416 LES ORIGINES 


Teintures, πὰ, τος 48: 168; Ux23, 
140; 150,154, 8551. 16450465, 
166, 171, 199, 243, 278. 

Teinture de l’asemon, g1. 

Teintures en blanc, noir, violet, 
jaune, 35. 

Teintures (deux), 242. 

Teinture de l’Étain, 88. 

Teinture des étoffes, verres, métaux, 
242 et suivants. 

— à fond et superficielle, 244. 

Teinture de Jamblique, 344. 

Teinture du mercure, 280. 

Teinture des métaux, 160, 194, 
227, (238) et suiv., 244, 245, 
277. — (V. Métaux.) 

Teintures d'or et d’argent, 281. 

Teinture des pierres précieuses, 
A9, 1227255; 

Teinture en pourpre, 30, 124, 83, 
87, 03. 

Teintures (quatre), 182. 

— stable, 161. 

Teinture superficielle du cuivre, 88. 

Teintures (trois), 194, 346. 

Teinture (une), 340. 

Telanobebila, 346. 

Tellure, 295, 206; 297, 300, 304, 
300,310, 214: 

Térébenthine (essence), 204. 

Terre M5 90 TS, M104, “951; 
262; 266, 270, 274,0275, 280, 
320, 

Terres, 263. 

Terre d'argent, de’ “cuivre, de 
plomb, d'étain, 364, 365. 

Terre blanche, 234. 

— est le cube, 262, 265. 

— dérivés, 254. 

Terre élément, 7518522253; 258. 
261. 

— ses espèces, 270. 

Terre formée par l’eau, 266. 


DE L'ALCHIMIE 


Terre grasse, 237. 

Terre (invoquée), 45. 

Terre (métaux engendrés dans la), 
49- 

Terre, principe, 258. 

— séparée de l’eau, 270, 271. 

Terre (travail de la), 343. 

d'etre vierge, 63, 533: 

Terrestres (choses) τ 16, "135; 
179, 338. 

Terrestre (élément), 208. 

Tertullien, 10, 12, 13, 14, 17, 10, 


23, 59,. 42, 083 7 ΟΣ; LE 


105. 
Tetrabiblion, 160. 
Tétrades, 34, 182. 
Tetraèdre, 204, 262. 
Tétralogies, 148. 
Tétraménies, 105. 
Tétrasomie, 34, 253. 
Thalès, 128, 142, 195, 
259: 
Thaumaturgie, 84, 85. 
Theatrum chemicum, 64, 144, 172, 
200. 
Thébaïde, 36, 120. 
Thébain, 58, 183, 343, 344. 
Thébaines (dynasties), 213. 
Thèbes, x; 14015 27,99. 67».85, 
84, 87, 138, 153, 170, 191, 221, 
231. 


250, 256, 


Théodore, 100, 176, 348, 351, 352. 

Théodore (chapitres à), 184. 

Théadose,-22, -83;t123,1 188; ΤΌ 
106, 202,-264, 342,355: 

Théodose II, 192. 

Théodosien (code), 20. 

Theologumenon Arithmetices, 164. 

Theomantion, 84. 

Théophane, 76. 

Théophile, 98, 128, 131, 189, 106. 

Théophraste, 122, 129, 176, 202, 
342. 


Ὡς". 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS 


Théophraste, naturaliste, 220, 224 

Theophrastus, 74, 79. 

Théosebie, 9, 22, 64, 128, 

Theriaca, 158. 

Thesaurus linguæ 
179: 

Theta-hoout, 36. 

Thomas (saint), 141. 

Thoth, septembre, 33. 

Thoutmosis, 213, 210. 

Thrace, 129. 

Thrasylle, 148. 

Tibère, 12, 70, 148. 

Timée, 44, 45, 48, 49, 177; 
217, (2 64) à 271 γ 2745 2 75- 

Tinctoriat (art), 242. 

— esprit, 276. 


— matière, 243. 


: 
243. 
Li 


T'itanos, 232. 


250. 


græcæ, Ill, 


1790; 


— pouvoir, 


Tithymale, 24. 
Toison d’or, 101. 
Topaze, 232. 
HHath} 517, 


269 


92993. 


32, 39, 64, 
— (V. Thoth.) 
Tout et un, 60, 135, 167, 168, 178, 

θῖν: 292; 200, 324, 358,208: 
Transmutation, 1x, XIV, XVI, 38, 50, 
53.54, 169, ‘72,2 7.» 7570, 
ἜΣ 88, 90, 91, 92, 134, 135, 
138, 144, 154, (161), 
208, 209, 215, 217; 227; 
230,299, 29/7 20e 2 
245, 240, 266, 277; 280, 2 
580; 2871 288, 515 N 517) 
326. 
Triade, 187, 300. 
Tribicos, 170, 338, 
Friceas 170; 202. 
Trinité, 204, 274, 330. 
Trismégiste, 21, — (V. Hermès), 
ΤΟΣ» 27e 
Trivalents, 305, 3006, 307, 


q 29 
130, 19, 


342, 991 


417 


Muilé, 270. 

Tungstène, 510. 

Turba philosophorum, 119, 143. 
Turin, 37. 

Tuthie, 118, 127, 186. 

Tutie, 207, 282. 

Tybi, Janvier, 33. 

Typhon, 32, 138. 


υ 


Un ef Tout. — (V. Tout.) 
Uranium, 310. 
Urine, 360, 361. 


V 


Valence, 305, 306, 307. 

Valens, 169. 

Valentin le gnostique, 34, 58, 182. 
Valentin (Basile), 45, 283. 
Valentiniens, 173. 

Valentiniens (écrits), 63. 

Valois, 72. 

Vapeur, 162, 336, 338, 351. 

Vapeur humide, 2 2766 

— sublimée, 260. 
Vapeurs (les trois), 


or-r 


Vatican, 06, 67, 355. 


Vauquelin, 226. 

Venetum, 126, 224. 

Venise, XL XVI, 4, 20,170. 

Venise (armes de), 347. 

Vénus, 187. 

Vénus et cuivre, 49, 244, 364. 

Vénus (planète), 74. 

— signe, 49. 

Vérité (évangile), 5 

Vérité (livre de), 
343, 344. 

Vermeil, 215. 

Verres, 29, 48, 68, 71, 753 76, 77» 
101, 140, 150, 176, 190, 234, 
238, 240, 271. 


LUE 
22, 54, 58, 183, 


[Ὁ 
SJ 


418 LES ORIGINES 

Verres bleu, 126, 219, 224. 

Verres (coloration), 123, 125, 194. 

Verres (colorés), 222, 223, 242, 244, 
2451278: 

Verre coloré en pourpre, 03. 

Verre (comparé à l’électrum), 217. 

Verre (fabrication), 30, 106, 126, 
185, 224, 336, 338, 341, 346, 
350. 

Verres grecs et romains, 220. 

Verre jaune, 232. 

Verres (lieux de fabrication), 
236. 

Verre liquéfié, 230. 

Verres reproduits, 230. 

Verre rouge, 232. 

Verre (science), 235. 

Verre vert, 126, 221, 224. 

Vertu (livre de la), 170, 183, 
341, 350. 

Vettius Valens, 109. 

Vienne, 96, 107, 190. 

Vifargent, 191, 208, 231, 274. — 
(V. Mercure.) 

Vigny (de), 18. 

Vin, 187, 270, 346. 

Vinaigre de plomb, 342. 

— divin, 343. 

Violarium, 158. 


29), 


238, 


Virgile, 217. 

Vitellius, 14. 

Vitreuses (matières), 243. 
Vitrification, 99, 2335. 
Vitrifiée (subtance), 220, 
Vitriol, 209. 

Vitruve, 157, 220, 244, 357. 


W 


Wattenbach, 97, 108. 
Wiedemann, 205. 


DE L'ALCHIMIE 


Χ 


Xanthosis, 35, 242. 
Xenocrate, 128, 142. 
Xenophane, 195, 258. 
Xerion, 243, 281, 330. 
Xerxès, 163. 

Xiphilin, 110, 248, 336. 


Ÿ 


Yun-fou-kinn-y (dictionnaire), 53. 


ΖΞ 
Zellen 152,257 
Zénon 143. 
Zinc, 225: 
Zodiaque, 51% 103, 1276; 151»; 
348. 


Zones (quatre), 34. 
Zoroastre, 47, 164, 166, 167, 
Zosime,: 8, 10, 13, 17,031, 24,523, 
24,26, 28, 59, 34... 38. 40; 41; 
43, 45, 47, 49, 55, 56, 58, Go, 
64, 73, 741 78, 83, 99, 100, 103, 
109, 119, (120), 121, 126, 128, 
131, 132003 4ue 139; 
1555 150 162; ta64; 
176, (177) à 187, 
193, 194, 109, 203 
207, 248, -252,425 
264, 269, 
286, 332, 
341, 342, 


ME 
591, 1992 


Le) 
156, 
166, 
191, 


Πὰν 
192, 
206, 
261, 
282, 
339, 


350, 


274, 2 
333343 
343518 
35%: 


INDEX DES MOTS 


Abandon, 1x. 

Abbé grec, 191. 

Abrégé du monde, 103. 

Abréviations, 112. 

Absolu (1), 260. 

Abstractions, 1x. 

Accomplie (œuvre), 338. 

Achat de manuscrits, 05. 

Actes, 281, 

Acte de l’inflammation, 267. 

Activité, 258. 

Additions aux manuscrits, 
103, 302, 346, 348. 

Adeptes, vur, 2, 6, 10, 17, 26, 45, 
47 147; 192, 198, 245, 280. 

Administration, 180. 


102, 


Adoration du serpent, 63, 136. 
Affinage, 344. 

Affinage de l’asemon, or. 

— de létain, 88. 

— de l’or, 84. 

Affinité, 272. 

Age de fer, 228. 

Agens, 286. 

Agneau pascal, 223. 

Agrégats d’éther, 310. 
Agricole, 51, 158, 187. 
Agriculture, 149, 158, 166, 188. 


Aigle (exposition sur l’), 165. 

Aiguière, 41. 

Alimentaire, 270. 

Allégories, 25, 60, 65, 66, 165, 179, 
181, 182, 193. 

Allégorique (langage), 45. 

Allusion, 68, 190. 

Alphabets magiques, 15, 
8350351; 

Altération, 240. 

Amalgame (moral), 247, 330. 

Ambassadeur, 166, 188, 191. 

Ame 165,70, 105,104, 25)2})275- 

Ames des choses, 272, 275. 

Ame et corps de la matière ; du cui- 
Vre, 270. 

Ame du monde, 2, 63. 


16; 395, 


Ames (composition), 45. 

Ame séparée du corps, 276. 

Amollir l’ivoire, 149. 

Amollir (les pierres), 249. 

Amollissement, 207, 345. 

Amour extracteur d’or, 85. 

— image, 84, 85. 

— mystique, 85, 85. 

— tyrannique, 85. 

Analogie, 294, 300, 310, 320. 

Analyse, 285, 292. 

Analyse chimique, 199, 219, 220. 

Analyse de la collection alchimi- 
que, XVI, 109. 


420 LES ORIGINES 


Anathèmes, 173. 

Ancêtres (livre des), 25. 

Anciens, 225, 238, 230. 

Anciens (auteurs), 100, 

Anciens (conceptions), 213. 

Anciens (idées des), 226. 

Angés,; 9, 40, 11, 12, (13, 17; 18, 
τὸ, 7151713, 197; 98. 199) 290. 

ANIMAUX τὍὺ;); 259,). 257. 258, 
263, 278. 

Animaux dorés, 345. 

Animaux (produits), 86. 

Anneaux concentriques, 342. 

Anneau magique, 50, 62, 84, 157, 
178, 189. 

Anneaux d’or, 213. 

Anneaux du serpent, 343. 

Annulaire, 284. 

Anonyme, 110, 121, 170. 

Antipathies, 157, 158, 167. 

Antiquité, vit, 80, 147, 148, 153, 
193, 209, 211, 248. 

Antithèses, 182. 

A peu près, 301, 305. 

Apocryphes, 11, 13, 28, 44, 45, 46, 
47, 58, 83, 139, 132, 141, 148, 
149, 152, 155, 150, 165, 166, 172, 
108. 

Apologie, 191. 

Apologistes, 635. 

Appareils, 16, 55, 104, 175, 170, 
207, 338, 342. 

Apparences, 
278, 283, - 

Apparences de la matière, 253. 

Appendices, xv. 

Applications, 1x. 

Approfondir, χα]. 

Approximatif, 301. 

Arbitraire, 301. 

Arbitraire divin, 10. 

Arbres, 11, 134, 263. 

Arbre du savoir, 17. 


DE L'ALCHIMIE 


Arcane, 106. 

Arche, 28, 55. 

Archéologie égyptienne, 23, 31, 

Archevêque, 20, 196. 

Architecte, 123. 

Arguments, 200. 

Armes peintes, 227. 

Armée de Desaix, 192. 

Arrangements, 263, 292, 294, 295, 
308, 312. 

Aromatique, 271. 

Art (agent), 254. 

Art (but de 1), 242. 

Art chimique, 240, 250. 

Art de faire de l’or, 348. 

Art hermétique, 44. 

Arts interdits, 12. 

Art (matière), 207. 

Artnié, 206. 

Art sacré, 23, 24, 26, 27, 38, 56,73; 
ἘΠ, I14, 1185, 120, MOD, 1071; 
192, 108, 109; 336, 340, 342; 
343. 

Art sacré (signes), 364. 

Articles de papyrus, 81, 84, 87. 

Artifices, 

Artificiel, 211, 238, 241. 

Artificiel (bleu), 220. 

Artificielles (émeraudes et pierres), 
71; 99, 101, 149. 

Artificiel (métal), 227. 

Artificiel (or), 48, 69. 

Artificielles (perles), 125. 

Artificielles (pierres), 213, 210, 220, 
278. 

Artificielles (substances), 224. 

Artisan, 272, 273, 278. 

Artistes, vIil. 

Assimilation, 238, 278. 


32 


9 9 υ D 
229 308 10 9, "1.5. 


Associations, 285. 

Association de connaissances, 235. 
Atelier, 237. 

Atroce, 100. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Atténuation, 91, 171, 280. 

Attribution des métaux aux pla- 
nètes, 40. 

— changements, 40. 

Augmentation, 170. 

Autel, 170. 

Auteurs grecs, 3, 4. — (V. Grecs.) 

Auteurs latins, 3.-— (V, Latins.) 


Authentique, 132, 148, 149, 150, 
150 τ75;) 177) 1.89: 

Aventures, 191. 

Aveugles, 165. 

Avidité, 230. 

Axiames,, δὲ; 74,134; 151, :105; 
107, 172, 173, 178, 179; 186, 


Bagues, 228. 

Bannissement, 170. 

Barbares, 188. 

Barrée (page), 340, 341. 

Barres d’or, 213. 

Bas (en), 135, 170. 

Beauté, 63. 

Bec en rigole, 236, 

Bibliothèques, ΧΠῚ, xvi, 4, 5, 8, 54, 
67, 70, 78; 80, 81,183,"95; 96, 
το; 19, τὅϑὲ 

Bibliothèque de Gotha, 06. 

— grecque de Fabricius, 47, 40, 06, 
ΤΟΣ το) 81; 360 1570 ΠΩ 
200. 

Bibliothèque Laurentienne, 354. 

— nationale de Paris, xt, 5, 

15527; 20,100: 6202700, 

09,07; 105; 100, τοῦ; 128. 129, 

135; 152... ἴθ8ν 1690, 789, 200, 

3.535.,..555». 598: 

de Pergame, 42. 

des Philosophes chimiques, 45, 

206, 243, 283. 


10, 


421: 


Bibliothèque  Ptolémaique, ou 
d'Alexandrie, 32, 42, 98, 196, 
Το; 00 395: 

— privées, ο5. 

— du Vatican, 96. 


— de Venise, 4, 16, 96. —\(Vaoir 
saint Marc.) 

— de Vienne, 96,354 

Bilingue, 80, 84, 170. 

Bizarre, 1x, 348. 

Blanc,, 35, 156, 194, 234; «238, 
242, 243. 


Blanc clair, 232. 

Blancs (corps), 232. 

Blanc d'œuf, 24. 

Blanche (concrétion), 365. 

Blanche (pierre), 233. 

Blanche (poudre), 161. 

Blanche (substance), 134. 

Blanche (terre), 233. 

Blanchiment du cuivre, 88. 

Blanchiment de l’étain, 80. 

Blanchiment (des métaux), 204, 

339, 341, 344, 
540, 349; 351. 

Blanchiment des perles, 125, 240. 

Blanthir, 13571171) 243,.244;0272, 
DT 

Blanchir le cuivre, 237. 

Blé δὲ: 

ΒΒ 18; 222. 

Bleu (armes peintes en). 

Bleu de cobalt, 220. 

— apyros, 220. 

Bleu imité, 220. 

Bleu (minéral), 212, 232. 

Bleu naturel et artificiel, 220. 

Bleu et or, 347. 

Bleu (verre), 126, 243, 224. 

Blocs, 210. 

BAS 065, 125. 2.10. 255... 2 7.25 5.5. 

Botaniste, 68. 

Bouquet de fleurs, 187. 


Ὁ 


336, 338, 


422 


Bourses, 213, 210. 

Bracelets, 11. 

Brillant, 226, 227, 235, 238, 243. 
Briques d’airain, 226. 
Briques d’or, 213. 
Brouillard, 266, 269, 365. 
Bruissement, 230. 

Brüûlé vif, 108. 

Brun clair (armes), 227. 
Brusques (sauts), 200. 

Brut, 226. — (V. Or, argent.) 
Butin, 212. 


Cabale, 53. 

Cabalistique, 16, 54, 60, 108, 348. 

Cadres, 311. 

Calcination, 70, 
208, 230. 

Calciné (or, argent, cuivre, plomb, 
étain), 364, 365. 

Calciné deux fois, 208. 

Calamine, 198. 

Calice, 41. 

Caractères écrits, 187. 

Caractères sacrés, 137, 256. 

Caractères symboliques, 184. 

Caractéristiques, 290, 333. 

Cardinaux (quatre points), 182. 

Cases vides, 107. 

Casques, 228. 

Catalogues, 115, 


162, ἼΘΙ, 207, 


253, 254, 335, 340. 
Catalogues des bibliothèques, 06, 
106, 107. 
Catalogue du blanc et du jaune, 
156. 
Catalogue des espèces, 155, 243. 
Catalogue des pierres gravées, 62, 
Catalogues (quatre), 184. 
Catégories, 253, 254. 
Cathédrale, 223. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Catholiques, 198. 

Causalité, 312. 

Causes, 240. 

Causes (quatre), 143. 

Cavernes, 250. 

Ceinture, 187. 

Célestes (choses), 16, 135, 170, 
187, 338. 

— divinités et métaux, 49. 

Célestes (phénomènes), vi. 

Central (feu), 267. 

Centre scientifique, 205. 

Cercles astrologiques, 35. 

Cercles concentriques, 
178, 338, 342. 

Cercles du serpent, 50, 251. 

Cérémonial, 41. 

Cérémonies, 158, 236. 

Cérémonie (livres portés en), 40. 

Cérémonies magiques, 84, 83. 

Cérémonies (maître), 41. 

Certitude, 312. 

Chair, 253. 

Chairs (dissolution), 270, 

Chaleur, 253, 320. 

Chaleurs spécifiques, 297, 298. 

Chaleur spécifique des éléments, 
318. 

Chaleur (théorie), 252. 

Chaleur (travail), 298, 

Chambres, 212. 

Chambre funéraire, 236. 

Chambres du trésor, 212. 

Changée en pierre (racine), 240. 

Changements, 75. 

Changements dans les attributions 
des métaux, 49, 50. — (V. Mé- 


δου). 


taux.) 
Changemerit des choses, 252. 
Changements des éléments, 
266. 
— des figures et des formes, 267. 
Changement de nature, 249. 


261, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Changement de sens, 217. 

Chanteur, 40. 

Chapiteau, 170. 

Chapitres à Théodore, 184. 

Ghar, 272: 

Char du serpent, 144. 

Charlatans, 1x, 2, 76, 77, 159, 182. 

Charlatanesque, vi, 245. 

Charmes mondains, 12. 

Charnelle, 333. 

Chasseur, 188. 

Chaud, 185, 290, 200, 2745275; 
992, 349: 

Chefs de file, 307. 

Chef-d’œuvre, 162, 

Chercheurs, 312 

Chiffre pour prévoir l'issue des 
maladies, 35. 

Chiffres (table), 85, 135. 

Chimériques, vir, 73, 159, 161, 245, 
240, 205; 32151297 

Chimie, passim. 

Chimie domestique de Moïse, 54, 

D ere 

fondée sur la synthèse, 241, 

285. 

— histoire, 50. 

Chimie minérale et 

200, 

— son nom, 27, 72. 

— organique, 241. 

Chimie (signes), 66.. 

Chimique (encyclopédie), 16.—{Voir 
ce mot.) 

Chimiques (taches), 103. 

Chimiste (le), 167.° 

Chose cherchée, 178, 181. 

Chorographie de l'Egypte, 41, 172. 

Chrétiens, 57,65, 67, 119, 121, 145, 
163; 0106; 186, 489; 1191 0106; 
197> 109, 200, 205; 274- 

Chrétiens (auteurs alchimiques), 
99; 102. 


organique, 


423 


Chrétien (prêtre), 131 
Christianisme, x1, 11, 605, 75, 8, 
1397, 179,101, 10: 
Christianisme (histoire), 

65. 
Chroniqueurs, 2841417 26,477, 
73, 76, 77. 
Chronographes, 26, 72, 164, 187. 
Giel, 97.13.10 1374256,:263. 
Ciel étoilé, 63. 
Cieux, 135. 
Cimetière, 236. 
Citoyen, 188. 
Citoyens massacrés, 197. 
Civilisation, 1, 18, 52, 247, etc. 
Civilisation détruite, 196, 197. 
Classification, 234, 298, 300, 303, 


62,04; 


306, 309. 
Classiques, 189. 
Clefs, 226. 

Clous, 226. 
Coagulation, 207, 249. 
Coction, 171, 239, 25 
Coction de l'or, 119, 
Cœur, 105. 
Cohésion, 269. 
Colère (arrêter), 84. 
Collection, χα], x1v, 348. 
Colliers, 219. 

Collyre, 224. 
Colonnes, 

Stèles.) 
Colorant (principe), 243. 
Coloration, 77, 249, 272, 340. 
Coloration de l'argent, 89. 


44. 


2 
2 
- 
92 


80, δι. 


Coloration de l’asemon, 215. 

Coloration des métaux, 71, 72. 

— de l'or, 91. 

Coloration stable, 277. 

Coloration des verres, 71, 03, 00, 
123, 1259, AO 220, τῆς 

Coloré par cuivre, 219. 

Colorés (minéraux), 210, 238. 


424 


Combinaisons, 240, 252, 263, 289, 
290, 294, 295, 296, 299, 305, 
318. 

Combinaisons numériques, 261. 

Combustible, 254, 284. 

Combustible (corps), 267. 

Combustion, 281, 320, 

Combustion (corps en), 267. 

leur matière, leur état sta- 
tique et dynamique, 267. 

Comestibles, 45. 

Commencement 
283, 284. 

Commencement des Êtres, 252. 

Commensurable, 317. 

Commentaires, 04, 186, 102. 

Commentateurs, 94, 102, 103, 116, 
(121), 128, 129, 130, 176, 108, 
200, 2071, 1(202)MAN205; 1282, 
342. 

Commerce des anges, 138. 

Compact, 261, 271. 

Compagnons de travail, 160. 

Compétent, 1x. 

Compilateur, 187, 200. 

Compilation, 09, 176. 

Complémentaire (avis), 338. 

Complété (exemplaire), 3 

Complication des discours, 259. 

Composés, 294, 208. 

Composés actuels, 316. 

Composés gazeux, 290, 300. 

Composition, 251, 317. 

Composition des âmes, 43. 

Composition des eaux, 170, 180, 
338. 

Compositions historiques, 102. 

Composition jaune, 24. 


(sans), 59, 180, 


36. 


Composition des manuscrits, 124. 

Compréhensif, 234, 267. 

Concentriques, 342. — (V. Cercles, 
anneaux, serpent.) 

Concile, 20, 204. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Concordance, 132. 
Concordance des textes, 94. 
Concrétée (notion), 273. 
Concrétion blanche, jaune, 365. 
Condensateur, 338. 
Condensation, 249, 289, 294, 206, 
207; 208, 200; 313, 314, 315% 
Condensé, 251, 252, 266, 260, 270, 
271, 206. 

Condensé (hydrogène), 203. 

Cône d'ombre, 205. 

Cône tronqué, 236. 

Confection (bonne), 344. 

Confondus (traités), 340. 

Confusion, 103, 224. 

Congélation, 260. 

Congénère, 232. 

Conjectures, 314. 

Constellation, 63. 

Constellé, 256. 

Constitution de la matière, 260, 
316. 

Constitution mécanique, 298. 

Constitution de l'or, 121. — (Voir 
Or.) 

Consubstantiel, 204. 

Consultation de la divinité, 84. 

Contes, 157, 193. 

Contemporaines (allusions), 199. 

Contradiction, 191, 310, 320. 

Conventionnels (noms), 145. 

Copistes, 16, 102, 129, 130, 130, 
152, A180; 1202, 4336; 13441340, 
348, 

Coprophètes, 160, 

Coquillage, 361. 

Coquille de l'œuf, 24. 

— calcinée, 24. 

— mêlée avec son contenu, 24. 

Corbeilles, 210. 

Corporel (état), 171. 

Corps, 9,05; 176: 

Corps et âme, 65. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 425 

Corps composés, 284, 285, “Ἱδδ,} Couples de dieux, 64. 

289. Couronne des philosophes, 177, 
Corps (constitution par éléments), 260. 

266. Couteaux, 226. 
— composition, 260, 268. Couvents, 202. 
Corps ou métaux, 134. Couvertes, 221. 
Corps humain, 42, 75. Créateur, x1v. 
Corps matériels, 76. Création, 51. 
Corps (métallique), 161, 208. Création continue, 252. 
Corps (quatre), 351. Crédule, 245. 
Corps sacré, 30. Crédulité, 185, 194, 206. 
Corps simples, 284, 285 (287), 289, | Créée (bonne confection de la 


200, 291 et suivantes, 294, 206, 
297, 208, 302, 312, 318. 

Corps simples connus et possibles, 
310) 511, 910. 

Corps simples, constitution, 315. 

— détruits, 317. 

— différence avec 
actuels, 316, 318. 

— fabrication, 321. 


les composés 


— transformés, 317. 
Corpuscules, 262. 
Corpuscules du feu, de l'air, de 
l'eau, 265. 
Corrosives (propriétés), 231. 
Corruptible (corps), 75. 
Corruption, 11, 18. 
Cosmogonies, 65. 
Cosmographie, 41. 
Coton (papier), 05. 
Couchant, 35, 64. 
Coudée, 41. 
Coudées (émeraudes de quarante), 
223. 
Couleurs, 149, 238, 239, 
Couleur blanche, 232. 
Couleurs changées, 104. 
Couleurs (deux), 242. 
Couleurs des métaux, 226. 
Couleurs (sept), 50, 276. 
Couleurs du serpent, 50, 61. 
Coupe, 179, 226. 


254, 278. 


chose), 123, 344. 
Creusets, 43, 53. 
Cri de l’étain, 208, 230, 280. 
Grime, 17, 19, τὸ; 1090. 
Cristalline (structure), 262. 
Cristallisation, 207. 
Cristallisé, 200. 
Criterium, 297. 
Critique, 2, 310. 
Croissant, 31. 
Croissant retourné, 1 
Croyances, 5, 33, 57, 
Cuir, 228. 
Cuirasses, 227. 
Cuisson, 71, 238. 
Culte sr, 47,74" 
Cultivés (esprits), 246. 
Curiosité, vil, IX. 
Cuvettes, 236. 


12 
65. 


Danger (maladie), 35. 
Date des ouvrages 
(98). 
Début double, 186. 
Décadence, 196. 
Decapage, 88, 89. 
Décevant, 283. 
Déchiffrer, xlr. 


alchimiques, 


426 LES ORIGINES 


Décoction, 360. 

Décomposé, 517: 

Décomposition, 252, 28 

Décomposition du es : 

Découvertes, 208, 311. 

Découverte d’un laboratoire, 236. 

Dédicace, 348. 

Déductions, v. 

Déesse multicolore, 210. 

Déflagration, 123. 

Degrés de l’autel, 180. 

Dehors (teinture du), 165 

Déluge, 10, 11. 

Démons, 9, 15, 25, 113; 193, 250. 

— leur commerce avec les femmes, 
9. 

Démon (bon), 137. 

Démonstration, 241, 207, 301. 

Denier de Judas, 174. 

Dénominations, 342. 

Dénominations de l'œuf, 343. 


Densité, 269. 


Densités gazeuses, 206. 

Dents (mal de), 336. 

Dents des pêcheurs, 197. 

Dépôts du Lac Supérieur, 225. 

Dépouillés (corps), 171. 

Dépouiller (les qualités), 276 

Dérivés des carbures, 302 

— des métaux, 113, 303. 

Destruction, 249, 263, 270. 

Destruction de la bibliothèque 
d'Alexandrie, οὗ. 

Destruction du Sérapéum, 106. 

— des temples, 191, 106, 107. 

Déterminé, 256. 

Déterminée (puissance), 2 

Détruits (corps simples), 

Devin, de 


53: 
ST 


Diable, 346. 
Dieu, 257, 259, 260, 265, 275 
Dieux, v1 15) 18; ΤῸ» 55: Ἧι 67, 


DE L’ALCHIMIE 


Dieux (culte, 30, 41. 

Dieux égyptiens, 64, 192. 

— hymnes, 40. 

Dieux inférieurs, 193. 

Dieu à tète de serpent, 84. 

Différences constantes, 303, 307. 

Différence des poids 
atomiques, 306. 

Digestion, 170. 

Digues du Nil, 197. 

Diminution, 170. 

Disciples, 150, 223. 

Discipline, 217. 

Disque, 31. 

Dissolution, 
559. 271) 


croissante 


76; 102; 
285, 345. 
Distillation, 162, 207, 231. 
Distillatoire (appareil), 207. 
Distillé, 270. 

Distinction entre les corps simples 
et leurs composés, 318. 

Diversité de conceptions, 232, 234. 

Divin, 257, 250, 260. 

Divin (le), 256. 

Divination par les songes, 85, 86. 

Divine 118, τᾶς 

Divines (choses 

Divine (eau), : : res Eau.) 

Divinité, 167, 333. 

Divinités célestes et métaux, 49. 

Divinité consultée, 84. 


181; 2240; 


8) 2 
25 


Divinités funéraires (quatre), 34. 
Divinités du Tartare, οὗ. 
Doctrines vint, IX, XI, 248, 255. 
Documents, ΧΙ, ΧΙΙ. 
Dogmatisme, 320. 

Dogme, 188. 

Domestique (chimie), 123. 
Dorée (bande), 348. 
545. 
Dorure du fer, 346. 
(335): 


Dorure, 


Doublement, 
sis.) 


— (V. Diplo- 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 427 


Doublement de l'argent, xvi, 91, | Ecriture en lettres d’or, 30, 91, 92, 


240, 345. 05, 102,340. 
Doublement de l’asemon, Οἱ. Écriture des manuscrits, 97. 
— de l'or, 92, 119, 240, 344. Écritures des papyrus, 87. 
Doubler, 230. Écritures sacrées, 148. 
Doubler la matière, 70. Écritures (saintes), 9, 56, 204. 
Doute, 206, 288, 301. Écritures (vieilles), 38. 
Douze combinaisons, 275. Éditeur, xvir. 
— signes, 193, 276. Effacées (lettres), 347. 
Dragon, 58 (60), 114, 144, 181. Effervescences, 181. 
Dragon se mordant la queue, 24. | Efficace (travail), vu. 
Droit romain, 14, 72. Effigie, 214. 
Ductile, 241. Effluve, 258. 
Dupes, 76. Efluves sidéraux, 49. 
Durcissement du plomb, 88. Église, 173. 
— de l’étain, 89. Élastiques (cadres), 311. 
Durée (longue) de la vie, 344. Élèves, 42, 43. 
Dureté, 226. Emblèmes, 51,161, 74, 178; 250, 
Dynamique, 281. 284, 363. 
Dynamique (évolution), 267, 268. | Empereurs, 27, 57, 123, (139), 143, 
Dynamiques (hypothèses), 318. 106. 
Dynastie (xr1°), 10. Emphatique, 177. 


Empire (ancien), 22 
Empire romain, 2, 196. 


Embpirique, 248, 207. 

L Enchantemens, 11, 
Eboulement, 236. Enchanteurs, 17. 
EÉcarts, 311. Encre, 41. 
Echange incessant, 252. Encre rouge, 103. 
Echauffement, 258. Encyclopédies, 40, 78, 148. 
Éclair, 182. Encyclopédie chimique, 16, 176. 
Éclat, 217, 238, 290 Encyclopédie chinoise, 52. 
École d'Alexandrie, 42, 196. — hermétique, 21. 
École des hautes études (bibliothè- | Encyclopédie méthodique, τοῦ. 

que), 3. Encyclopédique (corps), 101. 
Économie, 344, 345, 350. Endurcir, 208. 
Économie domestique, 2. Énergie, 310. 
Écoulement continuel des choses, | Énergie (réserve), 290. 

2524 Enfans immolés, 198. 
Écrits sacrés, 30. Enfantillages, 157. 
Écriture ancienne, 346. Enfants de Dieu, το. 
Écriture effacée, 121. ΕΠ ΘΕ ΘΒ; 51H02 


Ecriture (invention), 30. Enfumé, 236. 


428 


Engloutir, 197. 
Énigmatique, 95, 165, 
Énigmatique (figure), 60. 
Énigmes, 25, 31, {110),° 130, 
(136), 137, 155, 160, 178, 
254; ,255. 343, 5348. 
Énigme sibyllin, xvr, (356). 
Ennemis brûlés, 197. 
Enormité, 240. 
Enregistrement, 170. 
Enthousiasme, 201, 312. 
Entiers (rapports), 200, : 
Époux (séparation), 85. 


333% 


205. 


Épreuve de pureté de l’étain, 88. 


Équation (racines), 316. 
Équilibres (état 4, 316. 
Équivalents, (289), 291, 
Équivoque, 256, 3o1r. 
Équivoques (sciences), vu. 
Érudits, 100. 
Escrocs, 77. 

Espace, 262. 

Espèces, 160. 

Espèces (catalogue), 155, 
Espèce complexe, 350. 
Espèces définies, 230. 
Espèce et genre, 206. 
Espèce multiple 182. 
Espèce (une), 351. 
Espèce (une) de teinture, 242. 
Espérances, 52, 100, 245, 289, 2€ 
Espérances coupables, 46. 
Espérances trompeuses, 14. 
Esprit, 191. 

Esprit humain, 1x. 

Esprit (pierre ayant un), 165. 
Esprit universel; 2 
Essence commune, 
De 


Essence unique, 251. 


299; 


2 


243. 


161. 
Essence (une), 


Etat actuel des corps, 267 
États g 
281. 


΄ 


énéraux de la matière, 


300. 


9 
59; 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


| Été, 105. 

Éteint (feu), 266, 267 

Éteinte (flamme), 268. 

Éternel, 251,258. 

Étiquette, 284. 

Étoffes, VII. 

Étoftes (teinture), 48, 68, 242, 243 

244; 245. 

Etoile du Chien, 35. 

Étoile à huit rayons, 63, 173. 

| Étoiles (observation), 11. 

| Être, 257, 262, 285. 

| Être ferme, se 

| Étude passionnée, 103, 

Évangiles, L30 1: 7ς 

Évaporations, 123, 102.100, 
207,5252, 998. 

Évêques, 20, 65, 86, 156, 176, 188, 
189; 191, 202. 

Évocation, 84 (δ 1521586 

| Évolution, vir, xv, 267, 268. 

Exceptionnel, xvir. 


3 


179; 


| Exécution, vi, xvr. 


Expériences, 212, 
| 


207 
Expérience réalisée, 2 
Expérimental, 312 
Expérimentateurs, 6, 
287. 
Explication, 249. 
Explications orales, 
Explosives (matières), 2 286. 
Explosives (sur la ᾿ς ma- 
tières), ἘΣ. 


97: 


2 
d 


201, 198, 263, 


25 


de 


| Extraction des métaux, 230. 


Extraits, 120. 


| Extraits et fragments, 100, τοῦ, 
107. 
Extravagants, 1x. 
F | 
Fable, 23, 56, 198, 
Fabrication, 48, 243, 288. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 429 


Fabrication des alliages, 87. 

— de l'argent, 88, 90. 

Fabrication de l’asemon, 88, 00. 

Fabrication des corps simples, 
SAT 

—delor, ΟΣ; 129; 130. 

Fabrication du tout, 350. 

Fabuleux, 160. 

Fac-similé, 81, 86, 97. 

Factice (métal), 218. 

Faiseurs d’or, 115. 

Falsification des métaux, 17. 

Familles, 308, 310, 311, 313. 

Familles naturelles, 288 (298). 

Fanatisme, 106, 197, 108. 

Fantaisie, 301, 310. 

Fantastique, 151. 

Fantômes, 84, 152. 

Fasciné, 201. 

Fatalité, v. 

Faux-monnoyeurs, 237. 

Fécond, 257, 258. 

Femelle, 170; 
338. 

Femelle (bleu), 220. 

Femmes, 138, 173. 

Femmes (commerce des anges), 9 à 


2 


15, 10. 

Femmes (maladies), 42. 

Femme philosophe, 250. 

Ferment des métaux, ΟἹ. 

Fermentations, 02, 241. 

Festin, 151. | 

Fêtes (jours), 41. 

Feuilles enroulées, 237. 

Feuilles d’or, argent, cuivre, étain, 
364, 365. 

Feuillets de garde, 103, 110. 

Fibres, 240. 

Fiction, 262, 320. 

Figures d'instruments, 104, 
170, 266, 338, 342, 359. 

Figuré, 262. 


- - - 
HS, 182, 205, 254, 


178, 


Filiation, vint, xtv, 250. 
Filiation des auteurs alchimiques, 


100, 210. 
Filiation des idées alchimiques, 
Die 


Filles des hommes, 10, 10. 

Filtration, 207. 

Fin des êtres, 252. 

Fin et principe, 

Fiole, 179, 363. 

Firmament (premier), 138. 

Fixation, 179, 207, 208, 243. 

Fixation du mercure, 
338, 346. 

Eixe, 2627 

Fixes (corps), 194. 

Fixer, 280. 

Flambeau de la pensée, 255. 

Flamme, 268, 363. 

Fleurs poétiques, 187, 

Fleuves, 263. 

Fluide, 253, 280, 320. 

Fluide impondérable, 267. 

Fonction commune, 234. 

Fonction (valeurs multiples), 316. 

Fond (teinture à), 244. 

Fond vitrifiable, 221. 

des corps, 205, 


SA 
125; 


Fond commun 
267. 

Fondamentale (matière), 205. 

Fontaine, 249. 

Forces actuelles, 286. 

Forces naturelles, vr. 

Forces physiques et 
200. 

Forces (transformation) 252. 

Force vive, 286. 

Forêts, 230. 

Forme, 258. 

— changement, 267, 272. 

— du mercure, 272. 


chimiques, 


Forme (dépourvu de), 265. 
Forme de la matière, 17, 


430 


Formules, 6o, 85, 178, 235, 249, 
342. 

Formule magique, 332. 

Formules des papyrus et des ma- 
nuscrits, 87. 

Formule sacrée, vi. 

Formule secrète, 270. 

Foudre, 240. 

Fouille, 236. 

Four, 236. 

Fourbes, 245. 

Fourmi, 193. 

Fourneaux, 43, 172, 
249, 260, 351, 353. 

Fourneaux (traité), 184, 351, 353. 

Fous, vin. 

Fraude, 158. 

Frimas, 270. 

Froid, 185; 291, 055,1274,392. 

Fruits, 263. 

Fumée, 250, 260. 

Funéraire, 236. 

Fusibilité, 208, 280. 

Fusibles (corps), 271, 273. 

Fusible (eau), 260. 

Fusion, 239, 253, 268, 269, 271, 
285, 340. 

Fusion accidentelle, 239. 

Fusion , de: Por, 1592, 
346. 


179, 236, 


190, 949, 


G 


Garde (feuilles de), 103, 110, 348. 

Gazeux (état), 253. 

Gazeux (volumes), 306. 

Généalogies, 11. 

Généralisé, vi. 

Générateur, 313. 

Générateur reproduit, 296. 

515807; 0000, 2 241: 
208, 301, 302. 

Générations humaines, 285. 


Génération, 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Génératrice, fonction, loi, 216, 285, 
300, 316. 

Générique, 143, 1063. 

Genèse des éléments, 287. 

Génies, 25, 34. 

Genre et espèce, 205. 

Genre humain, 51. 

Genre un, 182. 

Géographie, 41, 187. 

Géométrie, 1, 147. 

Géométrique, 261, 265, 200, 316. 

Géométriques (images), 206. 

Germination, 51, 167. 

Gloses, 176. 

Grammairien, 148. 

Grattée (écriture), 115, 348, 340, 350. 

Grillage, 194. 

Guérison, 235. 

Guerre, 212. 


Haches, 226. 

Haine contre la science, 12, 10. 

Hallucinés, 2. 

Harmonie, 63. 

Haut (en), 135, 170. 

Hérésie, 138. 

Histoire de la Chimie, 29, 180, 102. 

Histoire de notre temps, 100. 

Historiens, 5, 8, 68, 

Historiques (auteurs), 132. 

Historiques (données), 195. 

Huées, 105. 

Homme, 51. 

— produit l’homme, 52. 

Homme (abrégé du monde), 103. 

Homme (créé), 205. 

Homme d’airain, d’argent, d’or, 
60, 180. 

Homme brûlé (symbole), 59. 

Homme universel, 64. 

Homogène, 170. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Horloge, 40. 

Horoscopes, 40. 

Huit dieux élémentaires, 04. 
Huit minéraux, 212. 
Humide, 182, 250, 260, 274 
Hymnes, 40, 41, 65, 100, 3 
Hymne d'Hermès, 45, 134. 
Hypothèse, 292, 316. 
Hypothètique, 303. 
Hypothètiques (éléments), 310. 


43. 


2 
3 9 
29 
29 


Idées, 75. 

Idées (origine), vit, ΧΙ, ΧΠΙ. 

— chimiques, 1x, xiv, xv, etc. 

Identifiés (noms), 131. 

Identiques (poids atomiques), 203, 
294. 

Identité, 241, 317. 

Identité fondamentale, 315. 

Igné, 267, 333. 

Ignée (fusion), 253. 

Igné (remède), 172, 276, 277. 

Ignée (voie), 165, 253. 

Ignorance, 206, 288, 

Illimité (pouvoir), 274. 

Illusion, 212, 252, 300, 312. 

Images, 212. 

Image de la chimie, 285. 

Images des corps, 152, 

Image du monde, 204, 256. 

Image du serpent, 256. 

Imaginaire, 320. 

Imagination, IX, 99, 248, 265, 
θῶ, 312;310;0320: 

Imitateurs, 146, 150, 157, 200. 

Imitations, 140, 220, 221, 230, 240 
244. 

Imitation plus ou moins parfaite, 
224. 

Immanent, 200. 

Immergés (objets), 240. 


201, 


1 


Immobile, 251, 256, 257, 274. 

Immuable, 262, 274. 

Imiparfaits (métaux), 240. 

Imparfaite (teinture), 244. 

Impérative, v. 

Impérissable, 252. 

Impiété, 11, 17, 18, 10. 

Imposteurs, 245. 

Imprécations, 346. 

Imprégné, 248. 

Impuissance, 288. 

Inaltérabilité, 238. 

Incantations, 187, 235, 240, 270. 

Incendies, 197, 230. 

Incohérence, 124, 102. 

Incorporel, 258. 

Incrédulité, 153. 

Incréé, 252. 

Incrustante, 240. 

Incrustations, 210, 221. 

Indécomposable, 287. 

Indestructible, 262, 290, 310. 

Index, xvr. 

Indications générales, 110, (111). 

Indifférence de la loi scientifique 
ne 

Indigènes, 236. 

Individualité, χιν. 


τ 


Indivisible, 200. 
Induction, 230. 
Indulgence, xu1. 
Industrie, x, 1, 7 
49,108, γῶ, 212, 238, 243, 245, 
248. 
Industries chimiques, 235. 
Industriel, vi, ὙΠ, χιν, 286. 
Industriels (livres), 102, 
Industrielles, (pratiques), 150. 
Inéluctable, 289. 
Inférieurs (éléments), 182. 
Infini, 256, 257, 258. 
Inflammable (corps), 281. 
Inflammation (acte), 267. 


432 LES ORIGINES 
Ingrédient, 241. 
Initiateur, 163. 

Initiation, 23, 25) 138, 164. 
Initiés, 119, 129, 147, 148, 151, 
158, 160, 206, 249, 250, 255. 

Injection, 165. 

Inodore, 227, 265. 

Inscriptions, 3, 192, 193, 212, 214, 
218. 

Inscription du temple d’Isis, 38. 

Insécable, 262, 200, 

Insecte, 357, 361. 

Insomnies, 85. 

Instruments, 120, 172, 351, 353. 

Instruments (figures), (104). 

Instrument d'Hermès, 16, 110, 135. 

Instruments médicaux, 42. 

Instruments sacrés, 41. 

Instruments (traité), 184. 

Insurrection, 26. 

Intellectuel, ὙΠ, 257. 

Intensité, 280. 

Intercalaire, 348. 

Intercalation, 110, 332, 336, 343. 

Interlinéaires (additions), 103. 

Interlocuteur, 258. 

Intermédiaires, 256, 274. 

Intermédiaire (1), 259, 260. 

Intermédiaires, (nombres), 202. 

Intermédiaires (sciences), vi. 

Intermédiaires (termes), 399, 310, 
S nr. 

Interpolation, 102, 122, 140, 185, 
186, 190, 202. 

Interposition, 350. 

Interprétation, VII, 119, 227, 201) 
344. 

Interprétation des songes, 150. 

Interprète de la Bible, 56. 

Interversion des valeurs, 214. 

Intime (teinture), 242, 244. 

Invariable (poids), 287, 317 

7 


Invariables (propriétés), 270. 


DE L'ALCHIMIE 


Inventeur des arts et des sciences, 
30. 
Isolable, 315. 


Jalousie des Dieux, 25. 

Jargon, 181. 

Jaune, 35, 156, 219, 234, 241, 242, 
243, 200. 

Jaune (alliage), 226. 

Jaune (coloration 

Jaune (concrétion 

Jaune (eau), 345. 

Jaune (minerai) 134. 

Jaune d'œuf, 24. 

Jaunes (perles) 340. 

Jaune (verre, émail, etc.), 232. 

Jaunir, 137. 171, 243, 244: 

Jaunissement, 330, 344. 

Jeunesse, 240. 

Justice (attribut), 41. 

Justice divine, 255. 


) 
h 


E 


Laboratoires, 36, 129, 212, (235), 
236, 285. 

Laboratoire ancien, 3, 43, 236. 

Laboratoires detruits, 
108. 

Loboratoire de Memphis, 43. 

Laiteux, 232. 

Lames, 228. 

Langage, 1x. 

Langage (invention), 30. 

Lavage, 194. 

Légende, 14, 18,:5r, 193,123: 

Lettres magiques, 85. 

Lettres d’or, 30, 02; 124, 345, 346, 
347. 

Lettres (quatre), 64. 

Lettres rouges, 178. 


190, 107, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Levant, 64. 

Lexique, 230, 237, 340, 351, 354. 

Lexique alchimique, 32, 40, 50, 
51, (106), 114. 

Liaison, 265. 

Libations, 41. 

Liberté, vi. 

Lien; 274; 275. 

Lieux de la pierre philosophale, 
116. 

Limaille de cuivre, 220. 

Limaille d’or, argent, cuivre, fer, 
plomb, étain, 364, 365. 

Limite, 289. 

Limite des erreurs, 292. 

Liniment de cuivre, 80. 

Liquéfaction, 268, 281. 

Liquéfiable (matière), 268. 

Liquéfié (verre), 240. 

Liqueurs, 344. 

Liqueurs pour l'argyropée, 345. 

Liqueur d’or, 92. 

Liquide blanc et jaune de l’œuf, 24. 

Liquide (cofps), 156, 273. 

eau, 269, 270. 

élément, matière, 208, 268. 

état, 268. 

Liquidité, 231, 253, 281, 320. 

Liquidité (matière de la), 268. 

Liquidité métalique, 273. 

Liquidité otée, 280. 

Listes des alchimistes, 127, 
346, 342. 

Liste de corps, 155. 

Listes (dates), 129, 130. 

— des faiseurs d’or, 115. 

Liste de métaux, xvi, 48, 49, 11 

Liste des noms, 340. 

— planétaire, 113, 114. 

Listes des signes (113). 

Listes de signes juxtaposées, 112. 

Liste des titres des articles des 
papyrus, 81. 


125, 


433 

Littérature égyptienne, 44. 

Livres, 151. 

Livre de l’alchimie, 256. 

Livres anciens, 133. 

Livres disparus, 197. 

Livre écrit sur peau, τοι. 

Livres juifs, 57. 

Livres sacerdotaux, 41. 

Livres sacrés, 38, 30, 40 à 42. 

Livre très saint, οἱ. 

Livre du sanctuaire, 43. 

Livre secret de Moïse, 54. 

Livre du scribe, 41. 

Livres tirés des tombeaux, 
HD 4e 

Livre de la Vérité, 54, 58. 

Livres de Zosime (177). 

Logique, v. 

Lois, 42, 74. 

Lois contre les alchimistes et ma- 
giciens, 14, 20. 

Lois fondamentales, 312. 

Loi naturelle, 15, 301. 

Lois romaines, 27. 

— scientifique, 17, 248, 297, 320. 

Lumières, 119, 166, 201, 253, 268, 
320, 344, 350, 354. 

Lyre, 204. 


M 


Macération, 194. 

Maçonnerie, 228. 

Mages, 13, 46, 47, 52, 50, 148,153, 
163. 

Magie, vu, 12, 14, 15, 16, 10,. 20, 
23, 45, 46, 53, 63, 72, 74, 85, 
SO E30, 137, 110, 148,15». 77, 
181. 100,:245»»332, 558. 

Magicien, 193. 17; 20. 70; 775) 00; 
142, 149; 17... AD, τήδι 1595. 
163, 168, 169, 326. 

20 


434 LES ORIGINES 


Magique, 3, 11, 29, 47; 543 57; 59; 
Go, 61, 68, 114, 120, 124, 146, 
154,» 159) 154078 BNN 5 10. #19 
187, 236, 2790. 

— alphabets, 15, 16, 35, 36, 351. 

— Caractères, 16. 

— cercles, 168, 173. 

— cérémonies, 84. 

— conjuration, 32. 

— formule, xv, 15, 19, 27. 

— incantation, 10, 12. 

— inscription, 38. 

Magiques (lettres), 85. 

— livres, 14, 153, 261. 

— livres brûlés, 14, 20, 26. 

— papyrus, 84, 80. 

Magique (rituel), 84, 104. 

Magiques (signes), 363. 

Mains (ne pas toucher avec les), 56, 
172. 

Maîtres, 120, 151, 153, 167, 212. 

Maîtres de l’art, 128. 

Maîtres (vieux), 206. 

Majuscules, 347. 

Maladie, 2, 17, 35, 42, 52, 62, 120, 
135, 549065, 1605 .235;.. 346: 

Maladie (pronostic), 84. 

Mâle, 135, 170, 182, 205, 254, 336. 

Mâle (bleu), 220. 

Mâle et femelle, 34, 64. 

Malédiction, 12. 

Malheur (porter), 84. 

Malléable, 24r. 

Manifestations, 266, 295, 318. 

Manifestations des élémens, 268. 

Manipulation, 157, 177, 280. 

Manteau (ceux qui portent le), 42. 

Marginales (notes), 103, 340. 

Marié (évêque), 188. 

Marine (couleur), 3061. 

Marque, 214. 

Martelé, 102. 

Masque, 237. 


DE L'ALCHIMIE 


Massacres, 130, 190, 197. 

Masses, 210, 319. 

Masse chimique, 289, 308, 300. 

Masse inépuisable, οἱ. 

Masses moléculaires, 290. 

Matérialisé, 275. 

Matérialiste, 273. 

Mathématiciens, 13, 14, 130. 

Mathématiques, vi. 

Mathématique (analyse), 3106. 

Matériel (monde), vi. 

Matérielle (culture), vi. 

Matière, x1v, 75, 76, 1060, 179, 100, 
246, 249, 249, 250, 259, 200, 
262, 284, 286, 287. 

Matière (apparences et états), 253. 

Matière (constitution), xv, 0, 318. 

Matière des corps, 253. 

Matière doublée, 70. 

— ses équilibres, 316. 

Matière du feu, 267. 

Matière fondamentale et ses va- 
leurs; 280,873; 516: 

Matière du grand œuvre, 31. 

Matière humide, 63. 

Matière médicale, 16. 

Matière minérale, 117. 

Matière première, ΧΠῚ, 6, 251 (205), 
274; 2737270. 

— première des métaux, 282. 

Matière première multiforme, 
(315). 

Matière substantielle, 281. 

Matière (transformations), 6, 17. 

Matière (unité), 135, 315. 

Maudit, 145. 

Mécanique, 286. 

Mécanique chimique (essai), ΧΙ. 

Mécaniques (ouvrages), 184. 

Médecin, 68, 155, 176, 181, 101, 
205. 

Médecine, 2, 30, 37, 43, 43, 47, 
100, 166, 


INDEX ALPHABÉTHIQUE DES MOTS 


Médecine égyptienne, 42. 

Médecine (histoire), 200. 

Médecine universelle, 245. 

Médecine (vieille), vn, 

Médical, vi, 196, 197, 200, 204. 

— propriétés, 47, 136. 

Médical (calcul), 35. 

Médicale (formule), 60. 

Médicale (matière), 
187. 

Médical (sanctuaire), 40. 

Médicales (théories), 275. 

Médicaments, 20, 43, 235. 

Médicaux (instruments), 42. 

Médicaux (traitements), 235. 

Mélange, 241, 252, 261, 286. 

Mélange d'idées, 103. 

Mélange (préparation), 91. 

Mélange de la coquille et de son 
contenu, 24. 

Mementos, 103. 


OO AU A, 


Mémoires authentiques, 177. 
Mémoires spéciaux, 100. 

Mer, 265! 

Merveilles, 158. 

Mesures et poids, 110, (111), 173. 
Mesures, 340. 

Mesures de liquide, 346. 
Métamorphoses, 6, 17, 241, 270, 
284, 285, 286, 297, 317, 314. 
Métaphysique, 246, 250, 251, 260, 

275 277» 281. 
Métaphysique matérialiste, 273. 
Méthode, 207. 
Méthode expérimentale, 280. 
Microspique (examen), 224. 
Militaire, vi. 
Militaires (ouvrages), 187. 
Mines, 222, 224, 354. 
Miracle, vi, 18, 153, 240, 270. 
Miroirs, 226. 
Mise de feu, 267. 
Mobiles, 258, 262, 265, 260, 280. 


435 

Mobile (fond), 284. 

Mobile (principe), 252. 

Mobilité, 231, 270. 

Modernes, 225. 

Moderne (chimie), 211, 267. 

Moderne (Égypte), 237. 

Modification des propriétés, 241, 
242. 

Mœurs des initiés, des philosophes, 
110, 330. 

Moines, 101, 102, 103, 120, "121, 
164, 176, 192, 196, 197, 208. 

Moines chinois, 53, 

Mois, 67. 

Mois égyptiens, 31, (33), 111, 109, 
2927. 

Mois égyptiens et romains, 33, 345. 

Moléculaires, 206, 297, 298, 290, 
300. 

Moléculaires (édifices), 216. 

Molécule, 290. 

Mollesse, 228. 

Momentanée (existence), 314. 

Momies, 32, 153, 237. 

Monceaux, 

Monde, 178, 265. 

Monde inexpérimenté, 13. 

Monde (image), 24, 137, 204, 256. 
V. Univers. 

Monde moderne, 286. 

Monétaire, 214. 

Monnaie royale, 22. 

Montagne, 237. 

Monuments, 212, 213, 214, 219. 
510, 523} 224,1225,022 702308 

Moral (monde), v. 

Mors de cheval, 76. 

Mort, 154. 

Mort (pronostic), 85. 

Mort (mise à) des magiciens, 14, 
20. 

— prédiction, 35. 

Mortel, 172. 


212, 221. 


» 22 


450 


Mortelles, 185 . 

Morts, 165. 

Mortier, 181, 195. 

Mouvement, "253, 257,265, 2267, 
270, 286. 

Mouvement caractéristique, 318. 

Mouvement d'ensemble, 290. 

Mouvement permanent, 310. 

Mouvement (toujours en), 178. 

Mue des serpents, 152. 

Muets, 1065. 

Multicolore, 179. 

Multicolore (déesse), 219. 

Multiforme, 315, 317. 

Multiples, 289, 290, 292, 203, 206, 
207,300) HET 312513, 91 

Multiple (principe), 256. 

Multiplication de l'or, 02. 

Multiplicité, 318. 

Multiplicité des paroles, 254. 

Multiplier, 240. 

Musique, 39, 40. 

Mutations chimiques, 204. 

Mystagogues, 170. 

Mystères; ν..2, 12,222 5%:255;020; 
65, 215; 197%, δα. 78,087 
182, 190, 351. 

Mystérieux, vi, vi, 83, 138, 201, 
244,256,1284, 332, 55:97: 

Mystérieux (alphabets), 35. 

— animal, 50. 

— arts, 18. V. Occultes. 

— dessin, 15. 

— stèles, 38. 

Mystique;tvr, vx te 705, Ὅι: 7, 
(o), 18, 22, 33, 37, 44, 45, 46, 48, 
50, 51, 58,61, 63,68, 76, 84, 85, 
102, 120, 154, 130, 146, 150, 151, 


[9] 


167, 176; 170; ἀϑ 9.55; 200; 
202, 207, 200, 215, 248, 251, 
δ, 277 270, 207: 515, 4645: 


Mystique (chimie), 122, 341. 
Mystique (demi), vi. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Mystique (formules), 16, 44. 
— traité, 122. 
Mystique (parenté), 
Mystique (procédé), 345, 346. 
Mythe, 17, 18, 19, 2 


65, 180. 

Mythiques, 132, (133), 137, 141, 
166, 167, 168, 175, 184; 226, 
201. 


Mythique (tradition), 101. 
Mythologie, 51,63, 180. 


N 


Naïveté, 206, 245. 

Natif (cuivre), 225. 

Naturalistes, 6, 143, 140, 153, 158, 
150, 255;r257; 900: 

Nature, xv, 51,150, γ) 4. 5465) 591) 
260. 

Natures (les), 160, 204, 187, 240, 
354. 

Nature (art de la), 250. 

Nature (axiomes), 124, 
109207: 

Natures changées, 240. 

Nature des choses, 170. 

Natures (deux), 178. 

Nature immaculée, 276. 

Nature minéraleet vivante, 204. 

Natures des natures, 100. 

Nature (œuvres de la), 9, 10, 12. 

— philosophie, χιν, (251) et suiv. 
259. 

Nature propre, 366. 

Nature (secrets), 250. 

Nature simple et composée, 277. 

Naturelles (actions), 224. 

Naturelle (histoire), 149. 

Naturelles (matières), 187. 

Naturel (métal), 208, 218. 

Naturel (or), 48. 

Naturelles (perles), 125. 


TON 


161, 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Naturelles (pierres), 213, 210, 220, 
278 - 

Naturelles (puissances), 158. 

Naturelle (science), 17, 18, 39, 147, 
204. 

Naturelle (substance), 241, 224. 

Nécromancie, 20. 

Nécropoles, 37, 236. 

Nœud des éléments, 191. 

Noir, 35, 242. 

Noir (cercle), 339. 

Noircir, 277. 

Noircissement, 345. 

Nom unique, 226. 

Noms (mille), 277. 

Noms multiples de l’eau divine, 255. 

Nombres absolus, 300. 

Nombres engendrés, 261. 

Nombres (propriétés), 291. 

Nombres sacrés, 34, 35. 

Nombres simples, 203. 

Nombres et unité, 274. 

Nomenclature, 110,(111), 115, 116. 

Nomenclature symbolique, 24. 

Nord, 35. 

Notation, 50, 51, 233. 

Notices des manuscrits, 105. 

Nolices imprimées, 107. 

Nuages, 251, 260. 

Numériques (combinaisons), 100. 

Numériques (rapprochements), 294, 
295, 296, 301, 302. 

— différences, 303. 

Numériques (relations), 275. 

Numérique (tableau), 308, 
346. 

Numérique (valeur), 289. 

Nutrition, 275. 


309, 


O 


Obélisques. 32, 38, 137, 222,256. 
Objet cherché, 255. 


437 

Objet spécial, 199. 

Objets travaillés, 213, 210. 

Obscure (partie), 162. 

Obscurité, XII, 194, 195, 358. 

Observations, 244. 

Obstacles à l’art, 206. 

Obstination, 282. 

Occulte (doctrine, science), 2, 11, 
13. 7. 10 20: 
45, 46, 47 52, 545773 1443 150, 
164, 189. 

— livres, 44. 


24, 20020, 000: 


Odeur des alliages, 227. 

Œuvre, vi, 201, 284. 

Œuvre accomplie, 64, 1335, 170. 

Œuvre divine, 120. 

Œuvre (grand), 31, 32, 37, 5 
0 ἐτ5. 102; 392. 

Œuvre du soleil, 155. 

Offrandes, 41, 212. 

Oiseaux, 258. 

Ombre, 250, 276. 

Ombre de la terre, 205. 

Omission, 1062. 

Omniscient, 58, 

Onction, 348. 

Opérateurs. 69, 235, : 

Opérations, νι, 45, 120, 
181, 207, 240, 277; 

Opérations (deux), 242. 

Oracle, 118, 193, 205, 2291, 544. 

Ordonnateur, 41. 

Ordre des métaux, 215. 

Oreilles du serpent (trois), 
342. 

Orfèvres, 76. 

Ornements, 11. 

Ornements sacrés, 41. 

Outils de fer, 228. 

Ouvrages attribués aux 
souverains, 28. 


59, 


anciens 


438 


P 


Paganisme, 3. 

Païens, 102, 119, 145, 163,166, 188, 
190, 191, 196, 197, 205. 

Païenne (culture), 199, 205. 

Paiens (ouvrages alchimiques), 98. 

Pains, 41. 

Palme, 40. 

Pâle, 238. 

Papier de coton, 95. 

Paradis terrestre, 17, 205. 

Parallèles' (composés), 294, 205, 
200. 

Parallèles (séries), 308, 300. 

Parchemin; 102, 108, 347. 

Parfait (corps), 284. 

Parfums, 265. 

Paroles divines, 30. 

Paroles magiques, 187. 

Particule, 290. 

Particules (dernières), 253, 208. 

Parure, 173, 210. 

Patron des alchimistes, 46. 

Pauvres et riches, 197. 

Peau (livre écrit sur), ror. 

Peau séparée des os, 180, 18r. 

Peaux (teinture), 123, 243. 

Pécheurs, 197. 

Peintres, 242. 

Peintures, 219, 227. 

Peinture des sourcils, 11. 

Perfection, 276. 

Perfection des métaux, 208. 

Périodique (différence), 309, 310, 
312. 

Périodique (génération), 266. 

Périodiques (séries), (302). 

Périssable, 257. 

Permanence, 251, 252, 310. 

Permutation, 263. 

Persécution, 2, 14, 130, 141, 198, 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Persistance, 246, 252. 

Personnages historiques, 145, 188. 

Personnes, xv. 

Perturbation, 301. 

Pesant, 241. 

Phénoménal, 253, 282. 

Phénomènes généraux, 251, 281, 
285, 287. 

— écoulement des, 252. 

Philosophe Anonyme, 115,— (Voir 
Anonyme.) 

Philosophes (assemblée), 119, 143. 

Philosophes grecs (142), 147, 103, 
195. 

Philosophes massacrés, 107. 

Philosophes (mœurs), 110. 

Philosophes œcuméniques, 101. — 
(V. Œcuméniques.) 

Philosophes (vieux), 137. 

Philosophie chimique, xv, 5, 273. 

Philosophie égyptienne, 42. 

Philosophie hermétique, 106. 

Philosophie supprimée, 197. 

Philosophique (œuf), 15, 115, 12 
etc. — (V. Œuf.) 

Philtre, 17, 84, 85. 


un 


Photographie, 3, 83, 87, 93, 1o1. 
327. 

Photogravures, xvi, 362, 364. 

Physicien, 250, 257, ‘260, ἡ 297, 


320. 
Physiologie, 284. 
Physique, 254. 
Physiques (propriétés), 160. 
Pieds d’or, 223. 
Pieds (quatre), 342. 
Pieds du serpent, 50. 
Pigeonnier, 65, 158. 
Pillage, 198. 
Pillés (objets), 237. 
Plaisirs mondains, 12. 
Plastique, 287, 258. 
Plaques, 225. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Plaques d’or, 213. 

Plats d’emeraude, 223. 

Plume du seribe, 41. 

Poètes alchimiques, τοῦ, 176 (121). 

Poèmes, poésies, poètes, 201, 228, 
255, 341, 340, 354. 

Poids et mesures (111), 116, 172, 
236, 346350; 355: 

Poids invariable, 287, 280. 

Poignards, 226. 

Poinçon, 347. 

Points cardinaux, 
dinaux.) 

Polygraphes, 100, 175, 176, 177. 

Polymorphe, 182, 278. 

Pompes, 41. 

Pondérables (corps), 282, 310. 

Pontife suprême, 41. 

Porte en bronze, 236. 

Poudre blanche, rouge, 161. 

Poudre coton, 234. 

Poudre mystérieuse, 120. 

Poudre d’or, 213. 

Pouvoir de la science, 274. 


34, 35.—(V. Car- 


Précieuses (pierres), 232, 233, 239. 
— (V. Pierres.) 

Précieuses (pierres) et métaux, 234, 
278. 

-- lieux de fabrication, 235, 236. 

— imitées, 240. 

Précieuses (substances), 213. 

Précurseur, 150, 285. 

Prédictions, 245. 

Préface, 110, 240. 

Prémices, 41. 

Préparation magique, 332. 

Préparation de l'or, 129, 130. 

Prescience, v. 

Prescriptions divines, 47. 

Prestiges, 245. 


Prêtres, 22,129, 20;:0147; t480r60), 
104, 169; 1705 180, 101) 4x0, 
το)». 108; 229; 299: 


ἀπε 


430 


Primitif (mouvement), 318. 
Primordiale (substance), 251. 


a 


Primordiaux (termes), 306, 307. 

Principes des choses, 105. 

Principes et éléments, 255, 256, 263. 

Principes, l’eau, l'air, le feu, 18 
terre, 257,258: 

Principe et fin, 255. 

Principe un ou multiple, 256, 256. 

Principe (serpent), 256. 

Procédés égyptiens et persans, 165. 

Procession, 40 à 42, 133. 

Produit sans perdre, 258. 

Professeurs, 42, 43. 

Profonde (teinture), 160. 

Progressions, 289, 302, 304, 309, 
510, SO 

Progression grande et petite, 307. 

Pronostic, 16. 

Pronostic des maladies, 85, 154. 

Prophètes, 28, 41, 47, 48, 128, 

128 000,172 ΠΟΘ, 20, 

Prophètes (moines), 197. 

Prophétesse, 118, 138, 17 

Propagation du feu, 267. 

Proportions multiples, 289. 


DO. 


Propriétés des choses, 291. 

Propriétés modifiées, 241, 242. 

Propriétés physiques, 308, 
ΘΤῸΣ 

Propriétés physiques et 
coordonnées, 303. 

Proscription, 13, 14, 20, 70, 135. 

Protecteur de l'Egypte, 137. 

Pseudonymes, 52, 71, 
(ri) τ 75: τοῦ. 

Publication, xvi. 

Puissance, VI, VIII, 180, 191, 245, 
297; 200: 

Puissance cachée, 178. 


ΕΝ 
209; 


chimiques 


Puissance créatrice, 60. 
Puissance (en), 253. 


440 


Puissance humaine, 1, 17, 18, 19. 
Puissance de la matière, 160. 
Puissances naturelles, 158. 
Puissance de l'or, 56. 

Puissances secrètes, 47. à 
Puits, 236. 

Pulvérisation, 239. 

Purification des métaux, 30. 
Purification de l’argent, 80. 

— de l’étain, 88. 

— du plomb, 87. 


Q 


Quadrangulaire, 258. 

Qualités, 75, 76, 241, 281, 282. 

Qualités contraires, 277. 

Qualités dépouillées, 276. 

Qualité fondamentale, 272, 273. 

Qualités particulières, 280. 

Quantité fixe, 319. 

Quatre bases, zones, divinités, 
vents, points cardinaux, etc., 34. 

— choses fondamentales, 34. 

Quatre classes, 253, 254. 

Quatre corps, 50. 

Quatre éléments, 64, 249 (252), 853, 
254. 

Quatre éléments, régions, saisons, 
276. 

Quatre éléments (travail des), 125. 

Quatre lettres, 64. 

— livres de Démocrite, 254. 

Quatre (nombre), 35, 37, 64, 83, 
182. 

— teintures, 35. 

Queue du serpent, 61. 


R 


Race, 172. 
Race d'Abraham, 56. 
Racine, 240. 


LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Racines (propriétés), 11. 

Raison des progressions, 304, 307. 

Ramollissement du cuivre, 89. 

Raréfaction, 249. 

Raréfié, 251. 

Rationaliste, 146, 147, 148, 153, 
279. 

Rationnel, v, vi, vu, 249. 

Ratures, 103. 

Recette contre les serpents, 65. 

Recette de Moïse, 54. 

Réactifs, 284. 

Réactions, 280. 

Récipient, 170. 

Reconstitution, 197. 

Réduction, 208. 

Réduction du cuivre, 225. 

Réelle (existence), 319. 

Réfutation, 206, 288. 

Régénération, 134, 208, 314. 

Régions du corps (quatre), 276. 

Règle du scrite, 41. 

Règle de la vie royale, 40. 

Règne de la nature, 300. 

Réguliers (degrés), 200. 

Reine, 1390. 

Relégation, 76. 

Religieux (cultes), 138. 

Religieux (rites), 37. 

Religieuses (conceptions, théories), 
V18,.6, 749 97 10m: 

Religieuses (doctrines), 53. 

Religieuses (formules), 235. 

— pratiques, 63. 

Religieuses (préparations), 30. 

Religion, 18, 20, 57, 66, 68, 107. 

— égyptienne, 37, 41, 44. 


| Remaniements, 185. 


Remédes, 17, 42, 187. 

Remède igné, 172. 

Remèdes (science), 235. 

Remède universel, 52. 
Répétition des opérations, 208. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Représentation, 262, 291. 

Reproduction des métaux, 240. 

Reproduction des verres, etc., 230. 

Résistance à l’air et à l’eau, 230. 

— aux agents, 283. 

Resserrés (termes), 311. 

Résurrection, ΧΙ, 74, 75, 76, 
181. 

Réunions secrètes, 145. 

Réussite des entreprises, 84. 

Révélation, 10, 22, 37, 30, 56. 

Rêves, rêveries, vin, 37, 285, 287, 
298, 207, 312. 

Révolte, 72. 

Riches et pauvres, 197. 

Richesses, 72, 73, 198, 204, 245, 
246, 286. 

Richesses enfouies, 70. 

Rituel, 154. 

Rituel magique, 164.— 

Rivières (lit), 230. 

Roche, 236. 

Roche (or de), 213. 
Rois 192; :(139),.+160, 
1814104) 207) 223; 

Rois d'Égypte, 26. 
Rois (fils des), 23. 
Rois des Juifs, 28, 
Roman, 202. 

Roseau pour écrire, 41. 
Rotation, 310. 

Rotation indéfinie, 284. 
Roues du char, 144. 
Roue à potier, 51. 
Rouges (armes), 227 
Rouge (couleur), 
Rouge (écriture), 338, 
Rouge (pierre), 172, 232. 
Rouge (poudre). 161. 
— verre, 232. 

Rouge (teinture), 123 
Royale (vie, règles), 40. 
Rubans, 237. 


166, 


(V.Magique.) 


441 


Rubrique antérieure, 233. 
Ruines, x. 
Ruine des temples, 196, 107. 


5 


Sables, 71, 75, 220 
Sacerdoce éxrptien, 39. 
Sacerdotale (discipline, 42. 
Sacerdotaux (livres), 41. 
Sacrés (caractères), 137. 
Sacrés (instruments), 41. 
Sacrée (œuvre), 51. 

Sacrée (substance), 30 
Sacrifice, 41. 

Sacristie, 2 
Sagacité, 2 
Sages, 131, 250. 
Sagesse, 250, 255. 
Sainteté, 118. 
Saisons (quatre), 


29. 


255 


270. 


Sanctuaire (livre du), 20, 38, 43. 

Sanctuaires, 36, 39, 42, 43, 99, 
180, 196, 100. 555» 250- 

— stèles, 30. 

Sanctuaire médical, 43. 

Sanglante, 333. 

Saturés, 306, 

Savants, 2, 20, 30, 65, 73, 235, 246. 


Savants du v° siècle, 108. 

Scandale, 223. 

Sceau (imprimé), 345. 

SCÉlÉTAT, 2: 

Scènes épouvantables, 197. 

Scepticisme, 160, 288. 

Science actuelle, 239. 

Science antique supprimée, 197. 

Science associée à la religion, 42, 
43. 

Science égyptienne, 29, 38, 39, 42. 

= française, 37. 

— impersonnelle, 40. 

Science moderne, 200. 


τὸ 


442 LES ORIGINES 

Sciences mystérieuses, 138. 

Science mystique, 204. 

Science de l'or, 250. 

Science (puissance), vu, 2 

Science sacrée, 73, 242. 

Scoliastes, 176, 198, 248. 

Scolie, 207. 

Scribe, 10. 

Scribe sacré, 41. 

Sec, 182, 250, 260, 274, 275, 343. 

Sécheresse, 253. 

Secrets, 145, 158, 171, 
237, 240, 550. 

Secrètes (doctrines), 22, 24, 25, 2 
46, 56. V. Occultes. 

Secrets (livres), 54, 133. 

Secrets (ouvrages\, 330. 

Secrètes puissances, 47. 

Séduction, 312. 

Séduisant, 3:10. 

Seigneur, 135. 

Seigneur des divines paroles, 30. 

Seigneur des Hébreux, 55, 58. 

Senatus consultes, 14. 

Sens changé, 220. 


1 
A 


Sens moderne, 104. 
Sens des mots, 04. 
Sens multiple, 230. 
Sens positif, 161. 
Sentences, 143. 
Séparation, 
Séparation des époux, 85. 
Sept, 62, 332. 
Sept (planètes, 
taux, etc.), 50, 
Sépulture, 236. 


252, 201, 209. 


couleurs,  mé- 


253, 276. 
Séries organiques, 302. 
Séries (quatre), 305. 
Sérieux (savants), 175. 


Serment, 25, 119, 138, 255, 332, 
339, 346, 351, 352 
Serrures, 226, 


Sexuel, 254. 


DE L'ALCHIMIE 


Signes, 15, 31, 50, 51, 61, 65, 66, 
337, 338, 342, 340. 

Signes alchimiques 
(364). 

Signes de l’art sacré (111). 

— astronomiques et alchimiques, 
50, 

Signes de la chimie, 334. 

Signe d’Hermès, 110. 

Signes traduits, 348. 

Signes du zodiaque, 193. 

Similitude, 300. 

Solde final, 183. 

Solides, 156, 265. 

Solide (état), 253. 

Solidité, x, 281, 320. 


(106), 178, 


Solution, 207. — (V. Dissolution.) 
Sommaires, 100, 
Songes, 10, 64; 152, 1801 397; 


348. 

Songes (divination), 85, 86, 

Sorcellerie, 11, 10. 

Soudure des métaux, 30, 345. 

Soudure d’or, 92, 93, 155, 222. 

Soudure de l'or et de l’argent, 124, 
364. . 

Soufle, 252. 

| Sources, xv, 5 (7), 180, 248. 

| Source intarissable, 205. 

Source sacrée, 60. 

| Sources (sept), 332. 

|— trois, 134, 332. 

Sourds, 165. 

Sous-multiple, 203. 

Souterraine, 250. 

| Spécialistes, 1x. 

Spécifiques (caractères), 254. 

Spécifiques (existence des corps), 
17, 

Spécifiques (mouvements), 318. 

| Spécifique (pesanteur), 241. 

| Spécifiques (propriétés), 239, 240. 

, Spectrale (analyse), 514. 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Spéculations gnostiques, 64. 
Sphérique (développement), 274. 
Stabilité, 283. 

Statique (état), 267, 268, 281. 

Statues, 43, 272, 278. 

Structure, 249. 

Structure des corps, 262. 

Sublimation, 207. 

Sublimé, 259, 260. 

Sublimée (vapeur), 336. 

Subrepticement, vir. 

Surcharges, 332. 

Substances, 117, 160, 207, 241, 
251, 292,202, 284, 340, 1393: 

Substances non contraires, 277. 

Substance première, 252. 

Substances subordonnées, 112. 

Substances (tableau), 233. 

Substantiel, 204, 253. 

Substantielle (matière), 281. 

Substantielle (réalité), 152. 

Substitution, 289, 302. 

SuCS, 270. 

Suc qui dissout les chairs, 270. 

Sucs des plantes, 17, 45, 149. 

Superficielle, 242, 244. 

Superficielle (teinture), 160. 

Supérieurs (éléments), 182. 

Superflu, 250. 

Superstition, 65. 

Support(des états de la matière), 253. 

Suppression de la science, 197. 

Surajouté, 281. 

Surcharges, 103, 332, 546. 

Surnaturel, vi. 

Symbole, 2,15,224,025, 51150; 61, 
6301, 65, 66; 68789; τὰν τα 9 
114, MID, 170,101, 22200207, 
273, 2709; 284, 316, 320, 

Symboles alchimiques, xvi. 

Symbole du monde, 137. 

Symbolique, 134, 160, 
355: 


184, 233, 


443 


Symbolisme, 50,251. 

Sympathies, 157, 158, 160, 167 

Sympathique, xti. 

Syncrétisme, 65. 

Synthèses, 241, 285, 292, 208. 

Synthétiques (expériences), 303. 

Synthétique (formation), 312, 316. 

Système, 
320. 

Système de la nature, 291. 


IS XV 200 9 912, 


ne 


Tables astrologiques, 35. 

Tables en chiffres, 85, 154. 

Table d'Emeraude, 45, 135, 223. 

Table de Démocrite, 86. — (V. Dé- 
mocrite.) 

Table d'Hermès, 35, 37, 45, 160. 
— (V. Hermès.) 

Table du livre des sages, 348. 

Table des matières des manuscrits, 
184, 339: 

Tableau de tous les corps, 507. 

Tableaux figurés, 213. 

MACDES 109, 27110 

Tangible, 265. 

Témoignages historiques (67). 

Température, 297, 298. 

Températures (hautes), 286, 314. 

Témelestx,,22, 26, 92; 95.) 4 20, 
151. τϑὸ; 1095 212; 2399: 

Temple d'Alexandrie, 191. 

Temple d’Ammon, 223. 

Temples (destruction), 196, 197. 

Temples (doctrines), 46. 

Temples incendiés, 197. 

Temple d’Isis, 38, 134, 192, 193. 

Temple de Memphis, 43, 120, 104, 
184. 

Temps (concours du), 224. 

Temps et lieux, 188. 

Temps (mesure du), 179. 


444 LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE 


Ténacité, 226 

Ténèbres, 63, 166. 

Théologie (théologiens), 102, 204, 
205, 250, 257, 260. 

Théories, xt, x1v, 4, 6, 37, 66, 67, 
109, 110, 201, 208, 200, 312, 
320. 

Théorie atomique (263). (V. Atome, 
Atomique.) 

Théorie mécanique, 252. 

Théoriques (traités) (116). 

Thèse platonicienne, 75. 

Théurgie, vir, 29, 145. 

Titre de l’argent, 214. — (V. Ase- 
mon.) 

Tombeaux, 67, 83, 193, 212, 221, 
222; 207 

Tombeau d'Osiris, 74. 

Tombeaux violés, 153. 

Toupies, 310. 

Tourbillon, 310. 

Tours de main, 02, 241. 

Touristes, 223. 

Toute-puissance, vi. 

Trace colorante, 243. 

Tradition, 138, 145, 150, 175, 237. 
248. 

Tradition mythique, ΤΟΙ. 

Tradition égyptienne, 30, 42. 

Traditionnelle, 48. 

Traductions, ΧΠῚ, 205, 200. 

Tragiques événements, 198. 

Traités mystiques, 120, 12r. 

— technologiques, 122, 120. 

— théoriques, 116, 121. 

Traité des poids et mesures (111). 

Traité protégeant l'helléniime, r92. 

Transcription, 82. 

Transcription grecque, 81. 

Transformation, xv, 248, 260 
270, 283, 287, 296, 318. 

Transformation des forces, 252. 

Transformations lentes, 224. 


, 


Transformation de la matière, 276. 

Transformations (sept), 50, 276. 

Transformés (corps simples), 317. 

Transformé (mouvement). 318. 

Transforme (tout se), 252. 

Transmission de l’alchimie, 205. 

Transmission des sciences, 176, 
204. 

Travail, 123. 

Travail des éléments, 125, 342, 343. 

Trempe du bronze, 103, τοῦ, 123. 
126009, 991. 

— -du-fer, -48,:103. 106, 126,.183, 
350. 

Trempe des métaux, 30, 241. 

Trempe (procédés), 340, 341. 

Trempe en teinture d’or, 92. 

Trésor, 223, 227, 250. 

Triangulaire, 258. 

Tributi222 273. 

Triomphe des chrétiens, 196, 197. 

Trois 4 trois, 275. 

Trouvaille, 83. 

Tuyau, 178. 

Tubes, 179, 338, 351, 363. 

Tutélaire (lien), 255. 

Types paléographiques, 97, 108. 

Tyrannie, 22. 


U 


Ultime support, 319. 

Un (art), 259. 

— Dieu, 250. 

— (principe), 257, 258. 

— le tout (axiomes), 260. 

Uniforme, 270. 

Unité, 182, 187, 274, 202. 

Unité fondamentale, 291, 292. 

Unités élémentaires, 316. 

Unité génératrice, 261. 

Unité dela matière "xn11, 158. 
(288), 315. — (V. Matière.) 


L à 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES MOTS 


Univers, vi, 45, 51, 61, 65, 134, 
279 

Univers (symbole), 15, 24. 

— théologique, 19. 

Université du Caire, 43. 

Utilité pratique, 199. 


V 


Vague des idées, 224. 

Vague (langage), 170, 251, 283. 

Vague des vieilles recettes, 24. 

Vaincus, 212. 

Vaincus calomniés, τοῦ. 

Valeur relative de l'or et de l’ar- 
gent, 214. 

Valeur des verres colorés, 723. 

Varribilité des propriétés, 220. 

Variantes, 06, 117, 274. 

Variation, 280. 

Vases de bronze, 236. 

Végétation, 167. 

Végétaux (produits), 86. 

Véhicule, 265. 

Vénéneuses (propriétés), 231. 

Vent, 266. 

Vents (quatre), 34. 

Véridique, 259. 

Vérifications, XVI, 202. 

Vérité cachée au peuple, 189. 

Vers, 336, 346, 348, 350. 

Vers politiques, 122, 202. 

Mert, 219, 222. | 

Vertes (cendres), 221. 

Verte (couleur), 222, 224. 

Vert de cuivre, 222. 

Vert (minéral), 213, 232. 


Vert pâle (verre), 224. 

Vertes (pierres), 123. 

Verte substance, 222. 
Verts(verres), 126, 921, 224, 249. 
Vertus, 160, 201, 206. 

— des pierres, vit, 47. 

Vertus des plantes, 11, 12, 47, 83. 
Vétérinaires, 158. 

Vibrations, 290. 

Victimes humaines, 108. 

Vide, 264, 309. 

Vides (espaces), 103. 

Vie, 60, 154. 

Vie (longue durée), 52, 123, 344. 
Vie et souffle, 178. 

Vie (prédiction), 35, 85. 

Vieillards (soixante-dix), 56. 
Vierge, 258. 
Vierge (terre), 
Violet, 35, 242, 290. 

Visible, 265, 310. 

Vision, 179. 

Vivant, 166. 

Vive voix, 162. 

Voix sèche, 220, 238. 
Volatil, 194, 207, 243. 
Volatilisation, 207, 260, 281. 
Volatilité, 253, 280, 281, 320. 


Volonté (bonne), vi. 


Voyelles (sept), 62, 332 
Vulgaire, 228. 


M 


εκ 42, 208. 
Yeux (maladies), 224. 


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© LE MANS. — TYPOGRAPHIE EDMOND MONNOYER, PLACE DES JACOBINS. 


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