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LES ORIGINES DE
LA FRANCE CONTEMPORAINE
PAR
H. A. TAINE
EXTRACTS WITH ANNOTATIONS AND
BIOGRAPHICAL SKETCH
BY
J. F. LOUIS RASCHEN
PROFESSOR IN LAFAYETTE COLLEGE
NEW YORK :• CINCINNATI •:• CHICAGO
AMERICAN BOOK COMPANY
Copyright, 1911, by
J. F. Louis Raschen
Entered at Stationers' Hall, London
ORIGINES DE LA FRANCE
E-P 6
INTRODUCTION
The raison d'être of this text is the recommendation of Taine's
Les Origines de la France Contemporaine, in sclected portions, by
the Modem Language Association of America.
Renan excepted, Taine has probably had the widcst circle of
disciples among the writers of France since the period of Roman-
ticism. This is due to his probity and, chiefly, to his new, striking,
and inspiring ideas which he had the gift to set forth in so brilliant
and lucid a style. As the work of his riper years, the Origines
enjoys the distinction of being not only of historical merit but aiso
of high literary worth, besides exhibiting the results of profound
psychological study. It is on thèse grounds that the text should
prove of ihterest and value to American students, either as an
introduction to French history, or as a stimulus to the finer appré-
ciation of classical French literature. If the book proves a help in
thèse directions it has not failed in its purpose.
The sélections presented hère comprise, in their order, the most
interesting chapters treated by their author. For the proper
understanding of the historical and political références and other
facts or names mentioned in the text, the explanatory notes and
the chronological table will be helpful. Grammatical peculiarities
and idioms hâve been referred to in the vocabulary.
At this place I take the opportunity to thank my esteemed col-
league, M. G. Reybaz, for his kind assistance in preparing the
manuscript and for reading the proof sheets.
J. F. Louis Raschen.
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l^arbarïi Collège l.iiirars
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3 2044 102 863 263
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LES ORIGINES DE
LA FRANCE CONTEMPORAINE
PAR
H. A. TAINE
EXTRACTS WITH ANNOTATIONS AND
BIOGRAPHICAL SKETCH
BY
J. F. LOUIS RASCHEN
PROFESSOR IN LAFAYETTE COLLEGE
NEW YORK :• CINCINNATI :. CHICAGO
AMERICAN BOOK COMPANY
Copyright, 1911, by
J. F. Louis Raschen
Entered at Stationers' Hall, London
ORIGINES DE LA FRANCE
e-p 6
INTRODUCTION
The raison d'être of this text is the recommendation of Taine's
Les Origines de la France Contemporaine, in selected portions, by
the Modem Language Association of America.
Renan excepted, Taine has probably had the widest circle of
disciples among the writers of France since the period of Roman-
ticism. This is due to his probity and, chiefly, to his new, striking,
and inspiring ideas which he had the gift to set forth in so brilliant
and lucid a style. As the work of his riper years, the Origines
enjoys the distinction of being not only of historical merit but also
of high literary worth, besides exhibiting the results of profound
psychological study. It is on thèse grounds that the text should
prove of ihterest and value to American students, either as an
introduction to French history, or as a stimulus to the finer appré-
ciation of classical French literature. If the book proves a help in
thèse directions it has not failed in its purpose.
The sélections presented hère comprise, in their order, the most
interesting chapters treated by their author. For the proper
understanding of the historical and political références and other
facts or names mentioned in the text, the explanatory notes and
the chronological table will be helpful. Grammatical peculiarities
and idioms hâve been referred to in the vocabulary.
At this place I take the opportunity to thank my esteemed col-
league, M. G. Reybaz, for his kind assistance in preparing the
manuscript and for reading the proof sheets.
J. F. Louis Raschen.
BIOGRAPHICAL SKETCH
HippoljTte Adolphe Taine, bom April ai, 1828, at Vouzieis,
Antennes, was the son of a hamster. His father, anxious to hâve
his son educated, instructed him in the éléments of Latin, while
an uncle who had spent some time in America undertook to teach *
■ the boy Engiish. But the father died early, leaving the boy and
his two older sisters to the care of the mother. The small family
moved to Paris in 1842 where young Taine entered a boarding
school, but was subsequently sent to the Collège de Bourbon.
His brilliant talents made him ezcel and during his last two years
there (1847-48), he carried off the honors in Rhetoric and Philos-
ophy. Because of this he became eligible to the École Nonnale,
the great training school of future teachers for the higher schools
of France. The intellectual atmosphère that prevailed there
proved to be a most powerful reagent for inquiring minds among
whom Taine soon came to be the leader. Hère he began those
processes of abstraction which hâve made him one of the keenest
minds of the âge. He attributes the secret of his success to the
power of concentration, and to the habit of making an abstract of
everything he read. His formula was: "Read every book of
importance, pen in hand; reduce eight chapters of your author to
eight pages; condense thèse into eight Unes; better still, if you can,
sum up your information in eight words!" It is readily scen
how he, by this method, was able to master in a few days what his
fellows could only master in weeks. This gain in time aflForded
him much opportunity for additional theological and philosoph-
icai studies among which were the Fathers, Descartes, Hegel, and
Condillac. Thus he acquired a vast store of knowledge which,
with his rhetorical ability, made him a dangerous opponent in
6 Origines de la France Contemporaine
debate. He loved knowledge not for its uses but for itself, and
under the libérai régime of the École Normale, where freedom of
thought and of speech prevailed, he soon developed ideas too
libéral for staid orthodoxy. The Minister of Public Education
scented rank materialism in the young scholar, and he promptly
refused him an appointment when he left the institution in 185 1.
The combined efforts of Guizot and Saint-Marc Girardin, how-
ever, placed him in a modest position. When he requested that
the appointment be somewhere in the North of France so that he
might be near his mother, the minister answered by sendlng him
to Toulon in the south. After four months he was transferred to
Nevers, to occupy the chair of Philosophy, înddentally "to wear
off his heretical notions.'* The proclamation of the constitution
of the Second Empire under Louis Napoléon was just impending
(Jan. 18, 1852) and the rector at Nevers had prepared an address
of felidtation to the new monarch. This circulated among the
faculty for their signatures. Taine, for political reasons, refused
to sign. In conséquence he was removed, four months later, to
Poitiers where new troubles were in store for him. After his
arrivai he was requested to write a panegyric in French or Latin
verse to the bishop of that city. His refusai to do this added
bittemess to the suspicion with which he was being regarded.
The govemment even sent a note threatening him with expulsion.
Probably to bring matters to a crisis, the govemment appointed
him, shortly after the incident at Poitiers, to an inferior position
in a primary school at Besançon. Nothing further was needed to
show what attitude his superiors assumed toward him a&d he
promptly resigned his govemment position. He had scarcely
entered upon his duties as a professor in a noted private school in
Paris, where his famé had preceded him but where his enemies
also followed him, when he was forced to resign. Such învidious
hounding led him to abandon teaching for a while and he devoted
himself to further studies at the Sorbonne. The three years
spent there in the company of kindred minds were among the hap-'
piest of his life.
Origines de la France Contemporaine 7
Taine finished the studies for his doctorate in 1853, and he
sent out his thesis on La Fontaine and his Fables in which he had
worked out his contentions on those three prindples which char-
acterize his investigations, viz., ail historical facts are explicable
from drcumstance, race and epoch. This work was followed by
an essay on Titus Livius, which was awarded a prize, also by a
philosophical discussion of the Eclectic Philosophers which is
included in his French Philosophers of the Nineteenth Century.
Further critical studies followed and in 1858 he wrote essays on
Macaulay, Thackeray and Dickens, to which, six years later, he
added excellent critidsms on Balzac, Racine, Jefferson, Marcus
Aurelius and others.
In 1863, the position of examiner in German in the Militaiy
Academy of St. Cyr was offered to him. That same year appeared
the ôrst three volumes of his famous history of English Literature,
the fourth volume of which followed a year later. The history is
realiy a séries of monographs and Is, perhaps, one of the most
interesting works on that subject written by a foreigner. When
it was offered to the French Acàdemy it was condemned as heret-
ical on the ground that it denied the freedom of the will, and
because it had commended the Book of Common Frayer. To the
crédit of the same body be it said that they honored themselves in
1878 by electing Taine to membership in the place of Louis Léo-
nard de Loménie.
. The high critical faculty of Taine was beîng recognized and the
École des Beaux-Arts, in 1864, secuied him for the professorship
of Aesthetics. The incumbent was required to lecture on Art,
its Philosophy and its Ideals. It is obvions that this would take
one far afield in the province of art. Taine's studies in Greek
and Roman, Italian and Dutch art exhibit the versatility of his
genius.
For a considérable time his literary labors were interrupted by
a nervous breakdown which requiied him to seek absolute rest.
In 1867 we hear from him again in his Notes sur Paris, ou Vie et
Opinions de Fréd, Thomas Craindorge, The year followîng the
8 Origines de la France Contemporaine
appeaiance of this work he married the daughter of a wealthy
merchant of Paris, Denuelie, and subsequentiy traveled exten-
sively in Germany, with the philosophy and literature of which he
had kept in touch. During a visit to England, in 1872, he de-
livered an address at Oxford which biought him an honoraiy de-
gree. The impressions received during that visit are ezcellently
given in his Notes sur V Angleterre,
Taine's magnum opus, on which he labored during the last
twenty years of his lif e, is Les Origines de la France contemporaine,
It is divided into three sections: L'Ancien Régime, La Révolu-
tion, and Le Régime Moderne. The last section was not finished
when he died in 1893 ^^^ ^^ ^^ brought to a conclusion by the
eminent historian A. Sorel. The work is only "the logical resuit
of the researches to which this passionate investigator has devoted
himself from his youth.'' With it begins that period of Taine's
activity that might well be styled ''sociological" (1870-1893),
having been preceded by one that was literary and historical
(1853-63), and one that was aesthetic (1864-1870). Like ail great
minds he had grown towards the end into a wider conception of
things, a modification which has been excellently stated by M.
Laborde-Milaà: "Suivant une courbe inattendue mais nette,
Taine a refait, avec moins d'angoisse apparente, le chemin de
Biaise Pascal; parti de la raison pure il a dû compter avec la raison
pratique; parti à la recherche du relatif, il s'est acheminé insen-
siblement vers l'absolu; occupé d'abord exclusivement du Vrai,
H a fini par se préoccuper du Beau et du Bien, élevant peu à peu
son regard vers la Notion Suprême qui lui eût permis de les unir
tous trois."
Because he was controUed by his three gênerai ideas, "Le
milieu, la race, le moment," from which he endeavored to explain
every historical fact, Taine has been charged with insincerity.
Nothing could be more unjust and the fine critic Emile Faguet has
conclusively shown that the controlling facuity of Taine was pxo-
bity, and that he hated sham and lying of every sort. If it appears
as thougfa he had sought out and quoted typical and striking ezam-
Origines de la France Contemporaine 9
pies to piove his contentions ak>ng thèse three prindples men-
tioned, it only shows that his prindples were insuffîdent to ez-
plain ail the facts and that in his considérations he had lef t out the
important factor, the personal élément. Once wedded to his prin-
ciples he was bound to reach those conclusions he has presented.
The chief def ect then in this work is that it is uncritical, though
its facts are ezceedingly înteresting. Petit de Jullevilie, recog-
nizing this f act, would propose to cail it TaUeau des abus de V ancien
régime et des désordres de la RêvduUan, But the defect of this
monumental work is compensated for by vivid and stirring de-
scription, and a lucid and pithy style, sparkling with brilliant ex-
pressions and terse sayings. Beside this it has the merit of having
paved the way for a sdentific and critical study of the French
Révolution.
The order of his works:
La Fontaine et ses Fables . . . 1853 (iSth éd. 1907)
Essai sur Tîte-Live 1855 ( yth éd. 1904)
Voyage aux Pyrénées .... 1855 (lyth éd. 1907)
Les Philosophes Classiques du
XIXe siècle 1856 ( 9th éd. 1905)
E^ssais de critique et d'histoire . . 1858 ( 6th éd. 1905)
Le Positivisme anglais .... 1864
Histoire de la Littérature anglaise . 1863 (i2th éd. 1905) 4 vols.
Nouveaux essais 1865 ( 8th éd. 1905)
Philosophie de Tart en Italie . . 1865 (i3th éd. 1907)
Voyage en Italie 1866 (i3th éd. 1907)
Notes sur Paris, ou vie et opinions
de Fréd. Thomas Graindorge . 1867 (i6th éd. 1907)
De ridéal dans l'art 1867
Phik)8ophie de Tart en Grèce . . 1869
De l'Intelligence 1870 (iith éd. 1906)
Le Suffrage Universel (pamphlet) . 187 1
Notes sur l'Angleterre .... 2872 (Z3th éd. 1907)
lo Origines de la France Contemporaine
Les Origines de la France contem-
poraine
Vol. I. L'Ancien Régime
Vol. 2-4. La Révolution . .
Vol. 5. Le Régime moderne .
Vol. 6. Le Régime moderne
(concluded and edited by A.
Sorel),
Derniers essais de critique et d'his-
toire
(26th éd. 1906) II vols.
187s
1878-1884
1890
1894
1894
Works of Référence on Taine:
Barzellotti, G. Ippolito Taine, Rome, 1895.
Dowden, E. Literary Criticism, Boston, 1895.
Faguet, É. Politiques et Moralistes du dix-neuvième
siècle, third séries, Paris, 1899.
Giraud, V. Essai sur Taine, Paris, 1902 (3d éd.).
Laborde-Milaà, A. Hippolyte Taine, Paris, 1909.
Lefèvre, É. Hippolyte Taine, Paris, 1904.
Margerie,A. de Hippolyte Taine, Paris, 1894.
Monod, Gabr. Renan, Taine, Michelet, Paris, 1894.
Montégut, É. Essai sur la littérature anglaise, 1863.
Sainte-Beuve, C. A. Causeries du lundi, tome XIII, 1857.
Nouveaux lundis, tome VIII, 1864.
Sorel, A. Études de littérature et d'histoire, Paris, 1901.
Hippol3rte Taine, sa vie et correspondance,
Paris, 1902-7, 4 vols.
CONTENTS
PAO a
Introduction 3
BlOGRAFHICAL SkETCH 5
I. L'Ancien Régime:
1. Le Roi 13
2. La Cour x8
3. La Vie de Salon 23
4. L'Esprit et la Doctrine. Rousseau • • • 34
5. Le Tiers État 40
6. La Misère 55
II. La Révolution:
1. L'Anarchie 62
2. Journées des 13 et 14 Juillet 1789 . . .71
3. Psychologie de la Révolution .... 83
4. Les Jacobins 89
5. Paris en 1792 99
6. Gouvernement des Bandes 107
7. Marat, Danton, Robespierre . . .120
8. La Disette et la Misère à Paris dans l'hiver 1794
à 1795 ......... 137
9. La Fin du Gouvernement révolutionnaire . . 145
III. Napoléon Bonaparte 151
Chronological Table 173
Index to Names 175
Vocabulary 177
LES ORIGINES DE LA FRANCE
CONTEMPORAINE
I. L'ANCIEN RÉGIME
I. LE ROI
En 1789, trois sortes de personnes, les ecclésiasti-
ques, les nobles et le roi, avaient dans l'État la place
émînente avec tous les avantages qu'elle comporte,
autorité, biens, honneurs, ou, tout au moins, privi-
slèges, exemptions, grâces, pensions, préférences et
le reste. Si depuis longtemps ils avaient cette place,
c'est que pendant longtemps ils l'avaient méritée. En
effet, par un effort immense et séculaire, ils avaient
construit tour à tour les trois assises principales de
10 la société moderne. —
Le plus énorme de tous les privilèges est .celui du
roi; car, dans cet état-major de nobles héréditaires,
il est le général héréditaire. A la vérité son office
n'est pas ime sinécure comme leur rang; mais il com-
15 porte des inconvénients aussi graves et des tentations
pires.
Deux choses sont pernicieuses à l'homme, le man-
que d'occupation et le manque de frein; ni l'oisiveté,
ni la toute-puissance ne sont conformes à sa nature,
20 et le prince absolu qui peut tout faire, comme Taristo-
^3
14 Origines de la France Contemporaine
cratie désœuvrée qui n'a rien à faire, finit par devenir
inutile et malfaisant. — Insensiblement, en acca-
parant tous les pouvoirs, le roi s'est chargé de toutes
les fonctions; tâche immense et qui surpasse les forces
5 humaines. Car ce n'est point la Révolution, c'est la
monarchie qui a implanté en France la centralisation
administrative. Sous la direction du conseil du roi,
trois fonctionnaires superposés, au centre le con-
trôleur général, dans chaque généralité l'intendant,
lo dans chaque élection le subdélégué, mènent toutes les
affaires, fixent, répartissent et lèvent l'impôt et la
milice, tracent et font exécuter les routes, emploient
la maréchaussée, réglementent la culture, imposent
aux paroisses leur tutelle, et traitent comme des
15 valets les magistrats municipaux.
Bureaucratie au centre, arbitraire, exceptions et
faveurs partout, tel est le résumé du système. Une
centralisation grossière, sans contrôle, sans publicité,
sans uniformité, installe sur tout le territoire une
20 armée de petits pachas qui décident comme juges les
contestations qu'ils ont comme parties, régnent par
délégation, et, pour autoriser leurs grappillages ou
leurs insolences, ont toujours à la bouche le nom du
roi qui est obligé de les laisser faire. — En effet, par
25 sa complication, son irrégularité et sa grandeur, la
9 généralité: "district of taxation" of whîch there were
thirty-five. In each of them was a chamber of fiscal offi-
cers known as the généraux de finance. At the head was the
intendant, assisted by the subdélégtiés, each. of whom was
in charge of a district known as the élection, not because
of popular vote, but because of certain fiscal oflicers called
élus.
20 les contestations . . . parties: see contestation.
L'Ancien Régime 15
machine échappe à ses prises. Un Frédéric II levé à
quatre heures du matin, un Napoléon qui dicte une
partie de la nuit dans son bain et travaille dix-huit
heures par jour, y suffiraient à peine. Un tel régime
5 ne va point sans une attention toujours tendue, sans
une énergie infatigable, sans un discernement in-
faillible, sans une sévérité militaire, sans un génie
supérieur; à ces conditions seulement on peut changer
vingt-cinq millions d'hommes en automates, et sub-
lostituer sa volonté partout lucide, partout cohérente,
partout présente, à leurs volontés que Ton abolit.
Louis XV laisse «la bonne machine » marcher toute
seule, et se cantonne dans son apathie. «Ils l'ont
voulu ainsi, ils ont pensé que c'était pour le mieux, »
ï5 telle est sa façon de parler quand les opérations des
ministres n'ont pas réussi. Il a beau sentir que la
machine se disloque, il n'y peut rien, il n'y fait rien.
En cas de malheur, il a sa réserve privée, sa bourse à
part. «Le roi, disait Mme de Pompadour, signerait
20 sans y songer pour un million, et donnerait avec peine
cent louis sur son petit trésor. » — Louis XVI essaie
pendant un temps de supprimer plusieurs rouages,
d'en introduire de meilleurs, d'adoucir les frotte-
ments du reste; mais les pièces sont trop rouillées,
25 trop pesantes; il ne peut les ajuster, les accorder, les
maintenir en place; sa main retombe impuissante et
I Frédéric II j the Great, of Prussia (i 740-1 786).
19 Mme de Pompadour (i 721- 1764): the notorious favorite
of Louis XV who, through her political influence, entangled
France in the Seven Years' War.
21 louis: hère and elsewhere louis d^oTj a former French gold
coin worth about 24 francs. It was first coined under Louis
XIII.
i6 Origines de la France Contemporaine
lassée. Il se contente d'être économe pour lui-même,
et laisse la voiture publique, aux mains de Calonne,
se charger d'abus nouveaux pour rentrer dans l'an-
cienne ornière d'où elle ne sortira qu'en se dislo-
5 quant.
Pour bien comprendre l'histoire de nos rois, posons
toujours en principe que la France est leur terre, une
ferme transmise de père en fils, d'abord petite, puis
arrondie peu à peu, à la fin prodigieuselnent élargie,
lo parce que le propriétaire, toujours aux aguets, a
trouvé moyen de faire de beaux coups aux dépens de
ses voisins; au bout de huit cents ans, elle comprend
27,000 lieues carrées. Certainement, en plusieurs
points, son intérêt et son amour-propre sont d'accord
15 avec le bien public; en somme il n'a pas mal géré,
et, puisqu'il s'est toujours agrandi, il a mieux géré
que beaucoup d'autres. De plus, autour de lui,
nombre de gens experts, vieux conseillers de famille,
rompus aux affaires et dévoués au domaine, bonnes
20 têtes et barbes grises, lui font respectueusement des
remontrances quand il dépense trop; souvent ils
l'engagent dans des œuvres utiles, routes, canaux,
hôtels d'invalides, écoles militaires, instituts de
science, ateliers de charité, limitation de la main-
2 Colonne: Charles Alexandre (1734-1782), Minîster of
Finance, reckless in policy.
23 hôtds dHnvaltdes: homes for vétérans. They were
founded as early as 1550 by Henry II. The Hôtel des Inva-
lides at Paris was built in 1670 by Louis XIV " pour assurer une
existence heureuse aux militaires qui, vieillards, mutilés, ou in-
firmes, se trouveraient sans ressources après avoir blanchi sous
les drapeaux ou versé leur sang pour la patrie."
24 la main^morte: dead-hand or mortmain, the inaliénable
L'Ancien Régime 17
morte, tolérance des hérétiques, recul des vœux
monastiques jusqu'à vingt et un ans, assemblées
provinciales, et autres établissements ou réformes
par lesquels un domaine féodal se transformé en un
s domaine moderne. Mais, féodal ou moderne, le
domaine est toujours sa propriété dont il peut abuser
autant qu'user; or qui use en toute liberté finit par
abuser avec toute licence. Pendant cent ans, de
1672 à 1774, toutes les fois que le roi fait une guerre,
10 c'est par pique de vanité, par intérêt de famille, par
calcul d'intérêt privé, par condescendance pour une
femme. Louis XV conduit les siennes encore plus
mal qu'il ne les entreprend, et Louis XVI, dans toute
sa politique extérieure, trouve pour entrave le rets
15 conjugal. — A l'intérieur, le roi vit comme les autres
seigneurs, mais plus grandement puisqu'il est le plus
grand seigneur de France. Marquons deux ou trois
détails. D'après des relevés authentiques, Louis XV
a dépensé pour Mme de Pompadour 36 millions, au
20 moins 72 millions d'aujourd'hui. Selon d'Argenson,
en 1751, il a dans ses écuries 4000 chevaux, et l'on
assure que sa seule maison ou personne «a coûté
cette année 68 millions, » près du quart du revenu
possessions of the king and the clergy. The référence hère is
to the manumission of serfs on the estâtes of the crown, ad-
vocated by Necker and put into efiFect in August, 1781. Serf-
dom was not abolîshed in France until 1789.
13 ne: hère expletive.
18 rdevés: se. de compte; see relever.
20 Argenson: Marc René Voyer de, Marquis (1694-1757),
statesman, writer, Minister of Foreign Affairs 1 744-1 748.
Taine quotes from his Considérations sur le gouvernement de
France (1764).
i8 Origines de la France Contemporaine
public. Quoi d'étonnant, lorsqu'on considère le
souverain à la manière du temps, c'est-à-dire comme
un châtelain qui jouit de son bien héréditaire? Il
bâtit, il reçoit, il donne des fêtes, il chasse, il dépense
5 selon sa condition. De plus, étant maître de son
argent, il donne à qui lui plaît, et tous ses choix sont
des grâces. — Necker, entrant aux affaires, trouve 28
millions de pensions sur le Trésor royal, et, sitôt
qu'il tombe, c'est ime débâcle d'argent déversé par
10 millions sur les gens de cour. Mais c'est sous Ga-
lonné que la prodigalité devient folle. On a fait
honte au roi de sa parcimonie; pourquoi serait-il
ménager de sa bourse? Lancé hors de sa voie, il
donne, il achète, il bâtit, il échange, il vient en aide
15 aux gens de son monde, le tout en grand seigneur,
c'est-à-dire en jetant l'argent à pleines mains.
II. LA COUR
Le roi a une cour, il faut qu'il la tienne. Tant pis si
elle absorbe son temps, son esprit, son âme, tout le
; meilleur de sa force açtiyeelld^e la force de l'État. Ce
20 n'est pas une petite D^ogne que d'être maître de
maison, surtout quand à l'ordinaire on reçoit cinq
:)./A>S£glÉ^J££ SQPJi9fe> Q9/S§ti» pt)ligé de passer sa vie en
«ipumic'ër ^**spec(a61e. A parler exactement, c'est le
métier d'un acteur qui toute la journée serait en
7 Necker: Jacques, a Protestant banker of Geneva who
became Minister of Finance in 1778. His Compte Rendu in
1781 revealed the frightful financial condition of the country
and led to the establishment of a constitutional government.
L'Ancien Régime 19
ir s(fi|enir (
et dgréT
scène. Poursqulenir ce fardeau et travailler d'ail-
leurs, il a fallu le tempérament de Louis XIV, la
vigueur de son corps, la résistance extraordinaire de
ses nerfs, la puissance de son estomac, la régularité
5 de ses habitude^^après luL sous la g^êyie charge, ses
successeurs se^ ^^yt o^oeiaillent. / Mais ils ne
peujpnt^V Tousfi|Cire; la représentation incessante
et jOTA?alie|e est inséparable de leur place et s'imj
à eux coDM mg un hab^^^oéjérnonie lourd
10 Le roi estœiV'd'oœi^er tôme^u|^| ^ ^ ,
conséquent de se montrer et depÉÇ^CT oé s2^ perspnni
à toute heure, même aux heures les plus intimes'
même en sortant^ ç^uilit, même au lit. Le matin, à
r heure qu'il amarqu?e d'avance, le premier valet de
15 chambre l'éveille: cinq séries de personnes entrent
tour àtoun pour lui rendre leurs devoirs^^^tcmpigue
Tasfës; il y a des jours oîi les saion^^uehte
pAivent à peine contenir la foule desTAiTOsansT» —
D'abord on introduit «l'entrée familière^)2^fants de
20 France, princes et princesses du p^^^'^^^trecela le
premier médecin, le premier Tttn^ien et autres
^j^rsonnages utiles. « JSaJs on fait passer la «grande
emlée »; ellexo3!^f(fenaTe g^ndfh agibgUa n, le grand
maître et le maître de lar^îrae^roDe, les premiers
25 gentilshommes de la chambre, les ducs d'Orléans et
13 à Vheure: Taine adds thîs note: Sous Louis XVI^ qui
quiUait son lit à sept ou à huit heures du matin, le lever était à
onze heures et demies à moins que des chasses ou des cérémonies
n'en avançassent Vinstant.
19 enfants de France: i. e., the king's own children.
25 Orléans: Philippe, duc d'Orléans (1640-1701), youngest
brother of Louis XIV, and ancestor of the présent house of
Orléans.
20 Origines de la France Contemporaine
de Penthièvre, q uek [|^ai aut ^ j y^g^f ^ ra t|-^ favori-
sés, les dames d'iionneiiîl ft Œaioiu'^cre la reine, de
Mesdames et des autres princesses, sans compter
les barbiers, tailleurs et valets (k^UisMMrs sortes.
s Cependant on verse au roi da J ^ ^pB l^/^^n sur les
/mains^ d a nsg^ ^ j ^ ^ ji ssiette de^?enneiypuis on lui
'^)rJiente*l^Kniue^irfait le signe de croix et dit une
^vj^nt tout ce monde, il sort de son lit.
Le grand chambellan et le
lo premier gentilhomme lui présentent sa robe de cham-
bre; il Tendosse et vient s'asseoir sur le fauteuil où il
doit s'habiller.^ A cet jnstSLnt, Importe si rouvre; uç
^ prière. Alors, devani
troisiènte'îlot péhètre,''^esrY<
et, du même coup, arrive un
i5j|e ryij:e^ m 4 dQ jms#et jS^iytsy, ^| | ^
C*i*^'S|ÎLnfe*aé?lff(gfl5^
s lies menus-piaisn-s, JéCtèurs let autres: la publi-
cité de la vie royale est teHre que nulle de ses fonctions
ne s'accomplit sans témoins. — Au moment où les
officiers de la garde-robe s'approchent du roi HP^fAfi^
20 rhabiller, le premier gentilhomme, averti par l'mifs- l^
sier, vient dire au roi les noms des grands qui at-
tendent à la porte: j^^t la ij^atrièmeenb^eAdite «de
la chambre, » pltt ^^ ftlk^ flye j£s ^K^^ "^^2V£%Et m.^mjt'
^rler des 'JRjMftameStH^ ^oftïaiVfeBiuse,
^sïapfssiers et autres valets, elle comprend la plupart
I Penihitvre: in the territory now called Côtes du Nord.
He was an illegitimate son of Louis XIV.
3 Mesdames: i. e., the eldest daughter of the king, and the
wife of the king's eldest brother. Generally appUed to the
princesses of the reigning house.
13 Ventrée des brevets: the réception of the one hundred
knights of the order of the Holy Ghost, founded in 1578 by
Henry III.
L'Ancien Régime ^ 21
des grands officiers, le CTandAuqfenier, les aumôniers
de quartier, le m^Sre ae cnapeUe, le maître de To-
ratoire, le capitaine et le major des gardes du corps,
le colonel général et le major des gardes françaises, le
5 colonel du régiment^du ro^ le capitaine des Cent
Sui^^^ le grand^ V^Mur; le "grand louvetier, le grand
/^•p^^fdïïj'le grand maître et le niaî^ed^cérémonie
le premier maître d'hôtel, le gran^'pS!netieml^^
bassadeurs étrangegs^iJes ministres et secrétaires
10 d'État, les iffî^ij^Lux oe France, la plupart des seif ^1 ^^
giieurs de âHHfue et des prélats. Des huissiers font
ranger la foule et au besoin faire silence. Cependa^^^
le roi se lave les^mah^ ^ ^jM nmence à se SH^féd^^^^
Deux pages lui otênt ses pant(t«sf^^ran^ ^pflitre
15 de la garde-robe lui tire sa c^L?ftîs^jfae qpii par la
aanc^ droite, le premier valet d^ il'J i>^f;L9?l5 i ^itlv^ kairi-*
Icne gauche, et tous deux la «mettent aun om-
cier de garde-r^|Ljpendant qu'unvaktde garde-
robe apporte lacnemîse dans un^uirtouxoe taffetas
20 blanc. — C'est ici l'instant solennel, le point cul-
minant de la cérémonie; la cinquième entrée a été
introduite, et, dans quelques minutes ^^ q uand le roi
aura pris la chemise, tout le demeurant des gens
connus et des officiers de la maison qui attendent
25 da ns l a galeck apportera le dernier flot. Il y a tout
un re^êment pour cette chemise. L'honneur de la
présenter est réservé aux fils et aux petits-fils de
5 Cent Suisses: the king's bodyguard. A similar body of
eight hundred men defended Louis XVI during the attack on
the Tuileries, August 10, 1792, and were killed by the mob.
Their heroism has been commemorated in the famous monu-
ment by Thorwaldsen, the "Lion of Lucerae."
22 Origines ^de laF|ance Contemporaine
France, à leur défaut! aux princes du sang ou légiti-
més, au défaut de ceux-ci au grand chambellan ou au
premier gentilhomme; notez que ce dernier cas est
rare, les princes étant obligés d'assister au lever du
s roi, comme les princesses à celui de la reine. Enfin
voilà la chemise présentée; un valet de garde-robe
emporte l'ancienne; le premier valet de garde-robe et
le premier valet de chambre tiennent la nouvelle, F un
par la manche gauche, Pautre par la manche droite,
lo et, pendant l'opération, deux autres valetsdexh^bre
i m^^mSÉÊ^^ ^pvant hii sa robe de chambre*fl2if8yee, en
>Ui|ttii^j|j^«^g paravent. La chemise est endossée, et la
toilette finale va commencer. Un valet de chambre
tient devant k jyy^Bflig^By > ^^ deux autres, sur les
15 deux côtésj ^cfflrent, siibesoin est, avec des flam-
beaux. Des valets de garde-robe apportent le reste
de rhabilkmenl: le grandMnaitre de garde-robe i
au roTIavi^ïiyç ji^taucorps, lui attaclj^
bleu, lui f^aJerépée; puis un valef*
20 cravates en apporte plusieurs dans unecoFESIIêT^
maître d^ ^arje -robe met au roi celle que le roi
choisit. Ensuite un val gt pro posé aux mouchoirs en
apporte trois dans une saucc|ipe, et le grand maître
de garde-robe offre la soucoupe au roi, qui choisit.
25 Enfin le maître de garde-robe présente au roi son
chageau^^l^gants et sa canne. Le {PJ^^jRt do rs à la
riielfe ae SOT lit, s'agenouille sur un cajrîSueoait sa
18 le cordon bleu: the blue ribbon to which was attached the
golden cross of the order of the Holy Ghost. Humorously it is
applied to a good cook.
26 à la nielle de son lit: i. e. the space between the bed and
thewall.
L'Ancien Régime 23
prièi^, Soldant qu'un aumônier à voix basse prononce
V0ra^!^r^iaesufnm, deus omnipotens. Cela fait, le
roi prescrit Tordre de la journée, et passe avec les
premiers de sa cour dans son cabinet où parfois il
5 donne des audiences. Cependant tout le reste att end^^
dans la galerie, afin de l'accompagner à la'BïftSe^
quand il sortira. — Tel est le lever, ime pièce en cinq
actes.
Frédéric II, s'étant fait expliquer cette étiquette,
10 disait que, s'il était roi de France, son premier édit
serait pour faire un audFattpîoui tiendrait la cour à
sa place; en effet, à ces oesœuvrlés qui saluent, il faut
un désœuvréou'ils saluent. Il n'y aurait jguMiii^
moyen de d^gagef le monarque; ce serait de reionfift
15 la noblesse française et de la transformer, d'après le
modèle prussien, en un régment laborieux de fonc-
tionnaires utiles. Mais, lant qk^a cour resta ce
ai^eUe est, je veux dire une escorte d'àpparateriine
^p^mr^e salon, le roi est tenu d'être comme elle un
20 décor éclatant qui sert peu ou qui ne sert pas.
m. LA VIE DE SALON
Par instinct, le Français aime à se trouver en com-
pagnie, et la raison en e^t^au'j^fait bien et sans peine
tou to;^l|a actJQgg^q Vié^vM m\^ ]k société. Il n'a pas
la mauvaipe nome qur^rae s^ voisins du Nord, ni les
25 passions fortes qui absorbent ses voisins du Midi.
Il n'a pas d'effort à faire pour causer, point de timi-
2 quœsuntusy deus omnipotensf (Latin) : " We pray, O God
Almighty!"
9 Frédéric II: cf. note, page 15, 1. i.
24 Origines de laJErance Contemporaine
dite naturelle à^ contraindre, point de préoccupation
habituelle à^^SfentSv II cause donc, à Taise et
dispos, et il epicouve du plaisir à causer. Car ce guj/ff-Q^
^luifaut, c'est un bonheur d'espèce ^p ai jticulièrenm,^
"^legâr, rapide, incessamment ^'renouvelé et varié, où
son amour-propre, tmitease&^ vives et sympathiques
facultés trouvent leurpatiîrefet cette qualité de bon-
heur, il n'y a que lé monde et la conversation pour
lafpjnQjr. Sensible conune il est, les égards, les
10 nfeaagemente, legjenîpi^sements. la délic ate Aji ^terie
sont l'airtiaSu nors duquel iiVespire avec pêînR| Il
souffrirait d'être impoli presque autant que de ren-
contrer l'impolitesse. Pour ses instincts de bienveil-
lance et de vanité, il y a dech ar m aitf e^ douceurs dans
15 l'habitude d'être aimabl^^âuSïu plÇs qu'elle est
contagieuse. Quand nous plaison sjf^pn j vgu^ ^ nous
plaire, et ce que nous donnons en pre^fiSSces, on
nous le rend en attentions. En pareille c^ojagme,
on peut causer; car causer c'est amuser ^uirui^en
aos'amusant soi-même, et il n'y a pas de plus vif plaisir
pour im Français. Ag^^ y nueuse, la conversation
est pour lui comme liwofl|)oui» UfaQJ jg^^Wf^dées en
ilerte, excité par i4^efayaS]tâ
lès circuits, d|s retoursi^pre^ô^^
as haut, à jS^g^ erre|pu surlesj!
""dans les txousV ni s'xmpetreroans les
ni demander aux mille objets qu'il
autre chose que la diversité et la gaieté de
leurs asgecJi^j^^^^
30 Ainsi aoue et disposé, il était fait pour un régime
qui, dix heuregparifj,jr, mettait les hommes ensem-
ble: le naturel^'imi^'est trouvé d'accord avec l'ordre
idées, il
avec des
25 plus bas.
L'Ancien Régime 25
social pour rendre les salons parfaits. En tête de tous,
le roi donnait Pexemple. Louis XlVavaiteujtputes
les qualités d'un maître de mais op^le^^jj^^aj^
sentation et de l!hos pj tolité, la cofeHqPenoSnceet la
5 dignité, Part de ERnager Pamour-propre des autres et
Tart de garden sa pl aç^ la galanterie noble, le tact
et jusqu'à P^remen! ae l'esprit et du k nga gi|.u((IL pt>^
parlait parfaitement bien; s'il fallait Dîtainer, s'il i^
faisait des plaisanteries, s'il daignait faire un conte,
10 c'était avec des grâces infinies, un tour noble et fin
que je n'ai vu qu'à lui. » « Jamaishom n(^ natu re
lement poli, ni d'ime politesse si to&ufl?e," lorr p|r
degrés, ni qui distinguât mieux l'âge, le mérite, le
rang, et dans ses réponses et dans ses manières. . . . •
15 Ses révérences, plus ou moins marquées, mais tou-
jours légères, avaient une grâce et une majesté in-
comparables. ... Il était admirable à recevoir dif-
férencient les saluts à la tête des lignes de l'armée et
aux revues. Mais surtout pour les femmes, rien
20 n'était yreik^. ^^ Jamais il n'a passé devant la
moindf^frSfte "sans ôter son chapeau, je dis aux ^ a
femmes de chambre et qu'il connaissait pour tel-â^^ \^
les. . . . Jamais il ne lui arriva de dire rien de cfeo^^^^^
bligeant à personne. . . . Jamais devant le monde
25 rien de déplacé fide hasardé, mais, jusqu'au moindre
geste, son*lSîarcner, ^^ftf' Çft:1f,*t()ûte sa contenance,
tout mesuré, tout décent, noble, grand, majestueux et
toutefois très naturel. » — Voilà le modèle, et, de
'^•^jflfes ou de loin jusqu'à la fin de l'ancien régime, il est
30 suivi. S'il change un peu, ce n'est que pom-^yenir
plus sociable. Au dix-huitième siècle, sam flans les
jours de grand apparat, on le voit, degré à degré,
20 Origines de la France Contemporaine
descendre de son piédestal. Il ne se mit plus autour
de Im de «ces silences à entendre marcher ime
fourmi. » « Sire, disait à Louis XVI im témoin des
trois règnes, sous Louis XIV, on n'osait dire mot;
5 sous Louis XV, on parlait tout bas; sous Votre Ma-
jesté, on parle tout haut. »*— :_§j^ l^§yifl£^4^ perd, la
société y gagne; Pétiquette^ ISfliisffilgmln ^
laisse entrer Paisanœ et ^^^ëj^fj^^}i É Desormff^les
^M&l^^ 4y^t inoi n^mïc^^ de plaire, se
j£ de|o3m^ la moffc ^^^^ me d'un costume
•**êenaiu^ «ridicule, et îSfffercEeqt moins les respects
que les applaudissements. Il ne suffit même plus
d'être affable, il faut à tout prix paraître aimable à
ses inférieurs comme à ses égaux. » « Les princes
15 français, dit encore une dame contemporaine, meu-
rent de peur de manquer-degr^es ^» Jusques autour
du trône, «le ton est libiyi?n]TSï, ))1et, sous le sourire
de la jeune reine, la cour sérieuse et disciplinée de
Louis XIV se trouve à la fin du siècle le^^li^SfcV
20 gageant et le plus gai da> ylons. Par ceafe aeftnfe
universelle, la vie monoaine est devenue parfaite.
«Qui n'a pas vécu avant 1789, disait plus tard M. de
Talleyrand, ne connaît pas lidojicei^d|^vivre. »
Elle était trop grande, on n'eff'^outaft^'&s d'autre,
25 elLj prenait tout l'homme. Quand le monde a tant
cram'alis/on ne vit que pour lui.
En effet, dans aucun pays et dans aucun siècle, un
art social si parfait n'a rendu la vie si agréable. Paris
est l'école de l'Europe, une école d'urbanité, oîi, de
22 M. de Talleyrand: Charles Maurice (175 4- 1838), the
famous diplomat and statesman. Hîs memoirs were not pub-
lished until 1891.
L'Ancien Régime 27
Ru ssie .d' A Ue m ^ fte|(y Angleterre, les jeunes gens
vieRniSu^sSû^SSssir. Lord Chesterfield dans ses
lettres ne s?H3srpoint de 1^ îéfiâfeSàÉ?^ ^îfccSL^ ^^
pousser dans ces salons qui unoteront «sa roimie de
5 Cambridge. » Quand on les a connus, on ne les
quitte plus, ou, si on est obligé de les quitter, on les
regrette toujours. «Rien n'est comoarahlgi^it
Voltaire, A lajiouœ vie qu'on y mène ausSaoesarts
et d'uij^ f fifupL^Trânquille et délicate; des étrangers,
ic des rois ont préféré ce repos si agréablement occupé et
si enchgmtylr ^^^''Jh^^gS^t^ ^^^^ trône. ... Le
cœui^'T^aliolmet ^xdifsout/comme lesarp ^tesfej
' Rmaent doucement à im feu modéré et^'exIîMenfen
parfums délicieux. » Gustave III, battu par les
15 Russes, dit qu'il ira passer ses vieux jours à Paris
dans un hôtel sur les boulevards; et ce n'est pas là
-unCjSÎmple politesse; il se fait envoyer des plans et des
^^aevlsT Pour être d'im souper, d'une soirée, on fait
deux cents lieues. Des amis du prince de Ligne
?o<( partaient de Bruxelles après leur déjeuner, arrivaient
2 Lord Chesterfield: Philip Donner Stanhope, man of
fasbion, "mirror of politeness," orator (1694-1773). He wrote
Letters to His Son (1774).
8 Voltaire: his right name was François Marie Arouet
(i 694-1 778). The quotation hère is from La Princesse de
Babylone.
14 Gustave III: of Sweden (i 771-1792). In 1788 he lost
a naval battle to Russia and was forœd to relinquish his daims
on Finland. At the death of his father (1771) he was visiting
in Paris. For his attempt to suppress the aristocraqr he was
assassinated.
19 de Ligne: Charles Joseph (i 755-1814); died in Vienna as
an Austrian fieldmarshal. He wrote Mélanges militaires, lit-
téraireSy et serUimentaires.
28 Origines de la France Contemporaine
à POpéra de Paris tout juste pour voir lever la toile, et,
le M)ectacle fini, retournaient aussitôt à Bruxelles,
""t^*(î8lnfant toute la nuit. » De ce bonheuc j^ant jeclyr-
ché, nous n'avons plus que des copies* înformS, et
5 nous en sommes réduits à le reconstruire par raison-
nement. Il consiste d'abord dans le plaisir de vivre
avec des gens parfaitei yent^jgqljs^^iyj^ laisir plus
pénétrant, plus continu, pm^mJpiiisSbl^ L'amour-
propre humain étant infini, des gens d'esprit oeuYent
lo toujours Jnvente|jau e lQ ^ (r^Srosqti le
satisf assS^ta^^^mfite mtfiï8ltme étant infinie, il
n'y a pas de mKÈLTC imperceptible qui la laisse in-
différente. Après tout, l'homme est encore la plus
grande source de bonheur comme de malheur pour
15 l'homme, et, dans ceten^s-là, la source toujours
coulante, au lieu d'^milpies, n'apportait qug /ies^ J
douceurs. Non seulement il fallait ne pas Hll/lei^
mais encore il fallait plaire; on était tenu d^^jbubJier
^oun lej autres, d'être toujours poig^eiaj^mSjl^ et
^^SnfipbS; de garder pour soi ses ^cyfftaf letes et ses
chagrins, de leur épargner les idées tristes, de leur
fournir des idées gaies. «Est-ce qu'on était jamais
vieux en ce temps-là? C'est la Révolution qui a
amené la vieillesse dans le iJgP^ Votre grand-père,
gs ffi|^lle> a été beau, élégant,'^OT^, gracieux, parfumé,
Jk^^'^oÇïftt, aimable, affectueux et d'une humeur égale,
' jusqu'à l'heure de sa mort. On savait vivre et
mourir alors; on n'avait pas d'in fi^imi];^^ ^BQf tMJ^ s.
Si on avait la go^^^^^i^ÛSJ^iîâîiSiiML^j^
|3<^ang tWih jrf iJi"°^^^^ SJon se* cacnarrd^ sSîhFtr par '
C*^ *^«HDonne 'èBAcaflon. On n'avait pas de ces préoccupa-
tions d'affaires qui gâtent l'intérieur et rendent l'es-
epaîsT^*
prit Spâls. On
comme de beaux
d'inquiétude et
demi-mort à uri
5 valait mieux mourr
son lit entremise
L'Ancien Régime v j ^9 - V
savait sgjrumer sans qu'il y parût,
erdent sans montrer
serait fait porter
assef On trouvait qu'il
ou à laj
lédie, que dans
ho]
l'auS
uangjKiéjar
Sni ou la
quand T
On était philosophe; on n^oûâit p
l'avait parfois sans en faire montre,
sage, c'était par goût et sans faire 1(
lo prude. On jouissait de la vie, et,
était venue de la perdre, on ne cherchait pas à di
ter les autres de vivr^ Le dernier adieu de mon vieux
mari fut de m'englger à lui survivre longtemps et à
me faire une vie heureuse. »
15 A la longue, le simple plaisir cesse de plaire, et,
si agréable (me soit la vie de salon, elle finit par
semblef^vTœ. iQuelque chose manque, sans qu'on
puisse encored^claîrement ce que c'est; l'âme
s'inquiète, et^jfifa JPgf^^ ec l'aide des éi^^
2o des artistes, elle va ^melerla cause de sonTnaîaise
jArtjficiel^t sec, voilà les
marqués qu'il
est plus parfait, et, dans celui-ci, poussés à l'extrême,
parce Q^^jL est^jrîvé au suprême raffinement. —
^^a'Q ^^y^r^^ est exclu; tout y est arrangé,
'^I»rete,nie décor, le costume, l'attitude, le son de
voix, les paroles, les idées et jusqu'aux sentiments.
«La rareté d'un sentiment vrai est si grande que,
14 heureuse: the quotation hère is from Contes d'une grande
mère by George Sand, as is also the quotation beginning on
page 30, l. 7. The vieux mari hère referred to is a man of
sixty-two, whom the grandmother married at thirty.
^8-fl**^
lïa^^lj^
l'objet de son secret d^r. Artificielet
deux traits du monde/Wattfint piîS*]
30 Origines de la France Contemporaine
lorsque je reviens de Versailles, je m'^êtemielque-
fois dans les rues à regarder un chien ^3h§ér un os. »
L'homme, s'étant livré tout entier au monde, n'avait
gardépûMSoL aucune portion i} ^ ga persor
^''ÇxfcivenaJicesTœmme autanf%e tmnes, avaienrer
toute la substance de son être et tout le détaiLdesgn|
action. «Il y avait alors, dit ime personne qurâréSi
cette éducatiox^nemanière de marcher, d e ^ ^s s|Dir ,
de saluer, c^hrefiSiass^son gant, de tenir sa tcfc'cneue,
10 de présenter un ob^, enfin une mimique complète
qu'on devait^ïSeigner aux enfants de très bonne
heure, afin qu'elle leur devînt par l'habitude une se-
conde nature, et cette convention était un article de
si haute importance dans la vie des hommes et des
15 femmes de l'ancien beau monde que les acteurs ont
peine aujourd'hui, malgré toutes leurs études^àj^jous^
en donner une idée. » — Ngiij|gwLleg|^n t ïe'aenOT^
mais encore le dedans étaffiaœciffil y avait une
façon obligée de sentir, de penser, de vivre et de
20 mourir. Impossible de parler à un homme sags^cse
mettre à ses ordres, » et à une femme sans «semjme
à ses pieds. » Le bon ton aya^ réglé d'avance toutes
les grandes et petites dâ^arc^s/Jg, manière de se
déclarer à une dame et de rcfii^re aWlc elle, d'engager
25 et de conduire un duel, de traiter un égal, un subor-
donné, un supérieur. Si l'on manquait en quoi que ce
f û t à ^e code universel de l'usage, on était «une
espèce» Tel homme de cœur et de talent, d'Argen-
j^ ^T^gà ^fyt si irnqgasaé^JLl^l^êteâ » J^jt rce que son origi
30 nairté cKpassâit le cadre cBnvënîi7 «Cela n'a pas de
nom, cela ne ressem bl e à^ Qe^g^^ tel est le blâme le
plus fort. Dans iPconœmecomme dans la littéra-
L'Ancien I^gime 31
ture, tout ce qui s^otrte cr un certain modèle est
rejeté. Le nombre des actions permises s'est restreint
5?JPi3t. l ^ iyEl]^£^à^ autorisés. Le même goût
/•^* Ipîll'eappaflf if nnuiafi ve en même temps que la
jl anguey et Ton agit comm»ott|écjit, selon des formes
'^SJ^JMses, d ans^yi c er c ie^!> ^4f w^^^y ^^^^ mx, Tex^ *,^^Aéu
centrique, nînjyff^u, le vif elap^pontané ne sdït de
mise.
— Le caractère du siècle reçoit alors son trait final,
ioet«rhomme sensible » apparaît. Ce n'est pas que le
3njde§gnœurs ^/ ^}Pf ^tfMfe^^t ; elles restent aussi
a^^^eg^ aussî^^sîpe!(B jusqu'au bout. Mais la
leauforise une affe^a^^^i^ouvelle, des effusions,
des rêveries, des ânâMrftsements qu'on n'avait point
15 encore connus. Il s'agit de revenir à la nature, d'ad-
mirer la campagne, d'aimer la simplicité des mœurs
rustiques,* de s'intéresser aux villageois, d'être hu-
main, d'avoir un cœur, de goûter les douceurs et les
tendresses des affections naturelles, d'être époux et
^opère, bien plus d'avoir une âme, des vertus, des
émotions religieuses, de croire à la providence et à
l'immortalité, d'être capable d'enthoTtsi^m e^ On
veut être ainsi, ou du moins on a laKHHîîé Œetre
ftf^,liti?f<^'^rteVkSi!?^lî on le veut, c'est à la condition
^^^f^us^ntenoue^iî^on^ sera pas trop dérangé de son
10 Vhomme sensible: the împressionist. Taîn^'s note upon
this is: " Pavènement de la sensibilité est marqué par les dates:
Rousseau, Sur P influence des lettres et des arts, 1749; Sur V iné-
galité, 1755; la Nouvelle HHoUse, 1759; Diderot, le Fils naturel,
1 759; le Père de famille, 1 758." A décade later, this same spirit
was manifest in Germany. Lessing called it Empfindsamkeit,
which is perhaps best rendered in Fnplish by "impressiona
bili.ty."
32 Origines de la France Contemporaine
train r)r(iïnaira et que leg^gjgati^^^^^ette nouvelle
ie^ôt^nt rien aux jo^^ffies ae Tancienne.
Rïssî r exaltation qui*c gp mence ne sera guère qu'une
ébullition de laxerveïle, et Pidylle presque entière se
5 jouera dans les salons. La littérature, le théâtre, la
peinture et tous les arts entrent dans la voie sentime nt j
our fournir à T imagination échauffée unepafîffe'
acïïce, et Rousseau prêche en périodes travaillées le
charme de la vie sauvage. ^£j£|iaj^ l^s détails de la
lovie privée, la sensibilité ^ig]^ s<|n emphase. On
bâtit dans son parc un petit temple à TAmitié. On
dresse dans son cabinet im petit autel à la Bien-
faisance. On porte des robes à la Jean- Jacques
Rousseau «analo|a^J2«nfmd^^
15 On choisit pourvoi ffure' <rcle?pouis au sentiiïient, »
dans igsq uelle§^ oft jjla^ le portrait de sa fijie^j^g^^j^
mèrejQesSÎTsefin, (^e*on chien, tout celao^anuoes
cheveux de son père ou d'un ami de cœur. » On a des
amies de cœur pour qui «on éprouve quelque chose de
20 si vif et de si tendre que véritablement c'est de la
passion, » et qu'on ne peut se passer de voir trois fois
<Vl tÊâ^^ii/l^)^i^^^'^^^^^^^'^^ ^^ d'obligation,
'^■^'^''^^éanmoins la Tmousseâe l'enthousiasme et des
grands mots laisse au fond des f^djf^I^ ^ résidu de
25 bonté active, de bienveillancf toMante/ et même de
15 des poufs au sentiment: "sentimental hairdress." Such a
headdress is described by Taine: that of the duchess of Chartres
"au fond est une femme assise dans un fauteuil et tenant un nour-
risson, ce qui représente M. le duc de Valois et sa nourrice; à droite
on voit un perroquet becquetant une cerise, à gauche un petit
nègre, les deux bêtes d'affection de la duchesse; le tout est entre-
mêlé de mèches de tous les parents de Mme de Chartres, cheveux
de son beau -père, cheveux de son mari, cheveux de son père."
L'Ancien Régime
33
bonheur, à tout le moins d'expansion et de f^cili^^^^^
La simplicité rentre dans les manières. On ne^ief^*^^
plus de poudre aux^etitsgarçons;
gïlSnsT puis les broderi es, ^SSêJ L^
p^'s rouges et Tépée, sauf lorsqu'ils sont en gmnâ
s quittent les
ouges et l'ép
On en rencontre dans les tw
nombre de sei-
puis les broderies, j
la
Frankly^gnjgros drap, avec im bâton^uiux%|ies
soulierÎQftîî^» Le goût nip|^us aux cascades, aux
statues, aux décorations Taïadsl et pompeuses; on ,
lo n'aime que les jardins anglais. La rein^£ajgaggeam^ A^^ê€M^
village ^ijMsypjRi P.^> « vêtue^ '^uji^ rcS^^ pSrcafe^
blaiMÎ^ffSfiSS^ de
e, » elléjpl^ne'dar
itje tombe partamiDcfOx, CDflimfnnrrard quii
15 s écailleiet laisse reparaître la vive couleur des émo-
tions naturelks»^ MiQâJ^délaïde prend im violon et
r absent pour faire danser des
Bourbon sort le matin in-
et «chercher des pauvres
La Dauphîne se jette à bas de
postillon blessé, un
Le roi et le comte
^d^e^JJgjfg^
remplace le |?ën<
paysannes,
cognîto
2oda]
soff'femrosse pour jsecmirir uy
paysan que l?SrffL reif^ra^
6 vêtus à la Franklin: Franklin had lived some years in
Paris. His simple fashion was copied because he was con-
sidered the incarnation of the "natural man."
II Trianon: i. e., the petit Trianow, a château near Versailles
buîlt for Mme. Dubarry by Louis XV, while the grand TrianoUj
built by Louis XIV, was constructed for Mme. de Maintenon.
The former was the favorite abode of Marie Antoinette.
16 Mme Adélaïde: eldest daughter of Louis XV.
22 le comte d'Artois: second brother of Louis XVI, who as-
sumed the title Charles X when he succeeded to the throne in
1824.
34 Origines de la Fraiipe Contempor^ne
d'Artois aident un charretier embourbé à dé^ger sa
charrette. On ne songe plus à se composer et à se
contraindre, à garder sa dignité en toute circoastagce^
à soumettre les faiblesses de la nature aux^iîpîncfô
S du rang. On ne cache plus ses larmes, on tient à
honneur d'être homme; on est humain, on se familia-
rise avec ses inférieurs. Un prince, passant une
revue, dit aux soldats en leur présentant la princesse:
«Mes enfants, voici ma femme. » On voudrait rendre
lo les hommes heureux et jouir délicieusement de leur
reconnaissance. Être bon, être aimé, voilà Tobjet
d'un chef d'Éjtat, d'un homme en place. Des ap-
plaudissements éclatent au théâtre lorsqu'un vers fait
allusion à la vertu des princes, et, un instant après,
15 quand une tirade exaljBjesAérites du peuple, les
princes prennent leufrcv^ncne de politesse en ap-
plaudissant à leur tour.
IV. L'ESPRIT ET LA DOCTRINE
ROUSSEAU
Retour à la nature, c'est-à-dire abolition de la
société: tel est le cri de guerre de tout le bataillon
20 encyclopédique. Voici que d'un autre côté le même
cri s'élève; c'est le bataillon de Rousseau et des socia-
listes qui, à son tour, vient donner l'assaut au régime
19 le hataiUon encyclopédique: Diderot and his collabora-
tors, d'AIembert, Holbadi, Grimm, Helvetius, Rousseau, (for
a short while only), etc., who represent the skepticism of the
eighteenth century in France. Their idéal was : Give the natural
man free sœpe! Their philosophy is contained in the 39 vol-
umes of the Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences,
des arts et des métiers (Paris, 1 751-1780).
établi. Larsape que
murailles semble plus
'Ancien Régime
35
•ratique au pied des
&e, mais n'en est que plus
efficace, et la machine de destruction qu'il emploie est
aussi une idée neuve de la nature humaine. Cette
5 idée, Rousseau l'a tirée tout entière du spectacle de
son propre cœur: homme étrange, original et su-
périeur, mais qui, dès l'enfance, portait en soi un
germe de folie et qui à 1 j i ^^ deyj^t fou tout à fait;
esprit admirable et mal nê/JuflîKt, fti qui les sensa-
lo tions, les émotipns et les ij^Mes étaient trop fortes; à
la fois aveugle^rpS&picace,xvéritable poète et poète
malade, qui, au lieu des choses, voyait sg^k^es.
vivait dans* un roman et mourut sousleSu|ffiraiar
qu'il s'était forgé; incapable de se maftnser et de se
»i5cradiMr|^prenant ses résolutions pour des actes, ses
^ '^fBSf espour des résolutions et le rôle qu'il se donnait
pour le cara ctère^ q u'il croyait avoir; ^^L^Ui^rfHBTgï,
portionné ^uJjrS^ÉgJ^rant du niop^^^ fe wtam
blessant, j^^Sfeêroflt ic^ji^sJ^rDomfs%i cheig in ;
2o ayant commis des e3bîVlcpji|es, des'vïftSJes^eîcies
crimes, et néanmoins gardant jusqu'au boi^lasjgg^^^^
sibilité déli^tû^et profonde, l'humanité, l'attSiSrîs^'
sèment, l^Jfi^des larmes, la faculté d'aimer, la pas-
ygion de la justice, le sentîmM^rpli^ieju
^^iasme, commeautant de'racift^
tou joiys laj^^généreuse pendant que-
^"^ranîKracavortSat, se déforment ou senéïfîssent sous
l'inclémence de l'air. Comment expliquer un tel
contraste? Comment Rousseau l' explique- t-il lui-
30 même? Un critique, un psychologue ne verrait là
qu'un cas singulier, l'effet d'une structure mentale
extraordinaire et discordante, analogue à celle
36 Origines de la France Contemporaine
d'Hamlet, deXh^tgrton, de WerÎMr, propreà la
poésie^mfprDpre a la vie ^ jLoyj^e au généralise: préoc-
cupé de soi jusqu'à la manie et ne voyant dans le
monde que lui-même, il imagine Thonmie d'après
5 lui-même et « le décrit tel qu'il le sent. » A cela d'ail-
leurs l'amour-propre trouve son compte; on est bien
lisfij^'être le type de l'honmie; la statue qu'on se
resse en prend plus d'importance; on se relève à ses
propres yeugCU^*d^i>eA se confessant, on croit con-
10 fesser le gfflWenmîîSm. Rousseau convoque les
générations wrkjjjgmpette du jugement dernier et
s'y présente "naf dlmeM; aux yeux des homn^ et du
souverain juge: «Qu'un seul te dise, s'il'TTJiyj^fes^^
meilleur que cet honmie-là! » Toutes les jÈcRSKures^
15 qu'il a contractées lui viennent du dehors; c'est aux
circonstances qu'il faut attribuer ses bassesses et ses
vices: ce Si j'étais tombé dans les mains d'un meilleur
maître, j'aurais été bon chrétien, bon père de famille,
bon ami, bon ouvrier, bon honmie en toutes choses. »
20 Ainsi la société seule a tous les torts. — Pareillement,
dans l'honmie en général, la nature est bonne. «Ses
premiers mouvements sont toujours droits. Le prin-
cipe fondamental de toute morale, sur lequel j'ai
raisonné dans mes écrits, est que Vhomme est un être
25 naturellement bon, aimant la justice et V ordre. U Emile/
I Chatterton: Thomas (i 752-1 770). An English poct
noted for hîs preœcity and impostures. He wrote the Rowley
Poems. — Werther: the hero of Goethe's sentimental novel
Die Leiden des jungen Werthers (1774).
24 Vhomme est un être. . . : On this point a writer in the
Reime de Deux Mondes 1889 (page 287) expresses himself:
" La doctrine de J.-J. Rousseau sur la bonté native de l'homme
a été tellement battue en bièche et détruite par Texpérience,
L'Ancien Régime
37
en particulier n'est qu'un traité de la bonté originelle
de r homme, destiné à montrer comment le vice et
Terreur, étrangersAsaxonstitulio^^ introduisent du
dehors et TaltèreniîflpHfêroJmï^i^V. . . La nature
5 a fait Thonmie heureux et bon, la société le déprave
et le fait miséraWe->^|T- Dj^pouillez-le^par kjMnâée,
de ses habitudesi^flî fel^^^ ses besoins s\|ttjîine^de
ses préjugés fauxfecanezies systèjnes^ientrez dans
votre propre cœur, écoutez le sl^Mïmèfit intime,
lo laissez-vous guider par la lumière de Tinstinct et de la
conscience; et vous retrouverez cet Adam primitif,
semblable à une statue de marbre incorruptible qui,
tombée d^nsuS^if^Ta^^ depuialongtemps
sous unê^^iOfiSd^jff^^ijfts et d?vfll^ mais qui,
15 délivrée de sa^aSeiBlïf^'iîfe, peut remonter sur son
piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute
la pureté de sa blancheur.
Rousseau est du peudget|iniest pas du monde.
Dans un salon il se trouWî:Sne: u i
user,
20 être aimable; il n'a de jolis mo^
rescaljtrî il se tait d'un air
et lie se^sauve de la^
^^^ (ftS'153Sta'3feÇ' de'Fûstre ou des sentences d^ ^
L'élégance lui déplaît, Ig^yxe l'incommode, la dq^^ ^^
25lîte^^lui semble un nîeiffionge, la conversation un
^4Î^^Sraage, le bon ton ime grimace, la gaieté une con-
^ntion, l'esprit une parade, la science un charla-
f e, la philosophie une affeçtaticm, les ^^urs un ^ f nxit^
/Tout y est factice, ^au^Sfraîl^Sftirdepu^^^^
toilette et la beauté des femmes jusqu'à
qu'on peut la considérer comme une des plus manifestes inepties
qui aient un moment abusé le ^enre humain."
38 Origines de la France Contemporaine
Pair des appartements et aux ragoûts des tables, le
sentiment comme le plaisir, la littérature comme la
musique, le gouvernement comme laJcJigion. Cette
- —P^ ^^^ ^'âBËlâSâu ^^ soirfcytn'est qu'un
Shoù^ment desin^s purexcités et serviles qui
s'imitent les uns les autres et se gâtent lesuys les
it[gspour arriver par le raflSnement OTmlSaî^^à
lui. Ainsi, par elle-même, la culture humaine est
m£i}xv2i^^^j^J^lTmts qu'elle fait naître ne sont que
10 des'occroissances ou des poisons. — A quoi bon les
-^jgijdgnces? Incertaines, inutile&,^il^ne sont qu'une
p^'^patire pour les di spi^^u^^y rostts^ « Qui voudrait
passer sa vie en destiHïescontemplations, si chacun,
ne consultant que les devoirs de l'homme et les be-
15 soins de la nature, n'avait de temps que pour la
patrie, pourjyjsmalbMjreux et pour ses amis. » — A
quoi bon les»b^mi^Sxrsr Ils ne sont qu'une flatterie
publique des passions régnantes. «Plusia^gmiédie
est agréable et parfaite, plus son effet est rnreSffi, » et
20 le théâtre, même chez Molière, est une école de
mauvaises mœurs, «puisau^U^cite les âmes perfides
à punir, sous le nom dêjsottre^ la candeur dgSfhony,
nêtes gens. » La tragédie, qu'on dit morale, œfense
en effusions fausses le peu de vertu qui nous reste
25 encore. «Quand un homme est allé admires de beUas
actions dans des fables, qu'a-t-on encore ^ilîger*ae
lui? Ne s'est-il-pas acquitté de tout ce qu'il doit à
la vertu par l'hommage qu'il vient de lui rendre?
Que voudrait-on qu'il fît de plus? qu'il la pratiquât
30 lui-même? Il n'a pas de rôle à jouer, il n'est pas
20 MoUère: Jean Baptiste Poquelin (1622-1673). The most
celebrated dramatist, actor, and writer of comeîdies.
L'Ancien Régime 39
comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe,
.,. i^^^y littérature, tout cela n'est bon qu'à
"ëHSmiàer et dissiper l'âme; tout cela n'est faitûue
pour letf)etrLta:oupeau d'insectes brillants et uffâwS^^
5 qui bbOraranent au sommet de la soc^té et SflMff "
toute la substance publique. — raTaîï oe sciences,
une seu le^t^nécessaif e, celle de nos devoirs, et, sans
tant de^utnftfé?^^d^udes, le sentiment intime
suffit pour nous l'SSftfnJf . — En fait d'arts, il n'y a
10 de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers
besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un
toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir,
des armes PWriî£Bs défendre. — En fait de vie, il
Lm ^ JJà^ ?^^l^ - j^ ^ A^îSE^ ^'^^ mène aux champs,
pi5stoA*app^^ famille, dans les occupa-
tions de la culture; sur les provisions que fournit la
terre, parmi des voisins qu'on traite en égaux et des
serviteurs qu'on traite en amis. — En fait de classes, il
n'y en a qu'ime respectable, celle des hommes qui
20 travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent
de leurs mains, artisans, laboureurs, leSjSejd&^fiW^ji^i/^
soient véritablement utiles, les seuls qui, TapprôcnésT^
^as^cjfvmmdeVéUit naturel garden^^^us^
^^j'^çnveioppe ruoejda chaleur, la bonté et la toiture (le*
25 instincts primitifs. — Appelez donc de leur vrai nom
cette élégance. 4ce lu: ^ j^^ jf / y^ ^anité, cette délica-
tesse littéraîréîœaéve^onaage philosophique que le
préjugé admire commaja^fleur de la vie humaine; ils
n'en sont que l^^Bi^^ure. Pareillement estimez à
30 son juste prix l ^^i^WP ^ÎT s'en nourrit, je veux dire
l'aristocratie désœimée, tout le beau monde, les .
privilégiés qui commandent et représentent, les oîsifsV^
40 Origines de la France Contemporaine
de salon qui causent, jouissent et se croient Télite de
rhuj^amté; ils n'en|SOTit que les parasites. Parasites
et îno^êîsmire, ruifatttre'rautre, et l'arbrejjf se por-
tera bien que lorsque nous l'aurons d?Barrassé de
5 tous les deux.
V. LE TIEJRS ÇXAg\
Un grand changement ^^^b^JX}i^ dix-huitième
siècledans la|CQ)|i4i^anj^inaef^ ^
a trs^^dMèytajSn gagné, i^argné, et,
tous les jours, il sjgigchk davantage. On peut dater
iode Law ce grand^^^aes entreprises, du négoce, de
la spéculation et des fortunes; arrêté par la guerre,
il reprend plus vif et plus fort à chaque intervalle de
paix, après le traité d'Aix-la-Chapelk^en 1748 après
le traité de Paris en 1763, et surtout a pCrm^ repie
TiTLE. Tiers Etat: the commons. They, with the clergy
and the nobles, formed the three social orders in France prior
to the révolution. Their aim was to ruîn the feudal aristoc-
racy, who were free from taxation, and whose îdleness they
were forced to promote by their taxes. Another name for tiers
état was état commun and le commun,
10 Law: John Law, financier and projector of financial
schemes. Référence hère is to the founding of the Banque Gén-
érale, later Banque Royale, and the conséquent issue of paper
currency of which he became the ardent advocate; also the
gaining control of the Louisiana Territory for colonization and
trade, known as the Mississippi Scheme.
13 le traité d' Aix-la-Chapelle: October, 1748; ended the
War of the Austrian succession.
14 le traité de Paris (1763): in which France ceded to Great
Britaîn Canada and the territory east of the Mississippi, and
in. which Spain ceded Florida. England restored to France
L'Ancien Régime 41
de Louis XVI. L'exportation française qui en 1720
était de 106 millions, en 1735 de 124, en 1748 de 192,
est de 257 millions en 1755, de 309 en 1776, de 354 en
1788. En 1786, Saint-Dommgue seul envoie à la
5 métropole pour 131 millions de ses produits et en
reçoit pour 44 millions de marchandises. ^u ç. c£s
échanges, on voit, à Nantes, à Bordeaux, se icwnîler
des maisons colossales. «Je tiens Bordeaux, écrit
Arthur Young, pour plus riche et plus commerçante
10 qu'aucune ville d'Angleterre, excepté Londres. Dans
ces derniers temps, les progrès du commerce maritime
ont été plus rapides en France qu'en Angleterre
même. » Selon un administrateur ^u temps, si les
taxes de consommation ^rappSî^nttous les JQurs.
15 davantage, c'est que depuis 1774 les divers genres"*^
d'industrie se développeijttotgl»îpurs davantage.
Et ce progrès est régulier, sqppnurTc On peut comp-
j ter, dit Necker en i78i,''quek produit de tous les
droits de consommation Tulgmenlede deux millions
20 par an. » — Dans ce grand effort^'invention, de
lajbeuret de génie, Paris, quî^ôssît sans cesse, est
^•***fateIiSrcentral. Bien plus encore ai^faujourd'hui, il
a le monopole de tout ce <jjji^t]^wp^d'intelligence
jJe^oût, livres, tableaux^^ftjj ^^fstat^i es, bijoux,
Sirures, toilettes, voityf s,^^3^upreinents, articles de
curiosité et de mode, Tlgt^ments et décors de la vie
élégante et mo&Samej c'est lui qui fournit l'Europe.
Martinique and other îslands; Spain received Havana from
Great Britain.
9 Arthur Young: an English traveler and writer on éco-
nomies. He traveled in France, 1 787-1 790. His chief work
is Travels in France,
42 Origines de la France Contemporaine
En 1774, son commerce de librairie était évalué à 45
millions, et^cdia>^de Londres au quart seulement.
Sur les oéneSces s'élèvent beaucoup de grandes
fortunes, encore plus de f ortunesmo^^j^ et les
5 capitaux ainsi formés cherchent uif êfiSpiOL — Juste-
ment, voici que les plus nobles mains du royaume
s'étendent pour les recevoir, nobles, princes du sang,
états provinciaux, assemblées du clergé, au premier
rang le roi qui, étant le plus besoigneux de tous, em-
loprunte à dix pour cent et est toujours en quête de
nouveaux prêteurs. Déjà, sous Fleury, la dette s'est
accrue de 18 millions de rente, et, pendant la guerre
de Sept ans, de 34 autres millions de rente. Sous
Louis XVI, M. Necker emprunte en capital 530
15 millions, M. Joly de Fleury 300 millions, M. de Ga-
lonné 800 millions, en tout 1630 millions en dix ans.
L'intérêt de la dette qui n'était que de 45 millions en ..
1755, s'élève à 106 millions en 1776, et monte à 206
millions en-i780|^Que dej^anciers indiqués par
20 ce peu detnaffesl Et fSmarquez que, le tiers état
étant le seul corps qui gagne et épargne, presque tous
ces créanciers sont du tiers état. Ajoutez-en des
milliers d'autres; en premier liyu^ les financiers qui
font au gouvernement des avaSj^ ae Tonds, avances
i^i JS4ÎSB£^^2]^ A ' ^ , ^ i PéJÎ I^ Sï ^Sm ^y^^ immémorial, il
^f^^^'^^^Bmngy f^jj^ que toujours l'année
courantâ?8Rged'avance le P^oduk^es ai m ées suivan-
tes. En second lieu, tant deTournis^eurs; A ffi^yj^et ^^
petits, qui, sur tous les points du territoire.
30 compte avec l'État pour leurs travaux et rouf
15 Fleury: Joly de, successor of Necker.
L'Ancien Régime 43
v^ntàFle arm6et;[ ui^s^gf;cj§î t tous les jours, depuis que
le gouvernement, efflraÏTO par la centralisation, se
charge seul de toutes les entreprises, et que, sollicité
par l'opinion, il multiplie les entreprises utiles au
S public î sous Louis XV, l'État fait six niillelieue|dg_,w^
route, et, sous Louis XVI, en 1788, afin depâfer a la '•
famine, il achète pour quarante millions de grains.
Tar cet accroissement de son action et par cet em-
pnmt dé capitaux, il devient le débiteur universel;
10 dès lors les affaires publiques ne soi^glj^s^eulefn^nt
les affaires du roi. Ses créanciers "
dépenses; car c'est leur argent qu' il^Ss^ftfle;' s'il "gbre
mal, ils seront ruinés. Ils voudraient bien connaître
son budget végfi££^ses livres: un préteur a toujours
15 le droit deMûWluIer soif'ëSIge/Woilà donc le bour-
^. ^^^^ilHÎJ^^^^^ ^^ ^^^^ ^^ ^^^ commgnce^jcrasidérer
V ^j^j^fSsia grande machine dont le Jeu, oerooe a tous ^
les regards vulgaires, était jusqu'ici un secret H^f^Agi ^^gj ^LJA^
Il devient politique et, du même coup, il devîenrme-
20 content. Car, on ne peut le nier, ces affaires où il est
si fort intéressé sont mal conduites. Un fils de fa-
mille qui "^°g ai T t iennes de la même façon
mériterait d'êt^lmefSKu Touj oig§^daj|s l'ad mini '
<tr^fetfy?iirrip r^i^ta. J^ jj^p ense aoipas^ la recette.
^^T^J^rSpe^Sve^c^oSSels, le déficit annuel était de
soixante-dix millions en 1770, de quatre-vingts en
i ■2§l?f -S^^^rii^^ ^ *^^^^ ^^ ^^ ii(j uif |wC'a été par des
^tanqVeiDutel, l'une de deuxTamiarasa la fin de
Louis XlV^y^ytap presque égale au temps de Law,
30 ime autre duiierset de moitié sur toutes les rentes au
37 ^a: for cela a.
44 Origines de la France Contemporaine
temps de Terray, sans compterles suppressions de
détail, les réductions, les TOaftM^indéfinis de paye-
ment, et tous les procédés viofeoi^ott fraudale^
qu'un débiteur puissant emploie impunSSj^Sfcoîftre
5 un créancier faible. « On compte cinquante-six viola-
tions de la foi publique depuis Henri IV jusqu'au
ministère de M. de Loménie inclusivement, et l'on
aperçoit à l'horizon une dernière banqueroute plus
effroyable que toutes les autres. » On ne paye que si
loJ'onDeut et quapd on peut, même Igs jen s de Jg. ^ y
-^Hnaison, les fournisseurs de la table, les servitAil^^e la
personne. En 1753, les domestiques de Louis XV
n'avaient rien reçu depui g trois années. On a vu que
ses IfiferenierS' allaient nren^ier pendant la nuit dans
15 les rues de Versailles, que ses ipourvoy^pis^e ca- '
chaient, que, sous Louis XVI, en 1778, il était dû
792,620 francs au marchand de vin, et 3,467,980 francs
au fournisseur de poisson et de viande. En 1788, la
détresse est t ell &que le ministre de Loménie prend et
sS«Wjaj^cripti(
ticuliers poflrlês Tiospices; au moment ou u se retire.
20 dépense lesiq^grd^yne^§ai^scriptîon faite par des par-
le Trésor est vide, sauf quatre cent mille francs dont
il met la moitié dans sa poche. Quelle administra-
tionlr— ^vunj^ce débiteur qui manifestement de-
25 vient ins^lvaoïe, tous les gens qui, de près ou de loin,
sont engagés dans ses affaires, se consultent avec
I Terray: Abbé, Comptroller General, produced another
bankniptcy.
j M, de Loménie {de Brienne): (172 7-1 794): he succeeded
bis opponent Galonné. He was dismissed for acœding to the
demand of Parliament to summon the States-General in order
to levy taxes. Necker was then reappointed.
L'Ancien Régime 45
alarme,, et ils sont imîohibrables, banquiers,
ciants, fabricants, employés, prêteur s ^e^ te
et de tout degré, au premier rangJesr^^l
mk ch^lui tout leur avoir envTJ^^BtquT
S iÇftfiJft^^Ml ne leur paye pas chaque année les 44
millions qu'il leur doit, les industriels et marchands
qui lui ont confié leur honneur commercial et auraient
horreur de faillir par ç pjitr^gu p; derrière ceux-ci,
kutt créanciers, leurs croimB, leurs ouvriers, leurs
'^t^roofcS, npr e^ Ja^pj^ s jgr ande partie de la classe la-
borieuse etj^paisi D^*' qui, jusqu'ici, obéissait s^,ns
çiurmure et ne songeait point à contrôler le régime
établi. Désormais elle va le contrôler avec attention,
j Ti?M^ ^^ ^J^9î>a^ ^ colère; et malheur à ceux qu'elïe
-, «3 pfeîîaraLTCti'îaiiie; car elle sait qu'ils la ruinent en
ruinant l'État.
^ En même temnselle a monté dans l'échelle sociale,
et, par son Vfife,' elle r ejoint J ^^P^^gf.hWi,Ji4^pfe-
D'une part, les nobles ^s8îA rlp^i^es |î ipfters
20 état; d'autre part le tiers état s'est rapprocRé des
nobles, et l'égalité de fait a précédé l'égalité de
droit. — Aux approches de 1789, on aurait peine à
les distinguer dans la rue. A la ville, les gentils-
hommes ne Wjt^ plus l'épée; \h ont ^Ç^W ttf ^es
25 broderies, les'gÊf^, et se promènent ¥n tmc ûîfi, ou
courent dans un cabriolet qu'ils conduisent eux-
mêma»^jt^ siigp licité des coutumes anglaises et les
usagegoïïiJBrsTeur ont p§,ru gjijjfc^o mmod g&^^ r la
vie privée. Leu/K:la<ïes^nait7îls étaienrïas ffêtre
30 toujours en représentation. JP^ffl R ^ Js acceptent
la familiarité pour avoir l^êSaS^eS^^font contents
de se mêler sans faste et sans entraves Ji tous leurs
Origines de la France Contemporaine
concitoyens. — Certes, ri^iceZstgrave, et les vieilles
âmes féodales avaient raison de gronder. Le marquis
de Mirabeau, apprenant que son fils veut être son
propre avocat, ne se console qu'en voyant d'autres, et
5 de plus grands, faire pis encore. «Quoique ayant de
la peine à avaler Tidée que le petit-fils de notre grand-
père, tel que nous l'avons vu passer sur le Cours,
toute la foule, petits et graoïds^ ôtant do jp in l^çha->
peau, va maintenant tigfier a la ^ j C ^g jJ j ^J^v^
10 cour, disputant la pratique aux abo^fl^ SI c Mane,
je me suis dit ensuite que Louis XIV seraitjan peui
plus étonné, s'il voyait la femme de son^^Se^
successeur, en habit de paysanne et enjÈronerTsans
^sulfe, sans pages ni personne , ^gur^^le pajft is et les
1$ terrasses, demander au preAier "^olisjBn ^n" frac de
lui donner la main que celui-ci lui prète^seulement
jusqu'au bas de l'escalier. » — En effet, le'mveuemëilt
des façons et des dehors ne fait que manifester le
Il < <y l^^teiîP4^^^ esprits et des âmes. Si l'ancien décor ^
•**2o s^"«alî, cest que les sentiments qu'il annonçait se
défont Il |j moa^jt le sérieux, la dignité, l'habitude
de seSî6ntra!n8feet d'être en public. » ra ut ori jt é, le
commandement. C'était la parade KiKueuseet
rigide d'un état-major social. A présent, la parade
25 tombe parceque l'état-major s'est dissous. Si les
nobles fltftlMïSît en bourgeois, c'est qu'ils sont eux-
mêmes devenus des bourgeois, je veux dire des oféifs
qui, retirés des affaires, causent et s'amusent-^/Sans
2 Le marquis de Mirabeau: the father of the political orator
and président of the Jacobin Club and of the National As-
sembly in 1791.
10 aboyeurs de chicane: see chicane.
L'Ancien Régime 47
doute ils s'amusent en gens de goût et causent en gens
de bonne compagnie. Mais la difficulté ne sera pas
grande de les égaler^^el^Deguis que le t^re^^t
eimch^ beaucoup oe roiuri ers sont devenus gensaiï
fl^Âvefl de l'argent e^jleT esprit, un parvenu se de-
^^urSit' vite, et son filsJSinonmi, sera initié: quelques
années d'exercices à l'académie, un m att re de danse,
une des quatre mille charges qui ^îmerent la noblesse
folui donneront les dehors qui lui nianquenlji^nence
temps-là, dès qu'on sait observer les KeifseaKcS/
saluer et causer, on a son brevet d'entrée partout. Un
Anglais remarqueoueJ^n des premiers mots que
Ton emploie pouiiouerun homme est de dire «qu'il
15 se présente parfaitement bien. » La maréchale de
^jUx gm bourg, si fière, choisit toujours Laharpe pour
"1er; en effet, «il d^^i^e ^ ^fSijLto^jj^ftff JfeP'V ^g^
seulement le plébéien erlr^'àïï p€um§ ;J}i^%ll>u§g ige
mais il y trône s'il a du talent. Aprèsce miTangei des
20 classes et ce déplacement des rôles, quelle supériorité
reste à la noblesse? Par quel mérite spécial, par
quelle c ap aïQit^econnue se fera-t-elle respecter du
tiers rïforemi^ireur de suprême bon ton et quelques
raffinements dans le savoir-vivre, en quoi diffère-t-elle
25 de lui ? Quelle éducation supérieure, quelle habitude
des affaires, quelle expérience du gouvernement,
quelle instruction politique, quel ascendant local,
15 La maréchale de Luxembourg: a woman of rare beauty,
known for her relations to Rousseau.
16 Laharpe: Jean François de (i 754-1 838); a favorite of
Voltaire. He wrote Lycée ou cours de littérature ancienne et
moderne.
48 Origines de la France Contemporaine
quelle autorité morale peut-elle alléguer
toriser ses prétentions à la première place ? — ^liftail
de pratique, c'est déjà le tiers qui fait la besogne et
fournit les honmies spéciaux, intendants, premiers
S commis des ministères, administrateurs laïques et
ecclésiastiques, travailleurs effectifs de toute espèce et
de tout degré. jJn^n^axqms, a ncjai c apitaine aux
gardes françaises/roïnmepWfteure^p^al, avoua aux
élections de 1789 que les connaissances essentielles à
10 un député se rencontreront plus généralement dans
le tiers état dont l'esprit est exercé aux affaires. —
Quant à la théorie, le roturier en sait autant que les
nobles, et il croit en savoir davantage; car, ayant lu
les mêmes livres et pénétré des mêmes prinones^ ne
15 s'arrête pas conmie eux à mi-chemin sur la^enfe des
conséquences, mais plonge en avant, tête baissée,
jusqu'au fond de h dgeta* jjf , persuadé que sa logique
est de la^'^StSiS^ôyanM^t qu' il a d'autant plus de
lumières qu'il a moins de préjugés. — Considérez les
20 jeunes gens qui ont vingt ans aux environs de 1780,
nés dans une maison laborieuse, accoutumés à l'ef-
fort, capables de travailler douze heures par jour,
race énergique qui sent sa force, qui juge ses rivaux,
qui sait leur faiblesse, qui compare son application et
25 son instruction à leur légèreté et à leur insuffisance, et
qui, au moment où gronde en elle l'ambition de la
jeunesse, se voit d'avance exclue de toutes les hautes
I Dl ac es,|jeléguée à perpétuité dans les emplois su-
%M^^ • Daltenies, primée en toute carrière par des supérieurs
30 en qui elle reconnaît à peine des égaux. Çaux examens
d'artillerie, où Chérin, généalogiste, refuse les rotu-
31 Chérin: genealogist (died 1795 in Paris).
L'Ancien Régime 49
riers, et oîi l'abbé Bossu, mathématicien, refuse les
aoiants, on découvre que la capacité manque aux
ev^ nobles, et la noblesse aux élèves capables;
gentilhomme et instruit, ces deux qualités semblent
5 s'exclure; sur cent élèves, quatre ou cinq réunissent
les deux conditions. Or, à présent que la société est
mêlée, de pareilles épreuves sont fréquentes et faciles.
Avocat, médecin, littér^teiir, P homme du tiers avec
lequel un duc VraS^fîeiuTamilièrement, qui voyage
10 en diligence côte à côte avec uncmjg^jgjllonel de
hussards, peut apprécier son ^îêrlocuteur ou son
voisin, compter ses idées, vérifier son ^2|^JJÎg>t|gtÎH?r
à sa valeur; et je suis sûr qu'il ne le^unera paâ^
Depuis que la noblesse, ayant perdu la capacité spé-
isciale, et que le tigig^ajant^cquis la capacité géné-
rale, se trouvenroe niveîu!l*par l'éducation et par les
aptitudes^ l'inégalité qui les sépare est devenue
blessante en devenant inutile. Instituée par la cou-
tume, elle n'est plus consacrée par la conscience, et
20 le tiers s'irrite à bon droit contre des privilèges que
rien ne justifie, ni la capacité du noble, ni l'incapacité
du bourgeois.
Au commencement du règne de Louis XVI, un
voyageur qui rentrait après quelques années d'ab-
25 sence, et à qui l'on demandait quel changepjgjtil re-
marquait dans la nation, répondit: nFlUmmlfre^se,
*4tfwnque ce qui se disait dans les salons se répète dans
les rues,» — Et ce qu'on répète dans les rues, c'est la
doctrine de Rousseau, le Discours sur Vinégalité, le
I Bossu: Charles (i 730-1814), a famous French mathema-
tician, author of Essai sur P histoire générale des mathématiques.
29 Discours sur Vinégalité and Cofitrat social: both famous
50 Origines de la France Contemporaine
Contrat social amplifié, vulgarisé et répété par les
disciples sur tous les tons et sous toutes les formes.
Quoi de plus*sédi^s^t Bpiir le tiers ? — Non seule-
ment cette th^ne a îf vogûefeîc'est elle qu'il rencon-
5 tre au moment décisif où ses regards, pour la première
fois, se lèvent vers les idées générales; mais de plus,
contre l'inégalité sociale et contre l'arbitraire politi-
^cm^JJe lui fournit des armes, et des armes plus tran-
•^^^^'^^cnlpes qu'il n'en a besoin. Pour des gens qui veulent
lo contrôler le pouvoir et abolir les privilèges, quel maî-
tre plus sympathique que l'écrivain de génie, le logi-
cien puissant, l'orateur passionné qui établit le droit
naturel, qui nie le droit hîstûtîqugj^ui proclame
l'égalité des hommes, qui'rWenalqueia souveraineté
15 du peuple, qui dénonce à chaque page l'usurpation,
les vices, l'inutilité, la malfaisance des grands^^des
rois! — Et j'omets les traits par lesquels il iÇree^aux
fils d'une bourgeoisie laborieuse et sévère, aux hom-
mes nouveaux qui trav|jUent jgt s'élèvent, son sé-
2orieux continu, son toïfapr^'et amer, son éloge des
mœurs simples, des vertus domestiques, du mérite
personnel, de l'énergie virile; c'est un plébéien qui
parle à des plébéiens. — Rien d'étonnant s'ils le
prennent pour guide, et s'ils acceptent ses doctrines
25 avec cette ferveur de croyance qui est l'enthousiasme
et qui toujours accompagne la première idée comme
le premier amour. «44^ ijjJJCUmjU^
Un juge compétent, ténfoin oculaire, Mallet Du-
works of Rousseau. The full titles are Discours sur V origine
et les fondements de V inégalité parmi les hommes (1755); Du
Contrat social ou Principes du droit public (1762).
2S Mallet Dupan: Jacques (i 749-1800). He founded the
L'Ancien Régime ' 51
pan, écrit en 1799: «Dans les classes mitoyennes et
inférieures, Rousseau a eu cent fois plus de lecteurs
que Voltaire. C'est lui seul qui a inoculé chez les
Français la doctrine de la souveraineté du peuple et
5 de ses conséquences les plus extrêmes. J'aurais peine
à citer un seul révolutionnaire qui ne fût transporté de
ces théorèmes anarchiques et qui ne brûlât du désir
de les réaliser. Ce C^ w^o/^y^^qu^jys^t^ es so-
ciétés, fut le Coran des'aî^olfi'eurs a^îr&^5îfô 1789,
lodbsjacobins de 1790, des républicains de 1791 et des
v*^roî?enes les plus atroces. J'ai entendu Marat en 1788
lire et conmienter le Contrat social dans les prome-
nades publiques aux applaudissements d'un auditoire
enthousiaste. »
15 «Qu'est-ce que le tiers? Tout. Qu'a-t-il été jus-
qu'à présent d a n§J^(tfdreDpji^ ^9^' Q^^ ^^"
mande-t^ r îty^veni? qlJ&^ue cnosfe/» — Non pas
quelque chose, mais tout. Son ambition politique est
aussi grande que son ambition sociale, et il aspire à
20 l'autorité aussi bien qu'à l'égalité. Si les privilèges
sont mauvais, celui du prince est le pire, car il est le
plus énorme, et la dignité humaine, blessée par les
prérogatives du noble, périt sous l'arbitraire du roi.
Peu importe qu'il en use à peine, et que son gouverne-, .
25 ment, docile à l'opinion publique, soit celui d'un père
indécis et indulgent. Affranchi du despotisme réel, le
Journal Historique et Politique, which was later combined
with the Mercure de France, suppressed in 1792. In 1799 he
founded the Mercure Britannique in London.
15 Qu^est-ce que le tiers?: the title of a pamphlet published
by the Abbé de Sieyès in 1789. It created quite a sensation.
ly Ay devenir: see devenir.
52 Origines de la France Contemporaine
tiers s'indigne contre le despotisme possible, et il
i?ir^^y^^^if^^i^^^^^^ s'il consent ak^J Lrestef sujet.
^^^ • ^L^rgueii'Saunrant S'est redressé^^^ffjfjjfet, pour
mieux assurer son ^To ipf^p^^Jie naic^^er tous les
5 droits. Il est si doux^s^ermrantTpoiir l'homme qui,
de toute antiquité, a subi des maîtres, de se mettre à
leur place^dejgmettre à sa place, de se dire qu'ils
sont ses/manoaraires, de se croire membre du sou-
verain, roi de France pour sa quote-part, seul auteur
10 légitime de tout droit et de tout pouvoir! — Con-
formément aux doctrines /le Roifespau, les cahiers du
tiers déclarent k 'l^ifanîmfiS'^qu^i faut donner une
constitution à la France; elle n'en a pas, ou, du moins,
celle qu'elle a n'est pas valable. Jusqu'ici «les con-
isditions du pacte social étaient ignorées»; à présent
qu'on les a découvertes, il faut les écrire. Il n'est pas
vrai de dire, comme les nobles d'après Montesquieu,
que la constitution existe, que ses grands traits ne
doivent point être altérés, qu'il s'agit seulement de
20 réformer les abus, que les États générai^x n'ont qu'un
pouvoir limité, qu'ils sont incompétents pour sub-
stituer à la monarchie un autre régime. Tacitement
ou expressément, le tiers refuse de resgeindre son
<^ii fff^lEte^^^^ LS^^^^^SLP^ ^^^^^ ^"^ oppose des bar-
aFrlSra. ^'ra!r^l6vk^'i^!^!ânimité, il exige que les dé-
putés votent, non par ordre, mais par tête et con-
jointement. « Dans le cas où les députés duclggéx^
de la noblesse refuseraient d'opiner en comAunetpar
tête, les députés du tiers, qui représentent 24 millions
17 Montesquieu: Charles de Secondât (1689-1755), the cele-
brated French writer. He expressed thèse views in V Esprit des
Lois, a work which testifies to his varied yet exact knowledge.
L'Ancien Régime 53
nttoujQittrs se dire TAs-
friront au roi; de^ Concert
d'hommes, pouvant et devant tojyyrs se dire l'As-
semblée nationale malgré la*^^
tants de 400,000 individus, offriront au rot
avec ceux du clergé et de la noblesse q ijy^v^di^n t se
5 joindre à eux, leur secours à l'effet de^lUf^ftifiaux
besoins de l'État, et les impôts ainsi consentis seront
répartis entre tous les sujets du roi indistinctement. »
«Le tiers, disent d'autres cahiers, étant les 99 pour
100 de la nation, n'est pas un ordre. Désormais, avec
10 ou sans les privilégiés, il sera, sous la même dé-
nomination, appelé le peuple ou la nation. » — N'ob-
jectez pas qu'un peuple ainsi mutilé devient une foule,
que des chefs ne s'improvisent pas, qu'on se passe
difficilement de ses conducteurs naturels, qu'à tout
15 prendre ce clergé et cette noblesse sont encore une
élite, que les deux cinquièmes du sol sont dans leurs
mains, que la moitié des hommes intelligents et in-
struits sont dans leurs rangs, que leur bonne volonté
est grande, et que ces vieux corps historiques ont
20 toujours fourni aux constitutions libres leurs meil-
leurs soutiens. Selon le principe de Rousseau, il ne
faut pas évaluer les hommes, mais les compter; en
politique, le nombre seul est respectable; ni la nais-
sance, ni la propriété, ni la fonction, ni la capacité ne
25 sont des titres: gyand o u j ^ptit, ignorant ou savant,
général, soldat oug&ujS^ ^A^gJlyf ^^ sociale, chaque
individu n'est qu'une uniteroïlW^'un vote; où vous
voyez la majorité, là est le droit. C'est pourquoi le
tiers pose son droit comme incontestable, et, à ^on
30 tour, dît comme Louis XIV: «L'État, c'est moi.»
— Les mots indéfinis de liberté, d'égalité, de souve-
14 qu*à tout prendre: see prendre.
54 Origines de la France Contemporaine
raineté du peuple, les phrases ardentes de Rousseau
et de ses successe ur jp ^^cy %J^ gQu^^mix axiomg s^^
flambent conmie deàcSKroi^^lminlBipet d^i^U ^
une fumée chaude, une vapeur enivrante. La parole
5 gigantesque et vague sMnterpQaeentre Hesprjt gU^gSun^/
objets; tous les contours sontT{foil|lî^?Tt le^erage
conmience^^
Dans des têtes si excitables et tellement surex-
citées, la magie souveraine des mots va créer des fan-
lo tomes, les uns hideux, Taristocrate et le tyran, les
autres adorables, Ta^ndu peuple et le patriote in-
corruptible, figures Tïemelurées et forgées par le rêve,
mais qui prendr ont ja p lace des figures réelles et que
Phalluciné va Mft|rer de ses hommages ^JLB^i&l
15 suivre de ses fureurs. Ainsi descend et se^WÇage^
la philosophie du dix-huitième siècle. Au premier
étage de la maison, dans les beaux appartements
dorés, l c& j Ji^, y K9<?l ^^1 q^l^^ s illuminations de
soirée, Jl^ pîiard/ ïft*Slfl<m,^aes feux de Bengale
2o amusants; on a joué avec gU gs,^^ les a lancées en
riant par les fenêtres. RjWSmS'a l'entresol et au
rez-de-chaussée, portées dans les boutiques, dans les
magasins et dans les cabinets d'affaires, elles y ont
trouvé des matériaux combustibles, des tas de bois
25 accumulés depuis longtemps, et voici que de grands
feux s'allument. Il semble même W ^ J^^kjftif ^3 ^ g^if**
mencemerit d'încendîeLûar les fnemii|§es ronflent
riJbmgnt, et une^ cïalRe rouge jaiUk^^aversk^^^^^
^yinSsI— (< Non, disent les gens d'^i naurr ils ffau-*^
^ — «Non, disent les gens d'e
3oVîfië3cgarde de mettre le feu à la maison, ils y habitent
comme nous. Ce sont là des feux de paîUe^^wt au
plus des feux de cheminée: mais, avec uiyiSltra'eau
L'Ancien Régime 55
- froide^j^ les éteint; et d'ailleurs ces petits acddento
C»^fStoient les cheminées, fçnt lomjper la vieill^ÇfllfT^
Prenez garde: danslesfig^oe la maison, sous les
vastes et prof ondes^oûtes qui la portent, il y a un^
5 magasin de poudre. 1^
VI. LA MISERE
La Bruyère écrivait juste un siècle avant 1789:
«L'on voit £gtai^ajihfcLaiix farouches, des mâles et
des femelle^ refaSdus par la campagne, noirs, livides
eUtout brûlé^jAisoleil, attac b^ s ^ »igt te rre qu'ils
^'-ofSmlfct et renSfèGt avec une^opmmtreteiqvincible.
Ils ont conGune une voix articulée, et, quand ils se
lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine;
et en effetiksont des hommes. Ils se retirent la nuit
danides fitnîSresoîi ils vivent de pain noir, d'eau et de
^15 facînesT Ils épargnent aux autorhjipmes la peine
de semer, de labourer et de^ftuemîrpour vivre, et
méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils
ont semé.» — Ils en manquent pendant les^ing
cinq années suivantes, et meurent par trcftipeaF
20 j'estime qu'en 1715 il en avait péri près d'un tiers, six
millions, de misère et de faim. Ainsi, pour le premier
quart du siècle qui précède la Révolution, la peinture,
bien loin d'être trop forte, est trop faible, et l'on va
voir que pendant un demi-sièclç et davantage, jus-
25 qu'à la mort de Louis XV, elle demeure exacte;
6 La Bruyère: Jean de (1645-1696). French novelist. He
imitated the Characters of Theophrastus in his Les Caractères
(1688).
25 Louis XV: died in 1765.
56 Origines de la France Contemporaine
peut-être même, au lieu de l^tenuer, faudrait-il la
" Parcourez les correspondances administratives des
trente dernières annieLgui^récèdent la Révolution:
5 cent indices vous tc vSeront line souffrance excessive,
même lorsqu'elle né se tourne pas en fureur. Visible-
ment, pour r homme du peuple, paysan, artisan,
^j^Ù^w^ji^uhsiste par le travail de ses bras, la vie
^^fpflcaire; il a juste le peu qu'il faut pour ne pas
lo mourir de faim, et plus d'une fois ce peu lui manque.
Ici, dan sjguafe^J jiectipQs, «les habitants ne vivent
presque quê^e^fiSsm, » et depuis cinq ans, les
les ayant manqué, îlàAl23^5ip ^^ ^'^^^ P^^^
MSSpn.^ Làt ^ ^ ^^ s devfgnfSt^y chaque année
15 «lëJ^^gnSrfes sont engrande partie réduits à mendier
leur paimJani^^^^5jgi morte. » Ailleurs, les
ouvriers,^ouJn£3
de vendre leurs
morts de froid;
20 a répandu des maladies, et danadeig élections on en
coniptetr^ie-cinq mille à J'Imnon^ Dans un can-
torirecmele| paysai^^Sftpent les mis encore verts
et le font sécnCTauiour parce que leur faim ne peut
attendre. ^ L' mto^ant^e Poitiers écrit QiîÊt,-4dès
25 que les aten&s aecfeantesont ouverts, il s'yprecipite
un nombre prodigieux de pauvres, quelque soin
qu'on ait pris pour réduire les prix et n'admettre à
ce travail que les plus nécessiteux. » L'intendau^^.
de Bourges marque qu'un grand nombre de mefâyers
30 ont vendu leurs meubles, que des familles entières
25 (Udiers de charité: established to provîde work for the
poor.
L'Ancien Régime 57
ont passé de^g^iourSiSaiis manger, que, dans plu-
sieurs ^pltra^sesTies afï^K^ au lit la plus
grande partie du jour pour souffrir moins. L'inten-
^itd'Orléans annonce qu'en Sologne de pauvres
T'euves ont brûlé leurs bois de lit, d'autres leurs
arbres fruitiers, pour se préserver du froid, et il
ajoute: <ifefgi?IS^^iS9Bfr ^ ^^^^ ce j^bleg^^ le cri du
besoin nepeu? se renare, il faut voir (fe prés fa misère
des iggiDâCTgspoitf s'j^^ » Il est
10 claîrqueie p|Sîpievrtai^^ lui man-
que^itôt flueJa récqltegst^jri^uvaise. Vienne une
r^Sfée, une^me, une ItomTation, toute une province
ne sait plus comment faire pour subsister juagiAx^ •«
l^lgnée suivante; en beaucoup d'endroits il suffitoe^
151 ifver, même ordinaire, pour amener la détresse. De
toutes parts, on voit des bras tendus vers le roi qui
est Taumônier universel. Le peuplgi ressemble à un
20 2
Ea^ginia charité ancienne et l'humanité nouvelle
s'rïlglnîent pour lui vfinirMi ai^ej l'e^ ujest trop haute.
Il i§j>dlS^Wfl jlS#sQ"^^^^^^^ pSissatTet que l'étang
pût sefSllgorgerfpar quelque Igfge issue. Jusque là
25 le malheureux ne pourra'respîrS que pa {j^iter^lles^
et, à chaque moment, il courra risque dère lai^J^. *
«Fasse le ciel, dit un village de Normandie, que le
monarque premuL ja ^f , ^ s mains la défyye dn^
misérable citoyen rapide ettyrannisé par les commis,
30 les seigneurs, la justice et le clergé. » — «Sire, écrit
4 Sologne: in the Dept. of Loiret et Chefj a very sandy and
barren région.
58 Origines de la France Contemporaine
un village de Chan^mgne, tout ce qu'on nous en-
voyait drvôfte pîrt c'était toujours pour avoir de
l'argent. On nous faisait bien espérer que cela
finirait, mais tou|l^ans cela devenait plus fort.
5 Nous ne nous êïipreSîons pas à vous, tant nous vous
aimions, mais à ceux que vous employez et qui sa-
vent mieux faire leurs affaires que les vôtres. Nous
croyions qu'ils vous trompaient, et nous nous disions
dans notre chagrin||Si no^eJbon roi le savait! . . .
loNous sommesSfeables d'inÇots de toute sorte; nous
vous avons donné jusqu'à présent une partie de notre
pain, et il va bientôt nous manquer si cela continue.
Si vous voyiez les pauvres chaumières que nous habi-
tons, la pauvre nourriture que nous prenons, vous en
15 seriez touché; cela vous dirait mieux que nog .pagolej j
,|^guc nous n'en pouvons plus et qu'il faut nous cfiSîï-
nuer. Ce qui nous fait bien de la peine, c'est que
ceux qui ont le plus de bien payent le moins. Nous
payons les tailles, et les ecclésiastiques et nobles, qui
20 ont les plus beaux biens, ne payent rien de tout cela.
19 tailles: from this the clergy and nobles were exempt. Ex-
cept in a few cases, as the land tax, it was arbitrary and Per-
sonal. It was a distinct check to wealth and comfort. The
Assembly pronounced it responsible for "a dégradation, nég-
ligence and insalubrity in the majority of rural dwellings,
most injurions to the comfort and even to the préservation of
the tillers of the soil." Outside of the indirect taxes (aides) y
similar to excise duty, on alcohol, gold, silver, paper, cards,
starch, etc., and the tithes called vingtièmes j the local taxes
fell as a burden upon the people. There were ecclesiastical
tithes, feudal dues, and forced labor (corvée) y and the gabelle y
the most irksome of ail (cf. note, page 59, 1. 13), taking in ail
about eighty-one per cent of the income. The privileged
classes and their servants were exempt.
L'Ancien Régîme 59
Pourquoi donc est-ce que ce sont les riches qui payent
le moins et les pauvres qui payent le plus ? Est-ce que
chacun ne doit pas payer selon son pouvoir? Sire,
nous vous demandons xme cela soiLainsi, parce que
5 cela est juste. Si nous osïoœ, nous,^^|rendrions de
planter quelques vignes sur les*l(ÎOTeâux; niais nous
sommes si tourmentés par les commis que nous pense-
rions plutôt à arracher celles qui sont plantées; tout le
vin que nous ferions serait pour eux^ilngjjpus res-
un grannjaeaSilue toute
aime mieux
îarrassez-nous d'abord
des maltôtiers et deagahdoj«; nous souffrons beau-
coup de toutes ces ra^niîoi^-là; voici le moment de
15 les changer; tant que nous les aurons, nous ne serons
jamais heureux. Nous vous le demandûgs^ire,
avec tous vos autres sujets qui sont aussi las que
nous. ^Nous vous demanderions encore bien d'autres
choses, mais vous ne pouvez pas tout faire à la fois. »
20 — Les impôts et les privilèges, voilà, dans les cahiers
vraimenLpopula ^ d eux ennemis contre lesquels
les pla^te^ ne tarissem pas.
13 gabdoux: collectors of the gabelle, or sait tax. It was an
important brandi of revenue for the govemment, which held
the monopoly of sait. Exœpt in a few provinœs, every per-
son of the commons over seven years of âge was taxed for the
use of seven pounds of sait a year, or on the average seventeen
dollars per year for duty thereon! It was called sd de devoir.
The use of sea water for cookîng or manufacturing purposes,
as well as forfeeding cattle in the sait marshes, was prohibited.
The price of sait per pound varied from ten sous (ten cents)
upwards. The tax was onerous and gave rise to smuggling
and illégal trading in sait, offenses for which heavy fines, serv-
n.iVX^
60 Origines de la France Contemporaine
Pourquoi le tiers paye-t-il seul pour les r
lesquelles la noblesse et le clergé roulent eiLc
'QurQup> Igs pauvres gens sont-ils seuls astreints
L muice ? r
^^Tvêqijes,
Pourquoi suffit-il d'être le domestique
5 d'un privilégié pour échapper au service? «Ce
gint ^ J^gy s ,j^ JB^g^,|^ i4 ^£y t T^^H^^ ^'^^^ ^^^
qîjë, auxSî^^fc]psr r^trancn^ aux/ princes de
r Eglise les deux tiers de leurs revenus. Que la
féodalité soit abol ie. J#j\gnMn e, le paysan surtout,
10 est tyrannio u ement^^ap^^ la terre malheureuse
où il languÎTiMfeS^ne.*. .* . Il n'y a point de liberté,
de prospérité, de bonheur, là où les terres sont serves.
Qu'il suffise à la féodalité de soel scgptrad& J^^^san^^jw
qu'elle y joigne encore le * pft^frd du rraitant . » —
15 Ici, et déjà depuis quelque tem^jjCen'est plus le
villageois qui parle; c'est le Tpi^Rrêur,7i'avocat qui
lui prête ses métaphores et ses théories. Mais
l'avocat n'a fait que traduire en langage littéraire les
sentiments du villageois.
20 Les passions, pour s'autoriser, ont recours à la
théorie, et la théorie, pour s'appliquer, a recours
aux passions. Par exemple, près de Liancotu"t, le
duc de Larochefoucauld avait un terrain inculte; dès
le commencement de la Révolution, les pau\Tes de
25 la ville déclarent que^^Mi^u'ils font partie de la
nation, les terrains mcuftes, propriété de la nation,
ice on galleys, and even the penalty of death were frequently
incurred.
14 traitant: an officiai who had taken over the collection of
the public revenues.
22 Liancourt (sous Clermont) : the seat of the castle of the
duke Larochefoucauld; the grand maître de la garderobe; cf.
page 62, 1. 2.
L'Ancien Régime 6i
leur appartiennent, et tout de suite, sans autre for-
malité, ils e n|reyt^en pp^ssîgn, se partagent le sol,
plantent des imêfei (Kmcnent. «Ceci, dit Arthur
Young, montre Tesprit général. . . . Poussées un
5 peu loin, les conséquences ne seraient pas petites
pour la propriété dans ce royaum^ )i Déj^, auprès de
Rouen, les maraudeurs, qui ^Sftaient et vendaient
les forêts, disaient que «le peuple a le droit de prendre
tout ce qui est nécessaire à ses besoins. » On leur a
lo prêché qu'ils sont souverains et ils agissent en sou-
verains. Étant donné leur état d'esprit, rien de plus
naturel que leur condu it i ^ ^ Plusieurs millions de
sauvages sont ainsi Tances par quelques milliers de
parleurs, et kjgohtique de café a pour interprète et
15 ministre rattrbu^mait jie la rue. D'une part la
force brutale se me{ Sfiservice du dogme radical.
D'autre part le dogme radical se met au service de
la force brutale. Et voilà, dans la France dissoute,
les deux seuls pouvoirs debout sur les débris du reste.
II. LA REVOLUTION
I. L'ANARCHIE
Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1789, le duc de
Larochefoucauld-Liancourt fit réveiller Louis XVI
pour lui annoncer la prise de la Bastille. «C'est
donc une révolte,» dit le roi. — «Sire, répondit le
5 duc, c'est une révolution. » L'événement était bien
plus grave encore. Non seulement le pouvoir avait
glissé des mains du roi, mais il n'étoit poînttomibé
dans celles deUAssemfclée; il éSr^m^ffSre/aux
mains du peuple Iacne,ae la foule violente et surex-
10 citée, des attroupements qui le ramassaient comme
une arme abandonnée dans la rue. En fait, il n'y
avait plus de gouvy y^men tij l'édifice artificiel de la
société humaine^^SionCraiTtout entier; on rentrait
dans l'état de nature. Ce n'était pas une révolutiojj,
15 mais une dissolution. y^^ ^^Jll:^ ték^f
Deux causes excitent et entigtienggitf l'émeute
universelle. La première est la (flîseué, qui, perma-
nente, prolongée pendant dix ans, et aggravée par
les violences mêmes qu'elle provoque, va exagérer
3 la Bastille: a former state prison at Paris; its destruction
marks the begînning of the Révolution.
8 P Assemblée: i. e., V Assemblée Nationale^ formed in June,
1789, by vote of the third estate.
62
La Révolution 63
jusqu'à la folie toutes les passions pom^aji^ es et
changer en faux pas convulsîfs toute la iBârcne de la
Révolution. QuandLunJleuve coule ^^JJiWg tor ds,
il suffit d'une petite crue pour qu'il*cf?D(3ftreT ' jTelle .
5 est la misère au dix-huitième siècle. L'homme du
peuple, qui vit avec peine quand le pain est à bon
marché, se sent mourir quand il est cher. Sous cette
angoisse, l'instinct animal se révolte, et l'obéissance
générale, qui fait la paix publique, dépend d'un
10 degré ajouté ou ôté au sec ou à l'humide, au froid ou
au chaud;^^En i| 88, a mg^J règ ^^l^ ^ r ^k fj ^^] ^Li^
^avaîtéj^ IcSùvirsK^^ oe Ba
•^'ftWsson^ une'^glr^ç effroyable s'ICatuF autour de
Paris, depuis la Normandie jusqu'à la Champagne,
i^dévastasoixante lieues du pays le plus fertile et fit
^fti"(ieg5rde 100 millions. L'hiver vint et fut le plus
dur qu'on eût vu depuis 1709; à la fin de décembre, *
la Seine gela de Paris au Havre, et le thermomètre
marquait i8J° au-dessous de zéro. Un tiers des
20 oliviers mourut en Provence, et le reste avait tant
souffert qu'on le jugeait hors d'état de porter des
fruits pendant deux ans. Même désastre en Lan-
guedoc; dans le# Vi w aifc >#t ite ps les Ce vernies, des
forêts entîères^ecnStaigniers avaient péri, avec
25 tous les blés et fourrages de la montagne; dans la
plaine, le Rhône était resté deux mois dehors de son
lit. Dès le printemps de 1789, k famine était par-
tout, et, de mois en mois, elle croissait comme une
eau qui monte.
30 Plus on approchait du 14 juillet, dit un témoin
oculaîre^^|Plu^J[^isette augmentait. Chaque bouti-
que de oomanger était environnée d'une foule à qui
04 Origines de la France Contemporaine
aJtJejm îfi^\;e c la plus grande parcimonie^'
c queîïgpcfKJL LTij de^h eures. OiiEe^Blta
f^on s*arrachc iTnfmcnt. » Plus de travail,
pont déserts. » Parfois, après une journée
'artisan ryi^eMj logis les mains vides, et,
sll rapporte imTîfficnecraquatre li^xes, elle lui coûte
3 francs 12 sous, dont 12 sous pour le pain et 3 fra ji^^
pour la journée perdue. ^^Dans la longue file ae-
sœuvrée, agitée, qureScuIeaux portes de la boutique,
10 les idées noires fermentent: sLcjJte nuit la farine
manque aux boulangers pour cuire, nous ne man-
gerons pas demain! Terrible idée et contre laquelle
un gouvernement n'a pas trop de toute sa force; car
il n'y a que la force, et la force armée, présente,
15 visible, menaçante, pour maintenir Tordre au milieu
j»^de la fajm. ijSq^s Louis XIV et Louis XV, on avait
^Y jeûné efpai? da^vantage ; mais les émeutes, rudement
et promptemen t r ép ri mées, n'étaient que des troubles
partiels et/ÎjSssagersTj Des mutins étaient pendus,
20 d'autres envoyés aux galères, et tout de suite, con-
vaincu de son i^m^iance, le payg an. l'ouvrier
retournait à son eWioppe ou à sa ^cnarrueT Quand
un mur est trop haut, on ne songe p^i^jg^ e à
l'escalader. — Mais voici que le mur se ^^vasSe, et
25 que tous ses gardiens, clergé, noblesse, tiers état,
lettrés, politiqije^^il^ jusqu'au gouvgjnement lui-
même, y pra^îÇuent^une large orécne. Pour la
première fois , les misérables apyçgivent une issue;
ils s'I&ncent, d'abord par ^fotons, puis en masse,
30 et la révolte maintenant est universelle, comme
autrefois la résignation.
C'est que, par cette ouverture, l'espérance entre
La Révolution 65
comme u ne iiimièr|!|^gf: He?;renH peu à peu jusque
daiîs 1ê? *Das-îoi|as. Depuis un demi-siècle, elle
monte, et ses rayons, qui ont d'abord éclairé la haute
classe dans ses beaux appartements du premier
^étage, DAiis W bourgeoisie dans son entresol et son
^^ftS-aê^cnauaeeT pénètrent depuis deux ans dans les
caves où lepeuple travaiU^etiusque dans la pro-
foi^e^^^gjjdans les r&oi ns jop'y ^ gens
De îmmraae^tTJuUuIante^ poïïr-
suites de la loi.
Il faut qu'il y ait du blé sur le marché; il faut que
les fermiers et les propriétaires en apportent; il ne
faut pas que les gros acheteurs, gouvernement ou
15 particuliers, le transportent ailleurs; il faut qu'il soit
à bas prix, qu'on le taxe, que le boulanger le donne
à deux sous la livr^ilfaut que les gr ains, Ja^fea|ig ^
le vin, le sel, les^i^enrSSs^ne payent plu^SCSoits^l
f aut^qi^'il ii'S^^^^Jus de droits,, ni £^^ances sei- ^
^^•^^ffffilnales, ni Tnmi?^clésiastiques, ni impôts royaux n.
ou mimicipaux. Et, sur cette W|ée^j^ tojj^s parts, ^-^
en mars, avril et mai, l'émeuteecïaœT Les contem-
porains «ne savent que penser d'im tel fléau; ils ne
comprennent rien à cette innombrable quantité de
25 malfaiteurs qui, sans chefs apparents, semblent
être d'intelligence pour se livrer partout aux mêmes
exc è^^^^^léc isé m ent^ l'instant où les Etats généraux
vont CTJTCT en ^ ^ ^^/^ ^^S^jH^a^^}!^^ ^^ régime
ancien, l'încendiè^œuvSt pSrt^ cloîesîlsubîtement
30 la grandg port^^oujcre, l'air pénètre, et aussitôt la
flamme ^ftlf. |^
Ce ne sont d'abord que des feux intermittents
66 Origines de la France Contemporaine
isolés, que Ton éteint ou qui s'éteignent d'eux-mêmes;
mais, im instant apr ès , ^au même endroit ou tout
près de là, les péftMmSSt^econamencent, et leur
multiplicité, comme leur répétition, montre Pénor-
5 mité, la profondeur, réchauffement de la matière
combustible qui va faire explosion. Dans les quatre
mois qui précèdent la prise de la Bastille, on peut
compter plus de trois cents émeutes en France.
D'ordinaire, et comme il est naturel, les femmes
losont en tête. * Chaq ug^ sej naine, le jour du marché,
en apprenant que lanmflKde pain est augmentée de
trois sous, de quatre soi^ de sept ^us^^ dles crient
et s'indignent; à cerfàuxîavec le "î&KGS^^alaire de
leurs hommes et quand l'ouvrag^ manque, comment
15 nourrir une famille? On s'attfoupe autour des sacs
et aux portes des boulangers; au milieu des voci-
férations, et des injures, il se fait une pou
>uk^Je propriétaire ou marchand est^
B^e/la boutique est envahie, la^aenrSî*ï|t aux
20 mains des acheteurs et des afi^nés^rhacun tire à
soi, nrv^ûu ne paye pas, et "^e^u^en emportant
ContrepaTOiers, iiV&W^^^.^l'&^^^^^^^> vaga-
bonds, mendiantâpFepns 0? jusîiœf^n a vu combien
25 ils sont nombreux et ce qu'une seule année de disette
ajoute à leur nombre. Ce sont là autant de recrues
pour les attroupements, et, dans l'émeute, à côté de
l'émeute, chacun d'eux emplit son sac.
Dans toutes les grosses insurrections il y a des
30 malfaiteurs semblables, gens sans aveu, ennemis de
la loi, rôdeurs sauvages et désespérés, qui, comme des
23 faux-sauniers: cf. note, page 59, 1. 13.
La Révolution 67
loups, accourent partout où ils Surent une proie. ^
^Ct sont^ix qui servent de guides et d'exécuteurs
aux laiîcujes privées ou publiques. Près d'Uzès,
vingt-cinq hommes masqués, avec dçs iusils et des
S bâtons, eni
pistolet, ri
bcûlfigt
leen
hez un notaire, luiiifëm un coup de , ^
~ient de coups, dévastent sa makon^^jg^p^ucC^
procureur
veulent Je
Registres, avec les titres et papiers 'qû^
pour eux,fse7ette sur la nSreoiauSeeei tes délivre.
i^^On les reconnaît à leurs actes, au besoin de dé-
^***!nlîrf pour détruire, à leuraccent étranger, à leurs
figures sauvages, à leurs gifejffles. Il en vient de
Paris à Rouen, et, pendant quatre jours, la ville est à
leur disc rétippj Ig^ ^^^^V]^ iSS^ihlff^' ^^ voitures
15 de g rgjps^lga r g ^ les couvents et
sénmAî/8f rMçqjfiies; ' ik J^v^b^ssgnk la maison du
général qui a ^ fëqmS^^ie eux
lettre en pièces; il£j^^^ ses^'glaCës,
jhargés deDuunf vont dans
ireue piller les manufactures, cas-
ser ou brûler toutes les machines. — Ce sontJà^-
sormaîs les nouveaux chefs: car, en tout attroupe-
ment, c'est le plus audacieux, le moins embarrassé
j^^e .ggy pul f s , qui marche en tête et donne l'exemple
2saû*c[egaiî L'exemple est contagieux: on était parti
pour avoir du pain, on finit par (k^^mfi urtres et des in-
cendies, et la sauvagerie cfuiseaecnaSne ajoute ses vio-
lences illimitées à la révolte limitée du besoin. — La
douceur du roi, des chefs militaires est admirable:.
30 on admet que le peuple est \m enfant, qu'il
jamais que par erreur, qu'il faut croire à son repentir,
3 Uzès: near Nîmes, in southem France.
f-
68 Origines de la France Contemporaine
et, sitôt qu'il rentre dans Tordre, le recevoir avec des
effusions paternelles. — La vérité est que Pepfant
est un colosse ave^Jejgjp^péré par la souffrance:
c'est pourquoi il onse to ut^^^ Qii^iltoiiche, non
5 seulemen t e^ pr o vince les^ftages rocailx' qui, après
un Trerange m^ r t^Mggffl' yS/^fiSli v^^t être réparés,
mais encore^mr ?ênire le^ssor^ principal qui im-
primelemauvement au reste et dont la destruction
vaTiOTSqu3r toute la machine.
lo II ne faut pas se faire illusion, ce n'est pas la bour-
geoisie seulement qui prend parti contre les autorités
légales et contre le régime établi, c'est le peuple
entier, gens de métier, de boutique et de service,
^vres de toute espèce et de tout deg^ai^
^s du peuple la populace, vagabonde, fl^aeurs
ji Rcii^Afs, toHteJamultitude qui, a5ïï?Dee sous
SOUCI du pain qumiai^fi, n'avait jamais levé les
yeux pour regarder le grand ordre social dont elle est
la plus basse assise et dont^elle porlte tout le poids.
20 Déjà les agitateurs sont eirpfetSaneiice. Le Palais-
Royal estundub^plein air, où, toute la journée et
jusque bT^navantoans la nuit, ils s'exaJ^Btles uns
les autres et i fiQ Jj ssenjl: la foule aux (î8tfpsa?main.
Dans cetœ enceinle*protégée par les privilèges de la
25 maison d'Orléans, la police n'ose entrer, la parole est
libre, et le public qui en use semblechoisi exprès pour
en abuser. — C'est le p ^^K> ^y j ^ ^^'^^ à ^^flafg/^
lieu. Centre du jeu, dWcMsivefe et de^rocfurelf
le Palai^j^ yal ^a|^^^ à lui toute cette population
30 sans^ larmes qui notfc qans ^e grande ville, et qui,
n'ayant ni métier, ni ^nâg^^ e vi t ou e ^ gp ur la
curiosité ou pour le plaisir, rnaDRuesoes cafés,
La Révolution
69
aventuriers et "aëcIâssésT enfants perdus ou
méraires de la littérature, de Part et du
çc^jdg ^procureur, étudiants
1rs, étrangers et habitan
5 dit que ceux-ci sont quarante
pointde place ici pour les ^
C*Afl]|ï;es , c'est le rei{de:
littéraires. Ils
on
illeà Paris. Il n'y a
^indagtrieuses et
ous des Treions politiques et
^t des fluatre coins de Paris,
et leur^ essaim t| m ultii fux ^o^ couvre le
10 sol comme une ruche repaiiaue. «Toute la journée,
écrit Arthur Young, il va eu dix mille personnes au
Palais- Royal, » et la preSV esr telle qu'une pomme
jetée d'un balcon sur le pavé mouvant des têtes ne
tomberait pas à terre. —zÙlLÛMÎPffyA^iJ^ ^^^s ces
is cerveaux; ce sont l€;^^ius vigSf ae ^Jstn^u^l y ait en
France, les plus gomies d'idées spéculatives, les plus
excitables et les plus excités. Dans ce pêle-mêle de
politiques improvisés, nul ne connaît celui qui parle;
nul ne se sent responsable de ce qu'il a dit. Chacun
30 est là comme au théâtre, inç^JBgparnji des^
avec le besoin d'être ému eHransSîrii
contafflOBjie^#)assions environnantes,! er
ands jBQts, des nouvelles i
des
vont
le tolTfDilfon
vées, des bri
25 lesquelles leé
sur les autres.
Par liberté on entend l'abolition des privilèges, la
souveraineté du nombre, l'application du Contrat
D A^i^^a, ^^ la République, » bien mieux, le nivelle-
**^om«ft|universel, l'anarchie permanente, et même la
10 Toute la journée (i. e., the 24th of June, 1789 . . . ):
quoted from Arthur Young, Travels through France.
70 Origines de la France Contemporaine
Jacquerie. Camille Desmoulins, Tun des orateurs
ordinaires, l'annonce et la pimooue en terme|^£récis:
« Puisque la bête est dans le pi^^qu'on ràS8nme.
Jamais plus riche proie n'aura été offerte aux vain-
squeurs. Quarante mille palaiSy hôtels^ châteaux, les
deux cinquièmes des biem^ la France, seront le prix
de la valeur, teux qur^*fftœnaent conau^mit|
seront conquis à leur tour. La nation sery^r^lf »
Voilà d'avance le programme de la Terreur.
lo Or tout cela est non seulement lu, mais déclamé,
amplifié, converti en motions pratiques. |,Bfi\^nt^r
les cafés, «ceux qui ont la voix de Stentor seTetayent
tous les soirs. » «Ils montent sur une chaise ou sur
une table, et lisent l'écrit du jourle^u^fort sur les
xs affaires du temps. On ne se^Tlgup'pas aisément
l'avidité avec laquelle ils sont écoutés, et le tonnerre
d'applaudJKements qu'ils reçoivent pour toute expres-
sion narailrou plus violente que d'ordinaire contre
le gouvernement. » lulla<ii>»<»'^"^
20 La guerre est déclarée aux unftonj^s susjiects.
«Dès que paraît un hussard, écn^JDegnguUûSijûn
crie^Voilà Polichinelle, et les tameuS^epTerreTe
^fipWrtSf. Hier au soir, deux officers de hussards,
MM. de Sombreuil et de Polignac sont venus au
25 Palais-Royal ... on leur a jeté des chaises, et ils
auraient été assommés, s'ils n'avaient pris la fuite.
I Jacquerie: the peasant rising in 1358. The French peas-
ant was nicknamed Jacques Bonhomme. — Camille Desmoulins
(1760-1794): prominent in the Révolution, harangued and
incited the mob to storm the Bastille.
12 Stentor: the herald of the Greeks before Troy, whose voice
was se powerful as to drown the noise of fifty men; cf. Iliad,
V. 785.
La Révolution
71
Avant-hier on a saisi un es/a
baieaié dans le bassin, on Ta forcé comme on
uirWrtTon Ta harassé, on lui jetait despie^D
lui donnait des coups de canne, on lui a*mis1
5 hors de Torbite, enfin, malgré ses prières et qu'il
criaiJmercivOttra jeté une seconde fois dans le bassin.
Son™ppfice a duré depuis midi jusQi^à cinq h^m je s
et demie, et iLy aj jajt ^iejt #dix mille jo i^^
Considérez ifer^S^^™ pareîi loyer en im pareil
10 moment. ATofea^pouvoirs légaux s^e^tjg l ev é
pouvoir nouveau, une législature de rSwxâourTlVQë
place jmhlique, anonyme, irresponsable, sans
pf&l^f ^^^n^aj^apt par des théories dûjcafé,J)_arideî
lydMîesI "^^'*
_ _ ïgTOSfTC^Cêfveire, par des excitat igns;,Qf t rétgKigTj'ei
15 les bras nus qui viennent de toutHSnsei^u faubourg
Saint- Antoine, sont ses gardes du corps et ses ministres.
)ri~ force
>^^^-j^
1*^^
II. JOURNÉES DES 13 ET 14 JUILLET 1789
Le moment fatal est arrivé: ce n'est pas un gou-
vernement qui tombe pour faire place à un autre,
c'est tout gouvernement qui cess ejxyr^ aire place
20 au despotisme intermittent des ^Suftons que Ten-
thousi asij^L-^^U^e dTjlitd l a mis ^ et la crainte lan-
ceront aravcugl^ct cflrviinT^^>nimei^
domestique qui tout d'un coup jpQg^
vage, le peuple, d'un geste, jctte%. Ea
25 ordinaire, et les nouveaux guides
sur son cou ne sQritJàg||ÀiQj:)our la'môfîT
vant, il marcire^ sa guise, affranchi de leur raison,
livré à ses sensations, à ses instincts et à ^y "ri^|*l%|,tiO rtit
Visiblement, on n'a voulu que (jS*evenir ses ePATE
Origines de la France Contemporaine
rgijfi JTntemit loute vyl^e, les commandants
lenaSit aux troupes de pfèn mais Tanimal surex-
^i^é, fa uche, prend toutes les précautions pour des
HJEremSfi; à Ta venir, il entendje conduire lui-même,
5 et, pour commencer, il ¥tf^e*ses gardiens. — Le
nouveau souverain s'est^îrontfê; c'est le peuple en
armes et dary larue.
Aussitôt laiîe<^a société monte à la surface. Dans
la nuit de 12 au 13 juillet «toutes les barrières
10 depuis le faubourg^aint- Antoine jusqu'au faubourg
Saint-Honoré, ouîre ^celles des faubourgs Saint-
Marcel et Saint- Jacques, sont forcées et incendiées. »
Il n'y a plus A^Èuljldi villedœi^^ sans revenu,
juste au moment où elle esr OD]Jgee a des dépenses
15 plus fortes; mais peu importe à la populace, qui,
avant tout, veut lejrâi à bon marché, c^e» bri-
gands, armés defiïïfl^et de bâtons, ^|ÏOTTeiiipar-
tout en plusieurs divisions, pour livrer au pillage les
maisons dont les maîtres sont regardés comme les
20 ennemis du bien public. » «Ils vont de port^ en
por te^ çp^Tjjç^e^S LTmes et du pain! — Ôfframcçtte
nuit '^ffrgjl!^. Ta bourgeoisie se tenait enfermée,
chacun tremblant chez soi, pour soi et pour les siens. »
— Le len^gjjjjjn 13, la capitale semble livr|eàk •
25 dernière pieDe^t aux bandits. Une bande
à coups de hache la porte des Lazaristes, brise la
10 depuis le faubourg Saint-Antoine . . .: extending from
la Place de la Bastille eastward to Vincennes along the right
bank of the river Seine; Saint Marcel and Saint Jacques are on
the left bank.
26 Lazaristes: convent of the Lazarists or prêtres de la mis-
sion in the northem part of the city.
La Révolution 73
iibliothèquej les armoires, les tableaux, les fenêtres,
^•neionceles tomieat K |t^e^Q myjmg^^^ Heures
après, on ^^ trowa^ ^rihy^fremaf^ de morts et de
5 mourants,n[ft9^saans le vin, hommes et femmes.
Devant la maison, la rue est pleine de débris g t de^ ^*
'"'i^andsqui tienne^tà lajnainwles ims « de^omes-
autres ui^fftr^, Ipfceni l'es passants àjboire,
.tout venant . La vin couk en^alus dans| p fl
^ ^^srJ!? ^P€ » ; c^est une^lwi-
'on TnleviUr grain et les farines
'étaient tenus par édît d'avoir tou-
igasm, et on en conduit cinquante-deux
à la Halle. Une autre troupe vient à la
15 Force délivrer les prisonniers pour dettes; une
troisième pénètre dans le Garde-Meuble, y enlève
des armes et des armures de prix. Pendant la nuit
du 13 au 14, on pille des boutiques de boulangers et
de marchands de vin; «des ho mm|&s de la plus vile
20 populace, armés de fusils, de orocnes et de piques,
se font ouvrir les portes des maisons, donner à boire,
àmaMpr, de Targent et des armes. » Vagabonds,
* • ff^fjlmilés, plusieurs «presque nus, la plupart arfnés
comme des sauvages, d'une physionomie effrayante, »
25 ils sont «de ceux qu'on ne se souvient pas d'avoir
rencontrés au grand jour »; beaucoup sont des étran-
14 la Force: an ancient Paris prison, the résidence of the
dukes La Force in the sixteenth century. It was built in 1265 by
Charles, king of Naples and Sicily. There took place the mas-
sacre during the Reign of Terror. It was suppressed in 1850.
16 Garde-Meuble: storeroom of the king's fumiture near the
Tuileries.
74 Origines de la France Contemporaine
gers, venus on ne sait^d^oirf On dit qu'il y en a
50,000, et ils se sontTOnJjBres des principaux postes.
Pendant ces deux jours et ces deux nuits, Paris
courut risque d'être pillé, et ne fut sauvé des bandits
5 que par la garde nationale. Déjà, en pleine rue,
«descr^tures arrachaient aux citoyennes leurs
mençaienras^e donner carrje^^jffeij^usement la
milice s'organise ; jes prgy iers naBftant^des gentils-
10 hommes s'y font Inscrire; 48,000 hommes se forment
en bataillons et en compagnies; les bourgeois achè-
tent aux vagabonds leur fusil pour 3 livres, leur épée,
sabre ou pistolet pour 12 sous. Enfin l'on pend sur
place quelques malfaiteurs, on en désarme beaucoup
15 d'autres. ^ V i n surrection redevient politique. —
Maièf* cplel que soit son objet, elle reste toujours
folle, parce qu'elle est populaire. Son panégyriste
Dussaulx avoue qu'il «a cru assister à la décomposi-
tion totale de la société. » Point de chef, nulle
20 direction. Les électeurs qui se sont improvisés
représentants de Paris semblent commander à la
foule, et c'est la foule qui leur commande. Pour
sauver l'Hôtel de ville, l'un d'eux, Legrand, n'a
d'autre ressource que de faire apporter six barilsde
25 poudre^ de déclarer aux envahisseurs qu'il valairc
tout sïWer. Le commandant qu'ils ont choisi, M.
de Salles, a, pendant un quart d'heure, vingt baïon-
nettes sur la poitrine, et plus d'une fois, tout le comité
18 Dussaulx: Jean (died 1799). Quoted from bis V Œuvre
de sept jours.
26 M. de Salles: J. Baptiste (died 1794), the leader of the
électoral committee.
La Révolution
75
sur les autres,
jusque sur le
est près d'être n^^ssacré. l^^urez-^u s, d
ceinte où ils^jfttftemetfent ct"^np^W8ffrT< une
de q i\jftze|ceQ)ts hommes pressés
qui ^ror^n|^ d'ent rer^))^l( ' '"""
5 lesTOlkfffmeîqui seV^Pt'îfeent
Penceinte du bureau qui est'te]^
siège du président, un tumulte à faire croire que c'est
«le jour du jugemgitdernier, » des cris de mort, des
chansons, des IrarHtîfems, «des gens hors d'eux-
la mêmes, et, pour la plupart, ne sachant où ils sont ni
ce quMls veulent. » A la Bastille, de dix heures du
matin à cinq heures du^ir, Jls fusillent des murs
hauts de quarante piedsT^aR^^trente, et c'est par
hasard qu'un de l§yjscoups atteint sur les tours un
15 invalide. On les MRf^ comme des enfants à qui
l'on tâche de faire le moins de mal possible; à la
première demands^legouverneur fait retirer ses
canons des^mlSasuîlsTTl fait jurer à la garnison de
ne point tirer, si elle n'est attaquée; il invite à dé-
20 jeûner la première députation; il permet à l'envoyé
de l'Hôtel de ville de visiter toutekfbrteresse, il
subit plusieurs décharges san ^^^<^|er j e^ il^l^y
emporter le premier pont sans^ruiSr^ft ambrcc.
S'il tire enfin, c'est à la dernière extrémité, pour
25 défendre le second pont, et après avoir
assaillants qu'on va faire feu. Bref, sa lo|rganlmi
sa patience, sont excessives, copforîRââ^ihumanité
du temps. — Pour eux, ils so]
tion nouvelle de l'attaque
30 l'odeur de la poudre, p^ e t
ils ne savent que sëTue
et leurs expédients soniraTu
par la sensa-
par
|at;
pierres;
leur tactique.
76 Origines de la France Contemporaine
Uirbrâsse L g ^i mag u ^^ ^ d ^nceiy^er ce bloc de mayy- ^^
nerîe, fl|i lSS^!a^^^ll^^ec des pompes de ffluire '
^^^^^ pompes
î^et dïSjlilêll^ïiijectée de phosphore. Un
jeune charpentier, qui a des notions d'archéologie,
5 propose de construire une catapulte. Quelques-uns
croient avoir saisi la fille du gouverneur, et veulent
la brûler, pour obligerlepère àsfB rendre. D'autres
mettent le feu à jg^F^^^BlÇê^e bâtiment rempli
de paille, et se^Doucftent ainsi le passage. «La
lo Bastille n'a pas été prise de vive force, disait un des
combattants; elle s'est rendue, avant même d'être
attaquée, » par capitulation, sur la promesse qu'il ne
serait fait de mal à personne. La garnison, trop bien
garantie, n'avait plus le cœur de tirer sans péril sur
15 des corps vivants, et, d'autre part, elle était troublée
par la vue de la foule immense. Huit ou neuf cents
hommes seulement attaquaient, la plupartouvrig^,
Qjll bo ut iquiers du faubourg, tailleurlf^ oSanSnsî*
t^ Wfirciers^ marchands de vin, mêlés à des gardes
20 françaises. Mais la place de la Bastille et toutes les
rues environnantes étaient comblées de curieux qui
venaient voir le spectacle; parmi eux, dit un témoin,
nombre de femmes élégantes et de fort bon air, qui
avaient laissé leurs voitures à quelque distance. Du
25 haut de leurs parapets, il semblait aux cent vingt
Jioqy mes de la garnison que , Paris tout entier débor-
^m(t contre eux. Aussi bien ce sont eux qui baissent
le pont-levis, qui introduisent l'ennemi; tout le
monde a perdu la tête, les assiégés comme lesas-
30 siégeants, ceux-ci encore davantage, parce qu'ils sont
enivrés par la victoire. A peine entrés, ils commen-
cent par tout briser, et les derniers venus fusillent
La Révolution 77
les premiers, au hasard: «chacun tûpe^fians faire
attention ni où ni sur qui les coups "fRinent. » La
toute-puissance subite et la licence de tu^^^iMm^
vin trop fort pour la nature hyji^je: _^___^
sPhomme voit rougCy et sonpae'nrf^kîRfeve' '|)'àl'*^ia
férocité, ^a ^f r^ ^^ y^
Car le^ropre o^ine populaire, c'est
que, personne n'y obéissant à personne, les passions
méchantes y sont libres autant que les PJssîo§j««év^
lonéreuses^^t que les héros n'y peuvent comlnir Tes
assassins. L,es pliÇes qui sont en avant, les gardes
françaises qui savent les lois de la guerre, tâchent de
tenir leur parole; mais la foule quuDOussj^£ar der-
rière ne sait qui frapper, et frappe^ràvenïWe. Elle
isépargneleaSuisses qui ont tiré sur elle et qui, daps ^ ^
i iJfiW^ J^P ^^^^i^f jLHi ^^^ ^^^ prisonniers. lEn
^^reranlfne, elle'flacnanie^ifr les invalides qui lui ont
ouvertJ^DOTje^relui qui a empéc h^ U ggir^m yr
de faire samer la ^pt^^§sj a le poigne aBaftu (Hun
20 coup de sabre, est^perce aecleux coups d'épée, pendu,
efc*agmin, qui a sauvé un quartier de Paris, est
-^^(pnBneMe dans les rues en triomphe. On entraîne
les officiers, on en tue cinq, avec trois soldats, en
route ou sur place. Pendant les longues heures de la
25 fusillade, l'instinct meurtrier s'est éveillé, et la vo-
lonté de tuer, changée en idée fixe, s'est répandue au
loin dans la foule qui n'a pas agi. Sa seule clameur
suffitàla^^suader; à présent, c'est assez pour elle
qu'uncri cte na*); dès que l'un frappe, tous veulent
30 frapper. /*« Ceux qui n'avaient point d'armes, dit un
5 voir rouge ^ avoir un accès de colère qui pousse au meurtre
(H. and D., Dict. Français); just the same in English.
78 Origines de la France Contemporaine
officie r, Ij^^^nt des pierres contre moi; les fem-
mes gpnçaienPdes dents, et me menaçaient de leurs
poings. Déjà deux de mes soldats avaient été assas-
sinés derrière moi. J'arrivai enfin, >ousuiirf'i gé-
5 néral d'être pendu, jusqu'à quelques cïnfâmes ae pas
de l'Hôtel de ville, lorsou'paapporta devant moi
une tête perchée sur une^ft^ueTlaquelle on me pré-
senta pour la considérer, en me disant que c'était
celle de M. de Launay, » le gouverneur. — Celui-ci,
10 en sortant, avait xeçu un coup d'épée dans l'épaule
droite; arrivé dans la rue Saint- Antoine, tout le
monde lui arrachait les cheveux et lui donnait des
coups. Autour de lui, les uns disaient: «il faut lui
couper le cou, » les autres: «il faut le pendre, » les
15 autres: «il faut l'attacher ^ l^^queuedî^ cheval. »
Alors, désespéré et voulanHCor^er *son ^^ ^^Ijce^
crie: «qu'on me donne la mort, » et, en se aeDa|ftnt7
lance un coup de pied dans le bas-ventre d'un des
hommes qui le tenaient. A l'instant il est percé de
20 baïonnettes, on le traîne dans le rujgge aij,_qn fr^Ryg||
sur son cadavre, en criant: «c'est iffi* gaTe'iJx^ef un
monstre qui nous a trahis; la nation demande sa
tête pour la montrer au public, » et l'on invite
l'homme qui a ^'^jE^ J|| f9^P^^?£^gJAJj ^^HB^Jji^-y^
25 même. — Celui-ci, î:fiisimérsSnf*paç|?aémi3^
qui çst allé à la Bastille pour voir ce qui s'y passait,
juge que, puisque tel est l'avis général, l'action est
patriotique, et croit même «mériter une médaille en
détruisant un mons^.^)v Avec un sabre qy iq n jjfli
30 prête, il frappe sur le col nu; mais, le sabre mal afliiê
n^cou^gt point, il tire.de sa^g^xeunn^it couteau
à. mtîBîne noir, et «comme en sa q\ja,fté aetufcmei-
La Révolution ^ ^ 79
il sait travailler les viandçs, » il fcneve heureusement
r-2J[£Péigtion. Puis, mettant la tête au bout d'une
Pifmîne à trois /fSLncnej^et accompagné de plus de
deux centsp^onnesarmées, sans compter la pppu-
5 lace, il se?''Bref ot mjt^pfe, et, rue Saint-Honoré, il
fait attacher à la tête deux inscriptions pour bien
indiquer à qui elle était. La gaieté vient: après avoir
défilé dans le Palais-Royal, le cortège arrive sur le
pont Neuf; devant la statue de Henri IV, on incline
10 trois fois la tête, en lui disant: «Salue ton maître. »
— C'est la plaisanterie finale: il y en a dans tout
tricmphe^ et, sous le boucher, on voit apparaître le
Cependant. êi^g^^^^^^M l im ^i^^tiÂ^ ^^^^y ^^^>
15 avec vfS légèreté Ae bavarcS, mSniem fe vies aussi
librement que les paroles, ont dressé dans la nuitjdu
i 3^a\^i^^un e liste de proscription dont ilsc^abitenr
le?ef5tSpfc.ires; ils prennent soin d'en aol^sser un à
chacune des personnes désignées, le comte d'Artois,
20 le maréchal de Broglie, le prince de Lambesc, le
l^aron de Bezenval, d'autres encore; une récompense
est promise à qui portera leurs t ê te^jau caffl du Ca-
veau. Voilà des noms pour la foule lâchée pi suffira
maintenant qu'une baaderencontj^ l'homme dé-
25 nonce; il ira jusqu'à la lan^njr^u coin, mais non
20 de Broglie: Victor François (i 718-1804). Minister of
War under Louis XVI an d marshal of France, he emigrated af ter
the outbreak of the Révolution. — le prince de Lambesc (1751-
1825): commander of the régiment Royal- Allemand.
21 baron de Bezenval: he fled to bis native land, Switzerland,
after the storming of the Bastille.
22 café du Caveau, a meeting place of les chansonniers du
CaveaUy a literary club of that âge.
8o Origines de la France Contemporaine
^*^ .vise siège en permanence e[ aq^vè ses arreies par ses
actes. — M. de Flesselles, prévôt des marchands et
présMeiA des électeurs à l'Hôtel de ville, s'étant
S montré tiède, le ralais-RovaJ le décla reL traître, et
l ^n^jfie prendre; dans le ^gtjetf u n] li^ Ç./hQP^y}f^
iaLat d*im coup de pistolet, les auffes^aPîffiiem
prendre; dans
*im coup de pis
sur son corps, et sa tête, portée sur ime pique, va
rejoindre celle de M. de Laimay. — Des accusations
lo aussi meurtrières et aussi proches de l'exécution
flottent dans l'air et de toutes parts. «Sous le moin-
dre prétexte, dit un électeur, on nous dénonçait ceux
que l'on croyait contraires à la Révolution, ce qui si-
gnifiait déjà ennemis de l'Etat. Sans autre examen, on
« ngjjariait de rien moins queiiesaî|irj^urs personnes,
^*cfaDÎmel leurs maisons, d^fasër leurs hôtels. Un
jeune homme s'écria: qu'à l'instant on me suive, et
^marchpnâ chez Bezenvall» — Les cerveaux sont si
'^éfeirîucnes et les esprits ai (^fiants qu'à chaque pas
20 dans la rue «il faut ,clj3^SyL ¥V - J?gKît ^ felarer sa
profession, sa demeu^et son vœu. Un ife peut plus
entrer dans Paris ou en sortir, sans être^
trahison. » Toute vie est susp
f •joi^ stsu ivants, quand le roi a*
S^rêSîvoye ses ministres, rappelé Necker, touf
le danger reste aussi grand. Livrée aux révolu-
tionnairgsetAeUMnême, la multitude a toujours les
mêmes ^soutfesamsmeurtriers^ et les chefs munici-
paux qu'elle s'est donnés, Bailly, maire de Paris,
29 Bailly: Jean Sylvain (i 736-1 793); he became Mayor
of Paris after the fall of the Bastille. He was a moderate
man.
La Révolution 8i
Lafayette, oramandant de la garde nationale, sont
forcés ae ruser avec elle, de l'implorer, de se jeter
entre elle et les malheureux sur lesquels elle s'abat.*^
Le 15 juillet, dans la nuit, une fenune, déguisée en
S homme, est arrêtée dans laœuiL.de THôtel de ville,
et si maltraitée qu'elle^^gl^it; Bailly, pour la
sauver, est obligé de/ftïnorecontre elle une grande
colère et de l'envoyer sur-le-champ en prison. Du
14 au 22 juillet, Lafayette, au péril de sa vie, sauve,
iode sa main, dix-sept personnes en divers quartiers. —
Le 22 juillet, sur les dénonciations qui se propagent
autour de Paris comme des traînées de poudre, deux
administrateurs du premier rang, M. Foulon, con-
seiller d'État, et M. Berthier, son gendre, sont arrêtés,
15 l'un près de Fontainebleau, et l'autre près de Com-
piègne. M. Foulon, maître sévère, mais intelligent
et utile, a dépensé soixante mille francs, l'hiver pré-
cédent, dans sa terre, pour donneajde l'ouvrage aux
r .^EâSi^^'iâ-MLîSSF^'^^^^' homme appliqtié et capable,
•'^^a^dasyeTuf^e France pour égaliser la taiUe, ca
qui a réduit d'un huitième, puis d'un quart, les œflre
surchargées. Mais tous deux sont proscrits publique-
ment, depuis huit jours, par le Palais-Royal, et, dans
un peuDln^ffaré par le désordre, exaspéré par la
25 faim, affoI?par le soupçon, un accusé est un cou-
pable. — Pour Foulon, une légende s'est faite: «Il a
dit que nous ne valions pas mieux que ses chevaux
et que, si nous n'avions pas de pain, nous n'avions
I Lafayette: Marquis de (i 757-1834), noted for hîs serv-
ices in the American Révolution and the Révolution in France.
He was Commander-in-Chief of the National Guard from
1789 to 1791
82 Origines de la France Contemporaine
qu'à manger de T herbe. » — Le vieillagddeijDixa
quatorze ans est conduità^^is, uneBouelde^
sur la tête, un collier déraaraoffi au cou, et la bouche
pleine de foin. En vain le bureau des électeurs com-
5 mande, pour le sauver, qu'il soit mis en prison; la
foule crie: «jugé et pendu, » et, d'autorité, elle
nomme des juges. En vain Lafayette supplie et
insiste par trois fois pour que le jugement soit régulier
et que Paccusé aille à T Abbaye; un nouveau flot de
10 peuple arrive, et un homme bien vêtu s'écrie: «Qu' est-
il besoin de jugement pouyinhomme jugé depuis
trente ^s?» — Foulon elPenl^^îHfraîné sur la
place,'*^ra'8!M à la lanterne; la corde casse deux
fois, et deux fois il tggj?e sur le p^é ; rependu avec
15 une corde neuve, piiSTflTTOCnefsatête est coupée et
mise au >put^'une pique. — Pendant ce temps,
Berthier, exj^mé de Compiègne par la municipalité
qui n'osait le garder dans sa prison toujours menacée,
arrivait en cabriolet sous escorte. Autour de lui, on
20 portait des écriteaux chargés d'épi thètes infamantes;
aux relais, on jetait du pain noir et dur dans sa voi-
ture en lui disant: «Tiens, malheureux, voilà le pain
que tu nous faisais manger! » Arrivé devant l'église
de Saint-Merry, une tempête effroyable d'outrages
25 éclate contre lui. Quoiqu'il n'ait jstmgtisachgt^lg^
vendu un seul grain de blé, on l'appâlPaccap
aux yeux de la multitude qui a besoin d'expliquer le
mal par un méchant, il est l'auteur de la famine.
Conduit à l'Abbaye, son escorte est dispersée; on le
30 pousse vers la lanterne. Alors, se voyant perdu, il
arrache un fusil aux meurtriers et se défend en brave.
9 r Abbaye: i. e., /a prison de V Abbaye y a militaiy prison.
La Révolution 83
Mais un soldat lurtehd le ventre d'un coup de 'sabre;
un autre lui arrache le cœur. Par hasard, le cuisinier
qui a coupé la tête de M. de Launay se trouvant là,
on lui donne le cœur à porter, le soldat prend la tête,
5 et tous deux vont à l'Hôtel de vilkpourmontrer ces
trophé^sL,M,^^QXg^fayette. De*raouf au Palais-
Royal Tf^uaDÏ^aans un cabaret, le peuple leur
demande ces deux débris; ils les jettent par la fenêtre,
et achèvent leur souper, tandis qu'au-desso
10 on promène le cœur dans un bouquet Œoêiilets blanc.
— 'Voilà les spectacles que présente ce jardin où,
rangée précédente, la bonne compagnie en grande
pânlR venait causer au sortir de l'Opéra, et parfois,
jusqu'à deux heures dumatin, sous la molle clarté de
'sj^.luoe, écoutait ''fimane violon de Saint-Georges,
Smotia voix délicieuse de Garât.
III. PSYCHOLOGIE- DE LA RÉVOLUTION
Que sera-ce donc, à présent que le péril, devenu
'palpable>et ggve, va croissant tous les jours, qu eJa* ^ ^
guer^e|te^g6ée, que l'armée de Lafayette f eciuië
20 à Isro^DpSlaWrque l'Assemblée déclare la patrie eii^
danger, que le roi est renversé, que Lafayette paâP^
15 Saint-Georges: a famous violin virtuoso, pupil of Leclair
(1745-1799)-
16 Garât: Jean Pierre (i 764-1823) . He studied law, and later
became a famous ténor singer.
18 la guerre est engagée: on April 20, 1792. France declared
hostilities against Francis II of Austria.
21 Lafayette passe à V étranger ... le sol de la France est
envahi . . . etc.: referring to August 19, 1792, when Lafay-
84 Origines de la France Contemporaine
à rétranger, que le sol de la France est envahi, que
les forteresses de la frontière se rendent sans résis-
tance, que les Prussiens entrent en Champagne, que
r insurrection de la Vendée ajoute les déchirements
S de la guerre civile aux menaces de la guerre étrangère,
et que le cri de trahison éclate de toutes parts? —
Déjà le^îÀmaLi792, à Metz, M. de Fiquelmont,
ancien cnanomeT* ayant causé ^su;^ ^Jag^S^nfaj>^
Jacques avec un hussardjaHet^Sra^mMiM
10 pour les princes, enlevé gialgjémne triple naiede
gardes, assommé, percé,*mcne/^rcoups de bâtons,
de baïonnett^^^eaabres: autour des meurtriers,
la multitude |r6fcCTfee flqus| a^t^des cris de rage, et,
de mois en mois, ^njœure^ue ses craintes aug-
15 mentent, son imagination s'exalte et son délire
s'accroît. — Qu'on en juge par uft sful^e^^p l^.^^ L^
31 août 1792, huit mille prêtres msmnïntes/ c n^p!^^^
de leurs paroisses, son1;^à ^Q uen^vjUSy m^ jft Jntolé-
auoecre
rante que les autres, et,*'xomôfmeménr^au décret qui
2gks^jnnit, se préparent à sortir de France. Deux
^navires en ont déjà emmené une centaine; cent vingt
autres s'embarquent pour Ostende sur un plus grand
bâtiment. Ils n'empotent rien avec eux, sauf un peu
d'argent, quelquéy^Sfaês, une, ou tout au plus deux
25 parties, de leur bréviaire, parce qu'ils comptent
ette, not wishing to serve the cause of those who contemplated
the déposition of his king, surrendered himself a prisoner to
the Austrians. The allied forces of the Austrians and Prus-
sians, after the victories of Longwy (August 27) and Sedan
(September 2), had a clear way to Paris.
4 la Vendée: the province between the Maine and Loire.
Thèse Vendéens took up the Royalist cause against the Re-
public, on March 14, 1793.
La Révolution 85
revenir bientôt. Chacun a son passeport en règle,
et, juste au moment du départ, la garde nationale a
tout visité pour ne laisser fuir aucun suspect. — Il
n'importe: arrivés à Quillebœuf, les deux premiers
5 convois sont arrêtés. En effet, le bruit s* est répandu
que les prêtres vont rejoindre Tennemi, s'enrôler, et
les2|ensjdu pays, se jetant dans leurs barques, en-
ï^toumifles navires. Il faut que les prêtres descen-
dent, sous une tempête de hurlements, de blasphèmes,
10 d'injures et de mauvais traitements; l'un d'eu;
vieillard à cheveux blancs, étant tombé dans
les cris et les huées redoublent; tant mieux s'il
c'en sera un de moins. Débarqués, on les jette tous en
prison, sur la pierre nue, sans paille, sans pain, et l'on
isJcritAParis pour savoir ce qu'il faut faire de tant de
»^ouimes . j-j^Çf pendant le troisième navire, man-
quant de vm», a envoyé deuxjgretres à Quillebœuf
et Pont-Audemer pour fairtMire douze cents livres
Dain^sfcnalés par desnSnftccS^e village, ils sont
rcnâssSs comme des bêtes fauves, passent la
'nuit dans un bois, reviennent à grand'peine et les
mains vides. — Signalé lui-même, le navire est as-
siégéi«Dajis toutes les municipalités riveraines,
le tanrDoftWfeule sans discontinuer, pour engager les
25 populations à se tenir sur leurs gardes. L'apparition
d'un corsaire d'Alger ou de Tripoli aurait causé
moins de rumeur^ur les côtes de l'Adriati|^. Un
S^mSfm du Baflment a publié que lé^SaUesdes dé-
portés sont pleines d'armes de toute espèce, » et le
30 peuple des campagnes s'imagine à tout instant qu'ils
4 QuiUebcsuf: a seap)ort at the mouth of the Seine, where
the refractory priests were to embark.
86 Origines de la France Contemporaine
vontf fSlidre sur lui, le sabre et le pistolet au poing. —
tJCuJèSSèS^^ plusieurs longues journ| es, J| ^cfl nvoi af-
*'^^ame|reste au milieu du fleuve, e n^^i^^^ ^ jt^^ ^
vue. Des barques chargées de'^fonMires et de
5 paysans tournent alentour, avec des injures et des
menaces: dans les prairies voisines, les gardes na-
tionales se forment en bataille. Enfin on^e décide;
des braves, bien armés, mont ent jj^u^ ^es cm
approchent avec précaution, ""^p^tLil^end i pit ^ eL je ^
iQjpooment les plus favorables, s'élancent à î^aBîft-'aage/^
'^è^jftfent du navire, et sont tout étonnés de n'y
trouver ni ennemis ni armes. — Néanmoins les
prêtres sont consignés à bord, et leurs députés doi-
vent comparaître devant le maire. Celui-ci, ancien
15 huissier et bon jacobin, étant le plus effrayé, est le
plus violent; il refuse de valider les passe-ports, et,
voyant deux prêtres approcher, l'un muni d'une
canne à épée, l'autre d'un bâton ferré, il croit à une
invasion soudaine. «En voici encore deux, s'écriait-
20 il avec angoisse; ils vont tous descendre; messieurs,
la ville est en danger. » — A ce mot, la foule s'alarme,
menace les députés; on crie A la lanterne! et, pour
les sauver, des gardes nationaux sont obligés de les
conduire en prison dans un cercle de baiOTU^ttes. —
25 Remarquez que ces furieux sont «aiÎTradles meil-
leures gens du monde»: après l'abordage, l'un des
plus terribles, barbier de son état, vojantjg^arbes
longues de ces P^^u^Jgâ prêtres, s'estT^ftKuoâ l'in-
stant, a tiré sa ^ffou^, et, complaisamment, s'est
30 mis à raser pendant plusieurs heures. En temps
22 A la lanterne! Thèse words recur in the song Ça ira; cf.
note, page 105, 1. 13.
ca^uâcur iigrcilUic, 4U1 vicul ic buix icibbuicx ici
S ^^S^^^ ^ ^jS^^^^É^^iA^ ^^^^ ^^^ prison;
t, il^rîîamfô3r?es mi^d et, grâce à so p^ ^ ^. ^^
, ses nerfs sont devenus calmes: c'esTi&^our-
La Révolution 87
ordinaires, les ecclésiastiques ne recevraient que des
saluts; trois ans auparavant, ils étaient respectés
coninied^^ères^ejj^es guides. Mais, en ce moment,
leS:îSÎ!Çagna:^ du peuple est hors de son
5 assiette. Par force et contre nature, on a fait de lui
un théologien, un politique, un capitaine de gendar-
merie, un souverain local et indépendant: la tête lui
tourne dans un pareil office. — Parmi ces gens qui
semblent avoir perdu la raison, il n'en est qu'un,
10 officier de la garde nationale, qui conserve son sang-
froid; du reste, personnage très poli, d'excellente
tenue, causeur agréable, qui vient le soir rassurer les*
détenus et.
en effet,
15 métier, ses nerfs sont devenus calmes:
reau.llLes autres, qu'on prendrait pour des tigres, sont
des moutons affolés; mais ils n'ensMatpgjg^|oins
dangereux; car, emportés par l&^fmii^^u ^^nc^t
de tout^J^ur masse sur tout ce qui leui^oflfe oni-
^^/f^t^J^f—^uT la route de Paris à Lyon, les commis-
saires de Roland sont témoins de cet effarement
terrible. «Le peuple se demande sans cesse ce que
font nos généraux et nos armées; il a souvent le mot
de vengeance à la bouche. ^Oui, dit-iL nous partirons,
25 mais auparavant nous^ptlf^rons l'intérieur. » —
Quelque chose d'effroyable se prépare; la septième
jacquerie va venir, celle-ci universelle et définitive,
d'abord brutale, puis légale et systématique, entre-
prise et exécutée en vertu de principes abstraits par
21 Roland: Jean Marie (1734- 1793), a French statesman, In-
spector of Manufactures at Amiens and Lyons. Later he be-
came one of the Girondist leaders.
88 Origines de la France Contemporaine
desTm^OTsdignes de leurs manœuvres. Il n'y eut
jamais rien d'égal en histoire; pour la première fois,
on va voir des brutes devenues folles travailler en grand
et longtemps sous la conduite de sots devenus fous.
5 II est une maladie étrange qui se rencontre ordi-
nairem^^jdans les quartiers pauvres. Un ouvrier,
^/ MrtlftflP uelravail, misérable, mal nourri, s'est mis à
boire; tous les jours il boit davantage et des liqueurs
©tosiortes. Au bout de ouelques^nnées, son ap-
^•^^fSffftreU nerveux, déjà ^iÇ^jOTr^^e jeûne, est surex-
^ cité et se détraque. Une heure arrive oîi le cerveau,
frappé d'un coup soudain, cesse de mener la machine:
il a beau commander, il n'est plus obéi; chaque mem-
bre, chaque articulation, chaque muscle, agissant à
part |eL pour soi, sursaute convulsivement par des
sSs discordantes. Cependant, l'homme est
gai; il se croit millionnaire, roi, aimé et admiré de
tous; il ne sent pas le mal qu'il se fait, il ne comprend
pas les conseils qu'on lui donne, il refuse les remèdes
20 qu'on lui offre, il chante et crie pendant des journées
entières, et surtout il t)oitpli^ que^^mais. --f^A ]^.
fin, son visage' l'àssîJftîtftl^'er ses'^iSP^Tnjectentl
Les radieuses visions ont fait place aux fantômes
monstrueux et noirs: il ne voit plus autoijt d®iJ^^
25 qyejies figures menaçantes, d^^^res^|^tJ?OTÎbus-
CAHp^t pour tomber sur lui ^ n^çf^ fl^fPI^^^ ^^.
triers qui lèvent. le bras pour l'égorger, des ooffifleaux
qui lui préparentdes&upplices, et il lui semble qu'il
marche dans uncfnmrerde sang. Alors il se précipite,
3aetADji£^ne pas être tué, jl tijfe* N ul n'est plus re-
^jS^^^&SinSme; car son délire ^^^^^^j^^^Qfg^ est prodi-
' gieuse, ses mouvements soiiflîlffreviS^et il supporte,
La Révolution 89
sans y faire attention, des misères et des blessures
squs^ lesquelles succomby ait un homme sain. — De
a FT3inc^'ê^\sêeue jeûnes sous la monarchie,
enivrée par la mauvaise eau-de^vie du Cpnirat social '
set de vingt autr«^*Siions^^fM«^
pui^ubitejn^tfjgppée de paralysie à la tête: aussitôt
fi11f>^.^lhirrT^fT(^^iig^y^ par le jeu inco-
hérent et par les uramraiënfl contradictoires de tous *
ses organes désaccordés. A présent elle a traversé la
10 période de délire joyeux et va entrer dans la période
de délire |6fet)r ejl^ vqil^ apable de tout oser, souffrir
et faire, exploits inomSerDlf baries abominables, sitôt
que ses guides, aussr^tWy'qu'elle-même, auront dé-
signé un ennemi ou un obstacle à sa fureur.
IV. LES JACOBINS
15 Lorsqu'une doctrine séduit les hommes, c'est
moins par le sophisme qu'elle leur présente que par
les promesses qu'elle leur fait; elle a plus de prise sur
leur sensibilité que sur leur intelligence; car, si le
cœur est parfois la dupe de l'esprit, l'esprit bien plus
20 souvent est la dupe du cœur. Un système ne nous
agrée point parce que nous le jugeons vrai, mais
nous le jugeons vrai parce qu'il nous agrée, et le
fanatisme politique ou religieux, quel que soit le
canal théologique ou philosophique dans lequel il
25 coule, a toujours pour source principale un besoin
avide, une passion secrète, une accumulation de désirs^
pmfonds et puissants auxquels la théorie Stire un
M^leDouché. Dans le Jacobin, comme dans le puritain,
28 le Jacobin: the Jacobin Club originated in a small group
90 Origines de la France Contemporaine
il y a une source de cette espèce. — Ce qui la nourrit
chez le puritain, ce sont les anxiétés de la conscience
alarmée qui, se figurant la justice parfaite, devient
rigoriste et multiplie les commandements qu'elle
5 croit donnés par Dieu; si on la coniTSLint^yio^XiqaeTj
elle se révolte, et, pour les imposer à^utniî/elle est
impérieuse jusqu'au despotisme. Mais sa première
► œuvre, toute intérieure, est la répression de soi par
^ ' jipi-même, et, avant d'être politique, elle est morale. —
iIAu contraire, chez le Jacobin, la première injonction
ii'est pas morale, mais politique; ce ne sont pas ses
devoirs, mais ses droi^qu'il exagère, et sa doctrine,
au lieu d'être un^gmnon pour la conscience, est une
of Breton deputies for the discussion of current p)olitical ques-
tions. When the Assembly was moved from Versailles to
Paris, the Club assembled in the Convent of the Jacobin
monks, whence their name. Its first constituents were mild
democrats, among them Mirabeau and Lameth. When the
violent élément came in, thèse seceded. Robespierre became
its head and aspîred to control both the National and the Lég-
islative Assemblies. With branches ail over France, its influence
was most powerful among the masses. The Reîgn of Terror
and the exécution of Louis XVI on January 21, 1793, were
due to the support of the measures of Robespierre. The back-
bone of its j)ower was broken when Robespierre was executed
in July, 1794.
13 une flatterie pour P orgueil: Taine remarks: "Camille
Desmoulins, qui est Tenfant terrible de la révolution, avance
cette vérité ainsi que toutes les autres. Après avoir cité les
révolutions du quinzième et du dix-septième siècle *qui ti-
raient leur force de la vertu et avaient leur racine dans la
conscience, qui étaient soutenues par le fanatisme et par les
espérances d'une autre vie,' il conclut ainsi: 'Notre Révolution
purement politique n'a ses racines que dans l'égoïsme et dans
les amours-propres de chacun, de la combinaison desquels
s'est composé l'intérêt général.' "
La Révolution 91
flatterie poi^^ iÇ^ueilJ' Si énorme et si insatiable
^luft^it râïftopiTfWlpt humain, cette fois il est
"^ a^fl xa^g^ |ajfl ais on ne lui a offert une si prodi-
gieusq^fjftfiïrfe; -HHN e cherchez pas dans le progranmie
5 delas^tj les prérogatives limitées qu'un homme fier
^fff^en^que au nom du juste respect qu'il se doit à
lui-même, c'est-à-dire les droits civils complets avec
le cortège des libertés politiquesod^leur servent de
sen tjfljejlg s et de gardiennes, l?OTetelles biens et de
10 la x^eTlaimteGte la loi, l'indépendance des tribunaux,
l'égalité des citoyens devant la justice et sous l'impôt,
l'abolition des PSJSÎ^^JlLlÈLfèîîi^^^^^' l'élection
des députés et l^P0^posîtf!ma^ publique,
bref les précieuses garanties qui font de chaque ci-
15 tojJ^Jin souverain inviolable dans son domaine res-
-■^^'ftâmjrqui défendent sa personne et sa propriété
contre toute oppression ou exaction P^J^Îj£g^(2£y
privée, Q^k^^.JKg'jgÉSEftSS^ tranquille etoebo^fTm
face de seFfOToînrentset de ses adversaires, debout
29 et respectueux en face de ses magistrats et de l'État
lui-même. Des partisans de la constitution anglaise
et de la monarchie parlementaire peuvent se conteatei
. ^ t riV^ j >^ L^VffL J^deau ; mais la théorie jacobine*en
'^ * fait Don mSSrcBl, et au besoin marchera dessus comme
25 sur une poussière vile. Ce n'est pas l'indépendance
et la sécurité de la vie privée qu'elle promet, ce n'est
pas le droit de voter tous les 4l^wxagslune simple
influence, un contrôle indirecv^SfneTmtermittent
de la chose publique; c'est la domination politique,
30 a savoir la propriété pleine et entière de la France' et
des Français, — Nul doute sur ce point: selon les
33 en fait bon marché: see marché.
92 Origines de la France Contemporaine
propres termes de Rousseau, le^ntrat. social exige
« l'aliénation totale de chaquèiass^reavec tous ses
droits à Jaconraunauté, chacun se donnant tout
entier, terqïTil s^u^ouve actuellement, lui et toutes
Sse&,foi^s^dont les biens qu'il possède font partie, »
téfrahMl^ue l'État, maître reconnu, non seulement
de toutes les fortunes, mais aussi de tous les corps et
de toutes les âmes, peut légitimement imposer de
force à ses membres l'éducation, le culte, la foi, les
lo opinions, les sympathies qui lui conviennent. — Or
chaque homme, par cela seul qu'il est homme, est
de droit membre de ce souverain despotique. Ainsi,
quelles que soient ma condition, mon incompétence,
mon ignorance et la nullité du rôle dans lequel j'ai
15 toujours langui, j'ai plein pouvoir sur les biens, les
vies, les consciences de vingt-six millions de Français,
et, pour ma quote-part, je suis czar et pape. — Mais
je le suis bien plus que pour ma quote-part, si j'ad-
hère^ la doctrine. Car cette royauté qu'elle me dé-
-/^^^Srœnier elle ne la confère qu'à ceux qui, conmie moi,
signent le contrat social tout entier; tous les autres,
, par^ela vgS^Wyj(fe-ny^ ^^^ rejeté quelque clause,
^''•^^nœurenfTa'^ecne^ ; on n'est pas admis aux
bénéfices d'un pacte lorsqu'on en répudie les condi-
25 tions. — Bien mieux, comme celui-ci, institué par le
droit naturel, est obligatoire, g uicong^fi }m £iVtf^^^ ^^
s'en retire est, par cela même, uir^eK^^^frnaal-
faiteur public, u %eni|gmL dii peup le. yf)a^y^TPf
avait des crimes~ael|se-m^sie' royale; maintenant
30 il y a des crimes de lèse-majesté populaire, et on les
commet lorsque, par action, parole ou pensée, on
dénie ou l'on conteste au peuple une parcelle quel-
La Révolution 93
conque de Pautorité plus que royale qui lui appartient.
Ainsi le dogme qui proclame la souveraineté du
peuple,%)OTta en fait à la dictature de quelques-uns
et à la proscription des autres. On est hors de la loi
5 quand on est hors de la secte. C'est nous, les cinq
ou six mille Jacobins de Paris, qui sommes le monar-
Que leatimg, le f Ppi^y f £ if fgjU^b^^^ ^^ malheur aux
^rœshcîmfntf^oifaïKiÎM particu-
liers, clergé, noblesse, riches, négociants, indifférents,
'oqui, par la persistance de leur oppositjpn ou^^p ar^ fjiatr ■
Jjincertitude de leur obéissance, oseront tcvSÇèK en •
^^bute notre indubitable droit!
Une à une, ces conséquences vont se produire à la
lumière, et visiblement quel que soit l'appareil
islpgiquequi les SJroulejamais, à moins d'un orgueil
afemefuirë, un particulier ordinaire ne peut les adopter
jusqu'au bout. Il lui faut une bien haute opinion
de soi pour S&£robre souverain autrement que par son
vote, pour manier les affaires publiques sans plus de
20 scrupule que ses affaires privées, pour y inteyenk.
directement et de force, pour'^eriger, lui et sacDiMe,
en guide, en censeur, en gouverneur de son gouverne-
ment, pour se persuader qu'avec la médiocrit é
son éducation et de son esprit^ ^yeg^e s qua^^^pribes
25 de latin et ses lectures décaDinênitieraîrè/avec ses
informations de café et de gazette, avec son expé-
.2SM&'4Sll3£S2il£?^'^^^^P^^ et de club, il est capable
*^[eirancTS^iiet3?s questions immenses et c gm^lic
que les hommes supérieurs et spé^
30 hésitant. Au commencement, cetto^îutrécïïïS
taijLen lui qu'un germe, et, en temps ordir
aeriourriture, elle serait restée à l'état dC
94 «r Origines de la France Contemporaine
rampante ou d'avortAj^gjéthCT Mais le cœur ne
sait pas les étranges^^emarcgs qu'il porte en lui-
même: telle de ces graines, faible et înoffensive
d'aspect, nja, au'à jrencpntarerfl'air et^ l'aliment pour
S devemr uneiSrcroisgan^^f^neneiise et une végétation
colossale. — Avocat, pWOTreur, chirurgien, journaliste,
curé, artiste ou lettré de troisième et quatrième ordre,
le Jacobin r^sepc^e à im pâtre qui, tout d'un coup,
dans unTrecoffliae sa chaimiière, découvrirait des
lo parchemins qui Ji^JgE^kgî^^ l^» couronne. Quel
contraste entre k^mesquuiOT^e son état et l'impor-
tance dont Finvestit la théorie! Comme il embrasse
avec amour un dogme qui le relève si haut à ses
propres yeux! Il lit et relit assidûment la Déclaration
15 des droîtSj^kcûnstitution, tous les papiers officiels
qui lui éfcnferent ses glorieuses prérogatives; il s'en
remplit l'imagination, et tout de suite il prend le ton
qui convient à sa nouvelle dignité. — Rien de plus
hautain, de plus arrogant que ce ton. Dès l'origine, il
li#8éft!e dans les harangues des clubs et dans les pétitions
à l'Assemblée constituante. Loustalot, Fréron, Dan-
ton, Marat, Robespierre, Saint- Just ne quittent jamais
le style autoritaire: c^est celui de la secte, et il finit
par devenir im jargon à l'usage de ses derniers
25 valets. Politesse ou tolérance, tout ce qui ressemble
à des égards ou à du respect pour autrui est exclu de
21 Loustalot: Elisée (i 762-1 790), a friand of Desmoulins, a
joumalist. — Fréron: Louis Stanislas (1765-1802), a French rev-
olutionist, later subprefect of San Domingo. — Danton j Marat,
Robespierre: see chap. VII, page 120. Cf. also pages iio, m.
22 Saint-Just: Antoine (i 767-1 794); associated with Robes-
pierre, whom he later endeavored to replace. He promoted
the Reign of Ténor.
La Révolution 95
leurs paroles comme de leurs actes: l'orgueil usurpa-
teur et t)Tannique s'est fait ime langue à son image,
et Ton voit non seulement les PjyypSS^^^^^rs. maisg
encore les simples comparse^^Bl^^surleur SffMr
5 de grands mots. Chacun d'eux, à ses propres yeux,
est un Romain, un sauveur, un héros, un grand
homme. A l'ouverture du club de Troye^, un maître
d'école recomm^nde^ajjx femmes «d'appregdr^
leurs enfan^dl^^qîr us commenceront à'TOffa^
lom^as^jjlit nés libres, égaux en droits aux premiers
^''^poEentate de l'univers. » — Des Girondins aux Mon-
giardb^ l'infatuation va croissant. « Je crois avoir
dit Marat, toutes les combinaisons de l'esprit
humainsj|r la morale, la philosophie et la politique. »
15 D'unnBoirrà l'autre de la Révolution, Robespierre
sera toujours, aux yeux de Robespierre, l'unique, le
seul pur,^MailliÛe, rimpg^LbJA^'amaîs homme
'i^&rfiîSEiii^^^^C^-iS ™*st^imenl sous sonnez
iTnœiKŒr qu'il l)Oumftt de ses propres ^WÈtngeS5—
20 A ce degré, l'orgueil peut boi r^]aJthé orie jusqu'au
fond, si répugnante qu'en soit llMie^ mor^s^'en
soi^iOes effets ôMJc^g-Iàmêmes qui en tlraf|fflt la
oMftM!Kee*pour en^WêftrTepoîson. Car, puisqu'il est
la vertu, on ne peut lui résister sans crime. Inter-
25 prêtée par lui, la théorie divise les Français en deux
groupes: d'un côté, les aristocrates, les fanatiques,
II Girondins . . . M owto^ward^; the Girondists represented
the Département Gironde and were moderate Republicans. In
1792 they were in control of the Assembly. Opposed to them
were the Montagnards, or members of the Mountain, the ex-
trême Revolutionary party under Robespierre and Danton, who
gained œntrol in 1793. The name mountaîn was applied be-
cause the party sat in the higher part of the hall.
96 Origines de la France Contemporaine
les égoïstes, les hommes corrompus, bref, les mauvais
citoyens; de l'autre côté les patriotes, les philosophes,
les hommes vertueux, c'est-à-dire les gens de la
secte. Grâce à cette réduction, le vaste monde moral
set social qu'elle manipule se trouve défini, exprimé,
représenté D^uneantithèse toute faite. Rien de
plus clair WW^^f^^ l'objet du gouvernement: il
s'agit de séumfra^ les méchants aux bons, ou, ce
qui est plus court, de supprimer les méchants; à cet
10 effet, employons largement la confisca^w^l'emprison-
nement, la déportation, lÉÉ^TÎbyâoe et l| guillotine.
Contre des traîtres, tout est permis et méritoire; le
Jacobin a canonisé ses meurtres, et maintenant c'est
par phîlanthroDJg^girfil tue.
15 AinsY^s^fcSivece caractère, pareil à celui d'un
théologien qui deviendrait inquisiteur. Des con-
trastes extraordinaires s'assemblent pour le former:
le Jacobin, c'est un fou qui a de la logique, et un
monstre qui se croit de la conscience. Sous l'obses-
2osion de son dogme et de son orgueil, il a contracté
deux difformités, l'une de l'esprit, l'autre du cœur:
il a perdu le sens commun, et il a perverti en lui le
sens moral. A force de contempler ses formules
abstraites, il a fini par ne plus voir les hommes réels;
25 à force de s'admirer lui-même, il a fini par ne plus
apercevoir dans ses adversaires et même. dans, ses
rivaiuc^que des scélérats dignes du supplice. Sur
cetté*pfenf^rien ne peut l'arrêter; car, en qu^lifianj
les choses à l'inverse de ce qu'elles sont,
30 en lui-même les précieuses notions qui noferâîl
à la vérité et à la justice. Aucune lumière n'arrive
^>,plus aux yeux qui prennent leur aveuglement pour
La Révolution
de la clairvoyance: aucun remords n'ai
clairvo^j
Tâme qiïfertge^ bajiarie en patrigtism
: la comnosi-ij^
sont les^aeP ^ "*
I qui, ayant
des devoirs de ses ^ttema^f^ Ainsi*f^op|^1S*cŒv^Û
quête jacobine: déjà au mois d'avril 1792 elle^^rol^^
5 sur plus de vingt départements. Partout '
tion des partis est la même. D'un côté
classés de tout état, «les dissipateurs qui, ayarf
consumé leur patrimoine, nepeu^nt souffrir ceux
qui en ont un, les hommes^rfenean ta qui le désordre
10 ouvre la porte de la richesse et des emplois publics,
ks envieux, les ingrats qu'un jour de révolution
^ ^'^^'^^^^^^^^^If^^^^^ bienfaiteurs, les t^^ ardentes,
le^|^|tt^m^5§*enthousiastes qui prêc nent Ha raison
le ^^^fSiraà la main, les indigents, la plèbe brute
15 et misérable, qui, avec une idée principale d'anarchie,
est excitée à tout oser. » De l'autre côté sont les gens
paisibles, sédentaires, occupés de leurs affaires
privées, ^ounjeois ou demi-bourgeois d'esprit et de
cœiu^ «^^Duspar l'habitude de la sécurité ou des
^^!o]aêSS(Siic^ étonnés d'un bouleversement imprévu
eu cherchant à se reconnaître, divisés par la diversité
de leurs intérêts, n'opposant que le taciet^jDrudence
à une audace continue et au n^^re tfes moyens
légitimes, ne sachant ni se décider ni rester inactifs,
25 calculant péniblement leurs sacrifices à l'instant où
l'ennemi va leur arracher la possibilité d'en faire
désormais, en un mot, combattant avec la mollesse
et l'égoïsme contre les passions dans leur état d'indé-
pendance, contre la pauvreté féroce et l'immoralité
30 hardie. » — Partout l'issue du conflit est la même.
Dans chaque ville ou canton, le peloton aggressif
des fanatiques sans scrupule, des aventuriers résola«^
98 Origines de la France Contemporaine
et des vagabonds^ajjî(^s, impose sa domination à la
majorité mout^nî^e; qui, accoutumée à la régu-
larité d'une civilisation ancienne, n'ose troubler
l'ordre pour mettre fin au désordre, ni s'insurger
5 contre l'insurrection. — Partout le principe des
Jacobins est le même. «Votre système, leur dit un
directoire de département, est d'agir imperturbable-
ment dans toutes les occasions, même après une con-
stitution acceptée, après que les limites des pouvoirs
10 ont été posées, comme si l'empire était toujours en
insurrection, comme si vous étiez revêtus d'une
dictature nécessaire au salut de la cité, comme si
vous étiez, au nom du salut public, revêtus de tous
les pouvoirs. » — Partout la tactique des Jacobins
^5 est la même. Dès l'abord ils se sont attribué le
monopole du patriotisme, et, par la destruction
brutale des autres sociétés, ils sont devenus le seu:
organe apparent de l'opinion publique. Aussitôt
la voix de leur coterie a semblé la voix du peuple;
20 leur ascendant s'est établi sur les autorités légales;
ils ont marché en avant par des empiétements con-
tinus et irrésistibles, et l'impunité a consacré leur
usurpation. — Deux obstacles sont encore sur leur
chemin. D'une part, si conciliant ou si timide que
25 soit le directoire du district ou du département, il
contient ordinairement un assez grand nombre
d'hommes* instruits, aisés, intéressés au maintien de
l'ordre, et il est moins enclin que là municipalité à
tolérer les grosses violations de la loi. En consé-
3oquence, ils le dénoncent à l'Assemblée nationale
comme un centre incivique et contre-révolutionnaire
« d'aristocratie bourgeoise. » D'autre part, la gendar-
La Révolution 99
merie et la troupe, instituées contre Témeute, sont
toujours incommodes aux fabricants d'émeutes. En
CQnséquenœ. ils expulsent, débauchent et surtout
^^-4^i?ê5tîa gehdarmerie et la troupe.
5 Telle est la fondation de TÉtat jacobin, une con-
fédération de douze cents oligarchies qui manœuvrent
leur clientèle de prolétaires sur le mot d'ordre expédié
de Paris: c'est un Etat complet, organisé, actif, avec
son gouvernement central, sa force armée, son
10 journal officiel, sa correspondance régulière, sa
politique déclarée, son aut^J;^ établie, ses représen-
tants et agents locaux. -^Vainement les derniers
ministres, bons commis JWRnnêtes gens, essayent
de remplir leur office: leurs injonctions et remon-
15 trances ne sont que du papier noirci. Désespérés, il
se démettent en déclarant que, «dans ce renverse-
ment de tout ordre, dagsc^#étetd' impuissance de la
force publique et d'a^rnî^femënfldes autorités con-
stituées, il leur est impossible d'entretenir la vie et
20 le mouvement du vaste corps dont tous les membres
sont paralysés. » — Quand un arbre est dScnaîî
il est aisé de l'abattre: à présent que les Jacobins
ont tranché -toutes ses racines, il leur suffira d'ime
poussée au centre pour faire tomber le tronc.
V. PARIS EN 1792 ^ ^ ^ iL^^^
25 Paris a toujours sa population interlope! et flot-
tante, cent mille indigents, parmi eux un tiers de
nomades arrivés des départements, «mendiants de
loo Origines de la France Contemporaine
race, » ceux que déjà, le 13 juillet 1789, Rétif de la
Bretonne voyait passer devant sa porte, rue de
Bièvre, pour aller rejoindre leurs pareils du faubourg
Saint- Antoine, avec eux «les horribles tireurs de bois
5 flotté, » débardeurs et conducteurs de trains, nourris
dans les forêts de la Nièvre et de l'Yonne, vrais
sauvages habitués à manier le croc et la hache, à qui
Toccasion suggère des propos de cannibales et qu'on
retrouvera aux premiers rangs dans les journées de
10 septembre; à côté d'eux, leurs femmes, «les femmes
de bateaux, qui, aigries^par la peine, ne voient,
comme l'animal, que le lieu et l'instant présent, »
et, trois mois auparavant ont pillé les boutiques de^
épiciers. Cela fait «une tourbe redoutable qui
15 semble dire, lorsqu'elle s'ébranle: c'est aujourd'hui
le dernier jour des riches et des aisés; demain sera
notre tour, demain nous coucherons sur l'édredon. »
— Plus inquiétante est" encore l'attitude des vrais
ouvriers, surtout dans les faubourgs. Les industries
20 de luxe chôment depuis trois ans, et l'artisan sans
ouvrage a mangé ses petites épargnes. Depuis la
ruine de Saint-Domingue et le pillage des épiceries,
les denrées coloniales sont hors de prix: îe mienuisier,
le maçon, le serrurier, le fort de la Halle, n'ont plus
I Rétif de la Bretonne (i 734-1806): a littérateur, called the
French Defoe.
6 la Nièvre . . . V Yonne: the Nièvre, a tributary of the
Loire, is connected with the Yonne, a tributary of the Seine,
by a canal at Nevers.
21 la ruine de Saint-Domingue: the revolt of the mulattoes
în San Domingo in 1 791-1793, ending in the supremacy of
the blacks. The island had been œded to France in 1697.
For the importance of its trade see page 41, 1. 4.
La Révolution loi
leur café au lait le matin, et, chaque matin, ils gron-
dent en songeant que la récompense de leur patrio-
tisme est un surcroît de privations. ^
Mais surtout ils sont devenus Jacobins et, dans
sieur cervelle oisive, après trente-deux mois de pré-
dications, le dogme de la souverainté du peuple a
poussé de profondes racines. « L'opinion des groupes,
écrit un commissaire de police, est que la constitution
est inutile, et que le peuple seul fait la loi. Les
lo citoyens de Paris se croient sur la place publique le
peuple, poptdus, ce que nous appelons universalité
des citoyens.» — Ne leur dites pas qu'à côté de
Paris il y a la France: Danton leur a montré que la
capitale «se compose de citoyens qui appartiennent
15 en quelque sorte aux 83 départements, qu'elle est
plus à portée qu'aucune autre d'apprécier la conduite
des ministres, qu'elle est la première sentinelle de la
nation»; et les voilà sûrs de leur droit. — Ne leur
dites pas qu'il y a des autorités compétentes et mieux
20 informées qu'eux: Robespierre leur assure «qu'en
matière de génie et de civisme le peuple est infaillible,
tandis que tout autre que lui est sujet à de grandes
erreurs»; et les voilà sûrs de leur capacité. — A
leurs propres yeux, ils sont les représentants légitimes
:?5et compétents de la France, et, depuis trois ans, le
thème unique que leur répètent à l'envi leurs courti-
sans de la presse, du club et de la tribune est le mot
du duc de Villeroi à Louis XV enfant: «Voyez, mon
maître, voyez ce grand royaume. Eh bien, tout cela
30 est à vous, tout cela vous appartient; vous êtes le
28 duc de Villeroi: favorite of Louis XIV, later marshal, and
asamemberof the committee on regency, the tutor of Louis XV.
I02 Origines de la France Contemporaine
maître. » — Sans doute, pour avaler et digérer une
contre-vérité si grossière, il faut des demi-fous ou des
demi-brutes: mais ce sont justement ceux-là que leur
capacité d'illusion détache du troupeau raisonnable
5 ou inerte, et assemble en une bande dont l'ascendant
est irrésistible. Seuls convaincus que l'attroupement
dans la rue est souverain au même titre que la nation
dans ses comices, ils sont les seuls qui s'attroupent
dans la rue, et ils se trouvent rois, parce que, à force
iode déraison et d'outrecuidance, ils ont pu croire à
leur royauté.
Telle troupe, tels chefs: à un taureau il faut des
bouviers pour conducteiurs, supérieurs à lui d'un
degré, mais d'un degré seulement, ayant le costume,
15 la voix et les façons de l'emploi, exempts de répu-
gnances et de scrupules, naturellement durs ou volon-
tairement endurcis, fertiles en ruses de maquignon
et en expédients d'abattoir, eux-mêmes du peuple ou
feignant d'en être: Santerre, un brasseur du faubourg
20 Saint- Antoine, commandant du bataillon des Enfants-
Trouvés, grand et gros homme de parade; à voix de
Stentor, qui, dans la rue, donne des poignées de main
à tout venant, et, chez lui, avec l'argent du duc
d'Orléans, paye à boire à tout le monde; Legendre, un
25 boucher colérique, qui jusque dans la Convention
gardera ses gestes d'assommeur; deux ou trois étran-
gers et aventuriers, bons pour les besognes meur-
20 Enfants-Trouvés: a revolutîonaiy battalion under San-
terre composed of foundlings. Compare this name with that
of Enfants perdus^ à. name applied to those foot soldiers prior
to the seventeenth centuiy who led the assault and were cx)n-
sequently considered as lost
La Révolution 103
trières et qui se servent du sabre ou de la b^onnette,
sans crier gare. — Le premier est un Italien, maître
d'anglais, Rotondo, émeutier de profession, qui,
convaincu de meurtre et de vol, finira en Piémont
s par la potence. — Le second est un Polonais, Lazow-
ski, ancien élégant, joli fat, qui, avec une facilité
slave, est devenu le plus débraillé des sans-culottes:
jadis pourvu d'une sinécure, puis jeté brusquement
sur le pavé, il a crié dans les clubs contre ses protec-
loteurs qu'il voyait à bas; on Ta élu capitaine des
canonniers du bataillon Saint-Marcel, et il sera l'un
des égorgeurs de septembre; mais son tempérament de
salon n'est pas assez fort pour son rôle de carrefour,
et il mourra au bout d'un an, brûlé de fièvre et d'eau-
15 de- vie. — Le troisième est un autre tueur en chef de
septembre, Fournier, dit l'Américain, ancien planteur,
qui, de Saint-Domingue, a rapporté le mépris de la
vie humaine: «avec sa face livide et sinistre, ses
moustaches, sa triple ceinture de pistolets, son lan-
20 gage grossier, ses jurons^ il a tout l'air d'un pirate. »
A côté d'eux on rencontre un petit avocat bossu,
Cuirette- Verrières, parleur intarissable, qui, le 6 oc-
tobre 1789, paradait sur un grand cheval blanc, et,
depuis, a plaidé pour Marat: à ces deux titres, sa
25 figure de fantoche est restée dans l'imagination popu-
laire; d'ailleurs les rudes gaillards qui s'assemblent
7 sans-culottes: sl nickname applied by the Royalîsts to the
Revolutionary troops. The Royal troops wore breeches, the
Revolutionary rabble pantaloons.
15 tueur en chef . . . Fournier. Fournier had served as a
volunteer in San Domingo.
22 le 6 octobre 1789: the date on which the royal family was
forced to move from Versailles to Paris.
- I04 Origines de la France Contemporaine
de nuit chez Santerre ont besoin d'un homme de
plume, et probablement il fournit le style. — Le
conciliabule comprend des affidés plus subalternes
encore: «Brière, marchand de vin, Nicolas, sapeur
5 au bataillon des Enfants-Trouvés, Gonor, se disant
vainqueur de la Bastille, » Rossignol, ancien soldat,
puis compagnon orfèvre, qui, après avoir présidé
. aux massacres de la Force, général improvisé,
promènera dans la Vendée son incapacité, sa cra-
lopule et son brigandage: Huguenin, ex-avocat ruiné,
ensuite carabinier, puis déserteur, puis commis aux
barrières, maintenant porte-parole du faubourg
Saint-Antoine, et finalement président de la Com-
mune de septembre; le grand aboyeur du Palais-
15 Royal, Saint-Huruge, surnommé, le Père-Adamy un
marquis tombé dans le ruisseau, qui boit avec les
crocheteurs, s'habille en portefaix, et, maniant un
énorme gourdin, traîne la racaille à ses talons. —
Voilà tous les meneurs; les Jacobins de la munici-
2opalité et de l'Assemblée ne prêtent à l'entreprise que
leurs encouragements et leur connivence: il vaut
mieux que l'émeute semble spontanée; par prudence
ou pudeur, les Girondins, Pétion, Manuel, Danton
lui-même, restent dans l'ombre; ils n'ont pas besoin
25 d'en sortir. — Si voisins du peuple et si mêlés à la
foule, les autres sont plus capables de forger pour
6 Rossignol: commander of troops in the War of the Ven-
dée in 1793.
23 Pétion: de Villeneuve (1753-1794), a revolutionist.
Mayor of Paris, 1 791-1792. Proscribed, he escaped to Bor-
deaux, where he committed suicide. — Manuel: Pierre Louis
(i 731-1793); member of the Convention. He wrole La Police
dévoilée (lygi).
La Révolution io$
leur troupe le roman qui lui convient: c^est un roman
adapté aux limites, à la forme et à Tébranlement de
son intelligence, un roman noir et simple comme il
en faut pour les enfants, ou plutôt un mélodrame de
5 théâtre forain, avec les bons d'un côté les méchants
de Tautre, au centre un ogre, un tyran, quelque
traître infâme qui ne peut manquer à la fin d'être
démasqué et puni suivant ses mérites, le tout en
tirades ronflantes, et, pour finale, un refrain chanté
lo en chœur. Dans un cerveau brut d'ouvrier surexcité,
la politique ne peut entrer qu'à l'état d'images rude-
ment découpées et coloriées, comme en fournissent
la Marseillaise^ la Carmagnole et le Ça ira. On
fabrique à son usage la légende requise: sous ce
15 verre grossissant et déformé, la plus débonnaire
figure lui apparaît avec un aspect diabolique. On
lui représente Louis XVI «comme un monstre qui
13 la Marseillaise: written by Rouget de Lisle (i 760-1836)
as the Chant de Vannée du Rhin. Its présent name was given
it in Paris when the volunteers from Marseilles entered that
city in July, 1792. — la Carmagnole: a popular song and dance
of the Révolution, adapted from a country-dance tune. It be-
came the Carmagnole of the Royalists in 1 793. The first verse
is:
Madame Veto avait promis
De faire égorger tout Paris;
Mais son coup a manqué
Grâce à nos canonniers.
Dansons la Carmagnole!
Vive le son! vive le son!
Dansons la Carmagnole!
Vive le son du canon!
— le Ça ira: the most popular song of the Révolution. The
words ça ira are those of Franklin who is said to hâve uttered
them on hearing news from the American Révolution. Caught
io6 Origines de la France Contemporaine
emploie son pouvoir et ses trésors à s'opposer à la
régénération des Français. Nouveau Charles IX, il
veut porter à la France la désolation et la mort. Va,
cruel, tes forfaits auront un terme! Damiens fut
5 moins coupable que toi. Il fut puni des plus horribles
tortures pour avoir voulu délivrer la France d'un
monstre. Et toi, dont l'attentat est vingt-cinq mil-
lions de fois plus grand, on te laisse l'impunité! . . .
Foulons aux pieds ce simulacre de royauté! Trem-
loblez, tyrans, il est encore parmi nous des Scé-
vola!» — Tout cela est débité, déclamé ou plutôt
crié, publiquement, en plein jour, devant les fenêtres
du roi, par des harangueurs montés sur des chaises,
et du comité installé chez Santerre partent, chaque
15 jour, des provocations semblables, tantôt des pla-
cards qu'on affiche dans les faubourgs, tantôt des
, pétitions qu'on colporte dans les sections et dans les
up by Lafayette, they were suggested by him to a street-singer.
The words were set to the tune of a familiar contre-danse.
Ah, ça ira, ça ira, ça ira!
Les aristocrates à la lanterne:
Ah, ça ira, ça ira, ça ira!
Les aristocrates on les pendra.
2 Nottveau Charles IX (another Charies IX) : referring to
the massacre of St. Bartholomew, 1572.
4 Damiens: the would-be assassin of Louis XV, who was
tortured frightfully and then bumed on the Place de Grève
in 1757.
10 Scévola: Mucius Scaevola, the Roman youth who set out
to murder Porsena, king of Etruria. Having killed the royal
secretary by mistake, he was threatened with death unless he
should reveal the détails of the conspiracy. He thrust his
right hand into the lire burning near him, and by his fortitude
caused the admiration of Porsena, who ordered him released.
From that time on he was known as Scaevola, the left-handed.
La Révolution 107
clubs, tantôt des motions que l'on agite dans les
groupes des Tuileries, du Palais-Royal, de la place
de Grève et surtout de la place de la Bastille. Dès
le 2 juin, les meneurs ont établi dans l'église des
5 Enfants-Trouvés un nouveau club, pour avoir leur
officine spéciale et travailler sur place. Conmie les
démagogues de Platon, ils savent leur métier, ils ont
découvert à quels cris tressaille l'animal populaire,
par quels ombrages on l'effarouche, par quel appât
10 on Tattire, dans quel chemin il faut l'engager: une
fois attiré et engagé, il marchera en aveugle, emporté
par son élan involontaire, et il écrasera de sa masse
tout ce qu'il rencontrera sous ses pieds. ^.
VI. GOUVERNEMENT DES BANDES
Ce qu'il y a de pire dans l'anarchie, ce n'est pas
15 tant l'absence du gouvernement détruit que la nais-
sance des gouvernements nouveaux et d'espèce in-
férieure. En tout État qui s'est dissous, il se forme
des bandes ^^^9i^è^^]^t ^^ ^l^^£]^Î^ ^A <4S?fi S^^^^^^
jnalf^ij^ s, geffif^^l^^wc^
*2< fa|f J^s ^at ftlM^ g S^^ vagabonds, déserteurs et
'^yoû^rffi, iCT^ fis'' ennemi s-i^^d ^ avail^ ^^g^ ]^
subordination et de Ig^lPJ -tf ^iisi^^ PQ^^ nSScmf
ensemble les h^jm^^sl^^iow^^sqm retiennent
encore la U:>\il&miuffn^e^^ jgt f g^^i^^ts^f ^ont pas
25 de scrupules, ils tuenia tout pr/ffos.* ^ur ce fonde-
ment s'établit leur autorité: à leur tour, ils régnent,
chacun dans son canton, et leur gouvernement, aussi
6 les démagogues de Platon: refers to Plato^s work The Re-
ptéblic.
io8 Origines de la France Contemporaine
brut que leur nature, se compose de vols et de meur-
tres; on ne peut attendre autre chose de barbares et
de brigands.
Mais Jamais ils ne sont si dangereux que dans un
5 grand Etat récemment dissous, où une révolution
brusque leur a mis en main le pouvoir central: car
alorsils^cjoient les héritiers légitimes du gouverne-
menVœcnuTet, à ce titre, ils entreprennent de con-
duire la chose publique. Or, en temps d'anarchie,
lola volonté ne vient pas d'en haut, nWsdfen bas, et
les chefs, pour rester chefs, sont teros de suivre
l'aveugle impulsion de leur troupe. C'est pourquoi
le personnage jmportant et dominant, celui dont la
pensé^revgLut, le vrai
15 Louis XIV, est ici le Ja
club, le faiseur de motions,
Panis, Sergent, Hébert, Varlet, Henriot, Maillard,
Fournier, Lazowski, ou, pl us^ b^^ encor e, le premier
venu de leurs hommes, le laOT^^/marseillais, le
2ocannoni|r ^u fai^c^ le fWoela Halle qui a
bu et, emre"cfëux noquets, élabore ses conceptions
Dolitmjje^ — Pour toute information il a des rumeurs
S^S^MlÇ^arretour qui lui montrent un traître dans chaque
17 Panis: brother-in-law of Santerre, opponent of Robes-
pierre. — Sergent: organized the September exécutions; with-
drew ta Switzerland in 1795. — Hébert: Jacques René, sur-
named Le Père Duchesne; he instituted the wofehîp of the
Goddess of Reason. His scurrilous attacks on Marie
Antoinette are notorious. — Henriot: was convîcted and sen-
tenced for theft while a young man. He became commander
in chief of the National Guard in 1793. He died on the scaf-
fold wîth Robespierre. — Maillard: leader of the rabble of
women who marched to Versailles, October, 1789.
La Révolution 109
maison, et pour tout acquis, des phrases de club qui
l'appellent à mener la grande machine. Une machine,
si y^ste e}: ^ compliquée, un tel ensemble de services
^êScSëv^ftês^es uns dans les §^^re&^ e| ramifiés en
offices innombrables, tant^/r/pf/afeifs si spéciaux,
si délicats et qu'il faut incessamment adapter aux
circonstances changeantes, diplomatie, finances, jus-
tice, armée, administration, tout cela ^Sbomè au
delà (Jg sa i:om^éhension si courte: on ne ià^jj^^s^
ansui^^gjjt|ille. Dans saTceg^le^]
îroîîe,*lS&Skle et Soilf^rsée par r(^ f^S fBent afe^
notions disproportionnées qu'on y/"Vtrse, il ne se
deposecm[une idée simple, appropriée à la gros-
^^^reté dé ses aptitudes et de ses instincts, je veux
15 dire Tenvie de tuer ses ennemis, qui sont aussi les
ennemis de l'État, quels qu'ils soient, déclarés,
dissimulés, présents, futurs, probables ou même
possibles. Il porte sa brutalité et son effarement
dans la politique, et voilà pourquoi son usurpation
20 est si malfaisante. Simple brigand, il n'eût tué que
pour voler, ce qui eût limité ses meurtres. Repré-
sentant de l'État, il entreprend le massacre en grand,
et il a des moyens de U accpiRp Ur. Car i l^n/a pjs^^ ^w
vieil ^fltfaffe^ I
encore eu le temps de aeira qj^gj^ v ieil ^mlage
25 administrat^^^^umoins les Touages subalteny||rfg
gendarmes^geôliers/ employés, scribes etxompSbles,
sont toujours à leur place et sous la main. De la
part des gens qu'on arrêtera, point de résistance;
accoutumés à la protection des lois et à la dou-
3oceur des mœurs, ils n'ont jamais compté sur leurs
bras pour se défendre, et n'imaginent pas qu'on
I pour tout acquis: see acquis.
iio Origines de la France Contemporaine
veuille tuer si sommairement. Quant à la foule,
dépouillée de toute initiative par la centralisation
ancienne, elle est inerte, passive, et laissera fairç. —
C'est pourquoi,jpeijdant plusieurs longues journées
5 successives, saiS nateni encombre, avec des écritures
correctes et des comptes en règlg. ^]^Jj ^^ ^^{^^ ^f é.
au massacre comme à une opéffS^ftae voine* aiis^^^^
^Jmminé meyit/^ aussi ï^ lho^^yQ^^^ ^^'^ Tenlève-
#i,li|l,ii*fjggj'^ des TOues ou à l^bStâ^le des chiens errants.
lo Le II aqjit, dans une proclamation, la nouvelle
Commune annonçait que tous les coupables allaient
périr sur Téchafaud, et c'est elle qui, par ses dépu-
tations menaçantes, a imposé à l'Assemblée natio-
nale l'institution immédiate d'un tribunal de sang.
15 Portée au pouvoir par la force brutale, elle périt si
elle ne s'y maintient, et elle ne peut s'y maintenir
que par la terreur. Pour rester à l'Hôtel de Ville et
pour se faire nommer à la Convention, les meneurs
ont besoin d'un coup éclatant, et ils en ont besoin
20 le jour même. Ce jour-là est le 2 septembre (1792).
Depuis le 23 août, leur résolution est prise, le plan
du massacre s'est dessiné dans leur esprit, et peu à
peu, spontanément, chacun, selon ses aptitudes, y
prend son rôle qu'il choisit ou qu'il subit.
25 Avant tous, Marat a proposé et prêché l'opéiution,
et, de sa part, rien de plus naturel. Elle est raDrege
de sa politique: un dictateur ou tribun, avec pleins
pouvoirs pour tuer et n'ayant de pouvoirs que pour
25 Marat: Jean Paul; an Ultra-Revolutionist; he and Dan-
ton and Robespierre formed a triumvirate. His career was
very checkered. Charlotte Corday stabbed him to death on
July 13, 1793.
La Révolution m
cela, un bon cbupe-tête en chef, responsable, «en-
chaîné et le boulet aux pieds, » tel est, depuis le 14
juillet 1789, son programme de gouvernement, et il
* n'enroT^jUnas: «tant pis pour ceux qui ne sont pas
fS i*nauteurdé Pentendre, Le parti le plus sûr et le
plus sage est de se porter en armes à TAbbaye, d'en
arracher les traîtres, particulièrement les officiers suis-
ses et leurs complices, et de les passer au fil de Tépée.
Quelle folie que de vouloir leur faire leur procès!
10 II est tout fait. Vous avez massacré les soldats;
pourquoi épargnerig^-vous les officiers, infiniment
plus coupables ? »^Là-dessus la Conmiime l'adopte
comme son journaïïste officiel, lui donne une tribune
dans la salle de ses séances, lui confie le compte rendu
15 de ses actes, et tout à ly^gure va le faire entrer dans
son comité de surv j}fsmceju^ d'e xécution^
Mais un pareil enefgumJlSe n'est bon que pour
être un instigateur et une trompette; tout auplusau^^^
dernier moment, il pourra figure^ pajgii les OTSonn^^'^
2oteurs subalternes. — L'entrepreneur en chef est
d'une autre espèce et d'une autre t aiUe^ anton, un
vrai conducteur d'hommes: par son(^îsse et sa place,
par son cynisme populacier, ses façons et son langage,
par ses facultés d'initiative et de commandement,
25 par la force intempérante de sa structure corporelle
et mgntalf , par l'ascendant physiquc vd fl sa volonté
"^'^^^êSorS^te et absorbante, il est^^ipproprié d'avance
21 Danton: George Jacques (i 759-1 794). The most mod-
erate of the Revolutionaiy leaders. He was a powerful orator.
He led the attack on the Tuileries, was implîcated in the Sep-
tember massacres, and became Minister of Justice. Hîs mod-
ération caused suspicion and he was guillotined.
112 Origines de la France Contemporaine
à son terrible oflSce. Non^u^il sQ^^^in^atif ^o u
sanguinaire par natur^'^fouiau reoofefa vec «n
tempérament de boucher, il a un cœur d'homme, et
tout à rheure, au risque de se compromettre, contre
5 la volonté de Marat et de Robespierre, il sauvera ses
adversaires politiques, Duport, Brissot, les Girondins,
l'ancien côté droit. Non qu'il soit aveuglé V^rh
peur, la haine ou la théorie: avec les eippfMements
d'un clubiste, il a^^^a ^uqidité jl^ip politioue^l n'est
lopas dupe des phrasâfrœînSuenqu'il^aemt^ sait
ce que valent les coquins qu'il emploie; il n'a d'illu-
sion ni sur les hommes, ni sur les choses, ni sur autrui,
ni sur lui-même; s'il tue, c'est avec une pleine con-
science de son œuvre, de sonpafti, de la situation,
^iÉuJâ ^^^^iyMSfiiaÊÎ ^^^ °^^^^ ^^^^ ^^^' ^® ^ ^^^^ ^^
^•^^ïaurearu, ilMance au passage ne sont que la f5£2J£Ajjye
de la vérité exacte: «Nous sommes de Id^^canaillë,
nous sortons du ruisseau »; avec les R^ P^ Bg^ d'iyma-
nité ordinaire, «nous y serions bienfot^plonglsffious
20 ne pouvons gouverner qu'en faisant peur. Il faut
mettre une rivière de sang entre les Parisiens et les
émigrés. Le tocsin qu'on va sonner n'est point un
signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la
patrie. Pour les vaincre, que faut-il? De l'audace
25 et encore de l'audace, et toujours de l'audace. J'ai
fait venir ma mère, qui a 70 ans; j'ai fait venir mes
deux enfants, ils sont arrivés hier au soir. Avant
que les Prussiens entrent dans Paris, je veux que ma
6 Duport: a lawyer of Paris. — Brissot: Jean Pierre (1754-
1794); a Girondist leader and a writer of some note. He was
instrumental in declaring war against Austria and subse-
quently against England and Holland. He was guillotined.
La Révolution 113
famille périsse avec moi; je veux que vingt mille
flambeaux en un instant fassent de Paris un tas de
cendres. C'est dans Paris qu'il faut se maintenir par
tous les moyens. Les républicains sont une minorité
S infime, et, pour combattre, nous ne pouvons compter
que sur eux; le reste de la France est attaché à la
royauté. Il fautfairjeDeur aux royalistes!» Non
seulement la m^fiineaiailcher a été construite sous
ses yeux et avec son assentiment, mais encore, au
lomonient où elle entre en^ranfe* H^J^^gt^de en main
IsrÇtSfgfi^ pour en bien diriger la îa^T^
Le 30 août, la Commune a décidé que les sections
jugeraient les R etenus, et, le 2 septembre, cinq sec-
tions am^^iui répondent en arrêtant que les détenus
15 seront '^OTges. Le même jour et les jours suivants,
à la Force, trois membres de la Commune président
tour à tour le tribunal des assassins. Le même jour,
un commissaire du comité desurveMlance vient à la
section des Sans-Culottes Tequerîr douze hommes
20 pour aider au massacre des prêtres de Saint-Firmin.
Le même jour, un commissaire de la Commune
visite les diverses prisons pendant qu'on y égorge, et
trouve que « tout s'y passe également bien. » Le
même jour, à 5 heures du soir, le substitut de la Com-
2smune, BjUaud-Varennes, «avec le petit habit puce
et la pêfvviiiue noire qu'on lui connaît, » marchant
sur les cadav^s, dit aux massacreurs de l'Abbaye:
«Peuple, tu iSmcJes tes ennemis, tu fais ton devoir »;
20 Saint-Firmin: a convent in Paris.
25 BiUaud-Varennes: a member of the Commiltee of Pub-
lic Safety; he brought about the fall of Robespierre. He was
deported to Guiana.
114 Origines de la France Contemporaine
dans la nuit, il revient, les jfeSible ^^f ^Qgfs, et kur
confirme la promesse du salaire ^conveni|[V; le
lendemain àimdijl^ revient encore, les félicite de plus
5 commuer. Par surcroît de précautions, on a ote aux |
prisonniers leurs couteaux de table et même les
fourchettes. Un à un^url'appel de JeursMg[§, ils
d éfilemnt comme des dKuîs dans iiirftaftW^et une
^îongtame de bouchers par prison, en tout deux ou
lo trois cents, suflârontà la besogne.
Au conmiencement, nul ne songe à remplir ses
poches. A TAbbaye, ils apportent fidèlement sur la
table du comité civil les portefeuilles et les bijoux des
morts. S'ils s'approprient quelque chose, ce sont
15 des souliers pour leurs pieds nus, et encore après en
avoir^denytndé la permission. Quant au salaire,
toute fifeS^fin J^érite un, et d'ailleurs, entre eux et
leurs emBpicn|Wsr'c'est chose convenue. N'ayant
pour vivre que leurs bras, ils ne peuvent pas donner
20 leur temps gratis, et, conrnie la besogne est rude, la
journée doit leur être comptée double. Il leur faut
6 francs par jour, outre la nourriture et du vin à
discrétion; un seul traiteur en fournira 346 pintes
aux honmies de l'Abbaye; dans un travail qui ne
25 s' interro mpis nigd^ j our ni ^^P^itet^ui ressemble à
cèmî 18fes^egoùnérî ou des ^JpMT^eurs, il n'y a que
cela pour mettre du cœur au ventre. A l'ivresse
mojaleajoutez l'ivresse physique, le vin à profusion,
là râSiîfifef a chaque pause, l'orgie sur les cadavres:
30 et tout de suite, de la créature dénaturée, vous verrez
sortir le démon de Dante, à la fois '^^stialetraffiiié^.
non seulement destructeur, mais encore^ftoup^SRiJ^
■ La Révolution 115
inventeur et calculateur de souffrances, tout glorieux
et joyeux du mal qu'il fait.
Ils sont gais; autour de chaque nouveau cadavre,
ils dansent, ils chantent la carmagnole: ils font lever
5 les curieux du quartier pour les «amuser,» pour
leur donner part « à la bonne fête. » Des bancs
sont disposés pour «les messieurs, » et d'autres pour
«les dames»: celles-ci, plus curieuses, veulent en
outre contempler à leu r, aise <(j^ ari^ oc ratfô» déjà
10 tués: en conséquence onVïq'fiîert des lïmpions et on
en pose un sur chaque cadavre. — Cependant la
boucherie continue et se perfectionne. A l'Abbaye,
«un tueur se plaint de ce que les aristocrates meurent
trop vite et de ce que les premiers ont seuls le plaisir
15 de les frapper»; désormais on ne les frappera plus
qu'avecle dosdfô^abig^ et on ly^ f e m ygyrir entre
deif^liaî l s S^ &mjjij^ qui
^ "'"^ par ces oaguettes. S'il rflggiî/^ijP, homme
connu, on s'entend encore plus s<$i^fulffî|nt pour
20 prolonger spn^sm&plice. Un ancien soldat, nommé
Damiens, Inxonctson sabre dans le flanc de l'adju-
dant général de Laleu, plonge sa main dans l'ouver-
ture, arrache le cœur, «et le porte à sa bouche comme
__i évorer. » «Le sang, dit im témoin oculaire,
SgStftEiit de sa bouche et lui fe'jsaît ime sorte de
moustache. » A la Force oiîMfipècpiVIme de Lam-
balle, amie de la reine; ce qu'a fait le perruquier
26 la Force: cf. note, page 73, 1. 14. — Mme de LambaUe: the
intimate friend of Marie Antoinette, who shared the queen's im-
prisonment after the flîght f rom Versailles. Because she ref used
to take the oath against the monarchy, she was lîterally torato
pièces by the enraged mob.
ii6 Origines de la France Contemporaine
Chariot qui portait sa tête, je ne puis Técrire; je
dirai seulement qu^un autres, rue Saint-Antoine, por-
tait son cœur et «leîîorcîaitr»
Ils tuent et ils b oivent ^ pujg^ils tuent ei^oreetil^
5 boivent encore. La^assuuïe )âënt ^]lfiébètmlent
commence. Un d*eux, garçon charrofrën a expédié
dix-sept pour sa pa^j/uniautre «a tant travaillé la
marchandise que IdnSm^ae son sabre y e^resiép jiy
«depuis deux heures, dit un autre, que yabafëaes
lomembresdedroite et de^u^g^e suis plus fatigué
qu^unfflâ^on qui bat d^^plître depuis deux jours. »
Leur première colère s'est usée, maintenant ils frap-
pent en automates. Quelques-imsjdormmtétendus
bancs. D'autres, eifjSSUuvërif ' léu? vï
^^ *^ carï! La vapeur duxâfnfg?est si forte, que le prési-
dent du comité civil s'évanouit sur sa ch^se^etlesex-
halaisons du gabaret^ moj ^tent^atV^çglJ^fW cïïarmen ^
Une torpeurj^^Stç eMmo*rne]envaM par degrés les
cerveaux ^oftuB^pfe^ et les dernières lueurs de raison
20 s 'y éteignent une à une, comme les lampions fumeux,
qui brûlent alentour sur les poitrines d éjà frqf^gg^ jg|
mortsjAjjT^versjLa^ cf^^oMnfm
voit, kir-aessous dulooî^reauet du cannibale, apparaî-
tre ridiot. CJ^st j'kiiot r évo lutionnaire, en qui tou-
25 tes les idées gfi^^MeTsSiilSiux, rudimentaires,
machinales et fixes. Tune qui est ridéedumeurtre,
l'autre qui est l'idée du salut public. SolTtairS dans
sa tête vide, elles se rejoignent par jmeatoaction
irrésistible, et l'on devine l'effet qui vaJjStffir de leur
30 rencontre. çAt tY ^^
Puisqu'il s'agit de iiettoyer les prisons, autant
vaut les nettoyer toutes et tout de suite. Après les
La Révolution 117
Suisses, après les prêtres, après les aristocrates et les
«messieurs de la peau fine, » il reste les condamnés
et les reclus de la justice ordinaire, les voleurs, assas-
sins et galériens de la Conciergerie, du Châtelet et
5 de la tour Saint-Bernard, les vagabonds, les vieux
mendiants et les jeunes détenus de Bicêtre et de la
Salpêtrière. Tout cela n'est bon à rien, coûte à
nourrir, et probablement a de mauvais proy[ets. Pj ^
exemple, à la Salpêtrière, la femme de rq^poîsonneur
10 Desrues est certainement, comme lui, «intrigante,
méchante et capable de tout »; elle doit être furieuse
d'être en prison; si elle pouvait, elle mettrait lefeuà -tjUjL
Paris^elle doit l'avoir dit; elle l'a dit: encoîÇMnrouJ
*^* oai^ Et le balai, pour cette bçsogne plus sale,
15 ^.g^Ifj^, ? - gyy y ein ejU^ ous de plus^flSfcwJns; il y a
dp IftBftues ae^j^e parm i ceux q yi^]^yp|Tgnent le
manche. Déjà^ l'Abbaye, sîyftufvéfc la fin, les
tueurs volaient; ici, au Châtelet et à la Conciergerie,
ils emportent «tout ce qui leur paraît propre à
20 emporter, » jusqu'aux habits des morts, jusqu'aux
draps et couvertures de la prison, jusqu'aux lytites
?pargWs des geôliers; et, de plus, ils racofent des
confères. «Sur 36 prisonniers mis en liberté, il y
avait beaucoup d'assassins et de voleurs; la bande des
25 tueurs se les associa. Il y avait aussi 75 femmes, en
partie détenues pour vol; elles promirent de bien
servir leurs libérateurs»; effectivement, plus tard,
10 Desrues: a druggist who used his profession for mjxing
poison. He was tortured and burned to death in 1777. The
description given of him is: "pâle, maigre, les yeux caves, avec
une stature de 4 pieds 10 pouces, il avait le rire d'une bête
carnassière."
ii8 Origines de la France Contemporaine .
aux Jacobins et aux Cordeliers, elles seront les trico-
teuses des tribuQes. yn JusquMci du moins le meurtre
a eu pour aSsaîsonnem^t le vol et la débauch e : mai s ^, ^
à Bicêtre il est tout cru; il n'y a que rinsrmct cam&-"
5 sier qui se gorge. Entre autres détenus, 43 enfants
du bas peuple, âgés de douze à dix-sept ans, étaient
là, placés en correction par leurs parents ou par leiurs
patrons; il n'y avait. que jdys r^j^arder pour recon-
naître en eux les vraîsvoyoHs parisiens, les apprentis
iode la misère et du vice, les futures recru^ delab|uide^
régnante, et la bande tombe sur eux à cOfflpS'cltTnaS^'^
sue. Rien de plus diflScile à tuer: à cet âge, la vie
est tenace, il faut redoubler pour en venir à bout.
«Là-bas, dans un coin, disait un geôlier, on avait
15 fait de leurs corps une montagne. Le lendemain,
quand il a fallu les enterrer, c'était un spectacle à
''''^"•'TOtdre l'âme. Il y en avait un qui avait l'air de
dormir, conmie un ange du bon Dieu; mais les autres
étaient horriblement mutilés. » — Cette fois, ^£§t
20 descendu au-dessous de l'homme, dans les basseffcou
ches du règne anim§tl^ ^^ ^i4.^ssoy s dy loup: les loups
n'étranglent pas les
Six jours et cinq iftiits de tuerie non interrompue,
171 meurtres à l'Abbaye, 169 à la Force, 223 au
asChâtelet, 328 à la Conciergerie, 73 à la tour Saint-
Bernard, 120 aux Carmes, 79 à Saint-Firmin, 170
à Bicêtre, 35 à la Salpê trière, parmi les morts 250
prêtres, 3 évêques ou archevêques, des oflSciers gé-
néraux, des magistrats, un ancien ministre, ime prin-
30 cesse du sang, les plus beaux noms de la France,
I tricotetises des tribunes: knitting women who attended po-
litical assemblies.
La Révolution 119
et d'autre part un nègre, des femmes du peuple, des
gamins, des forçats, de vieux pauvres: à présent,
quel est l'homme, grand ou petit, qui ne se sente
pas sous le couteau? Est-il un homme qui ne se
5 voie en imagination, lui aussi, au comité de section
devant la table verte, pui|^ dans la prj son^so us les
sabres, puis sur la (minette dans le rafeJftau san-
Sous une pareille vision, le3CQura|gs s'affaissent;
10 tous les journaux approuvenj^mlnenfou se taisent;
personne n'ose résister à rien. Les biens comme les
vies appartiennent à qui veut les prendre. Aux
ba y^rej^ a u^ Hal les, sur le boulevard du Temple,
deyroWs jSlWS^aU ruban tricolore, arrêtent les pas-
issants, saisissent les marchandes, et, sous prétexte
que les bijoux doivent être déposés sur l'autel de la
Patrie, prennent les bourses, les montres, les bagues
et le reste, si rude me nt, que desfemiî|s ont le s orei ^/;
les arrachées HâSîe^d'avoiP^ecrocne leurs 'Boucjes
20 assez vite. D'autres, installés dans les cavea des
Tuileries, y vendent à leurjtxrofiyle vin et l'iiuiie de
la nation. Quelques^g^liglg^^ jours aupara-
vant par le peuple, naimifun plus grand coup, s'm-
troduisent dans le Garde-Meuble et y volent pour 30
25 millions de diamants. — Comme un homm^Jrappé
d'un coup de masse à la tête, Paris,'%sSoinin2/ se
laisse faire, et les auteursdujmasaiicre ont atteint
leur objet: la faction s'estftSiareeau pouvoir, on ne
l'en arrachera plus. Elle a prouvé par un eympley
30 éclatant qu'elle est capable de tout, et elle s'ènvïmef^
tout ce qui n'est pas elle ne vit que sous son bon
plaisir, au jour le jour et par grâce. En onze jours,
I20 Origines de la France Contemporaine
quatre à cinq cents nouveaux prisonniers, arrêtés par
Tordre de la municipalité, des sections, d'un Jacobin
^ quelqpnque, sont ^ntassés jdans les cellules encore
S**fgcfiees du sang rM&nmvet le bruit court que, le
5 20 septembre, les prisons seront vidées par un second
massacre. Par la terreur improvisée, les Jacobins
ont maintenu leur autorité illégale; par la terreur
prolongée, ils vont établir leur autorité légale.
VII. MARAT, DANTON, ROBESPIERRE
Parmi les Jacobins, trois hommes, Marat, Danton,
10 Robespierre, ont mérité la prééminence et possédé
l'autorité: c'est que, par la difformité ou la déforma-
tion de leur esprit et de leur cœur, ils ont rempli les
^Marat est le plus
l en offre les
d écriture, l'automatisme de la pensée et le t^fnTos
de la volonté, sous la contrainte et la direction de
l'idée fixej putr^ celi^i^les ^M»£tôgl.^iphysiques ordi-
dant les cinq derniers mois, des dartres et de
geaisons par tout le corps.
Dès la première enfance, son père, médecin, l'a
25 destiné à être un savant; sa mère, idéaliste, l'a préparé
10 Robespierre: Maximilian Marie Isidore, sumamed the
"Incorruptible," bom in Arras May 6, 1758, executed July 28,
1794.
La Révolution 121
pour être un philanthrope, et, de lui-même, il a tou-
jours marché vers cette double/(!5mfe. «A cinq ans,
dit-il, j'aurais voulu être maître d'école^à^inze ans
professeur, auteur à dix- hj^i^g^BJj^gr éareurlt vingt, »
5 ensuite et jusqu'au bout, ^oi;reei martyr de l'hu-
manité. Pendant trente ans, il a roulé en Europe ou
sittfé, BavantToii|ESTe, pnilosophe ignore/ puDnciste de
troisième ordre, aspirant à toutes les célébrités et à
10 toutes les grande iys, candidat perpétuel et perpé-
tuellement fepojisse^ entre son ambition «t^^^^^
tés, la disproportion était trop forte, oepourvû^ aë^
talent, incapable d^critk[ue, médiocre d'esprit, il
n'était fait que pour enîAgn'er une science ou exercer
15 un art, pour être un professeur ou un médecin plus
^}ifS^ti^Sè^i^A^ ^^^^ ^ ^ - *^^- hfu reux, pour suivre, avec
cres ycants, une ^ vo/e tracée d'avance. Mais, dit-il,
«j'ai constamment rejeté tout sujet sur lequel je ne
pouvais me promettre d'arriver à de grands résultais ^^^^^^^
20 et d'être original; car je ne^uisigq Adéci^ er h.TêrMmeT(l^
un sujet bien traité, ni à'reksasse^Jiœ^QiijTage^ des
autres. » En politique, il ramasse lâTloîtiseèn vogue,
le contrat social fondé sur le droit naturel, et il la
rend plus sotte encore, en fondant le droit sur le
25 besoin physique. «Des seuls besoins de l'homme
dérivent tous ses droits. Quand l'un d'eux rna nau ^^^^^
de tout, il a droit d'arracher à un autre le si^rnu
dont il se gorge. Que dis- je? Il a le droit de lui
arracher le néc es^| re^ et plutôt que de p^^û^dâ^aim,
30 il a droit de l'égorger et de dévorer sesphaîrlpalpi-
tantes. )) Non seulement il a trouvé Jathéorie vraie
de l'État, mais il est homme d'État, Jfatîcîen expert,
122 Origines de la France Contemporaine
capable de prévoir l'avenir et de le faire. «Sî
j'étais tribun du peuple et soutenu par quelques
milliers d'hommes déterminés, je réponds que, sous
six semaines, la Constitution serait parfaite, que la
5 machine politique marcherait au mieux, que la nation
serait libre et heureuse, qu'en moins d'une année
elle serait florissante et redoutable, et qu'elle le serait
tant que je vivrais. »
A de pareils signes, le médecin reconnaîtrait à
lo l'instant un de ces fous lucides que l'on n'enferme
pas, mais qui n'en sont que plus dangereux; même il
dirait le nom technique de la maladje^est le délire
j awW//ew;r, bien connu dans l^^%i|psl*nbeux prédis-
* liftions, la perversion habituelle du jugement et
15 l'excès colossal de l'amour-propre, en sont les sources,
et nulle part ces sources n'ont coulé plus abondam-
Uient quedans Marat. Jamais honune, après tant
^^^*•^i^^OTêâlê^fts'dans la spéculation et tant de méfaits
dans la pratique, n'a conçu et gardé ime sî haute idée
20 de lui-même. En lui, chacune des deux sources vient
grossir l'autre: ayant la faculté de ne pas voir les
choses telles qu'elles sont, il peut s'attribuer de la
vertu et du génie; peguadé qu'il a du génie et de la
i^aertu, il prend ses àneft^iifts pour des mérites, et ses
*-^5luKi^ pour des vérités. . . • î2^^2£^^^ aliéné voit
partout autour de lui, sur I^^pIP^P^L^^ lee y|jf ^
^-^'^^t^fSifondy des scorpions, des Sïp^lie^J^in ^ôume-^
ment de vermine infecte et venimeuse, il ne songe
plus qu'à l'écraser, etjam^^ n^jgjal^entre dans
: axa suite^T
30 sa dernière période : à'ia suite 7dir q gyeTé ^
de la manie des persécutions et du catftneiSar nxe,
la monomanie homicide s'est déclarée.
La Révolution 123
11 n'y a rien du fou chez Danton; au contraire,
non seulement il a Tesprit le plus sain, mais il possède
l'aptitude politique, et à im degré émine nl , ^^^ ffi j.
degré tel, que, de ce côté, nul de ses anfaDoratiîrs
5 ou de ses adversaires n'approche de lui, et que,
parmi les hommes de la Révolution, Mirabeau seul
Ta égalé ou surpassé. — C'est un génie original,
spontané, et non, comme la plupart de ses contem-
porains, un théoricien raisonneur et scribç,-cjes]^à-
10 dire un fanatique pédai^ ,jing^q ;^atui^ la^
briquéeDarlealjsyes, uncneval*3e meule qui^aarc&e
avec des œillères et tourne sans issue dans.untf efflfl
fermé. Son libre jugement n'est point eâtf ave pax
les préjugés abstraits: il n'apporte point im contrat
15 social, comme Rousseau, ni un art social, cgmjme
Sieyès, d es pr^gpj^ ou des combinaisons de cabmetj
il s^en eltecanepar instinct, peut-être aussi par
'S'^iSï^pns: il n'en avait pas besoin^jjjij^uraît su qu'en
Lj^îSSiJo ^^^ systèmes sont des^equiUes à l'usage des
^^f^^S pfeHfe^fit A Sf V^^^Â ¥^ formules sont des lunet-
tefa l'usaj^des JSfap^ et il a de bons yeux. «Il
avait lu, peu médité, dit un témoin lettré et philosophe,
il ne savait presque rien, et il n'avait l'orgueil de
rien deviner; mais il regardait et voyait, y> Se repré-
25senter exactement les volontés divergentes ou con-
cordantes, superficielles ou profondes, actuelles ou
possibles des différents partis et de vingt-six millions
d'âmes, évaluer juste la grandeur des risi^nces
probables et la grandeur des puissances dÉpombles,
30 apercevoir et saisir le moment décisif qui est unique,
combiner les moyens d'exécution, trouver les hommes
d'action, mesurer l'effet produit, prévoir les contre-
124 Origines de la France Contemporaine
'7
^.
Oê^
lointains, ne pas se repentir et ne
dcepter ^g ff JC^^ à proportion de
leur eflSicacité politiqu ^ojiv gyer devant les obstacles
trop ior te, s'an^tgrg^J^iaîJîSP, même au mépris des
;maximes qu'oniéiale, ne considérer les choses et les
hoHGimes qu'à la façon d'un mécanicien, constructeur
d'engins et calculateur de forces, voilà les facultés
dont il J\J^JJBÎ|îj£^ pendant la dictature effective
qu'il s'fôt arrogée.
Par tempérament et par caractère, il est un bar-
bare, ^tunr barbare né pour cominanderà|ses paxdls^
nTJiîosse K tè te ^de ^ ( Tartare )?couîuree de petite
'érole, d'une f&Ç^Vf ^jgi^^ ^t terrible, un masque
ç çonvuké de \ pouleaoguej^ lgf gr^d aht, de petits yeux
Tfêmjhces sous les énorme^piis o /uj^ront menaçant
qui remue, une voix tonnante, dâPg^^^dç combat-
tant, une surabondance et jjn ^owl ^^^ t'de sang,
de colère et d'énergie, les déoorcf/aSnîs^d'une force
qui semble illim itée i f p Ame celles de lâ^nature^une
20 déclainatiort^ enrwiee,^ pareille aux mu^î^ementj^
d'un mujfeau, et dont les éclats portent à travers les
fenêtres fermées jiisgu'à cinquante pas dans la rue,
de^iinag^ "Hémfôîrëes, une emphase sincère, des
tressamements et des cris d'indignation, de vengeance,
25 de patriotisme, capables de réveiller les instincts
féroces dans l'âme la plus /Pfri^^f^y&gs instmcts
généreux dans l'âme la plus aKrutî^aes juraaset
âes-gros mots, im cynisme, non MsmjMiptone et
"^JdKi comme celui d'Hébert, mais j/imssaJit, spon-
3otané et de source vive, des crudités énormes et dignes
je Rabdais^ui L^f ly d de sensualité joviale et de bon-
lomie goukilfeKse/des façons cordiales et familières.
La Révolution . 125
un tonHe frandyse Qt^g |C arn a|aderîe, bref le dedans
et les deho'rS^ies plus plroprega^ confiance et
les sympathiea d'une plèbe gauloise et parisienne,
toufnEonpiM a composer «sa popularité infuse et
5 pratique >> et à faire de lui «un grand seigneur de la
*-^ ' Ans-oiVôtterie. » Avec de telles 'dispositions pour
jouer un rôle, on estbim^tegjé de le joue& sitôLaue,^^x^^#»^P
re ^s'ouvre, Vmei que soit le théâtrs.^fQjerlDpej^
cTlangeSx, quels que soient les acteurs ' polissons et
icgpnenapans, quel que soit le rôle/TgnoDle, meurtrier
et finalement mortel pour celui qui le prendra. j^^^^lTl^u F^
Même avec la résolution ferme de rester le colpe-
tête en chef, il ne serait pas le,r€y>r^^ itapt parfait de
la Révolution. Elle est un brigandage, mais philo-
issophiqué; le vol et l'assassinat sont inclus dansj^esj^l^
dogmes, mais comme un couteau^5j^ijS||^2fi"^uif ^^
c'est l'étui brillant et
le
non le couteau tfancj
comme Marat, montri
20 Rien qu'à-^/^oiruMarai
^^qu'il faut étaJif en^ublic,
et sanglant. Danton,
puv^temegtle^outeau.
X et^Si^raillé, avec son
:re trgp 01
visage deTrâpàud livide, av eç ^ eg u y eux ronds, luisants
et fixes, avec '^oJ^^Ï^DaTlîuminé et la fureur
monotone de son plro^sme continu, le sens commun
se révolte; on ne prend pas pour guide un maniaque
25 homicide. RienW^oir ou écouter Danton, avec ses
gros jngts de^Bneïaix et sa voix qui semble un tocsin
Ippe et ses gestes d'exter-
arouche; on ne se confie
émeute, avec sa face de
minateur, l'humanité sn
pas sans répugnance à un boucher politique. LAj |^ _
a besoin d'un autre interprète, pare
30 Révolution
comme çlk de deh ors spécieux, et tel est Robespierre,
avec sa tenue irréprochable, ses cheveux bien pou-
126 Origines de la France Contemporaine
drés, son habit bien brossé, avec ses m^3r|£orrectes,
son ton dogmatique, son style étudié etTerae. Aucun
esprit, par sa médiocrité et son insuflfaap ce . m s ^f st^ _
trouvé si conform^àr|gprit du tempsfa 1^ inverse de*
5 rhomme d'État, iPpanedans Tespace vide, parmi les
abstractions, toujours à cheval sur les principes, inca-
pable d'en descendre, et de mettre le pied dans la pra-
tique. Sur la France contemporaine et vivante, toute
idée juste et précise lui manque: à la place des hom-
lomes, il aperçoit vingt^^ixmillions d'automates simples,
qu'il suffit de b ien^c^S'^ r, poiu: qu'ils fonctionnent
d'accord et sansneuasA Si l'on veut le cœinmrgKire ,^
il faut le regarder en place et parmi ses^alentours.
Au dernier stade d'une végétation inteUectuelle qui
15 finit, sur le rame ay tergiyia l du dix-huitième siècle,
il est le suprême^^orxoil et A^^ frujyLjec de l'esprit
classique. De la philosopme épuisée; il n'a gardé
que le résidu mort, des formules apprises, les formules
de Rousseau, de Mably, de Raynal, sur «le peu-
20 pie, la nature, la raison, la liberté, les tyrans, les fac-
tieux, la vertu, la morale, » un vocabulaire tout
fait, des expressions trop larges, dont le sens, déjà
mal fixé chez les maîtres, s'évapore aux mains du dis-
ciple.
25 Sa première passion est la vanité littéraire. Jamais
chef de parti, de secte ou de gouvernement n'a été,
6 toujours à cheval sur les principes: see cheval.
19 Mably: a prominent writer who strove for the rigor of
the law. — de Raynal: Guillaume (1713-96), a French free-
thinker. He achieved récognition as a philosophie writer and
historian. One of his works on account of its tendendes was
bumed and the author was exiled.
La Révolution
127
même au moment dédstf-jd inciurablement rhé^
et mauvais rhéteur, îfen^lsé, emphatique et piai
La veille du 9 thermidor, quand il s'aj
ou de périr, il apporte à la tribune
5 Darat, écrit et récrit. TX^liatreTOU^^^
^^TcfclHs et de moiTt?itpt a jBfteC »^ ^^ de
temps et de peine, de tout le vernis académique^ave^^^j^^t^
le ^éc or obligé des antithèses symétriques, desÇerio-
d^m^es, des exclagaattons, prétentions, apostrophes.
10 et autres figures dû mener. Pas un accen t vr a i A fs
son éloquence industrieuse; rien que desTecettès, et
les recettes^dlnnaEtjUsé
latins, Scfcrate ei sa cigtiëj
des métaphores c]|Lssiques,
15 discorde et leJw 4kji^I jde ^I
mots et *sreussuf/ae si
rhétoricien s
grand air de
leux communs grecs et
rîitus et son poignard,
(des flambeaux de la
t, » des alliances de
comme en cherche un
. e sba n cs de son collège, parfois un
ravouref comme il en faut dans une
parade publique. Le contraste est trop fcyt entre
20 son rôle et son talent. Avec ce talenrpeire e| faux
comme son intelligence, aucun emploi ne lui conve-
nait moins que celui de gouverner les hommes; d'ail-
leurs, il en avait un autre, marqué d'avance, et auquel
3 du ç thermidor: July 27, 1794. In the Republican cal-
endar which was substituted for the Gregorian in 1792 the
year began with September 22. There were twelve months
of thirty days: autumn, vendémiaire, brumaire, frimaire; winter,
nivôse, pluviôse, ventôse; spring, germinal, floréal, prairial;
summer, messidor, thermidor, fructidor. Fabre d'Églantine
had proposed thèse pretty poetical names. Each month was
divided into décades, Five hoh'days (jours complémentaires)
made up the remaining to complète the 365 days. This cal-
endar was abolished on January i, 1806.
128 Origines de la France Contemporaine
dans une société tranquille, il se fûtterfuT Supprimez
la Révolution, et probablement Marat eût fini dans
un asile; il^^^>MJt des^chjmcesiDouraiie Do^tM
devînt un îfibïïstîer du bafreâu, màlatdrfn ou bravo
^ * 5 dans quelque affaire interlope, finalement gorgé et
peut-être pendu. Au contraire, Robespierre aurait
continué comme il avait commencé, avocat appliqué,
upé et considéré, membre de PAcadémie d'Arras,
Bféat de concours, ajrteu^ ^ ^éloges littéraires, d'es-
losais moraux, de |/?bcfiniîres philanthropiques; sa petite
lampe, allumée, comme cent autres de calibre égal,
au foyer de la philosophie nouvelle, eût brillé mo-
dérément, sans brûler perscyne, et f épaj^d] ^^ sur un -
cercle de province sa lumière Danale, Matarae, pro-
ortkmnée au peu d'huile que contenait son vase
Orphelin, pauvre, protégé de son évêque, boursier
par faveur au collège JLpuis-le-Grand, puis clerc
avec Brissot dans la^Dasocne révolutionnaire, il a
20 pris pour maître de philosophie, de politique et dé
style Rousseau qu'il a vu une fois et qu'il étudie sans
cesse. Probablement, comme tant de jeunes gens
de sa condition et de son âge, il }\ ^ }'^< ^^ ^ M?^^^^^zg^% ^
â^^même im rôle ap^k)gue, et il|a ^ubue aes prà^Joyers^
^^^25 à effet, concBuru pour des prix d'académie, lu des
mémoires devant ses c p U^^s d'Arr as . Succès
médiocre: une de ses harangues a olWiu une mention
dans^ l' Almyiach d'Artois: l'Académie de Metz ne
lui acfécerneque le second prix; l'Académie d'Amiens
4 malandrin: brigands that infested France in the fourteenth
century.
8 Arras: the birthplace of Robespierre.
La Révolution 129
ne lui a ri^ dfeerné>du tout; le critique du Mercure
lui a laissé entwoir «que son style sentait la province. —
A r Assemblée nationale, éclipsé par des talents grands
et spontanés, il est resté longtemps dans Tombre, et,
5 plus d'une fois, par insistance o^^agquede tact^^ ^\LoJh^
s'est trouvé ridicule. Sa figure d*Svpu^|in^^
sèche, sa voix sourde, monotone et rauque, son élo-
cution fatigante, «son accent artésien, » son air
contraint, son parti pris de se mettre toujours en
10 avant et de développer des lieux communs, savolonté^
visible d'imposer à des gens cultiv^ et à des jp^ ileurs
encore intelligents, rintolérablêennui * qu^l leur
inflige, il n'y avait pas là de quoi rendre l'Assemblée
indulgente aux fautes da sens et de goût qu'il com-
15 mettait. Un jour, i*^opfs*aes arrêts du Conseil:
((Il faut, dit-il, une forme noble et simple qui annonce
le droit national et porte dans le cœur des peuDJesl ^^^y t,/
respect de la loi »; en conséquence, dans les décrète^
promulgués, après ces mots: «Louis par la grâce de
20 Dieu, etc., » on devra mettre: «Peuples, voici la loi
qui vous est imposée: que cette loi soiLinviolable et
sainte pour tous!» — Sur quoi, un oepCfègascon
se lève, et, avec son accent méridional: «Messieurs,
dit-jl,^cettg formule ne vaut rien; il 11e nous faut pas
25 de^^f mîqîœ?» Rire universel; Robespierre ^^d^^ L ^^
^^îgne intâjkuiyment: deux ou trois îSesaventJres
pareilles^iKorcBtnt un homme comme lui de la tête
aux pieds.
«Irréprochable, » voilà le mot que, depuis sa pre-
I Mercure: a literary organ, which served Wieland as the
model for his Deutscher Merkur.
130 Origines de la France Contemporaine
mière jeunesse, une voix intérieure lui répètetout
bas pour le consoler de son obscurité et de son aueme;
il Ta été, il Test, et il le sera; il se le dit, il le dit aux
autres, et tout d'une pièce, sur ce fondement, son
5 caractère se construit. Ce n'est pas lui qu'on sé-
duira, comme Desmoulins par des dîners, comme Bar-
nave par des caresses, comme Mirabeau et Danton
par de l'argent, comme les Girondins par l'attrait
insinuant de la politesse ancienne et^le. k société
-lochoiaie, comme les Dantonistes par happai de la vie
'^^ha^e ^ et delà licence complète: il est l'incorrup-
tible. «Seul, ou presque seul, je ^^^g^l^jssepas
corrompre; seul, ou presque seul, je ne trajisïgepas
avec la justice; et ces deux mérites supérieurs, je les
15 possède tous les deux ensemble au suprême degré.
Quelques autres ont peut-être des mœurs; mais ils
combattent ou trahissent les principes; quelques
autres professent de bouche les principes, mais ils
n'ont pas de mœurs. Nul, avec des mœurs aussi
20 pures, n'est aussi fidèle aux principes; nul ne joint
im culte si rigide de la vérité à une pratique si exacte
de la vertu; je suis l'unique. » — Quoi de plus doux
que ce monologue sikncieux? Dès le premier jour,
on l'entend^Si souro^, dans les adresses de Robes-
as pierre au tiers état d'Arras; au dernier jour, on l'en-
tend à pleine voix dans son grand discours à la Con-
6 Bamave: Antoine (i 761-1793), président of the National
Assembly in 1790. Conducting the king on his retum from
Varennes, hc became infatuated with Marie Antoinette. Ar-
rested for treason, he was sentenced and guillotined.
10 les Dantonistes: the party of modération. The heads of
this party were guillotined in 1795.
La Révolution 131
vention; pendanttout rintervalle, dans chacun de
^A^ ^^ 't^^^ ^^^% l ^^Al^ ^ ^ on l'entend qui
leure y^^rce en bornes, en parenthèses, en pé- ^^^lu»
roraisong^ et roule à travers lesj^jgas|S4Conime um •
5 lîasse*continue. — A force de s'én^élîcte?, il ne peut
plus écouter autre chose, et voici justement que les
échos du dehors viennent soutenir de leiu: accompagne-
ment la cajito leyin térieure qu'il se chante lui-même.
«UmquQ^mute du Romain Fabricius, » lui écrit la
Y^Vutciîrsaie de Marseille; «immortel défenseur des
droits du peuple, » lui écrit la jacobinière de Bourges.
, j La^viUe d'Arras illumine pour son arrivée. A la
cloture| de la Constituante, le peuple l'acclame dans
la rue; on a posé sur sa^têt e un e couronne de chêne,
15 on a voulu traîner son^acre,jDh l'a reconduit ^n ^>#
triomphe rue Saint-Honoré, chez Duplay, le i]^ui-
sier qui le loge. — Là, dans une de ces familles où la
demi-bourgeoisie confine au peuple, parmi les âmes
neuves sur lesquelles lesidéeagénérales et les tirades
20 oratoires ont toute leurprî^il a trouvé des adora-
teurs; on boit ses paroles; on a pris de lui l'opinion
qu'il a de lui-même; pour tous les gens de la maison,
mari, femme et filles, il est le grand patriote, le sage
infaillible; soir et matm^^ilT end des .^SJ^^ri^l respire
25 un nuage d'encens, Irest un^Sieil'ên en Jgiby . Pour
arriver jusqu'à lui, les croyants f ont'^c^ ^^ j^^ n s . l|f tî t j ê ^^^
cour; admis un à un dans le saloi^ils^se rec^uk^
^s^ portra^ s a u crayon, à l'esTonîpl, aumstre,
Paqïïarefle; devant «ses petits bustes en terre rouge
9 la suuufsde de Marseille: the branch of the Jacobin Club
at Marseilles.
132 Origines de la France Contemporaine
ou grise- Dui^ur un signe de sa main saisi à travers
la port^Jjmilî^Sls pénètrent dans le sanctuaire où il
trône, dans le cabinet résajvéoÎLson principal buste,
accompagné de vers et de aevisesTle remplace quand
5 il est absent. — Ses fidèles sont à genoux devant lui,
et l ej fem m e^ cncore plus que les honunes; et avec
quef tfc^ ^ r^ ^ es Faro ! Aux Jacobins,
q uand TTdlHi te ' « son âiflplîigofln, » iljia des saiSlois
d àgetiqn^iyietU, , gdep^ ^ ^ ^àJl^^^lè^S^^^^^^^^WéF^
10 faire^cmulferTa^ Tlc7)) A^ les f ouâres oe
la Révolution tombent plus pressées sur les autres
têtes, Robespierre monte plus haut dans la gloire de
son apothéose. On lui écrit qu'il est «le fondateur
de la Républ k j u eyk génie incorruptible qui voit tout,
15 prévoit tout" déjbueïout, qu'on ne peut ni tromper ni
séduire, qu'il a l'énergie d'un Spartiate et l'éloquegice/^
d'un Athénien, qu'il couvre la République de l'^^b
de son éloquence, qu'il éclaire l'univers par ses écrits,
qu'il remplit le monde de sa renonmiée, qu'il régénère
20 ici-bas le genre humain, que son nom est et sera en
vénération dans tous les ^iècles présents et futurs,
qu'il est le Messie que l'Etre éternel a promis pour
réformer toute chose. » Au bout de trois ans, un
chœur qu'il a form^ etm i'jl^gj ^ ige, mille voix à l'unîs-
25 son lui répètent inéugablem^it sa litanie, son credo
intime, l'hymne en trois versets qu'il a composé en
son propre honneur et que chaque jour il se récite à
voix basse, parfois à voix haute: «Robespierre seul
a trouvé la forme idéale du citoyen. Robespierre
30 seul la remplit exactement, sans excès ni laJtjTfeT
Robespierre seul est digne et capable de conduire la
Révolution. » — A ce degré, l'infatuation froide équi-
> La Révolution 133
vam a la fièvre chaude, et Robespierre arrive aux
idées, presque aux visions de Marat.
D'abord, à ses propres yeux, il est, comme Marat,
un homme persécuté, et, commeMarat, il se pose en
S«martor, » mais avec un^^l a/ag^ lus savant et plut
'"•^^onfemi, avec l'air résign^aVreiiMi d'une yig^ime pure
qui s'offre et monte au ciel en"iegufm aux noïmies
le souvenir impérissable de ses vertus. «Je suis
certain de payer de ma tête les vérités que je viens
iode dire, j'ai fait le sacrifice de ma vie, je recevrai la
mort presque comme un bienfait. — Le ciel m'appelle
peut-être à tracer de mon sang la route qui doit con-
duire mon pays au bonheiu: et à la liberté; j'accepte
avec transport cette douce et glorieuse destinée. —
15 Ce n'est point pour vivre qu'on déclare la guerre à
tous ^^s tj g ans, e t, ce qui est plus dang ey u j^^ core,
à tous leT^r^onsT. . . Plus ils 's?^îepeaïeniae ter-
miner ma carrière ici-bas, plus je veux me hâter de| ^ . a>a^^
la remplir d'actions utiles au bonheur de mesljnn-
2oblables. . . . Pour moi, dont l'existence paraît aux
ennemis de mon pays un obstacle à leurs projets
odieux, je consens à leur en faire le sacrifice, si leur
affreux empire doit durer encore. . . . Qu'ils cou-
rent à l'échafaud par la route du crime, et nous
25 par celle de la vertu. . . -c^i^ ^^ préparent la
ciguë, je l'attendrai sur ces sîègessacrés; je léguerai
au moins à ma patrie l'exemple d'un constant gumpur
pour elle, et aux ennemis de l'humanité l'oj^obre
de ma mort. »
il ne
que ((dés^ërvj-s, des Intrigants,
des traîtres. » Naturellement, il se forge, comme
30 Naturellement, et toujours com m e Myat,
voit autour de lui que « des^peVv ïs, aesintrig
134 Origines de la France Contemporaine
Marat, des romans noirs, mais moins improvisés,
d'une absurdité moins grossière, plus lentement
élaborés et plus industrieusement concertés dans
son cerveau de raisonneur et de policier. — La liste
S des conspirateurs est chez Robespierre bien plus
longue que chez Marat. Politique et sociale dans
l'esprit de Marat, elle ne comprend que les aristo-
crates et les riches; thédggj g j ^fi^ ^j "^y|tt^ jfrP^- ^S ^Pj^^t^r-' i f
de RobespigrCjellû compfena p^ff siu?n3t le^tt
^ lo f Lte jiSmo&nêfe? gens. Dans ce^ ^
^J^*^*"**^ iivréà l'abstraction et accoutiuné^^ffij^rUles hom-
mes en deux catégories sous des ëtiqueuS contraires,
I * > quiconque li'est pas avec lui dans le bon comparti-
*'*'^ mem est contre lui dans le mauvais. «Tout aristo-
i5crate est corrompu, et tout honmae corrompu est
aristocrate;» car «le gouvernement républicain et la
morale publique, c'jpst la même chose.» L'inmiora-
lité est un altemat politLgu^^ yn^ complote contre
PÉtat, par cela seul qu'oiyamonele matérialisme ou
20 qu'on prêche l'indulgence., quand on est scandaleux
dapssacQgdjiite outfêoSrauIe'dans ses moeurs, quand
^Htgîote, quand on dîne troDjDÎerL^ji^nd on est
vicieux, intrigant, exagéré ou urembleui^ quand on
agite le peuple, quand on pervertit le peuple, quand
25 on trompe le peuple, quand on blâme le peuple,
quand on se défie du peuple, bref quagdjgjjTe^arche
pas droit, aj^ pas prescrit, dans la voie étroïte que Ro-
bespiei ^ Jg^trac é^ d'apj;^ les principes. Quiconque
y/tnoppeou s'eriecarte est un scélérat, un traître.
30 Et toutfô œ^t &^es , Robespiyi^^ ^ l m s ^ j aaxime s,
doit lesaDattra" Du premier |ian; la cJ&mereYde
Marat, à tire-d'aile, avait emporté son cavalier fréné-
La Révolution
LéUH.
cJL» M cftfc>iK C
scHi^'U charmer nr
135
ue^ ius( Mi ;aii c har mer final; celle de Robespierre,
^etamt, aopV ^nt^y arrive à syo t o^r ; à son tour,
elle demandeTrfîSfre, et l^ffSngeîïrde périodes, le
professeur de dogmes commence à mesurer la vora-
5 cité de la bête monstrueuse sur Jj^9^^j}giL^L jjj^ji^^t^'
Plus lente que l'autre et moinVcarnasSere en ap-
pareace^elle est plus dévorante encore; car, avec
destines et des dents pareilles, elle a de plus vastes
appétits. Au bout de trois ans, Robespierre a re-
lo joint Marat dans le poste extrême où Mar^s^st
établi dès les premyrs jours, et le docteur s'appropne
la politique, I^BSt^ Pœuvre et pres q uei ^
vocabulah^p'^ffi ^ l ^T^^ armée de k'cTanaîlle
itfbaigfj anolement systématique de la populace
i5|Duaqyee, guerre aux bourgeois, extermination des
riches, proscription des écrivains, desa^inistrateurs
et des députés opposants. Mèrt f^^^ re^ciis deux
monstres; seulement Robespierre ajoute, à la ralior^
du sien, «les hommes vicieux,» en guise^de^ï!^rj^£i-»'i'>*^
20 spécial et préféré. Dès lors, il a beau s'gîwfraîrê açT* ^
l'action, s'enfermer dans les phrases,"^
chastes oreilles, lever au ciel ses yeux de
il ne peut s'empêcher d'entendre ou de vdr autc
de lui, sous sesjjjeyg i mmaculé s, les os qui cTamiei]
25 le sang qui juisselfe^ l^j^eule insatiab lem yitibj
du monstre qu'il a formé et qu'il 'cnevaucneT
cette gueule toujourspliis affamée, il faut chaque
jour un plus ampT(presiin de chair humaine, et il est
tenu, non seulement de la laisser manger, mais en-
3ocore de lui fournir la nourriture, souvent de ses pro-
pres mains, sauf à les laver eiguite^et^dire, ou même
à croire, que jamais une écBtboussurfe de sang n'a
136 Origines de la France Contemporaine
S^néses vertueuses mains. A l'ordinaire, il se con-
tente de flatter et caresser la bête, de yexc u§er^ ^
l'approuver, d^J^laisser faire. Déjà^ôiirtant et
plus d'une fois/teifte par l'occasion, il l'a lancée en
S lui désignant une proie. Maintenant, il va lui-naênae
chercher la proie vivante, il renyeloppy dans le mêi
de sa rhétorique, il l'apporte toule^^fieexians la gueule
^^ouv«te; autoiu: du cou des malheureux qui se dé-
^'^^'bliftent, il met subitement \m\kc ^^ .âe^eur qu'ils
10 ne s'échappent, il les étrangle/au préalable Vers la
rien de^Qjut g^ n^uffit^lus: il /Wt à J| jcj^ty^^
et,Tongrrmal ^^ £^l .M^SJ^^^^ ^^^ ^^^^
dispose et pousse les/pourvoy^s, a Orange, à^Pa^
15 ris, pour vider les prisons, avec l'ordre d'êtrepKpedi-
tifs dans leur besogne. A ce métier^ déboucher, les
instincts destructeurs, longtemps confprî&W^ar la
civilisation, se redressent. Sa physionomie de chat,
gui^^^ d'abord été celle «d'un chat domestique,
2oinquitte, mais assez douce, est devenue la mine fa-
rouche d'un chat sauvage, puis la mine féroce d'un
chat-tigre. . . . A la Constituante, il ne parlait qu'en
gémissant; à la Convention, il ne parle JSUJej^
ma\t. » Cette voix monotone de régence gour
25 prend un acceEy^^ jy rso imel^d^ p assion furieuse; on
l'entend qm siffle et quî^^^^cuielquefois, par un
changeiiM^LÀ^vue, elle/Rnecte ae pleurer; mais
^esj^|i^j^. éclats sont moins e|fr o ^able^mte son^
^attendrissement de commande. Amsi rongeeYm-
14 Orange: a town near Avignon, capital of the former
principality of the same name. The instructions for the Rev-
olutionary Tribunal there were written by Robespierre himself.
La Révolution 137
térieurement pax l^œin qu'elle distille, sa machine
physique se détraque, comme celle de Marat, mais
avec d'autres^symptômes. Quand il parle à la tri-
bune, « ircf^l^e^kmah^ par une sorte de contraction
S nerveuse, des seoolSye^ brusques courent dans ses
épaules et dans ^o^^^^^^Ç^^^^^ ^^ convulsivement
à droite et à^jauch^^oo^SelEte^ livide»;
ses yeujrafgnoient sous ses limettes; et quel regard!
— « Ah, disait un Montagnard, vous auriez voté
10 comme nous, le 9 thermidor, si vous aviez vu ses
yeux verts!» — Au physique^x^me^u moral, il
devient un second Marat, plusDoiîrrele, parce que sa
surexcitation n'est pas encore en équilibre, et parce
que, sa politique étant une morale, il est obligé
15 d'être plus largement exterminateur.
VIII. LA DISETTE ET LA MISÈRE À PARIS
DANS L'HIVER DE 1794 À 1795
Sous l'ancien régime, Paris, quoique trop gros,
demeurait un organe utile; s'il absorbait beaucoup,
il élabMjait davantage; sa production compensait,
et ^^ ^ Q^ , sa consommation; chaque ajmfe au lieu
20 de puiser dans le Trésor public, il y versait 77 mil-
lions. Le nouveau régime a fait (kluijiuvjparasîte
dévorai^^;^^
ses alentours sur quarante neues' de rayon, manj^
en un mois le revenu annuel de rÉtat^etgst^n3|^c|e,
25 malgré les sacrifices du Trésor qu'il Vpui?e, malgré
l'épuisement des provinces dont il se nourrit,
10 leç thermidor: cf. note, page 127, 1. 3.
138 Origines de la France Contemporaine
Toujours le même régime alimentaire, la queue
dès Taube |tavant l'aube dans tous les quartiers
de Paris, rflEt^Hœ nocturne, prolongée, souvent frus-
trée, parmi les brutalités de la force et les scandales
5 de la licences f JUê ^Q , fe^ffl^Qfrji^ ^ ^^j^ dix-sept
mois que le pietinelnenq^^ de la multitude
à la poursuite des fivre^^dure sans interruption, et,
après le 9 thermidor, le même piétinement va durer
encore sans interruption pendant vingt-deux mois>
10 avec des désordres pires, parce que la teryur etla
soumission sont moindregj^^^ggf un acflaftemènt
plus apre^parce que les oenrées du commerce libre
sont plus chères, avec des privations plus grandes,
parce que la ration distribuée est plus cou rte, ay^c
15 un désespoir plus sombre, parce que chaque ménage,
ayant mangé ses ressources privées, n'a plus rien
pour s'aider lui-même ti suDiJ. étf;> ^»>^r insuffisance
de l'aumône publique. Pour combl^il fait si froid,
pendant l'hiver de 1794 à 1795, que la Seine gèle;
20 on la traverse à pied; les traî na? flottants n'arrivent
plus; il faut, pour avoir des ^ucr^ et des fagots,
«couper les bois de Boulogne, de Vincennes, de
V £D - jère s^ e Saint-Cloud, de Meudon et les autres de
^^I^ffilisSiuiC: • 4^^ francs la corde de bois, 50 sous
;55un|2pisseauae charbon. On voit des nécessiteux^
cîer dans les rues leur bois de lit pour faire cuire
leiu-s aliments^^^mpêchei; de mourir de froid. »
^""""^♦T ^ rivage par eau recommence au milieu
^^^ £o n y y j£ bois flotté se vend à mesure que les
*3!?M?b#(^rs le tirent de la rivière, et on est obligé de
passer trois nuits au port, pour en obtenir à son tour,
par numéro. » Il y a 2000 personnes au moins, le 3
La Révolution 139
pluviôse, au port Louviers, chacape avec une c
qui lui promet 4 bûches^^^^nnant 15 sous
suite, presse, tumulte, hpiÈcum^S, irruption; «les
marchands prennent la luite de peur; les inspecteurs
5 manquent d'être assassinés, ils se sauvent avec le
commissaire de police, et le public se sert lui-même. »
Le lendemain aussi, pillage abominable; des gendar-
mes et des canonniers, placés là pour maintenir le
bon ordre, «se précipitent sur le bois et en emportent,
10 comme la foule. » Notez que ce jour-là le froid est
de 16 degrés, que cent, deux cents autres queues le
•^^"^^Bï^jEtit en même temps à la porte des boulangers
et des bouchers, qu'elles l'ont subi ou vont le subir
pendant un mois et davantage: la parole ne suflSt
75 pas pour rendre ce qu'ont dû souffrir ces longues
lignes de corps immobileSjjJ i^u it^tuji p etit jour, cinq
ou six heures durant, ^sous la bise ^ y ^ traverse leurs
'gueqfiles et gèle leurs pieds ?naoIori$. — Ventôse
commence, et la ration de pain est réduite à une
20 livre et demie. Ventôse finit, et la ration de pain,
maintenue à une livre et demie pour les 324,000
travailleurs, est abaissée pour les autres à une livre;
en fait, plusieurs ne reçoivent rien, beaucoup une
demi-livre, un quart de livre. Germinal s'ouvre, et
25 le Comité de salut public, qui voit ses magasins se
vider, limite toutes les rations à un ouarfr'de livre.
Là-dessus, le 12 germinal, grande raîeute des ou-
vriers et des femmes; la Convention, envahie, est
délivrée par la force armée. Paris est déclajj|çe^^3t;ajJL
30 état^jde^i^ge, et le gouvernement, *î^flîs*en selle,
/•^''^^rre la Driqe. La classée qui souffre et qui souffre
I Lauviers: on the Eure, a tributary of the Seine.
I40 Origines de la France Contemporaine
-•-audett de toute oatienfie^ç'est,^A^5iftlcs employés et
les petits/îentiers, la foiile des ouvriers, la plèbe
urbaine, le bas peuple parisien, qui vit au jour le
jour, qui est jacobin de cœur, qui a fait la Révolution
5 pour être mieux, qui se trouve plus mal, qui s'insurge
encore une fois le i^r prairial, qui entre de force aux
Tuileries en criant: Du pain et la Constitution de çj,
A ouis'installe en souverain dans la Convention, qui
^''M^îxfte le retour à la terreur, mais qui, réprimé par
lo la garde nationale, désarmé, rabattu dans l'obéissance
■ ■■■■ .X^' ^'^ P^^^ ^^'^ subir la conséquence des
^atîentSts qu'il a conmiis, du socialisme qu'il a institué
et du régime économique qu'il a fait.
Parce que les ouvriers de Paris ont été des usur-
15 pateurs et des tyrans, ils sont devenus des mendiants.
Parce qu'ils ont ruiné les propriétaires et les capi-
talistes, les particuliers ne peuvent plus leur donner
de travail. Parce qu'ils ont ruiné le Trésor, TÊtat
ne peut plus leur fagejc y^ n simulacre d'aumône.
20 C'est pourquoi tous^Smentjfbeaucoup meurent, et
plusieurs se tuent.
«Combien de fois, écrit un voyageur suisse qui
habite à Paris pendant les derniers mois de 1795,
combien de fois ne m ^t A J^jA^^^ ^® rencontrer
25 des hommes tomba nZ ^^ se soutenant à
peine contre une l^ie, ou bien tombés à terre et
n'ayant pas la force de se relever! » — Un journaliste
dit avoir vu, dans l'intervalle de dix minutes, à la
longueur d'une rue, sept malheureux tomber de faim,
301m enfant à la ^mgU^mourir sur le seiadftSfrmère
dont le lait avAra^Tg^une fenimgsgf^ffié avec
un chien près d'imegout pour lui TmevèrTÉ os. —
La Révolution 141
Encore en juin 1796, les iDS]^ecteg»Mnoncyt que
«le désespoir et le chagrin sofet aieur TOJ^pjg j^quMl
n'y a qu'un seul cri : la misère. . . . LiTpaieiff et la
peine sont peintes sur tous les visages. Un silence
S morne; la haine la plus caractérisée pour le gouverne-
ment en général, développée dans toutes les conversa-
tions; rfSîépfîspour tout ce qui compose l'autorité ac-
tuelle; les intrigants de tous les partis se renversant les
uns les autres pour obtenir des places; le militaire ivre
ro d'orgueil des services qu'il a/endpg et de ceux qu'il
peut rendre, se livrant sanâ^&deur a tous les genres
de débauche; les maisons de commerce transformées
en cavernes de voleurs; les fripons devenus commer-
çants, les commerçants devenus fripons; la cupidité
15 la plus sordide, l'égoïsme le plus mortel: voilà le
tableau de Paris. »
Il manque un groupe au tableau, celui des gouver-
nants qui administtenUgute^tte misère, et ce groupe
est au fond de K^loué. Xombien sont morts de
20 misère? Très probablement, beaucoup plus d'un
million. — Tâchez d' embrasser jj'un çQup d'oeil le
spectacle extraordinaire qurPétaTe^ iij^les vingt-six
mille lieugij^arr^g^jjjy territoire, la multitude im-
mense déstamâiquesïà la ville et dans la campagne,
-'5 la queue des fegames pendant trois ans dans toutes
les villes, telleSSfélde 20,000 âmes où, en vingt-trois
mçi_^^
l'encômlÉ
maîsoiude^ecoufs, la tile deg^vîèfes qui
50 file descgmîéfls qui sortent, les hospices dépouillés
de leurs biens, surchargés de malades, hors d'état de
nourrir leur troupeau d'enfants abandonnés, ces
142^ Orirines de la France Contemporaine
^^ enfants à jeun, desséchés dans leur berceau dès les
premières semaines, pâles et «le visage ridé comme
celui d'im^ieiUar^) la maladie de la faim, qui
■ ^aggrave etaorege toutes les autres, les longues angois-
' Tisses de la vie tenace qui persiste à travers la douleur
ets| o bsS^ à ne pas s'éteindre, l'agomefig^eji^s
iW^aletas ou dans un fossé. Puis, méft^eiTre^rd
le petit cercle des Jacobins survivants et triomphants,
qui, aTOOt^i ^^lac ffj g^bon endroit, entendent y
lo rester, codte que <5^e.^--^ dix heurs du matin,
au pavillon de l'Egalité, dans la salle du Comité de
salut public, on voit^yriag Cambacérès, président:
c'est ce gros homme circonsp^tet fin qui, plus tard
archichanceli er de > P Egyire, sera célèbre pa^ ses
15 inventions dé gj/unSêtTA peine assis, il fait mettre
dans l'âtre de la cheminée un ample pot-au-feu et
placer sur la table «du bon^v^n^dc l'excellent pain
blanc, deux choses, dit un^mvive, que dans Paris
on ne trouvait guère ailleurs. » De midi à deux
20 heunes^ sQ ^o llègues arrivwl^^r à tour, jygnny^
unT DouîlJon/ mangent ime Tfancne de bœuf, avalent
im coup j^ ^ vi|^ ^uis vont, chacim dans son bureau,
servir sa TofCTie^ placer celui-ci, faire payer celui-là,
soigner leurs affaires; dans les derniers temps de la
25 Convention, il n'y en a plus de publiques; toutes
sont d'intérêt privé, personnelles. — Cependant, le
11 pavillon de V Egalité: the name of the Palais-Royal since
the outbreak of the révolution.
12 Cambacêrès: Jean Jacques Régis de (i 753-1824). Mem-
ber of the Convention in 1792, subsequently Président of the
Commîttee of Public Safety, and of the Five Hundred, second
consul in 1799 with Napoléon and Arch-Chancellor of the
Empire in 1804. Made Duke of Parma in 1808.
La Révolution ^ 143
député qui préside au:^]Jp&istoiKes,^ J^ ^ ^ W^^ \^
Haute-Marne, bénédictinaefrc)que7 jaflis terrorisl
en province, tient tête à la procession des femmes, qui,
tous les J2Hg:,4Mf 'îlj^^ viejmen^mploj^^
^i^in.gXafge, joufnli, oecoratif ermuni de poumonsï
infatigables, on Ta bien choisi pour^etoffice; et il a
bien choisi son bureau, dans les cbnll ^j^ d u palais,
au sommet d'un haut escalier étroit etraïae, où la
^âgiieuÊ ascendante, se gé e j M i taiig, jegy d ii^ jau i^illes,
lioeinpilëe sur eUe-mêm^s^Uonge, se taSejet^vient
forcément immobile: sauf les deux ou trois du premier
rang, personne n'a les mains libres ^ur prendre le
harangueur à la gorge et fermer le rom^^oM^ojf e.
Impunémen|i m^^m^
15 tirades; un four" sa* laconae* ronflante a coulé ainsi,
du haut en bas de l'escalier, sans interruption, de
neuf j^uff sdji^atin à cinq heure^duspir; sous cette
î&'^^&ûcne continue, les auditeurs se rassent, et finissent
par s'en aller. — Vers neuf pu dix heures du soir, le
20 Comité de salut public s'assemble de nouveau, non
pour délibérer sur les grandes affaires; Larevellière
et Daunou prêchent en vain: chacun est trop égoïste
et trop excédé; on laisse à Cambacérès l abgj ^ sur le
cou. Pour hâr il aimerait mieux rest^^ivi^e plus
25 tirerk^^rette; mais il y a deux nécessités auxquelles
il esi tenl^e pourvoir, sous peine de mOTt ^ * « On ne
suffira pas, dit-il d'un ton plaintif, à /mprîmer pen-
21 LareveUière: Louis Marie (1753-1824), member of the
Academy. He lost his seat therein for refusing allegîance lo
Napoléon.
22 Daunou: Pierre (i 761-1840), a noted historian and first
Président of the Council of the Five Hundred.
144 Origines de la France Contemporaine
dant la nuit les assignats qui sont indispensables
pour le service de demain. ^Sicela continue, nous
courons risque, ma foi, d'être^Iccr^^iés à la lanterne.
Va donc au cabinet d'Hourier-Eloi; dis-lui que,
5 puisqu'il est chargé des finances, nous le supplions de
nous faire subsister encore quinze ou dix-huit jours;
alors viendra le Directoire exécutif, qui fera comme
il pourra. » — «Mais les subsistances? En aurons-
nous pour demain?» — «Hé! hé! je n'en sais rien;
loDMJsk vjjk envQy or chercher notre collègue Roux,
^^^'îïftfÇous lîlfetbraa^tit Enb^^RouXjJeb
parleur officiel, le oDmÇteur j^Çu^ârS etjffdk du
maigre chien populaire. — «Kh bien, Roux, où en
sommes-nous quant aux subsistances de Paris?» —
is«Toujours même abondance, citoyen président; tou-
jours deux onces de pain par tête, du moins pour la
plus grande partie des sections. » — « Que le dia-
ble t'emporte! Tu nous feras couper le cou avec
ton abondance. » — Silei^^jjugj^jjJ^ment, les assis-
20 tants réfléchissent à ce aénouemênt possible. Puis
l'un d'eyc:^ « Piaés ide gfe ^ly us, as- tu fait préparer
quelque cnÉse a la Duvette?^Après des journées
aussi fatigantes, on a besoin de réparer sesforaps. »
— «Mais oui: il y a une bonne Ififtggi^^^*^ ^^
25 grand turbot, une forte pièce del^ftS s em
aytre chpse comme cela. » — Onredevient *g!jlf les
îoires travaillent, on boit du Champagne, il se
lit des bons mots. Vers onze heures ou minuit,
viennent les membres des autres comités; on signe
3ole\tfsaxrét|^,||j^£onôance, sans les lire; à leur tour,
. . ii^S^tâolent, et le conclave des ventres souA^raj^s
^'^'^ftf^e, sans plus songer aux millions d'estomacs
La Révolution 145
IX. LA FIN DU GOUVERNEMENT
RÉVOLUTIONNAIRE
Si la République jacobine meurt, ce n'est pas
seulement parce qu'elle est décrépit^Lgu'on la tuj^
c'est encore parce qu'elle n'est pasTlÂr VÎ^IeTSes
son origine, il y avait en elle un principe de dissolu-
5 tîon, un poison intime et mortel, non seulement pour
autrui, mais pour elle-même. — Ce qui maintient
une société politique, c'est le respect de ses membres
les uns pour les autres, en particulier, le respect des
gouvernés pour l^&^gJJX^ÏÏÏÏ&tSi ^^^ gouvernants
10 pour les gouverné^ par sf ftffl ces liabitud es ^^coqfc
fiance mutuelle; chez les gouvernés, la^^ertmî3e
fondée que les gouvernants n'attaqueront pas les
droits privés; chez les gouvernants la certitude
fondée que les gouvernés n'assailliront pas les pou-
15 voirs publics; chez les uns et chez les autres, la recon-
naissance intérieure que ces droits, plus ou moins
larges ou restreints, sont inviolables, que ces pou-
voirs, plus ou moins amples ou limités, sont légitimes;
enfin, la persuasion qu'en cas de conflit le procès
20 sera conduit selon les formes admises par la loi ou
par l'usage, que pendant les débats, le plus fort
n'abusera pas de sa force, et que, les débats clos, le
gagnant n'écrasera pas tout à fait le perdant. A
cette condition seulement, il peut y aYoirconcgjd^,
25 entre les gouvernants et les gouvernés/" coi^ ur^^^
tous à l'œuvre commune, paix intérieure,^partapV
stabilité, sécurité, bien-être et force. Sans cette
disposition intime et persistante des esprits et dei
146 Orieines de la France Contemporaine
cœurs, le lien i^^ggue^jgn^jJgBi
constitue le sentimenTsooS^ar exceï
dire qu'elle est Pâme dont l'État est le corps.
Or, dans l'État jacobin, cette âme a péri; elle a
„^én|non par un accident imprévu, mais par un effet
v«^>**^ force du système, par uMCOigéquence pratique de
la théorie spéculative quCerï§ea3îuchaque homme en
souverain absolu, met chaque homme en guerre
avec tous les autres, et q u û sows ù tétexte de régéné-
lorer l'espèce humaine, oécname, autorise et consacre
les pî^esjûstinctsie la nature humaine, tous les
appétits retoules'cfelicence, d'arbitraire et de domi-
nation. — Au nom du peuple idéal qu'ils déclarent
souverain et qui n'existe pas, les Jacobins ont usurpé
15 violemment tous les pouvoirs publics, aboli brutale-
ment tous les droits pri vé^ fiJ^Jt^L)^ peuple réel et
vivant comme une bête de somme, bien pis, comme
un automate, appliqué à leur automate humain les
plus dures contraintes, pour le maintenirm^anique-
2ojnent|^ans la posture anti-Jiongal^ ef*T?ln^ que,
iKiL>ê*fffJ^Yes les principes, ils lui inmgeaient. Dès lors,
entre gjjethi nation ^u t lien f' A t^br^sé Jâ^ dépouil-
ler, là saiffter et l'ïnaïnS, la '^^In^^llJL^usind elle
Vk Élà^iVi^^^' l'enchaîner et la bâjïojier à plu-
^S s'jleiirs repnsps, ils l'ont bien pu; mais la réconcilier
à leur gouvernement, jamais. — Entre eux, et pour
la même raison, par une autre conséquence de la
même théorie, par un autre effet des mêmes appétits,
nul lien n'a pu tenir. Dans l'intérieur du parti,
30 chaque faction, s'étant forgé son,gguplcji^al selon
sa logique et selon ses besoins, a revenaïqué pour soi,
avec les privilèges de l'orthodoxie, le monopole de
La Révolution ^47
la souveraineté; pour s'assurer les bénéfices de l'om-
nipotence, elle a ccgibatj ^ ses rivales par des élec-
tions contraintes, tauss?es ou cassées^^ardes com-
plots et des trahisons, par^jes fîîeïs-apens et des
5 coups de force, avec le^pïïjues de la populace, avec
les baïonnettes des soldats; ensuite, elle a massacré,
guillotiné, fusillé, déporté les vaincus, comme traîtres,
tyrans ou rebelles, et les survivants s'en souviennent.
Ils ont appris ce que durent leurs constitutions dîtes
lo éternelles; ils savent ce que valent leurs proclama-
tions, leurs serments, leur respect du droit, leur
justice, leur humanité; ils se connaissent pour ce
i^ils^t, pour des f rjyesXaffns, tous plus ou moins
Anlis erdangereux/^ns et oepra vés par leur œuvre:
1^5 entre de ^ ,^s lyyn m f^ la défiance est incurable.
Faire de/lftamf^iesjcies décrets, des cabales, des
révolutions, ils le peuvent encore, mais se mettre
d'accord et se subordonner de cœur à l'ascendant
justifié, à l'autorité reconnue de quelques-uns ou de
2o quelqu'un d'entre eux, ils ne le peuvent plus. — Après
dix ans d'attentats réciproques, parmi les trois mille
législateurs qui ont siégé dans les assemblées souve-
igine^Um'en est pas un qui puisse compter sur la
^*â^fPraîce et sur la fidélité de cent Français. Le
25 corps social est dissous; pour ses m illJo n & d'atomes
désagrégés, il ne reste plus un seufftî^auoe cohésion
spontanée et de coordination stable. Impossible à
la France civile de se reconstruire elle-même; cela
lui est aussi impossible que de bâtir une Notre-
3oDame de Paris ou un Saint-Pierre de Rome avec la
*"*^*^OTlB (ks ruea.^t Ia_pojLl3sière des chemins.
Il en esrautremènrdans la France militaire. Là,
148 Origines de la France Contemporaine
les hommes se sont éprouvés les uns les autres et
dévoués les uns aux autres, les subordonnés aux
chefs, les chefs aux subordonnés, et tous ensemble
à une grande œuvre. Les sentiments f orts# e t sa i]|sg^
5 qui lient les volontés humaines en un" faisceau ,
sympathie mutuelle, confiance, estime, admiration,
surabondent, et la franche camaraderie encore sub-
sistante de r inférieur et du supérieur, k f amiliarit%^>^
libre et gaie, si chère aux Français'^ resserrenV le
10 faisceau par^uji^d^jgrjjœud. Dans ce monde
préservé de/^^^^wme^^poiitiques et ennobli par
l'habitude de raoni^alioh, il y a tout ce qui constitue
une société organisée^^Fiable, une hiérarchie, non
pas extérieure et^îmÇuee; mais morale et intime, des
15 titres incontestés, des supériorités reconnues, une
subordination acceptée, des droits et des devoirs
imprimés dans les consciences, bref, ce qui a toujours
manqué aux institutions révolutionnaires, /a dJscjtMne
des cœurs. Donnez à ces hommes une Ponsigne, ils
20 ne la discuteront pas; pourvu qu'elle soit légale ou
semble l'être, ils l'exécuteront, non seulement contre
des étrangers, mais contre des Françakjjc^^^atosi
que déjà, le 13 vendémiaire, ils ont Tmfi-aiïïeïes
Parisiens, et le 18 fructidor, purgé le Corps législatif.
25 Vienne un général illustre; pourvu qu'il^a r^' \_
mes, ils le suivront et recommencerontJrepurafion'eM^
12 r abnégation: this is well illustrated in de Vigny 's Le
Cachet Rouge.
23 le ij vendémiaire: October 5, 1795; on this date Na-
poléon repulsed the attack on the Tuileries.
24 le 10 fructidor: September 4, 1797; the Coup d'État took
place.
La Révolution 149
core une fois. — Il en vient un qui, depuis trois ans,
ne pense pas à autre chose, mais qui, cette fois, ne veut
faire Popération qu'à son profit; c'est le plus illustre
de tous, et justement le conducteur ou promoteur
S des deux premières, celui-là même qui a fait, de sa
personne, le 13 vendémiaire, et, par les mains de son
lieutenant Augereau, le 18 fructidor. — Qu'il s'au-
torise d'un simulacre de décret, et se fasse nommer,
par la minorité d'un des Conseils, commandant
10 général de la force arn^^lia force armée marchera
derrière lui. — Qu'il liSrce les proclamations ordi-
naires, qu'il appelle à lui «ses camarades» pour
sauver la République et faire évacuer la salle des
Cinq-Cents; ses grenadiers entreront, baïonnettes en
T 5 avant, dans la salle, et riront même en voyaiitlegj
députés, costumés comme à l' Opém^sa^er ySftcipi
tamment par les fenêtres. --^ ^^jijj|[8pa ge les transi-
tions, qu'il évite le nom mlSSfiflam de dictateur,
qu'il prenne un titre modeste et pourtant classique,
20 romain, révolutionnaire, qu'il soit simple consul
avec deux autres: les militaires, qui n'ont pas le
loisir d[|>tre ^s Dublicistes et qui ne sont républicains
qut Q^éœrce, te demanderont pas davantage; ils
trouveront très bon pour le peuple français leur
25 propre régime, le régime autoritaire sans lequel il
n'y a pas d'armée, le commandement absolu aux
mains d'un seul. — Selon ses propres paroles, le
7 Augereau: Pierre François Charles (i 757-1816); rose to
the place of marshal in 1800; Louis XVIII made hîm a peer,
Duke de Castiglione.
13 la salle des Cinq-Cents: in St. Cloud, stôrmed by Napo-
léon, November, 1799.
ISO Origines de la France Contemporaine
régime qu'il apporte est a l'alliance de la philosophie
et du sabre. » Par philosophie, ce qu'on entend alors,
c'est l'application des principes abstraits à la politi-
que, la construction logique de l'État d'après quel-
sques not ipnsj^iyéralgg ^ et simples, un plan social
imjfonn e^tVfftnigne*; or, comme on l'a vu, la théorie
•"•^^cftmpOTte deux de ces plans, l'un anarchique, l'autre
habitable, bien approprié à son objet. Toutes les
masses du gros ^^ ^ xS9^^ ci vy Lu ni versité, concor-
dat, administratjpàjp mfe ^ Srt^SS¥?lV ^^^^
lesiiétails de V^enageme^t et Jfe la Jfflsmbutïon,
M^îtÉaJurait à un eff et j^'pnsep^lg , qui est l'omnipo-
tence de l'État, l' oMnîp^Sfocfe I du gouvernement,
l'abolition de l'initiative kj^glejetorivée. On n'a ja-
mais fait une plus belle aiserne, plus symétrique et
plus décorative d'aspect, plus satisfaisante pour la
20 raison superficielle, plus acceptable po^Jftleb^^ns
#. yulgay e? plusc^MMde pour l'égoïsmtTD^riî^imeux
^^'^^fenue et plus propre, mieux arrangée pour discipliner
les parties moyennes et basses de la nature humaine.
— Dans cette caserne philosophique, nous vivons
25 depuis quatre-vingts ans.
12 code civil: or Code Napoléon; instîtuted by Napoléon in
1804. — université: appointment of the régents of the higher
schools and académies of France. — concordat: it restored, by
order of Pope Pius VII, the Roman Church in France wîth the
assumption of ail its prérogatives, however, under the super-
vision of the State. On December 10, 1905, took place the
disestablishment of the church. as a state institution, in France.
III. NAPOLEON BONAPARTE
Quand on veut s'expliquer une bâtisse, il faut s'en
représenter les circonstances, je veux dire les diffi-
cultés et les moyens, l'espèce et la qualité des maté-
riaux disponibles, le moment, l'occasion, l'urgence;
5 mais il importe encore davantage de considérer le
génie et le goût de l'architecte, surtout s'il est pro-
priétaire, s'il J^it pour se loger, si, ime fois installé,
il approprie soigneusement la maison à son genre de
vie, à ses besoins et à son service. — Tel est l'édifice
lo social construit par Napoléon Bonaparte; architecte,
propriétaire et principal habitant, de 1799 à 1814, il
a fait la France moderne; jamais caractère individuel
n'a si profondément imprimé sa marque sur une
œu\Te collective, en sorte que, pour comprendre
15 l'œuvrg. ^st le caractère qu'il faut d'abord observer.
seulement il e^ nîîrs ligne,/nmis il est horscaîjrî!;
par son tempérament, ses instincts, ses facultéa^sog^^
imagination^jespassicms, sa morale, il semble uJlmia
20 dans u^*mouie S^àn, composé d'un autre métal que
ses concitoyens et ses contemporains. Manifeste-
ment, ce n'est ni un Français, ni un homme du XVIIIe
siècle; il appartient à une autre ^ace et à j m^ autre
âge; du premier coup d'oeil, on xlraî&Sîfen lui l'é-
17 hors ligne . . . hors cadre: i. e., he cannot be classified
anjrwhere.
151
152 Origines de la France Contemporaine
tranger, ^'ftâ^jgjk ^ flSpifliyir ^^^se à côté, au delà, au
delà de toS^âmi tude ou a&ilogie. — Italien, il l'était
d'extraction .etJegnaji'abord par sa famille pater-
nelle, qui est^cane et qu'on peut suivre, depuis le
5 Xlle siècle, à Florence^puis à^an-Miniato, ensuite à
Sarzana, petite ville ^ecar^e, arriérée de l'État de
Gênes, oïl, de père en fils, elle végète obscurément,
dans risolemq;it proyinçial, par une longue série de
notaires et de syndics inunicipaux. «Mon origine,
10 dit Napoléon lui-même, m'a fait regarder par tous
les Italiens comme un compatriote. » — Sa mère,
Laetitia Ramolino, de laquelle, par le caractère et la
volonté, il tient bien plus que de son I>ère. est^ yg ie^
âme prM^pmieJiàviJj^iejo^
15 simpleiKtoïït d^ne pifccê, impropre aux spuwe^sé
auxaffrémjnts^aux élégances de la vie mracMnfe,
^gfi?s^OTéîau bieBhlîre, sans culture littéraire, parci-
'^^tîfti^se comme une paysanne, mais énergique
comme un chef de parj^î^ forje de >cœur et de corps,
20 habituée aux dangers, exercée aux résolutions ex-
trêmes, bref ime «Cornélie» rustique, ayant conçu
et porté son fils à travers les hasards de la guerre
et de la défaite, au plus fort de l'invasion fran-
çaise, parmi les courses à cheval dans la montagne,
25 les surprises nocturnes et les coups de fusil: «Les
pertes, les privations, les fatigues, dit Napoléon,
elle supportait tout, bravait tout: c'était une tête
d'homgi||Bjjr un corps de femme. » Ainsi formé et
""e^féhlefirs'est senti, depuis le premier jusqu'au
30 dernier jour, de sa race et de son pays.
■j-^
5 San-Miniato: near Florence, Italy.
21 Cornélie: Comelia, the mother of the two Gracchi.
Napoléon Bonaparte ^ 153
-, ^ :.♦ '.*
Devenu Franç^s^ar contrainte, transplanté en
France, élqy4J!w Of^ s du roi dans une école fran-
çaise, il se^R^JfSSvTdsLTis son patriotisme insulaire
•et louait hautement le libérateur Paoli, contre lequel
5 ses parents s'étaient déclarés. «Paoli, disait-il, était
un grand homme, il aimait son pays, et jamais je ne
pardomierai^jmon père, qui a été son adjudant, d'a-
voirt^îjpBnrà la réunion de la Corse à la France;
il aurait dû suivre sa fortune et succomber avec lui. »
10— Pendant toute sori adolescence- il Mcmciire anti-
français de cœur, morose, ai^rT, 1^^^ x^çu^^ni ant, peu
aimé, obsédé i)jiXjunjgQ\^ïm^\^^^\\Jl^V comme un
vaincu toujou^JMiîS^ de servir. A
Brienne, il ne irequ^ïte j^SJle^a m arad es , il évite
15 de jouer avec tuuC|^il .s^fc^rme' pendant, lys réc ré a^"
tions dans k^WDïïoiriequfej il n?^Çft!mcKif qll^véc
Bourrienne et par des explosions haineuses: «Je
ferai à tes Français tout le mal que je pourrai. » —
«Corse de nation et de caractère, écrivait sfl5Jj)rofes-
2oseur d'histoire à PEcole militaire, il ira^oin si les
circonstances le favorisent. » — Sorti de TÊcole, en
garnison à Valence et à Auxonne, il reste toujours
4 Paoli: Pasquale (i 725-1807), a Corsican patriot and
gênerai who failed in his attempt to drive out the Genoese who
were aided by France. He was exiled.
14 Brienne: there were located the Ecole de Brienne which
Napoléon pntered in April, 1779, "comme élève du roi," and
also the Ecole Militaire, which he entered in 1784.
17 Bourrienne: Louis Antoine Fauvelet de (i 769-1834),
mate of Napoléon; later he was made commander of the
Italian Army. Under the Consulate he was Napoleon's private
secretaiy. He was Minister of State under Louis XVIII. His
Memoirs of Napoléon are valuable.
154 Origines de la France Contemporaine
*'^*'*aepays^ hostile; ses vieilles*Scunes lui reviennent;
il veut les écrire et les adresse à Paoli: «Je naquis,
lui dit-il, quand la patrie i)éii|sg,i^^^ ^Trente mille
es,nSoyantle i
Français vomis sur nos côtes,
rente
trône de la -
5 liberté dans des ^flots/d^ san^^çMut le spectacle
dnt 'frapper mes ^g^S-o?. Les cris des
é, les larmes
dès ma nais-
rinfamie
odieux qui vint frapper mes ^reg^to
mourants, les gémissements de Pç^
du désespoir entoij ^
sance. Je veux^^
îmissements de Vm
tour^^j^jmpn^Ag
x^ noircir d\i pmc(
pmceau de
loceux qui ont trahi la cause commune, les âmes viles
que corrompit Tamour d'un gain sordide. »
Dès quinze ans, à^l'Êçole, puis aurégiment, son
imagination s'est réfugiée dans le/p^fsse de son île;
il le raconte; il y habite d'esprit Dgi^[antjQlusieurs
^5 années; il offre son livre à P ao lij ^^^^
l'impriny r , il e n t i r^ un âSr ^^^i l dédie à l'abbé
Raynalref îly yisuMren style liaulC avec une chaude
et vibrante sympathie, les annales de son petit
peuple, révoltes, délivrances, violences héroïques et
2osanguinaires, tragédies publiques et domestiques,
^■'^^uefe-â^m, trahisons, vengeances, amours et meur-
tres; bref une histoire semblable à celle des clans de
/ la Haiite-É£ûsse. Et le style, encore plus que les
sympathies, dénote en lui un étranger. Sans doute,
25 dans cet écrit, comme dans ses autres écrits de
jeunesse, il suit du mieux qu'il peut les auteurs en
Rousseau et surtout Raynal; il imite en
JcoIîêrTeurs tirades, leurs déclamations sentimentales,^
leur emphase^' humanitaire. Mais ces habits d'enîviH.
3oprunt qui le génênr sont^isproportionnés à sa per-
^ sonne; ils sont trop biei^wjj&v trop ajustés, d'une
^*-*^eSnc trop fine; ils^%ênî trop de mesure dans la
Napoléon Bonaparte 155
^Kmafche et trop de ranîâgei^ntegiai^â^^Jfe^
x haoyA PASi Jls font sur lui â^^ns raîoeBou des
'^ ooursounijres grotesques; il JJfsaitDas les porter et
les fait'crîiflier à toutes lesTotftîiiresf non ^ul^
S il n'a pas appris et n'apprendra jamais l'or
mais il ignore la langue, Is sens Dm pre, la'ljliâfi^
et les alliances des mots, lÉL^Sn^nanco ou la oftÉffii
/ / venanccL mutuelle des phrases, la valeur propre des
/ t6ùr%, mporîeeeiacte des image§jUmarà|*violem-
/oment, à travers un pêle-mêle de (fispaj[^te^fa'i
hérences, d'italianismes, d| barbarismes, et ffCWftîBe;
sans doute pgJPmaiiîf ressé,' * par înexpérience, mais
aussi par excès d'ardgy et^d^ Jofegue^ la pensée
surchargée de passionj* sbîxfîlee, éruptive, indique
•15 la profondeur et la température de sa source. Déjà
à l'École, le professeur de bel ^s-Lgto^^d isait gue^
«dans la grandeur incorrecte e^p l&rr^j^ sgs j|jr>
lications, il lui semblait voir au^îiSft cffifime au
volcan. » Si original d'esprit et de sensibilité, si
20 mal adapté au monde qui l'entoure, si différent de
ses cangy ades, il est clair ^d|a>^ce que les idées
*'âmb\anrest flui ont tant deT^Wse^sur eux, n'auront
pas de prise sur lui. ^^ 'dUk UjuLfUJt "rf-
A Paris, en avril 1792, au plus fort dfe la lutte entre
25 les monarchistes et les révolutionnaires, il s'occupe
à découvrir « quelque utile spéculation » et song e^A
louer des maisons pour les sous-louer avec lienSfce.
Le 20 juin, il assiste en simple curieux à l'în^ion
des Tuileries, et, voyant le roi à une fenêtre, affuble
30 du bonnet rouge: (nClie coglionelï) dit-il assez haut.
30 Che coglione: (Ital.), "what a fop!" (It is a very coarse
expression.^
156 Origines de la France Contemporaine
Puis aussitAty^^ « Comment ^t-on pu laisser entrer
cette^teftaifle! Il fallait en Daïayj/r quatre ou cinq
cents avec des canons, et le reste courrait encore. »
— Le 10 août, au bruit du tocsin, son dédain est
5 égal pour le peuple et pour le roi ; il court au Carrousel,
chez un ami, et de là, toujours en simple curieux,
«il voit à son aise tous les détails de la journée»;
ensuite, le château forcé, il parcourt les Tuilejies,
les cafés du voisinage et regarde; riffl déplus: chez
10 lui, nulle envie de prendre parti, nin ?Ian Yntérieur,
jacobin ou royaliste. Même, son visage est si calme
«qu'il excite mâîmsl regards hostiles et défiants,
comme quelqu'un d'inconnu et de suspect. »
Aucune des croyances politiques ou sociales qui ont
15 alors tant d'empire sur les hommes n'a d'empire sur
lui. Avant le 9 thermidor il semblait «républicain
montagnard,» et on le suit pendant quelques mois
en Provence, «fav.ori et conseiller intime de^Rgb^^
pierre jeune, admirateur de Robespierre aîn'^liea
20 Nice avec Charlotte Ro bespierre.^ Aussitôt après le
9 thermidor il sèfa^gagfe iSrhyammat de cette ami-
tié compromettante: «Je le croyais pur, dit- il de
Robespierre jeune dans un^l§toe ostensible, mais,
fût-il mon père, je l'eusse pSigiîardé moi-même s'il
25 aspirait à. la tyrannie.» De retour à Paris, après
avoir frappé à plusieurs portes,^ c^est Bajras gu'il
^^Df^idraDjjur patron, Barras, lepIuBefc^œaes
^^ *** *^n5)ISrris,^ Barrai
îarras qui a renversé et fait tuer ses deux
18 Robespierre jeune: Augustin Bon Joseph, six years younger
than his brother Maximîlian (cf. page 120) and executed wîth
him July 28, 1794.
26 Barras: Paul François (i 755-1829). He took part in the
Napoléon Bonaparte 157
premiers protecteurs. •^Parmi k^ fanatismes qui se
succèdent et lesparti&a^^ reste froid
et il i^i^S^mkmSiispb^ÎG'j mciifférent à toute cause
et dévoué seulement à sa propre fortune. — Le 12
5 vendénmireau soir, sortant du théâtre et voyant
"^t^^tkj^fp^^^s sectionnaires: «Ah! disait-il à Junot,
si les sections me mettaient à leur tête, je répon-
drais bien, moi, de les mettre dans deux heures aux
Tuileries et d'en chasser tous ces misérables conven-
10 tionnels! » Cinq heures plus tard, appelé par Barras
et par les conventionnels, il prend «trois minutes»
pour réfléchir, pour se décider, et, au lieu de «faire
rliâti^^^ les représentants^)) ce sont les Parisiens qu'il
^^-^mifraille, en bon conâotfiere qui ne se donne pas,
15 qui se prête au premier offrant, au plus offrant, sauf
à se reprendre plus tard, et, finalement, si l'occasion
vient, à tout prendre. — Condottiere aussi, je veux
dire chef de bande, il va l'être, de plus en plus indé-
pendant, et, sous une apparente soumission, sous des
C^^*^ rapportait tout asoT, général a son compte et aspn
profit, dans sa campagne d'Italie, avant et après le
18 fructidor, mais condottiere de la plus grande
espèce, aspirant déjà aux plus hauts sommets, sans
25 autre point d'arrêt que le trône ou l'échafaud, vou-
lant maîtriser la France et, par la France, l'Europe,
toujours occupé de ses projets et cela sans dîstrac-
storming of the Bastille, voted for the exécution of the king,
and was implicated in the overthrow of Robespierre.
6 les apprêts des sectionnaires: the préparations of the vot-
ers of the forty-eîght sections into which Paris had been di-
vîded, May, 1790, for purposes of élection.
158 Origines de la France Contemporaine
tion, dormant trois heures par nuit, se jouant des
idées et des peuples, des religions et des gouverne-
ments, jouant de l'homme avec une dextérité et ime
brutalité incomparables, le^eme dans le choix des
5 moyens et dans le choix diflSut, artiste supérieur et
inépuisable en prestiges, en séductions, en corrup-
tions, en intimidations, admirabket encore plus
j%^jji^ figf ^ant, comme un^YâlJEgJ^ "'^^'^^ subitement
^"^^^^ lâcK dans un troupeau apprivoisé qui rumine. Le
10 mot n'est pas trop fort, et il a été dit par un témoin
oculaire, par un ami, par un diplomate compétent,
presque à cette date: «Vous savez que, tout en l'ai-
mant beaucoup, ce cher général, je l'appelle tout bas
le petit tigre, pour bien caractériser sa taille, sa
15 t^adté^^CLcpurage, la rapidité de ses mouvements,
seseiffiftlsetiout ce qu'il y a en lui qu'on peut prendre
en bonne part en ce sens-là. »
«Je le vis pour la première fois, dît Mme de Staël,
à son retour en France, aprèslglraitéde Campo-
20 Formio. Lorsque je fus ui\ i^dremise ou trouble de
l'admiration, un sentiment de crainte très prononcé
lui succéda.» Pourtant «il n'avait alors aucune
puissance, on le croyait même assez menacé par les
soupçons ombrageux du Directoire; on le voyait
14 le petit tigre: an appellation given him by François Ca-
cault, member of the Council of Five Hundred.
18 Mme de Staël: (i 766-181 7), the daughter of Necker,
famous as a conversationalist and writer. Napoléon exiled her,
because of her work U Allemagne which he later suppressed.
Corinne, ou V Italie, and Consignations sur la Révolution Fran-
çaise, are among her works.
TQ le traité de Campo-Formio: October 17, 1797, between
Austria and France.
Napoléon Bonaparte , 15c
plutôt avec sympathie, avec des/^?^^Sons favora-
bles; ainsi la crainte qu'il inspirait n'était causée que
par le singulier effet de sa personne sur presque
tous ceux qui l'approchaient. J'avais vu des hom-
5 mes très dignes de respect, j'avais vu aussi des hom-
mes féroces; il n'y avait rien, dans l'impression que
Bonaparte produisit sur moi, qui pût me rappeler ni
les ims ni les autres. J'aperçus assez vite, dans les
différentes occasions que j'eus de le rencontrer pen-
10 dant son séjour à Paris, que son caractère ne pouvait
être défini par les mots dont nous avons coutume de
nous servir; il n'était ni bon, ni violent, ni doux, ni
cruel, à la façon des individus à nous connus. Un
tel être, n^ayant point de pareil, ne pouvait ni ressen-
15 tir ni faire éprouver de ja^mpathie; c'était plus ou
moins qu'un A^w w^ ^sa^ son esprit, son
langage, sont eî^preints a'une nature étrangère.
Loin de me rassurer en voyant Bonaparte plus
souvent, il m'intimidait tous les jours davantage.
20 Je sentais confusément qu'aucune émotion du cœur
ne pouvait agir sur lui. // regarde une créature hu-
maine comme un fait ou une chose, et non comme un
semblable. Il ne hait pas plus qu'il n'aime, il n^y a
IV^jkik ^^^^ ^^^'' ^^^^ ^ ^^^^^ ^^^ créatures sont des
fittres. La force de sa volonté consiste dans l'im-
^ertohable calcul de son égoïsme; c'est un habile
ueuroont le genre hu ffl|in^ ^Llft^^^^^ adverse
qu'il se propose de faire ecnecnff maiV Chaque fois
que je l'entendais parler, j'étois top^é^^ de sa su-
30 pêriorité; elle n^ avait aucun^tpforfcnjec celle des
hommes instruits et cultivés par Vétude et la société,
tels que la France et l'Angleterre peuvent en offrir
i6o Origines de la France Contemporaine
des exemples. Mais ses discours indiquaient le iact
des circonsiancesy comme le chasseur a celui de sa
proie. Je fiiMitais dans son âme conmie ime épée
froide et txaWc'Kahfe qui pi^i^ren blessant; je sen-
5 tais dans son esprit une ironie profonde à laquelle
rien de grand ni de beau ne pouvait échapper, pas
même sa propre gloire, car il méprisait la nation dont
il voulait les suffrages. Tout était chez lui moyen
ou but; rinvolontaire ne s|.Jjouvait nulle part, ni
lo dans le bien ni dans le maLJLtf uUe loi pour lui, nulle
règle idéale et abstraite; il n'examinait les choses
que sous le rapport de leur utilité immédiate • uii
principe général lui déplaisait comme un^niaiserie
ou conmie im ennemi. »
15 Au conmiencement du gouvernement consulaire,
Rœderer, juge expert et indépendant, qui voit chaque
jour Bonaparte au Conseil d'Etat et note le soir ses
impMssion^^deia journée, reste stupéfait d'admira-
tion/HV(ssmu àj^ teHte§; les séances ; les tenant cinq
20 à SIX heiîfes ae suite; panant, avant et après, des
objets qui les ont remplies; toujours revenant à deux
questions: cela est-il juste? cela est-il utile? exami-
nant chaque question en elle-même sous ces deux
rapports, après ravoirdivisée par la plus exacte
25 analyse et la plus^'â^file; interrogeant ensuite les
grandes autorités, les temps, T expérience; se faisant
rendre compte de la jurisprudence ancienne, des
lois de Louis XIV, du grand Frédéric. Jamaisle^
Conseil ne s'est séparé sans être plus instruit^slffi
16 Rœderer: Comte Pierre Louis (1754-1835). He sup-
portée Napoléon during the Hundred Days. He was the
collaborator on the Journal de Paris during the Révolution.
Napoléon Bonaparte lôi
,e,,^ip;pda^^ du moins de ce qu'il l'a
ofcé d'approfonairr jamais les membres du Sénat,
du Corps Législatif, du Tribunat ne viennent le
visiter sans emporter le prix de cet hommage en
5 instructions utiles. Il ne peut avoir devant lui des
hommes publics sans être homme d'État, et tout
devient pour lui Conseil d'État. Ce qui le carac-
térise entre tous, ce n'est pas seulement la pénétra-
tion et l'universalité de son intelligence, c'est aussi
lo et surtout la flexibilité, la force et la constance de son
attention. Il peut passer dix-huit heures de suite au
travail, à un même tra^L ailes travaux divers. Je
n'ai jamai^ v u son espnrlfer- Je n'ai jamais vu son
esprit san^*^soff5 même dans la fatigue du corps,
15 même dans l'exercice le plus violent, même dans la co-
lère. Je ne l'ai jamais vu distrait d'une affaire par une
autre, sortant de celle qu'il discute pour songer à
celle qu'il vient de discuter ou à laquelle il va tra-
vailler. Les nouvelles heureuses ou malheureuses
20 d'Egypte ne sont jamais venues le distraire du code
civil, ni le code civil des combinaisons qu'é^^"
A le aUit de l'Egypte. Jamais homme ne fut plus
^^^ritier à ce qu'il faisait, et ne distribua mieux son
temps entre les choses qu'il avait à faire. » — Lui-
25 même disait plus tard (m^ (des d i vers objets et les
diverses affgyresyëtaieny^a^s cl^ sa tête comme
dans uS^afmo^. Quand je veux interrompre une
affaire, je ferme son tiroir et j'ouvre celui d'une
autre. Elles ne se mêlent point l'une avec l'autre et
30 jamais ne me gênent ni me fatiguent. Veux-je
2 Sénaty Corps Législatij^ Tribunat: the three bodies of
State created after Deœmber 25, 179g.
102 Origines de la France Contemporaine
dormir ? je ferme tous les tiroirs et me voilà au som-
Ses collaborateurs flecmJSfiat et défaillent sous la
tâche qu'il leur impose et qu'il porte sans en sentir
5 le poids. Étant consul, «il préside quelquefois des
réunions particulières de la section de l'intérieur
depuis dix heures du soir jusqu'à cinq heures du
matin. Souvent, à Saint-Cloud, il retient les conseil-
lers d'État depuis neuf heures du matin jusqu'à cinq
lo heures du soir, avec une suspension d'un quart
d'heure, et ne paraît pas plus fatigué à la fin de la
séance qu'au commencement. » Pendantlesséances
de nuit, plusieurs membres tombent cfeTassiiu&S;*te
ministre de la guerre s'endort; il les secoue et les
15 réveille: «Allons! allons! citoyens, réveillons-nous,
il n'est que deux heures, il faut gagner l'argent que
nous donne le peuple français! » Consul ou Empe-
reur, «à chaque ministre ild^aande compte des
pas^rare^ae
moindres ditailsjMl n'est pas rare de les voir sortir
20 du conseiraccablés^de la fatigue des longs interroga-
toires qu'il leur a fait subir; il arrive souvent aux
mêmes ministres de trouver encore, en rentrant chez
eux, dix lettres de lui, demandant d'immédiates
réponses, auxquelles tout l'emploi de la nuit peut à
25 peine^iiffire. » — La quantité de faits que son
esprir èîmnagâsïîiei et contient, la quandté^^ées
que son esprit élabore et produit, semble depasseï' la
capacité humaine, et ce cerveau insatiable, inépuisa-
ble, inaltérable, fonctionne ainsi sans interruption
30 pendant trente ans.
Sesidées ont dans son cœur et son tempérament
leurracîne profonde; et cette racine souterraine, qui
Napoléon Bonaparte 163
leur fournit lefirlÇré se^e, est un instinct primordial,
plus puissant que son intelligence, plus puissant que
sa volonté même, Tiiistinct de se faire centre. et de
rapporter tout à soi, en d^2 ytT^tom ep|/égofewig.
5 C'est Tégoïsme, non pa"? mefti âmai s actif et en-
vahissant, proportionné à l'activité et l'étendue de
ses facultés, développé par l'éducation et les circon-
stances, exagéré par le succès et la toutg-gpuiyance,
jusqu'à devenir un monstre, jusqu'à dresser, au
10 milieu de la société humaine, un moi colossal, que
toute résistance blesse, que toute indépmdaye fi^
gêne, et qui, dans le domaine illimité qu'il s^ajuge,
ne ]j|put^sQuff|:ii: aucune vie, à moins qu'elle ne soit
un api^nmce^bu un instnunent de la sienne. —
15 Déjà dans l'adolescent et même dans l'enfant cette
personnalité absorbante^Aaj^jgn^rme. «Carac-
tère dominant, impérieux, enteié, » aisent les notes
de Brienne. «Extrêmement porté à l'égoïsme, »
ajoutent les notes de l'École militaire, «ayant
20 beaucoup d'amour-propre, ambitieux, aspirant à
tout, aimant la solitude, » sans doute parce que,
dans une compagnie diégaiix, il ne peut être maître
et qu'il est jnal ly Çaisê 1^ ou il ne commande pas. —
«Je vivais arecari de mes xam |mde|||dira-t-il plus
25 tard; j'avais choisi, dans renceinfeoe l'École, \m
petit coin où j'allais m'asseoir pour rêver à mon aise.
Quand mes compagnons voulaient usurper sur moi la
propriété de ce coin, je la défendais de toute ma force;
j'avais déjà l'instinct que ma volonté devait l'em-
39 porter sur celle des ^^^£s. et o ue^çejyiL m e plaisait
devait m'appartenîr. » ^ KèmontaPr puis haut et
10 moi: "ego."
164 Origines de la France Contemporaine.
jusqu'à ses premières années sous le toit paternel en
Corse, il se peint lui-même (jOTEgâ^ l^Êfîttm^t^
vage malfaisant, rebelle a tous lesTrSns et dépourvu
de conscience. « Rien ne m'i:
; je ne craignais
5 perso nne : je baUaij|. J^ yn , j'éfefaïîgnais Pautre, je me
rendaifTedcSutaDie à tb us^^^^on frèrgîo|enhitait
mordu, battu, et j'avaîspOTlJF ^lamf^jfconfife lui
quand il commençait à peine à se reconnaître. »
Excellent stratagème et qu'il ne se ks^gaiamais de
10 répéter: ce talent d'improviser des meif^Snges utiles
lui est innéj pji ^ tard, homme fait, il s'en glorifie, il
en fait l'înaiceet la mesure de «la supériorité politi-
que, et il se plaît à rappeler qu'un de ses oncles, dès
son enfance, lui a prédit qu'il gouvernerait le monde
15 parce qu'il avait coutume de mentir toujours. »
Notez ce mot de l'oncle: il résume l'expérience
totale ^^in -ll^qig^tî^^^ ^ temps et de ce pays; voilà
bien l't^Jig^m^nf^ m| ^ .donnait la vie sociale en
Corse; par iineniaison infaillîble, la morale s'y adap-
20 tait aux mœurs. En effet, telle est la morale, parce
que telles sont les mœurs, dans t^slescgi^^t dans
tous les temps oîi la police est/Mpuissante7 où la
justice est nulle, où la chose publique appartient à
^^^^ouîjpeuj^ prendre, oîi les guerres privées se dé-
** 25 chaînent sans réDressîen nw^itiérPUjcha
e bonne guerre, la leinf
comme le fusil et le poignard
XVIIIe siècle.
A table, l'enfant a écouté la conversation des gran-
30 des personnes, et, sur un mot, comme celui de l'oncle,
sur une expression de physionomie, sur un geste
6 Joseph: brother of Napoléon, by one year hîs senior.
Napoléon Bonaparte 165
admiratif OU s]ft un hausséHEntU'épaules, il a deviné
que le^AjiK* coïïrant du mop^ej i^est pas la paix,
mais la guerre, par quelles ViÂes'on s'y soutient, par
quelles vi§knce^n s'y pousse, par quels coups de
; main on ygMpër ^ j^e reste du joiu*, aban^OTiné à lui
même, à la noumce llaria, à Saveria, la len^ÊI^
•ge, aux gens du peuple parmi lesquels il vaga-
^le, il entend causer les marins du port ou les ber-
ers du domaine, et leurs exclamations naïves^leut
o franche admiration desAmbuscades biei/cff^ps^eT
des ^ëîs-SpraLS îieureux, enfoncent en lui, par une
répétition énergique, les leçons qu'il a déjà prises à
domicile. Ce sont là ses lepms de choses; à cet âge
tendre, elles pénètrent, surtout quand le naturel s'y
15 prête, et ici le cœur les accepte d'avance, parce que
l'éducation rencontre en l'instinct im complice.
Sur Cg|Caxac^£g|^éjà si marqué tombe im second
coup (leba^^^Jui le frappe une seconde fois de
la même a^îemte, et l'anarchie française grave
20 dans le jeime homme les maximes déjà tracées dans
l'enfant par J'fl n |iK:|pe^ f 9j ;s e ; c'est que, dans une
société qui *se aeiaiÇ^ les leçons de choses sont les
mêmes que dans ime société qui n'est pas faite. —
De très bonne heure, à travers le décor des théories
25 et la parade des phrases, ses yeux perçants ont
aperçu le fond vrai de la Révolution, c'est-à-dire la
souveraineté des passions libres et la conquête de la
majorité par la Jgmorjjj^ être conquérant ou être
conquis, il faut ofJter entre ces deux conditions
30 extrêmes; point de choix intermédiaire. — Dans les
armées, surtout dans l'armée d'Italie, depuis que le
territoire est délivré, la foi républicaine et l'abnéga-
i66 Origines de la France Contemporaine
aon patriotique ont fait place aux appétitsnaturds
et aux passions militaires. Pieds nus, en nail^s,
avec quatre onces^e^^am^par jy^^^^
gnats qui n'ont pomt cours ^ le maftne, officiers
. set soldats veulent avant toutjSMtir de mi^re; «les
malheureux, après avoir soïpire pendant trois ans
au sonamet des Alpes, arriventà laJiprre promise: ils
veulent en goûter. » Autre mpîînon, Porgueil exalté
par rimagina tjoiy et J.e^ succ ^;^outez -y le besoin de
lose dépenser, la jpîigu^et le tf^pfeîfcTde la jeimesse:
ce sont presque tous de ^rfes Jjemies gens, et ils pren-
nent la vie à la façon ^aiïfoise ou française, conmie
une partie de plaisir et comme im duel. Mais, se
sentirbra^ie ^t montrer qu'on Test, affronter les balles
ispar gaîdaroise et défi, courir d'une bonne fortune à
une bataille et d'une bataille à un bal, s'amuser et
se risquer à l'excès, sans arrière-pensée, sans autre
objet que la sensation d u moment, jouir de ses facul-
tés surexcitées par rânulalion^et le péril, ce n'est
20 plus là se dévouer, c'est se donneroarn^e^et, pour
tous ceux qui ne sont pas de^fefouixnsVse dpn ne^
carrière, c'est faire son chemin, monter en grade;
piller afin de deyenir riche, comme Masséna, con-
quérir afin de devenir puissant, comme Bonaparte. —
25 Sur ce terrain, entre fe^ Sé9 ^? àr^^ ^^^ armée, dès les
premiers jours, l^lÉîëîneesMaue| et, après im an de
5 les malheureux . . . : a quotation f rom hîs letter to the
govemment.
15 bonne fortune: hère "love affair."
23 Masséna: André, duc de Rivoli et d'Essling (i 758-1817),
at first a gênerai in Napoleon's wars, later commander in chief
in Switzerland. He served wîth distinction.
Napoléon Bonaparte 167
pratique, elle £St parfa ite. De leurs actes communs,
une morale ^'âegage; vaguedansji|f mée, précise
dans le général; ce qu'elle enïr^oî^il le voit; il
considère le monde comme un grand festin offert à
5 tout venant, mais où, pour être bien servi, il faut
avoir les bras longs, se servir le premier et ne laisser
aiii autres que ses restes.
A^^^'^^Xela lui semble si naturel qu'il le dit tout haut,
et devant des hommes qui ne sont pas ses familiers,
lo devant Nicot, un diplomate, devant Melzi, un étran-
ger. «Croyez- vous, leur dit-il après les prélimi-
naires de Leoben, croyez-vous que ce soit pour faire
la grandeur des avocats du Directoire, des Carnot,
des Barras, que je triomphe en Italie? Croyez-vous
15 aussi que ce soit pour fonder une république ? Quelle
idée! une république de trente millions d'hommes!
Avec nos Çœwv nos vices! où en est lajPÇgsibUit^
C'est une^i^mnâe dont les Français âbm engouas,
mais qui passera avec tant d'autres. Il leur faut de la
20 gloire, les satisfactions de la vanité; mais la liberté,
ils n'y entendent rien. Voyez l'armée; les succès
que nous venons de remporter, nos triomphes ont
déjà rendu le soldat français à son ^^riteble caractère.
Je suis jtoi^poj^jm. Que le DirSiioîrfr yS,vîsiVj^
25 vouloir mWfef le comfciandement, et il verra s'il est
le maître. Il faut à la nation un chef, un chef illustre
par la gloire, et non pas des théyrig ^jfe gouvernement,
des phrases, des discours cnoeolog^feauxquels les
10 Melzi: an Italian statesman from Milan (dîed in 1816).
11 les préliminaires de Leoben: the provisional treaty be-
tween Napoléon and the Austrians on April 18, 1797. It was
later modified by the Treaty of Campo-Formio.
i68 Origines de la France Contemporaine
Français n'entendent rien. . . . Quant à votre
pays, monsieur de Melzi, il y a encore moins qu'en
France d'éléments de républicanisme, et il faut
encore moins de façons avec Im qu'av^toat autre.
5 Au reste, mon intention n'est'rofllfifcent^SPra finir
si promptement avec l'Autriche. La paix n'est pas
dans mon intérêt. ; Vous voyez ce que je suis, ce que
je puis maintenant en Italie. Si la paix est faite, si
je ne suis plus à la.tête de cette armée que je me suis
drais quitter l'Italie que pour aller jouer en France
im rôle à peu près semblable à celui que je joue ici,
15 et le moment n'est pas encore venu; la poire n'est
pas mûre. »
Son expédition d'Egypte n'a pas d'autre motif.
Que, dans l'état présent de la France et de l'Europe,
l'expédition soit contraire à l'intérêt public, que la
20 France se pr iv^ ajp â ^de sa meilleure armée et offre
sa plus grandepfotte à une destruction presque cer-
taine, peu importe, pourvu que, dans cette aventure
énorme et gratuite, Bonaparte trouve l'emploi dont
ila iesdnj^un large champ d'action et les victoires
25"^^n{issames qui, comme des coups de trompette,
iront par delà les mers renouveler son prestige: à
ses yeux, la flotte, l'armée, la France, l'humanité
n'existent que pour lui et ne sont faites que pour son
service. — Si, pour le confirmer dans sa persuasion,
.îoîl faut encore une leçon de choses, l'Egypte la four-
12 Luxembourg: a palace on the left bank of the Seine, the
seat of the Convention and of the Directory.
Napoléon Bonaparte 169
- '^^^j^b^îJïPÏÏÎS^î^^ ^ rabrîrde tout contrôle,
^tftix ^^îs^* avefc*AS^hunianité inférieure, il agit en
sultan et il s'accoutiune à l'être.
^jDeyemiConsul, puis Empereur, il applique en
^^ 5 graLJr^ flieorîe, et, sous sa main, l'expérience four-
nit chaque jour à la théorie de nouvelles vérifications.
— A son premier geste, les Français se sont proster-
nés dans l'obéissance, et ils y persistent comme dans
leur condition naturelle, les petits, paysans et soldats,
10 avec une fidélité animale, les grands, dignitaires et
fonctionnaires, avec une servilit^ byzantine. — De
la part des républicains, nulle résistance; au con-
traire, c'est parmi eux qu'il a trouvé ses meillemrs
instriunents de règne, sénateurs, députés, conseillers
15 d'État, juges, administrateurs de tout degré. Tout
de suite, sous leurs prêches de liberté et d'égalité, il
a démêlé leuis iiytm^ autoritaires, leur besoin de
commander, oe^flmer, même en sous-ordre, et, par
surcroît, chez ^^JPJK^T^^^^^^^j^^ c^"^> ^ appétits
20 d'argent ou de }Gm^^S^^^^
Enfin, Wgâ^ïgjci devant sa passion dominante,
devant le goufffe intérieuih ai^|^instinct, l'éducation,
la reflôcion, la théorie ontcreSséen lui, et où s'en-
j, '"'^gftftum le superbe édifice de sa fortu ne; J ç^ veux
2S parler de son ambition. Elle est le %5Sèur prernier
de son âme et la substance permanente de sa volonté,
si intime qu'il ne la distingue plus de lui-même et que
parfois il cesse d'en avoir conscience. «Moi, disait-
il à Rœderer, je n'ai pas d'ambition; ou, si j'en ai,
30 elle m'est si naturelle, elle m'est tellement innée,
elle est si bien attachée à mon eidstence qu'elle est
comme le sang qui coule dans mes veines, commel'air
170 Origines de la France Contemporaine
que je respire.» — Aussi avide que jalouse, cette
ambition, qui s'indigne à la seule. idée d'un rival, se
sent gênée à la seule idée d'une limite; si énorme que
itJ^Muvoir acquis, elle en voudrait un plus vaste;
^^"~ m du plus copieux festin, elle demeure inas-
souvie. Le lendemain du couronnement, il disait à
Decrès: «Je suis venu trop tard, il n'y a rien à faire
de grand; ma carrière est belle, j'en conviens; j'ai
fait un beau chemin. Mais quelle différence avec
10 l'antiquité! Voyez Alexandre: après avoir conquis
l'Asie et s'être annoncé au peuple comme fils de Ju-
piter, à l'exception d'Olympîas, qui savait à quoi s'en
tenir, à l'exception d'Arîstote et de quelques pédants
d'Athènes, tout l'Orient le crut. Eh bien! moi, si je
15 me déclarais aujourd'hui le fils du Père Étemel et
que l'annonçasse m^^^|c^^^ Ijii^rendre grâces à ce
titre, il n'y a pâs^eJloisSxaequTn m?Siffl$r sur
mon passage. Les peuples sont trop éclairés au-
jourd'hui; il n'y a plus rien à faire. » — Un diplo-
20 mate qui l'a fréquenté longtemps et observé sous
tous les aspects résume son caractère dans ce mot
définitif: «Il se considérait comme un être isolé dans
le monde, fait pour le gouverner et pour diriger tous
les esprits à son gré. »
25 C'est pourquoi quiconque approche de lui doit re-
noncer à sa volonté propre et devenir un instrument
7 Decrès: (1761-1820), aFrench admirai who served with
distinction at Aboukir.
12 Olympias: the mother of Alexander the Great, who was
involved in war with his successors. — à quai s*m tenir: see
tenir,
19 Un diplomate: he means Mettemich, the elder; cf. note,
page ^72, 1. 18.
Napoléon Bonaparte 171
de règne: «Ce terrible homme, disait souvent Decrès,
nous a tous subjugués; il tient tout^nps îmagina-
tû^g^^s sa main, qui esf^nîSt S^lâp, {Stfrolde
^'^^veloSrs; mais on ne sait quelle sera celle du jour, et
5 il n*y a pas moyen d'y échapper: elle ne lâche jamais
ce qu'elle a une fois saisi. » — Propriétaire exploitant
des hommes et des choses, des corps et des âmes,
pour en user et abuser à discrétion, jusqu'à épuise-
ment, sans en devoir compte à personne, il a^ijv e , au>
10 bout de quelques années, à dire, aussi courSniniKar/
et plus despotiquement que Louis XIV lui-même,
«mes armées, mes flottes, mes cardinaux, mes con-
ciles, mon sénat, mes^euples, nioxLemp^ja.Tr4^
un corps d'armée qui vetranle pour m^ctfçrauTeu:
15 «Soldats, j'ai besoin de votre vie et vous me la devez. »
— Au général Dorsenne et aux grenadiers de la
garde: «On dit que vous murmurez, que vpusTOulez. ^^^
retourner à Paris ^à vos maîtresses; mais a^tromp'éz-'^^
vous, je vous refieySrâi sous les ar me s, jusqu'à
20 quatre-vingts ans: vous êtes néSau**Rvacet vous y
mourrez. » ,jui r^^^^A.
Plus tard, à Sainte-Hélène, il s'attendrira, en- pa-
roles, sur «ce peuple français qu'il a tant aimé. »
La vérité est qu'il l'aiçaecomme un cavaUer aime
2 g soii,chCTaL ij pand il le '^g^^ quand il l^pfîe et le
(liu^[î8mj?c)nne;lquand il le"pLue et l'excite, ce n'est pas
16 Dorsenne: he became a gênerai in 1809.
23 ce peuple ... : Napoléon had stated in his will: "Je
désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au
milieu de ce peuple français que j*ai tant aimé." Thèse words
are inscrîbed above the door of his tomb in the Hôtel des
Invalides.
uc iiiai, u bc rcicvc, ci, ce
15 instant, ce n^estpaa Tagonii
^fc^^ttsa propre mfesaveStere
^*^Mcu^r compromise, c'est refl
17a Origines de la France Contemporaine
pour le servir, mais pour se servir de lui en qualité
d'animal utile, pour l'employer jusqu'à l'épuiser,
pour le pousser en avMt^àtravers des fossés de plus
en plus larges, et paWp^i^des barrières de plus en
5 plus hautes: encore un fossé, encore cette barrière;
après l'obstacle qui semble le dernier, il y en aura
d'autresj^etdgjjs. tous les cas, le cheval restera forcé-
rng;* àrperpetuité ce SJ^l^JS^jÂ^^hi J^ ^^^^ ^^^^ ^^^
'^^***^ ^monture, et une mc^^^sumenée. — A la fin de
101812 la grande armée gîTdans la neige: le cheval a
desaouatre pieds. Par bonheur, ce n'est
'^chevSl lourbu; «la santé de sa Majesté n'a
jamais été meilleure »; le cavalier ne s'est point fait
de mal; il se relève, et, ce qui le préoccup
15 instant, ce n'estjgaa J'agonie de sa monturecr
re, c'est sa réputation d'é-
l'effet sur le public. «Vos
souverains, dit-il à M. de Mettemich, nés sur le trône,
peuvent se laisser battre vingt fois et rentrer dans leurs
20 capitalesL^joL je ne le puis pas, parce 'que je suis im
solcfôlpîivSm. » En effet son despotisme en France
I -est fondé sur sa toute-puissance en Europe. Sa
"^^•^aîîî^ère impériale a dévoré des millions d'honmies:
entre 1804 et 1815, il a fait tuer plus de 1,700,000
25 Français nés dans les limites de l'ancienne France,
auxquels il faut ajouter probablement 2 millions
ji djiommes nés hors de ces limites et tués pour lui, à
"l**^tf9e d'alliés, ou tués par lui, à titre d'ennemis.
9 A la fonde 1S/2: i. e., Napoleon's retreat from Moscow.
18 Mettemich: (1773-1859), the Austrian statesman who ne-
gotiated the marriage of Marie Louise with Napoléon.
^■^.. ; •:'- •'■•- /• '.•
CHRONOLOGICAL TABLE
1715-1774 Louis XV.
1770 Louis XVI married Marie Antoinette of Austria.
17 74-1792 Louis XVL
1787 Convocation of Assembly of Notables for the better-
ment of financial conditions. Necker recalled as
minister of Finance. Resolved to call together the
States-general which had not met since 1614.
1789 May 5, States-general assembled at Versailles.
June, Représentatives of the Third Estate declared
themselves the " Constitutional Assembly/' and re-
solved not to adjourn until a constitution was f ramed.
July 14, Storming of the Bastille.
Aug. 4, The nobles renounced feudal lights and
privilèges.
Oct. 5-6, Stirred by imprudent speeches at a court
banquet, the mob rushed to Versailles. King and
Assembly moved to Paris.
X790 Founding of Clubs: Jacobins (Robespierre), Corde-
liers (Danton, Desmoulins), Feuillants (Lafayette).
July 14, Festival of Ci vie Fratemity.
17 91 April 2, Death of Mirabeau.
June 20, Royal family stopped in thcir âight, brought
back to Paris.
Sept. I, King swore to the revised Constitution,
restored to throne.
Z792 War with Austria and Prussia.
June 20, Mob attacks the Tuileries.
Aug. 10, Suspension of the king.
173
174 Origines de la France Contemporaine
1792-1804
1793
1794
1795
1795-1799
17 99- 1804
1801
1804-18 15
1815
1814-1824
1824-1830
1830
1830-1848
1848
1848-1852
1852
Sept. 2-4, Massacres in the prisons.
Sept. 21, King deposed, republic created.
The First Republic (properly from 1789-1804).
Jan. 21, Execution of Louis XVI. Uprising in the
Vendée against Jacobin rule. Jacobin Révolution.
Oct., Marie Antoinette executed. Reign of Terror.
June 27, Fall of Robespierre. Assembly in control
of Modérâtes.
Third Constitution adopted.
Oct. 5; Napoléon Bonaparte queils royalist uprising
The Directory (five) appointed.
Nov. 9, Napoléon created Consul.
The Consulate.
Civil Code (Code Napoléon).
The First Empire.
June 18, Battle of Waterloo.
Oct., Napoléon sent to St. Helena.
Louis XVIII.
Charles X (brother of Louis XVIII).
July 25, Révolution in Paris. Louis Philippe madeking.
Louis Philippe, "citizen king."
Feb. 24, Révolution and abdication of the extravagant
king. Proclamation of the Second Republic with
Louis Napoléon as président.
The Second Republic.
Dec. 2, Coup d'état of Louis Napoléon, who had
himself elected emperor.
Napoléon III.
Franco-Prussian War.
Sept. 4, Fall of Napoléon and the second empire.
The Third Republic. Présidents: Thiers 1871-73,
MacMahon 1873-79, Jules Grévy 1879-87, Sadi
Camot 1887-94, Casimir Périer 1894-95, Félix
Faure 1895-99, Emile Loubet 1899-1906, Armand
Fallières 1906 — .
INDEX TO NAMES
PAGE
Abbaye, prison de r . . 82
Adéla][de 33
d'Argenson 17
Arras 128, 131
Artois, comte d' . . . 33
Augereau* 149
Bailly 80
Bamave 130
Barras 156
Berthier 81
Bezenval 79
Billaud-Varennes . . . 113
Bossu 49
Boumenne 153
Brienne 153
Brissot 112
Bn^lie 79
Ça ira 105
Calonne 16
^> Cambacérès .... 142
Campo-Formio . . . 158
Carmagnole .... 105
Caveau, café du . . . 79
Charles IX 106
Chatterton 36
Chérin 48
Chesterfield .... 27
Cinq-Cents 149
code civil 150
concordat 150
Comélie 152
Damiens 106
Dante 114
Danton m
PAGE
Dantonistes .... 130
Daunou 143
Decrès 170
Desmoulins 70
Desrues 117
Dorsenne 171
Duport 112
Dussaulx 74
Égalité, pavillon . . . 142
élection 14
encyclopédie .... 34
enfants de France . . 19
Enfants-Trouvés, batail-
lon 102
Fleury 42
Force, la 73, "S
Foumier 103
Franklin 33
Frénon 94
Garât 83
Garde-Meuble ... 73
généralité ..... 14
Girondins 95
Gustave III .... 27
Hébert 108
Henriot 108
Hôtel des Invalides . . 16
Joseph, frère de N. . . 164
La Bruyère 55
Lafayette . . . . 81, 83
Laharpe 47
Lamballe 115
Lambesc ..... 79
Larevellière 143
^75
176 Origines de la France Contemporaine
PAGE
LaiochefoucauM . .
62
Law
40
Lazaristes ....
. ^2
Legendre ....
102
Leoben
. 167
Liancourt ....
60
Ligne, prince de . .
. 27
Loménie
. 44
Loustalot ....
. 94
Louviers
. 139
Luxembourg, maréchale
de
47
Luxembourg, palais .
168
Mably
. 126
Maaiard
108
main-morte ....
16
Mallet Dupan . . .
So
Manuel
104
Marat
IIO
Marseillaise . . .
los
Masséna
166
Melzi
167
Mercure
129
Mesdames ....
20
Mcttemich ....
172
Mirabeau ....
g6
Montagnards . . .
95
Montesquieu . . .
52
Necker
18
Nièvre
100
01}nnpias
170
Orange
136
Orléans
19
Panis
108
PaoU
153
Penthièvre
20
Pétion
104
Platon
107
Pompadour
15
poufs au sentiment . .
32
PAGE
Quillebœuf 85
Raynal 126
Rétif de la Bretonne . . icx>
Robespierre .... 120
Robespierre, jeune 156
Rœderer 160
Roland 87
Rossignol 104
Rousseau .... 36, 49
Roux 143
Saint- Antoine, faubourg . 72
Saint-Domingue . '.41, 100
Saint-Firmin .... 113
Saint-Georges .... 83
Saint-Honoré .... 72
Saint- Jacques .... 72
Saint-Just 94
Saint-Marcel . . . 72, 103
de Salles 74
San Miniato .... 152
sans-culottes . . .103,113
Scévola 106
sectionnaires .... 157
sensible 31
Sergent 108
Siéyès 51
Sologne 57
Staël 158
Stentor 70
Talleyrand 26
Terray 44
Trianon 33
université 150
Uzès 67
Villeroi loi
Voltaire 27
Werther 36
Yonne 100
Young, Arthur .... 41
VOCABULARY
ABBREVIATIONS
fljy.^adjcctive
0^50/. s obsolète
adv.—siàytrh
^ff^.^person
adv, ^Af. = adverbial phrase
/»/.« plural
conj, = conjunction
pop. ejcpr.^popular expression
cp. — compare
^055.= possessive
dent. = démonstrative
p. p.^past pardciple
<?xpr.= expression
pr.=«pronounce
/. — féminine
près. ^art. «présent participle
impers. ^ impersonal verb
* »»</«;.= indicative
pr<w.=pronoun
recip. = reciprocal
t«/f. «intransitive
fç/î.=reflexive
f».= masculine
«»5'.=singular
w«j. = music(al)
/r. = transitive
w. = noun
i;.=«vide (see)
»ttf».arf;. = numéral adjective
à, prep., to, at, in; with, for,
from, in the style cf.
abaissé, -e, adj., lowered, di-
minished.
abandonné, -e, p. p. and adj.,
abandoned, profligate.
abatage, m., slaughter (of an-
imais).
abattoir, m., slaughterhouse.
abattre, /r., to eut down, eut
off, fell; s' — , to fall, stoop,
alight.
abbé, m. y abbot.
abeille,/., bee.
abêtir, refl.^ to grow stupid.
abîmer, /r., to overthrow, de-
stroy.
abnégation, /., sacrifice; self-
denial.
abolir, /r., to aboiish, annul;
destroy.
abolition, /*., abolition,
abominable, adj., abominable.
abondamment, adv.y abun-
dantiy.
abondance, /., abundance.
abord, m., approach, attack;
dès r — ^ from the very be-
ginning; d' — , first, at first,
ûrst of ail.
abordage, m., boarding; aller
à 1'—, to board (a ship).
aborder, /r., to broach (a
subject).
177
178 Origines de la France Contemporaine
aboutir^ «n/r., to border upon,
tend to, end.
aboyeur, m., barker, pettifog-
ger; — de chicane, pettifog-
ger.
abrégé, ffi., abstract, summaiy.
abr^er, ir., to abbreviate, epit-
omize, eut short, shorten.
abri, m., shelter, cover; à 1' — |
under cover, away from.
abriter, tr,, to shelter, shield.
abrutir, /r., to stupefy, brutal-
ize.
absence, /., absence,
absent, -e, adj., absent, want-
ing.
absolu, -e, adj., absolute.
absorbant^ -e, adj., absorbent,
ôverpowering.
absorber, /r., to absorb, waste.
abstraction, /., abstraction,
reflection.
abstraire, tr., to separate;
s' — de, to stand aloof
from.
abstrait, -e, adj., abs tract.
absurdité,/., absurdity.
abus, m., abuse, misuse.
abuser (de), tr. and intr., to
delude; abuse; misuse.
académie,/., gymnasium, rid-
ing academy, academy.
académique, adj., académie.
accablé, -e, adj., depressed;
overwhelmed.
accabler, tr., to crush, press
down.
accaparer, tr., to monopolise,
swallow up, seize.
accapareur, m., monopolist.
accent, m., accent,
acceptable, adj., acceptable,
accepter, tr., to accept.
accèi^ m., approach, fit {pf
fever), attacL
accident, m., accident, casu-
alty.
acclamer, tr., to applaud; ac-
claim, bail.
accompagnement, m., ac-
companiment.
accompagner, tr., to accom-
pany.
accomplir, tr., to accomplish,
effect, perform.
accord, m., agreement; d' — ,
in harmony; être d* — ^ to
agrée.
accorder, tr., to concède, allow;
make agrée, bring into bar-
monious action.
accourir, intr., to run to, corne
running up.
accoutumé, -e, adj., accus-
tomed, habituai,
accoutumer, rejl., to accus-
tom one's self.
accrocher, ir., to hang {upon
a hook).
accroissement, m., increase,
growth.
accroître, ir. and intr., to in-
crease, enlarge.
acctunuLation, /., accumula-
tion,
accumulé, -e, adj., gathered,
heaped up.
accuse, m., person accused;
prisoner.
acnamement, m., tenacity, ob-
stinacy, fury.
acharner, refl., to be bent
upon; be infuriated, fall furi-
ously.
acheter, tr., to buy.
acheteur, m., buyer.
achever, tr., to finish, termi-
Origines de la France Contemporaine 179
adorateur, m., admirer.
adoucir, tr., to aoften, ease,
lessen.
adresse, /., address; speech;
skill.
adresser, tr., to dedicate, send,
address.
adversaire, m., opponent, ad-
vcrsary.
adverse, adj,, opposing; parti
— y adversary.
affable, adùj affable, cordial,
approacnable.
affaiblir, tr., to weaken, en-
feeble.
affaire, /., thing, affiJr, busi-
ness; rompu aux — s, well
acquainted with business;
entrant aux — a^ on begîn-
ning one's duties.
affaisser, refi., to sink.
affam^ -e, adj, and n,, hungiy,
starvmg.
affamer, tr., to starve.
affectation,/., affectation,
affecter, tr,, to prétend,
affectueu-z, -se, adj,, affec-
tîonate.
afficher, ir,, to post up, pro-
claim, pitrfess.
affidé, m,, confedentte, tnisty
agent,
affidé, -e, adj,, trustworthy. •
affilé, -e, adj,, sharp, sharp-
ened; mal — , duU.
affieurer, ir, and intr,, to level;
crop out; be level.
affiuence, /., affluence; âow-
ing together; throng.
affofoment, m,, hoodwinking,
madness.
affoler, ir., to madden.
affranchir, tr., to set f ree.
affreu-z, -se, adj,, frightful.
Date; dispatch; s'—, to end,
be completed.
acier, m,, steeL
acquérir, tr,, to acquire.
acquis^ m,, acquirements; pour
tout — ^ as hîs only knowl-
edge.
acquitter, ir,, to pay off, make
even.
acte, m,, ad, deed, proceeding.
acteur, m,, actor.
acti-f, -ve, adj., active.
action,/., action, actîvity.
activité, f,, activity.
actuel, -le, adj,, actual, prés-
ent.
Adam, m., Adam.
adapter, tr,, to adapt.
adhérer, intr,, to adhère.
adieu, adv, and n,, adieu, fare-
well; good-by.
adjudant, m,, adjutant.
adjuger, tr,, to award.
admettre, ir., to admit, re-
ceive, accept.
administrateur, m,, officiai.
administrati-f, -ve, adj., ad-
ministrative.
administration, /., adminis-
tration.
administrer, tr., to adminis-
ter, préside over.
admirable, adj,, admirable,
remarkable, wonderful.
admirateur, m., admirer.
admirati-f, -ve, adj., of ad-
miration.
admiration,/., admiration.
admirer, tr., to admire.
adolescence, /., adolescence,
youth.
adolescent, m,, lad.
adopter, tr., to adopt.
adorable, adj,, charming.
i8o Origines de ]a France Contemporaine
aflEronter, ir., to face.
aMMer, ir., to dicss (oddly),
deck out, rig out.
•fin de, pf^P-', in order to;
afin que, con],^ in order that.
âgc^ m., âge.
âgé, -e, «y., aged, old.
agenooiUery rtfi., to kneel
down.
agent, m., agent.
aggraver, /r., to aggiavate.
aggresst-f, -tc, <m[;., aggres-
sive.
agile, ad],y quick, nimble.
agioter, intr., to speculate.
agir, intr., to act, do; s' — ^ to
be in question; il s'agit de,
the question is, it is a matter
of.
agitateur, m., agitator.
agiter, i^., to put in motion,
excite; agitate; discuss; wag.
agonie,/., agony, pain.
agrafer, tr., to hook, fasten,
hook on.
agrandir, /r., to enlarge; ag-
grandize; s* — ^ to become
larger, become greater; s' —
toujours, to become greater
and greater.
agréable, adj., pleasant.
agréablement, adv., pleas-
antly.
agréer, /r., to accept; sn/r., to
piease.
agrément m., pleasure, charm,
adomment, reûnement.
aguets, m, fl,, watch; être
aux — 8| to lie in wait, be on
the aiert.
aheurter, reft., to be obstinate,
persist in, coilidc.
aide, f.y aid, heip, indirect tax;
air en — ^ to aid.
aider, tr., to aid.
aigrin lr., to embitter.
aiguiuon, m,, goad, ^ur.
ailleurs^ adv.^ elsewhere; d* — ^
besides, moreover.
aimable, adj., agreeable, love-
ly, amiable.
aimer, tr., to love, like, be fond
of.
aio^ -e, n. and adj., elder,
firstbom.
ainsi, adv., thus, therefore.
air, m., air, look, appearance;
en plein — ^ in the open;
avon 1' — de, to look like,
seem to.
aisance, /., freedom, easi-
ness.
aise,/., gladness; comfort, ease;
à 1' — ^ easily, comfortably.
aise, adj.j glad, joyfui, pleased;
être bien — de, to be very
glad to.
aisé, -e, m. and /., weli-to-do
person; adj.^ easy; in corn-
^ fortabie circumstances.
aisément, adv., easily.
Aix-la-Chapelle, /., Aix-la-
Chapelle, Aachen.
ajouter, /r., to add, join.
ajuster, /r., to adjust, regulate,
fit, trim, deck out.
alarme,/., alarm.
alarmer, tr., to alarm.
alentour, adv., around, round
about.
alentours, m. pi., environs,
neighborhood, environment.
alerte, adj., alert.
Alger, m., Algiers.
aliénation,/., aliénation; con»
fiscation.
aliéné, -^ adj., lunatic, ma-
niac.
Origines de la France Contemporaine i8i
amphigouri, m., rigmarole.
ample, adj., vast, large,
amplification, /., essay, trea-
tise.
amplifier, tr., to expatiate
upon, amplil^.
amusant, ^, adj., amusing,
entertaining.
amuser, tr., to amuse, trifle
with.
amuser, refl,, to amuse one's
self, hâve a good time.
an, m,, year.
analogie, /., analogy.
analogue, adj., analogous, sim-
ilar.
analyse,/., analysis.
anarchie, /., anarchy, lack of
govemment.
anarclii<iue, adj., anarchical.
ancien, -nc^ adj., ancient, old;
former.
ancrer, tr., to anchor; s* — , to
intrench one's self.
âne, m.f ass.
ange, m., angel, spirit.
anglais, -e, adj.^ English.
Angleterre,/., England.
angoisse, /., anguish, pang,
great distress.
an^leu-z^ -se, adj., angular.
anunal, n. m., and adj.y animai,
brute; brutish.
annales, /. pi., annals.
année,/., year.
annoncer, /r., to announce,
indicate, prophesy.
annuel, -le, adj,f annual.
anonyme, adj., anonymous.
anti-français, m., anti-French-
man, a hâter of French-
men.
anti-normal, -e, adj.y abnor-
mal.
aliment, m., aliment, food.
alimentaire, adj.y alimentaiy;
régime — ^ diet.
aUécher, ir., to allure, entice.
anéguer, ir,, to allège; pio-
duce.
Allemagne,/., Germany.
allemand, -e, adj,, German.
aller, inir., to go; s'en — ^ to go
away.
alliance, /., alliance, union,
affinity.
allonger, tr., to stretch out.
allouer, /r., to allow, grant.
allumer, /r., to light, kindie.
aUusion,/., allusion.
alors, adv.y then, at that time.
altérer, /r., to change, alter.
ambassadeur, m., ambassa-
dor.
ambiant, -e, adj.^ ambient,
surrounding.
ambitieu-x, -se, adj.y ambî-
tious.
ambition,/., ambition.
ftme,/., soûl.
aménagement, m., forestry or-
ganization.
amener, /r., to bring in; bring
about.
am-er, -ère, adj.y bitter; harsh.
amertume,/., bitterness; grief,
ameublement, m., furniture,
fumishing.
ami, tn.y -e, /., friend; — de
cœur, dear friend.
amitié,/., friendship.
amollir, /r., to soften.
amorce, /., bait; tinder, cap;
sans brûler ime — ^ without
ûring a shot.
amour, m. y love, ardor.
amour-propre, m., self-iove,
vanity, dignity.
i82 Origines de la France Contemporaine
apporter^ ir.^ to bring; intro-
duce; let "
antiquité, /., antiquitv.
antithèse,/., antithesis.
•nziétéy/., anziety.
tLOÛLm., August.
apatûie,/., apathy; indolence,
indifférence.
apercevoir, /r., to percdve,
discover, notice.
aplomb, ffi., self-possession.
Apollon, m., Apollo.
apostro^e, /., apostrophe.
apothéose,/., déification.
apôtre, m., apostle.
appariutre, in/r., to appear.
apparat, m,, préparation; show,
ceremony, parade; un dis-
cours d' — f a studied speech.
appareil, m., apparatus, Sys-
tem, pièce of machineiy.
apparence, /., appearance.
apparent, -e, adj., apparent;
remarkable, obvions, visible.
apparition, /., apparition; ap-
pearance.
appartement, m,, apartment.
appartenir, inir.^ to belong
to.
appât, m., bait.
appauvrir, /r., to impoverish.
appel, f»., appeal; call.
appeler^ /r., to call, snmmon.
appendice, m., appendiz; ap-
pendage.
appétit, m,, appetite.
applaudir, to applaud; s' — f
to glorv in.
applaudissement, m., ap-
plause; praise.
ai^cation, /., application,
industry.
appliqué, -e, adj.f intent, sed-
ulous, industrious, active.
appliquer, /r., to employ, ap-
ply.
apprécier, tr,, to appredate,
judge the worth of, estimate.
apprendre, ir., to leam, hear of ;
teach.
apprenti, m,, apprentice.
apprêt, m.f affectation; pr^-
aration.
apprêté, -e, adj.^ prepared;
studied; affected.
appris^ -e, adj,, leamed,
taug^t.
apprivoiser, ir,, to tame (an-
tmals).
approche, /, approach; corn-
ing; aux — s de, at the ap-
proach of ; toward.
approcher, tr. and ifUr., to ap-
proach, rival,
approfondir, /r., to examine
thorouehly.
approprié, -e, adj\, suited.
approprier, /r., to appropriate,
adapt.
approuver, ir,, to approve.
appui, m., prop, support,
âpre, adj.j rough, harsh, fierce.
après, frep., after; about; nezt;
d' après, according to.
après, adv.f afterwards.
à présent que, conj\, now
that.
après que, conj,, after.
aptitude, f,, aptitude, apt-
ness, ability.
aquarelle,/., water-color paint-
ing.
araignée,/., spider.
arbitraire adj., arbitrary; m.,
arbitranness.
arbre, m., tree.
archéologie, /., archaeology.
archevêque, m,, archbishop.
Origines de la France Contemporaine 183
arrogant, -e, adj., haughty,
assert! ve.
arroger, refi,, to anogate to
one's self, assume.
arrondi, -e, adj., rounded; dou-
ble, rounded out, extended.
art, m,, art; —s de luxe, fan-
ciful art.
artésien, -ne, adj.y Artesian
(of the province of Artois).
article, m., article, section,
part.
arnculation, /., joint, articu-
lation.
articulé, -e, adj,, articulate.
artificiel, -le, adj\y artificial.
artiUerie, /., artillery.
artisan, m., artisan.
artiste, m, andf., artist.
ascendant, m., ascendancy;
influence, power; ancestor.
ascendant, -e, adj,, ascend-
ing, mounting.
asile, m., asylum, refuge.
aspec^ m., aspect, sight, look,
appearance.
asfttc, m., spike-lavender, as-
pic, spikenard.
aspirant, m., candidate.
aspirer, intr., to aspire.
assaillant, m., aggressor, as-
sailant.
assaillir, tr., to attack, as-
sail.
assaisonnement, m., season-
ing.
assassin, m,, assassin.
assassinat, m., murder, assas-
sination.
assassiner, tr., to slay.
assauL m., assault, storm.
assemolée, /., assembly; —
constituant^ constitutional
convention.
archichancelier, m,, arch-
chancellor.
arthitecte, m., architect.
ardent, -^ adj., fiery, violent,
ardent, burning.
ardeur, /., fervency, spirit, in-
tensity, fire.
argent, m., money; silver.
aristocrate, m. or/,, aristocntt
aristocratie, /., aristocracy.
arme,/., weapon.
armé, -e, adj\, armed.
armée, /., army; corps d' — ^
army corps.
armer, /r., to arm.
armoire, /., closet, cupboard,
cabinet.
armure,/., armor.
aromate, m., aromatic.
arracher, ir:, to snatch; pluck
off, uproot, tear out, pull
out.
arranger, ir., to arrange, set
in order, contrive.
arrangeur, m., one who ar-
ranges, combiner.
arrêt, m., decree, stop.
arrêté, m., resolution, order,
decree, décision.
arrêter, /r., to arrest, stop, de-
cree, fasten; s* — ^ to stop.
arrière, m., back; en — 1 back!
— succès, second success.
arriéré, -e, adj., in arrears;
backward.
arrière-pensée,/, mental rés-
ervation, reflection; sans — ,
rashly.
arrière-successeur, m., sec-
ond successor.
arrivage, m., arrivai.
arrivée, /., arrivai.
arriver, inir., to arrive, hap-
pen, chance, attain.
184 Origines de la France Contemporaine
assembler, ir., to collcct, com-
bine, meet.
assentiment, m., assent.
asseoir, tr., to seat; s' — ^ to sit
down.
assenrir, tr., to enslave.
aase^ adu., enou|^, lather,
exulte.
asBulti, -e, adj., punctual, as-
âduous.
assidâment, adv., assiduous-
•y-
assiégé, m., one who is be-
sieged, attacked.
assiégeant, m., one who be-
sièges; besieger.
assiette,/., plate; usual state;
humor; être hors de son — ^
no longer to be one*s eveiy-
daj self.
assignat, m., assignat {French
paper money).
assis, -e, p. p. y seated.
assise,/., a course of masoniy;
foundation; pi. (sometimes),
sessions.
assistant, m., assistant; one
who is présent,
assister, intr.y to be présent
at, attend, witness.
associé, m.j associate, fellow,
partner.
associer, /r., to associate; s' — ^
to enter into partnership,
take into partnership.
assombrir, refl., to become
dark.
assommer, /r., to beat to death,
belabor, smite, kill.
assommeur, m., slaughterer.
assouvir, /r., to satiate.
assurer, /r., to assert, affirm,
Insiire, assure; s* — f to make
sure of .
astreindre, tr., to force, com-
pcl, kvy.
atelier, m., workshop; manu*
factory; — de charit^ in-
stitution for the help of the
poor, workhouse, industrial
home.
atbée^ m., atheisL
AHiènes, /., Athens.
Athénien, m., Athenian.
atome, m., atom.
atom:, m. {used in pi. only),
woman's attire, ûnery; dame
d' — f lady of the bedcham-
ber.
Atre, m.j fireplace, hearth.
atroce, adj., atrocious, cruel,
attabler, ir., to set to table,
attacher, tr., to fasten, attach,
put on; bind.
attaque,/, attack.
attaquer, tr., to attack.
atteindre, tr., to reach, hit, at
tain.
attendre, tr. and intr., to wait
(for), expect.
attendri, -e, adj., moved.
attendrir, tr., to soften; s' — ^ to
be moved.
attendrissement, m., émotion,
tendemess, emotional period.
attentat, m., attempt at crime;
crime, outrage.
attent^ /., ezpectation, wait,
waiting, hope; salon d' — ,
waiting room.
attention, /., attention; faire
— , to heed.
atténuer, ir., to weaken; pal-
liate, tone down.
attirer, tr., to attract; lure.
attitude,/., attitude, manner.
attraction,/., affinity.
attrait, m., allurement; charm.
Origines de la France Contemporaine 185
attraper, /r., to entrap; over-
take.
attribuer, /r., to attribute; s' — ^
to assume.
attroupement, m., mob, as-
sembly.
attrouper, refl., to flock to-
Sîther, form a mob.
e, /., dawn.
auberge/., inn, public house.
aubergiste, m., innkeeper.
aucun, -e, adj., any; {négation)
none, no.
audace, /., audacity, bold-
ness.
audadeu-x, -se, adj.y auda-
cious.
au delà de, prep.y beyond,
farther.
au-dessous, adv.; — de, prep.,
below, beneath.
au-dessus, adv.; — de, prep.,
above.
audience, /., audience, inter-
view,
auditeur, m. y hearer.
auditoire, m., audience.
augmenter, tr. and intr., to
augment, increase.
aujourd'hui, adv.j to-day, now.
au milieu de, prep., among.
to give alms.
aumônier, m., almoner, chap-
lain.
auparavant, adv. y before.
auprès de, prep. y before, near,
in the présence of.
aussi, adv.y too; aiso; as,
equally; — ... que, as
... as.
aussi, conj,, therefore.
aussitôt, adv.y immediately,
directly; — que, as soon as.
austérité,/., severity.
autant, adv.y as much, as
many, so many; d' — mieux
or d* — plus, adv. phrasCy the
more so, the rather; — que,
conj. y as much as, as well as.
autel, m. y altar.
auteur, m., author.
authentique, adj.y authentic.
automate, m., automaton.
automatisme, m., automatic
character.
autoriser, /r., to authorize;
legalize; justify.
autoritaire, adj., authorita-
tive, arbitrary; dogmatic.
autorité, /., authority; rule;
d' — , in spite of everything.
autour de, prep. y about;
around.
autre, adj.y other.
autrefois, adv.y formerly.
autrement, adv.y other wise;
en être — , to be other wise.
Autridie,/., Austria.
autrui, f»., pron.y others; other
people.
avaler, /r., to swallow.
avance,/., advance; d' — ^ be-
forehand, in advance; — de
fonds, loan.
avancé, -e, adj.y past, ad-
vanced; early.
avant, adv. and prep.y before
(referring to time and order) ;
— que, conj. y before; en — ,
adv. phrase y ahead, forward;
— dans la nuit, far into the
night.
avantage, m.y advantage.
avant-corps, m., fore part.
avant-cour, /, lower court.
i86 Origmes de la France Contemponme
avmnt-liier, aàv.y daj bcfore
ycsterdaj.
ftTirc^ m., miser.
ftTec^ f^'ep.j whh; among.
avenir, m., future; à V — ^ in
future.
aventnre^ /., adventuie; à
P — ^ at a vcnture, at ran-
aventurier, m^ adventurer.
averti, -e, adj., informed,
warued, notified.
aven, m., appioyal; acknowl-
edgment, admission; gens
sans — ^1 vagrants.
aveugle, adj.^ blind; deluded;
à V — ^ blindly; en — ^
blindly.
aveuglement, m., blindness.
aven^er, tr., to blind.
avide, adj., greedy.
avidité, /., avidity, eager-
ness.
avilir, /r., to déprave,
avilissement, m., dégradation,
humiliation.
avi% m., opinion,
aviser, refi.^ to take a fancy
to.
avocat, m., lawyer.
avoir, /r.,to hâve; hold; y — ,
be; — beau faire quelque
chose, to do something in
vain.
avoir, m., substance, prop-
erty.
avortementy m., miscarriage.
avorter, intr., to miscarry, be
stunted.
avorton, w., dwarf, runt.
avoué, m.f attomey.
avouer, /r., to avow, admit,
avril, m.f April.
axiome, m., axiom.
badaud, «., nzer, inquisithre
pason, quânuoc
badiner, imir^ to trifle, qpon,
jest.
bague^/, ring,
baguette, /., switch; passer
par ks — 8| to nm the
ÇftuntleL
bajgncr, ir^ to bathe, dq>,
duck.
bêiUmmer, ir.^ to gag.
bain, m., bath; bathtub.
baïonnette,/., bayoneL
baissa -e, adj., lowered; don-
ner tète — e^ to phuge head-
long.
baisser, tr., to lower.
bal, m., baU.
balai, m., broom; donner un
coup de — ^ to sweep up;
coup de — ^ sweq[> of the
broom.
balancier, m., babuidng pôle;
pendulum, die.
balayer, tr., to sweep.
balcon, m., balcony.
baUe,/., bail; buUeL
balourdyise,/., stupidity, stupid
lemark.
banal, -e, adj.^ commonplace,
hackneyed, trivial.
banc, m., bench, seat.
bande, /., band, company,
coterie.
bandit, m., vagrant, ruffian,
banlieue,/., outskirts, suburbs.
bannir, /r., to banish.
banqueroute,/., bankruptcy,
fauure, panic
banquette,/., bench.
banquier, m., banker.
barbare, adj. and n., savage.
barbarement, adv,, barbar-
ously.
Origines de la France Contemporaine 187
tMurbarie, /., barbarism, bar-
barity.
tMrbarisme, m,, barbarism.
barbe, /., beard, whiskers;
faire la — - à quelqu'un,
to shave; get the better of
some one.
barbier, m., barber.
baril {pr. hari), m., barrel.
barqu^/., boat, craft.
barre, /., bar, courts.
barreau, m., bar.
barrière, /., rail, bar, barrîer;
tax-omce; hurdle; tollgate;
commis aux — s, clerk of
customs.
bas, -se, adj., low; à yoîx
basse, in an undertone.
bas, adv.f down, low; en — ^
below; être à — ^ to be
ruined; à — , down; au — , ,
de Tescalier, at the foot of
the staircase.
bas, m., stocking.
bas-fond, m., shoal; lowest
depths.
basoche,/., basoche (company
of lawyers)t the bar (coUect-
ivély) ; league of law clerks.
basse,/, (mus.), bass; — con-
tinue, thorough bass.
bassesse,/., bàseness, villainy;
fault.
bassin, m., pond, basin, réser-
voir.
bastille,/., Bastile; fortress.
bas-venfre, m., lower part of
the abdomen, belly.
bataille, /., battle; en — ^ in
battle array.
bataillon, m., battalion.
bateau, m., boat.
batelier, m., boatman, water-
man.
bâtiment, m., building; ves-
sel.
bâtir, /T., to build.
bâtisse,/., structure.
bâton, m., stick, club.
battre^ ^M to beat, pound; de-
feat; se — ^ to fight.
bavard, m., chatterer, babbler.
bavardage, m., babbling, waste
of words.
béant, -^ adj.^ gaping.
beau or beL -le, adj., beauti-
ful, handsome, fine, fair;
— monde^ fashionable so-
ciety ; avou* — faire, to do
in vain, waste one's time; de
plus belle, still more.
beaucoup, adv.y many, much.
beauté,/., beauty.
beaux-arts, m. pi., fine arts.
b^ayer, tr.f to stammer, bab-
belles-lettres,/. ^/., polite Ut-
erature.
bénédictin, m.y Bénédictine
monk.
bénéfice, m., profit, benefit.
bénéficier, m., clergyman
holding a church preferment;
incumbent.
bénéficier, intr.y to profit.
bénitier, m., holy-water basin.
béquille,/., crutch.
berceau, m., cradle.
berger, «t., shepherd.
besogne,/, work; task.
beso|;neu-x, -se, adj., needy.
besoigneu-x, -se, ohsol. adj.^
needy.
besoin, m., need, want; dis-
tress; au — ^ in case of need;
si — est, if necessary; avoir
— (de), to need; être — , to
be necessary.
i88 Origines de la France Contemporaine
bestial, -e, adj., bestial, brut-
ish.
bête, /., beast; blockhead; —
de somme, beast of burden.
biaiser, intr.y to use évasion;
hedge, pursue a diagonal
course.
bibliothèque,/., Hbrary.
bien, m., weal; goods, property,
possession; — public, public
weal.
bien, adv.^ well; very much,
properly, very.
bien-être, m., comfort.
bienfaisance,/., beneficence.
bienfait, m., kindness; boon.
bienfaiteur, m., benefactor.
bienséance, /., décorum, pro-
priety.
bientôt, adv., soon.
bienveillance^/, benevolence,
good wiU, kindliness.
bièvre, w., beaver.
bijou, m., jewel; trînket.
biUeu-z, -se, adj., bilious,
bilious looking.
biUet, m., note, letter.
bise, /., north wind; wintry
blasts.
bistre, m. (paint), bister; soot
color; portrait au — , wash
drawing.
bivac, m. bivouac,
bizarre, adj., fantastic.
blafard, -e, adj., pale, duU.
blAme, m., blâme, reproach.
blâmer, /r., to blâme, find
fault with.
blanC| -he, adj., white.
blanchâtre, adj., whitish.
blancheur,/, whiteness.
blasphème, m., blasphemy;
oath.
blé, m., wheat; manger son —
en herbe, to spend one's
money before one bas it;
count one's chickens befcxe
they are hatched.
blessant, -e, adj,, offensive, in-
sulting, painful.
blesser, tr., to wound, hurt.
blessure,/, wound.
bleu, -e, adj., blue.
bloc, m., lump; block; mass.
blouse,/, smockfrock.
bœuf, m., ox, beef.
boire, tr., to drink; payer â — ,
to buy drinks.
bois, m., wood, forest, timber,
woodeid park; — flotté, float
wood; — de lit, bedstead.
boiserie,/, wainscoting.
boisseau, m., bushel; (three-
mghths of an English buskd,)
boisson,/, drink.
bon, -ne, adj., good, sound,
hard, real; de — ne heure,
early; â — droit, rightly,
justly.
bond, m., bound, leap.
bonhetu', m., happiness; good
fortune; par — f luckily.
bonhomie, /, good nature.
bonnet, m., cap.
bonté,/, goodness, kindness.
bord, m., shore; â pleins bords,
on the level witn its banks ,
brimful; â — , on board.
borne,/, landmark, boundary,
milestone, fence.
borné, -e, adj., limited, narrow.
bosse,/, hunch; bunch.
bosst^ -e, adj., hunchbacked.
botte,/, boot; bundle, tniss.
bouche,/, mouth; lips; avoir
à la — , to mention.
boucher, tr., to stuff, choke up,
stop, block.
Origines de la France Contemporaine 189
boucher, m. y butcher.
boucherie,/., slaughter.
boucle, /., buckle; ringlet; —
d'oreille, earring; — de sou-
lier, shoe-buckle.
boucler, ir., to buckle.
bouclier, m., shield.
boue, /., dirt, mud; street ref-
use.
bouge, m., hole; wretched lodg-
ing.
bouiUement, m., boiling, ef-
fervescence, agitation.
bouiUon, m.j broth.
bouilloimenient, m^ efferves-
cence, agitation.
boulanger, m., baker.
bouledogue, m., bulldog.
boulet, m., bullet, bail.
boulevard, m. y boulevard.*
bouleversement, m. y destruc-
tion, overthrow, complète
change.
bouleverser, tr.y to agitate.
bouquet, m., bouquet, clus-
ter.
bourdonnant, -e, adj.y buzz-
ing, humming.
bourdonner, itUr.y to buzz,
hum.
bourgeois, m., citizen, com-
moner; tradesman, business
man.
bourgeoisie,/., middle class.
bourreau, m. y hangman, exe-
cutioner, tormentor.
bourreler, /r., to tonnent.
bourrer, /r., to ram, cram, stuff.
bourse,/, puise, funds.
boursier, m. y student (on
scholarship).
boursouflure, /., bloatedness;
bag, bagginess; puff.
bousculade,/., jostling.
bousculer, /r., to jostle.
bout, m., end; en venir à — ^
to finish it; accomplish it.
boutade, /., whim, outburst;
par — j by fits and starts.
boutcâUe,/., bottle.
boutique,/., shop; gens de — ^
clerks.
boutiquier, m., shopkeeper,
derk.
bouvier, w., drover.
braconnier, m., poacher.
braise,/, embers.
branche, /., branch; prong,
tine.
branle, m., motion; être en
— , to be in motion.
bras, m,y arm.
brasseur, m., brewer.
brave, m., courageous man; en
— , courageously.
braver, /r., to dare, defy, en-
dure, face.
bravo (pi. bravi), m., hired
assassin.
bravoure,/., bravery.
brèche,/., gap, breach.
bref, adv.y in short.
bref, brève, adj., brief, short.
brevet, w., brevet, patent;
knight of the order of the
Holy Ghost; certificate; —
d'entrée, admission certifi-
cate.
bréviaire, w., breviary.
bribe, /, odd ends; scraps;
quatre — s, smattering.
bride, /., bridie; laisser la —
sur le cou, to give a free
hand; serrer la — , to take
firm measures.
brigand, m., brigand.
brigandage, m., robbery, ex-
tortion.
iQO Origines de la France Contemporaine
brillant, -e, adj., bright,
showy.
fariUeTy intr.y to shine.
briser, ir., to break, shatter.
broc (pr. bro), m., jug.
broche,/., spit, rod, pike.
brochure,/., pamphlet.
broderie,/, embroidery.
brosser, tr., to brush.
brouiUer, /r., to jumble, con-
fuse.
broussailles,/ pL, bushes.
bruire, itUr.j to rustle, roar.
bruit, m., noise; report, sound.
brûlé, -e, adj.y bnmed, hot.
brûler, /r. and intr.y to bum,
fire.
brusque, adj., blunt; sudden,
unexpected.
brusquement, adv., suddenly,
rudely.
brut, -e, adj., rough, coarse,
crude.
brutal, -e, adj., brutal, brut-
ish.
brutalement, adv.^ brutally.
brutalité, /., brutality, stu-
pidity.
brute, /., brute.
BruzeUes, /., Brussels.
bruyamment, adv,, noisily,
conspicuously.
bruyant, -e, adj., noisy.
bûche,/, log.
budget, m.y budget, prospectus
of expenses.
bureau, m., office, desk, board.
bureaucratie,/, bureaucracy.
buste, m.f bust.
but (pr. bu), m., goal,
butin, w., booty.
buvette,/, refreshment room.
byzantin, -e, adj., Byzantine;
loquacious.
ç'a«celaa.
cabale,/, cabal.
cabare^ m,, tavern.
cabaretier, m., tavern keeper.
cabinet, w., study, private
apartment; — de lecture,
reading room; — d'affaires,
office; — de physiaue. phys-
ical laboratory ; — littéraire,
reading room.
cabriolet, m., cab.
cacher, /r., to hide; on se
cachait de sotifÉrû* par
bonne éducation, good man-
ners made people conceal
their sufFerings.
cacheter, /r., to seal.
cadastrer, /r., to survey and
appraise.
cadAvre, m., corpse.
cadeau, m., présent, gift.
cadre, m., frame; limit; hors
— f unique.
café, m., cofifee; coffeehouse;
saloon; politique de — ,
drink-begotten political théo-
ries; — au lait, coflFee with
milk.
cahier, m., copy book, mémo-
rial; brief.
Gain, m., Gain.
calcul, m.y calculation; par J
— d'intérêt privé, out of '
selfish considérations.
calculateur, m., calcula tor,
watchful observer.
calculer, /r., to calculate.
calibre, m., caliber.
calme, adj.y still, calm, tran-
quil.
camarade, m., comrade.
camaraderie,/, comradeship. ^
camisole, ^., dressing jacket;
— de nuit, nightgown.
Origines de la France Contemporaine 191
campagnard, m., countryman.
campagnei /., country; cam-
paign.
canaille,/., rabble, riffraff.
canal, m., canal, channel.
candeur, /,, candor, upright-
candidat, m., candidate.
canne, /., walking stick, cane;
— à epèe, sword cane.
cannibale, m., cannibah
canon, m., gun, cannon.
canoniser, /r., te canonîze,
sanctify.
canonnier, m., gunner, artil-
leryman.
cantate,/., cantata.
cantique, m., canticle, song,
hymn.
canton, m., canton,
cantonner, refl., to fortify one's
self; justify one's self.
cantonnier, m., road labojer.
capable, adj.y capable, able.
capacité,/, capadty.
capitaine, m., captain.
capital, m., capital, stock.
capitale,/, chief city, capi-
tal.
capitaliste, m., capitalist.
capitulation, /., capitulation.
capter, /r., to court, coax,-
wheedle, win (over).
car, conj., for, because.
carabinier, m., rifleman.
caractère, m., character, char-
acteristic.
caractérisé, -e, adj., marked,
acute.
caractériser, /r., to charac-
terize. describe.
cardinal, m., cardinal.
caresse, /, caress, endear-
ment.
caresser, /r., to caress.
carmagnole, /, carmagnole
(a revolutionary song and
dance).
carnage^ m., slaughter.
camassi-er, -ère, adj., car-
nivorous.
carpe,/., carp.
carré, -e, adj.^ square.
carreau, m., cushion.
carrefour, m., cross roads;
Street corner; les — s d'une
▼ille, public places of a town.
carrière,/, career; donner — ,
to give free course; se don-
ner — ^ to indulge one*s
fancy.
carro^e, m., coach.
Carrousel (place du), large
square between the Louvre
and the Tuileries in Paris.
carte,/, ticket, bill.
cas, w., case, event; dans le —
où, in case that; en tout — ,
anyway.
cascade,/, waterfall, cascade.
caser, /r., to find a place for,
file away.
caserne, /., barracks.
casquette,/., cap.
casser, tr.^ to breedc; nullify.
casserole,/, saucepan.
catapulta/., catapult.
catégorie,/., category, class.
Caucase, m., Caucasus.
cauchemar, m., nightmare.
cause, /., cause.
causer, tn/r., to cause; chat.
causeu-r, -se, adj,^ talkative;
n. m., talker.'
cavalier, w., cavalier, escort,
rider.
cave,/, cellar.
caverne,/, den.
ce /ï^-cda^r r. ---.iiù: le
CCCly ^/ r
ceDiile;»/. cr^
cciai, « . ccfle,/~ccn,
r..s:. fier: tbcj. tbtn; thit.
tetit, adj,, tzsdTtfi; poor —,
perceau
cenlainc^/, boaiircri.
Ctfatnily -e, #d[;.. centrai.
ceatndlMtioa, /., centraliza-
tion,
CClltraliiery i>'., to cer.railze.
eeatrtf «»,, cerner, kozc. au —
m tJ»e center.
cependant, oJi-., mcanwhile,
m the meantîme, howcver.
ce qui, ce qtse, that which,
what,
CM'Cle, m,, didey ring,
CM'Ciieily m,, ooffiiu
eértaonie^ /., ceremony;
mattre de —4, master of
cérémonies.
C^ r^. #a/>), m,, stag.
ceftiin« '-e, (u//., certain.
certftiiieme&t| (u/v., cerUinly.
eertet^ adv.t indeed, certainly.
certitude^/., certainty.
cerveau, m.^ brain.
cervelle,/., brain.
cette,/, reasing; tans —, in-
ceisantly.
de — t pcirate scr%--
aai: ceadiîflHHBe de la
— ^ gc^i^erian ïn vaîtiiig:
le — ^, chambcr-
ùdd: sv le — ,
at oace; — dTactîoii, âcki
of action.
, fli^ Champagne.
,7.,luck, HkelOiood.
_ , JB., change.
changer, tr^ to change.
chanoinr, m^ canon.
chanson,/., song.
chanter, tr., to sing.
chapeau, m., hat; — de paille»
stiaw hat.
chapelle, /., cfaapd; maître
de — f precenlor.
chaqae, adj., each, eveiy.
charhon, m., coal, embers,
cbarcokl; — allumé, lighted
coal.
chardon, m., thîstle.
charge,/., load; charge; com-
mission; duty, task; femme
. de — f honsekeeper.
charger, tr., to charge, ac-
centuate, load, fill; refl.y to
undertake, take upon one's
self, become laden.
Origines de la France Contemporaine 193
charité,/., charity; faire la —,
to give alms.
charuttanismey m., quackery,
imposture.
charmant, -e, adj.^ charming,
delightful.
charme, m., charm.
charnier, m., charnel house.
charpentier, m.y carpenter.
charretier, m., carter,
charrette/., cart.
charron, m., wheelwright.
charrue,/., plow.
chasse,/., chase; partie de —,
hunting party.
chasser, tr, and intr., to drive,
expel, hunt, chase.
chassem", m., hunter.
chaste, adj.^ chaste.
chat, -te, m. andf.y cat.
châtaignier, m., chestnut tree.
chAteau, m., castle, palace.
châtelain, m., castellan; lord
of the xnanor.
chat-tigre, m., tiger cat.
chaud, m., beat, warmth.
chaud, -e, ad]., warm; tierce,
violent; bot.
chauffer, /r., to beat, warm.
chaume, m., stubble; tbatcb.
chaumière,/, cottage, but.
chausser, /r., to put on {shots),
chauz;/, lime.
chef, f»., cbief, ringleader; —
de cuisine, bead cook; —
d'État^ statesman.
chemin, m.^ road; faire son
— ^ to get along; make one's
way.
cheminée, /., cbimney, fire-
place.
chemise,/, sbirt.
chenapan, m., vagabond.
chêne, f»., oak.
cher, chère, ad],y dear, expen-
sive.
chercher, /r., to seek; try.
chéti-f, -ve, ad]. y pitiful;
wretcbed.
cheval, m., borse; — de meule,
borse in a treadmill; tou-
jours à — sur les princi-
pes, always mounted on a
hobby, alwa3rs tbeorizing.
chevaucher, inir., to ride
borseback; to bestride.
cheveu, m., bair.
chez, prep.y to; among; at tbe
bouse of ; witb, of, into, in
tbe case of.
chicane, /., cavil, quibble;
aboyeurs de — ^ gens de — ,
pettifoggers.
chien, m., dog.
chiffon, m.y rag.
chifbre, m., figure, digit.
chimère,/., cbimera, bobby,
fancy, dream.
chirurgien, m., surgeon.
chœur, m., chorus.
choisi, -e, p. p. and adj.,
cbosen, sélect.
choisir, /t., to cboose, select.
choix, m.y cboice, option.
chômer, intr., to abstain from
work, be out of work, idle;
to be sbut down.
chopper, intr., to falter, stum-
ble.
chose,/, tbing, mattc^r; autre
— , anytbing else; — publi-
?[ue, public affairs; repub-
ic.
chrétien, -ne, adj.y Christian.
ciel, m., beaven; sky.
cierge, m., wax taper.
ciguë \pr. si-gu),f., bitter bem-
lock {poison).
194 Origines de la France Contemporaine
cimei/., top, summit, goal.
cinqy num. adj., five.
Cinq-Cents; Conseil des —,
political assembly which,
with les Anciens, consti-
tuted the législative body
of the republican govern-
ment.
cinqtiante, num. adj.j ûfty.
cinquante-six, num. adj.,
fifty-six.
cinquième, m., ûfth part; fifth.
circonspect, -e, adj., circum-
spect, wary, cautious.
circonstance,/., circumstance;
— s, environment.
circuit, m., circuit.
cité,/, City.
citer, /r., to cite.
citoyen, w., -ne,/., citizen.
civière,/., litter, stretcher.
civil, -e, adj.^ civil.
civilisation, /., civilization.
civisme, m., patrîotism.
clair, -e, adj.^ clear.
clairement^ adv.^ clearly.
clairvoyance, /., acuteness;
clairvoyance; inspiration, in-
tuition; exceptionally acute
vision.
clameur,/., clamer.
clan, m.t clan.
clarté,/., splendor; light, glow.
classe,/., class.
classique, adj., classic.
clause, /., clause.
clerc (pr. klair), m., clerk.
cletg^ w., clergy.
clientèle, /., clients; retainers,
foUowing.
cl^oter, intr., to blink.
climat^ m.y clîmate.
cloche,/., bell.
clopiner, intr., to limp.
clore, /r., to fence in, shut in.
clos, -e, adj.f shut, closed;
portes closes, secretly.
clôture,/, closing.
club, w., club.
clubiste, m., club member,
clubman.
cochon, m., hog.
code, m., code; law.
cœur, m.y heart, courage; ami
de — , bosom friend.
cohérent, -e, adj., cohérent,
consistent.
cohésion,/., cohésion.
coi, -te, adj., quiet.
coine,/., headdress.
coiffé, -c (de), adj., wearing
(on the head).
coiffer, tr., to dress the hair,
put on the head.
coiffure, /, féminine head-
dress, coif, hood, hairdress.
coin, m., corner.
coLm., neck.
colère,/, anger.
colérique, adj., coleric, pas-
sionate.
collaborateur, m., assistant,
coworker, colleague.
collecti-f, -ve, adj., collective,
joint.
coUège, m., boarding school,
collège,
collègue, m., colleague.
collier, m., collar.
coloneL m., colonel.
colonial, -e, adj., colonial,
colorier, ir., to color.
colossal, -e, adj,, colossal, in-
ordinate.
colosse, m., colossus, gîant.
colporter, ir., to spread; re-
tail; peddle.
combat, m., combat.
Origines de la France Contemporaine 195
combattant, m., combatant,
fighter.
combattre, /r., to ûght.
combien, adv.^ how much?
how many? how?
combinaison,/., combination,
permutation, scheme, plan.
combiner, /r., to combine,
unité.
comble, m.^ zénith, top, peak;
pour — ^ in addition, as a last
straw; à lem* — , at their
work.
combler, tr.^ to heap, crown,
crowd.
combustible, adj., combusti-
ble.
comédie,/., comedy.
comédien, m., co médian, ac-
tor.
comestible, m., provisions.
comices,/ pi. {antiq.), comitia,
élections.
comité, m. y committee.
commandant, m., major, com-
mander.
commande,/., command.
commandement, m., com-
mand; order; law.
commander, /r., to order, gov-
ern, be in control of.
comme, adv.f as, like, as it
were.
commencement, m., begin-
ning.
commencer, /r., to begîn.
comment, adv., how?
commenter, /r., to comment
upon.
conmierçant, m., business
man.
commerçant, -e, adj., com-
mercial; busy.
commerce, m., trade.
conmiercer, intr., to trade,
engage in commerce.
conmierdal, -e, adj., com-
mercial.
commettre, /r., to commit.
commis, m., clerk; book-
keeper.
commissaire, m., commis-
sioner.
commode, adj.f commodious,
convenient.
commun, -e, adj.^ common;
w., common people, aver-
age; en — , together with
the rest.
communauté, /, community,
public.
compagnie, /, company, So-
ciety; être de bonne —, to
be well bred.
compagnon, m., fellow, com-
panion, journeyman.
comparable, adj.^ comparable,
to be compared with.
comparaître, in/r., to appear.
comparse, w., supernumera-
compartiment, m., division.
compassé, adj., formai, stifl,
stflted.
compatriote, m. or /., com-
patriot.
compenser, /r., to compensate;
balance.
compétence, /., competency.
compétent, -e, adj.y com-
pétent, able.
complaisamment, adv., com-
placently, obligingly.
compl-et, -ète, adj.^ complète.
complication,/, intrîcacy.
complice, m. orf., accomplice.
compliqué, -e, adj.^ intricate.
complot, m.j plot.
196 Origines de la France Contemporaine
comploter, tr., to scheme.
comporter, /r., to permît; re-
quire; include, involve; carry
with it.
composer, /r., to form; com-
pose; se — , to be reserved,
composed.
composition, /., composition,
make-up.
compréhension, /., compré-
hension.
comprendre, tr., to compre-
hend; comprise; understand;
inciude.
comprimé, -e, adj.j com-
pressed; repressed.
compromettant, adj., dan-
gerous; compromising.
compromettre, tr.y to com-
promise, endanger.
comptable, m., accountant.
compte, m.f reckoning; esteem;
acçount; être en — avec
l'Etat, to hâve a bill with
the State, be involved with
, the State; — rendu, report;
se faire rendre — ^ to profit
by, avail one's self of.
compter, ir.y to reckon, count,
dépend.
comte, m., count.
conception,/., idea.
concert^ w., concert; de —
avec, in concert with.
concerter, /r., to contrive, ef-
fect.
concevoir, /r., to conceive.
Conciergerie, /., prison in
Paris for the confinement
of polîtical prisoners con-
demned to death.
concile, m., council.
conciliabule, m., conventicie,
cabal, secret conférence.
conciliant, -e, adj., conciliat-
ing, conciliatory.
concitoyen, m., fellow-citizen.
conclave, m., conclave,
concordant, -e, ckIj., harmo-
nious.
concordat, m., concordat,
concorde,/., concord.
concourir, intr., to conspire,
compete; combine, coopéra te;
concur.
concours, m., coopération,
contest, conpetition.
concurrent, m., comp>etitor.
condamné, m., convict.
condescendance, /., conde-
scension, complaisance.
condition, /., condition, call-
ing, requirement; rank; cir-
cumstances; à ces — s, im-
der thèse conditions.
condottiere (liai.), m., leader.
conducteur, m., leader, guide;
— de train, driver, log-raft
runner.
conduire, tr., to conduct,
carry on, drive, bring; se — ,
to behave, be one*s own
master.
conduite,/., conduct, demean-
or, guidance.
confédération,/., league.
conférer, tr., to bestow, grant,
confer.
confesser, tr., to confess, hear
confession of ; refl., to make
confession.
confiance,/, confidence.
confiant, -e, adj., sanguine,
confiding.
confier, tr., to confide, trust.
confiner, intr., to border upon.
confirmer, tr., to confirm.
confiscation,/, forfeiture.
Origines de la France Contemporaine 197
conflit, m,, strife, conâict.
confonnep adj., confonnable,
in comtormity with, sulted,
adapted.
confonnémenty adv., conform-
ably, accordingly ; — à, in ac-
cordance with, suitabiy.
confrère^ m., feilow-member,
colleague.
confusément, adv.j vagueiy,
confusedly.
conjointement, adv., con-
jointly, altogether.
conjugal, -e, adj., conjugal.
connaissance, /., knowledge;
acquaintance.
connaître, tr., to know.
connivence, /., connivance.
connu, -e, adj.y known, well
known.
conquérant, -e, adj., conquer-
ing; n. m,, conqueror.
conquérir, tr., to conquer.
conquête,/., conquest.
consacrer, tr.^ to consecrate.
conscience, /., conscience,
consciousness.
conseil, m., council; ad vice.
conseiller, m., ad viser.
conseilleur^ m,, adviser (who
gives advice unasked).
consentir, ir. and intr.^ to con-
sent, approve; vote.
conséquence, /., conséquence.
conséquent, m.\ par — y con-
sequently.
conserver, /r., to préserve.
considérer, /r., to consider, re-
gard, esteem; examine.
consigne,/., order {mil.).
consigner, tr., to keep in, de-
tain.
consister, intr., to consîst.
consoler, /r., to console.
consommation, /., consum-
mation; consumption.
conspirateur, m., conspira-
tor.
constamment, adv., constant
constance, /., constancy, fix-
ity.
constant, -e, adj., unchanging.
constituant, -e, adj., consti-
tutional.
Constituante, /., Constitu-
tional convention,
constituer, tr., to form or
change a constitution, es-
tablish a constitution.
constitution, /., constitution,
original make-up.
constructeur, m., builder.
construction, /. , construction .
construire, tr., to construct.
consul, m., consul.
consulaire, adj., consular.
consulter, tr., to consult, con-
sider.
consumer, tr., to use up,
spend.
contagieu-x, -se, adj., infec-
tions.
contagion,/., contagion.
conte, m,, stoiy.
contemplation, /. , conte mpla-
tion; stargazing.
contempler, tr., to contem-
plate.
contemporain, -e, n. and adj.,
contemporary, modem.
contenance, /, air, deport-
ment.
contenir, tr., to restrain, con-
tain, hold.
content, -e, adj., glad.
contenter, tr., to satisfy; se —
(de), to be satisfied {with).
198 Origines de la France Contemporaine
contenu, m., the contents.
contenu, -e, adj.y self-con-
trolled, reserved.
conter, /r., to relate.
contestation, /., litigation,
suit; les — s qu'ils ont com-
me parties, the suits in
which they are interested.
contester, tr., to contest, dis-
pute.
continu, -e, adj.y continuai,
enduring, lasting; consist-
ent.
continuer, intr.y to continue.
contour, m., outline.
contracter, /r., to con tract.
contraction,/., contraction.
contradictoire, adj.y contra-
dictory.
contraindre, /r., to constrain,
overcome, control, compel.
contraint, -e, adj.y sti£f, un-
natural.
contrainte,/., constraint, com-
pulsion.
contraire, adj. and n. m., con-
trary, opposed, adverse; au
— , on the contrary.
contrariété, /., annoyance,
vexation.
contraste, m., contrast.
contrat, m., contract.
contre, prep.y against.
contrebandier, m., smuggler.
contre-coup, w., ccunter-
biow, effect; par — ^ as an
indirect conséquence.
contre-révolutionnaire , adj. ,
antirevolutionary.
oontre-vérité, /., irony; ab-
surdity.
contrôle, w., control; vérifica-
tion, check.
contrôler, tr., to control,
check; meddle with; super*
vise.
contrôleu-r, -se, m. and /.,
controUer, registrar, super-
visor; — général, controUer
in chief.
controuver, /r., to forge, con-
trive falsely.
convaincu, -e, adj., convinced,
convicted.
convenance, /, ûtness, con-
gruity, formality, propriety;
convention, compatibÛity.
convenir, intr., to agrée; suit,
fit; admit, seem fitting.
convention, /., convention,
form, formality.
conventionnel, m., member
of the National Convention.
convenu, -e, adj., agreed
upon, generally accepted.
conversation, /., conversa-
tion.
convertir, /r., to convert,
transform.
convive, m. arf., guest.
convoi, m., convoy, train, pro-
cession, shipload.
convoquer, /r., to convoke.
convulsé, -e, adj., convulsed.
convulsi-f, -ve, adj., convul-
sive, fitful.
convulsivement, adv., con-
vulsively.
coordination, /., coordina-
tion.
copie,/., copy, imitation.
copieu-x, -se, adj., copious,
bounteous.
coq, m., cock; — de bruyère,
m. y grouse.
coquin, m,, knave.
Coran, m., Koran.
corbeille,/., wide basket.
Origines de la France Contemporaine 199
corde,/., cord, rope.
CordeUers, Club des — ,
Danton's Club.
cordial, -e, adj,f cordial.
cordon, m., nbbon; — bleu,
sash indicating membership
in the order of the Holy
Ghost.
cornac, m., éléphant driver,
mahout.
corporel, -le, adj., corporal,
pnysical.
corps, m., body; garde du —,
bodyguard.
Corps législatif, the légis-
lative branch of the repub-
lican government, consist-
ing of the Conseil des
Anciens and the Conseil
des Cinq- Cents.
correct, -c, adj\, correct, irre-
proachable.
correction, /., correction; en
— ^ for punishment.
correspondance, /., corre-
spondence.
corrompre, /r., to comipt, per-
vert, debase.
corsaire, m., privateer.
Corse,/., Corsica.
Corse, m.y Corsican.
cortège, m., procession.
corvée, /., irksome toil; un-
remunerated labor due the
lord of the manor from the
vassal.
costume, m., costume; man-
ners.
costumer, tr.^ to costume.
cote, /., quota, figure, assess-
ment, tax.
côte, /., rib; coast; — à — ^
side by side.
côté, m.f side, respect; — droit,
administration party; à —
de, by, near, beside.
coteau, m,, declivity, slope,
hillside.
coterie,/., coterie, club.
cou, m.f neck; — de taureau,
buU neck; couper le — , to
eut off the head.
couche, /., bed, layer, stratum.
coucher, tr. and intr,, to lay
(lie) down; sleep; se — , to go
tobed.
coude, m.f elbow.
coudre, /r., to sew.
coulant, -e, <uf/., flowing.
couler, intr.f to flow; run.
couleur, /., color.
coup, m.f blow, knock, deed;
shot; un plus grand -— , a
greater haul; — de balai,
sweeping; — de pied, kick;
— de fusil, shot; faire de
beaux — s, make a good
haul; du même — ^ at the
same time; — de pistolet,
pistol shot; — de canne,
blow with a stick; après — ^
too late; — de force, vio-
lence; tout d'un — ^ sud-
denly; — de main, act of
daring, violence; — de vin,
draft of wine.
coupable, m., criminal, cul-
prit.
coupable, <uf/., guilty.
coupé, -e, adj., eut, short.
couper, ^r., to eut oflF, lop off,
eut.
coupe-tête, m. y executioner.
cour, /., court; faire — à, to
pay court to.
courage, m., courage.
couramment, <ufv., fluently,
glibly.
iço Origines de la France Contemporaine
brillant, -e, adj., bright,
showy.
briller, intr., to shine.
briser, /r., to break, shatter.
broc (pr, bro)y w., jug.
broche,/., spit, rod, pike.
brochure,/., pamphlet.
broderie,/, embroidery.
brosser, /r., to bnish.
brouiller, /r., to jumble, con-
fuse.
broussailles,/ pi., bushes.
bruire, inlr.y to rustle, roar.
bruit, m., noise; report, sound.
brûlé, -e, adj., burned, hot.
brûler, /r. and intr,, to burn,
fire.
brusque, adj., blunt; sudden,
unexpected.
brusquement, adv,, suddenly,
rudely.
brut, -e, cLdj.f rough, coarse,
crude.
brutal, -e, adj., brutal, brut-
îsh.
brutalement, adv., brutally.
brutalité, /., brutality, stu-
pidity.
brute, /., brute.
Bruxelles,/., Brussels.
bruyamment, adv,, noisily,
conspicuouây.
bruyant, -e, adj., noisy.
bûche,/, log.
budget, m., budget, prospectus
of expenses.
bureau, m., office, desk, board.
bureaucratie,/, bureaucracy.
buste, m., bust.
but (pr. hu), m.y goal,
butin, m., booty.
buvette,/, refreshment room.
b]rzantin, -e, adj., Byzantine;
loquadous.
c'a» cela a.
cabale,/, cabal.
cabaret, m,, tavern.
cabaretier, m., tavern keeper.
cabinet, m., study, private
apartment; — de lecture,
reading room; — d'affaires,
office; — de physiqu^ phys-
ical laboratory; — littéraire,
reading room.
cabriolel^ m., cab.
cacher, /r., to hide; on se
cachait de soufErir par
bonne éducation, good man-
ners made people conceal
their sufferings.
cacheter, ir., to seal.
cadastrer, /r., to survey and
appraise.
cadavre, m., corpse.
cadeau, m., présent, gift.
cadre, m., frame; limit; hors
— f unique.
café, m., cofifee; coffeehouse;
saloon; politique de — ^
drink-begotten political théo-
ries; — au lait, coffee with
milk.
cahier, m., copy book, mémo-
rial; brief.
Gain, m., Gain.
calcul, m.y calculation; par «
— d'intérêt privé, out of
selfish considérations.
calculateur, m., calculator,
watchful observer.
calculer, ir., to calculate.
calibre, m., caliber.
cahne, adj.y still, calm, tran-
quil.
camarade, m., comrade.
camaraderie,/, comradeship. ^
camisole, ^., dressing jacket;
— de nuit, nightgown.
Origines de la France Contemporaine 191
campagnard, m,^ countryman.
campagne, /., country; cam-
paign.
canaille,/., rabble, riffraff.
canal, m., canal, channel.
candeur, /., candor, upright-
candidat, m., candidate.
canne, /., walking stick, cane;
— à épèe, sword cane.
cannibale, m., cannibah
canon, m., gun, cannon.
canoniser, tr,^ to canonize,
sanctify.
canonnien m., gunner, artil-
leryman.
cantate,/., cantata.
cantique, m., canticle, song,
hymn.
canton, m., canton.
cantonner, refl., to fortify one*s
self; justify one's self.
cantonnier, m., road labojer.
capable, adj., capable, able.
capacité,/., capacity.
capitaine, m., captain.
capital, m., capital, stock.
capitale,/, chief city, capi-
tal,
capitaliste, m., capitalist.
capitulation, /., capitulation.
capter, /r., to court, coax,-
wheedle, win (owr).
car, coni.y for, because.
carabinier, m., rifleman.
caractère, m., character, char-
acteristic.
caractérisé, -e, adj., marked,
acute.
caractériser, /r., to charac-
terîze. describe.
cardinal, m., cardinal.
caresse, /., caress, endear-
ment.
caresser, /r., to caress.
carmagnole, /, carmagnole
(a revoltUionary song and
dance),
carnage^ m., slaughter.
camassi-er, -ère, adj.^ car-
nivorous.
carpe,/., carp.
carré, -€^ adj,, square.
carreau, m., cushion.
carrefour, m., cross roads;
Street corner; les — s d'une
ville, public places of a town.
carrière,/., career; donner — ,
to give free course; se don-
ner — , to indulge one's
fancy.
carrosse, m., coach.
Carrousel (place du), large
square between the Louvre
and the Tuileries in Paris.
carte,/, ticket, bill.
cas, f»., case, event; dans le —
où, in case that; en tout — ,
an3rway.
cascade,/., waterfall, cascade.
caser, ^., to find a place for,
file away.
caserne, /., barracks.
casquette,/., cap.
casser, ^., to break; nullîfy.
casserole,/., saucepan.
catapulte,/, catapult.
catégorie,/., category, class.
Caucase, m., Caucasus.
cauchemar, m., nightmare.
cause, /., cause.
causer, intr,, to cause; chat.
causeu-r, -se, adj,j talkative;
n. m., talker.
cavalier, m., cavalier, escort,
rider.
cave,/, cellar.
caverne,/., den.
192 Origines de la France Contemporaine
ce, dem. pron., he, she, it.
ce, -t, -tte, — s, dem. adj.y this,
that, thèse.
ce (for cela), it, that; he, she.
ceci, pron.y this.
ceinture,/., belt, girdle.
cela, pron,, that, this; par —
seul, by the very fact.
célèbre, adj.^ famous.
célébrité,/., famé.
cellule,/, cell.
celtii, m.y celle,/., ceux, celles,
/>/., dem, pron., he, she;
him, her; they, them; that,
those; the one(s).
cendre,/., ashes.
censeur, m., censor.
cent, adj.f hundred; pour — ,
per cent.
centaine,/., hundred.
central, -e, adj.j central.
centralisation, /., centraliza-
tion.
centraliser, tr., to centralize.
centre, m., center, core; au —
in the center.
cependant, adv., mcanwhile,
in the meantime, however.
ce qui, ce que, that which,
what.
cercle, m., drcle, ring.
cercueil, m., coffin.
cérémonie, /., ceremony;
midtre de — s, master of
cérémonies.
cerf (pr. sair)y m., stag.
certain, -e, adj.y certain.
certainement, adv.j certainly.
certes, adv.y indeed, certainly.
certitude,/., certainty.
cerveau, m.y brain.
cervelle,/., brain.
cesse, /., ceasing; sans — ^ in-
cessantly.
cesser, tr., to cease.
c'est-à-dire, that is.
chacun, -e, pron.y every one.
chagrixi, m., sorrow, grief,
trouble, discontent.
chaîne,/, chain.
chair,/., flesh,
chaise,/, chair.
chaleur,/, heat, zeal, warmth.
chaloupe,/, long boat.
chambellan, m., Chamber-
lain.
chambre, /., chamber, room;
valet de — , private serv-
ant; gentilhomme de la
— , gentleman in waiting;
femme de — , chamber-
maid.
champ, m.y field; sur le — ,
at once; — d'action, field
of action.
Champagne, m.y Champagne.
chance,/., luck, likelihood.
changement, m., change.
changer, /r., to change.
chanoine, m., canon.
chanson,/, song.
chanter, tr.y to sing.
chapeau, m.y hat; — de paille,
straw hat.
chapelle, /., chapel; maître
de — ^ precentor.
chaque, adj.y each, every.
charbon, m., coal, embers,
charcoal; — allumé, lighted
coal.
chardon, m.y thistle.
charge,/, load; charge; com-
mission; duty, task; femme
. de — ^ housekeeper.
charger, tr.y to charge, ac-
centuate, load, fill; refl.y to
undertake, take upon one' s
self, become laden.
Origines de la France Contemporaine 193
charité,/., charity; faire la —,
to eive alms.
charuitanismey m., quackery,
imposture.
charmant, -e, adj.y charming,
delightful.
charme, m., charm.
charnier, m.y charnel house.
charpentier, m., carpenter.
charretier, m,, carter,
charrette,/., cart.
charron, m.y wheelwright.
charrue,/., plow.
chasse,/, chase; partie de — ,
hunting party.
chasser, tr, and intr., to drive,
expel, hunt, chase.
chasseur, m., hunter.
chaste, adj.y chaste.
chat, -te, m, andf.j cat.
châtaignier, m., chestnut tree.
château, m., castle, palace.
châtelain, m., castellan; lord
of the manor.
chat-tigre, m., tiger cat.
chaud, f»., beat, warmth.
chaud, -e, adj., warm; tierce,
violent; hot.
chauffer, tr., to beat, warm.
chaume, m., stubble; tbatcb.
chaumière,/., cottage, but.
chausser, tr., to put on (shoes).
chaux,/, lime.
chef, m., cbief, ringleader; —
de cuisine, bead cook; —
d'État, statesman.
chemin, m., road; faire son
— f to get along; make one's
way.
cheminée, /., cbimney, fire-
place,
chemise,/, sbirt.
chenapan, m., vagabond.
chêne, m., oak.
cher, chère, adj., dear, expen-
sive.
chercher, tr., to seek; try.
chéti-f, -ve, adj., pitiful;
wretcbed.
cheval, m., borse; — de meule,
borse in a treadmill; tou-
jours à — stu" les princi-
pes, always mounted on a
hobby, always tbeorizing.
chevaucher, intr., to ride
borseback; to bestride.
cheveu, m., hair.
chez, ^ep., to; among; at tbe
bouse of ; witb, of, into, in
the case of .
chicane, /, cavil, quibble;
aboyeurs de — ^ gens de —,
pettifoggers.
chien, m., dog.
chiffon, m., rag.
chiffre, m., figure, digit.
chimère, /., cbimera, hobby,
fancy, dream.
chirurgien, m., surgeon.
chœur, m., chorus.
choisi, -e, p. p. and adj.,
cbosen, sélect.
choisir, tr., to cboose, sélect.
choix, m., cboice, option.
chômer, intr., to abstain from
work, be out of work, idle;
to be sbut down.
chopper, intr., to falter, stum-
ble.
chose,/, tbing, matte^r; autre
— , anytbing else; — publi-
q[ue, public affairs; repub-
chrétien, -ne, adj., Christian.
ciel, m., beaven; sky.
cierge, m., wax taper.
ciguë [pr. si-gu),f., bitter bem-
lock (poison).
194 Origines de la France Contemporaine
cisne^f., top, summit, goal.
cinq, num. adj., ûve.
Cinq-Cents; Conseil des —,
political assembly which,
with les Anciens, consti-
tuted the législative body
of the republican govern-
ment.
cinquante, num. adj., fifty.
cinquante-six, num. adj. ,
fifty-six.
cinquième, w., fifth part; fifth.
circonspect, -e, adj., circum-
spect, wary, cautious.
circonstance,/., circumstance;
— s, environment.
circuit, m., circuit.
cité,/., city.
citer, tr., to cite.
citoyen, m., -ne, /., citizen.
civière,/., litter, stretcher.
civil, -e, adj,, civil.
civilisation, /., civilization.
civisme, m., patriotism.
clair, -e, adj., clear.
clairement, adv., clearly.
clairvoyance, /., acuteness;
clairvoyance; inspiration, in-
tuition; exceptionally acute
vision.
clameur,/., clamor.
clan, m., clan.
clarté,/, splendor; lîght, glow.
classe, /., class.
classique, adj., classic.
clause,/., clause.
clerc (pr. klair), m., clerk.
cletg^ m., clergy.
clientèle, /., clients; retainers,
following.
clignoter, intr., to blink.
climat, m., climate.
cloche,/., bell.
clopiner, intr., to limp.
clore, tr., to fence in, shut in.
clos, -^ adj., shut, closed;
portes closes, secretly.
clôture,/., closing.
club^ m., club.
clubiste, m., club member,
clubman.
cochon, m., hog.
code, m., code; law.
cœur, m., heart, courage; ami
de — , bosom friend.
cohérent, -e, adj., cohérent,
consistent.
cohésion,/., cohésion,
coi, -te, adj., quiet,
coine,/., headdress.
coiffé, -e (de), adj., wearing
(on the head).
coiffer, tr., to dress the hair,
put on the head.
coiffure, /, féminine head-
dress, coif, hood, hairdress.
coin, m., corner.
coLm., neck.
colère,/, anger.
colérique, adj., coleric, pas-
sionate.
collaborateur, m., assistant,
coworker, coUeague.
collecti-f, -ve, adj., collective,
joint.
coUège, m., boarding school,
collège,
collègue, m., coUeague.
collier, m., coUar.
coloneL m., colonel.
colonial, -e, adj., colonial,
colorier, /r., to color.
colossal, -e, adj., colossal, in-
ordinate.
colosse, ffi., colossus, giant.
colporter, tr., to spread; re-
tail; peddle.
combat, m., combat.
Origines de la France Contemporaine 195
combattant, m., coxnbatant,
fighter.
combattre, tr., to fight.
combien, adv., how much?
how many? how?
combinaison,/., combination,
permutation, schéma, plan.
combiner, tr., to combine,
unité.
comble, m., zénith, top, peak;
pour — ^ in addition, as a last
straw; à leur — , at their
work.
combler, /r., to heap, crown,
crowd.
combustible, adj., combusti-
ble.
comédie, /., comedy.
comédien, m., comedian, ac-
tor.
comestible, m., provisions.
comices,/, pi. (antiq.)^ comitia,
élections.
comité, m., commit tee.
commandant, m., major, com-
mander.
commande,/., command.
conmiandement, m., com-
mand; order; law.
commander, /r., to order, gov-
ern, be in control of.
comme, adv.j as, like, as it
were.
commencement, m., begin-
ning.
commencer, /r., to begin.
comment, adv.f how?
commenter, /r., to comment
upon.
commerçant, m., business
man.
commerçant, -e, adj., com-
mercial; busy.
commerce, m., trade.
commercer, intr.y to trade,
engage in commerce.
commercial, -e, adj.y com-
mercial.
commettre, /r., to commit.
commis, m., clerk; book-
keeper.
commissaire, m., commis-
sioner.
commode, adj., commodious,
convenient.
commun, -e, adj., common;
m., common people, aver-
age; en — , together with
the rest.
communauté, /., community,
public.
compagnie, /., company, So-
ciety; être de bonne — , to
be well bred.
compagnon, m., fellow, com-
panion, journeyman.
comparable, adj., comparable,
to be compared with.
comparaître, intr., to appear.
comparse, m., supernumera-
ry-
compartunent, m., division.
compassé, adj., formai, stiff,
stilted.
compatriote, m. or /., com-
patriot.
compenser, tr., to compensate;
balance.
compétence, /., competency.
compétent, -e, adj., com-
pétent, able.
complaisamment, adv., com-
placently, obligingly.
compl-et, -été, adj., complète.
complication, /., intricacy.
complice, m. or/., accomplice.
compliqué, -e, adj., intncate.
complot, m., plot.
iQÔ Origines de la France Contemporaine
comploteTi tr., to scheme.
comporter^ ir., to permit; re-
quire; indude, involve; carry
with it.
composeTy /r., to form; com-
pose; se — f to be reserved,
composée.
composition, /., composition,
make-up.
compréhension, /., compré-
hension.
comprendre, tr., to compre-
hend; comprise; understand;
include.
comprimé, -e, adj.j com-
pressed; repressed.
compromettant, <idj.y dan-
gerous; compromising.
compromettre, /r., to com-
promise, endanger.
comptable, m., accountant.
compte, m.f reckoning; esteem;
acçount; être en — avec
l'Etat, to hâve a bill with
the State, be involved with
, the State; -^ rendu, report;
se faire rendre — , to profit
by, avail one's self of.
compter, /r., to reckon, count,
dépend.
comte, m.y count.
conception,/., idea.
concert, w., concert; de —
avec, in concert with.
concerter, /r., to contrive, ef-
fect.
concevoir, /r., to conceive.
Conciergerie, /., prison in
Paris for the confinement
of political prisoners con-
demned to death.
concile, m., council.
conciliabule, m., conventicle,
cabal, secret conférence.
conciliant, -e, adj., conciliât-
ing, condliatory.
concitoyen, m., fellow-citizen.
conclave, m., conclave.
concordant, -e, adj.f harmo-
nious.
concordat, m., concordat,
concorde,/., concord.
concourir, inir., to conspire,
compete ; combine, coopéra te ;
concur.
concours, m., coopération,
contest, conpetition.
concurrent, m., competitor.
condamné, m., convict.
condescendance, /., conde-
scension, complaisance.
condition, /., condition, call-
ing, requirement; rank; cir-
cumstances; à ces — s, un-
der thèse conditions.
condottiere (//a/.), m., leader,
conducteur, m., leader, guide;
— de train, driver, log-raft
runner.
conduire, /r., to conduct,
carry on, drive, bring; se — ,
to behave, be one*s own
master.
conduite,/., conduct, demean-
or, guidance.
confédération,/., league.
conférer, ^., to bestow, grant,
confer.
confesser, tr.j to confess, hear
confession of ; refl.j to make
confession,
confiance,/, confidence.
confiant, -e, adj., sanguine,
confiding.
confier, /r., to conôde, trust.
confiner, intr,, to border upon.
confirmer, /r., to confirm.
confiscation,/, forfeiture.
Origines de la France Contemporaine 197
eonflity m,, strife, conflict.
confonncL adj.j conformable,
in comtormity with, suited,
adapted.
confonnémenty adv.y conform-
ably, accordingly; — à, in ac-
cordance with, suitably.
confrère^ m., fellow-member,
coUeague.
confusément, adv., vaguely,
confusedly.
conjointement, adv., con-
jointly, altogether.
conjugal, -e, adj., conjugal.
connaissance, /., knowledge;
acquaintance.
connaître, tr., to know.
connivence, /., connivance.
connu, -e, adj., known, well
known.
conquérant, -e, adj., conquer-
ing; n. m., conqueror.
conquérir, /r., to conquer.
conquête,/., conquest.
consacrer, tr., to consecrate.
conscience, /., conscience,
consciousness.
conseil, m., councii; ad vice.
conseiller, m., adviser.
conseilleur^ m., adviser (who
gives advice unasked).
consentir, /r. and intr., to con-
sent, approve; vote.
conséquence,/., conséquence.
conséquent, m.\ par — , con-
sequently.
conserver, tr., to préserve.
considérer, tr., to consider, re-
gard, esteem; examine.
consigne,/., order {mil.),
consigner, tr., to keep in, de-
tain.
consister, intr., to consist.
consoler, tr., to console.
consommation, /., consum-
mation; consumption.
conspirateur, m., conspira-
tor.
constamment, adv., constant
ly-
constance, /., constancy, fix-
ity.
constant, -e, adj., unchanging.
constituant, -e, adj., consti-
tutional.
Constituante, /., Constitu-
tional convention.
constituer, tr., to form or
change a constitution, es-
tablish a constitution.
constitution, /., constitution,
original make-up.
constructeur, m., builder.
construction,/., construction.
construire, tr., to construct.
consul, m., consul.
consulaire, adj., consular.
consulter, tr,, to consult, con-
sider.
constuner, tr., to use up,
spend.
contagieu-x, -se, adj., infec-
tions.
contagion,/., contagion.
conte, m,, story.
contemplation,/., contempla-
tion; stargazing.
contempler, tr,, to contem-
plate.
contemporain, -e, n, and adj.,
contemporary, modem.
contenance, /., air, deport-
ment.
contenir, tr., to restrain, con-
tain, hold.
content, -e, adj., glad.
contenter, /r., to satisfy; se —
(de), to be satisfied {with).
198 Origines de la France Contemporaine
contenu, m., the contents.
contenu, -e, adj., self-con-
trolled, reserved.
conter, tr., to relate.
contestation, /., litigation,
suit; les — s qu'ils ont com-
me parties, the suits in
which they are interested.
contester, tr., to contest, dis-
pute.
continu, -e, adj.y continuai,
enduring, lasting; consist-
ent.
continuer, inir.y to continue.
contotn, m.f outline.
contracter, /r., to contract.
contraction,/., contraction.
contradictoire, adj., contra-
dictory.
contraindre, /r., to constrain,
overcome, control, compel.
contraint, -e, adj., stifF, un-
natural.
contrainte,/., constraint, com-
pulsion.
contraire, <idj. and n. m., con-
trary, opposed, adverse; au
— , on the contrary.
contrariété, /., annoyance,
vexation.
contraste, m., contrast.
contrat, m., contract.
contre, prep.y against.
contrebandier, m., smuggler.
contre-coup, w., ccunter-
blow, effect; par — ^ as an
indirect conséquence.
contre-révolutionnaire, adj.y
antirevolutionary.
contre-vérité, /., irony; ab-
surdity.
contrôle, m., control; vérifica-
tion, check.
contrôler, tr., to control,
check; meddle with; super*
vise.
contrôleu-r, -se, m. and /.,
controller, registrar, super-
visor; — général, controller
in chief .
controuver, /r., to forge, con-
trive falsely.
convaincu, -e, adj., convinced,
convicted.
convenance, /., ûtness, con-
gruity, formality, propriety;
convention, compatibility.
convenir, intr.y to agrée; suit,
fit; admit, seem fitting.
convention, /., convention,
form, formality.
conventionnel, m., member
of the National Convention.
convenu, -e, adj.y agreed
upon, generally accepted.
conversation, /., conversa-
tion.
convertir, tr.y to convert,
transform.
convive, m. or/., guest.
convoi, m., convoy, train, pro-
cession, shipload.
convoquer, /r., to convoke.
convulsé, -e, adj.y convulsed.
convulsi-f, -ve, adj.y convul-
sive, fitful.
convulsivement, adv.y con-
vulsively.
coordination, /., coordina-
tion.
copie, /., copy, imitation.
copieu-x, -se, adj., coplous,
bounteous.
coq, m,, cock; — de bruyère,
m. y grouse.
coquin, m., knave.
Coran, m., Koran.
corbeille, jf., wide basket.
Origines de la France Contemporaine 199
corde,/., cord, rope.
CordeUers, Club des — ,
Danton's Club.
cordial, -e, adj., cordial.
cordon, m., ribbon; — bleu,
sash indicating membership
in the order of the Holy
Ghost.
cornac, m., éléphant driver,
mahout.
corporel, -le, adj., corporal,
pnysical.
corps, fw., body; garde du — ,
bodyguard.
Corps législatif, the légis-
lative branch of the repub-
lican government, consist-
ing of the Conseil des
Anciens and the Conseil
des Cinq-Cents,
correct, -e, adj., correct, irre-
proachable.
correction, f., correction; en
— ^ for punishment.
correspondance, /., corre-
spondence.
corrompre, /r., to comipt, per-
vert, debase.
corsaire, m,, privateer.
Corse,/., Corsica.
Corse, m. y Corsican.
cortège, m., procession.
corvée, /., irksome toil; un-
remunerated labor due the
lord of the manor from the
vassal.
costume, m., costume; man-
ners.
costumer, /r., to costume.
cote, /., quota, figure, assess-
ment, tax.
côte, /., rib; coast; — à — y
side by side.
côté, w., side, respect; — droit,
administration party; à —
de, by, near, beside.
coteau, f»., declivity, slope,
hillside.
coterie,/., coterie, club.
cou, m,y neck; — de taureau,
buU neck; couper le — , to
eut off the head.
couche, /., bed, layer, stratum.
coucher, tr. and intr,, to lay
(lie) down; sleep; se — ^ to go
tobed.
coude, m.f elbow.
coudre, tr., to sew.
coulant, -e, <uf;., flowing.
couler, inir.y to flow; run.
couleur,/., color.
coup, m., blow, knock, deed;
shot; un plus grand —, a
greater haul; — de balai,
sweeping; — de pied, kick;
— de fusil, shot; faire de
beaux — s, make a good
haul; du même — ^ at the
same time; — de pistolet,
pistol shot; — de canne,
blow with a stick; après — ^
too late; — de force, vio-
lence; tout d'un — ^ sud-
denly; — de main, act of
daring, violence; — de vin,
draft of wine.
coupable, m., criminal, cul-
prit.
coupable, adj., guilty.
coupé, -e, adj,, eut, short.
couper, tr., to eut oflF, lop off,
eut.
coupe-tête, m., executioner.
cour, /., court; faire — à, to
pay court to.
courage, m., courage.
couramment, adv., fluently,
glibly.
200 Origines de la France Contemporaine
courant, -e, adj., running; cur-
rent.
courbé, -e, adj., bent.
coureur, m., hunter.
courir, irUr., to nin; scour;
drive, travel rapidiy, be cur-
rent; — (le) risque, to run
the risk.
couronne,/., crown.
couronnement, m., corona-
tion.
courroie,/., strap.
cours, m.f course, race course,
rate; avoir — au marché,
to hâve market value.
course, /., chase, race; — à
chevaJ, ride, horse race.
court, -e, adj., limited, short.
courtisan, m., courtier; flat-
terer.
cousu, -e, adj.f sewed, stitched.
couteau, m., knife.
coûter, inlr.y to cost; coûte
que coûte, at ail hazards.
coutil {pr. koo-ti), f»., ticking,
canvas.
coutume, /., custom, habit;
avoir — , to be accustomed.
couture,/., seam.
couturer, /r., to seam.
couvent, w., couvent.
couver, tr. and intr., to smolder,
prépare in secret.
couverture,/, cover, blanket.
couvrir, tr., to cover.
craindre, /r., to fear.
crainte,/, fear.
crapaud, m., toad.
crapule, /., low class; vulgar-
ity.
craquer, intr., to creak, crack,
rip.
crasseu-x, -se, adj.j dirty.
cravate,/, cravat.
crayon, m., chalk; portrait in
crayons; pendl, crayon,
créancier, m., creditor.
créat-eur, -rice, <idj., inven-
tive, créative.
créature, /., créature, brute,
credo (pr. créâo), m., belief,
creed.
crédtdité, /., credulity.
créer, tr., to create, beget,
produce,
crémaillère,/, pothook.
crépuscule, m., twilight.
creuser, ir., to dig, hollow.
creu-z, -se, adj., hollow.
crevasser, tr., to split, crack,
crevé, -e, adj., crippled.
crever, tr., to burst; se —, to
kill one's self, wear one's
self out.
cri, m., cry, loud threat;— de
guerre, war cry; pousser un
— de naro, to raise a strong
objection.
crier, tr., to cry, shout, ex-
claim.
.crime, m., crime.
crisper, tr., to shrivel, fidget,
twitch.
critique, m., critic.
croc (pr. kro), m., hook, pôle,
boat hook.
croche teur, m., porter.
croire, tr., to believe, think.
croître, itUr., to grow, swell,
increase.
croix,/, cross,
crouler, intr., to crumble,
come down.
croupe,/, crupper; en — , be-
hind (on horseback).
croûte,/, crust.
croyance,/, belief.
croyant, m., believer.
Origines de la France Contemporaine 201
dangereu-z, -m, adj,^ dan-
gerous.
dans, prep.t in, into.
danse, /., dance; mattre de
— , dancing master.
danser, t'n/r., to dance.
d'après, prep,, according to.
dartre,/., tetter.
date, /., date.
dater, tr.^ to date,
dauphin, in., dauphin {ddest
son of.lhe kings of France).
dauphme,/., dauphiness (vnfe
of the dauphin),
davantage, adv., more.
de, ^ep,, of, for, in, at, by,
with, to, than.
débâcle, /., downfall; rain,
bail.
débandade, /., confusion, dis-
order.
débardeur, m., wharf porter; •
unloader of wood.
débarqué, -e, adj.^ disem-
barked.
débarquement, m., landing.
débarrasser, /r., to rid, clear.
débat, m., debate, discussion,
débattre, refi., to struggle.
débauche,/., debauchery.
débaucher, /r., to debauch,
corrupt.
débiter, /r., to report, utter, de-
liver.
débiteur, m., debtor.
débonnaire, adj.y good-na-
tured.
débordant, -e, adj.y master-
ful; overbearing.
débordement, m., irruption,
overflow, invasion, outpour-
ing.
déborder, intr.y to overflow,
tum out, pass.
cru, -e, adi., crude, hard,
rough, harsn, raw.
crudité, /., crudity.
crue,/, increase, rise, freshet.
cruel, -le, adj.j cruel.
cuir, m., leather, skin.
cuire, tr., to cook; bake.
cuisine,/., kitchen.
cuisinier, m., (ntan) cook.
cuistre, m., pedantic fellow,
pédant.
cuivre, m., copper.
culminant, -e, adj\f culminât-
ing.
culte, m.y creed, worship,
cuit.
cultiver, tr., to cultivate.
culture, /, culture, agricul-
ture.
cupidité,/., cupidity.
curé^ m., rector, vicar, parish
priest.
curée, /., hunting rights, per-
quisites.
curieux, m., inquisitive per-
son.
curieu-z, -se, adj.f inquisi-
tive.
curiosité, /., curiosity; article
de — , curio, bric-a-brac.
cuver, tr.y to appease; — son
vin, to sleep one's self
sober.
cydope, m. y Cyclops.
cynisme, m., cynicism.
czar, m.y czar.
d'abord, adv., at first.
daigner, inir., to deign.
d'ailleurs, adv., besides.
dame, /., lady; — d'atour, /.,
lady in waiting; — d'hon-
neur,/, maid of honor.
danger, m., danger.
202 Origines de la France Contemporaine
débouché^ m,, openlng; out-
let.
debout, adv,, upright, erect,
stancfing.
débraillé^ -e, ad}., careless,
indeœnt, slovenly.
débris, m,, ruins; rubbish, re-
mains.
décembre, m,, December.
décent, -e, adj., décent, fit-
ting.
décerner, tr., to award, bestow.
déchaîner, tr., to unchain, un-
loose; se —, to break out,
go on.
décharge,/., discharge, volley.
décharger, tr., to unload.
déchausser, tr., to lay bare the
roots of trees.
déchéance,/., forfeîture.
déchirement, m., rending.
. déchirer, /T., to rend, tear.
déchirure,/., rent, tear.
déchu, -e, tidj., sunk, fallen.
décider, intr. or tr., to décide.
décisi-f, -ve, adj., décisive,
crucial.
déclamation, /., déclamation,
style of delivery.
déclamer, inlr. or tr., to de-
claim, recite.
déclaration,/., déclaration.
déclaré, -e, adj., open, de-
clared.
déclarer, tr., to déclare; refl.,
to take sides, déclare ones'
dévotion, show one's self.
déclassé, m., one who has
lost his position or status;
outcast.
déclassé -e, adj., degraded,
low.
décliner, tr., to state; — son
nom, to give one's name.
déikmiposition, /., dissolu-
tion.
décor, m,, décoration, adom-
ment; setting, order (pièce of
stage setting).
décorati-f, -ve, adj., décora-
tive, showy, ornamental.
décoration,/., décoration,
découper, tr., to eut into
pièces, eut out.
découvrir, tr., to discover.
décrépit, -e, adj., décrépit.
décret, m., decree.
décréter, tr., to decree, ordain.
décrire, tr., to describe.
décrocher, tr., to unhook,
take down.
dédain, m., disdaîn, scom.
dedan^ m., interior.
dédier, /r., to dedicate.
défaillir, intr., to grow faint,
give way, break down.
défaire, tr., to undo, break up,
break down.
défaite,/., defeat.
défaut, m., default; want; à
— de, for want of ; à leur — ^
in their absence.
défendre, tr., to défend; for^
bid.
défense, /., défense, prohibi-
tion.
défenseur, m., defender.
déférence, /., déférence, re-
spect.
défi, m., défiance; mettre au
— , to set at défiance.
défiaÛQce, /, dis trust,
défiaxit, -e, adj., distrustful.
déficit (pr. -sit), m., déficit,
défier, tr., to challenge, defy;
se — de, to distrust.
défiler, intr., to défile, pass in
procession, file out.
Origines de la France Contemporaine 203
définir. ^., to deûne, ezplain.
définiti-f, -ve, adj,, definite,
final.
défoncer, /r., to stave in (a
cash).
déformation, /., déformation,
distortion.
déformé, -e, adi., deformed,
out of form, distorted.
déformer, refl., to distort, lose
th« proper form, become
deformed.
défricher, /r., to clear (afield).
défroquer, tr,, to unfrock.
dégager, tr., to free; evolve,
liberate, emandpate, give off .
dégât, m., damage, destruction.
dégorger, refl., to empty itself .
dégourdir, refl., to become pol-
ished, lose one's nmnbness
or clumsiness.
dégoûter, /r., to disgust.
d^outter, inir,, to trickie.
degré, m.f degree, step, extent;
si fort par — s, so perfectly
suited to the occasion,
dégrossir, tr., to chip ofF; clear
up; se — f to become pol-
ished.
déguenillé, -e, adj., tattered,
ragged.
déguiser, /r., to disguise.
dehors, adv., without.
dehors, m., outside, exterior.
dehors de, prep., outside of,
without.
déjà, adv., already.
déjeuner, m., breakfast, lunch.
déjeuner, intr., to breakfast;
lunch.
déjouer, /r., to baffle, thwart.
delà; au — de, prep., beyond;
au — f adv., more; par — ^
beyond.
délabré, -e, adj., tattered, di-
lapidated.
délecter, tr., to delight.
délégation, /., proxy, déléga-
tion, transference.
délibérer, tr. and intr., to de-
liberate.
délicat, -e, adj., délicate,
délicatesse, /., delicacy.
délicieusement, adv., deli-
ciously.
délideu-z, -se, adj., delight-
ful.
délictueu-z, -se, adj., unlaw-
fui.
délié, -e, adj., untied, loose,
acute.
délire, m., delirium, frenzy.
délivrance,/., deliverance.
délivrer, tr., to deliver.
démagogue, m., démagogue,
popular leader.
demain, adv., to-monow.
demande, /., demand.
demander, tr., to ask; want.
démangeaison,/., itching.
démarche, /., gait, walk, de-
meanor, action.
démasquer, tr., to unmask.
démêler, tr., to disentangle,
undo, discover.
démesuré, -e, adj., huge, im-
moderate, extravagant, mis-
shapen, inordinate.
démettre, tr., to dislocate; non-
suit; se — ^ to resign.
demeurant, m., residue, rest.
demeure,/., abode, dweiiing.
demetu'er, intr., to dwell, re-
main.
demi, -e, adj., half.
demi-badaud, m., sort of in-
quisitive idler.
demi-bourgeois, m., petty
204 Origines de la France Contemporaine
tradesman. man of the
lower middle class.
demi-bonrgeoine, /., lower
middle class.
demi-brute, /., sort of block-
head, half-baked person.
demi-fou, m., sort of maniac,
half-crazy person.
demi-morty adj., half dead.
demi-sidde, ir»., half century.
démon, m., devil, démon.
dénaturé, -e, adj., unnatural.
dénier, /r., to deny.
dénomination, /., dénomina-
tion; désignation.
dénoncer^ /r., to denounce, pro-
scribe, inform.
dénonciation, /., denuncia-
tion, report.
dénoter, /r., to dénote.
dénouement, m., event; out-
come.
denrée, /., commodity, wares,
goods.
dent, f.y tooth.
départ, m.f departure.
département, m., distribution;
department.
dépasser, tr., to go beyond, ex-
ceed; — le cadre convenu,
to be outside of conventional
form, violate the proprieties.
dépaysé, -e, adj,, away from
home, exiled; homesick.
dépecer, et., to eut up.
dépécher, refl.j to make haste.
dépendre, intr.y to dépend.
dépens, ir». pi., expense.
dépense, /., expense, expendi-
ture.
dépenser, ir,, to spend, ex-
pend; se — , to find an out-
let for one's énergies.
dépit, tn.f spite, vexation.
déplac^ -e^ adj., displaced,
out of place, in bad taste.
déplacement, m., displace-
ment, change, journey,
confusion.
déplaire inir,, to displease,
ofifend.
déplier, tr., to unfold.
déployer, ir., to unfold, dîs-
play, open.
déportation, /., déportation.
déporté, If»., exile.
déporter, ir., to déport.
déposer, tr., to deposit; lay
down.
dépôt, m., deposit, trust; gar-
der en — f to hâve deposited
with one.
dépouiUer, ir., to despoil;
strip.
dépourvu, -e, adj., destîtute.
dépraver, ir., to déprave, vitî-
ate.
dépression, /., dépression.
depuis, prep., since, for, from.
députation, /., deputation.
déimté, m., deputy, représenta-
tive.
déraison, /, unreasonableness.
dérangement m., disorder,
stoppage, disturbance.
déranger, tr., to put out, dis-
turb.
dériver, intr., to dérive, origi-
nate.
demi-er, -ère, adj., last, latter,
récent, lowest
dérober, ir., to take away; con-
ceal; se — ^ refl., to steal
away; shun, escape.
dérouler, ir., to unroll; bring
to pass.
derrière, prep., behind; par
— f from behind.
Origines de la France Contemporaine 205
dèSi prep,^ from, since; — que,
conj.y when, as aoon as,
since, from the moment
that; — lorSi from that
time onward.
désaccordé, -e, adj., dis-
cordant.
désaccorder, ir., to put out of
tune, make discord in.
désagréer, Ir., to displease.
désagréger, Ir., to disaggre-
gate, disperse,
désarmer, /r ., to disarm.
désastre, f»., disaster.
descendre, itUr., to descend,
get off, be handed down.
désert, -e, adj., deserted.
déserteur, m., déserter,
désespéré, -e, adj,, desperate,
hopeless.
désespoir, m., despaîr.
désiçier, /r., to designate,
point out.
désin m., désire.
désobligeant, -e. adj.^ unkind.
désœuTT^ -e, adj,, idle, fanci-
ful, futile, out of power; n.
m., idler.
désolation,/., désolation,
désordre, m., disorder.
désormais, adv,^ henceforth.
despotique, adj,^ despotic.
despotiquement^ adv,, despot-
ically.
despotisme, adj,, despotism.
dessécher, /r., to diy up, hard-
en, ijarch, suck dry, im-
poverish, wither.
dessiner, /r., to delineate, plan,
draw up; stand out; set off;
se — ^ to assume a form.
dessus, adv.y thereupon; upon
it (them).
desthiée,/., destiny.
destiner, /r., to destine, in-
tend.
destruct-eur, -rice, ». and
adj.f destroyer; destructive.
destruction,/., destruction.
détacher, ir,, to detach, sepa-
rate.
détail, m., particular circum-
stance, détail; de — ^ petty.
détenir, ir., to detain, im-
prison.
détente, /., trigger; relaxa-
tion.
détenu, m.y prisoner.
déterminer, /r., to détermine,
induce.
détraquer, /r., to put out of
order, dérange.
détresse,/., distress.
détromper, rejl., to be unde-
ceived.
détruire, /r., to destroy; ruin.
dette, /., debt; être perdu de
— s, to be deeply in debt.
dtvCXf adj.f two.
devant, prep^^ before (place);
in the présence of .
dévaster, /r., to devastate.
développer, /r., to develop,
open, deliver, extend.
devenir, itUr,, to become; à y
— quelque chose, to hâve
some part in it.
dévergondage, m., shameless
life; imbridled excess.
déverser, ^., to throw, cast,
scatter, deliver.
dévêtir, Ir., to undress.
deviner, /r., to divine, guess.
devis, f»., estimate, chat.
devise,/., emblem, motto.
devoir, m., duty; rendre ses
— s, to pay one's re-
spects.
2o6 Origines de la France Contemporaine
devoir, tr,j to owe; must, be
to, ought, hâve to.
dévorant -e, adj., ravenous.
dévorer^ /r., to devour.
dévouer, ir., to dévote.
dextérité,/., clevemess.
diable, m., devil, deuce.
diabolique, adj.j diabolical.
diamant, m., diamond.
dictateur, m., dictator.
dictature, /., dictatorship.
dicter, tr.y dictate.
Dieu, m.f God; dieu en cham-
bre, idol in a sanctuary.
différemment, adv., differ-
ently.
différence,/., différence.
différent, -e, adj.j différent
différer, /r., to differ.
difficile, adj.f dîfficult.
difficilement, adv., with diôi-
culty.
difficulté,/., difficulty.
difformité,/, deformity, mon-
strosity.
digérer, /r., to digest.
digne, adj.y worthy.
dignitaire, m., dignitary.
d^té, /., dignity.
diligence,/., stagecoach.
dime,/., tithe.
diminuer, /r., to lessen, di-
minish taxes of.
dîner, m., dinner.
dîner, intr.j to dîne.
diplomate, m., diplomat.
diplomatie,/, diplomacy.
dire, /r., to tell, say, mean;
vouloir — , to mean; se — ,
to call one's self.
directement, adv.j directly.
directeur, m., director.
direction,/, direction, leader-
ship.
directoire, m., directorate.
diriger, /r., to direct; se ~,
to go towards.
discernement, m., judgment.
disciple, m., disciple.
discipline, /, discipline.
discipliné, -e, adj.j well dis-
ciplined.
discipliner, /r., to discipline,
train.
discontinuer, /r., to discon-
tinue, stop.
disconvenance, /., incongni-
ity, impropriety, incom-
patibility.
discordant, -e, adj., discord-
ant, warring.
discorde,/, discord, strife.
discoureur, m., babbler.
discours, m., discourse, ad-
dress, discussion.
discrétion, /., cîrcumspection;
à — ^ at discrétion, ad libi-
tum; à sa — , at one's
mercy.
discuter, /r., to examine, dis-
cuss.
disette, /, dearth, famine,
want.
disloquer, /r., to disorganize;
se — , to get out of order;
go to pièces.
disparaître, in/r., to disap-
^ pear.
disparate, /., încongruity.
disparate, adj., incongruous.
disperser, /r., to disperse.
disponible, adj.j free, at one's
disposai.
dispos, -e, adj.j active; cheer-
ful, lively, vivacious.
disposé, -e, adj., disposed.
disposer, tr., to make ready.
disposition, /, disposai, ap.
Origines de la France Contemporaine 207
propriation, ability, atti-
tude.
disproportion, /., disparity.
disproportionné, -e, adj.j dis-
proportionate, ill-fitting;
eut of step.
disputer, tr, and intr., to dis-
pute, compete for.
disputeur, m., wrangler.
dissimula -e, adj., dissem-
bling.
dissipateur, m., spendthrift.
dissiper, tr., to dissipate,
waste the énergies of.
dissolution, /., dissolution.
dissoudre, tr., to dissolve.
distance, /., distance.
distiller, tr., to distil.
distinguer, tr., to distinguish.
distraction, f., amusement,
absent- mindedness; sans
— , without neglecting the
business of the moment.
distraire, /f., to divert.
distribuer, tr., to distribu te.
district, m., district.
dit, -e, adj., surnamed, called.
divergent, -e, adj., divergent.
divers, -e, adj., divers, va-
rious.
diversité,/., diversity.
diviser, tr., to divide, be
hésitant.
division,/., division.
dix, num. adj., ten.
dix-huit, num. adj., eighteen.
dix-huitième, num. (uf;., eight-
eenth.
dix-sept, num. adj., seventeen.
docile, /., docile.
doctrine, /., doctrine.
dogmatique, adj., positive.
dogme, m., dogma, tenet.
do^t, m., finger..
domaine, m., domain.
domestique, m. orf., servant,
domestique, adj., domestic,
private, homely, tame.
domicile, m., home.
dominant, -e, adj., dominant,
domination,/., dominion.
dompteur, m., tamer, sub-
duer.
don, ir»., gift.
donCy conj., then; therefore.
donner, tr., to give.
dont, pron,, whose, of whom,
of which, with which.
doré, -e, adj., gilt, gold-
laden.
dorénavant, adv., henceforth.
dormir, intr., to sleep.
dos, m., back.
double, adj. and adv., double,
doubly.
doucement, adv., gently,
gradually; sweetly.
douceur, /., sweetness, har-
mony, joy, charm, delight;
mildness.
douche, /., shower bath.
douer, tr., to endow.
douleur, /., pain, grief, suf-
fering.
doute, m., doubt; sans — ^ no
doubt.
dou-x, -ce, adj., gentle, sweet,
pleasant.
douze, num. adj., twelve.
drap, m., cloth, sheet.
dresser, tr., to erect, prépare,
draw up, lay, raise, make
out (accounts) ; train.
droit, m., right; due, impost;
law; à boa — , with good
reason, justly; de — , at
law, rightfuUy.
droit, adv., straight on.
2oâ Qri^zies de la France Contemporaine
droit, -e, adj,, stratght, right,
just.
droite,/., right hand.
droiture,/., int^ty.
dû, due, p. p., due.
duc, m,, duke.
duchesse, /., duchess.
duel, m., duel,
du moins, adv., however, at
least.
dupe,/., dupe,
dur, -e, adj\, hard, harsh,
cruel, severe. .
durant, prep., during.
durer, itUr,, to last.
eau,/., water; — qui monte,
rising stream.
eau-de-vie,/., brandy.
ébranlement m., shock, trou-
ble, tendency, degree of
dérangement.
ébranler, refl.y to move, get
in motion, start.
ébullition,/, ebullition.
écailler, refl., to peel off.
écart, m., digression, error,
vagary, variation; à V — ,
aside, to one side, at one
side, away.
écarté, adj\, remote, lonely.
écarter, /r., to remove, lay
aside; s* — , to avoid, de-
viate.
ecclésiastique, ir»., dergyman;
pl.f clergy; adj.f ecclesias-
tical.
échmfaud, m., scafifold.
échange, f»., exchange.
échanger, /r., to exchange.
échapper, itUr., to escape.
échauffé, p, p., heated, ex-
cited.
échauffement, f»., over-ex-
dtement, heated condi-
tion; heating. i
échauffer, tr,, to warm, ex-
cite, stimulate. •
échec, ir»., check, reverse;
faire — et mat, checkmate.
écheUe,/., ladder, scale.
écho (pr. e-ko), m,, écho.
échoppe,/., booth, stall, shed.
édaboussure,/., splash.
éclairé, -e, adj., enlightened.
éclairer, tr. and intr., to light;
enlighten, furnish light;
s' — , to become enlight-
ened.
éclat, m., pomp, splendor,
style, burst, explosion,
noise.
éclatant, -e, adj.f bright, daz-
zling, sensational, strik-
ing.
éclater, itUr.y to burst; burst
forth, break out, eut loose.
éclipser, tr.j to éclipse, throw
in the shade.
école,/., school.
écolier, m., scholar; en — ^
scholarlike; in a scholarly
manner; like a schoolboy.
économe, adj., economical.
économique, adj., économie.
écorce,/., bark; outside; d* — ,
skin-deep.
écorcher, tr., to flay.
écouter, /r., to listen, hear.
écraser, /r., to crush.
écrier, refl.y to exclaim.
écrire, tr., to write, set down.
écrit, m., writing, article, es-
say.
écriteau, m., poster.
écriture,/., handwriting, do<>
ument, writing.
écrivain, m., author.
Origines de la France Contemporaine 209
écumer, ifUr,f to foam, froth
at the mouth.
écurie,/., stable.
écwrer, m., squire; rider.
édince, m., édifice, structure.
fdit, m., edict.
édredon, m., eider down,
eider-down coverlet.
éducation, /., éducation.
effaré, -e, adj., wild, fright-
ened.
effarement, m., distraction,
fright, bewilderment.
effaroucher, tr., to frighten,
scare.
effecti-f, -ve, adj., efiScient,
reliable, in effect.
effectivement, adv., actually,
really, in fact.
efféminer, tr., to enervate.
effet, tn.f effect; pl.^ things,
clothes, goods; en — , in re-
ality, in fact; à V — de, for
the purpose of ; à cet — , for
this purpose; à — , for ef-
fect, pretentious.
efficace, adj., efficacious.
efficace, /., effica^.
efficacité, /., efficacy, effi-
ciency.
effleurer, tr., to graze, skim
over.
effondrer, refl,, to give way,
collapse.
efforcer, refl,, to make an ef-
fort, strive.
effort, m., effort, endeavor.
effrayant, -e, adj,, frightful.
effrayer, tr., to frighten.
effréné, -e, adj., unbridled,
immoderate, intemperate.
effroi, m., fright, ténor.
effronté, -e, adj., bra7.en-
faced.
I adj., frightful.
effu^on, /., effusion, démon-
stration.
égal, m., equal.
égal, -e, adj., equal, uniform,
even.
également, adv., equally.
égaler, tr., to make even,
equalize, equal.
égaliser, tr., to equalize, level.
égalité,/., equality.
égard, m., considération, re-
spect, courtesy, regard.
égaré, -e, adj., strayed, mis-
guided.
égide, /, i£gis (shield 0/ Ju-
piter or of Pallas).
église,/., church.
égolsme, m., egotism, selfish-
ness.
égoïste, m., egotist; adj., self-
ish.
égorger, tr., to kill; eut the
throat.
égorgeur, m., cutthroat, ex-
ecutioner.
égout, m., drain, sewer.
égoutier, m., sewer- tender.
égratigner, tr., to scratch,
claw.
élaborer, tr., to elaborate, work
out, refine.
élan, m., start; dash; soaring,
zest; impulse, impetus, in-
spiration.
élancer, refl., to dash forth;
rush.
élargir, tr., to widen; extend;
release, expand.
électeur, m., elector.
élection, /., subdistrict of tax
ation; élection.
élégance, /., élégance.
élégant, m., dandy.
2IO Origines de la France Contemporaine
élégant, -e, adj,, élégant,
élément, m., élément,
éléphant, m., éléphant,
élève, m., pupil, student.
élever, tr., to raise up, edu-
cate; s* — , to rise, progress,
be raised; increase, amount
to.
élire, tr.j to choose, elect.
élite,/., choice, pick, flower.
elle, pron.j she, it, her.
elles, pron.j they, them.
élocution, /., manner of
speech, delivery.
éloge, m., eulogy, praise.
éloigner, /r., to remove, take
away; s* — , to départ,
éloquence,/., éloquence.
élu, -e, adj., elected, chosen.
embarasser, /r., to burden,
embarrass.
embarquer, refl., to embark.
embauchage, m., entîcing
away; recmiting soldiers.
embaucheur, m., one who en-
tices away; recruiting offi-
cer; employer,
embourb^ -e, (uij., bemired.
embrasser, /r., to embrace;
s' — , to embrace one an-
other.
embrasure, /., embrasure;
porthole.
embuscade, /., ambuscade.
embusquer, refl.y to lie in
wait.
émeute,/., riot.
émeutier, m., noter,
émigré, -e, adj, and »., emi-
grant, exile; one having
left Paris to escape the ter-
ror.
éminent, -e, adj. y eminent,
pro minent.
emmagasiner, ir., to waie
house, store away.
emmener, /r., to lead away.
émotion,/., émotion,
émouvoir, /r., to move, ex-
cite,
emparer, refl.f to seize,
empêcher, /r., to prevent,
keep from.
empereur, m., emperor.
empêtrer, refl.j to become en-
tangled.
emphase, /., pomposity, em-
phasis, stress.
emphatique, adj,, emphatic,
pompons,
empiétement, m., encroach-
ment.
empiler, /r., to pile up.
empire, m., empire, dominion.
emplir, tr., to fill up.
emploi, m., place, use, posi-
tion, investment, func-
tions.
employé, w., employée, clerk;
officiai.
employer, /r., to employ.
empoigner, tr., to grasp, seize,
empoisonneur, m., poisoner.
emportement, m., passion,
excitement, ardor.
emporter, /r., to carry away,
run oflF with, capture, take;
— sur les autres, to con-
quer, or prove superior to
others.
empreindre, tr., to imprint;
impress.
empreinte, /., mark, stamp,
impress.
empressé, -e, adj,, eager,
zealous, attentive.
empressement, m., eagerness,
zeal, attention.
Origines de la France Contemporaine 211
emprifloiiJieiiieiit, m., împris-
onment.
emprunt, m., loan, borrow-
ing; d* — , borrowed.
emprunter, ir., to borrow.
ému, -e, p. p. and adj.f
stîrred, excited.
émulation,/., rivabry.
émule, m.f rival, cx>mpetitor.
en, pron.f of it, by it, about
it; some, any, of them.
en, prep., in, wîthin, with,
to, by, as, while.
encadrer, tr., to frame.
enceinte, /., circuit, inclo-
sure, precincts, place.
encens, m., incense.
encensoir, m., censer; donner
de V — par le nez, to flatter
fulsomely.
enchaîner, tr., to chain down.
enchant-eur, -eresse, adj., en-
chanting.
enchérir, tr., to bid, outbid,
bid up, outdo.
enchevêtré^ -e, p. p., en-
tangled, interrelated.
enchevêtrer, tr., to put on a
halter.
enclin, -e, adj., inclined, prone.
enclore, tr., to inclose.
encombre, m., impediment,
hindrance.
encombrement, m., obstruc-
tion, blockade.
encore, adv., yet, again, still,
nevertheless, after ail.
encouragement, m., encour-
agement, moral support.
encourir, tr., to incur.
encyclopédique, adj., encyclo-
pédie, of encyclopedists.
endolori, -e, adj., painful,
arhing.
endormir, refl., to fall asleep.
endosser, tr., to put on the
back, put on; shoulder.
endroiL m., place.
endurci, -e, adj., hardened.
énergie,/., energy.
énergique, adj., energetlc.
énergumêne, m., demoniac,
one possessed, a ** crank.''
enfance, /., infancy, child-
hood.
enfant, m., infant, child; les
— s perdus, reckless ad-
venturers, members of the
f orlorn hope ; — s de France,
King's children.
enfanter, tr., to bring forth.
enfermer, tr., to shut in, lock
up.
enfin, adv., finally, anyhow,
well!
enfoncer, tr. and intr., to
plunge, bury, pierce, rush,
break in, sink.
engageant, -e, adj., fascinat-
ing.
engager, tr., to engage, in-
vite, start, begin, urge; la
guerre est engagée, war is
on.
engin, m., machine; tread-
mill; equipment.
engloutir, tr., to engulf.
enf;ouer, refl., to be infatuated.
emvrant, -e, adj., intoxicat-
îng.
enivrer, tr., to intoxicate.
enjoué, -e, adj., spriçhtly.
enlacer, tr., to lace, interlace,
enmesh, entangle.
enlèvement, m., abduction,
removal.
enlever, tr., to carry off, take
away, deprive of .
212 Origines de la, France Contemporaine
ennemi, m,, enemy, foe.
ennemi-né, m., natural ene-
my.
ennoblir, ir., to ennoble.
ennui, m. y tediousness, bore-
dom; grief.
énorme, adj., enormous, huge,
great.
énormité, /., hugeness, enor-
mity.
enridâr, /r., to enrich; s' — ,
to grow rich.
enrôler, refi., to enlist.
enseigne,/., mark, sign.
enseignement, m., instruc-
tion.
enseigner, tr.y to teach.
ensemble, adv., together.
ensemble, m. y whole, ensem-
ble, combination, unity.
ensuite, adv.y afterwards,
then, and then.
entamer, tr., to encroach
upon, broach, touch, aflFect,
begin.
entassement, tn.y accumula-
tion.
entasser, /r., to pile up.
entendre, tr.y to hear, un-
derstand, mean, intend;
s* — avec, to act in con-
cert with, get along with,
agrée.
entente,/., understanding.
enterrer, tr.y to bury.
entêté, -e, adj., stubbom.
entêter, refl.y to takè a strong
fancy to, be obstinate.
enthousiasme, m., enthusi-
asm.
enthousiaste, adj.y enthusi-
astic.
enti-er, -ère, adj.y entire,
whole, devoted.
entourer, tr.y to surround,
entraînement, m., enthusiasm.
entraîner, tr.y to sweep off,
entail, carry away, drag
off, lead.
entrave, /., clog, obstacle,
hobble, restraint.
entraver, tr,y to hinder, im-
pede.
entre, prep.y between, among.
entrée, /., cntry; réception;'
free access; brevet d' — , cer-
tificate of admission; —
familière, family réception,
entreprendre, tr.y to under-
take, begin, try.
entrepreneur, m., manager,
entreprise, /., enterprise.
entrer, inlr.y to enter; — en
possession, to take posses-
sion; — en branle, to
start.
entresol, m., entresol (between
ihe ground floor and the first
floor).
entretenir, tr.y to maintain;
s* — , to converse,
entrevoir, tr.y to bave a
glimpse of, suspect.
envahir, tr.y to invade, over-
run; pervade.
envahisseur, m.y invader.
enveloppe,/., exterior.
envelopper, tr.y to envelop,
wrap about, involve,
envers, ^ep.y toward.
envi ; à r — ^ adv.y in émulation
of one another.
envie,/., désire.
envieu-z, -se, m. and /., en-
vious person.
environ, adv.^ about.
environnant, -e, adj.^ sur-
rounding.
Origines de la France Contemporaine 213
environner, /r., to beset,
surround.
environSi m. pL, neighbor-
hood; aux — de, about,
near.
envoyé, m., envoy, emis-
sary.
envoyer, tr., to send; il se
fait — , he sends for.
épaiSi -se, adj., thick; duU.
épancher, refl., to open one's
heart.
épargne,/., saving.
épargner, ir,, to save, spare.
épame,/., shoulder.
épée,/., sword.
épicerie,/., grocery.
épicier, m,, grocer.
épier, tr., to watch, watch
for. spy upon, reconnoiter.
épithet^/., epithet.
épouvante,/., terror, affright.
épouz^ m.f husband.
épreuve,^., proof, test, trial,
hardship.
éprouver, /r., to try, prove,
exhibit, feel, test.
épuisé, -e, adj. y worn out, ex-
hausted.
épuisement, m., exhaustion.
épuiser, /r., to exhaust, drain
dry.
épuration,/., purification.
épuré, -e, adj, and p. p.j puri-
fied, sublimated.
épurer, tr., to purify, elimi-
nate the troublesome mem-
bers of .
équarrisseur, m., flayer,
knacker.
équilibre, m., equilibrium.
équilibrer, /r., to poise, bal-
ance.
équiper, Ir., to equip.
équivaloir, irUr., to be équiv-
alent.
ériger, tr,, to erect, raise, set
^P- . .
errant, -e, adj.j wandenng,
stray.
erreur, /., error, mistake.
érupti-f, -ve, adj. y eruptive,
volcanic, explosive.
escabelle, /., stool.
escalader, tr., to scale.
escalier, m., staircase.
esclave, m. andf., slave.
escorte, /., convoy, escort,
retinue.
escouade,/., squad.
escrime,/., fencing.
espace, m., space.
espèce, /., species, kind,
"oddperson,""freak."
espérance, /., hope.
espérer, Ir ., to hope.
espion, m,, sp;^.
esprit, m., mind; spirit, wit,
intellect; — de vm, spirits,
alcohol.
essai, m., essay, attempt.
essaim, m., swarm.
essayer, tr., to attempt.
essentiel, -le, adj., essential.
essor, m., flight, impetus.
estampe,/., engraving; print.
estime, /., esteem.
estimer, tr., to estimate, es-
teem.
estomac (pr. -ma), m., stom-
ach.
estompe,/., stump (art); por-
trait à r — , pastel portrait.
estrade,/., stage, platform.
. et, conj., and; — ... — ,
both . . . and.
établi, -e, adj., established.
établir, tr., to establish.
214 Origines de la France Contemporaine
établissemexity m., establish-
ment.
étage, ir»., stoiy.
étalage, m., laying out, ex-
hibition, display, appear-
ance.
étaler, ir., to spread, spread
out, set forth, display.
étang, m.f pool, bog, pond.
état, m.j State; profession,
calling; esta te; condition;
tiers — , third estate, the
common people, the no-
bility being the first es-
tate, and the clergy the
second esta te; hors d* — ,
unable; étant donné leur
— d'esprit, having corne
to this State of belief from
their point of view; — s gé-
néraux, national parlia*
mentary assembly; homme
d* — , statesman.
état-major, m., staff ofBce,
staff, cabinet.
éteindre, tr., to quench, to
put out; s' — , to go out.
étendre, tr.y to stretch, ex tend.
étendue,/., extent.
étemel, -le, adj., eternal.
étiquette, /., label, étiquette,
procédure.
étoffe,/., cloth.
étonnant, -e, adj.f astonish-
ing, amazing, surprising.
étonné, -e, adj., astonished.
étourdi, m., madcap.
étrange, adj.y strange.
étrang-er, -ère, adj., foreign,
strange; ». m., foreigner,
stranger; passer à V — , to
go abroad.
étrangler, ir., to strangle.
être, tn,f being.
être, itUr., to be; — d'intelli-
gence, to be agreed; — en
scène, to be on the stage;
— en compte avec, to hâve
a bill with; — par terre, to
be on the ground.
étroit, -e, adj., narrow, small,
limitad.
étude,/., study.
étudiant m., student.
étudié, -e, adj.f affected.
étudier, tr., to study.
étui, m., case, box, sheath.
eu, p. p., had.
eux, pron,, them, they.
évacuer, /r., to evacuate,
empty.
évaluer, tr., to value, esti-
mate, appraise (at).
évanouir, refl., to faint.
évaporer, refl., to evaporate,
vanish.
évêché, w., bishopric; bishop's
house.
éveiller, /r., to awaken.
événement, m., event.
évêque, m., bishop.
évidemment, adv.y evidently.
éviter, tr., to avoid.
exact, -e, adj., exact, correct,
true.
exactement, adv., exactly.
exaction,/., exaction.
exagération, /., exaggeration.
exagéré, -e, adj., fanatical,
given to exaggeration.
exagérer, tr. and intr., exag-
gerate, to grow more and
more acute.
exaltation, /., exaltation, en-
thusiasm.
exalter, tr., to exalt, enthuse,
spur on, stimulate.
examen, m., ezamination.
Origines de la France Contemporaine 215
examiner, /r., to examine.
exaspéré, -e, adj., exasperated.
ex-avocat, w., ex-lawyer.
excéder, tr.^ to wear out.
excellence,/., excellence; par
— , in its greatest perfec-
tion,
excellent, -e, adj.y excellent,
fine.
excentrique, n. m, and adj.y
odd stick, eccentric.
excepté, prep.^ except.
exception, /., exception; par-
tiàlity.
excès, f»., immoderation, ex-
cess, violence.
excessi-f, -ve, adj.j excessive,
extrême.
excitable, adj., excitable.
excitation, /., stimulus, in-
fluence.
exciter, /r., to stir up.
exclamation, /., exclamation.
exclure, /r., to exclude.
excroissance,/., excrescence.
excuser, tr.j to excuse, apolo-
gize for.
exécuter, /r., to exécute.
exécuteur, m., executor, tool.
exêcuti-f, -ve, adj.y executive.
exécution,/., exécution.
exemplaire, m. y copy.
exemple, m., example; don-
ner 1* — , to set the example.
exempt, -e, adj.y exempt.
exemption, /., exemption
(from military service).
exercer, /r., to drill, practice,
accus tom.
exercice, m., drill, lesson, ex-
ercise.
exhalaison,/., exhalation.
exhaler, tr., to exhale; s'—,
to be exhaled.
exhorter, tr.^ to exhort.
exigence, /., daim, demand,
requirement.
exiger, /r., to demand, re-
quire.
existence,/., existence,
exister, intr.y to exist.
exorde, m., exordium.
expansion, /., expansion, de-
monstrativeness, effusion.
expédient, m., expédient. .
e^dier, /r., to dispatch,
send.
expéditi-f, -ve, adj.y quick.
expédition, /., expédition.
expérience,/., expérience, ex-
periment.
expert, -e, adj.y expert.
expliquer, tr.y to explain.
exploit, m. y feat.
exploitant, -e, cLdj. and n. m.,
managing, manager.
explosion,/., explosion.
exportation,/., export, export
trade.
exprès, adv.y expressly.
expressément, adv.y expressly.
exinression,/., phrase, expres-
sion.
exprimer, /r., to express.
expulser, tr.y to expel.
extérieur, -e, adj.y exterior,
foreign, external.
exterminateur, m., extermi-
nator.
extermination, /., extermina-
tion.
extraction, /., extraction,
birth.
extraordinaire, adj.y extraor-
dinary.
extravagance, /., folly, ec-
centricity, crazy act.
extrême, m., extrême.
2i6 Origines de la France Contemporaine
eztrèmeme&t, adv,, eztreme-
ly.
ezmmité, /., extremity, end,
resort.
fable,/., fable, stoiy.
fabricant, m., manufacturer,
maker; inciter, breeder.
fabriquer, tr. and intr., to
manufacture.
face,/., front; face; en — de,
before, in the présence of.
facile, adj.f easy.
facilité, /., easiness, ease,
readiness, freedom from
reserve.
façon, /., fashion; manner,
way, ceremony.
faconde,/., talkativeness.
factice, adj., artificial.
factietuc, m., factionist.
faction, /., faction.
faculté/., facult^, ability.
fagot, m.f bundle (usually of
sticks or tivigs), fine wood,
kindling.
faible, adj., weak, faint; small.
faiblesse,/, weakness.
faillir, intr., to fail.
faim, /., hunger; avoir — , to
be hungry.
faire, tr., to make, do, bave,
cause, play, tell, travel; —
des pnères, to offer up
prayers; — feu, to fire; —
la besogne, to do the bulk
of the work; — la grimace,
to make a face; — honte,
to make one ashamed; —
montre de, to display; —
queue, to stand in line;
— sauter, to blow up; —
passer, admit, hold; se — ,
become, occur, happen, be
made; ne fait que mani-
fester, merely indicates.
faisceau, m., bundle.
faiseur, m,, maker.
fait, m., fact; en — , in fact;
en — de, as for, in point
of; mettre au — , to post,
inform; de — , in reality,
" de facto."
fait, -e, adj,f fit; constituted;
calcula ted; suited; fuU
grown.
falloir, impers., must, should,
ought, need, require.
famélique, m. or /., starve-
linç.
familiariser, tr., to familiar-
ize; se — avec, to be
démocratie with.
familiarité, /., familiarity, in-
timacy.
familier, m., close friend.
famili-er, -ère, adj., familiar,
private.
familièrement, adv., famil-
iarly.
famille,/., family; père de — ^
head of a family.
famine,/, famine.
fanatique, adj. and n., fanât-
ical, fanatic.
fanatisme, m., fanatlcism.
fangeu-x, -se, adj., miry,
filthy.
fantocdni (pr. fan-tot-shee-
née), m. pL, puppets; fan-
toche, m., a person not to
be taken seriously.
fantdme, m., specter.
fard, m., complexion paint,
artificial complexion, com-
plexion powder; prêteuse.
fardeau, m., burden.
farine,/., flour.
Origines de la France Contemporaine 217
farouche, adj.y wild, fierce.
faste, m.f pomp.
fastueu-z^ -se, adj,^ pompous,
imposing.
fat, m., fop.
fatal, -e, adj., fatal, fate-
ful.
fatigant, -e, adj., fatiguing.
fatigue, /., fatigue, hardship,
weariness.
fatigué, -e, adj.f fatigued.
fatiguer, /r., to tire.
faubourg, m., suburb.
faucher, tr.y to mow; machine
à — , mowing machine;
guillotine.
fausser, /r., to bend; pervert,
falsify.
iauteff., mistake; want; à —
de, m default o£; — de, for
not; prendre en — , to find
delinquent.
fauteuil, m., armchair.
fauye, adj., fawn-colored;
reddish; wild; n. m,, deer;
bête — , fallow deer.
faux,/., Scythe.
fau-x, -sse, adj., false, artifi-
cial, counterfeit.
faux-saunier, m., contraband
sait dealer.
faveur, /., boon; favor, pro-
tection, " pull."
favorable, adj., favorable.
favori, m., side whisker.
favori, -te, adj., favorite.
favoriser, /r., to favor.
fébrile, adj,y feverish.
feindre, ^r., to feign, pré-
tend.
feinte, /., prêteuse.
féliciter, /r., to congratula te.
femelle,/., female.
femme, /., woman, wife,
lady; — de charge, house-
keeper; — de chambre,
chambermaid.
fendre, tr., to split, cleave,
rend,
fenêtre,/., window.
féodal, -e, adj., feudal.
féodalité,/., feudalism.
fer, m., iron.
ferme,/., farm.
ferme, adj., firm, fixed.
fermé, -e, adj. and p. p. y
closed, complète,
fermenter, intr,, to ferment,
work.
fermer, et., to close,
fermier, m., far mer, tenant,
renter.
féroce, adj\, fierce.
férocité, /., ferocity.
ferré, -e, adj.y shod, pro-
vided with iron.
fertile, adj., productive,
ferveur,/., fervor.
festin, m. y feast.
fête, /., festival, célébration,
entertainment.
feu, m., fire; faire — , to fire;
marcher au — , to enter
battle; mettre le — à la
maison, to set the house on
fire; — ^x de Bengale, Ben-
gal lights, colored lights.
fiacre, m., carriage.
ficelle,/., twine, string.
fichu, m., neckerchief.
fidèle, adj, y faithful; m., be-
liever, devotee.
fidèlement, adv.y faithfully.
fidéUté,/., fideUty.
fier, fi^e, adj, y proud.
fièvre, /., fever.
figure, /., figure, face; figure
of speech.
2i8 Origines de la France Contemporaine
figurer» tr. and intr., to ap-
pear; se — , to imagine.
fil, m,, thread; passer au —
de l'épée, to kill with a
sword thrust.
file,/., rank, file, procession.
filer, ir.y to spin out, turn
(phrases).
filet, m.f string, net.
filiation, /., séquence, rela-
tion.
fille, /., daughter, girl.
filou, m.j cheat.
fils, m.j son; — de famille,
minor; young man of good
family; — de France,
King's son.
fin,/., end; à la — , at last; in
the end.
fin, -e, adj.j fine; poli te; thin;
élever, crafty, subtle.
final, -e, adj.f final, last, con-
cluding.
finale, /., finale.
finalement, adv.^ finally.
finance, /., finance.
finir, intr.y to finish; — par,
to end up with, finally
to. . . .
fixe, adj.j settled, fixed, pét-
ri fied, chronic.
fixer, tr.f to détermine, define.
fixité,/., permanence.
flairer, tr.y to scent.
flambeau, m., torch.
flamber, intr.j to blaze, flash
out.
flamme, /., flame.
flanc, m., flank, sîde.
flâneur, m.j stroller.
flanquer, /r., to guard, stand
adjacent to, protect.
flatter, tr.j to flatter, pat.
flatterie,/, flattery.
fléau, m., flail, scourge.
fléchir, intr,y to waver, stag-
ger.
flétrir, /r., to wither, blight.
fleur,/., flower.
fleuve, m., river,
flexibilité,/., suppleness.
flibustier, ir»., freebooter,
crook.
florissant, -e, adj.y prospér-
ons.
flot, m.f wave, billow; crowd.
flottant, -e, adj., floating,
wandering; train — , log-
raft.
flotte,/., fleet.
flotter, ifUr.f to float, waft.
flux (pr. Jlu)t m.j flow, rising
tide, influx.
foi, /., faith, crédit; ma — ,
{upon my) faith!
foin, m., hay.
foire,/., fair.
fois, ?., time; à la — , alto-
gether, ail at once,
folie,/., madness.
fonction, /., office, duty,
function, position,
fonctionnaire, m., officiai,
public employée,
fonctionner, intr.y to work,
act.
fond, m., bottom; heart;
background, basis.
fondamental, -e, adj.y funda-
mental.
fondateur, m., founder.
fondation, /., basis.
fondé, -e, adi. and p. p.,
founded, well founded, sta-
ble,
fondement, m., foundation.
fonder, /r., to found; se — ,
to arise.
Origines de la France Contemporaine 219
fondte, tr, and intr., to cast,
melt; pounce.
fonds, m.f funds; cash; avance
de — , loan.
fontaine,/., fountain.
forain, -e, adj., foreign.
forçat, m.f galley slave.
Force (la), a former prison in
Paris.
force, /., strength; vigor,
force, violence; à — de
temps et de peine, by
dint of much time and
trouble; coup de — , vio-
lence; la — année, the
military.
force, adv.y much, many.
forcé, -e, adj,, inévitable.
forcément, adv,, forcibly; nec-
essarily.
forcené, adj\, furious, mad;
m.f madman.
forcer, tr., to force, break
open, break into, wear
down; — un cerf, to run
down a deer.
forêt, /., forest.
forfait, ff»., crime.
forger, tr., to forge, invent.
foraialité,/., formality.
forme,/., form.
former, tr., to form.
formule,/., formula.
fort, m., strongest part of a
thing; dans le — de la
lutte, in the heat of the
struggle; — de la Halle,
porter; au plus — de, at
the height of; in the thick
of.
fort, -e, adj., strong, stout,
bad; fine; violent; great;
severe; heavy.
forteresse,/., fortress.
fortune,/., fortune, fortunes;
bonne — , love affair.
fossé, m., ditch.
fou, fol, -le, adj., wild; mad,
crazy.
fou, m., madman.
foudre, m. or }., thunderbolt.
fougue, /., fury, violence;
impetuosity; fire; — s de
cervelle, wild fancies.
fouiller, tr., to dig.
foule,/., crowd, throng, mob.
fouler, tr., to trample; —
aux pieds, to trample un-
der foot.
four, m., oven; au — , in the
oven.
fourberie,/., knavery.
fourbu, -e, adj., unable to
walk; foundered.
fourche,/., pitchfork.
fourchette,/., fork.
fourmi,/., ant.
fourneau, m., stove, fumace.
fournir, tr., to furnish, supply.
fournisseur, m., tradesman;
purveyor; — de la table,
provision dealer,
fourniture, /., supply; pro-
vision, goods.
fourrage^ m., fodder.
foyer, m., fire grate; lobby;
center of disturbance; fire.
frac, m., dress coat; — uni,
dress suit (0/ ont color).
frais, m. pi., expenses, costs,
expense.
franc, m., franc {coin worth
ig.S cents).
franc, -he, adj., frank.
franchir, tr., to leap over,
clear.
franchise, /., freedom, frank-
ness.
220 Origines de la France Contemporaine
frapper, tr., to strike, knock,
overpower; — les regards,
to meet the gaze,
fraude,/., deccit.
frauduleu-z, -se, adj.j fraud-
ulcnt.
frein, w., bridle, check, re-
straint.
frelater, /r., to adulterate.
frelon, m,, homet.
frémissement, m., shudder.
frénétique, adj.f frantic, dis-
tracted, mad.
fréquent, -e^ adj., fréquent.
fréquenter, ir., to keep Com-
pany with, associate with.
friche, /., waste land; en — ,
uncultivated, f allow ground.
fripon, m., knave.
frissonnant, -e, adj.y shudder-
îng.
froid, m.j cold; faire — , to be
cold weather.
froid, -e, adj\, cold.
froisser, tr.j to bruise; offend,
ruffle.
fromage, m., cheese.
front^ m., forehead.
frontière, /., frontier.
frottement, m., friction.
fructidor, w., Fructidor
(twelfth month of the revolu-
tionary calendaty Aug, i8 to
Sept. 17).
frnit, m., fruit, product.
fruiti-er, -ère, adj., fruitbear-
ing.
frustrer, tr,, to frustrate, ren-
der fruitless.
^j intr., to flee, fly, escape.
^^te,/., flight;preàdrela-,
fumée,/., smoke.
fumeu-
'*» -se, ad;., gmoky.
fumier, m., rubbish, offal.
funeste, adj,, fatal; baneful.
fureur, /., fury; rage, frenzy, i
desperation.
furieu-z, -se, adj,y furious,
mad; n. m., madman.
fusil (pr,fu'Si)y f»., gun.
fusillade,/., fusillade,
fusiller, tr., to shoot, fire at.
futur, -e, adj,, future.
gabelle,/., tax upon sait; tax
on products {in gênerai).
gabelou, m., collector of sait '
tax.
gage, f»., pawn, pledge, se-
curity.
gagnant, m,, winner.
gagner, /r., to win, gain, earn,
make money.
gai, -e, adj.y merry.
gaieté,/., gayety.
gaillard, w., jovial fellow;
fellow.
gaillardise, /., mirth; wan-
tonness, sport,
gain, m., gain, profit,
gahie, /., sheath, scabbard,
coating.
galanterie, /., politeness, gal-
lantry.
galère,/., galley, prison ship.
galerie, /., galleiy.
galérien, w., galley slave.
galetas, m., garret.
galeux, «., one affected with
the itch, scurvy wretch,
leper.
galon, m.f lace, officer's
stripes, galloon.
gamin, m., urchin, black-
guard.
gant, m.y glove.
garantie, /., guaranty.
Origines de la France Contemporaine 221
garantir, /r ., to assure, prom-
ise.
garçon, w., boy; journey-
man.
garçon-charrony m., wheel-
wright*s apprentice.
garde, /., guard; watch; pre-
nez — ! take care; avoir —
de, to take care not to;
n'avoir — de, to be too
wise to; — -du-corps,body-
guard; — française, royal
guardsman.
Garde-Meuble, m,, royal
furniture warehouse.
garder, /r., to keep, retain.
garde-robe, /., wardrobe.
gardien, -ne, m. and f.,
keeper, defender.
garel interj,, look out! sans
crier — , wîthout warning.
garni, -e, adj., trimmed, fur-
nished; hôtel — , lodging
house.
garnison, /., garrison.
gascon, -ne^ €tdj., Gascon.
gaspiller, tr.y to waste, squan-
der.
gftter, /r., to spoil, coprupt,
pervert.
gauche,/., left side; à — , on
{to) the left; membre de — ,
member o£ the opposition
party.
gauche, adj.^ left.
gaulois, -e, adj., Gallic; crude,
coarse.
gaze,/., gauze.
gazette,/., gazette.
gazon, m., tuif .
gelée,/, frost.
geler, impers.^ to freezc.
gémir, intr.^ to groan.
gémissement, m., groan.
gênant, -a, adj., uncomfort-
able, disturbing.
gendarme, m., gendarme, po-
liceman.
gendarmerie,/., gendarmery,
police force.
gendre, m., son-in-law.
gêne, /., trouble, embarrass-
ment ; sans — , unrestrained,
free and easy.
généalogiste, m,, genealogist,
worshiper of rank.
gêner, /r., to impede; embar-
rass, worry, trouble.
général, -e, adj,, gênerai, ab-
stract; États généraux, na-
- tional parliamentary as-
sembly.
général, m., gênerai.
généralement, o^v., generally.
généraliser, /r., to generalize.
généralité,/., général! ty; tax-
ation district.
génération, /., génération,
âge.
génereu-z, -se, adj., gracious,
noble, generous, bounteous.
Gênes,/, Genoa.
génie, m.y genius.
genou, w., knee; à — x, on
one's knees.
genre, w., kîndj genus; —
humain, mankind.
gens, f». or /. pL, peopie; —
de service, servants; jeunes
— , young folks; — d'es-
prit, peopie of sensé, intel-
lectual class; — sans aveu,
vagrants; — de la maison,
domestics; — du monde,
Society peopie.
geiAlhomme, m., gentleman,
nobleman; — de la cham-
bre, gentleman in waiting.
222 Origines de la France Contemporaine
geôle (^.ya/),/.,jail.
geôlier ipr.jolté), m., jailer.
gérer, tr., to manage.
germe, m., germ.
germinal, m. y Germinal (seih
enth month of revohUionary
calendar, Mar. 21 to Apr.
10).
gésir, intr.f to lie.
geste, tn.f gesture; action,
feat, movement.
gibier, m., game.
gigantesque, adj.y colossal.
Girondin, m., Girondist (mod-
eraU republtcan) .
gît (3^ fers. sing. près, indic.
0/' gésir), lies.
gîte, f»., lodging; resting
place, abode.
glace, /., ice; looking-glass;
plate glass.
glacer, /r., to freeze.
glaçon, m., pièce of ice, icicle,
cake of ice.
glisser, intr., to slip,
gloire,/., glory.
glorieu-z, -se, adj., proud,
boastful; glorious.
glorifier, refl.y to boast, take
pride in.
gober, ir.j to swallow.
goguenard, -e, adj., jeering,
jesting.
golfe, m., gulf.
gonfle, -e, adj., swolien,
stufiFed.
gonfler, /r., to puff up.
gorge, /., throat; neck and
shoulders.
goiger, tr,, to gorge, stuff.
gouailleu-r, -se, adj.y chaffing,
joking; n. m., jester.
gouffre, m., whirlpool; cav-
ity, abyss.
goujat, If»., laborer; soldier's
servant; camp folio wer.
gourdin, m., cudgel.
gourmé, -e^ adj., affectedly
grave,
gourmet, m., epicure.
goût, m., taste; manner.
goûter, tr., to taste, hâve a
taste for, get a taste of,
enjoy.
goutte,/., goût; drop,
gouvernant, m., ruier.
gouvernement, m., govern-
ment.
gouverner, tr., to go ver n.
gouverneur, m., governor,
commander.
grâce, f., favor; élégance, af-
fability; thanks; — à,
thanks to; par — , as a
favor.
gracieu-z, -se, adj., gracions,
graceful, courteous.
grade, m., rank; status.
grain, m., grain; small par-
ticle.
graine, /., seed.
grand, -e, adj., great, large,
tall; — jour, daylight; en
— , on a large scale, in
bulk; n. f»., noble,
grand-aumônier, m., grand
almoner.
grandement, adv., grandly.
grandeur,/., greatness, huge-
ness, dignity, importance,
grand'peine; à — , with great
difficulty.
grand-père, m., grandfather.
granit m., granité.
grappillage, m., system of
spoils, ^raft.
gra^ -se, adp, fat.
gratis {pr. gra-tis), adv.y free.
Origines de la France Contemporaine 223
guerre^/., war; être de bonne
— ^ to be le^^timate means
of warf are.
guet-apens, m., ambush, foui
guêtre,/., gaîtcr.
gueule,/., jaws, maw.
guichet, m., wicket
guichetier^ m., tumkey.
guide, m., guide.
guider, tr,, to direct, guide,
guillotine,/., guillotine.
guillotiner, /r., to behead.
guise, /., fancy; manner; en
— de, by way of ; in place of ;
as; à sa — , as one likes.
gratuit, -e, adj., gratuitous,
useless.
grave, adj., sober, serious.
graver, tr,y to engrave.
gré, ffi., will, wish, liking;
bon — mal — , whethcr he
will or not.
grec, -que, adj., Grecian,
Greek.
grêle,/., bail, hailstorm.
grenadier, m., grenadier,
grenier, m., cornloft; garret,
attic.
griffe,/., claw.
grimace,/., grimace, face,
grimper, itUr,, to climb.
grincer, ir., to gnash {teeth).
gris, -e, adj., gray.
gronder, tr. and intr.j to
scold, growl, grumble.
gros, -se, adj.y big, bulky,
coarse, gross, fat, huge;
numerous.
gros-acheteur, m,, wholesale
buyer.
grossi-er, -ère, adj., coarse,
impolite; homeiy; crude,
clumsy.
grossièreté, /., coarseness,
rudeness.
grossir, tr, and intr.y to in-
crease, grow, sweil.
grossissant, -e, adj.y swelling,
increasing; verre — , mag-
nifying gfass.
grotesque, adj,, grotesque,
grotte. /., grotto.
grouillement, m., rumbling,
swarming; swarm.
groupe, f»., group.
grue,/., crâne,
guenille^/., zag.
guère, adv,\ ne . . . — , hardly.
habile, adj,, skillful.
habillement, m., clothes;
dressing process.
habiller, /r., to dress.
habit, m. y garment, dress; —
habillé, full dress; — de cé-
rémonie, costume for state
occasions; cérémonial dress;
grand —, full dress; —
d'emprunt, borrowed fin-
ery.
habitable, adj,, habitable.
habitant, m., résident.
habiter, /r. and intr., to in-
habit, live, dwell.
habitude, /., habit, custom;
avoir 1* — de, to be accus-
tomed to.
habitué, m,j fréquenter, reg-
ular customer.
habituel, -le, adj., habituai.
habituer, tr,y to accus tom.
'hache,/., hatchet, ax.
^hacher, tr,, to eut to pièces,
hack.
'haie,/., hedge; row.
* indicates aspiiated A.
224 Origines de la France Contemporaine
'haiUon, f»., rag.
'haine,/., hâte.
'haineu-z^-se^ adj., malignant.
'haïr, tr., to hâte.
*hâle, m.f burning beat; dry
wind.
'halle,/., city market.
halluciné, m., one who bas
hallucinations.
'hangar, m., shed, cart house.
'harangue,/., speech.
'harangueur, m., orator.
'harasser, /r., to harass,
harry.
'hardes,/. pi. y clothes.
'hardi, -e, adj., bold.
'hardiment, adv.j boldly.
'haro, m., hue and cry; cri
de — , hue and cry; crier
un — , to set up a hue and
cry.
'hasard, tn.f chance; cas-
ualty; par — , by chance.
'hasardé, -e, adj., venture-
some; presumptuous; going
too far.
'hasarder, tr., to venture, go
too far.
'hasardeu-z, -se, adj., baz-
ardons, dangerous.
•hâte, /., haste.
'hftter, tr.f to hasten.
'haussement, m., shrugging
(of shoidders),
'hausser, ir,, to raise.
'haut, m.j top.
'haut, 'éf adj.j bigh; en — ^
above; upstairs.
'haut, adv., loud; up; tout — ,
out loud; remontant plus
— , coing further back.
'hautam. -e, adj,y haughty.
'Haute -Ecosse, /., Uppcr
Scotland.
Iiautement, <idv., loudly,
haughtily, higbly.
'hauteur, /., height; à la — ,
in a position, able.
hébétement, m., stupor.
herbe, /., grass; manger son
blé en — ^ to spend one's
money before one gets
it.
héréditaire, adj., beredîta-
hérétique, m., heretic.
hérissé, -e, adj,, brushy; brist-
ling.
hériti-er, -ère, n. i». and /.,
heir, heiress.
héroïque, adj,, heroic.
'héros (pr. -ro), i»., hero.
hésiter, intr., to hesitate.
heure, /., hour, o'clock; tout
à 1' — , presently; de bonne
— , early.
heureusement, adv., bappily,
successfully, fortunately.
heureu-z, -se, adj., happy,
successful, lucky.
'heurt, m., collision, misbap,
jar.
'heurter, tr,, to offend; strike,
coUide with, ruffle.
'hideu-z^ -sc^ adj., frightful.
Hier, orfv., yesterday.
'hiérarchie, /., hierarchy.
histoire, /., history.
historique, adj.j historic, bis-
torical.
hiver, m., winter; il suffit de
V — , winter is enough.
'hocher, /r., to shake.
homicide, adj,, homicidal.
hommage, m., homage,
courtesy, attention,
homme, m., man, husband;
— de cœur, whoie-souled
Origines de la France Contemporaine 225
man, man of courage; —
de parade, man of good
appearance; — en place,
officer of State; — fait,
grown man.
honnête, adj,^ honest, décent.
honneur, m., honor; tenir à
— , to deem it an honor;
perdre d* — , to dishonor.
'honte, /., shame; mauvaise
— ^ bashfulness; avoir — ^
to be ashamed; faire — a
quelqu'un, to make one
ashamed, reproach.
hôpital, m., hospital; work-
house.
'hoquet, m., hiccup; avoir le
— ^ to hâve the hiccups; entre
— Sy between drinks.
horizon, m., horizon; à 1' — ^
on the horizon,
horreur, /., horror; avoir —
de^ to dread to.
horrible, adj.^ horrible.
horriblement, adv., terribly.
'hors, prep, and adv,, out,
outsîde of, out of, beyond;
— de soi, beside one's
self.
hospice, f»., almshouse, asy-
lum, orphanage.
hosiûtalité,/., hospitality.
hostile, adj.y hostile,
hôtel, m., hôtel, mansion;
— de ville, çity hall; —
d'invalides, military hos-
pital, soldiers' home; —
garni, lodging house.
'huée,/., hoot, shouting.
huile,/., oil; — d'aspic, oil of
spikenard; — d'œillette,
oil of poppies.
htdssier, m., usber, bailiff.
huit, num. adj\j eight.
humain, -e, adj,, human.
humanitaire, adj.y human-
itarian, benevolent.
humeur, /., humor, disposi-
tion, temper.
humide, n. m, and adj.y
moisture; damp.
'hurlement, m., howling,
shout.
'hussard, m., hussar.
'hutte,/., hut.
h3rmne, m., hymn.
ici, adv.y hère; — -bas, hère
below, down hère; jus-
qu' — , hitherto.
idéal, -e, adj,^ idéal.
idéalist^ m., idealist.
idée, /., idea.
idéologue, m.y ideologist.
idiot, m., idiot.
idylle,/., idyl.
ignoble, adj., ignoble, base,
mean.
ignorance,/., ignorance.
ignorant, -e, adj.y ignorant;
n. m. y ignorant person.
ignoré, -e, adj.y unnoticed,
ignored, unknown.
ignorer, /r., to be ignorant of.
il, pron.y he, it.
île,/., island, isle.
illégal, -e, adj.y illégal.
illimité, -e, a4j., unlimited,
unbridled.
illumination, /., illumination.
illuminé, m. y visionary, one
inspired.
illuminé, -e, adj.y illuminated.
illuminer, tr. and intr.y to il-
lumine, to hâve an illumi-
nation.
iUusion, /., illusion; delusion
illustre, adj.y illustrions.
226 Origines de la France Contemporaine
ils, pron,j they.
image, /., image; picture;
figure of speech.
imagination, /., Imagination.
imaginer, tr., to conceive the
idea of ; s' — , to imagine.
imiter, /r.. to imitate.
immaculé -e, adj., spotless.
immédiat, -e, adj.^ immédiate.
immémoriiol, -e, adj., im-
mémorial.
immense, adj., immense, in-
finité, tremendous.
immobile, <idj.y immovable,
indiffèrent, motionless.
immoler, /r., to immola te;
slay.
immonde, adj., unclean.
immoralité, /., immorality,
license.
immortalité, /., immortality.
impeccable, adj,^ impeccable,
faultless, flawless.
imperceptible, adj,^ imper-
ceptible.
impérieu-z, -se, adj., im-
perious, arbitrary.
impérissable, adj.y imperish-
able.
imperturbable, adj.y calm.
imperturbablement, adv.y im-
perturbably.
implanter, /r., to implant.
implorer, tr., to implore.
impoli, -e, adj,, impolite.
impolitesse, /., impoli teness.
importance, /., importance.
important, -e, adj.y impor-
tant.
importer, inir.^ to be of con-
séquence; il n'importe (pas),
it is no matter.
imi>ortun, -e, adj,^ irksome;
tiresome, vexations.
imposer, /r., to lay, tax; awe,
overawe, impress, imprint,
impose; s' — , to be imposed,
make a deep impression,
impossible, adj.y impossible,
impôt, «»., duty, tax, taxation,
impotent, -e, adj., helpless.
imprévu, -e, adj, and n. «».,im-
foreseen, unexpected, sud-
den.
imprimer, ir,, to imprint,
print, give, impart,
imprimerie,/., printing ofiice.
impropre, adù, improper; —
a, unsuitaole.
improviser, /r., to extempo-
rize, improvise, make up,
set up as.
improviste; à 1* — ^ adv., sud-
denly; unexpectedly.
impuissance, /., impotence;
swoon, helplessness.
imptdssant, -e, adj,, power-
less.
impulsion,/., impulse.
impunément, adv., with im-
punity.
impimité,/., impuni ty.
inacti-f, -ve, adj,, inactive;
neutral.
inanition, /., inanition, faint-
•ness from lack of food.
inassouvi, -e, adj., unsatiated.
incapable, adj., unable, in-
capable,
incapacité, /., incapacity, in-
efficiency.
incendie, m., fire.
incendier, ir., to burn.
incertain, -e, adj., uncertain.
incertitude,/., uncertain ty.
incessamment, adv., inces-
santly.
incessant, -e, adj., incessant.
Origines de la France Contemporaine 227
inciTique, adj,y unpatriotic.
inclémence, /., inclemency,
harshness.
incliner, tr,y to bow.
indu, -e, p, p,, included, com-
prised.
inclusi-f, -ve, adj,^ inclusive.
inclusivement, adv.^ inclu-
sively.
incognito, adv., incognito, in
disguise.
incohérence, f.j incohérence.
incohérent, -e, adj,, inco-
hérent, uncertain.
inconmiodey (idj.y inconvén-
ient, troublesome.
incommoder, tr., to trouble,
distress.
incomparable, adj., incom-
parable.
incompétence, /., incompe-
tency.
incompétent, -e, adj,y unau-
thorized.
inconnu, -e, adj., unknown;
Etrange.
incontestable, a4j.^ incon-
testable.
incontesté, -e, adj., uncon-
tested.
inconvénient, m. y inconven-
ience, drawback.
incorrect, -e, adj., incorrect,
inaccurate.
incorruptible, adj.y incorrupt-
ible, pure.
inculte, adj.j untilled.
incurablement, adv,^ incur-
ably.
indécis^ -e, adj.y undecided.
indéfini, -e, adj, y indéfini te,
interminable.
indéfiniment, (idv.y indefi-
nîtely, endlessly.
indépendance, /., independ-
ence.
indépendant, -e, adj,, inde-
pendent.
indice, m., sign, mark, symp-
tom.
indienne, /., printed calico.
indifférent, -e, adj., indiffèr-
ent, of no interest, un-
moved.
indigent, m., needy person
ind^nation, /., indignation.
indigner, rejl.y to be indignant.
indiquer, tr., to indicate.
indirect, -e, adj., indirect.
indispensable, adj., indis-
pensable.
indistinctement, adv,, indis-
tinctly, without distinc-
tion.
individu, m., individual.
individuel, -le, adj., indi-
vidual.
indubitable, adj., indubitable.
indulgence, /., lenity; len-
iency.
indulgent, -e, adj., indulgent.
industrie, /., industry, skill.
industriel, m., manufacturer.
industrieu-z, -se, adj., indus-
trions, industrial, laborious.
inégal, -e, adj., unequal.
inégalité,/., inequality.
inépuisable, adj., inexhausti-
ble.
inert& adj., sluggish.
inexpérience,/., inexpérience.
infaillible, adj., infallible.
infamant, -e, adj., infamous.
infâme, adj., infamous.
infamie,/., infamy.
infatigable, adj., indefatiga-
ble, tireless.
infatuation, /., infatuation.
228 Origines de la France Contemporaine
infect, -e, adj., infectious; of-
fensive, loathsome.
inférieur, -e, a4j.^ inferior.
infime, adj,^ lowest.
infini, -e, adj., infinité.
infiniment, adv.y infinitely.
infirmité, /., infirmity.
infiiger, tr.y to inflict.
influence,/., influence.
information,/., information.
informe, adj.j shapeless, vague,
imperfect.
informer, /r., to inform.
infus, -e, adj,^ intuitive, in-
born.
ingénier, refl., to strive.
ingrat, -e, adj, and n. m., un-
grateful, ingrate.
initiative,/., initiative.
initier, ir.y to initiate, admit
to the inner circle.
injecté, -e, p. p. and adj.j suf-
fused, containing a solu-
tion of (de).
injecter, refl., to become bleaiy.
injonction,/., injunction.
injure,/., insuit.
inné, -e, adj., innate.
innomm-able, adj., number-
less, countless.
inoculer, /r., to inoculate, en-
graft.
inoffensi-f , -ve, o^f;., harmless.
inondation, /., flood.
inouï, -e, adj., unheard of, un-
precedented.
inqui-et, -ète, adj., uneasy,
restless.
inquiétant, -e, adj., alarming.
inquiéter, refl., to be uneasy,
worry.
inquiétude, /., anxiety.
inquisiteur, m., inquisitor.
insatiable, adj., insatiable.
insatiablement, adv., insatia-
bly.
inscription, /., inscription.
inscrire, refl., to inscribe one's
self, enroU, register.
insecte, m., insect.
insensiblement, adv., imper-
ceptibly.
insermenté, adj., obdurate
(refusing to accepi the new
clérical status of 17 ço).
insinuant, -e, adj., insinua t-
ing, subtle.
insistance, /., insistence.
insister, intr., to insist.
insolence,/., insolence.
insolvable, adj., insolvent.
insomnie,/., wakefulness.
inspirer, tr., to inspire, beget.
installer, Ur., to instal.
instant, m., instant; à V — ,
at once.
instigateur, m., instigator.
instinct, m., instinct.
instituer, tr., to institute.
institut, m., Institute, order.
institution, /., institution, es-
tablishment.
instruction, /., éducation.
instruit, -e, adj., instructed,
educated.
insuffisance, /., insufficiency,
inefficiency.
insuffisant, -e, adj., insuffi-
cient, scanty.
insulaire, adj., insular.
insupportable, adj., insup-
portable.
insurger, refl., to revolt.
insurrection, /., insurrection.
intarissable, adj., inexhausti-
ble.
intellectuel, -le, adj., intel-
lectual.
Origines de la France Contemporaine 22g
intelligence, /., intelligence;
être d' — , to hâve an un-
derstanding.
intelligent, -e, adj,, intelli-
gent.
intempérant, -e^ adj.t in-
tempera te; unusual.
intendiuit, in,y intendant, stew-
ard.
interdire, /r., to piohibit; dé-
clare a man incapable of
managing his own affaira.
intéresser, tr,, to interest.
intérêt, m.f interest.
intérieur, m., interîor, home;
à 1' — , at home.
intérieur, -e, adj,y inner.
intérieurement, adv,y within.
interlocuteur, m., interroga-
tor, questioner.
interlope, adj.y doubtful in
character.
intermittant, -e, adj.y inter-
mittent, sporadic, fitful,
occasional.
interposer, /r., to interpose.
interprète, m., expouncler, in-
terpréter; manifestation.
interpréter, /r., to interpret.
interrogatoire, m., examina-
tion.
interrompre, tr., to interrupt,
stop.
intervaUe, m., interval.
intervenir, intr,, to interfère.
intime, adj,y intima te; ' in-
born; private.
intimider, ir,, to intimidate.
intolérable, adj,y intolérable,
unbearable.
intolérant, -e, adj,^ intolérant.
intrigant, -e, adj.y intriguîng.
introduire, /r., to introduce,
letin.
inutile, adj.j useless.
inutilité,/., uselessness.
invalide, m, and /., invalid;
m,y disabled soldier.
invasion, /., invasion.
inventer, /r., to invent.
inventeur, m., inventor.
invention, /., invention;
scheme. device.
inverse; a 1'— de, in contra-
distinction to, the reverse
of.
investir, /r., to invest.
invincible, adû^ invincible.
inviolable^ oj/., inviolable.
inviter, ^r., to invite, urge.
involuntaire, adj,^ involun-
tary, unintentional.
ironie, /., irony.
irrégularité, /., irregularity,
lack of System.
irréprochable, adj,y faultless,
above criticism.
irrésistible, adj,, irrésistible.
irresponsable, adj., irrespon-
sible.
irriter, refl., to be irritated.
irruption, /., irruption; forci-
ble entry.
isolé, -e, adj.y isolated.
isolement, m., loneliness, iso-
lation.
issue, /., issue, outlet, resuit,
avenue of escape, end.
italianisme, f»., Italianism.
italien, -ne, adj., Italian.
ivre, adj,y drunk.
ivresse, /., drunkenness, in-
toxication.
Jacobin, m., Jacobin, ultra-
radical of the French Rév-
olution; dub des — «, rad-
ical revolutionary club.
230 Origines de la France Contemporaine
Jacobinière, /., révolu tionary
club.
Jacquerie, /., peasant upris-
ing (in 1338); peasant dom-
ination,
jadis {pr. jamais) ^ culv., for-
merly.
jaillir, intr.y to spout, spring,
burst forth, flash, issue,
gush.
jalott-x, -se, adj.f jealous.
jamais, adv., ever; ne — ,
never.
Janvier, m., Januaiy.
jardin, m,, garden.
Jargoii, m., jaigon, iingo.
jaune, adj., yellow.
]e, ^on.j I.
jeter, tr,, to throw, cast,
throw away; se — , to
fall.
jeu, m., sport, action, run-
ning, game, working, gam-
bling.
jeun; à — , not having eaten
anything.
jeune, adj,, young.
jeûne, m., fasting.
jeûner, Mr., to fast.
jeunesse, /., youth.
joindre, tr., to join, unité; se
— à, to unité with.
joli, -e, adj., pretty.
jouer, tr. and intr., to play,
prétend, sport; se — de, to
make light of, make play-
things of ; — de quelqu'un,
to manipulate some one.
Joueur, m., player, gambler.
joufliu, -e, adj., chubby-
cheeked.
Jouir, inir., to enjoy.
Jouissance,/., enjoyment.
jour, If»., day; petit —, dawn;
grand —, broad daylight;
en plein — ^ in open day-
light; par — . pcr day,
daily; les — s de fl;rand ap-
parat, State occasions;
vivre au — le — , to li\'c
from hand to mouth.
Journal, m., newspaper.
journalier, m., day laborer.
Joumali-er, -ère, adj,, daily.
journaliste, m., journalist.
journée, /., day's work, day\s
journey, day s events, day's
doings.
jovial, -e, adj., joyous, jolly.
merry.
Joyeu-z, -se, adj., joyous.
jucher, intr., to roost, perch.
juge, f».j judge.
Jugement, m., judgment, trial.
juger, tr., to judge; bring to
trial; estimate, think, try.
juillet, m., July.
Juin, m., June.
Jurer, tr., to swear.
jurisprudence, /., jurispru-
dence.
Juron, m., oath.
jusqu^à.
j P^^P'f to, even, clear
to, down to, until.
jusques, old form of jusque,
justaucorps, m., close coat,
jerkin.
juste, adv., exactly, just, just
in time.
juste, adj., just, true, right,
exact,
justement, adv., just, justly,
precisely, and now.
justice,/., justice, court,
justifier, tr., to justify.
kermesse, /., fair; parish
festival; amusement park.
Origines de la France Contemporaine 231
la, adj., the; pron,^ her, its.
là, adv,. there; — -bas, yonder ;
ce nW pas — , that is not.
labeur, m., work, labor.
laborieu-x, -se, adj,^ labori-
ous, laboring, industrious.
latx>urer, /r., to plow, till.
laboureur, m., husbandxnan.
lac, m,t lake.
lacet^ m., lace; noose.
Iftcher, ir,, to let loose, release.
lacune,/., gap.
là-dessus, adv., on it, on that,
thereupon.
laideur,/., ugliness.
laïque, adj., laical, lay.
laisser, tr,, to leave; ailow;
let; hâve; — faire, to let
alone, not to interfère; se
— faire, not to resist.
lait, ff»., milk.
lambeau, m., rag, strip, tat-
ter.
lame,/., blade.
lampie,/., lamp.
lampion, f»., torch.
lancer, /r., to fling, throw; ut-
ter; give (coup de pied);
hurl; lancé hors de sa voie,
gotten out of his {old pru-
dent) ways.
langage, m., speech.
langue,/., language; tongue.
languir, intr., to langruish.
lanterne, /., lantern; street
light; lamp-post; à la — ,
to the lamp-postl
lapider, /r., to stone (to death) ;
maltreat.
large, adj.y wide, broad.
largement, adv,, grandly, lib-
erally, generally.
laime,/., tear, drop.
las, -se, adj.y tired; fatîgued.
lassé, -e, adj,j "treary.
lasser, tr,, to tire,
lassitude, /., weariness.
latin. fn,j Latin,
lauréat, m., lauréate, victor,
winner.
laver, /r., to bathe, wash.
le, adj,, the; pron., it, him.
leçon,/., lesson; — s de choses,
object lessons.
lecteur, m., reader.
lecture, /., reading.
légal, -e, adj., lawful.
légende, /., legend, mythical
story, " yarn."
lég-er, -ère, adj., easy, light.
l^èreté,/., frivolity.
lé^slateur, m., legislator.
législation, /., législation,
l^slature,'/., législature,
l^itime, adj., just, lawful.
légitimement, adv.y legiti<
mately.
légitimer, tr., to recognize, le-
gitimize.
léguer, ir,, to bequeath.
lendemain, m., following day.
lent, -e^ adj., slow, tardy.
lentement, adv,y slowly.
lequel, laquelle, lesquels, les-
quelles, pron.y who, whom,
which.
les, adj.f the; pron,, they,
them.
lèse-majesté,/., high treason.
lest, m., ballast; les plus vides
de — f the shallowest, light-
est.
lettre,/., letter.
lettré, -e, adj., literary, edu-
cated; ». m., literary man,
educated man.
leur, poss. adj.y their; pron.y
to them.
232 Origines de la France Contemporaine
lever, tr., to collect, raise, en-
force; se — , to get up, rise.
lever, w., rising, levée, morn-
ing réception,
liaison, /., connection,
liane, /., bindweed, tropical
creeper.
libérateur, m., deliverer.
liberté, /., liberty.
librairie,/., book trade, book-
store.
libre, adj.y free.
librement, adv., freely;
lightly.
licence,/., license.
lie,/., lees, dregs.
lié, -e, p. p. and adj., bound,
intimate.
lien, m.f bond.
lier, /r., to bind.
UeUf m. y place, spot; — ^z com-
muns, commonplaces; au
— de, instead of .
lieue, /., league (about three
miles).
ligne, /., Une, rank; hors
(de) — , out of the line, be-
yond comparison, excep-
tional.
liguer, /T., to league.
limite, /., limit, boundary.
limité, -e, p. p. and adj.y lim-
ited.
liqueur,/., liquor.
lire, Ir.y to read.
liste,/., list.
lit, m.y bed.
litanie,/., litany, prayers.
littéraire, adj.y literary.
littérateur, m.y literary man.
littérature, /., literature.
livide, adj.y livid, lead-colored.
livre, m.y book.
livre,/., pound; franc.
livrer, tr.y to deliver up, give
over; se — , to commit,
give one's self up, yield.
local, -e, adj.y local.
loger, tr. and intr.y to lodge,
(^uarter, live.
logicien^ m., logîcian.
logique, n. f. and adj.y logic;
logical.
logis, m.y dweliinff; home.
loi,/., law, authon^.
loin, adv.y far; — de, far from;
de — , from aiar.
lointain, -e, adj.y far off, re-
mote.
loisir, m.y spare tîme.
Londres, m.y London.
long, -ue, adj.y long, slow; à
la — ^ue, in the long run.
longanimité,/., forbearance.
longe, /., loin; — de veau,
loin of veal.
longtemps, adv.y a long while.
longueur,/., length.
lors, adv.y then; dès — ^ from
that time onward.
lorsque, conj.y when.
louange, /., praise, commen-
dation.
louer, tr.y to let, rent.
louer, tr., to praise.
louis, m.y louis {an old French
coin worth aboid $4.^6).
loup, m.y wolf.
lourd, -e, adj., heavy.
louveteau, m., young wolf.
louvetier, m., head of the
royal wolf-hunting expé-
dition.
louvoyer, intr.y to maneuver,
tack, dodge, bend.
loyal, -e, adj.y loyal, honor-
able, uprignt.
lu, -e, p. p. y read.
Origines de la France Contemporaine 233
lubie,/., whim.
lucide, adj.j ludd.
lucidité,/., lucidity, clearness.
lueur, /., glimmer, light, glow.
lugubre, adj., doleful.
lui, pron.y he. to him; it, to it.
lui-même, pron., himself.
luisant, près, part., shining,
gleaming.
lumière,/., light; insight, en-
lightenment; se produire
à la — , to become évident,
lune,/., moon.
lunette,/., spyglass; eyeglass.
lutte,/., stniggle.
luxe, m., luxuiy; objets de
— , fancy goods, luzuries;
industrie de — , high-class
industry.
machinal, adj., mechanical.
machine,/., machine, engine.
mâchoire,/., jaw.
maçon, m., mason.
maçonnerie,/., masoniy.
madame,/., madam, mlstress.
Madame, /., king's eldest
daughter; wife o£ king's
eldest brother.
magasin, m., store, shop;
stock, magazine.
magie,/, magie.
magistrat, m., magistrate.
ma^ m., May.
maigre, adj., lean.
main,/., hand; à pleines — s,
by handfuls, lavishly; les
— s vides, empty-handed;
sous la — , under control.
mainmorte, /., serfdom, en-
tail; moTtm&in (feudcUism);
reversion; (al présent) per-
petuity, corporation tax.
munt, -e, adj.^ many.
maintenant, adv., now.
maintenir, /r., to sustain,
keep; se — , to keep up.
maintien, m., maintenance.
maire, m., mayor.
mairie,/, town hall.
mais, conj.j but.
maison, /., house; firm, fam-
ily.
mutre, m., master; teacher;
proprie tor; — de maison,
householder; — d'hôtel,
chief steward; . — de garde-
robe, master of the robes;
grand — , master of céré-
monies, head master, com-
mander.
maîtresse,/., mistress.
maîtriser, /r., to master.
majesté,/., majesty.
majestueu-z, -se, adj., ma-
jestic.
major^ m., major.
majorité,/., majority.
mid, m., evil, harm, pain,
ache;
mal, adv., badly, ill.
malade, adj., sick, ill.
maladie,/, sickness.
maladresse, /., awkwardness.
malaise, m., uneasiness, dis-
comfort.
malandrin, m., brigand.
mâle, m. y maie.
malf aisance, /., malfeasance;
wickedness; corruption.
malfaisant, -e, adj.j mischiev-
ous; injurious; pemicious,
dançerous.
malfaiteur, m., evil doer.
malgré, prep., in spite of.
malheur, m., mishap, acci-
dent, misfortune, unhap-
piness; — à, woe to!
234 Origines de la France Contemporaine
malheureo-z, -se, adj., n. m.
audf,, unfortunate.
malhonnête, adj., dishonest,
discourteous.
malle,/., trunk.
malsain, -e, adj.y unhealthy,
unhealthful, unwholesome.
malsonnant, -e, adj.y offen-
sive; heretical, improper.
maltôte, /., extortion, unjust
taxation. •
maitôtier, m,, extortioner.
maltraiter, tr., to maltreat.
mamelle,/., breast.
manche, m., handle.
manche,/., sleeve.
mandat, m., warrant, man-
date, authority.
mandataire, m., proxy.
manger, /r., to eat, use up;
— son blé en herbe, to
spend one's money before
one bas it.
maniaque, m., maniac.
manie,/., mania.
manier, tr., to handle, treat,
wield.
manière, /., manner, way; à
la — du temps, as did his
contemporaries.
manifeste^ m., manifesto.
manifestement, adv., mani-
festly, obviously.
manipuler, /r., to manipu-
late.
manœuvre, m., laborer; ». /.,
action.
manœuvrer, tr., to manipu-
late, operate.
manque, m., want, lack.
manquer, tr. and intr., to
miss, fail. lack, be lack-
ing; — de grftces, to be
lacking in affability; —
d'être assassiné, to nar-
rowly escape being kiUed.
manufacture, /., manufac-
ture, factory.
maquignon, m., horse dealer,
marais, m., marsh.
maraudeur, m., marauder.
marbre, m., marble.
marchand, m., merchant; —
de vin, wine merchant.
marchande, /., peddler wom-
an.
marchandise, /., merchan-
dise, wares, goods.
marche, /., march; se mettre
en — , to march off.
marché, m., market; market
place; (à) bon — , cheap;
en fait bon — , does not
value it highly.
marcher, itUr., to move on;
march, go.
marcher, m., walk, gait, car- .
riage.
mare,/., pool, pond.
maréchal, m., farrier; marshal.
maréchale,/., marshal's lady.
maréchausisee, /., mounted
rural police.
mar^e,/., margin.
mari, m., husband.
marin, m., mariner, sailor.
maritime, adj., maritime,
marmite,/., boiler, saucepan.
marmiton, m., scullion, kitch-
en drudge.
marmotte,/., brat; puppet.
marque,/., mark, cipher; rank.
marquer, /r., to mark, note,
prescribe, define.
marqtds, m., marquis.
mars, m., March.
marseillais, -e, adj., of Mar-
seilles.
Origines de la France Contemporaine 235
Marseillaise^ /., the Marseil-
laise,
marteau, m., hammer.
martyr, m,, martyr.
masque, m. y mask, face,
masqué, -e, adj,, masked.
massacre, m., massacre.
massacrer, /r., to butcher.
massacreur, m., murderer.
masse,/., màss; mace, weight;
unity, unit.
massif, m., solid mass.
massue, /., club; coup de —^
heavy blow.
mat, cp. échec,
matelas, m.y mattress.
matérialisme, m., material-
ism.
matériaux, m. pl.y materials.
mathématicien, m., mathe-
matician.
matière, /., matter, subject,
material; en — de, in
point of.
matin, «., moming; du — ^
in the morning.
maussade, adj., suUen, un-
pleasant.
mauvais, -e, adj., bad, ill,
poor {in quality).
maxime,/., maxim.
me, pron., me.
mécanicien, m., engîne man,
mechanic, machinist.
mécaniquement, adv,, me-
chanically.
méchant, -e, adj.y mean, evil,
bad; m, and}., wrongdoer,
evil person.
mécontent, -e, adj., dissatis-
fied.
médaille,/., medal.
médecin, m. y doctor, physi-
cîan.
médiocre, adj., middling, in-
diffèrent, only fair.
médiocrité, /., mediocrity,
meagerness.
méditer, /r. and intr., to medi-
tate, reflèct.
méfait, m., misdeed, mistake.
meilleur, -e, adj., better, best.
mélange, m., mixture, min-
mèié, -e, adj.y mixed.
mêler, /r., to mix, mingle.
mélodrame, m., melodrama.
membre, m., member, part.
même, adj., same, self; adv.^
even; de — , likewise.
mémoire, m., brief, disserta-
tion.
menaçant, -e, adj., threaten-
ing.
menace,/., threat.
menacer, /r., to threaten.
ménage, m., household; house.
ménagement, m., caution;
conduct, considération, care.
ménaeer, /r., to save; treat
with caution; spare, hu-
mor.
ménag-er, -ère, adj,, saving,
stingy.
mendiant, -e, n. m. and /.,
and adj.y beggar, mendî-
cant.
mendier, /r., to beg.
mener, to lead, conduct, di-
rect, carry on.
ménétrier, m., fiddier.
meneur, m. , ringleader, leader.
mensonge, m., lie.
mental, -e, adj., mental.
mention,/., mention.
mentir, intr,, to lie.
menu, -e, adj., small; inten-
dant des — 8-plaisirs, stew-
236 Origines de la France Contemporaine
ard in charge of the lesser
distractions of the King.
menuisier, m., joiner.
mépris, m.y scorn^ contempt;
au — de, in spite of .
mépriser, tr.^ to scorn.
mer,^., sea.
merci,/., mercy.
mercier, m., haberdasher;
peddler.
méridional, -e, adj., southern.
mérite, m.j merit.
mériter, tr., to deserve, mer-
it.
méritoire, adj.y meritorious.
mésaventure,/., mishap.
mesquinerie,/., meanness.
messe,/., mass.
Messie, m., Messiah.
messieurs, m. pl.y gentle-
men.
mestire, /., measure; deliber-
ateness; à — que, in pro-
portion as, as fast as.
mesuré, -e, adj.j cautious, cir-
cumspect, perfectly adapt-
ed.
mesurer, /r., to measure.
métal, m. y métal.
métaphore, /., metaphor.
métayer, w., f armer.
méthodiquement, adv.^ me-
thodically.
métier, m., trade, business;
gens de — , mechanics.
métropole,/., metropolis.
mettre, tr., to put, invest,
put on, set, place; — le
feu à la maison, to set the
house on fire; — au fait, to
inform of a thing; se —
(à), to begin.
meuble, m., household goods,
furniture, furnishings.
meule, /., grindstone; mill;
cheval de — , horse in a
treadmill.
meurtre, m., murder.
meurtriy -e, adj.y bruised.
nleurtrier, w., murderer; as-
sassin.
meurtri-er, -ère, adj., mur-
derous.
meute,/., pack of hounds.
miche,/., small loaf.
mi-chemin; à — , halfway.
midi, m., noon; south.
mieux, adv., better, best;
être — , to be better off.
milice, /., militia, military
service; — s, militiamen.
milieu, m., middle^ midst; au
— de, in the middle of,
among.
militaire, adj., military; n. m.,
soldier.
mille, num. adj., thousand.
milliard, m., one thousand
millions, billion.
millier, m., thousand.
million, m., million.
millionnaire, m. and /., mil-
lionaire.
mimique, adj., mimic; n. /.,
mimicry, pantomime, per-
formance.
mince, adj., slight; thin, slen-
der.
mine,/., look; source.
ministère, m., ministry, min-
isterial office.
ministre, m., minister; ex-
pression.
minorité,/, minority.
minuit, m., midnight.
minute,/., minute.
miroir, m., mirror.
mise,/, setting; être de — ^| to
Origines de la France Contemporaine 237
be présentable, f ashionable,
in good form.
misénible, adj.^ misérable,
wretched.
misère,/., distress, wretched-
ness.
mitoyen, -ne, adj.y interme-
diate.
mitraiUer, /r., to fire grape-
shot at; shell.
mode,/., fashion.
modèle, m., model.
modéré, -e, adj.^ moderate,
gentle.
modérément, oJv., moder-
ately.
moderne, adj.^ modem.
modeste, adj.y modest.
mœurs,/, pi. y manners, mor-
als, conduct, customs.
moi, pron., I; ». w., ego.
moindre, adj.^ less, least,
smaller, smallest.
moins, adv.^ less; à — de, for
less than, short of; au — ,
at least; tout au — , at the
very least; à tout le — , at
least.
mois, m., month.
moisissure,/. , moldiness, mold .
moisson,/., harvest.
moitié,/., half.
mollesse, /., softness, weak-
ness.
moment, m., moment.
monarcMe,/., monarchy.
monarchiste, m., monarchist,
partisan of royalty.
monarque, m., monarch.
monastique, adj.y monastic.
monceau, m., heap.
mondain, -e, adj., mundane,
social, of Society, in So-
ciety, worldly.
monde, m., world: people,
circle, society; beau — ,
f ashionable society; tout
le — , everybody; il n'y a
que le — , society only is
necessary.
monologue, m., monologue.
monomanie,/., monomania.
monopole, m., monopoly.
monotone, adj., monotonous.
monsieur, m., gentleman,
sir.
monstre, m., monster.
monstrueu-x, -se, adj., mon-
strous.
Montagnard, m. , radical mem-
ber of the Convention of
1793; a radical.
montagnard, -e, adj,y radical.
montagne,/., mountain; party
of radicals {in the Conven-
tion of 1793, and National
Assembly).
monter, intr.y to ascend,
mount, increase.
montre, /., watch, display;
faire — de, to display.
montrer, /r., to show.
monture, /., mount, animal for
riding.
moral, -e, adj.y moral, ethical;
n. /., ethics, attitude.
morceau, w., bit, pièce; — à
effet, claptrap.
mordre, tr.j to bite, eat away,
gnaw.
morgue,/., haughtiness.
morne, adj.j dull, gloomy.
morose, adj,, sullen.
mort,/, death; cri de — , cr>'
of murder; donner la — à,
to kill.
mort, m.f dead person.
mort, -e, adj., dull, dead; — e-
238 Origines de la France Contemporaine
saison, idle season (win-
ter).
mortel, -le, adj.y mortal,
deadly, fatal.
mot, m. y Word, remark; bon
— , witticism.
moteur, m., motor; mover;
author.
motif, m.y motive, cause,
motion,/., motion; converti
en — s pratiques, put into
form of motions, put into
action,
motte,/., clod; turf.
mou, mol, -le, adj., soft.
mouchoir, m., handkerchief.
moule, m. y mold, cast.
mouran^ m., dying person.
mourir, inir.y to die.
mousse,/., froth, foam, effer-
vescence,
moustache,/., mustache.
mouton, w., sheep, mutton.
moutonni-er, -ère, adj., sheep-
like.
mouvant, -e, adj.^ moving,
restless.
mouvement, m., impulse, mo-
tion,
mouvoir, /r., to move.
moyen, m., means, way, man-
ner.
moyen, -ne, adj., middle
sized, middle, intermedi-
ate.
moyennant, prep., for.
moyenner, /r., to bring about.
mugissement, m., bellowing.
muid, m., hogshead.
mule,^., slipper.
multiplicité, /., great num-
ber.
multiplier, ^r., to multiply.
multitude,/., multitude.
muni, -e, p. " , armed,
equipped.
municipal, -e, adj,^ municipal,
municipalité, /., municipal-
ity.
munir, /r., to supply, furnish.
mur, m., wall.
mûr, -e, adj.^ ripe,
muraille,/., thick, high wali.
murmure, m., murmuring.
murmurer, in/r., to mur mur.
muscle, m., muscle,
museau, m., muzzie; nose.
musique,/., music.
mutiler, tr., to mutilate.
mutin, m., noter.
mutuel, -le, adj.y mutual.
myope, m., shortsighted pei
son.
naïf, naïve, adj,y simple, art-
less, candid, innocent.
naissance,/., birth.
naître, intr.y to be bom, spring
up; faire — , to beget.
nappe,/., tablecloth.
natal, -e, adj., native, nat-
ural.
nation, /*., nation.
national, -e, adj,y national.
nature,/., nature.
naturel, m., tempér, disposi-
tion.
naturel, -le, adj., natural.
naturellement, adv., natu-
rallv.
nausée,/., nausea.
navire, w., vessel.
ne . . . pas, not; ne . . .
plus, no longer; ne . . .
g|uère, hardly; ne . . .
rien, nothing; ne . . . ja-
mais, ne ver; ne . . . per-
B, nobody.
Origines de la France Contemporaine 239
nerve;
néy -e, p. p., born.
néanmoins, adv., neverthe-
less.
néant, m., aothing; homme
de — j nonentity.
nécessaire, m., necessaries;
adj.j necessary.
nécessité,/., necessity.
nécessiteux, m., pauper; ctdj.y
needy.
négoce, m., traffic.
négociant, m., merchant, busi-
ness man.
nè|;re, w., negro.
neige, A, snow.
nerf (pr. nerf)^ w.,
tendon.
nerveu-x, -se, adj.y nervous;
sinewy.
net, adv.y suddenly; trancher
— , to settle offhand.
nettoyer, tr.y to clean, clear
out.
neu-f, -ve, adj., new.
neZy m., nose.
ni . . . ni, c^^y.^neither, nor.
niaiserie, /., silliness; non-
sense, silly trifle.
niche,/., niche,
nier, /r., to deny.
nigaud, m., booby.
niveau, m., level; — d'eau,
water level; de — , on a
level, equal; au — de, on a
par with.
nivellement, m., leveling; uni-
fying, simplification.
noble, m. y nobleman; pi., no-
bility; adj., noble, dignified.
noblesse,/., nobility, rank.
nocturne, adj,^ nightly.
nœud, m., knot.
noir, -e, adj.y black, gloomy,
in black; dark.
noircir, /r., to blacken; stain.
nom, m., name; famé.
nomade, m., nomad.
nombre, m., number; (bon)
— de, numerous.
nombreu-x, -se, adj.y nu-
merous.
nommé, -e, p. p. y named.
nonuner, tr.y to nominate,
name, appoint.
Nord, m. y north.
notaire, m., notary.
note,/., note.
noter, tr.y to note, take notice
of, make note of.
notion, /., idea; knowledge,
concept.
noueu-x, -se, adj.y knotty.
nourri, -e, p. />., fed.
nourrice,/., nurse.
nourrir, /r., to feed, nourish.
nourriture, /., nourishment,
food.
nous, pron.y we, us, ourselves.
nouveau, nouvel, -le, adj.,
new; récent, other.
nouvelle,/., news.
no va têtu*, m. y innovator.
noyade,/., drowning.
noyau, m. y nucleus.
noyer, tr.y to drown; se — ^ to
be drowned.
nu, -e, adj.y naked; bare.
nuage, m., cloud.
nuance, /., shade; distinc-
tion, gradation.
nuit,/., night.
nul, -le, pron.y nobody, no
one, no, none.
nul. -le, adj.y not any, no.
nullement, adv.y by no means.
nullité, /., nullity, insignifi-
cance.
ntunéro, m., number.
240 Origines de la France Contemporaine
obéir, inir., to obey.
obéissance^/., obédience.
objecter, /r., to object; re-
proach.
objet, m. y object.
obligation,/., obligation; d' — ,
obligatory.
obligatoire, adj.y obligatory.
obligé, -e, adj. and p. p., ob-
ligatory, forced.
obliger, /r., to oblige, com-
pel, subject.
obscur, -e, adj,^ dark.
obscurément, adv., obscurely.
obscurité,/., obscurity.
obséder, /r., to beset; possess
(ofevUspirits).
observer, /r., to observe,
obsession,/., obsession,
obstacle, m., obstacle,
obstiner; s' — , to persist, in-
sist.
obtenir, tr., to obtain.
occasion, /., occasion, op-
portunity.
occupatioi^ /., occupation;
business.
occupé, -e, adj.j busy.
occuper, /r., to occupy, em-
ploy, entertain.
octroi, m. y grant; municipal
customhouse; city tolls.
oculaire, adj. y ocular; témoin
— , eyewitness.
odeur, /., smell.
odieu-x, -se, adj.y odious,
hateful.
odorat, m., smell, sensé of
smeU.
ceil, m. y eye; coup d* — ,
fflance.
œillère, /., blinder (harness).
œillet, m.y carnation, pink.
œillette, /., poppy.
œuvre,/., work.
office, m., office; duty; por-
tion, purpose.
officiel, -le, adj.y officiai.
officier, m.y officer.
officine,/., laboratory, study.
apothecary's shop.
offrant; au plus —, to the
highest bidder; au pre-
mier — , to the first appli-
cant.
offrir, /r., to offer.
offusquer, /r., to obscure, daz«
zle; offend; befuddle.
o|[re, m.y ogre.
oiseau, m.y bird.
oisif, m.y idler.
oisi-r, -ve, adj.y idle.
oisiveté,/., idleness.
oligarchie,/, oligarchy.
olivier, m., olive tree.
ombrage, m., shade, shadow,
suspicion; porter — , to
arouse suspicion.
ombrageu-x, -se, adj., skit-
tish, nervous, uneasy, sus-
picious.
ombre, /., shadow; back-
ground.
omettre, /r., to omit, pass
over in silence.
omnipotence,/., omnipotence,
suprême power.
omniprésence,/., ubiquity.
on, pron.y one; they; people; we.
once,/, ounce.
oncle, m.y unde.
onze, adj.y eleven.
Opéra, /., Opéra House (m
Paris).
opération, /., opération, re-
pair, process.
opérer, /r., to operate; s* — ,
to be effected.
Origines de la France Contemporaine 241
opiner. itUr., to give one's
opinion,
opiniâtreté, /., obstinacy.
opinion, /., opinion, vote,
public opinion,
opposer, tr.f to oppose, set up.
opposition, /., opposition,
oppression, /., oppression,
opprimé, -e, p. p., oppressed.
opprobre, m., shame.
opter, intr.t to choose, décide.
or, tn.f gold.
or, conj.f but, now; well.
oracle, m., oracle.
oraison,/., orison, prayer.
orateur, m., orator.
oratoire, adj., oratorical.
oratoire, m., prayer cabinet,
oratory.
orbite, /., socket; mettre un
œil hors de P — , to gouge
out an eye.
ordinaire, adj. and n. m.,
common; usual, ordinary;
comme à V — , as usual;
d* — , usually.
ordinairement, adv.y usually.
ordonnateur, m., manager.
ordre, w., order; class, pro-
gram, good behavior; par
— s, by classes; mot d' — ,
password.
oreille,/., ear, hearing.
orfèvre, m., goldsmith.
organe, m., organ.
organiser, tr.^ to organize.
orgie, /., orgy.
orgueil, w., pride; — souf-
frant, wounded pride.
original, -e, adj., original, ec-
centric.
origmalité,/., originalîty.
origine, /., origin; dès P— ,
from the beginning.
originel, -le, adj., original,
ornement, m., ornament.
ornière,/., rut.
orphelin, m., orphan.
orthodoxie,/., orthodoxy.
orthographe,/, spelling.
os, m., bone.
osciller, intr., to vibrate,
sway, hover.
oser, tr., to dare, risk.
ostensible, adj., ostensible.
ôté, prep., except, save, aside
from.
ôter, ir., to take away, re-
move; take off, detract,
subtract.
ou, conj., or, either.
où, adv., where, when, in
which; d* — , whence.
oublier, tr., to forget.
oui, adv., yes.
outillage, m., clockwork, ma-
chinery.
outrage, m., gross insuit.
outre, prep. and adv., be-
yond, besides; en — , as
well, besides.
outrecuidance, /., presump-
tion; overconfidence.
ouvert -e, adj., open.
ouvertement, adv., openly.
ouverture, /., opening.
ouvrage, m., work; sans — ,
out of work.
ouvrier, m., workman.
ouvrir, tr., to open.
pacha, m., pasha, chieftain.
pacifique, a J; . ,peacef ul, peace-
able, peace loving.
pacte, m., agreement, com-
pact.
page, m., page (person), at-
tendant.
242 Origines de la France Contemporaine
paee,/, page {pfa book).
paill^/., straw.
pain, m,, bread.
paisible, adj.y peaceful, peace-
able.
paître, /r. and intr.y to graze;
demander à — , to demand
food.
paix,/., peace.
palais, m., palace.
pflle, adj.f pale.
palefrenier, m., groom,
pflleur,/., paleness, pallor.
pallier, /r., to palliate.
palpable, adj., palpable, évi-
dent,
palpitant, -e, adj., palpitât-
ing.
panégyriste, m., panegyrist.
panetier, m., master of the
pantry, inspector of bak-
eries.
panne, /.; en — , at anchor,
heaved to; mettre en —,
to bring, heave to.
pantoufle,/., slipper.
pape, f»., pope.
papier, m., paper.
par, prep.f by, through, per;
— trois fois, three times;
— instinct, instinctively.
parade, /., show; state; bur-
lesque, display, parade; de
— , showy, pompous.
parader, intr., to parade.
paraître, inir.y to appear,
seem; look; sans ^u'il y
parût, without showing it.
paralyser, /r., to paralyze,
render helpless.
paralyse,/., paralysis.
parapet, m., parapet.
parasite, m., parasite.
paravent^ m,, screen.
parc, m., park.
parcelle,/., partide. .
parce que, conj., because.
parchemin, m., parchment; ^i.,
titles of nobility.
parcimonie,/., parsimony.
pardmonieu-x, -se, adj.y
stingy, mean, close.
parcourir, /r., to travel over,
run over, traverse, peruse.
par-dessus, adv. and prep.y
over, above.
pardonner, /r., to forgive.
pareil, m., equal, fellow.
pareil, -le, adj., like; equal,
such.
pareillement, adv., similarly,
likewise.
parent, m., parent, relation,
parenté,/., relationship.
parenthèse,/., parenthesis.
parer^ /r., to adom; ward off.
parfait, -e, adj.y perfect, com-
pleted.
parfaitement, adv. y perfectly.
parfois, adv., sometimes.
parfum, m., perfume.
parfumé, -e, adj., perfumed.
parisien, -ne, adj., Parisian.
parlementaire, n. m. and adj.,
parliamentarian; parlia-
.mentary.
parlementer, inir., to pariey.
parler, intr., to speak.
parleur, m., speechmaker;
spokesman.
panni, prep., among.
paroisse,/., parish.
parole,/., word, speech.
paroxysme, m., fit.
parquer, /r., to pen up; con-
sign.
part, /., share, part; faire — ,
to announce; de votre — ,
^igjanÊ^ la France Contemporaine 243
from you; niiM — , no-
where; en bonne — , in a
kindly manner; d'une —
. . . d'autre — , on the one
hand ... on the other
hand; de toutes — s, on
every hand; à — , apart,
aside, individually.
partager, ir., to divide.
partant, adv.y therefore.
parti, m., party; resolution,
course; inrendre — , to ar-
ray one*s self; — pris, set-
tled policy, détermination.
particulier, m., individual,
private indivîdual.
particuli-er, -ère, adj., par-
ticular, peculiar; private.
particulièrement, adv., par-
ticularly, especially.
partie, /., part, party; game;
litigant, project; en — ,
partly; contestations qu'ils
ont comme — s, suits in
which they are interested
parties; faire — , to be a
part.
partiel, -le, adj., partial, local.
partir, intr,, to set out, start;
à — de, beginning with.
partisan, m., partisan, advo-
cate.
partout^ adv.f eveiywhere.
parure, /., attire, dress, orna-
ment.
panrenu, n, m. and adj,, up-
start.
pas, m., step, pace; faux — ,
false step.
pas, adv, (ne . . . jpas), not.
passage, m., transition, pas-
sage, passing by; lancer au
— , to utter while on the
run.
passâg-er, -ère, adj., passing,
transient.
passant^ m., passer-by.
passé, ffi., past.
passeport m., passport.
passer, /r. and intr,, to pass,
spend; cross over; hand
ovcr; pass along; — par
les baguettes, to run the
gauntlet; — au fil de Pépée,
to slay with a sword thrust;
faire — , to admit, hold; se
— , to occur, go forward;
se — de, to do without.
passi-f, -ve, adj., passive.
passion,/., love; passion.
passionné, -e, adj,, passion-
ate, impassioned.
paterne], -le, adj., patemal.
patience, /., patience, en-
durance.
pâtir, inir., to suffer.
pâtisserie, /., pastry, con-
fectionery.
pâtre, m., shepherd.
patrie, /., native country,
fatherland.
patrimoine, m., patrimony.
patriote, m., patriot.
patriotique, adj., patriotic.
patriotisme, m., patriotism.
patron, m., patron, employer,
master, sponsor.
pâture,/., pasturage; aliment;
exercise, feeding ground.
pause,/, stop.
pauvre, n. m. and adj., pau-
per; poor.
pauvreté,/., poverty.
pavé, m., pavement.
pavillon, m., pavillon.
payement, m., payment.
payer, tr., to pay, reward; —
de sa personne, to appear
244 Origines de la France Contemporaine
in person, make one's self
agreeable.
pays, m., country.
paysan, -ne, m. and /., peas-
ant.
peau,/., skin.
pécher, intr.y to sîn, trans-
gress.
pêcher, tr. and intr.y to fish.
pédant, m., pédant; school-
master.
pédant, -e, adj., pedantic.
peindre, /r., to paint, portray.
peine, /., pain, reluctance,
difficulty, hardship, labor;
à — , avec — , hardly; avoir
— , to hâve difficulty.
peinture,/., painting, picture,
depiction.
pelé, m., ragamuffin.
pêle-mêle, n. m. and adv.y
pellmell, hurly-burly, con-
fusion.
peloton {pr. ploton), m.,
group; mob, platoon.
pencher, refl.j to bend, lean.
pendant, prep.y during; —
que, conj.y while; c'est que
— longtemps, it is because
for a long time.
pendre, tr., to hang.
pénétrant, -e, adj., profound,
deep.
pénétration,/., pénétration.
pénétré, -e, p. p., permeated,
imbued.
pénétrer, tr.^ to penetrate, en-
ter, fathom.
pénible, adj.^ troublesome,
difficult, disturbing.
péniblement, adv.^ anxiously,
with difficulty, painfully.
pensée,/., thought, imagina-
tion.
penser, /r., to think.
pension,/., pension,
pente,/., slope, down grade,
percale, /., cotton cambric.
perçant, -e, o^/., piercing.
percer, /r., to pierce; ap-
pear; thrust through, break
through, appear.
perché, m., the being perched
{ofhirds), perching.
perché, -e, adj. and p. />.,
perched, planted.
perdant, m., loser.
perdre, /r., to lose; — pied, to
lose foothold; hommes per-
dus de dette et d'honneur,
men without crédit and
honor.
perdrix, /., partridge.
perdu, p. p., lost; enfant — ,
reckless adventiurer.
père, m., father.
perfection,/., perfection,
perfectionner, refi.^ improve,
perfect.
perfide, adj., faithless.
péril, m., péril.
période, /., sentence; phrase,
period, phase.
périr^ tn/r., to perish.
permanence, /., permanence;
en — , chronic, constantly.
permanent, -e, adj., chronic,
perpétuai.
permettre, /r., to permit.
permis, -e, adj. and p, p., per-
mitted, allowable.
permission,/., permission.
pemicieu-x, -se, ad/., inju-
rious.
péroraison,/., peroration.
perpétueL -1^ ad;'., perpétuai,
perpétuellement, odv., per-
petually.
Origines de la France Contemporaine 245
perpétuité^ /., perpetuity; à
— y f orever.
perruque,/., wîg.
perruquier, m., wig maker.
persécuter, tr., to persécute.
persécution, /., persécution,
persistance, /., persistence.
persistant, -^ adj., persistent.
persister, intr., to persist.
personnage, m., person, in-
dividual.
personnalité, /., personality.
personne, /., person, any-
body, individuality; payer
de sa — , to appear per-
sonally, make one's self
agreeable; ne — , nobody.
personnel, -le, adj.y personal,
individual.
perspicace, adj\, perspica-
clous, clear-seeing.
persuader, tr., to persuade,
convince.
persuasion,/., conviction,
perte,/., loss.
pervers, m., wrongdoer.
perversion,/., perversion,
pervertir, /r., to pervert.
pesant, -e, adj., heavy, pon-
derous.
pétard de salon, parlor fire-
works.
pétillement, m., crackling.
petit, -e, adjiy small, little,
petty; — e vérole, small-
pox; — jotir, dawn.
petit-fils, m.f grandson; —
de France, King's grand-
son.
pétition, /., pétition,
peu, m., little.
peu, adv,y little; — à — ^, by
degrees; — importe, it mat-
ters little.
peuple, m., people, common
people.
peur, /., fear; mourir de —,
to be frightened to death;
faire — (à), to frighten.
peut (pouvoir), can.
peut-être, adv.y perhaps.
philanthrope, philanthropist.
philanthropie, /., philan-
thropy.
philanthropique, adj.y philan-
thropie,
philosophe, m., philosopher.
philosophie, /., philosophy.
philosophique, adj.y philo-
sophical.
phosphore, m., phosphorus.
phrase,/., phrase, sentence.
physionomie, /., countenance.
physique, /., physics; cabinet
de — , physical laboratory.
physique, adj,, physical.
pièce, /., pièce; play, part;
mettre
to
rend . . . to fragments;
tout d'une — , doggedly,
persistently, clumsily.
pied, m., foot; footing; perdre
—, to lose one's footing;
coup de — f kick; à — ^ on
foot.
piédestal, m., pedestal.
piège, m., snare; trap.
pierre, /., stone; tailleur de
—f stonecutter.
piétinement, m., stamping of
feet.
piètre, adj., shabby, sorry,
wretched.
pilier, m., pillar.
pillage, m.y pillage.
piller tr.y to pillage.
pin, m.y pine tree.
pinceau, m.y pencil, brush.
246 Origines de la France Contemporaine
pinte, /y pint.
pique, /, pikc; spitc; par —,
oui of spite; par — de, at
the impulse of; at thc dic-
tâtes of .
pirate, m., pirate.
pire, adj\y worse; le — , worst.
pis, adv,f worse, worst; de —
en — , worse and worse.
pistolet, m,f pistol; coup de
— f pistol shot.
pitié,/., pity.
placard, m., placard, sign.
place, /., place; square,
stead, office; faire — à, to
make way for; sur — , on
the spot, on the ground;
-, unemployed.
placé, -e, adj,f holding a posi-
tion; les plus haut — s, the
most prominent men.
placer, /r., to place, commit,
get a position for.
plafond, m., ceiling.
plaider, /r., to plead.
plaidoyer, m,, défense, speech
at the bar.
plain, -e, adj., even; flat.
plaindre, r^., to complain,
gxxMin.
plaine,/., plain.
plainte,/., complaint; porter
— f to lodge a complaint.
plainti-f, -ve, adj.j plaintive.
plaire, inir., to please.
plaisanterie, /., pleasantry,
jest.
plaisir, m., pleasure, delight.
plan, m., plan.
plancher, m., floor.
planer, intr,, to soar.
planer, ir., to make smooth.
planter, ir,, to plant.
nlMQteur, m., planter.
plaqué^ -^ adj,, plated, ve-
neered.
plat, -e, adj., duU; flat.
plâtre, m., plaster.
plèbe, /., common people;
rabble, lower classes.
plébéien, m., commoner.
plein, -e, adj.y full, complète;
en — , fully, entirely; en
— air, in the open air; à
— s bords, on a level with
its banks; à —es mains, by
handfuls, lavishly.
pleurer, intr., to weep.
pli, m., fold.
plier, /r., to fold up.
plombé, -e, adj., leaded,
lead-colored, livid.
plongé, -e, p. p.f sunk.
plonger, /r., to plunge.
plume,/., feather, pen; homme
de — f penman; writer.
plupart, /., greater part, ma-
jority.
plus, adv,, more, moreover;
de — , besides; ne . . . — ,
no longer; — ... — , the
more . . . the more; tout
au — , at the very most.
plusieurs, pron. or adj,, sev-
eral.
plutôt, adv., rather, sooner.
pluviôse, m.. Pluviôse (fifth
mofUh of the revoltUionary
calendaff Jan, 20 or 21 to
F eh, 18 or 10).
poche,/., pocket.
poète, m., poet.
poids, m.t weight.
poignant, -e, adj., poignant.
poignard, m., dagger.
poignarder, tr., to stab.
poignée, /., handle; handful;
— de main, handshake.
Origines de la France Contemporaine 247
poignet, m., wrist.
poingy m., est.
point, m., point; — d'arrêt,
pause {mus.); stopping
place.
point, adv. (ne . . . — ), not,
not at ail.
poire, /., pear; — à poudre,
powderhom.
poison, m., poison.
poissarde, /., fishwife, vulgar
woman.
poisson, m., fish.
poissonnier, m. y fishmonger.
poitrine,/., chest, breast.
poli, -e, adj., polished; poli te.
police, /., police.
Polichinelle, m., Punch.
polid-er, -ère, adj.y relating
to police, police; n. m., po-
lice agent.
polisson, m., blackguard.
politesse,/., politeness, cour-
tesy.
politique, adj, y polltical.
politique, /., poli tics, policy.
politique, m., politician.
Polonais, m.. Pôle.
pomme,/., apple.
pompe,/., pump.
pompeu-x, -se, adj. y pom-
pons.
pomponner, /r., to deck out
with tufts.
pont, tn.y bridge.
pontife, m., pontiff.
pont-levis, m., drawbridge.
populace,/., populace, rabble.
populaci-er, -ère, adj,, per-
taining to the populace,
vulgar.
popultdre, adj. y popular; vul-
gar; of the people.
popularité, /., popularity.
population, /., population.
port^ m., harbor; demeanor;
présence.
porte, /., door; — vitrée, /.,
glass door.
porté, -e, p. p.y given, prone.
porte-arquebuse, m., king's
gun bearer.
portée,/., reach; range, mean-
ing, function; qu'elle est
plus à —, that it is .better
qualified.
portefaix, m., porter; steve-
dore,
portefeuille, m., portfolio,
wallet.
portemanteau, m., portman-
teau; royal cloak or train
bearer.
porte-parole, m., spokesman,
représentative.
porter, tr. and intr.y to carry,
hit, wear; se — , to tend;
proceed, be {as to health).
portion,/., part, portion,
portrait, m., portrait,
poser, tr.y to place, lay down,
establish, put, set up; se
— en, to pose as.
position, /., position, impor-
tance.
posséder, tr.y to possess.
possession, /., possession.
possibilité, /., possibîlity;
power.
possible, adj. y possible, po-
tential.
poste, m., post, position,
postillon, m.y postilion.
posture, /., posture,
pot, m.y pot; au-feu, méat
to be Doiled to make soup,
broth; soup kettle, kettle
of broth.
248 Origines de la France Contemporaine
potence,/., gallows; bar.
potentat, m., ruler.
poudre,/., powder.
poudrer, /r., to powder.
pouf, w., puff; — au senti-
ment, sentimental hair
dress.
poumon, m. y lung, lungs.
pour, prep.y for; in order to;
to the value of.
pourchasser, /r., to pursue.
pourquoi, adv.y why, where-
fore?
pourquoi, tn.y the reason why.
pourri (obsoL), m., rottenness;
corrupt person.
pourritture,/., rottenness, rot,
mass of filth.
poursuite, /., pursuit, persé-
cution.
poursuivre, tr., to pursue.
pourtant, adv.y however, yet.
pourvoir, /r., to provide.
pourvoyeur, m., purveyor,
provision dealer.
pourvu que, conj.y provided
that, if only.
poussée, /., thrusting; rush,
push, thrust.
pousser, tr., to push, shoot,
carry forth, utter, urge,
incite; se —, to get ahead.
poussière,/., dust.
pouvoir, inir.y to be able, can,
may; que nous n'en pou-
vons plus, that we can not
endure it any longer; il
n'y peut rien, he is helpless.
P^'*7m?'» ^j power, sway,
ability.
prairial, m., Prairial (ninth
month of the revolutionary
calendary May 20 to June
18).
prairie,/., meadow.
praticien, m., practitioner at
law, jurist.
pratique, adj. and n. /., prac-
tical; practice; expérience,
pratiquer» /r., to practice; con-
trive; — une nrèche, make
a hole.
préalable, w., preliminary; au
— , previously.
précaire, adj., uncertain.
précaution, /., précaution,
précédent, -e, adj., preceding.
précéder, /r., to précède,
prêche, m. , protestant sermon ;
protestantism, preachment.
prêcher, /r., to preach; praise,
boast of.
précieu-x, -se, adj. y precious;
affected.
précipitamment, adv.y hur-
riedly.
précipiter, tr.y to hurl, impel,
se — , to rush.
précis, -e, adj. y précise, defi-
nite, so many.
précisément, adv.y just; pre-
cisely.
prédicateur, m., preacher.
prédication,/., preaching.
prédire, /r., to predict.
prédisposition, /., prédisposi-
tion, tendency.
prééminence, /., prééminence.
préfectoral, -e, adj.y relating
to a prefect; by prefects.
préfecture,/, préfecture.
préférence,/., préférence, pre-
ferment.
préférer, /r., to prefer.
préjugé, m.y préjudice.
prélaÇ m.y prelate.
préliminaire, w., prelimina-
ry.
Origines de la France Contemporaine 249
premier, m., leader, leading
dignitary.
premi-er, -ère, adj.y first,
leading, chief, in chief.
prendre, /r., to lay hold of,
take, dérive, assume, form,
seize; — en faute, to over-
take in misdeed; — soin,
to take care; s'en — à, to
blâme; à tout — , taken ail
in ail; — parti contre, to
take sides against.
préoccupation, /., préoccu-
pation; interest; preposses-
sion.
préoccupa -e, adj.y absorbed;
prejudiced.
préoccuper, ^r ., to concern, ab-
sorb completely.
préparer, /r., to prépare.
préposer, /r., to set over, in-
trust, place in charge of,
assign.
prérogative,/., prérogative.
près, adv.y by, near, nearly,
about; — de, near, about;
de — , from near, closely;
à peu — , about.
prescrire, /r., to prescribe; di-
rect.
présent, m., présent time; à
— , adv,j now; — que, conj.j
now that.
présent, -e, adj.^ présent.
présenter, /r., to présent, of-
fer; il se présente parfaite-
ment bien, he makes a fine
appearance.
préserver, refl.y to save one's
self; keep off.
président, m., président,
chairman.
présider, tr. , to be président of ,
préside over, superintend.
presque, adv., almost.
presse,/., press; crowd.
pressé, -e, adj. and p, p.,
hurried; thick.
presser, ir.y to crowd, push.
prestige, m., réputation; en-
chantment, illusion.
prétendre, /r., to prétend,
claim; se — , to set one's
self up as.
prétention, /., prétention,
claim.
prêter^ /r., to lend.
prétention, /. , pre teri tib n ;
passing over in silence.
préteur, m., lender.
prétexte, m., pretext.
prêtre, m., priest.
preuve,/., proof; faire — de,
make manifest, display.
prévaloir, i«/r., to prevail.
prévenance, /., kindness, at-
tention, courtesy.
prévenir, /r ., to prevent, warn,
anticipate.
prévention, /., préjudice, pré-
dilection.
prévoir, tr.y to foresee.
prévôt, m. y provost; grand-
— , provost marshal.
prière,/., prayer.
primer, tr. and intr.y to sur-
pass, beat, excel; play first,
be first.
primiti-f, -ve, adj. y primi-
tive.
primordial, -e, adj.y primor-
dial.
prince,/., prince.
princesse, /., princess.
principal, -e, adj.y principal,
main, chief.
principe, m. y principle, the-
ory.
250 Origines de la France Contemporaine
printemps, m., spring.
pris, -e, adj.f taken; caught.
prise,/., capture; prize; hold;
handie; aux — s ayec, in
contact with, in conflict
with; échappe à ses — s,
gets beyond his control.
prison, /., prison.
prisonnier, m. y prisoner.
privation,/., deprivation, pri-
vation.
priy^ -e, adj.^ private.
priver, tr., to deprive.
privilège, m.j privilège, im-
munity.
privilégié, -e, m. and /., privi-
leged person.
prix, m. y price; prize, value,
reward, cost; à tout — , at
any price; de — , valu-
able; hors de — , extremely
costly.
probable, adj., probable.
probablement, adv.y likely,
probably.
procédé, m., process.
procéder, intr., to proceed.
procès, m., lawsuit, trial;
faire un — , to bring an ac-
tion.
prochain, -e, adj.y near.
proche, adj.f next; near.
proches, m. pi., relations.
proclamation, /., proclama-
tion.
proclamer, tr., to proclaim.
procureur, m., proxy; attor-
ney; — général, attomey-
general.
prodigalité/., prodigality.
prodigieusement, adv.y pro-
digiously.
prodigieu-x, -se, adj., pro-
digious, enormous.
production, /., production,
produire, tr., to produce; se
— à la lumière, to become
évident.
produit, m. y product, încome.
professer, tr.y to profess.
professeur, m., professer,
teacher.
profession, /., profession,
trade.
profit, m. y profit.
profond, -e, adj. y profound,
deep, deep-rooted.
profondément, adv.y pro-
foundly.
profondeur,/., depth.
profusion,/., profusion,
programme, m., program, plan
of action.
progrès, m. y advance, prog-
ress.
proie,/., prey.
projet^ m.y plan; scheme.
prolétaire, m., proie tarian,
member of the working
prolonger, /r., to prolong,
promenade,/., walk.
promener, tr.y exhibit, carry,
beàr; se — , to take a walk.
promesse,/., promise.
promettre, /r., to promise,
promoteur, m.y promoter.
promptement, adv.y promptly.
promulguer, tr.y to promul-
gate.
prononcer, tr.y to pronounce.
propager, tr.y to spread, prop-
agate.
proportion,/., proportion,
propos, m.y purpose, design,
remark; à — , adv.y apropos;
seasonably, by the way; à
tout — , on every occasion.
Origines de la France Contemporaine 251
publidste, m., publicist; po-
litical writer.
publicité, /., public! ty.
publier, tr.^ to publish.
publiquement, adv.y public-
ly.
puce, adj.f puce-colored; flea-
colored.
pudeur,/., shame; modesty.
puis, adv.f then, afterwards.
puiser, ir,, to draw.
puisque, conj., since.
puissance,/., power; force.
puissant, -e, adj., potent,
powerful.
pullulant, -e, près, part.,
swarming; spreading.
pulluler, inir., to increase;
swarm.
punir, tr.j to punish.
pur, -e, adj.y pure, clean.
pureté, /., purity.
purger, /r., to purge, clean
out, purify.
puritain, -e, adj,, Puritan.
qualifier, tr., to qualify; call.
qualité, /., quality, capacity,
good trait; en — de, in
the capacity of .
quand, adv.^ when; — même,
conj,j although, neverthe-
less, just the same.
quant à, prep.y as to; con-
cerning.
quantité, /., quanti ty; horde,
quarantaine, /., about forty,
two score; quarantine.
quarante, num. adj., forty.
quart^ m., quarter.
quartier, f»., quarter, ward,
district.
quatorze, num. adj,, fourteen.
quatre, num. adj. y four.
_ _ r, /f ., to propose.
pronre, adj,, own, exact,
dean, very appropriate; —
à, suitable for.
proprei m., characteristic.
proprietairei m., owner, pro-
prietor, landlord.
propriété,/., ownership, prop-
erty.
proscription, /., proscription;
liste de —, death list.
proscrire, ir., to outlaw.
prospérité/., prosperity.
prosterner, tr., to prostrate,
cast down, lay low.
protecteur, m., protector, pa-
tron, benefactor.
protection,/., protection.
protégé, m., protégé, ward,
foUower, favorite.
protéger, /r., to protect.
prouver, tr,, to prove.
proyidencei/.. Providence.
province,/., province; en — ,
outside of Paris.
provincial, -e, adj., provin-
cial.
provision,/., provision.
provocation,/., challenge.
provoquer, tr., to provoke,
incite.
prude,/., prude.
prudence, /., prudence, dis-
crétion.
Prussien, m., Prussian.
prussien, -ne, adj., Prussian.
psychologie, /., psychology,
mental aspects.
psychologiste, psychologue,
m., psychologist.
public, m,, public.
publi-c, -que. adj., public;
voiture publique, car of
State.
252 Origines de la France Contemporaine
quatre-Tingts, num. adj.y
eighty.
quatrième^ num. adj.j fourth.
que, conj.y that; lest; c'est — ,
the fact is; that is because;
{in adverbial sensé) how; be-
cause, as.
que (ne . . . — ); adv., only.
quel, -le, adj,, what.
quelconque, adj,y any what-
soever.
quelque, adj., some, any, few;
quelque ... — , whatever.
quelquefois, adv,, sometimes.
question, /., question.
quête, /., quest, search, col-
lection.
queue, /., tail, line; faire — ,
to stand in line; à la — ,
afterward.
qui, pron.y who, whoever,
which.
quiconque, pron.y whoever.
quinze, num. adj.^ fifteen.
quitter, tr., to quit, lay aside.
quoi, pron.f which, what; —
que ce soit (fût), anything
whatsoever; à — bon,
what is the use of? — d'é-
tonnant, what is there sur-
prising about that?
quoique, conj., although,
though.
quote-part,/., portion, quota,
share.
quotidien, adj., daily.
rabatteur, m., assassin.
rabattre, /r., to bring down,
subdue, reduce,
racaille,/., rabble.
race, /., breed, stock, breed-
ing; mendiant de — , thor-
oughbred beggar.
racine,/., root.
racoler, Ir., to entice, re-
cruit.
raconter, ir., to relate.
radical, -e, adj.j radical.
radieu-x, -se, adj., radiant,
radoucir, refl,, to soften.
raffiné, -e, adj., subtle, re-
fined; extrême.
raffinement, m., refinement,
extrême perfection,
rage,/., fury, rage.
ragoût, m., stew.
raide, adj., stiff; steep.
raidir, refl., to stiffen.
raison, /., reason, sensé, con-
trol; avoir — , to be right.
raisonnable, adj.j reasonable.
raisonnement, m., reasoning,
déduction.
raisonner, tr. and intr.y to
reason.
raisonneur, m., arguer, think-
er.
raisonneu-r, -se, adj.y im-
pertinent; logical.
ramasser, /r., to collect, pick
up.
rameau, m., bough, branch.
ramener, tr., to bring back.
ramifier, refl., to ramify.
rampant, -e, adj., rampant,
creeping, clinging.
rançonner, tr., to impose
upon, hold up, lay under
tribute.
rancune, /., rancor, grudge,
spite.
rang, m., rank; au premier
— , first of ail, especial-
rangé, -e, adJ., senous.
ranger, /r., to put in ranks;
faire — , to line up.
Origines de la France Contemporaine 253
râpé, -e, adj., shabby.
rapide, adj,^ swift, quick,
lîvely, rapid.
rapidité,/., quickness.
rapiécer, to patch.
rappeler, ir., to recall.
rapport, m,, bearing; account;
income; report; relation;
sous le — de, with respect
to.
rapporter, /r., to bring back;
Dring in, refer; relate; ac-
count for; — tout à soi, to
consider one's own interest
in everything.
rapprocher, /r., to bring to-
gether, compare, bring into
contact; se — de, to corne
doser together.
rare, adj,j rare, unusual
scarce.
rareté, /., rarity.
ras, -e, adj,, dose-shaved; au
— de, on a level with;
skimming, grazing.
rasade,/., bumper.
raser, /r., to shave; demolish.
rasseoir, refl,y to sit down
again.
rassurer, tr., to strengthen,
reassure.
ration,/., ration.
rattacher, /r., to tie again.
rauque, adj., hoarse.
rayon, m., ray; radius; à . . .
lieues de — ^ within a rad-
ius of .. . leagues.
réaliser, /r., to realize.
réalité,/., reality.
rebelle, m,, rebel; adj., re-
bellious.
rebours^ ff>., reverse; au — ,
the wrong way; tout au — ,
quite on the contrary.
rebrousser, /r., to rufflc; —
chemin, to turn back.
récalcitrant, -e, adj,, refrac-
tory.
récemment, adv.y recently.
recette, /., receipt, income;
literary formula; recipe.
recevoir, tr,, to receîve; wel-
come.
recherché, -e, adj., sought
after.
rechercher, /r., to seek.
rédproque, adj.j reciprocal.
réciter, tr,, to recite.
reclus^ «t., recluse; les — de
la justice ordinaire, con-
victs condemned by common
law.
recoin, w., corner,
récolte,/., harvest.
recommander, tr., to recom-
mend, urge, suggest.
recommencer, /r., to begin
again.
récomj^ense,/., reward.
réconcilier, /r., to reconcîle.
reconnaissance, /., gratitude,
certainty.
reconnaître, /r., to recognîze;
refi., to get one's bearings,
compose one's self; stop and
think, stand up for one's
self.
reconnu, -e, p, p., recognized,
conceded.
reconquérir, /r ., to reconquer.
reconstruire,/r., toreconstruct.
recours, m., recourse,
récréation,/., play hour.
récrire, /r., to rewrite.
recrue,/., recruit.
rectiliji^e, adj., rectilinear.
recueUli, -e, adj.^ gathered;
collected.
2S4 Origines de la France Contemporaine
recueillir, tr., to harvest,
gather; se — , to meditate,
be awe-stricken.
recul, m,f recoil; putting off,
postponement.
reculé, -c^ adj,^ remote.
reculer, intr.y to recède, re-
treat, retire,
reculons; à — ^ adv., back-
wards.
redeyance,/., rent; fine, dues.
redevenir, intr., to become
again.
redoubler, tr., to redouble;
strike barder.
redoutable, adj.y formidable.
redresser, tr., to make straight,
redress; se — , to bridle up,
hold up one's head again.
réduction^ /., réduction, sim-
plification, lowering of in-
terest rate.
réduire, /r., to reduce.
réel, -le, adj.y actual, real.
réfléchir, tr. and intr.y to re-
flcct.
refléter, refl.y to be reflected.
réflexion, /., refiection.
refondre, tr., to recast.
réforme,/., reform.
réformer, tr., to reform.
refouler, tr., to restrain, sup-
press.
refrain, m., refrain.
réfugier, refl., to take refuge.
refuser, tr., to refuse, reject.
regard, m., look; gaze; mettre
en — , gaze on, consider.
regarder, tr., to look at,
watch.
régénération, /., régénération.
régénérer, tr., to regenerate.
r^ent, m., régent.
régime, m., rule; regimen,
policy, ordcr of things,
System, scheme of life.
régiment, m., régiment,
registre, m., register.
règle, /., rule; en —, in due
form.
règlement, m . , régulation ,
set of riùes.
réglementer, tr., to regulate,
organize, control.
régler, tr., to regulate, settle.
régnant, -e, adj., prevaillng,
dominant.
règne, m., reign, sway, king-
dom.
régner, intr., to rule.
regretter, ir., to regret,
régularité,/., regularity.
ré{^-er, -ère, adj., regular.
reme,/., queen.
rejeter, tr., to reject.
rejoindre, tr., to join, rejoin,
meet, come in contact with.
relâché, -e, adj., relaxed,
loose; remiss.
relais, m., relay; stage, change
of horses.
relayer, recip., to relieve one
another, take turns.
reléguer, tr., to banish, con-
sign, relegate.
relevé, m., abstract; state-
ment, investigations.
relever, tr., to raise again,
lift up, raise; exalt; se — ,
to rise again, gain impor-
tance,
religieu-x, -se, adj., religious;
n, m., monk; ciergyman.
religion, /., religion,
relire, tr., to reread.
remanier, tr., to handle again.
remarquer, tr,, to note,
remède, m., remedy.
Origines de la France Contemporaine 255
répandu, p. p., scattered,
spilled.
reparaître, itUr,, to reappear.
réparer, tr.y to repair, mend.
répartir, tr,y to distribute, as-
sess, divide, apportion.
rependre, tr.y to hang again.
repentir, refi., to repent.
repentir, m., contrition, re-
pentance.
répéter, /t., to repeat.
répétition, /., répétition, fre-
auency.
replonger, /r., to reimmerse.
repolir, /r ., to repolish.
répondre, tr.^ to answer, re-
ply; en — , warrant.
réponse, /., answer.
repos, m., repose, rest, quiet.
repousser, /r., to repel;
crowd back, reject.
reprendre, tr, and intr,, to re-
cover, begin again, buy
back.
représentant, m,, représenta-
tive.
représentation,/., représenta-
tion, performance; life in
an exalted station; être en
— , to be on parade.
représenter, tr, and intr., to
represent; pose in public
view.
répression,/., repression.
réprimer, /r,, to repress.
repris, m., person taken again;
— de justice, m. liberated
convict.
remercier, /r., to thank.
remettre, /r., to put back,
hand; se — , recover.
remonter, intr,, to reascend;
go back; mount again.
remontrance,/., remonstrance.
remords, m., remorse.
remplacer, /r., to replace,
remplir, /r., to fil! up, fiU, ful-
remporter, tr., to carry off,
win.
remuer, tr., to move, stir.
rencontre,/., meeting.
rencontrer, tr., to meet; se
— , to be found.
rendez-vous, m., meeting,
meeting place.
rendre, ^r., to return, give
back, siurrender, restore,
render, depict, convey; —
ses devoirs, to pay one's
respects; se — , to surren-
der, be described.
rendu, -^ adj.j rendered.
renommée,/, renown.
renoncer, inir., to renounce.
renouveler, /r., to renew.
rente,/., income; rent, yearly
income, yearly outgo; de
— , a year, in annual in-
terest charges.
rentier, m., annuitant; re-
tired gentleman; investor
in government securities.
rentrer, i»/r., to enter again;
return.
renversement, m., overthrow.
renverser, tr., to reverse; turn
topsy-turvy, upset, over-
throw, knock down.
renvoyer, /r., to dismiss.
répandre, /r., to spill, scatter,
spread.
reprise, /., renewal, resump
tion; a plusieurs ~
re-
peatediy.
républicain, -e, n. and adj.,
republican.
république, /., republic.
256 Origines de la France Contemporaine
répiidi«r, /r ., to repudiate.
répugnance, /., répugnance,
qualm.
répngnant, -e, adj.y répug-
nant.
requérir, tr. and intr., to re-
quire, demand, beg; com-
plain.
réserve, /., reserve.
réservé, -e, adj. and p. p,,
reserved.
résidu, m., residue.
résignation, /., résignation.
résigné, -e, adj.^ resigned.
résistance, /., résistance, en-
durance, opposition.
résister, intr., to resist.
résolu, -e, adj.y resolute, bold.
résolution,/., resolution.
respect, m., respect.
respectable, adj., respectable,
worthy of considération.
respecter, tr., to respect.
respectueusement, adv., re-
spectfuUy.
respirer, tr. and intr.y to
breathe.
responsablei adj., responsible.
ressasser, tr., to examine mi-
nutely, scrutinize; repeat
frequently.
ressembler, intr., to resemble.
ressentir, ir., to expérience.
resserrer, ir., to bind tighter.
ressort, m., spring.
ressource, /., resource, expédi-
ent.
reste, m., rest, remainder;
— s, leavings; et le — , and
ail that; du — , moreover,
however.
rester, intr., to remain, stay.
restreindre, tr., to restrain,
reduce, restrict, limit.
résultat, m,, resuit.
résumé, m., summary.
résumer, tr., to summarize.
retard, m., delay.
retenir, tr., to retain, reserve,
detain, restrain, keep.
retentissant, -e, adJ., re-
sounding, splendid, sen-
sational.
retiré, -e, p. p., retired.
retirer, tr., to withdraw; se
— , to retire.
retomber, intr., to relapse;
fall down again, fall back.
retour, m., return; de — ,
back.
retourner, intr., to return, go
back.
retrancher, tr., to retrench;
take away.
rétrécir, tr., to narrow.
retrouver, tr., to find again.
rets, m., netting; snare.
réunion, /., union; meeting;
annexation; consolidation,
réunir, /f., to combine, unité;
se — , meet.
réussir, intr., to succeed; pros-
per.
réussite,/., success; issue; —
de style, happy style, flow-
ery passage.
revanoie, /., revenge; en — ,
on the other hand.
rêve, m., dream.
réveiller, tr., to wake.
révéler, tr., to disclose.
revendiquer, tr., to reclaim,
demand; assume, cham-
pion,
revenir, intr., to return.
revenu, m., revenue; income.
rêver, intr., to dream.
révérence,/., bow.
Origines de la France Contemporaine 257
rê^^èrie» /., revcry.
reTètir» tr,, to invest, put on.
rêteur, m,, dreamer.
rérolte,/., revolt.
révolter, tr,, to shock, irri-
tate; se — , to revolt, rebel.
révolution, /., révolution.
révolutioimaire, n. m, and adj.,
rcvolutionist, revolution-
ary.
révoquer, tr., to recall; — en
doute, to call into question.
revue, /., review.
rez-de-chaussée, m., ground
floor.
rhéteur, m.j rhetorician.
rhétorique,/., rhetoric.
riche, m. y rich man.
riche, adj,y rich.
richesse,/., wealth.
ridé, -e, adj,j wrinkled.
ridicule, adj., ridiculous.
rien, m., nothing; anything;
il n'y peut — , he is power-
less; — autre chose sinon,
nothing but.
rigide, <idj,f rigid, austère.
rigoriste, m.y hypercritic,
rigid moralist, martinet.
riposter, tn/r., to repartee,
make a witty reply, reply.
rire, m., laughter.
rire, intr.^ to laugh.
risque, m., risk; courir le — ,
to run the risk.
risquer, tr., to venture.
rival, -e, adj. and n. m., rival.
riverain, m., one who lives on
the bank'of a river, riparian.
riverain, -e, adj., along the
river,
rivière,/., river.
robe,/., dress; — de chambre,
dressing gown.
robinet^ m., tap.
rôdeur, m., vagrant; prowler.
roi, m., king.
rôle, m., rôle, part.
Romain, -e, n. m. and /.,
Roman,
roman, m., novel, romance,
fiction.
rompre, tr., to break off; être
rompu aux affaires, to be
well acquainted with busi-
ness.
rond, -e, adj.j round.
ronflant -^ adj., snoring;
high-sounding.
ronfler, intr., to snore, roar.
ronger, ir., to gnaw; en-
croach upon.
roturier, m., commoner; vul-
gar person.
rouage, m., wheelwork; gear.
rouge, adj.y red; voir — ^ see
red Q>e transported with
murderous passion),
rouf;ir, intr.y to blush.
rouille,/., rust.
rouill^ -e, adj., rusty.
rouler, tr, and intr to roU,
wander, turn.
rotdier, w., carter,
route, /., road, highway; en
— , on the way.
rouvrir, /r., to reopen.
royal, -e, adj.^ royal,
royaliste, n. m. and adj,,
royalist.
royaume, m., kingdom.
royauté, /., royal ty, king-
ship.
ruban, m., ribbon.
ruche,/., hive.
rude, adj., rough; fierce, hard.
rudement, adv., harshly,
clumsily.
258 Origines de la France Contemporaine
rudlmentaire, a(i[;., crude, ele-
mentary.
Tueff., Street.
nielle» /., allcy; — d'un lit,
bedside.
ruer, refl., to rush upon.
ruine,/., ruin, panic.
ruiner, tr., to ruin, destroy;
se — f to fall to decay, suf-
fer ruin.
ruisseau, m., gutter; brook.
ruisselant, -e, adj.y stream-
ing; running; dripping.
ruisseler, itUr.y to gush, stream,
drip.
rumeur,/., rumor, uproar.
ruminer, tr., to ruminate,
chew the cud; ponder over.
ruse, /., deceit, wile; fertile
en — s de maquignon,
well up in the tricks of the
horse trader,
ruser, tnir.y to use deceit.
Russe, m., Russian.
Russie,/., Russia.
rustique, adj., rustic, rural;
boorish.
rustre, m., boor.
sable, m., sand.
safare^ m., saber.
saCy m., sack.
saccadé, -e, adj.y abrupt,
jerky.
sacré, -e, adj\y sacred.
sacrifice, m., sacrifice, ioss.
sage, m., sage,
sage, adj\y wise; discreet,
good, nice.
saigner, ir. and intr., to
bleed.
sain, -e, adj., sound, healthy,
normal, wholesome.
saint, "tfadj,, sacred.
Saint-Domingue, San Do-
mingo,
saisir, tr., to seize; catch.
saison,/., season.
salaire^ m., wages, hire; toute
peine mérite — ^ the laborer
is worthy of his hire.
sale, adj.y dirty.
saleté,/., ûlthiness; rubbish.
salir, Ir.y to dirty, pollute.
salle,/., hall.
salon, m.y parlor; drawing
room; — d'attente, waiting
room; de — , society.
saluer, tr. and intr. y to salut e,
bow to, bow and scrape to.
salut, m.y safety; bow.
sanctuaire, m., sanctuary.
sang, m.y blood; royal blood.
sang-froid, m.y composure.
sanglant^ -e, adj., bloody.
sanglot, m., sob.
sanguinaire, adj.y bloody,
bloodthirsty.
sans, prep.y without.
sans-culotte, nu y sans-culotte,
one having replaced knee
breeches with trousers;
revolutionist.
sans-culotterie, /., party of
the sans-culottes; revolu-
tionary faction, revolu-
tionary action.
sans-gène, m.y unrestraint,
lack of constraint.
santé,/., health.
sape, /., sapping, undermin-
ing process, trench.
sapeur, m.y sapper.
sarrasin, m., buckwheat.
sarrau, m.y smock, frock.
satisfaction, /., gratification,
satisfaire, tr. and intr. y to
please, satisfy.
Origines de la France Contemporaine 259
satisfaisant, -e, adj,, satis-
factory.
sauf, prep,, except; — à,
reserving the privilège of.
sauter, intr,, to leap; explode;
faire — , blow up.
sauyage, ». m, and adj\, sav-
age; wild.
sauvagerie,/., savagery.
sauver, tr., to save; se — , to
escape; run away.
sauveur, m., deliverer.
savant, m.j scholar, phi-
losopher,
savant, -e, adj\, learned, wise.
savoir, tr., to know, know
how to, be able; à — , that
is.
savoir-vivre, w., good breed-
ing, art of living.
scandale, m., scandai, scan-
dalous act.
scandaleu-x^ -se, adj., scan-
dalous.
scélérat^ m., scoundrel.
scène, /., scène; être en — ^
to be on the stage,
sceptre, w., scepter; sway.
science, /., science, knowl-
edge.
scier, /r., to saw.
scission, /., sécession; split,
division (in a party or as-
sembly).
scorpion, m., scorpion,
scribe, m. y writer, clerk.
scrupule, m., scruple.
se, pron,y himself, herself,
themselves.
séance, /., sitting session;
entrer en — , begin the
session.
séant, m, y sitting.
seau, m. y pail.
sec, m. y dryness.
sec, sèche, adj.y dry, thin,
withered; fruit — , failure,
imperfect fruitage
sécher, ir,, to dry.
second, num. adj.y second.
secouer, /r., to shake.
secourir, /r., to help; assist.
secours, m., help, aid.
secousse, /., shock, stimu-
lus, start, shuddering.
secret, m., secrecy.
secr-et, -ète, adj.y secret.
secrétaire, m. y secretary.
secte,/., sect.
section, /., section, group;
élection district.
sectionnairé, m. y guardsman
belonging to a section; sec-
tionary.
séculaire, adj.y secular; vén-
érable; long sustained.
sécurité,/., safety.
sédentaire, adj.y sedentary;
quiet.
séduction, /., séduction, cor-
ruption.
séduure, ir.y to seduce.
séduisant, -e, adj.y seductive,
alluring.
seigneur, w., lord; — de
marque, lord of rank.
seigneurial, -e, adj.y manori-
al.
sein, m.y bosom.
séjour, m.y stay.
sel, m.y sait.
selle,/., saddle; remis en — ,
again in control.
selon^ prep.y according to.
semam^/., week.
semblable, adj. and n. m..
like, such, similar; fellow.
sembler, intr.y to seem.
tOo Origines de la France Contemporaine
semence,/., seed.
semery /r., to sow.
séminairey m., setninaiy.
sénat, m,f senate.
sénateuTi m., senator.
sens, m., sensé, meaning,
purport.
sensationi /., sensation.
sensibilité,/., sensibility, sen-
sitiveness, feelings, senti-
mentality.
sensible, adj., sensible; sen-
sitive, sentimental, im-
pressionable.
sensualité,/., sensuality.
sentence, /., sentence, déc-
laration, maxim.
sentiment^ m., feeling, opin-
ion.
sentimental, -e, adj., senti-
mental.
sentine, /., well room {of a
ship); sink; cesspool; den.
sentinelle, /., sentinel.
sentir, /r. and itUr., to feel,
Çerceive; smack of; avoir
eau — , to feel in vain.
séparer, tr.j to separate.
sept, num, adj., seven.
ser-x, -ve, adj., in bondage.
série,/., séries, group.
sérieux, m., seriousness.
sérieu-x, -se, adj., serions,
serin, m., canary bird.
serment^ m., oath.
serrer, /r., to press closely,
tighten, grasp more firmly,
crowd.
serrurier, m., locksmith.
service, «»., service, function,
military service; gens de
— , servants, domestics.
servile, adj., servile, slavish.
,aaj.
servilité, /., servîlity.
servir, ir., to serve, be useful;
se — de, to make use of;
se — soi-même, to help
one's self.
serviteur, m., servant; — de
la personne, body servant.
seuil, m., threshold.
seul, -e, adj., alone, mère,
single.
seulement, adv., only.
sève,/., sap.
sévère, adj., severe, stern,
rigid.
sévérité,/., severity.
si, conj., if ; adv., so; — agréa-
ble que, however agreea-
ble.
siècle, m., centui^.
siège, m., seat; siège.
siéger, intr., to sit; — en
permanence, to sit in con-
tinuons session.
sien, -ne, pron., his; one's
own; les — s, his family.
sifflé, -e, adj., unsuccessful.
siffler, tr., to whistle; hiss at.
signal, m., signal.
signaler, ir., to give a de-
scription of ; point out, no-
tice, note.
signe, m., sign; faire le —
de la croix, to cross one's
self.
signer, tr., to sign.
signifier, tr., to signify, mean.
silence,/., silence.
silencieu-x, -se, adj., silent.
similitude, /., si mile, com-
parison.
simple, adj., simple, mère.
simplicité, /., simplicity.
simulacre, m., phantom, sem-
blance.
sincère, adj., earnest.
Origines de la France Contemporaine jôi
sinécure^/., sinécure.
sing^ m., monkey.
slneiiU-er, -ère, adj.y singular.
simstre, adj., sinister.
sinon, conj.f if not, except, un-
less.
sinneu-z, «se, adj\, winding,
sinuous.
sire, m.y sir, lord,
sitôt, adv., so soon.
sitôt ^ue, conj,, as soon as.
situation, /., situation, con-
tingency.
six, num. adj,, six.
Slave, m. or f.y Slav; adj,,
Slavic.
sociable, adj,, social, sociable,
adapted to one's sodety.
socialisme, m., socialism.
socialiste, m., socialist.
société,/., Society.
Socrate, m,, Socrates.
soi, pron., self, itself, one's
self; tirer à — , to get ail
that one can.
soify/., thirst.
soigné, -e, adj,, neat, spick
and span; carefully donc.
soigner, ir,, to take care of .
soigneusement^ adv,, care-
fully.
soi-même, pron,, one's self.
soin, m., care, concern;
prendre — de, to take
pains to.
soir, m,, evening.
soirée,/., evening party.
soixante, num, adj., sixty.
sol, m., soil; ground.
soldat^ m., soldier.
soleil, m,, sun.
solennel, -le, adj., solemn.
solide, adj., substantial.
solitaire, adj., alone.
solitode,/., solitude,
solliciter, ir,, to urge.
sombre, adj., gloomy.
sombrer, intr,, to go down,
founder.
sommairement, adv,, sum-
marily.
somme, /., burden, sum; en
— , in short, on the whole.
sommeil, m,, sleep.
sommet, m., summit, peak,
height.
son, m., Sound.
son, sa, ses, poss, adj., bis,
hers, its, one's.
songer, intr., to dream; think;
sans y — f unawares.
sonner, inir,, to sound.
sophimne, /., sophistry.
sordide, adj,, sordid; dirty,
filthy.
sorte,/., kind, species, class;
en — que, de — que, so
that; en quelque —, in a
way.
sortir, intr., to go out; corne
forth; rise; au — de, on
leaving.
sot^ m., fool; blockhead.
sot, -te, àdj., silly, ridiculous.
sottise,/., folly.
sou. f»., sou; cent.
soubresaut, m., sudden leap,
fit, impulse.
souci, m., care; sans — , care-
less, indiffèrent.
soucoupe, /., saucer, sugar
tray, salver.
soudain, -e, adj,, sudden.
soudard!, m», disgruntled old
soldier.
soudoyer, tr,, to keep in pav;
employ {soldier s, etc,)', sub-
sidize.
202 Origines de la France Contemporaine
aouffirance,/., suffering.
soufErant» -e, adj,, suffering,
indisposée; orgueil — ,
wounded pride.
soufErir, /r., to siifFer.
souillure, /., dirt, stain; pol-
lution, contamination.
soûler, refl., to become intox-
icated; gorged.
soulier, m., shoe.
soumettre, ir., to submit,
subject.
soumission,/., submission.
soupçon, m.f suspicion.
soupçonner, tr.y to suspect.
souper, m.j supper.
soupière,/., soup tureen.
soupirer, inir., to sîgh.
souplesse,/., flexibiUty, adapt-
ability, concession, com-
promise.
source, f., source, spring,
fountain.
sourcil (pr, -ci), m,, eyebrow;
froncer le — , to knit one's
brows, frown.
sourd, -e, adj., deaf, hollow,
muffled.
sourdine, /., mute (for instru-
ments) ; en — ^ on the sly, by
implication.
sourire, m., smile.
sous, prep., under; beneath;
in less than; in the reign of.
souscription, /., subscription.
sous-entendu, m., thing un-
derstood; hidden meaning.
sous-entendu, -e, adj.y un-
derstood, implied.
sous-louer, /r., to sublet.
sous-ordre, second place; en
— ^, as a subordinate.
soustraire, refl., to escape;
avoid; exempt one's self.
soutane^/., cassock.
soutenabl^ adj,, supportable.
soutenir, to support, keep
up, sustain, maintain.
soutenu, -e, adj. and p. p.,
sustained, constant.
souterrain, -e, adj., subter-
ranean.
soutien, m., stay, support»
prop.
souvenir, m., memory.
souvenir (de), refl., to re
member.
souven^ adv., often.
souverain, m., sovereign, sov-
ereign power.
souverain, -e, adj., sovereign.
souveraineté, /., sovereîgnty.
Spartiate, m., Spartan.
spécial, -e, adj., spécial, par-
ticular; homme — , spe-
cialist, professional man,
skilled workman.
spécieu-x^ -se, adj., specious.
spectacle, m., play, show; en
— , exposed to public view.
spéculati-f, -ve, adj., spécu-
lative, theoretical.
spéculation, /., spéculation,
theorizing.
spontané, -e, adj., spontane-
ous.
spontanément, adv., spon-
taneously, voluntarily.
stabilité, /., stability, per-
manence.
stable, adj., soUd.
stade, m., stage; period.
station, A, station.
statue, /., statue.
Stentor, m., Greek herald
distinguished for a very
powerful voice; voix de — ,
stentorian voice.
Origines de la France Contemporaine 263
stérile, adj.y unfruitful.
stratagème, m., stratagem.
structure,/., structure, make-
up, construction.
stupéfait, -e, adj.y stupiôed,
dumb.
style, m.j style.
subalterne adj., subordinate.
subdélégué, m. y subdeiegate;
officiai in charge of a sub-
district of taxation; under-
steward.
subir, tr.y to suffer, undergo,
bow down before.
subit, -e, adj.y sudden.
subitement, adv.y suddenly.
sub juger, tr.y to subjugate.
subordination, /., subordina-
tion.
subordonné, m., subordinate.
subordonner, ir., to subordi-
nate.
subsistance, /., maintenance,
provision, commissariat.
subsister, inir,, to subsist.
substance,/., substance, core,
essence.
substituer, /r., to substitute.
substitut, m. y deputy, agent.
subtilité, /., subtiety; cun-
ning; refinement.
subyenir, intr., to help, meet,
supply.
succéder, intr. y to succeed,
follow.
succès, m.y success.
successeur, m., successor.
successi-f, -ve, adj.y succes-
sive, in succession.
succomber, intr. y to succumb,
give way, sink; fall.
succursale,/., branch.
sucer, tr.y to suck.
suçoir, m.y proboscis; sucker.
sueur,/., sweat.
suflire, intr. y to suffice, be
equal, be sufficient.
suffoquer, tr.y to suffocate,
stifle, choke.
suffrage, m.y approbation;
vote.
suggérer, tr.y to suggest.
smtf/.y soot.
suisse, adj.y Swiss.
Suisse, m.y Swiss.
Suisse,/., Switzerland.
suite, /., train; attendance,
retinue; de — , one after
another, in succession; tout
de — , at once; par — ,
consequently; à la — de,
after, resulting from.
suivant, prep.y according to.
suivant, -e, adj.y following.
suivre, /r., to follow; observe.
sujets m.y subject.
sujet, -te, adj.y subject.
sultan, m.y sultan,
superbe, adj.y superb, magnif-
icent.
superficiel, -le, adj.y super-
ficial.
superflu, m.y superfluity, ex-
cess.
supérieur, -e, adj.y superior;
n. m.y superior.
supériorité,/., superiority.
superposé, -e, adj., ranking
one above another.
superposer, /r., to superpose.
suppléer, inir.y to supply the
place, make good.
supplice, m.y corporal punish-
ment, tonnent.
supplier, tr.y to beseech.
supporter, tr.y to endure, bear.
suppression, /., suppression,
déduction.
204 Origines de la France Contemporaine
gapprimer, tr., to suppress,
elimînate.
suprême, adj.y suprême, con-
summate, final, extrême,
sur, prep,, on account of;
out of; upon; concerning;
against; ^le-champ, im-
mediately.
sûr, -e, adj., sure, safe, se-
cure.
surabondance, /., supera-
bundance; plethora.
surabonder, intr., to supera-
bound, be superabundant.
surajouter, tr., to superadd.
surcharge,/., additional bur-
den.
surchargé, -e, adj.j onerous,
overburdened.
surcharger, tr,, to overcharge,
crowd, overestimate, over-
burden, surcharge.
surcroît, w., increase; par — ,
to make matters worse; as
the last straw; in an ex-
cess, in addition,
sûreté,/., safety.
surexcitation, /., overexcite-
ment.
surexciter, /r ., to excite great-
ly, overexcite.
surfaire, /r., to overcharge,
value too highly.
stur-le-champ, adv., straight-
way.
surmener, /r., to Overdrive,
exhaust, overwork.
surmonter, /r., to overcome.
surnommer, /r ., to sumame.
surnuméraire, m., supemu-
merary; minor light.
surpasser, ir., to surpass, ex-
ceed.
surprise,/., surprise.
sursauter, inir., to be startled,
start, thrill.
surtout, m. y overcoat.
surtout, adv., above ail, es-
pecially.
surveillance, /., inspection,
vigilance, close watch.
surveiller, tr., to watch, keep
an eye upon.
survenir, inir., to corne on.
survivre, intr., to survive.
suspect, m., suspicions person.
suspect, -e, adj., suspicions,
suspected.
suspendre, tr., to suspend,
hang.
suspension,/., interruption,
symétrique, adj., batanced,
symmetrical.
sympathie, /., goodwill; sym-
pathy.
sympaâiique, adj., sympa-
thetic, congenial.
symptôme, m., symptom.
syndic, m., trustée.
S3r8tématique, adj., system-
atic.
système, m., system, theory.
table,/., table.
tableau, m., painting, picture,
tablier, m., apron.
tftche,/, task, job.
tacher, tr., to stain.
tftcher, intr., to try, endeavor.
tacitement, adv., tacitly.
tact, m., tact, feeling, intui-
tion.
tactique,/., tactics.
taffetas, m., taffeta, silk.
taille, /., height; shape, figure,
stature, grade, tjrpe; tax;
— personnelle, poil tax; —
xédle, property tax.
Origines de la France Contemporaine 265
tailleiir, m., tailor; — de
pierre, stonecutter.
tafre, refi., to be silent, keep
silence,
talent, m,, talent,
talon, m,, heel.
talus, m,j slope; en —, down.
tambour, m., drum; drummer.
tandis que, conj., whilst.
tanière,/., den.
tant, adv., se much, so many;
— pis, so much the worse.
tantôt, adv.f presently, by and
by; tantôt . . . tantôt, no w
and then.
tant que, conj., as long as.
tape-dur, m,, ruffian.
tapissier, tn., upholsterer.
tard, adj. and adv,, late.
taré, -e, adj. y defective, dis-
reputable.
tarir, ir,, to cease; dry up.
tartare, m., tartar.
tas, m., heap, pile; en — ^ in
heaps.
tasser, tr., to heap up.
taureau, m., bull.
taux, m.y price; assessment;
rate.
taxe, /., tax, assessment.
taxer, ir., to fix the price of;
accuse.
te^pron.y thee, thyself.
technique, adj., technical.
teint, m.y complexion.
tel, -le, adj. y such a, a cer-
tain; like; — que, as.
tellement, adv.y so; in such a
manner; — que, so that.
témoin, t»., witness; — ocu-
laire, eyewitness.
tempérament, m.y temper,
disposition; nature.
température, /., température.
tempête^/., tempest.
temple, m., temple.
temporaire, adj., temporaxy.
temps, m.y time, period;
weather.
tenace, adj., tenadous.
tendre, adj., tender; soft,
loving.
tendre^ /r., to stretch; strain;
hold out.
tendresse, /., tenderness;
fond sentiment; effusion.
tendu, -e, p. p. and adj. y tight;
stiff; strained, alert, out-
stretched, earnest; style — ^
stiff style.
tenir, tr., to hold, keep; con-
sider, oblige; expect; à
quoi s'en — , what to
think of it; — salon, to en-
tertain high society; — à
honneur, to consider it an
honor; se — à, to cling to,
stick to; — de, to favor,
take after, resemble.
tentation,/., temptation.
tenter, tr., to try, tempt, at-
tempt.
tenu, -e, p. p. and adj. y bound;
obligea, held, expected,
kept.
tenue, /., attitude; deport-
ment, bearing, appearance.
terme, m., term, expression,
end.
terminal -e, adj., last, latest.
terminer, tr., to end.
terne, c^j.y spiritless, dull,
wan, colorless.
terrain, m.y pièce of ground,
plot; basis.
terrasse,/., terrace.
terre,/., earth, land, ground,
domain, estate, field, do-
266 Origines de la France Contemporaine
minion; IMU* — , on the
ground; a rase — , skim-
ming the ground.
terreur,/., terror.
Terreur,/., Reign of Terror.
terrible, adj., dreadful.
territoire, /., territory.
terroriste, w., terrorist.
tétanos, m. y lockjaw; rigidity.
tôte,/., head; par — , individ-
ually; en — , at the head; à
la — , at the head, in pos-
session; tenir — à, to face
down, not to flinch before.
thé, m., tea.
théâtre, m., theater, stage.
thème, m., topic.
théologien, m., theologian.
théologique, adj., theological.
théorâiey tn., theorem.
théoricien, m., theorist.
théorie,/., theory; — de café,
cofiPeehouse poUtîcs.
thermidor, w., Thermidor
(eleventh month of the revo-
luHonary calendar, July iç
to August if).
thermomètre, m., thermom-
eter.
tiède, adj.j lukewarm.
tiers, adj.y third; — état, the
people, the commons; cp.
état,
tiers, m., third part, com-
monalty.
tige,/., trunk, body.
tigre, m., tiger.
timide, adj., timid.
timidité,/., timidity.
tirade, /., tirade, speech, ha-
rangue.
tiraillement, m., twitching.
tire-d'aile, quick flap of the
wings; à — , at one swoop.
tirer, /r., to pull; fire; pull off,
draw, dérive, make.
tireur de bois flotté, logman,
hauler of logs out of the
river.
tiroir, m., drawer.
titre, m, y title, right; deed; à
— de, by right of; by way
of.
tocsiçL, m. y tocsin,
toi, pron.y thee, thou.
toile, /., cloth; linen; canvas,
curtain.
toilette, /., toilet; article of
dress; dressing.
toit, m.y roof,
tolérable, oJ/., endurabje.
tolérance,/., toieration.
tolérer, /r., to suffer.
tomber, intr.y to fail.
ton, m, y tone, voice; le bon
— , good form, fashion.
tondu, -e, adj,y shom.
tonnant, -e, adj.y thundering.
tonneau, m.y cask.
tonnerre, m., thundering noise,
thunder.
tordre, /r., to twist.
torpeur, /, torpor.
tort, m.y wrong, blâme; avoir
— , to be wrong; a tous les
— s, is to blâme for every-
thing.
torture,/, torture.
toscan, -e, adj.y Tuscan.
total, -e, adj.y total; whole;
complète; ». m.y whole.
toucher, tr. and intr.y to touch,
handle, move.
toujours, adv.y al way s, con-
stantly, still.
tour,/., tower.
tour, m.y turn; révolution;
trick, style, device, man-
Origines de la France Contemporaine 267
ner, phrase: — à — , onc
after another, in turn;
à leur — , in their turn.
tourbe,/., mob.
tourbillon, m., whirlwind,
Whirlpool.
tourmenter, tr., to torment;
beset; persécute.
tourner, ir, or intr., to turn,
hover; la tête lui tourne,
his head swims.
tournure,/., figure.
tout, pron., ail, everything;
n. tn.y whole.
tout, adv., whoUy, quite; —
au moins, at the very least;
— au plus, at the very most ;
— au rebours, quite on the
contrary; — de suite, im-
mediately ; — à fait, whoUy,
entirely.
tout, -e, adj., ail, every,
whole, entire, perfect, com-
plète.
toutefois, conj.y nevertheless.
toute-puissance, /., omnipo-
tence, absolute power.
tracer, /r., to trace; lay eut.
traduire, /r., to translate.
tragédie,/., tragedy.
tragique, adj., tragic; horri-
ble.
trahir, /r., to betray.
trahison, /., treachery, trea-
son.
train, m., way; train, course,
tendency; — flottant, raft;
au — , at the rate.
traînée de poudre, /., train of
gunpowder.
tnuner, tr, and intr., to draw;
drag along; lie about; be
found.
traineur, m., straggler; idle
fellow; — de rue, street
loafer.
traire, tr., to milk.
trait, m., trait, characteris-
tic, touch, feature.
traitant, m., far mer of public
revenues, deputy coUector;
tax farmer.
traité, m., treatise, tract;
treaty.
traitement, m., treatment;
usage, salary, state ban-
quet.
traiter, tr., to discuss; treat;
— en, to treat like.
traiteur, m., eating-house keep-
er.
traître, m., traiter.
trajet, m., passage, trip.
tranchant, -e, adj., sharp,
cutting, keen.
tranchant, m., edge.
tranche,/., slice.
trancher, tr., to eut; — net,
settle off-hand.
tranquHle, adj., quiet, fearless.
transformer, ir., to transform.
transiger, inir., to come to
terms, compromise, make
terms.
transition, /., transition,
change,
transmettre, tr., to convey,
transfer, transmit, hand
down.
transmis, p. p., handed down.
transplanter, tr., to trans-
plant,
transpcnrt, m., carriage; rap-
ture.
transporté, -e, p. p., enthused.
transporter, tr., to transport,
enthuse; transfer.
trapu, -e, adj., thîckset.
268 Origines de la France Contemporaine
travaili m,, work.
travaillé, -e. adj. and p. p.,
labored, eiaborate.
travaiUeTy tr., to work; do
with care; overwork; carve,
work at; — les viandes
(popular expr.)f to carve
méat,
travailleur, m., workman,
worker.
travers; à — , adv., across;
through.
traverser, tr., to cross, pass
through.
trébucher, intr,, to stumble,
waver, îose control.
trembler, intr., to tremble.
trembleur, m., trembler,
trembleu-r, -se. adj,, trem-
bling; cowardly.
trémoussement, m., frisking,
vivacîty, activity.
trentaine,/., about thirty.
trente, num. adj., thirty.
trépignement, m,, stamping.
très, adv., very.
trésor, m., treasure, hoard.
Trésor, i»., public treasury.
tressaillement, m., starting,
thrill.
tressaillir, intr., to tremble,
thrill.
tréteau, m,, trestle; pi., stage
of a mountebank; déma-
gogie oratory.
tribun, m., tribune.
tribunal, m., judgment seat,
court, tribunal.
Tribunat, m., a body whose
members had the right to
oppose the projects of the
govemment.
tribune, /., tribune, office,
gallery.
tribut, m., tribute.
tricolore, adj., tricolored.
tricoteuse, /., knitter; woman
who, during the Frcnch Rév-
olution, attended political
assemblies.
triomphant, -e, adj., trîum-
phant.
triomphe, m., triumpb.
triompher, tr., to triumph.
tripot, m., gambling house.
triste, adj., sorrowful, sad.
trois, num. adj., three.
troisième, num. adj., third.
tromper, tr., to deceive, cheat.
trompette, /.y trumpet; coup
de — f trumpet blast.
trompette, m., trumpeter.
tronc, m., trunk.
trdne, m., throne.
trôner, intr., to sit on a
throne, hold forth.
trop, adv., too much; too.
trophée, m., trophy.
trop-pldn, m., overflow, su-
perabundance, excess.
nm., hole.
le, m., confusion, dis-
turbance, émotion,
troubler, tr., to trouble, dîs-
turb, render uneasy, em-
barrass.
trouer, tr., to bore; perforate.
troupe, /., troupe, band,
troop, soldiery.
troupeau, m., herd, flock,
swarm.
trousse,/., case (of a barber).
trouver, tr., to find, discover;
think; se — , to be présent;
be; prove.
truite,/., trout
tu, pron., thou.
tuer, ir,, to slay; kiU.
Origines de la France Contemporaine 269
tuerie, /., butchery.
tueur, m.f chief slayer, chief
hangman.
Tuileries, les, the former
royal palace,
tumulte, m., tumult.
tumultueu-z, -se; adj,, tu-
multuous.
turbot, m.y turbot,
tutelle, /.y protection, guard-
ianship.
type, w., type,
tyran, m., tyrant.
tyrannie,/., tjrranny.
tyrannique, adj,, tyrannical.
tyranniquement, adv.^ tyran-
nically.
tyranniser, tr.y to tyrannize
over.
un, -e, adj. or pron.y one; a;
— à — % one by one.
unanimité, /., unanimity; à
V — , unanimously.
uni, -e, adj, y uniform, plain,
simple, untrimmed.
tmiforme, n. m. and adj., uni-
form.
uniformité, /., uniformity.
unique, adj,, unique, only,
sole, alone; ». m., only
one.
tmisson, m., unison.
univers, m., universe.
universalité, /., entirety, en-
tire body; generality.
universel, -le, adj., uni versai,
gênerai, common.
imiversité, /., university.
urbain, -e, adj., urban.
turbanité,/., urbanity.
urgence,/., urgency.
usage, m., custom, training,
use, usage; avoir de V — , to
be familiar with the ways
of Society,
usé, -e, adj., worn; thread-
bare.
user, tr. and intr., to use;
make use of; wear (out).
usurpat-eur, -rice, n. and
adj., usurper, usurping.
usurpation,/., usurpation.
usurper, tr., to usurp.
utile, adj., useful.
utilité,/., utility.
vache,/., cow.
vagabond, m., vagrant.
vagabonder, intr., to tramp
about.
vaçue, adj., vague; loose.
vam, -e, adj., vain; en — ^
vainly.
vaincre, /r., to conquer.
vainement, adv., in vain.
vainqueur, m., conqueror,
Victor.
vaisseau, m., ship.
valable, adj., valid.
valet, m., footman, servant,
body servant, satellite.
valeur, /., value; valor,
worth.
valide, adj., valid; sturdy.
valider, tr., to confirm, ap-
prove, ratify.
valoir, intr., to be worth,
amoùnt to; — mieux, to be
better; — autant, to be as
well.
vanité, /., self-conceit, van-
ity.
vanter, rejl., to boast.
vapeur, /., fume, vapor,
steam.
varier, tr. and intr.,- to vary,
change.
270 Origines de la France Contemporaine
▼AMt m., vase, vessel. *
▼ase,/., mud.
bf adj,f great, extensive,
Eicious.
^ m.f veal, calf.
aticm, /., végétation,
ant.
^éter, ifUr., to vegetate.
Ue, /., watch; day before,
evening before, eve; à la —
de, just before.
veine, /*., vein; luck.
velléité, f,y slight désire, im-
pidse.
velours, w., velvet.
velu, -c^ adj.f hairy.
venant, w., comer; à tout — f
to ail corners.
vendémiaire, m., Vendémiaire
{first month of the révolution-
ary calendarf Sept. 22 to Oct,
21).
vendre, ir., to seli.
vénéneu-i^ -se, adj., poison-
ous.
vénération,/., vénération; en
— , revered.
veneur, m., huntsman; grand
— f m., first huntsman of the
royal hunting train, mas-
ter of the hunt.
vengeance,/., vengeance.
venuneu-i^ -se, adj., poison-
ous.
venin, m., poison.
venir, tn/r ., to come, come to,
come and, arrive; — de,
to hâve just . . .
ventôse, m.. Ventôse (sixth
tnofUk of the revolutionary
caUndarfFeh, 19 to Mat. 20),
ventre, tn., belly; mettre du
cœur au — ^ to give fresh
courage.
venu; le premier — , the first
comer, anyone.
vérification, /., vérification;
I>roof.
vérifier, /r., to examine, in-
vestigate.
véritable, adj.^ true, gemiine.
véritablement, adv., really.
vérité, /., truth; à la —, in-
deed, to be sure.
vermeil, m., siiver-gilt.
vermine, /., vermin.
vermineu-z, -se, adj.y caused
by worms.
vermoulu, -e, adj^^ worm-
eaten.
vernis, m., vamish.
vérole, /., pox; petite — ^
smallpox.
verre, m., glass.
verrou, m., boit,
vers, m,, verse,
vers, prep,y towards.
verser, tr., to pour (o«/), serve,
turn.
verset, m, (Bibl.), verse,
vcrtj -e, adj., green; sharp.
vertige, m., dizziness, ver-
tigo, excitement.
vertu, /., virtue; en — de, in
accordance with.
vertueu-z, -se, virtuous.
veste,/., round jacket.
vêtement, m., garment.
vêtir, Ir., to dress.
veuf, m., widower.
veu-^ -ve, adj,, widowed.
veuve,/., widow.
viable, adj., likely to live.
viager, m., life annuity.
viag-er, -ère, adj.t for life.
viande, /., méat,
vibrant, -e, adj.y vibra ting;
earnest; ringing.
Origines de la France Contemporaine 271
vibrer, m.y to vibrate.
vice, m., vice, fault.
videu-z, -se, adj.^ vicious,
faulty.
victime, /., vîctîm.
victoire,/., victory.
vide, adj.y empty.
vider, /r., to empty.
vie, /., life; course of life.
vieil, see vieux,
vieillard, m., oid man.
vieillesse, /., old âge.
vieux, vieil, -le, adj.y old.
vi-f, -ve, adj.y alive, living,
lively, keen, bright; de
vive force, by violence,
vigne,/., vineyard, vine.
vigneron, w., vinedresser.
vignoble, m., vineyard.
vigueur,/., vigor, strength.
vil, -e, adj.y vile, base, low.
vilain, -e, ci//., ugly.
vilenie, /., nastiness, shabby
trick, dirty action, base-
ness.
villageois, m., villager.
ville,/., city.
vin, w., wine.
vindicati-f, -ve, adj.y vindic-
tive.
vingt, num. adj., twenty.
vingtaine,/., score.
vingt-cinq, num. adj,, twenty-
five.
vingtième, m., income tax of
five per cent.
vingtième, num, adj.j twen-
tieth.
violation,/., violation.
violemment, adv.y violently.
violence,/., violence.
violent, -e, adj., violent, high-
handed.
violon, m., violin, fiddle.
vipère,/., Viper,
vuril, -e, adj,, manly.
visage, m., face,
visible, adj.f visible,
visiblement, adv.y vîsibly, ob-
viously.
visière,/., visor; peak (ofcaps),
vision,/., vision,
visiter, tr., to visit, inspect.
vite, adv., quickly.
vitre, /., windowpane; win-
dow.
vitré, -e, adj., glazed; of glass.
vivace, adj., perennial; hardy.
vivant, -e, adj., living.
vivre, intr., to live; savoir — ^
to be a person of good man-
ners.
vivre, m., food; pi,, victuals.
vocabulaire, m., vocabulary.
vociférations, /. pi., vociféra-
tions.
vœu, m., vow, prayer, vote,
political belief.
vogue, /., fashion; avoir (de)
la — , to be in fashion.
voici, prep., hère is, this is;
hère are, there are; — que,
behold!
voie, /., way, channel, road;
lancé hors de sa — , get-
ting away from his (former
prudent) ways.
voilà, prep., there is, there
are.
voir, tr., to see; view.
voirie, /., carrion pit; street
administration.
voisin, m., neighbor.
voisin, -e, adj., adjacent,
near.
voisinage, m., neighborhood.
voiture, /., carriage, wagon;
-7 publique, car of state.
272 Origines de la France Contemporaine
YoiXf /., voice; à pleine -~,
witnout concealment.
vol| m., theft; flight
Yolcas, m.y volcano.
volée,/., flight; flock.
▼oler, tr.f to steal.
▼olet, m., window shutter.
voleter, inir,, to flutter.
voleur, m,, thief.
volontaire, m., volunteer.
volontairementi adv., volun-
tarilv, readily.
volonté, f., will, readiness,
wîsh; pL, whims.
volupté,/., pleasure.
vomir, ir., to vomit.
voracit^/., voracity.
vote, m,f vote.
voter, ir, and inir., to vote,
vouloir, /f., to will, wish; —
dire, to mean.
voulu, adj.f forced, stiff.
vous, pron,, you, yourself,
yourselves.
voûte,/., arch, vault.
voyage, m., voyage.
voyager, intr,, to tiavei.
voyageur, m., traveler.
voyou, m., hoodlum.
vrai, -e, adj., true, real.
vraiment, adv., truly.
vue, /., sight; à —, at sight,
in sight, visible,
vulgaire, adj.f vulgar, eom-
mon.
vulgariser, tr.y to make vul-
gar, popularize.
y, adv, and pron., there, to it,
for it, to them, for them;
of it, of them; by it; —
avoir, to be.
yeux, m. pi,, eyes.
aéro, m.f zéro.
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I - A ^V^;
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