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-ogic
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ŒUVRES COMPLÈTES DE F- LE PLAY .
iodcbaut
LA SCIENCE SOCIALE
FONDÉE SDR L'EXPÉBIEHCB
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SOMMAIRE DE tA BIBLIOTHÈQUE
DE LA SCIENCE SOCIALE
àO t" JANWEB Ï818
Lft Bibliothèque de la teteneê ioeiate » poar point de départ foi Oi»-
vrien européen», c^est-à-dlre, les étadetf faites en Europe, puli contiavées
dans les autres contrées, selon la méthode d'observation dite des mano-
graphiet de famiUet; elle aura pour conclusion une Synthèse tocMe.
Chacun des DuvraBes Intermédiaires s'appuie sur des faits eiposés dans
les ouvrages antérieurement publiés. Tous ces ouvrages ont entre eux des
liens Intimes. On peut donc souvent abréger Texposé spécial à l'un
d^ux en t^nvoyant le lecteur aux autres. Ces renvois' sont Indiqués par
Uea ehipyes précédés de deux lettres caractéristiques. Celles-ci sont mar-
quées cl-dessoni eu regard de chaque ouvrage. Voir, en outre, cl-aprte
les indlcatlona, sur les renvois, données au rerao des trois titres : Mro-
duelim, L'orgcmitatwn dei /omiKsfj Èpitogu».
TltEHB DBS OUT&aOBB IXU. d* édlHon. 6lpm
■itrtmw. d* niiT«l.
Les Ouvriers européens. ' 18SS-1878 OE
Les Ouvriers des Deux Mondes 1858-1875 OH
La Réforme sodale 186A-187& RS
L'Organisation du travail 1870-1871 OT
L'Organisation de la bmlUe. 1870-1875 OF
La Palz sociale après le désastre (1874) .... 1871-1878 PS
La Correspondance sur les Unions 1873-1876 CV
La Constitution de l'Angleterre 1875 CA
La Réforme en Europe et le SalgtenFmitce. . ' 1876 RB
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OUVRIERS EUROPÉENS
ÉTUDES
SOR LES TRAVAUX, LA VIE DOMESTIQUE
BT LA CONDITION MORALE DBS POPULATIONS 0DVRIÈRB9
DB L'BDROPI
D'APBfeS LBB FAITS OBSBKViB DB IBIIA ISSS
■Tw de* épUagnis Indiquant Iw chiagtmaiiti ■arrtiiQi dtpnl* ISSS
DEUXIÈME tOITIOH EN BIX TOMES
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SOMMAIRE
DES OUVRIERS EUROPÉENS
Tome I". La Méthode d^olnemUon. — Tome II . Les oarrleni de
l'Orient. — Tome IIL Les osvrlera dn Nord. — Tome IV. Lea ouvriers de
l'Occident (populations stables). — Toma V. Les ourriers de l'Occident
(populaUons ébranlâes). — Tome VI. Les ouvriers de l'Occident (popola-
tlOQâ désorganisées).
(âttoiin des 6 tomes est on tout complet qui peut être emplof j ^aana
recoon nécessaire anx B aatres}.
ÉPIGRAPHE
c II sHnrormalt avec sofn âfi la valeor des terres, de ce qu'elles
■ reportaient, de la manière de les cultiver, des fiuultés des parsans*
■ de œ qui fklsalt leur nourriture ordinaire, de ce que leur pouvait valoir
( en on Jour le tranUl de leurs mains; détails méprisables et abjects en
• apparence, et qui appartiennent cependant au grand art de gouverner. »
(FoKTBHBLLE, Élogâ de Vauban.)
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■3.2 r-^j-
LES OUVRIERS EUROPÉENS
TOHË CINQUIÈME
LES OUVRIERS
DE L'OCCIDENT
II- SÉRIE T- POPULATIONS. ËBBANLÉES
EHVAHieâ PAR Là NOUVEAUTÉ, 0UBUEUSG1 DE U TRADIIION
PEU FIDÈLES AU DÉCALOGUË ET A L'AUTORITÉ PATERNELLB
6DPPI.6&ItT UAL A LA BARBTâ CROISSANTS DBS FBODUCTIONS SPONTANÈBS
Ml U CaHHUNAUTÏ, U PHOPSIËTf IKDITIDUELLE ET LE PATRQlUaE
F. LE PLAY
Aaci*B CoonDIsr d'état, ancien Sënaieni, liupectenr g^dnl dn lliDoi,
.- ^ CnmmrBalTSgéninl (185S-I8tl-18e7|
au Bipoùtioin UniTenBllM da Pprii cl de Londni.
TOURS
ALFRED MAME ET ÏILS. LIBRAIRES-ÉDITEDRS
PARIS, DENTU, LIBRAIRE
U DCCC LXXTIU
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HD
Ï37G
,L<S97
\Ï77
SOMMAIRE
DU TOME CINQUIËHE.
hundvction touchant la constltatloa Bofilale de* reces Abnnléea de
l'Occident. — L'orgoMitatimi det famiUtt dâcrite, ea neuf chapitres,
sons forme de monographies. — Prédl mitkodiqva et atphabéliqm tou-
chant rorganlsatlon des familles et la constitution sociale des races d«
rOcddeot (11» série. — Populations ébranlées). '
Épitogua de 1877. — TabU anaigtique des nutlëref.
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INTRÔDUCTIOH
TOL'CHAIIT
LA CONSTITUTION SOCIALE
DES RACES DE L'OCCIDENT
XI»* SÉRIE — POPULATIOnB ÉBHAMLfiBB
D«8 localité* où lea olasses dlrleeantea oublient le Décalogaa.
D'APRfiS LES FAITS OBSERVES, DE 18S9 A 185S.
Ponr It 1" fdliloa (in-tolio) de* Omriart turopiânt.
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SOMMAIRE
DE L'INTRODUCTION
§ l". Les trola degrés de BouffraDce correspondant aux populations
stables, ébranlées ou désorganisées, décrites dans les sli tomes des Ouorier»
eurûpéent. — § 3. Causes générales d'ébranlement qui agissent sur les
familles décrites su tome V, — § 3. Caractères spéciaux de l'ébranlement
Imprimé aux neuf réglons qu'habitent les bmlUes décrites au tome V. —
§ i. 1" région. — Compagnon-mennlslerde Vienne (Autriche). — §6. 2'ré-
glon. — Tisserand de Godesberg (province riiénane}. — § 6. 3* région. —
Compositeur-typographe de Bruxelles (Belgique). ~ % 1. If région. —
Mineur de Poutglbaud (Auvergne). — 5 S. 5* région. — Paysan-basque
du Laboord (France). •.- 5 9. 6' ré^on. — Manœuvre-agriculteur du Mor-
van (Nivernais). — § 10. 7* région. — Bordler de la Champagne pouilleuse .
(plaines crayeuses de la Marne et de l'Aube). — § 11. S* région. — Maître-
blanchisseur de Cllchy (banlieue de Paris). — § tS. 9* région. — Charpen-
tier (du Devoir) de Paris. — § 13. Résumé du tome T : comment ae produit,
dans les sociétés de l'Occident, la transition de l'ébranlement & la désorga-
Dlsatlon.
Exemple
des sJ^nes de renvoi an S 10 de rintirodtiction,
employés :
dans le texte même de cette Introduction et dau
le Précis de ce volume . 14.
— l'Épilogue de ce volume In. 10.
— les 6 autres volumes des Ouvrieri européen*. . . V, In. 10.
— les autres ouvrages de la Biblloth&que OE, V, In. 10.
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CONSTITUTION SOCIALE
DES RACES ÉBRANLÉES DE L'OCCIDENT
S 1.
LES TROIS DEGRÉS DB SOUFFRANCE CORRESPON-
DANT AUX POPULATIONS STABLES, ËBRANLËES OU
DÉSORGANISÉES, DÉCRITES DANS LES SIX TOMES DBS
OUVRIERS EUROPÉENS.
La prospérité des populations stables qui sont l'objet
des trois volumes précédents n'est point exempte de souf-
france. Le bien est toujours mélangé de mal, même chez
les races qui possèdent, en toute perfection, les sept élé-
ments essentiels ù une bonne constitution sociale (IV, In. t) .
La souffrance, en effet, est inhérente à la nature humaine :
elle se présente, selon les lieux, avec des variétés infi-
nies; mais toutes les nuances du mal peuvent être ratta-
chées à trois cas principaux.
1 Chez les races stables décrites dans les trois volumes
précédents, la souffrance n'est, ni générale, ni perma-
nente : elle est purement locale et accidentelle. Même dans
les localités trës-circonscrites, elle n'imprime point aux
familles un caractère distinctif. Parmi les maux auxquels
n'échappent point les régions les plus prospères figurent
les maladies individuelles, les épidémies, les épizooties et
surtout les fléaux atmosphériques qui ravagent parfois, en
quelques instants, de vastes territoires (II, In. s).
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X COXSTITDTIOM SOCULB DSS BACES BBUNLriSS DB L OCCIDENT.
Cbez les races ébranlées, que le présent Tolurae décrit
en neuf monographies, la souffrance devient en beaucoup
de lieux le caractère habituel des familles. Elle est, en
général, modérée ou récente : elle ne trouble point encore
la paix sociale dans les foyers domestiques, ni dans les
ateliers de travail; tous les caractères de la paix pa-
raissent subsister dans l'État. Les observateurs peu atten-
tifs se persuadent aisément que l'ancien état de prospérité
se perpétue; mais, si les gouvernants se laissent abuser
par ce calme trompeur, la société est déj^ en péril. Les
pauvres sont plus nombreux ; leur dénûment est plus héré-
ditaire; et, lors même que le pain quotidien ne manque
pas encore, les familles ont perdu la sécurité de l'avenir,
c'est-à-dire le genre de bien-être que les races stables
préfèrent à tous les autres. L'instabilité et la souffrance
créées par l'état d'ébranlement grandissent si on n'y
oppose pas los vrais remèdes : elles atteignent surtout les
ouvriers, mais elles n'épargnent pas les patrons.
Ailleurs enGn la souffrance se perpétue et s'aggrave.
Elle envahit alors progressivement toutes les parties du
corps social ; et l'on voit naître l'état de désorganisation
décrit au tome VI.
S 2.
CAUSES aËNËBALBS D'ËBBANLEHBNT QDI AGISSENT
SUB LES FAMILLES DËCBITBS AU TOME T.
Selon les faits exposés aux tomes II, III et IV, la sta-
bilité persiste chez toutes les races, quand le Décalogue
et l'autorité paternelle conservent leur empire sur les
esprits et les cœurs. Les populations simples, frugales et
irès-éparses, qui récoltent les productions spontanées des
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g I. CAU8KS OÉNliBAlU D'ilkANLBKSNT. XI
Steppes de l'Orient et des rivages maritimes da Nord,
vivent dans une paix inébranlable tant qu'elles restent
soumises à la loi suprême et à son principal gardien. Les
sociétés complexes.'.lettrées et agglomérées, soumises aux
influences urbaines de l'Occident, ne conservent cet état
de paix qa'avec le concours supplémentaire de deux autres
forces morales, la religion et la souveraineté, qui de-
viennent, sous ce régime, des moyens indispensables de
prospérité.
Ainsi appuyées sur le Décalogae et l'autorité paternelle,
puis unies par la religion et la souveraineté, les nations
lettrées s'élèvent, dans l'ordre matériel et intellectuel, au-
dessus des pasteurs et des pécheurs-c6tiers; mais elles
leur restent fort inférieures au point de vue moral. Elles
sont plus facilement ébranlées que les races primitives dont
la science repose nniquement sur la révélation du Déca-
logue éternel et sur la pratique d'un art invariable. Aux
époques de progrès, elles ont, il est vrai, le concours de
deux classes de personnes employées aux services de la
religion et de la souveraineté; mais ces classes sont moins
dévouées aux ouailles et aux gouvernés qne les pères aux
enfants : elles se corrompent plus aisément; elles de-
viennent alors des agents actifs de décadence; et, si la
réforme tarde trop à se produire, elles poussent à une
ruine certaine le peuple qu'elles devaient protéger. Tel
a été l'état de choses offert par les nations fameuses de
l'antiquité; et je ne connais que la Chine qui ait échappé
à celte catastrophe suprême. Les nations modernes, et, à
leur tête, l'Italie, la péninsule ibérique, l'Autriche et la
France se sont laissé dominer successivement par cette loi
de l'histoire. Depuis l'époque si improprement nommée
a la renaissance », toutes ont grandi par l'alliance intime de
la religion et de la souveraineté ; toutes ont décliné par la
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Xn COKSTITUTION 80CIALB DIS UCU ÂtBAHI^BS DB L'OOCIDBNT.
corruption des hommes préposés à la direction de ces
deux forces morales.
Telles sont les causes de l'ébranlement qni s'est sur-
tout produit de nos jours dans le sud-onest de l'Europe»
mais qui envahit mainlenaot de proche en proche les
autres régions de ce continent. Quant aux caractères spér
cianx de l'ébranlement, ils varient à Tinfîni et ils s'ag-
gravent à. mesure que les sociétés deviennent plus compli-
quées, ou, selon l'expression usuelle, « plus civilisées ».
A ne considérer que les localités où ont été étudiées les
familles décrites dans ce volume, les phénomènes sociaux
qui accompagnent l'ébranlement se comptent par centaines.
Toutefois, dans cette matière délicate, il ne faut pas con-
fondre l'effet avec la cause : en général, ces phénomènes ne
sont que les véhicules des maux dont le principe est dans
la défaillance des hommes qui, ayant le devoir de garder
la loi morale, se plaisent à la violer. Ainsi, par exemple,
les chemins de fer, les bateaux à vapeur et les télégraphes
auraient évidemment offert un puissant concours à saint
Paul, dont l'œuvre fut si souvent entravée par la difficulté
des communications. Si, de nos jours, la corruption appa-
raît partout avec ces nouveaux moyens d'action, c'est que
les hommes chargés d'enseigner le vrai ont moins de zèle
et de talent que les égarés ou les méchants adonnés i la
propagation de l'erreur. Une remarque analogue s'applique
& tous les phénomènes d'ébranlement ou de désorganisa-
tion signalés dans les deux derniers volumes de cet
ouvrage.
Cependant, c'est ici le lieu d'indiquer le contraste qui
existe dans les causes de ces denx sortes de désordres
sociaux. Le mal actuel de l'Europe, malgré ses innom-
brables apparences, n'a véritablement qu'une source, la
violation du Décalogue étemel; mais, dans ses effets
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s 4. CAIACT^BES BPÉCUin A L*AimtcaB. ZttI
pernicieux, il agit avec deux degrés d'intensité fort
différents. Qnand les classes dirigeantes d'une localité
manquent, par faiblesse, aux prescriptions de la loi
suprême, le mal est guérissable; et la société est simple-
ment ébranlée. Quand, au contraire, inspirées par l'or-
gueil, elles prétendent substituer à cette loi leurs propres
inventions, elles privent la société de ses fondements :
elles la désorganisent et la poussent à sa destraction.
S 8.
CARACTÈRES SPËCIAtIX DE L'ËBRANLEHBNT IMPRtHË
AVX NEUF RÉGIONS QU'HABITENT LES FAMILLES
DÉCRITES AU TOHB T.
Les faits sociaux exposés en grand nombre dans ce
volume signalent implicitement, par divers symptémes,
les vices qui se sont introduits dans la constitution sociale
des régions qu'habitent les familles groupées en neuf
chapitres. Dans chacun de ces chapitres, j'ai coordonné,
pour en faire l'objet d'un paragraphe spécial (n), les
inconvénients principaux que ces vices entraînent, en ce
qui touche le bien-être et la sécurité des familles. Je dois
résumer ici ces inconvénients d'une manière encore plus
succincte. Je vais surtout montrer comment les vices et
les erreurs émanant de la violation du Décalogue étemel
ébranlent, en déQnitive, tous les éléments de la vie pu-
blique et de la vie privée des nations.
Su.
I» RÉGION. — COUPAGNON-HENUISIER DE TIENNE
(AUTRICHE).
Les campagnes de la Moravie, pays natal de la famille
décrite dans ce diàpitre, offrent, dans leur constitution
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XIY GONSTITDTION SOCUUt DIS UCBB ÉniNLÉn DE L'OGCIDBHT.
sodale, des vices qaî ont loardement pesé sur la Jeu-
nesse des deux époax. Les conséquences de ces premières
épreuves ont suivi les jeunes adultes dans le cours de
leurs migrations. Elles n'ont pas été sans influence sur
la condition précaire que le ménage s'est créée dans la
ville de Vienne, après beaucoup d'efforts et de mécomptes.
Je n'entrevois d'ailleurs, en dehors des qualités excep-
tionnelles qui pourraient se développer chez les jeunes
enfants de ce ménage, aucune cause qui puisse arracher
la famille à une situation oA la gène est habituelle et
touche parfois au dénAment.
L'ouvrier se rattache par sa naissance à la race slave;
mais il n'y a pas trouvé les éléments de bien-être propres
aux communautés de même race qui peuplent les régions
comprises entre le Danube et l'Adriatique. Dans celles
de ces régions qui sont soumises i l'Empire autrichien,
les communautés slaves, tout en conservant leurs tradi-
tions caractéristiques, n'ont plus la stabilité de celles qui
dépendent de l'Empire ottoman (IV, i, a). Elles n'^istent
plus en Moravie, an moins dans les localités où sont nés
les deux époux. Les familles slaves se sont plus ou moins
confondues avec les excellentes populations allemandes
de l'Autriche; et, de nos jours, elles souffrent d'un mal
commun. Trop agglomérées dans les campagnes, elles ne
savent point émîgrer à l'étranger. Elles ont pour unique
débouché les villes où, jusqu'à ces derniers temps, elles
étaient protégées par les corporations urbaines d'arts et
métiers et par le compagnonnage. La concurrence des
nouvelles usines à engins mécaniques détruit maintenant,
par la force des choses, cette antique étatisation manu-
facturière. Sauf pour une minorité qui se distingue par
ses talents et sa prévoyance, il n'y a plus, dès lors, ni
stabilité pour les maîtres, ni sécurité pour les ouvriers.
:,yG60glc
§- B. QÂKâCTKBKB SPiCl&Ol A U PKOVIHCE BBBNANB. SV
Sons les mêmes inflaences, rébranlement se comma-
aique, dans le régime du travail, à toutes les régions de
l'Empire autrichien. A Vienne, en particulier, la majorité
des ouvriers doit* à la moindre crise, recourir à l'assis-
tance publique pour compléter les moyens de subsis-
tance fournis par le salaire. Cet état de gène est aggravé,
sans utilité matérielle et au détriment de l'ordre moral,
par les règlements publics qui font obstacle au mariage
des pauvres. Jusqu'à ce jour, cet état de souffrance a été
adouci par un reste de bonnes traditions, par les senti-
ments paternels des classes dirigeantes et par la soumis-
sion habituelle des gouvernés; mais, si une prompte
réforme ne survient, il amènera infailliblement la perte
de la paix sociale et la désorganisation de la société.
S S.
S" BËGION. — TISSERAND DS GODESBERQ
(PROVINCE RHÉNANE).
L'histoire des tisserands du Rhin comprend à peu
près celle des populations attachées aux manufactures du
nord-ouest de l'Allemagne. Au milieu du moyen âge,
lorsque le tissage cessa d'être une industrie spéciale à
chaque foyer, les premiers tisserands s'établirent dans les
campagnes contignês aux villes qui étaient en situation
de centraliser le commerce des tissus. Ils conservèrent k
leur atelier nouveau la stabilité du domaine rural dont
ils étaient sortis; et ils s'assurèrent deux solides moyens
de subsistance. Ils réunissaient, en effet, deux profes-
sions. Comme bordiers ruraux, ils faisaient les grandes
récoltes et certains travaux urgents pour le compte d'un
agriculteur voisin-, et, en échange, ils obtenaient de lui
une habitation avec des dépendances rurales et des sub-
.yGoogle
xn coNSTironoN bocialk des kacbs ^bbanlébs dk l'oeciDinr.
Tentions qui leur assuraient en partie les moyens d'exis-
tence. Comme tisserands, ils fabriquaient annuellement
nne quantité, à peu près fixe, de produits pour le compte
d'un commerçant établi dans la ville voisine. Ils rece-
vaient en retour un salaire à l'aide duquel on pouvait
compléter les moyens de subsistance et constituer les
dots des frères et des sœurs de l'ouvrier-associé. L'ouvrier
travaillait exclusivement pour ses deux patrons; et ceux-ci
se croyaient tenus de lui apurer, en toute éventualité*
des moyens de subsistance. Ce régime restait en vigueur
au commencement du xix* siècle ; et il se conserve encore
partiellement en quelques lieux. Presque partout il est
l^mplacé par un état d'indépendance mutuelle pour les
deux parties, d'instabilité et de souffrance pour l'ouvrier.
Celui-ci traverse, en nomade, des habitations urbaines à la
recherche du travail : il exige et obtient de forts salaires
aux époques de pro^rité commerciale; il tombe dans le
dénûment aux époques de détresse, sans autre appui que
la charité publique. Enfin, cette situation précaire est de
plus en plus compromise, même aux époques de pros-
périté, par les usines nouvelles où le tissage s'opère k
l'aide des machines.
Dans le bassin rhénan, comme dans les autres régions
manufacturières, les usines k engins mécaniques trou-
blent également le âlage, le tissage et presque tous les
travaux qui s'opéraient précédemment au moyen des
bras. Jusqu'à ce jour, il est vrai, à Elberfeld, à Solingen
et dans les autres localités de la plaine saxonne, où les
machines sont mises en action par la force de l'eau, les
anciennes coutumes de patronage se sont conservées}
tnais l'invasion Inévitable des macbines à vapeur détruira,
tût ou tard, cette situation an détriment des ouvriers,
puis de la société entière. Les mines de houille de la
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§ 5. CAHACTBRKS SP^tAUX A LA PKOTIHCE niIBNAHB. SVH
Ruhr recevront un développement considérable. Elles
augmenteront l'ébranlement qui commence i!i se produire,
si les exploitants de cette immense richesse ne §e mon-
trent pas plus modérés et plus perspicaces que ne l'ont
été jusqu'à présent ceux des riches bassins houillers
d'Angleterre, de France et de Belgique.
Dans le sud-ouest de l'Allemagne, les causes d'ébran-
lement sont moins nombreuses et moins puissantes. L'in-
dustrie manufacturière est peu développée; les mines de
houille manquent; les forêts abondent et concourent, par
leur inQuence bienfaisante, à la stabilité des populations.
Malheureusement, les gouvernants de cette région y ont
introduit, vers le milieu du xvui* siècle, des éléments de
désorganisation dont les traces subsistent encore. Gomme
les souverains du Nord, ceux du Midi ont témoigné leur
mépris pour la loi suprême : ils ont donné l'exemple des
mauvaise^ mœurs; ils ont été les patrons de Voltaire et
des encyclopédistes; ils se sont ainsi constitués les pro-
moteurs du mal qui désorganise aujourd'hui l'Occident.
A cette époque, en eETet, la cour de France propageait
avec plus d'éclat la corruption des mœurs; mais, du
moins, elle condamnait en principe, par ses impuissantes
■décisions, les révoltes de l'orgueil contre Dieu et sa loi.
Or, ce crime n'a jamais été commis en France que par
les assemblées révolùtionnairf^. Les tendances hostiles à
l'autorité paternelle ont également pris naissance, dans le
midi de l'Allemagne, au xviii' siècle. Les habitudes de par-
tage égal, qui sont Un sûr moyen de saper cette autorité,
qui ont désoi^nisé la famille et la propriété dans plusieurs
logions du Palalinat, se sont propagées à cette époque; et
l'on en retrouve çà et Ift les effets dans cet ouvrage. L'ébran-
lement produit sous ces influences est visible dans la mo-
nogrâphie ayant pour objet : « le Luthier du Werdenfels. »
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ï\ltl CONSTITUTION SOCIILB DES BACES éBlAItL^EB DE L'OCCIDETTr.
S 6.
3«» RÉGION. — COMPOSITEDR-TYPOGRAPHE
DE BRUXELLES (BELGIQUE).
L'hisloire de la Belgique montre, mieux encore que
celle du bassin rhénan, comment se sont constitués,
depuis le moyen âge, les domaines ruraux, les borderies
et les fabriques rurales collectives, puis les corporations
urbaines d'arts et métiers. À Gand, comme à Tyr, à
Cartbage et à Florence, ces corporations firent naître des
dynasties de riches rabricants. Elles conférèrent, en eOTet,
aux fabriques urbaines une stabilité comparable, sous
plusieurs rapports, à celle des domaines ruraux. Les
houilles, extraites du riche bassin qui traverse la Bel-
gique entière, y ont singulièrement développé l'activité
manufacturière. Dès le siècle dernier, les nouveaux ate-
liers avaient désorganisé les corporations urbaines. Depuis
1830, une prépondérance irrésistible est acqujse aux usines
à engins mécaniques, mises en action par la vapeur. Sous
ces influences ont disparu, non-seulement les institutions
positives qui, dans les villes et les manufactures agglo-
mérées, donnaient la stabilité aux ateliers de travail et la
sécurité aux ouvriers, mais encore les idées et les senti-
ments qui sont la base de toute paix sociale.
Jusqu'à la fin du siècle dernier, les idées, le» mœurs
et les institutions transmises par la coutume faisaient
régner la paix dans chaque foyer et chaque atelier,
même au milieu des calamités nationales les plus vio-
lentes. Aujourd'hui, même quand la nation présente tous
les symptAtnes généraux de la prospérité, la discorde
détruit le bien-être individuel jusque dans les moindres
.yGoogle
g 6. C4BACTÈRE8 SPBCIADK A LA BBtGIQUB. XIX
éléments du corps social. La souffrance pèse sur toutes
les classes avec des caractères difTérenis : chez les matires,
elle n'apparaît guère que dans les intérêts moraux; cbe2
les serviteurs, elle se manifeste à la Tois dans l'ordre
moral et dans l'ordre matériel. C'est principalement sur
l'ouvrier urbain que pèsent les inconvénients de l'aniagO'
nisme qni a remplacé, dans les ateliers de travail, l'aocien
régime d'harmonie.
En effet, dans les grands ateliers organisés au moyen
Age et développés à la renaissance, les ouvriers avaient des
situations qui étaient en rapport avec leurs aptitudes; et
ils y obtenaient les satisfactions légitimes qu'ils pouvaient
désirer. Tous s'attachaient à la maison qui assurait leur
avenir et pourvoyait k l'établissement de leurs enfants.
Lei types imprévoyants et inférieurs étaient eflicacement
protégés. Les types prévoyants et habiles devenaient les
auxiliaires du maître : ils s'élevaient dans la hiérarchie
locale; et leurs enfants, les mieux doués, trouvaient au
dehors de hautes situations, avec l'appui de la maison-
souche. Les ouvriers urbains appréciaient beaucoup ces
avantages : ils s'élevaient à la maîtrise par le talent et la
vertu, mieux qu'ils ne le font actuellement.
De nos jours, il est vrai, les ouvriers doués de qua-
lités exceptionnelles montent rapidement aux plus hauts
degrés de ia hiérarchie sociale; mais ces fortunes rapides
ne nous apportent, ni la paix, ni la stabilité; elles sont,
au contraire, une des principales causes de l'ébranlement
actuel; loin de calmer, elles irritent les sentiments de
haine et d'envie que les inégalités sociales de notre temps
inspirent aux ouvriers. Dans le Nord et l'Orient, les qua-
lités communes qui distinguent les majorités soumises à la
loi morale constitoent dans les villes de solides bourgeoi-
sies; et, dans ce milieu, se forment lentement les familles
.yGoogle
XX CONSTITDnON SOCIALt DBS RACES ÉBlAïILÉSa DR I/OCCIDKNT.
qui comblaient, aux degrés supérieurs de la hiérarchie,
les vides produits par les corruptions émanant de la
richesse, de la science et du pouvoir. Dans l'Occident, la
paix sociale était mieux assurée autrerois par ce recru-
tement progressif que par les subites fortunes contem-
poraines. L'ancien état de choses est presque désorganisé
de notre temps, surtout en Belgique, en France, et dans les
autres localités soumises au partage forcé des héritages.
Le petit atelier, créé par une vie entière de travail et de
vertu, est rarement agrandi par un héritier continuant la
tradition paternelle. Les enfants pervertis par la loi, ont le
désir de s'en partager les lambeaux. Tous, dès le début de
leur carrière, voient leur propre avenir en dehors de l'ate-
lier patrimonial. Les plus prévoyants, conûants dans leurs
forces, recommencent, dans une autre condition, sans profit
pour leur postérité, l'œuvre éphémère des parents. Les
moins énergiques et les moins prévoyants suivent une voie
plus facile et s'attachent, en qualité de salariés, à la grande
industrie. Ils forment, dans leur classe, la majorité ; et c'est
parmi eux que se rencontrent les types les plus charmants
du régime actuel. Les hommes doués dç ces dispositions
abondent chez les classes pauvres. Ils participent aitx
tendances dominantes de la femme : ils se préoccupent
moins de leur avenir que de la satisfaction immédiate
des autres (i, so). Dans les foyers domestiques et les ate-
liers de travail de l'Orient et du Nord, comme dans ceux
de l'Occident où l'esprit de solidarité se perpétue, ces
hommes ont un excellent emploi de leur qualité mal-
tressa : ils se dévouent à la prospérité de la maison qu'ils
-servent; et ils trouvent dans l'alTection du maître leur
principale satisfaction personnelle, la sécurité de leur
famille, le bien-être et souvent la fortune de leurs dea-
cendants. Dans les maisons ébranlées de l'Occident, cette
.yGoogle
qualité précieuse reste stérile, pour l'ouvrier comme pour
le maître. En effet, quand ce dernier a lui-même rompu
les rapports sociaux qui étendaient aux ateliers les senti-
ments de la famille, les ouvriers voient en lui un étran*
ger, sinon un ennemi. Ils cherchent dans certaines pra-
tiques d'association un appui que ne comporte pas la
défaillance des associés. Ils épuisent sans profit leurs
trésors de dévouement à résoudre un problème insoluble ;
créer la sécurité d'un groupe d'hommes chez lequel
régnent la haine, l'imprévoyance et le dénûment.
La Belgique est, en Occident, l'une des contrées où
les populations urbaines se transforment rapidement dans
le sens que je viens d'indiquer. Au début de mes étudeâ,
le mal était déjà grand. Il me fut signalé, avec l'expres-
sion de vives inquiétudes, par mes amis de Namur, de
Bruxelles et de Liège, pendant les six années (1829-1835)
que je consacrai à la visite de toutes les usines & fer
de ce pays. A cette époque, en effet, beaucoup d'hommes
influents apercevaient encore avec clairvoyance la néces-
sité des coutumes qui avaient maintenu jusqu'alors la
paix sociale dans leur ville. Ils pourvoyaient avec sollici-
tude au bien-être de chaque famille qui avait près d'eux
une situation précaire; mais ils écartaient avec vigilance
tonte nouveauté qui aurait eu pour effet d'augmenter le
nombre de ces familles. Depuis quarante ans, j'ai vu une
transformation complète s'opérer dans les idées et les
mœurs de la Belgique. Les descendants de ceux qui m'en-
seignaient, en 1835, les conditions de la paix urbaine
ne croient plus être responsables du bien-être des classes
que dirigeaient leurs pères. Les ouvriers, de leur côté,
ne voient plus dans leurs maîtres une classe dirigeante.
I^s plus modérés considèrent leurs chefs comme des
rivaux qu'ils ont i combattre en «'associant; et les meil-
.yGoogle
XXII COKBTITDTIO:! SOaALB DBS BICBS ÉBUMLiE3 DE L'ocaOEKT.
leurs consacrent leur dévouement h ces associations im-
puissantes pour le bien. Ces sentimenis ont été peints avec
une confiance naïve dans la monographie du chapitre m.
Les espérances fondées sur l'assistance mutuelle des ou-
vriers (m, 18) seront probablement déçues; et l'on peut
craindre que cette déception ne suggère aux associés des
idées, puis des actes, hostiles à l'ordre social. Ceux qui ont
charge de la paix publique ne sauraient méconnaître ce
danger; et la voie à suivre leur est tracée à la fois par
l'histoire du passé et par les exemples de paix qui se con-
servent sous nos yeux. Ils ont le devoir de revenir aux
tradidons de patronage avant que l'ébranlement actuel
des foyers et des ateliers n'aboutisse à une désorganisa tiou.
§7.
i<»BËGION. —MINEUR DB PONTGIBA.DD
(AUTERGNE).
L'Auvergne figure au premier rang parmi les pro-
vinces françaises qui, sousl'ancien régime, faisaient régner,
par le travail et la vertu, une solide constitution sociale.
La famille-souche était te principal objet des sympathies
individuelles, à tous les degrés de la hiérarchie sociale,
u 11 faut que la maison fume », disaient tous les membres
des générations fécondes qui se succédaient; et lous agis-
saient et se concertaient pour aider l'héritier choisi par
le père de famille h remplir sa lourde charge, c'est-à-dire
à perpétuer, au foyer et à l'atelier, la pratique du Déca-
logue. Les familles les plus recommandables aspiraient à
l'honneur de fournir à leurs voisinages le meilleur prêtre.
Celui-ci n'était pas moins dévoué que les laïques à la pros-
périté des familles î et il était près d'elles le plus ferme
.yGoogle
g 7. GABÀCTBRKS SP&UnZ A L'ADVBKGNB. XXtII.
auxiliaire de l'autorité paternelle. Sous ces influences, la
religion associée aux souverainetés du père et du monarque
présidait, dans chaque paroisse, au gouvernemeot des
âmes et à la direction des intérêts. Les trois formes de la
propriété immobilière secondaient l'action des quatre
forces morales. Elles assuraient à toutes les classes le pain
quotidien : la communauté favorisait l'élévation des jeunes
ménages et retardait la chute des familles ébranlées; la
propriété individuelle perpétuait la prospérité et l'indé-
pendance chez les paysans et les artisans ruraux qui for-
maient le fond de la population; le patronage était le lien
entre toutes les classes et soutenait une forte race de
tenanciers. Éloignés des rivages maritimes, lesÂuvergnats
De songeaient pas, comme les Normands» à diriger vers
les colonies .les vigoureux rejetons de leurs familles-sou-
ches. Les riches paysans qui occupaient snr leur domaine
tous les bras de la maison-souche donnaient deux desti-
nations principalesaux enfants qui ne pouvaient y trouver
place. Ils établissaient les uns, sur les moindres parcelles
disponibles, en qualité de bordiers; et ceux-ci complé-
taient, par les produits de l'émigration périodique, les
ressources que donnait la borderie. Us fournissaient aux
autres les dots nécessaires pour émigrer déflnitivement à
l'intérieur de la France ou dans les pays étrangers. Les
familles de grands propriétaires, comme celles des autres
provinces fécondes, apportaient également leur appoint à
l'émigration riche. En résumé, les gentilshommes, les
paysans et les bordiers de l'Auvergne donnaient autrefois
k la France la force d'expansion qui ne lui est plus pro-
curée, Jt l'époque actuelle de stérilité, que par les Belges,
les Allemands et les Piémontais. ■
Les lois de succession de la Terreur, même avec les
adoncissements du Consulat et les contre-poids de l'Empire,
:,yGoogle
X\IV CONSTITUTION SOCiiLg DES BACBS BOBANLEES Dli L'OCCIDENT.
ont profondément blessé les seotiments sur lesquels repo-
sait, en Auvergne, l'organisation des familles. Elles ont-
d'abord suscité dans les esprits de vives répugnances.
Pendant longtemps, elles Turent considérées comme non
avenues ; et les populations restèrent Sdèles à leurs cou-
tumes. Mais, peu à peu, le terrible engin de destruction,
inventé par les niveleurs et les légistes de l'ancien régime,
braqué contre notre malheureuse race par Tronchet et
Robespierre, a produit ses effets inévitables. Les agents
préposés au partage forcé des immeubles ont d'abord sou-
mis aux contraintes de la loi les classes urbaines qui sont
immédiatement exposées à leurs coups. Gomme je l'ai
indiqué dans celte monographie, le fléau destructeur s'est
ensuite étendu des villes aux campagnes contiguès. Les»
premières victimes ont été les célèbres communautés de
ménages ruraux, que les premiers promoteurs de la révolu-
lion signalaient à l'admiration des contemporains comme
modèles du bien-être et de la vertu. De nos jours, le mal
a pris le caractère d'une inondation qui désole les trois
classes de la population rurale, dans les régions qui s'éten-
dent au pied des hautes montagnes de l'Auvergne; etc'est
ce qui se produit notamment dans la localité qu'habite
la famille décrite. Heureusement, les plateaux herbus qui
forment les sommets du- Puy-de-Dôme et du Cantal sont
encore intacts. C'est dans ces montagnes que se conserve
Tine des races les plus énergiques de l'ancienne France.
C'est Ih que les hommes dévoués à notre patrie peuvent,
sans quitter le territoire, recueillir les moyens pratiques
de la réforme.
< Cette monographie fait encore entrevoir un autre moyen
de salut pour la localité décrite. L'espoir d'un meilleur
avenir se rattache aux riches Glons métallifères que les
l'nstittiiîons vicieuses de l'ancien régime avaient faitaban-
.yGoogle
§ 8, CARACTÊaE3 SPÉCIAUX AU PATS DU U90UHD. Tixr
donner. Le patronage rural, désoi^anisé par la loi des
successions, est interdit moins formellement par la loi
qui préside aujourd'hui k l'exploitation des raines.
S 8.
Il" RÉGION, - PATSAN-BASQUB DO LABOUIID
(FRANCE).
La forte constitution sociale qui est maintenant détruite
au milieu des campagnes de la basse-Auvergne n'est encore
qu'ébranlée dans les vallées du pays basque français. Ici,
comme dans toute la France, l'invasion du mal a été pro^
-voquée parla loi qui contraint les familles à se partager
les propriétés immobilières ; mais la résistance à cette
invasion a été mieux assurée par la force des mœurs etla
nature des lieux.
La tradition des Basques est celle de toutes les contrées
à familles-souches. Selon la coutume, le père institue héri-
ritier-associé,et marie près du foyer.celui de ses enfants
atnés qui est le plus apte à continuer l'œuvre des aïeux.
Ilexploite, de concert avec lui, l'immeuble patrimonial; et,
après avoir strictement pourvu aux besoins des deux
ménages, il emploie le surplus des produits à doter ses
autres enfants. Lorsque le plus jeune estdoté, on commence
i assurer l'avenir de la nouvelle génération, aussi nom-
breuse que la précédente : on marie prés du foyer commun
de l'aïeul et de l'héritier associé, un des enfants atnés de
ce dernier, puis on dote successivement les autres. Enûn,
quand la mort survient, l'aïeul laisse l'immeuble patri-
monial à son héritier, à la charge de continuer à son
exemple, au profit des générations nouvelles, l'œuvre des
ancêtres. Les chefs de famille se succèdentainsi, en pleine
.yGoogle
XXn CONSTtTOTION SOCULB DBS BUES BBBilNLEES DB L'OCCIDBNT.
paix, au mâme foyer, lant que l'im des enfants ne réclame
pas, aux termes de la loi, le droit de démembrer le domaine
incorporé à la famille depuis une longue suite de siècles.
Le péril imminent de cette localité est donc le fléau qui me-
nace ou désole, depuis 1705, la France entière. Les Basques
français n'ont donc plus, dans le lieu décrit au chapitre t, la
stabilité et le bien-être qui se conservent chez les Basques
espagnols, à 2 kilomètres plus loin sur l'autre frontière.
Cependant ils ne sont pas encore désorganisés : ils ne sont
qu'ébranlés. Il serait encore temps de les sauver en ren-
dant aux familles la liberté dont elles jouissaient depuis
vingt-cinq siècles au moins. Les contraintes matérielles du
partage forcé n'ont guère été jusqu'à présent qu'une
menace; et les effets en ont été conjurés par l'action éner-
gique d'une force morale, le respect de la tradition des ancê-
tres; c'est la force qui, ayant pour principe la révélation
primitive transmise par les fils de Noé, autorise les histo-
riens à classer la race chinoise au-dessus de toutes les
antres. Quant aux circonstances locales qui ont perpétué
cet inappréciable bienfait dans le pays basque, ce sont
précisément celles qui régnent en Chine depuis quarante-
deux siècles. Deux de ces causes doivent être citées au
premier rang : l'usage exclusif d'un langage rebelle aux
échanges littéraires a tenu les Basques à l'abri de la cor^
ruption émauant des langues classiques; l'habitation sur
un territoire montagneux, éloigné dos grandes voies com-
merciales, leur a épargné lu contact corrupteur des peu-
ples riches et commerçants.
La monographie de la maison Belescabiett offre, dans
ses détails, les faits que je viens de résumer. Elle
démontre surtout, par un trait particulier, la puissance
de la force morale inhérente au respect de la tradition
des ancêtres. La Clle qui était l'aluée de sa génération
.yGoogle
§ 9; CIBACTÈBES SPÉCUni tV MOBVAIt. XKVn
devait, selon la coutume, être choisie comme a héritière-
associée n. Toutefois, les parents pensèrent que la maison
Berait moins bien gouvernée par le futur mari de leur fille
que parleur fils cadet. La fille atnée se rendit .\ leur opi-
nion : elle abandonna l'héritage à Jean Betescablett qui gou-
verne encore ; et elle se contenta, pour sa part d'héritage,
delà soulleenargentsUpuIée pour chaque enfant. Jean n'a
pu remplir toutes les obligations qui lui ont été imposées.
L'héritière dépossédée sait qu'elle ne recevra jamais rien
de ce qui lui est dû. Elle pourrait se faire rembourser en
exigeant la vente du domaine patrimonial ; mais elle
considère l'usage de ce droit comme un attentat que sa
conscience ne saurait supporter.
S 9.
6- RÉGION. — HANCKDVRE-ACRICDLTBDR DU MOBYAN
(NIVERNAIS).
Depuis un temps immémorial, le Morvan possède les
trois éléments d'une forte race rurale (Illiiii, i»;]v, n).
Cette race a souvent donné le bon exemple. Sous la déca-
dence de l'ancien régime, comme la Vendée et la Bre-
tagne, elle a peu cédé aux corruptions propagées par la
cour; et, au milieu des dix révolutions violentes du nou-
veau régime, elle a participé aux améliorations matérielles
sans trop en abuser. Les populations de ces montagnes ont
été moins ébranlées que celles des plaines contiguês par
l'une des plus funestes mesures de la Convention : par la
loi du 7 mars 1793 qui imposa à la France le partage forcé
de la propriété immobilière, ou, en d'autres termes, la
destruction des foyers domestiques et des ateliers de tra-
vail. Les grands propriétaires, qui conservaient, dans le
Horvan, les sentiments du Gentleman» aperçurent tout
.yGoogle
XXVtll CONSTITtm.ON SOUàbS BBS BAGES éslA.NLÉES Df L'OCCIDGKT.
d'abord le$ conséquences de cet attentat des terroristes.
Les pères de famille résistèrent, autant qu'il dépendait
d'eux, à une pression qui dépassait les actes les plus odieux
des monarques flétris par l'tiistoire. Ils voulurent trans-
mettre à leurs descendants les coutumes du Décalo^e
éternel. Ils comprirent qu'ils ne pouvaient continuer
sûrement cette suprême mission en dehors du domaine
patrimonial. En se reportant par la pensée aux impres-
sions de leur premier âge et à l'tiistoire de leur famille,
ils virent le devoir que leur traçait la résistance à une
forme nouvelle de tyrannie. Ils s'assurèrent que rien ne
pourrait suppléer aux forces morales développées chez les
enfants par l'ensemble dçs înQuences émanant de la rési^
dence, des tombeaux, des images, des écrits et des autres
objets qui perpétuent la mémoire des ancêtres.
Courbés sous le poids des travaux qui procurent le pain
quotidien, les paysans et les bordiers ne conservèrent pas-,
aussi âdëlement que le Gentleman voisin, l'intelligence
des principes qui auraient assuré la perpétuité- de leurs
maisons. Ils résistèrent moins à l'impulsion donnée par
les gens d'affaires et les officiers publics, qui s'enrichissent
par le partage forcédes foyers domestiques et des domaines
ruraux. Sous cette pernicieuse influence, les paysans
sont souvent descendus à la condition de bordiers ; et
ceux-ci se sont transformés en propriétaires-indigents, puis
en manœuvres dépourvus de toute propriété, comme l'est
celui que décrit le chapitre vi. Quelque Gentleman, infi-
dèle à la tradition, a été atteint, de loin en loin, par la
machine de destruction et ses terribles agents : les pro-
priétés, soumises aux liciiations après décès, ont été par-
.tagées entre les paysans, ou acquises par des étrangers
non résidents; mais la plupart des anciennes familles ont
résisté. Par le bon exemple et l'emploi des forces morales.
.yGoogle
g -9. CABACTÈUS SPÉaAnx W MORVAK. XXIX
elles ont inculqué k leurs enfants le respect du domaine
patrimonial; ceux-ci ont renoncé au droit de s'en parta-
ger les lambeaux; ils se sont contentés de soultes en
argent; et ils ont tu avec satisfaction l'héritier choisi par
le père accepter l'honneur de représenter les ancêtres et
supporter les charges qui grèvent le domaine au profitde
la population du voisinage. Quant h la constitution de ces
soultes, chaque génération, stimulée par l'iniérét commun,
y a pourrn par les bonnes mœurs, la sobriété et la simpli-
cité des habitudes, parla recherche des fonctions publiques
et des entreprises lucratives compatibles avec la condition
de la famille, enfin par le placement judicieux des épar-
gnes. Trop souvent aussi, la stérilité systématique du
mariage est venue en aide à cette œuvre de conservation,
au détriment de l'intérêt public; et, dans ce cas, le
domaine du Gentleman a pu s'arrondir, lors des licita-
tions forcées qui détruisaient les races de hordiers et de
paysans. L'histoire sociale du Morvan démontre donc que
le régime révolutionnaire a surtout pesé sur ces derniers :
il a ébranlé ou détruit les petits et les moyens domaines
ruraux, c'est-à-dire ceux où se conservaient, plus sûre-
ment encore que dans les grands domaines, les bonnes
pratiques du travail et de la vertu.
Le Morvan a beaucoup profité des avantages matériels
dus au perfectionnement des voies de communication et
au progrès des méthodes d'agriculture ou de pâturage. Ces
avantages ont été acquis aux grands propriétaires beau-
coup plus qu'aux petits, car chez ces derniers les simples
cultures potagères des borderies tendent à devenir pré-
pondérantes. Pour apprécier les inégalités survenues, à cet
^gard, parmi les classes extrêmes du Morvan, il faut se
reporter aux diverses productions fournies par le travail
des agriculteurs ou par la croissance spontanée des forêts.
.yGoogle
XXS COHaTlTDTION SOCIAL* DES KAGES ÉBRANLËCS DB L'iMXIDBNT.
Les sommets delà chaîne principale et des chaînons
secondaires du Morvan sont occupés par les forêts de
chAne, de hêtre et de charme, qui fournissent une partie
du bois de chauffage consommé à Paris. Les bois de la
localité décrite (i) sont récoltés sur les chaînons du Tcr-
sant occidental; et ils sont transportés, par charrettes (à
bœufs), à une dislance moyenne de 8 kilomètres, sur le
versant opposé, près d'un ruisseau appartenant au bassin
de l'Yonne. De là, ils sont amenés à Glamecy, par flottage à
bûches perdues; puis à Paria, par flottage en trains. Oe
vastes réservoirs d'eau, construits près de la source des
ruisseaux, lâchent périodiquement, depuis quatre siècles,
les u flots B nécessaires au départ des bûches. De 1825 i
1855, des améliorations immenses ont été apportées aux
chemins sur lesquels a lieu ce charretage. Ces nouvelles
voies ont contribué partout, dans de larges proportions, i
augmenter les revenus des propriétaires forestiers.
Jusqu'en 1830, la méthode de culture était pastorale
plus qu'agricole. A l'époque où furent recueillis les pre-
miers éléments de cette^monographie, le sol des métairies
était subdivisé en petits enclos par de fortes haies vives
plantées d'arbres. Chaque enclos, nommé Chaintre, produi-
sait d'abord des herbes, lesquelles étaient successivement
broutées par les bœufs, par les chevaux, puis par les mou-
tons. Peu à peu, le genêt {Spartium seoparium, L.) envahis-
sait ce pâturage; et, après 6 années euvircm, on l'arrachait
pour l'incinérer et pour rendre ainsi au sol l'élément cal-
caire qui lui fait généralement défaut. Après une année de
défrichement et de labours, on récoltait successivement, en
qua treannées, un sarrasin, deux seigles et une avoine. Enfin,
on abandonnait de nouveau, pendant six années, le Chaintre
à la production spontanée de l'herbe et du genêt. Les nou-
velles voies de charretage ont permis d'amener à bas prix,
.yGoogle
§ 9. CABACTBUS SP^IAtTt AV HOSTAIt. XXSI
sar les sols porphyriques da Morvan, la chaux produite
sur les terrains calcaires de la plaine contiguë. Le sol a
pu dès lors être maintenu en état constant de fertilité par
nn assolement quadriennal donnant successivement: nn
fourrage de racines, le froment, un fourrage de légumi-
neuses et l'avoine. Les Chaintres sont devenus des cbamps;
les fourrages artificiels ont doublé les ressources que con-
tinuent à fournir les prairies arrosées par les ruisseaux;
la production des grains et des bestiaux s'est beaucoup
accrue; et le prix eu augmente rapidement, à la faveur des
chemins de fer qui permettent de les transporter jus-
qu'aux grands marchés du nord et du midi de la France.
Cette transformation simultanée des cultures et des
voies de communication a augmenté rapidement le revenu
des grands propriétaires. Elle a donné un surcroît de
bonheur aux familles qui ont joui avec modération de ce
nouvel avantage et qui en ont tiré les ressources néces-
saires pour pratiquer plus fidèlement les prescriptions du
Décalogue. Enfin, quand il en a été de même chez toutes
les familles riches d'une région, celles-ci ont apporté un
supplément considérable à la puissance de l'Étal. Ce déve-
loppement matériel, complété par le progrès moral, s'est
produit en plusieurs localités, notamment dans celle que
décrit la sixième monographie. Toutefois, ce n'est pas I&
le trait dominant de la situation actuelle, même dans le
Morvan. Selon la tradition commune de l'humanité, l'ac-
croissement des richesses a souvent amené, sinon la cor-
ruption des mœurs, tout au moins les fléaux du luxe et de
l'absentéisme. Tons les détails de l'existence se sont com-
pliqués. Les repas donnés aux réunions de voisins, ou aux
autorités religieuses, civiles et militaires, amenées par
leurs fonctions dans la localité, ont eu pour hases non
plus les produits du domaine, mais les raretés du niar-
.yGoogle
XXXII OOHSTITDnOH SOCIALE DBS BACSS EBRANLEES DE l'OCCIDENT.
cfaé de Paris. C'est également de Paris que proviennent
les mobiliers, les vêtements et les équipages. Les che-
vaux sont achetés à grands frais en Normandie et dans
]es pays étrangers. Ils sont nourris, logés et servis, avec
un luxe qui répond au prix d'achat. Cette nouveauté a
détruit, non sans dommage pour le paya, la race indi-*
gène, sobre et robuste, qui se nourrissait presque sans
frais dans lesChaintres, sous l'abri économique des haies
vives et des genêts. Les familles riches, résidant toute
l'année sur te domaine patrimonial, deviennent une rare
.exception : elles affluent à Paris, aux sources d'eaux
thermales, aux bains de mer et aux autres lieux de
plaisir. Dans ces stations successives, les femmes et les
jeunes filles ont sous les yeux des spectacles presque aussi
corrupteurs que le furent ceux de la cour de France,
entre les années 1661 et 177^. Sous ces influences mal-
saines, le luxe dévore improductive ment des richesses
qui seraient fécondes si on en faisait un meilleur emploi.
Il n'améliore qu'en apparence la condition du riche et il
aggrave celle du pauvre, en brisant les liens qui unissaient
autrefois les deux classes. Or, les rapports mutuels du
maître et du serviteur, comme ceux du patron et de l'ou-
vrier, ne comportent point les sentiments d'indifférence :
on voit donc les propensions à l'antagonisme remplacer,
de proche en proche, l'ancien espritde dévouement. Sous
.ce régime, la constitution sociale est faussée. Â chacun
manque précisément ce qu'il doit le plus désirer : au
pauvre, le patronage qui assure le pain quotidien; au
riche, les satisfactions que donnent l'obéissance et le res-
pect des subordonnés.
La désorganisation complète de la société est, il est
vrai, conjurée par les traditions de patronage qui subsis-
tent çà et là. Tel est le cas de la localité décrite dans la
.yGoogle
6* monographie; toutefois ledaogerest partoutimnainentl
Au fond, le riche n'a pas plus de sécurité que le pauvre,
lia gagné de gros revenus; mais il a perdu des biens ines-
timables qu'il possédait il y a un siècle. Les avantages dé
l'ancien régime social étaient à la fois matériels et moraux;
et ils faisaient le bonheur de toutes les classes. Ils sont
définitivement enlevés, au riche comme au pauvre, par les
transformations opérées sur le sol ; mais des biens équiva-
lents leur seraient promptement rendus par la réforme
morale du pays. Quelques traits choisis entre beaucoup
d'autres, dans la vie privée du Morvan, en 1755, feront
entrevoir au Gentleman de ce pays, comme à ceux de là
France entière et des autres régions ébranlées, comment
ils peuvent commencer, par l'amélioration de leurs idées
et de leurs mœurs, celle que les gouvernants doivent
apporter aux institutions.
Les habitations, éparses dans les montagnes, les forêts,
les Chaintres et les prairies d'un voisinage, n'étaient pas
réunies, comme elles le sont aujourd'hui, par d'excéllenies
voies carrossables, à pentes douces et à longs circuits.
Cependant les rapports de sociabilité entre les châteaux
étaient plus faciles, plus fréquents, plus intimes et plus
charmants. Les distances étaient plus promptement fran-
chies sur les sentiers abrupts que traçaient, selon les
lignes de plus grande pente, les bestiaux allant au ruisseau,
au p&turage ou à la glandée. Les màttres ne retardaient
pas, en attendant les journaux de Paris, le départ poûriés
visites journalières; et ils ne le subordonnaient pas indé-
finiment à la réception de ta dernière mode. Les autorités
de l'écnrie n'étaient pointlnsiituées; et elles n'opposaient
pas leur veto aux visites projetées, en alléguant les égards
dus à la santé des carrossiers anglais ou mecklcmbour-
geois. Dans chaque domaine, les Chàintres contenaient des
.yGoogle
SXXIV CONBTITOTI&N BOUALB DBS tlCEB ÉBUNLÉE8 DE L'OCCIDBNT.
troupes nombreuses de chevaux, à demi sauvages, dura
à la fatigue et insensibles aux intempéries. Dans chaque
famille, les deux sexes étaient également renommés comme
piétons infatigables et comme cavaliers intrépides. La
chasse et la pêche étaient un moyen essentiel d'alimen-
tation : elles se combinaient journellement avec les visites
entre voisins; et, comme les deux modes de transport,
elles excluaient les vêtements luxueux. Les plnisirs de
l'hospiialiié étaient d'ailleurs obtenus à peu de frais. Les
repas de voisinage étaient moins recherchés, mais plus
fréquents et non moins copieux qu'aujourd'hui. Les visi-
teurs, quelque nombreux qu'ils fussent, ne prenaient
jamais leur hôtesse au dépourvu. Chaque maison avait
toujours une forte réserve de provisions, formées par les
produits de la basse-cour, de la porcherie, du troupeau de
moutons et d'un immense pigeonnier; par le gros gibier
des forêts, le menu gibier des Chaintres ou des friches
et les oiseaux de passage des diverses saisons; par les pro-
duits variés des petits ruisseaux et le gros poisson des
.étangs disséminés aux sources des ruisseaux de flottage.
Les domestiques constituaient des dynasties qui se perpé-
tuaient A cdté de celles des maîtres. Sauf quelques soins
complétant ceux que les maîtres donnaient aux vieillards et
aux malades, ils étaient peu employés au service des per-
sonnes, car les valides de tout âge se suCBsaient à eux-
mêmes. Leurs principales occupations consistaient à secon-
der les maîtres pour l'exploitation de la forêt et du domaine
réservé, le dressage des chevaux, les travaux de la chasse
et de la pêche, la préparation de la nourriture, la con-
fection et l'entretien des vêtements ou du linge, enfin pour
la culture des rapports de voisinage et l'accomplissement
des devoirs de l'hospitalité. Tous, contents du présent,
sans inquiétude sur l'avenir de leurs enfants, étaient asso-
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g 9. GAUcrkass apÉciAVx ad mobvan. xxxv
dès aux iniérèts, aux pensées et h la vie intime de la
famille. Ils habitaieDi avec elle une vaste pièce, où brû-
lait sans cesse un immense foyer, où s'accomplissaient les
actes journaliers de la vie commune, y compris la prière
qui en était la conclusion obligée*.
Ces habitudes se modifiaient profondément, selon le
degré d'aisance des familles, chez les deux autres classes
de la population rurale. Toulefois, même chez les bordiers
les plus pauvres, elles offraient quelque analogie et déri-
vaient d'un même esprit. Le chef de famille donnait
l'exemple du respect des traditions. 11 pratiquait autant
qn'il dépendait de lui, comme le grand propriétaire, les
coutumes qui assuraient la continuité â la vie morale, et
qui garantissaient la stabilité dans la conquête du pain quo-
tidien. Ces coutumes se perpétuaient, dans la chaumière
comme dans le château, sous l'inspiration d'une règle corn-
mune : transmettre, à l'héritier choisi par le père, le foyer
domestique et l'atelier de travail des ancêtres. Ce choix
du père portait sur celui de ses enfants qui était le plus
apte à se conformer aux prescriptions du Décalogue, et à
procurer un sort heureux aux rejetons qui soruiient de la
maisoQ paternelle, comme à ceux qui y restaient. Sur ce der-
nier point, le principe d'un bon gouvernement domestique
était le même à tous les degrés de la hiérarchie sociale.
C'était celui qui se perpétue encore de nos jours chez toutes
les races stables du Nord (111, In. i et s) et de l'Occident
(IV, IX, 17). Le père et son bérilier-associé s'inspirent con-
stamment de trois préoccupations: imprimer jilacommu-
-4. Bn 1789, ces coutumes du toj'er domestique étaieni ponctuellement con-
servées on France, dans beaucoup de localités (tv, 90). A l'époque où je cuiiï.
mencai l'étude du Morvan, l'ancienne iisUe commune était réduite au rôle de
ciUsine. La »aUe à manger et le talon étaient devenus d'un usage liabituel;
mais les cbasaeurs et les pécheurs, même ceux du Toisinage, se reposaient
encore de préféreuce devant l'énonne bicbt de l'aocien foysr.
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XTXfl CONSTITimOH SOCULK ItBB tACBS ÉBKANLéSS DB L'OCClDRItT.
nauté l'impulsion aboutissant au travail te plus productif;
réduire la consommalion Journalière au simple nécessaire
indiqué par la coutume locale, et, en conséquence, élever
l'épargne annuelle à ses limites supérieures; enfin, par-
tager également cette épargne entre tous les enraats des
générations successives, soit qu'ils émigrent au dehors,
soit qu'ils préfèrent vivre célibataires au foyer paternel.
Sous ce régime, le bien-être individuel était garanti par
l'organisation même de la famille. Il était complété par
les excellents rapports sociaux qui régnaient entre les
trois classes rurales. Les devoirs de patronage, compre-
nant la direction morale et l'assistance matérielle^ s'exer-
çaient de haut en bas quand il fallait remédier à certaines
défaillances accidentelles; et c'est ainsi qu'un véritable
esprit de communauté unissait le grand et le moyen pro-
priétaire au plus pauvre bordier. Le trait le plus utile et
le plus apparent de cette communauté était la coutume
qui autorisait le bordier à faire paître, sur les sentiers et
les haies du Gentleman, la chèvre qui fournissait la pro-
vision de lait indispensable aux enfants. Au milieu de
l'ébranlement actuel, c'est le respect de ce droit spécial
qui conserve, çà et là, dans le Morvan les derniers restes
de paix sociale (vi, ?).
Sous ce régime, chaque individu possédait certains
éléments de bonheur que les plus riches n'ont plus
aujourd'hui, malgré l'accroissement de leurs fortunes. La
sécurité régnait, sans le concours des gendarmes et des
fonctionnaires de l'État. Les maladies contagieuses, qui
déciment les hommes et les bestiaux, n'avaient point
-encore pour véhicules les voies rapides de transport. Les
coniagions plus redoutables, celles qui émanent des caba-
rets, des ateliers de travaux publics (vu, is) et de plu-
sieurs formes de publicité» restaient à peu près inconnues.
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§ <0. OÀUCTBBBS SPÉCIAUX A LA CRAKPAGNK PODILLBUSB. XXXTIl
En6n, aux époques de guerre, les moindres localités se
dérendaieut avec succès contre des assaillants pourvus
des plus terribles moyens de destruction. Alors, en effet,
les jeunes gentilshommes avaient fait, aux armées, l'ap-
prentissage de la guerre. Retirés sur leurs domaines, ils y
étaient entourés d'anciens soldats qui avaient servi sous
leurs ordres, dans un des corps provinciaux. On possédait
donc partout des forces disciplinées dont les éléments,
retranchés derrière des haies boisées et des forêts éparses,
étaient réunis par un réseau inextricable de petits senliars.
Ces forliflcations naturelles constituaient un moyen d'indé-
pendance utile à la patrie comme à la localité, parce qu'il
était acquis à une race soumise au Décalogue éternel et i
la tradition nationale. La défense de ces grands intérêts
passionnait les populations qui étaient établies dans ces
foyers de résistance. Les récits faits par des hommes qui
avaient pris part aux guerres des pays de Gbaintres ont
été une des plus vives impressions de ma jeunesse.
S 10.
7» RÉGION. — BORDIBR DB LA CHAMPAGNE PODILLEIJSB
(PLAINES CBATEUSBS DE LA HABNB ET DB L'ADBE).
Les vastes plaines de la Champagne pouilleuse sont
l'une des contrées de la France où la vie rurale a subi
l'ébranlement le plus profond, où la maladie sociale prend,
çà et là, les caractères de la désorganisation. La race et
les lieux offrent parfois des traits repoussants, qui tendent
à devenir caractéristiques et dominants dans toutes les
plaines de même nature. Ces traits s'aggravent encore dans
les plaines plus fertiles et plus riches du Laonnais et de la
Picardie. Je me suis interdit de décrire ces degrés extrêmes
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XXXVIII CONHTITDTION SOCULS DBS RACBS EBKiNLKBB DE L OCCIDEHT.
^e corruption dans un livre que je destine aux biblio-
tbèques de famille. En choisissant le sujet de ce chapitre, je
ne suis point descendu jusqu'aux derniers degrés où m'ont
■conduit les devoirs de l'observation méthodique. Je me
suis arrêté à une famille dont le chef est momentanément
tombé fort bas, mais dans laquelle la femme a conservé,
an milieu de ses défaillances, certaines qualités éminentes.
Ces qualités ont arrêté le ménage sur les pentes de la
dégradation. Elles l'ont même aidé à remonter cette pente
en l'appuyant sur la seule force morale qui reste à ces
populations : sur l'amour de la propriété immobilière.
Dans la localité prise pour exemple,. l'ébranlement de
la constitution sociale se reconnaît toutd'abord aux symp-
tômes les plus fâcheux. Les trois premiers commandements
.du Oécalogne, ceux qui rappelleDt,en termes sommaires,
les devoirs de l'homme envers Dieu, sont complètement
oubliés. Les enfants ne respectent guère l'autorité pater-
nelle que dans les limites établies par la force des choses;
et les parents ne pratiquent pas tous les devoirs qui sontla
contre-partie du respect prescrit par le quatrième com-
mandement. Quant aux adultes, ils sont peu enclins i intro-
duire, dans leur voisinage, des éléments de paix etd'unioQ;
et^ par exemple, ils sont impropres au recrutement du
clergé. En beaucoup de localités, il n'existe plus qu'un curé
pour quatre anciennes paroisses; et les prêtres seraient
plus rares encore en Champagne s'ils n'étaient pas fournis
partiellement par les autres provinces. Les trois éléments
essentiels à un bon régime rural (IV, in. ej sont détruits
ou ébranlés. Le Gentleman a presque entièrement disparu.
Le bordier est. propriétaire-indigent, ou simple salarié,
comme l'était, avant sa réforme, celui qui est décrit au
chapitre vu. Le paysan possède presque tout le territoire :
il constitue la vraie classe dirigeante; mais il est loin de
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§ 10. CABACTfaBBS SPiCIACI A U OSAMPAGNE PODILLSn». . XXXUl
posséder toutes les qualités qui ont été indiquées ci-dessus
pour le Morran. Il forme uue des races les plusénergiques
de l'Europe; et il applique cette énergie à TacquisilioD
successive de petites parcelles de terre, éparses par milliers
dans la banlieue du village qu'il babite. Acharné au giiin,
dur au travail, âpre à l'épargne, voyant dans la stérilité
du mariage un correctif indispensable aux contraintes du
partage forcé, it franchit rapidement les échelons de la
petite propriété. Les propriétaires qui montent le plus
haut partent souvent du niveau inférieur où l'unique
moyen de succès est le travail des bras. Quand lis ont *
franchi une moitié de la carrière, ils prenneni pour auxi-
liaires un nombre croissant de salariés; mais ils ne se
croient pas moralement tenus d'exercer un patronage sur
ces a petites gens ». Ainsi armé d'énergie et d'égoïsme,
l'homme prévoyant conquiert aisément un petit domaine,
sur un sol que le partage forcé émiette et remue sans cesse.
La jeunesse et l'âge mûr lui ont procuré les vives satisfac-
tions attachées à la fondation d'une œuvre utile; mais la
vieillesse lui apporte inévitablement une suite de déceptions
cruelles. Quand les forces physiques commencent à défail-
lir, le père constate avec découragement que ses efforts
de quarante années aboutissent au désespoir pour lui-
même et qu'ils ne laisseront aucune trace durable pour sa
postérité. De nombreuses confidences, recueillies dans le
cours de longues enquêtes, m'ont ouvert les yeux sur le
vice fondamental de cette déplorable organisation de la
société. Le vieillard subit une torture perpétuelle, infligée .
par les sentiments de son entourage et par sa propre pen-
sée : il se sent gênant et inutile dans une société qui
assigne â l'homme, comme but suprême, la création d'un
édifice éphémère. Les erreurs des sophistes contempo-
rains sont évidentes pour tout observateur qui compare
.yGoogle
IL COHBTITUTION. SOCIALE DES UCEi ÉBBANL^eS DE l'oCCIDENT.
cette coustitulioD sociale des Champenois avec celle des
races qui croient que le premier des devoirs est de con-
server, au Toyer domestique, les traditions du Décalo^ue
et de l'autorité paternelle. Sous ce régime de tradition,
en effet, tous les âges participent aux satisfactions accu-
mnlées par l'expérience des siècles. Le vieillard meurt
avec la conviction que, jusqu'à son dernier jour, il a rempli
une grande mission en perpétuant la mémoire de ses aïeux
et en guidant sa postérité dans les voies du bonheur.
Les désordres sociaux signalés ci-dessus dérivent du
' partage forcé des héritages. Depuis 1793, ils affaiblissent
ou ravagent la France entière. Toutefois, en Champagne
et dans quelques localités de moindre étendue, le mal
s'est manifesté, depuis cette époque, avec des caractères
particuliers : il a été à la fois plus destructeur et plus con-
tagieux que dans les autres contrées. Une cause locale a
produit ces conséquences exceptionnelles : c'est le mor-
cellement antérieur du sol en parcelles indéfiniment divi-
sibles. L'arme agressive inventée par la passion révolu-
tionnaire, puis empoisonnée j[>ar l'art des légistes, détruit
la société française en désoi^nisant l'ordre matériel qui
donnait la force et la stabilité aux familles rurales. Heu-
reusement, d'autres domaines ruraux résistent depuis
soixante ans à ce terrible engin de destruction. Ils se
conservent même, en beaucoup de localités, malgré les
âpres convoitises des agents acharnés à la ruine des fa-
milles. Tel est le cas pour les domaines annexés aux ex-
ploitations des forêts ; pour ceux qui sont consacrés à l'éle-
vage des chevaux ou du gros bétail, et qui se composent
surtout de pâturages enclos de haies vives, fortifiées par de
grands arbres; pour ceux du pays de Caux, par exemple,
où tes propriétaires de tout rang conservent l'une des plus
judicieuses traditions du Nord, où ils persistent à résider
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§ 40. CARACTÈBBS SPÉCUnX A tA CnAKrAQNS rOniI.LBrSB. XLI
dans des habitations isolées, protégées par des rideaux
d'arbres séculaires contre la violence des vents marins.
Dans ces diverses localités, les idées et les mœurs qui sont
la principale force des races d'hommes se sont perpétuées
dans les mêmes familles, grâce à la transmission intégrale
des domaines; et il est même resté des traces précieuses,
de ces traditions nationales, dans beaucoup de cas où les
licitations après décès ont fait passer l'héritage à des
étrangers. Il semblerait qu'à défaut des anciens proprié-
taires les arbres ont gardé quelque impression des sou-
venirs du passé.
La Champagne crayeuse n'a jamais oITert à ses habi-
tints les conditions naturelles les plus favorables au
règne du bien ou à la répression du mal. Elle ne possède,
ni les steppes fertiles des races patriarcales de l'Orient
(II, In. 3), ni les rivages poissonneux et le rude climat
des familles-souches du Nord (III, In. e). Les premiers
colons de la Champagne et des régions contiguës n'ont pu
s'y créer des moyens permanents de subsistance, ni par
l'industrie pastorale, ni par la pèche entière. Après avoir
détruit par la chasse les grands animaux qui peuplaient
la forêt vierge, ils ont cherché un supplément de ressources
alimentaires dans le défrichement des plaines les plus pro-
pres à la culture des céréales. Toutefois, en se livrant
ainsi, par nécessité, à l'agriculture, les tribus dechasseurs
ne renoncèrent point aux idées et aux mœurs qu'avait
créées te premier mode de subsistance. Les enfants se
partagèrent le champ défriché par leurs parents, comme
ils s'étaient jusqu'alors partagé l'héritage des armes de
chasse et des engins de pêche fluviale. Par son action
réitérée, cette coutume mobilisa, pour ainsi dire, le sol
arable; et elle perpétua, dans la famille, vouée désormais
à l'agriculture, l'instabilité que la chasse avait instituée
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XUI CONSTITCTION SOCIALK DBS KACB3 ÉMAHLéSB DB L'OCGIDBNT.
chez les ancêtres. A l'époque où les Grecs recaeillirent les
premiers éléments de l'histoire des Gaulois, les habitants
de la Champagne pouilleuse étaient tombés dans la déplo-
rable condition qu'ont ramenée et qu'empirent chaque jour
les trois faux dogmes de 1789, et l'institution qui en émane
logiquement, le partage forcé de 179-). Selon toute appa-
rence, le présent est même inférieur aux pires époques
du passé' L'agriculture est la pins arriérée de l'Europe, car
l'antique assolement triennal y garde ses plus mauvaise
pratiques : le grain d'automne, suivi du grain de prin-
temps, puis d'une maigre jachère broutée par des moutons
sous le régime de la vaine pâture {VI, m, is). Le travail,
stimulé par la passion du gain et par la conquête de la
propriété, soutient encore une classe dirigeante; mais le
progrès incessant d'un matérialisme grossier menace d'une
désorganisation prochaine les familles et les voisinages.
Cependant, l'exposé de ces faits n'autorise personne à
désespérer de l'avenir. La Champagne pouilleuse est, il
est vrai, une de nos régions les plus malades; mais c'est
en même temps l'une de celles qui seraient le plus aptes à
suivre une bonne impulsion. Le territoire entier est occupé
par des paysans illettrés qui ont oublié les principes con-
servateurs de toute société; mais la réforme n'y sera pas
entravée par ces riches oisife, st communs de nos jours,
qui, se bornant ù proclamer la croyance à ces principes,
se dispensent du labeur opiniâtre qui seul en amènera la
resuuration. Dès qu'ils auront compris le danger des faux
dogmes de 1789, les gouvernants transformeront aisé-
ment la Champagne avec le concours des paysans. Ils
n'auront qu'à s'inspirer de la méthode scientifique, c'est-
à-dire, à prendre pour guides l'histoire du passé et la
pratique actuelle des peuples prospères. Au moyen âge, le
christianisme et le patronage féodal rétablirent la stabilité
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§ *4. GARACTÈVBS BpéCUVX A LA BÀNLIEDB DE PABIS. - Xtlll
dans les foyers domestiques et les ateliers ruraux. LebieD-
étre régnait en Champagne, non-seulement surles collines
boisées à domaines agglomérés, mais en outre sur les
territoires morcelés de la plaine crayeuse. De nos jours,
mes concitoyens trouveront un enseignement encore plus
persuasif dans les régions morcelées qui s'étendent du Paia-
linal jusqu'au centre de la Saxe. Les Allemands emploient
deux procédés principaux pour conserver ou rendre la
prospérité aux campagnes qui ont été ébranlées par un
mauvais régime antérieur. Ils font appel aux forces mo-
rales du Décalogue et de l'autorité paternelle pour main-
tenir des familles stables sur un sol morcelé (IV, u, is).
Sur le vœu émis par la majorité d'une commune, les gou-
vernements autorisent, par la loi écrite, les propriétaires
à convertir leurs champs morcelés en domaines agglomé-
rés (IV, n,ïo).
S"-
8~ RÉGION. -MAITRE-BLANCHISSEDR DE CLICHY
(BANLIEDE DE PARIS).
Paris et sa banlieue offrent aujourd'hui à l'observateur
la population la plus ébranlée de l'Europe. C'est en ce
lieu que se concentrent, depuis i 789, les éléments de désor-
ganisation qui éteadent désormais leur action k toutes les
régions occidentales du Continent. Dix révolutions vio-
lentes, accomplies dans le cours de 62 ans, confèrent à
Paris cette triste spécialité. Chacune de ces révolutions a
fait grandir le cercle où la précédente avait exercé son
action. Celle de JS30 avait envahi tout le sud-ouest du Con-
tinent. L'avant-dernière, celle de 18^8, a étendu l'ébran-
lement de la société européenne, vers le Nord et l'Orient,
jusqu'à Copenhague, Berlin et Pesth.
:,yGoogle
XLtV GOKSTtTIITlON SOCIALB PB3 fllCBS ^IBANLJÎBS SB L'oCCIDEtIT.
Cependant, il serait injuste de considérer les vices et
les erreurs de la popalalion indigène comme la cause
unique de ce désordre social. Assurément, les salons pari-
siens ont développé avec persévérance la corruption dont
les germes ont été semés, de 1661 à lllh, parla cour de
France; et ils ont ainsi exercé sur leContinent une influence
pernicieuse. Mais les erreurs, qui, plus que les vices, sont
les agents actuels de désorganisation, ont été importées à
Paris des pays étrangers. La plus dangereuse de ces erreurs,
le scepticisme irréligieux, prit naissance en Allemagne et
en Angleterre, au xvn* siècle, à la vue des fléaux déchaînés
par les guerres de religion. Les lettrés des deux pays se
firent, au siècle suivant, les apologistes des innombrables
variétés de cette docirine : Bolingbroke l'inocula à deux
reprises aux salons de Paris ; puis les souverains alle-
mands se firent ouvertement les patrons des lettre fran-
çais qui se l'approprièrent.
Au nombre des maîtres qui enseignent aujourd'hui
l'erreur ou le vice, et surtout parmi ceux qui en propagent
les applications, les Français de toute condition remplissent
assurément un rôle actif; mais je doute que leur action,
dans l'œuvre du mal, puisse être réputée prépondérante.
I^s Parisiens qui, sous ce rapport, semblent k première
vue occuper le premier rang, ne sont pas, au fond, les
plus dangereux : aujourd'hui, comme il y a un siècle, ils
sont secondés et même stimulés par une multitude d'in-
fluences venant du dehors. Les étrangers qui possèdent
de grandes richesses viennent, de toutes parts, chercher
& Paris des satisractions que ne tolérerait pas l'opinion de
leur pays natal; et, par leurs prodigalités, ils attirent et
acclimatent toutes les corruptions qui rendirent célèbres
certaines capitales de l'antiquité. Les égarés et les déclas-
sés de toute sorte^ chassés de leur pays, aSIuent pour pror-
:,yGOOglc
§ 41. GAUOTÏBBa SP^CUnx A Lk BAHLIBVB SB PABIS. XLV
pager à Paris les nouveautés hostiles à l'ordre social; et
on les y trouve en évidence aux époques des grandes
catastrophes. Enfin, les incapables de toute catégorie four-
nissent aussi un large contingent. Dans les pays étrangers
contigus à la Trontièrc de France, j'ai souvent observé un
système de charité publique qui est, à la fois, onéreux et
ioquiéunt pour notre pays. Les municipalités réduisent
leurs charges d'assistance ou de police en acheminant vers
Paris les individus qui troublent la paix sociale ou qui ne
peuvent subvenir à leurs propres besoins.
On s'explique aisément que le grand foyer de désor-
ganisation soit constitué à Paris par tant d'intluences délé-
tères. Toutefois, on entrevoit, en même temps, que le mal
a pour origine le monde entier plus encore que la France.
11 a trois sources principales : le sensualisme rafliné des
riches, corrompus par l'oisiveté; l'orgueil des lettrés, en
révolte contre le Décalogue; enûu les formes nouvelles de
dégradation qui développent le paupérisme héréditaire à
mesure que s'accumulent les richesses. Je vois, dans l'hisr
toire, que les villes parvenues à ce degré de corruption
touchent à une ruine prochaine. D'un autre c6ié, je con-
state, depuis près d'un demi-siècle, que l'inQuence démo-
ralisante de Paris sur la France entière s'accroît plus rapi-
dement encore que le mal intérieur. Enfin, depuis notre
neuvième révolution violente (celle de 18Û8), je vois se
multiplier les gens de bien qui, perdant tout espoir de
régénération, ne songent plus qu'à s'assurer les dernières
satisfactions du temps présent ou les félicités de la vie
éternelle Ce sont ces dernières situations d'esprit qui ont
constitué de tout temps le principal symptôme des races
en décadence. Le devoir de chacun envers soi-même est
donc surtout d'écbapperàcette inertie du découragement.
Le devoir envers les autres est dé signaler les bons
.yGoogle
XI.VI CONSTITUTION BOCIÀLB DHS BACRB ÉlkANLKES DE L'OCAIDÏNT.
exemples qui abontleDt encore, plutôt que d'insister snr les
maux déchaînés par les égarés et les méchants.
C'est à ce point de vue que je me suis placé, dans les
tomes V et VI, pour décrire Paris et sa banlieue. J'ai men-
tionné les symptômes d'ébranlement et de désorganisation,
en glissant sur ceux qu'il convenait de ne pas signaler
plus explicitement. J'ai d'ailleurs choisi, parmi les familles
observées, celles qui me fournissaient l'occasion d'indi-
quer certaines vertus conservées par les ouvriers parisiens,
ou restaurées, sous la pression des récentes catastrophes,
chez d'autres classes de la population.
La découverte de ces vertus, dans un tel milieu, est un
sujet de consolation k nos époques de souffrance; et elle
m'a soutenu dans mes espérances de réforme. En voyant
nos gouvernants se préoccuper surtout des nouveautés
qui multiplient les richesses, je n'ose pas croire que le
moment de la vraie réforme soit arrivé pour Paris; mais
je n'hésite pas à afiirmer que celle-ci serait facile si tous
les hommes de tradition faisaient leur devoir. Les vertus
presque surhumaines qui sont maintenant à l'œuvre don-
neraient bientôt une impulsion décisive : elles feraient
sortir du grand foyer de corruption la restauration euro-
péenne de l'ordre moral.
S 12.
9» RÉGION. — CHARPENTIER (DU DEVOIR)
(DE PARIS).
Les ouvriers parisiens doivent être classés parmi ceux
dont la stabilité est le moins assurée, de nos jours, par la
nature des lieux et la force des institutions. Les produc-
tions spontanées, qui, dans le Nord et l'Orient, offrent aux
.yGooglç
§ 13. cAHAcrbus sp^attnc a la villi de »aki8. xitu
populatioDS clair -semées d'amples moyens de subsis-
tance, ne sont ici représentées que par de faibles traces
(TV, In. s). Le Décalogue, l'autorité paternelle, la religion
et la souveraineté, c'est-à-dire les quatre forces morales
qui, chez les populations agglomérées, aident l'homme à
trouver en lui-même les ressources que ne donnent plus
les libéralitésde la nature, sont tombés en oubli (IV, In. i),
ËnOn, les trois forces matérielles, c'est-à-dire les trois
formes de propriété qui président à l'organisation des
moyens de subsistance, n'offrent plus à la population
ouvrière qu'un médiocre secours.
L'ascendant moral et le rdie utile des sept éléments
principaux d'une bonne constitution sociale ont été détruits
par les vices et surtout par les erreurs de l'ancien régime
en décadence. Les classes dirigeantes issues de nos révo>
lutions, et même celles qui sortent chaque jour de la
classe ouvrière, né se sont guère préoccupées jusqu'à ce
jour de remédier aux désordres sociaux qui régnaient
avant 1789, et qui ont été depuis lors singulièrement
aggravés. Elles souffrent beaucoup, mais moins que leurs
ouvriers, de l'ébranlement imprimé à la société. D'un autre
c6lé, elles se sentent responsables; et elles s'entendent
avec les gouvernants pour donner le change à la nation.
Elles lui persuadent que le vice radical de l'ancien régime
était dans les institutions, et non dans la corruption des
autorités qui les avaient en garde. Ëniin, les hommes qui
tiennent à honneur de rester fidèles aux bonnes traditions
de leurs ancêtres hésitent trop à prononcer le meâ culpâ
du passé; et, par cela même, ils restent impuissants à
reconquérir, sur les contemporains, l'ascendant social
qu'ils exerceraient an grand profit de l'époque actuelle.
Sous l'influence de cette coalition tacite des classes diri-
geantes, la conoaissance de l'histoire est complètement
.yGoogle
ILVUl CONSTITUTION 80CI4L8 DES KàRBS ÉRIAVlAeS DE L'OCdffENT.
faussée parmi nous. II est donc tout naturel que les ou-
vriers parisiens accordent encore leur confiance aux réTO-
luiions qui sont la source principale de leurs maux. On
s'explique qu'ils demandent, à l'esprit de nouveauté et aux
inventions les plus dangereuses, l'assistance que semble
leur refuser l'esprit de tradition.
Cependant, après 19& années de lente décadence et
de brusques révolutions, la vieille constitution française
n'est point encore complètement détruite. En me référant
i la précédente monographie (i i), j'ai montré comment la
conquête de la propriété individuelle par le travail sou-
tient encore les bonnes familles de la banlieue. La com-
munauté a suscité, depuis 18&8, des espérances chimé-
riques (IV, In. 3); mais elle oITre encore aux maux des
ouvriers quelques patliatirs utiles (vin, si). Enfin, le patro-
nage lui-même est moins désorganisé que ne le déclarent
les lettrés contemporains. Beaucoup de' familles, apparte-
nant à la bourgeoisie parisienne, exercent une induence
heureuse sur l'éducation professionnelle de leurs servi-
teurs : à ce sujet, la reconnaissance des ouvriers s'est sou-
vent fait jour dans le cours de mes enquêtes; et on en
retrouve la trace, par exemple, non-seulement dans les
monographies de Paris (ix, is), mais encore dans celles
des régions éloignées (IV, iv, i s).
Certaines classés d'ouvriers concourent, avec celles qui
ont été signalées pour la banlieue (vm, lo etso),à retarder
la désorga nisation de la vie parisienne. Les plus nombreuses
exercent une influence personnelle qui a pour appui les
bonnes mœurs contractées dès l'enfance dans la vie rurale.
Tel est le cas desAuvergnats-émigrantsqui viennent, des
hautes montagnes du Cantal (iv, i»), exercera Paris les
professions de portefaix, de porteurs d'eau, de brocanteurs
et de petits marchands en boutique. La force de résis-
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9,43. TKlIfSniOH m L'teajUILUBNT A U DÉSOBaANISATIOH. XUS
tance, opposée au mal ambiant, est encore plos digne
(fadjBÎr&tion cfa» les charpentiers parisiens. Elle est
Conseirrée, dans ce corps d'état, par les rites traditionnels
dn compagnonnage (iz, is). Ces rites, comme ceox de la
religion qui ; sont liés intimement, sont les auxiliaires de
la loi morale ; et leur origine, comme celle du Décalogue
lui-même, se perd dans la nuit des temps. La monographie
des charpentiers (du Devoir) suffirait, an besoin> pour
démontrer l'errenr des lettrés contemporains, qui font
consister essentiellement le progrès des sociétés dans « le
développement de l'esprit humain ». A ce point de vue,
en effet, on ne saurait comprendre le spectacle que nous
avons sous les yeux. Il serait inexplicable que des hommes
illettrés et des esprits incultes restassent nnis par l'amitié
et la paix dans le milieu même que les classes savantes et
raffinées désorganisent par leurs haines et leurs discordes.
§18.
' BtSUXÉ DU TOHE V : COMUBNT SE PRODUIT, DA.NS
LES SOCIÉTÉS DE L'OCCIDENT, LA TRANSITION DE
L'ÉBRANLEMENT A LA DÉSORGANISATION.
- Les laits exposés dans ce volume acheminent le lecteur
Ters la conclusion définitive de cet ouvrage. Aujourd'hui,
comme aux antres époques de l'histoire, les hommes qui
possédait le pouvoir, la science et la richesse, ne font pas
tons leur devoir; mais ceux quil'enfreïgnent ne sont plus,
comme anx temps de la renaissance, les seuls auteurs du
mal. Ils ont pour alliés involontaires et pour auxiliaires
Inconscients les propagateurs des inventions mémorables
qni augmentent aujourd'hui» dans des proportions inouïes,
les ressources matérielles de l'humanité. Faute de lumières
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L coNaitTunoN socu» dm bacm AnAttL^Es tm VovauKm,
suffisantes sur fa distinction dn bien et dn mal, tes pro-
moteàrs des nonvelles enrfraprises ont élmuilé les «mstî-
tntions sociales en brisant les rapports traditionnels qaf
assuraient aux populations la stabilité et la paix. Ce résul-
tat est souvent signalé dans ce Tolnme : dans les cam-
pagnes, il est surtout produit par )e passage des ouvriers
nomades attachés aux ateliers' de tnmtux publics (tu, i b);
dans tes Tilles manufacturières et sur les bassins houll-
1ers, par les agglomérations de familles dégradées ou
instables (tiii,it}.
Sous l'action énei^ique de l'industrie moderne, on Toît
apparaître presque partout, en Occident, les deux degrés
successifs de la décadence, avec denx caractères très-
distinctifs. Tant que la paix sociale se maintient sans
recours à la force armée, le mal n'est qu'un ébranle-
ment. II se transforme en une désorganisation qnand cette
force devient un moyen nécessaire de gonvemement local.
La souffrance matérielle et la multiplication des pauvres
sont le trait commun aux deux régimes; mais la transi-
tion de l'un i l'autre se produit surtout dans l'ordre
moral. Sous le premier régime, les classes dirigeantes
oublient la loi suprême en cédant à l'excitation des appé-
tits sensuels. Sous le second, le peuple entier se révolte
contre elles, en s'inspirant de la souffrance, de l'orgueil
et du faux enseignement des lettrés. Ces nuances se mon-
trent souvent dans les fiûts exposés au tome YI.
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L'ORGANISATION
DES FAMILLES
bAckihs, un Hior m&pithis, son* fobmk bb voiiosRiPBiBi
ÉTUDES
SUR LES TRAVAUX, LA VIB DOHBSTIQDE,
ET LA CONDITION MORALE DES O0VBIBR8 DE L'OCCIDENT
II- S^ÈSIB.— POPITLATIONB iBBANL±ZS
VjLFKftB LBS FAITS OBBBBTâS, DB 1»B a'ihSS,
?wu la 1" «dIdoD (iB-foUoJ dM Owr(*nwr(V4iiu
.yGoogle
SOMMAIRE
DBS MONOGRAPHIES
Chftpltra 1". Coinpa^OD'-iienntoler 4e Vleaae (Antrlche). — Cha-
pitra n. Tisserand de Godesberg (PrOTlnce rhénane}'. — Chapitre IIL Com-
poidtear-typfgrapbe de Bmxellea (Belgique). — Çb^ltre IT. Ulneurdes
nions argensfèna is'-Pentgiband (inTergne).w Ch^titre T. Pi^san-
basque do Li^ord (France }*. -^ Cb^iitn TL HanoenTre-agrienlteur dn
Uotran (Ntvenuds)'. — Oiapltre VIL Bwdllef de la Champagne ponU-
lenae. — Chapitra vm. Ifattre-blanchiaMur de dlchj (baoUsne de ParisJ*.
— Chapitre IX. Charpoitler (4n Devoir) de Parla.
: . SpltMMaB. DfiS PRÉCIS DB MONOGRAPHIES
Prédil.,lAtUardii.WadaDM*(BÉat»«aTUra).— Md*S. iaMa.4m%raat <e la
. Gaaoatûî»vie).-Fi«daairuadsvr(aBbob)dalltTwaiIa. — I>i4(te4.lfai4^
Exemide
des signes tle renvoi an $ 4 du oli. V des Mom^raphles,
employés :
dam le texte mteie da eea Honogr^hiea et dana
ce Tolnme ?, A.
— les 6 autres volumes des Ottoriert nropétnt, . . V, t, A.
— les autres oUTrages de la Bibliothèque OB, T, t, it
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L'ORGANISATION DES FAMILLES
CHAPITRE I
COMPAGNON-MENUISIER
DE VIENNE (AUTRICHE)
duu le •ralèuiB da «ngig«menli inDin»iitui4i,
RENSEIGNE HBKTg BECDH
BM MAI 1853,
PAit MM. A. DE SAINT-LÉGER ET F. LE PLAY.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
DÉFINISSANT LA CONDITION DES DIVBSg HBHBRES DE LA FAMILLE.
DéSnltion du Ueu^ d« l'orsitutiatlo» ladiui<rl«tle
e( de I» fomille.
SI.
lÉTAT DO SOL, DE l'iNDUSTBIB ET DE LA POPDLATION. ;
La Tamille habite, dans le faubourg du Wieden, situé au sud-
ouest de la ville de Vienne, la rue dite Caroligasse, à ua kilo-
mètre environ de la porte de Carinthie. L'ouTrier, chef de cette
famille, a été attaché, pendant la majeure partie de sa vie, à la
corporation (fnnung) des menuisiers (is). Celle-ci est encore
organisée sur les mêmes bases qui étaient adoptées par les an-
ciennes corporations d'arts et métiers de la France, de l'Angle-
teire et des autres pays du Nord (III, i, ïs). Sa principale
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s GB. I. — COKPAGNON-MENinSISB DK VIENNE.
Spécialité est de pourvoir aux besoins de la populatico urbaiDe
a^lomérée, soit dans la ville proprement dite, soit dans les fau-
boui^. En ce momeot, l'ouvrier travaille pour le compte d'une
grande fabrique d'outils, tels que rabots, varlopes et scies, qui
vend ses produits dans toute l'étendue de l'empire autricbien.
Cette fabrique achève et monte les outils préparés par plusieurs
usines situées dans les provinces. Ses opératioDS se sont déve-
loppées en venu d'un privilège par lequel le souverain a placé
cette industrie hors du cadre des corporations urbaines, c'est-à-
dire dans la condition où les grandes usines de France et d'An-
gleterre prirent leur essor dans le cours des deux derniers siècles.
L'ouvrier a choisi son habitation à proximité du fabricant
auquel il est maintenant attaché, et qui demeure lui-même dans
la principale rue du faubourg (Wiedenhaupt-Strasse). tl n'est
lié en principe h ce fabricant que par un engagement momen-
tané : cependant, les habitudes créées par le régime des corpo-
rations subsistent encoredans la population viennoise ; et l'ouvrier
se complaît dans la pensée que les relations qui t'attachent à son
patron resteront permanentes. Le patron lui-même aime à encou-
rager cette disposition, en accordant de petites subventions (7)
qui lui concilient l'alTection de la famille, La supériorité avec
laquelle il exerce son industrie lui a d'ailleurs permis de repous-
ser, jusqu'à ce jour, les atteintes de la mauvaise concurrence et
de remplir envers ses ouvriers les devoirs du patronage.
s 2-
ÉTAT CIVIL DE LA FAMILLB.
La famille comprend les deux époux, avec cinq enfants, savoir :
1. JicoB V'.cberde famille, né àBiemib (Monvlfl), marié depaii IS ans. 38 tni.
9. FunciscA F", sa femma, oâe à Stepuiau (Horatie) 30 —
3. Cwl V", leop BEs atod, nô à Vienne IS —
♦. Christlna V", leur flUe aînée, née i> Vienne « — .
5. Jacob V", leur 2* Bla, nâ à Vienne. 7 —
fi. Wilhelmina V", leur S* Alla, née i> Vienne * —
7."Frani V, leur 3* flls, né à Vienne i — V
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OBSBtlVATtONS PHiLimNAinBS. 3
Les vieux parents des deux époux vireDl à Biernitz et à Ste-
panaii dans UDesituatioDpeu aisée, sans recourir à leursenfants,
qui seraienl d'ailleurs dans l'impossibilité de les assister.
Bien qu'issue d'une race slave, la famille n'en a point con-
servé les habitudes. Elle a adopté les mœurs urbaines de l'Alle-
magne ; et, dans leur pratique individuelle, les deux époux oe
gardent aucune trace des traditions qui distinguent les Slaves du
Danube et de l'Adriatique (IV, i, aa). Le contraste est surtout
frappant, en ce qui touche (es coutumes de» fiançailles et du
mariage (sa).
BELIGION ET HABITUDES MORALES.
Les deux époux ont reçu au lieu natal une éducation reli-
gieuse, dont l'influence s'est momentanément effacée pendant
l'existence nomade qui a précédé le mariage. Aujourd'hui, ils
suivent régulièrement les prescriptions de l'Église catholique : ils
assistent aux exercices du culte (si); ils prennent part à la
communion pascale; et ils observent les prescriptions concernant
la nourriture, autant que leur situation de fortune le permet.
Les deux époux ont reçu l'un et l'autre au lieu natal les élé-
ments de l'instruction primaire; et ils ont fait dès sept ans leur
première communion. Le jeune garçon reçu apprenti a dû, con-
formément aux règlements de la corporalion, continuer à rece-
voir l'instruction donnée au catéchisme et à pratiquer ses devoirs
religieux. Devenu enBn « compagnon », il n'a pu entreprendre
son « tour d'Autriche », et recevoir le passe-port qui l'autorisait
à voyager, qu'en produisant les certificats constatant que, pen-
dant la durée de son apprentissage, il avait rempli, sous ce
rapport, ses obligations.
Attirés à Vienne par le désir de se créer un petit capital, les
deux futurs époux paraissent avoir mené l'un et l'autre une
conduite assez régulière. Ils ont cédé, à la vérité, à l'influence
des moeurs relâchées de ce grand centre de population et des
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4 CB, I. — C0MPAGNO>-HBNtflSIBK DE VIENNE.
r^Iements locaux qui tendent à empêcher les mariages (n et
s 3); mais l'uaion illégitime qu'ils ont contractée d'abord a été
plus tard régularisée. Depuis lors, la Tamille a pu être considérée,
au point de vue des habitudes morales, comme un des types les
plus estimables de la population viennoise. La sollicitude des
deux époux se concentre tout entière sur les intérêts de la com-
munauté. Ils travailleul avec un zèle soutenu, sans se laisser
jamais déranger par le goût du plaisir; et, à cet égard, ils se
distinguent honorablement parmi les familles de même condi-
tion qui habitent le voisinage. Ils vivent avec sobriété et se
privent de toute boisson spiritueuse. Les soins qu'exigent leurs
enfants sont leur unique distraction.
Les deux époux rentrent d'ailleurs, par le manque de pré-
voyance, dans les habitudes dominantes de la population ouvrière
de Vienne. La jeune fille, avant son mariage, avait une disposi-
tion prononcée pour l'épargne ; et elle a concouru efficacement à
rétablissement du ménage (e). Mais le découragement produit
par une faillite, qui a privé le ménage de son petit capital, et
l'accroissement incessant de la famille (a) ont peu à peu détruit
tout germe de cette disposition. L'Auteur a même eu occasion
d'observer, à cet égard, des nuances qu'il a paru intéressant de
consigner dans une note spéciale (so).
s 4-
ffTGlÈ>E ET SERVICE DE ikjnÉ.
Le mari est rarement malade, mais la santé de la femme se
dérange fréquemment depuis la naissance de sa première âlle.
Les enfants ont tous une santé faible et untempérament lympha-
tique, qu'ils paraissent devoir à la résidence du ménage dans
un rez-de-chaussée humide, oh l'inQuence du soleil ne se fait
pas suffisamment sentir.
Les compagnons menuisiers de Vienne sont ordinairement
traités, lorsqu'ils sont malades, dans un hôpital où la corpora-
by-Google
OBBERVATIONB PRÉLIIIIN AIRES. . S
tion dispose d'un certain nombre de lits (a). L'ouvrier auquel
s'applique spécialement la présente monographie recevrait, eo^.
cas de maladie, des secours aux frais de son patron qui lui en a
fait la promesse formelle (7). Dans ces dernières années, la
femme et les enfants ont toujours été traités aux fraisde la com-
mune. Lorsqu'un cas de maladie survient, l'ouvrier s'adresse à
la section de son quartier (Gemeinde Vorstand) pour se faire
délivrer un certificat d'indigence, constatant qu'il reçoit habi-
tuellement UD subside de la commune (7). Sur le vu de celte .
pièce, le médecin du quartier vient visiter les malades à domi-
cile. Les frais de médicaments sont supportés par une caisse
placée sous la directioû du curé de la paroisse, qui vise, à cet
effet, les ordonnances faites par le médecin. Un pharmacien
désigné par les règlements délivre gratuitement les médicaments
contre la remise des bons ainsi visés.
8 5^
BAHr. DE LA. FAMILLB.
L'ouvrier occupe dans sa corporation le rang de compagnon
(Geselle) (1 s). Il n'a jamais eu le désir de s'élever à la condition
de maître {Steister), même à l'époque où il possédait un petit
capital (13). Il a toujours compris qu'il n'avait, ni l'iniliative,
ni les aptitudes nécessaires pour devenir chef de maison. En
s'attachant h un grand fabricant qui exerce sur lui un patro-
nage bienveillaul, l'ouvrier a trouvé une situation conforme à
ses goûts et à ses besoins. Il est réiribué à la tâche pour fabri-
quer des outils d'après quelques modèles invariables : il peut
donc travailler dans son ménage en compagnie de sa femme et
de ses enfants. Il jouit ainsi jusqu'à un certain point de l'indé-
pendance du chef de métier. Cependant, l'ouvrier ne se fait
point illusion à cet égard : 11 comprend bien qu'en cas de mala-
die ou de revers imprévus, il devrait demander assistance à son
patron, et à la bienfaisance publique. A cet égard, l'ouvrier
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. — COIIPAGNON-HEMISIEB DE VIENNE.
montre ud sens droit et une résignation dignes d'éloge; mus on
ne saurait trop redire que les classes dirigeantes ont le devoir
d'améliorer de telles situations.
H»ren« d*cxUiteBe« de Ik fiiinlllc.
rnopRiÉTÉs.
(Hobllier et Titenieoto non comprU.)
lUHBUBLBS 0' 00
La faarille n'a jamais eu la pensée qu'il lui fût possible
de s'élever îi la propriété d'un immeuble : l'ouvrier n'a même
point le désir de devenir « maître >> dans sa corporation.
Abgem 0' 00
Lors de son entrée en ménage, la femme a apporté à la com-
munauté une somme de 800 francs, qui, après l'achat des
meubles et des vêtements, s'est réduite à 565 francs. Cette
somme, placée à intérêt par l'ouvrier chez le maître pour le
compte duquel il travaillait, a été enlevée' au ménage par la ban-
queroute de ce dernier. Découragée par cetévénement, surchar-
gée d'enfants et suivant d'ailleurs les habitudes dominantes
de la population, la famille a perdu toute propension à reconsti-
tuer 50D épargne (ss).
MatiSriel spécial des travaux et industries 168' 80
1° Pour rKCtrcie* du métier à* mmmtiêr.— 1 élabU en bdi de cbaime, K'M;
— uiottimeat de rabots et vulopea (100 piice* eoTlroQ), QO'OO; — assortiment
de uies (S pièces), 13^50; — uiortiment do ciseant (IS pièces), 7' 30; ~ assorti-
meat de limei, de itpes et compas [30 pièces enriran], B'OO. — Total, 143' 30.
2> Pour la fabrication des eantj. — lostrument pour ta couture des gants, IS'Mt
— aiguilles, dd, objets aecMsaires, l'30. — Total, tO'aO.
3° Pour la blanclÛJiaaa du linge *t dei vitBmtnlt. — Oiaudroat en Tonte, baquets,
caTier, soaui, paniers et cordes, l'OO.
Valeur totale des propriétés 168' 80
.yGoogle
OBSEBVATIOnS PRBLIUINÀIRBS. 1
S 7.
^ SUBVENTIONS.
Établie au milieu d'une population très-agglomérée, la famille
ne jouit d'aucune de ces subventions territoriales qui foumissenl
ailleure des occasions permanentes de travail, et qui contribuent
d'une manière si efficace au bien-être des ouvriers européens.
Les subventions que reçoit la famille se composent exclusive-
ment d'objets de consommution et de services. Ils proviennent
h la fois du patron pour le compte duquel l'ouvrier travaille,
de la commune et de deux associations de bienfaisance.
Le patron accorde la provision de combustible nécessaire
pour le cbauflTage domestique, en faisant une remise d'un tiers
sur le prix de vente du bois, et d'un demi sur le prix de vente
des copeaux j il fait la même remise sur les copeaux employés
pour la confection des lits. 11 donne ses vieux habits à l'ouvrier;
chaque fois qu'il rencontre les jeunes enfants, il leur donne une
petite somme avec laquelle on subvient aux achats de livres et
de matériel pour l'école primaire. A l'occasion des grandes fêtes,
il distribue aux enfants quelques vêlements neufs. Eo&n, lorsque
les enfants ont été éprouvés par la maladie, il accorde une
indemnité spéciale, à l'aide de laquelle on leur distribue mo-
mentanément une nourriture plus substantielle que celle du
ménage. Deux des maîtres menuisiers pour le compte desquels
l'ouvrier a été employé (i i) , et qui ont gardé de lui un bon
souvenir, prennent plaisir à faire à ses enfanls quelques cadeaux
de vêtements. Le |»'iDcipal commis de la fabrique donne aussi,
de temps en temps, ses vieux vêtements à l'ouvrier. Ea raison
de l'état de pénurie où la famille est plongée, le patron a dis-
pensé celte-ci de contribuer à l'alimentation d'une caisse de
secours mutuels établie dans sa maison pour subvenir aux frais
de maladie de ses ouvriers, et à laquelle chaque ouvrier paie
par semaine â2 centimes. Ainsi qu'on l'a indiqué précédem-
ment (4) , le patron s'est engagé, dans le cas où l'ouvriw serait
malade, k prendre à sa charge tous les frais de traitement.
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-MBNDISIEK DB VIBNNB.
La commuDe, prenant en coDsidératioD l'état d'indigence
résultant du Dombre des enfants dont la famille est chargée, lui
accorde des secours réguliers en argent prélevés sur deux fonds
constitués, l'un par l'Empereur, l'autre par une société de bien-
faisance. La famille n'est point, du reste, visitée directement
par des personnes appartenant ii des sociétés de ce genre. En
cas de maladie de la femme ou des enfants, la commune assure,
à titre gratuit, les soins d'un médecin.
Enfin, une société de bienfaisance, placée sous la direction
du curé de la paroisse, fait délivrer, à titre gratuit', les médica-t
ments ordonnés par le médecin de la commune.
Toutes ces allocations, on peut le remarquer, ont pour la
plupart le caractère d'une aumône. Celles qui sont supportées
par l'Etat, par la commune et par les sociétés de bienfaisance,
ont en définitive pour résultat de permettre aux chefs d'industrie
de faire travailler leurs ouvriers moyennant un salaire réduit.
Elles tendent, par conséquent, à accumuler, dans les grandes
villes, des populations qui, sans cette excitation factice, reste-
raient attachées aux districts ruraux. Sous ce rapport, il y a
lieu d'examiner sérieusement si les sociétés de bienfaisance des
grandes villes de l'Occident, tout en obéissant aux plus géné-
reuses inspirations, ne sont pas amenées à fausser, au grand
danger des institutions sociales, un principe salutaire de l'an-
cienne économie européenne. Ce principe, transmis par la cou-
tume, imposait à chaque chef d'industrie le devoir de subvenir
aux besoins de tous ceux qui lui étaient attachés.
§8.
TRAVAUX ET INDUSTRIES.
-Travaux de l'ouviiiur. — Le travail unique, exécuté pour le
compte du patron (i), a pour objet la confection de pièces en
bots destinées au montage de^ tranchants d'acier, des lames de
scie, des fers de rabots et de varlopes, lesquels sont fabriqués
dans les usines rurales appartenant au même chef d'industrie
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OBSERVATIONS PBÉLUlINAtKItS. <)
La rétribution est établie en raison du nombre de pièces fabrir
quées. Pendant l'année 185îi, qui a présenté des conditions
moyennes, eu égard à l'activité des travaux et au montant des
salaires, l'ouvrier a gagné une somme totale de 773' 07, avec
un travail effectif de 288 journées environ, ce qui attribue à
chaque journée un salaire moyen de ^' 68/l.
On peut considérer cependant comme travail accessoire
quelques additions faites par l'ouvrier aux outils composant son
petit atelier (s et le, b), de même que quelques réparalions
faites, de loin eu loin, aux objets de bois faisant partie du
mobilier domestique. La direction exclusive donnée dès l'enfance
à son activité et le manque de toute occasion de travail qui ne
se rattache pas à la profession de menuisier rendent l'ouvrier
impropre à toute autre occupation.
Travadi de la peuue. — La nombreuse famille que la
femme doit soigner la détourne du travail industriel auquel elle
s'appliquait autrefois avec succès. Elle l'oblige h consacrer la
majeure partie de son temps aux travaux du ménage, à l'achat
etbla cuisson des aliments, aux soins de propreté, à l'entretien
des vêtements et du lioge, et surtout au soin des enfants.
Pressée par une nécessité impérieuse, la femme, qui a tou-
jours fait preuve d'habitudes laborieuses, parvient encore, au
milieu de ces occupations, à consacrer environ 120 journées de
travail effectif à la confection des gants, industrie qu'elle exerce
depuis longtemps pour le compte d'uo fabricant, et dans
laquelle elle a acquis une véritable habileté. Douée de beaucoup
d'intelligence, la femme réussit bien, depuis qu'elle est dans la
gêne, à confectiotiDer elle-même la plupart des vêtements de
toile et de coton nécessaires à la famille. EnGn, le blanchissage
des vêtements et du linge, que beaucoup d'ouvriers viennois font
exécuter à prix d'argent et dont la femme se charge elle-même,
doit encoreêtre considéré comme une des industries lucratives
concourant au bien-être de la famille.
Travaux du fils aîné. — Cet enfant, aujourd'hui âgé de
quinze ans, vie^t d'être reçu en qualité d'apprenti par ua maître
de ta corporation des menuisiers, chez lequel il est nourri et
.yGoogle
- GOHPASKON-UnfDISIBB OB VIBNIfB.
logé. Il reçoit de temps en temps chez les pratiques de sod
maître quelques petites gratifications, au moyeu desquelles on
subvient en partie à l'achat de ses vêlements; le surplus de cette
dépense est encore à la charge de la famille.
Industries entreprises par la fahillb. — Les industries
qui peuvent être considérées comme personoellesà l'ouvrier sont
les spéculations qu'il fait à l'occasion du travail de sa profes-
sion, soit en substituant le système de la tâche au système du
salaire journalier, soit en fournissant lui-même les outils. On
peut encore y rattacher la fabrication partielle de ces oulits et
l'entrelien des objets de bois feisant partie du mobilier domestique.
Les industries exercées par la femme sont, comme on vient
de l'indiquer, la confeciion d'une pariie des vêtements et le
blanchissage des vêtements et du linge de la famille.
BIMle d'exUitence de I» fiuMllle.
§9.
ALIMENTS ET REPAS.
La famille fait en toute saison trois repas, qui sont toujoura
pris dans l'intérieur du ménage, savoir : le déjeuner k 8 heures,
le dîner h midi, le souper à 7 heures.
Le déjeuner se compose invariablement d'une infusion de
café pur (18 grammes), avec lait (0'" 700) et sucre (56 gr.),
dans laquelle on trempe de petits pains frais de froment (Sam-
men), au nombre de onze et pesant environ 550 grammes.
Le dîner se compose toujours d'une soupe {Suppe) ou d'un
mets de farine (Mehlspeise), auxquels on joint souvent un plat
de légumes {Zuspeisé). Ces mets offrent une grande variété : ils
se préparent tous avec des quantités d'aliments qui, pour chaque
mets, restent invariables pendant toute l'année, et que la ména-
gère achète pour chaque repas, sans jamais en foire provision (s o).
La soupeà la viande(FteiscAw;);>e), l'une des plus employées,
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OBSBEVATIOMB PEELIHINAIBES. Il
se prépare avec : eau, 2''' 82; viande de bœuf, 280 grammes;
poumons de bœuf, 35 grammes; sel, 25 grammes; légumes
verts, carottes et oignons. Â cette soupe on joint des prépara-
tions de céréales très-diverses, savoir : des boulettes de pâte
\KnOdel), mie sorte de vermicelle (AWeïn), de petits pains secs,
du riz, de l'orge mondé et du gruau de Froment.
La soupe à la graisse {eingebrannte Suppe) se prépare avec :
graisse de porc, 70 grammes; farine de froment (2* qualité),
57 grammes; sel, 30 grammes; on trempe avec ce bouillon
350 grammes de pain de seigle.
La famille s'applique, autant que ses ressources le lui per^
mettent, à observer l'abstinence des jours maigres; elle mange
alors de la soupe aux pommes de terre (Erdttpfelsuppe) ou de
la soupe à la crème {Rahmsuppe). Pour préparer cette der-
nière, on fait un mélange avec : crème de lait de vache, 0"^ 35i ;
1 œuf; et farine, 57 grammes; on fait bouillir ce mélange
avec : eau, 2'" 13; se), 12 grammes; et un peu d'anis; enfin,
on trempe avec ce bouillon 350 grammes de pain de seigle.
Le mets de légumes se mange ordinairement avec la viande
de la soupe ; il se prépare avec des choux conservés {Kraut) et
des pommes de terre employées isolément ou mélangées. Ces
légumes, après avoir été cuits à l'eau, sont assaisonnés avec une
sauce composée dégraisse, de farine et d'eau.
Les Mehispeise sont encore plus variés que la soupe; le plus
estimé, nommé Kugelupf, et que l'on prépare seulement dans les
grandes solennités, est composé de farine de froment, d'œufs,
de lait, de ferment et de raisins d'Italie.
Le souper se compose invariablement de pain et d'une infu-
sion de café au sucre, en quantités indiquées ci-après : café,
18 grammes; sucre, 56 grammes; eau, 0'"' 720; petits pains
frais au nombre de 12, pesant environ 600 grammes.
La famille ne joint jamais de spiritueux aux aliments qu'on
vient d'indiquer; elle ne fait usage d'aucune autre boisson que
le café, pas même d'eau pure. L'Auteur n'a jamais remarqué
ailleurs cette particularité; elle n'est pas rare chez les ouvriers
viennois vivant avec sobriété.
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it CH. I. — COUPADNfHf-HBNUlSIER DB VIENNE.
S 10.
OADITATION, UOBILIER ET VÊTEMENTS. I
La famille occupe deux petites pièces àe rez-de-chaussée,
preoaDt leur Jour sur la cour intérieure d'une grande maison, et
offrant une surface totale de 32 mètres carrés, savoir : 1 cui-
sine à 1 fenêtre, 9""»; 1 chambre à coucher à 3 lits et atelier,
23'"''. Le père couche dans l'un des lils avec le jeune garçoD de
quatre ans ; la mère couche dans le second avec le plus jeune
enfant e( les deux Qlles couchent dans le troisième.
La famille peut, en outre, disposer une fois chaque quinzaine
d'un grenier qui, les jours de pluie, sert au séchage du linge.
La cour de la maison, le corridor qui donne accès au logement
et le logement lui-même sont blanchis à la détrempe; mais le
logement proprement dit est tenu avec peu de propreté.
Les meubles et les ustensiles ne signalent aucune tendance
à adopter les habitudes de la vie bourgeoise. La valeur en peut
être approximativement évaluée ainsi qu'il suit :
Meubles : ne présentant que le strict nécessaire. 201' 10
1* Litt. — 3 lîta en bois commua, lU'SO; — 3 pailluMa remplies de copeaux,
S' 10; — 3 couverturei de plumes, 67' 50; — 3oreillende plume», 37' 00;— 3 «tiiis
de couverture en indienne, i^OO; — 3 étuis pour oreille», en étoffe de coton de
couleur & cureaux, 5' 40; — 1 pe^t lit garni, à roulettes, dans lequel le Jeune enfant
repose pendant la journée, 17' 10. — Total, UB'50.
2° MobUitr det dtux piicet, — 1 armoire en bois peint, ¥00; -~ 1 coffre ï Tfite*
ments fermant k clef, lO'OOj — 1 chiffonnière, 3^70; — 1 table k manger, CM; —
i table h ouTrage, O'OO; — 3 petites images encadrées, présenta ttit» par des amû,
0'i5; — 1 coffres en bois blanc, pour linge et vËtements, 3' 60; — i cbsises en paille,
3'30; — 1 miroir de 2 décimètres carrés, 0' 15; — I horloge & poids, 3' 60 ; — 1 poele-
cuisine en Ule, ayant coûté neuf, avec set tayaai, IB' 00. — Total, 53' 60.
UsTEN.siLES : ne comprenant que ce qui est absolument
nécessaire aux besoins du ménage il' 37
i' Pour te tervict dt fatimtntation. — iî pots en terro, assortis, pour la prépa-
ration des aliments indiqués plus haut (0), l'35; — 6 taises & café en faïence
blanche, O'Q'I; — 7 plats et assiettes eu faïence grossière, tf 45; — 1 verre à
boire, Vii; — cuillers, fourchellss et couteaux, (fiSO; — 1 rouleau de bois pour
traiailler la ptte de farine et uateosilea diTora de cuisine, 1' 15. — Total, V 37.
2° Pour utagat dtvtrt, — 1 lampe h huile, en verre, «nchlssée dans un bloc et
iiGoogle
OBSERVATIONS PRELIUIN'JI
LiNGB DE MÉNAGE : objets indispensables 26' 20
3drapadâd«saous, d« tolla mélangâB (ch>D?re at coton), S'W; — 3 étals decoa-
TertuTM et 3 dCnis d'oreillers ea toile biancho (de recliange), IS'OO.
Vêteuents : ceux du dimaacbe, acquis avant le mariage,
quand les deux époux n'élalent point surcliargés de famille,
indiquent un ancien éiat d'aisance ; le non-renouvellement de
ces Têteménts et l'état aciuel des vêtements de travail indiquent,
au contraire, ua état habituel de pénurie 2f|0' 65
Vftnmm de l'odtiiieb (77' 10).
Y/ltintnU du dimanche (portés seulement i l'église, remplacés par les. véie-
menti de tnTaildès lereioarfc li msison}.— 1 redingote do drap bleu, 5' 60; — < liabit
de drap soir, 16' 30; — paatalans de drap noir (pour l'hiver), 7' 90; — pintalona de
laine flna (pour l'été), 6^55; — pontatons do croisé do colon blanc (pour VélÉ), 3'3S)
— panlalonB de coton à carreaui (pour l'été), 3M0; — I gilet de soie noire, 2'85; —
I gilet d9 piqué de coton btanc. S' 60; — 1 devant de chemise de coloo, k plis, (KIS;
— i craTate de soie noire, i'05 j — i chapeau de feutre noir, d^ï réj'aré deu» fois,
S'IO; — 1 paire de boties, 1^00. — Total, 53^03.
i" ViUmenl» di travail. — 4 chemises de lin, durant chacune 5 ans, g' 75 ; _
1 redingote dedntp, ftchetéeii la Triperie, 3'' SU;— 1 redingote d'été, D'95; —1 viell'e
redingote d'été, donnée par le patron, l'îO; — 2 vieui panialuns do drap, donnéi
psr la patron, 3' 20 ; — 2 pantalons de coton, 2'î5i — î mbliors de travail, en toile
bleue forlfi, l' ÏS; — 3 gilets de coton, reçus en présent du commis de h fabrique,
0^70; — i paires de caleçons en toile blanche (pour l'hiver), IMU;— vieilles cravates
decoton et de soie, reçues en présent du patron, 0''2Ï', — bas (l'ouvrier n'en porta
Jamais, pas même le dimanche); — 2 paires de savates en cuir, sans talon, O'OO. —
Toial,2if05.
VÉTÏHINTS DB L* FÏMllE (134' 75).
1° VittmBiits du dimanche. — i robe de noce, en soie grise foncée, portée senlC'
ment aui S grandes fStes annuelles, conservée soigneusement pour ttre donnée comme
robe de noce i la jeune Qlle, 10' 25 ; — t roi» de laine, portée les Jours de beau temps,
soigneusement conservée (confectionnés par le tailleur], 22' 10; — 1 robe de coton k
carreaui, portée 9 ans, comme vêlement de dimanche, avant d'élre portée comme
vilement Journalier (de confecdon domestiqua), 3'SO; — S jupons de dessous en coton
blanc (confection domestique], 5'35; — 1 Jupon de dessous, pour l'hiver, en coutil
épiis(P(irllK{),3M0; —1 ch&lo de laine noire {ichwarti Obcrtuc/i), Q'20; — 3 mou-
choirs de con, en soie da France, 0'45; — 1 chapeau de soie avec rubans de soie,
acheté piur la noce, 2' GU ; — 1 boDnet de soie noire, l' OO ; — S bonnets de batiste
blanche, portés les ]oun de mauvais temps, 3' 75; — i paires de bas de coton blanc,
durant cbocune 5 ans. S' 90; — 1 paire de botti née lacées (coir et velours), achetée
pour la noce, l'05; — 1 paire de souliers en cnir, O'OO; — 2 paires de gants (con-
fecUon domes^qae), ffitS. — Total, WOO.
S* VittmênU d» travail. — 4 chemises de lin et da coton, 7^50; — 3 vieilles
robes de coton de couleur, ayant serri précédemment comme vêtement du dimanche,
O'IS; — 1 Tieui jupon blanc, ■jaot serri comme vâiement du dimanche, l'SO; —
1 vieux japon de coutil (Parket), Kjvai. servi comme vStcmeut dudimanclie, l'65; —
:,yGoogle
4i CH. I. — CONPAONON-MBmiieiBH DE VIENNE.
1 vieux Japon dlodienne, donné en présent piir une dame chei laquelle la femme a
été en Miricej D' 80; — S paires de Tieui bas de coton blanc, nj'snt déjà «erri 5 ans
poar les dimanchsa, 0'95; — S mouchuirs de cou, en coton imprimé, l'QO; —
1 paire de Tieui aouliers, ayant servi pour les dimancheB [pour la malEOn], 0^50; —
3 paires de bottines, en cuir et en vioui drap, pour sortir et pour allor L l'église les
Jours de mauvais temps, 3' 35; — 1 bonnet d'biver, en soie noire, l'SO; — i bonnets
d'été, en coton blanc (conrectton domestique), l'U; — 1 manteau {Mantel),en colou
nMT, doublé de gris. 8M5. — Total, M' 85.
V*TiiiDm Di 4 BSF*NTS (Msanl partie du ménage (28' 80).
Valeur totale du mobilier et des vêtements. . . . Ii79' 32
S 11.
BÉCR^ATIONS.
Les deux époux, même avant le mariage, ont toujours été
peu portés vers les récréatioos, telles que les théâtres, les bals
publics, les guinguettes, qui sont, pour la population ouvrière de
Vienne, une occasion de dépenses considérables. La seule récréa-
tion donnant lieu à une dépense, que la Tamille se permette de
loin en loin, est d'ajouter un plat à l'ordinaire du naénage, et
particulièrement de préparer une boone soupe et un Eugelupr (s)
aux cinq grandes fêles de l'année. La récréation ordinaire con-
siste à faire, le dimanche, une promenade avec tous les enfants,
sur les remparts situés entre la ville proprement dite et les fau-
bourgs. Quelquefois on conduit les enfants jusqu'au parc public
(le Praler) . L'existence sévère à laquelle cette famille est con-
damnée forme un contraste frappant avec celle qui est acquise à
la plupart des ouvriers ruraux. Les enfants surtout souffrent
beaucoup de l'état habitue) de réclusion qui leur est imposé dans
un logement peu aéré et dans une cour privée de soleil (lo).
Hls««tre de 1» CuMlIto.
S 12.
PHASES PRlNaPALES DE L'eXISTENCB.
Les simples événements qui ont marqué, jusqu'à ce jour,
l'existence de l'ouvrier décrit dans la présente monographie
:,yGOOglc
OBSBnVATlONS PnBLIHtNAIRKii. 18
indiquent parfaitement l'oi^anisatioD des corporations urbaioes
d'arts et métiers (is), qui subsistent encore dans cette partie de
l'Europe, et qui ont joué dans l'Occident un rôle si considérable
(III, vin, il; IV, vil, ao). L'histoire particulière des deux
épou\ est d'ailleurs bien propre à signaler les dangers du régime
nouveau, qui enlève incessamment aux campagnes, pour l'accu-
muler dans les villes, la partie la plus laborieuse et la plus
entreprenante de la population.
Né en Moravie dans un bourg de six cents âmes, l'ouvrier,
après avoir joui, jusqu'à l'âge de onze ans. de toute la liberté
compatible avec les exercices de l'école primaire et du caté-
chisme, a été placé comme apprenti, pendant quatre ans, chez
un menuisier du bourg, ami de la famille. A l'expiration de ce
délai, ce jeune homme fut reçu compagnon, et continua à tra-
vailler en cette qualité, pendant un an, chez son maître.
Parvenu à l'âge de seize ans, le compagnon se détermina à
faire son tour d'Autriche : c'est ainsi qu'il exerça successivement
sa profession : à Znalm pendant trois mois; à Kremnitz et à PuU
kau pendant six mois; pendant deux semaines seulement à
Speyer et à Salzburg, qu'il fut obligé de quitter faute d'ouvrage.
Dans cette partie de son voyage, qui fiit la plus pénible pour
lui, il profita souvent des privilèges accordés par l'usage, et se
procura des moyens d'existence, tantôt en s' adressant aux bureaux
des corporations de menuisiers, aux maîtres ou même aux com^
pagnons, tantôt en se présentant aux couvents d'hommes ou de
femmes appartenant au culte catholique, tantôt enfin en deman-
dant aux paysans la nourriture et l'abri. L'ouvrier fut plus heu-
reux en Styrie ; et il y compléta son tour de deux années, en
séjournant successivement à IschI, à Gratz et à Bruck.
Arrivé enfin dans la capitale avec le désir de s'y fixer défini-
tivement, l'ouTrier s'attacha successivement à quatre maîtres de
la corporation des menuisiers, chez lesquels il travailla douze
ans, toujours pourvu d'ouvrage, mais sans avoir le désir de
s'élever au-dessus de la condition de compagnon et sans faire
aucune épargne. Le salaire journalier, qui, dans les dernières
années de son célibat, s'était élevé progressivement jusqu'à S' ^0,
.yGoogle
CH. I. — COÏPAOSON-MENUISIKH r
fut alore employé, jusqu'à l'époque de son mariage, à introduire
plus de recherche dans la nourriture, et à acquérir les vêtements
de choix dont l'éQurnéra lion est donnée au g 10.
La Temme, née également dans un petit bourg de Moravie,
resta jusqu'à onze ans dans la maison paternelle, où elle s'initia
à la tenue d'un ménage, tout en suivant les exercices du caté-
chisme et de l'école. Dou^e d'intelligence et de dextérité
manuelle, elle y acquit des notions assez étendues de lecture,
d'écriture et de calcul, de couture, ds marque et de tricot. Elle
fut d'abord placée en service à cinq lieues du pa^ natal, dans
une maison bourgeoise de la ville de Brunn. Ayant été frustrée
des gages annuels de 10' 80 qui avaient élé stipulés en sa faveur,
elle entra à douze ans dans une nouvelle maison, où elle reçut
pendant deux ans des gages de 13' 50; elle fut ensuite admise,
pendant (rois ans, aux gages de Ifi ' kO, dans une grande mai-
son où elle se perfectionna dans les travaux de couture. Confor-
mément aux règlements de police, elle revint alors au pays pour
s'y faire délivrer un passe-port, puis elle vint de nouveau servir à
Brunn pendant une année aux gages de 63 francs. Agée de dix-
huit ans et en possession d'une épargne de Ù5 francs, elle se
décida alors à aller chercher fortune à Vienne, en payant pour
son voyage en diligence une somme de 9 francs.
Le jour de son arrivée, elle trouva dans une auberge un gtle
pour la nuit, au prix de 0' 20; mais, dès le lendemain, elle se
procura un logement garni, au prix de 1' 10 par semaine, en
parcourant la ville et en se guidant à l'aide de ces écriteaux qui
indiquent que dans (elle maison on a un lit à louer pour unefille
ou pour un garçon. Enfin, trois jours après son arrivée, elle était
en possession d'une place de femme de chambre chez un bour-
geois de la ville, grâce à l'intervention d'un bureau de placement,
auquel elle dut donner une indemnité de 1 ' 35.
Dans cette première condition, où elle resta six mois, elle
avait 15 fraùcs de gages mensuels, plus une indemnité de
B francs, à l'aide de laquelle elle devait acheter elle-même le pain
nécessaire à sa nourriture; les autres aliments étaient fournis
par ie maître. Dans une seconde place, qui lui manqua égale-
.yGoogle
WBnTATIOKS PULDtlIUIUS. H
ment après six mois par le décès da maître, elle obtint, outre
la Qourrilure complète, 30 francs par mois, plus une indemnité
de 5 à 13 francs au nouvel an. Dans une troisième place enfin,
où, par un évéoement fortuit, elle ne resta qu'un an, elle
n'obtint avec la nourriture que des gages mensuels de 15 francs.
Découragée par ces changements réitérés de situation, la
jeune fille, alors âgée de vingt ans, prit le parti de s'attacher à
riodustrie ; et elle débuta dans cette nouvelle carrière chez un
filateur de laine. Grâce à sa dextérité, à sa bonne conduite et à
ses habitudes laborieuses, elle put gagner de suite un salaire
journalier de 0' Sh, qui, après un apprentissage de trois mois,
fut porté à 2' 25. Malheureusement, après un an, la banque-
roule du fabricant vint lui enlever ce moyen d'existence.
Après quelques recherches et un court noviciat, la jeune Bile
parvint à se faire employer chez un marchand d'estampes en
qualité de colorieuse, au prix de 2' 30 par jour ; mais, ce travail
lut étant donné d'une manière trop intermittente, elle dut aborder
une nouvelle profession et se livrer à la couture des gants pour
le compte d'un fabricant de cet article, qui lui a fourni de l'ou-
vrage jusqu'à ce jour. Elle était alors compagne de lit, dans une
maison garnie, d'une jeune ouvrière qui s'était liée d'amitié avec
elle et qui menait une conduite peu régulière. C'est dans ces
circonstances qu'elle commença à se lier avec l'ouvrir qu'elle
épousa trois ans plus tard. Â cette époque elle avait accumulé à
la caisse d'épargne une somme de 800 francs, que les frais
d'entrée en ménage réduisH«nt de 235 francs, savoir : achat
de meubles et de linge, 80' 00; — frais de mariage, 38' 00;—
(amplement d» habits de noce de la femme, 60' 00; — com-
plément des habits de noce du mari, 67' 00. — Total, 235' 00.
Le ménage, en possession de 565 firancs environ, fruit des
économies que la femme avait faites avant le mariage, n'ayant
charge que d'un seul enfant, disposant des recettes des deux
époux, se trouvait alors dans un état d'aisance qui ne tarda pas
k s'évanouir. La banqueroute du maitre chez lequel l'ouvrier
travaillait depuis plusieurs années dépouilla la famille de l'épargne
qu'elle avait placée chez lui. La naissance de nouveaux enfants
.yGoogle
48 Ctt. t. -~ COMPAOttON-UâKUISlBIl DB VIENNE.
TÏDt tarir les recettes prorecaDt du Iravail de la femme. Nonob-
stant l'appui qui lui fut coustammeut prêté par son nouveau
maître, la famille tomba peu à poi dans l'état de pénurie que
constate la présente monographie, et qui ne parait pas devoir
prendre fin. Il est probable, en eOét, que, lorsque les enfonts
seront en Âge de se suflîre à eux-mêmes, les parents, devenus
vieux, ne pourront plus se créer par leur travail des ressources
BuQîsanfes. Les enfants, d'un tempéramment lympbatique et
d'une santé chétîve, éprouveront vraisemblablement de sérieuses
difficultés à se créer une situation indépendante; en sorte que
la majeure partie de cette famille paraît devoir se rattacher
dorénavant à ces populations misérables qui envahissent peu à
peu toutes les grandes villes de l'Occident.
§13.
UCEDftS ET INSTITUTIONS A8SUBANT LE BIEN-ÊTRE PBTSIQOE
ET HORAt DB LA FAMILLE.
La fomille décrite dans la présente monographie, condamnée
aujourd'hui, à raison de la surchai^ d'enfants (3), à un état
permanent de pénurie, tomberait dans une misère profonde si la
maladie ou des infirmités précoces venaient tarir les recettes dues
au travail de l'ouvrier. Cet état de misère menace les deux
époux, dans le cas oîi ils parviendraient à une vieillesse avancée.
Il n'y a pas lieu d'espérer, en effet, que leurs enfants puissent
un Jour les soutenir, pas plus qu'eux-mêmes ne seraient en
mesure aujourd'hui de soutenir leurs propres parents.
Les corporations (ib), dont les derniers vestiges appa-
raissent dans la présente monographie, garantissaient le bien-
êire des ouvriers en limitant le nombre des maîtrises, lequel
était fixé en raison des besoins permanents de la population
uibaine. Le salaire accordé aux compagnons était lui-même fixé
traditionnellement en raison des besoins d'un ménage; et, en
cas de surcharge d'enfants, il était complété par quelque sub-
vention émanant de la corporation. Les nouvelles méthodes de
.yGoogle
OBsnVATIONS PIÉLIHINAIUS. 19
bBvail multipHeat les grandes usines (i) qui sortent du cadre
trop étroit -des ancienues corporatioDS : elles ont ea fait abrogé
ces ioslitutiODS, et détruit tes garanties qui y étaient atta-
chées (ib). Ces usines sont dorénavant autorisées à accumula'
dans les villes des quantité indéfinies d'ouvriers, sauf, dans les
cas de détresse commerciale, à laisser ces derniers sans autre
moyen d'existence que la charité publique.
Le fabricant auquel est attaché l'ouvrier décrit dans la pré-
sente monographie, l'un des premiers- qui aient introduit chez
les menuisiers de la ville de Vienne les habitudes de la grande
industrie, a pu, jnsqu'à oe jour, combattre par son habileté les
excitations de la mauvaise concurrence, et conserver en partie
envers les ouvri^^s qu'il emploie les habitudes de patronage
propres à l'ancienne économie industrielle (i). Néanmoins,
l'étendue considérable donnée aux opérations de cette entreprise
fi'a pu tee ofateaue qu'en établissant un tarif de salaires réelle-
ment insuffisant pour les familles chargées d'enfants. Le déficit
qui se produit dans le budg^ domestiqae laisse les familles dans
l'état le plus précaire; il est à peine comblé par des subventions
émanant à, la fois de la commune ou des sociétés de bienfai-
sance (7). Cet état de choses paraît devoir encore s'aggraver
quand ia grande industrie qui ne fait que de naître en Autriche
aura pris plus de développement. II n'est pas probable que le
remède se trouve dans le maintien des tinciennes corporations,
qui ne peuvent plus se concilier avec le développement irré-
sistible des grandes manufactures. Ici cependant, comme cela
est déjà constaté dans plusieurs cdntréra engagées depuis long-
temps dans les voies nouvelles, on comprendra bientôt qu'on ne
peut s'écarter impunément des principes coDservateurs.de toute
société.La liberté dont l'industrie ne saurait dorénavant se passer
impose awt patrons qui en profilent certaines obligations. Si ces
dernières n'étaient pas remplies, la force des choses ramènerait
l'intervention de la loi. Déjà, sous l'influence de bonnes tradi-
tions, ou.à.la suite de dures épreuves (III, ix, is), J'initiaiive
intelligente des patrons a signalé sous ce rapport, dans certains
districts manufacturiers, la voie qu'il convient de suivre.
.yGoogle
es. t- — GOIirAGNOri-llKntlSUK DB VIBNMI.
$ 1&. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
SODBGES DES RECETTES.
8BCTI0N V,
pMptUUi fnmàéttm par la familh.
(Li bmlUa M poaW* miciiii* prapritU de ca tenn).. .
Àxi. B. — TiLxtrai Honutui
UATiuu. ipicui dg* trintoi MlndubiM :
Panr l'aiBnica dn métiei di mumiiiin'
Fout U Ckbricfttlon dn gthU llT«r«iL io Ia fflmma)..
PoDr la blinchlntge dn Uog« (uaiùl da U ItauiH}..
Abt. I. — DaoïT un iLLocinoin oa Moatria D'il
(t aboill* H* lut putia d'aocDDe ÈOdtlà de oa geare)
SBCTION II,
BoIrVBDtîani wtçmm pu 1* faniitle.
Ait. I". — PnopiiiTii Rifuii m nsnniiin'.
(La bmllla db npilt tacana propiléU anou&nil)
AxT. t. — Diom D'oaiaa ma lu pionuMa Town
(la tamilla na Jouit d'aocoo piadnit da ca genra)
■ bBadu neruu «t !• awfio» da aiMé» .
ConoamaDt le* Indoitilal.' ■
iiGoogle
CH. t. — COMPAOïrON-lIBNDISIBI DS VISHItB.
S t4. ~ BUDGET DBS BBCETTES ÛB L'ANNÉE.
HOKUKT DU tmcwnst.
RECBTTB8.
daotaj».
W^B
BBCTIO» P*.
B»«n. d* F-priéUi,
vss
TU
AN. *. — Bamus Ms VALnn mMutaw*.
0»
BO»
SBCTION II,
10 «B
BTS
an
1 BO
4«>
S4S
«n
■ SB
11 «s
An. S. — PuDUtn du D*otn d'duob.
VHsBHU THiii M Hab mccotdts pat dirai, nTOir :
Tiea. TMuMol. dom* à ro«trt« : ptr IIHI ^troa, 1' 08; - «rie oomuli
MIT
tsoo
:,yGoogle
eu. I. — COHPAGNON-HBNDISIBl DB TIEIfNB.
g U. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SDITE).
SODRCES DES RECETTES (SUITE).
DtaiOMnon DB TI
BBCTION III.
Tia*a>z «xtoatts p*r U fanillfc
Trititi. rvHciFAi.. uAcaU i U llcfac in compta d-no cï
Conractioii d'ontili an bDit ()dai, labott et Tulopst)...
TSATUL niHCiPAi.. ipédsl i la tsinais :
Timaux de mAnt^: piépvatlon dn lUmniti, lo-— '■
I «ilUli, total da pro-
ie motMliai, eolnliea dei TAlamanti...
ibop dei oatil) en boi( sniilDrée pu ranTrier lal-m(
ilioD dH guu au coBipU d'anâiaf d'iDduine (c'iuit le truiil piineipû de U
iB quand le mAotig* n'Mkil p** urcliaisA d'enbnU)...
Bladchisige dti i
Rucommoclig» daa jt
ConteciioD dai Ttlemcmi u>uu ,
Nota. — La âli ilné, plac4 ohei on nuUn neDuiiiec, an qniliU d'appnnli, c
lauvi dei JODinte da looi lei
6BCTI0N IT.
(*
Spicaunom nUtJTsi
•ntiapmai pai !• famiUa
propre compte),
•lècnUi par l'oUTiJei pour le eo
rilliUjoiimia
SplcuuTvme calitiiei lUcoDfoetion dai gui*. aiécaM parlafemme pont la eompte d'un chef d'Iadattrie. . ,
*iil 1 U. journi*.
nina totreprl»» >d compta da la hmills :
FabricatloB et entretien de> outili emplo jèa pai l'oanfa
Dit du mobilier domeetlqae....
- „ iti et dn liwt - ■ - ■■
ConlBOIion imyl ' '
leati et du Une* de '.
lie nenb de la lamiUi
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en. I. — COMPAGHON-lIBnnDHBR bs VIBNNB.
§ U. - BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
RECETTES (SDITfi).
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ToTini dd ulum i» UrioUla,.
BBCTION IV.
BteéSaoi a«i laduitriei.
(T Esaprl* Il porilDii dM
BiUiia qiH i«cemltnnjaanuiliaiu4etit*iit lanfaos g«nn
SopplfaMat du nlâiia létniunt d* caU* «ubitilntiaii.
TOTU. da nliin jounuliai Dwran da l'oanltT. . . . (10, A) f
«camit ana onniln aiientut à liiocmi* la tstOK geua
klain rtanllut da Ealta toDtiillaia
ToTU, dawUlnjoiirMliainiojandalafniuiw..... (lt,0
BMSea iteiliut da catla induitiia
— Bompr» duu la wltiia ■ttriboé pani la tniail 1S« III)
— rtwuul do calt» ndutria
— ccmpiia dUM le aalaiia tltribnè ponr la tn*iil (SmIII)
Totaux daa bèDiflcaa idaultiiit de* induMiivi
Hon.— Ostrala* lacatta* porUaa d-d«nu an
noatta da ITta (IS, S), qal sM appliqué* de i
ncMtB atlci ddpuuaa qni U biluicanl (IS, S« V J i
(IS.O)
(10.6}
iimplB, lei ladaatrlaa donnant llan 1 1
inadaniraneiriuliabndget.
(b4l«n{tnt lat dépeuati (t/)l''Sj)
iiGoogle
en. I. — COKPASMON-HHNDiaiEIl DB VIENNE,
g <5. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNËE.
DÉSIGNATION DES DÉPKSSES.
«n.n»ri««i,IJ
d«'aÛll)
m BUn»
•imou
8BCTION P«.
|P«t l'miTiier, U femniB, 1m «iIUIi (Mat ïtlai, ooiirri
dm l« nullr» donl U Mt .ppnnti), ptndul 8S5 Jon».]
PeliU piliit do tromenl, aupoldideSO gi., uhatAa ft^ cb«la
pour«)UP«n,S4>' 1 D'saS: — dupDidideSS gr., (eheléiHa.
pour confcclion d« soupe M da MehUpelw. «' * 0'*13 {91. ..
Firiçe da fromaal dg 1» qiullti, paur KugalupraL inliui Moh1>-
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Lall uÛIé pont KDpM, Diuig« dai» l'«lS tnt d«a pMili pkiu
Promiga du ptjt iloiiiaD it de Lombardia, miiigl cODna i«gal
SStIR
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VUNIIBI H FOISMIiS '.
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PoidauttlM rtem
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OTTO
iiGoogle
ça, I. — COKPAGHON-IIBNUISlfiB DE rlRSM.
S «5. - BDDGBT DSS DÉPENSES DB L'ANNÉE (SDITE).
DÉSIGNATION DBS DÉPENSES (SUITE).
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Ftiuti pour 1« enfantt : CerUe.. S'8 i (H 15. (CM; - »iiiD>,
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Pmili poui lontfl la famiU* : Prunu pour Rltsuii, B^B 1 (ysi.
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CB. I. — COMPAONON-IIBNDISIBS DE VIENNB,
g te. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SUITE).
DÉSIGNATION DES DEPENSES (BOITE).
SBOTION II.
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MoBiLiu :
BDlnlisn dei meubl» an boit pu l'ouTriai lui-ic(me, VIO; — achat d'uteotilM al
da liD^a. O'IB
Botralwn du lit ; copeani poni U piillu», %'40....
CFlACrMOB :
Boi> (déchiU da boii d'ointe), lS'40i — copatui, 11
BiuLa,U^1 il'OS.WSSi — mèchaa da coton, l'SO.
Totaux da* dépansai c
SBCTION III.
nnoeraant Iw ^
NoT*. — La fimilla, plonsta d«u un ilti parmsDent da pdonria. TSDOUTalla 1 pdii
lai Tétemenli 1m plu ]ndupanublai; alla u*a larloutcaai qu'alla ■ acqai) ■ ud
ipoqaa anliriaaia da bien-ttra.
Achat dertlamaBU (1«,7)
VdiaENTs ■>■ LA ran:
Achat da Ttlamanti (16, F)
Achat de vMcmcnl* (Ifl, S)
du lingD atdaa Ttlemaal)
SECTION IV.
DépeMM a
et le tervîce de aanU.
CuLTl :
Mpanaai a»i et KddaDtaUat (U)
I.-UTIIVCTIOII DIS IMFàlin t
(Qntuila, iBuriamatMel.)— Piaiipourdaai mhaU : livrai, tf St ; — papier, O^SD;
Secours n auuûnis :
Donoét à de itteni onTrlan da la corpoialiaii dai manniiian OB i da* conipignoDi an
lofaga (11) : argani, 0I4&; — pain, O'SO; — pan du dtaei da la (AatUe (dépanie
compriie dasa eellaa da la G« 1.)
RiCRtATCOiis II MLDnrrts :
SiKDaltaa aenlanHiat par du lepu un peu plus aBbatantiala igDe cani daa joun ordl-
nalTsi, at pai la couonuoalioa d'ana pelila qganUU de bJèra. ^aia portte an
eonpta i la S^ ■ ^
iiGoogle
CB. 1. — caiiPiGnoit-MEiaiiaieB de viehxb.
5 (6. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SUITE).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (SDITEJ.
SBCTION IT.
•t la •arrioa da Mati (mite).
:, Isa réortatiou
n monoi, la> léciiaUaDt
DfFinsn coHtxuiKT lu n
Pnii d'intntias at it iwiiniTillmaDl dca ontili da maooiilar.
NoTi. — tim autrei dfpanMt eoncanuot 1« indnitijei antnprlm u
compte de 1* bmllls moDWnt i <1«, B) BV81
BUu Miit ramboBci^H par lu ncattet proTenuil de w> mtmei indnitriai.
Objet! aiopk^é* pour U mmommitiiiii dn
tim duu le priMnl bndgat
Argeot kppliqna de DOBTekn >ax iadiu)ii<
îîiïtfo"
^nede ISi» h .
Ïuntilii «nlniliie on luppMmesl de dipoiiM qal cornspoBd t
er* («0 Bl qn'on h borna à mentionnar ici pont mémoire
Va Dultre meatdiiar delà corporation (la) paie, poor cbiqae comparai) qu'il uoplola,
on i<Dp4l de ll'iS; mai) 1* compagnon lui- mtine ne luppoita direolaoïent mcoo)
chugade ce genre
AsBDBUK» concmuRr * gumht» le ■im-ttHE ranigoB n hmal de ufanuxe:
La (amiUa d'hI aanréa à anciine uxUU d'aBimnee malnaUe : an cai de maUdie, elh
«at lacoarua par lepabon» par la commune et par dea aodâtéide bian&iaflDce [7):
m caa dlnBniiti permanente ou de TiellleaBa, alla ne ponmit compter qc '
l«i
par la chahU pnUiqna
Torani de) dipenua ooncaraant lea ïudndriaB, iea daltea, lea impAM
ËrtacHi Bi i.'uniit :
ne peut faire ancuM ipargna : il on aenit «iCOTe
mination da chaigsielaccroiuealealdereaaouroMt
tonte trentualite, aarait de porter aa dépenae au
u dal'annéa (baUnc*Dllea rec«tlaa)'>.. (l.Oll'BS) 1
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CB. I. — COHPAGNOK-HEKDIBIBB DR VIBMIB,
$46.
COMPTES ANNEXÉS AGX BUDGETS.
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COMPTES DBS BÉNÉFICES
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Cn joan^er eitcaUnt U mtmt ftan de triTail recemil pu
L'QDTrier rotoit, an oui», pu iournie, sd h qiulilA da tlcbaroD,
c'e-l-i-din «n compenutfoD d« ivanlagn qa uroia i wn maltta
la (ubiUluUoB du iiMûl à U tlcbe aa traritl 1 la jaunie
Bnnn, il rejoil encore, 1 niioa de U (oamftiin '
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Ta d< chiqua jaoïnéai'&l&va donceEecHTemeiill. . .
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COMPTES ANl«Bxés ADX BUDGETS,
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Boii, S'8S; — copMoi, l'M. .._
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COMPTES HEUTIFS ADX SUBVENTIONS.
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^L^BNTS DIVERS DB U GONSTITDTION SACIAUt.
ÉLËHENTS DIVERS DE L\ CONSTITUTION SOCULB
FAITS lUPORTARTS D'ORGANISATION SOCIALB;
PARTICULARITÉS REMARQUABLES;
APPRÉCIATIONS GËKËRALESi CONCLUSIONS.
§17.
CADSBS d'ÉBRANLEUENT ANCIBKNES DANS LES CAHFAGNBS
SLATEfi DE LA H08AVIB, RÉCENTES DANS LA VILLE DE TIENNE,
OBSERTÉBS SPéCULEMENT DANS LA FAMILLE DÉCRITE.
Les deux époux ont, I'ud et l'autre, subi dans leur enfaoce
et leur jeunesse, des TÏcissitudra dures et Dombreuses. Grâce ^
un heureux caractère, soutenu par la patience et la résignation,
ils sont parvenus à une situation tolérable dans laquelle ils con-
servent la paix de l'esprit et s'appuient sur certains éléments de
stabilité. Toutefois, en étudiant dans ses détails la vie journa-
lière de la famille, on voit souvent apparaître des sj'mptômcs de
gêne; et l'on comprend que les familles stables décrites aux trois
volumes précédents, si elles étaient tout ^ coup réduites à une
telle situation, concevraient de graves inquiétudes pour leur
avenir, et perdraient peu à peu les sentiments qui les attachent
à la tradition des ancêtres, à l'atelier de leur patron, à leur loca-
lité et à leur patrie.
Les ouniers d'origine slave qui affluent aujourd'hui dans la
ville de Vienne ont été, dès leur enfance, engagés dans la voie
qui aboutit à ce résultat. Us ont subi les influences qui, sauf
quelques exceptions locales, ébranlent ou désorganisent i'Ocd-
dent. Au premier rang de ces influences figurent ici : le peuple-
ment exagéré des campagnes et la multiplication trop rapide de
l'agglomératioD urbaine} la destruction des communautés slaves
qui formaient autrefois le fond delà population rurale (IV, i.as),
en procurant la paix et la stabilité aux ménage imprévoyants ;
.yGoogle
- COHPlOHON-IIEHItStBR UK V»NNB.
l'ébranlement des corporations allemandes d'arts et métiers (i s]
qui assuraient le bieu-élre aux débris de ces communautés, réfu-
giés dans les villes ; enSn et surtout, l'entraînement irréftéchî
vers la nouveauté qui ne tient plus compte des meilleures tradi-
tions de l'bumanité. Les souffrances infligées aux. ouvriers par
ces transformations sociales ont leur principale origine dans
l'oubli du IV' commandement de Dieu : les maîtres qui président
h la direction des foyers domestiques et des ateliers de travail
ne se croient plus obligés de traiter leurs serviteurs comme leurs
eufanls. Les patrons, en particulier, égarés par une fausse doc-
trioe (III, VII, 19}, se dispeoseot des devoirs de protection à
l'égard de leurs ouvriers, sons prétexte de leur donner la liberté.
Quant aux calamités qui ont pesé spécialement sur la famille
décrite, elles ont surtout pour origine la désorganisation des
deux familles d'où sont sortis les époux : ils n'ont point été pro-
tégés dans leur enfance; et ils sont maintenant incapables de
venir en aide à leurs vieux parents. Us n'ont point eu à Vienne
la protection nécessaire à leur extrême jeunesse : les familles
instables, auxquelles ils ont été d'abord attachés, en qualité
d'ouvrier et de servante, n'ont pu leur procurer la stabilité.
L'ancienne corporation urbaine dont l'ouvrier dépend, étant
ébranlée par la concurrence des grandes fabriques, ne l'a guère
protégé; et la banqueroute de l'un d^ maîtres qu'a servis l'ou-
vrier a enlevé au ménage le petit capital qu'avait apporté la
femme (e). Les institutions publiques n*ont pas été plus favo-
rables au ménage : celles qui entravent le mariage ont en partie
provoqué le concubinage qui a précédé l'union légitime des
époux; les secours accordés par la ville aux ouvriers Indigents
ont pour résultat déânitif d'y accumuler des làmilles qui auraient
trouvé une meilleure situation dans des fabriques rurales. Ces
causes d'ébranlement se reproduisent dans la plupart des agglo-
mérations manufacturières de l'Occident. Elles naissent seule-
ment en Autriche; mais elles grandissent, depuis longtemps, en
Angleterre, en France et en Belgique. L'analyse méthodique des
souffrances qui en résultent peut donc enseigner les moyens de
guérison : elle arrêtera ces pays sur la pente oîi ils glissent.
.yGoogle
jfiiHBMTB DIVBBS DB LA COMniTOnON SOCUUt. 83
S 18.
OBGàNTSATION DES AHCIBNNB5 CORPORATIONS ORBAINBS D'ASTS
BI HÉTIERS DE l'aUT&ICHR BT DB l' ALLEMAGNE MÉRIDIONALE.
Les métiers qui pourvoient aux besoins des populations
urbaines de l'Autricbe et de l'Allemagne méridionale sont encore
exercés, pour la majeure partie, par des corporations fennées
(InnungenonZûnfle), dans lesquelles le nombre des chefs d'io-
dustrie est rigoureusement limité, et ne peut être augmenté que
par une décision de l'aulorité administrative. Ces branches d'in-
dustrie sont k peu près organisées sur les principes qui sont
encore pratiqués en Suède (III, j, is) et qui restèrent en vi-
gueur en France et en Augleterre jusqu'à la fin du dernier siècle.
Les corporations de menuisiers, qui présentent ici un
exemple de cette organisation industrielle, comprennent, comme
toutes les autres, trois sortes d'agents : les apprentis {Lehrjun-
gen], les compagnons (Gesellen) et les maîtres (JHeisler).
Les apprentis, dont le nombre est limité pourchaque maître,
sont ordinairement choisis parmi les Ois de maîtres ou de com-
pagnons. Ils entrent ordinairement en fonctions vers l'âge de
il ans, après que le père a passé au bureau de la corporation
un contrat liant à la fois le maître et l'enfant jusqu'au terme de
l'engagement, qui varie de trois à quatre années. Dans le pre-
mier cas étudié à l'occasion de la présente monographie, il aété
payé, dans une petite ville de Moravie, pour l'ouvrier alors âgé
de a ans : au commencement de l'apprentissage, 6 ' 2/i ; à la fin
de l'apprentissage, 10' &0. A Vienne, pour le fils aîné mis en
apprentissage à l'âge de 12 ans, il a été payé : au commencement
de l'apprentissage, 2' 60; à la fin de l'apprentissage, 3' 6&.
En raison de la connexion intime qui existe entre l'atelier et
le ménage, les occupations de l'apprenti se rattachent à la fois
à l'industrie et à la domesticité. Dans la plupart des petites villes
de l'empire, les apprentis menuisiers n'ont pas seulement à aider
le maître et le compagnon dans tout ce qui conwme l'exercice
.yGoogle
84 CH. 1. — GOHPASNON-IIBNUISIBK DB VtBNMB.
delà professioD; ils sont, ea outre, directement affectés au ser-
vice du ménage. L'ouvrier décrit dans la présente moDographie
a dû, pendant toute la duréedeson apprentissage (i a), exécuter
tous les ordres de la maîtresse de maison. Il était spécialement
chargé de fendre et de scier le bois de chauffage, de cirer les
souliers du maître et des compagnons, de faire tes courses au
dehors, de cultiver le jardin et de soigner les animaux domesti-
ques. Ces fonctions, toutefois, n'ont pas un caractère blessant
pour l'apprenti, qui ordinairement les remplit de concert avec
les enfants mêmes du patron. Bien que faisant partie du ménage,
l'apprenti n'était pas admis, comme l'étaient les compagnons, à
la table du maître. Sous ce rapport, il existe ordinairement une
démarcation tranchée, que le maître lui-même ne pourrait sup-
primer sans blesser les compagnons, toujours enclins à faire
sentir durement leur autorité aux apprentis.
A la un de l'apprentissage, et lorsque sa capacité a été dûment
constatée par la corporation, le jeune ouvrier est élevé au grade
de compagnon ; et il peut, en cette qualité, être admis à travailler
chez tous les maîtres menuisiers de l'Empire. Après s'être per-
fectionné pendant un an ou deux dans la localité même oîi il
s'est formé, le compagnon complète son éducation en voyageant
pendant deux années au moins, et en s'initiant, pendant deux
ou trois mois, à la connaissance des méthodes de travail en usage
dans les principales villes qu'il visite successivement. C'est sur-
tout dans cette partie de sa carrière que le jeune ouvrier peut
apprécier les avantages de cette antique organisation. Il trouve
dans chaque ville un bon accueil au bureau de la corporation; et
il est immédiatement adressé aux maîtres qui peuvent lui fournir
de l'ouvrage. Lorsque le travail manque, il peut du moins
compter sur un subside qui lui fournit le moyen de se reposer
une journée entière, et de se rendre à l'une des villes du voisi-
nage. Les secours donnés directement par les maîtres et les com-
pagnons de la localité mettent au besoin le voyageur dans le cas
d'y prolonger son séjour. Si les moyens de su^istance manquent
pendant le trajet d'une ville à l'autre, le compagnon est ordinai-
rement accueilli dans les couvents. II est même autorisé par
.yGoogle
éLéUBUTS DIVERS DE LA CONSTITUTION! SOCIALE. 33
l'usage à demander la nourriture et Tabri chez les paysans et, au
besoin, à meDdier sur les chemins. L^ compaguoDS de voyage
comptent si bien surrasâistancdd'autrui,que tes plus prévoyants,
au moment de quitter une de leurs stations de travail et d'étude,
disposent rarement d'une épargne supérieure à 2 Qorins (5^ 20).
Au reste, le compagnon en voyage, ou établi défînitivement dans
une résidence, est libre de travailler pour tout maître qui veut
bien lui donner du travail. Il n'y a aucune limite au nombre
d'ouvriers que celui-ci peut employer; mais cette limite est posée
eo fait par le nombre d'apprentis toléré pour chaque maître.
Pour s'élever au rang de maître, le compagnon doit justifier
de son aptitude. A cet efTel, il doit produire les certificats déli-
vrés par les patrons chez lesquels il a travaillé; il doit, en outre,
exécuter, sous les yeux d'un maître, un chef-d'œuvre (3feister~
stiick), qui e&i soumis à l'appréciation d'un comité commis, à
cet elTet, par la corporation j enfin, il doit obtenir à prix d'argent
la cession d'une maîtrise {/l/eisterrechi) . Le prix de cet établis-
sement varie selon le bénéfice annuel moyen obtenu par le der-
nier titulaire; il varie par conséquent, avec la ville, d'après
l'importance de la clientèle. A Vienne, plusieurs maîtres menui-
siers emploient seulement trois ou quatre compagnons, tjnJis
que d'autres en emploient jusqu'à soixante; il n'est donc pas
étonnant que le prix des maîtiises y varie de 600' à 5,200'. La
concurrence pour l'achat d'un établissement est, au reste, fort
modérée; beaucoup de compagnons, comprenant qu'ils ne possè-
dent pas les qualités nectaires pour réussir dans une situation
plus élevée, préfèrent rester dans leur condition et placer à inté-
rêt la somme qu'ils pourraient consacrer à l'acquisition d'une
mattrise. En revanche, beaucoup de maîtres cèdent à créditleur
clientèle à celui de leurs compagnons qu'ils savent être le plus
capable de la faire prospérer.
Les mattres de chaque corporation veillent à ce qu'aucun
compagnon ne travaille directement pour te compte d'un bour-
geois. La police est bientôt instruite des contraventions de
ce genre qui peuvent avoir lieu; le déhnquant, immédiatement
arrêté, est conduit devant le conseil de la corporation. Ce!ui-ci
.yGoogle
, — COMPAGNON-lIBNUISIBK DB VtENKB.
proDODce la confiscation des outils, avec une amende qui s'élève
pour la prfimtère fois à 33' 50 ^ pour la seconde à 67 francs.
Ed cas de récidive, le compagnon, mis au ban de tous les ate-
liers de la corporation, est en Tait exclu de la ville.
En cas de maladie, les ouvriers qui désirent rester dans leur
ménage y reçoivent un subside; ceux qui préfèrent être admis
à l'bdpital y sont traités dans des lits spéciaux dont la corpora-
tion dispose constamment. Lesfraisde traitement sont supportés
par une caisse alimentée par une retenue opérée sur le salaire
de chaque compagnon. Pour Tannée entière et pour chaque
ouvrier, le montant de cette retenue varie de 5' ÙO à 10' 80.
S 19.
CAUSES QUI HEHA.CEM d'uNB DISSOLUTION PROCHAINE LES ANCIENNES
CORPORATIONS URBAINES D'ARTS ET MÉTIERS.
La principale cause qui restreint incessamment le champ
d'activité des corporations est précisément celte qui en a depuis
longtemps amené l'abrogation en France et en Angleterre. Les
mémorables découvertes qui ont illustré notre âge tendent essen-
tiellement à faire fabriquer dans des usines, manies d'engins et
de moteurs puissants, les objets que les corporations d'arts et
métiers produisaient autrefois, par le travail manuel, dans leurs
petits ateliers domestiques. Ces petits ateliers fabriquent encore
la plupart des objets que produit l'ouvrier décrit dans la pré-
sente monographie. Cependant, dans cette spécialité même, les
grandes usines commencent à livrer les bois d'outils mentionnés»
[H^écédemment (s), les parquets, les bois k moulures, à tenons
et h mortaises. Les ouvriers précédemment attachés aux maî-
trises urbaines sont donc attirés peu à peu vers ces grandes
manufactures, qui prennent de jour en jour, dans le système
industriel, un ascendant plus déddé.
La [H'ésente monographie offre un exemple remarquable de
cette transformation de l'industrie manufacturière, qui commence
à se propager dans toutes les parties de l'empiro autrichien. Le
.yGoogle
ÉLiHENTS DITEBS DB Là CONSTITIITIOK SOCIALE. 37.
Tabricaot auquel est attachée la Tamitle dirige (rois grandes
usines à moteurs hydrauliques, éparses dans les provinces, et
dont les produits se concentrent k Vienne pour y receToir la
dernière main. Il livre à presque tous les ateliers industriels de
l'empire, et même à beaucoup d'ateliers situés à l'étranger, les
scies, les rabots, les varlopes, et les autres outils nécessaires au
travail du bois, qui étaient précédemment fabriqués à un prix
plus élevé par les foi^:erons et les menuisiers de toutes les cor-
porations urbaines. Il réunit, en fait, sous sa direction un grand
nombre d'ouvriers qui, dans l'aucienne organisation industrielle,
étaient disséminés dans plusieurs centaines de petits ateliers
domestiques. Toutfô les découvertes qui font la gloire de noh^
époque concourent à opérer une transformation analogue dans
toutes les autres branches d'industrie, et par suite dans la con-
dition physique et morale des ouvriers qui en dépendent. Telles
sont surtout : la propagation de l'emploi du charbon de terre,
de ia machine à vapeur et des autres moteurs inanimés; le per-
fectionnement incessant des machines propres à ouvrer les ma-
tières textiles, les métaux, le bois; la construction des chemins
de fer et des canaux.
Quelques gouvernements ont vainement tenté de limiter
directement le nombre des grandes manufactures qui se créent
sur ces nouvelles bases. L'expérience a prouvé que le monopole
attribué à quelques grands établissements, dont la formation
exige une longue suite d'efforts, oflîsit, pour la société, des
inconvénients plus graves que ceux qui ont été justement oppo-.
ses à la conservation du monopole des petites ^briques urbainest
car le nombre de celles-ci peut toujours être porté, par une
simple décision de l'autorité administrative, au niveau des
besoins sociaux.
Aussi, dans les contrées mêmes de l'Autriche et de l'Alle-
magne méridionale, oii l'on a cm devoir conserver jusqu'à ce
jour le principe constitutif des corporations fermées d'arts et
méUers, le champ d'activité de ces petits ateliers se restreintsans
cesse au profit des grandes manufactures. Les intérêts qui en
réclament le maintien ont de jour en jour, dans la coi^itution
.yGoogle
S8 CD. I. — C0HPAa»O:4-MBN|[lSlU DB TIEMRE,
sociale, moins de prépondérance; lee garanties de sécurité et de
bien-être qu'elles offraient aux populations ouvrières disparais-
sent peu à peu, à mesure que celles-ci n'exercent plus leur
bienfaisante tutelle. Les nouvelles garanties de ce genre, dont le
besoin se fait sentir plus vivement que jamais, doivent désor-
mais être cherchées en dehors de cette antique organisation. I)
semble donc qu'il n'y a plus guère convenance à maintenir cette
impuissante institution, et à contrarier, par des restrictions
matérielles, les sentiments de liherté et l'esprit d'initiative qui
forment l'âme de ta nouvelle organisation industrielle.
S 20.
BéPUGNAACE QUE HONTRE>T CERTAINES FAHn.LSS CONTRE TOUTE
HABITUDE D'ÉPAtlGNK.
On a souvent attribuéimplicilementà l'insuffisance du salaire
le manque de ressources où se trouvent ordinairement les
ouvriers parvenus au terme de leur carrière d'activité. Cette cir-
constance est sans doute l'une des causes du dénûment qui pèse
sur tant de familles; mais elle n'a pas toute l'imporlance qu'on
pourrait, au premier aperçu, être tenté de lui attribuer. Ce qui
le démontre surabondamment, c'est que, dans beaucoup de
groupes industriels où il existe diverses catégories d'ouvriers,
ceux qui s'adonnent à l'épargne d'une manière habituelle sont
rarement les plus rétribués (III, iv, 3). Le principe de la pro-
pension pour l'épargne se trouve dans une disposition morale,
qui conseille aux chefs de famille de s'abstenir des jouissances
qu'ils auraient pu se procurer par l'emploi immédiat des sommes
épargnées, et surtout dans la prévoyance qui leur fait aperce-
voir, comme conséquence directe de l'épargne, des jouissances
d'un ordre plus élevé : la sécurité et l'indépendance. A cet égard,
des observations dues à un contact prolongé avec la famille
décrite dans la présente monographie ont mis en lumière plusieurs
circonstances qui sont bien dignes de fixer l'attention de per-
sonnes ayant chai^ d'une nombreuse population ouvrière.
.yGoogle
AlÙIENTS DIVBB8 DB LA CONSTITUTION SOCIALE. 39
L'un des détails les plus caractéristiques du régime écooo-
mique de cette Tamille est l'habitude d'acheter séparément, pour
chaque repas, la quantité d'aliments qui doit y être consommée;
de Ih, UD surcroît considérable de dépenses, au sujet duquel j'ai
fait, de concert avec )a mère de famille, une enquête approfondie.
A cette occasion j'ai constaté, par exemple, que les 56 grammes
de sucreachetéspour chaque déjeuner et pourchaque souper (a)
coûtent en détail 0' 090, tandis que ta même quantité achetée par
doses de 560 grammes (une livre viennoise) ne revient qu'à
0'075. La mère de famille a donc parfaitement compris qu'elle
réaliserait, sur ce seul article de nourriture, une économie de
17 p. 100, si elle pouvait se résoudre à modifier son système
d'achat. Après avoir donné cette démonstration, en comparant,
an moyen de la balance, le poids de dix acquisitions en détail à
celui d'une acquisition en gros, j'ai conseillé à la mère de
famille : 1* d'acheter en gros une première livre de sucre, de
manière à être dispensée, les cinq jours suivants, de faire dix
achats en détail ; 2* de mettre de côté, les jours suivants, les
sommes partielles qui eussent été consacrées à ces dix achats;
B' d'employer, le soirdu cinquième jour, les 0' 900 ainsi accu-
mulés, savoir : 0'75 pour acheter une nouvelle provision de
cinq jours, et 0' 15 pour alimeoler une tirelire consacrée à
l'épai^Tte. Pour encourager la mère de famille à entrer dans ce
système d'ordre et d'économie. Je lui ai proposé d'avancer
à litre de don la somme nécessaire à la première acquisition ; de
lui donner, en outre, chaque semaine, en toute propriété, une
somme égale à l'épargne qui serait versée dans la tirelire confiée
à la garde d'une personne demeurant à peu de distance, et qui
consentait obligeamment à se prêter à cette petite œuvre de
bienfaisance; enfin, je lui ai recommandé d'étendre le bénéfice
de cette convention à deux autres articles de la consommation
journalière, pour lesquels l'avantage d'un meilleur régime n'était
pa's moins évident. De son côté, la mère de famille devait con-
tracter l'obligation morale de suivre le régime nouveau avec une
complète régularité.
Cette convention Put d'abord acceptée avec une profonde
.yGoogle
- COMPACKON-lIENUISlEn VB TiBNRB.
gratitude t mais, après )a première épreuve, la mère de Tamille
vint me prier instamment de vouloir bien la relever de l'obliga-
tion qu'elle avait œntractée. Je trouvai alors un vi. intérêt à
rechercher quels sentiments faisaient repousser une convention
qui, sans priver la ramille d'aucun avantage acquis, lui assurait
une épargne annuelle de 65 francs ; cette analyse me conduisit
aux résultats suivante :
1' La famille se résigne parfailemeat à borner la consom-
mation de chaque repas à une quantité déterminée d'aliments,
fixée depuis longtemps en raison de ses ressources et achetée à
cet effet; mais il y a pour tons les membres privation intolé-
rable à se limiter ainsi en présence d'une provision étalée sous
leurs yeux.
S" Par suite de la même disposition d'esprit, la famille, qui
supporte parfaitement les privations que lui impose, la veille du
jour de paie, la consommation ud peu exagérée des jours pré-
cédents, ne pourrait, sans se soumettre à une violence pénible,
supporter ce sacrifice, dans le tem[» même où elle aurait à sa
disposition l'épargne hebdomadaire.
d* Enfin, la difficulté que les deux époux éprouvent à sup-
porter ces petites épreuves ne doit pas être seulement attribuée
h l'excitation des appétits matériels; elle tient ausstà des causes
morales, dont la force ne peut être méconnue. La mère de
famille, obligée de repousser chaque jour les demandes de ses
petits enfants avertis de la présence du sucre et des autres pro-
visions, et de s'interdire constamment le plaisir qu'elle eût
éprouvé à les satisfaire, trouvait cette situation beaucoup plus
pénible que ne l'eussent été des privations imposées par la
nécessité.
Ce dernier sentiment, qui se lie aux pluscbannaots instincts
de l'humanité, est certainement celui qui s'oppose le plus à la
propagation des habitudes d'épargne. Beaucoup de faits ana-
logues se sont offerts à moi dans le cours de mes observations.
J'ai donc été conduit à me demander si l'on améliore le caractère
moral d'une nation en développant, chez les classes populaires,
la prévoyance au détriment d'une propension aussi honorable.
.yGoogle
iLliHENTB DIVBHB DB LA CONSTITUTION HOCIAuB. if
A ce point de vue, je me trouve conduit à considérer avec res-
pect ces antiques constitutions de l'Orient qui, garantissant
contre toute éveotualité le bien-âtre des populations et permet-
tant à celles-ci de se livrer sans arrière -peosée d'iatérét à
toutes les impulsions du cœur, imposent exclusivement k une
minorité largement pourvue les préoccupations et les calculs de
ta prévoyance. Assurément, ce juste tribut payé à l'esprit d'un
autre âge ne doit point détourner les peuples occidentaux de
poursuivre la voie où ils sont engagés; car la liberté et l'indé-
pendaDce individuelle conduiront peut-être, un jour, les classes
populaires vers une condition préférable à celle que leur assu-
rait cette douce quiétude de l'ancien régime. Mais ce progrès
doit être acheté au prix de quelques dures épreuves : la con-
trainte morale qu'impose l'initiation à la prévoyance sera tou-
jours pour les classes populaires ta première condition de
raiïrancIiissemeQt.
§ 2i.
PRATIQUES DD COLTB KT DÉPENSES QC'EUES IMPOSENT
A LA FAHILLK DÉCBITE.
Chaque dimanche les deux époux avec leurs enfants aînés
as<^istent à la messe, mais à des heures difTérentes, afin que l'un
d'eux puisse exercer toujours h la maison la surveillance qu'exi-
gent les deux plus jeunes enfants. L'après-midi, le père assiste
à vêpres avec les trois enfants aînés. Cette assiduité n'est pas
seulement imposée par le sentiment du devoir; elle est due éga-
lement à ce que les pompes du culte sont, pour tous les membres
de la famille, la plus agréable diversion aux habitudes de la vie
ordinaire.
L'église où se rend la famille n'offre pas cette division de
classes qui est si commune dans les temples protestants (III, vi,
3 et 30), et qui commence même à s'introduire dans plusieurs
églises catholiques de l'Occident. Il y a fort peu de places réser-
vées, et toutes les autres peuvent être occupées k titre gratuit.
Chaque dimanche, la famille tient à honneur de contribuer
.yGoogle
ii CII. I. — COUPAGNOX-HENDISIRD DB VIENNE.
aux quêtes faites à IVgtise pour diverses destiDations. Les eufants
eux-mêmes offrent, comme leurs pareots, une petiie pièce de
monoaie.
La famille cootribue égalemeol à la quête faite à domictie,
une fois l'an, pour l'entretien du matériel de l'église.
Pour un baptême, la famille a toujours fait, même aux mo-
ments de la plus grande pénurie, un don volontaire montant à
â'S5, savoir: pour le prêtre, l'50; — pour l'assistant du
prêtre, 0'75.
La famille, ayant perdu uo enfant âgé d'un an, a dû faire, à
l'occasion de son inhumation, une dépense montant à 9' 30,
savoir : achat du cercueil, S' 25; — rétribution du clergé, /l'SO;
— rétribution du porteur, 0 ' 90 ; — fleurs artificielles et cou-
ronnes déposées sur le cercueil, puis sur le tombeau, 1^65.
La dépense moyenne peut être établie approximativement
ainsi qu'il suit pour chacune des dix dernières années. —
Dépenses fixes, 2' 03, savoir : quête h l'église, l' 95; — quête
à domicile, 0'08. — Dépenses accidentelles, 1' 83, savoir: part
de k baptêmes, 0' 90 ; — part d'un enterrement d'enfant, 0' 93.
— Total général, 3' 86.
S 22.
fiÈGLEHENTB ÉTABLIS DAMS LA VILLE DB VIENNE, TOUCBANT
LE HABUGE DES OUVRIERS.
A Vienne, comme dans la plupart des communes de l'Alle-
magne méridionale, l'administration pose en principe que l'au-
torisation de contracter mariage ne peut être accordée qu'à ceux
qui peuvent assurer à une famille des moyens suQisants d'exis-
tence. L'ouvrier qui est dans Tintention de se marier doit se
procurer auprès de son patron un certificat coDstetant qu'il reçoit
par journée de travail un certain minimum de salaire : il doit
également obtenir de l'autorité communale un certificat de bonnes
œurs.
Les frais qu'entraîne le mariage obligent d'ailleurs l'ouvrier
DigitizcdbyGOOgle
DIVBRS DB LA GOKSTITUTtON SOCIALB.
à se plier, au moins pendanl quelque temps, à cerlaîDes habi-
tudes d'ordre et d'écoDomie. ladépendamment d^ dépenses
imposées seulement par l'usage et par les convenances, ces Trais
montent au moins à 16' 80, savoir : autorisation délivrée par
la police, 1' 31; — actes dressés à la mairie et mnriage civil,
T 88; — actes dressés à l'église, publication des bana et céré-
monie du mariage religieux, 5' 25; — extrait de l'acte de ma-
ringe, 1' 31 ; — indemnités à divers agents, 1' 05.
La famille décrite dans la présente monographie a dd faire,
en outre, une dépense de 21' &0, savoir : 2 alliances d'or con-
servées à la maison pendant toute la vie des deux époux, 5' 30;
— repas donné aux parents et aux amis, 12' 60; — frais divers
spéciaux au mariage et distincts de ceux qui se rapportent à
l'acquisition du mobilier et des vêlements, 3' 50.
Dans les habitudes de la population ouvrière de Vienne, ce
sont ordinairement les filles qui épargnent avant le mariage les
sommes au moyen desquelles on subvient a ces diverses dépenses,
et surtout celles qui sont nécessaires à l'acquisition du mobilier
et des vêtements. Il en a été ainsi pour la famille décrite dans
la présente monographie (i2)<
Les unions illicites que ces règlements tendraient à provo-
quer sont sévèrement interdites par ia police viennoise; les pres-
criptions de ce genre qu'on avait laissées tomber en désuétude
sont rigoureusement appliquées depuis les événements de 18&8.
On ne tolère dans aucun cas la cohabitation ordinaire d'un
couple qui ne peut produire son acte de mariage : les personnes
surprises en contravention sont mises en demeure, ou de se
marier si d'ailleurs elles justifient de convenables moyens d'exis-
tence, ou d'être renvoyées aux lieux de leur naissance.
Ainsi qu'on en fait ailleurs la remarque, ce régime restrictif
ne paratt pas avoir en fait l'efficacité que lui attribuent les admi-
nistrations allemandes. Dès lors, il est difficile de le concilier avec
les r^Ies de la morale et les justes droits de la dignité humaine.
Parmi les moyens qui peuvent le mieux conjurer le déve-
loppement de la pauvreté, figurent au premier rang une bonne
organisation de la famille et l'établissement d'un régime régulier
.yGoogle
- GOMPAGNON-HSNIIiatRIl DE VISNNB.
d'émigration. Les communautés slaves détruites depuis long-
temps au lieu de naissance de l'ouvrier viennois (a) offrent, à
cet égard, de beaux modèles à l'Empire autrichien (IV, i, ss).
Grâce à leur excellente organisation, les communautés .du
Danube et de l'Adriatique ne voient jamais un périt social dans
le mariage; et^elles se plaisent à rboaorer (33).
S 23.
LES FIAKÇA.1LLGS ET I.B UARIAGE GETBZ LES RAGES SLAVES
CONTIGUBS AU DANUBE ET A L'ADHIATJQUB.
Les traditions nationales des races slaves établies dans le
bassin du Danube et sur les rivages de l'Adriatique ont imprimé
un grand caractère de solennité à l'union de l'homme et de la
femme. Tout ce qui la prépare est, conformément à la cou-
tume des races modèles, inspiré par le besoin de développ?r
chez les jeunes époux les vertus sur lesquelles reposera la pros-
périté de la famille et d'amortir, dans un acte aussi grave, les
aveugles entraînements de la passion. Les tîançailles sont en
pleine vigueur, et restent conformes à la pensée de l'institution.
Elles astreignent les deux futurs époux à une sorte d'apprentis-
sage de la vie nouvelle où ils vont entrer; elles les dressent à
préparer les ressources matérielles nécessaires à' l'existence de la
famille qu'ils vont former. En cette matière, tes rites des fiançailles
suppléent utilement à l'enseignement des principes abstraits.
En elfet, les mœurs qui en sont l'expression se conservent aisé-
ment, grâce à des coutumes invariables, faciles à transmettre de
génération en génération. Les peuples heureux et paisibles se
montrent attachés à ces rites traditionnels, sans songer même à
rechercher les motifs de leur existence. La coutume du bien
reste ainsi au-dessus de tout examen et de toute discussion ; et
l'attrait des fêtes nationales vient jeter un charme inouï sur les
actes les plus graves et sur les sacrifices que peuvent réclamer la
pratique du bien .et la répression des mauvais peachanls, L'ob-
.yGoogle
iLÉXBITTS DIVEBB DB LA GONSTITUTIOM S0CI4LB. iS
serratioQ des faits sociaux révèle partout l'importance extrême
des céréroomes domestiques conservées par la tradition. Il serait
difficile aux hommes de nouveauté d'en faire une critique fon-
dée. Il serait facile, au contraire, h. un observateur de signa-
ler le& principes de moralité cachés sous ces pratiques, aussi
curieuses pour le touriste ami du pittoresque que respectables
pour le philosophe et l'homme d'État. C'est à ce point de vue
que vont être décrites ici, d'après M. Boguichitch', écrivain de
race dalmate, quelques-unes des coutumes observées, dans les
pays slaves de la vallée du Danube et des côtes de l'Adriatique,
au sujet des fiançailles et des mariages.
Le premier point auquel s'attache cet auteur, c'est à réfuter
l'asserUon de quelques écrivains, tels que MM. Unger et Gamp-
hausen, concernant la prétendue polygamie de certaines popu-
lations slaves. Il établit que, chez tous les Slaves, la monogamie
est le principe fondamental de la famille. Ces écrivains ont com-
mis l'erreur de prendre pour des institutions sociales définies les
désordres moraux qu'ont apportés, chez quelques Cosaques des
frontières, les habitudes de brigandage et l'immigration inces-
sante d'aventuriers, rebut de toutes les nations. Ils ont d'ailleurs
été abusés par une traduction infidèle de l'auteur Ivanow, qui
écrivait à ta fin du siècle dernier.
Suivant M. Boguichitch : « Les noces sont toujours précé-
dées des fiançailles. Un père ne promet sa fille en mariage que
lorsqu'elle est ^gée de seize à vingt ans; mais les garçons se
marient ordinairement entre leur vingtième et vingt-cinquième
année... Le paysan prend une femme pour augmenter le nombre
des bras dans la famille. Les enfants eux-mêmes ne sont pas
une charge, car on les fait servir, dès leur première jeunesse, à
l'exploitation du domaine. Les intérêts économiques sont d'un
très-grand poids dans la conclusion des mariages, surtout chez
tes nombreuses familles, qui vivent en communauté. Si l'asso-
ciation ne possède qu'un petit nombre de ménages, les garçons
1, Boguichitch, Reeutil dei eoutu^net aclutlltt chti its Siavet méridionaux, Uito
slive, analysa psr H. Fedor DfmRlltcb, Jans an ouvrage Intitula t U Droit coulumier
tbt Skvet miridionaïui.
.yGoogle
46 CH. 1, — COHPAGNON-URNUISIEIl CE VIENNE.
se marient avant vingt ans; s'il y en a trop, on ajourne ordinai-
rement le mariage... Lorsqu'une communauté se trouve menacée
dans son existence, parce qu'elle n'a plus qu'un seul héritier,
celui-ci doit se marier après la mort de son père, quand même il
n'aurait pas atteint sa quinzième année. On lui cherche une tille
sage et bonne ménagère ; et, comme il est trop jeune encore pour
conduire la maison, c'est sa femme qui dirige les travaux domes-
tiques. Hors ce cas tout à fait exceptionnel, il est rare qu'un
garçon épouse une 6lle plus âgée que lui, si ce n'est seulement
en Bulgarie. Les maisons bulgares retardent souvent le mariage
des filles pour tirer parti de leur travail avant qu'elles ne s'éloi-
gnent de la communauté. D'une autre part, les pères recherchent
une fiancée forte, habituée au travail et ayant acquis l'expérience
des choses domestiques ; et ces qualités ne se rencontrent guère
chez une 611e trop jeune. »
Il paraît qu'aux temps anciens on fiançait assez souvent des
enfants au berceau pour perpétuer entre ceux-ci des rapports de
tendre affection formés entre les parents. Mais on a reconnu les
inconvénients de cette coutume, et on y a complètement renoncé.
Cet exemple montre bien les causes de la supériorité des cou-
tumes anciennes. Contrairement k ce qu'enseignent avec passion
et contre toute raison les partisans des nouveautés, une coutume
est bonne précisément parce qu'elle est vieille. Si on l'a suivie
si longtemps, c'est qu'on lui a reconnu des avantages; et l'on a
peu à peu laissé tomber en désuétude toute coutume qui offrait
des inconvénients. C'est donc le bon sens qui conseille aux peuples
modèles de respecter toute coutumn antique ; de la croire, pour ce
motif seul, bienfaisante; et de ne la modifier qu'avec une sorte de
répugnance, sous l'empire de nécessités évidentes. L'esprit révo-
lutionnaire qui, depuis plus d'un siècle, désorganise l'occident de
l'Europe, s'attache à propager le contre-pied de cette vérité.
Ainsi ont péri, par exemple chez les Français, ■ beaucoup de
coutumes recommandables. Ou a même parfois opposé è ces
coutumes des lois écrites qui maintiennent l'esprit d'erreur, sans
autre motif que la haine aveugle du passé. Quelquefois même,
ces lois coereitives sont dérendues avec un zèle intéressé par des
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BLâHBMTg DIVEBS Dl LA CONSTITUTION SOCI&IR. il
classes de personnes qui tirent profit des désordres mêmes que
ces Douveaulés ont fait éclore. On eût évité ces mesures fatales,
si, au lieu de prendre pour principes des idées préconçues, ou
avait, selon la véritable méthode des sciences d'observation, con-
sulté sans parti pris l'expérience des peuples modèles qui sont
en possession du souverain bien : la paix sociale. Rien n'est doue
plus salutaire que l'œuvre entreprise, chez les Slaves méridio-
naux, par des savants tels que M. BoguicHitch, dans le dessein
de dérendre la coutume séculaire de leur race contre la tyrannie
imprudente des légistes h principes théoriques.
Chez les Slaves du Danube et de l'Adriatique, la première
des institutions concernant le mariage est celle des fiançailles.
N Le temps qui sépare les fiançailles du mariage n'est pas
exactement déterminé; il varie entre deux mois et trois ans. Les
fiançailles ont ordinairemeut lieu, selon les contrées, à la Saint-
Martin ou au carnaval ; et le mariage n'est célébré qu'à l'automne
suivant. A celte époque de l'année, ta maison est pourvue de
tout ce qui lui est nécessaire pour l'hiver. Le gain, fait à l'étran-
ger par les associés qui voyagent, e^it également renti'é à l'arrière-
saisou. On peut donc pourvoir aux dépenses de la noce. »
a Si te garçon a lui-même choisi sa future, ses parents ne
contrarient pas sou choix, pourvu que le conseil de famille l'ait
autorisé d'une manière générale à se marier. Mais, dans le cas
où le jeune homme n'aurait pas encore trouvé la fille de son
choix, c'est le père qui lui eu propose une; et le fils adhère
ordinairement par obéissance. La fille est alors demandée en
mariage à ses parents; mais la première visite se fait toujours
de grand matin pour que la demande reste ignorée du voisinage
en cas de refus. Comme les Serbes sont très-susceptibles dans
ces sortes d'affaires, et qu'un refus leur causerait beaucoup de
peine, ils emploient généralement un intermédiaire. C'est parfois
le Domatchin (chef de famille) du jeune homme qui va lui-même
souder le terrain. En général, avant de demander solennelle-
ment la main d'une fille, ou s'assure de son consentement et de
celui de sa famille. A Gradiska, le jeune homme cherche une
occasion favorable, et dans le plus grand secret, pour savoir de
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48 CH. I. — COMPAGKON-HBNniSIEË UB VIENNE.
la fille elle-même si elle consentirait à l'épouser. Mais les filles
de celte contrée, qui sont très-espiègles, laissent qudquefois
languir assez longtemps les pauvres garçons avant d'accepter
leur offre. On ne refuse jamais directement la main d'une fille ;
on trouve toujours une excuse polie pour déguiser un refus :
tantôt l'alTection des parents qui ne pourraient se séparer de
leur fille; tantôt la grande jeunesse de la fille, qui ne leur permet
pas de songer à la marier. Si les parents n'ont pas été prévenus
de la proposition de mariage, ils invitent le prétendant à revenir
dans quelque temps, afin qu'ils puissent s'enquérir des intentions
de leur fille. Les démarches préliminaires ayant été faites, c'est
le père du jeune homme qui rend la première visite. Il est
accompagné de quelques-uns de ses plus proches parenls. Dans
divers endroits de la Croatie, c'est la mère qui va faire la
demande en mariage; une de ses amies l'accompagne. Elle
apporte du Rakit espèce de ratafia; et, dès qu'elle voit la fille
disposée à se marier, elle prend un verre et lui demande si elle
veut boire de son Raki. Si la fille répond oui, c'est un consente-
meot. La mère ofTre alors à la jeune fille les provisions qu'elle a
apportées et elle donne à chacune des Temmes de la maison un
foulard de laine ou une serviette. Le prétendu se rend aussi
quelquefois avec plusieurs de ses amis chez les parents de la fille ;
ce sont toujours les amis qui font la demande en mariage. Ils
offrent de la liqueur et du pain aux membres de la famille eu
leur faisant un discours solennel, pendant lequel le prétendu
distribue des pommes aux enfants; et il en jette une à la jeune
fille, s'il l'aperçoit quelque part. En Serbie, c'est un intermé-
diaire, nommé Provodadgciya, qui fait la demande en présentant
h la jeune fille un bouquet de basilic au milieu duquel se trouvent
quelques pièces de monnaie. Si elle accepte le bouquet, elle con-
sent. Le même usage existe en Bulgarie ; mais c'est le prétendu
qui apporte le bouquet. Les fiançailles se terminent rarement à
cette première visite. A Brod, dans les cooGns militaires, on en
fait quatre. Api'ès la mère, c'est le père qui va voir la fille; puis
vient le tour du Domatchin; et, à chaque visite, on se fait mutuel-
lement des cadeaux. La quatrième, à laquelle assistaient tous
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iLÉUKNTS DIVERS DB LA CONSTITDTION SOCIALE.
les pareots de la fille, n'est pliu eo usage ; mais
la fiancée par le doQ d'uDe petite somme d'argent. Quant aux
cadeaux, ta fille les partage entre ses parents et les enfanls. Les
chevaux ne sont pas oubliés; car la fiancée leur envoie des Fou-
lards de couleur qui servent à les parer le jour des noces. Lors-
qu'on a obtenu le consentement de la fille et celui de ses parents,
le père du prétendu invite ses amis à venir le voir; et il leur
annonce le mariage de son fils en les engageant à faire avec lui
une visite à la prétendue, La demande en mariage est alors
renouvelée d'une manière solennelle ; et le père de la fille donne
de nouveau son consentement à peu près dans ces termes : « Je
a donne la maia de ma fille au vaillant îi***, que Dieu soit
n avec eux ! »
« En Croatie, les invités vont ensuite déjeuner dans le voisi-
nage; et, pendant ce temps, la prétendue revêt ses babits de fête
et se rend à l'église avec une femme de la communauté. Fuis,
accompagnée d'un ami de son prétendu, elle fait une visite à tous
ses parents pour demander à cbacun d'eux de consentir à son
mariage. Après toutes ces visites, on va s'inscrire chez le prêtre;
et tous les invités se rendent chez le père de la jeune fille, où la
journée se termine gaiement par le souper des fiançailles. C'est
le prétendu qui fournit toujours le vin ; mais en certains cas le
Domatchin de la fiancée met sa cave à la disposition des con-
vives. Pendant le souper, les fiancés échangent entre eux les
anneaux et se partagent les cadeaux. La fiancée reçoit une
pomme dans laquelle plusieurs pièces d'argent sont à demi
enfoncées ; puis elle donne un mouchoir à son fiancé. A Lika, la
fille est parée ce jour-là comme au jour des noces. Son frère la
conduit de sa chambre dans la salle du festin; et, la présentant
aux convives, il s'écrie : « Qui veut prendre soin de ma sœur? »
Le témoin de la noce répond : « Dieu et moi! » Il prend ensuite la
main de la fiancée, lui met un anneau au doigt et une pièce
d'argent dans la main ; et, s'adressant aux convives, il leur dit :
■ H J'oITre cet anneau à cette honDéte fille; qu'il soit pour elle
» un gage d'amour et de foi! » Puis il se tourne trois fois de
gauche à droite vers l'Orient, embrasse la fiancée sur la joue.
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UENtJISmil DE VIENNE,
lui offre une pomme avec des pièces d'argent que la mère garde
pour les remettre plus tard à sa fille; et il prononce d'un ion
solennel les paroles suivantes : « Que Dieu donne sa bénédiction
« aux deux fiancés! qu'ils jouissent ensemble d'une longue et
M heureuse vie! — Amen! » répondent en chœur tous les assis-
tants. Si le prétendu oiïre lui-même la pomme à sa prétendue,
celle-ci la prend; mais, au lieu de la donner à sa mère, elle la
cache dans son sein. A Risan, le père du prétendu offre l'anneau
au père de la fiancée qui le remet à sa femme; et celle-ci le
transmet ensuite à sa fille.
« L'anneau des fiançailles joue toujours le rôle fondamental ;
mais la manière dont il est offert varie assez d'un pays à l'autre.
A Bisan, c'est le père du prétendu qui l'offre au père de la jeune
fille; celui-ci le passe h la mère qui le garde jusqu'au jour des
noces. A Seravéyo (Bosnie), l'anneau est oITert par le témoin
du mariage, mais il reste jusqu'aux noces placé devant l'image
d'un saint. Ailleurs, cet anneau est offert par le frère du pré-
tendu ; il prend les mains de la fiancée, les joint dans l'attitude
de la prière et lui glisse au doigt l'anneau nuptial en faisant le
signe de la croix et en invoquant la Sainte-Trinité. »
i> En Bulgarie, le jeune homme, après avoir obtenu le
consentement de la jeune fille, va lui faire une visite quelques
jours plus tard avec ses parents. Celle-ci présente alors un bou-
quet à son prétendu, et on convient à cette visite des cadeaux qui
doivent être donnés, ainsi que du jour où le mariage sera célé-
bré. On fixe également le prix de VOgrluk, ou cadeau que le
fiancé doit donner à sa future belle-mère. Pendant le souper, c'est
la fille qui sert à table. Mais les véritables fiançailles, qui sont
toujours célébrées devant un prêtre, n'ont lieu qu'à la troisième
réunion des deux familles, et c'est la mère de la jeune fille qui,
ce jour-là, échange les anneaux. Le fiancé paie alors le souper,
ainsi que la moitié du prix convenu pour l'Ogrluk de sa future
belle-mère. Les deux prétendus baisent ensuite la main de leurs
parents, et puis on distribue les cadeaux. Chez les Serbes, en
général, le prétendu se rencontre rarement avec sa fiancée. A
Risan, on ne lui permet de la voir et de l'embrasser qu'après de
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ihûmana divkm ob u constitution socialb. B<
JoDgues ËupplicatioDS; mais elle résisle toujours, s'arrache de ses
bras et s'eoruit. Dans le MontéDégro, il né )a voit qu'à la troi-
sième visite faite avec son père; etc'est alors qu'on échange ]es
cadeaux. Il doDoe à la Qlle des pantoufles, et il reçoit d'elle une
chemise; mais, jusqu'au jour des noces, il ne fréquente plus la
maism de sa future. Chez les Moat^nëgrius, le jour des noces
est 6xë dans une réunion qui s'appelle Sviia (la soie) . On déter-
mine également à cette visite le nombre des convives qui doivent
prendre part aux fêles. La Svila a lieu deux ou trois semaines
avant les noces. Le fiancé n'y assiste jamais, mais il envoie
deux petits tonneaux de Baki, l'un pour la maison de la Slle, et
l'autre pour ses parents qui font partie du clan. Trois personnes
se rendent à la Svila, chez la prétendue, et lui apportent de la
toile pour faire des chemises, de la soie à broder, et unsequin.
Les cadeaux ayant été olferts, on boit du Baki, avec tous les
parents de la fille. Les membres du clan de celle-ci se réunissent
alors devant l'église; les chefs de la maison boivent du Raki, et
toute l'assemblée exprime de cette manière son assentiment au
mariage. On fixe encc»^ à la Svila la somme que le futur doit
payer pour les cadeaux de noces. Dès que les anneaux sont
échangés et tes présents distribués, la foi est solennellement
engagée. Parfois, la pomme, qui joue à cette occasion un rôle si
important dans le cérémonial des Serbes, remplace t'anneau ; et
le couple se regarde comme fiancé, si la jeune fille accepte la
pomme. Les fiançailles étant terminées, la prétendue ne danse
plus dans aucun bal; elle ne sort jamais seule, et jusqu'il son
mariage elle mène une vie très-laborieuse et très-retirée. A Bisan,
dès que la fille s'est engagée par sa promise de mariage, son
fiancé doit lui fournir la chaussure; mais il reçoit en échange,
le dimanche et les jours de fêle, un bouquet de fleurs naturelles
jaunies à l'or. »
Ces fiançailles si solennellement accomplies lient les deux
futurs d'une façon à peu près indissoluble. Si cet engagement
n'est pas respecté, c'est surtout la volonté de la jeune fille qui
vient à le rompre. De tels exemples sont très-rares chez les
Serbes. La coutume du Monténégro, de l'Herzégovine, veut que
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51 CB. I. — COVPtBNON-MlnOlBtBm Dt nBNNB.
la jeuDe Bile, dès qu'elle est fiancée, cesse de fréquenter les jeunes
gens du village. Si elle déroge k cette coDvenance, oo considère
le fiancé comme dégagé de tout lien avec elle. Les jeunes filles
bulgares qui veulent être relevées de leurs promesses de fian-
çailles se rendent cbez l'archipi'étre et lui expriment leur désir.
Celui-ci leur adresse une remontrance et les congédie. Si elles
persistent, elles y retournent bienUlt et la même scène se renou-
velle. Ënfin.aprèsune troisième demande et une troisiènieadmo-
nestation inutile, les fiançailles sont déclarées nulles. En général,
l'opinion publique est plus sévère pour le fiancé qui manque à
sa foi. Chez les montagnards dalmates, une pareille insulte est
l'origine d'une véritable guerre à main armée entre les deux
familles; la paix ne renaît que si le jeune homme consent h
épouser sa fiancée ou lui paie une somme d'argent ene^piationde
son oITense. Les Monténégrins avaient naguère la même cou-
tume: de plus, dans cette contrée et en Herzégovine, l'auteur
d'un pareil manque de foi était contraint de quitter le pays, s'il
voulait échapper à l'obligation du mariage. Son frère cadet, s'il
en avait un plus Agé que la fiancée, était cependant agréé pour
tenir son engagement à sa place. Les Bulgares, moins rigoureux,
admettent ta rupture de l'engagement des fiançailles, moyennant
composition ; celui des deux qui retire sa parole paie à l'autre
une certaine somme d'argent.
Comme au moyen fige, en Occident, la parenté crée une
foule d'empêchements pour les mariages. « Le peuple, ainsi
que l'Église, » dit M. Boguichitch, « distingue trois sortes de
parenté : la parenté du sang, l'affinité par alliance, et la parenté
spirituelle, qui établit un véritable empêcheinent de mariage
entre le parrain, son filleul et sa famille. En Serbie et dans
quelques contrées de la Croatie, on ajoute, à ces divers empê^
chements, la confraternité et l'adoption. En Croatie, on ne se
mane pas non plus dès qu'il y a parenté, sans même chercher
àquel degré. Le peuple n'approuve jamais de tels mariages quand
le haut clergé accorde des dispenses. »
La coutume interdit en général les mariages entre consan-
guins jusqu'au quatrième ou cinquième d^ré. Le mariage est
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DIVEII9 DK LA CONSTlTimOrt SOCIALK.
encore interdit entre frères et sœurs de lait. Dans plusieure pays .
slaves, Dalmatie, Herzégovine, Monténégro, l'adoption, consa-.
crée par une cérémooie religieuse, crée une parenté spirituelle
qui exclut les mariages entre les enfants de l'adopté et ceux de
l'adoptant.
Les motifs qui guident les jeunes gens ou les familles dans
le choix de la fiancée sont inspirés par le désir d'iotroduire au
foyer de famille une nouvelle ménagère bien élevée, sage et labo-
rieuse. La beauté ne leur parait pas une considération de première
importance. On remarque qu'en général les jeunes gens tiennent
à épouser des fitles de la contrée, sauf les restrictions imposées
parles liens de parenté même éloignée indiqués ci-dessus. Les,
jeunes filles regardent, au contraire, comme uu honneur d'être
recherchées par un jeune homme d'un pays éloigné. « 0 ma
n, mère, » dit une chanson populaire de ces contrées, « donne-
moi en mariage bien loin de nous, à l'étranger, afin que je
puisse me glorifier de ma famille. »
Les dilTérenres de religion sont de très-grands obstacles, an
mariage. Les che& de maison serbes s'y opposent dans ce cas. .
On n'admet pas que le prétendu change de religion pour se .
marïer; au contraire, la jeune ûlle ne peut s'unir à un jeune,
homme d'une autre religion qu'en embrassant celle du futur.'
La pensée qui semble avoir inspiré toute la coutume est d'éviter
qu'il y ait diversité de religion entre les enfants d'une même
famille. Les lois écrites qui ont été introduites en Hongrie et en ,
Croatie ont autorisé les mariages mixtes et rendu cette diversité
très-fréquente. Mais l'opinion publique continue à y voir une .
cause de funestes divisions entre frères et sœurs.
Le goût des mœurs sévères, chez les Slaves du Danube et
de l'Adriatique, est évidemment lié au maintien de la coutame.
nationale. Il est compromis par les lois écrites dues à l'in-
fluence des idées de l'Occident. Ainsi rien ne paraît plus odieux.
aux Serbes que l'état de concubinage ; mais, en Hongrie, en
Croatie, surtout dans les villes, l'opinion publique est, sur ce
point, b^ucoup. plus: indulgente. Elle en rejette, non sans
raison, la faute sur les lois et sur les ordonnances iBilitair«,qui
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- COUPACNON-lISrtUISIlIB DE VIBNNB.
metteat des entraves au mariage. D'ailleurs le mariage tardif
légalise tout à leurs yeux.
La coutume consacre uae complète liberté des futurs coo-
joiats; et il est très-rare que les parents imposent quelque con-
trainte à leurs eofauls. Elle ôte ainsi tout motir aux enlèvements
de jeunes Stles. Chez les Slaves autrichiens et en Serbie, les lois
punissent d'ailleurs le rapt ; mais, dans les autres contrées, la cou-
tume seule le prévient. « Eo Bulgarie, lorsqu'une fille, qui veut
se marier malgré sa famille, entre chez le prétendu de son dioix,
elle s'assied au foyer domestique et remue le feu. Gela signifie
qu'elle cherche mi asile. Le chef de la famille la reçoit. Le mariage
s'ensuit presque toujours; mais tes parents delà fille n'y assistent
pas. La maisoD du fiancé économise alors les dépenses nuptiales;
et parfois, dans ce seul but, ou simule une fuite ou un eolève^
ment. Cependant de tels mariages ne peuvent être conclus avant
que le prêtre n'ait acquis la conviction qu'il u'y a aucun empê-
chement légal et que la fille n'est pas victime d'une violence.
La séduction suivie d'abandon par le fiancé ^t un crime
rare, mais honni et jugé digne d'un châtiment exemplaire. Ce
chàiimeot, indéterminé dans sa nature, parce qu'on n'a lieu de
l'appliquer que par exception, de loin en loin, est allé, dans cer-
tains cas, jusqu'à la mort du coupable. C'est chez les Serbes que
se rencontre surtout cette implacable sévérité. Jamais chez eux
on n'admet, pour une telle hoote, aucune compensation en
argent. Les Slaves autrichiens sont plus accommodants, parce
que leurs mœurs sont moins austères. Les Bulgares veulentque
leséducteur épouse celle qu'il a séduite; maïs, si celle-ci renonce
au mariage, ils livrent le coupable aux tribunaux qui lui appli-
quent les peines édictées par la loi. Les Moutéuégrins et les Dal-
mates ont recours aux armes, et ce sont surtout les fr^«s de la
jeune fille qui se font les champions de l'honneur domestique.
Mais, ce qui effraye surtout les jeunes hommes tentés de com-
mettre ufl pareil méfait, c'est la crainte des malédictions qui les
poursuivent à tout jamais. M. Boguichitch cite à ce propos le
passage suivant d'une belle chanson serbe bien connue dans le
peuple : a La terre tremble lorsqu'une fille séduite prononce-
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riLdMBNTS DIVEB8 DE LA COKSTITUTION SOCIALB. U
uDe malédicfioD. Sa plainte inoDle jusqu'à Dieu, et les larmes
qui coulent de ses yeux s'euroocent dans la terre jusqu'à la pro-
fondeur de trois lances. »
« Il est rare, » selon M. Boguichitch, « qu'on traite la ques-
tion de la dot aux fiançailles. Ceci n'a lieu que dans les loca-
lités, fort rares, où les filles reçoivent des immeubles en se
mariant. La dot est remise généralement la veille de la noce,
et quelquefois deux jours auparavant, dansja maison du futur, n
Le cérémonial de la noce est réglé d'une façon très-minu-
tieuse par la coutume. Il comporte une grande solennite et a
évidemment pour but de donner à tous, mariés, parents et gens
du voisinage, ta plus haute idée de l'acte qui s'accomplit. Voici
quelques renseignements choisis parmi ceux qu'a réunis M. Ito-
guicbitch. H Le mariage est pour les Serbes un des actes les plus
solennels de la vie. Ce n'est pas seulement une grande fête de
famille : c'est comme une fête publique; car tout le village est
heureux d'y apporter sa part de joie. Les convives de la noce
sont accostés par tout le monde et salués du nom cérémonieux
que les Serbes ne se donnent pas dans leurs relations ordinaires.
On se découvre devant le cortège nuptial, mais les convives
n'ôtent jamais leur chapeau, pas même à la table du festin. Ils
portent tous des bâtons ornés de rubans de diverses couleurs ; le
bâton est chez le Serbe un signe de distinction. 11 n'y a que les
hauts personnages du village qui aient le droit d'en avoir à la
promenade. Le menu peuple n'en porte jamais. Quelle activite !
quel mouvement dans une maison où les noces vont avoir lieu !
On frotte, on balaye, on nettoie l'habitetion durant toute une
semaine. Les filles s'occupent de leur toilette et les femmes pré-
parent le repas nuptial dans la cuisine, surtout les gâteaux, qui
jouent un si grand rôle pendant les fêtes du mariage. La veille
desnoces, divers rôtistournentsur les broches autour d'un grand
feu, et chacun est heureux de donner un coup de main; car, ce
soir-là, on attend le futur avec ses amis. Sur le littoral croate,
les noces ont toujours lieu un dimanche; mais la fête commence
le samedi soir. D^ le coucher du soleil, quatre femmes vont en
chantant de porte en porte ; elles se rendent ensuite devant la
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M CB. 1. — COUrAGSOV-MEyOTStEB DB VIRtmB.
maisoD du fiaocé, qui parait sur le seuil en habits de fête et
distribue aux chaoteuses des gâteaux et du viD. Une foule de
petits bambios qui les suivent réclament aussi leur part ; et la
jeune fiancée ne tes oublie pas devant la portede sa maison. Elle
prend dans un grand tamis des prunes et des figues sèches, des
morceaux de pain doux, des amandes, des roses, et les jette au
milieu des petits criards, qui se disputent gaiement et s'arrachent
toutes ces friandises. JLa même scène a lieu devant la maison du
fiancé, maisc'estunedeses plusprochesparentes qui distribue les
mêmes cadeaux aux enrants. La nuit venue, on ferme toutes les
portes de la maison de la fiancée pour n'être point surpris par
les convivœ, parce qu'ils doivent payer leur entrée. On est
attentif au moindre bruit extérieur; et dès qu'on entend un
chant lointain, car les convives de la noce chaulent toujours, on
éteint les lumières, et le plus grand silence règne dans la maison.
Mais les chants se rapprochent et voilà qu'on frappe à la porte.
Personne ne répond. On frappe une seconde fois. Point de
réponse encore. L'impatience gagne les convives et on frappe
avec plus de force. Une voix de l'intérieur se faitentendre : « Au
« noradeDieu,quifrappedoncsi tard? — De pauvres voyageurs, i
répond une voix du dehors, « des honnêtes gens qui cherchent
n leur brebis égarée. Peut-être pourrez-vous nous en donner des
u nouvelles. Ouvrez-nousdoDcla poi te. «Mais le Domatcbin ne se
rend pasàcette supplication, et il réplique: n H est trop tard. Vous-
« viendrez demain chercher votre brebis, n Gomme cette réponse ne
satisfait pas les visiteura nocturnes, l'un d'eux prend la parole et
dit : « Ah ! mes braves gens, celui qui a une affaire urgente n'a
« pas le temps d'attendre jusqu'au lendemain. Ouvrez-nous la
« porte, car le temps est bien mauvais, n Et l'on se met alors à
chanter en chœur : n De la neige jusqu'aux genoux, de l'eau
« jusqu'aux épaules. » Mais la porte reste toujours fermée, et les
colloques durent encore longtemps. Enfin l'entrée devient libre,
et le premier qui franchit le seuil offre du vin à tous les assis-
tants. Ce vin est apporté par les convives dans une grande
outre. Après que tout le monde a bu, le Domatchin fait défiler
toutes les filles de la maison devant les visiteurs, afin qu'ils cher-
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^LËiiCNTa nivBBS BB LA fîONsTiTCTio:* sor.uix. 57
dieot leur brebis perdue. La fiancée arrive toujours la dernière.
Dès que son futur l'aperçoit, il l'embrasse; la musique com-
mence alors à jouer, et ou se met à table. Puis les jeuDes gar-
çons et les jeunes allés chantent et dauseot; et, quand on s'est
bien amusé, on se sépare avant minuit, mais pour recommencer
joyeusement le lendemain.
M. Boguichitch, après avoir décrit les rites analogues, mais
variés à l'infini, qui précèdent le mariage, s'étend sur les céré-
monies qui touchent à la conclusion. Il signale, entre autres
exemples, les traits suivants : « Le moment le plus solennel et
le plus touchant de la journée des noces, c'est lorsque la mariée
prend congé de ses parents, de ses frères, de ses sœurs, et qu'elle
dit adieu à toutes les compagnes de sa jeunesse, ainsi qu'aux
associés de sa maison. Dans les contrées où la fiancée ne rentre
plus au foyer pateraet, lorsqu'elle en sort pour aller à l'église,
elle fait ses adieux avant la cérémonie religieuse, c'est-à-dire au
moment où elle quitte pour toujours la maison de ses parents.
Mais, dans les autres contrées, les adieux se font ordinairement
après le dîner ou après le souper. La malle de la mariée est
apportée au milieu de la chambre. On la recouvre entièrement
d'un long et grand tapis sur lequel le jeune couple se met à
genoux. Le père s'approche d'eux et leur demande ce qu'ils
désirent, a Père, ta bénédiction, » répondent-ils. Le père met alors
ses mains sur leur léte courbée, et, s'adressant k son gendre, il
lui recommande sa fille et lui dit d'être tout à la fois un père et
un frère pour elle. « Ma puissance paternelle, » ajoute-t-il,
« cesse maintenant. Prends donc ma fille sous ta garde et sois
u désormais son protecteur, son souLien, durant toute ta vie. n
11 récite ensuite la prière de la bénédiction. La mère prononce
rarement quelques paroles; mais elle se jette en sanglotant dans
les bras de sa fille et la tient longtemps embrassée. Pendant
que les femmes pleurent, quatre convives mettent la malle sur '
leurs épaules, et un cinquième porte le tapis. »
« Enfin, le cortège se met en marche. En Croatie, les filles
chantent : n Adieu maintenant, pauvre vieille mère » ; et cette
chanson mélancolique dure jusqu'aux ap^ffoches de la maison du
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B8 Ca. I. — COMPAflNON-HENIJISlSB DS TIENNR.
nouveau mariée Ou change alors le rhylhme, et l'air reteotil
subitemeut du chautplus joyeux : a Attends, attends-nous, très-
« chère mère s. Dans l'Herzégovine, les parents de la mariée
suivent le cortège jusqu'à une certaine distance de leurmaison et
souhaitent encore une fois bon voyagea leur fille, qui doittourner
la tète vers ses parents, pour que ses enfants ressemblent h sa
Eamille. Dans ces contrées, la future quitte la maison paternelle
avant la cérémonie religieuse. C'est delà demeuredufutur qu'elle
se rend h l'église. Les parents du jeune homme attendent les
nouveaux époux sur le seuil de leur maison. La mère tient à la
main une coupe, d'ai^ent ou de métal, qui ne doit jamais être
transparente; et, avant que le témoin ait présenté la nouvelle
épouse, le marié demande h sa mère ce que renferme cette
coupe, « c'est du miel et ta bonne volonté, mon cher tlls, «
répond la mère. Les témoins jettent plusieurs pièces d'argent
dans la coupe, et la mère boit alors quelques gouttes du liquide
que la coupe renferme. Cette cérémonie se renouvelle trois fois. Le
marié prend ensuite la coupe, et !a présente à sa femme, qui boit
également; il avale ce qui reste et met l'argent dans sa poche. »
a La malle est alors portée dans la maison; mais, avant
d'entrer, le cortège se rend au puits du village, dont il fait trois
fois le tour. Cette espèce de procession terminée, les nouveaux
époux jettent en l'air leur pomme avec quelques pièces de mon-
naie, mais de manière qu'elle ne tombe pas dans l'eau, ce qui
n'est pas très-faciie; car une foule d'enfants entourent le puits et
cherchent à attraper la pomme en l'air. On entre ensuite àla mai-
son. Partout où passe le cortège, on oflfre du vin aux convives ; et
les femmes leur jettent du froment. Pendant le souper, la première
fille d'honneur distribue des cadeaux è tous les convives au nom
de la mariée, en leur disant : « la jeune mariée vous offre ce
< cadeau; ilest petit, maisl'amitiéestgrande ». Les convives dis-
' tribuent aussi des présents de noces. Ils mettent une obole dans une
grande assiette placée sur la table. Dans le Monténégro, c'est le
premier garçon d'honneur qui distribue les présents de la mariée. »
« Après l'échange des cadeaux, te témoin conduit le nou-
veau couple dans sa chambre. Le mariôte lui-même la coiuvnne
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itJÉlIBNTS DIVEBS DB LA CONSTlTimON SOCIALE. 69
nuptiale de la tête de sa Temme; et, pendant que les convives se
régaleot jusqu'à l'aube, les jeunes mariés se couchent en pré-
sence du témoin. Ainsi se termine le premier jour de noces sur
tout le littoral croate. »
« Les fêtes nuptiales se terminent rarement eo une journée;
elles durent souvent deux semaines. » Elles se composent sur-
tout, après le jour de la noce : de visites; de messes célébrées à
des jours fîïés, aSa d'appeler la bénédiction de Dieu sur le nou-
veau ménage-, de repas de famille destinés à multiplier les rap-
ports entre les nouveaux alliés. Le lendemain, a lieu la cérémo-
nie du Poiilevatschina (ablution). On apporte solenodlemenl
aux. mariés l'eau avec laquelle ils vont se laver les mains et le
visage devant les dignitaires de la noce. »
Il L'entrée des nouveaux mariés dans l'église a toujours lieu
eo grande pompe le premier dimanche après la noce. La jeune
épouse porte sa robe nuptiale et celle journée est encore une
réte pour toute la famille. Dans quelques contrées, la mariée
va ainsi parée à l'église pendant trois dimanches consécutifs. »
La consommation du mariage n'a pas habituellement lieu
dans celte période de cérémonies et de fêles. Elle est parfois
différée de plusieurs mois; mais le mariage est considéré comme
irrévocable et indissoluble, dès que les (lancés ont juré, devant
le ministre du culte, de se prendre pour époux. Il se consomme
plus tard discrètement sans aucune cérémonie spéciale.
Les idées récemment propagées en Occident ne font envisager
ces r^pectables traditions des fêtes de famille, et surtout les
rites qui en assurent si eflicacement le maintien, que comme
des puérilités sans raison, mêlées de superstitions dangereuses
pour l'indépendance individuelle. L'instilution des fiançailles, à
peu près tombée en oubli dans les mœurs modernes, est rem-
placée par une précipitation irréfléchie. Quant aux cérémonies
de la noce, chacun sait que le soufKe de l'esprit de nouveauté
emporte chaque jour quelque lambeau des coutume qui sub-
sistent encore. ad. foullon. *
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CHAPITRE II
TISSERAND
DE GODESBERG (PROVINCE RHÉNANE)
lijuii la tyslime d«B uigaesiDesU mamsnlaiiii,
«TEC on FtieiB. di la HonaaRAPBii ataut roUH aniiiT
LE LUTEIER DU WERDENFELS (21),
d'APBÊS les BEMSEIOKBMBMTS RBGUBII.I.IS SUR LES LIEUX,
EM 18&S,
P*B MM, A. DE SAINT-LfiGER ET A. COGHIN.
OBSERVATIONS PRELIMINAIRES
l>ÉnNISSANT U CONDITION DH3 DIVRBS HEHBRES DE LA FAMILLE
DéOuItlon du lieu, de l**ricinila«tfaii Indtielrlclle
et de la famlliv.
SI-
ÉTAT DU SOL, DE l'iNDUSTBIB BT DE LA POFDLATlOrf. -
L'ouvrier demeure dans la comimioe de Godesberg, en Tace
du Siebengebii^, à 6 kilomètres S. de-Ia ville de Boqq, rive
gauche du Rhin. Le sol est prëciBément situé àla limile commune
de la grande nappe de terrains d'atluvioix, qui compose la plaine
saxonne (111, it, n) avec la Nécrlande, et du massif de schistes
ai^ileux de (ransilion que le Rhin traverse depuis rembouchure
de la Nahe Jusqu'au Siebengebirge. Le terraÎD est eu partie coq-
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MBBKVATlOaS PB^LIHINAISEit. 64
Sacré à des cultures de céréales,' de légumes et de fruits propres
à cette région de l' Allemagne. Il est surtout occupé par une
forêt domaniale dont le voisinage influe essentiellement sur le
bien-être des ouvriers de la commune (is). Toute cette contrée
est peuplée de tisserands travaillant dans leurs habitations, dis-
séminées en partie au milieu des campagnes, en partie groupées
dans les villes et dans les bourgs, à proximité des comptoirs
établis par les marchands qui exploitent le commerce des fils et
des tissus. Ces marchanils, qui ont en même temps plus ou moins
le caractère de Tabricants, remettent aux tisserands les Ris
importés d'Angleterre ou fabriqués dans le pays même ; puis ils
expédient dans les diverses parties de l'Allemagne du Nord les
tissus confeclionnés moyennant un salaire qui varie selon l'état
d'activité des affaires. Dans l'organisation primitive de ces petits
ateliers, la femme et les enfants exploitaient toujours plusieurs
branches d'agricniture, qui complétaient largement les ressources
fournies par le travail du chef de famille. Mais les avantages
dérivant de cette organisation diminuent dejmis que les ouvriers
tendent à quitter les campagnes pour se fixerdans les villes (la) ;
ils ont été en partie conservés par la famille décrite dans la pré-
sente monographie. L'exploitation agricole dirigée par la femme
a pour Objet, d'une part, la culture d'un jardin potager et d'un
champ à pommes de terre; de l'autre, l'enlretien d'une vache
laitière et la préparation du beurre et du fromage. La proximité
de là ville de Bonn est pour la famille une source d'aisance, car
elle donne plus de valeur aux produits que la femme va vendre
elle-même au marché; en outre, le village de Godesberg, rési-
dence favorite d'étrangers qu'y attire la beauté des lieux, offre
lui-même, pendant l'été, un débouché avantageux àces produits.
Les tisserands du district de -Bonn sont attachés, par des
engagements momentanés, à des fabricants d'indiennes habitant
pour la plupart les villes voisines : ceux-ci, en traitant avec les
Ouvriers, sa réservent ordinairement leur coopération exclusive
jusqu'à l'achèvement d'un certain nombre de pièces d'étoffe, ils
leur fournissent presque toujours les métiers à tisser; et cette
circonstance conserve quelque stabilité dans les rapports mutuels
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et CH. tl. — TISSBRAND DB
des patrons et des ouvriers ; mais on ne trouve plus qu'un peUt
nombre d'ancieanes maisons qui entretiennent des relations à
peu près permanentes avec les tisserands qu'elle einploirat.
ÉTAT CITIL DE LA FAUILLB.
La famille comprend 1^ deuxépoux et trois enfants, savoir :
1. Hkinrich B", chef de hnillle, né k Godsaberg, muié depuis 13 ma. 30u)v
3. JoHAiN» N", u femme, aée à Brohl 3S —
3. Fr*nlt B", leur HIs aîné, né k Gode&berg 12 —
4. HftrI* B", tear fllls aln^, née i Godeaberg 6 —
5. Wilhelm B", leur second Bis, tié h Godc«1)ei^ <t —
Dans cette condition, les familles conservent la fécondité.
Le fils atné s'établit ordinairement au foyer ; les autres enfants
se fixent pour la plupart dans les villes manufacturières de la
contrée.
RELIGION ET HABITUDBS MORALES.
La famille professe la religion catholique romaine; tous les
membres accomplissent leurs devoirs religieux; cependant la
femme fréquente l'église avec plus d'assiduité que son mari. Les
deux époux se distinguent, au reste, l'un et l'autre par leurs
bonnes moeurs ; et ils jouissent d'une bonne renommée.
Si.
HTGIÈNB RT SERVICE DR SA.NT^.
Lalocalité estsalubre; tous tes membres de la famille jouis-
sent ordinairement d'une bonne santé. Dans les maladies graves,
on a recours à l'un des nombreux médecins établis dans ce dis-
trict; dans les simples indispositions, on fait usage de recettes
transmises par tradition ou indiquées par des empiriques.
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OBSERVATIONS
§5.
RANG DE Lk FIHILLK.
L'ouvrier appartient it la catégorie des tâcherons; il est payé
Buivant le poids et la qualité du coton lissé, ou suivant le nombre
,de pièces d'étoffe qu'il fabrique avec une qualité et sur des
dimensions déterminées. L'ouvrier n'a point assez d'aisance etil
n'a point assez de tendance à l'épargne pour s'assurer la pro-
priété du métier qu'il emploie, et, à plus forte raison, pour spé-
culersur l'achat du fil de coton qu'il élabore: il reçoit toujoirs
du fabricant c^ moyens de travail.
s«-
PBOPRiéTés.
(Mobilier et vMemenu non comprit.)
Ihhedblbs robaux O'OO
La Emilie a loué son habitation et tous tes immeubles
ruraux qu'elle exploite.
ÂNIHADX DOMBSTiQDES entretenus loute l'année. . , IIO'OO
1 TAcbe dont le* prindpaui moyen) de aubiistaoce sont le» beibea récoltées pir
U familio dan» la tarât domaniale, 110 '00.
Matériel sféceal des travaux et industries S'OO
Pour la eultur* d'un jardin «t d'un champ à fommti de Un*. — 3 bieltet,
1 pioche, 1 rtlem, S'OO.
1^ métier à tisser dont se sert l'ouvrier ne lui appartient
pas : il lui est ordinairement prêté par le fabricant.
Valeur totale des propriétés 115' 00
Sous te régime de la fabrique collective du Bhïa, tous les
tisserands ne sont pas aussi complètement dépourvus d'immeu-
bles. La possession du foyer domestique et du métier à tisser
est pour cette classe le premier symptôme du bien-être.
.yGoogle
SS. 11. — TISSERAND t
S'-
SODVIiNTlONS.
Le chef d'iDclustrie pour lequd travaille l'ouvrier n'exerce
sur lui aucun patronage. 11 le rétribue au moy«i d'un salaire
rigoureusement déterminé d'après la quantité de produite rabri>.
qués. Le sentiment de la pi-évoyance étant peu développé chez
l'ouvrier et sa femme, la famille serait exposée à de grandes
privations pendant les époques de chômage et de maladie, si des
subventions indépendantes du salaire ne leur assuraient pas
quelques moyens permanents de subsistance. Ces subventions
sont fournies par le domaine public, propriétaire des forêts voi-
sines de Godesberg, et par les propriétaires voisins. Elles procu-
rent à la famille le bois consommé pour le chauffage domestique,
. et principalement l'herbe et le foin nécessaires pour la nourriture
d'une vache. Pendant le printemps, l'été et une partie de l'au-
tomne, la famille est autorisée, par l'usage et la tolérance des
propriétaires du pays, à arracher de l'herbe sur les bords des
chemins et sur les lisières des forêts domaniales ou des propriétés
privées. En outre, pendant les trois jours qui précèdent la fête de
la Saint-Jean, la famille tout entière, hommes, femmesetenfants,
est autorisée à couper à la faucille, à faner et à transporter à dos,
hors de ia forêt domaniale, toute la quantité de foin qu'elle peut
extraire d'un canton dont les Umites sont fixées par les gardes
forestiers. Ce mode de concession, établi par la tradition, assure
à la famille, pour ses animaux domestiques, une quantité de foin
proportionnelle au nombre de bras dont elle dispose, et par con-
séquent au nombre de bouches qu'elle a à nourrir. Cette sub-
vention, h laquelle les populations attachent un vif intérêt, est
l'occasion d'une diversion très- recherchée aux travaux ordi-
Jiaires. Elle rappelle, avec de moindres proportions et moins de
bien>-être, la fête des foins de la Sibérie (II, m, 11).
L'administration communale, prenant en considération la
situation gênée où se trouve souvent la famille, lui accoi-de
l'exemption des frais d'école.
.yGoogle
OBgÛVATIOKS PB^UHINAIIBS. ES
En résumé, les subventions nécessaires à la subsistance
d'une famille non initiée au sentiment de ta prévoyance, celles
qui ailleurs émanent ordinairement d'un patron, cher d'industrie,
sont ici fournies par la commune et par le domaine public. Les
familles qui ne participent point aux avantages dérivant de la
propriété individuelle ont pour compensation, dans cette localité,
la coutume qui les autorise à récolter certaines productions
spontanées d'une forêt de l'État.
s».
TnirAUl ET INDUSTRIES.
Tbatadx de l'ouvrier. — Le travail principal de l'ouvrier
a pour objet le tissage d'étoffes, blanches ou écrues, de coton,
pour le compte d'un fabricant (i). Les travaux secondaires sont
la culture d'un jardin-verger et d'un champ à pommes de terre,
et ta récolle du foin dans les forêts domaniales. Ces derniers
travaux n'occupent qu'un petit nombre de journées.
Travaux de la feuiib. — Le travail principal comprend
les diverses occupations qui se rattachent à l'exploitation d'une
vache laitière (e). La femme récolte journellement, pendant la
belle saison, l'herbe nécessaire à la nourriture de cette vache;
elle prend part, avec toute la famille, à la récolte du foin dans
la forêt domaniale (7) ; elle recueille te lait et le convertit par-
tiellement en beurre et en fromafi^; enfin elle vend elle-même,
au marché de Bonn ou à Gode^rg, ceux de ces produits qui
ne sont pas réclamés par les besoins de la famille. Les travaux
secondaires de la femme sont : les travaux de ménage; la cul-
ture du jardin-verger et du champ à pommes de terre; enfin la
récolte, dans la forêt et le transport, à dos, du bois mort.
Tbavaux du fils aîné. — l* fils atné consacre aux exer-
cices de l'école la majeure partie de son temps : il seconde, en
outre, sa mère dans la plupart des travaux qu'elle exécute.
Industries entrepbisks par la famille. — La principale
industrie de la famille est la spéculation que fait l'ouvrier sur son
.yGoogle
. II. — TtSSBkANti DB CODESBBRO.
occupation principale en substituant, comme cela a toujours Heu
pour les travaux de ce genre, le travail à la tâche au travail à la
journée. Les autres industries ont pour objet l'exploitation de la
vache laitière, du jardin-verger et du champ à pommes de terre.
n«de d'extotoBve de la f»mlll«.
AUHENTS ET BBPAS.
Les cercles, dont le son n'est séparé qu'en partie, sont con-
tiommées presque exclusivement à l'état de pain. La viande se
mange seulement le dimanche et le lundi. La petite quantité de
bière qui entre dans l'alimentation est bue par la famille les
dimanches et les fêtes, surtout au cabaret. La particolarité la plus
remarquable du régime alimentaire de la famille est la consom-
mation considérable de café : cette décoction est prise deux fois
par jour, au déjeuner et au goûter, sans addition de sucre. Cette
boisson, plus économique que les boissons fermentées, est fort en
usage dans les autres contrées de l'Allemagne du Nord, en Hol-
lande, en Belgique et dans le nord de la France. La ronserre de
choux {sauer Kraut), fabriquée à la maison par tous les membres
réunis de la famille (so), joue un rôle fort important dans l'ali-
mentation. Ce mets national est toujours assaisonné avec un corps
gras.
S 10-
HABITATIOH, HOBIUEB ET VÉTBHBNT8.
La famille habite une chaumière comprenant un rez-de-
chaussée de deux pièces, au-dessus duquel se trouve un grenier
à foin ; à côté se trouvent le jardin et t'éiable pour la vache.
Le mobilier et les vêtements ont une appareoce qui révèle
l'état de pauvreté de la famille :
.yGoogle
OBSBBTATIONS PBdUKINiilBU. 67
Meubles : eo très-mauvais état 56' 00
!■ Ut*. — 1 Ut pour le* dens eponz, et 3 Uti poai Im enhnts, 3T M.
3* MobilUr. — i table, tfOOt — 4 chdws, 3^00; ~ i msuTÙse u-oialre pour la
liDgeet les Tetemenls, 7*00; — 1 mumii draudr pour viiuelle, S'OO) —1 founieiu
•a briqnei, 3< 00. — Total, 19' 00.
Ustensiles : pour ta plupart en mauvais état. . . 13' 00
3 cbudront et 1 cftnerole en fonte dm«1114e; pots et udettaeea terre Teraissée;
boateillee et Ttireit calllen et fonrchettet en fer étimf ; tonne à cboocronte. —
Toui, 13<00.
Linge de -HâNAGE : peu abondant et ma) entre-
tenu 20' 00
Qaelqim dnpa de Ht, «errlettee et terehoiu, 80' 00.
Vêtements : ils sont mal entretenus et témoignent
d'an état habituel de pénurie 65' 00
VtniRim DB L'oDvim [ÎSf 00).
l" VéUmttUt du dimanche. — 1 redingote de drap vert) 1 pftnttlon et I gilet en
drap Doir ; craT&ta en coton imprimé g bottes ; cbkpe&u en featre. — Total, 1 Q' 90.
3° Yétmuntt dt trarait. — 1 gilet à mancbei en drap ; pantalon et gilet en toile;
S cbemiaeci S piJre» de bas de lalpet 1 paire de «oallen ; 1 moacholr de poche. —
TeUJ, SiSO,
Vtnomn db t* mnii {Kf 00). '
t' Vittmtntt du dinutncht. — Coruge, Jape et Ubiler dindienne; Jupon d'ét»-
mine; 2 petita ch&les de laine imprimée ; 3 paire* de bas; 3 paires de Mulier»; t bon-
net pmi d« dentelloi. — Total, 18' 00.
3* Yétenuntt dt tranaU. — Vleiti iMementa dn dimanche; coruge, Jupe, tablier
«t petit cbile d'indienne; 3 ehemlies; 3 bonnet*. — Total, 8' 00.
Vtttdam DBS BNrum (14'00).
n* sont composia en grande partie de* Tieai habite de* parents.
Valbdb TOTALE du mobilÎOT et des Têtements 15&' 00
S"-
BÉCRÉATIONS.
Le tabac h fumer est la principale récréation de l'ouvrier : il
s'y livre à peu près constamment, aussi bien pendant le travail
que pendant les moments de repos. Il fait au cabaret une con-
sommation d'eau-de-vie modérée. Les dimanches, et surtout les
.yGoogle
- TISSBHAND DB fiOBESBBRA.
jours de fête patroDale, la famille entière prend le plaisir de la
danse et consomme au cabaret une petite quantité dé bière.
S 12.
PHASBS PaiNCIFiLES DB L'BXISTBKGB.
Les enfants, avant leur première communion, partagent leur
temps entre les exercices de l'école et les travaux domestiques.
Ils prennent déjà avec leurs parents une part active aux tra-
vaux agricoles, et surtout à la récolle et au transport du foin, à
l'époque de la Saiot-Jean (?) . Les garçons, vers l'âge de 1& ans,
deviennent tisserands-apprentis chez leur père ou cbez un habi-
tant du village ou des petites villes de la contrée. Les fUtes, vers
13 ans, commencent à assister leur mère dans tous ses traraux.
*" Quelques années après avoir satisfait aux obligations du ser-
Tice militaire, vers l'âge de 25 à 27 ans, les jeunes ouvriers se
marient et continuent à travailler, comme auparavant, pour le
compte d'un fabricant. Ils se plient temporairement à la néces-
sité de l'épargne pour former le capital nécessaire à l'acquisition
d'une vache; mais, aussitôt que ce bat est atteint, les deux époux
adoptent les habitudes d'imprévoyance qui dominent au milieu
de cette population. Désoimais ils règlent leurs dépenses d'âpre
leurs recettes, en faisant appel autant que possible au crédit que
les marchands de la localité consentent à leur accorder,
La population a conservé quelques-unes des habitudes de
stabilité de la plaine saxonne (III, m, io) : parmi les plus
utiles, figure au premier rang la cohabitation du père et de l'un
des fils. Assez ordinairement le fils aloé, après son mariage,
continue à habiter la maison paternelle avec sa femme et ses
enfants. Peu à peu, à mesure que les parents s'approchent de la
vieillesse, il prend la direction des affaires de la famille, et con-
serve aussi les rapports avec les fabricants. Lorsque le père et
.yGoogle
OHZKTÀTIONS PBtUHINAlHBB- 69
la mère ne peuvent plus travailler, c'est le fils qui, avec sa
femme et, ses eofaots devenus grands, subvient exclusivement
aux besoins de la famille. Les fils qui ne peuvent s'établir dans
la maison paternelle cèdent, pour la plupart, à la tendance qui
déeoi^anise de plus en plus l'ancien système des petits ateliers
ruraux (19). Au lieu de se fixer dans la campagne, ils vont
s'établir dans tes villes, à proximité des comptoirs fondés parles
négociants qui leur fournissent le travail et centralisent le com-
merce des produits (1,7).
S 13.
H(EIIBS ET INSTITUTIONS iSSCKANT LE BIEN-ÊTBB PHTSIQUB
ET HOHAL DE LA FAMILLE.
Le travail de l'ouvrier ne produit que des ressources insuffi-
santes. L'existence de la famille repose en partie sur la subvcD-
tion domaniale qui lui fournit le moyen d'entretenir une vache
laitière {1): C'est en eiïet par l'exploitation de cet animal domes-
tique que la famille obtient des recettes en argent assez considé-
rables : la provision de lait et de beurre, ainsi que le fumier
nécessaire à la production des pommes de terre et des autres
légumes servant à la consommation du ménage. Cet exemple et
tous les cas analogues qu'on a eu occasion d'observer prouvent
que, parmi les nombreux systèmes de subvention usités en Europe,
les allocations forestières de cette nature, et en général les
allocations d'herbes destinées à la nourriture des animaux, sont
celles où une valeur déterminée, attribuée aux ouvri^ers, fructifie
le mieux entre leurs mains (IV, i, 1}. Assurément, ces sortes
de droits d'usage ont parfois quelques inconvénients pour le
régime forestier; mais, à on point de vue élevé d'utilité publique,
et même au point de vue spécial de l'intérêt des propriétaires de .
forêts (is), ces inconvénients ne peuvent être mis en balance
avec les avantages que met en évidence l'étude de la famille
décrite dans la présente monographie. Cette vérité est encore
plus évidente dans les localités de l'Occident, où, en l'absence de
telles subventions, la paix sociale est compromise.
.yGoogle
70 en. II. — tissebjLNd dk godbsbbbg.
S 14. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
SODRCES DES RECETTES.
PropriiUi poutdii par U familU.
ÂMT. 8. — DEMIT AOX ILUKUtlOm Dl BOCliTtl D'ACSDEAVOU MUTUluai.
(La {uniUa ns fttt puiii d'ucDni K>ciélé d« c» gnin)
ViLiDRTOTiLi il«(pnip[iiUa(UDfdMsc«iandulelMm«ittaiuié«.16,S™T) ,
BBCTION II.
Balnentiona refBSf par U faiBilI»,
An. l*. — Paoraitiii ufcn m osimiDET.
(La ruDill* n* reçoit ■ucanipTopriéU m Diurrali)....
A«. i. — I>«omi d'uuoi m ui napuiria VDnmx.
tteerr nu lei b«rbei i recoller dsni lei CortU domulilea pour U production da foin
An. 3. — A.LiJ>c*Tiaii( D'oun* m
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CH. 11. — naSEBAND KS OODBSBBRG.
$ n. — BUDGET DES BECETTES DE L'ANNÉE.
«OWANT »<
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BECETTE3.
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M^l.
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(LilkDllltiMjanlId'aliCluinniludecegsiiie)
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Am. «. — VMBma m du»» o'ouot.
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n>*s
39M
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CM. II. — TISSBKANO DE CUDESBBRa,
S 14. - BCDOET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SOITE).
SOURCES DRS RECETTES (SUITE).
giiifiti H ninn m
BBCTIOH m.
Tnvmx HioaUt pM U fmmîU*.
TuvuL piinciFtL, «licnti 1 la Ucha, an eonpta d'un cbaffindaitrls :
Tiii»ge d'élollM blmchei ds colon
KtVADi BscoHnAiRia, Biâcatii ui compta de U ttunlUa :
Culture du jaidin-»ei
Culture du champ à
]areh«..
mialei et tratupoit 1 1 kUomèlT* e( demi
L et :a mobilier, ealreUaD et bluchiuage
■e) tiiTaoi comme eiuiliaii* de la mère.
Tmaiix dat Journte* de toui 1m membrea de la famille
SBCTION IT.
«ntrepriaei pat la fata
à ton piopte compte).
tswanna entrepriise u compte de ta famille i
Culture da ienlÏD-Terffer et dn champ à pouii
BiploiUlioa de la ikcbe.
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CH, II. — TISSBBAND t>B GODBSBEBO.
S U. — BUDGET DES BECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
RECETTES (SUITE).
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SECTION m.
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ca. II. — TISSKKIND DB GODEBBBKG.
S 16. - BUDGET DBS DÉPENSES DB L'ANNËB.
DÉSIGNATION DES DÉPENSES.
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CB. II. — TiSSEBAHD DB GODSSBBBO,
S 45. - BUDGET DKS DÉPENSES DE L'ANNÉE (SDITE).
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CB. II. — TISSBBAIR) DB GODBBBEBa.
$ 15. - BUDGET DES DÉPENSES DR [.'ANNÈB (SDITEJ,
DËBIGNITION DES DÉPENSES (SOITB).
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DipcaiM «oBoemant 1» beMÎiu moi
RïcifkTioni n m)leiinit<ï ;
Tabac i taaar, 9K iVK, 1»I9B; — iiptitat» dg ci
SnVICI DE MR^ :
BAilbnlioo dn médactn Itwliit da inédlcamaDti
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piéuDl budget,. .
(La tiDiilla De pain pai d'ùnpdti dlrsdi]
AssDRAHCEi coiKocuiiT AMuintB Liiitii-ftnit paTgiQCB n m
llmlafaiiilu:
>a DtrmMi d« l'aimia (balantaiit 1m KcMlu) (SSTlUi}
1<» M 4W 88
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OOUPTBS AHNBXAS AUX BUDGBTS.
COMPTES ANNEXES AUX BUDGETS.
SECTION I.
COMPTES DES BËNÊnCBS
IMtail da ndnirieintnptwi pu h (uulle (à «M fnpn nifl«).
Somma obtuos in Innm de tiiuga :
Tiuae* la 17B pièca d'iloffa da S7 mttnt d» longueur, i S'ig la plia, . ,
Salalia la'obtiaddnit nn jannialiai exfcnUiit l« mtoe ■enr» de tn-
Somm* obluiie en lu* du nliirt que
ip joomAlîflT axAcntaot la
s lianlUot de la rabMitatîon du tmtil i U tlcba ai
B. — Cdltdii d
Lépimw diran da Jtcdio,
. S50 kU. àVViS... (1S,S«I)
«0 iO IM... (IJ, B"a|)
MO àO 045... (lS,g<Hl>
TnYlai dali timtlla
Vita du maUriel aptcial :
[Dtéret(Gp. 100)d>lBnIaurdatonlit({S'(ICI)..
SalMlen da cei outiU : rraJi inaigaifluto
Bfntnca rdnltiot de l'indmlrla
Totasi corn
«L«™. 1
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- TISSBBAND DE GODEIBBRO.
- ElPUHTlTIOK DB LA T.
Benm comominj pu la minaga 10 UL à l'SS. ..
Beurra vendu «1 i 1 85.-.
Lait Gonninmi p» le mluge M litr. i 0 OS...
Lut at rialda ds la&brlwtlDa do twiute, Tendu
limage, ïeoda 8 kil. à O*"».-
Veu, TBDdn i l'igc de ■ 1 1 moli
RnnlVi toploTé poai rupleilatlaa apicol* I
lDlirèt(ap. 100) de la Tileor de la nefc* (lUDOO)...
Novirilore ;
Herbe* (14, Sx II), «TalnAsa tat pted 1 une toi
S connu m aintncis tiiOt-ttin du iiwdsti:»
(AfcC).
Prodnita implorde es oalure pour U Doniritun de U bmiUe (IE.S«I)
Pnjdniti an Datais at recettsi en aigant i amplayer de nooTean pour 1« in-
daitrleaallae-iBdmeifWfBO)
EacetM* ta argent appu^iiéa* aux Mptuti da niBage
Inlériti dat prapilétit poaeédJat pat la bmillt at amploj'iei pu aile ani
indnrtriei (H, B« i)
Prodaii) daa (obieotiDOg Te;nei pu la famille at imptojdei pu lUa aai
indmlriei. (W, B"I[)
Ealaim afféraoli ani ttanm ailcnMa pu la famille pour lei indoi-
Iriee (U. S" IJl)
Produits daa inlottriei dépentég en natara al d ipaniea en ar^nt gol daTTont
HcarambouTiét puleiTecallaaréiultant dti indiutnei (40'M)}
ToUni dM dtptfltei (158'79)
BéxinoB tMaiix rénttanl des iadaitiiat (14, S» IV)
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10 00
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86 64
87 45
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COMPTES ANNEXES AUX BUDOBTB.
6BCTI0N II.
COMPTES RELATIFS AUX SOBVBNTIONS.
E. — RfCOLTI DD BOU Hl»t.
Boh rtoolU : «OO kU, Tilut, 1 l'M. .
Thtmi d« Il CiniUa
Tum laKiibott taboltanntUricoIta...
Total «
,.»™
Bilan.
J^L
an
naj
SECTION III.
COMPTES DIVERS.
I ndlagota an dr>p t
I giMudnp DOIT..
I puUlon d< dnp ne
VtUoMti at tt>T«U :
1 gJM d* dnp 1 maDcbM. . .
ToUl
I. — VHtmenti dt la fou
1 Japon «oUiDa
I llcbu fMoA doLdnV eàmiiiâi
I Md d'étoBï d* UUe flii
1 pâira di •onlion.
1 Muuliunl d« draMlle
ViMiDMili da tnTiil :
Mou THamanli da dlmaselM. . .
1 rob* d'indieno*
I UMiw d'indlaon*
1 ficha d'indiBDU
iiGoogle
80 en. 11. — TlSSEBJJtD OB OODESKBfi.
ÉLÉMENTS DIVERS DE tk GONSTITCTION SOCIALE
FAITS IMPORTANTS D'ORGANISATION SOCIALBi
PARTIC0LARITÉ3 REMARQPABLESi
APPRÉCIATIONS GÉNÉRALES; CONCLUSIONS.
S 17-
RAPPEL DE l'État de STABIUTÉ QDI existait AVTAEFOIS DANS
LES CAMPAGNES HANDFACTU BIÈRES DU BASSIN RHÉNAN. CAUSES
o'iËBRANLEMENT OBSERVÉES ADJODRD'HDI DANS LA POPDLATION
LOCALE ET SPÉUALEMENT DANS LA FAMILLE DÉCBITB.
Dans la vallée du Rhin, le tissa^ des 6Is pour la fabrica-
tioD des étoffes de laine, de lia et de chaoTre, a d'abord été une
H industrie domestique » sous le régime qui se conserve encore
en beaucoup de contrées. Des exemples de cette organisation
ont été signalés notamment en Suède (III, i, is et ao), et dans
la plaine saxonne (III, m, la). Comme en Toscane, dans les
Pays-Bas, en France et en Angleterre, le lissage est devenu
ensuite une fabrication spéciale. Les tisserands ont d'abord été
des « artisans ruraux » travaillant, pour les besoins de la localité
où ils étaient établis, dans la situation que conservent encore
beaucoup de charpentiers, de maçons et de forgerons. Enfin, à
mesure que la fabrication des étoffes devenait l'objet d'un grand
commerce, à l'intérieur du pays et dans les pays étrangers, les
tisserands se sont inspirés de la coutume qui régnait dans la vie
rurale. Continuant à résider sur la borderie qu'ils occupaient en
qualité de propriétaires ou, plus habituellement, de tenanciers,
ils se sont attachés à un patron qui exploitait, dans la ville voi-
sine, le nouveau commerce ; et ils lui ont livré tous les produits
qu'ils pouvaient fabriquer. Le patron urbain et ses tisserands
ruraux, quoique disséminés sur le sol, formaient réellement une
unité : ils ont ainsi constitué ce type de grande industrie que j'ai
.yGodgle
iLBHBNTS DIVEU M U
Dommé dans cet ouvrage, « la fabrique rurale collective ». Ces
traasformaUoQS successives se sont opérées dans la vallée du
Bhin sous les mêmes iaflueaces qui ont ét^ indiquées pour l'Aa-
gieierre (III, viii, n).
Depuis le moyen âge, les fabriques collectives rormées de tisse-
rands ont été souvent agitées, avec la société tout entière, par les
discordes politiques qui émanaient de la corruption des classes
dirigeantes. Mais chaque fabrique et chaque foyer ont conservé
la paix sociale et la stabilité, aussi longtemps que les maîtres,
restant soumis au Décalogue, ont pratiqué les devoirs de pro-
tection et d'assistance envers leurs ouvriers et les serviteurs atta-
chés à Irar maison. Telle était encore, au commencement de ce
siècle, la situation de la fabrique rurale collective du Rhin.
Sons ce régime de stabilité, )a fabrique rhénane se recora-
mandait à certains caractères essentiels. Le tisserand-tenancier
résidait à la campagne ; et il était )ié à deux maîtres, dans le
système des engagements volontaires permanents. Le propriétaire
rural, sur le domaine duquel la famille résidait, lui donnait l'usa-
fruit perpétuel de l'habitation et de ses dépendances agricoles, la
provision de combustible, le pâturage et le droit de récolte du
foin nécessaires aux vaches laitières; et il recevait, en échange,
à l'époque des grands travaux, un certain nombre de journées
de travail fournies par l'ouvrier ou par les membres de sa famille.
Dans les cas oii la redevance normale en journées était dépassée
de gré à gré, le propriétaire accordait, en sus des subventions
ordinaires, une partie proportionnelle des quantités de céréales
néc^saire à la subsistance de la famille. Le fabricant, pour le
compte duquel l'ouvrier travaillait, au moins pendant les deux
tiers de l'année, lui livrait régulièrement le ûl à tisser et lui
payait le salaire 6xé par l'usage, pour chaque pièce d'étoffe
rendue, lorsque le ûl était mis en œuvre. Selon la coutume,
le labricant était tenu de fournir au moins une certaine quantité
de 61 au tisserand; et il était interdit à ce dernier de travailler
pour le compte d'un autre fabricant. Au moyen de son salaire, la
- famille se procurait le complément de la provision de céréales,
le sel, la boisson fermentée, certains objets de vêtement, les
.yGoogle
récréations favorites et, en général, (oates les satisfiKtions qui
n'étaient pas assurées par les BubventiODS. Cet état de bien-être
était permanent : il pouvait, à la vérité, être intenrompu par
quelque calamité nationale; mais alors les deux patrons parta-
geaient la souffrance de l'ouvrier. On ne voyait jamais le pain
quotidien des populations compromis par les moindres vicissi-
tudes de l'agriculture et du commerce, ou par les défaiilaocea
physiques et morales des chefs de famille.
Dans plusieurs localités, les familles de tisserands se désor-
ganisent en s'agglomérant dans les villes où sont établis les
comptoirs des fabricants (lo). Elles se déplacent surtout aux
époques où les demandes de tissus se multiplient, car alors il l^r
est plus focile qu'aux ouvriers ruraux de se procurer les salaires
élevés qu'olTrentà l'envi les fabricants en quéle d'ouvriers. Mais
elles paient cher cette imprudence, lorsque les comptoirs, encom-
brés de produits, ne reçoivent plus de commandes. Elles ont
alors perdn leurs deux patrons. Privées des anciennes subven-
tions rurales, elles ont pour unique moyen de subsistance le sa-
laire manufacturier qui reste insuffisant en temps ordinaire, qui
fait complètement défaut aux époques de crise. De là des souf-
frances cruelles qui n'ont pour palliatif que la charité publique.
Quant aux patrons, ne pouvant plus compter sur leurs ouvriers
dès que le travail abonde, ils ne sont plus contraints par la cou-
tume de les assister lorsqu'il fait défaut.
Depuis le milieu du dernier siècle, tes &ibriques de tissus de
l'Occident s'engagent de plus en plus dans cette fausse voie; et,
en ce moment, beaucoup de fabricants s'efforcent de propager
les machines qui détruisent le métier de tisserand, comme l'in-
vention d'Ârkwright détruit progressivement, depuis 1769, le
métier de la âleuse. Alors même que, comme en Suède (HT, i,
so), les fabricants de tissus comprennent l'intérêt national qui
se lie à la conservation d'une forte race de tisserands, les familles
se désorganisent elles-mêmes, sous l'influence de trois causes
principales. Elles s'accumulent dans les villes, sous un régime
d'habitations instables prises à loyer. Elles renoncent, par con-
séquent^ à la vie rurale qui leur assurait la jouissance perma-
.yGoogle
ivkmBBja oiviu dk là. constitution soculb. 8]
nente (aue propriété ou usufruit) du foyer domestique. Elles
perdent, eu outre, en même temps que le foyer domestique, les
traditions de la famille-aouche, les subveatioDs territoriales et le
patronage du fabricant.
Le tisseraud décrit dans la présente monographie ^t entré
dans cette voie. Il ne peut plus s'appuyer, ni sur un patron
rural, ni sur un patron urbain; mais il a conservé les autres
avantages de l'ancien régime social. Il est ébranlé, mais non
d^rganisé. f. l-p.
S 18.
aBURBD&B INFLUENCE QD'eXBSCENT SDB LBS OUVBIBfiS LES
511BVENTI0N8 FORESTIÈRES; PRINCIPES écONOHlQDES QUI EN
CONSEILLENT LE H&INTIEH.
Les subventions ayant pour objet les produits accessoires des
forêts sont, sans contredit, celles qui, en Europe, exercent la
plus heureuse inOuence sur le bien-être des ouvriers. Cette
influence résulte d'un ensemble de causes qui peuvent être résu-
mées succinctement.
Les forêts couvrent encore une partie considérable de la sur-
foce de l'Europe; en sorte que les richesses naturelles qui s'y
produisent se trouvent A la portée de populations fort nom-
breuses. On y peut recueillir chaque année des produits variés et
fort importants, auxquels il n'y a guère lieu d'attribuer une
valeur marchande, en ce sens que la vente qui en serait faite
indemniserait rarement le propriétaire des frais de récolte et de
transport. Ces produits ont cependant une valeur considérable
pour les populations voisines, qui peuvent consacrer à ces tra-
vaux un temps pour lequel elles ne trouveraient souvent aucune
autre destination utile. Us forment de nombreuses catégories, au
premier rang desquelles il convient de citer : les bois morts, les
végétaux sous-ligneux, et les arbrisseaux couvrant improducti-
vement le sol et foumi^ant des combustibles précieux; les fruits
de toute sorte et spécialement les châtaignes, les j
.yGoogle
8( CH. a. — IISEUND DK OODBSBBBG.
noisettes et amandes, les fruits à pépin et k noyau et les fruits-
baies employés comme aliments immédiats ou servant à la fabri-
cation des boissons fermentées; les graines oléagineuses, les
faines, par exemple, propres à la préparation des builes; les
champigQons, qui forment, en certaines contrées, uq des pria-
cipaux article-s de l'alimeatatiou (11, i b t) ; les feuilles employées
comme litière et comme engrais; enfia les fruits et surtout les
herbes destinées à la nourriture des animaux domestiques.
Dans les contrées où la solidarité s'est maintenue entre les
propriétaires du sol et les populations, les droits d'usage attri-
bués à ces dernières n'ont jamais été contestés. Des coutumes,
fort, curieuses pour la plupart, ayant pour but de réglementer
l'exercice de ces droits et d'en prévenir les abus, y sont en vigueur
depuis un temps immémorial. La localité qu'habite la famille
décrite dans la présente monographie en offre elle-même un
exemple intéressant (i). Ailleurs, au contraire, la rupture
brusque des anciens rapports sociaux a mis en opposition tous les
intérêts ; elle a habitué .chacun à exercer son droit jusqu'aux plus
extrêmes limites. Sous cette influence, beaucoup de propriétaires
se sont réservé la disposition exclusive de tous les produits du
sol, même de ceux dont ils ne peiiveot tirer parti. La rigueur
avec laquelle ils interdisent les subventions forestières précédem-
ment acquises aux populations introduit dans la constitution
sociale des germes nombreux d'irritation et de mésintelligence;
car les anciens usagers, tout en respectant en principe le droit
du propriétaire, supportent impatiemment des restrictions qui
leur nuisent sans profiter à personne. Souvent même, la per-
turbation économique qu'enb^fne le nouveau régime retombe en
partie sur les [U'opriétaires eux-mêmes.
En effet, l'octroi des subventions qu'on vient d'énumérer ne
cause à la propriété forestière aucun dommage appréciable; et
il est fort rare que ce dommage se manifeste par la diminution
du produit brut. EnSn il arrive même souvent que le bien-être
acquis aux populations, sous la bienfaisante influence de droits
d'usage convenablement réglés, rejaillit directement sur le pro-
priétaire et se résume en un accroissement du produit oet. Dans
.yGoogle
iiéUEina Diviis dk u consiitution iocuu. u
l'Europe centrale, où l'abondance àea bras réduit presque
toujours au strict nécessaire les recettes des ouvriers, les familles
demandent en moins au salaire ce qu'elles obtiennent à titre de
subvention. La générosité du propriétaire de forêts lui est donc
profitable, en ce sens qu'elle lui assure, à un moindre prix, le
travail des bâcherons, des charretiers et des autres catégories
d'ouvriers qu'il emploie. Dans tous les cas, d'ailleurs, les sub-
ventions forestières augmentent considérablement les recettes
annuelles des familles qui en jouissent. Celles-ci en tirent ordi-
nairement de précieuses ressources pour le chauffage, l'alimen-
tatioa, les transports et les industries domestiques. Ainsi la famille
présentement décrite se procure, avec la récolte d'herbes faite
chaque année dans la forêt voisine, le moyen d'entretenir
une vache qui lui a^ure une recette annuelle de 150 firancs
environ. Le principe d'économie sociale qui Tient d'être signalé
se trouve donc nettement établi par les chiffres de cette mono-
graphie. On en retrouve ta confirmation dans toutes les régions
de l'Europe.
8 1».
SUDATION COUPAa^E DES OUVRIERS ATTACBâS, DANS LE
NORD-OUEST DE l'ALLBMAGNB, ADX PETITS ATBUERB BOBAUX ET
AUX USINES A APPAREILS MÉCANIQUES.
La famille décrite dans cette monographie appartient à un
régime manuracturier oh les ouvriers travaillent dans leurs pro-
pres habitations disséminées pour la plupart au milieu des cam-
pagnes. Ils joignent toujours à leur industrie principalel'exploita-
tion et même l'élevage des animaux domestiques, la culture des
plantes potagères et des fruits, et plusieurs autres catégories de
travaux agricoles.
Ce système, combiné avec celui des corporations urbaines
d'arts et métiers, a été pendant longtemps l'unique base de l'in-
dustrie européenne (III, viii, n). Mais, depuis le commence-
ment du dernier siècle, et surtout dans le cours de celui-ci, il a
.yGoogle
86 CH. II, — TOSUINR DE OOOESBBM.
beaucoup perdu de son importaoce. Celte décadence est due à
la fois à l'altératioQ du système et à la concurreoce chaque jour
plus active que font aux petits ateliers ruraux les usioes à appa-
reils mécaniques. Ici, comme dans les autres cootrées manu-
facturières, il y a un grand iutérèt à constater, par l'étude delà
condition physique et morale des ouvriers, les avantages et les
ÏQœnTénients de l'un et de l'autre régime.
Dans celte partie de rAllemagne, les ouvriers travaitlanl dans
leur propre habitation obéissent presque tous à une tendance
funeste. Ils quittent peu à peu la campagne pour se grouper
dans lesbourgs et dansles petites villles. Ils restreignent en même
temps le cercle de leurs travaux agricoles ; et ils demandent, en
plus grande proportion, au travail manufacturier leurs moyens
d'existence. Le groupe dont ils font partie abandonne chaque
jour son ancien caractère de fabrique rurale pour prendre celui
d'une fabrique urbaine. Perdant eux-mêmes la stabilité et la
sécurité que donne l'agriculture, ils tombenlde plus en plusdans
la situation précaire qui, depuis le commencement de ce siècle,
a été, dans l'Occident, 'le caractère dominant des populations
manufacturières agglomérées. Cette situation met à jour un des
plus graves inconvénients du régime des petits ateliers : l'absence
de patrons intelligents, prenant souci du bien-être des popula-
tions. Dans cette organisation sociale, en effet, les familles ne
se trouvent pas rattachées à un patron par tes liens qu'établit la
permanence des relations. Elles travaillent successivement, selon
des conventions éphémères, fondées sur les hasards de o l'offre
et de la demande », pour le compte de divers marcbards exploi-
tant le commerce de la localité. Ceux-ci sont loin de conjurer
par leur influence les fâcheux effets de l'imprévoyance des
ouvriers. Loin de les retenir dans les conditions de sécurité que
donne le séjour de la campagne, les fabricants tendent à les atti-
rer, par l'appât d'un salaire plus élevé, dans les bourgs et dans
les villes : ils les accumulent près de leurs comptoirs, oii il leur
est plus facile de surveiller Texécution des commandes.
Les ouvriers attachés aux usines à appareils mécaniques,
dont les chefs ont conservé les habitudes de patronage de l'an-
.yGoogle
BLBHBNTg DIVERS DK Li CONSTITUTION SOdALE. 87
cienne économie européenne, se trouvent dans uoe situation plus
heureuse. Ce contraste n'est nulle part mieux marqué que dans
les provinces rhénanes, par la comparaison des ouvriers décrits
dans la présente monographie et de ceux qui sont attachés aux
grandes usines de la coolrée d'EIberreld (III, iv, so).
S 20.
PB^PABATIOHS TRADITIONNELLES DES CONSEBVBS DE CDODX
{sauer Kraut) et de légumes ditebs.
La conserve de choux, ou choucroute, est préparée, dans
cette locaHlé et dans la majeure partie de l'Allemagne, de la
manière suivante. Les familles qui ne se livrent pas elles-mêmes
à ce travail font couper en petits fragments, par un ouvrier loué
à cetefTet, leur provision de choux. On tasse fortement dans des
barils, au moyen d'un pilon de bois, les choux ainsi coupés, par
couches successives; et on saupoudre chaque couche avecdusel.
On pose ua couvercle sur la couche supérieure lorsque le baril
est rempli, et, par-dessus, on charge de grosses pierres, qui sou-
mettent la masse à une pression constante. Après six semaines,
il s'est produit une fermentation acide : la masse s'est affaissée;
elle se trouve recouverte d'une saumure naturelle, et l'on peut
commencer à faire usage du produit. Chaque fois que l'on prend
la provision de la Journée, on doit replacer le couvercle et les
pierres qui tiennent la masse comprimée. Avant de cuire la
choucroute, on la débarrasse de la saumure dont elle est imbi-
bée, en la laissant, pendant quelques heures, en digestion dans
de l'eau froide.
D'autres légumes, les haricots verts par exemple, se prépa-
rent à peu près de la même manière, avec cette différence que
le travail, étant moins pénible que pour les choux, ^t toujours
exécuté dans des réunions où sont conviées les voisines. Elles
ont lieu successivement dans chaque maison, sous la direction
de la mère de famille. Ces travaux en commun sont, pour les
femmes, une sorte de récréation; ils s'appliquent également, dans
.yGoogle
- TlSSBmATfD DB GODESBERfl.
certaines localités, à la préparation des choux, et rappellent les
réunions qui ontlieu en Sibérie pour le même objet (11, in, 14 ).
§21.
PRÉCIS DB LA MOKOGBAPHIB AYANT PODB OBJET
LE LUTHIER DU WERDENFELS (HAUTE- BAVIÈRE).
I. DéfLnlttoQ da lien, de l'organisation indnstrlflUe
et de la famille.
Le luthier présentement décrit est un ouvrier-tâcheron atta-
ché à un fabricant dans le système des engagements momen-
tanés. Il est en même temps ouvrier-propriétaire.
Le bourg de Mittenwald, qu'habite la famille, est situé par
kl' 26' de latitude Nord et par 8" 35' de longitude Ouest, au
centre de la chaîne des Alpes de la Haute-Bavière, près des
frontières du Tyrol, dans la vallée de l'isar. Ce cours d'eau prend
jga source dans les montagnes du Karwendel, à quelques kilo-
mètres de Mittenwald. Le bourg est situé à 93& mètres au-des-
sus du niveau de la mer ; et les montagnes qui bordent la vallée
s'élèvent à 2,500 mètres. Les sommets et les ravius de ces
montagnes sont couverts de neige jusqu'au commencement de
juin, et les bourrasques du sirocco soufllaQt par le col de Seefeld
ajoutent à la rigueur du climat eu provoquant de brusques varia-
tions de température. Le sol de la vallée se compose d'un gravier
calcaire, mêlé de mica et d'autres débris descendus des montagnes
environnantes; celles-ci sont couvertes de forèls jusqu'à uoe
hauteur d'environ i,500 mètres. Leurs premiers contre-forts sont
formés de schistes bitumineux, d'ardoises, de marnes et de grès,
qui constituent principalement le scA des forêts. C'est là qu'on
trouve, sur les pentes, de bons pâturages oh l'on mène les trou-
peaux dans la belle saison. La terre arable ne se rencontre qu'au
fond de la vallée et sur les coteaux qui la bordent. La culture
de ces coteaux, commencée en 15S8, a été abandonnée, puis
reprise, il y a trois ans, pour aider les propriétaires-indigents et
.yGoogle
itLÉVKHTS DIVERS DE LA
remédier au morœllement de la propriété, qu'on doit coasidérer
comme une des plaies sociales de cette contrée. La largeur de la
vallée varie de 1 é 2 kilomètres. Les sinuosités décrites par le
cours de l'Isar la divisent &i trois parties : aa milieu le boui^ et
quelques cultures; au nord, les champs et au sud les pâturages
des bétes laitières qui, pendant la belle saison, sont retenues
près du bourg pour \es besoins journaliers. Le pâturage a, dans
cette commune, plus d'imporlance que la culture proprement
dite. Il a pour ressources les droits d'usage et de p&ture accordés
par l'Ëtat, sur ses terres et dans ses forêts. Il y a trois classes
distinctes de particuliers propriétaires : les grands, les moyens
et les petits. Parmi ces derniers sont les luthiers et ouvriers de
toute sorte ; ils possèdent, en général, de kO à 50 ares, et ils
suppléent à l'insuffisance de cette propriété en prenant, à loyer,
des champs dans les villages voisins. Un petit nombre de familles
s'occupe uniquement d'agriculture. Les terres labourables sont
en petite quantité; élira sont excessivement morcelées par suite
du partage des héritages ; et beaucoup d'habitants de la commune
doivent demander à un autre travail les moyens de subsistance
que l'agriculture ne peut leur fournir. Les familles qui allient
aujt travaux de culture le commerce des bestiaux, des foins et
des bois, sont les seules qui ne s'adonnent en aucune façon à
l'industrie maouracturière. La loi communale n'accorde l'autori-
sation de se marier dans la commune qu'aux membres de cette
commune. Pour en faire partie, i) faut posséder une maison ou
au moins un logement comportant la jouissance des droits com-
munaux de pâture, d'aflbuage et d'abatage, dans te domaine de
l'État. Le luthier, comme les autres gens de métier de Mitten-
wald, est à la fois propriétaire, cultivateur, nourrisseur et ouvrier-
tâcheron. Il travaille généralement chez lui, avec ses propres
outils, et reçoit du fabricant, qui le paie aux pièces, les matières
nécessaires à son travail. Il n'est nullement lié à un seul fabricant.
Il travaille, tantôt pour l'un, tantdt pour l'autre, k moins que des
avances faites sur le travail à exécuter ne le lient temporaire-
ment h l'un des deux fabricants luthiers de Mittenwald. Ceux-ci
font, en outre, le commerce de détail des objets nécessaires aux
.yGoogle
- TISSBILUID DI GODB&DEBO,
besoins de la vie et des outils employés pour la fabrication de
leurs articles. Les ouTriers achètent souveot cbez eux, et à cré-
dit, avec remboursemeiit par à-compte sur le travail à venir, les
objets dont ils ont besoin dans leur ménage. Ils se trouvent
souvent ainsi engagés pour de longs teraies avec tel ou tel fobri-
cant. Le lutbier exécute ses commandes à l'aide des membres de
sa famille; et l'uu des fils, au moins, suit habituellement la
profusion de son père, qui a été son maître d'apprentissage. Les
Olles aident aussi quelquefois à la fabrication des violons comme
colleuses, polisseuses et vernisseuses. La femme s'occupe du
ménage, des foins et des bestiaux; et elle n'assiste son mari dans
son métier que par exception. Gomme on le voit, l'organisation
industrielle des luthiers de Mittenwald est une fabrique collec-
tive demi-rurale. Bien que la loi sur les corporations fermées
(i, i») soit encore en vigueur, les luthiers de MiHenwald sont
rangés dans les métiers libres, et alFranchis des conditions d'ap-
prentissage et de compagnonnage de ces corporations. Pour être
luthier, il faut éire membre de la commune, avec l'approbation
de la police du district. Cependant quelques membres de familles
de luthiers, qui ont perdu leurs propriéiés par accident ou par
imprévoyance et défaut d'ordre, ont obtenu l'autorisation de tra-
vailler à leur compte; mais non pas celle de se marier. La com-
mune doit les tolérer, car le lieu de leur naissance leur donne
certains droits ; mais ce sont des exceptions que l'on cherche à
éviter. On nomme ces individus des o soi-même » (Selbstler), ou
personnes ne vivant que pour elles-mêmes et par elles-mêmes,
sans participation à tous les droite communaux.
La famille comprend les deux époux et trois enfants. Le père,
né à Mittenwald, est Agé de â7 ans et marié depuis 19 ans.
Sa femme, née à Mittenwald, est âgée de A8 ans. Ils ont eu
ih enfants : 7 garçons et h Slles sont décédés; â garçons sur-
vivent, et sont âgés de 20, 16 et 8 ans. La fécondité des mariages
est habituelle à Mittenwald : il y a, dans le bourg, une famille
qui compte 2ft enfants; beaucoup d'autres en ont de 12 à 16.
Par contre, la mortalité est grande parmi les enfants. Bien que
dans le pays la plupart des mariages se concluent sous l'empire
.yGoogle
■lÉMENTS DIVKBI DB LA CO.tSTlTITTIOn lOCULI. 91
de considératioDS d'intérêt, Dotre luthier en choisissant sa femme
a suivi EOD iDclinatioD. Ed général, les hommes se marient entre
30 et ko ans, et les filles entre 20 et 50; les lois communales
retardent les mariages (i, ss). G» lois ont souvent une triste
conséquence ; la naissance d'un assez grand nombre d'enfants
il légitimes.
Jusqu'au commencement du ^ècle actuel la religion catho-
lique a seule été tolérée dans le comté du Werdenfels. Bien que
le gouvernement bavarois traite aujourd'hui tous les cultes avec
une égale impartialité, les habitants continuent à professer avec
ferveur la religion catholique. I^^ luthiers font presque tous
partie de sociétés chorales, pour la musique sacrée, vocale ou
instrumentale. Dans toutes les maisons du comté et de la Haute-
Bavière, il y a, chez les familles catholiques, un petit autel placé
dans la chambre commune; et un autre dans la chambre des
parents. Ces autels occupent la place principale, vis-à-vis de
l'entrée. Ils sont ornés d'un crucifix, de tableaux de dévotion et
de fleurs artiâcielles.
L'ouvrier qui est catholique, ainsi que toute sa famille, a
toujours pris part, avec les autres luthiers, à un anniversaire
qui, jusqu'en ces derniers temps, était célébré au mois d'octobre
en mémoire des luthiers décédés. Cette cérémonie se composait
d'une grand'messe et d'un Libéra chanté hors de l'église. Chacun
mettait à l'oHirande 0' OU ; et les frais du service étaient répartis
entre tous les luthiers qui payaient environ 0' 22 chacun. Un
fabricant luthier se chargeait toujours des arrangements à prendre
pour cette solennité. L'augmentation des dépenses nécessaires à
ta vie a récemment fait tomber cette pieuse solennité en désué-
tude. La famille suit régulièrement les préceptes de l'Église; elle
participe à toutes les cérémonies et processions d'usage, surtout
pendant la semaine des Rogations. Tous ses membres vont
chaque matin à la messe, excepté pendant le temps de k fenaison.
Après le déjeuner on fait la prière, qui se compose d'un Pater,
d'un Ave Maria, d'un Credo et de sept fois Gloria in exceisis
Deo, récités à haute voix. Avant le diner et avant le souper, on
récite trois PcUer et trois Ave. La famille communie au moins
.yGoogle
9S en. II. — TISSERAND BB fiODESBBRa.
quatre fois par an ; les enfaDts foot leur première commuDion à
onze ans. L'ouvrier ne permet jamais à aucun membre de sa
famille de travailler le dimanche, oi les Jours de fête, lors même
que le curé eu donne l'aulorisatioD. Il prétend que le travail fait
en de telles circonstances ne peut être profitable.
La famille faisait autrefois, comme la plupart des habitants
du bourg, des pèlerinages aux églises de la Sainte- Vierge à
Absams, de la vallée de Riss en Tyrol, ou d'Eltal dans l'arron-
dissement du Werdenfels. Ces voyages coûtaient chaque année,
à l'ouvrier, la valeur de plusieurs journées de travail. L'augmer.-
talion progressive du prix des choses nécessaires à la vie a forcé
dernièrement la famille à supprimer ces voyages dispendieux.
Elle se borne maintenant à faire les prières annuelles diios
l'église de la vallée de Biss, située à une petite distance et d'où
l'on peut revenir le lendemain du départ. Toutefois la dépense
annuelle, y compris le paiement ordinaire des chaises à l'église
de Mittenwald, atteint encore en moyenne la somme de 20 francs.
La mère de famille ne peut plus, à cause de ses infirmités, faire
des voyages dans les montagnes; elle remplit ses devoirs reli-.
gieux à l'église du village. L'instruction religieuse, fréquentée
par les Jeunes gens jusqu'à l'âge de dix-huit ans, ainsi que te
prêtre leur en fait un devoir, contribue grandement h la conser-
vation des idées religieuses et des bonnes mœurs. Le nombre
des enfants illégitimes, assez grand dans la Haute-Bavière, a sen-
siblement diminué depuis une dizaine d'années à Mittenvrald,
BOUS l'influence de l'instruction ecclésiastique améliorée depuis son
oi^nisation à la suite du Concordat. La plupart des enfants
naturels sont légitimés par mariage subséquent ; et c'est même ce
qui est arrivé pour le fils aîné de l'ouvrier. L'enseignement sco-
laire, assez négligé autrefois, a reçu, depuis le commencement du
siècle, une impulsion nouvelle qui, se combinant avec le maintien
des croyances religieuses, a produit I amélioration des mœurs.
On rencontre rarement, dans les dernières générations, des per-
sonnes qui ne sachent lire, écrire, et au moins un peu calculer.
Dans l'école, les garçons sont séparés des filles; celles-ci sont
confiées aux soins des sœurs pauvr&s de Notre-Dame, qui leur
.yGoogle
ÉLéllENTS DIVKB9 DB LA COKSTITVTIOrt SOCIALE. 93
dODDent à la fois l'instruclioa religieuse, renseignement scolaire
et les premières notions de travaux manuels. Les habitants de
Mittenwald se Font remarquer par leur assiduité au travail ; et,
pour ce motif, les agents forestiers les emploient pour les tra-
vaux qui s'exécutent chaque année dans le domaine de l'État à
roccasion du flottage du bois.
Soumis aux nécessités d'une vie modeste et restreinte, ils se
montrent gais et satisfaits de leur sort. La paix se maintient
habituellement parmi eux sans rinterventioa de l'autorité; et
même, en 18&8, lorsque dans des communes voisines l'emploi
de la force armée fut parfois nécessaire, les gens de Mittenwald
se bornèrent à exposer leurs griefs et demeurèrent dans une
parfaite tranquillité. Leur loyauté est connue ; le vol y est excep-
tionnel, et les menus délits champêtres et forestiers y sont fort
rares. Sous l'empire de cette discipline morale, l'esprit d'associa-
tion s'est développé d'une façon remarquable.
La régularité de sa conduite, le sage exercice de l'autorité
paternelle, l'assiduité au travail, l'esprit de prévoyance et
d'épai^e, ont désigné le chef de famille à la conQance de ses
concitoyens, qui l'ont élu curateur des pauvre. Les soins de
cette fonction honorifique sont assez onéreux pour qu'il redoute
une réélection à l'expiration de son mandat.
La vallée de l'Isar est généralement assez salubre. Les épi-
démies de fièvres typhoïdes, assez fréquentes par suite des maré-
cages de l'arrondissement de Gries, dont fait partie la maison du
luthier, attaquent principalement les enfants. L'ouvrier dont nous
parlons perdit presque tous les siens attaqués de cette funeste
maladie; ceux qui lui restent jouissent d'une très-bonne santé.
En outre, la population estsujetteauxriiumatisme8,auxcataiTfaes
et à d'autres affections pulmonaires. Les b&cherons et les flot-
teurs sont souvent atteints de la goutte dans un âge avancé.
Chez les jeunes filles, on observe particulièrement la chlorose et
ses suites ordinaires. Quant aux fièvres froides, elles sont
inconnues dans le pays.
Jusqu'en ces derniers temps le service de santé était confié à
un cbirui^en autorisé à guérir les maladies de peu de gravité
.yGoogle
9% CH. II. — TIS9RKAKD DB OODBSBKRO.
et qui devait, dans les cas sérieux, se consulter avec le médeciu
du bailliage demeurant à une distance de 20 kilomètres. Depuis
dix ans, le gouvernement a placé, dans le bourg, un médecin de
district, sous le contrôle immédiat du médecin de bailliage et ayant
le droit de tenir une pharmacie. La commune alloue à ce médecin
une subvention annuelle de ftSO Trancs. Les indigents de l'endroit
reçoivent de lui des soins gratuits. Dans la famille décrite ici, la
mère, alTaiblie par de nombi'eiises couches, ne peut presque plus
travailler. Le père souffre quelquefois de légères congestions cau-
sées par le travail assidu auquel il se livre dans un espace trop
restreint. Les habitants de Mittenwald sont en général sains et
robustes. Aussi atteignent-ils ordinairement un âge assez avancé;
nous y avons vu des luthiers de 79 ans qui étaient encore de
très-bons ouvriers.
L'ouvrier, objet de ce précis, se distingue par sa loyauté et
SB bonne réputation. Stable dans son métier, il fabrique des vio-
lons d'une qualité hors ligne qui se vendent un prix fort élevé.
II. Hojens d'azlstenoe de la famille.
Immeubles : maison et petit jardin y attenant, 1,724' 00; —
terres situées à 4 kilomètres de la maison, comprenant 112 ares de
terres cultivées et de prairies, 1,379' 00.— Ces divers immeubles
proviennent principalement de la succession du père de l'ouvrier.
Ils s'améliorent ou s'accroissentchaqueannée grâce aux épargnes
et au travail de la famille. — ■ Argent : l'ouvrier conserve diez
lui, pour les besoins du ménage, une petite somme d'environ
22 francs. — Ammau(v domestiques entretenus toute l'année :
2 vaches, 1 veau, 1 chèvre, 329' 00. — Matériel des tramtiœ
et industries ■ outils de lutherie, 138' 00; — outils et instru-
ments de culture, de cueillette et d'élevage, 123' 00; — usten-
siles destinés an blanchissage ainsi qu'à l'entretien des vêtements
et du linge, 11' 00. — Valeur totale des propriétés, 3,726' 00.
Dans les pays de montagnes, et surtout dans les Alpes, les
subventions jouent un rôle prépondérant parmi les moyens
d'existence de la population rurale. Elles ont pour origine des
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âLBMBNTfl DIVB1I3 DB LA CONSTITDTlOEf SOCIALE. 9S
droite d'asage ou des allocations d'objets et de services accordés
par des personnes bienfaisantes, ou par TËtat sur ses domaines.
Le pays où vil notre luthier est un de ceux où les subrentious
sont le plus largement assurées aux ouvriers. L'administration
forestière, sur les coupes qu'elle fait exécuter dans les forêts de
l'État, alloue à chaque famille une quantité de bois de chauffage
qui se décompose comme il suit : â mètres cubes, à titre de
droit fixe, moyennant une redevance de 0' 15 par mètre cube;
2°" 16 .à titre gracieux, et à raison de 0' 75. Le bois rond des
rameaux des arbres désigna et coupés n'est pas compté dans
ces mesures et constitue une plus-value qui ne coûte que la main-
d'œuvre et le transport; on s'en sert pour le chauffage, l'éclai-
rage et les menus besoins domestiques. Les bois concédés
doivent' être coupés et débités aux places assignées dans la
montagne; ensuite on les fait sortir et descendre dans la vallée.
Les bois de construction et les bois de clôture ne sont point
compris dans la précédente subvention. La quotité de cette nou-
velle allocation est fixée et contrôlée chaque année par les agents
forestiers. L'ouvrier reçoit annuellement 15 mètres environ de
ces bois (mesure linéaire) et paie un droit de 0' 86. De plus, il
reçoit 8 à 10 pièces de tige pour les clôtures, moyennant un
droit deO' 20. La valeur calculée de tous les bois reçus comme
subventions peut être évaluée à 62' 00. L'ouvrier jouit encore
d'un droit de pacage pour ses vaches sur le domaine de l'État.
Il n'a d'autre redevance à payer que sa quote-part du salaire du
bouvier. On peut évaluer à 105' 00 la valeur annuelle de cette
subvention. Le droit de récolle des litières pour les bestiaux est
évalué annuellement à une somme de 52' 00; le droit à payer
est de 0' 50 environ. La famille du lulbier jouit encore de
quelques petites subventions : l'instruction n'est pas complète-
ment gratuite à Mittenwald ; mais te prix en est réduit, par des
fondations religieuses, à 3' 00. Les copeaux, provenant des bois
servant à faire les violons, constituent une subvention évaluée
à 2' 00. Enfin des cadeaux divers faits à la famille entrent aussi
en ligne de compte, savoir : à la femme, 30 têtes de choux don-
nées par un parratet valant 1' 00; présent de 1 florin (2' 15),
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K CH. U. — TIBSEBAND DK OODKBBBBO.
dit par le même lors du dernier accouchement de la femme,
et 0' 22 aux enfants.
Travaux de Vouvrier, — L'ouvrier a pour Iravall principal
la rabricatioD des violons pour le compte du fabricant. Il consacre,
à ce travail et aux travaux accessoires, 293 journées, savoir
fabrication des violons, 251; exploitatiou des subventions, 13
culture des terres et soins donnés aux animaux domestiques, 2/i;
fonctions de curateur des pauvres, 6. Le salaire de l'ouvrier est
variable et peut être estimé en moyenne à 1' 72 par jour. —
Travaux de la femme. — La femme consacre tout le temps
compatible avec sa mauvaise santé aux occupations suivantes :
travaux divers du ménage; préparation des aliments; soins
donnés aux animaux; blanchissage du linge; confection et
entretien des vêtements et du linge; 61age du lin ou du chan-
vre et tricotage des fîls. Elle se fait aider par une couturière
ou une femme à la journée. Elle consacre ses moments perdus
k entretenir le petit jardin delà maison, et à blanchir à la cbaux
les murs des chambres. L'ouvrier estime à 1' 15 le travail jour-
nalier que Tait sa femme; car, lorsqu'elle est incapable de se
livrer à ses occupations, il paie à la femme de journée 0' 39,
plus la nourriture, évaluée à 0' 86 par jour. — Travaux du
fils aine, — Le fils atné ne travaille comme luthier que pen-
dant l'hiver. Il fait alors, en 52 journées, de 36 à &2 corps de
violons de qualité inférieure ; sa journée est évaluée à 1^ 6-0.
Il consacre en outre comme journalier, à divers travaux, 115
journées payées moyennement 0' 86. Ce garçon, vivant dans
la famille, remet à son père toutes les sommes qu'il reçoit à
titre de salaire. Il participe en outre aux travaux domestiques
et aux soins des bestiaux. — Travaux du deuxième fils. —
Le deuxième fils de l'ouvrier est encore apprenti luthier et ne
sait faire que des manches de violons. Le chef de famille pour-
rait l'envoyer à Técole d'apprentissage; mais, soit qu'il lui
déplaise de voir celui-ci travailler sans salaire, soit qu'il pense
lui donner lui-même de meilleures leçons, il lient à le garder chez
lui. Ce fils est employé une dizaine de jours chaque année pour
les travaux hydrauliques de la commune à raison de V 08 par
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élilIKNTS D1V»8 Bl Li «OUTiniTlON SOCIALE. t7
.jour. — Travauœ du troisième fiU. — Le troisième fils va eacora
h l'école et ne fait aucun traTail que I'od puisse évaluer.
m. Mode d'sxiatenoe de la Camille.
L'alimentation de la famille est frugale et appropriée auic
ressources de la saison. Elle a pour bases : les céréales, pain de
seigle et de fromeat mélangés, mets divers de pâte de farine
d'orge, froment ou maïs, bouillies de farine de maïs; le fromage
mou ; les pommes de terre diversement accommodées ; le café au
lait de dièvre, non écrémé, avec du pain. Les fruits-baies (fraises
et airelles) se trouvent en grande quantité dans les montagnes
boisées qui entourent les environs de Mitteawald. Les ensuis
vont en chercher les jours de repos. Les indigents, principale-
ment les vieilles femmes et les enfants, font, pendant la saison,
un petit métier de celte cueillette qui s'exerce gratuitement sur
le domaine de l'État. Les champignons abondent dans les forêts,
mais on n'en mange point dans la famille. La viande n'enbv
dans l'alimentation que les jours de grande fête ; c'est alors un
plat de bœuf bouilli. Le jour de la fête du bourg ou le Mardi-
gras, on y joint du vean rôti. La famille boit habituellement de
l'eau; de loin en loin un peu de bière. L'eau-de-vie n'est con-
sommée que durant les travaux des champs, et en petite quan-
tité, par le père et les fils qui l'accompagnent. La famille fait par
jour quatre repas : 1* le déjeuner (entre 7 et 8 heures du malin) :
panade, café (pendant les travaux agricoles), bouillie de farine
de froment ou de gruau de maïs; — 3" le dîner (à 11 heures):
pommes de terre au beurre et au sel, nouilles de fromage mou
frites au beurre et mangées avec de la choucroute ou d'autres
l^mes ; pendant les travaux dans les bois le dîner ne comprend
que le pain et l'eau-de-vie; mais le souper suivant se compose
de bouillie de maïs et d'un pot de bière; — 3° le goûter, appelé
Mérande (à â heures) : café ou petite bière, pain ; pendant la
fenaison ou les fortes chaleurs, lait caillé; — k' le souper : soupe
-au lait ou panade, avec les restes du dtner, s'il y en a. Lorsqu'il
travaille au dehors sur le domaine de l'État, le fils atné emporte.
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ccfflaine provision hebdomadaire, d kilogrammes de farine, un.
demi-kilogramme de beurre fondu et i 1/3 kilogramme de
pain. Il prépare avec ces matières une sorte de brioche nom-
mée /focken.
La maison du luthier est située dans le quartier te plus élevé
dn bourg, nommé le Gries (gravier); ^le a i5 mètres de pro-
fondeur sur 8 mètr^ de largeur. Dorière la maison se trouve
le petit jardin potager, cultivé avec soin, d'une superficie de
& ares. Au rez-de-chaussée se trouve la chambre commune, qui
so't d'atelier à l'ouvrier; elle est seule chauffée en hiver. Elle est
encombrée des établis de l'ouvrier placés devant les fenêtres sur
deux côtés de la chambre. Toute la maison est tenue avec une
extrême propreté. Le mobilier se réduit, sauf quelques images
encadrées, au strict nécessaire. Il provient presque complètement
d'héritages et se fait remarquer par sa simplicité et surtout par
sa propreté. Il comprend les différents objets désignés ci-après.
— Meuble» : 2 lits, avec leur garniture; 2 armoires; 3 tables;
à chaises ; 2 crucifix ; S images religieuses ; 1 bénitier en faïence ;
dO ouvrages de piété, Gkh.' 00. — Ustentites : assez nombreux
et bien entretenus, &?' 00. — Linge de ménage : peu abondant,
111' 00. — Vêtements : les habitants du comté de Werdenfels
n'ont, à proprement parler, aucun costume qui leur soit propre.
L'ancien costume national a disparu durant le siècle dernier. Les
luthiers sont vêtus à la manière des petits bourgeois. — Vête-
ments de l'ouTrier : habit ou redingote descendant nn peu au-
dessous du genou, manteau de couleur sombre, chapeau à haute
forme cylindrique élargie vers le haut, pantalon de drap noir
pour les jours de fête, jaquette de coton, culotte de peau de chèvre
ou pantalon de toile, casquette et souliers de montagne, les jours
de travail, 181' 00 (habits de fête, 85' 00; habits de travail
avec le linge de corps, 96' 00). — Vêtements de la femme,
lOA.' 00 ; ils n'ont rien de caractéristique. L'usage de porter des
chapeaux Terts en forme de pain de sucre a disparu depuis une
dizaine d'années ; la mère de fiunîlle se coiffe, selon la mode
actuelle, avec un moucht^r de coton à fleurs, arrangé avec assez
de goût. — Vêtements du 61s atné, 137' 00. — Vêlements du
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BLEMSHTS DIVBBS DE LA CONSTITUTION SOCIALE. M
deuxième fils> 122' 00. — Vétemenls du troisième fils, 36' 00.
— Valeur totale, 1,372' 00.
La fréqueQtatioQ des cabarets, le soir, constitue, dans toute
la Bavière, la priDcipale récréation des hommes. Ea été ils y
jouent aux quilles pour quelques litres de bière; en hiver, les
quilles sont remplacées par le jeu de cartes. L'ouvrier et son Qls
atné suivent celte coutume, mais avec une graode modération, et
seulement les dimanches et jours fériés après 1^ vêpres. Leur
dépense au cabaret ne dépasse point 50 francs par an. Les àeax
autres garçons étant encore ^ligés de fréquenter l'école du
dimanche, dont les r^lements défendent de hanter les cabarets,
s'amusent avec leurs camarades en faisant de petites promenades
dans les rues du bourg ou aux environs. L'ouvrier fume quel-
quefois pendant ses heures de loisir. Le dîner qui avait lieu
autrefois, à l'occasion de l'anniversaire célébré en mémoire des
luthiers décéda, a été supprimé récemment parce que, en raison
de l'augmentation progressive des choses nécessaires h la vie, le
nombre des souscripteurs, pour le repas, diminuait chaque
année. Les pèlerinages aux chapelles du voisinage de Mitlenwald
sont une récréation pour les membres de la famille qui peuvent
y prendre part. La coutume italienne de se réunir le soir entre
voisins, durant la belle saison, de s'asseoir sur des bancs aux
portes des maisons et de faire la causette, existe encore à Mitlen-
wald. Ce sont surtout les jeunes gens des deux sexes qui domi-
nent dans ces réunions où se forment des relations qui, par la
suite, deviennent des liaisons permanentes. L'hiver on se réunit
dans la chambre commune, on cause et on aie ; souvent même
les rouets sont mis de côté et la soirée se termine par une danse
au son d'une cithare ou de tout autre instrument. Gomme les
jeunes filles sont l'âme de cfêiréunions,iIn'y en a jamais de sem-
blables chez le luthier; mais le Sis aloé se rend souvent chez des
voisins pour prendre part à cette innocente distraction. De son
côté, la mère de famille fait et re(K)it quelquefois de petites visites.
La famille entière, réunie chez l'ouvrier le dimanche soir, goûte
alors, dans une causerie intime, sa meilleure récréation.
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OH. 11. — TUMAâND DB GODBSBnfi.
IT. Histoire de la fimillle.
h& père du luthier ici décrit était maître tailleur à Mittenwald.
Il abaDdooaa son état pour contracta avec l'administratioa
forestière ud engagement coDcernant la fabrication de la poix au
compte de l'État. Plus tard, voulaot apprendre un métier à son
61s, il le mit en apprentissage chez un de ses frères qui était
luthier et habitait aussi Mittenwald. L'ouvrier exerga ce métier,
sans discontinuer, dans son pays natal, d'où il ne sortit que dans
deux occasions : une fois pour se présenter à la conscription, à
Munich, et une autre fois pour témoigner, au tribunal de la
même ville, dans une affaire étrangère à la famille. Devenu
soldat, par le sort, il passa chez ses parents les six ans de ser-
vice imposés par la loi. 1) n'eut jamais d'uniforme; il travaillait,
tantôt comme journali^, tantôt comme luthier, selon l'occasion
et les saisons. Il fit à cette époque la connaissauce de sa femme ;
et il l'épousa lorsqu'il reçut son congé définitif, à l'âge de 27 ans.
— La femme du luthier, fille d'un charpentier de Mittenwald,
fréquenta l'école jusqu'à 15 ans. Elle entra alors en service
chez un aubergiste de Wallgau, près de Mittenwald, où elle ne
resta que huit jours, par suite d'une grave maladie que fit sa
mère. £tle revint lui donner ses soins et depuis ne quitta plus
Mittenwald. Cependant elle avait déjà fait la connaissance de son
mari. Cette liaison se continua tout le temps que celui-ci ftat
sujet aux devoirs militaires. Elle donna naissance à son premier
enfant qui fut légitimé par le mariage, au moment où le service
militaire du père étant fini, celui-ci put satisfaire aux condi-
tions imposées par la loi communale pour la célébration du
mariage, ainsi qu'il a été dit précédemment. Le père et la mère
préparèrent donc leur mariage par l'acquisition d'une petite
maison, qu'ils payèrent, en partie comptant» en partie par tem-
pérament. Le mariage fat célébré, et les dépenses à ce sujet se
montèrent à 88' 00; savoir : notariat et bailliage, 13' 00; réce(>-
tion comme membre de la commune, 19'00; frais d'église et
repas de noces à l'auberge, 86' 00. Les dépensa du repas de
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éLiMENTS D1TBI8 DE Ll COKSnTUTIOK SOCtALR. 1H
noces fureot remboursées par des doDs en argent, foits par
les invités à ce repas, selon l'usage du pays, de manière que
les deux époux avaient le lendemain un reliquat dispcmible de
i9' 00. La femme apporta en dot sa part de l'héritage de ses
parents, s'élevant à 97' 00. Sa part ne put être versée en argent
et elle reçut en échange une terre située sur la montagne; plus
& matelas, du linge et des armoires, le tout évalué à 215' 00;
enfin un legs de /|â' 00, souvenir d'une cousine, et quelques
économies. Les époux sont mariés sous le régime de la commu-
pauté, aiosi qu'il est mentionné au contrat, mais sans aucune
déclaration de la sorte de communauté adoptée ; la loi, du reste,
s'en rapporte elle-même, pour ce détail, à la coutume du lieu.
Le père de l'ouvrier, étant devenu veuf, ne survécut que peu de
temps à sa femme; il mourut quatre ans environ après le mariage
de son 01s. Celui-ci Teçut alors sa part de l'héritage paternel. Cet
héritage se composait d'un champ et d'une prairie ayant une
valeur de 474^00. Or, depuis le régime de partage égal intro-
duit au xvHi* siècle, au détriment des populations, on a con-
servé la coutume d'attribuer les immeubles au fils cadet. Eu
cette qualité, le luthier dut remettre à son frère atné une soulte
équivalente à la moitié de la valeur de ces immeubles.
V. Budget doioestlqae oniinel et avenir de la famille.
Recettet delà famille. — Revenus des propriétés, 165'Opî
-^ produits des Hubventions, 208' 00; — salaires, 1,388' 00}
— bénéfices des industries domestiques, 265' 00. — Total des
recc«c«, 2,026' 00.
Dépenses dç la famille. — Nourriture, 9U' 00; — habi-
taUon, 182' 00; — vêtements, 405' 00; — besoins moraux,
récréations et service de sant^, 105' 00; — dettes, impôts et
assurances, 20' 00. — Total des dépenses, 1,626' 60.
Les recettes de l'année ne sont pas absorbées par les dépenses
et donnent un excédant annuel de AOO'. C'est l'épargne de la
famille, c'est la récompense de sa vie modeste et laborieuse.
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c'est l'iiiie des causes de son bien-être et de sa sécurité. Le
pafaunage de l'État combiné avec ia oommnnaaté oi^nisée par
les institutions oommanales donne pour fondement au bien-être
de la population un système de subrentions largement établies.
Le patronage de l'État assure aox ouvriers le bois de chaaflage,
de construction et de clôture, le pacage pour les bestiaux, k
cueillette sur tes domaines nationaux. La commune organise;
par un système de communauté, l'assistance des pauvres et le
service scolaire. La coutume en matière de transmission des
biens a étéprorondément ébranlée etl'influence dw gouTemants
s'emploie plutôt i favoriser les nouveautés qu'à raffermir la tra-
dition des familles-souches du temps passé. Le partage égali-
taire passe de plus en plus dans les mœurs, sous l'empire d'une
loi écrite qui, au milieu du siècle dernier, établit le régime des
partages égalitaires pour les successions ab intestat. Le nouveau
code bavarois consacra ce régime pour toutes les successions, en
te mitigeant par une large quotitédisponible (moitié ou deux tiers
d'une part d'enfant) . Le morcellement des biens, la désorgani-
sation des familles se développent sous cette influence, lemalaise
s'accroît, et la commune efirayée de cet état de choses cherdie
un palliatif dans la communauté. Elle se prépare, au moyen du
défrichement, des bieos communaux plus étendus. Dans la
famille ici déaite, la propriété individuelle joue un rôle impor-
tant, surtout à cause des bonnes mœurs et des habitudes
d'épargne qui la garantissent et l'augmentent. Hais les atteintes
de l'esprit de nouveauté qui tend à transformer les ^milles et à
les rendre instables menacent sériensement le bien-éire de la
population et lui font déjà sentir les premioiB symptômes de la
souiTrance. j. dall' abiii.
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CHAPITRE III
COMPOSITEUR-TYPO GRAPHE
DE BRDXELLES (BELGIQUE)
D'APBfcS LES BBNSBIGNBMBNTS EKCtTBtLLlB SUR LBB LIEDX,
bn movkmbkb 1857,
Pab h. s. DAUBY.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
DËriNISSANT LA CONDlTroH DES DITEBS MBHBBSS DB LA FAMILLl!.
et de I» CMulUe.
SI-
ÉTAT DU SOL, DE l'iNDUSTBIE ET DE LA POPULATION.
La Tamille habite I'ud des faubourgs les plus considérables de
Bruxelles, celui de Louvain, dans la commune de Saint-Josse-
ten-Noode. Cette commune, située eo grande partie dans un
vallon, forme une sorte de long boyau, qui s'étend depuis le
quartier Léopold jusqu'à la rivière la Senne (station du cbemin
de fer du Nord) et qui contourne la capitale sur une longueur
de 2^- 3.
Depuis un 'petit nombre d'années, la commune de Saint-
Josse-ten-Noode a acquis une importance considérable. Sa popu'
lation était, en 1826, de 1,5^0 habitants; en 1836, de 5,000-,
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104 en. m. — couposiTEim-TrpoGiiApnB de bkuierllbs.
ea 18fi6, de là,8â0; eo 1856, de i7.700. Elle s'élère aujour-
d'hui à plus de 18,000 habitants, malgré le morcellemeat qu'a
Bubi ta commune, en 1853, morcellemeot qui lui a enlevé, au
pro6t de Bruxell^, un territoire de l&l hectares, comprenant
aÈtuetlement 5,000 ftmes (le quartier Lëopold).
Le territoire actuel est de 100 hectares. La commuoe com-
prend 35 rues, et 27 impasses ou allées habitées principalement
par la classe ouvrière. Il s'y trouve 2,600 maisons, construites
en maçonnerie. En octobre 18&6, époque d'un recensement
général, Saint-Josse-ten-Noode comptait 120 maisons non habi-
tées et 2,383 maisons habitées.
Ces 2,283 maisons comprenaient 13,517 pièces occupées
par 3,783 ménages; glir ce nombre, 808 ménages habitaient une
pièce par famille; 983, deux pièces; et 1,99J, trois pièces et
plus par famille.
La famille de l'ouvrier qui fait l'objet de la présente mono-
graphie habite l'une des impasses du versant Est de la commune.
Cette impasse est remarquable par sa bonne tenue et par sa
population exceptionnelle. Le côté gauche de l'impasse se com-
pose de vastes jardins au milieu desquels se trouvent cpielques
habitations de plaisance. Le côté droit est bordé de maisons
habitées par des ouvriers aisés, par des employés d'un rang supé-
rieur et par des rentiers.
La commune de Saînt-Iosse-ten-Noode estàla fois agricole,
industrielle et commerçante. L'industrie typographique y compte
plusieurs établissements d'une certaine importance. Une cen-
taine d'ouvriers de cette profession y sont domiciliés. Bruxelles,
.avec sa banlieue, renferme environ 700 ouvriers typographes,
dont 500 compositeurs et 200 pressiers ou conducteurs de
machines à imprimer. Fresque tous ces ouvriers sont affiliés à
des sociétés ayant pour objet le maintien des salaires, l'assis-
tance mutuelle et la prévoyance (is). Le principe de l'égalité et
même de l'invariabilité des salaires est depuis longtemps mis en
pratique chez les ouvriers de ce corps d'état ; -toutefois, cette
invariabilité a subi dans ces derniers temps quelques modiQca-
tioDS (is). Les ouvriers se divisent en deux catégories princt-
.yGoogle
OBSKBVàTIONS pbbliwmaius. ID5
pales : les ouvriers ouaj pièce$ et les ouvriers en conscience ou à
la journée. Les deroiers se distinguent, en général, par un tra-
vail plus suivi et luieux rétribué. Bien que les rapports des
patrons et des QUTTiers soient, en principe, fondés sur un régime
d'eugagements momentanés, il n'est pas rare de voir des ouvriers
employés depuis un grand nombre d'années chez ie même maître.
Ainsi, l'ouvrier décrit dans la présente monographie travaille
depuis 17 ans dans le même atelier.
^TAT CIVIL DE LA FAMILLE.
La fomille comprend les deux époux, et quatre enfante,
savoir:
1. J&ui-FH'incois D*", chef de findlle, marié depuli 15 ans, nd h
Bruxelles 34 Ul.
3. CtT&EBiNi B***, u femme, née t Braielles 35 —
3. HenrI-OcUïe D"*, Ibut premier flU, né ï Bruielles 14 —
i. AriDSDd-GonstaDt D"*, leur second dis, nâ i Bruielles 13 —
5. Adolphe-Joseph D*", leur troisjèrae fils, né h BruieUes 10 — 1/3
0. Antoinette-CoiutBace D'", leur Bile, née à Sâint-Josse-Iea-
Noode 1 —
Le père et la mère, ainsi que l'un des frères de l'ouvrier,
vivent encore. Le père exerce la profusion de cordonnier, dans
la même commune ; quoique âgé de 65 ans, il jouit d'une santé
parfoite et trouve en grande partie dans son état les moyens de
pourvoir h son entretien et à celui de sa femme, qui est ména-
gère. Le frère de l'ouvrier exerce la profession de comptsiteur-
typographe et U-availle dans le même atelier que ce dernier; il
demeure avec ses parents, auxquels il vient faiblement en aide.
La femme a perdu son père depuis dix ans. La mère de celle-ci
habite, avec l'un de ses Gis, la ville de Louvain où elle vit du
^produitd'un immeuble dont, de commun accord, ses enfants lui
ont laissé la jouissance. La femme de l'ouvrier a, en outre, un
autre. frère et deux sœurs qui, tous trois mariée, trouvent dans
leur traviûi une existence honorable.
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. — OaMPOSITEUI-TTrMUPHK IW UUXBLI.E9.
BEL1GI0N ET BABITDDBS MORALES.
Les deu]ï époux sont nés de parents catholiques. L'ouvrier
n'a reçu qu'une instnicUcHi religieuse insuffisante ; voué au tra-
vail depuis l'âge de neuf ans, c'est à peine s'il a pu dérob»*
quelques semaines à ses occupations pour la fréquentation du
catéchisme. La rude école de l'adversité et du travail lui a
inculqué des sentiments moraux et religieux qui ne l'ont jamais
quitté. Chaque dimanche, il se rend régulièrement à l'office divin
avec ses fils. Pour ces derniers, c'est une véritable punition
lorsqu'ils ne peuvent accompagner leur père à la messe qui
Inaugure le jour du repos hebdomadaire. Pendant la saison
favorable, une courte promenade a lieu après l'office du matin.
Le père saisit ordinairement cette occasion pour faire admirer,
par ses enfants, la grandeur des œuvres du Créateur, en leur
recommandant de penser à lui dans toutes leurs actions ; tout en
développant leur intelligence, il leur inculque ainsi peu à peu des
sentiments moraux, dont il se platt à constater fréquemment les
bons effets.
Les repas du matin et du soir sont toujours précédés d'une
prière mentale, et, ostensiblement, du signe de la croixJ Avant
le dîner, qui a lieu en commun, l'un des enfants, à tour de râle,
récite la prière à haute vois. Pour rien au monde l'un ne céde-
rait son tour h l'autre; et, lorsqu'une absence queiccmque vient
intervOTtir le tour d'habitude, c'est un tableau charmant à con-
templer que de voir l'insistance de l'un d'eux pour remplacer le
manquant dans l'accomplissement de cette fonction.
La femme n'y participe que rarement. Depuis la naissance
de son dernier enfant, elle est presque entièrement absorbée par
les soins de son ménage, et n'observe guère plus qu'accidentel-
lement les pratiques du culte ; elle abandonne du reste volontiers
h son mari la direction morale de ses lils, pour laquelle die se
sent insuffisante. ' '
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OUBIVATIOm PK^LIHlNAma. 107
L'ouvrier est doué d'un caractère assez irritable. Il attache
cependant beaucoup de prix k l'estime de son patron et de ses
camarades. I) ambitionne surtout la réputation d'ouvrier éclairé,
laborieux et honnête; c'est en poursuivant sans cesse ce but
qu'il a su se créer, par son seul travail, une position honorable
qu'il s'efforce chaque jour d'améliorer.
Il n'a guère fréquenté l'école que depuis eefi jusqu'à neuf
ans. Cependant, les exigences de la profession qu'il a embrassée,
secondées par une volonté persévérante, lui ont fait acquérir par
lui-même une instruction moyenne assez solide. Il consacre tous
ses instants de loisir à l'élude des bits littéraires, économiqueset
sociaux, dont il peut se procurer les éléments. Il a écrit plusieurs
petits ouvrages dans ce genre qui ont obtenu quelques succès.
C'est ainsi que, dans un concours scientifique et littéraire qui
eut lieu à Bruges, en 1853, il obtint une médaille de vermeil et
fut nommé membre correspondant d'une société savante; le
mémoire qu'il écrivit à cette occasion reçut les honneurs de l'im-
pression. En 1856, il obtint une autre médaille k l'exposition
d'économie domestique de Bruxell^, pour le manuscrit d'un livre
spécialement destiné aux classes ouvrières, et dans lequel il
expose, sous forme de conseils, les points principaux qui peuvent
intéresser le bien-être physique et moral des ouvriers, sous le
triple point de vue de la vie sociale, de l'atelier et de la famille.
Cet ouvrage reçut l'approbation de plusieurs personnages émi-
nents qui donnèrent à l'ouvrier quelques marques d'encoura-
g^nent (7).
Il occupe, du reste, parmi ses compagnons un rang dis-
tingué. Dans plusieurs circonstances graves, où il s'agissait de
la défense des intérêts de la corporation, il a été chargé de la
représenter, de concert avec quelques autres de ses collègues (1 9) .
II a pris également une part active à la fondation des associa-
tions dont il fait partie (is).
Les trois enfants fréquentant l'école communale de Saint-
Josse-ten-Noode; les deux atnés se font remarquer par leur
intelligence ; le plus jeune est moins bien doué.
Quant à la femme, elle est à peu près complètement dépourvue
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lOS CH. Itl. — COMPOSITEVR-TTPOCBAPBB DB BRDXBLLBS.
d'ÎQStructiOD (is). Mais elle rachète ce défaut par beaucoup cte
boD sens et par un dérouemeot de tous les instants aux soins du
ménage.
EdGd, les deu:?; époux sont de mœurs régulières, vivent en
boDoe union et évitent toute discussion qui pourrait influer défa-
vorablement sur la moralité des enranls. Il y a quelques années,
des contrariétés domestiques relatives h l'administration de son
ménage (i s) .jointes à son extrême jeunesse, avaient failli entraî-
ner l'ouvrier dans une mauvaise voie. Mais il ne tarda pas à
revenir à des sentiments plus louables, s'étant aperçu combien
son erreur était contraire aux ioléréls physiques et moraux de
la famille.
s».
BTOIÈNE BT SEBTICB DB 8UITÊ,
L'ouvrier est de taille assez élevée (1" 7A), et annonce un
tempérament sanguin et nerveux; bien qu'il jouisse d'une bonne
santé, il est cependant d'une faible constitution, circonstance qui
l'a exempté du service de la milice. Sauf quelques aSections
d'enfance, telles que la rougeole et la scarlatine, il n'a jamais été
atteint que d'une maladie grave, le typhus, qui a failli l'emporter
quelques mois après son mariage. Ce fut à la suite de cette
maladie qu'il résolut de s'affilier à une société de secours mur
tuels (i8), à laquelle il participe depuis bientôt quatorze ans,
sans avoir été, pécuniairement, plus de quatorze jours à la
charge de cette société.
La femme est de taille moyenne (1~ 65), assez bien consti-
tuée et d'un tempérament lymphatique-sanguin. A l'époque de
son mariage, elle annonçait une disposition à la phthisie pulmo-
naire, qui éclata deux ans plus tard et qui la tint languissante
pendant neuf mois. Une grossesse heureuse détermina alors chez
ellei une brusque secousse qui changea le caractère de sa maladie,
et la rendit à la santé et aux soins de son ménage, gravement
compromis par ce dispendieux événement (i s). Sauf une affec-
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OBniVATtOKS ratLamuuu. 409
tion des yeux, qui dura quelques semaines, elle n'a éprouTé
depuis lors aucune maladie sérieuse. Ses quatre couches se sont
accomplies sans accidents. En somme la santé de la mère de
famille est peu satislaisante. H semble que les préoccupations
matéiielles ne sont point suffisamment balancées chez elle par
celles de l'ordre intellectuel et moral.
" L'alné de ses enrants a éprouvé les diverses aOeclions inhé-
rentes au jeune âge ; comme son père, il a été atteint du typhus,
mais compliqué d'une fièvre miliaire (suelte) qui fit disparaître
les symptômes les plus alarmants de la première maladie. Depuis
son rétablissement, il a éprouvé un affaiblissement de la vue, et
une angine pulmonaire. Ces deux affections sont dans la période
de déclin. — Pendant cinq à six années, les maladies se sont
succédé chez le putnâ pour ainsi dire sans interruption, et ont
offert un caractère de gravité qui a mis vingt fois sa vie en dan-
ger. Il a été h peu près complètement aveugle pendant cinq
mois; à peine relevé d'une rougeole à symptômes alarmants,
il se cassa la jambe à l'âge de quatre ans. Aujourd'hui il est
parfaitement rétabli. — Le dis cadet de l'ouvrier jouit d'une
constitution robuste; il fut également atteint delà fièvre typhoïde,
à un degré fort grave, ainsi que de la rougeole. D'une intelligence
médiocre, mais doué d'un caractère franc et serviable, il pré-
sente le tempérament lymphatico-sanguin de sa mère. — Enfin,
la fille de l'ouvrier, âgée d'un an seulement, a été exempte
jusqu'à ce jour de toute affection morbide.
Les chaïf^ du service de santé ont été assez considérables
dans les premières années du mariage de l'ouvrier. Cependant,
tes années suivantes ayant été moins défavorables à cet égard, on
peut les évaluer, année moyenne, îi 20' 00, soit pour les quinze
années i 300' 00, compris la contribution mensuelle que paie
l'ouvrier h la société de secours mutuels dont il fait partie (i s).
Toutefois, par un arrangement récent conclu avec le médecin de
son association, ce dernier assure à la famille de l'ouvrier, à
partir de l'année 1858, les soins médicaux moyennant 6' 00 par
an (non compris les médicaments). Cet avantage est acquis, du
reste, à tous les membres de la même société (ta).
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no CR. tu. — COHPOBintR-TTPOaBAPHB DK BRlIXBtt,ES.
S 5-
BAHG SB LA. FAHILIB.
IndépeDdamment de la position aisée que le salaire élevé et
les habitudes laborieuseà de l'ouTrier assurent à la Tamille, celui-
ci occupe, dans sa corporation, un rang distingué (3). Son
aptitude et sa bonne conduite ont proraptement déterminé son
patron à tut con&er la direction des ateliers, ainsi que tes écri-
tures d'admioistration et de correspondance. Celles-ci sont assez
compliquées, tu les norobreus détails que comporte la spécialité
de cet établissement. Avant la révolution belge de 1S30, ses
parents jouissaient d'une certaine aisance, due à leur travail.
Mais un patriotisme peut-être exagéré a poussé le père à remplir
trop Tréquemment les devoirs militaires institués ^ cette époque.
Cette circonstance plongea la famille dans la détresse, à tel point
qu'à l'âge de neuf ans l'ouvrier fut forcé d'abandonner l'école
pour t'atetier, aSn de venir en aide au ménage, dont, à quatorze
ans, il supportait presque toutes les charges (1 a).
La femme est issue d'une famille recommandablc, dont la
direction un peu faible du père, jointe à de nombreux malheurs
domestiques, avait gravement compromis les intérêts. Plusieurs
membres de la famille de la femme occupent des positions hono-
rables dans le notariat, dans la médecine et dans le commerce.
L'ouvrier est à peu près la seule personne de sa famille qui ait
conservé quelques relations avec l'un d'eux. Bien qu'obligé de
tirer toutes ses ressources de son travail, l'ouvrier n'a jamais eu
recours h aucun établissement charitable, ni à aucune assistance
privée, malgré les moments difficiles qu'il a traversés. Cette dr-
coDStance, dont il tire un légitime sentiment de fierté, a puis-
samment contribué à assurer son indépendance.
Chez le chef de famille, heureusement doué sous te rapport
moral, cette situation incertaine, entre celles de l'ouvrier et du
bourgeois, n'engendre ni haine, ni envie. Il n'en est pas de
même chez plusieurs autres typographes de Bruxelles.
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OH&aVAIlOMS TOéLlMtKAIBBB.
s 6.
PBOPluâTéS.
(HoUliar et Teiementa non comprit.)
Ikheobles 0' 00
La famille ne possède point d'immeuble et ne retire aucuo
intérêt de la maison qui fait partie de l'héritage laissé par le
père de la femme. Cette maison est le reste d'un ancien état de
prospérité; et la veuve en conserve la jouissance exclusive jus-
qu'à sa mort.
Aegent 61' 71
Somme déposée à la caisse d'épargne, îi l'intérêt deâ p. 100.
Elle provient de travaux d'écritures de l'ouvrier faits pour le
coBQple d'autrui. Ce capital, qui était primitivement de 100' 00,
fat augmenté jusqu'à concurrence de 160' 00, y compris les
intérêts. Divers événements de famille, tels que les dépenses
occasionnées par la première communion de deux de ses enfants,
ont obligé l'ouvrier d'y faire plusieurs brèches; et, d'un autre
côté, les dures circonstances qui pèsent depuis quelques années
sur les classes ouvrières, notamment le haut prix des denrées,
ne lui ont pas encore permis de les réparer.
Matiébibl spÉCikh des travaux et industries. ... 66' 00
l' trutrum^nU tt» travail, —i compoitenn en fer, llKOO; — Scompostenra en
boii, l'OOt — 1 pince d'imprimerje, S'SS; —1 rirarinm pour flier la copie, l'OO; —
1 couteau * filet, 0' 50. — Tol«l,H'15.
2> LtWM tpéciaux et foaraiturei d* burtau, nicttiaires à la cornelion d» ipreuvti
à dbmicils «t à divtri travaia: d'écrilurtt. — 1 dictionnaire de l'Académie rraofaiw
■rec wn comptdmeut (reliés), JO'OD; — 1 [flctionoaire flamand-rrançala, 5'' 00; —
1 nuDuet gramnaatlcal, 0'75; — 1 grammaire frauçaiM-lalioe, 3' 00; — 1 tableau do*
terbes fran;aiB, 0^50; — encriers, plumet, portG'plumet, crayoni, règle et papier,
a'OO. — Total,M'ï5.
Valeub roiALB des propriétés 117' 71
DigitizcdbyGOOgle
lit en. III. — COHPOSlTBire-TTKWUFaK DB BKUXBLUa.
SUBVENTIONS.
Xa seule subvention dont jouisse la famille est riostractioD
donnée gratuitement aux enrants dans l'école communale, fré<
quenlée par les trois garçons jusqu'au mois d'août dernier. Â cette
époque, l'alné, ayant obtenu !e prix, d'excellence, a dû la quitta,
conformément aux règlements. Les deux autres ont continué le
restant de l'année. Pour obtenir celte instruction dans une école
privée, la famille aurait dû payer, par enfont, une rétribution
mensuelle de W 00, soit, pour les onze mois de l'année scolaire
de deux enfants, 88' 00, et, pour sept mois de l'aîné, 28' 00,
ensemble, 116' 00. A cette subvention, il fant ajouter 15' 00
pour fréquentation de l'Académie des beaux-arts, pendant trois
mois, par l'alné des 61s.
Dans le courant de l'année 1857, l'ouvrier a obtenu delà
libéralité du gouvernement un subside (300' 00) pour l'aider
dans la publication d'un ouvrage qu'il avait composé en vue de
la classe ouvrière (3). La presque totalité de ce subside, accordé
en retour de la livraison de 500 exemplaires de son œurre, a
servi h solder les frais d'impression de l'ouvrage. On peut encore
mentionner ici, à titre de subventions, les cadeaux de livres qui
lui sont faits de temps h autre par son patron et les auteurs,
ainsi que quelques objets d'ameublement et d'ornement qui lui
sont donnés par ses camarades à l'occasion de sa fête. Ces objets
de luxe se remarquent aisément au g 10 dans l'énumération du
mobilier; leur valeur annuelle s'élève à 20 ou 25 francs.
TnAVACX ET INDUSTRIES.
TnAVAux DE l'ouvrier. — Le travail de l'ouvrier est exé-
cuté à l'beure, tant h. l'atelier qu'à domicile, pour le compte d'un
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patron. H a pour objet la composition, la mise en pages typo--
graphiques, la lecture des épreuves, la tenae des écritures rela-
tives à l'administration de l'imprimerie, enGa, une surveillauce
générale sur l'ensemble de l'atelier où travaillent les composi-
teurs. L'ouvrier est rétribué à raison de 0' 50 par heure. Le
travail effectif est, en moyenne, de onze heures par jour. Lorsque
l'ouTrage donne Taiblement, la journée du lundi se termine è
quatre heures de l'après-dlaée, mais, en revanche, l'ouvriéra assez
régulièrement un travail supplémentaire de quelques heures lé
dinsanche, à domicile. A moins de circonstances extraordinaires,
qui ne se présentent que trois à quatre fois par an, l'atelier est
fermé le dimanche et les jours de fêtes observées. Le salaire est
payé U^réguli^ment chaque quinzaine, le samedi soir; et ce
jour de paie n'est jamais pour l'ouvrier une occasion de dépense.
Taàtaox de ik FEHHS. — La femme consacre tout son
temps aux soins du ménage, k la confection, à l'entretien et au
blanchissage du linge et des vêtements de la famille. Elle excelle
dans tous les travaux de couture. Avant son mariage, elle exer-
çait la profession de tailleuse et était maîtresse ouvrière dans
son dernier atelier. Dans les premiers temps de son union, elle
travaillait pour diverses personnes; mais, depuis une dizaine
d'années, lessoins delà communauté la réclament exclusivement.
Elle est active et diligente, et son logis est cité comme un modèle
de bonne tenue, malgré les embarras qu'occasionnent inévitable-
ment les enfants.
Tbataux DBS ENTANTS. — Le fils alué vient d'entrer, en qua^
lité d'apprenti, dans l'établissement où est occupé son père; et il
yreçoit un sataùe de 10 ' par mois. L^ autres enfants n'exécu-
tent aucun travail.
Industhies entreprises par la famille. — L'ouvrier a
pour industrie la surveillance exercée par lui dans l'atelier de
l'imprimerie. Selon la nature des travaux et en cas d'urgence,
il trouve, en outre, dans la lecture d'épreuves à domicile des
ressoarces-supplémentairesqui peuvent être portées en moyenne
à 6' 50 par quinzaine. La femme a pour principale industrie la con-
fection et le blanchissage du linge et des vêtements de la famille.
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tu en. m. - COllPMinOI-TT»OCB*raR Dt tkUULLBg.
SlodB d'axistcmee d« ta fftMilIc.
s»-
AUUBHTS ET BKPiS.
La famille fait, en communauté, trois repas principaux par
jour : ceux du matin, du midi et du soir. Pendant ta saison
d'été, le mari fait, eu outre, à l'at^ier un second déjeuner, et en
toute saison un goûter à quatre henres et demie.
Le déjeuner se compose invariablement de café au lait, ou le
plus souvent au sucre, avec pain beurré. Le pain est de pre-
mière qualité.
Le dinet comprend une soupe à la viaude ou aux légumes,
un plat de pommes de terre ou d autres légumes suivant la sai-
SOD, de la viande bouillie, ou plus souvent rAtie, soit de bœuf,
soit de veau ; de temps à autre, la viande est remplacée par une
Tolaille, un lapin ou par quelque morceau de charcuterie. Le
dtner est fréquemment suivi d'un petit dessert composé de fruits :
noix, cerises, prnues, pommes, poires, abricots, raisin (prove-
venaDt de la vigne de la maison), et toujours d'une tasse de
café. C'est l'ordinaire de chaque jour, sauf le vendredi, oii la
viande est remplacée par du poisson (Stockfisch, morue, harengs
et anguilles) ou par des œufs. Pendant la saison d'été, les
diverses salades prédominent dans l'alimentation de la famille.
Le goûter a lieu au logis pour la femme et les enfants, lors
de la rentrée de l'école, et se compose : pour le mari, de pain,
de fromage ou de viande, et de bière (Faro) ; pour la femme et
les enfants, de café et de pain.
Le souper, pris lors de la rentrée de l'atelier, se compose de
viande froide ou de fromage de Hollande, avec pain beurré et
de ta bière pour boisson ; le plus souvent celle-ci est remplacée
par le calé, qui est la boisson toujours préférée par la famille.
En somme, la famille se nourrit convenablement et ne se
laisse manquer de rien sous ce rapport. Cependant, sauf le jour
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(mSBBVAtlOllS PKBUlItNAlRBa. fIS
de l'an, ou daos quelque occasiou soleauelle, elle ne consomme,
ni TÎD, ni liqueurs; et elle boit rarement de la bière. Hors du
domicile, l'ouvrier fait une consommation très-modérée de
bière, par exemple, le dimaoche, ou dans quelque réunion des
sociétés dont il Tait partie.
La lamille ne prend point à crédit les denrées qu'elle con-
somme ; et elle s'écarte en c^a de l'usage suivi par la généralité
des ouvriers. Il en résulte qu'elle les achète généralement à
meilleur compte.
HABITATION, HOfilLIEH BT TÈTBIIBIITS*
La famille occupe seule, depuis quatre ans, une petite mai-
son, sur le mur de laquelle s'élève une vigne d'environ IS mètres
de développement. Cette maison est composée de quatre pièces
d'habitation, dont deux au rez-de-chaussée et deux au 1" étage,
d'une cave, d'un grenier et d'une cour, ayant une superficie
totale de Bk"^. La hauteur des pièces du rez-de-chaussée est
de 2" 80; — celle des pièces du 1" étage, de 2" 10; — lahau-
teûr moyenne du grenier (toiture en pente), de 2' 20 ; — et
celle de la cave, de 1" 90.
Bien que les pièces habitées soient séparément assez exigufis,
la famille est logée à l'aise; et l'ouvrier est bien décidé à ftdre
tous les sacrifices compatibles avec sa position, pour conserva
ce qu'il appelle « son luxe et son repos », car il a passé par une
longue succession de logements, composés, tantdt d'une grande
pièce, tantôt de plusieurs chambres, où il a éprouvé des désa-
gréments de toute espèce.
La famille paie actuellement un loyer mensuel de 18', soit
par an 216'. Le propriétaire suppute les firais de contribution.
Une pompe commune aux habitations contiguës est placée i
câté de la maison et fournit une eau très-pure. II n'existe pas
de citerne, mais l'eau de pluie est recueillie dans plusieurs
grandes cuves superposées.
Sauf quelques objets donnés en cadeau à l'ouvrier par les
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JH6 CH. lit. — CaUPOSITBSB-TTPOGMPHS UB BBUUtLLBS.
compagooDS de son atelier, à l'o(ïcasiDo de to fête patronale (7)',
le mobilier est exempt de toale recherche de luxe, mais il est
teou avec propreté. Il peut être évalué ainsi qu'il suit :
; Mbdblbs 90V50
1* Lit». —8 bois de Ut en bëtre, aiec Uttes-ét triTerM* en cUne, 35*00; —
1 matelude lainq,Se' 00r-< ImMelu dcZeiUre, tVW; — 3pull«sies2l^00; —
1 travenla da plmne, S' 00; — 3 oreillen. 8*00; — 1 couvertare de laine, ISlOO; —
i cODVertàres de coton, 18' 00; — 1 berceau pour la Slle, «ïm giroHure, IS'OO. —
Total, tSerOfl.
!° Mtubki ducabiml (res-de^hauttii). — 1 commode en orme, IS'OO; — 1 table
avec toile cirée et tapis, 10^50; — 1 pendule en bronie doré, iS'OO; — ! Tuee en
porcelaine Une, avec fleari artiflcîellei, 30*00; — 9 grudi cadres contenant des image*
de prix, coloriées, $0*00; — i cadres, pfns 'petits contenaDt des portrait!, S' 00; —
1 cadre renfermant l'attestalion d'une récompense obtenae par l'onTrier, 5'OB; —
1 petite glace, 31 00; — 3 midailleoi an pl&tre (sujets religieux), ï'OO; — S petites
statuettes d'étagère en porcelaine de Saia, St 00; — I Sdnt-Joseph en Imitation d'il-
b&tre (biscuit), 3^00; - 0 chaises sa bplt de cerisier, 30' 00; — 1 huteuil en bois de
fa'Urs, 8'Ob; — f Jardiaièra avec fleurs naturelles, ICOO; — 1 pararent de cbemiaée,
l'W; — 3 méd^Ile* encadrées, dont 1 ea Termeil et 3 en bronie, 301 00. — Total,
3" Meubltt de la çumiM. — 1 grande armoire en tmis blanc, S' 00; — 1 table en
boUde betre,S'0O| — S cbsiies et 1 raateull en bétre, garnis de paille, IS'OO; —
1 chaise d'enfant, 51 00; — 1 poeis (cuisinière), avec tuyaux, 14' 00; ~ 1 tutnetie
{GuUnbtrg), l'OO; — 1 cage d'oisean, S'OO. — Total, SO'OO.
i" MeubUi d« la chambré dt trawil. — i grand pupitre, avec rayon pour lirTea,
SS'OO; — 3 tables en bois de hêtre, 6' 00; — 1 armoire en bois d'orme. 3' M; —
I petite armoire en luis de cerisier, 5' 00; — 1 petit poêle, avec tuyani, 7' 00 ; —
4cb«iMsenhétre, garnies de paille, 8' 00; — 1 gisce, 1^50. — Total, SS'SO.
S* Mtublf* d« la ehambr» à covehtr tt du grttùtr. — 1 petite table en bols de
|i£tre, 3*00;— 2 chaises en bStre, reônuTertes en paille, 4'UO; — t cadre contenant
l'image du Christ, 3' 00; — 1 cruclBi et direraes images religiaiues près do lit de*
enrants, l'SO; — dïTars vteui meubles bon d'aaago, O'OO. — Total, 19' 50.
B" Uvrtt, — L'ouTrier possède iine petite bibliotiiAque composée d'enikon
300 volumes et brocbures. Coe partie de ces volumes, t la composition ou k la correc-
tion typographique desquels il a participé activement, sont dus h la libéralité de son
patron on dos auteurs pour qui Ils ont été faits (T). Une autre partie, psrmi laquelle se
trouvant quelques ouvrages sclentlBques et llllérairea, a été acquise par l'ouvrier loi-
même. EnSo, d'antres volnmes, an nombrede £5, sont des onfrages classiques obtenus
en prii h l'école communale par ses enfanU. — Valcnr approximative, 400* 00.
Ustensiles : en quantité suffisante et tenus avec pro-
preté 235'25
1° DipHtdatU des cheininiis «t d»i poilu. — 3 pelles k feu, 1' 00 ; — 3 crocheta,
l'SO; — 1 grille, l'OOj'- 2 seanii charbon de bouille, S'OO; — 1 panier t braliei
0' 25. — Total, 5' 75.
S" Employit pour le itrviet de l'alimentation. — 1 carafe et 0 verres en cristal,
- ID'OO; —1 service ï caféet ï tbéen porcelaine, 35' 00; —1 service à liqueurs, avec
étagère en fer-blanc, IS'OO; — 1 pinte (1/3 litre) en faïence Sne, kdorures,'5'00; —
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OV8SIITATI0NH FIÉLIHINAlIlEâ. 117
SftUiettes en talence, COO; — 15 udettce en tem blanche commane, fSO* —
SJatttaen pore^tine, 3150; — 6 Jtttei en terra blanche de pipe, Ï'OO; — 1 saladier,
1 poivrier et 0 verrei commani. S' 00 i — 1 lerrine en Taloace, l'SO; — 1 Eerrlne k
twum et 3 coquetiers en faïence, 1' 50; — 5 Ttaesentorre commune Terniasée, 3'50;
— 1 crache keau, l'Mi— 6 converti en argentsne, avec grande loaebe, SS'OO; —
i looehe en fer étané, l'S5; — conteaui, cuillers et fourchettes, S'OO) — pots et
bonteillH, t' 00; — 3 eeaat en linc, il' 00; — 1 casserole en Ter battu, S'OO; —
1 poêlon en fer battu, l'SS;— 1 marabout et 1 bouilloire eu cuivre ronge, 13' 00; —
t cafetière et I bouilloire en fer-blanc. S' 00; — 1 moulin h café, 3' 00; — 1 pauoiro
en fer-blaue, l'OO; — 1 panier It marché sa fer-blauc, 3' 00; — 1 cabas on fei^lanc,
3' 50; — 1 cabas en osier, l'OO;— S puilen à légumes, S'OO; — menus objsts,!' 90.
— Total, «1^00.
3° Emploi/^ pour ta (oins dt proprtti. — 3 grandes broues et S balais, S' 00;
— 1 brosse k habit et S brosses b bottes, 3'00; — S fers k r«pMser, S'OOi — Spotslt
l'eau, 1*50; —1 bassin (latabo) en faïence, S'OO; — 3r»soirs, avec accessoires, 4' 50;
— 1 miroir k barbe, 1' 50. — Total, iS' 50.
fo Employét tour vsagti diveri. — i lampe carcel, 30*00; — 1 quinquet en
cuivre, S' 00; — 3 cbandeliera en cuivre, 5' 00; — 1 grand tonneau pour recneillir
l'eau de pluie, 6' 00; — 3 tonneaux plus petits, 7*00; — 3 portemanteaui, 3*00; —
i carraau k cendre avec accessoires, 3*00; — 1 paire de monchettes et 1 éteignmr,
1' 00) — menus objets, 1' 00. — Total, 50* 00.
Linge db ménage : proprement tenu, mais n'excédant pas
le nécessaire 81' 00
s draps de lit eu toile, 13' 00; — 6 draps de lit en coton, 31*00; — 13 draps
d^nfant, 13*00; — 3 serviettes de table, 5' 00; — 5 rldeaui de fenêtre en mousse-
line, 15*00; — i rideaui de fenStra en coton, 4*00; — 13 essoio-malos de toilette,
8*00; — lessnio-mains en chanvre commun, 3*00; — 0 torchons divers, 3' 00.
Vêtements : les vêlements des époux n'affectent aucune
recherche; quoique peu nombreux, ils sont cependant en bon
état et enti^tenus arec soin 730*00
VCmnNTS DE l'oDVH», semblables k oeni de la iMnrgeoisie (317^50).
1* ntmwntf du iSmaneh». — 1 paletot-redingote en drap bien, 6!^ 00; — 1 r»-
dingote en dnp noir, 30*00; — 1 gilet en satin noir, 13^00; — 1 pantalon en drap
noir, 1S'00;—1 chapeau de soie, 13*00; — ! âcharpe en satin noir, 8^00; — i paire
d« bottes, 15* 00. - Total, ie0< 00.
S* VA MMiff ds trmmil — 1 paletot d'hiver en drsp vert, 35* 00 ; — 1 redingote
en drap noir, IS'OO; — I putaloo en étolTe de ItJne, 11' 00; —1 pantalon en dtolTe
de colon, 3' 00 ; — 3 giteia k manches en élolFe de laine. S' 00 ; — S blouses de tra-
vail en toile bleoe, VWtt — 6 chen^ses en coton, dont 3 Unes, 18*00; — 3 travat»
longues, en coton et laine, l' SO; — ■ i cravate longue, en mérinos. S' 00; — S cale-
çons en tricot de coton, fOO; — 3 camisoles en tricot de coton, 4* 00; — S palra de
bas de laine, 4*00; — 4 paires de bas de coton, 0*00;- 1 paire de botfae, 10*00; —
1 paire de pantoollM, SfWi — 1 easqaette^ S* 00; — maans objets, 3*00. — Tou],
133' 5P.
3<> Biiovai. — 1 montre en argent goUlocbd, SS'W.
.yGoogle
418 en. III. — CtniPOSITBUR-TTPOQB&riIB DK BBUXULLES.
^ raniE, coitame popnUre (171< 50).
1° YiUmênti du dîmanch«. — 1 robe en lune brune, IS'OO; — 1 chftieeo laine,
15100; _ 1 Jupe en moasseline, 8^50; — 1 conage de soie noire, (COO; —1 Ubiier
de soie noire. S' 00; — 1 patclot désole noire, 6' 00; — 1 lionaet monté, 6*00; ■"
i jupon en basia bltnc, 4' 00; — 3 chemiaetle» Saea, 5' 00; — 6 mouchoin en toito
Bne, 4^00; — 2 palrae de msachei en moasseUne, brodéea, 4' 00; ^ 3 piirea de bit
bÛQce, 5'M); — 1 paire de bottlaos, S' 00. — Total, OC 00.
3* Vil»iamt* de travail. — 1 japon en orléana, g^OOi— 1 jupon oa mériDca
noir, !'00; — 1 paletot de coloanade, 3' 00; — 2 jaquettoi en coton, 5^00; — 3 la-
blien de eoioaaiide, 3' 00; — 1 tablier en toile bleue, 3' 00; — 1 bonnet en talle
Doir,3'50;~ i bonnets de nuit, 4'DO; — OchemiMt en coton, ISfOO; - Ipairede
bas en laine noire, 3' 00; — 3 paires de bas en coton, 4^00; — 3 moucboirs de cou,
3' 00; —3 paires de gants, S'M; _ I pslrfl de souliera, 5*00; — 1 pairs de pan-
toufles, 8' 50. — Total, 65' 50.
3° Bijoux. — 1 anneau d'or, 7'00| — 1 broclie en or émaillâ, O'OO; — 1 paire de
boucles d'oreille«, 3' 00. — Total, iff 00.
VtTiNiFtTS DES RfFUTS, tenu» BTec solu (Ml'OO).
1' Veitmênts dss troii garçoiu. ~- 3 blooses en veioun noir, SO'OO; — 1 bloiise
en mérlDos noir, OfOO; — G blouses en cotonnade, IS'OO; — S paletots en drap noir,
18' 00 1 — 3 paletots ea mérinos noir, lU' 00; — 3 pantalons de drap, IB'OO; — 3 pan-
talonaon étolTe de coton, 7' 00; — 3 i^lets en âtoffe de laine, 0^00; —6 bonnets en
drap, OlOO; — 9 cbemises en coton, 17' 00; — S paires de bas. G' 00; — S cols en
percale blanche, 3' 00; —3 crantes de colonnade, S'OO; — 0 ffloucholra en coton,
t' 50 ; — 3 jcharpcs en laine, 3' 00 ; — 3 bonnets de nnit, 1' 50 ; ~ B pabM de botlea
et souliers, 35' 00. — Total, ITitOO.
S* Vilammli de la lUU. — 1 douillette en sole noire, S' 00; — 5 robes ou laine,
SOfflO; — 6 camisoles en bas! n blanc, fl'OO; — 8 chemises en colon blanc, 4^00; —
'Sublien enjaconu bUnc, 5' 00; — S cbapeanx en soie, S' 00; — 3 bonnets garais,
i'OO; — 6 bonneU en perealeblanche, 3'00; — 3 bonnets en mousseline, 3' 00 ; —
4 mouchoirs de con, 3'OD; ~ 3 paires de bas de lafoe. S' 1)0; —4 paires de bu de
colon, i'SO; — t paire de souliers en étoBb, 1' 50. — Toul,e7'00.
Cno grande partie des TStements des enfanta prorient des tIbui eBMs des dponi,
et sont gcnér^ement confectionnds par la femme.
Vâlbds totale du mobilier el des Tétemeots. . . i,950' 75
I S "•
BlÎGBlÊATIONB.
Depuis quelques années, les deux épouK s'accommodent
paifaitement de récréations douces et de plaisirs de famille en
rapport avec leurs moyens. Pendant la belle saison ils font assez
régulièrement une promenade à la campagne le dimanche et les
Jours fériés. Quelquefois ils risitent une des localités des envi-
.yGoogle
OBgEKVATIOKB PIGLlIilNAïaHS. U9
rons de Bruxelles situées sur une ligne de chemin de fer, telles
que Vilvorde, Boilsfort et Buisbrouk ; c'est alors un plaisir bien
vif pour les enfants de revenir par la voie ferrée. Pendant l'hi-
ver, la famille reste assez ûrdinairement au logis, le dimanche^
le père seul sort vers le soir, et va, daDS un faubourg limitrophe,
jouer aux dominos avec quelques vieux amis, qui tous ont au
moins le double de son âge. Quelquefois l'ouvrier conduit sa
famille au spectacle, à l'Opéra, au Vaudeville ou au Cirque ; et
plus souvent à des soirées chantantes instituées par des membres
de sa corporation, dans un local spécial. Ce sont de vraies réu-
nions de famille, dans lesquelles toute chanson licencieuse est
sévèrement proscrite. Dans ces réunions, il se fait aussi d^
lectures sur des questions se rattachant aux intérêts généraux
des classes ouvrières en Belgique, et particulièrement des typo-
graphes, mais restant toujours étrangères à la politique.
La famille trouve aussi quelques amusements dans les rela-
tions qu'elle entretient avec ses parents. Chaque événement de
famille, naissance, mariage ou fêle patronale, est d'ailleurs l'oc-
casioo d'un petit repas en commun, où règne une franche cor-
dialité. Hahituellement, chaque année l'ouvrier se rend à Lou-
vain, à l'époque de la kermesse de cette ville, pour y visiter les
parents de sa femme ; quelquefois, celle-ci ou l'un de ses enfants
t'accompagne. Deux ou trois de ces parents leur rendent leur
visite aux fêtes nationales de septembre, qui se célèbrent avec
un certain éclat à Bruxelles.
Parmi les récréations, et outre un banquet de corps, auquel
assistent annueltemeot la généralité des ouvriers typographes (s o),
il faut citer aussi le repas donné chaque année par l'ouvrier à
ses compagnons, à l'occasion de sa fête (la Saint-Joseph), en retour
du présent que ces derniers lui offrent (7). Mais le principal agré-
ment de l'ouvrier est l'étude, à laquelle il sacrifierait volontiers
toute récréation, si ce n'étaient les soins que réclame sa santé et
les besoins de distractions pour les siens i ceux-ci ont toujours de
la peine h l'arracher à ses travaux littéraires en vue d'un plaisir
quelconque. C'est par ce trait de mœurs, sinon par les habitudes
de prévoyance, que l'ouvrier se rattache à la bourgeoisie.
.yGoogle
- COMPOSITE DK-TIPOOn A PSB DK BBDXBLLE8.
S 12.
PHASES FRINCIPALKS DE l'eXISTENCB.
L'ouvrier est né à Bruxelles, en 183^ ; son père, qui était
bottier-cordbaaier, travaillait avec le concours de plusieurs
ouvriers pour une bonueclientèle. 11 jouissait d'une position aisée,
due principalement à son activité. Cette position fut gravement
compromise par la révolution belge de 18.S0, qui, tout en lui
enlevant le plus grand nombre de ses clients, l'obligea à des
devoirs civiques, auxquels il sacriSa ses intérêts privés. Deux
ans plus tard, sa famille était plongée dans un état voisin de la
misère. En 1838, la pénurie du ménage devint telle, que l'ou-
vrier, alors âgé de 9 ans seulement, fut obligé de quitter brus-
quement l'école, où il n'avait encore acquis que les premiers
éléments de lecture et d'écriture. Il entra alors en apprentissage,
dans une librairie de la ville. Il fut employé aux commissions,
et plus tard à la confection des bandes d'adresses. Au bout de
quinze mois de travail opiniâtre, il était parvenu à acquérir une
instruction élémentaire passable; mais le faible salaire qu'il rece-
vait (7' par mois) engagea sa mère h lui chercher un emploi
plus lucratif. Un nouveau journal quotidien venait d'être créé à
Bruxelles : il y entra en qualité d'apprenti-compositeur et de
leveur de feuilles à la presse. Ses doubles fonctions l'obligeaient
à un travail de dix-huit heures par jour, interrompu seulement
par les courses que nécessite la partie typographique d'un jour-
nal. Même en hiver, il devait se trouver à l'atelier depuis cinq
heures du malin jusqu'à onze heures du soir.Le dimanche n'in^
terrompait point ce travail meurtrier, pour lequel il recevait un
salaire de 6' par semaine. Au bout d'un an, ne voyant point
d'amélioration dans sa position, il se décida, malgré le peu d'ha-
bileté qu'il avait pu acquérir pour la composition, à changer
d'atelier. Il réussit mai d'abord ; mais, à ht suite d'un nouveau
.yGoogle
0B»BVATI0N8 PBËUIlINAIItES. 4SI
changement, il parvint à se foire admettre dans un établissement
où il se forma complètement. Au bout de quinze mois, il rentra
dans son premier atelier, avec un salaire de 15' par semaine
pour un travail journalier de huit heures et demie.
L'ouvrier visita successivement plusieurs ateliers pour se
perfectionner dans sod état. Eafio, il entra, en J8JiO,dan6 l'im*
primerie où il est resté jusqu'à ce jour.
Les luîtes que l'ouvrier eut à soutenir, dans lœ temps d'épreuve
que nous venons de rappeler, affaiblirent sa constitution au point
de motiver son exemption définitive du service militaire. A la
suite de quelque contestations avec ses parents, provoquées par
ses relations avec sa future, il se maria à l'âge de dix-neuf ans,
sans autres ressources qu'une somme de 100' que voulut bien
lui avancer son patron/et qui servit à acquérir tes meubles et
effets les plus indispensables. Malheureusement, la maladie vint
à plusieurs reprises prouver le jeune ménage (i).
Les couches de la femme, l'inexpérience de celle-ci, qui,
voulant d'abord aller au delà de ses moyens, s'était creusé, à
l'insu de son mari, uq gouffre de dettes, eoBo, mille contrariétés
domestiques, faillirent amener les deux époux dans une voie
fatale. Cependant, l'ouvrier ne perdit point courage. Compre-
nant le danger de sa position, il réforma son train de vie, et s'in-
terdit toute dépense superflue. Au bout de trois années, il vit
ses efforts couronnés de succès : ses dettes payées, son mobilier
augmenté, le bien-être général répandu sur toute sa famille^
Enfin une réforme radicale dans la manière d'agir de sa femme,
qui s'associa courageusement à son entreprise, compléta ces
résultats et sauva la jeune famille si cruellement éprouvée, de
façon à lui assurer aujourd'hui te contentement et le bien-être.
Catherine B*" est née, vers la fin de 1822, à Bruxelles. Son
père, serrurier de profession, était chef de métier, et il exerçait
son industrie dans sa propre maison. Doué d'un esprit inventif,
mais appliqué à des choses d'un intérêt douteux pour une famille
de douze enfantu, dominé par la passion de la pèche à laquelle il
employait souvent le temps du travail, il ne tarda pas Ik se
trouver dans une situation difficile.
.yGoogle
- COHFOSITBDK-TIPOâBAFHE DE BRUXELLES.
Dans c«t état de choses, Catherine fut chargée de la garde
des plus jeunes enfanta, au détriment de son instruction. Plus
tard, on lui fit embrasser ta profession de tailleuse, afin qu'elle
pût venir en aide d'une manière plus efficace à la communauté.
Comme on lui retirait habituellement la totalité de son gain, elle
ne possédait aucune épargne à l'époque de son mariage, et n'ap-
porta pour dot que certains eflèts d'une faible valeur.
En résumé, la famille, grâce à la bonne conduite et à la per-
sévérance des deux époux, ainsi qu'à l'active surveillance qu'ils
exercent sur leurs enfants, jouit actuellement d'une position
relativement heureuse.
8 13-
HCBOBS ET INSTITUTIONS ASSDRANT LE BIEN-ÉTBB PHT8IQUE
ET MORAL DE LA FAUILLG.
La famille décrite dans la présente monographie trouve une
certaine garantie de bien-être dans les qualité distinguées que
ToD observe chez l'ouvrier. Néanmoins, ces qualités ne sont pas
de celles qui, sous un régime de liberté industrielle, peuvent le
faire parvenir à la condition de patron, Quoiqu'on puisse remar-
quer dans sa vie une aisance qui, sans rien retrancher du néces-
saire, permettrait de prélever pour l'épargne une part sur les
recettes, il ne montre aucune tendancede ce genre. On peut con-
clure, de la direction même de sa prévoyance, qu'il se sent des-
tiné à rester toujours dans la condition d'ouvrier, et qu'il ne
songe pas à obtenir une situation plus indépendante ou plus sûre.
Depuis quatorze ans, l'ouvrier est affilié à la Société typogra-
phique de secours mutuels, qui, moyennant une contribution
mensuelle de 1 ' 50, assure à ses membres, en cas de maladie,
uo secours pécuniaire, des soins médicaux et des médica-
ments (i s) . 11 fait également partie d'une autre association, qui
a pour double but le maintien des salaires et l'allocation d'une
indemnité en cas de chômage forcé. Ces sortes d'associations
peuvent alléger certaines souffrances accidentelles de l'ouvrier;
.yGoogle
OBBEBTATIONS PRiLIMINAnSS. 113
et elles luf donoent la quiétude d'esprit nécessaire pour ses médi-
talioDs d'économie sociale. Cepeadant elles ne devraient pas le
dispenser des efforts qu'exigerait un plus haut degré de pré-
voyance ; car elles laisseraient la famille dans le dénûment si
son chef venait à lui manquer.
Depuis l'abolition des anciennes corporations manuiietu-
rières agglomérées dans les TÏHes, les ouvriers sont souvent
exposés au dénûment. Ceux mêmes qui pratiquent honorable-
ment leurs devoirs pnafessionnels, sans se soumeltre rigoureu-
sement aux privations que commande la prévoyance, ne sont
jamais à l'abri du danger. Les causes de l'ébranlement survenu,
à cet égard, dans la situation des classes ouvrières, sont souvent
indiquées dans cet ouvrage; et elles sont r^umées plusloin(i7)
pour la Belgique. >
L'histoire de l'ouvrier décrit dans la présente monographie
atteste l'exactitude de ce tableau. Né dans une Tamille d'arti-
sans élevée à l'aisance par le travail, mais ruinée subitement
parla révolution de J830, il s'est trouvé, dès sa plus tendre
enrance, plongé dans un complet dénûment. Doué d'excellentes
qualités qui lui permettraient d'occuper un rang honorable dans
la bourgeoisie, il n'a aucune propension à l'épargne. Il emploie
tout son salaire à s'assurer, en famille, le confort matériel, com-
plété par des récréations intellectuelles et morales. Il est vrai
qu'à ce niveau des sociétés urbaines, la nouvelle génération
n'est pas toujours frappée, ainsi qu'il est arrivé dans la famille
présentement décrite, par la ruine de l'atelier paternel ; mais elle
n'y trouve plus un avenir assuré. Le défaut de sécurité est sur-
tout frappant dans la constitution sociale de la Belgique et des
autres contrées qu'ébranle sans relâche le partage forcé de la
propriété immobilière. Cette dure servitude, imposée par la loi,
perpétuée par l'intérêt apparent du fisc et par le zèle intéressé
de nombreux officiers publics, détruit, à chaque génération, les
foyers et les ateliers créés par le travail et la vertu des pères de
famille. Dans cette œuvre incessante de destruction, ce qui a pu
subsister momentanément grâce à la sagesse des individus est
bientôt désorganisé par l'asservissement universel de la famille.
:,yGoogle
en. III. — COMPOSITSUB-TTPOGBAPIIB DE DRUSELLBI.
$n. - BUDGET DBS BECETIES DE L'ANNÉE.
SOURCES DES RECETTES.
8SCTION I".
An. l*t. — PxiFU
(La tiBille n» pouUa âocons proptWt* d« M gsure)
Abt. s. — ViLamm MOBoitan.
Somme dépo)Je i It caiiu d'^pugna,
Àxi. >. — Daam >u( ilukutioiib di ■acrfria
i de Hcenn mulnali, 300 membiu: tnalttn, '7,000'00i i[aDle-p*rt.
piÏToirue* contre le ctiâm««e. 800 membiei) enraliie, 10,066 'uû; quoiu-pui 33 S3
ViLiui TSTtu dee prapridlji | ■'4 3T
6BCT10N IL
■JutalloD» Mfooi par U fainilla.
AxT. 1". — Paorufrfi ufOn in vtunvn
(La ftmlllB M letoil anciuM prapHiU «n lunCnili)..
Ait. s. — DBom D'imtai aui lu nontirit voi
(La bmill« us Jouit d'ancnn droit de ce gtate)
iiGoogle
. III. — COVPOBItBnn-TTPtKillAPHB DB BlnXELLES.
; U- - BUDGET DES RBCETTB5 DE L'ANNÉE.
■OHUIIT DU Ecorm. 1
RECETTES.
I4tllll
tmoVUM
.tc«m
BBCTION I".
lUMipip. UXqdaUTdsQidaMiutérteL .„
VM
iuMt es p. 100) d. c«IU «omma
.
l(»
.'
(Cm (OBimM D'Miot qu U nntrt« ds umomi igiln piytei pu U bmilla, hdI
Totâdi du nnniu dM piupriMéi
810
iu
8BCTI0H II.
Ait. ». — PKODDin dm Daotn d'huoC
j
,
Ut. >. — 0»ni iT umiKU uLoois.
IWOO
IBDO
.
IllOO
_.! —
iiGoogle
CB. m. — cOMFOeiTMiH-TrpoekAPHs db bbuxellbs.
S 44. — BDDGET DK3 RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
SOURCES DES RECETTES (SOITB).
bfiioiuTia:* di> ti
SECTION ni.
TrwMB «■écntii par !■ bnùlb.
- nipplimsuliiln : Isctnnt d'épraora. éeiitniM diTonn..
ini d'ippnDti-CDmiiili Mtïbatt ta nui! (ICKW) «t eiécnléi «
f d'induttrid
u de piopieU 'coacenut l'hibllailDD at le mobiliar
Confoctjaa et Fépmtion dei Tttemeiitt et du linge 1 l'auge de U
filaschimge du linge et dat TStamenti
ToVAtTT dei JdiiziiAel dai membrei de !■ Emilie* . •
SECTION IV.
IndiuteiM snlrepriMi par la ranûUa
Tani de compoiitloa trpognjAlqiu aitoitb pn raanler tm «i
l'au'rier «lena duu l'aUllec de compiMitiaii
iDSTHiis entrepiiHt au compta de U tamille i
BDlrcpriu de conectioiii d'épranTei et de tanna d'iciituro
CunfecUop at pcéparalioa dai lïlemeDti et du liiwa de 1» tuniUe.
Bluahieaage du linge âl des TitemanU de la famille
iiGoogle
en. III. — COMPoaiTBUIt-TTPOGilAPHB DB BRUXELLES.
S U. — BUDGET DBS RECETTES DE L'ANNËB (SUITB^
BECETTES (SCITE).
BBDTIOH IIL
SiUiis latal Mtijbut à ce In^ul d'ipTti I* nombre
'— jonniiei
re loUl albibiii t ca tnitil
(AucuD Mliiid a» poul Atr* attribni Ji c« luraai). . . .
Sïlain tatil quB recairnil nna ouThiia «lAcnUnl la
Sulaict (OUI qua lecsTrait iina onirièia eifcntut la
TDuvx da* aalalm da la tumilla. ■ .
EBCTION IT.
- «8. A)
. (10, B)
. (18, C)
Total du laliiia Jounullei majwi da l'ouTTlar. . .
Btoffica TiiuIlaEit da oatle induilri*
TOTADi daa bioiGcoi rjuillint dai iDdutria...
Non. — Datra lai racaltaaparUain-daHi» AD compte, ImindiulriaidiniDantUeal nna
i*caUada80'M (J8. D), qni «rtippliquûada noBtaau t cai mtmtt ioauiirieij celtu
r«c«tta al lai dlpaotai qm la balucanl (1 B^l V) oolâtaorniseï dui l'os al l'iuira budgat.
Totaux DxB RBCnm da l'annâa (balui;anl lu dipaoHs}... (1,114' eOt. ...
1,490' S3
103 B5
sa 00
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CB. III. — COVPOSITBDI- TYPOCRAPHI DB BkCXELLBS.
S (A. — BDDGBT DES DÉPENSES DE L'ANNÉE.
DESIGNATION DES DÉPENSES.
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SBCTIOK 1-.
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Coufiin ou PittolcU beurréi, couoinnta i roecMiDB d» flp'eiaaa
pelilH solennités, pesanl cluCBa (flOO, M coaUM O'oi.
FariDB d* f»mmti'pî*mièn'qpùdiÛViKiiû''la'cuWnrM
BOOO
0 413
Coan CRAS :
QnJiH d« twpf al d« 'pôrë,' inùriila' duù' U oiïnag*,' «npioj^è
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Viandes et hmssoh ;
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■»1 i
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iiGoogle
I. m. — COXPOSlIËUB-TrPOflBAfllB Dl! BIIVXEtI.BS.
S «5. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE [StJtTE).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (SUITE).
CBCTION l".
D4p«ua oonMnwal U BooiriluM [nùte].
iBrH,»i4û'«Û,9'flO; -
loui-flenr». S' à 0*400, ï'i
O'«n0, 8140;- cl
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Praita ; Ceriui. 18» iOi-iSa, a'eS;— panai». Bmplarén •
ÎrindB p«ru»pour pelïgM. lM''»0'440,ST07i — poireB.SO
O'SOO, lô'«0i — rwiKi,4'4iO'-;û0.3'08; — HroJoilloi, ti
1 on», l'H; — p(che« at abricoU, 3' i «rjou, 5'M: -
gronei noii. S» i O'SOO, S<')0 ; — niiiu, prarenuit da la vi^n
D, e^aà
Poidd lolal at piix mojea . .
Atbi ucréFi ! StLcn bUnc, »> i
1 l'IS.lCes
l'w.'ii'w;
-ei«m»d.,
Poldt toul et prii taajea . .
HT. i. — AUHinn FBiPuia r
MO 0 S'TO
ToTALdu Mptat eoDcMunl li DûamlaTa...
iiGoogle
^^ CH. m. — COKPOSITBira-TTPOGRAPHB Dl OTUXKI-LBS.
$ 45. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SUITE).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (SDITE).
LOTOT da It nitiMKi occapéa psr 1. taiOla (IffOO p« moi.), dMncticm Wte de
T«lMr Jn ratiin produit pu UM twHlB •.'"••^
HdpmUoM et entreUeB-
HOBOIBR :
Entretisn «1 rsmpkiUige d« ch»i«i •
Chadfface ;
Houille (chïibon jaUWnii). S.OOO' * *4' la mille ^•
ËCI.4IR1GE :
ChmdBlJe., M' à l 'eu, Sa<a4 1- huila. 4 lit. à !• OS, 4'îO ; - Tailleiues, 3 bûIlM iO» 1
0>M; — «lluineltetchiniiqiiei,î6bollBtà0'05, l'SO; — gtOHMilluMllai, l'60..
ToiiL da« dipemea eoncamâDt l'iiabltalion...
SBCTIOH III.
Dipeawt I
Vitomenl» dn clief de [unille ; bals d'mdul et coDleotion domestique. , . . . . ('f. B aj 51
- 3^';^^»»; - z ■:::.:: \!â;lfxl\
UpantiOD da Unge ol' dei TêlamanW (IS. B)
Bliiikbiuabi :
linge 8t dai TMamenW 'W.C)
ToTtui daidépanKi concernât le* rtlameDU
SBCTION IV.
^«muit 1m beiain* mofmu , Isa rèoiéatÛHu
>t la aarnoe da lanU.
DépenHi accidentallea : locttion da ctiaiMi i l'ëgliia
IllSTIinCTIOl DRS INFinTE :
Piaii d'acole piT«> pai la commune. IIA^OO; — tréqueDtalion gntuila de> court de
l' Académie Cas baaui-arli pu le flit «te*, pendant 8 moia, i 5'OOpiT moii, IB'OO;
— livrei, papier, plamea, ctaToni, ani», 1S'50
Skodbs et KuMbsit :
Secoun i dea camalade* de l'onnier, on t leon faoTei et oipheliu, anmAnea dl-
lertet, VODi — •oaacription 1 la aociéM de aecoun mntusl*, pour let Teuvea de>
membre» déeidéa, 4'60iToir s™ T)
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en, m. — CdHVOSITBini-TTPOGBAPHE DE BBOXBLLBS'.
S <B. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SUtTB).
DÉSIGNATION DBS DÉPENSES (SUITE).
witin m iIhub. Il
d,'"oW^
»(.«.
SBCTtON IT.
et I.N>*iMdaMnU[ii>ite).
RBpMdDDoé pir l'ounisr i roM*«i™ daufito, î»00; - laoqort snilMl d« eom.
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Sebtim di sont :
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SBCTIONV.
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KoTt. - Lu ulret dipso». concuniat 1» induitri» moatenl 1 SflfOl
EiLei KDt renbounéei par In rtcMlm piotoninl da c«> niÈinfli tndu»-
lie do Ht «piigoet et ponn àca liln dîna la prAseot bndf;»!.. «0L'9S
Aisent appliqit da Don^cma aai iDdiutriea (14, B« IV},
comms emploi momanlaRi du fonda dg roulamaDl, al qui ne «a> 01
intntTS M3 DBTTBS :
IMÏÔTS :
1 l'SO, 18' 00; - amande, pour manqna de préience aux aé.ncta. Î'OO; - contri-
bution au piofil de> Teut» dea mambTBs âtcéiés, 4'£0 (cra djpeaset loni omiu»
aalniraa. Il moli i O'SO, S<OI>; — amaDdca puui manqua de préacDCS au aiaaciB
TirUL d« dipeaui caDcamaal laa ladiutiiet. lu dtltu, lu impMi et
aao
Épuen m L'itntii i
(LabciilIaaabitancanaipHriw; tont ce qu'cll* gagna tat amploft i accroître aon
Torm Dia DÉreMBia d* l'aïuite (balanfant lea ncattei).. . (S,M1<aO)
Kl os
i,a<w65
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iîB OH.
- GOMPOSmtrk-TIPOGUrHE DB ■nllMLLSS.
S H.
COMPTES ANNEXÉS AUX BBDGETS.
SECTION 1.
COMPTES DES BËNËHCES
UidUDt in aininu tMfna fu U hnllc (k m ri^ Mipic}.
ilchM de chuuMlH. f» i l'M...
^ d'ancn, i» plnmM M ds p4p
ri«TiiU«roQTri«t,Mj.,l à*'60.
Untnoi itailtut d< rindnitcla. . .
Total coinnM à-dt*aM...
qui MnJI p»î* poor li conteetion dsi m«m» ofcjsli, . ,
» réiulUst ds «tta in
C — ButicBiss*GB DBS vtTBimras BT DC UMt.
hliqul Mnlt p»7* piwtt I» MiBchrnig» it nJmw objal*. ■ .
iiGooglè
GOm-TBS ANNEXES AUX BUOCETS,
&»TOD DOir, M» à S'H, MftAj — nTOn bUnc S'OOi — blaii, 10'40; ~ cm-
poi>, l'SO; — Hl (la Knid*, lonquarMii da plnla Dumqur, VU
Charbon pou la npwaua .
T»TaiI de U fuuB* : 4S joanta A l'DO
BiHina rtinlUat da catU tBdwWa
D. — BisuHi B
SES ntaincti MfsDLTtirr dis inocsnia
(A à Cl-
Hacatla* an iigaat appliquiet kui dipUM* da 1* tuDill*
DfFUina ToriLU.
Saliina aflïraala aiu tntiui «licutës par ia funlUa paur 1e> Indiutriw
DépmiM an aTgaot qui danont tlis lembonraéea par da> racellaa pronoinl
dM Ir '—-'--
Touui coaun* cl-dauiu...
6BCTI0N II.
COMPTES BBUTIFS AUX SUBVENTIONS.
(Cet comptai oM M tUHJi an dtUU dua 1* badgal lii-atoa.)
H U
103»
«1 u
«su
SBCTIOH m.
COMPTES DITEBS.
- Conn m ll nipnisi
us TfaMiEins.
An. l<r. — VHtmenli il
dn diDudM :
1 palatol-iodlDgtila go dnp blan, ane M .
1 tadingota as dnp noir. I 40 00
1 gUalda uUanob- j i% OO
A TiftrUT .. lao 00
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- COUPOSIIEUB-TVPOGBAPIIE DE BBi>!(EME9.
- félf*»»!! (tt CoHiirfrr (fiiilé).
da dimucho (luita) :
1 puUlon «I dnp noii
1 dupasu d« (Die
1 iehup» da isUa noir
1 piiiie de boitu
eiementi da tianil, dont qaetqne*- mu toal portti la <
lortqu'ili (ont atatt i
1 palelot d'hiver on ditp TBri
1 panUloo en élofTa da laine
B gilelt i manches, en éloOe de laine
S hloutei de travail «n iXoSB bleae
1 ca.1^\aiem6riDOSBoit.^y/.V/ ".'.'.'.'.. '.'.'.'.'.'.'.'.'..''.
2 caleçoai en trjcui as coton
a pairei de bii de laine.".! !!!!".'."'.' !.'!!"!.' '.,'.'"'
I paiie de batlei. pliùiann n>li taccominodîe
Totaui
ItaiDaDlt do dimancba :
1 robe ea laine brune
1 chUa an iBins
1 coriage de loie noire
1 Ublier de laie noire
1 pardeunidenienoira.
I bonnet m ont*
I japon de bâti n blanc
9 chemlietlee en tulle de coton btodé
1 bUnct en toile d'Ecosse
baille colon bUnc.
I Miail :
1 jupon en ttoffa de laine et coton, dite orlénm
S jaquaUai en âlofTe de coton de cenJenr. - . - h ......... .
1 hoonat de lolte noir, aYecmbâni de aow
4 booD«ta de colon blanc, »eo danlello
8 dwmiiM de coton blanc
Uoucholre do poche at da «ou, «anti et bai
Cbaïunire : 1 paire de •oolien el 1 paire da pantonHet,
Ait. s. — VHtmmli in tnfanis.
umrha et des Jour* dstraiail
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^LÉUENTS DIVBM DB LA CONSTITUTION 80CULB. 436
ËLÉHSNTS DIVERS DE LA CONSTITUTION SOCIALE
rAITS IMPORTANTS D'ORGANISATION SOCUtBt
I PARTICULARITÉS REMARQUABLES;
APPRÉCIATIONS GÉNËRALESt CONCLUSIONS.
S 17.
iâîATS SUCCESSIFS DB STABILITÉ ET d'ÉBRANLEHENT,
EN BELGIQUE.
Les agglomérations urbaines et manuracturières de la Bel-
g:ique se sont rormées, pour la plupart, sous les influeuces qui
ont été signalées pour l'Angleterre (III.viii, it). En Belgique,
comme dans ce pays et dans la majeure partie de l'Occident, les
populations rurales traversèrent une époque critique, lorsque
les excellentes institulions du moyen âge leur eurent procuré
les conditions d'un développement régulier. Les ^milles, vouées
depuis longtemps à la culture des (erres les plus fertiles de
chaque localité, durent improviser des moyens supplémentaires
de subsistance. Pour établir près d'elles leurs rejetons, elles
fondèrent en premier lieu de nouveaux, domaines eo défrichant
les forêts de qualité inférieure et les territoires de toute sorte
qui ne fournissaient que de médiocres litières ou de maigres
pâturages. Après avoir ainsi complété la race de paysans que le
sol pouvait nourrir, elles s'appliquèrent à établir, entre les
domaines de ces derniers, une nouvelle série de ^nérations. Elles
créèrent, à cet efièt, une foule de peUtes propriétés que je désigne
dans cet ouvrage sous le nom de « borderie », qui leur est
donné dans plusieurs provinces de la France centrale. Cette in-
stitution a beaucoup augmenté la force des campagnes. En effet,
les bordiers ruraux ont constitué leurs familles sur des lambeaux
épars qui restaient généralement sans valeur entre les grands
domaines des gentilshommes et les moyennes propriétés des
paysans. Sur des parcelles qui atteignaient rarement 20 ares,
.yGoogle
436 GII Itr. — COUPOSITBUB-TTPOGBAPHE DU BBDXBLLBg.
qui étaient éloignées des habitations et qui n'avaient antérieure-
ment aucun emploi, ils ont créé des familles stables et de petits
domaines florissants. Ceux-ci sont essentiellement composés
d'une habitation à laquelle confinent une étable, un jardin-vei^r,
une chènevière, un champ, souvent même quelques arbres fournis-
sant te combustible au ménage et un espace herbu destiné au
parcours des jeunes animaux. Malgré la stérilité initiale du sot,
la borderie offre ordinairement une fertilité supérieure à celle d%
champs conligus. Ce résultat a été ^obtenu grâce aux engrais
fournis par l'habitation et l'étable, grâce surtout au travail de la
famille qui, sans déplacement, trouve toujours, sous sa main,
l'emploi fructueux du moindre instant de loisir. La femme, les
enfants, les vieillards et les infirmes qui complètent la famille,
suffisent généralement à la culture de la borderie; et ils en tirent
en grande partie, outre l'habitation, les moyens de subsistance.
Le bordier peut donc consacrer tout son temps, soil auxserrices
spéciaux que réclame le voisinage, soit à la fabrication de pro-
duits manufacturés dont le commerce estcentralisé par quelques
négociants de la localité. 11 obtient, comme rétribution de ce
travail, un salaire qui reçoit deux emplois principaux : l'achat
des céréales, des corps gras, du sel et des autres objets que ne
produit pas la borderie; la constitution de la dot nécessaire à
rétablissement dœ frères et des so6urs de l'héritier. C'est ainsi
que les fabriques collectives rurales se sont constituées, dès la plus
haute anUquité, dans les régions contiguës aux ports maritimes
qui en exportaient les [Hroduits*. Parmi ces fabriques, celles qui
ont pour objet le tissage des étoffes ont presque partout figuré au
premier rang. J'ai indiqué, au chapitre précédent, comment les
bordiers-tisserands se sont multipliés au moyen âge sur des bases
Bolides et comment ils s'ébranlent de nos jours (ii, 1 7).
Quand les campagnes furent occupées autant que le com-
portaient les méthodes du travail agricole, les rejetons surabon-
dants des familles rurales commencèrent à s'agglomérer dans les
1. H esifcrlt dang la Bible, sa »\a\M detTcrtas de !■ mère de (kmlUs : ■ Elle b fait
nn liDC<<ti1, Elle l'a Tendu, et elle a donad une ceintar« au marchand chaDBDien. ■
{Pnaurbti, ixit, U). Cm prodnitt jMent eipMU* par 1« port de Tjr.
.yGoogle
iuilIBNTS DtVnS DB LA CONSTITUTION
fabriques urbaines. A l'époque de la Renaissance, celles-ci pri-
rent UQ grand développemeut en Belgique comme en Italie. Elles
eurent d'abord pour spécialité les objets destinés à la consom-
mation des habilants, et ceux qu'on ne pouvait fabriquer dans
les campagnes avec le même degré de perfection. Ces fabriques
grandirent, à mesure que le commerce se développait dans les
ports du littoral ; et elles eurent pour complément le personnel
des tisserands ruraux attirés par les négociants qui centrali-
saient depuis longtemps à la ville le comoterce de leurs produits
(il, it). C'est ainsi que se rapprochèrent, en Belgique comme
dans la vallée du Rhin, les premiers rudiments des villes manu-
facturières qui ont pris de nos jours de si grandes proportions.
Les classes dirigeantes qui présidèrent à cette transformation
des sociétés de l'Occident comprenaient bien le danger auquel
elles s'exposaient en renonçant aux éléments de sécurité que la
production des denrées alimentaires procure aux campagnes.
Elles se préoccupèrent, en conséquence, d'assurer aux popula-
tions des TJIles toutes les compensations compatibles avec la
nature des choses. Ces excellentes institutions urbaines étaient
encore en vigueur dans le Nord et l'Orient pendant la première
partie de mes voyages. Elles avaient laissé beaucoup de traces
en Belgique à Tépoque (1829-1835) où je visitai souvent ce
pays.
- Sous le régime institué au moyen ftge dans les villes manu-
facturières, chaque fomille avait deux garanties principales de
stabilité. Elle possédait en propre la maison qu'elle habitait dans
la cité; et souvent un jardin potager dans la banlieue. L'atelio*
était lié intimement au foyer; et le travail que la famille y pra-
tiquait avait, en quelque sorte, comme le travail agricole, la
solidité de la propriété immobilière. Les produits manufacturés
des ateliers urbains oiïrent, il est vrai, des caractères qui leur
sont propres : ils ne répondent point, au même degré que les
denrées agricoles, à des besoins impérieux ; la production n'en
est point Umitée, comme celle des domaines ruraux, par les
dimensions invariables du sol; en6n les acheteurs d'une cité
sont moins inféodés, par la difficulté des transports, à la boa-
.y-Google
13S CH, m. — coMPosiTBim-TrpoGBAPHE db bsuxellks.
tique de leur nie, que oe te sout ceuxd'uD petit marché rural, aux
domaÎDes de leur voisinage. Mais, depuis une époque fort recu-
lée, OD a remédié à cette infériorité organique des at^iers urbains,
en en limitant la production. Partout, on a eu recours au même
moyen : on a fixé invariablement le nombre des maîtres et d^
ouvriers qu'ils emploient. Ces règlements constituaient la charte
fondamentale des corporations urbaioes d'arts et métiers. Ils
conféraient aux ateliers des villes une clientèle fixe; et, par suite»
une stabilité comparable à celle que la nature des choses assure
aux ateliers des campagnes. Dans les uns, comme dans les
autres, le maître pouvait compter sur un débouché permanent;
il était donc en mesure d'assurer la subsistance de l'ouvrier. Une
maîtrise urbaine avait, h quelques égards, la solidité d'un
domaine rural. Une clientèle, comme un fonds de terre, pouvait
déchoir momentanément sous un mattre vicieux ou négligent;
mais elle offrait toujours une base solide sur laquelle on pouvait
asseoir la subsistance de l'ouvrier ; et elle reprenait toute sa
valeur sous la direction de l' héritier-associé qui, au milieu de
dures épreuves, avait compris l'importance suprême de l'activité
et de la vertu.
Eq résumé, depuis le moyen âge jusqu'au xvili* siède, la
stabilité des villes manufacturières et le bien-être des populations
reposaient sur trois coutumes principales. Le maître possédait
en propre les immeubles formés par le foyer domestique, l'ate-
lier de travail et leurs dépendances. Il possédait, en outre, une
part nettement réglée, dans la clientèle des acheteurs urbains ;
et il pouvait, entre certaines limites, en augmenter l'importance
par ses talents et ses vertus. Il était autorisé, par les pouvoirs
locaux, à employer un nombre déterminé de compagnons et
d'apprentis; mais il était tenu, sous la pression des mœurs, de
leur assurer des moyens permanents de subsistance.
Toutes ces garanties de stabilité et de bien-être manquent
de nos jours aux populations manufacturières de l'Occident. La
plupart des familles habitent des logemeuls ou exploitent des
ateliers qui sont donnés en location par des capitalistes. Rien ne
tempère la concurrence qui règne entre les maîtres. La coutame
.yGoogle
ELEMENTS DIVERS DE Li CONSTITUTION SOCIAtK. 139
et tes mœars ne les contraignent plus h pourvoir, en toute éTen-
tualité, au bien-être de leurs ouvriws. Lors donc que survieo-
nent les chômages engendrés par les crises commerciales et par
les calamités publiques, tous les ateliers en ressentent le contre-
coup. Les mattres placés dans les situations les moins Tavorables
sont reaversés par le choc; les plus habiles et les mieux établis
n'échappent à la ruine qu'en congédiant une partie de leurs
ouvriers et en réduisant le salaire de ceux qu'ils conservent.
Les ouvriers sont généralement dépourvus d'épargne: c'estdonc
sur eux que retombe surtout le poids des souffrances amenées
par l'instabilité des fabriques urbaines.
Même dans les contrées où la famille conserve ses libertés
ti-adilionneltes, les manufactures urbaines deviennent de plus en
plus une cause d'ébranlement. Comme jo l'ai indiqué aux trois
volumes précédents, le mal qui a pour symptôme l'antagonisme
envahit rapidement l'Orient, le Nord et les oasis de paix sociale
qui subsistent encore dans l'Occident. L'avenir de l'Europe est
déjà sérieusement compromis. Ceux qui président à ses destinées
ont donc le devoir de s'unir dans une commune pensée de
réforme. Us doivent, avant tout, s'entendre sur les causes du
mai actuel; mais, pour ne point s'épuiser en efforts superflus,
ils sont d'abord tenus de comprendre la distinction nette qui
existe entre les faits qu'impose la nature des choses et ceux
qu'amènent l'erreur ou la corruption des hommes. Celte distinc-
tion est établie dans cet ouvrage pour une multitude de cas par-
ticuliers. Je la résume ici en quelques mots.
Depuis les origines de l'histoire jusqu'au moyen âge de l'Oc-
cident, le travail manufacturier n'a guère eu pour siège que le
foyer domestique. Tel était le cas surtout pour les tissus qui ont
toujours été au premier rang parmi les produits manufacturés.
Les femmes juives, au temps de Salomou, fondaient en partie
sur cette fabrication la prospérité de leurs ménages * ; et c'est
dans ces môm^ conditions que les jeunes filles de la plaine
saxonne fabriquent encore leurs trousseaux (III, m, i»). Les
1. Voir, par eiemple, les Provtrbn : mi, 16 et 34.
.yGoogle
140 Cl>- tu. — COMPOSITBVIl'TTPOGkAFHB DR ■BtIXBI.l.eS.
mélaax, c*rat-à-dire les matières les plus maDuracturées que
livreot les industries extractives, De pouvaient, comme les tissus,
être fabriqués près du foyer où la famille se chauffe et prépare
ses aliments. Le travail était exécuté dans des ateliers spé-
ciaux disséminés sur les gftes qui recèlent la matière première
exploitée, et dans les bois qui foumisseat le combustible néces-
saire aux foyers ardents où s'opère la fusion. Mais dans les ate-
liers de la métallurgie, comme dans ceux des foyers domestiques,
l'effort nécessaire à la production était appliqué directement par
l'ouvrier à la matière première. C'est dans ces conditions que
l'on fabrique encore l'étain dans le détroit de Matacca, le fer et
l'acier dans l'Indoustan. On a justement classé autrefois les épo-
ques successives de l'histoire par l'apparition de certains pro-
duits du travail manufacturier : il est aujourd'hui plus opportun
de les caractériser parla nature des forces qui ont été employées
dans les principales branches de la produciioD. A ce point de
vue, les époques qui ont précédé le xv' siècle doivent, dans leur
ensemble, être nommées : l'âge des ateliers à bras.
L'époque suivante s'étend du XT* siècle au milieu du xviii'.
Son début est marqué, dans la métallurgie, par les inventions
qui substituèrent, aux soufQets mus par les bras, les grandes
machines soufflantes mises en action par la force de l'eau ou des
animaux. Des inventions analogues s'appliquèrent peu à peu
aux industries manufacturières. Elles consistent généralement en
deux engins : l'un remplace le travail de la main ; l'autre, la
force de l'homme. Cette époque a beaucoup aggloméré les manu-
factures et les usines métallurgiques dans les vallées où les forces
motrices abondent : elle peut être appelée lâge des engins méca-
niques.
Quant à l'époque actuelle, elle a surtout remplacé, dans les
usines métallurgiques, le bois par le charbon de (erre. Ce même
combu^ible produit la vapeur qui met en action les engins mé-
caniques, qui transporte par terre et par eau les matières pre-
mières et les produits, qui enfin devient l'agent calorifique uni-
versel des ateliers de travail et des foyers domestiques. A tous
ces titres, notre temps sera justement réputé : ^âge de ta houille.
.yGoogle
^lAheSTS bIVEU DB LA CONSTITUTION SOCIALB. Ut
Chacun des trois âges a créé de nouveaux moyens de travail;
et il les a superpmés à ceux des âges précédents, saos les détruire.
Touâ ont concouru à agglomérer les populations manuracturières.
Ce mouvement est aujourd'hui plus rapide que jamais ; et nous
avons TU, en quelques années, uattre des villes populeuses qui,
aux ftges précédents, aul^ient exigé les eH'orts de plusieurs
siècles. Traversée dans toute sa longueur par on bassin houiller,
la Belgique produit autant de combustible que plusieurs grands
États du continent* : c'est l'un des territoires européens où les
populations sont le plus agglomérées; c'est aussi l'un de ceux
qui justifient le mieux les réflexions présentées dans ce para-
graphe.
Cependant, l'agglomération excessive des ouvriers dans les
usines h la houille n'entratne pas nécessairement la soiiffirancâ
et la discorde qui désolent les régions manufacturières de l'Oc-
cident. Le bien-être et la paix s'y conservent chez les patrons
qui voient, dans leur atelier, une famille; qui, en conséquence,
remplissent envers leurs ouvriers les devoirs prescrits par le
IV* commandement du Décalogue. Ces bons exemples abondent
encore au milieu de l' entraînement général de notre époque.
Comme je l'ai indiqué [H>écédemmeDt (III, vn, lo), le fléau de
l'antagonisme est propagé surtout par les maîtres qui ont été
pervertis par les théories d'Adam Smith et les actes de Turgot;
qui, sous prétexte de liberté et d'égalité, laissent sans protection
les serviteurs du foyer et de l'atelier. C'est dans la pratique de
ce devoir qu'existe encore en beaucoup de lieux, et que se trou-
vera de plus en plus, le remède aux maladies sociales qui,
après avoir désorganisé les villes, commencent à ébranler les
En résumé, les manufacturiers de l'Occident oublient les
règles de la prudence et violent une loi de l'ordre matériel, en
accumulant les richesses dans des villes peuplées de pauvres et
en agglomérant les hommes sur un territoire qui ne suffit pas à
les nourrir. Sur ces deux points, ils renouvellent la faute que
1. En 1855, la Belgique eitrsît de wn sol 10 million» de uones métriquw, c'esl-
fc-dira dis (oia ploi qne rwnpin lulrichieD, et uitant que la Fr&nce entiAra.
iiGoogle
lil GH. III. — coupoaiTiuK-TTiocBAPBE Dt: brd^ri.li:e.
commirent, dans l'aDiiquité, les priaces-marchtBds de Tjr' ei
les classes dirigeantes des autres cités fameuses. Assurément, la
souffrance actuelle n'est point sans remède : comme les anciens,
nous avons près de nous les exemples des Aatorités sociales;
et, pour revenir au bleu, nous n'avons qu'à les imiter. Mais, Si
nous fermons les yeux à la lumière, et si nous persévérons dans
le mal, tes Vities dont nous sommes si fiers auront le sort deTyr^
de Cartbage et de Babyloue. r. l,-p.
S 48.
ASSOCIATIONS DB SSGODBS HUTUBLS ET DE PBéVOTANCE FONniÊBS
PAB LES OUTBIBBS TYPOGBAPUES DE BBDXELLES.
En vue de garantir leur bien-être physique et moral, les
ouvriers typographes de Bruxelles ont créé par eux-mêmes
diverses associations de prévoyance.
Parmi celles-ci, il faut citer d'abord la Société typographique
de Secours mutuels fondée en 1820, et qui a été le noyau de
cette pépinière d'associations mutuelles, dont aujourd'hui la Bel-
gique est 6ère à juste titre, et qui a contribué pour une lai^
part à assurer le bien-être et l'indépendance des ouvriers.
En 1S32, une fraction dissidente de la Société typographique
de Secours mutuels s'érigea en association distincte. L'ouvrier
décrit dans la présente monographie se fit adniiettre dans cette
dernière en l&hh, et n'a cessé d'y participer jusqu'à ce jour.
Par une contribution mensuelle plus élevée, comme par une
meilleure répartition des secours, cette société, composée d'ail-
leurs d'éléments plus jeunes que l'ancienne, ne tarda pas à
dépasser celle-ci en prospérité.
Il en résulta une sorte d'antagonisme, que vint eacote aug-
menter une circonstance fâcheuse.
Plusieura années désastreuses et un acte d'infidélité mirent
1. Voir beaucoup de iniu dtDt la Biblei noumment i Êtau, ixiir,- 3, S, 9.
iiGoogle
iLitama ditxm sb la constitution SOCIALB. ti3
l'ancieDDe société à deux doigts de sa perle. Dans sa détcesse,
elle s'adressa à la jeune association, pour se confondre avec
eelle-ci ; mais, en pr^ence des intérêts de ses membres, cette der-
nière ne crut pas devoir accepter ces proposilioDs. Pour parer à
la situation, l'ancienne société dut prendre alors diverses
mesures extraordinaires, à l'aide desquelles elle parvint, après
plusieurs années d'efforts, à rentrer dans un état normal.
Frappés des inconvénients qui résultaient de celte division
d'intérêts, désireux surtout de mettre fin à l'antagonisme dont
nous venons de parler, l'ouvrier et plusieurs de ses compagnons
tentèrent à diverses reprises de réunir les deux associations
rivales. Après de nombreux pourparlers, ce but fut atteint en
octobre 1856.
Aujourd'huil'Âssociation typographique compte 300 membres.
Le. relevé des opérations du premier semestre de 1S57, établi
ci-après, peut donner une idée de son importauce et du bien-être
qu'elle répand parmi ses membres. Les recettes se répartissent
ainsi qu'il suit, savoir : cotisations mensuelles, 2,538'00; —
amendes et contraventions, 235^75; — rentrée des cotisations
mensuelleset amendes arriérées, 52' 75; — contributions pour
décès, 256'25; — intérêts de bons du Trésor, 180^00; —
règlements et affiliations, 28' 50.— Total des recettes, 3,29i'â5.
— Les dépenses forment un total de 3,672' 13, savoir : indemni-
tés pécuniaires payées aux associés malades pendant le semestre,
3,100' 00; — honoraires du médecin, médicaments, bains et
frais de décès, d72'13. — Il y a donc eu pour le 1" semestre
un déficit de 380' 88 : l'encaisse, au 1" janvier 1857, était
de 7,691' 30; il restait, par conséquent, au premier jour du
deuxième semestre, un encaisse de 7,310' ft2.
Comme l'expérience l'a prouvé depuis longtemps, le second
semestre de l'année est généralement moins défavorable que le
premier. Tout fait espérer qu'il en sera encore de même cette
fois, et que l'équilibre des recettes et des dépenses, rompu un
instant, sera maintenu.
Les statuts de la Société typographique de Secours mutuels
étant pris pour modèle dans un grand nombre de société de ce
.yGoogle
COHPOSITEVa-TTPOGBAPBR DB •■OXHL.LSS.
georç établies eo Belgique, il ne sera pas ioulile de donner ici
quelques détails sur son organisation.
La société est composée de typographes (compositeurs ou
imprimeurs) ayant au moins quatre années de service; elle a
pour but unique d'accorder à ses membres des indemnités en
cas de maladie. Pour être recii membre, il faut jouir d'une mora-
lité irréprochable, habiter Bruxelles ou ses faubourgs, dans le
rayon des bamères, et être présenté par un associé. Nul candidat
ne peut être admis avant l'fige de dix-huit ans, ni au delà de
quarante. Le nombre des sociétaires est illimité. L'association
est indissoluble et ne peut, en aucun cas, se réunir à une société
qui aurait un autre but. Elle est régie par une commission élue
dans son sein. Cette commission s'adjoint un médecin et elle
traite avec un pharmacien. Elle se réunit extraordinaiiremeDt
dans le courant des mois de juin et de décembre de chaque
année, à l'effet de régler les comptes semestriels et de les
approuver, conjointement avec trois membres qui sont nommés
par l'association à la séance précédente. Ces comptes sont
soumis aux assemblées générales des mois suivants. Indépen-
damment de la cotisation mensuelle ordinaire, dont le prix est
de 1 ' 50, et de la contribution extraordinaire exigible au décès
de chaque associé, et dont le taux est de 0' 25, les membres
sdot astreints à un droit d'affiliation dont la quotité a varié
selon l'âge, mais qui est aujourd'hui fixé uniformément h
15' 00. Toutefois, en vue de faciliter les admissions, on dis*
pense les membres de payer cette affiliation : dans ce cas, ils
n'ont droit à l'indemnité pécuniaire qu'un an après leur admis-
sion.
Tous les secours de médecine et de pharmacie sont fournis
aux frais de l' Association. L'associé malade reçoit, en outre,
pendant les trois premiers mois de la maladie, 2' 50 par jour;
puis, pendant les trois mois suivants, 1^ 50 ; et pendant les six
derniers mois, 1' 00. Oo tient compte des jours de maladie à
dater du moment où le certificat du médecin a été délivré, et les
paiements se font tous les cinq jours, par les soins des visiteurs
ou commissaires nommés à cet eiïet. Les accidents sont assimilés
.yGoogle
ÉLBUBNTB D1V8B8 DR Lk CONSTITUTION SOCIALE. 44S
aux maladies. Le sociétaire malade peut, si bon lui semble, se
Taire traiter par un médecin autre que celui de l'Association,
Cependant, dans <%s cas, les honoraires du praticien sont à la
charge du membre, qui doit en outre foire viser les ordonnances
prescrites, par l'un des commissaires, pour avoir droit gratuite-.
ment aux médicaments. Dans ce cas aussi le président a le droit
de faire constater l'état du malade, toutes les fois qu'il le juge
nécessaire, par le médecin de la Société. Toutefois, si la maladie
ne rentre pas dans la spécialité du médecin, celui-ci désigne un
remplaçant. En cas de décès d'un membre, l'Association fournit
le cercueil et se charge des frais d'inhumation. L'associé décédé,
en ville ou dans les faubourgs, est conduit à sa dernière demeure
dans un corbillard suivi par une députation de douze socié-
taires. Au décès d'un associé, et lorsque celui-ci a acquitté,
depuis trois mois au moins, son droit d'affiliation, il est alloué
une somme de 50' 00 h la veuve ou aux enfants. A défaut de
femme ou d'enfants, le secours sert à solder les dettes du défunt,
el à rémunérer les personnes qui lui ont donné des soins. Cette
touchante sollicitude, qui s'étend même au delà de la tombe,
a produit jusqu'ici d'excellents effets et a toujours relevé le
moral des moribonds. Cette disposition, comme beaucoup
d'autres, est due à l'initiative de l'ouvrier décrit dans la présente
monographie.
A côté de la Société typc^;rapbique de Secours mutuels, et
poursuivant un but non moins louable, s'est élevée l'Association
libre des compositeurs-typographes de Bruxelles, dont le cercle
d'opérations embrasse le mamlien des salaire d'après une base
équiteble et l'assistance envers ses membres privés de travail.
Cette Société, dont les fondements furent jetés dans une assem-
blée générale des compositeurs-typographes de Bruxelles et de
ses faubourgs, tenue le 3 janvier IS&â, et qui fut définiti-
vement constituée le 15 févri^ suivant, a pris naissance à la
suite de diverses tentatives de diminution àes salaires de la part
de quelques patrons. Ralliant l'élite des ouvriers compositeurs-
typographes de Bnuelle-^j s'appuyant sur les lois et sur la consti-
tution belge, dont les dispositions libérales assuraient k son
.yGoogle
146 Ca. Itl. — COMPOSITE D t-TTPOGR A PB B DB BBDXBLLES.
action l'efficacité nécessaire, écartant de 666 réunions toutes les
questions qui n'avaient pas diFectément rapport aux intérêts
professionnels, elle prit bientôt un développement notable et
exerça sur le marché du travail une influence également salu-
. taire pour tes ouvriers et les patrons. L'indemnité qu'elle accorde
actuellement aux ouvriers privés de travail est de 18 ' 00 par
quinzaine. L'indemnité accordée par jour pour abandon égal des
travaux, en cas d'atteinte portée au taux habituel de la main-
d'œuvre, est répartie ainsi qu'il suit : pendant les deux premiers
mois de chômage pour cette cause, d' 00; pendant les deux
mois suivants, 2' 60 ; pendant les deux derniers mois, 1' 50. On
déduit toutefois de cette allocation le gain que peut réaliser
l'associé indemnisé, sauf celui qui provient du travail exécuté la
nuit, le dimanche ou les jours fériés. Ce dernier reste toujours
acquis à l'ouvrier. Toutefois, la Société ne tarda pas à se con-
vaincre que son action ne serait complète que du jour où elle
pourrait venir pécuniairement en aide à ses membres privés
de travail pour des causes autres que des abaissements de
salaires. Une caisse de secours fut instituée dans ce but, au mois
d'août 18i!i6. Après quinze mois, elle fut transformée en une
Caisse de prévoyance qui, en assurant un secours plus élevé,
délimitait strictement les droits et les devoirs de ses membres.
Cette caisse est alimentée au moyen d'un prélèvement de 60 p. 1 00
»ir la recette mensuelle générale de la Société. La moyenne
annuelle des recettes est de 1,302' 00; le montant des indem-
nités payées est de 1,129* 00 et le nombre d'associés (sans
travail) indemnisés œt de 45. L'Association libre, qui exige de
ses membres une conduite h l'abri de tout reproche et des capa-
cités reconnues, compte 300 sociétaires. Mais il est à remarquer
que les compositeurs seuls peuvent en faire partie. Les impn-
meurs typographes, de leur côté, ont créé à Bruxelles une
institution analogue, qui comprend environ 150 adhérents.
Indépendamment des Sociétés qui viennent d'être décrites, il
existe encore à Bruxelles une Association coopérative d'ouvriers
compositeurs et pressiers, composée d'une cinquantaine de
membres. Cette association, à laquelle Jean-François D*** ne
.yGoogle
JLâMBKTS DITEBS DB LA COMSTmmON SOCULB. U7
participe point» est en voie de progrès. Elle a pour but essentiel
de garantir des ressources à ses membres, en cas de vieillesse
ou d'ioËrmités.
Par ce qui précède, on voit que les ouvriers de ce corps
d'état ont mis largement à profit le principe d'association, basé
sur l'assistance mutuelle. Aussi un fait digne de remarque, c'est
que pas un des afOIiés aux sociétés de ce genre ne participe aux
secours publics, circonstance qui cootribue puissamment au
maintienne leur dignité et de leur indépendance. Les promo-
teurs de ces institutions se flattent d'avoir prouvé que les
ouvriers, lorsqu'ils le veulent fermement, savent toujours se
suffire à eux-mêmes.
S i9.
iUGHBNTàTlON APFOBT^B, BK 1851, AU SALAIHB DES OUVKIBBS
COHPOSrTBCBS-TTPOGnAPBBS.
La cherté des denrées alimentaires et des objets les plus
indispensables à l'existence avait fait naître dans ces derniers
temps une situation qui pesait durement sur les classes ouvrières.
Elle avait créé pour celles-ci un état de gène qui provoqua par-
tout la sollicitude des gouvernements et des patrons. En Belgique
notamment, dans un grand nombre de professions, les chefê
d'industrie augmentèrent spontanément le salaire de leurs
ouvriers (so), pour le mettre plus en rapport avec un état de
choses qui paraissait devoir être permanent. Le gouvernement
lui-même et les chambra lé^latives s'associèrent à cette œuvre
de haute justice sociale, en augmentant les traitements des petits
employés de l'État. Presque seule jusqu'au mois de février 1857,
la typ<^![raphie bruxdloise était restée en dehors de ce mouve-
ment général. Profondément affecté de cette situation, Jean-
François D***, avec l'aide de plusieurs de ses compagnons,
provoqua, à cette époque, une réunion composée des r^r^n-
tants des principaux ateliers typographiques de Bruxelles ; et, au
bout de trois séances, vingt-quatre patrons avaient donné leur
.yGoogle
lUl CE. III. — OOHPOSrtEUIt-nPOOBjLPHE DB BRUXELLES.
coDBeutemeiit au principe de l'élévatioD du taux des salaires
qui, depuis plus de vingt-cinq ans, n'avait guère varié. Celle
augmentation fut, de commun accord, portée à 0' 50 par jour-
née de travail, ou l'équivalent pour le travail aux pièces, c'est-
Mire à environ 17 p. 100, avec quelques restrictions pour les
ta^vanx en cours d'exéculion ou à l'égard desquels des contrats
avaient été passés.
Ce résultat remarquable fut obtenu sans cris, sans éclaL Les
ouvriers se bornèrent à exposer leur situation à leurs patrons. I*
plus grand nombre de ceux-ci, guidés d'ailleurs par des senti-
ments d'humanité et de convenance sociale qui leur font le plus
grand honneur, s'empressèrent d'accéder au désir de leurs
ouvriers. Ils n'ont pas eu à regretter cette condescendance. Il a
été prouvé ainsi une fois de plus que les bons salaires font les
bons ouvriers.
S 20.
BANQUBT3 00 RÉUNIONS ANNUELLES nB8 OUTRIEDS
TYPOGRAPHES.
Frappa des inconvénients que pouvait offrir l'erreur ou
l'isolement des ouvriers composit^tirs-typographes qui se mon-
traient indifférents à la marche des associations de prévoyance
et de maintien des salaires (i s) , récemment instituées, quelques-
uns de leurs membres les plus actirs tenlèrent un nouvel effort en
vue de rapprocher les ouvriers de cette catégorie. Ils projetèrent
une fêle annuelle k laquelle devaient être conviés patrons et
ouvriers. Un plein succès répondit aux démarches d'une com-
mission qui avait officieusement été instituée dans ce but ; plusieurs
maîtres imprimeurs et plus de 200 ouvriers répondirent à son
invitation . l.a plupart des journaux de Bruxelles rendirent compte
de cette fête de famille, qui laissa parmi ces ouvriers les plus
agréables souvenirs. Afin de laisser aux typographes de ces jour-
naux la fadilté d'y assister, on choisit le jour de Noël. Huit jours
plus tard, le dernier jour de l'année, uq bal réunit les femmes
.yGoogle
BLEMBKTS DIVBBS DE LA CONSTITUTION EOCIALB. U9
et les filles des ouvriers. Pendant plusieurs aasées coosécutives,
les fêtes typographiques flireut accueillies avec une Taveur de plus
eu plus marquée. Les ouvriers venaient s'y entretenir de leurs
espérances, des devoirs de leur état; quelques-uns y signalaient
les progrès accomplis sous le stimulant des associations mutuelles;
d'autres y indiquaient des améliorations tendant à augmenter le
bien-être général ; eaSn chacun venait y retremper ses forces et
ranimer le courage de ses camarades. Plusieurs notabilités scien-
tifiques et littéraires ne dédaignèrent point d'assister k ces fêles.
Les typographes de Paris et des principales villes de la Belgique,
Gand, Liège, Mous, Namur, Louvain, Anvers et Verviers, y
envoyèrent des délégués officiels chargés d'y exprimer les senti-
ments affectueux de leurs confrères pour la typographie bruxel-
loise, qui se créait ainsi de précieuses relations. Les associations
ouvrières des autres professions de Bruxelles tinrent également à
honneur de se faire représenter h ces t)anquets, qui ranimaient
entre tous ces ouvriers le sentiment de la solidarité. A l'exemple
de leurs confrères de la capitale de la Belgique, les typographes
des provinces instituèrent des fêtes analogues dans leurs villes
respectives. L'ouvrier qui fait l'objet de la présente monogra-
phie eut l'honneur d'être délégué par ses compagnons pour la
première réunion de ce genre qui se tint en province, celle de
Namur; et il se rappelle avec bonheur la réception distinguée et
sympathique qu'on lui fit dans cette circonstance. .
Cependant, les événements de 18â8, dont le souffle poli-
tique anima plus ou moins les réunions de tous les genres, impri-
mèrent à ces fêtes une autre direction qui, pour quelque temps,
amena leur transformation. En abandonnant le caractère de fêtes
de famille qai les avait distinguées jusque-là, et qui en assurait
le succès, ces réunions perdirent un nombre notable de leurs
adhérents habituels. Elles ont néanmoins recouvré aujourd'hui
leur premier caractère; et elles sont célébrées, tantôt au nom
d'une association typographique, tantôt au nom d'une autre; et
les questions qui s'y traitent se rapportent uniquement à leurs
intérêts physiques et moraux, en dehors de tout esprit de poli-
tique militante.
:,yG00gle
CHAPITRE IV
MOETJE DES FILONS AEGENTIFÈRES
DE PONTGIBAUD (AUVERGNE)
0UVII1Ell-PllOr«liT*IBE IT TACBIBOK
du* 1» ifilim* d«a uiga(!*ni*Dt( mameDluli,
d'aPHÈI LKS BENSEieNBMeNTS RBCCEILLIS BUB LB8 LIBDX-
BH <850,
SELON LES INDICATIONS Dl H. F. LE PLAY,
Pab h. E. LANDSBERG.
OBSERVATIONS PRÉLIUINAIRES
D^nNlSSAST LA CONDITION DES DIVBBS HBHBBES DE LA PAHILLB.
DéOalUvii du lieu, d« l'*rs«nlMitlMi Industrielle
ETAT DU SOL, DB L INDUSTRIE ET DE LA POPULATION.
L'ouvrier demeure dans la comnauDe de Barbecot, canton et
arrondissement de Ponigibaud (Puy-de-Dôme), à proximité de
riches mines d'argent et de plomb. Ces mines, dont les premiers
travaux datent au moins de la domination romaine, te compo-
sent de nombreux Blons encaissés dans les roches primitives de
granité et de gneiss qui forment le massif des montagnes cen-
trales de la France. Au-dessus de cette formation, s'élève la
chaîne trachytique et volcanique des Puys, composée de masses
et surtout de cônes tracbytiques recouverts, çà et là, de nappes
.yGoogle
OBSERVATIONS PHBLUtlNAlBBB.
basaltiques et de laves modernes. Le terrain primilif, en présence
de la chatoe des Pays qni le domine, apparaît à l'obserrateur
comme une vaste plaine ondulée; et cette plaine est propre k la
culture dii seigle et du sarrasin. Le terrain tracbytique, quoique
plus fertile, produit peu de céréales, à raison de Eon élévation
et de ses pentes abruptes; mais il se recouvre, jusqu'aux som-
mets \e8 plus élevés, de riches pâturages. Le basalte seul est
frappé d'aridité. En résumé, le pays se suffit à lui-même pour
les céréales de qualité commune ; il exporte des bestiaux et reçoit,
des fertiles plaines de la Limagne et des coteaux voisins, le vin,
les l^raeset les fruits. L'exploitation des min^, seule branche
d'industrie naturalisée dans ce district, livre au commerce des
produits considérables.
La population de la commune de Barbecot se compose à la fois
de propriétaires-cultivateurs et de mineurs. Les premiers possè-
dent, en général, une maison avec ses dépendances, des champs
à céréales [Ht)duisaDt au delà des besoins de la famille, et la
quantité de prairies nécessaire pour nourrir une trentaine de
brebis. Les ouvriers, tout en s'adonnant au travail des mines,
continuent cependant à être liés d'une manière intime, soit par
eux-mêmes, soit par leur famille, aux travaux de l'agriculture.
Cette classe s'est formée d'ailleurs depuis peu de temps (ie).
Avant que les mioes ne fussent remises en activité, les ouvriers
qui n'étaient point pourvus d'une quantité de terre suffisante
émigraient régulièrement à Paris, à Lyon et dans les autres
grandes villes de France, pour y chercher des moyens de travail .
Conformément aux habitudes caractéristiques des montagnards
émigraots, lis revenaient périodiquement au pays avec leurs épar-
gnes pour arrondir leur petite propriété. L'industrie des mines,
rétablie -à Pontgibaud depuis une vingtaine d'années, fournit
maintenant aux ouvriers de celte condition un travail plus avan-
tageux que les industries urbaines. Cffî dernier» continuenl à
être exploitées par les montagnards des autres régions de l'Au-
vergne dépourvues d'une industrie locale.
Les ouvriers mineurs, parmi lesquels se classe l'ouvrier
décrit dans la présente monographie, soat attachés aux mines
:,yGoogle
4SS CB. IT. — HMIDII DB PONTGIBAUD.
daDS le système des eDgâgiements momentanés ; plusieurs consa-
crent toute leur vie au\ travaux de mine; mais la plupart ne les
considèrent que comme un moyen de faire une épargne pour
acquérir ou compléter^une propriété leiTiioriale dont l'exploita-
tion sera un jour pour eux une occupation exclusive. Sous ce
rapport, le mineur de l'Auvergne a les mêmes tendances que
l'ouvrier attaché aux mines et aux manufactures de Norvège
(111,11, 13).
Les obstacles qui s'opposent généralementeDFrancekl'essor
de l'industrie minérale (is) ont été écartés dans cette localité
par rintelligence et l'habileté d'une compagnie financière qui
exerce honorablement les devoirs du patronage.
S2-
ÉTkT CIVIL DB LA FAMILLE.
La famille comprend les deux époux et k enfants, savoir :
1 . Jàcqdks H", chef de ramille, marié depnU 11 uu, nd à Bubecot, 33 ans.
3. Hauib S", sa femme, née ï Pontgiband , 30
3. Maurice H", leur flli alaé, né i Barbecot 10
4. Jean H", leur S« flls, né k Barbecot. g _
5. Henry M'", leur 3* flU, né à Btrbecot 5 —
e. Harguerite U", leur fille, née & Barbecot 3 —
RELIGION ET HABITUDES MORALES.
Les deux époux professent la religion catholique romaine, et
se livrent régulièrement, sans esprit de superstition, aui pra-
tiques religieuses. L'ouvrier est d'un caractère doux j cependant
la déférence et la soumission qu'il accorde à ses supérieurs ne
sont pas toujours exemptes d'une nuance de dissimulation. Les
mœurs sont bonnes, tant avant qu'après le mariage. La tendance
aux rixes sanglantes, si rare chez les Français du Nord, com-
mence déjà h se manifester. La population tout entière montre
iiGoogle
OBStRTATlONS PK^LIMIKAIBGS. 153
pour l'épargne une inclinatiOD prononcée. Malheureusement
cette Tertu développe souvent la tendance à négliger l'éduca-
tion des enfants et les soins dus aux malades et aux infirmes.
Cette disposition efface, en ce qui concerne le vêtement, certains
sentiments de convenance et de dignité personnelle. Elle conduit,
par exemple, les jeunes Slles à vendre, au prix de 3 francs, leur
chevelure hjies marchands. L'agriculteur se livre ii ses travaux
avec peu d'énergie, souveut avec indolence. Cet état d'inertie
peut sans doute être attribué en partie à l'insufTisance de la
nourriture où la viande et les boissons fermenlées manquent
presque entièrement; mais la cause dominante se trouve incon-
testablement dans l'absence de culture intellectuelle et dans les
habitudes de repos contractées dès l'enfance, par suite des néces-
sités de la vie pastorale et pendant de longues journées d'hiver
passées dans l'inaction à la douce chaleur de l'élabte (lo). Les
travaux de labour eux-mêmes, lentement eKécuti^s avec le con-
cours des bœufs ou des vaches, doivent à peine être considérés
comme an stimulant pour l'activité humaine. L'ouvrier mineur
se montre plus intelligent et plus actif que le simple agriculteur ;
mais, sous ce rapport, les femmes, chez les deux catégories
d'ouvriers, ont sur les hommes une supériorité décidée. Bien
que soumises au même régime alimentaire, elles se distinguent
par leur activité et par leur énergique application au travail. Les
femmes et les jeunes filles, exercées aux travaux de ménage,
savent pour la plupart lire et écrire, tandis que ces connaissances
sont moins développées chez les hommes du même âge (s). La
commune de Barbecotest une des localités nombreuses en France
où les femmes de la classe ouvrière l'emportent sur les hommes,
sous le rapport moral et intellectuel, tandis qu'il est rare d'en
trouver où elles ne s'élèvent pas au moins à leur niveau. En
résumé, les avantages que la culture intellectuelle exerce sur le
bien-être des populations ouvrières, se montre ici avec évidence.
Assurément l'utilité de l'enseignement scolaire est contestable
quand elle n'est pas liée intimement à une culture correspon-
dante des seutiments moraux ; mais les deux cultures ont été
simultanément développées chei la famille décrite.
.yGoogle
IM CB. IV. — mNEDK DB PONTGISÂDD.
S»-
DTGlèNB BT 8EBTICE DB SANTÉ.
Le climat est salubre, biec que rigoureux eo hiver. Les tra-
vaux de l'agriculture et des mines n'oot rien de contraire à la
santé; aussi beaucoup d'ouvriers atteignent-ils un âge avancé.
Les ouvriers doivent à un mauvais régime alimentaire une con-
Blitulion peu robuste, etleur taille reste au-dessous de la moyenne
constatée pour la plupart des autres régions de la France, Les
principales maladies se développent sous rinfluence des rcrroi-
dissements brusques dus aux vents de l'automne. Le manque
de soins médicaux leur donne souvent une issue funeste. Sous
ce rapport, l'industrie des mines a singulièrement amélioré la
condition des ouvriers. Tous les ouvriers mineurs, en eiïet, et
ceux qui sont attachés aux travaux des bocards et desfonderies,
reçoivent les secours de la médecine, de la chirurgie et de la
pharmacie, aux frais d'une caisse instituée à cet effet (7).
S 5.
RANG DE LA FAMILLE.
Les ouvriers mineurs de cette condition appartiennent tous
à la catégorie des tâcherons. Ils s'associent ordinairement au
□ombre de six, en deux brigades, qui exécutent alternativement
les postes de jour et de nuit. On a remarqué que, lorsque le
nombre des associés était plus considérable, ceux-ci ne trouvaient
plus de stimulant dans le travail à la tâche, en sorte que ce
mode de rétribution n'offre plus d'avantages, ni aux ouvriers, ni
aux chefs d'industrie. On a également constaté ailleurs, dans
plusieurs cas analogues, que l'intérêt collectif s'affaiblit lorsqu'il
s'étend au delà d'un petit nombre d'associés. Ils débattent, d'ail-
leurs, avec les propriétaires de l'établissement, dans les condi-
tions d'une complète indépendance, le tarif du prix fait. Par
compensation, ces derniers ne sont point formellement soumis
aux charges du patronage.
.yGoogle
OBSEBVjkTIDRB PBËLlHIKAiaBB.
s 6.
PKOPUÉT^S.
(MoUlier et Tttenuntt noa comprii.)
Ihhsdblbs 1,250'00
1° HabitatiM. — Htdson, lOOO'DO.
!* /mmvutbf rurnua:. — Jkrdin de 1 we attenaDt à ]« maison, !S0' 00.
AaGE>T ... O'OO
Les épargnes faîtes araot l'eatrée en ménage et pendant les
premières années du mariage ont été converties en propriétés
immobilières. Chargés aujourd'hui de k enfants en bas âge, les
deux époux parrienDeot seulement à force de sobriété à ne point
entamer leur capital. Plus tard, lorsque le travail des enfants
augmentera ses ressources, la famille pourra amasser de nouTeau
des sommes d'argent qui seront consacrées, de temps en temps,
à l'acquisition de nouvelles propriétés.
Anihaux domestiqdbs entretenus toute l'année. . . 12' 00
1! poDlei avec élèrw, 12' 00.
La famille fera plus tard l'acquisition d'une vache dès qu'elle
sera en possession d'une prairie (is). Lorsque ce résultat sera
obtenu, une économie notable pourra être faite sur les frais de
nourriture; et l'épargne augmentera rapidement.
Matériel spécial des travaux et industries 5' 00
1' pour Im trdmux di mint. — 1 Ismpfl, 2' 00.
S* Pour la culturs du Jardin. — I btehe, 3' 00.
Dboit Éventuel aux allocations d'une société d'assurances
mutuelles garantissant à l'ouvrier malade les secoursde la méde-
cine et de la chirurgie O'OO
ViLBDii TOTALE des propriétés i ,367' 00
.yGoogle
- mHKDH DB P0NTCIDÀ7D.
§7.
SUBVENTIONS.
Il n'existe clans la commune, ni biens communaux, ni grandes
propriétés particulières : les ouvriers ne peuvent donc jouir
d'aucune subvenlioB permanente. Cependant les ramilles tes
plus pauvres sont autorisées par l'usage h faire paître les cochons
et les oies sur les voies publiques et sur la lisière des propriétés.
Dans les années d'abondance, elles reçoivent, à titre gratuit, de
leurs voisins plus aisés, quelques allocations de fruits.
La population ouvrière est depuis longtemps abandonnée,
dans ce district, aux inspirations de son libre arbitre; c^ndant,
les propriétaires des mines et usines de Pontgibaud commencent
à exercer sur elle un patronage éclairé et bienveillant. Ainsi, ils
ont pris des mesures efficaces pour prévenir la démoralisation
des jeunes filles (le) attachées aux ateliers de préparation mé>
canique, oii l'on enrichit pour la fusion les minerais bruts extraits
des mines. Ils ont établi des dortoirs oii les ouvrières doivent
être rentrées à une heure déterminée, et dont chaque division
est placée sous la surveillance d'une matrone. Les ouvrières sont
également admises à faire trois repas dans un établissement
spécial alimenté par ime modique retenue opérée sur les salaires.
D'autres établissements du même genre ont été institués en
faveur des ouvriers trop éloignés de leur demeure pourretourner
chaque jour au sein de leur famille. La dépense entraînée par
ces établissements excède le montant des retenues opérées sur
les salaires ; mais l'expérience prouve qu'ils ne contribuent pas
moins à la prospérité de l'entreprise qu'au bien-6tredes ouvriers.
Aux époques de disette, les propriétaires de l'établissement déli-
vrent aux ouvriers du blé à un taux inférieur au prix d'achat.
Ils patronent une société d'a^urances mutuelles qui garantit aux
ouvriers malades les secours de la médecine et de ta chirurgie;
et ils suppléent, au besoin, à l'insuffisance de la caisse de cette
Société. Sentant la nécessité d'élever le niveau moral et intel-
.yGoogle
OISE Rv ATI ona
iectuet de la population (i), ils s'occupent en ce moment à
fonder des écoles pour donner, à titre gratuit, l'instruction aux
adultes admis dans les ateliers, ainsi qu'à leurs enfonls.
s 8-
TOATADX ET INDUSTRIES.
Tbatacx db l'oovribb. — L'ouvrier a pour trav^I prin-
dpal l'abatage de la roche dans les filons métallifères; il y tra-
vaille chaque mois 25 journées, en rournissant alternativeijaent,
de semaine en semaine, 6 postes de jour et 6 postes de nuit.
Il Tait, en outre, quelques postes supplémentaires lorsque le
minerai manque pour la fonderie ou lorsque la famille doit sub-
venir à quelque dépense extraordinaire.
Les travaux secondaires de l'ouvrier, exécutés dans les
semaines où il prend, le poste de nuit, ont pour objet la culture
du jardin et l'entretien de la maison et du mobilier.
Travàdx ns LA PEUUB. — Le travail principal de la femme
a pour objet les travaux de ménage qui, outre les occupations
classées ordinairement sous ce nom, comprennent ici la cuisson
du pain.
Les travaux secondaires de la femme sont : la culture du
jardin, les soins donnés aux volailles et la vente des ceufs. Une
série de travaux concemaot fa confection des vêtements du
ménage et quelques travaux de tricotage exécutés à prix d'argent.
Les occupations de la femme acquerront un nouveau degré
d'importance lorsque la famille aura fait l'acquisition d'un champ
à céréales et d'une prairie pour entretenir une vache laitière. En
attendant cette phase nouvelle, la femme contribue principale-
ment au bien-être de la famille en se livrant à la confection des
étofles et des vêtements : elle teint, lave et die la laine; elle Glo
le chanvre, lessive, blanchit et dévide le 61 obtenu. Avec la toile
qu'elle fait tisser au dehors au moyen de ce fil, elle confectionne
les chemises et les draps de lit de la famille. Enfin elleconfec-
.yGoogle
- MIKEVa SE PONTOIBACD.
tionne ses Tétements, ceux des enrants et même, eo partie, ceux
du mari.
Travaux du fils aik^, âgé de dix ans. — Le travail priD-
cipat du Gis aîné est la garde des oies coofiées par plusieurs
cultivateurs du voisinage. Il reçoit comme rétribution une quan-
tité de pain supérieure à sa propre consommation. Les facilités
que donne le pâturage pour assurer un travail lucratif aux plus
jeunes enfants sont un obstacle direct h la propagation de l'io-
structîon primaire (a). Le 61s aine, aidé de son plus jeune frère,
récotte en outre du fumier sur les voies publiques.
Ihddstbies entreprises far la famille. — Les industries
qui donnent ud bénéGce h la famille sont : les spéculations faites
sur les travaux de mine par la substitution du travail à la t&die
au travail à la journée, la culture du jardio et Texploitation des
volailles.
nmé9 d'aststcMce 4e 1» fimlUe.
ALIUBITTS ET BEPAS.
La soupe est, k Barbecot, comme dans la majeure partie de
la France, le principal aliment des familles. Elle se compose
essentiellement de pain et de beaucoup d'eau ; ou t'assaisonne
avec un peu de beurre et de sel; on y ajoute, selon la saison,
divers l^umes, particulièrement des oignons, des pommes de
teire et des choux. Le pain est composé de farine de seigle,
dont le son n'est pas complètement séparé. Il est toujours con-
fectionné par la femme. Dans la famille prise pour exemple, la
femme se sert du four d'une maison voisine, sans payer de loyer,
et à la charge seulement de fournir le combustible.
Le matin, à cinq heures, avant de partir pour la mine située
à 4 kilomètres de la maison, l'ouvrier mange la soupe, puis un
morceau de pain. Le reste de la famille déjeune un peu plus tanl.
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PIBLUtINAIRBS.
L'ouvrieremporteaomorceaade pain pour son second déjeuner
à huit heures; de la soupe, du pain, un morceau de froniage ou
des œufs pour son dîner, à midi. Rentré à la maison à sept
heures du soir, l'ouvrier prend, avec toute la famille, de la
soupe, du pain et un peu de fromage : quelquefois, à ce dernier
repas de la journée, la soupe est remplacée par des pommes de
terre, par des œufs ou par de la salade. Pendant l'été et l'automne,
la famUle ajoute des fruits à tous ses repas. Le dimanche, on
cuit sur la poêle une bouillie composée d'œufs et de farine de
sarrasin. On mange de la viande l^ jours de fête, à peu près
àx fois par an.
S 10.
BiBITATION, HOBILIBB ET TÊTEHENTS.
L'habitation des agriculteurs et des mineurs de Barfoecot
consiste ordinairement en un rez-de-chaussée composé d'une
chambre à feu et d'une seconde pièce qui, selon le degré d'ai-
sance de la famille, est employée comme bûcher, comme magasin
de provisions ou comme étable. La première pièce contient :
d'un côté, une large cheminée avec la crémaillère pour la sus-
pension de la marmite où se fait la soupe ; du cûié opposé, une
rangée de lits sépaies par des cloisons et quelquefois garnis de
rideaux. Lorsqu'elle est parvenue à un état moyen d'aisance, la
famille possède une vache, qui est toujours logée dans la seconde
pièce durez-de-chaussée; mais alors, pour mettre à profit la
chaleur de l'étable, la famille en fait ordinairement, au moins
pendant l'hiver, sa résidence et sa chambre à coucher. Dans cette
dernière distribution, la première pièce est employée comme cui-
sine et comme salle à manger, et les provisions se conservent
dans un grenier situé au-dessus.
Meubles : entretenus avec peu de soin âll' 50
!■ liti. — 3 b(di de lit, W 00i — nuUlu et oreiller de plome, da Ul dei deux
épotu : nlear d'achat ds 1 Ul. deplumsetdetoile, SS'OO; Tsleor actuelle, W 00; —
8 conTertorea eu laine, da mâme lit, 3i' OOj — 2 matelaa remplis de p^lle d'arolse,
dn UtdeteabDls, ll'OO; — t conreitiirea, du lltdeaeofaata, S4'W| — 1 traTerrin
de plmne (de poale), 5' 00. — Total, ISO' 00.
.yGoogle
ISO es. IV. — mHEim db po:«tcibaui>.
i' Mobm*r dit dtua piiets. ~ l talflf, 3' 00; — S chttiw (fiitea pw l'oarrier),
kO'TS, 4'50; — 1 umaire en bols bluic pour Tetsinenu ot tlnge, U'OO; — 1 coffra
rond poor vâtemeQU M linge, 15' 00 ; — 1 dressoir (ponr nluelle], IS' 00. — Toial,
SS'SO.
UsTBNSiLBS ; réduits, au strict nécessaire â&^ 60
1* foim*. — Icrénuillira, KOOi— Ipotlelponr leimeta de fariiie et lea pommes
de terre), 3' 00. — Touli V 00.
8* Strvict dt TalmMittalian. —3 mtmiltes (peor aoape), l'OO; — 6 tsdettesea
terre (écaelles), 0<60; — 5 couteani de poche, S'OO; —3 fourchettes, 0' 60; —
S CQfUers. Ot BO. — Total, 11' 10.
3° Utagn Hom. — 1 seau, l'SO; — 1 emcbe, O'SOi — 1 bneba. routée (pour
faire le pain etpcnrlegarder), lO'OOi — 1 Umpe, S'OOi —1 twcbe, S'OO) — t que-
nouille, O'SO. — Tot&l,19'S0.
LiNGB DB Hi^NAGE : gfossier et peu soigné 80' 00 .
10 paire* 4e draps de lit à S' 00 (la palra nlut neuTe ISr 00), tV 00.
Vêtehbnts : une tendance exagérée pour l'épargne conduit
souvent les familles de celte localité à se refuser les TétemeutB
qui conviendraient à leur condition (s) 258' 00
VlrmiRS Di L'OETiiH (OOfOO).
l" VéUmmtt du dimanche. — 1 bloose, 3<00; — S gilets, S'OO; — 1 veste et
1 pantaloD en sente, 3D'00; — 1 p&utaloo d'^té, 4<00; — 3 paire» de ba* de laine,
S'OO; — 1 paire de sonlien, 10*00; _ 1 chapeau, l' SO. — Total, U' 50.
3° Véttmtnli de traoail. — 1 reste et 1 pantalon en serge, S'OO; — 1 tricot en
bon état, 7'00i ~~ 1 tricot en manvais état, S'OO; —3 paires de sabot* arec brides,
l'OOi — 1 chapeao de trarail, l'50; — Icolr de mineur, 4'00;— linge de corp* :
IS chemises, 30' 00. — ToUl, S4'50.
VtriHiTre n u fiihb (01' 00).
1* VUemmtt dn dimanch». — 1 robe en laine pour l'hiver (le corset est consn il
la robe ; en raiion de la grande qQântltâ de bdi qai entoure le boite, ce coriet donne
aux femmes une tenue rside et nue apparence difforme), 13' 00; — 1 Japon en laine
pour l'hiver, S'OO; — 1 camUole en laine ponr l'hiver, l'SO; — 1 robe en coton pour
l'été, 6'00; — 1 jnpoD en coton pour l'été, 3" 00; — 1 tablier, l'SO: — 2 mouchoirs
de cou, 3' 00 1 —'3 monchotra de poche, 1 ' 00 ; — 3 paires de bas, 3' 00 ; — sooliers,
3' DO; — bonnets en calicot (conrormément à la spécalation adoptée par les Jeunea
fllles dn paya, ils ont été aoiDis avant le mariage arec le produit de la vente des che-
veni), 3' 00; —1 chapeau de paille, 0' 70. — Total, 43' 70.
3° Vntmmta de travail — Vleui vêtements du dimanche, 15' 00; t- bonneta mi
toile, l'SO; — 3 patrei de sabota, f^SO; — linge de corpa 1 15 chemises, 30' 00. —
Total, 17' 30.
VtTBHuns na arutm (6S' 09).
Ils sont confectionnés ponr la majeure partie avec les vieni vêtement* des parents.
Valeur totale du mobilier et des vêtementa. . . 584 MO
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OWUVATUMia PkKLIllINAUed. 161
S"-
BÉCKÉ&TIONS.
Les récréations de cette famille ODt ce caractère dislinctif,
qu'elles oe donnent lieu h aucune dépense. Une recherche
approfondie, faite pour constater ce trait exceptionnel, n'a
indiqué d'autres dépenses de cette nature que l'achat de quelques
friandises pour le plus jeune enfant.
L'agriculteur de ce pays n'a guère d'autre récréation que de
converser le dimanche avec ses voisins et de prendre avec eux
le plaisir de la promenade. Rarement il se livre à la danse, qui
entraîne communément des rixes, et qui, par ce motif, est inter-
dite par tes curés. On voit quelquefois les ouvriers mineurs faire,
les jours de paie, une consommation modérée de vin et de
viande au cabaret. L'usage du tabac à fumer commence aussi à
s'introduire parmi eux. Dans l'espèce de torpeur où ils aiment
k vivre, tes ouvriers de ce pays s'accommodent mieux de ce
narcotique que de toute récréation mettant en activité le corps
ou l'intelligence.
Les veillées d'hiver sont la principale récréation des femmes.
Après avoir accompli les travaux domestiques, celles-ci se réu-
nissent le soir dans une étable, au nombre de dix ou douze,
pour coudre, 61er et tricoter. La douce température de ce lieu dis-
pense des frais de chauiTage; et l'huile nécessaire à l'éclairage
est fournie à tour de rôle par les divers membres de la réunion.
La conversation des veillées roule ordinairement sur des affaires
d'intérêt ou sur des travaux du ménage. Contrairement à ce qui
arrive si souvent chez d'autres races et en d'autres contrées, la
conversation est rarement alimentée par des légendes et par des
récils appartenant à Tordre surnaturel.
Ici, d'ailleurs, comme chez toutes les populations où l'esprit
de prévoyance et le goût de l'épargne se sont développés, ta
principale récréation des familles se trouve dans les préoccupa-
tions et dans les jouissances qui se rattachent à l'administration
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tes CB, IV. — IIIKKDR de KNTeiUDO.
et à raccroisscmeDtde la propriété. Mais, par une exception assez
rare chez les popalations ouvrières de l'Europe, cet ^rit,
poussé au delà des bornes tracées par la raison, tourne parfois
au détriment des familles, en comprimant Yessor de l'intelligeoce
et des facultés physiques (a).
S 12.
PHASES PaiNCIFALBS DE L'eXISTBNCB.
Les enfants descommunes rurales, surtout dans les hameaux
éloignés du cbef-lieu, reçoivent rarement de l'instniction dans
leur premier âge. Vers l'époque de la première communiou, les
filles apprennent souvent i lire et à écrire ; mais les garçons, d^
qu'ils ont atteint l'âge de 10 ans, sont employés à garder les
vaches et les brebis de la famille ou celles des propriétaires voi-,
sins. Parvenus à l'âge adulte, les fils des propriétaires les plus
aisés s'établissent de suite, en qualité d'agriculteurs, avec une
dot fournie par les parents. Ceux qui ne disposent point de
pareilles ressources, et qui ne peuvent s'employer aux travaux
des mines, émigrent vers l'âge de 18 à 20 ans (is). Ils se
rendent pour la plupart à Pans ou à Lyon, où ils conservent les
habitudes de sobriété et d'économie qui leur ont été inculquées
dès l'enfance. Ils s'y emploient comme porteurs d'eau, commis-
sionnaires, marchands, brocanteurs, aides-macons, c'est-à-dire
dans toutes les professions qui n'exigent, ni un développement
notable d'intelligence, ni un appreiitissage spécial. Tous réalisent
quelques épargnes, au moyeu desquelles ils parviennent à acqué-
rir une propriété qui leur assure au pays natal des moyens
d'existence.
Les jeunes filles, de leur cdté, animées du même esprit
d'ordre et d'économie, parviennent toujours à se constituer une
dot, soit en travaillant aux ateliers de préparation mécanique
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OBSBIVATIOn PB^LIUlNAlBItS. 463
anoexésaux mines de Pontgibaïucl, soit en prenant du service
chez un cultivaleur aisé du pays ou chez un bourgeois de la ville
voisine. Ordinairement, lorsqu'elles se marient, elles apportent
en ménage une grande quantité de linge et même l'argent
nécessaire ponr compléter l'acquisition de la maison, d'une
vache, on d'un terrain propre à la culture.
Dans les ménages chargés de famille, on arrive, à force
d'économie et sans grever de dettes la propriété immobilière, à
^ôre face aux dépenses résultant de l'entretien des enfants en
bas âge. Lorsque les enfants sont devenus grands et concourent
aux recettes du ménage, les deux époux peuvent de nouveau
faire des épargnes, et ils complètent l'acquisition de la propriété
c[ui doit, dans leurs vieux jours, les mettre à l'abri du besoin.
L'expérience a prouvé que, ponr entretenir une vache, il
faut au moins posséder dOO francs de terre arable. Il est rare
que, dans la classe agricole, on divise les héritages ayant seule-
ment cette valeur : ils sont ordinairement attribués à l'alné, qui
dédommage ses cohéritiers par une soulte en argent ou par une
redevance annuelle. Deux agriculteurs qui ne possèdent que cette
étendue de terre s'associent ordinairement pour entretenir les
deux vadies avec lesquelles ils exécutent alternativement les
travaux de labom*. Comprenant mieux les véritables lois de la
propriété rurale qu'on ne le fait ordinairement dans le nco^ de
la France, la population de cette partie de l'Auvei^e a su, jus-
qu'à présent, se garantir des principaux inconvénients qui s'atta-
chent an morcellement indéGni du sol (IV, ii, lo).
Cet état de stabilité est plus ou moins ébranlé parmi les
familles rurales du Puy-de-Dâme ; mais il est maintenu jusqu'à
ce jour avec ténacité par celles qui habitent les montagnes du
Cantal. U faut que la maison /bme, dit-on partout, c'est-à-dire,
il faut qoe la maison se maintienne à un certain degré d'aisance
relative; et pour cela on institue un héritier auquel on laisse,
avec l'habitation, le mobilier qui la garnit, les bestiaux de culture
et, comme apanage, les champs, les prés qui l'entourent ou lui
tiennent de plus près. C'est le plus souvent l'aloé des enfants
qui reçut ces avantages. Cependant il n'y a pas de règle absolue ;
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164 CH. IV. — HINBUR DE PORTfilBAUD.
la ToloDté du père ou les circonstaoces peuveut établir dans -la
maison, avec le titre d'atné, un des garçons puînés et souvent
une fille. Dans tous les cas, le père reçoit une dot avec la fille
qui épouse son héritier; et cette dot, jointe aux épargnes faites
pendant l'éniigratioD, sert à désintéresser les autres enrants.
Avec ce capital argent, les garçons émigrent et cherchent fortune.
les filles apportent à leurs maris le moyen d'augmenter les
affaires ou de devenir mattres. L'habitude de l'émigration, et tes
profits qui en découlent pour qui veut travailler et épargner font
que souvent les enfants préfèrent une dot à la propriété de l'atoé,
héritier du bien. Celui-ci se trouve en eflèt dans une position
moins bonne pour commercer; il n'a pas reçu de capital argent,
et celui qui lui vient de sa femme doit être successivement
remis aux frèr^ et sœurs qui s'établissent. La condition ^t
accepté enéanmoios à titre de devoir, même lorsqu'elle est
désavantageuse.
I-e père, avons-nous dit, reçoit la dot apportée par la femme
de rbéritier; et il en dispose selon les intérêts de la maison dont
il reste le chef. Le nouveau ménage apporte son contingent de
travail ; et il vit en commun avec les parents de tous âges et à tous
degrés. Plusieurs générations se trouvent ainsi réunies sous le
même toit, acceptant l'autorité du chef de famille aussi longtemps
que ce dernier conserve l 'aptitude au commandement. Cette auto-
rité passe sans secousses à l'hâ'itier, lorsqu'il a fait preuve
d'expérience et qu'il est d'âge h se faire obéir. Onlre les enfants,
le père, la mère et l'aïeul, il y a toujours dans la maison des
oncles ou des tant^ célibataires, travaillant au profit de ]a mai-
son, regardant comme leurs les enfants qui naissent, et cependant
laissant presque toujours à l'héritier leur part de la succession des
grands parents et les épargnes qu'ils ont pu faire. Cette dona-
tion n'est pas, le plus souvent, déterminée par un motif de pré-
férence ou d'affection plus grande; c'est dans l'intérêt de la
maison, pour lui conserver un certain éclat, pour qu'au nom de
la famille, représenté par le nom de la maison et continué même
par les gendres (IV ix, s), s'attache toujours la possession,
autant que possible entière, du domaine patrimonial.
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PRÉLlltlNltBES.
SI»-
U(EUKS ET INSTITUTIONS ASSURANT LE BIEN-ËTIt& TUrSIQUE
ET MOBAL DE LA FAUILLB.
La ramilte arrive à cette époque critique, pour toutes les
populatiODS abandODDées sans patronage positif (s e( i) aux
inspirations de leur libre arbitre, où il devient diflicile de subve-
nir au surcroît de dépense imposé par les enlanls en bas âge.
Elte parvient cependant à y faire Tace, à force de sobriété et de
résignation. Les qualités dont elle bit preuve en cette occasion
sont la meilleure garantie sur laquelle elle puisse compter pour
assurer son avenir. Si, en présence de privations pénibles, les
deux époux ont pu conserver intact le capital qu'ils avaient accu-
mulé dans des circonstances plus favorables, il n'est pas douteux
que ce capital s'accroîtra de nouveau dès que les enfants cesse-
ront d'être pour eux une cbarge, et qu'ils parviendront ainsi à se
créer pour leurs vieux jours des ressources certaines.
Cependant, les vertus qui protègent cette famille dans une
société où l'individu doit tout attendre de ses propres efforts,
ne sont point encore act[uises, tant s'en faut, à l'ensemble de la
population de ce district. On peut souvent regretter, d'ailleurs,
que la moralité et l'intelligence des meilleurs ouvriers ne
s'étendent pas au delà de ce qui suffît pour assurer le bien-être
physique. En ce qui coDceme le progrès intellectuel et moral,
on peut beaucoup attendre du patronage que les propriétaires
des mines de Pontgibaud commencent à exercer dans la con-
trée. L'esprit qui les anime est celui qui se développe en Angle-
terre {in, IX, lu). Sous l'influence d'idées plus justes sur le
principe d'une bonne constitution et avec des institutions meil-
leures, la ricbesse minérale de cette région assurerait aux géné-
rations successives d'ouvriers la sécurité qui règne dans les
corporations de mines de l'Allemagne (111, m) et de la Hon-
grie (IV, i). Il serait urgent de restaurer, sous cette forme, les
anciennes communautés rurale de l'Auvergne (ao).
.yGoogle
CQ. IV. — lfl*<BUR DB PONTGIBAUD.
S 1ù. — BDDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
SOURCES DES BECETTES.
SBCTION I»,
PropriiUi faméSém par 1« f«m>Ila,
An. 1". -
«tdJnae* »rp« uMnait t U mihon
AIT. B. — Validu mmutan.
1,000'Og
lUdo
Vo1»i11bi W
AIT. a. — Daon lui ÂLLociTiORi D> aociÉTi* D'iUnrulicii uumiLUS,
a répirliuiDt immédutamsnt U contribatlaB d« U bnilla :
Droil éTSDlucl aai wcoan de médsdm si de ehiroigii, pour l'onnln miUd«, .
TlUDK tOtllM d«i pKiptiétél
SBCTION II.
Bubventioiu nçne* pw la faoùlle.
([j bmlUt » ncolt tnciine piaprlilA aii nrafritill..
. E. — Dioni n'Huai iiik Li
r. B. — ALLConcm D'ouxn it di euticib.
iiGoogle
CB. IV. — Ill.NEUK DB P0^TG1BADD.
SU. — BUDGET DBS BECETTES DE L'ANNÉE.
oan^TTH.
RECETTES.
deeotalali
arnaL
eecTiON V*.
Rmm» dM propriété..
InWrtt (8 p. ItKB d« la valeur de cetla maison
- ..»i.«l. :,.
lïGO
.
ABT. a. — RlTimii Q» TALIUBE UOBTUtBIS.
01*
0 15
VlO
Aar. 8. — Allochtiobb dm Boatiia d'ahsubihom MUTum-LiB.
AlloeatioB lappotée égale i la contribution annnella da la r.mille. 1S<00. - Cetia
teeelte. n'^Unt qoe la caotids d'uns .aleut i^ala .ettée i la caiMo de U «otiél*
,
tam
0 10
SBCTIOM II.
Ait. ]•>. — Pboduits mi PioraiMa Ufoia m nsmunt.
Amt. B. — PBOonnB db Daoïra D'nuas.
1100
'
(La Taleu da Ittmiu «qnlTaal at> modique laUfte Mtr<ba« an traiait de la ri-
A«T. 9. — Oaim »t niTica xllou**
une modiqna ralenoe Bffeciuia .ui le. ulaLies Ipour mémoire),....... (1)
Déficit lui 1». deporseï cooeernanl Je logsmanl arcurdé aui ouïriera contre une mo-
soo
t 00
^00
iiGoogle
CQ. IV. — UlKEtIR DE POXTCIBAUD.
S 44. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
SOURCES DES RECETTES (SDITE).
SBCTIOH IIL
I. éiéDoMa pai ta fanill*.
U Uche aa eomplt it l'adminlttrallon dea ml
la inaiHiD st la mob.
rïcol, i pni d'ugBm. .
IX dM JooniAai d« tOBi
6ECTI0N IT,
Indnittîet entraprÎMa par la fauUa
.SricuuTran lïbtira am tniani eiécolAa i la flcba pat l'ODntar
Fourniiure de l'huila d'èolairag»
SubililuliOD du IravaÉl 1 la Uctaa au traraU t la ioania.
iHOUaruEs antraprttog au compta d« la TamlUa ;
Cullura du jiniiD
Biploilation dea «oUillag
BUtwraliaa de la laiDS •( dacbaoTn; coaracUon da TMameMa..
6Ff cuuTiON biM pat la temme ni la nitta da ■» cheraui ,
iiGoogle
en. IV. — IlINBUn UB I
§ U. - BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
RECETTES (SUITE)
daa ohjgti
ncus
ta Rtcrrra*
■ICilTM
»imui»»)Hu.u»..
S^aln one recevrait ni jouraïUer aiicutut le miim*
geoie da tiavail »t na tOnnUtunt que un tUTaU. . . .
(^neai>t»lEiieDep<iitï[reMta1b.i«àc*tlnTani) . .
SISO
ISO
«0 00
soo
noi
sso
460'00
MU
800
pfaa
a»)
ÔSM
OMl
0 tso
01»
ali4
ISO
leo
050
(r. e.
Ôll
0 10
•
- - 150' de paîn islanl. 1
orsapirkil
■M sa
^isgo
ais
woe
S4S
MM
BinèEoM dM indaitrùi.
daMain
Jonnatier
aïoïBo.
Tin JonnialHr, eiécuWnl ie mèma ganre da ttawil, recamil (S™ ni). ...
KappItmanI da aalain TtadtuI da cauo roarniiure (10. A)
l'SOO
0 030
oosa
TOTiL da uU
BtaMca tteilUnt de cette
WB*«eB''eDinprii dant r*T.l
Ce «aorB de ipAcnlation, lec
nnodTBlAtFTtalainuJag
TOT
iBia
uUoo de> Niiiir» da ia'rann* '(S« lil)
heicbt pii lea flllet de Id i SU al», peut nremenl «tc«
■su
47 SO
tecaUa de 84<W (Ifl. D), qai eti >ppl>qnie de nouiau à ce. mïmet induMciai. Cotte
TOTIlUX
suBicr
ma dal'iunAt (iMiaiiciDtladipanwi'
0181 an
100 w
M3W
iiGoogle
CR. IV. — tlINEUB DE l>0:<TaiBAVD,
§ (5. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE.
DÉSIGNATIOK DES DÉPESSES.
jmtinu
rira».
SECTION 1".
AkT. 1". - AUHO.IB COlWOMllfa D.1.S u M*ii*a».
|P»r l'ootrier, U famme, 4 «rfinta de 10. de 8, da B et da S »os,
C*IIÉ*[.ES :
K°'pîÏÏ'a"'*vU*'/i Î-Zt da^'J.'S8ri^.'(l8^S 'Î^ÏO.
1S6'««; - pnilia é.Juio i ril.t d* piin. 150 kll. (H, S™ 111)
iO'»0.3CW0O
S»rra»in, éTuloéil'élaldegnm
poid) toUl at piii iDOjHi -■
Coin omis :
mHdniiiauonni
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0 40
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Laitage it «en :
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0500
SS^?!'''"f!'^'?°^î ..". ':T r.:::::::::::::::'(i<i.V)
pûiiUtoUlMpliimojeii..
Vunnis ET poissMi :
ViandBt de bouolietie : VMhe ... -■■■■■
IMO
0 551
'î!
OTOO
13 0
OOTl
"™"X,'!ÏÏS.;..„™ I....,
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ODSD
î;m"%\™i-i':.w~'.p™ii.p:^v™".:i'«S
CoiiDiNtns n STmnLAiiTs i
Oï
ouo
50M
031
0505
Mge : l'ounier boit nu p«u de lin, i lit» de liatUiaB. diDi
.......
•■
9S'iO
'«noi
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CB. IT. —
9 16. — BCDGET DES
DI POKTGlBltD.
DE L'ANNÉE (SUITE).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES tSDITE).
SBCTIi
LOGEHEIIT t
Lor« de U malKHi llnUitt d« la Ttleor ds la miiioD), SO'OO; - entntisii <le la
m*i*oa : ti»«in do l'oaTtlM (14, S— m), l'î5
HOIILIU :
SntntltD : Iranmi de l'oaTTiar (M, S« III), l'tS; — d»pa ds lit (l^ G), 15' 94
CiuDiruiK :
BDlMlfiteoU), BOO' i a<M pu 100 kiL
Ëcuiuei :
Huile, fl^ à l'HI
ToTitii dai dépenew eooceniiBt l'habitiUaii
SBCTION III.
Dtfmamt winwwiH U* TtUoMDti.
icbitj d* vtt«m«Dt«; TéMmenf* eo toile et en Uine de confeetieo domutiqua; tn-
Tana de conltclioa <10, PIJ)
VlnHEim DI u moK :
Àdiati de vttemenU ; TAiemante m toile et en laine de contMliao doniaitiqDe ; tra-
Tau da csorKUon (19, PàJ)
VCTEimm DU Enriim :
Achat! da ittemsDti ; ttlemenU en toile al en Uine da confectioii domeiliqne; tn-
Taai de canf«ti«i (!<l,PlJ)
BunconMGB :
BaTOP, E'S à l'W.
TWtDi deedApenaei concernaDl lai TMamnita
BBCTION IT.
BBnuDt In benîna noraos, laa réortatioa*
et U aarrice da auU,
CCTLTI t
EMcibaljon pajte an cDr« poDi noe mena dite, te joutdsi tripaaifi, illnteitlon dea
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(On DB donna peint d'Iutnction au antkple,)
Secouiis a Muata» :
(Ob n'a pu coDittld qne U ftndlla Iibw d'anmAïut.]
lUciiaiKHis n soumnis i
pain d'éploa ponr le petit anfanti Tin bn par l'aoTilfli
eiaptioDnoUei
iiGooglé
en. IV. — HINEUB DE POMGIBAUQ.
S 15. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SDITE).
DËSIGNATION DES DÉPENSES (SUITE).
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i« abjetl
irtFBL
6BCT10N IT.
et le letwiee de H»tè (4aite).
Sbsvice de atirrt ;
SflEDiin da U mMecine el de la ehinugie pour l'oaTrier : paj*» par nne lOdtlé d'aa-
«IMIMI mutnellei (18 si 14. S™ I et II), 16' 00; - aasour» de la médwine et d; U
rt'oo
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»00
SBCTION V.
UTDil:
Argent el objet, emplajéi pour lai con.onimalioin du ménage et
porMaèc» tilreainileprtemilbodget BIffJ \
Aigeiil «t objet! appliqnéi da aoa*eau au iaduiliio (H. S" IV) (H OT
JiTT^ftrs DES enns :
iMrûTS:
lopAt fondai {pam U malun et 1* Jardin)
ASMmUtCKSCORCODUin A GARANTIR LBBIElt-tTBiranigCBRIlOULCILAFUilLLI:
ouTrien malidei (13) :
Retanne ini le ulsin d* l'ouiiier. ItiOO. — Celte lomma ne fait que pimer
Se t«onii n^dicaui : on a donc pu l'oniettre ici comme la recette (M, S- 1)
eit dr)peD>«« pu l'ouvrier conuse aecoun de médecine et da chirnrgie, et
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Étuhm di L'antm i
LipagcB. nalla en ca moment, td lai cbirgei Impoti» par qnalie anfanU an bu
A^, doit bientdt r.T.nir an Ut» annuel dS 100 àVo tJ!U. cono» ani ptomlïr»
5ia >;i
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COIPTES ANNEXES AUX BDDGSTS.
9*6.
GOHPTES ANNEXÉS AUX BUDGETS.
sscnoN 1.
COMPTES DES BÉNÉFICES
B^alUil ia iidnlhts Hlre|iri«a ju ii fiiillt ^ m praprs coKfto;.
Huile PODI l'éclijiasi d>
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- UIMEUIl DE FO.'ITttIDAVD.
C. — EtPLOITATIOH BM VOUILUl.
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RwMIn BU ug«nt apiillqatei lui dlpôniai du ménage.. .
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SBCTION II.
COMPTES RELATIFS AUX SUBVENTIONS.
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GONPTBS iNNKXiS AUX BDMKTS.
BBCTIOV III.
COMPTES DIVERS.
BwglauhsU: l,8Ukil. KHIU ..
iobti«ot;Boii.
— yuiiu pou pain i» méatg». . .
— Pu-ine jouipuemtat da moslui
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SU [poiif mtmiilra} . . .
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Cbipraa da dinucb*. . .
Cbap»a de tniTal]
SuDiisn (r comprit let t
m. B. — VHtatHU lit la [im
llDDcboin da coa U d* y^ib». •
1 chapMD de i>aill*
A*T. t. — VAtnmM rfn m/aaK.
DipeBM approxiiuliTi......
Ntru. — Od Ikit lilai
st t'iDDie Ei:
e lugeni >t da gros-
Airr. !<'. — DiprMt firar U mnu^t Irai entltr pendant t eut.
In aDoée, — ConfaclloQ de toile e£ de chemijeip
Achitde WldechinTieil'SO
Acqidiitloii da thaarre, 1/B journi* kU'ià (pur lu bimine)
Filngt A 1/1 JaniD. poi» 1 kil. da dunire), ro ioDin. 1 O'U ipu U remn
^
■neni.
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9 m
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- HINEOR DB PONTGIIIDD.
Ait. 1".— DépenufoarttninafilaiitentltrpmdmtSm
I" snadg. — Conltetion cl« tolla et de chemiui (mifa).
, S joDiuétl t D'SO (pu 11 temme)
i.«uiiiga nu ni. s juaniéei 1 O'SO (ou obtient g ïil. da 91) (pu U Ù
Déïidige du SI, S journ*» i Ù'W (on paierait 0'» pir kil.)
famma)
Tiuage (on obliinl SS> d> loili
journéu à 0*50 (pu U feouna,
dlpeua delà l» uui<a
Achati da 10 kil. da cbiuirra 1 l'SO.
AcqniliUoa. 1,1 Joiméa à O'tS (pu
Filige (S 8/4 jonmiai gioai 1 kil.
CaDfectiOD da tolla et Ô* dnpi de liL
l'.'ii'iônroéâi ïv'fa [pà' !«
la ai, SJoDiuAei i OiSO (pu- U lemmaj
11, BJDcniai&O'ao [on obtient 7'S dafilj (par la fimma). . .
I, 8iounitM*OH5(pirlafeniine)
ir* inaée. — Bmf
iei. , ■ > chemiiea oenT
li da la toila i chamiiei.
e>0 de leile...
Paul lea aotUita. «(JiemiHi DaaTBi
— Répuatiom
Tolaoi canme cf-dantu. . .
Bmpbl de U toile 1 dnpi de lit.
1E>5 detoOg...
Conlectîoa de 4 dnpt oenb..
B^gnlloD*.
Totaux comiiu
Aai. I. — DiitrilMon it la déptiut pair mit mnét, m mvgiiau.
Cbamlaet ponr l'ouTrim.
- Déptiuipeur U ménagi tant ntlltr.
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COMPTES ANNBXAil AUX BDDUBTS.
- Dtpmt pow I* minaçf lotit et
C*Tdigs àt làUlL- . . .- ,
Filage : SOjoBrntM i O'tô
Tiuig* ie B kïl. de laine fl
ll?\(iD IbUelt'l
Il milre de uigs; pour tl nt^Iiu
enl( lutna qna b*> et ohjeli IrIcD
lilleur (pont coopar lu Ttlementa c
ritura duni*n«eii(lB, S"!)..'...
• feraoïe, lO'SO
t»l el d'otqeU trlcuUt (VS de Ui
rr... Ttt*in*n1i an ■«rgo, !i>S d< larga...
. l'-ffiOdeUiDcniéii .
i'ài'sis'dà'iâiiMfiUâi!
Achat d'iWRH st de t<
Conlactioa d'nna partis d« cal Tè
A»i. S. — Vitimmli de ia ftm
Achat d'étoSia at da TetamstiU
il Jounitu 4 0**$..
Coaftctioii d'ona putic da cet TAlemeit
UU fUmaia it'iS...
- VUimtnli in mfanli.
Conlactioa d'nna pailia de ct
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' HINEUn DB PONTGIBAVD.
ËLËMKNTS DIVERS DB LA CONSTITUTION SOCIALE
rAITS IMPORTANTS D'ORGANISATION SOCIALBi
PARTICULARITÉS RBHARQDABLE3;
APPRÉCIATIONS GËNËRALES; CONCLUSIONS.
8 "•
CAUSEE D'IÎBIIANLEIIBNT OBSERVÉES CHEZ LES POPULATIONS
DE LA BASSE-AUVERGNE, ET SpâCIALEMBNT DANS LA FAMILLE
D]£CRITB.
Les populations rurales de la contrée qu'habite la famille
décrite soDt dans une situation fort inférieure à celle qui dis-
tingue les campagnes prospères de l'Orient et du Nord. Quand
OD se reporte, par exemple, à l'admirable organisation de la
plaine saxonne (III, m, is), celte infériorité est évidente, dans
l'ordre physique et intellectuel, comme dans l'ordre moral.
Les grands propriétaires et les paypns, c'est-4i-dire les
deux éléments qui donnent la solidité aux bonnes organisations
rurales, sont incessamment affaiblis ou détruits, dans cette partie
de TAuTei^ae, par le partage forcé des héritages. Les bordiers,
au contraire, qui ne possèdent que leur habitation avec quelques
lambeaux de teire arable, se multiplient aux dépens des deux
autres. Dans cette classe même, les familles s'amoindrissent à
chaque génération en se partageant le petit domaine de leurs
parents; et elles marchent, pour la plupart, vers la condition de
propriétaire-indigent. Abandonnés sans patronage aux durs tra-
vaux et aux fa'éoccupatioDs pénibles qu'imposent lés incertitudes
relatives à la conquête du pain quotidien, dépourvus de conseils
et de bons exemple, les bordiers auvergnats déclinent eu mo-
ralité plus qu'en bien-être. Ils deviennent de plus eu plus étran-
gers aux sentiments qu'inspiraient, au dernier siècle, dans cette
province, le respect de la loi morale, le dévouement aux fàmilles-
souches ou aux communautés (30) et l'amour de la patrie.
.yGoogle
iLBUNTS DtVBBS D* Lk CONSTITIITION SOCliXB. 179
C^Ddaot les petits propriétaires de l'Auvergue conservent
encore, pour la plupart, certaioes qualités qui permettent à une
race déchue de se releva. Ils sont sobres et durs au travail. Ils
tiennent à honneur de perpétuer leur famille dans la maùon
paternelle. Lors du décès des parents, les cohéritiers résistent,
avec un sens droit et un louable amour de la paix, aux excita-
tions intéressées des ofTiciers publics préposés au partage des
biens. Ils se concertent volontiers pour assurer la transmission
intégrale du domaine de la famille à celui d'entre eux qui peut
le mieux désintéresser les autres au moyen desoultesen argent.
Enfin, ils restent Gdèles aux vieilles coutumes d'émigration pério-
dique, qui imposent aux jeunes émigrants l'obligation moralede
rapporter chaque année une épargne au pays natal; qui, par
conséquent, leur donnent la force d'âme nécessaire pour résister
aux contacts corrupteurs qu'ils ont h subir, loin de la famille,
pendant le séjour dans les villes d'émigration.
L'ouvrier décrit dans la présente monc^raf^ie se distingue
parmi ceux qui possèdent ces qualités. Grâce à l'ascendant per-
sonnel d'un curé, issu de l'une des bonnes familles-souches qui
se sont perpétuées dans les montagnes voisines (IV, ix, sa), la
famille est pénétrée de certains sentiments qui émanent d'un bon
enseignement religieux. Elle ne se laisse pas domina par la
dureté de cœur qui est trop souvent développée par la vertu de
l'épargne; qui pèse, d'une manière plus fâcheuse que la pauvreté,
sur les individus obligés de gagner le pain quotidien sans le
secours da patronage.
Au surplus, le patronage rural, qm a été désorganisé, dans la
majeure partie de l'Auvergne, sous l'ancien régime par la défail-
lance des classes dirigeantes, depuis la Terreur de 1793 par la
loi du partage forcé, vient d'être restauré dans celte localité. Ce
bieuGait émane de l'industrie minérale, c'est^ndire de l'un des
éléments de stabilité signalés précédemiofQt dans plusieurs
régions de l'Allemagne (III , ni; IV, i) . Lee riches Slons de plomb
argentifère, abandonnés depuis Jonglemps, au milieu des obsta>-
cles suscitée par les iostituAions vicieuses de l'ancien régime (i s),
sont devenus récemment l'objet d'une exploitation lucrative. Les
.yGoogle
480 CH. Vt. — UIKEUK M PONTflIBADD.
nouveaux exploitants se montrent animés, à un haut degré, de
l'esprit de patronage. Ils ouvriront, dans cette riche région
métallirère, une ère durable de stabilité, pourvu qu'ils ne soient
pas entravés par les discordes civiles qui ont été partout l'un des
écueils des corporations de mines métalliques. F. l.-p.
§18.
CAUSES QUI ENTKAVEM, EN FBANCE, L'EXPLOITATION DES MINES
MÉTALLIQUES.
Les usines à fer sont la seule branche d'industrie minérale
où l'on ait tiré parti des ressources du territoire français. Les
autres métaux, que recèlent en abondance les chaînes métal-
lifères de Bretagne, des Vosges, du Lyonnais et des autres
montagnes centrales, des Alpes et des Pyrénées, sont à peine
exploités aujourd'hui, bien qu'ils aient été, à diverses époques,
l'objet d'entreprises florissantes.
Cet état de choses doit surtout être attribué à ce que, peu-
dant les derniers siècles, les institutions du pays n'ont guère été
en harmonie avec les convenances propres de l'industrie miné-
rale. Aujourd'hui même, l'organisation industrielle et surtout
les mceurs ne sont point encore en mesure de triompher des
difficultés qu'il faut surmonter dans ce genre d'entreprises.
. Le caractère dominant des gttes métallifères, dans toutes les
contrées du globe, est l'irrégularité. Les gîtes nombreux qu'on
y exploite offi^nt des difTérences énormes dans leur composition
et dans leur richesse. Chaque gîte lui-même, considéré isolément,
présente dans son allure de brusques variations qui font succéder
tout à coup la pénurie à l'abondance, et t^tceverxa. Pour obtenir
d'une année à l'autre une production à peu près régulière, et en
rapport avec les capitaux consacrés à l'entreprise, avec la popu-
lation et le matériel qu'on y emploie, il faut donc que les tra-
vaux soient conduits sur une grande échelle et dans de hautes
vues d'avenir. 11 faut, en un mot, compenser par la multiplicité
des chances, réparties sur de nombreuses masses métallifères et
.yGoogle
Éhiiir.vns divers db la constiidtion socialb. I8f
sur de longues périodes, i'iDégalité qui est le caractère distioctif
de celte richesse naturelle. La prospérité des travaux séculaires
qui illustreat la Suède, la Hongrie (IT, i), le Hartz (III, ni)
et l'Angleterre ne se perpétue que si une même pensée est sui-
vie pendant plusieurs générations, lorsque des capitaux tenus
sans cesse en réserve viennent combler, à certaines époques
malheureuses, le déficit causé par l'appauvrissement momentané
des régions exploitées, par la concurrence subite de nouveaux
centres de production, ou par les autres circonstances qui peuvent
temporairement entraver les conditions de succès.
Les contrées qu'on vient de citer, et dans lesquelles fleurit
l'exploitation des mines, offrent une organisation sociale et indus-
trielle en rapport avec ces diverses convenances. En Angleterre,
par exemple, les mines de chaque district minéral sont concédées,
ù perpétuité, à une famille puissante, dont la splendeur repose
en partie sur l'exploitation des métaux qu'elles recèlent. Cette
sorte de propriété se transmet intacte dans la famille, de géné-
ration en génération, sans morcellement, et par conséquent sans
chance de conflit entre les cohéritiers. Le propriétaire des mines
{lord of Ihe manor) exploite quelquefois en régie pour son propre
compte. Plus ordinairement, il concède ses droits pour de longues
périodes à des compagnies qui offrent toutes les garanties dési-
rables, qui courent toutes les chances de l'entreprise et qui paient
une redevance modérée, comprise ordinairement entre le qua-
torzième et le vingtième du produit brut. Cette combinaison main-
tient heureusement l'harmonie entre l'intérêt du moment, repré-
senté par les concessionnaires, et l'intérêt de l'avenir, qui reste
sous la sauvegarde du propriétaire. Elle assure le maintien des
travaux, alors même que les exploitants temporaires viendraient
k manquer. En Hongrie et en Allemagne, cette haute direction,
nécessaire anx exploitations de mines, a été, en général, impri-
mée par les (îouvemements, secondés par de puissantes corpo-
rations (III, lu. 11). Depuis plusieurs siècles, cette organisation
de la propriété maintient l'esprit de tradition, soit pour la direc-
tion technique des travaux, soit surtout en ce qui concerne le
patronage, dont les populations ouvrières ne peuvent se passer.
.yGoogle
En France, les fécondes influences du système anglais et du
système allemand ODt toujours manqué. Le pouvoir souveraio,
qui a revendiqué depuis longtemps le droit de disposer des
mines, n'a su, ni les exploiter directement en régie par ses
propres agente, ni les concéder à de puissants propriétaires en
situation de les Féconder. Il n'a pas mieux réussi, en général, à
contrôler ou îi soutenir les personnes auxquelles il a directement
délégué soa droit, à charge d'exploitation directe. La loi, émi-
nemment libérale en principe, qui est aujourd'hui en vigueur
concède les mines à titre gratuit, sans autre obligation, pour les
concessionnaires, que de tenir les btivaux en activité ; elle n*a
cependant produit, jusqu'à ce jour, que des résultais insigniSaats.
Les concessionnaires directs n'ont, ordinairement, visé qu'à
vendre leurs mines, à haut prix, à des capitalistes inexpérimentés;
et ceux-ci, après avoir stérilement dépensé dans celte acquisition
la partie principale de leurs ressources, se sont trouvés bientôt
dans l'impossibilité de continuer les travaux. En général, les cod-
cessionnaires français, quoique pourvus à titre gratuit, se mon-
trent beaucoup plus exigeants, envers les exploitants sérieux qui
se présentent, que ne le sont, en Angleterre, les propriétaires
jouissant sur les gîtes miuéraux d'un droit absolu de possession :
c'est que les premiers n'ont en vue qu'un intérêt immédiat,
tandis que les derniers se laissent surtout déterminer par de
hautes vues d'avenir. De son câté, l'administration française a
toujours traité avec une tolérance bienveillaute les concession-
naires qui ne se trouvent point en mesure de remplir leurs obli-
gations. Le système actuel n'a donc abouti, en définitive, qu'à
aliéner entre des mains incapables une partie importante de la
richesse publique.
Il importe cependant que l'admisistration française sorte de
la voie où elle est engagée. L'exploitation des mines et la foute
des minerais offrent en efièt, dans un grand pays, des sources
précieuses d'activité. L'importance du rôle que jouent ces arts
dans l'économie des sociétés tient surtout h ce que, comme l'in-
dustrie manufacturière en général, ils offrent à l'agriculture le
débouché qui résulte delà présence d'une nombreuse populatioo
.yGoogle
iLÉHKNTB DITKBS DB LA C(nt8TITD1I0T( SOCUIS. U3
onvrièfe. L'extraction des métaux a, d'ailleurs, des avaotages qui
lui sont spéciaux, et qui nese rencontrent pas au même degré
dans les autres branches d'industrie. Ellea pour siège des régions
montagneuses, peu fertiles, éloignées des grandes voies com-
merciales et qui, sans ce secours, resteraient étrangères à toute
activité industrielle.' Tirant du sein de la terre toutes les matières
qu'elle élabore, elle n'absorbe pas, comme le font, par exemple,
les fabriques de tissus de lin, une partie importante du lerriloire;
et elle ne place pas le pays, comme le font les fabriques de
coton, dans la dépendance des pays lointains. Eu résumé, la
mise en valeur d'une mine métallique, dans les conditions ou la
France se trouve aujourd'hui, n'enlève à l'agriculture aucun de
ses moyens d'activité. Elle accrott, sous tous les rapports, la
force productive et la puissance du pays, sans y jeter aucun élé-
ment de concurrence. Souvent même, il est réservé à l'industrie
minérale de développer les premiers germes d'initiative et de
culture intellectuelle dans des contrées qui, jusqu'alors, avaient
à peine donné prise à l'activité humaine. Tel est le rôle qu'ont
joué dans l'antiquité les mines d'argent de l'Espagne, et les
mines d'élain de l'Angleterre. Le même cas s'est présenté, a,a
xvi' siècle, pour les mines d'argent des deux Amériques. Il se
reproduit de nos jours, sur une échelle immense, pour les mines
d'or de l'Oural, de l'Âltal et de la Sibérie orientale, de la Cali-
fornie et de l'Australie; pour 1^ mines d'argent de la chaîne
des Andes, pour les mines de cuivre des Andes, du lac Supérieur,
de l'Australie, de ta Nouvelle-Zélande. En France même, où le
territoire peuplé depuis longtemps ne comporte pas ces subites
conquêtes sur le désert ou sur la barbarie, ou a pu apprécier
l'heureuse influence qu'exerce, sur l'économie sociale d'une loca-
lité, l'exploitation des gttes métallifères. Un exemple de ce genre
est fourni par les mines d'argent et de plomb de Pontgibaud,
auxquelles est attachée la famille décrite dans la présente mono-
graphie. Beaucoup de montagnes métallifères ofl'rent en France
les mêmes conditions ; mais il est fort rare d'y trouver, sous le
régime vicieux indiqué ci-dessus, l'énergie et la persévérance
déployées, depuis 1330, dans cette localité.
.yGoogle
lu CB. IT. — MINBUl DE PONTOIIADD.
S *»■
AVANTAGES ASSDR^S A PLUSIEDBS UONTAGNES DE L'ADVEECNB
PAA LE RÉGIHB d'ÉHIGRATION ET PAR L'EXPLOITATION DES MINES
UÉTALUQUES.
La population de plusieurs moDtagnes de l'Auvergne est sur-
tout formée de petits propriétaires, produisant la provision de
céréales oécessaires à leur coDsommalion. Elle s'adonne d'une
manière spéciale à l'élevage des bêtes à cornes dans les pâturages
communaux, qui occupent, à proximité de chaquecentre de popu-
lation,uneéteodue considérable. Cette industrie pastorale ne suffit
pas, en général, pour occuper toute l'activité de la population.
Les jeunes gens, parvenus à ï'âgede 16 à 18 ans, resteraient donc,
pour la plupart, sans moyens d'existence, si, à l'exemplede beau-
coup d'autres montagnards placés dans les mêmes conditions (IV,
T, so), iisnesecréaientpas des ressources par l'émigration. Pen-
dant les derniers siècles, les jeunes gens de cette région avaient
pris rbabitude d'aller en Espagne exercer divers travaux, auxquels
la population locale ne pouvait suffire; mais, depuis que ce dé-
bouché leur est fermé (v, 3 1 ) , ils se dirigent vers Paris et Lyon,
oîi ils s'emploient : les garçons, en qualité de porteurs d'eau, de
portefaix et de brocanteurs ; les filles, en qualité de domestiques.
Plusieurs s'y fixent d'une manière définitive, sans se mêler à la
population urbaine, en s'établissant comme marchands de bois et
de charbons, ou en entreprenant quelque autre petit commerce
de détail. Mais la majeure partie, après une émigration plus ou
moins protengée, revient s'établir au pays sur une petite pro-
priété, dont le premier noyau a été créé par l'héritage et qui s'est
a(%rue au moyeu des épargnes. Cette contrée est l'une de celles
où l'on apprécie l'heureuse induence de la transmission intégrale
des petites propriétés; cependant ces habitudes commencent à
se dénaturer, soit que les gws perdent les sentiments moraux
qui se rattachaient aux anciennes institutions, soit qu'ilsdoiveot
se conformer au texte des nouvelles lois civiles. Cette organisa-
tion sociale est recommandable à plusieurs égards ; elle offire tou-
.yGoogle
BLBMBIIT8 DITBRS DE Lh CONSTITUTION »
tefois de regreilables lacunes. Ainsi, elle développe la Taculié
d'épargner, plus que l'aptitude à produire; les habitudes régu-
lières, plus que l'esprit d'initiative; elle entretient, en un mot,
les vertus passives beaucoup plus qu'elle ne stimule les qualités
actives (s). Les mœurs ont conservé de la pureté, parfois même
une certaine dignité; cependant elles reçoivent çà et là une cer-
taine atteinte de rinflueDce de quelques émigranls, qui, moins
heureusement doués que la masse, se dépravent au contact des
populations urbaines, et rapportent au pays natal des habitudes
de démoralisation.
L'exploitation de mines d'argent et de plomb de Pontgibaud,
rétablie après une longue interruption, depuis une vingtaine
d'années, lend heureusement à modifier cet état de choses dans
les riions qui confinent à cette localité. Les causes de cette
amélioration se trouvent à la Tois dans le principe même de
l'activité industrielle, et dans la direction morale imprimée à la
population ouvrière par une administration intelligente, animée
de l'esprit de patronage. La création de ce centre d'activité a
tout d'abord mis fin, dans un rayon assez étendu, aux habitudes
d'émigration. Bien que l^ salaires soient restés à bas prix, les
travaux des mines et des fonderies offrent en définitive, à la
population, des occupations non moins lucratives que ne l'étaient
précédemment les occupations urbaines. Les avantages du nou-
veau régime sont singulièrement relevés par cette double cir-
constance, que les jeunes gens ne sont plus obligés de renoncer
à la vie de famille et qu'ils n'ont plus à supporter les perles
de temps et les frais qu'exigent des voyages à de grandes
distances. Des ouvriers étrangers, judicieusement choisis par
l'administration des mines pour diriger les brigades d'ouvriers
indigènes, ont stimulé, par leur exemple, l'indolence locale; et,
d'un autre côté, la population, pour développer plus d'activité, a
dû se résoudre à améliorer un peu son régime alimentaire. Les
ouvriers les plus intelligents, élevés par d'habiles combinaisons h
la condition de tâcherons, n'ont pas tardé à reconnattre qu'ils
produisaient davantage en se nourrissant mieux, el qu'un meil-
leur régime se résumait pour eux en un bénéfice net.
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486 CH. IV. — imtEDB DE PONTSIBAUP.
L'industrie minérale a surtout amélioré la condition des
jeunes filles, pour lesquelles l'émigratioD oITrait de graves iocon-
vénieols, et que leurs parents retenaient souvent inactives à la
maison. Elles trouvent aujourd'hui des occupations appropriées
à leur sexe dans les ateliers de préparation mécanique où les
minerais sont soumis au triage et à des manipulations variées,
qui en séparent les matières stériles et les rendent propres k la
Âision. Prévoyant avec sollicitude les inconvénients qui pour-
raient résulter de la réunion d'un grand nombre de jeunes filles
loin de la surveillance maternelle, l'administration a pris en
leur faveur, en ce qui concerne le logement, la nourriture et les
récréations, des mesures analogues à celles dont la convenance
est depuis longtemps appréciée dans les ateliers industriels de
l'Amérique du Nord *.
L'initiative prise h cet égard par les directeurs des mines de
Pontgibaud est un des plus précieux symptômes du mouvement
de régénération qui se manifeste de plus en plus, dans quelques
parties de la France, par une combinaison tulélaire delà religion et
du patronage. Elle forme uo contraste marqué avec l'élatde choses
qui subsiste malheureusement encore dans plusieurs districts
manufacturiers, particulièrement dans les fabriques de Reims, de
Sedan, d'Amiens et de Limoges. Beaucoup de propriétaires et
de fabricants y voient avec indifTérence une dégradation morale
dont les peuples les plus primitifs, les nomades de l'Orient, par
exemple (11, i), ne pourraient concevoir la pensée. Cette indif-
férence existe même dans plusieurs villes de fabrii|ues, où les
chefs d'industrie montrent d'ailleurs, pour le bien-étre matériel
de la population ouvrière, une véritable sollicitude. L'opinion
publique, manquant, sur ce point, à ta haule mission qui lui est
assignée chez les peuples prospères, n'a point assez de délicatesse
ou d'énergie pour protéger de pauvres jeunes filles contre des
tortures morales du caractère le plus odieux*. Dans quelques
districts manufacturiers, le mal est arrivé à ce point, que les
1. Hicb«l Cberalier, Uttrei tur VAnt4riijM du Nord, tome V, p. 326.
8. Villormé, TabUau d» l'Mat ph\/tiqu« et moral du ouvriers, Paris, 1840, touie I",
p. 258.
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BLEHBMTa Dimt PB LA COKSTITIITIOn BOCULB. 187
agents direcls de la corniptioa sont les chefs d'industrie eux-
mêmes, c'est-à-dire ceux que les lois divines et humaines char-
gent de la conservation de l'ordre social. Cette dépravation, il
faut le dire, est plus souvent décelée par la vaniteuse iodiscré-
lion des coupables que par la réprobation des gens de bien. En
certaines localités, les personnes ayant conscience de la honte
que ces désordres font peser sur la France ne pourraient même
protester sans encourir le ridicule. Plusieurs personnes qui ont
habite l'Angleterre affirment que ces vices y existent également.
S'il en est ainsi, il faut constater du moins, en l'honneur des
Anglais, que les coupables n'ont point, comme en France, le pri-
vilège de l'impunité ; qu'ils doivent se soumettre à une dissimu-
lation profonde pour échapper aux atteintes de la justice et à la
flétrissure que leur imprimerait l'opinion. Quant aux États-Unis
d'Amérique, ou s'accorde généralement à convenir que ce genre
de désordre y est inconnu. Cet état de démoralisation, il est
regrettable de le dire, est spécial à la France et h quelques parties
de l'Autriche, de l'Italie et de l'Espagne. L'initiative honorable
prise par l'administration des mines de Pontgibaud n'étant malheu-
reusement qu'un fait exceptionnel, et les mœurs privées faisant
défaut à cet égard, il y a pour l'autorité publique devoird'intcr-
venir. Le plan de réforme semble être tracé par la pratique de
l'Angleterre et des États-Unis : il consisterait à définir les
manœuvres de corruption ayant le caractère d'un délit, puis à
autoriser les jeunes filles qui en sont victimes à réclamer un
dédommagement devant les tribunaux. Il s'agit, en déGnitive,
de rendre aux femmes une faculté quiparattêtre de droit naturel
et dont elles sont aujourd'hui privées par l'art. 3^0 du Code civil.
L'administration des mines de Pontgibaud a contribué, en
outre, au progrès de l'instruction primaire; et les résultats en
sont déjà appréciables. Les réformes qu'elle a introduites dans la
localité offrent une complète analogie avec celles qui ont été
récemment réalisées en Angleterre, sous t'influence de l'esprit
religieux et des sentiments de patronage flIT, ix, is). Elle
justifie, sous ces divers rapports, ce qui a été dit précédem-
ment (i s) touchant l'ioflueDce féconde de l'industrie minérale.
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- UINEUR DE PONTGISAUD.
§20.
ANCIENNES COMMUNAUTÉS DE L'aUTERGNE COUPOS^ES DE MÉNAGES,
TROPRIÉTAIRES RURAUX, ISSUS D'uN COMMUN ANCÊTRB.
LES aniTTARD-PINON, EN 1788.
Les communautés coaslituées par des ménages issus d'uo
commun ancêtre ne se perpétuent pas seulement chez les pasteurs
nomades des steppes d'Europe et d'Asie (II, In. 3). Elles exis-
tent depuis une époque Tort ancienne chez divers peuples agri-
culteurs; et elles sont encore le fondement de la constitution
sociale chez plusieurs races slaves voisines du Danube et de
l'Adriatique {IV, i, ss). Des communautés d'agriculteurs, orga-
nisées dans des conditions semblables, se sont formées aux ori-
gines du moyen âge dans plusieurs provinces de la France cen-
trnle, notamment dans le Nivernais et l'Auvergne; et elles y
étaient désignées, comme chez les Slaves, sous le nom de l'an-
cêtre dont elles étaient issues. La communauté des Jault (vi, 3 s)
existait encore à l'époque où j'étudiais la constitution sociale du
Nivernais. Celles qui étaient désignées en Auvergne sous les noms
de Quittard, Baritel, Beaujeu, Bourgade, Tarenté et Terme,
étaient encore en pleine prospérité, en juillet 1788, à l'époque
où Legrand d'Aussy visita la première. Cet auteur partageait les
idées dont s'inspiraient la plupart des lettrés contemporains. Il
paraît avoir été attiré chez les Quittard par le désir d'admirer
une petite société, qui, en choisissant son chef par voie d'élec-
tion, semblait réaliser les inventions du contrat social. Mais il
est curieux de constater, par le précis suivant de la lettre de
Legrand d'Aussy*, le contraste qui existe entre la paix sociale
qu'observa cet auteur, et la discorde que crée, depuis 89 ans,
l'application des erreurs de J.-J. Bousseau.
La communauté des Quittard habite le hameau de Pioon,
situé à une demi-lieue N.-O. de la ville de Thiers. Elle forme
1. Legkihd d'Auist, Dùcvmentt ritrosptetifi tw l'Auvergn»; lettre sur la coid'
munaiM des Quittant>Plian,
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^LBMBKTB DIVERS DE LA CONSTITUTION SOCIALE.
quatre ménages, compreDant 19 persoDoee (hommes, femmes et
enfants), complétés par 1 S domestiques. Elle est gouvernée par
deux personnes, le Maître et la Maltresse, élus par les ménages
réunis. Le Mattre a l'autorité suprême; et il remplit la fonction
d'un père dans sa famille. II préside spécialement aux travaux
des cultures et à toutes les affaires du dehors. La Maîtresse,
sous l'autorité supérieure du Maître, préside aux afiaires de
l'intérieur : à la basse-cour, à la cuisine, aux services du linge
et des vêtements. Elle est toujours choisie dans un ménage autre
que celui du Mattre.
Les mariages, sauf des cas exceptionnels, sont contractés
dans le sein de la Communauté. Les dispenses nécessaires sont
accordées par l'évéque de Glermont, conformément à un acle
fort ancien rendu par no souverain pontife, eu égard à ta sagesse
dont s'inspiraient les Maîtres en adressant leurs demandes à
l'autorité ecclésiastique. La prière du matin est faite dans
chaque ménage ; celle du soir a lieu dans la salle commune, la
cuisine, devant tous les membres groupés près d'une petite cha-
pelle où sont placées les images du Christ et de la Vierge. Pen-
dant les repas, faits en commun dans cette salle, les hommes
sont servis par les femmes. La Communauté produit tous les
aliments ainsi que les autres objets qu'elle consomme; et elle
n'achète que le sel et le fer.
La Communauté vit dans un état d'aisance. Elle possède
tout le hameau de Pinon, avec le moulin, les jardins, les
vignobles, les terr^ arables, les pâturages, les châtaigneraies
et Ira bois qui s'étendent au loin. Selon la coutume de ta Com-
munauté, ce domaine est indivisible; et il se transmet intégra-
lement aux générations successives. Les filles qui se marient hors
de la Communauté reçoivent une dot en argent de 600 livres.
La terre peu fertile ne produit guère que le seigle nécessaire à la
subsistance des 32 bouches des quatre ménages et de leurs
domestiques. Cependant, il y a toujours un excédant pour les
pauvres; et ceux-ci trouvent à Pinon un accueil bienveillant.
La Communauté se développe peu, car ses quatre ménages com-
prennent seulement une moyenne de cinq membres. Elle n'a point.
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190 CH. IV. — MINBtIl UB PONTGlUtD.
la force d'expansion nécessaire pour propa^ ses verlus daos
les contrées voisiaes. Sous ce rapport, elle reste inférieure aux
communautés slaves décrites dans cet ouvrage (IV, i, aaetsa).
Ces vertus étaient d'ailleurs reconnues dans la contrée par l'opi-
QJon publique; et l'auteur a exprimé, dans les termes suivants,
l'impr^sion qu'il eu a lui-même ressentie :
a Tout ce que me disaient ces braves gens, tout ce qu'ils
répcmdaient à mes questions, me les montrait doux, simples,
bons, et, quoique iofiniment respectables, plus aimables encore.
Je me voyais dans le séjour du bonheur et de la vertu; il me sem-
blait être sous un autre câei et avec une autre espèce d'hommes.
Mais C8 que je ne pus voir sans émotion, c'était le tableau de
concorde et d'union, de bonheur et de santé, que me présentait
cette république de parents. Je ne doute plus à présent qu'une
longue pratique de vertus u'influe, à la longue, sur les traits du
visage, et qu'elle ne lui imprime, avec le temps, un caractère par-
ticulier qui, devenant ineffaçable, finît par distinguer réellemait
une race d'avec une autre. Non, ce n'est point l'enthousiasme
qui m'aveugle. A Piooa, la physionomie des hommes porte une
empreinte de loyauté. Celle des femmes oITre un air de décence,
de caodeur et de vertu, qu'on ne peut méconoaitre, et qui est
chez elles ce qu'est chez d'autres ce caractère original qu'où
appelle air de famille. On le distingue même dans les traits des
petites 6lles, quoique moins développé. Je l'ai fût remarquer à
deux personnes qui m'accompagnaient ; et j'en atteste tout voya-
geur que la curiosité pourra, comme moi, conduire à Pinon. •>
LEB QaiTTARD-PIMON, EM 186&.
La loi de partage forcé, édictée sous la Terreur, Ie7mars 1793,
n'a pas immédiatement porté tous ses fruits à Pinon. Rien
n'a été d'abord changé à une organisation sociale fondée
sur des coutumes datant de onze siècles ' ; mais peu à peu, sous
l'influence des trois régimes qui succédèrent rapidement à la
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iLÉHENTS DIVERS DB LA
Terreur, ane transformation s'opéra dans les esprits. Elle fut
plus prompte chez les communautés de l'AuTergae que chez les
familles-souches du Lavedan (IV, ix, 17). Les ménages soumis
au Maître par le lien de l'élection ne pouvaient être, en effet,
aussi fortement unis en Auvergne que l'étaient, dans les Pyré-
nées, les frères et les sœurs groupés sous l'autorité d'un même
père. Les guerres de la Révolution, du Consulat et de l'Empire,
qui avaient détruit en pai'tie la population mâle de la France,
furent d'ailleurs pour les Qulllard-Pinon une cause déterminante
d'ébranlement. En 1816, l'un des quatre ménages de la com-
munauté n'était plus représenté que par une jeune fille qui ne
put trouver un époux chez les trois autres : il fallut se pourvoir
au dehors; et, sous la pression du Code civil, il fallut modifier
l'ancien contrat de mariage en usage pour les filles de la com-
munauté.
Étranger à la localité, le nouveau gendre introduisit la dis-
corde dans la petite société où la paix régnait depuis un temps
immémorial. La vie commune devint impossible; et le Mattre,
voyant que son autorité était méconnue, dut provoquer, dès 1818,
la dissolution de la communauté. Cette première liquidation,
qui partagea les biens mobiliers et tes immeubles entre les
quatre ménages, dura jusqu'en 1825; et elle fut suivie de plu-
sieurs autres, à mesure que la mort frappait les chefs de famille.
En 1855, après cette série de partages, tout n'est point encore
détruit. L'ancien chef-lieu des Qniltard-Pinon et la ceinture
d'honneur, accordée à la communauté par le roi Louis XVI,
restent la propriété d'Annet Quittard, arrière-petit-fils du Maître
qui gouvernait en 1788. Ce représeutant de l'antique commu-
nauté s'efforce de transmettre à son jeune fils la vénération des
aïeux, que lui-même avait reçue de son père. La tyrannie du
Code a pu détruire l'œuvre matérielle du vin* siècle : 1^ forces
morales de la famille en gardent encore le souvenir.
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CHAPITRE V
PAYSAN-BASQUE
DU LADOBHD (FRANCE)
daui Is >;r>Uiiie du Inrall uni angmgsinsnU,
LE UINEtTR'ËUiaBAKT DE. LA OALICE (33),
D'lt>RkS CBS BENSBlflNEUBNTS RECOEILLIS SDK LES LIBOX,
EN ivm 4366,
pak hh. a. de saint-lëger et e. DELDBT.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
DÉFINISSANT LA GONDITIOH DES DIVERS HEUBIIBS DE LA FAMILLE.
DéSnllIatt «lu Ueu, de ■'•rsaMlMt*lo« tadiutrlelle
SI.
ÉTAT DU SOL, DB L'INDUSTKIE ET DE LÀ POPULATION.
La famille habite la commune d'Ainhoa, canton d'Espelelte,
arrondissement de Bayonne, dans la partie du pays basque TraQ-
çais appdée le Labourd. Le village est situé sur la roule de
Baronne à Pampelune, à 2 kilomètres de la frontière espa-
gnole, dans la vallée de la Nivelle, formée par les mcotagaes
élevées qui prolongent la chatae pyrénéenne jusqu'au golfe de
Biscaye. 11 est bâti sur les schistes argileux décomposés et Ira
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OBSBIVATIONS FKéLIHINAtRBS. 193
calcaires da terrain crétacé qui constituent le sol de ta contrée.
Les schistes argileux, toujours assez frais, ne craignent pas
l'humidité, parce que les pentes du terrain Tacilitent partout
l'écoulemenl des eaux. Ce terrain est peu compacte, et la plu-
part des cultivateurs n'emploient pour labourer qu'une paire de
Taches. Ceux qui, conune le propriétaire ici décrit, se servent
de bœuf^, se livrent en général à l'industrie des transports et
spéculent sur l'engraissement de ces animaux. L'aspect du pays,
dont les champs sont souvent entourés de haies et plantés de
pommiers, rappelle un peu celui de la Basse-Normandie. Sur
plusieurs points autour du village, les colline ont été coupées
en amphithéâtre pour être livrées à la culture ; mais beaucoup
de terrains, situés sur des pentes très-rapides, sont encore lais-
sés à l'état de landes incultes. Ils se garnissent d'une épaisse
végétation d'ajoncs épineux qu'on fait manger aux bestiaux en
hiver, et de fougères qu'on emploie pour faire les litières. Une
certaine étendue du territoire est aussi plantée en hauts taillis
de chênes ou de châtaigniers, contenant en moyenne de 200 à
300 pieds d'arbre par hectare. Ces bois, exploités d'ordinaire
tous les dix ans, peuvent être parcourus par les bestiaux sans
inconvénients et sont presque toujours livrés au pâturage. Les
propriétés communales sont très-étendues; elles se composent de
îasdes et de bois exploités en haut et bas taillis (7).
Le sol est assez fertile ; et, quand il est bien cultivé, il donne
de 20 à 25 hectolitres de blé par hectare ; mais en général les
engrais sont trop peu abondants et de trop mauvaise qualité
pour entretenir ce degré de fertilité. La culture du mais et du
froment, comme céréales, celle du navet et des prairies natu-
relles et artificielles, comme fourrages, constituent essentielle-
ment le système agricole du pays. La seule culture industrielle
est celle du liu nécessaire i chaque ménage. L'usage des pommes
de terre est encore peu répandu parmi 1^ habitants. La famille
ici décrite en a planté cette année pour la première fois, sur les
pressantes sollicitations du maire de la commune (1 s).
La population d'Ainhoa est de 800 âmes» dont la moitié
habile le village même, l'autre moitié étant disséminée dans
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4U CR. V- — PATSAN-USQITE DO LABOIAD {rkAXCB).
trois hameaux et &0 maisons isolées. A part quelques familles
vivant daus l'aisaDce, et pour la plupart enrichies en A.mérique,
cette population se livre tout entière à l'agriculture, et se répar-
tit, d'après les fonctions de chaque chef de famille, de la manière
suivante : petits propriétaires (tous sont petits] faisant valoir eux-
mêmes, 69; — métayers payant une rente qui varie de 15'00
il 5h0' 00, et vivant presque tous dans la gêne à cause de la trop
grande exiguïté du domaine qu'ils exploitent, 101 ; — journa-
liers-agriculteurs, 132. — Total, 302. — Les journaliers reçoi-
vent un salaire de 1' 25 par jour quand on ne les nourrit pas, et
de 0 ' 50 seulement s'ils sont nourris. Ils prennent leur habitaticm
à loyer et ils en patent eu gén^l le prix avec le produit de la
vente d'un porc nourri en grande partie au moyen des res-
sources dues aux subventions. Mais le salaire qu'ils touchent est
évidemment insuffisant, et ceux d'entre eux qui restent constam-
ment dans le pays vivent dans un état voisin de la misère.
Aussi émigrent-ils fréquemment pour travailler en Espagne et
dans les landes de Gascogne comme tuiliers ou comme charbon-
niers. Quelques-uns partent chaque année pour l'Amérique;
d'autres enfin sont employés à faire la contrebande par les
entrepreneurs de fraude des communes voisines. Depuis que les
tarifs sont abaissés eu France et que les marchandises anglaises
n'entrent plus en Espagne, la contrebande est devenue moins
active. Il y a, d'ailleurs, à Ainhoa même un bureau de douane ;
\& employés, étant obligés de savoir la langue du pays, sont
presque tous Basques. On ne les considère pas en général comme
étrangers, et les autres habitants vivent avec eux en assez bonne
intelligence. Il faut noter aussi que les collisions sont prévenues
par la tolérance de radministration qui permet de profiter, sous
certains rapports, du voisinage de la frontière (i3. S" i).
A part la fabrication du chocolat, il n'y a dans le pays
aucune industrie manufacturière ; mais ceux des cultivateurs qui
sont actifs et intelligents s'occupent avec succès de l'industrie
des transports. Ils conduisent à Bayonne les charbons des forêts
voisines, les vins et les laines d'Espagne, et ils en ramènent des
planches, de la chaux qu'on emjrfoie poor amender les lerres, et
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OUnrATlOIfS PaÉLIHtNilBItS.
des céréales que le pays ne produit pas en assez grande quâMité
pour satisfaire à ses besoins.
sa.
^TAT CIVIL DE LA FAMILLB.
La famille comprend sept personnes, savoir :
1. IiAR Haiikb BiLBsuiiBn, cluf de Umllle, né k Alatwk M U».
S. Haiu Etchrvem (Haima-NeuTe), m femme, aét à SonliliU. . . SS —
'i. GncioH, leur flile «laée, née i Ainhoa IS —
i. Huis, lear S* aile, née à AInboi 13 —
5. Piarrèt, leur flla, né t AirIim 8 —
B. Guhiaa Segort, mare du chet de famille, née à Ainhot 05 —
7. Hanframarf BeleecabieU, eélibaMire, taat da chef da bmille, oée
à Aioboa BO —
Un huitième membre de la famille, qui était chargé des fonc-
tions de pasteur du troupeau de brebis, est mort cette année
même. 11 était oncle du chef de famille et s'appelait : Domiuica
(Dominique) Oppoca. Le mariage a eu lieu entre les deux époux
en 1837. La femme est de cinq ans plus âgée que le mari. Ce
n'est pas là un fait anormal, mais le résultat d'uo usage presque
constant parmi les Basques.
s»-
BBLIOION ET Q&filTDOES MOBALES.
Ia famille pratique avec ferveur la religion catholique; et
elle suit exactement les rites dont l'observance est de tradition
dans le pays. Un de ses membres étant mort cette année, elle
fait à l'église une offrande mensuelle de 1' 00, qui devra être
continuée jusqu'à l'expiration du deuil. Aux jours de fête, on
allume toujours pour elle uo cierge à l'église; et tousses mem-
bres assistent solennellement chaque année aux messes fondées
autrefois par des parents à la paroisse de Saint-Jean de Luz (is,
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196 ca. V. — PATUK-BASailB PV LAIODID (FBtMCB).
S" it). Ces habitudes, d'ailleurs, ne lui sont pas particulières :
l'esprit religieux s'est conservé jusqu'ici parmi les Basques, et
spécialemeol à Aiohoa ou toutes les femmes et presque tous les
hommes pratiquent leurs devoirs de piété. II paratt même que,
depuis quelques années, le zèle religieux s'est accru. L'autorité
du prêtre est assez respectée pour qu'il ait pu faire accepter à la
population certaines réformes en opposition avec le caractère
basque. Ainsi, il a Ml supprimer les danses du dimanche dans
l'intention d'améliorer les mœurs du pays. Celles-ci avaient été
altérées par la séjour d'une garnison qui y resta pendant les
guerres civiles de la Péninsule jusqu'en 18â0. A cette époque,
les-eofants naturels s'étaient multiplia dans le village; mais il y
en a moins aujourd'hui ; et presque toujours leur naiœance est
légitimée par le mariage. Sous l'influence des idées religieuses
et de Tesprit de tradition, l'ancienne constitution de la famille,
fpnd^-sur le respect de l'autorité paternelle, s'est jusqu'ici con-
servée parmi les Basques (IV, vii, 17). La famille qui est ici
, décrite offre un heureux exemple des avantages moraux et maté-
..riçisqui en résultent pour chacun de ses membres. Les enfants,
, dociles et respectueux envers leurs parents, sont traités par eux
avec douceur. Une sœur du mari, restée célibataire, demeure
dans la maison, vivant avec sa belle-sœur en bonne intelligence
et l'aidant dans les travaux du ménage. Enfin, la mère du chef
de famille, âgée de 95 ans, entourée par tous de soins affectueux,
peut passer dans le calme et le repos les jours de sa vieillesse.
L'enseignement scolaire est encore peu répandu dans les
villages du Labourd. A l'exception des jeunes gens, peu de per-
sonnes savent lire et écrire le français ; mais les parents envoient
volontiers leurs enfants à l'école où on l'enseigne. Jusqu'ici les
Basques ont conservé l'usage de leur langue originale (t'i'sftuara);
et, protégés par la difficulté de cette langue, ils ont vécu à l'abri
de toute influence étrangère. C'est à cet isolément moral qu'ils
ont dû de conserver les traditions et les habitudes qui les dis-
tinguent des autres populations françaises (so). Ils exerçât
l'hospitalité avec désintéressement, à la manière des peuples
pasteurs. L'aumône chez eux est considérée comme un devoir;
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ODSEHVATIONS PBeLllIIKAlKBS. 497.
et ils ta foDt avec une générosité qui exclut tout calcul; Ils ont à
un haut degré le respect des sapériorités sociales; maisles signes,
extérieurs de ce respect n'excluent pas la dignité, chez les infé--
rieurs, dans leurs rapports avec les personnes d'une autre classe.
Entre eux, lorsqu'il s'agit d'affaires d'intérêt, ils se montrent
rusés et souvent violents dans les discussions ; mais ils évitent
les procès, écoutent les conseils des sages et acceptent les décisions
du juge de paix. Respectueux envers l'autorité, ils ont pourtant
une certaine tendance à se faire justice eux-mêmes et à échapper
à quelques-unes des prescriptions de la loi. Ils ont surtout pour
le service militaire une vive répugnance, et souvent ils émigrent
dans la seule pensée de s'y soustraire. Naturellemeut portés àla
gaieté, les Basques aiment avec passion les plaisirs bruyants, les
jeux en commun, les fêles et la danse (ii)> Mais, en général,
ils apportent une certaine modération dans les plaisire. Quoiqu'ils
fréquentent volontiers le cabaret, ils s'enivrent rarement. Ils
râcherchent, il est vrai, la bonne chère; mais dans le ménage ils
vivent avec sobriété, sans toutefois s'imposer des privations dans
un but d'épargne. La tendance à fonder l'épargne sur les priva-
tions imposées à la famille est un trait des mœurs nouvelles; elle
doit avoir pour effet de rompre l'ancien régime d'égalité des
paysans an profit d«s quelques familles qui s'adonnent à cette
vertu (v).
Si-
BTGIÈHB BT SBBTÎCB DS SiNTÉ.
Le climat est très-sain et agréable, quoique assez pltrrieax.
Le village, étant rapproché de la mer et peu élevé au-dessus de
son niveau, est préservé des excès de température. Il est rare
que- la -neige y séjourne pendant plusieurs jours. L'eau que
boivent les habitants, fournie par des sources nombreuses, est
de bonne qualité. Les habitations, presque toutes construites sur
le même modèle, sont en général dans de braoes conditions
hygiéniques (lo). Le rez-de-chaussée n'est pas habité; fl sert
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498 CB. T. — MTSAit-BASQDi DU UBonv (rautCB).
d'écurie, de remise et rnâme de cellier. C'est aussi dans une de
ses dîTisioDS que, d'après ud usage presque général, ou conserve
le fumier à l'abri des iofluences almosphériques. Au momenl où
se développe la fermeutation nécessaire pour décomposer les
feuUles de fougères qui te composeot en partie, ce fumier dégage
des gaz qui répandent dans la maison une odeur désagréable.
Les inconvénients de cette disposition, qui ne peut être que
nuisible au point de vue hygiénique, sont diminués par l'aéra-
tion facile des habitations et par la remarquable propreté qui y
règne.
Le chef de famille et sa sœur sont tous deux bien constitués
et jouissent d'une santé excellente. Leur père étant mort très-
âgé, et leur mère étant parvenue presque sans infirmité à l'âge
de 95 ans, ils paraissent pouvoir compter l'un et l'autre sur une
longue vie. La mère de famille est peu forte et habituellement
souffrante ; le fils est robuste, mais les deux filles semblent avoir
hérité des dispositions maladives de leur mère : elles sont faibles
et lymphatiques. La fréquence de leurs indispositions a décidé
la famille à prendre nn abonnement près d'un médecin, è raison
de 8 fr. par année. Elle s'est adressée à cet effet h un docteur du
chef -lieu de canton, en l'habileté duquel on a grande confiance.
Ses visites pour les personnes non abonnées se paient 3 fr.; mais
il accommode ses exigences à la fortune de ceux qui réclament
ses secours, et donne même ses soins gratuitement aux personnes
qui ne peuvent pas le payer. Il y a, d'ailleurs, dans le village
même un officier de santé qui est toujours à la disposition des
malades.
s 8.
aANG DE LA FÀUILLB.
Le chef de famille appartient k la catégorie des propriétaires
de domaine {Bteheeojauns) cultivant eux-mêmes leurs terres (i).
Par l'importance de sa propriété (e), il occupe une situation ua
peu au-dessus de la moyenne parmi ceux qui se trouvent dans
des conditions analogues. Aussi a-t-il pu faire un mariage rda-
.yGoogle
oMSiVATiiniB piAlimimairu. IW
tivement riche, en épousant la Bile du maire d'an village Toisin,
qui lui a apporté une dot de 3,S00' 00. Indépendamment de la
considération qui, dans le pays basque, s'attaclie au titre de
propriétaire, cette famille jouit d'une estime méritée par la dou-
ceur des habitudes et la conduite irréprochable de ses membres.
Elle offre sous ce rapport un type des anciennes mœurs basques ;
mais son chef n'a, ni l'activité, ni l'énergie, que possèdent ordi-
nairement les hommes de cette race. L'exploitation du domaine
patrimonial (Elcheallea) , amoindri par diverses causes, ne suffit
plus aux besoins de ta famille j mais le chef de maison se préoc-
cupe peu de cette situation. Il ne s'inquiète pas, comme ses voi-
sins mieux avisés, de chercher des profits dans l'industrie des
transports. Au surplus la décadence de la famille doit être eo
partie attribuée, ici comme dans le Lavedan (IV, u, i s), à
l'abrogation forcée de l'ancien régime de succession. Par ce motif,
l'ancien état de choses est profondément modifié. Une classe nom-
breuse de salariés s'est développée dans le pays. Le supplément de
travail nécessaire pour les exploitations agricoles s'achète au lieu
de s'échanger; et les revenus des familles propriétaires sout ainsi
diminués sans compensation. Les anciennes unités territoriales,
laborieusement constituées par les générations précédentes, se
détruisent peu à peu malgré les efTorls que font les chefe de
famille pour en assurer la conservation. Les plus intelligents
considèrent le partage forcé des héritages comme une cause de
destruction pour les familles. Ils provoquent l'émigration de leurs
enfants pour attribuer à un héritier la traosmission du domaine.
Ils retardent ainsi plus ou moins le moment du partage; mats
cet événement vient tôt ou tard multiplier les types inférieurs de
la population, notamment : le propriétaire indigent et le manou-
vrier soutenu par la charité publique. La famille ici décrite, ayant
réussi jusqu'à présent à conjurer les dangers du partage, pourra
se maintenir encore pendant cette génération, mais dans un état
assez précaire; à la génération suivante, l'héritier lui-même
sera réduit à la condition de propriétaire indigent, et ses sœurs,
mariées ^ des manouvriers, n'auront plus pour propriété que
quelques parcelies de lem d'une valeur insignifiante.
.yGoogle
en. V. — PATSIK'BASQDB DV £ABOOBt> (rsAKCS].
II«rMM «'«xls«enc« de ta fiunUto.
S6.
PROPRIÉTÉS.
(Hiddller et Tètements non comprtk)
Ihhbdbles 6,700' 00
i ni-de-cbauuée d«t écoiiu et ane
- Écnria pour les brebis {Bordi), élevée inr le terrain
3* Domabit. — TWre anble ea troli pereeUea (1^33), a.OOO'OO; — pr&MeB nv
tarellta, ea denx pucallet (D'^OO), liaOtHOO; — Judln pouger ■tteuuit k la maisOD,
(O^OÎ), IM'OO; — lande OD fiiDgerée ruuTDisutnt de la foogère pour te ramier et de
PaJoDc maagé par lea aaimaax [!''00), MO'OOi — boU (0^65) en deax parudiei (ce
b^icDDtient 150 piede de cbéneseiploitéa en haut taillii, k raison de 15 pieds chaque
anntei le toiids eat livré au pâturage), 300' 00; — châtaigneraie plantée de 30 pieds
de chUalgDien et lemiit au pàtorage (0^ 35), SCO' 00. — Total (5^ 00), 5,250' 00.
Arobnt 0' 00
La famille ne possède pas d'argent placé à intérêt ; elle n'a
pas même habitaeliement à sa disposition une somme minime à
titre d'arances. Ses faibles bénéfices k peine réalisés sont immé-
diatement employés pour les besoins du ménage ou pour payer
les intérôts des dettes.
ANIH4CX DOMESTIQUES entretenus toute l'année. 1,112' 00
l' BéUi d cornu. — % basât» de labour, SWOOj — 1 vache à Ut, ISSiOO.—
TMal, 47S' 00.
S* BélM d taine. — 8S brebli on agneani M un bélier. «SV 00.
3* Animoua de bout-cour. — 0 ponlee et S euiardi, l'OO.
AmMAUX DOHESTiQDEs entretenus seulement une partie de Tan-
née : râleur moyenne calculée pour L'année entière. 7ii' S2
t> 9Am i cortut. — 1 veau entretenu pendant S mol», et d'nne valeur moyenne
de W 00 : valeur mofenne calculée pour l'année entière, 3' 33.
3° Bitu à lotH. — M igneanx eatretenua pendant 3 meta, Kjtai une v>ienr
BWycBoe de 48^00 i ndsor mojwiw «alcaUe ponr t'aaaée «nUire, 4'00.
.yGoogle
OWBTlnom PB^LIMraAlRBB. SOI
3° Aiûtnaux de boMt-cow. — 3 porcs eotreteni» p«nduit 8 mois, ayant ans
Tilanr moyenna do 96' 00;— 14 pouleU et 0 cinàrdi entretenui pemUnt 4 moli,
•3rut ana valeur moTeone de D' 00. — Talear majenne dtt pwci, dei pooleti et dea
eaoards, eakulte poor l'année entiire, 67' 00.
Matériel sp^cut des travaux et industries.. . 215' 20
1* ttutnmtittt tt oviOt pour Vtxploitatûm du domaiM de la {amiUt et At cAamp
qu'tll» hm$.— i dumu aana roae, 4' 00; — 1 barae atee deuta en fer, 34*001 —
1 tourche à 3 dents en Ter poar le fumier, 3' 30; — 4 Ibnrches an bois pour faner le
foin, S'OOi — 1 Ikui montde, aTec accessoires pour Is réparer, O'OOi — 3 fantilles,
3<30; — 1 rftteao en bola, l'SO; — 1 psUu serpe avec un manche en btis, long de
1- SO [Ctga), Bcnant ft couper la fougère et fi^one, {■ 00. — Total, 44' 10.
S* MobUitr II outil* pour rtxploitation du bauft d» labour tt d* IranQwrt. —■
1 char t 4 roaes (esdeu mobile) avec une claie qui permet de s'en servir comme ton^
berean, 70'00i — Joug des bceufs. S' 00; — conirois pour l'attacher, 4' 00; — coa-
vertore en toile qu'on met aai bœufs, en éié, pour Iw pr^rver des moaches, G' 00|
— rltelier et ange peur donner à msager aux bœub, 6' 00. — Total, 04' 00.
3* MobUitr el outUi pour Ftxploilation de la vachi à lait. — 1 baratte ft faire la
beurn, VWi — S leaui h lait de forme conique, en bois, avec targes cerclei de far,
O'OOi — 3 moule* à lïaniage en bois, l'SO; — auge et r&teller pour donner k man-
ger à la T«che, 4' 00. — Total, 16' 50.
4° Outils jiour la cuf tura du jardin, pour la travaux d» terratttmtnt tt pour In
travaux fonatitrt à «xscutor sur U domaint dt la familU.— 1 bôche, 3'00; —
3 pioches, 8' 00; - 3 houes, 6' 00; — S bâches, 7' 00. — Total, 34' 00.
So JfoôilMr «I ouliti pour la priparation Sut» partit à» ia nourrtlurs dwttn^
OtiX anxmauas. — 1 haehe-paillB urvant aussi à hacher l'jtjonc, S'OO; — inibnment
composé d'une lame tranchante, Biée par son milieu k un long manche, et servant k
hacher le navet, 3< 00 ; — plate-forme en bois de chine sur laqnalie le navet est bâché,
4' 00, — Total, 14' 00.
tfi MûbUitr urvant d prépartr la toûioa dt la famitU. — i cuva destinée t re-
cevoir les pommes, 10' 00; — 1 grand tonneaa avec cercles do fer, S'OO. — Total,
16' 00.
7* Jfod'tMT «t ùutmmtntt urvant au blanekitiagt dt la famiUt, — 1 cnvlsr poar
les lesalvea, S'OO; — 3 fers i npuMr,3'00. — Total, 7' 00.
Valbob totub des propriétés 8,101' 52
S 7.
sobtentiohs.
Il n'y a dans le pays aucun grand propri<!taire qui puisse
exercer un patronage sur les autres habitants; mais il est à
remarquer que, sous l'inflaence des mœurs propres au peuple
.yGoogle
sot CH. T. — PATSAH-llSgUB OU labouhd (fbakck).
basque, les petits propriétaires et les métayers n'apporteot paa
daos la jouissaDce de leurs droits celte âpreté souvent signalés
chez cette classe dans d'autres contrées. Ils exercent eux-mêmes
un patronage sur les plus pauvres. C'est ainsi que la famille ici
décrite, par l'abondance de ses aumônes (is. S™ it), transmet
aux plus dénués une partie des avantages qu'elle reçoit. elie-
même de ïh commune. En efTet, la propriété communale consiste
principalement en pâtures dont les possesseurs de bestiaux sont
à peu près seuls à profiter. Le troupeau du cultivateur ici décrit
vit pendant 9 mois de l'année sur cette pâture, et c'est sous l'abri
élevé sur le terrain communal que ce troupeau passe les nuits.
Outre cette subvention importante, la commune en fournit indi-
rectement une autre de même nature en louant à un village
voisin une lande où ceux qui ont des vaches peuvent les conduira
moyennant une rétribution anouelledeO'SO par tête (is). 11 y
a plusieurs autres subventions communales dont la j«uissance est
partagée par tous : l'instruction est gratuite pour les filles, à la
condition de donner chaque année une faible somme à une quête
faite en faveur des religieuses institutrices. On distribue annuel-
lement 5 stères de bois h chaque ménage après le paiement d'une
somme qui varie de ft à 5 francs. Mais te transport de ce bois est
coûteux, et les pauvres qui veulent en profiter doivent en aban-
donner la moitié au voiturier; souvent même ils ne peuvent le
faire amener à ces conditions et sont obligés de renoncer au
bénéfice de cette subvention. Enfin on tolère que les porcs et les
volailles cherchent leur nourriture sur les voies publiques et sur
les terres vagues ; et cela permet aux plus pauvres de se livrer
à l'élevage de ces animaux (i). La famille ici décrite profite de
toutes ces subventions qui contribuent beaucoup à son bien-
être (14, S" II).
S 8.
TRAVAUX ET INDDST&IBS.
A l'exception de quelques journées consacrées par le culti-
vateur à des entreprises de transport, le travail des membres de
.yGoogle
OBSERVATIONS PRÉLIHIMAlflBS. £03
la famille est tout entier employé pour rexploitation de sa pro-
priété. Ce travail même est însuffisaDt à certaines époques ; et
chaque année on doit prendre environ kO journées d'ouvriers
pour aider dans des travaux qui ne peuvent être remis, tels que
le battage des grains et le sarclage du mais.
Travaux dd chef de famille. — Le travail principal du
chef de famille a pour objet la culture de ses terres et les soins
accessoires que nécessite l'exploitation de son domaine (is).
Parmi ses travaux secondaires, les plus importants sont les soins
à donner aux bœufs et au troupeau de brebis. Depuis la mort
d'an ODcIe célibataire qui se chargeait de soigner ce troupeau,
c'est le chef de famille qui va, soir et matin, le faire rentrer à
l'abri communal, et t'en faire sortir. C'est lui aussi qui trait ses
brebis et en rapporte le lait. Enfin il fait de fréquents voyages
au chef-lieu de canton et à Elizondo, en Espagne, pour assister
aux foires et marchés.
Travaux de la fehub. — La femme s'occupe presque
uniquement des travaux de ménage : préparation des aliments,
soins à doDoer aux enfants, soins de propreté concernant la
maison et le mobilier; entretien et blanchissage des vêlements et
du linge; confection des vêtements neufs. Elle ne sort de la
maison que pour travailler au jardin ou pour aider au sarclage
du ma!s. Comme travail secondaire, elle s'occupe de filer le lin
et d'égrener le mais, surtout dans les soirées d'hiver. Elle con-
tribue aussi, avec sa belle-sœur, à donner des soins aux porcs,
à la vache et aux volaille.
Travaux de la scbur du chef de fahille. — Elle tra-
vaille principalement comme auxiliaire de son frère à la culture
des terres : elle exécute ainsi le sarclage du mais et du froment;
l'écimage, l'efTeuillage, la récolte et l'égrenage du mais ; l'éten-
dage des fumiers, la récolte du foin. Comme travail secondaire,
elle aide la femme dans presque tous les soins du ménage. C'est
elle qui est chargée de la préparation et de la cuisson du pain,
de la préparation du fromage et du beurre, et d'une partie des
soins à donner aux animaux domestiques. Elle concourt aussi è
l'entretien des vêtements de la famille.
.yGoogle
soi OH. V. — PArS&N-iJUQOK DU LâBOOID (PBAHCl).
Travaqx. de Là nLLE DB SEIZE AHS. — Elle aide sa mère et
sa tante dans l'exécution de la plupart des travaux qui Tiennent
d'être énumérés. C'est elle qui va le plus Eouvent chercher l'eau
à la foDtaiue dans de grandes cruches, nommées Pekara, qu'on
a l'habitude de porter sur la tête. A la maison, en hiver surtout,
elle travaille à tricoter des vêtements en laine, et s'occupe de
travaux d'aigulUe pour la réparation et l'entretien des vêtements
et du linge.
Tbavadx de là grand 'hèbb et des deux jednes enfants.
— La grand'mère, âgée de 95 ans, tourne encore le fuseau et
file un peu de lin. Les deux plus jeunes enfants vont à l'école et
ne rendent à la famille que de faibles services.
Industries entbepeisbs pab la eauuxb. — Les industries
que la famille entreprend pour son propre compte sont : la cul-
ture de son domaine agricole et des champs qu'elle loue; l'ex-
ploitation des animaux domestiqpies qui s'y rattachent; enfin les
travaux manufacturiers conœmant l'élaboration du lin et du
chanvre. Le chef de famille entreprend, en outre , au compte
de divers, des transports de matériaux qu'il exécute avec l'aide
de ses bœufs. Ces sortes de transports, faits à des distances
moindres que /lO kilomètres, n'exigent jamais une abseuce de
plus de deux jours.
H*éie «'exlatnwe de la fiMiUle.
s».
AIIHENTS ET BSPAS.
En été comme eu hiver, la famille ne fait que trois repas :
Déjeuner (8 heures) : soupe au lait ; et, quand le lait manque,
lard ou jambon cuit à la poêle, avec addition de fromage; quel-
quefois chocolat à l'eau pour la femme et les enfants.
Dîner (12 heures) : soupe au lard, ou au jambon, cuit avec
des légumes.
Souper (6 heures en hiver, 8 heures en été) : soupe con-
.yGoogle
M3KKVATI0N8 PlriinnNAIIItS. SOS
servée du dlaer, avec jambon; quelquefois œufs ou légumes.
Pendant les plus longues journées de l'été, et au moment
des plus pénibles travaux, on fait parfois un repas suppléuiân-
taire le matin, avant de se mettre au travail, avec du pain, du
fromage ou quelques légumes conservés de la veille. Les bases
de la Dourriture sont les légumes, cuits au lard, h la graisse ou
au jambon. Le lait de vache ou de brebis y entre aussi pour une
part notable. On le fait bouillir en jelant dans le vase qui le
contient des pierres chauffées au foyer. Ce procédé est usité dans
tout le pays parce qu'il donne, dit-on, au lait un goût agréable.
Jusqu'ici ta famille n'a pas fait usage de pommes de terre; on en
a commencé la culture cette année seulement ; mais les châ-
taignes, qui se mangent cuites à l'eau, les remplacent jusqu'à un
certain point. Les jours maigres, on emploie, pour faire la soupe,
de l'huile à la place du lard; et on mange des légumes seuls ou
du poisson, spécialement de la morue. En tout temps on con-
somme une quantité considérable de piment, qui sert de condi- -
ment à la plupart des mets, et qui parfois se mange seul avec le
pain du pays appelé lUesiura (IV, ix, o). Ce pain se fait avec
un mélange d'une partie de farine de froment et de deux parties
de farine de mats. Il est très-compacte, non levé et d'une saveur
fade sans être désagréable. La partie la plus pauvre de la popu-
lation mange du pain fait avec de la farine de maïs pure (Ârtoa)
qui a l'inconvénient de s'aigrir très-facilement en éié. La farine
de mais sert aussi à préparer une espèce de galette qu'on fait
cuire sur des charbons ou sur une plaque de fer destinée k cet
usage. La famille ici décrite ne mange ordinairement que de la
viande de porc ; mais, pendant la moisson, on tue en général une
ou deux brebis engraissées, et, le jour de la fête patronale, la
table est garnie de viandes de boucherie, de volailles et d'autres
mets recherchés (is, S'>'^ i). Ce jour-là, et aux repas où l'on
mange l'agneau tradiiiounei à la Pâque et à la Pentecôte, on
boit du vin dans la maison. La boisson ordinaire est une espèce
de cidre qu'on prépare en versant chaque jour une quantité d'eau,
^le à celle de la boisson consommée, dans un tonneau rempli
de pommes concassées.
:,yGoogle
106 en. V. — PATSAN-BASQOE DU LAIOOKD (fIIAKCB).
Eq réâumé, cette alimentation est assez variée et représeaie
ane quantité de nourriture suffisante. La famille ne s'impose sous
ce rapport aucune privation réelle. C'est là, d'ailleurs, un trait
de caractère commun à la généralité des Basques. Ils aiment la
bonne chère, et emploient la plus grande partie de leurs res-
sources à accroître leur bien-être, sans songer à réaliser des
économies. On remarque cependant qu'un certain nombre d'indi-
vidus énergiques, excités par le désir d'arriver à la propriété
ou d'accroître celle qu'ils possèdent, se placent en dehors des
anciennes habitudes de la population.
S 10.
HABITATION, HOBTLIER ET VÈtBUBNTS.
La maison habitée paf la famille est située sur la route qui
b^verse le village. A part les deux pignons qui sont bâtis en
pierre, elle est presque uniquement construite en bois, comme
toutes celles du pays. Les TeQêtres sont garnies de contrevents
peints en rouge selon l'antique usage des Basques ; et le toit,
couvert en tuiles crei^es, avance de 1 mètre environ au delà du
mur qui le supporte. Le four a été bâti derrière la maison à
l'entrée du jardin aGn d'éviter les chances d'incendie. Le rez-de-
chaussée étant réservé pour les animaux {*), le premier étage
est seul habité. Il se compose de /t chambres h coucher, d'une
salle de réunion servant de salle à manger les jours de fête et
d'une cuisine dans laquelle la famille habite et prend ses repas.
Parmi ces pièces, les deux dernières seulement ont des cheminées.
Toutes sont vastes, mais assez mal closes. Chaque année on les
blanchit à la chaux; et elles sont tenues comme tout le ménage
avec cette extrême propreté qui est un des traits des mœurs
basques.
Le mobilier décèle une certaine aisance. Le linge est surtout
remarquable par sa finesse et sa blancheur ; il est tout en tissu
de lin filé par les femmes de la maison. Ce luxe de linge est d'ail-
leurs général chez les Basques; les plus pauvres ne preonent
.yGoogle
OBSBtlVATIOrtS PIBLIDINAIBBS. S07
leurs repas que sur une table couverte d'une uappe, et la plupart
possèdent quelques grandes pièces de toile ({ui servent à teodre
la façade des maisons les jours où, comme à la Féte-Dleu, des
processions se font dans la rue. La valeur du mobilier et des
vêtements peut être établie ainsi qu'il suit :
' Meubles : ils ont les formes consuciées par l'usage dans
le pays ; presque tous ont été lég;ués aux époux par leurs
parenU 784' 60
1' LUi. — Il y « d«i» Ift miiiion 3 UU montai, composés à pou près de U mime
muiiiro et compreosnt cbftcun : 1 bois de lit en chËae orné de quelque* KUlpturef,
30' 00; — 1 ciel de lit ivec garniture en éloffes anciennes, S' 00; — 3 mateludeltine
eressière, 50'DO; — 1 padUtae en paille de msis, Q'OOi — 1 tniTersin en laine et
plame, T'OOg — ! coustlnette» (espèces d'oreillers] en plume commune, lO'OO; —
1 courertoreencolon, e'OO; —1 couverture en laine très-épaîise, 10' 00. —Total
(pour on seul Ut, ISÎ'OO) pour let 3 Uta, SSl'OO.
S autres lits moins soignes, sans garniture et sans ciel, avec couchette en bols
blanc peint, «ont éralués ensemble à une somme de ISO'OO-
%' MeubU$ di ta priiKipalt pUet, iirvanl à l^ fou dt ehanAre à eouchtr et de
tailt d» réunion It* jours de filti. — 1 grande armoire en bois de cliËne, 30' 00; —
I vieille commode en bois de chËne, 35' 00; — 1 vieux raaieuil en paille et 3 chaires.
8' 00; — 1 miroir, !'0O; — 1 crueifli en cuivre, 1' 00; — 1 bénitier en crisUl placé
avec le cbilst aa-desius du lit, 1' 25. — Total, 77' Î5.
3* Miuiii} dt ta chambre i coucher des jiareuts, — t grand colTre en bois de
cbéne pour dûpoterle linge sale. S' 00; — 2 chaises. S' 00; — 1 cruciSx en cuivre,
l'00[ — I bénitier en cristal, l'33. — Total, 13' S5.
k" MiubUt dt ta chambrt d coucher de la fille alnie. — 1 commode en chêne
presque neuve et cirée avec soin, 40' 00 ; — 1 petits glace, 6' 00; — 1 cruciai en
cuivre et 1 bénitier en cristal suspendus près du lit. S' 75; — 1 petite table en bois
blanc, VOO; — 4 chaises neuves, ô'OO. —Total, 51' 75.
S' Meahlei de la chamtn-t A ctyucher de la tceur du chef de famille, et ttim c(Ai-
nit où couchent let plut jeunet tnfantt. — 1 commode, 30' 00 ; — 1 miroir, 2' 00; —
3 chaises, 3' 00 ; — 1 crucifix et t bénitier, S' !5. - Total, 37' £5.
0" ttetiblei de la euitme. — 1 grand hnffet en chêne. M' 00; - 1 HQile très-
basse, k peine élevAo de O'OO et servant d'ordinaire aui repas delà ramllle, «'00; —
I autre Ubie plus étevéo.S'DO; — 4 petiu bancsen boia sur lesquels on s'assied d'or-
dlnaire dans la cnlslne, 4' 00; — planches et rayons serrant j> placer tes ustensiles de
ménage, 6' 00. — Total, 30' 00.
T" Liartt et fournitures de bureau. — Les chefs de (kmille, ne sachant, ni lire, ni
fcrire, ne possèdent aucun livre; les entants n'ont que leurs livres d'école (IS, S"" IV).
LiNGB DE HÉNAGB : assez abondant et très-bien entretenu;
tout en toile de lin de très-belle qualité 368' 00
15 draps da ut en Ua, StO'OD; — 0 nappes, 00' 00; — 16 terriettes, fl4<00; —
tonboDS et linge* dlrers, 10' OO; — 8 loilei d'oreilten, 24' 00.
.yGoogle
SOb CB. T. — FATJMN'BAWDB DD LIBODBD [FHAVCe].
Ustensiles : presque tous de formes aDciennes; ils com>
prennent tous les articles de cuisine et de table nécessaires pour
recevoir les parents et amis aux jours de Tète 95' 60
1° Diptndant dit fouer. — Crémaillère, ptsque de route, pelle, pinceltea et
cheaet», évalaés k 18' OQt — I pUque de 1er, avec miDche, poar tàin cuire la galette
en farine de mais, V 00. — Total, 30' 00.
3" Employé! pour la priparatioa et la coniommation de* alimmtU. — 3 chan-
dronaen CiUTre, 31' 00; — 1 marmite en fer, 4'50i — 3 tonpièroa et 5 plaU en terre
remlsiée. S* 00; —45 assiettea, tO'OO; — 19 verres, 4' 20; —1 cracha en tcno,
O'SO; -- 13 tiaaei k catd et 1 socrier en porcelaine KToeïièra, 7'00; — 1 canfon en
verre, 1' M; — 34 cutUen et fourchettes enélain, 0^60; — Iseau enbohavec CDrclea
de fer, S' 00 ; — 3 grandes crachée en terre cuite (Pehara) dans lesquelles on Ta cher-
cber l'ean k la fontaine et où on la eonierre, 3' SO. — Total, 11' 10.
- Slampea on colfre, iiOOi — 3 chandeliers en '
Vêtements : ils conservent en général les formes tradition-
nelles du costume basque ; mais ou commence, pour les vête-
ments des femmes surtout, à employer, au lieu des anciennes et
solides étoffes de laine, les légers tissus de coton qui coûtent
moins cher 908' 75
VtTEHEitrs DD CHEF DB HHiLLE : costume bssqiie, simple, commode et élfgant; Il
■Joote encore k la dignité eilérleare naturelle ani homme* de celte race (ISO' 25).
1° VéUmêitti du dimancfw. — 1 veste {Camiiala) en drtp de coutoDr foncée,
SO' 00; — 1 pantalon de drap, IS^OO; — 1 gilet en étofTe de Isina ronge avec boutons
on métal, 7'00; — 1 ceintare de aole ronge, 10' 00; — 1 béret {BontUa) en inp bien,
3'00; — Ipdre de uuUera, G'OO. — To(al,ei'O0.
3° VéUtHMU dt travait. — 1 veste de laine, 10' 00 ; — 3 ptatalons de veloore,
13' 00) — 1 ceintare eu laine rouge, 3' 00; — 1 gilet de laine, 5' 00; — 1 manteau avec
capuchon en drap grosràer (Caputtalla), S'OO; >> 8 paîrei de bas de laine tricotée dans
U famille. S' 00| — 1 paire de gni soDlien, S'OO; — 1 paire de chaoaanres en corde
de chanvre (ilI]M{ratt«, EijwtifUK), l'35) — U chemises en toile de Un, 70*01). —
Total, 116' 3S.
Vtmnm de li Fant : lea parties esEentielles de l'ancien costume sont consef-
vëes, mais déji l'ensemble se modiBo (2ii' 35J.
1° VétemmU du dimanche. — 1 robe noire en laine, lOtOO; — . 1 robe de fête en
étoflb de couleur, IG'OO; — 1 manteau en étoffe de laine noire que les femmes mariées
mettent pour aller aui oIBces (Capitc), 40' 00 ; — 1 Jupon en drap rouge bordé de
velours noir, 10' 00; —9 tabliers de drap, S'OO; — 1 cbAle de laine, 16' 00; — 3moa-
choln de tâte, en étoffe de lin de très-belle qualité, ornés de broderies (Mocafiecoc].
10' 00; —1 paires de bas de laine onde coton, 3'00; — l paire de louliers, i'OO; —
8 ebemlsea k 4' 00, W 00. -- Total, 148' 00.
S« nt«mmt* it trWKtil. — 3 robes en Une, 30' 00) — 1 nha d'Indienna.S'OOi
-SJnpoQtde drap, S'OO) — S ehUes légers en laine, 4'00) -
.yGoogle
OBSBKVATHHtS PkiUWNAlIBS. 309
UIA, da dinmei eonlann, en coton, 3' OB ; — 1 JfaïUoJmae, Mp6e« de nuntillfl en
laine noire, aatrefoi* ipéeîRle tui JautiM filles et dont lei femmei mari^ se serrent
Miui pour aller k l'élise, 18' OOt — 1 tablier en klne grossière, l'OO) — S paires
de souliers, 6*00; — 1 paire de chaasrares en corde de chanvre, l'SS. — Total,
06' !5.
VCnUENTS M LA uni DD CBEV Di nHiLLi I 11* sont exactement les mfimes qoe
ceux de la femme qal vianneat d'fltre ânnmérés et ont la mânie raleor (SU' SS).
VCmiins HZ Lk auno'HiBi : ils sont les mâmes aussi que eoui qni piécèdeot;
mais, étant renouvelés moins soavent, Us ont une moindre ralear (130' 00).
YtriNSiiTs Dss 3 uiruiTs{lBO'0O].
Par leurs formas et par les tissu* qui les composent, Us tendent k s'éloigner des
nnclennes habitudes du pafs ; ils peuvent être évalués ensemble à ISO' 00.
Valbub totale du mobilier et des Tétemeots. . . 2,156' 85
S".
tiCïlÉKTlOVS.
Le jeu de la balle {Pilota) est pour tous les fiasques la
récréation la plus goûtée. II y a dans chaque village ua empla-
cement spécial pour ce jeu, et le dimauche, après les offices, la
plupart des hommes s'y réunissent. Quelques-uns seulement des
plus habiles prennent part au jeu, mais les autres s'y iatëresseot
aussi et engagent des paris sur le résultat. L'enjeu le plus ordi-
naire consiste en quelques verres de vin qu'on va boire ensuite
au cabaret. Quelquefois cependant des sommes considérables sont
engagées dans ces paris; mais cela n'arrire guère que dans les
circonstances solennelles où des déBs sont portés entre les habi-
tants de deux villages, ou bien entre des Espagnols et des Fran-
çais, et quand des joueurs célèbres par leur habileté, représentent
les deux partis; des discussions et même des luttes entre vam-
queurs et vaincus ne sont pas rares dans ces circonstances. Les
habitants d'Âinhoa jouent entre eux à la Pilota.. Mais le pro-
priétaire ici décrit ne prend habituellement part à cette distrac-
tion, ni comme joueur, ni comme parieur ; il se contente d'y
assister comme spectateur. C'est là une conséquence de son
caractère tranquille et de ses goûts calmes, qui l'éloignent aussi
du cabaret où ît est à peine entré quelquefois depuis son manage.
.yGoogle
'HO cB. V. — rjinkN-»*s<tVK DO tiHviD (francb).
La principale récréation pour lai consiste dans les voyages qu'il
faitaucbêf-Iieu de canton ou à Ëlizondo, ville voisine d'Espagne,
te5 jours de foire et de marché. Presque chaque-Bemaine il exé-
cute un de ces voyages à titre de distraction, car il n'a lé plus
souvent aucune affaire qui l'y appelle. Toute la famille prend part
.à la fête patronale de la commune, dont la célébration a quelque
chose de «acre pour les Basques. On accourt à ces fêles de toufi les
villages voisins, et ceux des habitants qui sont absents n'hésitent
pas à pjtrcourir de longues distances pour y assister. On raconte
mêine daps te pays que plus d'une fois des soldats basques
ont déserté dans ce but. Â Ainhoa, la f^, qui.se célèbre le
15 août, dure trois jours. La premike journée est presque tout
entière consacrée à la solennité religieuse. Mais, dès le soir du
premier jour, un repas remarquable par l'abondance et le choix
des mets réunit tous 1^ membres de la famille et les invités. La
fête continue pendant les deux journées suivantes, qui sont
employées à des distractions parmi lesquelles le jeu de la Pilota
occupe la première place. Les hommes s'exercent encore à pous-
ser la barre. Les jeunes gens se livrent aux danses (saut basque,
fandango espagnol), que le prêtre permet pour ce jour-là seule-
ment,et qui s'exécutent au son des instruments nationaux, le
Chirola et le Tamburina. Pendant les journées du dimanche, les
jeunes filles, depuis que les danses sont supprimées, n'ont
(Vautres récréations habituelles que les promenades et le jeu de
quilles. Pour les personnes plus âgées, les réunions que cette
fSte ramène chaque année sont une occasion de discuter les
intérêts de la famille dont les membres, éloignés les uns des
autres et souvent retenus par leurs occupations, ne peuvent se
voir que rarement. En général, c'est à la suite de ces réunions
que se prennent les décisions les plus importantes dans la vie de
ces familles, telles que le choix d'un état pour les enfants, le
partage des biens entre eux, et les mariages. Appréciées à ce
point de vue, ces fêtes ont une haute portée morale. On ne doit
donc pas y voir seulement des réjouissances dont les frais, rela-
tivement considérables, chargeraient inutilement le budget des
paysans basques. 11 convient plutôt de les considérer comme des
.yGoogle
OBSBRVAnONS PRétllIINAIRGB. )H
institutioDS propres à cooserrer l'uoité des familles et à resserrer
les liens qui UDissent leurs différeats membres. Bovisagées seule-
ment comme récréatious, elles oot d'ailleurs une haute impor-
tance sociale, el il serait re^ettable que d^ moti& d'économie
les fissent supprimer.
Il y a d'autres fêtes encore parmi les Basques, mais d'un
caractère plus exclusivement religieux. Ainsi, dans les familles
aisées, on mange à Pftques et à la Pentecâts l'agneau traditionnel,
et les plus pauvres, si elles ne peuvent se procurer un agneau,
célèbrent au moins ces solennités en ajoutant à leurs repas ordi-
naires quelques mets inaccoutumés. Enfin, chezce peuple encore
plein de ferveur et de piété, l'accomplissement d^ devoirs reli-
gieux a tout l'attrait d'une récréation. Pendant les offices, tous
les fidèles prennent part aux chants de l'église, et aux jours de
grande fête ils assistent aux cérémonies du cnlte comme à un
spectacle qui excite à un égal degré leur respect et leur intérêt.
Ces cérémonies s'accomplissent d'ailleurs avec un ordre parfait.
Pendant les offices, suivant un antique usage dont la conserva-
tion est favorisée par la disposition intérieure des ^lises du pays
basque, les sexes sont séparés. Les femmes occupent le chœur
et la nef, tandis que les hommes prennent place dans les tribunes
qui presque toujours garnissent les murs delà nef.
S 12.
PHASES PBINUFALBS DE L'bXISTENCB.
Le propriétaire ici décrit n'était que le second d'une fiimille de
cinq enfants, dont l'ainé fut une fille. D'après les coutumes du
pays basque qui n'établissent pas de différence entre les gardons
et les filles pour la qualité d'aîné {Etcheco premua, héritiM-, —
Elcheco prima ou Aniregaya, héritière) , il n'aurait pas dû rece-
voir la part principale dans l'héritage paternel (Etchealtea) . Uais
.yGoogle
ta CB. V. — PÂTSAN-BASQDB DD UBOtlKD [nANGB).
sa sœur alDée, une fois mariée, était sortie de la maison pater-
nelle; et il fut choisi par ses pareots comme héritier et cMtioua-
teur de la famille dont il est aujourd'hui le chef. A ce titre, il
resta constamment dans la maison, aidant ses parents dans leurs
travaux agricoles, et apprenant par tradition à diriger l'exploi-
tation du domaine. Il ne reçut d'ailleurs aucun autre enseigne-
meat ; et il ne sait, ni lire, ni écrire. Sa seconde sœur sortit aussi
de ta maison par un mariage. Son frère, le plus jeune de la
famille, apprit l'état de charpentier qu'il exerce aujourd'hui dans
le village. La troisième sœur enfin resta célibataire. Lui-même
s'étant marié et ayant acquis par la dot de sa femme un moyen
de désintéresser ses cohéritiers, un partage fut fait à l'amiable du
vivant de son père. Il reçut la part de faveur autorisée par
la loi, et, en outre, la maison, qui ne fiit pas estimée comme
revenant de droit à l'héritier. On fixa à 700' la somme qu'il
devait payer à chacun des autres enfants pour obtenir d'eux la
cession de leur part d'héritage. Tous acceptèrent, k l'exception
de la sœur atnée qui refusa cette somme comme insuffisante.
Malgré cette dissidence, elle a vécu depuis en bonne intelligence
avec son frère. Elle accepterait aujourd'hui la somme proposée,
mais les ressources manquent pour la lui payer; et le chef ne
sait pas assez l'importance qu'il y aurait à la désintéresser. Il
continue h jouir de la part de cette sœur, sans payer d'intérêt,
au nom de la mère qui en a l'usufruit depuis la mort du père.
L'histoire de cette famille est à peu près celle de toutes les
familles du pays basque placées au même niveau social parmi
les petits propriétaires. C'est chez eux une habitude constante
d'assurer la perpétuité de leur maison en choisissant parmi leurs
enfants un héritier dit a alq^ » qui reçoit le préciput, dont le Gode
autorise la libre disposition, et pr^ue toujours aussi quelques
autres avantages consentis à son profit par ses cohéritiers. En
échange de ces avantages, il contracte toutes les obligations d'un
chef de famille : comme tel, il loge et nourrit les vieux parents
quand ils ne peuvent plus travailler; il conserve aussi dans sa
maison ceux de sfô frères et sœurs qui, restant célibataires, ne
pourraient vivre avec la part d'héritage qui leur revient. Les
.yGoogle
0B8EBVAT1ONS Pa^LlUINAIBKS. 113
autres eofants, pour ne pas morceler la propriété, abandonnent
en général leur part à l'héritier; et celui-ci les dédommage au
moyen d'une somme d'ai^ent prise habituellement sur la dot de
sa femme. Cette somme sert de dot aux filles et permet aux gar-
çons de s'établir et d'acquérir le matériel nécessaire pour exercer
une proression ; quelques-uns se servent de cet argent pour payer
leur pacage sur le navire qui les conduit comme émigrants en
Amérique. Il est rare encore qu'un dissentiment entre les enfants
oblige à vendre l'héritage paternel; mais déjà il arrive assez
souvent que des résistances de ta part de l'un d'eux créent des
embarras pour Tatné. C'est ordinairement des filles mariées et
représentées par leurs maris que viennent ces résistances. Celles-
ci aboutissent quelquefois à la division des propriétés, et on a
constaté que les ventes de biens dues à cette cause sont devenues
beaucoup plus fréquentes dans le pays pendant les vingt der-
nières années.
Ces habitudes des petits propriétaires se retrouvent avec cer-
taines modifications chez les métayers. L'exploitation d'une mé-
tairie se trouve, en général, entre les mains d'une même famille
depois plusieurs générations ; et le droit à cette exploitation con-
stitue une sorte de propriété que les parents transmettent à l'un
de leurs enfants, dont la position est analogue à celle de l'héritier
dans les familles de propriétaires. Les autres enfants, après avoir
fréquenté l'école dans leur jeunesse, reçoivent quelquefois des
animaux domestiques et un matériel qui leur permet de devenir
eux-mêmes métayers. Plus souvent ils émigrent; les filles vont
servir comme domestiques dans les villes voisines; et les garçons
devenus journaliers agriculteurs vont passer périodiquement une
saison en' Espagne, ou bien émigrent définitivement en Amé-
rique (ai). Les fils de journaliers, n'ayant pas d'autre ressource,
fournissent un plus grand nombre d'émigrants. Toutes ces classes
aspirent de plus en plus à émigrer; mais beaucoup sont empê-
chés de satisfaire à ce désir par l'impossibilité de réunir la somme
nécessaire au paiement de leur passage (as). Depuis la révolu-
tion de 1789, le besoin d'émigration, qui créait au xvn* siècle
des colonies prospères, a cessé de se faire sentir en France. Les
.yGoogle
244 en. V, — PATSin-BASdUB DU UBOtJKD (FKANCE).
guerres de la révolution, du consulat et de l'empire ont décimé
les populations. Le partage forcé des héritages a retenu sur le
territoire h l'état de propriétaires indigents beaucoup d'individus
qui eussent trouvé au dehors un sort plus heureux. Enfin ce
déplorable régime a tari, chez les classes prévoyantes, tes sources
de la reproduction. Le personnel de l'émigration a donc fait défaut
dans la majeure partie de la France; et, après le rétablissement
de la paix générale, l'ancienne fécondité des mariages ne s'est
guère maintenue que chez les Basques et les Béarnais, avec
la transmission intégrale d^ domaines patrimoniaux. Les nova-
teurs qui se dissimulent les déplorable conséquences de nos
révolutions signalent comme preuve de supériorité la suppres-
sion subite de l'émigration ihinçaise. Considérant l'émigration
comme indice d'un état de souffirance, ils affirment que les Fran-
çais n'émigrent plus parce qu'ils veulent jouir dans la métropole
du bien-être qui est le fruit des nouvelles institutions. Dans leur
théorie, les émigrants des régions du nord de l'Europe nequittent
le soi natal que pour échapper à un état intolérable de misère.
Cette erreur est réfutée par les faits exposés au tome III (ITI :
m, 30; IV, lo). Elle n'est pas moins démentie par les phéno-
mènes d'émigration riche qui se produisent aujourd'hui dans les
Basses-Pyrénées. En J855, 32,000 Basques ont émigré en se
dirigeant principalement vers l'Amérique du Sud; tandis que
13,000 Béarnais ont quitté ce département pour s'établir dans
les diverses régions de l'intérieur. Ces émigrants ne considèrent
nullement comme une calamité la nécessité de quitter le lieu
natal. Ceux qui s'y procurent une situation avantageuse y restent,
il est vrai, avec satisfaction; mais à défoutde ces occasions favo-
rables les autres s'expatrient avec empressement. Tel est le cas
de ceux qui vont s'établir en Amérique dans le bassin de la
Plata. Ils. y sont attirés par l'état de bien-être des parents et
des amis qui ont trouvé dans ces régions des situations avan-
tageuses. Si donc, pour maintenir dans la population locale un
juste état d'équilibre, on devait un jour recourir à la contrainte,
celle-ci devrait s'employer à entraver, plutôt qu'à exciter, la ten-
dance spontanée des jeunes générations.
.yGoogle
OBSEUVATIOIIS PBliLtlIINAIBEâ.
SI».
MOGDRS BI IKSTITUTIOTtB A5SUBANT LE BIBN-Êias PHTSIQUB
ET HOBAL DE LA FAHILLE.
La famille décrite dans la présente monographie marche vers
l'état d'indigence que le partage forcé des héritages inflige de
proche en proche à la plupart des petits propriétaires français.
Cependant, malgré l'imprévoyance de son cher, cette famille a
été jusqu'à présent préservée de la ruine grâce aux excellentes
traditions du pays basque (17). La dot relativement considé-
rable apportée par la Temme a permis au paysan de garderrëunis
les éléments de la propriété possédée par son père. Grâce à la
fertilité du sol et à la beauté du climat, cette propriété, quoique
peu étendue, a pu fonmir un revenu suffisant aux b^oins du
ménage. Aidée d'ailleurs par des subventions importantes, la
famille, dont tous les membres se distinguent par des habitudes
d'ordre et de tempérance, a vécu jusqu'ici dans un état de bien-
être dont elle se montre satisfaite. D'un autre cdté, le chef de
famille a feit de grands sacri6ces en argent pour désintéresser
ses cohéritiers ; mais il n'a pu jusqu'à ce jour acquitter une detle^
de 500 francs contractée par son père. Il a dû même en créer
une nouvelle de 180 francs; bientôt la nécessité de rembourser
une de ses sœurs, non désintéressée jusqu'ici, le forcera à faire
un nouvel emprunt ou ii aliéner une partie de-la propriété.
Cette famille est donc daus une situation assez précaire.
Elle est empêchée d'arriver à l'épargne par lé manque d'éner-
gie de son chef et par le besoin de confort de ses membres.
Elle n'a d'autre r^source que l'emprunt pour parer aux éven-
tualités de l'avenir, et il suffirait d'un incendie contre lequel ta-
maison n'est pas même assurée pour entraîner sa ruine com-
plète. Il convient de remarquer cependant que d'anciennes mœurs,
dont la tradition se conserve dans te village d'Ainhoa et dans
presque tous ceux du pays basque, assurent des secours efficaces
aux familles victimes de calamités de ce genre (so).
.yGoogle
CH. V- — PATSAM-BASQDE DD I.ADOtIBD (FBANCB).
S *i. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
SOURCES DES RECETTES.
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SBCTION I».
Proptiitél poMédtM pu la famiUa.
AsT. It. — Piorutrlt iimoBiuftEu.
.a «tabla pour lu faiabii. Ht/lit tôt le tamla
I.SOO'OÔ; — èbàmH {lH
ri (66 irai] an S pircallei,
nllai, taO'OO; — cMUigi
dalui
£0 00
toniu tout* l'ansia i
B bciaft at 1 Tacbe ; SS bttai 1 liiD* ; S poulet et I
IX DouBtnqan mtiataaui HulemaDt nna partie de l'i
Bpoici, 1 Tau et M igneMii
HniMti, IPICUL dea tnni
A»T. B. — Dionm K
■illa M Ut putie d'eue
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M d* ce génie)
TiLioe ToiiLS dw piopiiiUa, . .
SBCTION IL
u rcfoM p«T la fanûlUa
A>T. !■■ — Fiorulita KEfuis m
(La buDlll* se re;olt aueiua pnpiiilé es niaCnil)
AIT. 1. — Dhoiti s'Dua> «un
mr la b^ de clûaflife dea farAla cainnmnilee'-,-,-...'-H-.-, ---.
da pucoon pour lae poiu et In loliillai nu iMTola* pnbliqnet...
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CH. V. — PAtSAN-U8QDS nC LABOUBD (FBAXCE).
S f(. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
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RECETTES.
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CH. V. ' PATSAN-BASQOB DU LABOUKU (fBAHGB).
$ 4i. — BUDGET DES BECBTTES DE L'ANNÉE (SDITE).
SOOKCES DES RECETTES (SDITE).
SECTION Ht.
Tia««Mz BxtoBtii pu la famille.
BiplofUllmi du domuDs d«U r*miUeel dettsrm loaAea pi
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IndoitoW antrepTÛei par la fanill*
(1 Ma propi* cODipU).
iHPCSTiim uitr«pri*« *a eompt» de la famille :
Eiploitalion d> domaiiia et dea tairai loo^ par la bmilla
— dea h*l»a t eoinea
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en. V. — PATSAN-BASaOE DD LtBOUHD (PRA^tCB).
S U. .- BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (:iUITE).
RECETTES (SDITE).
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S 15. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE.
DÉSIGNATION DBS DÉPENSES.
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CH. V. — PATSAN-SASQITB DD tjlDOnilD (FBANCB}.
S *S. — BUDGET DES DÉPENSES DB L'ÂNNËE (SnTFE}.
DÉSIGNATION DE9 DÉPBNSKS (SUITE).
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Ca. T. — PATSA>-BASQDB DO LABODnu (fiAXCK).
S 15. — BUDGET DÏÏS DÉPENSES DE L'ANNÉE (SDITE).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (SDITE).
SECTION II.
IMpaniM oonrcroaDt l'habilaUon.
iDWrtt ia*p. 100) d'une ptrtia[l.M»'0O)da U valsur d« la mw9aD,«0'Oai — «ntie-
tlea : talmochisuge à L> chaai nnonveld cbaqus aanéa M Hpiiiitlon d« umaui.
S'SO;— rtpiTïUon de U tollnre, 4'00
BDlrai<<n:ulut at répuiitionsdBinBDblMSIiut«D>i1ei,3roa; — diiptdBlit,inpp«
etiervietiu, lS'~iï [16, H);— enUttim et idpinUons, Sjounési ds trmil domei-
tiqueàO'te, >i(»(14, S«I1I) ■*
Caicrriicz :
Boiid'iff'oiug*, 1,000^ ll'.IO lu Il»t, 30'W (tS.n: — boEi proienint da U caiipi>
■Donalle da 15 piaili de bauU Uillii lar la domaine da U (arniUa, «,000' 1 l'SO
le» 100', 30'00
ÉCUIHllGE :
Cbaodalles da luif, fl' i l'W, 1'40; — chudellri de rdiioa fabriqués! dani la loi-
aaga 1 itoupa, IV l'OO; ~ riiina de* Lande*, 10^ A om, V ta
TotAOi dea dApansai coscarsuit nubJutioD
SECTION m.
Dépeniei oonoamant lei vètameata.
cbef da hmilla (lfl,0,HelJi
De Ufarama (la.O.Bat Jl
Da la UEui dD cbaf da bnme (le.a.HelJi
Da la gtand'mlra (18,0, H «IJI
De» tcoii enfitoti (l«,a,HalJ)
IS laui<rei par UD«a. «iigeuitcbacuiia4 joncn^ datratailda raminelO'SO, WOO;
— laToo, II*» â l'M, 14'OOi — CBDdrei, 4 h«iolllre«. dont 1 baeloliira achal*.
S'OO; — inlér«l(ep.lOO)del&ialaBidanialirielip«dir,l>'4t
Totaux deadépanaai coacamu
SECTION IV.
StpcaaM soBoarBUit Jmt beMtina moraoi , Im rto^tioai
et le iernee d« •asti,
MpeDHi hablluallaa ; chiiia à r«tHu, l'SO: — ugant donné am qnïtM. l'SO; —
mena fondéat lUtraToii pac 1« paianti de la ramille, 7'50; — cierge âUuind i
rtgliia, 14'DO; — dipeniei eitiaordinair» pour enterremoDU et bapUnia. tn-
ln£B i a'IO par année '
I^lSTHnCTion SIS RNrAXTS :
SOBiDie donnée é une quels faite poDC de> religianseï qui la chargaiit gntoilsmeiit do
l'édncation dai Sllea. S'OO; — frali ri'écols paréi par la cammane. S'OO; — école
daniçon, i a'80 par mola pendant 10 moii, tiiOO; — llnei, papier, plnmei, ponr
le fiU et iBj HllBi, 4'00
SKOVUS et ADHÙIIE9 :
L'auindDe est [aile an nalars au panrrci da Tillage habité par la famille et A cevi dat
Tillatei Toitini : mali donné A 1 état da mélurs (ï), 2M^ io' 1S8, M' 50; — bornent,
16'ÏO'ÏS, 4'»: — thon., 80' il O'OO, l'aO; — pfment, St i oroo, l'ÏO
iHiin M itiasa. |
-JiBauire.
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•
iiGoogle
en. V. — pAV9AK-B.tSQDB DU LABOono (france).
s )5. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SDITE).
DÉSIGKATIOM DES DÉPENSES (SUITE).
""'"«"«»»■ 1
daa ohjHa
an nalon.
alpaia»
SECTION IT.
et le Mnioe de miiM (luite).
BÏCnÉATIONS ÏT M)l.MllTiï :
WpcnMi de Ubla t»ii«. 1 1-oca.loii da la KU local», monlionnifli dini !■ S" I du
préMnt bDdgot pour aoa •omiDa d> M'TO (IS. S" I) ; - d*p*nM> di>enM feiH»
pogr Ibi «oriDls lu joun de Mm, ï'OOi — dApeoHi du cheT do raiBiUe ani raira>
43170
4'SO
llOO
Service de iunt :
6U0
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tS6I
BBCTION y.
DtPEDSU conceiinânt us iKMisniis :
l.f.imUe»<Hil«nli (Is. E) Ï.Wi'lô
Argent «t objtti emptorét poni 1h consommation) du méoiga at lei «i-
mdDM,Btport«tlce>lilnidaDilapréieDtbudg>l 5*Jl8B \
Arginl a( ubjcii appliquti da nouToau aai iDduilriu i
da loiilamanl, oa peiiTant Beoiai paimi lai dipauug du |
toss
lNT<nilS DES DETTU I
lDl«iit (dp. 100) d'une dEiudsSCXi'ODlainéopir la pira du cbB[det*mtUa
lotirtl (5 p. 100) d'nne doLla da ns'OO nouvellement conlriHéa p»i la ehrf da tamllla.
im«c«( (S p. 100) d'nna lommo d« 700'C»ra'.enani A l'un» dei «aura du cherda [aiDilla
diDi la iiiccestion da un pire (catte lODuna rasia dua par U bsilla, mai* jutqu'ici
il D'an ■ pai iM part d'intëiél)
IMPÙKI
Impflt tbnd<T. M'OT : - cota parwnneUe, l'BO; - «rta mobiliire. Tes j - poiM el
hnUm, 4lf): - Updt communal : 3 looroéa. da eonéa pour 1* chat d« familla.
lation agrtcolo et <]*• indualitH qol «n dépendent : elle ne fait tncnna dépense ipé-
Tot*oi daa dépeant eoacatnADt In indu*ti«, loi delta, la impOl.
S3 87
Epaucke db t.'ANn^E:
"s^TV
ToiÀOit onDirini» da l'annéa (balaujant ianiecaUgi) l.BWse)
1,137 W
iiGoogle
en. T. — PATBAN-IA»aVB BU LASODBD [FRAKCB].
S <6.
COMPTES ANNEXÉS AUX BUDGETS.
SBCnON L
COMPTES DES BÉNÉFICES
Uullul ia Mulria vtnjnas pv li hiille (1 m pr^ CMflt).
CJréBlM 1 FromsDt (dODt 1!
. 1,000
'. 8,000
. 4,0UD
fciU. du miUrlal ip^eUl : idUtÏM (8 p. 100) da U nteor (eWTO) il« c
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TruipoiU de bou pou:
COMPTES ANNEXÉS ADX BOOOCTS.
afaiDlira. VDj, â XOO..
GDmnia ulaln du tnTail dai bauf^ .,.
8 voragM moini long], donnant cbaEim fl'OO neu. . .
PlOdniU fanrnii pu la Tache 1 lait :
Vmu vandn chaqns u\Déa..,..
I at dei bauli, «nln« i. . .
.... 8 iSOO...
it ebaran ll'OO mti
Acb*t itatbcaala.
JMiit [Op. 100)
Intérêt (5 p. 100) de
— ' Fougère sioM i
Tnrant d> la ramiUe
Piait dn tnitMel ipAdal :
lDl4r«l 10 p. ]<»l de la Talenc (IHtjO) du inaljiiel aaii
de> bccnb et de ta vache.
Achat de cardagst, coumiiu en cuic peur auajxllir le j
Eomiiue pajies au maréchal el an chirrao pour entreti'
Btetnci rémlbut de l'iadsitris Ij compiis U béDéBce i
C. — EXPLORATIOH DD IROCri*II M MUIS.
Ttodai poni 8tt« mangea i FAqne* «t A la Pantaedle, I
Itoméfa, TeDdnea poar la benchwle
: S agiiMiu nangta par la ùmill*. (IS,
V,L
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158 00
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CB. Y. rATSAN-BASQCG DD LABOURD (rRANCIl).
KICRTII (10 RB).
coBwrr^ pool l'iiiiRt da la [usille. .
—'-' 'M et d« csUsl qui Mut muil
..OtBdBO
1, «TBlnâ i.
iDtéiit (S p. 100) dn opiU
InUrtt 9 p. loaj da U <rïli
HonrriUra : Puage doat
lUBilla MTK
Mine« («SI'OO)
ir d»l»fc)rde(»'O0)
I locition Mt paji» pu Sjourotet dn chald<
tafraifi», Mià'l^?.'.'.'.'.'.'.'.'.'.
muial.tialatiK'W
li an uODpuu an UTBr, 3,000' i ■
il] (Ton oDThei laïUiaica pour la lODt* : S Josntea 1 OISO. . .
lasda i» pOK a
cininli, 10 poi
Batm maDgéa pu
umiar piodull. ,
Urd, 180>alfMI.. (1S.B"1)
I atScanardi niaDgéi pai la bmitla. (IS, 5»I)
let(. Tendui, U'SOi — plunea Tandaai,tfOd
tafamilla (15, B"l)
^lMrfjtan : NaTttt et
Mal* an gnln on an farina. . .
— PiiM
— SondamahM ,
ciréalMeaiiMmm4eipatlabiiillla(I6, S<b|), eauim<iii()
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iiGoogle
COMPTES ANinsËS ADX kCDQEIS.
IJliin : MUa d« nuli, firagtM. renUlM rTaibrM
Hainct létnlttst da l'inddUiie ,
ToUni comma si-caiiln
B. — msDMj DU covrns du Kànincti xisauust ni» industiib
(AàD).
Prodofl) emplaf^ aii nature ;
PoBrlBnsurriluradalmfïiniilB (15,8" Il
PoiirWp-ns«<:oncarD»ntlMi«Huir«at«llinailM (I5,8~r»)
Poar h-bititioo da 1. f.rEill« (15. S« II)
PonflatiiiHnenl. dois famille (^^&>■I^I)
Pmnmpût (eiéculion de la carrée coinrnmiala) (IB, S~ V>
PQttT dépsDiB tonceroïpt Im întértU daa detUn (IB,S«VJ
hroaoïu ao Bitara et recelle» an ugaal 1 emptcntu da noa'uwi pour lat
indoiiiiM oUei-nieraet [1.45TM)
Beieltat «n irgasuppiiquje, „i déponiBi du minage
D^PSIfa^ TOTAEiB.
InUrtti dea praprJMéi pouidiei |>ar la bmllla at amplojéec par alla «tn In-
duBiriei ..,, .,. .. (14, S" tj
Fndiu^daa ubranUaBa npia par li lunille et amplDyéeg par elle au
Balairai afliraiii'iiii'uMini' Bi4cul*i"'iar'u' fiiiimB pooV Im'iuiJiii-
fles (14, S«-llll
Produiu dat indiuttlai dipaiii«a an nstute al dipenia an ariteot quf doiTenl
itn lenbonnda par leg lacattai r^snlUot dai jadaitiiBi (),«')' SS)
Tolaui da* dipeittet (1,O0I''U)
BiHéncM ToiiDi rtiullanÉ dai induiWe* (B1S<11)
SBCTIOH II.
COSiPTES BELATIFS ADX SUBVENTIONS.
P. — Boi3 D'ArcoDio* DI9 roKtts comtrtuus.
la pajia à U commune pal chaque miniga poot âTOir dtoH au bêii d'at-
lu pcopri
9t au bel» iBT la li<
Leaaatrer compte! nlatiriani(ubTan(iaiu (droit da pS lunes ou
lii appaitanant i la commans ou lou^M pu elle, et illocaiioiii
l'iDUmcUon dta aDbnti)N dtdajwql aMment da* doDoéea cos.
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iiGoogle
■ PAïaAH-BABQCS DV LABOUBD (fIANCK).
BBCTIOK 11 L
C0UPTE5 DIVERS.
' Gé —, C<Mm M lA Bim
' Am. l". — PAnunlt duchif ife /tmlU:
TtttmaDta du diouuidie ;
I btnt (BodMU] aa dnp bltiL
I TUto (Camiuli) sa dnp da cDolau taaet».
1 gilet an «toSada talna nnga 4TK boDtodt «o miUl
I ceintura da lOïa tauga
■ moachoin da podu ,
TtUmcnta da IrtTSil :
1 Taatadeliioe
S puUlODa da Tatonn •
1 MiDUira an UiBaniua
1 gilet daUlDB
1 nunUaa ttee cipoebou an dnp gioMiat (CtpnBUli)
1 pkira d* groa uinlian.
9 pkirai da uboU «tm duuaoBii à l'OO
S uitetd'Alp*g>ttM{B<puliiiac),cl»awaiw«a«iidNdecbviTia
ll'iOUpain
An. S. — Viltfia» il la ftmmt.
VltuaanU da dlmuicb» :
a moacholii dattta da coalaiu bluich* (Uocanacu^
1 chlla da lalna
1 roba nol» aa ito^i» Uloa
1 raba dafMa m 4toSï da coulaui
I CapH, mutaiu «n Aofl* da Uioa qna lea remoiu muitoa
Bsltaot pour lUac ani olScei
I jDpOD aa drap rougs botdd da valoun luir
■ lablian da drap
1 paira de ■ooLen,..,.....,^,..................,,..,...,....
V&lamaDti da tiiTiil :
Viaoi TUaniaoU dn dimincha : ■ chllei l«gen an Uina
g mouchoin de Ute d» diienaa coulauTi en liiiu da coton
1 Uutilinu. aapAcB da mandUa aa «toOa da Isias noire, antro-
n>ii ipéciila aux jeune) filial, al dont lai femoMi maiiéal h
wirm aiinl pour allât t l'dgllu ,
S JnpOBi da drap
1 tibliac de laJna
S iDbei da lalna, 1 da 17»». 1 da IS'OO
1 tuba d'indiaone ,,.,.--,.,. ,.-
S pain* da «nilien
t paina deaaboti aiae chtnitont, âl'OOUpiIta
Totaui
An. S. — Vdlaïuirif d> la wnir du mari.
C«< TMaawnti loat Isa mtmea que caai de Ii temine, et Un nicenitml
niM dépwuaaiiDnellatqalvalental calla qui ail indiqu. s i l'jii.S.
An. 4. — Yilemmu * la grand'mht.
Cw TMtnwDti aont lei méiDei auui qua ceux da la feoiiae. maia, en
nlfOD du gnnd âga da la penonne qui lea parla, ili loat noioi
•onTaat ranouTalii ot aa olcenitent cbaqaa taedeqa'aiia dépauia
mlsima tralniet
ABT. B. — VttBPtali in mfaalt.
TJtamenta de U flUe atnta, da It ua :
Mpuue iiilnia t
TUamnti de ta aecooda Blla da il au:
Ui Miat Iilli an giuda partie iTw: ■«■ Mitk dst 1tl«m«iil* dei
paraiti ; d4paiua appmikiiatlTe.
IMpaoM •ppioiliaatlTa
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d'achat.
paras.
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14 00
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iiGoogle
COIIPTES ANNBXâa AUX BUDCËTS,
- CoKpn m Lt péPiNst
An. l". — Difin» antuttUepour It ainaçe tnHer.
AcqDlrition da b^ delinda qullU lap^ilgun, ki'W le kll
lOt d* lin rtcolU pai U bmlUe toi mi terni, i 1'"^ le k>l. i» lin prti A
<lr*«4.
Pilua ta toauD : 70 ionnitei da IriTail de* fammea ds la hnulla, i O'IO
paijont (M, &"11[)
Blanchiauga, laaiiTua at dirldsga dn III : 10 Jonmiei da tnnil de*
lOnmci. 114, S" III)
Tlauga (on obUuil S3 mètni de loila et on pale au ItHetiDd ll'30 p»
mêtH)
ToUJ da U dépansa uDoelle
An. S. — DUtrlbutlm de la iiprm* ntn tu dlurl tnp>^
pOÊT bajfli terl la MU.
Fddt le chef de tuniUe i
s chemina DBiiTai S> 00 de toile.,..
Eèpaiatiaiu potu 14 chamiiaa qB"!! poMède S 00 — ....
Pour la femiae :
I chemlie neoTa B 50 — ....
Kfpuilioiu pont B chemina qs'atla poMide 0 GO — ....
Pour U «Eor dn chaf if bailla :
1 chambe DMiTa B 50 — ....
RdpiraliDiii poui 0 chamiiea qu'elle poaiède. , 0 50 — ....
Pdui U gnnd'mtra :
UpuaUonl. 1 OO — ....
Tour le* troii aaTuI* :
RépanUoD) ','.'.'.'.'.'...'.'.'. 7 60 — ....
CoDlaclioa da drape de 111 (U j ■ 15 diipa dui le ni-
Mge) ; S " ■•■■
Confictlon de Mppaa et •aniattei. 4 00 — ....
Tatmi comme d-daoïu 33 00 — ....
j. CoHm m U DiPinsB AiraniLLi povm vtnmnn in ums
H C0linCt1«l »OHi*TIQDB.
ART. 1". — D/ptiui oimMtat pour u nAiopi aUbr.
U* da Utae brate, da conleni noire, itaerHe nu U ddpenlUe da tiempaao
delarunille, t HOO la klL
Dtgruiaaga at cerdega : S jonniee d'une onïriire «périela (noutrihiTe com-
K-ÎH dani celle du minage) ■ ■■
ge «n (uHiu de 8> de laioa nette (40 jouraèee da tniMil dci femmes de
Conrection débai'et îtuûéé o^eia triceiii i 40j. dafOmme t 0<'S0, 8^00 1 —
l*j. iiO<lS,l>10 •
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- PAT9AM-BASQCB DU LABODRD (PUNCE).
FDiir le chaf da ftmills : bu et objeli Iricot
Four I* femms atU acanrdu chefda [imilU
Pour U gttDd'mèn : bu et abjaii iricotéi.
Pour ta* mil anlïati i bai et objeti Incolé
ToUni coouw ci
■•ail n«can
iiir conFecti
calJa du m^nipi. Lai iifnw
ra H rSpar
ibrai da U fan
..Cie.^O'SOi — aj. d«coDt"iO'>S...OriO
■ .OSII...IEO:— s — oas...o'n)
0»5...
Pou lea Iroii aotuli :
liJ.deUueurondaUtBminel., 0 tS... 8 001
«j.dalâaU»»lDée*.. '
S:::' mI^-*! '^""'**''*5-*''»
- VilmtiiU du thifit fimtlk.
Aebit d'étDlhi at da Titamaiili
Chemiie» aa tolla de Ud
VSteœanii an laiaa : bu et Iricou
ConfeetlDn domaitiqna : t joninâai da fanima à CfES, OffiO: — S joautei de
- CAnMliti i* /a fmmeH il lu
Confeeiion d'ona [âitla dai itleinenli : lr»T»i( doniârtiqna,' Ù'jinimJM î tfâs
«'Mi — l»TuIdacoBmrière.4Jonni*e»à0f(6, l'iO......
Abi. 5. - niMUHto dt la f ruuTnin Hdetlrolt mCoatt.
JLsbat d'étoOi* at da THaniDti ,.
CbemiNa en toila de lin "
Vilemann en Uina : bu at UicoM '...'.'.'.'.".'. '.'.'.'".
Confection d'una pjrUa deajeiamuili : tmriil domsitiqua, IB j. i 0''sS,'4i«Ôi
lOJ. àOilS, l'SO; — b*T>il da coutnrUra,
ToUui
imeitlqna. lOi. iO'SS,4IMI
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iLéUBMIS DITIIt.a DB U COHSTITDTluN SOCUIK.
ÉLËHENTS DIVERS DE LA GONSTITCTION SOCIALE
FAITS IMPORTANTS D'OBCANISATION SOCIALEi
PARTICULARITÉS BEHARQOABLBS;
APPRÉCIATIONS GÉNÉRALES) CONCLUSIONS.
CAUSES d'^BBANLEHBNT OBSERVEES PARMI LES BASQUES FBAHï:AIS,
ET SPIÎCUXKHBNT DANS LA FAMILLE DÉCBITB.
Les familles rurales sont moias ébranlées dans le Labourd
qu'elles ne le sont dans la plupart des plaines du Midi, et dans
toutes les contrées du Nord. L'inTasion du mal n'est point
encore complète; mais elle s'accomplit journellement sous l'in-
QueDce des causes qui pèsent sur l'ensemble du pays. Au pre-
mier rang de ces causes, figure la dissolution rapide des familles
rurales qui formaient autrefois les fondements de la population.
C'étaient des paysans qui possédaient assez de terre pour occu-
per tout le personnel de la maison et qui n'étaient jamais obligés
de demander du travail au dehors. Les partages en nature, que
les héritiers peuvent exiger mainlenaDl à la mort du chef de
fomille, eolèvent incessamment aux héritiers une fraction de
l'ancien domaine paternel ; et tous ceux qui ne sont pas doués
de qualités exceptionnelles sont acheminés par les exigences du
fisc, et sous la pression des gens d'affaires, vers la condition
qui devient dominante chez les ouvriers ruraux de la France,
celle du propriétaire indigent.
La famille qui est l'objet de la présente monographie n'est
point encore réduite à cette triste condition; mais elle peut y
tomber au premier jour. Ainsi, par exemple, l'institution de
l'héritier actuel, devenu chef de famille, a été accompagnée d'un
acte de partage dont les conditions ont été repoussées par l'un
des cohéritiers. Or, jusqu'à présent ce datàsc n'a point rédamé
.yGoogle
(38- en. V. — PAT9AH-BASQDE DU I^VOCBD (FHANCB).
par les voies légales ce qui lui est dû ; il D'exigé même pas Via-
(érêt de la somme qui lui est allouée aux termes de l'acte de
partage accepté par les autres cohéritiers; mais le ch^ de
Tamille est désormais hors d'état de payer sa dette. La réclama-
tion de ce paieméat, si elle était produite avec rigueur, entrat-
uerait donc fatalemeot la chute de la maison.
Le retard apporté à la chute immioente de celte vieille
maison tient à des sentiments qui expliquent pourquoi l'ébran-
lement progressif de la constitution sociale du Labourd n'a point
encore abouti à une désorganisation complète. La sœur de l'hé-
ritier, qui est aujourd'hui créancière delà maison paternelle (i s) ,
est empêchée par sa conscience de recourir à une revendication
légale. Elle ne croit pas pouvoir adopter des mesures de con-
trainte, qui seraient considrrées comme légitimes en d'autres
contrées de la France, mais qui, dans le Labourd, seraient
encore biftmées par l'opinion publique.
Cependant, on ne peut guère espérer que de tels sentiments
conservent longtemps l'empire qu'Us exercent encore sur les
cœurs. Ils seront bientôt détruits par les nouveautés auxqudies
les sociétés de l'Occident accordent aujourd'hui une prépondé-
rance trop absolue. La contrainte du partage forcé est mainte-
nant secondée journellement par deux autres agents de destruc-
tion : par les écoles, qui substituent brusquement le français ii
l'ancien langage des Basques; par les voies rapides de commu-
nication, qui introduisent maintenant, dans les Pyrénées, les
faux dogmes de l'Occident. f. l.-p.
S 18.
STSTÂMB DB CCLTOKB DSlTlA DANS LE L&BODBD.
I« budget et les comptes annexés (n à ifl) présentent à
ce sujet d'utiles indications. Celles-ci, rapprochées des faits
exposés aux paragraphes 1 et 6, peuvent fournir des détails
précis sur les résultats d'une exploilation agricole dans le
Labourd. Toutefois, il convient de compléter ces renseignements
.yGoogle
ÉLÉMENTS blVBIa DC LA CONSTITIITION SOCULB. t33
par un exposé sonnnaire du système de culture usité daus cette
contrée. Ce qui va être dit à ce sujet s'applique d'une manière
spéciale à la région montagneuse placée en dehors du cercle
d'action des grandes villes, près desquelles les anciennes mé-
thodes commencent à se modifier.
L'agriculture du pays basque a pour but essentiel la produc-
don des céréales. L'assolement, qui, depuis des siècles, y a été
adopté en vue d'atteindre ce but, est biennal, et exclut complè-
tement la jachère. Il comprend trois cultures qui se succèdent
dans l'ordre suivant : 1* maïs, semé en mai ou juin, et récolté
en octobre; 2° froment, qui remplace immédiatement le mats
après que la terre a reçu les façons convenables en octobre et en
novembre, et qui se récolte au mois d'août de l'année suivante;
â" navels, semés en août et septembre, après la récolte du fro-
ment, et arracbiés pendant l'hiver et le printemps jusqu'à
l'époque oîi la terre doit être préparée pour recevoir en avril la
semence de mais. Quelquefois on remplace les navets par le
Farouch (trèfle incarnat) , qui n'occupe pas le sol pendant plus
longtemps et qu'on retourne, après avoir pris une coupe, en mai
pour faire place au mais. Les petits domaines agricoles exploités
par les paysans propriétaires ou métayers sont en général divisés
en deux soles, de sorte que chaque famille puisse récolter îi la
fois du maTs et du froment. Les deux soles comprennent une
étendue à peu près égale, mais on sème d'ordinaire plus de
terre en maïs, parce qu'on prend sur celle qui est consacrée au
froment l'espace nécessaire pour les cultures accessoires. Parmi
ces dernières se range celle des pommes de terre, qui commence
à se vulgariser dans le pays, et surtout celle du lin, cultivé par
chaque famille à peu près dans la mesure de ses besoins. Le cli-
mat permet de semer le lin en automne, et alors on te récolte
dès le mois de mai ; mais le plus souvent on ne le sème qu'au
printemps, comme dans le reste de la France. Enfin il faut, pour
compléter cette nomenclature des produits cultivés dans le
Labourd, mentionner les récoltes dérobées qui ont une certaine
importance. Les fèves sont semées dans le froment et arrachées
en juin. Les haricots sont jetés de place en place dans les plants
:.y Google
134 CH. T. — PATSAN-BASQUE DU LABOCHD [FaA^CB].
de mais, doDt les tiges servent de supports. Les cucuii)ita('ée3
(courges et potirons) sont de même plantées avec le mais *, elles
sont destinées à la Dourriture des animaux, car, dans cette
partie de la France, on ne s'en sert pas pour l'alimentation
humaine.
Les Tournages, dans ce système de culture, sont fournis par
les prairies Daturelles; quand l'arrosement est possible, le foin est
très-abondant; dans tous les cas, il est de bonne qualité. Les
prairies artificielles, les luzernes surtout, qui peuvent donner
jusqu'à quatre coupes, rendent beaucoup plus ; mais elles sont
rares encore dans le pays. A ce foin s'ajoutent les navets, qui
sont hachés et mêlés à l'ajonc épineu^L (Ulex europœus) pour
nourrir les bestiaux en hiver; la paille de froment, qui n'est
jamais employée comme litière ; les feuilles du maïs coupées en
vert. Les pâturages dans les Landes, et sous les bois de haut
taillis appartenant aux particuliers ou aux communes, permet-
tent toujours d'entretenir les animaux en été; les brebis s'y
nourrissent même pendant presque toute l'année. En hiver,
quand toutes les autres ressources sont épuisées, les plus pauvres
cultivateurs ont toujours à leur disposition quelques bottes
d'ajonc épineux qu'on arrache sur le terrain communal ou qu'on
peut acheter au prix de l'OO la charretée.
Les amendements employés dans le Labourd sont judicieu-
Bement choisis en vue d'introduire dans les terres, presque toutes
argileuses, un élément propre à les rendre moins compactes.
Ceux dont on se sert communément sont les sables, qu'on mêle
parfois en petite quantité au fumier, et surtout la chaux qu'on
répand sur la terre tous les cinq ou six ans. Une ancienne
méthode d'amendement que Arthur Young vit mettre en usage
dans ces contrées, en 1790 ', est aujourd'hui abandonnée. Elle
consistait à couvrir le sol de paille après la récolte du froment
et à mettre le feu à cette paille de manière à brûler en même
temps les éteules et les mauvaises herbes. Le but qu'on se pro-
I. KnbjuYouBStVoyaiinmtFfatKt, partie derouTngeiDtitolâiCMinifM mou-
ton», t. II, p. 363.
.yGoogle
Él^lUNTS MVEte &> U COVETITDTION gOCULB. I3S
posait dans cette opération est atteint mainteDant par remploi
de la chaux, qui permet de réserver la paille pour des usages
plus importants. Le Fumier est traité par les Basques d'une
manière toute spéciale : ils le conservent à l'abri des Influences
almosphériques dans un local toIsïd des écuries (s), et y Tavo-
risent le développement de la Termeatatlon. Gë procédé a pour
but d'amener la décomposition des feuilles de fougère ît nervures
épaisses et des tiges de mais qu'on emploie uniquement pour
litière. Quand la décomposition est suffisante, le fumier res-
semble assez bien à du terreau ; en général on le répand sur la
terre, après les semences faites, au Heu de l'enfouir. On fume
toujours le maïs, et presque toujours les navets, quoique plus
légèrement; mais le froment est d'ordinaire semé sans engrais.
Le plus souvent le fumier ^t insuffisant en qualité et en quan-
tité; aussi la terre, ne pouvant réparer les perles que lui fait
subir une culture épuisante, donne peu de produits. Le rende-
ment moyen n'est que de vingt hectolitres à l'hectare pour le
maïs, et de douze hectolitres pour le froment.
Les bestiaux appartiennent à des races anciennes dans le
pays et adaptées aux nécessités du sol et du climat, mais peu
recommandahles sous d'autres rapports. Cela est vrai surtout
des brebis qui ne fournissent qu'une laine de qualité très-infé-
rieure, et dont les formes sont peu satisfaisantes. Une partie de
leurs défauts doivent être attribués, du reste, à l'habitude qu'on
a de les traire; et il est probable que la race ne pourra guère
être améliorée tant qu'on n'aura pas renoncé à cette habitude.
L'espèce bovine se présente dans de meilleures conditions : elle
ml petite, mais élégante, et remarquable par sa sobriété et son
aptitude au travail. Les vaches sont presque toujours employées
aux travaux des champs, et ne donnent que peu de lait ; les
bœufs travaillent pendant quatre ou cinq ans, puis ils sont
engraissa et livrés à la consommation.
En résumé, dans le pays basque, la réalisation des progrès
agricoles est subordonnée à un changement dans le mode de
transmission des biens. La voie à suivre sous ce rapport est
indiquée par l'ensemble des traditions locales et par la connais-
.yGoogle
S36 Ca. V. — P1TSAN-BA»QIIB DD LABODBD (fBAKCS).
Bancd des efforts que font encore aujourd'hui les chefs de famille
pour continuer ces Iraditions, malgré les prescriptions rormelles
de DOS lois (IV, IX, 17). Sans aucun doute, à on laissait aux
paysans basques la liberté de tester, on les verrait bientôt
adopter les combinaisons les plus propres à concilier l'iatérât
général avec les droits individuels de chacun de leurs enfants.
Le goût de l'émigration, qui s'est développé dans le pays, facili-
terait d'ailleurs la solution du problème en offrant un débouché
à ceux des enfants qui ne recevraient pas une part en nature.
Peu à peu, et sans autre intervention, il se reconstituerait dans
ces contrées une classe de petits propriétaires aisés qui, solli-
cités par leur intérêt, comprendraient bientôt l'utilité des
réformes. Disposant par eux-mêmes d'un certain capital, ou se
le procurant avec facilité par voie d'emprunt, ils pourraient faire
exécuter le drainage dans leurs terres trop compactes, avoir des
bestiaux mieux soignés et plus nombreux, améliorer leur maté-
riel, multiplier leurs prairies, organiser en6n un système régulier
de défrichement, et faire disparaître peu à peu c^ landes qui
couvrent encore de si grandes étendues de terrain. Aujourd'hui,
quoi qu'on en dise, ce défrichement ne pourrait être exécuté par
les petits propriétaires sur une échelle un peu importante.
L'avance de travail n'est pas, en effet, la seuleque nécessileune
telle entreprise : elle absorbe toujours un certain capital dont la
rentrée se fait attendre. Puis on considère comme indispensable
dans le pays qu'une certaine étendue de lande soit attachée à
chaque exploitation agricole pour fournir la litière. C'est là sans
doute une idée fausse; mais on voit pourtant qu'elle a sa raison
d'être, si on se met à la place de ces petits propriétaires qui sont
dénués de ressources et qui, bien évidemment, manqueraient de
litière et de pâturage pendant une année au moins, s'ils venaient
à défricher leurs landes.
Le défrichement des landes, comme toute autre amélioration
agricole, exige une immobilisation préalable de capitaux. Sous
ce rapport, le partage forcé, qui impose aux populations rurales
tant de frais pour des changements nuisibles, est un fléau pour
l'agriculture.
.yGoogle
ÉLBHSHTS DIVBBB DB lA CONSTITUTION SOCIALB. 237
S 19-
l'exploitation des brebis fondée sur les paturacbs
gohuhnaux.
Une étude attèntÏTe du compte relatif à l'exploitatioD du
troupeau de brebis (ift, c) moatreque les ressources qui résul-
tent pour la famille de cette exploitation ont sur sçn bien-être
une inQuence prépondérante. En nature, le troupeau fournit de
la laine pour certains vêtements (10, f), et du laitage qui tient
une [^ce importante dans l'alimentation (9). Mais c'est surtout
comme source de recettes en argent que l'exploitation du trou-
peau ^t avantageuse. On voit en effet que la vente de la laine
et des agneaux laisse un bénéfice de 216' 30, égalant presque
la moitié de la somme totale des recettes eu argent don t la famille
peut disposer.
D'un autre c6lé, les éléments du compte indiquent que ce
bénéfice résulte siutout de la nourriture qui est prise à titre gra-
tuit par le troupeau sur le terrain communal. D'âpre la décla-
ration faite par plusieurs babitants du pays, le droit de pâture
sur les communaux, pour on troupeau tel que celui dont il
s'agit, se louerait 90^ Toutefois, il est évident que cette somme
ne représente pas toute la valeur du service rendu à la famille
par la jouissance de cette subvention communale, puisque, en
cas de suppression, la famille devrait renoncer à l'exploitation
de son troupeau et perdrait, par conséquent, les avantage
qu'elle en retire. Un tel événement entraînerait nécessairement la
ruine de celte femille. Il est naturel de croire que, si ce droit était
compromis, la famille ferait d'énergiques efforts pour le conserver.
En se plaçant à un autre point de vue, on peut démontrer
par ce même exemple combien est inégale dans certains cas la
répartition des avantages qui résultent de la possession des biens
communaux. Déjà en effet on a remarqué (7) que les habitants
dépourvus de troupeau ne participent point à la jouissance de
ces biens. L'exploitation de ceux-ci constitue donc un véritable
.yGoogle
S38 C8. V. — PATSAN-BiSQDI DD LABOORD (FBANCB).
moDopole pour les plus riches et les plus intelligents. Ce régime
consacre uoe sorte d'injusUce ; mais cet iDCOOTénient est com-
peosé par les mœurs et les coutumes qui obligent les riches à
rendre aux pauTres, sous Torme de secours et d'aumdoes, une
partie des revenus qu'ils tirent des communaux. Ce sont là des
compensations exceptionnelles; mais, dans presque tontes les
contrées de la France, l'eicploitation des biens communaux
entraîne des inconvénients analogues à ceux qui viennent d'être
signalés, sans qu'on puisse toujours y trouver les mêmes com-
pensations. Cet état de chosffi appelle des rérormes, et il importe
de le signaler à l'attention des hommes d'État
§20.
jUtCIGNNB ORGANISATION DE l'ASSISTANCB HtmJBLLB
DANS LES COHHDNBS DO PAYS BASQUE.
Les habitudes d'assistance mutuelle qui existent entre les
ramilles d'une mSme commune dans le pays basque offrent un des
traits les plus remarquables des anciennes mœurs. Quoiqu'elles
aient été altérées par dlfTérentes causes, ces habitudes garan-
tissent encore, dans une certaine mesure, la sécurité des familles.
Dans le village d'Âinhoa, par exemple, ce régime d'assis-
tance se pratique dans toutes les circonstances difficiles de la
vie. Quand une maison a été brûlée, chacun vient au secours
du propriétaire pour l'aidera la reconstruire. Si, par suite d'un
accident grave, bleraure ou maladie, une Tamille perd un de s&
soutiens, toutes les antres lui donnent des secours en nature on
en ai^i;ent. Si, dans une épizootie, un troupeau est détruit, tons
les cultivateurs qui possèdent des brebis contribuent k réparer
la perte du propriétaire en lui donnant quelques agneaux. Dans
d'autres circonstances moins graves, ce même esprit se révèle
encore. Ainsi, quand an conscrit part pour l'armée, on fait dans
le village une collecte à son profit parmi les jeunes gens et les
jeunes Gtles. Enfin l'aumâne, telle qu'elle se fait parmi les
fiasques, peut éb« considérée encore comme rentrant dans le
.yGoogle
itRVBNTS DIVERS DS U CO:tSTITunO» SOCIALB, ÏJ*
mode d'assistance mutuelle dont il est id question. Eu général,
C8 n'est pas à des mendiants de profession que s'adresse l'au-
mâoe, mais à des personnes qai y cherchent un secours momen-
tané contre l'insuffisance de leurs ressources. Dans ces limites,
la mendicité s'exerce sans déshonneur parmi les Basques. * Le
revenu de nos manouvriers est sans contredit insuffisant pour
l'entretien d'une Tamille, mfime peu nombreuse, v écrÏTaitM. Be-
cass, maire d'AInhoa, à l'auteur de celte note, a mais, » ajoutait-
il avec une sorte de satisfaction, « les enfants de nos manouTriers
savent de bonne heure où aller, lorsque le besoin se Tait sentir
dans la famille, pour obtenir un secours en nature. » Cette
pensée généreuse peut être considérée comme l'expression d'une
idée commune aux hommes les plus distingués de ce pays, qui
tous regardent l'aumône comme un devoir. A leurs yeux, les
ressources qu'elle procure sont indispensables pour assurer les
conditions matérielles de l'existence à la plupart des familles de
manouvriers.
Envisagées dans leur ensemble, les habitudes dont on vient
de citer quelques exemples constiiuentvérilablement un système
d'assurances mutuelles contre les principales chances de perte
auxquelles une famille peut être exposée. Sans doute, ce système
est imparfait et insulïisant; mais il montre au moins que les
garanties émanées du principe des assurances mutuelles eKistaient
déjà sous certaines formes dans l'ancienne société. Ces garanties
avaient alors des bases complètement différentes de celles qui
soutiennent de nos jours les institutions positives créées dans un
but analogue. En effet, elles reposaient uniquement sur un sen-
timent profond de solidarité, qui existait entre les membres d'une
même commune, et sur l'idée de devoirs réciproques imposés par
cette solidarité. Dans la société moderne, le principe de l'isolement
de l'individu a prévalu; aussi, dans les pays imbus de l'esprit
nouveau, les garanties qu'on vient de signaler n'existent plus et
seraient repoussées par l'opinion publique. Au sentiment du devoir
mutu^ a succédé celui du droit individuel. Les rapports sociaux,
compliqués par l'^prît d'individualisme, ne doivent pas être
réglés comme ceux qui ont pour base l'esprit de communauté.
.yGoogle
Dans ce nouvel ordre de choses, rorgaDisation des sociétés
d'assurances et de secours mutuels garantira, pour les individus
énergiques et prévoyants, les intérêts de l'avenir. Il faut recon-
naître que les institutions nouvelles ne peuvent supplt?er, pour
les types inférieurs de la population, aux anciens modes d'assis-
lance. Les exemples qui viennent d'être cités montrent que l'an-
cienne organisation sociale olfrait, même aux plus dénués, des
garanties efficaces de sécurité matérielle. Il y avait surtout cela
de -remarquable dans cette organisation que, le secours étant
réciproque, la dignité de celui qui devait y recourir n'était
jamais compromise.
S 21.
ÉuinaATiON pÉaioniQUB des basques français en espagne.
Depuis un temps immémorial, il existe chez les Basques fran-
çais, comme chez presque toutes les populations des pays de
montagnes, des habitudes d'émigration régulière. Les émigrants
basques paraissent s'être toujours dirigés vers l'Espagne, où les
appelaient d^ relatioosde commerce continuelles. Ils avaient
avec la France des relations moins suivies, parce que le désert des
Landes rendait les communications difficiles. Les rapports de
race, la similitude du langage et des idées religieuses, les atU-
raient aussi vers l'Espagne, tandis qu'ils étaient repoussés de la
France par l'occupation anglaise et par les guerres de religion.
11 est difficile de déterminer l'époque à laquelle cette émigra-
tion commença, mais il est probable qu'elle prit surtout son
développement au moment où la découverte de l'Amérique vint
donner une activité singulière au commerce de la Péninsule.
Alors, en eSél, les populations œpagnoles furent attù'ées vers
l'Amérique; et elles durent être remplacées momentanément par
les émigrants français. Le mouvement déterminé en France par
cette émigration parait avoir eu une grande importance. 11
s'étendit jusque dans les montagnes du centre et même dans le
Limousin. La tradition s'en conserve encore aujourd'hui^ et l'on
.yGoogle
£lJ|IENT9 DITKBS DB la COKSTtTDTION SOCIALK. S41
trouve aux enTÏroDs de Madrid des Auvergnats qui vienneut y
'exerce tes proressions de colporteurs et de marchands ambu-
lants. Ces émigranls ne sont plus qu'eu nombre insignifiant.
Vers le milieu du xvii* siècle (1669), on évaluait à deux cent
mille le nombre des Français séjournant eu Espagne d'une
manière continue on passagère *. Les Espagnols attribuaient tous
les travaux pénibles et peu rétribués à ces émigrants; et ils
daignaient ceux-ci par le terme méprisant de Gavaches. La plu-
part des gavaches appartenaient à la classe d'ouvriers que nous
appelons encore aujourd'hui gagne-petit.
En général, les Basques français n'exerçaient pas les mêmes
professions. Quelques-uns, émigrants riches (III.iv, 19) séden-
taires, allaient s'établir dans les villes du nord de l'Espagne pour
y faire le commerce des laines. D'autres, parmi ceux qui dispo-
saient d'un capital, émigraient comme chefs de métier. Ils pre-
naient en location, ou exploitaient comme propriétaires, des
établissements destinés à la fabrication des tuiles et des briques.
Ils emmenaient avec eux des ouvriers engagés pour une cam-
pagne, et ceux-ci représentaient Yémigration pauvre. Beaucoup
parmi les émigrants de cette dernière classe allaient en Espagne
comme charbonniers pour préparer le charbon nécessaire aux
usines à fer de la Catalogne et des provinces basques. D'autres,
au contraire, allaient fournir un contingent aux travaux des
routes et des ports. Revenant chaque ann^e, ils entretenaient des
relations avec les habitants, tout en conservant avec fermeté
leurs mœurs et leurs habitude propres. Occupés seulement, en
Espagne, pendant la bonne saison, ils rentraient chaque hiver
en France au foyer de leur famille-souche; et ils avaient à la
fois, comme moyens de subsistance, leur épargïie et les produits
du domaine de la famille.
Tous ces genres d'émigration se retrouvent encore aujour-
d'hui dans le Labourd, mm sur une moindre échelle. Le nombre
des Basques français qui peuvent trouver du travail en Espagne
a L1I de la coUeC-
.yGoogle
lis as. "T. — pinM-BABdOB ne labodio (raAifci;).
dimioue sans cesse. Dans la Catalogne, les Espagnols explMteat
eux-mêmes les tuileries. Les Basques français, qui exploitaient au-
trefois cette industrie en Espagne, n'y sont plus guère employés.
Les Basques espagnols se chargent aussi presque exclusivement
de travailler aux routes ; et ils fournissent des charbonniers qui
viennent exercer leur industrie jusque dans les forêts de pios
des landes de Gascogne. Partout enfin les émigranls espagnols
tendent h supplanter les émigranls français. Ceux-ci sont donc
obligés de chercher du travail dans une antre direction.
S 22.
ânCB&TIOH TOiltS&TLANTIQUB DES BASQUES FAANfUS.
Les pays qui entretiennent un courant d'émigration réunissent
ordinairement deux conditions. Ils accumulent, sur un espace
limité, une nombreuse population qui obéit dans son développe-
ment aux lois naturelles. Ils se transmettent leurs immeubles
sous un régime tel qu'à chaque génération une certaine partie
de la population se trouve disponible. Celle-ci n'est point atta-
chée au sol par la propriété foncière; et elle dispose du capital
nécessaire pour payer les frais d'un établissement lointain.
Ces deux conditions principales existaient sous l'ancien régime
dans le pays basque ; et on ne voit pas pourtant que ce pays
ait jamais fourni une émigration définitive de quelque impor-
tance. Gela peut paraître d'autant plus étonnant que les popu-
lations se trouvent invitées à l'émigration par les traditions
de leur race et par leur annexion à deux grands Étala possédant
des colonies. Il faut donc expliquer ce fait et rechercher aussi
comment, sans le secours d'une émigrattoo définitive, la popula-
tion du paya basque a pu se maintenir jusqu'à ces dernières
anuées dans un état d'équilibre satisfaisant.
L'émigration définitive à l'étranger n'a pas complètement
manqué dans ce pays. II est hors de doute en effet que, dans le
xvi' et le XVII* siècles, un certain nombre de Basques français,
profilant des rapports de race et du voisinage des deux frontières,
.yGoogle
l£léHBNTS OIVBIIS BB LA CONSTmmOK BOtilALK. U3
prirent part à l'émigratioD des Espagnols pour les colonies
d'Amérique; mais le mouvement dans ce sens fut limité. Celui
qui entraînait les Basques, comme émigrants périodiques, vers
l'intérieur de l'Espagne eut beaucoup plus d'importance ; et on a
vu, au paragraphe précédent (21), que l'excédant de la popu-
lation y trouva pendant longtemps du travail et des ressources
qui lui manquaient en France. Cet excédant demeura, sous l'an-
cien régime, au-dessous de ce qu'il a été depuis. Entravée dans
son essor par la fréquence des guerres sur cette frontière et par
la pratique du célibat, qui était alors la règle pour la moitié
au moins des enfants dans chaque famille (IV, tx, 1 1 et 1 s), la
population, tout en obéissant dans son développement aux lois
naturelles, ne pouvait se multiplier très-rapidement. Plus tard,
le service militaire, pendant les longues guerres qui suivirent la
Révolution, absorba l'élite de la jeunesse; et la contrebande,
devenue une véritable industrie, fournit longtemps une occupa-
tion à tous ceux qui en manquaient. C'était le cas surtout dans
les cantons voisins de la firontière, où se recrute aujourd'hui
presque toute l'émigration étrangère.
Mais peu à peu ces conditions se sont modifiées eous l'in-
fluence des prescriptions du Code civil, touchant le partage des
biens. Les domaines ruraux constitués sous l'ancien régime ont
commencé à se diviser. Dans les cas où le partage a eu lieu,
l'avènement des enfants à la propriété leur a permis è tous de se
marier; et la population a dû s'accrottre rapidement, car les
mariages restaient féconds. On voit en effet, d'après les statis-
tiques officielles, que l'accroissement pour tout le département
des Basses -Pyrénées a été de 102,159 habitants pendant la
période de 1801 à 18^6. Dans les cas où la propriété restait au
chef de famille, les cohéritiers, désintéressés au moyen d'une
soulte en argent, se sont mariés; et leurs enfants sont tombés
dans la condilioD de propriétaires indigents ^ de journaliers.
En même temps que ces derniers se multipliaient, les moyens de
travail étaient réduits et les salaires étaient avilis. L'émigration
'■ vers l'Espagne n'admettait plus autant de bras (si); l'aversion
peur le service militairé et la suppression presque complète do
.yGoogle
S44 ca. V. — patsan-iasqub dd UBOran (riAKcs).
la contrebaQde(i) coDcouraieot encore à laisser pins de monde sans
emploi. EnfiQ le besoio du blea-être et le goût des jouissances
se développaieDl chez ces populations; en sorte que les dassef>
pauvres supportaient moins facilement les privatioDS et ressen-
taient plus Tivement le besoin de changer de situation.
Dans cet état de choses, l'émigration était le seul moyen de
conjurer une crise. Elle tendit à s'établir d'elle-même, sous
l'inllueDce de certaines causes accessoires.
Déjà depuis assez loDgiem[» il existait un courant d'émigra-
tion commerçante, dirigée du pays basque vers les anciennes colo-
nies espagnoles de l'Amérique, et spécialement vers le Mexique et
Cuba. Celte émigration riche persiste encore aujourd'hui; mais
elle diSère essentiellement de ïémigralion pauvre, qui s'est déve-
loppée récemment, et qui, par quelques-uns de ses traits, rappelle
l'faxxie iriandaise(lV, II, so). Les émigrants riches partentavec
on certain capital et fondent aux colonies des maisons de com-
merce dans lesquelles plusieurs membre d'une même famille
vont successivement faire fortune. Revenus en France avec une
certaine aisance, ils achètent une propriété dans leur village et
ne lardent pas à se marier. Ils reçoivent communément le nom
à'Indiano$, qui perpétue le souvenir de leur émigration. Pendant
leur séjour en Amérique, ils vivent un peu en étrangers au milieu
des colons espagnols. Il est rare qu'ils s'y fixent définitivement
et même qu'ils s'y marient. Ils ne trouvent pas chez les femmes
des colonies les qualités morales et l'aptitude aux travaux domes-
tiques qu'ils désirent trouver dans leurs épouses. Ils préfèrent se
marier avec des Basques économes, simples et étrangères aux
habitude de luxe. Leretourde ces émigrants enrichis est devenu
une des causes déterminantes de l'émigration pauvre. L'origine
de celte émigration remonte à l'anaée 1832, pendant laquelle la
maison aoglaise Lafooe et Wilson, de Montevideo, fit recruter,
dans les Basses-Pyrénées, des émigrants pour peupler une colonie
dans l'Uruguay. A partir de cette époque, l'émigration se fit eu
partie directement par les ports français; et, comme die devint
bientôt très-importaote, on ne tarda pas à s'en préoccuper dans
le pnblic et dans l'administration. Une fois établi, le mouvemeat
.yGoogle
BLBMKHTS filVEBS BK LA COMSTHtmOK SOCIALE. 243
de cette émigration s'accrat eo effet rapidement de lai-méme
BOUS l'influence des relations établies entre les émigrés et leurs
parents restés au pays. Bientôt aussi, sollicités par leurs intérêts,
des armateurs de Bayonne et de Bordeaux s'occupèrâDt d'oi^a-
niser l'émigration et la rendirent plus facile. £o effiat, l'expor-
tation de ces ports pour l'Amérique du Sud étant limitée, beau-
coup de navires, qui vont sur les bords de la Plata chercher des
matières premières, manquent de chargement au départ. Le
transport des émigrants procurant à ces navires un fret pro-
ductif, les armateurs se sont efforcés de développer le mouve-
ment d'émigration. Ils y ont réussi, et les oinvenaDces du com-
merce maritime ont ainsi contribué à la direction prise par
i'émigratiOD basque vers la Plata.
Il existe aujourd'hui de véritables institutions créées par les
armateurs pour s'assurer le transport des émigrants. Dans cha-
cun des districts qui en rouraissent le plus, un agent spécial est
chargé de les recnUer. Ces agents parcourent les villages ; ils se
mêlent aux habitants les jourâ de foire et de marché, cherchant
par le récit des avantages qu'on trouve en Amérique à entraîner
ceux qui paraissent disposés au départ. Eux-mêmes sont d'ail-
leurs intéressés à obtenir des succès par l'aspoir d'une prime
qu'ils reçoivent à chaque engagement. Cette prime peut s'^ever
à SO' quand l'émigrant paie son passage en argent ; elle desc^id
à 20', ou moins, si, manquant de capital, il ne peut offrir en
paiement que le travail qu'il s'engage à accomplir au compte de
l'armateur pendant un temps déterminé. Ce n'est pas en général
au compte de l'armateur lui-même que s'exécute ce travail. Arrivé
sur la Plata, il cède à un tiers ses droits à l'exécution du contrat
signé par l'émigrant et reçoit en échange une certaine somme
d'ai^ient. Ces sortes d'engagements, dont la pratique était habi-
tuelle, au xvr et au xvu* siècle, à l'époque oit l'Europe fonda la
plupart de ses colonies, ont l'avantage de rendre l'émigration
facile, même pour les plus pauvre. Ils ont eu d'abord beaucoup
de succ^ parmi les Basques; mais, plus tard, des lettres écrites
par les émigrants arrivés en Amérique ont révélé des abus qui
devaient nécessairement se produire dans un pays où les garanties
.yGoogIc
SIS <s). T. — pâtsan-basqui du lavodbd (fbakci).
légales ont été pendant loDgtemps sans valeur. Il est résulté de
ces engagements un véritable servage momentané; et il a été
dit dans le pays que les engagés étaient réduits en esclavage. Ces
bruits ont ralenti le mouvement; mais leur inQuence ne saurait
être que momentanée, d'autant plus que les garanties données
aux émîgrants par une loi récente empêcheront dans l'aveuir le
retour des abus.
Cependant, beaucoup d'efibrte sont Taits dans le pays basque
pour arrêter l'émigratioD. L'opinion générale des hommes éclairés
lui est défavorable dans le départenient des Basses-Pyrénées. On
est Trappe surtout des dangers qu'elle présente pour les émigrants
eux-mêmes, qui vont se jeter au milieu des guerres civiles des
États riverains de la Plata. On croit d'ailleurs qu'elle n'a pas
de cause sérieuse. Beaucoup de personnes, voyant dans le pays
tant de landes incultes, valent que les Basques s'appliquent à
les défricher. Eïles ne comprennent pas qu'il faudrait, pour des
opérations de celte nature, des capitaux dont tes émigrants sont
dépourvus. Sous l'influence de ces idées, une propagande, agis-
sant en sens inverse de celle des agents des armateurs, a été
oi^anisée pour discréditer l'émigration. La dénomination flétris-
sante de traitants de bkmcs a été appliquée aux armateurs eux-
mêmes. On a donné aux faits malheureux, tels que maladies et
mort des émigrants pendant la traversée, accidents arrivés en
mer aux navires qui les portaient, toute la publicité possible. Des
livres écrits en langue basque et résumant, sous forme de légendes
en vers, ou de complaintes, tout ce qu'on peut dire sur les incon-
vénients de l'émigration, ont été publiés et répa'ndus gratuite-
ment dans tout le pays'. Mais ces tentetives sont i-estées sans
succès; et l'émigration a continué.
Jusqu'ici, les Basques qui vont à la Plata ne se livrent guère
aux b'avaux agricoles, comme les Allemands et les Irlandais le
font aux États-Unis. Ils ont pour la plupart une profession ; et
ils emportent le matériel Décrire pour l'exercer. Il y a parmi
eux des maçons, des tuiliers, des tailleurs, mais surtout des
1. Voir ipécialemetit un« publlcatian iotitalée Mont^ideoco Btrriac (NoaTelles
d« HonMTldeo), in-lS, BsTotme, 1SS3.
.yGoogle
ELEHKNTS DIVEIS OB LA GOHBTITUI'IOH SOCIALI, tt!J
charpentiers et des cordonniers, professions qui paraissent être
bien rétribuées à Buenos-Ayres et à MonteTideo. Parmi ceux
qui arrivent sans avoir un état, beaucoup soot employés sous le
nom de Cameros daos les abattoirs (Saladeros), où on prépare
les peaux, les cornes et lœ viandes pour l'exportation. C'est là le
plus souvent la condition de ceux qui se sont décidés à payer
leur passage au moyen d'un engagement d'une durée déterminée.
Pour les Basques qui veulent échapper Ji la conscription ou
à quelques autres prescriptions de la loi, le départ de France est
rendu facile par le voisinage de la frontière. Tous les navires
destinés au transport des émigrants, et qui partent de Bayonne,
vont touchera la baie de Passages, sur la côte voisine d'Espagne.
En général, ces navires prennent à Bayonue les bagages seule-
ment; et, afin de ne pas être obligés de noorrir les émigrants
pendant les lenteurs que nécessite souvent la sortie des passes de
l'Âdour, les capitaines leur donnent rendez-vous à Passages. En
même temps, on prend dans ce port les émigrants espagnds, qui
presque tous s'embarquent sous pavillon français. Pendant
l'année 1855, il est sorti dans ces conditions, du port de Pas-
sages, l,58d émigrants français et 1,197 émigrants espagnols.
Les faits relatifs à l'émigration basque peuvent se résumer
dans les termes suivants:
1* L'accumulation d'une population nombreuse, l'iosulfi-
sance des moyens d'occupation et le bas prix des salaires ont
été les causes premières et légitimes de l'émigration. Elle a été
peut-être exagérée sur quelques points par l'^itraînement et par
les excitations des raccoleurs; mais jusqu'ici il n'y a pas là un
danger réel, le prix du travail étant en général resté statioanaire
ou ne s'étant accru que dans des proportions insignifiantes.
2* Si dans ravenir la population des Basses-Pyrénées con-
tinue à se développer conformément aux lois naturelles, les con-
ditions économiques restant d'ailleurs ce qu'elles sont aujourd'hui,
il est à désirer qu'il s'établisse dans ce département un courant
régulier d'émigration pour offrir un débouché au travail dispo-
nible, et pour arrêter dans ses progrès le morcellement du sol.
&" On doit regretter que, an détriment de notre natioçaliié.
.yGoogle
Si8 en. T. — PATSAK-BilSQlfB DD LABOURD (PHANCB).
l'émigratioD basqae se dirige à peu près exclusÎTemeot vers une
terre étrangère ; mais il faut reconnaître cependant qu'elle con-
tribue à développer notre commerce dans les régions de la PJata.
li faut constater aussi que, depuis l'apaisement des troubles de ce
pays, les émigrants trouvent dans les républiques riveraines de ce
fleuve, et spécialement dans l'État de Bueaos-Ayres, des condi-
tions avantageuses sous le rapport moral et sous le rapport-
matériel.
k' Ed supposant qu'on tentât de modifier la direction
actuelle de l'émigration des Basses-Pyrénées au profit des colonies
françaises, il faudrait tenir compte de ce fait que jusqu'ici les
émigrauts de ce pays ne se livrent pas à l'agriculture. Il fiaudrait
donc se préparer à vaincre les difficultés qu'on rencontrerait
sans doute pour les pousser dans cette voie. Sous ce rapport,
l'habitude déjà prise des engagements momentanés pour payer
te prix de passage pourrait sans doute être mise à profit. Cette
habitude, en effet, serait un des meilleurs moyens de fixer l'émi-
grant agriculteur à une exploitation, tout en assurant ses débuts
contre les chances défavorables qui résultent nécessairement de
l'arrivée sur une terre nouvelle. 11 faudrait d'ailleurs que l'usage
d'un pareil moyen fùit convenablement réglementé, de manière à
garantir l'ouvrier contre tout abus contraire à sa liberté et à sa
dignité.
S° Enfin il faut exprimer le vœu que l'émigration, sans être
entravée, soit attentivement surveillée; et qu'on prenne prompte-
ment des mesures efficaces pour empêcher le retour des abus
dont les émigrants peuvent être victimes. A ce -point de vue, il
serait peut-être utile d'établir à Bayoone un commissariat spécial
qui serait babituellement en rapport avec des agences constituées
dans les principaux ports de la Plata. On parviendrait sans doute
de cette manière h obtenir sur l'émigration des renseignements
que les consulats n'ont pas fournis jusqu'à présent.
En ce qui concerne les mesures protectrices à prendre en
faveur des émigrants, on doit regretter que, dans la loi votée
en 18d/ï , on se soit uniquement préoccupé Abs émigrants étrangers
qui traversent le territoire français pour s'embarquer au Havre.
.yGoogle
iL^MBNTS DITBRS DE LÀ COKSTITDTIOK SOCIALE. 240
Il serait à désirer que des règlements spéciaux fussent adoptés
pour les ports de Bayonne et de Bordeaux, par lesquels il tend à
s'établir un courant régulier d'émigration française. Il faudrait
aussi que les mesures prolectrices s'étendissent autant que pos~
sible aux Basques qui s'embarquent dans les ports espagnols
sous pavillon fraoçais.
-S 2».
FBécis d'dhb monogbaphib ayant podr objet
LE HINZnB-ÉUI&BAHT DE LA GALIOE (ESPAGNE)
I. Définition dn lien, de l'orgaalsatlon indostrlellfi
et de la famille.
Le paysan décrit dans ce précis occupe successivement
chaque année trois situations. En Galice, il travaille à son propre
compte sur son petit domaine, avec le concours de sa femme;
et il y aura plus tard celui de ses enfants. En Andalousie, aux
mines de houille, il travaille en qualité de tâcheron. Enfin, pen-
dant le trajet accompli, aller et retour, entre tes deux localités, il
fait un commerce lucratif en achelantet eu revendant avec béné-
fice les animaux qui servent à le transporter. L'ouvrier a donc
un double caractère : en Galice, il est ouvrier-propriétaire dans
le système du travail sans engagements; en Andalousie, il est
ouvrier-tâcheron dans le système des engagements momentanés.
Pendant la belle saison, l'ouvrier réside, avec sa famille,
dans le petit village de Villalba, situé au sud-ouest delà Corogne,
entre ce port et la ville de Lugo, en Galice. Pendant l'hiver, il
va travailler en Andalousie, aux mines de houille de Villanueva-
del-Bio, à 50 kilomètres environ au nord de Séville. Le sol que
cultive la famille en Galice a pour base le granit et les autres
roches cristallines qui y sont ordinairement associées; il est
d'une médiocre fertilité. Nonobstant la latitude plus mériilioiiale,
îi raison de son élévation au-dessus de la mer et de la (iroximilé
.yGoogle
ISO CQ. T. — PATStH'BASQCE DU LABODHD [FBAUGB].
des hautes inonlagnes, ce pays donoe à peu près les tuâiDes
produits agricoles que la Brelagne, avec cette différence que le
sarrasin y est remplacé par le maïS; il est particulièrement
propre à l'élevage des bestiaux et à la culture du froment. La
fabrication du fer est à peu près la seule branche d'industrie qui
s'exerce dans le pays; mais, en revanche, la population ouvrière
est parfaitemeot préparée à exercer une foule d'industries, doDl
le siège est établi dans d'autres régions de l'Espagne, et spécia-
leoaent dans les grandes villes. A -l'époque où prospéraient les
colonies d'Amérique, les ouvriers de la Galice émigraieut aux
colonies ; et la main-d'œuvre nécessaire aux campagnes et villes
de l'Espagne était fournie par les Basques français et les
Auvergnats (13). Aujourd'hui, les émigrants français sontgéné-
paiement remplacés en Espagne par les petits cultivateurs de la
Galice et des autres régions monlagneuses du nord de l'Es-
pagne (si). C'est ainsi, par exemple, qu'à Madrid les Galiciens
exploitent en permanence la plupart des professions qui sont
exercées à Paris par les Auvergnats. Mais, ce qui caractérise
essentiellement ce district, c'est la classe des ouvriers-émigranls
(IV, V, 20), qui cherchent d'abord dans les travaux pratiqués
en d'autres provinces le moyen d'acquérir dans leur pays natal
une propriété agricole ; et qui, pendant assez longtemps encore,
parviennent, à force d'activité et d'énergie, à mener de front
ces mêmes travaux avec la culture de leur propriété. On peut
observer ces mêmes classes, avec des caractères presque ideo-
liques, dans les montagnes du Limousin, de l'Auvergne, de la
Savoie, du Piémont, du pays bergamasque, du pays de Lucques,
de la Westphalie, de la Bohème et des Carpathes. On les retrouve
encore, du moins avec leurs traits tes plus distînctifs, dans les
montagnes boisées de la Dalécarlie, en Suède, dans les forêts du
nord de la Aussie, et particulièrement dans celles du gouverne-
ment de Viaika. Il en est d'ailleurs question spécialement dans
le présent ouvrage pour plusieurs autres familles caractéristiques
(II, v). L'ouvrier galicien est un des types les plus remar-
quables d'ouvriers-émigrants qu'on puisse observeren Espagne,
et même dans le reste de l'Europe.
.yGoogle
âLdllENTS DIVKE8 DR U
La famille comprend les deux époux et trois jeunes enfants.
Le père, né à Villalba, marié depuis ft ans, est âgé de âO ans.
Sa femme, née au même lieu, est âgée de 25 ans. Leurs 3 enfants
sont âgés de â ans, de â ans et de 6 mois.
Les familles ne professent guère avec ferveur la religion calho-
lîque romaine. La femme seule pratique régulièrement ses devoirs
religieux. La régularité des habitudes des deux époux est in-
spirée essentiellement paruoe tendance énergique pourl'épargne.
Sous ce rapport, l'amour du travail supplée en partie aux qua-
lités morales d'un ordre plus élevé. Les avantages de l'iostruction
commencent à être appréciés dans le pays ; et, sous l'impulsion
des autorités provinciales, la commune emploie quelques res-
sources à créer les premiers rudiments d'une école primaire. Les
deux époux ne méconnaissent pas ces avantages ; mais, illettrés
eux-mêmes, ainsi que la majorité des habitants, ils hésiteront
vraisemblablement à envoyer leurs enfants à l'école, dans la
o^nte de voir affaiblir, chez ces derniers, les sentiments de
respect et d'obéissance.
La contrée rurale que la famille habite en Galice possède
les mêmes conditions de salubrité, et la pc^uiation jouit, sous te
rapport de la constitution pbysique, des mêmes avantages qui
ont été signalés pour la OHitrée de Santandei' (IV, v, «). Pen-
dant la fin de l'été et l'automne, les mines de bouille de Villa-
nueva, en Andalousie, sont exposées aux fièvres intermittentes.
L'ouvrier se soustrait à leur pernicieuse influence en revenant,
pendant cette saison, dans sa propriété de Galice. Cette circon-
stance contribue beaucoup à ratretenir chez tes ouvriers mineurs
les habitudes d'émigration. Pendant son séjour aux mines d'An-
dalousie, l'ouvrier reçoit, en cas de maladie, aux frais du pro-
priétaire, les secours de ta médecine et de la pharmacie. En
Galice, les secours de la médecine sont également donnés, àtilre
gratuit, par un homme de l'art subventionné par la commune.
La famille doit seulement payer les médicaments.
Sous l'influence de divers sentiments qui, depuis sa pre-
mière jenoesse, l'excitent sans relâche à la tempérance et è l'é-
pai^e, rémigrant a successivement franchi les conditions de
.yGoogle
S5I CH. V. — PATSAM-IUQOB OV LABOVHI) (fatHCB).
journalier et de tàcbwoo. Il &it eocore à la tAche les U'avaiu de
mine qu'il exécute peudant l'hiTcr; mais il a déjà acquis une
propriété territoriale pour la cultiver avec le secours de sa ramille.
Devant bientôt consacrer tout son temps à l'exploilatioa de cette
propriété, qui ne cesse de s'accrottre, l'ouviier s'élèvera déSoi-
tivemeat au rang de propriétaire.
II. Ho^ens d'exlstaBoe de la famille.
Les propriétés actuelles de la famille comprennent les objets
et les valeurs indiqués ci-après. — Immeubles : maison d'habi-
tation, avec 1 étable, 1 grange et diverses dépendances
d'une petite exploitation agricole, 729'00; — jardia-verger
de 12 ares, attenant à la maison, 81' 00; — champs à
céréales de 208 ares, 810' 00. — Argent : suivant un système
très-habituel chez les ouvriers de cette condition, l'ouvrier décrit
dans ce précis s'assure à l'avance le plac«nent de son épai^oe
future en achetant à crédit de la terre arable, à [»t)ximité de sa
propriété. Cette circonstance explique pourquoi, malgré sa ten-
dance à l'économie, l'ouvrier n'a poiot d'argent comptant chez
lui. — Ànimauo) dontestiqites entretenus toute l'année : 2 vaches
avec 2 élèves, 259'00; — apoulesetl coq, â'OO. — Getteéva-
ItialioD est faite au commencemeot de l'hiver, lorsque ta famille
a déjà vendu 1 géaisse de 2 ans 1/2 et consommé 12 poulets.
— Animauo} domestiques entretenus seulement une partie de
l'année : 2 porcs, d'une valeur moyenne de 77 francs, eatre-
tenus pendant 7 mois : la valeur moyenne, calculée pour l'année
entière, équivaut à A5* 00. La famille engraisse annuellement
2 porcs, dont l'un est veudu et l'autre tué pour la consomma-
tion du ménage. — JUatériel spécial des travauco et industries :
outils pour la culture du jardin, 8' 00; — instruments et outils
pour la culture des cbamps à céréales, 85 ' 00 ; — mobilier,
ustensiles et outils pour l'exploitation des vaches, 110 ' 00. —
Fonda de roulement: engagé dans le commerce de chevaux et
de mules, 150' 00. — Valeur totale des propriétés, 2,231 '00.
L'ouvrier reçoit, soit comme mineur, sût comme agrîcul-
.yGoogle
étEIIHNTS DlVBtS t>B hk CO:taTITUT10N SOGIALB. X53
leur, des subveDtioDs qui contribaent essentiellemeat au bieû-
être de la famille. En premier lieu, le propriétaire des mines où il
travaille pendant L*é(é lui accorde^ à titre gratuit, le logement et
l'éclairage. L'ouvrier peut, eu outre, faire récolter dans les
Dekesas (IV, v, 8i), c'est-à-dire dans les pâturages et les taillis
communaux voisins des mines, le bois nécessaire au chauffage et
à la cuisson des aliments. Il peut également cbasser et pécher à
tilre gratuit sur ces mêmes terrains {IV, v, 19). L'ouvrier a droit
de faire pattre ses bestiaux sur les terrains communaux et d'y
récolter le bois de chauffage, ainsi que la litière et les herbes néces-
saires à ces bestiaux. L'éducation est donnée gratuitement aux
enfants dans l'école communale. Toute la famille reçoit enBo, à
titre gratuit, les secours de la médecine et de la chirurgie. Les
faits observés dans cette localité, et beaucoup d'autres faits ana-
logues, prouvent que, dans certains cas, les subventions com-
munales se concilient' mieux que les subventioDS émanant d'un
patron avec l'exercice du libre arbitre chez l'ouvrier; que, par
ce motif, elles acheminent plus sûrement vers la propriété les
ouvriers doués du sentiment de la prévoyance.
Travaux de l'ouvrier. — Le temps de l'ouvrier se partage
entre deux occupations principales. Du 1" novembre au 31 mai :
travaux d'exploitation à la mine de bouille de Villanueva (Anda-
lou^e) . Du 10 juin au 20 octobre : travaux agricoles sur la pro-
priété que l'ouvrier possède en Galice et sur les propriétés voisines.
Le temps qui s'écoule du 1" au 10 juin, et du 21 au SI octobre,
est absorbé par le voyage (aller et retour) entre les deux sta-
tions indiquées. Ce temps peut être considéré comme une occu-
pation lucrative, en ce sens qu'il est employé à transporter d'un
Heu à l'autre des chevaux et des mules sur lesquels l'ouvrier
réalise un bénéhce assez considérable. L'ouvrier exerce donc
successivement, dans le cours d'une même année, les trois pro-
fessions de mineur, d'agriculteur et de marchand de chevaux.
Cette aptitude variée est un des traits caractéristiques du Galicien
émigrant. En Andalousie, l'ouvrier emploie quelques moments de
loisir pour pêcher à la ligne dans les rivières. En Galice, ses
travaux secondaires ont pour objet la culture du jardin, la récolte
.yGoogle
aïi CH. V. — PArSAN-BASQDF! DU LABOCRn (FIIANCBJ.
et le transpfflt du bois de chauffage, des herbes et des feuilles
sarvanl de litière. — TVavauco de la femme. — Outre les Ira-
vauK de ménage, qui comprennent ici la fabrication du pain ^
qui constituent son travail principal, elle exécute seule tous les
trdvauK de culture qui doivent avoir lieu entre les labours et les
semailles, que l'ouTTier fait en automne avant de partir, et les
récoltes, qui commencent en juillet pour le froment, aussitôt gue
l'ouvrier est de retour; elle cultive le jardin et soigne les ani-
maux domestiques; dans l'hiver, elle s'occupe de l'égrenage du
mais, du hlage du lin et de la confection des vêtements de la
famille. — Industries entreprises par la famille. — Dans les
travaux de mine qu'il accomplit en Andalousie, l'ouvrier spécule
sur la substitution du travail à la tâche au travail à la journée.
Parmi les autres industries exercées, soit par l'ouvrier, soit par
la femme, et qui sont pour le ménage la source d'un bénéfice, il
faut citer : la culture du jardin et des champs à céréales, l'exploi-
tation des animaux domestiques, et enfin un commerce de che-
vaux et de mules qui s'exerce dans les circonstances suivantes :
avant son départ de Galice, l'ouvrier achète à crédit une mule
qui le porte en Andalousie et qui s'y vend avec avantage. Pendant
tout l'hiver il laisse pour plus de sûreté ses épargnes entre les
mains du directeur des mines; mais, à la fin d'avril, il en fait
emploi en achetant dans une foire, près de Yillanueva, un cheval
andalous, qui le porte en Galice et qui s'y vend également avec
un certain profit. ,
UI. Mode d'exlatenoe de la famille.
Le régime alimentaire auquel se soumet l'ouvrier pendant
toute la saison d'hiver, nonobstant les nides travaux qui lui sont
imposés, témoigne de son extrême sobriété. L'empire qu'il exerce
sur ses appétits physiques s'explique par le désir incessant qui
le porte h l'épargne. L'ouvrier, pendant son séjour aux mines
d'Andalousie, prend ses repas en compagnie d'une douzaine
d'autres ouvriers galiciens, qui rétribuent en commun un can-
(inier chargé de faire les achats de denrées, de couper et de
:,yGoogle
éLéUENTS DIVERS DE U CONSTITlTlO.'f BOCIALB. t!>5
fa^Qsporter le bois de chauffage oécessaire à la cuisine et au
chauffage des chambres, et de préparer les repas. Ceux-ci sont
au nombre de trois : l' te déjeuner (8 heures) : composé d'une
soupe k l'huite, au sel, au pain et à l'ail ; — 2° le dîner (midi) :
composé d'un mets national dit Olla, sorte de pot-au-reu à jus
épais, où entrent le gras de lard, le sel, les pommes de terre et
les pois chiches {Garbanzos), et qui se mange avec du pain ; —
B" le souper (7 heures) : composé de pain assaisonné de divers
alimcnls, et particulièrement d'oranges, pendant 3 mois ij'î (de
mars en juin) . — L'ouvrier, résidant avec sa Tamille en Galice, fait
également 3 repas : 1* le déjeuner (7 heures) : composé de pain
de froment ou de mais, ou d'une bouillie {Ferrapas, IV, v, i o)
composée de farioe de maïs et de lait ; — 2Me dîner (midi) : avec
une Olla, composée du lard de la provision et des légumes du
jardin, et mangée avec du pain; — 3° le souper: avec une soupe
composée de pain et de lait, ou avec du pain assaisonné, selon
la saison, de fromage, de salade ou de fruits. — L'orgaoisation de
la vie eu commun en Andalousie présente une analogie remar-
quable avec celle des Artèles d'ouvriers émigrants de la Rus-
sie (II, V, ao).
La chaumière habitée par la famille en Galice n'a qu'un
rez-de-chaussée composé de 3 pièces : un même enclos comprend,
outre cette habitation, la cour, les étables, la grange et un
appentis, où se placent les outils agricoles et les harnais. Le
mobilier peut êtra évalué, avec les vêtements, à un total
de 504' 75, savoir : meubles, 206' 30;'— ustensiles» 80' 10;
— vêtements (moins soignés que ceux dont te détail est pré-
senté dans le tome précédeat, IV, v, io), 218' 35.
Les satisfactions que l'ouvrier et sa femme éprouvent à
accroître leur fortune par de nouvelles épargnes, et les jouis-
sances qu'ils trouvent à envisager l'avenir, leur tiennent évidem-
ment lieu de toute autre diversion au travail. Cette préoccupa-
tion constante remplace complètement l'excitation que les autres
ouvriers européens cherchent, pour la plupart, dans les récréa-
tions proprement dites. Parmi les récréations qui donnent lieu à
une dépense, il faut noter la consommation d'une faible quantité
.yGoogle
336 CB. T. — PATi<AM-BASOire DU UBOOBD (raANCE).
de via dans les veiUées d'hiver, celle du (abac de contrebande,
fumé à très-pelile dose par l'ouvrier, enfin le jeu de la loterie,
qui donne à la famille une excitation agréable, sans dégénérer
en passion. Pendant son séjour aux mines, rouvrier évite, avec
une persévérance qui ce se dément jamais, toule récréation pou-
vant donner lieu à une dépense. Sa seule distraction régulière
consiste à fumer un psn de (abac. Bien que son travail donne
lieu à un grand emploi de force, il ne consomme jamais, même
pendant ses repas, de boisson fermentée. 11 n'y a d'exception à
cette règle que les jours de Noël et de Pâques, et pendant les
trois derniers jours du carnaval- Après le tabac, le plaisir de la
pêche, qui ne donne lieu à aucune dépense, et qui fournît
quelques ressources h la cuisine, est la principale récréation de
l'ouvrier en Andalousie. Les Andecfias et YEsbilla (IV, v, 1 1)
figurent ici, comme dans toute cette région de l'Espagne, au
nombre des principales récréations de la famille.
IV. BlBtoire de la fonllle.
La famille qui est l'objet de ce précis constitue l'un des
types les plus remarquables de ces ouvriers-émigrants qui se
retrouvent également dans plusieurs autres contrées de l'Europe.
Dans le premier âge, les enfants des petits métayers et des petits
propriétaires de cette partie de la Galice fréquentent l'école com-
munale, et secondent leur mère dans tous les travaux et particu-
lièrement dans la ganje des bestiaux. Plus tard, les gainons
secondent le père de famille, ou vont travailler, chez les proprié-
taires ou les métayers voisins, en qualité de journaliers ou
d'ouvriers à engagement annuel. A l'Âge de 18 ans, l'ouvrier
commence à émigrer temporairement en Andalousie. Pendant
l'hiver, il s'emploie, comme journalier ou tâcheron, aux travaux
accessoires de l'exploitation houillère de Villaoueva, et spécia-
lement aux transports intérieurs, depuis les chantiers d'abatage
de la houille jusqu'au bas du puits d'extraction. Pendant l'été, il
concourt, en qualité de journalier, à la moisson des céréales
dans les grandes exploitations agricoles voisines du Guadal-
.yGoogle
éiisENis niTus di la oomnTimoN socuù. icii
quivir. Pendant cette première période, il séjourne' toute l'année
en Andalousie; il gagne environ USO' chaque année, il ne
dépense que âOO' et fait donc une épai^e de 130'. Plus lard,
sa dépense annuelle restant la même et son travail aux mines
devenant plus important et mieux rétribué, il peut épargner,
chaque année, une somme ua peu plus considérable. Â l'âge
de 26 ans, l'ouvrier auquel se rapportent ces- détails avait épar-
gné, dans ces conditions, une somme de 1,350'. Il était dès lors
dans les conditions réclamées par l'opiaion pour prétendre îi
l'alliance d'une famille prévoyante. Parvenu à ce point, l'ouvrier
émigrant vient se marier au pays natal; il achète en même temps
une propriété et la garnit de tout le mobilier nécessaire. 11 con-
sacre son épai^e à cette deslioation, et donne hypothèque au
vendeur pour la somme qu'il ne peut immédiatement acquitter,
en s'obligeant de servir un intérêt de 6 p. 100 par an. Il
reste en Galice deux années au moins pour compléter sonéta-
blissement et pour le mettre en activité. Après ce délai, la jeune
femme ayant acquis l'expérience nécessaire pour gérer le bieu en
l'absence du mari, celui-ci recommence ses émigrations : il va
travailler aux mines pendant l'hiver, mais il revient touyoure
pendant l'été dans sa fomille, pour faire, dans sa propriété, la
récolte, puis les travaux de labour et les semailles de fromeut.
A l'âge de 50 ans, il se trouve, pour ce qui concerne sa fortuac
et ses occupatioDs, dans les conditîous énoncées précédemmuiti
Il met à profit ses voyages (aller et retour) pour laire un com-
merce assez lucratif de mules et de chevaux. L'ouvrier placé dans
les conditions mentionnées ci-dessus épargne environ 350' par
année. Il lui faut donc émigrer pendant 2 ou 3 années encore
pour rembourser la créance qui grève sa propriété, et pout se
compléter, en immeubles et en aident, un capital de 2,500'. A
dater du moment oii ce but est atteint, il resta sur sa propriété!
sM ressources sont désormais employée à élever la famille qui
lui est venue. Les enfants passent à leur tour par les mêmes
épreuves. Ceux des garçons qui ont profité des exemples de
frugalité, d'ordre et d'économie donnés par les parents arrivent
comme eux à là propriété. Ceux, au contraire* chez lesquels la
T. lî
.yGoogle
168 CH. V. — PATSAH-aiSODE DU LiBOiniD (pIAHCe).
propension à l'épargne ne se développe pas tombent dans la
dasse des petits métayers, et même dans celle des bordlers-
agricnlleurs travaillaQl à la journée.
T. Budget domestique onimel et avenir de la ftnllle.
Recettes de la famille. — Revenus des propriétés, il3' 00;
— produits des subventions, liiS'OO; — salaires, 6&5'00; —
bénéfices des industries, outre une recette de S&S' 00 qui est
appliquée à ces mêmes industries, donnent un bénédcede 691' 00.
~ Total des recettes, 1,390' 00.
Dépenses de la famille, — Nourriture, 645' 00; — habi-
tation, 119' 00 ; — vêtements, l&ô' 00; — besoins moraux,
récréations et service de santé, 4,8' 00;— dettes et impôts,
73' 00. — Total des dépenses, 1,026' 00.
La famille réalise donc une épargne de 364 ' 00, qui lui sert
à rembourser partiellement les sommes dues sur les dernières
acquisitions de terre arable. Les ressources sur lesquelles l'ouvrier
peut surtout compter pour assurer l'avenir de sa famille sont les
mêmes que celles qui sont acquises au métayer de la Vi^lle-Cas-
tille (FV, t); savoir : un avantage matériel, l'usufruit des biens
communaux, et la focilité d'acquérir, à titre privé, des propriétés
avec tes épai^es annuelles ; une force morale, la tempérance et
l'amour du travail, entretenus par la passion de ta propriété.
On s'explique que ces causes de succès laissent les Galiciens
inférieurs aux Saxons '(HI, m, ig) et qu'elles n'excluent pas
l'ébranlement social dû h certains attentats contre la pro-
priété, p. CIA ET F. L.-P.
.yGoogle
CHAPITRE VI
MANŒUVRE-AGRICULTEUR
DU MORTAN (NIVERNAIS)
u 1* tjltmt dm eogagME
LE FONDEOR {AV BOIS] DU NIVERNAIS (81),
Pab HM. a. de SAINT-LËGER BT F. LE PLAY.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
D^VINISSAHT LA Cu:<01TION DS3 DIVERS UBUBRBS DE LA rANlLLK
DéOMlttoB Am Uem, ds l*orcftahmtl*D iMdnalriellv
e« «le ■» fn mille.
SI.
ÉTAT DU SOL, DE L'iNDUSTItlE BT DE L\ POPULATION.
L'oavrier h3bite la commuoe de Satot-Léger de FougereUe,
canton et arrondissement de Châleau-Chinoa (Nièvre). La com-
oiune, dont le sol appartient aux formations granitiques et
porphyriques des montagnes du Horvan, a pour productions
principales les bestiaux et le bois de chaufiage destinés à l'appro-
visionnemeot de Paris : les céréales produites sont destinées à
la nourriture de la population locale. Les hablianls de la com-
.yGoogle
S60 CE. TI. — MANCBUVlI-AfiBICULTEro DD IIOBVAR (MVEKKAIB).
mune formaient, en I8I18, 2&1 ménages distincts, répartis dans
un pareil noiubre de maisons. On peut résumer comme suit la
nature des professions et le nombre des personnes qui se rat-
tachenl à chacune d'elles : 1 principal propriétaire résidant dans
la commune (1), formant 1 ménage composé de 16 personnes;
— professions libérales : le curé et les sœurs institutrices de
Saint-Joseph, 5 personnes en 2 ménages ; — petits propriétaires
ayant pour principale occupation la culture de leur propriété(i s),
tiS2 personnes, formant 72 ménages; — fermiers et métayers,
possédant parfois en propre un peu de terre, ayant pour princi-
pale occupation la culture des domaines appartenant aux grands
propriétaires, 38& personnes, formant ki ménages; — mar-
chaBds et artisans : meuniers, tailleurs, tisserands, sabotiers,
maréchaux-serruriers, maçons, cabaretier, vétérinaire, empi-
rique, 135 personnes, formant 22 ménages; — bordiers-pro-
priétaires, possédant pour la plupart une maison et un jardin,
191 personnes, formant 89 ménages; — manœuvres-agricul-
teurs non-propriétaires, dans la condition décrite par la présente
monographie (ig), 263 personnes, formant 57 ménages; —
gardes forestiers, anciens ouvriers -domestiques, &0 personnes,
formant 7 ménages. — Total, l,/i66 personnes.
En représentant par 100 la totalité de l'impôt foncier de la
rommune, la part payée par les 3 catégories de propriétaires se
répartit approximativement comme il suit : principal propriétaire
résidant, 50 ; — deux grands propriétaires non-résidants, 28; —
petits propriétaires, 22.
Les engagements qui lient les manœuvres-agriculteurs aux
métayers et aux propriétaires qui les emploient ne sont plus
permanents comme ils l'étaient dans le dernier siècle. Chaque
jour ils tendent de plus en plus à prendre un caractère essentiel-
lement momentané. La permanence ne subsiste plus que pour un
travail déterminé, qui n'embrasse guère généralement qu'un
petit nombre de journées. Le principal propriétaire de la com-
mune, ayant conservé jusqu'à ce jour la tradi^on de sa famille,
contribue par son exemple et par son ascendant à maintenir. Sous
ce rapport, quelques-unes des anciennes habitudes sociales. Il
.yGoogle
(»S8BVtTtON8 KÉLDIlKAtiBa.
ne congédie jamais les ouvriers qui oat été une (ok &U»f^é$ k la
partie de son exploitation qu'il admiDistre en régie; ep sor^
que» de son vivant au moios, cen^H» jouiront des ayairtages et
de la sécurité inhérente à la condition des ^ga^ à vie.
«2. .
ÉTAT CIVIL DE U FAHICLB.
La Taniille comprend les deux époux et quatre enfantS)
savoir :
1. LoD» P"*, chet de la r&initle, marid depuis 13 sas, né & Cbtieta-
Chinou 30 ang.
3. Cluhudb R"*, m roffline, ode \ Saint-Légor de Fongorette 33 —
3. Gilbert P*'*, leur aii itné, nd i Çiiot-Léger de Foogerette 13 —
4. Henriette P"*, leur fille aînée, ude à. S^t-Uger de Fongercite. . . 10 —
5. CUnP'", lenrS* fille, lOe à Saini-L^ger de Fougerette 8 —
0. Marie P-", leur 3* mie, nie t Salnfr-Léger de Foogerette S —
S 8.
RBUGION ET HABITUDES HOB&LBS.
Les ramilles de cette condition proresseot toutes la religion
catholique dans des conditions d'anlformité. La Terveur religieuse
et l'assiduité au culte sont prononcées, surtout chez les femmes.
Celles-ci reçoivent la communion à toutes les grandes fêtes; et
les hommes, au moins le jour de Pâques. Les jours d'abstinence
sont scrupuleusement observés par toute la famille. Les habi-
tudes morales sont bonnes, tant avant qu'après le mariage. Les
en&nts naturels sont k peu près inconnus dans la commune. Il
y a d'autant plus lieu de se féliciter de cet état des mœurs, que
Texigulté des habitations ne se prête guère à l'observation des.
règles de la décence. Une enquîte approfondie a montré que,'
sur 50 ouvriers de cette condition existant dans la commune^
5 seulement avaient une tendance à T^fiargne et étaient en .voie
de s'élever à une mçilleive situation. Pour représenter,' dans la
.yGoogle
163 CB. VI. — lllNOKirrBB-AGBICin.TBIIR DU HOIVIK (HIVElIfAIS).
présente monographie, les mœurs dominaDtes du pays, on a dû
décrire une famille qui est dénuée de tout senliment de pré-
vopoce, et qui consomme tout ce qu'elle gagne. Les délite les
plus habituels qui se commettent daDS la commune sont 1^
soustractioDs de bois dans les forêts; et l'on remarque que
l'importance de ces délits varie beaucoup avec la direction
imprimée aux sentiments religieux. Ud ancien serviteur, chaîné
depuis longtemps de la conservation de ces forêts, ayant sponta-
nément remarqué t'influence exercée, touchant ces délits, par
tes divei% ministres du culte qui s'étaient succédé depuis kO ans
dans la commune, résumait son o^nnion sur ce point en disant :
H un bon curé vaut mieux que quatre gardes forestiers ».
s».
HTGIÈNB BT SEEVICB DB BimÛ.
La localité, située à un niveau assez élevé sur les montagnes
granitiques, est très-salubre et exempte de la plupart des épi-
démies qui sévissent dans tes plaines calcaires du Nivernais et de
la Bourgogne. C'est ainsi, par exemple, qu'elle n'a point été
atteinte par les deux invasions du choléra qui ont eu lieu, dans
les résous environnantes, en 1833 et en i8&9. I^ population,
soumise à un régime alimentaire peu substantiel, où la viande
et les spiritueux manquent presque entièrement, n'a qu'une
constitution faible; les maladies sont néanmoins assez rares.
Pendant longtemps le service médical a fait défaut; aujourd'hui
les secours sont fournis, dans tes cas ordinaires de maladie, avec
autant de dévouement que d'intelligence, par les sœurs de Saint-
Joseph, qui tiennent t'écote des filles et qui disposent d'une petite
pharmacie. Le principal propriétaire de la commune supporte
tes frais de ce petit établissement. Les dames de sa maison con-
tribuent par la visite des chaumières à diminuer la souffrance
des malades. Elles se préoccupent surtout de conjurer les priva-
dons qu'entraînerait la maladie des ckefs de famille.
.yGoogle
s»-
BANQ DE LA FAMILLE.
N'ayant fait l'apprentissage d'aucune profession, exerçant
seulement les travaux qui n'exigent qu'un simple déploiement de
force brute, dépourvu d'ailleurs d'énergie et d'esprit d'iaitiatiTv',
le manœuvre décrit dans la présente monographie appartient à
l'une des catégories inférieures d'ouvriers français. En sa qualité
de chef de ménage, il s'élève, à quelques égards, au-dessus des
ouvriers-domestiques attadiés par engagement annuel aux
métairies et aux fermes du voisinage; mais, étranger à tout
esprit de prévoyance, il est rarement en état de remplir toutes
lœ obligations imposées à un père de famille. Les maladies, le
renchérissement des denrées et les contre-coups des crises poli-
tiques le plongent de temps en temps dans un dénûment dont
il ne peut sortir qu'avec l'assistance du principal propriétaire. A
cet égard, celui-ci, Bdèle à la tradition de sa famille, est resté
a le patron de la commune ».
§6.
PfiOPBléTéS.
' (Hobllier et vetemeots non comprii.)
IhMBDBLBS et AftG»iT 0' 00
Entièrement dépourvu de sentiments de prévoyance, l'ouvrier
n'a, ni immeubles, ni captaux.
Ahiuaux dohbstîqobs entretenus toute l'année. . . 15' 00
1 chèTO UltiiTB, IV 00 ; — S poules et 3 ponlets, Sf 00.
AniHAnx DOHESTiQUBs entretenus seulement une partie de
l'année 24' 00
1 porc d'an« nlenr moyeaue de 36' OO, «atratenn pendant 8 nids i la Talenr
nojenop, oalcnlée ponr l'année ntiire, éqnlnat kWW.
.yGoogle
164 CB. VI. — IIAN(mVBB-AGBICU[.TBUB DV HORVAN (kITBXMAIS).
îdixiaisi SPÉCIAL des travaux et industries 22' 60
1' Pow ttt trtuMuc avieiAet txéMé* «i oMt]>(« do mJtatm'. — 1 (ux, {'00|
— SfMKUlw.i'OO. — Total, 8' 00.
1° Pour Ut travaux forntûrt txtcutit oti compta du métaj/er ou duprcfriitttir*
iê la sn^irit. — l cspiée, 3' 00; — 2 terpet, 3'00. - ToUl, 0^00.
3* Pour Ut travaux dit lêrratitratrit «axfcut^ ou compta da dlvtri propriét(ûra
rt métaswt. —.1 p«lle en fer, t'SOi — 1 pic, 4'OOi — 3 pioches, 31 00. — To-
W.,8'5P. ; .
Talbcr totale des propriétés 61 ' 50
S'.
8DBVBHT10HS.
Le principal proprii^ire de la commune* qui possède spécia-
Jenjent la métairie à laquelle le manœuvre est attaché, accorde,
fer une tolérance fondée sur d'anciennes traditions, diverses
subventions il. défaut desqu^es la. famille ne pourrait subsister.
Il autorise, à titre gratuit, le pâturage de la chèvre laitière (e)
sur sa propriété. Il donne le bois mort et les débris d'exploita-
tion gisant dans les forêts; il autorise le glanage sur ses métairies
et surlespropriétésqu'il cultive en régie; il subventionnes sœurs
de Saint-Joseph, qui donnent gratuitement aux ûlles l'enseigne-
ment scolaire et l'éducation religieuse. Il vient au secours de la
population locale, quand surviennent les maladies, les chômages
et le renchérissement des denrées. Il intervient alors de deux
manières : tantôt il alloue directement des secours, tantôt il fait
exécater des travaux de terrassement dont la valeur réelle atteint
rarement Jes deux tiers de la dépense qu'ils entraînent. D'un
autre côté, la commune, avec ime subvention du département
et de l'État, donne, à titre gratuit, l'enseignement scolaire aux
ga'rçoii's dans fécole dirigée par Finstitutear communal.
. L'auteur de ces subventions conserve donc à cette localité le
bienfait des anciennes babitudes de protection et d'assistance. Ce
régime, entretenu jusqu'à ce jour par la tradition, impose au
patron des charges qui, dans notre organisation sociale, restent
.yGoogle
OUBtTATIONS PK^LlHlNAïai». 265
saos compensation positive. Il assure, il est vrai, h ce dernier
des jouissances morales qui sont d'un grand prix pour les
natures d'élite; mais cette satisfaction est chaque jour moins
appréciée en France. Elle y devient, du moins, plus difficile à
obtenir, au milieu des sentiments d'antagonisme que développe
incessamment l'opposition des intérêts. Au point de vue matériel,
l'organisaliOD décrite dans la présente monographie se résume
en une diminution considérable du produit net qu'obtiendrait un
propriétaire qui administrerait en réclamant tous les avantages
que lui assure le droit commun. 11 n'y a donc pas lieu de s'éton-
ner que ces derniers vestiges de t'esprit d'un autre âge deviennent
chaque jour plus rares dans notre société.
88.
TRkMJiX ET INDUSTRIES.
TAAVA.DX DE l'ouvrier. — Lc travail principal du manœuvre
a pour objet les opérations d'une métairie de 50 hectares environ,
qui, pendant toute l'année, est exploitée par un métayer assisté
de trois domestiques à engagement annuel. Il exécute, en outre,
divers travaux pour le compte des propriétaires, des fermiers et
des métayers du voisinage. L'ouvrier vient régulièrement, à
certaines époques, accomplir, dans la métairie à laquelle il est
attaché, les travaux auxquels le métayer et les domestiques ne
peuvent suffire; tels sont surtout les récoltes de foin et de
céréales, le battage du blé, certains sarclages, l'émondage des
haies formant les enclos où se tient le bétail, l'abatage et la
façon du bois de cbaufTage. Dans la saison où les travaux
agricoles et" forestiers ne réclament point un supplément de
main-d'CBuvre, il s'emploie à divers travaux (terrassement et
~ plantations) chez les propriétaires voisins et surtout chez le pro^
priétaire de la métairie à laquelle il est attaché. Les travaux
secondaires de l'ouvrier sont : la culture du jardin-verger loué
avec ta maison; la culture d'un champ à pommes de terre livré
par le métayer à l'ouvrier après un labour ; la récolte et te trans^
:,yGoogle
AQaiCDLTBDB DV HORTAN (MVBRZfAIs}.
pOTt du combustible nécessaire & la famille. L'ouTrier fournit
en outre, comme impât communal, 3 journées pour l'entretien
des chemins vicinaux. Faute de traTail, une partie du temps de
l'ouvrier est inoccupée.
Travaux de la fehhb. — Le travail principal a pour objet
les travaux de ménage, y compris les soins donnés à un nourris-
son confié à prix d'argent par l'hcaptce des enfants trouvés. Les
travaux secondaires sont très-vari^ : en effet, la femme cultive
le jardin et le champ à pommes de t^re qu'exploite la famille;
elle soigne les animaux domestiques; elle prépare (teille) le
chanvre; elle &le te chanvre peigné ; elle tricote des bas de laine;
elle confectionne pour la famille des vêtements de toile et de
coton; enfin elle glane du blé et récolte du bois de chauffage.
Les femmes du pays travaillent peu en dehors du cercle des
occupations domestiques et des entreprises agricoles ou manu-
facturières de la famille : dans le ménage pris pour exemple, la
femme consacre plusieurs journées de travail à la fenaison, sur
la métairie à laquelle son mari est attaché. Ces nombreux tra-
vaux témoignent d'une activité et d'une énergie supérieures k
celles du mari; ils exercent sur le bien-être de la famille une
heureuse influence.
Tbavaux dd fils AinÉ XGÉ DE 12 ANS. — Le fils atné est
déjà placé comme domestique chez un métayer, et s'initie peu à
peu, dans cette situation, à 4'exercice des travaux très-simples
confiés dans ce district au manœuvre-agriculteur.
Travaux de dedx filles âgées de 10 bt 8 ans. — Ces
deux enfants fréquentent régulièrement l'école dirigée par les
soeurs religieuses attachées à la commune ; elles donnent quelque
assistance à la mère dans les travaux que comporte leur Age.
' Ihddstbies entreprises far la fahillb. — La famille
trouve une source de recettes dans trots industries : la culture
du jardin et du champ h pommes de terre; l'exploitation des
animaux domestiques et l'entretien d'un enfant confié au ménage
par l'hospice des enfants trouvés recueillis dans une ville voi-
sine. Ce nourrisson avait été remis au ménage vers le milieu de
Tannée pour laquelle le présent budget a été établi.
.yGoogle
OBSElVATIOItS PKltLtHIKAIRSS.
II«4« 4'eslBtcBee d« I
ALIMENTS ET BEPAS.
La Doumlure de ta famille est peu substantielle : elle se
compose priDcipalement de pain et de pommes de terre assai-
sonnées de tait, de sel et d'une petite quantité de corps gras
(tard el huile de navette ou de chènevis). La famille fait ordi-
nairement S repas, savoir :
DéjeaDer (7 h.) : soupe composée de pain, de légumes, de
sel avec un peu de lard, d'huile ou de lait; puis un morceau de
pain sans aucun assaisonnement.
Dîner (midi) : pommes de terre cuites à l'eau et au sel, ou
assaisonnées avec un peu de lard, et mangées avec du pain. Les
pommes de terre sont quelquefois remplacées par de la salade.
Quelquefois le repas se compose exclusivement de crêpes prépa-
rées avec la farine de sarrasin {Polyg^onum sagopyrum, L.) et
cuites sur une poêle enduite de lard ou d'huile.
Souper (7 h.) : composé comme le déjeuner.
Pendant l'époque des grands b-avaiix, les ouTriers font
& repas: à 6 h., 11 h., & h. et 9 h. En hiver, la soupe est quel-
quefois remplacée par une bouillie d'avoine ou de farine de
sarrasin assaisonnée avec du lait. On ne mange de la viande que
le jour de la fête patronale de la commune.
S 40.
BABlfàTlON, HOniUBB ET VÊTEMENTS.
La chaumière qu'habite la famille est très-exigug. Elle nt
-comprend qu'un re^e-chaussée avec deux pièces : l'une pour li
cuisiae et les repas; l'autre pour le coucher, et dans laquelle le;
.yGoogle
168 CB. TI. — UANCSVTBB-ACKICOLTBim DD HORVAN (HtVIKttilS).
trois lits des parents, du garçon et des filles, sont presque cod-
tigus. Un petit appentis reçoit la chèvre, le porc et la provision
de bois. Le jardin-Terger est attenant à la maison.
Le mobilier et les vêtements, mal tenus, indiquent une
situation voisine de l'indigence; ils comprennent:
Mbdbles : mal entretenus 13&' 00
1° Litt. — 1 lit en bois pcar les deai jponi, H'OO; — 1 matalu en plome,
MfOO; — t travenio, 3' 00; — 1 coaTertare de ttlne, IS'OO; — S IIU dea enfUita,
38'00. — Total, Stf 00.
%<• JfoMliw. — 1 Uble,«'0O; — 4eIuiHi, 3'00; — 1 umûre, SCOO; — leoffra,
Si 00; — 1 corbeille pour le pua, l'OO. — Total, WOO.
Ustensiles : strictement appropriés bok besoins. 38' 00
Ichtadière, sroOt— S marmites, iCN); — 1 toorUbre, SfOOt — IpoUe, 1*00;
— écaellea, fonrcheites et culUen enfer, yoO; — 1 pétrin poor faire le pain, lO'OOi
— a MU engroue tolle.i'OO; — 1 crémaillère, l'50; — 1 pelle, l'00; — l rouet i
Bler le cbanTre, 3' 00. .
Linge de uénagb : insuffisant et en mauvais état. 36' 00
3 paires de dn^s en toile de chanvre, 36' 00.
Vêtuhents : inférieurs par la qualité et la forme. 153' 00
.'oDvenn (76^ 77).
1° Vét«rMi\ti du dimanche, -r- Veste, gilet et pantalon en laine ponr l'hirer,
iO' 73; — veste, gilet et pantalon en coton pour l'étd, iV 00; — 3 moucboira, ï cra-
vates, 3' 67 ; — I paire do souliers, 4' 67 1 — 3 paires de bas de laine, 3 paires de bu
de coton, 5' 07 ; — chapeau de feutre, 3^ 00. — Total, 47' 14.
3° VéUmenU de travail. — Vestes, ^lets et pantalons vieux, 15' 86; — 3 psircs
de sabote, l'OO; — 3 chemises neuves, 10' 33; — 3 cbemiaes vieille«,S'5S. —To-
tal, »' 63.
VfrTENINTS Dl U FEVVB (47' 3S).
i" V^tmenti du dimaaclu. — Vêtements en l^ae, WOO; — vitemcnti en coton,
COTi — l Jopon, l'OO; —1 tablier, l'IS; — 1 fichu, VIO; — 1 mouchoir, Of 75;
— S p^rssdebaa en laiueet3 paires en coton, 4'7fi — 1 paire de lonliere, D'Est —
1 coiffe, l'16. — Total, 38' 47.
3" VtUmenU ia Irawiil. — Robes, Jupons, tabliers, fichus, coiffes, provenant <f an-
ciens vêtements du dimanche, 0' 15;— 1 moDChoir, 0'35; — 3 pairei de sabota, l'OO;
— 3 chemlMs neuves, tf%\i —3 chemises vieilles, l'70. — Totd, 18' SI.
VtTBMBim nu rarann (38' 85).
Objets divers en toile déménage, 8' 91; — vieux vêtementa des parents, 8*31; —
autres objets acbetég, 13'00.
Valbub totale du mobilier et des vêlements.. 361' 00
.yGoogle
OMBBVATIONS FBriLIMIHilBBS. 209
S 11.
HÉCH^TIONS.
La [»iDcipale récréation de la famille est le repas fait le jour
de la réte patronale de la coniiDUDe, et dans lequel, une seule
fois par an, entre une certaine quantité de viande et de vin.
L'ouvrier, à la fin de la moisson, prend sa part d'une autre fête,
nommée poêlée dans le pays, et ,à laquelle le métayer convie tous
les ouvriers qui l'ont assisté. Ou y mange des crêpes préparées
avec une bouillie de sarrasin, cuite sur une poêle enduite de
lard ou d'huile; ou y boit, en outre, du vin, quand le métayer
n'est pas dans la géoe. Dans le courant de l'année, la récréation
favonte de l'ouvrier consiste à se rendre dans les foires et dans
les marchés qui se tiennent dans les petites villes de Ch^au-
Chinoa et de MouUns-Engilbert. Là, en compagnie de quelques
amis, it s'informe des nouvelles du pays et prend au cabaret un
repas modeste, composé de viande, de vin et de pain de froment.
1! n'est pas sans intérêt de constater que celte fréquentation des
foires et des marchés est la récréation la plus généralement
adoptée par les populations ouvrières de cette partie de la France.
Inspirée par un seotiment égoïste, elle est presque toujours nui-
sible à la moralité et au bien-être de la famille.
S «2.
PHASES PRINCIPALES DE l'eXISTBNCB.
La classe des manœuvres-agriculteurs, à laquelle appartient
l'ouTrier pris pour exemple, ne s'est formée, ou du moins m'
s'est développée, que depuis le commencement de ce siècle (i o) • '
Les anciens de la commune cooSlatent que, de leur vivant, le
nombre des ouvriers de cette classe a quintuplé. Il est donc
.yGoogle
no CH. VI. — HÂNOBUVSE-ÀCBICnLTBDS UV IfOKVlN (MVBRNAIB].
certain que, dans le siècle dernier, les manœuvree-agriculteura
de la commane ne se composaient essentiellement que des mé-
tayers et de leurs ouTriers-domestiques, c'est-à-dire de familles
assurées de tirer en toute éventualité leur subsistance des produits
de la terre. Le développement de la population, dépassant les
besoins de l'industrie locale, a fait naître cette classe nombreuse
d'ouvriers-joumaliers dont le type est décrit dans ta présente
monographie. Ceux-ci, dépourvus des qualités morales qui
pourraient assurer leur indépendance, et restant inoccupés une
partie de l'année, ne trouvent un emploi lucratif qu'au moment
des récoltes, et ne vivent guère, le reste du temps, que de tra-
vaux et de subventions accordés par la bienfaisance des proprié-
taires voisins. Celte existence, déjà difficile et précaire, deviendra
inévitablement plus pénible encore par l'accroissement inces-
sant de la population, h mesure surtout que la division des grandes
propriétés et l'abrogation des anciennes habitudes de patronage
qui subsistent encore priveront les manœuvres des subveôtions
qui ne reposent aujourd'hui que sur les traditions de famille et
sur la bienveillance des grands propriétaires de la contrée.
L'ancienne économie européenne, ou du moins la solidarité du
propriétaire et de l'ouTrier qui eo est le trait fondamental, sub-
siste encore, en effet, dans cette localité, comme dans plusieurs
autres communes du Morvan. On y a conservé les avantages qui
restent acquis jusqu'à ce jour aux quatre cinquièmes (au moins]
des ouvriers de l'Europe continentale. II existe encore dans te
Morvan des propriétaires qui pensent avoir mission de pourvoir
à ce que tout ouvrier, placé dans te cercle de leur influence, soit
assuré d'obtenir, en tout temps, le pain quotidien.
Les enEants des manœuvres-agriculteurs, après avoir reçu
une instruction peu complète dans les deux écoles de la commune,
restent privés de tout apprentissage de métier. Les garçons s'em-
ploient, comme leurs pères, dans tous les travaux qui n'exigent
que de la force brûle. Quelques-uns eatrent comme ouvriers-
domestiques dans une métairie voisine; et, dans cette situation,
en se résignant au célibat, ils peuvent sortir de la position pré-
caire dans laquelle ils sont nés. Ceux d'entre eux qui, par excep-
.yGoogle
OBSIBVATIONB fBdLUIlttlIRES. 171
tiOQ, se montrent animés de l'esprit de prévoyance s'éJèvent
toos bellement au-dessus de la coodition paternelle. Ils sont
très-recbercbés comme ouvriers-domestiques j et ils sont ordi-
nairement admis, par un mariage, dans la famille d'un métayer
dont ils prennent plus tard la succession. Très-souvent ils sont
directement placés par un propriétaire à ia tête d'une métairie ;
dans tous les cas, ils accumulent chaque année un petit capital et
se mettent bientôt eu mesure d'acquérir une propriété, avec la-
quelle ils parviennent immanquablement à l'aisance. En revanche,
des enfants de métayers et d'ouvriers-domestiques, en nombre
plus considérable, ne pouvant rester, faute d'emploi ou d'apli-
tude, dans la condition de leurs pères, sont incessamment rejetés
dans la classe des journaliers. C'est ainsi que cette classe se
recrute sans cesse dans la partie la moins intelligente et la moins
prévoyante de la population. La classe des manœuvres-agricul-
teurs se recrute encore parmi les enfants de propriétaires-culti-
vateurs qui, après avoir divisé l'héritage paternel, n'y peuvent
plus trouver chacun pour leur activité un emploi sufTîsant. Sou-
vent on voit les propriétaires-cultivateurs eux-mêmes se ruiner,
pour servir les intérêts do sommes empruntées dans l'intention
d'acquérir, à un taux excessif, des terres situéf^ h proximité de
leur domaine, et être ainsi réduits à cultiver comme journaliers
des terres qu'ils ont antérieurement possédées (is).
L'accroissement du nombre des journaliers se lie également,
dans cette localité, à l'amoindrissement de l'autorité paternelle et
à la désorganisation des familles. Les métayers et les Termiers
ayant l'emploi d'un grand nombre de bras retenaient autrefois
près d'eux tous leurs enfants mariés et conduisaient leur exploi-
tation sans le concours de gens étrangers à la famille. II en est
autrement aujourd'hui : dès qu'ils sont en âge de se marier, les
enfants, cédant à un aveugle besoin d'indépendance, s'établissent
comme chefs de ménage dans la situation la plus précaire, au
lieu de con.serv6r ta sécurité et le bien-être qui leur étaient acquis
dans la maison paternelle. Ici, comme en Russie (II, ii, i s) , ce
sont surtout les jeunes femmes qui provoquent, par leurs dissen-
sions, cetle désorganisation, à laquelle nos institutions n'olTrent
.yGoogle
S7S CB. n. — HAKCKUTIB-AOMGDLTIIUB DO VOHVàN (NITBBKAIS).
désormais aucuo contre-poids. Cest par ce motif surtout que les
chefs d'exploitation agricoles, privés du concours de leurs enfants,
sont obligés de recourir à l'inferrention des journaliers (i).
Les diverses causes qui ébranlent, depuis le commencement
du siècle, la constitution sociale du Morvau ont été sinsuUère-
meut Tonifiées par l'esprit de nouveauté que la presse périodique
a inoculé aux populations des petites villes et des campagnes.
La presse locale a exercé noe fâcheuse influence en se faisant
l'écho des erreurs propagées par les journaux parisiens. Après
1830, on vit, en effet, se produire sous cette influence, dans les
petites villes du Nivernais, une impulsion comparable à celle que
les encyclopédistes créèrent à la fin du règne de Louis XV et qui
devint irrésistible, vers 177fi, dans les salons parisiens, à l'avé-
nement d'un jeune roi réformateur. A un siècle de distance, sur
un théâtre trèsHlifliérent, la situation était la même. Les popu-
lations rurales sentaient le poids de la soufirance propagée par la
corruption de l'ancien régime, et développée par les erreurs de la
révolution. Gomme leurs ancêtres du xviii* siècle et leurs maîtres
parisiens, les journalistes provinciaux croyaient que le peuple,
porté par une tendance innée vers le bonheur, était condamné à
son malheureux sort par l'action- persistante des institutions tra-
ditionnelles. Avec des nuances infinies de langage, ils commen-
cèrent l'enseignement qui prend chaque jour plus d'ascendant sur
des esprits ignorants et crédules. En beaucoup de localités, cet
enseignement fut corroboré par ceux mêmes dont il sapait l'in-
fluence légitime : par les derca non préparés à réfuter les erreurs
contemporaines, et par lés propriétaires infidèles aux devoirs du
patronage. Et c'est ainsi que l'ouvrier des campagnes, abusé par
celte propagande comme celui des villes, commence à croire que
le mal causé par la religion et la hiérarchie sera guéri par la
science moderne et la communauté des biens. L'ébranlement
imprimé aux esprito par ces erreurs s'est manifesté par des agi-
tations populaires en 18â8 : elles ont été peu sensibles, dans la
localité décrite, oîi la permanence des travaux for^tiers est assu-
rée par la r^ularité de la consommation parisienne fin. 3) ; elles.
QDt été plus marquées dans la région des usines à fer f isj
.yGoogle
«BRlVATlOin rtiUlINlIRItS. 213
s 13.
HOBUBS ET INSTITUTIONS ASSUBANT LB BIBN-ËTBB PDTSIQUB
ET HOBAL DB LA FAHILLB.
La famille décrite dans la présente moDographie appanienl à
la classe nombreuse des journaliers, non-propriëtaires. Cette classe
est multipliée de DOS jours, audétrimcDtdes paysans, propriétaires
ou tenanciers, après la destructioa des ancienaes communautés
du Nivernais, qui réunissaieat, daas une paix proronde, des
ménages de propriétaires (so) et de fermiers (sa).
La sécurité dont jouit cette famille repose en partie sur la
régularité des travaux agricoles qu'exécute l'ouvrier, lesquels se
ressenteut moins que les travaux manufacturiers des vicissitudes
politiques et commerciales. Elle doit être attribuée surtout aux
subventions (t) émanant du principal propriétaire de la commune,
et en général au patronage bienveillant qu'il exerce sur toute la
population. Dans cette localité, comme dans beaucoup d'autres
contrées de la France, le bien-être de la population dépend donc
d'une cause individuelle. A certains égards, il se malutient mal-
gré les mœurs c[ui tendent à prévaloir sous l'influence des nou-
velles institulioDS civiles (i7). D'une part, en eSet, la mobilité
de la propriété territoriale, dans un grand nombre de districts
agricoles, teud incessamment è détruire le patronage et l'esprit
de tradition. De l'autre, il n'e$t guère à espérer que des popula-
tions, dépourvues jusqu'à ce jour de l'esprit de prévoyance,
puissent de longtemps suffire eltœ- mêmes à toutes les néces-
sités de leur existence. Les difficultés que fait naître aujourd'hui
la constitution sociale de la France sont parfaitement caracté-
risées par cet exemple. Elles dérivent surtout de ce que les
institutioDS actuelles qui, favorisent l'essor des ouvriers pré-
voyants, ne permettent guère aux ouvriers dépourvus de cette
qualité de conserver la protection que leur assuraient les anciennes
mœurs nationales (i). Depuis 18118, les populations comprennent
de plus en plus que cette protection, déjà amoindrie, ne tardera pas
à leur manquer tout à fait.
.yGoogle
VI. — MAXCBlIVIlB-iGMCOLTBOIl KO KOnVAN (NIVKRNAIS).
S 44. - BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
SOORCBS DES RECETTES.
SECTIOK i«.
PtoprUtéi fvmiMf par l« fantOU.
An. !•'. '- PKcmirta uiiioBiukua.
(U fiuiiUl» B« powtdB mcnne propriiM da es gsnra)
A»T. B. — VAUnEB KOBILlkRia.
luui DouitTt^B Bslretcsut tODt* l'umAa :
1 china, I poiilM donnint morenuineiit 1 éUr**.
ikvx Domngun •MnKDui hdKdubI uns putis d« l'umia :
UiiiilU. trtaii. if trlYani st Indiutrlea :
Pour lo Innai aericolai cl foK>ti«n ei«ciilé* an compU dn mél*rei uqiiol l'<
vrl0t eit ipâciftlemanl ittacfaé - .,..,............'.■.'■
Poar In tiiTiai de LctrutemeDl ai^uUt au compta da pilron da la commuua (1),
de divan proptitulrat M mélajan
AIT. S. — DaaiT lui àUocjiTions di boci
(La tunlllafie tût partie d'aïuuDa KiciUA da ca gaan)....
yit.nn TO»Li d«i pcoptilUc (untdédactiaa dat dattsa d
SBCTIOH II.
SobvenUoni («gact pat la famiUa
Abt. 1". — PBoPBiirfs nfSB ix utnnini
[La ramilla Mtatolt aucD» proprltté «a unlhijtj
Akt. I. — Daona ti'ti»«> ma uca nomtrit va
DaDiT.rar le* cdréxle* i glinar car lai chaicpi da la métaitia
lot 1« pAluragM apparteuiil id pilron da la comoiunc.
■ui la bail mail dei faitu apputeDaDl au pilioD ds li commun
. Akt. s. — ALLOciTiaM D'ouan >t m mbvm
iiGoogle
IB-AGBICtTLTBUR »f MOnVAH [NIVEtt:fAIS1,
S 14. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
RECETTES.
dl."!!!^!.
..«r,.
ntu>
ar(U«.
SKCTION 1".
*
•
Ait, a. — lUmtHoa du valtom Monuku*.
lolicM (6 p. IW) de la Tilau da m uilm»!
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- d» C9tw .âlonr.
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- 08, J)
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(l.ibn>iUeiHiTOtoiliiaciuie>]locMl<>od>cagea».)
Totaux de* nTsaw du proprlilte.
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SECTION IL
A«T. ». — Paoninn on moim s'duob.
. (lfl,Fl
. (18, Cl
1 48
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Abt. a, — Oum rr bihvicu iLLOofe.
Déficit qoa pc^hbIsiiI an pulnu d« U commaDa Ç7) I« m»ni de Ur
roBurea
soo
300
aso
.00
(«mille d'ogirieti..
Fraia d« l'icols du fiUei, pa; ii pu le pairon de la commuDe ; par {amilLe d'on-
Sacoun mddicaui donni) ani rVal* du patron de U coanuana : par Huaflle d'
«Triar...
dlD8
soo
iiGoogle
CR. VI. — HAK<EIIVRB-A6RICVLTESR DO MORVAN (NIVERNAIS].
S U. — BUDGET DBS RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
SOURCES DES RECETTES (SUITE).
6BCTI0N III.
TraTBns aricntéi par ta familla.
UTAIL nmciFiL, aitcDl* i U jonmie ta compte d'un métaju, ia pition ds b
TnTiui agrieolM ciécnlh >u cgnipts du meUTeT : ricolts du folni (I5j.) at
ductréileiltOj.J
Tniiui agiicolsi eirtcutii id coupla da mduyu : txllage da gruui
Tmtiui agiicolu et foreUien, aarclagr, futon d«i halos. récoUo dai boit
TraTODi da tananemoDI eidcalAi au c ample da dlren pnpri^Uires el méUjoia.
Traïaui da terruaeioaat que I* pubon da la commuoo taiL aiécuMr A Ittn do
impto do U hmille :
□anninon confié par l'hospice, toitu de propreté eu
mobillar. aBlniicn al blanchinaga daa TetemoDU et
Guitare du champ i
FiligB du chauTIe, pour la ménaie (8 kil. de groaie fllMW). .
— pourdiïer» pis de bonne ai»Mo)
g, poui
DiUa.
Il hmillo. .
Rtcolla du c
pour la cbauEige domeatiqae
Recolle daa rcnnipoBile in«UiTeiiaqaelI'an>Tier«atap4cUlaMiitatlKlié
Preatilion da triTail comme Impdi eomaïaiial (entntlen dea chanliia)
Tnrail da Bli aloi, plicd comme aaTTltr.damaatlqae chei on mMajtc Toiun
NoTt. — LeateUeaataéeieiiciiteBlqaalqaaatnnuueoniiiauuilialnadeUsktn.
TotAVx dw Jeamtea da loiu te* m
SECTION tT.
ladactria* ■BtraprÎMi ft U funilla
{i ton ptopra compta }■
iMDrrtdn eotrapriisi m compta da U familte :
n du /atdis-ver^r (4 erea)
Cullun
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en. Vl. — llA.>i(lUtlVBB-AGBICDI.1EirB DU IIOBVAN (MVKBSAU).
S U. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
-.«.„-.-;:i;;in
RECETTES {8DITE).
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SBCTIOH m.
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SalainloUlittclbiiélcatnTiil (10, J)
Puti> do ultira qui conupODd 1 U Tileui ri«11e dn
ttmir.il (18. JelH,S"U)
(AntDB uliln n« pml «In ■Itribni i cm Innu)
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«3S78
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VI. ~ MAMXUVBB-AGBICULTEUB DU UOUVAN (MVGKNAIS).
S 16. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE.
DÊ&IGNATIOn DES DÉPENSES.
MM •( nu M luinn
ÂKT. I". — ALIH
(Féi l'onTiin p«ailiiil US Jodii; U liraiiiia p«ad«nl tSl Joinii
> nifiDti'da 10, ds S »t d* S uu ptndul WSlouD, «t 1 ODTriar
■Diiljaiie jxoduit I Jou 1^
PrunWDt, tnlai i VtUi da biina (la lan *a ■ éU lépïté) : pn>-
niantda (talii re{n camma nlaiia (IB.X)
Balgla, «Tulnt i l'tW de riiina (la ton n'en ■ pu il4 ttfié) :
proicDutdu ftiB nfD mnus* utiira, 1S3 kil. (19, K),U'e'7 ;
— du gtiln gUsé, 15 kll. (Id, F], 1*73; ^ du giun «chaK,
473kil.. WIO
Aïoinf, «Ta]q«a 1 FilU da brine [la ion « ■ «U itpiri) : pio-
TBDUll du gTun «cfaat^. ... ^. 4..... --.1 -*,-...-..-. .••,....
Sitiuin, éTaliié 1 l'flat de Ikiioa (la ion as a éU aiparAl : pra-
Tenjut dagnkn aça eainina ulalra (Id, K)
PoidaleUl al prix mojni
Cous nu I
Oral d« lud (poar unpa)
Hnlla da naTetla on de cliiDaTii (poiu tMi)>ai at crtpat)
poidi (OUI M prix mujga
LttTAGB n auFi I
lilda chêne (K, C)
mda de boucheiia ; Banf on montoa
ingu {quelqtu* biaconnlan mugent lanli, da loin an loin,
lupoiuoD péché du) 1» ruliHaui de 1* conDia)
iiGoogle
cil. VI. — HANUtUVIB - AGHICOLTEUn DU HORVAN (NIVERNAIS), 179
S «. — BDDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SDITE),
DÉSIGNATION DBS DAPBNSES (SUITE).
ALiiinm m
Nooniliin
éa pirroairlcipendiiititOjoBn, iilint pu joui 0^37.... (IS, H)
IMiiiIammapendiDlSjouii, TaUntpâtjDurO'lO.. (14.S«11]J
pulaaisBtti4pcDil«atW3j(nin,T*UDtpaijoiiiO>10. (M,8«II1)
8» 10 I Itl 81
.yGoogle
■H. VI- — MANlEtlVIE-AGlircULTBIIR DU HOIIVAN (MIVBnXlIa].
S «. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SUITE).
IJËSIGNATION DES DÉPENSES (SUITE).
6BCTI0H II.
DépeuMi aoBoarnant l'bmUtatîoa.
Locoicrr ;
Loj« ds U iiiïliOB, «(KOOi— «nUBtisn, VOO. ■--
HOMLIE> :
[laiien : dnipi da lil. 4'IB; — «chit d'nileniIlM dlfen, f 00
imoii, Ï.ODO' 1 I^BS pu 100 kil. (IS.OolL)
f CLAinjkCE :
lie, O'Sl à l'IO (le«T«lUin«ihiT«TMt<iat «ngininlàlalluiijdBfMi)
Tonui d*a MpaDiH conctnaat IlubiliiIJon
EBCTION III.
DApenei
VtTEHRfTS DB l'ocvhie» :
Achats d'élolfeist de ittSDMDli ; obiiU d« conrection d(iin«tinu«; tratani d« canr«c-
lion oiéculé» p»i la fBŒuno
VtTEKUt-n DE LA rEini :
lati d'itoSn et de Tileuftiiti; ohjeti de conrection doroediqne i tnTani de confec-
VftTEwraTs DU nis Atn< :
leti recul du mitajer chei leqnal Is SI* alii4 Ht placé coiniiie domcn-
iquo (H.S-lli)
VtTEWEIITS DES ii AITTHE» BNPAIfTS !
Objett acheté! al objela confactianDéa daulamtaage
Blmchisiage !
SaTOD, E'B A l'DO, ar«Oi — bl«, empoii, VV); — eeodna (du rorar dameitiaue)
(IB. O). S'OO .'. 7..;
BBCTIOK IV.
MpcBMt ooMMnuit le. bMoiu aïoniu. Ut tteriationi
et le aerTioe de aante.
ODïaDdei cl qaâte* ..,,,,...... .,...
InsTEucnoi des BitrAim :
FiiiidB r*col( pajh : poor let gïrçoin, pu la coTnnnna, le iéptiUatnt al l-6t«l.
5'OOi — pour lai fille», par la pairondBiaeonimuBa, «'00 (H,S<»|i)
Segodes et AuaAnEl :
(La [amiUe n« biKncmw dipanu dengenn)
iiGoogle
CD. VI. — HANUEtlVKE-AGRICULTEUK DU SIORVAN (MVRnNAIS). iH
S 15. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANTffiE (SOITK).
DÉSIGNATION DESjDËPENSES (SUITE).
SHCTION IT.
Rtenf ATions et solr\nitAs :
CansamiiKtian faite aui foiroi d« l'endroit et dn commuiiH Taiiinct {tId, b<ir<i, cif^,
■ucra, Tiude, [romige), ll'M; — Hgent de pochs donné «u (Ils «Iné. î'Ott
Snvir^ CE iAjrtt :
Mun nMicwii paj^ par U coainiuns (U.&~II)
TOTIUI dM dl
,t Isi
it rtuidationg
ArgtBleloyeUemplojré» pt
^mment figurer puml loi dépan
IwrtTS :
lmp«t pijé i l'ÂUl
AS90B4IIGB9 CO
Jaqualls elle p aine complei dârlie
ToT*ox dei dipeniea coneunul Im IndnMrisi, las datta*, le* liapMe at
tntattt Di l'an!i£e :
A runlUe ne [ail Jimaii d'épugae, non pe* tartaut puce qa'ella Tit due une con-
dition «oitioB de l'indigente, miii parsu qne l'eeptit de préTOjence lui Wt «nliire-
nenl défaut
Totaux D«» DtpBHan de l'annla (tuUuipuit let recetta) (STotlT)
iiGoogle
S8S CH. VI. — UAKWUvaE-ACniCVLTBUIt UD UOnVAN (nivkbkais).
S<6.
COMPTES AMNEÏÉS AUX BUDGETS.
BBCTION L
COMPTES DES BÉNÉFICES
MnlUil its iWHlritt nlrtfrÎM pr li liMilk (l m rrif» napli}.
A, — COLTDU va JAMIIM-THMII (4 AUX).
L* fudin-TOgei xttMUUit 1 la mtltoa Mt loni pat ïammr aiec eatla d«-
rraniu daim ttmills
Fnii du miUiiel ipicill : liuigni
Mjiinct litallanl di l'industrie
TaUni coDuna d-deum. . ,
B> — Cdltuib dd cauêt i poiwes de tekie (13 aies),
La cbamp ol donné pai la milajsr i l'ouTriar, eu Télrlbalion da ma b«-
nil (L) ) la milijai ■ Uboyri l> chninp mat de le ramatt» à l'oanist.
Pommm do tans : 1,000 Ul. 1 O'M (IS, S» t, atlS, O
Lojai éraluj t . . ,
..' (r)
.. (i4,B«m)
C. — EutotTATHM DES ahihadi toHisnggis.
Lill da cb^m : 400 litm i 0' 10 («muininA pu la minage) . .
TuUai ,
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II'TE3 A^NBXrS AUI BUIK ETS.
Inl«i»l(6p. l<»)d*)ivil»iud<U Chine (ICOO) {«i
JnUitt (S p. 100) d« U nloni dm pool» l5' 00) ipi
InUrit (S p. 100) daUTilant aOcultadnpaiceU'OOJ (S)
NomTitDie :
SoDiSSkil. >éFU«tdDbllr«eac«mm«nliln(10},iO'OS
— IS kil. lApKiti d> l'iTOhie scheti», â D'OS
Pommai de terra ; HO kil. àVM (B)
Hsiba biDutia w la chirra (or lei terrm dn pnpriMun de la néiilrie :
Dtbrit da la DDunitiire du miDigs (pool méniDiTa)
TnTBHi da It famme (H.S^II]]
Binlnca itnlUnl de l'iDdnalria
D. — l'imiBTin b'oH KiiPAirr tnonwt oMfiÈ p» l'hovicb
D'HUE VIUB VOISINE.
Fswïaii da A moti, i »inn da S' 00 pu mola
Fraii intpprécliblei
Bininci téaulUot de l'induiuif
Total comme d-danus
E, — lUWHi Mi COMPTE) BEI it^lfnCES «ÉiVLTAm DU intGSCKIEJ
(AàD).
FroJuill amplojdi pour la Douirilun d« la fumilla (IS, 8'» 1)
FMduïU an natun et Te:attai en ugsnt i emplajer de uduïcju pouc le*
JDdiutriea al]iï-iii(niei |2ô' ~ii
KecaHi» en aigant appliquée! aiu dtpcntaa du mtoaga
InUttls d« prapiJdUa poiridtM pu la Eamilla at emplajiu pu alla aui
JDilortriei (H, S-» 1)
I>rDduits dai labiautioni leenat par U familla al eœplajées pu alla «ni
InduilriM (W. S»II)
Salaicai aMnati au Iralaui «licnUt pu la [amilla poDt lai indui-
lrt« (14. S- lin
Bj'aint sfféiaDta * d'aaina travaux eiéculAi par U bmilla, emplarto par
eUo aux iDduiiciai (fc el L)
, Froduili d« induitriea ddpanad] an nilnro al ddpeniaa en a^ant qni datront
Mniembonraét pu dei recalUa rtaulunt dai laduilriai (^71)
Totaux dea ddpanut fn'lS)
(H. S- IV)
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SS4 CH, Tl. — MANCeuVBE-AOKICULTeDa DU UOBVAN (MVEHNAIS},
SBCTION tl.
COMPTES RELATIFS AUX SUBVENTIONS.
F. — GutucB on cfUjkLU SU! lb> oumk j» la wïtaiuc.
Mgla: ISkil. llflSi...
TiMiUdaU (aoiBM (14,S»IU)
Vunn 1 attribuT u Mlgla amit )« gluage
Total comiia cidamu
fiou mort : 3,000 kil., t*1uI kpitt la Inaiporl 1 la miiuia , 1 0' BS pai
100 kil lU. &-> m
Tilanr dci csadre* ptuTaDaiil da n bnii, emplajtei poat U IowIts, piiit
doiuitoi ao mtUTai comma angt^ [14, E» 11, et 16. K)
Traïaai da la fazDilla
Tianaparta tUU pu le tDilajru
TnuvR i ittiibuer ao boi* knot 11 itcolie . . .
SBCTION III.
COMPTES DIVERS.
H. — COHm DIS ULAIIU BIQI» FA* L'ovntEi, tu HÉ
BITTIOII rnS TMVADX AGRICOLES ET rOWSIUBS EXfcvrtS AD
Gomn DC MiutEE.
Kecatla abtgoiio par l'onTriai Boni 1» triTini da i dod
récolta dn foloi a( d« céijilu (8S Joumio». I céN
Raeells obtenue pu l'ouiriei pour le ballade dei ) DOU
graini [73 jourDém) I argi
Becella ofateno* pat l'oarrier pour tnTini dîrera | non
[MTclaie, façon da baiea, cècaHa dei boli) j oI^<
[10 iooniioa)...
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Mtiica.
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45 01)
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Ialïr«l (S D. IMS de U vUaar du a
(14' 00)
Fraii d'anliMim d< c«i oulili
SiLiiu du tiiTHOi ggcieulai ai fanitii
(IM joanrfei)
COMPTIiS ANNBItÉB AUX BUDGETS.
• ««ikolM at fi>Ta<lIen
J. — COHFTra D
R>^liibutlall dai traTio.
ou d« piwiIïiUlrM
PBOFHlfTAIRU OU HJTAfKM.
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- MASaeDVKB-AeBICtl.TBVB DU HOtVAN (mvsbnàu].
ÉLÉMENTS DIVERS DE LA CONSTITDTION SOCIALE
FAITS IUP0RTANT8 D'ORGANISATION SOCIALE;
, PARTICULARITÉS REMARQUABLES! >
APPRËCUTIOKS GÉNÉRALES; CONCLUSIONS. '
S 17.
CAUSES D'^BRANLEHENT QUI, DEPUIS LE COHMENCEHBNT
DU XIX* SIÈCLE, AGISSENT SUR LA POPULATION RUEALB DU MORTAN
Le Hoiran est la contrée où j'ai observé, avec le plus de
suite, uoe population rurale. C'est là surtout qu'en m'aidant dp
la méthode, et en recueillant les souvenirs de la génération pré
cédente, je me suis rendu compte des causes qui ébranlent la
France et, de proche en proche, les autres États de l'Occident.
J'ai pu même me faire une idée nette des éléments de paix et de
stabilité qui régnaient, pendant le xtiii* siècle, dans la localité (i)
qui m'a fourni les faits décrits dans la présente monographie.
J'ai puisé en partie cette connaissance daus les récits, et encore
plus dans la pratique, d'un grand propriétaire qui, né en 1766,
n'est mort qu'en 18f|5. Il avait toujours résidésurson domaine;
et. Jusqu'à son dernier jour, il garda la mémoire exacte des
traditions qu'il avait recueillies dans son enfance.
Le Morvao possédait encore au xviii* siècle, au milieu d'un
état de paix et de stabilité, les trois types du genlleman, du
paysan et du bordier, qui font encore la force des bonnes con-
stitutions rurales (III : in, 19; iv, ii}. Depuis l'époque de la
Terreur, ces trois classes ont été ébranlées sans relâche par le
partage forcé des héritages. Celles qui ont le plus souffert sont
précisément les paysans et les bordiers, que les niveleurs de 1793
prétendaient favoriser par leurs inventions iniques. Les anciens
paysans, comme ceux qui se sont plus récemment élevés à <»tle
même condition, n'ont pu la perpétuer chez leurs desc^dants ; et
.yGoogle
KIÎHBNTS DIVBK9 DB U COXSTITOTIOM SOClAtl. 187
ceux-ci ont été, pour la plupart, refoulés dans la classe des bor-
diors. Une déch&ince analogue se manifeste chez ces derni^^ :
leurs enfants s'acheminent de plus en plus vers la condition de
propriétaire indigent. Dans ces deux classes, les chefs de famille
les plus intelligents ont d'abord trouvé, dans le concours de l'opi-
nion (t, 17) et dans le respect de leurs enFants, le moyen d'élu-
der les contraintes de la loi et de transmettre intégralement, à la
génération suivante, leurs moyens et l^rs petits domaines. Mal-
heureusement, l'action persistante d'une mauvaise loi, puis
l'ébranlement spécial imprimé à la France par la révolution de
1830, ont enlevé aux familles ce moyen de salut. Révoltés contre
la coutume, rebelles à la volonté des parents, secondés par les
agents du fisc, excités par les officiers publics préposés à l'ac-
complissement des partages, les cohéritiers des anciennes familles
ont exigé la destruction des domaines patrimoniaux. Dès lors,
les pères prévoyants n'ont pu assurer à leur race quelque
chance de stabilité qu'en limitant leur postérité par la stérilité
systématique du mariage. Mais, en définitive, ce remède, laissé
seul à ta sollicitude des parents, est pire que le mal. Le père
de famille est souvent déçu dans ses calculs parla mort préma-
turée de son unique héritier; et il meurt lui-même dans l'isole-
toent, avec la pensée que le domaine créé par les aïeux et amé-
lioré par son travail sera morcelé par des collatéraux ou acquis
par des étrangers. La nation est frappée plus sûrement encore
par ce régime antisocial de stérilité. Les nouveaux chefe de
famille, n'étant plus choisis par leurs pères au sein de généra-
tions nombreuses, tombent rapidement au-dessous du niveau
moral où restent les races fécondes ; le personnel de l'émigra-
tion riche fait complètement défaut. Les Français s'affaiblissent
et se dégradent sur leur territoire; et ils perdent tout ascendant
au dehors, car ils s'y trouvent partout en présence de rivaux
inaombrables, qui sortent des races fécondes et envahissent paci-
fiquement le monde entier.
Excepté sous l'odieux régime de confiscation édicté par la
Terreur, les grands propriétaires ont été mieux en mesure que
les paysans et les bordiers d'échapper aux contraintes du partage
.yGoogle
SSg GB. VI. — UANCBOTHB-AOaiGDLTBUK DU HOBVi:) {niVBilNAlS).
forcé. Ce r^ultat est dû à plusieurs causes, et spécialement à une
erreur fondameutale des niveleurs de la révolution. Sons l'an-
denréj^imesocial, les gentilshommes, qui, comme ceux duNord-
ouest de la France, faisaient leur devoir eu résidant sur leur
domaine, étaient tenus de se soumettre gratuitement au service
militaire et à d'autres devoirs publics fort onéreux; en sorte
qu'aux époques de grandes calamités nationales ils étaient obligés
d'aliéner leurs biens. Ceux>ci passaienlpar lambeaux aux classes
exemptes de ces lourds devoirs et eoricbies, comme le sont
encore de nos jours les fmanciers, par les malheurs publics.
Sous le régime actuel, qui prétend imposer à tous les Français
« la liberté systématique et l'égalité providentielle » , le grand
propriétaire peut, comme le paysan, défendre son domaine par
la stérilité du mariage; mais, mieux que lui, il est en situation
d'envabir les fonctions rétribuées par l'État et d'accumuler tes
capitaux qui lut permettroot au besoio de pourvoir plusieurs
héritiers, sans morceler le domaine patrimonial. Ce nouveau
régime est donc évidemment fâcheux pour le trésor public et
pour les petits contribuables.
Je suis même loin de le recommander aux sympathies des
grands propriétaires qui en profitent. Ceux-ci n'y trouvent point
la source d'un ascendant légitime ; car le partage forcé des héri-
tages et la multiplication des fonctions rétribuées blessent les
vrais intérêts, matériels ou moraux, de la nation entière. Toute-
fois, pour provoquer une réforme indispensable, on ne saurait
trop constater que les pauvres sont opprimés par le régime
actuel encore plus que les riches. Les petits propriétaires s'affai-
blissent et souffrent, en morcelant leurs domaines patrimoniaux.
Les grands propriétaires habiles s'enrichissent en recherchant les
emplois publics et en s'adonnant aux professions lucratives exer-
cées dans les villes. D'un autre côté, les plus riches perdent leur
ascendant social en délaissant leurs résidences rurales; et ils
condamnent leurs descendanlsà la déchéance inévitable qu'infli-
gent l'oubli de la loi morale et l'abandon du devoir. Telles sont
les influences qui produisent, sous nos yeux, la décadence rapide
de notre race; mais la responsabilité du mal ne retombe pas
.yGoogle
éL^MBNTB DIVBU DB LA OOKBTITimoIl SOCIALR. t89
exclusÏTement sur les lettrés de l'encyclopédie et les novateurs
coDtemporaiDs; elle s'étend à la plupart de nos gourernants des
deux derniers siècles. A cet égard, l'histoire jugera sévèrement
les monarques qui corrompirent par leurs exemples les grands
propriétaires de l'ancien régime, et surtout les tyrans de ta
Terreur dont les lois immorales enlèvent aux nouveaux enrichis
le pouvoir de transmettre à la génération qui les suit leurs talents
et leurs vertus. En France, grâce à la fertilité du climat, à la
fécondité du sol et à la proximité des grandes voies commer-
ciales, les hommes qui naissent avec des facultés émineates
peuvent accumuler de grandes richesses. La nation est donc
incessamment menacée par la corruption qui en émane. En pré-
sence de ce danger toujours imminent, les gouvernants de la
France ont deux devoirs principaux : donner eux-mêmes
l'exemple du bien; contraindre moralement les riches à éviter
le mal. Pour atteindre ce dernier but, ils doivent exciter les
grands propriétaires à conquérir, par le dévouement aux intérêts
sociaux, la considération publique, c'est-à-dire le seul avan-
tage qu'ils puissent désirer. Quand les riches ne servent pas gra-
tuitement l'État par leur activité et leurs vertus, ils le corrompent
par leur oisiveté et leurs vices. Aux bonnes époques de notre
histoire, le christianisme et la monarchie ont conjuré ce danger
en réagissant contre l'esprit d'antagonisme et d'instabilité éma-
nant de la famille instable des Gaulois. Depuis la conquête faite
par Hengist et Horsa et le refoulement complet des Bretons à
l'ouest de l'Angleterre, ce même problème reste encore mieux
résolu par les habitudes de paix et de stabilité que conserve la
famille-souche des Anglo-Saxons.
Au-dessous de ces influences générales qui président au bien-
être des nations, il existe des causes locales qui ont pour elTet
de perpétuer, malgré le vice ou l'erreur des particuliers et des
gouvernants, le rôle bienfaisant de la grande propriété. Ainsi,
par exemple, certains travaux ne prospèrent que sous le i>égime
de la grande industne. Cette vérité est mise en évidence par les
exploitations de gîtes métallifères décrites aux volumes précé-
dents. J'ai même indiqué au chapitre iv de ce volume comment
.yGoogle
S9D CH. TI. — VMŒDvnE-iGRICUI.TEDB DU MORVAN (HIVERBAIS}.
la restauration d'un riche groupe de mio^ remédie, en Auver-
gne, depuis quelques années, à la décadence matérielle et morale
de la région contiguë. Les charges d'une telle réforme seraient
k peu près inaccessibles à la petite propriété.
Les forêts ne prospèrent également que sous le régime de la
grande propriété. Ce principe d'économie sociale est justifié par
l'expérience des siècles-, et, malgré les contraintes du partage
forcé des immeubles, il est confirmé depuis 85 ans pour le
Morvan. Dans cette contrée, comme dans le Hartz, la Hongrie
et la Garinlhie, le propriétaire ne peut tirer un parti avantageux
des bois qu'il exploite annuellement que s'il dispose d'amples
moyens de transport. Les bois, après avoir été séchés sur les
coupes opérées dans les forêts qui occupent les sommets des
montagnes, sont charriés par lesattelages des métairies cultivées
bur les pentes. La propriété des forêts et des domaines ruraux
contigus est réunie dans les mêmes mains; car, s'il en était
autrement, tous les profits de l'exploitation forestière passeraient
aux charretiers qui consentiraient à transporter les bois aux
lieux de livraison. D'un autre côté, le bien-être des bûcherons
et des agriculteurs repose sur le patron qui réunit les deux sortes
de propriétés. Dans le cas opposé, les forêts, ayant perdu toute
valeur, seraient défrichées; les sommets des montagnes, n'étant
plus protégés par les arbres contre l'action des eaux, seraient
dénudés; et les cultures situées sur les pentes seraient inc^sam-
ment ravagées. Les deux régions du territoire deviendraient, il
est vrai, indépendantes l'une de Vautre; et te sol y pourrait être
partout indéfiniment divisé. L'empire du partage forcé s'établi*
rait dès lors sans résistance; le sol des andennes forêts marche-
rait rapidement vers la stérilité, et les domaines ruraux vers la
propriété indigente.
Cependant la grande propriété n'offre tous ses avantages
aux populations que si le propriétaire réside sur les li^x pour
en accomplir les devoirs. Or, la constitution sociale du Horvan
reste en grande partie intacte, en ce qui touche l'organisation
de la propriété ; mais l'absentéisme de quelques grands proprié-
taires lui a fait subir un premier degré d'ébranlement. Ce fléau
.yGoogle
âL^HSNTa DtVSBB DB U CONBTITDTIOX lOaALB. %U
social aides causes oomboeuscs ; et il a pris en d'autres ré^Qs
de l'Occident, des caractères plus dangereux. Celle désorgSDisa-
lion sociale a comiiieocé au xvii* siècle en France et dans les
Étets allemands. Elle est aggravi^e chaque jour par le progrès
des richesses, par la aiulti|)lication des voies rapides de commu-
DicaUoa et par la cenlralisalioo administrative des sociétés. Les
riches, qui recherchent les jouifsaDces du luxe et des pUisirs
sensuels, s'accuoiuient dans les villes. Ceux qui voudraient pra-
tiquer graluitement les devoirs traditionnels de la grande pro-
priété sont, depuis deux sièclos, chassés des canjpagnes par la
tyrannie ombrageuse des gouvernants et par la jalousie de leurs
foDctionnaires salariés.
Dans le Morvan, comme dans toutes les régions moola-
gneuses, la construction des nouvelles voies de transport con-
tribue beaucoup à l'ébranlement des ancieupcc sociétés. Elle a
augiLenté les fortunes et diminué les résistances opposées à
l'activité humaine par les Torces de la nature ; mais elle n'a point
eu pour effet d'accroître le bonheur des populatiooB. Les classes
rurales, auxquelles le patronage de la grande propriété est néces-
saire, voient presque partout diminuer les bienfaits qui en éma-
nent. Les grands propriétaires eux-mêmes ne trouvent plus dans
leurs résidences certains attraits qui les y retenaient autrefois.
Ils abandonnent leurs résidences pour s'accumuler dans les
lieux.de plaisir qui se multiplient à l'infini; et c'est ainsi que
des innovations, qui pourraient éire bienfaisantes si elles étaient
accompagnées de certaines compensations, deviennent, en Eu-
rope, une cause active de décadence. f. l.-s,
S 18.
INSTABIUTÉ ACTUELLE I>B LA PETOB PfiOPAIÉTâ fiOBU.B
BN FEANCB.
Comme on l'a indiqué précédemment (l s), le partage forcé
des héri(a,^es est une cause continuelle de désorganisation pour
la petite propriété immobilière. Ici, comme dans la majeure
:,yGoogle
2SS Cfl. VI. ^ ■UKWJVBB-AaBICnLTBUR DO MOKVIH (mVBKNiJS).
partie de la France, les familles qui s'élèvent aux premiers éche-
lons de la propriété à force de travail et d'épargne subissent
presque toutes les mêmes épreuves. Les ouvriers les plus recom-
mandables emploient leur vie entière à réunir les immeubles
nécessaires à la subsistance d'une famille; mais tes enfants dé-
truieent bientôt l'œuvre des parents en se partageant en nature
les lambeaux de leur héritage. Les générations nouvelles ont donc
à recommencer, sans plus de succès, les entreprises ainsi désor-
ganisées. Mais, comme les vertus qui distinguent le créateur
d'une petite fortune agricole sont, en général, exceplionnelles,
les héritiers, accumulés sur le sol, retombent dans une situation
inférieure à celle de leurs parents. Les uns, adonnés aux
jouissances matérielles, dissipent ce qui leurest échu et arrivent
bientôt à un état de dénûment. Les autres, plus retenus mais
incapables de calculer les chances de la moindre entreprise, se
livrent à de fausses spéculations. Ils achètent à tout prix, en
se grevant d'hypothèques, la terre qui leur est indispensable
pour compléter leur exploitation désorganisée par le partage.
Ils multiplient improductivement les constructions, et emploient,
en un mot, à consommer leur ruine les efforts qui, sous un
~ meilleur régime, auraient assuré le bien-être de la famille.
Assurément, les plus intelligents réussissent, nonobstant ces
difficultés, comme ils le feraient dans tout autre système social.
Mais le plus grand nombre échoue; et le caractère moral de la
race est affecté par les vicissitudes qui frappent les familles. Trop
souvent, la minorité intelligente meta profit cette instabilité pour
exploiter l'inexpérience des populations, et c'est ordinairement
dans ces conditions que se développe la petite usure, le plus
grand fléau des populations rurales. Parmi les millions de pro^
priétaires que signale, en France, le relevé des rôles de l'impôt
foncier, il en e^ beaucoup qui, sous l'inQuence de cet état de
choses, n'ont que l'apparence de la propriété.
Les petits propriétaires les plus intelligents de ce district
rural parviennent souvent à assurer la transmission du bien de
famille à un de leurs Gis, en éludant de longue main, par une
série d'actes simulés, les prescriptions de la loi des successions.
DigitizodbyGOOgle
ÉLrivBNTS DIVERS DB LA COKElrrOllON SOCIALB. 193
L*QDd des combiaaisons qu'ils adoptent ordinairement consiste à
différer le mariage des filles jusqu'à l'époque de leur majorité.
Ils les mettent alors en demeure de se passer de dot, ou de se
contenter, moyennant une renonciation à tout droit sur le bien
de famille, d'une dot remplaçant l'héritage en nature qu'elles
exigeraient plus tard. Mais les préoccupations que ces mesures
imposent aux pères de famille, les dissensions qu'elles font
nattre entre les enfants, la décadence où tombent les familles qui
s'en abstiennent, sont une cause de soulTrance pour les popu-
lations. Cette situatioa contraste beaucoup avec la quiétude, la
bonne harmonie et le bien-être dont Jouissent les régions du
Nord (III, m, 19), où les petits propriétaires cooserrent reli-
gieusement les coutumes qui président à la transmission inté-
grale des biens de famille.
D'un autre côté, les propriétés rurales appartenant aux
dasses riches, étant groupées par fermes et par métairies, ne se
divisent pas matériellement à la mort d'un chef de famille. Elles
sont ordinairement vendues en bloc pour le compte des héritiers,
qui ne peuvent les conserver. Ainsi qu'on l'a indiqué ailleurs
(IV, VII, si), il y a instabilité dans la possession ; mais l'assiette
du système d'exploitation reste éminemment stable. Les petites
cultures, qu'une école politique prétend constituer par la légis-
lation actuelle, sont précisément celles qui souffrent te plus dans
le nouveau régime que perpétue le Gode civil.
L'instabilité de la petite propriété agricole est regrettable
dans les conditions qu'on vient d'indiquer, au double point de
vue du progrès de l'agriculture et du bien-être des paysans. Elle
entraîne d'autres conséquences non moins graves pour la consti-
tution sociale. Elle s'oppose, par exemple, dans les districts où
la population surabonde, à l'établissement d'un système rationnel
d'émigration analogue à celui qui s'est spontanément établi dans
plusieurs régions du Nord (III, m, so).
Ces considérations ne tendent nallement h entraver le déve-
loppement des petites cultures de paysans-propriétaires. Gîtes
ont, au contraire, pour objet de rectifier, sur un point essentiel,
les idées de ceux qui veulent foire dé ces petites cultures la base
.yGoogle
39i C[l. VI. -^ MAI(aE(tVBC-AGBICDI,TBDII DU HORTAU (niTEBHA»}.
de la constitution Gocîale. La loi, qui autorise cliaque génération
à se partager matériellement, sans distinction d'aptitudes, la
terre exploitée par la génération précédente, ne multiplie qu'en
apparence, dans certaines contrées, le nombre dfê propriétaires :
elle a surtout pour résultat de créer, pour les usuriers des cam-
pagnes, une proie assurée.
Les paysans qui possèdent réellement les vertus du proprié-
taire n'ont nullement besoin, pour prospérer, de l'assistance de
la loi. Ils ne tardent pas h envahir, en les achetant par parcelles,
les grandes propriétés voisines, lorsque des lois de privilège
(depuis longtemps détruites en France) n'en assurent pas la con-
servation à une classe corrompue. Ces paysans d'élite se forment
lenlement, par le progrès des mœurs. Il est chimérique de penser
que le nombre eu puisse crottre, sous l'influence de lois morce-
lant la terre malgré la volonté des propriétaires, soit dans le sys-
tème des lois agraires de la Russie (II, ii et v), soit dans le
système du Gode civil. Loin delà, dans la situation où se trouve
maintenant en France la propriété territoriale, de telles lois pro-
duisent presque toujours le résultat opposé : elles détruisent, à
chaque génération, les modestes existences que la génération
précédente avait créées par le travail et la vertu.
§19.
CONDITION FACnCUSB DES ÙANGBtlTBES- AGRICULTEURS,
DANS PLUSIEORS BËGIONS DE LA FRANCE.
Les changements survenus dans la constitution sociale de
l'Occident ont eu, en général, pour conséquence de grandir la
conditioR des Camilies morales et intelligentes, et d'amoindrir les
maisons où ces qualité» nanqaaient. Cet amoindrissement des
situations est souvent sensible, en France, aux derniers degrés
de la hiérarchie aglricole. Les facilités mêmes qui s'ofTrent aux
individus les pins habites pour entrer dans les rangs de la bour-
geoisie ont d'ailleurs pour effet d'abaisser iacessamme»! te niveau
^telletJLadetnoral de la classe (foù ils sortent. Il m évident,
.yGoogle
tftÉHEKTa DIVBU DB LA CCmiTDTION lOCULR. 393
par exemple, qu'on ne peut rencontrer que par exception, dans
celle classe, en Occident, les types distingués qu'on a signalés
(II, IV, is) dans les conslitations sociales où les individus se
trouvent classés d'une manière à peu près permanente.
Dans l'ancienne organisation agricole, la classe inférieure se
composait surtout d'ouvriers attachés à titre permanent aux
exploitations, en qualité de domestiques, et àùoi la situation élait
garaoUe contre les éventualités de la maladie et des interrup-
tions de travail. Souvent même les ouvriers de cette condition
jouissaient de l'état de bien-être signalé chez le Brassier de l'Ar-
magnac (IV, vji, is). Cette heureuse condition résultait surtout
delà solidarité établie entre les propriétaireset les ouvriers parles
rapports directs, par la tradition et par la nature même des
occupations. L'ancien régime national, qu'on a souvent accusé
d'établir entre les diverses classes de la société d'infranchissables
barrières, produisait parfois le résultat inverse. Comme la reli-
gion, qui en faisait d'ailleurs essentiellement partie, il les. reliait
an contraire par des sentiments et des intérêts dont la tradition
se perd sous le régime actuel. Les institutions modernes, qui
ont efTacé toute distinction légale entre les classes, sembleraient
aptes h établir entre elles des liens plus intimes que par le passé.
Il est douteux cependant que ce résultat se soit produit en
France. Ainsi, nous avons rarement eu occasion, dans le cours
de ces études, de retrouver, dans les propriétés constituées sous
i'inllueoce de l'esprit moderne, les sentiments qui attiraient
autrefois la famille du propriétaire de l'Armagnac aux repas et
aux solennités de Tamille, sous le toit du brassier.
Ces mœurs n'étaient point particulières au Béam : il semble
qu'en en retrouvant encore des vestiges dans presque toutes les
parties de la Franre on peut étie autorisé à penser qu'elles étaient
inhérentes à l'ancienne société. On trouvait encore en France,
dans la première partie de ce siècle, un type qui ne se retrouve
guère aujourd'hui que dans le Nord et dans l'Orient. Nous fai-
sons ici allusion au propriétaire qui éleodait son patronage à un
voisinage entier; qui ouvrait, îi tous ceux qui avaient besoin de
conseilB ou de secours, une habitation patriarcale, nommée faini-
.yGoogle
19fi CH. VI. — UA^CenVBS-AGMCnLTEOn DD MOBVAK (mvERNAIS).
lièrement maison du bon Dieu, Ce qu'on devait le plus admirer
dans ces Ténérables patrons, c'est qu'en faisant le bonheur de
ceux qui les entouraient Us agissaient sans efforts, sans système
préconçu, et avec la simplicité attachée à des actes que leur
auteur considère comme la conséquence naturelle de sa condition.
En restreignant sans cesse les relations directes des proprié-
taires et de leurs ouvriers, le nouveau régime a diminué, relaU-
vement, les classes d'ouvriers attachés à titre permanent aux
exploitations. II a, par contre, singulièrement augmenté une
catégorie d'ouvriers qui ne tiennent par aucun lien positif aux
personnes qui les emploient. Leur rétribution se mesure essen-
tiellement au nombre de journées de travail qu'ils fournissent;
en sorte qu'on peut convenablement leur appliquer la dénomi-
nation générique de joumaliers-agriculleurs. Cette classe com-
prend, en général, les individualités inférieures de la population
rurale. Elle prend, en certaines localités, un développement qui
est à la fois une source de misère pour les individus et dedanger
pour l'ordre public. Elle se recrute parmi les enfonts de jour-
.natiers dont la multiplication (is) forme un contraste frappant
avec l'état stationnaire ou décroissant des petits propriétaires.
Elle reçoit tous les propriétaires-agriculteurs ruinés par l'impré-
voyance, par les fausses combinaisons, par la propension exagérée
pour les acquisitions territoriales et les constructions, par la ten-
dance aux procès, par les fléaux de l'usure et de l'hypothèque,
par le relâchement dfs liens de famille, et, en général, par les
causes qui s'opposent, en France, à la stabilité de la petite pro-
priété immobilière [1 s).
La classe des journaliers-agriculteurs profite peu des avan-
tages propres à la nouvelle constitution sociale. Ces avantages
ne se développent, en général, qu'en feveur de ceux qui ont
assez de moralité et d'intelligence pour faire un emploi Judicieux
de leur libre arbitre. En revanche, elle souffre beaucoup de
l'amoindrissement du patronage qui était exercé par les grands
propriétaires (7). Elle est également frappée par la suppression
graduelle des subventions territoriales, par les restrictions appor-
tée à la vaine pâture et aux droits d'usage sur les biens com-
.yGoogle
fLéUBKTS DIVERS DE L4 GONSTlTkTIOK SOulALH. 397
munaux. C'est surtout pour les journaliers ruraux qu'il y a lieu
de contester momeotanénieDt l'efficacité des principes les plus
féconds de la nouvelle économie sociale.
L'intérêt qui s'attache aujourd'hui à cette classe de la popu-
lation française a déterminé l'Auteur de ces études à la repré-
senter, dans cet ouvrage, par quatre types, correspondant à des
conditions essentiellement différentes. Le journalier de l'Arma-
gnac (IV, vir, 10) voit son bien-être et sa sécurité assurés par
nn patronage positif, par la permanence de son engagement, et
par l'abondance des subventions qui lui sont accordées. Privé de
la plupart de ces avantages par suite du développement exagéré
de la population, le journalier du Morvan (décrit dansia présente
monographie) est cependant garanti des atteintes de la misère par
les traditions de patronage maintenues dans la famille d'un grand
propriétaire. Manquant de ce dernier appui, voyant chaque jour
disparaître les derniers vestiges des subventions dont il jouissait
autrefois, le journalier du Maine [VI, m, so) commence à des-
cendre aux premiers degrés de l'indigence. D'un autre côté, le
journalierde la Basse-Bretagne (IV, vu, is), présentant déjà une
certaine propension à l'épargne, soutenu par les droits d'usage
qu'il exerce sur les biens communaux, échappe déjà, par ses
sentiments et ses habitudes, aux mœurs dominantes de sa classe,
et commence à monter les premiers échelons de la propriété.
Comme le bordier-émigrant du Laonaais (VI, m), malgré les
défaillances individuelles qui abondent dans le voisinage, il se
rattache h cette catégorie, déjà nombreuse en France, qui peut
se suflire à elle-même, et s'élever à une condition supérieure
sans le sscours du patronage.
S 20.
ANCIENNES fîOHUONAUTÉS DU BAS-NIVERNAIS COMPOS^SS [>B
MÉNAGES, raopaiÉTAinBS rdraux, issus d'un COUMUN ANCIÏTRB.
Ces institutions remarquables ont conservé, jusqu'à notre
époque, l'opinion qu'avait l'ancienne société européenne touchaot
.yGoogle
S98 CH. Tl- — UANOeurBS-AGBICCLTIfCB DU MOBVAN (MVERTtAIfi).
les bieDraits de l'associalioa. Les communautés du Niveraais
ont été, pour la plupart, provoquées et mainteoues par les sei-
gneurs qui, voulant assurer aux paysans les avantages de ce
régime, concédaient à perpétuité des terres à certaines familles,
à charge de retour au domaine seigneurial dans le cas oii les
paysans renonceraient à la communauté. Dans cet ordre de
choses, en un mot, existaient les mêmes influences qui agissent
encore aujourd'hui sur les communautés russes (II, v, 22), Ce
régime était si favorable aux tenanciers, qu'il s'est conservé
jusqu'à nos jours, dans un système de travail sansengagements,
nonobstant la suppression des droits féodaux qui en étaient la
cause première. La communauté des Jault, de Saint-Benin-des-
Bois, en est aujourd'hui le dernier exemple.
État de iK oonunnnaiité des J&vlt avant 1840.
La communauté se compose de sept ménages, dont les chefs
descendent tous d'un commun ancêtre et portent le même nom.
Les biens ruraux, leurs dépendances, les bestiaux et l'habitation
sont la propriété indivise de tous les membres. Incessamment
améliora par le travail commun, le domaine se maintient dans
les mêmes conditions depujs plusieurs siècles. Les filles qui se
marient au dehors ont leurs droits réglés au moyen d'une dot
de 1,350 francs une fois payée; elles peuvent cependant, à toute
époque, en cas de veuvage, revenir au lieu natal. Les filles
étrangères entrant par mariage dans la communauté n'y con-
foiideut pas leur dot. Cetle-ci est administrée par chaque ménage
en dehors du fonds commun. Les femmes en peuvent faire ta
repnse en cas de veuvage, si elles ne préfèrent pas rester dans
la communauté avec leurs enfants. Le père de famille ne Irang-
met, à sa mort, aucun bien en propre à ses enfants; seulement
il les laisse en possession des droits Indivis de propriété acquis à
tous les. membres de la communauté.
Le régime intérieur de la maison offre la plus grande analo-
gie avec Cteiui des communautés russes. Tous les travaux s'exé-
entent sous la direction du Mettre et de la Halb'esse, élus comme
.yGoogle
KLéllENTS DIVBI» DB LA CONSTITOTtOX SOCIAIB. t')9
]3S plus capables de Taire prospérer rassocialion. La ge.~tion du
fonds commun, les achats et les ventes sont l'attribution princi-
pale du Maître, qui ne manque pas d'ailleurs de conférer, sur les
questions les plus délicates, avec l'aide qui doit ordinairement lui
succéder et avecles membresles plus intelligents. Le chef mange
à une table séparée avec son aide * ; tous les autres membres de
la famille mangent en commun dans la salle de réunion. Chaque
ménage habite une cellule séparée, dont les principaux meublts
sont fournis parla communauté. Comme en Russie (II, ii, ss),
il possède en propre les autres meubles, le linge, les vête-
ments et l'argent provenant de la dot des femmes et de quelques
travaux particuliers. Les habitudes qui se rattachent à la confec-
tion des vêtements sont exactement les mêmes qu'en Russie. La
Maîtresse distribue entre les mères de famille les matières tex-
tiles provenant de l'exploitation commune; et celles-ci ont ensuite
à pourvoir individuellement à la fabrication des étoffes, h la
confection et à l'entretien des vêtements.
La communauté des Jault, grâce à la pureté de ses mœurs et
à ses habitudes laborieuses, s'est constamment maintenue en état
de bien-être. On n'a jamais eu à reprocher à aucun de ses
membres une action contraire à l'honnêteté. Néanmoins, cet
ordre de choses, fondé jusqu'ici sur l'autorité ferme du Maître,
commence à s'altérer sous l'induence des moeurs nouvelles. On
observe déjà, chez les plus JeuQcs membres, des symptômes de
l'esprit d'individualisme; et cet esprit, s'il se développe encore,
ne manquera pas d'amener la ruine de cette antique institution.
M. Dupin aîné a publié, il y a deux ans, sur la communauté des
lault, une note intéressante, dans laquelle il ne se montre point
frappé de ces symptômes de désorganisation ; oîi percent, au con-
traire, en chaque passage, des sentiments de respect et d'admira-
tion. Placé au point de vue des légistes français, il fait remarquer
combien on devait peu s'attendre à trouver, dans l'antique charte
des JauU, un ensemble si complet et des détails si judicieuse-
ment coordonnés. Il s'étonne surtout qu'une institution de l'ancien
1. Cette particulvité ne h prâsente Jamais dans l«s Mmmnaiatfs rntseï, où
l'écrit d'égalité ett plu marqué que cbei Isa peuplai de l'Europe ceatrala.
.yGoogle
300 en. Vt. — HAKCCU^'BE-AGIICULTECB DU DOIIVAN (HIVERNA IB}.
régime assure à ud si haut degré la dignité humaioe, le bieo-
étre iodividael et la conTCDance des relations sociales. Il termine
enfin en émettant le vœu que ce débris d'un autre âge puisse se
maintenir nonobstant la pr^sion des institutions nouvelles. En
se rattachant à cet espoir, le célèbre légiste a peut-êlre raison de
penser que la cour d'appel de Bourges continuera à juger selon
la coutume, et malgré la loi écrite, les questions de propriété que
soulève maintenant la siluation anormale de la communauté des
JauU. Cependaot, le principal danger de l'avenir n'est pas dans
les discordes intestines qui pourraient faire naître des procès. Il
se trouvera dans l'esprit de révolte, qui repousse toute autorité
non imposée par la force, qui se développera tôt ou tard au sein
des jeunes générations, et qui les portera à sortir à tout prix de
l'état d'obéi&saDce qu'imposent ces antiques institutions.
Ciroonstanoes qui ont amené la difisalntlon de la oommnnautâ
dee Jault, d'après les renseignements transmis par K. A. do Ro-
eemont, en novembre 18H.
Le premier symptôme de la décadence de l'institution remonte
à l'année 1816. Â cette époque, Etienne, fils de François* alors
mattre de la communauté, se retira, donnant ainsi le premier
exemple qui se fût présenté depuis 500 ans d'une renonciation
aux avantages de cette association. Il fut alors r^ulièrement
désintéressé par une indemnité de 1,S50 francs, c'est-^-dire par
une somme égale à la dot que la communauté accordait aux
ûlles. Celte séparation donna lieu plus tard aux débats qui ame-
nèrent la dissolution de la communauté. En 18&3, François, fils
de cet Etienne dont il vient d'être parlé, et qui avait été élevé eu
dehors de la communauté, adressa, après la mort de son père, au
tribunal de Nevere une action de partage. Le jugement rendu
en 18^5 admit cette prétention de François, non comme repré-
t. On désigoait chaque Individu de la cammunaulé ptr «ta nom ds baptême «nitl
de celui du père : la force des choses ; avait donc éUbli U coutume qui règne aujour-
d'hui dan* toute la Route (H : n à t, 9) et qal a da âlre aaivje partout où lei cem-
muaautés patriarcales out M ta Tigusur.
iiGoogle
BLEHBNTil DIVSBB DB LA CONSTITDTION SOCIALE. 301
sentant de son père, dont les droits avaient été régl^, mais
comme héritier par représentation de son grand-père Fran-
çois et de sa grand'mère, décédés dans la communauté posté-
rieurement à la retraite d'Etienne. La cour de Bourges, à
laquelle appel de cette décision avait été interjeté, aurait vrai-
semblablement rendu, ainsi qu'elle l'avait déjà Tait en plusieurs
circonstances, une décision favorable au maintien de la com-
munauté. Mais les dissensions intérieures qui ont été signalées
précédemment, et qui s'étaient envenimées depuis iSfiO, sous
l'excitation même des débats judiciaires, amenèrent, en 18&6,
entre toutes les parties intér^sées, un compromis fondé sur la
dissolution de la communauté. La véritable cause de la dispari-
tion de ce dernier vestige d'un autre âge se trouve donc moins,
en résumé, dans la pression des nouvelles lois civiles que dans la
perte des sentiments de respect et d'obéissance qui sont le fon-
dement de toutes les institutions collectives. Ces institutions ne se
maintenaient en France, comme elles ne se conservent encore
dans l'Orient, que parl'iaflueDce de ta tradiUon, sanctionnée au
besoin par l'autorité du seigneur. L'exemple des lault est bien
propre à montrer la faiblesse de toutes les conceptions {|ui pré-
tendraient concilier le principe du travail en commun avec toutes
les exigences de la liberté individuelle. On a même remarqué
que cet exemple récent a fait vivement repousser, dans cette
partie du Nivernais, les théories de communisme qui se sont pro-
duites pendant la révolution de iSâS.
Un membre intelligent de l'ancienne communauté, qui souf-
frait, comme tous les autres, de l'anarchie et du désordre moral
qui régnaient en 18£|5, et qui a prospéré depuis lors, sous le
régime de la propriété privée, consulté récemment sur les causes
de la décadence des Jault, résumait ainsi ses souvenirs :
« Le plus ancien maître dont le nom me soit connu est le
père Niée (Née); je ne l'ai jamais vu, mais j'en ai souvent
entendu parler à mon grand (grand-père). Il se trouva tout à
coup invfôli de l'autorité de Maître à l'âge de trente-quatre ans,
par suite d'une épidémie qui ravagea la communauté, et le laissa
le plus âgé des membres survivants. Sou administration fut sage
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30! CD. VI. — UNOEOTBB-AOillCULTaUa DU MOBVilH (NIVIIMAIS).
et respectée. TI avait l'eatière disposition du bien commun, dont
il répartissait les fruits équitablement entre tous, eu proportion
des besoios de chacun. Les aseociés, de leur côté, se prêtaient de
bonne grâce aun travaux qu'il leur distribuait, sârs que le maître,
qui les avait tous vus s'élever autour de lui et qui les avait tou-
jours traités comme ses propres enranls, saurait mieux qu'<«ix
ce qu'il était à propos de faire. En un root, il régissait bien et
tout était soumis sous lui. De son vivant, maître Niée choisit
Etienne le Jault, dit te Petit-Tienne, frère de mon grand, qu'il
menait partout avec lui et qui lui succéda. Sous l'administrai ion
de maître Petit-Tieone, tout continua comme par le passé : on
n'allait que par les ordres du chef de la communauté. »
(c Mais, sous François, mon grand, qui mourut vers 1830,
âgé de quatre-vingt-quatre ans, l'esprit d'insubordination se
glissa dans la communauté : les Jeunes gens devinrent fiers et
n'écoutèrent plus les anciens, qu'ils voiUureiit mener; ce qne
voyant, le père François disait souvent : a Cent diaires, mes
(( enfants, vous verrez que vous ne prospér^^z plus. » De ce
moment, et sous maître Claude, qui ferma la liste des Maîtres
de la communauté, les choses allèrent de mal en pis : les devoirs
religieux furent oubliés; les jeunes gens se mirent à jurer; ils ne
voulurent plus travailler qu'à leur fantaisie pour le compte de la
communauté, détournant tout ce qu'ils pouvaieut, soit de tra-
vail, soit d'autres objets communs, au profit de leurs propriétés
particulières, dont la règle leur interdisait cependant l'exploita-
tion directe. Ils s'arrogèrent aussi le droit d'exiger dos comptes
et de surveiller la répartition des fruits. De là des défiances et
souvent des querelles. Dès lors, les jours de calme et de bon-
heur que la commuuauté avait accomplis disparurent sans
retour ! »
La décadence du principe de la communauté chez les paysans
français se manifeste aussi dans une foule de circonstances où
elle serait cependant compatible avec les exigences des mœurs
modernes. Ainsi, dans les exploitations agricoles du Centre, du
Midi et de l'Ouest, les métayers ne peuvent plus s^attacber,
comme ils le faisaient autrefois, leurs fils marié?. Ils doivent
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ELEVBNTS DIVBU Dl Li C0M3TITDTll>:i 80CULB. 303
recourir à des salariés, au détriment de loos les membres de la
famille et du principe même des exploitations. Cette décadence
est évidente, par exemple, dans les métairies du Nivernais ( i s) ;
elle est partout la conséquence directe du partage Torcé des
héritages qui fut édicté par la loi du 7 mars 1793. Partout les
progrès du mal ont marché de front avec i'amoindrisscmeat de
l'autorité paternelle.
On a souvent cité les fromageries fou fruitières) du Jura fran-
çais et de la Suisse occidentale comme un témoignage pratique
des espérances que les sociétés de l'Occident peuvent fonder sur
le principe de la communauté. Les fromageries sont de petits
établissements oîi l'on fabrique journellement les gros fromages,
dits de gruyère, avec le lait fourni par plusieurs agriculteurs du
voisinage. Le travail est exécuté par un salarié; les dépenses et
les produits de ce petit atelier sont répartis entre les associés en
proportion des quantités de lait fournies. Cette organisation ne
s'est guère propagée en dehors de ce district, parce qu'elle y est
due à une circonstance toute particulière, à la combinaison de
petites cultures et d'une fabrication exigeant chaque jour une
quantité considérable de lait. Les petits cultivateurs s'associent
ici pour ce détail, comme ils sont forcés de le faire ailleurs pour
le labourage; mais, pour tous les autres éléments de leurs exploi-
tations, ils gardent l'inclination la plus prononcée pour le régime
individuel. Us se retirent même de ce genre d'associations aus-
sitôt qiie le développement de leurs cultures leur en fournit les
moyens. Les citations fréquentes qui ont été fondées sur ce détail
de notre agriculture, pour recommander le régime absolu de la
communauté du travail, démontrent qu'on n'a point à ce sujet
une bonne raison à produire : elles suffiraient seules à prouver
que ce régime est détruit en Occident, et qu'il n'y figure désor-
mais qu'à titre d'exception.
L'expérience des communautés européennes condamnait donc
à priori les théories parisiennes de 18^8. L'application a d'ail-
leurs exagéré le vice de la théorie : dans le passé, la communauté
du travail a toujours exigé l'autorité du maître et l'obéissance des
associés: en 18â 8, on voulait tout fonder sur l'égalité et la liberté,
;,yGoogle
soi CH. VI. — KANaOVIlB-AGRICVLTEUB PU tfOHTAN (MVERNIIS}.
S 21.
PRÉCIS n'UNB MONOGRAPHIE AYANT POUH OBJET
LE rOHOEUB (AU BOIS) DD HIVERNAIS
I. Définition dn lien, de l'organisation Indaetrielle
et de la famille.
La famille présentement décrite est celle d'un ouvrier-jour-
nalier, attaché à son patron dans le système des engagements
volontaires permanents. Il est en voie de devenir ouvrier-pro-
priétaire.
L'ouvrier habite la commune de Vandenesse, près de Mou-
lins-Ëngilbert, arrondissement de Ghâteau-Gtiinoa (Nièvre). Le
pays, situé au pied des montagnes granitiques et porphyriques
du lUorvan, sur la lisière des terrains secondaires et tertiaires du
Bas-Nivernais, a pour spécialités principales la culture des
céréales, l'élevage des bestiaux et la fabrication de la fonte de
fer. L'usine à fer, fjrincipal établissement industriel de la com-
mune de Vandeoesse, est alimentée parles minerais de fer extraits
du sol environnant, ou importés des minières du Berri. Elle tire
les charbons de bois des forêts du voisinage, et surtout des mon-
tagnes du Morvan. Les eaux motrices sont fournies parun grand
étang, consacré, en outre, à ta culture du poisson. En principe,
l'ouvrier est attaché à l'usine dans te système des engagements
momentanés ; mais, en fait, il est engagé à vie, car les mœurs
établies ne permettent guère au propriétaire de congédier, sans
motif grave, un ouvrier de cette condition. Aux époques de
chômage, le propriétaire se croit tenu d'assurer des moyens
d'existence à ses ouvriers, particulièrement à ceux qui sont
chargés de travaux exigeant un apprentissage spécial, ou dont
la famille est attachée à l'usine depuis plusieurs générations.
En générât, les usines à fer au bois, étant plus exemptes de
vicissitudes que les u^nes à la hoaille et les grandes manufac-
tures, peuvent être signalées au premier rang parmi les bran-
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ÉLÉMENTS DIVERS DB U COIUTITUTION SOCIALE. 3tJ
ches d'industrie française où les anciennes habitudes de solida-
rité se sont conservées entre les patrons et les ouvriers.
Malheureusement, cet état de choses commence à s'altérer avec
des circonstances qu'on ne saurait trop regretter {as). Il en est
de même pour les communautés de paysans, qui honoraient
l'ancienne constitution française et qui se détruisent peu à peu
sous la pression du partage forcé. La dernière de ces commu-
nautés, établie depuis plus de 500 ans près de Vandenesse, dans
la commune de Saint-Benin-des-Bois, et connue sous le nom de
Communaulé desJault, offre encore un exemple remarquable de
ces institutions (20}. Mais ce dernier débris de l'esprit d'un
autre âge est incessamment menacé par l'action dissolvante des
nouvelles lois civiles, par le développement de l'esprit d'indivi-
dualisme et par l'amoindrissement des sentiments religieux au
milieu des dernières générations. Onremarquequeces nouvelles
tendances coïncident avec l'affaiblissement et parfois avec la
destruction de l'autorité paternelle. Le mal estaujourd'hui poussé
à ce point, qu'il devient presque impossible à un fermier ou à
un métayer de retenir auprès de lui, pour le seconder dans ses
travaux, plusieurs de sesenfanis. L'admission des salariés étran-
gers, qui était autrefois an fait exceptionnel, tend chaque jour à
devenir le cas général pour ce [genre d'exploitations. Le prin-
cipe de la communauté se détruit donc, dans cette contrée,
même dans le cercle immédiat de la famille.
La famille se compose des deux époux et de leurs trois
enfants. Le père, né à Chfttillon, marié depuis ii ans, est âgé
de 36 ans. Sa femme, née à Vandenesse, est âgée de 32 ans.
Ils ont trois enfants, nés à Vandenesse, âgés de 10, 9 et 6 ans.
L'ainé est un garçon.
Les deux époux professent la religion catholique romaine,
et pratiquent régulièrement les devoirs religieux. Ils se sont
toujours distingués, aussi bien avant qu'après le mariage, par
d'excellentes habitudes morales. Ils sont laborieux et élèvent
leurs enfants avec sollicitude. Ces enfants fréquentent l'école
communale sous le contrôle de la mère dès que leur concours
n'est plus utile à la garde du cochon, dont l'élevage est un
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3(K CH. Vt. — HANOEUVBE-AGBlcnLTBlIB OV UOkVAN (NIVEH:<AIS).
des principaux moyens de bien-être de la famille. La firanme,
douée d'un excelleot jugement et d'un caractère ferme, exerce
de l'ascendant dans les affaires de la famille. C'est surtout par
suite de cette inQuence que le budget se résume chaque année
eo une épargne. Celle-ci vient régulièrement accroître un capital
placé à intérêt et qui sera un jour consacré à l'acquisition d'une
petite propriété. Cette constante préoccupattoo est, avec le senti- ,
méat religieux et les conseils donnés par le patron, la base de
toutes les vertus de la famille.
La population est, de temps en temps, soumise h Tin-
fluence des fièvres intenuittentes, dues aux étangs établis dans
cette localité pour le service des usines et la production du
poisson. L'ouvrier, en raison de la nature même de son travail,
est exposé aux maladies ou aux indispositions qui sont la con-
séquence de la suppression brusque de la transpiration. Dans tes
cas graves, la famille reçoit les visites d'un médecin établi dans
le voisinage.
L'ouvrier, attaché en qualité de fondeur au service d'un
haut fourneau, remplit la même fonction que l'ouvrier cité pré-
cédemment (III, IX, g). Malgré son aptitude et ses habitudes
laborieuses, il se trouve retenu, sous l'empire des mêmes circon-
stances, dans la catégorie des journaliers. Tout en conservant
cette situation, le fondeur du Nivernais s'élève progressivement,
par l'épargne, à la condition de propriétaire.
II. UojenB d'exleteaoe de la funllle.
La famille ne possède pas d'immeubles. — Argent : après
avoir complété son mobilier, la famille a employé son épargne
annuelle à se constituer un capital montant aujourd'hui à
210^00, et placé provisoirement à raison de 5 pour 100 chez
un fermier avec lequel l'ouvrier est en relation d'affaires et de
travaux. Celui-ci fait fructifier ce capital en l'employant, à ses
risques et périls, au commerce des bestiaux. Après un nouveau
délai de six ans, cette épargne sera assez grossie pour que la
famille puisse acquérir une propriété immobilière, et payer
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I LA COKSTn-UTluN SOCIALB.
comptant la majeure partie du prix d'achat. — Animaux domes-
liques entretenvs toute l'année : 4 poules et d coq, avec élèves,
11' 00. — Animaus! domestiques entretenus seulement unepar-
tie de Vannée : 1 porc d'une valeur moyeDoe de 55' 00, eotre-
teou peDdaot six mois. La Taleur'moyenne calculée pour l'année
entière équivaut à 28' 00. — Le porc est acheté au mois de
juillet et engrais^ jusqu'à la fin de décembre ; on le tue alors
pour les besoins du ménage. — Matériel spécial des travaux et
industries: outils pour les travaux agricoles de la famille,7'00;
outils pour la récolte du combustible, 3' 00. ~ Valeur totale
des propriétés, 259' 00.
Suivant les anciens usages encore en vigueur dans les
usines h fer (au bois), dont l'établissement remonte au moins au
dernier siècle, le fondeur n'est pas exclusivement rétribué par
un salaire en argent; il reçoit, en outre, du propriétaire de ta
forge où il iravaille, certaines allocations qui ne sont point
nécessairement proportionnelles au travail accompli. Telles sont :
la concession à titre gratuit d'une maison d'habitation ; celle du
jardin de 2 ares attenant à la maison et d'une chènevière de
â ares où se produit le chanvre nécessaire pour la confection des
vétemenls de la famille ; la récolle îi titre gratuit du bois de
chauffage dans les forêts exploitées pour les besoins de l'usine;
et la participation à la pêche du poisson fourni par l'étang. Pen-
dant le chômage du haut fourneau, le propriétaire de l'usine
emploie l'ouvrier à des travaux accessoires, alors même que
l'utilité de ces derniers n'équivaut pas à la dépense qu'ils entrat-
nent. En général, il exerce tous les devoirs du patronage. Le
bien-être de la famille dépend, en grande partie, d'une autre
subvention : le droit de faire subsister un porc sur les pâturages
communaux et de récolter des orties et diverses herbes, conve-
nables pour la nourriture de cet animal, sur la lisière de plusieurs
propriétés particulières du voisinage. L'ouvrier jouit encore, par
tolérance, du droit de pécher dans les rivières voisines.
Travaux de touvrier. — Le travail principal se rattache au
service d'un haut fourneau dans lequel on fond, au moyen
du charbon de bois, des minerais pour en obtenir de ta fonte
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308 CR. n — HUKCWU-AQBIGDLTBITl DD MOUVAN (MVeBNAIS).
de fer. L'ouvrier, sous 1^ ordres d'un maître fondeur, est spé-
cialement chargé des uianipulations coucemant la projection de
l'air nécessaire à la combustion, l'eDlèvement des laitiers et la
coulée de la Tonte. Il travaille 12 heures chaque jour, en prenant
alternativement, de semaine en semaine, les postes de jour ou de
nuit. Les travaux secondaires de l'ouvrier sont de deu\ sortes.
Les uns ont lieu pendant le chômage du haut Toumeau : tels sont
divers travaux de construction et d'entretien dans l'usine même,
les récoltes de Toins et de céréales pour un fermier voisin, et la
prestation d'une journée de travail pour l'entretien des roules
vicinales et départementales. Les autres se font pendant le temps
que laissent à l'ouvrier ses occupations principales : il profite,
par exemple, de ces moments de loisir pour faire quelques travaux
agricoles au compte de la famille, et pour pécher, de temps en
temps, dans les rivières voisines. Lors de la pèche de l'étang de
l'usine, il donne son concours au patron; et il est rétribué par
une portion des produits. L'ouvrier parvient encore, même pen-
dant l'activité du haut fourneau, à disposer d'une journée pour
récolter du bois de chauffage. — Travaux de la femme. — Le
travail principal a pour objet les travaux de ménage. Elle tes
accomplit avec intelligence et avec un esprit d'ordre remar-
quable. Ses travaux secondaires comprennent tout ce qui con-
cerne l'exploitation agricole et l'entretien des animaux domesU-
quesde la famille, l'élaboration du chanvre, et la confection des
vêtements de chanvre, de coton et de laine. Ici, comme dans
beaucoup d'autres localités oii l'ouvrier doit consacrer presque
tout son temps à l'exercicd de sa profe^iou, le bien-être de la
famille est dû essentiellement à l'activité et au dévouement de la
femme. — Travaux des enfants. — Les enfants donnent quelque
assistance è la mère dans les travaux du ménage. L'alné l'aide
principalement dans les travaux qui se rattachent à la garde
et à la nourriture du cochon. — Industries entreprises par la
famille. — Elles comprennent : l'exploitation des animaux domes-
tiques, la culture d'un jardin et de la chènevière. Ces industries
qui, dans l'ancien système économique de la France, faisaient en
quelque sorte partie intégrante de la coadiliou d'un ouvrier fon-
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JLÂMBNTS DIVEIB DE LA GONSTITtrTtON SOCtALB. 309
deiir, teDdent à disparaîtra dans les établissements de foadatioa
récente. On peut même constater que, dans 1^ usines oîi s'est
conservée la tradition du patronage, od ne fournit plus aussi lar-
gement qu'autrefois aux ouTriers l'occasioD de les exercer. La
famille ici décrite ne reçoit pas du propriétaire la totalité du ter-
rain qu'elle cultive. Four produire les pommes de terre néces-
saires à sa consommation, elle contracte une association avec le
fermier pour le compte duquel l'ouvrier travaille pendant la
saison des récoltes. Ce fermier lui concède 6 ares de terrain tout
labouré ; de son côté l'ouvrier, avec le concours de sa femme,
étend sur ce terrain le fumier produit par les animaux domes-
tiques; il l'ensemence et exécute tous les travaux de culture etde
récolte. Les produits de cette petite exploitation sont partagés
par moitié entre le fermier et l'ouvrier.
III. Uoda d'exlatenoe de la famille.
L'ordre des repas est le même que celui qu'on a indiqué
précédemment (s); mais la nourrilure de la fomille ici décrite
est plus succulente et plus copieuse. L'amélioration du régime
alimentaire est commandée par la nature même de la pro-
fession, qui impose journellement à l'ouvrier une dépense
considérable de force musculaire. Contrairement h ce qui s'ob-
serve en Grande-Bretagne, dans la plupart des districts de forges
(III, IX, 9), cette nécessitéd'un régime relativementdispendieax
n'empêche pas le fondeur fhtQçais de réaliser chaque année une
épargne notable, parce que la famille sait se procurer à bon
marché, au moyen de combinaisons variées, et en partie par sa
propre industrie, plusieurs des aliments qu'elle consomme. L'ou-
vrier, contenu par l'influence de sa femme, n'est pas soumis à
l'empire des besoins physiques aussi complètement que l'ouvrier
anglais. Ainsi, la famille, qui, dans les années d'abondance,
achète pour sa consommation une provision de vin dans les
vignobles du pays ou dans ceux de la Bourgogne, renonce com-
plètement, dans les années de cherté, à l'usage de celte boisson.
L'habitation, donnée en subvention par le propriétaire do
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310 CD. VI. — UAHOBDVBe-AGniCnLTitSR SD IIORTAN (NIVEBNAIB].
l'usine à fer, se compcse d'un rez-de-chaussée de 3 pièces.
A côté se trouvent l'étable du cochon, un poulailler, une petite
cour et un jardin de 2 ares. Le mohilier comprend tes différents
objets désignés ci-après. — Meubles : 2 lits avec leur garniture,
2 tables, 6 chaises, 1 grande armoire, 1 étagère à vaisselle,
225' 00. — Ustensiles: grossiers et peu nombreux, 35' 00.
— Linge de ménage : 5 paires de draps en toile, 50' 00.
-~ Vêtements : ils sont simples mais soigneusement entretenus.
Ici, comme il arrive ordiuairement, ce trait de la vie domes-
tique peint parfaitement les habitudes d'ordre et d'économie qui
régnent dans la famille. — Vétemeots de l'ouvrier : 1" vête-
ments du dimanche : 1 veste, 1 gilet et 1 pantalon de drap
(hiver) ; 1 veste, 1 gilet et 1 pantalon en étoffe de coton (été);
1 cravate de soie; 1 paire de souliers; k paires de bas; 1 cha-
peau de feutre, ftft' 00; — 2° vêtements de travail : (vieux
habits du dimanche) 2 cravates de coton; 6 chemises de toile;
fi mouchoirs de poche; 2 paires de sabots; 1 casquette de drap;
18' 00. — Vêtements de la femme : 1* vêtements du diman-
che : 1 robe en étoffe de laine fine, dite mérinos; 1 tablier de
soie; 1 robe, 1 fichu et 1 tablier d'indienne; 1 châle de laine
imprimé ou tissé ; 3 paires de bas de coton blanc ; 2 bonnets et
2cols en tulle brodé; 1 paire de souliers, 56'00; — 2' vête-
ments de travail : (vieux vêtements du dimanche) 1 robe,
1 fichu et 1 tablier d'indienne; h paires de bas bleus; 2 paires
de sabots avec chaussons ; 6 chemises ; 2 coiffes, 17 ' 00. — Vê-
tements des enfants : confectionnés en partie avec les vieux vête-
ments des parents, /i5' 00. — Valeur totale, &90' 00.
La principale récréation de l'ouvrier est plus commune
en France que dans le Nord et l'Orient : c'est la conversation
faite avec les camarades dans toutes les occasions où il se ren-
contre avec eux. C'est aussi ce penchant à la causerie, et
nullement une propension à l'intempérance, qui atliie l'ouvrier
aux cabarets de village, aux foires et aux marchés du voisinage.
Deux ou trois fois par an, la femmeet les enfants accompagnent
l'ouvrier à ces foires, et y prennent, au prix d'une légère rétri-
bution, le plaisir des spectacles ambulants. Pendant l'hiver, ptu-
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'ÉLÉMENTS DITEBB DX LA GOKSTITtTTlON 80CIAL8. 3tl
sieurs familles, ayant les mêmes goûts et de bonnes relations de
Toisinage, se réunissent dans des veillées oii un travail utile s'as-
socie à de véritables récnéations. C'est ainsi qu'en élaborant le
chanvre récolté pour les besoins du ménage on cause d'af^ires
d'intérêt, on forme des projets pour l'avenir et on écoute des
récils amusants. Souvent aussi on termine les veillées par un
léger repas composé de pommes de terres cuites sous la cendre
du foyer, de fruits et d'un peu d'eau-de-vie. La pêche, au moyen
de la ligne ou du 01et, dans les rivières du pays ou dans l'étang
de l'usine, est à la fois un délassement pour l'ouvrier et un moyen
d'introduire quelque variété dans l'alimentation de la famille.
IT. Hletolm de la famllls.
Élevé dans une famille qui n'avait pas le sentiment de
l'épargne, l'ouvrier n'a reçu de ses parents aucun autre héritage
que quelques articles de mobilier. Suivant l'usage établi dans
les anciennes usines à fer (au bois), l'ouvrier, Ahs son ado-
lescence, a été initié par son père h la profession de fondeur. Il
a succédé à son père quand ce dernier est devenu incapable de
travail. Les vieux, parents ont été nourris, jusqu'à leur mort,
dans la maison du fils, avec le secours de quelque allocations
faites par le propriétaire de l'usine. L'esprit d'épargne et de
prévoyance, qui règne dans le ménage pris ici [Mur exemple,
conduira infailliblement les deux époux à posséder un jour une
propriété agricole, et les lèvera, par suite, au-dessus de la con-
dition où ils sont nés. Si cet esprit se transmet aux enfants,
ceux-ci, aidés par leurs parents, pourront sortir définitivement
de la classe ouvrière proprement dite, et devenir fumiers, chefs
d'état, entrepreneurs de travaux ou petits commerçants. Dans
les familles plus nombreuses appartenant à la même professicMi,
chez lesquelles ne se développe pas le sentimentdela prévoyance,
les enfants, vu l'extinction prochaine des usines à fer (au bois)
du pays, ne pourront désormais trouva les moyens d'appren-
tissage et de travail qui ont été à la disposition de leurs pères.
La coDCurrence des nouvellea usines (à la houille) amenant la
.yGoogle
ut CH- VI, — UAHCEOTkK-AaRICDLTEirK DU KORVAM (NIVBKNitS).
destruction graduelle des usines (au bm), ils n'auront gu^ à
choisir qu'entre deu^ partis : devenir maDœuvTeS'agriculleurs
comme l'ouvrier décrit dans la présente mono^phie ; émigrer
dans les localitës où s'agglomèrent les usines à la houille. Là,
éloignés du lieu natal, privés des influences tutélaires du patro-
nage, des subventions, du travail agricole et des relations de
parenté, rétribués exclusivement au moyen d'un salaire, engagés,
en un mot, dans la condition qui tend à prévaloir au milieu des
manufactures de l'Occident, ils se trouveront placés moins favo-
rablement que ne l'étaient leurs parents pour s'élever à un plus
haut degré de bien-être et de moralité.
T. BndBflt domestique umnal et avenir de la famille.
Recettes de la famiUe. — Revenus des propriétés, 1&' 00;
— produits des subventions, 88' 00; — salaires,' 7ft2' 00; —
bénéSoes des industries, ki' 00. — Total des recettes, 885^ 00.
Dépenses de la famille. — Nourriture, 471' 00 ; — habita-
tion, 77' 00; — vêtements, 219' 00; —besoins moraux,
récréations et serivce de santé, 55 '00; — industries, dettes,
impôts et assurances, 11' 00. — Total des dépenses, 886' 00.
Les recettes ne sont pas complètement absorbées par les
dépenses; elles produisent un excédant annuel de &9' 00, qui
constitue l'épai^ede la femille.
La Tamiile se rattache à une organisation industrielle en voie
de transformation, où un nouvel ordre économique et de nou-
velles mœurs se substituent de proche en proche à l'ancien r^me
européen. Cette transformation s'effectue en partie sous l'in-
fluence des révolutions introduites dans la métallurgie du fer^ et
de l'antagonisme qui s'est développé, en ce qui concerne l'achat
des bois, entre les mattres de forges et les propriétaires de
forêts (a) ; en partie et surtout sous la pression de Bentiments
nouveaux qui inspirent les mattres encore plus peut-être que les
ouvriers, et qui tendent à substituer, dans tontes les relations
sociales, l'indépendance individuelle à la solidarité. Dans la
situation où il a vécu jusqu'à ce jour, l'ouvrier a pu jouir d'une
.yGoogle
ét^UENTS DIVEKS DK LA GOKSTinmON SOCIALE, 3)3
Bécurtté complèle, souleou par un patronage bienTeillant, par
des subventions variées et par des indiifitriM agricoles qui se
lient part^itement aux travaux des petites usines à fer disséminées
çà et là près des forêts. Si les mêmes influences continuent à
agir sur lui, il s'élèvera infailliblement à la condition de petit
propriétaire. Mais, si les nouvelles tendances continuent à pré-
valoir, si les vices du régime forestier {s s) amènent dans ce
district la ruine des forges (au bois) , les ouvriers seront bientôt .
placés dans des conditions essentiellement différentes. Ne trou-
vant plus de travail dans les anciennes usines, ils devront se
concentrer dans les nouveaux établissements fondés à proximité
des bassins faouillers. Étrangers h leurs nouveaux chefe d'indus-
trie, ou n'entrant en relation avec eux que pour débattre les con-
ditions du salaire, tirant exclusivement de ce salaire leurs moyens
de subsistance, ils resteront exposés à tous les dangers résultant
de l'isolement et des vicissitudes commraviales. Ceux-là seule-
ment pourront conjurer ces dangers, et assurer en toute éven-
tualité l'existence de leur famille, qui posséderont à un degré
ëminent les conditions premières de l'indépendance, c'est-à-dire
l'amour du travail, la sobriété et la prévoyance.
S 22.
ORGANISATION VICIEUSE IHPOS^B AOIODRD'BUI EN FRANCE AUX
FORÊTS PRIVÉES ET AUX USINES A FBR QU'ELLES ALIMENTENT.
En France, jusqu'à la fin du siècle dernier, les usines à fer
étaient OTganisées sur les mêmes bases qui subsistent encore en
Russie, en Suède et dans la majeure partie de l'Europe. Depuis
lexvi* siècle, les nombreuses usines existant dans presque toutes
les provinces y étaient considérées comme une dépendance néces-
saire des grands massifs boisés. Consommant environ 20 parties
de bois pour cbaque partie de fer livrée au commerce, ces
usines étaient, à vrai dire, le moyen d'exporter, sous un poids
réduit, les produits forestiers qui, sous leur forme première,
n'auraient pu supporter les (irais d'uo transport lointain. On
.yGoogle
34i Cil. VI. — IIA^CEUVKE-ACBtCCLTBtB DU HORVAH (hiVERNiUS).
n'établissait une usine que pour consommer les bois d'une cir-
conscription déterminée, en sorte que chacune d'elles avait pour
raison d'existence un alTouage assuré. Le propriétaire qui exploi-
tait son usine en régie n'avait pas à se préoccuper du prix des
bois. La rente qu'il tirait des forêts était fixée par le résultat
définitif des opérations do cet établissement. Le propriétaire, qui
en cédait momentaoément l'exploitation à un Tennier, y compre-
nait toujours la c^sion de l'afTouage forestier. Dans ce cas, la
rente attribuée aux forêts ne se distinguait pas ordinairement de
celle qui était attribuée à l'usine et au cours d'eau, pas plus
qu'on ne distingue aujourd'hui les divers éléments dont se com-
pose le fermage d'une propriété agricole. La nécessité d'une cer-
taine corrélation entre la consistance de chaque usine et son
affouage forestier était tellement évidente, que la législation ne per-
mettait pas l'établissement d'une usine nouvelle qui n'aurait pu se
pourvoir qu'en empiétant sur le rayon d'approvisionnement des
usines déjà autorisées. Celte législation, établie sur les mêmes
motifs que celle des fier()'s/a^< suédois (III, i, ss) et de la plupart
des usines européennes, subsiste encore en principe, mais elle a
été abrogée en fait : en premier lieu, par l'avènement d'usines
au charbon de terre, pourvues, par la nature même des choses,
d'une force productive indéKnie ; en second lieu, par l'abus des
tendances économiques qui conseillent d'assurer, dans tous les
modes d'activité humaine, la plus grande part possible à l'initia-
tive individuelle et à la liberté. Plusieurs circonstances spéciales
ont, en outre, contribué à modifier la jurisprudence suivie pré-
cédemment en matière de permission d'usines. Les lois de
douane de 1822, en élevant le droit d'entrée imposé aux fers
étrangers, firent d'abord hausser considérablement le prix des
fers sur le marché intérieur. Le Gouvernement, pour donner
satisfaction aux consommateurs, que lésait cet état de choses,
dut autoriser beaucoup d'usines au bois, qui se créèrent alors en
plus grand nombre que les usines au charbon de terre. L'admi-
nistralioa Toreslière, à qui revenait plus particulièrement la mis-
sion d'apprécier l'insuffisance des affouages de bois acquis aux
nouvelles usines, ne s'opposa guère à leur établissement. Se
.yGoogle
BLBUEHTS DIVERS DB LA GONSTITtITtON SOCIALE, 315
plaçant en dehors du point de vue qui avait jusqu'alors préoc-
cupé l'adiniDislratioD publique, visant uniquement à donner plus
de valeur aux produits des forêts domaniales, elle favorisa,
aulantqu'il dépendit d'elle, les tendances imprudentes provoquées
par la hausse artificielle du prix des fers.
D'un autre côté, riodueDce des nouvelles lois civiles n'ayant
pas cessé, depuis 1793, de morceler la propriété, la liaison des
forges et des forêts s'est rompue dans la majeure partie de la
France. Peu à peu, les usines au bois, renonçant à leur ancien
caractère, se sont placées, pour l'acquisition de leur principale
matière première, dans les mêmes conditions que les filatures,
par exemple, pour l'achat des matières textiles. Elles ont perdu
la stabilité, trait distinctif de l'agriculture et de l'industrie miné-
rale et des autres industries exiractives, pour tomber dans la
situation instable et précaire propre aux établissements de l'in-
dustrie manufacturière. Dans la lutte désormais engagée entre
les deux sortes d'usines à fer, il deviendra chaque jour plus diffi-
cile aux usines au bois de se maintenir, si l'on ne revient pas
aux principes consacrés par la tradition européenne.
En effet, les usines au charbon de terre sont médiocrement
grevées par l'achat du combustible; leurs charges se composent
en grande partie de l'intérêt annuel des capitaux immobilisés,
c'est-à-dire de frais qui restent invariables, quelle que soit l'im-
portance de la fabrication. Ces usines trouvent donc avantage h
continuer leurs travaux, alors même que le prix des fers tombe
au-dessous du taux normal. Les exploitants des mines de char-
bon, ne pouvant eux-mêmes entrer en chômage sans se con-
damner à une véritable ruine, s'empressent d'ailleurs, à ces
époques de crises commerciales, de mettre le prix du combustible
en harmonie avec le prix des fers.
Dans les mêmes circonstances, les usines au bois ne peuvent
échapper à la ruine ou au chômage que si le prix des bois, qui
entre parfois pour deux tiers dans le prix de revient du fer, subit
une réduction proportionnelle à la baisse survenue dans le prix
du métal. Or c'est ce qui arrive rarement tout d'abord, quand le
propriétaire de forêts et le maître de forges se trouvent dans un
.yGoogle
3(6 CH. Vt. — HANOOVBB-AGBICULTISDB DU VORVAK (KITEBNUS).
état habituel d'antagooisme. Dans le débat qui s'établit, le pro-
priétaire de forêts mécooDatt souveot l'iotérét qui lui commao-
derait d'aider le maître de forges à soutenir la coocurrence des
usines au charboa de terre ; alléguant la probabilité d'une hausse,
il conteste toujours que le priK de la récolte prochaine puisse
s'établir d'après le prix actuel du fer. Dans ce conflit stérile, les
contractants se trouvent rarement placés, l'un devant l'autre,
dans une situation égale, et presque toujours l'un des intérêts
se trouve sacrifié.
L'une des conséquences les plus fâcheuses de cet antago-
nisme est l'élat stationoaire dos usines alimentées par le combus-
tible végétal. Le maître de forges, qui n'est point en position de
monopoliser le commerce des bois, sait que tout perfectionne-
ment introduit dans son industne ne profite qu'au propriétaire
de forêts, qui s'empresse d'escompter ce progrès à son profit et
d'augmenter le prix du combustible en proportion de la diminu-
tion obtenue dans les frais de fabrication. Le maître de forges se
garde donc, en général, d'immobiliser de nouveaux capitaux en
vue d'améliorations dont il ne retirerait aucun fruit, et qui ren-
draient sa situation plus dilfîcile. C'est ainsi qu'au milieu du
progrès générai des établissements industriels, et des usines au
charbon de terre en particulier, les usines au bois continuent,
pour la plupart, à opérer, en France, avec le matériel du dernier
siècle. Elles restent, par conséquent, pour ce qui concerne la
perfection des méthodes, beaucoup au-dessous des beaux éta-
blissements du nord (II, v, t^) et du centre (IV, i, 3«) de
l'Europe, pour lesquels ces causes d'immobilité n'existent pas.
Un tel état de choses, qui ne laisse pas de milieu entre l'immo-
bilité et le monopole, ne saurait subsister longtemps à une époque
où le progrès incessant des procédés de travail et l'établissement
d'une loyale concurrence sont les conditions premières d'exis-
tence pour les ateliers industriels et de sécurité pour les popula-
tions. Il faut donc que, sous peine de ruine ou d'oppression, les
propriétaires de forêts et les maîtres de forges reviennent, par
l'association volontaire, à l'état de solidarité qui règne dans le
reste de l'Europe, et dont ils auraient dû ne jamais s'écarter.
.yGoogle
éLBMBNTS DIVERS DB Li COmTtTVTtON 80CULB. 317
La réoi^DJsation des forêts et des usines au bois a, pour la
Fraoce, uq grand intérêt social. Il serait regrettable, en effet,
que les populations attachées à un millier d'usines disséminées
daos toutes les régions agricoles de la France fussent arrachées
violemment à d'excellentes conditions de bien-être et de moralité,
et allassent grossir, en quelques points du territoire, ces agglo-
mérations industrielles que provoquent l'exploitation et l'emploi
du charbon de terre. Les détails donnés dans la présente mono-
graphie, touchant l'existence du fondeur (au bois] du Nivernais,
prouvent combien il importe à la métallurgie française de con-
server ces types sociaux.
Cet ouvrier réunit la plupart des conditions de bien-être et de
stabilité qui sont propres à ceux du Nord et de i'Orient. Pendant
l'époque du travaU industriel, il partage son temps entre ce tra-
vail et une petite exploitation agricole propre à la famille. Pen-
dant l'époque du chômage, qui coïncide avec celte des récoltes,
il fournit à l'agriculture un complément de main-d'œuvre. Les
contrées où ces deux genres d'exploitations se prêtent ainsi un
mutuel secours sont dispensées d'entretenir des journaliers-agri-
culteurs à existence précaire, ou d'appeler du dehors des ouvriers
émigrants dont le contact est souvent nuisible à la moralité des
ouvriers sédentaires.
Les ouvriers des usines trouvent, en général, un charme
particulier dans cette alternance des travaux de l'industrie et de
l'agriculture. Stimulés par des combinaisons ingénieuses relatives
au mode de rétribution, ils prennent un vif intérêt aux travaux
des champs ; souvent même ils s'y livrent avec une sorte de pas-
sion. On a déjà signalé explicitement ce trait de mœurs pour le
forgeron russe (II, m, ii), qui considère comme une époque de
fêle et de repos le temps pendant lequel il exécute les travaux de
fenaison avec le concours de sa famille et de ses voisins. Le tis-
serand du Rhin (II, 7) se trouve dans le même cas. Les usines
métallurgiques de France présentent beaucoup de traits ana-
logues; et il y a lieu de penser que celte inclination des popula-
tions ouvrières est en harmonie avec les convenances de l'hygiène.
A cette occasion, il n'est pas sans intérêt de remarquer que
.yGoogle
3tS CR. VI, — HAKtEnriR-lflHIGtLTEDl DV HOSVAS (MVSBNAIS].
l'ancienae écoDomie iodustrielte faisait souvent uDe lai^ part
aux coDTeDaaces personnelles des ouvriers. Les relations
intimes qui les unissaient au patrou amenaient naturellement
celui-ci à prendre en considération leurs désirs, leurs besoins, le
soin de leur santé, leurs répugnances. Ces considérations influaient
non-seulement sur la ûxation des jours de repos et de châmage,
mais encore sur la nature même des méthodes de travail. Il
serait inexact de dire, d'une manière générale, que les procédés
nouveaux, fondés sur l'emploi de la bouille, conviennent moins
que les anciens iH'océdés à la santé d^ ouvriers; parfois, au
contraire, la science a introduit de précieuses améliorations dans
l'bygiène des ateliers. On peut affirmer, cependant, que l'industrie
moderne, forcée d'agir sur une grande échelle avec le concours
des machines, et de se plier à d'impérieuses nécessités, ne peut
plus tenir compte, comme on le faisait autrefois, des inclinations
ou des antipathies des populations vouées aux travaux manuels.
Sous ce rapport, il y a encore lieu de désirer que la conservation
des usines au bois contribue à maintenir en France ces excel-
lentes habitudes industrielles.
§23,
COHHDNADTés, COUTUHIÈRBS OU TAISIBLES, DU NTVEENAIS,
COUPOSÉBS DE MÉNAGES FBBHmHS DE DOMAINES KUBADX.
Ces institutions remontent aux premières époques du moyen
âge où les bras manquaient à la culture du sol. Les grands
propriétaires et les tenanciers étaient alors également intéressés h
conserver dans les mêmes familles l'exploitation des domaines. '
L'avenir d'une exploitation était peu assuré quand le fermier
n'avait qu'un héritier; et, dans ce cas, le domaine pouvait être
repris par le propriétaire. Au contraire, cette reprise était inter-
dite quand le fermier laissait plusieurs héritiers, vivant en com-
munauté a au même pot, sel et chanteau de pain ».
On a vu comment les communautés de propriétaires ruraux
de l'Auvergne (iv, io) et relies du Nivernais (so) ont disparu
sous l'action dissolvante du Code civil. Les communautés de fer-
.yGoogle
ÉLÉUIINTS DITBBS DB U
miers ont résislé, au contraire, dans plusieurs localités où les pro-
priétaires n'ont point eu ialérét à morceler leurs domaines. Il en
existe eBcore un grand nombre, à l'extrémité méridionale du
Morvan, dans les cantons de Luzy, d'Issy-l'Évêque, de Mesvres
et de Goulon-sur-Arroux. Ces communautés conservent à peu
près l'organisation qu'elles avaient à l'origine. Par leur solidité
et leurs mœurs patriarcales, elles font un contraste étrange avec
les agriculteurs qui les entourent.
Le personnel de toutes les comoaunautés est variable suivant
l'importance du domaine exploité. Dans un domaine de 100
à lûO hectares, le personnel est de vingt à trente individus des
deux sexes et de tout âge. A chaque vacance du maître et de la
maitresiet le remplacement se fait à Vélxclion. La maîtrise ne
confère aucun avantage pécuniaire, le maître et la maîtresse no
peuvent jamais être mari et ,%nme. Cette prohibition résulted'un
usage traditionnel ; toutefois, lorqu'une communauté est devenue
trop nombreuse et qu'elle essaime, un père et une mère ayant
des enfants forts se détachent de la communauté principale et ils
deviennent, dans ce cas, mattre et maîtresse de droit du nouvel
essaim qu'ils conduisent dans un autre endroit oii ils forment
souche à leur tour.
Une fois l'élection faite, le nouvel élu demande l'investiture
au propriétaire du domaine qui a son veto : s'il le prononce,
l'élection recommence ; s'il ratifie, ce qui a lieu toujours, il donne
l'accolade, c'est l'acceptation. A moins d'incapacité notoire ou de
minorité, les sufirages appellent à la maîtrise, par ordre de
primogéniture, les fils du maître décédé, et même, tant est grand
le respect pour l'atnesse, la minorité n'est pas toujours un
obstacle à la maîtrise! Ainsi, il y a quelques années, un jeune
garçon de 18 ans fut, dans la commune de Millay (canton do
Luzy), élu mattre de la communauté. Il la gouverna et la gou-
verne encore avec tant d'intelligence que les affaires, mauvaises
lors de son entrée en fonctions, sont aujourd'hui dans un état
prospère. La maîtrise ainsi dévolue a la double consécration de
la primogéniture et de l'élection. La primogéniture ne donne pas
un droit absolu : elle n'est qu'une désignation traditionnelle et
.yGoogle
.110 ca. VI. — IIANOBIJVKB-AfiKICULTBCK DU MOBTAN (NITBDNAIS}.
Spéciale, qui peut être ou ce pas être ratifiée par l'électioD. Le
mattre élu commande à tous. Lui seul est coqdu à Textérieur.
C'est avec lui qu'on traite, et il oblige ses communs. Dans les
cas graves, il demande leur avis. Il est entouré d'un grand res-
pect. Nul ne le contredit ; et, pourtant, ils sont tous égaux, tous
soumis aux mêmes travaux, au même régime et ont même béné-
fice. Un étranger vient-il à la communauté traiter d'une affaire?
Le maître parle ; et, lors même qu'il ferait une opération oaé-
reuse, aucune observation ne lui serait adressée. 11 est le maître]
Une soumission pareille semble d'autant plus étrange, de dos
jours, que le mattre, pour faire respecter son autorité, n'a,
comme sanction, aucune pénalité à imposer. Cette classe de
paysans est infiniment stable, laborieuse, morale et modeste,
quoique généralement aisée. On peut considérer, dans un
domaine, comme « immeuble par destination », la famille réunie
en communauté taisible.
La vie de cette classe est intimement liée à la constitution du
sol et aux conditions primordiales de la vie matérielle. Défiante
à l'endroit des idées nouvelles, elle a conservé fidèlement les tra-
ditions nationales, religieuses et patriarcales. La communauté a
sa racine dans le droit coutumier. Elle a traversé trois révolu-
tions qui ont profondément modifié l'état social. Par ces com-
motions ont été emportées presque partout les communautés
agricoles ; mais, dans ce coin de. la France, elles n'ont presque
pas été efiteurées. A quoi tient une telle longévité?
A notre avis, ce phénomène a trois causes. La première est
la situation topographique : les communautés placées au milieu
des montagnes, loin des routes et des centres industriels, ont été
peu en contact avec les idées nouvelles. La seconde est l'excel-
lence de ce régime pour les travaux agricoles. La troisième ^t
la sagesse et la moralité de certains usages coutumiers, parfaite-
ment appropriés à la vie des champs.
En effet, tant au point de vue matériel qu'au point de vue mo-
ral, les communautés de ménages offrent à leurs membres, dans
les divers âges et les diverses circonstances de le vie, toutes les
garanties de bonheur et de sécurité désirables ici-bas. L'homme
.yGoogle
RLBMBNTS DIVBH* Dl Ll CONSTITUTIÛN lOCUUT. 311
valide y troure, en tout teoips, ud travail approprié à ses forces.
S'il est malade, on lui prodigue des soins affectueux et désinté-
ressés. 6d travaille pour lui, et sa part dans les bénéGces continue
à se produire avec celle des autres associés. Il meurt sans
inquiétude sur l'avenir de sa femme et de ses enfants. Sa veuve
a le choix entre deux partis : rentrer dans la communauté
qu'elle a quittée, c'est-à-dire, chez ses propres parents, ce qui
ne lui serait pas permis comme femme mariée; rester dans la
communauté dont son mari était parsonnier. Dans cette dernière
situation, elle est pourvue et respectée ; elle y forme, en travail-
lant, son pécule personnel ; et, lorsque l'âge et les inBrmités la
rendent impropre au travail, elle devient reposante; elle est
nourrie, soignée gratuitement ; mais elle n'a plus droit au pécule.
Les orphelins, eux, sont les enfants de la communauté. Leur
père n'est pas mort : il est, par une bienveillante fiction, sim-
plement endormi. Ils continuent la tête de leur père. Leur car-
rière est toute tracée : ils s'initient au travail ; ils ont sous les
yeux des exemples pratiques d'ordre, d'économie, d'honnêteté,
de bienfaisance et d'amour de Dieu. Le vieillard y rencontre le
repos qu'il a gagné ; et ses vieilles années sont entourées de défé-
rence et de respect. De cette façon, en temps prospère, la com-
munauté est une source de bonheur et, dans l'adversité, elle
devient un asile.
Toutes ces communautés sont très-jalouses de transmettre
intacte à la génération qui vient la réputation de probité qu'elles
ont reçue de leurs ancêtres. Les membres s'en tiennent tous soli-
daires; et leur mot individuel s'elface devant le mot collectif de
la communauté. Lorsque l'on considère l'existence si calme, si
bien abritée, si heureuse, et pourtant si laborieuse, de ces utiles
associations, on regrette qu'elles ne soient pas plus nombreuses.
Cependant des hommes éminents pensent que le régime de com-
munauté comprime l'essor des supériorités naturelles et'géne le
libre développement des aptitudes personnelles; que, de là,
découle une iniquité en ce que les fruits du travail et de l'intel-
ligence sont inégalement répartis. Théoriquement, cela est vrai ;
mais, dans la pratique des communautés agricoles, il n'en est
.yGoogle
3SI CH. Tl. — MANOEnrBB-AaBtCDLTBim SD houvam (niveanais).
pas aÎDsi. D'abord, uq Newtoo ce oatt pas tous les jours dans
UDO Terme; y Dat(rait-il, que son génie saarail bira sortir de l'ea-
veloppe de la communauté. Et puis, la communauté n'a rien de
coercitif à l'égard de ses membres ; chacun est libre d'y rester ou
de la quitter. Les jeunes gens qui en sortent forment deux caté-
gories. Les uns apprennent un état, puis font leur tour de France;
et découragés, après mille déceptions, ils Bnisseot par revenir au
chef-lieu de canton voisin, pour y ouvrir boutique ou magaàn.
Les autres se livrent au commerce des comestibles (Rocatier) pour
l'approvisionnement des forges du Creusot; et, lorsqu'ils ont
amassé une somme suffisante, ils se fout Blatiers. Mais le com-
merce des blés est soumis à une grande fluctuation ; et souvent,
après deux ans de travail, le blatier est ruiné. Alors, il sollicite
l'ouverture d'uo oabaret au chef-lieu du canton. C'est là que se
retrouvent, après des vicissitudes diverses, mais aigris et envieux,
le fruit sec de l'industrie et le fruit sec du commerce. Tous deux,
comme deux braconniers, tiennent en joue les communautés d'où
ils sont sortis. Aussitôt qu'uo membre dont ils sont présomptifs
héritiers vient à mourir, le coup part, et la balle atteint au
cœur la communauté; car la draaande en liquidation et partage
est le signal de la dispersion. Conséquemment, le ré^me de la
communauté ne comprime pas les membres; au contraire, la
liberté qu'elle leur laisse amène fréquemment sa ruine.
Mais les communautés ont un défaut que ne pardonne pas
l'esprit utilitaire de notre époque. Leur Sdélîté aux traditions
anciennes les rend routinières, et même rétives aux Dourelles
méthodes de culture. Satisfaites des bénéGces qu'elles réalisent,
elles ne veulent rien exposer aux risques de l'expérimentation;
elles fuient les comices agricoles. Gomme leurs moeurs et leurs
idées, leur mode de culture est resté stationnaire. Néanmoins, si
l'absentéisme n'était pas, dans cette contrée, aussi fréquent, le
propriétaire, qni a toujours une grande influence sur l'esprit
des fermiers, pourrait les amener insensiblement k entrer dans
la voie des améliorations. v. de chbtbbbt.
.yGoogle
CHAPITRE VII
BORDIER
DE LA CHAMPAGNE POUILLEUSE
onrtiiBfPROPBiiTiiiE, tachkok »t mvbhaliim,
dun la iTUboM dai angigammli momimUiiéa,
d'après LBS lieHSGiaNEHBNTS RECUEILLIS SDH LES LIEUX,
EN 1856,
Pab m. B. DBLBET.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
DâFINISSANT LA CONDITION DES DIVBKS tlEMBBES DE LA FAHILLR.
IMOmIMmi du ll«n, de l'»rcaNlMll«n Industrielle
e« d« la faMiille.
^TAT DO SOL, DE l'INDUSTBIB ET DB hk POPULATION.
L'ouvrier habite la commuoe de BeaumoDt, canton de
Saippw, département de la Marne, sur la route de Reims à
Châlons, à 20 kilomètres de chacune de ces villes. Ce pays
appartenait à la Champagne dite « pouilleuse » , à cause de sa
proverbiale réputation de stérilité. Le sol, s'éteudanl en longues
plaines ondulées, y eet eu effet aride et paunre. Au sommet des
collioes et sur leurs pentes, la craie se montre uniquement. Dans
les vallées, elle se mêle à un gravier calcaire qui souvent la
recouvre. C'est une terre légère, émioemment perméable, qui
:,yGoogle
3U CH. mu — BOADIBB DE LA CHAMPAONB POUILLEUSE,
jamais ne reçoit assez d'eau; Tacile à travailler d'ailleurs, à ce
point qu'un seul cheval y conduit la charrue et que les Temmes
se chai^nl souvent du soio de labourer. Ce terrain devient pour-
tant fertile quand il reçoit les engrais convenables. Ainsi, autour
des villages, il produit de riches moissons de céréales et de
belles prairies artificielles (trèfles, sainfoins et luzernes); mais
les habitants de ces villages, peu nombreux relativement à
l'étendue de leurs territoires, manquant d'ailleurs de capitaux,
donnent tous leurs soins aux champs voisins de leurs habitations,
famés déjà depuis longtemps. Ils appliquent aux meilleurs de ces
champs une culture perfectionDée et soumettent les autres à
l'antique assolement triennal. Aux plus éloignés, ils ne demandent
qu'une maigre récolte d'avoine tous les cinq ans environ. Cette
récolte s'obtient sur un seul labour et dépend presque exclusi-
vement des circonstances atmosphériques. Assez belle quand
l'année est pluvieuse, elle manque presque absolument quand la
saison est sèche. Pendant les années qui suivent, la terre ainsi
traitée est abandonnée à la vaine pâture sous le nom de a peleux n
ou « sararts n . Elle se couvre lentement, en trois années, d'une
chétive végétation de graminées (genres Poa, Phleum, L.), au
milieu desquelles dominent de nombreuses ^pèces d'euphorbes
{Euphorbta Lathyrts, E. Çyparissias, L.,). Ces plantes, que le
mouton ne mange pas, diminuent encore la valeur de ce maigre
pâturage. Aussi les propriétaires, et spécialement ceux qui
n'habitent pas sur les lieux, ont-ils recherché d'autres moyens
de tirer parti de leurs terres. Depuis vingt ans suitout, une vaste
étendue de ces savarls a été plantée en pins {Pinus sylvesiris, L.) ,
qui déjà ont modifié l'aspect du pays, et qui fournissent aux
habitants, presque privés de bois Jusqu'alors, un combustible à
des prix relativement modérés.
Le lieu ou a été construite la maison de l'ouvrier décrit dans
cette monographie, quoique situé sur une grande route et à
3 kilomèti-es seulement de la rivière de Vesles, était récem-
ment encore à l'état de savârt. Mais de grands travaux entre-
pris sur ce point par TËtat y ont créé des conditions nouvelles.
Ces travaux ont eu pour but de creuser un souterrain de
.yGoogle
OBSERVATIONS PB^WNAIKBS. 339
2,&00 mètres sous une moDtagae de craie pour faire passer un
canal du bassin de la Vesles dans celui dé la Manie. CommeDcés
eu IS&O, ils ODt retenu sur les lieux, pendant six anoées, beau- .
coup d'ouTriers, d'employés et d'entrepreneurs. Il a Fallu loger
les UDS et les autres, et peu à peu des constructions ont été éle-
vées par l'admiDistratioD et par des spéculateurs. C'est à ce der-
nier titre que l'ouvrier décrit dans la présente monographie
oib'eprit UD des premiers la construction d'une maison, espérant
s'y loger à moins de Trais que dans les garnis et comptant en
louer une partie h d'autres ouvriers. Ou pourra voir quelles
heureuses conséquence cette spéculation entraîna pour son
avenir (i a).
Aioà fut créé, sous le nom de MouIin-de-Beaumoot, un
centre nouveau de population, principalement composé de caba-
retiers et d'ouvriers turbulents, auxquels vinrent se joindre
quelques habitants des villages voisins. En 1S&6, les travaux
ayant été subitement suspendus, toute la partie nomade de cetlâ
population se dispersa ; et il ne resta plus que ceux qui s'étaient
créé dans le pays des intérêts durables. Parmi ces derniers se
trouvait le sujet de cette monographie, devenn propriétaire d'une
Dès lors les éléments si divers de cette population tendirent
à se fondre et à constituer une unité normale et durable. Elle
existe tout au moins au point de vue moral; mais la siogulière
situation du village, aux confins de quatre communes et de
deux arrondissement, ne lui permet pas de former une voûté
admicistrative.
sa.
ÉTAT CIVIL DE LA FAHILLE.
La fomille comprend 4 personnes, savoir :
1. Victor H", né près d'Ëplnil (Voigw] A3 uu.
S. BJUuK C", B* femme, née h CbUoas (Hune) 31 —
3. Eugénie-Augustine H", leur fllle klnée. IS — 1/3
A. AngniUno-Eugénie H", l«ar Ule cadeUe 13 —
.yGoogle
3S6 GB> VII. — BOBDIER DE Li CRAIlPAfiMB POUILLEUSE.
Le mariage, qui a «i lieu en 1839, a été précédé de rela-
tions illicites. Un enfant, Dé avant le mariage, est mort en bas
âge.
S S-
BELIGION ET nj^BITODES MORALES.
La famille appartient à la religion catholique romaine, mais
ne la pratique en aucune manière. L'ouvrier, né au milieu d'une
population religieuse, et élevé dans une familjed'une piété remar-
quable, a conservé pendant quelque temps en Champagne sa
ferveur et ses habitudes de pratique religieuse. Mais bientôt il a
cédé aux influences du milieu où il vivait; et, depuis [Pasteurs
années, il n'est pas entré dans une église. Cependant, les effets
de l'éducation première sont encore sensibles chez lui. Il parle
des idées et des choses de la religion avec une gravité respec-
tueuse qu'il n'est pas habituel de rencontrer chez les populations
voisines. An lieu de suspendre dans sa maison ces insignifîantes
enluminures qui se retrouvent partout dans ces campagnes, il l'a
ornée de quelque images grossières représentant des sujets reli-
gieux et au milieu desquelles se remarquent les tableaux de
première communion de ses deux filles. La femme, sous ce rap-
port, n'a guère subi Tinfluence du mari; elle est restée dans cet
état de complète indifférence qui caractérise les habitants des
quatre villages voisins. Parmi ces villages, aucun n'a de curé;
tes oâhïes n'y sont célébrés que de loin en loin; et encore la
plus grande partie de la population s'abstient-elle d'y assister.
Tous pourtant se soumettent aux cérémonies qui confèrent le
titre de chrétien ; mais on fait faire la première communion aux
enfants à un âge où cet acte ne peut avoir aucune influence
morale sur eux. Les parents considèrent la préparation néces-
saire comme une chaire et un ennui. Souvent même, quand elle
se prolonge, ils menacent le prêtre de retirer leurs enfants, s'il ne .
consent à les débarrasser au plus tôt. Cas dispositions à l'indif-
férence, sinon à l'hostilité, ont été aggravées encore par te séjour
qu'ont feit dans le pays les ouvriers du canal (i). Ces ouvriers
.yGoogle
OBIElVATtONH PBÉLUIlNAlflBa. . 3|7
ont siogulièremeot contribué à détruire, dans les villages qu'ils
ont fréqdeatés, la pureté relative des mœurs et la dignité dans
les habitudes qui se retrouvent encore chez les populations
agricoles non mêlées. Cette Tâcheuse influence (is) s'efiteicercée
particulièrement sur les habitants du hameau nommé Moulin-
de-Beaumont, qui ont dans le voisinage une réputation trop
méritée de mauvaises mœurs et d'improbité. La famille ici décrite
se distingue entre les autres par sa droiture, par son amour du
travail et par sa disposition à l'épargne; mais, sous plusieurs
rapports, elle reste à leur niveau. La mère, qui a été séduite à
16 ans par sou mari, ne paraît pas craindre le même danger
pour ses filles qui arrivent au même âge. Elle les laisse presque
sans surveillance au milieu des ouvriers logés chez elle; elle
tolère même, pour ne pas perdre une occasion de gain, que ces
ouvriers amènent dans la maison et sous les yeux de ses filles
des prostituées avec lesquelles ils vivent dans un état de véri-
table promiscuité. Le mari déplore cet état de choses, mais il
n'intervient pas pour le modifier; et lui-même ne donne pas
toujours de bons exemples. Quand il s'adonne à l'ivre^e, il
oppose les coups aux reproches de sa femme; et il est brutal
envers ses enfants. La femme, douée d'un caractère énergique et
d'une vigueur physique suffisante, sait d'ailleure se défendre dans
ces luttes. Il lui est même arrivé plusieurs fois d'aller chercher
son mari de vive force et de le ramener du cabaret avant qu'il
ait eu le temps de s'enivrer. Ces scènes déplorables, devenues
plus rares depuis quelques années, ne laissent pas de trace entre
les deux époux ; mais elles ont une funeste influence sur le carac-
tère des enfants, chez lesquels elles détruisent le respect des
parents. Aussi ces derniers doivent-ils souvent, pour se faire
obéir, recourir aux menaces et aux coups.
Cette population, si étrangère aux pratiques religieuses et
dont les mœurs ont ce caractère de brutalité, est pourtant intel-
ligente et douée de précieuses qualités. Elle est sc^re, active,
laborieuse, portée à l'épargne et susceptible d'enthousiasme mili-
taire. Elle sent le besoin de l'inshuction : ces villages, qui n'ont
pas de curé, ont tous un instituteur ; et l'école est fi-équentée
.yGoogle
318 CR. VII. — BOIDIEB UE LA GBAMPAQNB PODILlKmB.
par la presque totalité des enfants. Ceux de Moulia-de-Beaumont
vont h une école distante de 3 kilomètres ; et, malgré la difficulté
résultant de cet éloignement, les parents ne laissent guère les
enfanls y manquer. Aussi tous savent-iis lire et écrire : l'ouvrier
et sa femme sont tous les deux en état d'établir un compte.
Leurs deux filles, intelligentes d'ailleurs, ont fréquenté l'école
jnsqu'îi l'ftge de 13 ans-, et elles y ont acquis une iostructioD
élémentaire assez complète.
s»-
BTGliNE ET SERTICB DE 8\NTé.
Le climat de la localité est sain. Comme le pays est décou-
vert et situé sur un point éleré, les vents s'y font sentir d'une
manière désagréable, sans être nuisibles à la santé. Quelquefois,
cependant, le vent du nord-est y apporte des miasmes paludéens
empruntés aux marécages tourbeux de la Vesles. Mais les fièvres
intermittentes qui en résultent n'ont jamais atteint les membres
de la famille. L'eau potable manque dans le pays; et on est
obligé de l'extraire de puits creusés dans la craie, à une profoD-
deur de 35 mètres. Cette eau, d'une teinte blanchâtre, se boit
sans être filtrée. Elle n'a d'ailleurs aucun goût désagréable; et il
ne paraît pas qu'elle exerce uoe fâcheuse influence sur la santé.
Tous les membres de la famille jouissent d'une bonne consti-
tutioQ. La femme et les filles n'ont jamais été malades sérieuse-
ment; et, malgré le peu de soin avec lequel elles marchent pieds
DUS en été, cette habitude n'a causé jusqu'ici aucun accident.
L'ouvrier, quoiqu'il ait été réformé pour défaut de taille, est
robuste et soutient, sans boire de vin, les rudes travaux de la
maison. Depuis quelques années, il a pris l'habitude de boire alors
un mélange d'eau et de vinaigre, ou d'eau et d'eau-de-vie, auquel
il attribue une vertu fortiSante toute spéciale. En exécutant les
travaux de terrassement, it a souvent été blessé, mais jamais
d'une manière grave. Il a dû pourtant quelquefois interrompre
ses travaux, à cause du retour assez fréquent d'une maladie, suite.
.yGoogle
0DUBTA1IOHB PKBLIIlIKAinKS, 3!9
des excès de sa vie de garçon. Dans ce cas, au lieu d'avoir
recours au médecin, éloigné de II kilomètre?, et dont les visites se
paient W, >1 va se faire soigner à l'hôpital de Reims, oîi on le
reçoit par tolérance. Cette facilité avec laquelle il se décide à entrer
dans un hôpital est un des traits qui le séparent le plus nette-
ment des habitants des campagne voisines. Les plus pauvres
parmi eux ont une inviocible répugnance pour le séjour dans une
maison hospitalière ; et dire à un homme qu'il mourra à l'hôpi-
tal, ou que quelqu'un des siens y est mort, est considéré dans le
pays comme une très-grave injure.
BANG DB LA. FAMILLE.
L'ouvrier appartient à la catégorie des ouviiers-propriétaires.
Il possède en effet une maison, un champ et un jardin (e) . Mais
ratte possession, qui exerce sur lui une influence morale très-
salutaire, ne tient pas encore une place considérable dans sa vie
active et dans ses revenus. Il lut suffît de quelques journées de
travail pour cultiver le champ et le jardin. Dans quelques années,
quand l'un et l'autre auront élé convenablement fécondés, celte
propriété acquerra plus d'importance. Déjà la femme pense k
louer une vache pour l'année prochaine ; et plus tard à ea garder
une définitivement. Jusqu'ici la condition de l'ouvrier a>été celte
d'un joumalier et tâcheron agriculteur. Dans ce pays, le travail
à la journée est la règle pour cette catégorie d'ouvriers ; mais,
sous ce rapport, l'ouvrier se distingue des autres par son goût
pour le travail h la tâche, qu'il recherche en toute occasion. Il
va même jusqu'à se charger de petites entreprises dans certains
cas, et se vante d'y réussir grâce k l'exactitude de ses prévi-
sions. Bon ouvrier, d'ailleurs, faisant bien et vite ce qu'il entre-
prend à la tâche, travaillant consciencieusement quand on l'em-
ploie à la journée, il est recherché par les cultivateurs voisins,
malgré ses dispositions à l'insolence lorsqu'il est en état d'ivresse.
C'est par ces qualités qu'il a pu se former une clientèle chez les
.yGoogle
830 CB. Vil. — BOBDIBB DE LA GHiMPlGNB PûmUSOSE..
cultivateurs des villages voisins. Sa femme aussi a su se créer uue
clientèle comme couturière; et, quand elle n'a pas de journées ou
quand les besoins du ménage la retiennent h ia maison, elle
s'occupe presque constamment à exécuter quelque travail d'ai-
guille entrepris à la tâche. Ces travaux complètent avantageu-
sement les nombreux services qu'elle rrad à ta famille.
En résumé, dès aujourd'hui la famille atteint une condition
supérieure à celle des journaliers-agriculteurs proprement dits.
Déjà elle a pu franchir les premiers échelons de la propriété.
Placée en dehors de tout patronage , eJle a dû son élévation
rapide à l'incident (i) qui lui a procuré une spéculation très-
proGtable (s). Sans le secours de cette circonstance, la famille
serait prohablement restée à un niveau inférieur. L'ouvrier aurait
conservé ses habitudes nomades ; et la femme n'aurait pu en
. triompher malgré ses énergiques efforts.
H«rcas a'«Kbiteiic« «le la CuuUle.
s 6.
PHOPRIÉTÉS.
(Hobiller et vïtements naa comprit.)
Immeubles : acquis en totalité avec les épargnes de la
famille. . '. I,â20' 00
1* Babitatiim~ — IWiOD aiee kppratis pottr un porc et iee Ikplns, IflOCOO.
3* ImmmAhi rw-aux. — Jardin (3 ires) itten&at à k ratiaon, 100' 00 ; — cbunp
(33 WM] acheté SOtOO, mwi déji fertlliid et Til&nt iSO'OO. ~ Total, SlVOD
Akgent 20' 00
L'ouvrier, jusqu'ici, n'a pu réunir une somme d'argent assez
importante pour être placée h. intérêt. Ses épargnes, à peine réa-
lisées, ont été employées à embellir la maison, à payer l'acqui»-
tion du jardin et du champ. Toutefois, il a le goiît du placement
à intérêt, et son intention est d'employer de cette manière une
partie de ses épargnes à venir. II aime à avoir chez lui une cer-
taine somme disponible et gardée par sa femme.
.yGoogle
' OBSEBVATIOHS PHÉUHINAIBBS. 331
Animaux dojuestiqubs entreteous seulement une partie de
l'année 31' 00
I porc d'une valeur moyenaa de 40' 00, entreteau )>anduit 7 mois ; I» Ttleor
iDoyenDeMlculâepourl'aniiéaeiitiËre eit deSSiOO;— 15 Itpins élevé* cbtqoe *Qnée:
S sont vendu, 5 lont msogte pu 1& fainillo, S nièrei sont conservée» pour la repro-
duction ; ces lapins ont nne valeur moyenoe do 21' 00 ; chacun d'eux Bit entretenn
pendant 4 mois; la valeur moyenne calculée peur l'an née eotltee est de S' 00.
Le jeune porc est acheté au printemps et engraissé arec des
pommes de terre, du son et de la farine d'orge ; on le tue vers le
mois de décembre.
Matériel spiaAL ies travaux et industries. . . 170' 50
t* OiUih pour la oalture dtt jardim tt dat ehampt. — S bêches, VODi —
I binette (outil double composé d'un crodiet fc deui denta ei d'une palette on fer),
l'SUt — 1 orocbet k deux dents en fer, 2' 00. — Total, 9<50.
S' OuliU pour la récolté dêt céréalêt. — 2 fsui montées, avec accessoires ponr l«s
réparer, IB'OO; — 3 faucilles, S'SQ; — S Qéaux i bstire en grange, 3^00. — Total,
21' 50.
3° OuliU pour lt$ travaux d* ttrrawnuia et Fabatag» dti arbru. — S ptochm,
10^00; —2 pelles en fer, S'OO;— 1 pelle en bois, l'OOi— i brouette, 8' 00; -~
I cognée, VOli; — 1 serpe, 2' 50; — 1 petite bacbe, 3' 00; — 1 lampe de mineur,
S' 50. ~ Total, 3^ 00.
4° Ovtilt pour la fabrication d» earreauip ds Urre. — t moules doubles k car-
reaux, l'OO) — 1 petit CDvier su bols, 4' 00.— Total, O'OO.
5> (7(l*niilw amploH^i pour t» blanehiitagt. — i petit cnvieri 2' 50 ; — 1 batMr,
l'OO; — I augeï laver, S'OO; — 1 fer à repasser, l'OO. —Total, O'M.
6° OutUi pour Im r^roiion* exieuUei dant (a maUon 1 ciseau, 2' 00 1 —
I pUne, 3' 00; — ] scie, S' 00-, —1 marteau, 1' 00) — 1 irnelle, ^'00| — 1 marteaa
A tailler la pierre ou 1* craie, 3^00. — Total, IS' 00.
7° Mobititr pour Uniuttri» d» logsitr sxtrei» txc*ptùmn*Uniunt par la familU
«rt 4S4S et sn 1SSS. — i paiUtsses, Kf 00; — t matelas de laine ou de plumo, W 00.
— Total, t^W.
Valedb totale des propriétés 1,541' 50
S'-
SUBVENTIONS.
Le régime de la petite propriété est depuis longtemps établi
dans les villages voisins ; et chacun y revendique avec âpreté la
jouissance de ses droits. Aussi le domaine des subvenitons qui
dépendent de la bienveillance y est-il fort restreint. Sous ce rap-
.yGoogle
33S CH. VII. — BOBDIBI DE LA CHÀIIPAaNB POUILLEUBB.
port, la situatioD des jouroaliers qui s'élèvent aux premiers
échelons de la propriété est ici moins ravorable que dans les
vallées voisines où se trouvent des grands propriétaires plus
tolérants que les petits propriétaires des plateaux.
Quelques traces d'anciennes habiLudes s'y retrouvent pour-
tant encore. Ainsi, on permet généralement au batteur en grange
d'emporter chez lui les liens des gerbes battues. Partout le
glanage est toléré ; et la famille eu proSle pour récueillir chaque
année quelques boisseaux de grains. Elle ramasse pour ses lapins
l'herbe qui crott dans les Tossés des routes; et, plus tard, elle
pourra la Taire paître par sa vache. I^ commune dont elle dépend
possède une assez grande étendue de biens indivis; mais la
famille ne peut en proliter. Ces biens, composés uniquement de
savarts (i), ne peuvent être exploités que par les propriétaires
possédant des moulons. Les plus riches habitants sont donc les
seuls qui puissent en jouir, tandis que l'ouvrier, â qui la com-
mune demande chaque année trois jours de prestation, ne reçoit
d'elle aucun dédommagement. La principale subvention pour
celte Famille consiste dans la récolte des excréments d'animaux
sur la voie publique. Avant que l'ouverture du chemin de fer eût
diminué la circulation sur la route de Reims à Châlons, cette
ressource avait une grande importance. La femme se levait avant
le jour afin d'élre prête pour le passage des routiers dont l'étape
se trouvait au village voisin ; et, grâce à cette vigilance, elle pou-
vait, presque sans perte de temps, ramasser chaque semaine un
mètre cube de fumier. La vente de ce fumier, à 5' 50 le mètre
cube, soutint la famille, en lSfi7, au moment oti l'ouvrier, n'ayant
pu encore se créer des relations dans le voisinage, restait inoc-
oupé. La famille ramasse encore maintenant plus d'un mètre cube
d'excréments par mois; et c'est ce fumier qui, joint à celui du
porc et des lapins, lui fournit l'engrais nécessaire à la culture du
jardin et du champ. Faute de cet engrais, la culture ne produirait
rien sur celte terre stérile. On peut encore mentionner au nombre
des subventions les sommes d'argent reçues par les enfants, de
leurs parrains et marraines, en échange de cadeaux en nature,
de moindre valeur, que ces enfants leur offrent au jour de l'ao.
.yGoogle
OBBBKT&TIOMJ PRKI.IU1NA1BES. 333
S 8.
TRAVAUX ET INDU8TBIB3.
TBATàDX DB l'odtbibr. — Le travail prÏDcipal de l'ouvrier
se rattache à l'agriculture. Depuis la récolle des foins (iS juin)
jusqu'à celle dee avoines (25 août), it est presque coDstamment
occupé à faucher. A la fm de l'été, pendant tout l'automne et
une partie de l'hiver, il bat en grange ou coocourt à quelques
autres travaux agricoles, tels que le curage des étables et le
transport des fumiers. Gepeudant, dans ce pays de petite pro-
l^élé, où la plupart des cultivaleui^ exécutent eux-mêmes la
plus grande partie de leur besogne, ces travaux ne suffisent pas
à l'occuper toute l'anuée. Au printemps surtout il reste dispo-
nible et se livre alors à des travaux secondaires assez productifs,
tels que les terrassements nécessaires à la construction et à l'en-
tretien des routes et du canal. Enfin, il fabrique des carreaux
de terre avec lesquels on bâtit les maisons du pays ; et il arrache
dœ peupliers ou d'autres bois sur les bords de la Vesles.
Tbavaux de la femme. — Le travail principal de la femme
est celui qu'elle exécute comme couturière, à ta jouraée ou à la
tâche, et dont le salaire est une des principales ressources de la
famille. Gomme travail secondaire, pendant ta moisson, elle
ramasse la gerbe derrière l'ouvrier quand il fauche le froment ou
te seigle; etie-méme coupe le froment à la faucille; dans l'hiver,
elle aide quelquefois son mari à battre en grange. Elle fournit
en outre plusieurs journées pour laver les lessives. Active et
laborieuse, elle trouve encore te temps de veiller aux travaux
de son ménage qui est tenu avec un certain soin. C'est elle qui
confectionne, répare et blanchit les vêtements de toute la famille;
c'est elle aussi qui cultive presque seule le champ et le jardin
attenant à l'habitation et qui ramasse, avec Taide des enfants,
le fumier sur la voie publique.
Travaux des enfants. — Depuis deux ans, la Hlle aînée a
été envoyée pendant une partie de l'année en apprentissage à
ChflloDS dans une maison de lingerie. Elle n'est pas payée, mais
.yGoogle
33& en. vil. — DORDIBR M LA CT1HP1«HB POOILLKOSE.
elle i-eçoit la nourriture gratuitemeDt. Quand son apprentissage
sera achevé, elle entrera, comme domestique, dans une maison
des villes voisines. Chez ses parents, elle aide sa mère dans les
travaux d'aiguille et la remplace dans les soins du ménage;
mais, depuis son séjour à la ville, elle ne se soumet qu'avec la
plus vive répugnance îi certains travaux de la campagne. On la
Force pourtant, malgré sa résistance, à battre en grange et è
ramasser le fumier sur la roule. C'est à ta plus jeune 6lle que
revient surtout cette dernière tâche; elle s'en occupe pendant le
temps qu'elle ne passe pas à l'école. Déjà aussi elle peut suppléer
sa mère dans les soins à donner aux animaux ; et elle lui permrt
ainsi de s'absenter. ËnQn, en été, c'est elle qui porte la nour-
riture à son père occupé aux champs.
Industbies entkbprises pab là fahills. — La culture du
jardin et du champ, l'engraissement d'un porc et l'élevage des
lapins sont les industries habituellement entreprises par la
famille. La substitution du travail à la tâche au travail à la
journée lui procure chaque année des bénéfîcesassezimportants;
mais il faut spécialement signaler la spéculation exceptionnelle,
relative au logementdes ouvriers nomades, à laquelle elle se livre
de loin en loin (i9). Déjà, au moment de la construction de la
maison, une spéculation analogue lui a permis d'acquitter, en
une seule année, la dette contractée pour cet objet. Dorénavant
ses résultats seront moins importants; ils doivent néanmoins
exercer encore une heureuse influence sur l'avenir de la famille
et donner un bénéâce annuel qui a été estimé à une moyenne
de fiO' 00.
HmIc d*«slaf«iiee de 1» fMHtIle.
ALIUEKTS ET RBPAS.
Pendant l'été, l'habitude du pays est de faire quatre repas.
L'heure et la composition en sont réglés comme il suit :
.yGoogle
OUEIVATIONS PIBLIXINAIBSS. 33S
Premier déjeuner (de /i. à 5 heures) : composé de pain et de
vin; le vin est souvent remplacé par uD petit verre (5 centilitres)
d'eau-de-vie de marc.
Second déjeuner, appelé aussi dîner (9 heures) : soupe avec
légumes et paia, le plus souvent faite au lard oa au salé.
Goûter (3 heures) : pain mangé avec le lard cuit dans ta
soupe du matin, ou, si le lard manque, avec du fromage.
Souper (de 7 à 8 heures) : soupe comme au dîner; sou-
vent on ne mange à ce repas que des légumes froids et quel-
quefois des herbes frites dans la poêle avec du lard. Ce mets
œt appelé < salade au lard. »
En hiver on ne fait que trois repas : on dîne à ii heures
et on soupe à 6 lieures. Le matîa, on continue il prendre la
goutte (5 cenUIitres) d'eau-de-vîe, avec du pain et du fromage.
L'usage de l'eau-do-vie prise de cette manière tend à devenir
général, surtout depuis que le prix élevé du vin ne permet plus
d'en boire. Les Femmes mêmes n'y échappent pas, spécialement
dans la classe des journaliers. La plupart ne prennent pas d'eau-
de-vie chez elles; mais, quand elles vont en journée, elles
réclament le petit verre; et les laveuses de lessive y ont un droit
déjà consacré par l'usage. Il y a dans la famille ici décrite des
habitudes de sobriété remarquables, surtout si on réfléchit aux
durs travaux que supporte l'ouvrier pendant la moisson. Quand
il travaille à ta journée dans cette saison, il reçoit par jour une
bouteille et demie de vin. Chez lui, il le remplace presque tou-
jours, soit par une piquette légère, soit par de l'eau additionnée
d'un peu de vinaigre ou d'eau-de-vie («). Dans tout autre
momfflit, la boisson habituelle est de l'eau. L'alimentation se
compose essentiellement de pommes de terre, choux, haricots et
autres légumes cuits au lard, dont le bouillon swt pour la soupe.
Assez souvent aussi, le soir en élé, on mange une soupe au lait;
mais c'est surtout quand le lard et le salé manquent. Presque
jamais on ne mange de viande de boucherie à cause de son prix
élevé. Les .ouvriers nomades ont répandu dans le pays l'usage
de certains aliments nouveaux, tels que le café au lait et le riz.
Ce dernier est fort goûté de l'ouvrier; et la famille l'introduirait
.yGoogle
Îi36 CH. TII. — BORDIBK DB U CBAMPAGNB
dans sa nourriture ordioaire, si elle pouvait se le procurer en
gros à un prix coaveoable.
S 10.
HABITATION, MOBILIER ET VÊTEMENTS.
La maisoD, bâtie eu carreaux de terre et en blocs de craie
taillés, est dans une situation agréable, sur le bord d'une grande
route et au milieu d'un petit jardin où se trouve un puits qui
fournil l'eau pour les besoins du ménage. Le jardin doit être
plus tard entouré de murs; et déjà l'ouvrier en a lui-même
construit quelques mètres. Le sol, uniquement composé de craie,
a été défoncé et remplacé par des terres plus fertiles ramassées
sur la route. On y cultive, outre les légumes, quelques plantes
d'agrément; et seize pieds d'arbres fruitiers y ontété récemment
plantés. L'habitation est commodément distribuée et paraît
saine, quoique le sol n'ait reçu, ni plancher, ni carrelage. Elle se
compose de deux pièces au rez-de-chaussée et d'un grenier dis-
posé en mansarde. La première pièce sert de cuisine; et on y
trouve tout ce qui peut être utile dans un ménage : une che*
minée, un évier, un four à cuire le pain, longtemps désiré par
la femme et nouvellement construit grâce à ses efforts. La
seconde pièce sert de chambre à coucher aux parents et aux
enfants; elle est munie d'un poêle qu'on chaufTeavec de la houille
et autour duquel on passe les soirées d'hiver. La mansarde com-
munique avec la première pièce au moyen d'un escalier en bois
construit par l'ouvrier. On y place les légumes et les provisions
de toute espèce destinées aux animaux domesliques. C'est aussi
dans celte mansarde que couchent tes ouvriers nomades logés
parla famille dans certaines occasions (s). Il règne dans la
maison une certaine propreté. Les murs sont fréquemment
blanchis à la chaux ; et ils sont garnis de planches sur les-
quelles on range les ustensiles du ménage. Plusieurs parties du
mobilier sont en assez mauvais état; chaque chose est à sa
place; l'ensemble offre un aspect satisfaisant.
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OBSBHTAIIONt PE^LIlIlNÀtftB». 337
Mbdblbs : presque tous achetés d'occasion et eo état de
rétusté; ils sont tenus cependant avec quelque soin. . 292' 50
I* Lili. — 1 lit pour le* époai 1 1 bols de Ht lUt par l'oaTTier, 8' 00; — 1 pdU
base, i'DOt — 1 matelu da bine, aOtOOi — 1 tnTersin, «^OO; — S oraillera, 6^00;
— 1 coaiertiire de iMoe, {D'OC; — 1 courro-pied piqaé, compoié d'une couche de
laine entra deox toUei de pêne et hli pu 1> femme, 13' 00 ; — rideani en pêne gros-
sière, f 00 ;— 1 édredoQ en davet d'oie, 1(K00i — 1 lit poar le* deai fille* : 1 bail
de Ut fait par l'onnler eo plancties k peine dégrossies, 4' 00; — 1 paillasse, S'OOi —
t matelas de laine grouière, 30' 00 ; . — 1 traTersia, 3' 00 1 — S coavertures de laine,
10' 00.- Total, 138' 00.
S* JfMiblM (b ta ehambrt à eoiteher. — 1 eb^seï eo maaTais dtat, 4' 00; — 1 ar-
moire na chêne achetée d'ocoulon, 40^00; —• 1 commode asMi élégante acbetiie d'oc-
usbn, 35' 00; — 1 poele en blence arec an lufan en tOle, SO' 00 ; — 1 horloge récem-
ment aeheti^, IS'OOi —S mlroin, 3' 50 ; — 3 grarnre*, dont 3 eaudréea, l'SO. —
Tolal, 131' 00.
3* MiubUi it la ehamir» tirvant d» euinni. — 3 table* en boii blanc, dont l'une
est muaie de tiroirs ponr le pain, 10' 00; — 3 banc* en bois blanc placés autour de la
table principale, 5' 00; — 1 dressoir composé de planche* fliéea centre un des mun
de la chambre, 3' 09; — 3 grarnrei, dont S encadrées, l'SO; — 1 petit meuble en
osier ($alix cinmolù, L.}, destiné à recevoir les caillen et les fourchettes,' 1' 50; —
1 lampe avec crémaillère pour la suspendre. S' SO; —3 TBses àflean enporcelainede
rebtit,0'50. -Total, 30' 00.
4° Livra »t fournitvrti de burtau. — Lifres d'école de* enfants et plusieurs exem-
plaires da l'ilItnaniicA li^soû, que l'ouvrier achète chaqae année, 3' 50; — encrier,
plumes, papier, livre de compte* *nr lequel t'ouTrler inscrit le* somme* qni loi sont
dues j> différents titres, 2' 00. — Total, if 50.
Linge de ménage : iait de toile grossière et réduit au strict
nécessaire 5&' 00
6 paires de drap en chanvre, 48'OOt — 8 torchons on serviettes et vieni linges,
d'oc.
Ustensiles : communs, en partie usés, comprenant seulement
le nécessaire 76' 70
1' X^pmifant ds la eheminéi. —3 chenets, 1 erémiillère, 1 pelle, 1 pincette, lOfOO.
3» Emplovii pour (a préparatim *t la cuhson du pfUn. — 1 auge en bois blanc
ponr pétrir le pain, 3<00| — 4 corbeilles en osier dans lesquelles on place ta pLte
pour lui donner 1b forme de pain, 3'00; — t pelle an bois de hêtre, de 1**S0 de
long, lerrant fc enroamer le pain, 3' 50; — 1 fouinon en fbr avec manche eo bols ponr
tirer la braisa da feur, 3' M. — Total, 10' OO.
3* Etnptoyii fwr la cvinoit «t la eontommatUm dit alimmtlt. — i marmite et
1 chaudron en fer. S' 00; — i grande sonpièra et 3 plus petites en terre Tornlssée,
S' M; — 14 assiettes et 3 casseroles en lerrevemisaée, 3'30|— 3 platset autres nsten-
■ilesen grosse terre colle. S' 00; — 3 bouteille* de forma ronde, enterre dite degrés,
serrant k porter la boisson ani champs, 1' 00 ; — 7 verres k boire et S hontelUes en
Terre braniS'SOj" 3 couverclo* pour platset soupières, en fSr élamé, l'SO; —
1 poêlon en fer battu, t'OO; — 10 cnillers et 10 foorchettes en fer jtamé, 3'30(-
T. «
.yGoogle
338 CH. TII. — BOIIOIBK DB Ll GBAIIPAÛNI POOILLBDSB.
3 cnlUen fc pot 411 fer éXuaé, i'X ; — t eoutatui de poche (Il D'f > P*s dv» I* »»I-
BOa de coateBDi de table), 3'00; — 3 «eani en boii tiTec cercles ea ler, ûua leiqaele
M conserre l'ean Mmutani besdiu du injuage, S' 00. — Totil, 3T'7a.
4* Employit pour imu d« propnU. — i plkt à bvbe, (K 50; — 3 ruoin et
mleniilet diven Bemnt i l'oumer pour m Ure la barbe, 4' M; — 3 broMM ponr
Bonllen et bablts, 1' 50. — Total, & 00.
S* Smptov^ fwur utop» diefrt. — 1 builaolre en coïTre, cadem dea parent*
de b femme, 5' 00; —1 chaufferette (Cottott] en cdItn, 3 chaufferette* (GoaTeti) en
larre cute avec accessoires, 4' 50; — 1 panicn en oiler, dont 3 en maanii dtat, ser-
Tant à ramaseer le fumier, 3' SO t — 1 panier en paille et osier mêlés (ce panier a M
liit par le pire de la femme et donna par loi ï son gendre pour porter les proriaiona
Bui champs ; les parois en sont ttAs-^palsiei, et, l'air a'; pénétrant pas, la bolsion et
les tUmenta s'y conservent rtvis), 1' 00. — Total, 13' 00.
Vêtements : choisis exclusivemeat ea vue de l'utilité; sans
formes spéciales; presque tous eu coton; raccommodés jusqu'à
usure complète 362' 20
VtTEnNT» ■>■ L'oinrun (sans affloité stoc le costume bonrgeois) <131'00).
1* Véttmmti du dimanche. — 1 Teste de gros drap, 13' 00 ; — 1 bleuie de teUe
blene neuve, 7' 00; — 1 gilet en étoffé de l^ne, 4100; —1 pantalon de laine, 4'00;
— 1 crante de laine, 3' 00 ; — 1 paire de souliers, 9' 00 ; — 6 moucholra de poche en
cotOD, 3' 00; — 1 cfa^)eaade feutre gris etl casquette, 4' 00; —6 paires de cImui-
Httes on laine et coton, Oi 00. — Total, Si' 00.
2° Vétmtmti de travail. — Vieux vêlements du dimanche (pour mémoire); —
1 gilet avec manches en coton, 1' 50; — S pantalons en toile blene légire, 4' 00; —
3 gilets tricotas en coton, 3' 00; — 1 paire de souliers plusieurs fois réparés, 3' 00; —
t paire de bottes en cuir ronge, dit de Russie, pour exécuter des travaux de terras-
sement dan* des lieux humides, 15*00; — 3 pdres de sabots, ï O'OO la paire, arec
chaussons tricotés par la femme ou confectionués par elle avec de vieux vêtements,
S' 50; — S chemises en grosse toila de chanvre, 40' 00; — 1 ceinture, dite de gym-
nastique, dont l'ouvrier fait usage pour se serrer la* reins pendant le travail, l'OO. —
Total, 70(00.
VlnHENTS ce La niniB (sans propension k l'élégance : les vêlements du dimanche
eont portés tontes les fois que la femme va travailler eu Journée comme couturière]
(tlO'20).
1° Vétimantt du dimançhi. —1 robe de laine, 10* 00; — 3 Jupons de laine, 5' 00;
— 1 tablier de laine noire, 3' 00; — 1 corset, 3' 00; — 9 fichus d'indienne imprimée,
3' 00; — 6 mouchoirs de pocbe en coton, 4<00j — 4 paires de bas de laine, S'OO; _
3 bonnets, 6' 00; — 1 paire de sabots de laie avec dessus de cuir, l'SO; — 1 pain
de souliers, 5*00. — Tote1,4e'50.
3° Vittminli de travail. — Vieux vStements du dimanche (ponr mémoire); —
1 robe d'indienne, 4' 00) — 1 tablier d'indienne, l'SO; —4 paires de bas de coton,
6'OOt — 4 mouchoirs de tête (marmoKet) en indienne, 4' 00; —3 camisoles en coton,
O'OO; — 3]npon*, l'un d'hiver et l'autre d'été, lUUarec de vieux vitemenls, T'OO; —
3 coiffes do travail en Indienne (Mgitintttfi), 1^00; — S cbapesni de paille grasriàn
(cavputtti), 3' 00; —3 paires de sabota, l'SO; — 3 paires de chaoïeons faits par h
femme avec de vieux vêtements, 3' 00; — 1 paire de gros soulier*, 5*001 — 10 cbft-
mieo* eu toile* de chanvre et de coton, 30'00. — Total, 69' 70.
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OBfSRTATIONS PBBLUtIHlIKBS. 339
VtmiEvrs Di u FiLu ilitis (le gollt de la parure est Ttrement réprima par les
piirea(s](lWOO).
Cm iMementt mot aemblablei à eaui de le mare : qaelqDee-ans, comme lee caml-
solee, les chaaasares, sont commana fc la mère et i la Slla, Cette deraière possède
quelques objeu Bpèciaai de toilette : S bonnets garnis de rubans h eoalenra éclatantes
et 3 moucboira de cou eo soie.
Vftnilins M LA rtLU cadbri (confactlonaés arec let Tleax vêtements de la mère
etdelaBUeatDée) (Sa^OO}.
Valbuk totalb du mobilier et des vêtements.. . 779' /^O
S w-
RÉCRÉATIONS.
Les deux principales récréations de l'ouvrier sont l'usage du
tal>ac h fumer et la fréquentation du cabaret, où il passe quel-
quefois des journées entières à jouer aux cartes (3). Il y con-
somme du vin, .de l'eau-de-vie et aussi, surtout depuis que le
vin est cher, des gouttes (5 centilitres) de liqueurs Douveltes.
Celles-ci sont formées de mélanges bizarres, qui doivent êti'e
nuisibles h la santé. Ces habitudes, restes d'une ancienne vie de
désordre, l'entrainent à des dépenses qui tiennent encore une
place importante dans son budget (i5, S^'iv). Mais, depuis
quelques années, il montre une certaine tendance à remplacer
les stations au cabaret par les soins à donner à la maison, au
jardin et au mobilier. La possession de son champ surtout est
pour lui une source continuelle de distraction; il s'occupe acti-
vement de l'exploiter de la manière la plus intelligente et la plus
profitable pour lui. Déjà même il a arrêté un plan de culture
perfectionnée, d'après les observations qu'il a faites dans les
fermes et les villages voisins. Il doit commencer cette année
l'exécution de ce plan et le poursuivre dès qu'il disposera des
capitaux et des engrais indispensables. Les préoccupations qui
résultent pour lui de ces études lui ont permis de se distraire des
regrets que lui a causés la perte récente d'un petit chien, animal
:,yGoogle
- BOIDIBH DE LA CBAKPIGNB FOntLLBUSB.
iatelli^nt auquel il avait lui-mâme enseigné de nombreux exer-
cice. La loi Douvelle, c|m frappe les chiens d'un imp6t, l'ayant
forcé de se défaire de ce compagnon qui le suivait partout, il a
conçu de cette perte un vif chagrin et il ne peut encore rappeler
ce souvenir sans émotion. La femme va plusieurs fois par an à
Beims et à Cbâloas, les jours de foire ou de marché, pour les
acquisitions. Elle assiste alors à quelques spectacles forains et y
conduit quelquefois ses enfanis, sa plus jeune fille surtout, pour
laquelle elle a une préférence marquée (ts, S°° iv). Hais ses
récréations les plus ordinaires sont les visites assez fréquentes
qu'Ole fait à ses parents, seule ou accompagnée de ses filles.
Celles-ci vont voir aussi un ^re de leurpère, établi dans un village
voisin. Il y a ainsi des relations assez suivies entre les membres
de la famille, quoiqu'on ne trouve, chez ses chers, ni estime
réciproque, ni affection mutuelle. Aux fêtes des villages, on se
réunit presque toujours pour souper; et, quand on tue le porc,
on ne manque pas de s'envoyer quelques parties de l'animal; et
parfois même, celles-ci se mangent en commua. 11 règne dans
ces réunions de parents et de voisins une assez franche cordia-
lité ; mais on ne s'y abstient pas de propos grossiers, auxquels tes
femmes mêmes prennent part devant les enfants. Â la suite de
ces dîners, les jeunes filles, et quelquefois les femmes, prenn^t
part il la danse du village, tandis que les hommes s'enferment
au cabaret, où ils s'enivrent assez souvent.
Hlaf«lre d« 1« fmllle.
; . S 12.
PHASES PRINCIPALES DE l'bXISTBNCE.
La femme, née de parents jardiniers et propriétaires, assez
aisés, a été élevée dans des habitude d'ordre et d'économie.
Elle a appris d'abord à travailler comme tisseuse pour la
fabrique de Reims. Mais l'application des appareils mécaniques
ayant rendu ce travail plus ditTicile pour les ouvriers isolés dans
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OBSBItVATIONS PKAlIHIHAIBKS. 3U
les campagnes, sa famille a compris qu'il allait lui doDoer une
autre direetioo et l'a mise eu apprentissage diez une couturière.
Pourvue de cet état, elle se serait sans doute mariée convenable-
ment dans le pays sans les circonstances qui ont amené près
d'^te son mari. Celui-ci, dont les parents étaient pauvres, fré-
quente l'école dans sa jeunesse et se livre à des travaux agri-
coles (3). A dix-huit ans (en 1831), conformément aux habi-
tudes des Vosgiens de son disbict, il émigré et vient en
Champagne, comme colporteur, pour y vendre des articles de
mercerie. Guidé par un frère aîaé, il réussit bien d'abord dans
son commerce. Mais, pendant qu'une maladie le retient à l'hô-
pital de Châlons, sa pacotille se détériore; et, cette perte de son
capital lui ôtant toute ressource, il tombe dans la domesticité.
Bientôt (en 183A) commence pour lui une vie de désordres et
de continuels changements qui doit durer dix années, et dont il
aura dans la suite tant de peineà sortir. Il passe, commedomes-
ttque^ dans plusieurs maisons où il reste h peine quelques mois.
Il demeure plus longtemps chez un meunier; mais il Tréquente
les ouvriers nomades venus dans te voisinage pour travailler au
canal (i); et il prend avec eux des habitudes qui obligent ce
maître tolérant à te renvoyer. Jeté au milieu de ces ouvriers, il
travaille avec eux etsubit complètement leur influence. Peu après
il séduit Marie C**, âgée de. seize ans, qui, déjà mère, devient
sa femme malgré la volonté des parents. Malheureusement son
mariage ne modifie pas ses habitudes ; et des querelles sans cesse
renaissantes l'obligent à s'éloigner de la maison de son beau-
père, où il avait d'abord été admis. 11 va chercher du travail
dans les Ardeones, comme terrassier d'abord, puis comme
domestique. Mais sa conduite ne change pas; et sa famille est
dans le plus complet dénûment, malgré les efforts de sa femme,
dont le faible salaire doit encore servir en partie à payer les
dettes du mari. Renvoyé à ta fin par ses maîtres et ne pouvant plus
nourrir sa femme et son enfant, il la laisse retourner au foyer
paternel, tandis qu'il vient lui-même chercher une occupation
à Moulin-de-Beaumont, où les travaux du souterrain sont com-
mencés (i). H y retrouve les ouvriers nomades; et, n'étant plus
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3iS CH. VII. — BOBDIKR OB LA CRAVPAGXE POniLLEUSB.
surreillé, dï soutenu par sa fâmme, il tombe au dernier degré de
rabaissement, chaugeant îi chaque instant de travail, chargé de
dettes et presque toujours ivre. Son intelligence cependant ne
s'altère pas au même degré que ses mœurs. C'est alors en effet
qu'il conçoit l'idée d'une spéculation qui doit te conduire à la
propriété (i et a). La femme, désirant l'arracher à cette vie de
désordre, décide son père îi lui fournir, par l'appui du crédit dont
il jouit, les moyens de réaliser cette spéculation. La maison est con-
struite en iSkli i et l'ouvrier s'y installe avec sa femme, revenue
près de lui. Dès lors commence pour lui une vie nouvelle pen-
dant laquelle il tend à se relever graduellement du triste état où
il était tombé. Devenu plus rangé, et maintenu dans la bonne
voie par le désir qu'il a de devenir propriétaire d:^rmitif de sa
maison et par l'active surveillance de sa femme, il se met au
travail avec énergie. Sa femme apporte au travail une ardeur
encore plus soutenue. Très-occupée comme couturière, elle se
livre en outre à une spéculation fort lucrative concernant la
nourriture et le logement des ouvriers (h). Le ménage réalise
ainsi des bénéfices considérables ; les dettes du mari sont payées
d'abord, puis on rembourse les emprunts faits pour bâtir la
maison; et, après quinze mois d'efforts, ils en sont enfin pro-
priétaires. Mais, les travaux du souterrain venant à cesser, 'avec
eux disparaissent les sources de bénéfices. Quelques désordres
viennent encore troubler le ménage ; et l'ouvrier retombe dans le
découragement. Sur le point de reprendre sa vie nomade, il est
retenu par l'amour de sa pro|Hnété naissante et par les énergi-
ques efforts de sa femme. Bientôt il se met aux travaux agri-
coles et se procure le matériel nécessaire pour ces travaux (g).
Pendant tes années difficiles de i8i!t7 à 1850,que la famille tra-
verse péniblement (i),il apprends supporter les privations. Peu
à peu, il se crée des relations qui lui assurent du travail ; le
ménage peut acheter quelques meubles et compléter la maison.
En même temps, les deux enfants s'élèvent, et on satisfaitaux
dépenses que nécessite leur instruction. Enfin, la famille acquiert
un jardin en 1853, un champ en 185&, et arrive à la sittiaUon
financière dont le précis est indiqué précédemmeat(a).
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OBSBKVATIONB PEBLUUNAUBS.
SIS.
■(SURS BT INSTITDnONS ASSURANT LE BIEN-ÊTRE PHYSIQUE
ET MORAL DE LA FAMILLE.
L'avenir de la famille est assuré par l'amour du travail et le
goût de l'épargne, que les deux époux possèdent maintenant à
ua haut degré. A une époque où ils étaient moins avancés, leurs
premiers succès ont été dus à l'intelligence avec laquelle, ils ont
su découvrir et exploiter l'industrie du logeur (is). Les béoé-
Sces de cette industrie leur ont permis d'atteindre rapidement à
la propriété ; et ils ont pu s'y maintenir, aidés par deux sub-
TeDtioQS importantes. L'heureuse influence exercée sur l'ouvrier
par la possession d'une maison a fait naître diez lui de pré-
cieuses qualités. Le développement de ces qualités, et eu parti-
culier de la tempérance qui, peu à peu, remplace les anciens
vices, contribuera dans l'avenir à accélérer les progrès de la
famille. L'intelligence dont le mari fait preuve dans la direction
des intérêts matériels et l'ardeur pour l'économie que montre la
femme dans la conduite du ménage complètent ces garanties de
prospérité. Cependant, une lacune grave subsiste dans cet état
de perfectionnement : les parents ont été incapables d'inculquer
à leurs deux QUes une pratique raisonnée de l'ordre moral. La
mère de famille, qui a été séduite, à l'âge de seize ans, par
l'homme qui est devenu son époux ^ ne se préoccupe point du dan-
ger auquel ses filles sont exposées journellement par les contacts
les plus corrupteurs ; et elle ne fait rien pour les en éloigner.
C'est surtout sous ce rapport que l'avenir de la génération sui-
vante reste incertain jusqu'à ce jour (ii). La famille s'élève
progressivement à la condition de bordier rural, possédant, outre
l'habitation, uq jardin potager et un champ. Elle tire un grand
secours de deux engrais, qui sont ramassés sur la grande roule
conliguë à ces deux pièces de terre, pour fertiliser un sol crayeux
presque stérile (1). Ces engrais sont, pour les populations agglo-
mérées des campagnes, l'équivalent des matières recueillies par
les chiffonniers uri)ains (VI, vii).
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en. vu. — BOBDIBR DE LV CHAMPAGHR
S ili. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
SOURCES DES RECETTES.
lUiioD «Tec appwtii
Champ (33 tuw)
Jaidiu (8 tmi) Utenaul à
An. «. — V
Somma girdii la logli comiat fai
is et du chuop.
■ïiOD et l«t :
— pour la fabriciUon daa «rraaui ds
Uit&DiiW pour Ifl blandÛBags...........
erraaisment al peut l'abatag* du bo»..
. malioD et let lepaialiou da mobilier..
fabriciUon daa «rraaui '
(La fuDlUa na (ail parlia d'iacnsa lodAlé da ce genis.)
TU'Da TOTALE daa propiiAti» (uurdMiictioD dMdaUeiDiaiiliaDsfiii,15, S-* V)...
BBCTION II,
BnbTentMnu reyuM pat 1> famille.
A«i. 1", — PKOMtiTt* atçom wn racraoïr.
(U lamiUa sa raçoll (ucpub propriéU ai
Akt. I. — DHOni D
iar dei
l'heilM dat TC
-*- da ^Uuar aprâs la
— lut ia pttursge coiuiuudu
ALLociTiona conoenUDl Ici baaolni moiaui
canciinant le* ludiulriti
M raorattis ti
iiGoogle
en. TII. — BOBDIES DB LA CHAUPAGNE POUILLEUSE
SU. — BUDGET DES RECETTES DG L'ANNÉE.
„„.„„..._.,
RECETTES.
ngni
«TlaL
fiBCTION I".
Akt. t". — Ennui du nomtita iHUOBiLitaïK.
tstoo
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0 47
âm
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1 li
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]a(értt(5p. l<»)di>1>T>liudeeM0ulil> (l^AelB)
- - - (18.E'.
- - -
TOTAUX d».to.«iu.d«proptiéli.
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SECTION II.
300
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700
400
800
VoDlai iTilul ■<»! U licollfc
AitT. 3. — ObiilTI n SBKÏICM ALLOUM,
Pwii»iiMiifMiponerl«.U«n.de«gBrb«b.ltu«:p»UledMU«»*Tâlu*«iL
4 ao
MIS
iiGoogle
CH. VII. — BOBIIIEB DB LA CBAUPAGN8 POUlLLinSB.
§ U. — BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SDITB),
SODRCES DES RECETTES (SUITE].
^
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338
lis
SECTION m.
«t iet céifctH; biltig* du (eiRli! et du ftvnMDtponr
jnin.'jnÛiaV, Voùt,' iêpimb™. ..'.'.
BatIBga de toule «pâca d« gruiu,
TMDipon al Mendan du fumien au piialeinpi el w
joiiniée ; Inng
FAbricïtioD dM cuTflAui de IflTTe'/dX^calAa i U Uche, au prinlempi. .
Abatage de panpllsn «I antna bail, aifeaU A la Ucba
PTMtitioc es attaie pain l'aolntiBii dei ebemiin «uonmnaDi
Liï^*doV™l
eenlnpii>iUticbe«l»«catéaàl>ip^KD.
n appreDlitiiïe ehai nm lingAn
sge, piépiralioB dea )Jim«D(>, eaini de propnM con-
BD1»Iieo de> <e
EtéEoll. d* 1-hsr
emcita «l du Ui>g« ; confecUaD de tMemepla iMiib. . . .
LÎd* donnta à la gnnd'aiàra pouriM (nnu da nfiu(e
Totaux de* jouRitM de tant la* membna de la bndlla. .
6BCTION IT.
IndMrttiM «ntnpriMi pw U haailta
TDDBTam antrapriua au compta de b famille :
CulluM du champ m aTH)
Culiure dn Jiidln (8an«)
Récolta da cjréarsi eaDsptiie i U Ucha.
BalUge «□ RiangB «Dtnprii 1 U tlcha. . .
Abalage du bail solraprli A la tAche
TraTiuI à ralcullle enliepili A la tlchg par t* femc
w, anttepilM paiU (Anills da lemp* 1 au
iiGoogle
CH. Vil. — BOBDIBH DE Li CHAMPAGNE POUIt-LEUSE.
8 a. - BUDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE).
RECETTES (SUITE)
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Non.— Outra leinKsttH partiel oi-d«Rii en compit, 1*1 indaitritsdasaSDlllBiil no»
nc«ttadeia3'B7(lB,K|,qiueeIippljqiiieda aauwu i cei œimu iorfiulnai. Catta
ncattaatle*dépaiueiqDilib>liacga[(15,S'»V)aDlil«oiiiiBeidaDi|-naetr(uliabiidgel.
•a (baluicant lu dép«D«a). . .
iiGoogle
348 CB. vil. — boudieii de la ghahpachk podiukosBi
§ 18. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE.
DÉSIGNATIO» DES DÉPENSES.
SECTION 1".
Ait. l<r, — Alimintr coiDoimii Mm u ufiixai.
(Ph l'ouTTier psnduil 315 Jonra, U hmoig penduit Ï67 jonn,
U fiUa ilaée paadxat MO Jonn. U plni jÉnn* Alla fiaadanl
830 joun.)
E*lg1< pnr, 4nlnA ài'Atit de (uio*
Promant 1 l'état de biloa, pour pltinariea de nitnigi!
Bit minei >a l^t
Pd1iI( total at pili bioj«d
Corps ghm i
Betina d* ticIk
Graiua da poic > (16, C)
Lard, mansé cnil aiac du ligninai, au frit dam la paéle avac
da Uniade (IS.C)
Huila douca (mClange d« plniieiin apto:*) poiu 1m u-
Poidi totAl at prix mofea
Limets BT <iops :
Lait da Ticha (!04 litrea), mangi an aoupaan aTac da café
(Bob : 144 pitcea
Fromags blanc •« do pa^, mangd an lauta uiaon
Ftomaga de liil cailli, mang^ aa Ué
PiomagB giai, dit ds Tid7s>, maugi aurtout an hltct at en au-'
Poid* total at pria majoa
Vunnis ET POISSONS : '
Viandaa da boucbaria : Quoique! bu moTceaui (tïte, foia)
Viande da porc lalt ou hais (19. Q
■Viando de lapin...., (18, D;
Fui!sani : Harang* aalte
PolAi total al prix moTan
NtMitMlIlHlUUni
iiGoogle
GH, TU, — KRBIBH D8 U CHAIIPIOMR P0UILL8U3E.
S 45. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SUITE).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (3U1TE).
■HTir»
dM Cb],t
•r(Hl.
SBOTION 1".
niHiiniiteiuiini
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0 100
0^50
0400
osoo
OSOO
U(umw hiiiiau MO t HaricoM idonl St* ichaMi).... (1S, A)
- Umill*! tdosl lot «cheU». . . . (IS, B)
Légama *aiU 1 cutn : Cboai nungéi de MpMDbn en
— Uitae, chlcorte, ataett» frit» m
_ -- Pgnil. cettonil, mil, oiBilla (IB. Bj
PniiU à p<pia at 1 nof lo : CeriHi.pnuM, dllM de Dunu.mui-
g«u> .d Hpteoibr., pcHiuD». ni»»
da Tign».
0 118
Conntnm n stiiidlmts i
Sel^»>p<«rlBiL4otg«:-iO»poiiittlCTl.p(m
tso
05
50
1 0
SMO
1 000
1 soo
4D0O
■35
0801
lEOO
10 0
OMO
ISOO
ISOO
0 181
ALDiinTs DiTsas :
pu 1> ail< d. I^ p.Dd.n( LB5'jo<.r.. ^0':i>p.
H,S"I1D
H,S°>IIl)
MâOS
910 11
iiGoogle
en. Vtl. -— BOBDIEB DB LA CnAH»G:iB POUILLEUSE.
§ 16. — BUDGBT DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SUITE).
DÉSIGNATION DES DËPBN8B3 (SUITE).
SECTION II,
IWpe—i coocciDanl l'hktMtatioii.
Lor.EHEIIT 1
Loyer (ioUrU da U vilaur ds la ociiOD), St'OO; — «DtiBtian : innui d» roarrier,
lO'OO;— iclutl, fl'OO ,
IloBILIIB I
EntiBiian : Innui d> U bmilla, S'OO; — aetaiils, 18'OOi — lalirét dac ontilt •n-
plarM,OtSa „.
CiMorrMB ;
Boïi de psnpliar (luinei al brancha* mortel ablunaa par ramcba(>). 800'
Pagota da brand» do pin, 300* pour ctaïuflet le toar
FigoH de boii dur, SOC.
HouiUe, GOO'àS'UlaalDlkil
ËCLAIUSB I
IbtalartmiUneeprMqaalaaiininraliiGA), 14^1 l'GOIs kil
lallai tria-raraoant emi]lo7*ei, 1'
Totaux dai dépgoiH canecmint l'hiblutian
SECTION III,
Dtpauaa oonccnianl lu r^tvmeals.
D* l'ouiTier i frui il'acluil si d* conlaclioii domaitiqua (iS>N MO)
De 1« fenmiB 1 — — (ia,NBt01
Du deui nilai I — — (IS.HetOI
Buiicnis3*GE I
iDD, B'àl'JO le k:l.,Etaa; — Inviiiids la femœa n4,S°> 111), IS'U); — cFndrea
luforBr,4lO(ii — intérêt dasuiloniiHaamplojM, O'Sî (IS, Ui
Totaux dea dépannu coacernint lei TMoinonli.
EBCTION IV.
■mut lea beaolDe aoranz, lei rtoriatiai»
at le Mrrica da laDU.
■a oïdiDiira qui aoil appiéoUbte
lifsnutGTioN ot9 snnNTS i
8 moia d'écola i l'OO pour la plni jeune fllle ,
Frai! i.e litre) al da papier
Segodm n adhAhii i
Pain donné mai puivret ,..
10 00
ISDO
» 00
.yGoogle
CH. ni. — BOBDIBK DB LA CHAUPAGKR POUILLBDSB.
g 15. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÈB (SDITE].
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (SUITE).
sacTjoN IV.
IMpMMM oonoemuit lea beutna mot
M la MniM d* HoU (i
MamiM d*eabuet.
TabioâfdmH ;
Ctdsux gnni pir 1m BnOâti i luin pamlni M mundo» ■■ jo
Sbbtiu DR unnt t
AucoM MpraM hiUlDslla
BBCTION T.
MBMTBant Im iadi
porU* 1 en titra daaiJt prtuDt hndgat...
ArgtDlBtDbjBti appliquAtda aautcuisaE iiidiulria (14
inniwi aile n'achète paa i «Mit lei
il mobllii»; poitei at tïntlm)
□atTira : S jourotoi de ItitïlI à ï' 00-.. ....-, ...
na LtBlKl-ftTBIVBTÏIQDIFmOftALOSUrilllll
idlat da doptitamaat de U Uatoaqui,
I i U famille doua
u dépuiHi coDcaroi
I la induitrie). lea dall
l'ac^ufiition da propriiUi oanialtea on ponr «re placée à
TiuT DM DtFBicu de l'unia (bBlaii(aii( laa raeatIM) (l,4Sâ'Stl)
iiGoogle
35Ï en. VII. — BOBDIBK OB LA GEAK?AKiE POCILLEUSE.
COMPTES ANNEXÉS ADX BUDGETS.
COMPTES DES BÉNÉFICES
tfxùatX to ntolriet Hlr^risa pu U fuilk [ï m fttfn amfit).
le igrrs. t30* i O'IMi. . .
iB uqulM pu la ebamp...
Intir£l(S p. 100) de U raleoi du champ..
Fnii du mitdriil tptclil :
Intit» [S p. 100) d'aaa partie (t«3) da U Talegr de! oi
BntnliaD da eu oulilt.
Matwicu ttwllanl da l'Indmlria
B. — Cdltdrr en miuiui di 3 â
Invani de l'auvrlci el d(
*9<T5
larso
.'.110
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080
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300
Ô JO
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18 SS
100
■ ■S
IBSB
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iiGoogle
C0HPT88 ANEfSXKS A
Fnmlir d« lipiu
?gmlu nmutA inr U Tol« pnbliqas
Fni> du nittéiial ipiciil !
IntârAt (B p. 100) d'un* parlii (1/3) da U Tit«R du onlili f^/Sf^...
Batrellcn dn milàiisl
Btutnc-s TétnlMst d< l'indiiMile
. C. — EncMisuBVEirr d'un porc
Pdk BBgralui psiint TJt. i l'OO la kil
PomiM prodnil
Achit d'oa jsom porc
iDlicetlSp. 100) ds Im TiIsoT ralcDlto
Son, 6oo> à o'i8.!!!!'.!!i!l!!!!!;!!il".!r.!*. ".!!'./. *.'.^', '.'.'.'.*.'.'..' .'!^
Poiiiiii«d«tam, ttGO^àD'Ciei
FuiDa d'ares, 30^ à 0<M>
TiBTul de IB fomin*-.....,..., ,,,, éé ..ié..
BiHÉnci i^nlUnt da llndottrla
ToUqi comme ci-dcsiui
D, — ËLITUE DB 15 LtPIKS.
Tenta daS lapios i 3103
S lapiea pour Im oonTriture da mfDBM, à t'SO.i., w.......,., w-^-
% lipiu conserrdt pou U reprodacUan
Pamiai pmiBlt '.',.,;
tntMt («p. 100) da U Tileni olcul^a
Harbai rtcaltiea tuT tai nif pnbliqnaa
TimU da U famm*
BiniFici lianlUnt da riodoillle
T.L.««
fl'oo
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■ ■OROtBR DX LA CHAHPAflNB POUILLEUSE.
* «fcOLTI DES CiatALEl
Bcrnm» obwnua du t(»>i1 en iiu du uliin qna nccrnit an Jotiniallsc «i^
euUnt 1b mtms oaTrage M us KparDimiit lue In oulili
Fimii da mtUriil IpAclal :
Un» lunlB (1/*) d« l'ioWrtt (S p. lOCq da Is «leur dM OQtili fBl'M)
KmnLiSD ds cei auliJi
Eom^HiKT DE siuiu r^ultiDt de U nibitilalloD dn inrail à U Ucb* ■□
tnviil t U jaurn^ (O'M picjoui)
Total comins cl-dosaui
F. — Sp^cdution keutitb ad eattaob de cunis ix^ccri a la tacsr
lira 1 StItitHK DD produit).
Sûame obtunue du ItataêI «a tôt du uUuta qua laceirut ild JûurlLidiet exé-
cutant le ntme ouTUge
Iutir«t(Sp. IDO) de U Tilenr daa onUli (Sroo)
Fnit d'antntlsu d* cm ontili
EuppUuiht di uuke réiEltint d9 U nbstiWtiau du travail 1 U tlcha an
Iratiil AU JDurnde (I}' 38 pu jour)
Toul cnmma ci-dMiiu
G. — SpteDUTIOn RELATtTI AU TRAVAIL A LA TACBE COnCEBMAItT
Somma abtauue do lr»ï»il an lui du ulairs qua recemit nn JonioallOT «lé-
cMantle intuia ourraga et ne tauTolisanl qu» lu onlili
lottiAlSp. lOOldala tAleuids onlUi (14'S0)
Sufpl£h(m de uùirb r«fu1tant <le U lubilitolion du IraTail 1 U licha an
traïoÉl A laJotitiiAa (Û'*S par jour)
Total
mlm
■DU
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0 IS
1 u
40 90
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COMPTES ANNEXÉS ADI BODCITS.
H. — SrteuuTioR HEUTivi ICI niivAtii d'ïtcuilli iiicmia
* LA TACBI P4B Ll rEHHK IIDÏB DE SA FILLE llnÉS.
gomiBS obtrane da Imail tn ng du nlaira que lecsiralt udo mnitt* tn-
T»ill»iil i la journdï
Ptuidn mtUrEel ipéclil : achM d'tigaiUn et d* fil
SDPPLiuiHT DC atULiRs rtulUnt d> la ubitllnliea du Until i ]■ Uche au
(niTiill i la jDiugts (q^lS pat jour)
ToUl comina d-dsnui.
J. — Sf^CDUTION HILATIVB m TIAVAIL A tji TACBE COnCERRANT
LA PABRlCATIWt DB CABREAIIX COHHUIH IN TEUB SâCBÉE.
SomcDB obtenue du tiayail eu ui da lalaiie que cecBYrail ua Jonrnalier ei4-
culanl le mima ouiragealno rodniiiMDt que lai eoUb
.^ . . sienssËa.
Frai» du matériel ipicial :
lnt*rtt (S p. ICO) dB 1» ïileui de» onbla
HuttaliaudecamuIilB '.
SUPPLÉMBn Dt aiLiiiR rénltiDl de la nibililntion du iMTafl à la Uebe an
itayail àlajonroée (l^M par jour)
K, — Risvml Dta muma des linilFicEa «isotTAriT des iiniiisniis
(A à J).
Recettes ea ai^ol appJiqaéai au dépaDae* du màia<e on «HKonnînt'à
"pA^e .?
R^lea DU argent i emplojet de nauTean poni lei iadmliisa «lln-
DfPIRBIS TDTltJtS.
lBUi«t de> pnptiitéa powédiea par la famillo et emplartei pai alla au in-
dueliia ' ' ' (U S"ll
FTOdmli dn inbTeutiou nfoea pai U âniïli'ii'M^ô^/pir alla aoi
^1^" *'*^" •" ""*" "i^înlfa'Wl'te'fMiita'tiii'lea'iBda.-
BdihM tiànaù à d'autnà ùiiMiii'^rfMUi'Vii'l'àfiiiili'pilii li^ indui-
Ptoduin' i»loi^aïiiiiiM 'en »atn™'«' d«W.^' taii^iM u'ij' dVi w
" ' 4i pat de. teeeileartiulUBldMindiutriBa.. .!....:
iuideed4p«iee»{t3T'lp}
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3105
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iiGoogle
CH. VII. — BOftDIER OB LA CHAHPAGNB POOILUIISB.
EBCTION JI.
COMPTES RELATIFS AOX SDBVENTIONS.
L. — RtCOLIE DC MMIEB son L» TOI» MMjgOB.
Pomiet «mfiejt pour tamer U Judln el la champ.. . .
PDmiuTCldiL
ToUui
Tniaoxda U fcmnn i SOjonrnéa» à l'OO...,....^.
Tnvui a» enfant» : 10 Jpuiii*m à O"» bI « à VVI.
V«LRm i MIribnai in fumio: nul la ifaolte
SDCTION III.
COMPTES DlVEltS.
U. — Coxpn ULATir AO BUncBISUCi.
01 cbaque taati caatant :
Totiiiidwdtp«Dnipi»itUbluu;blwa3«,i
v.t«„ 1
.z*.
tif-a
81'BO
SI W
tood
u so
86-»
81 so
laoo
400
033
800
18 as
S «
N. — CoHPTR DB U D^rafixi ÂNNMLtB MDR frorm
n VtTEHIlT} ACUETia.
Abï. ir- — lïfcmnUt * r™oJ*r.
VAlBinenU du dimmcha :
1 leitads poidrap
1 bloB» de toUe blflne. nsDia
1 gilelendloffedel.™
1 pAntalon da luDe. ...,-.--. .....••-••
I pure dsioulign arac riparaliOD aanDcIle '.■•
II mouchoin da pocha an eolm
1 chupaan da fvnlra grjt >t t caaguttla*
S paini da chaïuwtte* Uina at coton
VMamaDti da tniail :
Vieux iMameDti du dimanche
1 miel ïiec mnadiM en totnn
S pintalDui en toila biens légè»
i gllata tncoWi on colon
1 paire de aonllsn plniieun toit réparti
1 paire de boliei en cnir ronge, dit de Rueiie. pont extcnlsi dea
tiBTiai de unauament daDi lee lieu Iwmlde*
Spalraide laboti t i^SO la paire, arec chauiiODa tricoUi par la
femsia on fùlsda dlbrii da itlameota
A reparler
rm
decbal.
aumdU.
■ 83
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iiGoogle
COHPTIiS ANKEXES *UI BUDGETS.
, 1». — ViUmiBIt il VmtieniT (ndte}.
U gymnattiqvt, doat l'oa
S Japoiu de UJDB. ........ ...
1 UbliflT da Uliie noiia.......
. . [iDiie impciisét..,
looihoin de poche es coloi
re ds uboti da lois
VMemeDti de tn*ill :
1 Ubliec d'indiMM
1 peirB d* bu d* colon .
' — onchoii ■ d'inditime poi
1 jnponi. l'on d'biia, l'ul
ilopper U léle (diti sianiiMla). ,
Ilxt. a. - yktmiDU dt$ ina fUu (10).
Dfpen» «vniMUe pou la Bile >l
AIT. l». — DéptMt pour U «Atoft tmfMtfr.
iaUlaa, daBletd'iignfllei
liMde iraiall da Uhnnia, eftûnta kVK pii jour
Ut. 9. — DiitrUBillim it ettti dipaitt Ktr la iivtrt ma
D^wiH ponr I* confteUoa tt rantretian de> TUemanU :
rM-»« 1
»^
aqaat.
81*00
ICK
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10 50
1 1S
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■ BOBDIBn DK LA CHAMPAaHI POUlLLKnSB.
ÉLÉMENTS DIVERS DE LA CONSTITUTION SOCIALE
FAITS IMPORTANTS D'ORCAMSATION SOl^lALB;
PARTICULARITÉS RRHAHQCABLESt
APPRÉCIATIONS GÉNËRALESi CONCLUSIONS.
S»'-
CAUSES d'ébranlement QDI AGISSENT EN CHAMPAGNE DANS
LA LOCALITÉ QU'HABITE LA FAMILLE DÉCRITE ET DANS LES
KÉGIONS GONTIGUËS.
Après les influences contraires qu'elle a subies, la Cham-
pagne est l'une des provinces françaises qui conserve, avec leurs
traits les plus fâcheux, les idées et les mœurs des Gaulois. Mal
pourvue de pâturages permanents et privée de rivages maritimes,
elle n'a point oCTert à ses premiers habitants tes productions
spontanées qui ont créé les races stables du Nord et de l'Orient.
Comme les Indiens chasseurs de l'Amérique du Nord, les prin-
cipales trihus gauloises n'ont trouvé dans leurs forets, ni les
coaditions de la famille patriarcale (II, In. a), ai celles de la
famille-souche (III, In. s).
En Champagne, comme dans la majeure partie du territoire
actuel de la France, les forêts et les animaux qui s'y développent,
sous ce climat, à l'état de nature, furent les principales produc-
tions spontanées auxquelles les premiers habitants demandèrent
leurs moyens de subsistance. La chasse des grands animaux était
l'industrie dominante des âges préhistoriques dont la géologie
retrouve journellement l«s restes; et elle occupait encore, aux pre-
miers âges de l'histoire, une place importante parmi les Gaulois.
Or, chez les peuples chasseurs, les qualités qui assurent le mieux la
subsistance ne sont pas, comme chez les pasteurs et les pècheurs-
côtiers, la sagesse et l'expérience de t'âge mûr ou de la vieillesse.
Sans doute, le respect dû à la sagesse des vieillards est la prin-
cipale condition de succès pour les chasseurs, comme pour les
autres races d'hommes. Selon les observations recueillies, depuis
.yGoogle
ÊLélIBNIB PIVEBa DE U COHSTtTDTtOH SOCULB. 359
trois siècles, sur les ladieDS de l'Amérique du Nord, tes tribus
chez lesquelles la stabilité avait quelque durée étaient celles qui
assuraient aux vieillards une autorité prépoadéranle. Dans cette
organisation sociale, en effet, les vieillards ont seuls la prudence
nécessaire pour maintenir, au contact des tribus voisines, la-
paix qui donne la sécurité au travail de chaque jour. Cependant
les jeunes gens et les enfants eux-mém^ font très^romptement
l'apprentissage de la chasse; et ils possèdent mieux que leurs
pareats l'agilité du corps et la passion du hasard qui sont au
premier rang panni les conditions de succès : ils sont donc, par
la nature même des choses, les principaux pourvoyeurs de leur
voisinage; et ils y acquièrent une inOuence précoce pJus aisément
que dans les travaux qui sont propres aux pasteurs ou aux pé-
dieurs-côtiers.
Cette nature du travail principal entraine Idusieurs consé-
quences directes, en ce qui touche la constitution sociale des
peuples chasseurs. Dès qu'ils arrivent à l'âge adulte, les eu(auts
n'attendent plus de leurs parents les moyens de subsistance, et,
si la notion du devoir s'affaiblit, ils ont tout intérêt à se séparer
d'eux. Devenus indépendants, les jeunes chefs de ménage se dis-
putent la renommée dans les luîtes de la chasse et de la guerre;
et, sous cette influence, les actes de courage comptent plus que
les conseils de la sagesse dans les délibérations de la tribu. Cette
prépondérance de la jeunesse s'est longtemps manifestée entre la
Manche et la Méditerranée par le défaut de réflexion et de per-
sévérance : c'est donc avec raison que les premiers historiens
ont opposé ces dispositions des Gaulois à la discipline et à la
ténacité des races du Nord. En s' accumulant dans leurs forêts,
les Gaulois demandèrent de nouveaux moyens de subsistance au
pftturage et èi l'agriculture : les jeunes ménages défrichaient des
lambeaux de forêts comme le font aujourd'hui ceux de l'Orient
(II, IV, io) et du Nord (III, i, 17). Devenus pasteurs et agri-
culteurs, les cohéritiers divisèrent entre eux les bestiaux et les
champs, de même que tes ancêtres chasseurs s'étaient toi^'ours
partagé les armra et les engins. Grâce à la prépondérance tradi-
ti<HinelIe dont jouissait la jeunesse, l'instabililé créée par la force
.yGoogle
• BOkDIBH DB LA CIIAIIPA6NB POUILUniM-
des choses, chez les familles Tirant de la chasse, se perpétua
parmi les familles devenues agricoles. Bien avant Fère chrétienne,
les Gaulois avaient approprié le sol cultivé à leurs convenances
traditionoelles. Dès qu'une forêt était défrichée, les générations
successives procédaient aux partages après décès et morcelaient
le sol à l'infini. Ce morcellement n'était pas spécial au!c plaines
siluées entre l'océan Atlantique et le Rhin : il s'était étendu, en
certaines directions, sur la rive droite de ce fleuve, sous l'influence
de diverses races constituées par des chasseurs.
Les influences qui transformèrent les Gaulois en Français
introduisirent souvent une modification profonde dans la famille
et la propriété rurale. La domination romaine mit en lumière la
fécondité de l'autorité paternelle appuyée sur le testament. Le
christianisme, en propageant le Décalogue, rappela que cette
autorité est la sanctiOD pratique de la loi morale et l'une des
sources du bonheur temporel. Les invasions succesàves des
races du Nord par le Rhin et ta Manche et leurs établissements
mirent en évidence la supériorité qu'offraient la discipline et la
stabilité de ces races sur l'instabilité et l'indiscipline des indigènes.
Enfin les beaux modèles d'oiganisalioo sociale du moyen âge
démontrèrent aux populations que l'alliance et la transmission
intégrale des trois formes de la propriété foncière (IV, In. s à ?),
complétées par un judicieux régime d'émigration, assuraient,
mieux que toute autre constitution sociale, le bien-être au milieu
d'une race d'hommes. Sous ces influences réunies, l'autorité
paternelle, restaurée dans tes esprits, fit son œuvre sans le con-
coursd'aucune contrainte légale. Les grands et les petits domaines
se reconstituèrent, même sur les plaines crayeuses émiettées par
les Gaulois. Cette transformation fut plutôt sociale que territoriale ;
mais elle acquit toute sa fécoadité, grâce aux sentimenls propagés
par les familles-souches de gentilshommes, de paysans et de bor-
diers (III, iv, 11) ; et de là sortit une admirable organisation du
pâturage et de l'agriculture. La prospérité émanant de cette orga-
nisation s'accrut dans les campagnes, même au milieu des désor-
dres provoqués par la rébellion des grands vassaux ou par la
corruption des claiBses dirigeantes; et elle ne prit fin qu'au
.yGoogle
âliHRNTS DIVIBS DB U GOIWTITDTION SDCULB. 361
XTi* siècle, à l'époque des guerres de religion. Depuis lors, les
règnes réparateurs de Henri IV et de Louis XIII, plus léœmment
l'ère de paix qui a suivi les guerres de la révolution et de l'em-
pire, ont rendu aux campagnes le bien-être matériel. Mais, à
partir du gouvernementpersonnel de Louis XIV, presque tous les
pouvoirs publics se sont employés à détruire, dans son principe,
l'œuvre morale du moyen âge. Par le spectacle de leur corruption
et surtout par des contraintes légales, ils ont ramené, dans notre
race, les sentiments d'antagonisme et d'instabilité qui, avant la
domination des Romains, des Francs et des Normands, présidèrent
au dérrichement des Torêts. Malgré quelques sympiônies de retour,
à la vérité, les influences prépondérantes créées par la révolution
de 1789 restent imprégnées d'erreurs que condamnent tous les
peuples prospères. En ce qui louche notamment l'organisatioD
territoriale, elles font rétrograder notre race jusqu'aux plus dan-
gereuses traditions de la Gaule.
En Champagne, comme dans le reste de la France, ces vicis-
situdes se sont produites selon les lieux, avec des particularités
spéciales. C'est ce qui est arrivé notamment sur la formation de
craîe blanche qui a été le théâtre des faits signalés dans la pré-
sente monographie. Même aux bonnes époques ou l'autorité
paternelle avait repris son empire, le sol de ces vastes plaines est
resté morcelé en bandes étroites à ce point que la largeur en est
réduite parfois à cinq sillons de charme. Au centre de la banlieue
ainsi morcelée, sont groupés les petits bâtiments qui abritent les
familles, les animaux domestiques et les diverses sortes de
récoltes. Ces bâtiments peuvent recevoir séparément et au besoin
réunir les trois destinations. Sous ce rapport, des transformations
continuelles surviennent au gré des propriétaires dont les conve-
nances personnelles varient à l'inâai, selon qu'ils sont en voiede
prospérité ou de décadence, et surtout quand ils ont à se partager
le domaine de leurs parents. Dans ces villages à banlieue et à bâ-
timents morcelés, les domaines se sont parfois transmis intégrale-
ment de génération en génération, à certaines époques de stabilité
et d'autorité paternelle; mais, d^uis l'établissement du partage
forcé, ils se sont adaptés à toutes les convenances de ce régime.
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36S CH. vu. — BO&DIEB DE LA CBAMPAfiHB POUIIXSCSB,
Ils résoWeat le problème de partager entre plusieurs cohéritiers
la propriété rurale, è peu près aussi Tacilemeat qu'un sac d'ëcus.
Sous le régime du partage forcé, celte organisation territo-
riale engendre des populations qui se distinguent des autres
races rurales par des caractères très-spéciaux. En raison des faci-
lités extraordinaires qu'elle offre au commerce de la terre, la
Champagne pouilleuse produit deux classes d'hommes entre les-
quelles se perpétue un contraste profond. Les natures pré-
voyantes, énergiques et sobres, issues des familles pauvres, s'en-
richissent en anne:iant rapidement les bâtiments et les parcelles
de terre arable au premier lambeau de propriété que leur pro-
cure le travail ou l'héritage. Les natures imprévoyantes, molles et
sensuelles, nées dans ce même milieu, n'en sortent point, parce
cpi'elles ne trouvent guère autour d'elles lesconseils et les secours
qu'offrent ailleurs les sociétés stables. Un partage analogue
s'opère parmi les enfants des paysans riches : les mieux doués,
partant de plus haut que leurs parents, s'élèvent plus qu'eux dans
la hiérarchie ; au contraire, les imprévoyants et les vicieux, ayant
d'abord plus de moyens de se livrer au mal, tombent, plus encore
que les pauvres de naissance, aux derniers degrés de la corrup-
tion et du dénûment. Les défaillances qui se produisent ainsi
dans la postérité des cultivateurs qui possèdent le sol morcelé de
la Champagne sont moins rares que chez les propriétaires qui,
sans s'élever à un plus haut degré d'aisance, cultivent dans les
autres régions des domaines stables et agglomérés.
Les paysans aisés, à domaines morcelés, de la Champagne et
des régions du Laonnais qui y confinent sont l'objet spécial d'une
monographie insérée au tome VL Ils se classent au premier rang
parmi ceux qui s'acharnent, tant que les forces ne leur font pas
défaut, à conquérir la propriété rurale par le travail et l'épargne.
Par l'ardeur qu'ils apportent à la poursuite de la richesse, ils
égalent presque les Israélite qui exploitent en Pologne toutes les
branches de commerce. Toutefois, ils leur sont fort inférieurs en
ce qui touche le respect des parents et les sentiments de charité
qu'inspire l'esprit de solidarité. Le paysan champenois, très-dur
pour lui-même, est peu bienveillant pour les journaliers ruraux
.yGoogle
ÉLéUGNTS DIVERS DB LA CONSTITUTION SOCIALE. 363
(|ut ont le travail des bras pour unique moyen d'existence. Ils
□'accordent pas, même à ceuit qu'ils emploient pendant la mois-
son, le patronage qui est habituel chez les paysans stables et les
grands propriétaires des campagnes bien constituées. Lairs sen-
timents à l'égard de ceux qui vivent du salaire quotidien se font
jour avec naïveté dans le terme « petites gens n par lequel ils
les désignent. Plus que dans tes autres régions, et en s'aidant
de moyens plus condamnables, ils cherchent à diminuer, par la
stérilité du mariage, tes inconvénients du partage foi'Cé. Ils sont
devenus presque étrangers au christianisme et à toute notion
religieuse. Souvent, dans 1^ plaines qui s'étendent au pied des
coteaux de la Brie, un seul curé dessert quatre anciennes pa-
roisses ; et il réussit tout au plus à réunir quelques enfants au
catéchisme et quelques Temmes au service divin. On a souvent
signalé au sénat du second empire l'un des vices habituels de ces
races de paysans : on a flétri les mauvais traitements infligés par
tes jeunes ménages aux vieillards qui réclament trop longtemps
la rente viagère stipulée en échange d'une cession de Théritage.
II n'y a donc pas lieu de s'étonner si les journaliers ruraux
de la Champagne tombent, au point de vue moral, dans l'état
de dégradation signalé pour la Tamille décrite dans la présente
monograi'hie. Seules, les natures d'élite résistent au mauvais
exemple des paysans qui sont pour eux « la classe dirigeante n.
Les salariés sont, pour la plupart, inférieurs à leurs maîtres,
car ils n'ont pas, comme ces derniers, pour préservatifs les vertus
solides, quoique matérielles en quelque sorte, qui émanent du
travail spontané et de l'épargne. Le type qui fait l'objet de ce
chapitre est loin de donner une idée complète de la déchéance
que peut subir une race d'hommes sous un régime où régnent,
à première vue, les apparences de l'ordre social. Pour connaître
toute l'étendue de la dégradation des « petites gens », en Cham-
pagne et dans les régions contiguâs, il faut observer méthodi-
quement les locaHtés où ils s'agglomèrent : telles sont, entre
autres, les fabriques de tissus de la ville de Reims et certains
domaines exploités par les riches fermiers de l'Ile-de-France et
de la Picardie. La présente monographie laisse à peine entrevoir
.yGoogle
. — BOBDIBB DB LA CBAUPAOIIB MUtUBlISB.
les traits les plus odieux de cette corruptiou : les attentats com-
mis sur les jeunes filles pauvres, jusque sous les yeux de leurs
parents. Pendant trente années de voyages, je n'ai observé
aucun désordre qui engage à ce point, devant Diea et devant les
gouvernants, la responsabilité des classes dirigeantes, f. l-f.
S 48-
INFLDBNCB FACHEDSE EXEACÉB SDK LES UtEDIlS BUBALES
PAR LES OUTBIESS NOHADBS des TKAVADX PDBLICB.
Pour compléter le système des canaux et développer rapide-
ment le réseau des diemins de fer, on a exécuté depuis vingt
années de grands travaux d'art sur tous les points du territoire.
Ces travaux, inconnus aux générations précédentes ou terminés
par elles dans de longs délais, ont dû s'achever de nos jours
avec une extrême rapidité; et il a fallu, pour atteindre ce résultat,
rassembler un grand nombre d'ouvriers. Les uns, tels que les
charpentiers et les maçons pour lesquels un long apprentissage
est indispensable, ont été empruntés à des corps d'état déjà
constitués. Ceux-là ont apporté, sur le théâtre de ces travaux,
des habitudes de- race ou de profession. Ces habitudes ont eu
pour sauvegarde : chez les premiers, l'institution du compagnon-
nage (ix, 18); chez les seconds, venus en général du Nivernais
ou du Limousin, le désir de rapporter au pays le fruit de leurs
épargnes. Ces maçons, d'ailleurs habitués à l'émigration, n'ont
pas subi un ébranlement anormal. Au lieu de venir dans les
villes, ils se sont rendus sur les points où les appelaient les tra-
vaux ; mais partout ils ont conservé leur manière de vivre.
A câté de ces ouvriers d'élite, peu nombreux relativement,
il a fallu réunir toute une population de terrassiers, de mineurs
el de manœuvres de toute espèce. Ces fonctions n'exigent qu'une
oerlaine vigueur physique. Il est donc venu de tous côtés pour
les remplir des hommes habitués à la fatigue et entraînés loin de
leur pays par l'espoir d'un salaire plus élevé et en général le
désir d'une situation meilleure. Certaines provinces, comme
.yGoogle
fLÉHBNTS DIVGU DK LA CONSTITUTION HKliLB. ^63
l'AlsacQ et les régions voisines de rAIIemague, le Dord de la
France et les Flandres d'un côté, la Savoie et le Piémont de
l'autre, ont fourni un grand nombre de ces ouvriers émigraots.
Mais de tous les points sont venus se joindre à ce contingent
les ouvriers des villes ou des campagnes jetés hors de leur voie
par une cause quelconque : les chômages industriels, le mépris
d'une vie plus calme, le goût de la dépense et souvent aussi le
besoin de fuir une mauvaise réputation.
Une réunion d'hommes ainsi composée ne présente guère de
garanties d'ordre et de moralité. La plupart sont célibataires et,
n'ayant pas été initiés aux habitudes de prévoyance, ils dépen-
sent pr^que tous la totalité de leur salaire, dont ils pourraient
épargner une partie. Ceux qui sont mariés échappent, à cause de
l'éloignement, aux salutaires influences de la famille et cèdent à
l'exemple ou à l'entraînement. Un assez grand nombre enfin
vivent dans )e concubinage et subissent les déplorables consé-
quences de ces sortes d'unions, sans cesse en querelle avec des
compagnes de hasard qui n'agissent sur eux que pour les pousser
au désordre.
Aucun tien n'existe entre ces hommes grossiers et étrangers
les uns aux autres; et ils n'ont, ni habitudes, ni traditions com-
munes. Ils restent en dehors de toute pratique religieuse; et
ceux mêmes qui avaient été élevés dans des idées de piété les
perdent au contact de leurs compagnons. Il ne r^te donc plus
parmi ces hommes aucune des institutions qui se retrouvent, h
des degrés différ«its, dans les sociétés stables. L'individu est là
complètement isolé, et, en général, aussi mal préparé que possible
à accepter la responsabilité qui résulte pour lui de cet isolement.
Quelquefois cependant l'isolement n'est pas aussi absolu. On
voit les ouvriers originaires d'une même province constituer des
groupes où se retrouve un certain esprit d'unité. Les étrangers
surtout, Piémontais, Allemands et Belges, se rassemblent ainsi
en familles, qui travaillent et vivent en commun, qui même sou-
tiennent leurs intérêts collectils menacés par d'autres groupes
d'ouvriers. Assez souvent aussi, ces unions servent de points de
départ pour des coalitions dont le but est de forcer les entrepre-
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3fl6 CH. VII. — BOBDtBB DB LA CHAHPAGNK POUILLBIjSB.
Deursà élever les salaires. Ces rivalités d'intérêt amènent des
lattes quelquefois sanglantes, et des désordres de cabaret si fré-
qurals, qu'il faut presque toujours, dans le voisinage, doubler
les brigades de gendannerie. Mais ceux-là mêmes qui échappent
à l'isolement complet par ces espèces d'associations nationales
ne sont pas pour cela préservés du désordre. Le besoin de dis-
traction, et l'impossibilité pour eux d'en trouver ailleurs, les con-
duisent au cabaret. Pour les bommes réunis dans ces conditions,
le cabaret tient aujourd'hui la place que l'Église occupait dans
l'ancienne société. C'est là que se passe tout le temps qui n'est
pas donné aux repas ou au travail. L'invincible attraction exer-
cée par le cabaret sur ces ouvriers les rend incapables de travail
dès qu'ils ont quelque argent. C'est à ce fait bien connu qu'est
due en partie l'habitude, prise par les entrepreneurs, de ne payer
qu'à la fin du mois au lieu de le faire cbaque semaine. Une des
conséquences de cette habitude a été de supprimer à peu près
complètement la célébration du dimanche. Mais, ii la place du
repos bebdomadaire, il s'est institué une fête de an de mois que
célèbrent même les ouvriers les plus rangés. Cette fête dure deux
jours pour la masse des ouvriers; mais beaucoup la prolongent
jusqu'à ce qu'ils aient dépensé la totalité du salaire disponible.
Tant que ce but n'est pas atteint, tes entrepreneurs intéressés
au prompt achèvement des travaux ne peuvent 1» arracher du'
cabaret. Souvent les excès de tous genres auxquels ils se livrent,
pendant ces journées, les rendent malade; et ils doivent se
reposer de ces excès avant de se remettre au travail. Aussi beau-
coup d'entre eux comptent-ils quatre jours de chômage à la fln
de chaque mois.
Le voisinage de ces ouvriers est redouté des populations
rurales, dans les pays où ils ont déjà travaillé. C'est ce qui
arrive aux environs de Reims, où depuis seize ans ils ont été
rassemblés en grand nombre pour la construction des canaux et
des chemins de fer. Partout ils ont une réputation détestable.
Cependant le désir du gain les fait accueillir dans tous les vil-
lages, où souvent ils sont nourris et même logés par les habi-
tants. Il s'établit donc entre les uns et les autres des rapports
.yGoogle
ittlIBHTI DIVBHI Dl L& COMIiTUTlOn SOCIALB. 3S7
cOQtÏDuels. Au poÎDt de vue pécuniaire, les paysans tirent grand
profit de ces relations, à la condition pourtant d'être vigilants au
sujet du paiement. Ces ouvriers, en elTet, ne respectent point leurs
engagements : ils s'étudient à tromper la soTTeillance de leurs
créanciers ; et ils réussissent assez souvent à s'échapper sans ao
quiitffl* leurs deltes. Ce trait de leur caractère est si bien connu
que partout des précautions sont prises pour éviter ces pertes.
Quelquefois ou exige la garantie desentr^raueurs : plus souvent
ces derniers appellent les intéressés aux jours de paieet les soldent
directement, ou bien les créanciers se font payer sur l'heure par
l'ouvrier qui vient de recevoir son ai^nt. Ces sortesde spécula-
tions ont développé, chez les paysans les plus habiles, le goût
du négoce et des entreprises commerciales. Habitués à n'obtenir
de leurs travaux qu'un faible salaire et à attendre pendant une
année entière les résultats de leurs cultures, ils ont été séduils
par ces spéculations qui donnent, à jour fixe et k termes peu
éloignés, des bénéfices en argent relativement considérables.
Sous le rapport moral, l'influence des ouvriers nomades dans
les campagnes a été désastreuse. Partout, sur leur passage, il y
a eu des filles séduites et des ménages troublés {i). Dans plus
d'un cas, des femmes mariées ont été enlevées à leur famille et
ne sont plus revenues, vouées désormais à la vie errante de ceux
qui les emmenaient. Ou a remarqué que sous ce rapport les
ouvriers les plus dangereux ne sont pas les plus grossiers, mais
plutôt ceux qui, mêlés pendant quelque temps à la vie des villes,
ont gardé certaines habitudes de luxe et d'élégance. Tels sont les
tailleurs de pierre, et surtout les charpentiers, qui, gagnant des
salaires élevés, vivant d'ailleurs sans se mêler aux autres
ouvriers et considérés comme d'une classe plus distinguée, pos-
sèdent, à ces différents titres, des moyens puissants de séduc-
tion. Les grossiers manœuvres et les terrassiers ont en général
moins de succès près des villageoises ; mais ils contribuent plus
encore à la démoralisation en faisant venir des villes voisines des
prostituées de la pins basse classe (a). La présence de ces
femmes est presque toujours l'occasion de quelque scandale.
Elles se montrent au public en état d'ivresse; et elles se que-
.yGoogle
368 CH. Vil. — BOBDIER DR LA CBIHPAONB POUlLLBinB.
relient ou échangent des propos grossiers avec ceux qui les ont
amenées. Les habitants, les femmes et les jeunes allés mèote,
à peine surveillées, accourent à ce spectacle. Ed6d les rappoits
qui s'établissent entre les concubines de certains ouvriers et les
femmes des localités oii ils vivent ont aussi leur part dans celte
déplorable invasion des mauvaises mœurs. Les eRets en sont
irrémédiables; et on pourrait citer plus d'un village des environs
de Reims oîi les habitudes de désordre et d'immoralité se soot
développées eocore depuis le départ des ouvriers qui les y ont
importées. Les cabarets qui n'existaient pas prospèrent aujour-
d'hui et sont fréquentés par presque tous les habitants. Les jeunes
gens surtout ont pris le goût des dépenses, et se sont créé des
besoins nouveaux, tels que l'usage du tabac et des liqueurs qui
tendent h se substituer au vin.
Une des suites fréquentes du passage des ouvriers a été de
donner lieu à des mariages entre les jeunœfilles séduites et leurs
séducteurs (13). Le plus souvent, les nouvelles mariées bnt quitté
le pays pour suivre leuis maris. Celles-là n'ont trouvé en géné-
ral qu'une vie misérable auprès de ces hommes qui fournissent
à peine à leurs besoins, les maltraitent et souvent les abandon-
nent. Aussi n'est-il pas rare de voir ces femmes, après quelques
années d'absence, revenir demander asile à leurs familles. Il en
est qui parviennent à changer les habitudes de leurs maris, et
qui les déterminent à se fixer dans le pays. Ces ménages peu-
vent alors prospérer; mais il est rare que les maris deviennent
complètement rangés, et ils restent plus ou moins séparés de la
population. Ordinairement ils sont désignés par un sobriquetqui
rappelle leur fâcheuse origine. Ainsi, par exemple, ils continuent
à être nommés « canalistes b , ou a chemins de fw » . Quelques-
uns, il est vrai, mariés à des filles de paysans aisés, sont arrivés
à un certain degré de considération ; mais, en général, ils ta
méritent moins par la dignité de leur vie que par l'intelligence
dont ils font preuve dans la conduite de leurs affaires.
Les faits qui viennent d'être cités ont été .pour la plupart,
observés aux environs de Reims; mais ils peuvent être recueillis
sur tous les points où ont séjourné les ouvriers nomades, et spé-
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iLBHBNTS DIVERS DB LA CONSTITUTION tOCIALB. 369
ciatement sur le parcours des lignes de fer. Partout en France
ces ouvriers appporteut les mêmes habitudes, et partout aussi les
populatioos rurales sout gâtées par leur cootact. Celles mêmes
qui avaient le mieux conservé leurs mœurs n'ont pas échappé
à ces funestes influences. Ainsi, dans les Vosges, au point où
le pays est traversé à la fois par le canal de la Marne au Rhin
et par le chemin de fer de Strasbourg, les habitudes et le carac-
tère des montagnards ont subi de profonds changements. Â une
autre extrémité de la France, dans les landes de Bordeaux, la
moralité dffî habitants a été atteinte d'une manière plus grave.
Des jeunes fîUes et des femmes, travaillant comme les hommes
aux terrassements, passaient les nuits avec les ouvriers sous des
baraques provisoires, et vivaient avec eux dans un état voisin
de la promiscuité. Au point de vue mora), ce désordre a eu de
déplorables conséquences. Au point de vue hygiénique, il a mis
en grand danger l'avenir de ces populations, car il a répandu
parmi elles les plus graves maladies. Il serait facile de mul-
tiplier ces exemples; mais ce qui vient d'être dit suffit ponr
montrer combien est funeste l'influence exercée sui" les popula-
tions par les ouvriers nomades. Si on réfléchit à la multiplidté
des travaux qui amènent ces ouvriers sur tous les points du ter'?
ritoire, on trouvera Sans doute que ces faits ont une extrême
importance et qu'ils doivent attirer l'attention de ceux qui s'oc^
cupent d'économie sociale.
S w.
■ODB d'existence DES ODVRIEBS NOHIDBS ATTICHÉS
AUX TKAVACX FDBUCS.
Les ouvriers nomades arrivent ordinairement, sur le théâtre
des travaux, sans argent et précédés d'une réputation qui leur dte
toute chance de crédit. Souvent au^i les ressources manquent,
ou sont insuffisantes dans les localité où ils s'iOstallent. Ilçn
r^ulte que presque (oiijours les entrepreneurs doivent intervenir
pour leur assurer les moyens de subsistance. Cette (^ligatiui
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- BOBBIRR DC U CHAHPAGNB PODILLKl'Sit.
suscite en général des difficultés assez graves; et, daos certaios
cas où les obstacles avaient été mal calculés, ces difficultés ont
été telles que le succès des entreprises a été compromis. Ainsi,
sur le chemin de Bordeaux à Bayonne, les entrepreneurs ont
subi des pertes considérables, obligés qu'ils étaient de faire des
dépenses énormes pour amener des convois de vivres au milieu
des landes et pour loger leurs ouvriers dans ces plaines désertes.
En dehors de ces conditions exceptionnelles, on a recours d'or-
dinaire à l'une des trois combinaisooB suivantes :
1° Quelquefois, l'entrepreneur général d'un grand travail fait
iûstaller plusieurs cantines où les ouvriers trouvent à la fois la
Dourriture et le logement. Dans ce cas, les cantiniers opèrent à
leur compte; mais l'entrepreneur leur garantit une somme fixe,
3' par jour et par homme, en moyenne. Cette somme est payée
chacpie mois, au moyen d'une retenue préalable faite sur le
salaire de l'ouvrier. L'entrepreneur prélève lui-même 3 p. 0/0
feiir cette somine, non pas à titre de bénéfice, mais comme com-
pensation aux petiéa nombreuses qu'il supporte. En raison de
eet inconvénient, le régime des cantines n'est employé que dans
le 'CBS ou les ressources manquent à peu près complètement sur
le lieu des travaux.
S* Quand le pays offre des ressources suffisantes pour que les
«nvriéfs puissent se loger et faire préparer leur nourriture, l'en-
trepreneur n'a qu'à fournir les matières premières. Quelquefois
alors un entrepreneur se fait fournisseur géDéral. Il achète de
grandes quantités de marchandises, de première main et au meil-
leur marché possible ; et il les livre en détail aux ouvriers, au
prix de revient. Il soustrait ainsi les ouvriers aux exigences abu-
sives du commerce de détail.
&' Souvent, ce même système est mis en pratique d'une
autre manière. Ce sont des tâcherons qui se chargent de fournir,
aux ouvriers travaillant avec eux ou pour eux, tous les objets de
consommation. Ils achètenten gros diez les marchands desvitles
voisines ^ et ils cèdent presque toujours aux prix de facture ou
de taxe. Hais les acheteurs obtiennent des marchands une re-
mise qui assure «u service une juste rémunération. C'est ordi-
.yGoogle
ÉLÉMENTS D1VKB8 DB LA CONSTITimoif SOCIALK. 371
Dairement la femme de l'acheteur qui fait emploi des denrées.
Dans ce cas, les ouvriers étant peu uombreÙTL et la surveillauce
sévère, il y a pea d'abus à craindre. La remise obtenue est donc
UD bénéfice net; mais elle est due coEnme compeusation ^ un
commerce désagréable. li est des cas cepeodaDt oit le faénéScé
prélevé est exagéré, nou pas sur les objets de consommation,
mais sur les fouroitures d'outils faites aux ouvriers par les tâche-
rons. Dans ces deux derniers systèmes, les ouvriers intelligents et
économes, les maçons eu particulier, se mettent en demi-pension
et achètent eux-mêmes Us matières premières. Ils paient une
somme modique, 12 ou 15', moyennaiit laquelle le logeur pour-
voit à tous leurs besoins de nourriture et d'abri. Ce sont d'ordi-
naire des familles de paysans, quelquefois £ussi des ouvriers
mariés, qui entreprennent ces spé(MilatioDs très-fructueuses,
comme on a pu en juger par l'exempte cité dans- la présente
monograpbie (s) . La plupart des ouvriers prennent des pensions'
complètes; ils sont ainsi dispensés d'acheter leurs aliments;
mais, conune ce sont en général des aubergistes qui tiennent ces
pensions, ces ouvriers demeurent en réalité au cabaret. C'est là
une condition déplorable pour eux, car ils se trouvent sans cesse
sollicités à faire de nouvelles dépenses par les visiteurs, et sur-
tout par les cabaretiers eux-mêmes qui exploitent avec babileté
leur imprévoyance et leurs vices.
. LesentrepreueursdetraTaux, lorsqu'ils sont obligés de se f^re
fournisseurs, n'abuseut pas de cette position pour réaliser aux
dépens de leurs ouvriers des bénéfices illicites. Ils ne s'adonnent
point aux coupables manœuvres qui ont été pratiquées, en Angle-
terre, sous le nom de Truck syslem. En résumé, la condition
la plus favorable pour les ouvriers nomades est celle dans
'laquelle ils peuvent vivre, en pension complète ou en demi-
pension, chez d^ familles de paysans. Ils se trouvent là dans un
milieu plus moral que dans les cantines des logetirs, et ils sont
moins exposés aux dangereuses tentations du cabaret.
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CHAPITRE Vni
MAITRE-BLANCHISSEUR DE CLICHY
(BANLIEUE DB PARIS)
ODVIIIR CHEF DK ViTIIB >t PIOPKlilM»
diDi la ayiUme du truYiil
LE ICARËCHAL-FBRRANT DU HAINE (33),
D'APKbs LES RENaBiaNEHBNTS kBCCRtLLlS SUR LES LIKDX,
SD* LES IHDICATIOHS DE H. F. LE PLAY,
Pas h. B. LANDSBERG.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
D^nMISSAIIT LA CONDITION DBS DIVEIS HBHBBES DB LA FAHILL&
iMftBlUwi dw llew, de l'«i««nlMll«B hidwrtriell*
•t de la I
§1-
^TAT DÛ SOL, DB L'nfDUSTBlB BT RE LA POPDLATION.
L'ôuirier habite le village de Clichy, situé «ur la rive droite
de la Seine, sur la oappo de terrain d'alluvioD que traverse le
fleuve eDtre les collioes gypseuses de Montmartre et du Mont-
Valérien. Le sol, médiocrement fertile, produit cependant de
riches récoltes, avec le concours des fumiers que Paris fournit
en abondance, et grâce au travail assidu des cultivateurs. Il est
.yGoogle
OUEBYATIONg PSBLIHIHAUïS. 373
exploité par des maraîchers, qui aihivent les plaotes potagères
destinées h la coosommation de Paris, et par des nourrisseurs
de vaches laitières (3o). Ces derniers trouTeDt également à Paris
le débouché de leur lait, et leur industrie consiste surtout à pro*
duire les tourrages (seigles verts et luzernes), les racines (bette-
raves et navets) et les pommes de terre, qui composent, avec la
paille d'avoine et le son de Troment, la nourriture des vaches. La
proximité de l'eau fournie par la Seine, ou par des puits ayant
au plus 6 mètres de profondeur, a exercé une grande influence
sur le développement de l'industrie des maraldiers. Elle a, en
outre, depuis une époque fort ancienne, donné naissance, sur
ce point, au blanchissage du lioge, que l'on peut considérer
comme la principale industrie du pays, en ce sens qu'elle donne
du travail à la majeure partie des habitants. A cette population
de blanchisseurs, de maraîchers et de nourrisseurs, sont venus
s'adjoindre, depuis 1S15, des familles éb^ngères à la localité,
et qui y ont été attirée par la création de plusieurs grands ate-
liers industriels (cristalleries, teintureries et fabriques de produits
chimiques). Ces familles, peu sédentaires et provenant de loca-
lités fort diverses, tranchent fortement, par leurs mœurs et leurs
habitudes, avec l'ancienne population indigène.
Les ouvriers-journaliers des deux sexes originaires deClichy
sont, pour ta plupart, animés, dès le début de leur carrière, du
désir de s'élever, dans la hiérarchie industrielle, au-dessus de la
condition dont.ils doivent d'abord se contenter; mais ils'restent,
en général, attachés au même patron dans chacune des positions
qu'ils occupent successivement. Dans l'industrie du blanchissage,
en particulier, ils travaillent ordinairement pour une clientèle
d'ouvriers cheË de métier, en consacrant k chacun d'eux, sui-
. vaut un ordre qui se reproduit régulièrement, un ou plusieurs
jours par semaine (s) . Cette organisation, qui se représente pour
beaucoup d'autres professions dans les contrées de l'Occident oil
domine le régime des engagements momentanés, a tous lœ avan-
tages qui sont propres aux rapports permanents des patrons et
des ouvriers. Elle donne d'ailleurs à ces derniers plus d'indé-
pendance que n'en comporteot ordinairement les relations avec
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Sll CH. VIII. — HiilTRE-BLANCntSSBUk BB LA •Àln.lBDB DB PAUS.
tin patron aoiqae. Les ouvriers chefs de métier (blanchissears,
maraîchers et Donrrisseurs), travaillant pour une nombreuse
clientèle ou pour le marché public, peuvent être considérés, pour
la plupart, comme se rattachant an système du travail sans enga-
gements.
^TAT CIVIL DE LA FAHILLB.
La famille comprend les deux époux et deux enfants. Un
garçon de ] 5 ans, étranger à la famitte, est attaché au ménage
en qualité d'ouvrier-domestique.
1. Loaa B'", -chef de la Imiille, mirié depidi Uans, né t Neailly.. 40 *iu.
3. Hakii D'", n remme, u6e à Clicby 40 —
3. Léonie T*", leur Qlle tlaée, d'au premier Ut, née fc C\iatiy 10 —
4. &g«be B"*, leur 8* eile,iiie fc Ciicbr 13 —
5. Antolae L**, banler-doiiieitlqne. 15 —
La femme était veuve quand l'ouvrier l'a épousée. La fille
âgée de 16 ans provientde son premier mariage.
s».
BELIGION ET HABITITDES HOBALES.
' Tous les m«nbres de la famille sont nés dans la religion
catholique romaine. Il est rare qu'ils suivent les exercices du
cuite, soit parce que l'éducation reçue Jusqu'à l'époque de la
praniô^ communion est insuffisante pour développer la ferveur,
religieuse, soit parce que les deux époux, désireux de se créer
des ressources pour leur vieillesse, consacrent au travail autant
de temps que le comportent les fcH'ces humaines. On remarque
cependant, dans toute ta conduite des deux époux, des symp-
tômes évidents du sentimentreligieux. C'est ainsi que leur préoc-
cupation constante pour le gain et t'épargne n'engendre point la
.yGoogle
OBSERVATIONS PRELIIIIKAliea.
dureté de cœur qui se développe souveot ailteurssous les mêmes
iDflueuces, et qui se rencontra même habituellement dans plu-
sieurs localités de la banlieue de Paris ( 1 9). L'effet en est contre-
balancé par Tesprit de charité et de bonhomie qui est traditionnel
dans le village (sa). Dans la famille décrite par la présente
monographie, c'est surtout le mari qui tempère par son influence
ce qu'il y a d'excessif dans l'esprit de prévoyance de la femme.
Le voisinage de Paris et le contact continuel que la profes-
sion établit entre tous les membres de la famille et la classe
bourgeoise développent une tendance au lujce qui se révèle dans
quelques habitudes. Cette tendance est surtout marquée dans le
mobilier et les vêtements (1 0). Cependant l'esprit d'ordre et
d'économie inspiré par la femme. retienti à cet égard, la famille
dans de justes bornes. L'ouvrierne va jamais au cabaret; et les
dépenses de nourriture sont stiiotement proportionnées aux
besoins que fait nattre un travail rude et soutenu (1 8).
L'amour du travail et les bonnes mœurs ne sont pas déve-
' loppés au même degré dans toutes les familles de blanchisseurs.
Cependant on peut admettre que, sur cent familles appartenant
à cette profession, vingt-cinq environ obtiennent le succès que
constate la présente monographie; cinquante autres, sans arriver
à la propriété, se maintiennent dans l'aisance; vingt-cinq seule-
ment s'endettent et tombent dans une condition inférieure, au
point de se voir réduites à travailler pour le compte d'autrui. La
classe des maraidiers, soumise à des influences plus morali-
santes, oQre Ifô types supérieurs en pr(^)ortion plus considé-
rable. Soixante familles au moins sur cent s'élèvent & la pro-
priété; vingt se contentent de vivre dans l'aisance, et vingt
seulement sont obligées de déchoir de la position qui leur avait
été faite par leurs parents.
Les OKBurs des jeunes gens des deux sexes ont eu à souffrir
du contact ou de l' exemple des ouvriers nomades attirés dans le
pays par l'industrie manufacturière fil). Cependant la majorité
échappejusqù'icià cette inQuencé. Il est, d'aillénts, fort rare
que les liaisons illicites ne soient pas lég^imées ç& le mariage,
avant la naissance des enfants.
.yGoogle
a7ft GH. TIll, — tfAITIE-BLAnCmeSBDB Dl U BAHUBCB DB PABIB.
sa.
HTGIÈNB ET SEKTICB DB SANTÉ.
La i ^alité est ealubre. Malgré sa continuité, le travail dn
blanchissage, lorsqu'il s'exerce avec un bon régime alimentaire,
fortifie la constitution au lieu de l'affaiblir. II en est de même
pour les autres proressions de Glichy (i) ; aussi n'est-il pas rare
d'y voir des irieillards ayant dépassé l'âge de 80 ans. La maladie
habituelle des blanchisseurs est le rhumatisme dû à la suppr^-
sion brusque de la transpiration. Elle n'amène guère une inter-
ruption de travail, et prend fm d'ailleurs, en beaucoup de cas,
à la suite d'une transpiration nouvelle. La famille présentement
décrite jouit depuis longtemps d'une bonne santé. Elle n'a eu
recours que dans des cas fort rares à l'assistance de l'un des
trois médecins établis dans la localité.
s 6-
BAKO DB LA FAHltXB.
L'ouvrier af^tioit k la catégorie des chefs de métier; il
exploite une clientèle de vingt femiltes environ, résidant presque
toutes dans l'intérieur de Paris. Il est secondé par quatre per-
sonnes faisant partie du [ménage et par plusieurs brigades d'ou-
vriers qui viennent à tour de rôle exécuter les divers travaux qui
se rattachent au blanchissage. Dès que les ouvriers de cette
catégorie veulent faire exécuter la totalité de leurs travaux par
des ouvriers loués à cet effet, leurs affaires se dérangent: Ils
échouent même tât ou tard, quand la famUle ne concourt pas au
moins pour moitié à l'exécution des travaux. L'habileté d'un
blandiisseur parvenu à cette limite consiste donc à améliorer sa
dientèle plutôt qu'à l'étendre. Ce fait est tellement reconau
qu'un blanchisseur n'hésite jamais à renoncer à la portion de
clientèle qm lui échut par héritage, lorsque déjà il est convena-
t pourvu.
.yGoogle
OBSEKTATlONg pnÉLiitraiiiiEa. S77
La limite supérieure des opéralious qu'un seul blanchisseur
peut utilement entreprendre est fixée par la quantité de linge
qu'il peut recevoir et distribuer en ud jour au moyeu d'une voi-
ture à un cheval. Il est rare qu'où puisse servir à la fois plus de
trente ou trente-cinq ménages. Les clientèles les plus recherchées
se composent seulement de cinq ou six ménages. L'étendue
ordinaire d'une exploitation de maraîcher est comprise entre un
demi-hectare et un hectare. Le nombre des vaches qu'uu nour-
ri^eur peut entretenir avec le plus d'avantage est onlinairement
compris entre seize et vingt.
n»7CM d'exiatence de la fmmUle.
§6.
PnOPBIBTÉS.
(Hoblller et Teiements ddd compri».)
Immboblbs 0' 00
L'ouvrier, ayant étéagriculteurdaas sa jeunesse (i s), aime-
rait à consacrer ses économies à des acquisitions de terrain ; il
s'abstient cependant, parce que ce genre d'acquisition n'est pro-
fitable qu'à ceux qui peuvent exploiter de leurs propres mains.
Il se borne à cultiver par récréation un jardin qu'il loue avec
l'habitation.
Argent 16,000' 00
' Somme placée bot hypothèque, à S p. 100, OiOOCOO; >— ummeplftcée en rentes
■nr l'Eut (4 i/i p. tOO], S.OOO'OOi — umme placée ea Mtioiia de chemins de Ter,
4,000'00; — somme amassée au. logii, Jiuqu'aa moment où l'on pourra trouTer un
placement faTOMble, 3,000' UO.
Aniuaux dohestiqdes entretenus toute l'année. . . 30' 00
19 poales, 34' 00; — 3 canards, COÔ; — 1 chien (pour mémoire).
Anihaox douesiiqdes entretenus seulement une partie de
l'année 2' 00
5 lapins d'uns valeur moyenne ds IS'OO, entretenus pendant i mois i laTaleur
mojaDDe calcoléa pour l'année entière éqoiTMit t S' 00.
.yGoogle
378 CH. VIII. — MAITBB-BLANCBI&SBDK DE LA BlHLISnE DB PiBIB.
Mat^biel SP^ciiL des travaux et indusliHes 803' 00
1° Pour ht traVmu) (b blanehUtagt. — Dioi la ulle dite eoaleris : 1 grmnd emitr
en bois, IWOO; — 3 cuvien moment, ISO'M; —6 petits cariera, dîta tiiuttei,
48' 00; — 1 nudrier pour bsttre le linge, dit batlarit, 35' 00] — 1 chiudiire sn (Onte
ATBc mafoanerie en briques, lOOtOO; — 10 battoirs, S^OOi — 4 letux, 10' 00; — dana
Ia Bille à repasser : 1 poËle en briques avec cuvette ea Tonte, 90' 00; — 1 grande
table à repaseer arec a petits trdteaui, 30' 00; — 1 graudo table pour plier le linge, et
planche pour le mettre en paquets, SOI 00; — 30 fen à repasser, Û'OOi — eoMes
pour étendre le linge: dans la salle k repasier, lO^OOi— dam la grenier, lOiOO; —
dana lo champ, 20' 00; — écbalat ou percbes amquela on Sie les cordes [dans le
champ), 150' 00; — 1 brouette, lO'OO; — 1 maillet, O'SO; — {daii* la cour, une
tonne i eau appartient au propriétaire de la maison). — Tntal, 793'%
30 Pour laeuUuradu jardin iloui par la famille). — i bêche, 3' 00; — 1 rSleau
et 1 fourche, 3' 00 ; — 1 arrosoir. S' 50. — Total, 8' 50.
Le champ où se fait, en été, l'éteodage du lioge, est pourvu
d'une baraque où l'on rentre le linge dès que la pluie survient.
Cette baraque, construite par le propriétaire, est louée avec le
champ (le, a).
Fonds de bocleuent des travaux et industries. . 500 ' 00
Il est dû régulièrement à la famille une wmme de 300' 00
par sa clientèle ; on peut admettre que cette somme représente
les trois cinquièmes du ronds de roulement en argent dont la
famille a besoin pour l'exercice de son industrie principale; le
surplus du fonds de roulement se compose de la valeur des
approvisionnemeDis (savon et sel de soude).
DfioiT évENTosL Bux allocstioDS d'uue société d'assurances
mutuelles 0' 00
La famille ne fait pas partie de la société d'assurances
mutuelles, qui compte dans l'endroit beaucoup d'adhérents (i a).
: Valeua totale des propriétés.. 17,âS&'00
§7.
SUBVENTIONS.
.Une famille placée dans la situation décrite par la présente
monographie sesuBil complétemeutà elte-méme dans toutes les
.yGoogle
OBSBIVITIOMS rBéllHtNtinBS. 379
éventualités qui peavent se préseoter. Elle ne reçoit de subven-
tions à aucun titre, et se platt au contraire à assister les personnes
nécessiteuses. Les pauvres de la localité ne se livrent pas à la
mendicité sur la voie publique; mais ils viennent de temps en
temps recevoir quelques secours en faisant la conversation dans
les maisons où on les accueille. Une grande partie des ouvriers
de Clichy est affiliée à une société d'assurances mutuelles (i s),
qui leur donne des secours en cas de maladie. La recette
moyenne des souscripteurs correspond au montant de leurs ver-
sements augmenté des souscriptions faites par les membres hono-
raires ou patrons de la société, qui s'associent aux. charges sans
jamais réclamer leur part d'avantages. Les mêmes hommes
pieux qui accordent, ce patronage aux ouvriers se dévouent, en
outre, en qualité de membres d'une conférence de Saint-Vincent
de Paul, h assister les indigents, en se soumettant à l'obligation
de les visiter au moins une fois chaque semaine.
s 8-
TRAVAUX ET INDCSTBIES.'
TsAVADx DE l'oovaiEB. — Le travail principal de l'ouvrier
et de son aide a pour objet les diverses manipulations propres à
l'industrie du blanchissage. Il offre un des exem[d^ les plus
remarquables d'activité qu'il soit possible d'observer en Eu-
rope (is). On conçoit qu'en présence d'un travail aussi absor-
bant les travaux secondaires n'aient qu'une médiocre impor-
tance. L'ouvrier emploie les moments de loisir, que lui laissent
l'éteodage et le séchage, à cultiver des légumes dans un jardin
qu'il a créé lui-même avec une partiedu champ loué pour l'éten-
dage. Les soins qu'il donne à ses canards sont pour lui une
récréation plutôt qu'un travail proprement dit.
Travaux de la fehhb et des dbdx filles. — Le travail
principal est le même que celui qui absorbe le temps du chef de
fooiille : seulemeat les femmœ sont plus spécialement chargées
de certains détails (i>).Les travaux fiecoodaires consistent seu-
.yGoogle
3S0 CH. VIII- — HilT RE -BLANCHIES s lis DB LA BANLIEUE D8 PAKIS.
lement dans la préparation des alimeote : celle-ci a lieu, sans
perte de temps, dans la salle même où s'exécutent les aulrfô
b^vaux. Le linge de la fomille est blanchi et raccommodé en
même temps que celui des pratiques. L'entretien des animaux
domestiques ne réclame chaque jour que quelques instants.
n»de d'extatence de la IMnUlc.
§9.
-AUH£NTS ET BEFiS.
Pendant chacun des six jours que la ramille passe à la maison,
elle fait quatre repas, tous composés de pain et de mets indi-
qués ci-après :
1" déjeuner (5 heures du matin) : café (avec chicorée) au
lait et au sucre; beurre.
3* déjeuner (ô heures du matin) : les restes du souper du jour
précédent, ou uneomelette.
Dîner (2 heures après midi) : soupe au pain; viande avec
légumes; quelquefois de la salade. Dans l'hiver, lorsque le tra-
vail pr^se beaucoup, ou prépare quelquefois un plat de haricots
ou de lentilles avec du gras de lard.
Souper (8 heures du soir) : viande avec légumes ou poisson
de mer; puis beurre ou fromage.
On mange le pain ra^is apporté la veille par le boulanger.
La viande est fournie par un boucher de la banlieue, l'une des
pratiques du blanchisseur. Les légumes sont en partie fournis
par le jardin, en partie achetés d'un colporteur qui apporte aussi
le poisson. Le vin, acheté en tonneau, est mis en bouteilles par
le chef de famille. Toute la famille boit du vin au dîner et au
souper; elle n'observe, ni les jours maigres , ni les jours d'absti-
nence. Le mercredi, jour consacré au service des pratiques rési-
dant à Paris, la famille déjeune avant de quitter la maison, et
■soupe après y être rentrée. Pendant la journée, elle prend, chez
.yGoogle
OBSERVATIONS PBÉLIUIMAIRKB. 381
un traiteur de Paris fréquenté par d'autres blanchisseurs, un
plat de viande et du fromage, avec du pain et du vin. Lom]ue
le temps manque, elle se borne à acheter quelques comestibles ;
et elle prend son repas dans la voiture, en se rendant chez les
divorses pratiques.
HiBlTATlOir, HOBILIBR ET VÊTBHBNTS.
La famille occupe à loyer, dans nne maison à deux élages»
le rez-de-chaussée et le grenier, avec une partie du premier
étage et de la cave. Le rez-de-chaussée comprend quatre pièces,
savoir : une salle carrée de 5 mètres, très-claire, donnant sur
la rue, servant au repassage du linge ; une chambre dallée, dite
coulerie, de 8 mètres sur 5 mètres, cootiguë à la première, ayant
la porte d'entrée sur la cour,servautàla lessive et au savonnage;
une grande cuistue, dans laquelle ou emmagasiue la provision de
savon (e) ; enfin une petite chambre pour l'ouvrier-domes-
tique (3). Au premier étage se trouvent la chambre à coucher
des deux filles, un cabinet et la chambre à coucher des deux
époux, qui est en même temps la pièce de luxe de la famille. Le
grenier sert à sécher le linge pendant les temps humides. On
place dans la cave la provision de vin. La provision de coke
n'excède jamais 3,000 kilogrammes : on peut toujours, en effet,
la renouveler quand le besoin s'en fait sentir ; elle est déposée
dans la cour.
Le mobilier de la famille déaote l'aisance et même une ten-
dance au luxe boui^^is ( 3) ; on y remarque surtout une pendule,
deux grandes glaces et deux vases d'ornement. Ces derniers ont
été acquis, à titre de prime, au moyen d'une souscription à un
ouvrage illustré paraissant par livraisons.
Meubles : ensemble complet; bon état d'entretien. 958' 00
1° Lits, — 1 lit pour les 3 époax t bois de lit en noyer, f mitelag de laine,
1 nutelu de plucne, 9 eouvertnriu, 1 âdredoQ, I trerenin, 8 oreillers, 390^00; —
1 Ut pour les 3 ail», 50' DO ; — 1 Ut pooi l'oanicMomesUqae, dStOfi.—- Totst, 375^ 00
.yGoogle
SS2 CH. Tin. — MAinR-BLUtCHiaSBim di u
s* MoittUtr, — 1 Ubie ordlnilM, BiOOi — I tabla rOada, d» Inxe, SCfOOi —
8 chtiBwatl buic,l!'00; —1 commode Mlaeerétairaen nojer, 130' COi — ^Tteilln
commodes (1 pour lei S flileai 1 pour l'oiiTrielHlomettiqae), IS^OO; — 1 baffet m
DOfw MK porta «Itrée, SO'OOj — pofilei (voir : oatila, 6); — 1 pendais (duM U
cbuabre à coucher dea deai époai], ISV 00; — 2 vaaea (dam la cbambra k coucher
de* deai époui\ 30' 00; — 4 tabloani (d^na la chambre k coucher det deai dpODi)
(hUtoiradeM"'da la ValUère), lO'OOi — 3 grandm glaceclOO^OO. — ToUl, 503' M.
3° Livrtt. — 1 petite bibliothèque, composée de livres élémentaires de lectore et
d'iu ourrage d'Hlitoire de francs 4llattré, acquit par Muicription, 80' 00.
Ustensiles : suOtsanl à' tous les besoias 19&' 00
1> Pour le itrviet dt l'alimantalion. — 1 ehaadroueD coivro, l^'OO; — 1 appa<
reil à touroe-broche, ID'DS; — 1 grande marmite en cuivre, 10' 00;— 3 caaserolei en
cuivre, 34' 00; — quelques plats et 60 assiettaa, en porcelaine et en faïence, 18' 00; —
cafetière de luxe [cadeau de noce}, S' OQi — St tassas t café [cadeau de noce), 30*00;
— 3 carafes eo cristal, 5' 00; — 1^ couteaux, 3' (l<); — 13 fourchettes et 13 cuillers en
Atatii, 8' 00; — 0 petltea cuillers argentées, 13' 00; — 4 tonaMnx à Tin, 8' 00; —
400 bouteilles k vin, 40' 00. — Total, 176' 00.
i" Fif/tr. — Pincetia et pelle pour feu de cheminée, V 00.
3° Totlsit*. — Lavabo et usteutilea poor la toilette, i' 00.
4* Utaot dttwt. — 1 parapluie et S ombrellea, 10' 00.
Linge de ménage : très-Dombreux et provenant en partie
de retenues faites sur des pratiques insolvables. . . . /|37' 00
IB paires de draps de lit, 310' 00; — rtdeaiu de lit, SO' 00; — rideanide fenêtre,
IS'OO; — aOsarriettas, 72' 00; — 48 torchons, 30' 00.
Vêtements : les vêtements ordioaires de laramilIesootd'uDe
QXtréme simplicité; ceux du dimanche, au contraire, sont fort
recherchés ■ 1,800' 00
VÉTCHBNts at L'onviua {350* 00).
L'ouvrier est ordinairement en blouse, même lorsqu'il va k Paris; en hiver, il met
anus aa blouse uns veste on un gilet de tricot. Il ao coiffe, pendant le travail, atec le
bonnet de coton; pendant les vojagss à Paris, arec une castpiette. ,
1* VétimanU du dimcincha. —1 habit, 50' 00; — 1 redingote, WOOi — 1 dut*
peau, S'SO; — 1 paire de bottes, 10' 00. — ToUI, 131' 50.
S° VfltmMU ib travaiL — 3 blouses, 13' 00 ; — 1 veste. If 00 ; — 3 glleia de
tricot en coton, 7' 00;— 3 gilets, lO'OO; — 3 pantalons en di>p, 50*00; —3 panta^
Ions en toile, ll'OO; — 3 cravatas en indienne, 3' 75; — 13 moucboin de poche,
lO'DOi — 13 cbemiies en toile, 84' DO; — 0 paires de chaussettes en 01,3' 00; —
3 paires de souliers, 15' 00; — 1 casquette, 3' 75; — 13 bonnets de CoIOd, O'OO. —
Total. S2S' 50.
VtrUlINtS OK u, FXHHB [1,000' 00}.
L'hsbiltemsat ordinaire de la femme, lorsqn'etle est h la maison, consista en
1 chemise, 1 camisole de laine sous la chemise, 1 Japon, des bas et des chaussons de
lisière. Lorsqu'elle va à Paris, elle met une robe d'une étoffe ordinaire, 1 par-dessus,
1 tablier, des bolUoes, de* ba* blancs et 1 bonnet biftac ft dentelles dont la fbrma
.yGoogle
OBSERVATIOire PRBLIllINAIIItS. 383
Tîrie ftvac b mode. Enfla, dtoi lea ru» oecidoiu (11} où I* femnie wrt pour aller
voir let pmots, pour asiiater à une noce ou poar prendre part i la. IMa patronale,
elle met ane robe de mérlnot ou de mousseline de lilne, un bonnet de prii, de* gants
]MD»-p«llle, ane montre arec ans chaîne en or, on bracelet «t oa grand ehàle, façon
cachemire. ■ '
i" VtUmmtt d» âimaaeht. — 8. robeaje mérinos, de mooMeline de laine et
d'indienne, 130' OOi —S tablien en satin de laloe et en sole noire, 54'00; — 1 cor-
■el, WOO; —1 collerette de prix, IS'OO; — I paire do bottine», 8'€0; —4 bonneta
deprit om jade dentelles (Taienclenne}, H' 00; —S bonnet* ornée de robans, 36'00;
— 1 grand chUe {façon cachemire), TO'OOi — E^ta, 5' 00, — Total, 361' 00.
!■ VéttmmUde travail. — Jmbea ordinaire!, W 00; — Spar-defana, U'OO; —
e tabliers en indienne. S' 00; — IS Jupons on indienne, 36' 00; — S coraeta, lO'OO;
— 36 moDchoin de poche, 34' 00; — 6 oolletettea, 4' 00; — 34 paires de bai blancs
et de couleur, 48*00; — 3 paireo de sonliere, SCOO; —S paires de chaussons de U-
»i6re, 4'00|— Uchemiae* en toile, 100' 00. — Total, aïfOO.
3° Bijoux. — BoQclea d'orelllea, IS'OO; — montre et chaîne d'or, S^S'OO) —
bracelet en or, IS' 00. -- Total, 3D5'00.
VtraHKrrs di ut mu Aofa ni 10 us (3SV0Ù).
Ttramim db u iille- aoA di 13 Ans ^lOO'OO),
VALEtiB TOTALE du mobilier et des Têtements. . . 3,389' 00
S 11-
L'ouvrier et sa femme troaveat leur principale récréation
dans les réflexions et les entretiens ayant pour objet le place-
ment et l'accroissement du capital qu'ils ont déjà épai^ (e).
En ce qui le concerne spécialement, l'ouTTierne se livre è aucun
plaisir dispendieux : il consacre ses rai^ moments de loisir à
cultiver son jardin, à soigner ses canards et à exercer l'intelli-
gence et le dévouemeat de son chien. La femme aime àseparçr
avec luxe dans les rares occasions où elle qoitte le travail pour
assister à une noce ou pour faire une visite aux parents du mari,
établis à h kilomètres de Glichy. De temps en temps,- la famille
reçoit à son tour la visite de ses parents ; et, dans ce cas, elle
les convie à ua repas dont le principal conUngent est fourni par
la basseMX)ur. La mère et ses deux Itlles se rendent en grande
tenue aux réunions qui ont lieu, deux dimanches consécutifs, à
l'occasion de la fôte patronale de la commune. Elles suivent k
.yGoogle
su CR. via. — MAtTkB-BUMGBlSEBnK DE LA BANLIBCB DE PAKIS.
cet égard les usages de la baolieae de Paris. A cette occasioD, on
prend le plaisir de la danse et on assiste à un feu d'arti&ce. De
loin en loin, le dimanche, les deux filles quittent le travail pour
jouer une heure au jeu nommé o le volant ». La fête patronale
est signalée h Glichy par un dirertissemenl populaire nommé
« course au tonneau ». Des jouteurs, placés dans on tonneau
sur une voiture lancée au galop, et armés d'une longue perche
en guise de lance, prennent part à une sorte de jeu de bague
grotesque dont le matériel rappelle l'industrie dominante de la
localité. Le but est une fente pratiquée dans une planche fixée à
un seau plein d'eau, suspendu comme une lanterne d'éclairage.
Le jouteur maladroit imprime une forte secousse au seau, et se'
trouve aspergé quand la voiture passe au-dessous; celui qui
atteint le but y fait passer la perche sans se mouiller, et reçoit,
il titre de prix, ua objet de vêtement acheté aux frais de la com-
mune. Il est intéressant de constater que ce même Jeu est très-
répandu dans quelques districts de la Belgique, et notamment
dans les environs d'Anvers.
■ '■i«C«lr« d« ■• linmllle.
S 12-
PHASES PB.INCIPALES SE r.'EXISTBNCB.
Pendant le premier Age, les enrants ne peuvent guère être
convenablement soignés par des parents qui, dans toutesles pro-
fessions propres à la localité, sont soumis à un travail très-
absorbant. Ils peuvent être admis dans unn asile i, gratuit pour
les pauvres, et payé journellement 0' 10 par les familles
aisées. Les maraîchers (i) tirent quelqueprofit du travail de leurs
enfants âgés de /i à 6 ans ; ils ne les envoient guère régulière-
mentà l'école; Us leur font quelquefois donner des leçons le soir.
à la maison. Dans les autres familles, les garçons et les filles
.yGoogle
OBSERVATIONS PBJLIltDIAIBBâ. 385
sont, pour la plupart, vers l'âge de 6 ou 7 ans, envoyés à deux
écoles distinctes. Celles-ci, comme l'asile, sont gratuites pour les
familles nécessiteuses. Les ouvriers les plus aisés, cédant quel-
quefois à la tendance irréfléchie qui les pousse è. imiter la classe
bourgeoise (s), placent leurs garçons dans une institution de
Paris; le contact qui s'y établit avec des jeunes gens destinés au
commerce ou aux professions libérales exotsesurces enfantsune
funeste inQuence, et les rend impropres à continuer le mélierde
leurs parents. Ceux que cette éducation a le moins gâtés ne coq-
entent guère à travailler de leurs mains. Ils se bornent ît sur-
veiller le travail des ouvriers qu'ils emploient. Dans celte fausse
situation, ils ne tardent pas à tomber au-dessous de la condition
que leui^ parents avaient acquise; et ils se trouvent bientôt
obligés de renoncer à leur profession. Lorsqu'ils restent au vil-
lage, les garçons, après avoir appris, è l'écde, à lire, h écrire et
à calculer; les filles, après avoir, en outre, reçu des leçons de
couture et de broderie, font leur première communion vers l'âge
de'12 à Ifi ans. D^ ce moment, ils se rendent utiles, soit en
travaillant avec leurs parents, soit en s'attachant, en qualité
d'ouvriers-domësliques, à un ménage de maratcher, de nourris-
séur ou de blanchisseur. Quelques-uns se fout admettre dans une
des manufactures des environs (i). Les ouvriers-domestiques
attachés à un maître-blandiisseur dans les conditions ' présente-
ment décrites gagnent teulement, jusqu'à l'âgé de 18 ans, 15 fr^
par mois, c'est-à-dire la somme nécessaire à leur entretien. Maia-j
à dater de cette époque, le salaire augmentant progressivement, '
ils font quelques économies, à^^l'aide desquelles ils peuvent à leur
tour s'établir comme maîtres-blanchisseurs. Les filles ayant de
l'activité, de l'intelligence fit une bonne conduite, réussissent
encore mieux dans cette [Nrof^siOn; et, lorsqu'elles se marient,
C8 sont elles ordinairement qui fournissent la majeure partie des
fonds nécessaires à rétablissement dà ménage. '
Les maratchers et les blanchisseurs dont l'intelligence est
«xtrêmemeiit dévelopjlée apprécient parfaitemeot les inconvé-
nients qui s'attachent au morcellement de la teire et des clien-
tèles. Ils ont donc adopté, à cet égaixl, des habitudes diamétra-
:,yGoogle
386 CB. Vtlt. — MAITKl-IlUnGBISSBDI DE LA BAIÏLIBCB DI PAIII.
lemeat opposées (so) Scelles qui domioent chez la plupart des
petits propriétaires français.
Quelques traits spéciaux compléteroot l'histoire de la famille
décrite par la présente moQOgraphie. La femme, ayant fait chez
ses parents l'apprentissage de la profession de blanchisseuse, a
épousé, sans dot, en premières noces, un blanchisseur déjà
pourvu d'une clientèle considérable. Elle n'a eu aucune part à
la clientèle de ses propres parents (celle-ci ayant été cédée tout
entière à sa sœur atnée, mariée elle-mêoie à un blanchisseur).
Bestée veuve, peu de temps après, avec un enfant en bas âge, die
a épousé en secondes noces un jeune agriculteur, qui a vendu au
prix de 3,000 francs la terre qu'il cultivait, pour venir exproiter
à Qicby la clientèle apportée par sa femme. Les deux époux,
grâce à leur activité et à leurs excellentes qualités (3), ont joui,
depuis leur mariage, d'une prospérité sans cesse croissante. Une
seule circonstance a retardé l'essor de leur fortune : la sœur
aînée de la mère de famille, n'ayant pu réussir à conserver la
clientèle qui lui avait été cédée par ses parents, est devenue
incapable de servir la rente viagère qui avait été stipulée pour
prix de cette cession; celle charge a dû ôlre supportée dès lors
par le ménage. Les deux époux voient approcher le moment où,
après avoir établi leurs deux filles et cédé leur clientèle k l'une
d'elles, ils pouiront vivre dans l'aisance, du revenu de leur capi-
tal et de la rente viagèfë qui sera stipulée pour la cession de leur
établissement.
HfBOBS ET mSTITCIIONS ASSDBAgT LE BIBN-ATBB PHVnQUB
ET UOBAL DE U FAUILLB.
La famille trouve dans ses qualités personnelles (s) toutes
les garanties désirables de sécurité, tant pour le présent que
pour l'avenir. Sous ce rapport, elle n'a jfuuais eu, et n'aura
jaiqais à recourir à une assistance étrangère.
Beaucoup d'ouvriers ne possèdent point eo eux-mftmes ces
.yGoogle
UBSSBVATIOKS PBéLIIIinAIBKS. ' 387
éléments de sécurité; et ils ne peuvent guère compter sur le
patronage des chefs dlodustne auxquels ils sont momentané-
ment atlachés. Pour suppléer, h cet égard, à leur impuissance,
Us cherchent la protection qui leur est nécessaire dans une
Eociété d'assurances mutuelles (ai).
Les familles indigentes trouvent assistance dans la charité
privée, et souvent dans une institution dite « conrérence de
Saint-Vincent de Paul. » Ces conférences, fondées à Paris, oîi
est établi le chef-lieu de l'institution, se composent de laïques
de tout âge qui contractent deux obligations volontaires : pra-
tiquer les devoirs religieux prescrits par l'église catholique:
visiter personnellement les pauvres pour leur apporter des
secours matériels, des conseils et des consolations. A Paris, plu-
sieurs conférences sont surtout formées de jeunes gens qui fré-
quentent les écoles de l'enseignement supérieur; et elles ont
exercé l'influence la plus heureuse sur les mœurs de cette jeu-
nesse. Jusqu'alors, en effet, les étudiants restaient privés à Paris
de la surveillance paternelle qui est organisée dans les autres
universités européennes. Les cooférences de Saint-Vincent de
Paul se sont rapidement développées après la révolution de 1830.
Elles sont fort répandues aujourd'hui, non-seulement à Paris et
dans les grandes villes de France, mais encore dans une ^nde
partie du monde catholique.
 Qichy, comme dans plusieurs autres communes de la
banlieue parisienne, le clergé apporte un appoint considérable
aux aumônes faites par les conférences de Saint- Vincent de Paul
et par les particuliers. Cependant il remplit une misâion plus
féconde encore t il restaure dans les âmes, surtout chez les
enfants et les jeunes gens des deux sexes, les forces morales
qu'ils pourront opposer plus tard aux tendances vicieuses qui
engendrent la pauvreté. Quelques prêtres, en particulier, ont
compris la nécessité de remédier, par des efforts énergiques, aux
souffrances physiques et morales qui désorganisent. les popu-.
lations de Paris et de la banlieue ; et ils poursuivent cette tâche
avec UQ dévouement presque surhtimain.
.yGoogle
CB. VIII. — HAirU-BLlKCniSSEDB DE LA BAXLIADE DR PUIS.
S 44. — BDDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE.
SOURCES DES RECETTES.
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CB. Vtll. — UAITBI-BULSCBlfiSBOK DB LA BAHLIBDK DB BABIB.
S U. — BUDGET DBS EECBTTES DE L'ANNÉE (SDITB).
800RCBS DBS RECETTES (SDITB].
BBCTION III.
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Coltan. .
Bolni doni
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Noijt . — Lea « BItac IranlllaDlii
Tmuiz daa loantAei delanilumembieadaU (uni lia. .
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CnUan dujudin (pni i lojû)
Biploilttioii daa poule*.
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a. TIII. — MAITRE -BLArtcmsSEOB PB LA BANLIBUB DB PADIS, 391
S U. — BUDGET DES RECETTES D6 L'ANNÉE (SDITEJ.
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RECETTES (5DITB).
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S 4S. — BUDGET DES DÉPENSES DB L'ANKÈB.
DÉSIGNATION DES DËPBRSSS.
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CD; TIII. MIITDB-BUNGRISSBUK DB U BAKLIS» DB VAÛIg. ^3.
S 45. ~ BUDGET DES" DÉPENSES DE L'ANNÉE ISOITE).
DÉSIGNATION DES DftPkHSBS <8DITE).
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CD. Tlll. — IIAITSE-BL4NCHISSEUR OB LA BANUBCB DR PAUtS.
S 45. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANKËtf.
DÉSIGNATION DES DÉPENSES.
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S 15. — SUDGET des: DÉPENSES DE VANNÉE (SniTE).
DÉSIGNATIOM DBS DtPXMSES <aOIT8).
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ALiifiim DiTiis :
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CB. Vin. — UAITBE'SUKCUISSKUB OB U BANLIBCB D8 MtU.
S 15. - BUDGET DRS DÉPENSES DE L'ANNËE (SCIT8).
■HUIT iDitnm.
DÉSIGNATION SES DÉPENSES ^UITI^
SBCTIOK II.
DépeniOTi
LocEHrar :
Lo^ : putia da Idtct da lamifuD t aUrlbntr t lliibiUllon (1«.C), lOO'OOj — entn-
tien à» bi mtdtoa [U dipenM piindpmle eit ta compla ia (raprUlaiT*) : pilitas
rtpBUIiOD*, S' DO
UOBILiut :
BDlnUeD d«a dnpi da lit, Nrtltttei, (oitlioiii, nilaniile*. Me
CuiiFruB ;
[La duolhg* M doDDa Uan i aiiediia d^psou paHietiIiin, l« fan, «nlretuia pour
l'sutcica du méliei, ■ofEiul mmpJéUmBnt poar la chuiB'igadomMtlqna(]e, A)]...
ËcuiufiR :
L'telikigaaBtntMin pou l'ntrcfcadnméllaKiitBt pont rtddngadoDiMljqna.. (IBiA)
ObjsU achaUi, étoffa acbeliai, tniTioi d* coofsctian. iiceomniodigM (It^B)
VtriHEltTS DR LA FEHHB !
Otqeti achaUi, MoSeï acheUa, Inniuda conEaiitioa, nccomoiDdiget (16, H)
VtrCHEFin DES DEUX nu.BB I
Objet! «cbaUa, iloffei ïcbaUai, ttaimoi de eonfactioD, iiccommoilaga ; dépaine trt-
BLANCBUSAGE R MINS de FROFKnt 1
Bluchlntga da* TttemeDU al duliaitada IttamiUe; trtTMii eitcotéi pu la minase,
lOD'OO; — fournituiai dlrenu pom c«l IriTani (htod, aie.), SO'OO; — bUocliia-
•aga dai TtUDiaoti et du llaga d* l'oanlar-doniaatiqua (10, ¥), SJ'OO; — bluchii-
uga et rapuuge dst boiDtt* da U famoia (aiaeal^ i ptli d'uganl par me
bliiichtueiuaaD£ii),roOi — bubiat (poailBbluchlHeuOiH'DO; — diaga, l'SO;
Totaux dai dépanwM coocsmul la ittamauu
SBCTIOK IV.
!«■ bcMÎu moranx i Iw rjerjBtîoas
•t le aenÎM de mbU.
(L'aiaielea da culta oa doimg Uan 1 ucttns dépai»*)
InSTRiiCTioii DES ENrann :
(Lai antiTili ddjà gnndi na donsaot pluliaa lancnne dépensa da catta natma).,.
Secodm n adhAhes I
Paniion pnjie 1 1* mèn deUtamna, IM'OOi — aunWIn^doiiBiaildiraii^lG'OO..
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CD. vil]. — -MArriB-afiANQHISSBUR DB LA BAKLŒDB DE l>ABI3.
S <5. - BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE fSDITH).
DÉSIGNATION DBS DÉPENSES (BUITB^
BBCTION IT.
BJCniATIDIlS R lOLEHItlTâS :
Dépen«e toppltoeotilrB pam Atni
(bnits daUd«p«iu «t compili dani US™I);— inltaTS da jirdia,
—._.:._ 1 A. ui.a p^ d'aDtr*e am deni t»li da la Ute patrnmlt
kl'ôccailon dei Tliitaa da pannlt, S' 00
pont û mÂn at laa daai flUat, l'SD.
CadwaidonniildaipuaiitiiriKct^on dalammariaga, IS'OO;
ToTAtn d» dApegaaa caocantut laa baioiu
Il lu rdcrtaUODi
le* indutilea, Ici drtuif Ut impMi
•t Im mnaranoM.
DiFHISES CONCUNAIIT LU IflDUSTUES :
RAlribDtioD as srgaDtalloata comme gagaii l'oairlDr-doniaalIqDs, qui l'emptoia pour
la* THameoti et pour laa aoUM dtimnaa noiqualls) Ja rimlUs se poonoit pu par
dM iIlocatloDi an Ditore (IS, F) (1«)
HoTt. — L« uilna dipauaa eancanuuit laa iDduatiiea snirapriHi an
compta da la fkmillB montant à lis, D) S.lMrgi
BUai aoiil nmtwnnAas par lo cecattaa piuranut da cai mtmu laiar-
AT«ot et objotl aœplojé* poni lea coniommatioiu da mina^ (ouTile
domeitiqua compiu) on Usut pittla d* aai tpugsaa, et
portiiàca titra duu ta prtwBt budget '74'Sl
ArgBDt*tobJatitppUqDtideilOD1e*uaaiiiiduiIrieB(14,B*alV},
paDT*DteowhineiuaestBgiiraTpumileidipeDiaidB minage. 6,110 60
Imtetn DU Dims t
(Aucona detia, mSms puaag6ra, n'> iti eonlnctie par la Ikmille)
IiiKnra :
ImpAI mobilier, deapoilBi et fenètna.l'T' 30 i — palaula, SCOO
ASSORANCU CDKCOEKANT ADABAKTin LB BJHI-tTUBPHTlIQDI ET HOlUI. Dl LA rA>IU.B:
La lAmtlla tioufa toutu laa guantitu d«sitablea da licurill duu lea habitodaa d'ordre
qui lui lait ipaigaer cbatiue loaie une lomme cooaidérable, eiSn du» le diacerne-
ment avec lequel elle uit faire rhll;tjSel^ cette dpargse par daa plaeementa judicleu.
.,.,__._.___ .^._. _ ,. .-.,_ objet....
Bile n'a dimc A lUrg ïocase dépeaia ipÂciale poor
sooo
10 oo
et lea *i
it lea iDduath», lea dattoa, 1m icDpdta
n BCtioa* toduitiiaUea onaiu hjpctlièqaa
i(d6l'uiAia(b*luiçantlMneattea) iAfiSPetf
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396 OH. yill. — KAITBE'BUMCniSWII» BB U BANUBDB PB PABIB.
§ 16. ■
COMPTES ANNEXÉS ADX BUDGETS. "^
COMPTES DES BÉNÉFICES
lénltail la iidistriei ttOtfma pu U [uillt'(à m fnfn tmjle).
Di u rwiui I Tunn
Somms obtwDB UDosUtunt «d rttribntloD des tranin . _. ..._
sitenlti poui 1« dinrua pnUqiBi ; «a raoT*<i'>* tW ttaam ftt ■
TaLeuc î illribuai m tnniii âe bllDchiinaa «I^catii wr 1» hogt i»
famille ; tiiriui, IM'OOj — tonrnllunw, «KOOi
Vakur à attribuer aux inTaiu de blaochiiaace nécotéa m le linge i
t'ouniiii-iloiiiaalique : Iniaui at fauniiturea .... (
ToUu. . .
Bomms qs'ebliandiait la famille, il alla aidcatalt 1» mfanM IraTani 1 la
Joninte poiu le compta d'an chel d'indutria (M,8mii])
Dmiaatin oa eomme obtmoe pu la fkailla an int dca aalaJrea qoi nniaM
attribata. dua loi mémN coDdtIJDa*, t de «lmpl« Jaunallen
Lofer de U partie 1* tamaiion appIiqaiaàl'indiutiiadabluichUuai.... (O)
LojBr da cbamp où le fait, pandtnt Vété, r«1eadiiEa da liage <8)
Salaiiai pajéi aiu ouirlèna ;
BMjoDinteadeblBDchiaieaieiatdaiepaaleiunll'OO
EDtJaam^da couluiitra (ooe compria la nDorriiura portM an compta aTsc
celle du mtnags, 15, S«I)
Oaga asDuel) de l'ouTiier-dainnilqDe (F)
Prix de location d'nn charal «l d'une Toitoia (1 jour pai aamaina) pour
aSaetner laa tranipoita du llog* at da la bmille entra Fuii et CUchr :
TBO par Jour
Dipanae* oecanonniea par le chien (qui «arda la maiaon pendasl l'abaence
deUfamlUrt ; O'IOpirJonr
Coke (acbat« dana nna mine i gai) : Id.HO kilogrammaa ftatSa
Cotiat* (faaclut de boit tandn pour rallnmage do coka) ;
tOO pikaa 1 VIS GO 00
■ Sridaaonda.. 550 00
SaTon: «Kf 1 l'OO
Bleu
JUnidoB! IStiOfOO Il TO
Banda jaTelle , U 00
BlU da la Selna tbunite par mia adminiitratlan qui dUre, as
mma d'une machine i Tanar, l'ean da U Selna pour la cos-
dnlre à Clichr at dava plManra Tillagea tojaint : ^nnamant
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Halle poni éclairage : 40k i l'OO 40 00
Cbasdalle pooi dclaiiage 1 ISk à l'W IB OO
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■mploréi pou le* tnTiui ds bUnchltug» (m' 30} (B)
BntmitB di a* oUsU : corda. •.'•'OO; — ichlil» On pcRhM, irnOO; —
fer» i rapmar, VK; — olfjMi diton, T50
iDttièt (G p. IDm du foDdl de ronlmwnt (SOO'Oa)
Ol>t*U d* iMamanl M d* lÉngtria p«diu oa dgkrti, i psjnr uu pn-
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KacetUi «D ugeat i. «mplDJei pour làt induilriei eUa>-ai4iDa)
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Dfpmau ■KrTAi.m,
IntirtltdnpropriiléipoiaidteiparlB famiila at employéai par allô bdi îd-
duiirie». (14, S" 1)
Salalrai tténuia au traïaui uécuiii par U famillB pour Isa indua-
tne. (H, S- 1111
Dipaniaa ao argent qui doirent tica rambounAei par daa recatle* riullant
Totnui: daadtpenHa (5,19ir81)
BiKÉncu TOiiDi tétoltant dei induatrica
Totaoi comma ci-dataot
SBCTION tt.
COMPTES REUTIFS AOX SUBVENTIONS.
Ncm. — La tiunilla, aiploilacit tOD indutrla dam Im condidona d'indd-
pcâdaaea proprM aux rbab demitiar, na jouit d'ancBUS aabiaatjaii.
SBCTION III.
COUPTES DIVBHS.
B. — Cu>ugx REÇUS pia Là fahilu.
L'tpldar cbu leimal U famille lehàla ominaimieit w praTirion ds ait
at da iBin, loi filt cadaan, 1 l'occailon ta Joar da l'an, d'mia bontailla da
cognac : la Tilanr da ce cariaaa tarait 1 rainnchcr da pili d'achat dn ttSi
qoBlabœlIleacIiAtscbBil'tpiciaT. FoiuaimpliSar, onn'^paa Ut calta rtdnc-
lion du prix, at, par centra, l'oD n'a a(trlbn« aucana lalear 1 ca apiritaeui
ïa (18, Sm 1).
P. — Owpn DE u BÏTsnimON AinniELLB noimiE mb u famille
A L'ODTRIER-DOHESnODB,
Oaget pafda CD argent : IWOO par moia
Hoûrritnie éialaéa i 1/i du montant do la dipenie du minage poar noani-
ittre, ..«..*... .•,,., flfi.fi«il
Lofeiii«ot,ibanfriga, éciatrageCpourmioioire) . . . .
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l U^UKDK tX MKtS.
ÉLÉMENTS DIVERS DE LA CONSTITUTION SOCIALE
FAITS IMPORTANTS D*ORGAMSATIOII SOCIALE;
PARTICOLARITËS nBHARQDABLESi
APPRÉCIATIONS GÉNÉRALES; CONCLUSIONS.
CADSEs d'Ébranlement obsertées dans l'une des coh-
MUNBS DE LA BAHLIBOE DE PABI8 OÙ LES BONNES MCBURS SB
CONSERVENT ENCORE AVEC LE PLUS DB FEMUTÂ.
Des causes nombreases de corruption ont agi sur Paris et sa
baDiieue pédant toute la durée du xvm' siècle. Elles émanaient
géoéralement des classes richfô ou dirigeantes. Les foyers du
mal étaient parfois moins contagieux daiis la ville que dans cer-
taines communes de la banlieue, les individualités scandaleuses
y étaient plus en évidence; et l'on retrouve encore aujourd'hui
des traces visibles de ces influences locales. En revanche, on
peut observer plusieurs communes où tes conditions matérielles
de la prospérité ont en partie suppléé à l'affaiblissement des
forces morales. La commune de Clichy, où ont été recueillis les
éléments de la présente monographie» se distingue sous ce rap-
port entre toutes.
La population indigène, qui justifie cet éloge» est composée
de blanchisseurs, de maraîchère, de jardiniers fleuristes et de
nourrisseurs de vaches. Elle est cependant fortement ébranlée :
sur les sept éléments nécessaires à une bonne constitution sociale
(IV, Id. e), six sont combattus par les influences dominantes,
et quelques-uns font à peu près défaut. Le Décalogue, l'auto-
rité paternelle et la religion conservent peu d'empire sur les
cœurs. Le clergé, il est vrai, reprend. enfin l'œuvre de régéné-
ration qui fut accomplie, au xvii° siècle, devaot la corruption
propagée par tes d^iersValoie.t-mais les défaillances de l'époque
.yGoogle
ELEMENTS D1VBS9 DB U CONSTITDTIO^f lOCULE. 40t
précédeota oDt laissé leurs traces; ei il n'est point encore sou-*
tenu par l' opinion. La souveraineté a perdu son ascendant : elle
est donc impuissante à commencer les réformes, alors même que
certains gouvemants en comprennent la nécessité. En l'absence;
de la communauté et du patronage, la propriété individuelle est
la seule force matérielle qui supplée à la désorganisation des
forces morales. Heureusement, elle opère ici arec une continuité
etuneénei^iequejen'ai point rencontrées ailleurs dans le cours
de mes voyages. Je donne, au paragraphe suivant, un précis de
ces prodiges d'activité, spéciaiix aux quatre types principaux de
la banlieue. Ces qualités ne pourront pas toujours souteoir une
constitution sociale privée de ses appuis moraux-, mais elles
conjureront un écroulement immédiat; et elles apporteront un
concours précieux à nos gouvernants, si l'esprit de réforme rem-
place enfin chez eux les stériles agitations de la politique. Après
chaque catastrophe ameDée par nos classes dirigeantes, je me
reprends ii espérer, en constatant cette vitalité de la race fran-
çaise; et je m'assare de plus en plus dans l'admiration et lé
respect des ancébres qui créèrent les forces morales que nous
gaspillons depuis 200 ans.
Les blanchisseurs, les maraîchers, les jardiniers et tes nour-
risseurs résistent assez bien, sous l'influence du travail et de la
propriété individuelle, à certaines défaillances morales qui se sont
produites au sein de leurs foyers domestiques; mais, depuis
quelques années, ce genre de danger devient plus redoutable. La
grande industrie manufacturière commence à se développer; et
elle attire, au milieu de l'ancienne population relativement saine,
le personnel que les famille françaises ne fournissent plus sous le
régime actuel de partage forcé et d'unions stériles. Les ouvriers
de ces nouvelles entreprises aOluent incessamment en France
par les frontières de l'Est et du Nord; et ils nous amènent les
déclassés et les nécessiteux de l'Europe entière. Ces étrangers
vivent eu partie à l'état nomade; et ils descendent à l'état de
dégradation qui a été décrit précédemment pour un atelier de
travaux publics (vii, ib). Par leurs déplorables exemples, ils
augmentent beaucoup la difficulté qu'éprouvé la population iadi-
.yGoogle
40S CB. Tilt. — MltTIB-BLANCfllBSIDl DB LA
gèoe, déjà privée de ses forces morales, à maînteDir chez les
jeunes fnéoératioDS les derniers seotimeols du devoir. Il est à
craindre que l'iDvasioo des nomades n'achève bientôt la désor-
gaoisatioD de cette localité ; et l'on peut déjà prévoir que les
richesses créées avec l'aide d'agents aussi dangereux n'augmen-
teront point la prospérité de la France. f. l.-p.
S 18-
ACTIVUÛ BlTBAORDINilBB DÉVELOPP^B CHAQCB 8BHAINB
PAB VNB FAHILLB DE BLANCBISSEUBS.
Chaque semaine, le merra«di, l'ouvrier, accompagné de tous
les membres du ménage (s), transporte à Paris, au moyen d'une
voiture à un cheval louée à cet effet, le linge qu'il avait reçu,
la semaine précédente, pour le blanchir. Laissant ainsi la maison
sous la garde d'un chien, l'na des agents essentiels de son
industrie, la famille part, à cinq heures du matin en été, .à huit
heures en hiver, pour ne rentrer que de huit à onze heures du
soir, avec le linge à blanchir. Dès le Jeudi matin, on procède au
triage de ce linge : la moindre partie est directement savonnée
par deux ouvrières travaillant à la journée ; le reste est soumis à
une lessive qui se poursuit jusqu'au vendredi matin, avec le
concours de tous les membres de la famille. Aussitôt que
la lessive est finie, la femme, assistée de ses deux filles et de
quatre ouvrières qui viennent à ce moment prêter leur concours,
s'applique au savonnage. De sou côté, l'ouvrier, secondé par son
aide, transporte le linge complètement lavé au lieu où doit se
foire le séchage : pendant l'hiver, dans la salle à repasser et dans
le grenier ; pendant la belle saison, dans te champ loué à cet effet.
Le dimanche, toute la famille s'occupe du pliage du linge, qu'elle
prépare ainsi pour le travail de repassage. Celui-ci est exécuté
le lundi et le mardi, par la femme, assistée des deux filles et des
quatre ouvrières. Enfin, le mardi soir et souvent la nuit suivante,
ou classe le linge et l'on confectionne les paquets qui doivent
être portés à Paris le lendemain et remis à chaque pratique.
.yGoogle
DIVIM t>K LA GONSTITDTIftN SMUtl.
S 19.
MOEURS DES PETITS PROPBJÉTAIRES DB LA BAM.IBUE D8 PARIS.
Ed aucune confiée d'Europe, la dasse des petits propri^
laires n'est pIusdéveloppée()uedans la zone, large deSàlO kilo-
mètres, qui s'étend autour du mur d'enceinte de la ville de
Paris. Leur ioduslrie prindpale CMUsiste à produire les plantes
potagères, les légumes, les fraits, le lait, les œufs et les fleurS)
dont les marchés de cette ville oiïreat, en toute saison, le place-
ment assuré. Sur les coteaux conrenablement exposés, ils culti-
vent, en outre, des vignes donnant un vin de qualité iafërieure,
auquel l'impôt de consommation établi dans l'intérieur de la
capitale assure dans la banlieue un débouché avantageux. Indé-
pendamment des objets destinés à la vente, les familles de petits
propriétaires produisent elles-mêmes la plupart des objets néces-
saires -à leur nourriture. Le succès iooul de ces petites cultures
ne dépend pas seulement du débouché presque illimité qu'offre
ta consommation parisienne. Il est dû, en partie, aux immenses
quantités d'engrais que Paris livre à bas prix à la banlieue.
EoHn, il doit être attribué aussi aux habitudes laborieuses de la
population (is). Jamais, en effet, dans le cours des études
entreprises à l'occasion de cet ouvrage, on n'a rencontré une race
d'hommes appliquée au travail d'une manière aussi soutenue,
aussi énergique, on pourrait dire aussi acharnée.
.Appliquée à un sol naturellement ingrat, cette activité réalise
des merveilles de production, inconnues dans les grandes cultures
des régions les plus fertiles. Depuis le lever jusqu'au coucher
du soleil, la famille tout entière travaille aux champs, dans les
jardins, ou près des bâches oîi se cultivent les primeurs et les
produits d'arrière-saiswi. Les enfants eux-mêmes font, dès le pre-
mier âge, l'apprentissage de ce dur métier. La soirée est employée
à emballer et à charger sur la voiture la récolte faite pendant
la journée ; la nuit, à transporter cette récolte dans l'intérieur
de Paris. Après minuit, dès que les règlements de police per-
.yGoogle
401 CH. vni. — MAITBE-BL&NCHISSEUB KB LA BAKUBDK DK PAtI9.
meltent aux maratchers d'occuper les emplacemeats réservés,
jusqu'alors pour la circulatioD géoérale, on voit ces cultivateurs,
souvent leurs femmes et leurs enfants, prendre rang avec leurs
voitures pour être admis à la vente qui a lieu dans la balle, de
quatre à cinq heures du matin. C'est ordinairement pendant cette
Station forcée qu'il leur est permis de prendre un peu de repos,
car ils doivent se remettre au travail aussitôt qu'ils soat revenus
à la maison.
Une préoccupation exclusive, incessante, donne aux deux
époux la force d'accomplir cette t&che presque surhumaine : c'est
le désir d'ajouter de nouvelles parcelles de t^rain à celles qu'ils
possèdent déjà. Il n'est donc pas étonnant de voir, dans les loca-
lités les plus favorables à la culture, ces parcelles se morceler
k l'infini et se vendre à uutaux quidépaœe parfois 20,000 francs
l'hectare. Tel chef de famille, sans s'élever au-dessus de la con-
dition d'ouvrier-propriétaire, et sans être obligé, pour cultiver sa
terre, de recourir à des bras étrangers, parvient, dans le cours
de son existence, à acquérir, dans une régiou de sa commune,
plusieurs centaines de parcelles non contigu^.
Les maraîchers, les jardiniers et les nourrisseurs de vaches
de la banlieue de Paris possèdent, pour la plupart, les vertus qui
se lient à l'amour du travail et à la possession de la propriété
individuelle. Ces vertus se rencontrent à un degré éminent chez
ceux qui réussissent le mieux dans leur profession. Les femmes
restent chastes et les hommes tempérants au contact d'une pro-
fonde corruption. Une économie exemplaire préside toujours h
l'administration domestique; mais, chez les types les plus dis-
tingués, elle est tempérée par l'intelligence des b^oins réels de la
famille et des convenances sociales : elle ne dégénère donc point,
ainsi qu'il arrive chez beaucoup de familles d'ouvriers ruraux.eQ
une lésioerie aveugle. Les femmes sont traitées avec déférence;
souvent même, comme dans la plupart des autres contrées de la
France, elles exercent une influence prépondérante dans les
afbires de la communauté. On comprend la nécessité de donner
de l'instruction aux enfants, au prix de quelques sacrifices. Sou-
vent, en cas de maladie de l'un des membres de la famille, on
.yGoogle
^LBMINn DIVERS DB LA CONBTlTtJTIOM 80CIALB. (03
n'hésite pas h faire toutes les dépenses nécessaires pour la gué-
risoD. Les propriétaires 1^ plus aisés, quand ils se font aider par
un journalier, ne manquent jamais de l'admettre à leur table et
de le traiter exactement comme eux-mêmes. Le sentiment reli-
gieux, en l'absence d'une éducation convenable, manque sou-
vent daus les ramilles. Le défaut de délicatesse dans les transac-
tions ne dépasse point certaines bornes, et conseille raremeat un
acte formel d'improbité. Les familles où les habitudes religieuses
se sont conservées ont sur toutes les autres une supériorité évi-
dente, particulièrement en ce qui concerne les affaires d'intérêt
et l'organisation de la famille. L'autorité paternelle s'y maintient
plus ferme; et les parents éprouvent moins de difGculté à garan-
tir leurs ^fants des influences corruptrices qui émanent sans
cesse d'un grand centre de population.
Le développement des sentiments moraux varie considéra-
blement d'une commune à l'autre. Dans plusieurs régions de la
banlieue, les mœurs ont été souvent abaissées, chez les dernières
générations, par le manque de direction religieuse. Plus récem-
ment, elles ont été compromises par l'introduction de l'industrie
manufacturière et par les vices de la population nomade qui y
est employée (i). Par contre, on a souvent lieu de constater
l'influence bienfaisante exercée par des prêtres dévoués et par
les associations de laïques pieux, connus sous le nom de Confé-
rence de Saint-Vincent de Paul (i 3) . On ne remarque pas seule-
ment cette influence dans les communes rurales de la banlieue ;
celle-ci est plus marquée peut-être chez les petits cultivateurs
qui n'ont point encore été expulsés de l'enceinte de Paris par
l'envahissement des constructions urbaines. Au contraire, dans
les communes où ces influences ont manqué, l'amour du gain
s'est incessamment développé sans contre-poids. lia provoqué des
tendances répréhensibles, qui ne s'arrêtent, en général, qu'aux
limites où elles encourraient les sévérités de la loi. Il engendre
des traits d'égolsme, qui ne s'offrent point à l'observateur diez
les races sauvages. L'amour désordonné du gain fait nattre une
envie haineuse contre les classes supérieures de la société; sou-
vent il éteint tout dévouement pour la chose publique. Cette
.yGoogle
4aS en. VItt.. — MAITRB-BLilNCBISSEnR DE ti BANLIBDB DB PAHIfl.
passion provoque même l'oubli des sentimeafs les plus intimée
de la nature humaiae. Ainsi, dans quelques communes spéciale-
meot adonnées à la culture de la vigne, il n'est pas rare de voir
des chefs de ménage, déjà pourvus du bien patrimonial qui Jeor
a été cédé à la condition de servir une rente viagère, manifester
hautement te désir qu'ils ont de voir celte charge cesser par la
' mort de leurs parents. Parfois les parents, notamment ceux qui
ont été mauvais fils, sachant que rien ne peut amortir ces pas-
sions cupides, ne craignent pas d'engager contre leurs enfants
une lutte d'égoïsme et d'avidité. On en voit, eu effet, qui, par-
venus à l'âge du repos et jouissant d'une fortune supérieure à
leurs besoins, mettent leurs enfants en demeure de servir une
rente usuraire pour le bien qui leur est cédé, ou de voir ce bien
aliéné sans cbance de retour. Ces moeurs déplorables font régner
l'esprit de lutte et de haine jusque dans le sanctuaire de la
famille, où les lois divines et humaines assurent ailleurs un
refuge contre les atteintes de l'antagonisme.
s 20.
TBàNSHISSION INTé6BU.E DE LA Pr.TITB PROPRI^TË TERUl-
TOItlALE ET DBS GLIENlèLES CHEZ LES UinAiCBSKSi LES NODR-
RISSUUBS DB VACHES ET LES BLANCDISSEUBS DE Ik BANLIEUE
DE PARES.
Les principaux chefs de métier de la commune de Oichy ne
divisent point ordinairement entre leurs enfants la terre ou la
clientèle qui servent de base à leur indusU-ie. L'expérience et
l'étiide intelligente de leurs véritables intérêts leur ont révélé la
. fécondité du principe de la transmission intégrale des biens de
famille. Ils ont acquis par la pratique de leur vie entière l'intel-
ligence de la vérité qui assure le mieux la prospérité des Anglo-
Saxons (III, ix, 17). Les maraîchers, par exemple, ne partagent
point les exploitations dont l'étendue est inférieure à an demi-
hectare; car une étendue moindre, ne suffisant pas pour occuper
le temps d'une famille, ne permettrait point à celle-ci de pros-
pérer. D'un autre côté, une famille perdrait beaucoup de temps
.yGoogle
JLénNTS DIVEBS OB LA CONBTITlITiaN SOCIALE. 407
et éprooTerait une grande difficulté à cultiver et è surveiller
plusieurs parcelles noo cootiguës. En efTet, le morcellement dfô
cultures, dans une industrie qui réclame un travail journalier,
offre des obstacles qui n'existent pas au même degré dans la
culture des céréales e( de la vigne, où le travail est intermittent.
Les héritiers d'un petit maraîcher exploitant le minimum de
l^rain que comporte cette industrie cèdent ordinairement ta
propriété tout entière à celui d'entre eux qui est le plus capable
d'en tirer parti et de payer aux autres une soulte en argent. Â
défaut d'une telle combinaison, ils se décident ordinairement à
vendre l'héritage paternel à un cultivateur offrant les garanties
conveDables et à partager le produit de la vente ; en sorte que,
dans tous les cas, le sol est préservé du morcellement exag^
qui entrave souvent l'agriculture de ta France.
La transmission intégrale des clientèles est encore plus habi-
tuelle dans les entreprises de blanchissage. Un blanchisseur se
retire ordinairement des affairée après avoir successivement établi
tous ses enfants; il laisse son établissement principal à celui
d'entre eux qu'il juge être le plus capable de l'exploiter avec
succès, en lui imposant l'obligation de servir une rente viagère.
Ce mode de transmission, bien qu'il ne donne pas toujours satis-
faction au principe de l'égalité du partage, est, en généra),
approuvé par l'opinion publique. Il ne soulève de difficultés que
dans le cas où l'héritier, ne sachant point tirer parti de sa posi-
tion, ne peut subvenir aux besoins des parents et laisse retomber
cette obligation sur les enfants les moins pourvus (i s).
S 21.
fléSDUi DBS OF^BATIONS D'uNB SOCI^TIÎ D'iSSDBAirCBS HUtUElLBS
DE LÀ BÀNLIEUB, PBÈS DE CUCHT.
La société se compose de 130 membres. Parmi ceux-ci sont
h. membres honoraires qui ne réclament jamais leurs droits de
sociétaires. Quelques membres, moins aisés, ne font valoir ces
droits que de Icnn en loin. La société ne donne pas de subies
.yGoogle
4(8 CB. VIII. — HAITRB-BLtNCniSSBDEt DB LA BAIILIBDB DB FAKIS.
ea argent aux malades ; et elle porte à 200' la somme payée aux
veuves et aux orphelios des sociétaires.
Les recettes effectuées depuis la fondation de ladite sodété
{18&0) jusqu'à la fia de l'année 1851 sont indiquées ci-après,
savoir : versements des 130 membres actuels de la société (le
versement total le plus élevé a monté à 360' 00), 3^12' 80;
— versements des sociélaires rayés ou décédés, 8,710' 80; —
versements de h membres honoraires, 1,156' 00; — intérêts des
capitaux placés en rentes ou à la caisse d'épargne, 3,69^' 30;
— sommes payées par divers sociétaires pour être exempts de
certaines obligations à remplir è tour de rôle, 119' 00; —
recettes diverses, quêtes faites à l'occasion des. fêtes annuelles,
i ,979' 00. — Total des recettes^ ft0,271 ' 90.
Les dépenses se répartissent ainsi qu'il suit : frais de maladie,
d'inhumation et de fournitures diverses faites à des sociétaires,
17,902' 90; — frais d'administration, 2,842' 00 j — capital
en caisse, 19,527 ' 00. — Total comme ci-dessus, 40,271' 90.
Les recettes de l'année 1851 sont indiquées ci-après : revenu
donné par un capital de 16,009' 00, placé en rentes 3 p. 100,
700' 00; — revenu donné par un capital de 800' 00, placé en
rentes k 1/2 p. 100, SU' 00; ~ une somme de 292' 95 se
trouve dans la caisse du trésorier et ne donne par conséquent
point de revenu; — versements mensuels et extraordinaires,
revenus donnés par le placement des versements partiels à la
caisse d'épargne, quête à l'occasion delà fête patronale, 4,527' 60.
— Total des recettes pour 185i, 5,261' 60.
Les dépenses sont ainsi réparties : frais de médacin et de
médicaments pour 59 sociétaires malades (les dépenses ont mont.',
pour un sociétaire, à plus de 300' 00, et ont dépassé, pour
h. autres, la somme de 100' 00), 2,327' 35; -— fournitures
diverses faites k des sociétaires infirmes et autres, 23' 00; —
frais d'inhumation de 2 sociélaires, 144' 00; — frais d'inhuma-
tion de 2 femmes de sociétaires, 72' 00 ; — somme payée à la
veuve d'un sociétaire mort dans l'année, 200' 00 ; — frais d'ad-
ministration, 70'00; — accroissement du fonds social, 2,425' 25.
— Total comme ci-dessus, 5,261' 60.
.yGoogle
<l£iibnts divbks db u
§22.
PRÉCIS d'une UONOGRAPHIB &TANT POUH ODJET
LE UARÊCBAL-FERRAHT DU HAINE.
I. Définition du lien, de l'organisation InâaBtrielle
et de la famille.
L'ouvrier présentement décrit exerce son ÏDdustrie dans le
système du miTail sans engagements; il est en même temps
propriétaire et oiivrier chef de métier.
L'ouvrier habite la commune de Louvigny (Sarthe) . Après
avoir travaillé, dans sa jeunesse, pour divers patrons avec les-
quels il n'avait contracté que des engagements momeutanés,
conrormément aux habitudes décrites ci-après, l'ouvrier, devenu
patron à son (our, travaille maintenant pour son propre compte,
avec le concours d'un apprenti.
La ramiilé comprend les deux époux et quatre enfante. Le
père, né à Mamers, marié depuis 12 ans, est âgé de 37 ans. La
femme, née dans un village voisin, est âgée de 33 ans. Leurs
quatre enfants sont âgés, les trois ataés de IJ , 7 et & ans, et le
dernier de 6 mois. Un ouvrier-domestique, âgé de 20 ans, fait
partie de la communauté.
La famille a été élevée dans la religion catholique romaine.
Les sentiments religieux, appréciables chez la femme, sont nuls
chez l'ouvrier. Les bonnes moeurs, ou plutôt les habitudes régu-
lières qui distinguent ce dernier, sont entretenues par les senti-
ments et les préoccupations qui se rattachent aux jouissances de
la propriété. Le principe de sa moralité est évidemment dans le
travail opiniâtre auquel il se livre, et dans les privations qu'il s'im-
pose pour accroître incessamment la propriété territoriale qu'il a
déjà acquise. Ces dispositions, et surtout l'énergie apportée au
travail, établissent une distinction profonde entre ce type et celui
du journalier-agriculteur de ta même localité, qui sera décrit au
tome suivant; mais Ja plupart des autres traite du caractère lui
.yGoogle
«10 CH. Tlll. — KAITRB-BUKCBISSEUI DE U. tÀSUROE DE PARIS.
sont applicables. Peut-être même y a-t-il lieu de constater que
ta vertu de l'épargne, h l'aide de laquelle seulement peut être
fracchie la barrière qui sépare l'ouvrier du propriétaire, empire
souvent les dispositions du caractère manceau ; elle détruit, chez
beaucoup d'enrants, les sentiments de respect et d'affection pour
les parents ; elle dégénère parfois, chez les personnes d'un Age
mûr, en une lésinerie sordide qui détend tous les liens sociaux;
trop souvent elle éteint toute disposition à l'enthousiasme, au
dévouement, au sacrifice personnel. Ordinairement, ces traits du
caractère des ouvriers les plus enclins à l'épargne n'altèrent point
l'harmonie des ménages, où la femme enchérit sur l'avarice du
mari. Chez certains ouvriers-propriétaires de^cette localité, cet
âpre désir du gain conduit souveut au délit de l'usure (34).
La constitution physique et la santé des membres de la
famille laissent peu à désirer. Dans les maladies très-graves, on
appelle un médecin d'une petite ville voisine. Répartis sur plu-
sieurs années consécutives, les honoraires du médecin et les frais
de médicaments ne dépassent pas une moyenne annuelle de
10 francs.
Le maréchal-ferrant, qui a fait son apprentissage comme
ouvrier-domestique, a acquis, à force de travail et d'économie,
les moyens de s'établir à son propre compte ; les propriétés ter-
ritoriales acquises plus tard ont aussi permis à la femme d'appli-
quer une grande partie de son activité h des travaux exécutés au
compte de la famille : conformément aux définitions établies
dans le précis méthodique annexé à ce volume, la famille se
rattache donc, à la fois, à la catégorie des chefs de métier et à
celle des ouvriers-propriétaires.
II. Horeno d'exlsteaoe de lu. famille.
immeubles : maison valant 1,^50' 00, dont 3/5 pour la
partie servant d'habitation à la famille, soit 870 ' 00 ; — jardin-
verger de 5 ares, attenant à la maison, 350' 00; — champs à
céréales de 80 ares, 1,100' 00 (ces immeubles ont été acquis
exclusivement avec les épargnes du ménage) . — Argent : sommes
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tLÉHENTS MVetS t>B LA CONSTITDTIUK SOCULB. 4M
dues par ies pratiques ordinaires, 250' 00. — L'ouvrier laisse
ordinairement l'argent qui constitue uue épargne annuelle aux
bonnes pratiques et aux fermiers aisés auxquels il a fait des
fournilures, jusqu'au moment où il a besoin de verser le prix
d'une acquisition de terrain ; mais, par compensation, ses débi-
teurs lui rendent de temps en temps quelques services, surtout
en l'assistant dans son exploitation agricole. Quelquefois, il prête
son argent sur simple billet, plus rarement sur hypothèque, aux
fermiers et aux propriétaires voisins : jamais il ne le dépose à là
caisse d'épargne. — Animaux domestiques entretenus toute Pan-
née. -5 poules avec élèves 10^ 00. — Animaux domesti^s entre-
tenus seulement une pariie de Pannée : d porc, d'une valeur
moyenne de 3â' 00, entretenu pendant 6 mois; la valeur
moyenne calculée pour l'année entière équivaut à 19' 00. —
Matériel spécial des travauco et industries : partie de la maison
qui sert d'atelier, 580' 00; — outils de la forge : 1 enclume
pesant 175 kil., ayant coûté, neuve, k V 80 le kil., 315' 00,
valant encore 265' 00; — 1 soufflet de foi^ avec plaque en
fonte pour garnir la tuyère, 135' 00; — 1 meule, 80' 00; —
lélau, 80' 00; — 1 bigorne, 30' 00; —12 tenailles, 2/i' 00;
— 12 marteaux, 48' 00; — potence et crémaillère pour fabri-
quer ies essieux, 10' 00; — broches et mandrins, 30' 00; —
bigornes, limes et filières, /lO' 00; — balance avec ses poids,
35' 00 ; — moules à clous, 6' 00; — 2 seaux et une auge en
pierre, 16' 00; — 1 tablier en cuir avec poche, 15' 00; —
outils servant à l'exploitation agricole : 2 faucilles, 3' 00; —
2bédies,8' 00; —1 r&teau, 2' 00; —1 brouette, 1' 00 (la mai-
son et les oulils de forge ont été acquis avec les épargnes faites
par les deux époux, tant avant qu'après le mariage). — Fond*
de roulement des travauœ et industries : l'ouvrier a une faible
quantité de fer et de charbon en magasin, mais, comme il a
acheté ces matières à crédit, on admet que son approvisionne-
ment n'exige aucun fonds de roulement appréciable. — Valeur
totale des propriétés, 3,997' 00.
La famille, déjà parvenue à l'aisance, renonce naturellement
à une partie des subventions qui, dans la m^e localité, sont
.yGoogle
ut GH. VIII. — HAlTBK-SLANCIlIgSEUB Dl LA
ÎDdispensables à l'existence des journaliers. Cependant, pour
préparer le ftiœier nécessaire à la culture des champs et du jar-
din, les enfants ramassent sur les voies publiques 1^ excréments
d'animaux, comme le font les enfants des plus pauvres ouvriers.
Travauso de l'ouvrier {maître). — Le travail principal com-
prend les diverses occupations auxquelles se livrent, dans toutes
tes communes rurales, les forgerons en bâtiment et les maré-
chaux-ferrants. X' ouvrier est assisté par un aide, qui est «itré
dans la Tamille en qualité d'apprenti, et qui, devenu com-
pagnon, continue, en ce qui concerne la nourriture et l'habi-
talioD, à faire partie de ia communauté. L'ouvrier consacre, au
travail de forge et de maréchal^e, âOO journées estimées h
2' 10. Les travaux secondaires sont : le concours apporté à la
femme pour la culture ^u jardin et des champs (6 joum.), et
l'entretien de la maison (2journ.). — Travaux de ia femme. —
Le travail principal a pour objet les travaux de ménage
{130 joum.). Parmi les travaux secondaires, le filage du chanvre,
pour les besoins du ménage ou pour le compte de diverses per-
sonnes, occupe la majeure partie du temps (126 joum.). Ce
travail, ei peu lucratif ailleurs, donne ici à la femme, grâce à
une activité soutenue et à une adresse peu commune, un salaire
relativement assez élevé (0' Sk par jour). Les autres travaux de
la femme sont : la culture du jardin et des champs à céréales
(27journ.), l'explotlation des animaux domestiques (16 joum.),
et la confection des vêtements (20 journ.). — Travauso des
deux enfants aînés. — Les deux enfants atnés secondent la mère
dans ses travaux et ramassent du fumier sur les voies publiques. —
Industries entreprises par la famille. — Parmi ces industries,
l'exploitation de la forge maréchale occupe le premier rang. La
famille tire, en outre, de notables bénéfices de la culture du
jardin et des champs, de l'élevage des poules et de l'engraisse-
ment du porc.
III. Kode d'ezlBtenoe de U fiunlUe.
Contrairement aux habitudes que provoque, dans d'autres
■ contrées, rexerci(!e des travaux de forge, les produits animaux
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fiLlKlflINTS DlVSeS DS LA COKSTITDTION SOCIALK. 4(3
n'occupent qu'un rang secoudaire dans la nourritura de la
Eaioille ; ses aliments principaux sont le pain et une boisson f^~
mentée, nommée cidre, faite avec, des pommes. On a constaté,
ea comparant les diverses monographies de cet ouvrage, qu'il
est peu de familles européennes où l'on fasse, toute proportion
gardée, une consommation Je pain aussi considérable. Le nombre
et la composition des repas sont établis ainsi qu'il suit, dans les
saisons d'été et d'hiver. — 1" Du 1" juin au M août : déjeuner
(six heures) : pain avec beurre ou fromage j — dîner (midi) :
soupe maigre (au pain) et légumes cuits, auxquels on ajoute du
lard le dimancbe et un autre jour de la semaine; — goftter
(quatre heures) : pain, fromage ou fruits, et souvent une Miée,
c'esl-à-dire de la mie de pain trempée dans du cidre-, — souper
(huit heures) : soupe faite comme celle du diner, et pain avec
fix)mage. — 2' Du 1" septembre au 31 mai : déjeuner (huit
heures) : soupe (au pain), puis pain avec fromage, beurre ou
légumes cuits à l'eau et au sel ; ~— dîner (une heure) : pain avec
fruits ou fromage ; le dimanche seulement, on ajoute à cet ordi-
naire le lard avec lequel la soupe du déjeuner a été faite; —
souper (huit heures) : soupe maigre (au pain), puis pain avec
fromage. — La famille, y compris l'aide-ouvrier, boit par jour
&k k litres d'une boisson composée de trois quarts de cidre pur
et d'un quart d'eau.
La maison occupée par la famille se compose d'un atelier
de forge, d'une grande chambre au rez-de-chaussée, d'une cave
et d'un grenier. Les lits de la famille se trouvent dans la chambre
du rez-de-chaussée, celui de l'aide est placé au grenier, dans
un compartiment formé avec des cloisons en planches. Le mobi-
lier comprend les différents objets désignés ci-après. — Meubles :
i lit pour les deux époux, 1 lit pour les enfants, 1 lit pour les
plus jeunes enfants, 1 lit pour l'aide-ouvrier, 1 berceau, 1 table,
10 chaises, 1 armoire neuve, 1 armoire vieille, 1 buffet,
1 coffre, 1 garniture de cheminée, 1 horloge à poids, 1 glace,
317 ' 25. — Ustensi les : 2 pipes (tonneaux) pour cidre, 2 poin-
çons pour tonneaux, 2 marmites, 6 fAais, &8 assiettes, 12 verres,
2 pots, 2 pintes, H couteaux, 12 cuillers et 12 fourchettes.
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444 GH. VIII. — ■tAtTMK-BLAnCHIBSinil DB LA BANLIIOB Dl PlaU.
1 coOrâ à sel, 1 saloir pour la Tiaode de p(»ï:, 1 grille, 1 lan-
terne, 1 chandelier, 3 fers à repasser, 1 rouet à filer, 1 hache,
1 Berpe, 92' 50. — Linge de ménage : 10 paires de draps
de chanvre, /[ nappes, 6 essuie-mains, 6 torchons, ser-
viettes, 8â' 00. — Vêlements .: ils se réduisent au strict néces-
saire, sauf en ce qui concerne les chemisa du trousseau. —
Vêtements du mattre : pour le dimanche : 1 veste, 1 gUet et
i pantalon de drap pour l'hiver; 1 veste, i gilet et 1 pantalon
d'étoffe de coton pour l'éti ; J. cravate de coton ; 1 paire de sou-
liers ; 1 chapeau de feutre, /lO ' 00 ; — pour le travail : 2 blouses,
2 vestes et 2 pantalons, 2 cravates, 2 paires de bas, 1 paire de
souliers, 1 casquette, â bonnets de coton et 10 chemises, 56' 80.
— Vêtements de la femme : pour le dimanche : 2 robes, 2 ta-
bliers et k fichus, 1 paire de souliers, k coiffes, 6 mouchoirs de
poche, croix, épingles et anneaux en or, 79' 00 ; — pour le tra-
vail :2jupons et 2 tabliers, 6 tabliers de travail, 6 fidius, h paires
de bas, 1 paire de souliers, 2& chemises, 66' 50. — Vêtements
des enfants : pour le dimanche, 28' 00; — pour le travail, 12' 00.
— Valeur totale, 775' 05.
Les récréations sont à peu près les mêmes que pour la
famille du jouroalier-agricuiteur décrit dans le tome suivant ; il
est à remarquer que les dépenses personnelles de l'ouvrier, con-
tenues par l'esprit d'économie, sont loin de s'accroître en raison
du degré d'aisance auquel il s'élève. La récréation favorite d'un
ouvrier de cette condition moins enclin à l'épargne est le tir à la
cible, où les concurrents se disputent un prix payé par les caba-
retiers qui provoquent ordinairement, dans l'intérêt de leur
commerce, ce genre de réunion.
T7. Histoire de la fomille.
Les enfants d'un ouvner placé dans la condition décrite par
ce précis fréquentent l'école jusqu'à l'âge de Ik ans ; ceux qui
ne sont point pris par le père en qualité d'apprentis entrent alors
ordinairement au service d'un fermier, lis font chez ce dernier
l'apprentissage de la profession d'agriculleur, et se mettent ainsi
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iLÉHBNTB DITBns DB LA CONSTITUTION SOCMLB. 418
eo mesure d'entrefo^ndre, avec les capitaux avancés par leurs
parents, i'exploitatioa d'une ferme et plus tard celle de leur héri-
tage. Lorsque le maréchal-feirant ne prend pas son apprenti
parmi ses enfants, il le choisit parmi ceux des ouvriers-jouroa-
liers de la localité qui se recommandent le mieux par leur vigueur
physique et par leur aptitude au travail ; à qualités égales, il le
prend de préférence parmi ses parents. Suivant l'aDCtenne cou-
tume qui s'est conservée intacte chez cette classe d'artisans
ruraux (« s] , le jeune apprenti entre, à Ik ans, chez son patron ;
pendant un an, il y reçoit simplement ta nourriture, le logement
et le blanchissage ; à dater de son entrée, il fait véritablement
partie de la famille; pendant les deux années suivantes, il reçoit,
en outK, un salaire de 6 à 7 francs par mois. Après ces trois
ans, l'apprend, devenu compagnon, continue à rester chez le
maréchal-ferrant, et y reçoit alors 12 à 13 francs par mois ; des
indemnités, des pourboires viennent s'ajouter à cette recette, et
lui permettent de foire annuellement une certaine épargne. Si donc
il est économe et industrieux, il peut arriver lui-même à la con-
dition où l'exposé de ce précis suppose le patron parvenu, alors
même qu'il n'aurait aucun secours de ses parents. Outre ses
épargnes, qui constituent la base de son succès, il a en per-
spective diverses chances d'améliorer sa position : il peut pré-
tendre à épouser une fille possédant une certaine dot, souvent
même la fille de son patron; en cas de mort prématurée de ce
dernier, ce sera lui, en général, qui sera appelé à exploiter la
clientèle d'un commun accord avec la veuve et les enibnts. Dans
tous les cas, ses économies le mettront sûrement en position de
s'établir lui-même un jour dans le pays eDTÏronaant, sinon dans
le même village. L'ouvrier qui, comme compagnon et céliba-
taire, avait contracté l'habitude de l'épargne, la conserve après
son mariage et lorsqu'il s'est à son tour établi comme chef de
méder. Dans ces conditions, il ne tanje pas h devenir proprié-
taire de son habitation et de plusieurs lots de teire arable dont
il augmente le nombre aussi longtemps qu'il peut continuer
l'exercice de sa profession. L'admission de l'apprenli dans la
famille du patrcrn subsiste encore pour beaucoup de professions}
.yGoogle
E-BLANCniBSBUR DE LA BAXLIEUi! DB PAlIg.
elle domine même à Paris dans plusieurs métiers. Il n'en est pas
de même pour les compagnons, qui, dans les villes, font rare-
meot partie du méaage auquel ils sont attachés par leur travail.
L'admissioD du compagnon dans le ménage du matlre présente '
cependant une combinaison recommandable à beaucoup d'égards :
elle assure au palron un concours exclusif, assidu et dévoué;
elle préserve le jeune ouvrier contre les écueils de l'isolement ou
d'une trop grande liberté; elle Tait participer l'un et l'autre à tous
les avantages matériels et moraux de la vie en commua.
V. Budget domestique annuel et avenir de la famille.
Recettes de la famille. —^ Revenus des propriétés, 171 ' 50 ;
— produits des subventions, 1' 00; — salaires, l,Oùl' 00; —
béDéfices des industries, 373' 60. — Total des receUeSyi,^&7^ 00.
Dépenses de la famille. — Nourriture, 706' 50 ; — habita-
tion, 153' 00; — vêtements, 173' 00; — besoins moraux,
récréations et service de santé, 66' 50; — industries, dettes,
impôts et assurances, 1 78' 00. — Total des dépenses, i,'îll ' 00.
Les recettes donnent sur les dépenses un excédant annuel
de 310' 00; celle épargne résulte de la valeur des fournitures
livrées aux pratiques ordinaires de la forge; l'ouvrier oe réclame
cette somme que lorsqu'il trouve l'occasion d'acquérir un lot de
teiTe ou de la prêter à intérêt. Ce précis offre l'exemple d'une
famille établie dans une contrée dépourvue de ressources indus-
trielles et surchargée de bras, qui parvient, h l'aide du travail,
de la sobriété et de l'économie, à se créer une existence assurée
et indépendante. Ce cas est fréquent, en Europe, dans la classe
intéressante des artisans ruraux : il prouve que la possession de
certaines qualités morales est la condition essentielle de l'indé-
pendance, tandis que l'absence de ces mêmes qualités retient
dans une condition précaire les ouvriers placés dans le milieu
social le plus favorable à l'élévation des individualilés inférieures
(III : VI et vu, la). Les maréchaux-ferrants et 1^ forgerons
en bâtiment sont les petits chefs de métier ruraux qui résistent
le mieux aux envahissements de la grande industrie.
.yGoogle
lih^BNn AITIU •■ LA «KtSntBTHlN SQCULV.
. S23. . . ;
BOMHES HCBCAS COHSBBVÉEB PAEVI CBATÀIUS TTPE8
p'ODTBIBaS HORIUX.
Nous avons indiqué dans uoeautre moDOgraphie(lV,vii, >«)
les mémorables découvertes qui, eu substituant, dans le
cours du xvii' et du xvui' siècle, le travail des moteurs ioanimés
et celui des machines au travail des bras, ont dénaturé peu à
peu te caractère des fabriques rurales collectives, et fait tomber
en désuétude l'antique organisation des corporations urbaines
d'arts et métiers (i, 1 9) . C'est à ces 'découvertes, beaucoup' plus
qu'aux nouvelles convenances sociales et politiques, qu'il faut
attribuer les modifications profondes qui se sont iatroduites-daas
l'ancieDoe oi^aisation de l'Iadustrie.
Cependant l'esprit des anciennes instilutioDs industrielles' nç
s'est point complètement perdu en France : il s'est conservé, eo
partie, dans les usiaes métallui^ques alimentée par le combuB^
tible végétal (vi, 3i),et, en générai, dans les grandes usines qui^
à raison de la supériorité de leurs produits, ont pu se défendre
mieux que les autres contre les atteintes de la mauvaise coneup-
rence. L'ancienne organisation est à peu près intacte dans les
petits ateliws ruraux des fabriques collectives qui ne se sont point
écartées de leur principe. Enfin, les atelio^ ruraux affectés a/a
service de la population locale, et par exemple celui qu'exploite
la famille décrite dans le présent chapitre (ss), ont gardé les
relations de communauté qui existaient, dans les anciennes cor-
porations industrielles, eatre les maîtres, les compagnons et les
apprentis. On peut même c^server encore aujourd'bai de petits
- ateliers où le principe fondameotal de l'ancien r^me, la soli-
. darilé perpétuelle du patron et de l'ouvrier, a été fermemeat
maintenu, par dérogation aux principes généraux de la législa-
tion moderne. Dans plusieurs localité où ces relations subsistait
encore, avec le consentement mutuel des mattres et des ouvriers,
l'harmonie sociale est fërmemçQt garantie; la. qoléttide mêibe
IV. «
.yGoogle
4lB <m. VlII. — UITBK-BLANGBIURDH Dl LA UNLtlVB DB P1M8.
oh vivent les populations soumises k ce régime n'a guère permis
que rattentioQ publique se dirigeât vers ces districts exception-
nels. Les personnes qui, dans ces derni^^ temps, ont critiqué
l'organisation actuelle de l'industrie, auraient sour^it.été con-
duites à d'autres conclusions, si elles avaient su que plusieurs
institutions, proposées comme des réformes utiles à l'Occident, y
ont été abrogées par le progrès même des nouveautés de l'époque
actuelle. Elles ne sont restées en vigueur, ^ et là, que sons
l'influence de circonstances particulières. Parmi les catégories
d'ouvriers qui ont ainsi conservé l'esprit des anciennes institu-
tions européennes, le saunier-kltrier de la Saintonge est un des
types les plus curieux que l'on puisse étudier.
L'art du saunier consiste à extraire, pendant la saison
chaude, le sel marin des eaux de la mer. Ces eaux, admises
dans de vastes réservoirs inférieurs au niveau des plus hautes
marées, sont ensuite distribuées sur dff vastes espaces où elles
subissent l'action des vents et du soleil. Concentrées progressi-
vement sur une série d'aires d'évapo ration, elles laissent enfin
déposer, à l'extrémité de ce système de circulation, le selqu' elles
. tiennent en dissolution. Le saunier préposé à la direction de
chaque atelier exerce cette îadustrie de ses pro[H%s mains, avec
le concours de sa femme, de ses enfants et quelquefois d'un
apprenti. Le simple saunier exploite en vertu d'un engag^nent
contracté avec le propriétaire du sol, et dont la durée peut, à la
volonté de chacune des parties, ne pas excéder le terme d'une
année. Le saunier-lettrier, au contraire, exploite en vertu d'une
lettre, c'est-à-dire d'un acte authentique ou sous seing privé,
d'une date fort ancienne, qui lui confère, ainsi qu'à ses héritiers,
le droit de sauner à perpétuité sur une étendue déterminée de
marais, alors même que celui-ci viendrait à être subdivisé entre
plusieurs propriétaires. Cette convention grève la propriété, au
profit de l'ouvrier, d'un véritable droit exclusif au travail : sou-
vent, la lettre ayant été égarée, ce droit repose seulement sur
la nouviété publique. L'oavrier peut en disposer de son vivant
en faveur de l'un de ses hântiers ; il est égalem«it autorisé par
l'usage à le'constituer en dot à l'un de ses entants. Comao
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ÉLÉHBKT* DIVBBS DB Li COKSTITinriON SOaALB. it9
rétributioD de son travail , le saaaier reçoit le tiers du prix de la
récolte de sel vendue par le palroo*^ II jouit, en outre, de tous les
produits accessoires du marais, produits importants pour l'éco-
nomie domestique de la famille, et qui peuvent élre considérés
comme de véritables subventions. Au nombre des plus essentiels,
il faut compter les céréales et les légumes récoltés sur les Bossu,
c'est-à-dire sur les banquettes fertiles qui séparentles réservoirs
des aires d'évaporation ; viennent ensuite : l'herbe des pâturages
naturels formés par les terrains qui ne sont que momentané-
ment submergés, le poisson et les huttres élevés dans des réser-
voirs spéciaux coTistruils par le saunier, enân le bois de diauf-
fage provenant de la coupe réglée des arbrisseaux croissant dans
le marais. En échange de ces avantages, le saunier est tenu
d'exécuter tous les travaux de saunage, y compris l'accumala-
tion du sel dans les dépôts où ce produit est repris pour être
immédiatement transporté à bord des navires. Toutes les répara-
tions, et une partie des établissements nouveaux à créer dans le
marais, sont à la charge de l'ouvrier; mais le propriétaire sup-
porte de moitié avec lui les dépenses relatives à l'abaissement»
au stirhaussement ou à la reconstruction complète des aires du
marais.
L'industrie du saunier a donc conservé en France, jusqu'à
ce jour, les habitudes qui forment encore la base de l'oi^nisa-
tion industrielle de l'Orient. Ce régime garantit contre toute
éventualité l'exiâteoce des ouvriers, en leur assurant un droit
au travail aussi stable que la propriété elle-même; il identi6e
l'intérêt de l'ouvrier et celui du propriétaire; il écarte les ques-
tions irritantes que soulève la fixation du salaire; enfin il réalise,
sous la forme la plus positive et la plusdirecte, cette association
du capital et du travail qui se retrouve également dans beau-
coup d'institutions agricoles de l'Europe méridionale. Plusieurs
économistes, frappés des imperfections du régime moderne,
indiquent justement ces associations comme le meilleur remède
à certains embarras de cette époque.
Au nombre des types anciens qui se sont conservés jusqu'à
nos jours, contrairement à l'esprit des lois modernes et nonob-
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4t0 CR. Ttir. — HAITM-^LUrCHUSKini DR LA BANLIBDE DB PAHI9.
£taDt Ta TolôQté de» propnétàires, où peut encore cita* les culti-
- valeurs du pays de Cambrai-el de plusieurs districts ruraux du
. nord de la France, qui, eu se fondant sur d'ancienoes conces-
r fiioDâ, revendiquent, de génération en génération, le droit exclusif
d'exploiter certaines propriétés dans le régime qui est encore
désigné dans, ce pays sous le nom de mauvais gré. La descrip-
' UoD que Fénelon en a tracée dans les termes suivants * est encore
rapplicable à l'état de choses qui règue aujourd'hui.
« Les propriétaires des codsk ou des terres du Gambrésis,
les ayant uue fois données à ferme, n'en peuvent plus disposer
dans toute la suite en faveur d'autres fermiers. Les peuples se
sont fait un point d'honneur de demeura chacun dans leurs
occupations de crises ou de terres, malgré les propriétaires et
malgré tous ceux qui voudroient les en déposséder. D'autres fer-
miers n'osent, ni enchérir les fermes, ni les prendre à un moindre '
. prix ; car, ou bien ils seroient tuez dans le temps qu'ils seroient
le moins sur leurs gardes, ou bien la censé ou la grange où ils
auroieut mis les grains de leur première récolle seroient infailli-
blement brûlez. Ce malheur fait gémir plusieurs provinces
-entières, comme le Hainaut, le Gambrésis, l'Artois, la chas-
tetlenie de Lille, la plus grande partie de la Flandre et de la
Picardie... a
VICES KéCBHIfENT DÉVELOPPIÉS PiRUI CERTAINES CLASSES
DE PBÊTBUHS, DE COLFOBTEDRS ET DB CABABETIER3.
Parmi les types sociaux dont cette monographie oG^ un
exemple, et particulièrement dans la ctassedes petits marchands,
des colporteurs et des cabaretiers, il s'est développé eu France,
à côté des personnes qui remplissent honorablement ces profes-
1. J'ai obteau, par l'obligMiite iaterveadan de H. le comte de Gtaldneoart, caiM
place iatéreuante da H. Le GUy, directeur des «Khlras géndralea da dâptrteONat da
Nord> H. Le Glay a trouTâ, dans Isa papien de.Fdnelon, t» docomeot écrit de U main
de l'thM De» Anges, secrétaire iaiime de rarebeTêqae, r. l.-p.
iiGoogle
DITBtS M LA CONSTITUTION SOCIALE, W
sions, des types ' qui sont au milieu de DOtre société une cause
permanente de démoralisation. Ces funestes indÏTidualilés sont
également développé» en Angleterre et dans tout» les contrées,
où les ouvriers ne sont point défendus, contre les maux résul-
tant de l'exercice iaintelligent de leur libre arbitre, par le patro-
nage des propriétaires et des chefs d'industrie. Parasites de la
plus dangereuse espèce, ces individus vivent aux dépens des
ouvriers imprévoyants dont ils s'appliquent à exciter les vices et
les passions. Il est difficile de réprimer leur influence dans les
pays oh les institutions, n'ayant point prévu ce danger, visent à
donner aux transactions la plus grande somme de liberté.
De tous les symptômes de désoi^nisation sociale, le plus
affligeant peut-être est offert par les che6 d'industrie qui se coa-
lisent avec les petits marchands de la localité pour démoraliser
leurs ouvriers et pour reprendre, par une voie détournée, une
partie du salaire nominal. Tel est, en particulier, le cas des fabri-
cantsdu Staflbrdshire qui pratiquent le frucft jj/«ïem,c'est^-dire
qui obligent leurs ouvriers à prendre à compte sur le salaire,
dans des boutiques désignées, des objets de consommation dont
le prix est porté au-dessus des cours ordinaires du commerce.
Il ne parait pas que les ouvriers français aient èi souffrir de
semblables manœuvres ; mais, en revanche, ils sont exposés aux
embftches de diverses catégories d'usuriers. Parmi ces derniers,
les plus redoutables exploitent l'entraînement irréfléchi qui porte -
vers l'acquisilioa des propriétés immobilières l'ouvrier posses-
seur de quelques épargnes, et surtout ie petit propriétaire dési-
reux de s'arrondir. Excitant l'ouvrier à acquérir plus de terre
qu'il n'en peut actuellement payer, ils dissimulent habilement le
délit d'usure en ne réclamant qu'un intérêt modéré sur un prix
de vente bien supérieur à la valeur réelle de la parcelle vendue.
Dès qu'un pareil marché est conclu, le propriétaire est menacé
d'une mine certaine, car le profit annuel à tirer de son acquisi-
tion reste toujours inférieur à l'intérêt qu'il est obligé de swvir.
Après un délai que l'usurier peut tout d'abord calculer, l'impru-
dent propriétaire doit être dépossédé de ses nouvelles acquisi-
tions, souvent de son héritage. Les usuriers qui vendent à crédit
.yGoogle
411 CH, VIII. — MAlTBB'BLANCaiSSEUK DB Lk BANLIBUE DE FAHIS,
tes bestiaux exercent aussi de grands ravages citez les popula-
tions qui, D'ayant pas assez d'empire sur elles-mêmes pour
amasser la somme nécessaire à l'acquisition des animaux domes-
tiques, veulent cependant tirer parti des pâturages communaux.
I^e délit d'usure est encore exercé, avec une variété infinie de
combinaisons, par les marctiands d'objets de consommation
usuelle, qui placent les ouvriers dans leur dépendance en les
excitant h. contracter une dette qu'ils ne puissent facilement
acquitter, et qui se servent ensuite de l'ascendant acquis de cette
manière pour obliger la famille à accepter des livraisons de qua-
lité inférieure ou de mesure insuDisante. Enfin, les ouvriers des
petits hameaux et des habitations éparses, qui échappent aux
exactions des usuriers établis, sont exploités par des brocanteurs
ambulants qui joignent souvent à leurs opérations ostensibles un
commerce clandestin de l'ordre le plus dangereux : tel est le cas
des colporteurs qui font le commerce des objets volés, qui dis-
tribuent dans les campagnes des images et des objets obscènes,
ou des livres attaquant la société et la morale.
lîn France, la classe la plus pernicieuse pour la santé et les
mœurs des ouvriers est celle des cabaretiers, des logeurs et des
aubergistes de bas étage : elle exploite leur imprévoyance, leurs
passions et leurs vices, avec une fmesse et une habileté dont on
se fait dilTicilement une idée quand on n'a point eu occasion
d'observer leurs manoeuvra. Dans la nouvelle orgaaisation
sociale, le cabaretier prend devant les ouvriers imprévoyauls la
place qu'occupaient, sous l'ancien régime, les corporations, le
patron ou le prêtre. Toutes les secousses qui rompent quelque
tradition ancienne, dans une société imparEaitemeut préparée
pour un nouvel ordre de choses, n'ont guère d'autre résultat
matériel que d'accrottre subitementle nombre des cabarets. L'une
des causes les plus actives de cet envahissement est la suppres-
sion des habitudes qui assuraient aux ouvriers une honnête
diversion au travail. Les meilleurs ouvriers commencent à iré-
quenter le cabaret pour y prendre la distraction qu'ils ne trou-
vent plus chez le patron, dans les corporations ou dans l'église;
mais ce besoin légitime dégénère bientôt en intempérancet et la
:,yGoogle
i DB LA CO^fSTITUTION SOCIAU.
famille se trouve exposée à une cause permanente de désoi|[a-
Disation.
En Angleterre, en Norvège, aux États-Unis, où une extrême
liberté est laissée aux entreprises individuelles, ces mêmes désor-
dres se font sentir : l'influence du climat, et, à ce qu'il semble
aussi, une disposition particulière de la race, y ont même déve-
loppé encore plus qu'en France le nombre des cabarets. Mais,
par compensation, les chefs d'industrie y regardent, pour la
plupart, comme un devoir de conjurer le mat en donnant aux
ouvriers l'exemple des pratiques religieuses. En outre, et sans
réclamer d'autres auxiliaires que la force des mœurs privées, ils
ont combattu d'une manière encore plus directe l'influence des
cabaretiers par la création des sociétés de tempérance dont le
principe est indiqué précédemment (III, n, 1 e).
.yGoogle
CHAPITRE IX
CHARPENTIER (du devoir)
D'APt&S LIS IBHSBrONBHBRTS BBCOBILLIS SUB LBB LIBDX,
EK AVRIL BT MAI 1858,
Pak HM. A- POCILLON ET F. LE PLAY.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
D^PINIBBANT Ll GOKDITIOIf DIS DIVIRS MBMBBIS OB LA FAMILLB.
»Mat«iMa *u Uen, die ■'•^aHiw«*a ln«WBlrlelle
et dic la fMnllle.
SI-
ÉTKT DU SOL, DE lSnDUSTKIB ET DB Ll POPDLATION.
La Tamille habite, à Paris, une maison située sur un des
quais de ta rive droite de la Seioe (9°** arrondissement) . Cette
maison est composée de plusieurs corps de bâtiment à 5 étages ;
on y compte 6â locataires (familles entières ou célibataires).
L'ouvrier, qui s'est acquis une certaine réputation dans son art,
est attaché à un chantier de charpente pour les constructions.
En 18&5, il y avait, à Paris et dans la banlieue, 7,500 ouvriers
de cette profession ; mais, depuis cette époque, l'emploi du fer
et de la fonte, en restreignant incessamment l'emploi du bois,
B réduit ce nombre à 8,000 environ.
.yGoogle
OBSBBV&TIONB PRELIlIlKAIneB. 435
Ces Ouvriers fioot ainsi partagés : 500 compagnoos du
Devoir (ib), aax(]uels il faut ajouter 1,500 ouvriers mariés,
ancieDS membres de celte corporation; 600 compagnons de
Liberté, jeunes et anciens, membres de la société rivale de celle
du Devoir ; enSn, hOO charpentiers non compagnons, qui ne sont
liés que par une société de secours mulaels. En vertu de con-
trats intervenus à certaines époques entre les ouvriers coalisés (si)
et les patrons, le principe de l'invariabilité et de l'égalité des
salaires est depuis longtemps mis en pratique pour les compa-
gnons de ce corps d'étal; mais les chefs de chantier sont payés
d'après des conditions spéciales débattues avec le patron (s s) . La
plupart des maîtres charpentiers sont d'ailleurs d'anciens ouvriers
que tes souvenirs du compagnonnage unissent à ceux qu'ils
emploient. Bien que les rapports des deux classes soient fondés
en principe sur un régime d'engagements momentanés, le séjour
prolongé chez un même patron n'est pas im fait rare parmi les
charpentiers de Paris.
s s.
^TAT CIVIL DE L\ FAHILLB.
La famille comprend les deux époux et deux enrants, savoir ;
I. Ib» M", chef de famille, marié depuU 13 was, né à Troye* (Aalw}. 41 ta*.
9. Haiib R", «a femmo, née h h" (Ueurlhe) 4S —
3. Joseph H", lear fils, ni i Paris IS —
i. Mirie-Aagaïtine M", leur flile, Dée k Paria. T —
Quant aux parents des deux époux, le père de l'ouvrier,
charpentier comme lui, et ancien soldat, est seul survivant. Il
habite encore la ville de Troyes, avec une femme épousée en
secondes noces, et dont il a quatre enfants. Son travail et une
pension militaire soutiennent encore aujourd'hui sa nouvelle
famille. Marie-R" a perdu son père et sa mère ; die avait 3 frères
et 1 sœur, qui ont su se créer, par le travail, des ressources
honorables. Éloignés depuis vingt ans des lieux de naissance,
les deux époux ont peu de rapports avec leurs parents.
.yGoogle
Ca. IX. — GBABP£KT1BS [OU DBVO») PB FUIS.
S 3-
BEUGIOIf ET HABITUDES HORALES.
Les deux époux sout nés de pareuts catholiques. L'ourner
paratt u'avoir reçu qu'un enseiguement religieux insuffisant. La
perte prématurée de sa mère, les chaQgemeDts considérables sur-
venus à cette époque daus la Tte de son père, l'ont éloigné de sa
Tamille dès l'âge de ili ajns. Le compagoonnage est la seule
influence morale qui ait agi sur lui depuis cette époque. Il lui
doit une certaine distinction que l'on trouve rarement diez les
ouvriers isolés. Soumis, dès son début dans la profession, k une
surveillance sévère qui contrôlait sa conduite et en eût, au besoin,
réprimé les écarts, il s'est Tonné bientôt à des habitudes d'ordre
et à l'observation journalière d'une loi morale. L'ouvrir a encore
appris dans le compagnonnage à s'imposer une tenue décente. La
foi dans les traditions de la société, le respect pour la « Mère » (i s) ,
figurent aussi parmi les traits les plus remarquables de cette édu-
cation qui, pour lui, a suppléé jusqu'à un certain point à celle
de la religion. La Mère personnifie, pour les compagnons, l'as-
sociationqui a protégé leur jeunesse. Les sentiments que ce nom
excite chez eux, depuis une époque reculée, offrent un reflet de
ceux que le nom du roi, image vivante de la patrie, entretenait
autrerois chez les populations.
En matière religieuse, Touvrier est d'une indifférence com-
plète; et il n'observe lui-même aucune pratique du culte. Il se
plaît cependant à se rendre à la messe solennelle du jour de Sainte
Joseph, fête des charpentiers (i 9) . Doué d'un naturel tranquille,
il attache du prix à l'estime de ses camarades et de ses patrons,
et ambitionne surtout la réputation d'ouvrir honnête et habile.
R^ulier dans ses mœurs, il a cependant perdu, au contact de la
corruption d'une grande ville, l'énergie et la suceptibilité de cer-
tains sentiments moraux. II s'applaudit d'ailleurs des progrès que
lui semblent avoir feits depuis 25 ans ses camarades, en se corri-
geant des habitudes d'ivr^se et de débauche bruyante. Enfin,
.yGoogle
OBSERVATIONS
comme la plupart des ouvriers, celui-ci vit dans une complète
imprévoyance (s3); et, ainsi qu'il arrive souvent en pareil cas
chez les ouvriers parisiens, une générosité facile forme un trait
aimable de sod caractère. A une époque où ses moyens d'exis-
tence étaient compromis (18&8 à 1851), il adoucissait les derniers
jours de sa belle-mère en lui dissimulant, avec une courageuse
abnégation, les charges que la famille s'imposait pour elle.
Aujourd'hui, dans une situation plus heureuse, il écarte toute
préoccupation d'avenir, pour accroître, jusqu'à l'extrême limite
de ses ressources, le bien-être matériel de la communauté.
La femme a été élevée par sa mère dans les habitudes de
religion, et les a conservées pendant toute sa jeunesse. Intelli-
gente, active et résolue, elle paraît n'avoir jamais connu de pas-
sion qui l'ait dominée. Son travail opiniâtre lui a permis de
soulager, par des envois d'argent, sa mère dont elle connaissai
les chagrins domestiques (12), et de se ménager à elle-même
quelques épargnes. Sa' conduite semble avoir été exempte de ton
reproche ; mais on ne trouve guère en elle plus de délicatesse
morale que chez son mari. Ses croyances religieuses ont perdu
toute énergie; et leur inOuence ne se retrouve guère que dans les
sentiments qui maintiennent la régularité de sa conduite. Le
maigre du Vendredi-^aint est la seule pratique religieuse dont
elle ait maintenu l'observation dans la famille. Elle va assez
souvent à ta messe le dimanche ; et elle veut que ses enfants s'y
rendent habituellement. Elle leur interdit les mots grossiers, et
attache un grand prix à leur instruction. Moins soucieuse de leur
moralité, elle leur permet trop souvent de jouer seuls sur les
promenades publiques, sans s'inquiéter des chances de déprava-
tion dont la gravité lui a été déjà signalée à plusieurs reprises.
Respectueuse envers son mari, elle exerce utilement, et du con-
sentement tacite de celui-ci, une influence prépondérante dans la
famille. EUle reçoit immédiatement en dépdt le montant de la
paie mensuelle ; et c'est elle qui, chaque matin, donne à son
mari l'argent nécessaire pour les repas qu'il prend hors du ménage.
A elle seule, en un mot, conformément à la coutume qui
domioe chez les ouvriers fraocais, sont confié^ l'administration
.yGoogle
418 m. IX. — CHABPBNTI8R (DU DBVOIB) DB PÀBIS.
intérieure et la libre dispositioa des ressources de la famille.
L'instruction de l'ouvrier, prise surtout dans les écoles du
compagQonaage (is), est toute spéciale à sa profession. Elle
comprend la lecture, l'écrilure, le calcul, le dessin linéaire et
quelques éléments de géométrie descriptive. La femme sait k peu
près lire; mais elle ne peut tracer que quelques lettres. Les
enfants reçoivent aux écolee de la ville l'instruction primaire; et
le fils se prépare avec assez de soin à sa première commuoiOD.
La famille est entièrement étrangère aux préoccupations
politiques qui, depuis 18&8, existent chez d'autres corps d'état.
Satisfaite de son sort, elle n'a, ni haine, ni envie, pour ceux qui,
partis du même niveau social, se sont élevés à la condition dç
mattres (s).
s»-
HTGIÈNB ET SERTICE DE SANTâ.
L'ouvrier est de moyenne taille (l"" 68), et de force ordi-
naire. II annonce un tempérament sanguin sans plénitude; ses
cheveux sont châtains; le sommet de la tète est entièrement
dégarni. Les seules maladies de son enfance ont été : la petite
vérole, qui lui est survenue à 3 ans 1/2, et qui a laissé des
traces sur son visage; la rougeole et la fièvre scariatine. Mainte^
naDt il n'éprouve d'autre indisposition que des congestions pul-
monaires trte -communes chez les charpentiers, et dont Us
expriment assez bien la cause en les nommant des «ueurx ren-
trées. Chez lui, elles cèdent facilement à quelques soins de sa
femme. Il a reçu, dans l'exercice de sa profession, cinq blessures
graves, dont quatre intéressaient les membres supérieurs. Trai-
tées, tantôt par les médecins, tantôt par les empiriques nommés
rebouleurs, elles n'ont donné lieu à aucune suite fâcheuse.
La femme est également de taille moyenne (1° 62) ; son
aspect annonce la force, la bonne humeur et l'intelligence. Elle
a les cheveux châtains, le visage pâle; ses formes générales soat
.larges et carrées. Depuis l'âge de 16 ans, elle souffre habitoeller
.yGoogle
OBBBBTATtOK» nBLIllINAlHS. (Sb
ment d'accidents nerveux, qui out en grande partie le caractère
hystérique et que oui b'attement n'a pu modifier. Le mariage,
des couches nomhreuses n'ont pas eu plus d'inlluence, et même,
en 185i, après de fatigants efforts pour exercer le méti^ de
polisseuse, elle Tut atteinte d'une paralysie du bras droit qui ne se
dissipa que lentement. I^ accidents nerveux sont d'ailleurs
communs dans sa famille; un de ses frères est atteint d'un
famollissèment cérébral qui l'a privé de la raison ; sa sœur, morte
à 52 ans, était depuis 27 ans épileptique. L'examen détaillé des
faits semble indiquer qu'il faut attribuer ces grares altérations de
la sauté des enfants aux habitudes d'ivresse qui ont abrégé la vie
du père.
Mariée à 39 ans, Marie R** a eu, dans l'espacé de 8 années,
6 couches heureuses; quatre des enfants, élevés au bibéron,sont
morts d'afiectioDS intestinales avant l'âge de 18 mois. Le garçon,
qui est l'alné des sis, est fort et d'une bonne carnation; la Glle,
née de la h"* couche, est petite et chétive, mais sa santé est
habituellement bonue.
Les chaînes de la maladie sont supportées par la famille.
Pour épargner les ressources du ménage, la femme a fait quatre
couches à l'hôpital ; la première et la sixième eurent lieu chez
elle : l'une entre les inains d'un médecin, au prix de hO fr.;
l'autre par les soins d'une sage-femme, à qui l'on donna 9 fr.
La femme se croit expérimentée dans certaines pratiques de la
médecine usuelle, et traite elle-même les indispositions qui sur-
viennent dans la famille. ConSantê dans les idées hygiéniques
d'un praticien populaire, elle fait grand usage de l'eau sédative et
des préparations camphrées ; elle a même fait contracter à son
mari l'habitude d'inspirer de temps en temps des cigarettes au
camphre. Elle a eu recours elle-même au tabac à priser, |>our
combattre lés somnolences qui caractérisent ses accidents hysté-
riques. La plupart de ces pratiques d'hygiène, b^habîtuelles en
d'autres contrées, se retrouvent communément chez les femmes
d'ouvriers parisiens, qui s'attribuent volontiers dans la famille
les fonctions de médecin et se transmettent ainsi on certain
nombre de recettes traditionnelles^
.yGoogle
430 CB, IX. — cnAHpntniK (on betoik) db paiis.
Bi>G DE LA FAMILLE.
L'ouvrier, avant sun mariage, occupait dans son compa-
gnonnage un rang distingué; plusieurs Tois il en a reçu des
marques de confiance (i s), et il y a laissé une réputation hcHio-
rable. Il est un des anciens (i s) que viennent parfois consoller
les compagnons lorsqu'ils ont besoin d'être inrormés des vieux
usages de la Société. Estimé de ses camarades et de ses patrons,
il exerce dans le chantier les fonctions de chef ou gâcheur (s s) . En
cette qualité, il dirige les ouvriers et leur distribue l'ouvrage; il
fait la ville, c'est-à-dire qu'il est chargé des travaux exécutés au
dehors, au compte de son patron, chez divers propriétaires. Son
caractère et sa capacité l'ont mis au-dessus des habitudes d'en-
gagements momentanés. Il est du petit nombre de ceux que l'on
occupe encore aux époques de chômage. Depuis 5 ans il travaille
chez te même patron ; et il y est retenu par des liens mutuels
d'estime et d'affection. Le compagnonnage lui a donné une haute
opinion de son état, et il tient à s'y distinguer. Il a tenté de
s'élever par une entreprise h une position plus indépendante;
mais, ayant aperçu bientôt qu'il devait y échouer, il s'est résigné
à sa cooditioD, comprenant qu'il n'était pas fait pour en sortir.
Il a vu plusieurs de ses camarades devenir maîtres charpentiers;
et l'un d'eux est aujourd'hui son patron. Jean M** attribue leur
succès à quelques chances heureuses, sans se rendre bien compte
des vraies causes de leur supériorité. II a tenté momentanément de
les imiter; mais ses échecs n'ont laissé en lui, ni regrets, ni envie.
La famille n'a, ni les idées, ni les qualités nécessaires pour
s'élever au-dessus de sa position. Peu inquiète de l'avenir, elle
trouve dans son état actuel de bien-être la situation ta plus heu-
reuse qu'elle puisse espérer. En résumé, une cause principale
retient le chef de famille dans la condition inférieure qu'il accepte
de bonne grâce : une tendance innée à l'imprévoyance, déve-
loppée par l'éducation urbaine du compagooDoage.
.yGoogle
<»SnTA.TI0K8 PKELniNjlISBS.
S 6.
PROPRIÉTÉS.
(HoblUsF Bt TMemenu non comprii.)
ImiEOBLBS 0' 00
La Tamille n'a aucune propriété immobilière et ne songe mâme
pas à la possibilité d'un acquérir jamais.
Argent 208' 88
Somme dépotée à ta cuue fdpargna et provenant d'an legs fait k la remifle par
MaŒiir(33),40'M; — rente snnnelle de S'OO en fonda rraii;ais(4 1/3 p.lOO),)jgute
k la femme par aa saur (éraluée an conn de M' 00], 168' 88.
Matéhjbl sPiÉciAL des travaux et industries. ... 12' 15
1° duttff d» charpentiar. ■— \ Jaug», ou règle, de O" 35 sur 0°K)3, urrant t ira-
cer les mortiiaes et 1m tenons, O'SO; — 1 BaitutU, ou iasirument propro i, eniailler
IcH mortaises, et, en même temps, à algalser les scies, 3' M ; — 1 compu eo fer,
Or7S; — 1 cordeaa de coton inr un viralet en bois,l'âO; — 1 Dinanll plomb, IV 50;
— 1 rftclolr pour les eacalien, 0' 75; — blanc d'Espagne ponr blaocbir le cordeau et
tracer les ligues, 0' 00. — Toul, V 30.
Ce matériel est celui que les ouvriers charpentiers sont tenus
de fournir dans les villes du Tour de France (is); dans d'autres
pays, comme en Normandie, ils doivent posséder, en outre, des
outils plus coûteux, tels que bâches et besaïgu^. Cette coutume
éloigne les compagnons des contrées où elle est en vigueur.
3' llatirûl pour U blanehitiage da vétrmenU et du iMgé. — 1 baquet, i battoir
en boii, 1 brosse de chiendent, S fers t, repasser ayec 1 gril pour les cliauffcr aa
charbon de bols, 4' 85.
Valeur totale des propriétés 221' 03
8 7.
Les seules subventions dont jouisse la famille consistent en
allocations d'objets ou de services. Le patron abandonne à l'ou-
.yGoogle
43t CM. IX. — -caAkPBNTisi (do bbvo») j>s paris.
Trier, pour les besoins de son inéoage, tous les morceaux de
bois mesurant moins de 0" 3â de longueur et provenaiit de la
coupe des pièces de charpente exécutée hoi% du ctiantier. L'ou-
vrier a ainsi à sa disposition tout le combustible nécessaire au
chauiïage domestique ; il n'est donc pas intéressé à aller sous ce
rapport jusqu'à l'abus; il pense d'ailleurs que ce serait manquer
à ses devoirs envers le patron. Il consomme aiosi chaque année
1,500 kilogrammes de sapin et de chêne, qu'il rapporte chez
lui par charges de 50 kîlog. Celle subvention est un des privi-
lèges de la position élevée qu'il occupe dans son chantier (s);
le surplus de ces déchets est partagé entre les autres ouvriers ; il
doit en outre chaque année à la libéralité du patron k sacs de
copeaux de charpente, pesant kS kîlog. Cette subvention concer-
nant* le chauflage, si importante pour le bien-être de la famille,
n'est pas la conséquence d'un usage établi; c'est un fait particu-
lier dont il est d'autant plus utile de constater la bienraisanle
influence. L'ouvrier reçoit encore de son patron les mvceaux
de bois et les clous nécessaires pour l'entretien des meubles du
ménage. La dépense annuelle que cette nouvelle subvention
épargne à la famille peut être évaluée à 1' 50; mais le patron
ne la limite pas, et s'en rapporte à la discrétion de l'ouvrier.
La femme doit à ses occupations antérieures des subventions
d'une autre nature. Elle a autrefois (de 1S&8 à 1852) vendu, à
la halle, des légumes et des fruits ; et, en souvenir d^ relations
contractées h cette époque, elle obtient, des marchandes, certaines
réductions sur le prix des principale denrées alimentaires, et
même quelques dons de menus objets. La recette ajoutée ainsi,
dans le cours d'une année, aux ressources de la famille a pu être
évaluée à S5' 29. Les ouvriers demeurant à Paris pi^ des
halles reçoivent assez souvent des subventions de ce genre, en
échange de menus services rendus aux marchandes. Il faut encore
considérer comme une subveotico l'instruction gratuite donnée
aux deux enfants dans les écoles publiques. Pour leur procurer
la même instruction, la famille aurait à supporter, en recourant
aux écoles j}rivées pendant les onze mois consacrés aux études,
ime dépense mensuelle de 6' pour le gargoneideâ' pourla&ile.
.yGoogle
OUIITATIONS PlBLIIIlIIAIRKa. 433
S 8-
TBATàOX ET INDOSTAIBS.
Trataox de l'ouvrieb. — Tout le travail de l'ouvrier est
exécuté au compte d'uu patron, hors du chautier et à la jour-
née. Il a pour objet la conrectioa et la pose des pièces de char-
pente employées dans les constructions, telles que pans de bois, .
planchers, échafaudages, combles et mansardes. Ces deux der-
niers genres de travaux préseuteut souvent de grandes diffi-
cultés, et les coupes variées qu'on y rencontre sont d'abord
tracées géométriquement par les charpentiers, afin d'être exé-
cutées avec prédsion. Eq outre, l'ouvrier exerce partout où il
travaille, les fooctioDs de gâcheur de levage (s 3) . Il surveille tes
travaux ; il prend les iustrueiions de l'architecte ou de l'entre-
preneur du bâtiment; enfin il distribue l'ouvrage aux compa-
gnons et tient le compte de leurs journées f93}.Depuisl8/i5(si},
l'heure de travail est rétribuée à raison de 0' 50. En été,
du 1" mars au 1" décembre, les journées sont de 10 heures de
travail efieclif; pendant les mois de décembre, de janvier et de
février, les journées de travail deviennent rares et ne com-
prennent que 8 heures, vu la brièveté des jours. Cette organi-
sation du salaire s'applique uniformément à tous tes ouvriers
charpentiers de Paris. Outre le chômage d'hiver, il faut habituel-
lement en compter un, d'une quinzaine de jours, à la 6n de
juillet. Souvent, après le temps ordinaire de la journée, l'ou-
vrier fournit h son patron des heures supplémentaires de travail ;
celles-ci, lorsqu'elles sont au moins au nombre de deux le même
jour, sont payées à raison de 0' 75. Bnûn, les fonctions de
gâcheur de levage lui valent de temps en temps des suppléments
de salaire fixés de gré & gré avec le patron. On peut considérer
comme des travaux secondaires de l'ouvrier le transport du bois
de chauiïage accordé par le patron, et les réparations faites, de
loin en loin, aux objets en bois qui font partie du mobilier
' domestique.
Tbavaux de la fkaiue. — La femme consacre tout son
.y Google
- CHASPENTIBI fon DEVO») DE PAIII9.
temps aux soins du ménage. Après des teDiatives infructueuses
qu'elle a faites pour se créer une profession lucrative, elle a dû
se dévouer presque exclusivement aux travaux qui concernent
la famille. Elle confectionne pour son mari les chemises, les
gilets de flanelle et les vêtements de travail. Elle arrange, avec
les vieux habits du père, des vêtements pour le fils. Elle confec-
tionne aussi ses propres vêtements et en tire parti, lorsqu'ils
' sont vieux, pour habiller sa 811e. Elle emploie une autre partie
de son temps à l'achat et à la cuisson des aliments, à la tenue
du ménage, aux soins qu'exigent les enfants, au blanchissage du
linge et des vêtements de la famille. Ënân, les heures que lais-
sent libres ces occupations sont consacrées par elle à des travaux
de couture pour diverses personnes.
Tbat&dx DBS BNFAHTS. — Les enfanis n'exécutent aucun
travail lucratif. Le fils suit l'enseignement de l'école primaire
communale. La fille, qui suit également l'école des filles, aide
parfois sa mère dans quelque travail d'aiguille à la portée de
son âge.
Inoostbies entreprises pab Là famille. — L'ouvrier a pour
industrie la surveillance exercée au compte du patron sur les
travaux exécutés hors du chantier. La femme a pour principale
industrie le blanchissage des vêtements et du linge. En outre,
son expérience de la vente deg denrées alimentaires lui permet
d'en effectuer l'achat par des moyens économiques, constituant
une véritable industrie qui contribue essentiellement au bien-être
de la famille.
m*ém d*«slsteiMe de lu UmMle.
S».
ALIUENTS ET REPAS.
La famille fait en toute saison 3 repas par jour; mais l'on-
vrier ne peut prendre part qu'à celui du soir. Il fait les 2 autres
repas chez un cabaretier, près du lieu de son travail. Cette
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OBSERVATIONS PHÉLIHlKAIRBd. 4S5
nécessité lui est oaéreusé et occasionne une dépense annuelle de
&00', non compris an demi-kiiogrammedepainempoilé chaque
jour delà maison. On peut évaluer œtle dépense au double de
celle qui a lieu dans les circonstances rares où l'ouvrier peut
venir prendre tous ses repas chez lut. L'ouvrier quitte donc sa
famille à 5 h. 1/2 du matin en été, à 6 h. d/â en hiver. A
8 heures, la mère et les eofaDts font un déjeuner composé de
soupe ou de café au lait, avec du pain. Quelquefois, pour régaler
les enranls, la mère de Tamille prépare du chocolat au lait. Après
le déjeuner, le fils et ta fille vont chacun h son école, emportant
ordinairement pour le goûter une tartine de fromage ou quelque
reste du dtner de la veille. Si la mère n'a rien à leur donner en
nature, elle remet à chacun 0' 05 pour acheter, chez le portier
de l'école, une petite ration de légumes cuits, ou de fruits, qu'ils
appellent une gamelle. Cette dépense s'élève par an à &'. La
mère prend elle-même à 3 heures, pour son goûter, un peu de
pain, accompagné, en hiver de froioage, en été de quelques
fruits.
Vers 6 h. 1/3 du soir l'ouvrier rentre, et la famille se réunit
pour souper. C'est là, sous tous les rapports, le meilleur repas
de la journée. Il comprend : une soupe au pain, un plat de
viande, un plat de légumes ou une salade. Ou le complète par-
fois avec un dessert de fromage ou de pruneaux cuits. Deux fois
par semaine environ, la famille met le pot-au-feu, qui fournit
la soupe grasse et le bœuf bouilli. Les soupes maigres sont ordi-
nairement faites avec l'eau de cuisson des légumes, ou avec des
oignons cuits; cette dernière soupe est fort en usage parmi les
ouvriers parisiens. Le plat de viande est assez varié. Guidée
surtout dans ses achats par les occasions de bon marché, la
femme, outre le bœuf bouilli, sert : tantôt da foie de bœuf;
tantôt du gras-double, ou estomac de bœuf roulé en paquet et
coupé par tranches ; tantôt du mouton ou du veau. Les langues
de mouton en ragoût, le mou de veau, le pied de veau accom-
modé à l'huile et au vinaigre, après avoir été cuit dans le pot-
au-feu, sont aussi des mets fort recherchés par la famille. En
hiver, on substitue parfois àces viandes un morceau de porc salé.
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SS61 CH. U. — . CBARPBM1ER (DD DBVOlk) DE PUIS.
iépoisson, lorsquâ'le prix en est modéré, figure aussi sur la
table pour le souper. Deux fois par an environ^ ta famille mange
uâe oïe, dont la graisseest mise en réserve pour faire la ciùslae.
Ce r^l ne se lié pas, comme il arrive souvent ailleurs, à une
solennitë anDuelle : le bon .marché en est la condition première.
JJes. graisses employée pour faire la cuisine sont : le beurre, en
été; la graisse de pbrc ou saindoux, en hiver. A la viande de
qualité inférieure, on ajoute, pour en relever le goût, de la chair
à saucisses, ou viande de porc hachée menu. Les légumes con-
sommés par la famille varient avec les saisons ; les pommes de
terre et les farineux secs ou verts, tels que les haricots, y occu-
pent une place importante. La diversité des salades est un des
Paractèrfê reinarquables de cette alimentation ; les ressources du
cliioat-parisieD permettent aux ménages d'ouvriers d'en man-
ger toute l'année (st). Le fromage est principalement consommé
par les enfants; pour le goûter qu'ils font à l'école, la mère prê-
tre une conserve ainsi composée : elle fait fondre 0^ liOO de
fromage de Marolles, et 0'' 060 de beurre dans 0'' SZk de lait
crémeux ; celte conserve dure environ un ■ mois, et se prépare
3 fois par hiver. Le vin est la boisson habituelle de la famille;
mais, en ce moment, son prix élevé en a fait abandonner l'usage
dans les ménages d'ouvriers. La femme y supplée en préparant
elle-même, avec des raisins secs, de l'eau et du genièvre, une
liqueur à laquelle On donne assez improprement le nom de
cidre (le, f). Le mari consomme hors de chez lui, en faisant
'ses deux repas, 0* 75 dé vin: il croit cette boisson indispensable
à Tentretien de ses forces. On ne boit d'eau-de^ie dans la
famille qu'à' de très-rares occasions : par exempte, lorsqu'on
reçoit à dtoer des parents ou des amis.
S 10.
"; HABITATION j HOBIUBR ET VÊTEMENTS.
La famille occupe, au S* étage, -deux pièces, dont une seule
.iirei'eirel la lumière d'une fenêtre et d'une lucanie ovale. La
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, . .OB3Ba.VATtONS .pr4'->minaikbs.„ 437
pièce (Teatrée n'est éclairée et- aérée qu'indirectement. La sur-
face totale de ce petit logement est de 31 mètrea quarrés, savoir :
chambre à coucher, avec cheminée, feoéUv et lucarne, IS*^;
pièce d'entrée avec poêle, Q"*. La hauteur de la pièce est de
S'OS. A ce logement est annexé un petit grenier sous combles,
où l'on ne peut se tenir dehout, et qui sert à placer le linge sale
et quelques objets. Le père et la mère couchent dans la chambre
prÎDCipale ; les deux enfants couchent, chacun séparément, dans
la chambre d'entrée.
La maison est médiocremeùt tenue; mais le logement lui-
m^me est aussi propre que le permettent l'exiguïté de l'espace et
la nécessité de cuire les aliments à la cheminée de la chambre à
coucher, ou au poêle de la pièce d'entrée. Sauf ses dimensions
trop resserrées, ce logement est sain. Exposé au sud-ouest, il
reçoit le soleil et domine un des espaces les mieux aérés, de
Paris. La famille paie, par trimestres, un loyer annuel de 180';
la portière qui, en l'absence du propriétaire, exerce l'autorité
dans la maison, y ajoute, il titre d'étrennes ou d'amendes pour
rentrées tardives, un supplément de 3' par an (ss).
he mobilier est exempt de ces recherches de luxe qui mar-
quent une tendance vers la vie bourgeoise. On en peut fixer la
valeur ainsi qu'il suit :
Meubles ; simples, mais tenus avec propreté. . . . 868' 70
1° Lits. — 1 bois de Ht en nojer atee ungle, 75' 00;— Smatelaide ttlne.OS'OO;
— 3 matelas de plame commune, flO'OO; — 1 trstanlii de ^uuw eommana. S' 00:
— 3 oreiller», 10' 00; — 1 édredoa comman, 17' 00; — 1 couverture de molleton de
laine, 15' 00;— 1 paire de rideaux de lit etl eonvre-piedi en calicot blanc, 23' 00-, —
1 Ht de sangle (pour le flis), 5' 00 ; — 1 matelsa de plnme commone et 1 matalai de
laine, 10' 00; —3 canTertoree, 34' 00; — 1 orelUer, S'OO; — 1 petit boU de lit en
merltier (pour la Bile), lO^OO; — 1 pallluse, 4' 50; — 1 couTre-pied, S'OO; — 1 oraU-
ler, 4' 50; — 1 traTertin. 4'00; —1 couTertare grise, S'OO; — 3c(nirtea>poIatBB de
laine, 3' 00; - S peUta rtdeaut de caUeot, 5'40. — 'n)tal,4a7'4D:
3* Mmtlu ie (a ehombr* à oouehir, — i annoira en noyer, arec porte à deox
Tantaai, OS'OO; — 1 t^le da pait ea aojer, 30' 00; — 1 commode en norer, 50(00;
— 1 tabla à manger arec toile drée, 33' 00; — 6 chafaea en boit da noyer prniea.de
paille, 3^ 00;— I glace del mètre sur 0- 80, BS'OO; — 1 glace da 0- 70 anr 0°> 50,
45' 00; — 1 pendnla en boia icnlpté aoni nn cylindre de Terre, 00*00; —1 corbeille
de fleura, ions verre, 4140; —1 cadre contenant une image coloria, 0*35; — 1 aU-
tnette de la Saints Vtsrge,0'eOi — 1 cage pour roiaoau, avec ses uUeDillea, S'OO. —
Toul, 384'35.
.yGoogle
438 CD. IX. — CHIRPSHTIER (dU DEVOIB) DB FAB».
3* Utubiuitla pièù» tTuont. — i taUa de culilae, S'OOi — 1 poAle da cni'
■ine «a fonte, av«c tOTaux, SS'ID; — 3 tabletlos poiéei pu l'onTrier, 3' 75. — To-
tal, 38^05.
4* Livrta. — i ItTrea if égliw (p&roiuient), I Imitation» de Jéau-Christ, Combat
■piritQCl, InBtruction cbrétienne, cantiques de 6«nt-Suipice, calâchiime, exercice fpt-
ritael, mémoriil dei Vleiges cbrétienae«, Ange condocteur, l'Ame élevée yen Dieu,
dlctionoaire rrançai* de CatiDcaa, livre dei Codes, lu règles do ii bicniéanca par Ijt
Salle. S livre* de cuidne, nooTelIe géographie de Ardent, hiiuire de la Révolution de
FéYTier par Alfred Delveau, architecture pratique de Bullet, SI livralioos de l'Histoire
de Fntoce d'AnqaetU, papier i écrira, plumes, cocrler, 20' 00.
Li>GB dbh^age: suffisatDteteDtreteDuarecsoio. 19&'20
13 draps de lit en cbanvro, ISOrOOi — 3 drape d'enranl, 6' 30; — 7 aervietles àe.
table, 31' 00i — 3rideaai de feDétre, 4'TO; — 1 nappe, 4'M; —(0 serviettes do toi-
latlo, S'OOi — 8 torchoDi, 3'!0.
UsTKNSiLES : comprenant les articles de cuisine et de table
nécessaires pour reœvoir deux amis 69' 65
!■> Dépendant d» la cktminMet dapoél». — 1 pelle k fea, 1 trépied en fer, 3 paires
de piocetles, S^OO.
3° Emplûf/is pour ta préparation du alimtnts. — S poélous en terre, 3 plats en
lemou on faïence, 1 ânarmite an terre, 1 soupière en faïence, 4 tasses i café cii
faleace, S'IOi — 15 crticbons et bouteilles pour contenir la bolason domesliqne,
10 verres h boire, 7' 00; — 3 vases en fonte pour lacoisine, 1 casserole en fer battu,
36 assiettes en terre de pipe, cuillers, fourclietles et couteaux, 17' 35 ; — 1 faurneait
de cDiiine, 3' 09; — 1 fontaine avec un aeau en line, 1 terrine en poterie, 1 cruche en
tBTM, n'flOi — 1 cafetière avec filtre, l'Wi — 1 pasaolre etl écnmoire, S'50. —
Total, SI' K.
3° Empiovétfoar Ut loim d» propnU. — 1 miroir A barbe, O'SS; — I paii-ede
rucir*. S' OOi — 1 pot4-l'e»n et 1 cuvette, 1' 10. - Total, 3' 45.
4f Emplojfit pouruiaçtt divtn. — I lampoA tringle, 4' 00; — 1 paire de mou-
diettei, VSOt — i chandollera de cuivre, 4' 00; — I tliermomttrc A alcool, D' 75. —
Total, » tS.
VËTBHENT8 : les deux époux aiment à porter, même les jours
de travail, des vêtements convenables 737' 45
^ Vtmtwn DK L'oimiEa : lemblablet A ceux de la petits bonigeoisle (167' 35),
1" VUammti du dimanchf. — 1 surtout (paletot) d'hiver en drap noir, 30f 00 ; —
1 habit bleu, que l'ouvrier met rarement, et qui date de 14 808,30*00; — 1 fjlei de
cachemire, 14' 00 1 r- 1 pantalon de drap de couleur fbocde, ll'OO; — I chapeau noir
de soie. S* 00; —1 cravate de satin noir, 3'!S, —Total, SyîS.
3° VétmtnU d$ tranail. — 1 paletot de dr^ bleu, acheté d'occasion, 6' 00; —
1 gilet de cachemire. S' 00; — 1 gilet d'Iii ver eu drap et A maocbes, S' 30; — 3 paii'
talons d'été, niéa, l'OO;— 3 pantalonsen grosse toile, 41 50; — 3 bourgerons (blousée
eourte«)en toile, 3' 75; — 7 diemisei entoile de chanvre, ÎS'OO; — 4 chemises en
coton, 7'00; — 3 gilets de flanelle, 3' 00; — 3 cravates de coton, O'tii — 1 cravate
longue en mérinos, pour l'hiver, l'gO; — I caleçon de tricot d« coton, pour rhlver,
0<7S; — SpalreadebaadecotOR, 3' 30; — 4 paires d«baade talnr, 3'60; — Spaires
de bottes, 14' OOt — 1 coaqneUe, l'SS, — Total, 83'10.
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OBSBIVATIons PKKLIMIXAIK&S. i39
Ttnmna m u nma : coitame popalkiro aiec le bonoet (50S' 70).
t' Vitfmtnli du dmonehc. — 1 robe noire en l*Iae, !0' 00; — 1 robe on Uioei
de cooleur Toncée, scbetée d'occtiion, 8',00; — 1 robe de aole notre, qu'elle met ran-
DMDt (c'est larobadM nocea), 40' 00; — 1 ch&le, iSfOU; — 1 tablier de lûoe noiret
i'tSi — S Jupons bUno.S'OO; — 3 Japon* blanci reçus en hËilMgedela«œDr, 6'00;
— 1 pelre de bottiaee, 4' 00; — 1 bonnet en tulle noir *vec une petite dentelle noir
«t de» rùbeni bleus, 3' 50. — Totd, 135' ÎS.
S* VOanttntt it travail. ~~ 1 robe i curetut de contear snr Tond blanc, en Islne
dite flanelle, S'OO; — 4 robea de laine, reçues en hjrilage de la sœar, 3' 00; —
I robe en coton imprimt, penr l'M, S'OOi — 2 nbei en colon Imprlmi, reçues en
héritata delà sceur, 5'00| — 3 chllas, SS'OO; — 3 tabliers de cotonnade bmne, reçus
en héritage, !'50; — «Juponsconlëctlounis aiec de Ti«ill«a robea, ll'OO;— 3 Jupons
de tricot de coton, 3' 50; — S gltatt de trkot de coton, l'OO; — 1 gilet de tricot de
laine, reça en héritage, l'75;— 1 ewiet, praujaB os£, 0*501 — 4 Tleillea cbemisea
do toile, 3' 50 ; — 6 chemiteB de toile, leçuet en bËritage de la mère, il ; a cinq ans,
g<00; — 47 cbemiietde toile, remues en héritage delà cœur (déduction hlte de 40' 00
pour 40 chemlMS actoollement engagéee ta HonMe-Plété), 40'00; — 3 paiiei de bai
de laine, pour Tbiver, 1' 50; — S pairaa de bas de coton, pour l'été, l'OO; — 1 paire
de souJieie en cuir. S' 00; — 1 paire de aabota, 0*30; — 1 p^re de groa chanaaona
do laine, portAs dans tea aaboLa, l'OO; — 1 honeeta dn matin en percale blanche,
0*25; — 7 mouchoirs de cou en coton (calicot), l' OS; —S moncholrt do coq en coton
(calicot), reçus en héritage, 0' 75; — 1 moacboir de coa, en soie, 1' 00; — 1 tIoui
moncboirde cou, en soie, 0'35.— l'otal, 154'4S.
3* Bi)<»a. — \ paire de boucles d'oreillee en or émallléi S' 50 ; — 1 broche en or
avec Terrotaries, trouvée dans la me, 1' 50; — 1 montre en argent et 1 chaîna en or,
achetées avec l'argent reca en héritage de la ecenr, iWCa, ~- Total, SU' 00.
Vtruams bu dioi «ifants : lia sont tenu arec propreté (03' 40).
1° VéUmnlt du garçon. — 4 pantalons, 3' 15) — 4blonaeB,B'00i — 5 chemise!,
S'IOi — 1 caleçon, 0' 50; — 3 paires de baa,0'45) ~ 3 crarale* d'été, 0'30; — Icol
de aatln noir, donné par la marraine, 0' 75; — 1 csaquctte, 1' 10 ; — 1 paire de son*
lier», 3'30. — Total, 10' S5.
%•> YittmtTOi de la Mla. — 5 henneU, 0« 05; — t robe de laine donnée par
man^ne, 3' 00; — 3 autres robes de laine ou de toile, 1' 10; — 4 tabliers dlndlenne,
l'SO; — 5 paires de bas, 1' 30; — 4 chemises de telle, l'OO; —3 caleçons de trteet
de colon, l'80; — 7 japons, l'SO; — 8 paires de bottines, 6' 10; — 9 châles, reçna
en héritage de la tante, 35' 00; — 1 aurtout de corsage (comeo) en laine" noire, 0' 60.
— Total, 44' 15.
VALBoa TOTALE du iDobilieret des vâtements. . . 1,870' 00
SU.
Les dépenses qu'ils foot pour le bieo-étre quotidien ioter-
diseut tout plaisir coûteux. La famille va au spectacle une fois
par au seulement, pour amuser les enfants. Elje préfère Iqs
théâtres du Cirque, des FuDambules ou des Délasseiueuts.O}-
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440 eu. IX. — CIIABPBNTIEI (bU DBVOIH] DE PAKIS.
iniques. Deux fois depuis 13 aus, l'ouvrier a coadoit sa femme
au bal des compagnons (le). La dépense Taite en celte occa-
sion s'élève à 10'. Par opposition avec l'usage établi dans la
majeure partie de l'Europe, la famille ne fête pendant l'année
aucune solennité. Le mari n'interrompt son travail que lé pre-
mier dimanche du mois, lendemain de la' paie, et jour habituel
de chômage daos les chantiers. La femme ne travaille pas le
dimanche ; elle va à la messe, ou tout au moins y envoie ses
enfanls. Le reste du (emps, elle recherche particulièrement les
causeries avec ses voisines. Les dimanches de paie, la famille
sort avec les vêtements neufs, et se rend aux Champs-Elysées, à
la Villette ou à quelque autre promenade voisine des barrières.
Elle y fait parfois quelques menues dépenses pour les enfants.
La famille a aussi ses relations d'affection dans la société d'un
cousin, ouvrier maçon, chef de famille. Quatre fois par an envi-
ron, les deux familles se réunissent à un dîner habituellement
composé du pot-au-feti (e) , d'un ragoût de mouton ou de veau,
d'une salade, de quelques fruits, d'une petite tasse de café à
l'eau, avec un pe^t verre d'eau-de-vie pour chaque convive.
Aux heures qu'il passe chez lui, l'hiver particulièrement, l'ou-
vrier s'occupe volontiers d'un oiseau {Fringilla canaria, Lalh.)
qui lui a été donné et que la femme nourrit et entretient avec
soin dans une cage élégante. 11 consulte aussi avec intérêt un
thermomètre à alcool fixé dans l'embrasure de sa fenêlre.
Au milieu de ses habitudes de travail, l'ouvrier est assez
fréquemment exposé à des causes de distraction, qui provoquent
toujours quelque dépense chez le marchand de vin : c'est ce qui
arrive surtout le jour de la paie; Chaque fois qu'une construc-
tion est terminée, le propriétaire donne aux ouvriers qui y ont
pris part une somme, nommée pourboire, qui doit être parta-
gée entre eux. Souvent ils la dépensent ensemble dans un repas
où l'on boit assez copieusement : l'ouvrier aime à se rappeler la
joyeuse surexcitation de celle ivresse qui n'excède pas cepen-
dant certaine bornes. Les charpentiers, même les plus rangés,
considèrent ces réunions comme indispensables au maintien des
bonnes relalions qui doivent exister dans les ateliers.
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OBSEBVATIONS PRÉLIIIINAIIIBS.
ntalvlre d« ■• fnmUle.
§12.
FDiSES PRINCIPALES DE L'bXISTENCB.
L'ouvrier est né à Troyes (Aube) en J8I5; son père, son
grand-père et ses oncles paternels étaient charpentiers. En 1825,
il perditsa mère et resta, avec son père, au pays natal. En 1827,
le jeune botnme commença, sous la direction de son père, l'ap-
prentissage du métier. Quelques mois après, il gagnait déj^ 0' 75
par jour. A. la Saint-Joseph de l'année 1828, il entra chez un
maître charpentier de Troyes, où il resta plusieurs années avec
un salaire journalier de 1'. Exempté par une heureuse circon-
stance du service militaire, il vint à Paris en 1836, dans le désir
de compléter son instruction proressionnelle. Il entra aussitôt eu
relation avec des compagnons du devoir, qui travaillaient dans
le même chantier, et, par leurs soins, i) fut reçu aspirant ou
renard. En 1838, conformémeot à l'usage adopté par les jeunes
ouvriers de sa profession, il commença son a tour de France »,
et se rendit à Auxerre (Yonne), où la société des compagnons
lui procura immédialement de l'ouvrage. A la Saint-Pierre de
l'année suivante, il y fut reçu compagnon; pois il commença à
diriger des travaux, en recevant comme salaire journalier : à la
ville, â'; à la campagne, 1' 50, non compris le coucher et la
nourriture donnés par le patron. Quelques démêlés violents avec
les compagnons de liberté (is) le forcèrent à quitter Auxerre,
et il se rendait à Lyon, lorsque sur la route il fut attaqué par des
compagnons d'autres coi^ d'état, appartenant à des sociétés
rivales. Après une lutte sanglante, il lui fallut changer de direc-
tion pour échapper aux poursuites de l'autorité ; et il revint à
Paris où, avec l'assistance du compagnonnage, il put immédia-
tement se procurer du travaiL Sédentaire depuis celte époque, il
n'a travaillé, en 15 années, que chez S patrons. En 18/l1, il eut
l'honneur d'être désigné pour procéder, axec deux autres com-
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'441 es- IX. — CIIARPENTIBR [OD DBTOIB) DB PARI*.
missaires, au remplacemeDt et à l'iDstallation de la Mère des
compagnons charpentiers. En 1843, il se maria, et, coDformé-
ment aux usages alors en vigueur dans la société, il cessa de
faire partie de son compagnonnage; mais il coDServa avec 1^
membres actuels de bonnes relations. La grève de 1845 (îi)
éleva de 0' 10 le prix de l'heure de travail; il en profita, sans
avoir joué aucun rôle dans la lutte. Depuis lors, l'uniformité de
sa vie n'a été ioterrompue que par la détresse qui suivit la révo-
lution de février 18/J8. Dénué de ressources, privé de travail, il
entra aux ateliers nationaux; ensuite il se résigna, non sans
une profonde humiliation, à vendre dans les rues des journaux,
puis des fruits et des légumes. Sa femme, qui soutenait énergi-
quement cette épreuve, s'était établie marchande à la halle, quoi-
qu'elle commençât sa k" grossesse: tous leurs elTorts abouti-
rent à gagner à peine 1,000' dans l'année. Peu à peu, le travail
reprit, et l'ouvrier put revenir à son métier; mais dans cette
crise avaient disparu, pour n'être jamais remplacés, les derniers
restes des économies que la femme avait apportéesen se mariant.
Marie R** est née en 1814 à L** (Meurthe), d'un maréchal-
ferrant chargé d'enfants, bon ouvrier, mais adonné à l'ivro-
gnerie (i). Jusqu'à 32 ans, elle resta près de ses parents et con-
sola, par son aiïectioa et son énergie, sa mère, souvent victime
des brutalités du père de famille en état d'ivresse. Elle profila
peu du temps qu'elle passa à l'école ; mais elle devint, ainsi que
sa sœur, une bonne ouvrière en coulure. En 1836, elle voulut
entrer en service pour amasser quelques épargnes; elle fut suc-
cessivement placée à E** (Meuse), à Paris et dans la banlieue.
Partout elle montra la même ardeur au travail. Tout en envoyant
. à sa mère une partie de son gain, elle réunit en 7 années un petit
trousseau et des épargnes qui, à l'époque de son mariage, s'éle-
vaient à 900'. C'est aussi pendant ces années de service dans d^
maisons bourgeoises qu'elle acquit les habitudes de bonne admi-
nistration domestique auxquelles il faut attribuer en partie le
bien-être matériel dont jouit la famille. Apr^ son mariage, elle
tenta vainement de se créer une profession lucrative. (Aligée par
sa santé, en 1853, de renoncer à vendre à la halle, elle ne put
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OBBBBVATIONS PKÏLlltlNAIHES. 443
davantage supports le métier de polissease en métaux, qui ne
lui rapportait d'ailleurs que 6' par semaine. Elle dut donc se
boi-ner à ses travaux actuels (s) , qui concernent son ménage et y
exercent une ioflueuce Tort utile.
s «•
UCEDBS ET INSTITUTIONS ASSURANT LE BIEN-ÊTRE PnYSlQiDE
ET MORAL DE LA FAMILLE.
Avant le mariage, l'ouvrier a trouvé, dans l'antique institu-
tion du compagnonnage (is), non^seulemenl dos secours en cas
de maladie, mais encore des moyens d'instruction, une direction
morale et une protection efficace contre les dangers qu'enlratne,
pour un jeune homme inexpérimenté, le séjour à Paris (it).
Privé par' son mariage des avantages de cette corporation,
étranger aux préoccupations qui portent les individus plus pré-
voyants à se créer des ressources par l'épargne, ou du moins à
s'affilier aux sociétés de secours mutuels, l'ouvrier n'a plus trouvé
dès lors, dans nos institutions actuelles, aucun moyen de con-
jurer les chances fâcheuses de la vie humaine. Les deux époux
comprennent cependant qu'en cas de revers ou de maladie, i)s
n'auraient d'autre ressource que la bienfaisance publique ou la
charité privée. Mais, malgré les meilleures résolutions, ils ne
peuvent se décider à rien retrancher, en vue de l'avenir, du
bien-être dont ils jouissent aujourd'hui. C'est ainsi qu'ils n'ont
pu encore mettre à exécution le projet, cent fois renouvelé, de
s'affilier, moyennant une contribution première de 10^ à la
société de secours mutuels, dite des Agrichons, fondée entre les
anciens compagnons du devoir mariés (so).
En résumé, ta famille appartient à cette catégorie d'ouvriers
qui abonde aujourd'hui en Occident. Malgré d'estimables qua-
lités, elle souffre de l'état d'isolement qu'implique, de plus en
plus, la constitution de plusieurs sociétés européennes; mais elle
ne proGte pas des moyens de succès que celles-ci présentent aux
lamilles les plus prévoyantes et les plus énei^iques.
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en. IX..— CCIAKPBNTIEB (DU DEVOIR} DE PARIS.
S U. -r PDDGET DES HECETTES DE L'ANNÉE.
SOURCES DES RECETTES.
SBCTIOK I".
PtepriMé* poMéd<c* p«f U fumah.
kn. \v. — PxoFMrfrii iMuoniiiÉiin.
{!■ funilla a» ponide sucoM propriété de ce genre) ,
ABT. >. — VU.IUI
\Mcé n» l'ÉUl «D leDls 4 1/i p, lOD. . .
I •( Induitria :
la chiTiwiilier.
(Li luiiUe ae pnticipe i aucun droit de et geo») — >
ViLiUK TCIAL* d« pnpritléi (uat didDCtion d« dellu nenUeDDdei, 19, S« V). .
eBCTIOM II.
■nIi*eDtH)BÉ raçtu* p« la famtlte.
Ait. iv. — PuDPiiiiiia ■■fCB m atonan.
(U bmlUe nt npiit «11008 prepiMl* ea moftolt)
Aht. 3. — DKom D'uiAOi sur lis puniéiia Touiiraa.
(L> AmlllS ne jonil d'Ku:un droit da ce ganta)
AM. I. — ALLOUTiaiB D'OBJBTi II DU aiHTtCU.
ALLOCMiex* easoerpaDlla DDunitata
— cooceniaal llubltattoo. . .
■t let técriitlona..,
iiGoogle
CH. tl. — CHARPENTIER fHU DEVOIK) OK PiSlS. '
S U. — BCDGEt DES RECETTES DE L'ANNÉE.
UONTUtT DU rUCBTTU. ||
. BÈCÉtTE8.
de.i>14«i
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&BCTIOH I".
IU,Mn. 4. pMpriM..
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TOT.UX d=. i«»nu i«vmMtét.
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8BCTI0K II.
AllT. ». — PlÛDDH» DU DMITl B'nuM.
Aht. a. - Oura n aHVicn alloo*».
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S<)KnDTBidatK>i>iii«uniitiiio)nid.D-n;p»*i>. l^Unkil 01
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Motcaui S* bail M eluo» déuiét par 1> piilroi], poor renirsHïn dn noinlitr *>-
InitrucUon «utuils doniHa ibi «nraiiU pir la irillg da l'arit
■.■.■;.■ ÏÛ)
14SW
usa
iiGoogle
CH. IX. — CBAKPSdTIEK [du D8T0IB) DE P1BI3.
S 14. — BUDQET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SUITE),
SOURCES DES BECETTES (SDITE).
SECTION III.
Trmvaax «xtcntéi p«r la funille.
Traiail (uppliineDUiie da charpeali eiécnté à U lia det jonnitoa ordloiim, énlai ei
Cacrcction das vttainenli at dn lÎDfs 1 ]'awg« de la fUnlI!*.
a ptltan et couoiDin* pont la chauflkga
Toutn ds) jsitniéei dB> diien nwinbrc* ds ta (amilla.
SBCTION IV.
tadnrtriM cntrapriiM pm> Im familla
(i un prop» compU).
BNiuruai nbtlTS am tnTtni d« chârpanta aiécutéa pu romler pom la compte di patron. .
itmiiu «itnpi[iei m conipla da la tamlll* ;
EnInUea dumobitin da boia du raësaga
BUocliliugB dn bnn et dn liltmenlt da li
iiGoogle
CB. IX. — cnARPENTIBR fDD DBVOtB] I)B PABI3.
S U. - BDDGET DES RECETTES DE L'ANNÉE (SOITE).
UOMT*»T D
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RECETTES (SDITE).
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biladel-latârUduùltriel. 14. &«l)
Sllairo dM jourDlea (S beuKi) da l'hiTsr
Pourboire donn* * Touviiat p« lo) cliaoU du pulron.
[dMuclion
:
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Salilra qua raceynil un* OBïrière eiicuUnt la méma li
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(Les BufuU na reçoÎTeal lucon lalaln).
TTUUiduuUÎRid* Ufamilla.
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Bbction it.
SiUin moran ijna tteair.il un liuipte eompwnoo pour ■• tmaU da
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Tûiit du Miure joanallOT nwjBO d»l'oniriaT
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iiGoogle
CD. IX. — CRABPENTIBB (Dn DKVOIB) DB PtlIS.
S 1S. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNËB.
DÉSIGNATION DES DÉPENSES.
SBCTION I",
r. 1".
M Mfliiii:
(Pu l'miTrfar, u [smoiB at Hi S enfiots, ptiidint 815 Jonn.}
Piiniroiidi daSk, \rt qanlilt, on plia Umc
PsIilipaiDi loTigi, di(i/Tû(ni,poni^a»uiie, pouAtcluciu O^ISD
et eoUtiDl 0' 10 : SOJ piècM
FitJns de frameiii pour U cnitia* at pour qualquag ptUuari»
Ri. pour MBj;;;vimetadi«ri::!: :;:!":!:;!;!!'■".!!;:!!;;■
V«nniceU« atMinaulB
Poiditoul II prix mofto.
Coups c>*s :
B«uin pour U cuiiina, principdaiiuiill pandint l'tU (da mai ao
Gntua d< pore, dila taindoux, pour la cuiiina, prticipâliiiiEnl
pendint I hiTac (d'oclolirs an naii
UdiI» bliDcha (da dit«ud, lltaalra fli'apm, L. Tir.), pour Im
Otiubb d» bœaT, aitniLe dîna la m^nige, amplojia pour Li
Poidi total it piji mojBit.
Laitiiik et CBcn :
Lait écrémj, pour i« e*fé ou 1« lAocolit
Lait crémaui, TOada iDni l« DOm da trîmi, coMomm^ itae la
Promaga blanc (caiium frai:, pour donarl
Fromagei cDni«rT*t da Brie, Qrufàre, Cainpiè|pia, UaroUai
FromaHa da Orujèra pour ynatai-oni., ....,.,,
œuFi divirtemast iccommodéi : ISS piècai lO'in
Poidi total «t ptii 0x7011
Vunin rr poistoi» :
Viiuda da baof, 71*1 i l'SS, dMoclion fiils de P7 da graiu»,
M'MS; — foi« d« bœuf, »t i irio, fM; — «ni-donbla
(eManuCdoboaf). 4'Sil'ï5, SfeiS
VlMda da mnuIoD. M)'7 1 l'SO. ïA'ai : — UuguM da bouiod.
M8à0'75a, S'W
ViandadiTMu, 9^41 l'TO.IS'SSi — pJtdida veau. n'SâO'ue,
S/W; — moa(ponnionildeTeau, IS^SàO'SO, S'IO; — fralw
TtiDde daparc, 11^ 1 1'40, IS'fO) — cbirmlaria, l'SS i iliàâ,
ITW
Volaillei : I oiei, dMuction rtila da 1^6 d« gnli»
iiGoogle
CD. IX. — COABPBNTIBK (DD DEVOIR) DE PARU.
S 45. — BUDGET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE (SDITE).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (SDITB).
BECTION I»,
DipnuM «Dnoaniant la nonnilara (■aïte].
VUNDES ET POISSONS (SCItl) 1
PulaDU : Uiquinaui, bitengi, morceaux d> nie, eurelati,
SS^Slono, S3'«4: — mulluHiBn : hultna, SB piècts, peunl
t>6, il'SlSla kil., S'il
Poidi loUl M pili aiDjan
I.teDUEs n noTTs :
TubercnlH ; PomiDti ie lem : boDuida jaana, 85^ i 0* 178, VD ;
_ hollude Riiise. S8> 1 0' MS, a'»»: — looda, 3»^ àVUt,
S'Bftl
UguiDeirariLeiaMic«:Hancotib!Mi«, 16'^iO'S^;,»'4li —
llaIlcat■[ougal,ls>7tO'.il3,SlO«;— lailliUc(,0>'-ItO'51S,0'ai.
LâgamEiTBTU 1 cuiia: Huicoti bluci, 10^ i OlSlO, 8'10{ —
harieoti TatU, 1*^9 t ONjO, &'S0; — poli veila, lO^SA l'OSS,
ll'Sl; ~ choui-flauia, S^S à 0'3A1, VK;— chou, «"à
oni4, ysS; — »»per««, yoàO'ïSB. 1 ' TO i — «nidaiit., 8*1
i Oimn, O'SO; — chicorta, 1>S i 0"lj0, l'IÏ; ~ aaBiUa,
Léguniei raci'oBt ; ciroiiwi W'''» à Ô'aMVs'ai i — piiûi».'fl*Vi
O'tSO. l'tO: ~ poiiaïai, &'SàD'ïliO. V01; — narau, 10' I
1 I^IDS. l'OI-, — uliiBi iTm/oposan pralnul, L.), V9 à
O'Sia, l'wj — échalotai.O'Tàl'OO, O'IO
CncurbiUci>(u ic'itioailléi. A'B i'o'îiia'Mi — iDàlQiiii,'à'4 «
VU, «'Sji — eocniclioiu, a'4i l'DO. 0'40
Fruit! pour U tamille : Ccriau, I» i 0<SS. SItXI; — pcmmat,
àO'SO, l'WJ— n'mn.S'iiO'Bltt. î'08;— p'raneiui, B'S*
O'tiO, »'9l; — fraïua, »i à a<eK, l'H; ~ gnnilla à
grBpp«i,ï'10'lS, 0'80; — fninboiK*, D^SàO'lfl, 0'38
Fruiu poar lu snfkDU : Paiiu, D>B 10'4eo. VaS; — Duiaatlei,
7> ta D'ISS, VVI; — abitcoliat picbei. O àa'SO, IflOi —
groasilla 1 maqutiMu, 1*4 1 O'IWS, l'35
Poldi toUIstpiJi majtD ..
CoNDiuinTS n STIHCUim:
Sel gril. It^lO'»}, SIBO) — atlbUnc, lkiO'4D, l'SO
Viaiigru pour uladei. et peur la cuiiiD*
l>:^t l'«0, t'SOi — uramél, 0^4 i l'SSS, l>''i» '
Buiuoiu aïoiuitiquo : Cale achcU «d Sitm bMtat, non moD-
luel, I^B 14<U0, 31<20: — Ill6. O^DSO 1 SO'OO, l'OO;— ch&-
colul poui lu «nhaU, V i 4' DO, S^oo
Poida total Bt prii mojraB -.,..'1.'.
Boisson* FEnHEnrto :
inaclictupat pininadalOboattiltei, omollbn Q»iG)
Aii.(le.Tla poiu la* joun do réuDiODa d'amia OU do pannta. . , . .
Poldi lotil et pili moTCi
iiGoogle
CB^ IX. — CBABI'KNTIEl (OC BKVOW) BE P1B18.
•S <B. — BDDGET DES DÉPENSES DB L'ANNÉE (SDITE).
DÉSIGNATION DB3 DÉPENSES (SOITE).
i-i-^^^^j
««objet.
anaoL
A«T. E — ALIIHSTB PUBPlRis »T COHaUMUt» »H DBHOti DU
Rapu prii chiqaa Joui da tnnll (aso jonmiet) pu 1* mui, chai
nu cabutliar. a
•
400"OJ
Jm fJourtol™
... (H.S-IU)
Nournrara priw pirtoi. au miliao du Joui P" lai antaol». si aïbal*.
diU i* portiar
Tt-iu. du d*p«uu eonCMMUl li noarriluta.
SECTION II.
LocntNT :
i;BiUi
IK50
44 40
leooo
1173
530
SS 31
Amendai impoli^ par la portiar poor «nltée. laidiTM, l'OO : - étrennat •U»'J*|^
HOBIUER :
EatreUuD dei maublai en boû par l-oniriar lui-mèma, fl'SO; — ach
t d-iwtaniiia «1
CHAirrACt :
Boii accordé pir la patio*. 1.500*; — copaini »ccord*i p»r la palro
.AB'- m
ntre la auiilne
Chandalla. lS*eàl'». 15'lSi-hiiil.*brtler.B'iI'*0,T«>;-i»4cha»daM.tcra.
60M
m4î
BSCTION ni.
ViTtuesTs !
30 4S
■BSO
18 19
sa 10
- d« 1> famma . du dlmancba. lii'ïo'j - de lr.T«l, 46'8*..
:;:::■.: il?;?)
BLANcnissACE ]
lit sa
ÏOTT»
.
iiGoogle
CH, IS. — CBtRPSNTIIK (DD DEVOIH) DB PA1II9.
S 15. — BtnXÎET DES DÉPENSES DB L'ANNÉE [SOITB).
DÉSIGNATION DES DÉPENSES (SUITE}.
8BCTI0N IV.
DépcBaei oonoenast Im httoiaà moranx, ■•■ réortatiODi
•t U Mrvioa de Mnté.
- Mpenjoi acddantallM.
I:imiucTioi bis bnfiint) :
SeCODSS et ADUâNES ;
Donnh à im camuiulsi do t'aaniar btfpit d'aceidenl, on à du imln da la teamv. . .
RtcHkiam» et MLEiniiTfs :
Bapu prU pu l'aniiler uac lai caioandai; Ubac à tnDwr M i priier; ipoe-
, I»elB5 (18, B)
Sekvice de iiai-ri :
eett tlfl,P)
Tn-iui dei dipanm coumnual l<> bcsnCni laoriDi, la* ifcrAatioi»
8BCTI0N T.
Dépeiuea cxmoemuit le» indiutriea ■ iM dettet f Im InpAti
DfnnsES
iiuga (cumprlt lUu coloi àa nuMlim]..
Iméttts DEj DtriTES :
BiïetB dipméa lU Uont-da-PiMA, at r^pondut pour ane lomma de 40
ilîp. lOQ)
1^ rimille a» fa(b<tiie))aaBDl andatléa da 9B'IK di« la bonlanger. Ut
«qDiialent anTiion i on iBttrtt da W p. 100. an ds .'
IhfMs :
la tnppOTte dinMsmcnt mucan impdl
AlSVBAIlCBS CONCODBMT * UMFIT» LE IIBTI-tTCB raniQDBBT MOIAt. D
Lu rimilla b* participe ^ aucune aounnre de ce gmre; es rai da maladia, alla
lUtiil re«oai( aa< b0piUiu; te. eu da CHutioa da t»Ttil, aui bunani da bian-
ToTtL d« dtponwi eoBcenianl lei lodiiitilgi, lu daltet, ta* ImpUa «I
dépenat, l'amplDi la pliu profilablo poiu la bién-ttra aclD*I de la fainille.. ;
Ttrruix DIS Diramas de l'année (baltm^àl 1«9 Tacattea)... (1,I03'B§)
Il i:.
SI ss
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CD. n. — GDARPBNTIBB (l>U DBVOin] DU PABI3.
COMPTES ANNEXÉS AUX BUDGETS.
SECTION T.
COUPTES DES BENEFICES
B^lUat ia itdnslms talrcpriia pir U fiBÎlle 1^ *m yope tomft).
s VtTBUUm R D
Prix qui Etriit pajt pi
D propriMiiia du batuu da l>nga, poor ta lauinga ia
on pour la linge, à riiion de il'OS par hSBra..
RdlribulioD pour téchage du liDga «a buea
Tntûl ds U famine, IS journées 4 O'Sa...
luttait (S p. 10O) de li TaUur du maUiiel. .
BfnfnCB rénltaat da l'iodiutri*
- AcflAT 1 BOil HABCnA D
I.fiH>Kea i tromteoi bUna o
Viande* : Ttuda do bcftuf. . ,
Usuniai al (Mil
Praiw
iiGoogle
COMPTES AHHESBS AUX OUDGBTS.
iolBcai msB
;ionni) daûi 1« ptéteot eamplii figurant au bodggt dm
teCBtUi en deoi Baimw portA«, l'ana (M. S°> II) coinms ubranUan.
l'iDlie (14, B°* 111) cciinme monUot dM MnéOcw d'un» Indiutiie. L« tuinn-
min réii1ls4ai isr l'achat d« aliinstiti unt «n effet, pour uia put éTalnio
àtS'lU, nnanbTeotion dDB i dei rapporti ds canlrateiaiti p),tt. poar ona
Buln paît tialo^a t 49' T7, un T4[IUble MntBca rtaïUut da l'induitri* eu-
trepiÎN an ptnflt da la bmilia.
S DIS Btftrsas atscLTUir ms ikmistkib)
(A MB).
rroduita aœplojèi ponr lai TUcmanla de la ramlll (It, B<»110
tUcalM CD irgant appliquiei ani dipenioailn minage
Dfnmu TOTILBI.
TnUrtt da la Taleor dai proprUtii poHUdca p>r U lamille et amplaffei
psr ell» ani indiulris». (M.S"1)
rroduiti dat (nbianlloni reguea par la familla al cmplo^t» pu alla aai
idduitria* (14, S» 11)
Ealaiiaa affiianta un uarau aiétntit pat I* fanilla poui loa Indua-
Iriai (14,S«1II)
DépeDtea en argaat qui deironl tire nmbonnle* par daa racalla* lémltanl
doa indnMrïBt
ToUni dH dépanna flS'aft
Bi.iincH TVTanx riraltaat
SBCTIOK 11.
COMPTES RELATIFS AUX SUBVENTIONS.
Cm complM le npporttat i da) opéraliona [eil «opleaj lia ont iià a:
- il daai le bodgat lal-m«n*.
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. IX. — caATtPKNTIEB (DU BKVOIB) HB PAUIS.
6BCT10H III.
COMPTES DIVERS.
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COMPTES AHMKXBS AUX BUBBtlI.
E. — COUm PB LA DtrENSB AUnUELLI CORCEtNUT
LES KfCB^TIOIlE.
MpeniM rtititf dsai foi* en IS rnia pour rtlnr 1« joar ds Siint- Joieph, pltnni
~ iiriatchisumenli, tCIO; — déjtunii d« fioiille la lendïmiia malin cbi
le iraïUur, S'90; — loUI, ll'Off : Hit posi dipvDie UDuelle
R*K»I l'i) prélaT* mr le» pontboirei, et ïOBMittŒ* par l'onniat »ee «
Di'pensBi iKddtnIelJei t^i^m peôdiDt In piomeudM de U (unille, lu di
Mhdh» eoncn-nant l'enlnlicD et U oDoirinm d'an nliûn (11)
Tsbtc tuiat p*t l'onTncr, et prùA {ir la ronune
TotlOz de la ddpaau liiiiDclle coBcariUDl In ifciteUoBi
F. — Comm M LA Dfonisi iiinuelle concmiaNT li sbkvicb
Alcool camphre, pour Isa blansn» de l'omrlaT, pr^parf danill hmiU*.
Ban tidalÏTB immoniacala ds Saipail ,
Pominada camphre pûar lea coupurta et âcorchorea, préparte dana la bmlUe,
Camphre ponr înlialatiaDi il l'aide do clganttM
Houblon poor 1» aofaota
PniadBTialtaadnsiédacin
roigatlt an léné, dit medicinf du euri dt Dnil
Tout dN dtpeBaai coniamant la «ciTio* d« aaiiW. . . .
G. — Pb£pjUUttoh d'skb boisson LiatBEVEitr nsjnrrtB SDBsrmfB
AD vin qeanD ce oEKHrii est d'un mu nu>p ii.Ert,
La rsmraa pripan ceUo baliaan eaTiron (roi* fols p>t oïDii; dan 15 lltm
d'eau de riDUlu. elle met : raliint awi. 1 kll, O'BO, — «cn^èTTB.O^Ott,
La HquBDT alod mAlangéB lofaae i lYoLd pandant 7 ou 8 haona, al doflnt
aorAi ce (ompi, par aimpla décnnlaUoo, une boiiioa ÎDCOloie, aiRretotte el
mooueuie. Celle boiatoa TetieDI 1 O'OX le litie, et la caoBommalion i'6Ut<
nomie titelle; catta liquau fude al' (qoeuaa bb pant culflia (oDjoar* t ta
Kaiii oo 7 joioi an diierasi occuioDi qualquealittea de Tin qui nmtHOt It
pmta i aon lau Itabllael (IS, S« 1).
m
H, — COHPTB BE LA IlfFEHSl «EUTITB A LA NODBEITtlB
PRIS! PAI L'OtVaiEB BOBS Ml IfinAGE (9J.
le Balin aiaol la trmS :
Ban-da-Ti*> CM, mein» dite pttit tirri, coBaonmutlon habiloella (
TTJen paifaitns faite chai un marchand do >Ln.......
A 9 henrei, dijennec 1 l'ordloAiia d'an cabuBtiar :
BsnilloD. Ot ISO; — boni bouilli, 0» US; — ligamea.O' 100
Vin, O'M
Pain pria wt la pTOTiiion jootnalitn dn mtnajs, Ctï.
Fromage,' 0'M8...-
Pain du minage, Ok 19
Total da la ddp«BM pour nn jtB,
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CD. II. — CHUIPBNTIEK (OD DEVOIR) DE PAU9.
ËLËHENTS DIVERS DE LA CONSTITUTION SOCIALE
FAITS IHPORTANTS D'ORGANISATION SOCIALGt
PAnilCDLAltlTËS RBHARQDABLESt
APPRÉCIATIONS GËNËBALESt CONCLUSIONS.
S 17.
BN8EIGNEIIBNT OFFERT PAR LA CORPORATION DES CUARPENTIERS
PARISIENS TOUCHANT LES MOYENS DB BEU^DIER A l'ÉBRANLEHENT
QDE SDBIT, DEPUIS 1661, LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE.
En poursuivant lecoursdemes étades sociales, je me reporte
souvent par la pensée aux tableaux de corruption qui, depuis
deux siècles, rorment en quelque sorte le fond de notre histoire.
Je mesure la rapidité de cette œuvre de désorganisation en mo
rappelant les faits qui se sont produits, pendant vingt-cinq ans,
sous mes yeux ; et je me demande chaque jour comment notre
nation, après tant d'ébranlements, conserve encore certains restes
de stabilité. Heureusement la méthode que j'emploie ne me
montre pas seulement la gravité du mal ; elle m'eosetgne aussi
Ips moyens d'y remédier. Je les trouve dans la pratique des
grandes nations qui ont conquis l'ascendant social que la France
possédait au milieu du xvu* siècle. Je garde même ma confiance
dans l'avenir de notre race, parce que je rencontre journellement,
dans tous les rangs de la société, des individus, et même des
groupes d'hommes, fidèles à l'esprit de dévouement ou d'obéis-
sance qui animait nos ancêtres. Tel est le cas pour la corporation
des charpentiers parisiens.
Pendant toute la durée du xviii* siècle, les ouvriers voués
aux travaux des arts manuels ont offert un contraste complet
avec les gouvernants, puis avec les lettrés qui prétendirent sup-
pléer h la défaillance de ces derniers et donner l'impulsion à la
société frangaise. Tandis que les classes dirigeantes s'appliquaient
.yGoogle
BliyBNTS DITBM DB LA CONSTITUTION SOCIAL!. i67
à détruire daos les esprits, puis dans les insfitutions, tous les
éléments fondamentaux de la constitution sociale, les classes
ouvrières défendirent, autant qu'elles en eurent le pouvoir, les tra-
ditions de leurs métiers : elles résistèrent avec le parlement aux
violences de Turgot; elles restèrent fidèles et soumises aux maîtres
qui voulurent bien conserver les anciennes coutumes de patro-
nages et tel m'apparut le régime du travail lorsqu'en 1829, à
mon retour de la plaine saxonne (III, m, a), je commençai, à
Paris, l'applicatioD de mon plan d'observations comparées.
Depuis lors, il est vrai, cet état de choses s'est profondément
modifié. Sous la Restauration, la bourgeoisie parisienne fut sou-
vent amenée à fournir un appoint aux entreprises politiques des
« lettrés militants », qui continuent et agrandissent, sous nos
régimes parlementaires, le rôle funeste qu'ils jouèrent successi-
vement dans les salons parisiens, puis dans les assemblées révo-
lutionnaires. Elle commit une faute plus grave encore : elle
associa ses ouvriers aux passions et aux actes de violence d'où
sortit la révolution de 1830; puis elle se dispensa de remplir
envers eux les devoirs que s'imposaient les classes dirigeantes,
sous les révoltes de l'ancien régime. Sous la Ligue et la Fronde,
en effet, puis en dernier lieu sous la Vendée, des liens intimes
unissaient les nobles et les bout^eois aux paysans et aux ouvriers :
la solidarité des deux classes était complète, aussi bien dans les
sentiments et les actes qui créaient le désordre social que dans les
souffrances qui en étaient le résultat inévitable. Au contraire,
pendant tes terribles chômages qui suivirent la Révolution de
1830, les fabricants de Paris et ceux desgrandesagglomérations
manufacturières se montrèrent infidèles à la tradition des ate-
liers : ils ne se crurent point obligés de fournir à leurs ouvriers
le pain quotidien. C'est de ce moment que date le cruel déchire-
ment qui menace l'avenir de la constitution française. L'ouvrier
a senti instioctivement qu'il n'appartenait plus à la famille de son
ancien patron. Voyant désormais en lui un étranger, il ne se
croit plus tenu moralement de se dévouer au succès de l'atelier :
il débat avec ténacité son intérêt personnel, sous le régime des
n grèves », quand il croit l'occasion favorable, au risque de
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461 CQ. IX. — GHIRPEKTIB» [BO DBTOIB) DB PÀBIS.
ruiner soq mattre et de détruire ses propres moyens d'exisfeoce.
Beaucoup de seutimeots se brisent dans le cœur des ouvriers
après ceux qui les unissaient aux patrons; et* depuis qu'ils ne se
seatent plus liés à l'atelier, ils se détachent peu à peu de la
patrie.
Seuls au milieu des ouvriei's parisiens, les cbarpenliers ne se
sont pas associés à cette œuvre de désoi^Disatton sociale. Les
causes de cette exception singulière sont complexes. Les unes
sont liées à ta nature d'une industrie qui, plus que toute autre,
diminue en quelque sorte les rroltemenls dans tes rapports
mutuels du maUre et de l'ouvrier ; qui rend l'ouvrier moins
exigeant et le maître moins nécessaire; qui enfin permet à
l'ouvrier, mécontent de son étal de dépendance dans les grands
travaux urbains, de s'établir mattre dans les petits ateliers des
campagnes. Les autres causes dérivent, pour la plupart, des tradi-
tions du compagnonnage. L'art de la charpente consiste, en
grande partie, à manœuvrer des masses lourdes de bois, à l'aide
de moyens simples. Il est peu redevable à l'esprit de nouveauté
qui a introduit une transformation complète dans une foute d'in-
dustries manufacturières. Il a peu profité du progrès des sciences
exactes; et, au contraire, c'est lui qui a fourni des moyens de
développement à une branche de la géométrie. Le travail du
charpentier se U'ansmet d'âge en ftge par une science positive, et
surtout par la tradition ; et, sous ce rapport, c'est l'art usuel qui
participe le plus à l'immuable enseignement de la vie morale.
C'est pourquoi les deux enseignements s'unissent si intimement
dans le compagnonnage de celle profession et lui donnent tant
de solidité. Ainsi s'expliquent les croyances fermes et la conduite
prudente qui se montrent encore chez ces artisans pauvres et
illettrés, tandis que les erreurs grossières et les actes insensés
débordent au sein des classes qui s'appuient sur toutes les rea-
sources de la richesse et de l'enseignement scolaire.
Dans ses croyances naïves et dans ses coutumes tradition-
nelles, le compagnonnage conserve tous les éléments fondamen-
taux d'une bonne constitution sociale. L'origine de l'iDStitutitm
remonte à la coostrucUon du temple de Jérusalem, c'est-à-dire à
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BLéUBNTS DITKIS DE LA GO^STITUTIOX 80CIALK. 459
celte ëpoque mémorable de la tradition religieuse des chrétiens, où
la [ransitiOD de la vie nomade k la vie sédentaire, chez le peuple
élu, eut pour couronnement les splendeurs du règne deSalomon.
Le compagnonnage s'est d'ailleurs rattaché plus spécialement à
l'origine du christianisme en prenant pour patron saint Joseph,
le premier charpentier chrétien. Les charpentiers (du Devoir) do
Paris continuent à l'honorer, le 19 mars, à l'église de Saint-Lau-
rent, en joignant leurs rites .traditionnels à ceux de la religion;
et il m'a semblé que, depuis 18fi8, l'éclat de cette soleonîté aug-
mente à mesure que les autres ouvriers parisiens se montrent
plus disposés à abandonner les pratiques du culte. Assurément
les compagnons charpentiers ne sont point à l'abri des fléaux
déchaînés par les corruptions de l'ancien régime et les erreursde
la révolution ; mais i!s constituent peut-être la seule classe qui
continue à respecter dans leur intégrité les traditions nationales
confiées à sa garde. Les quatre Forces morales sont représentées
par les secrets et les rites du compagnonnage, savoir : le Déca-
logue par les souvenirs du temple, la religion par le culte du
saiut patron, l'autorité paternelle et la souveraineté par l'obéis-
sance à la Mère. Quant aux trois forces matérielles de la pro-
priété, elles ont pour équivalents sérieux, chez ces pauvres
ouvriers, le lien de corporation, l'apprentissage du métier et
l'assistance mutuelle.
Envahis par la corruption venue d'en haut, les ouvriers des
autres professions ont généralement perdu lesavantages du même
genre qui leur étaient jadis partiellement acquis; mais tous s'ac-
cordent à reconnaître la supériorité sociale des compagnons
charpentiers. Les preuves de l'ascendant acquis à Ipurs « au-
torités sociales » m'ont été souvent données. Ainsi, par exemple,
j'ai pu quelquefois démontrer à des ouvriers intelligents que la
paix sociale serait restaurée à leur grand avantage si l'on reve-
nait à l'ancienne coutume des ateliers de travail : or, dans ces
occasions, mes interlocuteurs exprimaient leur approbation en
constatant que mon enseignement était conforme à celui do
quelque sage charpentier. Récemment encore, un corJonnÎOT,
qui se mêle activement aux débats soulevés par la question du
.yGoogle
MO ça. a. — cBMntmm (du dbvoii) db puis.
salaire, déclarait qae cerlalns faits allégués dans notre eatreUeD
étaient d'un grand prix à ses yeux, parce qu'ils s'accordaient
avec une opinion professée par une des lumikes du compagnon-
nage, par ■ Avignoanais-la-VerUi s. f. l.-f.
§18.
COUTUHES DO COMPAGNONNAGE OBSEBTÉES CHEZ LES CHâJtPEMlEBS
PABISIEHS.
On nomme « compagnonnages » des sociétés formC-es entre
les ouvrio^ d'uQ même corps d'élat, dans un but d'assurance
mutuelle, d'instruction proressionnelle et de moralisation. Le lieu
qui unit les associés est resserré par la croyance à une antiigue
origine, et par la possession exclusive de quelques traditions
mystérieuses. Il exisle entre les charpentiers deux sociétés de
compagnonnage; l'une, qui paraît la plus ancienne et la plus
puissante, est celle des « compagnons passants u , ou a compa-
gnons du Devoir > . A Paris, elle occupe principalement la Hre
droite de la Seine, sur laquelle est situé son cher-lieu. La seconde
société, dont le chef-lieu est sur la rive gauche, paraît avoir été
rond*^e par des dissidents de la première; ils portent le nom de
« compagnons de Liberté >> . La société des compagnons du Devoir
comprend deux classes : les aspirants nommés « renards »,
et les compagnons qui sont appelés « chiens n. Jusqu'à ce
qu'il obtienne le titre d'aspirant, l'apprenti est désigné sous le
nom de « lapin »; le patron l'est habituellement sous celui de
« singe», qui, comme les termes précédents, n'a d'ailleurs aucune
acception injurieuse. Les compagnons doivent appartenir tout
entiers à la société; aussi, pendant longtemps, ont-ils cessé d'en
faire partie dès qu'ils se mariaient. Ils prenaient alors le nom
a d'anciens compagnons » ou « Agrichons » ; et, bien qu'ils
ne prennent plus aucune part aux dépenses, ni aux secours de la
société, ces anciens compagnons obliennentenoore un grand res-
pect ; et ils sont toujours les bienvenus aux solennités du compa-
gnonnage. Depuis peu d'années, on a l'cnoncé à cette exclusion.
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ifLiuENTS DIVBIta DE LA CONSTITCTIOS EOaALB. 461
mais elle explique comment aujourd'hui ou compte moins de
compagnons du Devoir à Paris que de compagnons de Liberté (i ) ,
ceux-ci ayant toujours admis parmi eux les compagnons mariés.
La société des charpentiers du Devoir a pour but de former
des ouTiiers habiles et éprouvés ; elle exerce en même temps sur
eux une pression morale dont l'iofluence est considérable. Elle
les astreint à une certaine régularité de conduite, précisé-
ment à l'âge où les passions rendraient dangereuse pour eux la
vie errante qu'ils mènent de ville en ville. Â ces conditions, le
compagnonnage leur assure partout sur leur route une protection
fraternelle et des secours contre la détresse ou la maladie. Une
antique organisation réalise c^ heureux résultats. Elle se main-
tient, nonobstant le contraste qu'elle forme avec les habitudes
modernes, en s'appuyant sur le respect des traditions et sur
l'expérience journalière des avantages qu'en retirent ceux qui
s'y soumettent. La ville de Lyon est le chef-lieu du compagnon-
nage des charpentiers du Devoir; elle renferme les codes sacrés
de cette corporation, et des archives qu'un incendie a malheu-
reusement détruites en partie, il y a quelques années. Ce chef-
lieu est tenu par une cabaretière que les compagnons ont choisie
et qui, sous le titre de « Mère n, personnifie en quelque sorte
leur société. Elle est de leur part l'objet d'un respect filial. Un
commis l'assiste pour l'expédition des affaires de la société. Près
d'eux se trouve encore le « rouleur », plus spécialement chargé
de recevoir les nouveaux venus et de leur procurer de l'ouvrage.
Le routeur et le commis sont choisis parmi les compagnons. De
même que les corporations analogues qui existent encore dans les
pays étrangers (III, i, 1 8 : i, i s), la société des compagnons du
Devoir se conforme à une tradition 'séculaire : elle a organisé en
faveur des compagnons un voyage d'instruction, nommé « tour
de France ». A cet effet, elle a fondé, à l'imitation de ce qui
existe au chef-lieu, un certain nombre de bureaux, à la tête des-
quels se trouvent placées autant de Mères. Les villes qui offrent
aux compagnons cet avantage sont nommées « villes du Devoir » .
Leur ensemble constitue le tour de France ; ce sont aujourd'hui,
"k partir de Lyon : Nimes, Toulouse, Agen, Bordeaux, Bochefort,
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461 CH. a- — CDABPBNTIBB (dU DSVOIr) DE PAIIS.
Naots, Aegers, Tours, Biois, Orléans, Paris* Âaxerre etDijon.
Les autres rilles située sur le tour de FraDce se Domment
B villes bâtardes a; elles ne renferoient pas assez de compagnons
pour entretenir une Mère. La Mère est élue par les compagnons
suivant des Tormes traditionnelles : c'est toujours une femme
mariée. L'état de veuvage serait un obstacle h. son élection, mais
ne détermine pas l'e^dusion d'une Mère déjà eu fonctions. L'hon-^
nêteté, la régularité des moeurs sont les premières qualités qu'on
exige d'elle. Des commissaires délégués par l'assemblée géné-
rale [H-éparent son installation ; ils font dresser l'acte notarié qui
assure à la Mère la maison où la société s'établit; ils passent avec
elle le conirat qui règle ses obligations. Après la réception qui
est l'occasion d'une fête solennelle, elle a droit aux égards par-
tout où elle parait; sa présence est indispensable dans toutes les
cérémonies; elle suit la première le convoi funèbre du compa-
gnon; elle a la place d'honneur à la fête patronale des char-
pentiers (19),
Le commis est un compagnon rétribué par la société, parce
qu'il lui donne tout son temps; à Paris il reçoit 1,800' par
an. li est tenu de rester chez la Mère pendant certaines heures
du jour, et le soir. Si un voyage Foblige à quitter Paris, dans
l'intérêt de la société, celle-ci lui paie les frais de déplacement.
Ses principales fonctions consistent à tenir le livre où s'inscrivent
l'arrivée et le départ des compagnons, à régler les compta, b
recueillir les renseignements relatifs à la conduite des compa-
gnons, et à convoquer les assemblées aux époques voulues. Il est
en quelque sorte le chef de la société; et il en connaît les secrets
et les traditions. Souvent ses connaissances à cet égard sont recoa-
nties insuITlsantes. On a recours dans ce ces à quelque ancien
compagnon qui s'est créé une réputation dans la société : on va
auprès de lui recueillir la tradition du compagnonnage pour y
demeurer fidèle en tous points et en toutes circonstances. Le
rouleur est un compagnon qui, pendant une semaine, donne son
temps à la société; chacun paie cette dette à tour de rôle. Il
reçoit les nouveaux venus; et, après leur inscription, il les fait
embaucher, c'est-à-dire qu'il les met en rapport avec les patrons
.yGoogle
. ÉLÉMENTS DIVEIS DK Ll CONSTITUTION SOCIALE. 4G)
qui ODt besoin d'ouvriers. A Paris, il n'a même pas cette mission
qui serait trop difficile ; et il se borne h les adresser aux divers
compagnons chefs de chantier (ss). Il doit encore « lever tes
acquits » des compagnons qui partent. Celte formalité consiste
à s'enquérir si l'ouvrier ne laisse aucune dette, on n'a lui-raéme
aucune réclamation d'argent à etercer. Cela constaté, il lui en
délivre un certificat que l'ouvrier emporte pour justilier de sa-
position dans les villes du Devoir qu'il visitera successivement.
Les compagnons du Devoir ont des assemblées mensuelles au
chef-lieu de leur résidence; elles ont pour but de traiter des
intérêtE de la société et d'en régler périodiquement les comptes.
Il n'est dâ par les compagnons aucune cotisation fixe : à la Saint-
Joseph, à la Saint-Pierre et k la Toussaint, on annonce à l'as-
semblée le montant des obligations, et chaque membre en paie sa
quote-part. Â Paris, la cotisation d'un compagnon s'élève habi-
tuellement à 3 ou /i' par mois; ce qui pour 500 compagnons
passants suppose une dépense annuelle de 21,000'. Elle con~
sisle en frais de réunion, frais de la fête patronale, secours
aux compagnons malades, blessés, ou très-endeltés sans lucoa-
duite, frais de réception des nouveaux venus, loyer du local
ccciipé par la Mère et tenu par elle à la disposition de la
société.
Les charpentiers reconnaissent pour patron saint Joseph, et
tes compagnons célèbrent sa fêle te 19 mars dans toutes les
villes du Devoir. Parmi les usages de cette solennité, il faut par-
ticulièrement remarquer l'hommage rendu aux personnes qui
mettent teur influence et leur position de fortune au service de
la société. Deux riches marchands de bois ont souvent rempli,
dans ces dernières années, une mission de ce genre auprès des
compagnons charpentiers du Devoir ; on les traite dans un repas
spécial, un jour ou deux après celui qui réunit les compagnons
à la fête patronale. L'apprenti charpentier qui désire s'instruire
est affilié par quelques compagnons rencontrés dans les chantiers,
et bientôt, par leur entremise, il est admis comme aspirant. Dès
lors, il travaille sous leur direction et se perfectionne par leurs
conseils, en même temps que le soir il étudie a le trait », qui
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464 CB. tX. — CHABPBNTIBK (DD DBVOIB) DS PARIS.
compreod le dessin lioéaire et le tracé des coupes da bois. Le
trait est enseigné dans des écoles ouvertes par quelques compa-
gDODS habiles à démontrer ; les ouvriers qui suivent ces cours
paient une légère rétribution, et rouraissent la chandelle, le papier,
les règles et les crayons. On peutciter,à Paris et dans la banlieue,
six écoles de trait, qui habituellement ouvrent à la Toussaint et
.ferment vers la fin de mars; elles se tienaenf le soir, de 6 à
10 heures. Cette éducation se donne surtout pendant la durée du
tour de France ; elle Tait connaître aux jeunes ouvriers toutes les .
méthodes, et les met en contact avec les meilleurs mattres.
L'aspirant obtient le titre de compagnon dans une épreuve
solennelle. Les réceptions ont lieu surtout à la Saint-Joseph, et,
en moindres proportions, à la Saint-Pierre et à la Toussaint. On
n'admet comme candidats que tes aspirants libérés du service
militaire, exempts de dettes, et dont la conduite a été laborieuse
et honnête. A ces diverses époques, et dans les salles souter-
raines où se tiennent toutes les assemhlées du compagnonnage,
chaque candidat suhit un examen de 1 à 2 heures devant des
compagnons experts. Les plus capables (la moitié environ)
obtiennent leur titre, et aussitàt ils passent dans la salle spéciale
des réceptions, où le commis, assisté d'un ancien compagnon,
les initie aux secrets du compagnonnage. C'est alors que le nou-
veau compagnon prend, du consentement des deux Tonction-
naires qui le reçoivent, un de ces noms de guerre qui désignent,
outre le pays natal, un des traits distinctifs du caractère. On y
ajoute hahituellement dans les chantiers un sobriquet tiré de
quelque signe extérieur ou de quelque trait des moeurs du com-
pagnon : Vivarais le Conquérant, dit Sans-Barbe; Dauphinois
le Courageux, dit le Grand-Nez; Maçonnais la Vertu, dit le
Brun; Champagne la Sagesse, dit la Petile-Ckopine; Manceau
la Prudence, dit Ut Grande-Soupière; Angevin la Fidélité, dit/e
lAMche; Parisieti l'Ile d'Amour, dit Courte-Cuisse; Jlontauban
l'Enfant du génie, àii la Grande-Bouche ; Nantais l'Ami du trait,
dit le Grêlé, sont des noms de compagnons charpentiers du
Devoir. Les nouveaux admis prennent rang à la fête patronale
qui suit leur réception ; une place d'honneur leur est l'éservée
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iLÉMSNTS DITSU DS LA OONSTITUTiaH lOClAUl. 4€S
au souper; od y écoule Toloutiers quelques chansons où ils
cél^reot leur admission.
Le titra de compagnon est, à la fois, aux yeux de l'ouvrier,
un témoignage honorable pour sa vie passée, une obligation
sévère pour l'avenir. Il est leou de payer exactement ses dettes.
Aux premières plaintes portées chez la Mère, le commis, infor-
mations prises, secourt le compagnon malheureux ou provoque
une réprimande contre celui qui se conduit mal. Si le compagnon
ne s'amende pas, il est exclu de la société et rayé du livre d'in-
scription. Le vol serait puni d'une expulsion ignominieuse. Pen-
dant toute la durée du tour de France, le compagnon doit ud
compte sérieux de son temps. Pour se rendre d'une ville à une
autre, il a un nombre de jours fixé. S'il est contraint de le dépas-
ser, il doit en informer le commis de la ville la plus voisine, en
indiquant où il s'est arrêté et quel motif le retient. Outre ces
devoirs qui concernent la vie extérieure, le compagnon est tenu
d'observer les statuts de la société, de lui garder un secret invio-
lable sur certains points, de lui consacrer une part détermini^e
de son temps, de secourir fratem^lement ses compagnons en
loutes circonstances, et de soutenir partout l'honneur de la cor-
poration. Ces obligations morales donnent à l'ouvrier ud certaia
empire sur lui-même et l'habîtaent à apprécier la valeur de ses
actions. En même temps, la foi dans les traditions du compa-
gnonnage, la soumission k la surveillance exercée par ses pairs,
le respect pour les pratiques et les secrets de la société, le culte
dévoué pour la Mère, sont des sentiments d'un ordre élevé, dont
on ne trouve guère de trace chez les ouvriers isolés. Ces habi'
tudes et ces traditions que les compagnons se plaisent à reculer
jusqu'à la construction du temple de Salomon, tes dénominations
qu'ils prennent, leurs réceptions, et, en général, toutes leurs
cérémonies, ont une couleur poétique, qui fait trop souvent défaut
dans la vie moderne. L'ensemble de ces coutumes développe la
délicatesse du cœur et les sentiments de dignité personnelle.
Les personnes disposées h rechercber dans les institutions les
conséquences qui eu peuvent logiquement sortir, plutôt que
celles qm' se produisent réellement, seraient peut-être, au pre-
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466 CH. IS. — CBAKPENTIEB (DO DBTOIH) DB PAU!.
mier aperçu, portées à redouta l'influence du compagnonnage.
Il est Tacile, en effet, d'imaginer les inconvénientâ que pourrait
enlratoer, eo ce qui concerne la moralité des ouvriers et la sécu-
rité publique, une institution occulte réunissant, en une associa-
lion puissante, des hommes sortis des classes les moins éclairées.
Mais les choses se présentent sous un autre jour, quand on
i-echercbe, non ce qui pourrait arriver à la rigueur en certains
cas, mais bien ce qui a toujours eu lieu jusqu'à présent. Tous
ceux qui étudieront sans prévention la corporation des charpen-
tiers de Paris se rallieront immédiatement h l'impression que
nous avons ressentie. Ils constateront que, sous l'empire des tra-
ditions établies, la corporation oiïre à cette catégorie d'ouvriers,
et à la société tout entière, des garanties qu'on est loin de ren-
conb^r aujourd'hui dans le régime d'isolement où vivent, pour
la plupart, les autres ouvriers parisiens. Peut-être même est-41
vrai de dire que celte association, avec ses rites secrets, exerce
sur le bien-être et la moralité des charpentiers uae influence
encore plus eETicace que celle qui résulte de beaucoup de sociétés
de secours mutuels établies sous le patronage des maîtres et avec
l'appui de l'autorité publique.
S 49.
SOLENNITES DU COHPAGNONNAQB DES CQABPENTTBBS (OO DBTOIB).
Le 19 mars, jour de Saint-Joseph, les charpentiers compa-
gnons du Devoir se réunissent, entre dix et onze heures, chez la
Mère, rue de Flandre, à Pantin; tout le monde doit s'y trouver;
les absents encourent une amende de 5', à moins qu'ils n'aient à
présenter une excuse légitime. Chacun doit être en costume de
cérémonie; on n'admet, ni blouse, ni casquette; mais le compa-
gnon qui n'a pas le costume convenable est dispensé de ce devoir.
A onze heures, on se rend en corps à l'église Saint-Laurent pour
assister à la messe de midi ; la Mère, en grande toilette, estcon-
duite en tête par un ancien qui lui donne le bras (en 1856, par
un temps pluvieux, elle vint en voiture ; les compagnons sni-
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ÉLÉMENTS DIVBBS DK LA CONBTtTDnON SOCIALE. 467
valent h pied). Le chef-d'œuvre, exécuté ea 18&2, est porté eu
grande pompe dans le cortège; c'est un modèle d'une pièce de
charpente où sont réunies et surmontées les plus grandes difB-
cultes de la coupe des bois. Comme toutes les œuvres de celte
espèce, elle a élé exécutée par les plus savants compagnons pour
montrer le niveau d'habileté auquel s'est élevée la corporation.
Le cortège est formé des compagnons, couverts de leurs insignes
et marchant sur deux 61es parallèles. La musique d'un régiment
les précède durant tout le trajet; elle entre à l'église et joue
pendant la messe. Les musiciens sont invités à souper le soir. A
l'église, la Mère prend place dans le chœur; on dépose le chef-
d'œuvre en face du mattre-autel ; et le curé dit lui-même la
messe solennelle qui est suivie d'un sermon où l'on introduit
l'éioge de la corporation des charpentiers. On quitte l'église; on
retourne à Pantin et l'on porte le pain bénit chez le maire, les
adjoints, le commissaire de police, le curé de la paroisse, quelques
fournisseurs, enfin chez deux mai'chands de bois qui exercent au
profit de la société un patronage oUlcieux, fort utile auprès des
autorités et des personnages influents. A cinq heures, on revient
chez la Mère pour le souper. Chacun paie 5' pour son écot; les
vins recherchés, l'eau-de-vie et le café se paient à part, La Mère
. reste jusqu'à la (in du repas, qui dure environ deux heures et
demie. Ordinairement les convives occupent deux salles dans
l'une desquelles la Mère siège Ji la place d'honneur, ayant eo face
d'elle les anciens de la corporation. Dans la même salle sont les
compagnons récemment admis. A la Qn du repas, la Mère rend
compte, dans un discours préparé, de l'état de la société pendant
l'année qui finit. Viennent ensuite les chansons de compagnons.
Jamais une femme autre que la Mère n'assiste ù ce repas. Après
le souper, on va s'habiller pour le bal, qui a lieu dans une salle
louée à cet effet. De 18Û8 à 1851, la gène devenue générale fit
supprimer cette solennité; depuis tors, elle a eu lieu chaque
année au Jardin-d'hiver. Chaque compagnon a droit à deux
cartes d'entrée, et un cavalier peut amener deux dames. Il s'y
introduit de la sorte quelques filles de mauvaise vie, dont la
présence est tolérée, pourvu que leur tenue soit convenable. La
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- CBUPHtriRI IDD DBl'OIH) DB PA«I8.
Mère onTre le bal avec l'aDciec; elle se promène ensuite, rece-
vant partout sur son passage les hommages empressés des com-
pagnons; elle se relire après une couple d'heures; et le bal se
prolonge ordinairement jusque vers quatre heures du matin.
Le coœpagDODDage a d'autres réunions moins soleuneitee-
Une des plus touchantes est l'enteiremeot d'un compagnon. Sous
peine d'une amende de 5',louslescompagnonsdela villedoiveut
y assister avec certains insignes de deuil. La Mère marche à leur
tèle deiTÏère le corps. Au cimetière, certains ntes, accomplis sur
la tombe et accompagnés de cris bizarres, terminent cette pieuse
cérémonie. La conduite Taite par les compagnons auï confrères
quittant l'ube des villes du Devoir était une de leurs cérémouies
les plus fréquentes. C'était aussi celle qui, en exaltant les senti-
ments du compagnonnage, occasionnait le plus fréquemment les
rixes entre les diverses corporations. Aujourd'hui l'industrie des
' chemins de fer foit tomber eu désuétude les réunions provoquées
par les voyages de compagnons : on se fait maintenant les adieux
en buvant chez la Mère, la veille du départ. Les insignes portés
par les charpentiers compagnons du Devoir varient selon les
diverses solennités. A la fôte de Saint-Joseph, on les revêt tous;
ils consistent en une longue canne en jonc avec bout ferré et
pomme en bois d'ébène portant les lettres de la société, V. G. T. U;
deux boucles d'oreilles portant suspendues, d'uu cdté une petite
besaiguS (instrument à double tranchant) , de l'autre une petite
équerre croisée avec un compas; enSn, des rubans ou couleurs
que les charpentiers portent enroulés au haut de la forme du
chapeau. Ces rubans sont de trois couleurs (rouge, blanc,
noir), et il y en a A de chaque couleur : 2 larges de 6 cenU-
mètres et longs de 2 mètres, 3 étroits de 1 mètre de long sur
3 centimètres de largeur. Ils portent imprimés en or ; les & lettres
de la société, le nom du compagnon avec les figures symboliques
du compas et de la besaiguë, et ordinairement quelques dessins
relatifs à la passion de Notre-Setgneur Jésus-Christ. lies rubans
De se vendent qu'à Saint-Ma\imin, près de ta Sainte-Beaume
(Var). Un vieux compagnon (actuellement un ancien charp«i-
lier) est établi là pour les fournir aux membres des diverses
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ELBNRNT3 DIVBU DS LA CONSTITUTION SOCI&LI. 469
sociétés de compagnonnage, mais à eux seuls. La Saiote-Beaume
(on sainte grotte), que les traditions désignent comme la retraite
où riot mourir Sainte-Magdeleine, est le lieu sacré de tous les
compagnonnages. Deux cents compagnons visitent habituelle-
ment chaque année la grotte et l'ermitage voisin ; ils apportent
leurs rubans pour les Taire toucher à la statue de sainte Alagde'
deleine; et, moyennantO' 15, le gardien appose, sur leurs livrets
et sur les gravures qu'ils achètent, le cachet qui témoigne de leur
passage au lieu consacré*. Le commis a d'ailleurs chez la Mère
un dépôt de rubans, qu'il vend au compte de la société et sans
qu'elle en tire aucun bénéfice. Les boucles d'oreilles se trouvent
chez des bijoutiers spéciaux, mais non privilégiés. La canne est
l'insigne, et au besoin l'arme, du compagnon ; il la porte en par-
courant le tour de France, et ne peut se la voir enlever sans rece-
voir une injure qui est ressentie et vengée, s'il est possible, par
toute la corporation. Les rubans s'emploient diversement : lé
rouge est la couleur des fêtes; on fait une conduite avec le blanc
et le rouge; le blanc et le noir se portent aux enterrements.
§20.
SOCIÉTÉ DE SECOURS MUTUELS DES AGBICH0N5.
La société des charpentiers compagnons du Devoir assure à
ses membres des secours de tous genres, lorsqu'ils sont malades.
Elle a son médecin, qu'elle paie h l'année pour leur donner des
soins. Elle fournit en outre les médicaments, et alloue, comme
secours, 2' par jour de maladie. Hais, dans tes anciens usages
de la corporation, le compagnon marié, ne prenant plus part aux
charges de la société, n'avait plus droit à être assisté par elle. '
Dans cet état de choses, il retombait dans t'isolemeat et ne pouvait
pourvoir que par sa prévoyance personnelle aux chances de la
maladie. Depuis peu d'années, les compagnons du Devoir ont
renoncé à exclure tes compagnons mariés, mais sans rouvrir leur
1. ItMa^nemcDU fearaii pu M. TÛnai Giraud, eoiudller à It Cour Impérials
d'Ail (BiMiche»-da-Rti6n«).
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iîO en. IX. — cntftPBNTiBR (du nBvoin] us FÂBia.
société- aux anciens compagnons que le mariage en avait éloi-
gnés. Eq conséquence, ces derniers avaient été conduits à fonder
une société spéciale de secours mutuels, dans laquelle chaque
compagnon marié verse en entrant une somme de 10', et paie
une cotisalioQ mensuelle de 3'. Pour les compagnons âgés de
ko ans révolus, le premier versement est de 16 ', puis il aug-
mente de 3' par année jusqu'à /|5 ans ; passé cet âge, on ne peut
plus être admis. Chaque membre a droit, lorsqu'il est malade,
auK soins gratuits d'un médecin, aux médicaments, et à une
allocation do 1' 50 par jour de maladie. La plupart des compa-
gnons mariés se sont joints à cette société; ceux qui n'en font
pas partie s'accordent cependant à en reconnaître les avan-
tages (13). La famille décrite dans la présente monographie
partage ce sentiment; mais elle n'a pu jusqu'ici se décider à
prélever sur ses recettes la modique contribution d'entrée.
§ 21.
GRÈVE DBS GHAIIFENTIERS DE PARIS EN 18&5.
On appelle u grève », à Paris, une interruption de travail,
provoqua par les ouvriers d'un corps d'état, en vued'obtenirde
leurs patrons une augmentation de salaire. Les charpentiers de
Paris ont eu plusieurs fois recours à ce moyen. Ils font remonter
à une grève de 1822 les conventions qui fixèrent uniformément
leur salaire k 0' 35 par heure de travail ; en 1833, une nouvelle
grève le fit élever à 0 fiO ; enfin ce tarif lui-même parut insuffi-
sant douze ans plus tard. Le 8 juin 18&5, au moment où les
travaux étaient nombreux et pressants, les ouvriers se mirenten
grève, et réclamèrent 0' 50 par heure. Plusieurs patrons consen-
taient it 0' fi5; mais ils refusèrent d'aller au delà; tous les chan-
tiers furent abandonnés et l'on organisa la grève pour assurer
aux ouvriers les moyens de vivre malgré l'interruption des tra-
vaux. Il y avait alors, à Paris, 7,500 charpentiers, compagnons
du Devoir, compagnons de liberté, ou bien ouvriers isolés, qui se
réunirent tous pour défendre l'intérêt commun. Après avoir épuisé
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ÉL^KKITTS DIVBIS DB L4 CO!(STtTUtIO» gOCIALB. 474
dans ce but toutes leurs ressources, les deux sociétés trourèreal
crédit auprès de plusieurs founiisEeurs et de quelques aociens
compagnoDS. Les patrons qui acceptaient la condiliou imposée
pouvaient employer des ouvriers; mais ces derniers, ainsi pourvus
d'ouvrage, obéissant h une convention analogue k celle qui sub-
siste en permanence dans les unions de Sheflield (III, vu, si),
remettaient à la communauté 1', sur leur journée, pour secourir
leurs camarades inoccupés. Quelques charpentiers essayaient de
travailler à l'ancien prix, malgré la grève. On ferma les yeux
pour ceux qui étaient chargés de famille; mais les autres turent
contraints d'abandonner les chantiers, et la police dut souvent
intervenir pour s'opposer à ces menées illégales. Dans ces con-
ditions, les assemblées du compagnonnage ayant été interdites
par l'autorité, les ouvriers furent réduitsàse réunir clandestine-
ment. Quelques arrestations eurent lieu; et la Mère elle-même fut
incarcérée pendant deux Jours. Cependant cette suppression mo-
mentanée des ateliers de charpente Interrompait toutes les con-
structions; les autres catégories d'ouvriers en bâtiment, les ma-
çons, les serruriers, les menuisiers, se trouvaient indirectement
privés de travail. En vain le gouvernement tenta de venir au
secours des patrons, en mettant à leur disposition des charpen-
tiers militaires. L'inexpérience de ces ouvriers, en fait de travaux
civils, et la nécessité où auraient été les patrons de leur fournir
des outils et des babils de travail, rendirent ce concours peu
utile. Â la vérité, les ouvriers chargés de famille souffraient
beaucoup de cet état de choses; mais les affaires des patrons se
Pouvaient compromises de la manière la plus grave ; aussi ces
derniers se décidèrent-ils enfin, le iO août, k accorder les condi-
tions qu'on exigeait d'eux. C'est dans cette situation que les deux
parties signèrent le contrat qui, encore aujourd'hui, est adopté
par tous comme la charte des travaux de charpente. Les ouvriers
rentrèrent aussitôt dans les chantiers. Pendant le reste de lasaîson
et une partie de la campagne suivante, on préleva, sur la journée
de chaque ouvrier, O'dO pour amortir les dettes contractées
pendant la grève par les deux compagnonnages. Depuis cette
époque, aucune modification n'a été apportée aux conditions
.yGoogle
m ca IX. «- CHAIPEHTIEK [OD DEVOIB) DB FABIS.
établies. En ce momeat, les charpentiers coniinueDt à respecter
ce coDlrat, oonobstant l'augmentatioa considérable qui a été
apportée récemaient à Paris aux salaires des autres catégories
d'ouvriers. L'analogie signalée ci-dessus entre la grève des char-
peotiers de Paris et les agitations des couteliers de Sfaeffield se
relrouve, en général, dans l'ensemble des idées propres è ces
deux coalilioDS. Celles-ci, en effet, tendaient esseotiellement à
feire prévaloir le principe de l'inTanabilité des salaires, principe
qui, pour des ouvriers soutenus par l'esprit de corporation»
pourvus d'un enseignement méthodique, ou trouvant, dans la
proression même, une série de situations en rapport avec la
diversité des aptitudes, n'a pas tous les inconvénients qui se
présenteraient dans d'autres conditions.
Tout en condamnant ces interruptions systématiques de tra-
vail, on doit louer l'e&pnt de conciliation qu'ont montré à Paris,
comme à Sheflneld, les deux classes rivales. Et c'est peut-être ici
le lieu de remarquer que l'esprit français, avec ses habitudes
impétueuses, peu compatibles avec une résistance calme et
méthodique, a rarement fourni l'occasion d'un tel éloge. Pendant
plus de deux mois, les ouvriers et les patrons, partagés en deux
camps ennemis, se sont maintenus dans un état d'antagonisme
direct, avec des intérêts vivement surexcités, sans qu'on ait eu
à déplorer une elTusion de sang, ni même une violence grave.
Les ouvriers influents des deux corporations ont atténué autant
que po.ssibIe, dans la forme, l'illégalité qui existait au fond de
leur entreprise. Ils se sont incessamment appliqués à contenir
les impatiences individuelles, comprenant qu'ils avaient intérêt
à se concilier, par cette conduite prudente, l'opinion publique.
Les patrons, de leur cêté, sortis pour la plupart de la classe
ouvrière, disposés ainsi à comprendre ses passions et ses besoins,
ont fait preuve, en cédant à ses exigences, d'un louable esprit
de conciliation. Les deux parties n'ont eu, an reste, qu'à se
féliciter de la solution qui a été adoptée. Si les ouvriers y ont
trouvé, à l'origine, un salaire un peu supérieur à celui qu'eiit
alors indiqué peut-être une appréciation rigoureuse de l'indus-
trie du bâtiment, les patrons doivent aujourd'hui regarder ce
.yGoogle
blbkshts ditebs db ti congTiTUTioN sociiLit. 473
salaire comme modéré. En conséquence ils se trouvent dédom-
magés du sacrifice que la charte de 18!|5 leur a d'abord imposé.
S 22.
OBGANISATION DES CBANXIEBS DB CBAnPENTB DANS LA TILLE
DE PABIS.
L'organisation des chantiers de charpente paraît assez unî-
forme. Elle se rapporte h deux ordres de travaux : ceux qui
s'exécutent au chantier du patron ; ceux qui se font en ville dans
les bâiimenis en construction ou en réparatioD. Les travaux du
chantier ont, pour chef, un ouvrier nommé « gâcheur de chan-
tier » ; ceux du dehors sont dirigés par un « gâcheur de levage » .
L'un et l'autre travaillent par eux-mêmes comme ceux qu'ils
dirigent.
Le gâcheur de chantier surveille en outre, dans tous leurs
détails, l'exécutioa des plans, la taille et la mise en œuvre du
bois; il se concerte avec les architectes ou les entrepreneurs;
enfin, il embauche et congédie les ouvriers. Ceux-ci n'ont en
général de rapports qu'avec lui; le patron traite seulement avec
son cher de chantier ; et souvent il ne connaît pas les ouvriers
qu'il emploie. Le gâcheur de chantier a ordinairement un sup-
plément de salaire journalier de 2'. Dans quelques chantiers
considérables, il y a des chefs à l'année qui gagnent jusqu'à
6,000'. S'il en est besoin, le gâcheur de chantier prend pour
l'aider un ou deux compagnons habiles, auxquels il fait accorder
un supplément de 0' 25 par jour.
Le gâdieur de levage surveille les travaux du dehors. Comme
le précédent, il réunit, en sa personne, les deux conditions do
chef et d'ouvrier : c'est une surveillance qui ne coûte presque
rien au maitre. Il distribue l'ouvrage aux charpentiers qu'il
dirige; il s'entend avec les architectes et les propriétaires en ce
qui concerne l'exécution des travaux; il tient compte des jour-
nées de ses ouvriers ; il reçoit habituellement de 0' 25 à 0' 50
m sus du taux normal de la journée.
.yGoogle
CB. IX. — CBABPEnTISB (DU DBTOIH) OB PAOtS.
S 23.
ItÉACTION UORAXB EXERCÉE CONTRE LES HABITUDES D'iH-
PHÉVOTAKCB ET LES ASPIRATIONS AU BIEN-ÊTRE MATÉRIEL SOUS
L'iNFLUBKCB d'un legs fait PAB l'affection d'un PAaSNT A
LA FAMILLE DÉCRITE.
La famille décrite dans la présente monographie se montre
constamment disposée à dépenser tout ce qu'elle gagne : depuis
13 ans, aucune éjjargDe n'a été rcalisée;'eQ aucun temps l'ouvrier
n'a pu avoir de l'argent à sa disposition sans l'employer aussilôt
à accroître le bien-être de sa famille (3). Si, à une certaine
époque, il a cherché à s'élever au-dessus de la condition d'ou-
vrier (5), c'était avec le désir de donner à ses profits la même
destination. Les projets que les deux époux aiment à faire aux
heures de causerie ont toujours pour but une dépense de ce
genre et jamais une épargne. Avant son mariage, la Temme,
outre son trousseau, avait réuni environ 900 francs d'économies.
Cette somme, notablement diminuée par les frais d'entrée en
ménage, a bientôt disparu, et c'est à peine s'il en reste un
regret. On peut prévoir qu'elle ne sera jamais remplacée, carie
mari a peu à peu détruit toute habitude d'épargne chezsa femme,
et lui a fait accepter sa facile insouciance et son aimable géné-
rosité. En un mot, la nécessité seule semble pouvoir ^dorénavant
limiter les dépenses de la famille, qui seront toujours portées au
niveau des recettes.
Un fait très-digne de remarque contraste avec cet irrésistible
entraînement. En 185^, la sœur de la femme mourut à Nancy.
Célibataire et unie à sa sœur par des liens d'estime et d'affection,
elle lui légua par testament tout ce qu'elle possédait, en souve-
nir des soins dont Marie avait entouré la vieillesse de leur mère.
Ce legs comprenait du linge, des vêtements, 350' placés à la
caisse d'épargne, et une rente annuelle de 8' achetée sur l'État
en k 1/2 p. 100, La famille ne considéra pas ces ressources
inattendues comme de nouveaux moyens de satisfaire ses goûts
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éL^KENTS DIVERS SB LA COKSTtTDTlON SOCIAIK. i7S
ordinaipes de bien-être imprévoyant. Après le prélèTemeot des
frais et de quelques dépeoses qu'il fallut faire pour aller recueillir
l'hérilage, il restait à la caisse d'épargne une somme de 2/l 5
que la femme songeait à cooserver comme une économie;
le mari intervint et exigea que cet argent fût convci-ti eu un sou-
venir durable. Il ne voulut pas que cette somme courût les
mêmes chances que l'argent acquis par les voies ordinaires, et
fût, dans un moment de détresse, déplacée et absorbée dans les
dépenses journalières, de telle façon que la pensée de la mou-
ninle fût anéantie avec le legs qui la représentait. Ces idées,
exprimées avec insistance dims une discussion qu'eurent à ce
sujet les deux époux, déterminèrent la femme à acheter, au prix
de 205 ', une montre en argent et une chaîne en or. Le reste de
la somme fut laissé à la caisse d'éfiargne et y est encore actuel-
lement. Quant à la rente de 8', elle est demeurée intacte, et l'on
n'a mâme pas eu la pensée de toucher au petit capital qu'elle
représente. Enfin, pour compléter ce trait, il faut ajouter que,
par suile de la gêne qu'impose aux ouvriers le prix élevé des
subsistances, la famille fut obligée, pendant le chômage de 1855
h 1856, de faire un sacrilice, et de recourir au legs de la sœur.
La principale préoccupation fut de ne rien anéantir de ce qui en
faisait partie; au lieu de retirer les kO' qui restaient à la caisse
d'épargne, on se décida à engager au mont-de-piété, pour la
même somme, les chemises de toile provenant du même legs.
On a pu s'assurer ainsi que le dernier acte d'un être aimé avait
profondément touché lés deux époux. L'influence morale qu'il a
exercée sur eux a heureusement neutralisé l'attrait irréfléchi qui
les porte à la satisfaction des appétits matériels. La volonté d'un
mourant a créé pour eux un devoir; il a transformé le modeste
héritage en une propriété d'un ordre supérieur; et l'on a tenu
à honneur de ne pas l'aliéner. L'action moralisante des testa-
ments a été souvent constatée pendant l'étude des familles dé-
crites dans cet ouvrage. Si le legs de quelques objets mobiliers
a pu modiRer à ce point un homme imprévoyant, on devine
l'influence qu'eût exercée sur lui un testament confiant à sa
garde le foyer domestique et le tombeau des ancêtres.
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476 CD. a. — GHABP8NTIBB (OQ DEVOIR] DE PARIS.
S 24.
ABONDANCE DBS SALADES DANS l'aLIHENTATION DES OUVRIERS
PARISIENS.
Les nombreuses espèces de salades que l'on cultive sous le
climat de Paris se produisent assez facilement pour que les
ouvriers puissent en faire un usage habituel. La famille décrite
dans la présente monographie consomme, selon les saisons : en
mars et aTtil, le cresson (Naslurtium of/icinalet R. Br.), la
laitue (Lacluca sativOj L.) ; en mai, juin et juillet, la romaine
(Laciuca saliva, L., var.) ; en juillet, août, septembre et même
octobre, la chicorée sauvage [Cichorium Intyhvs, L.), et l'esca-
role {Cichorium Endivia, L., var., lalifolia); en novembre et
décembre, la barbe-de-capucin {Cichorium Inty bus, L., variété
étiolée par la culture dans les caves) ; en décembre et janvier, la
mâche {Valerianella olitoriaj M œuch.), le cé\en {Apium graveo-
lenSt L.j ; enân, en février et mars, le pissenlit {Taracoacvm
Dens-leoniSj Desf.). Bien des contrées de l'Europe peuventenvier
au climat de Paris et à l'industrie de ses maraîchers (viii.ig)
une telle variété de ressources alimentaires.
§25,
AUTORITÉ EXERCÉE DANS LES MAISONS DE fARIS PAR LES PORTIERS
RÉGISSBDRS.'
Dans beaucoup de capitales et do grandes villes de l'Europe,
les maisons sont occupées, pourla plupart, par une seule femille;
à Londres même, dans ta région la pitis populeuse, on simple
ouvrier occupe souvent une maison entière (HT, vi, lo). C'est
alors le locataire lui-même qui doit pourvoir à la réception des
visiteurs et à l'exécution des règlements de la police municipale.
Il en est autrement à Paris. Les familles qui habitent seules
une maison sont placées dans des conditions très-exceptionneltes.
.yGoogle
iliuKTS SITKKS DE U OOmTITVTICRI SOCliJJ. il!
Celles mêmes qui appartiennent aux .classes riches se trooTcnt
ordinairement réunies, en assez grand nombre, dans une maison
commune dont les principaux appartements sont desservis par la
même porte et le même escalier. Dans ce cas, le service de la
Toie publique, les soins de propreté qu'exige la partie comiDune
de la maison, et la réceplîon des visiteurs sont dévolus à un
agent spécial, nommé portier ou concierge. En outre, lorsque le
propriétaire n'iiabite pas la maison, le même agent se trouve
souvent chargé de faire les locations et de recevoir le montant des
loyers. EnQn, dans les maisons d'ouvriers, la force des choses
conduit souvent le propriétaire absent à attribuer au concierge
une véritable autorilé sur les locataires pour les [])ier à certaines
habituJes d'ordre, de propreté et de convenance. Ici, comm8>il
arrive souvent pour les autres genres de propriélé, l'absenléisme
du propriétaire a de graves inconvénients; et il est parfois assez
difTicile d'apercevoir la limite existant entre l'abus et l'autorité
utilement exercée.
Le portier reçoit du propriétaire des gages en rapport avec
l'importance de la maison. 11 obtient en outre, des locataires, cer-
taines redevances, qui varient selon l'usage de chaque quartier.
Un nouveau locataire donne, sous le titre de « denier à Dieu n,
une indemnité qui annonce l'intention de conclure le contrat de
location dans les 2fi heures. Une ancienne coutume, qu'on aban-
donne chaque jour, obligeait le locataire h une rétribution
envers le portier, proportionnelle au prix du loyer, et que l'on
nommait le a sou pour livre s. Cette rétribution se confond
maintenant, dans la plupart des maisons, avec le prix du loyer.
Le chaulTage du portier est assuré par une redevance en nature
sur le bois que chaque locataire fait apporter pour son propre
usage. Cette redevance consiste eu une grosse bûche par double
stère, équivalant à 2 p. 100 environ de la consommation du
locataire. L'emploi du charbon de terre tend chaque jour à
détruire cette coutume traditionnelle.
Dans la maison que la femille habite avec 6i autres loca-
taires (i),le portier occupe un logement exigu, au premierétage
de l'escalier commun qui dessert touB les logements. Il exerce
.yGoogle
47j ca. IX. — CHAHPENTIBR (DD DEVOll] DE PlBtS.
assez durement son autorité. Il l'emploie surtout à réprimer la
gaieté bniyaDte des enfants, et à interdire les entrées et les sor-
ties k partir d'une cerlaine heure. Les visiteurs sont expulsés de
la maison à 11 h. 1/2; les locataires qui rentrent tardivement
doivent payer, à titre d'amende, 0^ 25 après minuit, et 0' 50
après 1 heure. La sanction de ces pénalités est le droit attribué
au portier de renvoyer, dans le délai de 6 semaines, les locataires
récalcitrants, et de les soumettre ainsi aux embarras et aux
dépenses qu'impose toujours un déménagement. Malgré ses habi-
tudes régulières, la famille décrite dans la présente monographie
paie annuellement, à ces divers titres, en sus du loyer convenu,
une somme de 3 francs. Le bois de chauiïage étant fourni parle
l^ron (7), et apporté peu à peu par l'ouvrier iui-méme, la
famille se dispense sur cet article de toute redevance.
Placé dans une condition voisine de la domesticité, ayant
toutefois à exercer une certaine autorité pour maintenir le boa
ordre dans la maison, le portier, pour remplir convenablement
ses fonctions, doit posséder des qualités toutes spéciales. Ces
qualités font souvent défaut chez des hommes qui ne sont des-
cendus à cette condition qu'après avoir échoué, faute de juge-
ment ou d'activité, dans une situation plus indépendante. Quel-
ques-uns, par exemple, exercent une tyrannie tracassière ou
montrent des prétentions ridicules qui ont plus d'une fois éveillé
la verve des romanciers populaires. Ne recevant que des gages
modiques, les porliers complètent pour la plupart leurs moyens
d'existence en exerçant les métiers sédentaires de tailleur et de
cordonnier; les femmes travaillent souvent de leur aiguille ou se
chargent de servir les personnes seules ou peu aisées qui habi-
tent les étages supérieurs de la maison.
.yGoogle
PRÉCIS
MÉTHODIQUE ET ALPHABÉTIQUE
INDIQUANT SURTOUT
LA DÉFINITION DES MOTS ESSENTIELS A LA SCIENCB SOCIALE;
LES INFLUENCES QUI DOMINENT DANS LA CONSTITUTION SOCIALE DBS
KAGES ÉBRANLÉES DE L'OCCIDENT ; LES DÉTAILS OBSERVÉS,
DE 1829 A 1855, TOUCHANT LES TRAVAUX, LA VIE DOUBSTIQUB
ET LA CONDITION MORALE DB LEURS l'OPULATlONS OUVaiÈRES.
COHPOSt rODR LE tOHI CtNQlIlkUB (l* ÏDITlOIl}.
iiGoogle
SOMMAIRE
DU PRÉCIS
L'objet et U méthode da Précis. — L«e élémeots du Précli
classés selon l'ordre alpbsMlique.
iiGoogle
PRÉCIS ,
MÉTHODIQUE El ALPHABÉTIQUE
L'OBJET ET LA HÉTHODE M PRÉCIS.
Ce' Préds du Totume est anssi un Dietionnairê de teimce
sociale. Il est spécialement appriqaé à la coonaissance des
populations qui sont encore simplement a ébranlées », mais que
menace la désorgabisation décrite au volume suivaut. Outre les
faits qui caractérisent partout les ateliera de ^vail, les foyers
domestiques et les familles, ce dictiounaire mentionne ceux
qui se rapportent plus particulièrement aux idées, aux mœurs
et aux institutions des sociétés en décadence. On y trouvera
surtout des renv<»s fréquents aux nouv'eautés qui portent main-
tenant les populatioûs eur6péeùnes à oublier les vertus et les
coutumes e^ntielles à la prospérité des races, notamment : la
soumission au Décalogue, Tobéissance à l'autorité patemelle,
la prépondérance de la vie rurale sur la vie urbaine, la solidarité
intime perpétuée par ta tradition entre les trois éléments qui
constituent la population des campagnes. Cependant, on y verra
encore indiqués les lieux et les institutions locales qui ccm-
servent, tout au moins en apparence, les éléments fondamentaux
de la paix sociale. On signalé surtout ceux qui assurent deux
biens précieux aux classes extrêmes de la vie rurale : eux pro-
priétaires,, la récolte exclusive deij produits créés par le travail;
aux ouvriers non-propriétaires, la récolte indivise de certaines
productions spontanées du sol.
.yGoogle
4at rSÉCIS HBTBODtODB BT ALPRABATIDIJE,
Ce dicticmnaire est spécialement destiné au lecteur qui veut
consulter à son heure, plutôt que lire avec suite, les détails
exposés dans ce volume. Les mots, quoique mêlés selon l'ordre
alphabétique, appartiennent à trois catégories distinctes.
Les premiers constituent un vocabulaire social : i]s dëS-
nissent le sens attribué aux termes employés dans l'ouvrage,
saus renvoyer le lecteur à aucun passage spécial de ce volume.
Les seconds signalent les subdivisions du cadre commun à
toutes les monographies de familles : pour chaque détail relatir
à l'une de ces Familles, ils rravoieat le lecteur à une ou plu-
sieurs des 16 subdivisions fixes de ce cadre et aux paragraphes
qui les suivent en nombre variable.
Les troisièmes se rapportent aux particularités qui distin-
guent, soit les familles décrites, soit les conslitutions sociales
"dont tes éléments sont présentés dans V/nlroduelioà et dans les
'paragraphes qui complètent les 16 subdivisions Sxes de chaque
Monographie de famille. Les renvois placés à la suite de ces
-derniers mots sont de deux sortes. Ceux qui se rapportent aux
treize paragraphes de l'Introduction sont faits par l'un des
^ilTres i à ts. Ceux qui sont relatifs aux neuf monographies
éônt marqués par deux chiffres : le premier (romain) indique
le chapitre, et le second (arabe) le paragraphe de la mon<^;m-
-|)hie. Les faits locaux de la scteace sociale sont généralement
'désignés par les mots propres à la localité. Les faits plus géné-
trâiux, mais peu signalés jusqu'à ce jour, sont désignés par des
-tnots choisis, dans le lan^ge ordinaire, parmi ceux i^ui, dans
Tune de leurs acceptions, ne repoussent pas le sens attribué par
la définition.
Pour saisir cOnplétement le sens d'un mot défini dans le
l^^is, il Tant souvent recourir à d'aubres mots qui entrent dans
cette définition. Ces derniers sont toujours désignés par une
lettre capitale. Le lecteur est ainsi averti (sans renvoi spécial)
qu'il peut trouver, ea se reportant à ces mots, un om^ément
' d'information sur le àujet principal de sa recherche.
.yGoogle
FB^CIS HBTRODlQn IT ILPHAkénQiri.'
lES ÉLÉMENTS BU PRÉCIS
CL&SSÊS SELON L'OBDRB ALPBABfiTlQDB.
A1)seiitâitnii6. — Habitude dn
propriétaire foncier qui ne réààe
pas sur l'Atelier de travail dans
lequel il puise ses principaux
moyens de «nb^tance. Elle est
vicieuse an double point de vue
' moral et matériel ; et elle est sur-
tout répréhensible cbex le pro-
priétaire rural,
AlansdesmotB.— CMTuption
du langage qui propagel'erreur par
deux moyens priacipaax : par te
sen) énoncé d'un mol détourné du
sens qu'il avait aux époques de
vertu; par l'introduction d'un mot
non défini. De notre temps l'abus
' a, souvent porté sur les mois Éga-
lité et Liberté, Démocratie et Civi-
lisation.
Activité dans le traTall. —
Développée à un degré extraordi-
naire chex les Blanchisseurs de la
banlieue de Paria, vm, 18.
Adriatique (l') xt u DAinm.
— Les Fiançailles et le Mariage
chez les races Slaves habitant les
régions contiguSs, i, 23.
Age mûr (l*) et la vibillsb^
— Ils jouent un rAle prépondérant
au sein des sociétës modèles : leur
supérierîté «st dne k l'ÉducatîoD
qu'ils ont puisée dans la pratique
' de la vie; et c'est par ce motif qu'ils
sont partout préposés à la direction
de l'enfance et de la jeunesse.
AgrlobonB. — Nom qui désk
gne les Charpentiers parisiens nu-
riés, n, 20.
Alimentation sis oonùs
PARISIENS. — Abondance et variété
dés Salades consommées par ces
ouvriers, u, 24.
Alimenta des fitmlUes. ^~-
Le mode d'alimentaliott et lés
dépenses qui s'y rapportent aoat
iodiqnés,, dans chaque monogra-
phie, aux SS 0 et 15.
Allemagne. — Situation des
ouvriers dans les ateliers et les
usines dn Nord^Ouest, n, 19.
Allemagne méridionale.
— Organisation des anciennes
corporations nrbaiatfl d'arts et mé*
tiers, 1, 18.
Allianoe dea Travaux de
l'atelier n ins uodstub dohbs-
mim. — Latroiaième pratique de
la Coutume des ateliers. — Orgaoi-
satioa do tniTail dans laquelle la
famille complète, par l'exercice des
.yGoogle
w
>J|âqS MÉT|)OI)lpttB,.19r ALPBAI^TiaiTB.
ÏDdDstriea accomplies au Foyer, les
ressources fouroies à son chef par
l'Atelier. r--- . - .-.^ , .
Allooatioils D''oBjm '^ db
SEBTicES accordées par. les patroas
à leurs ouvriers. -^ ÉaaméVâes et
ëvalaées, dans chaque monographie
de famille, aux SS ^ ^^ ih-
Anolenues oommunautés.
— De l'Auvei^e, composées de
ménages, Propriétaires ruraux, iv,-
20 ; — du Nivernais, composées de
itnénagés, Pitopriétaires'ramux, Ti,
^20; — dn Nivernais, cwnposées de
' tnéDages, Fermiers ruravx, vi, 23.
- Animanx domestlqaea pos-
SÉDfiS PAS LES TAMIULES. — llS SOnt
-ènumérés et évalués, dans chaque
- monographie, aux ^&et ik.
Antagonisme soolal.— Sen-
'timeots habituels dans l'état de
^souffrance; ils sont caractérisés
':par. l'affaiblissemeDt du prindpe
d'autorité et manifestés par l'esprit
- de révolte dans la famille, l'Ate-
' lier et les institutions de la yie
^publique.
-' Axffent (SttHyBs d') ^ssëuEes
PAB LES PAHiLLKS. — 1a meDi)on en
testfaîte, s'il y a Jien, dans chaque
' moliographlfl; au ':$ 6.
A^tetooratleJ— Undes quatre
éléments de la Constitntioil mo-
dèle d'an grand' État : c'est celui
qnt s'applique au^nvemement
de la Province. — Forlioaile l'Au-
'Ûrlté publique, exercée par des
sages que déngne, soit la nature
des rapports sociaux, âoit le choix
-da: monarque ou du peuple. Elle
B0 'fordfiè en raison ded^ services
renânsM'iniblic..
Artisan rural.— Petit chef de
métier résidant à la campagne où il
exerce; entre autres spécialités, les
professions de forgeron, de char-
pentier, de ma(^n et de tisserand.
Il possède ordinairemeat une Bor-
derie qu'il exploite avec leconcoors
de sa famille, quand il ne travaille
pas, dans le Voisinage, pour le
compte du Gendemao, des Paysans
ou des fiordiers.
Arts libéraux. — Professions
relatives au gouvernement, ^ la
religion, à la justice, à la guerre, à
-la médecine et en général àla cul-
ture intellectuelle on morale. Cette
classe de professions est au moins
représentée en chaque lieu par des
individus veillant spécialement i
-la santé de l'âme et du corps.
Arts usuels-. — Professions
ayant pour objet la production ou
l'extractioa, les élaborationssucces-
siveSi le transport, la garde et la
vente des objets matériels. Cest -
surtout cette classa de professiiHis
qui est exercée par les Sédentaires
et notamment par les familles
décrites dans les monographies.
Atelier de travail. — lieu
où s'exécutent les opérations ca-
ractéristiques de chaque profession
HSuelle ou libérale.
'Ateliera mranx. — Situa-
tion des ouvriers attachés à ces
Ateliers dans les usines du Dord-
■ouest de l'Allemague, ii, 19.
Autorités naturelles- —
Individus dont le pouvoir estinsti-
tuéj -dans-la Vie privée, par la na-
ture des hommes et des choses. Ces
autorités sont : dans la famille,
.yGoogle
niaa KÉTHouKtuB -n AirHuiTiaoR.
iS&
père;-dap8 TAtolier, le Fatroor
daas IflVt^b)^, le.Bage déâgoô
par raffection et l'iotérét-de la
popu1ati<ffi.
Aut(Hlté paternelle. — Ud
âes sept éléments de l'Édifice so-
cial. , - .
Antoritéa puDliqoes. —
Personnes ayant charge de la paix
sociale, dans les quatre élénKnls
de la GOD9litutioD modèle d'un
grand État.
AutorltéB BOOialra. — Indi-
vidus qui sont devenus, par leurs
propres vertus, les modèles de la
Vie privée; qui montrent une gran-
de tendance vers le Bien, chez tou-
tes les races, dans toutes les con-
ditions et sous tous les régimes
sociaux ; qui, par l'exemple de leurs
Foyers et de leurs Ateliers, comme
par la scrupuleuse pratique do
Décalogue et des Coutumes de la
Paix sociale, conquièrent l'aSéction
et le respect de tous ceux, qui les
entourent.
Autorités sociales (d'afi^
Platon). — « Il se trouve toujours,
parmi la foule, des bommes divins,
peu nombreux, à la vérité, dont le
commerce est d'un prix inestima-
ble, qui ne naissent paapluUkt dans
les États poltcds que dans les au-
tres^ Xeq citoyeits'qbi vhrAtt sAUK
00 bon - gouvernement ditivenb
aller à la piste de ces hoaltnet
quise-sont préservés delatwrrup-
tioD, etiescbercherpar terre etpac
mer, en partie pour atTermir ce
qu'il y a de sage dans 1^ lois, (te
leur pays, en partie pou? reclifier
ce qui s'y Irouverail de défectueux.-
11 D'est pas possible que notre r.é-
pnblique soit jamais parfaite, si
l'on ne fait ces observations et ces
recberches, ou si on les fait mal.»
(Platon, les Lois, liv. Xll.)
Autriche. — Province qu'ba-
bite le Compagnon-menuisier dé-
crit au cbapitre i. — Organisatibn
des anciennes Corporations d'aj'ts
el métiers, i, 18.
Auveperne. — Stiptm qo'ha-
bite le Mineur décrit an chapitre vt.
— Causes d'ébranlement obser''
Tées chez les populations de ce.tte
région, iT, 17.— Avantages divers
assurés à plusieurs montagnes de
cette province^ par Texploitaiion
des Mines métalliques et par le
régime d'Émigration de ses habi-
tants, ir, 19. — Anciennes conimu*
nautés composées- de ménages^
Prc^détaires rurauz, issus, d'an
commun ancêtre, ir, 20.
B
Banlieue de Paris. — Ré-
gion qu'habite le Maftre-blanchiEh
seor décrit au chapitie vni, —
Causes, d'ébranlement observées
dans t'K&e des communôs de la
banlieue de Paris, où les bonbeâ
mœurs -se coniservent encore avei:
le plus de fermeté, vui, 17. -
Bassin rhénan: ~ Étât^n^
cten de Stabflife et dtuses ré^ceiiié%
.yGoogle
Plie» HÉTHOBlQint ET kLPBUETlQn.
d'^anlémeiit cbM les populations
manufactarïères de cette ti^oa ,
n,17.
Basques français on u-
MmiD. — ADcienoe orgaDÙation
des Secours mutuels, y, 20.— An-
cienoe émigration périodique en
Espagne, v, 21. — Émigration
transatlantique, v, 22.
Basques (Patsabs). — Mono-
graphie d'un de ces paysans dé-
crite au chapitre v. — Système de
culture t^atiqoé par les Paysans
du Labourd, v, IS.
Bavière (Hadw-); — Contrée
dans laquelle habite le Luthier dé-
crit au chapitre u, 21.
Belglqna. — Régionqu'habite
le Compositeur-typographe décrit
au chapitre m. — États successifs
de Subilité et d'Ébranlement, m,
17.
Bien-fttre. — État dans lequel
la population est et se croit heu-
reuse. CTest l'un des biens inhé-
rents à la Prospérité; c'est la cri-
térium des supériorités sodales.
Blen-ôtre phtsioub et moral.—
Les mœurs et les ioxtitniions qui
l'assurent aux familles décrites
sont résumera, dans chaque mo-
Dographia. ai) j 18.
Bien (Le). — Le Bien a deux
aspects : d'une part, il est la r^le
imposée à la volonté par le Déca-
logue et les Coutumes de la Pais
sociale; de l'autre, il est le régime
«réé par la conformité des actes
et des pensées avec cette régie.
BlonoMBseurs sa la BAifmoE
j»E pAan. — Activité extraordinaire
développée cbex les Ualtres de
cette profession , vm, 18. — Trans-
mission intégrale des clientèles,
vnt, 30.
Blé. — Nom donné, à Tespëce
de céréale qui, chex beaucoup de
peuples sédentaires, constitue la
base principale de l'alimentation.
Blé OOHSOUHË PAA LES FAWUfS.
— La nature, la quanûtéetleprix
en sont indiqués, dans chaque ma-
Dc^raphie, aux SS ^ ^t ^^■
Boissons fermentées. —La
nature, la quantité et la valeur eo
sont indiquées, dans chaque mo-
nographie de famille, au S 15.
Bordier de la Cliampagne
ponlllense (MonoceApaiB dv). —
Décrite au chapitre vti.
Bordiers. — Propriétaires ou
Tenanciers n'occupant guère que
leur habitation, dite Borderis, avec
quelques dépendances agricoles. Le
Bordier fournit son travail au Gen-
tleman ou aux Paysans du Voisi-
nage en échange de Salaires on de
Subventions. Les autres membres
de la famille exploitent la Borderie.
Chei les populations rurales bien
organisées, la Borderie comprend
souvent, entre autres dépeodances,
un droit de parcours sur les biens
communaux, un jardin potager,
un champ pour la culture des
pommes de terre, une prairie, une
chènevière, un cochon, une chèvre
ou une vache laitière.
Bruxelles. — Ville de Bel-
gique qu'habite le Compositenr-
lypographa décrit au chapitre m.
— Sociétés de Secours mutuels
fondées par tes Ouvriers-tJiKigra-
phes de cotte ville, m, 18,
:,yGoogle
CIldCIt aiTBOblQSI.IT ALPHAaâtlDVK*
c.
Oataretiers. — Vices récem-
meat déreloppéa parmi eux, vm,
ib.
Céréales coKSomiiEs pu us
FUOLLBS. — La nature, la quantité,
la valeur et le mode d'emploi en
sont indiqués, dans chaque mono-
graphie, aux SS 9 et 15. — Des dé-
tails complémentaires sur la pro-
duction et l'élaboration sont parfois
mentionnés auj 16.
Champa^e poulUense.—
Région qu'habita le Bordier rural
décrit au chapitre vn. — Causes
d'ébranlement observées chez les
populations rurales de cette région,
VII, 17.
Cliarpente {CHiimBis m). —
Organisation des deux sortes de
chantiers chez les Charpenfiers pa-
risiens, IX, 22.
CharpentieT (dn Devoir}
de Paris (Mokogiulpoib do). —
Décrite au chapitre-ix. — Béaciîon
morale exercée par no legs fait k
la famille, ix, 28.
Charpentiers parisiens. —
Coutumes du Compagnonnage ob-
servées ohez cette classe d'ouvriers,
a, 18. — Solennités du Compa-
gnonnage dont la tradition est
conservée, n, 19. — Société de
Secours mutuels des Charpentiers
mariés, dits Agrichons, a, 20. —
Caractères louables de la grève
oi^anisée, «o Ift/|5, par ce corps
d'état, IX, 21. —Organisation dée
chantiers où ils travaillent, n, 22.
- L'un des priodpiiax
moyeiu de subsistance chez les
Sauvages et l'un des mojens «c?
cessoires chez les Nomades paa-
teors et les Sédentaires. .
Oivillsatlon. — Mot introduit
à tort dans le langage moderne. U
est vague et inutile, s'il exprime
simplement l'état d'un peuple qui
s'agglomère en b&lissant des vilîea
vouées h l'industrie manufacturière
ou à la culture des arts, des scieit*
ces et des lettres. 11 est faux et danr
gereux, tfil implique l'idée que
cette agglomératicm offre le modèle
du Bien et l'exemple du txmheur.
Classes sociale^.— Groupes
de familles entre lesquelles uqe
distinction est établie par les instir
tutioas et les mœurs.
Clergé, 'r- Classe d'hommes
employés fc renseignement du
Décalogue et & l'exercice du culte,
4Bna les contrées où le culte do-
mestique de la vie patriarcale est
devenu insuffisant.
Ollentôles. — Transmissio*
intégrale chez les Blanchisseurs de
la banlieue de Paris, vm, 20.
Ooaotlon gouTememeiL-
tale. . — Caractère distinctif da
gouvernement des raCea réputées
«contraintes B et souffrantes, diec
4e8quelles les institutitns coofèreut
surtout anz Autorités publiques (9
devoir de garder la Paix sociale.
Ooaotlon patemeUB^-- Car
ractère distinctif des races rou-
lées « libres » et prospères, chos
lesquellM iM institutions M tv
.yGoogle
i»
rtsna Méramitn n AtntàMÈtwmr
mœurs confèrent surtoat aux pères
de famille le devoir de garder
h Paix sociale.
• Ooloaies. — Établissements
créés hors du territoire de la mèra-
patris; Décessaires aux races fé-
condes. Ils soat esseoUela à la
constitution des Familles patriar-
cales et des Jamilles-souches.
Golporteurs. — Vices réœm-
ment dévelc^pés-paroii eux, vm,
Sft.
Oommunatité. — L'un des
trois régimes de la Propriété Jm-
mobilière ; la jouissance en est fré-
quente cbsz lesPropriétaires ruraux
groupés en Commune. — L'un des
sept éléments de l'Ëdiflce social.
OonUttiiqaatés. — Associa-
tions dont les membres exereent
en commua, en toutou en partie,
les industries agricoles, manu&ic-
turières'oB commwciBleg, et en
génial les tiravaiix ayant le gain
pourobjeL
Oommimantés de l'Auver-
gne (Ahciehmbs). — Composées
de menées, Propriétaires ruraux,
Issus d'un«ommun ancêtre, n, 20.
Oommanantés dn Niver-
nais (Axcnnns). — Composées
de ménages,. Propriétaires ruraux,
issus d'oa commun ancétfe, ti, SO.
— Composées da ménages, fer-
miers de domaines ruraux, vi, 23.
Oommonanx (PinnuuEs). —
Base de IVxploitation des brebis,
cbez les Basques UrançaiB du La-
bourd. T. 19.
Oommnne. -; Circonscription
4erritprialequi correspond au qua-
trième élément dd la GofUtitutioa ,
modèle d'un grand État t la Démo-
cratie. Les familles s'y concertent
en vue de pourvoir & certains be-
soins de ta Vis puUique. Eo Europe,
dans, les campagnes, elle se.coo-
fond ordinairement avec la drcqU'
scriplioDdela paroisse; dans les
a^lomérations urbaines, elle coin-
prend habituellement plusieurs pa-
roisses. Une solide organisation
de la Famille-souche favorise le
développement et l'indépendance
des institutions communales.
Compa^non-meniiisler de
Vienne (HoNOGRireiE dd). — Dé-
crite au chapitre u
Oompagnonnage (Coirrnns
bd}. ~ Observées chex les Ghajw
pentiers parisiens, ix,. 18.
OompoBltenr- typographe
de Bruxelles (Mohooraphis do).
— Décrite aa cbapitfe m. — Aug-
mentation de salaire attribuée, en
1&57, k cette classe d'ouvriers, lo,
19.
Oondlments etsUmolaiLts.
— La nature, la quantité et la
valeur en sont indiquées, dans <^-
que monographie de fïmitle, au
S15-
Oonaervatlon. forcée. —
L'un des trois r^mes de succes-
sion. Le Foyw et l'Atelier,. ou, en
d'autres termes, les inunenbles.dé
la famille, s'y transmettent inté-
gralement en dehors de la volonté
du propriétaire.
Oonaerves de lôgamea. —
Uoda de préparation dans la Pro-
vince rhénane, n. 20. .
Oonatltation jaod^ o'm
SusD ÉtàX, —_ L'auiofité y corn-
.yGoogle
PaiciS HETBODIQDB ET ALPBABÉTKlVBt
preod quatre éléments : la Théo-
cratie dans le monde des âmes*,
la Démocratie dans la commune;
l'Aristocratie dans la province ; et !a
Monarchie dans l'État, comme dans
la famille.
OonsUtntlonsooiale. —Or-
dre établi, dans toutes les branches
d'activité d'une raced'hommes, par
la nature des lieux, par les Cou-
tumes, par les Lois écrites et, en
général, par les idées, les mœurs et
les institutions. Ces branches d'ac-
tivité constituent deux groupes
principaux : la Vie privée et la Vie
publique. — Dans cet ensemble on
peut distinguer sept élémeols prin-
cipaux. Si l'on a égard k leur im-
portance, et si l'on a.ssimiie la Cout
stitution sociale à un édifice, on
peut les-subdï viser en trois groupes,
savoir : a deux fondements », le
Décalogue éternel et l'Autorité pa-
ternelle; deux « ciments », la Re-
ligion et la Souveraineté ; trois
K matériaux », la Communauté, la
Propriété individuelle et le Patro-
nage.
CoBstltutlon sociale (ttt-
MBins DIVERS DE u). — Indîqués
et appréciés, dans chaque mono-
graphie, aux SS 17 et suivants.
Ôorpcva.'O.oiia. — Associations
dont les membres se livrent en
commun à des travaux où l'intérêt
intellectuel et moral domine l'io-
tértt matériel et financier.
Oorporatlons urbaines
d'arts et ii£tiers. — Organisation
de ces anciennes corporations de
l'Autriche et de l'Allemagne mérl-
- dionale, i, 18. — Causes qui les
menacent d'une- ^saolntioa [o^-
diaioe, I, i9,
Ctorps gras. — Ceux qni sont
consommés par les familles sont
indiqués, dans chaque œon(^p>a-
phïe, au S 15.
001Ttipti<m. — État d'nne so-
ciété qui abandonne la pratique
du Décalogue et la tradition des
peuples modèles; qui, en d'autres
termes, renonce aux Coatuœes de
la Paix sociale.
Corvées récréatives. —
Travaux accomplis, par les habi-
tants d'un Voisinage, au sujet d'une
besogne urgente qui serait an-des-
sas des forces de l'un d'eux. C'est
an acte d'obligeance fait, à charge
de revanche, avec l'attrait de co-
pieux repas offerts par l'obligé.
Ooiltlime. '— Ensemble des
habitudes traditionnelles qui con-
stituent les fondements de la vie
morale et des intérêts matériels
d'une société. La Coutume prend
naissance à l'origine des sociétés
prospères-, elle implique, plus que
la Loi écrite, le Bien-être et l'indé*
pendance des populations.
Ooutnme des ateliers. —
Ensemble des six pratiques qui,
chez toutes les races, conservent
raffeciionrédproqneeQtre le patron
et les ouvriers, en conjurant toute
éclosion de l'Antagonisme social.
Les six pratiques s'énoncentcom me
il suit: 1* permanence des Engage-
ments ; 2* entente touchant le Sa.-
laire; S* alliance destravaux del'Ale-
lier et des Industries domestiques;
ji> habitudes d'Épar^^e ; 5* union
indissoluble de ^a FaÉaille et du
.yGoogle
f>BClB HÉTHODigOE BT ALPBÀBETIQCB,
Foyer; &• respect de la femme.
Elles se résumentdaos la première
qui implique les cinq autres.
Oroyanoffl religieuses' —
Elles ntlacbeotles Mbles à la pra-
tique d'un culte et elles assurent
le respect du Décali^e ed eusei-
gnant que les dix commandemeats,
étant révélés par Dieu, ne sau-
raient étrB améliorés par la raison.
Gro7aiLoesrellffleiisea(ÉTAi
des). — 11 est iDdigué, pour les
familles Récrites, dans chaque mu-
nograpliie, au $ 3.
Cueillette. — L'un des moyens
(HÏQcipaux de subsistance chez les
Sauvages et l'aD des moyens ac>
cessoires chez les Nomades pas-
teurs et les SédeaUires.
Culte. — Celui qui est pro-
fessé par les familles est indiqué,
dans chaque mout^rapbie, au 5 3-
Culte (Pratiques dd), — ^D^nses
faîtes à cesujetparleCompagnoD-
meauiùer de la ville de Vienne, i,
21.
Onltnre intellectuelle (U).
— L'un des charmes et l'un des
trois écueils de la Prospérité. —
Sous le r^ime de la Famille-sou-
che, l'esprit de Nouveauté, appli-
qué aux scieaces physiques et aux
arts usuels, la développent sou-
vent, jusqu'à compromettre les ira-
diiions du Bien. — Sous le régime
de U famille patriarcale, ce déva-
loppement est souvent entravé par
l'esprit de Tradition ; mais parfois
aussi il s'opère dans une direction
meilleure en s' appliquant , avec
persistance, à l'ordre moral.
Culture (SisrtuB de). — Prati-
qu'é par les paysans basques du
Labourd, v, 18.
Danube (Le) et l'Adkutiqde.
— Lea Fiançailles et le Mariage
chez les races slaves des régions
contiguës, I, 23.
Céoadenoe. — État d'une so-
ciété où se propage la Corruption,
Ella a généralement pour cause
l'abus de la Hichesse accumulée, de
la Culture intellectuelle et de la
Puissance politique, qui ont été dé-
veloppées, à une époque antérieure,
par la pratique du Décalogue et
des Coutumes de la Paix sociale.
Décadence actuelle de la
lïanoe. — Elle a été lentement
développée, de 1661 à 1789. par
la corruption de l'ancien régime ;
depuis lors, elle a été fort accélé-
rée par le Partage forcé, vi» 17.
Décadence fatale. — Erreur
qui, assimilant l'existence d'une
race d'hommes à celle d'un indi-
vidu, enseigne que chaque société
doit fatalement passer par trois
époques : la naissance, l'&ge miXr,
et la vieillesse, pour aboutir k la
mort. Elle a pour prétexte un fait,
savoir: que l'orgueil engendré par
la Prospérité a été souvent le pré-
curseur de la Décadence^
Décaloffue étemel. — Réu-
nion des dix préceptes de la loi
.yGoogle
Pftiicia iriTBOBIQAE KT ALTBABliTIQITt.
191
divine qui, selon la croyance des
peuples prospères, ont été révélés
par Dieu au premier homme, et
dont la pratique ou l'abaDdon a
toujours entraîné, pour les sociétés,
la Prospérité ou la SoufTrance. —
Le Décalogue étemel : 1* prescrit
le cuite de Dieu unique; 2" prescrit
le respect de Dieu jusque dans son
nom ; 3' prescrit le repos hebdoma-
daire; A'prescritle respect do père
et de la mère ; 5* interdit le meur-
tre; 6* prescrit la chasteté; 7* in-
terdît le v(A ; 8* interdit le faux
témoignage ; 9* prescrit le res-
pect de la femme et i^union dans
le mariage ; Ifi* interdit la convoi-
tise du bien d'autrui. — L'un des
sept éléments de i'Édiflce social.
DédtlQtioii.— Système derai-
sonnement qui, partant d'un pria-
dpe général admis comme certain,
en tire, comme conséquences, des
idées particulières.
Démooratle. — Un des quatre
éléments de la Constitution modèle
d'un grand État. — Portion de l'Au-
torité publiqueeiercée dans chaque
paroisse ou daos chaque commune
pour la gestion d'intérêts spéciaux.
— Elle comprend tout le gouver-
nement dans une petite société où
les familles sont assez rapprochées,
et assez soumises à la loi de Dieu,
pour que le peuple assemblé puisse,
tout en gardant la paix, régler
souverainement ses iotéfâts com-
muns.
Dépenses (Boockt DE8).~Sub-
dlvisé en 5 sections : Noitrrintre;
Habitation; Yttements; Beiointmth
roux, riwèatiwit eturviet tb satM ;
Induttries, data, tmpdti et amir-
ronces; — il forme, dans chaque
monographie, le $ 15.
Dieu- — L'Être suprême que
les peuples prospères ont tous con-
ridéré comme leur vrai souverain.
Selon cette croyance, il a créé le
ciel et la terre, il a élevé l'homme
au-dessus des autres êtres de la
création, en lui donnant lelibrear-
foitre; et il a réglé l'usage de la Li-
berté en révétanlau premier homme
le Décalogue éternel.
DiHtlnotlon nuriQirB du bieh
ti DO MAL. — Établie chez les peu-
pies prospères par les Coutumes dé-
rivées du Décalt^ue étemeL
Domestiques. — Cat^orie
spéciale de Serviteurs qui secon-
dent les Maîtres dans les travaux
du royer.
Droit de TéTolte.— L'un des
trois faux dogmes déduits du prin-
cipe de 1789 (la Perfection origi-
nelle] par le raisonnement d-après.
Les hommes naissent parfaits : ils
créeraientpartout le régne du Bien,
s'ils pouvaient tous y concourir
dans les conditions de Liberté et
d'Égalité. Or, tous les gouverne-
ments ont jusqu'ici maintenu les
hommes dans des conditions oppo-
sées; et de là résulte la prédomi-
nance universelle du Haï. Il faut
donc renverser par la force tous les
gouvernants qui tolèrent, en quoi
que ce soit, les régimes de con-
trainte et d'inégalité.
Droits d'usage POssCofs pib
LES FAHiLLBs.— La mentiou en est
faite, dans chaque monc^iraphifl,
anx$S6, 7 et U.
.yGoogle
nÉtm «KTBODIOTB ET ILPIUBÉTIQDE..
E"
ËbrELDlement (ciusEs s']. —
Observées spedalement : — chez le
GompagDOD-meDaisier de Vienoe
(Autriche), i, 17;— cbezle Tisserand
de Godesbei^ (Provioce rbéuane),
n, 17 1 — chez le Compositeur-ty-
pographe de Bruxelles (Belgique),
m, 1 7 ; -r- chez le Mineur des ûlons
argeotifères de PoQtgîbaud (Au^r-
gae), IV, 17; — chez le Paysan
baaque du Labourd (France), y, 17 ;
— chez le Manœuvre-agriculteur
du Morvan (Nivernais), vi, 17 ; —
chez le Bordier de la Champagne
pouilleuse, vu, 17; —chez le Maî-
tre-blanchisseur de la banlieue de
Paris, vm, 17; — chez le.Cbarpeur
tier (du Devoir) de Paris, ix, 17.
Éooles. ~ Institutions dans
lesquelles des professeurs spé-
ciaux enseignent les connaissances
et inspirent les senlimenls qai ne
sont pas safflsamment propagés
par l'Éducation. Chez les Nomades
pasteurs, soumis exclusivement à
l'autorité patriarcale, le père est
professeur au Foyer domestique,
comme il y est pontife et roi. Les
Sédentaires, agglomérés en cités
immenses, créent des écoles in-
nombrables; mats ils ne eooser-
veat la Paix que si les professeurs
spéciaux, soumis à Dieu et au sou-
verain, se considèrent comme les
déi^és du pËre.
Édlfloe social (Soalrfs ho-
lulKES coiiFAtÉBs A Dif). — Hention
de ses sept élémeols principaux
distingués en trois^pvupes, savoir :
« deux fondements n : le Déca-
logue étemel et l'Autorité pater^
nelle; « deux ciments » : la Reli-
gion et la Souveraineté; « trots
matériaux » : la Communaaté, la
Propriété individuelle et le Patro-
nage.
Éducation. — La majeare
partie de riastniction normale :
celle qui est puisée paï chacun
dans les enseignements du Foyer
domestique, dans les travaux de
l'Atelier, dans les relations du
Voisinage, dans l'observation des
Faits sociaux et, en général, dans la
pratique de la Vie privée et de la
Vie publique.
Égalité. — Mot dont le sens
l^itime est fixé par le Décalogue
et les Coutumes de la Paix sociale.
On en abuse aujourd'hui pour mas-
quer la loi d'Inégalité, établie par
Dieu, démontrée par l'observation
des Faits sociaux, développée par
l'usage du libre arbitre, indispen-
sable au bon ordre des sociétés.
Égalité provldentiella. —
L'un des trois faux dogmes déduits
du principe de 1789 (la Perfection
originelle) par le raisonnement ci-
après. Tous les hommes, naissant
également parfaits, devraient exer-
cer le même pouvoir et jouir des
mêmes avantages dans une société
fondée sur la Justice. Or, jusqu'ici
tontes les institutions sociales ont
eu pour but de produire l'ordre de
.yGoogle
»KCI8 HâTHODIQCB KT AlPHABriTlQUE.
diose3(qiposâ. Il faut donc rétablir
l'ordre providentiel, en d^tnii^nt
^es ÎDSlltattons quiteadent, en quoi
que ce soit, à mainteair l'in^alité
des conditions.
Émigration. — Coutume pro-
preaux races facondes qui habitent
un territoire complètement défri-
ché. Elle attire dand lespays étrao-
géra où la population fait défaut,
et dans les colouies où le sol reste
iaculte, lesindividus qui ne peu-
vent s'établir convenablement au
lieu natal. Dans les familles fécon-
des, on organise deux régimes
opposés : VÉmigralion riche propre
aux familles stables, qui trans-
mettent intégralement à un seul
héritier, le domaine patrimonial ;
Vêtnigration pauvre propre aux
familles instables, qui, en se par-
lageaut indëCniinent les domaines,
tombent dans la condition de pro-
priélaîres-iDdigenls. L'Émigration
est permatiente, quand elle a lieu
sans retour; momenUmie, quand
rémigrant revient se fixer au pays
natal aveâ une fortune faite;pM'o-
(ftçue, quand l'émigrant revient
chaque année après avoir accompli
au fa>in certains travaux tempo-
raires.
Émlgrrâtioii périodique. —
Des Basques français en Espagne,
V, 21.
Émigration (Réciue d'). — '
Avantages assurés à plusieurs mon.
tagnesde l'Auvergne parce régime,
IV, 19.
Émigration rlohe (Bégimk
p'). — Lié iniimement à l'organi-
sation des deux sortes de familles
stables; à la fample patriarcale
et à la famille-souche.
Émigration transatlan-
tlqne. — Des Basques français du
Labourd, v, 22.
Engagements (Les tboq
s iiiTEs d'] entre les MaIhibs-p&tbons
Ft LPS OovRiBHs. — lls Correspon-
dent à trois sortes de Constitutions,
selon qu'ils sont permanents far-
cis, permanenu voloniaires, ma-
menlanii.
Engagements moment&-
nés. — Organisation du travail
dans laquelle les ouvriers sont liés
momentanément : à un Maître; sou-
vent, en outre, à une Coloration;
rarement à une Communauté.
- Engagements momenta-
nés (Système des). — En vigueur :
chez le Compagnon-menuisier de
Vienne (Autriche], i, 1 ; — chez le
Tisserand de Godesbcr^ (Province
rhénane), n, 1 ; — chez le Com-
posiieur-typograplie de Bruxelles
(Belgique), lu, 1 ; — chez le Mineur
des filons argentilëres de Pont-
gibaud (Auvergne], iv, 1 ; — chez
le MancBuvre-agriculteur du Mor-
van (Nivernais), vi, 1 ; — chez le
Bordier de la Champagne pouil-
leuse, vu, 1 ; — chez le Cbarpentîer
(du devoir) de Pari?, ix, 1.
Engagements permanents
forcés. — Organisation du tra-
vail où les Ouvriers sont attachés,
en permanence : à un Patron,
quelquer<H3 à une Communauté,
parlaCoutumeou par la Loi écrite.
Ei^agements permanents
volontaires. — organisation du
travail dans laijuelle les Ouvriers
.yGoogle
4H
PiéCIB HÉT&ODHtUB IT UFHABKTIQUt.
sont attacha, en permaDeaoe : à
uD Patron par lear Vfdont^ guidée
elle-mAme par la Contnme ou fixée
par des contrats à long terme ; par-
fois è une Gommunanté.
Ensei^ement Boolalre.—
La moindre partie de l'iustrucdon
normale : celle qui est donnée par
-ladoctrine et la pratiqaedcs Écoles.
Enseignement scolaire des
ENFANTS. — Les faïts concernant
cet enseignenient et les frais qu'il
impose sont mentionnés, dans cha-
que monographie de famille, aux
SS ? « 15.
Entente touchant le sa^
laire. — La deuxième pratique
de la Coutume des Ateliers, Elle
assure la stabilité des bons rap-
ports établis daos l'Atelier par la
Coutume, en évitant les débats
contradictoires relatifs à la fixation
du salaire.
Épargne. — Répugnance que
montrent certaines familles pau-
vres contre les habitudes de cette
vertu, I, 20.
Épargrne (Habitddes d*). — La
quatrième pratique de la Coutume
des Ateliers. — Elles contribuent à
la conservation de la famille par
la frugalité et l'esprit d'économie
qu'ellesdéveloppent; elles assurent
en mdme temps ]'ëtabli«eiiieot éts
rejetons. i'
ErretiT. — EnsemUe des actes
et des idéss qui. |du8 encore que
le vice, amènent la Souffrance des
individus et des nations.
Esolavaee. — Mot fréquem-
ment employé en mauvaise part
pour désigner la condition des Ser-
viteurs, sous le régime des Enga-
gements permanents forcés.
Espagne. — Émigration pério-
dique des ouvriers français dans ce
pays, V, 21 . — État qu'habite le Mi-
neur-é migrant décrit au ch. v, S3.
. Essaimage des ÛLmllles
— Hoc employé pour dés
l'Émigration organisée par les deui
sortes de Familles stables.
État. — Ensemble des institu-
tions et des intérêts de toute na-
ture, qui se rapportent aux peu-
ples et aux territoires placés sous
une même Souveraineté.
État OiTll DE LA FAMILLE. — Il
est indiqué, dans chaque monogra-
phie,auS2.
États allemands (Modogka-
PBiES d'ouvriers des). — CompagnoO'
menuisier de Vienne (Autriche), i.
— Tisserand de Godesberg (Pro-
vince rhénane), ii. — Luthier du
Werdeofels (Haute-Bavière), n, 21 .
' Faits flodanx (Obsbrtat]o(i
des). — Vrai fondementde la science
des sociétés, quand elle est guidée
par un plan méthodique et par le
respect de la Térité.
Famille (DfiFtNrmw i« u).~
Donnée, dans chaque moni^ra-
phie, auxSS^lt IS.
Famille (La) et sbs trois ttpes.
— Caractérisée surtout parla lutte
.yGoogle
raAcis H^TaosiQUE et alpbab^tiqdb.
tffi
entre l'Ecrit de tradition et l*E8prit
de nouveauté.
1" type : la FamtUe patriarcaU.
Elle conserve prés des parents tons
les fils mariés de plusieurs géaéra-
tions. Quand l'babitation est deve-
nue trop étroite, elle favorise l'Es-
saimage par ménagea complets,
BOUS la direction d'un vieillard. Elle
est dominée par l'Esprit de tradi-
tion. Mieux que les deux autres,
%lle conserve la Paix sociale. Elle
la perpétue dans certaines Steppes,
depuis les premiers ⩾ mais
ailleurs elle est souvent détruite
elle-même par le progrès des cul-
tures et des cités.
2"* tfpe : la FamtUe iruuibte.
Les enfants issus d'un même ma-
riage s'élablissent tous successive-
ment au dehors du Foyer, puis se
divisent i'Iiéritage laissé par les pa-
rents, dès que ceux-ci sont morts
dans l'abandon. L'Esprit de nou-
veauté y domine. Cest le type qui,
sous tous les régimes du travail,
assure le moins la Paix sociale.
3» type : la Familte-souche. E^le
conserve près des parents l'un des
eoftnta marié et désigné comme hé-
ritier-associé. Elle établit au dehors
du Foyer les autres rejetons de cha-
que ^nération, avec des dots for-
mées par la totalité des produits de
l'Atelier. Mieux que les deux antres,
elle concilie ce qu'il y a de bon dans
la Tradition et dans la Nouveauté.
C'est le type qui, à défaut de la
Famille patriarcale, conserve le
mieux la Paix sociale au sein des
cultures et des cités,
rermiers ruraux (II£iuges
m). — Constitués en (
tés oontumiëres on taisibles, au
midi du Morvan (Nivernais], VI, 23.
Féodalité. — Le régime qui
assure le mieux le Bien-être da la
classe inférieure. — II a pour ca-
ractères : la dépendance réciproque
du Patron et de l'Ouvrier; les de-
voirs d'assistance du Patron; l'usu-
fruit perpétuel du Foyer et de
l'Atelier assuré à la famille de
l'ouvrier.
F@tes et solennités tus fa-
milles. — Le détail en est donné,
pour chaque monographie, anx
S8"etl5.
Fiançailles. — institution fon-
damentale des races modèles. —
Premier engagement du mariage,
célébré en présence du ministre de
la religion, des deux familles et de
leurs amis. Selon les meilleures
traditions des peuples prospères,
elles intéressent les deux fiancés à
s'assurer, par des efforts de tra-
vail et d'épai^ne, l'habitation, le
mobilier et les vêtements qui seront
nécessaires au futur ménage. Elles
développent ainsi, grâce au plus
puissant attrait de l'humanité, les
habitudes et les vertus sur les-
quelles sera fondé le bonheur des
^ux.
Fiançailles (Lis) et le MAariGE.
— Chez les races slaves du Danube
et de l'Adriatique, i, 23.
Fondeur (ati bois) dn Nl-
vemals (Fhëcis de u uottoGR^raiE
dd). — Exposé, comme appendice,
au chapitre vi, SI.
Force armée. — Moyen de
gouvernement qui contraint ao .
.yGoogle
4»
nia» nénoDiaiiB n kvmuftiviK,
besoin les individus à obéir îf la
Coutume et aux Lois écrites, à se
soumettre aaz arrftts de la justice
et i respecter la Paix sociale. U eat
iFop souvent employé pour la saoc-
lioD ou la violation des traités, dans
les rapports ÎDternatioaaux.
Forêts privées (OaGAnisuion
vinEosB des}. — Imposée aujour--
d'hoi eu France à ces Forêts ei aux
Usines à fer (au bois}, vi, 22.
Pc^er domestique (Pos-
session m). — En vigueur : chex
te Luthiw du Werdeofels (Haute-
Uavière], u, 21; — chez le Mineur
des filons ai^^iifères de Fontgi-
band (Auvergne), iv, 6 ; — chez le
Paysan-basque du Labourd (France),
V, 6; — chez le Miaeur-émigrant de
la Galice, v, 23 ; — chez le Bordier
de la Champagne pouilleuse, vu, 6;
— chez le Uaréchal-ferrant du
Maine» vui, 22.
France. — Causes qui entra-
vent l'exploitation des Mines mé-
talliques, IV, 18. — Instabilité
actuelle de la petite- Propriété ru-
rale, Ti, 18. — Condition ftcbense
des Manœuvres-apiculteurs dans
plusieurs régions, -n, 19. — Oi^a-
nisatioa vicieuse imposée aujour*
d'bui aux Forêts privées et aux
Usines à fer (au bols), vi, 22. —
Influence f&chense exercée sur les
Mœurs rurales par les Ouvriers
nomades des travaux publics, vn,
18. — Hoded'existeacedes Ouvriers
nomades attachés aux travanx pu*
blics, vii, 19.
Franœ (Monogiuphibs d'oo-
VBiEHs DB u). — MiDeor des filons
argentifères de Pontgihaud (Au-
vergne}, nr. — Paysan-basque du
Labourd, v. < — Maiicsuvre-agrical-
leur du Morvan.vi. — Fondeur (an
bois} du Nivernais, n, 21. — Bor^
dier de la Champagne pouilleuse,
VII. — Maître-blanchisseur de la
banlieue de Paris, vm — HarécbaW
ferrant du Maine, vm, 22. — Char-
pentier (du Devoir} de Paris, a.
Oalioe (EsMGtft}. — Province
dans laquelle habite le Minenr-
émigrant déoit au chapitre v,
23.
Gentleman. — Grand pro-
.priéiaire qui réside sur son domaine
et l'exploite avec le coacourâ d'Ou-
vrters-domestiques ou de TenaO"
ciers. Dans les bonnes constitutions
sociales, il se charge de pourvoir, à
■litre gratuit, aux intérêts publics
du Voisinage, de la Coinmaae oa
de la Province.
Oodesberer (PaovwcB rhInanb).
— Commune qu'habite le Tisse-
rand décrit au diapiire n.
Ooavemement. — Partie de
la Constitution sociale qui pourvoit
aux intérêts de la Vie publique et
spécialement au règne de la Paix.
— Chez les grandes races, riches et
lettréesi il comprend quatre élé-
.yGoogle
raécis hètbodiquë et jilpdabgtiqui.
ments priDcipani : U lliëocratié,
la Démocratie, l'Aristocratie et la
Monarchie.
' Ordre ses cuapsiniiàis ' nu-'
ama, en 18Ii5. — Caractères loua-
bles spéciaux à cette lutte, a, SI.
Hatltatlon des rAyiuES. —
La description en est faite, dans
chaque monographie, au S 10.
HléraroMe sociale- — Ré-
partition de l'iofluence, des fonc-
tions et du pouvoir, entre les
membres d'une Société. Chez les
sociétés modèles , elle s'accorde,
autant que possible, avec la répar-
tition de la richesse, du talent, de
la prévoyance et de la vertu.
Histoire de la famille. —
Elle est retracée, dans chaque
monographie, aux SS 1^ ^^ 1'.
HoulUÔTes. — Le charbon
qu'on en extrait ébranle aujour-
d'hui l'Europe, en transfonnant les
méthodes de travail : l'époque
actuelle sera donc justement nom-
mée Fâge de la houUlf; m, 17. —
Transformation opérée dans les
usines à fer du Nivernais, vi, 21.
Eyg^lène- — Les conditions
hygiéniques spéciales aux familles
décrites sont indiquées, dans cha>
que monographie, au S h-
ï
Idées domliiaiiteB. — En-
semble des' opinioDs qui r^nent
chez UQ peuple; qui déterminent
les Mœurs et les Institutions; qui
engendrent la Prospérité on la
Souffrance, selon qu'elles sont con-
formes ou opposées au Décalogue.
Immeubles des fauillbs. —
Propriétés qui comprennent pres-
que exclusivemsot.les Foyers do-
mestiques et les Ateliers de travail.
— Les immeubles possédiSs par les
Ouvriers décrits, et- le caractère de
la possesâoo, sont indiqués, dans
chaque monographie de famille,
aux-SS6etl((.,
ImpréToyanoe. — Péfaut
des personnes qui ^abandonnent
à l'impulsion de leurs désirs et de
leurs appétits, qui ne cherchent
pas h .conquérir, par le travail et
l'épargne, une situation garantis-
sant la possession du pain quoti-
dien, et qui ne songent pas même
à assurer, en toute éventualité, les
moyens de subsistance à leur fa-
mille.
Indnotjon. -r Système .de
raisonnement par lequel, de j>lu-
sieurs faits obsery^, on conclat là
loi générale qui semble lesgonver-
pet tous. ..,.■. . ,_ .
Industrie. — Ensemble des
procédés de travail qui constituent
un Art usueL CeS; pnjcédés forment
neuf groupes principaux : (a Cucil-
31
:,yGoogle
PBiCIS H^THODIQUR ET ALPBABKTIQVB.
lattet- la GbasBei UtPècbe, l'art des
HinM, Tart des Forât?, le Pâturage,
lIAgricvlture, l'art des Maoufactu-
res et le Commerce.
Industrie (État de l'). — Dé-
crit, daas chaque monographie,
aaSl-
Industries domestiques.—
La Daiure et les produits de ces in-
dustries sont iodiqués, dans chaque
monographie de famille, aux S§ 8,
U et 16.
Inégalité. — L'ua des carac-
tères dominants des Sociétés ho-
maioes. Elle dérive toujours des
diversité qui existent dans les
lieux, les aptitudes individuelles,
les sexes, les Siges, les traditions
de famille, les besoins sociaux et,
en général, dans les emplois dii
libre arbitre.
Instabilité. — État de souf-
france qui se manifeste, au sein des
familles, par le changement brus-
que des conditions, parfois même
par la privation momentanée des
moyens de subsistance.
Âistabillté EN ntiMCE. — Dé-
cadence, fruit du Paruge forcé,
IV & VI, 17. — Huinoqse sortoot
poar la petite propriété, vi, 18.
Institutions. — Ensemble des
Coutumes ou des Lois écrites qui
règlent les rapports mutuels des
individus, dans la Vie privée et
dans la Vie publique.
Instruction normale. —
Ensemble des connaissances et des
sentiments qui, selon la diversité
des lieux et des conditions sociales,
complètent, dans une société
prospère, le développement intel-
lectuel et moral de findividu. Elle
est donnée essentiellement par
l'Éducation, avec ou sans le con-
cours de l'Enseignement scolaire.
Conformément à l'opinion des races
jouissant d'une paix complète, cet
état de l'esprit et du cœur consti-
tue la sagesse : il n'apparaît guère
que dans l'Age mftr et ne se com-
plète que dans la Vieillesse.
Intestat (Succession a). —
Mode d'iiéritage r^lé, en l'absence
du testament : sous les régîmes
de Contrainte, par la Lch écrite;
sous les régimes de Liberté, par ta
Coutume.
Jardin potager KXPLoiri par
LES viMiLLES. — Le mode de culture
et les détails qui s'y rapportent
sont mentionnés, dans chaque mo*
nographie, aux ^ 8 et 15. — Des
ilétails complémentaires figurent,
s'il y a lieu, dans les comptes
aunexés aux budgets domestiques.
Jeunesse (U) et l'Eïifuice. —
Elles Jouent un rftle subordonné
au sein des Sociétés modèles. Lear
infériorité est due à la persistance
des Tendances innées vers le mal;
et elles sont, par ce motif, l'objet
d'une snrveilltnce assidue et, au
besoin, d'une sévère cwrection.
.yGoogle
PRRCI8 HÉTHOVIQtJB ET ALPHABâTIQIIB.' (99
Justice. — Mot' doot lé vrai | propager les' tri/is' taai àogniés
sens est défini par le Décalogue, déduits de la croyance & là fer-
mais dont OD abusa souvent pour [ fection originelle.
Labonrd. — District rural
qu'habite le Paysan français décrit
au chapitre v. — Système de cul-
ture usité dans ce pays, v, 18. —
Exploitation des brebis fondée sur
lesPAturagescomnianaus,v. 19.—
Ancienne organisation de Secours
mutuels, V, 20.
Laitage et Œn& consonufs
PU LES VAHILU8. — Le détail en
est donné, dans chaque monogra*
phie, au S 15.
Légistes. — Personnes qui, en
France, ont aggravé sans raison
les régimes de contrainte en codi-
fiant les Coutumes et en multipliant
les Lois écrites.
Legs rAns adx paiollzs. —
Réaction morale exercée par un
legs fait au Charpentier (du De-
voir) décrit au chapitre a, 23.
Légumes ET Fruits coNsouuSs
PAR LES PAUUXES. — Le détail en est
donné, dans chaque monographie,
au S 15.
Lettrés. — Personnes ayant
pour profession exclusive de pro-
duire des auvres littérales ou d'en
propager la connaissance.
Liberté. — Mot qui exprime
l'emploi de certaines facoltés In-
times, mais dont on abuse souvent
pour louer dés idées ou des actes
condamnés par le Décalogueetpar
les Coutumes de la Paix sociale.
Liberté BystématiqTie. —
L'un des trois faux dogmes déduits
du Principe de 1189 (la Perfection
originelle) par le raisonnement ci-
après. L'homme naissant parfait
créerait partout le règne du Bien;
s'il lui était permis de suivre ses
inclinations naturelles. Or le Mal
apparaît partout; et il ne peut pro-
venir que des institutions coerci-
tives qui jusqu'à présent ont été le
fondement de toutes les sociétés!
Il faut donc détruire systématiqtte^i'
ment toutes les insliCutioos qui
entravent, en quoi que ce soit,
depuis les premiers ftges, la U-
berté des individus.
Liberté testamentaire. —
L'un des trois régîmes de Succès*
sion. Le père de famille y régie
souverainement le mode de trans-
mission de son héritage.
Lien (DinsmOH no) mstri pm
LA PAitiLLK. — Elle est donnée, dans
chaque monographie, an § 1.
Lii^re de méiutge emplotC
PAS LES PAïuius. — La nature et
la valeur en sont indiquées, dans
chaque monographie, au $ 10.
Liqttetirë aloooUqueB com-
soMiiËES PAR us PAUiLLES.— La na-
ture, la quantité et la valear en
sont indiquées, dans chaque mono-
graphie, aux $S9et 15.
LocatioA du Foyer (it£e«i
.yGoogle
soo
PUCtS MÊTBODIQUt ET ALPBAB^OUe.
bb). — En vigoeur.: ch«r la Com-
pagnon-menuisier .de \^«nnd (Au-
triche), 1, 6 ; — chez le Tisserand de
Godesberg (Province rhënaoe), n,
6; — chezleCompositeiir-typogra-
phe de Bruxelles (Belgique), m, 6;
—chez le Manœuvre-agriculteur du
J^orvan (Nivernais), vi, 6; — chez
1b Fondeur (au bois) du Nivernais,
n, 21; — chez le Mattre-blancbîs-
sear de Clichy (banlieue de Paris),
vin. 6; — chez le Charpentier (du
Devoir) de Paris, n, 6.
. IiOls éorltes. — PrescriptiODS
imposées, au peuple par le pouvoir
souverain, soit pour établir une
pratique nouveJle, soit pour fiier
ou modifier une Coutume.
LOUVigny (Maine), — Com-
mane qn'habite le Maréchal-
ferrant d.écnt, comme appendice,
au chapitre vm, 22.
Luthier du Werdenf^s
(PnéCIS DB U UOAOQRAPHIB Dd). —
Eiposé, comme appendice, an
chapitre n, 21.
Halue. — Province de France
qu'habite le Maréchal-ferrant dé-
CFÎt au chapitre vni, 22.
Ufrïtre - blanchisseur de
la banlieue de Paris (Mo-
■oghifhie do). — Décrite au cha-
pitre VIII.
~ MMtrea. — Personnes de toute
condiiion, dirigeant, soit seulement
leur Foyer domestique, aoit, en ou-
tre, leur Atelier de travail. Ils sont
secondés dans leurs travaux, soit
seulement par leurs familles, soit
en outre par diverses catégories
d*aux,jliaireB qu'on peut désigner
BOUS le nom générique de Se>
?itaur3.
' Maîtres et Serviteurs. —
Dans les Foyers et les Ateliers,
stables et prospères, il existe entre
eux les mêmes devoirset les mêmes
droits que, dans -chaque famille,
«nire le père et les enfanta.
Hal (I^}> — Le contraire du
Bien on l'enaernble-iles actes et des
pensées qui violent le Décalc^ne
Manœuvre-agriculteur du
Horvan (MoNOGRAraiE du). — Dé-
crite au chapitre vi.
Manœuvres- agrioulte lira .
— Leur condition fâcheuse dans
plusieurs r^ons de la France, ti,
19.
Maraîchers db la banlieue db
Paris. — Transmission intégrale de
la petite Propriété, viir, 20.
. Marchands (Pcnw). — vices
récemment développés parmi eus,
vm, 24.
Maréchal-ferrant dn
Maine (Puias ms la MOHOCiUPBiB
ou). — Exposé, comme appendice,
au chapitre vui, 22.
Mariage des ouvriers. —
Règlements établis à ce sujet dans
)a ville de Vienne (Autriche), i, 22,
Mariage (Le; bt. lbs Fuh-
ÇAH-LES. — Chez les races slaves
du Danube et de l'Adriatique, i,
28,
:,yGoogle
PBBCI3 HBTHODIQVE BT ALPUABBTIQDK.
sot
Matériel des traraux. —
Celui qùi~ est employé par les
familles décrites figure, daBScba-
que monographie, au S 6.
Ménages en ooTomnnan-
tés. — De Propriétaires ruraux
en Auvergne, vr, 20; — de Pro-
priétaires ruraux en Nivernais, vi,
20; — de Fermiers ruraux au sud
du MorVaa (Nivernais], vi, 23.
Meubles des ûmillles. — La
nature, la quantité et la valeur en
sont indiquées, dans chaque mono-
graphie, €u-$ 10.
Mines métalliques. —
Causes qui entravent en France
l'exploilatioD de ces mines, iv, 18.
— Avantages assurés à plusieurs
montagnes de l'Auvei^ae par l'ex-
ploitation de ces mines, iv, 19. .
Mineur des filons argen-
tifères de Fontglbaud (Ho-
HOGRAimE Do), — Décrite au chapi-
tre iv. .
Mineur -émigrant de la
Oalioe {^nica de la MONOGRApmE
du). — Exposé, comme appendice,
au chapitre. V, 23.
Mittenwald (Coiirf m Wea-
DENFELs]. — Commune qu'habite
le Luthier décrit, comme appen-
dice, au chapitre n, 21.
Modèles (Les). ^ Les familles
et les sociétés qui prospèrent et
vivent en paix en pratiquant le
Décalogue et en évitant les vices
que font naître souvent la Richesse,
la Science et le Pouvoir.
Mœurs (Bonnes). — Conservées
h Paris par certains types d'ou-
vriers ruraux, VIII, 23.
Mœnrsét institutions Assn-
UNT LE BIEM-StRE PHTSIQDE ET MOUL
DE LATAuiLLE, — Ëlles Sont indi-.
quées, dans chaque mottographie,
an S 13.
Mœnra ^). — Ensemble des
habitudes qui se reproduiseiH^oijN
nellement dans une société, sand
lier légalement les indivîduscomme
Ifffaitta Coutume.
Mœnrs locales. —Observées
chez les petits Propriétaires de la
banlieue de Paris, viu, 19,
Mœurs rurales. — Influence
fôcheuse exercée en France par lea
Ouvriers nomades des travaux pu-
blics, vn, 18.
MoMller. — Mentionné et
évalué, dans chaque monographie,
au S 10.
Mode d'^lstenoe des &•
milles. — 11 est défini, dans
chaque monographie, aux$S 9,10,
11 et 15.
Monaroliie. — Un des quatre
éléments de la Constitution modèle
d'un grand Ëtat. Pouvoir du chef
préposé au gouvernement de toute
Société. — Chez les Sociétés mo*-
dèles, le chef se distingue par deux
devoirs principaux : d'une part,
la pratique du Bien ; de l'autre, ïa
suprême garde de la Paix publique.
Le chef est, tantôt élu, tantdt
institué par une Coutume de suc^-
Monographie de fiamilld.
— Étude spéciale conforme à la
méthode appliquée dans cet ouvra-
ge. — Elle comprend essentielle-
ment trois parties : les observations
-préliminaires décrivant la coii-
dition delà Famille, SSi 3 13 r lès
.yGoogle
«M
MIÉCIS HSTBODIQDB ST AUHAHiTIQUB.
budgets des recettes et des dépen-
ses, $$ i^^ 1^> '^ âlémeats di-
vers de la CoQstitutioQ sociale,
SS 17 et suivants.
HOnVle [CaUPAGNES SLAVES DE
u}. — Causes aadeDoes d'ébran-
lement eiistant dans cette région,
1.17.
Moroellement du sol. —
Commencé en France, en plusieurs
lieui, au temps îles Gaulois, no-
tamment dans les plaines crayeuses
de la Champagne, 10; vu, 17.
Morvan (Niverhais). —Région
de montagnes et 4e foréu qu'ha-
bite le Manœuvre^griculteur dé-
crit au chapitre vi. — Causes
d'ébranlement qui, depuis le com-
mencement du zix* siècle, agissent
sur les Populations rurales de ces
montagnes, vi, 17. — Commu-
nautés coulumières composées de
ménages, fermiers de domaines
ruraux, vi, 23. — Transforma-
tion des mœurs, de 1755 à 1855,
fi.
Moyens d'existenoe des
ËllulUes. — Ils sont iadiqtiéd,
dans chaque monographie, aux
SS6.7,8,ift.
N
Naissance (La)< ~ Le hasard
jen vertu duquel les nouveau-nés
possèdent les avantages ou subis-
sent les inconvénients attachés à
la condition et à Tbabitation des
parents. Dans les meilleures con-
stitutions sociales, ces inégalités
sont compensa pajr la sollicitude
de la Famille, mieux que par l'in-
tervention des gouvernants.
Narcotiques (Usage des). —
La mention et l'évaluation des
narcotiques coosomméa par les
familles sont faites, dans chaque
monographie, aux SS H ei l^*
Nationalités (Le faux principe
des). — Erreur on doctrine insi-
dieuse de certains peuples con-
quérants qui s'appuient, soit sur la
similitude des langages, soit sur
l'histoire du passé, soit sur la na-
ture des lieux, pour violer les règles
du droit des gens.
Naturalisme. — Fausse doc-
irine propagée surtout par certains
lettrés allemands. E:ile prétend eu-
blir que les vrais principes du
Gouvernement des hommes sont
les lois physiques qui r^gisseat les
autres êtres de la création ; elle
est souvent réfutée par les écrits
mêmes de ses adeptes.
NlTernals. — Région qu'ha-
biient le Mauceuvre - agriculteur
décrit au chapitre vi, et le Fondeur
(an bois] décrit au chapitre vi, 21.
— Anciennes communautés, com-
posées de ménages, Propriétaires
ruraux, issus d'un commun ancê-
tre, VI, 20. — Ébranlement sodal
opéré dans cette province par le
Partage forcé, vi 17.
Noblesse (La). — L'élite des
classes supérieures et dirigeantes,
chez les Sociétés modèles. Les
familles de la noblesse forment,
.yGoogle
PK^Cn MâTHODlflVB BT ÂLPBUBTIQDB.
d'après lear origine, deux catégo-
ries principales : les niies conser-
vent, par les sentiments de devoir
et de responsabilité, l'iUnsirsUon
conquise dans te cours d'une seule
vie par les éclatants services d'un
fondateur; les autres, sorties des
derniers rangs de la société, per-
pétuent, sous l'inspiralioD des
mêmes sentiments, les traditions
qui ont élevé aux premiers rangs
les générations successives de leurs
ancêtres, par le travail et la
sobriété, le laleut, la soumission
absolue à la loi morale et le
dévouement aux intérêts publics.
La viraie noblesse réside dans la
trausmissioD decesdenx dernières
vertus, et non dans celle dn sang,
du nom et des titres. Sous les meil-
leures coutumes, le vrai noble se
reconnaît aux caractères suivants.
Il a pour résidence principale le
grand domaine rural et forestier
qni lui fournit ses moyens de
subsistance. Il consacre gratuite-
ment son temps et ses ressources
an service public en qualité de
soldat, de juge ou de gonveruant.
II atteint la perfection quand U
concilie l'exercice de son devnr
public avec celui d'une Autorité so-
ciale, c^estè-dire quand, dirigeant
personnellement la population ou-
vrière attachée à la culture de scfn
domaine, il conquiert, pour lui et
pour sa famille, les sentiments de
respect et de dévouement qui
étaient accordés dans la localité k
ses ancêtres. Il complète ces grands
eiemples en instituant, par son
testament, l'héritier le plus capable
de les continuer.
Nord de ilïarope (Ls). —
Région complétant, avecl^îrientet
l'Occident, les i subdivisions adop-
tées dans cet ouvrage pour la de»-
criptioQ des Ouvriers européens.—
Les populations de cette r^ion
sont représentées par nenf fomilles
décrites dans lo tome III.
NoTurlBSdiiTS de Taches
DE LA BAKUEUE SE Paris. — Trans-
mission intégrale de la petite Pro-
priété, vlrt, ÎO.
NOUVeaatâ (Espbtt de). — En-
semble des tendances qui portent
à modifier, dans un sens favorable
ou fâcheux, le régime établi.
Occident de l'Europe (L').
— Région du sud-ouest complétant,
avec l'Orient et le Nord, les 3 sub-
divisions adoptées danscet ouvrage
pour la description des Ouvriers
européens. — Les populations de
celte région sont subdivisées en
trois catégories principales, savoir :
les slabla (tome IV)t les ébran-
lé» (tome V}; les déiorganùèet
(tome VI).
Organisation Industrielle
(DÉramon m l').— Doaaé», dans
chaque monographie de famille,
au SI.
Orient de l'Sorope (L'). — *
.yGoogle
Vi
pn^lS HÉTHOpiJlOE HT àLPBASÉTIQDb
BêgîOQ ia DO^-est çomprenaat la
Russie, la Hongrie, la Turquie et
complétant, avec le Nord et l'Occi-
deoï, les 5 subdiviaioas adoptées
dapi cet ouvrage pour la descri|H
tion des Ouvriers eurcçiéens. —
Les populations de cette région
sont représentées par neuf familles
décrites dans le tome 11.
Ouvriers. — Personnes exé-
cutant les travaux manuels des
arts usuels. Ils s'élèvent souvent,
par transitions insensibles, de la
XonditioD la plus modeste à la plus
élevée. Selon les cas, ils sont Do-
mestiques, Journaliers, TftcheroDS,
Tenanciers, Propriétaires, Bor-
diers,' Artisans, Chers de métier.
Ouvriers olie& de métier.
—Chefs de ménage, parvenus plus
ou moins à la condition de Maîtres,
exploitant un métier et rétribués
. par la totalité des produits de leur
travail.
Ouvriers (CommoranEs). —
.Heureuse influence qu'exercent les
subventions forestières; principes
économiques qui en consentent le
maintien, n,18.— Détails observés
dans les Ateliers ruraux et les
Usines du nord-ouest de l'Alle-
magne, 11, 19.
Ouvriers -domestiques. —
Ouvriers faisant partie du ménage
. d'un patron; travailla^t.exctusive-
ment pour ie compte dece dernier,
rétribués priocipalement, ou même
.exclusivement, en proportion dés
besoins, par des. allocations dites
SMbventipijs..
Ouvriers européens {Lm).
*.— Historique des.é^{)es, comateD'
cées en 1829, qui ont amené la pu-
blication de cet ouvragé, III, m, 21.
Ouvriers - Journaliers. ~t
Chefs de ménage, salariés ou sub-
ventionnés, dont le travail est
mesuré par le nombre de journées
que fournit l'Ouvrier
Ouvriers (Mabuges des). —
Règlements établis à ce sujet dans
la ville de Vienne (Autriche), i, 23.
Ouvriers nomades. — In-
fluence fàcheu:e qu'ils exercent en
France : sur les mœurs des cam-
pagnes, vu, 18; sur les mœursdes
villes et des manufactures, vm, 3.
— Mode d'existence de ceux qui
sont attachés en France aux tra-
vaux publics, vn, 19.
Ouvriers parisiens. —
Abondance des Salades dans l'ali-
mentation de ces ouvriers, n, Sti.
Ouvriers-propriétaires. —
Chefs de ménage, parvenus plus on
moins i la condition de Maîtres,
possédant une propriété immobi-
lière, indépendamment des valeurs
mobilières et des droits aux allo-
cations de caisses d'assurances
mutuelles.
Ouvriers ruraux- — Bonnes
mœurs qu'ils conservent en cer-
taines localités, vni, 23.
Ouvriers - tâcherons. —
Chefs de ménage, salariés, dont le
travail a pour mesnre la quantité
de produits livrés par l'Ouvrier...
Ouvriers - tenanders. —
Chefs de ménage et chefs d'indus-
trie, exploitant des immeubles
fournis par un propriétaire, pro-
duisant les matières brutes, rétri-
bués, sauf le prélèvement du pro-
.yGoogle
PBBGI9 METHODIQUB BT ALPBAIBTIQIIK. SOS
prîétaire, par les produits de leur | BanBLLEs.— Banquets et réunions
travail. annuelles qui sont en usage dans
Ouvriers -tTpOffT&plies de | ce corps d'éut, m, 20.
Paix et Stabilité. — Symp-
lâmes les plus évidents d'une
bonne Constitution sociale.— Elles
s'affaiblissent par la slérilitâ ou
l'agglomération exagérée des fa-
milles; elles se fortifient par la
fécondité et l'Émigration, 7.
Paix soaiale. -* L'un des
symptômes évidents de la Pros-
périté. État d'une Société dont
le principal caractère est la con-
servation de l'ordre public, sans le
concours habituel d'une Force
armée.
Paris. — Ville qu'habite le
Charpentier (du Devoir) décrit au
chapitre ix. — Easeignement offert
par la corporation desCharpenliers
parisiens, touchant les moyens de
remédier à l'ébranlemeat que su-
bit, depais 1661, la société fran-
çaise, B, 17. — Mélange de Bien
et de Mal chez les populalions de
la banlieue de cette ville, viii, 17.
Paris (BAifUEDE de). — Région
qu'habite le Maitre-blanchisseur
décrit au chapitre vm. — Activité
extraordinaire développée chez les
Mattres-blanchisseurs, vni, 18. —
Mœurs des petits Propriétaires,
TiD, 19. — Transmission intégrale
de la petite Pi'opriété territoriale
et des Clientèles chex les Harat-
cbers, les Nourrisseurs de vaches
^t le» Blanchisseurs, nn, 20. —
Sociétés de Secours mutuels, vni,
21.
Paris (Maisons de). — Autorité
exercée par les Portiers régisseurs,
a, 25.
Partage forcé. — L'un des
trois régimes de Succession. L'hé-
ritage des parents est attribué,
par portions égales, aux héritiers
désignés par la loi, en vertu de
la naissance, indépendamment de
la volonté exprimée par le père
de famille et de tout devoir accom-
pli par les enfants.
Partage fljroô (Rfcnis no). —
Ses fâcheux effets sont fréquem-
ment signalés dans ce volume, no-
tamment dans r introduction et au
S 17 des monographies.
Pasteurs. — ^omades ayant
pour principal moyen de subsis-
tance le P&turage, plus ou moins
ccHnpIété par la Chasse, la Pèche
et ta Cueillette.
Patries de la vertu et de
la slmpUolté. — indication des
deuxrégionsqui peuvent être ainsi
désignées: les steppes de l'Orient;
les rivages septentrionaux de la
mer du Nord, 2.
Patronage. — L'on des trois
r^imes de la Propriété. Les im-
meubles, y sont de deux sortes:
le Propriétaire a la jouissance ex-
clusive des premiers; il conserve
.yGoogle
Mica liÉTHODIQUS KT ALPHABBTiaUB.
It nue propriëtédes secoods, mais
il en dë%iie, iDOyecnant rede-
vance, l'usufruit perpétuel à des
TeDaociers. — L'un des sept élé-
ments de l'édiGce social. — Oi^a-
DÎsaiion de la propriété et du tra-
vail, danslaquelle les Maîtres elles
Onvrierg respectent la Coutume des
Ateliers. Partout les Ouvriers y
restent attachés tant que les Pa-
trons en remplissent les charges.
Patrons. — Personnes qui
dirigent les Ateliers eu observant
les six fH^ques de la Contume.
La principale de ces Coutumes est
la permaoeoce des engagements
entre lee Maîtres et les Ouvriers.
PAttlTage.— Moyen de subsis-
tance ntilisé principalement par les
Nomades pasteurs; conservé plus
on moins chez les Sédentaires.
Ffttnraffes oommunanz.—
Base de l'exploitation des brebis,
cbez les Basques français du La-
bourd, V, 19.
Paupérisme. ~ État hérédi-
taire de pauvreté, spécial ï certains
ouvriers de l'Occident, et saos
exemple dans l'histoire. Il a pour
caractères principaux : le manque
de sécurité, la désorganisaUoo de
la famille et ta pennaaence ou le
retour périodique du déndment.
Paysans. — Propriéuires ou
Tenanciers qui exploitent leur
domaine avec le concours de leur
famille, complétée exceptionnel le-
mentpar des Ou vriers-domestiques.
La famille trouve sur ce domaine
l'emploi complet de ses bras, sans
avoir jamais à chercher du travail
an dehors. Elle exerce aouvem un
droit de parcours sur des terrains
communaux.
Paysan- basqtie du La-
bourd (MoKOGBAraiE do). — Dé-
crite au chapitre v. — Système de
culture pratiqué dans ce pays, v,
18.
PsyBaaa-cifaarretiers. —lis
prennent une part importante à la
pnspétiti des régions forestières
^uand il y a solidarité entre l'ex-
ploitation des forêts etcelle de leur
domaine. Ils sont par^calièremeat
cités dans ce volume pour le Mor-
van, Ti, 17,
Pôohe. — L'un des moyens
principaux de subsistance, chez les
Sauvages; l'un des moyens acces-
soires chez les Nomades pasteurs
et les Sédentaires.
Perfeotion originelle
(Croiance a la). — Erreur intro-
duite en France, au sviir siècle, par
les Anglais; professée ensuite par
i.^. Rousseau; propagée par les
salons parisiens; adoptée comme
principe par les novateurs de
1789, de 1830, de 181|8 et de 1870 ;
admise, plus ou moins ostensible-
ment, par les théories modernes
hostiles à l'esprit de Tradition.
Tel est le cas pour les écoles de
l'évolutionisme, du naturalisme
et du droit de révolte. Selon les
adeptes de cette erreur, l'enfant
naît avec une inclination exclusive
vers le Bien ; et, en conséquence, le
Mal qui apparaît partout provient
de l'action corruptrice exercée par
les insUtutions traditionnelles de
l'humanité. Le Principe de 1789
ne repose donc qu« sur une affir-
.yGoogle
prAcis méthodique et alvhabétiqus.
607
matîoa dont la fausseté est uotver-
sellement connue des mèrea, des
nourrices, des médecins, des maî-
tres d'école; de toua ceux enfin
^ai sont en contact intime et jour-
nalier avec les enranla.
Fermanenoe des eneage-
ments. — La première pratique
de la Coutumedes ateliers. Caracté-
risée par la dépendance réciproque
du Patron et de rOuvrier; indispen-
sable à l'ordre moral et matériel.
Politesse. — Manière d'agir
et de parler qui est, pour chacun,
«n inoyea usud d'Éducation et,
pour la société, un moyen efficace
d'barmoDie. Elle a surtout pour
objet de marquer trois devoirs réci-
proques : le patronage chez les su-
périeurs; la bienveillance entre les
égaux; lercspect chez les inférieurs.
PontgriTsand. — Disirict mi-
néral d'Auvergne qu'habite le Mi-
neur des filons argenlifërSs décrit
au chapitre IV.
POpUlatiCHL (ÉTAT DS la) ad
HIUEO DE LAQUELLE HABITE U FAUILLE.
— il est généralemeot indiqué,
dans chaque monographie, au g 1.
PopolatlonB rurales- —
Ensemble des familles qui habitent
les campE^nes et se livrent aux tra-
vaux de l'Agriculture, comme Pro-
priétaires ou comme Tenanciers.
Dans une bonneorganisation sociale,
ces familles forment trois classes
principales : le Gentleman, ie Pay-
san et le Bordier, caractérisées par
l'étendue des domaines occupés.
U faut y joindre les Artisans
ruraux, voués dans les campagnes
i certains travaux conceroant l'h»-
IritatiOB, le mobilier, fimlillme et
le vêtement.
Portiers régrlsaenrs.— Au-
torité qu'ils exercent dansles mai-
sons de Paris, ne, 25.
Frét^ de monograpiileB
cxposfs coiim ApnNDicEs.— Luthier
du Werdenfels (Haute-Bavière), ii,
21. — Hineur-émigrant de laGa-
lice (Esp^ne), v, 23. — Fondeur
(au bois) du Nivernais (FVance),
VI, 21. — Maréobal-ferrant du
Maine (France), vm, 22,
Prêteurs d'ar^nt (Pbîtts).
— Vices récemment développés
parmi eux, vni, iU-
Prêt sans intôrôt. — ■ Cou-
tume du Patronage, touchant les
besoins accidentels des ouvriers et
les avances nécessaires aux jeunes
ménages pour l'acquisition du lo-
gement, du mobilier et des ani-
maux domestiques.
Prévoyanoe. — Qualité des
personnes qui se tiennent en garde
contre l'exagération de leurs désirs
et de leurs appétits ; qui aspirent à
conquérir par le travail et l'épargne
une situation plus élevée; qui, tout
au moins, se préoccupent d'assurer
en toute éventualité les moyens de
subsistance à leur famille.
Prévoyance {HAannuEs k). —
durant la dignité et l'indépen-
dance à plusieurs familles de l'Oc-
cident. Voir : n, 21; iv; T, 23; vi,
21; vn; vm; vm, 22.
Prime. — Addition m Salaire
faite en vne d'ezdtar l'ouvrier à
améliorer son travail-
Principe de 1789. —Ce
IK-éteodu principe, le seul qui ant
.yGoogle
W8
PBECIS VBTHQDIQDB ET AlPaiBRTIgVB.
propre anX révolationnaires de
1789, repose sur ub fait évidem-
ment eiToné : la PerfecUoD origi-
oelle. On en déduit logiquement
trois faui dogmes, lesquels désor-
ganisent toutes los sociétés qui
les adoptent, savoir : la Liberté
systématique, l'Égalité providen-
tielle, le Droit de révolte.
Froduotions spontané».
— Moyens de subsistance que four-
nissent naturellement le sol et les
eaux, sans le concours du travail
.humain ; qui, en outre, sont à la
disposition du premier occupant
Propriétaire -indigent —
■Individu .attaché à une localité par
un lambeau de terre qui ne lui pro-
cure aucune ressource appréciable
et qui l'erapéche indirectement de
trouver ailleurs une meilleure con-
dition. Il est un des types sociaux
les plus fâcheux produits par le
Partage forcé des immeubles.
PropriétaireB. — Personnes
possédant les biens dits immeubles,
c'est-à-dire les Foyers et les Ate-
liers ; ayant pour principal moyen
d'existence les produits ou la
location de leur propriété.
. Propriétaires (Petits). —
Mœurs observées dans la Banlieue
de Paris, vra, 19.
Propriétaires rnranx (MC-
HAGES »b). — Constitués en com-
munautés;: en Auvergne, ir, 20;
en Nivernais,, vi, 20.
Propriété. — Nom générique
qui, daus son sens le plus généra],
comprend les meubles et les im-
meubles. Souvent, quoique employé
.«eul, il s'ai^lique exclusivement k
ces deraierj. La propriété privée
des immeubles oecom prend guère
que tes Foyers domestiques et les
Ateliers de travail. Elle est consti-
tuée sous trois régimes principaux:
la Communauté, la Propriété indi-
viduelle et le Patronage.
Propriété (Cohstitutioii «o-
DËL.E DB Li). — Fondée sur l'al-
liance de la Communaaté, de la
Propriété individuelle et cUi Pa-
tronage.
Propriété IndiTida^a.—
L'un des trois régiines de la Pro-
priété immobilière. La jqaissance
eu est attribuée exclusivement à un
Propriétaire exploitant. — L'un des
sept éléments de l'ÉdiCce social.
Propriété (Pmnt}. — Trans-
mission intégrale chez les Maraî-
chers et les Nourrisseurs de vaches
de la banlieue de Paris, vm, 20.
Propriété rurale (Petite). —
Son instabilité actuelle en France,
VI, 18.
Propriétés poœédées pu
LES FAuiLLES. — Los immenbles,
l'argent, les meubles et les droits
à diverses allocations d'argent
4ont indiqués, dans chaque mono-
graphie, aux SS 6 «tu.
Prospérité (La). —État d'une
Société qui, en pratiquantle Déca-
logue, conserve le Bieu-ôtre. Elle
a pour symptômes : la Paix sociale,
les croyances religieuses, la fniga^
lité, la simplîdté des idées. Elle a
pour écueils trois avantages- qui
développent l'orgueil et engendrent
la souffrance, savoir : la Richesse
acsumutée,]a.Gultnre intellectuelle
et la Puissance politique.
.yGoogle
PtBCIS UÉTHODtQDB BT ALPnABÉTIQIIB.
Frorlnoe. — CircooscripUoD
territoriale formant le plus baut
d«gré du gouvememeat local.
Elle pourvoit aux besoins très-
généraux de la vie publique, que
ne pourraient régler ou servir seules
les Communes ou les circonscrip-
tions intermédiaires. Le souveraio
yesthabîtuellement représenté par
UD haut fonctionnaire auquel il
délègue une partie de ses pouvoirs.
ProTinoe rhénaite. — Ré-
gion qu'habite le Tisserand décrit
au chapitre n. — Mode de prépara-
tion de la choacronte{s(iii«r Kraw),
n, 20. . -
Puissance politique (La).
— Ensemble des ressources qui
fournissent à un Gouvernement te
moyen d'assurer le règne de la
Paix et, trop soiivent, d'opprimer
les sujets et les étrangers.
Sang de la âtmille. — Les
détails qui s'y rapportent sont
mentionnés, dans chaque mono-
graphie, au $ 5.
Seoettes {Bddget des). —
Subdivisé en^sections: Propriitès;
Subventions; Salaires du travaio!;
Industries de ta famille ; — il
forme, dans chaque monographie,
le SU.
Kéoréations des familles,
— Elles sont indiquées, pour chaque
monographie, au $ 11.
Religion. — Ensemble des
dogmes, des rites et, en général,
des Coutumes qui ont pour objet le
Culte de Dieu. La Religion est l'ia-
stitutîon qui seconde le mieux le
père de famille pour assurer le.
rëgne de la Paix et la soumission
au Décalc^e.
Religion et habitudes
morales. — Elles sont indiquées,
dans chaque monographie de
famille, au S 3.
Religions d'État ( Réchib
DEâ). — L'une des institutions
fondamentales ches les peuples
prospères. Elle unît dans une
haute vue de bien public les
agents de Dieu et du souverain :
les prêtres et les gouvernants.
Repas des familles. —
Les heures et la compa^ilîon des
repas, chez les familles, sont géné-
ralement indiquées, dans chaque
monographie, au S 9.
Respect dé la femme. —
La sixième pratique de la Coutume
des ateliers. — Elle concourt au
Bien-être des populations, en rete-
nant au Foyer la femme mariée et
en protégeant la jeune fille contre
la séduction.
Richesse accumulée (La).
— Fniitsdu ti^vail et de l'épargue
qui excèdent les besoins journa-
liers ou la consommation annuelle
d'une Société, et qui constituent
ses capitaux disponibles.
■ Routine (EspMT de). — Exa-
gération de l'Esprit de tradition,
allant jusqu'à repousser les inno-
vations utiles.
.yGoogle
FBÉGIS U^MODigOE BT ALPHABÉnQDl.
- État de respnt et
du cœur qui caractérise les sages
et en fait partout les arbitres de
la Paix sociale. Môme chez les na-
tures supérieures, il n'apparaît
guère que dans l'Age mâr-, et it ne
se complète que dans la Vieillesse.
Salades (ABo^DANGE des). —
Daos l'alimentation des Ouvriers
pai'isîens, a, 21t.
Salaire. — Rétribution accoi^
dée à l'Oi.ivrier en échange de son
travail. Chez les Sociétés modèles,
elle comprend deuxparties : l'une
(le Salaire proprement dit) propor-
tionnelle aus efTorts de l'ouvrier ;
l'autre (les Subventions] propor-
tionnelle aui besoins de sa fa-
mille.
Salaire bes ïamilizs. — L'éva-
luation en est faite, dans diaque
monographie, aux g§ 7, 8 et 1Z|.
Salaire (Hausse dd). — Accor-
dée : en 1857, aux ouvriers typogra-
phes de Bruxelles, m, 19 ; en 18ù!>,
aux charpentiers de Paris, ix, 21.
Sauer-kraut (CaoucnouTE).—
Mode de préparatioti dans la Pro-
vince rhénane, u, 20.
Sauvages. — Nomades ayant
pour unique moyen de subsistance
la récolte des Productions sponta-
nées, par la Chasse, la Pèche et la
Cueillette. Trois circonstances prin-
cipales maintiennent ces formes
de société. Dans la Polynésie, l'ab-
sence d'une tradition régulière
touchant le respect du Décalogue.
Dans le centre de l'Amérique équa>
tonale, la fréquence des fléaux-
naturels qui, sur des sols fertiles,,
empêchent la population de se dé-
velopper au delà des moyens de
subsistance offerts par les Produc-
tions spontanées. Dans les régions
boréales, la rigueur du climat, qui
ne permet pas à une seule famille
de s'attacher au sol par le pâtu-
rage et l'agricaltitre.
Science du monde (L*)! —
Ensemble de connaissances que
certains esprits d'élite acquièrent
par l'Éducation, beaucoup plus que
par l'Enseignement scolaire. Elles
ont surtout pour objet les idées,,
l'activité sociale et les institutions-
des races auxquelles la science
doit s'appliquer. Ceux qui possè-
dent ces connaissances, lorsqu'ils
sont soumis aux prescriptions du
Décalogne, ont une aptitude toute
spéciale pour concilier les intérêts
matériels avec les intérêts moraux.
La science du monde, ainsi définie,
est donc indispensable aux gDu-
vo'nants et aux prêtres dont le d&<
voir consiste essentiellement à
food^, sur cette conciliation, le
ri^ne de la Paix sociale.
Sclenoe du monde selon
SAINT François de Xaviee (La) —
tt En quelque lieu que vous
soyez, n'y fussiez-vous qu'en pas-
sant, t&chez de savoir, par les habi-
tants les plus boDorables, les inclî-
nalions du peuple, les coutumes
:,yGoogle
PRECIS MKTHODIQnB ET ALPHABBTIQVR.
dn paySi ta'formeda goavernemdnt,
les opinions et tont ce qni touche
à la vie civile. .. Cette connaisiBDca
acquise.'., vous nijuiierez plus fad-
lemeot les esprits, vdqs aurez plus
d'autorité sur eux, vous saurez sur
quels points vous deveX' le pius
appuyer dans la prédication... —
Oq méprise souvent les avis des
religieux, sous prétexte qu'ils
ignorent le monde:.. Mais, lors-
qu'on en rencontre un qni sait vivre
et qui a l'expérience des choses
humaines, on l'admire comme un
homme extraordinaire... Tel est le
fruit merveilleux de la science du
monde. — Vous devez donc mainte-
nant travailler à l'acquérir, avec
autant de zèle que vous eD aviez
autrefois pour ai^endre la doc-
trine des philosophes et des théo-
logiens. Seulement, ce n'est pas
dans les manuscrits, ce n'est pas
dans les livres imprimés qu'on
acquiert cette science : c'est dans
les livres vivants, <^est dans les
relations avec les personnes sûres
et intelligentes. Avec cette science
TOUS ferez plus de hîen qu'avec
tous les raisonnements des doc-
teurs et toutes les subttlitée de
l'école. » (Instructions de Saint
François de Xavier au père Gaspard
Barzée partant pour la mission
d'Ormuz, datées de Goa eo 15I|9.
— Daurignac, Histoire de Saint
Fronçait de Xavier, t. II, p< Sh^
Soienoe (U). — Mot souvent
détourné de son senslégitime pour
affirmer une erreur, savoir : que les
savants modernes remplacent utile-
ment, par leurs découvertes, les véri'
téstraditionnelleadogenrehnmain.
SeoourB mntnels (So<n«n!s
db). — Fondées par les Ouvriers-
typographes de Bruxelles, m, 18.-~
Chez les Basques français du La-
bourd, V, 20. — Dans la banlieue
de Paris, vm, 21. — ChezlesChan>
pentiers parisiens mariés, dits
Âg ichons, n, 20,
Séanrité des individus. — L'un
des biens qui caractérisent la Pros-
périté. — Assurée aux Ouvriers-
par le respect du Décalogoe et de
l'Autorité paternelle, par raboQ<-
dance des Productions spontanées;
par la Communauté, par la Pro-
priété individuelle et le Patitmage.
— Exemples : en Haute-Bavière, n,
21; en Auvergne, iv, 13; en Iss-
pagne, T, 23; dans le Hivernais,
VI, 21 ; dans la banlieue de Parisi
VIII, 13; dans le Maine, vni, 22.
Sédentaires. — Peuples à
demeures fixes, ayant pour princi-
pal moyen de subsistance l'Agri-
culture complétée par les Arts
usuels. A ces moyens Rajoutent-
souvent le Pâturage, la Chasse, la
Pêche et la Cueillette.
Servage. — Mot fréquemment
employé, en mauvaise part, pour
désigner la condition de certaines-
classes de Serviteurs.
Servlae de sauté (Le). — La
nature de ce service et les frais
qu'il impose sont meutionnés, dans
chaque mont^aphîe, aux Sg &
et 15.
ServltOtirs.— Auxiliaires per-
manents ou temporaires, de con-
ditions diverses, secondant les Mat-
Ires dans leurs travaux. Ils forment
.yGoogle
6»
nÈCia MÉTHODIdUK ET ALPHABÉTIQUE.
deox catégories priacipales : les
Domestiques qni sont attachés an
Foyer; les Ouvriers qui travaillent
dans l'Atelier.
— Slaves (Races). — Causes an-
dennea d'ébranlement survenues
en Moravie, i, 17. —Les Fiançailles
et le Mariage dans lescominnnautés
du Danube et de l'Adrialique, i, ^9.
Société. —Groupede familles
vivant sur le même territoire, sous
le même Gouvernement.
Sociétés de secours mn-
taels.— Fondées par les Ouvriers-
tfp(^aphes de Brutelles, m, 18.
— Chez les Basques français du
I^hourd, V, 20. — Chez les Char-
pentiers parisiens mariés, dits Agri-
chons, tx, 20.
Sociétés (Les TBOis ÉTATS des).
— Caractérisés par le principal
' moyen de subsistance, savoir: chez
les Sauvages, par la récolte des
producUoDS spontanées; chez les
Pasteurs, par le pâturage; chez les
Sédentaires, par Tagriculture et par
les autres industries extractives.
Sol disponible (Abondance
Pti). — L'une des trois causes prin-
cipales du Bien-être.
Solennités du oompaenon-
na^re. — Observées chez les Chaiv"
peniîers (du Devoir), a, 19.
Sol (ÉTAT do). — 11 est décrit,
dans chaque monographie de fa-
mille, au § 1.
Solidarité sociale (Ssim-
HE,NT3 de). — Maintenus et déve-
loppés par te dévouement dés chefs
d'industrie qui coQJurentdes maux
dérivant du chômage, de la yieil-
lesseetdela maladie, — Exemples :
en Anvergne, rr, 13; daiisIel^iTer-
nais, VI, 13, 21.
Souffrance — État d'une So-
ciété qui, en abandonnant le Déca-
logne, perd l'harmonie, leBien-élre
et la Sécurité.
Sonveraineté. — Pouvoir
suprême, exercé par le sôuveraiD,
ç'est-à-dlre par la personne et les
autorités complémentaires qui ont,
tout au inoin3,-le droit et le devoir
de maintenir la Paix publique
dans l'Ëtat. — Organisée, chez les
peuples bien constitués, à l'image
des deux tjpes de familles stables,
notamment en Turquie et chez les
peuples du Nord. — L'un dos sept
éléments de l'Édifice social.
Stabilité. — .Condition hen-
reuse qui se manifeste surtout an
sein des familles par ta conservation
des avantages acquis et par la régu-
larité des moyens de sutisistaoce.
Steppes. —Constituées par de
vastes plateaux oh la végétation
ationdante et exclusive des herbes
est assurée par l'accumulation des
DBiges pendant l'hiver. Elles sont
éminemment propres à t'exploi-
ution des troupeaux et à l'existence
des Nomades pasteurs. Le princi-
pal de ces plateaux est la Grande*
steppe de l'Asie centrale.
Subventions. — Partie da
salaire qui est réglée, moins parla
quantité de travail de Touvrier
que ipar l'étendue des besoins de
sa famille.
Subventions des fïuuillea.
— Elles sont indiquées, dans
chaque monc^raphie, aux §§7 et lij.
Subventions forestières.
.yGoogle
nriCIS HRBOtllQDB ET ALPHÂBHTIQ08.
613
— Heureuse influence qu'elles ez-
corcent sur le Bien-âtre des ou-
vriers; principes économiques qui
en conseillent le maintien, u, 18.
Snooesslon (Bégiues db). —
ils sont 8u nombre de trois : la
CoDserraiion forcée, le
forcé et la Liberté testamentaire.
Ce dernier régime, mieux que la
Conservation forcée, assure la Sta-
bilité et la Paix. 11 est plus propre
que le Partage forcé, à garantirle
tiieiHétre de tous les descendants
du testateur.
Tabao (U3*flB vo). — Récréa-'
tion habituelle: chez le Tisserand
de Godeaberg, ii, 11; —chez le
Luthier du Werdenfels (Haute-Ba-
vière), n, SI ; — chez le Composi-
teur-typographe de Bruxelles, m,
11; — ^ez le Mlneur-émigrant
de la Galice, y, 23; — chez le
Bordier de la Champagne pouil-
leuse, vil, U ; — chez le Charpen-
tier (du devoir) de Paris, tx, 11.
Tenanolera. — Personnes oc-
cupant les biens dits Immeubles,
c'est-à-dire les Foyers et les Ate-
liers, à charge de redevance envers
les Propriétaires.
• TendanQes innées vaa le
tnsu et Ls MAL, — ' Toujours nnies
dans la nature humaine. Celles
qui portent au mal sont prédomi-
nantes chez le jeune enfant. Elles
y sont excitées par (es appétits
physiques et par l'orgueil. Elles
provoquent rapidement le malheur
de l'individu et la ruine de la
Soàélé, quand elles ne sont pas
réprimées par TAutorité paternelle.
Testament (Lb). — Acte par
lequel le père de famille règle sou-
Ventinement latransmissionde ses
biens. Après le respect du Déoa<
logue, le respect du testament est
le plus solide élément do Pais et
de Stabilité.
Théocratie. — Un des quatre
éléments de laConatitution modMe
il'un grand État. Portion de l'auto-
rité publique ou privée qui fait ré-
gnerlapaixdansle monde des &me9.
Tisserand de Gtodeabei^
(MoMOGRApaiB nu). — Décrite au
chapitre ii.
Tradition (Esprit db). — En-
semble des tendances qui portent
une race à conserver les avantages
du régime établi. Quand il s'exa-
gère au point de repousser des
innovations utiles, il dégénère en
esprit de Routine.
Traditions. — Ensemble des
Idées, des Mœurs et des Institutions
qu'une race a conservées d'&ge en
&ge. Chez les races prospères, elles
comprennent tous les fondetqeats
essentiels de la Prospérité.
Travail (Acrmrf sus u). —
Développée à un degré extraon^
haire chez les BlaDchisseura de la
banlieue de Paris, viii, 18.
Travail sans eng&gb-
ments (SrsridK m). — En vi-
gueur : chez le Paysaùdu Labourd
33
.yGoogle
5U
raricis mbthodiqvb bt alphii^tiqur.
(France), v, 1 ; — étt&t le IfiDeor-
émigrant de la Galice, v, iS; — chez
le Maître-blanchisseur de ia ban-
lieue de Paris, Ttn.l;— chez le Ma-
r6cha)-ferrant da Maine, vin, 22.
Travaux de la Famlllô.—
Ils sool énumérés et évalués, dans
chaque monographie, aux §g 8,
ilt, là. — Qd y distingue ceui qui
sont exécutëi par le père, par la
mère, par tes enfants et, an besoin,
par les auxiliaires de la famille.
Travaux publics (Gavatsas
noiuDBs des). — influence fâcheose
qu'ils exercent en France sur les
mœurs rurales et uitiaines : vn,
IS; vm, 17. — Leur mode d^exis-
tence en France, vn, 19.
Union Indissoluble de la
Famille et du Foyer. — La
cinquième pratique du la Coutume
des ateliers. Elle concourt au Bîeo-
4tre des populations en favorisant
la dignité de la famille, le respect
des Traditions, l'Autorité du père
et l'Éducation des enfants.
Uaiues a brcins uécaniodes. —
-Situation des ouvriers attachés à
ces usines dans le nord-ouest de
l'Allemagne, n, 19.
- Usines h fer (m bcus). — 0^
ganisation vicieuse imposée aujour-
d'hui en France à ces usines, vi, 22.
Usines (Les gruides). — Elles
' râmpreaDeat troii cuiégorisB i les
- Usines rurales et forestières ; les
Usines hydrauliques ; les Usines à
vapeur. Elles constituent, avec les
Fabriques collectives, les quatre
organisationsdela grande Industrie
ayant pour objet l'estrac^on on
l'élaboration des maUères bmtes.
Usines métallu^ques. —
BraDCbes importantes de la grande
industrie : dans le Nivernais, vi, 2f .
Usines HDRALES BT FORESUÈBES.
— Elles assurent la Stabilité aux
Industries métallurgiques et ma-
nufacturières.
Ustensiles mpLorfs t>u lks
FAunj.E3. — La nature, l'énumé-
ration détaillée, la quantité et la
valeur en sont indiquées, dans
chaque monographie, au S 10>
- Vandenesse. — Commune du
' Nivernais, qu'habite le Fondeur
(au bois) décrit au chapitre vi, SI.
Vâtements t»s fimu^es. —
La nature, la quantité et la valeur
en BODt indiquées, dans chaque
inoat^aphie, au g 10.
Viandes et Poissons oeii-
SOUUftS PAB LK3 fAULLES. -^ Lft
nature, la quantité et la valeur eo
sont indiquées, dans chaque mono-
graphie, aux SS 9 et 15.
Vloe originel (Existïhcb m).
— Beconnoe, depuis les premiers
.yGoogle
PBÉCI8 IIBTBODIQSB ET ALPOàldTIQDK.
545
ftges, par tons les peuples pros>
pères. i3Ie est le point de départ
de toutes les fortes CoDStitutions
sociales. Elle se résume d'ailleurs
en un fait évidentiles enfants nai»-
sent avec une inclination prédomi-
nante vers le Mal. Elle n'a jamais
élé mise en doute par ceux qui
vivent en contact intime avec l'£n>
fance. Elle a fait naître, dans tous
les temps, des Institutions dont le
principal but est de réprimer les
inclinations vicieuses qui appa-
raissent, chez les nouveau-nés,
avec les premières manifestations
de la volonté.
YiOeS RÉCEMMÏNT DÉVELOPPÉS. —
Parmi certaines classes de petits
Préteurs d'argent, de petits Mar-
chands, de Colporteurs et de Caba-
retiers, vin, 2/|.
Vieillesse (U). — Elle consti-
tue plus que tout autre âge de la
vie le siège de la Sagesse. Elle est
préposée avec l'Age mûr il la garde
du Bien, chez les peuples modèles.
Vienne (Autmcob). — Ville
qu'habite le Compagnon-menuisier
décrit au chapitre I. — Causes r^
centes d'ébranlement observées
dans cette ville et dans les régions
contiguës, i,17. — Règlements éta-
blis touchant le mariage des Ou-
vriers, i, 22.
Vie privée. — Branches d'ac-
tivité sociale, dans lesquelles la
Paix se conserve sous la direcUoa
des pères de Famille, quand ceux-
ci, soumis à Dieu, exercent l'Auto-
rité qui leur est déléguée par le
Décalogue.
Vie publlçiue. — Branches
d'activité sociale dans lesquelles lo
souverain ou ses délégués inter-
viennent pour maintenir la Paix,
avec le concours de la justice et,
au besoin, de la Force publique.
ViUalba. — Village de Galico
qu'habite le Hineur-émigrant dé-
crit au chapitre v, 23.
Voisinage. — Petit groupe de
familles rurales ou urbaines,
rapprochées journellement par des
rapports d'intérêt et d'amiUé.
Werdenfels (Cour* bd). —
Région de montagnes, de forêts
et de prairies, faisant partie de
la haute Bavière. C'est dans l'une
des petites vallées de cette région
qu'habite le Luthier décrit, comme
appendice, au chapitre u, 21;
.yGoogle
iiGoogle
EPILOGUE
PB iBn
(TOHB CINQUIÈUE — f EDITION)
TODCHAHT
LES CHANGEMENTS PRINCIPAUX
aDBVIMDS, VEPDIB 4855,
(dfttadelkl'* éditioD (la-rolio) des Oinrin-* twi^imul
D&K5 LA COKSTlTnTIOIf 80CULK
DES POPDLATIOnS tBRAHL£BS DE L'OCClDEtlT.
.yGoogle
SOMMAIRE
DE L'ÉPILOGUE.
S 4". Les progrda de la corraption M de Terreiir chez les popalalioiit
ébranlées de l'Occident. — g S. La loagne durée de l'ère actuelle de coimp-
liOD el les premiers sjrmptAmes de la réforme.
Exemple
des signes de renvoi an $ 8 de l'ÉpUogoe
employés =
dgDS le texte mémb de cet fipilogue .'..'... S.
~- leBfiptlftgiiMdefÇ|,autfMT0luiiie8>dea0ut)r<«rt«»n)prfmi.. f, Ëp. s.
-- les autres ouvragée de la Bibliothèque OE,V,Ëp. t.
1. Le l" Tolume eat ene préptntioa h U lecture iea 5 «otree. ChtcDH de ces der-
nien est aa ubleau de l'ordre de cboMt qn'offnit l'Europe «n 18A5, et comprend irolt
pvtiei «Mentielle*, MToir i r/ntraduclton, VOrBanitation it* FamilUi et le PNcit.
Ancnne de ce« puties ioTtrieble* ne renTole box eli Éfilogttn qui reatent dtr«ng«r*
an eorpe ds l'ouTrage, qui ne loat du» ctwqne Tolume qu'an contpldoieDt reluif à
l'époque de U dernière édittou et qui, par conséquent, Tirlent lelon le* tempe.
iiGoogle
ÉPILOGUE
SI.
LES PBOaaËS DE LA. CORRUPTION ET DE L'BRREDR
CHEZ LES POPULATIONS ËBRANLËES DE L'OCCIDENT.
En 1855, les agglomérations nrbaines et manufactu-
rières de l'Occident étaient déjà des foyers redoutables
de corruption et d'erreur. Servies par les TOiee nouvelles
de communication, elles commençaient à étendre leur
influence jusqu'aux frontières de l'Orient (II, In. e): par
leurs inventions matérielles, elles stimulaient le désir des
richesses ; par leurs œuvres littéraires, elles pervertissaient
les esprits. A la même époque, des agglomérations plus
considérables s'étalent également constituées dans la ré-
gion du Nord, eu Angleterre (III, vi, is). Elles n'exer-
çaient point encore, il est vrai, l'influence pernicieuse
qui émanait des lettrés français et allemands (III, vi, ai).
Toutefois, les manufacturiers anglais agissaient sur l'Eu-
rope entière avec plus de force que leurs émules de rOcci-
dent; ils ébranlaient davantage les populations stables, en
leur offrant l'appftt des pro6t8 assurés par les nouvelles
méthodes de travail.
Depuis 1855, ces trois pays initiateurs continuent à
ébranler l'Orient (II, Ép. i) et le Nord (III, Ëp. s et*);
mais ils exercent cette action sur eux-mêmes, plus encore
que sur les pays étrangers. C'est ainsi que les campagnes
de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre participent à
.yGoogle
5M iPILOGVB D8 48TT.
des désordre» sociaux qui n'apparaissent encore en Orieni
que dans certaines capitales (II, Ép. i). En réagissant
l'un sur l'autre, lés trois foyers du m&\ oiît pris un sur-
croît de force contagieuse. Les lettrés anglais, par exemple,
ontsubil'influencedeleursToisinsduConliuent(IlI,Ép. 9).
Comme ces dernîers, ils enseignent que les sociétés hu-
maines peuvent prospérer sans l'aide de Dieu. Ils retom-
bent dans les erreurs qu'avait repoussées la réforme morale
et intellectuelle accomplie sous le régne de George III;
et c'est parmi eux que se trouvent maintenant les plus
habiles apôtres de l'évolutionlsme (II, In. e). Dans les
trois pays, la prépondérance est désormais acquise aux
écrivains qui combattent l'esprit de tradition, et aux classes
qui s'adonnent an culte de la richesse. Sous cette direc-
tion nouvelle imprimée aux sociétés de l'Occident, se pro-
duisent partoutles mêmes résultats : les populations stables
sont de plus en plus envahies par le mal ; puis ces popula-
tions ainsi ébranlées marchent vers la désorganisation.
C'est ce que prouvent les faits exposés dans ce volume.
En Autriche, les corporations de mines et beaucoup
d'établissements, privés ou publics, conservent leur an-
cien état de stabilité ; mais l'ébranlement se communique,
de proche en proche, k toutes les conditions sociales et à
toutes les branches d'activité. Les grandes usines à engins
mécaniques détruisent les fabrications domestiques et les
petits ateliers. Les crises commerciales troublent souvent
les existences privées et les intérêts publics. On n'a point
rendu, sous une nouvelle forme, aux ouvriers les moyens
desécurité qne leur offraient les anciennes corporations
urbaines d'arts et métiers; et les atteintes portées à l'ordre
moral par les règlements qui entravent le mariage des
pauvres (i, is) n'ont point encore été efEacées par l'éta-
blissement d'un judicieux régime d'émigration.
.yGoogle
s 1. PIOOKÈS M LA COIMJPTtON BN OCCIDBMT. 6tl
Dans rAllemagne du Nord, des transformations ana-
logues ont été commencées plus lût et poussées plus loin.
Sous l'influence des mines de bouille exploitées sur une
grande échelle, à l'ouest près de Sarrebruck, h l'est en
Silésie, au nord-ouest sur la Ruhr (III, Ép. 4; IV, Ép. s),
l'ébranlement social se montre avec les mêmes caractères
qu'en Belgique, en France et en Angleterre. L'antagonisme
devient le trait dominant du nouveau régime manuractu-
rier. Les ouvriers ne sont plus dans la situation que j'ad-
mirais en 1851 (III, IV, 18 et so). Voyant leurs moyens
de subsistance taris périodiquement par les crises finan-
cières, ils cèdent à des impressions toutes nouvelles. Ils
sentent que leur bien-être n'est plus garanti par leur pa-
tron; et ils se persuadent peu k peu que les deux intérêts
doivent être opposés. Dans leurs rapports actuels et dans
leurs vues d'avenir, ils sont conciliants, comme le sont
encore certains ouvriers français (ix, i7 et si) et la plu-
part des ouvriers anglais (III, vu, n). Ils semblent étran-
gers à l'esprit de violence déchaîné chez les classes diri-
geantes de la France en 1789, et propagé, depuis 1830,
jusque dans les moindres agglomérations urbaines. Ce-
pendant, les Allemands du Nord n'offrent guère plus que
les Français des éléments de paix et de stabilité aux ate-
liers de travail. Les maîtres s'enrichissent en développant
leurs entreprises; mais ils oublient de plus en plus les
traditions du patronage. Les ouvriers les plus habiles em-
ploient de larges suppléments de salaire à l'accroissement
de leur bien-être matériel. Ils sentent le besoin de la sé-
curité que le maître ne garantit plus; mais ils ne songent
guère à la conquérir par l'épargne. Les plus actifs semblent
chercher le mienx, non dans les traditions éternelles de
la paix, mais dans les nouveautés condamnées par l'expé-
rience. En persévérant dans ces tendances, les sociétés
.yGoogle
ut ÉPOOGUB DB t877.
allemandes marcheraient bientôt de l'ébranlement i la
désorganisation.
L'ébranlement social est à peu près le même en Bel-
gique et en France (m. VI, via, is). Il est dû surtout au
déTeloppement exagéré des villes et des manufactures.
L'abondance de la houille est l'une des causes qui favo-
risent, dans les deux pays, les agglomérations malsaines.
Toutefois, le mal est plus général dans la Belgique, tra-
versée de l'est & l'ouest par un riche bassin faouiller, qu'en
France, où de nombreuses régions demandent exclusive-
ment le combustible aux forêts. La Belgique est soumise,
comme la France, au partage forcé des foyers et des
ateliers, c'est-à-dire à la cause d'ébranlement qui agit sur
toutes les manufactures de l'Occident. Plus qu'en France,
néanmoins, les traditions de famille et les libertés locales
ont résisté an fléau propagé par l'action combinée du
Code civil et des agents intéressés au morcellement des
immeubles.
L'ébranlement qui était imprimé, dès 1855, à la France
entière est indiqué dans ses traits principaux, pour les six
localités qui font l'objet des six derniers chapitres* Depuis
lors, le mal a pris partout des caractères plus graves. En
Auvergne, le partage forcé a désorganisé les anciennes
communautés de propriétaires ruraux, qui étaient depuis
dix siècles un sujet d'admiration. Les trois classes rurales,
affaiblies dans les pays de plaines et de collines, ne résis-
tent guère que dans les montagnes, où les chemins de fer
n'ont point pénétré, où se perpétuent les solides vertus
des ancêtres, à la dure école de l'émigration périodique. A
l'ouest des Pyrénées, chez les Basques français, les familles
gardaient, en 1855, la stabilité, gr&ce à l'isolement intel-
lectuel qui était maintenu, dans les montagnes, par de
vieilles coutumes, et par l'usage d'une langue spéciale. Elles
.yGoogle
§ 4. rnooùs. DV la cobboptiqn bn occidknt. 513
s'ébranlent njainleDant, depuis que l^s ehemiDs de fer et
les voyageurs propagent la langue et Jes idées du Code civil.
Dans le Mor^^n, les races de paysans et de bordiers ont été
ébranlées, souvent même désoi^nisées, sous les mêmes
influences. Les grands propriétaires ont mieux résisté ; et
ils perpétuent encore autour d'eux les anciennes coutumeâ
de patronage. Cependant, ils sont loin d'avoir conservé
toutes les bonnes traditions du siècle dernier. Les mœurs
locales sont entamées par les idées subversives de l'ancien
régime et de la révolution, par l'absentéisme des grands
propriétaires e( surtout parle luxe que développent main-
tenant lés progrès agricoles etles nouvelles voies de com-
munication. Enfin, dans les plaines dénudées delà Cham-
pagne pouilleuse, le partage forcé des immeubles continue
à ébranler les populations ; mais le mal se propage dans
des conditions opposées à celles qui régnent dans lesbo-r
cages. Ici, l'œuvre du Gode civil n'a été entravée, ni par
tes montagnes, ni par les forêts, ni même par de simples
clôtures boisées. Elle a été favorisée par uo morcellement
antérieur qui ne laissait subsister, ni un arbre, ni un mur
en pierres sèches. Avec de tels précédents, l'instabilité
sociale atteint, depuis 1855, ses plus extrêmes limites.
Sur de vastes espaces, on ne rencontre plus, non-seule-
ment un grand propriétaire, mais l'un de ces paysans et de
ces bordiers qui, partout ailleurs, gardent les principes
de l'ordre moral avec le foyer, le domaine et le tombeau
des ancêtres (IV, iv, i?). Acharnés au travail, les posses-
seurs du sol n'accordent leur attention, ni aux erreurs
propagées par les lettrés, ni aux vérités enseignées par le
pt^tre; en sorte que leur indifférence pour la religion
ne va point jusqu'à la haine. La pulvérisation et la mobi-
lité du sol stimulent la prévoyance; et souvent la majorité
possède les vertus, en quelque sorte matérielles, que sus-
.yGoogle
tt4 ÊPiLOOUK SX 1877.
cite la conquête de la propriété rurale. La stérilité do sol
ne comporte point les vices qui émanent de la richesse ou
de l'oisiveté. -Dnrs pour eux-mêmes et travaillant de leurs
bras, les paysans ne tolèrent point le voisinage des journa-
liers dégradés par l'intempérance; mais ils n'aident point
le prêtre à les réformer. Privé de conseils et contraint de
s'exiler lui-même, le pauvre ouvrier va demander du tra-
vail i des maîtres moins scrupuleux. Il a pour refuges les
grandes fermes, les fabriques de sucre et les villes manu-
facturières des régions contiguês. C'est ainsi que, dans les
villes et surtout à Paris, la corruption indigène reçoit un
large contingent fourni par les campagnes. Les deux der-
niers chapitres de ce volume montrent même qn'il existe,
dans les rangs inférieurs de la population parisienne, des
types qui conservent avec une ténacité extraordinaire nos
meilleures traditions urbaines. Le chapitre vni indique
comment des races énergiques de blanchisseurs, de ma-
raîchers, de jardiniers et de nourrisseurs de vaches dé-
fendent la banlieue de Paris contre la corruption importée
par les ouvriers nomades, venus de la province et des
pays étrangers. Le chapitre ix signale un groupe nom-
breux d'ouvriers qu'on ne devait guère s'attendre à ren-
contrer au milieu de classes dirigeantes ébranlées par
les vices de l'ancien régime en décadence, égarées par les
erreurs de la révolution, et livrées à tous les excès que
propage l'esprit de nouveauté. Le compagnonnage des
charpentiers conserve, à Paris et dans les treize autres
grandes villes du « tour de France a, les qualités morales,
et les moyens d'éducation qui, dans cette profession, ont
donné la paix et la stabilité à une longue suite de gé-
nérations. Il repousse encore avec fermeté les causes
d'ébranlement qui agissent depuis deux siècles sur les
gouvernants, les riches et les lettrés. Au milieu des dé^
.yGoogle
g s. LBS PIKHIKBS StHPlàlIBS DE Ll IBrOBME. .5SB
bordements de l'esprit de nouveauté, de simples ouvriers
tiennent à honneur de se transmettre iidèlement, avec
leurs rites secrets, les traditions de paix sociale dont l'ori-
gine se perd dans la nuit des temps.
Je n'ai admis parmi les populations ébranlées de l'Oc-
cident aucun des exemples qu'auraient pu fournir, à la
rigueur, les deux grandes péninsulesduSud-Ouest.L'Italie,
l'Espagne et le Portugal ne sont point exempts de mal. Ces
pays ont pris souvent des initiatives fâcheuses, eu ce qui
touche la corruption des moeurs et les commotions poli-
tiques ; mais leurs lettrés commencent à peine à propager
les faux dogmes qui ont cours eu France, en Belgique, eu
Allemagne et en Angleterre. Ils présentent peu d'ailleurs
les causes de l'ébranlement que les mines de houille ont
imprimé, dans ces dernières contrées, aux agglomérations
urbaines, commerciales et manufacturières.
En résumé, l'oubli de la loi morale, l'aQaiblissement
de la famille et la désorganisation du travail, propagent
partout, en Occident, la souffrance, la discorde et le règne
de la force. Les chemins rapides, dont nous sommes si
fiers, enlèveront de plus en plus, aux localités qui con-
servent les traditions du bien, le pouvoir de résister à une
agression injuste (In. s). Ils attribueront successivement
l'empire du mal à tous les peuples qui auront inventé le
dernier engin de destruction.
S2.
LA LONGUE DURÉE DE L'ÈRE ACTUELLE DE CORRUPTION
ET LES PREMIERS SYMPTÔMES DE LA REFORME.
Le premier tome de cet ouvrage offre la conclusion des
faits exposés dans les cinq derniers. 11 démontre que les
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maax actuels de l'Occidenl ne sont pas sans remède. Je
crois atiie cependant d'indiquer l'espoir d*un meilleur
avenir au lecteur qui a seulement le présent volume sons
les yeux.
11 faut se rappeler d'abord que le mal est invétéré et
que, par conséquent, les gens de bien, pour le guérir, doi-
vent s'imposer une longue suite d'efïoris et de sacrifices.
Les vices sensuels, développés dans les cours de l'Occident
i ta fin du XVII* siècle, sont descendus,de proche eu proche,
jusqu'aux rangs iorérieurs de la société. Eu France, ils ont
perdu les formes raffinées qu'offraient, au xviu' siècle, les
salons parisiens. Ils ont pris les caractères repoussants
qu'indiquent, dans le tome VI, la monographie de l'Ou-
vrier-tailleur de Paris (VI, viii) et celledu Débardeur de la
banlieue (VI, ix). Avertis par le martyre de l'infortuné
Louis XVI et par les catastrophes qui démontrent aux moins
clairvoyants la désorganisation croissante de la France,
les rois de l'Angleterre et du Continent sont revenus à la
pratique de l«ur devoir ; et, s'ils pouvaient suivre l'impul-
sion de leurs sentiments, ils donneraient aux gouvernants
actuels de la France l'exemple de la réforme et rétabli-
Talent le règne de la paix sociale.
Malheureusement, celte action tutélaire des souverain
notés ne se fait point encore sentir. Elle est entravée par
les deux classes d'hommes qui sedisputent la direction de
l'esprit public : par ceux qui cherchent « le mieux b en s'in-
spirant de l'esprit de nouveauté; et par ceux qui veulent
ramener le bien en restaurant l'esprit de tradition.
Les hommes de nouveauté sont k l'œuvre dans toutes
les contrées de l'Occident, lis jouent, presque partout, un
rdle prépondérant, sinon par leur condition sociale, du
moins par leurs talents et leur activité. Ils continuent l'en-
seignement des lettrés du xvtii* siècle, en ce qui touche la
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g 3. LKS PKKUIBBS STUPT^HBS DB LA BâFOHMB. 5S7
critique et la réforme des sôciélés. Ils voient la cause du
mal actuel dans les institutions traditionnelles de l'huma-
nité, et non dans la corruption momentanée des hommes
qui avaient le devoir de perpétuer l'ascendant de ces tra-
ditions par leurs bons exemples. Ils croient à la perfection-
originelle de chaque enfant; et ils sont profondément
divisés par les erreurs qui naissent de cette croyance. Les
hommes qui se sont fait une renommée en propageant
quelqu'une de ces erreurs sont donc incapables de dres-
ser en commun le plan d'après lequel les sociétés nou-
Telles seraient ramenées au bien ; mais ils sont d'accord
pour augmenter la division des esprits. Leur entente est
complète dès qu'il s'agit de détruire, au profit apparent
des classes souifrantes, l'un des éléments de l'ancienne
société. C'est cet accord qui explique les phénomènes
actuels d'ébranlement et de désorganisation.
Les hommes de tradition se sont relevés peu à peu de
la corruption où ils étaient tombés au dernier siècle. Ils
ont repris l'intelligence deséternels principes, en lesaffir^
mant courageusement aux époques de persécution. Quel-
ques-uns commencent à s'unir pour opposer à l'œuvre de
destruction les forces fournies par la raison et l'expérience ;
mais la plupart se complaisent encore dans la quiétude et
les défaillances émanant de la richesse. Les plus militants
n'ont point acquis les talents et l'activité de leurs adver-
saires : ils sont divisés comme eux; mais ils ne savent
pas encore, à leur exemple, s'entendre sur un principe
commun d'action. En France, ils semblent parfois enclins
à imiter les procédés violents usités surtout, depuis 1789,
par les hommes de nouveauté : ils pratiquent peu la mé-
thode de persuasion que saint Paul employait excellem-
ment. Ils ne possèdent guère la sagacité temporelle que
saint François de Xavier exigeait de ses collaborateurs.
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538 inLoovE db 1877.
Souvent ils ignorent les méthodes que pratiquaient leurs
ancêtres et celles qu'il faudrait enseigner â leurs en-
fants. Ils dédaignent d'ailleurs honnêtement les faciles
moyens de succès que procure l'abus des mots chez les
peuples qui se sentent mal dirigés. Us n'invoquent point
n la liberté et l'égalité » détournées de leur sens légitime;
mais ils excitent, par des qualifications impropres, la
méfiance des peuples souCfraots. Ainsi, à une époque où
il s'agit surtout de réformer un état flagrant d'erreur et
de corruption, ils ont eu la malheureuse idée de se grou-
per sous le nom de « conservateurs n.
Mon enquête personnelle d'un demi-siècle m'a souvent
montré la France plus désorganisée que le reste de l'Eur
rope; mais elle commence h me faire entrevoir une vérité
plus consolante. C'est en France, plus qu'ailleurs, qu'ap-
paraissent les premiers symptômes de la régénération
sociale. Nos catastrophes inouïes ont porté un utile en-
seignement. La jeunesse studieuse commence à voir dans
ces désastres la condamnation définitive des faux dogmes
de 1789. Elle est prête à fournir aux gouvernants, non des
conservateurs, mais « le personnel de la réforme ».
riR DU TOUE CtKQUIÈUC
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TABLE ANALYTIQUE
PIS
MATIÈRES GONTENDES DANS LE TOHB CINQUIÈME.
Sommaire de l'oeatra complète de F. Le Play, in l" janvier 1878, coor-
donnée dans la Bibliothèque de la tdence tociaU, arec une indicalion sur le*
ûgnes de renvoi qui relient entre eux tous les ouvrages de cette BibliothèqiK.
DivisioD de la 1" éditiou (nn volume iu-ftilio) des Oucrien européen», ea
tit. tomes, ayant les titres suivants. — Tome I : La méthode d'observation. —
Tome II : Les ouvriers de l'Orient. — Tome III : Les ouvriers du Nord. —
Tome IV : Les ouvriers de l'Occident (populations stables), — Tome T : Les
ouvriers de l'Occideot (populations ébraolées). — Tome TI : Les ouvriers de
rOccideut (populations désoi^anisées) page i-iv
INTRODUCTION
Tonoha&t U oosBtltatloa aoolale dea raoes ébnuiUes de l'OeaUent,
D'aptte les bits obMrrés, de ISÏ» à 18U, pour la !<■ éditfon (la-blio)
des Owxi»n «wopUiu.
§ 4. Las trois degrés de souflïvnce correspondant aux populations
stables, ébranUes ou désorganisées, décrites dans les six tomes
des Omneri tvropéetu ix
i. Ganses générales d'ébranlement qui agiaseut sur les familles d^
crites au tome V x
3. Caractères spéciaux de l'ébranlement imprimé aux neuf régiwu
qu'habitent les familles décrites au tome T uu
4. 4" région. —CompagnoD-menuiGier de Vienne (Antricbe). . . Ull
5. 1~* région. — Tiaserand de Godeeberg (Province rtiénane]. . . xr
6. 3" région. — Compositeur* typographe de Bruxelles (Belgique), xnii
7. !■* région. — Mineur de Pontgiband [Auvergne) xxu
8. B» région, — Paysan-basqne dn Labourd (France) xxr
ft. 6-* région. — Hanœuvre-agriculteur dn Hortan (Nivnnais). . sxvu
' f 0. 7~ région, — Bordier . de la Citampagne- pouillens»' ( plaines -
crayeuses de la Hame et de l'Aube) xxxvii
<4. 8*" région. — HsUre-blaDCbiaseur.de Clichy (banlieue daParis). xutt
II. 9" région. — CharpenUer (du Devoir) de Paris. U.T1
13. Résumé du. tome Y : comment se produit^ dans les socîétéfi de
roccident, la transition de rd>ranlemant à la déMffganisation. xia
T- 34
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. TABLS AMUTTIQUR DB) UTIËBES.
L'ORGANISATION DES FAUILLES
Déorltea, en neuf oïiapltres, «ma forme de itonogripIiléB.
fitndei aat let mnai, U vie domeitlciae et la condltioa mwtla de* OuTrfen
de l'Occident (II™ série. — Populations ébruIAes),
d'aprèt let fftits obatirés, de 1830 à 18S5,
pour la 1" Mitlon (fa-foUo} des Ouorin-t wnpénu.
CHAPITRE I. -COMPAGNON-MENUISIER DE TIENNE
(Aubiche).
MONOORkPHie DE LA FAMILLE.
§9 1 à 46. — DéflDltion du lien, de l'organisation Indnstrielia et de la Eunitle.
— HoyeDB d'existence de la famille. — Mode d'existence de la famille. — His-
toire de la bmille. — Mœurs el institutions assurant te bien-être physique ei
moral de la famille. — Budget des recettes de fannée. — Budget des dépensée
de l'année. — Comptes annexés aux budgets là 30
tLËHCHTa oiVEna de la constitutioi^ socialc
§ 17. Causes d'ébranlement, andennesdans les campagnes devee de la Mo-
ravie, récentes dans la ville de Vienne, observées spécialement dans la bmilte
décrite 3t-3S
g ts. Organisation des anciennes corporations urbaines d'arts et métiers
de l'Autriche et de l'Allemagne méridionale 33-36
§ 49, CiD^es qui menacent d'une diswiution procbaina tes anoieenes oor^
poratione urbaines d'arts et métiers ^ 36-38
§ 10. Répugnance que monUent certainee fomiUes contn toute habitude
d'épargne 38-41
$ S4. Pratiques du culte et dépenses qu'elles imposent à la famille dé-
crite. il-4S
9 f%- Règlements établis dant la ville de Tiemie, touchant le mariage des
ouvriers 41-44
$ S3. Les fiançailles et le mariage chex les races slaves oontigttfls au Danube
et k l'Adriatique ; . ; 44^9
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TABLE AtULITlflDB DBS HATIEMB*. 631
CBAPIIRE II. — TISSBRAND DE GODESBBKO
(Province rhàume).
■ OKOOdAPHIC DC tA FAMILLI.
gg t à 46. Description de la fomille, selon l'ordre et avec les détails men-
tioQiiés ci-dessus an chapitre 1 60-79
- ËtÉMENTS DIVERS OE LA CONSTITUTION SOCIALE.
g n. Rappel de l'ëlat de stabîlitâ qui existait autrefois dans les campagnes
manufacturières du t»5sin rhénao. Causes d'ébranlement observées aujourd'hui
dans la population locale et spécialement dans la famille décrite. . . . 80-83
§ 18. Heureuse influence qu'eiercent sur les ouvriers les aubvénGoDS foreft-
tières; principes économiques qui en conseillent le maintien 83-85
g 19. Situation comparée des ouvriera attachés, dans le nord-ouest de l'Alle-
magne, aux petits ateliers ruraux et aux usines & appareils mécaniques. S5-87
g SO.'PréparalîoQS traditionnelles des conserves de choux {iouer Kraut] et
de légumes divers « 87-88
g SI . Précis de la mooograpbie ayant pour objet le Luthier da Werdeofels
(Hante-Bavière). ... . ........... . . ... . . . 88-10»
CB. m. — COl^OSIIEDIL-TYP.^GBAf^B DE BRUXELLES
(B«tgii»B). : : ■ ■
MONOOnAPHIK DE LA FAMILLI.
gg 1 ft 16. Description de la famille, selon Tordre et avec les détails men-
tionnés ct-deasas au chapitre L . 103-134
' ËLËHENTS DIVERS Dl LA CONSTITUTION SOCIALE. '
§ 17. États successifs de stabilité et d'ébranlement, enilelgiqne. . ' 13&-1il
g 18. Associations de secours mutuels et de prévoyance fondées par les
ouvriers typographes de Qmxelles.' . . . ... , . . .'...... 1il-lt7
g 19. Augmentation apportée, en 18S7i an salaire des ouvriers composi-
leurs-typogrardies. U7-4i8
g 10. Banquets ou réunions annuelles des ouvriers typographes. . 148-149
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631 TABLI IXAimorE DBI HATltUfl.
CHAPITRE IT.- HINBUR DB PONTGIBADO
(AvtergHe).
MONOORAPHII DC tA fABtLLE,
gg 1 h le. DeacilptioD de la famille, aeloa Tordre et avec les détails meiw
tionnte ci-deesot an dupitre 1 4fi(MT7
fLËRENTS DIVEHB DE LA CONSTITUTION «OCIKLC
g 47. Cames d'ébranlement obseirées chez les popnlalions de la Basse-
Amergae, et spécialement dans la famille décrite t7M80
g t8. Causes qui enlraTent, en France, l'exploitation des mines métal-
UquPS 1S(M83
■ g 49. AvantageB assurés & plusieure montagnes de l' Auvergne par le régime
d'émigration et par l'eiploitalion des mines métalliques 484-487
g SO. Anciennes communautés de l'Auvergne composées de ménages, pro-
priétalrea ruranx, issus d'un commun ancêtre 488-494
CHAPITRE T. - PATSAN-BASQDE DIT LABODBD
(Frwue).
■ONOaiIftPHIE DE LA FkaiLLC
gg 4 k 4S. Description de la. famille, aelon l'ordre et arec les détails men-
tiomiés ci-detsuB an cbapitn f. 491-S30
tLtMKNTS DIVERS DB LA CONtTITUTION SOCIALE.
§ 47. Causes d'ébranlement obswréee parmi les Basques français, et Sf^
dalement dans la famille décrite S31-131
g 48. STStémede culture nsilé dansia Labourd 93S-t37
g 49. L'exploitation des brebis fondée sur les pâturages commu-
naux. Ï37-13»
g 10. Ancienne organisation de l'assistance mutuelle dans lee communfs
dn pays basque 13S-140
g ST. Emigration périodique des Basques français en Espagne. . 140-S41
g SS. Émigration transatlantique des Basques français 14S-349
g n. Précis de la monographie ayant pour objet le Mineur-émigrut de la
CUic» (Bspagne) 149.S8S
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TABLI AlULniQUB DBS MATlbUfl.
CBAPITfiB TI—HANCBUTHE-AORIGULTEUR DU KOHTAN
(Ittvemaii).
■ ODOORAPHIK Dl LaVaMILIB.
§9 1 il 16. DesaiptiOQ de la {unille, kIdo l'ordn et areo Im détails mea-
tionnéi ci-dessus an chapitra I 969-ISS
ÉLÉMEMTt DIVERS DE LA COHtTITUTION tOCIALE.
g 17. Causes d'ébranTement qai, depuis le commeDcemeDt dn xn* sitele,
agissent sur la population rurale du Horvan S6S-S94
g 1S. Inetabililé actuelle de la petite propriété rurale en France. I94-I9i
g 49. Conditioa ficbeuie des menœuTres-BBricnltenrs, dana plutienrs ré-
gions de la France I94-S9T
§ SO. Anciennes conununantés du Bas-Nivemsia composées de ménagea,
propriétaires mraux, issus d'an commun ancêtre Sin-303
g 91. -précis de la monogiaphie ayant pour objet le Fondeur [au bois) dn
KireniBis 30i-3l3
g n. Organisation vicieuse imposée aujourd'hui en France aux forêts pri-
vées et aux nsines k fer qu'elles alimentent-. 313-318
§ S3. Communauté, coutumîères on tairibles, dn Nivernais, composées de
ménages fermiers de domaines ruratu 31S-3S1
CHAPITRE TII.-B0RD1ER DE LA CHAMPAGNE POUILLEUSE
(Fnmee).
■ OHOanAPHIE DE LA FAMILLE.
gg 1 k 16. Dwcrîption de la bmille, selon l'ordre et avec les détails men-
tionnés ci-dessus au' chapitre 1 3S3-3flT
' iLÊMENTa DIVERS DE LA COHSTITUTIOH SOCIALE.
§ 17. Causes d'ébranlement qui agissent en Champagne dans la localité
qu'habile la famille décrite et dans les régions contignBa 388-364
g 18. Influence Qchense exercée sur les monrs rurales par les ouvriers
nonûdes des travaux publics 36fc-369
g 19, Mode d'existence dee onvrien nomades allwhés aux travaux pu-
blics 369-371
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Bai TABLB AKALVnttDB DB9 VfTIBaBS.
GHA;!ITRB TlII.^ WAITKB-BLAHCBISSBnR PB CLICHT
(Banlieue de Pari*).
■ ONOaRAPHie DE LA FABULE.
g§ \ b 16. DeacriptioQ At la bmille, selon l'ordre «t itw les détails men-
tionaés cî-desras au chapitre 1 37t^99
ÉLtMEKTt DIVERB DK LA CONSTITUTION SOCIALE.
g 17, Causes d'ébranlement observées dans l'ane des commnaes de la ban-
ieoe de Paris, où les boouea mœurs se conservest encore avec le pins de
fermeté iOO-US
g 18. Activité extraordinaire développée duqae semaine par uoe Eunitle
de blanchisseurs (OS
g 19. Hœurs des petits propriétaires de la banlieue de Paris. . iOMOfi
g SO. Transmission intégrale de la petite propriété [arritoriale et dm clien-
tèles chez les maratchera, les nourrisseurs de vaches et les blanchiaaenrs de Is
banlieue de Paris (0&-407
g 11. Résumé des opérations d'une société d'aasnrances mutuelles de la
banlieue, près de Clichy i07-A08
g 11. Précis de la monographie ayant pour objet le Maréchal -ferrant du
. Hune 409-416
g 13. Bûmes mœurs conservées parmi certains types d'ourriers rn-
ranx. . ." . 417-410
g 14. Ticee récemment développés pinn! certaines classes de préteurs, de
colporteurs et de cabareiiers 4IIMS3
CHAPITRE IX. - CBAKPBNTIER (DU DBTOIR)
(Para).
MONOORAPHIE DE LA PABILLI.
gg 1 b t<. Description de la famille, selon l'ordre et avec les détails msn-
tionoés cî-dsssns au chapitre 1 49I4-4S5
ÉLÉMENTS DIVERS DE LA CONSTITUTION SOCIALE.
g 1T. Enseignement oCTert par la corporation des charpentiers parisiens
loncbant les moyens de remédier à l'ébranlemeni que subit, depuis 1G61, la
'société française. . 4K&-460
g 18. Coulâmes du compagnonnage observées chez les charpentiers pari-
siens 4G0-466
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TABLB ANAITTIQDB DE! HATIBBBS. 53S
§ 19. SoIenDitâsdQcompagnoDnagedesch3rpeDtiers(dnDe70ïr]. 466-469
§ SO. Société de secours matnels des agrichoDs (69-470
g SI. Grève des charpentiers dfl Paris, en tB4S 410-473
§ II. OrganisationdeschantiersdecliarpentedaDBlavilledeParis. 473
§ i'i. Réaciion morale exercée coelre les babiludee d'imprévoyance et les
aspirations an bieD-étre matériel sous l'inSnence d'un legs fait par l'a&ectîon
d'un parent à la famille décrite 474-475
§ 14. Abondance des salades dans ralîroenlation des ouvriers pari-
siens 476
§ S9. Autorité exercée dans les maisons de Paris par les portiers régis-
seurs 476-478
PRÉOIS MÉTHODIQUE ET ALPHABÉTIQUE
ta OoaBtitntion Booiale et rorganlsation dea famlUea
ébranlées de l'Oooldent.
L'objet et la méthode du Précis 484-48S
Les éléments du Précis classés selon l'ordre alphabétique. . . . 48ît-645
ÉPILOGUE
hK 4 S 77.
Les obongrements prinolpsax surreniis, depuis 186B,
dans la Oonstltatton soolale des populations ébranlées
de l'Oooldent.
§ I. Les progrès de la comiption et de l'erreur chez les populations
ébranlées de l'Occident BI9-S16
§ S. La longue durée de l'ère actuelle de corruption et les premiers symp-
tAmes de le réforme SS5-S18
riN DE LA TABLE DU TOUS CINQDlbHK.
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- Xout', liuiic. MaiMCt
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