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Full text of "Les ouvriers européens. .."

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ŒUVRES  COMPLÈTES  DE  F-  LE  PLAY  . 

iodcbaut 

LA  SCIENCE   SOCIALE 

FONDÉE   SDR  L'EXPÉBIEHCB 


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SOMMAIRE  DE  tA  BIBLIOTHÈQUE 

DE  LA  SCIENCE  SOCIALE 

àO  t"  JANWEB  Ï818 


Lft  Bibliothèque  de  la  teteneê  ioeiate  »  poar  point  de  départ  foi  Oi»- 
vrien  européen»,  c^est-à-dlre,  les  étadetf  faites  en  Europe,  puli  contiavées 
dans  les  autres  contrées,  selon  la  méthode  d'observation  dite  des  mano- 
graphiet  de  famiUet;  elle  aura  pour  conclusion  une  Synthèse  tocMe. 
Chacun  des  DuvraBes  Intermédiaires  s'appuie  sur  des  faits  eiposés  dans 
les  ouvrages  antérieurement  publiés.  Tous  ces  ouvrages  ont  entre  eux  des 
liens  Intimes.  On  peut  donc  souvent  abréger  Texposé  spécial  à  l'un 
d^ux  en  t^nvoyant  le  lecteur  aux  autres.  Ces  renvois'  sont  Indiqués  par 
Uea  ehipyes  précédés  de  deux  lettres  caractéristiques.  Celles-ci  sont  mar- 
quées cl-dessoni  eu  regard  de  chaque  ouvrage.  Voir,  en  outre,  cl-aprte 
les  indlcatlona,  sur  les  renvois,  données  au  rerao  des  trois  titres  :  Mro- 
duelim,  L'orgcmitatwn  dei  /omiKsfj  Èpitogu». 

TltEHB  DBS  OUT&aOBB                            IXU.  d*  édlHon.  6lpm 

■itrtmw.  d*  niiT«l. 

Les  Ouvriers  européens. '    18SS-1878  OE 

Les  Ouvriers  des  Deux  Mondes 1858-1875  OH 

La  Réforme  sodale 186A-187&  RS 

L'Organisation  du  travail 1870-1871  OT 

L'Organisation  de  la  bmlUe. 1870-1875  OF 

La  Palz  sociale  après  le  désastre  (1874) ....        1871-1878  PS 

La  Correspondance  sur  les  Unions 1873-1876  CV 

La  Constitution  de  l'Angleterre 1875  CA 

La  Réforme  en  Europe  et  le  SalgtenFmitce.  .  '          1876  RB 


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OUVRIERS  EUROPÉENS 


ÉTUDES 


SOR  LES  TRAVAUX,  LA  VIE  DOMESTIQUE 

BT  LA  CONDITION   MORALE  DBS  POPULATIONS  0DVRIÈRB9 

DB  L'BDROPI 

D'APBfeS  LBB  FAITS  OBSBKViB  DB  IBIIA  ISSS 

■Tw  de*  épUagnis  Indiquant  Iw  chiagtmaiiti  ■arrtiiQi  dtpnl*  ISSS 


DEUXIÈME  tOITIOH  EN  BIX  TOMES 


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SOMMAIRE 

DES  OUVRIERS  EUROPÉENS 


Tome  I".  La  Méthode  d^olnemUon.  —  Tome  II .  Les  oarrleni  de 
l'Orient.  —  Tome  IIL  Les  osvrlera  dn  Nord.  —  Tome  IV.  Lea  ouvriers  de 
l'Occident  (populations  stables).  —  Toma  V.  Les  ourriers  de  l'Occident 
(populaUons  ébranlâes).  —  Tome  VI.  Les  ouvriers  de  l'Occident  (popola- 

tlOQâ  désorganisées). 

(âttoiin  des  6  tomes  est  on  tout  complet  qui  peut  être  emplof  j  ^aana 

recoon  nécessaire  anx  B  aatres}. 


ÉPIGRAPHE 

c  II  sHnrormalt  avec  sofn  âfi  la  valeor  des  terres,  de  ce  qu'elles 

■  reportaient,  de  la  manière  de  les  cultiver,  des  fiuultés  des  parsans* 

■  de  œ  qui  fklsalt  leur  nourriture  ordinaire,  de  ce  que  leur  pouvait  valoir 
(  en  on  Jour  le  tranUl  de  leurs  mains;  détails  méprisables  et  abjects  en 
•  apparence,  et  qui  appartiennent  cependant  au  grand  art  de  gouverner.  » 

(FoKTBHBLLE,  Élogâ  de  Vauban.) 


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■3.2  r-^j- 

LES    OUVRIERS   EUROPÉENS 


TOHË    CINQUIÈME 


LES  OUVRIERS 

DE    L'OCCIDENT 

II-  SÉRIE  T-  POPULATIONS.  ËBBANLÉES 

EHVAHieâ  PAR  Là  NOUVEAUTÉ,    0UBUEUSG1  DE  U  TRADIIION 

PEU   FIDÈLES  AU  DÉCALOGUË  ET  A  L'AUTORITÉ  PATERNELLB 

6DPPI.6&ItT  UAL  A  LA  BARBTâ  CROISSANTS  DBS  FBODUCTIONS  SPONTANÈBS 
Ml  U  CaHHUNAUTÏ,  U  PHOPSIËTf  IKDITIDUELLE  ET  LE  PATRQlUaE 

F.    LE   PLAY 

Aaci*B  CoonDIsr  d'état,  ancien  Sënaieni,  liupectenr  g^dnl  dn  lliDoi, 
.-      ^  CnmmrBalTSgéninl  (185S-I8tl-18e7| 

au  Bipoùtioin  UniTenBllM  da  Pprii  cl  de  Londni. 


TOURS 
ALFRED  MAME  ET  ÏILS.  LIBRAIRES-ÉDITEDRS 


PARIS,    DENTU,   LIBRAIRE 


U  DCCC  LXXTIU 


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HD 
Ï37G 
,L<S97 

\Ï77 

SOMMAIRE 

DU    TOME    CINQUIËHE. 


hundvction  touchant  la  constltatloa  Bofilale  de*  reces  Abnnléea  de 
l'Occident.  —  L'orgoMitatimi  det  famiUtt  dâcrite,  ea  neuf  chapitres, 
sons  forme  de  monographies.  —  Prédl  mitkodiqva  et  atphabéliqm  tou- 
chant rorganlsatlon  des  familles  et  la  constitution  sociale  des  races  d« 
rOcddeot  (11»  série.  —  Populations  ébranlées).  ' 

Épitogua  de  1877.  —  TabU  anaigtique  des  nutlëref. 


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INTRÔDUCTIOH 

TOL'CHAIIT 

LA  CONSTITUTION  SOCIALE 

DES  RACES  DE   L'OCCIDENT 

XI»*   SÉRIE    —    POPULATIOnB    ÉBHAMLfiBB 

D«8  localité*  où  lea  olasses  dlrleeantea  oublient  le  Décalogaa. 

D'APRfiS  LES   FAITS  OBSERVES,  DE   18S9  A  185S. 
Ponr  It  1"  fdliloa  (in-tolio)  de*  Omriart  turopiânt. 


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SOMMAIRE 

DE    L'INTRODUCTION 


§  l".  Les  trola  degrés  de  BouffraDce  correspondant  aux  populations 
stables,  ébranlées  ou  désorganisées,  décrites  dans  les  sli  tomes  des  Ouorier» 
eurûpéent.  —  §  3.  Causes  générales  d'ébranlement  qui  agissent  sur  les 
familles  décrites  su  tome  V,  —  §  3.  Caractères  spéciaux  de  l'ébranlement 
Imprimé  aux  neuf  réglons  qu'habitent  les  bmlUes  décrites  au  tome  V.  — 
§  i.  1"  région.  —  Compagnon-mennlslerde  Vienne  (Autriche).  — §6.  2'ré- 
glon.  —  Tisserand  de  Godesberg  (province  riiénane}.  —  §  6.  3*  région.  — 
Compositeur-typographe  de  Bruxelles  (Belgique).  ~  %  1.  If  région.  — 
Mineur  de  Poutglbaud  (Auvergne).  —  5  S.  5*  région.  —  Paysan-basque 
du  Laboord  (France).  •.-  5  9.  6'  ré^on.  —  Manœuvre-agriculteur  du  Mor- 
van  (Nivernais).  —  §  10.  7*  région.  —  Bordler  de  la  Champagne  pouilleuse  . 
(plaines  crayeuses  de  la  Marne  et  de  l'Aube).  —  §  11.  S*  région.  —  Maître- 
blanchisseur  de  Cllchy  (banlieue  de  Paris).  —  §  tS.  9*  région.  —  Charpen- 
tier (du  Devoir)  de  Paris.  —  §  13.  Résumé  du  tome  T  :  comment  ae  produit, 
dans  les  sociétés  de  l'Occident,  la  transition  de  l'ébranlement  &  la  désorga- 
Dlsatlon. 

Exemple 

des  sJ^nes  de  renvoi  an  S  10  de  rintirodtiction, 

employés  : 

dans  le  texte  même  de  cette  Introduction  et  dau 

le  Précis  de  ce  volume . 14. 

—  l'Épilogue  de  ce  volume In.  10. 

—  les  6  autres  volumes  des  Ouvrieri  européen*.  .  .  V,  In.  10. 

—  les  autres  ouvrages  de  la  Biblloth&que OE,  V,  In.  10. 


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CONSTITUTION    SOCIALE 

DES  RACES  ÉBRANLÉES  DE  L'OCCIDENT 


S  1. 

LES    TROIS    DEGRÉS    DB    SOUFFRANCE    CORRESPON- 
DANT    AUX     POPULATIONS    STABLES,    ËBRANLËES    OU 
DÉSORGANISÉES,  DÉCRITES    DANS  LES  SIX  TOMES  DBS 
OUVRIERS  EUROPÉENS. 

La  prospérité  des  populations  stables  qui  sont  l'objet 
des  trois  volumes  précédents  n'est  point  exempte  de  souf- 
france. Le  bien  est  toujours  mélangé  de  mal,  même  chez 
les  races  qui  possèdent,  en  toute  perfection,  les  sept  élé- 
ments essentiels  ù  une  bonne  constitution  sociale  (IV,  In.  t)  . 
La  souffrance,  en  effet,  est  inhérente  à  la  nature  humaine  : 
elle  se  présente,  selon  les  lieux,  avec  des  variétés  infi- 
nies; mais  toutes  les  nuances  du  mal  peuvent  être  ratta- 
chées à  trois  cas  principaux. 

1  Chez  les  races  stables  décrites  dans  les  trois  volumes 
précédents,  la  souffrance  n'est,  ni  générale,  ni  perma- 
nente :  elle  est  purement  locale  et  accidentelle.  Même  dans 
les  localités  trës-circonscrites,  elle  n'imprime  point  aux 
familles  un  caractère  distinctif.  Parmi  les  maux  auxquels 
n'échappent  point  les  régions  les  plus  prospères  figurent 
les  maladies  individuelles,  les  épidémies,  les  épizooties  et 
surtout  les  fléaux  atmosphériques  qui  ravagent  parfois,  en 
quelques  instants,  de  vastes  territoires  (II,  In.  s). 


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X  COXSTITDTIOM  SOCULB  DSS  BACES  BBUNLriSS  DB  L  OCCIDENT. 

Cbez  les  races  ébranlées,  que  le  présent  Tolurae  décrit 
en  neuf  monographies,  la  souffrance  devient  en  beaucoup 
de  lieux  le  caractère  habituel  des  familles.  Elle  est,  en 
général,  modérée  ou  récente  :  elle  ne  trouble  point  encore 
la  paix  sociale  dans  les  foyers  domestiques,  ni  dans  les 
ateliers  de  travail;  tous  les  caractères  de  la  paix  pa- 
raissent subsister  dans  l'État.  Les  observateurs  peu  atten- 
tifs se  persuadent  aisément  que  l'ancien  état  de  prospérité 
se  perpétue;  mais,  si  les  gouvernants  se  laissent  abuser 
par  ce  calme  trompeur,  la  société  est  déj^  en  péril.  Les 
pauvres  sont  plus  nombreux  ;  leur  dénûment  est  plus  héré- 
ditaire; et,  lors  même  que  le  pain  quotidien  ne  manque 
pas  encore,  les  familles  ont  perdu  la  sécurité  de  l'avenir, 
c'est-à-dire  le  genre  de  bien-être  que  les  races  stables 
préfèrent  à  tous  les  autres.  L'instabilité  et  la  souffrance 
créées  par  l'état  d'ébranlement  grandissent  si  on  n'y 
oppose  pas  los  vrais  remèdes  :  elles  atteignent  surtout  les 
ouvriers,  mais  elles  n'épargnent  pas  les  patrons. 

Ailleurs  enGn  la  souffrance  se  perpétue  et  s'aggrave. 
Elle  envahit  alors  progressivement  toutes  les  parties  du 
corps  social  ;  et  l'on  voit  naître  l'état  de  désorganisation 
décrit  au  tome  VI. 


S  2. 

CAUSES    aËNËBALBS    D'ËBBANLEHBNT    QDI    AGISSENT 
SUB  LES  FAMILLES    DËCBITBS   AU   TOME    T. 

Selon  les  faits  exposés  aux  tomes  II,  III  et  IV,  la  sta- 
bilité persiste  chez  toutes  les  races,  quand  le  Décalogue 
et  l'autorité  paternelle  conservent  leur  empire  sur  les 
esprits  et  les  cœurs.  Les  populations  simples,  frugales  et 
irès-éparses,  qui  récoltent  les  productions  spontanées  des 


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g  I.    CAU8KS  OÉNliBAlU  D'ilkANLBKSNT.  XI 

Steppes  de  l'Orient  et  des  rivages  maritimes  da  Nord, 
vivent  dans  une  paix  inébranlable  tant  qu'elles  restent 
soumises  à  la  loi  suprême  et  à  son  principal  gardien.  Les 
sociétés  complexes.'.lettrées  et  agglomérées,  soumises  aux 
influences  urbaines  de  l'Occident,  ne  conservent  cet  état 
de  paix  qa'avec  le  concours  supplémentaire  de  deux  autres 
forces  morales,  la  religion  et  la  souveraineté,  qui  de- 
viennent, sous  ce  régime,  des  moyens  indispensables  de 
prospérité. 

Ainsi  appuyées  sur  le  Décalogae  et  l'autorité  paternelle, 
puis  unies  par  la  religion  et  la  souveraineté,  les  nations 
lettrées  s'élèvent,  dans  l'ordre  matériel  et  intellectuel,  au- 
dessus  des  pasteurs  et  des  pécheurs-c6tiers;  mais  elles 
leur  restent  fort  inférieures  au  point  de  vue  moral.  Elles 
sont  plus  facilement  ébranlées  que  les  races  primitives  dont 
la  science  repose  nniquement  sur  la  révélation  du  Déca- 
logue  éternel  et  sur  la  pratique  d'un  art  invariable.  Aux 
époques  de  progrès,  elles  ont,  il  est  vrai,  le  concours  de 
deux  classes  de  personnes  employées  aux  services  de  la 
religion  et  de  la  souveraineté;  mais  ces  classes  sont  moins 
dévouées  aux  ouailles  et  aux  gouvernés  qne  les  pères  aux 
enfants  :  elles  se  corrompent  plus  aisément;  elles  de- 
viennent alors  des  agents  actifs  de  décadence;  et,  si  la 
réforme  tarde  trop  à  se  produire,  elles  poussent  à  une 
ruine  certaine  le  peuple  qu'elles  devaient  protéger.  Tel 
a  été  l'état  de  choses  offert  par  les  nations  fameuses  de 
l'antiquité;  et  je  ne  connais  que  la  Chine  qui  ait  échappé 
à  celte  catastrophe  suprême.  Les  nations  modernes,  et,  à 
leur  tête,  l'Italie,  la  péninsule  ibérique,  l'Autriche  et  la 
France  se  sont  laissé  dominer  successivement  par  cette  loi 
de  l'histoire.  Depuis  l'époque  si  improprement  nommée 
a  la  renaissance  »,  toutes  ont  grandi  par  l'alliance  intime  de 
la  religion  et  de  la  souveraineté  ;  toutes  ont  décliné  par  la 


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Xn  COKSTITUTION  80CIALB  DIS   UCU  ÂtBAHI^BS  DB  L'OOCIDBNT. 

corruption  des  hommes  préposés  à  la  direction  de  ces 
deux  forces  morales. 

Telles  sont  les  causes  de  l'ébranlement  qni  s'est  sur- 
tout produit  de  nos  jours  dans  le  sud-onest  de  l'Europe» 
mais  qui  envahit  mainlenaot  de  proche  en  proche  les 
autres  régions  de  ce  continent.  Quant  aux  caractères  spér 
cianx  de  l'ébranlement,  ils  varient  à  Tinfîni  et  ils  s'ag- 
gravent à.  mesure  que  les  sociétés  deviennent  plus  compli- 
quées, ou,  selon  l'expression  usuelle,  «  plus  civilisées  ». 
A  ne  considérer  que  les  localités  où  ont  été  étudiées  les 
familles  décrites  dans  ce  volume,  les  phénomènes  sociaux 
qui  accompagnent  l'ébranlement  se  comptent  par  centaines. 
Toutefois,  dans  cette  matière  délicate,  il  ne  faut  pas  con- 
fondre l'effet  avec  la  cause  :  en  général,  ces  phénomènes  ne 
sont  que  les  véhicules  des  maux  dont  le  principe  est  dans 
la  défaillance  des  hommes  qui,  ayant  le  devoir  de  garder 
la  loi  morale,  se  plaisent  à  la  violer.  Ainsi,  par  exemple, 
les  chemins  de  fer,  les  bateaux  à  vapeur  et  les  télégraphes 
auraient  évidemment  offert  un  puissant  concours  à  saint 
Paul,  dont  l'œuvre  fut  si  souvent  entravée  par  la  difficulté 
des  communications.  Si,  de  nos  jours,  la  corruption  appa- 
raît partout  avec  ces  nouveaux  moyens  d'action,  c'est  que 
les  hommes  chargés  d'enseigner  le  vrai  ont  moins  de  zèle 
et  de  talent  que  les  égarés  ou  les  méchants  adonnés  i  la 
propagation  de  l'erreur.  Une  remarque  analogue  s'applique 
&  tous  les  phénomènes  d'ébranlement  ou  de  désorganisa- 
tion signalés  dans  les  deux  derniers  volumes  de  cet 
ouvrage. 

Cependant,  c'est  ici  le  lieu  d'indiquer  le  contraste  qui 
existe  dans  les  causes  de  ces  denx  sortes  de  désordres 
sociaux.  Le  mal  actuel  de  l'Europe,  malgré  ses  innom- 
brables apparences,  n'a  véritablement  qu'une  source,  la 
violation  du  Décalogue  étemel;  mais,  dans  ses  effets 


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s  4.  CAIACT^BES  BPÉCUin  A  L*AimtcaB.  ZttI 

pernicieux,  il  agit  avec  deux  degrés  d'intensité  fort 
différents.  Qnand  les  classes  dirigeantes  d'une  localité 
manquent,  par  faiblesse,  aux  prescriptions  de  la  loi 
suprême,  le  mal  est  guérissable;  et  la  société  est  simple- 
ment ébranlée.  Quand,  au  contraire,  inspirées  par  l'or- 
gueil, elles  prétendent  substituer  à  cette  loi  leurs  propres 
inventions,  elles  privent  la  société  de  ses  fondements  : 
elles  la  désorganisent  et  la  poussent  à  sa  destraction. 

S  8. 

CARACTÈRES  SPËCIAtIX  DE  L'ËBRANLEHBNT  IMPRtHË 

AVX     NEUF     RÉGIONS    QU'HABITENT     LES     FAMILLES 

DÉCRITES   AU   TOHB    T. 

Les  faits  sociaux  exposés  en  grand  nombre  dans  ce 
volume  signalent  implicitement,  par  divers  symptémes, 
les  vices  qui  se  sont  introduits  dans  la  constitution  sociale 
des  régions  qu'habitent  les  familles  groupées  en  neuf 
chapitres.  Dans  chacun  de  ces  chapitres,  j'ai  coordonné, 
pour  en  faire  l'objet  d'un  paragraphe  spécial  (n),  les 
inconvénients  principaux  que  ces  vices  entraînent,  en  ce 
qui  touche  le  bien-être  et  la  sécurité  des  familles.  Je  dois 
résumer  ici  ces  inconvénients  d'une  manière  encore  plus 
succincte.  Je  vais  surtout  montrer  comment  les  vices  et 
les  erreurs  émanant  de  la  violation  du  Décalogue  étemel 
ébranlent,  en  déQnitive,  tous  les  éléments  de  la  vie  pu- 
blique et  de  la  vie  privée  des  nations. 

Su. 

I»  RÉGION.  —  COUPAGNON-HENUISIER  DE  TIENNE 
(AUTRICHE). 

Les  campagnes  de  la  Moravie,  pays  natal  de  la  famille 
décrite  dans  ce  diàpitre,  offrent,  dans  leur  constitution 


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XIY  GONSTITDTION  SOCUUt  DIS  UCBB  ÉniNLÉn  DE  L'OGCIDBHT. 

sodale,  des  vices  qaî  ont  loardement  pesé  sur  la  Jeu- 
nesse des  deux  époax.  Les  conséquences  de  ces  premières 
épreuves  ont  suivi  les  jeunes  adultes  dans  le  cours  de 
leurs  migrations.  Elles  n'ont  pas  été  sans  influence  sur 
la  condition  précaire  que  le  ménage  s'est  créée  dans  la 
ville  de  Vienne,  après  beaucoup  d'efforts  et  de  mécomptes. 
Je  n'entrevois  d'ailleurs,  en  dehors  des  qualités  excep- 
tionnelles qui  pourraient  se  développer  chez  les  jeunes 
enfants  de  ce  ménage,  aucune  cause  qui  puisse  arracher 
la  famille  à  une  situation  oA  la  gène  est  habituelle  et 
touche  parfois  au  dénAment. 

L'ouvrier  se  rattache  par  sa  naissance  à  la  race  slave; 
mais  il  n'y  a  pas  trouvé  les  éléments  de  bien-être  propres 
aux  communautés  de  même  race  qui  peuplent  les  régions 
comprises  entre  le  Danube  et  l'Adriatique.  Dans  celles 
de  ces  régions  qui  sont  soumises  i  l'Empire  autrichien, 
les  communautés  slaves,  tout  en  conservant  leurs  tradi- 
tions caractéristiques,  n'ont  plus  la  stabilité  de  celles  qui 
dépendent  de  l'Empire  ottoman  (IV,  i,  a).  Elles  n'^istent 
plus  en  Moravie,  an  moins  dans  les  localités  où  sont  nés 
les  deux  époux.  Les  familles  slaves  se  sont  plus  ou  moins 
confondues  avec  les  excellentes  populations  allemandes 
de  l'Autriche;  et,  de  nos  jours,  elles  souffrent  d'un  mal 
commun.  Trop  agglomérées  dans  les  campagnes,  elles  ne 
savent  point  émîgrer  à  l'étranger.  Elles  ont  pour  unique 
débouché  les  villes  où,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  elles 
étaient  protégées  par  les  corporations  urbaines  d'arts  et 
métiers  et  par  le  compagnonnage.  La  concurrence  des 
nouvelles  usines  à  engins  mécaniques  détruit  maintenant, 
par  la  force  des  choses,  cette  antique  étatisation  manu- 
facturière. Sauf  pour  une  minorité  qui  se  distingue  par 
ses  talents  et  sa  prévoyance,  il  n'y  a  plus,  dès  lors,  ni 
stabilité  pour  les  maîtres,  ni  sécurité  pour  les  ouvriers. 


:,yG60glc 


§-  B.  QÂKâCTKBKB  SPiCl&Ol  A  U  PKOVIHCE  BBBNANB.  SV 

Sons  les  mêmes  inflaences,  rébranlement  se  comma- 
aique,  dans  le  régime  du  travail,  à  toutes  les  régions  de 
l'Empire  autrichien.  A  Vienne,  en  particulier,  la  majorité 
des  ouvriers  doit*  à  la  moindre  crise,  recourir  à  l'assis- 
tance publique  pour  compléter  les  moyens  de  subsis- 
tance fournis  par  le  salaire.  Cet  état  de  gène  est  aggravé, 
sans  utilité  matérielle  et  au  détriment  de  l'ordre  moral, 
par  les  règlements  publics  qui  font  obstacle  au  mariage 
des  pauvres.  Jusqu'à  ce  jour,  cet  état  de  souffrance  a  été 
adouci  par  un  reste  de  bonnes  traditions,  par  les  senti- 
ments paternels  des  classes  dirigeantes  et  par  la  soumis- 
sion habituelle  des  gouvernés;  mais,  si  une  prompte 
réforme  ne  survient,  il  amènera  infailliblement  la  perte 
de  la  paix  sociale  et  la  désorganisation  de  la  société. 

S  S. 

S"  BËGION.  —  TISSERAND  DS  GODESBERQ 
(PROVINCE  RHÉNANE). 

L'histoire  des  tisserands  du  Rhin  comprend  à  peu 
près  celle  des  populations  attachées  aux  manufactures  du 
nord-ouest  de  l'Allemagne.  Au  milieu  du  moyen  âge, 
lorsque  le  tissage  cessa  d'être  une  industrie  spéciale  à 
chaque  foyer,  les  premiers  tisserands  s'établirent  dans  les 
campagnes  contignês  aux  villes  qui  étaient  en  situation 
de  centraliser  le  commerce  des  tissus.  Ils  conservèrent  k 
leur  atelier  nouveau  la  stabilité  du  domaine  rural  dont 
ils  étaient  sortis;  et  ils  s'assurèrent  deux  solides  moyens 
de  subsistance.  Ils  réunissaient,  en  effet,  deux  profes- 
sions. Comme  bordiers  ruraux,  ils  faisaient  les  grandes 
récoltes  et  certains  travaux  urgents  pour  le  compte  d'un 
agriculteur  voisin-,  et,  en  échange,  ils  obtenaient  de  lui 
une  habitation  avec  des  dépendances  rurales  et  des  sub- 


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xn        coNSTironoN  bocialk  des  kacbs  ^bbanlébs  dk  l'oeciDinr. 

Tentions  qui  leur  assuraient  en  partie  les  moyens  d'exis- 
tence.  Comme  tisserands,  ils  fabriquaient  annuellement 
nne  quantité,  à  peu  près  fixe,  de  produits  pour  le  compte 
d'un  commerçant  établi  dans  la  ville  voisine.  Ils  rece- 
vaient en  retour  un  salaire  à  l'aide  duquel  on  pouvait 
compléter  les  moyens  de  subsistance  et  constituer  les 
dots  des  frères  et  des  sœurs  de  l'ouvrier-associé.  L'ouvrier 
travaillait  exclusivement  pour  ses  deux  patrons;  et  ceux-ci 
se  croyaient  tenus  de  lui  apurer,  en  toute  éventualité* 
des  moyens  de  subsistance.  Ce  régime  restait  en  vigueur 
au  commencement  du  xix*  siècle  ;  et  il  se  conserve  encore 
partiellement  en  quelques  lieux.  Presque  partout  il  est 
l^mplacé  par  un  état  d'indépendance  mutuelle  pour  les 
deux  parties,  d'instabilité  et  de  souffrance  pour  l'ouvrier. 
Celui-ci  traverse,  en  nomade,  des  habitations  urbaines  à  la 
recherche  du  travail  :  il  exige  et  obtient  de  forts  salaires 
aux  époques  de  pro^rité  commerciale;  il  tombe  dans  le 
dénûment  aux  époques  de  détresse,  sans  autre  appui  que 
la  charité  publique.  Enfin,  cette  situation  précaire  est  de 
plus  en  plus  compromise,  même  aux  époques  de  pros- 
périté, par  les  usines  nouvelles  où  le  tissage  s'opère  k 
l'aide  des  machines. 

Dans  le  bassin  rhénan,  comme  dans  les  autres  régions 
manufacturières,  les  usines  k  engins  mécaniques  trou- 
blent également  le  âlage,  le  tissage  et  presque  tous  les 
travaux  qui  s'opéraient  précédemment  au  moyen  des 
bras.  Jusqu'à  ce  jour,  il  est  vrai,  à  Elberfeld,  à  Solingen 
et  dans  les  autres  localités  de  la  plaine  saxonne,  où  les 
machines  sont  mises  en  action  par  la  force  de  l'eau,  les 
anciennes  coutumes  de  patronage  se  sont  conservées} 
tnais  l'invasion  Inévitable  des  macbines  à  vapeur  détruira, 
tût  ou  tard,  cette  situation  an  détriment  des  ouvriers, 
puis  de  la  société  entière.  Les  mines  de  houille  de  la 


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§  5.  CAHACTBRKS  SP^tAUX  A  LA  PKOTIHCE  niIBNAHB.  SVH 

Ruhr  recevront  un  développement  considérable.  Elles 
augmenteront  l'ébranlement  qui  commence  i!i  se  produire, 
si  les  exploitants  de  cette  immense  richesse  ne  §e  mon- 
trent pas  plus  modérés  et  plus  perspicaces  que  ne  l'ont 
été  jusqu'à  présent  ceux  des  riches  bassins  houillers 
d'Angleterre,  de  France  et  de  Belgique. 

Dans  le  sud-ouest  de  l'Allemagne,  les  causes  d'ébran- 
lement sont  moins  nombreuses  et  moins  puissantes.  L'in- 
dustrie manufacturière  est  peu  développée;  les  mines  de 
houille  manquent;  les  forêts  abondent  et  concourent,  par 
leur  inQuence  bienfaisante,  à  la  stabilité  des  populations. 
Malheureusement,  les  gouvernants  de  cette  région  y  ont 
introduit,  vers  le  milieu  du  xvui*  siècle,  des  éléments  de 
désorganisation  dont  les  traces  subsistent  encore.  Gomme 
les  souverains  du  Nord,  ceux  du  Midi  ont  témoigné  leur 
mépris  pour  la  loi  suprême  :  ils  ont  donné  l'exemple  des 
mauvaise^  mœurs;  ils  ont  été  les  patrons  de  Voltaire  et 
des  encyclopédistes;  ils  se  sont  ainsi  constitués  les  pro- 
moteurs du  mal  qui  désorganise  aujourd'hui  l'Occident. 
A  cette  époque,  en  eETet,  la  cour  de  France  propageait 
avec  plus  d'éclat  la  corruption  des  mœurs;  mais,  du 
moins,  elle  condamnait  en  principe,  par  ses  impuissantes 
■décisions,  les  révoltes  de  l'orgueil  contre  Dieu  et  sa  loi. 
Or,  ce  crime  n'a  jamais  été  commis  en  France  que  par 
les  assemblées  révolùtionnairf^.  Les  tendances  hostiles  à 
l'autorité  paternelle  ont  également  pris  naissance,  dans  le 
midi  de  l'Allemagne,  au  xviii'  siècle.  Les  habitudes  de  par- 
tage égal,  qui  sont  Un  sûr  moyen  de  saper  cette  autorité, 
qui  ont  désoi^nisé  la  famille  et  la  propriété  dans  plusieurs 
logions  du  Palalinat,  se  sont  propagées  à  cette  époque;  et 
l'on  en  retrouve  çà  et  Ift  les  effets  dans  cet  ouvrage.  L'ébran- 
lement produit  sous  ces  influences  est  visible  dans  la  mo- 
nogrâphie  ayant  pour  objet  :  «  le  Luthier  du  Werdenfels.  » 


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ï\ltl         CONSTITUTION  SOCIILB  DES  BACES  éBlAItL^EB  DE    L'OCCIDETTr. 


S  6. 

3«»  RÉGION.  —  COMPOSITEDR-TYPOGRAPHE 
DE    BRUXELLES   (BELGIQUE). 

L'hisloire  de  la  Belgique  montre,  mieux  encore  que 
celle  du  bassin  rhénan,  comment  se  sont  constitués, 
depuis  le  moyen  âge,  les  domaines  ruraux,  les  borderies 
et  les  fabriques  rurales  collectives,  puis  les  corporations 
urbaines  d'arts  et  métiers.  À  Gand,  comme  à  Tyr,  à 
Cartbage  et  à  Florence,  ces  corporations  firent  naître  des 
dynasties  de  riches  rabricants.  Elles  conférèrent,  en  eOTet, 
aux  fabriques  urbaines  une  stabilité  comparable,  sous 
plusieurs  rapports,  à  celle  des  domaines  ruraux.  Les 
houilles,  extraites  du  riche  bassin  qui  traverse  la  Bel- 
gique entière,  y  ont  singulièrement  développé  l'activité 
manufacturière.  Dès  le  siècle  dernier,  les  nouveaux  ate- 
liers avaient  désorganisé  les  corporations  urbaines.  Depuis 
1830,  une  prépondérance  irrésistible  est  acqujse  aux  usines 
à  engins  mécaniques,  mises  en  action  par  la  vapeur.  Sous 
ces  influences  ont  disparu,  non-seulement  les  institutions 
positives  qui,  dans  les  villes  et  les  manufactures  agglo- 
mérées, donnaient  la  stabilité  aux  ateliers  de  travail  et  la 
sécurité  aux  ouvriers,  mais  encore  les  idées  et  les  senti- 
ments qui  sont  la  base  de  toute  paix  sociale. 

Jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier,  les  idées,  le»  mœurs 
et  les  institutions  transmises  par  la  coutume  faisaient 
régner  la  paix  dans  chaque  foyer  et  chaque  atelier, 
même  au  milieu  des  calamités  nationales  les  plus  vio- 
lentes. Aujourd'hui,  même  quand  la  nation  présente  tous 
les  symptAtnes  généraux  de  la  prospérité,  la  discorde 
détruit  le  bien-être  individuel  jusque  dans  les  moindres 


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g  6.  C4BACTÈRE8  SPBCIADK  A  LA  BBtGIQUB.  XIX 

éléments  du  corps  social.  La  souffrance  pèse  sur  toutes 
les  classes  avec  des  caractères  difTérenis  :  chez  les  matires, 
elle  n'apparaît  guère  que  dans  les  intérêts  moraux;  cbe2 
les  serviteurs,  elle  se  manifeste  à  la  Tois  dans  l'ordre 
moral  et  dans  l'ordre  matériel.  C'est  principalement  sur 
l'ouvrier  urbain  que  pèsent  les  inconvénients  de  l'aniagO' 
nisme  qni  a  remplacé,  dans  les  ateliers  de  travail,  l'aocien 
régime  d'harmonie. 

En  effet,  dans  les  grands  ateliers  organisés  au  moyen 
Age  et  développés  à  la  renaissance,  les  ouvriers  avaient  des 
situations  qui  étaient  en  rapport  avec  leurs  aptitudes;  et 
ils  y  obtenaient  les  satisfactions  légitimes  qu'ils  pouvaient 
désirer.  Tous  s'attachaient  à  la  maison  qui  assurait  leur 
avenir  et  pourvoyait  k  l'établissement  de  leurs  enfants. 
Lei  types  imprévoyants  et  inférieurs  étaient  eflicacement 
protégés.  Les  types  prévoyants  et  habiles  devenaient  les 
auxiliaires  du  maître  :  ils  s'élevaient  dans  la  hiérarchie 
locale;  et  leurs  enfants,  les  mieux  doués,  trouvaient  au 
dehors  de  hautes  situations,  avec  l'appui  de  la  maison- 
souche.  Les  ouvriers  urbains  appréciaient  beaucoup  ces 
avantages  :  ils  s'élevaient  à  la  maîtrise  par  le  talent  et  la 
vertu,  mieux  qu'ils  ne  le  font  actuellement. 

De  nos  jours,  il  est  vrai,  les  ouvriers  doués  de  qua- 
lités exceptionnelles  montent  rapidement  aux  plus  hauts 
degrés  de  ia  hiérarchie  sociale;  mais  ces  fortunes  rapides 
ne  nous  apportent,  ni  la  paix,  ni  la  stabilité;  elles  sont, 
au  contraire,  une  des  principales  causes  de  l'ébranlement 
actuel;  loin  de  calmer,  elles  irritent  les  sentiments  de 
haine  et  d'envie  que  les  inégalités  sociales  de  notre  temps 
inspirent  aux  ouvriers.  Dans  le  Nord  et  l'Orient,  les  qua- 
lités communes  qui  distinguent  les  majorités  soumises  à  la 
loi  morale  constitoent  dans  les  villes  de  solides  bourgeoi- 
sies; et,  dans  ce  milieu,  se  forment  lentement  les  familles 


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XX  CONSTITDnON  SOCIALt  DBS  RACES  ÉBlAïILÉSa  DR  I/OCCIDKNT. 

qui  comblaient,  aux  degrés  supérieurs  de  la  hiérarchie, 
les  vides  produits  par  les  corruptions  émanant  de  la 
richesse,  de  la  science  et  du  pouvoir.  Dans  l'Occident,  la 
paix  sociale  était  mieux  assurée  autrerois  par  ce  recru- 
tement progressif  que  par  les  subites  fortunes  contem- 
poraines. L'ancien  état  de  choses  est  presque  désorganisé 
de  notre  temps,  surtout  en  Belgique,  en  France,  et  dans  les 
autres  localités  soumises  au  partage  forcé  des  héritages. 
Le  petit  atelier,  créé  par  une  vie  entière  de  travail  et  de 
vertu,  est  rarement  agrandi  par  un  héritier  continuant  la 
tradition  paternelle.  Les  enfants  pervertis  par  la  loi,  ont  le 
désir  de  s'en  partager  les  lambeaux.  Tous,  dès  le  début  de 
leur  carrière,  voient  leur  propre  avenir  en  dehors  de  l'ate- 
lier patrimonial.  Les  plus  prévoyants,  conûants  dans  leurs 
forces,  recommencent,  dans  une  autre  condition,  sans  profit 
pour  leur  postérité,  l'œuvre  éphémère  des  parents.  Les 
moins  énergiques  et  les  moins  prévoyants  suivent  une  voie 
plus  facile  et  s'attachent,  en  qualité  de  salariés,  à  la  grande 
industrie.  Ils  forment,  dans  leur  classe,  la  majorité  ;  et  c'est 
parmi  eux  que  se  rencontrent  les  types  les  plus  charmants 
du  régime  actuel.  Les  hommes  doués  dç  ces  dispositions 
abondent  chez  les  classes  pauvres.  Ils  participent  aitx 
tendances  dominantes  de  la  femme  :  ils  se  préoccupent 
moins  de  leur  avenir  que  de  la  satisfaction  immédiate 
des  autres  (i,  so).  Dans  les  foyers  domestiques  et  les  ate- 
liers de  travail  de  l'Orient  et  du  Nord,  comme  dans  ceux 
de  l'Occident  où  l'esprit  de  solidarité  se  perpétue,  ces 
hommes  ont  un  excellent  emploi  de  leur  qualité  mal- 
tressa :  ils  se  dévouent  à  la  prospérité  de  la  maison  qu'ils 
-servent;  et  ils  trouvent  dans  l'alTection  du  maître  leur 
principale  satisfaction  personnelle,  la  sécurité  de  leur 
famille,  le  bien-être  et  souvent  la  fortune  de  leurs  dea- 
cendants.  Dans  les  maisons  ébranlées  de  l'Occident,  cette 


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qualité  précieuse  reste  stérile,  pour  l'ouvrier  comme  pour 
le  maître.  En  effet,  quand  ce  dernier  a  lui-même  rompu 
les  rapports  sociaux  qui  étendaient  aux  ateliers  les  senti- 
ments de  la  famille,  les  ouvriers  voient  en  lui  un  étran* 
ger,  sinon  un  ennemi.  Ils  cherchent  dans  certaines  pra- 
tiques d'association  un  appui  que  ne  comporte  pas  la 
défaillance  des  associés.  Ils  épuisent  sans  profit  leurs 
trésors  de  dévouement  à  résoudre  un  problème  insoluble  ; 
créer  la  sécurité  d'un  groupe  d'hommes  chez  lequel 
régnent  la  haine,  l'imprévoyance  et  le  dénûment. 

La  Belgique  est,  en  Occident,  l'une  des  contrées  où 
les  populations  urbaines  se  transforment  rapidement  dans 
le  sens  que  je  viens  d'indiquer.  Au  début  de  mes  étudeâ, 
le  mal  était  déjà  grand.  Il  me  fut  signalé,  avec  l'expres- 
sion de  vives  inquiétudes,  par  mes  amis  de  Namur,  de 
Bruxelles  et  de  Liège,  pendant  les  six  années  (1829-1835) 
que  je  consacrai  à  la  visite  de  toutes  les  usines  &  fer 
de  ce  pays.  A  cette  époque,  en  effet,  beaucoup  d'hommes 
influents  apercevaient  encore  avec  clairvoyance  la  néces- 
sité des  coutumes  qui  avaient  maintenu  jusqu'alors  la 
paix  sociale  dans  leur  ville.  Ils  pourvoyaient  avec  sollici- 
tude au  bien-être  de  chaque  famille  qui  avait  près  d'eux 
une  situation  précaire;  mais  ils  écartaient  avec  vigilance 
tonte  nouveauté  qui  aurait  eu  pour  effet  d'augmenter  le 
nombre  de  ces  familles.  Depuis  quarante  ans,  j'ai  vu  une 
transformation  complète  s'opérer  dans  les  idées  et  les 
mœurs  de  la  Belgique.  Les  descendants  de  ceux  qui  m'en- 
seignaient, en  1835,  les  conditions  de  la  paix  urbaine 
ne  croient  plus  être  responsables  du  bien-être  des  classes 
que  dirigeaient  leurs  pères.  Les  ouvriers,  de  leur  côté, 
ne  voient  plus  dans  leurs  maîtres  une  classe  dirigeante. 
I^s  plus  modérés  considèrent  leurs  chefs  comme  des 
rivaux  qu'ils  ont  i  combattre  en  «'associant;  et  les  meil- 


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XXII         COKBTITDTIO:!  SOaALB  DBS  BICBS  ÉBUMLiE3  DE    L'ocaOEKT. 

leurs  consacrent  leur  dévouement  h  ces  associations  im- 
puissantes pour  le  bien.  Ces  sentimenis  ont  été  peints  avec 
une  confiance  naïve  dans  la  monographie  du  chapitre  m. 
Les  espérances  fondées  sur  l'assistance  mutuelle  des  ou- 
vriers (m,  18)  seront  probablement  déçues;  et  l'on  peut 
craindre  que  cette  déception  ne  suggère  aux  associés  des 
idées,  puis  des  actes,  hostiles  à  l'ordre  social.  Ceux  qui  ont 
charge  de  la  paix  publique  ne  sauraient  méconnaître  ce 
danger;  et  la  voie  à  suivre  leur  est  tracée  à  la  fois  par 
l'histoire  du  passé  et  par  les  exemples  de  paix  qui  se  con- 
servent sous  nos  yeux.  Ils  ont  le  devoir  de  revenir  aux 
tradidons  de  patronage  avant  que  l'ébranlement  actuel 
des  foyers  et  des  ateliers  n'aboutisse  à  une  désorganisa tiou. 


§7. 

i<»BËGION.  —MINEUR  DB  PONTGIBA.DD 
(AUTERGNE). 

L'Auvergne  figure  au  premier  rang  parmi  les  pro- 
vinces françaises  qui,  sousl'ancien  régime,  faisaient  régner, 
par  le  travail  et  la  vertu,  une  solide  constitution  sociale. 
La  famille-souche  était  te  principal  objet  des  sympathies 
individuelles,  à  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie  sociale, 
u  11  faut  que  la  maison  fume  »,  disaient  tous  les  membres 
des  générations  fécondes  qui  se  succédaient;  et  lous  agis- 
saient et  se  concertaient  pour  aider  l'héritier  choisi  par 
le  père  de  famille  h  remplir  sa  lourde  charge,  c'est-à-dire 
à  perpétuer,  au  foyer  et  à  l'atelier,  la  pratique  du  Déca- 
logue.  Les  familles  les  plus  recommandables  aspiraient  à 
l'honneur  de  fournir  à  leurs  voisinages  le  meilleur  prêtre. 
Celui-ci  n'était  pas  moins  dévoué  que  les  laïques  à  la  pros- 
périté des  familles  î  et  il  était  près  d'elles  le  plus  ferme 


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g  7.  GABÀCTBRKS  SP&UnZ  A  L'ADVBKGNB.  XXtII. 

auxiliaire  de  l'autorité  paternelle.  Sous  ces  influences,  la 
religion  associée  aux  souverainetés  du  père  et  du  monarque 
présidait,  dans  chaque  paroisse,  au  gouvernemeot  des 
âmes  et  à  la  direction  des  intérêts.  Les  trois  formes  de  la 
propriété  immobilière  secondaient  l'action  des  quatre 
forces  morales.  Elles  assuraient  à  toutes  les  classes  le  pain 
quotidien  :  la  communauté  favorisait  l'élévation  des  jeunes 
ménages  et  retardait  la  chute  des  familles  ébranlées;  la 
propriété  individuelle  perpétuait  la  prospérité  et  l'indé- 
pendance chez  les  paysans  et  les  artisans  ruraux  qui  for- 
maient le  fond  de  la  population;  le  patronage  était  le  lien 
entre  toutes  les  classes  et  soutenait  une  forte  race  de 
tenanciers.  Éloignés  des  rivages  maritimes,  lesÂuvergnats 
De  songeaient  pas,  comme  les  Normands»  à  diriger  vers 
les  colonies  .les  vigoureux  rejetons  de  leurs  familles-sou- 
ches. Les  riches  paysans  qui  occupaient  snr  leur  domaine 
tous  les  bras  de  la  maison-souche  donnaient  deux  desti- 
nations principalesaux  enfants  qui  ne  pouvaient  y  trouver 
place.  Ils  établissaient  les  uns,  sur  les  moindres  parcelles 
disponibles,  en  qualité  de  bordiers;  et  ceux-ci  complé- 
taient, par  les  produits  de  l'émigration  périodique,  les 
ressources  que  donnait  la  borderie.  Us  fournissaient  aux 
autres  les  dots  nécessaires  pour  émigrer  déflnitivement  à 
l'intérieur  de  la  France  ou  dans  les  pays  étrangers.  Les 
familles  de  grands  propriétaires,  comme  celles  des  autres 
provinces  fécondes,  apportaient  également  leur  appoint  à 
l'émigration  riche.  En  résumé,  les  gentilshommes,  les 
paysans  et  les  bordiers  de  l'Auvergne  donnaient  autrefois 
k  la  France  la  force  d'expansion  qui  ne  lui  est  plus  pro- 
curée, Jt  l'époque  actuelle  de  stérilité,  que  par  les  Belges, 
les  Allemands  et  les  Piémontais.    ■ 

Les  lois  de  succession  de  la  Terreur,  même  avec  les 
adoncissements  du  Consulat  et  les  contre-poids  de  l'Empire, 


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X\IV        CONSTITUTION  SOCiiLg  DES  BACBS  BOBANLEES  Dli  L'OCCIDENT. 

ont  profondément  blessé  les  seotiments  sur  lesquels  repo- 
sait, en  Auvergne,  l'organisation  des  familles.  Elles  ont- 
d'abord  suscité  dans  les  esprits  de  vives  répugnances. 
Pendant  longtemps,  elles  Turent  considérées  comme  non 
avenues  ;  et  les  populations  restèrent  Sdèles  à  leurs  cou- 
tumes. Mais,  peu  à  peu,  le  terrible  engin  de  destruction, 
inventé  par  les  niveleurs  et  les  légistes  de  l'ancien  régime, 
braqué  contre  notre  malheureuse  race  par  Tronchet  et 
Robespierre,  a  produit  ses  effets  inévitables.  Les  agents 
préposés  au  partage  forcé  des  immeubles  ont  d'abord  sou- 
mis aux  contraintes  de  la  loi  les  classes  urbaines  qui  sont 
immédiatement  exposées  à  leurs  coups.  Gomme  je  l'ai 
indiqué  dans  celte  monographie,  le  fléau  destructeur  s'est 
ensuite  étendu  des  villes  aux  campagnes  contiguès.  Les» 
premières  victimes  ont  été  les  célèbres  communautés  de 
ménages  ruraux,  que  les  premiers  promoteurs  de  la  révolu- 
lion  signalaient  à  l'admiration  des  contemporains  comme 
modèles  du  bien-être  et  de  la  vertu.  De  nos  jours,  le  mal 
a  pris  le  caractère  d'une  inondation  qui  désole  les  trois 
classes  de  la  population  rurale,  dans  les  régions  qui  s'éten- 
dent au  pied  des  hautes  montagnes  de  l'Auvergne;  etc'est 
ce  qui  se  produit  notamment  dans  la  localité  qu'habite 
la  famille  décrite.  Heureusement,  les  plateaux  herbus  qui 
forment  les  sommets  du- Puy-de-Dôme  et  du  Cantal  sont 
encore  intacts.  C'est  dans  ces  montagnes  que  se  conserve 
Tine  des  races  les  plus  énergiques  de  l'ancienne  France. 
C'est  Ih  que  les  hommes  dévoués  à  notre  patrie  peuvent, 
sans  quitter  le  territoire,  recueillir  les  moyens  pratiques 
de  la  réforme. 

<  Cette  monographie  fait  encore  entrevoir  un  autre  moyen 
de  salut  pour  la  localité  décrite.  L'espoir  d'un  meilleur 
avenir  se  rattache  aux  riches  Glons  métallifères  que  les 
l'nstittiiîons  vicieuses  de  l'ancien  régime  avaient  faitaban- 


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§  8,  CARACTÊaE3  SPÉCIAUX  AU  PATS  DU   U90UHD.  Tixr 

donner.  Le  patronage  rural,  désoi^anisé  par  la  loi  des 
successions,  est  interdit  moins  formellement  par  la  loi 
qui  préside  aujourd'hui  k  l'exploitation  des  raines. 

S  8. 

Il"  RÉGION,  -  PATSAN-BASQUB  DO  LABOUIID 
(FRANCE). 

La  forte  constitution  sociale  qui  est  maintenant  détruite 
au  milieu  des  campagnes  de  la  basse-Auvergne  n'est  encore 
qu'ébranlée  dans  les  vallées  du  pays  basque  français.  Ici, 
comme  dans  toute  la  France,  l'invasion  du  mal  a  été  pro^ 
-voquée  parla  loi  qui  contraint  les  familles  à  se  partager 
les  propriétés  immobilières  ;  mais  la  résistance  à  cette 
invasion  a  été  mieux  assurée  par  la  force  des  mœurs  etla 
nature  des  lieux. 

La  tradition  des  Basques  est  celle  de  toutes  les  contrées 
à  familles-souches.  Selon  la  coutume,  le  père  institue  héri- 
ritier-associé,et  marie  près  du  foyer.celui  de  ses  enfants 
atnés  qui  est  le  plus  apte  à  continuer  l'œuvre  des  aïeux. 
Ilexploite,  de  concert  avec  lui,  l'immeuble  patrimonial;  et, 
après  avoir  strictement  pourvu  aux  besoins  des  deux 
ménages,  il  emploie  le  surplus  des  produits  à  doter  ses 
autres  enfants.  Lorsque  le  plus  jeune  estdoté,  on  commence 
i  assurer  l'avenir  de  la  nouvelle  génération,  aussi  nom- 
breuse que  la  précédente  :  on  marie  prés  du  foyer  commun 
de  l'aïeul  et  de  l'héritier  associé,  un  des  enfants  atnés  de 
ce  dernier,  puis  on  dote  successivement  les  autres.  Enûn, 
quand  la  mort  survient,  l'aïeul  laisse  l'immeuble  patri- 
monial à  son  héritier,  à  la  charge  de  continuer  à  son 
exemple,  au  profit  des  générations  nouvelles,  l'œuvre  des 
ancêtres.  Les  chefs  de  famille  se  succèdentainsi,  en  pleine 


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XXn         CONSTtTOTION  SOCULB  DBS  BUES  BBBilNLEES  DB  L'OCCIDBNT. 

paix,  au  mâme  foyer,  lant  que  l'im  des  enfants  ne  réclame 
pas,  aux  termes  de  la  loi,  le  droit  de  démembrer  le  domaine 
incorporé  à  la  famille  depuis  une  longue  suite  de  siècles. 
Le  péril  imminent  de  cette  localité  est  donc  le  fléau  qui  me- 
nace ou  désole,  depuis  1705,  la  France  entière.  Les  Basques 
français  n'ont  donc  plus,  dans  le  lieu  décrit  au  chapitre  t,  la 
stabilité  et  le  bien-être  qui  se  conservent  chez  les  Basques 
espagnols,  à  2  kilomètres  plus  loin  sur  l'autre  frontière. 
Cependant  ils  ne  sont  pas  encore  désorganisés  :  ils  ne  sont 
qu'ébranlés.  Il  serait  encore  temps  de  les  sauver  en  ren- 
dant aux  familles  la  liberté  dont  elles  jouissaient  depuis 
vingt-cinq  siècles  au  moins.  Les  contraintes  matérielles  du 
partage  forcé  n'ont  guère  été  jusqu'à  présent  qu'une 
menace;  et  les  effets  en  ont  été  conjurés  par  l'action  éner- 
gique d'une  force  morale,  le  respect  de  la  tradition  des  ancê- 
tres; c'est  la  force  qui,  ayant  pour  principe  la  révélation 
primitive  transmise  par  les  fils  de  Noé,  autorise  les  histo- 
riens à  classer  la  race  chinoise  au-dessus  de  toutes  les 
antres.  Quant  aux  circonstances  locales  qui  ont  perpétué 
cet  inappréciable  bienfait  dans  le  pays  basque,  ce  sont 
précisément  celles  qui  régnent  en  Chine  depuis  quarante- 
deux  siècles.  Deux  de  ces  causes  doivent  être  citées  au 
premier  rang  :  l'usage  exclusif  d'un  langage  rebelle  aux 
échanges  littéraires  a  tenu  les  Basques  à  l'abri  de  la  cor^ 
ruption  émauant  des  langues  classiques;  l'habitation  sur 
un  territoire  montagneux,  éloigné  dos  grandes  voies  com- 
merciales, leur  a  épargné  lu  contact  corrupteur  des  peu- 
ples riches  et  commerçants. 

La  monographie  de  la  maison  Belescabiett  offre,  dans 
ses  détails,  les  faits  que  je  viens  de  résumer.  Elle 
démontre  surtout,  par  un  trait  particulier,  la  puissance 
de  la  force  morale  inhérente  au  respect  de  la  tradition 
des  ancêtres.  La  Clle  qui  était  l'aluée  de  sa  génération 


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§  9;  CIBACTÈBES  SPÉCUni  tV  MOBVAIt.  XKVn 

devait,  selon  la  coutume,  être  choisie  comme  a  héritière- 
associée  n.  Toutefois,  les  parents  pensèrent  que  la  maison 
Berait  moins  bien  gouvernée  par  le  futur  mari  de  leur  fille 
que  parleur  fils  cadet.  La  fille  atnée  se  rendit  .\  leur  opi- 
nion :  elle  abandonna  l'héritage  à  Jean  Betescablett  qui  gou- 
verne encore  ;  et  elle  se  contenta,  pour  sa  part  d'héritage, 
delà  soulleenargentsUpuIée  pour  chaque  enfant.  Jean  n'a 
pu  remplir  toutes  les  obligations  qui  lui  ont  été  imposées. 
L'héritière  dépossédée  sait  qu'elle  ne  recevra  jamais  rien 
de  ce  qui  lui  est  dû.  Elle  pourrait  se  faire  rembourser  en 
exigeant  la  vente  du  domaine  patrimonial  ;  mais  elle 
considère  l'usage  de  ce  droit  comme  un  attentat  que  sa 
conscience  ne  saurait  supporter. 

S  9. 

6-  RÉGION.  —  HANCKDVRE-ACRICDLTBDR   DU  MOBYAN 
(NIVERNAIS). 

Depuis  un  temps  immémorial,  le  Morvan  possède  les 
trois  éléments  d'une  forte  race  rurale  (Illiiii,  i»;]v,  n). 
Cette  race  a  souvent  donné  le  bon  exemple.  Sous  la  déca- 
dence de  l'ancien  régime,  comme  la  Vendée  et  la  Bre- 
tagne, elle  a  peu  cédé  aux  corruptions  propagées  par  la 
cour;  et,  au  milieu  des  dix  révolutions  violentes  du  nou- 
veau régime,  elle  a  participé  aux  améliorations  matérielles 
sans  trop  en  abuser.  Les  populations  de  ces  montagnes  ont 
été  moins  ébranlées  que  celles  des  plaines  contiguês  par 
l'une  des  plus  funestes  mesures  de  la  Convention  :  par  la 
loi  du  7  mars  1793  qui  imposa  à  la  France  le  partage  forcé 
de  la  propriété  immobilière,  ou,  en  d'autres  termes,  la 
destruction  des  foyers  domestiques  et  des  ateliers  de  tra- 
vail. Les  grands  propriétaires,  qui  conservaient,  dans  le 
Horvan,  les  sentiments  du  Gentleman»  aperçurent  tout 


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XXVtll       CONSTITtm.ON  SOUàbS  BBS  BAGES  éslA.NLÉES  Df  L'OCCIDGKT. 

d'abord  le$  conséquences  de  cet  attentat  des  terroristes. 
Les  pères  de  famille  résistèrent,  autant  qu'il  dépendait 
d'eux,  à  une  pression  qui  dépassait  les  actes  les  plus  odieux 
des  monarques  flétris  par  l'tiistoire.  Ils  voulurent  trans- 
mettre à  leurs  descendants  les  coutumes  du  Décalo^e 
éternel.  Ils  comprirent  qu'ils  ne  pouvaient  continuer 
sûrement  cette  suprême  mission  en  dehors  du  domaine 
patrimonial.  En  se  reportant  par  la  pensée  aux  impres- 
sions de  leur  premier  âge  et  à  l'tiistoire  de  leur  famille, 
ils  virent  le  devoir  que  leur  traçait  la  résistance  à  une 
forme  nouvelle  de  tyrannie.  Ils  s'assurèrent  que  rien  ne 
pourrait  suppléer  aux  forces  morales  développées  chez  les 
enfants  par  l'ensemble  dçs  înQuences  émanant  de  la  rési^ 
dence,  des  tombeaux,  des  images,  des  écrits  et  des  autres 
objets  qui  perpétuent  la  mémoire  des  ancêtres. 

Courbés  sous  le  poids  des  travaux  qui  procurent  le  pain 
quotidien,  les  paysans  et  les  bordiers  ne  conservèrent  pas-, 
aussi  âdëlement  que  le  Gentleman  voisin,  l'intelligence 
des  principes  qui  auraient  assuré  la  perpétuité- de  leurs 
maisons.  Ils  résistèrent  moins  à  l'impulsion  donnée  par 
les  gens  d'affaires  et  les  officiers  publics,  qui  s'enrichissent 
par  le  partage  forcédes  foyers  domestiques  et  des  domaines 
ruraux.  Sous  cette  pernicieuse  influence,  les  paysans 
sont  souvent  descendus  à  la  condition  de  bordiers  ;  et 
ceux-ci  se  sont  transformés  en  propriétaires-indigents,  puis 
en  manœuvres  dépourvus  de  toute  propriété,  comme  l'est 
celui  que  décrit  le  chapitre  vi.  Quelque  Gentleman,  infi- 
dèle à  la  tradition,  a  été  atteint,  de  loin  en  loin,  par  la 
machine  de  destruction  et  ses  terribles  agents  :  les  pro- 
priétés,  soumises  aux  liciiations  après  décès,  ont  été  par- 
.tagées  entre  les  paysans,  ou  acquises  par  des  étrangers 
non  résidents;  mais  la  plupart  des  anciennes  familles  ont 
résisté.  Par  le  bon  exemple  et  l'emploi  des  forces  morales. 


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g -9.  CABACTÈUS  SPÉaAnx   W  MORVAK.  XXIX 

elles  ont  inculqué  k  leurs  enfants  le  respect  du  domaine 
patrimonial;  ceux-ci  ont  renoncé  au  droit  de  s'en  parta- 
ger les  lambeaux;  ils  se  sont  contentés  de  soultes  en 
argent;  et  ils  ont  tu  avec  satisfaction  l'héritier  choisi  par 
le  père  accepter  l'honneur  de  représenter  les  ancêtres  et 
supporter  les  charges  qui  grèvent  le  domaine  au  profitde 
la  population  du  voisinage.  Quant  h  la  constitution  de  ces 
soultes,  chaque  génération,  stimulée  par  l'iniérét  commun, 
y  a  pourrn  par  les  bonnes  mœurs,  la  sobriété  et  la  simpli- 
cité des  habitudes,  parla  recherche  des  fonctions  publiques 
et  des  entreprises  lucratives  compatibles  avec  la  condition 
de  la  famille,  enfin  par  le  placement  judicieux  des  épar- 
gnes. Trop  souvent  aussi,  la  stérilité  systématique  du 
mariage  est  venue  en  aide  à  cette  œuvre  de  conservation, 
au  détriment  de  l'intérêt  public;  et,  dans  ce  cas,  le 
domaine  du  Gentleman  a  pu  s'arrondir,  lors  des  licita- 
tions  forcées  qui  détruisaient  les  races  de  hordiers  et  de 
paysans.  L'histoire  sociale  du  Morvan  démontre  donc  que 
le  régime  révolutionnaire  a  surtout  pesé  sur  ces  derniers  : 
il  a  ébranlé  ou  détruit  les  petits  et  les  moyens  domaines 
ruraux,  c'est-à-dire  ceux  où  se  conservaient,  plus  sûre- 
ment encore  que  dans  les  grands  domaines,  les  bonnes 
pratiques  du  travail  et  de  la  vertu. 

Le  Morvan  a  beaucoup  profité  des  avantages  matériels 
dus  au  perfectionnement  des  voies  de  communication  et 
au  progrès  des  méthodes  d'agriculture  ou  de  pâturage.  Ces 
avantages  ont  été  acquis  aux  grands  propriétaires  beau- 
coup plus  qu'aux  petits,  car  chez  ces  derniers  les  simples 
cultures  potagères  des  borderies  tendent  à  devenir  pré- 
pondérantes. Pour  apprécier  les  inégalités  survenues,  à  cet 
^gard,  parmi  les  classes  extrêmes  du  Morvan,  il  faut  se 
reporter  aux  diverses  productions  fournies  par  le  travail 
des  agriculteurs  ou  par  la  croissance  spontanée  des  forêts. 


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XXS  COHaTlTDTION  SOCIAL*  DES  KAGES  ÉBRANLËCS  DB  L'iMXIDBNT. 

Les  sommets  delà  chaîne  principale  et  des  chaînons 
secondaires  du  Morvan  sont  occupés  par  les  forêts  de 
chAne,  de  hêtre  et  de  charme,  qui  fournissent  une  partie 
du  bois  de  chauffage  consommé  à  Paris.  Les  bois  de  la 
localité  décrite  (i)  sont  récoltés  sur  les  chaînons  du  Tcr- 
sant  occidental;  et  ils  sont  transportés,  par  charrettes  (à 
bœufs),  à  une  dislance  moyenne  de  8  kilomètres,  sur  le 
versant  opposé,  près  d'un  ruisseau  appartenant  au  bassin 
de  l'Yonne.  De  là,  ils  sont  amenés  à  Glamecy,  par  flottage  à 
bûches  perdues;  puis  à  Paria,  par  flottage  en  trains.  Oe 
vastes  réservoirs  d'eau,  construits  près  de  la  source  des 
ruisseaux,  lâchent  périodiquement,  depuis  quatre  siècles, 
les  u  flots  B  nécessaires  au  départ  des  bûches.  De  1825  i 
1855,  des  améliorations  immenses  ont  été  apportées  aux 
chemins  sur  lesquels  a  lieu  ce  charretage.  Ces  nouvelles 
voies  ont  contribué  partout,  dans  de  larges  proportions,  i 
augmenter  les  revenus  des  propriétaires  forestiers. 

Jusqu'en  1830,  la  méthode  de  culture  était  pastorale 
plus  qu'agricole.  A  l'époque  où  furent  recueillis  les  pre- 
miers éléments  de  cette^monographie,  le  sol  des  métairies 
était  subdivisé  en  petits  enclos  par  de  fortes  haies  vives 
plantées  d'arbres.  Chaque  enclos,  nommé  Chaintre,  produi- 
sait d'abord  des  herbes,  lesquelles  étaient  successivement 
broutées  par  les  bœufs,  par  les  chevaux,  puis  par  les  mou- 
tons. Peu  à  peu,  le  genêt  {Spartium  seoparium,  L.)  envahis- 
sait ce  pâturage;  et,  après  6  années  euvircm,  on  l'arrachait 
pour  l'incinérer  et  pour  rendre  ainsi  au  sol  l'élément  cal- 
caire qui  lui  fait  généralement  défaut.  Après  une  année  de 
défrichement  et  de  labours,  on  récoltait  successivement,  en 
qua  treannées,  un  sarrasin, deux  seigles  et  une  avoine.  Enfin, 
on  abandonnait  de  nouveau,  pendant  six  années,  le  Chaintre 
à  la  production  spontanée  de  l'herbe  et  du  genêt.  Les  nou- 
velles voies  de  charretage  ont  permis  d'amener  à  bas  prix, 


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§  9.  CABACTBUS  SP^IAtTt   AV  HOSTAIt.  XXSI 

sar  les  sols  porphyriques  da  Morvan,  la  chaux  produite 
sur  les  terrains  calcaires  de  la  plaine  contiguë.  Le  sol  a 
pu  dès  lors  être  maintenu  en  état  constant  de  fertilité  par 
nn assolement  quadriennal  donnant  successivement:  nn 
fourrage  de  racines,  le  froment,  un  fourrage  de  légumi- 
neuses et  l'avoine.  Les  Chaintres  sont  devenus  des  cbamps; 
les  fourrages  artificiels  ont  doublé  les  ressources  que  con- 
tinuent à  fournir  les  prairies  arrosées  par  les  ruisseaux; 
la  production  des  grains  et  des  bestiaux  s'est  beaucoup 
accrue;  et  le  prix  eu  augmente  rapidement,  à  la  faveur  des 
chemins  de  fer  qui  permettent  de  les  transporter  jus- 
qu'aux grands  marchés  du  nord  et  du  midi  de  la  France. 
Cette  transformation  simultanée  des  cultures  et  des 
voies  de  communication  a  augmenté  rapidement  le  revenu 
des  grands  propriétaires.  Elle  a  donné  un  surcroît  de 
bonheur  aux  familles  qui  ont  joui  avec  modération  de  ce 
nouvel  avantage  et  qui  en  ont  tiré  les  ressources  néces- 
saires pour  pratiquer  plus  fidèlement  les  prescriptions  du 
Décalogue.  Enfin,  quand  il  en  a  été  de  même  chez  toutes 
les  familles  riches  d'une  région,  celles-ci  ont  apporté  un 
supplément  considérable  à  la  puissance  de  l'Étal.  Ce  déve- 
loppement matériel,  complété  par  le  progrès  moral,  s'est 
produit  en  plusieurs  localités,  notamment  dans  celle  que 
décrit  la  sixième  monographie.  Toutefois,  ce  n'est  pas  I& 
le  trait  dominant  de  la  situation  actuelle,  même  dans  le 
Morvan.  Selon  la  tradition  commune  de  l'humanité,  l'ac- 
croissement des  richesses  a  souvent  amené,  sinon  la  cor- 
ruption des  mœurs,  tout  au  moins  les  fléaux  du  luxe  et  de 
l'absentéisme.  Tons  les  détails  de  l'existence  se  sont  com- 
pliqués. Les  repas  donnés  aux  réunions  de  voisins,  ou  aux 
autorités  religieuses,  civiles  et  militaires,  amenées  par 
leurs  fonctions  dans  la  localité,  ont  eu  pour  hases  non 
plus  les  produits  du  domaine,  mais  les  raretés  du  niar- 


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XXXII       OOHSTITDnOH  SOCIALE  DBS  BACSS  EBRANLEES  DE  l'OCCIDENT. 

cfaé  de  Paris.  C'est  également  de  Paris  que  proviennent 
les  mobiliers,  les  vêtements  et  les  équipages.  Les  che- 
vaux sont  achetés  à  grands  frais  en  Normandie  et  dans 
]es  pays  étrangers.  Ils  sont  nourris,  logés  et  servis,  avec 
un  luxe  qui  répond  au  prix  d'achat.  Cette  nouveauté  a 
détruit,  non  sans  dommage  pour  le  paya,  la  race  indi-* 
gène,  sobre  et  robuste,  qui  se  nourrissait  presque  sans 
frais  dans  lesChaintres,  sous  l'abri  économique  des  haies 
vives  et  des  genêts.  Les  familles  riches,  résidant  toute 
l'année  sur  te  domaine  patrimonial,  deviennent  une  rare 
.exception  :  elles  affluent  à  Paris,  aux  sources  d'eaux 
thermales,  aux  bains  de  mer  et  aux  autres  lieux  de 
plaisir.  Dans  ces  stations  successives,  les  femmes  et  les 
jeunes  filles  ont  sous  les  yeux  des  spectacles  presque  aussi 
corrupteurs  que  le  furent  ceux  de  la  cour  de  France, 
entre  les  années  1661  et  177^.  Sous  ces  influences  mal- 
saines, le  luxe  dévore  improductive  ment  des  richesses 
qui  seraient  fécondes  si  on  en  faisait  un  meilleur  emploi. 
Il  n'améliore  qu'en  apparence  la  condition  du  riche  et  il 
aggrave  celle  du  pauvre,  en  brisant  les  liens  qui  unissaient 
autrefois  les  deux  classes.  Or,  les  rapports  mutuels  du 
maître  et  du  serviteur,  comme  ceux  du  patron  et  de  l'ou- 
vrier, ne  comportent  point  les  sentiments  d'indifférence  : 
on  voit  donc  les  propensions  à  l'antagonisme  remplacer, 
de  proche  en  proche,  l'ancien  espritde  dévouement.  Sous 
.ce  régime,  la  constitution  sociale  est  faussée.  Â  chacun 
manque  précisément  ce  qu'il  doit  le  plus  désirer  :  au 
pauvre,  le  patronage  qui  assure  le  pain  quotidien;  au 
riche,  les  satisfactions  que  donnent  l'obéissance  et  le  res- 
pect des  subordonnés. 

La  désorganisation  complète  de  la  société  est,  il  est 
vrai,  conjurée  par  les  traditions  de  patronage  qui  subsis- 
tent çà  et  là.  Tel  est  le  cas  de  la  localité  décrite  dans  la 


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6*  monographie;  toutefois  ledaogerest  partoutimnainentl 
Au  fond,  le  riche  n'a  pas  plus  de  sécurité  que  le  pauvre, 
lia  gagné  de  gros  revenus;  mais  il  a  perdu  des  biens  ines- 
timables qu'il  possédait  il  y  a  un  siècle.  Les  avantages  dé 
l'ancien  régime  social  étaient  à  la  fois  matériels  et  moraux; 
et  ils  faisaient  le  bonheur  de  toutes  les  classes.  Ils  sont 
définitivement  enlevés,  au  riche  comme  au  pauvre,  par  les 
transformations  opérées  sur  le  sol  ;  mais  des  biens  équiva- 
lents leur  seraient  promptement  rendus  par  la  réforme 
morale  du  pays.  Quelques  traits  choisis  entre  beaucoup 
d'autres,  dans  la  vie  privée  du  Morvan,  en  1755,  feront 
entrevoir  au  Gentleman  de  ce  pays,  comme  à  ceux  de  là 
France  entière  et  des  autres  régions  ébranlées,  comment 
ils  peuvent  commencer,  par  l'amélioration  de  leurs  idées 
et  de  leurs  mœurs,  celle  que  les  gouvernants  doivent 
apporter  aux  institutions. 

Les  habitations,  éparses  dans  les  montagnes,  les  forêts, 
les  Chaintres  et  les  prairies  d'un  voisinage,  n'étaient  pas 
réunies,  comme  elles  le  sont  aujourd'hui,  par  d'excéllenies 
voies  carrossables,  à  pentes  douces  et  à  longs  circuits. 
Cependant  les  rapports  de  sociabilité  entre  les  châteaux 
étaient  plus  faciles,  plus  fréquents,  plus  intimes  et  plus 
charmants.  Les  distances  étaient  plus  promptement  fran- 
chies sur  les  sentiers  abrupts  que  traçaient,  selon  les 
lignes  de  plus  grande  pente,  les  bestiaux  allant  au  ruisseau, 
au  p&turage  ou  à  la  glandée.  Les  màttres  ne  retardaient 
pas,  en  attendant  les  journaux  de  Paris,  le  départ  poûriés 
visites  journalières;  et  ils  ne  le  subordonnaient  pas  indé- 
finiment à  la  réception  de  ta  dernière  mode.  Les  autorités 
de  l'écnrie  n'étaient  pointlnsiituées;  et  elles  n'opposaient 
pas  leur  veto  aux  visites  projetées,  en  alléguant  les  égards 
dus  à  la  santé  des  carrossiers  anglais  ou  mecklcmbour- 
geois.  Dans  chaque  domaine,  les  Chàintres  contenaient  des 


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SXXIV       CONBTITOTI&N  BOUALB  DBS  tlCEB   ÉBUNLÉE8  DE  L'OCCIDBNT. 

troupes  nombreuses  de  chevaux,  à  demi  sauvages,  dura 
à  la  fatigue  et  insensibles  aux  intempéries.  Dans  chaque 
famille,  les  deux  sexes  étaient  également  renommés  comme 
piétons  infatigables  et  comme  cavaliers  intrépides.  La 
chasse  et  la  pêche  étaient  un  moyen  essentiel  d'alimen- 
tation :  elles  se  combinaient  journellement  avec  les  visites 
entre  voisins;  et,  comme  les  deux  modes  de  transport, 
elles  excluaient  les  vêtements  luxueux.  Les  plnisirs  de 
l'hospiialiié  étaient  d'ailleurs  obtenus  à  peu  de  frais.  Les 
repas  de  voisinage  étaient  moins  recherchés,  mais  plus 
fréquents  et  non  moins  copieux  qu'aujourd'hui.  Les  visi- 
teurs, quelque  nombreux  qu'ils  fussent,  ne  prenaient 
jamais  leur  hôtesse  au  dépourvu.  Chaque  maison  avait 
toujours  une  forte  réserve  de  provisions,  formées  par  les 
produits  de  la  basse-cour,  de  la  porcherie,  du  troupeau  de 
moutons  et  d'un  immense  pigeonnier;  par  le  gros  gibier 
des  forêts,  le  menu  gibier  des  Chaintres  ou  des  friches 
et  les  oiseaux  de  passage  des  diverses  saisons;  par  les  pro- 
duits variés  des  petits  ruisseaux  et  le  gros  poisson  des 
.étangs  disséminés  aux  sources  des  ruisseaux  de  flottage. 
Les  domestiques  constituaient  des  dynasties  qui  se  perpé- 
tuaient A  cdté  de  celles  des  maîtres.  Sauf  quelques  soins 
complétant  ceux  que  les  maîtres  donnaient  aux  vieillards  et 
aux  malades,  ils  étaient  peu  employés  au  service  des  per- 
sonnes, car  les  valides  de  tout  âge  se  suCBsaient  à  eux- 
mêmes.  Leurs  principales  occupations  consistaient  à  secon- 
der les  maîtres  pour  l'exploitation  de  la  forêt  et  du  domaine 
réservé,  le  dressage  des  chevaux,  les  travaux  de  la  chasse 
et  de  la  pêche,  la  préparation  de  la  nourriture,  la  con- 
fection et  l'entretien  des  vêtements  ou  du  linge,  enfin  pour 
la  culture  des  rapports  de  voisinage  et  l'accomplissement 
des  devoirs  de  l'hospitalité.  Tous,  contents  du  présent, 
sans  inquiétude  sur  l'avenir  de  leurs  enfants,  étaient  asso- 


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g  9.  GAUcrkass  apÉciAVx  ad  mobvan.  xxxv 

dès  aux  iniérèts,  aux  pensées  et  h  la  vie  intime  de  la 
famille.  Ils  habitaieDi  avec  elle  une  vaste  pièce,  où  brû- 
lait sans  cesse  un  immense  foyer,  où  s'accomplissaient  les 
actes  journaliers  de  la  vie  commune,  y  compris  la  prière 
qui  en  était  la  conclusion  obligée*. 

Ces  habitudes  se  modifiaient  profondément,  selon  le 
degré  d'aisance  des  familles,  chez  les  deux  autres  classes 
de  la  population  rurale.  Toulefois,  même  chez  les  bordiers 
les  plus  pauvres,  elles  offraient  quelque  analogie  et  déri- 
vaient d'un  même  esprit.  Le  chef  de  famille  donnait 
l'exemple  du  respect  des  traditions.  11  pratiquait  autant 
qn'il  dépendait  de  lui,  comme  le  grand  propriétaire,  les 
coutumes  qui  assuraient  la  continuité  â  la  vie  morale,  et 
qui  garantissaient  la  stabilité  dans  la  conquête  du  pain  quo- 
tidien. Ces  coutumes  se  perpétuaient,  dans  la  chaumière 
comme  dans  le  château,  sous  l'inspiration  d'une  règle  corn- 
mune  :  transmettre,  à  l'héritier  choisi  par  le  père,  le  foyer 
domestique  et  l'atelier  de  travail  des  ancêtres.  Ce  choix 
du  père  portait  sur  celui  de  ses  enfants  qui  était  le  plus 
apte  à  se  conformer  aux  prescriptions  du  Décalogue,  et  à 
procurer  un  sort  heureux  aux  rejetons  qui  soruiient  de  la 
maisoQ  paternelle,  comme  à  ceux  qui  y  restaient.  Sur  ce  der- 
nier point,  le  principe  d'un  bon  gouvernement  domestique 
était  le  même  à  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie  sociale. 
C'était  celui  qui  se  perpétue  encore  de  nos  jours  chez  toutes 
les  races  stables  du  Nord  (111,  In.  i  et  s)  et  de  l'Occident 
(IV,  IX,  17).  Le  père  et  son  bérilier-associé  s'inspirent  con- 
stamment de  trois  préoccupations:  imprimer  jilacommu- 

-4.  Bn  1789,  ces  coutumes  du  toj'er  domestique  étaieni  ponctuellement  con- 
servées on  France,  dans  beaucoup  de  localités  (tv,  90).  A  l'époque  où  je  cuiiï. 
mencai  l'étude  du  Morvan,  l'ancienne  iisUe  commune  était  réduite  au  rôle  de 
ciUsine.  La  »aUe  à  manger  et  le  talon  étaient  devenus  d'un  usage  liabituel; 
mais  les  cbasaeurs  et  les  pécheurs,  même  ceux  du  Toisinage,  se  reposaient 
encore  de  préféreuce  devant  l'énonne  bicbt  de  l'aocien  foysr. 


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XTXfl      CONSTITimOH  SOCULK  ItBB  tACBS  ÉBKANLéSS  DB  L'OCClDRItT. 

nauté  l'impulsion  aboutissant  au  travail  te  plus  productif; 
réduire  la  consommalion  Journalière  au  simple  nécessaire 
indiqué  par  la  coutume  locale,  et,  en  conséquence,  élever 
l'épargne  annuelle  à  ses  limites  supérieures;  enfin,  par- 
tager également  cette  épargne  entre  tous  les  enraats  des 
générations  successives,  soit  qu'ils  émigrent  au  dehors, 
soit  qu'ils  préfèrent  vivre  célibataires  au  foyer  paternel. 
Sous  ce  régime,  le  bien-être  individuel  était  garanti  par 
l'organisation  même  de  la  famille.  Il  était  complété  par 
les  excellents  rapports  sociaux  qui  régnaient  entre  les 
trois  classes  rurales.  Les  devoirs  de  patronage,  compre- 
nant la  direction  morale  et  l'assistance  matérielle^  s'exer- 
çaient de  haut  en  bas  quand  il  fallait  remédier  à  certaines 
défaillances  accidentelles;  et  c'est  ainsi  qu'un  véritable 
esprit  de  communauté  unissait  le  grand  et  le  moyen  pro- 
priétaire au  plus  pauvre  bordier.  Le  trait  le  plus  utile  et 
le  plus  apparent  de  cette  communauté  était  la  coutume 
qui  autorisait  le  bordier  à  faire  paître,  sur  les  sentiers  et 
les  haies  du  Gentleman,  la  chèvre  qui  fournissait  la  pro- 
vision de  lait  indispensable  aux  enfants.  Au  milieu  de 
l'ébranlement  actuel,  c'est  le  respect  de  ce  droit  spécial 
qui  conserve,  çà  et  là,  dans  le  Morvan  les  derniers  restes 
de  paix  sociale  (vi,  ?). 

Sous  ce  régime,  chaque  individu  possédait  certains 
éléments  de  bonheur  que  les  plus  riches  n'ont  plus 
aujourd'hui,  malgré  l'accroissement  de  leurs  fortunes.  La 
sécurité  régnait,  sans  le  concours  des  gendarmes  et  des 
fonctionnaires  de  l'État.  Les  maladies  contagieuses,  qui 
déciment  les  hommes  et  les  bestiaux,  n'avaient  point 
-encore  pour  véhicules  les  voies  rapides  de  transport.  Les 
coniagions  plus  redoutables,  celles  qui  émanent  des  caba- 
rets, des  ateliers  de  travaux  publics  (vu,  is)  et  de  plu- 
sieurs formes  de  publicité»  restaient  à  peu  près  inconnues. 


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§  <0.  OÀUCTBBBS  SPÉCIAUX  A  LA  CRAKPAGNK  PODILLBUSB.       XXXTIl 

En6n,  aux  époques  de  guerre,  les  moindres  localités  se 
dérendaieut  avec  succès  contre  des  assaillants  pourvus 
des  plus  terribles  moyens  de  destruction.  Alors,  en  effet, 
les  jeunes  gentilshommes  avaient  fait,  aux  armées,  l'ap- 
prentissage de  la  guerre.  Retirés  sur  leurs  domaines,  ils  y 
étaient  entourés  d'anciens  soldats  qui  avaient  servi  sous 
leurs  ordres,  dans  un  des  corps  provinciaux.  On  possédait 
donc  partout  des  forces  disciplinées  dont  les  éléments, 
retranchés  derrière  des  haies  boisées  et  des  forêts  éparses, 
étaient  réunis  par  un  réseau  inextricable  de  petits  senliars. 
Ces  forliflcations  naturelles  constituaient  un  moyen  d'indé- 
pendance utile  à  la  patrie  comme  à  la  localité,  parce  qu'il 
était  acquis  à  une  race  soumise  au  Décalogue  éternel  et  i 
la  tradition  nationale.  La  défense  de  ces  grands  intérêts 
passionnait  les  populations  qui  étaient  établies  dans  ces 
foyers  de  résistance.  Les  récits  faits  par  des  hommes  qui 
avaient  pris  part  aux  guerres  des  pays  de  Gbaintres  ont 
été  une  des  plus  vives  impressions  de  ma  jeunesse. 

S  10. 

7»  RÉGION.  —  BORDIBR  DB  LA   CHAMPAGNE  PODILLEIJSB 
(PLAINES  CBATEUSBS  DE  LA  HABNB  ET  DB   L'ADBE). 

Les  vastes  plaines  de  la  Champagne  pouilleuse  sont 
l'une  des  contrées  de  la  France  où  la  vie  rurale  a  subi 
l'ébranlement  le  plus  profond,  où  la  maladie  sociale  prend, 
çà  et  là,  les  caractères  de  la  désorganisation.  La  race  et 
les  lieux  offrent  parfois  des  traits  repoussants,  qui  tendent 
à  devenir  caractéristiques  et  dominants  dans  toutes  les 
plaines  de  même  nature.  Ces  traits  s'aggravent  encore  dans 
les  plaines  plus  fertiles  et  plus  riches  du  Laonnais  et  de  la 
Picardie.  Je  me  suis  interdit  de  décrire  ces  degrés  extrêmes 


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XXXVIII     CONHTITDTION  SOCULS  DBS  RACBS  EBKiNLKBB  DE  L  OCCIDEHT. 

^e  corruption  dans  un  livre  que  je  destine  aux  biblio- 
tbèques  de  famille.  En  choisissant  le  sujet  de  ce  chapitre,  je 
ne  suis  point  descendu  jusqu'aux  derniers  degrés  où  m'ont 
■conduit  les  devoirs  de  l'observation  méthodique.  Je  me 
suis  arrêté  à  une  famille  dont  le  chef  est  momentanément 
tombé  fort  bas,  mais  dans  laquelle  la  femme  a  conservé, 
an  milieu  de  ses  défaillances,  certaines  qualités  éminentes. 
Ces  qualités  ont  arrêté  le  ménage  sur  les  pentes  de  la 
dégradation.  Elles  l'ont  même  aidé  à  remonter  cette  pente 
en  l'appuyant  sur  la  seule  force  morale  qui  reste  à  ces 
populations  :  sur  l'amour  de  la  propriété  immobilière. 

Dans  la  localité  prise  pour  exemple,. l'ébranlement  de 
la  constitution  sociale  se  reconnaît  toutd'abord  aux  symp- 
tômes les  plus  fâcheux.  Les  trois  premiers  commandements 
.du  Oécalogne,  ceux  qui  rappelleDt,en  termes  sommaires, 
les  devoirs  de  l'homme  envers  Dieu,  sont  complètement 
oubliés.  Les  enfants  ne  respectent  guère  l'autorité  pater- 
nelle que  dans  les  limites  établies  par  la  force  des  choses; 
et  les  parents  ne  pratiquent  pas  tous  les  devoirs  qui  sontla 
contre-partie  du  respect  prescrit  par  le  quatrième  com- 
mandement. Quant  aux  adultes,  ils  sont  peu  enclins  i  intro- 
duire, dans  leur  voisinage,  des  éléments  de  paix  etd'unioQ; 
et^  par  exemple,  ils  sont  impropres  au  recrutement  du 
clergé.  En  beaucoup  de  localités,  il  n'existe  plus  qu'un  curé 
pour  quatre  anciennes  paroisses;  et  les  prêtres  seraient 
plus  rares  encore  en  Champagne  s'ils  n'étaient  pas  fournis 
partiellement  par  les  autres  provinces.  Les  trois  éléments 
essentiels  à  un  bon  régime  rural  (IV,  in.  ej  sont  détruits 
ou  ébranlés.  Le  Gentleman  a  presque  entièrement  disparu. 
Le  bordier  est.  propriétaire-indigent,  ou  simple  salarié, 
comme  l'était,  avant  sa  réforme,  celui  qui  est  décrit  au 
chapitre  vu.  Le  paysan  possède  presque  tout  le  territoire  : 
il  constitue  la  vraie  classe  dirigeante;  mais  il  est  loin  de 


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§  10.  CABACTfaBBS  SPiCIACI  A  U  OSAMPAGNE  PODILLSn».    .     XXXUl 

posséder  toutes  les  qualités  qui  ont  été  indiquées  ci-dessus 
pour  le  Morran.  Il  forme  uue  des  races  les  plusénergiques 
de  l'Europe;  et  il  applique  cette  énergie  à  TacquisilioD 
successive  de  petites  parcelles  de  terre,  éparses  par  milliers 
dans  la  banlieue  du  village  qu'il  babite.  Acharné  au  giiin, 
dur  au  travail,  âpre  à  l'épargne,  voyant  dans  la  stérilité 
du  mariage  un  correctif  indispensable  aux  contraintes  du 
partage  forcé,  it  franchit  rapidement  les  échelons  de  la 
petite  propriété.  Les  propriétaires  qui  montent  le  plus 
haut  partent  souvent  du  niveau  inférieur  où  l'unique 
moyen  de  succès  est  le  travail  des  bras.  Quand  lis  ont  * 
franchi  une  moitié  de  la  carrière,  ils  prenneni  pour  auxi- 
liaires un  nombre  croissant  de  salariés;  mais  ils  ne  se 
croient  pas  moralement  tenus  d'exercer  un  patronage  sur 
ces  a  petites  gens  ».  Ainsi  armé  d'énergie  et  d'égoïsme, 
l'homme  prévoyant  conquiert  aisément  un  petit  domaine, 
sur  un  sol  que  le  partage  forcé  émiette  et  remue  sans  cesse. 
La  jeunesse  et  l'âge  mûr  lui  ont  procuré  les  vives  satisfac- 
tions attachées  à  la  fondation  d'une  œuvre  utile;  mais  la 
vieillesse  lui  apporte  inévitablement  une  suite  de  déceptions 
cruelles.  Quand  les  forces  physiques  commencent  à  défail- 
lir, le  père  constate  avec  découragement  que  ses  efforts 
de  quarante  années  aboutissent  au  désespoir  pour  lui- 
même  et  qu'ils  ne  laisseront  aucune  trace  durable  pour  sa 
postérité.  De  nombreuses  confidences,  recueillies  dans  le 
cours  de  longues  enquêtes,  m'ont  ouvert  les  yeux  sur  le 
vice  fondamental  de  cette  déplorable  organisation  de  la 
société.  Le  vieillard  subit  une  torture  perpétuelle,  infligée  . 
par  les  sentiments  de  son  entourage  et  par  sa  propre  pen- 
sée :  il  se  sent  gênant  et  inutile  dans  une  société  qui 
assigne  â  l'homme,  comme  but  suprême,  la  création  d'un 
édifice  éphémère.  Les  erreurs  des  sophistes  contempo- 
rains sont  évidentes  pour  tout  observateur  qui  compare 


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IL  COHBTITUTION.  SOCIALE   DES   UCEi    ÉBBANL^eS  DE  l'oCCIDENT. 

cette  coustitulioD  sociale  des  Champenois  avec  celle  des 
races  qui  croient  que  le  premier  des  devoirs  est  de  con- 
server, au  Toyer  domestique,  les  traditions  du  Décalo^ue 
et  de  l'autorité  paternelle.  Sous  ce  régime  de  tradition, 
en  effet,  tous  les  âges  participent  aux  satisfactions  accu- 
mnlées  par  l'expérience  des  siècles.  Le  vieillard  meurt 
avec  la  conviction  que,  jusqu'à  son  dernier  jour,  il  a  rempli 
une  grande  mission  en  perpétuant  la  mémoire  de  ses  aïeux 
et  en  guidant  sa  postérité  dans  les  voies  du  bonheur. 
Les  désordres  sociaux  signalés  ci-dessus  dérivent  du 
'  partage  forcé  des  héritages.  Depuis  1793,  ils  affaiblissent 
ou  ravagent  la  France  entière.  Toutefois,  en  Champagne 
et  dans  quelques  localités  de  moindre  étendue,  le  mal 
s'est  manifesté,  depuis  cette  époque,  avec  des  caractères 
particuliers  :  il  a  été  à  la  fois  plus  destructeur  et  plus  con- 
tagieux que  dans  les  autres  contrées.  Une  cause  locale  a 
produit  ces  conséquences  exceptionnelles  :  c'est  le  mor- 
cellement antérieur  du  sol  en  parcelles  indéfiniment  divi- 
sibles. L'arme  agressive  inventée  par  la  passion  révolu- 
tionnaire, puis  empoisonnée  j[>ar  l'art  des  légistes,  détruit 
la  société  française  en  désoi^nisant  l'ordre  matériel  qui 
donnait  la  force  et  la  stabilité  aux  familles  rurales.  Heu- 
reusement, d'autres  domaines  ruraux  résistent  depuis 
soixante  ans  à  ce  terrible  engin  de  destruction.  Ils  se 
conservent  même,  en  beaucoup  de  localités,  malgré  les 
âpres  convoitises  des  agents  acharnés  à  la  ruine  des  fa- 
milles. Tel  est  le  cas  pour  les  domaines  annexés  aux  ex- 
ploitations des  forêts  ;  pour  ceux  qui  sont  consacrés  à  l'éle- 
vage des  chevaux  ou  du  gros  bétail,  et  qui  se  composent 
surtout  de  pâturages  enclos  de  haies  vives,  fortifiées  par  de 
grands  arbres;  pour  ceux  du  pays  de  Caux,  par  exemple, 
où  tes  propriétaires  de  tout  rang  conservent  l'une  des  plus 
judicieuses  traditions  du  Nord,  où  ils  persistent  à  résider 


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§  40.  CARACTÈBBS  SPÉCUnX  A  tA  CnAKrAQNS  rOniI.LBrSB.  XLI 

dans  des  habitations  isolées,  protégées  par  des  rideaux 
d'arbres  séculaires  contre  la  violence  des  vents  marins. 
Dans  ces  diverses  localités,  les  idées  et  les  mœurs  qui  sont 
la  principale  force  des  races  d'hommes  se  sont  perpétuées 
dans  les  mêmes  familles,  grâce  à  la  transmission  intégrale 
des  domaines;  et  il  est  même  resté  des  traces  précieuses, 
de  ces  traditions  nationales,  dans  beaucoup  de  cas  où  les 
licitations  après  décès  ont  fait  passer  l'héritage  à  des 
étrangers.  Il  semblerait  qu'à  défaut  des  anciens  proprié- 
taires les  arbres  ont  gardé  quelque  impression  des  sou- 
venirs du  passé. 

La  Champagne  crayeuse  n'a  jamais  oITert  à  ses  habi- 
tints  les  conditions  naturelles  les  plus  favorables  au 
règne  du  bien  ou  à  la  répression  du  mal.  Elle  ne  possède, 
ni  les  steppes  fertiles  des  races  patriarcales  de  l'Orient 
(II,  In.  3),  ni  les  rivages  poissonneux  et  le  rude  climat 
des  familles-souches  du  Nord  (III,  In.  e).  Les  premiers 
colons  de  la  Champagne  et  des  régions  contiguës  n'ont  pu 
s'y  créer  des  moyens  permanents  de  subsistance,  ni  par 
l'industrie  pastorale,  ni  par  la  pèche  entière.  Après  avoir 
détruit  par  la  chasse  les  grands  animaux  qui  peuplaient 
la  forêt  vierge,  ils  ont  cherché  un  supplément  de  ressources 
alimentaires  dans  le  défrichement  des  plaines  les  plus  pro- 
pres à  la  culture  des  céréales.  Toutefois,  en  se  livrant 
ainsi,  par  nécessité,  à  l'agriculture,  les  tribus  dechasseurs 
ne  renoncèrent  point  aux  idées  et  aux  mœurs  qu'avait 
créées  te  premier  mode  de  subsistance.  Les  enfants  se 
partagèrent  le  champ  défriché  par  leurs  parents,  comme 
ils  s'étaient  jusqu'alors  partagé  l'héritage  des  armes  de 
chasse  et  des  engins  de  pêche  fluviale.  Par  son  action 
réitérée,  cette  coutume  mobilisa,  pour  ainsi  dire,  le  sol 
arable;  et  elle  perpétua,  dans  la  famille,  vouée  désormais 
à  l'agriculture,  l'instabilité  que  la  chasse  avait  instituée 


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XUI  CONSTITCTION  SOCIALK  DBS  KACB3  ÉMAHLéSB  DB  L'OCGIDBNT. 

chez  les  ancêtres.  A  l'époque  où  les  Grecs  recaeillirent  les 
premiers  éléments  de  l'histoire  des  Gaulois,  les  habitants 
de  la  Champagne  pouilleuse  étaient  tombés  dans  la  déplo- 
rable condition  qu'ont  ramenée  et  qu'empirent  chaque  jour 
les  trois  faux  dogmes  de  1789,  et  l'institution  qui  en  émane 
logiquement,  le  partage  forcé  de  179-).  Selon  toute  appa- 
rence, le  présent  est  même  inférieur  aux  pires  époques 
du  passé'  L'agriculture  est  la  pins  arriérée  de  l'Europe,  car 
l'antique  assolement  triennal  y  garde  ses  plus  mauvaise 
pratiques  :  le  grain  d'automne,  suivi  du  grain  de  prin- 
temps, puis  d'une  maigre  jachère  broutée  par  des  moutons 
sous  le  régime  de  la  vaine  pâture  {VI,  m,  is).  Le  travail, 
stimulé  par  la  passion  du  gain  et  par  la  conquête  de  la 
propriété,  soutient  encore  une  classe  dirigeante;  mais  le 
progrès  incessant  d'un  matérialisme  grossier  menace  d'une 
désorganisation  prochaine  les  familles  et  les  voisinages. 

Cependant,  l'exposé  de  ces  faits  n'autorise  personne  à 
désespérer  de  l'avenir.  La  Champagne  pouilleuse  est,  il 
est  vrai,  une  de  nos  régions  les  plus  malades;  mais  c'est 
en  même  temps  l'une  de  celles  qui  seraient  le  plus  aptes  à 
suivre  une  bonne  impulsion.  Le  territoire  entier  est  occupé 
par  des  paysans  illettrés  qui  ont  oublié  les  principes  con- 
servateurs de  toute  société;  mais  la  réforme  n'y  sera  pas 
entravée  par  ces  riches  oisife,  st  communs  de  nos  jours, 
qui,  se  bornant  ù  proclamer  la  croyance  à  ces  principes, 
se  dispensent  du  labeur  opiniâtre  qui  seul  en  amènera  la 
resuuration.  Dès  qu'ils  auront  compris  le  danger  des  faux 
dogmes  de  1789,  les  gouvernants  transformeront  aisé- 
ment la  Champagne  avec  le  concours  des  paysans.  Ils 
n'auront  qu'à  s'inspirer  de  la  méthode  scientifique,  c'est- 
à-dire,  à  prendre  pour  guides  l'histoire  du  passé  et  la 
pratique  actuelle  des  peuples  prospères.  Au  moyen  âge,  le 
christianisme  et  le  patronage  féodal  rétablirent  la  stabilité 


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§  *4.  GARACTÈVBS  BpéCUVX  A  LA  BÀNLIEDB  DE  PABIS.       -         Xtlll 

dans  les  foyers  domestiques  et  les  ateliers  ruraux.  LebieD- 
étre  régnait  en  Champagne,  non-seulement  surles  collines 
boisées  à  domaines  agglomérés,  mais  en  outre  sur  les 
territoires  morcelés  de  la  plaine  crayeuse.  De  nos  jours, 
mes  concitoyens  trouveront  un  enseignement  encore  plus 
persuasif  dans  les  régions  morcelées  qui  s'étendent  du  Paia- 
linal  jusqu'au  centre  de  la  Saxe.  Les  Allemands  emploient 
deux  procédés  principaux  pour  conserver  ou  rendre  la 
prospérité  aux  campagnes  qui  ont  été  ébranlées  par  un 
mauvais  régime  antérieur.  Ils  font  appel  aux  forces  mo- 
rales du  Décalogue  et  de  l'autorité  paternelle  pour  main- 
tenir des  familles  stables  sur  un  sol  morcelé  (IV,  u,  is). 
Sur  le  vœu  émis  par  la  majorité  d'une  commune,  les  gou- 
vernements autorisent,  par  la  loi  écrite,  les  propriétaires 
à  convertir  leurs  champs  morcelés  en  domaines  agglomé- 
rés (IV,  n,ïo). 

S"- 

8~  RÉGION. -MAITRE-BLANCHISSEDR   DE   CLICHY 
(BANLIEDE  DE  PARIS). 

Paris  et  sa  banlieue  offrent  aujourd'hui  à  l'observateur 
la  population  la  plus  ébranlée  de  l'Europe.  C'est  en  ce 
lieu  que  se  concentrent,  depuis  i  789,  les  éléments  de  désor- 
ganisation qui  éteadent  désormais  leur  action  k  toutes  les 
régions  occidentales  du  Continent.  Dix  révolutions  vio- 
lentes, accomplies  dans  le  cours  de  62  ans,  confèrent  à 
Paris  cette  triste  spécialité.  Chacune  de  ces  révolutions  a 
fait  grandir  le  cercle  où  la  précédente  avait  exercé  son 
action.  Celle  de  JS30  avait  envahi  tout  le  sud-ouest  du  Con- 
tinent. L'avant-dernière,  celle  de  18^8,  a  étendu  l'ébran- 
lement de  la  société  européenne,  vers  le  Nord  et  l'Orient, 
jusqu'à  Copenhague,  Berlin  et  Pesth. 


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XLtV         GOKSTtTIITlON  SOCIALB  PB3  fllCBS  ^IBANLJÎBS  SB  L'oCCIDEtIT. 

Cependant,  il  serait  injuste  de  considérer  les  vices  et 
les  erreurs  de  la  popalalion  indigène  comme  la  cause 
unique  de  ce  désordre  social.  Assurément,  les  salons  pari- 
siens ont  développé  avec  persévérance  la  corruption  dont 
les  germes  ont  été  semés,  de  1661  à  lllh,  parla  cour  de 
France;  et  ils  ont  ainsi  exercé  sur  leContinent  une  influence 
pernicieuse.  Mais  les  erreurs,  qui,  plus  que  les  vices,  sont 
les  agents  actuels  de  désorganisation,  ont  été  importées  à 
Paris  des  pays  étrangers.  La  plus  dangereuse  de  ces  erreurs, 
le  scepticisme  irréligieux,  prit  naissance  en  Allemagne  et 
en  Angleterre,  au  xvn*  siècle,  à  la  vue  des  fléaux  déchaînés 
par  les  guerres  de  religion.  Les  lettrés  des  deux  pays  se 
firent,  au  siècle  suivant,  les  apologistes  des  innombrables 
variétés  de  cette  docirine  :  Bolingbroke  l'inocula  à  deux 
reprises  aux  salons  de  Paris  ;  puis  les  souverains  alle- 
mands se  firent  ouvertement  les  patrons  des  lettre  fran- 
çais qui  se  l'approprièrent. 

Au  nombre  des  maîtres  qui  enseignent  aujourd'hui 
l'erreur  ou  le  vice,  et  surtout  parmi  ceux  qui  en  propagent 
les  applications,  les  Français  de  toute  condition  remplissent 
assurément  un  rôle  actif;  mais  je  doute  que  leur  action, 
dans  l'œuvre  du  mal,  puisse  être  réputée  prépondérante. 
I^s  Parisiens  qui,  sous  ce  rapport,  semblent  k  première 
vue  occuper  le  premier  rang,  ne  sont  pas,  au  fond,  les 
plus  dangereux  :  aujourd'hui,  comme  il  y  a  un  siècle,  ils 
sont  secondés  et  même  stimulés  par  une  multitude  d'in- 
fluences venant  du  dehors.  Les  étrangers  qui  possèdent 
de  grandes  richesses  viennent,  de  toutes  parts,  chercher 
&  Paris  des  satisractions  que  ne  tolérerait  pas  l'opinion  de 
leur  pays  natal;  et,  par  leurs  prodigalités,  ils  attirent  et 
acclimatent  toutes  les  corruptions  qui  rendirent  célèbres 
certaines  capitales  de  l'antiquité.  Les  égarés  et  les  déclas- 
sés de  toute  sorte^  chassés  de  leur  pays,  aSIuent  pour  pror- 


:,yGOOglc 


§  41.  GAUOTÏBBa  SP^CUnx  A  Lk  BAHLIBVB  SB  PABIS.  XLV 

pager  à  Paris  les  nouveautés  hostiles  à  l'ordre  social;  et 
on  les  y  trouve  en  évidence  aux  époques  des  grandes 
catastrophes.  Enfin,  les  incapables  de  toute  catégorie  four- 
nissent aussi  un  large  contingent.  Dans  les  pays  étrangers 
contigus  à  la  Trontièrc  de  France,  j'ai  souvent  observé  un 
système  de  charité  publique  qui  est,  à  la  fois,  onéreux  et 
ioquiéunt  pour  notre  pays.  Les  municipalités  réduisent 
leurs  charges  d'assistance  ou  de  police  en  acheminant  vers 
Paris  les  individus  qui  troublent  la  paix  sociale  ou  qui  ne 
peuvent  subvenir  à  leurs  propres  besoins. 

On  s'explique  aisément  que  le  grand  foyer  de  désor- 
ganisation soit  constitué  à  Paris  par  tant  d'intluences  délé- 
tères. Toutefois,  on  entrevoit,  en  même  temps,  que  le  mal 
a  pour  origine  le  monde  entier  plus  encore  que  la  France. 
11  a  trois  sources  principales  :  le  sensualisme  rafliné  des 
riches,  corrompus  par  l'oisiveté;  l'orgueil  des  lettrés,  en 
révolte  contre  le  Décalogue;  enûu  les  formes  nouvelles  de 
dégradation  qui  développent  le  paupérisme  héréditaire  à 
mesure  que  s'accumulent  les  richesses.  Je  vois,  dans  l'hisr 
toire,  que  les  villes  parvenues  à  ce  degré  de  corruption 
touchent  à  une  ruine  prochaine.  D'un  autre  c6ié,  je  con- 
state, depuis  près  d'un  demi-siècle,  que  l'inQuence  démo- 
ralisante de  Paris  sur  la  France  entière  s'accroît  plus  rapi- 
dement encore  que  le  mal  intérieur.  Enfin,  depuis  notre 
neuvième  révolution  violente  (celle  de  18Û8),  je  vois  se 
multiplier  les  gens  de  bien  qui,  perdant  tout  espoir  de 
régénération,  ne  songent  plus  qu'à  s'assurer  les  dernières 
satisfactions  du  temps  présent  ou  les  félicités  de  la  vie 
éternelle  Ce  sont  ces  dernières  situations  d'esprit  qui  ont 
constitué  de  tout  temps  le  principal  symptôme  des  races 
en  décadence.  Le  devoir  de  chacun  envers  soi-même  est 
donc  surtout  d'écbapperàcette  inertie  du  découragement. 
Le  devoir  envers  les  autres  est  dé  signaler  les  bons 


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XI.VI         CONSTITUTION  BOCIÀLB  DHS  BACRB  ÉlkANLKES  DE   L'OCAIDÏNT. 

exemples  qui  abontleDt  encore,  plutôt  que  d'insister  snr les 
maux  déchaînés  par  les  égarés  et  les  méchants. 

C'est  à  ce  point  de  vue  que  je  me  suis  placé,  dans  les 
tomes  V  et  VI,  pour  décrire  Paris  et  sa  banlieue.  J'ai  men- 
tionné les  symptômes  d'ébranlement  et  de  désorganisation, 
en  glissant  sur  ceux  qu'il  convenait  de  ne  pas  signaler 
plus  explicitement.  J'ai  d'ailleurs  choisi,  parmi  les  familles 
observées,  celles  qui  me  fournissaient  l'occasion  d'indi- 
quer certaines  vertus  conservées  par  les  ouvriers  parisiens, 
ou  restaurées,  sous  la  pression  des  récentes  catastrophes, 
chez  d'autres  classes  de  la  population. 

La  découverte  de  ces  vertus,  dans  un  tel  milieu,  est  un 
sujet  de  consolation  k  nos  époques  de  souffrance;  et  elle 
m'a  soutenu  dans  mes  espérances  de  réforme.  En  voyant 
nos  gouvernants  se  préoccuper  surtout  des  nouveautés 
qui  multiplient  les  richesses,  je  n'ose  pas  croire  que  le 
moment  de  la  vraie  réforme  soit  arrivé  pour  Paris;  mais 
je  n'hésite  pas  à  afiirmer  que  celle-ci  serait  facile  si  tous 
les  hommes  de  tradition  faisaient  leur  devoir.  Les  vertus 
presque  surhumaines  qui  sont  maintenant  à  l'œuvre  don- 
neraient bientôt  une  impulsion  décisive  :  elles  feraient 
sortir  du  grand  foyer  de  corruption  la  restauration  euro- 
péenne de  l'ordre  moral. 


S  12. 

9»  RÉGION.  —  CHARPENTIER    (DU  DEVOIR) 
(DE   PARIS). 

Les  ouvriers  parisiens  doivent  être  classés  parmi  ceux 
dont  la  stabilité  est  le  moins  assurée,  de  nos  jours,  par  la 
nature  des  lieux  et  la  force  des  institutions.  Les  produc- 
tions spontanées,  qui,  dans  le  Nord  et  l'Orient,  offrent  aux 


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§  13.  cAHAcrbus  sp^attnc  a  la  villi  de  »aki8.  xitu 

populatioDS  clair -semées  d'amples  moyens  de  subsis- 
tance, ne  sont  ici  représentées  que  par  de  faibles  traces 
(TV,  In.  s).  Le  Décalogue,  l'autorité  paternelle,  la  religion 
et  la  souveraineté,  c'est-à-dire  les  quatre  forces  morales 
qui,  chez  les  populations  agglomérées,  aident  l'homme  à 
trouver  en  lui-même  les  ressources  que  ne  donnent  plus 
les  libéralitésde  la  nature,  sont  tombés  en  oubli  (IV,  In.  i), 
ËnOn,  les  trois  forces  matérielles,  c'est-à-dire  les  trois 
formes  de  propriété  qui  président  à  l'organisation  des 
moyens  de  subsistance,  n'offrent  plus  à  la  population 
ouvrière  qu'un  médiocre  secours. 

L'ascendant  moral  et  le  rdie  utile  des  sept  éléments 
principaux  d'une  bonne  constitution  sociale  ont  été  détruits 
par  les  vices  et  surtout  par  les  erreurs  de  l'ancien  régime 
en  décadence.  Les  classes  dirigeantes  issues  de  nos  révo> 
lutions,  et  même  celles  qui  sortent  chaque  jour  de  la 
classe  ouvrière,  né  se  sont  guère  préoccupées  jusqu'à  ce 
jour  de  remédier  aux  désordres  sociaux  qui  régnaient 
avant  1789,  et  qui  ont  été  depuis  lors  singulièrement 
aggravés.  Elles  souffrent  beaucoup,  mais  moins  que  leurs 
ouvriers,  de  l'ébranlement  imprimé  à  la  société.  D'un  autre 
c6lé,  elles  se  sentent  responsables;  et  elles  s'entendent 
avec  les  gouvernants  pour  donner  le  change  à  la  nation. 
Elles  lui  persuadent  que  le  vice  radical  de  l'ancien  régime 
était  dans  les  institutions,  et  non  dans  la  corruption  des 
autorités  qui  les  avaient  en  garde.  Ëniin,  les  hommes  qui 
tiennent  à  honneur  de  rester  fidèles  aux  bonnes  traditions 
de  leurs  ancêtres  hésitent  trop  à  prononcer  le  meâ  culpâ 
du  passé;  et,  par  cela  même,  ils  restent  impuissants  à 
reconquérir,  sur  les  contemporains,  l'ascendant  social 
qu'ils  exerceraient  an  grand  profit  de  l'époque  actuelle. 
Sous  l'influence  de  cette  coalition  tacite  des  classes  diri- 
geantes, la  conoaissance  de  l'histoire  est  complètement 


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ILVUl      CONSTITUTION  80CI4L8  DES  KàRBS  ÉRIAVlAeS  DE  L'OCdffENT. 

faussée  parmi  nous.  II  est  donc  tout  naturel  que  les  ou- 
vriers parisiens  accordent  encore  leur  confiance  aux  réTO- 
luiions  qui  sont  la  source  principale  de  leurs  maux.  On 
s'explique  qu'ils  demandent,  à  l'esprit  de  nouveauté  et  aux 
inventions  les  plus  dangereuses,  l'assistance  que  semble 
leur  refuser  l'esprit  de  tradition. 

Cependant,  après  19&  années  de  lente  décadence  et 
de  brusques  révolutions,  la  vieille  constitution  française 
n'est  point  encore  complètement  détruite.  En  me  référant 
i  la  précédente  monographie  (i  i),  j'ai  montré  comment  la 
conquête  de  la  propriété  individuelle  par  le  travail  sou- 
tient encore  les  bonnes  familles  de  la  banlieue.  La  com- 
munauté a  suscité,  depuis  18&8,  des  espérances  chimé- 
riques (IV,  In.  3);  mais  elle  oITre  encore  aux  maux  des 
ouvriers  quelques  patliatirs utiles  (vin,  si).  Enfin, le  patro- 
nage lui-même  est  moins  désorganisé  que  ne  le  déclarent 
les  lettrés  contemporains.  Beaucoup  de'  familles,  apparte- 
nant à  la  bourgeoisie  parisienne,  exercent  une  induence 
heureuse  sur  l'éducation  professionnelle  de  leurs  servi- 
teurs :  à  ce  sujet,  la  reconnaissance  des  ouvriers  s'est  sou- 
vent fait  jour  dans  le  cours  de  mes  enquêtes;  et  on  en 
retrouve  la  trace,  par  exemple,  non-seulement  dans  les 
monographies  de  Paris  (ix,  is),  mais  encore  dans  celles 
des  régions  éloignées  (IV,  iv,  i  s). 

Certaines  classés  d'ouvriers  concourent,  avec  celles  qui 
ont  été  signalées  pour  la  banlieue  (vm,  lo  etso),à  retarder 
la  désorga  nisation  de  la  vie  parisienne.  Les  plus  nombreuses 
exercent  une  influence  personnelle  qui  a  pour  appui  les 
bonnes  mœurs  contractées  dès  l'enfance  dans  la  vie  rurale. 
Tel  est  le  cas  desAuvergnats-émigrantsqui  viennent,  des 
hautes  montagnes  du  Cantal  (iv,  i»),  exercera  Paris  les 
professions  de  portefaix,  de  porteurs  d'eau,  de  brocanteurs 
et  de  petits  marchands  en  boutique.  La  force  de  résis- 


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9,43.  TKlIfSniOH  m  L'teajUILUBNT  A  U  DÉSOBaANISATIOH.        XUS 

tance,  opposée  au  mal  ambiant,  est  encore  plos  digne 
(fadjBÎr&tion  cfa»  les  charpentiers  parisiens.  Elle  est 
Conseirrée,  dans  ce  corps  d'état,  par  les  rites  traditionnels 
dn  compagnonnage  (iz,  is).  Ces  rites,  comme  ceox  de  la 
religion  qui  ;  sont  liés  intimement,  sont  les  auxiliaires  de 
la  loi  morale  ;  et  leur  origine,  comme  celle  du  Décalogue 
lui-même,  se  perd  dans  la  nuit  des  temps.  La  monographie 
des  charpentiers  (du  Devoir)  suffirait,  an  besoin>  pour 
démontrer  l'errenr  des  lettrés  contemporains,  qui  font 
consister  essentiellement  le  progrès  des  sociétés  dans  «  le 
développement  de  l'esprit  humain  ».  A  ce  point  de  vue, 
en  effet,  on  ne  saurait  comprendre  le  spectacle  que  nous 
avons  sous  les  yeux.  Il  serait  inexplicable  que  des  hommes 
illettrés  et  des  esprits  incultes  restassent  nnis  par  l'amitié 
et  la  paix  dans  le  milieu  même  que  les  classes  savantes  et 
raffinées  désorganisent  par  leurs  haines  et  leurs  discordes. 


§18. 

'    BtSUXÉ    DU   TOHE   V  :  COMUBNT   SE   PRODUIT,  DA.NS 

LES    SOCIÉTÉS    DE    L'OCCIDENT,   LA    TRANSITION    DE 

L'ÉBRANLEMENT  A  LA  DÉSORGANISATION. 

-  Les  laits  exposés  dans  ce  volume  acheminent  le  lecteur 
Ters  la  conclusion  définitive  de  cet  ouvrage.  Aujourd'hui, 
comme  aux  antres  époques  de  l'histoire,  les  hommes  qui 
possédait  le  pouvoir,  la  science  et  la  richesse,  ne  font  pas 
tons  leur  devoir;  mais  ceux  quil'enfreïgnent  ne  sont  plus, 
comme  anx  temps  de  la  renaissance,  les  seuls  auteurs  du 
mal.  Ils  ont  pour  alliés  involontaires  et  pour  auxiliaires 
Inconscients  les  propagateurs  des  inventions  mémorables 
qni  augmentent  aujourd'hui»  dans  des  proportions  inouïes, 
les  ressources  matérielles  de  l'humanité.  Faute  de  lumières 


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L  coNaitTunoN  socu»  dm  bacm  AnAttL^Es  tm  VovauKm, 

suffisantes  sur  fa  distinction  dn  bien  et  dn  mal,  tes  pro- 
moteàrs  des  nonvelles  enrfraprises  ont  élmuilé  les  «mstî- 
tntions  sociales  en  brisant  les  rapports  traditionnels  qaf 
assuraient  aux  populations  la  stabilité  et  la  paix.  Ce  résul- 
tat est  souvent  signalé  dans  ce  Tolnme  :  dans  les  cam- 
pagnes, il  est  surtout  produit  par  )e  passage  des  ouvriers 
nomades  attachés  aux  ateliers'  de  tnmtux  publics  (tu,  i  b); 
dans  tes  Tilles  manufacturières  et  sur  les  bassins  houll- 
1ers,  par  les  agglomérations  de  familles  dégradées  ou 
instables  (tiii,it}. 

Sous  l'action  énei^ique  de  l'industrie  moderne,  on  Toît 
apparaître  presque  partout,  en  Occident,  les  deux  degrés 
successifs  de  la  décadence,  avec  denx  caractères  très- 
distinctifs.  Tant  que  la  paix  sociale  se  maintient  sans 
recours  à  la  force  armée,  le  mal  n'est  qu'un  ébranle- 
ment. II  se  transforme  en  une  désorganisation  qnand  cette 
force  devient  un  moyen  nécessaire  de  gonvemement  local. 
La  souffrance  matérielle  et  la  multiplication  des  pauvres 
sont  le  trait  commun  aux  deux  régimes;  mais  la  transi- 
tion de  l'un  i  l'autre  se  produit  surtout  dans  l'ordre 
moral.  Sous  le  premier  régime,  les  classes  dirigeantes 
oublient  la  loi  suprême  en  cédant  à  l'excitation  des  appé- 
tits sensuels.  Sous  le  second,  le  peuple  entier  se  révolte 
contre  elles,  en  s'inspirant  de  la  souffrance,  de  l'orgueil 
et  du  faux  enseignement  des  lettrés.  Ces  nuances  se  mon- 
trent souvent  dans  les  fiûts  exposés  au  tome  YI. 


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L'ORGANISATION 

DES    FAMILLES 

bAckihs,  un  Hior  m&pithis,  son*  fobmk  bb  voiiosRiPBiBi 

ÉTUDES 

SUR  LES  TRAVAUX,  LA  VIB  DOHBSTIQDE, 
ET  LA  CONDITION  MORALE  DES  O0VBIBR8  DE  L'OCCIDENT 

II-  S^ÈSIB.— POPITLATIONB  iBBANL±ZS 

VjLFKftB  LBS  FAITS  OBBBBTâS,   DB  1»B  a'ihSS, 

?wu  la  1"  «dIdoD  (iB-foUoJ  dM  Owr(*nwr(V4iiu 


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SOMMAIRE 

DBS    MONOGRAPHIES 


Chftpltra  1".  Coinpa^OD'-iienntoler  4e  Vleaae  (Antrlche).  —  Cha- 
pitra n.  Tisserand  de  Godesberg  (PrOTlnce  rhénane}'.  —  Chapitre  IIL  Com- 
poidtear-typfgrapbe  de  Bmxellea  (Belgique).  —  Çb^ltre  IT.  Ulneurdes 
nions  argensfèna  is'-Pentgiband  (inTergne).w  Ch^titre  T.  Pi^san- 
basque  do  Li^ord  (France  }*.  -^  Cb^iitn  TL  HanoenTre-agrienlteur  dn 
Uotran  (Ntvenuds)'.  —  Oiapltre  VIL  Bwdllef  de  la  Champagne  ponU- 
lenae.  —  Chapitra  vm.  Ifattre-blanchiaMur  de  dlchj  (baoUsne  de  ParisJ*. 
—  Chapitre  IX.  Charpoitler  (4n  Devoir)  de  Parla. 

:    .  SpltMMaB.  DfiS  PRÉCIS  DB  MONOGRAPHIES 

Prédil.,lAtUardii.WadaDM*(BÉat»«aTUra).— Md*S.  iaMa.4m%raat  <e la 
.   Gaaoatûî»vie).-Fi«daairuadsvr(aBbob)dalltTwaiIa.  — I>i4(te4.lfai4^ 


Exemide 

des  signes  tle  renvoi  an  $  4  du  oli.  V  des  Mom^raphles, 

employés  : 

dam  le  texte  mteie  da  eea  Honogr^hiea  et  dana 

ce  Tolnme ?,  A. 

—  les  6  autres  volumes  des  Ottoriert  nropétnt,  .  .  V,  t,  A. 

—  les  autres  oUTrages  de  la  Bibliothèque OB,  T,  t,  it 


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L'ORGANISATION  DES  FAMILLES 

CHAPITRE    I 

COMPAGNON-MENUISIER 

DE  VIENNE  (AUTRICHE) 

duu  le  •ralèuiB  da  «ngig«menli  inDin»iitui4i, 

RENSEIGNE HBKTg     BECDH 
BM    MAI    1853, 

PAit    MM.  A.   DE    SAINT-LÉGER    ET    F.  LE    PLAY. 
OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 

DÉFINISSANT  LA  CONDITION  DES  DIVBSg  HBHBRES  DE  LA  FAMILLE. 

DéSnltion  du  Ueu^   d«  l'orsitutiatlo»    ladiui<rl«tle 
e(  de  I»  fomille. 

SI. 

lÉTAT   DO    SOL,    DE   l'iNDUSTBIB    ET   DE    LA    POPDLATION.  ; 

La  Tamille  habite,  dans  le  faubourg  du  Wieden,  situé  au  sud- 
ouest  de  la  ville  de  Vienne,  la  rue  dite  Caroligasse,  à  ua  kilo- 
mètre environ  de  la  porte  de  Carinthie.  L'ouTrier,  chef  de  cette 
famille,  a  été  attaché,  pendant  la  majeure  partie  de  sa  vie,  à  la 
corporation  (fnnung)  des  menuisiers  (is).  Celle-ci  est  encore 
organisée  sur  les  mêmes  bases  qui  étaient  adoptées  par  les  an- 
ciennes corporations  d'arts  et  métiers  de  la  France,  de  l'Angle- 
teire  et  des  autres  pays  du  Nord  (III,  i,  ïs).  Sa  principale 


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s  GB.   I.  —  COKPAGNON-MENinSISB  DK  VIENNE. 

Spécialité  est  de  pourvoir  aux  besoins  de  la  populatico  urbaiDe 
a^lomérée,  soit  dans  la  ville  proprement  dite,  soit  dans  les  fau- 
boui^.  En  ce  momeot,  l'ouvrier  travaille  pour  le  compte  d'une 
grande  fabrique  d'outils,  tels  que  rabots,  varlopes  et  scies,  qui 
vend  ses  produits  dans  toute  l'étendue  de  l'empire  autricbien. 
Cette  fabrique  achève  et  monte  les  outils  préparés  par  plusieurs 
usines  situées  dans  les  provinces.  Ses  opératioDS  se  sont  déve- 
loppées en  venu  d'un  privilège  par  lequel  le  souverain  a  placé 
cette  industrie  hors  du  cadre  des  corporations  urbaines,  c'est-à- 
dire  dans  la  condition  où  les  grandes  usines  de  France  et  d'An- 
gleterre prirent  leur  essor  dans  le  cours  des  deux  derniers  siècles. 
L'ouvrier  a  choisi  son  habitation  à  proximité  du  fabricant 
auquel  il  est  maintenant  attaché,  et  qui  demeure  lui-même  dans 
la  principale  rue  du  faubourg  (Wiedenhaupt-Strasse).  tl  n'est 
lié  en  principe  h  ce  fabricant  que  par  un  engagement  momen- 
tané :  cependant,  les  habitudes  créées  par  le  régime  des  corpo- 
rations subsistent  encoredans  la  population  viennoise  ;  et  l'ouvrier 
se  complaît  dans  la  pensée  que  les  relations  qui  t'attachent  à  son 
patron  resteront  permanentes.  Le  patron  lui-même  aime  à  encou- 
rager cette  disposition,  en  accordant  de  petites  subventions  (7) 
qui  lui  concilient  l'alTection  de  la  famille,  La  supériorité  avec 
laquelle  il  exerce  son  industrie  lui  a  d'ailleurs  permis  de  repous- 
ser, jusqu'à  ce  jour,  les  atteintes  de  la  mauvaise  concurrence  et 
de  remplir  envers  ses  ouvriers  les  devoirs  du  patronage. 


s  2- 

ÉTAT  CIVIL  DE  LA  FAMILLB. 

La  famille  comprend  les  deux  époux,  avec  cinq  enfants,  savoir  : 

1.  JicoB  V'.cberde  famille,  né àBiemib  (Monvlfl), marié depaii IS ans.  38  tni. 

9.  FunciscA  F",  sa  femma,  oâe  à  Stepuiau  (Horatie) 30  — 

3.  Cwl  V",  leop  BEs  atod,  nô  à  Vienne IS  — 

♦.  Christlna  V",  leur  flUe  aînée,  née  i>  Vienne «  — . 

5.  Jacob  V",  leur  2*  Bla,  nâ  à  Vienne. 7  — 

fi.  Wilhelmina  V",  leur  S*  Alla,  née  i>  Vienne *  — 

7."Frani  V,  leur  3*  flls,  né  à  Vienne i  —  V 


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OBSBtlVATtONS  PHiLimNAinBS.  3 

Les  vieux  parents  des  deux  époux  vireDl  à  Biernitz  et  à  Ste- 
panaii  dans  UDesituatioDpeu  aisée,  sans  recourir  à  leursenfants, 
qui  seraienl  d'ailleurs  dans  l'impossibilité  de  les  assister. 

Bien  qu'issue  d'une  race  slave,  la  famille  n'en  a  point  con- 
servé les  habitudes.  Elle  a  adopté  les  mœurs  urbaines  de  l'Alle- 
magne ;  et,  dans  leur  pratique  individuelle,  les  deux  époux  oe 
gardent  aucune  trace  des  traditions  qui  distinguent  les  Slaves  du 
Danube  et  de  l'Adriatique  (IV,  i,  aa).  Le  contraste  est  surtout 
frappant,  en  ce  qui  touche  (es  coutumes  de»  fiançailles  et  du 
mariage  (sa). 

BELIGION    ET    HABITUDES    MORALES. 

Les  deux  époux  ont  reçu  au  lieu  natal  une  éducation  reli- 
gieuse, dont  l'influence  s'est  momentanément  effacée  pendant 
l'existence  nomade  qui  a  précédé  le  mariage.  Aujourd'hui,  ils 
suivent  régulièrement  les  prescriptions  de  l'Église  catholique  :  ils 
assistent  aux  exercices  du  culte  (si);  ils  prennent  part  à  la 
communion  pascale;  et  ils  observent  les  prescriptions  concernant 
la  nourriture,  autant  que  leur  situation  de  fortune  le  permet. 

Les  deux  époux  ont  reçu  l'un  et  l'autre  au  lieu  natal  les  élé- 
ments de  l'instruction  primaire;  et  ils  ont  fait  dès  sept  ans  leur 
première  communion.  Le  jeune  garçon  reçu  apprenti  a  dû,  con- 
formément aux  règlements  de  la  corporalion,  continuer  à  rece- 
voir l'instruction  donnée  au  catéchisme  et  à  pratiquer  ses  devoirs 
religieux.  Devenu  enBn  «  compagnon  »,  il  n'a  pu  entreprendre 
son  «  tour  d'Autriche  »,  et  recevoir  le  passe-port  qui  l'autorisait 
à  voyager,  qu'en  produisant  les  certificats  constatant  que,  pen- 
dant la  durée  de  son  apprentissage,  il  avait  rempli,  sous  ce 
rapport,  ses  obligations. 

Attirés  à  Vienne  par  le  désir  de  se  créer  un  petit  capital,  les 
deux  futurs  époux  paraissent  avoir  mené  l'un  et  l'autre  une 
conduite  assez  régulière.  Ils  ont  cédé,  à  la  vérité,  à  l'influence 
des  moeurs  relâchées  de  ce  grand  centre  de  population  et  des 


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4  CB,   I.   —   C0MPAGNO>-HBNtflSIBK  DE  VIENNE. 

r^Iements  locaux  qui  tendent  à  empêcher  les  mariages  (n  et 
s  3);  mais  l'uaion  illégitime  qu'ils  ont  contractée  d'abord  a  été 
plus  tard  régularisée.  Depuis  lors,  la  Tamille  a  pu  être  considérée, 
au  point  de  vue  des  habitudes  morales,  comme  un  des  types  les 
plus  estimables  de  la  population  viennoise.  La  sollicitude  des 
deux  époux  se  concentre  tout  entière  sur  les  intérêts  de  la  com- 
munauté. Ils  travailleul  avec  un  zèle  soutenu,  sans  se  laisser 
jamais  déranger  par  le  goût  du  plaisir;  et,  à  cet  égard,  ils  se 
distinguent  honorablement  parmi  les  familles  de  même  condi- 
tion qui  habitent  le  voisinage.  Ils  vivent  avec  sobriété  et  se 
privent  de  toute  boisson  spiritueuse.  Les  soins  qu'exigent  leurs 
enfants  sont  leur  unique  distraction. 

Les  deux  époux  rentrent  d'ailleurs,  par  le  manque  de  pré- 
voyance, dans  les  habitudes  dominantes  de  la  population  ouvrière 
de  Vienne.  La  jeune  fille,  avant  son  mariage,  avait  une  disposi- 
tion prononcée  pour  l'épargne  ;  et  elle  a  concouru  efficacement  à 
rétablissement  du  ménage  (e).  Mais  le  découragement  produit 
par  une  faillite,  qui  a  privé  le  ménage  de  son  petit  capital,  et 
l'accroissement  incessant  de  la  famille  (a)  ont  peu  à  peu  détruit 
tout  germe  de  cette  disposition.  L'Auteur  a  même  eu  occasion 
d'observer,  à  cet  égard,  des  nuances  qu'il  a  paru  intéressant  de 
consigner  dans  une  note  spéciale  (so). 


s  4- 

ffTGlÈ>E     ET    SERVICE    DE    ikjnÉ. 

Le  mari  est  rarement  malade,  mais  la  santé  de  la  femme  se 
dérange  fréquemment  depuis  la  naissance  de  sa  première  âlle. 
Les  enfants  ont  tous  une  santé  faible  et  untempérament  lympha- 
tique, qu'ils  paraissent  devoir  à  la  résidence  du  ménage  dans 
un  rez-de-chaussée  humide,  oh  l'inQuence  du  soleil  ne  se  fait 
pas  suffisamment  sentir. 

Les  compagnons  menuisiers  de  Vienne  sont  ordinairement 
traités,  lorsqu'ils  sont  malades,  dans  un  hôpital  où  la  corpora- 


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OBBERVATIONB  PRÉLIIIIN AIRES.       .  S 

tion  dispose  d'un  certain  nombre  de  lits  (a).  L'ouvrier  auquel 
s'applique  spécialement  la  présente  monographie  recevrait,  eo^. 
cas  de  maladie,  des  secours  aux  frais  de  son  patron  qui  lui  en  a 
fait  la  promesse  formelle  (7).  Dans  ces  dernières  années,  la 
femme  et  les  enfants  ont  toujours  été  traités  aux  fraisde  la  com- 
mune. Lorsqu'un  cas  de  maladie  survient,  l'ouvrier  s'adresse  à 
la  section  de  son  quartier  (Gemeinde  Vorstand)  pour  se  faire 
délivrer  un  certificat  d'indigence,  constatant  qu'il  reçoit  habi- 
tuellement UD  subside  de  la  commune  (7).  Sur  le  vu  de  celte  . 
pièce,  le  médecin  du  quartier  vient  visiter  les  malades  à  domi- 
cile. Les  frais  de  médicaments  sont  supportés  par  une  caisse 
placée  sous  la  directioû  du  curé  de  la  paroisse,  qui  vise,  à  cet 
effet,  les  ordonnances  faites  par  le  médecin.  Un  pharmacien 
désigné  par  les  règlements  délivre  gratuitement  les  médicaments 
contre  la  remise  des  bons  ainsi  visés. 


8  5^ 

BAHr.    DE   LA.    FAMILLB. 

L'ouvrier  occupe  dans  sa  corporation  le  rang  de  compagnon 
(Geselle)  (1  s).  Il  n'a  jamais  eu  le  désir  de  s'élever  à  la  condition 
de  maître  {Steister),  même  à  l'époque  où  il  possédait  un  petit 
capital  (13).  Il  a  toujours  compris  qu'il  n'avait,  ni  l'iniliative, 
ni  les  aptitudes  nécessaires  pour  devenir  chef  de  maison.  En 
s'attachant  h  un  grand  fabricant  qui  exerce  sur  lui  un  patro- 
nage bienveillaul,  l'ouvrier  a  trouvé  une  situation  conforme  à 
ses  goûts  et  à  ses  besoins.  Il  est  réiribué  à  la  tâche  pour  fabri- 
quer des  outils  d'après  quelques  modèles  invariables  :  il  peut 
donc  travailler  dans  son  ménage  en  compagnie  de  sa  femme  et 
de  ses  enfants.  Il  jouit  ainsi  jusqu'à  un  certain  point  de  l'indé- 
pendance du  chef  de  métier.  Cependant,  l'ouvrier  ne  se  fait 
point  illusion  à  cet  égard  :  11  comprend  bien  qu'en  cas  de  mala- 
die ou  de  revers  imprévus,  il  devrait  demander  assistance  à  son 
patron,  et  à  la  bienfaisance  publique.  A  cet  égard,  l'ouvrier 


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.  —  COIIPAGNON-HEMISIEB  DE   VIENNE. 


montre  ud  sens  droit  et  une  résignation  dignes  d'éloge;  mus  on 
ne  saurait  trop  redire  que  les  classes  dirigeantes  ont  le  devoir 
d'améliorer  de  telles  situations. 


H»ren«  d*cxUiteBe«  de  Ik  fiiinlllc. 

rnopRiÉTÉs. 

(Hobllier  et  Titenieoto  non  comprU.) 
lUHBUBLBS 0'  00 

La  faarille  n'a  jamais  eu  la  pensée  qu'il  lui  fût  possible 
de  s'élever  îi  la  propriété  d'un  immeuble  :  l'ouvrier  n'a  même 
point  le  désir  de  devenir  «  maître  >>  dans  sa  corporation. 

Abgem 0'  00 

Lors  de  son  entrée  en  ménage,  la  femme  a  apporté  à  la  com- 
munauté une  somme  de  800  francs,  qui,  après  l'achat  des 
meubles  et  des  vêtements,  s'est  réduite  à  565  francs.  Cette 
somme,  placée  à  intérêt  par  l'ouvrier  chez  le  maître  pour  le 
compte  duquel  il  travaillait,  a  été  enlevée'  au  ménage  par  la  ban- 
queroute de  ce  dernier.  Découragée  par  cetévénement,  surchar- 
gée d'enfants  et  suivant  d'ailleurs  les  habitudes  dominantes 
de  la  population,  la  famille  a  perdu  toute  propension  à  reconsti- 
tuer 50D  épargne  (ss). 

MatiSriel  spécial  des  travaux  et  industries 168'  80 

1°  Pour  rKCtrcie*  du  métier  à*  mmmtiêr.—  1  élabU  en  bdi  de  cbaime,  K'M; 

—  uiottimeat  de  rabots  et  vulopea  (100  piice*  eoTlroQ),  QO'OO;  —  assortiment 
de  uies  (S  pièces),  13^50;  —  uiortiment  do  ciseant  (IS  pièces),  7' 30;  ~  assorti- 
meat  de  limei,  de  itpes  et  compas  [30  pièces  enriran],  B'OO.  —  Total,  143' 30. 

2>  Pour  la  fabrication  des  eantj.  —  lostrument  pour  ta  couture  des  gants,  IS'Mt 

—  aiguilles,  dd,  objets  aecMsaires,  l'30.  —  Total,  tO'aO. 

3°  Pour  la  blanclÛJiaaa  du  linge  *t  dei  vitBmtnlt.  —  Oiaudroat  en  Tonte,  baquets, 
caTier,  soaui,  paniers  et  cordes,  l'OO. 


Valeur  totale  des  propriétés 168'  80 


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OBSEBVATIOnS  PRBLIUINÀIRBS.  1 

S  7. 

^  SUBVENTIONS. 

Établie  au  milieu  d'une  population  très-agglomérée,  la  famille 
ne  jouit  d'aucune  de  ces  subventions  territoriales  qui  foumissenl 
ailleure  des  occasions  permanentes  de  travail,  et  qui  contribuent 
d'une  manière  si  efficace  au  bien-être  des  ouvriers  européens. 
Les  subventions  que  reçoit  la  famille  se  composent  exclusive- 
ment d'objets  de  consommution  et  de  services.  Ils  proviennent 
h  la  fois  du  patron  pour  le  compte  duquel  l'ouvrier  travaille, 
de  la  commune  et  de  deux  associations  de  bienfaisance. 

Le  patron  accorde  la  provision  de  combustible  nécessaire 
pour  le  cbauflTage  domestique,  en  faisant  une  remise  d'un  tiers 
sur  le  prix  de  vente  du  bois,  et  d'un  demi  sur  le  prix  de  vente 
des  copeaux  j  il  fait  la  même  remise  sur  les  copeaux  employés 
pour  la  confection  des  lits.  11  donne  ses  vieux  habits  à  l'ouvrier; 
chaque  fois  qu'il  rencontre  les  jeunes  enfants,  il  leur  donne  une 
petite  somme  avec  laquelle  on  subvient  aux  achats  de  livres  et 
de  matériel  pour  l'école  primaire.  A  l'occasion  des  grandes  fêtes, 
il  distribue  aux  enfants  quelques  vêlements  neufs.  Eo&n,  lorsque 
les  enfants  ont  été  éprouvés  par  la  maladie,  il  accorde  une 
indemnité  spéciale,  à  l'aide  de  laquelle  on  leur  distribue  mo- 
mentanément une  nourriture  plus  substantielle  que  celle  du 
ménage.  Deux  des  maîtres  menuisiers  pour  le  compte  desquels 
l'ouvrier  a  été  employé  (i  i) ,  et  qui  ont  gardé  de  lui  un  bon 
souvenir,  prennent  plaisir  à  faire  à  ses  enfanls  quelques  cadeaux 
de  vêtements.  Le  |»'iDcipal  commis  de  la  fabrique  donne  aussi, 
de  temps  en  temps,  ses  vieux  vêtements  à  l'ouvrier.  Ea  raison 
de  l'état  de  pénurie  où  la  famille  est  plongée,  le  patron  a  dis- 
pensé celte-ci  de  contribuer  à  l'alimentation  d'une  caisse  de 
secours  mutuels  établie  dans  sa  maison  pour  subvenir  aux  frais 
de  maladie  de  ses  ouvriers,  et  à  laquelle  chaque  ouvrier  paie 
par  semaine  â2  centimes.  Ainsi  qu'on  l'a  indiqué  précédem- 
ment (4) ,  le  patron  s'est  engagé,  dans  le  cas  où  l'ouvriw  serait 
malade,  k  prendre  à  sa  charge  tous  les  frais  de  traitement. 


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-MBNDISIEK  DB  VIBNNB. 


La  commuDe,  prenant  en  coDsidératioD  l'état  d'indigence 
résultant  du  Dombre  des  enfants  dont  la  famille  est  chargée,  lui 
accorde  des  secours  réguliers  en  argent  prélevés  sur  deux  fonds 
constitués,  l'un  par  l'Empereur,  l'autre  par  une  société  de  bien- 
faisance. La  famille  n'est  point,  du  reste,  visitée  directement 
par  des  personnes  appartenant  ii  des  sociétés  de  ce  genre.  En 
cas  de  maladie  de  la  femme  ou  des  enfants,  la  commune  assure, 
à  titre  gratuit,  les  soins  d'un  médecin. 

Enfin,  une  société  de  bienfaisance,  placée  sous  la  direction 
du  curé  de  la  paroisse,  fait  délivrer,  à  titre  gratuit',  les  médica-t 
ments  ordonnés  par  le  médecin  de  la  commune. 

Toutes  ces  allocations,  on  peut  le  remarquer,  ont  pour  la 
plupart  le  caractère  d'une  aumône.  Celles  qui  sont  supportées 
par  l'Etat,  par  la  commune  et  par  les  sociétés  de  bienfaisance, 
ont  en  définitive  pour  résultat  de  permettre  aux  chefs  d'industrie 
de  faire  travailler  leurs  ouvriers  moyennant  un  salaire  réduit. 
Elles  tendent,  par  conséquent,  à  accumuler,  dans  les  grandes 
villes,  des  populations  qui,  sans  cette  excitation  factice,  reste- 
raient attachées  aux  districts  ruraux.  Sous  ce  rapport,  il  y  a 
lieu  d'examiner  sérieusement  si  les  sociétés  de  bienfaisance  des 
grandes  villes  de  l'Occident,  tout  en  obéissant  aux  plus  géné- 
reuses inspirations,  ne  sont  pas  amenées  à  fausser,  au  grand 
danger  des  institutions  sociales,  un  principe  salutaire  de  l'an- 
cienne économie  européenne.  Ce  principe,  transmis  par  la  cou- 
tume, imposait  à  chaque  chef  d'industrie  le  devoir  de  subvenir 
aux  besoins  de  tous  ceux  qui  lui  étaient  attachés. 

§8. 

TRAVAUX  ET   INDUSTRIES. 

-Travaux  de  l'ouviiiur. —  Le  travail  unique,  exécuté  pour  le 
compte  du  patron  (i),  a  pour  objet  la  confection  de  pièces  en 
bots  destinées  au  montage  de^  tranchants  d'acier,  des  lames  de 
scie,  des  fers  de  rabots  et  de  varlopes,  lesquels  sont  fabriqués 
dans  les  usines  rurales  appartenant  au  même  chef  d'industrie 


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OBSERVATIONS    PBÉLUlINAtKItS.  <) 

La  rétribution  est  établie  en  raison  du  nombre  de  pièces  fabrir 
quées.  Pendant  l'année  185îi,  qui  a  présenté  des  conditions 
moyennes,  eu  égard  à  l'activité  des  travaux  et  au  montant  des 
salaires,  l'ouvrier  a  gagné  une  somme  totale  de  773'  07,  avec 
un  travail  effectif  de  288  journées  environ,  ce  qui  attribue  à 
chaque  journée  un  salaire  moyen  de  ^'  68/l. 

On  peut  considérer  cependant  comme  travail  accessoire 
quelques  additions  faites  par  l'ouvrier  aux  outils  composant  son 
petit  atelier  (s  et  le,  b),  de  même  que  quelques  réparalions 
faites,  de  loin  eu  loin,  aux  objets  de  bois  faisant  partie  du 
mobilier  domestique.  La  direction  exclusive  donnée  dès  l'enfance 
à  son  activité  et  le  manque  de  toute  occasion  de  travail  qui  ne 
se  rattache  pas  à  la  profession  de  menuisier  rendent  l'ouvrier 
impropre  à  toute  autre  occupation. 

Travadi  de  la  peuue.  —  La  nombreuse  famille  que  la 
femme  doit  soigner  la  détourne  du  travail  industriel  auquel  elle 
s'appliquait  autrefois  avec  succès.  Elle  l'oblige  h  consacrer  la 
majeure  partie  de  son  temps  aux  travaux  du  ménage,  à  l'achat 
etbla  cuisson  des  aliments,  aux  soins  de  propreté,  à  l'entretien 
des  vêtements  et  du  lioge,  et  surtout  au  soin  des  enfants. 

Pressée  par  une  nécessité  impérieuse,  la  femme,  qui  a  tou- 
jours fait  preuve  d'habitudes  laborieuses,  parvient  encore,  au 
milieu  de  ces  occupations,  à  consacrer  environ  120  journées  de 
travail  effectif  à  la  confection  des  gants,  industrie  qu'elle  exerce 
depuis  longtemps  pour  le  compte  d'uo  fabricant,  et  dans 
laquelle  elle  a  acquis  une  véritable  habileté.  Douée  de  beaucoup 
d'intelligence,  la  femme  réussit  bien,  depuis  qu'elle  est  dans  la 
gêne,  à  confectiotiDer  elle-même  la  plupart  des  vêtements  de 
toile  et  de  coton  nécessaires  à  la  famille.  EnGn,  le  blanchissage 
des  vêtements  et  du  linge,  que  beaucoup  d'ouvriers  viennois  font 
exécuter  à  prix  d'argent  et  dont  la  femme  se  charge  elle-même, 
doit  encoreêtre  considéré  comme  une  des  industries  lucratives 
concourant  au  bien-être  de  la  famille. 

Travaux  du  fils  aîné.  —  Cet  enfant,  aujourd'hui  âgé  de 
quinze  ans,  vie^t  d'être  reçu  en  qualité  d'apprenti  par  ua  maître 
de  ta  corporation  des  menuisiers,  chez  lequel  il  est  nourri  et 


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-  GOHPASKON-UnfDISIBB  OB  VIBNIfB. 


logé.  Il  reçoit  de  temps  en  temps  chez  les  pratiques  de  sod 
maître  quelques  petites  gratifications,  au  moyeu  desquelles  on 
subvient  en  partie  à  l'achat  de  ses  vêlements;  le  surplus  de  cette 
dépense  est  encore  à  la  charge  de  la  famille. 

Industries  entreprises  par  la  fahillb.  —  Les  industries 
qui  peuvent  être  considérées  comme  personoellesà  l'ouvrier  sont 
les  spéculations  qu'il  fait  à  l'occasion  du  travail  de  sa  profes- 
sion, soit  en  substituant  le  système  de  la  tâche  au  système  du 
salaire  journalier,  soit  en  fournissant  lui-même  les  outils.  On 
peut  encore  y  rattacher  la  fabrication  partielle  de  ces  oulits  et 
l'entrelien  des  objets  de  bois  feisant  partie  du  mobilier  domestique. 

Les  industries  exercées  par  la  femme  sont,  comme  on  vient 
de  l'indiquer,  la  confeciion  d'une  pariie  des  vêtements  et  le 
blanchissage  des  vêtements  et  du  linge  de  la  famille. 


BIMle  d'exUitence  de  I»  fiuMllle. 

§9. 
ALIMENTS   ET   REPAS. 

La  famille  fait  en  toute  saison  trois  repas,  qui  sont  toujoura 
pris  dans  l'intérieur  du  ménage,  savoir  :  le  déjeuner  k  8  heures, 
le  dîner  h  midi,  le  souper  à  7  heures. 

Le  déjeuner  se  compose  invariablement  d'une  infusion  de 
café  pur  (18  grammes),  avec  lait  (0'"  700)  et  sucre  (56  gr.), 
dans  laquelle  on  trempe  de  petits  pains  frais  de  froment  (Sam- 
men),  au  nombre  de  onze  et  pesant  environ  550  grammes. 

Le  dîner  se  compose  toujours  d'une  soupe  {Suppe)  ou  d'un 
mets  de  farine  (Mehlspeise),  auxquels  on  joint  souvent  un  plat 
de  légumes  {Zuspeisé).  Ces  mets  offrent  une  grande  variété  :  ils 
se  préparent  tous  avec  des  quantités  d'aliments  qui,  pour  chaque 
mets,  restent  invariables  pendant  toute  l'année,  et  que  la  ména- 
gère achète  pour  chaque  repas,  sans  jamais  en  foire  provision  (s  o). 

La  soupeà  la  viande(FteiscAw;);>e),  l'une  des  plus  employées, 


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OBSBEVATIOMB    PEELIHINAIBES.  Il 

se  prépare  avec  :  eau,  2'''  82;  viande  de  bœuf,  280  grammes; 
poumons  de  bœuf,  35  grammes;  sel,  25  grammes;  légumes 
verts,  carottes  et  oignons.  Â  cette  soupe  on  joint  des  prépara- 
tions de  céréales  très-diverses,  savoir  :  des  boulettes  de  pâte 
\KnOdel),  mie  sorte  de  vermicelle  (AWeïn),  de  petits  pains  secs, 
du  riz,  de  l'orge  mondé  et  du  gruau  de  Froment. 

La  soupe  à  la  graisse  {eingebrannte  Suppe)  se  prépare  avec  : 
graisse  de  porc,  70  grammes;  farine  de  froment  (2*  qualité), 
57  grammes;  sel,  30  grammes;  on  trempe  avec  ce  bouillon 
350  grammes  de  pain  de  seigle. 

La  famille  s'applique,  autant  que  ses  ressources  le  lui  per^ 
mettent,  à  observer  l'abstinence  des  jours  maigres;  elle  mange 
alors  de  la  soupe  aux  pommes  de  terre  (Erdttpfelsuppe)  ou  de 
la  soupe  à  la  crème  {Rahmsuppe).  Pour  préparer  cette  der- 
nière, on  fait  un  mélange  avec  :  crème  de  lait  de  vache,  0"^  35i  ; 
1  œuf;  et  farine,  57  grammes;  on  fait  bouillir  ce  mélange 
avec  :  eau,  2'"  13;  se),  12  grammes;  et  un  peu  d'anis;  enfin, 
on  trempe  avec  ce  bouillon  350  grammes  de  pain  de  seigle. 

Le  mets  de  légumes  se  mange  ordinairement  avec  la  viande 
de  la  soupe  ;  il  se  prépare  avec  des  choux  conservés  {Kraut)  et 
des  pommes  de  terre  employées  isolément  ou  mélangées.  Ces 
légumes,  après  avoir  été  cuits  à  l'eau,  sont  assaisonnés  avec  une 
sauce  composée  dégraisse,  de  farine  et  d'eau. 

Les  Mehispeise  sont  encore  plus  variés  que  la  soupe;  le  plus 
estimé,  nommé  Kugelupf,  et  que  l'on  prépare  seulement  dans  les 
grandes  solennités,  est  composé  de  farine  de  froment,  d'œufs, 
de  lait,  de  ferment  et  de  raisins  d'Italie. 

Le  souper  se  compose  invariablement  de  pain  et  d'une  infu- 
sion de  café  au  sucre,  en  quantités  indiquées  ci-après  :  café, 
18  grammes;  sucre,  56  grammes;  eau,  0'"'  720;  petits  pains 
frais  au  nombre  de  12,  pesant  environ  600  grammes. 

La  famille  ne  joint  jamais  de  spiritueux  aux  aliments  qu'on 
vient  d'indiquer;  elle  ne  fait  usage  d'aucune  autre  boisson  que 
le  café,  pas  même  d'eau  pure.  L'Auteur  n'a  jamais  remarqué 
ailleurs  cette  particularité;  elle  n'est  pas  rare  chez  les  ouvriers 
viennois  vivant  avec  sobriété. 


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it  CH.   I.   —  COUPADNfHf-HBNUlSIER  DB  VIENNE. 

S  10. 

OADITATION,    UOBILIER    ET   VÊTEMENTS.  I 

La  famille  occupe  deux  petites  pièces  àe  rez-de-chaussée, 
preoaDt  leur  Jour  sur  la  cour  intérieure  d'une  grande  maison,  et 
offrant  une  surface  totale  de  32  mètres  carrés,  savoir  :  1  cui- 
sine à  1  fenêtre,  9""»;  1  chambre  à  coucher  à  3  lits  et  atelier, 
23'"''.  Le  père  couche  dans  l'un  des  lils  avec  le  jeune  garçoD  de 
quatre  ans  ;  la  mère  couche  dans  le  second  avec  le  plus  jeune 
enfant  e(  les  deux  Qlles  couchent  dans  le  troisième. 

La  famille  peut,  en  outre,  disposer  une  fois  chaque  quinzaine 
d'un  grenier  qui,  les  jours  de  pluie,  sert  au  séchage  du  linge. 
La  cour  de  la  maison,  le  corridor  qui  donne  accès  au  logement 
et  le  logement  lui-même  sont  blanchis  à  la  détrempe;  mais  le 
logement  proprement  dit  est  tenu  avec  peu  de  propreté. 

Les  meubles  et  les  ustensiles  ne  signalent  aucune  tendance 
à  adopter  les  habitudes  de  la  vie  bourgeoise.  La  valeur  en  peut 
être  approximativement  évaluée  ainsi  qu'il  suit  : 

Meubles  :  ne  présentant  que  le  strict  nécessaire.      201'  10 

1*  Litt.  —  3  lîta  en  bois  commua,  lU'SO;  —  3  pailluMa  remplies  de  copeaux, 
S' 10;  —  3  couverturei  de  plumes,  67' 50;  —  3oreillende  plume»,  37' 00;—  3  «tiiis 
de  couverture  en  indienne,  i^OO;  —  3  étuis  pour  oreille»,  en  étoffe  de  coton  de 
couleur  &  cureaux,  5' 40;  —  1  pe^t  lit  garni,  à  roulettes,  dans  lequel  le  Jeune  enfant 
repose  pendant  la  journée,  17'  10.  —  Total,  UB'50. 

2°  MobUitr  det  dtux  piicet,  —  1  armoire  en  bois  peint,  ¥00;  -~  1  coffre  ï  Tfite* 
ments  fermant  k  clef,  lO'OOj  —  1  chiffonnière,  3^70;  —  1  table  k  manger,  CM; — 
i  table  h  ouTrage,  O'OO;  —  3  petites  images  encadrées,  présenta  ttit»  par  des  amû, 
0'i5;  —  1  coffres  en  bois  blanc,  pour  linge  et  vËtements,  3'  60;  —  i  cbsises  en  paille, 
3'30;  — 1  miroir  de  2  décimètres  carrés,  0' 15;  — I  horloge  &  poids,  3' 60  ;  —  1  poele- 
cuisine  en  Ule,  ayant  coûté  neuf,  avec  set  tayaai,  IB'  00.  —  Total,  53'  60. 

UsTEN.siLES  :  ne  comprenant  que  ce  qui  est  absolument 
nécessaire  aux  besoins  du  ménage il'  37 

i'  Pour  te  tervict  dt  fatimtntation.  —  iî  pots  en  terro,  assortis,  pour  la  prépa- 
ration des  aliments  indiqués  plus  haut  (0),  l'35;  —  6  taises  &  café  en  faïence 
blanche,  O'Q'I;  —  7  plats  et  assiettes  eu  faïence  grossière,  tf  45;  —  1  verre  à 
boire,  Vii;  —  cuillers,  fourchellss  et  couteaux,  (fiSO;  —  1  rouleau  de  bois  pour 
traiailler  la  ptte  de  farine  et  uateosilea  diTora  de  cuisine,  1'  15.  —  Total,  V  37. 

2°  Pour  utagat  dtvtrt,  —  1  lampe  h  huile,  en  verre,  «nchlssée  dans  un  bloc  et 


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OBSERVATIONS    PRELIUIN'JI 


LiNGB  DE  MÉNAGE  :  objets  indispensables 26'  20 

3drapadâd«saous,  d«  tolla  mélangâB  (ch>D?re  at  coton),  S'W;  —  3  étals  decoa- 
TertuTM  et  3  dCnis  d'oreillers  ea  toile  biancho  (de  recliange),  IS'OO. 

Vêteuents  :  ceux  du  dimaacbe,  acquis  avant  le  mariage, 
quand  les  deux  époux  n'élalent  point  surcliargés  de  famille, 
indiquent  un  ancien  éiat  d'aisance  ;  le  non-renouvellement  de 
ces  Têteménts  et  l'état  aciuel  des  vêtements  de  travail  indiquent, 
au  contraire,  ua  état  habituel  de  pénurie 2f|0'  65 

Vftnmm  de  l'odtiiieb  (77' 10). 

Y/ltintnU  du  dimanche  (portés  seulement  i  l'église,  remplacés  par  les.  véie- 
menti  de  tnTaildès  lereioarfc  li  msison}.— 1  redingote  do  drap  bleu,  5' 60;  —  <  liabit 
de  drap  soir,  16'  30;  —  paatalans  de  drap  noir  (pour  l'hiver),  7' 90;  —  pintalona  de 
laine  flna  (pour  l'été),  6^55;  —  pontatons  do  croisé  do  colon  blanc  (pour  VélÉ),  3'3S) 

—  panlalonB  de  coton  à  carreaui  (pour  l'été),  3M0;  —  I  gilet  de  soie  noire,  2'85;  — 
I  gilet  d9  piqué  de  coton  btanc.  S' 60;  —  1  devant  de  chemise  de  coloo,  k  plis,  (KIS; 

—  i  craTate  de  soie  noire,  i'05  j  —  i  chapeau  de  feutre  noir,  d^ï  réj'aré  deu»  fois, 
S'IO;  —  1  paire  de  boties,  1^00.  —  Total,  53^03. 

i"  ViUmenl»  di  travail.  —  4  chemises  de  lin,  durant  chacune  5  ans,  g'  75  ;  _ 
1  redingote  dedntp,  ftchetéeii  la  Triperie, 3'' SU;—  1  redingote  d'été,  D'95;  —1  viell'e 
redingote  d'été,  donnée  par  le  patron,  l'îO;  —  2  vieui  panialuns  do  drap,  donnéi 
psr  la  patron,  3' 20  ;  —  2  pantalons  de  coton,  2'î5i  —  î  mbliors  de  travail,  en  toile 
bleue  forlfi,  l' ÏS;  —  3  gilets  de  coton,  reçus  en  présent  du  commis  de  h  fabrique, 
0^70;  —  i  paires  de  caleçons  en  toile  blanche  (pour  l'hiver),  IMU;— vieilles  cravates 
decoton  et  de  soie,  reçues  en  présent  du  patron,  0''2Ï',  —  bas  (l'ouvrier  n'en  porta 
Jamais,  pas  même  le  dimanche);  —  2  paires  de  savates  en  cuir,  sans  talon,  O'OO.  — 
Toial,2if05. 

VÉTÏHINTS  DB  L*   FÏMllE  (134' 75). 

1°  VittmBiits  du  dimanche.  —  i  robe  de  noce,  en  soie  grise  foncée,  portée  senlC' 
ment  aui  S  grandes  fStes  annuelles,  conservée  soigneusement  pour  ttre  donnée  comme 
robe  de  noce  i  la  jeune  Qlle,  10'  25  ;  —  t  roi»  de  laine,  portée  les  Jours  de  beau  temps, 
soigneusement  conservée  (confectionnés  par  le  tailleur],  22' 10;  —  1  robe  de  coton  k 
carreaui,  portée  9  ans,  comme  vêlement  de  dimanche,  avant  d'élre  portée  comme 
vilement  Journalier  (de  confecdon  domestiqua),  3'SO;  —  S  jupons  de  dessous  en  coton 
blanc  (confection  domestique],  5'35;  — 1  Jupon  de  dessous,  pour  l'hiver,  en  coutil 
épiis(P(irllK{),3M0;  —1  ch&lo  de  laine  noire  {ichwarti  Obcrtuc/i),  Q'20;  —  3  mou- 
choirs de  con,  en  soie  da  France,  0'45;  —  1  chapeau  de  soie  avec  rubans  de  soie, 
acheté  piur  la  noce,  2'  GU  ;  —  1  boDnet  de  soie  noire,  l' OO  ;  —  S  bonnets  de  batiste 
blanche,  portés  les  ]oun  de  mauvais  temps,  3'  75;  —  i  paires  de  bas  de  coton  blanc, 
durant  cbocune  5  ans.  S' 90; —  1  paire  de  botti née  lacées  (coir  et  velours),  achetée 
pour  la  noce,  l'05;  —  1  paire  de  souliers  en  cnir,  O'OO;  —  2  paires  de  gants  (con- 
fecUon  domes^qae),  ffitS.  —  Total,  WOO. 

S*  VittmênU  d»  travail.  —  4  chemises  de  lin  et  da  coton,  7^50;  —  3  vieilles 
robes  de  coton  de  couleur,  ayant  serri  précédemment  comme  vêtement  du  dimanche, 
O'IS;  —  1  Tieui  jupon  blanc,  ■jaot  serri  comme  vâiement  du  dimanche,  l'SO;  — 
1  vieux  japon  de  coutil  (Parket),  Kjvai.  servi  comme  vStcmeut  dudimanclie,  l'65;  — 


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4i  CH.   I.   —  CONPAONON-MBmiieiBH   DE  VIENNE. 

1  vieux  Japon  dlodienne,  donné  en  présent  piir  une  dame  chei  laquelle  la  femme  a 
été  en  Miricej  D'  80;  —  S  paires  de  Tieui  bas  de  coton  blanc,  nj'snt  déjà  «erri  5  ans 
poar  les  dimanchsa,  0'95;  —  S  mouchuirs  de  cou,  en  coton  imprimé,  l'QO;  — 
1  paire  de  Tieui  aouliers,  ayant  servi  pour  les  dimancheB  [pour  la  malEOn],  0^50;  — 
3  paires  de  bottines,  en  cuir  et  en  vioui  drap,  pour  sortir  et  pour  allor  L  l'église  les 
Jours  de  mauvais  temps,  3' 35;  —  1  bonnet  d'biver,  en  soie  noire,  l'SO;  —  i  bonnets 
d'été,  en  coton  blanc  (conrectton  domestique),  l'U;  —  1  manteau  {Mantel),en  colou 
nMT,  doublé  de  gris.  8M5.  —  Total,  M' 85. 

V*TiiiDm  Di  4  BSF*NTS  (Msanl  partie  du  ménage  (28' 80).  

Valeur  totale  du  mobilier  et  des  vêtements. . . .     Ii79'  32 


S  11. 

BÉCR^ATIONS. 

Les  deux  époux,  même  avant  le  mariage,  ont  toujours  été 
peu  portés  vers  les  récréatioos,  telles  que  les  théâtres,  les  bals 
publics,  les  guinguettes,  qui  sont,  pour  la  population  ouvrière  de 
Vienne,  une  occasion  de  dépenses  considérables.  La  seule  récréa- 
tion donnant  lieu  à  une  dépense,  que  la  Tamille  se  permette  de 
loin  en  loin,  est  d'ajouter  un  plat  à  l'ordinaire  du  naénage,  et 
particulièrement  de  préparer  une  boone  soupe  et  un  Eugelupr  (s) 
aux  cinq  grandes  fêles  de  l'année.  La  récréation  ordinaire  con- 
siste à  faire,  le  dimanche,  une  promenade  avec  tous  les  enfants, 
sur  les  remparts  situés  entre  la  ville  proprement  dite  et  les  fau- 
bourgs. Quelquefois  on  conduit  les  enfants  jusqu'au  parc  public 
(le  Praler) .  L'existence  sévère  à  laquelle  cette  famille  est  con- 
damnée forme  un  contraste  frappant  avec  celle  qui  est  acquise  à 
la  plupart  des  ouvriers  ruraux.  Les  enfants  surtout  souffrent 
beaucoup  de  l'état  habitue)  de  réclusion  qui  leur  est  imposé  dans 
un  logement  peu  aéré  et  dans  une  cour  privée  de  soleil  (lo). 

Hls««tre  de  1»  CuMlIto. 

S  12. 

PHASES  PRlNaPALES  DE  L'eXISTENCB. 

Les  simples  événements  qui  ont  marqué,  jusqu'à  ce  jour, 
l'existence  de  l'ouvrier  décrit  dans  la  présente  monographie 


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OBSBnVATlONS   PnBLIHtNAIRKii.  18 

indiquent  parfaitement  l'oi^anisatioD  des  corporations  urbaioes 
d'arts  et  métiers  (is),  qui  subsistent  encore  dans  cette  partie  de 
l'Europe,  et  qui  ont  joué  dans  l'Occident  un  rôle  si  considérable 
(III,  vin,  il;  IV,  vil,  ao).  L'histoire  particulière  des  deux 
épou\  est  d'ailleurs  bien  propre  à  signaler  les  dangers  du  régime 
nouveau,  qui  enlève  incessamment  aux  campagnes,  pour  l'accu- 
muler dans  les  villes,  la  partie  la  plus  laborieuse  et  la  plus 
entreprenante  de  la  population. 

Né  en  Moravie  dans  un  bourg  de  six  cents  âmes,  l'ouvrier, 
après  avoir  joui,  jusqu'à  l'âge  de  onze  ans.  de  toute  la  liberté 
compatible  avec  les  exercices  de  l'école  primaire  et  du  caté- 
chisme, a  été  placé  comme  apprenti,  pendant  quatre  ans,  chez 
un  menuisier  du  bourg,  ami  de  la  famille.  A  l'expiration  de  ce 
délai,  ce  jeune  homme  fut  reçu  compagnon,  et  continua  à  tra- 
vailler en  cette  qualité,  pendant  un  an,  chez  son  maître. 

Parvenu  à  l'âge  de  seize  ans,  le  compagnon  se  détermina  à 
faire  son  tour  d'Autriche  :  c'est  ainsi  qu'il  exerça  successivement 
sa  profession  :  à  Znalm  pendant  trois  mois;  à  Kremnitz  et  à  PuU 
kau  pendant  six  mois;  pendant  deux  semaines  seulement  à 
Speyer  et  à  Salzburg,  qu'il  fut  obligé  de  quitter  faute  d'ouvrage. 
Dans  cette  partie  de  son  voyage,  qui  fiit  la  plus  pénible  pour 
lui,  il  profita  souvent  des  privilèges  accordés  par  l'usage,  et  se 
procura  des  moyens  d'existence,  tantôt  en  s' adressant  aux  bureaux 
des  corporations  de  menuisiers,  aux  maîtres  ou  même  aux  com^ 
pagnons,  tantôt  en  se  présentant  aux  couvents  d'hommes  ou  de 
femmes  appartenant  au  culte  catholique,  tantôt  enfin  en  deman- 
dant aux  paysans  la  nourriture  et  l'abri.  L'ouvrier  fut  plus  heu- 
reux en  Styrie  ;  et  il  y  compléta  son  tour  de  deux  années,  en 
séjournant  successivement  à  IschI,  à  Gratz  et  à  Bruck. 

Arrivé  enfin  dans  la  capitale  avec  le  désir  de  s'y  fixer  défini- 
tivement, l'ouTrier  s'attacha  successivement  à  quatre  maîtres  de 
la  corporation  des  menuisiers,  chez  lesquels  il  travailla  douze 
ans,  toujours  pourvu  d'ouvrage,  mais  sans  avoir  le  désir  de 
s'élever  au-dessus  de  la  condition  de  compagnon  et  sans  faire 
aucune  épargne.  Le  salaire  journalier,  qui,  dans  les  dernières 
années  de  son  célibat,  s'était  élevé  progressivement  jusqu'à  S'  ^0, 


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CH.  I.  —  COÏPAOSON-MENUISIKH   r 


fut  alore  employé,  jusqu'à  l'époque  de  son  mariage,  à  introduire 
plus  de  recherche  dans  la  nourriture,  et  à  acquérir  les  vêtements 
de  choix  dont  l'éQurnéra lion  est  donnée  au  g  10. 

La  Temme,  née  également  dans  un  petit  bourg  de  Moravie, 
resta  jusqu'à  onze  ans  dans  la  maison  paternelle,  où  elle  s'initia 
à  la  tenue  d'un  ménage,  tout  en  suivant  les  exercices  du  caté- 
chisme et  de  l'école.  Dou^e  d'intelligence  et  de  dextérité 
manuelle,  elle  y  acquit  des  notions  assez  étendues  de  lecture, 
d'écriture  et  de  calcul,  de  couture,  ds  marque  et  de  tricot.  Elle 
fut  d'abord  placée  en  service  à  cinq  lieues  du  pa^  natal,  dans 
une  maison  bourgeoise  de  la  ville  de  Brunn.  Ayant  été  frustrée 
des  gages  annuels  de  10'  80  qui  avaient  élé  stipulés  en  sa  faveur, 
elle  entra  à  douze  ans  dans  une  nouvelle  maison,  où  elle  reçut 
pendant  deux  ans  des  gages  de  13'  50;  elle  fut  ensuite  admise, 
pendant  (rois  ans,  aux  gages  de  Ifi  '  kO,  dans  une  grande  mai- 
son où  elle  se  perfectionna  dans  les  travaux  de  couture.  Confor- 
mément aux  règlements  de  police,  elle  revint  alors  au  pays  pour 
s'y  faire  délivrer  un  passe-port,  puis  elle  vint  de  nouveau  servir  à 
Brunn  pendant  une  année  aux  gages  de  63  francs.  Agée  de  dix- 
huit  ans  et  en  possession  d'une  épargne  de  Ù5  francs,  elle  se 
décida  alors  à  aller  chercher  fortune  à  Vienne,  en  payant  pour 
son  voyage  en  diligence  une  somme  de  9  francs. 

Le  jour  de  son  arrivée,  elle  trouva  dans  une  auberge  un  gtle 
pour  la  nuit,  au  prix  de  0'  20;  mais,  dès  le  lendemain,  elle  se 
procura  un  logement  garni,  au  prix  de  1'  10  par  semaine,  en 
parcourant  la  ville  et  en  se  guidant  à  l'aide  de  ces  écriteaux  qui 
indiquent  que  dans  (elle  maison  on  a  un  lit  à  louer  pour  unefille 
ou  pour  un  garçon.  Enfin,  trois  jours  après  son  arrivée,  elle  était 
en  possession  d'une  place  de  femme  de  chambre  chez  un  bour- 
geois de  la  ville,  grâce  à  l'intervention  d'un  bureau  de  placement, 
auquel  elle  dut  donner  une  indemnité  de  1  '  35. 

Dans  cette  première  condition,  où  elle  resta  six  mois,  elle 
avait  15  fraùcs  de  gages  mensuels,  plus  une  indemnité  de 
B  francs,  à  l'aide  de  laquelle  elle  devait  acheter  elle-même  le  pain 
nécessaire  à  sa  nourriture;  les  autres  aliments  étaient  fournis 
par  ie  maître.  Dans  une  seconde  place,  qui  lui  manqua  égale- 


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WBnTATIOKS  PULDtlIUIUS.  H 

ment  après  six  mois  par  le  décès  da  maître,  elle  obtint,  outre 
la  Qourrilure  complète,  30  francs  par  mois,  plus  une  indemnité 
de  5  à  13  francs  au  nouvel  an.  Dans  une  troisième  place  enfin, 
où,  par  un  évéoement  fortuit,  elle  ne  resta  qu'un  an,  elle 
n'obtint  avec  la  nourriture  que  des  gages  mensuels  de  15  francs. 

Découragée  par  ces  changements  réitérés  de  situation,  la 
jeune  fille,  alors  âgée  de  vingt  ans,  prit  le  parti  de  s'attacher  à 
riodustrie  ;  et  elle  débuta  dans  cette  nouvelle  carrière  chez  un 
filateur  de  laine.  Grâce  à  sa  dextérité,  à  sa  bonne  conduite  et  à 
ses  habitudes  laborieuses,  elle  put  gagner  de  suite  un  salaire 
journalier  de  0'  Sh,  qui,  après  un  apprentissage  de  trois  mois, 
fut  porté  à  2'  25.  Malheureusement,  après  un  an,  la  banque- 
roule  du  fabricant  vint  lui  enlever  ce  moyen  d'existence. 

Après  quelques  recherches  et  un  court  noviciat,  la  jeune  Bile 
parvint  à  se  faire  employer  chez  un  marchand  d'estampes  en 
qualité  de  colorieuse,  au  prix  de  2'  30  par  jour  ;  mais,  ce  travail 
lut  étant  donné  d'une  manière  trop  intermittente,  elle  dut  aborder 
une  nouvelle  profession  et  se  livrer  à  la  couture  des  gants  pour 
le  compte  d'un  fabricant  de  cet  article,  qui  lui  a  fourni  de  l'ou- 
vrage jusqu'à  ce  jour.  Elle  était  alors  compagne  de  lit,  dans  une 
maison  garnie,  d'une  jeune  ouvrière  qui  s'était  liée  d'amitié  avec 
elle  et  qui  menait  une  conduite  peu  régulière.  C'est  dans  ces 
circonstances  qu'elle  commença  à  se  lier  avec  l'ouvrir  qu'elle 
épousa  trois  ans  plus  tard.  Â  cette  époque  elle  avait  accumulé  à 
la  caisse  d'épargne  une  somme  de  800  francs,  que  les  frais 
d'entrée  en  ménage  réduisH«nt  de  235  francs,  savoir  :  achat 
de  meubles  et  de  linge,  80'  00;  — frais  de  mariage,  38'  00;— 
(amplement  d»  habits  de  noce  de  la  femme,  60'  00;  —  com- 
plément des  habits  de  noce  du  mari,  67'  00.  —  Total,  235'  00. 

Le  ménage,  en  possession  de  565  firancs  environ,  fruit  des 
économies  que  la  femme  avait  faites  avant  le  mariage,  n'ayant 
charge  que  d'un  seul  enfant,  disposant  des  recettes  des  deux 
époux,  se  trouvait  alors  dans  un  état  d'aisance  qui  ne  tarda  pas 
k  s'évanouir.  La  banqueroute  du  maitre  chez  lequel  l'ouvrier 
travaillait  depuis  plusieurs  années  dépouilla  la  famille  de  l'épargne 
qu'elle  avait  placée  chez  lui.  La  naissance  de  nouveaux  enfants 


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48  Ctt.  t.    -~  COMPAOttON-UâKUISlBIl  DB  VIENNE. 

TÏDt  tarir  les  recettes  prorecaDt  du  Iravail  de  la  femme.  Nonob- 
stant l'appui  qui  lui  fut  coustammeut  prêté  par  son  nouveau 
maître,  la  famille  tomba  peu  à  poi  dans  l'état  de  pénurie  que 
constate  la  présente  monographie,  et  qui  ne  parait  pas  devoir 
prendre  fin.  Il  est  probable,  en  eOét,  que,  lorsque  les  enfonts 
seront  en  Âge  de  se  suflîre  à  eux-mêmes,  les  parents,  devenus 
vieux,  ne  pourront  plus  se  créer  par  leur  travail  des  ressources 
BuQîsanfes.  Les  enfants,  d'un  tempéramment  lympbatique  et 
d'une  santé  chétîve,  éprouveront  vraisemblablement  de  sérieuses 
difficultés  à  se  créer  une  situation  indépendante;  en  sorte  que 
la  majeure  partie  de  cette  famille  paraît  devoir  se  rattacher 
dorénavant  à  ces  populations  misérables  qui  envahissent  peu  à 
peu  toutes  les  grandes  villes  de  l'Occident. 

§13. 

UCEDftS   ET  INSTITUTIONS   A8SUBANT   LE   BIEN-ÊTRE   PBTSIQOE 
ET   HORAt   DB  LA   FAMILLE. 

La  fomille  décrite  dans  la  présente  monographie,  condamnée 
aujourd'hui,  à  raison  de  la  surchai^  d'enfants  (3),  à  un  état 
permanent  de  pénurie,  tomberait  dans  une  misère  profonde  si  la 
maladie  ou  des  infirmités  précoces  venaient  tarir  les  recettes  dues 
au  travail  de  l'ouvrier.  Cet  état  de  misère  menace  les  deux 
époux,  dans  le  cas  oîi  ils  parviendraient  à  une  vieillesse  avancée. 
Il  n'y  a  pas  lieu  d'espérer,  en  effet,  que  leurs  enfants  puissent 
un  Jour  les  soutenir,  pas  plus  qu'eux-mêmes  ne  seraient  en 
mesure  aujourd'hui  de  soutenir  leurs  propres  parents. 

Les  corporations  (ib),  dont  les  derniers  vestiges  appa- 
raissent dans  la  présente  monographie,  garantissaient  le  bien- 
êire  des  ouvriers  en  limitant  le  nombre  des  maîtrises,  lequel 
était  fixé  en  raison  des  besoins  permanents  de  la  population 
uibaine.  Le  salaire  accordé  aux  compagnons  était  lui-même  fixé 
traditionnellement  en  raison  des  besoins  d'un  ménage;  et,  en 
cas  de  surcharge  d'enfants,  il  était  complété  par  quelque  sub- 
vention émanant  de  la  corporation.  Les  nouvelles  méthodes  de 


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OBsnVATIONS  PIÉLIHINAIUS.  19 

bBvail  multipHeat  les  grandes  usines  (i)  qui  sortent  du  cadre 
trop  étroit  -des  ancienues  corporatioDS  :  elles  ont  ea  fait  abrogé 
ces  ioslitutiODS,  et  détruit  tes  garanties  qui  y  étaient  atta- 
chées (ib).  Ces  usines  sont  dorénavant  autorisées  à  accumula' 
dans  les  villes  des  quantité  indéfinies  d'ouvriers,  sauf,  dans  les 
cas  de  détresse  commerciale,  à  laisser  ces  derniers  sans  autre 
moyen  d'existence  que  la  charité  publique. 

Le  fabricant  auquel  est  attaché  l'ouvrier  décrit  dans  la  pré- 
sente monographie,  l'un  des  premiers-  qui  aient  introduit  chez 
les  menuisiers  de  la  ville  de  Vienne  les  habitudes  de  la  grande 
industrie,  a  pu,  jnsqu'à  oe  jour,  combattre  par  son  habileté  les 
excitations  de  la  mauvaise  concurrence,  et  conserver  en  partie 
envers  les  ouvri^^s  qu'il  emploie  les  habitudes  de  patronage 
propres  à  l'ancienne  économie  industrielle  (i).  Néanmoins, 
l'étendue  considérable  donnée  aux  opérations  de  cette  entreprise 
fi'a  pu  tee  ofateaue  qu'en  établissant  un  tarif  de  salaires  réelle- 
ment insuffisant  pour  les  familles  chargées  d'enfants.  Le  déficit 
qui  se  produit  dans  le  budg^  domestiqae  laisse  les  familles  dans 
l'état  le  plus  précaire;  il  est  à  peine  comblé  par  des  subventions 
émanant  à,  la  fois  de  la  commune  ou  des  sociétés  de  bienfai- 
sance  (7).  Cet  état  de  choses  paraît  devoir  encore  s'aggraver 
quand  ia  grande  industrie  qui  ne  fait  que  de  naître  en  Autriche 
aura  pris  plus  de  développement.  II  n'est  pas  probable  que  le 
remède  se  trouve  dans  le  maintien  des  tinciennes  corporations, 
qui  ne  peuvent  plus  se  concilier  avec  le  développement  irré- 
sistible des  grandes  manufactures.  Ici  cependant,  comme  cela 
est  déjà  constaté  dans  plusieurs  cdntréra  engagées  depuis  long- 
temps dans  les  voies  nouvelles,  on  comprendra  bientôt  qu'on  ne 
peut  s'écarter  impunément  des  principes  coDservateurs.de  toute 
société.La  liberté  dont  l'industrie  ne  saurait  dorénavant  se  passer 
impose  awt  patrons  qui  en  profilent  certaines  obligations.  Si  ces 
dernières  n'étaient  pas  remplies,  la  force  des  choses  ramènerait 
l'intervention  de  la  loi.  Déjà,  sous  l'influence  de  bonnes  tradi- 
tions, ou.à.la  suite  de  dures  épreuves  (III,  ix,  is),  J'initiaiive 
intelligente  des  patrons  a  signalé  sous  ce  rapport,  dans  certains 
districts  manufacturiers,  la  voie  qu'il  convient  de  suivre. 


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es.  t-  —  GOIirAGNOri-llKntlSUK  DB  VIBNMI. 

$  1&.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SODBGES  DES  RECETTES. 


8BCTI0N  V, 
pMptUUi  fnmàéttm  par  la  familh. 


(Li  bmlUa  M  poaW*  miciiii*  prapritU  de  ca  tenn).. . 


Àxi.  B.  —  TiLxtrai  Honutui 
UATiuu.  ipicui  dg*  trintoi  MlndubiM  : 

Panr  l'aiBnica  dn  métiei  di  mumiiiin' 

Fout  U  Ckbricfttlon  dn  gthU  llT«r«iL  io  Ia  fflmma).. 
PoDr  la  blinchlntge  dn  Uog«  (uaiùl  da  U  ItauiH}.. 

Abt.  I.  —  DaoïT  un  iLLocinoin  oa  Moatria  D'il 
(t  aboill*  H*  lut  putia  d'aocDDe  ÈOdtlà  de  oa  geare) 


SBCTION  II, 
BoIrVBDtîani  wtçmm  pu  1*  faniitle. 

Ait.  I".  —  PnopiiiTii  Rifuii  m  nsnniiin'. 

(La  bmllla  db  npilt  tacana  propiléU  anou&nil) 

AxT.  t.  —  Diom  D'oaiaa  ma  lu  pionuMa  Town 
(la  tamilla  na  Jouit  d'aocoo  piadnit  da  ca  genra) 


■  bBadu  neruu  «t  !•  awfio»  da  aiMé» . 


ConoamaDt  le*  Indoitilal.'  ■ 


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CH.  t.  —  COMPAOïrON-lIBNDISIBI  DS  VISHItB. 

S  t4.  ~  BUDGET  DBS  BBCETTES  ÛB  L'ANNÉE. 


HOKUKT  DU  tmcwnst. 

RECBTTB8. 

daotaj». 

W^B 

BBCTIO»  P*. 
B»«n.  d*  F-priéUi, 

vss 

TU 

AN.  *.  —  Bamus  Ms  VALnn  mMutaw*. 

0» 

BO» 

SBCTION  II, 

10  «B 

BTS 

an 

1  BO 
4«> 
S4S 

«n 

■  SB 

11  «s 

An.  S.  —  PuDUtn  du  D*otn  d'duob. 

VHsBHU  THiii  M  Hab  mccotdts  pat  dirai,  nTOir  : 

Tiea.  TMuMol.  dom*  à  ro«trt«  :  ptr  IIHI  ^troa,  1' 08;  -  «rie  oomuli 

MIT 

tsoo 

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eu.  I.   —  COHPAGNON-HBNDISIBl  DB  TIEIfNB. 

g  U.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SDITE). 


SODRCES  DES    RECETTES   (SUITE). 


DtaiOMnon  DB  TI 


BBCTION   III. 
Tia*a>z  «xtoatts  p*r  U  fanillfc 


Trititi.  rvHciFAi..  uAcaU  i  U  llcfac  in  compta  d-no  cï 
Conractioii  d'ontili  an  bDit  ()dai,  labott  et  Tulopst)... 

TSATUL  niHCiPAi..  ipédsl  i  la  tsinais  : 
Timaux  de  mAnt^:  piépvatlon  dn  lUmniti,  lo-—  '■ 


I  «ilUli,  total  da  pro- 


ie motMliai,  eolnliea  dei  TAlamanti... 

ibop  dei  oatil)  en  boi(  sniilDrée  pu  ranTrier  lal-m( 

ilioD  dH  guu  au  coBipU  d'anâiaf  d'iDduine  (c'iuit  le  truiil  piineipû  de  U 
iB  quand  le  mAotig*  n'Mkil  p**  urcliaisA  d'enbnU)... 


Bladchisige  dti  i 
Rucommoclig»  daa  jt 

ConteciioD  dai  Ttlemcmi  u>uu , 

Nota.  —  La  âli  ilné,  plac4  ohei  on  nuUn  neDuiiiec,  an  qniliU  d'appnnli,  c 


lauvi  dei  JODinte  da  looi  lei 


6BCTI0N  IT. 


(* 


Spicaunom  nUtJTsi 


•ntiapmai  pai  !•  famiUa 

propre  compte), 
•lècnUi  par  l'oUTiJei  pour  le  eo 
rilliUjoiimia 


SplcuuTvme  calitiiei  lUcoDfoetion  dai  gui*.  aiécaM  parlafemme  pont  la  eompte  d'un  chef  d'Iadattrie. . , 
*iil  1  U.  journi*. 


nina  totreprl»»  >d  compta  da  la  hmills  : 

FabricatloB  et  entretien  de>  outili  emplo jèa  pai  l'oanfa 

Dit  du  mobilier  domeetlqae.... 

- „ iti  et  dn  liwt     -    ■    -      ■■ 

ConlBOIion  imyl  '    ' 


leati  et  du  Une*  de  '. 
lie  nenb  de  la  lamiUi 


iiGoogle 


en.   I.  —  COMPAGHON-lIBnnDHBR  bs  VIBNNB. 

§  U.  -  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


RECETTES   (SDITfi). 


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It.  o. 

«sa 

!  W 

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DIS 

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• 

Ô7H 

EBCTION  III, 


(Aucun  mOuts  ne  poat  et 


"K        etiain  qua  nccmlt  uni  onTTiiie  rafcnlul  1«  m 


BiUit0  (oUL  iltnbué  i 


ToTini  dd  ulum  i»  UrioUla,. 


BBCTION  IV. 
BteéSaoi  a«i  laduitriei. 


(T  Esaprl*  Il  porilDii  dM 
BiUiia  qiH  i«cemltnnjaanuiliaiu4etit*iit  lanfaos  g«nn 
SopplfaMat  du  nlâiia  létniunt  d*  caU*  «ubitilntiaii. 


TOTU.  da  nliin  jounuliai  Dwran  da  l'oanltT. . . .  (10,  A)  f 
«camit  ana  onniln  aiientut  à  liiocmi*  la  tstOK  geua 


klain  rtanllut  da  Ealta  toDtiillaia 

ToTU,  dawUlnjoiirMliainiojandalafniuiw.....  (lt,0 

BMSea  iteiliut  da  catla  induitiia 

—  Bompr»  duu  la  wltiia  ■ttriboé  pani  la  tniail  1S«  III) 

—  rtwuul  do  calt»  ndutria 

—  ccmpiia  dUM  le  aalaiia  tltribnè  ponr  la  tn*iil  (SmIII) 

Totaux  daa  bèDiflcaa  idaultiiit  de*  induMiivi 

Hon.— Ostrala*  lacatta*  porUaa  d-d«nu  an 
noatta  da  ITta  (IS,  S),  qal  sM  appliqué*  de  i 
ncMtB  atlci  ddpuuaa  qni  U  biluicanl  (IS,  S«  V  J  i 


(IS.O) 

(10.6} 


iimplB,  lei  ladaatrlaa  donnant  llan  1 1 


inadaniraneiriuliabndget. 
(b4l«n{tnt  lat  dépeuati (t/)l''Sj) 


iiGoogle 


en.   I.    —  COKPASMON-HHNDiaiEIl   DB  VIENNE, 

g  <5.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNËE. 


DÉSIGNATION  DES  DÉPKSSES. 

«n.n»ri««i,IJ 

d«'aÛll) 
m  BUn» 

•imou 

8BCTION  P«. 

|P«t  l'miTiier,   U  femniB,  1m  «iIUIi  (Mat  ïtlai,  ooiirri 
dm  l«  nullr»  donl  U  Mt  .ppnnti),  ptndul  8S5  Jon».] 

PeliU  piliit  do  tromenl,  aupoldideSO  gi.,  uhatAa  ft^  cb«la 

pour«)UP«n,S4>'  1  D'saS:  —  dupDidideSS  gr.,  (eheléiHa. 

pour  confcclion  d«  soupe  M  da  MehUpelw.  «' *  0'*13  {91. .. 

Firiçe  da  fromaal  dg  1»  qiullti,  paur  KugalupraL  inliui  Moh1>- 

NMonn 

4..U»«. 

:" 

SU'8» 

18  SS 
14  S4 

I  oa 

El  00 

10  an 

8  11 

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11  S4 

88  3B 

1B87 

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paikUxr. 

MO 
GQ 

o'Bsrr 
osu 

0638 

Fahae  da  Tromaat  d<  S>  qiiiiuùl,  pou  nuù  ântloiini,  uiu« 

SOBO 

03» 

Ctnn  BRAS  : 

»0 
1  5 

1  soo 

I4S0 
S  143 

Beom^  T«h.,  pfiiir  Mop»,  UabUpalH  at  ligima.,  da.  joa.. 

430 

1  GIS 

LiiTACBS  n  <HDn  : 

80 
SS4 

ISS 

1  SôO 

Lall  uÛIé  pont  KDpM,  Diuig«  dai»  l'«lS  tnt  d«a  pMili  pkiu 

Promiga  du  ptjt  iloiiiaD  it  de  Lombardia,  miiigl  cODna  i«gal 

SStIR 

403 
10  S 

Ot41 

VUNIIBI  H  FOISMIiS  '. 

OTil 
OT» 
0091 

PoidauttlM   rtem 

7»B 

OTTO 

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ça,  I.  —  COKPAGHON-IIBNUISlfiB  DE  rlRSM. 

S  «5.  -  BDDGBT  DSS  DÉPENSES  DB  L'ANNÉE  (SDITE). 


DÉSIGNATION  DBS  DÉPENSES  (SUITE). 

MtTUTM 

du    Obi»! 

BMKBB. 

SBOTIOM  I>*. 
LiBnu  n  «DITS  : 

rm^nn 

Miiinm 

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L^aiBM  ruiOBUi  •«  :  Hiricoli  btinc*.  «kl  1  0'33a;  -  poi. 

«m..  l'SàOM04;-lmUllw,  maio'wo. ... 

Ufama  Terti  icDire  !  Cboonoute,  WO'  i  ffï!.  »'M>;  -  choui 

friii,  n^àO'Mi.O'IS;  —  haricot*  T«ti,  la' t  O'DM,  I'S7; 

Légiuiu  »dn«  :  N.ttU,  CiîOllB  (pen).  SB>  1  O'OT.  l'81 

Ftiuti  pour  1«  enfantt  :  CerUe..  S'8  i  (H  15.  (CM;  -  »iiiD>, 
l'îiO'lfl.Wl»;  — pommela  cnitB  et  1  muie"  cruM,  18» 

Pmili  poui  lontfl  la  famiU*  :  Prunu  pour  Rltsuii,  B^B  1  (ysi. 
l'St  1  —  nliini  MO  d'IialiB,  pont  1&  conractloa  du  Kngalbar, 

44Ba 

0  V» 

Oxmnnim  n  siiBcruiin  i 

as 

1S7 

0  1« 
0»» 

lies 
ssa7 

ItTB 

Polm,  O'IB;  — iniB,  O'H;  — lafran,  l'M 

FaiŒBDt  potKliconfccliondnZueBluprfll) 

latilm  iDCciM  :  Sncie  bluic  bd  paio,  «cheie  pu  poriioD»  do 

ws 

L.  hniUl»  ne  prmd  ■acnns  bdincm,  pu  mtme  du  l'ud  inc  1« 

1 

osoo 

oaubuot. 

«„- 

-^ 

MB  «9 

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CB.  I.  —  COMPAONON-IIBNDISIBS  DE  VIENNB, 

g  te.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


DÉSIGNATION  DES  DEPENSES  (BOITE). 


SBOTION  II. 
D<pM 

Lojsi  dN  dani  piicM  Im  i«i-d*-chuiséa  hibiUet  pu  U  CuriUs  {IV) . . 
MoBiLiu  : 

BDlnlisn  dei  meubl»  an  boit  pu  l'ouTriai  lui-ic(me,  VIO;  —  achat  d'uteotilM  al 

da  liD^a.  O'IB 

Botralwn  du  lit  ;  copeani  poni  U  piillu»,  %'40.... 
CFlACrMOB  : 
Boi>  (déchiU  da  boii  d'ointe),  lS'40i  —  copatui,  11 

BiuLa,U^1  il'OS.WSSi  —  mèchaa  da  coton,  l'SO. 
Totaux  da*  dépansai  c 

SBCTION   III. 
nnoeraant  Iw  ^ 

NoT*.  —  La  fimilla,  plonsta  d«u  un  ilti  parmsDent  da  pdonria.  TSDOUTalla  1  pdii 
lai  Tétemenli  1m  plu  ]ndupanublai;  alla  u*a  larloutcaai  qu'alla  ■  acqai)  ■  ud 
ipoqaa  anliriaaia  da  bien-ttra. 

Achat  dertlamaBU (1«,7) 

VdiaENTs  ■>■  LA  ran: 
Achat  da  Ttlamanti (16,  F) 

Achat  de  vMcmcnl* (Ifl,  S) 

du  lingD  atdaa  Ttlemaal) 

SECTION  IV. 

DépeMM  a 

et  le  tervîce  de  aanU. 
CuLTl  : 

Mpanaai  a»i  et  KddaDtaUat  (U) 

I.-UTIIVCTIOII  DIS  IMFàlin  t 
(Qntuila,  iBuriamatMel.)— Piaiipourdaai  mhaU  :  livrai,  tf  St  ;  —  papier,  O^SD; 

Secours  n  auuûnis  : 
Donoét  à  de  itteni  onTrlan  da  la  corpoialiaii  dai  manniiian  OB  i  da*  conipignoDi  an 
lofaga  (11)  :  argani,  0I4&;  —  pain,  O'SO;  —  pan  du  dtaei  da  la  (AatUe  (dépanie 

compriie  dasa  eellaa  da  la  G«  1.) 

RiCRtATCOiis  II  MLDnrrts  : 
SiKDaltaa  aenlanHiat  par  du  lepu  un  peu  plus  aBbatantiala  igDe  cani  daa  joun  ordl- 
nalTsi,  at  pai  la  couonuoalioa  d'ana  pelila  qganUU  de  bJèra.  ^aia  portte  an 
eonpta  i  la  S^  ■  ^ 


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CB.  1.  —  caiiPiGnoit-MEiaiiaieB  de  viehxb. 
5  (6.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SDITEJ. 


SBCTION  IT. 


•t  la  •arrioa  da  Mati  (mite). 


:,  Isa  réortatiou 


n  monoi,  la>  léciiaUaDt 


DfFinsn  coHtxuiKT  lu  n 

Pnii  d'intntias  at  it  iwiiniTillmaDl  dca  ontili  da  maooiilar. 

NoTi.  —  tim  autrei  dfpanMt  eoncanuot  1«  indnitijei  antnprlm  u 

compte  de  1*  bmllls  moDWnt  i <1«,  B)  BV81 

BUu  Miit  ramboBci^H  par  lu  ncattet  proTenuil  de  w>  mtmei  indnitriai. 


Objet!  aiopk^é*  pour  U  mmommitiiiii  dn 

tim  duu  le  priMnl  bndgat 

Argeot  kppliqna  de  DOBTekn  >ax  iadiu)ii< 


îîiïtfo" 


^nede  ISi»  h . 

Ïuntilii  «nlniliie  on  luppMmesl  de  dipoiiM  qal  cornspoBd  t 
er*  («0  Bl  qn'on  h  borna  à  mentionnar  ici  pont  mémoire 

Va  Dultre  meatdiiar  delà  corporation  (la)  paie,  poor  cbiqae  comparai) qu'il uoplola, 
on  i<Dp4l  de  ll'iS;  mai)  1*  compagnon  lui- mtine  ne  luppoita  direolaoïent  mcoo) 
chugade  ce  genre 

AsBDBUK»  concmuRr  *  gumht»  le  ■im-ttHE  ranigoB  n  hmal  de  ufanuxe: 

La  (amiUa  d'hI  aanréa  à  anciine  uxUU  d'aBimnee  malnaUe  :  an  cai  de  maUdie,  elh 
«at  lacoarua  par  lepabon»  par  la  commune  et  par  dea  aodâtéide  bian&iaflDce  [7): 
m  caa  dlnBniiti  permanente  ou  de  TiellleaBa,  alla  ne  ponmit  compter  qc ' 


l«i 


par  la  chahU  pnUiqna 

Torani  de)  dipenua  ooncaraant  lea  ïudndriaB,  iea  daltea,  lea  impAM 


ËrtacHi  Bi  i.'uniit  : 


ne  peut  faire  ancuM  ipargna  :  il  on  aenit  «iCOTe 
mination  da  chaigsielaccroiuealealdereaaouroMt 
tonte  trentualite,  aarait  de  porter  aa  dépenae  au 

u  dal'annéa  (baUnc*Dllea  rec«tlaa)'>..  (l.Oll'BS)  1 


2É| 


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CB.   I.  —  COHPAGNOK-HEKDIBIBB  DR  VIBMIB, 


$46. 

COMPTES   ANNEXÉS   AGX   BUDGETS. 

SBCnOH  i 

COMPTES  DBS  BÉNÉFICES 
léuIbU  dti  nlntrks  «Ir^riui  pir  la  ftndllt  (i  m  jnfn  twrle). 


Cn  joan^er  eitcaUnt  U  mtmt  ftan  de  triTail  recemil  pu 

L'QDTrier  rotoit,  an  oui»,  pu  iournie,  sd  h  qiulilA  da  tlcbaroD, 
c'e-l-i-din  «n  compenutfoD  d«  ivanlagn  qa  uroia  i  wn  maltta 
la  (ubiUluUoB  du  iiMûl  à  U  tlcbe  aa  traritl  1  la  jaunie 

Bnnn,  il  rejoil  encore,  1  niioa  de  U  (oamftiin   ' 


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Boia  T4ça  da  patron  i  ILtre  de  labii 
Traidl  de  l'ouTCter,  3  joutniei  1 1' 


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La  Femme  recoil,  en  ODire,  i  iiison  de  la  lubalilation  du  Iratatl  i 

U  Uche  an  ii»t»ll  à  la  ionroSe. 

Elle  n>(Dil  anxi  pour  U  fomaitnre  dn  ouiÛtIcJ  de  U  fabrication . . . 
Le  Hlalie  de  diaqna  jonnie  l'élirednKt 


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S«Toii,  VaO;  —  eta-mitt  ds  i 

Boii,  S'8S;  — copMoi,  l'M. .._ 

Bleu,  Vmi  —  Bmpoli  (ibijqni  1  U  si 


Tnnil  dali  bmme,  SSjooniiai  iVH... 


B.  ^  IUjdmI  DBS  coHms  dbs  bjbïficbs  bJsdltaht  du  diudsibibs 
(A  et  D), 


it  neetlH  en  unant  tmflojéi  pour  lei  b«iO<n  da  11 


KscMlH  «a  ugBUt  1  smplojst  de  i 


InUrtU  d«  pnipritUi  poMidte*  par  U  foiallla  M  «mphirtM  ptr  tfl«  uz  fin 

diMricL (14,B«11 

nudnlti  de*  wbitutiaDi  npim  pu  1*  ùmiUs  at  empiofén  pu  allB  aai 

tudurtija (M,  s™  II) 

Suliiinf  iflâriDli  ïux  tnTini  eitoiMi  p«  U  hmilla,  omplofti  pic  aUe  ponc 

Inindiutnai (H,  S™  111) 

IMpcDMa  an  ugaat  qni  damot  tua  ramboo— ' ' " '--"--■ 

QN  Indutriai 

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1  ïian.japindifldiénnàint'uM'prrta'ntd'à^ 

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1  boanalilc  .oia  noira,  pour  jour»  do  IMïiil... 

a  bonnet»  bUnct,  Bm,  pour  dimaachaa 

t  baoMli  bUon,  commoiii,  pour  joun  da  Ua- 

i  tioiUai  pairei  da  bta,  poDt  jDDr>  de  traTiH. . . 

Chapaan  de  lola  iTSc  rubant  (eulcalicn) 

•  DouchaJn  de  con,  en  coton  imprimé 

1  paltadeMuliananulT.Mmnld'abocdpaiff 

ED^au'lld'aiié'll^ùUdnd'imucWaLi^ndr 

n?fcSr.rr!?h"^''.*?î!^r."'.?." 

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Vei«Balib  da  dinUDclw  si  dai  Joun  de  tta- 

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^L^BNTS    DIVERS  DB  U    GONSTITDTION  SACIAUt. 


ÉLËHENTS  DIVERS  DE  L\   CONSTITUTION  SOCULB 


FAITS     lUPORTARTS    D'ORGANISATION     SOCIALB; 

PARTICULARITÉS   REMARQUABLES; 

APPRÉCIATIONS    GËKËRALESi   CONCLUSIONS. 

§17. 

CADSBS    d'ÉBRANLEUENT     ANCIBKNES     DANS     LES    CAHFAGNBS 
SLATEfi   DE    LA    H08AVIB,    RÉCENTES  DANS    LA    VILLE   DE  TIENNE, 
OBSERTÉBS    SPéCULEMENT    DANS    LA    FAMILLE    DÉCRITE. 

Les  deux  époux  ont,  I'ud  et  l'autre,  subi  dans  leur  enfaoce 
et  leur  jeunesse,  des  TÏcissitudra  dures  et  Dombreuses.  Grâce  ^ 
un  heureux  caractère,  soutenu  par  la  patience  et  la  résignation, 
ils  sont  parvenus  à  une  situation  tolérable  dans  laquelle  ils  con- 
servent la  paix  de  l'esprit  et  s'appuient  sur  certains  éléments  de 
stabilité.  Toutefois,  en  étudiant  dans  ses  détails  la  vie  journa- 
lière de  la  famille,  on  voit  souvent  apparaître  des  sj'mptômcs  de 
gêne;  et  l'on  comprend  que  les  familles  stables  décrites  aux  trois 
volumes  précédents,  si  elles  étaient  tout  ^  coup  réduites  à  une 
telle  situation,  concevraient  de  graves  inquiétudes  pour  leur 
avenir,  et  perdraient  peu  à  peu  les  sentiments  qui  les  attachent 
à  la  tradition  des  ancêtres,  à  l'atelier  de  leur  patron,  à  leur  loca- 
lité et  à  leur  patrie. 

Les  ouniers  d'origine  slave  qui  affluent  aujourd'hui  dans  la 
ville  de  Vienne  ont  été,  dès  leur  enfance,  engagés  dans  la  voie 
qui  aboutit  à  ce  résultat.  Us  ont  subi  les  influences  qui,  sauf 
quelques  exceptions  locales,  ébranlent  ou  désorganisent  i'Ocd- 
dent.  Au  premier  rang  de  ces  influences  figurent  ici  :  le  peuple- 
ment exagéré  des  campagnes  et  la  multiplication  trop  rapide  de 
l'agglomératioD  urbaine}  la  destruction  des  communautés  slaves 
qui  formaient  autrefois  le  fond  delà  population  rurale  (IV,  i.as), 
en  procurant  la  paix  et  la  stabilité  aux  ménage  imprévoyants  ; 


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-  COHPlOHON-IIEHItStBR  UK  V»NNB. 


l'ébranlement  des  corporations  allemandes  d'arts  et  métiers  (i  s] 
qui  assuraient  le  bieu-élre  aux  débris  de  ces  communautés,  réfu- 
giés dans  les  villes  ;  enSn  et  surtout,  l'entraînement  irréftéchî 
vers  la  nouveauté  qui  ne  tient  plus  compte  des  meilleures  tradi- 
tions de  l'bumanité.  Les  souffrances  infligées  aux.  ouvriers  par 
ces  transformations  sociales  ont  leur  principale  origine  dans 
l'oubli  du  IV'  commandement  de  Dieu  :  les  maîtres  qui  président 
h  la  direction  des  foyers  domestiques  et  des  ateliers  de  travail 
ne  se  croient  plus  obligés  de  traiter  leurs  serviteurs  comme  leurs 
eufanls.  Les  patrons,  en  particulier,  égarés  par  une  fausse  doc- 
trioe  (III,  VII,  19},  se  dispeoseot  des  devoirs  de  protection  à 
l'égard  de  leurs  ouvriers,  sons  prétexte  de  leur  donner  la  liberté. 
Quant  aux  calamités  qui  ont  pesé  spécialement  sur  la  famille 
décrite,  elles  ont  surtout  pour  origine  la  désorganisation  des 
deux  familles  d'où  sont  sortis  les  époux  :  ils  n'ont  point  été  pro- 
tégés dans  leur  enfance;  et  ils  sont  maintenant  incapables  de 
venir  en  aide  à  leurs  vieux  parents.  Us  n'ont  point  eu  à  Vienne 
la  protection  nécessaire  à  leur  extrême  jeunesse  :  les  familles 
instables,  auxquelles  ils  ont  été  d'abord  attachés,  en  qualité 
d'ouvrier  et  de  servante,  n'ont  pu  leur  procurer  la  stabilité. 
L'ancienne  corporation  urbaine  dont  l'ouvrier  dépend,  étant 
ébranlée  par  la  concurrence  des  grandes  fabriques,  ne  l'a  guère 
protégé;  et  la  banqueroute  de  l'un  d^  maîtres  qu'a  servis  l'ou- 
vrier  a  enlevé  au  ménage  le  petit  capital  qu'avait  apporté  la 
femme  (e).  Les  institutions  publiques  n*ont  pas  été  plus  favo- 
rables au  ménage  :  celles  qui  entravent  le  mariage  ont  en  partie 
provoqué  le  concubinage  qui  a  précédé  l'union  légitime  des 
époux;  les  secours  accordés  par  la  ville  aux  ouvriers  Indigents 
ont  pour  résultat  déânitif  d'y  accumuler  des  làmilles  qui  auraient 
trouvé  une  meilleure  situation  dans  des  fabriques  rurales.  Ces 
causes  d'ébranlement  se  reproduisent  dans  la  plupart  des  agglo- 
mérations manufacturières  de  l'Occident.  Elles  naissent  seule- 
ment en  Autriche;  mais  elles  grandissent,  depuis  longtemps,  en 
Angleterre,  en  France  et  en  Belgique.  L'analyse  méthodique  des 
souffrances  qui  en  résultent  peut  donc  enseigner  les  moyens  de 
guérison  :  elle  arrêtera  ces  pays  sur  la  pente  oîi  ils  glissent. 


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jfiiHBMTB  DIVBBS  DB  LA  COMniTOnON  SOCUUt.  83 

S  18. 

OBGàNTSATION    DES    AHCIBNNB5    CORPORATIONS    ORBAINBS    D'ASTS 
BI  HÉTIERS  DE  l'aUT&ICHR  BT  DB  l' ALLEMAGNE  MÉRIDIONALE. 

Les  métiers  qui  pourvoient  aux  besoins  des  populations 
urbaines  de  l'Autricbe  et  de  l'Allemagne  méridionale  sont  encore 
exercés,  pour  la  majeure  partie,  par  des  corporations  fennées 
(InnungenonZûnfle),  dans  lesquelles  le  nombre  des  chefs  d'io- 
dustrie  est  rigoureusement  limité,  et  ne  peut  être  augmenté  que 
par  une  décision  de  l'aulorité  administrative.  Ces  branches  d'in- 
dustrie sont  k  peu  près  organisées  sur  les  principes  qui  sont 
encore  pratiqués  en  Suède  (III,  j,  is)  et  qui  restèrent  en  vi- 
gueur en  France  et  en  Augleterre  jusqu'à  la  fin  du  dernier  siècle. 

Les  corporations  de  menuisiers,  qui  présentent  ici  un 
exemple  de  cette  organisation  industrielle,  comprennent,  comme 
toutes  les  autres,  trois  sortes  d'agents  :  les  apprentis  {Lehrjun- 
gen],  les  compagnons  (Gesellen)  et  les  maîtres  (JHeisler). 

Les  apprentis,  dont  le  nombre  est  limité  pourchaque  maître, 
sont  ordinairement  choisis  parmi  les  Ois  de  maîtres  ou  de  com- 
pagnons. Ils  entrent  ordinairement  en  fonctions  vers  l'âge  de 
il  ans,  après  que  le  père  a  passé  au  bureau  de  la  corporation 
un  contrat  liant  à  la  fois  le  maître  et  l'enfant  jusqu'au  terme  de 
l'engagement,  qui  varie  de  trois  à  quatre  années.  Dans  le  pre- 
mier cas  étudié  à  l'occasion  de  la  présente  monographie,  il  aété 
payé,  dans  une  petite  ville  de  Moravie,  pour  l'ouvrier  alors  âgé 
de  a  ans  :  au  commencement  de  l'apprentissage,  6  '  2/i  ;  à  la  fin 
de  l'apprentissage,  10'  &0.  A  Vienne,  pour  le  fils  aîné  mis  en 
apprentissage  à  l'âge  de  12  ans,  il  a  été  payé  :  au  commencement 
de  l'apprentissage,  2'  60;  à  la  fin  de  l'apprentissage,  3'  6&. 

En  raison  de  la  connexion  intime  qui  existe  entre  l'atelier  et 
le  ménage,  les  occupations  de  l'apprenti  se  rattachent  à  la  fois 
à  l'industrie  et  à  la  domesticité.  Dans  la  plupart  des  petites  villes 
de  l'empire,  les  apprentis  menuisiers  n'ont  pas  seulement  à  aider 
le  maître  et  le  compagnon  dans  tout  ce  qui  conwme  l'exercice 


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84  CH.  1.   —  GOHPASNON-IIBNUISIBK   DB  VtBNMB. 

delà  professioD;  ils  sont,  ea  outre,  directement  affectés  au  ser- 
vice du  ménage.  L'ouvrier  décrit  dans  la  présente  moDographie 
a  dû,  pendant  toute  la  duréedeson  apprentissage  (i  a),  exécuter 
tous  les  ordres  de  la  maîtresse  de  maison.  Il  était  spécialement 
chargé  de  fendre  et  de  scier  le  bois  de  chauffage,  de  cirer  les 
souliers  du  maître  et  des  compagnons,  de  faire  tes  courses  au 
dehors,  de  cultiver  le  jardin  et  de  soigner  les  animaux  domesti- 
ques. Ces  fonctions,  toutefois,  n'ont  pas  un  caractère  blessant 
pour  l'apprenti,  qui  ordinairement  les  remplit  de  concert  avec 
les  enfants  mêmes  du  patron.  Bien  que  faisant  partie  du  ménage, 
l'apprenti  n'était  pas  admis,  comme  l'étaient  les  compagnons,  à 
la  table  du  maître.  Sous  ce  rapport,  il  existe  ordinairement  une 
démarcation  tranchée,  que  le  maître  lui-même  ne  pourrait  sup- 
primer sans  blesser  les  compagnons,  toujours  enclins  à  faire 
sentir  durement  leur  autorité  aux  apprentis. 

A  la  un  de  l'apprentissage,  et  lorsque  sa  capacité  a  été  dûment 
constatée  par  la  corporation,  le  jeune  ouvrier  est  élevé  au  grade 
de  compagnon  ;  et  il  peut,  en  cette  qualité,  être  admis  à  travailler 
chez  tous  les  maîtres  menuisiers  de  l'Empire.  Après  s'être  per- 
fectionné pendant  un  an  ou  deux  dans  la  localité  même  oîi  il 
s'est  formé,  le  compagnon  complète  son  éducation  en  voyageant 
pendant  deux  années  au  moins,  et  en  s'initiant,  pendant  deux 
ou  trois  mois,  à  la  connaissance  des  méthodes  de  travail  en  usage 
dans  les  principales  villes  qu'il  visite  successivement.  C'est  sur- 
tout dans  cette  partie  de  sa  carrière  que  le  jeune  ouvrier  peut 
apprécier  les  avantages  de  cette  antique  organisation.  Il  trouve 
dans  chaque  ville  un  bon  accueil  au  bureau  de  la  corporation;  et 
il  est  immédiatement  adressé  aux  maîtres  qui  peuvent  lui  fournir 
de  l'ouvrage.  Lorsque  le  travail  manque,  il  peut  du  moins 
compter  sur  un  subside  qui  lui  fournit  le  moyen  de  se  reposer 
une  journée  entière,  et  de  se  rendre  à  l'une  des  villes  du  voisi- 
nage. Les  secours  donnés  directement  par  les  maîtres  et  les  com- 
pagnons de  la  localité  mettent  au  besoin  le  voyageur  dans  le  cas 
d'y  prolonger  son  séjour.  Si  les  moyens  de  su^istance  manquent 
pendant  le  trajet  d'une  ville  à  l'autre,  le  compagnon  est  ordinai- 
rement accueilli  dans  les  couvents.  II  est  même  autorisé  par 


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éLéUBUTS  DIVERS  DE  LA   CONSTITUTION!  SOCIALE.  33 

l'usage  à  demander  la  nourriture  et  Tabri  chez  les  paysans  et,  au 
besoin,  à  meDdier  sur  les  chemins.  L^  compaguoDS  de  voyage 
comptent  si  bien  surrasâistancdd'autrui,que  tes  plus  prévoyants, 
au  moment  de  quitter  une  de  leurs  stations  de  travail  et  d'étude, 
disposent  rarement  d'une  épargne  supérieure  à  2  Qorins  (5^  20). 
Au  reste,  le  compagnon  en  voyage,  ou  établi  défînitivement  dans 
une  résidence,  est  libre  de  travailler  pour  tout  maître  qui  veut 
bien  lui  donner  du  travail.  Il  n'y  a  aucune  limite  au  nombre 
d'ouvriers  que  celui-ci  peut  employer;  mais  cette  limite  est  posée 
eo  fait  par  le  nombre  d'apprentis  toléré  pour  chaque  maître. 

Pour  s'élever  au  rang  de  maître,  le  compagnon  doit  justifier 
de  son  aptitude.  A  cet  efTel,  il  doit  produire  les  certificats  déli- 
vrés par  les  patrons  chez  lesquels  il  a  travaillé;  il  doit,  en  outre, 
exécuter,  sous  les  yeux  d'un  maître,  un  chef-d'œuvre  (3feister~ 
stiick),  qui  e&i  soumis  à  l'appréciation  d'un  comité  commis,  à 
cet  elTet,  par  la  corporation  j  enfin,  il  doit  obtenir  à  prix  d'argent 
la  cession  d'une  maîtrise  {/l/eisterrechi) .  Le  prix  de  cet  établis- 
sement varie  selon  le  bénéfice  annuel  moyen  obtenu  par  le  der- 
nier titulaire;  il  varie  par  conséquent,  avec  la  ville,  d'après 
l'importance  de  la  clientèle.  A  Vienne,  plusieurs  maîtres  menui- 
siers emploient  seulement  trois  ou  quatre  compagnons,  tjnJis 
que  d'autres  en  emploient  jusqu'à  soixante;  il  n'est  donc  pas 
étonnant  que  le  prix  des  maîtiises  y  varie  de  600'  à  5,200'.  La 
concurrence  pour  l'achat  d'un  établissement  est,  au  reste,  fort 
modérée;  beaucoup  de  compagnons,  comprenant  qu'ils  ne  possè- 
dent pas  les  qualités  nectaires  pour  réussir  dans  une  situation 
plus  élevée,  préfèrent  rester  dans  leur  condition  et  placer  à  inté- 
rêt la  somme  qu'ils  pourraient  consacrer  à  l'acquisition  d'une 
mattrise.  En  revanche,  beaucoup  de  maîtres  cèdent  à  créditleur 
clientèle  à  celui  de  leurs  compagnons  qu'ils  savent  être  le  plus 
capable  de  la  faire  prospérer. 

Les  mattres  de  chaque  corporation  veillent  à  ce  qu'aucun 
compagnon  ne  travaille  directement  pour  te  compte  d'un  bour- 
geois. La  police  est  bientôt  instruite  des  contraventions  de 
ce  genre  qui  peuvent  avoir  lieu;  le  déhnquant,  immédiatement 
arrêté,  est  conduit  devant  le  conseil  de  la  corporation.  Ce!ui-ci 


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,    —  COMPAGNON-lIBNUISIBK  DB  VtENKB. 


proDODce  la  confiscation  des  outils,  avec  une  amende  qui  s'élève 
pour  la  prfimtère  fois  à  33'  50  ^  pour  la  seconde  à  67  francs. 
Ed  cas  de  récidive,  le  compagnon,  mis  au  ban  de  tous  les  ate- 
liers de  la  corporation,  est  en  Tait  exclu  de  la  ville. 

En  cas  de  maladie,  les  ouvriers  qui  désirent  rester  dans  leur 
ménage  y  reçoivent  un  subside;  ceux  qui  préfèrent  être  admis 
à  l'bdpital  y  sont  traités  dans  des  lits  spéciaux  dont  la  corpora- 
tion dispose  constamment.  Lesfraisde  traitement  sont  supportés 
par  une  caisse  alimentée  par  une  retenue  opérée  sur  le  salaire 
de  chaque  compagnon.  Pour  Tannée  entière  et  pour  chaque 
ouvrier,  le  montant  de  cette  retenue  varie  de  5'  ÙO  à  10'  80. 


S  19. 

CAUSES  QUI  HEHA.CEM  d'uNB  DISSOLUTION  PROCHAINE  LES  ANCIENNES 
CORPORATIONS   URBAINES  D'ARTS   ET    MÉTIERS. 

La  principale  cause  qui  restreint  incessamment  le  champ 
d'activité  des  corporations  est  précisément  celte  qui  en  a  depuis 
longtemps  amené  l'abrogation  en  France  et  en  Angleterre.  Les 
mémorables  découvertes  qui  ont  illustré  notre  âge  tendent  essen- 
tiellement à  faire  fabriquer  dans  des  usines,  manies  d'engins  et 
de  moteurs  puissants,  les  objets  que  les  corporations  d'arts  et 
métiers  produisaient  autrefois,  par  le  travail  manuel,  dans  leurs 
petits  ateliers  domestiques.  Ces  petits  ateliers  fabriquent  encore 
la  plupart  des  objets  que  produit  l'ouvrier  décrit  dans  la  pré- 
sente monographie.  Cependant,  dans  cette  spécialité  même,  les 
grandes  usines  commencent  à  livrer  les  bois  d'outils  mentionnés» 
[H^écédemment  (s),  les  parquets,  les  bois  k  moulures,  à  tenons 
et  h  mortaises.  Les  ouvriers  précédemment  attachés  aux  maî- 
trises urbaines  sont  donc  attirés  peu  à  peu  vers  ces  grandes 
manufactures,  qui  prennent  de  jour  en  jour,  dans  le  système 
industriel,  un  ascendant  plus  déddé. 

La  [H'ésente  monographie  offre  un  exemple  remarquable  de 
cette  transformation  de  l'industrie  manufacturière,  qui  commence 
à  se  propager  dans  toutes  les  parties  de  l'empiro  autrichien.  Le 


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ÉLiHENTS   DITEBS  DB    Là  CONSTITIITIOK  SOCIALE.  37. 

Tabricaot  auquel  est  attachée  la  Tamitle  dirige  (rois  grandes 
usines  à  moteurs  hydrauliques,  éparses  dans  les  provinces,  et 
dont  les  produits  se  concentrent  k  Vienne  pour  y  receToir  la 
dernière  main.  Il  livre  à  presque  tous  les  ateliers  industriels  de 
l'empire,  et  même  à  beaucoup  d'ateliers  situés  à  l'étranger,  les 
scies,  les  rabots,  les  varlopes,  et  les  autres  outils  nécessaires  au 
travail  du  bois,  qui  étaient  précédemment  fabriqués  à  un  prix 
plus  élevé  par  les  foi^:erons  et  les  menuisiers  de  toutes  les  cor- 
porations urbaines.  Il  réunit,  en  fait,  sous  sa  direction  un  grand 
nombre  d'ouvriers  qui,  dans  l'aucienne  organisation  industrielle, 
étaient  disséminés  dans  plusieurs  centaines  de  petits  ateliers 
domestiques.  Toutfô  les  découvertes  qui  font  la  gloire  de  noh^ 
époque  concourent  à  opérer  une  transformation  analogue  dans 
toutes  les  autres  branches  d'industrie,  et  par  suite  dans  la  con- 
dition physique  et  morale  des  ouvriers  qui  en  dépendent.  Telles 
sont  surtout  :  la  propagation  de  l'emploi  du  charbon  de  terre, 
de  ia  machine  à  vapeur  et  des  autres  moteurs  inanimés;  le  per- 
fectionnement incessant  des  machines  propres  à  ouvrer  les  ma- 
tières textiles,  les  métaux,  le  bois;  la  construction  des  chemins 
de  fer  et  des  canaux. 

Quelques  gouvernements  ont  vainement  tenté  de  limiter 
directement  le  nombre  des  grandes  manufactures  qui  se  créent 
sur  ces  nouvelles  bases.  L'expérience  a  prouvé  que  le  monopole 
attribué  à  quelques  grands  établissements,  dont  la  formation 
exige  une  longue  suite  d'efforts,  oflîsit,  pour  la  société,  des 
inconvénients  plus  graves  que  ceux  qui  ont  été  justement  oppo-. 
ses  à  la  conservation  du  monopole  des  petites  ^briques  urbainest 
car  le  nombre  de  celles-ci  peut  toujours  être  porté,  par  une 
simple  décision  de  l'autorité  administrative,  au  niveau  des 
besoins  sociaux. 

Aussi,  dans  les  contrées  mêmes  de  l'Autriche  et  de  l'Alle- 
magne méridionale,  oii  l'on  a  cm  devoir  conserver  jusqu'à  ce 
jour  le  principe  constitutif  des  corporations  fermées  d'arts  et 
méUers,  le  champ  d'activité  de  ces  petits  ateliers  se  restreintsans 
cesse  au  profit  des  grandes  manufactures.  Les  intérêts  qui  en 
réclament  le  maintien  ont  de  jour  en  jour,  dans  la  coi^itution 


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S8  CD.   I.   —  C0HPAa»O:4-MBN|[lSlU  DB  TIEMRE, 

sociale,  moins  de  prépondérance;  lee  garanties  de  sécurité  et  de 
bien-être  qu'elles  offraient  aux  populations  ouvrières  disparais- 
sent peu  à  peu,  à  mesure  que  celles-ci  n'exercent  plus  leur 
bienfaisante  tutelle.  Les  nouvelles  garanties  de  ce  genre,  dont  le 
besoin  se  fait  sentir  plus  vivement  que  jamais,  doivent  désor- 
mais être  cherchées  en  dehors  de  cette  antique  organisation.  I) 
semble  donc  qu'il  n'y  a  plus  guère  convenance  à  maintenir  cette 
impuissante  institution,  et  à  contrarier,  par  des  restrictions 
matérielles,  les  sentiments  de  liherté  et  l'esprit  d'initiative  qui 
forment  l'âme  de  ta  nouvelle  organisation  industrielle. 

S  20. 

BéPUGNAACE   QUE   HONTRE>T  CERTAINES  FAHn.LSS  CONTRE  TOUTE 
HABITUDE   D'ÉPAtlGNK. 

On  a  souvent  attribuéimplicilementà  l'insuffisance  du  salaire 
le  manque  de  ressources  où  se  trouvent  ordinairement  les 
ouvriers  parvenus  au  terme  de  leur  carrière  d'activité.  Cette  cir- 
constance est  sans  doute  l'une  des  causes  du  dénûment  qui  pèse 
sur  tant  de  familles;  mais  elle  n'a  pas  toute  l'imporlance  qu'on 
pourrait,  au  premier  aperçu,  être  tenté  de  lui  attribuer.  Ce  qui 
le  démontre  surabondamment,  c'est  que,  dans  beaucoup  de 
groupes  industriels  où  il  existe  diverses  catégories  d'ouvriers, 
ceux  qui  s'adonnent  à  l'épargne  d'une  manière  habituelle  sont 
rarement  les  plus  rétribués  (III,  iv,  3).  Le  principe  de  la  pro- 
pension pour  l'épargne  se  trouve  dans  une  disposition  morale, 
qui  conseille  aux  chefs  de  famille  de  s'abstenir  des  jouissances 
qu'ils  auraient  pu  se  procurer  par  l'emploi  immédiat  des  sommes 
épargnées,  et  surtout  dans  la  prévoyance  qui  leur  fait  aperce- 
voir, comme  conséquence  directe  de  l'épargne,  des  jouissances 
d'un  ordre  plus  élevé  :  la  sécurité  et  l'indépendance.  A  cet  égard, 
des  observations  dues  à  un  contact  prolongé  avec  la  famille 
décrite  dans  la  présente  monographie  ont  mis  en  lumière  plusieurs 
circonstances  qui  sont  bien  dignes  de  fixer  l'attention  de  per- 
sonnes ayant  chai^  d'une  nombreuse  population  ouvrière. 


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AlÙIENTS  DIVBB8  DB  LA  CONSTITUTION  SOCIALE.  39 

L'un  des  détails  les  plus  caractéristiques  du  régime  écooo- 
mique  de  cette  Tamille  est  l'habitude  d'acheter  séparément,  pour 
chaque  repas,  la  quantité  d'aliments  qui  doit  y  être  consommée; 
de  Ih,  UD  surcroît  considérable  de  dépenses,  au  sujet  duquel  j'ai 
fait,  de  concert  avec  )a  mère  de  famille,  une  enquête  approfondie. 
A  cette  occasion  j'ai  constaté,  par  exemple,  que  les  56  grammes 
de  sucreachetéspour  chaque  déjeuner  et  pourchaque  souper  (a) 
coûtent  en  détail  0'  090,  tandis  que  ta  même  quantité  achetée  par 
doses  de  560  grammes  (une  livre  viennoise)  ne  revient  qu'à 
0'075.  La  mère  de  famille  a  donc  parfaitement  compris  qu'elle 
réaliserait,  sur  ce  seul  article  de  nourriture,  une  économie  de 
17  p.  100,  si  elle  pouvait  se  résoudre  à  modifier  son  système 
d'achat.  Après  avoir  donné  cette  démonstration,  en  comparant, 
an  moyen  de  la  balance,  le  poids  de  dix  acquisitions  en  détail  à 
celui  d'une  acquisition  en  gros,  j'ai  conseillé  à  la  mère  de 
famille  :  1*  d'acheter  en  gros  une  première  livre  de  sucre,  de 
manière  à  être  dispensée,  les  cinq  jours  suivants,  de  faire  dix 
achats  en  détail  ;  2*  de  mettre  de  côté,  les  jours  suivants,  les 
sommes  partielles  qui  eussent  été  consacrées  à  ces  dix  achats; 
B'  d'employer,  le  soirdu  cinquième  jour,  les  0'  900  ainsi  accu- 
mulés, savoir  :  0'75  pour  acheter  une  nouvelle  provision  de 
cinq  jours,  et  0'  15  pour  alimeoler  une  tirelire  consacrée  à 
l'épai^Tte.  Pour  encourager  la  mère  de  famille  à  entrer  dans  ce 
système  d'ordre  et  d'économie.  Je  lui  ai  proposé  d'avancer 
à  litre  de  don  la  somme  nécessaire  à  la  première  acquisition  ;  de 
lui  donner,  en  outre,  chaque  semaine,  en  toute  propriété,  une 
somme  égale  à  l'épargne  qui  serait  versée  dans  la  tirelire  confiée 
à  la  garde  d'une  personne  demeurant  à  peu  de  distance,  et  qui 
consentait  obligeamment  à  se  prêter  à  cette  petite  œuvre  de 
bienfaisance;  enfin,  je  lui  ai  recommandé  d'étendre  le  bénéfice 
de  cette  convention  à  deux  autres  articles  de  la  consommation 
journalière,  pour  lesquels  l'avantage  d'un  meilleur  régime  n'était 
pa's  moins  évident.  De  son  côté,  la  mère  de  famille  devait  con- 
tracter l'obligation  morale  de  suivre  le  régime  nouveau  avec  une 
complète  régularité. 

Cette  convention  Put  d'abord  acceptée  avec  une  profonde 


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-  COMPACKON-lIENUISlEn  VB  TiBNRB. 


gratitude  t  mais,  après  )a  première  épreuve,  la  mère  de  Tamille 
vint  me  prier  instamment  de  vouloir  bien  la  relever  de  l'obliga- 
tion qu'elle  avait  œntractée.  Je  trouvai  alors  un  vi.  intérêt  à 
rechercher  quels  sentiments  faisaient  repousser  une  convention 
qui,  sans  priver  la  ramille  d'aucun  avantage  acquis,  lui  assurait 
une  épargne  annuelle  de  65  francs  ;  cette  analyse  me  conduisit 
aux  résultats  suivante  : 

1'  La  famille  se  résigne  parfailemeat  à  borner  la  consom- 
mation de  chaque  repas  à  une  quantité  déterminée  d'aliments, 
fixée  depuis  longtemps  en  raison  de  ses  ressources  et  achetée  à 
cet  effet;  mais  il  y  a  pour  tons  les  membres  privation  intolé- 
rable à  se  limiter  ainsi  en  présence  d'une  provision  étalée  sous 
leurs  yeux. 

S"  Par  suite  de  la  même  disposition  d'esprit,  la  famille,  qui 
supporte  parfaitement  les  privations  que  lui  impose,  la  veille  du 
jour  de  paie,  la  consommation  ud  peu  exagérée  des  jours  pré- 
cédents, ne  pourrait,  sans  se  soumettre  à  une  violence  pénible, 
supporter  ce  sacrifice,  dans  le  tem[»  même  où  elle  aurait  à  sa 
disposition  l'épargne  hebdomadaire. 

d*  Enfin,  la  difficulté  que  les  deux  époux  éprouvent  à  sup- 
porter ces  petites  épreuves  ne  doit  pas  être  seulement  attribuée 
h  l'excitation  des  appétits  matériels;  elle  tient  ausstà  des  causes 
morales,  dont  la  force  ne  peut  être  méconnue.  La  mère  de 
famille,  obligée  de  repousser  chaque  jour  les  demandes  de  ses 
petits  enfants  avertis  de  la  présence  du  sucre  et  des  autres  pro- 
visions, et  de  s'interdire  constamment  le  plaisir  qu'elle  eût 
éprouvé  à  les  satisfaire,  trouvait  cette  situation  beaucoup  plus 
pénible  que  ne  l'eussent  été  des  privations  imposées  par  la 
nécessité. 

Ce  dernier  sentiment,  qui  se  lie  aux  pluscbannaots  instincts 
de  l'humanité,  est  certainement  celui  qui  s'oppose  le  plus  à  la 
propagation  des  habitudes  d'épargne.  Beaucoup  de  faits  ana- 
logues se  sont  offerts  à  moi  dans  le  cours  de  mes  observations. 
J'ai  donc  été  conduit  à  me  demander  si  l'on  améliore  le  caractère 
moral  d'une  nation  en  développant,  chez  les  classes  populaires, 
la  prévoyance  au  détriment  d'une  propension  aussi  honorable. 


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iLliHENTB  DIVBHB  DB   LA   CONSTITUTION   HOCIAuB.  if 

A  ce  point  de  vue,  je  me  trouve  conduit  à  considérer  avec  res- 
pect ces  antiques  constitutions  de  l'Orient  qui,  garantissant 
contre  toute  éveotualité  le  bien-âtre  des  populations  et  permet- 
tant à  celles-ci  de  se  livrer  sans  arrière -peosée  d'iatérét  à 
toutes  les  impulsions  du  cœur,  imposent  exclusivement  k  une 
minorité  largement  pourvue  les  préoccupations  et  les  calculs  de 
ta  prévoyance.  Assurément,  ce  juste  tribut  payé  à  l'esprit  d'un 
autre  âge  ne  doit  point  détourner  les  peuples  occidentaux  de 
poursuivre  la  voie  où  ils  sont  engagés;  car  la  liberté  et  l'indé- 
pendaDce  individuelle  conduiront  peut-être,  un  jour,  les  classes 
populaires  vers  une  condition  préférable  à  celle  que  leur  assu- 
rait cette  douce  quiétude  de  l'ancien  régime.  Mais  ce  progrès 
doit  être  acheté  au  prix  de  quelques  dures  épreuves  :  la  con- 
trainte morale  qu'impose  l'initiation  à  la  prévoyance  sera  tou- 
jours pour  les  classes  populaires  ta  première  condition  de 
raiïrancIiissemeQt. 

§  2i. 

PRATIQUES  DD   COLTB  KT  DÉPENSES   QC'EUES   IMPOSENT 
A    LA   FAHILLK    DÉCBITE. 

Chaque  dimanche  les  deux  époux  avec  leurs  enfants  aînés 
as<^istent  à  la  messe,  mais  à  des  heures  difTérentes,  afin  que  l'un 
d'eux  puisse  exercer  toujours  h  la  maison  la  surveillance  qu'exi- 
gent les  deux  plus  jeunes  enfants.  L'après-midi,  le  père  assiste 
à  vêpres  avec  les  trois  enfants  aînés.  Cette  assiduité  n'est  pas 
seulement  imposée  par  le  sentiment  du  devoir;  elle  est  due  éga- 
lement à  ce  que  les  pompes  du  culte  sont,  pour  tous  les  membres 
de  la  famille,  la  plus  agréable  diversion  aux  habitudes  de  la  vie 
ordinaire. 

L'église  où  se  rend  la  famille  n'offre  pas  cette  division  de 
classes  qui  est  si  commune  dans  les  temples  protestants  (III,  vi, 
3  et  30),  et  qui  commence  même  à  s'introduire  dans  plusieurs 
églises  catholiques  de  l'Occident.  Il  y  a  fort  peu  de  places  réser- 
vées, et  toutes  les  autres  peuvent  être  occupées  k  titre  gratuit. 

Chaque  dimanche,  la  famille  tient  à  honneur  de  contribuer 


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ii  CII.    I.  —  COUPAGNOX-HENDISIRD  DB    VIENNE. 

aux  quêtes  faites  à  IVgtise  pour  diverses  destiDations.  Les  eufants 
eux-mêmes  offrent,  comme  leurs  pareots,  une  petiie  pièce  de 
monoaie. 

La  famille  cootribue  égalemeol  à  la  quête  faite  à  domictie, 
une  fois  l'an,  pour  l'entretien  du  matériel  de  l'église. 

Pour  un  baptême,  la  famille  a  toujours  fait,  même  aux  mo- 
ments de  la  plus  grande  pénurie,  un  don  volontaire  montant  à 
â'S5,  savoir:  pour  le  prêtre,  l'50;  —  pour  l'assistant  du 
prêtre,  0'75. 

La  famille,  ayant  perdu  uo  enfant  âgé  d'un  an,  a  dû  faire,  à 
l'occasion  de  son  inhumation,  une  dépense  montant  à  9'  30, 
savoir  :  achat  du  cercueil,  S'  25; — rétribution  du  clergé,  /l'SO; 

—  rétribution  du  porteur,  0  '  90  ;  —  fleurs  artificielles  et  cou- 
ronnes déposées  sur  le  cercueil,  puis  sur  le  tombeau,  1^65. 

La  dépense  moyenne  peut  être  établie  approximativement 
ainsi  qu'il  suit  pour  chacune  des  dix  dernières  années.  — 
Dépenses  fixes,  2'  03,  savoir  :  quête  h  l'église,  l'  95;  —  quête 
à  domicile,  0'08. — Dépenses  accidentelles,  1'  83, savoir:  part 
de  k  baptêmes,  0'  90  ;  —  part  d'un  enterrement  d'enfant,  0'  93. 

—  Total  général,  3' 86. 

S  22. 

fiÈGLEHENTB  ÉTABLIS  DAMS  LA   VILLE  DB   VIENNE,  TOUCBANT 
LE    HABUGE    DES    OUVRIERS. 

A  Vienne,  comme  dans  la  plupart  des  communes  de  l'Alle- 
magne méridionale,  l'administration  pose  en  principe  que  l'au- 
torisation de  contracter  mariage  ne  peut  être  accordée  qu'à  ceux 
qui  peuvent  assurer  à  une  famille  des  moyens  suQisants  d'exis- 
tence. L'ouvrier  qui  est  dans  Tintention  de  se  marier  doit  se 
procurer  auprès  de  son  patron  un  certificat  coDstetant  qu'il  reçoit 
par  journée  de  travail  un  certain  minimum  de  salaire  :  il  doit 
également  obtenir  de  l'autorité  communale  un  certificat  de  bonnes 
œurs. 

Les  frais  qu'entraîne  le  mariage  obligent  d'ailleurs  l'ouvrier 

DigitizcdbyGOOgle 


DIVBRS    DB  LA  GOKSTITUTtON  SOCIALB. 


à  se  plier,  au  moins  pendanl  quelque  temps,  à  cerlaîDes  habi- 
tudes d'ordre  et  d'écoDomie.  ladépendamment  d^  dépenses 
imposées  seulement  par  l'usage  et  par  les  convenances,  ces  Trais 
montent  au  moins  à  16'  80,  savoir  :  autorisation  délivrée  par 
la  police,  1'  31;  —  actes  dressés  à  la  mairie  et  mnriage  civil, 
T  88;  —  actes  dressés  à  l'église,  publication  des  bana  et  céré- 
monie du  mariage  religieux,  5' 25;  —  extrait  de  l'acte  de  ma- 
ringe,  1'  31  ;  —  indemnités  à  divers  agents,  1'  05. 

La  famille  décrite  dans  la  présente  monographie  a  dd  faire, 
en  outre,  une  dépense  de  21'  &0,  savoir  :  2  alliances  d'or  con- 
servées à  la  maison  pendant  toute  la  vie  des  deux  époux,  5'  30; 
—  repas  donné  aux  parents  et  aux  amis,  12'  60; —  frais  divers 
spéciaux  au  mariage  et  distincts  de  ceux  qui  se  rapportent  à 
l'acquisition  du  mobilier  et  des  vêlements,  3'  50. 

Dans  les  habitudes  de  la  population  ouvrière  de  Vienne,  ce 
sont  ordinairement  les  filles  qui  épargnent  avant  le  mariage  les 
sommes  au  moyen  desquelles  on  subvient  a  ces  diverses  dépenses, 
et  surtout  celles  qui  sont  nécessaires  à  l'acquisition  du  mobilier 
et  des  vêtements.  Il  en  a  été  ainsi  pour  la  famille  décrite  dans 
la  présente  monographie  (i2)< 

Les  unions  illicites  que  ces  règlements  tendraient  à  provo- 
quer sont  sévèrement  interdites  par  ia  police  viennoise;  les  pres- 
criptions de  ce  genre  qu'on  avait  laissées  tomber  en  désuétude 
sont  rigoureusement  appliquées  depuis  les  événements  de  18&8. 
On  ne  tolère  dans  aucun  cas  la  cohabitation  ordinaire  d'un 
couple  qui  ne  peut  produire  son  acte  de  mariage  :  les  personnes 
surprises  en  contravention  sont  mises  en  demeure,  ou  de  se 
marier  si  d'ailleurs  elles  justifient  de  convenables  moyens  d'exis- 
tence, ou  d'être  renvoyées  aux  lieux  de  leur  naissance. 

Ainsi  qu'on  en  fait  ailleurs  la  remarque,  ce  régime  restrictif 
ne  paratt  pas  avoir  en  fait  l'efficacité  que  lui  attribuent  les  admi- 
nistrations allemandes.  Dès  lors,  il  est  difficile  de  le  concilier  avec 
les  r^Ies  de  la  morale  et  les  justes  droits  de  la  dignité  humaine. 

Parmi  les  moyens  qui  peuvent  le  mieux  conjurer  le  déve- 
loppement de  la  pauvreté,  figurent  au  premier  rang  une  bonne 
organisation  de  la  famille  et  l'établissement  d'un  régime  régulier 


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-  GOMPAGNON-HSNIIiatRIl  DE   VISNNB. 


d'émigration.  Les  communautés  slaves  détruites  depuis  long- 
temps au  lieu  de  naissance  de  l'ouvrier  viennois  (a)  offrent,  à 
cet  égard,  de  beaux  modèles  à  l'Empire  autrichien  (IV,  i,  ss). 
Grâce  à  leur  excellente  organisation,  les  communautés  .du 
Danube  et  de  l'Adriatique  ne  voient  jamais  un  périt  social  dans 
le  mariage;  et^elles  se  plaisent  à  rboaorer  (33). 


S  23. 

LES    FIAKÇA.1LLGS   ET    I.B   UARIAGE    GETBZ    LES    RAGES    SLAVES 
CONTIGUBS   AU   DANUBE    ET    A    L'ADHIATJQUB. 

Les  traditions  nationales  des  races  slaves  établies  dans  le 
bassin  du  Danube  et  sur  les  rivages  de  l'Adriatique  ont  imprimé 
un  grand  caractère  de  solennité  à  l'union  de  l'homme  et  de  la 
femme.  Tout  ce  qui  la  prépare  est,  conformément  à  la  cou- 
tume des  races  modèles,  inspiré  par  le  besoin  de  développ?r 
chez  les  jeunes  époux  les  vertus  sur  lesquelles  reposera  la  pros- 
périté de  la  famille  et  d'amortir,  dans  un  acte  aussi  grave,  les 
aveugles  entraînements  de  la  passion.  Les  tîançailles  sont  en 
pleine  vigueur,  et  restent  conformes  à  la  pensée  de  l'institution. 
Elles  astreignent  les  deux  futurs  époux  à  une  sorte  d'apprentis- 
sage de  la  vie  nouvelle  où  ils  vont  entrer;  elles  les  dressent  à 
préparer  les  ressources  matérielles  nécessaires  à'  l'existence  de  la 
famille  qu'ils  vont  former.  En  cette  matière,  tes  rites  des  fiançailles 
suppléent  utilement  à  l'enseignement  des  principes  abstraits. 
En  elfet,  les  mœurs  qui  en  sont  l'expression  se  conservent  aisé- 
ment, grâce  à  des  coutumes  invariables,  faciles  à  transmettre  de 
génération  en  génération.  Les  peuples  heureux  et  paisibles  se 
montrent  attachés  à  ces  rites  traditionnels,  sans  songer  même  à 
rechercher  les  motifs  de  leur  existence.  La  coutume  du  bien 
reste  ainsi  au-dessus  de  tout  examen  et  de  toute  discussion  ;  et 
l'attrait  des  fêtes  nationales  vient  jeter  un  charme  inouï  sur  les 
actes  les  plus  graves  et  sur  les  sacrifices  que  peuvent  réclamer  la 
pratique  du  bien  .et  la  répression  des  mauvais  peachanls,  L'ob- 


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iLÉXBITTS   DIVEBB  DB  LA  GONSTITUTIOM   S0CI4LB.  iS 

serratioQ  des  faits  sociaux  révèle  partout  l'importance  extrême 
des  céréroomes  domestiques  conservées  par  la  tradition.  Il  serait 
difficile  aux  hommes  de  nouveauté  d'en  faire  une  critique  fon- 
dée. Il  serait  facile,  au  contraire,  h.  un  observateur  de  signa- 
ler le&  principes  de  moralité  cachés  sous  ces  pratiques,  aussi 
curieuses  pour  le  touriste  ami  du  pittoresque  que  respectables 
pour  le  philosophe  et  l'homme  d'État.  C'est  à  ce  point  de  vue 
que  vont  être  décrites  ici,  d'après  M.  Boguichitch',  écrivain  de 
race  dalmate,  quelques-unes  des  coutumes  observées,  dans  les 
pays  slaves  de  la  vallée  du  Danube  et  des  côtes  de  l'Adriatique, 
au  sujet  des  fiançailles  et  des  mariages. 

Le  premier  point  auquel  s'attache  cet  auteur,  c'est  à  réfuter 
l'asserUon  de  quelques  écrivains,  tels  que  MM.  Unger  et  Gamp- 
hausen,  concernant  la  prétendue  polygamie  de  certaines  popu- 
lations slaves.  Il  établit  que,  chez  tous  les  Slaves,  la  monogamie 
est  le  principe  fondamental  de  la  famille.  Ces  écrivains  ont  com- 
mis l'erreur  de  prendre  pour  des  institutions  sociales  définies  les 
désordres  moraux  qu'ont  apportés,  chez  quelques  Cosaques  des 
frontières,  les  habitudes  de  brigandage  et  l'immigration  inces- 
sante d'aventuriers,  rebut  de  toutes  les  nations.  Ils  ont  d'ailleurs 
été  abusés  par  une  traduction  infidèle  de  l'auteur  Ivanow,  qui 
écrivait  à  ta  fin  du  siècle  dernier. 

Suivant  M.  Boguichitch  :  «  Les  noces  sont  toujours  précé- 
dées des  fiançailles.  Un  père  ne  promet  sa  fille  en  mariage  que 
lorsqu'elle  est  ^gée  de  seize  à  vingt  ans;  mais  les  garçons  se 
marient  ordinairement  entre  leur  vingtième  et  vingt-cinquième 
année...  Le  paysan  prend  une  femme  pour  augmenter  le  nombre 
des  bras  dans  la  famille.  Les  enfants  eux-mêmes  ne  sont  pas 
une  charge,  car  on  les  fait  servir,  dès  leur  première  jeunesse,  à 
l'exploitation  du  domaine.  Les  intérêts  économiques  sont  d'un 
très-grand  poids  dans  la  conclusion  des  mariages,  surtout  chez 
tes  nombreuses  familles,  qui  vivent  en  communauté.  Si  l'asso- 
ciation ne  possède  qu'un  petit  nombre  de  ménages,  les  garçons 

1,  Boguichitch,  Reeutil  dei  eoutu^net  aclutlltt  chti  its  Siavet  méridionaux,  Uito 
slive,  analysa  psr  H.  Fedor  DfmRlltcb,  Jans  an  ouvrage  Intitula  t  U  Droit  coulumier 
tbt  Skvet  miridionaïui. 


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46  CH.  1,    —  COHPAGNON-URNUISIEIl  CE  VIENNE. 

se  marient  avant  vingt  ans;  s'il  y  en  a  trop,  on  ajourne  ordinai- 
rement le  mariage...  Lorsqu'une  communauté  se  trouve  menacée 
dans  son  existence,  parce  qu'elle  n'a  plus  qu'un  seul  héritier, 
celui-ci  doit  se  marier  après  la  mort  de  son  père,  quand  même  il 
n'aurait  pas  atteint  sa  quinzième  année.  On  lui  cherche  une  tille 
sage  et  bonne  ménagère  ;  et,  comme  il  est  trop  jeune  encore  pour 
conduire  la  maison,  c'est  sa  femme  qui  dirige  les  travaux  domes- 
tiques. Hors  ce  cas  tout  à  fait  exceptionnel,  il  est  rare  qu'un 
garçon  épouse  une  6lle  plus  âgée  que  lui,  si  ce  n'est  seulement 
en  Bulgarie.  Les  maisons  bulgares  retardent  souvent  le  mariage 
des  filles  pour  tirer  parti  de  leur  travail  avant  qu'elles  ne  s'éloi- 
gnent de  la  communauté.  D'une  autre  part,  les  pères  recherchent 
une  fiancée  forte,  habituée  au  travail  et  ayant  acquis  l'expérience 
des  choses  domestiques  ;  et  ces  qualités  ne  se  rencontrent  guère 
chez  une  611e  trop  jeune.  » 

Il  paraît  qu'aux  temps  anciens  on  fiançait  assez  souvent  des 
enfants  au  berceau  pour  perpétuer  entre  ceux-ci  des  rapports  de 
tendre  affection  formés  entre  les  parents.  Mais  on  a  reconnu  les 
inconvénients  de  cette  coutume,  et  on  y  a  complètement  renoncé. 
Cet  exemple  montre  bien  les  causes  de  la  supériorité  des  cou- 
tumes anciennes.  Contrairement  k  ce  qu'enseignent  avec  passion 
et  contre  toute  raison  les  partisans  des  nouveautés,  une  coutume 
est  bonne  précisément  parce  qu'elle  est  vieille.  Si  on  l'a  suivie 
si  longtemps,  c'est  qu'on  lui  a  reconnu  des  avantages;  et  l'on  a 
peu  à  peu  laissé  tomber  en  désuétude  toute  coutume  qui  offrait 
des  inconvénients.  C'est  donc  le  bon  sens  qui  conseille  aux  peuples 
modèles  de  respecter  toute  coutumn  antique  ;  de  la  croire,  pour  ce 
motif  seul,  bienfaisante;  et  de  ne  la  modifier  qu'avec  une  sorte  de 
répugnance,  sous  l'empire  de  nécessités  évidentes.  L'esprit  révo- 
lutionnaire qui,  depuis  plus  d'un  siècle,  désorganise  l'occident  de 
l'Europe,  s'attache  à  propager  le  contre-pied  de  cette  vérité. 
Ainsi  ont  péri,  par  exemple  chez  les  Français,  ■  beaucoup  de 
coutumes  recommandables.  Ou  a  même  parfois  opposé  è  ces 
coutumes  des  lois  écrites  qui  maintiennent  l'esprit  d'erreur,  sans 
autre  motif  que  la  haine  aveugle  du  passé.  Quelquefois  même, 
ces  lois  coereitives  sont  dérendues  avec  un  zèle  intéressé  par  des 


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BLâHBMTg  DIVEBS  Dl  LA  CONSTITUTION  SOCI&IR.  il 

classes  de  personnes  qui  tirent  profit  des  désordres  mêmes  que 
ces  Douveaulés  ont  fait  éclore.  On  eût  évité  ces  mesures  fatales, 
si,  au  lieu  de  prendre  pour  principes  des  idées  préconçues,  ou 
avait,  selon  la  véritable  méthode  des  sciences  d'observation,  con- 
sulté sans  parti  pris  l'expérience  des  peuples  modèles  qui  sont 
en  possession  du  souverain  bien  :  la  paix  sociale.  Rien  n'est  doue 
plus  salutaire  que  l'œuvre  entreprise,  chez  les  Slaves  méridio- 
naux, par  des  savants  tels  que  M.  BoguicHitch,  dans  le  dessein 
de  dérendre  la  coutume  séculaire  de  leur  race  contre  la  tyrannie 
imprudente  des  légistes  h  principes  théoriques. 

Chez  les  Slaves  du  Danube  et  de  l'Adriatique,  la  première 
des  institutions  concernant  le  mariage  est  celle  des  fiançailles. 

N  Le  temps  qui  sépare  les  fiançailles  du  mariage  n'est  pas 
exactement  déterminé;  il  varie  entre  deux  mois  et  trois  ans.  Les 
fiançailles  ont  ordinairemeut  lieu,  selon  les  contrées,  à  la  Saint- 
Martin  ou  au  carnaval  ;  et  le  mariage  n'est  célébré  qu'à  l'automne 
suivant.  A  celte  époque  de  l'année,  ta  maison  est  pourvue  de 
tout  ce  qui  lui  est  nécessaire  pour  l'hiver.  Le  gain,  fait  à  l'étran- 
ger par  les  associés  qui  voyagent,  e^it  également  renti'é  à  l'arrière- 
saisou.  On  peut  donc  pourvoir  aux  dépenses  de  la  noce.  » 

a  Si  te  garçon  a  lui-même  choisi  sa  future,  ses  parents  ne 
contrarient  pas  sou  choix,  pourvu  que  le  conseil  de  famille  l'ait 
autorisé  d'une  manière  générale  à  se  marier.  Mais,  dans  le  cas 
où  le  jeune  homme  n'aurait  pas  encore  trouvé  la  fille  de  son 
choix,  c'est  le  père  qui  lui  eu  propose  une;  et  le  fils  adhère 
ordinairement  par  obéissance.  La  fille  est  alors  demandée  en 
mariage  à  ses  parents;  mais  la  première  visite  se  fait  toujours 
de  grand  matin  pour  que  la  demande  reste  ignorée  du  voisinage 
en  cas  de  refus.  Comme  les  Serbes  sont  très-susceptibles  dans 
ces  sortes  d'affaires,  et  qu'un  refus  leur  causerait  beaucoup  de 
peine,  ils  emploient  généralement  un  intermédiaire.  C'est  parfois 
le  Domatchin  (chef  de  famille)  du  jeune  homme  qui  va  lui-même 
souder  le  terrain.  En  général,  avant  de  demander  solennelle- 
ment la  main  d'une  fille,  ou  s'assure  de  son  consentement  et  de 
celui  de  sa  famille.  A  Gradiska,  le  jeune  homme  cherche  une 
occasion  favorable,  et  dans  le  plus  grand  secret,  pour  savoir  de 


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48  CH.  I.  —  COMPAGKON-HBNniSIEË  UB  VIENNE. 

la  fille  elle-même  si  elle  consentirait  à  l'épouser.  Mais  les  filles 
de  celte  contrée,  qui  sont  très-espiègles,  laissent  qudquefois 
languir  assez  longtemps  les  pauvres  garçons  avant  d'accepter 
leur  offre.  On  ne  refuse  jamais  directement  la  main  d'une  fille  ; 
on  trouve  toujours  une  excuse  polie  pour  déguiser  un  refus  : 
tantôt  l'alTection  des  parents  qui  ne  pourraient  se  séparer  de 
leur  fille;  tantôt  la  grande  jeunesse  de  la  fille,  qui  ne  leur  permet 
pas  de  songer  à  la  marier.  Si  les  parents  n'ont  pas  été  prévenus 
de  la  proposition  de  mariage,  ils  invitent  le  prétendant  à  revenir 
dans  quelque  temps,  afin  qu'ils  puissent  s'enquérir  des  intentions 
de  leur  fille.  Les  démarches  préliminaires  ayant  été  faites,  c'est 
le  père  du  jeune  homme  qui  rend  la  première  visite.  Il  est 
accompagné  de  quelques-uns  de  ses  plus  proches  parenls.  Dans 
divers  endroits  de  la  Croatie,  c'est  la  mère  qui  va  faire  la 
demande  en  mariage;  une  de  ses  amies  l'accompagne.  Elle 
apporte  du  Rakit  espèce  de  ratafia;  et,  dès  qu'elle  voit  la  fille 
disposée  à  se  marier,  elle  prend  un  verre  et  lui  demande  si  elle 
veut  boire  de  son  Raki.  Si  la  fille  répond  oui,  c'est  un  consente- 
meot.  La  mère  ofTre  alors  à  la  jeune  fille  les  provisions  qu'elle  a 
apportées  et  elle  donne  à  chacune  des  Temmes  de  la  maison  un 
foulard  de  laine  ou  une  serviette.  Le  prétendu  se  rend  aussi 
quelquefois  avec  plusieurs  de  ses  amis  chez  les  parents  de  la  fille  ; 
ce  sont  toujours  les  amis  qui  font  la  demande  en  mariage.  Ils 
offrent  de  la  liqueur  et  du  pain  aux  membres  de  la  famille  eu 
leur  faisant  un  discours  solennel,  pendant  lequel  le  prétendu 
distribue  des  pommes  aux  enfants;  et  il  en  jette  une  à  la  jeune 
fille,  s'il  l'aperçoit  quelque  part.  En  Serbie,  c'est  un  intermé- 
diaire, nommé  Provodadgciya,  qui  fait  la  demande  en  présentant 
h  la  jeune  fille  un  bouquet  de  basilic  au  milieu  duquel  se  trouvent 
quelques  pièces  de  monnaie.  Si  elle  accepte  le  bouquet,  elle  con- 
sent. Le  même  usage  existe  en  Bulgarie  ;  mais  c'est  le  prétendu 
qui  apporte  le  bouquet.  Les  fiançailles  se  terminent  rarement  à 
cette  première  visite.  A  Brod,  dans  les  cooGns  militaires,  on  en 
fait  quatre.  Api'ès  la  mère,  c'est  le  père  qui  va  voir  la  fille;  puis 
vient  le  tour  du  Domatchin;  et,  à  chaque  visite,  on  se  fait  mutuel- 
lement des  cadeaux.  La  quatrième,  à  laquelle  assistaient  tous 


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iLÉUKNTS  DIVERS  DB  LA  CONSTITDTION  SOCIALE. 

les  pareots  de  la  fille,  n'est  pliu  eo  usage  ;  mais 
la  fiancée  par  le  doQ  d'uDe  petite  somme  d'argent.  Quant  aux 
cadeaux,  ta  fille  les  partage  entre  ses  parents  et  les  enfanls.  Les 
chevaux  ne  sont  pas  oubliés;  car  la  fiancée  leur  envoie  des  Fou- 
lards de  couleur  qui  servent  à  les  parer  le  jour  des  noces.  Lors- 
qu'on a  obtenu  le  consentement  de  la  fille  et  celui  de  ses  parents, 
le  père  du  prétendu  invite  ses  amis  à  venir  le  voir;  et  il  leur 
annonce  le  mariage  de  son  fils  en  les  engageant  à  faire  avec  lui 
une  visite  à  la  prétendue,  La  demande  en  mariage  est  alors 
renouvelée  d'une  manière  solennelle  ;  et  le  père  de  la  fille  donne 
de  nouveau  son  consentement  à  peu  près  dans  ces  termes  :  «  Je 
a  donne  la  maia  de  ma  fille  au  vaillant  îi***,  que  Dieu  soit 
n  avec  eux  !  » 

«  En  Croatie,  les  invités  vont  ensuite  déjeuner  dans  le  voisi- 
nage; et,  pendant  ce  temps,  la  prétendue  revêt  ses  babits  de  fête 
et  se  rend  à  l'église  avec  une  femme  de  la  communauté.  Fuis, 
accompagnée  d'un  ami  de  son  prétendu,  elle  fait  une  visite  à  tous 
ses  parents  pour  demander  à  cbacun  d'eux  de  consentir  à  son 
mariage.  Après  toutes  ces  visites,  on  va  s'inscrire  chez  le  prêtre; 
et  tous  les  invités  se  rendent  chez  le  père  de  la  jeune  fille,  où  la 
journée  se  termine  gaiement  par  le  souper  des  fiançailles.  C'est 
le  prétendu  qui  fournit  toujours  le  vin  ;  mais  en  certains  cas  le 
Domatchin  de  la  fiancée  met  sa  cave  à  la  disposition  des  con- 
vives. Pendant  le  souper,  les  fiancés  échangent  entre  eux  les 
anneaux  et  se  partagent  les  cadeaux.  La  fiancée  reçoit  une 
pomme  dans  laquelle  plusieurs  pièces  d'argent  sont  à  demi 
enfoncées  ;  puis  elle  donne  un  mouchoir  à  son  fiancé.  A  Lika,  la 
fille  est  parée  ce  jour-là  comme  au  jour  des  noces.  Son  frère  la 
conduit  de  sa  chambre  dans  la  salle  du  festin;  et,  la  présentant 
aux  convives,  il  s'écrie  :  «  Qui  veut  prendre  soin  de  ma  sœur?  » 
Le  témoin  de  la  noce  répond  :  «  Dieu  et  moi!  »  Il  prend  ensuite  la 
main  de  la  fiancée,  lui  met  un  anneau  au  doigt  et  une  pièce 
d'argent  dans  la  main  ;  et,  s'adressant  aux  convives,  il  leur  dit  : 
■  H  J'oITre  cet  anneau  à  cette  honDéte  fille;  qu'il  soit  pour  elle 
»  un  gage  d'amour  et  de  foi!  »  Puis  il  se  tourne  trois  fois  de 
gauche  à  droite  vers  l'Orient,  embrasse  la  fiancée  sur  la  joue. 


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UENtJISmil  DE  VIENNE, 


lui  offre  une  pomme  avec  des  pièces  d'argent  que  la  mère  garde 
pour  les  remettre  plus  tard  à  sa  fille;  et  il  prononce  d'un  ion 
solennel  les  paroles  suivantes  :  «  Que  Dieu  donne  sa  bénédiction 
«  aux  deux  fiancés!  qu'ils  jouissent  ensemble  d'une  longue  et 
M  heureuse  vie!  —  Amen!  »  répondent  en  chœur  tous  les  assis- 
tants. Si  le  prétendu  oiïre  lui-même  la  pomme  à  sa  prétendue, 
celle-ci  la  prend;  mais,  au  lieu  de  la  donner  à  sa  mère,  elle  la 
cache  dans  son  sein.  A  Risan,  le  père  du  prétendu  offre  l'anneau 
au  père  de  la  fiancée  qui  le  remet  à  sa  femme;  et  celle-ci  le 
transmet  ensuite  à  sa  fille. 

«  L'anneau  des  fiançailles  joue  toujours  le  rôle  fondamental  ; 
mais  la  manière  dont  il  est  offert  varie  assez  d'un  pays  à  l'autre. 
A  Bisan,  c'est  le  père  du  prétendu  qui  l'offre  au  père  de  la  jeune 
fille;  celui-ci  le  passe  h  la  mère  qui  le  garde  jusqu'au  jour  des 
noces.  A  Seravéyo  (Bosnie),  l'anneau  est  oITert  par  le  témoin 
du  mariage,  mais  il  reste  jusqu'aux  noces  placé  devant  l'image 
d'un  saint.  Ailleurs,  cet  anneau  est  offert  par  le  frère  du  pré- 
tendu ;  il  prend  les  mains  de  la  fiancée,  les  joint  dans  l'attitude 
de  la  prière  et  lui  glisse  au  doigt  l'anneau  nuptial  en  faisant  le 
signe  de  la  croix  et  en  invoquant  la  Sainte-Trinité.  » 

i>  En  Bulgarie,  le  jeune  homme,  après  avoir  obtenu  le 
consentement  de  la  jeune  fille,  va  lui  faire  une  visite  quelques 
jours  plus  tard  avec  ses  parents.  Celle-ci  présente  alors  un  bou- 
quet à  son  prétendu,  et  on  convient  à  cette  visite  des  cadeaux  qui 
doivent  être  donnés,  ainsi  que  du  jour  où  le  mariage  sera  célé- 
bré. On  fixe  également  le  prix  de  VOgrluk,  ou  cadeau  que  le 
fiancé  doit  donner  à  sa  future  belle-mère.  Pendant  le  souper,  c'est 
la  fille  qui  sert  à  table.  Mais  les  véritables  fiançailles,  qui  sont 
toujours  célébrées  devant  un  prêtre,  n'ont  lieu  qu'à  la  troisième 
réunion  des  deux  familles,  et  c'est  la  mère  de  la  jeune  fille  qui, 
ce  jour-là,  échange  les  anneaux.  Le  fiancé  paie  alors  le  souper, 
ainsi  que  la  moitié  du  prix  convenu  pour  l'Ogrluk  de  sa  future 
belle-mère.  Les  deux  prétendus  baisent  ensuite  la  main  de  leurs 
parents,  et  puis  on  distribue  les  cadeaux.  Chez  les  Serbes,  en 
général,  le  prétendu  se  rencontre  rarement  avec  sa  fiancée.  A 
Risan,  on  ne  lui  permet  de  la  voir  et  de  l'embrasser  qu'après  de 


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ihûmana  divkm  ob  u  constitution  socialb.  B< 

JoDgues  ËupplicatioDS;  mais  elle  résisle  toujours,  s'arrache  de  ses 
bras  et  s'eoruit.  Dans  le  MontéDégro,  il  né  )a  voit  qu'à  la  troi- 
sième visite  faite  avec  son  père;  etc'est  alors  qu'on  échange  ]es 
cadeaux.  Il  doDoe  à  la  Qlle  des  pantoufles,  et  il  reçoit  d'elle  une 
chemise;  mais,  jusqu'au  jour  des  noces,  il  ne  fréquente  plus  la 
maism  de  sa  future.  Chez  les  Moat^nëgrius,  le  jour  des  noces 
est  6xë  dans  une  réunion  qui  s'appelle  Sviia  (la  soie) .  On  déter- 
mine également  à  cette  visite  le  nombre  des  convives  qui  doivent 
prendre  part  aux  fêles.  La  Svila  a  lieu  deux  ou  trois  semaines 
avant  les  noces.  Le  fiancé  n'y  assiste  jamais,  mais  il  envoie 
deux  petits  tonneaux  de  Baki,  l'un  pour  la  maison  de  la  Slle,  et 
l'autre  pour  ses  parents  qui  font  partie  du  clan.  Trois  personnes 
se  rendent  à  la  Svila,  chez  la  prétendue,  et  lui  apportent  de  la 
toile  pour  faire  des  chemises,  de  la  soie  à  broder,  et  unsequin. 
Les  cadeaux  ayant  été  olferts,  on  boit  du  Baki,  avec  tous  les 
parents  de  la  fille.  Les  membres  du  clan  de  celle-ci  se  réunissent 
alors  devant  l'église;  les  chefs  de  la  maison  boivent  du  Raki,  et 
toute  l'assemblée  exprime  de  cette  manière  son  assentiment  au 
mariage.  On  fixe  encc»^  à  la  Svila  la  somme  que  le  futur  doit 
payer  pour  les  cadeaux  de  noces.  Dès  que  les  anneaux  sont 
échangés  et  tes  présents  distribués,  la  foi  est  solennellement 
engagée.  Parfois,  la  pomme,  qui  joue  à  cette  occasion  un  rôle  si 
important  dans  le  cérémonial  des  Serbes,  remplace  t'anneau  ;  et 
le  couple  se  regarde  comme  fiancé,  si  la  jeune  fille  accepte  la 
pomme.  Les  fiançailles  étant  terminées,  la  prétendue  ne  danse 
plus  dans  aucun  bal;  elle  ne  sort  jamais  seule,  et  jusqu'il  son 
mariage  elle  mène  une  vie  très-laborieuse  et  très-retirée.  A  Bisan, 
dès  que  la  fille  s'est  engagée  par  sa  promise  de  mariage,  son 
fiancé  doit  lui  fournir  la  chaussure;  mais  il  reçoit  en  échange, 
le  dimanche  et  les  jours  de  fêle,  un  bouquet  de  fleurs  naturelles 
jaunies  à  l'or.  » 

Ces  fiançailles  si  solennellement  accomplies  lient  les  deux 
futurs  d'une  façon  à  peu  près  indissoluble.  Si  cet  engagement 
n'est  pas  respecté,  c'est  surtout  la  volonté  de  la  jeune  fille  qui 
vient  à  le  rompre.  De  tels  exemples  sont  très-rares  chez  les 
Serbes.  La  coutume  du  Monténégro,  de  l'Herzégovine,  veut  que 


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51  CB.   I.  —  COVPtBNON-MlnOlBtBm  Dt  nBNNB. 

la  jeuDe  Bile,  dès  qu'elle  est  fiancée,  cesse  de  fréquenter  les  jeunes 
gens  du  village.  Si  elle  déroge  k  cette  coDvenance,  oo  considère 
le  fiancé  comme  dégagé  de  tout  lien  avec  elle.  Les  jeunes  filles 
bulgares  qui  veulent  être  relevées  de  leurs  promesses  de  fian- 
çailles se  rendent  cbez  l'archipi'étre  et  lui  expriment  leur  désir. 
Celui-ci  leur  adresse  une  remontrance  et  les  congédie.  Si  elles 
persistent,  elles  y  retournent  bienUlt  et  la  même  scène  se  renou- 
velle. Ënfin.aprèsune  troisième  demande  et  une  troisiènieadmo- 
nestation  inutile,  les  fiançailles  sont  déclarées  nulles.  En  général, 
l'opinion  publique  est  plus  sévère  pour  le  fiancé  qui  manque  à 
sa  foi.  Chez  les  montagnards  dalmates,  une  pareille  insulte  est 
l'origine  d'une  véritable  guerre  à  main  armée  entre  les  deux 
familles;  la  paix  ne  renaît  que  si  le  jeune  homme  consent  h 
épouser  sa  fiancée  ou  lui  paie  une  somme  d'argent  ene^piationde 
son  oITense.  Les  Monténégrins  avaient  naguère  la  même  cou- 
tume: de  plus,  dans  cette  contrée  et  en  Herzégovine,  l'auteur 
d'un  pareil  manque  de  foi  était  contraint  de  quitter  le  pays,  s'il 
voulait  échapper  à  l'obligation  du  mariage.  Son  frère  cadet,  s'il 
en  avait  un  plus  Agé  que  la  fiancée,  était  cependant  agréé  pour 
tenir  son  engagement  à  sa  place.  Les  Bulgares,  moins  rigoureux, 
admettent  ta  rupture  de  l'engagement  des  fiançailles,  moyennant 
composition  ;  celui  des  deux  qui  retire  sa  parole  paie  à  l'autre 
une  certaine  somme  d'argent. 

Comme  au  moyen  fige,  en  Occident,  la  parenté  crée  une 
foule  d'empêchements  pour  les  mariages.  «  Le  peuple,  ainsi 
que  l'Église,  »  dit  M.  Boguichitch,  «  distingue  trois  sortes  de 
parenté  :  la  parenté  du  sang,  l'affinité  par  alliance,  et  la  parenté 
spirituelle,  qui  établit  un  véritable  empêcheinent  de  mariage 
entre  le  parrain,  son  filleul  et  sa  famille.  En  Serbie  et  dans 
quelques  contrées  de  la  Croatie,  on  ajoute,  à  ces  divers  empê^ 
chements,  la  confraternité  et  l'adoption.  En  Croatie,  on  ne  se 
mane  pas  non  plus  dès  qu'il  y  a  parenté,  sans  même  chercher 
àquel  degré.  Le  peuple  n'approuve  jamais  de  tels  mariages  quand 
le  haut  clergé  accorde  des  dispenses.  » 

La  coutume  interdit  en  général  les  mariages  entre  consan- 
guins jusqu'au  quatrième  ou  cinquième  d^ré.  Le  mariage  est 


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DIVEII9  DK  LA  CONSTlTimOrt  SOCIALK. 


encore  interdit  entre  frères  et  sœurs  de  lait.  Dans  plusieure  pays . 
slaves,  Dalmatie,  Herzégovine,  Monténégro,  l'adoption,  consa-. 
crée  par  une  cérémooie  religieuse,  crée  une  parenté  spirituelle 
qui  exclut  les  mariages  entre  les  enfants  de  l'adopté  et  ceux  de 
l'adoptant. 

Les  motifs  qui  guident  les  jeunes  gens  ou  les  familles  dans 
le  choix  de  la  fiancée  sont  inspirés  par  le  désir  d'iotroduire  au 
foyer  de  famille  une  nouvelle  ménagère  bien  élevée,  sage  et  labo- 
rieuse. La  beauté  ne  leur  parait  pas  une  considération  de  première 
importance.  On  remarque  qu'en  général  les  jeunes  gens  tiennent 
à  épouser  des  fitles  de  la  contrée,  sauf  les  restrictions  imposées 
parles  liens  de  parenté  même  éloignée  indiqués  ci-dessus.  Les, 
jeunes  filles  regardent,  au  contraire,  comme  uu  honneur  d'être 
recherchées  par  un  jeune  homme  d'un  pays  éloigné.  «  0  ma 
n,  mère,  »  dit  une  chanson  populaire  de  ces  contrées,  «  donne- 
moi  en  mariage  bien  loin  de  nous,  à  l'étranger,  afin  que  je 
puisse  me  glorifier  de  ma  famille.  » 

Les  dilTérenres  de  religion  sont  de  très-grands  obstacles,  an 
mariage.  Les  che&  de  maison  serbes  s'y  opposent  dans  ce  cas. . 
On  n'admet  pas  que  le  prétendu  change  de  religion  pour  se . 
marïer;  au  contraire,  la  jeune  ûlle  ne  peut  s'unir  à  un  jeune, 
homme  d'une  autre  religion  qu'en  embrassant  celle  du  futur.' 
La  pensée  qui  semble  avoir  inspiré  toute  la  coutume  est  d'éviter 
qu'il  y  ait  diversité  de  religion  entre  les  enfants  d'une  même 
famille.  Les  lois  écrites  qui  ont  été  introduites  en  Hongrie  et  en , 
Croatie  ont  autorisé  les  mariages  mixtes  et  rendu  cette  diversité 
très-fréquente.  Mais  l'opinion  publique  continue  à  y  voir  une . 
cause  de  funestes  divisions  entre  frères  et  sœurs. 

Le  goût  des  mœurs  sévères,  chez  les  Slaves  du  Danube  et 
de  l'Adriatique,  est  évidemment  lié  au  maintien  de  la  coutame. 
nationale.  Il  est  compromis  par  les  lois  écrites  dues  à  l'in- 
fluence  des  idées  de  l'Occident.  Ainsi  rien  ne  paraît  plus  odieux. 
aux  Serbes  que  l'état  de  concubinage  ;  mais,  en  Hongrie,  en 
Croatie,  surtout  dans  les  villes,  l'opinion  publique  est,  sur  ce 
point,  b^ucoup.  plus:  indulgente.  Elle  en  rejette,  non  sans 
raison,  la  faute  sur  les  lois  et  sur  les  ordonnances  iBilitair«,qui 


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-  COUPACNON-lISrtUISIlIB  DE  VIBNNB. 


metteat  des  entraves  au  mariage.  D'ailleurs  le  mariage  tardif 
légalise  tout  à  leurs  yeux. 

La  coutume  consacre  uae  complète  liberté  des  futurs  coo- 
joiats;  et  il  est  très-rare  que  les  parents  imposent  quelque  con- 
trainte à  leurs  eofauls.  Elle  ôte  ainsi  tout  motir  aux  enlèvements 
de  jeunes  Stles.  Chez  les  Slaves  autrichiens  et  en  Serbie,  les  lois 
punissent  d'ailleurs  le  rapt  ;  mais,  dans  les  autres  contrées,  la  cou- 
tume seule  le  prévient.  «  Eo  Bulgarie,  lorsqu'une  fille,  qui  veut 
se  marier  malgré  sa  famille,  entre  chez  le  prétendu  de  son  dioix, 
elle  s'assied  au  foyer  domestique  et  remue  le  feu.  Gela  signifie 
qu'elle  cherche  mi  asile.  Le  chef  de  la  famille  la  reçoit.  Le  mariage 
s'ensuit  presque  toujours;  mais  tes  parents  delà  fille  n'y  assistent 
pas.  La  maisoD  du  fiancé  économise  alors  les  dépenses  nuptiales; 
et  parfois,  dans  ce  seul  but,  ou  simule  une  fuite  ou  un  eolève^ 
ment.  Cependant  de  tels  mariages  ne  peuvent  être  conclus  avant 
que  le  prêtre  n'ait  acquis  la  conviction  qu'il  u'y  a  aucun  empê- 
chement légal  et  que  la  fille  n'est  pas  victime  d'une  violence. 

La  séduction  suivie  d'abandon  par  le  fiancé  ^t  un  crime 
rare,  mais  honni  et  jugé  digne  d'un  châtiment  exemplaire.  Ce 
chàiimeot,  indéterminé  dans  sa  nature,  parce  qu'on  n'a  lieu  de 
l'appliquer  que  par  exception,  de  loin  en  loin,  est  allé,  dans  cer- 
tains cas,  jusqu'à  la  mort  du  coupable.  C'est  chez  les  Serbes  que 
se  rencontre  surtout  cette  implacable  sévérité.  Jamais  chez  eux 
on  n'admet,  pour  une  telle  hoote,  aucune  compensation  en 
argent.  Les  Slaves  autrichiens  sont  plus  accommodants,  parce 
que  leurs  mœurs  sont  moins  austères.  Les  Bulgares  veulentque 
leséducteur  épouse  celle  qu'il  a  séduite;  maïs,  si  celle-ci  renonce 
au  mariage,  ils  livrent  le  coupable  aux  tribunaux  qui  lui  appli- 
quent les  peines  édictées  par  la  loi.  Les  Moutéuégrins  et  les  Dal- 
mates  ont  recours  aux  armes,  et  ce  sont  surtout  les  fr^«s  de  la 
jeune  fille  qui  se  font  les  champions  de  l'honneur  domestique. 
Mais,  ce  qui  effraye  surtout  les  jeunes  hommes  tentés  de  com- 
mettre ufl  pareil  méfait,  c'est  la  crainte  des  malédictions  qui  les 
poursuivent  à  tout  jamais.  M.  Boguichitch  cite  à  ce  propos  le 
passage  suivant  d'une  belle  chanson  serbe  bien  connue  dans  le 
peuple  :  a  La  terre  tremble  lorsqu'une  fille  séduite  prononce- 


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riLdMBNTS  DIVEB8  DE  LA  COKSTITUTION    SOCIALB.  U 

uDe  malédicfioD.  Sa  plainte  inoDle  jusqu'à  Dieu,  et  les  larmes 
qui  coulent  de  ses  yeux  s'euroocent  dans  la  terre  jusqu'à  la  pro- 
fondeur de  trois  lances.  » 

«  Il  est  rare,  »  selon  M.  Boguichitch,  «  qu'on  traite  la  ques- 
tion de  la  dot  aux  fiançailles.  Ceci  n'a  lieu  que  dans  les  loca- 
lités, fort  rares,  où  les  filles  reçoivent  des  immeubles  en  se 
mariant.  La  dot  est  remise  généralement  la  veille  de  la  noce, 
et  quelquefois  deux  jours  auparavant,  dansja  maison  du  futur,  n 

Le  cérémonial  de  la  noce  est  réglé  d'une  façon  très-minu- 
tieuse par  la  coutume.  Il  comporte  une  grande  solennite  et  a 
évidemment  pour  but  de  donner  à  tous,  mariés,  parents  et  gens 
du  voisinage,  ta  plus  haute  idée  de  l'acte  qui  s'accomplit.  Voici 
quelques  renseignements  choisis  parmi  ceux  qu'a  réunis  M.  Ito- 
guicbitch.  H  Le  mariage  est  pour  les  Serbes  un  des  actes  les  plus 
solennels  de  la  vie.  Ce  n'est  pas  seulement  une  grande  fête  de 
famille  :  c'est  comme  une  fête  publique;  car  tout  le  village  est 
heureux  d'y  apporter  sa  part  de  joie.  Les  convives  de  la  noce 
sont  accostés  par  tout  le  monde  et  salués  du  nom  cérémonieux 
que  les  Serbes  ne  se  donnent  pas  dans  leurs  relations  ordinaires. 
On  se  découvre  devant  le  cortège  nuptial,  mais  les  convives 
n'ôtent  jamais  leur  chapeau,  pas  même  à  la  table  du  festin.  Ils 
portent  tous  des  bâtons  ornés  de  rubans  de  diverses  couleurs  ;  le 
bâton  est  chez  le  Serbe  un  signe  de  distinction.  11  n'y  a  que  les 
hauts  personnages  du  village  qui  aient  le  droit  d'en  avoir  à  la 
promenade.  Le  menu  peuple  n'en  porte  jamais.  Quelle  activite  ! 
quel  mouvement  dans  une  maison  où  les  noces  vont  avoir  lieu  ! 
On  frotte,  on  balaye,  on  nettoie  l'habitetion  durant  toute  une 
semaine.  Les  filles  s'occupent  de  leur  toilette  et  les  femmes  pré- 
parent le  repas  nuptial  dans  la  cuisine,  surtout  les  gâteaux,  qui 
jouent  un  si  grand  rôle  pendant  les  fêtes  du  mariage.  La  veille 
desnoces,  divers  rôtistournentsur  les  broches  autour  d'un  grand 
feu,  et  chacun  est  heureux  de  donner  un  coup  de  main;  car,  ce 
soir-là,  on  attend  le  futur  avec  ses  amis.  Sur  le  littoral  croate, 
les  noces  ont  toujours  lieu  un  dimanche;  mais  la  fête  commence 
le  samedi  soir.  D^  le  coucher  du  soleil,  quatre  femmes  vont  en 
chantant  de  porte  en  porte  ;  elles  se  rendent  ensuite  devant  la 


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M  CB.  1.   —  COUrAGSOV-MEyOTStEB  DB  VIRtmB. 

maisoD  du  fiaocé,  qui  parait  sur  le  seuil  en  habits  de  fête  et 
distribue  aux  chaoteuses  des  gâteaux  et  du  viD.  Une  foule  de 
petits  bambios  qui  les  suivent  réclament  aussi  leur  part  ;  et  la 
jeune  fiancée  ne  tes  oublie  pas  devant  la  portede  sa  maison.  Elle 
prend  dans  un  grand  tamis  des  prunes  et  des  figues  sèches,  des 
morceaux  de  pain  doux,  des  amandes,  des  roses,  et  les  jette  au 
milieu  des  petits  criards,  qui  se  disputent  gaiement  et  s'arrachent 
toutes  ces  friandises.  JLa  même  scène  a  lieu  devant  la  maison  du 
fiancé,  maisc'estunedeses  plusprochesparentes  qui  distribue  les 
mêmes  cadeaux  aux  enrants.  La  nuit  venue,  on  ferme  toutes  les 
portes  de  la  maison  de  la  fiancée  pour  n'être  point  surpris  par 
les  convivœ,  parce  qu'ils  doivent  payer  leur  entrée.  On  est 
attentif  au  moindre  bruit  extérieur;  et  dès  qu'on  entend  un 
chant  lointain,  car  les  convives  de  la  noce  chaulent  toujours,  on 
éteint  les  lumières,  et  le  plus  grand  silence  règne  dans  la  maison. 
Mais  les  chants  se  rapprochent  et  voilà  qu'on  frappe  à  la  porte. 
Personne  ne  répond.  On  frappe  une  seconde  fois.  Point  de 
réponse  encore.  L'impatience  gagne  les  convives  et  on  frappe 
avec  plus  de  force.  Une  voix  de  l'intérieur  se  faitentendre  :  «  Au 
«  noradeDieu,quifrappedoncsi  tard? — De  pauvres  voyageurs,  i 
répond  une  voix  du  dehors,  «  des  honnêtes  gens  qui  cherchent 
n  leur  brebis  égarée.  Peut-être  pourrez-vous  nous  en  donner  des 
u  nouvelles.  Ouvrez-nousdoDcla  poi  te.  «Mais  le  Domatcbin  ne  se 
rend  pasàcette  supplication,  et  il  réplique:  n  H  est  trop  tard.  Vous- 
«  viendrez  demain  chercher  votre  brebis,  n  Gomme  cette  réponse  ne 
satisfait  pas  les  visiteura  nocturnes,  l'un  d'eux  prend  la  parole  et 
dit  :  «  Ah  !  mes  braves  gens,  celui  qui  a  une  affaire  urgente  n'a 
«  pas  le  temps  d'attendre  jusqu'au  lendemain.  Ouvrez-nous  la 
«  porte,  car  le  temps  est  bien  mauvais,  n  Et  l'on  se  met  alors  à 
chanter  en  chœur  :  n  De  la  neige  jusqu'aux  genoux,  de  l'eau 
«  jusqu'aux  épaules.  »  Mais  la  porte  reste  toujours  fermée,  et  les 
colloques  durent  encore  longtemps.  Enfin  l'entrée  devient  libre, 
et  le  premier  qui  franchit  le  seuil  offre  du  vin  à  tous  les  assis- 
tants. Ce  vin  est  apporté  par  les  convives  dans  une  grande 
outre.  Après  que  tout  le  monde  a  bu,  le  Domatchin  fait  défiler 
toutes  les  filles  de  la  maison  devant  les  visiteurs,  afin  qu'ils  cher- 


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^LËiiCNTa  nivBBS  BB  LA  fîONsTiTCTio:*  sor.uix.  57 

dieot  leur  brebis  perdue.  La  fiancée  arrive  toujours  la  dernière. 
Dès  que  son  futur  l'aperçoit,  il  l'embrasse;  la  musique  com- 
mence  alors  à  jouer,  et  ou  se  met  à  table.  Puis  les  jeuDes  gar- 
çons et  les  jeunes  allés  chantent  et  dauseot;  et,  quand  on  s'est 
bien  amusé,  on  se  sépare  avant  minuit,  mais  pour  recommencer 
joyeusement  le  lendemain. 

M.  Boguichitch,  après  avoir  décrit  les  rites  analogues,  mais 
variés  à  l'infini,  qui  précèdent  le  mariage,  s'étend  sur  les  céré- 
monies qui  touchent  à  la  conclusion.  Il  signale,  entre  autres 
exemples,  les  traits  suivants  :  «  Le  moment  le  plus  solennel  et 
le  plus  touchant  de  la  journée  des  noces,  c'est  lorsque  la  mariée 
prend  congé  de  ses  parents,  de  ses  frères,  de  ses  sœurs,  et  qu'elle 
dit  adieu  à  toutes  les  compagnes  de  sa  jeunesse,  ainsi  qu'aux 
associés  de  sa  maison.  Dans  les  contrées  où  la  fiancée  ne  rentre 
plus  au  foyer  pateraet,  lorsqu'elle  en  sort  pour  aller  à  l'église, 
elle  fait  ses  adieux  avant  la  cérémonie  religieuse,  c'est-à-dire  au 
moment  où  elle  quitte  pour  toujours  la  maison  de  ses  parents. 
Mais,  dans  les  autres  contrées,  les  adieux  se  font  ordinairement 
après  le  dîner  ou  après  le  souper.  La  malle  de  la  mariée  est 
apportée  au  milieu  de  la  chambre.  On  la  recouvre  entièrement 
d'un  long  et  grand  tapis  sur  lequel  le  jeune  couple  se  met  à 
genoux.  Le  père  s'approche  d'eux  et  leur  demande  ce  qu'ils 
désirent,  a  Père,  ta  bénédiction,  »  répondent-ils.  Le  père  met  alors 
ses  mains  sur  leur  léte  courbée,  et,  s'adressant  k  son  gendre,  il 
lui  recommande  sa  fille  et  lui  dit  d'être  tout  à  la  fois  un  père  et 
un  frère  pour  elle.  «  Ma  puissance  paternelle,  »  ajoute-t-il, 
«  cesse  maintenant.  Prends  donc  ma  fille  sous  ta  garde  et  sois 
u  désormais  son  protecteur,  son  souLien,  durant  toute  ta  vie.  n 
11  récite  ensuite  la  prière  de  la  bénédiction.  La  mère  prononce 
rarement  quelques  paroles;  mais  elle  se  jette  en  sanglotant  dans 
les  bras  de  sa  fille  et  la  tient  longtemps  embrassée.  Pendant 
que  les  femmes  pleurent,  quatre  convives  mettent  la  malle  sur  ' 
leurs  épaules,  et  un  cinquième  porte  le  tapis.  » 

«  Enfin,  le  cortège  se  met  en  marche.  En  Croatie,  les  filles 
chantent  :  n  Adieu  maintenant,  pauvre  vieille  mère  »  ;  et  cette 
chanson  mélancolique  dure  jusqu'aux  ap^ffoches  de  la  maison  du 


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B8  Ca.   I.  —  COMPAflNON-HENIJISlSB  DS  TIENNR. 

nouveau  mariée  Ou  change  alors  le  rhylhme,  et  l'air  reteotil 
subitemeut  du chautplus  joyeux  :  a  Attends,  attends-nous,  très- 
«  chère  mère  s.  Dans  l'Herzégovine,  les  parents  de  la  mariée 
suivent  le  cortège  jusqu'à  une  certaine  distance  de  leurmaison  et 
souhaitent  encore  une  fois  bon  voyagea  leur  fille,  qui  doittourner 
la  tète  vers  ses  parents,  pour  que  ses  enfants  ressemblent  h  sa 
Eamille.  Dans  ces  contrées,  la  future  quitte  la  maison  paternelle 
avant  la  cérémonie  religieuse.  C'est  delà  demeuredufutur  qu'elle 
se  rend  h  l'église.  Les  parents  du  jeune  homme  attendent  les 
nouveaux  époux  sur  le  seuil  de  leur  maison.  La  mère  tient  à  la 
main  une  coupe,  d'ai^ent  ou  de  métal,  qui  ne  doit  jamais  être 
transparente;  et,  avant  que  le  témoin  ait  présenté  la  nouvelle 
épouse,  le  marié  demande  h  sa  mère  ce  que  renferme  cette 
coupe,  «  c'est  du  miel  et  ta  bonne  volonté,  mon  cher  tlls,  « 
répond  la  mère.  Les  témoins  jettent  plusieurs  pièces  d'argent 
dans  la  coupe,  et  la  mère  boit  alors  quelques  gouttes  du  liquide 
que  la  coupe  renferme.  Cette  cérémonie  se  renouvelle  trois  fois.  Le 
marié  prend  ensuite  la  coupe,  et  !a  présente  à  sa  femme,  qui  boit 
également;  il  avale  ce  qui  reste  et  met  l'argent  dans  sa  poche.  » 
a  La  malle  est  alors  portée  dans  la  maison;  mais,  avant 
d'entrer,  le  cortège  se  rend  au  puits  du  village,  dont  il  fait  trois 
fois  le  tour.  Cette  espèce  de  procession  terminée,  les  nouveaux 
époux  jettent  en  l'air  leur  pomme  avec  quelques  pièces  de  mon- 
naie, mais  de  manière  qu'elle  ne  tombe  pas  dans  l'eau,  ce  qui 
n'est  pas  très-faciie;  car  une  foule  d'enfants  entourent  le  puits  et 
cherchent  à  attraper  la  pomme  en  l'air.  On  entre  ensuite  àla  mai- 
son.  Partout  où  passe  le  cortège,  on  oflfre  du  vin  aux  convives  ;  et 
les  femmes  leur  jettent  du  froment.  Pendant  le  souper,  la  première 
fille  d'honneur  distribue  des  cadeaux  è  tous  les  convives  au  nom 
de  la  mariée,  en  leur  disant  :  «  la  jeune  mariée  vous  offre  ce 
<  cadeau;  ilest  petit,  maisl'amitiéestgrande  ». Les  convives  dis- 
'  tribuent  aussi  des  présents  de  noces.  Ils  mettent  une  obole  dans  une 
grande  assiette  placée  sur  la  table.  Dans  le  Monténégro,  c'est  le 
premier  garçon  d'honneur  qui  distribue  les  présents  de  la  mariée.  » 
«  Après  l'échange  des  cadeaux,  te  témoin  conduit  le  nou- 
veau couple  dans  sa  chambre.  Le  mariôte  lui-même  la  coiuvnne 


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itJÉlIBNTS   DIVEBS   DB    LA  CONSTlTimON  SOCIALE.  69 

nuptiale  de  la  tête  de  sa  Temme;  et,  pendant  que  les  convives  se 
régaleot  jusqu'à  l'aube,  les  jeunes  mariés  se  couchent  en  pré- 
sence du  témoin.  Ainsi  se  termine  le  premier  jour  de  noces  sur 
tout  le  littoral  croate.  » 

«  Les  fêtes  nuptiales  se  terminent  rarement  eo  une  journée; 
elles  durent  souvent  deux  semaines.  »  Elles  se  composent  sur- 
tout, après  le  jour  de  la  noce  :  de  visites;  de  messes  célébrées  à 
des  jours  fîïés,  aSa  d'appeler  la  bénédiction  de  Dieu  sur  le  nou- 
veau ménage-,  de  repas  de  famille  destinés  à  multiplier  les  rap- 
ports entre  les  nouveaux  alliés.  Le  lendemain,  a  lieu  la  cérémo- 
nie du  Poiilevatschina  (ablution).  On  apporte  solenodlemenl 
aux.  mariés  l'eau  avec  laquelle  ils  vont  se  laver  les  mains  et  le 
visage  devant  les  dignitaires  de  la  noce.  » 

Il  L'entrée  des  nouveaux  mariés  dans  l'église  a  toujours  lieu 
eo  grande  pompe  le  premier  dimanche  après  la  noce.  La  jeune 
épouse  porte  sa  robe  nuptiale  et  celle  journée  est  encore  une 
réte  pour  toute  la  famille.  Dans  quelques  contrées,  la  mariée 
va  ainsi  parée  à  l'église  pendant  trois  dimanches  consécutifs.  » 

La  consommation  du  mariage  n'a  pas  habituellement  lieu 
dans  celte  période  de  cérémonies  et  de  fêles.  Elle  est  parfois 
différée  de  plusieurs  mois;  mais  le  mariage  est  considéré  comme 
irrévocable  et  indissoluble,  dès  que  les  (lancés  ont  juré,  devant 
le  ministre  du  culte,  de  se  prendre  pour  époux.  Il  se  consomme 
plus  tard  discrètement  sans  aucune  cérémonie  spéciale. 

Les  idées  récemment  propagées  en  Occident  ne  font  envisager 
ces  r^pectables  traditions  des  fêtes  de  famille,  et  surtout  les 
rites  qui  en  assurent  si  eflicacement  le  maintien,  que  comme 
des  puérilités  sans  raison,  mêlées  de  superstitions  dangereuses 
pour  l'indépendance  individuelle.  L'instilution  des  fiançailles,  à 
peu  près  tombée  en  oubli  dans  les  mœurs  modernes,  est  rem- 
placée par  une  précipitation  irréfléchie.  Quant  aux  cérémonies 
de  la  noce,  chacun  sait  que  le  soufKe  de  l'esprit  de  nouveauté 
emporte  chaque  jour  quelque  lambeau  des  coutume  qui  sub- 
sistent encore.  ad.  foullon.  * 


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CHAPITRE    II 

TISSERAND 

DE    GODESBERG    (PROVINCE    RHÉNANE) 

lijuii  la  tyslime  d«B  uigaesiDesU  mamsnlaiiii, 

«TEC    on    FtieiB.   di    la    HonaaRAPBii    ataut    roUH    aniiiT 

LE  LUTEIER  DU  WERDENFELS   (21), 

d'APBÊS   les    BEMSEIOKBMBMTS   RBGUBII.I.IS    SUR    LES  LIEUX, 
EM     18&S, 

P*B  MM,  A.  DE   SAINT-LfiGER  ET   A.  COGHIN. 
OBSERVATIONS  PRELIMINAIRES 

l>ÉnNISSANT  U  CONDITION  DH3  DIVRBS  HEHBRES  DE  LA  FAMILLE 

DéOuItlon  du  lieu,  de  l**ricinila«tfaii  Indtielrlclle 
et  de  la  famlliv. 

SI- 

ÉTAT  DU  SOL,  DE  l'iNDUSTBIB  BT  DE  LA  POFDLATlOrf.     - 

L'ouvrier  demeure  dans  la  comimioe  de  Godesberg,  en  Tace 
du  Siebengebii^,  à  6  kilomètres  S.  de-Ia  ville  de  Boqq,  rive 
gauche  du  Rhin.  Le  sol  est  prëciBément  situé  àla  limile  commune 
de  la  grande  nappe  de  terrains  d'atluvioix,  qui  compose  la  plaine 
saxonne  (111,  it,  n)  avec  la  Nécrlande,  et  du  massif  de  schistes 
ai^ileux  de  (ransilion  que  le  Rhin  traverse  depuis  rembouchure 
de  la  Nahe  Jusqu'au  Siebengebirge.  Le  terraÎD  est  eu  partie  coq- 


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MBBKVATlOaS  PB^LIHINAISEit.  64 

Sacré  à  des  cultures  de  céréales,'  de  légumes  et  de  fruits  propres 
à  cette  région  de  l' Allemagne.  Il  est  surtout  occupé  par  une 
forêt  domaniale  dont  le  voisinage  influe  essentiellement  sur  le 
bien-être  des  ouvriers  de  la  commune  (is).  Toute  cette  contrée 
est  peuplée  de  tisserands  travaillant  dans  leurs  habitations,  dis- 
séminées en  partie  au  milieu  des  campagnes,  en  partie  groupées 
dans  les  villes  et  dans  les  bourgs,  à  proximité  des  comptoirs 
établis  par  les  marchands  qui  exploitent  le  commerce  des  fils  et 
des  tissus.  Ces  marchanils,  qui  ont  en  même  temps  plus  ou  moins 
le  caractère  de  Tabricants,  remettent  aux  tisserands  les  Ris 
importés  d'Angleterre  ou  fabriqués  dans  le  pays  même  ;  puis  ils 
expédient  dans  les  diverses  parties  de  l'Allemagne  du  Nord  les 
tissus  confeclionnés  moyennant  un  salaire  qui  varie  selon  l'état 
d'activité  des  affaires.  Dans  l'organisation  primitive  de  ces  petits 
ateliers,  la  femme  et  les  enfants  exploitaient  toujours  plusieurs 
branches  d'agricniture,  qui  complétaient  largement  les  ressources 
fournies  par  le  travail  du  chef  de  famille.  Mais  les  avantages 
dérivant  de  cette  organisation  diminuent  dejmis  que  les  ouvriers 
tendent  à  quitter  les  campagnes  pour  se  fixerdans  les  villes  (la)  ; 
ils  ont  été  en  partie  conservés  par  la  famille  décrite  dans  la  pré- 
sente monographie.  L'exploitation  agricole  dirigée  par  la  femme 
a  pour  Objet,  d'une  part,  la  culture  d'un  jardin  potager  et  d'un 
champ  à  pommes  de  terre;  de  l'autre,  l'enlretien  d'une  vache 
laitière  et  la  préparation  du  beurre  et  du  fromage.  La  proximité 
de  là  ville  de  Bonn  est  pour  la  famille  une  source  d'aisance,  car 
elle  donne  plus  de  valeur  aux  produits  que  la  femme  va  vendre 
elle-même  au  marché;  en  outre,  le  village  de  Godesberg,  rési- 
dence favorite  d'étrangers  qu'y  attire  la  beauté  des  lieux,  offre 
lui-même,  pendant  l'été,  un  débouché  avantageux  àces  produits. 
Les  tisserands  du  district  de  -Bonn  sont  attachés,  par  des 
engagements  momentanés,  à  des  fabricants  d'indiennes  habitant 
pour  la  plupart  les  villes  voisines  :  ceux-ci,  en  traitant  avec  les 
Ouvriers,  sa  réservent  ordinairement  leur  coopération  exclusive 
jusqu'à  l'achèvement  d'un  certain  nombre  de  pièces  d'étoffe,  ils 
leur  fournissent  presque  toujours  les  métiers  à  tisser;  et  cette 
circonstance  conserve  quelque  stabilité  dans  les  rapports  mutuels 


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et  CH.   tl.   —  TISSBRAND    DB 

des  patrons  et  des  ouvriers  ;  mais  on  ne  trouve  plus  qu'un  peUt 
nombre  d'ancieanes  maisons  qui  entretiennent  des  relations  à 
peu  près  permanentes  avec  les  tisserands  qu'elle  einploirat. 

ÉTAT    CITIL   DE    LA    FAUILLB. 

La  famille  comprend  1^  deuxépoux  et  trois  enfants,  savoir  : 

1.  Hkinrich  B",  chef  de  hnillle,  né  k  Godsaberg,  muié  depuis  13  ma.  30u)v 

3.  JoHAiN»  N",  u  femme,  aée  à  Brohl 3S  — 

3.  Fr*nlt  B",  leur  HIs  aîné,  né  k  Gode&berg 12  — 

4.  HftrI*  B",  tear  fllls  aln^,  née  i  Godeaberg 6  — 

5.  Wilhelm  B",  leur  second  Bis,  tié  h  Godc«1)ei^ <t  — 

Dans  cette  condition,  les  familles  conservent  la  fécondité. 
Le  fils  atné  s'établit  ordinairement  au  foyer  ;  les  autres  enfants 
se  fixent  pour  la  plupart  dans  les  villes  manufacturières  de  la 
contrée. 

RELIGION  ET  HABITUDBS  MORALES. 

La  famille  professe  la  religion  catholique  romaine;  tous  les 
membres  accomplissent  leurs  devoirs  religieux;  cependant  la 
femme  fréquente  l'église  avec  plus  d'assiduité  que  son  mari.  Les 
deux  époux  se  distinguent,  au  reste,  l'un  et  l'autre  par  leurs 
bonnes  moeurs  ;  et  ils  jouissent  d'une  bonne  renommée. 

Si. 

HTGIÈNB   RT   SERVICE    DR   SA.NT^. 

Lalocalité  estsalubre;  tous  tes  membres  de  la  famille  jouis- 
sent ordinairement  d'une  bonne  santé.  Dans  les  maladies  graves, 
on  a  recours  à  l'un  des  nombreux  médecins  établis  dans  ce  dis- 
trict; dans  les  simples  indispositions,  on  fait  usage  de  recettes 
transmises  par  tradition  ou  indiquées  par  des  empiriques. 


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OBSERVATIONS 


§5. 

RANG    DE    Lk    FIHILLK. 

L'ouvrier  appartient  it  la  catégorie  des  tâcherons;  il  est  payé 
Buivant  le  poids  et  la  qualité  du  coton  lissé,  ou  suivant  le  nombre 
,de  pièces  d'étoffe  qu'il  fabrique  avec  une  qualité  et  sur  des 
dimensions  déterminées.  L'ouvrier  n'a  point  assez  d'aisance  etil 
n'a  point  assez  de  tendance  à  l'épargne  pour  s'assurer  la  pro- 
priété du  métier  qu'il  emploie,  et,  à  plus  forte  raison,  pour  spé- 
culersur  l'achat  du  fil  de  coton  qu'il  élabore:  il  reçoit  toujoirs 
du  fabricant  c^  moyens  de  travail. 


s«- 

PBOPRiéTés. 
(Mobilier  et  vMemenu  non  comprit.) 

Ihhedblbs  robaux O'OO 

La  Emilie  a  loué  son  habitation  et  tous  tes  immeubles 
ruraux  qu'elle  exploite. 

ÂNIHADX  DOMBSTiQDES  entretenus  loute  l'année. . ,      IIO'OO 

1  TAcbe  dont  le*  prindpaui  moyen)  de  aubiistaoce  sont  le»  beibea  récoltées  pir 
U  familio  dan»  la  tarât  domaniale,  110 '00. 

Matériel  sféceal  des  travaux  et  industries S'OO 

Pour  la  eultur*  d'un  jardin  «t  d'un  champ  à  fommti  de  Un*.  —  3  bieltet, 
1  pioche,  1  rtlem,  S'OO. 

1^  métier  à  tisser  dont  se  sert  l'ouvrier  ne  lui  appartient 
pas  :  il  lui  est  ordinairement  prêté  par  le  fabricant. 

Valeur  totale  des  propriétés 115' 00 

Sous  te  régime  de  la  fabrique  collective  du  Bhïa,  tous  les 
tisserands  ne  sont  pas  aussi  complètement  dépourvus  d'immeu- 
bles. La  possession  du  foyer  domestique  et  du  métier  à  tisser 
est  pour  cette  classe  le  premier  symptôme  du  bien-être. 


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SS.  11.  —   TISSERAND   t 


S'- 

SODVIiNTlONS. 

Le  chef  d'iDclustrie  pour  lequd  travaille  l'ouvrier  n'exerce 
sur  lui  aucun  patronage.  11  le  rétribue  au  moy«i  d'un  salaire 
rigoureusement  déterminé  d'après  la  quantité  de  produite  rabri>. 
qués.  Le  sentiment  de  la  pi-évoyance  étant  peu  développé  chez 
l'ouvrier  et  sa  femme,  la  famille  serait  exposée  à  de  grandes 
privations  pendant  les  époques  de  chômage  et  de  maladie,  si  des 
subventions  indépendantes  du  salaire  ne  leur  assuraient  pas 
quelques  moyens  permanents  de  subsistance.  Ces  subventions 
sont  fournies  par  le  domaine  public,  propriétaire  des  forêts  voi- 
sines de  Godesberg,  et  par  les  propriétaires  voisins.  Elles  procu- 
rent à  la  famille  le  bois  consommé  pour  le  chauffage  domestique, 
.  et  principalement  l'herbe  et  le  foin  nécessaires  pour  la  nourriture 
d'une  vache.  Pendant  le  printemps,  l'été  et  une  partie  de  l'au- 
tomne, la  famille  est  autorisée,  par  l'usage  et  la  tolérance  des 
propriétaires  du  pays,  à  arracher  de  l'herbe  sur  les  bords  des 
chemins  et  sur  les  lisières  des  forêts  domaniales  ou  des  propriétés 
privées.  En  outre,  pendant  les  trois  jours  qui  précèdent  la  fête  de 
la  Saint-Jean,  la  famille  tout  entière,  hommes,  femmesetenfants, 
est  autorisée  à  couper  à  la  faucille,  à  faner  et  à  transporter  à  dos, 
hors  de  ia  forêt  domaniale,  toute  la  quantité  de  foin  qu'elle  peut 
extraire  d'un  canton  dont  les  Umites  sont  fixées  par  les  gardes 
forestiers.  Ce  mode  de  concession,  établi  par  la  tradition,  assure 
à  la  famille,  pour  ses  animaux  domestiques,  une  quantité  de  foin 
proportionnelle  au  nombre  de  bras  dont  elle  dispose,  et  par  con- 
séquent au  nombre  de  bouches  qu'elle  a  à  nourrir.  Cette  sub- 
vention, h  laquelle  les  populations  attachent  un  vif  intérêt,  est 
l'occasion  d'une  diversion  très- recherchée  aux  travaux  ordi- 
Jiaires.  Elle  rappelle,  avec  de  moindres  proportions  et  moins  de 
bien>-être,  la  fête  des  foins  de  la  Sibérie  (II,  m,  11). 

L'administration  communale,  prenant  en  considération  la 
situation  gênée  où  se  trouve  souvent  la  famille,  lui  accoi-de 
l'exemption  des  frais  d'école. 


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OBgÛVATIOKS  PB^UHINAIIBS.  ES 

En  résumé,  les  subventions  nécessaires  à  la  subsistance 
d'une  famille  non  initiée  au  sentiment  de  ta  prévoyance,  celles 
qui  ailleurs  émanent  ordinairement  d'un  patron,  cher  d'industrie, 
sont  ici  fournies  par  la  commune  et  par  le  domaine  public.  Les 
familles  qui  ne  participent  point  aux  avantages  dérivant  de  la 
propriété  individuelle  ont  pour  compensation,  dans  cette  localité, 
la  coutume  qui  les  autorise  à  récolter  certaines  productions 
spontanées  d'une  forêt  de  l'État. 

s». 

TnirAUl   ET   INDUSTRIES. 

Tbatadx  de  l'ouvrier.  —  Le  travail  principal  de  l'ouvrier 
a  pour  objet  le  tissage  d'étoffes,  blanches  ou  écrues,  de  coton, 
pour  le  compte  d'un  fabricant  (i).  Les  travaux  secondaires  sont 
la  culture  d'un  jardin-verger  et  d'un  champ  à  pommes  de  terre, 
et  ta  récolle  du  foin  dans  les  forêts  domaniales.  Ces  derniers 
travaux  n'occupent  qu'un  petit  nombre  de  journées. 

Travaux  de  la  feuiib.  —  Le  travail  principal  comprend 
les  diverses  occupations  qui  se  rattachent  à  l'exploitation  d'une 
vache  laitière  (e).  La  femme  récolte  journellement,  pendant  la 
belle  saison,  l'herbe  nécessaire  à  la  nourriture  de  cette  vache; 
elle  prend  part,  avec  toute  la  famille,  à  la  récolte  du  foin  dans 
la  forêt  domaniale  (7)  ;  elle  recueille  te  lait  et  le  convertit  par- 
tiellement en  beurre  et  en  fromafi^;  enfin  elle  vend  elle-même, 
au  marché  de  Bonn  ou  à  Gode^rg,  ceux  de  ces  produits  qui 
ne  sont  pas  réclamés  par  les  besoins  de  la  famille.  Les  travaux 
secondaires  de  la  femme  sont  :  les  travaux  de  ménage;  la  cul- 
ture du  jardin-verger  et  du  champ  à  pommes  de  terre;  enfin  la 
récolte,  dans  la  forêt  et  le  transport,  à  dos,  du  bois  mort. 

Tbavaux  du  fils  aîné.  —  l*  fils  atné  consacre  aux  exer- 
cices de  l'école  la  majeure  partie  de  son  temps  :  il  seconde,  en 
outre,  sa  mère  dans  la  plupart  des  travaux  qu'elle  exécute. 

Industries  entrepbisks  par  la  famille.  —  La  principale 
industrie  de  la  famille  est  la  spéculation  que  fait  l'ouvrier  sur  son 


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.  II.  —  TtSSBkANti  DB  CODESBBRO. 


occupation  principale  en  substituant,  comme  cela  a  toujours  Heu 
pour  les  travaux  de  ce  genre,  le  travail  à  la  tâche  au  travail  à  la 
journée.  Les  autres  industries  ont  pour  objet  l'exploitation  de  la 
vache  laitière,  du  jardin-verger  et  du  champ  à  pommes  de  terre. 


n«de  d'extotoBve  de  la  f»mlll«. 


AUHENTS  ET  BBPAS. 

Les  cercles,  dont  le  son  n'est  séparé  qu'en  partie,  sont  con- 
tiommées  presque  exclusivement  à  l'état  de  pain.  La  viande  se 
mange  seulement  le  dimanche  et  le  lundi.  La  petite  quantité  de 
bière  qui  entre  dans  l'alimentation  est  bue  par  la  famille  les 
dimanches  et  les  fêtes,  surtout  au  cabaret.  La  particolarité  la  plus 
remarquable  du  régime  alimentaire  de  la  famille  est  la  consom- 
mation considérable  de  café  :  cette  décoction  est  prise  deux  fois 
par  jour,  au  déjeuner  et  au  goûter,  sans  addition  de  sucre.  Cette 
boisson,  plus  économique  que  les  boissons  fermentées,  est  fort  en 
usage  dans  les  autres  contrées  de  l'Allemagne  du  Nord,  en  Hol- 
lande, en  Belgique  et  dans  le  nord  de  la  France.  La  ronserre  de 
choux  {sauer  Kraut),  fabriquée  à  la  maison  par  tous  les  membres 
réunis  de  la  famille  (so),  joue  un  rôle  fort  important  dans  l'ali- 
mentation. Ce  mets  national  est  toujours  assaisonné  avec  un  corps 
gras. 

S  10- 

HABITATIOH,   HOBIUEB  ET  VÉTBHBNT8. 

La  famille  habite  une  chaumière  comprenant  un  rez-de- 
chaussée  de  deux  pièces,  au-dessus  duquel  se  trouve  un  grenier 
à  foin  ;  à  côté  se  trouvent  le  jardin  et  t'éiable  pour  la  vache. 

Le  mobilier  et  les  vêtements  ont  une  appareoce  qui  révèle 
l'état  de  pauvreté  de  la  famille  : 


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OBSBBTATIONS    PBdUKINiilBU.  67 

Meubles  :  eo  très-mauvais  état 56'  00 

!■  Ut*.  —  1  Ut  pour  le*  dens  eponz,  et  3  Uti  poai  Im  enhnts,  3T  M. 

3*  MobilUr.  —  i  table,  tfOOt  —  4  chdws,  3^00;  ~  i  msuTÙse  u-oialre  pour  la 
liDgeet  les  Tetemenls,  7*00;  —  1  mumii  draudr  pour  viiuelle,  S'OO)  —1  founieiu 
•a  briqnei,  3<  00.  —  Total,  19'  00. 

Ustensiles  :  pour  ta  plupart  en  mauvais  état. . .       13'  00 

3  cbudront  et  1  cftnerole  en  fonte  dm«1114e;  pots  et  udettaeea  terre  Teraissée; 
boateillee  et  Ttireit  calllen  et  fonrchettet  en  fer  étimf  ;  tonne  à  cboocronte.  — 
Toui,  13<00. 

Linge  de  -HâNAGE  :  peu  abondant  et  ma)  entre- 
tenu        20'  00 

Qaelqim  dnpa  de  Ht,  «errlettee  et  terehoiu,  80' 00. 

Vêtements  :  ils  sont  mal  entretenus  et  témoignent 
d'an  état  habituel  de  pénurie 65'  00 

VtniRim  DB  L'oDvim  [ÎSf  00). 

l"  VéUmttUt  du  dimanche.  —  1  redingote  de  drap  vert)  1  pftnttlon  et  I  gilet  en 
drap  Doir  ;  craT&ta  en  coton  imprimé  g  bottes  ;  cbkpe&u  en  featre.  —  Total,  1 Q'  90. 

3°  Yétmuntt  dt  trarait.  —  1  gilet  à  mancbei  en  drap  ;  pantalon  et  gilet  en  toile; 
S  cbemiaeci  S  piJre»  de  bas  de  lalpet  1  paire  de  «oallen  ;  1  moacholr  de  poche.  — 
TeUJ,  SiSO, 

Vtnomn  db  t*  mnii  {Kf  00).  ' 

t'  Vittmtntt  du  dinutncht.  —  Coruge,  Jape  et  Ubiler  dindienne;  Jupon  d'ét»- 
mine;  2  petita  ch&les  de  laine  imprimée  ;  3  paire*  de  bas;  3  paires  de  Mulier»;  t  bon- 
net pmi  d«  dentelloi.  —  Total,  18' 00. 

3*  Yétenuntt  dt  tranaU.  —  Vleiti  iMementa  dn  dimanche;  coruge,  Jupe,  tablier 
«t  petit  cbile  d'indienne;  3  ehemlies;  3  bonnet*.  —  Total,  8'  00. 

Vtttdam  DBS  BNrum  (14'00). 

n*  sont  composia  en  grande  partie  de*  Tieai  habite  de*  parents. 


Valbdb  TOTALE  du  mobilÎOT  et  des  Têtements 15&'  00 


S"- 

BÉCRÉATIONS. 

Le  tabac  h  fumer  est  la  principale  récréation  de  l'ouvrier  :  il 
s'y  livre  à  peu  près  constamment,  aussi  bien  pendant  le  travail 
que  pendant  les  moments  de  repos.  Il  fait  au  cabaret  une  con- 
sommation d'eau-de-vie  modérée.  Les  dimanches,  et  surtout  les 


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-  TISSBHAND  DB  fiOBESBBRA. 


jours  de  fête  patroDale,  la  famille  entière  prend  le  plaisir  de  la 
danse  et  consomme  au  cabaret  une  petite  quantité  dé  bière. 


S  12. 
PHASBS   PaiNCIFiLES  DB   L'BXISTBKGB. 

Les  enfants,  avant  leur  première  communion,  partagent  leur 
temps  entre  les  exercices  de  l'école  et  les  travaux  domestiques. 
Ils  prennent  déjà  avec  leurs  parents  une  part  active  aux  tra- 
vaux agricoles,  et  surtout  à  la  récolle  et  au  transport  du  foin,  à 
l'époque  de  la  Saiot-Jean  (?) .  Les  garçons,  vers  l'âge  de  1&  ans, 
deviennent  tisserands-apprentis  chez  leur  père  ou  cbez  un  habi- 
tant du  village  ou  des  petites  villes  de  la  contrée.  Les  fUtes,  vers 
13  ans,  commencent  à  assister  leur  mère  dans  tous  ses  traraux. 
*"  Quelques  années  après  avoir  satisfait  aux  obligations  du  ser- 
Tice  militaire,  vers  l'âge  de  25  à  27  ans,  les  jeunes  ouvriers  se 
marient  et  continuent  à  travailler,  comme  auparavant,  pour  le 
compte  d'un  fabricant.  Ils  se  plient  temporairement  à  la  néces- 
sité de  l'épargne  pour  former  le  capital  nécessaire  à  l'acquisition 
d'une  vache;  mais,  aussitôt  que  ce  bat  est  atteint,  les  deux  époux 
adoptent  les  habitudes  d'imprévoyance  qui  dominent  au  milieu 
de  cette  population.  Désoimais  ils  règlent  leurs  dépenses  d'âpre 
leurs  recettes,  en  faisant  appel  autant  que  possible  au  crédit  que 
les  marchands  de  la  localité  consentent  à  leur  accorder, 

La  population  a  conservé  quelques-unes  des  habitudes  de 
stabilité  de  la  plaine  saxonne  (III,  m,  io)  :  parmi  les  plus 
utiles,  figure  au  premier  rang  la  cohabitation  du  père  et  de  l'un 
des  fils.  Assez  ordinairement  le  fils  aloé,  après  son  mariage, 
continue  à  habiter  la  maison  paternelle  avec  sa  femme  et  ses 
enfants.  Peu  à  peu,  à  mesure  que  les  parents  s'approchent  de  la 
vieillesse,  il  prend  la  direction  des  affaires  de  la  famille,  et  con- 
serve aussi  les  rapports  avec  les  fabricants.  Lorsque  le  père  et 


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OHZKTÀTIONS   PBtUHINAlHBB-  69 

la  mère  ne  peuvent  plus  travailler,  c'est  le  fils  qui,  avec  sa 
femme  et,  ses  eofaots  devenus  grands,  subvient  exclusivement 
aux  besoins  de  la  famille.  Les  fils  qui  ne  peuvent  s'établir  dans 
la  maison  paternelle  cèdent,  pour  la  plupart,  à  la  tendance  qui 
déeoi^anise  de  plus  en  plus  l'ancien  système  des  petits  ateliers 
ruraux  (19).  Au  lieu  de  se  fixer  dans  la  campagne,  ils  vont 
s'établir  dans  tes  villes,  à  proximité  des  comptoirs  fondés  parles 
négociants  qui  leur  fournissent  le  travail  et  centralisent  le  com- 
merce des  produits  (1,7). 

S  13. 

H(EIIBS  ET  INSTITUTIONS    iSSCKANT  LE   BIEN-ÊTBB    PHTSIQUB 
ET  HOHAL  DE  LA    FAMILLE. 

Le  travail  de  l'ouvrier  ne  produit  que  des  ressources  insuffi- 
santes. L'existence  de  la  famille  repose  en  partie  sur  la  subvcD- 
tion  domaniale  qui  lui  fournit  le  moyen  d'entretenir  une  vache 
laitière  {1):  C'est  en  eiïet  par  l'exploitation  de  cet  animal  domes- 
tique que  la  famille  obtient  des  recettes  en  argent  assez  considé- 
rables :  la  provision  de  lait  et  de  beurre,  ainsi  que  le  fumier 
nécessaire  à  la  production  des  pommes  de  terre  et  des  autres 
légumes  servant  à  la  consommation  du  ménage.  Cet  exemple  et 
tous  les  cas  analogues  qu'on  a  eu  occasion  d'observer  prouvent 
que,  parmi  les  nombreux  systèmes  de  subvention  usités  en  Europe, 
les  allocations  forestières  de  cette  nature,  et  en  général  les 
allocations  d'herbes  destinées  à  la  nourriture  des  animaux,  sont 
celles  où  une  valeur  déterminée,  attribuée  aux  ouvri^ers,  fructifie 
le  mieux  entre  leurs  mains  (IV,  i,  1}.  Assurément,  ces  sortes 
de  droits  d'usage  ont  parfois  quelques  inconvénients  pour  le 
régime  forestier;  mais,  à  on  point  de  vue  élevé  d'utilité  publique, 
et  même  au  point  de  vue  spécial  de  l'intérêt  des  propriétaires  de  . 
forêts  (is),  ces  inconvénients  ne  peuvent  être  mis  en  balance 
avec  les  avantages  que  met  en  évidence  l'étude  de  la  famille 
décrite  dans  la  présente  monographie.  Cette  vérité  est  encore 
plus  évidente  dans  les  localités  de  l'Occident,  où,  en  l'absence  de 
telles  subventions,  la  paix  sociale  est  compromise. 


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70  en.  II.  —  tissebjLNd  dk  godbsbbbg. 

S  14.   —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SODRCES   DES   RECETTES. 


PropriiUi  poutdii  par  U  familU. 


ÂMT.    8.  —  DEMIT  AOX  ILUKUtlOm  Dl    BOCliTtl  D'ACSDEAVOU  MUTUluai. 

(La  {uniUa  ns  fttt  puiii  d'ucDni  K>ciélé  d«  c»  gnin) 

ViLiDRTOTiLi  il«(pnip[iiUa(UDfdMsc«iandulelMm«ittaiuié«.16,S™T)  , 

BBCTION    II. 
Balnentiona  refBSf  par  U  faiBilI», 

An.  l*.  —  Paoraitiii  ufcn  m  osimiDET. 

(La  ruDill*  n* reçoit  ■ucanipTopriéU  m  Diurrali).... 

A«.  i.  —  I>«omi  d'uuoi  m  ui  napuiria  VDnmx. 
tteerr  nu  lei  b«rbei  i  recoller  dsni  lei  CortU  domulilea  pour  U  production  da  foin 


An.  3.  —  A.LiJ>c*Tiaii(  D'oun*  m 


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CH.  11.  —  naSEBAND   KS  OODBSBBRG. 

$  n.  —  BUDGET  DES  BECETTES  DE  L'ANNÉE. 


«OWANT  »< 

s  „,cinT«. 

BECETTE3. 

»«IU 

M^l. 

BBCTIOM   1". 

(LilkDllltiMjanlId'aliCluinniludecegsiiie) 

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SI  60 

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ToTtvx  d«t  nrcmit  du  piupnétM.. 

0» 

Ufll 

8B0T10H  11. 

Am.  «.  —  VMBma  m  du»»  o'ouot. 

IÏ4- 

, 

IstractJOD  donséa  au  entint*  ini  Fraii  de  U  coiniii<ui«  :  btit  pu  (uiiU«  d'oD- 

flOO 

. 

n>*s 

39M 

iiGoogle 


CM.    II.    —    TISSBKANO    DE    CUDESBBRa, 

S  14.  -  BCDOET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SOITE). 


SOURCES  DRS    RECETTES   (SUITE). 


giiifiti  H  ninn  m 


BBCTIOH  m. 
Tnvmx  HioaUt  pM  U  fmmîU*. 


TuvuL  piinciFtL,  «licnti  1  la  Ucha,  an  eonpta  d'un  cbaffindaitrls  : 

Tiii»ge  d'élollM  blmchei  ds  colon 

KtVADi  BscoHnAiRia,  Biâcatii  ui  compta  de  U  ttunlUa  : 
Culture  du  jaidin-»ei 
Culture  du  champ  à 


]areh«.. 


mialei  et  tratupoit  1 1  kUomèlT*  e(  demi 
L  et  :a  mobilier,  ealreUaD  et  bluchiuage 


■e)  tiiTaoi  comme  eiuiliaii*  de  la  mère. 
Tmaiix  dat  Journte*  de  toui  1m  membrea  de  la  famille 


SBCTION  IT. 
«ntrepriaei  pat  la  fata 

à  ton  piopte  compte). 


tswanna  entrepriise  u  compte  de  ta  famille  i 
Culture  da  ienlÏD-Terffer  et  dn  champ  à  pouii 
BiploiUlioa  de  la  ikcbe. 


.yGoogle 


CH,    II.   —  TISSBBAND    t>B    GODBSBEBO. 

S  U.  —  BUDGET  DES  BECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


RECETTES   (SUITE). 

MOnriNT  D 
damlDali 

J    HÏCniM. 

na  m 

^^^^^^ 

SECTION  m. 

«ftlairei. 

tt  biaifica  dn  ipteDlaliau  dn  UcheiDu,  R»  IV.j 
Salaire  quo  rBcmiatt  un  jonmaliet  ei«CuUiit  t«  mtm» 

SOI 

10  80 

11  «1 

»4B'00 

Un 

OBI 
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Bln( 

tr.  e. 
1  15 

tt   I. 
0  11 

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(Aucnii  ulalu  oe  pmit  Mia  aliribnl  1  cm  Iraïaui) 

Tonus  dM  tilaim  ds  la  runitle 

M  14 

851  U 

8BCTI0H    IV. 

idulain 
iDunaUcr 
mojMi. 

14  88 

«T48 
S»  01 

Ci  joDisalisr  eiéenUDt  le  ii>«id<i  neun  de  trgriil  recBTiïlt  (S™  111)  

i'15 

0  IB 

ToTnL  da  Mliln  lonnullei  mojaa  à»  l'ouvrlar 

1  SI 

BéDUu  riniUtal  de  cotU 

TOTttI  dN 

, 

14  38 

MM 

nctIU  do  40'00  (16,  D),  qui  s»  appliquOe  da  noutoin  i  cei  mËinn  indiulnei  ;  mtu 

{5S7'UI) 

100  8. 

4SSSS 



iiGoogle 


ca.   II.   —   TISSKKIND    DB  GODEBBBKG. 

S  16.  -  BUDGET  DBS  DÉPENSES  DB  L'ANNËB. 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES. 

^::^q 

ITTf»! 
£9  88 

oso 

48  91 
90  4S 

095 

090 

ssoo 

SBCTION   V. 

(Par   Voni<iti,  U  femn»,  S  uifinti  ds   11,  B  M  fl  un, 
ptnduiaesjoon.} 

MliALESl 

S.fgl.,  érilué  à  l'eut  de  p«ip  conltoant  bogcoop  da  ion  a^ 

fMNMnU' 

roni 

nui 

aoo 

"~^ 

l,0MiO 

0'135 

Coups  mas  : 

KO 

88  i 

1  MO 

Oni  da  brd  («mpi^î  î  Yém'àt  bÙ'u^  h«  ÎiI  e^  d4  UaO.  - 
Oiu  da  boof  (EmploTé  i  l'AUl  d«  m^ling*  aiM  la  (tm  d»  lird)  . . 

total  at    riimOTBB 

nss 

UiTMis  rr  ours  t 

eoD 

0080 

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0«M 

180 

0  046 
OIOD 

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0  100 

L<»™„,™., 

MOO 
8S00 

Ugum»  ruiseui  laa  :  Haricoû  M  Jealili^ ! 

Légumei  «rti  1  coi»  i  Poii  nrU,  huluila  nrU  (doinl- 

LéguniM  iidiiai  !  N«Tat» ,,.  -, 

1,8»  0 

0050 

ono 
ôioo 

1800 

BpicMi' Poli™!, ".'...'.*.".'.!''.!"'.!!!!*.!!  !i!'.!!Jli!l"!.i.;i' 

Vimigr» 

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90 

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BMSMKS  FEBIlIMtilS  ! 

4S0 

0830 

DHilUO 

ToiiDX  dai  dtpu*»  c«i=«iu«t  U  a 

77  «5 

(M  48 

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CB.    II.     —    TiSSEBAHD    DB    GODSSBBBO, 

S  45.  -  BUDGET  DKS  DÉPENSES  DE   L'ANNÉE  (SDITE). 


.yGoogle 


CB.    II.    —    TISSBBAIR)    DB    GODBBBEBa. 

$  15.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DR  [.'ANNÈB  (SDITEJ, 


DËBIGNITION  DES  DÉPENSES  (SOITB). 


8BCTI0M  IT. 
DipcaiM  «oBoemant  1»  beMÎiu  moi 


RïcifkTioni  n  m)leiinit<ï  ; 

Tabac  i  taaar,  9K  iVK,  1»I9B; —  iiptitat»  dg  ci 
SnVICI  DE  MR^  : 
BAilbnlioo  dn  médactn  Itwliit  da  inédlcamaDti 


Totaux  di 


u  dépeiHM  cOBCamanl  lu  iodnti 


ûlrtdaDiUpriKDl  bud^Bl 117'89 

1»  ilApeiiHi  du  m^aga 40  90 


iNTtBÉI  nW    DETTU    : 


piéuDl  budget,. . 
(La  tiDiilla  De  pain  pai  d'ùnpdti  dlrsdi] 

AssDRAHCEi  coiKocuiiT  AMuintB  Liiitii-ftnit  paTgiQCB  n  m 


llmlafaiiilu: 


>a  DtrmMi  d«  l'aimia  (balantaiit  1m KcMlu) (SSTlUi} 


1<»  M       4W  88 


.yGoogle 


OOUPTBS  AHNBXAS  AUX  BUDGBTS. 


COMPTES  ANNEXES  AUX  BUDGETS. 

SECTION  I. 

COMPTES  DES  BËNÊnCBS 
IMtail  da  ndnirieintnptwi  pu  h  (uulle  (à  «M  fnpn  nifl«). 


Somma  obtuos  in  Innm  de  tiiuga  : 

Tiuae*  la  17B  pièca  d'iloffa  da  S7  mttnt  d»  longueur,  i  S'ig  la  plia, . , 
Salalia    la'obtiaddnit  nn  jannialiai  exfcnUiit  l«  mtoe  ■enr»  de  tn- 


Somm*  obluiie  en  lu*  du  nliirt  que 


ip  joomAlîflT  axAcntaot  la 


s  lianlUot  de  la  rabMitatîon  du  tmtil  i  U  tlcba  ai 


B.  —  Cdltdii  d 


Lépimw  diran  da  Jtcdio, 


.  S50  kU.  àVViS...  (1S,S«I) 
«0  iO  IM...  (IJ,  B"a|) 
MO         àO  045...  (lS,g<Hl> 


TnYlai  dali  timtlla 

Vita  du  maUriel  aptcial  : 

[Dtéret(Gp.  100)d>lBnIaurdatonlit({S'(ICI).. 

SalMlen  da  cei  outiU  :  rraJi  inaigaifluto 

Bfntnca  rdnltiot  de  l'indmlrla 

Totasi  corn 


«L«™.            1 

.^ 

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-  TISSBBAND   DE   GODEIBBRO. 


-  ElPUHTlTIOK  DB  LA  T. 


Benm  comominj  pu  la  minaga 10  UL  à  l'SS. .. 

Beurra  vendu «1        i  1  85.-. 

Lait  Gonninmi  p»  le  mluge M  litr.  i  0  OS... 

Lut  at  rialda  ds  la&brlwtlDa  do  twiute,  Tendu 

limage, ïeoda 8  kil.  à  O*"».- 

Veu,  TBDdn  i  l'igc  de  ■  1 1  moli 

RnnlVi  toploTé  poai  rupleilatlaa  apicol* I 


lDlirèt(ap.  100)  de  la  Tileor  de  la  nefc*  (lUDOO)... 
Novirilore  ; 
Herbe*  (14,  Sx  II),  «TalnAsa  tat  pted  1  une  toi 


S  connu  m  aintncis  tiiOt-ttin  du  iiwdsti:» 
(AfcC). 


Prodnita  implorde  es  oalure  pour  U  Doniritun  de  U  bmiUe (IE.S«I) 

Pnjdniti  an  Datais  at  recettsi  en  aigant  i  amplayer  de  nooTean  pour  1«  in- 

daitrleaallae-iBdmeifWfBO) 

EacetM*  ta  argent  appu^iiéa*  aux  Mptuti  da  niBage 

Inlériti  dat  prapilétit  poaeédJat  pat  la  bmillt  at  amploj'iei  pu  aile  ani 

indnrtriei (H,  B«  i) 

Prodaii)  daa  (obieotiDOg  Te;nei  pu  la  famille  at  imptojdei  pu  lUa  aai 

indmlriei. (W,  B"I[) 

Ealaim   afféraoli   ani  ttanm  ailcnMa  pu  la  famille  pour  lei  indoi- 

Iriee (U.  S"  IJl) 

Produits  daa  inlottriei  dépentég  en  natara  al  d ipaniea  en  ar^nt  gol  daTTont 

HcarambouTiét  puleiTecallaaréiultant  dti  indiutnei  (40'M)} 

ToUni  dM  dtptfltei  (158'79) 

BéxinoB  tMaiix  rénttanl  des  iadaitiiat (14,  S»  IV) 


^::t 

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nalnre. 

UfttX. 

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10  00 

30  PO 

73  07 

8S7S 

H  tS 

86  64 

87  45 

m  M 

iiGoogle 


COMPTES  ANNEXES  AUX  BUDOBTB. 
6BCTI0N  II. 

COMPTES  RELATIFS  AUX  SOBVBNTIONS. 

E.  —  RfCOLTI  DD  BOU  Hl»t. 


Boh  rtoolU  :  «OO  kU,  Tilut,  1  l'M. . 


Thtmi  d«  Il  CiniUa 

Tum  laKiibott  taboltanntUricoIta... 
Total  « 


,.»™ 

Bilan. 

J^L 

an 

naj 

SECTION  III. 

COMPTES  DIVERS. 


I  ndlagota  an  dr>p  t 
I  giMudnp  DOIT.. 
I  puUlon  d<  dnp  ne 


VtUoMti  at  tt>T«U  : 
1  gJM  d*  dnp  1  maDcbM. . . 


ToUl 

I.  —  VHtmenti  dt  la  fou 


1  Japon  «oUiDa 

I  llcbu  fMoA  doLdnV  eàmiiiâi 
I  Md  d'étoBï  d*  UUe  flii 

1  pâira  di  •onlion. 

1  Muuliunl  d«  draMlle 

ViMiDMili  da  tnTiil  : 
Mou  THamanli  da  dlmaselM. . . 

1  rob*  d'indieno* 

I  UMiw  d'indlaon* 

1  ficha  d'indiBDU 


iiGoogle 


80  en.  11.  —  TlSSEBJJtD  OB    OODESKBfi. 

ÉLÉMENTS  DIVERS  DE  tk  GONSTITCTION   SOCIALE 

FAITS    IMPORTANTS    D'ORGANISATION    SOCIALBi 

PARTIC0LARITÉ3    REMARQPABLESi 

APPRÉCIATIONS  GÉNÉRALES;   CONCLUSIONS. 

S  17- 

RAPPEL  DE  l'État  de  STABIUTÉ  QDI  existait  AVTAEFOIS  DANS 
LES    CAMPAGNES    HANDFACTU BIÈRES   DU    BASSIN    RHÉNAN.    CAUSES 
o'iËBRANLEMENT   OBSERVÉES    ADJODRD'HDI    DANS   LA    POPDLATION 
LOCALE  ET  SPÉUALEMENT  DANS  LA  FAMILLE  DÉCBITB. 

Dans  la  vallée  du  Rhin,  le  tissa^  des  6Is  pour  la  fabrica- 
tioD  des  étoffes  de  laine,  de  lia  et  de  chaoTre,  a  d'abord  été  une 
H  industrie  domestique  »  sous  le  régime  qui  se  conserve  encore 
en  beaucoup  de  contrées.  Des  exemples  de  cette  organisation 
ont  été  signalés  notamment  en  Suède  (III,  i,  is  et  ao),  et  dans 
la  plaine  saxonne  (III,  m,  la).  Comme  en  Toscane,  dans  les 
Pays-Bas,  en  France  et  en  Angleterre,  le  lissage  est  devenu 
ensuite  une  fabrication  spéciale.  Les  tisserands  ont  d'abord  été 
des  «  artisans  ruraux  »  travaillant,  pour  les  besoins  de  la  localité 
où  ils  étaient  établis,  dans  la  situation  que  conservent  encore 
beaucoup  de  charpentiers,  de  maçons  et  de  forgerons.  Enfin,  à 
mesure  que  la  fabrication  des  étoffes  devenait  l'objet  d'un  grand 
commerce,  à  l'intérieur  du  pays  et  dans  les  pays  étrangers,  les 
tisserands  se  sont  inspirés  de  la  coutume  qui  régnait  dans  la  vie 
rurale.  Continuant  à  résider  sur  la  borderie  qu'ils  occupaient  en 
qualité  de  propriétaires  ou,  plus  habituellement,  de  tenanciers, 
ils  se  sont  attachés  à  un  patron  qui  exploitait,  dans  la  ville  voi- 
sine, le  nouveau  commerce  ;  et  ils  lui  ont  livré  tous  les  produits 
qu'ils  pouvaient  fabriquer.  Le  patron  urbain  et  ses  tisserands 
ruraux,  quoique  disséminés  sur  le  sol,  formaient  réellement  une 
unité  :  ils  ont  ainsi  constitué  ce  type  de  grande  industrie  que  j'ai 


.yGodgle 


iLBHBNTS  DIVEU  M   U 

Dommé  dans  cet  ouvrage,  «  la  fabrique  rurale  collective  ».  Ces 
traasformaUoQS  successives  se  sont  opérées  dans  la  vallée  du 
Bhin  sous  les  mêmes  iaflueaces  qui  ont  ét^  indiquées  pour  l'Aa- 
gieierre  (III,  viii,  n). 

Depuis  le  moyen  âge,  les  fabriques  collectives  rormées  de  tisse- 
rands ont  été  souvent  agitées,  avec  la  société  tout  entière,  par  les 
discordes  politiques  qui  émanaient  de  la  corruption  des  classes 
dirigeantes.  Mais  chaque  fabrique  et  chaque  foyer  ont  conservé 
la  paix  sociale  et  la  stabilité,  aussi  longtemps  que  les  maîtres, 
restant  soumis  au  Décalogue,  ont  pratiqué  les  devoirs  de  pro- 
tection et  d'assistance  envers  leurs  ouvriers  et  les  serviteurs  atta- 
chés à  Irar  maison.  Telle  était  encore,  au  commencement  de  ce 
siècle,  la  situation  de  la  fabrique  rurale  collective  du  Rhin. 

Sons  ce  régime  de  stabilité,  )a  fabrique  rhénane  se  recora- 
mandait  à  certains  caractères  essentiels.  Le  tisserand-tenancier 
résidait  à  la  campagne  ;  et  il  était  )ié  à  deux  maîtres,  dans  le 
système  des  engagements  volontaires  permanents.  Le  propriétaire 
rural,  sur  le  domaine  duquel  la  famille  résidait,  lui  donnait  l'usa- 
fruit  perpétuel  de  l'habitation  et  de  ses  dépendances  agricoles,  la 
provision  de  combustible,  le  pâturage  et  le  droit  de  récolte  du 
foin  nécessaires  aux  vaches  laitières;  et  il  recevait,  en  échange, 
à  l'époque  des  grands  travaux,  un  certain  nombre  de  journées 
de  travail  fournies  par  l'ouvrier  ou  par  les  membres  de  sa  famille. 
Dans  les  cas  oii  la  redevance  normale  en  journées  était  dépassée 
de  gré  à  gré,  le  propriétaire  accordait,  en  sus  des  subventions 
ordinaires,  une  partie  proportionnelle  des  quantités  de  céréales 
néc^saire  à  la  subsistance  de  la  famille.  Le  fabricant,  pour  le 
compte  duquel  l'ouvrier  travaillait,  au  moins  pendant  les  deux 
tiers  de  l'année,  lui  livrait  régulièrement  le  ûl  à  tisser  et  lui 
payait  le  salaire  6xé  par  l'usage,  pour  chaque  pièce  d'étoffe 
rendue,  lorsque  le  ûl  était  mis  en  œuvre.  Selon  la  coutume, 
le  labricant  était  tenu  de  fournir  au  moins  une  certaine  quantité 
de  61  au  tisserand;  et  il  était  interdit  à  ce  dernier  de  travailler 
pour  le  compte  d'un  autre  fabricant.  Au  moyen  de  son  salaire,  la 
-  famille  se  procurait  le  complément  de  la  provision  de  céréales, 
le  sel,  la  boisson  fermentée,  certains  objets  de  vêtement,  les 


.yGoogle 


récréations  favorites  et,  en  général,  (oates  les  satisfiKtions  qui 
n'étaient  pas  assurées  par  les  BubventiODS.  Cet  état  de  bien-être 
était  permanent  :  il  pouvait,  à  la  vérité,  être  intenrompu  par 
quelque  calamité  nationale;  mais  alors  les  deux  patrons  parta- 
geaient la  souffrance  de  l'ouvrier.  On  ne  voyait  jamais  le  pain 
quotidien  des  populations  compromis  par  les  moindres  vicissi- 
tudes de  l'agriculture  et  du  commerce,  ou  par  les  défaiilaocea 
physiques  et  morales  des  chefs  de  famille. 

Dans  plusieurs  localités,  les  familles  de  tisserands  se  désor- 
ganisent en  s'agglomérant  dans  les  villes  où  sont  établis  les 
comptoirs  des  fabricants  (lo).  Elles  se  déplacent  surtout  aux 
époques  où  les  demandes  de  tissus  se  multiplient,  car  alors  il  l^r 
est  plus  focile  qu'aux  ouvriers  ruraux  de  se  procurer  les  salaires 
élevés  qu'olTrentà  l'envi  les  fabricants  en  quéle  d'ouvriers.  Mais 
elles  paient  cher  cette  imprudence,  lorsque  les  comptoirs,  encom- 
brés de  produits,  ne  reçoivent  plus  de  commandes.  Elles  ont 
alors  perdn  leurs  deux  patrons.  Privées  des  anciennes  subven- 
tions rurales,  elles  ont  pour  unique  moyen  de  subsistance  le  sa- 
laire manufacturier  qui  reste  insuffisant  en  temps  ordinaire,  qui 
fait  complètement  défaut  aux  époques  de  crise.  De  là  des  souf- 
frances cruelles  qui  n'ont  pour  palliatif  que  la  charité  publique. 
Quant  aux  patrons,  ne  pouvant  plus  compter  sur  leurs  ouvriers 
dès  que  le  travail  abonde,  ils  ne  sont  plus  contraints  par  la  cou- 
tume de  les  assister  lorsqu'il  fait  défaut. 

Depuis  le  milieu  du  dernier  siècle,  tes  &ibriques  de  tissus  de 
l'Occident  s'engagent  de  plus  en  plus  dans  cette  fausse  voie;  et, 
en  ce  moment,  beaucoup  de  fabricants  s'efforcent  de  propager 
les  machines  qui  détruisent  le  métier  de  tisserand,  comme  l'in- 
vention d'Ârkwright  détruit  progressivement,  depuis  1769,  le 
métier  de  la  âleuse.  Alors  même  que,  comme  en  Suède  (HT,  i, 
so),  les  fabricants  de  tissus  comprennent  l'intérêt  national  qui 
se  lie  à  la  conservation  d'une  forte  race  de  tisserands,  les  familles 
se  désorganisent  elles-mêmes,  sous  l'influence  de  trois  causes 
principales.  Elles  s'accumulent  dans  les  villes,  sous  un  régime 
d'habitations  instables  prises  à  loyer.  Elles  renoncent,  par  con- 
séquent^ à  la  vie  rurale  qui  leur  assurait  la  jouissance  perma- 


.yGoogle 


ivkmBBja  oiviu  dk  là.  constitution  soculb.  8] 

nente  (aue  propriété  ou  usufruit)  du  foyer  domestique.  Elles 
perdent,  eu  outre,  en  même  temps  que  le  foyer  domestique,  les 
traditions  de  la  famille-aouche,  les  subveatioDs  territoriales  et  le 
patronage  du  fabricant. 

Le  tisseraud  décrit  dans  la  présente  monographie  ^t  entré 
dans  cette  voie.  Il  ne  peut  plus  s'appuyer,  ni  sur  un  patron 
rural,  ni  sur  un  patron  urbain;  mais  il  a  conservé  les  autres 
avantages  de  l'ancien  régime  social.  Il  est  ébranlé,  mais  non 
d^rganisé.  f.  l-p. 

S  18. 

aBURBD&B   INFLUENCE    QD'eXBSCENT    SDB    LBS    OUVBIBfiS    LES 
511BVENTI0N8      FORESTIÈRES;     PRINCIPES     écONOHlQDES      QUI      EN 
CONSEILLENT  LE  H&INTIEH. 

Les  subventions  ayant  pour  objet  les  produits  accessoires  des 
forêts  sont,  sans  contredit,  celles  qui,  en  Europe,  exercent  la 
plus  heureuse  inOuence  sur  le  bien-être  des  ouvriers.  Cette 
influence  résulte  d'un  ensemble  de  causes  qui  peuvent  être  résu- 
mées succinctement. 

Les  forêts  couvrent  encore  une  partie  considérable  de  la  sur- 
foce  de  l'Europe;  en  sorte  que  les  richesses  naturelles  qui  s'y 
produisent  se  trouvent  A  la  portée  de  populations  fort  nom- 
breuses. On  y  peut  recueillir  chaque  année  des  produits  variés  et 
fort  importants,  auxquels  il  n'y  a  guère  lieu  d'attribuer  une 
valeur  marchande,  en  ce  sens  que  la  vente  qui  en  serait  faite 
indemniserait  rarement  le  propriétaire  des  frais  de  récolte  et  de 
transport.  Ces  produits  ont  cependant  une  valeur  considérable 
pour  les  populations  voisines,  qui  peuvent  consacrer  à  ces  tra- 
vaux un  temps  pour  lequel  elles  ne  trouveraient  souvent  aucune 
autre  destination  utile.  Us  forment  de  nombreuses  catégories,  au 
premier  rang  desquelles  il  convient  de  citer  :  les  bois  morts,  les 
végétaux  sous-ligneux,  et  les  arbrisseaux  couvrant  improducti- 
vement  le  sol  et  foumi^ant  des  combustibles  précieux;  les  fruits 
de  toute  sorte  et  spécialement  les  châtaignes,  les  j 


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8(  CH.   a.   —  IISEUND  DK  OODBSBBBG. 

noisettes  et  amandes,  les  fruits  à  pépin  et  k  noyau  et  les  fruits- 
baies  employés  comme  aliments  immédiats  ou  servant  à  la  fabri- 
cation des  boissons  fermentées;  les  graines  oléagineuses,  les 
faines,  par  exemple,  propres  à  la  préparation  des  builes;  les 
champigQons,  qui  forment,  en  certaines  contrées,  uq  des  pria- 
cipaux  article-s  de  l'alimeatatiou  (11,  i  b  t)  ;  les  feuilles  employées 
comme  litière  et  comme  engrais;  enfia  les  fruits  et  surtout  les 
herbes  destinées  à  la  nourriture  des  animaux  domestiques. 

Dans  les  contrées  où  la  solidarité  s'est  maintenue  entre  les 
propriétaires  du  sol  et  les  populations,  les  droits  d'usage  attri- 
bués à  ces  dernières  n'ont  jamais  été  contestés.  Des  coutumes, 
fort,  curieuses  pour  la  plupart,  ayant  pour  but  de  réglementer 
l'exercice  de  ces  droits  et  d'en  prévenir  les  abus,  y  sont  en  vigueur 
depuis  un  temps  immémorial.  La  localité  qu'habite  la  famille 
décrite  dans  la  présente  monographie  en  offre  elle-même  un 
exemple  intéressant  (i).  Ailleurs,  au  contraire,  la  rupture 
brusque  des  anciens  rapports  sociaux  a  mis  en  opposition  tous  les 
intérêts  ;  elle  a  habitué  .chacun  à  exercer  son  droit  jusqu'aux  plus 
extrêmes  limites.  Sous  cette  influence,  beaucoup  de  propriétaires 
se  sont  réservé  la  disposition  exclusive  de  tous  les  produits  du 
sol,  même  de  ceux  dont  ils  ne  peiiveot  tirer  parti.  La  rigueur 
avec  laquelle  ils  interdisent  les  subventions  forestières  précédem- 
ment acquises  aux  populations  introduit  dans  la  constitution 
sociale  des  germes  nombreux  d'irritation  et  de  mésintelligence; 
car  les  anciens  usagers,  tout  en  respectant  en  principe  le  droit 
du  propriétaire,  supportent  impatiemment  des  restrictions  qui 
leur  nuisent  sans  profiter  à  personne.  Souvent  même,  la  per- 
turbation économique  qu'enb^fne  le  nouveau  régime  retombe  en 
partie  sur  les  [U'opriétaires  eux-mêmes. 

En  effet,  l'octroi  des  subventions  qu'on  vient  d'énumérer  ne 
cause  à  la  propriété  forestière  aucun  dommage  appréciable;  et 
il  est  fort  rare  que  ce  dommage  se  manifeste  par  la  diminution 
du  produit  brut.  EnSn  il  arrive  même  souvent  que  le  bien-être 
acquis  aux  populations,  sous  la  bienfaisante  influence  de  droits 
d'usage  convenablement  réglés,  rejaillit  directement  sur  le  pro- 
priétaire et  se  résume  en  un  accroissement  du  produit  oet.  Dans 


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iiéUEina  Diviis  dk  u  consiitution  iocuu.  u 

l'Europe  centrale,  où  l'abondance  àea  bras  réduit  presque 
toujours  au  strict  nécessaire  les  recettes  des  ouvriers,  les  familles 
demandent  en  moins  au  salaire  ce  qu'elles  obtiennent  à  titre  de 
subvention.  La  générosité  du  propriétaire  de  forêts  lui  est  donc 
profitable,  en  ce  sens  qu'elle  lui  assure,  à  un  moindre  prix,  le 
travail  des  bâcherons,  des  charretiers  et  des  autres  catégories 
d'ouvriers  qu'il  emploie.  Dans  tous  les  cas,  d'ailleurs,  les  sub- 
ventions forestières  augmentent  considérablement  les  recettes 
annuelles  des  familles  qui  en  jouissent.  Celles-ci  en  tirent  ordi- 
nairement de  précieuses  ressources  pour  le  chauffage,  l'alimen- 
tatioa,  les  transports  et  les  industries  domestiques.  Ainsi  la  famille 
présentement  décrite  se  procure,  avec  la  récolte  d'herbes  faite 
chaque  année  dans  la  forêt  voisine,  le  moyen  d'entretenir 
une  vache  qui  lui  a^ure  une  recette  annuelle  de  150  firancs 
environ.  Le  principe  d'économie  sociale  qui  Tient  d'être  signalé 
se  trouve  donc  nettement  établi  par  les  chiffres  de  cette  mono- 
graphie. On  en  retrouve  ta  confirmation  dans  toutes  les  régions 
de  l'Europe. 

8  1». 

SUDATION    COUPAa^E    DES     OUVRIERS    ATTACBâS,     DANS     LE 
NORD-OUEST  DE  l'ALLBMAGNB,   ADX  PETITS  ATBUERB  BOBAUX  ET 
AUX  USINES  A  APPAREILS  MÉCANIQUES. 

La  famille  décrite  dans  cette  monographie  appartient  à  un 
régime  manuracturier  oh  les  ouvriers  travaillent  dans  leurs  pro- 
pres habitations  disséminées  pour  la  plupart  au  milieu  des  cam- 
pagnes. Ils  joignent  toujours  à  leur  industrie  principalel'exploita- 
tion  et  même  l'élevage  des  animaux  domestiques,  la  culture  des 
plantes  potagères  et  des  fruits,  et  plusieurs  autres  catégories  de 
travaux  agricoles. 

Ce  système,  combiné  avec  celui  des  corporations  urbaines 
d'arts  et  métiers,  a  été  pendant  longtemps  l'unique  base  de  l'in- 
dustrie européenne  (III,  viii,  n).  Mais,  depuis  le  commence- 
ment du  dernier  siècle,  et  surtout  dans  le  cours  de  celui-ci,  il  a 


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86  CH.  II,  —  TOSUINR  DE  OOOESBBM. 

beaucoup  perdu  de  son  importaoce.  Celte  décadence  est  due  à 
la  fois  à  l'altératioQ  du  système  et  à  la  concurreoce  chaque  jour 
plus  active  que  font  aux  petits  ateliers  ruraux  les  usioes  à  appa- 
reils mécaniques.  Ici,  comme  dans  les  autres  cootrées  manu- 
facturières, il  y  a  un  grand  iutérèt  à  constater,  par  l'étude  delà 
condition  physique  et  morale  des  ouvriers,  les  avantages  et  les 
ÏQœnTénients  de  l'un  et  de  l'autre  régime. 

Dans  celte  partie  de  rAllemagne,  les  ouvriers  travaitlanl  dans 
leur  propre  habitation  obéissent  presque  tous  à  une  tendance 
funeste.  Ils  quittent  peu  à  peu  la  campagne  pour  se  grouper 
dans  lesbourgs  et  dansles  petites  villles.  Ils  restreignent  en  même 
temps  le  cercle  de  leurs  travaux  agricoles  ;  et  ils  demandent,  en 
plus  grande  proportion,  au  travail  manufacturier  leurs  moyens 
d'existence.  Le  groupe  dont  ils  font  partie  abandonne  chaque 
jour  son  ancien  caractère  de  fabrique  rurale  pour  prendre  celui 
d'une  fabrique  urbaine.  Perdant  eux-mêmes  la  stabilité  et  la 
sécurité  que  donne  l'agriculture,  ils  tombenlde  plus  en  plusdans 
la  situation  précaire  qui,  depuis  le  commencement  de  ce  siècle, 
a  été,  dans  l'Occident,  'le  caractère  dominant  des  populations 
manufacturières  agglomérées.  Cette  situation  met  à  jour  un  des 
plus  graves  inconvénients  du  régime  des  petits  ateliers  :  l'absence 
de  patrons  intelligents,  prenant  souci  du  bien-être  des  popula- 
tions. Dans  cette  organisation  sociale,  en  effet,  les  familles  ne 
se  trouvent  pas  rattachées  à  un  patron  par  tes  liens  qu'établit  la 
permanence  des  relations.  Elles  travaillent  successivement,  selon 
des  conventions  éphémères,  fondées  sur  les  hasards  de  o  l'offre 
et  de  la  demande  »,  pour  le  compte  de  divers  marcbards  exploi- 
tant le  commerce  de  la  localité.  Ceux-ci  sont  loin  de  conjurer 
par  leur  influence  les  fâcheux  effets  de  l'imprévoyance  des 
ouvriers.  Loin  de  les  retenir  dans  les  conditions  de  sécurité  que 
donne  le  séjour  de  la  campagne,  les  fabricants  tendent  à  les  atti- 
rer, par  l'appât  d'un  salaire  plus  élevé,  dans  les  bourgs  et  dans 
les  villes  :  ils  les  accumulent  près  de  leurs  comptoirs,  oii  il  leur 
est  plus  facile  de  surveiller  Texécution  des  commandes. 

Les  ouvriers  attachés  aux  usines  à  appareils  mécaniques, 
dont  les  chefs  ont  conservé  les  habitudes  de  patronage  de  l'an- 


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BLBHBNTg  DIVERS  DK  Li  CONSTITUTION  SOdALE.  87 

cienne  économie  européenne,  se  trouvent  dans  uoe  situation  plus 
heureuse.  Ce  contraste  n'est  nulle  part  mieux  marqué  que  dans 
les  provinces  rhénanes,  par  la  comparaison  des  ouvriers  décrits 
dans  la  présente  monographie  et  de  ceux  qui  sont  attachés  aux 
grandes  usines  de  la  coolrée  d'EIberreld  (III,  iv,  so). 


S  20. 

PB^PABATIOHS   TRADITIONNELLES  DES  CONSEBVBS   DE   CDODX 
{sauer  Kraut)  et  de  légumes  ditebs. 

La  conserve  de  choux,  ou  choucroute,  est  préparée,  dans 
cette  locaHlé  et  dans  la  majeure  partie  de  l'Allemagne,  de  la 
manière  suivante.  Les  familles  qui  ne  se  livrent  pas  elles-mêmes 
à  ce  travail  font  couper  en  petits  fragments,  par  un  ouvrier  loué 
à  cetefTet,  leur  provision  de  choux.  On  tasse  fortement  dans  des 
barils,  au  moyen  d'un  pilon  de  bois,  les  choux  ainsi  coupés,  par 
couches  successives;  et  on  saupoudre  chaque  couche  avecdusel. 
On  pose  ua  couvercle  sur  la  couche  supérieure  lorsque  le  baril 
est  rempli,  et,  par-dessus,  on  charge  de  grosses  pierres,  qui  sou- 
mettent la  masse  à  une  pression  constante.  Après  six  semaines, 
il  s'est  produit  une  fermentation  acide  :  la  masse  s'est  affaissée; 
elle  se  trouve  recouverte  d'une  saumure  naturelle,  et  l'on  peut 
commencer  à  faire  usage  du  produit.  Chaque  fois  que  l'on  prend 
la  provision  de  la  Journée,  on  doit  replacer  le  couvercle  et  les 
pierres  qui  tiennent  la  masse  comprimée.  Avant  de  cuire  la 
choucroute,  on  la  débarrasse  de  la  saumure  dont  elle  est  imbi- 
bée, en  la  laissant,  pendant  quelques  heures,  en  digestion  dans 
de  l'eau  froide. 

D'autres  légumes,  les  haricots  verts  par  exemple,  se  prépa- 
rent à  peu  près  de  la  même  manière,  avec  cette  différence  que 
le  travail,  étant  moins  pénible  que  pour  les  choux,  ^t  toujours 
exécuté  dans  des  réunions  où  sont  conviées  les  voisines.  Elles 
ont  lieu  successivement  dans  chaque  maison,  sous  la  direction 
de  la  mère  de  famille.  Ces  travaux  en  commun  sont,  pour  les 
femmes,  une  sorte  de  récréation;  ils  s'appliquent  également,  dans 


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-   TlSSBmATfD  DB  GODESBERfl. 


certaines  localités,  à  la  préparation  des  choux,  et  rappellent  les 
réunions  qui  ontlieu  en  Sibérie  pour  le  même  objet  (11,  in,  14  ). 


§21. 

PRÉCIS  DB  LA   MOKOGBAPHIB  AYANT  PODB  OBJET 
LE  LUTHIER  DU  WERDENFELS  (HAUTE- BAVIÈRE). 

I.  DéfLnlttoQ  da  lien,  de  l'organisation  indnstrlflUe 
et  de  la  famille. 

Le  luthier  présentement  décrit  est  un  ouvrier-tâcheron  atta- 
ché à  un  fabricant  dans  le  système  des  engagements  momen- 
tanés. Il  est  en  même  temps  ouvrier-propriétaire. 

Le  bourg  de  Mittenwald,  qu'habite  la  famille,  est  situé  par 
kl'  26'  de  latitude  Nord  et  par  8"  35'  de  longitude  Ouest,  au 
centre  de  la  chaîne  des  Alpes  de  la  Haute-Bavière,  près  des 
frontières  du  Tyrol,  dans  la  vallée  de  l'isar.  Ce  cours  d'eau  prend 
jga  source  dans  les  montagnes  du  Karwendel,  à  quelques  kilo- 
mètres de  Mittenwald.  Le  bourg  est  situé  à  93&  mètres  au-des- 
sus du  niveau  de  la  mer  ;  et  les  montagnes  qui  bordent  la  vallée 
s'élèvent  à  2,500  mètres.  Les  sommets  et  les  ravius  de  ces 
montagnes  sont  couverts  de  neige  jusqu'au  commencement  de 
juin,  et  les  bourrasques  du  sirocco  soufllaQt  par  le  col  de  Seefeld 
ajoutent  à  la  rigueur  du  climat  eu  provoquant  de  brusques  varia- 
tions de  température.  Le  sol  de  la  vallée  se  compose  d'un  gravier 
calcaire,  mêlé  de  mica  et  d'autres  débris  descendus  des  montagnes 
environnantes;  celles-ci  sont  couvertes  de  forèls  jusqu'à  uoe 
hauteur  d'environ  i,500  mètres.  Leurs  premiers  contre-forts  sont 
formés  de  schistes  bitumineux,  d'ardoises,  de  marnes  et  de  grès, 
qui  constituent  principalement  le  scA  des  forêts.  C'est  là  qu'on 
trouve,  sur  les  pentes,  de  bons  pâturages  oh  l'on  mène  les  trou- 
peaux dans  la  belle  saison.  La  terre  arable  ne  se  rencontre  qu'au 
fond  de  la  vallée  et  sur  les  coteaux  qui  la  bordent.  La  culture 
de  ces  coteaux,  commencée  en  15S8,  a  été  abandonnée,  puis 
reprise,  il  y  a  trois  ans,  pour  aider  les  propriétaires-indigents  et 


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itLÉVKHTS  DIVERS   DE  LA 

remédier  au  morœllement  de  la  propriété,  qu'on  doit  coasidérer 
comme  une  des  plaies  sociales  de  cette  contrée.  La  largeur  de  la 
vallée  varie  de  1  é  2  kilomètres.  Les  sinuosités  décrites  par  le 
cours  de  l'Isar  la  divisent  &i  trois  parties  :  aa  milieu  le  boui^  et 
quelques  cultures;  au  nord,  les  champs  et  au  sud  les  pâturages 
des  bétes  laitières  qui,  pendant  la  belle  saison,  sont  retenues 
près  du  bourg  pour  \es  besoins  journaliers.  Le  pâturage  a,  dans 
cette  commune,  plus  d'imporlance  que  la  culture  proprement 
dite.  Il  a  pour  ressources  les  droits  d'usage  et  de  p&ture  accordés 
par  l'Ëtat,  sur  ses  terres  et  dans  ses  forêts.  Il  y  a  trois  classes 
distinctes  de  particuliers  propriétaires  :  les  grands,  les  moyens 
et  les  petits.  Parmi  ces  derniers  sont  les  luthiers  et  ouvriers  de 
toute  sorte  ;  ils  possèdent,  en  général,  de  kO  à  50  ares,  et  ils 
suppléent  à  l'insuffisance  de  cette  propriété  en  prenant,  à  loyer, 
des  champs  dans  les  villages  voisins.  Un  petit  nombre  de  familles 
s'occupe  uniquement  d'agriculture.  Les  terres  labourables  sont 
en  petite  quantité;  élira  sont  excessivement  morcelées  par  suite 
du  partage  des  héritages  ;  et  beaucoup  d'habitants  de  la  commune 
doivent  demander  à  un  autre  travail  les  moyens  de  subsistance 
que  l'agriculture  ne  peut  leur  fournir.  Les  familles  qui  allient 
aujt  travaux  de  culture  le  commerce  des  bestiaux,  des  foins  et 
des  bois,  sont  les  seules  qui  ne  s'adonnent  en  aucune  façon  à 
l'industrie  maouracturière.  La  loi  communale  n'accorde  l'autori- 
sation de  se  marier  dans  la  commune  qu'aux  membres  de  cette 
commune.  Pour  en  faire  partie,  i)  faut  posséder  une  maison  ou 
au  moins  un  logement  comportant  la  jouissance  des  droits  com- 
munaux de  pâture,  d'aflbuage  et  d'abatage,  dans  te  domaine  de 
l'État.  Le  luthier,  comme  les  autres  gens  de  métier  de  Mitten- 
wald,  est  à  la  fois  propriétaire,  cultivateur,  nourrisseur  et  ouvrier- 
tâcheron.  Il  travaille  généralement  chez  lui,  avec  ses  propres 
outils,  et  reçoit  du  fabricant,  qui  le  paie  aux  pièces,  les  matières 
nécessaires  à  son  travail.  Il  n'est  nullement  lié  à  un  seul  fabricant. 
Il  travaille,  tantôt  pour  l'un,  tantdt  pour  l'autre,  k  moins  que  des 
avances  faites  sur  le  travail  à  exécuter  ne  le  lient  temporaire- 
ment h  l'un  des  deux  fabricants  luthiers  de  Mittenwald.  Ceux-ci 
font,  en  outre,  le  commerce  de  détail  des  objets  nécessaires  aux 


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-  TISSBILUID  DI  GODB&DEBO, 


besoins  de  la  vie  et  des  outils  employés  pour  la  fabrication  de 
leurs  articles.  Les  ouTriers  achètent  souveot  cbez  eux,  et  à  cré- 
dit, avec  remboursemeiit  par  à-compte  sur  le  travail  à  venir,  les 
objets  dont  ils  ont  besoin  dans  leur  ménage.  Ils  se  trouvent 
souvent  ainsi  engagés  pour  de  longs  teraies  avec  tel  ou  tel  fobri- 
cant.  Le  lutbier  exécute  ses  commandes  à  l'aide  des  membres  de 
sa  famille;  et  l'uu  des  fils,  au  moins,  suit  habituellement  la 
profusion  de  son  père,  qui  a  été  son  maître  d'apprentissage.  Les 
Olles  aident  aussi  quelquefois  à  la  fabrication  des  violons  comme 
colleuses,  polisseuses  et  vernisseuses.  La  femme  s'occupe  du 
ménage,  des  foins  et  des  bestiaux;  et  elle  n'assiste  son  mari  dans 
son  métier  que  par  exception.  Gomme  on  le  voit,  l'organisation 
industrielle  des  luthiers  de  Mittenwald  est  une  fabrique  collec- 
tive  demi-rurale.  Bien  que  la  loi  sur  les  corporations  fermées 
(i,  i»)  soit  encore  en  vigueur,  les  luthiers  de  MiHenwald  sont 
rangés  dans  les  métiers  libres,  et  alFranchis  des  conditions  d'ap- 
prentissage et  de  compagnonnage  de  ces  corporations.  Pour  être 
luthier,  il  faut  éire  membre  de  la  commune,  avec  l'approbation 
de  la  police  du  district.  Cependant  quelques  membres  de  familles 
de  luthiers,  qui  ont  perdu  leurs  propriéiés  par  accident  ou  par 
imprévoyance  et  défaut  d'ordre,  ont  obtenu  l'autorisation  de  tra- 
vailler à  leur  compte;  mais  non  pas  celle  de  se  marier.  La  com- 
mune doit  les  tolérer,  car  le  lieu  de  leur  naissance  leur  donne 
certains  droits  ;  mais  ce  sont  des  exceptions  que  l'on  cherche  à 
éviter.  On  nomme  ces  individus  des  o  soi-même  »  (Selbstler),  ou 
personnes  ne  vivant  que  pour  elles-mêmes  et  par  elles-mêmes, 
sans  participation  à  tous  les  droite  communaux. 

La  famille  comprend  les  deux  époux  et  trois  enfants.  Le  père, 
né  à  Mittenwald,  est  Agé  de  â7  ans  et  marié  depuis  19  ans. 
Sa  femme,  née  à  Mittenwald,  est  âgée  de  A8  ans.  Ils  ont  eu 
ih  enfants  :  7  garçons  et  h  Slles  sont  décédés;  â  garçons  sur- 
vivent, et  sont  âgés  de  20, 16  et  8  ans.  La  fécondité  des  mariages 
est  habituelle  à  Mittenwald  :  il  y  a,  dans  le  bourg,  une  famille 
qui  compte  2ft  enfants;  beaucoup  d'autres  en  ont  de  12  à  16. 
Par  contre,  la  mortalité  est  grande  parmi  les  enfants.  Bien  que 
dans  le  pays  la  plupart  des  mariages  se  concluent  sous  l'empire 


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■lÉMENTS  DIVKBI  DB  LA  CO.tSTlTITTIOn  lOCULI.  91 

de  considératioDS  d'intérêt,  Dotre  luthier  en  choisissant  sa  femme 
a  suivi  EOD  iDclinatioD.  Ed  général,  les  hommes  se  marient  entre 
30  et  ko  ans,  et  les  filles  entre  20  et  50;  les  lois  communales 
retardent  les  mariages  (i,  ss).  G»  lois  ont  souvent  une  triste 
conséquence  ;  la  naissance  d'un  assez  grand  nombre  d'enfants 
il  légitimes. 

Jusqu'au  commencement  du  ^ècle  actuel  la  religion  catho- 
lique a  seule  été  tolérée  dans  le  comté  du  Werdenfels.  Bien  que 
le  gouvernement  bavarois  traite  aujourd'hui  tous  les  cultes  avec 
une  égale  impartialité,  les  habitants  continuent  à  professer  avec 
ferveur  la  religion  catholique.  I^^  luthiers  font  presque  tous 
partie  de  sociétés  chorales,  pour  la  musique  sacrée,  vocale  ou 
instrumentale.  Dans  toutes  les  maisons  du  comté  et  de  la  Haute- 
Bavière,  il  y  a,  chez  les  familles  catholiques,  un  petit  autel  placé 
dans  la  chambre  commune;  et  un  autre  dans  la  chambre  des 
parents.  Ces  autels  occupent  la  place  principale,  vis-à-vis  de 
l'entrée.  Ils  sont  ornés  d'un  crucifix,  de  tableaux  de  dévotion  et 
de  fleurs  artiâcielles. 

L'ouvrier  qui  est  catholique,  ainsi  que  toute  sa  famille,  a 
toujours  pris  part,  avec  les  autres  luthiers,  à  un  anniversaire 
qui,  jusqu'en  ces  derniers  temps,  était  célébré  au  mois  d'octobre 
en  mémoire  des  luthiers  décédés.  Cette  cérémonie  se  composait 
d'une  grand'messe  et  d'un  Libéra  chanté  hors  de  l'église.  Chacun 
mettait  à  l'oHirande  0'  OU  ;  et  les  frais  du  service  étaient  répartis 
entre  tous  les  luthiers  qui  payaient  environ  0'  22  chacun.  Un 
fabricant  luthier  se  chargeait  toujours  des  arrangements  à  prendre 
pour  cette  solennité.  L'augmentation  des  dépenses  nécessaires  à 
ta  vie  a  récemment  fait  tomber  cette  pieuse  solennité  en  désué- 
tude. La  famille  suit  régulièrement  les  préceptes  de  l'Église;  elle 
participe  à  toutes  les  cérémonies  et  processions  d'usage,  surtout 
pendant  la  semaine  des  Rogations.  Tous  ses  membres  vont 
chaque  matin  à  la  messe,  excepté  pendant  le  temps  de  k  fenaison. 
Après  le  déjeuner  on  fait  la  prière,  qui  se  compose  d'un  Pater, 
d'un  Ave  Maria,  d'un  Credo  et  de  sept  fois  Gloria  in  exceisis 
Deo,  récités  à  haute  voix.  Avant  le  diner  et  avant  le  souper,  on 
récite  trois  PcUer  et  trois  Ave.  La  famille  communie  au  moins 


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9S  en.  II.  —   TISSERAND  BB  fiODESBBRa. 

quatre  fois  par  an  ;  les  enfaDts  foot  leur  première  commuDion  à 
onze  ans.  L'ouvrier  ne  permet  jamais  à  aucun  membre  de  sa 
famille  de  travailler  le  dimanche,  oi  les  Jours  de  fête,  lors  même 
que  le  curé  eu  donne  l'aulorisatioD.  Il  prétend  que  le  travail  fait 
en  de  telles  circonstances  ne  peut  être  profitable. 

La  famille  faisait  autrefois,  comme  la  plupart  des  habitants 
du  bourg,  des  pèlerinages  aux  églises  de  la  Sainte- Vierge  à 
Absams,  de  la  vallée  de  Riss  en  Tyrol,  ou  d'Eltal  dans  l'arron- 
dissement du  Werdenfels.  Ces  voyages  coûtaient  chaque  année, 
à  l'ouvrier,  la  valeur  de  plusieurs  journées  de  travail.  L'augmer.- 
talion  progressive  du  prix  des  choses  nécessaires  à  la  vie  a  forcé 
dernièrement  la  famille  à  supprimer  ces  voyages  dispendieux. 
Elle  se  borne  maintenant  à  faire  les  prières  annuelles  diios 
l'église  de  la  vallée  de  Biss,  située  à  une  petite  distance  et  d'où 
l'on  peut  revenir  le  lendemain  du  départ.  Toutefois  la  dépense 
annuelle,  y  compris  le  paiement  ordinaire  des  chaises  à  l'église 
de  Mittenwald,  atteint  encore  en  moyenne  la  somme  de  20  francs. 
La  mère  de  famille  ne  peut  plus,  à  cause  de  ses  infirmités,  faire 
des  voyages  dans  les  montagnes;  elle  remplit  ses  devoirs  reli-. 
gieux  à  l'église  du  village.  L'instruction  religieuse,  fréquentée 
par  les  Jeunes  gens  jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  ans,  ainsi  que  te 
prêtre  leur  en  fait  un  devoir,  contribue  grandement  h  la  conser- 
vation des  idées  religieuses  et  des  bonnes  mœurs.  Le  nombre 
des  enfants  illégitimes,  assez  grand  dans  la  Haute-Bavière,  a  sen- 
siblement diminué  depuis  une  dizaine  d'années  à  Mittenvrald, 
BOUS  l'influence  de  l'instruction  ecclésiastique  améliorée  depuis  son 
oi^nisation  à  la  suite  du  Concordat.  La  plupart  des  enfants 
naturels  sont  légitimés  par  mariage  subséquent  ;  et  c'est  même  ce 
qui  est  arrivé  pour  le  fils  aîné  de  l'ouvrier.  L'enseignement  sco- 
laire, assez  négligé  autrefois,  a  reçu,  depuis  le  commencement  du 
siècle,  une  impulsion  nouvelle  qui,  se  combinant  avec  le  maintien 
des  croyances  religieuses,  a  produit  I  amélioration  des  mœurs. 
On  rencontre  rarement,  dans  les  dernières  générations,  des  per- 
sonnes qui  ne  sachent  lire,  écrire,  et  au  moins  un  peu  calculer. 
Dans  l'école,  les  garçons  sont  séparés  des  filles;  celles-ci  sont 
confiées  aux  soins  des  sœurs  pauvr&s  de  Notre-Dame,  qui  leur 


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ÉLéllENTS  DIVKB9  DB   LA  COKSTITVTIOrt  SOCIALE.  93 

dODDent  à  la  fois  l'instruclioa  religieuse,  renseignement  scolaire 
et  les  premières  notions  de  travaux  manuels.  Les  habitants  de 
Mittenwald  se  Font  remarquer  par  leur  assiduité  au  travail  ;  et, 
pour  ce  motif,  les  agents  forestiers  les  emploient  pour  les  tra- 
vaux qui  s'exécutent  chaque  année  dans  le  domaine  de  l'État  à 
roccasion  du  flottage  du  bois. 

Soumis  aux  nécessités  d'une  vie  modeste  et  restreinte,  ils  se 
montrent  gais  et  satisfaits  de  leur  sort.  La  paix  se  maintient 
habituellement  parmi  eux  sans  rinterventioa  de  l'autorité;  et 
même,  en  18&8,  lorsque  dans  des  communes  voisines  l'emploi 
de  la  force  armée  fut  parfois  nécessaire,  les  gens  de  Mittenwald 
se  bornèrent  à  exposer  leurs  griefs  et  demeurèrent  dans  une 
parfaite  tranquillité.  Leur  loyauté  est  connue  ;  le  vol  y  est  excep- 
tionnel, et  les  menus  délits  champêtres  et  forestiers  y  sont  fort 
rares.  Sous  l'empire  de  cette  discipline  morale,  l'esprit  d'associa- 
tion s'est  développé  d'une  façon  remarquable. 

La  régularité  de  sa  conduite,  le  sage  exercice  de  l'autorité 
paternelle,  l'assiduité  au  travail,  l'esprit  de  prévoyance  et 
d'épai^e,  ont  désigné  le  chef  de  famille  à  la  conQance  de  ses 
concitoyens,  qui  l'ont  élu  curateur  des  pauvre.  Les  soins  de 
cette  fonction  honorifique  sont  assez  onéreux  pour  qu'il  redoute 
une  réélection  à  l'expiration  de  son  mandat. 

La  vallée  de  l'Isar  est  généralement  assez  salubre.  Les  épi- 
démies de  fièvres  typhoïdes,  assez  fréquentes  par  suite  des  maré- 
cages de  l'arrondissement  de  Gries,  dont  fait  partie  la  maison  du 
luthier,  attaquent  principalement  les  enfants.  L'ouvrier  dont  nous 
parlons  perdit  presque  tous  les  siens  attaqués  de  cette  funeste 
maladie;  ceux  qui  lui  restent  jouissent  d'une  très-bonne  santé. 
En  outre,  la  population  estsujetteauxriiumatisme8,auxcataiTfaes 
et  à  d'autres  affections  pulmonaires.  Les  b&cherons  et  les  flot- 
teurs sont  souvent  atteints  de  la  goutte  dans  un  âge  avancé. 
Chez  les  jeunes  filles,  on  observe  particulièrement  la  chlorose  et 
ses  suites  ordinaires.  Quant  aux  fièvres  froides,  elles  sont 
inconnues  dans  le  pays. 

Jusqu'en  ces  derniers  temps  le  service  de  santé  était  confié  à 
un  cbirui^en  autorisé  à  guérir  les  maladies  de  peu  de  gravité 


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9%  CH.   II.   —  TIS9RKAKD  DB  OODBSBKRO. 

et  qui  devait,  dans  les  cas  sérieux,  se  consulter  avec  le  médeciu 
du  bailliage  demeurant  à  une  distance  de  20  kilomètres.  Depuis 
dix  ans,  le  gouvernement  a  placé,  dans  le  bourg,  un  médecin  de 
district,  sous  le  contrôle  immédiat  du  médecin  de  bailliage  et  ayant 
le  droit  de  tenir  une  pharmacie.  La  commune  alloue  à  ce  médecin 
une  subvention  annuelle  de  ftSO  Trancs.  Les  indigents  de  l'endroit 
reçoivent  de  lui  des  soins  gratuits.  Dans  la  famille  décrite  ici,  la 
mère,  alTaiblie  par  de  nombi'eiises  couches,  ne  peut  presque  plus 
travailler.  Le  père  souffre  quelquefois  de  légères  congestions  cau- 
sées par  le  travail  assidu  auquel  il  se  livre  dans  un  espace  trop 
restreint.  Les  habitants  de  Mittenwald  sont  en  général  sains  et 
robustes.  Aussi  atteignent-ils  ordinairement  un  âge  assez  avancé; 
nous  y  avons  vu  des  luthiers  de  79  ans  qui  étaient  encore  de 
très-bons  ouvriers. 

L'ouvrier,  objet  de  ce  précis,  se  distingue  par  sa  loyauté  et 
SB  bonne  réputation.  Stable  dans  son  métier,  il  fabrique  des  vio- 
lons d'une  qualité  hors  ligne  qui  se  vendent  un  prix  fort  élevé. 

II.    Hojens  d'azlstenoe   de  la  famille. 

Immeubles  :  maison  et  petit  jardin  y  attenant,  1,724'  00;  — 
terres  situées  à  4  kilomètres  de  la  maison,  comprenant  112  ares  de 
terres  cultivées  et  de  prairies,  1,379' 00.— Ces  divers  immeubles 
proviennent  principalement  de  la  succession  du  père  de  l'ouvrier. 
Ils  s'améliorent  ou  s'accroissentchaqueannée  grâce  aux  épargnes 
et  au  travail  de  la  famille.  — ■  Argent  :  l'ouvrier  conserve  diez 
lui,  pour  les  besoins  du  ménage,  une  petite  somme  d'environ 
22  francs.  —  Ammau(v  domestiques  entretenus  toute  l'année  : 
2  vaches,  1  veau,  1  chèvre,  329'  00.  —  Matériel  des  tramtiœ 
et  industries  ■  outils  de  lutherie,  138'  00;  —  outils  et  instru- 
ments de  culture,  de  cueillette  et  d'élevage,  123'  00;  —  usten- 
siles destinés  an  blanchissage  ainsi  qu'à  l'entretien  des  vêtements 
et  du  linge,  11'  00.  —  Valeur  totale  des  propriétés,  3,726'  00. 

Dans  les  pays  de  montagnes,  et  surtout  dans  les  Alpes,  les 
subventions  jouent  un  rôle  prépondérant  parmi  les  moyens 
d'existence  de  la  population  rurale.  Elles  ont  pour  origine  des 


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âLBMBNTfl  DIVB1I3   DB  LA  CONSTITDTlOEf  SOCIALE.  9S 

droite  d'asage  ou  des  allocations  d'objets  et  de  services  accordés 
par  des  personnes  bienfaisantes,  ou  par  TËtat  sur  ses  domaines. 
Le  pays  où  vil  notre  luthier  est  un  de  ceux  où  les  subrentious 
sont  le  plus  largement  assurées  aux  ouvriers.  L'administration 
forestière,  sur  les  coupes  qu'elle  fait  exécuter  dans  les  forêts  de 
l'État,  alloue  à  chaque  famille  une  quantité  de  bois  de  chauffage 
qui  se  décompose  comme  il  suit  :  â  mètres  cubes,  à  titre  de 
droit  fixe,  moyennant  une  redevance  de  0'  15  par  mètre  cube; 
2°"  16 .à  titre  gracieux,  et  à  raison  de  0'  75.  Le  bois  rond  des 
rameaux  des  arbres  désigna  et  coupés  n'est  pas  compté  dans 
ces  mesures  et  constitue  une  plus-value  qui  ne  coûte  que  la  main- 
d'œuvre  et  le  transport;  on  s'en  sert  pour  le  chauffage,  l'éclai- 
rage et  les  menus  besoins  domestiques.  Les  bois  concédés 
doivent'  être  coupés  et  débités  aux  places  assignées  dans  la 
montagne;  ensuite  on  les  fait  sortir  et  descendre  dans  la  vallée. 
Les  bois  de  construction  et  les  bois  de  clôture  ne  sont  point 
compris  dans  la  précédente  subvention.  La  quotité  de  cette  nou- 
velle allocation  est  fixée  et  contrôlée  chaque  année  par  les  agents 
forestiers.  L'ouvrier  reçoit  annuellement  15  mètres  environ  de 
ces  bois  (mesure  linéaire)  et  paie  un  droit  de  0'  86.  De  plus,  il 
reçoit  8  à  10  pièces  de  tige  pour  les  clôtures,  moyennant  un 
droit  deO'  20.  La  valeur  calculée  de  tous  les  bois  reçus  comme 
subventions  peut  être  évaluée  à  62'  00.  L'ouvrier  jouit  encore 
d'un  droit  de  pacage  pour  ses  vaches  sur  le  domaine  de  l'État. 
Il  n'a  d'autre  redevance  à  payer  que  sa  quote-part  du  salaire  du 
bouvier.  On  peut  évaluer  à  105'  00  la  valeur  annuelle  de  cette 
subvention.  Le  droit  de  récolle  des  litières  pour  les  bestiaux  est 
évalué  annuellement  à  une  somme  de  52'  00;  le  droit  à  payer 
est  de  0'  50  environ.  La  famille  du  lulbier  jouit  encore  de 
quelques  petites  subventions  :  l'instruction  n'est  pas  complète- 
ment gratuite  à  Mittenwald  ;  mais  te  prix  en  est  réduit,  par  des 
fondations  religieuses,  à  3'  00.  Les  copeaux,  provenant  des  bois 
servant  à  faire  les  violons,  constituent  une  subvention  évaluée 
à  2'  00.  Enfin  des  cadeaux  divers  faits  à  la  famille  entrent  aussi 
en  ligne  de  compte,  savoir  :  à  la  femme,  30  têtes  de  choux  don- 
nées par  un  parratet  valant  1'  00;  présent  de  1  florin  (2' 15), 


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K  CH.  U.  —    TIBSEBAND  DK  OODKBBBBO. 

dit  par  le  même  lors  du  dernier  accouchement  de  la  femme, 
et  0'  22  aux  enfants. 

Travaux  de  Vouvrier,  —  L'ouvrier  a  pour  Iravall  principal 
la  rabricatioD  des  violons  pour  le  compte  du  fabricant.  Il  consacre, 
à  ce  travail  et  aux  travaux  accessoires,  293  journées,  savoir 
fabrication  des  violons,  251;  exploitatiou  des  subventions,  13 
culture  des  terres  et  soins  donnés  aux  animaux  domestiques,  2/i; 
fonctions  de  curateur  des  pauvres,  6.  Le  salaire  de  l'ouvrier  est 
variable  et  peut  être  estimé  en  moyenne  à  1'  72  par  jour.  — 
Travaux  de  la  femme.  —  La  femme  consacre  tout  le  temps 
compatible  avec  sa  mauvaise  santé  aux  occupations  suivantes  : 
travaux  divers  du  ménage;  préparation  des  aliments;  soins 
donnés  aux  animaux;  blanchissage  du  linge;  confection  et 
entretien  des  vêtements  et  du  linge;  61age  du  lin  ou  du  chan- 
vre et  tricotage  des  fîls.  Elle  se  fait  aider  par  une  couturière 
ou  une  femme  à  la  journée.  Elle  consacre  ses  moments  perdus 
k  entretenir  le  petit  jardin  delà  maison,  et  à  blanchir  à  la  cbaux 
les  murs  des  chambres.  L'ouvrier  estime  à  1'  15  le  travail  jour- 
nalier que  Tait  sa  femme;  car,  lorsqu'elle  est  incapable  de  se 
livrer  à  ses  occupations,  il  paie  à  la  femme  de  journée  0'  39, 
plus  la  nourriture,  évaluée  à  0'  86  par  jour.  —  Travaux  du 
fils  aine,  —  Le  fils  atné  ne  travaille  comme  luthier  que  pen- 
dant l'hiver.  Il  fait  alors,  en  52  journées,  de  36  à  &2  corps  de 
violons  de  qualité  inférieure  ;  sa  journée  est  évaluée  à  1^  6-0. 
Il  consacre  en  outre  comme  journalier,  à  divers  travaux,  115 
journées  payées  moyennement  0'  86.  Ce  garçon,  vivant  dans 
la  famille,  remet  à  son  père  toutes  les  sommes  qu'il  reçoit  à 
titre  de  salaire.  Il  participe  en  outre  aux  travaux  domestiques 
et  aux  soins  des  bestiaux.  —  Travaux  du  deuxième  fils.  — 
Le  deuxième  fils  de  l'ouvrier  est  encore  apprenti  luthier  et  ne 
sait  faire  que  des  manches  de  violons.  Le  chef  de  famille  pour- 
rait l'envoyer  à  Técole  d'apprentissage;  mais,  soit  qu'il  lui 
déplaise  de  voir  celui-ci  travailler  sans  salaire,  soit  qu'il  pense 
lui  donner  lui-même  de  meilleures  leçons,  il  lient  à  le  garder  chez 
lui.  Ce  fils  est  employé  une  dizaine  de  jours  chaque  année  pour 
les  travaux  hydrauliques  de  la  commune  à  raison  de  V  08  par 


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élilIKNTS  D1V»8   Bl  Li  «OUTiniTlON  SOCIALE.  t7 

.jour.  —  Travauœ  du  troisième  fiU.  —  Le  troisième  fils  va  eacora 
h  l'école  et  ne  fait  aucun  traTail  que  I'od  puisse  évaluer. 

m.  Mode  d'sxiatenoe  de  la  Camille. 

L'alimentation  de  la  famille  est  frugale  et  appropriée  auic 
ressources  de  la  saison.  Elle  a  pour  bases  :  les  céréales,  pain  de 
seigle  et  de  fromeat  mélangés,  mets  divers  de  pâte  de  farine 
d'orge,  froment  ou  maïs,  bouillies  de  farine  de  maïs;  le  fromage 
mou  ;  les  pommes  de  terre  diversement  accommodées  ;  le  café  au 
lait  de  dièvre,  non  écrémé,  avec  du  pain.  Les  fruits-baies  (fraises 
et  airelles)  se  trouvent  en  grande  quantité  dans  les  montagnes 
boisées  qui  entourent  les  environs  de  Mitteawald.  Les  ensuis 
vont  en  chercher  les  jours  de  repos.  Les  indigents,  principale- 
ment les  vieilles  femmes  et  les  enfants,  font,  pendant  la  saison, 
un  petit  métier  de  celte  cueillette  qui  s'exerce  gratuitement  sur 
le  domaine  de  l'État.  Les  champignons  abondent  dans  les  forêts, 
mais  on  n'en  mange  point  dans  la  famille.  La  viande  n'enbv 
dans  l'alimentation  que  les  jours  de  grande  fête  ;  c'est  alors  un 
plat  de  bœuf  bouilli.  Le  jour  de  la  fête  du  bourg  ou  le  Mardi- 
gras,  on  y  joint  du  vean  rôti.  La  famille  boit  habituellement  de 
l'eau;  de  loin  en  loin  un  peu  de  bière.  L'eau-de-vie  n'est  con- 
sommée que  durant  les  travaux  des  champs,  et  en  petite  quan- 
tité, par  le  père  et  les  fils  qui  l'accompagnent.  La  famille  fait  par 
jour  quatre  repas  :  1*  le  déjeuner  (entre  7  et  8  heures  du  malin)  : 
panade,  café  (pendant  les  travaux  agricoles),  bouillie  de  farine 
de  froment  ou  de  gruau  de  maïs;  —  3"  le  dîner  (à  11  heures): 
pommes  de  terre  au  beurre  et  au  sel,  nouilles  de  fromage  mou 
frites  au  beurre  et  mangées  avec  de  la  choucroute  ou  d'autres 
l^mes  ;  pendant  les  travaux  dans  les  bois  le  dîner  ne  comprend 
que  le  pain  et  l'eau-de-vie;  mais  le  souper  suivant  se  compose 
de  bouillie  de  maïs  et  d'un  pot  de  bière;  —  3°  le  goûter,  appelé 
Mérande  (à  â  heures)  :  café  ou  petite  bière,  pain  ;  pendant  la 
fenaison  ou  les  fortes  chaleurs,  lait  caillé;  —  k'  le  souper  :  soupe 
-au  lait  ou  panade,  avec  les  restes  du  dtner,  s'il  y  en  a.  Lorsqu'il 
travaille  au  dehors  sur  le  domaine  de  l'État,  le  fils  atné  emporte. 


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ccfflaine  provision  hebdomadaire,  d  kilogrammes  de  farine,  un. 
demi-kilogramme  de  beurre  fondu  et  i  1/3  kilogramme  de 
pain.  Il  prépare  avec  ces  matières  une  sorte  de  brioche  nom- 
mée /focken. 

La  maison  du  luthier  est  située  dans  le  quartier  te  plus  élevé 
dn  bourg,  nommé  le  Gries  (gravier);  ^le  a  i5  mètres  de  pro- 
fondeur sur  8  mètr^  de  largeur.  Dorière  la  maison  se  trouve 
le  petit  jardin  potager,  cultivé  avec  soin,  d'une  superficie  de 
&  ares.  Au  rez-de-chaussée  se  trouve  la  chambre  commune,  qui 
so't  d'atelier  à  l'ouvrier;  elle  est  seule  chauffée  en  hiver.  Elle  est 
encombrée  des  établis  de  l'ouvrier  placés  devant  les  fenêtres  sur 
deux  côtés  de  la  chambre.  Toute  la  maison  est  tenue  avec  une 
extrême  propreté.  Le  mobilier  se  réduit,  sauf  quelques  images 
encadrées,  au  strict  nécessaire.  Il  provient  presque  complètement 
d'héritages  et  se  fait  remarquer  par  sa  simplicité  et  surtout  par 
sa  propreté.  Il  comprend  les  différents  objets  désignés  ci-après. 
—  Meuble»  :  2  lits,  avec  leur  garniture;  2  armoires;  3  tables; 
à  chaises  ;  2  crucifix  ;  S  images  religieuses  ;  1  bénitier  en  faïence  ; 
dO  ouvrages  de  piété,  Gkh.'  00.  —  Ustentites  :  assez  nombreux 
et  bien  entretenus,  &?'  00.  —  Linge  de  ménage  :  peu  abondant, 
111'  00.  —  Vêtements  :  les  habitants  du  comté  de  Werdenfels 
n'ont,  à  proprement  parler,  aucun  costume  qui  leur  soit  propre. 
L'ancien  costume  national  a  disparu  durant  le  siècle  dernier.  Les 
luthiers  sont  vêtus  à  la  manière  des  petits  bourgeois.  —  Vête- 
ments de  l'ouTrier  :  habit  ou  redingote  descendant  nn  peu  au- 
dessous  du  genou,  manteau  de  couleur  sombre,  chapeau  à  haute 
forme  cylindrique  élargie  vers  le  haut,  pantalon  de  drap  noir 
pour  les  jours  de  fête,  jaquette  de  coton,  culotte  de  peau  de  chèvre 
ou  pantalon  de  toile,  casquette  et  souliers  de  montagne,  les  jours 
de  travail,  181'  00  (habits  de  fête,  85'  00;  habits  de  travail 
avec  le  linge  de  corps,  96'  00).  —  Vêtements  de  la  femme, 
lOA.'  00  ;  ils  n'ont  rien  de  caractéristique.  L'usage  de  porter  des 
chapeaux  Terts  en  forme  de  pain  de  sucre  a  disparu  depuis  une 
dizaine  d'années  ;  la  mère  de  fiunîlle  se  coiffe,  selon  la  mode 
actuelle,  avec  un  moucht^r  de  coton  à  fleurs,  arrangé  avec  assez 
de  goût.  —  Vêtements  du  61s  atné,  137'  00.  —  Vêlements  du 


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BLEMSHTS  DIVBBS   DE  LA  CONSTITUTION  SOCIALE.  M 

deuxième  fils>  122'  00.  —  Vétemenls  du  troisième  fils,  36'  00. 
—  Valeur  totale,  1,372'  00. 

La  fréqueQtatioQ  des  cabarets,  le  soir,  constitue,  dans  toute 
la  Bavière,  la  priDcipale  récréation  des  hommes.  Ea  été  ils  y 
jouent  aux  quilles  pour  quelques  litres  de  bière;  en  hiver,  les 
quilles  sont  remplacées  par  le  jeu  de  cartes.  L'ouvrier  et  son  Qls 
atné  suivent  celte  coutume,  mais  avec  une  graode  modération,  et 
seulement  les  dimanches  et  jours  fériés  après  1^  vêpres.  Leur 
dépense  au  cabaret  ne  dépasse  point  50  francs  par  an.  Les  àeax 
autres  garçons  étant  encore  ^ligés  de  fréquenter  l'école  du 
dimanche,  dont  les  r^lements  défendent  de  hanter  les  cabarets, 
s'amusent  avec  leurs  camarades  en  faisant  de  petites  promenades 
dans  les  rues  du  bourg  ou  aux  environs.  L'ouvrier  fume  quel- 
quefois pendant  ses  heures  de  loisir.  Le  dîner  qui  avait  lieu 
autrefois,  à  l'occasion  de  l'anniversaire  célébré  en  mémoire  des 
luthiers  décéda,  a  été  supprimé  récemment  parce  que,  en  raison 
de  l'augmentation  progressive  des  choses  nécessaires  h  la  vie,  le 
nombre  des  souscripteurs,  pour  le  repas,  diminuait  chaque 
année.  Les  pèlerinages  aux  chapelles  du  voisinage  de  Mitlenwald 
sont  une  récréation  pour  les  membres  de  la  famille  qui  peuvent 
y  prendre  part.  La  coutume  italienne  de  se  réunir  le  soir  entre 
voisins,  durant  la  belle  saison,  de  s'asseoir  sur  des  bancs  aux 
portes  des  maisons  et  de  faire  la  causette,  existe  encore  à  Mitlen- 
wald. Ce  sont  surtout  les  jeunes  gens  des  deux  sexes  qui  domi- 
nent dans  ces  réunions  où  se  forment  des  relations  qui,  par  la 
suite,  deviennent  des  liaisons  permanentes.  L'hiver  on  se  réunit 
dans  la  chambre  commune,  on  cause  et  on  aie  ;  souvent  même 
les  rouets  sont  mis  de  côté  et  la  soirée  se  termine  par  une  danse 
au  son  d'une  cithare  ou  de  tout  autre  instrument.  Gomme  les 
jeunes  filles  sont  l'âme  de  cfêiréunions,iIn'y  en  a  jamais  de  sem- 
blables chez  le  luthier;  mais  le  Sis  aloé  se  rend  souvent  chez  des 
voisins  pour  prendre  part  à  cette  innocente  distraction.  De  son 
côté,  la  mère  de  famille  fait  et  re(K)it  quelquefois  de  petites  visites. 
La  famille  entière,  réunie  chez  l'ouvrier  le  dimanche  soir,  goûte 
alors,  dans  une  causerie  intime,  sa  meilleure  récréation. 


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OH.  11.  —  TUMAâND  DB  GODBSBnfi. 


IT.  Histoire  de  la  fimillle. 


h&  père  du  luthier  ici  décrit  était  maître  tailleur  à  Mittenwald. 
Il  abaDdooaa  son  état  pour  contracta  avec  l'administratioa 
forestière  ud  engagement  coDcernant  la  fabrication  de  la  poix  au 
compte  de  l'État.  Plus  tard,  voulaot  apprendre  un  métier  à  son 
61s,  il  le  mit  en  apprentissage  chez  un  de  ses  frères  qui  était 
luthier  et  habitait  aussi  Mittenwald.  L'ouvrier  exerga  ce  métier, 
sans  discontinuer,  dans  son  pays  natal,  d'où  il  ne  sortit  que  dans 
deux  occasions  :  une  fois  pour  se  présenter  à  la  conscription,  à 
Munich,  et  une  autre  fois  pour  témoigner,  au  tribunal  de  la 
même  ville,  dans  une  affaire  étrangère  à  la  famille.  Devenu 
soldat,  par  le  sort,  il  passa  chez  ses  parents  les  six  ans  de  ser- 
vice imposés  par  la  loi.  1)  n'eut  jamais  d'uniforme;  il  travaillait, 
tantôt  comme  journali^,  tantôt  comme  luthier,  selon  l'occasion 
et  les  saisons.  Il  fit  à  cette  époque  la  connaissauce  de  sa  femme  ; 
et  il  l'épousa  lorsqu'il  reçut  son  congé  définitif,  à  l'âge  de  27  ans. 
—  La  femme  du  luthier,  fille  d'un  charpentier  de  Mittenwald, 
fréquenta  l'école  jusqu'à  15  ans.  Elle  entra  alors  en  service 
chez  un  aubergiste  de  Wallgau,  près  de  Mittenwald,  où  elle  ne 
resta  que  huit  jours,  par  suite  d'une  grave  maladie  que  fit  sa 
mère.  £tle  revint  lui  donner  ses  soins  et  depuis  ne  quitta  plus 
Mittenwald.  Cependant  elle  avait  déjà  fait  la  connaissance  de  son 
mari.  Cette  liaison  se  continua  tout  le  temps  que  celui-ci  ftat 
sujet  aux  devoirs  militaires.  Elle  donna  naissance  à  son  premier 
enfant  qui  fut  légitimé  par  le  mariage,  au  moment  où  le  service 
militaire  du  père  étant  fini,  celui-ci  put  satisfaire  aux  condi- 
tions imposées  par  la  loi  communale  pour  la  célébration  du 
mariage,  ainsi  qu'il  a  été  dit  précédemment.  Le  père  et  la  mère 
préparèrent  donc  leur  mariage  par  l'acquisition  d'une  petite 
maison,  qu'ils  payèrent,  en  partie  comptant»  en  partie  par  tem- 
pérament. Le  mariage  fat  célébré,  et  les  dépenses  à  ce  sujet  se 
montèrent  à  88'  00;  savoir  :  notariat  et  bailliage,  13'  00;  réce(>- 
tion  comme  membre  de  la  commune,  19'00;  frais  d'église  et 
repas  de  noces  à  l'auberge,  86'  00.  Les  dépensa  du  repas  de 


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éLiMENTS   D1TBI8    DE  Ll  COKSnTUTIOK  SOCtALR.  1H 

noces  fureot  remboursées  par  des  doDs  en  argent,  foits  par 
les  invités  à  ce  repas,  selon  l'usage  du  pays,  de  manière  que 
les  deux  époux  avaient  le  lendemain  un  reliquat  dispcmible  de 
i9'  00.  La  femme  apporta  en  dot  sa  part  de  l'héritage  de  ses 
parents,  s'élevant  à  97'  00.  Sa  part  ne  put  être  versée  en  argent 
et  elle  reçut  en  échange  une  terre  située  sur  la  montagne;  plus 
&  matelas,  du  linge  et  des  armoires,  le  tout  évalué  à  215'  00; 
enfin  un  legs  de  /|â'  00,  souvenir  d'une  cousine,  et  quelques 
économies.  Les  époux  sont  mariés  sous  le  régime  de  la  commu- 
pauté,  aiosi  qu'il  est  mentionné  au  contrat,  mais  sans  aucune 
déclaration  de  la  sorte  de  communauté  adoptée  ;  la  loi,  du  reste, 
s'en  rapporte  elle-même,  pour  ce  détail,  à  la  coutume  du  lieu. 
Le  père  de  l'ouvrier,  étant  devenu  veuf,  ne  survécut  que  peu  de 
temps  à  sa  femme;  il  mourut  quatre  ans  environ  après  le  mariage 
de  son  01s.  Celui-ci  Teçut  alors  sa  part  de  l'héritage  paternel.  Cet 
héritage  se  composait  d'un  champ  et  d'une  prairie  ayant  une 
valeur  de  474^00.  Or,  depuis  le  régime  de  partage  égal  intro- 
duit au  xvHi*  siècle,  au  détriment  des  populations,  on  a  con- 
servé la  coutume  d'attribuer  les  immeubles  au  fils  cadet.  Eu 
cette  qualité,  le  luthier  dut  remettre  à  son  frère  atné  une  soulte 
équivalente  à  la  moitié  de  la  valeur  de  ces  immeubles. 


V.  Budget  doioestlqae  oniinel  et  avenir  de  la  famille. 

Recettet  delà  famille.  —  Revenus  des  propriétés,  165'Opî 
-^  produits  des  Hubventions,  208' 00;  —  salaires,  1,388' 00} 
—  bénéfices  des  industries  domestiques,  265'  00.  —  Total  des 
recc«c«,  2,026' 00. 

Dépenses  dç  la  famille.  —  Nourriture,  9U'  00;  —  habi- 
taUon,  182'  00;  —  vêtements,  405'  00;  —  besoins  moraux, 
récréations  et  service  de  sant^,  105'  00;  —  dettes,  impôts  et 
assurances,  20'  00.  —  Total  des  dépenses,  1,626'  60. 

Les  recettes  de  l'année  ne  sont  pas  absorbées  par  les  dépenses 
et  donnent  un  excédant  annuel  de  AOO'.  C'est  l'épargne  de  la 
famille,  c'est  la  récompense  de  sa  vie  modeste  et  laborieuse. 


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c'est  l'iiiie  des  causes  de  son  bien-être  et  de  sa  sécurité.  Le 
pafaunage  de  l'État  combiné  avec  ia  oommnnaaté  oi^nisée  par 
les  institutions  oommanales  donne  pour  fondement  au  bien-être 
de  la  population  un  système  de  subrentions  largement  établies. 
Le  patronage  de  l'État  assure  aox  ouvriers  le  bois  de  chaaflage, 
de  construction  et  de  clôture,  le  pacage  pour  les  bestiaux,  k 
cueillette  sur  tes  domaines  nationaux.  La  commune  organise; 
par  un  système  de  communauté,  l'assistance  des  pauvres  et  le 
service  scolaire.  La  coutume  en  matière  de  transmission  des 
biens  a  étéprorondément  ébranlée  etl'influence  dw  gouTemants 
s'emploie  plutôt  i  favoriser  les  nouveautés  qu'à  raffermir  la  tra- 
dition des  familles-souches  du  temps  passé.  Le  partage  égali- 
taire  passe  de  plus  en  plus  dans  les  mœurs,  sous  l'empire  d'une 
loi  écrite  qui,  au  milieu  du  siècle  dernier,  établit  le  régime  des 
partages  égalitaires  pour  les  successions  ab  intestat.  Le  nouveau 
code  bavarois  consacra  ce  régime  pour  toutes  les  successions,  en 
te  mitigeant  par  une  large quotitédisponible  (moitié ou  deux  tiers 
d'une  part  d'enfant) .  Le  morcellement  des  biens,  la  désorgani- 
sation des  familles  se  développent  sous  cette  influence,  lemalaise 
s'accroît,  et  la  commune  efirayée  de  cet  état  de  choses  cherdie 
un  palliatif  dans  la  communauté.  Elle  se  prépare,  au  moyen  du 
défrichement,  des  bieos  communaux  plus  étendus.  Dans  la 
famille  ici  déaite,  la  propriété  individuelle  joue  un  rôle  impor- 
tant, surtout  à  cause  des  bonnes  mœurs  et  des  habitudes 
d'épargne  qui  la  garantissent  et  l'augmentent.  Hais  les  atteintes 
de  l'esprit  de  nouveauté  qui  tend  à  transformer  les  ^milles  et  à 
les  rendre  instables  menacent  sériensement  le  bien-éire  de  la 
population  et  lui  font  déjà  sentir  les  premioiB  symptômes  de  la 
souiTrance.  j.  dall'  abiii. 


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CHAPITRE  III 

COMPOSITEUR-TYPO  GRAPHE 

DE    BRDXELLES    (BELGIQUE) 


D'APBfcS    LES    BBNSBIGNBMBNTS    EKCtTBtLLlB     SUR     LBB     LIEDX, 

bn  movkmbkb  1857, 
Pab    h.    s.    DAUBY. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 

DËriNISSANT    LA  CONDlTroH  DES    DITEBS  MBHBBSS  DB   LA  FAMILLl!. 


et  de  I»  CMulUe. 

SI- 

ÉTAT   DU  SOL,   DE  l'iNDUSTBIE   ET  DE   LA   POPULATION. 

La  Tamille  habite  I'ud  des  faubourgs  les  plus  considérables  de 
Bruxelles,  celui  de  Louvain,  dans  la  commune  de  Saint-Josse- 
ten-Noode.  Cette  commune,  située  eo  grande  partie  dans  un 
vallon,  forme  une  sorte  de  long  boyau,  qui  s'étend  depuis  le 
quartier  Léopold  jusqu'à  la  rivière  la  Senne  (station  du  cbemin 
de  fer  du  Nord)  et  qui  contourne  la  capitale  sur  une  longueur 
de  2^-  3. 

Depuis  un  'petit  nombre  d'années,  la  commune  de  Saint- 
Josse-ten-Noode  a  acquis  une  importance  considérable.  Sa  popu' 
lation  était,  en  1826,  de  1,5^0  habitants;  en  1836,  de  5,000-, 


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104  en.  m.  —  couposiTEim-TrpoGiiApnB  de  bkuierllbs. 

ea  18fi6,  de  là,8â0;  eo  1856,  de  i7.700.  Elle  s'élère  aujour- 
d'hui à  plus  de  18,000  habitants,  malgré  le  morcellemeat  qu'a 
Bubi  ta  commune,  en  1853,  morcellemeot  qui  lui  a  enlevé,  au 
pro6t  de  Bruxell^,  un  territoire  de  l&l  hectares,  comprenant 
aÈtuetlement  5,000  ftmes  (le  quartier  Lëopold). 

Le  territoire  actuel  est  de  100  hectares.  La  commuoe  com- 
prend 35  rues,  et  27  impasses  ou  allées  habitées  principalement 
par  la  classe  ouvrière.  Il  s'y  trouve  2,600  maisons,  construites 
en  maçonnerie.  En  octobre  18&6,  époque  d'un  recensement 
général,  Saint-Josse-ten-Noode  comptait  120  maisons  non  habi- 
tées et  2,383  maisons  habitées. 

Ces  2,283  maisons  comprenaient  13,517  pièces  occupées 
par  3,783  ménages;  glir  ce  nombre,  808  ménages  habitaient  une 
pièce  par  famille;  983,  deux  pièces;  et  1,99J,  trois  pièces  et 
plus  par  famille. 

La  famille  de  l'ouvrier  qui  fait  l'objet  de  la  présente  mono- 
graphie habite  l'une  des  impasses  du  versant  Est  de  la  commune. 
Cette  impasse  est  remarquable  par  sa  bonne  tenue  et  par  sa 
population  exceptionnelle.  Le  côté  gauche  de  l'impasse  se  com- 
pose de  vastes  jardins  au  milieu  desquels  se  trouvent  cpielques 
habitations  de  plaisance.  Le  côté  droit  est  bordé  de  maisons 
habitées  par  des  ouvriers  aisés,  par  des  employés  d'un  rang  supé- 
rieur et  par  des  rentiers. 

La  commune  de  Saînt-Iosse-ten-Noode  estàla  fois  agricole, 
industrielle  et  commerçante.  L'industrie  typographique  y  compte 
plusieurs  établissements  d'une  certaine  importance.  Une  cen- 
taine d'ouvriers  de  cette  profession  y  sont  domiciliés.  Bruxelles, 
.avec  sa  banlieue,  renferme  environ  700  ouvriers  typographes, 
dont  500  compositeurs  et  200  pressiers  ou  conducteurs  de 
machines  à  imprimer.  Fresque  tous  ces  ouvriers  sont  affiliés  à 
des  sociétés  ayant  pour  objet  le  maintien  des  salaires,  l'assis- 
tance mutuelle  et  la  prévoyance  (is).  Le  principe  de  l'égalité  et 
même  de  l'invariabilité  des  salaires  est  depuis  longtemps  mis  en 
pratique  chez  les  ouvriers  de  ce  corps  d'état  ;  -toutefois,  cette 
invariabilité  a  subi  dans  ces  derniers  temps  quelques  modiQca- 
tioDS  (is).  Les  ouvriers  se  divisent  en  deux  catégories  princt- 


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OBSKBVàTIONS  pbbliwmaius.  ID5 

pales  :  les  ouvriers  ouaj  pièce$  et  les  ouvriers  en  conscience  ou  à 
la  journée.  Les  deroiers  se  distinguent,  en  général,  par  un  tra- 
vail plus  suivi  et  luieux  rétribué.  Bien  que  les  rapports  des 
patrons  et  des  QUTTiers  soient,  en  principe,  fondés  sur  un  régime 
d'eugagements  momentanés,  il  n'est  pas  rare  de  voir  des  ouvriers 
employés  depuis  un  grand  nombre  d'années  chez  ie  même  maître. 
Ainsi,  l'ouvrier  décrit  dans  la  présente  monographie  travaille 
depuis  17  ans  dans  le  même  atelier. 

^TAT  CIVIL  DE  LA  FAMILLE. 

La  fomille  comprend  les  deux  époux,  et  quatre  enfante, 
savoir: 

1.  J&ui-FH'incois  D*",  chef  de  findlle,  marié  depuli  15  ans,  nd  h 

Bruxelles 34  Ul. 

3.  CtT&EBiNi  B***,  u  femme,  née  t  Braielles 35  — 

3.  HenrI-OcUïe  D"*,  Ibut  premier  flU,  né  ï  Bruielles 14  — 

i.  AriDSDd-GonstaDt  D"*,  leur  second  dis,  nâ  i  Bruielles 13  — 

5.  Adolphe-Joseph  D*",  leur  troisjèrae  fils,  né  h  BruieUes 10  —    1/3 

0.  Antoinette-CoiutBace  D'",  leur  Bile,  née  à  Sâint-Josse-Iea- 

Noode 1  — 

Le  père  et  la  mère,  ainsi  que  l'un  des  frères  de  l'ouvrier, 
vivent  encore.  Le  père  exerce  la  profusion  de  cordonnier,  dans 
la  même  commune  ;  quoique  âgé  de  65  ans,  il  jouit  d'une  santé 
parfoite  et  trouve  en  grande  partie  dans  son  état  les  moyens  de 
pourvoir  h  son  entretien  et  à  celui  de  sa  femme,  qui  est  ména- 
gère. Le  frère  de  l'ouvrier  exerce  la  profession  de  comptsiteur- 
typographe  et  U-availle  dans  le  même  atelier  que  ce  dernier;  il 
demeure  avec  ses  parents,  auxquels  il  vient  faiblement  en  aide. 
La  femme  a  perdu  son  père  depuis  dix  ans.  La  mère  de  celle-ci 
habite,  avec  l'un  de  ses  Gis,  la  ville  de  Louvain  où  elle  vit  du 
^produitd'un  immeuble  dont,  de  commun  accord,  ses  enfants  lui 
ont  laissé  la  jouissance.  La  femme  de  l'ouvrier  a,  en  outre,  un 
autre. frère  et  deux  sœurs  qui,  tous  trois  mariée,  trouvent  dans 
leur  traviûi  une  existence  honorable. 


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.  —  OaMPOSITEUI-TTrMUPHK  IW  UUXBLI.E9. 


BEL1GI0N  ET   BABITDDBS  MORALES. 

Les  deu]ï  époux  sont  nés  de  parents  catholiques.  L'ouvrier 
n'a  reçu  qu'une  instnicUcHi  religieuse  insuffisante  ;  voué  au  tra- 
vail depuis  l'âge  de  neuf  ans,  c'est  à  peine  s'il  a  pu  dérob»* 
quelques  semaines  à  ses  occupations  pour  la  fréquentation  du 
catéchisme.  La  rude  école  de  l'adversité  et  du  travail  lui  a 
inculqué  des  sentiments  moraux  et  religieux  qui  ne  l'ont  jamais 
quitté.  Chaque  dimanche,  il  se  rend  régulièrement  à  l'office  divin 
avec  ses  fils.  Pour  ces  derniers,  c'est  une  véritable  punition 
lorsqu'ils  ne  peuvent  accompagner  leur  père  à  la  messe  qui 
Inaugure  le  jour  du  repos  hebdomadaire.  Pendant  la  saison 
favorable,  une  courte  promenade  a  lieu  après  l'office  du  matin. 
Le  père  saisit  ordinairement  cette  occasion  pour  faire  admirer, 
par  ses  enfants,  la  grandeur  des  œuvres  du  Créateur,  en  leur 
recommandant  de  penser  à  lui  dans  toutes  leurs  actions  ;  tout  en 
développant  leur  intelligence,  il  leur  inculque  ainsi  peu  à  peu  des 
sentiments  moraux,  dont  il  se  platt  à  constater  fréquemment  les 
bons  effets. 

Les  repas  du  matin  et  du  soir  sont  toujours  précédés  d'une 
prière  mentale,  et,  ostensiblement,  du  signe  de  la  croixJ  Avant 
le  dîner,  qui  a  lieu  en  commun,  l'un  des  enfants,  à  tour  de  râle, 
récite  la  prière  à  haute  vois.  Pour  rien  au  monde  l'un  ne  céde- 
rait son  tour  h  l'autre;  et,  lorsqu'une  absence  queiccmque  vient 
intervOTtir  le  tour  d'habitude,  c'est  un  tableau  charmant  à  con- 
templer que  de  voir  l'insistance  de  l'un  d'eux  pour  remplacer  le 
manquant  dans  l'accomplissement  de  cette  fonction. 

La  femme  n'y  participe  que  rarement.  Depuis  la  naissance 
de  son  dernier  enfant,  elle  est  presque  entièrement  absorbée  par 
les  soins  de  son  ménage,  et  n'observe  guère  plus  qu'accidentel- 
lement les  pratiques  du  culte  ;  elle  abandonne  du  reste  volontiers 
h  son  mari  la  direction  morale  de  ses  lils,  pour  laquelle  die  se 
sent  insuffisante.  '       ' 


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OUBIVATIOm  PK^LIHlNAma.  107 

L'ouvrier  est  doué  d'un  caractère  assez  irritable.  Il  attache 
cependant  beaucoup  de  prix  k  l'estime  de  son  patron  et  de  ses 
camarades.  I)  ambitionne  surtout  la  réputation  d'ouvrier  éclairé, 
laborieux  et  honnête;  c'est  en  poursuivant  sans  cesse  ce  but 
qu'il  a  su  se  créer,  par  son  seul  travail,  une  position  honorable 
qu'il  s'efforce  chaque  jour  d'améliorer. 

Il  n'a  guère  fréquenté  l'école  que  depuis  eefi  jusqu'à  neuf 
ans.  Cependant,  les  exigences  de  la  profession  qu'il  a  embrassée, 
secondées  par  une  volonté  persévérante,  lui  ont  fait  acquérir  par 
lui-même  une  instruction  moyenne  assez  solide.  Il  consacre  tous 
ses  instants  de  loisir  à  l'élude  des  bits  littéraires,  économiqueset 
sociaux,  dont  il  peut  se  procurer  les  éléments.  Il  a  écrit  plusieurs 
petits  ouvrages  dans  ce  genre  qui  ont  obtenu  quelques  succès. 
C'est  ainsi  que,  dans  un  concours  scientifique  et  littéraire  qui 
eut  lieu  à  Bruges,  en  1853,  il  obtint  une  médaille  de  vermeil  et 
fut  nommé  membre  correspondant  d'une  société  savante;  le 
mémoire  qu'il  écrivit  à  cette  occasion  reçut  les  honneurs  de  l'im- 
pression. En  1856,  il  obtint  une  autre  médaille  k  l'exposition 
d'économie  domestique  de  Bruxell^,  pour  le  manuscrit  d'un  livre 
spécialement  destiné  aux  classes  ouvrières,  et  dans  lequel  il 
expose,  sous  forme  de  conseils,  les  points  principaux  qui  peuvent 
intéresser  le  bien-être  physique  et  moral  des  ouvriers,  sous  le 
triple  point  de  vue  de  la  vie  sociale,  de  l'atelier  et  de  la  famille. 
Cet  ouvrage  reçut  l'approbation  de  plusieurs  personnages  émi- 
nents  qui  donnèrent  à  l'ouvrier  quelques  marques  d'encoura- 
g^nent  (7). 

Il  occupe,  du  reste,  parmi  ses  compagnons  un  rang  dis- 
tingué. Dans  plusieurs  circonstances  graves,  où  il  s'agissait  de 
la  défense  des  intérêts  de  la  corporation,  il  a  été  chargé  de  la 
représenter,  de  concert  avec  quelques  autres  de  ses  collègues  (1 9) . 
II  a  pris  également  une  part  active  à  la  fondation  des  associa- 
tions dont  il  fait  partie  (is). 

Les  trois  enfants  fréquentant  l'école  communale  de  Saint- 
Josse-ten-Noode;  les  deux  atnés  se  font  remarquer  par  leur 
intelligence  ;  le  plus  jeune  est  moins  bien  doué. 

Quant  à  la  femme,  elle  est  à  peu  près  complètement  dépourvue 


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lOS  CH.  Itl.  —  COMPOSITEVR-TTPOCBAPBB  DB  BRDXBLLBS. 

d'ÎQStructiOD  (is).  Mais  elle  rachète  ce  défaut  par  beaucoup  cte 
boD  sens  et  par  un  dérouemeot  de  tous  les  instants  aux  soins  du 
ménage. 

EdGd,  les  deu:?;  époux  sont  de  mœurs  régulières,  vivent  en 
boDoe  union  et  évitent  toute  discussion  qui  pourrait  influer  défa- 
vorablement sur  la  moralité  des  enranls.  Il  y  a  quelques  années, 
des  contrariétés  domestiques  relatives  h  l'administration  de  son 
ménage  (i  s)  .jointes  à  son  extrême  jeunesse,  avaient  failli  entraî- 
ner l'ouvrier  dans  une  mauvaise  voie.  Mais  il  ne  tarda  pas  à 
revenir  à  des  sentiments  plus  louables,  s'étant  aperçu  combien 
son  erreur  était  contraire  aux  ioléréls  physiques  et  moraux  de 
la  famille. 

s». 

BTOIÈNE  BT  SEBTICB  DB  8UITÊ, 

L'ouvrier  est  de  taille  assez  élevée  (1"  7A),  et  annonce  un 
tempérament  sanguin  et  nerveux;  bien  qu'il  jouisse  d'une  bonne 
santé,  il  est  cependant  d'une  faible  constitution,  circonstance  qui 
l'a  exempté  du  service  de  la  milice.  Sauf  quelques  aSections 
d'enfance,  telles  que  la  rougeole  et  la  scarlatine,  il  n'a  jamais  été 
atteint  que  d'une  maladie  grave,  le  typhus,  qui  a  failli  l'emporter 
quelques  mois  après  son  mariage.  Ce  fut  à  la  suite  de  cette 
maladie  qu'il  résolut  de  s'affilier  à  une  société  de  secours  mur 
tuels  (i8),  à  laquelle  il  participe  depuis  bientôt  quatorze  ans, 
sans  avoir  été,  pécuniairement,  plus  de  quatorze  jours  à  la 
charge  de  cette  société. 

La  femme  est  de  taille  moyenne  (1~  65),  assez  bien  consti- 
tuée et  d'un  tempérament  lymphatique-sanguin.  A  l'époque  de 
son  mariage,  elle  annonçait  une  disposition  à  la  phthisie  pulmo- 
naire, qui  éclata  deux  ans  plus  tard  et  qui  la  tint  languissante 
pendant  neuf  mois.  Une  grossesse  heureuse  détermina  alors  chez 
ellei  une  brusque  secousse  qui  changea  le  caractère  de  sa  maladie, 
et  la  rendit  à  la  santé  et  aux  soins  de  son  ménage,  gravement 
compromis  par  ce  dispendieux  événement  (i  s).  Sauf  une  affec- 


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OBniVATtOKS  ratLamuuu.  409 

tion  des  yeux,  qui  dura  quelques  semaines,  elle  n'a  éprouTé 
depuis  lors  aucune  maladie  sérieuse.  Ses  quatre  couches  se  sont 
accomplies  sans  accidents.  En  somme  la  santé  de  la  mère  de 
famille  est  peu  satislaisante.  H  semble  que  les  préoccupations 
matéiielles  ne  sont  point  suffisamment  balancées  chez  elle  par 
celles  de  l'ordre  intellectuel  et  moral. 

"  L'alné  de  ses  enrants  a  éprouvé  les  diverses  aOeclions  inhé- 
rentes au  jeune  âge  ;  comme  son  père,  il  a  été  atteint  du  typhus, 
mais  compliqué  d'une  fièvre  miliaire  (suelte)  qui  fit  disparaître 
les  symptômes  les  plus  alarmants  de  la  première  maladie.  Depuis 
son  rétablissement,  il  a  éprouvé  un  affaiblissement  de  la  vue,  et 
une  angine  pulmonaire.  Ces  deux  affections  sont  dans  la  période 
de  déclin.  —  Pendant  cinq  à  six  années,  les  maladies  se  sont 
succédé  chez  le  putnâ  pour  ainsi  dire  sans  interruption,  et  ont 
offert  un  caractère  de  gravité  qui  a  mis  vingt  fois  sa  vie  en  dan- 
ger. Il  a  été  h  peu  près  complètement  aveugle  pendant  cinq 
mois;  à  peine  relevé  d'une  rougeole  à  symptômes  alarmants, 
il  se  cassa  la  jambe  à  l'âge  de  quatre  ans.  Aujourd'hui  il  est 
parfaitement  rétabli.  —  Le  dis  cadet  de  l'ouvrier  jouit  d'une 
constitution  robuste;  il  fut  également  atteint  delà  fièvre  typhoïde, 
à  un  degré  fort  grave,  ainsi  que  de  la  rougeole.  D'une  intelligence 
médiocre,  mais  doué  d'un  caractère  franc  et  serviable,  il  pré- 
sente le  tempérament  lymphatico-sanguin  de  sa  mère.  —  Enfin, 
la  fille  de  l'ouvrier,  âgée  d'un  an  seulement,  a  été  exempte 
jusqu'à  ce  jour  de  toute  affection  morbide. 

Les  chaïf^  du  service  de  santé  ont  été  assez  considérables 
dans  les  premières  années  du  mariage  de  l'ouvrier.  Cependant, 
tes  années  suivantes  ayant  été  moins  défavorables  à  cet  égard,  on 
peut  les  évaluer,  année  moyenne,  îi  20'  00,  soit  pour  les  quinze 
années  i  300'  00,  compris  la  contribution  mensuelle  que  paie 
l'ouvrier  h  la  société  de  secours  mutuels  dont  il  fait  partie  (i  s). 
Toutefois,  par  un  arrangement  récent  conclu  avec  le  médecin  de 
son  association,  ce  dernier  assure  à  la  famille  de  l'ouvrier,  à 
partir  de  l'année  1858,  les  soins  médicaux  moyennant  6'  00  par 
an  (non  compris  les  médicaments).  Cet  avantage  est  acquis,  du 
reste,  à  tous  les  membres  de  la  même  société  (ta). 


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no  CR.  tu.   —  COHPOBintR-TTPOaBAPHB  DK  BRlIXBtt,ES. 

S  5- 

BAHG  SB  LA.  FAHILIB. 

IndépeDdamment  de  la  position  aisée  que  le  salaire  élevé  et 
les  habitudes  laborieuseà  de  l'ouTrier  assurent  à  la  Tamille,  celui- 
ci  occupe,  dans  sa  corporation,  un  rang  distingué  (3).  Son 
aptitude  et  sa  bonne  conduite  ont  proraptement  déterminé  son 
patron  à  tut  con&er  la  direction  des  ateliers,  ainsi  que  tes  écri- 
tures  d'admioistration  et  de  correspondance.  Celles-ci  sont  assez 
compliquées,  tu  les  norobreus  détails  que  comporte  la  spécialité 
de  cet  établissement.  Avant  la  révolution  belge  de  1S30,  ses 
parents  jouissaient  d'une  certaine  aisance,  due  à  leur  travail. 
Mais  un  patriotisme  peut-être  exagéré  a  poussé  le  père  à  remplir 
trop  Tréquemment  les  devoirs  militaires  institués  ^  cette  époque. 
Cette  circonstance  plongea  la  famille  dans  la  détresse,  à  tel  point 
qu'à  l'âge  de  neuf  ans  l'ouvrier  fut  forcé  d'abandonner  l'école 
pour  t'atetier,  aSn  de  venir  en  aide  au  ménage,  dont,  à  quatorze 
ans,  il  supportait  presque  toutes  les  charges  (1  a). 

La  femme  est  issue  d'une  famille  recommandablc,  dont  la 
direction  un  peu  faible  du  père,  jointe  à  de  nombreux  malheurs 
domestiques,  avait  gravement  compromis  les  intérêts.  Plusieurs 
membres  de  la  famille  de  la  femme  occupent  des  positions  hono- 
rables dans  le  notariat,  dans  la  médecine  et  dans  le  commerce. 
L'ouvrier  est  à  peu  près  la  seule  personne  de  sa  famille  qui  ait 
conservé  quelques  relations  avec  l'un  d'eux.  Bien  qu'obligé  de 
tirer  toutes  ses  ressources  de  son  travail,  l'ouvrier  n'a  jamais  eu 
recours  h  aucun  établissement  charitable,  ni  à  aucune  assistance 
privée,  malgré  les  moments  difficiles  qu'il  a  traversés.  Cette  dr- 
coDStance,  dont  il  tire  un  légitime  sentiment  de  fierté,  a  puis- 
samment contribué  à  assurer  son  indépendance. 

Chez  le  chef  de  famille,  heureusement  doué  sous  te  rapport 
moral,  cette  situation  incertaine,  entre  celles  de  l'ouvrier  et  du 
bourgeois,  n'engendre  ni  haine,  ni  envie.  Il  n'en  est  pas  de 
même  chez  plusieurs  autres  typographes  de  Bruxelles. 


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OH&aVAIlOMS    TOéLlMtKAIBBB. 


s  6. 

PBOPluâTéS. 
(HoUliar  et  Teiementa  non  comprit.) 
Ikheobles 0'  00 

La  famille  ne  possède  point  d'immeuble  et  ne  retire  aucuo 
intérêt  de  la  maison  qui  fait  partie  de  l'héritage  laissé  par  le 
père  de  la  femme.  Cette  maison  est  le  reste  d'un  ancien  état  de 
prospérité;  et  la  veuve  en  conserve  la  jouissance  exclusive  jus- 
qu'à sa  mort. 

Aegent 61'  71 

Somme  déposée  à  la  caisse  d'épargne,  îi  l'intérêt  deâ  p.  100. 
Elle  provient  de  travaux  d'écritures  de  l'ouvrier  faits  pour  le 
coBQple  d'autrui.  Ce  capital,  qui  était  primitivement  de  100'  00, 
fat  augmenté  jusqu'à  concurrence  de  160'  00,  y  compris  les 
intérêts.  Divers  événements  de  famille,  tels  que  les  dépenses 
occasionnées  par  la  première  communion  de  deux  de  ses  enfants, 
ont  obligé  l'ouvrier  d'y  faire  plusieurs  brèches;  et,  d'un  autre 
côté,  les  dures  circonstances  qui  pèsent  depuis  quelques  années 
sur  les  classes  ouvrières,  notamment  le  haut  prix  des  denrées, 
ne  lui  ont  pas  encore  permis  de  les  réparer. 

Matiébibl  spÉCikh  des  travaux  et  industries. ...       66'  00 

l' trutrum^nU  tt»  travail, —i  compoitenn  en  fer,  llKOO;  —  Scompostenra  en 
boii,  l'OOt  —  1  pince  d'imprimerje,  S'SS;  —1  rirarinm  pour  flier  la  copie,  l'OO;  — 
1  couteau  *  filet,  0' 50. —  Tol«l,H'15. 

2>  LtWM  tpéciaux  et  foaraiturei  d*  burtau,  nicttiaires  à  la  cornelion  d»  ipreuvti 
à  dbmicils  «t  à  divtri  travaia:  d'écrilurtt.  —  1  dictionnaire  de  l'Académie  rraofaiw 
■rec  wn  comptdmeut  (reliés),  JO'OD;  —  1  [flctionoaire  flamand-rrançala,  5'' 00;  — 
1  nuDuet  gramnaatlcal,  0'75;  —  1  grammaire  frauçaiM-lalioe,  3' 00;  —  1  tableau  do* 
terbes  fran;aiB,  0^50;  —  encriers,  plumet,  portG'plumet,  crayoni,  règle  et  papier, 
a'OO.  —  Total,M'ï5. 


Valeub  roiALB  des  propriétés 117'  71 

DigitizcdbyGOOgle 


lit  en.  III.  —  COHPOSlTBire-TTKWUFaK  DB  BKUXBLUa. 

SUBVENTIONS. 

Xa  seule  subvention  dont  jouisse  la  famille  est  riostractioD 
donnée  gratuitement  aux  enrants  dans  l'école  communale,  fré< 
quenlée  par  les  trois  garçons  jusqu'au  mois  d'août  dernier.  Â  cette 
époque,  l'alné,  ayant  obtenu  !e  prix,  d'excellence,  a  dû  la  quitta, 
conformément  aux  règlements.  Les  deux  autres  ont  continué  le 
restant  de  l'année.  Pour  obtenir  celte  instruction  dans  une  école 
privée,  la  famille  aurait  dû  payer,  par  enfont,  une  rétribution 
mensuelle  de  W  00,  soit,  pour  les  onze  mois  de  l'année  scolaire 
de  deux  enfants,  88'  00,  et,  pour  sept  mois  de  l'aîné,  28'  00, 
ensemble,  116' 00.  A  cette  subvention,  il  fant  ajouter  15' 00 
pour  fréquentation  de  l'Académie  des  beaux-arts,  pendant  trois 
mois,  par  l'alné  des  61s. 

Dans  le  courant  de  l'année  1857,  l'ouvrier  a  obtenu  delà 
libéralité  du  gouvernement  un  subside  (300'  00)  pour  l'aider 
dans  la  publication  d'un  ouvrage  qu'il  avait  composé  en  vue  de 
la  classe  ouvrière  (3).  La  presque  totalité  de  ce  subside,  accordé 
en  retour  de  la  livraison  de  500  exemplaires  de  son  œurre,  a 
servi  h  solder  les  frais  d'impression  de  l'ouvrage.  On  peut  encore 
mentionner  ici,  à  titre  de  subventions,  les  cadeaux  de  livres  qui 
lui  sont  faits  de  temps  h  autre  par  son  patron  et  les  auteurs, 
ainsi  que  quelques  objets  d'ameublement  et  d'ornement  qui  lui 
sont  donnés  par  ses  camarades  à  l'occasion  de  sa  fête.  Ces  objets 
de  luxe  se  remarquent  aisément  au  g  10  dans  l'énumération  du 
mobilier;  leur  valeur  annuelle  s'élève  à  20  ou  25  francs. 

TnAVACX    ET    INDUSTRIES. 

TnAVAux  DE  l'ouvrier.  —  Le  travail  de  l'ouvrier  est  exé- 
cuté à  l'beure,  tant  h.  l'atelier  qu'à  domicile,  pour  le  compte  d'un 


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patron.  H  a  pour  objet  la  composition,  la  mise  en  pages  typo-- 
graphiques,  la  lecture  des  épreuves,  la  tenae  des  écritures  rela- 
tives à  l'administration  de  l'imprimerie,  enGa,  une  surveillauce 
générale  sur  l'ensemble  de  l'atelier  où  travaillent  les  composi- 
teurs. L'ouvrier  est  rétribué  à  raison  de  0'  50  par  heure.  Le 
travail  effectif  est,  en  moyenne,  de  onze  heures  par  jour.  Lorsque 
l'ouTrage  donne  Taiblement,  la  journée  du  lundi  se  termine  è 
quatre  heures  de  l'après-dlaée,  mais,  en  revanche,  l'ouvriéra  assez 
régulièrement  un  travail  supplémentaire  de  quelques  heures  lé 
dinsanche,  à  domicile.  A  moins  de  circonstances  extraordinaires, 
qui  ne  se  présentent  que  trois  à  quatre  fois  par  an,  l'atelier  est 
fermé  le  dimanche  et  les  jours  de  fêtes  observées.  Le  salaire  est 
payé  U^réguli^ment  chaque  quinzaine,  le  samedi  soir;  et  ce 
jour  de  paie  n'est  jamais  pour  l'ouvrier  une  occasion  de  dépense. 

Taàtaox  de  ik  FEHHS.  —  La  femme  consacre  tout  son 
temps  aux  soins  du  ménage,  k  la  confection,  à  l'entretien  et  au 
blanchissage  du  linge  et  des  vêtements  de  la  famille.  Elle  excelle 
dans  tous  les  travaux  de  couture.  Avant  son  mariage,  elle  exer- 
çait la  profession  de  tailleuse  et  était  maîtresse  ouvrière  dans 
son  dernier  atelier.  Dans  les  premiers  temps  de  son  union,  elle 
travaillait  pour  diverses  personnes;  mais,  depuis  une  dizaine 
d'années,  lessoins  delà  communauté  la  réclament  exclusivement. 
Elle  est  active  et  diligente,  et  son  logis  est  cité  comme  un  modèle 
de  bonne  tenue,  malgré  les  embarras  qu'occasionnent  inévitable- 
ment les  enfants. 

Tbataux  DBS  ENTANTS.  —  Le  fils  alué  vient  d'entrer,  en  qua^ 
lité  d'apprenti,  dans  l'établissement  où  est  occupé  son  père;  et  il 
yreçoit  un  sataùe  de  10  '  par  mois.  L^  autres  enfants  n'exécu- 
tent aucun  travail. 

Industhies  entreprises  par  la  famille.  —  L'ouvrier  a 
pour  industrie  la  surveillance  exercée  par  lui  dans  l'atelier  de 
l'imprimerie.  Selon  la  nature  des  travaux  et  en  cas  d'urgence, 
il  trouve,  en  outre,  dans  la  lecture  d'épreuves  à  domicile  des 
ressoarces-supplémentairesqui  peuvent  être  portées  en  moyenne 
à  6' 50  par  quinzaine.  La  femme  a  pour  principale  industrie  la  con- 
fection et  le  blanchissage  du  linge  et  des  vêtements  de  la  famille. 


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tu  en.  m.  -    COllPMinOI-TT»OCB*raR  Dt  tkUULLBg. 

SlodB  d'axistcmee  d«  ta  fftMilIc. 

s»- 

AUUBHTS  ET  BKPiS. 

La  famille  fait,  en  communauté,  trois  repas  principaux  par 
jour  :  ceux  du  matin,  du  midi  et  du  soir.  Pendant  ta  saison 
d'été,  le  mari  fait,  eu  outre,  à  l'at^ier  un  second  déjeuner,  et  en 
toute  saison  un  goûter  à  quatre  henres  et  demie. 

Le  déjeuner  se  compose  invariablement  de  café  au  lait,  ou  le 
plus  souvent  au  sucre,  avec  pain  beurré.  Le  pain  est  de  pre- 
mière qualité. 

Le  dinet  comprend  une  soupe  à  la  viaude  ou  aux  légumes, 
un  plat  de  pommes  de  terre  ou  d  autres  légumes  suivant  la  sai- 
SOD,  de  la  viande  bouillie,  ou  plus  souvent  rAtie,  soit  de  bœuf, 
soit  de  veau  ;  de  temps  à  autre,  la  viande  est  remplacée  par  une 
Tolaille,  un  lapin  ou  par  quelque  morceau  de  charcuterie.  Le 
dtner  est  fréquemment  suivi  d'un  petit  dessert  composé  de  fruits  : 
noix,  cerises,  prnues,  pommes,  poires,  abricots,  raisin  (prove- 
venaDt  de  la  vigne  de  la  maison),  et  toujours  d'une  tasse  de 
café.  C'est  l'ordinaire  de  chaque  jour,  sauf  le  vendredi,  oii  la 
viande  est  remplacée  par  du  poisson  (Stockfisch,  morue,  harengs 
et  anguilles)  ou  par  des  œufs.  Pendant  la  saison  d'été,  les 
diverses  salades  prédominent  dans  l'alimentation  de  la  famille. 

Le  goûter  a  lieu  au  logis  pour  la  femme  et  les  enfants,  lors 
de  la  rentrée  de  l'école,  et  se  compose  :  pour  le  mari,  de  pain, 
de  fromage  ou  de  viande,  et  de  bière  (Faro)  ;  pour  la  femme  et 
les  enfants,  de  café  et  de  pain. 

Le  souper,  pris  lors  de  la  rentrée  de  l'atelier,  se  compose  de 
viande  froide  ou  de  fromage  de  Hollande,  avec  pain  beurré  et 
de  ta  bière  pour  boisson  ;  le  plus  souvent  celle-ci  est  remplacée 
par  le  calé,  qui  est  la  boisson  toujours  préférée  par  la  famille. 

En  somme,  la  famille  se  nourrit  convenablement  et  ne  se 
laisse  manquer  de  rien  sous  ce  rapport.  Cependant,  sauf  le  jour 


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(mSBBVAtlOllS    PKBUlItNAlRBa.  fIS 

de  l'an,  ou  daos  quelque  occasiou  soleauelle,  elle  ne  consomme, 
ni  TÎD,  ni  liqueurs;  et  elle  boit  rarement  de  la  bière.  Hors  du 
domicile,  l'ouvrier  fait  une  consommation  très-modérée  de 
bière,  par  exemple,  le  dimaoche,  ou  dans  quelque  réunion  des 
sociétés  dont  il  Tait  partie. 

La  lamille  ne  prend  point  à  crédit  les  denrées  qu'elle  con- 
somme ;  et  elle  s'écarte  en  c^a  de  l'usage  suivi  par  la  généralité 
des  ouvriers.  Il  en  résulte  qu'elle  les  achète  généralement  à 
meilleur  compte. 

HABITATION,   HOfilLIEH  BT  TÈTBIIBIITS* 

La  famille  occupe  seule,  depuis  quatre  ans,  une  petite  mai- 
son, sur  le  mur  de  laquelle  s'élève  une  vigne  d'environ  IS  mètres 
de  développement.  Cette  maison  est  composée  de  quatre  pièces 
d'habitation,  dont  deux  au  rez-de-chaussée  et  deux  au  1" étage, 
d'une  cave,  d'un  grenier  et  d'une  cour,  ayant  une  superficie 
totale  de  Bk"^.  La  hauteur  des  pièces  du  rez-de-chaussée  est 
de  2"  80;  —  celle  des  pièces  du  1"  étage,  de  2"  10; —  lahau- 
teûr  moyenne  du  grenier  (toiture  en  pente),  de  2'  20  ;  —  et 
celle  de  la  cave,  de  1"  90. 

Bien  que  les  pièces  habitées  soient  séparément  assez  exigufis, 
la  famille  est  logée  à  l'aise;  et  l'ouvrier  est  bien  décidé  à  ftdre 
tous  les  sacrifices  compatibles  avec  sa  position,  pour  conserva 
ce  qu'il  appelle  «  son  luxe  et  son  repos  »,  car  il  a  passé  par  une 
longue  succession  de  logements,  composés,  tantdt  d'une  grande 
pièce,  tantôt  de  plusieurs  chambres,  où  il  a  éprouvé  des  désa- 
gréments de  toute  espèce. 

La  famille  paie  actuellement  un  loyer  mensuel  de  18',  soit 
par  an  216'.  Le  propriétaire  suppute  les  firais  de  contribution. 

Une  pompe  commune  aux  habitations  contiguës  est  placée  i 
câté  de  la  maison  et  fournit  une  eau  très-pure.  II  n'existe  pas 
de  citerne,  mais  l'eau  de  pluie  est  recueillie  dans  plusieurs 
grandes  cuves  superposées. 

Sauf  quelques  objets  donnés  en  cadeau  à  l'ouvrier  par  les 


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JH6  CH.  lit.   —  CaUPOSITBSB-TTPOGMPHS  UB  BBUUtLLBS. 

compagooDS  de  son  atelier,  à  l'o(ïcasiDo  de  to  fête  patronale  (7)', 
le  mobilier  est  exempt  de  toale  recherche  de  luxe,  mais  il  est 
teou  avec  propreté.  Il  peut  être  évalué  ainsi  qu'il  suit  : 
;      Mbdblbs 90V50 

1*  Lit».  —8  bois  de  Ut  en  bëtre,  aiec  Uttes-ét  triTerM*  en  cUne,  35*00;  — 
1  matelude  lainq,Se' 00r-<  ImMelu  dcZeiUre,  tVW; — 3pull«sies2l^00;  — 
1  travenla  da  plmne,  S' 00;  —  3  oreillen.  8*00;  —  1  couvertare  de  laine,  ISlOO;  — 
i  cODVertàres  de  coton,  18' 00;  —  1  berceau  pour  la  Slle,  «ïm  giroHure,  IS'OO.  — 
Total,  tSerOfl. 

!°  Mtubki  ducabiml  (res-de^hauttii).  —  1  commode  en  orme,  IS'OO;  — 1  table 
avec  toile  cirée  et  tapis,  10^50;  —  1  pendule  en  bronie  doré,  iS'OO;  —  !  Tuee  en 
porcelaine  Une,  avec  fleari  artiflcîellei,  30*00;  —  9  grudi  cadres  contenant  des  image* 
de  prix,  coloriées,  $0*00;  —  i  cadres,  pfns  'petits  contenaDt  des  portrait!,  S' 00;  — 
1  cadre  renfermant  l'attestalion  d'une  récompense  obtenae  par  l'onTrier,  5'OB;  — 
1  petite  glace,  31 00;  — 3  midailleoi  an  pl&tre  (sujets  religieux),  ï'OO;  —  S  petites 
statuettes  d'étagère  en  porcelaine  de  Saia,  St  00;  —  I  Sdnt-Joseph  en  Imitation  d'il- 
b&tre  (biscuit),  3^00;  -  0  chaises  sa  bplt  de  cerisier,  30' 00;  —  1  huteuil  en  bois  de 
fa'Urs,  8'Ob;  —  f  Jardiaièra  avec  fleurs  naturelles,  ICOO;  —  1  pararent  de  cbemiaée, 
l'W;  —  3  méd^Ile*  encadrées,  dont  1  ea  Termeil  et  3  en  bronie,  301 00.  —  Total, 

3"  Meubltt  de  la  çumiM.  —  1  grande  armoire  en  tmis  blanc,  S'  00;  —  1  table  en 
boUde  betre,S'0O|  —  S  cbsiies  et  1  raateull  en bétre,  garnis  de  paille,  IS'OO; — 
1  chaise  d'enfant,  51 00;  —  1  poeis  (cuisinière),  avec  tuyaux,  14' 00;  ~  1  tutnetie 
{GuUnbtrg),  l'OO;  —  1  cage  d'oisean,  S'OO.  — Total,  SO'OO. 

i"  MeubUi  d«  la  chambré  dt  trawil.  —  i  grand  pupitre,  avec  rayon  pour  lirTea, 
SS'OO;  —  3  tables  en  bois  de  hêtre,  6'  00;  —  1  armoire  en  bois  d'orme.  3'  M;  — 
I  petite  armoire  en  luis  de  cerisier,  5'  00;  —  1  petit  poêle,  avec  tuyani,  7'  00  ;  — 
4cb«iMsenhétre,  garnies  de  paille,  8' 00;  — 1  gisce,  1^50.  —  Total,  SS'SO. 

S*  Mtublf*  d«  la  ehambr»  à  covehtr  tt  du  grttùtr.  —  1  petite  table  en  bols  de 
|i£tre,  3*00;—  2  chaises  en  bStre,  reônuTertes  en  paille,  4'UO;  —  t  cadre  contenant 
l'image  du  Christ,  3'  00;  —  1  cruclBi  et  direraes  images  religiaiues  près  do  lit  de* 
enrants,  l'SO;  —  dïTars  vteui  meubles  bon  d'aaago,  O'OO.  —  Total,  19' 50. 

B"  Uvrtt,  —  L'ouTrier  possède  iine  petite  bibliotiiAque  composée  d'enikon 
300  volumes  et  brocbures.  Coe  partie  de  ces  volumes,  t  la  composition  ou  k  la  correc- 
tion  typographique  desquels  il  a  participé  activement,  sont  dus  h  la  libéralité  de  son 
patron  on  dos  auteurs  pour  qui  Ils  ont  été  faits  (T).  Une  autre  partie,  psrmi  laquelle  se 
trouvant  quelques  ouvrages  sclentlBques  et  llllérairea,  a  été  acquise  par  l'ouvrier  loi- 
même.  EnSo,  d'antres  volnmes,  an  nombrede  £5,  sont  des  onfrages  classiques  obtenus 
en  prii  h  l'école  communale  par  ses  enfanU.  —  Valcnr  approximative,  400*  00. 

Ustensiles  :  en  quantité  suffisante  et  tenus  avec  pro- 
preté      235'25 

1°  DipHtdatU  des  cheininiis  «t  d»i  poilu.  —  3  pelles  k  feu,  1'  00  ;  —  3  crocheta, 
l'SO;  — 1  grille,  l'OOj'- 2  seanii  charbon  de  bouille,  S'OO;  —  1  panier  t  braliei 
0'  25.  —  Total,  5'  75. 

S"  Employit  pour  le  itrviet  de  l'alimentation.  —  1  carafe  et  0  verres  en  cristal, 
-  ID'OO;  —1  service  ï  caféet  ï  tbéen  porcelaine,  35' 00;  —1  service  à  liqueurs,  avec 
étagère  en  fer-blanc,  IS'OO;  —  1  pinte  (1/3  litre)  en  faïence  Sne,  kdorures,'5'00;  — 


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OV8SIITATI0NH    FIÉLIHINAlIlEâ.  117 

SftUiettes  en  talence,  COO;  —  15  udettce  en  tem  blanche  commane,  fSO* — 
SJatttaen  pore^tine,  3150;  —  6  Jtttei  en  terra  blanche  de  pipe,  Ï'OO;  — 1  saladier, 
1  poivrier  et  0  verrei  commani.  S' 00  i  —  1  lerrine  en  Taloace,  l'SO;  —  1  Eerrlne  k 
twum  et  3  coquetiers  en  faïence,  1' 50;  —  5  Ttaesentorre  commune  Terniasée,  3'50; 

—  1  crache  keau,  l'Mi—  6  converti  en  argentsne,  avec  grande  loaebe,  SS'OO;  — 
i  looehe  en  fer  étané,  l'S5;  —  conteaui,  cuillers  et  fourchettes,  S'OO)  —  pots  et 
bonteillH,  t'  00;  —  3  eeaat  en  linc,  il'  00;  —  1  casserole  en  Ter  battu,  S'OO;  — 
1  poêlon  en  fer  battu,  l'SS;—  1  marabout  et  1  bouilloire  eu  cuivre  ronge,  13' 00; — 
t  cafetière  et  I  bouilloire  en  fer-blanc.  S' 00;  —  1  moulin  h  café,  3' 00;  —  1  pauoiro 
en  fer-blaue,  l'OO;  —  1  panier  It  marché  sa  fer-blauc,  3' 00;  —  1  cabas  on  fei^lanc, 
3' 50;  —  1  cabas  en  osier,  l'OO;—  S  puilen  à  légumes,  S'OO;  —  menus  objsts,!' 90. 

—  Total,  «1^00. 

3°  Emploi/^  pour  ta  (oins  dt  proprtti.  —  3  grandes  broues  et  S  balais,  S'  00; 

—  1  brosse  k  habit  et  S  brosses  b  bottes,  3'00;  —  S  fers  k  r«pMser,  S'OOi  —  Spotslt 
l'eau,  1*50;  —1  bassin  (latabo)  en  faïence,  S'OO;  —  3r»soirs,  avec  accessoires,  4' 50; 

—  1  miroir  k  barbe,  1' 50.  —  Total,  iS' 50. 

fo  Employét  tour  vsagti  diveri.  —  i  lampe  carcel,  30*00;  —  1  quinquet  en 
cuivre,  S' 00;  —  3  cbandeliera  en  cuivre,  5' 00;  —  1  grand  tonneau  pour  recneillir 
l'eau  de  pluie,  6' 00;  —  3  tonneaux  plus  petits,  7*00;  —  3  portemanteaui,  3*00; — 
i  carraau  k  cendre  avec  accessoires,  3*00;  —  1  paire  de  monchettes  et  1  éteignmr, 
1'  00)  —  menus  objets,  1'  00.  —  Total,  50*  00. 

Linge  db  ménage  :  proprement  tenu,  mais  n'excédant  pas 
le  nécessaire 81'  00 

s  draps  de  lit  eu  toile,  13' 00;  — 6  draps  de  lit  en  coton,  31*00;  — 13  draps 
d^nfant,  13*00;  —  3  serviettes  de  table,  5' 00;  —  5  rldeaui  de  fenêtre  en  mousse- 
line, 15*00;  —  i  rideaui  de  fenStra  en  coton,  4*00;  —  13  essoio-malos  de  toilette, 
8*00;  — lessnio-mains  en  chanvre  commun,  3*00;  — 0  torchons  divers,  3' 00. 

Vêtements  :  les  vêlements  des  époux  n'affectent  aucune 
recherche;  quoique  peu  nombreux,  ils  sont  cependant  en  bon 
état  et  enti^tenus  arec  soin 730*00 

VCmnNTS  DE  l'oDVH»,  semblables  k  oeni  de  la  iMnrgeoisie  (317^50). 

1*  ntmwntf  du  iSmaneh».  —  1  paletot-redingote  en  drap  bien,  6!^ 00;  —  1  r»- 
dingote  en  dnp  noir,  30*00;  —  1  gilet  en  satin  noir,  13^00;  —  1  pantalon  en  drap 
noir,  1S'00;—1  chapeau  de  soie,  13*00;  —  !  âcharpe  en  satin  noir,  8^00;  —  i  paire 
d«  bottes,  15*  00.  -  Total,  ie0<  00. 

S*  VA MMiff  ds  trmmil  —  1  paletot  d'hiver  en  drsp  vert,  35*  00  ;  —  1  redingote 
en  drap  noir,  IS'OO;  —  I  putaloo  en  étolTe  de  ItJne,  11' 00;  —1  pantalon  en  dtolTe 
de  colon,  3'  00  ;  —  3  giteia  k  manches  en  élolFe  de  laine.  S'  00  ;  —  S  blouses  de  tra- 
vail en  toile  bleoe,  VWtt  —  6  chen^ses  en  coton,  dont  3  Unes,  18*00;  — 3  travat» 
longues,  en  coton  et  laine,  l' SO;  — ■  i  cravate  longue,  en  mérinos.  S' 00;  —  S  cale- 
çons en  tricot  de  coton,  fOO;  —  3  camisoles  en  tricot  de  coton,  4*  00;  —  S  palra  de 
bas  de  laine,  4*00;  — 4  paires  de  bas  de  coton,  0*00;-  1  paire  de  botfae,  10*00; — 
1  paire  de  pantoollM,  SfWi  —  1  easqaette^  S*  00;  —  maans  objets,  3*00.  —  Tou], 
133' 5P. 

3<>  Biiovai.  —  1  montre  en  argent  goUlocbd,  SS'W. 


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418  en.  III.  —  CtniPOSITBUR-TTPOQB&riIB  DK  BBUXULLES. 


^  raniE,  coitame  popnUre  (171<  50). 

1°  YiUmênti  du  dîmanch«.  —  1  robe  en  lune  brune,  IS'OO;  —  1  chftieeo  laine, 
15100;  _  1  Jupe  en  moasseline,  8^50;  —  1  conage  de  soie  noire,  (COO;  —1  Ubiier 
de  soie  noire.  S' 00;  —  1  patclot  désole  noire,  6' 00;  —  1  lionaet  monté,  6*00;  ■" 
i  jupon  en  basia  bltnc,  4' 00;  — 3  chemiaetle»  Saea,  5' 00;  —  6  mouchoin  en  toito 
Bne,  4^00;  —  2  palrae  de  msachei  en  moasseUne,  brodéea,  4' 00;  ^  3  piirea  de  bit 
bÛQce,  5'M);  —  1  paire  de  bottlaos,  S' 00.  —  Total,  OC 00. 

3*  Vil»iamt*  de  travail.  —  1  japon  en  orléana,  g^OOi—  1  jupon  oa  mériDca 
noir,  !'00;  —  1  paletot  de  coloanade,  3' 00;  —  2  jaquettoi  en  coton,  5^00;  —  3  la- 
blien  de  eoioaaiide,  3'  00;  —  1  tablier  en  toile  bleue,  3'  00;  —  1  bonnet  en  talle 
Doir,3'50;~  i  bonnets  de  nuit,  4'DO;  —  OchemiMt  en  coton,  ISfOO;  -  Ipairede 
bas  en  laine  noire,  3' 00;  —  3  paires  de  bas  en  coton,  4^00;  —  3  moucboirs  de  cou, 
3' 00;  —3  paires  de  gants,  S'M;  _  I  pslrfl  de  souliera,  5*00;  —  1  pairs  de  pan- 
toufles, 8'  50.  —  Total,  65'  50. 

3°  Bijoux.  —  1  anneau  d'or,  7'00|  —  1  broclie  en  or  émaillâ,  O'OO;  —  1  paire  de 
boucles  d'oreille«,  3' 00.  —  Total,  iff  00. 

VtTiNiFtTS  DES  RfFUTS,  tenu»  BTec  solu  (Ml'OO). 

1'  Veitmênts  dss  troii  garçoiu.  ~-  3  blooses  en  veioun  noir,  SO'OO;  —  1  bloiise 
en  mérlDos  noir,  OfOO;  —  G  blouses  en  cotonnade,  IS'OO;  — S  paletots  en  drap  noir, 
18' 00 1  —  3  paletots  ea  mérinos  noir,  lU' 00;  —  3  pantalons  de  drap,  IB'OO;  —  3  pan- 
talonaon  étolTe  de  coton,  7' 00;  —  3  i^lets  en  âtoffe  de  laine,  0^00;  —6  bonnets  en 
drap,  OlOO;  —  9  cbemises  en  coton,  17' 00;  —  S  paires  de  bas.  G' 00;  — S  cols  en 
percale  blanche,  3' 00;  —3  crantes  de  colonnade,  S'OO;  —  0  ffloucholra  en  coton, 
t'  50  ;  —  3  jcharpcs  en  laine,  3'  00  ;  —  3  bonnets  de  nnit,  1'  50  ;  ~  B  pabM  de  botlea 
et  souliers,  35' 00.  —  Total,  ITitOO. 

S*  Vilammli  de  la  lUU.  —  1  douillette  en  sole  noire,  S'  00;  —  5  robes  ou  laine, 
SOfflO;  —  6  camisoles  en  bas! n  blanc,  fl'OO;  —  8  chemises  en  colon  blanc,  4^00;  — 
'Sublien  enjaconu  bUnc,  5' 00;  —  S  cbapeanx  en  soie,  S' 00;  —  3  bonnets  garais, 
i'OO;  —  6  bonneU  en  perealeblanche,  3'00;  —  3  bonnets  en  mousseline,  3' 00 ;  — 
4  mouchoirs  de  con,  3'OD;  ~  3  paires  de  bas  de  lafoe.  S' 1)0;  —4  paires  de  bu  de 
colon,  i'SO;  —  t  paire  de  souliers  en  étoBb,  1' 50.  —  Toul,e7'00. 

Cno  grande  partie  des  TStements  des  enfanta  prorient  des  tIbui  eBMs  des  dponi, 
et  sont  gcnér^ement  confectionnds  par  la  femme. 

Vâlbds  totale  du  mobilier  el des  Tétemeots. . .     i,950'  75 


I  S  "• 

BlÎGBlÊATIONB. 

Depuis  quelques  années,  les  deux  épouK  s'accommodent 
paifaitement  de  récréations  douces  et  de  plaisirs  de  famille  en 
rapport  avec  leurs  moyens.  Pendant  la  belle  saison  ils  font  assez 
régulièrement  une  promenade  à  la  campagne  le  dimanche  et  les 
Jours  fériés.  Quelquefois  ils  risitent  une  des  localités  des  envi- 


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OBgEKVATIOKB    PIGLlIilNAïaHS.  U9 

rons  de  Bruxelles  situées  sur  une  ligne  de  chemin  de  fer,  telles 
que  Vilvorde,  Boilsfort  et  Buisbrouk  ;  c'est  alors  un  plaisir  bien 
vif  pour  les  enfants  de  revenir  par  la  voie  ferrée.  Pendant  l'hi- 
ver, la  famille  reste  assez  ûrdinairement  au  logis,  le  dimanche^ 
le  père  seul  sort  vers  le  soir,  et  va,  daDS  un  faubourg  limitrophe, 
jouer  aux  dominos  avec  quelques  vieux  amis,  qui  tous  ont  au 
moins  le  double  de  son  âge.  Quelquefois  l'ouvrier  conduit  sa 
famille  au  spectacle,  à  l'Opéra,  au  Vaudeville  ou  au  Cirque  ;  et 
plus  souvent  à  des  soirées  chantantes  instituées  par  des  membres 
de  sa  corporation,  dans  un  local  spécial.  Ce  sont  de  vraies  réu- 
nions de  famille,  dans  lesquelles  toute  chanson  licencieuse  est 
sévèrement  proscrite.  Dans  ces  réunions,  il  se  fait  aussi  d^ 
lectures  sur  des  questions  se  rattachant  aux  intérêts  généraux 
des  classes  ouvrières  en  Belgique,  et  particulièrement  des  typo- 
graphes, mais  restant  toujours  étrangères  à  la  politique. 

La  famille  trouve  aussi  quelques  amusements  dans  les  rela- 
tions qu'elle  entretient  avec  ses  parents.  Chaque  événement  de 
famille,  naissance,  mariage  ou  fêle  patronale,  est  d'ailleurs  l'oc- 
casioo  d'un  petit  repas  en  commun,  où  règne  une  franche  cor- 
dialité. Hahituellement,  chaque  année  l'ouvrier  se  rend  à  Lou- 
vain,  à  l'époque  de  la  kermesse  de  cette  ville,  pour  y  visiter  les 
parents  de  sa  femme  ;  quelquefois,  celle-ci  ou  l'un  de  ses  enfants 
t'accompagne.  Deux  ou  trois  de  ces  parents  leur  rendent  leur 
visite  aux  fêtes  nationales  de  septembre,  qui  se  célèbrent  avec 
un  certain  éclat  à  Bruxelles. 

Parmi  les  récréations,  et  outre  un  banquet  de  corps,  auquel 
assistent  annueltemeot  la  généralité  des  ouvriers  typographes  (s  o), 
il  faut  citer  aussi  le  repas  donné  chaque  année  par  l'ouvrier  à 
ses  compagnons,  à  l'occasion  de  sa  fête  (la  Saint-Joseph),  en  retour 
du  présent  que  ces  derniers  lui  offrent  (7).  Mais  le  principal  agré- 
ment de  l'ouvrier  est  l'étude,  à  laquelle  il  sacrifierait  volontiers 
toute  récréation,  si  ce  n'étaient  les  soins  que  réclame  sa  santé  et 
les  besoins  de  distractions  pour  les  siens  i  ceux-ci  ont  toujours  de 
la  peine  h  l'arracher  à  ses  travaux  littéraires  en  vue  d'un  plaisir 
quelconque.  C'est  par  ce  trait  de  mœurs,  sinon  par  les  habitudes 
de  prévoyance,  que  l'ouvrier  se  rattache  à  la  bourgeoisie. 


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-  COMPOSITE DK-TIPOOn A PSB  DK  BBDXBLLE8. 


S  12. 

PHASES  FRINCIPALKS  DE  l'eXISTENCB. 

L'ouvrier  est  né  à  Bruxelles,  en  183^  ;  son  père,  qui  était 
bottier-cordbaaier,  travaillait  avec  le  concours  de  plusieurs 
ouvriers  pour  une  bonueclientèle.  11  jouissait  d'une  position  aisée, 
due  principalement  à  son  activité.  Cette  position  fut  gravement 
compromise  par  la  révolution  belge  de  18.S0,  qui,  tout  en  lui 
enlevant  le  plus  grand  nombre  de  ses  clients,  l'obligea  à  des 
devoirs  civiques,  auxquels  il  sacriSa  ses  intérêts  privés.  Deux 
ans  plus  tard,  sa  famille  était  plongée  dans  un  état  voisin  de  la 
misère.  En  1838,  la  pénurie  du  ménage  devint  telle,  que  l'ou- 
vrier, alors  âgé  de  9  ans  seulement,  fut  obligé  de  quitter  brus- 
quement l'école,  où  il  n'avait  encore  acquis  que  les  premiers 
éléments  de  lecture  et  d'écriture.  Il  entra  alors  en  apprentissage, 
dans  une  librairie  de  la  ville.  Il  fut  employé  aux  commissions, 
et  plus  tard  à  la  confection  des  bandes  d'adresses.  Au  bout  de 
quinze  mois  de  travail  opiniâtre,  il  était  parvenu  à  acquérir  une 
instruction  élémentaire  passable;  mais  le  faible  salaire  qu'il  rece- 
vait (7' par  mois)  engagea  sa  mère  h  lui  chercher  un  emploi 
plus  lucratif.  Un  nouveau  journal  quotidien  venait  d'être  créé  à 
Bruxelles  :  il  y  entra  en  qualité  d'apprenti-compositeur  et  de 
leveur  de  feuilles  à  la  presse.  Ses  doubles  fonctions  l'obligeaient 
à  un  travail  de  dix-huit  heures  par  jour,  interrompu  seulement 
par  les  courses  que  nécessite  la  partie  typographique  d'un  jour- 
nal. Même  en  hiver,  il  devait  se  trouver  à  l'atelier  depuis  cinq 
heures  du  malin  jusqu'à  onze  heures  du  soir.Le  dimanche  n'in^ 
terrompait  point  ce  travail  meurtrier,  pour  lequel  il  recevait  un 
salaire  de  6'  par  semaine.  Au  bout  d'un  an,  ne  voyant  point 
d'amélioration  dans  sa  position,  il  se  décida,  malgré  le  peu  d'ha- 
bileté qu'il  avait  pu  acquérir  pour  la  composition,  à  changer 
d'atelier.  Il  réussit  mai  d'abord  ;  mais,  à  ht  suite  d'un  nouveau 


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0B»BVATI0N8  PBËUIlINAIItES.  4SI 

changement,  il  parvint  à  se  foire  admettre  dans  un  établissement 
où  il  se  forma  complètement.  Au  bout  de  quinze  mois,  il  rentra 
dans  son  premier  atelier,  avec  un  salaire  de  15'  par  semaine 
pour  un  travail  journalier  de  huit  heures  et  demie. 

L'ouvrier  visita  successivement  plusieurs  ateliers  pour  se 
perfectionner  dans  sod  état.  Eafio,  il  entra,  en  J8JiO,dan6  l'im* 
primerie  où  il  est  resté  jusqu'à  ce  jour. 

Les  luîtes  que  l'ouvrier  eut  à  soutenir,  dans  lœ  temps  d'épreuve 
que  nous  venons  de  rappeler,  affaiblirent  sa  constitution  au  point 
de  motiver  son  exemption  définitive  du  service  militaire.  A  la 
suite  de  quelque  contestations  avec  ses  parents,  provoquées  par 
ses  relations  avec  sa  future,  il  se  maria  à  l'âge  de  dix-neuf  ans, 
sans  autres  ressources  qu'une  somme  de  100'  que  voulut  bien 
lui  avancer  son  patron/et  qui  servit  à  acquérir  tes  meubles  et 
effets  les  plus  indispensables.  Malheureusement,  la  maladie  vint 
à  plusieurs  reprises  prouver  le  jeune  ménage  (i). 

Les  couches  de  la  femme,  l'inexpérience  de  celle-ci,  qui, 
voulant  d'abord  aller  au  delà  de  ses  moyens,  s'était  creusé,  à 
l'insu  de  son  mari,  uq  gouffre  de  dettes,  eoBo,  mille  contrariétés 
domestiques,  faillirent  amener  les  deux  époux  dans  une  voie 
fatale.  Cependant,  l'ouvrier  ne  perdit  point  courage.  Compre- 
nant le  danger  de  sa  position,  il  réforma  son  train  de  vie,  et  s'in- 
terdit toute  dépense  superflue.  Au  bout  de  trois  années,  il  vit 
ses  efforts  couronnés  de  succès  :  ses  dettes  payées,  son  mobilier 
augmenté,  le  bien-être  général  répandu  sur  toute  sa  famille^ 
Enfin  une  réforme  radicale  dans  la  manière  d'agir  de  sa  femme, 
qui  s'associa  courageusement  à  son  entreprise,  compléta  ces 
résultats  et  sauva  la  jeune  famille  si  cruellement  éprouvée,  de 
façon  à  lui  assurer  aujourd'hui  te  contentement  et  le  bien-être. 

Catherine  B*"  est  née,  vers  la  fin  de  1822,  à  Bruxelles.  Son 
père,  serrurier  de  profession,  était  chef  de  métier,  et  il  exerçait 
son  industrie  dans  sa  propre  maison.  Doué  d'un  esprit  inventif, 
mais  appliqué  à  des  choses  d'un  intérêt  douteux  pour  une  famille 
de  douze  enfantu,  dominé  par  la  passion  de  la  pèche  à  laquelle  il 
employait  souvent  le  temps  du  travail,  il  ne  tarda  pas  Ik  se 
trouver  dans  une  situation  difficile. 


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-  COHFOSITBDK-TIPOâBAFHE  DE  BRUXELLES. 


Dans  c«t  état  de  choses,  Catherine  fut  chargée  de  la  garde 
des  plus  jeunes  enfanta,  au  détriment  de  son  instruction.  Plus 
tard,  on  lui  fit  embrasser  ta  profession  de  tailleuse,  afin  qu'elle 
pût  venir  en  aide  d'une  manière  plus  efficace  à  la  communauté. 
Comme  on  lui  retirait  habituellement  la  totalité  de  son  gain,  elle 
ne  possédait  aucune  épargne  à  l'époque  de  son  mariage,  et  n'ap- 
porta pour  dot  que  certains  eflèts  d'une  faible  valeur. 

En  résumé,  la  famille,  grâce  à  la  bonne  conduite  et  à  la  per- 
sévérance des  deux  époux,  ainsi  qu'à  l'active  surveillance  qu'ils 
exercent  sur  leurs  enfants,  jouit  actuellement  d'une  position 
relativement  heureuse. 


8  13- 

HCBOBS  ET  INSTITUTIONS  ASSDRANT   LE    BIEN-ÉTBB  PHT8IQUE 
ET  MORAL  DE  LA  FAUILLG. 

La  famille  décrite  dans  la  présente  monographie  trouve  une 
certaine  garantie  de  bien-être  dans  les  qualité  distinguées  que 
ToD  observe  chez  l'ouvrier.  Néanmoins,  ces  qualités  ne  sont  pas 
de  celles  qui,  sous  un  régime  de  liberté  industrielle,  peuvent  le 
faire  parvenir  à  la  condition  de  patron,  Quoiqu'on  puisse  remar- 
quer dans  sa  vie  une  aisance  qui,  sans  rien  retrancher  du  néces- 
saire, permettrait  de  prélever  pour  l'épargne  une  part  sur  les 
recettes,  il  ne  montre  aucune  tendancede  ce  genre.  On  peut  con- 
clure, de  la  direction  même  de  sa  prévoyance,  qu'il  se  sent  des- 
tiné à  rester  toujours  dans  la  condition  d'ouvrier,  et  qu'il  ne 
songe  pas  à  obtenir  une  situation  plus  indépendante  ou  plus  sûre. 

Depuis  quatorze  ans,  l'ouvrier  est  affilié  à  la  Société  typogra- 
phique de  secours  mutuels,  qui,  moyennant  une  contribution 
mensuelle  de  1  '  50,  assure  à  ses  membres,  en  cas  de  maladie, 
uo  secours  pécuniaire,  des  soins  médicaux  et  des  médica- 
ments (i  s) .  11  fait  également  partie  d'une  autre  association,  qui 
a  pour  double  but  le  maintien  des  salaires  et  l'allocation  d'une 
indemnité  en  cas  de  chômage  forcé.  Ces  sortes  d'associations 
peuvent  alléger  certaines  souffrances  accidentelles  de  l'ouvrier; 


.yGoogle 


OBBEBTATIONS  PRiLIMINAnSS.  113 

et  elles  luf  donoent  la  quiétude  d'esprit  nécessaire  pour  ses  médi- 
talioDs  d'économie  sociale.  Cepeadant  elles  ne  devraient  pas  le 
dispenser  des  efforts  qu'exigerait  un  plus  haut  degré  de  pré- 
voyance ;  car  elles  laisseraient  la  famille  dans  le  dénûment  si 
son  chef  venait  à  lui  manquer. 

Depuis  l'abolition  des  anciennes  corporations  manuiietu- 
rières  agglomérées  dans  les  TÏHes,  les  ouvriers  sont  souvent 
exposés  au  dénûment.  Ceux  mêmes  qui  pratiquent  honorable- 
ment leurs  devoirs  pnafessionnels,  sans  se  soumeltre  rigoureu- 
sement aux  privations  que  commande  la  prévoyance,  ne  sont 
jamais  à  l'abri  du  danger.  Les  causes  de  l'ébranlement  survenu, 
à  cet  égard,  dans  la  situation  des  classes  ouvrières,  sont  souvent 
indiquées  dans  cet  ouvrage;  et  elles  sont  r^umées  plusloin(i7) 
pour  la  Belgique.  > 

L'histoire  de  l'ouvrier  décrit  dans  la  présente  monographie 
atteste  l'exactitude  de  ce  tableau.  Né  dans  une  Tamille  d'arti- 
sans élevée  à  l'aisance  par  le  travail,  mais  ruinée  subitement 
parla  révolution  de  J830,  il  s'est  trouvé,  dès  sa  plus  tendre 
enrance,  plongé  dans  un  complet  dénûment.  Doué  d'excellentes 
qualités  qui  lui  permettraient  d'occuper  un  rang  honorable  dans 
la  bourgeoisie,  il  n'a  aucune  propension  à  l'épargne.  Il  emploie 
tout  son  salaire  à  s'assurer,  en  famille,  le  confort  matériel,  com- 
plété par  des  récréations  intellectuelles  et  morales.  Il  est  vrai 
qu'à  ce  niveau  des  sociétés  urbaines,  la  nouvelle  génération 
n'est  pas  toujours  frappée,  ainsi  qu'il  est  arrivé  dans  la  famille 
présentement  décrite,  par  la  ruine  de  l'atelier  paternel  ;  mais  elle 
n'y  trouve  plus  un  avenir  assuré.  Le  défaut  de  sécurité  est  sur- 
tout frappant  dans  la  constitution  sociale  de  la  Belgique  et  des 
autres  contrées  qu'ébranle  sans  relâche  le  partage  forcé  de  la 
propriété  immobilière.  Cette  dure  servitude,  imposée  par  la  loi, 
perpétuée  par  l'intérêt  apparent  du  fisc  et  par  le  zèle  intéressé 
de  nombreux  officiers  publics,  détruit,  à  chaque  génération,  les 
foyers  et  les  ateliers  créés  par  le  travail  et  la  vertu  des  pères  de 
famille.  Dans  cette  œuvre  incessante  de  destruction,  ce  qui  a  pu 
subsister  momentanément  grâce  à  la  sagesse  des  individus  est 
bientôt  désorganisé  par  l'asservissement  universel  de  la  famille. 


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en.    III.    —    COMPOSITSUB-TTPOGBAPIIB    DE    DRUSELLBI. 

$n.  -  BUDGET  DBS  BECETIES  DE  L'ANNÉE. 


SOURCES  DES  RECETTES. 


8SCTION  I". 


An.  l*t.  —  PxiFU 


(La  tiBille  n»  pouUa  âocons  proptWt*  d«  M  gsure) 

Abt.  s.  —  ViLamm  MOBoitan. 


Somme  dépo)Je  i  It  caiiu  d'^pugna, 

Àxi.  >.  —  Daam  >u(  ilukutioiib  di  ■acrfria 
i  de  Hcenn  mulnali,  300  membiu:  tnalttn,  '7,000'00i  i[aDle-p*rt. 


piÏToirue*  contre  le  ctiâm««e.  800  membiei)  enraliie,  10,066 'uû;  quoiu-pui 33  S3 

ViLiui  TSTtu  dee  prapridlji |     ■'4  3T 


6BCT10N  IL 
■JutalloD»  Mfooi  par  U  fainilla. 

AxT.  1".  —  Paorufrfi  ufOn  in  vtunvn 

(La  ftmlllB  M letoil  anciuM  prapHiU  «n  lunCnili).. 

Ait.  s.  —  DBom  D'imtai  aui  lu  nontirit  voi 
(La  bmill«  us  Jouit  d'ancnn  droit  de  ce  gtate) 


iiGoogle 


.    III.     —     COVPOBItBnn-TTPtKillAPHB    DB    BlnXELLES. 

;  U-  -  BUDGET  DES  RBCETTB5  DE  L'ANNÉE. 


■OHUIIT  DU  Ecorm.  1 

RECETTES. 

I4tllll 

tmoVUM 

.tc«m 

BBCTION  I". 

lUMipip.  UXqdaUTdsQidaMiutérteL .„ 

VM 

iuMt  es  p.  100)  d.  c«IU  «omma 

. 

l(» 

.' 

(Cm  (OBimM  D'Miot  qu  U  nntrt«  ds  umomi  igiln  piytei  pu  U  bmilla,  hdI 

Totâdi  du  nnniu  dM  piupriMéi 

810 

iu 

8BCTI0H  II. 

Ait.  ».  —  PKODDin  dm  Daotn  d'huoC 

j 

, 

Ut.  >.  —  0»ni  iT  umiKU  uLoois. 

IWOO 
IBDO 

. 

IllOO 

_.! — 

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CB.  m.  —  cOMFOeiTMiH-TrpoekAPHs  db  bbuxellbs. 
S  44.  —  BDDGET  DK3  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


SOURCES  DES  RECETTES  (SOITB). 


bfiioiuTia:*  di>  ti 


SECTION  ni. 
TrwMB  «■écntii  par  !■  bnùlb. 


-      nipplimsuliiln  :  Isctnnt  d'épraora.  éeiitniM  diTonn.. 

ini  d'ippnDti-CDmiiili  Mtïbatt  ta  nui!  (ICKW)  «t  eiécnléi  « 
f  d'induttrid 

u  de  piopieU 'coacenut  l'hibllailDD  at  le  mobiliar 

Confoctjaa  et  Fépmtion  dei  Tttemeiitt  et  du  linge  1  l'auge  de  U 
filaschimge  du  linge  et  dat  TStamenti 


ToVAtTT  dei  JdiiziiAel  dai  membrei  de  !■  Emilie* .  • 


SECTION  IV. 
IndiuteiM  snlrepriMi  par  la  ranûUa 

Tani  de  compoiitloa  trpognjAlqiu  aitoitb  pn  raanler  tm  «i 
l'au'rier  «lena  duu  l'aUllec  de  compiMitiaii 


iDSTHiis  entrepiiHt  au  compta  de  U  tamille  i 

BDlrcpriu  de  conectioiii  d'épranTei  et  de  tanna  d'iciituro 

CunfecUop  at  pcéparalioa  dai  lïlemeDti  et  du  liiwa  de  1»  tuniUe. 
Bluahieaage  du  linge  âl  des  TitemanU  de  la  famille 


iiGoogle 


en.   III.   —  COMPoaiTBUIt-TTPOGilAPHB  DB  BRUXELLES. 

S  U.  —  BUDGET  DBS  RECETTES  DE  L'ANNËB  (SUITB^ 


BECETTES  (SCITE). 


BBDTIOH  IIL 


SiUiis  latal  Mtijbut  à  ce  In^ul  d'ipTti  I*  nombre 

'—  jonniiei 

re  loUl  albibiii  t  ca  tnitil 


(AucuD  Mliiid  a»  poul  Atr*  attribni  Ji  c«  luraai). . . . 
Sïlain  tatil  quB  recairnil  nna  ouThiia  «lAcnUnl  la 
Sulaict  (OUI  qua  lecsTrait  iina  onirièia  eifcntut  la 


TDuvx  da*  aalalm  da  la  tumilla.  ■ . 


EBCTION  IT. 


-  «8.  A) 
.  (10,  B) 
.  (18,  C) 


Total  du  laliiia  Jounullei  majwi  da  l'ouTTlar. . . 
Btoffica  TiiuIlaEit  da  oatle  induilri* 

TOTADi  daa  bioiGcoi  rjuillint  dai  iDdutria... 


Non. —  Datra  lai  racaltaaparUain-daHi»  AD  compte,  ImindiulriaidiniDantUeal  nna 
i*caUada80'M  (J8.  D),  qni  «rtippliquûada  noBtaau  t  cai  mtmtt  ioauiirieij  celtu 
r«c«tta  al  lai  dlpaotai  qm  la  balucanl  (1  B^l  V)  oolâtaorniseï  dui  l'os  al  l'iuira  budgat. 

Totaux  DxB  RBCnm  da  l'annâa  (balui;anl  lu  dipaoHs}...  (1,114' eOt. ... 


1,490' S3 
103  B5 

sa  00 


:,yGoogle 


CB.    III.    —    COVPOSITBDI-  TYPOCRAPHI    DB     BkCXELLBS. 

S  (A.  —  BDDGBT  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE. 


DESIGNATION  DES  DÉPENSES. 

i^^^^ir.,^ 

*"0b(«. 

.r^^ 

SBCTIOK  1-. 
'Pit  l-OQTilOT.  w  Icniae  M  leun  4  «fkaU,  ptadinl  «OS  Jo»».) 

M..m, 

..umn, 

; 

ttOflM 
t  SO 

ira 

400 

»so 

10  40 
KOO 
St   BO 

il  80 

6S40 
ffîïO 

MO 
80 

pukUocr 

D'à» 
osoo 

0100 

OMO 
0  VGO 

r«liu  pain*  iPiuoIrU)  pour  U  mip».  pcuat  chicuo  O'ISO  1 

Coufiin  ou  PittolcU  beurréi,  couoinnta  i  roecMiDB  d»  flp'eiaaa 
pelilH  solennités,   pesanl  cluCBa  (flOO,  M  coaUM  O'oi. 

FariDB  d*  f»mmti'pî*mièn'qpùdiÛViKiiû''la'cuWnrM 

BOOO 

0  413 

Coan  CRAS  : 
QnJiH  d«  twpf  al  d«  'pôrë,'  inùriila'  duù'  U  oiïnag*,'  «npioj^è 

MS 

3000 

Poid..o<^.l     riïn.. 

W8 

10  0 
MO 
It  0 

tX 

WO 
6S0 

leo 

MO 

Viandes  et  hmssoh  ; 

Vijrido  de  bœuf.  Si»  1  l'M  (dtductloD  Wle  d«  1'  ds  giida«). . 

._!  ,. 

1  ^'r?.^^^"c^;^cu''ùrf./,Tn'?,ï:^'iîir.'".t\^:  r"-' 

1  OOO     1         .                18  00 
0800     1         .         .      S080 

■»1         i 

n4o 

iiGoogle 


I.  m.   —  COXPOSlIËUB-TrPOflBAfllB  Dl!  BIIVXEtI.BS. 

S  «5.  —   BUDGET   DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  [StJtTE). 


DÉSIGNATION   DES   DÉPENSES   (SUITE). 


CBCTION  l". 
D4p«ua  oonMnwal  U  BooiriluM  [nùte]. 

iBrH,»i4û'«Û,9'flO;  - 


loui-flenr».  S'  à  0*400,  ï'i 


O'«n0,   8140;-  cl 

i,: 

.5» 

unio. 

VIS;  - 

-  OHille 

II* 

*0'360,  îri6i_ 

"y 

*:.' 

SU'  «  0'3M, 

O'SO;- 

-ÏSS 

^^^: 

gD 

Dl 

îi» 

à  Û'400 

lO'Oa; 

-  «chalDl», 

I  :  Canlchom 
Praita  ;  Ceriui.  18»  iOi-iSa,  a'eS;—  panai».  Bmplarén  • 

ÎrindB  p«ru»pour  pelïgM.  lM''»0'440,ST07i  — poireB.SO 
O'SOO,  lô'«0i  — rwiKi,4'4iO'-;û0.3'08;  — HroJoilloi,  ti 
1  on»,  l'H;  —  p(che«  at  abricoU,  3' i  «rjou,  5'M:  - 
gronei  noii.  S»  i  O'SOO,  S<')0  ;  —  niiiu,  prarenuit  da  la  vi^n 


D,  e^aà 


Poidd  lolal  at  piix  mojea . . 


Atbi  ucréFi  !  StLcn  bUnc,  »>  i 
1  l'IS.lCes 

l'w.'ii'w; 

-ei«m»d., 

Poldt  toul  et  prii  taajea . . 


HT.  i.  —  AUHinn  FBiPuia  r 


MO         0  S'TO 


ToTALdu  Mptat  eoDcMunl  li  DûamlaTa... 


iiGoogle 


^^  CH.   m.  —  COKPOSITBira-TTPOGRAPHB  Dl  OTUXKI-LBS. 

$  45.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE    (SUITE). 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SDITE). 


LOTOT  da  It  nitiMKi  occapéa  psr  1.  taiOla  (IffOO  p«  moi.),  dMncticm  Wte  de 
T«lMr  Jn  ratiin  produit  pu  UM  twHlB •.'"••^ 

HdpmUoM  et  entreUeB- 

HOBOIBR  : 

Entretisn  «1  rsmpkiUige  d«  ch»i«i • 

Chadfface  ; 

Houille  (chïibon  jaUWnii).  S.OOO' *  *4' la  mille ^• 

ËCI.4IR1GE  : 

ChmdBlJe.,  M'  à  l 'eu,  Sa<a4 1- huila.  4  lit.  à  !•  OS,  4'îO  ;  -  Tailleiues,  3  bûIlM  iO»  1 
0>M;  — «lluineltetchiniiqiiei,î6bollBtà0'05,  l'SO;  — gtOHMilluMllai,  l'60.. 

ToiiL  da«  dipemea  eoncamâDt  l'iiabltalion... 

SBCTIOH  III. 
Dipeawt  I 

Vitomenl»  dn  clief  de  [unille  ;  bals  d'mdul  et  coDleotion  domestique. , . . . .  ('f.  B  aj  51 

-    3^';^^»»;        -  z        ■:::.::  \!â;lfxl\ 

UpantiOD  da  Unge  ol' dei  TêlamanW (IS.  B) 

Bliiikbiuabi  : 

linge  8t  dai  TMamenW 'W.C) 

ToTtui  daidépanKi  concernât  le*  rtlameDU 

SBCTION  IV. 

^«muit  1m  beiain*  mofmu ,  Isa  rèoiéatÛHu 
>t  la  aarnoe  da  lanU. 

DépenHi  accidentallea  :  locttion  da  ctiaiMi  i  l'ëgliia 

IllSTIinCTIOl   DRS  INFinTE  : 
Piaii  d'acole  piT«>  pai  la  commune.  IIA^OO;  —  tréqueDtalion  gntuila  de>  court  de 

l' Académie  Cas  baaui-arli  pu  le  flit  «te*,  pendant  8  moia,  i  5'OOpiT  moii,  IB'OO; 

—  livrei,  papier,  plamea,  ctaToni,  ani»,  1S'50 

Skodbs  et  KuMbsit  : 
Secoun  i  dea  camalade*  de  l'onnier,  on  t  leon  faoTei  et  oipheliu,  anmAnea  dl- 
lertet,  VODi  —  •oaacription  1  la  aociéM  de  aecoun  mntusl*,  pour  let  Teuvea  de> 
membre»  déeidéa,  4'60iToir  s™  T) 


.yGoogle 


en,   m.  —  CdHVOSITBini-TTPOGBAPHE  DE   BBOXBLLBS'. 

S  <B.   -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SUtTB). 


DÉSIGNATION  DBS  DÉPENSES  (SUITE). 

witin  m  iIhub.  Il 

d,'"oW^ 

»(.«. 

SBCTtON  IT. 
et  I.N>*iMdaMnU[ii>ite). 

RBpMdDDoé  pir  l'ounisr  i  roM*«i™  daufito,  î»00;  -  laoqort  snilMl  d«  eom. 

II'IB 

nu 

Sebtim  di  sont  : 

lai'oo 

110  3t 

SBCTIONV. 

.„ 

• 

KoTt.  -  Lu  ulret  dipso».  concuniat  1»  induitri»  moatenl  1 SflfOl 

EiLei  KDt  renbounéei  par  In  rtcMlm  piotoninl  da  c«>  niÈinfli  tndu»- 

lie  do  Ht  «piigoet  et  ponn  àca  liln  dîna  la  prAseot  bndf;»!..      «0L'9S 
Aisent  appliqit   da    Don^cma  aai   iDdiutriea    (14,  B«  IV}, 
comms  emploi  momanlaRi  du  fonda  dg  roulamaDl,  al  qui  ne                         «a>  01 

intntTS  M3  DBTTBS   : 

IMÏÔTS   : 

1  l'SO,  18' 00;  -  amande,  pour  manqna  de  préience  aux  aé.ncta.  Î'OO;  -  contri- 
bution au  piofil  de>  Teut»  dea  mambTBs  âtcéiés,  4'£0  (cra  djpeaset  loni  omiu» 

aalniraa.  Il  moli  i  O'SO,  S<OI>;  —  amaDdca  puui  manqua  de  préacDCS  au  aiaaciB 

TirUL  d«  dipeaui  caDcamaal  laa  ladiutiiet.  lu  dtltu,  lu  impMi  et 

aao 

Épuen  m  L'itntii  i 
(LabciilIaaabitancanaipHriw;  tont  ce  qu'cll*  gagna  tat  amploft  i  accroître  aon 

Torm  Dia  DÉreMBia  d*  l'aïuite  (balanfant  lea  ncattei).. .  (S,M1<aO) 

Kl  os 

i,a<w65 

iiGoogle 


iîB  OH. 


-  GOMPOSmtrk-TIPOGUrHE  DB  ■nllMLLSS. 


S  H. 
COMPTES  ANNEXÉS  AUX  BBDGETS. 

SECTION  1. 

COMPTES  DES  BËNËHCES 
UidUDt  in  aininu  tMfna  fu  U  hnllc  (k  m  ri^  Mipic}. 


ilchM  de  chuuMlH.  f»  i  l'M... 
^  d'ancn,  i»  plnmM  M  ds  p4p 
ri«TiiU«roQTri«t,Mj.,l  à*'60. 
Untnoi  itailtut  d<  rindnitcla. . . 


Total  coinnM  à-dt*aM... 


qui  MnJI  p»î*  poor  li  conteetion  dsi  m«m»  ofcjsli, . , 


»  réiulUst  ds  «tta  in 


C  —  ButicBiss*GB  DBS  vtTBimras  BT  DC  UMt. 


hliqul  Mnlt  p»7*  piwtt  I»  MiBchrnig»  it  nJmw  objal*.  ■ . 


iiGooglè 


GOm-TBS  ANNEXES  AUX  BUOCETS, 


&»TOD  DOir,  M»  à  S'H,  MftAj  —  nTOn  bUnc  S'OOi  —  blaii,  10'40;  ~  cm- 

poi>,  l'SO;  —  Hl  (la  Knid*,  lonquarMii  da  plnla  Dumqur,  VU 

Charbon  pou  la  npwaua . 

T»TaiI  de  U  fuuB*  :  4S  joanta  A  l'DO 

BiHina  rtinlUat  da  catU  tBdwWa 


D.  —   BisuHi  B 


SES  ntaincti  MfsDLTtirr  dis  inocsnia 

(A  à  Cl- 


Hacatla*  an  iigaat  appliquiet  kui  dipUM*  da  1*  tuDill* 

DfFUina  ToriLU. 

Saliina  aflïraala  aiu  tntiui  «licutës  par  ia  funlUa  paur  1e>  Indiutriw 

DépmiM  an  aTgaot  qui  danont  tlis  lembonraéea  par  da>  racellaa  pronoinl 
dM  Ir '—-'-- 


Touui  coaun*  cl-dauiu... 


6BCTI0N  II. 

COMPTES  BBUTIFS  AUX  SUBVENTIONS. 
(Cet  comptai  oM  M  tUHJi  an  dtUU  dua  1*  badgal  lii-atoa.) 


H  U 


103» 


«1  u 

«su 


SBCTIOH  m. 
COMPTES  DITEBS. 


-  Conn  m  ll  nipnisi 

us  TfaMiEins. 

An.  l<r.  —  VHtmenli  il 
dn  diDudM  : 

1  palatol-iodlDgtila  go  dnp  blan,  ane  M  .  

1  tadingota  as  dnp  noir. I    40  00 

1  gUalda  uUanob- j    i%  OO 

A  TiftrUT ..        lao  00 


:,yGoogle 


-  COUPOSIIEUB-TVPOGBAPIIE  DE  BBi>!(EME9. 


-  félf*»»!!  (tt  CoHiirfrr  (fiiilé). 


da  dimucho  (luita)  : 

1  puUlon  «I  dnp  noii 

1  dupasu  d«  (Die 

1  iehup»  da  isUa  noir 

1  piiiie  de  boitu 

eiementi  da  tianil,  dont  qaetqne*- mu  toal  portti  la  < 
lortqu'ili  (ont  atatt  i 

1  palelot  d'hiver  on  ditp  TBri 

1  panUloo  en  élofTa  da  laine 

B  gilelt  i  manches,  en  éloOe  de  laine 

S  hloutei  de  travail  «n  iXoSB  bleae 

1  ca.1^\aiem6riDOSBoit.^y/.V/ ".'.'.'.'.. '.'.'.'.'.'.'.'.'..''. 

2  caleçoai  en  trjcui  as  coton 

a  pairei  de  bii  de  laine.".! !!!!".'."'.' !.'!!"!.'   '.,'.'"' 
I  paiie  de  batlei.  pliùiann  n>li  taccominodîe 

Totaui 

ItaiDaDlt  do  dimancba  : 

1  robe  ea  laine  brune 

1  chUa  an  iBins 

1  coriage  de  loie  noire 

1  Ublier  de  laie  noire 

1  pardeunidenienoira. 

I  bonnet  m  ont* 

I  japon  de  bâti  n  blanc 

9  chemlietlee  en  tulle  de  coton  btodé 

1  bUnct  en  toile  d'Ecosse 

baille  colon  bUnc. 

I  Miail  : 

1  jupon  en  ttoffa  de  laine  et  coton,  dite  orlénm 

S  jaquaUai  en  âlofTe  de  coton  de  cenJenr.  - .  -  h  ......... . 

1  hoonat  de  lolte  noir,  aYecmbâni  de  aow 

4  booD«ta  de  colon  blanc,  »eo  danlello 

8  dwmiiM  de  coton  blanc 

Uoucholre  do  poche  at  da  «ou,  «anti  et  bai 

Cbaïunire  :  1  paire  de  •oolien  el  1  paire  da  pantonHet, 

Ait.  s.  —  VHtmmli  in  tnfanis. 
umrha  et  des  Jour*  dstraiail 


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^LÉUENTS  DIVBM  DB  LA   CONSTITUTION  80CULB.  436 

ËLÉHSNTS  DIVERS  DE  LA  CONSTITUTION  SOCIALE 

rAITS   IMPORTANTS   D'ORGANISATION   SOCUtBt 
I  PARTICULARITÉS  REMARQUABLES; 

APPRÉCIATIONS  GÉNËRALESt  CONCLUSIONS. 

S  17. 

iâîATS    SUCCESSIFS    DB    STABILITÉ    ET    d'ÉBRANLEHENT, 
EN    BELGIQUE. 

Les  agglomérations  urbaines  et  manuracturières  de  la  Bel- 
g:ique  se  sont  rormées,  pour  la  plupart,  sous  les  influeuces  qui 
ont  été  signalées  pour  l'Angleterre  (III.viii,  it).  En  Belgique, 
comme  dans  ce  pays  et  dans  la  majeure  partie  de  l'Occident,  les 
populations  rurales  traversèrent  une  époque  critique,  lorsque 
les  excellentes  institulions  du  moyen  âge  leur  eurent  procuré 
les  conditions  d'un  développement  régulier.  Les  ^milles,  vouées 
depuis  longtemps  à  la  culture  des  (erres  les  plus  fertiles  de 
chaque  localité,  durent  improviser  des  moyens  supplémentaires 
de  subsistance.  Pour  établir  près  d'elles  leurs  rejetons,  elles 
fondèrent  en  premier  lieu  de  nouveaux,  domaines  eo  défrichant 
les  forêts  de  qualité  inférieure  et  les  territoires  de  toute  sorte 
qui  ne  fournissaient  que  de  médiocres  litières  ou  de  maigres 
pâturages.  Après  avoir  ainsi  complété  la  race  de  paysans  que  le 
sol  pouvait  nourrir,  elles  s'appliquèrent  à  établir,  entre  les 
domaines  de  ces  derniers,  une  nouvelle  série  de  ^nérations.  Elles 
créèrent,  à  cet  efièt,  une  foule  de  peUtes  propriétés  que  je  désigne 
dans  cet  ouvrage  sous  le  nom  de  «  borderie  »,  qui  leur  est 
donné  dans  plusieurs  provinces  de  la  France  centrale.  Cette  in- 
stitution a  beaucoup  augmenté  la  force  des  campagnes.  En  effet, 
les  bordiers  ruraux  ont  constitué  leurs  familles  sur  des  lambeaux 
épars  qui  restaient  généralement  sans  valeur  entre  les  grands 
domaines  des  gentilshommes  et  les  moyennes  propriétés  des 
paysans.  Sur  des  parcelles  qui  atteignaient  rarement  20  ares, 


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436  GII     Itr.  —  COUPOSITBUB-TTPOGBAPHE  DU  BBDXBLLBg. 

qui  étaient  éloignées  des  habitations  et  qui  n'avaient  antérieure- 
ment  aucun  emploi,  ils  ont  créé  des  familles  stables  et  de  petits 
domaines  florissants.  Ceux-ci  sont  essentiellement  composés 
d'une  habitation  à  laquelle  confinent  une  étable,  un  jardin-vei^r, 
une  chènevière,  un  champ,  souvent  même  quelques  arbres  fournis- 
sant te  combustible  au  ménage  et  un  espace  herbu  destiné  au 
parcours  des  jeunes  animaux.  Malgré  la  stérilité  initiale  du  sot, 
la  borderie  offre  ordinairement  une  fertilité  supérieure  à  celle  d% 
champs  conligus.  Ce  résultat  a  été  ^obtenu  grâce  aux  engrais 
fournis  par  l'habitation  et  l'étable,  grâce  surtout  au  travail  de  la 
famille  qui,  sans  déplacement,  trouve  toujours,  sous  sa  main, 
l'emploi  fructueux  du  moindre  instant  de  loisir.  La  femme,  les 
enfants,  les  vieillards  et  les  infirmes  qui  complètent  la  famille, 
suffisent  généralement  à  la  culture  de  la  borderie;  et  ils  en  tirent 
en  grande  partie,  outre  l'habitation,  les  moyens  de  subsistance. 
Le  bordier  peut  donc  consacrer  tout  son  temps,  soil  auxserrices 
spéciaux  que  réclame  le  voisinage,  soit  à  la  fabrication  de  pro- 
duits manufacturés  dont  le  commerce  estcentralisé  par  quelques 
négociants  de  la  localité.  11  obtient,  comme  rétribution  de  ce 
travail,  un  salaire  qui  reçoit  deux  emplois  principaux  :  l'achat 
des  céréales,  des  corps  gras,  du  sel  et  des  autres  objets  que  ne 
produit  pas  la  borderie;  la  constitution  de  la  dot  nécessaire  à 
rétablissement  dœ  frères  et  des  so6urs  de  l'héritier.  C'est  ainsi 
que  les  fabriques  collectives  rurales  se  sont  constituées,  dès  la  plus 
haute  anUquité,  dans  les  régions  contiguës  aux  ports  maritimes 
qui  en  exportaient  les  [Hroduits*.  Parmi  ces  fabriques,  celles  qui 
ont  pour  objet  le  tissage  des  étoffes  ont  presque  partout  figuré  au 
premier  rang.  J'ai  indiqué,  au  chapitre  précédent,  comment  les 
bordiers-tisserands  se  sont  multipliés  au  moyen  âge  sur  des  bases 
Bolides  et  comment  ils  s'ébranlent  de  nos  jours  (ii,  1 7). 

Quand  les  campagnes  furent  occupées  autant  que  le  com- 
portaient les  méthodes  du  travail  agricole,  les  rejetons  surabon- 
dants des  familles  rurales  commencèrent  à  s'agglomérer  dans  les 

1.  H  esifcrlt  dang  la  Bible,  sa  »\a\M  detTcrtas  de  !■  mère  de  (kmlUs  :  ■  Elle  b  fait 
nn  liDC<<ti1,  Elle  l'a  Tendu,  et  elle  a  donad  une  ceintar«  au  marchand  chaDBDien.  ■ 
{Pnaurbti,  ixit,  U).  Cm  prodnitt  jMent  eipMU*  par  1«  port  de  Tjr. 


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iuilIBNTS  DtVnS   DB   LA   CONSTITUTION 

fabriques  urbaines.  A  l'époque  de  la  Renaissance,  celles-ci  pri- 
rent UQ  grand  développemeut  en  Belgique  comme  en  Italie.  Elles 
eurent  d'abord  pour  spécialité  les  objets  destinés  à  la  consom- 
mation des  habilants,  et  ceux  qu'on  ne  pouvait  fabriquer  dans 
les  campagnes  avec  le  même  degré  de  perfection.  Ces  fabriques 
grandirent,  à  mesure  que  le  commerce  se  développait  dans  les 
ports  du  littoral  ;  et  elles  eurent  pour  complément  le  personnel 
des  tisserands  ruraux  attirés  par  les  négociants  qui  centrali- 
saient depuis  longtemps  à  la  ville  le  comoterce  de  leurs  produits 
(il,  it).  C'est  ainsi  que  se  rapprochèrent,  en  Belgique  comme 
dans  la  vallée  du  Rhin,  les  premiers  rudiments  des  villes  manu- 
facturières qui  ont  pris  de  nos  jours  de  si  grandes  proportions. 
Les  classes  dirigeantes  qui  présidèrent  à  cette  transformation 
des  sociétés  de  l'Occident  comprenaient  bien  le  danger  auquel 
elles  s'exposaient  en  renonçant  aux  éléments  de  sécurité  que  la 
production  des  denrées  alimentaires  procure  aux  campagnes. 
Elles  se  préoccupèrent,  en  conséquence,  d'assurer  aux  popula- 
tions des  TJIles  toutes  les  compensations  compatibles  avec  la 
nature  des  choses.  Ces  excellentes  institutions  urbaines  étaient 
encore  en  vigueur  dans  le  Nord  et  l'Orient  pendant  la  première 
partie  de  mes  voyages.  Elles  avaient  laissé  beaucoup  de  traces 
en  Belgique  à  Tépoque  (1829-1835)  où  je  visitai  souvent  ce 
pays. 

-  Sous  le  régime  institué  au  moyen  ftge  dans  les  villes  manu- 
facturières, chaque  fomille  avait  deux  garanties  principales  de 
stabilité.  Elle  possédait  en  propre  la  maison  qu'elle  habitait  dans 
la  cité;  et  souvent  un  jardin  potager  dans  la  banlieue.  L'atelio* 
était  lié  intimement  au  foyer;  et  le  travail  que  la  famille  y  pra- 
tiquait avait,  en  quelque  sorte,  comme  le  travail  agricole,  la 
solidité  de  la  propriété  immobilière.  Les  produits  manufacturés 
des  ateliers  urbains  oiïrent,  il  est  vrai,  des  caractères  qui  leur 
sont  propres  :  ils  ne  répondent  point,  au  même  degré  que  les 
denrées  agricoles,  à  des  besoins  impérieux  ;  la  production  n'en 
est  point  Umitée,  comme  celle  des  domaines  ruraux,  par  les 
dimensions  invariables  du  sol;  en6n  les  acheteurs  d'une  cité 
sont  moins  inféodés,  par  la  difficulté  des  transports,  à  la  boa- 


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13S  CH,  m.  —  coMPosiTBim-TrpoGBAPHE  db  bsuxellks. 

tique  de  leur  nie,  que  oe  te  sout  ceuxd'uD  petit  marché  rural,  aux 
domaÎDes  de  leur  voisinage.  Mais,  depuis  une  époque  fort  recu- 
lée, OD  a  remédié  à  cette  infériorité  organique  des  at^iers  urbains, 
en  en  limitant  la  production.  Partout,  on  a  eu  recours  au  même 
moyen  :  on  a  fixé  invariablement  le  nombre  des  maîtres  et  d^ 
ouvriers  qu'ils  emploient.  Ces  règlements  constituaient  la  charte 
fondamentale  des  corporations  urbaioes  d'arts  et  métiers.  Ils 
conféraient  aux  ateliers  des  villes  une  clientèle  fixe;  et,  par  suite» 
une  stabilité  comparable  à  celle  que  la  nature  des  choses  assure 
aux  ateliers  des  campagnes.  Dans  les  uns,  comme  dans  les 
autres,  le  maître  pouvait  compter  sur  un  débouché  permanent; 
il  était  donc  en  mesure  d'assurer  la  subsistance  de  l'ouvrier.  Une 
maîtrise  urbaine  avait,  h  quelques  égards,  la  solidité  d'un 
domaine  rural.  Une  clientèle,  comme  un  fonds  de  terre,  pouvait 
déchoir  momentanément  sous  un  mattre  vicieux  ou  négligent; 
mais  elle  offrait  toujours  une  base  solide  sur  laquelle  on  pouvait 
asseoir  la  subsistance  de  l'ouvrier  ;  et  elle  reprenait  toute  sa 
valeur  sous  la  direction  de  l' héritier-associé  qui,  au  milieu  de 
dures  épreuves,  avait  compris  l'importance  suprême  de  l'activité 
et  de  la  vertu. 

Eq  résumé,  depuis  le  moyen  âge  jusqu'au  xvili*  siède,  la 
stabilité  des  villes  manufacturières  et  le  bien-être  des  populations 
reposaient  sur  trois  coutumes  principales.  Le  maître  possédait 
en  propre  les  immeubles  formés  par  le  foyer  domestique,  l'ate- 
lier de  travail  et  leurs  dépendances.  Il  possédait,  en  outre,  une 
part  nettement  réglée,  dans  la  clientèle  des  acheteurs  urbains  ; 
et  il  pouvait,  entre  certaines  limites,  en  augmenter  l'importance 
par  ses  talents  et  ses  vertus.  Il  était  autorisé,  par  les  pouvoirs 
locaux,  à  employer  un  nombre  déterminé  de  compagnons  et 
d'apprentis;  mais  il  était  tenu,  sous  la  pression  des  mœurs,  de 
leur  assurer  des  moyens  permanents  de  subsistance. 

Toutes  ces  garanties  de  stabilité  et  de  bien-être  manquent 
de  nos  jours  aux  populations  manufacturières  de  l'Occident.  La 
plupart  des  familles  habitent  des  logemeuls  ou  exploitent  des 
ateliers  qui  sont  donnés  en  location  par  des  capitalistes.  Rien  ne 
tempère  la  concurrence  qui  règne  entre  les  maîtres.  La  coutame 


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ELEMENTS   DIVERS  DE  Li  CONSTITUTION  SOCIAtK.  139 

et  tes  mœars  ne  les  contraignent  plus  h  pourvoir,  en  toute  éTen- 
tualité,  au  bien-être  de  leurs  ouvriws.  Lors  donc  que  survieo- 
nent  les  chômages  engendrés  par  les  crises  commerciales  et  par 
les  calamités  publiques,  tous  les  ateliers  en  ressentent  le  contre- 
coup. Les  mattres  placés  dans  les  situations  les  moins  Tavorables 
sont  reaversés  par  le  choc;  les  plus  habiles  et  les  mieux  établis 
n'échappent  à  la  ruine  qu'en  congédiant  une  partie  de  leurs 
ouvriers  et  en  réduisant  le  salaire  de  ceux  qu'ils  conservent. 
Les  ouvriers  sont  généralement  dépourvus  d'épargne:  c'estdonc 
sur  eux  que  retombe  surtout  le  poids  des  souffrances  amenées 
par  l'instabilité  des  fabriques  urbaines. 

Même  dans  les  contrées  où  la  famille  conserve  ses  libertés 
ti-adilionneltes,  les  manufactures  urbaines  deviennent  de  plus  en 
plus  une  cause  d'ébranlement.  Comme  jo  l'ai  indiqué  aux  trois 
volumes  précédents,  le  mal  qui  a  pour  symptôme  l'antagonisme 
envahit  rapidement  l'Orient,  le  Nord  et  les  oasis  de  paix  sociale 
qui  subsistent  encore  dans  l'Occident.  L'avenir  de  l'Europe  est 
déjà  sérieusement  compromis.  Ceux  qui  président  à  ses  destinées 
ont  donc  le  devoir  de  s'unir  dans  une  commune  pensée  de 
réforme.  Us  doivent,  avant  tout,  s'entendre  sur  les  causes  du 
mai  actuel;  mais,  pour  ne  point  s'épuiser  en  efforts  superflus, 
ils  sont  d'abord  tenus  de  comprendre  la  distinction  nette  qui 
existe  entre  les  faits  qu'impose  la  nature  des  choses  et  ceux 
qu'amènent  l'erreur  ou  la  corruption  des  hommes.  Celte  distinc- 
tion est  établie  dans  cet  ouvrage  pour  une  multitude  de  cas  par- 
ticuliers. Je  la  résume  ici  en  quelques  mots. 

Depuis  les  origines  de  l'histoire  jusqu'au  moyen  âge  de  l'Oc- 
cident, le  travail  manufacturier  n'a  guère  eu  pour  siège  que  le 
foyer  domestique.  Tel  était  le  cas  surtout  pour  les  tissus  qui  ont 
toujours  été  au  premier  rang  parmi  les  produits  manufacturés. 
Les  femmes  juives,  au  temps  de  Salomou,  fondaient  en  partie 
sur  cette  fabrication  la  prospérité  de  leurs  ménages  *  ;  et  c'est 
dans  ces  môm^  conditions  que  les  jeunes  filles  de  la  plaine 
saxonne  fabriquent  encore  leurs  trousseaux  (III,  m,  i»).  Les 

1.  Voir,  par  eiemple,  les  Provtrbn  :  mi,  16  et  34. 


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140  Cl>-    tu.  —  COMPOSITBVIl'TTPOGkAFHB  DR   ■BtIXBI.l.eS. 

mélaax,  c*rat-à-dire  les  matières  les  plus  maDuracturées  que 
livreot  les  industries  extractives,  De  pouvaient,  comme  les  tissus, 
être  fabriqués  près  du  foyer  où  la  famille  se  chauffe  et  prépare 
ses  aliments.  Le  travail  était  exécuté  dans  des  ateliers  spé- 
ciaux disséminés  sur  les  gftes  qui  recèlent  la  matière  première 
exploitée,  et  dans  les  bois  qui  foumisseat  le  combustible  néces- 
saire aux  foyers  ardents  où  s'opère  la  fusion.  Mais  dans  les  ate- 
liers de  la  métallurgie,  comme  dans  ceux  des  foyers  domestiques, 
l'effort  nécessaire  à  la  production  était  appliqué  directement  par 
l'ouvrier  à  la  matière  première.  C'est  dans  ces  conditions  que 
l'on  fabrique  encore  l'étain  dans  le  détroit  de  Matacca,  le  fer  et 
l'acier  dans  l'Indoustan.  On  a  justement  classé  autrefois  les  épo- 
ques successives  de  l'histoire  par  l'apparition  de  certains  pro- 
duits du  travail  manufacturier  :  il  est  aujourd'hui  plus  opportun 
de  les  caractériser  parla  nature  des  forces  qui  ont  été  employées 
dans  les  principales  branches  de  la  produciioD.  A  ce  point  de 
vue,  les  époques  qui  ont  précédé  le  xv'  siècle  doivent,  dans  leur 
ensemble,  être  nommées  :  l'âge  des  ateliers  à  bras. 

L'époque  suivante  s'étend  du  XT*  siècle  au  milieu  du  xviii'. 
Son  début  est  marqué,  dans  la  métallurgie,  par  les  inventions 
qui  substituèrent,  aux  soufQets  mus  par  les  bras,  les  grandes 
machines  soufflantes  mises  en  action  par  la  force  de  l'eau  ou  des 
animaux.  Des  inventions  analogues  s'appliquèrent  peu  à  peu 
aux  industries  manufacturières.  Elles  consistent  généralement  en 
deux  engins  :  l'un  remplace  le  travail  de  la  main  ;  l'autre,  la 
force  de  l'homme.  Cette  époque  a  beaucoup  aggloméré  les  manu- 
factures et  les  usines  métallurgiques  dans  les  vallées  où  les  forces 
motrices  abondent  :  elle  peut  être  appelée  lâge  des  engins  méca- 
niques. 

Quant  à  l'époque  actuelle,  elle  a  surtout  remplacé,  dans  les 
usines  métallurgiques,  le  bois  par  le  charbon  de  (erre.  Ce  même 
combu^ible  produit  la  vapeur  qui  met  en  action  les  engins  mé- 
caniques, qui  transporte  par  terre  et  par  eau  les  matières  pre- 
mières et  les  produits,  qui  enfin  devient  l'agent  calorifique  uni- 
versel des  ateliers  de  travail  et  des  foyers  domestiques.  A  tous 
ces  titres,  notre  temps  sera  justement  réputé  :  ^âge  de  ta  houille. 


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^lAheSTS  bIVEU   DB    LA  CONSTITUTION  SOCIALB.  Ut 

Chacun  des  trois  âges  a  créé  de  nouveaux  moyens  de  travail; 
et  il  les  a  superpmés  à  ceux  des  âges  précédents,  saos  les  détruire. 
Touâ  ont  concouru  à  agglomérer  les  populations  manuracturières. 
Ce  mouvement  est  aujourd'hui  plus  rapide  que  jamais  ;  et  nous 
avons  TU,  en  quelques  années,  uattre  des  villes  populeuses  qui, 
aux  ftges  précédents,  aul^ient  exigé  les  eH'orts  de  plusieurs 
siècles.  Traversée  dans  toute  sa  longueur  par  on  bassin  houiller, 
la  Belgique  produit  autant  de  combustible  que  plusieurs  grands 
États  du  continent*  :  c'est  l'un  des  territoires  européens  où  les 
populations  sont  le  plus  agglomérées;  c'est  aussi  l'un  de  ceux 
qui  justifient  le  mieux  les  réflexions  présentées  dans  ce  para- 
graphe. 

Cependant,  l'agglomération  excessive  des  ouvriers  dans  les 
usines  h  la  houille  n'entratne  pas  nécessairement  la  soiiffirancâ 
et  la  discorde  qui  désolent  les  régions  manufacturières  de  l'Oc- 
cident. Le  bien-être  et  la  paix  s'y  conservent  chez  les  patrons 
qui  voient,  dans  leur  atelier,  une  famille;  qui,  en  conséquence, 
remplissent  envers  leurs  ouvriers  les  devoirs  prescrits  par  le 
IV*  commandement  du  Décalogue.  Ces  bons  exemples  abondent 
encore  au  milieu  de  l' entraînement  général  de  notre  époque. 
Comme  je  l'ai  indiqué  [H>écédemmeDt  (III,  vn,  lo),  le  fléau  de 
l'antagonisme  est  propagé  surtout  par  les  maîtres  qui  ont  été 
pervertis  par  les  théories  d'Adam  Smith  et  les  actes  de  Turgot; 
qui,  sous  prétexte  de  liberté  et  d'égalité,  laissent  sans  protection 
les  serviteurs  du  foyer  et  de  l'atelier.  C'est  dans  la  pratique  de 
ce  devoir  qu'existe  encore  en  beaucoup  de  lieux,  et  que  se  trou- 
vera de  plus  en  plus,  le  remède  aux  maladies  sociales  qui, 
après  avoir  désorganisé  les  villes,  commencent  à  ébranler  les 


En  résumé,  les  manufacturiers  de  l'Occident  oublient  les 
règles  de  la  prudence  et  violent  une  loi  de  l'ordre  matériel,  en 
accumulant  les  richesses  dans  des  villes  peuplées  de  pauvres  et 
en  agglomérant  les  hommes  sur  un  territoire  qui  ne  suffit  pas  à 
les  nourrir.  Sur  ces  deux  points,  ils  renouvellent  la  faute  que 

1.  En  1855,  la  Belgique  eitrsît  de  wn  sol  10  million»  de  uones  métriquw,  c'esl- 
fc-dira  dis  (oia  ploi  qne  rwnpin  lulrichieD,  et  uitant  que  la  Fr&nce  entiAra. 


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lil  GH.  III.  —  coupoaiTiuK-TTiocBAPBE  Dt:  brd^ri.li:e. 

commirent,  dans  l'aDiiquité,  les  priaces-marchtBds  de  Tjr'  ei 
les  classes  dirigeantes  des  autres  cités  fameuses.  Assurément,  la 
souffrance  actuelle  n'est  point  sans  remède  :  comme  les  anciens, 
nous  avons  près  de  nous  les  exemples  des  Aatorités  sociales; 
et,  pour  revenir  au  bleu,  nous  n'avons  qu'à  les  imiter.  Mais,  Si 
nous  fermons  les  yeux  à  la  lumière,  et  si  nous  persévérons  dans 
le  mal,  tes  Vities  dont  nous  sommes  si  fiers  auront  le  sort  deTyr^ 
de  Cartbage  et  de  Babyloue.  r.  l,-p. 


S  48. 

ASSOCIATIONS  DB   SSGODBS  HUTUBLS  ET  DE  PBéVOTANCE  FONniÊBS 
PAB    LES   OUTBIBBS   TYPOGBAPUES   DE    BBDXELLES. 

En  vue  de  garantir  leur  bien-être  physique  et  moral,  les 
ouvriers  typographes  de  Bruxelles  ont  créé  par  eux-mêmes 
diverses  associations  de  prévoyance. 

Parmi  celles-ci,  il  faut  citer  d'abord  la  Société  typographique 
de  Secours  mutuels  fondée  en  1820,  et  qui  a  été  le  noyau  de 
cette  pépinière  d'associations  mutuelles,  dont  aujourd'hui  la  Bel- 
gique est  6ère  à  juste  titre,  et  qui  a  contribué  pour  une  lai^ 
part  à  assurer  le  bien-être  et  l'indépendance  des  ouvriers. 

En  1S32,  une  fraction  dissidente  de  la  Société  typographique 
de  Secours  mutuels  s'érigea  en  association  distincte.  L'ouvrier 
décrit  dans  la  présente  monographie  se  fit  adniiettre  dans  cette 
dernière  en  l&hh,  et  n'a  cessé  d'y  participer  jusqu'à  ce  jour. 

Par  une  contribution  mensuelle  plus  élevée,  comme  par  une 
meilleure  répartition  des  secours,  cette  société,  composée  d'ail- 
leurs d'éléments  plus  jeunes  que  l'ancienne,  ne  tarda  pas  à 
dépasser  celle-ci  en  prospérité. 

Il  en  résulta  une  sorte  d'antagonisme,  que  vint  eacote  aug- 
menter une  circonstance  fâcheuse. 

Plusieura  années  désastreuses  et  un  acte  d'infidélité  mirent 

1.  Voir  beaucoup  de  iniu  dtDt  la  Biblei  noumment  i  Êtau,  ixiir,-  3,  S,  9. 


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iLitama  ditxm  sb  la  constitution  SOCIALB.  ti3 

l'ancieDDe  société  à  deux  doigts  de  sa  perle.  Dans  sa  détcesse, 
elle  s'adressa  à  la  jeune  association,  pour  se  confondre  avec 
eelle-ci  ;  mais,  en  pr^ence  des  intérêts  de  ses  membres,  cette  der- 
nière ne  crut  pas  devoir  accepter  ces  proposilioDs.  Pour  parer  à 
la  situation,  l'ancienne  société  dut  prendre  alors  diverses 
mesures  extraordinaires,  à  l'aide  desquelles  elle  parvint,  après 
plusieurs  années  d'efforts,  à  rentrer  dans  un  état  normal. 

Frappés  des  inconvénients  qui  résultaient  de  celte  division 
d'intérêts,  désireux  surtout  de  mettre  fin  à  l'antagonisme  dont 
nous  venons  de  parler,  l'ouvrier  et  plusieurs  de  ses  compagnons 
tentèrent  à  diverses  reprises  de  réunir  les  deux  associations 
rivales.  Après  de  nombreux  pourparlers,  ce  but  fut  atteint  en 
octobre  1856. 

Aujourd'huil'Âssociation  typographique  compte  300  membres. 
Le.  relevé  des  opérations  du  premier  semestre  de  1S57,  établi 
ci-après,  peut  donner  une  idée  de  son  importauce  et  du  bien-être 
qu'elle  répand  parmi  ses  membres.  Les  recettes  se  répartissent 
ainsi  qu'il  suit,  savoir  :  cotisations  mensuelles,  2,538'00;  — 
amendes  et  contraventions,  235^75;  —  rentrée  des  cotisations 
mensuelleset  amendes  arriérées,  52' 75;  —  contributions  pour 
décès,  256'25;  —  intérêts  de  bons  du  Trésor,  180^00;  — 
règlements  et  affiliations,  28'  50.— Total  des  recettes,  3,29i'â5. 
—  Les  dépenses  forment  un  total  de  3,672'  13,  savoir  :  indemni- 
tés pécuniaires  payées  aux  associés  malades  pendant  le  semestre, 
3,100'  00;  —  honoraires  du  médecin,  médicaments,  bains  et 
frais  de  décès,  d72'13.  —  Il  y  a  donc  eu  pour  le  1"  semestre 
un  déficit  de  380'  88  :  l'encaisse,  au  1"  janvier  1857,  était 
de  7,691'  30;  il  restait,  par  conséquent,  au  premier  jour  du 
deuxième  semestre,  un  encaisse  de  7,310'  ft2. 

Comme  l'expérience  l'a  prouvé  depuis  longtemps,  le  second 
semestre  de  l'année  est  généralement  moins  défavorable  que  le 
premier.  Tout  fait  espérer  qu'il  en  sera  encore  de  même  cette 
fois,  et  que  l'équilibre  des  recettes  et  des  dépenses,  rompu  un 
instant,  sera  maintenu. 

Les  statuts  de  la  Société  typographique  de  Secours  mutuels 
étant  pris  pour  modèle  dans  un  grand  nombre  de  société  de  ce 


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COHPOSITEVa-TTPOGBAPBR  DB  •■OXHL.LSS. 


georç  établies  eo  Belgique,  il  ne  sera  pas  ioulile  de  donner  ici 
quelques  détails  sur  son  organisation. 

La  société  est  composée  de  typographes  (compositeurs  ou 
imprimeurs)  ayant  au  moins  quatre  années  de  service;  elle  a 
pour  but  unique  d'accorder  à  ses  membres  des  indemnités  en 
cas  de  maladie.  Pour  être  recii  membre,  il  faut  jouir  d'une  mora- 
lité irréprochable,  habiter  Bruxelles  ou  ses  faubourgs,  dans  le 
rayon  des  bamères,  et  être  présenté  par  un  associé.  Nul  candidat 
ne  peut  être  admis  avant  l'fige  de  dix-huit  ans,  ni  au  delà  de 
quarante.  Le  nombre  des  sociétaires  est  illimité.  L'association 
est  indissoluble  et  ne  peut,  en  aucun  cas,  se  réunir  à  une  société 
qui  aurait  un  autre  but.  Elle  est  régie  par  une  commission  élue 
dans  son  sein.  Cette  commission  s'adjoint  un  médecin  et  elle 
traite  avec  un  pharmacien.  Elle  se  réunit  extraordinaiiremeDt 
dans  le  courant  des  mois  de  juin  et  de  décembre  de  chaque 
année,  à  l'effet  de  régler  les  comptes  semestriels  et  de  les 
approuver,  conjointement  avec  trois  membres  qui  sont  nommés 
par  l'association  à  la  séance  précédente.  Ces  comptes  sont 
soumis  aux  assemblées  générales  des  mois  suivants.  Indépen- 
damment de  la  cotisation  mensuelle  ordinaire,  dont  le  prix  est 
de  1  '  50,  et  de  la  contribution  extraordinaire  exigible  au  décès 
de  chaque  associé,  et  dont  le  taux  est  de  0'  25,  les  membres 
sdot  astreints  à  un  droit  d'affiliation  dont  la  quotité  a  varié 
selon  l'âge,  mais  qui  est  aujourd'hui  fixé  uniformément  h 
15'  00.  Toutefois,  en  vue  de  faciliter  les  admissions,  on  dis* 
pense  les  membres  de  payer  cette  affiliation  :  dans  ce  cas,  ils 
n'ont  droit  à  l'indemnité  pécuniaire  qu'un  an  après  leur  admis- 
sion. 

Tous  les  secours  de  médecine  et  de  pharmacie  sont  fournis 
aux  frais  de  l' Association.  L'associé  malade  reçoit,  en  outre, 
pendant  les  trois  premiers  mois  de  la  maladie,  2'  50  par  jour; 
puis,  pendant  les  trois  mois  suivants,  1^  50  ;  et  pendant  les  six 
derniers  mois,  1'  00.  Oo  tient  compte  des  jours  de  maladie  à 
dater  du  moment  où  le  certificat  du  médecin  a  été  délivré,  et  les 
paiements  se  font  tous  les  cinq  jours,  par  les  soins  des  visiteurs 
ou  commissaires  nommés  à  cet  eiïet.  Les  accidents  sont  assimilés 


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ÉLBUBNTB  D1V8B8  DR  Lk  CONSTITUTION  SOCIALE.  44S 

aux  maladies.  Le  sociétaire  malade  peut,  si  bon  lui  semble,  se 
Taire  traiter  par  un  médecin  autre  que  celui  de  l'Association, 
Cependant,  dans  <%s  cas,  les  honoraires  du  praticien  sont  à  la 
charge  du  membre,  qui  doit  en  outre  foire  viser  les  ordonnances 
prescrites,  par  l'un  des  commissaires,  pour  avoir  droit  gratuite-. 
ment  aux  médicaments.  Dans  ce  cas  aussi  le  président  a  le  droit 
de  faire  constater  l'état  du  malade,  toutes  les  fois  qu'il  le  juge 
nécessaire,  par  le  médecin  de  la  Société.  Toutefois,  si  la  maladie 
ne  rentre  pas  dans  la  spécialité  du  médecin,  celui-ci  désigne  un 
remplaçant.  En  cas  de  décès  d'un  membre,  l'Association  fournit 
le  cercueil  et  se  charge  des  frais  d'inhumation.  L'associé  décédé, 
en  ville  ou  dans  les  faubourgs,  est  conduit  à  sa  dernière  demeure 
dans  un  corbillard  suivi  par  une  députation  de  douze  socié- 
taires. Au  décès  d'un  associé,  et  lorsque  celui-ci  a  acquitté, 
depuis  trois  mois  au  moins,  son  droit  d'affiliation,  il  est  alloué 
une  somme  de  50'  00  h  la  veuve  ou  aux  enfants.  A  défaut  de 
femme  ou  d'enfants,  le  secours  sert  à  solder  les  dettes  du  défunt, 
el  à  rémunérer  les  personnes  qui  lui  ont  donné  des  soins.  Cette 
touchante  sollicitude,  qui  s'étend  même  au  delà  de  la  tombe, 
a  produit  jusqu'ici  d'excellents  effets  et  a  toujours  relevé  le 
moral  des  moribonds.  Cette  disposition,  comme  beaucoup 
d'autres,  est  due  à  l'initiative  de  l'ouvrier  décrit  dans  la  présente 
monographie. 

A  côté  de  la  Société  typc^;rapbique  de  Secours  mutuels,  et 
poursuivant  un  but  non  moins  louable,  s'est  élevée  l'Association 
libre  des  compositeurs-typographes  de  Bruxelles,  dont  le  cercle 
d'opérations  embrasse  le  mamlien  des  salaire  d'après  une  base 
équiteble  et  l'assistance  envers  ses  membres  privés  de  travail. 
Cette  Société,  dont  les  fondements  furent  jetés  dans  une  assem- 
blée générale  des  compositeurs-typographes  de  Bruxelles  et  de 
ses  faubourgs,  tenue  le  3  janvier  IS&â,  et  qui  fut  définiti- 
vement constituée  le  15  févri^  suivant,  a  pris  naissance  à  la 
suite  de  diverses  tentatives  de  diminution  àes  salaires  de  la  part 
de  quelques  patrons.  Ralliant  l'élite  des  ouvriers  compositeurs- 
typographes  de  Bnuelle-^j  s'appuyant  sur  les  lois  et  sur  la  consti- 
tution belge,  dont  les  dispositions  libérales  assuraient  k  son 


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146  Ca.   Itl.  —  COMPOSITE  D  t-TTPOGR  A  PB  B  DB  BBDXBLLES. 

action  l'efficacité  nécessaire,  écartant  de  666  réunions  toutes  les 
questions  qui  n'avaient  pas  diFectément  rapport  aux  intérêts 
professionnels,  elle  prit  bientôt  un  développement  notable  et 
exerça  sur  le  marché  du  travail  une  influence  également  salu- 
.  taire  pour  tes  ouvriers  et  les  patrons.  L'indemnité  qu'elle  accorde 
actuellement  aux  ouvriers  privés  de  travail  est  de  18  '  00  par 
quinzaine.  L'indemnité  accordée  par  jour  pour  abandon  égal  des 
travaux,  en  cas  d'atteinte  portée  au  taux  habituel  de  la  main- 
d'œuvre,  est  répartie  ainsi  qu'il  suit  :  pendant  les  deux  premiers 
mois  de  chômage  pour  cette  cause,  d'  00;  pendant  les  deux 
mois  suivants,  2'  60  ;  pendant  les  deux  derniers  mois,  1'  50.  On 
déduit  toutefois  de  cette  allocation  le  gain  que  peut  réaliser 
l'associé  indemnisé,  sauf  celui  qui  provient  du  travail  exécuté  la 
nuit,  le  dimanche  ou  les  jours  fériés.  Ce  dernier  reste  toujours 
acquis  à  l'ouvrier.  Toutefois,  la  Société  ne  tarda  pas  à  se  con- 
vaincre que  son  action  ne  serait  complète  que  du  jour  où  elle 
pourrait  venir  pécuniairement  en  aide  à  ses  membres  privés 
de  travail  pour  des  causes  autres  que  des  abaissements  de 
salaires.  Une  caisse  de  secours  fut  instituée  dans  ce  but,  au  mois 
d'août  18i!i6.  Après  quinze  mois,  elle  fut  transformée  en  une 
Caisse  de  prévoyance  qui,  en  assurant  un  secours  plus  élevé, 
délimitait  strictement  les  droits  et  les  devoirs  de  ses  membres. 
Cette  caisse  est  alimentée  au  moyen  d'un  prélèvement  de 60  p.  1 00 
»ir  la  recette  mensuelle  générale  de  la  Société.  La  moyenne 
annuelle  des  recettes  est  de  1,302'  00;  le  montant  des  indem- 
nités payées  est  de  1,129*  00  et  le  nombre  d'associés  (sans 
travail)  indemnisés  œt  de  45.  L'Association  libre,  qui  exige  de 
ses  membres  une  conduite  h  l'abri  de  tout  reproche  et  des  capa- 
cités reconnues,  compte  300  sociétaires.  Mais  il  est  à  remarquer 
que  les  compositeurs  seuls  peuvent  en  faire  partie.  Les  impn- 
meurs  typographes,  de  leur  côté,  ont  créé  à  Bruxelles  une 
institution  analogue,  qui  comprend  environ  150  adhérents. 

Indépendamment  des  Sociétés  qui  viennent  d'être  décrites,  il 
existe  encore  à  Bruxelles  une  Association  coopérative  d'ouvriers 
compositeurs  et  pressiers,  composée  d'une  cinquantaine  de 
membres.  Cette  association,  à  laquelle  Jean-François  D***  ne 


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JLâMBKTS   DITEBS  DB  LA  COMSTmmON  SOCULB.  U7 

participe  point»  est  en  voie  de  progrès.  Elle  a  pour  but  essentiel 
de  garantir  des  ressources  à  ses  membres,  en  cas  de  vieillesse 
ou  d'ioËrmités. 

Par  ce  qui  précède,  on  voit  que  les  ouvriers  de  ce  corps 
d'état  ont  mis  largement  à  profit  le  principe  d'association,  basé 
sur  l'assistance  mutuelle.  Aussi  un  fait  digne  de  remarque,  c'est 
que  pas  un  des  afOIiés  aux  sociétés  de  ce  genre  ne  participe  aux 
secours  publics,  circonstance  qui  cootribue  puissamment  au 
maintienne  leur  dignité  et  de  leur  indépendance.  Les  promo- 
teurs de  ces  institutions  se  flattent  d'avoir  prouvé  que  les 
ouvriers,  lorsqu'ils  le  veulent  fermement,  savent  toujours  se 
suffire  à  eux-mêmes. 

S  i9. 

iUGHBNTàTlON  APFOBT^B,   BK   1851,   AU  SALAIHB  DES  OUVKIBBS 
COHPOSrTBCBS-TTPOGnAPBBS. 

La  cherté  des  denrées  alimentaires  et  des  objets  les  plus 
indispensables  à  l'existence  avait  fait  naître  dans  ces  derniers 
temps  une  situation  qui  pesait  durement  sur  les  classes  ouvrières. 
Elle  avait  créé  pour  celles-ci  un  état  de  gène  qui  provoqua  par- 
tout la  sollicitude  des  gouvernements  et  des  patrons.  En  Belgique 
notamment,  dans  un  grand  nombre  de  professions,  les  chefê 
d'industrie  augmentèrent  spontanément  le  salaire  de  leurs 
ouvriers  (so),  pour  le  mettre  plus  en  rapport  avec  un  état  de 
choses  qui  paraissait  devoir  être  permanent.  Le  gouvernement 
lui-même  et  les  chambra  lé^latives  s'associèrent  à  cette  œuvre 
de  haute  justice  sociale,  en  augmentant  les  traitements  des  petits 
employés  de  l'État.  Presque  seule  jusqu'au  mois  de  février  1857, 
la  typ<^![raphie  bruxdloise  était  restée  en  dehors  de  ce  mouve- 
ment général.  Profondément  affecté  de  cette  situation,  Jean- 
François  D***,  avec  l'aide  de  plusieurs  de  ses  compagnons, 
provoqua,  à  cette  époque,  une  réunion  composée  des  r^r^n- 
tants  des  principaux  ateliers  typographiques  de  Bruxelles  ;  et,  au 
bout  de  trois  séances,  vingt-quatre  patrons  avaient  donné  leur 


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lUl  CE.  III.   —   OOHPOSrtEUIt-nPOOBjLPHE   DB   BRUXELLES. 

coDBeutemeiit  au  principe  de  l'élévatioD  du  taux  des  salaires 
qui,  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  n'avait  guère  varié.  Celle 
augmentation  fut,  de  commun  accord,  portée  à  0'  50  par  jour- 
née de  travail,  ou  l'équivalent  pour  le  travail  aux  pièces,  c'est- 
Mire  à  environ  17  p.  100,  avec  quelques  restrictions  pour  les 
ta^vanx  en  cours  d'exéculion  ou  à  l'égard  desquels  des  contrats 
avaient  été  passés. 

Ce  résultat  remarquable  fut  obtenu  sans  cris,  sans  éclaL  Les 
ouvriers  se  bornèrent  à  exposer  leur  situation  à  leurs  patrons.  I* 
plus  grand  nombre  de  ceux-ci,  guidés  d'ailleurs  par  des  senti- 
ments d'humanité  et  de  convenance  sociale  qui  leur  font  le  plus 
grand  honneur,  s'empressèrent  d'accéder  au  désir  de  leurs 
ouvriers.  Ils  n'ont  pas  eu  à  regretter  cette  condescendance.  Il  a 
été  prouvé  ainsi  une  fois  de  plus  que  les  bons  salaires  font  les 
bons  ouvriers. 

S  20. 

BANQUBT3  00   RÉUNIONS  ANNUELLES  nB8  OUTRIEDS 
TYPOGRAPHES. 

Frappa  des  inconvénients  que  pouvait  offrir  l'erreur  ou 
l'isolement  des  ouvriers  composit^tirs-typographes  qui  se  mon- 
traient indifférents  à  la  marche  des  associations  de  prévoyance 
et  de  maintien  des  salaires  (i  s) ,  récemment  instituées,  quelques- 
uns  de  leurs  membres  les  plus  actirs  tenlèrent  un  nouvel  effort  en 
vue  de  rapprocher  les  ouvriers  de  cette  catégorie.  Ils  projetèrent 
une  fêle  annuelle  k  laquelle  devaient  être  conviés  patrons  et 
ouvriers.  Un  plein  succès  répondit  aux  démarches  d'une  com- 
mission qui  avait  officieusement  été  instituée  dans  ce  but  ;  plusieurs 
maîtres  imprimeurs  et  plus  de  200  ouvriers  répondirent  à  son 
invitation .  l.a  plupart  des  journaux  de  Bruxelles  rendirent  compte 
de  cette  fête  de  famille,  qui  laissa  parmi  ces  ouvriers  les  plus 
agréables  souvenirs.  Afin  de  laisser  aux  typographes  de  ces  jour- 
naux la  fadilté  d'y  assister,  on  choisit  le  jour  de  Noël.  Huit  jours 
plus  tard,  le  dernier  jour  de  l'année,  uq  bal  réunit  les  femmes 


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BLEMBKTS  DIVBBS  DE   LA  CONSTITUTION  EOCIALB.  U9 

et  les  filles  des  ouvriers.  Pendant  plusieurs  aasées  coosécutives, 
les  fêtes  typographiques  flireut  accueillies  avec  une  Taveur  de  plus 
eu  plus  marquée.  Les  ouvriers  venaient  s'y  entretenir  de  leurs 
espérances,  des  devoirs  de  leur  état;  quelques-uns  y  signalaient 
les  progrès  accomplis  sous  le  stimulant  des  associations  mutuelles; 
d'autres  y  indiquaient  des  améliorations  tendant  à  augmenter  le 
bien-être  général  ;  eaSn  chacun  venait  y  retremper  ses  forces  et 
ranimer  le  courage  de  ses  camarades.  Plusieurs  notabilités  scien- 
tifiques et  littéraires  ne  dédaignèrent  point  d'assister  k  ces  fêles. 
Les  typographes  de  Paris  et  des  principales  villes  de  la  Belgique, 
Gand,  Liège,  Mous,  Namur,  Louvain,  Anvers  et  Verviers,  y 
envoyèrent  des  délégués  officiels  chargés  d'y  exprimer  les  senti- 
ments affectueux  de  leurs  confrères  pour  la  typographie  bruxel- 
loise, qui  se  créait  ainsi  de  précieuses  relations.  Les  associations 
ouvrières  des  autres  professions  de  Bruxelles  tinrent  également  à 
honneur  de  se  faire  représenter  h  ces  t)anquets,  qui  ranimaient 
entre  tous  ces  ouvriers  le  sentiment  de  la  solidarité.  A  l'exemple 
de  leurs  confrères  de  la  capitale  de  la  Belgique,  les  typographes 
des  provinces  instituèrent  des  fêtes  analogues  dans  leurs  villes 
respectives.  L'ouvrier  qui  fait  l'objet  de  la  présente  monogra- 
phie eut  l'honneur  d'être  délégué  par  ses  compagnons  pour  la 
première  réunion  de  ce  genre  qui  se  tint  en  province,  celle  de 
Namur;  et  il  se  rappelle  avec  bonheur  la  réception  distinguée  et 
sympathique  qu'on  lui  fit  dans  cette  circonstance. . 

Cependant,  les  événements  de  18â8,  dont  le  souffle  poli- 
tique anima  plus  ou  moins  les  réunions  de  tous  les  genres,  impri- 
mèrent à  ces  fêtes  une  autre  direction  qui,  pour  quelque  temps, 
amena  leur  transformation.  En  abandonnant  le  caractère  de  fêtes 
de  famille  qai  les  avait  distinguées  jusque-là,  et  qui  en  assurait 
le  succès,  ces  réunions  perdirent  un  nombre  notable  de  leurs 
adhérents  habituels.  Elles  ont  néanmoins  recouvré  aujourd'hui 
leur  premier  caractère;  et  elles  sont  célébrées,  tantôt  au  nom 
d'une  association  typographique,  tantôt  au  nom  d'une  autre;  et 
les  questions  qui  s'y  traitent  se  rapportent  uniquement  à  leurs 
intérêts  physiques  et  moraux,  en  dehors  de  tout  esprit  de  poli- 
tique militante. 


:,yG00gle 


CHAPITRE  IV 

MOETJE  DES  FILONS  AEGENTIFÈRES 

DE    PONTGIBAUD    (AUVERGNE) 

0UVII1Ell-PllOr«liT*IBE      IT    TACBIBOK 

du*  1»  ifilim*  d«a  uiga(!*ni*Dt(  mameDluli, 

d'aPHÈI    LKS   BENSEieNBMeNTS    RBCCEILLIS   BUB    LB8    LIBDX- 
BH    <850, 

SELON    LES    INDICATIONS    Dl    H.    F.    LE    PLAY, 

Pab   h.   E.  LANDSBERG. 


OBSERVATIONS   PRÉLIUINAIRES 

D^nNlSSAST  LA  CONDITION  DES  DIVBBS  HBHBBES  DE  LA  PAHILLB. 

DéOalUvii    du  lieu,    d«    l'*rs«nlMitlMi   Industrielle 


ETAT  DU  SOL,   DB  L  INDUSTRIE  ET  DE    LA  POPULATION. 

L'ouvrier  demeure  dans  la  comnauDe  de  Barbecot,  canton  et 
arrondissement  de  Ponigibaud  (Puy-de-Dôme),  à  proximité  de 
riches  mines  d'argent  et  de  plomb.  Ces  mines,  dont  les  premiers 
travaux  datent  au  moins  de  la  domination  romaine,  te  compo- 
sent de  nombreux  Blons  encaissés  dans  les  roches  primitives  de 
granité  et  de  gneiss  qui  forment  le  massif  des  montagnes  cen- 
trales de  la  France.  Au-dessus  de  cette  formation,  s'élève  la 
chaîne  trachytique  et  volcanique  des  Puys,  composée  de  masses 
et  surtout  de  cônes  tracbytiques  recouverts,  çà  et  là,  de  nappes 


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OBSERVATIONS   PHBLUtlNAlBBB. 


basaltiques  et  de  laves  modernes.  Le  terrain  primilif,  en  présence 
de  la  chatoe  des  Pays  qni  le  domine,  apparaît  à  l'obserrateur 
comme  une  vaste  plaine  ondulée;  et  cette  plaine  est  propre  k  la 
culture  dii  seigle  et  du  sarrasin.  Le  terrain  tracbytique,  quoique 
plus  fertile,  produit  peu  de  céréales,  à  raison  de  Eon  élévation 
et  de  ses  pentes  abruptes;  mais  il  se  recouvre,  jusqu'aux  som- 
mets \e8  plus  élevés,  de  riches  pâturages.  Le  basalte  seul  est 
frappé  d'aridité.  En  résumé,  le  pays  se  suffit  à  lui-même  pour 
les  céréales  de  qualité  commune  ;  il  exporte  des  bestiaux  et  reçoit, 
des  fertiles  plaines  de  la  Limagne  et  des  coteaux  voisins,  le  vin, 
les  l^raeset  les  fruits.  L'exploitation  des  min^,  seule  branche 
d'industrie  naturalisée  dans  ce  district,  livre  au  commerce  des 
produits  considérables. 

La  population  de  la  commune  de  Barbecot  se  compose  à  la  fois 
de  propriétaires-cultivateurs  et  de  mineurs.  Les  premiers  possè- 
dent, en  général,  une  maison  avec  ses  dépendances,  des  champs 
à  céréales  [Ht)duisaDt  au  delà  des  besoins  de  la  famille,  et  la 
quantité  de  prairies  nécessaire  pour  nourrir  une  trentaine  de 
brebis.  Les  ouvriers,  tout  en  s'adonnant  au  travail  des  mines, 
continuent  cependant  à  être  liés  d'une  manière  intime,  soit  par 
eux-mêmes,  soit  par  leur  famille,  aux  travaux  de  l'agriculture. 
Cette  classe  s'est  formée  d'ailleurs  depuis  peu  de  temps  (ie). 
Avant  que  les  mioes  ne  fussent  remises  en  activité,  les  ouvriers 
qui  n'étaient  point  pourvus  d'une  quantité  de  terre  suffisante 
émigraient  régulièrement  à  Paris,  à  Lyon  et  dans  les  autres 
grandes  villes  de  France,  pour  y  chercher  des  moyens  de  travail . 
Conformément  aux  habitudes  caractéristiques  des  montagnards 
émigraots,  lis  revenaient  périodiquement  au  pays  avec  leurs  épar- 
gnes pour  arrondir  leur  petite  propriété.  L'industrie  des  mines, 
rétablie  -à  Pontgibaud  depuis  une  vingtaine  d'années,  fournit 
maintenant  aux  ouvriers  de  celte  condition  un  travail  plus  avan- 
tageux que  les  industries  urbaines.  Cffî  dernier»  continuenl  à 
être  exploitées  par  les  montagnards  des  autres  régions  de  l'Au- 
vergne dépourvues  d'une  industrie  locale. 

Les  ouvriers  mineurs,  parmi  lesquels  se  classe  l'ouvrier 
décrit  dans  la  présente  monographie,  soat  attachés  aux  mines 


:,yGoogle 


4SS  CB.  IT.  —  HMIDII  DB  PONTGIBAUD. 

daDS  le  système  des  eDgâgiements  momentanés  ;  plusieurs  consa- 
crent toute  leur  vie  au\  travaux  de  mine;  mais  la  plupart  ne  les 
considèrent  que  comme  un  moyen  de  faire  une  épargne  pour 
acquérir  ou  compléter^une  propriété  leiTiioriale  dont  l'exploita- 
tion sera  un  jour  pour  eux  une  occupation  exclusive.  Sous  ce 
rapport,  le  mineur  de  l'Auvergne  a  les  mêmes  tendances  que 
l'ouvrier  attaché  aux  mines  et  aux  manufactures  de  Norvège 

(111,11,   13). 

Les  obstacles  qui  s'opposent  généralementeDFrancekl'essor 
de  l'industrie  minérale  (is)  ont  été  écartés  dans  cette  localité 
par  rintelligence  et  l'habileté  d'une  compagnie  financière  qui 
exerce  honorablement  les  devoirs  du  patronage. 

S2- 
ÉTkT  CIVIL  DB  LA  FAMILLE. 

La  famille  comprend  les  deux  époux  et  k  enfants,  savoir  : 

1 .  Jàcqdks  H",  chef  de  ramille,  marié  depnU  11  uu,  nd  à  Bubecot,  33  ans. 

3.  Hauib  S",  sa  femme,  née  ï  Pontgiband , 30   

3.  Maurice  H",  leur  flli  alaé,  né  i  Barbecot 10   

4.  Jean  H",  leur  S«  flls,  né  k  Barbecot. g    _ 

5.  Henry  M'",  leur  3*  flU,  né  à  Btrbecot 5    — 

e.  Harguerite  U",  leur  fille,  née  &  Barbecot 3  — 

RELIGION  ET  HABITUDES  MORALES. 

Les  deux  époux  professent  la  religion  catholique  romaine,  et 
se  livrent  régulièrement,  sans  esprit  de  superstition,  aui  pra- 
tiques religieuses.  L'ouvrier  est  d'un  caractère  doux  j  cependant 
la  déférence  et  la  soumission  qu'il  accorde  à  ses  supérieurs  ne 
sont  pas  toujours  exemptes  d'une  nuance  de  dissimulation.  Les 
mœurs  sont  bonnes,  tant  avant  qu'après  le  mariage.  La  tendance 
aux  rixes  sanglantes,  si  rare  chez  les  Français  du  Nord,  com- 
mence déjà  h  se  manifester.  La  population  tout  entière  montre 


iiGoogle 


OBStRTATlONS   PK^LIMIKAIBGS.  153 

pour  l'épargne  une  inclinatiOD  prononcée.  Malheureusement 
cette  Tertu  développe  souvent  la  tendance  à  négliger  l'éduca- 
tion des  enfants  et  les  soins  dus  aux  malades  et  aux  infirmes. 
Cette  disposition  efface,  en  ce  qui  concerne  le  vêtement,  certains 
sentiments  de  convenance  et  de  dignité  personnelle.  Elle  conduit, 
par  exemple,  les  jeunes  Slles  à  vendre,  au  prix  de  3  francs,  leur 
chevelure  hjies  marchands.  L'agriculteur  se  livre  ii  ses  travaux 
avec  peu  d'énergie,  souveut  avec  indolence.  Cet  état  d'inertie 
peut  sans  doute  être  attribué  en  partie  à  l'insufTisance  de  la 
nourriture  où  la  viande  et  les  boissons  fermenlées  manquent 
presque  entièrement;  mais  la  cause  dominante  se  trouve  incon- 
testablement dans  l'absence  de  culture  intellectuelle  et  dans  les 
habitudes  de  repos  contractées  dès  l'enfance,  par  suite  des  néces- 
sités de  la  vie  pastorale  et  pendant  de  longues  journées  d'hiver 
passées  dans  l'inaction  à  la  douce  chaleur  de  l'élabte  (lo).  Les 
travaux  de  labour  eux-mêmes,  lentement  eKécuti^s  avec  le  con- 
cours des  bœufs  ou  des  vaches,  doivent  à  peine  être  considérés 
comme  an  stimulant  pour  l'activité  humaine.  L'ouvrier  mineur 
se  montre  plus  intelligent  et  plus  actif  que  le  simple  agriculteur  ; 
mais,  sous  ce  rapport,  les  femmes,  chez  les  deux  catégories 
d'ouvriers,  ont  sur  les  hommes  une  supériorité  décidée.  Bien 
que  soumises  au  même  régime  alimentaire,  elles  se  distinguent 
par  leur  activité  et  par  leur  énergique  application  au  travail.  Les 
femmes  et  les  jeunes  filles,  exercées  aux  travaux  de  ménage, 
savent  pour  la  plupart  lire  et  écrire,  tandis  que  ces  connaissances 
sont  moins  développées  chez  les  hommes  du  même  âge  (s).  La 
commune  de  Barbecotest  une  des  localités  nombreuses  en  France 
où  les  femmes  de  la  classe  ouvrière  l'emportent  sur  les  hommes, 
sous  le  rapport  moral  et  intellectuel,  tandis  qu'il  est  rare  d'en 
trouver  où  elles  ne  s'élèvent  pas  au  moins  à  leur  niveau.  En 
résumé,  les  avantages  que  la  culture  intellectuelle  exerce  sur  le 
bien-être  des  populations  ouvrières,  se  montre  ici  avec  évidence. 
Assurément  l'utilité  de  l'enseignement  scolaire  est  contestable 
quand  elle  n'est  pas  liée  intimement  à  une  culture  correspon- 
dante des  seutiments  moraux  ;  mais  les  deux  cultures  ont  été 
simultanément  développées  chei  la  famille  décrite. 


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IM  CB.  IV.  —  mNEDK  DB  PONTGISÂDD. 

S»- 

DTGlèNB  BT  8EBTICE  DB   SANTÉ. 

Le  climat  est  salubre,  biec  que  rigoureux  eo  hiver.  Les  tra- 
vaux de  l'agriculture  et  des  mines  n'oot  rien  de  contraire  à  la 
santé;  aussi  beaucoup  d'ouvriers  atteignent-ils  un  âge  avancé. 
Les  ouvriers  doivent  à  un  mauvais  régime  alimentaire  une  con- 
Blitulion  peu  robuste,  etleur  taille  reste  au-dessous  de  la  moyenne 
constatée  pour  la  plupart  des  autres  régions  de  la  France,  Les 
principales  maladies  se  développent  sous  rinfluence  des  rcrroi- 
dissements  brusques  dus  aux  vents  de  l'automne.  Le  manque 
de  soins  médicaux  leur  donne  souvent  une  issue  funeste.  Sous 
ce  rapport,  l'industrie  des  mines  a  singulièrement  amélioré  la 
condition  des  ouvriers.  Tous  les  ouvriers  mineurs,  en  eiïet,  et 
ceux  qui  sont  attachés  aux  travaux  des  bocards  et  desfonderies, 
reçoivent  les  secours  de  la  médecine,  de  la  chirurgie  et  de  la 
pharmacie,  aux  frais  d'une  caisse  instituée  à  cet  effet  (7). 

S  5. 

RANG  DE  LA  FAMILLE. 

Les  ouvriers  mineurs  de  cette  condition  appartiennent  tous 
à  la  catégorie  des  tâcherons.  Ils  s'associent  ordinairement  au 
□ombre  de  six,  en  deux  brigades,  qui  exécutent  alternativement 
les  postes  de  jour  et  de  nuit.  On  a  remarqué  que,  lorsque  le 
nombre  des  associés  était  plus  considérable,  ceux-ci  ne  trouvaient 
plus  de  stimulant  dans  le  travail  à  la  tâche,  en  sorte  que  ce 
mode  de  rétribution  n'offre  plus  d'avantages,  ni  aux  ouvriers,  ni 
aux  chefs  d'industrie.  On  a  également  constaté  ailleurs,  dans 
plusieurs  cas  analogues,  que  l'intérêt  collectif  s'affaiblit  lorsqu'il 
s'étend  au  delà  d'un  petit  nombre  d'associés.  Ils  débattent,  d'ail- 
leurs, avec  les  propriétaires  de  l'établissement,  dans  les  condi- 
tions d'une  complète  indépendance,  le  tarif  du  prix  fait.  Par 
compensation,  ces  derniers  ne  sont  point  formellement  soumis 
aux  charges  du  patronage. 


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OBSEBVjkTIDRB  PBËLlHIKAiaBB. 


s  6. 

PKOPUÉT^S. 

(MoUlier  et  Tttenuntt  noa  comprii.) 

Ihhsdblbs 1,250'00 

1°  HabitatiM.  —  Htdson,  lOOO'DO. 

!*  /mmvutbf  rurnua:.  —  Jkrdin  de  1  we  attenaDt  à  ]«  maison,  !S0'  00. 

AaGE>T ...   O'OO 

Les  épargnes  faîtes  araot  l'eatrée  en  ménage  et  pendant  les 
premières  années  du  mariage  ont  été  converties  en  propriétés 
immobilières.  Chargés  aujourd'hui  de  k  enfants  en  bas  âge,  les 
deux  époux  parrienDeot  seulement  à  force  de  sobriété  à  ne  point 
entamer  leur  capital.  Plus  tard,  lorsque  le  travail  des  enfants 
augmentera  ses  ressources,  la  famille  pourra  amasser  de  nouTeau 
des  sommes  d'argent  qui  seront  consacrées,  de  temps  en  temps, 
à  l'acquisition  de  nouvelles  propriétés. 

Anihaux  domestiqdbs  entretenus  toute  l'année. . .       12'  00 

1!  poDlei  avec  élèrw,  12'  00. 

La  famille  fera  plus  tard  l'acquisition  d'une  vache  dès  qu'elle 
sera  en  possession  d'une  prairie  (is).  Lorsque  ce  résultat  sera 
obtenu,  une  économie  notable  pourra  être  faite  sur  les  frais  de 
nourriture;  et  l'épargne  augmentera  rapidement. 

Matériel  spécial  des  travaux  et  industries 5'  00 

1'  pour  Im  trdmux  di  mint.  —  1  Ismpfl,  2' 00. 
S*  Pour  la  culturs  du  Jardin.  —  I  btehe,  3' 00. 

Dboit  Éventuel  aux  allocations  d'une  société  d'assurances 
mutuelles  garantissant  à  l'ouvrier  malade  les  secoursde  la  méde- 
cine et  de  la  chirurgie O'OO 

ViLBDii  TOTALE  des  propriétés i  ,367'  00 


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-  mHKDH  DB  P0NTCIDÀ7D. 


§7. 

SUBVENTIONS. 

Il  n'existe  clans  la  commune,  ni  biens  communaux,  ni  grandes 
propriétés  particulières  :  les  ouvriers  ne  peuvent  donc  jouir 
d'aucune  subvenlioB  permanente.  Cependant  les  ramilles  tes 
plus  pauvres  sont  autorisées  par  l'usage  h  faire  paître  les  cochons 
et  les  oies  sur  les  voies  publiques  et  sur  la  lisière  des  propriétés. 
Dans  les  années  d'abondance,  elles  reçoivent,  à  titre  gratuit,  de 
leurs  voisins  plus  aisés,  quelques  allocations  de  fruits. 

La  population  ouvrière  est  depuis  longtemps  abandonnée, 
dans  ce  district,  aux  inspirations  de  son  libre  arbitre;  c^ndant, 
les  propriétaires  des  mines  et  usines  de  Pontgibaud  commencent 
à  exercer  sur  elle  un  patronage  éclairé  et  bienveillant.  Ainsi,  ils 
ont  pris  des  mesures  efficaces  pour  prévenir  la  démoralisation 
des  jeunes  filles  (le)  attachées  aux  ateliers  de  préparation  mé> 
canique,  oii  l'on  enrichit  pour  la  fusion  les  minerais  bruts  extraits 
des  mines.  Ils  ont  établi  des  dortoirs  oii  les  ouvrières  doivent 
être  rentrées  à  une  heure  déterminée,  et  dont  chaque  division 
est  placée  sous  la  surveillance  d'une  matrone.  Les  ouvrières  sont 
également  admises  à  faire  trois  repas  dans  un  établissement 
spécial  alimenté  par  ime  modique  retenue  opérée  sur  les  salaires. 
D'autres  établissements  du  même  genre  ont  été  institués  en 
faveur  des  ouvriers  trop  éloignés  de  leur  demeure  pourretourner 
chaque  jour  au  sein  de  leur  famille.  La  dépense  entraînée  par 
ces  établissements  excède  le  montant  des  retenues  opérées  sur 
les  salaires  ;  mais  l'expérience  prouve  qu'ils  ne  contribuent  pas 
moins  à  la  prospérité  de  l'entreprise  qu'au  bien-6tredes  ouvriers. 
Aux  époques  de  disette,  les  propriétaires  de  l'établissement  déli- 
vrent aux  ouvriers  du  blé  à  un  taux  inférieur  au  prix  d'achat. 
Ils  patronent  une  société  d'a^urances  mutuelles  qui  garantit  aux 
ouvriers  malades  les  secours  de  la  médecine  et  de  ta  chirurgie; 
et  ils  suppléent,  au  besoin,  à  l'insuffisance  de  la  caisse  de  cette 
Société.   Sentant  la  nécessité  d'élever  le  niveau  moral  et  intel- 


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OISE  Rv  ATI  ona 


iectuet  de  la  population  (i),  ils  s'occupent  en  ce  moment  à 
fonder  des  écoles  pour  donner,  à  titre  gratuit,  l'instruction  aux 
adultes  admis  dans  les  ateliers,  ainsi  qu'à  leurs  enfonls. 


s  8- 

TOATADX  ET  INDUSTRIES. 

Tbatacx  db  l'oovribb.  —  L'ouvrier  a  pour  trav^I  prin- 
dpal  l'abatage  de  la  roche  dans  les  filons  métallifères;  il  y  tra- 
vaille chaque  mois  25  journées,  en  rournissant  alternativeijaent, 
de  semaine  en  semaine,  6  postes  de  jour  et  6  postes  de  nuit. 
Il  Tait,  en  outre,  quelques  postes  supplémentaires  lorsque  le 
minerai  manque  pour  la  fonderie  ou  lorsque  la  famille  doit  sub- 
venir à  quelque  dépense  extraordinaire. 

Les  travaux  secondaires  de  l'ouvrier,  exécutés  dans  les 
semaines  où  il  prend,  le  poste  de  nuit,  ont  pour  objet  la  culture 
du  jardin  et  l'entretien  de  la  maison  et  du  mobilier. 

Travàdx  ns  LA  PEUUB. —  Le  travail  principal  de  la  femme 
a  pour  objet  les  travaux  de  ménage  qui,  outre  les  occupations 
classées  ordinairement  sous  ce  nom,  comprennent  ici  la  cuisson 
du  pain. 

Les  travaux  secondaires  de  la  femme  sont  :  la  culture  du 
jardin,  les  soins  donnés  aux  volailles  et  la  vente  des  ceufs.  Une 
série  de  travaux  concemaot  fa  confection  des  vêtements  du 
ménage  et  quelques  travaux  de  tricotage  exécutés  à  prix  d'argent. 
Les  occupations  de  la  femme  acquerront  un  nouveau  degré 
d'importance  lorsque  la  famille  aura  fait  l'acquisition  d'un  champ 
à  céréales  et  d'une  prairie  pour  entretenir  une  vache  laitière.  En 
attendant  cette  phase  nouvelle,  la  femme  contribue  principale- 
ment au  bien-être  de  la  famille  en  se  livrant  à  la  confection  des 
étofles  et  des  vêtements  :  elle  teint,  lave  et  die  la  laine;  elle  Glo 
le  chanvre,  lessive,  blanchit  et  dévide  le  61  obtenu.  Avec  la  toile 
qu'elle  fait  tisser  au  dehors  au  moyen  de  ce  fil,  elle  confectionne 
les  chemises  et  les  draps  de  lit  de  la  famille.  Enfin  elleconfec- 


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-  MIKEVa  SE   PONTOIBACD. 


tionne  ses  Tétements,  ceux  des  enrants  et  même,  eo  partie,  ceux 
du  mari. 

Travaux  du  fils  aik^,  âgé  de  dix  ans.  —  Le  travail  priD- 
cipat  du  Gis  aîné  est  la  garde  des  oies  coofiées  par  plusieurs 
cultivateurs  du  voisinage.  Il  reçoit  comme  rétribution  une  quan- 
tité de  pain  supérieure  à  sa  propre  consommation.  Les  facilités 
que  donne  le  pâturage  pour  assurer  un  travail  lucratif  aux  plus 
jeunes  enfants  sont  un  obstacle  direct  h  la  propagation  de  l'io- 
structîon  primaire  (a).  Le  61s  aine,  aidé  de  son  plus  jeune  frère, 
récotte  en  outre  du  fumier  sur  les  voies  publiques. 

Ihddstbies  entreprises  far  la  famille.  —  Les  industries 
qui  donnent  ud  bénéGce  h  la  famille  sont  :  les  spéculations  faites 
sur  les  travaux  de  mine  par  la  substitution  du  travail  à  la  t&die 
au  travail  à  la  journée,  la  culture  du  jardio  et  Texploitation  des 
volailles. 


nmé9  d'aststcMce  4e  1»  fimlUe. 


ALIUBITTS  ET  BEPAS. 

La  soupe  est,  k  Barbecot,  comme  dans  la  majeure  partie  de 
la  France,  le  principal  aliment  des  familles.  Elle  se  compose 
essentiellement  de  pain  et  de  beaucoup  d'eau  ;  ou  t'assaisonne 
avec  un  peu  de  beurre  et  de  sel;  on  y  ajoute,  selon  la  saison, 
divers  l^umes,  particulièrement  des  oignons,  des  pommes  de 
teire  et  des  choux.  Le  pain  est  composé  de  farine  de  seigle, 
dont  le  son  n'est  pas  complètement  séparé.  Il  est  toujours  con- 
fectionné par  la  femme.  Dans  la  famille  prise  pour  exemple,  la 
femme  se  sert  du  four  d'une  maison  voisine,  sans  payer  de  loyer, 
et  à  la  charge  seulement  de  fournir  le  combustible. 

Le  matin,  à  cinq  heures,  avant  de  partir  pour  la  mine  située 
à  4  kilomètres  de  la  maison,  l'ouvrier  mange  la  soupe,  puis  un 
morceau  de  pain.  Le  reste  de  la  famille  déjeune  un  peu  plus  tanl. 


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PIBLUtINAIRBS. 


L'ouvrieremporteaomorceaade  pain  pour  son  second  déjeuner 
à  huit  heures;  de  la  soupe,  du  pain,  un  morceau  de  froniage  ou 
des  œufs  pour  son  dîner,  à  midi.  Rentré  à  la  maison  à  sept 
heures  du  soir,  l'ouvrier  prend,  avec  toute  la  famille,  de  la 
soupe,  du  pain  et  un  peu  de  fromage  :  quelquefois,  à  ce  dernier 
repas  de  la  journée,  la  soupe  est  remplacée  par  des  pommes  de 
terre,  par  des  œufs  ou  par  de  la  salade.  Pendant  l'été  et  l'automne, 
la  famUle  ajoute  des  fruits  à  tous  ses  repas.  Le  dimanche,  on 
cuit  sur  la  poêle  une  bouillie  composée  d'œufs  et  de  farine  de 
sarrasin.  On  mange  de  la  viande  l^  jours  de  fête,  à  peu  près 
àx  fois  par  an. 

S  10. 

BiBITATION,   HOBILIBB   ET   TÊTEHENTS. 

L'habitation  des  agriculteurs  et  des  mineurs  de  Barfoecot 
consiste  ordinairement  en  un  rez-de-chaussée  composé  d'une 
chambre  à  feu  et  d'une  seconde  pièce  qui,  selon  le  degré  d'ai- 
sance de  la  famille,  est  employée  comme  bûcher,  comme  magasin 
de  provisions  ou  comme  étable.  La  première  pièce  contient  : 
d'un  côté,  une  large  cheminée  avec  la  crémaillère  pour  la  sus- 
pension de  la  marmite  où  se  fait  la  soupe  ;  du  cûié  opposé,  une 
rangée  de  lits  sépaies  par  des  cloisons  et  quelquefois  garnis  de 
rideaux.  Lorsqu'elle  est  parvenue  à  un  état  moyen  d'aisance,  la 
famille  possède  une  vache,  qui  est  toujours  logée  dans  la  seconde 
pièce  durez-de-chaussée;  mais  alors,  pour  mettre  à  profit  la 
chaleur  de  l'étable,  la  famille  en  fait  ordinairement,  au  moins 
pendant  l'hiver,  sa  résidence  et  sa  chambre  à  coucher.  Dans  cette 
dernière  distribution,  la  première  pièce  est  employée  comme  cui- 
sine et  comme  salle  à  manger,  et  les  provisions  se  conservent 
dans  un  grenier  situé  au-dessus. 

Meubles  :  entretenus  avec  peu  de  soin âll'  50 

!■  liti.  —  3  b(di  de  lit,  W  00i  —  nuUlu  et  oreiller  de  plome,  da  Ul  dei  deux 
épotu  :  nlear  d'achat  ds  1  Ul.  deplumsetdetoile,  SS'OO;  Tsleor  actuelle,  W 00;  — 
8  conTertorea  eu  laine,  da  mâme  lit,  3i'  OOj  —  2  matelaa  remplis  de  p^lle  d'arolse, 
dn  UtdeteabDls,  ll'OO;  — t  conreitiirea,  du  lltdeaeofaata,  S4'W|  —  1  traTerrin 
de  plmne  (de  poale),  5' 00.  —  Total,  ISO' 00. 


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ISO  es.  IV.  —  mHEim  db  po:«tcibaui>. 

i'  Mobm*r  dit  dtua  piiets.  ~  l  talflf,  3'  00;  —  S  chttiw  (fiitea  pw  l'oarrier), 
kO'TS,  4'50;  — 1  umaire  en  bols  bluic  pour  Tetsinenu  ot  tlnge,  U'OO;  —  1  coffra 
rond  poor  vâtemeQU  M  linge,  15'  00  ;  —  1  dressoir  (ponr  nluelle],  IS'  00.  —  Toial, 
SS'SO. 

UsTBNSiLBS  ;  réduits,  au  strict  nécessaire â&^  60 

1*  foim*.  — Icrénuillira, KOOi— Ipotlelponr  leimeta  de  fariiie et  lea pommes 
de  terre),  3'  00. — Touli  V  00. 

8*  Strvict  dt  TalmMittalian.  —3  mtmiltes  (peor  aoape),  l'OO;  —  6  tsdettesea 
terre  (écaelles),  0<60;  —  5  couteani  de  poche,  S'OO;  —3  fourchettes,  0' 60; — 
S  CQfUers.  Ot  BO.  —  Total,  11'  10. 

3°  Utagn  Hom.  —  1  seau,  l'SO;  —  1  emcbe,  O'SOi  —  1  bneba.  routée  (pour 
faire  le  pain  etpcnrlegarder),  lO'OOi  —  1  Umpe,  S'OOi  —1  twcbe,  S'OO)  — t  que- 
nouille, O'SO.  —  Tot&l,19'S0. 

LiNGB  DB  Hi^NAGE  :  gfossier  et  peu  soigné 80'  00 . 

10  paire*  4e  draps  de  lit  à  S'  00  (la  palra  nlut  neuTe  ISr  00),  tV  00. 

Vêtehbnts  :  une  tendance  exagérée  pour  l'épargne  conduit 
souvent  les  familles  de  celte  localité  à  se  refuser  les  TétemeutB 
qui  conviendraient  à  leur  condition  (s) 258'  00 

VlrmiRS  Di  L'OETiiH  (OOfOO). 

l"  VéUmmtt  du  dimanche.  —  1  bloose,  3<00;  —  S  gilets,  S'OO;  —  1  veste  et 
1  pantaloD  en  sente,  3D'00;  —  1  p&utaloo  d'^té,  4<00;  —  3  paire»  de  ba*  de  laine, 
S'OO;  —  1  paire  de  sonlien,  10*00;  _  1  chapeau,  l' SO.  —  Total,  U' 50. 

3°  Véttmtnli  de  traoail.  —  1  reste  et  1  pantalon  en  serge,  S'OO;  —  1  tricot  en 
bon  état,  7'00i  ~~  1  tricot  en  manvais  état,  S'OO;  —3  paires  de  sabot*  arec  brides, 
l'OOi  —  1  chapeao  de  trarail,  l'50;  — Icolr  de  mineur,  4'00;—  linge  de  corp*  : 
IS  chemises,  30' 00.  —  ToUl,  S4'50. 

VtriHiTre  n  u  fiihb  (01' 00). 

1*  VUemmtt  dn  dimanch».  —  1  robe  en  laine  pour  l'hiver  (le  corset  est  consn  il 
la  robe  ;  en  raiion  de  la  grande  qQântltâ  de  bdi  qai  entoure  le  boite,  ce  coriet  donne 
aux  femmes  une  tenue  rside  et  nue  apparence  difforme),  13' 00;  —  1  Japon  en  laine 
pour  l'hiver,  S'OO;  —  1  camUole  en  laine  ponr  l'hiver,  l'SO;  —  1  robe  en  coton  pour 
l'été,  6'00;  —  1  jnpoD  en  coton  pour  l'été,  3" 00;  —  1  tablier,  l'SO:  —  2  mouchoirs 
de  cou,  3'  00 1  —'3  monchotra  de  poche,  1  '  00  ;  —  3  paires  de  bas,  3'  00  ;  —  sooliers, 
3' DO;  —  bonnets  en  calicot  (conrormément  à  la  spécalation  adoptée  par  les  Jeunea 
fllles  dn  paya,  ils  ont  été  aoiDis  avant  le  mariage  arec  le  produit  de  la  vente  des  che- 
veni),  3' 00;  —1  chapeau  de  paille,  0' 70.  — Total,  43' 70. 

3°  Vntmmta  de  travail  —  Vleui  vêtements  du  dimanche,  15' 00;  t-  bonneta  mi 
toile,  l'SO;  —  3  patrei  de  sabota,  f^SO;  —  linge  de  corpa  1 15  chemises,  30' 00.  — 
Total,  17'  30. 

VtTBHuns  na  arutm  (6S'  09). 

Ils  sont  confectionnés  ponr  la  majeure  partie  avec  les  vieni  vêtement*  des  parents. 


Valeur  totale  du  mobilier  et  des  vêtementa. . .     584 MO 


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OWUVATUMia  PkKLIllINAUed.  161 

S"- 

BÉCKÉ&TIONS. 

Les  récréations  de  cette  famille  ODt  ce  caractère  dislinctif, 
qu'elles  oe  donnent  lieu  h  aucune  dépense.  Une  recherche 
approfondie,  faite  pour  constater  ce  trait  exceptionnel,  n'a 
indiqué  d'autres  dépenses  de  cette  nature  que  l'achat  de  quelques 
friandises  pour  le  plus  jeune  enfant. 

L'agriculteur  de  ce  pays  n'a  guère  d'autre  récréation  que  de 
converser  le  dimanche  avec  ses  voisins  et  de  prendre  avec  eux 
le  plaisir  de  la  promenade.  Rarement  il  se  livre  à  la  danse,  qui 
entraîne  communément  des  rixes,  et  qui,  par  ce  motif,  est  inter- 
dite par  tes  curés.  On  voit  quelquefois  les  ouvriers  mineurs  faire, 
les  jours  de  paie,  une  consommation  modérée  de  vin  et  de 
viande  au  cabaret.  L'usage  du  tabac  à  fumer  commence  aussi  à 
s'introduire  parmi  eux.  Dans  l'espèce  de  torpeur  où  ils  aiment 
k  vivre,  tes  ouvriers  de  ce  pays  s'accommodent  mieux  de  ce 
narcotique  que  de  toute  récréation  mettant  en  activité  le  corps 
ou  l'intelligence. 

Les  veillées  d'hiver  sont  la  principale  récréation  des  femmes. 
Après  avoir  accompli  les  travaux  domestiques,  celles-ci  se  réu- 
nissent le  soir  dans  une  étable,  au  nombre  de  dix  ou  douze, 
pour  coudre,  61er  et  tricoter.  La  douce  température  de  ce  lieu  dis- 
pense des  frais  de  chauiTage;  et  l'huile  nécessaire  à  l'éclairage 
est  fournie  à  tour  de  rôle  par  les  divers  membres  de  la  réunion. 
La  conversation  des  veillées  roule  ordinairement  sur  des  affaires 
d'intérêt  ou  sur  des  travaux  du  ménage.  Contrairement  à  ce  qui 
arrive  si  souvent  chez  d'autres  races  et  en  d'autres  contrées,  la 
conversation  est  rarement  alimentée  par  des  légendes  et  par  des 
récils  appartenant  à  Tordre  surnaturel. 

Ici,  d'ailleurs,  comme  chez  toutes  les  populations  où  l'esprit 
de  prévoyance  et  le  goût  de  l'épargne  se  sont  développés,  ta 
principale  récréation  des  familles  se  trouve  dans  les  préoccupa- 
tions et  dans  les  jouissances  qui  se  rattachent  à  l'administration 


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tes  CB,  IV.  —  IIIKKDR  de   KNTeiUDO. 

et  à  raccroisscmeDtde  la  propriété.  Mais,  par  une  exception  assez 
rare  chez  les  popalations  ouvrières  de  l'Europe,  cet  ^rit, 
poussé  au  delà  des  bornes  tracées  par  la  raison,  tourne  parfois 
au  détriment  des  familles,  en  comprimant  Yessor  de  l'intelligeoce 
et  des  facultés  physiques  (a). 


S  12. 

PHASES  PaiNCIFALBS  DE   L'eXISTBNCB. 

Les  enfants  descommunes  rurales,  surtout  dans  les  hameaux 
éloignés  du  cbef-lieu,  reçoivent  rarement  de  l'instniction  dans 
leur  premier  âge.  Vers  l'époque  de  la  première  communiou,  les 
filles  apprennent  souvent  i  lire  et  à  écrire  ;  mais  les  garçons,  d^ 
qu'ils  ont  atteint  l'âge  de  10  ans,  sont  employés  à  garder  les 
vaches  et  les  brebis  de  la  famille  ou  celles  des  propriétaires  voi-, 
sins.  Parvenus  à  l'âge  adulte,  les  fils  des  propriétaires  les  plus 
aisés  s'établissent  de  suite,  en  qualité  d'agriculteurs,  avec  une 
dot  fournie  par  les  parents.  Ceux  qui  ne  disposent  point  de 
pareilles  ressources,  et  qui  ne  peuvent  s'employer  aux  travaux 
des  mines,  émigrent  vers  l'âge  de  18  à  20  ans  (is).  Ils  se 
rendent  pour  la  plupart  à  Pans  ou  à  Lyon,  où  ils  conservent  les 
habitudes  de  sobriété  et  d'économie  qui  leur  ont  été  inculquées 
dès  l'enfance.  Ils  s'y  emploient  comme  porteurs  d'eau,  commis- 
sionnaires, marchands,  brocanteurs,  aides-macons,  c'est-à-dire 
dans  toutes  les  professions  qui  n'exigent,  ni  un  développement 
notable  d'intelligence,  ni  un  appreiitissage  spécial.  Tous  réalisent 
quelques  épargnes,  au  moyeu  desquelles  ils  parviennent  à  acqué- 
rir une  propriété  qui  leur  assure  au  pays  natal  des  moyens 
d'existence. 

Les  jeunes  filles,  de  leur  cdté,  animées  du  même  esprit 
d'ordre  et  d'économie,  parviennent  toujours  à  se  constituer  une 
dot,  soit  en  travaillant  aux  ateliers  de  préparation  mécanique 


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OBSBIVATIOn   PB^LIUlNAlBItS.  463 

anoexésaux  mines  de  Pontgibaïucl,  soit  en  prenant  du  service 
chez  un  cultivaleur  aisé  du  pays  ou  chez  un  bourgeois  de  la  ville 
voisine.  Ordinairement,  lorsqu'elles  se  marient,  elles  apportent 
en  ménage  une  grande  quantité  de  linge  et  même  l'argent 
nécessaire  ponr  compléter  l'acquisition  de  la  maison,  d'une 
vache,  on  d'un  terrain  propre  à  la  culture. 

Dans  les  ménages  chargés  de  famille,  on  arrive,  à  force 
d'économie  et  sans  grever  de  dettes  la  propriété  immobilière,  à 
^ôre  face  aux  dépenses  résultant  de  l'entretien  des  enfants  en 
bas  âge.  Lorsque  les  enfants  sont  devenus  grands  et  concourent 
aux  recettes  du  ménage,  les  deux  époux  peuvent  de  nouveau 
faire  des  épargnes,  et  ils  complètent  l'acquisition  de  la  propriété 
c[ui  doit,  dans  leurs  vieux  jours,  les  mettre  à  l'abri  du  besoin. 

L'expérience  a  prouvé  que,  ponr  entretenir  une  vache,  il 
faut  au  moins  posséder  dOO  francs  de  terre  arable.  Il  est  rare 
que,  dans  la  classe  agricole,  on  divise  les  héritages  ayant  seule- 
ment cette  valeur  :  ils  sont  ordinairement  attribués  à  l'alné,  qui 
dédommage  ses  cohéritiers  par  une  soulte  en  argent  ou  par  une 
redevance  annuelle.  Deux  agriculteurs  qui  ne  possèdent  que  cette 
étendue  de  terre  s'associent  ordinairement  pour  entretenir  les 
deux  vadies  avec  lesquelles  ils  exécutent  alternativement  les 
travaux  de  labom*.  Comprenant  mieux  les  véritables  lois  de  la 
propriété  rurale  qu'on  ne  le  fait  ordinairement  dans  le  nco^  de 
la  France,  la  population  de  cette  partie  de  l'Auvei^e  a  su,  jus- 
qu'à présent,  se  garantir  des  principaux  inconvénients  qui  s'atta- 
chent an  morcellement  indéGni  du  sol  (IV,  ii,  lo). 

Cet  état  de  stabilité  est  plus  ou  moins  ébranlé  parmi  les 
familles  rurales  du  Puy-de-Dâme  ;  mais  il  est  maintenu  jusqu'à 
ce  jour  avec  ténacité  par  celles  qui  habitent  les  montagnes  du 
Cantal.  U  faut  que  la  maison  /bme,  dit-on  partout,  c'est-à-dire, 
il  faut  qoe  la  maison  se  maintienne  à  un  certain  degré  d'aisance 
relative;  et  pour  cela  on  institue  un  héritier  auquel  on  laisse, 
avec  l'habitation,  le  mobilier  qui  la  garnit,  les  bestiaux  de  culture 
et,  comme  apanage,  les  champs,  les  prés  qui  l'entourent  ou  lui 
tiennent  de  plus  près.  C'est  le  plus  souvent  l'aloé  des  enfants 
qui  reçut  ces  avantages.  Cependant  il  n'y  a  pas  de  règle  absolue  ; 


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164  CH.   IV.   —  HINBUR  DE   PORTfilBAUD. 

la  ToloDté  du  père  ou  les  circonstaoces  peuveut  établir  dans -la 
maison,  avec  le  titre  d'atné,  un  des  garçons  puînés  et  souvent 
une  fille.  Dans  tous  les  cas,  le  père  reçoit  une  dot  avec  la  fille 
qui  épouse  son  héritier;  et  cette  dot,  jointe  aux  épargnes  faites 
pendant  l'éniigratioD,  sert  à  désintéresser  les  autres  enrants. 
Avec  ce  capital  argent,  les  garçons  émigrent  et  cherchent  fortune. 
les  filles  apportent  à  leurs  maris  le  moyen  d'augmenter  les 
affaires  ou  de  devenir  mattres.  L'habitude  de  l'émigration,  et  tes 
profits  qui  en  découlent  pour  qui  veut  travailler  et  épargner  font 
que  souvent  les  enfants  préfèrent  une  dot  à  la  propriété  de  l'atoé, 
héritier  du  bien.  Celui-ci  se  trouve  en  eflèt  dans  une  position 
moins  bonne  pour  commercer;  il  n'a  pas  reçu  de  capital  argent, 
et  celui  qui  lui  vient  de  sa  femme  doit  être  successivement 
remis  aux  frèr^  et  sœurs  qui  s'établissent.  La  condition  ^t 
accepté  enéanmoios  à  titre  de  devoir,  même  lorsqu'elle  est 
désavantageuse. 

I-e  père,  avons-nous  dit,  reçoit  la  dot  apportée  par  la  femme 
de  rbéritier;  et  il  en  dispose  selon  les  intérêts  de  la  maison  dont 
il  reste  le  chef.  Le  nouveau  ménage  apporte  son  contingent  de 
travail  ;  et  il  vit  en  commun  avec  les  parents  de  tous  âges  et  à  tous 
degrés.  Plusieurs  générations  se  trouvent  ainsi  réunies  sous  le 
même  toit,  acceptant  l'autorité  du  chef  de  famille  aussi  longtemps 
que  ce  dernier  conserve  l 'aptitude  au  commandement.  Cette  auto- 
rité passe  sans  secousses  à  l'hâ'itier,  lorsqu'il  a  fait  preuve 
d'expérience  et  qu'il  est  d'âge  h  se  faire  obéir.  Onlre  les  enfants, 
le  père,  la  mère  et  l'aïeul,  il  y  a  toujours  dans  la  maison  des 
oncles  ou  des  tant^  célibataires,  travaillant  au  profit  de  ]a  mai- 
son, regardant  comme  leurs  les  enfants  qui  naissent,  et  cependant 
laissant  presque  toujours  à  l'héritier  leur  part  de  la  succession  des 
grands  parents  et  les  épargnes  qu'ils  ont  pu  faire.  Cette  dona- 
tion n'est  pas,  le  plus  souvent,  déterminée  par  un  motif  de  pré- 
férence ou  d'affection  plus  grande;  c'est  dans  l'intérêt  de  la 
maison,  pour  lui  conserver  un  certain  éclat,  pour  qu'au  nom  de 
la  famille,  représenté  par  le  nom  de  la  maison  et  continué  même 
par  les  gendres  (IV  ix,  s),  s'attache  toujours  la  possession, 
autant  que  possible  entière,  du  domaine  patrimonial. 


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PRÉLlltlNltBES. 


SI»- 

U(EUKS   ET   INSTITUTIONS   ASSURANT   LE   BIEN-ËTIt&    TUrSIQUE 
ET  MOBAL  DE  LA  FAUILLB. 

La  ramilte  arrive  à  cette  époque  critique,  pour  toutes  les 
populatiODS  abandODDées  sans  patronage  positif  (s  e(  i)  aux 
inspirations  de  leur  libre  arbitre,  où  il  devient  diflicile  de  subve- 
nir au  surcroît  de  dépense  imposé  par  les  enlanls  en  bas  âge. 
Elte  parvient  cependant  à  y  faire  Tace,  à  force  de  sobriété  et  de 
résignation.  Les  qualités  dont  elle  bit  preuve  en  cette  occasion 
sont  la  meilleure  garantie  sur  laquelle  elle  puisse  compter  pour 
assurer  son  avenir.  Si,  en  présence  de  privations  pénibles,  les 
deux  époux  ont  pu  conserver  intact  le  capital  qu'ils  avaient  accu- 
mulé dans  des  circonstances  plus  favorables,  il  n'est  pas  douteux 
que  ce  capital  s'accroîtra  de  nouveau  dès  que  les  enfants  cesse- 
ront d'être  pour  eux  une  cbarge,  et  qu'ils  parviendront  ainsi  à  se 
créer  pour  leurs  vieux  jours  des  ressources  certaines. 

Cependant,  les  vertus  qui  protègent  cette  famille  dans  une 
société  où  l'individu  doit  tout  attendre  de  ses  propres  efforts, 
ne  sont  point  encore  act[uises,  tant  s'en  faut,  à  l'ensemble  de  la 
population  de  ce  district.  On  peut  souvent  regretter,  d'ailleurs, 
que  la  moralité  et  l'intelligence  des  meilleurs  ouvriers  ne 
s'étendent  pas  au  delà  de  ce  qui  suffît  pour  assurer  le  bien-être 
physique.  En  ce  qui  coDceme  le  progrès  intellectuel  et  moral, 
on  peut  beaucoup  attendre  du  patronage  que  les  propriétaires 
des  mines  de  Pontgibaud  commencent  à  exercer  dans  la  con- 
trée. L'esprit  qui  les  anime  est  celui  qui  se  développe  en  Angle- 
terre {in,  IX,  lu).  Sous  l'influence  d'idées  plus  justes  sur  le 
principe  d'une  bonne  constitution  et  avec  des  institutions  meil- 
leures, la  ricbesse  minérale  de  cette  région  assurerait  aux  géné- 
rations successives  d'ouvriers  la  sécurité  qui  règne  dans  les 
corporations  de  mines  de  l'Allemagne  (111,  m)  et  de  la  Hon- 
grie (IV,  i).  Il  serait  urgent  de  restaurer,  sous  cette  forme,  les 
anciennes  communautés  rurale  de  l'Auvergne  (ao). 


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CQ.    IV.    —    lfl*<BUR    DB  PONTGIBAUD. 

S  1ù.  —  BDDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SOURCES  DES  BECETTES. 


SBCTION  I», 
PropriiUi  faméSém  par  1«  f«m>Ila, 
An.  1".  - 


«tdJnae*  »rp«  uMnait  t  U  mihon 

AIT.  B.  —  Validu  mmutan. 


1,000'Og 

lUdo 


Vo1»i11bi W 


AIT.  a.  —  Daon  lui  ÂLLociTiORi  D>  aociÉTi*  D'iUnrulicii  uumiLUS, 
a  répirliuiDt  immédutamsnt  U  contribatlaB  d«  U  bnilla  : 
Droil  éTSDlucl  aai  wcoan  de  médsdm  si  de  ehiroigii,  pour  l'onnln  miUd«, . 

TlUDK  tOtllM  d«i  pKiptiétél 


SBCTION  II. 
Bubventioiu  nçne*  pw  la  faoùlle. 


([j  bmlUt  »  ncolt  tnciine  piaprlilA  aii  nrafritill.. 


.  E.  —  Dioni  n'Huai  iiik  Li 


r.  B.  —  ALLConcm  D'ouxn  it  di  euticib. 


iiGoogle 


CB.    IV.    —    Ill.NEUK    DB    P0^TG1BADD. 

SU.  —  BUDGET  DBS  BECETTES  DE  L'ANNÉE. 


oan^TTH. 

RECETTES. 

deeotalali 

arnaL 

eecTiON  V*. 

Rmm»  dM  propriété.. 

InWrtt  (8  p.  ItKB  d«  la  valeur  de  cetla  maison 

-        ..»i.«l. :,. 

lïGO 

. 

ABT.  a.  —  RlTimii  Q»  TALIUBE  UOBTUtBIS. 

01* 
0  15 

VlO 

Aar.  8.  —  Allochtiobb  dm  Boatiia  d'ahsubihom  MUTum-LiB. 

AlloeatioB  lappotée  égale  i  la  contribution  annnella  da  la  r.mille.  1S<00.  -  Cetia 
teeelte.  n'^Unt  qoe  la  caotids  d'uns  .aleut  i^ala  .ettée  i  la  caiMo  de  U  «otiél* 

, 

tam 

0  10 

SBCTIOM  II. 

Ait.  ]•>.  —  Pboduits  mi  PioraiMa  Ufoia  m  nsmunt. 

Amt.  B.  —  PBOonnB  db  Daoïra  D'nuas. 

1100 

' 

(La  Taleu  da  Ittmiu  «qnlTaal  at>  modique  laUfte  Mtr<ba«  an  traiait  de  la  ri- 

A«T.  9.  —  Oaim  »t  niTica  xllou** 

une  modiqna  ralenoe  Bffeciuia  .ui  le.  ulaLies  Ipour  mémoire),.......  (1) 

Déficit  lui  1».  deporseï  cooeernanl  Je  logsmanl  arcurdé  aui  ouïriera  contre  une  mo- 

soo 

t  00 

^00 

iiGoogle 


CQ.  IV.    —    UlKEtIR  DE  POXTCIBAUD. 

S  44.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


SOURCES   DES    RECETTES   (SDITE). 


SBCTIOH    IIL 
I.  éiéDoMa  pai  ta  fanill*. 

U  Uche  aa  eomplt  it  l'adminlttrallon  dea  ml 


la  inaiHiD  st  la  mob. 


rïcol,  i  pni  d'ugBm. . 
IX  dM  JooniAai  d«  tOBi 


6ECTI0N  IT, 
Indnittîet  entraprÎMa  par  la  fauUa 


.SricuuTran  lïbtira  am  tniani  eiécolAa  i  la  flcba  pat  l'ODntar 

Fourniiure  de  l'huila  d'èolairag» 

SubililuliOD  du  IravaÉl  1  la  Uctaa  au  traraU  t  la  ioania. 

iHOUaruEs  antraprttog  au  compta  d«  la  TamlUa  ; 

Cullura  du  jiniiD 

Biploilation  dea  «oUillag 

BUtwraliaa  de  la  laiDS  •(  dacbaoTn;  coaracUon  da  TMameMa.. 
6Ff  cuuTiON  biM  pat  la  temme  ni  la  nitta  da  ■»  cheraui , 


iiGoogle 


en.   IV.  —  IlINBUn  UB  I 

§  U.  -  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


RECETTES   (SUITE) 

daa  ohjgti 
ncus 

ta  Rtcrrra* 

■ICilTM 

»imui»»)Hu.u».. 

S^aln  one  recevrait  ni  jouraïUer  aiicutut  le  miim* 
geoie  da  tiavail  »t  na  tOnnUtunt  que  un  tUTaU. . . . 

(^neai>t»lEiieDep<iitï[reMta1b.i«àc*tlnTani)    .  . 

SISO 

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orsapirkil 

■M  sa 

^isgo 

ais 
woe 

S4S 
MM 

BinèEoM  dM  indaitrùi. 

daMain 

Jonnatier 
aïoïBo. 

Tin  JonnialHr,  eiécuWnl  ie  mèma  ganre  da  ttawil,  recamil  (S™  ni). ... 
KappItmanI  da  aalain  TtadtuI  da  cauo  roarniiure (10.  A) 

l'SOO 
0  030 

oosa 

TOTiL  da  uU 

BtaMca  tteilUnt  de  cette 

WB*«eB''eDinprii  dant  r*T.l 

Ce  «aorB  de  ipAcnlation,  lec 

nnodTBlAtFTtalainuJag 

TOT 

iBia 

uUoo  de>  Niiiir»  da  ia'rann* '(S«  lil) 

heicbt  pii  lea  flllet  de  Id  i  SU  al»,  peut  nremenl  «tc« 

■su 

47  SO 

tecaUa  de  84<W  (Ifl.  D),  qai  eti  >ppl>qnie  de  nouiau  à  ce.  mïmet  induMciai.  Cotte 

TOTIlUX 

suBicr 

ma  dal'iunAt  (iMiaiiciDtladipanwi' 

0181  an 

100  w 

M3W 

iiGoogle 


CR.    IV.    —    tlINEUB    DE    l>0:<TaiBAVD, 

§  (5.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE. 


DÉSIGNATIOK  DES   DÉPESSES. 

jmtinu 

rira». 

SECTION   1". 

AkT.    1".  -  AUHO.IB  COlWOMllfa  D.1.S  u  M*ii*a». 

|P»r  l'ootrier,  U  famme,  4  «rfinta  de  10.  de  8,  da  B  et  da  S  »os, 

C*IIÉ*[.ES  : 

K°'pîÏÏ'a"'*vU*'/i  Î-Zt  da^'J.'S8ri^.'(l8^S  'Î^ÏO. 
1S6'««;  -  pnilia  é.Juio  i  ril.t  d*  piin.  150  kll.  (H,  S™  111) 
iO'»0.3CW0O 

S»rra»in,  éTuloéil'élaldegnm 

poid)  toUl  at  piii  iDOjHi -■ 

Coin  omis  : 

mHdniiiauonni 

StfOO 

WM 

0  40 

1  OO 
BOO 

i^itf 
i«a»6 

IBOO 
BS8D 

840 

«0  00 
1  00 
OM 

^.u. 

«H 

pirUlofT 

0>300 

OÏOO 
0  150 

i.mo 

0  Ml 

«0 

1100 

Laitage  it  «en  : 

seo 

0500 

SS^?!'''"f!'^'?°^î ..".  ':T  r.:::::::::::::::'(i<i.V) 

pûiiUtoUlMpliimojeii.. 

Vunnis  ET  poissMi  : 
ViandBt  de  bouolietie  :  VMhe ...       -■■■■■ 

IMO 

0  551 

'î! 

OTOO 

13  0 

OOTl 

"™"X,'!ÏÏS.;..„™ I...., 

aeso 

ODSD 

î;m"%\™i-i':.w~'.p™ii.p:^v™".:i'«S 

CoiiDiNtns  n  STmnLAiiTs  i 

Oï 

ouo 

50M 

031 

0505 

Mge  :  l'ounier  boit  nu  p«u  de  lin,  i  lit»  de  liatUiaB.  diDi 

....... 

•■ 

9S'iO 

'«noi 

.yGoogle 


CB.  IT.  — 

9  16.  —  BCDGET  DES 


DI  POKTGlBltD. 

DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  tSDITE). 


SBCTIi 

LOGEHEIIT    t 

Lor«  de  U  malKHi  llnUitt  d«  la  Ttleor  ds  la  miiioD),  SO'OO;  -  entntisii  <le  la 

m*i*oa  :  ti»«in  do  l'oaTtlM  (14,  S—  m),  l'î5 

HOIILIU  : 

SntntltD  :  Iranmi  de  l'oaTTiar  (M,  S«  III),  l'tS;  —  d»pa  ds  lit  (l^  G),  15' 94 

CiuDiruiK  : 

BDlMlfiteoU),  BOO' i  a<M  pu  100  kiL 

Ëcuiuei  : 

Huile,  fl^  à  l'HI 

ToTitii  dai  dépenew  eooceniiBt  l'habitiUaii 

SBCTION    III. 
Dtfmamt  winwwiH  U*  TtUoMDti. 

icbitj  d*  vtt«m«Dt«;  TéMmenf*  eo  toile  et  en  Uine  de  confeetieo  domutiqua;  tn- 
Tana  de  conltclioa <10,  PIJ) 

VlnHEim  DI  u  moK  : 

Àdiati  de  vttemenU  ;  TAiemante  m  toile  et  en  laine  de  contMliao  doniaitiqDe  ;  tra- 

Tau  da  csorKUon (19,  PàJ) 

VCTEimm  DU  Enriim  : 
Achat!  da  ittemsDti  ;  ttlemenU  en  toile  al  en  Uine  da  confectioii  domeiliqne;  tn- 

Taai  de  canf«ti«i (!<l,PlJ) 

BunconMGB  : 
BaTOP,  E'S  à  l'W. 

TWtDi  deedApenaei  concernaDl  lai  TMamnita 

BBCTION  IT. 

BBnuDt  In  benîna  noraos,  laa  réortatioa* 
et  U  aarrice  da  auU, 
CCTLTI  t 
EMcibaljon  pajte  an  cDr«  poDi  noe  mena  dite,  te  joutdsi  tripaaifi,  illnteitlon  dea 
paient*  œoci* ' 

lionvcnDR  DIS  m*tiin  t 

(On  DB  donna  peint  d'Iutnction  au  antkple,) 

Secouiis  a  Muata»  : 
(Ob  n'a  pu  coDittld  qne  U  ftndlla  Iibw  d'anmAïut.] 

lUciiaiKHis  n  soumnis  i 
pain  d'éploa  ponr  le  petit  anfanti  Tin  bn  par  l'aoTilfli 

eiaptioDnoUei 


iiGooglé 


en.  IV.  —  HINEUB  DE    POMGIBAUQ. 

S  15.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SDITE). 


DËSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SUITE). 

™„«™.| 

i«    abjetl 

irtFBL 

6BCT10N  IT. 

et  le  letwiee  de  H»tè  (4aite). 

Sbsvice  de  atirrt  ; 
SflEDiin  da  U  mMecine  el  de  la  ehinugie  pour  l'oaTrier  :  paj*»  par  nne  lOdtlé  d'aa- 
«IMIMI  mutnellei  (18  si  14.  S™  I  et  II),  16' 00;  -  aasour»  de  la  médwine  et  d;  U 

rt'oo 

OCJ 

eoo 

»00 

SBCTION  V. 

UTDil: 
Argent  el  objet,  emplajéi  pour  lai  con.onimalioin  du  ménage  et 

porMaèc»  tilreainileprtemilbodget BIffJ  \ 

Aigeiil  «t  objet!  appliqnéi  da  aoa*eau  au  iaduiliio  (H.  S"  IV)                           (H  OT 

JiTT^ftrs  DES  enns  : 

iMrûTS: 

lopAt  fondai  {pam  U  malun  et  1*  Jardin) 

ASMmUtCKSCORCODUin  A  GARANTIR  LBBIElt-tTBiranigCBRIlOULCILAFUilLLI: 

ouTrien  malidei  (13)  : 

Retanne  ini  le  ulsin  d*  l'ouiiier.  ItiOO.  —  Celte  lomma  ne  fait  que  pimer 

Se  t«onii  n^dicaui  :  on  a  donc  pu  l'oniettre  ici  comme  la  recette  (M,  S- 1) 

eit  dr)peD>««  pu  l'ouvrier  conuse  aecoun  de  médecine  et  da  chirnrgie,  et 

.«) 

Étuhm  di  L'antm  i 

LipagcB.  nalla  en  ca  moment,  td  lai  cbirgei  Impoti»  par  qnalie  anfanU  an  bu 
A^,  doit  bientdt  r.T.nir  an  Ut»  annuel  dS  100  àVo  tJ!U.  cono»  ani  ptomlïr» 

5ia  >;i 

195  sa 

iiGoogle 


COIPTES  ANNEXES  AUX  BDDGSTS. 


9*6. 
GOHPTES  ANNEXÉS  AUX  BUDGETS. 

sscnoN  1. 

COMPTES  DES  BÉNÉFICES 

B^alUil  ia  iidnlhts  Hlre|iri«a  ju  ii  fiiillt  ^  m  praprs  coKfto;. 


Huile  PODI  l'éclijiasi  d> 
laUrtt  (S  p.  100]  ia  la  ï 

mlftin 
leacde 

ne  :  IB  kil.  1  1 
1.  lampe  de  n. 

SUFFLiHriT  Dl  «AL«IR> 

"ts: 

tdalatonraitu 
t  de  U  lubitil 
1 1  U  Jonnite. 

ToUlcon 

B.    —    CUtTDM    Ml 

„..„ 

„,,..„ 

.  ses  kit.  ioio».. 


le  la  famille.. 

IiiUi«t  (6  p.  100)  de  la  f  aleur  du 

B^fnri  liiBlUnt  do  l'iodiulilf.. 


V 

Wtc 

: 

0  10 
9  45 
MSO 

08*75 

IS'M 

1  00 
1  00 

KW 

. 

14» 
«00 

850 

sss 

t04a 

iiGoogle 


-  UIMEUIl  DE  FO.'ITttIDAVD. 


C.  —  EtPLOITATIOH  BM  VOUILUl. 


l'ootati  pODi  l"  — ' 
Ticdlla  poul*  i 


loUrtt  («  p.  100)  ils  la  « 


■  UrimlUs.   I.aaSpIkcMi  vas  pudoonlna.. 


RwMIn  BU  ug«nt  apiillqatei  lui  dlpôniai  du  ménage.. . 


iBlMt  it  U  T(1»UT  d«  propriétit  pouMA»  pu  la  familk  «t  MBpli 


,  .- ,--, , , Hûtlortn  par 

....  __iiiKluitirJo» (M, S" Il 

pTOdoji*  im  (abiMitlooi  rïfiiea  p>t  la  Ikmilla  at  smplojAai  par  alla  aai 

fBduilriw (U,S"II) 

•  Silïitw  affuisDU   aux  (ra*aui  siécHtti   pu  la  famiUa  pour  le*  lidiii- 

'-'" <U.S«III) 

la  pai  dt*  lacallat  itaultaot 


dailndiu 


aigant  qni  darront  ta» 


SBCTION   II. 

COMPTES  RELATIFS  AUX  SUBVENTIONS. 


._  1 

M 

3VK 

040 
40  SO 

0-» 

laoo 

iweo 

7M 

Il  88 

4080 

60-70 

18  GO 

MM 

47M 

eoTO 

18  îl 
1«00 
700 

Ug7 
W3t 

8SU 

MM 

88  Ot 

4158 

MTO 

m» 

iiGoogle 


GONPTBS  iNNKXiS  AUX  BDMKTS. 


BBCTIOV  III. 

COMPTES  DIVERS. 


BwglauhsU:  l,8Ukil.  KHIU  .. 


iobti«ot;Boii. 

—  yuiiu  pou  pain  i»  méatg». . . 

—  Pu-ine  jouipuemtat  da  moslui 


BU         1  0  IVO 

SU  [poiif  mtmiilra} . . . 


Dtda8S4kil.d«fiuiiw... 


IWM 

10  00 

S|il»u- 

Cbipraa  da  dinucb*. . . 

Cbap»a  de  tniTal] 

SuDiisn  (r  comprit  let  t 


m.  B.  —  VHtatHU  lit  la  [im 


llDDcboin  da  coa  U  d*  y^ib».  • 
1  chapMD  de  i>aill* 


A*T.  t.  —  VAtnmM  rfn  m/aaK. 
DipeBM  approxiiuliTi...... 


Ntru.  —  Od  Ikit  lilai 


st  t'iDDie  Ei: 


e  lugeni  >t  da  gros- 


Airr.  !<'.  —  DiprMt  firar  U  mnu^t  Irai  entltr  pendant  t  eut. 
In  aDoée,  —  ConfaclloQ  de  toile  e£  de  chemijeip 

Achitde  WldechinTieil'SO 

Acqidiitloii  da  thaarre,  1/B  journi*  kU'ià  (pur  lu  bimine) 

Filngt  A  1/1  JaniD.  poi»  1  kil.  da  dunire),  ro  ioDin.  1  O'U  ipu  U  remn 


^ 

■neni. 

«ne 

</IS 
9T5 

9  m 

iiGoogIc 


-  HINEOR  DB  PONTGIIIDD. 


Ait.  1".—  DépenufoarttninafilaiitentltrpmdmtSm 
I"  snadg.  —  Conltetion  cl«  tolla  et  de  chemiui  (mifa). 


,  S  joDiuétl  t  D'SO  (pu  11  temme) 

i.«uiiiga  nu  ni.  s  juaniéei  1  O'SO  (ou  obtient  g  ïil.  da  91)  (pu  U  Ù 
Déïidige  du  SI,  S  journ*»  i   Ù'W  (on  paierait  0'»  pir  kil.) 

famma) 

Tiuage  (on  obliinl  SS>  d>  loili 


journéu  à  0*50  (pu  U  feouna, 
dlpeua  delà  l»  uui<a 


Achati  da  10  kil.  da  cbiuirra  1  l'SO. 
AcqniliUoa.  1,1  Joiméa  à  O'tS  (pu 
Filige  (S  8/4  jonmiai  gioai  1  kil. 


CaDfectiOD  da  tolla  et  Ô*  dnpi  de  liL 

l'.'ii'iônroéâi ïv'fa  [pà' !« 


la  ai,  SJoDiuAei  i  OiSO  (pu-  U  lemmaj 

11,  BJDcniai&O'ao  [on  obtient  7'S  dafilj  (par  la  fimma). . . 
I,  8iounitM*OH5(pirlafeniine) 


ir*  inaée.  —  Bmf 
iei. ,  ■  >  chemiiea  oenT 


li  da  la  toila  i  chamiiei. 
e>0  de  leile... 


Paul  lea  aotUita.  «(JiemiHi  DaaTBi 

—  Répuatiom 

Tolaoi  canme  cf-dantu. . . 


Bmpbl  de  U  toile  1  dnpi  de  lit. 
1E>5  detoOg... 


Conlectîoa  de  4  dnpt  oenb.. 

B^gnlloD*. 

Totaux  comiiu 


Aai.  I.  —  DiitrilMon  it  la  déptiut  pair  mit  mnét,  m  mvgiiau. 
Cbamlaet  ponr  l'ouTrim. 


-  Déptiuipeur  U  ménagi  tant  ntlltr. 


„™.  1 

«rare. 

artaai. 

ves 

ISflB 

J 

, 

700 

, 

Il  «« 

0  11 

8  7S 

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7  19 

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1«  80 

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17  0* 

400 

ISBO 

iiGoogle 


COMPTES  ANNBXAil  AUX  BDDUBTS. 


-  Dtpmt  pow  I*  minaçf  lotit  et 


C*Tdigs  àt  làUlL- .  .  .-  , 
Filage  :  SOjoBrntM  i  O'tô 
Tiuig*  ie  B  kïl.  de  laine  fl 


ll?\(iD  IbUelt'l 


Il  milre  de  uigs;  pour  tl  nt^Iiu 
enl(  lutna  qna  b*>  et  ohjeli  IrIcD 
lilleur  (pont  coopar  lu  Ttlementa  c 

ritura  duni*n«eii(lB,  S"!)..'... 

•  feraoïe,  lO'SO 

t»l  el  d'otqeU  trlcuUt  (VS  de  Ui 


rr...  Ttt*in*n1i  an  ■«rgo,  !i>S  d<  larga... 


.  l'-ffiOdeUiDcniéii  . 
i'ài'sis'dà'iâiiMfiUâi! 


Achat  d'iWRH  st  de  t< 


Conlactioa  d'nna  partis  d«  cal  Tè 


A»i.  S.  —  Vitimmli  de  ia  ftm 
Achat  d'étoSia  at  da  TetamstiU 


il  Jounitu  4  0**$.. 


Coaftctioii  d'ona  putic  da  cet  TAlemeit 


UU  fUmaia  it'iS... 


-  VUimtnli  in  mfanli. 


Conlactioa  d'nna  pailia  de  ct 


v...™        1 

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n.iur„. 

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'  HINEUn   DB  PONTGIBAVD. 


ËLËMKNTS  DIVERS  DB  LA   CONSTITUTION  SOCIALE 

rAITS     IMPORTANTS    D'ORGANISATION     SOCIALBi 

PARTICULARITÉS   RBHARQDABLE3; 

APPRÉCIATIONS    GËNËRALES;   CONCLUSIONS. 

8  "• 

CAUSEE   D'IÎBIIANLEIIBNT    OBSERVÉES   CHEZ    LES    POPULATIONS 
DE    LA    BASSE-AUVERGNE,    ET    SpâCIALEMBNT   DANS    LA    FAMILLE 
D]£CRITB. 

Les  populations  rurales  de  la  contrée  qu'habite  la  famille 
décrite  soDt  dans  une  situation  fort  inférieure  à  celle  qui  dis- 
tingue les  campagnes  prospères  de  l'Orient  et  du  Nord.  Quand 
OD  se  reporte,  par  exemple,  à  l'admirable  organisation  de  la 
plaine  saxonne  (III,  m,  is),  celte  infériorité  est  évidente,  dans 
l'ordre  physique  et  intellectuel,  comme  dans  l'ordre  moral. 

Les  grands  propriétaires  et  les  paypns,  c'est-4i-dire  les 
deux  éléments  qui  donnent  la  solidité  aux  bonnes  organisations 
rurales,  sont  incessamment  affaiblis  ou  détruits,  dans  cette  partie 
de  TAuTei^ae,  par  le  partage  forcé  des  héritages.  Les  bordiers, 
au  contraire,  qui  ne  possèdent  que  leur  habitation  avec  quelques 
lambeaux  de  teire  arable,  se  multiplient  aux  dépens  des  deux 
autres.  Dans  cette  classe  même,  les  familles  s'amoindrissent  à 
chaque  génération  en  se  partageant  le  petit  domaine  de  leurs 
parents;  et  elles  marchent,  pour  la  plupart,  vers  la  condition  de 
propriétaire-indigent.  Abandonnés  sans  patronage  aux  durs  tra- 
vaux et  aux  fa'éoccupatioDs  pénibles  qu'imposent  lés  incertitudes 
relatives  à  la  conquête  du  pain  quotidien,  dépourvus  de  conseils 
et  de  bons  exemple,  les  bordiers  auvergnats  déclinent  eu  mo- 
ralité plus  qu'en  bien-être.  Ils  deviennent  de  plus  eu  plus  étran- 
gers aux  sentiments  qu'inspiraient,  au  dernier  siècle,  dans  cette 
province,  le  respect  de  la  loi  morale,  le  dévouement  aux  fàmilles- 
souches  ou  aux  communautés  (30)  et  l'amour  de  la  patrie. 


.yGoogle 


iLBUNTS   DtVBBS  D*  Lk    CONSTITIITION  SOCliXB.  179 

C^Ddaot  les  petits  propriétaires  de  l'Auvergue  conservent 
encore,  pour  la  plupart,  certaioes  qualités  qui  permettent  à  une 
race  déchue  de  se  releva.  Ils  sont  sobres  et  durs  au  travail.  Ils 
tiennent  à  honneur  de  perpétuer  leur  famille  dans  la  maùon 
paternelle.  Lors  du  décès  des  parents,  les  cohéritiers  résistent, 
avec  un  sens  droit  et  un  louable  amour  de  la  paix,  aux  excita- 
tions intéressées  des  ofTiciers  publics  préposés  au  partage  des 
biens.  Ils  se  concertent  volontiers  pour  assurer  la  transmission 
intégrale  du  domaine  de  la  famille  à  celui  d'entre  eux  qui  peut 
le  mieux  désintéresser  les  autres  au  moyen  desoultesen  argent. 
Enfin,  ils  restent  Gdèles  aux  vieilles  coutumes  d'émigration  pério- 
dique, qui  imposent  aux  jeunes  émigrants  l'obligation  moralede 
rapporter  chaque  année  une  épargne  au  pays  natal;  qui,  par 
conséquent,  leur  donnent  la  force  d'âme  nécessaire  pour  résister 
aux  contacts  corrupteurs  qu'ils  ont  h  subir,  loin  de  la  famille, 
pendant  le  séjour  dans  les  villes  d'émigration. 

L'ouvrier  décrit  dans  la  présente  monc^raf^ie  se  distingue 
parmi  ceux  qui  possèdent  ces  qualités.  Grâce  à  l'ascendant  per- 
sonnel d'un  curé,  issu  de  l'une  des  bonnes  familles-souches  qui 
se  sont  perpétuées  dans  les  montagnes  voisines  (IV,  ix,  sa),  la 
famille  est  pénétrée  de  certains  sentiments  qui  émanent  d'un  bon 
enseignement  religieux.  Elle  ne  se  laisse  pas  domina  par  la 
dureté  de  cœur  qui  est  trop  souvent  développée  par  la  vertu  de 
l'épargne;  qui  pèse,  d'une  manière  plus  fâcheuse  que  la  pauvreté, 
sur  les  individus  obligés  de  gagner  le  pain  quotidien  sans  le 
secours  da  patronage. 

Au  surplus,  le  patronage  rural,  qm  a  été  désorganisé,  dans  la 
majeure  partie  de  l'Auvergne,  sous  l'ancien  régime  par  la  défail- 
lance des  classes  dirigeantes,  depuis  la  Terreur  de  1793  par  la 
loi  du  partage  forcé,  vient  d'être  restauré  dans  celte  localité.  Ce 
bieuGait  émane  de  l'industrie  minérale,  c'est^ndire  de  l'un  des 
éléments  de  stabilité  signalés  précédemiofQt  dans  plusieurs 
régions  de  l'Allemagne  (III ,  ni;  IV,  i) .  Lee  riches  Slons  de  plomb 
argentifère,  abandonnés  depuis  Jonglemps,  au  milieu  des  obsta>- 
cles  suscitée  par  les  iostituAions  vicieuses  de  l'ancien  régime  (i  s), 
sont  devenus  récemment  l'objet  d'une  exploitation  lucrative.  Les 


.yGoogle 


480  CH.  Vt.  —   UIKEUK  M    PONTflIBADD. 

nouveaux  exploitants  se  montrent  animés,  à  un  haut  degré,  de 
l'esprit  de  patronage.  Ils  ouvriront,  dans  cette  riche  région 
métallirère,  une  ère  durable  de  stabilité,  pourvu  qu'ils  ne  soient 
pas  entravés  par  les  discordes  civiles  qui  ont  été  partout  l'un  des 
écueils  des  corporations  de  mines  métalliques.  F.  l.-p. 

§18. 

CAUSES  QUI  ENTKAVEM,   EN   FBANCE,   L'EXPLOITATION   DES   MINES 

MÉTALLIQUES. 

Les  usines  à  fer  sont  la  seule  branche  d'industrie  minérale 
où  l'on  ait  tiré  parti  des  ressources  du  territoire  français.  Les 
autres  métaux,  que  recèlent  en  abondance  les  chaînes  métal- 
lifères de  Bretagne,  des  Vosges,  du  Lyonnais  et  des  autres 
montagnes  centrales,  des  Alpes  et  des  Pyrénées,  sont  à  peine 
exploités  aujourd'hui,  bien  qu'ils  aient  été,  à  diverses  époques, 
l'objet  d'entreprises  florissantes. 

Cet  état  de  choses  doit  surtout  être  attribué  à  ce  que,  peu- 
dant  les  derniers  siècles,  les  institutions  du  pays  n'ont  guère  été 
en  harmonie  avec  les  convenances  propres  de  l'industrie  miné- 
rale. Aujourd'hui  même,  l'organisation  industrielle  et  surtout 
les  mceurs  ne  sont  point  encore  en  mesure  de  triompher  des 
difficultés  qu'il  faut  surmonter  dans  ce  genre  d'entreprises. 
.  Le  caractère  dominant  des  gttes  métallifères,  dans  toutes  les 
contrées  du  globe,  est  l'irrégularité.  Les  gîtes  nombreux  qu'on 
y  exploite  offi^nt  des  difTérences  énormes  dans  leur  composition 
et  dans  leur  richesse.  Chaque  gîte  lui-même,  considéré  isolément, 
présente  dans  son  allure  de  brusques  variations  qui  font  succéder 
tout  à  coup  la  pénurie  à  l'abondance,  et  t^tceverxa.  Pour  obtenir 
d'une  année  à  l'autre  une  production  à  peu  près  régulière,  et  en 
rapport  avec  les  capitaux  consacrés  à  l'entreprise,  avec  la  popu- 
lation et  le  matériel  qu'on  y  emploie,  il  faut  donc  que  les  tra- 
vaux soient  conduits  sur  une  grande  échelle  et  dans  de  hautes 
vues  d'avenir.  11  faut,  en  un  mot,  compenser  par  la  multiplicité 
des  chances,  réparties  sur  de  nombreuses  masses  métallifères  et 


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Éhiiir.vns  divers  db  la  constiidtion  socialb.  I8f 

sur  de  longues  périodes,  i'iDégalité  qui  est  le  caractère  distioctif 
de  celte  richesse  naturelle.  La  prospérité  des  travaux  séculaires 
qui  illustreat  la  Suède,  la  Hongrie  (IT,  i),  le  Hartz  (III,  ni) 
et  l'Angleterre  ne  se  perpétue  que  si  une  même  pensée  est  sui- 
vie pendant  plusieurs  générations,  lorsque  des  capitaux  tenus 
sans  cesse  en  réserve  viennent  combler,  à  certaines  époques 
malheureuses,  le  déficit  causé  par  l'appauvrissement  momentané 
des  régions  exploitées,  par  la  concurrence  subite  de  nouveaux 
centres  de  production,  ou  par  les  autres  circonstances  qui  peuvent 
temporairement  entraver  les  conditions  de  succès. 

Les  contrées  qu'on  vient  de  citer,  et  dans  lesquelles  fleurit 
l'exploitation  des  mines,  offrent  une  organisation  sociale  et  indus- 
trielle en  rapport  avec  ces  diverses  convenances.  En  Angleterre, 
par  exemple,  les  mines  de  chaque  district  minéral  sont  concédées, 
ù  perpétuité,  à  une  famille  puissante,  dont  la  splendeur  repose 
en  partie  sur  l'exploitation  des  métaux  qu'elles  recèlent.  Cette 
sorte  de  propriété  se  transmet  intacte  dans  la  famille,  de  géné- 
ration en  génération,  sans  morcellement,  et  par  conséquent  sans 
chance  de  conflit  entre  les  cohéritiers.  Le  propriétaire  des  mines 
{lord  of  Ihe  manor)  exploite  quelquefois  en  régie  pour  son  propre 
compte.  Plus  ordinairement,  il  concède  ses  droits  pour  de  longues 
périodes  à  des  compagnies  qui  offrent  toutes  les  garanties  dési- 
rables, qui  courent  toutes  les  chances  de  l'entreprise  et  qui  paient 
une  redevance  modérée,  comprise  ordinairement  entre  le  qua- 
torzième et  le  vingtième  du  produit  brut.  Cette  combinaison  main- 
tient heureusement  l'harmonie  entre  l'intérêt  du  moment,  repré- 
senté par  les  concessionnaires,  et  l'intérêt  de  l'avenir,  qui  reste 
sous  la  sauvegarde  du  propriétaire.  Elle  assure  le  maintien  des 
travaux,  alors  même  que  les  exploitants  temporaires  viendraient 
k  manquer.  En  Hongrie  et  en  Allemagne,  cette  haute  direction, 
nécessaire  anx  exploitations  de  mines,  a  été,  en  général,  impri- 
mée par  les  (îouvemements,  secondés  par  de  puissantes  corpo- 
rations (III, lu.  11).  Depuis  plusieurs  siècles,  cette  organisation 
de  la  propriété  maintient  l'esprit  de  tradition,  soit  pour  la  direc- 
tion technique  des  travaux,  soit  surtout  en  ce  qui  concerne  le 
patronage,  dont  les  populations  ouvrières  ne  peuvent  se  passer. 


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En  France,  les  fécondes  influences  du  système  anglais  et  du 
système  allemand  ODt  toujours  manqué.  Le  pouvoir  souveraio, 
qui  a  revendiqué  depuis  longtemps  le  droit  de  disposer  des 
mines,  n'a  su,  ni  les  exploiter  directement  en  régie  par  ses 
propres  agente,  ni  les  concéder  à  de  puissants  propriétaires  en 
situation  de  les  Féconder.  Il  n'a  pas  mieux  réussi,  en  général,  à 
contrôler  ou  îi  soutenir  les  personnes  auxquelles  il  a  directement 
délégué  soa  droit,  à  charge  d'exploitation  directe.  La  loi,  émi- 
nemment libérale  en  principe,  qui  est  aujourd'hui  en  vigueur 
concède  les  mines  à  titre  gratuit,  sans  autre  obligation,  pour  les 
concessionnaires,  que  de  tenir  les  btivaux  en  activité  ;  elle  n*a 
cependant  produit,  jusqu'à  ce  jour,  que  des  résultais  insigniSaats. 
Les  concessionnaires  directs  n'ont,  ordinairement,  visé  qu'à 
vendre  leurs  mines,  à  haut  prix,  à  des  capitalistes  inexpérimentés; 
et  ceux-ci,  après  avoir  stérilement  dépensé  dans  celte  acquisition 
la  partie  principale  de  leurs  ressources,  se  sont  trouvés  bientôt 
dans  l'impossibilité  de  continuer  les  travaux.  En  général,  les  cod- 
cessionnaires  français,  quoique  pourvus  à  titre  gratuit,  se  mon- 
trent beaucoup  plus  exigeants,  envers  les  exploitants  sérieux  qui 
se  présentent,  que  ne  le  sont,  en  Angleterre,  les  propriétaires 
jouissant  sur  les  gîtes  miuéraux  d'un  droit  absolu  de  possession  : 
c'est  que  les  premiers  n'ont  en  vue  qu'un  intérêt  immédiat, 
tandis  que  les  derniers  se  laissent  surtout  déterminer  par  de 
hautes  vues  d'avenir.  De  son  câté,  l'administration  française  a 
toujours  traité  avec  une  tolérance  bienveillaute  les  concession- 
naires qui  ne  se  trouvent  point  en  mesure  de  remplir  leurs  obli- 
gations. Le  système  actuel  n'a  donc  abouti,  en  définitive,  qu'à 
aliéner  entre  des  mains  incapables  une  partie  importante  de  la 
richesse  publique. 

Il  importe  cependant  que  l'admisistration  française  sorte  de 
la  voie  où  elle  est  engagée.  L'exploitation  des  mines  et  la  foute 
des  minerais  offrent  en  efièt,  dans  un  grand  pays,  des  sources 
précieuses  d'activité.  L'importance  du  rôle  que  jouent  ces  arts 
dans  l'économie  des  sociétés  tient  surtout  h  ce  que,  comme  l'in- 
dustrie manufacturière  en  général,  ils  offrent  à  l'agriculture  le 
débouché  qui  résulte  delà  présence  d'une  nombreuse  populatioo 


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iLÉHKNTB  DITKBS  DB   LA  C(nt8TITD1I0T(  SOCUIS.  U3 

onvrièfe.  L'extraction  des  métaux  a,  d'ailleurs, des  avaotages  qui 
lui  sont  spéciaux,  et  qui  nese  rencontrent  pas  au  même  degré 
dans  les  autres  branches  d'industrie.  Ellea  pour  siège  des  régions 
montagneuses,  peu  fertiles,  éloignées  des  grandes  voies  com- 
merciales et  qui,  sans  ce  secours,  resteraient  étrangères  à  toute 
activité  industrielle.' Tirant  du  sein  de  la  terre  toutes  les  matières 
qu'elle  élabore,  elle  n'absorbe  pas,  comme  le  font,  par  exemple, 
les  fabriques  de  tissus  de  lin,  une  partie  importante  du  lerriloire; 
et  elle  ne  place  pas  le  pays,  comme  le  font  les  fabriques  de 
coton,  dans  la  dépendance  des  pays  lointains.  Eu  résumé,  la 
mise  en  valeur  d'une  mine  métallique,  dans  les  conditions  ou  la 
France  se  trouve  aujourd'hui,  n'enlève  à  l'agriculture  aucun  de 
ses  moyens  d'activité.  Elle  accrott,  sous  tous  les  rapports,  la 
force  productive  et  la  puissance  du  pays,  sans  y  jeter  aucun  élé- 
ment de  concurrence.  Souvent  même,  il  est  réservé  à  l'industrie 
minérale  de  développer  les  premiers  germes  d'initiative  et  de 
culture  intellectuelle  dans  des  contrées  qui,  jusqu'alors,  avaient 
à  peine  donné  prise  à  l'activité  humaine.  Tel  est  le  rôle  qu'ont 
joué  dans  l'antiquité  les  mines  d'argent  de  l'Espagne,  et  les 
mines  d'élain  de  l'Angleterre.  Le  même  cas  s'est  présenté,  a,a 
xvi'  siècle,  pour  les  mines  d'argent  des  deux  Amériques.  Il  se 
reproduit  de  nos  jours,  sur  une  échelle  immense,  pour  les  mines 
d'or  de  l'Oural,  de  l'Âltal  et  de  la  Sibérie  orientale,  de  la  Cali- 
fornie et  de  l'Australie;  pour  1^  mines  d'argent  de  la  chaîne 
des  Andes,  pour  les  mines  de  cuivre  des  Andes,  du  lac  Supérieur, 
de  l'Australie,  de  ta  Nouvelle-Zélande.  En  France  même,  où  le 
territoire  peuplé  depuis  longtemps  ne  comporte  pas  ces  subites 
conquêtes  sur  le  désert  ou  sur  la  barbarie,  ou  a  pu  apprécier 
l'heureuse  influence  qu'exerce,  sur  l'économie  sociale  d'une  loca- 
lité, l'exploitation  des  gttes  métallifères.  Un  exemple  de  ce  genre 
est  fourni  par  les  mines  d'argent  et  de  plomb  de  Pontgibaud, 
auxquelles  est  attachée  la  famille  décrite  dans  la  présente  mono- 
graphie. Beaucoup  de  montagnes  métallifères  ofl'rent  en  France 
les  mêmes  conditions  ;  mais  il  est  fort  rare  d'y  trouver,  sous  le 
régime  vicieux  indiqué  ci-dessus,  l'énergie  et  la  persévérance 
déployées,  depuis  1330,  dans  cette  localité. 


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lu  CB.  IT.  —  MINBUl  DE    PONTOIIADD. 

S  *»■ 

AVANTAGES  ASSDR^S   A  PLUSIEDBS  UONTAGNES  DE  L'ADVEECNB 
PAA   LE   RÉGIHB   d'ÉHIGRATION  ET  PAR  L'EXPLOITATION  DES  MINES 
UÉTALUQUES. 

La  population  de  plusieurs  moDtagnes  de  l'Auvergne  est  sur- 
tout formée  de  petits  propriétaires,  produisant  la  provision  de 
céréales  oécessaires  à  leur  coDsommalion.  Elle  s'adonne  d'une 
manière  spéciale  à  l'élevage  des  bêtes  à  cornes  dans  les  pâturages 
communaux,  qui  occupent,  à  proximité  de  chaquecentre  de  popu- 
lation,uneéteodue  considérable.  Cette  industrie  pastorale  ne  suffit 
pas,  en  général,  pour  occuper  toute  l'activité  de  la  population. 
Les  jeunes  gens,  parvenus  à  ï'âgede  16  à  18  ans,  resteraient  donc, 
pour  la  plupart,  sans  moyens  d'existence,  si,  à  l'exemplede  beau- 
coup d'autres  montagnards  placés  dans  les  mêmes  conditions (IV, 
T,  so),  iisnesecréaientpas  des  ressources  par  l'émigration.  Pen- 
dant les  derniers  siècles,  les  jeunes  gens  de  cette  région  avaient 
pris  rbabitude  d'aller  en  Espagne  exercer  divers  travaux,  auxquels 
la  population  locale  ne  pouvait  suffire;  mais,  depuis  que  ce  dé- 
bouché leur  est  fermé  (v,  3 1  ) ,  ils  se  dirigent  vers  Paris  et  Lyon, 
oîi  ils  s'emploient  :  les  garçons,  en  qualité  de  porteurs  d'eau,  de 
portefaix  et  de  brocanteurs  ;  les  filles,  en  qualité  de  domestiques. 
Plusieurs  s'y  fixent  d'une  manière  définitive,  sans  se  mêler  à  la 
population  urbaine,  en  s'établissant  comme  marchands  de  bois  et 
de  charbons,  ou  en  entreprenant  quelque  autre  petit  commerce 
de  détail.  Mais  la  majeure  partie,  après  une  émigration  plus  ou 
moins  protengée,  revient  s'établir  au  pays  sur  une  petite  pro- 
priété, dont  le  premier  noyau  a  été  créé  par  l'héritage  et  qui  s'est 
a(%rue  au  moyeu  des  épargnes.  Cette  contrée  est  l'une  de  celles 
où  l'on  apprécie  l'heureuse  induence  de  la  transmission  intégrale 
des  petites  propriétés;  cependant  ces  habitudes  commencent  à 
se  dénaturer,  soit  que  les  gws  perdent  les  sentiments  moraux 
qui  se  rattachaient  aux  anciennes  institutions,  soit  qu'ilsdoiveot 
se  conformer  au  texte  des  nouvelles  lois  civiles.  Cette  organisa- 
tion sociale  est  recommandable  à  plusieurs  égards  ;  elle  offire  tou- 


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BLBMBIIT8  DITBRS  DE  Lh  CONSTITUTION  » 


tefois  de  regreilables  lacunes.  Ainsi,  elle  développe  la  Taculié 
d'épargner,  plus  que  l'aptitude  à  produire;  les  habitudes  régu- 
lières, plus  que  l'esprit  d'initiative;  elle  entretient,  en  un  mot, 
les  vertus  passives  beaucoup  plus  qu'elle  ne  stimule  les  qualités 
actives  (s).  Les  mœurs  ont  conservé  de  la  pureté,  parfois  même 
une  certaine  dignité;  cependant  elles  reçoivent  çà  et  là  une  cer- 
taine atteinte  de  rinflueDce  de  quelques  émigranls,  qui,  moins 
heureusement  doués  que  la  masse,  se  dépravent  au  contact  des 
populations  urbaines,  et  rapportent  au  pays  natal  des  habitudes 
de  démoralisation. 

L'exploitation  de  mines  d'argent  et  de  plomb  de  Pontgibaud, 
rétablie  après  une  longue  interruption,  depuis  une  vingtaine 
d'années,  lend  heureusement  à  modifier  cet  état  de  choses  dans 
les  riions  qui  confinent  à  cette  localité.  Les  causes  de  cette 
amélioration  se  trouvent  à  la  Tois  dans  le  principe  même  de 
l'activité  industrielle,  et  dans  la  direction  morale  imprimée  à  la 
population  ouvrière  par  une  administration  intelligente,  animée 
de  l'esprit  de  patronage.  La  création  de  ce  centre  d'activité  a 
tout  d'abord  mis  fin,  dans  un  rayon  assez  étendu,  aux  habitudes 
d'émigration.  Bien  que  l^  salaires  soient  restés  à  bas  prix,  les 
travaux  des  mines  et  des  fonderies  offrent  en  définitive,  à  la 
population,  des  occupations  non  moins  lucratives  que  ne  l'étaient 
précédemment  les  occupations  urbaines.  Les  avantages  du  nou- 
veau régime  sont  singulièrement  relevés  par  cette  double  cir- 
constance, que  les  jeunes  gens  ne  sont  plus  obligés  de  renoncer 
à  la  vie  de  famille  et  qu'ils  n'ont  plus  à  supporter  les  perles 
de  temps  et  les  frais  qu'exigent  des  voyages  à  de  grandes 
distances.  Des  ouvriers  étrangers,  judicieusement  choisis  par 
l'administration  des  mines  pour  diriger  les  brigades  d'ouvriers 
indigènes,  ont  stimulé,  par  leur  exemple,  l'indolence  locale;  et, 
d'un  autre  côté,  la  population,  pour  développer  plus  d'activité,  a 
dû  se  résoudre  à  améliorer  un  peu  son  régime  alimentaire.  Les 
ouvriers  les  plus  intelligents,  élevés  par  d'habiles  combinaisons  h 
la  condition  de  tâcherons,  n'ont  pas  tardé  à  reconnattre  qu'ils 
produisaient  davantage  en  se  nourrissant  mieux,  el  qu'un  meil- 
leur régime  se  résumait  pour  eux  en  un  bénéfice  net. 


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486  CH.  IV.   —  imtEDB  DE    PONTSIBAUP. 

L'industrie  minérale  a  surtout  amélioré  la  condition  des 
jeunes  filles,  pour  lesquelles  l'émigratioD  oITrait  de  graves  iocon- 
vénieols,  et  que  leurs  parents  retenaient  souvent  inactives  à  la 
maison.  Elles  trouvent  aujourd'hui  des  occupations  appropriées 
à  leur  sexe  dans  les  ateliers  de  préparation  mécanique  où  les 
minerais  sont  soumis  au  triage  et  à  des  manipulations  variées, 
qui  en  séparent  les  matières  stériles  et  les  rendent  propres  k  la 
Âision.  Prévoyant  avec  sollicitude  les  inconvénients  qui  pour- 
raient résulter  de  la  réunion  d'un  grand  nombre  de  jeunes  filles 
loin  de  la  surveillance  maternelle,  l'administration  a  pris  en 
leur  faveur,  en  ce  qui  concerne  le  logement,  la  nourriture  et  les 
récréations,  des  mesures  analogues  à  celles  dont  la  convenance 
est  depuis  longtemps  appréciée  dans  les  ateliers  industriels  de 
l'Amérique  du  Nord  *. 

L'initiative  prise  h  cet  égard  par  les  directeurs  des  mines  de 
Pontgibaud  est  un  des  plus  précieux  symptômes  du  mouvement 
de  régénération  qui  se  manifeste  de  plus  en  plus,  dans  quelques 
parties  de  la  France,  par  une  combinaison  tulélaire  delà  religion  et 
du  patronage.  Elle  forme  uo  contraste  marqué  avec  l'élatde  choses 
qui  subsiste  malheureusement  encore  dans  plusieurs  districts 
manufacturiers,  particulièrement  dans  les  fabriques  de  Reims,  de 
Sedan,  d'Amiens  et  de  Limoges.  Beaucoup  de  propriétaires  et 
de  fabricants  y  voient  avec  indifTérence  une  dégradation  morale 
dont  les  peuples  les  plus  primitifs,  les  nomades  de  l'Orient,  par 
exemple  (11,  i),  ne  pourraient  concevoir  la  pensée.  Cette  indif- 
férence existe  même  dans  plusieurs  villes  de  fabrii|ues,  où  les 
chefs  d'industrie  montrent  d'ailleurs,  pour  le  bien-étre  matériel 
de  la  population  ouvrière,  une  véritable  sollicitude.  L'opinion 
publique,  manquant,  sur  ce  point,  à  ta  haule  mission  qui  lui  est 
assignée  chez  les  peuples  prospères,  n'a  point  assez  de  délicatesse 
ou  d'énergie  pour  protéger  de  pauvres  jeunes  filles  contre  des 
tortures  morales  du  caractère  le  plus  odieux*.  Dans  quelques 
districts  manufacturiers,  le  mal  est  arrivé  à  ce  point,  que  les 

1.  Hicb«l  Cberalier,  Uttrei  tur  VAnt4riijM  du  Nord,  tome  V,  p.  326. 
8.  Villormé,  TabUau  d»  l'Mat  ph\/tiqu«  et  moral  du  ouvriers,  Paris,  1840,  touie  I", 
p.  258. 


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BLEHBMTa  Dimt  PB  LA  COKSTITIITIOn  BOCULB.  187 

agents  direcls  de  la  corniptioa  sont  les  chefs  d'industrie  eux- 
mêmes,  c'est-à-dire  ceux  que  les  lois  divines  et  humaines  char- 
gent de  la  conservation  de  l'ordre  social.  Cette  dépravation,  il 
faut  le  dire,  est  plus  souvent  décelée  par  la  vaniteuse  iodiscré- 
lion  des  coupables  que  par  la  réprobation  des  gens  de  bien.  En 
certaines  localités,  les  personnes  ayant  conscience  de  la  honte 
que  ces  désordres  font  peser  sur  la  France  ne  pourraient  même 
protester  sans  encourir  le  ridicule.  Plusieurs  personnes  qui  ont 
habite  l'Angleterre  affirment  que  ces  vices  y  existent  également. 
S'il  en  est  ainsi,  il  faut  constater  du  moins,  en  l'honneur  des 
Anglais,  que  les  coupables  n'ont  point,  comme  en  France,  le  pri- 
vilège de  l'impunité  ;  qu'ils  doivent  se  soumettre  à  une  dissimu- 
lation profonde  pour  échapper  aux  atteintes  de  la  justice  et  à  la 
flétrissure  que  leur  imprimerait  l'opinion.  Quant  aux  États-Unis 
d'Amérique,  ou  s'accorde  généralement  à  convenir  que  ce  genre 
de  désordre  y  est  inconnu.  Cet  état  de  démoralisation,  il  est 
regrettable  de  le  dire,  est  spécial  à  la  France  et  h  quelques  parties 
de  l'Autriche,  de  l'Italie  et  de  l'Espagne.  L'initiative  honorable 
prise  par  l'administration  des  mines  de  Pontgibaud  n'étant  malheu- 
reusement qu'un  fait  exceptionnel,  et  les  mœurs  privées  faisant 
défaut  à  cet  égard,  il  y  a  pour  l'autorité  publique  devoird'intcr- 
venir.  Le  plan  de  réforme  semble  être  tracé  par  la  pratique  de 
l'Angleterre  et  des  États-Unis  :  il  consisterait  à  définir  les 
manœuvres  de  corruption  ayant  le  caractère  d'un  délit,  puis  à 
autoriser  les  jeunes  filles  qui  en  sont  victimes  à  réclamer  un 
dédommagement  devant  les  tribunaux.  Il  s'agit,  en  déGnitive, 
de  rendre  aux  femmes  une  faculté  quiparattêtre  de  droit  naturel 
et  dont  elles  sont  aujourd'hui  privées  par  l'art.  3^0  du  Code  civil. 
L'administration  des  mines  de  Pontgibaud  a  contribué,  en 
outre,  au  progrès  de  l'instruction  primaire;  et  les  résultats  en 
sont  déjà  appréciables.  Les  réformes  qu'elle  a  introduites  dans  la 
localité  offrent  une  complète  analogie  avec  celles  qui  ont  été 
récemment  réalisées  en  Angleterre,  sous  t'influence  de  l'esprit 
religieux  et  des  sentiments  de  patronage  flIT,  ix,  is).  Elle 
justifie,  sous  ces  divers  rapports,  ce  qui  a  été  dit  précédem- 
ment (i  s)  touchant  l'ioflueDce  féconde  de  l'industrie  minérale. 


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-  UINEUR    DE  PONTGISAUD. 


§20. 

ANCIENNES  COMMUNAUTÉS  DE  L'aUTERGNE  COUPOS^ES  DE  MÉNAGES, 
TROPRIÉTAIRES  RURAUX,    ISSUS   D'uN   COMMUN   ANCÊTRB. 

LES  aniTTARD-PINON,    EN    1788. 

Les  communautés  coaslituées  par  des  ménages  issus  d'uo 
commun  ancêtre  ne  se  perpétuent  pas  seulement  chez  les  pasteurs 
nomades  des  steppes  d'Europe  et  d'Asie  (II,  In.  3).  Elles  exis- 
tent depuis  une  époque  Tort  ancienne  chez  divers  peuples  agri- 
culteurs; et  elles  sont  encore  le  fondement  de  la  constitution 
sociale  chez  plusieurs  races  slaves  voisines  du  Danube  et  de 
l'Adriatique  {IV,  i,  ss).  Des  communautés  d'agriculteurs, orga- 
nisées dans  des  conditions  semblables,  se  sont  formées  aux  ori- 
gines du  moyen  âge  dans  plusieurs  provinces  de  la  France  cen- 
trnle,  notamment  dans  le  Nivernais  et  l'Auvergne;  et  elles  y 
étaient  désignées,  comme  chez  les  Slaves,  sous  le  nom  de  l'an- 
cêtre dont  elles  étaient  issues.  La  communauté  des  Jault  (vi,  3  s) 
existait  encore  à  l'époque  où  j'étudiais  la  constitution  sociale  du 
Nivernais.  Celles  qui  étaient  désignées  en  Auvergne  sous  les  noms 
de  Quittard,  Baritel,  Beaujeu,  Bourgade,  Tarenté  et  Terme, 
étaient  encore  en  pleine  prospérité,  en  juillet  1788,  à  l'époque 
où  Legrand  d'Aussy  visita  la  première.  Cet  auteur  partageait  les 
idées  dont  s'inspiraient  la  plupart  des  lettrés  contemporains.  Il 
paraît  avoir  été  attiré  chez  les  Quittard  par  le  désir  d'admirer 
une  petite  société,  qui,  en  choisissant  son  chef  par  voie  d'élec- 
tion, semblait  réaliser  les  inventions  du  contrat  social.  Mais  il 
est  curieux  de  constater,  par  le  précis  suivant  de  la  lettre  de 
Legrand  d'Aussy*,  le  contraste  qui  existe  entre  la  paix  sociale 
qu'observa  cet  auteur,  et  la  discorde  que  crée,  depuis  89  ans, 
l'application  des  erreurs  de  J.-J.  Bousseau. 

La  communauté  des  Quittard  habite  le  hameau  de  Pioon, 
situé  à  une  demi-lieue  N.-O.  de  la  ville  de  Thiers.  Elle  forme 

1.  Legkihd  d'Auist,  Dùcvmentt  ritrosptetifi  tw  l'Auvergn»;  lettre  sur  la  coid' 
munaiM  des  Quittant>Plian, 


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^LBMBKTB  DIVERS  DE  LA  CONSTITUTION  SOCIALE. 


quatre  ménages,  compreDant  19  persoDoee  (hommes,  femmes  et 
enfants),  complétés  par  1 S  domestiques.  Elle  est  gouvernée  par 
deux  personnes,  le  Maître  et  la  Maltresse,  élus  par  les  ménages 
réunis.  Le  Mattre  a  l'autorité  suprême;  et  il  remplit  la  fonction 
d'un  père  dans  sa  famille.  II  préside  spécialement  aux  travaux 
des  cultures  et  à  toutes  les  affaires  du  dehors.  La  Maîtresse, 
sous  l'autorité  supérieure  du  Maître,  préside  aux  afiaires  de 
l'intérieur  :  à  la  basse-cour,  à  la  cuisine,  aux  services  du  linge 
et  des  vêtements.  Elle  est  toujours  choisie  dans  un  ménage  autre 
que  celui  du  Mattre. 

Les  mariages,  sauf  des  cas  exceptionnels,  sont  contractés 
dans  le  sein  de  la  Communauté.  Les  dispenses  nécessaires  sont 
accordées  par  l'évéque  de  Glermont,  conformément  à  un  acle 
fort  ancien  rendu  par  no  souverain  pontife,  eu  égard  à  ta  sagesse 
dont  s'inspiraient  les  Maîtres  en  adressant  leurs  demandes  à 
l'autorité  ecclésiastique.  La  prière  du  matin  est  faite  dans 
chaque  ménage  ;  celle  du  soir  a  lieu  dans  la  salle  commune,  la 
cuisine,  devant  tous  les  membres  groupés  près  d'une  petite  cha- 
pelle où  sont  placées  les  images  du  Christ  et  de  la  Vierge.  Pen- 
dant les  repas,  faits  en  commun  dans  cette  salle,  les  hommes 
sont  servis  par  les  femmes.  La  Communauté  produit  tous  les 
aliments  ainsi  que  les  autres  objets  qu'elle  consomme;  et  elle 
n'achète  que  le  sel  et  le  fer. 

La  Communauté  vit  dans  un  état  d'aisance.  Elle  possède 
tout  le  hameau  de  Pinon,  avec  le  moulin,  les  jardins,  les 
vignobles,  les  terr^  arables,  les  pâturages,  les  châtaigneraies 
et  Ira  bois  qui  s'étendent  au  loin.  Selon  la  coutume  de  ta  Com- 
munauté, ce  domaine  est  indivisible;  et  il  se  transmet  intégra- 
lement aux  générations  successives.  Les  filles  qui  se  marient  hors 
de  la  Communauté  reçoivent  une  dot  en  argent  de  600  livres. 
La  terre  peu  fertile  ne  produit  guère  que  le  seigle  nécessaire  à  la 
subsistance  des  32  bouches  des  quatre  ménages  et  de  leurs 
domestiques.  Cependant,  il  y  a  toujours  un  excédant  pour  les 
pauvres;  et  ceux-ci  trouvent  à  Pinon  un  accueil  bienveillant. 
La  Communauté  se  développe  peu,  car  ses  quatre  ménages  com- 
prennent seulement  une  moyenne  de  cinq  membres.  Elle  n'a  point. 


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190  CH.  IV.   —  MINBtIl  UB   PONTGlUtD. 

la  force  d'expansion  nécessaire  pour  propa^  ses  verlus  daos 
les  contrées  voisiaes.  Sous  ce  rapport,  elle  reste  inférieure  aux 
communautés  slaves  décrites  dans  cet  ouvrage  (IV,  i,  aaetsa). 
Ces  vertus  étaient  d'ailleurs  reconnues  dans  la  contrée  par  l'opi- 
QJon  publique;  et  l'auteur  a  exprimé,  dans  les  termes  suivants, 
l'impr^sion  qu'il  eu  a  lui-même  ressentie  : 

a  Tout  ce  que  me  disaient  ces  braves  gens,  tout  ce  qu'ils 
répcmdaient  à  mes  questions,  me  les  montrait  doux,  simples, 
bons,  et,  quoique  iofiniment  respectables,  plus  aimables  encore. 
Je  me  voyais  dans  le  séjour  du  bonheur  et  de  la  vertu;  il  me  sem- 
blait être  sous  un  autre  câei  et  avec  une  autre  espèce  d'hommes. 
Mais  C8  que  je  ne  pus  voir  sans  émotion,  c'était  le  tableau  de 
concorde  et  d'union,  de  bonheur  et  de  santé,  que  me  présentait 
cette  république  de  parents.  Je  ne  doute  plus  à  présent  qu'une 
longue  pratique  de  vertus  u'influe,  à  la  longue,  sur  les  traits  du 
visage,  et  qu'elle  ne  lui  imprime,  avec  le  temps,  un  caractère  par- 
ticulier qui,  devenant  ineffaçable,  finît  par  distinguer  réellemait 
une  race  d'avec  une  autre.  Non,  ce  n'est  point  l'enthousiasme 
qui  m'aveugle.  A  Piooa,  la  physionomie  des  hommes  porte  une 
empreinte  de  loyauté.  Celle  des  femmes  oITre  un  air  de  décence, 
de  caodeur  et  de  vertu,  qu'on  ne  peut  méconoaitre,  et  qui  est 
chez  elles  ce  qu'est  chez  d'autres  ce  caractère  original  qu'où 
appelle  air  de  famille.  On  le  distingue  même  dans  les  traits  des 
petites  6lles,  quoique  moins  développé.  Je  l'ai  fût  remarquer  à 
deux  personnes  qui  m'accompagnaient  ;  et  j'en  atteste  tout  voya- 
geur que  la  curiosité  pourra,  comme  moi,  conduire  à  Pinon.  •> 

LEB   QaiTTARD-PIMON,   EM   186&. 

La  loi  de  partage  forcé,  édictée  sous  la  Terreur,  Ie7mars  1793, 
n'a  pas  immédiatement  porté  tous  ses  fruits  à  Pinon.  Rien 
n'a  été  d'abord  changé  à  une  organisation  sociale  fondée 
sur  des  coutumes  datant  de  onze  siècles  '  ;  mais  peu  à  peu,  sous 
l'influence  des  trois  régimes  qui  succédèrent  rapidement  à  la 


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iLÉHENTS    DIVERS   DB     LA 

Terreur,  ane  transformation  s'opéra  dans  les  esprits.  Elle  fut 
plus  prompte  chez  les  communautés  de  l'AuTergae  que  chez  les 
familles-souches  du  Lavedan  (IV,  ix,  17).  Les  ménages  soumis 
au  Maître  par  le  lien  de  l'élection  ne  pouvaient  être,  en  effet, 
aussi  fortement  unis  en  Auvergne  que  l'étaient,  dans  les  Pyré- 
nées, les  frères  et  les  sœurs  groupés  sous  l'autorité  d'un  même 
père.  Les  guerres  de  la  Révolution,  du  Consulat  et  de  l'Empire, 
qui  avaient  détruit  en  pai'tie  la  population  mâle  de  la  France, 
furent  d'ailleurs  pour  les  Qulllard-Pinon  une  cause  déterminante 
d'ébranlement.  En  1816,  l'un  des  quatre  ménages  de  la  com- 
munauté n'était  plus  représenté  que  par  une  jeune  fille  qui  ne 
put  trouver  un  époux  chez  les  trois  autres  :  il  fallut  se  pourvoir 
au  dehors;  et,  sous  la  pression  du  Code  civil,  il  fallut  modifier 
l'ancien  contrat  de  mariage  en  usage  pour  les  filles  de  la  com- 
munauté. 

Étranger  à  la  localité,  le  nouveau  gendre  introduisit  la  dis- 
corde dans  la  petite  société  où  la  paix  régnait  depuis  un  temps 
immémorial.  La  vie  commune  devint  impossible;  et  le  Mattre, 
voyant  que  son  autorité  était  méconnue,  dut  provoquer,  dès  1818, 
la  dissolution  de  la  communauté.  Cette  première  liquidation, 
qui  partagea  les  biens  mobiliers  et  tes  immeubles  entre  les 
quatre  ménages,  dura  jusqu'en  1825;  et  elle  fut  suivie  de  plu- 
sieurs autres,  à  mesure  que  la  mort  frappait  les  chefs  de  famille. 
En  1855,  après  cette  série  de  partages,  tout  n'est  point  encore 
détruit.  L'ancien  chef-lieu  des  Qniltard-Pinon  et  la  ceinture 
d'honneur,  accordée  à  la  communauté  par  le  roi  Louis  XVI, 
restent  la  propriété  d'Annet  Quittard,  arrière-petit-fils  du  Maître 
qui  gouvernait  en  1788.  Ce  représeutant  de  l'antique  commu- 
nauté s'efforce  de  transmettre  à  son  jeune  fils  la  vénération  des 
aïeux,  que  lui-même  avait  reçue  de  son  père.  La  tyrannie  du 
Code  a  pu  détruire  l'œuvre  matérielle  du  vin*  siècle  :  1^  forces 
morales  de  la  famille  en  gardent  encore  le  souvenir. 


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CHAPITRE  V 

PAYSAN-BASQUE 

DU   LADOBHD   (FRANCE) 

daui  Is  >;r>Uiiie  du  Inrall  uni  angmgsinsnU, 

LE  UINEtTR'ËUiaBAKT    DE.  LA  OALICE  (33), 

D'lt>RkS     CBS     BENSBlflNEUBNTS     RECOEILLIS     SDK     LES     LIBOX, 
EN    ivm    4366, 

pak  hh.  a.  de  saint-lëger  et  e.  DELDBT. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 

DÉFINISSANT  LA  GONDITIOH  DES  DIVERS  HEUBIIBS   DE  LA  FAMILLE. 

DéSnllIatt  «lu  Ueu,   de   ■'•rsaMlMt*lo«    tadiutrlelle 


SI. 

ÉTAT    DU    SOL,    DB    L'INDUSTKIE    ET    DE    LÀ    POPULATION. 

La  famille  habite  la  commune  d'Ainhoa,  canton  d'Espelelte, 
arrondissement  de  Bayonne,  dans  la  partie  du  pays  basque  TraQ- 
çais  appdée  le  Labourd.  Le  village  est  situé  sur  la  roule  de 
Baronne  à  Pampelune,  à  2  kilomètres  de  la  frontière  espa- 
gnole, dans  la  vallée  de  la  Nivelle,  formée  par  les  mcotagaes 
élevées  qui  prolongent  la  chatae  pyrénéenne  jusqu'au  golfe  de 
Biscaye.  11  est  bâti  sur  les  schistes  argileux  décomposés  et  Ira 


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OBSBIVATIONS  FKéLIHINAtRBS.  193 

calcaires  da  terrain  crétacé  qui  constituent  le  sol  de  ta  contrée. 
Les  schistes  argileux,  toujours  assez  frais,  ne  craignent  pas 
l'humidité,  parce  que  les  pentes  du  terrain  Tacilitent  partout 
l'écoulemenl  des  eaux.  Ce  terrain  est  peu  compacte,  et  la  plu- 
part des  cultivateurs  n'emploient  pour  labourer  qu'une  paire  de 
Taches.  Ceux  qui,  conune  le  propriétaire  ici  décrit,  se  servent 
de  bœuf^,  se  livrent  en  général  à  l'industrie  des  transports  et 
spéculent  sur  l'engraissement  de  ces  animaux.  L'aspect  du  pays, 
dont  les  champs  sont  souvent  entourés  de  haies  et  plantés  de 
pommiers,  rappelle  un  peu  celui  de  la  Basse-Normandie.  Sur 
plusieurs  points  autour  du  village,  les  colline  ont  été  coupées 
en  amphithéâtre  pour  être  livrées  à  la  culture  ;  mais  beaucoup 
de  terrains,  situés  sur  des  pentes  très-rapides,  sont  encore  lais- 
sés à  l'état  de  landes  incultes.  Ils  se  garnissent  d'une  épaisse 
végétation  d'ajoncs  épineux  qu'on  fait  manger  aux  bestiaux  en 
hiver,  et  de  fougères  qu'on  emploie  pour  faire  les  litières.  Une 
certaine  étendue  du  territoire  est  aussi  plantée  en  hauts  taillis 
de  chênes  ou  de  châtaigniers,  contenant  en  moyenne  de  200  à 
300  pieds  d'arbre  par  hectare.  Ces  bois,  exploités  d'ordinaire 
tous  les  dix  ans,  peuvent  être  parcourus  par  les  bestiaux  sans 
inconvénients  et  sont  presque  toujours  livrés  au  pâturage.  Les 
propriétés  communales  sont  très-étendues;  elles  se  composent  de 
îasdes  et  de  bois  exploités  en  haut  et  bas  taillis  (7). 

Le  sol  est  assez  fertile  ;  et,  quand  il  est  bien  cultivé,  il  donne 
de  20  à  25  hectolitres  de  blé  par  hectare  ;  mais  en  général  les 
engrais  sont  trop  peu  abondants  et  de  trop  mauvaise  qualité 
pour  entretenir  ce  degré  de  fertilité.  La  culture  du  mais  et  du 
froment,  comme  céréales,  celle  du  navet  et  des  prairies  natu- 
relles et  artificielles,  comme  fourrages,  constituent  essentielle- 
ment le  système  agricole  du  pays.  La  seule  culture  industrielle 
est  celle  du  liu  nécessaire  i  chaque  ménage.  L'usage  des  pommes 
de  terre  est  encore  peu  répandu  parmi  1^  habitants.  La  famille 
ici  décrite  en  a  planté  cette  année  pour  la  première  fois,  sur  les 
pressantes  sollicitations  du  maire  de  la  commune  (1  s). 

La  population  d'Ainhoa  est  de  800  âmes»  dont  la  moitié 
habile  le  village  même,  l'autre  moitié  étant  disséminée  dans 


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4U  CR.  V-  —  PATSAN-USQITE  DO  LABOIAD   {rkAXCB). 

trois  hameaux  et  &0  maisons  isolées.  A  part  quelques  familles 
vivant  daus  l'aisaDce,  et  pour  la  plupart  enrichies  en  A.mérique, 
cette  population  se  livre  tout  entière  à  l'agriculture,  et  se  répar- 
tit, d'après  les  fonctions  de  chaque  chef  de  famille,  de  la  manière 
suivante  :  petits  propriétaires  (tous  sont  petits]  faisant  valoir  eux- 
mêmes,  69;  —  métayers  payant  une  rente  qui  varie  de  15'00 
il  5h0'  00,  et  vivant  presque  tous  dans  la  gêne  à  cause  de  la  trop 
grande  exiguïté  du  domaine  qu'ils  exploitent,  101  ;  —  journa- 
liers-agriculteurs, 132.  —  Total,  302.  — Les  journaliers  reçoi- 
vent un  salaire  de  1'  25  par  jour  quand  on  ne  les  nourrit  pas,  et 
de  0  '  50  seulement  s'ils  sont  nourris.  Ils  prennent  leur  habitaticm 
à  loyer  et  ils  en  patent  eu  gén^l  le  prix  avec  le  produit  de  la 
vente  d'un  porc  nourri  en  grande  partie  au  moyen  des  res- 
sources dues  aux  subventions.  Mais  le  salaire  qu'ils  touchent  est 
évidemment  insuffisant,  et  ceux  d'entre  eux  qui  restent  constam- 
ment dans  le  pays  vivent  dans  un  état  voisin  de  la  misère. 
Aussi  émigrent-ils  fréquemment  pour  travailler  en  Espagne  et 
dans  les  landes  de  Gascogne  comme  tuiliers  ou  comme  charbon- 
niers. Quelques-uns  partent  chaque  année  pour  l'Amérique; 
d'autres  enfin  sont  employés  à  faire  la  contrebande  par  les 
entrepreneurs  de  fraude  des  communes  voisines.  Depuis  que  les 
tarifs  sont  abaissés  eu  France  et  que  les  marchandises  anglaises 
n'entrent  plus  en  Espagne,  la  contrebande  est  devenue  moins 
active.  Il  y  a,  d'ailleurs,  à  Ainhoa  même  un  bureau  de  douane  ; 
\&  employés,  étant  obligés  de  savoir  la  langue  du  pays,  sont 
presque  tous  Basques.  On  ne  les  considère  pas  en  général  comme 
étrangers,  et  les  autres  habitants  vivent  avec  eux  en  assez  bonne 
intelligence.  Il  faut  noter  aussi  que  les  collisions  sont  prévenues 
par  la  tolérance  de  radministration  qui  permet  de  profiter,  sous 
certains  rapports,  du  voisinage  de  la  frontière  (i3.  S"  i). 

A  part  la  fabrication  du  chocolat,  il  n'y  a  dans  le  pays 
aucune  industrie  manufacturière  ;  mais  ceux  des  cultivateurs  qui 
sont  actifs  et  intelligents  s'occupent  avec  succès  de  l'industrie 
des  transports.  Ils  conduisent  à  Bayonne  les  charbons  des  forêts 
voisines,  les  vins  et  les  laines  d'Espagne,  et  ils  en  ramènent  des 
planches,  de  la  chaux  qu'on  emjrfoie  poor  amender  les  lerres,  et 


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OUnrATlOIfS   PaÉLIHtNilBItS. 


des  céréales  que  le  pays  ne  produit  pas  en  assez  grande  quâMité 
pour  satisfaire  à  ses  besoins. 


sa. 

^TAT   CIVIL  DE  LA  FAMILLB. 

La  famille  comprend  sept  personnes,  savoir  : 

1.  IiAR  Haiikb  BiLBsuiiBn,  cluf  de  Umllle,  né  k  Alatwk M  U». 

S.  Haiu    Etchrvem  (Haima-NeuTe),  m  femme,  aét  à  SonliliU. . .  SS  — 

'i.  GncioH,  leur  flile  «laée,  née  i  Ainhoa IS  — 

i.  Huis,  lear  S*  aile,  née  à  AInboi 13  — 

5.  Piarrèt,  leur  flla,  né  t  AirIim 8  — 

B.  Guhiaa  Segort,  mare  du  chet  de  famille,  née  à  Ainhot 05  — 

7.  Hanframarf  BeleecabieU,  eélibaMire,  taat  da  chef  da  bmille,  oée 

à  Aioboa BO  — 

Un  huitième  membre  de  la  famille,  qui  était  chargé  des  fonc- 
tions de  pasteur  du  troupeau  de  brebis,  est  mort  cette  année 
même.  11  était  oncle  du  chef  de  famille  et  s'appelait  :  Domiuica 
(Dominique)  Oppoca.  Le  mariage  a  eu  lieu  entre  les  deux  époux 
en  1837.  La  femme  est  de  cinq  ans  plus  âgée  que  le  mari.  Ce 
n'est  pas  là  un  fait  anormal,  mais  le  résultat  d'uo  usage  presque 
constant  parmi  les  Basques. 

s»- 

BBLIOION  ET   Q&filTDOES  MOBALES. 

Ia  famille  pratique  avec  ferveur  la  religion  catholique;  et 
elle  suit  exactement  les  rites  dont  l'observance  est  de  tradition 
dans  le  pays.  Un  de  ses  membres  étant  mort  cette  année,  elle 
fait  à  l'église  une  offrande  mensuelle  de  1'  00,  qui  devra  être 
continuée  jusqu'à  l'expiration  du  deuil.  Aux  jours  de  fête,  on 
allume  toujours  pour  elle  uo  cierge  à  l'église;  et  tousses  mem- 
bres  assistent  solennellement  chaque  année  aux  messes  fondées 
autrefois  par  des  parents  à  la  paroisse  de  Saint-Jean  de  Luz  (is, 


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196  ca.  V.   —  PATUK-BASailB  PV  LAIODID   (FBtMCB). 

S"  it).  Ces  habitudes,  d'ailleurs,  ne  lui  sont  pas  particulières  : 
l'esprit  religieux  s'est  conservé  jusqu'ici  parmi  les  Basques,  et 
spécialemeol  à  Aiohoa  ou  toutes  les  femmes  et  presque  tous  les 
hommes  pratiquent  leurs  devoirs  de  piété.  II  paratt  même  que, 
depuis  quelques  années,  le  zèle  religieux  s'est  accru.  L'autorité 
du  prêtre  est  assez  respectée  pour  qu'il  ait  pu  faire  accepter  à  la 
population  certaines  réformes  en  opposition  avec  le  caractère 
basque.  Ainsi,  il  a  Ml  supprimer  les  danses  du  dimanche  dans 
l'intention  d'améliorer  les  mœurs  du  pays.  Celles-ci  avaient  été 
altérées  par  la  séjour  d'une  garnison  qui  y  resta  pendant  les 
guerres  civiles  de  la  Péninsule  jusqu'en  18â0.  A  cette  époque, 
les-eofants  naturels  s'étaient  multiplia  dans  le  village;  mais  il  y 
en  a  moins  aujourd'hui  ;  et  presque  toujours  leur  naiœance  est 
légitimée  par  le  mariage.  Sous  l'influence  des  idées  religieuses 
et  de  Tesprit  de  tradition,  l'ancienne  constitution  de  la  famille, 
fpnd^-sur  le  respect  de  l'autorité  paternelle,  s'est  jusqu'ici  con- 
servée parmi  les  Basques  (IV,  vii,  17).  La  famille  qui  est  ici 
,  décrite  offre  un  heureux  exemple  des  avantages  moraux  et  maté- 
..riçisqui  en  résultent  pour  chacun  de  ses  membres.  Les  enfants, 
,  dociles  et  respectueux  envers  leurs  parents,  sont  traités  par  eux 
avec  douceur.  Une  sœur  du  mari,  restée  célibataire,  demeure 
dans  la  maison,  vivant  avec  sa  belle-sœur  en  bonne  intelligence 
et  l'aidant  dans  les  travaux  du  ménage.  Enfin,  la  mère  du  chef 
de  famille,  âgée  de  95  ans,  entourée  par  tous  de  soins  affectueux, 
peut  passer  dans  le  calme  et  le  repos  les  jours  de  sa  vieillesse. 
L'enseignement  scolaire  est  encore  peu  répandu  dans  les 
villages  du  Labourd.  A  l'exception  des  jeunes  gens,  peu  de  per- 
sonnes savent  lire  et  écrire  le  français  ;  mais  les  parents  envoient 
volontiers  leurs  enfants  à  l'école  où  on  l'enseigne.  Jusqu'ici  les 
Basques  ont  conservé  l'usage  de  leur  langue  originale  (t'i'sftuara); 
et,  protégés  par  la  difficulté  de  cette  langue,  ils  ont  vécu  à  l'abri 
de  toute  influence  étrangère.  C'est  à  cet  isolément  moral  qu'ils 
ont  dû  de  conserver  les  traditions  et  les  habitudes  qui  les  dis- 
tinguent des  autres  populations  françaises  (so).  Ils  exerçât 
l'hospitalité  avec  désintéressement,  à  la  manière  des  peuples 
pasteurs.  L'aumône  chez  eux  est  considérée  comme  un  devoir; 


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ODSEHVATIONS  PBeLllIIKAlKBS.  497. 

et  ils  ta  foDt  avec  une  générosité  qui  exclut  tout  calcul;  Ils  ont  à 
un  haut  degré  le  respect  des  sapériorités  sociales;  maisles  signes, 
extérieurs  de  ce  respect  n'excluent  pas  la  dignité,  chez  les  infé-- 
rieurs,  dans  leurs  rapports  avec  les  personnes  d'une  autre  classe. 
Entre  eux,  lorsqu'il  s'agit  d'affaires  d'intérêt,  ils  se  montrent 
rusés  et  souvent  violents  dans  les  discussions  ;  mais  ils  évitent 
les  procès,  écoutent  les  conseils  des  sages  et  acceptent  les  décisions 
du  juge  de  paix.  Respectueux  envers  l'autorité,  ils  ont  pourtant 
une  certaine  tendance  à  se  faire  justice  eux-mêmes  et  à  échapper 
à  quelques-unes  des  prescriptions  de  la  loi.  Ils  ont  surtout  pour 
le  service  militaire  une  vive  répugnance,  et  souvent  ils  émigrent 
dans  la  seule  pensée  de  s'y  soustraire.  Naturellemeut  portés  àla 
gaieté,  les  Basques  aiment  avec  passion  les  plaisirs  bruyants,  les 
jeux  en  commun,  les  fêles  et  la  danse  (ii)>  Mais,  en  général, 
ils  apportent  une  certaine  modération  dans  les  plaisire.  Quoiqu'ils 
fréquentent  volontiers  le  cabaret,  ils  s'enivrent  rarement.  Ils 
râcherchent,  il  est  vrai,  la  bonne  chère;  mais  dans  le  ménage  ils 
vivent  avec  sobriété,  sans  toutefois  s'imposer  des  privations  dans 
un  but  d'épargne.  La  tendance  à  fonder  l'épargne  sur  les  priva- 
tions imposées  à  la  famille  est  un  trait  des  mœurs  nouvelles;  elle 
doit  avoir  pour  effet  de  rompre  l'ancien  régime  d'égalité  des 
paysans  an  profit  d«s  quelques  familles  qui  s'adonnent  à  cette 
vertu  (v). 

Si- 

BTGIÈHB  BT  SBBTÎCB  DS  SiNTÉ. 

Le  climat  est  très-sain  et  agréable,  quoique  assez  pltrrieax. 
Le  village,  étant  rapproché  de  la  mer  et  peu  élevé  au-dessus  de 
son  niveau,  est  préservé  des  excès  de  température.  Il  est  rare 
que- la -neige  y  séjourne  pendant  plusieurs  jours.  L'eau  que 
boivent  les  habitants,  fournie  par  des  sources  nombreuses,  est 
de  bonne  qualité.  Les  habitations,  presque  toutes  construites  sur 
le  même  modèle,  sont  en  général  dans  de  braoes  conditions 
hygiéniques  (lo).  Le  rez-de-chaussée  n'est  pas  habité;  fl  sert 


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498  CB.  T.  —  MTSAit-BASQDi  DU  UBonv  (rautCB). 

d'écurie,  de  remise  et  rnâme  de  cellier.  C'est  aussi  dans  une  de 
ses  dîTisioDS  que,  d'après  ud  usage  presque  général,  ou  conserve 
le  fumier  à  l'abri  des  iofluences  almosphériques.  Au  momenl  où 
se  développe  la  fermeutation  nécessaire  pour  décomposer  les 
feuUles  de  fougères  qui  te  composeot  en  partie,  ce  fumier  dégage 
des  gaz  qui  répandent  dans  la  maison  une  odeur  désagréable. 
Les  inconvénients  de  cette  disposition,  qui  ne  peut  être  que 
nuisible  au  point  de  vue  hygiénique,  sont  diminués  par  l'aéra- 
tion facile  des  habitations  et  par  la  remarquable  propreté  qui  y 
règne. 

Le  chef  de  famille  et  sa  sœur  sont  tous  deux  bien  constitués 
et  jouissent  d'une  santé  excellente.  Leur  père  étant  mort  très- 
âgé,  et  leur  mère  étant  parvenue  presque  sans  infirmité  à  l'âge 
de  95  ans,  ils  paraissent  pouvoir  compter  l'un  et  l'autre  sur  une 
longue  vie.  La  mère  de  famille  est  peu  forte  et  habituellement 
souffrante  ;  le  fils  est  robuste,  mais  les  deux  filles  semblent  avoir 
hérité  des  dispositions  maladives  de  leur  mère  :  elles  sont  faibles 
et  lymphatiques.  La  fréquence  de  leurs  indispositions  a  décidé 
la  famille  à  prendre  nn  abonnement  près  d'un  médecin,  è  raison 
de  8  fr.  par  année.  Elle  s'est  adressée  à  cet  effet  h  un  docteur  du 
chef -lieu  de  canton,  en  l'habileté  duquel  on  a  grande  confiance. 
Ses  visites  pour  les  personnes  non  abonnées  se  paient  3  fr.;  mais 
il  accommode  ses  exigences  à  la  fortune  de  ceux  qui  réclament 
ses  secours,  et  donne  même  ses  soins  gratuitement  aux  personnes 
qui  ne  peuvent  pas  le  payer.  Il  y  a,  d'ailleurs,  dans  le  village 
même  un  officier  de  santé  qui  est  toujours  à  la  disposition  des 
malades. 

s  8. 

aANG  DE  LA   FÀUILLB. 

Le  chef  de  famille  appartient  k  la  catégorie  des  propriétaires 
de  domaine  {Bteheeojauns)  cultivant  eux-mêmes  leurs  terres  (i). 
Par  l'importance  de  sa  propriété  (e),  il  occupe  une  situation  ua 
peu  au-dessus  de  la  moyenne  parmi  ceux  qui  se  trouvent  dans 
des  conditions  analogues.  Aussi  a-t-il  pu  faire  un  mariage  rda- 


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oMSiVATiiniB  piAlimimairu.  IW 

tivement  riche,  en  épousant  la  Bile  du  maire  d'an  village  Toisin, 
qui  lui  a  apporté  une  dot  de  3,S00'  00.  Indépendamment  de  la 
considération  qui,  dans  le  pays  basque,  s'attaclie  au  titre  de 
propriétaire,  cette  famille  jouit  d'une  estime  méritée  par  la  dou- 
ceur des  habitudes  et  la  conduite  irréprochable  de  ses  membres. 
Elle  offre  sous  ce  rapport  un  type  des  anciennes  mœurs  basques  ; 
mais  son  chef  n'a,  ni  l'activité,  ni  l'énergie,  que  possèdent  ordi- 
nairement les  hommes  de  cette  race.  L'exploitation  du  domaine 
patrimonial  (Elcheallea) ,  amoindri  par  diverses  causes,  ne  suffit 
plus  aux  besoins  de  ta  famille  j  mais  le  chef  de  maison  se  préoc- 
cupe peu  de  cette  situation.  Il  ne  s'inquiète  pas,  comme  ses  voi- 
sins mieux  avisés,  de  chercher  des  profits  dans  l'industrie  des 
transports.  Au  surplus  la  décadence  de  la  famille  doit  être  eo 
partie  attribuée,  ici  comme  dans  le  Lavedan  (IV,  u,  i  s),  à 
l'abrogation  forcée  de  l'ancien  régime  de  succession.  Par  ce  motif, 
l'ancien  état  de  choses  est  profondément  modifié.  Une  classe  nom- 
breuse de  salariés  s'est  développée  dans  le  pays.  Le  supplément  de 
travail  nécessaire  pour  les  exploitations  agricoles  s'achète  au  lieu 
de  s'échanger;  et  les  revenus  des  familles  propriétaires  sout  ainsi 
diminués  sans  compensation.  Les  anciennes  unités  territoriales, 
laborieusement  constituées  par  les  générations  précédentes,  se 
détruisent  peu  à  peu  malgré  les  efTorls  que  font  les  chefe  de 
famille  pour  en  assurer  la  conservation.  Les  plus  intelligents 
considèrent  le  partage  forcé  des  héritages  comme  une  cause  de 
destruction  pour  les  familles.  Ils  provoquent  l'émigration  de  leurs 
enfants  pour  attribuer  à  un  héritier  la  traosmission  du  domaine. 
Ils  retardent  ainsi  plus  ou  moins  le  moment  du  partage;  mats 
cet  événement  vient  tôt  ou  tard  multiplier  les  types  inférieurs  de 
la  population,  notamment  :  le  propriétaire  indigent  et  le  manou- 
vrier  soutenu  par  la  charité  publique.  La  famille  ici  décrite,  ayant 
réussi  jusqu'à  présent  à  conjurer  les  dangers  du  partage,  pourra 
se  maintenir  encore  pendant  cette  génération,  mais  dans  un  état 
assez  précaire;  à  la  génération  suivante,  l'héritier  lui-même 
sera  réduit  à  la  condition  de  propriétaire  indigent,  et  ses  sœurs, 
mariées  ^  des  manouvriers,  n'auront  plus  pour  propriété  que 
quelques  parcelies  de  lem  d'une  valeur  insignifiante. 


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en.    V.  —  PATSIK'BASQDB  DV  £ABOOBt>   (rsAKCS]. 


II«rMM  «'«xls«enc«  de  ta  fiunUto. 

S6. 

PROPRIÉTÉS. 
(Hiddller  et  Tètements  non  comprtk) 

Ihhbdbles 6,700'  00 

i  ni-de-cbauuée  d«t  écoiiu  et  ane 

-  Écnria  pour  les  brebis  {Bordi),  élevée  inr  le  terrain 

3*  Domabit.  —  TWre  anble  ea  troli  pereeUea  (1^33),  a.OOO'OO;  —  pr&MeB  nv 
tarellta,  ea  denx  pucallet  (D'^OO),  liaOtHOO;  —  Judln  pouger  ■tteuuit  k  la  maisOD, 
(O^OÎ),  IM'OO;  —  lande  OD  fiiDgerée  ruuTDisutnt  de  la  foogère  pour  te  ramier  et  de 
PaJoDc  maagé  par  lea  aaimaax  [!''00),  MO'OOi  —  boU  (0^65)  en  deax  parudiei  (ce 
b^icDDtient  150  piede  de  cbéneseiploitéa  en  haut  taillii,  k  raison  de  15  pieds  chaque 
anntei  le  toiids  eat  livré  au  pâturage),  300'  00;  —  châtaigneraie  plantée  de  30  pieds 
de  chUalgDien  et  lemiit  au  pàtorage  (0^  35),  SCO'  00.  —  Total  (5^  00),  5,250'  00. 

Arobnt 0'  00 

La  famille  ne  possède  pas  d'argent  placé  à  intérêt  ;  elle  n'a 
pas  même  habitaeliement  à  sa  disposition  une  somme  minime  à 
titre  d'arances.  Ses  faibles  bénéfices  k  peine  réalisés  sont  immé- 
diatement employés  pour  les  besoins  du  ménage  ou  pour  payer 
les  intérôts  des  dettes. 

ANIH4CX  DOMESTIQUES  entretenus  toute  l'année.     1,112'  00 

l' BéUi  d  cornu.  —  %  basât»  de  labour,  SWOOj  —  1  vache  à  Ut,  ISSiOO.— 
TMal,  47S'  00. 

S*  BélM  d  taine.  —  8S  brebli  on  agneani  M  un  bélier.  «SV  00. 
3*  Animoua  de  bout-cour.  —  0  ponlee  et  S  euiardi,  l'OO. 

AmMAUX  DOHESTiQDEs  entretenus  seulement  une  partie  de  Tan- 
née :  râleur  moyenne  calculée  pour  L'année  entière.  7ii'  S2 

t>  9Am  i  cortut.  —  1  veau  entretenu  pendant  S  mol»,  et  d'nne  valeur  moyenne 
de  W  00  :  valeur  mofenne  calculée  pour  l'année  entière,  3'  33. 

3°  Bitu  à  lotH.  —  M  igneanx  eatretenua  pendant  3  meta,  Kjtai  une  v>ienr 
BWycBoe  de  48^00  i  ndsor  mojwiw  «alcaUe  ponr  t'aaaée  «nUire,  4'00. 


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OWBTlnom  PB^LIMraAlRBB.  SOI 

3°  Aiûtnaux  de  boMt-cow.  —  3  porcs  eotreteni»  p«nduit  8  mois,  ayant  ans 
Tilanr  moyenna  do  96' 00;—  14  pouleU  et  0  cinàrdi  entretenui  pemUnt  4  moli, 
•3rut  ana  valeur  moTeone  de  D'  00.  —  Talear  majenne  dtt  pwci,  dei  pooleti  et  dea 
eaoards,  eakulte  poor  l'année  entiire,  67'  00. 

Matériel  sp^cut  des  travaux  et  industries.. .        215'  20 

1*  ttutnmtittt  tt  oviOt  pour  Vtxploitatûm  du  domaiM  de  la  {amiUt  et  At  cAamp 
qu'tll»  hm$.—  i  dumu  aana  roae,  4' 00;  —  1  barae  atee  deuta  en  fer,  34*001  — 
1  tourche  à  3  dents  en  Ter  poar  le  fumier,  3'  30;  —  4  Ibnrches  an  bois  pour  faner  le 
foin,  S'OOi  —  1  Ikui  montde,  aTec  accessoires  pour  Is  réparer,  O'OOi  —  3  fantilles, 
3<30;  — 1  rftteao  en  bola,  l'SO;  —  1  psUu  serpe  avec  un  manche  en  btis,  long  de 
1-  SO  [Ctga),  Bcnant  ft  couper  la  fougère  et  fi^one,  {■  00.  —  Total,  44'  10. 

S*  MobUitr  II  outil*  pour  rtxploitation  du  bauft  d»  labour  tt  d*  IranQwrt.  —■ 
1  char  t  4  roaes  (esdeu  mobile)  avec  une  claie  qui  permet  de  s'en  servir  comme  ton^ 
berean,  70'00i  —  Joug  des  bceufs.  S' 00;  —  conirois  pour  l'attacher,  4' 00;  —  coa- 
vertore  en  toile  qu'on  met  aai  bœufs,  en  éié,  pour  Iw  pr^rver  des  moaches,  G'  00| 
—  rltelier  et  ange  peur  donner  à  msager  aux  bœub,  6'  00.  —  Total,  04'  00. 

3*  MobUitr  el  outUi  pour  Ftxploilation  de  la  vachi  à  lait.  —  1  baratte  ft  faire  la 
beurn,  VWi  —  S  leaui  h  lait  de  forme  conique,  en  bois,  avec  targes  cerclei  de  far, 
O'OOi  —  3  moule*  à  lïaniage  en  bois,  l'SO;  —  auge  et  r&teller  pour  donner  k  man- 
ger à  la  T«che,  4'  00.  —  Total,  16' 50. 

4°  Outils  jiour  la  cuf  tura  du  jardin,  pour  la  travaux  d»  terratttmtnt  tt  pour  In 
travaux  fonatitrt  à  «xscutor  sur  U  domaint  dt  la  familU.—  1  bôche,  3'00;  — 
3  pioches,  8' 00;  -  3  houes,  6' 00;  —  S  bâches,  7' 00.  —  Total,  34' 00. 

So  JfoôilMr  «I  ouliti  pour  la  priparation  Sut»  partit  à»  ia  nourrtlurs  dwttn^ 
OtiX  anxmauas.  —  1  haehe-paillB  urvant  aussi  à  hacher  l'jtjonc,  S'OO;  —  inibnment 
composé  d'une  lame  tranchante,  Biée  par  son  milieu  k  un  long  manche,  et  servant  k 
hacher  le  navet,  3<  00  ;  —  plate-forme  en  bois  de  chine  sur  laqnalie  le  navet  est  bâché, 
4'  00,  —  Total,  14'  00. 

tfi  MûbUitr  urvant  d  prépartr  la  toûioa  dt  la  famitU.  —  i  cuva  destinée  t  re- 
cevoir les  pommes,  10' 00;  —  1  grand  tonneaa  avec  cercles  do  fer,  S'OO.  —  Total, 
16' 00. 

7*  Jfod'tMT  «t  ùutmmtntt  urvant  au  blanekitiagt  dt  la  famiUt,  —  1  cnvlsr  poar 
les  lesalvea,  S'OO;  —  3  fers  i  npuMr,3'00.  —  Total,  7' 00. 


Valbob  totub  des  propriétés 8,101'  52 

S  7. 
sobtentiohs. 

Il  n'y  a  dans  le  pays  aucun  grand  propri<!taire  qui  puisse 
exercer  un  patronage  sur  les  autres  habitants;  mais  il  est  à 
remarquer  que,  sous  l'inflaence  des  mœurs  propres  au  peuple 


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sot  CH.  T.   —  PATSAH-llSgUB  OU  labouhd  (fbakck). 

basque,  les  petits  propriétaires  et  les  métayers  n'apporteot  paa 
daos  la  jouissaDce  de  leurs  droits  celte  âpreté  souvent  signalés 
chez  cette  classe  dans  d'autres  contrées.  Ils  exercent  eux-mêmes 
un  patronage  sur  les  plus  pauvres.  C'est  ainsi  que  la  famille  ici 
décrite,  par  l'abondance  de  ses  aumônes  (is.  S™  it),  transmet 
aux  plus  dénués  une  partie  des  avantages  qu'elle  reçoit. elie- 
même  de  ïh  commune.  En  efTet,  la  propriété  communale  consiste 
principalement  en  pâtures  dont  les  possesseurs  de  bestiaux  sont 
à  peu  près  seuls  à  profiter.  Le  troupeau  du  cultivateur  ici  décrit 
vit  pendant  9  mois  de  l'année  sur  cette  pâture,  et  c'est  sous  l'abri 
élevé  sur  le  terrain  communal  que  ce  troupeau  passe  les  nuits. 
Outre  cette  subvention  importante,  la  commune  en  fournit  indi- 
rectement une  autre  de  même  nature  en  louant  à  un  village 
voisin  une  lande  où  ceux  qui  ont  des  vaches  peuvent  les  conduira 
moyennant  une  rétribution  anouelledeO'SO  par  tête  (is).  11  y 
a  plusieurs  autres  subventions  communales  dont  la  j«uissance  est 
partagée  par  tous  :  l'instruction  est  gratuite  pour  les  filles,  à  la 
condition  de  donner  chaque  année  une  faible  somme  à  une  quête 
faite  en  faveur  des  religieuses  institutrices.  On  distribue  annuel- 
lement 5  stères  de  bois  h  chaque  ménage  après  le  paiement  d'une 
somme  qui  varie  de  ft  à  5  francs.  Mais  te  transport  de  ce  bois  est 
coûteux,  et  les  pauvres  qui  veulent  en  profiter  doivent  en  aban- 
donner la  moitié  au  voiturier;  souvent  même  ils  ne  peuvent  le 
faire  amener  à  ces  conditions  et  sont  obligés  de  renoncer  au 
bénéfice  de  cette  subvention.  Enfin  on  tolère  que  les  porcs  et  les 
volailles  cherchent  leur  nourriture  sur  les  voies  publiques  et  sur 
les  terres  vagues  ;  et  cela  permet  aux  plus  pauvres  de  se  livrer 
à  l'élevage  de  ces  animaux  (i).  La  famille  ici  décrite  profite  de 
toutes  ces  subventions  qui  contribuent  beaucoup  à  son  bien- 
être  (14,  S"  II). 

S  8. 

TRAVAUX  ET   INDDST&IBS. 

A  l'exception  de  quelques  journées  consacrées  par  le  culti- 
vateur à  des  entreprises  de  transport,  le  travail  des  membres  de 


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OBSERVATIONS  PRÉLIHIMAlflBS.  £03 

la  famille  est  tout  entier  employé  pour  rexploitation  de  sa  pro- 
priété. Ce  travail  même  est  însuffisaDt  à  certaines  époques  ;  et 
chaque  année  on  doit  prendre  environ  kO  journées  d'ouvriers 
pour  aider  dans  des  travaux  qui  ne  peuvent  être  remis,  tels  que 
le  battage  des  grains  et  le  sarclage  du  mais. 

Travaux  dd  chef  de  famille.  —  Le  travail  principal  du 
chef  de  famille  a  pour  objet  la  culture  de  ses  terres  et  les  soins 
accessoires  que  nécessite  l'exploitation  de  son  domaine  (is). 
Parmi  ses  travaux  secondaires,  les  plus  importants  sont  les  soins 
à  donner  aux  bœufs  et  au  troupeau  de  brebis.  Depuis  la  mort 
d'an  ODcIe  célibataire  qui  se  chargeait  de  soigner  ce  troupeau, 
c'est  le  chef  de  famille  qui  va,  soir  et  matin,  le  faire  rentrer  à 
l'abri  communal,  et  t'en  faire  sortir.  C'est  lui  aussi  qui  trait  ses 
brebis  et  en  rapporte  le  lait.  Enfin  il  fait  de  fréquents  voyages 
au  chef-lieu  de  canton  et  à  Elizondo,  en  Espagne,  pour  assister 
aux  foires  et  marchés. 

Travaux  de  la  fehub.  —  La  femme  s'occupe  presque 
uniquement  des  travaux  de  ménage  :  préparation  des  aliments, 
soins  à  doDoer  aux  enfants,  soins  de  propreté  concernant  la 
maison  et  le  mobilier;  entretien  et  blanchissage  des  vêlements  et 
du  linge;  confection  des  vêtements  neufs.  Elle  ne  sort  de  la 
maison  que  pour  travailler  au  jardin  ou  pour  aider  au  sarclage 
du  ma!s.  Comme  travail  secondaire,  elle  s'occupe  de  filer  le  lin 
et  d'égrener  le  mais,  surtout  dans  les  soirées  d'hiver.  Elle  con- 
tribue aussi,  avec  sa  belle-sœur,  à  donner  des  soins  aux  porcs, 
à  la  vache  et  aux  volaille. 

Travaux  de  la  scbur  du  chef  de  fahille.  —  Elle  tra- 
vaille principalement  comme  auxiliaire  de  son  frère  à  la  culture 
des  terres  :  elle  exécute  ainsi  le  sarclage  du  mais  et  du  froment; 
l'écimage,  l'efTeuillage,  la  récolte  et  l'égrenage  du  mais  ;  l'éten- 
dage  des  fumiers,  la  récolte  du  foin.  Comme  travail  secondaire, 
elle  aide  la  femme  dans  presque  tous  les  soins  du  ménage.  C'est 
elle  qui  est  chargée  de  la  préparation  et  de  la  cuisson  du  pain, 
de  la  préparation  du  fromage  et  du  beurre,  et  d'une  partie  des 
soins  à  donner  aux  animaux  domestiques.  Elle  concourt  aussi  è 
l'entretien  des  vêtements  de  la  famille. 


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soi  OH.  V.  —   PArS&N-iJUQOK  DU  LâBOOID   (PBAHCl). 

Travaqx.  de  Là  nLLE  DB  SEIZE  AHS.  —  Elle  aide  sa  mère  et 
sa  tante  dans  l'exécution  de  la  plupart  des  travaux  qui  Tiennent 
d'être  énumérés.  C'est  elle  qui  va  le  plus  Eouvent  chercher  l'eau 
à  la  foDtaiue  dans  de  grandes  cruches,  nommées  Pekara,  qu'on 
a  l'habitude  de  porter  sur  la  tête.  A  la  maison,  en  hiver  surtout, 
elle  travaille  à  tricoter  des  vêtements  en  laine,  et  s'occupe  de 
travaux  d'aigulUe  pour  la  réparation  et  l'entretien  des  vêtements 
et  du  linge. 

Tbavadx  de  là  grand 'hèbb  et  des  deux  jednes  enfants. 
—  La  grand'mère,  âgée  de  95  ans,  tourne  encore  le  fuseau  et 
file  un  peu  de  lin.  Les  deux  plus  jeunes  enfants  vont  à  l'école  et 
ne  rendent  à  la  famille  que  de  faibles  services. 

Industries  entbepeisbs  pab  la  eauuxb.  —  Les  industries 
que  la  famille  entreprend  pour  son  propre  compte  sont  :  la  cul- 
ture de  son  domaine  agricole  et  des  champs  qu'elle  loue;  l'ex- 
ploitation des  animaux  domestiqpies  qui  s'y  rattachent;  enfin  les 
travaux  manufacturiers  conœmant  l'élaboration  du  lin  et  du 
chanvre.  Le  chef  de  famille  entreprend,  en  outre ,  au  compte 
de  divers,  des  transports  de  matériaux  qu'il  exécute  avec  l'aide 
de  ses  bœufs.  Ces  sortes  de  transports,  faits  à  des  distances 
moindres  que  /lO  kilomètres,  n'exigent  jamais  une  abseuce  de 
plus  de  deux  jours. 


H*éie  «'exlatnwe  de  la  fiMiUle. 

s». 

AIIHENTS   ET   BSPAS. 

En  été  comme  eu  hiver,  la  famille  ne  fait  que  trois  repas  : 

Déjeuner  (8  heures)  :  soupe  au  lait  ;  et,  quand  le  lait  manque, 
lard  ou  jambon  cuit  à  la  poêle,  avec  addition  de  fromage;  quel- 
quefois chocolat  à  l'eau  pour  la  femme  et  les  enfants. 

Dîner  (12  heures)  :  soupe  au  lard,  ou  au  jambon,  cuit  avec 
des  légumes. 

Souper  (6  heures  en  hiver,  8  heures  en  été)  :  soupe  con- 


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M3KKVATI0N8  PlriinnNAIIItS.  SOS 

servée  du  dlaer,  avec  jambon;  quelquefois  œufs  ou  légumes. 
Pendant  les  plus  longues  journées  de  l'été,  et  au  moment 
des  plus  pénibles  travaux,  on  fait  parfois  un  repas  suppléuiân- 
taire  le  matin,  avant  de  se  mettre  au  travail,  avec  du  pain,  du 
fromage  ou  quelques  légumes  conservés  de  la  veille.  Les  bases 
de  la  Dourriture  sont  les  légumes,  cuits  au  lard,  h  la  graisse  ou 
au  jambon.  Le  lait  de  vache  ou  de  brebis  y  entre  aussi  pour  une 
part  notable.  On  le  fait  bouillir  en  jelant  dans  le  vase  qui  le 
contient  des  pierres  chauffées  au  foyer.  Ce  procédé  est  usité  dans 
tout  le  pays  parce  qu'il  donne,  dit-on,  au  lait  un  goût  agréable. 
Jusqu'ici  ta  famille  n'a  pas  fait  usage  de  pommes  de  terre;  on  en 
a  commencé  la  culture  cette  année  seulement  ;  mais  les  châ- 
taignes, qui  se  mangent  cuites  à  l'eau,  les  remplacent  jusqu'à  un 
certain  point.  Les  jours  maigres,  on  emploie,  pour  faire  la  soupe, 
de  l'huile  à  la  place  du  lard;  et  on  mange  des  légumes  seuls  ou 
du  poisson,  spécialement  de  la  morue.  En  tout  temps  on  con- 
somme une  quantité  considérable  de  piment,  qui  sert  de  condi-  - 
ment  à  la  plupart  des  mets,  et  qui  parfois  se  mange  seul  avec  le 
pain  du  pays  appelé  lUesiura  (IV,  ix,  o).  Ce  pain  se  fait  avec 
un  mélange  d'une  partie  de  farine  de  froment  et  de  deux  parties 
de  farine  de  mats.  Il  est  très-compacte,  non  levé  et  d'une  saveur 
fade  sans  être  désagréable.  La  partie  la  plus  pauvre  de  la  popu- 
lation mange  du  pain  fait  avec  de  la  farine  de  maïs  pure  (Ârtoa) 
qui  a  l'inconvénient  de  s'aigrir  très-facilement  en  éié.  La  farine 
de  mais  sert  aussi  à  préparer  une  espèce  de  galette  qu'on  fait 
cuire  sur  des  charbons  ou  sur  une  plaque  de  fer  destinée  k  cet 
usage.  La  famille  ici  décrite  ne  mange  ordinairement  que  de  la 
viande  de  porc  ;  mais,  pendant  la  moisson,  on  tue  en  général  une 
ou  deux  brebis  engraissées,  et,  le  jour  de  la  fête  patronale,  la 
table  est  garnie  de  viandes  de  boucherie,  de  volailles  et  d'autres 
mets  recherchés  (is,  S'>'^  i).  Ce  jour-là,  et  aux  repas  où  l'on 
mange  l'agneau  tradiiiounei  à  la  Pâque  et  à  la  Pentecôte,  on 
boit  du  vin  dans  la  maison.  La  boisson  ordinaire  est  une  espèce 
de  cidre  qu'on  prépare  en  versant  chaque  jour  une  quantité  d'eau, 
^le  à  celle  de  la  boisson  consommée,  dans  un  tonneau  rempli 
de  pommes  concassées. 


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106  en.  V.  —   PATSAN-BASQOE  DU  LAIOOKD  (fIIAKCB). 

Eq  réâumé,  cette  alimentation  est  assez  variée  et  représeaie 
ane  quantité  de  nourriture  suffisante.  La  famille  ne  s'impose  sous 
ce  rapport  aucune  privation  réelle.  C'est  là,  d'ailleurs,  un  trait 
de  caractère  commun  à  la  généralité  des  Basques.  Ils  aiment  la 
bonne  chère,  et  emploient  la  plus  grande  partie  de  leurs  res- 
sources à  accroître  leur  bien-être,  sans  songer  à  réaliser  des 
économies.  On  remarque  cependant  qu'un  certain  nombre  d'indi- 
vidus énergiques,  excités  par  le  désir  d'arriver  à  la  propriété 
ou  d'accroître  celle  qu'ils  possèdent,  se  placent  en  dehors  des 
anciennes  habitudes  de  la  population. 


S  10. 

HABITATION,    HOBTLIER   ET    VÈtBUBNTS. 

La  maison  habitée  paf  la  famille  est  située  sur  la  route  qui 
b^verse  le  village.  A  part  les  deux  pignons  qui  sont  bâtis  en 
pierre,  elle  est  presque  uniquement  construite  en  bois,  comme 
toutes  celles  du  pays.  Les  TeQêtres  sont  garnies  de  contrevents 
peints  en  rouge  selon  l'antique  usage  des  Basques  ;  et  le  toit, 
couvert  en  tuiles  crei^es,  avance  de  1  mètre  environ  au  delà  du 
mur  qui  le  supporte.  Le  four  a  été  bâti  derrière  la  maison  à 
l'entrée  du  jardin  aGn  d'éviter  les  chances  d'incendie.  Le  rez-de- 
chaussée  étant  réservé  pour  les  animaux  {*),  le  premier  étage 
est  seul  habité.  Il  se  compose  de  /t  chambres  h  coucher,  d'une 
salle  de  réunion  servant  de  salle  à  manger  les  jours  de  fête  et 
d'une  cuisine  dans  laquelle  la  famille  habite  et  prend  ses  repas. 
Parmi  ces  pièces,  les  deux  dernières  seulement  ont  des  cheminées. 
Toutes  sont  vastes,  mais  assez  mal  closes.  Chaque  année  on  les 
blanchit  à  la  chaux;  et  elles  sont  tenues  comme  tout  le  ménage 
avec  cette  extrême  propreté  qui  est  un  des  traits  des  mœurs 
basques. 

Le  mobilier  décèle  une  certaine  aisance.  Le  linge  est  surtout 
remarquable  par  sa  finesse  et  sa  blancheur  ;  il  est  tout  en  tissu 
de  lin  filé  par  les  femmes  de  la  maison.  Ce  luxe  de  linge  est  d'ail- 
leurs général  chez  les  Basques;  les  plus  pauvres  ne  preonent 


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OBSBtlVATIOrtS    PIBLIDINAIBBS.  S07 

leurs  repas  que  sur  une  table  couverte  d'une  uappe,  et  la  plupart 
possèdent  quelques  grandes  pièces  de  toile  ({ui  servent  à  teodre 
la  façade  des  maisons  les  jours  où,  comme  à  la  Féte-Dleu,  des 
processions  se  font  dans  la  rue.  La  valeur  du  mobilier  et  des 
vêtements  peut  être  établie  ainsi  qu'il  suit  : 
'  Meubles  :  ils  ont  les  formes  consuciées  par  l'usage  dans 
le  pays  ;  presque  tous  ont  été  lég;ués  aux  époux  par  leurs 
parenU 784'  60 

1'  LUi.  —  Il  y  «  d«i»  Ift  miiiion  3  UU  montai,  composés  à  pou  près  de  U  mime 
muiiiro  et  compreosnt  cbftcun  :  1  bois  de  lit  en  chËae  orné  de  quelque*  KUlpturef, 
30' 00;  —  1  ciel  de  lit  ivec  garniture  en  éloffes  anciennes,  S' 00;  —  3  mateludeltine 
eressière,  50'DO;  —  1  padUtae  en  paille  de  msis,  Q'OOi  —  1  tniTersin  en  laine  et 
plame,  T'OOg  —  !  coustlnette»  (espèces  d'oreillers]  en  plume  commune,  lO'OO;  — 
1  courertoreencolon,  e'OO;  —1  couverture  en  laine  très-épaîise,  10' 00.  —Total 
(pour  on  seul  Ut,  ISÎ'OO)  pour  let  3  Uta,  SSl'OO. 

S  autres  lits  moins  soignes,  sans  garniture  et  sans  ciel,  avec  couchette  en  bols 
blanc  peint,  «ont  éralués  ensemble  à  une  somme  de  ISO'OO- 

%'  MeubU$  di  ta  priiKipalt  pUet,  iirvanl  à  l^  fou  dt  ehanAre  à  eouchtr  et  de 
tailt  d»  réunion  It*  jours  de  filti.  —  1  grande  armoire  en  bois  de  cliËne,  30'  00;  — 
I  vieille  commode  en  bois  de  chËne,  35'  00;  —  1  vieux  raaieuil  en  paille  et  3  chaires. 
8'  00;  —  1  miroir,  !'0O;  —  1  crueifli  en  cuivre,  1'  00;  —  1  bénitier  en  crisUl  placé 
avec  le  cbilst  aa-desius  du  lit,  1'  25.  —  Total,  77'  Î5. 

3*  Miuiii}  dt  ta  chambre  i  coucher  des  jiareuts,  —  t  grand  colTre  en  bois  de 
cbéne  pour  dûpoterle  linge  sale.  S'  00;  —  2  chaises.  S' 00;  —  1  cruciSx  en  cuivre, 
l'00[  —  I  bénitier  en  cristal,  l'33.  —  Total,  13' S5. 

k"  MiubUt  dt  ta  chambrt  d  coucher  de  la  fille  alnie.  —  1  commode  en  chêne 
presque  neuve  et  cirée  avec  soin,  40'  00  ;  —  1  petits  glace,  6'  00;  —  1  cruciai  en 
cuivre  et  1  bénitier  en  cristal  suspendus  près  du  lit.  S'  75;  —  1  petite  table  en  bois 
blanc,  VOO;  —  4  chaises  neuves,  ô'OO.  —Total,  51' 75. 

S'  Meahlei  de  la  chamtn-t  A  ctyucher  de  la  tceur  du  chef  de  famille,  et  ttim  c(Ai- 
nit  où  couchent  let  plut  jeunet  tnfantt.  —  1  commode,  30'  00  ;  —  1  miroir,  2'  00;  — 
3  chaises,  3'  00  ;  —  1  crucifix  et  t  bénitier,  S'  !5.  -  Total,  37'  £5. 

0"  ttetiblei  de  la  euitme.  —  1  grand  hnffet  en  chêne.  M' 00;  -  1  HQile  très- 
basse,  k  peine  élevAo  de  O'OO  et  servant  d'ordinaire  aui  repas  delà  ramllle,  «'00;  — 
I  autre  Ubie  plus  étevéo.S'DO;  —  4  petiu  bancsen  boia  sur  lesquels  on  s'assied  d'or- 
dlnaire  dans  la  cnlslne,  4' 00;  —  planches  et  rayons  serrant  j>  placer  tes  ustensiles  de 
ménage,  6'  00.  —  Total,  30'  00. 

T"  Liartt  et  fournitures  de  bureau.  —  Les  chefs  de  (kmille,  ne  sachant,  ni  lire,  ni 
fcrire,  ne  possèdent  aucun  livre;  les  entants  n'ont  que  leurs  livres  d'école  (IS,  S""  IV). 

LiNGB  DE  HÉNAGB  :  assez  abondant  et  très-bien  entretenu; 
tout  en  toile  de  lin  de  très-belle  qualité 368'  00 

15  draps  da  ut  en  Ua,  StO'OD;  — 0  nappes,  00' 00;  —  16  terriettes,  fl4<00; — 
tonboDS  et  linge*  dlrers,  10'  OO;  —  8  loilei  d'oreilten,  24'  00. 


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SOb  CB.  T.   —   FATJMN'BAWDB  DD  LIBODBD  [FHAVCe]. 

Ustensiles  :  presque  tous  de  formes  aDciennes;  ils  com> 
prennent  tous  les  articles  de  cuisine  et  de  table  nécessaires  pour 
recevoir  les  parents  et  amis  aux  jours  de  Tète 95'  60 

1°  Diptndant  dit  fouer.  —  Crémaillère,  ptsque  de  route,  pelle,  pinceltea  et 
cheaet»,  évalaés  k  18'  OQt  —  I  pUque  de  1er,  avec  miDche,  poar  tàin  cuire  la  galette 
en  farine  de  mais,  V  00.  —  Total,  30'  00. 

3"  Employé!  pour  la  priparatioa  et  la  coniommation  de*  alimmtU.  —  3  chan- 
dronaen  CiUTre,  31' 00;  —  1  marmite  en  fer,  4'50i  —  3  tonpièroa  et  5  plaU  en  terre 
remlsiée.  S*  00;  —45  assiettea,  tO'OO;  —  19  verres,  4' 20;  —1  cracha  en  tcno, 
O'SO;  --  13  tiaaei  k  catd  et  1  socrier  en  porcelaine  KToeïièra,  7'00;  —  1  canfon  en 
verre,  1' M;  —  34  cutUen  et  fourchettes  enélain,  0^60;  —  Iseau  enbohavec  CDrclea 
de  fer,  S'  00  ;  —  3  grandes  crachée  en  terre  cuite  (Pehara)  dans  lesquelles  on  Ta  cher- 
cber  l'ean  k  la  fontaine  et  où  on  la  eonierre,  3'  SO.  —  Total,  11'  10. 

-  Slampea  on  colfre,  iiOOi  — 3  chandeliers  en    ' 

Vêtements  :  ils  conservent  en  général  les  formes  tradition- 
nelles du  costume  basque  ;  mais  ou  commence,  pour  les  vête- 
ments des  femmes  surtout,  à  employer,  au  lieu  des  anciennes  et 
solides  étoffes  de  laine,  les  légers  tissus  de  coton  qui  coûtent 
moins  cher 908'  75 

VtTEHEitrs  DD  CHEF  DB  HHiLLE  :  costume  bssqiie,  simple,  commode  et  élfgant;  Il 
■Joote  encore  k  la  dignité  eilérleare  naturelle  ani  homme*  de  celte  race  (ISO' 25). 

1°  VéUmêitti  du  dimancfw.  —  1  veste  {Camiiala)  en  drtp  de  coutoDr  foncée, 
SO'  00;  —  1  pantalon  de  drap,  IS^OO;  —  1  gilet  en  étofTe  de  Isina  ronge  avec  boutons 
on  métal,  7'00;  —  1  ceintare  de  aole  ronge,  10' 00;  —  1  béret  {BontUa)  en  inp  bien, 
3'00;  — Ipdre  de  uuUera,  G'OO.  — To(al,ei'O0. 

3°  VéUtHMU  dt  travait.  —  1  veste  de  laine,  10'  00  ;  —  3  ptatalons  de  veloore, 
13' 00)  —  1  ceintare  eu  laine  rouge,  3' 00; —  1  gilet  de  laine,  5' 00;  —  1  manteau  avec 
capuchon  en  drap  grosràer  (Caputtalla),  S'OO;  >>  8  paîrei  de  bas  de  laine  tricotée  dans 
U  famille.  S'  00|  —  1  paire  de  gni  soDlien,  S'OO;  —  1  paire  de  chaoaanres  en  corde 
de  chanvre  (ilI]M{ratt«,  EijwtifUK),  l'35)  —  U  chemises  en  toile  de  Un,  70*01). — 
Total,  116' 3S. 

Vtmnm  de  li  Fant  :  lea  parties  esEentielles  de  l'ancien  costume  sont  consef- 
vëes,  mais  déji  l'ensemble  se  modiBo  (2ii'  35J. 

1°  VétemmU  du  dimanche.  —  1  robe  noire  en  laine,  lOtOO;  — .  1  robe  de  fête  en 
étoflb  de  couleur,  IG'OO;  —  1  manteau  en  étoffe  de  laine  noire  que  les  femmes  mariées 
mettent  pour  aller  aui  oIBces  (Capitc),  40'  00  ;  —  1  Jupon  en  drap  rouge  bordé  de 
velours  noir,  10' 00;  —9  tabliers  de  drap,  S'OO;  —  1  cbAle  de  laine,  16' 00;  —  3moa- 
choln  de  tâte,  en  étoffe  de  lin  de  très-belle  qualité,  ornés  de  broderies  (Mocafiecoc]. 
10' 00;  —1  paires  de  bas  de  laine  onde  coton,  3'00;  — l  paire  de  louliers,  i'OO;  — 
8  ebemlsea  k  4' 00,  W  00. -- Total,  148' 00. 

S«  nt«mmt*  it  trWKtil.  —  3  robes  en  Une,  30' 00)  —  1  nha  d'Indienna.S'OOi 
-SJnpoQtde  drap,  S'OO)  —  S  ehUes  légers  en  laine,  4'00)  - 


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OBSBKVATHHtS  PkiUWNAlIBS.  309 

UIA,  da  dinmei  eonlann,  en  coton,  3'  OB  ;  —  1  JfaïUoJmae,  Mp6e«  de  nuntillfl  en 
laine  noire,  aatrefoi*  ipéeîRle  tui  JautiM  filles  et  dont  lei  femmei  mari^  se  serrent 
Miui  pour  aller  k  l'élise,  18'  OOt  —  1  tablier  en  klne  grossière,  l'OO)  —  S  paires 
de  souliers,  6*00;  —  1  paire  de  chaasrares  en  corde  de  chanvre,  l'SS.  —  Total, 
06' !5. 

VCnUENTS  M  LA  uni  DD  CBEV  Di  nHiLLi  I  11*  sont  exactement  les  mfimes  qoe 
ceux  de  la  femme  qal  vianneat  d'fltre  ânnmérés  et  ont  la  mânie  raleor  (SU'  SS). 

VCmiins  HZ  Lk  auno'HiBi  :  ils  sont  les  mâmes  aussi  que  eoui  qni  piécèdeot; 
mais,  étant  renouvelés  moins  soavent,  Us  ont  une  moindre  ralear  (130'  00). 

YtriNSiiTs  Dss  3  uiruiTs{lBO'0O]. 

Par  leurs  formas  et  par  les  tissu*  qui  les  composent,  Us  tendent  k  s'éloigner  des 
nnclennes  habitudes  du  pafs  ;  ils  peuvent  être  évalués  ensemble  à  ISO'  00. 


Valbub  totale  du  mobilier  et  des  Tétemeots. . .    2,156'  85 


S". 

tiCïlÉKTlOVS. 

Le  jeu  de  la  balle  {Pilota)  est  pour  tous  les  fiasques  la 
récréation  la  plus  goûtée.  II  y  a  dans  chaque  village  ua  empla- 
cement spécial  pour  ce  jeu,  et  le  dimauche,  après  les  offices,  la 
plupart  des  hommes  s'y  réunissent.  Quelques-uns  seulement  des 
plus  habiles  prennent  part  au  jeu,  mais  les  autres  s'y  iatëresseot 
aussi  et  engagent  des  paris  sur  le  résultat.  L'enjeu  le  plus  ordi- 
naire consiste  en  quelques  verres  de  vin  qu'on  va  boire  ensuite 
au  cabaret.  Quelquefois  cependant  des  sommes  considérables  sont 
engagées  dans  ces  paris;  mais  cela  n'arrire  guère  que  dans  les 
circonstances  solennelles  où  des  déBs  sont  portés  entre  les  habi- 
tants de  deux  villages,  ou  bien  entre  des  Espagnols  et  des  Fran- 
çais, et  quand  des  joueurs  célèbres  par  leur  habileté,  représentent 
les  deux  partis;  des  discussions  et  même  des  luttes  entre  vam- 
queurs  et  vaincus  ne  sont  pas  rares  dans  ces  circonstances.  Les 
habitants  d'Âinhoa  jouent  entre  eux  à  la  Pilota..  Mais  le  pro- 
priétaire ici  décrit  ne  prend  habituellement  part  à  cette  distrac- 
tion, ni  comme  joueur,  ni  comme  parieur  ;  il  se  contente  d'y 
assister  comme  spectateur.  C'est  là  une  conséquence  de  son 
caractère  tranquille  et  de  ses  goûts  calmes,  qui  l'éloignent  aussi 
du  cabaret  où  ît  est  à  peine  entré  quelquefois  depuis  son  manage. 


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'HO  cB.  V.  —  rjinkN-»*s<tVK  DO  tiHviD  (francb). 

La  principale  récréation  pour  lai  consiste  dans  les  voyages  qu'il 
faitaucbêf-Iieu  de  canton  ou  à  Ëlizondo,  ville  voisine  d'Espagne, 
te5  jours  de  foire  et  de  marché.  Presque  chaque-Bemaine  il  exé- 
cute un  de  ces  voyages  à  titre  de  distraction,  car  il  n'a  lé  plus 
souvent  aucune  affaire  qui  l'y  appelle.  Toute  la  famille  prend  part 
.à  la  fête  patronale  de  la  commune,  dont  la  célébration  a  quelque 
chose  de  «acre  pour  les  Basques.  On  accourt  à  ces  fêles  de  toufi  les 
villages  voisins,  et  ceux  des  habitants  qui  sont  absents  n'hésitent 
pas  à  pjtrcourir  de  longues  distances  pour  y  assister.  On  raconte 
mêine  daps  te  pays  que  plus  d'une  fois  des  soldats  basques 
ont  déserté  dans  ce  but.  Â  Ainhoa,  la  f^,  qui.se  célèbre  le 
15  août,  dure  trois  jours.  La  premike  journée  est  presque  tout 
entière  consacrée  à  la  solennité  religieuse.  Mais,  dès  le  soir  du 
premier  jour,  un  repas  remarquable  par  l'abondance  et  le  choix 
des  mets  réunit  tous  1^  membres  de  la  famille  et  les  invités.  La 
fête  continue  pendant  les  deux  journées  suivantes,  qui  sont 
employées  à  des  distractions  parmi  lesquelles  le  jeu  de  la  Pilota 
occupe  la  première  place.  Les  hommes  s'exercent  encore  à  pous- 
ser la  barre.  Les  jeunes  gens  se  livrent  aux  danses  (saut  basque, 
fandango  espagnol),  que  le  prêtre  permet  pour  ce  jour-là  seule- 
ment,et  qui  s'exécutent  au  son  des  instruments  nationaux,  le 
Chirola  et  le  Tamburina.  Pendant  les  journées  du  dimanche,  les 
jeunes  filles,  depuis  que  les  danses  sont  supprimées,  n'ont 
(Vautres  récréations  habituelles  que  les  promenades  et  le  jeu  de 
quilles.  Pour  les  personnes  plus  âgées,  les  réunions  que  cette 
fSte  ramène  chaque  année  sont  une  occasion  de  discuter  les 
intérêts  de  la  famille  dont  les  membres,  éloignés  les  uns  des 
autres  et  souvent  retenus  par  leurs  occupations,  ne  peuvent  se 
voir  que  rarement.  En  général,  c'est  à  la  suite  de  ces  réunions 
que  se  prennent  les  décisions  les  plus  importantes  dans  la  vie  de 
ces  familles,  telles  que  le  choix  d'un  état  pour  les  enfants,  le 
partage  des  biens  entre  eux,  et  les  mariages.  Appréciées  à  ce 
point  de  vue,  ces  fêtes  ont  une  haute  portée  morale.  On  ne  doit 
donc  pas  y  voir  seulement  des  réjouissances  dont  les  frais,  rela- 
tivement considérables,  chargeraient  inutilement  le  budget  des 
paysans  basques.  11  convient  plutôt  de  les  considérer  comme  des 


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OBSBRVAnONS   PRétllIINAIRGB.  )H 

institutioDS  propres  à  cooserrer  l'uoité  des  familles  et  à  resserrer 
les  liens  qui  UDissent  leurs  différeats  membres.  Bovisagées  seule- 
ment comme  récréatious,  elles  oot  d'ailleurs  une  haute  impor- 
tance sociale,  el  il  serait  re^ettable  que  d^  moti&  d'économie 
les  fissent  supprimer. 

Il  y  a  d'autres  fêtes  encore  parmi  les  Basques,  mais  d'un 
caractère  plus  exclusivement  religieux.  Ainsi,  dans  les  familles 
aisées,  on  mange  à  Pftques  et  à  la  Pentecâts  l'agneau  traditionnel, 
et  les  plus  pauvres,  si  elles  ne  peuvent  se  procurer  un  agneau, 
célèbrent  au  moins  ces  solennités  en  ajoutant  à  leurs  repas  ordi- 
naires quelques  mets  inaccoutumés.  Enfin,  chezce  peuple  encore 
plein  de  ferveur  et  de  piété,  l'accomplissement  d^  devoirs  reli- 
gieux a  tout  l'attrait  d'une  récréation.  Pendant  les  offices,  tous 
les  fidèles  prennent  part  aux  chants  de  l'église,  et  aux  jours  de 
grande  fête  ils  assistent  aux  cérémonies  du  cnlte  comme  à  un 
spectacle  qui  excite  à  un  égal  degré  leur  respect  et  leur  intérêt. 
Ces  cérémonies  s'accomplissent  d'ailleurs  avec  un  ordre  parfait. 
Pendant  les  offices,  suivant  un  antique  usage  dont  la  conserva- 
tion est  favorisée  par  la  disposition  intérieure  des  ^lises  du  pays 
basque,  les  sexes  sont  séparés.  Les  femmes  occupent  le  chœur 
et  la  nef,  tandis  que  les  hommes  prennent  place  dans  les  tribunes 
qui  presque  toujours  garnissent  les  murs  delà  nef. 


S  12. 

PHASES  PBINUFALBS  DE  L'bXISTENCB. 

Le  propriétaire  ici  décrit  n'était  que  le  second  d'une  fiimille  de 
cinq  enfants,  dont  l'ainé  fut  une  fille.  D'après  les  coutumes  du 
pays  basque  qui  n'établissent  pas  de  différence  entre  les  gardons 
et  les  filles  pour  la  qualité  d'aîné  {Etcheco  premua,  héritiM-,  — 
Elcheco  prima  ou  Aniregaya,  héritière) ,  il  n'aurait  pas  dû  rece- 
voir la  part  principale  dans  l'héritage  paternel  (Etchealtea) .  Uais 


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ta  CB.  V.   —   PÂTSAN-BASQDB  DD  UBOtlKD  [nANGB). 

sa  sœur  alDée,  une  fois  mariée,  était  sortie  de  la  maison  pater- 
nelle; et  il  fut  choisi  par  ses  pareots  comme  héritier  et  cMtioua- 
teur  de  la  famille  dont  il  est  aujourd'hui  le  chef.  A  ce  titre,  il 
resta  constamment  dans  la  maison,  aidant  ses  parents  dans  leurs 
travaux  agricoles,  et  apprenant  par  tradition  à  diriger  l'exploi- 
tation du  domaine.  Il  ne  reçut  d'ailleurs  aucun  autre  enseigne- 
meat  ;  et  il  ne  sait,  ni  lire,  ni  écrire.  Sa  seconde  sœur  sortit  aussi 
de  ta  maison  par  un  mariage.  Son  frère,  le  plus  jeune  de  la 
famille,  apprit  l'état  de  charpentier  qu'il  exerce  aujourd'hui  dans 
le  village.  La  troisième  sœur  enfin  resta  célibataire.  Lui-même 
s'étant  marié  et  ayant  acquis  par  la  dot  de  sa  femme  un  moyen 
de  désintéresser  ses  cohéritiers,  un  partage  fut  fait  à  l'amiable  du 
vivant  de  son  père.  Il  reçut  la  part  de  faveur  autorisée  par 
la  loi,  et,  en  outre,  la  maison,  qui  ne  fiit  pas  estimée  comme 
revenant  de  droit  à  l'héritier.  On  fixa  à  700'  la  somme  qu'il 
devait  payer  à  chacun  des  autres  enfants  pour  obtenir  d'eux  la 
cession  de  leur  part  d'héritage.  Tous  acceptèrent,  k  l'exception 
de  la  sœur  atnée  qui  refusa  cette  somme  comme  insuffisante. 
Malgré  cette  dissidence,  elle  a  vécu  depuis  en  bonne  intelligence 
avec  son  frère.  Elle  accepterait  aujourd'hui  la  somme  proposée, 
mais  les  ressources  manquent  pour  la  lui  payer;  et  le  chef  ne 
sait  pas  assez  l'importance  qu'il  y  aurait  à  la  désintéresser.  Il 
continue  h  jouir  de  la  part  de  cette  sœur,  sans  payer  d'intérêt, 
au  nom  de  la  mère  qui  en  a  l'usufruit  depuis  la  mort  du  père. 
L'histoire  de  cette  famille  est  à  peu  près  celle  de  toutes  les 
familles  du  pays  basque  placées  au  même  niveau  social  parmi 
les  petits  propriétaires.  C'est  chez  eux  une  habitude  constante 
d'assurer  la  perpétuité  de  leur  maison  en  choisissant  parmi  leurs 
enfants  un  héritier  dit  a  alq^  »  qui  reçoit  le  préciput,  dont  le  Gode 
autorise  la  libre  disposition,  et  pr^ue  toujours  aussi  quelques 
autres  avantages  consentis  à  son  profit  par  ses  cohéritiers.  En 
échange  de  ces  avantages,  il  contracte  toutes  les  obligations  d'un 
chef  de  famille  :  comme  tel,  il  loge  et  nourrit  les  vieux  parents 
quand  ils  ne  peuvent  plus  travailler;  il  conserve  aussi  dans  sa 
maison  ceux  de  sfô  frères  et  sœurs  qui,  restant  célibataires,  ne 
pourraient  vivre  avec  la  part  d'héritage  qui  leur  revient.  Les 


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0B8EBVAT1ONS    Pa^LlUINAIBKS.  113 

autres  eofants,  pour  ne  pas  morceler  la  propriété,  abandonnent 
en  général  leur  part  à  l'héritier;  et  celui-ci  les  dédommage  au 
moyen  d'une  somme  d'ai^ent  prise  habituellement  sur  la  dot  de 
sa  femme.  Cette  somme  sert  de  dot  aux  filles  et  permet  aux  gar- 
çons de  s'établir  et  d'acquérir  le  matériel  nécessaire  pour  exercer 
une  proression  ;  quelques-uns  se  servent  de  cet  argent  pour  payer 
leur  pacage  sur  le  navire  qui  les  conduit  comme  émigrants  en 
Amérique.  Il  est  rare  encore  qu'un  dissentiment  entre  les  enfants 
oblige  à  vendre  l'héritage  paternel;  mais  déjà  il  arrive  assez 
souvent  que  des  résistances  de  ta  part  de  l'un  d'eux  créent  des 
embarras  pour  Tatné.  C'est  ordinairement  des  filles  mariées  et 
représentées  par  leurs  maris  que  viennent  ces  résistances.  Celles- 
ci  aboutissent  quelquefois  à  la  division  des  propriétés,  et  on  a 
constaté  que  les  ventes  de  biens  dues  à  cette  cause  sont  devenues 
beaucoup  plus  fréquentes  dans  le  pays  pendant  les  vingt  der- 
nières années. 

Ces  habitudes  des  petits  propriétaires  se  retrouvent  avec  cer- 
taines modifications  chez  les  métayers.  L'exploitation  d'une  mé- 
tairie se  trouve,  en  général,  entre  les  mains  d'une  même  famille 
depois  plusieurs  générations  ;  et  le  droit  à  cette  exploitation  con- 
stitue une  sorte  de  propriété  que  les  parents  transmettent  à  l'un 
de  leurs  enfants,  dont  la  position  est  analogue  à  celle  de  l'héritier 
dans  les  familles  de  propriétaires.  Les  autres  enfants,  après  avoir 
fréquenté  l'école  dans  leur  jeunesse,  reçoivent  quelquefois  des 
animaux  domestiques  et  un  matériel  qui  leur  permet  de  devenir 
eux-mêmes  métayers.  Plus  souvent  ils  émigrent;  les  filles  vont 
servir  comme  domestiques  dans  les  villes  voisines;  et  les  garçons 
devenus  journaliers  agriculteurs  vont  passer  périodiquement  une 
saison  en'  Espagne,  ou  bien  émigrent  définitivement  en  Amé- 
rique (ai).  Les  fils  de  journaliers,  n'ayant  pas  d'autre  ressource, 
fournissent  un  plus  grand  nombre  d'émigrants.  Toutes  ces  classes 
aspirent  de  plus  en  plus  à  émigrer;  mais  beaucoup  sont  empê- 
chés de  satisfaire  à  ce  désir  par  l'impossibilité  de  réunir  la  somme 
nécessaire  au  paiement  de  leur  passage  (as).  Depuis  la  révolu- 
tion de  1789,  le  besoin  d'émigration,  qui  créait  au  xvn*  siècle 
des  colonies  prospères,  a  cessé  de  se  faire  sentir  en  France.  Les 


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244  en.   V,  —  PATSin-BASdUB  DU  UBOtJKD   (FKANCE). 

guerres  de  la  révolution,  du  consulat  et  de  l'empire  ont  décimé 
les  populations.  Le  partage  forcé  des  héritages  a  retenu  sur  le 
territoire  h  l'état  de  propriétaires  indigents  beaucoup  d'individus 
qui  eussent  trouvé  au  dehors  un  sort  plus  heureux.  Enfin  ce 
déplorable  régime  a  tari,  chez  les  classes  prévoyantes,  tes  sources 
de  la  reproduction.  Le  personnel  de  l'émigration  a  donc  fait  défaut 
dans  la  majeure  partie  de  la  France;  et,  après  le  rétablissement 
de  la  paix  générale,  l'ancienne  fécondité  des  mariages  ne  s'est 
guère  maintenue  que  chez  les  Basques  et  les  Béarnais,  avec 
la  transmission  intégrale  d^  domaines  patrimoniaux.  Les  nova- 
teurs qui  se  dissimulent  les  déplorable  conséquences  de  nos 
révolutions  signalent  comme  preuve  de  supériorité  la  suppres- 
sion subite  de  l'émigration  ihinçaise.  Considérant  l'émigration 
comme  indice  d'un  état  de  souffirance,  ils  affirment  que  les  Fran- 
çais n'émigrent  plus  parce  qu'ils  veulent  jouir  dans  la  métropole 
du  bien-être  qui  est  le  fruit  des  nouvelles  institutions.  Dans  leur 
théorie,  les  émigrants  des  régions  du  nord  de  l'Europe  nequittent 
le  soi  natal  que  pour  échapper  à  un  état  intolérable  de  misère. 
Cette  erreur  est  réfutée  par  les  faits  exposés  au  tome  III  (ITI  : 
m,  30;  IV,  lo).  Elle  n'est  pas  moins  démentie  par  les  phéno- 
mènes d'émigration  riche  qui  se  produisent  aujourd'hui  dans  les 
Basses-Pyrénées.  En  J855,  32,000  Basques  ont  émigré  en  se 
dirigeant  principalement  vers  l'Amérique  du  Sud;  tandis  que 
13,000  Béarnais  ont  quitté  ce  département  pour  s'établir  dans 
les  diverses  régions  de  l'intérieur.  Ces  émigrants  ne  considèrent 
nullement  comme  une  calamité  la  nécessité  de  quitter  le  lieu 
natal.  Ceux  qui  s'y  procurent  une  situation  avantageuse  y  restent, 
il  est  vrai,  avec  satisfaction;  mais  à  défoutde  ces  occasions  favo- 
rables les  autres  s'expatrient  avec  empressement.  Tel  est  le  cas 
de  ceux  qui  vont  s'établir  en  Amérique  dans  le  bassin  de  la 
Plata.  Ils.  y  sont  attirés  par  l'état  de  bien-être  des  parents  et 
des  amis  qui  ont  trouvé  dans  ces  régions  des  situations  avan- 
tageuses. Si  donc,  pour  maintenir  dans  la  population  locale  un 
juste  état  d'équilibre,  on  devait  un  jour  recourir  à  la  contrainte, 
celle-ci  devrait  s'employer  à  entraver,  plutôt  qu'à  exciter,  la  ten- 
dance spontanée  des  jeunes  générations. 


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OBSEUVATIOIIS    PBliLtlIINAIBEâ. 


SI». 

MOGDRS    BI   IKSTITUTIOTtB    A5SUBANT    LE    BIBN-Êias   PHTSIQUB 
ET    HOBAL    DE   LA    FAHILLE. 

La  famille  décrite  dans  la  présente  monographie  marche  vers 
l'état  d'indigence  que  le  partage  forcé  des  héritages  inflige  de 
proche  en  proche  à  la  plupart  des  petits  propriétaires  français. 
Cependant,  malgré  l'imprévoyance  de  son  cher,  cette  famille  a 
été  jusqu'à  présent  préservée  de  la  ruine  grâce  aux  excellentes 
traditions  du  pays  basque  (17).  La  dot  relativement  considé- 
rable apportée  par  la  Temme  a  permis  au  paysan  de  garderrëunis 
les  éléments  de  la  propriété  possédée  par  son  père.  Grâce  à  la 
fertilité  du  sol  et  à  la  beauté  du  climat,  cette  propriété,  quoique 
peu  étendue,  a  pu  fonmir  un  revenu  suffisant  aux  b^oins  du 
ménage.  Aidée  d'ailleurs  par  des  subventions  importantes,  la 
famille,  dont  tous  les  membres  se  distinguent  par  des  habitudes 
d'ordre  et  de  tempérance,  a  vécu  jusqu'ici  dans  un  état  de  bien- 
être  dont  elle  se  montre  satisfaite.  D'un  autre  cdté,  le  chef  de 
famille  a  feit  de  grands  sacri6ces  en  argent  pour  désintéresser 
ses  cohéritiers  ;  mais  il  n'a  pu  jusqu'à  ce  jour  acquitter  une  detle^ 
de  500  francs  contractée  par  son  père.  Il  a  dû  même  en  créer 
une  nouvelle  de  180  francs;  bientôt  la  nécessité  de  rembourser 
une  de  ses  sœurs,  non  désintéressée  jusqu'ici,  le  forcera  à  faire 
un  nouvel  emprunt  ou  ii  aliéner  une  partie  de-la  propriété. 

Cette  famille  est  donc  daus  une  situation  assez  précaire. 
Elle  est  empêchée  d'arriver  à  l'épargne  par  lé  manque  d'éner- 
gie de  son  chef  et  par  le  besoin  de  confort  de  ses  membres. 
Elle  n'a  d'autre  r^source  que  l'emprunt  pour  parer  aux  éven- 
tualités de  l'avenir,  et  il  suffirait  d'un  incendie  contre  lequel  ta- 
maison  n'est  pas  même  assurée  pour  entraîner  sa  ruine  com- 
plète. Il  convient  de  remarquer  cependant  que  d'anciennes  mœurs, 
dont  la  tradition  se  conserve  dans  te  village  d'Ainhoa  et  dans 
presque  tous  ceux  du  pays  basque,  assurent  des  secours  efficaces 
aux  familles  victimes  de  calamités  de  ce  genre  (so). 


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CH.  V-  —  PATSAM-BASQDE  DD  I.ADOtIBD    (FBANCB). 

S  *i.   —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SOURCES   DES   RECETTES. 


IHUIUILIII  ■ 


SBCTION   I». 
Proptiitél  poMédtM  pu  la  famiUa. 

AsT.  It.  —  Piorutrlt  iimoBiuftEu. 


.a  «tabla  pour  lu  faiabii.  Ht/lit  tôt  le  tamla 
I.SOO'OÔ;  —  èbàmH  {lH 


ri  (66  irai]  an  S  pircallei, 
nllai,  taO'OO;  —  cMUigi 


dalui 


£0  00 


toniu  tout*  l'ansia  i 
B  bciaft  at  1  Tacbe  ;  SS  bttai  1  liiD*  ;  S  poulet  et  I 
IX  DouBtnqan  mtiataaui  HulemaDt  nna  partie  de  l'i 

Bpoici,  1  Tau  et  M  igneMii 

HniMti,  IPICUL  dea  tnni 


A»T.  B.  —  Dionm  K 
■illa  M  Ut  putie  d'eue 


1»  BOCitita  E 

M  d*  ce  génie) 

TiLioe  ToiiLS  dw  piopiiiUa, . . 


SBCTION  IL 
u  rcfoM  p«T  la  fanûlUa 


A>T.  !■■  —  Fiorulita  KEfuis  m 
(La  buDlll*  se  re;olt  aueiua  pnpiiilé  es  niaCnil) 


AIT.  1.  —  Dhoiti  s'Dua>  «un 

mr  la  b^  de  clûaflife  dea  farAla  cainnmnilee'-,-,-...'-H-.-,  ---. 
da  pucoon  pour  lae  poiu  et  In  loliillai  nu  iMTola*  pnbliqnet... 

An.  8,  ~  AuACAnoi»  D'oMm  n  m  ■■■vtcu. 
,  l'inMmoioa  doi  entuiU. , 


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CH.  V.  —  PAtSAN-U8QDS  nC  LABOUBD   (FBAXCE). 

S  f(.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


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RECETTES. 

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SECTION   I". 

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IntirM  (5  p.  il»)  d.  1.  TU«ur  d«  VéUWa 

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d.  1.  ia1«<ii  d«  U  Und..  d«.  bok  .1  d.  b  chlttienaai. 

>7  00 

AtT.  S Rbtrhdb  dm  »Laiiis  uoiiuËui. 

69  Tï 

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SECTION  II. 

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Akt.  t.  —  pHODUm  DU  CBOITS  D'iniOI. 

Bsrba  dn  pltongc,  «Tdais  nr  pied  i 

Bûi.,«T.iu»d«i.i»rortt4 (ia,F) 

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Au.  S.  —  Otiwi»  iT  naTicu  nLLOoi*. 

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CH.  V.   '  PATSAN-BASQOB  DU  LABOUKU   (fBAHGB). 

$  4i.  —  BUDGET  DES  BECBTTES  DE  L'ANNÉE  (SDITE). 


SOOKCES  DES  RECETTES  (SDITE). 


SECTION   Ht. 
Tia««Mz  BxtoBtii  pu  la  famille. 

BiplofUllmi  du  domuDs  d«U  r*miUeel  dettsrm  loaAea  pi 


Biploib 

Ttsnipo 

Conf«i 
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Piliga 

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i»ge  dai  itiemmU  st  du  lin^. . . 


^siinea  oui  foirei  et 


Totaux  d«jDiiiiiéeidudïnTim«iabT«i  do  1b  fuBiU*.< 


6BCTI0N  ly. 
IndoitoW  antrepTÛei  par  la  fanill* 

(1  Ma  propi*  cODipU). 

iHPCSTiim  uitr«pri*«  *a  eompt»  de  la  famille  : 

Eiploitalion  d>  domaiiia  et  dea  tairai  loo^  par  la  bmilla 

—  dea  h*l»a  t  eoinea 


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en.  V.   —  PATSAN-BASaOE  DD  LtBOUHD  (PRA^tCB). 

S  U.  .-   BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (:iUITE). 


RECETTES  (SDITE). 


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Saliii*  lotil  atlribus 


(Aucun  nkin  na  psul  (tre  attiLLuâ 
SsUin  loul  attribui.*  à  co  U<i>,ài,  ! 
(ADCDn  tililre  na  psnl  Hn  Ulril.ut 


TOTjkDX  du  ulaiiM  ds  I 


SECTION    IV. 


B^éBc*  TbnItMit  de  cMte  «iptalUUon... 


Nota.— OuUa1eiracottHporUaaci-d<BiuBDconipt«.1«iadiiitri(idoDii«ntUmiDii* 
ncdnudaI,4S1>BS(in,B),qui<ii>ppliqDéada  bdutuu  i  c«  rniins)  ludottiias  ^  cslu 
iwalta  mIm  dipuuu  qui  U  biUoeant  (  I  S,S™T}  onk  tM  omiMtdui  l'uD  «t  l'ntia  badgst. 


«  (biUnçut  Ici  dtpanM) (I.œstse) 


KfTJB 
10  00 


i,iîi  «0         &n  « 


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m.  T.  —  patsan-IjUqub  on  labodsd  (fkakcb). 
S  15.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE. 


DÉSIGNATION  DBS  DÉPENSES. 

«™««-J 

d»™«. 

arfBL 

SBCIIOM  &•. 

|P«  la  ch>r  do  finiiU»,  n  femme,  w  «sgr,  u.  mèra,  8  enfluiti  ds  16, 
liiin*  d«dsDiMiei(ia,  AitK)pFndiiit44ioun.| 

CHiAua  ! 

NINiinn 

ésiuinn 

KM' 40 

sto 

84  00 
43  80 

e  to 

41  00 
8  7S 

144  00 

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400 

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MiI.ét»lu*àréUtdeïriia:l,690i,dOBtW0i«heW....  (10, A) 

ifisooû 

OIM 

CORM  CKAl  t 

400 

1  800 

58  00 

1414 

UlTAGBS  «I  «DFS  ! 

Uitd.  ™he (I9,B) 

Liil  de  bnbit  (B) (10,  C) 

Fioinige  fiit  xnc  du  l^t  de  brebi).  nang*  en  grande  ptnia  à 

433  00 

10100 

800 

0050 
0  6S5 

MB  00 

0  144 

itooo 

BOO 

400 

10  00 

ax 

1  900 

O80O 

OSOD 

0  100 

Viuda  de  boncharïa  :  Tua  on  Tache,   atogit  laa  /oan'  d« 

—                  S  iinsini  maiigli  t  FlauM  et  i  la  Pen- 
tacûU,  ■  bTebft  tniM  peadaot  U  moit- 

Bosdini  et  unciiiea  [abriqnii  daaa  U  ftmiLLa (IS.  D) 

VolilllH  :  S  TialUei  poDlaa,  S  pontaU  et  ■  cuard*  wag*»  la  J04» 
deUt6lal<.wle(9) "..  (l*,Dl 

laioo 

10» 

DiBiiizMbi'Google 


CH.  V.   —  PATSAN-SASQITB  DD  tjlDOnilD   (FBANCB}. 

S  *S.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DB  L'ÂNNËE  (SnTFE}. 


DÉSIGNATION  DE9  DÉPBNSKS  (SUITE). 

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Uenin  n  nvirs  : 

FEUHriNriMiuuni 

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OttM 

~                              FèTWJwchMBpe 

Ugunci  «plc«i  :  Poirelui,  14*  lO'M.Ï'SOi  — oignou  et  uili, 

SO'âO'ÎO.e'OO 

—                Penil,  ctrfouil 

IfmiU  t  p«plii  M  1  aojau  :  PruDei,  esriui  Bk  groulllM 

81100 

oin 

0  100 
4  000 

1  «w 

IBOO 

CoKDiHnm  ET  srnirULKTS  : 

Sal  «helé  m  Eiiagna  pont  1*  mteage,  TtX;  -  pour  sOii- 

Uioo 
10  00 

C»f*,  pri.  Ir.«  la  joor  ds  !■  Ht*  loc.l.,  et  i  qotiqae.  «ulr.. 

ChomlMlni»De*irêaiipiri«eLf»nu'el"pu'iBï™nd-nl4te. ,  . 

Sncn  (OD  D'en  fait  tuaga  qiu  dan«  qulqnoi  cai  ««plion- 

«l-) 

l!7« 

0  189 

BOISMKS  FE1IHE.1TÉES  : 

Cidra,  fibriqui  itbc  400'  dB  pomciH  coi)iuu>«<(,  Mil  Imqoelloa 

1,000  00 
ISOO 

0  011 
OMO 

Tin  ds  Nifan*.  «chBié  en  Bipagne,  pour  lei  joues  de  graudi 

LOIS  00 

OOIS 

DO  tiixiai. 

«.B. 

Tor^ui  dei  dtpeniet  coKiruinl  U  u 

ouiHtan. 

Btl  U 

lU  n 

iiGoogIc 


Ca.  T.   —   PATSA>-BASQDB  DO  LABODnu   (fiAXCK). 

S  15.  —  BUDGET  DÏÏS  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SDITE). 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SDITE). 


SECTION   II. 

IMpaniM  oonrcroaDt  l'habilaUon. 

iDWrtt  ia*p.  100)  d'une  ptrtia[l.M»'0O)da  U  valsur  d«  la  mw9aD,«0'Oai  —  «ntie- 
tlea  :  talmochisuge  à  L>  chaai  nnonveld  cbaqus  aanéa  M  Hpiiiitlon  d«  umaui. 
S'SO;—  rtpiTïUon  de  U  tollnre,  4'00 

BDlrai<<n:ulut  at  répuiitionsdBinBDblMSIiut«D>i1ei,3roa;  — diiptdBlit,inpp« 
etiervietiu,  lS'~iï  [16,  H);— enUttim  et  idpinUons,  Sjounési  ds  trmil  domei- 

tiqueàO'te,  >i(»(14,  S«I1I) ■* 

Caicrriicz  : 

Boiid'iff'oiug*,  1,000^  ll'.IO  lu  Il»t,  30'W  (tS.n:  —  boEi  proienint  da  U  caiipi> 
■Donalle  da  15  piaili  de  bauU  Uillii  lar  la  domaine  da  U  (arniUa,  «,000'  1  l'SO 
le»  100',  30'00 

ÉCUIHllGE  : 

Cbaodalles  da  luif,  fl'  i  l'W,  1'40;  —  chudellri  de  rdiioa  fabriqués!  dani  la  loi- 
aaga  1  itoupa,  IV  l'OO;  ~  riiina  de*  Lande*,  10^  A  om,  V ta 

TotAOi  dea  dApansai  coscarsuit  nubJutioD 

SECTION  m. 

Dépeniei  oonoamant  lei  vètameata. 

cbef  da  hmilla (lfl,0,HelJi 

De  Ufarama (la.O.Bat  Jl 

Da  la  UEui  dD  cbaf  da  bnme (le.a.HelJi 

Da  la  gtand'mlra (18,0,  H  «IJI 

De»  tcoii  enfitoti (l«,a,HalJ) 

IS  laui<rei  par  UD«a.  «iigeuitcbacuiia4  joncn^  datratailda  raminelO'SO,  WOO; 
—  laToo,  II*»  â  l'M,  14'OOi  —  CBDdrei,  4  h«iolllre«.  dont  1  baeloliira  achal*. 
S'OO;  — inlér«l(ep.lOO)del&ialaBidanialirielip«dir,l>'4t 

Totaux  deadépanaai  coacamu 

SECTION  IV. 

StpcaaM  soBoarBUit  Jmt  beMtina   moraoi ,  Im  rto^tioai 

et  le  iernee  d«  •asti, 

MpeDHi  hablluallaa  ;  chiiia  à  r«tHu,  l'SO:  —  ugant  donné  am  qnïtM.  l'SO; — 
mena  fondéat  lUtraToii  pac  1«  paianti  de  la  ramille,  7'50;  —  cierge  âUuind  i 
rtgliia,  14'DO;  —  dipeniei  eitiaordinair»  pour  enterremoDU  et  bapUnia.  tn- 

ln£B  i  a'IO  par  année ' 

I^lSTHnCTion  SIS  RNrAXTS  : 

SOBiDie  donnée  é  une  quels  faite  poDC  de>  religianseï  qui  la  chargaiit  gntoilsmeiit  do 
l'édncation  dai  Sllea.  S'OO;  —  frali  ri'écols  paréi  par  la  cammane.  S'OO;  —  école 
daniçon,  i  a'80  par  mola  pendant  10  moii,  tiiOO;  —  llnei,  papier,  plnmei,  ponr 

le  fiU  et  iBj  HllBi,  4'00 

SKOVUS  et  ADHÙIIE9  : 

L'auindDe  est  [aile  an  nalars  au  panrrci  da  Tillage  habité  par  la  famille  et  A  cevi  dat 
Tillatei  Toitini  :  mali  donné  A  1  état  da  mélurs  (ï),  2M^  io'  1S8,  M' 50;  —  bornent, 
16'ÏO'ÏS,  4'»:  — thon.,  80'  il  O'OO,  l'aO;  —  pfment,  St  i  oroo,  l'ÏO 


iHiin  M  itiasa.  | 

-JiBauire. 

W'OO 

VSO 

vso 

BR 

fis  00 

400 

a  90 

IISSO 

M  33 

10  M 

raT4 

a»sj 

M41 

ssst 

17  00 

iaa  41 

MTO 

300 

,=« 

49  10 

• 

iiGoogle 


en.  V.  —  pAV9AK-B.tSQDB  DU  LABOono  (france). 
s  )5.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SDITE). 


DÉSIGKATIOM  DES  DÉPENSES  (SUITE). 

""'"«"«»»■  1 

daa  ohjHa 
an  nalon. 

alpaia» 

SECTION   IT. 
et  le  Mnioe  de  miiM  (luite). 

BÏCnÉATIONS    ÏT    M)l.MllTiï  : 

WpcnMi  de  Ubla  t»ii«.  1  1-oca.loii  da  la  KU  local»,  monlionnifli  dini  !■  S"  I  du 
préMnt  bDdgot  pour  aoa  •omiDa  d>  M'TO  (IS.  S"  I)  ;  -  d*p*nM>  di>enM  feiH» 
pogr  Ibi  «oriDls  lu  joun  de  Mm,  ï'OOi  —  dApeoHi  du  cheT  do  raiBiUe  ani  raira> 

43170 

4'SO 

llOO 

Service  de  iunt  : 

6U0 

ssoo 

tS6I 

BBCTION  y. 

DtPEDSU  conceiinânt  us  iKMisniis  : 

l.f.imUe»<Hil«nli (Is.  E)      Ï.Wi'lô 

Argent  «t  objtti  emptorét  poni  1h  consommation)  du  méoiga  at  lei  «i- 

mdDM,Btport«tlce>lilnidaDilapréieDtbudg>l 5*Jl8B  \ 

Arginl    a(   ubjcii    appliquti    da   nouToau    aai    iDduilriu                    i 

da  loiilamanl,   oa  peiiTant  Beoiai  paimi  lai  dipauug  du                    | 

toss 

lNT<nilS    DES  DETTU    I 

lDl«iit  (dp.  100)  d'une  dEiudsSCXi'ODlainéopir  la  pira  du  cbB[det*mtUa 

lotirtl  (5  p.  100)  d'nne  doLla  da  ns'OO  nouvellement  conlriHéa  p»i  la  ehrf  da  tamllla. 

im«c«(  (S  p.  100)  d'nna  lommo  d«  700'C»ra'.enani  A  l'un»  dei  «aura  du  cherda  [aiDilla 
diDi  la  iiiccestion  da  un  pire  (catte  lODuna  rasia  dua  par  U  bsilla,  mai*  jutqu'ici 

il  D'an  ■  pai  iM  part  d'intëiél) 

IMPÙKI 

Impflt  tbnd<T.  M'OT  :  -  cota  parwnneUe,  l'BO;  -  «rta  mobiliire.  Tes  j  -  poiM  el 
hnUm,  4lf):  -  Updt  communal  :  3  looroéa.  da  eonéa  pour  1*  chat  d«  familla. 

lation  agrtcolo  et  <]*•  indualitH  qol  «n  dépendent  :  elle  ne  fait  tncnna  dépense  ipé- 

Tot*oi  daa  dépeant  eoacatnADt  In  indu*ti«,  loi  delta,  la  impOl. 

S3  87 

Epaucke  db  t.'ANn^E: 

"s^TV 

ToiÀOit  onDirini»  da  l'annéa  (balaujant  ianiecaUgi) l.BWse) 

1,137  W 

iiGoogle 


en.  T.  —  PATBAN-IA»aVB  BU  LASODBD  [FRAKCB]. 


S  <6. 

COMPTES    ANNEXÉS    AUX   BUDGETS. 

SBCnON   L 

COMPTES  DES  BÉNÉFICES 
Uullul  ia  Mulria  vtnjnas  pv  li  hiille  (1  m  pr^  CMflt). 


CJréBlM  1  FromsDt  (dODt  1! 


.    1,000 

'.    8,000 
.    4,0UD 


fciU.  du  miUrlal  ip^eUl  :  idUtÏM  (8  p.  100)  da  U  nteor  (eWTO)  il«  c 

•■"- 

YU«M            1 

SW'SO 
tS8M 

WQO 

«0( 

SOC 

ioo 

8SO0 

400 
IMOO 
IMOO 

80  00 

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18  00 
IflOO 

nso 
sooo 

i,lM  19 

4100 

151  SO 

144  •« 

isaot 

ISOO 
10  00 

11  » 

800 

4» 

îoo 

88778 

«00 

i,«»  a 

4ato 

iiGoogle 


TruipoiU  de  bou  pou: 


COMPTES  ANNEXÉS  ADX  BOOOCTS. 


afaiDlira. VDj,  â  XOO.. 


GDmnia ulaln  du  tnTail  dai  bauf^ .,. 

8  voragM  moini  long],  donnant  cbaEim  fl'OO  neu. . . 
PlOdniU  fanrnii  pu  la  Tache  1  lait  : 
Vmu  vandn  chaqns  u\Déa..,.. 


I  at  dei  bauli,  «nln«  i. . . 


....    8      iSOO... 
it  ebaran  ll'OO  mti 


Acb*t  itatbcaala. 
JMiit  [Op.  100) 
Intérêt  (5  p.  100)  de 


—     '  Fougère sioM    i 

Tnrant  d>  la  ramiUe 

Piait  dn  tnitMel  ipAdal  : 
lDl4r«l  10  p.  ]<»l  de  la  Talenc  (IHtjO)  du  inaljiiel  aaii 

de>  bccnb  et  de  ta  vache. 

Achat  de  cardagst,  coumiiu  en  cuic  peur  auajxllir  le  j 
Eomiiue  pajies  au  maréchal  el  an  chirrao  pour  entreti' 
Btetnci  rémlbut  de  l'iadsitris  Ij  compiis  U  béDéBce  i 


C.  —  EXPLORATIOH  DD  IROCri*II   M  MUIS. 


Ttodai  poni  8tt«  mangea  i  FAqne*  «t  A  la  Pantaedle,  I 

Itoméfa,  TeDdnea  poar  la  benchwle 

:  S  agiiMiu  nangta  par  la  ùmill*. (IS, 


V,L 

^R. 

eu 

*D 

nanin. 

•TgonL 

- 

KO' 00 

iîîo 

■>0D 

soo 

43  30 

8  40 

15  on 

»2  80 

508  40 

SOOO 

soo 

11 

■flOO 

10  10 

7« 

■         . 

100 

1100 

750 

1  ts 

358  90 

4SS» 

986  40 

18.80 

1180 

158  00 

iiGoogle 


CB.  Y.  rATSAN-BASQCG  DD  LABOURD   (rRANCIl). 


KICRTII  (10  RB). 


coBwrr^  pool  l'iiiiRt  da  la  [usille. . 
—'-' 'M  et  d«  csUsl  qui  Mut  muil 

..OtBdBO 

1,  «TBlnâ  i. 


iDtéiit  (S  p.  100)  dn  opiU 
InUrtt  9  p.  loaj  da  U  <rïli 
HonrriUra  :  Puage  doat 

lUBilla  MTK 


Mine«  («SI'OO) 

ir  d»l»fc)rde(»'O0) 

I  locition  Mt  paji»  pu  Sjourotet  dn  chald< 


tafraifi»,  Mià'l^?.'.'.'.'.'.'.'.'.'. 

muial.tialatiK'W 

li  an  uODpuu  an  UTBr,  3,000'  i  ■ 


il]  (Ton  oDThei  laïUiaica  pour  la  lODt*  :  S  Josntea  1  OISO. . . 


lasda  i»  pOK  a 

cininli,  10  poi 
Batm  maDgéa  pu 
umiar  piodull. , 


Urd,  180>alfMI.. (1S.B"1) 

I  atScanardi  niaDgéi  pai  la  bmitla. (IS,  5»I) 

let(.  Tendui,  U'SOi  —  plunea  Tandaai,tfOd 

tafamilla (15,  B"l) 


^lMrfjtan  :  NaTttt  et 


Mal*  an  gnln  on  an  farina. . . 


—  PiiM 

—  SondamahM , 

ciréalMeaiiMmm4eipatlabiiillla(I6,  S<b|),  eauim<iii() 


y^»        1 

uC. 

arnat 

!«<«> 

IBS*  00 

41  OT 

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UOO 

£9110 

13S80 

38  04 
!  30 

; 

ISOO 

10  00 
SÊttt 

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OSM 

lïOO 
400 

15  40 

103 

10  00 

140  10 

138» 

»130 

187  40 

31  00 

iiGoogle 


COMPTES  ANinsËS  ADX  kCDQEIS. 


IJliin  :  MUa  d«  nuli,  firagtM.  renUlM  rTaibrM 

Hainct  létnlttst  da  l'inddUiie , 

ToUni  comma  si-caiiln 

B.  —  msDMj  DU  covrns  du  Kànincti  xisauust  ni»  industiib 
(AàD). 

Prodofl)  emplaf^  aii  nature  ; 

PoBrlBnsurriluradalmfïiniilB (15,8"  Il 

PoiirWp-ns«<:oncarD»ntlMi«Huir«at«llinailM (I5,8~r») 

Poar    h-bititioo  da  1.  f.rEill« (15.  S«  II) 

PonflatiiiHnenl. dois  famille (^^&>■I^I) 

Pmnmpût  (eiéculion  de  la  carrée  coinrnmiala) (IB,  S~  V> 

PQttT  dépsDiB  tonceroïpt  Im  întértU  daa  detUn (IB,S«VJ 

hroaoïu  ao  Bitara  et  recelle»  an  ugaal  1  emptcntu  da  noa'uwi  pour  lat 
indoiiiiM  oUei-nieraet  [1.45TM) 

Beieltat  «n  irgasuppiiquje,  „i  déponiBi  du  minage 

D^PSIfa^  TOTAEiB. 

InUrtti  dea  praprJMéi  pouidiei  |>ar  la  bmllla  at  amplojéec  par  alla  «tn  In- 

duBiriei ..,, .,. ..  (14,  S"  tj 

Fndiu^daa  ubranUaBa  npia  par  li  lunille  et  amplDyéeg  par  elle  au 

Balairai  afliraiii'iiii'uMini' Bi4cul*i"'iar'u' fiiiimB  pooV  Im'iuiJiii- 
fles (14,  S«-llll 

Produiu  dat  indiuttlai  dipaiii«a  an  nstute  al  dipenia  an  ariteot  quf  doiTenl 

itn  lenbonnda  par  leg  lacattai  r^snlUot  dai  jadaitiiBi  (),«')' SS) 

Tolaui  da*  dipeittet  (1,O0I''U) 

BiHéncM  ToiiDi  rtiullanÉ  dai  induiWe*  (B1S<11) 


SBCTIOH  II. 

COSiPTES  BELATIFS  ADX  SUBVENTIONS. 
P.  —  Boi3  D'ArcoDio*  DI9  roKtts  comtrtuus. 


la  pajia  à  U  commune  pal  chaque  miniga  poot  âTOir  dtoH  au  bêii  d'at- 


lu  pcopri 


9t  au  bel»  iBT  la  li< 


Leaaatrer  compte!  nlatiriani(ubTan(iaiu  (droit  da  pS  lunes  ou 
lii  appaitanant  i  la  commans  ou  lou^M  pu  elle,  et  illocaiioiii 
l'iDUmcUon  dta  aDbnti)N  dtdajwql  aMment  da*  doDoéea  cos. 


10  « 

ïias 

845  8Ï 
«■» 
MSO 
81  N> 

ûiësTi 

49  3» 

»8«Bg 

.■aaa 

SCTI 

49S8 

85  00 

4SI  90 

94941 

TOll 

1,410  H 

498  ar; 

4IT8S 

1,968  41 

949  40 

96  00 

400 

800 
100 

19  00 

400 

90  00 

400 

iiGoogle 


■  PAïaAH-BABQCS  DV  LABOUBD   (fIANCK). 


BBCTIOK  11 L 

C0UPTE5  DIVERS. 
'    Gé  —,  C<Mm  M  lA  Bim 

'  Am.  l".  —  PAnunlt  duchif  ife  /tmlU: 

TtttmaDta  du  diouuidie  ; 

I  btnt  (BodMU]  aa  dnp  bltiL 

I  TUto  (Camiuli)  sa  dnp  da  cDolau  taaet». 

1  gilet  an  «toSada  talna  nnga  4TK  boDtodt  «o  miUl 

I  ceintura  da  lOïa  tauga 

■  moachoin  da  podu , 

TtUmcnta  da  IrtTSil  : 

1  Taatadeliioe 

S  puUlODa  da  Tatonn • 

1  MiDUira  an  UiBaniua 

1  gilet  daUlDB 

1  nunUaa  ttee  cipoebou  an  dnp  gioMiat  (CtpnBUli) 

1  pkira  d*  groa  uinlian. 

9  pkirai  da  uboU  «tm  duuaoBii  à  l'OO 

S  uitetd'Alp*g>ttM{B<puliiiac),cl»awaiw«a«iidNdecbviTia 
ll'iOUpain 

An.  S.  —  Viltfia»  il  la  ftmmt. 

VltuaanU  da  dlmuicb»  : 

a  moacholii  dattta  da  coalaiu  bluich*  (Uocanacu^ 

1  chlla  da  lalna 

1  roba  nol»  aa  ito^i»  Uloa 

1  raba  dafMa  m  4toSï  da  coulaui 

I  CapH,  mutaiu  «n  Aofl*  da  Uioa  qna  lea  remoiu  muitoa 

Bsltaot  pour  lUac  ani  olScei 

I  jDpOD  aa  drap  rougs  botdd  da  valoun  luir 

■  lablian  da  drap 

1  paira  de  ■ooLen,..,.....,^,..................,,..,...,.... 

V&lamaDti  da  tiiTiil  : 

Viaoi  TUaniaoU  dn  dimincha  :  ■  chllei  l«gen  an  Uina 

g  mouchoin  de  Ute  d»  diienaa  coulauTi  en  liiiu  da  coton 

1  Uutilinu.  aapAcB  da  mandUa  aa  «toOa  da  Isias  noire,  antro- 
n>ii  ipéciila  aux  jeune)  filial,  al  dont  lai  femoMi  maiiéal  h 

wirm  aiinl  pour  allât  t  l'dgllu , 

S  JnpOBi  da  drap 

1  tibliac  de  laJna 

S  iDbei  da  lalna,  1  da  17»».  1  da  IS'OO 

1  tuba  d'indiaone ,,.,.--,.,. ,.- 

S  pain*  da  «nilien 

t  paina  deaaboti  aiae  chtnitont,  âl'OOUpiIta 

Totaui 

An.  S.  —  Vdlaïuirif  d>  la  wnir  du  mari. 

C«<  TMaawnti  loat  Isa  mtmea  que  caai  de  Ii  temine,  et  Un  nicenitml 

niM  dépwuaaiiDnellatqalvalental  calla  qui  ail  indiqu.  s  i  l'jii.S. 

An.  4.  —  Yilemmu  *  la  grand'mht. 

Cw  TMtnwDti  aont  lei  méiDei  auui  qua  ceux  da  la  feoiiae.  maia,  en 

nlfOD  du  gnnd  âga  da  la  penonne  qui  lea  parla,  ili  loat  noioi 

•onTaat  ranouTalii  ot  aa  olcenitent  cbaqaa  taedeqa'aiia  dépauia 

mlsima  tralniet 

ABT.  B.  —  VttBPtali  in  mfaalt. 
TJtamenta  de  U  flUe  atnta,  da  It  ua  : 

Mpuue  iiilnia  t 

TUamnti  de  ta  aecooda  Blla  da  il  au: 
Ui  Miat  Iilli  an  giuda  partie  iTw:  ■«■  Mitk  dst  1tl«m«iil*  dei 
paraiti  ;  d4paiua  appmikiiatlTe. 

IMpaoM  •ppioiliaatlTa 


ms 

utpma 

d'achat. 

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COIIPTES  ANNBXâa  AUX  BUDCËTS, 


-  CoKpn  m  Lt  péPiNst 


An.  l".  —  Difin»  antuttUepour  It  ainaçe  tnHer. 

AcqDlrition  da  b^  delinda  qullU  lap^ilgun,  ki'W  le  kll 

lOt  d*  lin  rtcolU  pai  U  bmlUe  toi  mi  terni,  i  1'"^  le  k>l.  i»  lin  prti  A 

<lr*«4. 

Pilua  ta  toauD  :  70  ionnitei  da  IriTail  de*  fammea  ds  la  hnulla,  i  O'IO 

paijont (M,  &"11[) 

Blanchiauga,  laaiiTua  at  dirldsga  dn  III  :  10  Jonmiei  da  tnnil   de* 

lOnmci. 114,  S"  III) 

Tlauga  (on  obUuil  S3  mètni  de  loila  et  on  pale  au  ItHetiDd  ll'30  p» 

mêtH) 

ToUJ  da  U  dépansa  uDoelle 

An.  S.  —  DUtrlbutlm  de  la  iiprm*  ntn  tu  dlurl  tnp>^ 
pOÊT  bajfli  terl  la  MU. 

Fddt  le  chef  de  tuniUe  i 

s  chemina  DBiiTai S>  00  de  toile.,.. 

Eèpaiatiaiu  potu  14  chamiiaa  qB"!! poMède S    00      —      .... 

Pour  la  femiae  : 

I  chemlie  neoTa B    50      —      .... 

Kfpuilioiu  pont B  chemina  qs'atla  poMide 0    GO      —      .... 

Pour  U  «Eor  dn  chaf  if  bailla  : 

1  chambe  DMiTa B    50      —      .... 

RdpiraliDiii  poui  0  chamiiea  qu'elle  poaiède. ,   0    50      —      .... 

Pdui  U  gnnd'mtra  : 

UpuaUonl. 1     OO      —      .... 

Tour  le*  troii  aaTuI*  : 

RépanUoD) ','.'.'.'.'.'...'.'.'. 7    60      —      .... 

CoDlaclioa  da  drape  de  111  (U  j  ■  15  diipa  dui  le  ni- 

Mge) ;  S  "  ■•■■ 

Confictlon  de  Mppaa  et  •aniattei. 4   00     —     .... 

Tatmi  comme  d-daoïu 33    00      —       .... 


j. CoHm  m  U  DiPinsB  AiraniLLi  povm  vtnmnn  in  ums 

H  C0linCt1«l  »OHi*TIQDB. 

ART.  1".  —  D/ptiui  oimMtat  pour  u  nAiopi  aUbr. 

U*  da  Utae  brate,  da  conleni  noire,  itaerHe  nu  U  ddpenlUe  da  tiempaao 

delarunille,  t  HOO  la  klL 

Dtgruiaaga  at  cerdega  :  S  jonniee  d'une  onïriire  «périela  (noutrihiTe  com- 

K-ÎH  dani  celle  du  minage) ■ ■■ 
ge  «n  (uHiu  de  8>  de  laioa  nette  (40  jouraèee  da  tniMil  dci  femmes  de 

Conrection  débai'et  îtuûéé  o^eia  triceiii  i  40j.  dafOmme  t  0<'S0,  8^00 1 — 
l*j.  iiO<lS,l>10 • 

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-  PAT9AM-BASQCB  DU  LABODRD  (PUNCE). 


FDiir  le  chaf  da  ftmills  :  bu  et  objeli  Iricot 
Four  I*  femms  atU  acanrdu  chefda  [imilU 
Pour  U  gttDd'mèn  :  bu  et  abjaii  iricotéi. 
Pour  ta*  mil  anlïati  i  bai  et  objeti  Incolé 
ToUni  coouw  ci 


■•ail  n«can 
iiir  conFecti 

calJa  du  m^nipi.  Lai  iifnw 


ra  H  rSpar 


ibrai  da  U  fan 

..Cie.^O'SOi  — aj.  d«coDt"iO'>S...OriO 

■  .OSII...IEO:— s     —         oas...o'n) 


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Pou  lea  Iroii  aotuli  : 
liJ.deUueurondaUtBminel.,  0  tS...  8  001 
«j.dalâaU»»lDée*..  ' 


S:::' mI^-*! '^""'**''*5-*''» 


-  VilmtiiU  du  thifit  fimtlk. 


Aebit  d'étDlhi  at  da  Titamaiili 

Chemiie»  aa  tolla  de  Ud 

VSteœanii  an  laiaa  :  bu  et  Iricou 

ConfeetlDn  domaitiqna  :  t  joninâai  da  fanima  à  CfES,  OffiO:  —  S  joautei  de 


-  CAnMliti  i*  /a  fmmeH  il  lu 


Confeeiion  d'ona  [âitla  dai  itleinenli  :  lr»T»i(  doniârtiqna,'  Ù'jinimJM  î  tfâs 
«'Mi  — l»TuIdacoBmrière.4Jonni*e»à0f(6,  l'iO...... 

Abi.  5.  -  niMUHto  dt  la  f  ruuTnin  Hdetlrolt  mCoatt. 

JLsbat  d'étoOi*  at  da  THaniDti ,. 

CbemiNa  en  toila  de  lin " 

Vilemann  en  Uina  :  bu  at  UicoM '...'.'.'.'.".'.  '.'.'.'". 

Confection  d'una  pjrUa  deajeiamuili  :  tmriil  domsitiqua,  IB  j.  i  0''sS,'4i«Ôi 


lOJ.  àOilS,  l'SO;  —  b*T>il  da  coutnrUra, 
ToUui 


imeitlqna.  lOi.  iO'SS,4IMI 
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iLéUBMIS  DITIIt.a  DB   U  COHSTITDTluN  SOCUIK. 


ÉLËHENTS  DIVERS  DE  LA  GONSTITCTION  SOCIALE 


FAITS    IMPORTANTS    D'OBCANISATION    SOCIALEi 

PARTICULARITÉS   BEHARQOABLBS; 

APPRÉCIATIONS  GÉNÉRALES)   CONCLUSIONS. 

CAUSES  d'^BBANLEHBNT  OBSERVEES  PARMI  LES  BASQUES  FBAHï:AIS, 
ET   SPIÎCUXKHBNT  DANS  LA  FAMILLE   DÉCBITB. 

Les  familles  rurales  sont  moias  ébranlées  dans  le  Labourd 
qu'elles  ne  le  sont  dans  la  plupart  des  plaines  du  Midi,  et  dans 
toutes  les  contrées  du  Nord.  L'inTasion  du  mal  n'est  point 
encore  complète;  mais  elle  s'accomplit  journellement  sous  l'in- 
QueDce  des  causes  qui  pèsent  sur  l'ensemble  du  pays.  Au  pre- 
mier rang  de  ces  causes,  figure  la  dissolution  rapide  des  familles 
rurales  qui  formaient  autrefois  les  fondements  de  la  population. 
C'étaient  des  paysans  qui  possédaient  assez  de  terre  pour  occu- 
per tout  le  personnel  de  la  maison  et  qui  n'étaient  jamais  obligés 
de  demander  du  travail  au  dehors.  Les  partages  en  nature,  que 
les  héritiers  peuvent  exiger  mainlenaDl  à  la  mort  du  chef  de 
fomille,  eolèvent  incessamment  aux  héritiers  une  fraction  de 
l'ancien  domaine  paternel  ;  et  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  doués 
de  qualités  exceptionnelles  sont  acheminés  par  les  exigences  du 
fisc,  et  sous  la  pression  des  gens  d'affaires,  vers  la  condition 
qui  devient  dominante  chez  les  ouvriers  ruraux  de  la  France, 
celle  du  propriétaire  indigent. 

La  famille  qui  est  l'objet  de  la  présente  monographie  n'est 
point  encore  réduite  à  cette  triste  condition;  mais  elle  peut  y 
tomber  au  premier  jour.  Ainsi,  par  exemple,  l'institution  de 
l'héritier  actuel,  devenu  chef  de  famille,  a  été  accompagnée  d'un 
acte  de  partage  dont  les  conditions  ont  été  repoussées  par  l'un 
des  cohéritiers.  Or,  jusqu'à  présent  ce  datàsc  n'a  point  rédamé 


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(38-  en.  V.   —   PAT9AH-BASQDE    DU  I^VOCBD  (FHANCB). 

par  les  voies  légales  ce  qui  lui  est  dû  ;  il  D'exigé  même  pas  Via- 
(érêt  de  la  somme  qui  lui  est  allouée  aux  termes  de  l'acte  de 
partage  accepté  par  les  autres  cohéritiers;  mais  le  ch^  de 
Tamille  est  désormais  hors  d'état  de  payer  sa  dette.  La  réclama- 
tion de  ce  paieméat,  si  elle  était  produite  avec  rigueur,  entrat- 
uerait  donc  fatalemeot  la  chute  de  la  maison. 

Le  retard  apporté  à  la  chute  immioente  de  celte  vieille 
maison  tient  à  des  sentiments  qui  expliquent  pourquoi  l'ébran- 
lement progressif  de  la  constitution  sociale  du  Labourd  n'a  point 
encore  abouti  à  une  désorganisation  complète.  La  sœur  de  l'hé- 
ritier, qui  est  aujourd'hui  créancière  delà  maison  paternelle  (i  s) , 
est  empêchée  par  sa  conscience  de  recourir  à  une  revendication 
légale.  Elle  ne  croit  pas  pouvoir  adopter  des  mesures  de  con- 
trainte, qui  seraient  considrrées  comme  légitimes  en  d'autres 
contrées  de  la  France,  mais  qui,  dans  le  Labourd,  seraient 
encore  biftmées  par  l'opinion  publique. 

Cependant,  on  ne  peut  guère  espérer  que  de  tels  sentiments 
conservent  longtemps  l'empire  qu'Us  exercent  encore  sur  les 
cœurs.  Ils  seront  bientôt  détruits  par  les  nouveautés  auxqudies 
les  sociétés  de  l'Occident  accordent  aujourd'hui  une  prépondé- 
rance trop  absolue.  La  contrainte  du  partage  forcé  est  mainte- 
nant secondée  journellement  par  deux  autres  agents  de  destruc- 
tion :  par  les  écoles,  qui  substituent  brusquement  le  français  ii 
l'ancien  langage  des  Basques;  par  les  voies  rapides  de  commu- 
nication, qui  introduisent  maintenant,  dans  les  Pyrénées,  les 
faux  dogmes  de  l'Occident.  f.  l.-p. 

S  18. 

STSTÂMB  DB   CCLTOKB    DSlTlA  DANS  LE  L&BODBD. 

I«  budget  et  les  comptes  annexés  (n  à  ifl)  présentent  à 
ce  sujet  d'utiles  indications.  Celles-ci,  rapprochées  des  faits 
exposés  aux  paragraphes  1  et  6,  peuvent  fournir  des  détails 
précis  sur  les  résultats  d'une  exploilation  agricole  dans  le 
Labourd.  Toutefois,  il  convient  de  compléter  ces  renseignements 


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ÉLÉMENTS  blVBIa  DC  LA  CONSTITIITION  SOCULB.  t33 

par  un  exposé  sonnnaire  du  système  de  culture  usité  daus  cette 
contrée.  Ce  qui  va  être  dit  à  ce  sujet  s'applique  d'une  manière 
spéciale  à  la  région  montagneuse  placée  en  dehors  du  cercle 
d'action  des  grandes  villes,  près  desquelles  les  anciennes  mé- 
thodes commencent  à  se  modifier. 

L'agriculture  du  pays  basque  a  pour  but  essentiel  la  produc- 
don  des  céréales.  L'assolement,  qui,  depuis  des  siècles,  y  a  été 
adopté  en  vue  d'atteindre  ce  but,  est  biennal,  et  exclut  complè- 
tement la  jachère.  Il  comprend  trois  cultures  qui  se  succèdent 
dans  l'ordre  suivant  :  1*  maïs,  semé  en  mai  ou  juin,  et  récolté 
en  octobre;  2°  froment,  qui  remplace  immédiatement  le  mats 
après  que  la  terre  a  reçu  les  façons  convenables  en  octobre  et  en 
novembre,  et  qui  se  récolte  au  mois  d'août  de  l'année  suivante; 
â"  navels,  semés  en  août  et  septembre,  après  la  récolte  du  fro- 
ment, et  arracbiés  pendant  l'hiver  et  le  printemps  jusqu'à 
l'époque  oîi  la  terre  doit  être  préparée  pour  recevoir  en  avril  la 
semence  de  mais.  Quelquefois  on  remplace  les  navets  par  le 
Farouch  (trèfle  incarnat) ,  qui  n'occupe  pas  le  sol  pendant  plus 
longtemps  et  qu'on  retourne,  après  avoir  pris  une  coupe,  en  mai 
pour  faire  place  au  mais.  Les  petits  domaines  agricoles  exploités 
par  les  paysans  propriétaires  ou  métayers  sont  en  général  divisés 
en  deux  soles,  de  sorte  que  chaque  famille  puisse  récolter  îi  la 
fois  du  maTs  et  du  froment.  Les  deux  soles  comprennent  une 
étendue  à  peu  près  égale,  mais  on  sème  d'ordinaire  plus  de 
terre  en  maïs,  parce  qu'on  prend  sur  celle  qui  est  consacrée  au 
froment  l'espace  nécessaire  pour  les  cultures  accessoires.  Parmi 
ces  dernières  se  range  celle  des  pommes  de  terre,  qui  commence 
à  se  vulgariser  dans  le  pays,  et  surtout  celle  du  lin,  cultivé  par 
chaque  famille  à  peu  près  dans  la  mesure  de  ses  besoins.  Le  cli- 
mat permet  de  semer  le  lin  en  automne,  et  alors  on  te  récolte 
dès  le  mois  de  mai  ;  mais  le  plus  souvent  on  ne  le  sème  qu'au 
printemps,  comme  dans  le  reste  de  la  France.  Enfin  il  faut,  pour 
compléter  cette  nomenclature  des  produits  cultivés  dans  le 
Labourd,  mentionner  les  récoltes  dérobées  qui  ont  une  certaine 
importance.  Les  fèves  sont  semées  dans  le  froment  et  arrachées 
en  juin.  Les  haricots  sont  jetés  de  place  en  place  dans  les  plants 


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134  CH.    T.  —  PATSAN-BASQUE  DU  LABOCHD   [FaA^CB]. 

de  mais,  doDt  les  tiges  servent  de  supports.  Les  cucuii)ita('ée3 
(courges  et  potirons)  sont  de  même  plantées  avec  le  mais  *,  elles 
sont  destinées  à  la  Dourriture  des  animaux,  car,  dans  cette 
partie  de  la  France,  on  ne  s'en  sert  pas  pour  l'alimentation 
humaine. 

Les  Tournages,  dans  ce  système  de  culture,  sont  fournis  par 
les  prairies  Daturelles;  quand  l'arrosement  est  possible,  le  foin  est 
très-abondant;  dans  tous  les  cas,  il  est  de  bonne  qualité.  Les 
prairies  artificielles,  les  luzernes  surtout,  qui  peuvent  donner 
jusqu'à  quatre  coupes,  rendent  beaucoup  plus  ;  mais  elles  sont 
rares  encore  dans  le  pays.  A  ce  foin  s'ajoutent  les  navets,  qui 
sont  hachés  et  mêlés  à  l'ajonc  épineu^L  (Ulex  europœus)  pour 
nourrir  les  bestiaux  en  hiver;  la  paille  de  froment,  qui  n'est 
jamais  employée  comme  litière  ;  les  feuilles  du  maïs  coupées  en 
vert.  Les  pâturages  dans  les  Landes,  et  sous  les  bois  de  haut 
taillis  appartenant  aux  particuliers  ou  aux  communes,  permet- 
tent toujours  d'entretenir  les  animaux  en  été;  les  brebis  s'y 
nourrissent  même  pendant  presque  toute  l'année.  En  hiver, 
quand  toutes  les  autres  ressources  sont  épuisées,  les  plus  pauvres 
cultivateurs  ont  toujours  à  leur  disposition  quelques  bottes 
d'ajonc  épineux  qu'on  arrache  sur  le  terrain  communal  ou  qu'on 
peut  acheter  au  prix  de  l'OO  la  charretée. 

Les  amendements  employés  dans  le  Labourd  sont  judicieu- 
Bement  choisis  en  vue  d'introduire  dans  les  terres,  presque  toutes 
argileuses,  un  élément  propre  à  les  rendre  moins  compactes. 
Ceux  dont  on  se  sert  communément  sont  les  sables,  qu'on  mêle 
parfois  en  petite  quantité  au  fumier,  et  surtout  la  chaux  qu'on 
répand  sur  la  terre  tous  les  cinq  ou  six  ans.  Une  ancienne 
méthode  d'amendement  que  Arthur  Young  vit  mettre  en  usage 
dans  ces  contrées,  en  1790  ',  est  aujourd'hui  abandonnée.  Elle 
consistait  à  couvrir  le  sol  de  paille  après  la  récolte  du  froment 
et  à  mettre  le  feu  à  cette  paille  de  manière  à  brûler  en  même 
temps  les  éteules  et  les  mauvaises  herbes.  Le  but  qu'on  se  pro- 


I.  KnbjuYouBStVoyaiinmtFfatKt,  partie derouTngeiDtitolâiCMinifM  mou- 
ton»,  t.  II,  p.  363. 


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Él^lUNTS  MVEte  &>  U  COVETITDTION  gOCULB.  I3S 

posait  dans  cette  opération  est  atteint  mainteDant  par  remploi 
de  la  chaux,  qui  permet  de  réserver  la  paille  pour  des  usages 
plus  importants.  Le  Fumier  est  traité  par  les  Basques  d'une 
manière  toute  spéciale  :  ils  le  conservent  à  l'abri  des  Influences 
almosphériques  dans  un  local  toIsïd  des  écuries  (s),  et  y  Tavo- 
risent  le  développement  de  la  Termeatatlon.  Gë  procédé  a  pour 
but  d'amener  la  décomposition  des  feuilles  de  fougère  ît  nervures 
épaisses  et  des  tiges  de  mais  qu'on  emploie  uniquement  pour 
litière.  Quand  la  décomposition  est  suffisante,  le  fumier  res- 
semble assez  bien  à  du  terreau  ;  en  général  on  le  répand  sur  la 
terre,  après  les  semences  faites,  au  Heu  de  l'enfouir.  On  fume 
toujours  le  maïs,  et  presque  toujours  les  navets,  quoique  plus 
légèrement;  mais  le  froment  est  d'ordinaire  semé  sans  engrais. 
Le  plus  souvent  le  fumier  ^t  insuffisant  en  qualité  et  en  quan- 
tité; aussi  la  terre,  ne  pouvant  réparer  les  perles  que  lui  fait 
subir  une  culture  épuisante,  donne  peu  de  produits.  Le  rende- 
ment moyen  n'est  que  de  vingt  hectolitres  à  l'hectare  pour  le 
maïs,  et  de  douze  hectolitres  pour  le  froment. 

Les  bestiaux  appartiennent  à  des  races  anciennes  dans  le 
pays  et  adaptées  aux  nécessités  du  sol  et  du  climat,  mais  peu 
recommandahles  sous  d'autres  rapports.  Cela  est  vrai  surtout 
des  brebis  qui  ne  fournissent  qu'une  laine  de  qualité  très-infé- 
rieure, et  dont  les  formes  sont  peu  satisfaisantes.  Une  partie  de 
leurs  défauts  doivent  être  attribués,  du  reste,  à  l'habitude  qu'on 
a  de  les  traire;  et  il  est  probable  que  la  race  ne  pourra  guère 
être  améliorée  tant  qu'on  n'aura  pas  renoncé  à  cette  habitude. 
L'espèce  bovine  se  présente  dans  de  meilleures  conditions  :  elle 
ml  petite,  mais  élégante,  et  remarquable  par  sa  sobriété  et  son 
aptitude  au  travail.  Les  vaches  sont  presque  toujours  employées 
aux  travaux  des  champs,  et  ne  donnent  que  peu  de  lait  ;  les 
bœufs  travaillent  pendant  quatre  ou  cinq  ans,  puis  ils  sont 
engraissa  et  livrés  à  la  consommation. 

En  résumé,  dans  le  pays  basque,  la  réalisation  des  progrès 
agricoles  est  subordonnée  à  un  changement  dans  le  mode  de 
transmission  des  biens.  La  voie  à  suivre  sous  ce  rapport  est 
indiquée  par  l'ensemble  des  traditions  locales  et  par  la  connais- 


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S36  Ca.  V.  —    P1TSAN-BA»QIIB  DD  LABODBD  (fBAKCS). 

Bancd  des  efforts  que  font  encore  aujourd'hui  les  chefs  de  famille 
pour  continuer  ces  Iraditions,  malgré  les  prescriptions  rormelles 
de  DOS  lois  (IV,  IX,  17).  Sans  aucun  doute,  à  on  laissait  aux 
paysans  basques  la  liberté  de  tester,  on  les  verrait  bientôt 
adopter  les  combinaisons  les  plus  propres  à  concilier  l'iatérât 
général  avec  les  droits  individuels  de  chacun  de  leurs  enfants. 
Le  goût  de  l'émigration,  qui  s'est  développé  dans  le  pays,  facili- 
terait d'ailleurs  la  solution  du  problème  en  offrant  un  débouché 
à  ceux  des  enfants  qui  ne  recevraient  pas  une  part  en  nature. 
Peu  à  peu,  et  sans  autre  intervention,  il  se  reconstituerait  dans 
ces  contrées  une  classe  de  petits  propriétaires  aisés  qui,  solli- 
cités par  leur  intérêt,  comprendraient  bientôt  l'utilité  des 
réformes.  Disposant  par  eux-mêmes  d'un  certain  capital,  ou  se 
le  procurant  avec  facilité  par  voie  d'emprunt,  ils  pourraient  faire 
exécuter  le  drainage  dans  leurs  terres  trop  compactes,  avoir  des 
bestiaux  mieux  soignés  et  plus  nombreux,  améliorer  leur  maté- 
riel, multiplier  leurs  prairies,  organiser  en6n  un  système  régulier 
de  défrichement,  et  faire  disparaître  peu  à  peu  c^  landes  qui 
couvrent  encore  de  si  grandes  étendues  de  terrain.  Aujourd'hui, 
quoi  qu'on  en  dise,  ce  défrichement  ne  pourrait  être  exécuté  par 
les  petits  propriétaires  sur  une  échelle  un  peu  importante. 
L'avance  de  travail  n'est  pas,  en  effet,  la  seuleque  nécessileune 
telle  entreprise  :  elle  absorbe  toujours  un  certain  capital  dont  la 
rentrée  se  fait  attendre.  Puis  on  considère  comme  indispensable 
dans  le  pays  qu'une  certaine  étendue  de  lande  soit  attachée  à 
chaque  exploitation  agricole  pour  fournir  la  litière.  C'est  là  sans 
doute  une  idée  fausse;  mais  on  voit  pourtant  qu'elle  a  sa  raison 
d'être,  si  on  se  met  à  la  place  de  ces  petits  propriétaires  qui  sont 
dénués  de  ressources  et  qui,  bien  évidemment,  manqueraient  de 
litière  et  de  pâturage  pendant  une  année  au  moins,  s'ils  venaient 
à  défricher  leurs  landes. 

Le  défrichement  des  landes,  comme  toute  autre  amélioration 
agricole,  exige  une  immobilisation  préalable  de  capitaux.  Sous 
ce  rapport,  le  partage  forcé,  qui  impose  aux  populations  rurales 
tant  de  frais  pour  des  changements  nuisibles,  est  un  fléau  pour 
l'agriculture. 


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ÉLBHSHTS  DIVBBB  DB  lA  CONSTITUTION  SOCIALB.  237 

S  19- 

l'exploitation  des  brebis  fondée  sur  les  paturacbs 
gohuhnaux. 

Une  étude  attèntÏTe  du  compte  relatif  à  l'exploitatioD  du 
troupeau  de  brebis  (ift,  c)  moatreque  les  ressources  qui  résul- 
tent pour  la  famille  de  cette  exploitation  ont  sur  sçn  bien-être 
une  inQuence  prépondérante.  En  nature,  le  troupeau  fournit  de 
la  laine  pour  certains  vêtements  (10,  f),  et  du  laitage  qui  tient 
une  [^ce  importante  dans  l'alimentation  (9).  Mais  c'est  surtout 
comme  source  de  recettes  en  argent  que  l'exploitation  du  trou- 
peau ^t  avantageuse.  On  voit  en  effet  que  la  vente  de  la  laine 
et  des  agneaux  laisse  un  bénéfice  de  216'  30,  égalant  presque 
la  moitié  de  la  somme  totale  des  recettes  eu  argent  don  t  la  famille 
peut  disposer. 

D'un  autre  c6lé,  les  éléments  du  compte  indiquent  que  ce 
bénéfice  résulte  siutout  de  la  nourriture  qui  est  prise  à  titre  gra- 
tuit par  le  troupeau  sur  le  terrain  communal.  D'âpre  la  décla- 
ration faite  par  plusieurs  babitants  du  pays,  le  droit  de  pâture 
sur  les  communaux,  pour  on  troupeau  tel  que  celui  dont  il 
s'agit,  se  louerait  90^  Toutefois,  il  est  évident  que  cette  somme 
ne  représente  pas  toute  la  valeur  du  service  rendu  à  la  famille 
par  la  jouissance  de  cette  subvention  communale,  puisque,  en 
cas  de  suppression,  la  famille  devrait  renoncer  à  l'exploitation 
de  son  troupeau  et  perdrait,  par  conséquent,  les  avantage 
qu'elle  en  retire.  Un  tel  événement  entraînerait  nécessairement  la 
ruine  de  celte  femille.  Il  est  naturel  de  croire  que,  si  ce  droit  était 
compromis,  la  famille  ferait  d'énergiques  efforts  pour  le  conserver. 

En  se  plaçant  à  un  autre  point  de  vue,  on  peut  démontrer 
par  ce  même  exemple  combien  est  inégale  dans  certains  cas  la 
répartition  des  avantages  qui  résultent  de  la  possession  des  biens 
communaux.  Déjà  en  effet  on  a  remarqué  (7)  que  les  habitants 
dépourvus  de  troupeau  ne  participent  point  à  la  jouissance  de 
ces  biens.  L'exploitation  de  ceux-ci  constitue  donc  un  véritable 


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S38  C8.  V.  —   PATSAN-BiSQDI  DD   LABOORD   (FBANCB). 

moDopole  pour  les  plus  riches  et  les  plus  intelligents.  Ce  régime 
consacre  uoe  sorte  d'injusUce  ;  mais  cet  iDCOOTénient  est  com- 
peosé  par  les  mœurs  et  les  coutumes  qui  obligent  les  riches  à 
rendre  aux  pauTres,  sous  Torme  de  secours  et  d'aumdoes,  une 
partie  des  revenus  qu'ils  tirent  des  communaux.  Ce  sont  là  des 
compensations  exceptionnelles;  mais,  dans  presque  tontes  les 
contrées  de  la  France,  l'eicploitation  des  biens  communaux 
entraîne  des  inconvénients  analogues  à  ceux  qui  viennent  d'être 
signalés,  sans  qu'on  puisse  toujours  y  trouver  les  mêmes  com- 
pensations. Cet  état  de  chosffi  appelle  des  rérormes,  et  il  importe 
de  le  signaler  à  l'attention  des  hommes  d'État 


§20. 

jUtCIGNNB    ORGANISATION    DE    l'ASSISTANCB    HtmJBLLB 
DANS  LES  COHHDNBS  DO  PAYS  BASQUE. 

Les  habitudes  d'assistance  mutuelle  qui  existent  entre  les 
ramilles  d'une  mSme  commune  dans  le  pays  basque  offrent  un  des 
traits  les  plus  remarquables  des  anciennes  mœurs.  Quoiqu'elles 
aient  été  altérées  par  dlfTérentes  causes,  ces  habitudes  garan- 
tissent encore,  dans  une  certaine  mesure,  la  sécurité  des  familles. 

Dans  le  village  d'Âinhoa,  par  exemple,  ce  régime  d'assis- 
tance se  pratique  dans  toutes  les  circonstances  difficiles  de  la 
vie.  Quand  une  maison  a  été  brûlée,  chacun  vient  au  secours 
du  propriétaire  pour  l'aidera  la  reconstruire.  Si,  par  suite  d'un 
accident  grave,  bleraure  ou  maladie,  une  Tamille  perd  un  de  s& 
soutiens,  toutes  les  antres  lui  donnent  des  secours  en  nature  on 
en  ai^i;ent.  Si,  dans  une  épizootie,  un  troupeau  est  détruit,  tons 
les  cultivateurs  qui  possèdent  des  brebis  contribuent  k  réparer 
la  perte  du  propriétaire  en  lui  donnant  quelques  agneaux.  Dans 
d'autres  circonstances  moins  graves,  ce  même  esprit  se  révèle 
encore.  Ainsi,  quand  an  conscrit  part  pour  l'armée,  on  fait  dans 
le  village  une  collecte  à  son  profit  parmi  les  jeunes  gens  et  les 
jeunes  Gtles.  Enfin  l'aumâne,  telle  qu'elle  se  fait  parmi  les 
fiasques,  peut  éb«  considérée  encore  comme  rentrant  dans  le 


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itRVBNTS   DIVERS    DS   U   CO:tSTITunO»   SOCIALB,  ÏJ* 

mode  d'assistance  mutuelle  dont  il  est  id  question.  Eu  général, 
C8  n'est  pas  à  des  mendiants  de  profession  que  s'adresse  l'au- 
mâoe,  mais  à  des  personnes  qai  y  cherchent  un  secours  momen- 
tané contre  l'insuffisance  de  leurs  ressources.  Dans  ces  limites, 
la  mendicité  s'exerce  sans  déshonneur  parmi  les  Basques.  *  Le 
revenu  de  nos  manouvriers  est  sans  contredit  insuffisant  pour 
l'entretien  d'une  Tamille,  mfime  peu  nombreuse,  v  écrÏTaitM.  Be- 
cass,  maire  d'AInhoa,  à  l'auteur  de  celte  note,  a  mais,  »  ajoutait- 
il  avec  une  sorte  de  satisfaction,  «  les  enfants  de  nos  manouTriers 
savent  de  bonne  heure  où  aller,  lorsque  le  besoin  se  Tait  sentir 
dans  la  famille,  pour  obtenir  un  secours  en  nature.  »  Cette 
pensée  généreuse  peut  être  considérée  comme  l'expression  d'une 
idée  commune  aux  hommes  les  plus  distingués  de  ce  pays,  qui 
tous  regardent  l'aumône  comme  un  devoir.  A  leurs  yeux,  les 
ressources  qu'elle  procure  sont  indispensables  pour  assurer  les 
conditions  matérielles  de  l'existence  à  la  plupart  des  familles  de 
manouvriers. 

Envisagées  dans  leur  ensemble,  les  habitudes  dont  on  vient 
de  citer  quelques  exemples  constiiuentvérilablement  un  système 
d'assurances  mutuelles  contre  les  principales  chances  de  perte 
auxquelles  une  famille  peut  être  exposée.  Sans  doute,  ce  système 
est  imparfait  et  insulïisant;  mais  il  montre  au  moins  que  les 
garanties  émanées  du  principe  des  assurances  mutuelles  eKistaient 
déjà  sous  certaines  formes  dans  l'ancienne  société.  Ces  garanties 
avaient  alors  des  bases  complètement  différentes  de  celles  qui 
soutiennent  de  nos  jours  les  institutions  positives  créées  dans  un 
but  analogue.  En  effet,  elles  reposaient  uniquement  sur  un  sen- 
timent profond  de  solidarité,  qui  existait  entre  les  membres  d'une 
même  commune,  et  sur  l'idée  de  devoirs  réciproques  imposés  par 
cette  solidarité.  Dans  la  société  moderne,  le  principe  de  l'isolement 
de  l'individu  a  prévalu;  aussi,  dans  les  pays  imbus  de  l'esprit 
nouveau,  les  garanties  qu'on  vient  de  signaler  n'existent  plus  et 
seraient  repoussées  par  l'opinion  publique.  Au  sentiment  du  devoir 
mutu^  a  succédé  celui  du  droit  individuel.  Les  rapports  sociaux, 
compliqués  par  l'^prît  d'individualisme,  ne  doivent  pas  être 
réglés  comme  ceux  qui  ont  pour  base  l'esprit  de  communauté. 


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Dans  ce  nouvel  ordre  de  choses,  rorgaDisation  des  sociétés 
d'assurances  et  de  secours  mutuels  garantira,  pour  les  individus 
énergiques  et  prévoyants,  les  intérêts  de  l'avenir.  Il  faut  recon- 
naître que  les  institutions  nouvelles  ne  peuvent  supplt?er,  pour 
les  types  inférieurs  de  la  population,  aux  anciens  modes  d'assis- 
lance.  Les  exemples  qui  viennent  d'être  cités  montrent  que  l'an- 
cienne organisation  sociale  olfrait,  même  aux  plus  dénués,  des 
garanties  efficaces  de  sécurité  matérielle.  Il  y  avait  surtout  cela 
de  -remarquable  dans  cette  organisation  que,  le  secours  étant 
réciproque,  la  dignité  de  celui  qui  devait  y  recourir  n'était 
jamais  compromise. 

S  21. 
ÉuinaATiON  pÉaioniQUB  des  basques  français  en  espagne. 

Depuis  un  temps  immémorial,  il  existe  chez  les  Basques  fran- 
çais, comme  chez  presque  toutes  les  populations  des  pays  de 
montagnes,  des  habitudes  d'émigration  régulière.  Les  émigrants 
basques  paraissent  s'être  toujours  dirigés  vers  l'Espagne,  où  les 
appelaient  d^  relatioosde  commerce  continuelles.  Ils  avaient 
avec  la  France  des  relations  moins  suivies,  parce  que  le  désert  des 
Landes  rendait  les  communications  difficiles.  Les  rapports  de 
race,  la  similitude  du  langage  et  des  idées  religieuses,  les  atU- 
raient  aussi  vers  l'Espagne,  tandis  qu'ils  étaient  repoussés  de  la 
France  par  l'occupation  anglaise  et  par  les  guerres  de  religion. 

11  est  difficile  de  déterminer  l'époque  à  laquelle  cette  émigra- 
tion commença,  mais  il  est  probable  qu'elle  prit  surtout  son 
développement  au  moment  où  la  découverte  de  l'Amérique  vint 
donner  une  activité  singulière  au  commerce  de  la  Péninsule. 
Alors,  en  eSél,  les  populations  œpagnoles  furent  attù'ées  vers 
l'Amérique;  et  elles  durent  être  remplacées  momentanément  par 
les  émigrants  français.  Le  mouvement  déterminé  en  France  par 
cette  émigration  parait  avoir  eu  une  grande  importance.  11 
s'étendit  jusque  dans  les  montagnes  du  centre  et  même  dans  le 
Limousin.  La  tradition  s'en  conserve  encore  aujourd'hui^  et  l'on 


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£lJ|IENT9  DITKBS  DB  la  COKSTtTDTION  SOCIALK.  S41 

trouve  aux  enTÏroDs  de  Madrid  des  Auvergnats  qui  vienneut  y 
'exerce  tes  proressions  de  colporteurs  et  de  marchands  ambu- 
lants. Ces  émigranls  ne  sont  plus  qu'eu  nombre  insignifiant. 
Vers  le  milieu  du  xvii*  siècle  (1669),  on  évaluait  à  deux  cent 
mille  le  nombre  des  Français  séjournant  eu  Espagne  d'une 
manière  continue  on  passagère  *.  Les  Espagnols  attribuaient  tous 
les  travaux  pénibles  et  peu  rétribués  à  ces  émigrants;  et  ils 
daignaient  ceux-ci  par  le  terme  méprisant  de  Gavaches.  La  plu- 
part des  gavaches  appartenaient  à  la  classe  d'ouvriers  que  nous 
appelons  encore  aujourd'hui  gagne-petit. 

En  général,  les  Basques  français  n'exerçaient  pas  les  mêmes 
professions.  Quelques-uns,  émigrants  riches  (III.iv,  19)  séden- 
taires, allaient  s'établir  dans  les  villes  du  nord  de  l'Espagne  pour 
y  faire  le  commerce  des  laines.  D'autres,  parmi  ceux  qui  dispo- 
saient d'un  capital,  émigraient  comme  chefs  de  métier.  Ils  pre- 
naient en  location,  ou  exploitaient  comme  propriétaires,  des 
établissements  destinés  à  la  fabrication  des  tuiles  et  des  briques. 
Ils  emmenaient  avec  eux  des  ouvriers  engagés  pour  une  cam- 
pagne, et  ceux-ci  représentaient  Yémigration  pauvre.  Beaucoup 
parmi  les  émigrants  de  cette  dernière  classe  allaient  en  Espagne 
comme  charbonniers  pour  préparer  le  charbon  nécessaire  aux 
usines  à  fer  de  la  Catalogne  et  des  provinces  basques.  D'autres, 
au  contraire,  allaient  fournir  un  contingent  aux  travaux  des 
routes  et  des  ports.  Revenant  chaque  ann^e,  ils  entretenaient  des 
relations  avec  les  habitants,  tout  en  conservant  avec  fermeté 
leurs  mœurs  et  leurs  habitude  propres.  Occupés  seulement,  en 
Espagne,  pendant  la  bonne  saison,  ils  rentraient  chaque  hiver 
en  France  au  foyer  de  leur  famille-souche;  et  ils  avaient  à  la 
fois,  comme  moyens  de  subsistance,  leur  épargïie  et  les  produits 
du  domaine  de  la  famille. 

Tous  ces  genres  d'émigration  se  retrouvent  encore  aujour- 
d'hui dans  le  Labourd,  mm  sur  une  moindre  échelle.  Le  nombre 
des  Basques  français  qui  peuvent  trouver  du  travail  en  Espagne 

a  L1I  de  la  coUeC- 


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lis  as.  "T.  —  pinM-BABdOB  ne  labodio  (raAifci;). 

dimioue  sans  cesse.  Dans  la  Catalogne,  les  Espagnols  explMteat 
eux-mêmes  les  tuileries.  Les  Basques  français,  qui  exploitaient  au- 
trefois cette  industrie  en  Espagne,  n'y  sont  plus  guère  employés. 
Les  Basques  espagnols  se  chargent  aussi  presque  exclusivement 
de  travailler  aux  routes  ;  et  ils  fournissent  des  charbonniers  qui 
viennent  exercer  leur  industrie  jusque  dans  les  forêts  de  pios 
des  landes  de  Gascogne.  Partout  enfin  les  émigranls  espagnols 
tendent  h  supplanter  les  émigranls  français.  Ceux-ci  sont  donc 
obligés  de  chercher  du  travail  dans  une  antre  direction. 

S  22. 

ânCB&TIOH  TOiltS&TLANTIQUB  DES  BASQUES  FAANfUS. 

Les  pays  qui  entretiennent  un  courant  d'émigration  réunissent 
ordinairement  deux  conditions.  Ils  accumulent,  sur  un  espace 
limité,  une  nombreuse  population  qui  obéit  dans  son  développe- 
ment aux  lois  naturelles.  Ils  se  transmettent  leurs  immeubles 
sous  un  régime  tel  qu'à  chaque  génération  une  certaine  partie 
de  la  population  se  trouve  disponible.  Celle-ci  n'est  point  atta- 
chée au  sol  par  la  propriété  foncière;  et  elle  dispose  du  capital 
nécessaire  pour  payer  les  frais  d'un  établissement  lointain. 
Ces  deux  conditions  principales  existaient  sous  l'ancien  régime 
dans  le  pays  basque  ;  et  on  ne  voit  pas  pourtant  que  ce  pays 
ait  jamais  fourni  une  émigration  définitive  de  quelque  impor- 
tance. Gela  peut  paraître  d'autant  plus  étonnant  que  les  popu- 
lations se  trouvent  invitées  à  l'émigration  par  les  traditions 
de  leur  race  et  par  leur  annexion  à  deux  grands  Étala  possédant 
des  colonies.  Il  faut  donc  expliquer  ce  fait  et  rechercher  aussi 
comment,  sans  le  secours  d'une  émigrattoo  définitive,  la  popula- 
tion du  paya  basque  a  pu  se  maintenir  jusqu'à  ces  dernières 
anuées  dans  un  état  d'équilibre  satisfaisant. 

L'émigration  définitive  à  l'étranger  n'a  pas  complètement 
manqué  dans  ce  pays.  II  est  hors  de  doute  en  effet  que,  dans  le 
xvi'  et  le  XVII*  siècles,  un  certain  nombre  de  Basques  français, 
profilant  des  rapports  de  race  et  du  voisinage  des  deux  frontières, 


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l£léHBNTS  OIVBIIS  BB  LA    CONSTmmOK  BOtilALK.  U3 

prirent  part  à  l'émigratioD  des  Espagnols  pour  les  colonies 
d'Amérique;  mais  le  mouvement  dans  ce  sens  fut  limité.  Celui 
qui  entraînait  les  Basques,  comme  émigrants  périodiques,  vers 
l'intérieur  de  l'Espagne  eut  beaucoup  plus  d'importance  ;  et  on  a 
vu,  au  paragraphe  précédent  (21),  que  l'excédant  de  la  popu- 
lation y  trouva  pendant  longtemps  du  travail  et  des  ressources 
qui  lui  manquaient  en  France.  Cet  excédant  demeura,  sous  l'an- 
cien régime,  au-dessous  de  ce  qu'il  a  été  depuis.  Entravée  dans 
son  essor  par  la  fréquence  des  guerres  sur  cette  frontière  et  par 
la  pratique  du  célibat,  qui  était  alors  la  règle  pour  la  moitié 
au  moins  des  enfants  dans  chaque  famille  (IV,  tx,  1 1  et  1  s),  la 
population,  tout  en  obéissant  dans  son  développement  aux  lois 
naturelles,  ne  pouvait  se  multiplier  très-rapidement.  Plus  tard, 
le  service  militaire,  pendant  les  longues  guerres  qui  suivirent  la 
Révolution,  absorba  l'élite  de  la  jeunesse;  et  la  contrebande, 
devenue  une  véritable  industrie,  fournit  longtemps  une  occupa- 
tion à  tous  ceux  qui  en  manquaient.  C'était  le  cas  surtout  dans 
les  cantons  voisins  de  la  firontière,  où  se  recrute  aujourd'hui 
presque  toute  l'émigration  étrangère. 

Mais  peu  à  peu  ces  conditions  se  sont  modifiées  eous  l'in- 
fluence des  prescriptions  du  Code  civil,  touchant  le  partage  des 
biens.  Les  domaines  ruraux  constitués  sous  l'ancien  régime  ont 
commencé  à  se  diviser.  Dans  les  cas  où  le  partage  a  eu  lieu, 
l'avènement  des  enfants  à  la  propriété  leur  a  permis  è  tous  de  se 
marier;  et  la  population  a  dû  s'accrottre  rapidement,  car  les 
mariages  restaient  féconds.  On  voit  en  effet,  d'après  les  statis- 
tiques officielles,  que  l'accroissement  pour  tout  le  département 
des  Basses -Pyrénées  a  été  de  102,159  habitants  pendant  la 
période  de  1801  à  18^6.  Dans  les  cas  où  la  propriété  restait  au 
chef  de  famille,  les  cohéritiers,  désintéressés  au  moyen  d'une 
soulte  en  argent,  se  sont  mariés;  et  leurs  enfants  sont  tombés 
dans  la  condilioD  de  propriétaires  indigents  ^  de  journaliers. 
En  même  temps  que  ces  derniers  se  multipliaient,  les  moyens  de 
travail  étaient  réduits  et  les  salaires  étaient  avilis.  L'émigration 
'■  vers  l'Espagne  n'admettait  plus  autant  de  bras  (si);  l'aversion 
peur  le  service  militairé  et  la  suppression  presque  complète  do 


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S44  ca.  V.  —  patsan-iasqub  dd  UBOran  (riAKcs). 

la  contrebaQde(i)  coDcouraieot  encore  à  laisser  pins  de  monde  sans 
emploi.  EnfiQ  le  besoio  du  blea-être  et  le  goût  des  jouissances 
se  développaieDl  chez  ces  populations;  en  sorte  que  les  dassef> 
pauvres  supportaient  moins  facilement  les  privatioDS  et  ressen- 
taient plus  Tivement  le  besoin  de  changer  de  situation. 

Dans  cet  état  de  choses,  l'émigration  était  le  seul  moyen  de 
conjurer  une  crise.  Elle  tendit  à  s'établir  d'elle-même,  sous 
l'inllueDce  de  certaines  causes  accessoires. 

Déjà  depuis  assez  loDgiem[»  il  existait  un  courant  d'émigra- 
tion commerçante,  dirigée  du  pays  basque  vers  les  anciennes  colo- 
nies espagnoles  de  l'Amérique,  et  spécialement  vers  le  Mexique  et 
Cuba.  Celte  émigration  riche  persiste  encore  aujourd'hui;  mais 
elle  diSère  essentiellement  de  ïémigralion  pauvre,  qui  s'est  déve- 
loppée récemment,  et  qui,  par  quelques-uns  de  ses  traits,  rappelle 
l'faxxie  iriandaise(lV, II,  so).  Les  émigrants  riches  partentavec 
on  certain  capital  et  fondent  aux  colonies  des  maisons  de  com- 
merce dans  lesquelles  plusieurs  membre  d'une  même  famille 
vont  successivement  faire  fortune.  Revenus  en  France  avec  une 
certaine  aisance,  ils  achètent  une  propriété  dans  leur  village  et 
ne  lardent  pas  à  se  marier.  Ils  reçoivent  communément  le  nom 
à'Indiano$,  qui  perpétue  le  souvenir  de  leur  émigration.  Pendant 
leur  séjour  en  Amérique,  ils  vivent  un  peu  en  étrangers  au  milieu 
des  colons  espagnols.  Il  est  rare  qu'ils  s'y  fixent  définitivement 
et  même  qu'ils  s'y  marient.  Ils  ne  trouvent  pas  chez  les  femmes 
des  colonies  les  qualités  morales  et  l'aptitude  aux  travaux  domes- 
tiques qu'ils  désirent  trouver  dans  leurs  épouses.  Ils  préfèrent  se 
marier  avec  des  Basques  économes,  simples  et  étrangères  aux 
habitude  de  luxe.  Leretourde  ces  émigrants  enrichis  est  devenu 
une  des  causes  déterminantes  de  l'émigration  pauvre.  L'origine 
de  celte  émigration  remonte  à  l'anaée  1832,  pendant  laquelle  la 
maison  aoglaise  Lafooe  et  Wilson,  de  Montevideo,  fit  recruter, 
dans  les  Basses-Pyrénées,  des  émigrants  pour  peupler  une  colonie 
dans  l'Uruguay.  A  partir  de  cette  époque,  l'émigration  se  fit  eu 
partie  directement  par  les  ports  français;  et,  comme  die  devint 
bientôt  très-importaote,  on  ne  tarda  pas  à  s'en  préoccuper  dans 
le  pnblic  et  dans  l'administration.  Une  fois  établi,  le  mouvemeat 


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BLBMKHTS  filVEBS    BK  LA  COMSTHtmOK  SOCIALE.  243 

de  cette  émigration  s'accrat  eo  effet  rapidement  de  lai-méme 
BOUS  l'influence  des  relations  établies  entre  les  émigrés  et  leurs 
parents  restés  au  pays.  Bientôt  aussi,  sollicités  par  leurs  intérêts, 
des  armateurs  de  Bayonne  et  de  Bordeaux  s'occupèrâDt  d'oi^a- 
niser  l'émigration  et  la  rendirent  plus  facile.  £o  effiat,  l'expor- 
tation de  ces  ports  pour  l'Amérique  du  Sud  étant  limitée,  beau- 
coup de  navires,  qui  vont  sur  les  bords  de  la  Plata  chercher  des 
matières  premières,  manquent  de  chargement  au  départ.  Le 
transport  des  émigrants  procurant  à  ces  navires  un  fret  pro- 
ductif, les  armateurs  se  sont  efforcés  de  développer  le  mouve- 
ment d'émigration.  Ils  y  ont  réussi,  et  les  oinvenaDces  du  com- 
merce maritime  ont  ainsi  contribué  à  la  direction  prise  par 
i'émigratiOD  basque  vers  la  Plata. 

Il  existe  aujourd'hui  de  véritables  institutions  créées  par  les 
armateurs  pour  s'assurer  le  transport  des  émigrants.  Dans  cha- 
cun des  districts  qui  en  rouraissent  le  plus,  un  agent  spécial  est 
chargé  de  les  recnUer.  Ces  agents  parcourent  les  villages  ;  ils  se 
mêlent  aux  habitants  les  jourâ  de  foire  et  de  marché,  cherchant 
par  le  récit  des  avantages  qu'on  trouve  en  Amérique  à  entraîner 
ceux  qui  paraissent  disposés  au  départ.  Eux-mêmes  sont  d'ail- 
leurs intéressés  à  obtenir  des  succès  par  l'aspoir  d'une  prime 
qu'ils  reçoivent  à  chaque  engagement.  Cette  prime  peut  s'^ever 
à  SO'  quand  l'émigrant  paie  son  passage  en  argent  ;  elle  desc^id 
à  20',  ou  moins,  si,  manquant  de  capital,  il  ne  peut  offrir  en 
paiement  que  le  travail  qu'il  s'engage  à  accomplir  au  compte  de 
l'armateur  pendant  un  temps  déterminé.  Ce  n'est  pas  en  général 
au  compte  de  l'armateur  lui-même  que  s'exécute  ce  travail.  Arrivé 
sur  la  Plata,  il  cède  à  un  tiers  ses  droits  à  l'exécution  du  contrat 
signé  par  l'émigrant  et  reçoit  en  échange  une  certaine  somme 
d'ai^ient.  Ces  sortes  d'engagements,  dont  la  pratique  était  habi- 
tuelle, au  xvr  et  au  xvu*  siècle,  à  l'époque  oit  l'Europe  fonda  la 
plupart  de  ses  colonies,  ont  l'avantage  de  rendre  l'émigration 
facile,  même  pour  les  plus  pauvre.  Ils  ont  eu  d'abord  beaucoup 
de  succ^  parmi  les  Basques;  mais,  plus  tard,  des  lettres  écrites 
par  les  émigrants  arrivés  en  Amérique  ont  révélé  des  abus  qui 
devaient  nécessairement  se  produire  dans  un  pays  où  les  garanties 


.yGoogIc 


SIS  <s).  T.  —  pâtsan-basqui  du  lavodbd  (fbakci). 

légales  ont  été  pendant  loDgtemps  sans  valeur.  Il  est  résulté  de 
ces  engagements  un  véritable  servage  momentané;  et  il  a  été 
dit  dans  le  pays  que  les  engagés  étaient  réduits  en  esclavage.  Ces 
bruits  ont  ralenti  le  mouvement;  mais  leur  inQuence  ne  saurait 
être  que  momentanée,  d'autant  plus  que  les  garanties  données 
aux  émîgrants  par  une  loi  récente  empêcheront  dans  l'aveuir  le 
retour  des  abus. 

Cependant,  beaucoup  d'efibrte  sont  Taits  dans  le  pays  basque 
pour  arrêter  l'émigratioD.  L'opinion  générale  des  hommes  éclairés 
lui  est  défavorable  dans  le  départenient  des  Basses-Pyrénées.  On 
est  Trappe  surtout  des  dangers  qu'elle  présente  pour  les  émigrants 
eux-mêmes,  qui  vont  se  jeter  au  milieu  des  guerres  civiles  des 
États  riverains  de  la  Plata.  On  croit  d'ailleurs  qu'elle  n'a  pas 
de  cause  sérieuse.  Beaucoup  de  personnes,  voyant  dans  le  pays 
tant  de  landes  incultes,  valent  que  les  Basques  s'appliquent  à 
les  défricher.  Eïles  ne  comprennent  pas  qu'il  faudrait,  pour  des 
opérations  de  celte  nature,  des  capitaux  dont  tes  émigrants  sont 
dépourvus.  Sous  l'influence  de  ces  idées,  une  propagande,  agis- 
sant en  sens  inverse  de  celle  des  agents  des  armateurs,  a  été 
oi^anisée  pour  discréditer  l'émigration.  La  dénomination  flétris- 
sante de  traitants  de  bkmcs  a  été  appliquée  aux  armateurs  eux- 
mêmes.  On  a  donné  aux  faits  malheureux,  tels  que  maladies  et 
mort  des  émigrants  pendant  la  traversée,  accidents  arrivés  en 
mer  aux  navires  qui  les  portaient,  toute  la  publicité  possible.  Des 
livres  écrits  en  langue  basque  et  résumant,  sous  forme  de  légendes 
en  vers,  ou  de  complaintes,  tout  ce  qu'on  peut  dire  sur  les  incon- 
vénients de  l'émigration,  ont  été  publiés  et  répa'ndus  gratuite- 
ment dans  tout  le  pays'.  Mais  ces  tentetives  sont  i-estées  sans 
succès;  et  l'émigration  a  continué. 

Jusqu'ici,  les  Basques  qui  vont  à  la  Plata  ne  se  livrent  guère 
aux  b'avaux  agricoles,  comme  les  Allemands  et  les  Irlandais  le 
font  aux  États-Unis.  Ils  ont  pour  la  plupart  une  profession  ;  et 
ils  emportent  le  matériel  Décrire  pour  l'exercer.  Il  y  a  parmi 
eux  des  maçons,  des  tuiliers,  des  tailleurs,  mais  surtout  des 

1.  Voir  ipécialemetit  un«  publlcatian  iotitalée  Mont^ideoco  Btrriac  (NoaTelles 
d«  HonMTldeo),  in-lS,  BsTotme,  1SS3. 


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ELEHKNTS  DIVEIS  OB  LA    GOHBTITUI'IOH  SOCIALI,  tt!J 

charpentiers  et  des  cordonniers,  professions  qui  paraissent  être 

bien  rétribuées  à  Buenos-Ayres  et  à  MonteTideo.  Parmi  ceux 
qui  arrivent  sans  avoir  un  état,  beaucoup  soot  employés  sous  le 
nom  de  Cameros  daos  les  abattoirs  (Saladeros),  où  on  prépare 
les  peaux,  les  cornes  et  lœ  viandes  pour  l'exportation.  C'est  là  le 
plus  souvent  la  condition  de  ceux  qui  se  sont  décidés  à  payer 
leur  passage  au  moyen  d'un  engagement  d'une  durée  déterminée. 

Pour  les  Basques  qui  veulent  échapper  Ji  la  conscription  ou 
à  quelques  autres  prescriptions  de  la  loi,  le  départ  de  France  est 
rendu  facile  par  le  voisinage  de  la  frontière.  Tous  les  navires 
destinés  au  transport  des  émigrants,  et  qui  partent  de  Bayonne, 
vont  touchera  la  baie  de  Passages,  sur  la  côte  voisine  d'Espagne. 
En  général,  ces  navires  prennent  à  Bayonue  les  bagages  seule- 
ment; et,  afin  de  ne  pas  être  obligés  de  noorrir  les  émigrants 
pendant  les  lenteurs  que  nécessite  souvent  la  sortie  des  passes  de 
l'Âdour,  les  capitaines  leur  donnent  rendez-vous  à  Passages.  En 
même  temps,  on  prend  dans  ce  port  les  émigrants  espagnds,  qui 
presque  tous  s'embarquent  sous  pavillon  français.  Pendant 
l'année  1855,  il  est  sorti  dans  ces  conditions,  du  port  de  Pas- 
sages, l,58d  émigrants  français  et  1,197  émigrants  espagnols. 

Les  faits  relatifs  à  l'émigration  basque  peuvent  se  résumer 
dans  les  termes  suivants: 

1*  L'accumulation  d'une  population  nombreuse,  l'iosulfi- 
sance  des  moyens  d'occupation  et  le  bas  prix  des  salaires  ont 
été  les  causes  premières  et  légitimes  de  l'émigration.  Elle  a  été 
peut-être  exagérée  sur  quelques  points  par  l'^itraînement  et  par 
les  excitations  des  raccoleurs;  mais  jusqu'ici  il  n'y  a  pas  là  un 
danger  réel,  le  prix  du  travail  étant  en  général  resté  statioanaire 
ou  ne  s'étant  accru  que  dans  des  proportions  insignifiantes. 

2*  Si  dans  ravenir  la  population  des  Basses-Pyrénées  con- 
tinue à  se  développer  conformément  aux  lois  naturelles,  les  con- 
ditions économiques  restant  d'ailleurs  ce  qu'elles  sont  aujourd'hui, 
il  est  à  désirer  qu'il  s'établisse  dans  ce  département  un  courant 
régulier  d'émigration  pour  offrir  un  débouché  au  travail  dispo- 
nible, et  pour  arrêter  dans  ses  progrès  le  morcellement  du  sol. 

&"  On  doit  regretter  que,  an  détriment  de  notre  natioçaliié. 


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Si8  en.  T.   —  PATSAK-BilSQlfB  DD  LABOURD   (PHANCB). 

l'émigratioD  basqae  se  dirige  à  peu  près  exclusÎTemeot  vers  une 
terre  étrangère  ;  mais  il  faut  reconnaître  cependant  qu'elle  con- 
tribue à  développer  notre  commerce  dans  les  régions  de  la  PJata. 
li  faut  constater  aussi  que,  depuis  l'apaisement  des  troubles  de  ce 
pays,  les  émigrants  trouvent  dans  les  républiques  riveraines  de  ce 
fleuve,  et  spécialement  dans  l'État  de  Bueaos-Ayres,  des  condi- 
tions avantageuses  sous  le  rapport  moral  et  sous  le  rapport- 
matériel. 

k'  Ed  supposant  qu'on  tentât  de  modifier  la  direction 
actuelle  de  l'émigration  des  Basses-Pyrénées  au  profit  des  colonies 
françaises,  il  faudrait  tenir  compte  de  ce  fait  que  jusqu'ici  les 
émigrauts  de  ce  pays  ne  se  livrent  pas  à  l'agriculture.  Il  fiaudrait 
donc  se  préparer  à  vaincre  les  difficultés  qu'on  rencontrerait 
sans  doute  pour  les  pousser  dans  cette  voie.  Sous  ce  rapport, 
l'habitude  déjà  prise  des  engagements  momentanés  pour  payer 
te  prix  de  passage  pourrait  sans  doute  être  mise  à  profit.  Cette 
habitude,  en  effet,  serait  un  des  meilleurs  moyens  de  fixer  l'émi- 
grant  agriculteur  à  une  exploitation,  tout  en  assurant  ses  débuts 
contre  les  chances  défavorables  qui  résultent  nécessairement  de 
l'arrivée  sur  une  terre  nouvelle.  11  faudrait  d'ailleurs  que  l'usage 
d'un  pareil  moyen  fùit  convenablement  réglementé,  de  manière  à 
garantir  l'ouvrier  contre  tout  abus  contraire  à  sa  liberté  et  à  sa 
dignité. 

S°  Enfin  il  faut  exprimer  le  vœu  que  l'émigration,  sans  être 
entravée,  soit  attentivement  surveillée;  et  qu'on  prenne  prompte- 
ment  des  mesures  efficaces  pour  empêcher  le  retour  des  abus 
dont  les  émigrants  peuvent  être  victimes.  A  ce -point  de  vue,  il 
serait  peut-être  utile  d'établir  à  Bayoone  un  commissariat  spécial 
qui  serait  babituellement  en  rapport  avec  des  agences  constituées 
dans  les  principaux  ports  de  la  Plata.  On  parviendrait  sans  doute 
de  cette  manière  h  obtenir  sur  l'émigration  des  renseignements 
que  les  consulats  n'ont  pas  fournis  jusqu'à  présent. 

En  ce  qui  concerne  les  mesures  protectrices  à  prendre  en 
faveur  des  émigrants,  on  doit  regretter  que,  dans  la  loi  votée 
en  18d/ï ,  on  se  soit  uniquement  préoccupé  Abs  émigrants  étrangers 
qui  traversent  le  territoire  français  pour  s'embarquer  au  Havre. 


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iL^MBNTS  DITBRS   DE  LÀ  COKSTITDTIOK  SOCIALE.  240 

Il  serait  à  désirer  que  des  règlements  spéciaux  fussent  adoptés 
pour  les  ports  de  Bayonne  et  de  Bordeaux,  par  lesquels  il  tend  à 
s'établir  un  courant  régulier  d'émigration  française.  Il  faudrait 
aussi  que  les  mesures  prolectrices  s'étendissent  autant  que  pos~ 
sible  aux  Basques  qui  s'embarquent  dans  les  ports  espagnols 
sous  pavillon  fraoçais. 


-S  2». 

FBécis  d'dhb  monogbaphib  ayant  podr  objet 

LE  HINZnB-ÉUI&BAHT  DE  LA  GALIOE  (ESPAGNE) 

I.  Définition  dn  lien,  de  l'orgaalsatlon  indostrlellfi 
et  de  la  famille. 

Le  paysan  décrit  dans  ce  précis  occupe  successivement 
chaque  année  trois  situations.  En  Galice,  il  travaille  à  son  propre 
compte  sur  son  petit  domaine,  avec  le  concours  de  sa  femme; 
et  il  y  aura  plus  tard  celui  de  ses  enfants.  En  Andalousie,  aux 
mines  de  houille,  il  travaille  en  qualité  de  tâcheron.  Enfin,  pen- 
dant le  trajet  accompli,  aller  et  retour,  entre  tes  deux  localités,  il 
fait  un  commerce  lucratif  en  achelantet  eu  revendant  avec  béné- 
fice les  animaux  qui  servent  à  le  transporter.  L'ouvrier  a  donc 
un  double  caractère  :  en  Galice,  il  est  ouvrier-propriétaire  dans 
le  système  du  travail  sans  engagements;  en  Andalousie,  il  est 
ouvrier-tâcheron  dans  le  système  des  engagements  momentanés. 

Pendant  la  belle  saison,  l'ouvrier  réside,  avec  sa  famille, 
dans  le  petit  village  de  Villalba,  situé  au  sud-ouest  delà  Corogne, 
entre  ce  port  et  la  ville  de  Lugo,  en  Galice.  Pendant  l'hiver,  il 
va  travailler  en  Andalousie,  aux  mines  de  houille  de  Villanueva- 
del-Bio,  à  50  kilomètres  environ  au  nord  de  Séville.  Le  sol  que 
cultive  la  famille  en  Galice  a  pour  base  le  granit  et  les  autres 
roches  cristallines  qui  y  sont  ordinairement  associées;  il  est 
d'une  médiocre  fertilité.  Nonobstant  la  latitude  plus  mériilioiiale, 
îi  raison  de  son  élévation  au-dessus  de  la  mer  et  de  la  (iroximilé 


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ISO  CQ.  T.  —  PATStH'BASQCE   DU  LABODHD  [FBAUGB]. 

des  hautes  inonlagnes,  ce  pays  donoe  à  peu  près  les  tuâiDes 
produits  agricoles  que  la  Brelagne,  avec  cette  différence  que  le 
sarrasin  y  est  remplacé  par  le  maïS;  il  est  particulièrement 
propre  à  l'élevage  des  bestiaux  et  à  la  culture  du  froment.  La 
fabrication  du  fer  est  à  peu  près  la  seule  branche  d'industrie  qui 
s'exerce  dans  le  pays;  mais,  en  revanche,  la  population  ouvrière 
est  parfaitemeot  préparée  à  exercer  une  foule  d'industries,  doDl 
le  siège  est  établi  dans  d'autres  régions  de  l'Espagne,  et  spécia- 
leoaent  dans  les  grandes  villes.  A  -l'époque  où  prospéraient  les 
colonies  d'Amérique,  les  ouvriers  de  la  Galice  émigraieut  aux 
colonies  ;  et  la  main-d'œuvre  nécessaire  aux  campagnes  et  villes 
de  l'Espagne  était  fournie  par  les  Basques  français  et  les 
Auvergnats  (13).  Aujourd'hui,  les émigrants français sontgéné- 
paiement  remplacés  en  Espagne  par  les  petits  cultivateurs  de  la 
Galice  et  des  autres  régions  monlagneuses  du  nord  de  l'Es- 
pagne (si).  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'à  Madrid  les  Galiciens 
exploitent  en  permanence  la  plupart  des  professions  qui  sont 
exercées  à  Paris  par  les  Auvergnats.  Mais,  ce  qui  caractérise 
essentiellement  ce  district,  c'est  la  classe  des  ouvriers-émigranls 
(IV,  V,  20),  qui  cherchent  d'abord  dans  les  travaux  pratiqués 
en  d'autres  provinces  le  moyen  d'acquérir  dans  leur  pays  natal 
une  propriété  agricole  ;  et  qui,  pendant  assez  longtemps  encore, 
parviennent,  à  force  d'activité  et  d'énergie,  à  mener  de  front 
ces  mêmes  travaux  avec  la  culture  de  leur  propriété.  On  peut 
observer  ces  mêmes  classes,  avec  des  caractères  presque  ideo- 
liques,  dans  les  montagnes  du  Limousin,  de  l'Auvergne,  de  la 
Savoie,  du  Piémont,  du  pays  bergamasque,  du  pays  de  Lucques, 
de  la  Westphalie,  de  la  Bohème  et  des  Carpathes.  On  les  retrouve 
encore,  du  moins  avec  leurs  traits  tes  plus  distînctifs,  dans  les 
montagnes  boisées  de  la  Dalécarlie,  en  Suède,  dans  les  forêts  du 
nord  de  la  Aussie,  et  particulièrement  dans  celles  du  gouverne- 
ment de  Viaika.  Il  en  est  d'ailleurs  question  spécialement  dans 
le  présent  ouvrage  pour  plusieurs  autres  familles  caractéristiques 
(II,  v).  L'ouvrier  galicien  est  un  des  types  les  plus  remar- 
quables d'ouvriers-émigrants  qu'on  puisse  observeren  Espagne, 
et  même  dans  le  reste  de  l'Europe. 


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âLdllENTS  DIVKE8  DR  U 

La  famille  comprend  les  deux  époux  et  trois  jeunes  enfants. 
Le  père,  né  à  Villalba,  marié  depuis  ft  ans,  est  âgé  de  âO  ans. 
Sa  femme,  née  au  même  lieu,  est  âgée  de  25  ans.  Leurs  3  enfants 
sont  âgés  de  â  ans,  de  â  ans  et  de  6  mois. 

Les  familles  ne  professent  guère  avec  ferveur  la  religion  calho- 
lîque  romaine.  La  femme  seule  pratique  régulièrement  ses  devoirs 
religieux.  La  régularité  des  habitudes  des  deux  époux  est  in- 
spirée essentiellement  paruoe tendance  énergique  pourl'épargne. 
Sous  ce  rapport,  l'amour  du  travail  supplée  en  partie  aux  qua- 
lités morales  d'un  ordre  plus  élevé.  Les  avantages  de  l'iostruction 
commencent  à  être  appréciés  dans  le  pays  ;  et,  sous  l'impulsion 
des  autorités  provinciales,  la  commune  emploie  quelques  res- 
sources à  créer  les  premiers  rudiments  d'une  école  primaire.  Les 
deux  époux  ne  méconnaissent  pas  ces  avantages  ;  mais,  illettrés 
eux-mêmes,  ainsi  que  la  majorité  des  habitants,  ils  hésiteront 
vraisemblablement  à  envoyer  leurs  enfants  à  l'école,  dans  la 
o^nte  de  voir  affaiblir,  chez  ces  derniers,  les  sentiments  de 
respect  et  d'obéissance. 

La  contrée  rurale  que  la  famille  habite  en  Galice  possède 
les  mêmes  conditions  de  salubrité,  et  la  pc^uiation  jouit,  sous  te 
rapport  de  la  constitution  pbysique,  des  mêmes  avantages  qui 
ont  été  signalés  pour  la  OHitrée  de  Santandei'  (IV,  v,  «).  Pen- 
dant la  fin  de  l'été  et  l'automne,  les  mines  de  bouille  de  Villa- 
nueva,  en  Andalousie,  sont  exposées  aux  fièvres  intermittentes. 
L'ouvrier  se  soustrait  à  leur  pernicieuse  influence  en  revenant, 
pendant  cette  saison,  dans  sa  propriété  de  Galice.  Cette  circon- 
stance contribue  beaucoup  à  ratretenir  chez  tes  ouvriers  mineurs 
les  habitudes  d'émigration.  Pendant  son  séjour  aux  mines  d'An- 
dalousie, l'ouvrier  reçoit,  en  cas  de  maladie,  aux  frais  du  pro- 
priétaire, les  secours  de  ta  médecine  et  de  la  pharmacie.  En 
Galice,  les  secours  de  la  médecine  sont  également  donnés,  àtilre 
gratuit,  par  un  homme  de  l'art  subventionné  par  la  commune. 
La  famille  doit  seulement  payer  les  médicaments. 

Sous  l'influence  de  divers  sentiments  qui,  depuis  sa  pre- 
mière jenoesse,  l'excitent  sans  relâche  à  la  tempérance  et  è  l'é- 
pai^e,  rémigrant  a  successivement  franchi  les  conditions  de 


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S5I  CH.  V.   —  PATSAM-IUQOB  OV  LABOVHI)   (fatHCB). 

journalier  et  de  tàcbwoo.  Il  &it  eocore  à  la  tAche  les  U'avaiu  de 
mine  qu'il  exécute  peudant  l'hiTcr;  mais  il  a  déjà  acquis  une 
propriété  territoriale  pour  la  cultiver  avec  le  secours  de  sa  ramille. 
Devant  bientôt  consacrer  tout  son  temps  à  l'exploilatioa  de  cette 
propriété,  qui  ne  cesse  de  s'accrottre,  l'ouviier  s'élèvera  déSoi- 
tivemeat  au  rang  de  propriétaire. 


II.  Ho^ens  d'exlstaBoe  de  la  famille. 

Les  propriétés  actuelles  de  la  famille  comprennent  les  objets 
et  les  valeurs  indiqués  ci-après.  —  Immeubles  :  maison  d'habi- 
tation, avec  1  étable,  1  grange  et  diverses  dépendances 
d'une  petite  exploitation  agricole,  729'00;  —  jardia-verger 
de  12  ares,  attenant  à  la  maison,  81'  00;  —  champs  à 
céréales  de  208  ares,  810'  00.  —  Argent  :  suivant  un  système 
très-habituel  chez  les  ouvriers  de  cette  condition,  l'ouvrier  décrit 
dans  ce  précis  s'assure  à  l'avance  le  plac«nent  de  son  épai^oe 
future  en  achetant  à  crédit  de  la  terre  arable,  à  [»t)ximité  de  sa 
propriété.  Cette  circonstance  explique  pourquoi,  malgré  sa  ten- 
dance à  l'économie,  l'ouvrier  n'a  poiot  d'argent  comptant  chez 
lui.  —  Ànimauo)  dontestiqites  entretenus  toute  l'année  :  2  vaches 
avec  2  élèves,  259'00;  — apoulesetl  coq,  â'OO.  — Getteéva- 
ItialioD  est  faite  au  commencemeot  de  l'hiver,  lorsque  ta  famille 
a  déjà  vendu  1  géaisse  de  2  ans  1/2  et  consommé  12  poulets. 
—  Animauo}  domestiques  entretenus  seulement  une  partie  de 
l'année  :  2  porcs,  d'une  valeur  moyenne  de  77  francs,  eatre- 
tenus  pendant  7  mois  :  la  valeur  moyenne,  calculée  pour  l'année 
entière,  équivaut  à  A5*  00.  La  famille  engraisse  annuellement 
2  porcs,  dont  l'un  est  veudu  et  l'autre  tué  pour  la  consomma- 
tion du  ménage.  — JUatériel  spécial  des  travauco  et  industries  : 
outils  pour  la  culture  du  jardin,  8'  00;  —  instruments  et  outils 
pour  la  culture  des  cbamps  à  céréales,  85  '  00  ;  —  mobilier, 
ustensiles  et  outils  pour  l'exploitation  des  vaches,  110  '  00.  — 
Fonda  de  roulement:  engagé  dans  le  commerce  de  chevaux  et 
de  mules,  150' 00.  —  Valeur  totale  des  propriétés,  2,231 '00. 

L'ouvrier  reçoit,  soit  comme  mineur,  sût  comme  agrîcul- 


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étEIIHNTS   DlVBtS  t>B  hk  CO:taTITUT10N  SOGIALB.  X53 

leur,  des  subveDtioDs  qui  contribaent  essentiellemeat  au  bieû- 
être  de  la  famille.  En  premier  lieu,  le  propriétaire  des  mines  où  il 
travaille  pendant  L*é(é  lui  accorde^  à  titre  gratuit,  le  logement  et 
l'éclairage.  L'ouvrier  peut,  eu  outre,  faire  récolter  dans  les 
Dekesas  (IV,  v,  8i),  c'est-à-dire  dans  les  pâturages  et  les  taillis 
communaux  voisins  des  mines,  le  bois  nécessaire  au  chauffage  et 
à  la  cuisson  des  aliments.  Il  peut  également  cbasser  et  pécher  à 
tilre  gratuit  sur  ces  mêmes  terrains  {IV,  v,  19).  L'ouvrier  a  droit 
de  faire  pattre  ses  bestiaux  sur  les  terrains  communaux  et  d'y 
récolter  le  bois  de  chauffage,  ainsi  que  la  litière  et  les  herbes  néces- 
saires à  ces  bestiaux.  L'éducation  est  donnée  gratuitement  aux 
enfants  dans  l'école  communale.  Toute  la  famille  reçoit  enBo,  à 
titre  gratuit,  les  secours  de  la  médecine  et  de  la  chirurgie.  Les 
faits  observés  dans  cette  localité,  et  beaucoup  d'autres  faits  ana- 
logues, prouvent  que,  dans  certains  cas,  les  subventions  com- 
munales se  concilient' mieux  que  les  subventioDS  émanant  d'un 
patron  avec  l'exercice  du  libre  arbitre  chez  l'ouvrier;  que,  par 
ce  motif,  elles  acheminent  plus  sûrement  vers  la  propriété  les 
ouvriers  doués  du  sentiment  de  la  prévoyance. 

Travaux  de  l'ouvrier.  —  Le  temps  de  l'ouvrier  se  partage 
entre  deux  occupations  principales.  Du  1"  novembre  au  31  mai  : 
travaux  d'exploitation  à  la  mine  de  bouille  de  Villanueva  (Anda- 
lou^e) .  Du  10  juin  au  20  octobre  :  travaux  agricoles  sur  la  pro- 
priété que  l'ouvrier  possède  en  Galice  et  sur  les  propriétés  voisines. 
Le  temps  qui  s'écoule  du  1"  au  10  juin,  et  du  21  au  SI  octobre, 
est  absorbé  par  le  voyage  (aller  et  retour)  entre  les  deux  sta- 
tions indiquées.  Ce  temps  peut  être  considéré  comme  une  occu- 
pation lucrative,  en  ce  sens  qu'il  est  employé  à  transporter  d'un 
Heu  à  l'autre  des  chevaux  et  des  mules  sur  lesquels  l'ouvrier 
réalise  un  bénéhce  assez  considérable.  L'ouvrier  exerce  donc 
successivement,  dans  le  cours  d'une  même  année,  les  trois  pro- 
fessions de  mineur,  d'agriculteur  et  de  marchand  de  chevaux. 
Cette  aptitude  variée  est  un  des  traits  caractéristiques  du  Galicien 
émigrant.  En  Andalousie,  l'ouvrier  emploie  quelques  moments  de 
loisir  pour  pêcher  à  la  ligne  dans  les  rivières.  En  Galice,  ses 
travaux  secondaires  ont  pour  objet  la  culture  du  jardin,  la  récolte 


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aïi  CH.   V.  —  PArSAN-BASQDF!  DU  LABOCRn   (FIIANCBJ. 

et  le  transpfflt  du  bois  de  chauffage,  des  herbes  et  des  feuilles 
sarvanl  de  litière.  —  TVavauco  de  la  femme.  —  Outre  les  Ira- 
vauK  de  ménage,  qui  comprennent  ici  la  fabrication  du  pain  ^ 
qui  constituent  son  travail  principal,  elle  exécute  seule  tous  les 
trdvauK  de  culture  qui  doivent  avoir  lieu  entre  les  labours  et  les 
semailles,  que  l'ouTTier  fait  en  automne  avant  de  partir,  et  les 
récoltes,  qui  commencent  en  juillet  pour  le  froment,  aussitôt  gue 
l'ouvrier  est  de  retour;  elle  cultive  le  jardin  et  soigne  les  ani- 
maux domestiques;  dans  l'hiver,  elle  s'occupe  de  l'égrenage  du 
mais,  du  hlage  du  lin  et  de  la  confection  des  vêtements  de  la 
famille.  —  Industries  entreprises  par  la  famille.  —  Dans  les 
travaux  de  mine  qu'il  accomplit  en  Andalousie,  l'ouvrier  spécule 
sur  la  substitution  du  travail  à  la  tâche  au  travail  à  la  journée. 
Parmi  les  autres  industries  exercées,  soit  par  l'ouvrier,  soit  par 
la  femme,  et  qui  sont  pour  le  ménage  la  source  d'un  bénéfice,  il 
faut  citer  :  la  culture  du  jardin  et  des  champs  à  céréales,  l'exploi- 
tation des  animaux  domestiques,  et  enfin  un  commerce  de  che- 
vaux et  de  mules  qui  s'exerce  dans  les  circonstances  suivantes  : 
avant  son  départ  de  Galice,  l'ouvrier  achète  à  crédit  une  mule 
qui  le  porte  en  Andalousie  et  qui  s'y  vend  avec  avantage.  Pendant 
tout  l'hiver  il  laisse  pour  plus  de  sûreté  ses  épargnes  entre  les 
mains  du  directeur  des  mines;  mais,  à  la  fin  d'avril,  il  en  fait 
emploi  en  achetant  dans  une  foire,  près  de  Yillanueva,  un  cheval 
andalous,  qui  le  porte  en  Galice  et  qui  s'y  vend  également  avec 
un  certain  profit. , 

UI.   Mode  d'exlatenoe  de  la  famille. 

Le  régime  alimentaire  auquel  se  soumet  l'ouvrier  pendant 
toute  la  saison  d'hiver,  nonobstant  les  nides  travaux  qui  lui  sont 
imposés,  témoigne  de  son  extrême  sobriété.  L'empire  qu'il  exerce 
sur  ses  appétits  physiques  s'explique  par  le  désir  incessant  qui 
le  porte  h  l'épargne.  L'ouvrier,  pendant  son  séjour  aux  mines 
d'Andalousie,  prend  ses  repas  en  compagnie  d'une  douzaine 
d'autres  ouvriers  galiciens,  qui  rétribuent  en  commun  un  can- 
(inier  chargé  de  faire  les  achats  de  denrées,  de  couper  et  de 


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éLéUENTS  DIVERS  DE    U  CONSTITlTlO.'f   BOCIALB.  t!>5 

fa^Qsporter  le  bois  de  chauffage  oécessaire  à  la  cuisine  et  au 
chauffage  des  chambres,  et  de  préparer  les  repas.  Ceux-ci  sont 
au  nombre  de  trois  :  l' te  déjeuner  (8  heures)  :  composé  d'une 
soupe  k  l'huite,  au  sel,  au  pain  et  à  l'ail  ;  —  2°  le  dîner  (midi)  : 
composé  d'un  mets  national  dit  Olla,  sorte  de  pot-au-reu  à  jus 
épais,  où  entrent  le  gras  de  lard,  le  sel,  les  pommes  de  terre  et 
les  pois  chiches  {Garbanzos),  et  qui  se  mange  avec  du  pain  ;  — 
B"  le  souper  (7  heures)  :  composé  de  pain  assaisonné  de  divers 
alimcnls,  et  particulièrement  d'oranges,  pendant  3  mois  ij'î  (de 
mars  en  juin) .  — L'ouvrier,  résidant  avec  sa  Tamille  en  Galice,  fait 
également  3  repas  :  1*  le  déjeuner  (7  heures)  :  composé  de  pain 
de  froment  ou  de  mais,  ou  d'une  bouillie  {Ferrapas,  IV,  v,  i  o) 
composée  de  farioe  de  maïs  et  de  lait  ;  —  2Me  dîner  (midi)  :  avec 
une  Olla,  composée  du  lard  de  la  provision  et  des  légumes  du 
jardin,  et  mangée  avec  du  pain;  —  3°  le  souper:  avec  une  soupe 
composée  de  pain  et  de  lait,  ou  avec  du  pain  assaisonné,  selon 
la  saison,  de  fromage,  de  salade  ou  de  fruits.  —  L'orgaoisation  de 
la  vie  eu  commun  en  Andalousie  présente  une  analogie  remar- 
quable avec  celle  des  Artèles  d'ouvriers  émigrants  de  la  Rus- 
sie (II,  V,  ao). 

La  chaumière  habitée  par  la  famille  en  Galice  n'a  qu'un 
rez-de-chaussée  composé  de  3  pièces  :  un  même  enclos  comprend, 
outre  cette  habitation,  la  cour,  les  étables,  la  grange  et  un 
appentis,  où  se  placent  les  outils  agricoles  et  les  harnais.  Le 
mobilier  peut  êtra  évalué,  avec  les  vêtements,  à  un  total 
de  504'  75,  savoir  :  meubles,  206'  30;'—  ustensiles»  80'  10; 
—  vêtements  (moins  soignés  que  ceux  dont  te  détail  est  pré- 
senté dans  le  tome  précédeat,  IV,  v,  io),  218'  35. 

Les  satisfactions  que  l'ouvrier  et  sa  femme  éprouvent  à 
accroître  leur  fortune  par  de  nouvelles  épargnes,  et  les  jouis- 
sances qu'ils  trouvent  à  envisager  l'avenir,  leur  tiennent  évidem- 
ment lieu  de  toute  autre  diversion  au  travail.  Cette  préoccupa- 
tion constante  remplace  complètement  l'excitation  que  les  autres 
ouvriers  européens  cherchent,  pour  la  plupart,  dans  les  récréa- 
tions proprement  dites.  Parmi  les  récréations  qui  donnent  lieu  à 
une  dépense,  il  faut  noter  la  consommation  d'une  faible  quantité 


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336  CB.  T.  —   PATi<AM-BASOire  DU  UBOOBD   (raANCE). 

de  via  dans  les  veiUées  d'hiver,  celle  du  (abac  de  contrebande, 
fumé  à  très-pelile  dose  par  l'ouvrier,  enfin  le  jeu  de  la  loterie, 
qui  donne  à  la  famille  une  excitation  agréable,  sans  dégénérer 
en  passion.  Pendant  son  séjour  aux  mines,  rouvrier  évite,  avec 
une  persévérance  qui  ce  se  dément  jamais,  toule  récréation  pou- 
vant donner  lieu  à  une  dépense.  Sa  seule  distraction  régulière 
consiste  à  fumer  un  psn  de  (abac.  Bien  que  son  travail  donne 
lieu  à  un  grand  emploi  de  force,  il  ne  consomme  jamais,  même 
pendant  ses  repas,  de  boisson  fermentée.  11  n'y  a  d'exception  à 
cette  règle  que  les  jours  de  Noël  et  de  Pâques,  et  pendant  les 
trois  derniers  jours  du  carnaval-  Après  le  tabac,  le  plaisir  de  la 
pêche,  qui  ne  donne  lieu  à  aucune  dépense,  et  qui  fournît 
quelques  ressources  h  la  cuisine,  est  la  principale  récréation  de 
l'ouvrier  en  Andalousie.  Les  Andecfias  et  YEsbilla  (IV,  v,  1 1) 
figurent  ici,  comme  dans  toute  cette  région  de  l'Espagne,  au 
nombre  des  principales  récréations  de  la  famille. 

IV.  BlBtoire  de  la  fonllle. 

La  famille  qui  est  l'objet  de  ce  précis  constitue  l'un  des 
types  les  plus  remarquables  de  ces  ouvriers-émigrants  qui  se 
retrouvent  également  dans  plusieurs  autres  contrées  de  l'Europe. 
Dans  le  premier  âge,  les  enfants  des  petits  métayers  et  des  petits 
propriétaires  de  cette  partie  de  la  Galice  fréquentent  l'école  com- 
munale, et  secondent  leur  mère  dans  tous  les  travaux  et  particu- 
lièrement dans  la  ganje  des  bestiaux.  Plus  tard,  les  gainons 
secondent  le  père  de  famille,  ou  vont  travailler,  chez  les  proprié- 
taires ou  les  métayers  voisins,  en  qualité  de  journaliers  ou 
d'ouvriers  à  engagement  annuel.  A  l'Âge  de  18  ans,  l'ouvrier 
commence  à  émigrer  temporairement  en  Andalousie.  Pendant 
l'hiver,  il  s'emploie,  comme  journalier  ou  tâcheron,  aux  travaux 
accessoires  de  l'exploitation  houillère  de  Villaoueva,  et  spécia- 
lement aux  transports  intérieurs,  depuis  les  chantiers  d'abatage 
de  la  houille  jusqu'au  bas  du  puits  d'extraction.  Pendant  l'été,  il 
concourt,  en  qualité  de  journalier,  à  la  moisson  des  céréales 
dans  les  grandes  exploitations  agricoles  voisines  du  Guadal- 


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éiisENis  niTus  di  la  oomnTimoN  socuù.  icii 

quivir.  Pendant  cette  première  période,  il  séjourne' toute  l'année 
en  Andalousie;  il  gagne  environ  USO'  chaque  année,  il  ne 
dépense  que  âOO'  et  fait  donc  une  épai^e  de  130'.  Plus  lard, 
sa  dépense  annuelle  restant  la  même  et  son  travail  aux  mines 
devenant  plus  important  et  mieux  rétribué,  il  peut  épargner, 
chaque  année,  une  somme  ua  peu  plus  considérable.  Â  l'âge 
de  26  ans,  l'ouvrier  auquel  se  rapportent  ces- détails  avait  épar- 
gné, dans  ces  conditions,  une  somme  de  1,350'.  Il  était  dès  lors 
dans  les  conditions  réclamées  par  l'opiaion  pour  prétendre  îi 
l'alliance  d'une  famille  prévoyante.  Parvenu  à  ce  point,  l'ouvrier 
émigrant  vient  se  marier  au  pays  natal;  il  achète  en  même  temps 
une  propriété  et  la  garnit  de  tout  le  mobilier  nécessaire.  11  con- 
sacre son  épai^e  à  cette  deslioation,  et  donne  hypothèque  au 
vendeur  pour  la  somme  qu'il  ne  peut  immédiatement  acquitter, 
en  s'obligeant  de  servir  un  intérêt  de  6  p.  100  par  an.  Il 
reste  en  Galice  deux  années  au  moins  pour  compléter  sonéta- 
blissement  et  pour  le  mettre  en  activité.  Après  ce  délai,  la  jeune 
femme  ayant  acquis  l'expérience  nécessaire  pour  gérer  le  bieu  en 
l'absence  du  mari,  celui-ci  recommence  ses  émigrations  :  il  va 
travailler  aux  mines  pendant  l'hiver,  mais  il  revient  touyoure 
pendant  l'été  dans  sa  fomille,  pour  faire,  dans  sa  propriété,  la 
récolte,  puis  les  travaux  de  labour  et  les  semailles  de  fromeut. 
A  l'âge  de  50  ans,  il  se  trouve,  pour  ce  qui  concerne  sa  fortuac 
et  ses  occupatioDs,  dans  les  conditîous  énoncées  précédemmuiti 
Il  met  à  profit  ses  voyages  (aller  et  retour)  pour  laire  un  com- 
merce assez  lucratif  de  mules  et  de  chevaux.  L'ouvrier  placé  dans 
les  conditions  mentionnées  ci-dessus  épargne  environ  350'  par 
année.  Il  lui  faut  donc  émigrer  pendant  2  ou  3  années  encore 
pour  rembourser  la  créance  qui  grève  sa  propriété,  et  pout  se 
compléter,  en  immeubles  et  en  aident,  un  capital  de  2,500'.  A 
dater  du  moment  oii  ce  but  est  atteint,  il  resta  sur  sa  propriété! 
sM  ressources  sont  désormais  employée  à  élever  la  famille  qui 
lui  est  venue.  Les  enfants  passent  à  leur  tour  par  les  mêmes 
épreuves.  Ceux  des  garçons  qui  ont  profité  des  exemples  de 
frugalité,  d'ordre  et  d'économie  donnés  par  les  parents  arrivent 
comme  eux  à  là  propriété.  Ceux,  au  contraire*  chez  lesquels  la 

T.  lî 


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168  CH.  V.  —  PATSAH-aiSODE  DU  LiBOiniD  (pIAHCe). 

propension  à  l'épargne  ne  se  développe  pas  tombent  dans  la 
dasse  des  petits  métayers,  et  même  dans  celle  des  bordlers- 
agricnlleurs  travaillaQl  à  la  journée. 


T.  Budget  domestique  onimel  et  avenir  de  la  ftnllle. 

Recettes  de  la  famille.  —  Revenus  des  propriétés,  il3'  00; 
—  produits  des  subventions,  liiS'OO;  —  salaires,  6&5'00;  — 
bénéfices  des  industries,  outre  une  recette  de  S&S'  00  qui  est 
appliquée  à  ces  mêmes  industries,  donnent  un  bénédcede  691'  00. 
~  Total  des  recettes,  1,390'  00. 

Dépenses  de  la  famille,  —  Nourriture,  645'  00;  —  habi- 
tation, 119'  00  ;  —  vêtements,  l&ô'  00;  —  besoins  moraux, 
récréations  et  service  de  santé,  4,8'  00;—  dettes  et  impôts, 
73'  00.  —  Total  des  dépenses,  1,026'  00. 

La  famille  réalise  donc  une  épargne  de  364  '  00,  qui  lui  sert 
à  rembourser  partiellement  les  sommes  dues  sur  les  dernières 
acquisitions  de  terre  arable.  Les  ressources  sur  lesquelles  l'ouvrier 
peut  surtout  compter  pour  assurer  l'avenir  de  sa  famille  sont  les 
mêmes  que  celles  qui  sont  acquises  au  métayer  de  la  Vi^lle-Cas- 
tille  (FV,  t);  savoir  :  un  avantage  matériel,  l'usufruit  des  biens 
communaux,  et  la  focilité  d'acquérir,  à  titre  privé,  des  propriétés 
avec  tes  épai^es  annuelles  ;  une  force  morale,  la  tempérance  et 
l'amour  du  travail,  entretenus  par  la  passion  de  ta  propriété. 
On  s'explique  que  ces  causes  de  succès  laissent  les  Galiciens 
inférieurs  aux  Saxons  '(HI,  m,  ig)  et  qu'elles  n'excluent  pas 
l'ébranlement  social  dû  h  certains  attentats  contre  la  pro- 
priété, p.  CIA  ET  F.  L.-P. 


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CHAPITRE  VI 

MANŒUVRE-AGRICULTEUR 

DU    MORTAN   (NIVERNAIS) 


u  1*  tjltmt  dm  eogagME 


LE  FONDEOR  {AV  BOIS]  DU  NIVERNAIS  (81), 


Pab  HM.  a.  de   SAINT-LËGER  BT   F.  LE  PLAY. 


OBSERVATIONS   PRÉLIMINAIRES 

D^VINISSAHT  LA  Cu:<01TION  DS3  DIVERS  UBUBRBS  DE  LA  rANlLLK 

DéOMlttoB  Am  Uem,  ds  l*orcftahmtl*D  iMdnalriellv 
e«  «le  ■»  fn  mille. 

SI. 

ÉTAT  DU  SOL,  DE  L'iNDUSTItlE    BT  DE  L\  POPULATION. 

L'oavrier  h3bite  la  commuoe  de  Satot-Léger  de  FougereUe, 
canton  et  arrondissement  de  Châleau-Chinoa  (Nièvre).  La  com- 
oiune,  dont  le  sol  appartient  aux  formations  granitiques  et 
porphyriques  des  montagnes  du  Horvan,  a  pour  productions 
principales  les  bestiaux  et  le  bois  de  chaufiage  destinés  à  l'appro- 
visionnemeot  de  Paris  :  les  céréales  produites  sont  destinées  à 
la  nourriture  de  la  population  locale.  Les  hablianls  de  la  com- 


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S60  CE.  TI.  —  MANCBUVlI-AfiBICULTEro  DD  IIOBVAR    (MVEKKAIB). 

mune  formaient,  en  I8I18,  2&1  ménages  distincts,  répartis  dans 
un  pareil  noiubre  de  maisons.  On  peut  résumer  comme  suit  la 
nature  des  professions  et  le  nombre  des  personnes  qui  se  rat- 
tachenl  à  chacune  d'elles  :  1  principal  propriétaire  résidant  dans 
la  commune  (1),  formant  1  ménage  composé  de  16  personnes; 
—  professions  libérales  :  le  curé  et  les  sœurs  institutrices  de 
Saint-Joseph,  5  personnes  en  2  ménages  ;  —  petits  propriétaires 
ayant  pour  principale  occupation  la  culture  de  leur  propriété(i  s), 
tiS2  personnes,  formant  72  ménages;  —  fermiers  et  métayers, 
possédant  parfois  en  propre  un  peu  de  terre,  ayant  pour  princi- 
pale occupation  la  culture  des  domaines  appartenant  aux  grands 
propriétaires,  38&  personnes,  formant  ki  ménages;  —  mar- 
chaBds  et  artisans  :  meuniers,  tailleurs,  tisserands,  sabotiers, 
maréchaux-serruriers,  maçons,  cabaretier,  vétérinaire,  empi- 
rique, 135  personnes,  formant  22  ménages;  —  bordiers-pro- 
priétaires,  possédant  pour  la  plupart  une  maison  et  un  jardin, 
191  personnes,  formant  89  ménages;  —  manœuvres-agricul- 
teurs non-propriétaires,  dans  la  condition  décrite  par  la  présente 
monographie  (ig),  263  personnes,  formant  57  ménages;  — 
gardes  forestiers,  anciens  ouvriers -domestiques,  &0  personnes, 
formant  7  ménages.  —  Total,  l,/i66  personnes. 

En  représentant  par  100  la  totalité  de  l'impôt  foncier  de  la 
rommune,  la  part  payée  par  les  3  catégories  de  propriétaires  se 
répartit  approximativement  comme  il  suit  :  principal  propriétaire 
résidant,  50  ;  —  deux  grands  propriétaires  non-résidants,  28;  — 
petits  propriétaires,  22. 

Les  engagements  qui  lient  les  manœuvres-agriculteurs  aux 
métayers  et  aux  propriétaires  qui  les  emploient  ne  sont  plus 
permanents  comme  ils  l'étaient  dans  le  dernier  siècle.  Chaque 
jour  ils  tendent  de  plus  en  plus  à  prendre  un  caractère  essentiel- 
lement momentané.  La  permanence  ne  subsiste  plus  que  pour  un 
travail  déterminé,  qui  n'embrasse  guère  généralement  qu'un 
petit  nombre  de  journées.  Le  principal  propriétaire  de  la  com- 
mune, ayant  conservé  jusqu'à  ce  jour  la  tradi^on  de  sa  famille, 
contribue  par  son  exemple  et  par  son  ascendant  à  maintenir.  Sous 
ce  rapport,  quelques-unes  des  anciennes  habitudes  sociales.  Il 


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(»S8BVtTtON8  KÉLDIlKAtiBa. 


ne  congédie  jamais  les  ouvriers  qui  oat  été  une  (ok  &U»f^é$  k  la 
partie  de  son  exploitation  qu'il  admiDistre  en  régie;  ep  sor^ 
que»  de  son  vivant  au  moios,  cen^H»  jouiront  des  ayairtages  et 
de  la  sécurité  inhérente  à  la  condition  des  ^ga^  à  vie. 


«2.         . 

ÉTAT    CIVIL  DE   U    FAHICLB. 

La  Taniille  comprend  les  deux  époux  et  quatre  enfantS) 
savoir  : 

1.  LoD»  P"*,  chet  de  la  r&initle,  marid  depuis  13  sas,  né  &  Cbtieta- 

Chinou 30  ang. 

3.  Cluhudb  R"*,  m  roffline,  ode  \  Saint-Légor  de  Fongorette 33  — 

3.  Gilbert  P*'*,  leur  aii  itné,  nd  i  Çiiot-Léger  de  Foogerette 13  — 

4.  Henriette  P"*,  leur  fille  aînée,  ude  à.  S^t-Uger  de  Fongercite. . .  10  — 

5.  CUnP'",  lenrS*  fille,  lOe  à  Saini-L^ger  de  Fougerette 8  — 

0.  Marie  P-",  leur  3*  mie,  nie  t  Salnfr-Léger  de  Foogerette S  — 

S  8. 

RBUGION  ET   HABITUDES  HOB&LBS. 

Les  ramilles  de  cette  condition  proresseot  toutes  la  religion 
catholique  dans  des  conditions  d'anlformité.  La  Terveur  religieuse 
et  l'assiduité  au  culte  sont  prononcées,  surtout  chez  les  femmes. 
Celles-ci  reçoivent  la  communion  à  toutes  les  grandes  fêtes;  et 
les  hommes,  au  moins  le  jour  de  Pâques.  Les  jours  d'abstinence 
sont  scrupuleusement  observés  par  toute  la  famille.  Les  habi- 
tudes morales  sont  bonnes,  tant  avant  qu'après  le  mariage.  Les 
en&nts  naturels  sont  k  peu  près  inconnus  dans  la  commune.  Il 
y  a  d'autant  plus  lieu  de  se  féliciter  de  cet  état  des  mœurs,  que 
Texigulté  des  habitations  ne  se  prête  guère  à  l'observation  des. 
règles  de  la  décence.  Une  enquîte  approfondie  a  montré  que,' 
sur  50  ouvriers  de  cette  condition  existant  dans  la  commune^ 
5  seulement  avaient  une  tendance  à  T^fiargne  et  étaient  en  .voie 
de  s'élever  à  une  mçilleive  situation.  Pour  représenter,'  dans  la 


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163  CB.  VI.    —  lllNOKirrBB-AGBICin.TBIIR    DU   HOIVIK  (HIVElIfAIS). 

présente  monographie,  les  mœurs  dominaDtes  du  pays,  on  a  dû 
décrire  une  famille  qui  est  dénuée  de  tout  senliment  de  pré- 
vopoce,  et  qui  consomme  tout  ce  qu'elle  gagne.  Les  délite  les 
plus  habituels  qui  se  commettent  daDS  la  commune  sont  1^ 
soustractioDs  de  bois  dans  les  forêts;  et  l'on  remarque  que 
l'importance  de  ces  délits  varie  beaucoup  avec  la  direction 
imprimée  aux  sentiments  religieux.  Ud  ancien  serviteur,  chaîné 
depuis  longtemps  de  la  conservation  de  ces  forêts,  ayant  sponta- 
nément remarqué  t'influence  exercée,  touchant  ces  délits,  par 
tes  divei%  ministres  du  culte  qui  s'étaient  succédé  depuis  kO  ans 
dans  la  commune,  résumait  son  o^nnion  sur  ce  point  en  disant  : 
H  un  bon  curé  vaut  mieux  que  quatre  gardes  forestiers  ». 


s». 

HTGIÈNB  BT  SEEVICB   DB  BimÛ. 

La  localité,  située  à  un  niveau  assez  élevé  sur  les  montagnes 
granitiques,  est  très-salubre  et  exempte  de  la  plupart  des  épi- 
démies qui  sévissent  dans  tes  plaines  calcaires  du  Nivernais  et  de 
la  Bourgogne.  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'elle  n'a  point  été 
atteinte  par  les  deux  invasions  du  choléra  qui  ont  eu  lieu,  dans 
les  résous  environnantes,  en  1833  et  en  i8&9.  I^  population, 
soumise  à  un  régime  alimentaire  peu  substantiel,  où  la  viande 
et  les  spiritueux  manquent  presque  entièrement,  n'a  qu'une 
constitution  faible;  les  maladies  sont  néanmoins  assez  rares. 
Pendant  longtemps  le  service  médical  a  fait  défaut;  aujourd'hui 
les  secours  sont  fournis,  dans  tes  cas  ordinaires  de  maladie,  avec 
autant  de  dévouement  que  d'intelligence,  par  les  sœurs  de  Saint- 
Joseph,  qui  tiennent  t'écote  des  filles  et  qui  disposent  d'une  petite 
pharmacie.  Le  principal  propriétaire  de  la  commune  supporte 
tes  frais  de  ce  petit  établissement.  Les  dames  de  sa  maison  con- 
tribuent par  la  visite  des  chaumières  à  diminuer  la  souffrance 
des  malades.  Elles  se  préoccupent  surtout  de  conjurer  les  priva- 
dons  qu'entraînerait  la  maladie  des  ckefs  de  famille. 


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s»- 

BANQ    DE   LA    FAMILLE. 

N'ayant  fait  l'apprentissage  d'aucune  profession,  exerçant 
seulement  les  travaux  qui  n'exigent  qu'un  simple  déploiement  de 
force  brute,  dépourvu  d'ailleurs  d'énergie  et  d'esprit  d'iaitiatiTv', 
le  manœuvre  décrit  dans  la  présente  monographie  appartient  à 
l'une  des  catégories  inférieures  d'ouvriers  français.  En  sa  qualité 
de  chef  de  ménage,  il  s'élève,  à  quelques  égards,  au-dessus  des 
ouvriers-domestiques  attadiés  par  engagement  annuel  aux 
métairies  et  aux  fermes  du  voisinage;  mais,  étranger  à  tout 
esprit  de  prévoyance,  il  est  rarement  en  état  de  remplir  toutes 
lœ  obligations  imposées  à  un  père  de  famille.  Les  maladies,  le 
renchérissement  des  denrées  et  les  contre-coups  des  crises  poli- 
tiques le  plongent  de  temps  en  temps  dans  un  dénûment  dont 
il  ne  peut  sortir  qu'avec  l'assistance  du  principal  propriétaire.  A 
cet  égard,  celui-ci,  Bdèle  à  la  tradition  de  sa  famille,  est  resté 
a  le  patron  de  la  commune  ». 


§6. 

PfiOPBléTéS. 
'  (Hobllier  et  vetemeots  non  comprii.) 

IhMBDBLBS   et    AftG»iT 0'  00 

Entièrement  dépourvu  de  sentiments  de  prévoyance,  l'ouvrier 
n'a,  ni  immeubles,  ni  captaux. 

Ahiuaux  dohbstîqobs  entretenus  toute  l'année. . .     15'  00 

1  chèTO  UltiiTB,  IV  00  ;  —  S  poules  et  3  ponlets,  Sf  00. 

AniHAnx  DOHESTiQUBs  entretenus  seulement  une  partie  de 
l'année 24'  00 

1  porc  d'an«  nlenr  moyeaue  de  36' OO,  «atratenn  pendant  8  nids  i  la  Talenr 
nojenop,  oalcnlée  ponr  l'année  ntiire,  éqnlnat  kWW. 


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164  CB.  VI.  —   IIAN(mVBB-AGBICU[.TBUB   DV    HORVAN  (kITBXMAIS). 

îdixiaisi  SPÉCIAL  des  travaux  et  industries 22'  60 

1'  Pow  ttt  trtuMuc  avieiAet  txéMé*  «i  oMt]>(«  do  mJtatm'.  —  1  (ux,  {'00| 
—  SfMKUlw.i'OO.  — Total,  8' 00. 

1°  Pour  Ut  travaux  forntûrt  txtcutit  oti  compta  du  métaj/er  ou  duprcfriitttir* 
iê  la  sn^irit.  —  l  cspiée,  3' 00;  —  2  terpet,  3'00.  -  ToUl,  0^00. 

3*  Pour  Ut  travaux  dit  lêrratitratrit  «axfcut^  ou  compta  da  dlvtri  propriét(ûra 
rt  métaswt.  —.1  p«lle  en  fer,  t'SOi  —  1  pic,  4'OOi  — 3  pioches,  31 00.  —  To- 

W.,8'5P.  ;     . 

Talbcr  totale  des  propriétés 61  '  50 


S'. 

8DBVBHT10HS. 

Le  principal  proprii^ire  de  la  commune*  qui  possède  spécia- 
Jenjent  la  métairie  à  laquelle  le  manœuvre  est  attaché,  accorde, 
fer  une  tolérance  fondée  sur  d'anciennes  traditions,  diverses 
subventions  il.  défaut  desqu^es  la.  famille  ne  pourrait  subsister. 
Il  autorise,  à  titre  gratuit,  le  pâturage  de  la  chèvre  laitière  (e) 
sur  sa  propriété.  Il  donne  le  bois  mort  et  les  débris  d'exploita- 
tion gisant  dans  les  forêts;  il  autorise  le  glanage  sur  ses  métairies 
et  surlespropriétésqu'il  cultive  en  régie;  il  subventionnes  sœurs 
de  Saint-Joseph,  qui  donnent  gratuitement  aux  ûlles  l'enseigne- 
ment scolaire  et  l'éducation  religieuse.  Il  vient  au  secours  de  la 
population  locale,  quand  surviennent  les  maladies,  les  chômages 
et  le  renchérissement  des  denrées.  Il  intervient  alors  de  deux 
manières  :  tantôt  il  alloue  directement  des  secours,  tantôt  il  fait 
exécater  des  travaux  de  terrassement  dont  la  valeur  réelle  atteint 
rarement  Jes  deux  tiers  de  la  dépense  qu'ils  entraînent.  D'un 
autre  côté,  la  commune,  avec  ime  subvention  du  département 
et  de  l'État,  donne,  à  titre  gratuit,  l'enseignement  scolaire  aux 
ga'rçoii's  dans  fécole  dirigée  par  Finstitutear  communal. 

.  L'auteur  de  ces  subventions  conserve  donc  à  cette  localité  le 
bienfait  des  anciennes  babitudes  de  protection  et  d'assistance.  Ce 
régime,  entretenu  jusqu'à  ce  jour  par  la  tradition,  impose  au 
patron  des  charges  qui,  dans  notre  organisation  sociale,  restent 


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OUBtTATIONS   PK^LlHlNAïai».  265 

saos  compensation  positive.  Il  assure,  il  est  vrai,  h  ce  dernier 
des  jouissances  morales  qui  sont  d'un  grand  prix  pour  les 
natures  d'élite;  mais  cette  satisfaction  est  chaque  jour  moins 
appréciée  en  France.  Elle  y  devient,  du  moins,  plus  difficile  à 
obtenir,  au  milieu  des  sentiments  d'antagonisme  que  développe 
incessamment  l'opposition  des  intérêts.  Au  point  de  vue  matériel, 
l'organisaliOD  décrite  dans  la  présente  monographie  se  résume 
en  une  diminution  considérable  du  produit  net  qu'obtiendrait  un 
propriétaire  qui  administrerait  en  réclamant  tous  les  avantages 
que  lui  assure  le  droit  commun.  11  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'éton- 
ner que  ces  derniers  vestiges  de  t'esprit  d'un  autre  âge  deviennent 
chaque  jour  plus  rares  dans  notre  société. 


88. 

TRkMJiX  ET  INDUSTRIES. 

TAAVA.DX  DE  l'ouvrier.  —  Lc  travail  principal  du  manœuvre 
a  pour  objet  les  opérations  d'une  métairie  de  50  hectares  environ, 
qui,  pendant  toute  l'année,  est  exploitée  par  un  métayer  assisté 
de  trois  domestiques  à  engagement  annuel.  Il  exécute,  en  outre, 
divers  travaux  pour  le  compte  des  propriétaires,  des  fermiers  et 
des  métayers  du  voisinage.  L'ouvrier  vient  régulièrement,  à 
certaines  époques,  accomplir,  dans  la  métairie  à  laquelle  il  est 
attaché,  les  travaux  auxquels  le  métayer  et  les  domestiques  ne 
peuvent  suffire;  tels  sont  surtout  les  récoltes  de  foin  et  de 
céréales,  le  battage  du  blé,  certains  sarclages,  l'émondage  des 
haies  formant  les  enclos  où  se  tient  le  bétail,  l'abatage  et  la 
façon  du  bois  de  cbaufTage.  Dans  la  saison  où  les  travaux 
agricoles  et"  forestiers  ne  réclament  point  un  supplément  de 
main-d'CBuvre,  il  s'emploie  à  divers  travaux  (terrassement  et 
~  plantations)  chez  les  propriétaires  voisins  et  surtout  chez  le  pro^ 
priétaire  de  la  métairie  à  laquelle  il  est  attaché.  Les  travaux 
secondaires  de  l'ouvrier  sont  :  la  culture  du  jardin-verger  loué 
avec  ta  maison;  la  culture  d'un  champ  à  pommes  de  terre  livré 
par  le  métayer  à  l'ouvrier  après  un  labour  ;  la  récolte  et  te  trans^ 


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AQaiCDLTBDB   DV  HORTAN   (MVBRZfAIs}. 

pOTt  du  combustible  nécessaire  &  la  famille.  L'ouTrier  fournit 
en  outre,  comme  impât  communal,  3  journées  pour  l'entretien 
des  chemins  vicinaux.  Faute  de  traTail,  une  partie  du  temps  de 
l'ouvrier  est  inoccupée. 

Travaux  de  la  fehhb.  —  Le  travail  principal  a  pour  objet 
les  travaux  de  ménage,  y  compris  les  soins  donnés  à  un  nourris- 
son confié  à  prix  d'argent  par  l'hcaptce  des  enfants  trouvés.  Les 
travaux  secondaires  sont  très-vari^  :  en  effet,  la  femme  cultive 
le  jardin  et  le  champ  à  pommes  de  t^re  qu'exploite  la  famille; 
elle  soigne  les  animaux  domestiques;  elle  prépare  (teille)  le 
chanvre;  elle  &le  te  chanvre  peigné  ;  elle  tricote  des  bas  de  laine; 
elle  confectionne  pour  la  famille  des  vêtements  de  toile  et  de 
coton;  enfin  elle  glane  du  blé  et  récolte  du  bois  de  chauffage. 
Les  femmes  du  pays  travaillent  peu  en  dehors  du  cercle  des 
occupations  domestiques  et  des  entreprises  agricoles  ou  manu- 
facturières de  la  famille  :  dans  le  ménage  pris  pour  exemple,  la 
femme  consacre  plusieurs  journées  de  travail  à  la  fenaison,  sur 
la  métairie  à  laquelle  son  mari  est  attaché.  Ces  nombreux  tra- 
vaux témoignent  d'une  activité  et  d'une  énergie  supérieures  k 
celles  du  mari;  ils  exercent  sur  le  bien-être  de  la  famille  une 
heureuse  influence. 

Tbavaux  dd  fils  AinÉ  XGÉ  DE  12  ANS.  —  Le  fils  atné  est 
déjà  placé  comme  domestique  chez  un  métayer,  et  s'initie  peu  à 
peu,  dans  cette  situation,  à  4'exercice  des  travaux  très-simples 
confiés  dans  ce  district  au  manœuvre-agriculteur. 

Travaux  de  dedx  filles  âgées  de  10  bt  8  ans.  —  Ces 
deux  enfants  fréquentent  régulièrement  l'école  dirigée  par  les 
soeurs  religieuses  attachées  à  la  commune  ;  elles  donnent  quelque 
assistance  à  la  mère  dans  les  travaux  que  comporte  leur  Age. 
'  Ihddstbies  entreprises  far  la  fahillb.  —  La  famille 
trouve  une  source  de  recettes  dans  trots  industries  :  la  culture 
du  jardin  et  du  champ  h  pommes  de  terre;  l'exploitation  des 
animaux  domestiques  et  l'entretien  d'un  enfant  confié  au  ménage 
par  l'hospice  des  enfants  trouvés  recueillis  dans  une  ville  voi- 
sine. Ce  nourrisson  avait  été  remis  au  ménage  vers  le  milieu  de 
Tannée  pour  laquelle  le  présent  budget  a  été  établi. 


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OBSElVATIOItS  PKltLtHIKAIRSS. 


II«4«  4'eslBtcBee  d«  I 


ALIMENTS  ET   BEPAS. 


La  Doumlure  de  ta  famille  est  peu  substantielle  :  elle  se 
compose  priDcipalement  de  pain  et  de  pommes  de  terre  assai- 
sonnées de  tait,  de  sel  et  d'une  petite  quantité  de  corps  gras 
(tard  el  huile  de  navette  ou  de  chènevis).  La  famille  fait  ordi- 
nairement S  repas,  savoir  : 

DéjeaDer  (7  h.)  :  soupe  composée  de  pain,  de  légumes,  de 
sel  avec  un  peu  de  lard,  d'huile  ou  de  lait;  puis  un  morceau  de 
pain  sans  aucun  assaisonnement. 

Dîner  (midi)  :  pommes  de  terre  cuites  à  l'eau  et  au  sel,  ou 
assaisonnées  avec  un  peu  de  lard,  et  mangées  avec  du  pain.  Les 
pommes  de  terre  sont  quelquefois  remplacées  par  de  la  salade. 
Quelquefois  le  repas  se  compose  exclusivement  de  crêpes  prépa- 
rées avec  la  farine  de  sarrasin  {Polyg^onum  sagopyrum,  L.)  et 
cuites  sur  une  poêle  enduite  de  lard  ou  d'huile. 

Souper  (7  h.)  :  composé  comme  le  déjeuner. 

Pendant  l'époque  des  grands  b-avaiix,  les  ouTriers  font 
&  repas:  à  6  h.,  11  h.,  &  h.  et  9  h.  En  hiver,  la  soupe  est  quel- 
quefois remplacée  par  une  bouillie  d'avoine  ou  de  farine  de 
sarrasin  assaisonnée  avec  du  lait.  On  ne  mange  de  la  viande  que 
le  jour  de  la  fête  patronale  de  la  commune. 


S  40. 

BABlfàTlON,    HOniUBB    ET    VÊTEMENTS. 

La  chaumière  qu'habite  la  famille  est  très-exigug.  Elle  nt 
-comprend  qu'un  re^e-chaussée  avec  deux  pièces  :  l'une  pour  li 
cuisiae  et  les  repas;  l'autre  pour  le  coucher,  et  dans  laquelle  le; 


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168  CB.  TI.    —   UANCSVTBB-ACKICOLTBim    DD  HORVAN   (HtVIKttilS). 

trois  lits  des  parents,  du  garçon  et  des  filles,  sont  presque  cod- 
tigus.  Un  petit  appentis  reçoit  la  chèvre,  le  porc  et  la  provision 
de  bois.  Le  jardin-Terger  est  attenant  à  la  maison. 

Le  mobilier  et  les  vêtements,  mal  tenus,  indiquent  une 
situation  voisine  de  l'indigence;  ils  comprennent: 

Mbdbles  :  mal  entretenus 13&'  00 

1°  Litt.  —  1  lit  en  bois  pcar  les  deai  jponi,  H'OO;  —  1  matalu  en  plome, 
MfOO;  —  t  travenio,  3' 00;  —  1  coaTertare  de  ttlne,  IS'OO;  —  S  IIU  dea  enfUita, 
38'00.  — Total,  Stf  00. 

%<•  JfoMliw.  — 1  Uble,«'0O;  — 4eIuiHi,  3'00;  — 1  umûre,  SCOO;  — leoffra, 
Si  00;  —  1  corbeille  pour  le  pua,  l'OO.  —  Total,  WOO. 

Ustensiles  :  strictement  appropriés  bok  besoins.      38'  00 

Ichtadière,  sroOt—  S  marmites,  iCN);  — 1  toorUbre,  SfOOt  —  IpoUe,  1*00; 

—  écaellea,  fonrcheites  et  culUen  enfer,  yoO;  — 1  pétrin  poor  faire  le  pain,  lO'OOi 

—  a  MU  engroue  tolle.i'OO;  — 1  crémaillère,  l'50;  —  1  pelle,  l'00;  —  l  rouet  i 
Bler  le  cbanTre,  3'  00.     . 

Linge  de  uénagb  :  insuffisant  et  en  mauvais  état.       36'  00 

3  paires  de  dn^s  en  toile  de  chanvre,  36'  00. 

Vêtuhents  :  inférieurs  par  la  qualité  et  la  forme.     153'  00 

.'oDvenn  (76^  77). 


1°  Vét«rMi\ti  du  dimanche,  -r-  Veste,  gilet  et  pantalon  en  laine  ponr  l'hirer, 
iO'  73;  —  veste,  gilet  et  pantalon  en  coton  pour  l'étd,  iV  00;  —  3  moucboira,  ï  cra- 
vates, 3'  67  ;  —  I  paire  do  souliers,  4'  67 1  —  3  paires  de  bas  de  laine,  3  paires  de  bu 
de  coton,  5'  07  ;  —  chapeau  de  feutre,  3^  00.  —  Total,  47'  14. 

3°  VéUmenU  de  travail.  —  Vestes,  ^lets  et  pantalons  vieux,  15'  86;  —  3  psircs 
de  sabote,  l'OO;  —  3  chemises  neuves,  10' 33;  —  3  cbemiaes  vieille«,S'5S.  —To- 
tal, »'  63. 

VfrTENINTS  Dl  U  FEVVB  (47'  3S). 

i"  V^tmenti  du  dimaaclu.  —  Vêtements  en  l^ae,  WOO;  —  vitemcnti  en  coton, 
COTi  —  l  Jopon,  l'OO;  —1  tablier,  l'IS;  — 1  fichu,  VIO;  —  1  mouchoir, Of  75; 

—  S  p^rssdebaa  en  laiueet3  paires  en  coton,  4'7fi  —  1  paire  de  lonliere,  D'Est  — 
1  coiffe,  l'16.  —  Total,  38' 47. 

3"  VtUmenU  ia  Irawiil.  —  Robes,  Jupons,  tabliers,  fichus,  coiffes,  provenant <f an- 
ciens vêtements  du  dimanche,  0' 15;— 1  moDChoir,  0'35;  —  3  pairei  de  sabota,  l'OO; 

—  3  chemlMs  neuves,  tf%\i  —3  chemises  vieilles,  l'70.  —  Totd,  18' SI. 

VtTBMBim  nu  rarann  (38'  85). 

Objets  divers  en  toile  déménage,  8' 91;  —  vieux  vêtementa  des  parents,  8*31;  — 
autres  objets  acbetég,  13'00. 


Valbub  totale  du  mobilier  et  des  vêlements..     361'  00 


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OMBBVATIONS  FBriLIMIHilBBS.  209 

S  11. 

HÉCH^TIONS. 

La  [»iDcipale  récréation  de  la  famille  est  le  repas  fait  le  jour 
de  la  réte  patronale  de  la  coniiDUDe,  et  dans  lequel,  une  seule 
fois  par  an,  entre  une  certaine  quantité  de  viande  et  de  vin. 
L'ouvrier,  à  la  fin  de  la  moisson,  prend  sa  part  d'une  autre  fête, 
nommée  poêlée  dans  le  pays,  et  ,à  laquelle  le  métayer  convie  tous 
les  ouvriers  qui  l'ont  assisté.  Ou  y  mange  des  crêpes  préparées 
avec  une  bouillie  de  sarrasin,  cuite  sur  une  poêle  enduite  de 
lard  ou  d'huile;  ou  y  boit,  en  outre,  du  vin,  quand  le  métayer 
n'est  pas  dans  la  géoe.  Dans  le  courant  de  l'année,  la  récréation 
favonte  de  l'ouvrier  consiste  à  se  rendre  dans  les  foires  et  dans 
les  marchés  qui  se  tiennent  dans  les  petites  villes  de  Ch^au- 
Chinoa  et  de  MouUns-Engilbert.  Là,  en  compagnie  de  quelques 
amis,  it  s'informe  des  nouvelles  du  pays  et  prend  au  cabaret  un 
repas  modeste,  composé  de  viande,  de  vin  et  de  pain  de  froment. 
1!  n'est  pas  sans  intérêt  de  constater  que  celte  fréquentation  des 
foires  et  des  marchés  est  la  récréation  la  plus  généralement 
adoptée  par  les  populations  ouvrières  de  cette  partie  de  la  France. 
Inspirée  par  un  seotiment  égoïste,  elle  est  presque  toujours  nui- 
sible à  la  moralité  et  au  bien-être  de  la  famille. 


S  «2. 

PHASES  PRINCIPALES  DE   l'eXISTBNCB. 

La  classe  des  manœuvres-agriculteurs,  à  laquelle  appartient 
l'ouTrier  pris  pour  exemple,  ne  s'est  formée,  ou  du  moins  m' 
s'est  développée,  que  depuis  le  commencement  de  ce  siècle  (i  o)  •  ' 
Les  anciens  de  la  commune  cooSlatent  que,  de  leur  vivant,  le 
nombre  des  ouvriers  de  cette  classe  a  quintuplé.  Il  est  donc 


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no  CH.  VI.  —  HÂNOBUVSE-ÀCBICnLTBDS   UV   IfOKVlN   (MVBRNAIB]. 

certain  que,  dans  le  siècle  dernier,  les  manœuvree-agriculteura 
de  la  commane  ne  se  composaient  essentiellement  que  des  mé- 
tayers et  de  leurs  ouTriers-domestiques,  c'est-à-dire  de  familles 
assurées  de  tirer  en  toute  éventualité  leur  subsistance  des  produits 
de  la  terre.  Le  développement  de  la  population,  dépassant  les 
besoins  de  l'industrie  locale,  a  fait  naître  cette  classe  nombreuse 
d'ouvriers-joumaliers  dont  le  type  est  décrit  dans  ta  présente 
monographie.  Ceux-ci,  dépourvus  des  qualités  morales  qui 
pourraient  assurer  leur  indépendance,  et  restant  inoccupés  une 
partie  de  l'année,  ne  trouvent  un  emploi  lucratif  qu'au  moment 
des  récoltes,  et  ne  vivent  guère,  le  reste  du  temps,  que  de  tra- 
vaux et  de  subventions  accordés  par  la  bienfaisance  des  proprié- 
taires voisins.  Celte  existence,  déjà  difficile  et  précaire,  deviendra 
inévitablement  plus  pénible  encore  par  l'accroissement  inces- 
sant de  la  population,  h  mesure  surtout  que  la  division  des  grandes 
propriétés  et  l'abrogation  des  anciennes  habitudes  de  patronage 
qui  subsistent  encore  priveront  les  manœuvres  des  subveôtions 
qui  ne  reposent  aujourd'hui  que  sur  les  traditions  de  famille  et 
sur  la  bienveillance  des  grands  propriétaires  de  la  contrée. 
L'ancienne  économie  européenne,  ou  du  moins  la  solidarité  du 
propriétaire  et  de  l'ouTrier  qui  eo  est  le  trait  fondamental,  sub- 
siste encore,  en  effet,  dans  cette  localité,  comme  dans  plusieurs 
autres  communes  du  Morvan.  On  y  a  conservé  les  avantages  qui 
restent  acquis  jusqu'à  ce  jour  aux  quatre  cinquièmes  (au  moins] 
des  ouvriers  de  l'Europe  continentale.  II  existe  encore  dans  te 
Morvan  des  propriétaires  qui  pensent  avoir  mission  de  pourvoir 
à  ce  que  tout  ouvrier,  placé  dans  te  cercle  de  leur  influence,  soit 
assuré  d'obtenir,  en  tout  temps,  le  pain  quotidien. 

Les  enEants  des  manœuvres-agriculteurs,  après  avoir  reçu 
une  instruction  peu  complète  dans  les  deux  écoles  de  la  commune, 
restent  privés  de  tout  apprentissage  de  métier.  Les  garçons  s'em- 
ploient, comme  leurs  pères,  dans  tous  les  travaux  qui  n'exigent 
que  de  la  force  brûle.  Quelques-uns  eatrent  comme  ouvriers- 
domestiques  dans  une  métairie  voisine;  et,  dans  cette  situation, 
en  se  résignant  au  célibat,  ils  peuvent  sortir  de  la  position  pré- 
caire dans  laquelle  ils  sont  nés.  Ceux  d'entre  eux  qui,  par  excep- 


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OBSIBVATIONB  fBdLUIlttlIRES.  171 

tiOQ,  se  montrent  animés  de  l'esprit  de  prévoyance  s'éJèvent 
toos  bellement  au-dessus  de  la  coodition  paternelle.  Ils  sont 
très-recbercbés  comme  ouvriers-domestiques  j  et  ils  sont  ordi- 
nairement admis,  par  un  mariage,  dans  la  famille  d'un  métayer 
dont  ils  prennent  plus  tard  la  succession.  Très-souvent  ils  sont 
directement  placés  par  un  propriétaire  à  ia  tête  d'une  métairie  ; 
dans  tous  les  cas,  ils  accumulent  chaque  année  un  petit  capital  et 
se  mettent  bientôt  eu  mesure  d'acquérir  une  propriété,  avec  la- 
quelle ils  parviennent  immanquablement  à  l'aisance.  En  revanche, 
des  enfants  de  métayers  et  d'ouvriers-domestiques,  en  nombre 
plus  considérable,  ne  pouvant  rester,  faute  d'emploi  ou  d'apli- 
tude,  dans  la  condition  de  leurs  pères,  sont  incessamment  rejetés 
dans  la  classe  des  journaliers.  C'est  ainsi  que  cette  classe  se 
recrute  sans  cesse  dans  la  partie  la  moins  intelligente  et  la  moins 
prévoyante  de  la  population.  La  classe  des  manœuvres-agricul- 
teurs se  recrute  encore  parmi  les  enfants  de  propriétaires-culti- 
vateurs qui,  après  avoir  divisé  l'héritage  paternel,  n'y  peuvent 
plus  trouver  chacun  pour  leur  activité  un  emploi  sufTîsant.  Sou- 
vent on  voit  les  propriétaires-cultivateurs  eux-mêmes  se  ruiner, 
pour  servir  les  intérêts  do  sommes  empruntées  dans  l'intention 
d'acquérir,  à  un  taux  excessif,  des  terres  situéf^  h  proximité  de 
leur  domaine,  et  être  ainsi  réduits  à  cultiver  comme  journaliers 
des  terres  qu'ils  ont  antérieurement  possédées  (is). 

L'accroissement  du  nombre  des  journaliers  se  lie  également, 
dans  cette  localité,  à  l'amoindrissement  de  l'autorité  paternelle  et 
à  la  désorganisation  des  familles.  Les  métayers  et  les  Termiers 
ayant  l'emploi  d'un  grand  nombre  de  bras  retenaient  autrefois 
près  d'eux  tous  leurs  enfants  mariés  et  conduisaient  leur  exploi- 
tation sans  le  concours  de  gens  étrangers  à  la  famille.  II  en  est 
autrement  aujourd'hui  :  dès  qu'ils  sont  en  âge  de  se  marier,  les 
enfants,  cédant  à  un  aveugle  besoin  d'indépendance,  s'établissent 
comme  chefs  de  ménage  dans  la  situation  la  plus  précaire,  au 
lieu  de  con.serv6r  ta  sécurité  et  le  bien-être  qui  leur  étaient  acquis 
dans  la  maison  paternelle.  Ici,  comme  en  Russie  (II,  ii,  i  s) ,  ce 
sont  surtout  les  jeunes  femmes  qui  provoquent,  par  leurs  dissen- 
sions, cetle  désorganisation,  à  laquelle  nos  institutions  n'olTrent 


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S7S  CB.    n.  —   HAKCKUTIB-AOMGDLTIIUB   DO  VOHVàN  (NITBBKAIS). 

désormais  aucuo  contre-poids.  Cest  par  ce  motif  surtout  que  les 
chefs  d'exploitation  agricoles,  privés  du  concours  de  leurs  enfants, 
sont  obligés  de  recourir  à  l'inferrention  des  journaliers  (i). 

Les  diverses  causes  qui  ébranlent,  depuis  le  commencement 
du  siècle,  la  constitution  sociale  du  Morvau  ont  été  sinsuUère- 
meut  Tonifiées  par  l'esprit  de  nouveauté  que  la  presse  périodique 
a  inoculé  aux  populations  des  petites  villes  et  des  campagnes. 
La  presse  locale  a  exercé  noe  fâcheuse  influence  en  se  faisant 
l'écho  des  erreurs  propagées  par  les  journaux  parisiens.  Après 
1830,  on  vit,  en  effet,  se  produire  sous  cette  influence,  dans  les 
petites  villes  du  Nivernais,  une  impulsion  comparable  à  celle  que 
les  encyclopédistes  créèrent  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV  et  qui 
devint  irrésistible,  vers  177fi,  dans  les  salons  parisiens,  à  l'avé- 
nement  d'un  jeune  roi  réformateur.  A  un  siècle  de  distance,  sur 
un  théâtre  trèsHlifliérent,  la  situation  était  la  même.  Les  popu- 
lations rurales  sentaient  le  poids  de  la  soufirance  propagée  par  la 
corruption  de  l'ancien  régime,  et  développée  par  les  erreurs  de  la 
révolution.  Gomme  leurs  ancêtres  du  xviii*  siècle  et  leurs  maîtres 
parisiens,  les  journalistes  provinciaux  croyaient  que  le  peuple, 
porté  par  une  tendance  innée  vers  le  bonheur,  était  condamné  à 
son  malheureux  sort  par  l'action-  persistante  des  institutions  tra- 
ditionnelles. Avec  des  nuances  infinies  de  langage,  ils  commen- 
cèrent l'enseignement  qui  prend  chaque  jour  plus  d'ascendant  sur 
des  esprits  ignorants  et  crédules.  En  beaucoup  de  localités,  cet 
enseignement  fut  corroboré  par  ceux  mêmes  dont  il  sapait  l'in- 
fluence légitime  :  par  les  derca  non  préparés  à  réfuter  les  erreurs 
contemporaines,  et  par  lés  propriétaires  infidèles  aux  devoirs  du 
patronage.  Et  c'est  ainsi  que  l'ouvrier  des  campagnes,  abusé  par 
celte  propagande  comme  celui  des  villes,  commence  à  croire  que 
le  mal  causé  par  la  religion  et  la  hiérarchie  sera  guéri  par  la 
science  moderne  et  la  communauté  des  biens.  L'ébranlement 
imprimé  aux  esprito  par  ces  erreurs  s'est  manifesté  par  des  agi- 
tations populaires  en  18â8  :  elles  ont  été  peu  sensibles,  dans  la 
localité  décrite,  oîi  la  permanence  des  travaux  for^tiers  est  assu- 
rée par  la  r^ularité  de  la  consommation  parisienne  fin.  3)  ;  elles. 
QDt  été  plus  marquées  dans  la  région  des  usines  à  fer  f  isj 


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«BRlVATlOin   rtiUlINlIRItS.  213 

s  13. 

HOBUBS  ET  INSTITUTIONS   ASSUBANT  LB  BIBN-ËTBB    PDTSIQUB 
ET  HOBAL  DB  LA    FAHILLB. 

La  famille  décrite  dans  la  présente  moDographie  appanienl  à 
la  classe  nombreuse  des  journaliers,  non-propriëtaires.  Cette  classe 
est  multipliée  de  DOS  jours,  audétrimcDtdes  paysans,  propriétaires 
ou  tenanciers,  après  la  destructioa  des  ancienaes  communautés 
du  Nivernais,  qui  réunissaieat,  daas  une  paix  proronde,  des 
ménages  de  propriétaires  (so)  et  de  fermiers  (sa). 

La  sécurité  dont  jouit  cette  famille  repose  en  partie  sur  la 
régularité  des  travaux  agricoles  qu'exécute  l'ouvrier,  lesquels  se 
ressenteut  moins  que  les  travaux  manufacturiers  des  vicissitudes 
politiques  et  commerciales.  Elle  doit  être  attribuée  surtout  aux 
subventions  (t)  émanant  du  principal  propriétaire  de  la  commune, 
et  en  général  au  patronage  bienveillant  qu'il  exerce  sur  toute  la 
population.  Dans  cette  localité,  comme  dans  beaucoup  d'autres 
contrées  de  la  France,  le  bien-être  de  la  population  dépend  donc 
d'une  cause  individuelle.  A  certains  égards,  il  se  malutient  mal- 
gré les  mœurs  c[ui  tendent  à  prévaloir  sous  l'influence  des  nou- 
velles institulioDS  civiles  (i7).  D'une  part,  en  eSet,  la  mobilité 
de  la  propriété  territoriale,  dans  un  grand  nombre  de  districts 
agricoles,  teud  incessamment  è  détruire  le  patronage  et  l'esprit 
de  tradition.  De  l'autre,  il  n'e$t  guère  à  espérer  que  des  popula- 
tions, dépourvues  jusqu'à  ce  jour  de  l'esprit  de  prévoyance, 
puissent  de  longtemps  suffire  eltœ- mêmes  à  toutes  les  néces- 
sités de  leur  existence.  Les  difficultés  que  fait  naître  aujourd'hui 
la  constitution  sociale  de  la  France  sont  parfaitement  caracté- 
risées par  cet  exemple.  Elles  dérivent  surtout  de  ce  que  les 
institutioDS  actuelles  qui,  favorisent  l'essor  des  ouvriers  pré- 
voyants, ne  permettent  guère  aux  ouvriers  dépourvus  de  cette 
qualité  de  conserver  la  protection  que  leur  assuraient  les  anciennes 
mœurs  nationales  (i).  Depuis  18118,  les  populations  comprennent 
de  plus  en  plus  que  cette  protection,  déjà  amoindrie,  ne  tardera  pas 
à  leur  manquer  tout  à  fait. 


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VI.     —    MAXCBlIVIlB-iGMCOLTBOIl  KO  KOnVAN  (NIVKRNAIS). 

S  44.  -  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SOORCBS  DES  RECETTES. 


SECTIOK  i«. 
PtoprUtéi  fvmiMf  par  l«  fantOU. 

An.  !•'.  '-  PKcmirta  uiiioBiukua. 
(U  fiuiiUl»  B«  powtdB  mcnne  propriiM  da  es  gsnra) 

A»T.  B.    —  VAUnEB  KOBILlkRia. 

luui  DouitTt^B  Bslretcsut  tODt*  l'umAa  : 

1  china,  I  poiilM  donnint  morenuineiit  1  éUr**. 

ikvx  Domngun  •MnKDui  hdKdubI  uns  putis  d«  l'umia  : 


UiiiilU.  trtaii.  if  trlYani  st  Indiutrlea  : 

Pour  lo  Innai  aericolai  cl  foK>ti«n  ei«ciilé*  an  compU  dn  mél*rei  uqiiol  l'< 

vrl0t  eit  ipâciftlemanl  ittacfaé - .,..,............'.■.'■ 

Poar  In  tiiTiai  de  LctrutemeDl  ai^uUt  au  compta  da  pilron  da  la  commuua  (1), 
de  divan  proptitulrat  M  mélajan 


AIT.  S.  —  DaaiT  lui  àUocjiTions  di  boci 

(La  tunlllafie  tût  partie  d'aïuuDa  KiciUA  da  ca  gaan).... 

yit.nn  TO»Li  d«i  pcoptilUc  (untdédactiaa  dat  dattsa  d 


SBCTIOH  II. 
SobvenUoni  («gact  pat  la  famiUa 

Abt.  1".  —  PBoPBiirfs  nfSB  ix  utnnini 

[La  ramilla  Mtatolt  aucD»  proprltté  «a  unlhijtj 

Akt.  I.  —  Daona  ti'ti»«>  ma  uca  nomtrit  va 

DaDiT.rar  le*  cdréxle*  i  glinar  car  lai  chaicpi  da  la  métaitia 

lot  1«  pAluragM  apparteuiil  id  pilron  da  la  comoiunc. 

■ui  la  bail  mail  dei  faitu  apputeDaDl  au  pilioD  ds  li  commun 

.   Akt.  s.  —  ALLOciTiaM  D'ouan  >t  m  mbvm 


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IB-AGBICtTLTBUR  »f  MOnVAH  [NIVEtt:fAIS1, 

S  14.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


RECETTES. 

dl."!!!^!. 

..«r,. 

ntu> 

ar(U«. 

SKCTION  1". 

* 

• 

Ait,  a.  —  lUmtHoa  du  valtom  Monuku*. 

lolicM  (6  p.  IW)  de  la  Tilau  da  m  uilm»! 

..  |I«,C) 

tfOD 

OtM 

-            d»  C9tw  .âlonr. 

..ue.C) 

IM 

-  08,  J) 

0« 

(l.ibn>iUeiHiTOtoiliiaciuie>]locMl<>od>cagea».) 

Totaux  de*  nTsaw  du  proprlilte. 

)  sa 

IIS 

SECTION  IL 

A«T.  ».  —  Paoninn  on  moim  s'duob. 

.     (lfl,Fl 

.  (18,  Cl 

1  48 
W  DO 

: 

Abt.  a,  —  Oum  rr  bihvicu  iLLOofe. 

Déficit  qoa  pc^hbIsiiI  an  pulnu  d«  U  commaDa  Ç7)  I«  m»ni  de  Ur 

roBurea 

soo 

300 

aso 

.00 

(«mille  d'ogirieti.. 

Fraia  d«  l'icols  du  fiUei,  pa; ii  pu  le  pairon  de  la  commuDe  ;  par  {amilLe  d'on- 

Sacoun  mddicaui  donni)  ani  rVal*  du  patron  de  U  coanuana  :  par  Huaflle  d' 

«Triar... 

dlD8 

soo 

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CR.    VI.    —    HAK<EIIVRB-A6RICVLTESR    DO     MORVAN    (NIVERNAIS]. 

S  U.  —  BUDGET  DBS  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


SOURCES  DES   RECETTES  (SUITE). 


6BCTI0N  III. 
TraTBns  aricntéi  par  ta  familla. 

UTAIL  nmciFiL,  aitcDl*  i  U  jonmie  ta  compte  d'un  métaju,  ia  pition  ds  b 

TnTiui  agrieolM  ciécnlh  >u  cgnipts  du  meUTeT  :  ricolts  du  folni  (I5j.)  at 

ductréileiltOj.J 

Tniiui  agiicolsi  eirtcutii  id  coupla  da  mduyu  :  txllage  da  gruui 

Tmtiui  agiicolu  et  foreUien,  aarclagr,  futon  d«i  halos.  récoUo  dai  boit 

TraTODi  da  tananemoDI  eidcalAi  au  c ample  da  dlren  pnpri^Uires  el  méUjoia. 
Traïaui  da  terruaeioaat  que  I*  pubon  da  la  commuoo  taiL  aiécuMr  A  Ittn  do 


impto  do  U  hmille  : 


□anninon  confié  par  l'hospice,  toitu  de  propreté  eu 
mobillar.  aBlniicn  al  blanchinaga  daa  TetemoDU  et 


Guitare  du  champ  i 


FiligB  du  chauTIe,  pour  la  ménaie  (8  kil.  de  groaie  fllMW). . 
—  pourdiïer»  pis  de  bonne  ai»Mo) 


g,  poui 


DiUa. 


Il  hmillo. . 


Rtcolla  du  c 


pour  la  cbauEige  domeatiqae 

Recolle  daa  rcnnipoBile  in«UiTeiiaqaelI'an>Tier«atap4cUlaMiitatlKlié 

Preatilion  da  triTail  comme  Impdi  eomaïaiial  (entntlen  dea  chanliia) 

Tnrail  da  Bli  aloi,  plicd  comme  aaTTltr.damaatlqae  chei  on  mMajtc  Toiun 

NoTt.  —  LeateUeaataéeieiiciiteBlqaalqaaatnnuueoniiiauuilialnadeUsktn. 


TotAVx  dw  Jeamtea  da  loiu  te*  m 


SECTION  tT. 
ladactria*  ■BtraprÎMi  ft  U  funilla 

{i  ton  ptopra  compta  }■ 
iMDrrtdn  eotrapriisi  m  compta  da  U  familte  : 
n  du  /atdis-ver^r  (4  erea) 


Cullun 


*  (Il  « 


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en.    Vl.     —     llA.>i(lUtlVBB-AGBICDI.1EirB    DU    IIOBVAN     (MVKBSAU). 

S  U.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


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RECETTES  {8DITE). 

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ttmir.il (18.  JelH,S"U) 

(AntDB  uliln  n«  pml  «In  ■Itribni  i  cm  Innu) 

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6BCTI0N  IV. 

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«3S78 

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VI.   ~    MAMXUVBB-AGBICULTEUB  DU  UOUVAN    (MVGKNAIS). 

S  16.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE. 


DÊ&IGNATIOn  DES  DÉPENSES. 


MM  •(  nu  M  luinn 


ÂKT.    I".  —    ALIH 

(Féi  l'onTiin  p«ailiiil  US  Jodii;  U  liraiiiia  p«ad«nl  tSl  Joinii 
>  nifiDti'da  10,  ds  S  »t  d*  S  uu  ptndul  WSlouD,  «t  1  ODTriar 

■Diiljaiie  jxoduit  I  Jou  1^ 

PrunWDt,  tnlai  i  VtUi  da  biina  (la  lan  *a  ■  éU  lépïté)  :  pn>- 
niantda  (talii  re{n  camma  nlaiia (IB.X) 

Balgla,  «Tulnt  i  l'tW  de  riiina  (la  ton  n'en  ■  pu  il4  ttfié)  : 
proicDutdu  ftiB  nfD  mnus*  utiira,  1S3  kil.  (19,  K),U'e'7  ; 
—  du  gtiln  gUsé,  15  kll.  (Id,  F],  1*73;  ^  du  giun  «chaK, 
473kil..  WIO 

Aïoinf,  «Ta]q«a  1  FilU  da  brine  [la  ion  «  ■  «U  itpiri)  :  pio- 
TBDUll  du  gTun  «cfaat^. ...  ^. 4..... --.1 -*,-...-..-. .••,.... 

Sitiuin,  éTaliié  1  l'flat  de  Ikiioa  (la  ion  as  a  éU  aiparAl  :  pra- 
Tenjut  dagnkn  aça  eainina  ulalra (Id,  K) 

PoidaleUl  al  prix  mojni 

Cous  nu  I 

Oral  d«  lud  (poar  unpa) 

Hnlla  da  naTetla  on  de  cliiDaTii  (poiu  tMi)>ai  at  crtpat) 

poidi  (OUI  M  prix  mujga 

LttTAGB  n  auFi  I 

lilda  chêne (K,  C) 

mda  de  boucheiia  ;  Banf  on  montoa 

ingu  {quelqtu*  biaconnlan  mugent  lanli,  da  loin  an  loin, 
lupoiuoD  péché  du)  1»  ruliHaui  de  1*  conDia) 


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cil.    VI.     —     HANUtUVIB  -  AGHICOLTEUn    DU     HORVAN     (NIVERNAIS),  179 

S  «.  —  BDDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SDITE), 


DÉSIGNATION  DBS  DAPBNSES  (SUITE). 


ALiiinm  m 

Nooniliin 


éa  pirroairlcipendiiititOjoBn,  iilint  pu  joui  0^37....  (IS,  H) 
IMiiiIammapendiDlSjouii,  TaUntpâtjDurO'lO..  (14.S«11]J 
pulaaisBtti4pcDil«atW3j(nin,T*UDtpaijoiiiO>10.  (M,8«II1) 


8»  10  I     Itl  81 


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■H.    VI-    —    MANlEtlVIE-AGlircULTBIIR    DU    HOIIVAN    (MIVBnXlIa]. 

S  «.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


IJËSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SUITE). 


6BCTI0H  II. 
DépeuMi  aoBoarnant  l'bmUtatîoa. 

Locoicrr  ; 

Loj«  ds  U  iiiïliOB,  «(KOOi—  «nUBtisn,  VOO. ■-- 

HOMLIE>   : 

[laiien  :  dnipi  da  lil.  4'IB;  —  «chit  d'nileniIlM  dlfen,  f  00 

imoii,  Ï.ODO' 1  I^BS  pu  100 kil. (IS.OolL) 

f  CLAinjkCE  : 

lie,  O'Sl  à  l'IO  (le«T«lUin«ihiT«TMt<iat  «ngininlàlalluiijdBfMi) 

Tonui  d*a  MpaDiH  conctnaat  IlubiliiIJon 

EBCTION  III. 

DApenei 

VtTEHRfTS  DB  l'ocvhie»  : 

Achats  d'élolfeist  de  ittSDMDli  ;  obiiU  d«  conrection  d(iin«tinu«;  tratani  d«  canr«c- 

lion  oiéculé»  p»i  la  fBŒuno 

VtTEKUt-n  DE  LA  rEini  : 

lati  d'itoSn  et  de  Tileuftiiti;  ohjeti  de  conrection  doroediqne  i  tnTani  de  confec- 

VftTEwraTs  DU  nis  Atn<  : 

leti    recul    du   mitajer    chei    leqnal   Is   SI*   alii4    Ht    placé   coiniiie   domcn- 
iquo (H.S-lli) 

VtTEWEIITS  DES  ii    AITTHE»  BNPAIfTS  ! 

Objett  acheté!  al  objela  confactianDéa  daulamtaage 

Blmchisiage  ! 
SaTOD,  E'B  A  l'DO,  ar«Oi  — bl«,  empoii,  VV);  —  eeodna  (du  rorar  dameitiaue) 
(IB.  O).  S'OO .'. 7..; 

BBCTIOK  IV. 

MpcBMt  ooMMnuit  le.  bMoiu  aïoniu.  Ut  tteriationi 
et  le  aerTioe  de  aante. 

ODïaDdei  cl  qaâte* ..,,,,......     .,... 

InsTEucnoi  des  BitrAim  : 

FiiiidB  r*col(  pajh  :  poor  let  gïrçoin,  pu  la  coTnnnna,  le  iéptiUatnt  al  l-6t«l. 

5'OOi  — pour  lai  fille»,  par  la  pairondBiaeonimuBa,  «'00 (H,S<»|i) 

Segodes  et  AuaAnEl  : 

(La  [amiUe  n«  biKncmw  dipanu  dengenn) 


iiGoogle 


CD.    VI.    —    HANUEtlVKE-AGRICULTEUK    DU    SIORVAN     (MVRnNAIS).  iH 

S  15.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANTffiE  (SOITK). 


DÉSIGNATION  DESjDËPENSES  (SUITE). 


SHCTION  IT. 


Rtenf  ATions  et  solr\nitAs  : 

CansamiiKtian  faite  aui  foiroi  d«  l'endroit  et  dn  commuiiH  Taiiinct  {tId,  b<ir<i,  cif^, 

■ucra,  Tiude,  [romige),  ll'M;  —  Hgent  de  pochs  donné  «u  (Ils  «Iné.  î'Ott 

Snvir^  CE  iAjrtt  : 

Mun  nMicwii  paj^  par  U  coainiuns (U.&~II) 


TOTIUI  dM   dl 


,t  Isi 


it  rtuidationg 


ArgtBleloyeUemplojré»  pt 


^mment  figurer  puml  loi  dépan 


IwrtTS  : 
lmp«t  pijé  i  l'ÂUl 


AS90B4IIGB9  CO 

Jaqualls  elle  p aine  complei  dârlie 


ToT*ox  dei  dipeniea  coneunul  Im  IndnMrisi,  las  datta*,  le*  liapMe  at 


tntattt  Di  l'an!i£e  : 

A  runlUe  ne  [ail  Jimaii  d'épugae,  non  pe*  tartaut  puce  qa'ella  Tit  due  une  con- 
dition «oitioB  de  l'indigente,  miii  parsu  qne  l'eeptit  de  préTOjence  lui  Wt  «nliire- 
nenl  défaut 

Totaux  D«»  DtpBHan  de  l'annla  (tuUuipuit  let  recetta) (STotlT) 


iiGoogle 


S8S         CH.   VI.  —  UAKWUvaE-ACniCVLTBUIt  UD  UOnVAN    (nivkbkais). 


S<6. 
COMPTES  AMNEÏÉS  AUX   BUDGETS. 

BBCTION  L 

COMPTES  DES  BÉNÉFICES 
MnlUil  its  iWHlritt  nlrtfrÎM  pr  li  liMilk  (l  m  rrif»  napli}. 


A,  —  COLTDU  va  JAMIIM-THMII    (4  AUX). 
L*  fudin-TOgei  xttMUUit  1  la  mtltoa  Mt  loni  pat  ïammr  aiec  eatla  d«- 


rraniu  daim  ttmills 

Fnii  du  miUiiel  ipicill  :  liuigni 
Mjiinct  litallanl  di  l'industrie 


TaUni  coDuna  d-deum. . , 


B>  —  Cdltuib  dd  cauêt  i  poiwes  de  tekie  (13  aies), 

La  cbamp  ol  donné  pai  la  milajsr  i  l'ouTriar,  eu  Télrlbalion  da  ma  b«- 
nil  (L)  )  la  milijai  ■  Uboyri  l>  chninp  mat  de  le  ramatt»  à  l'oanist. 

Pommm  do  tans  :  1,000  Ul.  1  O'M (IS,  S»  t,  atlS,  O 


Lojai  éraluj  t . . , 


..' (r) 

..  (i4,B«m) 


C.  —  EutotTATHM  DES  ahihadi  toHisnggis. 


Lill  da  cb^m  :  400  litm  i  0' 10  («muininA  pu  la  minage) . . 
TuUai , 


..™  1 

4fOÎ 

800 

aoo 

»r»«t. 

1 

4' 00 

Toa 

400 

isos 

40  00 

800 
S  «S 

£3  15 
40  00 

400 

40  00 
40  00 

600 
54  00 

«00 

iiGoogle 


II'TE3  A^NBXrS  AUI  BUIK  ETS. 


Inl«i»l(6p.  l<»)d*)ivil»iud<U  Chine  (ICOO) {«i 

JnUitt  (S  p.  100)  d«  U  nloni  dm  pool»  l5' 00) ipi 

InUrit  (S  p.  100)  daUTilant  aOcultadnpaiceU'OOJ (S) 

NomTitDie  : 

SoDiSSkil.  >éFU«tdDbllr«eac«mm«nliln(10},iO'OS 

—     IS  kil.  lApKiti  d>  l'iTOhie  scheti»,  â  D'OS 

Pommai  de  terra  ;  HO  kil.  àVM (B) 

Hsiba  biDutia  w  la  chirra  (or  lei  terrm  dn  pnpriMun  de  la  néiilrie  : 

Dtbrit  da  la  DDunitiire  du  miDigs  (pool  méniDiTa) 

TnTBHi  da  It  famme (H.S^II]] 

Binlnca  itnlUnl  de  l'iDdnalria 

D.  —  l'imiBTin  b'oH  KiiPAirr  tnonwt  oMfiÈ  p»  l'hovicb 

D'HUE  VIUB  VOISINE. 

Fswïaii  da  A  moti,  i  »inn  da  S'  00  pu  mola 

Fraii  intpprécliblei 

Bininci  téaulUot  de  l'induiuif 

Total  comme  d-danus 

E,   —    lUWHi  Mi  COMPTE)  BEI  it^lfnCES   «ÉiVLTAm  DU    intGSCKIEJ 

(AàD). 

FroJuill  amplojdi  pour  la  Douirilun  d«  la  fumilla (IS,  8'»  1) 

FMduïU  an  natun  et  Te:attai  en  ugsnt  i  emplajer  de  uduïcju  pouc  le* 

JDdiutriea  al]iï-iii(niei  |2ô'  ~ii 

KecaHi»  en  aigant  appliquée!  aiu  dtpcntaa  du  mtoaga 

InUttls  d«  prapiJdUa  poiridtM  pu  la  Eamilla  at  emplajiu  pu  alla  aui 

JDilortriei (H,  S-»  1) 

I>rDduits  dai  labiautioni  leenat  par  U  familla  al  eœplajées  pu  alla  «ni 

InduilriM (W.  S»II) 

Salaicai  aMnati   au  Iralaui  «licnUt  pu  la  [amilla  poDt  lai  indui- 

lrt« (14.  S- lin 

Bj'aint  sfféiaDta  *  d'aaina  travaux  eiéculAi  par  U  bmilla,  emplarto  par 

eUo  aux  iDduiiciai (fc  el  L) 

,  Froduili  d«  induitriea  ddpanad]  an  nilnro  al  ddpeniaa  en  a^ant  qni  datront 

Mniembonraét  pu  dei  recalUa  rtaulunt  dai  laduilriai  (^71) 

Totaux  dea  ddpanut  fn'lS) 

(H.  S- IV) 


,„ 

UIB 

namr*. 

•r»!n 

tfBO 

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81  or 

80  03 
30  00 

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400 

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78  18 

tu  06 

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59  BS 

10  48 

»S9 

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»S05 

100  OO 

iiGoogle 


SS4  CH,  Tl.  —  MANCeuVBE-AOKICULTeDa   DU  UOBVAN   (MVEHNAIS}, 


SBCTION   tl. 

COMPTES  RELATIFS  AUX  SUBVENTIONS. 
F.  —  GutucB  on  cfUjkLU  SU!  lb>  oumk  j»  la  wïtaiuc. 


Mgla:  ISkil.  llflSi... 


TiMiUdaU  (aoiBM (14,S»IU) 

Vunn  1  attribuT  u  Mlgla  amit  )«  gluage 

Total  comiia  cidamu 


fiou  mort  :  3,000  kil.,  t*1uI  kpitt  la  Inaiporl  1  la  miiuia ,  1  0'  BS  pai 
100  kil lU.  &->  m 

Tilanr  dci  csadre*  ptuTaDaiil  da  n  bnii,  emplajtei  poat  U  IowIts,  piiit 
doiuitoi  ao  mtUTai  comma  angt^ [14,  E»  11,  et  16.  K) 


Traïaai  da  la  fazDilla 

Tianaparta  tUU  pu  le  tDilajru 

TnuvR  i  ittiibuer  ao  boi*  knot  11  itcolie . . . 


SBCTION   III. 

COMPTES  DIVERS. 


H.  —  COHm  DIS  ULAIIU  BIQI»  FA*  L'ovntEi,  tu  HÉ 
BITTIOII  rnS  TMVADX  AGRICOLES  ET  rOWSIUBS  EXfcvrtS  AD 

Gomn  DC  MiutEE. 


Kecatla  abtgoiio  par  l'onTriai  Boni  1»  triTini  da  i  dod 
récolta  dn  foloi  a(  d«  céijilu  (8S  Joumio».   I  céN 

Raeells  obtenue  pu  l'ouiriei  pour  le  ballade  dei  )  DOU 
graini  [73  jourDém) I  argi 

Becella  ofateno*  pat  l'oarrier  pour  tnTini  dîrera  |  non 
[MTclaie,  façon  da  baiea,  cècaHa  dei  boli)  j  oI^< 


[10  iooniioa)... 


—  1 

M> 

Mtiica. 

arpal. 

«r-18 

1  u 

I  4S 

■• 

«Ta 

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BOO 

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«5  00 

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10  00 

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, 

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10»  57 

45  01) 

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Ialïr«l  (S  D.  IMS  de  U  vUaar  du  a 
(14' 00) 

Fraii  d'anliMim  d<  c«i  oulili 

SiLiiu  du  tiiTHOi  ggcieulai  ai  fanitii 
(IM  joanrfei) 


COMPTIiS  ANNBItÉB  AUX   BUDGETS. 


•  ««ikolM  at  fi>Ta<lIen 


J.   —  COHFTra  D 


R>^liibutlall  dai  traTio. 
ou  d«  piwiIïiUlrM 


PBOFHlfTAIRU  OU    HJTAfKM. 

lécDtta  poitr  le  urvice  rtel  ie*  mUtjea 


t  la  lanica  titl  dn  patron  qui  Isa  i 
ToUl 


PnU  d'œmiiaD 
Biumi  lai  tii 


gairuin   :  10  kll.  dont  od    donne  an    mauniM  5  til.  ;  la  n*la  dODDS  : 

a  kiJ.  dg  b,nae  iO'£K).... 

iakiL  daionlO'DA 


aprta  iTui  tue  aarri  poui  II  lauiie 


mitajer  le>  candrea  du  I 


«nbnt  da  U  rftribslion... 


Ot^fli  il  Knlert  alhaéa  à  fmivrler. 
Un  champ  i  pommea  da  tarie  (labouré  par  la  mdtaferi  :  loyer  Taïaut. , . 
Tnmport  da a.OOD kil.  de  bail  da  chauffags,  ei^cuU  parla  mélaTar,  lalan 
Tol.il 


88  4S 

11  «S 
lOSOO 


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-  MASaeDVKB-AeBICtl.TBVB  DU  HOtVAN   (mvsbnàu]. 


ÉLÉMENTS  DIVERS  DE  LA  CONSTITDTION  SOCIALE 

FAITS    IUP0RTANT8    D'ORGANISATION   SOCIALE; 
,  PARTICULARITÉS  REMARQUABLES!  > 

APPRËCUTIOKS  GÉNÉRALES;  CONCLUSIONS.  ' 

S  17. 

CAUSES  D'^BRANLEHENT  QUI,  DEPUIS  LE  COHMENCEHBNT 
DU  XIX*  SIÈCLE,  AGISSENT  SUR  LA  POPULATION  RUEALB  DU  MORTAN 

Le  Hoiran  est  la  contrée  où  j'ai  observé,  avec  le  plus  de 
suite,  uoe  population  rurale.  C'est  là  surtout  qu'en  m'aidant  dp 
la  méthode,  et  en  recueillant  les  souvenirs  de  la  génération  pré 
cédente,  je  me  suis  rendu  compte  des  causes  qui  ébranlent  la 
France  et,  de  proche  en  proche,  les  autres  États  de  l'Occident. 
J'ai  pu  même  me  faire  une  idée  nette  des  éléments  de  paix  et  de 
stabilité  qui  régnaient,  pendant  le  xtiii*  siècle,  dans  la  localité  (i) 
qui  m'a  fourni  les  faits  décrits  dans  la  présente  monographie. 
J'ai  puisé  en  partie  cette  connaissance  daus  les  récits,  et  encore 
plus  dans  la  pratique,  d'un  grand  propriétaire  qui,  né  en  1766, 
n'est  mort  qu'en  18f|5.  Il  avait  toujours  résidésurson  domaine; 
et.  Jusqu'à  son  dernier  jour,  il  garda  la  mémoire  exacte  des 
traditions  qu'il  avait  recueillies  dans  son  enfance. 

Le  Morvao  possédait  encore  au  xviii*  siècle,  au  milieu  d'un 
état  de  paix  et  de  stabilité,  les  trois  types  du  genlleman,  du 
paysan  et  du  bordier,  qui  font  encore  la  force  des  bonnes  con- 
stitutions rurales  (III  :  in,  19;  iv,  ii}.  Depuis  l'époque  de  la 
Terreur,  ces  trois  classes  ont  été  ébranlées  sans  relâche  par  le 
partage  forcé  des  héritages.  Celles  qui  ont  le  plus  souffert  sont 
précisément  les  paysans  et  les  bordiers,  que  les  niveleurs  de  1793 
prétendaient  favoriser  par  leurs  inventions  iniques.  Les  anciens 
paysans,  comme  ceux  qui  se  sont  plus  récemment  élevés  à  <»tle 
même  condition,  n'ont  pu  la  perpétuer  chez  leurs  desc^dants  ;  et 


.yGoogle 


KIÎHBNTS  DIVBK9  DB  U  COXSTITOTIOM  SOClAtl.  187 

ceux-ci  ont  été,  pour  la  plupart,  refoulés  dans  la  classe  des  bor- 
diors.  Une  déch&ince  analogue  se  manifeste  chez  ces  derni^^  : 
leurs  enfants  s'acheminent  de  plus  en  plus  vers  la  condition  de 
propriétaire  indigent.  Dans  ces  deux  classes,  les  chefs  de  famille 
les  plus  intelligents  ont  d'abord  trouvé,  dans  le  concours  de  l'opi- 
nion (t,  17)  et  dans  le  respect  de  leurs  enFants,  le  moyen  d'élu- 
der les  contraintes  de  la  loi  et  de  transmettre  intégralement,  à  la 
génération  suivante,  leurs  moyens  et  l^rs  petits  domaines.  Mal- 
heureusement, l'action  persistante  d'une  mauvaise  loi,  puis 
l'ébranlement  spécial  imprimé  à  la  France  par  la  révolution  de 
1830,  ont  enlevé  aux  familles  ce  moyen  de  salut.  Révoltés  contre 
la  coutume,  rebelles  à  la  volonté  des  parents,  secondés  par  les 
agents  du  fisc,  excités  par  les  officiers  publics  préposés  à  l'ac- 
complissement des  partages,  les  cohéritiers  des  anciennes  familles 
ont  exigé  la  destruction  des  domaines  patrimoniaux.  Dès  lors, 
les  pères  prévoyants  n'ont  pu  assurer  à  leur  race  quelque 
chance  de  stabilité  qu'en  limitant  leur  postérité  par  la  stérilité 
systématique  du  mariage.  Mais,  en  définitive,  ce  remède,  laissé 
seul  à  ta  sollicitude  des  parents,  est  pire  que  le  mal.  Le  père 
de  famille  est  souvent  déçu  dans  ses  calculs  parla  mort  préma- 
turée de  son  unique  héritier;  et  il  meurt  lui-même  dans  l'isole- 
toent,  avec  la  pensée  que  le  domaine  créé  par  les  aïeux  et  amé- 
lioré par  son  travail  sera  morcelé  par  des  collatéraux  ou  acquis 
par  des  étrangers.  La  nation  est  frappée  plus  sûrement  encore 
par  ce  régime  antisocial  de  stérilité.  Les  nouveaux  chefe  de 
famille,  n'étant  plus  choisis  par  leurs  pères  au  sein  de  généra- 
tions nombreuses,  tombent  rapidement  au-dessous  du  niveau 
moral  où  restent  les  races  fécondes  ;  le  personnel  de  l'émigra- 
tion riche  fait  complètement  défaut.  Les  Français  s'affaiblissent 
et  se  dégradent  sur  leur  territoire;  et  ils  perdent  tout  ascendant 
au  dehors,  car  ils  s'y  trouvent  partout  en  présence  de  rivaux 
inaombrables,  qui  sortent  des  races  fécondes  et  envahissent  paci- 
fiquement le  monde  entier. 

Excepté  sous  l'odieux  régime  de  confiscation  édicté  par  la 
Terreur,  les  grands  propriétaires  ont  été  mieux  en  mesure  que 
les  paysans  et  les  bordiers  d'échapper  aux  contraintes  du  partage 


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SSg  GB.   VI.  —  UANCBOTHB-AOaiGDLTBUK   DU    HOBVi:)  {niVBilNAlS). 

forcé.  Ce  r^ultat  est  dû  à  plusieurs  causes,  et  spécialement  à  une 
erreur  fondameutale  des  niveleurs  de  la  révolution.  Sons  l'an- 
denréj^imesocial,  les  gentilshommes,  qui,  comme  ceux  duNord- 
ouest  de  la  France,  faisaient  leur  devoir  eu  résidant  sur  leur 
domaine,  étaient  tenus  de  se  soumettre  gratuitement  au  service 
militaire  et  à  d'autres  devoirs  publics  fort  onéreux;  en  sorte 
qu'aux  époques  de  grandes  calamités  nationales  ils  étaient  obligés 
d'aliéner  leurs  biens.  Ceux>ci  passaienlpar  lambeaux  aux  classes 
exemptes  de  ces  lourds  devoirs  et  eoricbies,  comme  le  sont 
encore  de  nos  jours  les  fmanciers,  par  les  malheurs  publics. 
Sous  le  régime  actuel,  qui  prétend  imposer  à  tous  les  Français 
«  la  liberté  systématique  et  l'égalité  providentielle  » ,  le  grand 
propriétaire  peut,  comme  le  paysan,  défendre  son  domaine  par 
la  stérilité  du  mariage;  mais,  mieux  que  lui,  il  est  en  situation 
d'envabir  les  fonctions  rétribuées  par  l'État  et  d'accumuler  tes 
capitaux  qui  lut  permettroot  au  besoio  de  pourvoir  plusieurs 
héritiers,  sans  morceler  le  domaine  patrimonial.  Ce  nouveau 
régime  est  donc  évidemment  fâcheux  pour  le  trésor  public  et 
pour  les  petits  contribuables. 

Je  suis  même  loin  de  le  recommander  aux  sympathies  des 
grands  propriétaires  qui  en  profitent.  Ceux-ci  n'y  trouvent  point 
la  source  d'un  ascendant  légitime  ;  car  le  partage  forcé  des  héri- 
tages et  la  multiplication  des  fonctions  rétribuées  blessent  les 
vrais  intérêts,  matériels  ou  moraux,  de  la  nation  entière.  Toute- 
fois, pour  provoquer  une  réforme  indispensable,  on  ne  saurait 
trop  constater  que  les  pauvres  sont  opprimés  par  le  régime 
actuel  encore  plus  que  les  riches.  Les  petits  propriétaires  s'affai- 
blissent et  souffrent,  en  morcelant  leurs  domaines  patrimoniaux. 
Les  grands  propriétaires  habiles  s'enrichissent  en  recherchant  les 
emplois  publics  et  en  s'adonnant  aux  professions  lucratives  exer- 
cées dans  les  villes.  D'un  autre  côté,  les  plus  riches  perdent  leur 
ascendant  social  en  délaissant  leurs  résidences  rurales;  et  ils 
condamnent  leurs  descendanlsà  la  déchéance  inévitable  qu'infli- 
gent l'oubli  de  la  loi  morale  et  l'abandon  du  devoir.  Telles  sont 
les  influences  qui  produisent,  sous  nos  yeux,  la  décadence  rapide 
de  notre  race;  mais  la  responsabilité  du  mal  ne  retombe  pas 


.yGoogle 


éL^MBNTB  DIVBU  DB  LA  OOKBTITimoIl   SOCIALR.  t89 

exclusÏTement  sur  les  lettrés  de  l'encyclopédie  et  les  novateurs 
coDtemporaiDs;  elle  s'étend  à  la  plupart  de  nos  gourernants  des 
deux  derniers  siècles.  A  cet  égard,  l'histoire  jugera  sévèrement 
les  monarques  qui  corrompirent  par  leurs  exemples  les  grands 
propriétaires  de  l'ancien  régime,  et  surtout  les  tyrans  de  ta 
Terreur  dont  les  lois  immorales  enlèvent  aux  nouveaux  enrichis 
le  pouvoir  de  transmettre  à  la  génération  qui  les  suit  leurs  talents 
et  leurs  vertus.  En  France,  grâce  à  la  fertilité  du  climat,  à  la 
fécondité  du  sol  et  à  la  proximité  des  grandes  voies  commer- 
ciales, les  hommes  qui  naissent  avec  des  facultés  émineates 
peuvent  accumuler  de  grandes  richesses.  La  nation  est  donc 
incessamment  menacée  par  la  corruption  qui  en  émane.  En  pré- 
sence de  ce  danger  toujours  imminent,  les  gouvernants  de  la 
France  ont  deux  devoirs  principaux  :  donner  eux-mêmes 
l'exemple  du  bien;  contraindre  moralement  les  riches  à  éviter 
le  mal.  Pour  atteindre  ce  dernier  but,  ils  doivent  exciter  les 
grands  propriétaires  à  conquérir,  par  le  dévouement  aux  intérêts 
sociaux,  la  considération  publique,  c'est-à-dire  le  seul  avan- 
tage qu'ils  puissent  désirer.  Quand  les  riches  ne  servent  pas  gra- 
tuitement l'État  par  leur  activité  et  leurs  vertus,  ils  le  corrompent 
par  leur  oisiveté  et  leurs  vices.  Aux  bonnes  époques  de  notre 
histoire,  le  christianisme  et  la  monarchie  ont  conjuré  ce  danger 
en  réagissant  contre  l'esprit  d'antagonisme  et  d'instabilité  éma- 
nant de  la  famille  instable  des  Gaulois.  Depuis  la  conquête  faite 
par  Hengist  et  Horsa  et  le  refoulement  complet  des  Bretons  à 
l'ouest  de  l'Angleterre,  ce  même  problème  reste  encore  mieux 
résolu  par  les  habitudes  de  paix  et  de  stabilité  que  conserve  la 
famille-souche  des  Anglo-Saxons. 

Au-dessous  de  ces  influences  générales  qui  président  au  bien- 
être  des  nations,  il  existe  des  causes  locales  qui  ont  pour  elTet 
de  perpétuer,  malgré  le  vice  ou  l'erreur  des  particuliers  et  des 
gouvernants,  le  rôle  bienfaisant  de  la  grande  propriété.  Ainsi, 
par  exemple,  certains  travaux  ne  prospèrent  que  sous  le  i>égime 
de  la  grande  industne.  Cette  vérité  est  mise  en  évidence  par  les 
exploitations  de  gîtes  métallifères  décrites  aux  volumes  précé- 
dents. J'ai  même  indiqué  au  chapitre  iv  de  ce  volume  comment 


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S9D  CH.  TI.  —   VMŒDvnE-iGRICUI.TEDB    DU  MORVAN    (HIVERBAIS}. 

la  restauration  d'un  riche  groupe  de  mio^  remédie,  en  Auver- 
gne, depuis  quelques  années,  à  la  décadence  matérielle  et  morale 
de  la  région  contiguë.  Les  charges  d'une  telle  réforme  seraient 
k  peu  près  inaccessibles  à  la  petite  propriété. 

Les  forêts  ne  prospèrent  également  que  sous  le  régime  de  la 
grande  propriété.  Ce  principe  d'économie  sociale  est  justifié  par 
l'expérience  des  siècles-,  et,  malgré  les  contraintes  du  partage 
forcé  des  immeubles,  il  est  confirmé  depuis  85  ans  pour  le 
Morvan.  Dans  cette  contrée,  comme  dans  le  Hartz,  la  Hongrie 
et  la  Garinlhie,  le  propriétaire  ne  peut  tirer  un  parti  avantageux 
des  bois  qu'il  exploite  annuellement  que  s'il  dispose  d'amples 
moyens  de  transport.  Les  bois,  après  avoir  été  séchés  sur  les 
coupes  opérées  dans  les  forêts  qui  occupent  les  sommets  des 
montagnes,  sont  charriés  par  lesattelages  des  métairies  cultivées 
bur  les  pentes.  La  propriété  des  forêts  et  des  domaines  ruraux 
contigus  est  réunie  dans  les  mêmes  mains;  car,  s'il  en  était 
autrement,  tous  les  profits  de  l'exploitation  forestière  passeraient 
aux  charretiers  qui  consentiraient  à  transporter  les  bois  aux 
lieux  de  livraison.  D'un  autre  côté,  le  bien-être  des  bûcherons 
et  des  agriculteurs  repose  sur  le  patron  qui  réunit  les  deux  sortes 
de  propriétés.  Dans  le  cas  opposé,  les  forêts,  ayant  perdu  toute 
valeur,  seraient  défrichées;  les  sommets  des  montagnes,  n'étant 
plus  protégés  par  les  arbres  contre  l'action  des  eaux,  seraient 
dénudés;  et  les  cultures  situées  sur  les  pentes  seraient  inc^sam- 
ment  ravagées.  Les  deux  régions  du  territoire  deviendraient,  il 
est  vrai,  indépendantes  l'une  de  Vautre;  et  te  sol  y  pourrait  être 
partout  indéfiniment  divisé.  L'empire  du  partage  forcé  s'établi* 
rait  dès  lors  sans  résistance;  le  sol  des  andennes  forêts  marche- 
rait rapidement  vers  la  stérilité,  et  les  domaines  ruraux  vers  la 
propriété  indigente. 

Cependant  la  grande  propriété  n'offre  tous  ses  avantages 
aux  populations  que  si  le  propriétaire  réside  sur  les  li^x  pour 
en  accomplir  les  devoirs.  Or,  la  constitution  sociale  du  Horvan 
reste  en  grande  partie  intacte,  en  ce  qui  touche  l'organisation 
de  la  propriété  ;  mais  l'absentéisme  de  quelques  grands  proprié- 
taires lui  a  fait  subir  un  premier  degré  d'ébranlement.  Ce  fléau 


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âL^HSNTa  DtVSBB  DB   U  CONBTITDTIOX  lOaALB.  %U 

social  aides  causes  oomboeuscs  ;  et  il  a  pris  en  d'autres  ré^Qs 
de  l'Occident,  des  caractères  plus  dangereux.  Celle  désorgSDisa- 
lion  sociale  a  comiiieocé  au  xvii*  siècle  en  France  et  dans  les 
Étets  allemands.  Elle  est  aggravi^e  chaque  jour  par  le  progrès 
des  richesses,  par  la  aiulti|)lication  des  voies  rapides  de  commu- 
DicaUoa  et  par  la  cenlralisalioo  administrative  des  sociétés.  Les 
riches,  qui  recherchent  les  jouifsaDces  du  luxe  et  des  pUisirs 
sensuels,  s'accuoiuient  dans  les  villes.  Ceux  qui  voudraient  pra- 
tiquer graluitement  les  devoirs  traditionnels  de  la  grande  pro- 
priété sont,  depuis  deux  sièclos,  chassés  des  canjpagnes  par  la 
tyrannie  ombrageuse  des  gouvernants  et  par  la  jalousie  de  leurs 
foDctionnaires  salariés. 

Dans  le  Morvan,  comme  dans  toutes  les  régions  moola- 
gneuses,  la  construction  des  nouvelles  voies  de  transport  con- 
tribue beaucoup  à  l'ébranlement  des  ancieupcc  sociétés.  Elle  a 
augiLenté  les  fortunes  et  diminué  les  résistances  opposées  à 
l'activité  humaine  par  les  Torces  de  la  nature  ;  mais  elle  n'a  point 
eu  pour  effet  d'accroître  le  bonheur  des  populatiooB.  Les  classes 
rurales,  auxquelles  le  patronage  de  la  grande  propriété  est  néces- 
saire, voient  presque  partout  diminuer  les  bienfaits  qui  en  éma- 
nent. Les  grands  propriétaires  eux-mêmes  ne  trouvent  plus  dans 
leurs  résidences  certains  attraits  qui  les  y  retenaient  autrefois. 
Ils  abandonnent  leurs  résidences  pour  s'accumuler  dans  les 
lieux.de  plaisir  qui  se  multiplient  à  l'infini;  et  c'est  ainsi  que 
des  innovations,  qui  pourraient  éire  bienfaisantes  si  elles  étaient 
accompagnées  de  certaines  compensations,  deviennent,  en  Eu- 
rope, une  cause  active  de  décadence.  f.  l.-s, 

S  18. 

INSTABIUTÉ  ACTUELLE  I>B    LA  PETOB  PfiOPAIÉTâ  fiOBU.B 
BN  FEANCB. 

Comme  on  l'a  indiqué  précédemment  (l  s),  le  partage  forcé 
des  héri(a,^es  est  une  cause  continuelle  de  désorganisation  pour 
la  petite  propriété  immobilière.  Ici,  comme  dans  la  majeure 


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2SS  Cfl.  VI.  ^   ■UKWJVBB-AaBICnLTBUR  DO   MOKVIH  (mVBKNiJS). 

partie  de  la  France,  les  familles  qui  s'élèvent  aux  premiers  éche- 
lons de  la  propriété  à  force  de  travail  et  d'épargne  subissent 
presque  toutes  les  mêmes  épreuves.  Les  ouvriers  les  plus  recom- 
mandables  emploient  leur  vie  entière  à  réunir  les  immeubles 
nécessaires  à  la  subsistance  d'une  famille;  mais  tes  enfants  dé- 
truieent  bientôt  l'œuvre  des  parents  en  se  partageant  en  nature 
les  lambeaux  de  leur  héritage.  Les  générations  nouvelles  ont  donc 
à  recommencer,  sans  plus  de  succès,  les  entreprises  ainsi  désor- 
ganisées. Mais,  comme  les  vertus  qui  distinguent  le  créateur 
d'une  petite  fortune  agricole  sont,  en  général,  exceplionnelles, 
les  héritiers,  accumulés  sur  le  sol,  retombent  dans  une  situation 
inférieure  à  celle  de  leurs  parents.  Les  uns,  adonnés  aux 
jouissances  matérielles,  dissipent  ce  qui  leurest  échu  et  arrivent 
bientôt  à  un  état  de  dénûment.  Les  autres,  plus  retenus  mais 
incapables  de  calculer  les  chances  de  la  moindre  entreprise,  se 
livrent  à  de  fausses  spéculations.  Ils  achètent  à  tout  prix,  en 
se  grevant  d'hypothèques,  la  terre  qui  leur  est  indispensable 
pour  compléter  leur  exploitation  désorganisée  par  le  partage. 
Ils  multiplient  improductivement  les  constructions,  et  emploient, 
en  un  mot,  à  consommer  leur  ruine  les  efforts  qui,  sous  un 
~  meilleur  régime,  auraient  assuré  le  bien-être  de  la  famille. 

Assurément,  les  plus  intelligents  réussissent,  nonobstant  ces 
difficultés,  comme  ils  le  feraient  dans  tout  autre  système  social. 
Mais  le  plus  grand  nombre  échoue;  et  le  caractère  moral  de  la 
race  est  affecté  par  les  vicissitudes  qui  frappent  les  familles.  Trop 
souvent,  la  minorité  intelligente  meta  profit  cette  instabilité  pour 
exploiter  l'inexpérience  des  populations,  et  c'est  ordinairement 
dans  ces  conditions  que  se  développe  la  petite  usure,  le  plus 
grand  fléau  des  populations  rurales.  Parmi  les  millions  de  pro^ 
priétaires  que  signale,  en  France,  le  relevé  des  rôles  de  l'impôt 
foncier,  il  en  e^  beaucoup  qui,  sous  l'inQuence  de  cet  état  de 
choses,  n'ont  que  l'apparence  de  la  propriété. 

Les  petits  propriétaires  les  plus  intelligents  de  ce  district 
rural  parviennent  souvent  à  assurer  la  transmission  du  bien  de 
famille  à  un  de  leurs  Gis,  en  éludant  de  longue  main,  par  une 
série  d'actes  simulés,  les  prescriptions  de  la  loi  des  successions. 

DigitizodbyGOOgle 


ÉLrivBNTS  DIVERS   DB    LA  COKElrrOllON  SOCIALB.  193 

L*QDd  des  combiaaisons  qu'ils  adoptent  ordinairement  consiste  à 
différer  le  mariage  des  filles  jusqu'à  l'époque  de  leur  majorité. 
Ils  les  mettent  alors  en  demeure  de  se  passer  de  dot,  ou  de  se 
contenter,  moyennant  une  renonciation  à  tout  droit  sur  le  bien 
de  famille,  d'une  dot  remplaçant  l'héritage  en  nature  qu'elles 
exigeraient  plus  tard.  Mais  les  préoccupations  que  ces  mesures 
imposent  aux  pères  de  famille,  les  dissensions  qu'elles  font 
nattre  entre  les  enfants,  la  décadence  où  tombent  les  familles  qui 
s'en  abstiennent,  sont  une  cause  de  soulTrance  pour  les  popu- 
lations. Cette  situatioa  contraste  beaucoup  avec  la  quiétude,  la 
bonne  harmonie  et  le  bien-être  dont  Jouissent  les  régions  du 
Nord  (III,  m,  19),  où  les  petits  propriétaires  cooserrent  reli- 
gieusement les  coutumes  qui  président  à  la  transmission  inté- 
grale des  biens  de  famille. 

D'un  autre  côté,  les  propriétés  rurales  appartenant  aux 
dasses  riches,  étant  groupées  par  fermes  et  par  métairies,  ne  se 
divisent  pas  matériellement  à  la  mort  d'un  chef  de  famille.  Elles 
sont  ordinairement  vendues  en  bloc  pour  le  compte  des  héritiers, 
qui  ne  peuvent  les  conserver.  Ainsi  qu'on  l'a  indiqué  ailleurs 
(IV,  VII,  si),  il  y  a  instabilité  dans  la  possession  ;  mais  l'assiette 
du  système  d'exploitation  reste  éminemment  stable.  Les  petites 
cultures,  qu'une  école  politique  prétend  constituer  par  la  légis- 
lation actuelle,  sont  précisément  celles  qui  souffrent  te  plus  dans 
le  nouveau  régime  que  perpétue  le  Gode  civil. 

L'instabilité  de  la  petite  propriété  agricole  est  regrettable 
dans  les  conditions  qu'on  vient  d'indiquer,  au  double  point  de 
vue  du  progrès  de  l'agriculture  et  du  bien-être  des  paysans.  Elle 
entraîne  d'autres  conséquences  non  moins  graves  pour  la  consti- 
tution sociale.  Elle  s'oppose,  par  exemple,  dans  les  districts  où 
la  population  surabonde,  à  l'établissement  d'un  système  rationnel 
d'émigration  analogue  à  celui  qui  s'est  spontanément  établi  dans 
plusieurs  régions  du  Nord  (III,  m,  so). 

Ces  considérations  ne  tendent  nallement  h  entraver  le  déve- 
loppement des  petites  cultures  de  paysans-propriétaires.  Gîtes 
ont,  au  contraire,  pour  objet  de  rectifier,  sur  un  point  essentiel, 
les  idées  de  ceux  qui  veulent  foire  dé  ces  petites  cultures  la  base 


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39i  C[l.  VI.   -^  MAI(aE(tVBC-AGBICDI,TBDII    DU  HORTAU  (niTEBHA»}. 

de  la  constitution  Gocîale.  La  loi,  qui  autorise  cliaque  génération 
à  se  partager  matériellement,  sans  distinction  d'aptitudes,  la 
terre  exploitée  par  la  génération  précédente,  ne  multiplie  qu'en 
apparence,  dans  certaines  contrées,  le  nombre  dfê  propriétaires  : 
elle  a  surtout  pour  résultat  de  créer,  pour  les  usuriers  des  cam- 
pagnes, une  proie  assurée. 

Les  paysans  qui  possèdent  réellement  les  vertus  du  proprié- 
taire n'ont  nullement  besoin,  pour  prospérer,  de  l'assistance  de 
la  loi.  Ils  ne  tardent  pas  h  envahir,  en  les  achetant  par  parcelles, 
les  grandes  propriétés  voisines,  lorsque  des  lois  de  privilège 
(depuis  longtemps  détruites  en  France)  n'en  assurent  pas  la  con- 
servation à  une  classe  corrompue.  Ces  paysans  d'élite  se  forment 
lenlement,  par  le  progrès  des  mœurs.  Il  est  chimérique  de  penser 
que  le  nombre  eu  puisse  crottre,  sous  l'influence  de  lois  morce- 
lant la  terre  malgré  la  volonté  des  propriétaires,  soit  dans  le  sys- 
tème des  lois  agraires  de  la  Russie  (II,  ii  et  v),  soit  dans  le 
système  du  Gode  civil.  Loin  delà,  dans  la  situation  où  se  trouve 
maintenant  en  France  la  propriété  territoriale,  de  telles  lois  pro- 
duisent presque  toujours  le  résultat  opposé  :  elles  détruisent,  à 
chaque  génération,  les  modestes  existences  que  la  génération 
précédente  avait  créées  par  le  travail  et  la  vertu. 


§19. 

CONDITION  FACnCUSB    DES    ÙANGBtlTBES- AGRICULTEURS, 
DANS    PLUSIEORS    BËGIONS   DE    LA    FRANCE. 

Les  changements  survenus  dans  la  constitution  sociale  de 
l'Occident  ont  eu,  en  général,  pour  conséquence  de  grandir  la 
conditioR  des  Camilies  morales  et  intelligentes,  et  d'amoindrir  les 
maisons  où  ces  qualité»  nanqaaient.  Cet  amoindrissement  des 
situations  est  souvent  sensible,  en  France,  aux  derniers  degrés 
de  la  hiérarchie  aglricole.  Les  facilités  mêmes  qui  s'ofTrent  aux 
individus  les  pins  habites  pour  entrer  dans  les  rangs  de  la  bour- 
geoisie ont  d'ailleurs  pour  effet  d'abaisser  iacessamme»!  te  niveau 
^telletJLadetnoral  de  la  classe  (foù  ils  sortent.  Il  m  évident, 


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tftÉHEKTa  DIVBU  DB  LA  CCmiTDTION  lOCULR.  393 

par  exemple,  qu'on  ne  peut  rencontrer  que  par  exception,  dans 
celle  classe,  en  Occident,  les  types  distingués  qu'on  a  signalés 
(II,  IV,  is)  dans  les  conslitations  sociales  où  les  individus  se 
trouvent  classés  d'une  manière  à  peu  près  permanente. 

Dans  l'ancienne  organisation  agricole,  la  classe  inférieure  se 
composait  surtout  d'ouvriers  attachés  à  titre  permanent  aux 
exploitations,  en  qualité  de  domestiques,  et  àùoi  la  situation  élait 
garaoUe  contre  les  éventualités  de  la  maladie  et  des  interrup- 
tions de  travail.  Souvent  même  les  ouvriers  de  cette  condition 
jouissaient  de  l'état  de  bien-être  signalé  chez  le  Brassier  de  l'Ar- 
magnac (IV,  vji,  is).  Cette  heureuse  condition  résultait  surtout 
delà  solidarité  établie  entre  les  propriétaireset  les  ouvriers  parles 
rapports  directs,  par  la  tradition  et  par  la  nature  même  des 
occupations.  L'ancien  régime  national,  qu'on  a  souvent  accusé 
d'établir  entre  les  diverses  classes  de  la  société  d'infranchissables 
barrières,  produisait  parfois  le  résultat  inverse.  Comme  la  reli- 
gion, qui  en  faisait  d'ailleurs  essentiellement  partie,  il  les.  reliait 
an  contraire  par  des  sentiments  et  des  intérêts  dont  la  tradition 
se  perd  sous  le  régime  actuel.  Les  institutions  modernes,  qui 
ont  efTacé  toute  distinction  légale  entre  les  classes,  sembleraient 
aptes  h  établir  entre  elles  des  liens  plus  intimes  que  par  le  passé. 
Il  est  douteux  cependant  que  ce  résultat  se  soit  produit  en 
France.  Ainsi,  nous  avons  rarement  eu  occasion,  dans  le  cours 
de  ces  études,  de  retrouver,  dans  les  propriétés  constituées  sous 
i'inllueoce  de  l'esprit  moderne,  les  sentiments  qui  attiraient 
autrefois  la  famille  du  propriétaire  de  l'Armagnac  aux  repas  et 
aux  solennités  de  Tamille,  sous  le  toit  du  brassier. 

Ces  mœurs  n'étaient  point  particulières  au  Béam  :  il  semble 
qu'en  en  retrouvant  encore  des  vestiges  dans  presque  toutes  les 
parties  de  la  Franre  on  peut  étie  autorisé  à  penser  qu'elles  étaient 
inhérentes  à  l'ancienne  société.  On  trouvait  encore  en  France, 
dans  la  première  partie  de  ce  siècle,  un  type  qui  ne  se  retrouve 
guère  aujourd'hui  que  dans  le  Nord  et  dans  l'Orient.  Nous  fai- 
sons ici  allusion  au  propriétaire  qui  éleodait  son  patronage  à  un 
voisinage  entier;  qui  ouvrait,  îi  tous  ceux  qui  avaient  besoin  de 
conseilB  ou  de  secours,  une  habitation  patriarcale,  nommée  faini- 


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19fi  CH.    VI.    —    UA^CenVBS-AGMCnLTEOn   DD    MOBVAK   (mvERNAIS). 

lièrement  maison  du  bon  Dieu,  Ce  qu'on  devait  le  plus  admirer 
dans  ces  Ténérables  patrons,  c'est  qu'en  faisant  le  bonheur  de 
ceux  qui  les  entouraient  Us  agissaient  sans  efforts,  sans  système 
préconçu,  et  avec  la  simplicité  attachée  à  des  actes  que  leur 
auteur  considère  comme  la  conséquence  naturelle  de  sa  condition. 

En  restreignant  sans  cesse  les  relations  directes  des  proprié- 
taires et  de  leurs  ouvriers,  le  nouveau  régime  a  diminué,  relaU- 
vement,  les  classes  d'ouvriers  attachés  à  titre  permanent  aux 
exploitations.  II  a,  par  contre,  singulièrement  augmenté  une 
catégorie  d'ouvriers  qui  ne  tiennent  par  aucun  lien  positif  aux 
personnes  qui  les  emploient.  Leur  rétribution  se  mesure  essen- 
tiellement au  nombre  de  journées  de  travail  qu'ils  fournissent; 
en  sorte  qu'on  peut  convenablement  leur  appliquer  la  dénomi- 
nation générique  de  joumaliers-agriculleurs.  Cette  classe  com- 
prend, en  général,  les  individualités  inférieures  de  la  population 
rurale.  Elle  prend,  en  certaines  localités,  un  développement  qui 
est  à  la  fois  une  source  de  misère  pour  les  individus  et  dedanger 
pour  l'ordre  public.  Elle  se  recrute  parmi  les  enfonts  de  jour- 
.natiers  dont  la  multiplication  (is)  forme  un  contraste  frappant 
avec  l'état  stationnaire  ou  décroissant  des  petits  propriétaires. 
Elle  reçoit  tous  les  propriétaires-agriculteurs  ruinés  par  l'impré- 
voyance, par  les  fausses  combinaisons,  par  la  propension  exagérée 
pour  les  acquisitions  territoriales  et  les  constructions,  par  la  ten- 
dance aux  procès,  par  les  fléaux  de  l'usure  et  de  l'hypothèque, 
par  le  relâchement  dfs  liens  de  famille,  et,  en  général,  par  les 
causes  qui  s'opposent,  en  France,  à  la  stabilité  de  la  petite  pro- 
priété immobilière  [1  s). 

La  classe  des  journaliers-agriculteurs  profite  peu  des  avan- 
tages propres  à  la  nouvelle  constitution  sociale.  Ces  avantages 
ne  se  développent,  en  général,  qu'en  feveur  de  ceux  qui  ont 
assez  de  moralité  et  d'intelligence  pour  faire  un  emploi  Judicieux 
de  leur  libre  arbitre.  En  revanche,  elle  souffre  beaucoup  de 
l'amoindrissement  du  patronage  qui  était  exercé  par  les  grands 
propriétaires  (7).  Elle  est  également  frappée  par  la  suppression 
graduelle  des  subventions  territoriales,  par  les  restrictions  appor- 
tée à  la  vaine  pâture  et  aux  droits  d'usage  sur  les  biens  com- 


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fLéUBKTS  DIVERS  DE  L4  GONSTlTkTIOK   SOulALH.  397 

munaux.  C'est  surtout  pour  les  journaliers  ruraux  qu'il  y  a  lieu 
de  contester  momeotanénieDt  l'efficacité  des  principes  les  plus 
féconds  de  la  nouvelle  économie  sociale. 

L'intérêt  qui  s'attache  aujourd'hui  à  cette  classe  de  la  popu- 
lation française  a  déterminé  l'Auteur  de  ces  études  à  la  repré- 
senter, dans  cet  ouvrage,  par  quatre  types,  correspondant  à  des 
conditions  essentiellement  différentes.  Le  journalier  de  l'Arma- 
gnac (IV,  vir,  10)  voit  son  bien-être  et  sa  sécurité  assurés  par 
nn  patronage  positif,  par  la  permanence  de  son  engagement,  et 
par  l'abondance  des  subventions  qui  lui  sont  accordées.  Privé  de 
la  plupart  de  ces  avantages  par  suite  du  développement  exagéré 
de  la  population,  le  journalier  du  Morvan  (décrit  dansia  présente 
monographie)  est  cependant  garanti  des  atteintes  de  la  misère  par 
les  traditions  de  patronage  maintenues  dans  la  famille  d'un  grand 
propriétaire.  Manquant  de  ce  dernier  appui,  voyant  chaque  jour 
disparaître  les  derniers  vestiges  des  subventions  dont  il  jouissait 
autrefois,  le  journalier  du  Maine  [VI,  m,  so)  commence  à  des- 
cendre aux  premiers  degrés  de  l'indigence.  D'un  autre  côté,  le 
journalierde  la  Basse-Bretagne (IV,  vu,  is),  présentant  déjà  une 
certaine  propension  à  l'épargne,  soutenu  par  les  droits  d'usage 
qu'il  exerce  sur  les  biens  communaux,  échappe  déjà,  par  ses 
sentiments  et  ses  habitudes,  aux  mœurs  dominantes  de  sa  classe, 
et  commence  à  monter  les  premiers  échelons  de  la  propriété. 
Comme  le  bordier-émigrant  du  Laonaais  (VI,  m),  malgré  les 
défaillances  individuelles  qui  abondent  dans  le  voisinage,  il  se 
rattache  h  cette  catégorie,  déjà  nombreuse  en  France,  qui  peut 
se  suflire  à  elle-même,  et  s'élever  à  une  condition  supérieure 
sans  le  sscours  du  patronage. 

S  20. 

ANCIENNES  fîOHUONAUTÉS   DU    BAS-NIVERNAIS   COMPOS^SS    [>B 

MÉNAGES,  raopaiÉTAinBS  rdraux,  issus  d'un  COUMUN  ANCIÏTRB. 

Ces  institutions  remarquables  ont  conservé,  jusqu'à  notre 
époque,  l'opinion  qu'avait  l'ancienne  société  européenne  touchaot 


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S98  CH.  Tl-    —  UANOeurBS-AGBICCLTIfCB  DU  MOBVAN  (MVERTtAIfi). 

les  bieDraits  de  l'associalioa.  Les  communautés  du  Niveraais 
ont  été,  pour  la  plupart,  provoquées  et  mainteoues  par  les  sei- 
gneurs qui,  voulant  assurer  aux  paysans  les  avantages  de  ce 
régime,  concédaient  à  perpétuité  des  terres  à  certaines  familles, 
à  charge  de  retour  au  domaine  seigneurial  dans  le  cas  oii  les 
paysans  renonceraient  à  la  communauté.  Dans  cet  ordre  de 
choses,  en  un  mot,  existaient  les  mêmes  influences  qui  agissent 
encore  aujourd'hui  sur  les  communautés  russes  (II,  v,  22),  Ce 
régime  était  si  favorable  aux  tenanciers,  qu'il  s'est  conservé 
jusqu'à  nos  jours,  dans  un  système  de  travail  sansengagements, 
nonobstant  la  suppression  des  droits  féodaux  qui  en  étaient  la 
cause  première.  La  communauté  des  Jault,  de  Saint-Benin-des- 
Bois,  en  est  aujourd'hui  le  dernier  exemple. 

État  de  iK  oonunnnaiité  des  J&vlt  avant  1840. 

La  communauté  se  compose  de  sept  ménages,  dont  les  chefs 
descendent  tous  d'un  commun  ancêtre  et  portent  le  même  nom. 
Les  biens  ruraux,  leurs  dépendances,  les  bestiaux  et  l'habitation 
sont  la  propriété  indivise  de  tous  les  membres.  Incessamment 
améliora  par  le  travail  commun,  le  domaine  se  maintient  dans 
les  mêmes  conditions  depujs  plusieurs  siècles.  Les  filles  qui  se 
marient  au  dehors  ont  leurs  droits  réglés  au  moyen  d'une  dot 
de  1,350  francs  une  fois  payée;  elles  peuvent  cependant,  à  toute 
époque,  en  cas  de  veuvage,  revenir  au  lieu  natal.  Les  filles 
étrangères  entrant  par  mariage  dans  la  communauté  n'y  con- 
foiideut  pas  leur  dot.  Cetle-ci  est  administrée  par  chaque  ménage 
en  dehors  du  fonds  commun.  Les  femmes  en  peuvent  faire  ta 
repnse  en  cas  de  veuvage,  si  elles  ne  préfèrent  pas  rester  dans 
la  communauté  avec  leurs  enfants.  Le  père  de  famille  ne  Irang- 
met,  à  sa  mort,  aucun  bien  en  propre  à  ses  enfants;  seulement 
il  les  laisse  en  possession  des  droits  Indivis  de  propriété  acquis  à 
tous  les.  membres  de  la  communauté. 

Le  régime  intérieur  de  la  maison  offre  la  plus  grande  analo- 
gie avec  Cteiui  des  communautés  russes.  Tous  les  travaux  s'exé- 
entent  sous  la  direction  du  Mettre  et  de  la  Halb'esse,  élus  comme 


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KLéllENTS  DIVBI»  DB    LA  CONSTITOTtOX  SOCIAIB.  t')9 

]3S  plus  capables  de  Taire  prospérer  rassocialion.  La  ge.~tion  du 
fonds  commun,  les  achats  et  les  ventes  sont  l'attribution  princi- 
pale du  Maître,  qui  ne  manque  pas  d'ailleurs  de  conférer,  sur  les 
questions  les  plus  délicates,  avec  l'aide  qui  doit  ordinairement  lui 
succéder  et  avecles  membresles  plus  intelligents.  Le  chef  mange 
à  une  table  séparée  avec  son  aide  *  ;  tous  les  autres  membres  de 
la  famille  mangent  en  commun  dans  la  salle  de  réunion.  Chaque 
ménage  habite  une  cellule  séparée,  dont  les  principaux  meublts 
sont  fournis  parla  communauté.  Comme  en  Russie  (II,  ii,  ss), 
il  possède  en  propre  les  autres  meubles,  le  linge,  les  vête- 
ments et  l'argent  provenant  de  la  dot  des  femmes  et  de  quelques 
travaux  particuliers.  Les  habitudes  qui  se  rattachent  à  la  confec- 
tion des  vêtements  sont  exactement  les  mêmes  qu'en  Russie.  La 
Maîtresse  distribue  entre  les  mères  de  famille  les  matières  tex- 
tiles provenant  de  l'exploitation  commune;  et  celles-ci  ont  ensuite 
à  pourvoir  individuellement  à  la  fabrication  des  étoffes,  h  la 
confection  et  à  l'entretien  des  vêtements. 

La  communauté  des  Jault,  grâce  à  la  pureté  de  ses  mœurs  et 
à  ses  habitudes  laborieuses,  s'est  constamment  maintenue  en  état 
de  bien-être.  On  n'a  jamais  eu  à  reprocher  à  aucun  de  ses 
membres  une  action  contraire  à  l'honnêteté.  Néanmoins,  cet 
ordre  de  choses,  fondé  jusqu'ici  sur  l'autorité  ferme  du  Maître, 
commence  à  s'altérer  sous  l'induence  des  moeurs  nouvelles.  On 
observe  déjà,  chez  les  plus  JeuQcs  membres,  des  symptômes  de 
l'esprit  d'individualisme;  et  cet  esprit,  s'il  se  développe  encore, 
ne  manquera  pas  d'amener  la  ruine  de  cette  antique  institution. 
M.  Dupin  aîné  a  publié,  il  y  a  deux  ans,  sur  la  communauté  des 
lault,  une  note  intéressante,  dans  laquelle  il  ne  se  montre  point 
frappé  de  ces  symptômes  de  désorganisation  ;  oîi  percent,  au  con- 
traire, en  chaque  passage,  des  sentiments  de  respect  et  d'admira- 
tion. Placé  au  point  de  vue  des  légistes  français,  il  fait  remarquer 
combien  on  devait  peu  s'attendre  à  trouver,  dans  l'antique  charte 
des  JauU,  un  ensemble  si  complet  et  des  détails  si  judicieuse- 
ment coordonnés.  Il  s'étonne  surtout  qu'une  institution  de  l'ancien 

1.  Cette  particulvité  ne  h  prâsente  Jamais  dans  l«s  Mmmnaiatfs  rntseï,  où 
l'écrit  d'égalité  ett  plu  marqué  que  cbei  Isa  peuplai  de  l'Europe  ceatrala. 


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300  en.   Vt.    —  HAKCCU^'BE-AGIICULTECB    DU   DOIIVAN   (HIVERNA IB}. 

régime  assure  à  ud  si  haut  degré  la  dignité  humaioe,  le  bieo- 
étre  iodividael  et  la  conTCDance  des  relations  sociales.  Il  termine 
enfin  en  émettant  le  vœu  que  ce  débris  d'un  autre  âge  puisse  se 
maintenir  nonobstant  la  pr^sion  des  institutions  nouvelles.  En 
se  rattachant  à  cet  espoir,  le  célèbre  légiste  a  peut-êlre  raison  de 
penser  que  la  cour  d'appel  de  Bourges  continuera  à  juger  selon 
la  coutume,  et  malgré  la  loi  écrite,  les  questions  de  propriété  que 
soulève  maintenant  la  siluation  anormale  de  la  communauté  des 
JauU.  Cependaot,  le  principal  danger  de  l'avenir  n'est  pas  dans 
les  discordes  intestines  qui  pourraient  faire  naître  des  procès.  Il 
se  trouvera  dans  l'esprit  de  révolte,  qui  repousse  toute  autorité 
non  imposée  par  la  force,  qui  se  développera  tôt  ou  tard  au  sein 
des  jeunes  générations,  et  qui  les  portera  à  sortir  à  tout  prix  de 
l'état  d'obéi&saDce  qu'imposent  ces  antiques  institutions. 


Ciroonstanoes  qui  ont  amené  la  difisalntlon  de  la  oommnnautâ 
dee  Jault,  d'après  les  renseignements  transmis  par  K.  A.  do  Ro- 
eemont,  en  novembre  18H. 

Le  premier  symptôme  de  la  décadence  de  l'institution  remonte 
à  l'année  1816.  Â  cette  époque,  Etienne,  fils  de  François*  alors 
mattre  de  la  communauté,  se  retira,  donnant  ainsi  le  premier 
exemple  qui  se  fût  présenté  depuis  500  ans  d'une  renonciation 
aux  avantages  de  cette  association.  Il  fut  alors  r^ulièrement 
désintéressé  par  une  indemnité  de  1,S50  francs,  c'est-^-dire  par 
une  somme  égale  à  la  dot  que  la  communauté  accordait  aux 
ûlles.  Celte  séparation  donna  lieu  plus  tard  aux  débats  qui  ame- 
nèrent la  dissolution  de  la  communauté.  En  18&3,  François,  fils 
de  cet  Etienne  dont  il  vient  d'être  parlé,  et  qui  avait  été  élevé  eu 
dehors  de  la  communauté,  adressa,  après  la  mort  de  son  père,  au 
tribunal  de  Nevere  une  action  de  partage.  Le  jugement  rendu 
en  18^5  admit  cette  prétention  de  François,  non  comme  repré- 

t.  On  désigoait  chaque  Individu  de  la  cammunaulé  ptr  «ta  nom  ds  baptême  «nitl 
de  celui  du  père  :  la  force  des  choses  ;  avait  donc  éUbli  U  coutume  qui  règne  aujour- 
d'hui dan*  toute  la  Route  (H  :  n  à  t,  9)  et  qal  a  da  âlre  aaivje  partout  où  lei  cem- 
muaautés  patriarcales  out  M  ta  Tigusur. 


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BLEHBNTil  DIVSBB  DB  LA  CONSTITDTION  SOCIALE.  301 

sentant  de  son  père,  dont  les  droits  avaient  été  régl^,  mais 
comme  héritier  par  représentation  de  son  grand-père  Fran- 
çois et  de  sa  grand'mère,  décédés  dans  la  communauté  posté- 
rieurement à  la  retraite  d'Etienne.  La  cour  de  Bourges,  à 
laquelle  appel  de  cette  décision  avait  été  interjeté,  aurait  vrai- 
semblablement rendu,  ainsi  qu'elle  l'avait  déjà  Tait  en  plusieurs 
circonstances,  une  décision  favorable  au  maintien  de  la  com- 
munauté. Mais  les  dissensions  intérieures  qui  ont  été  signalées 
précédemment,  et  qui  s'étaient  envenimées  depuis  iSfiO,  sous 
l'excitation  même  des  débats  judiciaires,  amenèrent,  en  18&6, 
entre  toutes  les  parties  intér^sées,  un  compromis  fondé  sur  la 
dissolution  de  la  communauté.  La  véritable  cause  de  la  dispari- 
tion de  ce  dernier  vestige  d'un  autre  âge  se  trouve  donc  moins, 
en  résumé,  dans  la  pression  des  nouvelles  lois  civiles  que  dans  la 
perte  des  sentiments  de  respect  et  d'obéissance  qui  sont  le  fon- 
dement de  toutes  les  institutions  collectives.  Ces  institutions  ne  se 
maintenaient  en  France,  comme  elles  ne  se  conservent  encore 
dans  l'Orient,  que  parl'iaflueDce  de  ta  tradiUon,  sanctionnée  au 
besoin  par  l'autorité  du  seigneur.  L'exemple  des  lault  est  bien 
propre  à  montrer  la  faiblesse  de  toutes  les  conceptions  {|ui  pré- 
tendraient concilier  le  principe  du  travail  en  commun  avec  toutes 
les  exigences  de  la  liberté  individuelle.  On  a  même  remarqué 
que  cet  exemple  récent  a  fait  vivement  repousser,  dans  cette 
partie  du  Nivernais,  les  théories  de  communisme  qui  se  sont  pro- 
duites pendant  la  révolution  de  iSâS. 

Un  membre  intelligent  de  l'ancienne  communauté,  qui  souf- 
frait, comme  tous  les  autres,  de  l'anarchie  et  du  désordre  moral 
qui  régnaient  en  18£|5,  et  qui  a  prospéré  depuis  lors,  sous  le 
régime  de  la  propriété  privée,  consulté  récemment  sur  les  causes 
de  la  décadence  des  Jault,  résumait  ainsi  ses  souvenirs  : 

«  Le  plus  ancien  maître  dont  le  nom  me  soit  connu  est  le 
père  Niée  (Née);  je  ne  l'ai  jamais  vu,  mais  j'en  ai  souvent 
entendu  parler  à  mon  grand  (grand-père).  Il  se  trouva  tout  à 
coup  invfôli  de  l'autorité  de  Maître  à  l'âge  de  trente-quatre  ans, 
par  suite  d'une  épidémie  qui  ravagea  la  communauté,  et  le  laissa 
le  plus  âgé  des  membres  survivants.  Sou  administration  fut  sage 


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30!  CD.  VI.  —    UNOEOTBB-AOillCULTaUa  DU  MOBVilH   (NIVIIMAIS). 

et  respectée.  TI  avait  l'eatière  disposition  du  bien  commun,  dont 
il  répartissait  les  fruits  équitablement  entre  tous,  eu  proportion 
des  besoios  de  chacun.  Les  aseociés,  de  leur  côté,  se  prêtaient  de 
bonne  grâce  aun  travaux  qu'il  leur  distribuait,  sârs  que  le  maître, 
qui  les  avait  tous  vus  s'élever  autour  de  lui  et  qui  les  avait  tou- 
jours traités  comme  ses  propres  enranls,  saurait  mieux  qu'<«ix 
ce  qu'il  était  à  propos  de  faire.  En  un  root,  il  régissait  bien  et 
tout  était  soumis  sous  lui.  De  son  vivant,  maître  Niée  choisit 
Etienne  le  Jault,  dit  te  Petit-Tienne,  frère  de  mon  grand,  qu'il 
menait  partout  avec  lui  et  qui  lui  succéda.  Sous  l'administrai  ion 
de  maître  Petit-Tieone,  tout  continua  comme  par  le  passé  :  on 
n'allait  que  par  les  ordres  du  chef  de  la  communauté.  » 

(c  Mais,  sous  François,  mon  grand,  qui  mourut  vers  1830, 
âgé  de  quatre-vingt-quatre  ans,  l'esprit  d'insubordination  se 
glissa  dans  la  communauté  :  les  Jeunes  gens  devinrent  fiers  et 
n'écoutèrent  plus  les  anciens,  qu'ils  voiUureiit  mener;  ce  qne 
voyant,  le  père  François  disait  souvent  :  a  Cent  diaires,  mes 
((  enfants,  vous  verrez  que  vous  ne  prospér^^z  plus.  »  De  ce 
moment,  et  sous  maître  Claude,  qui  ferma  la  liste  des  Maîtres 
de  la  communauté,  les  choses  allèrent  de  mal  en  pis  :  les  devoirs 
religieux  furent  oubliés;  les  jeunes  gens  se  mirent  à  jurer;  ils  ne 
voulurent  plus  travailler  qu'à  leur  fantaisie  pour  le  compte  de  la 
communauté,  détournant  tout  ce  qu'ils  pouvaieut,  soit  de  tra- 
vail, soit  d'autres  objets  communs,  au  profit  de  leurs  propriétés 
particulières,  dont  la  règle  leur  interdisait  cependant  l'exploita- 
tion directe.  Ils  s'arrogèrent  aussi  le  droit  d'exiger  dos  comptes 
et  de  surveiller  la  répartition  des  fruits.  De  là  des  défiances  et 
souvent  des  querelles.  Dès  lors,  les  jours  de  calme  et  de  bon- 
heur que  la  commuuauté  avait  accomplis  disparurent  sans 
retour  !  » 

La  décadence  du  principe  de  la  communauté  chez  les  paysans 
français  se  manifeste  aussi  dans  une  foule  de  circonstances  où 
elle  serait  cependant  compatible  avec  les  exigences  des  mœurs 
modernes.  Ainsi,  dans  les  exploitations  agricoles  du  Centre,  du 
Midi  et  de  l'Ouest,  les  métayers  ne  peuvent  plus  s^attacber, 
comme  ils  le  faisaient  autrefois,  leurs  fils  marié?.  Ils  doivent 


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ELEVBNTS  DIVBU  Dl  Li   C0M3TITDTll>:i  80CULB.  303 

recourir  à  des  salariés,  au  détriment  de  loos  les  membres  de  la 
famille  et  du  principe  même  des  exploitations.  Cette  décadence 
est  évidente,  par  exemple,  dans  les  métairies  du  Nivernais  (  i  s)  ; 
elle  est  partout  la  conséquence  directe  du  partage  Torcé  des 
héritages  qui  fut  édicté  par  la  loi  du  7  mars  1793.  Partout  les 
progrès  du  mal  ont  marché  de  front  avec  i'amoindrisscmeat  de 
l'autorité  paternelle. 

On  a  souvent  cité  les  fromageries  fou  fruitières)  du  Jura  fran- 
çais et  de  la  Suisse  occidentale  comme  un  témoignage  pratique 
des  espérances  que  les  sociétés  de  l'Occident  peuvent  fonder  sur 
le  principe  de  la  communauté.  Les  fromageries  sont  de  petits 
établissements  oîi  l'on  fabrique  journellement  les  gros  fromages, 
dits  de  gruyère,  avec  le  lait  fourni  par  plusieurs  agriculteurs  du 
voisinage.  Le  travail  est  exécuté  par  un  salarié;  les  dépenses  et 
les  produits  de  ce  petit  atelier  sont  répartis  entre  les  associés  en 
proportion  des  quantités  de  lait  fournies.  Cette  organisation  ne 
s'est  guère  propagée  en  dehors  de  ce  district,  parce  qu'elle  y  est 
due  à  une  circonstance  toute  particulière,  à  la  combinaison  de 
petites  cultures  et  d'une  fabrication  exigeant  chaque  jour  une 
quantité  considérable  de  lait.  Les  petits  cultivateurs  s'associent 
ici  pour  ce  détail,  comme  ils  sont  forcés  de  le  faire  ailleurs  pour 
le  labourage;  mais,  pour  tous  les  autres  éléments  de  leurs  exploi- 
tations, ils  gardent  l'inclination  la  plus  prononcée  pour  le  régime 
individuel.  Us  se  retirent  même  de  ce  genre  d'associations  aus- 
sitôt qiie  le  développement  de  leurs  cultures  leur  en  fournit  les 
moyens.  Les  citations  fréquentes  qui  ont  été  fondées  sur  ce  détail 
de  notre  agriculture,  pour  recommander  le  régime  absolu  de  la 
communauté  du  travail,  démontrent  qu'on  n'a  point  à  ce  sujet 
une  bonne  raison  à  produire  :  elles  suffiraient  seules  à  prouver 
que  ce  régime  est  détruit  en  Occident,  et  qu'il  n'y  figure  désor- 
mais qu'à  titre  d'exception. 

L'expérience  des  communautés  européennes  condamnait  donc 
à  priori  les  théories  parisiennes  de  18^8.  L'application  a  d'ail- 
leurs exagéré  le  vice  de  la  théorie  :  dans  le  passé,  la  communauté 
du  travail  a  toujours  exigé  l'autorité  du  maître  et  l'obéissance  des 
associés:  en  18â  8,  on  voulait  tout  fonder  sur  l'égalité  et  la  liberté, 


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soi  CH.   VI.  —  KANaOVIlB-AGRICVLTEUB  PU    tfOHTAN  (MVERNIIS}. 

S  21. 

PRÉCIS  n'UNB   MONOGRAPHIE  AYANT  POUH  OBJET 
LE    rOHOEUB    (AU   BOIS)    DD    HIVERNAIS 

I.  Définition  dn  lien,  de  l'organisation  Indaetrielle 
et  de  la  famille. 

La  famille  présentement  décrite  est  celle  d'un  ouvrier-jour- 
nalier, attaché  à  son  patron  dans  le  système  des  engagements 
volontaires  permanents.  Il  est  en  voie  de  devenir  ouvrier-pro- 
priétaire. 

L'ouvrier  habite  la  commune  de  Vandenesse,  près  de  Mou- 
lins-Ëngilbert,  arrondissement  de  Ghâteau-Gtiinoa  (Nièvre).  Le 
pays,  situé  au  pied  des  montagnes  granitiques  et  porphyriques 
du  lUorvan,  sur  la  lisière  des  terrains  secondaires  et  tertiaires  du 
Bas-Nivernais,  a  pour  spécialités  principales  la  culture  des 
céréales,  l'élevage  des  bestiaux  et  la  fabrication  de  la  fonte  de 
fer.  L'usine  à  fer,  fjrincipal  établissement  industriel  de  la  com- 
mune de  Vandeoesse,  est  alimentée  parles  minerais  de  fer  extraits 
du  sol  environnant,  ou  importés  des  minières  du  Berri.  Elle  tire 
les  charbons  de  bois  des  forêts  du  voisinage,  et  surtout  des  mon- 
tagnes du  Morvan.  Les  eaux  motrices  sont  fournies  parun  grand 
étang,  consacré,  en  outre,  à  ta  culture  du  poisson.  En  principe, 
l'ouvrier  est  attaché  à  l'usine  dans  te  système  des  engagements 
momentanés  ;  mais,  en  fait,  il  est  engagé  à  vie,  car  les  mœurs 
établies  ne  permettent  guère  au  propriétaire  de  congédier,  sans 
motif  grave,  un  ouvrier  de  cette  condition.  Aux  époques  de 
chômage,  le  propriétaire  se  croit  tenu  d'assurer  des  moyens 
d'existence  à  ses  ouvriers,  particulièrement  à  ceux  qui  sont 
chargés  de  travaux  exigeant  un  apprentissage  spécial,  ou  dont 
la  famille  est  attachée  à  l'usine  depuis  plusieurs  générations. 
En  générât,  les  usines  à  fer  au  bois,  étant  plus  exemptes  de 
vicissitudes  que  les  u^nes  à  la  hoaille  et  les  grandes  manufac- 
tures, peuvent  être  signalées  au  premier  rang  parmi  les  bran- 


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ÉLÉMENTS  DIVERS   DB  U    COIUTITUTION  SOCIALE.  3tJ 

ches  d'industrie  française  où  les  anciennes  habitudes  de  solida- 
rité se  sont  conservées  entre  les  patrons  et  les  ouvriers. 
Malheureusement,  cet  état  de  choses  commence  à  s'altérer  avec 
des  circonstances  qu'on  ne  saurait  trop  regretter  {as).  Il  en  est 
de  même  pour  les  communautés  de  paysans,  qui  honoraient 
l'ancienne  constitution  française  et  qui  se  détruisent  peu  à  peu 
sous  la  pression  du  partage  forcé.  La  dernière  de  ces  commu- 
nautés, établie  depuis  plus  de  500  ans  près  de  Vandenesse,  dans 
la  commune  de  Saint-Benin-des-Bois,  et  connue  sous  le  nom  de 
Communaulé  desJault,  offre  encore  un  exemple  remarquable  de 
ces  institutions  (20}.  Mais  ce  dernier  débris  de  l'esprit  d'un 
autre  âge  est  incessamment  menacé  par  l'action  dissolvante  des 
nouvelles  lois  civiles,  par  le  développement  de  l'esprit  d'indivi- 
dualisme et  par  l'amoindrissement  des  sentiments  religieux  au 
milieu  des  dernières  générations.  Onremarquequeces  nouvelles 
tendances  coïncident  avec  l'affaiblissement  et  parfois  avec  la 
destruction  de  l'autorité  paternelle.  Le  mal  estaujourd'hui poussé 
à  ce  point,  qu'il  devient  presque  impossible  à  un  fermier  ou  à 
un  métayer  de  retenir  auprès  de  lui,  pour  le  seconder  dans  ses 
travaux,  plusieurs  de  sesenfanis.  L'admission  des  salariés  étran- 
gers, qui  était  autrefois  an  fait  exceptionnel,  tend  chaque  jour  à 
devenir  le  cas  général  pour  ce  [genre  d'exploitations.  Le  prin- 
cipe de  la  communauté  se  détruit  donc,  dans  cette  contrée, 
même  dans  le  cercle  immédiat  de  la  famille. 

La  famille  se  compose  des  deux  époux  et  de  leurs  trois 
enfants.  Le  père,  né  à  Chfttillon,  marié  depuis  ii  ans,  est  âgé 
de  36  ans.  Sa  femme,  née  à  Vandenesse,  est  âgée  de  32  ans. 
Ils  ont  trois  enfants,  nés  à  Vandenesse,  âgés  de  10,  9  et  6  ans. 
L'ainé  est  un  garçon. 

Les  deux  époux  professent  la  religion  catholique  romaine, 
et  pratiquent  régulièrement  les  devoirs  religieux.  Ils  se  sont 
toujours  distingués,  aussi  bien  avant  qu'après  le  mariage,  par 
d'excellentes  habitudes  morales.  Ils  sont  laborieux  et  élèvent 
leurs  enfants  avec  sollicitude.  Ces  enfants  fréquentent  l'école 
communale  sous  le  contrôle  de  la  mère  dès  que  leur  concours 
n'est  plus  utile  à  la  garde  du  cochon,  dont  l'élevage  est  un 


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3(K  CH.  Vt.  —  HANOEUVBE-AGBlcnLTBlIB    OV   UOkVAN    (NIVEH:<AIS). 

des  principaux  moyens  de  bien-être  de  la  famille.  La  firanme, 
douée  d'un  excelleot  jugement  et  d'un  caractère  ferme,  exerce 
de  l'ascendant  dans  les  affaires  de  la  famille.  C'est  surtout  par 
suite  de  cette  inQuence  que  le  budget  se  résume  chaque  année 
eo  une  épargne.  Celle-ci  vient  régulièrement  accroître  un  capital 
placé  à  intérêt  et  qui  sera  un  jour  consacré  à  l'acquisition  d'une 
petite  propriété.  Cette  constante  préoccupattoo  est,  avec  le  senti-  , 
méat  religieux  et  les  conseils  donnés  par  le  patron,  la  base  de 
toutes  les  vertus  de  la  famille. 

La  population  est,  de  temps  en  temps,  soumise  h  Tin- 
fluence  des  fièvres  intenuittentes,  dues  aux  étangs  établis  dans 
cette  localité  pour  le  service  des  usines  et  la  production  du 
poisson.  L'ouvrier,  en  raison  de  la  nature  même  de  son  travail, 
est  exposé  aux  maladies  ou  aux  indispositions  qui  sont  la  con- 
séquence de  la  suppression  brusque  de  la  transpiration.  Dans  tes 
cas  graves,  la  famille  reçoit  les  visites  d'un  médecin  établi  dans 
le  voisinage. 

L'ouvrier,  attaché  en  qualité  de  fondeur  au  service  d'un 
haut  fourneau,  remplit  la  même  fonction  que  l'ouvrier  cité  pré- 
cédemment (III,  IX,  g).  Malgré  son  aptitude  et  ses  habitudes 
laborieuses,  il  se  trouve  retenu,  sous  l'empire  des  mêmes  circon- 
stances, dans  la  catégorie  des  journaliers.  Tout  en  conservant 
cette  situation,  le  fondeur  du  Nivernais  s'élève  progressivement, 
par  l'épargne,  à  la  condition  de  propriétaire. 

II.    UojenB  d'exleteaoe   de  la  funllle. 

La  famille  ne  possède  pas  d'immeubles.  —  Argent  :  après 
avoir  complété  son  mobilier,  la  famille  a  employé  son  épargne 
annuelle  à  se  constituer  un  capital  montant  aujourd'hui  à 
210^00,  et  placé  provisoirement  à  raison  de  5  pour  100  chez 
un  fermier  avec  lequel  l'ouvrier  est  en  relation  d'affaires  et  de 
travaux.  Celui-ci  fait  fructifier  ce  capital  en  l'employant,  à  ses 
risques  et  périls,  au  commerce  des  bestiaux.  Après  un  nouveau 
délai  de  six  ans,  cette  épargne  sera  assez  grossie  pour  que  la 
famille  puisse  acquérir  une  propriété  immobilière,   et  payer 


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I  LA  COKSTn-UTluN  SOCIALB. 


comptant  la  majeure  partie  du  prix  d'achat.  —  Animaux  domes- 
liques  entretenvs  toute  l'année  :  4  poules  et  d  coq,  avec  élèves, 
11'  00.  —  Animaus!  domestiques  entretenus  seulement  unepar- 
tie  de  Vannée  :  1  porc  d'une  valeur  moyeDoe  de  55'  00,  eotre- 
teou  peDdaot  six  mois.  La  Taleur'moyenne  calculée  pour  l'année 
entière  équivaut  à  28'  00.  —  Le  porc  est  acheté  au  mois  de 
juillet  et  engrais^  jusqu'à  la  fin  de  décembre  ;  on  le  tue  alors 
pour  les  besoins  du  ménage.  —  Matériel  spécial  des  travaux  et 
industries:  outils  pour  les  travaux  agricoles  de  la  famille,7'00; 
outils  pour  la  récolte  du  combustible,  3'  00.  ~  Valeur  totale 
des  propriétés,  259'  00. 

Suivant  les  anciens  usages  encore  en  vigueur  dans  les 
usines  h  fer  (au  bois),  dont  l'établissement  remonte  au  moins  au 
dernier  siècle,  le  fondeur  n'est  pas  exclusivement  rétribué  par 
un  salaire  en  argent;  il  reçoit,  en  outre,  du  propriétaire  de  ta 
forge  où  il  iravaille,  certaines  allocations  qui  ne  sont  point 
nécessairement  proportionnelles  au  travail  accompli.  Telles  sont  : 
la  concession  à  titre  gratuit  d'une  maison  d'habitation  ;  celle  du 
jardin  de  2  ares  attenant  à  la  maison  et  d'une  chènevière  de 
â  ares  où  se  produit  le  chanvre  nécessaire  pour  la  confection  des 
vétemenls  de  la  famille  ;  la  récolle  îi  titre  gratuit  du  bois  de 
chauffage  dans  les  forêts  exploitées  pour  les  besoins  de  l'usine; 
et  la  participation  à  la  pêche  du  poisson  fourni  par  l'étang.  Pen- 
dant le  chômage  du  haut  fourneau,  le  propriétaire  de  l'usine 
emploie  l'ouvrier  à  des  travaux  accessoires,  alors  même  que 
l'utilité  de  ces  derniers  n'équivaut  pas  à  la  dépense  qu'ils  entrat- 
nent.  En  général,  il  exerce  tous  les  devoirs  du  patronage.  Le 
bien-être  de  la  famille  dépend,  en  grande  partie,  d'une  autre 
subvention  :  le  droit  de  faire  subsister  un  porc  sur  les  pâturages 
communaux  et  de  récolter  des  orties  et  diverses  herbes,  conve- 
nables pour  la  nourriture  de  cet  animal,  sur  la  lisière  de  plusieurs 
propriétés  particulières  du  voisinage.  L'ouvrier  jouit  encore,  par 
tolérance,  du  droit  de  pécher  dans  les  rivières  voisines. 

Travaux  de  touvrier.  —  Le  travail  principal  se  rattache  au 
service  d'un  haut  fourneau  dans  lequel  on  fond,  au  moyen 
du  charbon  de  bois,  des  minerais  pour  en  obtenir  de  ta  fonte 


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308  CR.  n     —   HUKCWU-AQBIGDLTBITl  DD  MOUVAN  (MVeBNAIS). 

de  fer.  L'ouvrier,  sous  1^  ordres  d'un  maître  fondeur,  est  spé- 
cialement chargé  des  uianipulations  coucemant  la  projection  de 
l'air  nécessaire  à  la  combustion,  l'eDlèvement  des  laitiers  et  la 
coulée  de  la  Tonte.  Il  travaille  12  heures  chaque  jour,  en  prenant 
alternativement,  de  semaine  en  semaine,  les  postes  de  jour  ou  de 
nuit.  Les  travaux  secondaires  de  l'ouvrier  sont  de  deu\  sortes. 
Les  uns  ont  lieu  pendant  le  chômage  du  haut  Toumeau  :  tels  sont 
divers  travaux  de  construction  et  d'entretien  dans  l'usine  même, 
les  récoltes  de  Toins  et  de  céréales  pour  un  fermier  voisin,  et  la 
prestation  d'une  journée  de  travail  pour  l'entretien  des  roules 
vicinales  et  départementales.  Les  autres  se  font  pendant  le  temps 
que  laissent  à  l'ouvrier  ses  occupations  principales  :  il  profite, 
par  exemple,  de  ces  moments  de  loisir  pour  faire  quelques  travaux 
agricoles  au  compte  de  la  famille,  et  pour  pécher,  de  temps  en 
temps,  dans  les  rivières  voisines.  Lors  de  la  pèche  de  l'étang  de 
l'usine,  il  donne  son  concours  au  patron;  et  il  est  rétribué  par 
une  portion  des  produits.  L'ouvrier  parvient  encore,  même  pen- 
dant l'activité  du  haut  fourneau,  à  disposer  d'une  journée  pour 
récolter  du  bois  de  chauffage.  —  Travaux  de  la  femme.  —  Le 
travail  principal  a  pour  objet  les  travaux  de  ménage.  Elle  tes 
accomplit  avec  intelligence  et  avec  un  esprit  d'ordre  remar- 
quable. Ses  travaux  secondaires  comprennent  tout  ce  qui  con- 
cerne l'exploitation  agricole  et  l'entretien  des  animaux  domesU- 
quesde  la  famille,  l'élaboration  du  chanvre,  et  la  confection  des 
vêtements  de  chanvre,  de  coton  et  de  laine.  Ici,  comme  dans 
beaucoup  d'autres  localités  oii  l'ouvrier  doit  consacrer  presque 
tout  son  temps  à  l'exercicd  de  sa  profe^iou,  le  bien-être  de  la 
famille  est  dû  essentiellement  à  l'activité  et  au  dévouement  de  la 
femme.  —  Travaux  des  enfants.  —  Les  enfants  donnent  quelque 
assistance  è  la  mère  dans  les  travaux  du  ménage.  L'alné  l'aide 
principalement  dans  les  travaux  qui  se  rattachent  à  la  garde 
et  à  la  nourriture  du  cochon.  —  Industries  entreprises  par  la 
famille.  —  Elles  comprennent  :  l'exploitation  des  animaux  domes- 
tiques, la  culture  d'un  jardin  et  de  la  chènevière.  Ces  industries 
qui,  dans  l'ancien  système  économique  de  la  France,  faisaient  en 
quelque  sorte  partie  intégrante  de  la  coadiliou  d'un  ouvrier  fon- 


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JLÂMBNTS  DIVEIB   DE   LA   GONSTITtrTtON  SOCtALB.  309 

deiir,  teDdent  à  disparaîtra  dans  les  établissements  de  foadatioa 
récente.  On  peut  même  constater  que,  dans  1^  usines  oîi  s'est 
conservée  la  tradition  du  patronage,  od  ne  fournit  plus  aussi  lar- 
gement qu'autrefois  aux  ouTriers  l'occasioD  de  les  exercer.  La 
famille  ici  décrite  ne  reçoit  pas  du  propriétaire  la  totalité  du  ter- 
rain qu'elle  cultive.  Four  produire  les  pommes  de  terre  néces- 
saires à  sa  consommation,  elle  contracte  une  association  avec  le 
fermier  pour  le  compte  duquel  l'ouvrier  travaille  pendant  la 
saison  des  récoltes.  Ce  fermier  lui  concède  6  ares  de  terrain  tout 
labouré  ;  de  son  côté  l'ouvrier,  avec  le  concours  de  sa  femme, 
étend  sur  ce  terrain  le  fumier  produit  par  les  animaux  domes- 
tiques; il  l'ensemence  et  exécute  tous  les  travaux  de  culture  etde 
récolte.  Les  produits  de  cette  petite  exploitation  sont  partagés 
par  moitié  entre  le  fermier  et  l'ouvrier. 

III.  Uoda  d'exlatenoe  de  la  famille. 

L'ordre  des  repas  est  le  même  que  celui  qu'on  a  indiqué 
précédemment  (s);  mais  la  nourrilure  de  la  fomille  ici  décrite 
est  plus  succulente  et  plus  copieuse.  L'amélioration  du  régime 
alimentaire  est  commandée  par  la  nature  même  de  la  pro- 
fession, qui  impose  journellement  à  l'ouvrier  une  dépense 
considérable  de  force  musculaire.  Contrairement  h  ce  qui  s'ob- 
serve en  Grande-Bretagne,  dans  la  plupart  des  districts  de  forges 
(III,  IX,  9),  cette  nécessitéd'un  régime  relativementdispendieax 
n'empêche  pas  le  fondeur  fhtQçais  de  réaliser  chaque  année  une 
épargne  notable,  parce  que  la  famille  sait  se  procurer  à  bon 
marché,  au  moyen  de  combinaisons  variées,  et  en  partie  par  sa 
propre  industrie,  plusieurs  des  aliments  qu'elle  consomme.  L'ou- 
vrier, contenu  par  l'influence  de  sa  femme,  n'est  pas  soumis  à 
l'empire  des  besoins  physiques  aussi  complètement  que  l'ouvrier 
anglais.  Ainsi,  la  famille,  qui,  dans  les  années  d'abondance, 
achète  pour  sa  consommation  une  provision  de  vin  dans  les 
vignobles  du  pays  ou  dans  ceux  de  la  Bourgogne,  renonce  com- 
plètement, dans  les  années  de  cherté,  à  l'usage  de  celte  boisson. 

L'habitation,  donnée  en  subvention  par  le  propriétaire  do 


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310  CD.    VI.  —   UAHOBDVBe-AGniCnLTitSR  SD  IIORTAN   (NIVEBNAIB]. 

l'usine  à  fer,  se  compcse  d'un  rez-de-chaussée  de  3  pièces. 
A  côté  se  trouvent  l'étable  du  cochon,  un  poulailler,  une  petite 
cour  et  un  jardin  de  2  ares.  Le  mohilier  comprend  tes  différents 
objets  désignés  ci-après.  —  Meubles  :  2  lits  avec  leur  garniture, 
2  tables,  6  chaises,  1  grande  armoire,  1  étagère  à  vaisselle, 
225'  00.  —  Ustensiles:  grossiers  et  peu  nombreux,  35'  00. 
—  Linge  de  ménage  :  5  paires  de  draps  en  toile,  50'  00. 
-~  Vêtements  :  ils  sont  simples  mais  soigneusement  entretenus. 
Ici,  comme  il  arrive  ordiuairement,  ce  trait  de  la  vie  domes- 
tique peint  parfaitement  les  habitudes  d'ordre  et  d'économie  qui 
régnent  dans  la  famille.  —  Vétemeots  de  l'ouvrier  :  1"  vête- 
ments du  dimanche  :  1  veste,  1  gilet  et  1  pantalon  de  drap 
(hiver)  ;  1  veste,  1  gilet  et  1  pantalon  en  étoffe  de  coton  (été); 
1  cravate  de  soie;  1  paire  de  souliers;  k  paires  de  bas;  1  cha- 
peau de  feutre,  ftft' 00;  —  2°  vêtements  de  travail  :  (vieux 
habits  du  dimanche)  2  cravates  de  coton;  6  chemises  de  toile; 
fi  mouchoirs  de  poche;  2  paires  de  sabots;  1  casquette  de  drap; 
18'  00.  —  Vêtements  de  la  femme  :  1*  vêtements  du  diman- 
che :  1  robe  en  étoffe  de  laine  fine,  dite  mérinos;  1  tablier  de 
soie;  1  robe,  1  fichu  et  1  tablier  d'indienne;  1  châle  de  laine 
imprimé  ou  tissé  ;  3  paires  de  bas  de  coton  blanc  ;  2  bonnets  et 
2cols  en  tulle  brodé;  1  paire  de  souliers,  56'00;  —  2'  vête- 
ments de  travail  :  (vieux  vêtements  du  dimanche)  1  robe, 
1  fichu  et  1  tablier  d'indienne;  h  paires  de  bas  bleus;  2  paires 
de  sabots  avec  chaussons  ;  6  chemises  ;  2  coiffes,  17  '  00.  —  Vê- 
tements des  enfants  :  confectionnés  en  partie  avec  les  vieux  vête- 
ments des  parents,  /i5'  00.  —  Valeur  totale,  &90'  00. 

La  principale  récréation  de  l'ouvrier  est  plus  commune 
en  France  que  dans  le  Nord  et  l'Orient  :  c'est  la  conversation 
faite  avec  les  camarades  dans  toutes  les  occasions  où  il  se  ren- 
contre avec  eux.  C'est  aussi  ce  penchant  à  la  causerie,  et 
nullement  une  propension  à  l'intempérance,  qui  atliie  l'ouvrier 
aux  cabarets  de  village,  aux  foires  et  aux  marchés  du  voisinage. 
Deux  ou  trois  fois  par  an,  la  femmeet  les  enfants  accompagnent 
l'ouvrier  à  ces  foires,  et  y  prennent,  au  prix  d'une  légère  rétri- 
bution, le  plaisir  des  spectacles  ambulants.  Pendant  l'hiver,  ptu- 


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'ÉLÉMENTS  DITEBB    DX  LA  GOKSTITtTTlON  80CIAL8.  3tl 

sieurs  familles,  ayant  les  mêmes  goûts  et  de  bonnes  relations  de 
Toisinage,  se  réunissent  dans  des  veillées  oii  un  travail  utile  s'as- 
socie à  de  véritables  récnéations.  C'est  ainsi  qu'en  élaborant  le 
chanvre  récolté  pour  les  besoins  du  ménage  on  cause  d'af^ires 
d'intérêt,  on  forme  des  projets  pour  l'avenir  et  on  écoute  des 
récils  amusants.  Souvent  aussi  on  termine  les  veillées  par  un 
léger  repas  composé  de  pommes  de  terres  cuites  sous  la  cendre 
du  foyer,  de  fruits  et  d'un  peu  d'eau-de-vie.  La  pêche,  au  moyen 
de  la  ligne  ou  du  01et,  dans  les  rivières  du  pays  ou  dans  l'étang 
de  l'usine,  est  à  la  fois  un  délassement  pour  l'ouvrier  et  un  moyen 
d'introduire  quelque  variété  dans  l'alimentation  de  la  famille. 

IT.  Hletolm  de  la  famllls. 

Élevé  dans  une  famille  qui  n'avait  pas  le  sentiment  de 
l'épargne,  l'ouvrier  n'a  reçu  de  ses  parents  aucun  autre  héritage 
que  quelques  articles  de  mobilier.  Suivant  l'usage  établi  dans 
les  anciennes  usines  à  fer  (au  bois),  l'ouvrier,  Ahs  son  ado- 
lescence, a  été  initié  par  son  père  h  la  profession  de  fondeur.  Il 
a  succédé  à  son  père  quand  ce  dernier  est  devenu  incapable  de 
travail.  Les  vieux,  parents  ont  été  nourris,  jusqu'à  leur  mort, 
dans  la  maison  du  fils,  avec  le  secours  de  quelque  allocations 
faites  par  le  propriétaire  de  l'usine.  L'esprit  d'épargne  et  de 
prévoyance,  qui  règne  dans  le  ménage  pris  ici  [Mur  exemple, 
conduira  infailliblement  les  deux  époux  à  posséder  un  jour  une 
propriété  agricole,  et  les  lèvera,  par  suite,  au-dessus  de  la  con- 
dition où  ils  sont  nés.  Si  cet  esprit  se  transmet  aux  enfants, 
ceux-ci,  aidés  par  leurs  parents,  pourront  sortir  définitivement 
de  la  classe  ouvrière  proprement  dite,  et  devenir  fumiers,  chefs 
d'état,  entrepreneurs  de  travaux  ou  petits  commerçants.  Dans 
les  familles  plus  nombreuses  appartenant  à  la  même  professicMi, 
chez  lesquelles  ne  se  développe  pas  le  sentimentdela  prévoyance, 
les  enfants,  vu  l'extinction  prochaine  des  usines  à  fer  (au  bois) 
du  pays,  ne  pourront  désormais  trouva  les  moyens  d'appren- 
tissage et  de  travail  qui  ont  été  à  la  disposition  de  leurs  pères. 
La  coDCurrence  des  nouvellea  usines  (à  la  houille)  amenant  la 


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ut  CH-  VI,  —  UAHCEOTkK-AaRICDLTEirK  DU  KORVAM  (NIVBKNitS). 

destruction  graduelle  des  usines  (au  bm),  ils  n'auront  gu^  à 
choisir  qu'entre  deu^  partis  :  devenir  maDœuvTeS'agriculleurs 
comme  l'ouvrier  décrit  dans  la  présente  mono^phie  ;  émigrer 
dans  les  localitës  où  s'agglomèrent  les  usines  à  la  houille.  Là, 
éloignés  du  lieu  natal,  privés  des  influences  tutélaires  du  patro- 
nage, des  subventions,  du  travail  agricole  et  des  relations  de 
parenté,  rétribués  exclusivement  au  moyen  d'un  salaire,  engagés, 
en  un  mot,  dans  la  condition  qui  tend  à  prévaloir  au  milieu  des 
manufactures  de  l'Occident,  ils  se  trouveront  placés  moins  favo- 
rablement que  ne  l'étaient  leurs  parents  pour  s'élever  à  un  plus 
haut  degré  de  bien-être  et  de  moralité. 

T.  BndBflt  domestique  umnal  et  avenir  de  la  famille. 

Recettes  de  la  famiUe.  —  Revenus  des  propriétés,  1&'  00; 
—  produits  des  subventions,  88'  00;  —  salaires,'  7ft2'  00;  — 
bénéSoes  des  industries,  ki'  00.  —  Total  des  recettes,  885^  00. 

Dépenses  de  la  famille.  —  Nourriture,  471'  00  ;  —  habita- 
tion, 77' 00;  —  vêtements,  219' 00;  —besoins  moraux, 
récréations  et  serivce  de  santé,  55 '00;  —  industries,  dettes, 
impôts  et  assurances,  11'  00.  —  Total  des  dépenses,  886'  00. 

Les  recettes  ne  sont  pas  complètement  absorbées  par  les 
dépenses;  elles  produisent  un  excédant  annuel  de  &9'  00,  qui 
constitue  l'épai^ede  la  femille. 

La  Tamiile  se  rattache  à  une  organisation  industrielle  en  voie 
de  transformation,  où  un  nouvel  ordre  économique  et  de  nou- 
velles mœurs  se  substituent  de  proche  en  proche  à  l'ancien  r^me 
européen.  Cette  transformation  s'effectue  en  partie  sous  l'in- 
fluence des  révolutions  introduites  dans  la  métallurgie  du  fer^  et 
de  l'antagonisme  qui  s'est  développé,  en  ce  qui  concerne  l'achat 
des  bois,  entre  les  mattres  de  forges  et  les  propriétaires  de 
forêts  (a)  ;  en  partie  et  surtout  sous  la  pression  de  Bentiments 
nouveaux  qui  inspirent  les  mattres  encore  plus  peut-être  que  les 
ouvriers,  et  qui  tendent  à  substituer,  dans  tontes  les  relations 
sociales,  l'indépendance  individuelle  à  la  solidarité.  Dans  la 
situation  où  il  a  vécu  jusqu'à  ce  jour,  l'ouvrier  a  pu  jouir  d'une 


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ét^UENTS  DIVEKS  DK  LA  GOKSTinmON  SOCIALE,  3)3 

Bécurtté  complèle,  souleou  par  un  patronage  bienTeillant,  par 
des  subventions  variées  et  par  des  indiifitriM  agricoles  qui  se 
lient  part^itement  aux  travaux  des  petites  usines  à  fer  disséminées 
çà  et  là  près  des  forêts.  Si  les  mêmes  influences  continuent  à 
agir  sur  lui,  il  s'élèvera  infailliblement  à  la  condition  de  petit 
propriétaire.  Mais,  si  les  nouvelles  tendances  continuent  à  pré- 
valoir, si  les  vices  du  régime  forestier  {s  s)  amènent  dans  ce 
district  la  ruine  des  forges  (au  bois) ,  les  ouvriers  seront  bientôt  . 
placés  dans  des  conditions  essentiellement  différentes.  Ne  trou- 
vant plus  de  travail  dans  les  anciennes  usines,  ils  devront  se 
concentrer  dans  les  nouveaux  établissements  fondés  à  proximité 
des  bassins  faouillers.  Étrangers  h  leurs  nouveaux  chefe  d'indus- 
trie, ou  n'entrant  en  relation  avec  eux  que  pour  débattre  les  con- 
ditions du  salaire,  tirant  exclusivement  de  ce  salaire  leurs  moyens 
de  subsistance,  ils  resteront  exposés  à  tous  les  dangers  résultant 
de  l'isolement  et  des  vicissitudes  commraviales.  Ceux-là  seule- 
ment pourront  conjurer  ces  dangers,  et  assurer  en  toute  éven- 
tualité l'existence  de  leur  famille,  qui  posséderont  à  un  degré 
ëminent  les  conditions  premières  de  l'indépendance,  c'est-à-dire 
l'amour  du  travail,  la  sobriété  et  la  prévoyance. 

S  22. 

ORGANISATION    VICIEUSE    IHPOS^B    AOIODRD'BUI    EN    FRANCE   AUX 
FORÊTS  PRIVÉES  ET  AUX  USINES  A  FBR  QU'ELLES  ALIMENTENT. 

En  France,  jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier,  les  usines  à  fer 
étaient  OTganisées  sur  les  mêmes  bases  qui  subsistent  encore  en 
Russie,  en  Suède  et  dans  la  majeure  partie  de  l'Europe.  Depuis 
lexvi*  siècle,  les  nombreuses  usines  existant  dans  presque  toutes 
les  provinces  y  étaient  considérées  comme  une  dépendance  néces- 
saire des  grands  massifs  boisés.  Consommant  environ  20  parties 
de  bois  pour  cbaque  partie  de  fer  livrée  au  commerce,  ces 
usines  étaient,  à  vrai  dire,  le  moyen  d'exporter,  sous  un  poids 
réduit,  les  produits  forestiers  qui,  sous  leur  forme  première, 
n'auraient  pu  supporter  les  (irais  d'uo  transport  lointain.  On 


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34i  Cil.  VI.  —    IIA^CEUVKE-ACBtCCLTBtB  DU  HORVAH   (hiVERNiUS). 

n'établissait  une  usine  que  pour  consommer  les  bois  d'une  cir- 
conscription déterminée,  en  sorte  que  chacune  d'elles  avait  pour 
raison  d'existence  un  alTouage  assuré.  Le  propriétaire  qui  exploi- 
tait son  usine  en  régie  n'avait  pas  à  se  préoccuper  du  prix  des 
bois.  La  rente  qu'il  tirait  des  forêts  était  fixée  par  le  résultat 
définitif  des  opérations  do  cet  établissement.  Le  propriétaire,  qui 
en  cédait  momentaoément  l'exploitation  à  un  Tennier,  y  compre- 
nait toujours  la  c^sion  de  l'afTouage  forestier.  Dans  ce  cas,  la 
rente  attribuée  aux  forêts  ne  se  distinguait  pas  ordinairement  de 
celle  qui  était  attribuée  à  l'usine  et  au  cours  d'eau,  pas  plus 
qu'on  ne  distingue  aujourd'hui  les  divers  éléments  dont  se  com- 
pose le  fermage  d'une  propriété  agricole.  La  nécessité  d'une  cer- 
taine corrélation  entre  la  consistance  de  chaque  usine  et  son 
affouage  forestier  était  tellement  évidente,  que  la  législation  ne  per- 
mettait pas  l'établissement  d'une  usine  nouvelle  qui  n'aurait  pu  se 
pourvoir  qu'en  empiétant  sur  le  rayon  d'approvisionnement  des 
usines  déjà  autorisées.  Celte  législation,  établie  sur  les  mêmes 
motifs  que  celle  des  fier()'s/a^<  suédois  (III,  i,  ss)  et  de  la  plupart 
des  usines  européennes,  subsiste  encore  en  principe,  mais  elle  a 
été  abrogée  en  fait  :  en  premier  lieu,  par  l'avènement  d'usines 
au  charbon  de  terre,  pourvues,  par  la  nature  même  des  choses, 
d'une  force  productive  indéKnie  ;  en  second  lieu,  par  l'abus  des 
tendances  économiques  qui  conseillent  d'assurer,  dans  tous  les 
modes  d'activité  humaine,  la  plus  grande  part  possible  à  l'initia- 
tive individuelle  et  à  la  liberté.  Plusieurs  circonstances  spéciales 
ont,  en  outre,  contribué  à  modifier  la  jurisprudence  suivie  pré- 
cédemment en  matière  de  permission  d'usines.  Les  lois  de 
douane  de  1822,  en  élevant  le  droit  d'entrée  imposé  aux  fers 
étrangers,  firent  d'abord  hausser  considérablement  le  prix  des 
fers  sur  le  marché  intérieur.  Le  Gouvernement,  pour  donner 
satisfaction  aux  consommateurs,  que  lésait  cet  état  de  choses, 
dut  autoriser  beaucoup  d'usines  au  bois,  qui  se  créèrent  alors  en 
plus  grand  nombre  que  les  usines  au  charbon  de  terre.  L'admi- 
nistralioa  Toreslière,  à  qui  revenait  plus  particulièrement  la  mis- 
sion d'apprécier  l'insuffisance  des  affouages  de  bois  acquis  aux 
nouvelles  usines,  ne  s'opposa  guère  à  leur  établissement.  Se 


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BLBUEHTS  DIVERS  DB  LA  GONSTITtITtON  SOCIALE,  315 

plaçant  en  dehors  du  point  de  vue  qui  avait  jusqu'alors  préoc- 
cupé l'adiniDislratioD  publique,  visant  uniquement  à  donner  plus 
de  valeur  aux  produits  des  forêts  domaniales,  elle  favorisa, 
aulantqu'il  dépendit  d'elle,  les  tendances  imprudentes  provoquées 
par  la  hausse  artificielle  du  prix  des  fers. 

D'un  autre  côté,  riodueDce  des  nouvelles  lois  civiles  n'ayant 
pas  cessé,  depuis  1793,  de  morceler  la  propriété,  la  liaison  des 
forges  et  des  forêts  s'est  rompue  dans  la  majeure  partie  de  la 
France.  Peu  à  peu,  les  usines  au  bois,  renonçant  à  leur  ancien 
caractère,  se  sont  placées,  pour  l'acquisition  de  leur  principale 
matière  première,  dans  les  mêmes  conditions  que  les  filatures, 
par  exemple,  pour  l'achat  des  matières  textiles.  Elles  ont  perdu 
la  stabilité,  trait  distinctif  de  l'agriculture  et  de  l'industrie  miné- 
rale et  des  autres  industries  exiractives,  pour  tomber  dans  la 
situation  instable  et  précaire  propre  aux  établissements  de  l'in- 
dustrie manufacturière.  Dans  la  lutte  désormais  engagée  entre 
les  deux  sortes  d'usines  à  fer,  il  deviendra  chaque  jour  plus  diffi- 
cile aux  usines  au  bois  de  se  maintenir,  si  l'on  ne  revient  pas 
aux  principes  consacrés  par  la  tradition  européenne. 

En  effet,  les  usines  au  charbon  de  terre  sont  médiocrement 
grevées  par  l'achat  du  combustible;  leurs  charges  se  composent 
en  grande  partie  de  l'intérêt  annuel  des  capitaux  immobilisés, 
c'est-à-dire  de  frais  qui  restent  invariables,  quelle  que  soit  l'im- 
portance de  la  fabrication.  Ces  usines  trouvent  donc  avantage  h 
continuer  leurs  travaux,  alors  même  que  le  prix  des  fers  tombe 
au-dessous  du  taux  normal.  Les  exploitants  des  mines  de  char- 
bon, ne  pouvant  eux-mêmes  entrer  en  chômage  sans  se  con- 
damner à  une  véritable  ruine,  s'empressent  d'ailleurs,  à  ces 
époques  de  crises  commerciales,  de  mettre  le  prix  du  combustible 
en  harmonie  avec  le  prix  des  fers. 

Dans  les  mêmes  circonstances,  les  usines  au  bois  ne  peuvent 
échapper  à  la  ruine  ou  au  chômage  que  si  le  prix  des  bois,  qui 
entre  parfois  pour  deux  tiers  dans  le  prix  de  revient  du  fer,  subit 
une  réduction  proportionnelle  à  la  baisse  survenue  dans  le  prix 
du  métal.  Or  c'est  ce  qui  arrive  rarement  tout  d'abord,  quand  le 
propriétaire  de  forêts  et  le  maître  de  forges  se  trouvent  dans  un 


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3(6  CH.  Vt.  —  HANOOVBB-AGBICULTISDB  DU  VORVAK   (KITEBNUS). 

état  habituel  d'antagooisme.  Dans  le  débat  qui  s'établit,  le  pro- 
priétaire de  forêts  mécooDatt  souveot  l'iotérét  qui  lui  commao- 
derait  d'aider  le  maître  de  forges  à  soutenir  la  coocurrence  des 
usines  au  charboa  de  terre  ;  alléguant  la  probabilité  d'une  hausse, 
il  conteste  toujours  que  le  priK  de  la  récolte  prochaine  puisse 
s'établir  d'après  le  prix  actuel  du  fer.  Dans  ce  conflit  stérile,  les 
contractants  se  trouvent  rarement  placés,  l'un  devant  l'autre, 
dans  une  situation  égale,  et  presque  toujours  l'un  des  intérêts 
se  trouve  sacrifié. 

L'une  des  conséquences  les  plus  fâcheuses  de  cet  antago- 
nisme est  l'élat  stationoaire  dos  usines  alimentées  par  le  combus- 
tible végétal.  Le  maître  de  forges,  qui  n'est  point  en  position  de 
monopoliser  le  commerce  des  bois,  sait  que  tout  perfectionne- 
ment introduit  dans  son  industne  ne  profite  qu'au  propriétaire 
de  forêts,  qui  s'empresse  d'escompter  ce  progrès  à  son  profit  et 
d'augmenter  le  prix  du  combustible  en  proportion  de  la  diminu- 
tion obtenue  dans  les  frais  de  fabrication.  Le  maître  de  forges  se 
garde  donc,  en  général,  d'immobiliser  de  nouveaux  capitaux  en 
vue  d'améliorations  dont  il  ne  retirerait  aucun  fruit,  et  qui  ren- 
draient sa  situation  plus  dilfîcile.  C'est  ainsi  qu'au  milieu  du 
progrès  générai  des  établissements  industriels,  et  des  usines  au 
charbon  de  terre  en  particulier,  les  usines  au  bois  continuent, 
pour  la  plupart,  à  opérer,  en  France,  avec  le  matériel  du  dernier 
siècle.  Elles  restent,  par  conséquent,  pour  ce  qui  concerne  la 
perfection  des  méthodes,  beaucoup  au-dessous  des  beaux  éta- 
blissements du  nord  (II,  v,  t^)  et  du  centre  (IV,  i,  3«)  de 
l'Europe,  pour  lesquels  ces  causes  d'immobilité  n'existent  pas. 
Un  tel  état  de  choses,  qui  ne  laisse  pas  de  milieu  entre  l'immo- 
bilité et  le  monopole,  ne  saurait  subsister  longtemps  à  une  époque 
où  le  progrès  incessant  des  procédés  de  travail  et  l'établissement 
d'une  loyale  concurrence  sont  les  conditions  premières  d'exis- 
tence pour  les  ateliers  industriels  et  de  sécurité  pour  les  popula- 
tions. Il  faut  donc  que,  sous  peine  de  ruine  ou  d'oppression,  les 
propriétaires  de  forêts  et  les  maîtres  de  forges  reviennent,  par 
l'association  volontaire,  à  l'état  de  solidarité  qui  règne  dans  le 
reste  de  l'Europe,  et  dont  ils  auraient  dû  ne  jamais  s'écarter. 


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éLBMBNTS  DIVERS  DB  Li  COmTtTVTtON  80CULB.  317 

La  réoi^DJsation  des  forêts  et  des  usines  au  bois  a,  pour  la 
Fraoce,  uq  grand  intérêt  social.  Il  serait  regrettable,  en  effet, 
que  les  populations  attachées  à  un  millier  d'usines  disséminées 
daos  toutes  les  régions  agricoles  de  la  France  fussent  arrachées 
violemment  à  d'excellentes  conditions  de  bien-être  et  de  moralité, 
et  allassent  grossir,  en  quelques  points  du  territoire,  ces  agglo- 
mérations industrielles  que  provoquent  l'exploitation  et  l'emploi 
du  charbon  de  terre.  Les  détails  donnés  dans  la  présente  mono- 
graphie, touchant  l'existence  du  fondeur  (au  bois]  du  Nivernais, 
prouvent  combien  il  importe  à  la  métallurgie  française  de  con- 
server ces  types  sociaux. 

Cet  ouvrier  réunit  la  plupart  des  conditions  de  bien-être  et  de 
stabilité  qui  sont  propres  à  ceux  du  Nord  et  de  i'Orient.  Pendant 
l'époque  du  travaU  industriel,  il  partage  son  temps  entre  ce  tra- 
vail et  une  petite  exploitation  agricole  propre  à  la  famille.  Pen- 
dant l'époque  du  chômage,  qui  coïncide  avec  celte  des  récoltes, 
il  fournit  à  l'agriculture  un  complément  de  main-d'œuvre.  Les 
contrées  où  ces  deux  genres  d'exploitations  se  prêtent  ainsi  un 
mutuel  secours  sont  dispensées  d'entretenir  des  journaliers-agri- 
culteurs à  existence  précaire,  ou  d'appeler  du  dehors  des  ouvriers 
émigrants  dont  le  contact  est  souvent  nuisible  à  la  moralité  des 
ouvriers  sédentaires. 

Les  ouvriers  des  usines  trouvent,  en  général,  un  charme 
particulier  dans  cette  alternance  des  travaux  de  l'industrie  et  de 
l'agriculture.  Stimulés  par  des  combinaisons  ingénieuses  relatives 
au  mode  de  rétribution,  ils  prennent  un  vif  intérêt  aux  travaux 
des  champs  ;  souvent  même  ils  s'y  livrent  avec  une  sorte  de  pas- 
sion. On  a  déjà  signalé  explicitement  ce  trait  de  mœurs  pour  le 
forgeron  russe  (II,  m,  ii),  qui  considère  comme  une  époque  de 
fêle  et  de  repos  le  temps  pendant  lequel  il  exécute  les  travaux  de 
fenaison  avec  le  concours  de  sa  famille  et  de  ses  voisins.  Le  tis- 
serand du  Rhin  (II,  7)  se  trouve  dans  le  même  cas.  Les  usines 
métallurgiques  de  France  présentent  beaucoup  de  traits  ana- 
logues; et  il  y  a  lieu  de  penser  que  celte  inclination  des  popula- 
tions ouvrières  est  en  harmonie  avec  les  convenances  de  l'hygiène. 

A  cette  occasion,  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que 


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3tS  CR.  VI,  —  HAKtEnriR-lflHIGtLTEDl  DV   HOSVAS  (MVSBNAIS]. 

l'ancienae  écoDomie  iodustrielte  faisait  souvent  uDe  lai^  part 
aux  coDTeDaaces  personnelles  des  ouvriers.  Les  relations 
intimes  qui  les  unissaient  au  patrou  amenaient  naturellement 
celui-ci  à  prendre  en  considération  leurs  désirs,  leurs  besoins,  le 
soin  de  leur  santé,  leurs  répugnances.  Ces  considérations  influaient 
non-seulement  sur  la  ûxation  des  jours  de  repos  et  de  châmage, 
mais  encore  sur  la  nature  même  des  méthodes  de  travail.  Il 
serait  inexact  de  dire,  d'une  manière  générale,  que  les  procédés 
nouveaux,  fondés  sur  l'emploi  de  la  bouille,  conviennent  moins 
que  les  anciens  iH'océdés  à  la  santé  d^  ouvriers;  parfois,  au 
contraire,  la  science  a  introduit  de  précieuses  améliorations  dans 
l'bygiène  des  ateliers.  On  peut  affirmer,  cependant,  que  l'industrie 
moderne,  forcée  d'agir  sur  une  grande  échelle  avec  le  concours 
des  machines,  et  de  se  plier  à  d'impérieuses  nécessités,  ne  peut 
plus  tenir  compte,  comme  on  le  faisait  autrefois,  des  inclinations 
ou  des  antipathies  des  populations  vouées  aux  travaux  manuels. 
Sous  ce  rapport,  il  y  a  encore  lieu  de  désirer  que  la  conservation 
des  usines  au  bois  contribue  à  maintenir  en  France  ces  excel- 
lentes habitudes  industrielles. 

§23, 

COHHDNADTés,    COUTUHIÈRBS    OU    TAISIBLES,    DU    NTVEENAIS, 
COUPOSÉBS  DE  MÉNAGES  FBBHmHS  DE  DOMAINES  KUBADX. 

Ces  institutions  remontent  aux  premières  époques  du  moyen 
âge  où  les  bras  manquaient  à  la  culture  du  sol.  Les  grands 
propriétaires  et  les  tenanciers  étaient  alors  également  intéressés  h 
conserver  dans  les  mêmes  familles  l'exploitation  des  domaines.  ' 
L'avenir  d'une  exploitation  était  peu  assuré  quand  le  fermier 
n'avait  qu'un  héritier;  et,  dans  ce  cas,  le  domaine  pouvait  être 
repris  par  le  propriétaire.  Au  contraire,  cette  reprise  était  inter- 
dite quand  le  fermier  laissait  plusieurs  héritiers,  vivant  en  com- 
munauté a  au  même  pot,  sel  et  chanteau  de  pain  ». 

On  a  vu  comment  les  communautés  de  propriétaires  ruraux 
de  l'Auvergne  (iv,  io)  et  relies  du  Nivernais  (so)  ont  disparu 
sous  l'action  dissolvante  du  Code  civil.  Les  communautés  de  fer- 


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ÉLÉUIINTS  DITBBS  DB  U 

miers  ont  résislé,  au  contraire,  dans  plusieurs  localités  où  les  pro- 
priétaires n'ont  point  eu  ialérét  à  morceler  leurs  domaines.  Il  en 
existe  eBcore  un  grand  nombre,  à  l'extrémité  méridionale  du 
Morvan,  dans  les  cantons  de  Luzy,  d'Issy-l'Évêque,  de  Mesvres 
et  de  Goulon-sur-Arroux.  Ces  communautés  conservent  à  peu 
près  l'organisation  qu'elles  avaient  à  l'origine.  Par  leur  solidité 
et  leurs  mœurs  patriarcales,  elles  font  un  contraste  étrange  avec 
les  agriculteurs  qui  les  entourent. 

Le  personnel  de  toutes  les  comoaunautés  est  variable  suivant 
l'importance  du  domaine  exploité.  Dans  un  domaine  de  100 
à  lûO  hectares,  le  personnel  est  de  vingt  à  trente  individus  des 
deux  sexes  et  de  tout  âge.  A  chaque  vacance  du  maître  et  de  la 
maitresiet  le  remplacement  se  fait  à  Vélxclion.  La  maîtrise  ne 
confère  aucun  avantage  pécuniaire,  le  maître  et  la  maîtresse  no 
peuvent  jamais  être  mari  et  ,%nme.  Cette  prohibition  résulted'un 
usage  traditionnel  ;  toutefois,  lorqu'une  communauté  est  devenue 
trop  nombreuse  et  qu'elle  essaime,  un  père  et  une  mère  ayant 
des  enfants  forts  se  détachent  de  la  communauté  principale  et  ils 
deviennent,  dans  ce  cas,  mattre  et  maîtresse  de  droit  du  nouvel 
essaim  qu'ils  conduisent  dans  un  autre  endroit  oii  ils  forment 
souche  à  leur  tour. 

Une  fois  l'élection  faite,  le  nouvel  élu  demande  l'investiture 
au  propriétaire  du  domaine  qui  a  son  veto  :  s'il  le  prononce, 
l'élection  recommence  ;  s'il  ratifie,  ce  qui  a  lieu  toujours,  il  donne 
l'accolade,  c'est  l'acceptation.  A  moins  d'incapacité  notoire  ou  de 
minorité,  les  sufirages  appellent  à  la  maîtrise,  par  ordre  de 
primogéniture,  les  fils  du  maître  décédé,  et  même,  tant  est  grand 
le  respect  pour  l'atnesse,  la  minorité  n'est  pas  toujours  un 
obstacle  à  la  maîtrise!  Ainsi,  il  y  a  quelques  années,  un  jeune 
garçon  de  18  ans  fut,  dans  la  commune  de  Millay  (canton  do 
Luzy),  élu  mattre  de  la  communauté.  Il  la  gouverna  et  la  gou- 
verne encore  avec  tant  d'intelligence  que  les  affaires,  mauvaises 
lors  de  son  entrée  en  fonctions,  sont  aujourd'hui  dans  un  état 
prospère.  La  maîtrise  ainsi  dévolue  a  la  double  consécration  de 
la  primogéniture  et  de  l'élection.  La  primogéniture  ne  donne  pas 
un  droit  absolu  :  elle  n'est  qu'une  désignation  traditionnelle  et 


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.110  ca.  VI.    —  IIANOBIJVKB-AfiKICULTBCK  DU  MOBTAN  (NITBDNAIS}. 

Spéciale,  qui  peut  être  ou  ce  pas  être  ratifiée  par  l'électioD.  Le 
mattre  élu  commande  à  tous.  Lui  seul  est  coqdu  à  Textérieur. 
C'est  avec  lui  qu'on  traite,  et  il  oblige  ses  communs.  Dans  les 
cas  graves,  il  demande  leur  avis.  Il  est  entouré  d'un  grand  res- 
pect. Nul  ne  le  contredit  ;  et,  pourtant,  ils  sont  tous  égaux,  tous 
soumis  aux  mêmes  travaux,  au  même  régime  et  ont  même  béné- 
fice. Un  étranger  vient-il  à  la  communauté  traiter  d'une  affaire? 
Le  maître  parle  ;  et,  lors  même  qu'il  ferait  une  opération  oaé- 
reuse,  aucune  observation  ne  lui  serait  adressée.  11  est  le  maître] 
Une  soumission  pareille  semble  d'autant  plus  étrange,  de  dos 
jours,  que  le  mattre,  pour  faire  respecter  son  autorité,  n'a, 
comme  sanction,  aucune  pénalité  à  imposer.  Cette  classe  de 
paysans  est  infiniment  stable,  laborieuse,  morale  et  modeste, 
quoique  généralement  aisée.  On  peut  considérer,  dans  un 
domaine,  comme  «  immeuble  par  destination  »,  la  famille  réunie 
en  communauté  taisible. 

La  vie  de  cette  classe  est  intimement  liée  à  la  constitution  du 
sol  et  aux  conditions  primordiales  de  la  vie  matérielle.  Défiante 
à  l'endroit  des  idées  nouvelles,  elle  a  conservé  fidèlement  les  tra- 
ditions nationales,  religieuses  et  patriarcales.  La  communauté  a 
sa  racine  dans  le  droit  coutumier.  Elle  a  traversé  trois  révolu- 
tions qui  ont  profondément  modifié  l'état  social.  Par  ces  com- 
motions ont  été  emportées  presque  partout  les  communautés 
agricoles  ;  mais,  dans  ce  coin  de.  la  France,  elles  n'ont  presque 
pas  été  efiteurées.  A  quoi  tient  une  telle  longévité? 

A  notre  avis,  ce  phénomène  a  trois  causes.  La  première  est 
la  situation  topographique  :  les  communautés  placées  au  milieu 
des  montagnes,  loin  des  routes  et  des  centres  industriels,  ont  été 
peu  en  contact  avec  les  idées  nouvelles.  La  seconde  est  l'excel- 
lence de  ce  régime  pour  les  travaux  agricoles.  La  troisième  ^t 
la  sagesse  et  la  moralité  de  certains  usages  coutumiers,  parfaite- 
ment appropriés  à  la  vie  des  champs. 

En  effet,  tant  au  point  de  vue  matériel  qu'au  point  de  vue  mo- 
ral, les  communautés  de  ménages  offrent  à  leurs  membres,  dans 
les  divers  âges  et  les  diverses  circonstances  de  le  vie,  toutes  les 
garanties  de  bonheur  et  de  sécurité  désirables  ici-bas.  L'homme 


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RLBMBNTS  DIVBH*   Dl  Ll  CONSTITUTIÛN  lOCUUT.  311 

valide  y  troure,  en  tout  teoips,  ud  travail  approprié  à  ses  forces. 
S'il  est  malade,  on  lui  prodigue  des  soins  affectueux  et  désinté- 
ressés. 6d  travaille  pour  lui,  et  sa  part  dans  les  bénéGces  continue 
à  se  produire  avec  celle  des  autres  associés.  Il  meurt  sans 
inquiétude  sur  l'avenir  de  sa  femme  et  de  ses  enfants.  Sa  veuve 
a  le  choix  entre  deux  partis  :  rentrer  dans  la  communauté 
qu'elle  a  quittée,  c'est-à-dire,  chez  ses  propres  parents,  ce  qui 
ne  lui  serait  pas  permis  comme  femme  mariée;  rester  dans  la 
communauté  dont  son  mari  était  parsonnier.  Dans  cette  dernière 
situation,  elle  est  pourvue  et  respectée  ;  elle  y  forme,  en  travail- 
lant, son  pécule  personnel  ;  et,  lorsque  l'âge  et  les  inBrmités  la 
rendent  impropre  au  travail,  elle  devient  reposante;  elle  est 
nourrie,  soignée  gratuitement  ;  mais  elle  n'a  plus  droit  au  pécule. 

Les  orphelins,  eux,  sont  les  enfants  de  la  communauté.  Leur 
père  n'est  pas  mort  :  il  est,  par  une  bienveillante  fiction,  sim- 
plement endormi.  Ils  continuent  la  tête  de  leur  père.  Leur  car- 
rière est  toute  tracée  :  ils  s'initient  au  travail  ;  ils  ont  sous  les 
yeux  des  exemples  pratiques  d'ordre,  d'économie,  d'honnêteté, 
de  bienfaisance  et  d'amour  de  Dieu.  Le  vieillard  y  rencontre  le 
repos  qu'il  a  gagné  ;  et  ses  vieilles  années  sont  entourées  de  défé- 
rence et  de  respect.  De  cette  façon,  en  temps  prospère,  la  com- 
munauté est  une  source  de  bonheur  et,  dans  l'adversité,  elle 
devient  un  asile. 

Toutes  ces  communautés  sont  très-jalouses  de  transmettre 
intacte  à  la  génération  qui  vient  la  réputation  de  probité  qu'elles 
ont  reçue  de  leurs  ancêtres.  Les  membres  s'en  tiennent  tous  soli- 
daires; et  leur  mot  individuel  s'elface  devant  le  mot  collectif  de 
la  communauté.  Lorsque  l'on  considère  l'existence  si  calme,  si 
bien  abritée,  si  heureuse,  et  pourtant  si  laborieuse,  de  ces  utiles 
associations,  on  regrette  qu'elles  ne  soient  pas  plus  nombreuses. 
Cependant  des  hommes  éminents  pensent  que  le  régime  de  com- 
munauté comprime  l'essor  des  supériorités  naturelles  et'géne  le 
libre  développement  des  aptitudes  personnelles;  que,  de  là, 
découle  une  iniquité  en  ce  que  les  fruits  du  travail  et  de  l'intel- 
ligence sont  inégalement  répartis.  Théoriquement,  cela  est  vrai  ; 
mais,  dans  la  pratique  des  communautés  agricoles,  il  n'en  est 


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3SI  CH.  Tl.  —  MANOEnrBB-AaBtCDLTBim  SD  houvam  (niveanais). 

pas  aÎDsi.  D'abord,  uq  Newtoo  ce  oatt  pas  tous  les  jours  dans 
UDO  Terme;  y  Dat(rait-il,  que  son  génie  saarail  bira  sortir  de  l'ea- 
veloppe  de  la  communauté.  Et  puis,  la  communauté  n'a  rien  de 
coercitif  à  l'égard  de  ses  membres  ;  chacun  est  libre  d'y  rester  ou 
de  la  quitter.  Les  jeunes  gens  qui  en  sortent  forment  deux  caté- 
gories. Les  uns  apprennent  un  état,  puis  font  leur  tour  de  France; 
et  découragés,  après  mille  déceptions,  ils  Bnisseot  par  revenir  au 
chef-lieu  de  canton  voisin,  pour  y  ouvrir  boutique  ou  magaàn. 
Les  autres  se  livrent  au  commerce  des  comestibles  (Rocatier)  pour 
l'approvisionnement  des  forges  du  Creusot;  et,  lorsqu'ils  ont 
amassé  une  somme  suffisante,  ils  se  fout  Blatiers.  Mais  le  com- 
merce des  blés  est  soumis  à  une  grande  fluctuation  ;  et  souvent, 
après  deux  ans  de  travail,  le  blatier  est  ruiné.  Alors,  il  sollicite 
l'ouverture  d'uo  oabaret  au  chef-lieu  du  canton.  C'est  là  que  se 
retrouvent,  après  des  vicissitudes  diverses,  mais  aigris  et  envieux, 
le  fruit  sec  de  l'industrie  et  le  fruit  sec  du  commerce.  Tous  deux, 
comme  deux  braconniers,  tiennent  en  joue  les  communautés  d'où 
ils  sont  sortis.  Aussitôt  qu'uo  membre  dont  ils  sont  présomptifs 
héritiers  vient  à  mourir,  le  coup  part,  et  la  balle  atteint  au 
cœur  la  communauté;  car  la  draaande  en  liquidation  et  partage 
est  le  signal  de  la  dispersion.  Conséquemment,  le  ré^me  de  la 
communauté  ne  comprime  pas  les  membres;  au  contraire,  la 
liberté  qu'elle  leur  laisse  amène  fréquemment  sa  ruine. 

Mais  les  communautés  ont  un  défaut  que  ne  pardonne  pas 
l'esprit  utilitaire  de  notre  époque.  Leur  Sdélîté  aux  traditions 
anciennes  les  rend  routinières,  et  même  rétives  aux  Dourelles 
méthodes  de  culture.  Satisfaites  des  bénéGces  qu'elles  réalisent, 
elles  ne  veulent  rien  exposer  aux  risques  de  l'expérimentation; 
elles  fuient  les  comices  agricoles.  Gomme  leurs  moeurs  et  leurs 
idées,  leur  mode  de  culture  est  resté  stationnaire.  Néanmoins,  si 
l'absentéisme  n'était  pas,  dans  cette  contrée,  aussi  fréquent,  le 
propriétaire,  qni  a  toujours  une  grande  influence  sur  l'esprit 
des  fermiers,  pourrait  les  amener  insensiblement  k  entrer  dans 
la  voie  des  améliorations.  v.  de  chbtbbbt. 


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CHAPITRE  VII 

BORDIER 

DE    LA    CHAMPAGNE    POUILLEUSE 

onrtiiBfPROPBiiTiiiE,  tachkok  »t  mvbhaliim, 
dun  la  iTUboM  dai  angigammli  momimUiiéa, 

d'après    LBS     lieHSGiaNEHBNTS    RECUEILLIS     SDH     LES    LIEUX, 
EN    1856, 

Pab  m.  B.  DBLBET. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 

DâFINISSANT    LA  CONDITION  DES    DIVBKS  tlEMBBES  DE   LA  FAHILLR. 

IMOmIMmi  du  ll«n,  de    l'»rcaNlMll«n    Industrielle 
e«  d«  la  faMiille. 


^TAT  DO   SOL,   DE   l'INDUSTBIB   ET  DB   hk  POPULATION. 

L'ouvrier  habite  la  commuoe  de  BeaumoDt,  canton  de 
Saippw,  département  de  la  Marne,  sur  la  route  de  Reims  à 
Châlons,  à  20  kilomètres  de  chacune  de  ces  villes.  Ce  pays 
appartenait  à  la  Champagne  dite  «  pouilleuse  » ,  à  cause  de  sa 
proverbiale  réputation  de  stérilité.  Le  sol,  s'éteudanl  en  longues 
plaines  ondulées,  y  eet  eu  effet  aride  et  paunre.  Au  sommet  des 
collioes  et  sur  leurs  pentes,  la  craie  se  montre  uniquement.  Dans 
les  vallées,  elle  se  mêle  à  un  gravier  calcaire  qui  souvent  la 
recouvre.  C'est  une  terre  légère,  émioemment  perméable,  qui 


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3U  CH.  mu  —   BOADIBB  DE  LA  CHAMPAONB  POUILLEUSE, 

jamais  ne  reçoit  assez  d'eau;  Tacile  à  travailler  d'ailleurs,  à  ce 
point  qu'un  seul  cheval  y  conduit  la  charrue  et  que  les  Temmes 
se  chai^nl  souvent  du  soio  de  labourer.  Ce  terrain  devient  pour- 
tant fertile  quand  il  reçoit  les  engrais  convenables.  Ainsi,  autour 
des  villages,  il  produit  de  riches  moissons  de  céréales  et  de 
belles  prairies  artificielles  (trèfles,  sainfoins  et  luzernes);  mais 
les  habitants  de  ces  villages,  peu  nombreux  relativement  à 
l'étendue  de  leurs  territoires,  manquant  d'ailleurs  de  capitaux, 
donnent  tous  leurs  soins  aux  champs  voisins  de  leurs  habitations, 
famés  déjà  depuis  longtemps.  Ils  appliquent  aux  meilleurs  de  ces 
champs  une  culture  perfectionDée  et  soumettent  les  autres  à 
l'antique  assolement  triennal.  Aux  plus  éloignés,  ils  ne  demandent 
qu'une  maigre  récolte  d'avoine  tous  les  cinq  ans  environ.  Cette 
récolte  s'obtient  sur  un  seul  labour  et  dépend  presque  exclusi- 
vement des  circonstances  atmosphériques.  Assez  belle  quand 
l'année  est  pluvieuse,  elle  manque  presque  absolument  quand  la 
saison  est  sèche.  Pendant  les  années  qui  suivent,  la  terre  ainsi 
traitée  est  abandonnée  à  la  vaine  pâture  sous  le  nom  de  a  peleux  n 
ou  «  sararts  n .  Elle  se  couvre  lentement,  en  trois  années,  d'une 
chétive  végétation  de  graminées  (genres  Poa,  Phleum,  L.),  au 
milieu  desquelles  dominent  de  nombreuses  ^pèces  d'euphorbes 
{Euphorbta  Lathyrts,  E.  Çyparissias,  L.,).  Ces  plantes,  que  le 
mouton  ne  mange  pas,  diminuent  encore  la  valeur  de  ce  maigre 
pâturage.  Aussi  les  propriétaires,  et  spécialement  ceux  qui 
n'habitent  pas  sur  les  lieux,  ont-ils  recherché  d'autres  moyens 
de  tirer  parti  de  leurs  terres.  Depuis  vingt  ans  suitout,  une  vaste 
étendue  de  ces  savarls  a  été  plantée  en  pins  {Pinus  sylvesiris,  L.) , 
qui  déjà  ont  modifié  l'aspect  du  pays,  et  qui  fournissent  aux 
habitants,  presque  privés  de  bois  Jusqu'alors,  un  combustible  à 
des  prix  relativement  modérés. 

Le  lieu  ou  a  été  construite  la  maison  de  l'ouvrier  décrit  dans 
cette  monographie,  quoique  situé  sur  une  grande  route  et  à 
3  kilomèti-es  seulement  de  la  rivière  de  Vesles,  était  récem- 
ment encore  à  l'état  de  savârt.  Mais  de  grands  travaux  entre- 
pris sur  ce  point  par  TËtat  y  ont  créé  des  conditions  nouvelles. 
Ces  travaux   ont  eu  pour  but  de  creuser  un  souterrain  de 


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OBSERVATIONS  PB^WNAIKBS.  339 

2,&00  mètres  sous  une  moDtagae  de  craie  pour  faire  passer  un 
canal  du  bassin  de  la  Vesles  dans  celui  dé  la  Manie.  CommeDcés 
eu  IS&O,  ils  ODt  retenu  sur  les  lieux,  pendant  six  anoées,  beau-  . 
coup  d'ouTriers,  d'employés  et  d'entrepreneurs.  Il  a  Fallu  loger 
les  UDS  et  les  autres,  et  peu  à  peu  des  constructions  ont  été  éle- 
vées par  l'admiDistratioD  et  par  des  spéculateurs.  C'est  à  ce  der- 
nier titre  que  l'ouvrier  décrit  dans  la  présente  monographie 
oib'eprit  UD  des  premiers  la  construction  d'une  maison,  espérant 
s'y  loger  à  moins  de  Trais  que  dans  les  garnis  et  comptant  en 
louer  une  partie  h  d'autres  ouvriers.  Ou  pourra  voir  quelles 
heureuses  conséquence  cette  spéculation  entraîna  pour  son 
avenir  (i  a). 

Aioà  fut  créé,  sous  le  nom  de  MouIin-de-Beaumoot,  un 
centre  nouveau  de  population,  principalement  composé  de  caba- 
retiers  et  d'ouvriers  turbulents,  auxquels  vinrent  se  joindre 
quelques  habitants  des  villages  voisins.  En  1S&6,  les  travaux 
ayant  été  subitement  suspendus,  toute  la  partie  nomade  de  cetlâ 
population  se  dispersa  ;  et  il  ne  resta  plus  que  ceux  qui  s'étaient 
créé  dans  le  pays  des  intérêts  durables.  Parmi  ces  derniers  se 
trouvait  le  sujet  de  cette  monographie,  devenn  propriétaire  d'une 


Dès  lors  les  éléments  si  divers  de  cette  population  tendirent 
à  se  fondre  et  à  constituer  une  unité  normale  et  durable.  Elle 
existe  tout  au  moins  au  point  de  vue  moral;  mais  la  siogulière 
situation  du  village,  aux  confins  de  quatre  communes  et  de 
deux  arrondissement,  ne  lui  permet  pas  de  former  une  voûté 
admicistrative. 

sa. 

ÉTAT   CIVIL  DE  LA   FAHILLE. 

La  fomille  comprend  4  personnes,  savoir  : 

1.  Victor  H",  né  près  d'Ëplnil  (Voigw] A3  uu. 

S.  BJUuK  C",  B*  femme,  née  h  CbUoas  (Hune) 31    — 

3.  Eugénie-Augustine  H",  leur  fllle  klnée. IS    —   1/3 

A.  AngniUno-Eugénie  H",  l«ar  Ule  cadeUe 13   — 


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3S6  GB>  VII.  —    BOBDIER   DE    Li  CRAIlPAfiMB  POUILLEUSE. 

Le  mariage,  qui  a  «i  lieu  en  1839,  a  été  précédé  de  rela- 
tions illicites.  Un  enfant,  Dé  avant  le  mariage,  est  mort  en  bas 
âge. 

S  S- 

BELIGION  ET  nj^BITODES    MORALES. 

La  famille  appartient  à  la  religion  catholique  romaine,  mais 
ne  la  pratique  en  aucune  manière.  L'ouvrier,  né  au  milieu  d'une 
population  religieuse,  et  élevé  dans  une  familjed'une  piété  remar- 
quable, a  conservé  pendant  quelque  temps  en  Champagne  sa 
ferveur  et  ses  habitudes  de  pratique  religieuse.  Mais  bientôt  il  a 
cédé  aux  influences  du  milieu  où  il  vivait;  et,  depuis  [Pasteurs 
années,  il  n'est  pas  entré  dans  une  église.  Cependant,  les  effets 
de  l'éducation  première  sont  encore  sensibles  chez  lui.  Il  parle 
des  idées  et  des  choses  de  la  religion  avec  une  gravité  respec- 
tueuse qu'il  n'est  pas  habituel  de  rencontrer  chez  les  populations 
voisines.  An  lieu  de  suspendre  dans  sa  maison  ces  insignifîantes 
enluminures  qui  se  retrouvent  partout  dans  ces  campagnes,  il  l'a 
ornée  de  quelque  images  grossières  représentant  des  sujets  reli- 
gieux et  au  milieu  desquelles  se  remarquent  les  tableaux  de 
première  communion  de  ses  deux  filles.  La  femme,  sous  ce  rap- 
port, n'a  guère  subi  Tinfluence  du  mari;  elle  est  restée  dans  cet 
état  de  complète  indifférence  qui  caractérise  les  habitants  des 
quatre  villages  voisins.  Parmi  ces  villages,  aucun  n'a  de  curé; 
tes  oâhïes  n'y  sont  célébrés  que  de  loin  en  loin;  et  encore  la 
plus  grande  partie  de  la  population  s'abstient-elle  d'y  assister. 
Tous  pourtant  se  soumettent  aux  cérémonies  qui  confèrent  le 
titre  de  chrétien  ;  mais  on  fait  faire  la  première  communion  aux 
enfants  à  un  âge  où  cet  acte  ne  peut  avoir  aucune  influence 
morale  sur  eux.  Les  parents  considèrent  la  préparation  néces- 
saire comme  une  chaire  et  un  ennui.  Souvent  même,  quand  elle 
se  prolonge,  ils  menacent  le  prêtre  de  retirer  leurs  enfants,  s'il  ne  . 
consent  à  les  débarrasser  au  plus  tôt.  Cas  dispositions  à  l'indif- 
férence, sinon  à  l'hostilité,  ont  été  aggravées  encore  par  te  séjour 
qu'ont  feit  dans  le  pays  les  ouvriers  du  canal  (i).  Ces  ouvriers 


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OBIElVATtONH  PBÉLUIlNAlflBa.  .  3|7 

ont  siogulièremeot  contribué  à  détruire,  dans  les  villages  qu'ils 
ont  fréqdeatés,  la  pureté  relative  des  mœurs  et  la  dignité  dans 
les  habitudes  qui  se  retrouvent  encore  chez  les  populations 
agricoles  non  mêlées.  Cette  Tâcheuse  influence  (is)  s'efiteicercée 
particulièrement  sur  les  habitants  du  hameau  nommé  Moulin- 
de-Beaumont,  qui  ont  dans  le  voisinage  une  réputation  trop 
méritée  de  mauvaises  mœurs  et  d'improbité.  La  famille  ici  décrite 
se  distingue  entre  les  autres  par  sa  droiture,  par  son  amour  du 
travail  et  par  sa  disposition  à  l'épargne;  mais,  sous  plusieurs 
rapports,  elle  reste  à  leur  niveau.  La  mère,  qui  a  été  séduite  à 
16  ans  par  sou  mari,  ne  paraît  pas  craindre  le  même  danger 
pour  ses  filles  qui  arrivent  au  même  âge.  Elle  les  laisse  presque 
sans  surveillance  au  milieu  des  ouvriers  logés  chez  elle;  elle 
tolère  même,  pour  ne  pas  perdre  une  occasion  de  gain,  que  ces 
ouvriers  amènent  dans  la  maison  et  sous  les  yeux  de  ses  filles 
des  prostituées  avec  lesquelles  ils  vivent  dans  un  état  de  véri- 
table promiscuité.  Le  mari  déplore  cet  état  de  choses,  mais  il 
n'intervient  pas  pour  le  modifier;  et  lui-même  ne  donne  pas 
toujours  de  bons  exemples.  Quand  il  s'adonne  à  l'ivre^e,  il 
oppose  les  coups  aux  reproches  de  sa  femme;  et  il  est  brutal 
envers  ses  enfants.  La  femme,  douée  d'un  caractère  énergique  et 
d'une  vigueur  physique  suffisante,  sait  d'ailleure  se  défendre  dans 
ces  luttes.  Il  lui  est  même  arrivé  plusieurs  fois  d'aller  chercher 
son  mari  de  vive  force  et  de  le  ramener  du  cabaret  avant  qu'il 
ait  eu  le  temps  de  s'enivrer.  Ces  scènes  déplorables,  devenues 
plus  rares  depuis  quelques  années,  ne  laissent  pas  de  trace  entre 
les  deux  époux  ;  mais  elles  ont  une  funeste  influence  sur  le  carac- 
tère des  enfants,  chez  lesquels  elles  détruisent  le  respect  des 
parents.  Aussi  ces  derniers  doivent-ils  souvent,  pour  se  faire 
obéir,  recourir  aux  menaces  et  aux  coups. 

Cette  population,  si  étrangère  aux  pratiques  religieuses  et 
dont  les  mœurs  ont  ce  caractère  de  brutalité,  est  pourtant  intel- 
ligente et  douée  de  précieuses  qualités.  Elle  est  sc^re,  active, 
laborieuse,  portée  à  l'épargne  et  susceptible  d'enthousiasme  mili- 
taire. Elle  sent  le  besoin  de  l'inshuction  :  ces  villages,  qui  n'ont 
pas  de  curé,  ont  tous  un  instituteur  ;  et  l'école  est  fi-équentée 


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318  CR.  VII.   —   BOIDIEB    UE   LA  GBAMPAQNB   PODILlKmB. 

par  la  presque  totalité  des  enfants.  Ceux  de  Moulia-de-Beaumont 
vont  h  une  école  distante  de  3  kilomètres  ;  et,  malgré  la  difficulté 
résultant  de  cet  éloignement,  les  parents  ne  laissent  guère  les 
enfanls  y  manquer.  Aussi  tous  savent-iis  lire  et  écrire  :  l'ouvrier 
et  sa  femme  sont  tous  les  deux  en  état  d'établir  un  compte. 
Leurs  deux  filles,  intelligentes  d'ailleurs,  ont  fréquenté  l'école 
jnsqu'îi  l'ftge  de  13  ans-,  et  elles  y  ont  acquis  une  iostructioD 
élémentaire  assez  complète. 

s»- 

BTGliNE  ET  SERTICB  DE  8\NTé. 

Le  climat  de  la  localité  est  sain.  Comme  le  pays  est  décou- 
vert et  situé  sur  un  point  éleré,  les  vents  s'y  font  sentir  d'une 
manière  désagréable,  sans  être  nuisibles  à  la  santé.  Quelquefois, 
cependant,  le  vent  du  nord-est  y  apporte  des  miasmes  paludéens 
empruntés  aux  marécages  tourbeux  de  la  Vesles.  Mais  les  fièvres 
intermittentes  qui  en  résultent  n'ont  jamais  atteint  les  membres 
de  la  famille.  L'eau  potable  manque  dans  le  pays;  et  on  est 
obligé  de  l'extraire  de  puits  creusés  dans  la  craie,  à  une  profoD- 
deur  de  35  mètres.  Cette  eau,  d'une  teinte  blanchâtre,  se  boit 
sans  être  filtrée.  Elle  n'a  d'ailleurs  aucun  goût  désagréable;  et  il 
ne  paraît  pas  qu'elle  exerce  uoe  fâcheuse  influence  sur  la  santé. 

Tous  les  membres  de  la  famille  jouissent  d'une  bonne  consti- 
tutioQ.  La  femme  et  les  filles  n'ont  jamais  été  malades  sérieuse- 
ment; et,  malgré  le  peu  de  soin  avec  lequel  elles  marchent  pieds 
DUS  en  été,  cette  habitude  n'a  causé  jusqu'ici  aucun  accident. 
L'ouvrier,  quoiqu'il  ait  été  réformé  pour  défaut  de  taille,  est 
robuste  et  soutient,  sans  boire  de  vin,  les  rudes  travaux  de  la 
maison.  Depuis  quelques  années,  il  a  pris  l'habitude  de  boire  alors 
un  mélange  d'eau  et  de  vinaigre,  ou  d'eau  et  d'eau-de-vie,  auquel 
il  attribue  une  vertu  fortiSante  toute  spéciale.  En  exécutant  les 
travaux  de  terrassement,  it  a  souvent  été  blessé,  mais  jamais 
d'une  manière  grave.  Il  a  dû  pourtant  quelquefois  interrompre 
ses  travaux,  à  cause  du  retour  assez  fréquent  d'une  maladie,  suite. 


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0DUBTA1IOHB  PKBLIIlIKAinKS,  3!9 

des  excès  de  sa  vie  de  garçon.  Dans  ce  cas,  au  lieu  d'avoir 
recours  au  médecin,  éloigné  de  II  kilomètre?,  et  dont  les  visites  se 
paient  W,  >1  va  se  faire  soigner  à  l'hôpital  de  Reims,  oîi  on  le 
reçoit  par  tolérance.  Cette  facilité  avec  laquelle  il  se  décide  à  entrer 
dans  un  hôpital  est  un  des  traits  qui  le  séparent  le  plus  nette- 
ment des  habitants  des  campagne  voisines.  Les  plus  pauvres 
parmi  eux  ont  une  inviocible  répugnance  pour  le  séjour  dans  une 
maison  hospitalière  ;  et  dire  à  un  homme  qu'il  mourra  à  l'hôpi- 
tal, ou  que  quelqu'un  des  siens  y  est  mort,  est  considéré  dans  le 
pays  comme  une  très-grave  injure. 

BANG   DB   LA.  FAMILLE. 

L'ouvrier  appartient  à  la  catégorie  des  ouviiers-propriétaires. 
Il  possède  en  effet  une  maison,  un  champ  et  un  jardin  (e) .  Mais 
ratte  possession,  qui  exerce  sur  lui  une  influence  morale  très- 
salutaire,  ne  tient  pas  encore  une  place  considérable  dans  sa  vie 
active  et  dans  ses  revenus.  Il  lut  suffît  de  quelques  journées  de 
travail  pour  cultiver  le  champ  et  le  jardin.  Dans  quelques  années, 
quand  l'un  et  l'autre  auront  élé  convenablement  fécondés,  celte 
propriété  acquerra  plus  d'importance.  Déjà  la  femme  pense  k 
louer  une  vache  pour  l'année  prochaine  ;  et  plus  tard  à  ea  garder 
une  définitivement.  Jusqu'ici  la  condition  de  l'ouvrier  a>été  celte 
d'un  joumalier  et  tâcheron  agriculteur.  Dans  ce  pays,  le  travail 
à  la  journée  est  la  règle  pour  cette  catégorie  d'ouvriers  ;  mais, 
sous  ce  rapport,  l'ouvrier  se  distingue  des  autres  par  son  goût 
pour  le  travail  h  la  tâche,  qu'il  recherche  en  toute  occasion.  Il 
va  même  jusqu'à  se  charger  de  petites  entreprises  dans  certains 
cas,  et  se  vante  d'y  réussir  grâce  k  l'exactitude  de  ses  prévi- 
sions. Bon  ouvrier,  d'ailleurs,  faisant  bien  et  vite  ce  qu'il  entre- 
prend à  la  tâche,  travaillant  consciencieusement  quand  on  l'em- 
ploie à  la  journée,  il  est  recherché  par  les  cultivateurs  voisins, 
malgré  ses  dispositions  à  l'insolence  lorsqu'il  est  en  état  d'ivresse. 
C'est  par  ces  qualités  qu'il  a  pu  se  former  une  clientèle  chez  les 


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830  CB.  Vil.  —  BOBDIBB   DE  LA  GHiMPlGNB  PûmUSOSE.. 

cultivateurs  des  villages  voisins.  Sa  femme  aussi  a  su  se  créer  uue 
clientèle  comme  couturière;  et,  quand  elle  n'a  pas  de  journées  ou 
quand  les  besoins  du  ménage  la  retiennent  h  ia  maison,  elle 
s'occupe  presque  constamment  à  exécuter  quelque  travail  d'ai- 
guille entrepris  à  la  tâche.  Ces  travaux  complètent  avantageu- 
sement les  nombreux  services  qu'elle  rrad  à  ta  famille. 

En  résumé,  dès  aujourd'hui  la  famille  atteint  une  condition 
supérieure  à  celle  des  journaliers-agriculteurs  proprement  dits. 
Déjà  elle  a  pu  franchir  les  premiers  échelons  de  la  propriété. 
Placée  en  dehors  de  tout  patronage ,  eJle  a  dû  son  élévation 
rapide  à  l'incident  (i)  qui  lui  a  procuré  une  spéculation  très- 
proGtable  (s).  Sans  le  secours  de  cette  circonstance,  la  famille 
serait  prohablement  restée  à  un  niveau  inférieur.  L'ouvrier  aurait 
conservé  ses  habitudes  nomades  ;  et  la  femme  n'aurait  pu  en 
.  triompher  malgré  ses  énergiques  efforts. 


H«rcas  a'«Kbiteiic«  «le  la  CuuUle. 

s  6. 

PHOPRIÉTÉS. 
(Hobiller  et  vïtements  naa  comprit.) 

Immeubles  :  acquis  en  totalité  avec  les  épargnes  de  la 
famille. .  '. I,â20'  00 

1*  Babitatiim~  —  IWiOD  aiee  kppratis  pottr  un  porc  et  iee  Ikplns,  IflOCOO. 
3*  ImmmAhi  rw-aux.  —  Jardin  (3  ires)  itten&at  à  k  ratiaon,  100'  00  ;  —  cbunp 

(33  WM]  acheté  SOtOO,  mwi  déji  fertlliid  et  Til&nt  iSO'OO.  ~  Total,  SlVOD 

Akgent 20'  00 

L'ouvrier,  jusqu'ici,  n'a  pu  réunir  une  somme  d'argent  assez 
importante  pour  être  placée  h.  intérêt.  Ses  épargnes,  à  peine  réa- 
lisées, ont  été  employées  à  embellir  la  maison,  à  payer  l'acqui»- 
tion  du  jardin  et  du  champ.  Toutefois,  il  a  le  goiît  du  placement 
à  intérêt,  et  son  intention  est  d'employer  de  cette  manière  une 
partie  de  ses  épargnes  à  venir.  II  aime  à  avoir  chez  lui  une  cer- 
taine somme  disponible  et  gardée  par  sa  femme. 


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'      OBSEBVATIOHS    PHÉUHINAIBBS.  331 

Animaux  dojuestiqubs  entreteous  seulement  une  partie  de 
l'année 31'  00 

I  porc  d'une  valeur  moyenaa  de  40'  00,  entreteau  )>anduit  7  mois  ;  I»  Ttleor 
iDoyenDeMlculâepourl'aniiéaeiitiËre  eit  deSSiOO;—  15  Itpins  élevé*  cbtqoe  *Qnée: 
S  sont  vendu,  5  lont  msogte  pu  1&  fainillo,  S  nièrei  sont  conservée»  pour  la  repro- 
duction ;  ces  lapins  ont  nne  valeur  moyenoe  do  21'  00  ;  chacun  d'eux  Bit  entretenn 
pendant  4  mois;  la  valeur  moyenne  calculée  peur  l'an  née  eotltee  est  de  S' 00. 

Le  jeune  porc  est  acheté  au  printemps  et  engraissé  arec  des 
pommes  de  terre,  du  son  et  de  la  farine  d'orge  ;  on  le  tue  vers  le 
mois  de  décembre. 

Matériel  spiaAL  ies  travaux  et  industries. . .        170'  50 

t*  OiUih  pour  la  oalture  dtt  jardim  tt  dat  ehampt.  —  S  bêches,  VODi  — 
I  binette  (outil  double  composé  d'un  crodiet  fc  deui  denta  ei  d'une  palette  on  fer), 
l'SUt  —  1  orocbet  k  deux  dents  en  fer,  2' 00.  —  Total,  9<50. 

S'  OuliU  pour  la  récolté  dêt  céréalêt.  —  2  fsui  montées,  avec  accessoires  ponr  l«s 
réparer,  IB'OO;  —  3  faucilles,  S'SQ;  —  S  Qéaux  i  bstire  en  grange,  3^00.  —  Total, 
21' 50. 

3°  OuliU  pour  lt$  travaux  d*  ttrrawnuia  et  Fabatag»  dti  arbru.  —  S  ptochm, 
10^00;  —2  pelles  en  fer,  S'OO;—  1  pelle  en  bois,  l'OOi— i  brouette, 8' 00; -~ 
I  cognée,  VOli;  —  1  serpe,  2' 50;  —  1  petite  bacbe,  3' 00;  —  1  lampe  de  mineur, 
S'  50.  ~  Total,  3^  00. 

4°  Ovtilt  pour  la  fabrication  d»  earreauip  ds  Urre.  —  t  moules  doubles  k  car- 
reaux, l'OO)  —  1  petit  CDvier  su  bols,  4' 00.—  Total,  O'OO. 

5>  (7(l*niilw  amploH^i  pour  t»  blanehiitagt.  —  i  petit  cnvieri  2'  50  ;  —  1  batMr, 
l'OO;  —  I  augeï  laver,  S'OO;  —  1  fer  à  repasser,  l'OO.  —Total,  O'M. 

6°  OutUi  pour  Im  r^roiion*  exieuUei  dant  (a  maUon 1  ciseau,  2'  00 1  — 

I  pUne,  3' 00;  —  ]  scie,  S' 00-,  —1  marteau,  1' 00) —  1  irnelle,  ^'00|  —  1  marteaa 
A  tailler  la  pierre  ou  1*  craie,  3^00.  —  Total,  IS'  00. 

7°  Mobititr  pour  Uniuttri»  d»  logsitr  sxtrei»  txc*ptùmn*Uniunt  par  la  familU 
«rt  4S4S  et  sn  1SSS.  —  i  paiUtsses,  Kf  00;  —  t  matelas  de  laine  ou  de  plumo,  W  00. 
—  Total,  t^W.  

Valedb  totale  des  propriétés 1,541'  50 


S'- 

SUBVENTIONS. 

Le  régime  de  la  petite  propriété  est  depuis  longtemps  établi 
dans  les  villages  voisins  ;  et  chacun  y  revendique  avec  âpreté  la 
jouissance  de  ses  droits.  Aussi  le  domaine  des  subvenitons  qui 
dépendent  de  la  bienveillance  y  est-il  fort  restreint.  Sous  ce  rap- 


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33S  CH.  VII.  —  BOBDIBI  DE  LA  CHÀIIPAaNB  POUILLEUBB. 

port,  la  situatioD  des  jouroaliers  qui  s'élèvent  aux  premiers 
échelons  de  la  propriété  est  ici  moins  ravorable  que  dans  les 
vallées  voisines  où  se  trouvent  des  grands  propriétaires  plus 
tolérants  que  les  petits  propriétaires  des  plateaux. 

Quelques  traces  d'anciennes  habiLudes  s'y  retrouvent  pour- 
tant encore.  Ainsi,  on  permet  généralement  au  batteur  en  grange 
d'emporter  chez  lui  les  liens  des  gerbes  battues.  Partout  le 
glanage  est  toléré  ;  et  la  famille  eu  proSle  pour  récueillir  chaque 
année  quelques  boisseaux  de  grains.  Elle  ramasse  pour  ses  lapins 
l'herbe  qui  crott  dans  les  Tossés  des  routes;  et,  plus  tard,  elle 
pourra  la  Taire  paître  par  sa  vache.  I^  commune  dont  elle  dépend 
possède  une  assez  grande  étendue  de  biens  indivis;  mais  la 
famille  ne  peut  en  proliter.  Ces  biens,  composés  uniquement  de 
savarts  (i),  ne  peuvent  être  exploités  que  par  les  propriétaires 
possédant  des  moulons.  Les  plus  riches  habitants  sont  donc  les 
seuls  qui  puissent  en  jouir,  tandis  que  l'ouvrier,  â  qui  la  com- 
mune demande  chaque  année  trois  jours  de  prestation,  ne  reçoit 
d'elle  aucun  dédommagement.  La  principale  subvention  pour 
celte  Famille  consiste  dans  la  récolte  des  excréments  d'animaux 
sur  la  voie  publique.  Avant  que  l'ouverture  du  chemin  de  fer  eût 
diminué  la  circulation  sur  la  route  de  Reims  à  Châlons,  cette 
ressource  avait  une  grande  importance.  La  femme  se  levait  avant 
le  jour  afin  d'élre  prête  pour  le  passage  des  routiers  dont  l'étape 
se  trouvait  au  village  voisin  ;  et,  grâce  à  cette  vigilance,  elle  pou- 
vait, presque  sans  perte  de  temps,  ramasser  chaque  semaine  un 
mètre  cube  de  fumier.  La  vente  de  ce  fumier,  à  5'  50  le  mètre 
cube,  soutint  la  famille,  en  lSfi7,  au  moment  oti  l'ouvrier,  n'ayant 
pu  encore  se  créer  des  relations  dans  le  voisinage,  restait  inoc- 
oupé.  La  famille  ramasse  encore  maintenant  plus  d'un  mètre  cube 
d'excréments  par  mois;  et  c'est  ce  fumier  qui,  joint  à  celui  du 
porc  et  des  lapins,  lui  fournit  l'engrais  nécessaire  à  la  culture  du 
jardin  et  du  champ.  Faute  de  cet  engrais,  la  culture  ne  produirait 
rien  sur  celte  terre  stérile.  On  peut  encore  mentionner  au  nombre 
des  subventions  les  sommes  d'argent  reçues  par  les  enfants,  de 
leurs  parrains  et  marraines,  en  échange  de  cadeaux  en  nature, 
de  moindre  valeur,  que  ces  enfants  leur  offrent  au  jour  de  l'ao. 


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OBBBKT&TIOMJ  PRKI.IU1NA1BES.  333 

S  8. 

TRAVAUX  ET  INDU8TBIB3. 

TBATàDX  DB  l'odtbibr.  —  Le  travail  prÏDcipal  de  l'ouvrier 
se  rattache  à  l'agriculture.  Depuis  la  récolle  des  foins  (iS  juin) 
jusqu'à  celle  dee  avoines  (25  août),  it  est  presque  coDstamment 
occupé  à  faucher.  A  la  fm  de  l'été,  pendant  tout  l'automne  et 
une  partie  de  l'hiver,  il  bat  en  grange  ou  coocourt  à  quelques 
autres  travaux  agricoles,  tels  que  le  curage  des  étables  et  le 
transport  des  fumiers.  Gepeudant,  dans  ce  pays  de  petite  pro- 
l^élé,  où  la  plupart  des  cultivaleui^  exécutent  eux-mêmes  la 
plus  grande  partie  de  leur  besogne,  ces  travaux  ne  suffisent  pas 
à  l'occuper  toute  l'anuée.  Au  printemps  surtout  il  reste  dispo- 
nible et  se  livre  alors  à  des  travaux  secondaires  assez  productifs, 
tels  que  les  terrassements  nécessaires  à  la  construction  et  à  l'en- 
tretien des  routes  et  du  canal.  Enfin,  il  fabrique  des  carreaux 
de  terre  avec  lesquels  on  bâtit  les  maisons  du  pays  ;  et  il  arrache 
dœ  peupliers  ou  d'autres  bois  sur  les  bords  de  la  Vesles. 

Tbavaux  de  la  femme.  —  Le  travail  principal  de  la  femme 
est  celui  qu'elle  exécute  comme  couturière,  à  ta  jouraée  ou  à  la 
tâche,  et  dont  le  salaire  est  une  des  principales  ressources  de  la 
famille.  Gomme  travail  secondaire,  pendant  ta  moisson,  elle 
ramasse  la  gerbe  derrière  l'ouvrier  quand  il  fauche  le  froment  ou 
te  seigle;  etie-méme  coupe  le  froment  à  la  faucille;  dans  l'hiver, 
elle  aide  quelquefois  son  mari  à  battre  en  grange.  Elle  fournit 
en  outre  plusieurs  journées  pour  laver  les  lessives.  Active  et 
laborieuse,  elle  trouve  encore  te  temps  de  veiller  aux  travaux 
de  son  ménage  qui  est  tenu  avec  un  certain  soin.  C'est  elle  qui 
confectionne,  répare  et  blanchit  les  vêtements  de  toute  la  famille; 
c'est  elle  aussi  qui  cultive  presque  seule  le  champ  et  le  jardin 
attenant  à  l'habitation  et  qui  ramasse,  avec  Taide  des  enfants, 
le  fumier  sur  la  voie  publique. 

Travaux  des  enfants.  —  Depuis  deux  ans,  la  Hlle  aînée  a 
été  envoyée  pendant  une  partie  de  l'année  en  apprentissage  à 
ChflloDS  dans  une  maison  de  lingerie.  Elle  n'est  pas  payée,  mais 


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33&  en.    vil.  —  DORDIBR  M  LA    CT1HP1«HB  POOILLKOSE. 

elle  i-eçoit  la  nourriture  gratuitemeDt.  Quand  son  apprentissage 
sera  achevé,  elle  entrera,  comme  domestique,  dans  une  maison 
des  villes  voisines.  Chez  ses  parents,  elle  aide  sa  mère  dans  les 
travaux  d'aiguille  et  la  remplace  dans  les  soins  du  ménage; 
mais,  depuis  son  séjour  à  la  ville,  elle  ne  se  soumet  qu'avec  la 
plus  vive  répugnance  îi  certains  travaux  de  la  campagne.  On  la 
Force  pourtant,  malgré  sa  résistance,  à  battre  en  grange  et  è 
ramasser  le  fumier  sur  la  roule.  C'est  à  ta  plus  jeune  6lle  que 
revient  surtout  cette  dernière  tâche; elle  s'en  occupe  pendant  le 
temps  qu'elle  ne  passe  pas  à  l'école.  Déjà  aussi  elle  peut  suppléer 
sa  mère  dans  les  soins  à  donner  aux  animaux  ;  et  elle  lui  permrt 
ainsi  de  s'absenter.  ËnQn,  en  été,  c'est  elle  qui  porte  la  nour- 
riture à  son  père  occupé  aux  champs. 

Industbies  entkbprises  pab  là  fahills.  —  La  culture  du 
jardin  et  du  champ,  l'engraissement  d'un  porc  et  l'élevage  des 
lapins  sont  les  industries  habituellement  entreprises  par  la 
famille.  La  substitution  du  travail  à  la  tâche  au  travail  à  la 
journée  lui  procure  chaque  année  des  bénéfîcesassezimportants; 
mais  il  faut  spécialement  signaler  la  spéculation  exceptionnelle, 
relative  au  logementdes  ouvriers  nomades,  à  laquelle  elle  se  livre 
de  loin  en  loin  (i9).  Déjà,  au  moment  de  la  construction  de  la 
maison,  une  spéculation  analogue  lui  a  permis  d'acquitter,  en 
une  seule  année,  la  dette  contractée  pour  cet  objet.  Dorénavant 
ses  résultats  seront  moins  importants;  ils  doivent  néanmoins 
exercer  encore  une  heureuse  influence  sur  l'avenir  de  la  famille 
et  donner  un  bénéâce  annuel  qui  a  été  estimé  à  une  moyenne 
de  fiO'  00. 

HmIc  d*«slaf«iiee  de  1»  fMHtIle. 


ALIUEKTS  ET   RBPAS. 

Pendant  l'été,  l'habitude  du  pays  est  de  faire  quatre  repas. 
L'heure  et  la  composition  en  sont  réglés  comme  il  suit  : 


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OUEIVATIONS  PIBLIXINAIBSS.  33S 

Premier  déjeuner  (de  /i.  à  5  heures)  :  composé  de  pain  et  de 
vin;  le  vin  est  souvent  remplacé  par  uD  petit  verre  (5  centilitres) 
d'eau-de-vie  de  marc. 

Second  déjeuner,  appelé  aussi  dîner  (9  heures)  :  soupe  avec 
légumes  et  paia,  le  plus  souvent  faite  au  lard  oa  au  salé. 

Goûter  (3  heures)  :  pain  mangé  avec  le  lard  cuit  dans  ta 
soupe  du  matin,  ou,  si  le  lard  manque,  avec  du  fromage. 

Souper  (de  7  à  8  heures)  :  soupe  comme  au  dîner;  sou- 
vent on  ne  mange  à  ce  repas  que  des  légumes  froids  et  quel- 
quefois des  herbes  frites  dans  la  poêle  avec  du  lard.  Ce  mets 
œt  appelé  <  salade  au  lard.  » 

En  hiver  on  ne  fait  que  trois  repas  :  on  dîne  à  ii  heures 
et  on  soupe  à  6  lieures.  Le  matîa,  on  continue  il  prendre  la 
goutte  (5  cenUIitres)  d'eau-de-vîe,  avec  du  pain  et  du  fromage. 
L'usage  de  l'eau-do-vie  prise  de  cette  manière  tend  à  devenir 
général,  surtout  depuis  que  le  prix  élevé  du  vin  ne  permet  plus 
d'en  boire.  Les  Femmes  mêmes  n'y  échappent  pas,  spécialement 
dans  la  classe  des  journaliers.  La  plupart  ne  prennent  pas  d'eau- 
de-vie  chez  elles;  mais,  quand  elles  vont  en  journée,  elles 
réclament  le  petit  verre;  et  les  laveuses  de  lessive  y  ont  un  droit 
déjà  consacré  par  l'usage.  Il  y  a  dans  la  famille  ici  décrite  des 
habitudes  de  sobriété  remarquables,  surtout  si  on  réfléchit  aux 
durs  travaux  que  supporte  l'ouvrier  pendant  la  moisson.  Quand 
il  travaille  à  ta  journée  dans  cette  saison,  il  reçoit  par  jour  une 
bouteille  et  demie  de  vin.  Chez  lui,  il  le  remplace  presque  tou- 
jours, soit  par  une  piquette  légère,  soit  par  de  l'eau  additionnée 
d'un  peu  de  vinaigre  ou  d'eau-de-vie  («).  Dans  tout  autre 
momfflit,  la  boisson  habituelle  est  de  l'eau.  L'alimentation  se 
compose  essentiellement  de  pommes  de  terre,  choux,  haricots  et 
autres  légumes  cuits  au  lard,  dont  le  bouillon  swt  pour  la  soupe. 
Assez  souvent  aussi,  le  soir  en  élé,  on  mange  une  soupe  au  lait; 
mais  c'est  surtout  quand  le  lard  et  le  salé  manquent.  Presque 
jamais  on  ne  mange  de  viande  de  boucherie  à  cause  de  son  prix 
élevé.  Les  .ouvriers  nomades  ont  répandu  dans  le  pays  l'usage 
de  certains  aliments  nouveaux,  tels  que  le  café  au  lait  et  le  riz. 
Ce  dernier  est  fort  goûté  de  l'ouvrier;  et  la  famille  l'introduirait 


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Îi36  CH.  TII.  —  BORDIBK  DB  U  CBAMPAGNB 

dans  sa  nourriture  ordioaire,  si  elle  pouvait  se  le  procurer  en 
gros  à  un  prix  coaveoable. 

S  10. 

HABITATION,   MOBILIER   ET  VÊTEMENTS. 

La  maisoD,  bâtie  eu  carreaux  de  terre  et  en  blocs  de  craie 
taillés,  est  dans  une  situation  agréable,  sur  le  bord  d'une  grande 
route  et  au  milieu  d'un  petit  jardin  où  se  trouve  un  puits  qui 
fournil  l'eau  pour  les  besoins  du  ménage.  Le  jardin  doit  être 
plus  tard  entouré  de  murs;  et  déjà  l'ouvrier  en  a  lui-même 
construit  quelques  mètres.  Le  sol,  uniquement  composé  de  craie, 
a  été  défoncé  et  remplacé  par  des  terres  plus  fertiles  ramassées 
sur  la  route.  On  y  cultive,  outre  les  légumes,  quelques  plantes 
d'agrément;  et  seize  pieds  d'arbres  fruitiers  y  ontété  récemment 
plantés.  L'habitation  est  commodément  distribuée  et  paraît 
saine,  quoique  le  sol  n'ait  reçu,  ni  plancher,  ni  carrelage.  Elle  se 
compose  de  deux  pièces  au  rez-de-chaussée  et  d'un  grenier  dis- 
posé en  mansarde.  La  première  pièce  sert  de  cuisine;  et  on  y 
trouve  tout  ce  qui  peut  être  utile  dans  un  ménage  :  une  che* 
minée,  un  évier,  un  four  à  cuire  le  pain,  longtemps  désiré  par 
la  femme  et  nouvellement  construit  grâce  à  ses  efforts.  La 
seconde  pièce  sert  de  chambre  à  coucher  aux  parents  et  aux 
enfants;  elle  est  munie  d'un  poêle  qu'on  chaufTeavec  de  la  houille 
et  autour  duquel  on  passe  les  soirées  d'hiver.  La  mansarde  com- 
munique avec  la  première  pièce  au  moyen  d'un  escalier  en  bois 
construit  par  l'ouvrier.  On  y  place  les  légumes  et  les  provisions 
de  toute  espèce  destinées  aux  animaux  domesliques.  C'est  aussi 
dans  celte  mansarde  que  couchent  tes  ouvriers  nomades  logés 
parla  famille  dans  certaines  occasions  (s).  Il  règne  dans  la 
maison  une  certaine  propreté.  Les  murs  sont  fréquemment 
blanchis  à  la  chaux  ;  et  ils  sont  garnis  de  planches  sur  les- 
quelles on  range  les  ustensiles  du  ménage.  Plusieurs  parties  du 
mobilier  sont  en  assez  mauvais  état;  chaque  chose  est  à  sa 
place;  l'ensemble  offre  un  aspect  satisfaisant. 


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OBSBHTAIIONt    PE^LIlIlNÀtftB».  337 

Mbdblbs  :  presque  tous  achetés  d'occasion  et  eo  état  de 
rétusté;  ils  sont  tenus  cependant  avec  quelque  soin. .     292'  50 

I*  Lili.  —  1  lit  pour  le*  époai  1 1  bols  de  Ht  lUt  par  l'oaTTier,  8' 00;  —  1  pdU 
base,  i'DOt  — 1  matelu  da  bine,  aOtOOi  —  1  tnTersin,  «^OO;  —  S  oraillera,  6^00; 
—  1  coaiertiire  de  iMoe,  {D'OC;  —  1  courro-pied  piqaé,  compoié  d'une  couche  de 
laine  entra  deox  toUei  de  pêne  et  hli  pu  1>  femme,  13'  00  ;  —  rideani  en  pêne  gros- 
sière, f  00  ;— 1  édredoQ  en  davet  d'oie,  1(K00i  —  1  lit  poar  le*  deai  fille*  :  1  bail 
de  Ut  fait  par  l'onnler  eo  plancties  k  peine  dégrossies,  4' 00;  —  1  paillasse,  S'OOi  — 
t  matelas  de  laine  grouière,  30'  00  ; . —  1  traTersia,  3'  00 1  —  S  coavertures  de  laine, 
10' 00.-  Total,  138' 00. 

S*  JfMiblM  (b  ta  ehambrt  à  eoiteher.  —  1  eb^seï  eo  maaTais  dtat,  4' 00;  —  1  ar- 
moire na  chêne  achetée  d'ocoulon,  40^00;  —•  1  commode  asMi  élégante  acbetiie  d'oc- 
usbn,  35'  00;  —  1  poele  en  blence  arec  an  lufan  en  tOle,  SO'  00  ;  —  1  horloge  récem- 
ment aeheti^,  IS'OOi  —S  mlroin,  3' 50  ;  —  3  grarnre*,  dont  3  eaudréea,  l'SO.  — 
Tolal,  131'  00. 

3*  MiubUi  it  la  ehamir»  tirvant  d»  euinni.  —  3  table*  en  boii  blanc,  dont  l'une 
est  muaie  de  tiroirs  ponr  le  pain,  10'  00;  —  3  banc*  en  bois  blanc  placés  autour  de  la 
table  principale,  5' 00;  —  1  dressoir  composé  de  planche*  fliéea  centre  un  des  mun 
de  la  chambre,  3' 09;  —  3  grarnrei,  dont  S  encadrées,  l'SO;  —  1  petit  meuble  en 
osier  ($alix  cinmolù,  L.},  destiné  à  recevoir  les  caillen  et  les  fourchettes,'  1'  50;  — 
1  lampe  avec  crémaillère  pour  la  suspendre.  S' SO;  —3  TBses  àflean  enporcelainede 
rebtit,0'50.  -Total,  30' 00. 

4°  Livra  »t  fournitvrti  de  burtau.  —  Lifres  d'école  de*  enfants  et  plusieurs  exem- 
plaires da  l'ilItnaniicA  li^soû,  que  l'ouvrier  achète  chaqae  année,  3' 50;  —  encrier, 
plumes,  papier,  livre  de  compte*  *nr  lequel  t'ouTrler  inscrit  le*  somme*  qni  loi  sont 
dues  j>  différents  titres,  2'  00.  —  Total,  if  50. 

Linge  de  ménage  :  iait  de  toile  grossière  et  réduit  au  strict 
nécessaire 5&'  00 

6  paires  de  drap  en  chanvre,  48'OOt  —  8  torchons  on  serviettes  et  vieni  linges, 

d'oc. 

Ustensiles  :  communs,  en  partie  usés,  comprenant  seulement 
le  nécessaire 76'  70 

1'  X^pmifant  ds  la  eheminéi.  —3  chenets,  1  erémiillère,  1  pelle,  1  pincette,  lOfOO. 

3»  Emplovii  pour  (a  préparatim  *t  la  cuhson  du  pfUn.  —  1  auge  en  bois  blanc 
ponr  pétrir  le  pain,  3<00|  —  4  corbeilles  en  osier  dans  lesquelles  on  place  ta  pLte 
pour  lui  donner  1b  forme  de  pain,  3'00;  —  t  pelle  an  bois  de  hêtre,  de  1**S0  de 
long,  lerrant  fc  enroamer  le  pain,  3' 50;  —  1  fouinon  en  fbr  avec  manche  eo  bols  ponr 
tirer  la  braisa  da  feur,  3'  M.  —  Total,  10'  OO. 

3*  Etnptoyii  fwr  la  cvinoit  «t  la  eontommatUm  dit  alimmtlt.  —  i  marmite  et 
1  chaudron  en  fer.  S' 00;  —  i  grande  sonpièra  et  3  plus  petites  en  terre  Tornlssée, 
S' M;  — 14  assiettes  et  3  casseroles  en  lerrevemisaée,  3'30|—  3  platset  autres  nsten- 
■ilesen  grosse  terre  colle.  S' 00;  — 3  bouteille*  de  forma  ronde,  enterre  dite  degrés, 
serrant  k  porter  la  boisson  ani  champs,  1'  00  ;  —  7  verres  k  boire  et  S  hontelUes  en 
Terre  braniS'SOj"  3  couverclo*  pour  platset  soupières,  en  fSr  élamé,  l'SO; — 
1  poêlon  en  fer  battu,  t'OO;  —  10  cnillers  et  10  foorchettes  en  fer  jtamé,  3'30(- 

T.  « 


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338  CH.   TII.   —  BOIIOIBK  DB  Ll    GBAIIPAÛNI  POOILLBDSB. 

3  cnlUen  fc  pot  411  fer  éXuaé,  i'X  ;  —  t  eoutatui  de  poche  (Il  D'f  >  P*s  dv»  I*  »»I- 
BOa  de  coateBDi  de  table),  3'00;  —  3  «eani  en  boii  tiTec  cercles  ea  ler,  ûua  leiqaele 
M  conserre  l'ean  Mmutani  besdiu  du  injuage,  S' 00.  —  Totil,  3T'7a. 

4*  Employit  pour  imu  d«  propnU.  —  i  plkt  à  bvbe,  (K  50;  —  3  ruoin  et 
mleniilet  diven  Bemnt  i  l'oumer  pour  m  Ure  la  barbe,  4'  M;  —  3  broMM  ponr 
Bonllen  et  bablts,  1'  50.  —  Total,  &  00. 

S*  Smptov^  fwur  utop»  diefrt.  —  1  builaolre  en  coïTre,  cadem  dea  parent* 
de  b  femme,  5' 00;  —1  chaufferette  (Cottott]  en  cdItn,  3  chaufferette*  (GoaTeti)  en 
larre  cute  avec  accessoires,  4'  50;  —  1  panicn  en  oiler,  dont  3  en  maanii  dtat,  ser- 
Tant  à  ramaseer  le  fumier,  3'  SO  t  —  1  panier  en  paille  et  osier  mêlés  (ce  panier  a  M 
liit  par  le  pire  de  la  femme  et  donna  par  loi  ï  son  gendre  pour  porter  les  proriaiona 
Bui  champs  ;  les  parois  en  sont  ttAs-^palsiei,  et,  l'air  a';  pénétrant  pas,  la  bolsion  et 
les  tUmenta  s'y  conservent  rtvis),  1' 00.  —  Total,  13' 00. 

Vêtements  :  choisis  exclusivemeat  ea  vue  de  l'utilité;  sans 
formes  spéciales;  presque  tous  eu  coton;  raccommodés  jusqu'à 
usure  complète 362'  20 

VtTEnNT»  ■>■  L'oinrun  (sans  affloité  stoc  le  costume  bonrgeois)  <131'00). 
1*  Véttmmti  du  dimanche.  —  1  Teste  de  gros  drap,  13'  00  ;  —  1  bleuie  de  teUe 
blene  neuve,  7' 00;  —  1  gilet  en  étoffé  de  l^ne,  4100;  —1  pantalon  de  laine,  4'00; 

—  1  crante  de  laine,  3'  00  ;  —  1  paire  de  souliers,  9'  00  ;  —  6  moucholra  de  poche  en 
cotOD,  3' 00;  —  1  cfa^)eaade  feutre  gris  etl  casquette,  4' 00;  —6  paires  de  cImui- 
Httes  on  laine  et  coton,  Oi  00.  —  Total,  Si' 00. 

2°  Vétmtmti  de  travail.  —  Vieux  vêlements  du  dimanche  (pour  mémoire);  — 
1  gilet  avec  manches  en  coton,  1'  50;  —  S  pantalons  en  toile  blene  légire,  4'  00;  — 
3  gilets  tricotas  en  coton,  3'  00;  —  1  paire  de  souliers  plusieurs  fois  réparés,  3'  00;  — 
t  paire  de  bottes  en  cuir  ronge,  dit  de  Russie,  pour  exécuter  des  travaux  de  terras- 
sement dan*  des  lieux  humides,  15*00;  —  3  pdres  de  sabots,  ï  O'OO  la  paire,  arec 
chaussons  tricotés  par  la  femme  ou  confectionués  par  elle  avec  de  vieux  vêtements, 
S' 50;  —  S  chemises  en  grosse  toila  de  chanvre,  40'  00;  —  1  ceinture,  dite  de  gym- 
nastique, dont  l'ouvrier  fait  usage  pour  se  serrer  la*  reins  pendant  le  travail,  l'OO. — 
Total,  70(00. 

VlnHENTS  ce  La  niniB  (sans  propension  k  l'élégance  :  les  vêlements  du  dimanche 
eont  portés  tontes  les  fois  que  la  femme  va  travailler  eu  Journée  comme  couturière] 
(tlO'20). 

1°  Vétimantt  du  dimançhi.  —1  robe  de  laine,  10*  00;  —  3  Jupons  de  laine,  5' 00; 

—  1  tablier  de  laine  noire,  3' 00;  —  1  corset,  3' 00;  —  9  fichus  d'indienne  imprimée, 
3' 00;  — 6  mouchoirs  de  pocbe  en  coton,  4<00j  —  4  paires  de  bas  de  laine,  S'OO;  _ 
3  bonnets,  6' 00;  —  1  paire  de  sabots  de  laie  avec  dessus  de  cuir,  l'SO;  — 1  pain 
de  souliers,  5*00.  —  Tote1,4e'50. 

3°  Vittminli  de  travail.  —  Vieux  vStements  du  dimanche  (ponr  mémoire);  — 
1  robe  d'indienne,  4' 00)  —  1  tablier  d'indienne,  l'SO;  —4  paires  de  bas  de  coton, 
6'OOt  —  4  mouchoirs  de  tête  (marmoKet)  en  indienne,  4' 00;  —3  camisoles  en  coton, 
O'OO;  —  3]npon*,  l'un  d'hiver  et  l'autre  d'été,  lUUarec  de  vieux  vitemenls,  T'OO;  — 
3  coiffes  do  travail  en  Indienne  (Mgitintttfi),  1^00;  —  S  cbapesni  de  paille  grasriàn 
(cavputtti),  3' 00;  —3  paires  de  sabota,  l'SO;  —  3  paires  de  chaoïeons  faits  par  h 
femme  avec  de  vieux  vêtements,  3' 00;  —  1  paire  de  gros  soulier*,  5*001  — 10  cbft- 
mieo*  eu  toile*  de  chanvre  et  de  coton,  30'00.  —  Total,  69'  70. 


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OBfSRTATIONS  PBBLUtIHlIKBS.  339 

VtmiEvrs  Di  u  FiLu  ilitis  (le  gollt  de  la  parure  est  Ttrement  réprima  par  les 
piirea(s](lWOO). 

Cm  iMementt  mot  aemblablei  à  eaui  de  le  mare  :  qaelqDee-ans,  comme  lee  caml- 
solee,  les  chaaasares,  sont  commana  fc  la  mère  et  i  la  Slla,  Cette  deraière  possède 
quelques  objeu  Bpèciaai  de  toilette  :  S  bonnets  garnis  de  rubans  h  eoalenra  éclatantes 
et  3  moucboira  de  cou  eo  soie. 

Vftnilins  M  LA  rtLU  cadbri  (confactlonaés  arec  let  Tleax  vêtements  de  la  mère 
etdelaBUeatDée)  (Sa^OO}. 


Valbuk  totalb  du  mobilier  et  des  vêtements.. .     779'  /^O 


S  w- 

RÉCRÉATIONS. 

Les  deux  principales  récréations  de  l'ouvrier  sont  l'usage  du 
tal>ac  h  fumer  et  la  fréquentation  du  cabaret,  où  il  passe  quel- 
quefois des  journées  entières  à  jouer  aux  cartes  (3).  Il  y  con- 
somme du  vin,  .de  l'eau-de-vie  et  aussi,  surtout  depuis  que  le 
vin  est  cher,  des  gouttes  (5  centilitres)  de  liqueurs  Douveltes. 
Celles-ci  sont  formées  de  mélanges  bizarres,  qui  doivent  êti'e 
nuisibles  h  la  santé.  Ces  habitudes,  restes  d'une  ancienne  vie  de 
désordre,  l'entrainent  à  des  dépenses  qui  tiennent  encore  une 
place  importante  dans  son  budget  (i5,  S^'iv).  Mais,  depuis 
quelques  années,  il  montre  une  certaine  tendance  à  remplacer 
les  stations  au  cabaret  par  les  soins  à  donner  à  la  maison,  au 
jardin  et  au  mobilier.  La  possession  de  son  champ  surtout  est 
pour  lui  une  source  continuelle  de  distraction;  il  s'occupe  acti- 
vement de  l'exploiter  de  la  manière  la  plus  intelligente  et  la  plus 
profitable  pour  lui.  Déjà  même  il  a  arrêté  un  plan  de  culture 
perfectionnée,  d'après  les  observations  qu'il  a  faites  dans  les 
fermes  et  les  villages  voisins.  Il  doit  commencer  cette  année 
l'exécution  de  ce  plan  et  le  poursuivre  dès  qu'il  disposera  des 
capitaux  et  des  engrais  indispensables.  Les  préoccupations  qui 
résultent  pour  lui  de  ces  études  lui  ont  permis  de  se  distraire  des 
regrets  que  lui  a  causés  la  perte  récente  d'un  petit  chien,  animal 


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-  BOIDIBH  DE   LA   CBAKPIGNB  FOntLLBUSB. 


iatelli^nt  auquel  il  avait  lui-mâme  enseigné  de  nombreux  exer- 
cice. La  loi  Douvelle,  c|m  frappe  les  chiens  d'un  imp6t,  l'ayant 
forcé  de  se  défaire  de  ce  compagnon  qui  le  suivait  partout,  il  a 
conçu  de  cette  perte  un  vif  chagrin  et  il  ne  peut  encore  rappeler 
ce  souvenir  sans  émotion.  La  femme  va  plusieurs  fois  par  an  à 
Beims  et  à  Cbâloas,  les  jours  de  foire  ou  de  marché,  pour  les 
acquisitions.  Elle  assiste  alors  à  quelques  spectacles  forains  et  y 
conduit  quelquefois  ses  enfanis,  sa  plus  jeune  fille  surtout,  pour 
laquelle  elle  a  une  préférence  marquée  (ts,  S°°  iv).  Hais  ses 
récréations  les  plus  ordinaires  sont  les  visites  assez  fréquentes 
qu'Ole  fait  à  ses  parents,  seule  ou  accompagnée  de  ses  filles. 
Celles-ci  vont  voir  aussi  un  ^re  de  leurpère,  établi  dans  un  village 
voisin.  Il  y  a  ainsi  des  relations  assez  suivies  entre  les  membres 
de  la  famille,  quoiqu'on  ne  trouve,  chez  ses  chers,  ni  estime 
réciproque,  ni  affection  mutuelle.  Aux  fêtes  des  villages,  on  se 
réunit  presque  toujours  pour  souper;  et,  quand  on  tue  le  porc, 
on  ne  manque  pas  de  s'envoyer  quelques  parties  de  l'animal;  et 
parfois  même,  celles-ci  se  mangent  en  commua.  11  règne  dans 
ces  réunions  de  parents  et  de  voisins  une  assez  franche  cordia- 
lité ;  mais  on  ne  s'y  abstient  pas  de  propos  grossiers,  auxquels  tes 
femmes  mêmes  prennent  part  devant  les  enfants.  Â  la  suite  de 
ces  dîners,  les  jeunes  filles,  et  quelquefois  les  femmes,  prenn^t 
part  il  la  danse  du  village,  tandis  que  les  hommes  s'enferment 
au  cabaret,  où  ils  s'enivrent  assez  souvent. 


Hlaf«lre  d«  1«  fmllle. 

;  .  S  12. 

PHASES  PRINCIPALES   DE   l'bXISTBNCE. 

La  femme,  née  de  parents  jardiniers  et  propriétaires,  assez 
aisés,  a  été  élevée  dans  des  habitude  d'ordre  et  d'économie. 
Elle  a  appris  d'abord  à  travailler  comme  tisseuse  pour  la 
fabrique  de  Reims.  Mais  l'application  des  appareils  mécaniques 
ayant  rendu  ce  travail  plus  ditTicile  pour  les  ouvriers  isolés  dans 


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OBSBItVATIONS    PKAlIHIHAIBKS.  3U 

les  campagnes,  sa  famille  a  compris  qu'il  allait  lui  doDoer  une 
autre  direetioo  et  l'a  mise  eu  apprentissage  diez  une  couturière. 
Pourvue  de  cet  état,  elle  se  serait  sans  doute  mariée  convenable- 
ment dans  le  pays  sans  les  circonstances  qui  ont  amené  près 
d'^te  son  mari.  Celui-ci,  dont  les  parents  étaient  pauvres,  fré- 
quente l'école  dans  sa  jeunesse  et  se  livre  à  des  travaux  agri- 
coles (3).  A  dix-huit  ans  (en  1831),  conformément  aux  habi- 
tudes des  Vosgiens  de  son  disbict,  il  émigré  et  vient  en 
Champagne,  comme  colporteur,  pour  y  vendre  des  articles  de 
mercerie.  Guidé  par  un  frère  aîaé,  il  réussit  bien  d'abord  dans 
son  commerce.  Mais,  pendant  qu'une  maladie  le  retient  à  l'hô- 
pital de  Châlons,  sa  pacotille  se  détériore;  et,  cette  perte  de  son 
capital  lui  ôtant  toute  ressource,  il  tombe  dans  la  domesticité. 
Bientôt  (en  183A)  commence  pour  lui  une  vie  de  désordres  et 
de  continuels  changements  qui  doit  durer  dix  années,  et  dont  il 
aura  dans  la  suite  tant  de  peineà  sortir.  Il  passe,  commedomes- 
ttque^  dans  plusieurs  maisons  où  il  reste  h  peine  quelques  mois. 
Il  demeure  plus  longtemps  chez  un  meunier;  mais  il  Tréquente 
les  ouvriers  nomades  venus  dans  te  voisinage  pour  travailler  au 
canal  (i);  et  il  prend  avec  eux  des  habitudes  qui  obligent  ce 
maître  tolérant  à  te  renvoyer.  Jeté  au  milieu  de  ces  ouvriers,  il 
travaille  avec  eux  etsubit  complètement  leur  influence.  Peu  après 
il  séduit  Marie  C**,  âgée  de.  seize  ans,  qui,  déjà  mère,  devient 
sa  femme  malgré  la  volonté  des  parents.  Malheureusement  son 
mariage  ne  modifie  pas  ses  habitudes  ;  et  des  querelles  sans  cesse 
renaissantes  l'obligent  à  s'éloigner  de  la  maison  de  son  beau- 
père,  où  il  avait  d'abord  été  admis.  11  va  chercher  du  travail 
dans  les  Ardeones,  comme  terrassier  d'abord,  puis  comme 
domestique.  Mais  sa  conduite  ne  change  pas;  et  sa  famille  est 
dans  le  plus  complet  dénûment,  malgré  les  efforts  de  sa  femme, 
dont  le  faible  salaire  doit  encore  servir  en  partie  à  payer  les 
dettes  du  mari.  Renvoyé  à  ta  fin  par  ses  maîtres  et  ne  pouvant  plus 
nourrir  sa  femme  et  son  enfant,  il  la  laisse  retourner  au  foyer 
paternel,  tandis  qu'il  vient  lui-même  chercher  une  occupation 
à  Moulin-de-Beaumont,  où  les  travaux  du  souterrain  sont  com- 
mencés (i).  H  y  retrouve  les  ouvriers  nomades;  et,  n'étant  plus 


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3iS  CH.  VII.  —    BOBDIKR  OB    LA   CRAVPAGXE  POniLLEUSB. 

surreillé,  dï  soutenu  par  sa  fâmme,  il  tombe  au  dernier  degré  de 
rabaissement,  chaugeant  îi  chaque  instant  de  travail,  chargé  de 
dettes  et  presque  toujours  ivre.  Son  intelligence  cependant  ne 
s'altère  pas  au  même  degré  que  ses  mœurs.  C'est  alors  en  effet 
qu'il  conçoit  l'idée  d'une  spéculation  qui  doit  te  conduire  à  la 
propriété  (i  et  a).  La  femme,  désirant  l'arracher  à  cette  vie  de 
désordre,  décide  son  père  îi  lui  fournir,  par  l'appui  du  crédit  dont 
il  jouit,  les  moyens  de  réaliser  cette  spéculation.  La  maison  est  con- 
struite en  iSkli  i  et  l'ouvrier  s'y  installe  avec  sa  femme,  revenue 
près  de  lui.  Dès  lors  commence  pour  lui  une  vie  nouvelle  pen- 
dant laquelle  il  tend  à  se  relever  graduellement  du  triste  état  où 
il  était  tombé.  Devenu  plus  rangé,  et  maintenu  dans  la  bonne 
voie  par  le  désir  qu'il  a  de  devenir  propriétaire  d:^rmitif  de  sa 
maison  et  par  l'active  surveillance  de  sa  femme,  il  se  met  au 
travail  avec  énergie.  Sa  femme  apporte  au  travail  une  ardeur 
encore  plus  soutenue.  Très-occupée  comme  couturière,  elle  se 
livre  en  outre  à  une  spéculation  fort  lucrative  concernant  la 
nourriture  et  le  logement  des  ouvriers  (h).  Le  ménage  réalise 
ainsi  des  bénéfices  considérables  ;  les  dettes  du  mari  sont  payées 
d'abord,  puis  on  rembourse  les  emprunts  faits  pour  bâtir  la 
maison;  et,  après  quinze  mois  d'efforts,  ils  en  sont  enfin  pro- 
priétaires. Mais,  les  travaux  du  souterrain  venant  à  cesser, 'avec 
eux  disparaissent  les  sources  de  bénéfices.  Quelques  désordres 
viennent  encore  troubler  le  ménage  ;  et  l'ouvrier  retombe  dans  le 
découragement.  Sur  le  point  de  reprendre  sa  vie  nomade,  il  est 
retenu  par  l'amour  de  sa  pro|Hnété  naissante  et  par  les  énergi- 
ques efforts  de  sa  femme.  Bientôt  il  se  met  aux  travaux  agri- 
coles et  se  procure  le  matériel  nécessaire  pour  ces  travaux  (g). 
Pendant  tes  années  difficiles  de  i8i!t7  à  1850,que  la  famille  tra- 
verse péniblement  (i),il  apprends  supporter  les  privations. Peu 
à  peu,  il  se  crée  des  relations  qui  lui  assurent  du  travail  ;  le 
ménage  peut  acheter  quelques  meubles  et  compléter  la  maison. 
En  même  temps,  les  deux  enfants  s'élèvent,  et  on  satisfaitaux 
dépenses  que  nécessite  leur  instruction.  Enfin,  la  famille  acquiert 
un  jardin  en  1853,  un  champ  en  185&,  et  arrive  à  la  sittiaUon 
financière  dont  le  précis  est  indiqué  précédemmeat(a). 


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OBSBKVATIONB  PEBLUUNAUBS. 


SIS. 

■(SURS  BT  INSTITDnONS   ASSURANT   LE  BIEN-ÊTRE   PHYSIQUE 
ET  MORAL  DE  LA  FAMILLE. 

L'avenir  de  la  famille  est  assuré  par  l'amour  du  travail  et  le 
goût  de  l'épargne,  que  les  deux  époux  possèdent  maintenant  à 
ua  haut  degré.  A  une  époque  où  ils  étaient  moins  avancés,  leurs 
premiers  succès  ont  été  dus  à  l'intelligence  avec  laquelle,  ils  ont 
su  découvrir  et  exploiter  l'industrie  du  logeur  (is).  Les  béoé- 
Sces  de  cette  industrie  leur  ont  permis  d'atteindre  rapidement  à 
la  propriété  ;  et  ils  ont  pu  s'y  maintenir,  aidés  par  deux  sub- 
TeDtioQS  importantes.  L'heureuse  influence  exercée  sur  l'ouvrier 
par  la  possession  d'une  maison  a  fait  naître  diez  lui  de  pré- 
cieuses qualités.  Le  développement  de  ces  qualités,  et  eu  parti- 
culier de  la  tempérance  qui,  peu  à  peu,  remplace  les  anciens 
vices,  contribuera  dans  l'avenir  à  accélérer  les  progrès  de  la 
famille.  L'intelligence  dont  le  mari  fait  preuve  dans  la  direction 
des  intérêts  matériels  et  l'ardeur  pour  l'économie  que  montre  la 
femme  dans  la  conduite  du  ménage  complètent  ces  garanties  de 
prospérité.  Cependant,  une  lacune  grave  subsiste  dans  cet  état 
de  perfectionnement  :  les  parents  ont  été  incapables  d'inculquer 
à  leurs  deux  QUes  une  pratique  raisonnée  de  l'ordre  moral.  La 
mère  de  famille,  qui  a  été  séduite,  à  l'âge  de  seize  ans,  par 
l'homme  qui  est  devenu  son  époux ^  ne  se  préoccupe  point  du  dan- 
ger auquel  ses  filles  sont  exposées  journellement  par  les  contacts 
les  plus  corrupteurs  ;  et  elle  ne  fait  rien  pour  les  en  éloigner. 
C'est  surtout  sous  ce  rapport  que  l'avenir  de  la  génération  sui- 
vante reste  incertain  jusqu'à  ce  jour  (ii).  La  famille  s'élève 
progressivement  à  la  condition  de  bordier  rural,  possédant,  outre 
l'habitation,  uq  jardin  potager  et  un  champ.  Elle  tire  un  grand 
secours  de  deux  engrais,  qui  sont  ramassés  sur  la  grande  roule 
conliguë  à  ces  deux  pièces  de  terre,  pour  fertiliser  un  sol  crayeux 
presque  stérile  (1).  Ces  engrais  sont,  pour  les  populations  agglo- 
mérées des  campagnes,  l'équivalent  des  matières  recueillies  par 
les  chiffonniers  uri)ains  (VI,  vii). 


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en.    vu.     —     BOBDIBR    DE     LV    CHAMPAGHR 

S  ili.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SOURCES  DES  RECETTES. 


lUiioD  «Tec  appwtii 

Champ  (33  tuw) 

Jaidiu  (8  tmi)  Utenaul  à 


An.  «.  —  V 
Somma  girdii  la  logli  comiat  fai 


is  et  du  chuop. 

■ïiOD  et  l«t  : 
—    pour  la  fabriciUon  daa  «rraaui  ds 
Uit&DiiW  pour  Ifl  blandÛBags........... 


erraaisment  al  peut  l'abatag*  du  bo».. 

. malioD  et  let  lepaialiou  da  mobilier.. 

fabriciUon  daa  «rraaui  ' 


(La  fuDlUa  na  (ail  parlia  d'iacnsa  lodAlé  da  ce  genis.) 

TU'Da  TOTALE  daa  propiiAti»  (uurdMiictioD  dMdaUeiDiaiiliaDsfiii,15,  S-*  V)... 

BBCTION  II, 
BnbTentMnu  reyuM  pat  1>  famille. 

A«i.  1",  —  PKOMtiTt*  atçom  wn  racraoïr. 


(U  lamiUa  sa  raçoll  (ucpub  propriéU  ai 
Akt.  I.  —   DHOni  D 

iar  dei 

l'heilM  dat  TC 
-*-  da  ^Uuar  aprâs  la 
—     lut  ia  pttursge  coiuiuudu 

ALLociTiona  conoenUDl  Ici  baaolni  moiaui 
canciinant  le*  ludiulriti 


M  raorattis  ti 


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en.    TII.    —    BOBDIES     DB     LA    CHAUPAGNE     POUILLEUSE 

SU.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DG  L'ANNÉE. 


„„.„„..._., 

RECETTES. 

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fiBCTION  I". 
Akt.  t".  —  Ennui  du  nomtita  iHUOBiLitaïK. 

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-                     -                     -               (18.E'. 

-                     -                     -               

TOTAUX  d».to.«iu.d«proptiéli. 

flàOJ 

sas 

SECTION  II. 

300 
*50 

ssu 

700 
400 

800 

VoDlai  iTilul  ■<»!  U  licollfc 

AitT.  3.  —  ObiilTI  n  SBKÏICM  ALLOUM, 

Pwii»iiMiifMiponerl«.U«n.de«gBrb«b.ltu«:p»UledMU«»*Tâlu*«iL 

4  ao 

MIS 

iiGoogle 


CH.  VII.   —    BOBIIIEB  DB  LA  CBAUPAGN8   POUlLLinSB. 

§  U.  —  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SDITB), 


SODRCES  DES    RECETTES  (SUITE]. 


^ 

jIdM 

]«ini«« 

lont» 

SO 

30 

80 

■» 

1(S 

an 

8« 

40 

m 

10 

10 

338 

lis 

SECTION  m. 


«t  iet  céifctH;  biltig*  du  (eiRli!  et  du  ftvnMDtponr 
jnin.'jnÛiaV,  Voùt,'  iêpimb™. ..'.'. 


BatIBga  de  toule  «pâca  d«  gruiu, 

TMDipon  al  Mendan  du  fumien  au  piialeinpi  el  w 


joiiniée  ;  Inng 
FAbricïtioD  dM  cuTflAui  de  IflTTe'/dX^calAa  i  U  Uche,  au  prinlempi. . 

Abatage  de  panpllsn  «I  antna  bail,  aifeaU  A  la  Ucba 

PTMtitioc  es  attaie  pain  l'aolntiBii  dei  ebemiin  «uonmnaDi 


Liï^*doV™l 

eenlnpii>iUticbe«l»«catéaàl>ip^KD. 

n  appreDlitiiïe  ehai  nm  lingAn 

sge,  piépiralioB  dea  )Jim«D(>,  eaini  de  propnM  con- 

BD1»Iieo  de>  <e 
EtéEoll.  d*  1-hsr 

emcita  «l  du  Ui>g«  ;  confecUaD  de  tMemepla  iMiib. . . . 

LÎd*  donnta  à  la  gnnd'aiàra  pouriM  (nnu  da  nfiu(e 

Totaux  de*  jouRitM  de  tant  la*  membna  de  la  bndlla. . 


6BCTION  IT. 
IndMrttiM  «ntnpriMi  pw  U  haailta 


TDDBTam  antrapriua  au  compta  de  b  famille  : 

CulluM  du  champ  m  aTH) 

Culiure  dn  Jiidln  (8an«) 


Récolta  da  cjréarsi  eaDsptiie  i  U  Ucha. 
BalUge  «□  RiangB  «Dtnprii  1  U  tlcha. . . 
Abalage  du  bail  solraprli  A  la  tAche 


TraTiuI  à  ralcullle  enliepili  A  la  tlchg  par  t*  femc 


w,  anttepilM  paiU  (Anills  da  lemp*  1  au 


iiGoogle 


CH.  Vil.   —  BOBDIBH  DE  Li  CHAMPAGNE  POUIt-LEUSE. 

8  a.  -  BUDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


RECETTES   (SUITE) 


.  ..UI. 

■B    JOORN 

L,.M. 

m™ 

an. 

r 

1  a 

OTS 

1  so 
1  -ra 

OTS 
0T5 

1  00 

OBS 
0  SO 

If.  ». 

030 

0» 
Ôï5 

SECTION  III. 


Siloito 
SnUira 

tout 

que  reCBT 
^e  Invai 

partiel 

ïitarjoun 

ïli" 

....|1B,EI 
....<lfl.F) 

S^^ 

r  Miculïtit 

Silair 

«innjoun 

ali 

Somin 

il  p»yet  l'o 

Tt. 

rpourilre 

uélee  travail. 

peut  tira  Ici  é 
uéàe6tr««il. 

(Aucun 
Silain 

nlti*l 

...(1B,L) 

"(w".AetB; 

(ia,CelD) 

BtoiGca  TtaulUnt  d*  ci 


„  (18,  B) 

..  (la.Cl 
..  (18.  D) 

..  lie,  Kl 

.  (18.  P) 
,.  16,0) 
..  (18.  J) 


Non.— Outra  leinKsttH  partiel  oi-d«Rii  en  compit,  1*1  indaitritsdasaSDlllBiil  no» 
nc«ttadeia3'B7(lB,K|,qiueeIippljqiiieda  aauwu  i  cei  œimu  iorfiulnai.  Catta 
ncattaatle*dépaiueiqDilib>liacga[(15,S'»V)aDlil«oiiiiBeidaDi|-naetr(uliabiidgel. 


•a  (baluicant  lu  dép«D«a). . . 


iiGoogle 


348  CB.   vil.  —   boudieii  de   la  ghahpachk  podiukosBi 

§  18.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE. 


DÉSIGNATIO»  DES   DÉPENSES. 


SECTION  1". 


Ait.  l<r,  —  Alimintr  coiDoimii  Mm  u  ufiixai. 

(Ph  l'ouTTier  psnduil  315  Jonra,  U  hmoig  penduit  Ï67  jonn, 
U  fiUa  ilaée  paadxat  MO  Jonn.  U  plni  jÉnn*  Alla  fiaadanl 
830  joun.) 

E*lg1<  pnr,  4nlnA  ài'Atit  de  (uio* 

Promant  1  l'état  de  biloa,  pour  pltinariea  de  nitnigi! 

Bit  minei  >a  l^t 

Pd1iI(  total  at  pili  bioj«d 

Corps  ghm  i 

Betina  d*  ticIk 

Graiua  da  poic > (16,  C) 

Lard,  mansé  cnil  aiac  du  ligninai,  au  frit  dam  la  paéle  avac 

da  Uniade (IS.C) 

Huila  douca    (mClange   d«  plniieiin   apto:*)    poiu  1m  u- 

Poidi  totAl  at  prix  mofea 

Limets  BT  <iops  : 

Lait  da  Ticha  (!04  litrea),  mangi  an  aoupaan  aTac  da  café 

(Bob  :  144  pitcea 

Fromags  blanc  •«  do  pa^,  mangd  an  lauta  uiaon 

Ftomaga  de  liil  cailli,  mang^  aa  Ué 

PiomagB  giai,  dit  ds  Tid7s>,  maugi  aurtout  an  hltct  at  en  au-' 

Poid*  total  at  pria  majoa 

Vunnis  ET  POISSONS  :       ' 

Viandaa  da  boucbaria  :  Quoique!  bu  moTceaui  (tïte,  foia) 

Viande  da  porc  lalt  ou  hais (19.  Q 

■Viando  de  lapin...., (18, D; 

Fui!sani  :  Harang*  aalte 

PolAi  total  al  prix  moTan 


NtMitMlIlHlUUni 


iiGoogle 


GH,  TU,  —  KRBIBH   D8  U  CHAIIPIOMR  P0UILL8U3E. 

S  45.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  (3U1TE). 

■HTir» 

dM    Cb],t 

•r(Hl. 

SBOTION  1". 

niHiiniiteiuiini 

ao'TS 

IBOO 

945 
S») 

300 

i  00 

J 

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01  00 

esso 

4S0 

18(00 

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1  80 

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4O0 

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IBOO 

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pukUSfT 

asovo 

«0  0 

m  0 

GO 

so 
i.ooeo 

osoo 

0  370 

0  04S 
049O 

0  100 
0^50 

0400 

osoo 

OSOO 

U(umw  hiiiiau  MO  t  HaricoM  idonl  St*  ichaMi)....  (1S,  A) 
-                       Umill*!  tdosl  lot  «cheU». . . .  (IS,  B) 

Légama  *aiU   1   cutn   :  Cboai   nungéi    de   MpMDbn   en 
—                         Uitae,  chlcorte,  ataett»  frit»  m 

_  --              Pgnil.  cettonil,  mil,  oiBilla (IB.  Bj 

PniiU  à  p<pia  at  1  nof  lo  :  CeriHi.pnuM,  dllM  de  Dunu.mui- 
g«u>  .d  Hpteoibr.,  pcHiuD».  ni»» 
da  Tign». 

0  118 

Conntnm  n  stiiidlmts  i 
Sel^»>p<«rlBiL4otg«:-iO»poiiittlCTl.p(m 

tso 

05 

50 
1  0 

SMO 
1  000 

1  soo 

4D0O 

■35 

0801 

lEOO 
10  0 

OMO 
ISOO 

ISOO 

0  181 

ALDiinTs  DiTsas  : 

pu  1>  ail<  d.  I^  p.Dd.n(  LB5'jo<.r..  ^0':i>p. 

H,S"I1D 

H,S°>IIl) 

MâOS 

910  11 

iiGoogle 


en.  Vtl.  -—  BOBDIEB  DB  LA  CnAH»G:iB  POUILLEUSE. 

§  16.  —  BUDGBT  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SUITE). 


DÉSIGNATION   DES  DËPBN8B3  (SUITE). 


SECTION   II, 
IWpe—i  coocciDanl  l'hktMtatioii. 

Lor.EHEIIT  1 

Loyer  (ioUrU  da  U  vilaur  ds  la  ociiOD),  St'OO;  —  «DtiBtian  :  innui  d»  roarrier, 

lO'OO;— iclutl,  fl'OO , 

IloBILIIB  I 
EntiBiian  :  Innui  d>  U  bmilla,  S'OO;  —  aetaiils,  18'OOi  —  lalirét  dac  ontilt  •n- 
plarM,OtSa „. 

CiMorrMB  ; 

Boïi  de  psnpliar  (luinei  al  brancha*  mortel  ablunaa  par  ramcba(>).  800' 

Pagota  da  brand»  do  pin,  300*  pour  ctaïuflet  le  toar 

FigoH  de  boii  dur,  SOC. 

HouiUe,  GOO'àS'UlaalDlkil 

ËCLAIUSB  I 

IbtalartmiUneeprMqaalaaiininraliiGA),  14^1  l'GOIs  kil 

lallai  tria-raraoant  emi]lo7*ei,  1' 

Totaux  dai  dépgoiH  canecmint  l'hiblutian 

SECTION   III, 
Dtpauaa  oonccnianl  lu  r^tvmeals. 

D*  l'ouiTier  i  frui  il'acluil  si  d*  conlaclioii  domaitiqua (iS>N  MO) 

De  1«  fenmiB  1  —  — (ia,NBt01 

Du  deui  nilai  I         —  —  (IS.HetOI 

Buiicnis3*GE  I 

iDD,  B'àl'JO  le  k:l.,Etaa;  — Inviiiids  la  femœa  n4,S°>  111),  IS'U);  —  cFndrea 
luforBr,4lO(ii  — intérêt  dasuiloniiHaamplojM,  O'Sî (IS,  Ui 

Totaux  dea  dépannu  coacernint  lei  TMoinonli.  

EBCTION  IV. 

■mut  lea  beaolDe  aoranz,  lei  rtoriatiai» 
at  le  Mrrica  da  laDU. 

■a  oïdiDiira  qui  aoil  appiéoUbte 

lifsnutGTioN  ot9  snnNTS  i 

8  moia  d'écola  i  l'OO  pour  la  plni  jeune  fllle , 

Frai!  i.e  litre)  al  da  papier 

Segodm  n  adhAhii  i 

Pain  donné  mai  puivret ,.. 


10  00 
ISDO 
»  00 


.yGoogle 


CH.  ni.  —  BOBDIBK  DB   LA  CHAUPAGKR  POUILLBDSB. 

g  15.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÈB  (SDITE]. 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SUITE). 


sacTjoN  IV. 
IMpMMM  oonoemuit  lea  beutna  mot 
M  la  MniM  d*  HoU  (i 

MamiM  d*eabuet. 

TabioâfdmH ; 


Ctdsux  gnni  pir  1m  BnOâti  i  luin  pamlni  M  mundo»  ■■  jo 
Sbbtiu  DR  unnt  t 
AucoM  MpraM  hiUlDslla 


BBCTION  T. 
MBMTBant  Im  iadi 


porU*  1  en  titra  daaiJt  prtuDt  hndgat... 
ArgtDlBtDbjBti  appliquAtda  aautcuisaE  iiidiulria  (14 


inniwi  aile  n'achète  paa  i  «Mit  lei 


il  mobllii»;  poitei  at  tïntlm) 

□atTira  :  S  jourotoi  de  ItitïlI  à  ï' 00-.. ....-, ... 

na  LtBlKl-ftTBIVBTÏIQDIFmOftALOSUrilllll 

idlat  da  doptitamaat  de  U  Uatoaqui, 


I  i  U  famille  doua 
u  dépuiHi  coDcaroi 


I  la  induitrie).  lea  dall 


l'ac^ufiition  da  propriiUi  oanialtea  on  ponr  «re  placée  à 


TiuT  DM  DtFBicu  de  l'unia  (bBlaii(aii(  laa  raeatIM) (l,4Sâ'Stl) 


iiGoogle 


35Ï  en.    VII.    —  BOBDIBK   OB  LA  GEAK?AKiE  POCILLEUSE. 


COMPTES  ANNEXÉS  ADX  BUDGETS. 


COMPTES  DES  BÉNÉFICES 
tfxùatX  to  ntolriet  Hlr^risa  pu  U  fuilk  [ï  m  fttfn  amfit). 


le  igrrs.  t30*  i  O'IMi. . . 


iB  uqulM  pu  la  ebamp... 


Intir£l(S  p.  100)  de  U  raleoi  du  champ.. 


Fnii  du  mitdriil  tptclil  : 
Intit»  [S  p.  100)  d'aaa  partie  (t«3)  da  U  Talegr  de!  oi 
BntnliaD  da  eu  oulilt. 

Matwicu  ttwllanl  da  l'Indmlria 


B.  —  Cdltdrr  en  miuiui  di  3  â 


Invani  de  l'auvrlci  el  d( 


*9<T5 

larso 

.'.110 

leso 

080 

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300 
Ô  JO 

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igu 

18  SS 
100 

■  ■S 

IBSB 

soo 
soo 

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. 

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C0HPT88  ANEfSXKS  A 


Fnmlir  d«  lipiu 

?gmlu  nmutA  inr  U  Tol«  pnbliqas 

Fni>  du  nittéiial  ipiciil  ! 

IntârAt  (B  p.  100)  d'un*  parlii  (1/3)  da  U  Tit«R  du  onlili  f^/Sf^... 

Batrellcn  dn  milàiisl 

Btutnc-s  TétnlMst  d<  l'indiiMile 

.  C.  —  EncMisuBVEirr  d'un  porc 

Pdk  BBgralui  psiint  TJt.  i  l'OO  la  kil 

PomiM  prodnil 

Achit  d'oa  jsom  porc 

iDlicetlSp.  100)  ds  Im  TiIsoT  ralcDlto 

Son,  6oo>  à  o'i8.!!!!'.!!i!l!!!!!;!!il".!r.!*.  ".!!'./.  *.'.^', '.'.'.'.*.'.'..' .'!^ 

Poiiiiii«d«tam,  ttGO^àD'Ciei 

FuiDa  d'ares,  30^  à  0<M> 

TiBTul  de  IB  fomin*-.....,..., ,,,, éé ..ié.. 

BiHÉnci  i^nlUnt  da  llndottrla 

ToUqi  comme  ci-dcsiui 

D,  —  ËLITUE  DB  15  LtPIKS. 

Tenta  daS  lapios  i  3103 

S  lapiea  pour  Im  oonTriture  da  mfDBM,  à  t'SO.i.,  w.......,.,  w-^- 

%  lipiu  conserrdt  pou  U  reprodacUan 

Pamiai  pmiBlt '.',.,; 

tntMt  («p.  100)  da  U  Tileni  olcul^a 

Harbai  rtcaltiea  tuT  tai  nif  pnbliqnaa 

TimU  da  U  famm* 

BiniFici  lianlUnt  da  riodoillle 


T.L.«« 

fl'oo 

Eu 

on 

8  13 

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■  ■OROtBR   DX  LA  CHAHPAflNB   POUILLEUSE. 


*   «fcOLTI  DES  CiatALEl 


Bcrnm»  obwnua  du  t(»>i1  en  iiu  du  uliin  qna  nccrnit  an  Jotiniallsc  «i^ 
euUnt  1b  mtms  oaTrage  M  us  KparDimiit  lue  In  oulili 

Fimii  da  mtUriil  IpAclal  : 

Un»  lunlB  (1/*)  d«  l'ioWrtt  (S  p.  lOCq  da  Is  «leur  dM  OQtili  fBl'M) 

KmnLiSD  ds  cei  auliJi 

Eom^HiKT  DE  siuiu  r^ultiDt  de  U  nibitilalloD  dn  inrail  à  U  Ucb*  ■□ 

tnviil  t  U  jaurn^  (O'M  picjoui) 

Total  comins  cl-dosaui 

F.  —  Sp^cdution  keutitb  ad  eattaob  de  cunis  ix^ccri  a  la  tacsr 

lira    1    StItitHK    DD    produit). 

Sûame  obtunue  du  ItataêI  «a  tôt  du  uUuta  qua  laceirut  ild  JûurlLidiet  exé- 
cutant le  ntme  ouTUge 

Iutir«t(Sp.  IDO)  de  U  Tilenr  daa  onUli  (Sroo) 

Fnit  d'antntlsu  d*  cm  ontili 

EuppUuiht  di  uuke  réiEltint  d9  U  nbstiWtiau  du  travail  1  U  tlcha  an 
Iratiil  AU  JDurnde  (I}' 38  pu  jour) 

Toul  cnmma  ci-dMiiu 

G.  —  SpteDUTIOn  RELATtTI   AU  TRAVAIL  A  LA  TACBE  COnCEBMAItT 

Somma  abtauue  do  lr»ï»il  an  lui  du  ulairs  qua  recemit  nn  JonioallOT  «lé- 
cMantle  intuia  ourraga  et  ne  tauTolisanl  qu»  lu  onlili 

lottiAlSp.  lOOldala  tAleuids  onlUi  (14'S0) 

Sufpl£h(m  de  uùirb  r«fu1tant  <le  U  lubilitolion  du  IraTail  1 U  licha  an 

traïoÉl  A  laJotitiiAa  (Û'*S  par  jour) 

Total 


mlm 

■DU 

Ttm 

^- 

usa 

8416 
«00 

0  IS 

1  u 

40  90 

.dîoo 

T» 

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GOO 

. 

TÏO 

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COMPTES  ANNEXÉS  ADI  BODCITS. 

H.  —  SrteuuTioR  HEUTivi  ICI  niivAtii  d'ïtcuilli  iiicmia 

*  LA  TACBI  P4B  Ll  rEHHK  IIDÏB  DE  SA  FILLE  llnÉS. 

gomiBS  obtrane  da  Imail  tn  ng  du  nlaira  que  lecsiralt  udo  mnitt*  tn- 
T»ill»iil  i  la  journdï 

Ptuidn  mtUrEel  ipéclil  :  achM  d'tigaiUn  et  d*  fil 

SDPPLiuiHT  DC  atULiRs  rtulUnt  d>  la  ubitllnliea  du  Until  i  ]■  Uche  au 
(niTiill  i  la  jDiugts  (q^lS  pat  jour) 

ToUl  comina  d-dsnui. 

J.  —    Sf^CDUTION    HILATIVB    m    TIAVAIL  A    tji   TACBE   COnCERRANT 
LA  PABRlCATIWt  DB  CABREAIIX  COHHUIH  IN   TEUB  SâCBÉE. 

SomcDB  obtenue  du  tiayail  eu  ui  da  lalaiie  que  cecBYrail  ua  Jonrnalier  ei4- 
culanl  le  mima  ouiragealno  rodniiiMDt  que  lai  eoUb 

.^  .    .  sienssËa. 

Frai»  du  matériel  ipicial  : 

lnt*rtt  (S  p.  ICO)  dB  1»  ïileui  de»  onbla 

HuttaliaudecamuIilB '. 

SUPPLÉMBn  Dt  aiLiiiR  rénltiDl  de  la  nibililntion  du  iMTafl  à  la  Uebe  an 

itayail  àlajonroée  (l^M  par  jour) 

K,  —  Risvml  Dta  muma  des  linilFicEa  «isotTAriT  des  iiniiisniis 
(A  à  J). 

Recettes  ea  ai^ol  appJiqaéai  au  dépaDae*  du  màia<e  on  «HKonnînt'à 

"pA^e .? 

R^lea  DU  argent  i   emplojet    de   nauTean  poni  lei  iadmliisa  «lln- 

DfPIRBIS    TDTltJtS. 

lBUi«t  de>  pnptiitéa  powédiea  par  la  famillo  et  emplartei  pai  alla  au  in- 

dueliia '    '       '         (U  S"ll 

FTOdmli  dn  inbTeutiou  nfoea  pai  U  âniïli'ii'M^ô^/pir  alla  aoi 

^1^"  *'*^"  •"  ""*"  "i^înlfa'Wl'te'fMiita'tiii'lea'iBda.- 
BdihM  tiànaù  à  d'autnà  ùiiMiii'^rfMUi'Vii'l'àfiiiili'pilii  li^  indui- 
Ptoduin'  i»loi^aïiiiiiM  'en  »atn™'«'  d«W.^'  taii^iM  u'ij'  dVi  w 
" ' 4i  pat  de.  teeeileartiulUBldMindiutriBa.. .!....: 

iuideed4p«iee»{t3T'lp} 

«(IM'IS) 


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CH.  VII.  —   BOftDIER  OB  LA  CHAHPAGNB  POOILUIISB. 


EBCTION  JI. 

COMPTES  RELATIFS  AOX  SDBVENTIONS. 

L.  —  RtCOLIE  DC  MMIEB  son  L»  TOI»  MMjgOB. 


Pomiet  «mfiejt  pour  tamer  U  Judln  el  la  champ.. . . 

PDmiuTCldiL 

ToUui 

Tniaoxda  U  fcmnn  i  SOjonrnéa»  à  l'OO...,....^. 
Tnvui  a»  enfant»  :  10  Jpuiii*m  à  O"»  bI  «  à  VVI. 

V«LRm  i  MIribnai  in  fumio:  nul  la  ifaolte 


SDCTION  III. 

COMPTES   DlVEltS. 

U.  —  Coxpn  ULATir  AO  BUncBISUCi. 

01  cbaque  taati  caatant  : 


Totiiiidwdtp«Dnipi»itUbluu;blwa3«,i 


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N.  —  CoHPTR  DB  U  D^rafixi  ÂNNMLtB  MDR  frorm 

n    VtTEHIlT}  ACUETia. 

Abï.  ir-  —  lïfcmnUt  *  r™oJ*r. 

VAlBinenU  du  dimmcha  : 

1  leitads  poidrap 

1  bloB»  de  toUe  blflne.  nsDia 

1  gilelendloffedel.™ 

1  pAntalon  da  luDe. ...,-.--. .....••-•• 

I  pure  dsioulign  arac  riparaliOD  aanDcIle '.■• 

II  mouchoin  da  pocha  an  eolm 

1  chupaan  da  fvnlra  grjt  >t  t  caaguttla* 

S  paini  da  chaïuwtte*  Uina  at  coton 

VMamaDti  da  tniail  : 

Vieux  iMameDti  du  dimanche 

1  miel  ïiec  mnadiM  en  totnn 

S  pintalDui  en  toila  biens  légè» 

i  gllata  tncoWi  on  colon 

1  paire  de  aonllsn  plniieun  toit  réparti 

1  paire  de  boliei  en  cnir  ronge,  dit  de  Rueiie.  pont  extcnlsi  dea 

tiBTiai  de  unauament  daDi  lee  lieu  Iwmlde* 

Spalraide  laboti  t  i^SO  la  paire,  arec  chauiiODa  tricoUi  par  la 

femsia  on  fùlsda  dlbrii  da  itlameota 

A  reparler 


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decbal. 

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COHPTIiS  ANKEXES  *UI  BUDGETS. 


,  1».  —  ViUmiBIt  il  VmtieniT  (ndte}. 


U  gymnattiqvt,  doat  l'oa 


S  Japoiu  de  UJDB. ........  ... 

1  UbliflT  da  Uliie  noiia....... 

.  . [iDiie  impciisét.., 

looihoin  de  poche  es  coloi 


re  ds  uboti  da  lois 
VMemeDti  de  tn*ill  : 

1  Ubliec  d'indiMM 

1  peirB  d*  bu  d*  colon  . 
'  — onchoii  ■  d'inditime  poi 

1  jnponi.  l'on  d'biia,  l'ul 


ilopper  U  léle  (diti  sianiiMla). , 


Ilxt.  a.  -  yktmiDU  dt$  ina  fUu  (10). 
Dfpen»  «vniMUe  pou  la  Bile  >l 


AIT.  l».  —  DéptMt  pour  U  «Atoft  tmfMtfr. 

iaUlaa,  daBletd'iignfllei 

liMde  iraiall  da  Uhnnia,  eftûnta  kVK  pii  jour 

Ut.  9.  —  DiitrUBillim  it  ettti  dipaitt  Ktr  la  iivtrt  ma 


D^wiH  ponr  I*  confteUoa  tt  rantretian  de>  TUemanU  : 


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■    BOBDIBn   DK  LA  CHAMPAaHI   POUlLLKnSB. 


ÉLÉMENTS  DIVERS  DE  LA  CONSTITUTION   SOCIALE 

FAITS     IMPORTANTS    D'ORCAMSATION    SOl^lALB; 

PARTICULARITÉS   RRHAHQCABLESt 

APPRÉCIATIONS  GÉNËRALESi  CONCLUSIONS. 

S»'- 

CAUSES   d'ébranlement    QDI    AGISSENT    EN    CHAMPAGNE   DANS 
LA    LOCALITÉ     QU'HABITE     LA     FAMILLE     DÉCRITE     ET     DANS     LES 
KÉGIONS    GONTIGUËS. 

Après  les  influences  contraires  qu'elle  a  subies,  la  Cham- 
pagne est  l'une  des  provinces  françaises  qui  conserve,  avec  leurs 
traits  les  plus  fâcheux,  les  idées  et  les  mœurs  des  Gaulois.  Mal 
pourvue  de  pâturages  permanents  et  privée  de  rivages  maritimes, 
elle  n'a  point  oCTert  à  ses  premiers  habitants  tes  productions 
spontanées  qui  ont  créé  les  races  stables  du  Nord  et  de  l'Orient. 
Comme  les  Indiens  chasseurs  de  l'Amérique  du  Nord,  les  prin- 
cipales trihus  gauloises  n'ont  trouvé  dans  leurs  forets,  ni  les 
coaditions  de  la  famille  patriarcale  (II,  In.  a),  ai  celles  de  la 
famille-souche  (III,  In.  s). 

En  Champagne,  comme  dans  la  majeure  partie  du  territoire 
actuel  de  la  France,  les  forêts  et  les  animaux  qui  s'y  développent, 
sous  ce  climat,  à  l'état  de  nature,  furent  les  principales  produc- 
tions spontanées  auxquelles  les  premiers  habitants  demandèrent 
leurs  moyens  de  subsistance.  La  chasse  des  grands  animaux  était 
l'industrie  dominante  des  âges  préhistoriques  dont  la  géologie 
retrouve  journellement  l«s  restes;  et  elle  occupait  encore,  aux  pre- 
miers âges  de  l'histoire,  une  place  importante  parmi  les  Gaulois. 
Or,  chez  les  peuples  chasseurs,  les  qualités  qui  assurent  le  mieux  la 
subsistance  ne  sont  pas,  comme  chez  les  pasteurs  et  les  pècheurs- 
côtiers,  la  sagesse  et  l'expérience  de  t'âge  mûr  ou  de  la  vieillesse. 
Sans  doute,  le  respect  dû  à  la  sagesse  des  vieillards  est  la  prin- 
cipale condition  de  succès  pour  les  chasseurs,  comme  pour  les 
autres  races  d'hommes.  Selon  les  observations  recueillies,  depuis 


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ÊLélIBNIB  PIVEBa   DE    U  COHSTtTDTtOH  SOCULB.  359 

trois  siècles,  sur  les  ladieDS  de  l'Amérique  du  Nord,  tes  tribus 
chez  lesquelles  la  stabilité  avait  quelque  durée  étaient  celles  qui 
assuraient  aux  vieillards  une  autorité  prépoadéranle.  Dans  cette 
organisation  sociale,  en  effet,  les  vieillards  ont  seuls  la  prudence 
nécessaire  pour  maintenir,  au  contact  des  tribus  voisines,  la- 
paix  qui  donne  la  sécurité  au  travail  de  chaque  jour.  Cependant 
les  jeunes  gens  et  les  enfants  eux-mém^  font  très^romptement 
l'apprentissage  de  la  chasse;  et  ils  possèdent  mieux  que  leurs 
pareats  l'agilité  du  corps  et  la  passion  du  hasard  qui  sont  au 
premier  rang  panni  les  conditions  de  succès  :  ils  sont  donc,  par 
la  nature  même  des  choses,  les  principaux  pourvoyeurs  de  leur 
voisinage;  et  ils  y  acquièrent  une  inOuence  précoce  pJus  aisément 
que  dans  les  travaux  qui  sont  propres  aux  pasteurs  ou  aux  pé- 
dieurs-côtiers. 

Cette  nature  du  travail  principal  entraine  Idusieurs  consé- 
quences directes,  en  ce  qui  touche  la  constitution  sociale  des 
peuples  chasseurs.  Dès  qu'ils  arrivent  à  l'âge  adulte,  les  eu(auts 
n'attendent  plus  de  leurs  parents  les  moyens  de  subsistance,  et, 
si  la  notion  du  devoir  s'affaiblit,  ils  ont  tout  intérêt  à  se  séparer 
d'eux.  Devenus  indépendants,  les  jeunes  chefs  de  ménage  se  dis- 
putent la  renommée  dans  les  luîtes  de  la  chasse  et  de  la  guerre; 
et,  sous  cette  influence,  les  actes  de  courage  comptent  plus  que 
les  conseils  de  la  sagesse  dans  les  délibérations  de  la  tribu.  Cette 
prépondérance  de  la  jeunesse  s'est  longtemps  manifestée  entre  la 
Manche  et  la  Méditerranée  par  le  défaut  de  réflexion  et  de  per- 
sévérance :  c'est  donc  avec  raison  que  les  premiers  historiens 
ont  opposé  ces  dispositions  des  Gaulois  à  la  discipline  et  à  la 
ténacité  des  races  du  Nord.  En  s' accumulant  dans  leurs  forêts, 
les  Gaulois  demandèrent  de  nouveaux  moyens  de  subsistance  au 
pftturage  et  èi  l'agriculture  :  les  jeunes  ménages  défrichaient  des 
lambeaux  de  forêts  comme  le  font  aujourd'hui  ceux  de  l'Orient 
(II,  IV,  io)  et  du  Nord  (III,  i,  17).  Devenus  pasteurs  et  agri- 
culteurs, les  cohéritiers  divisèrent  entre  eux  les  bestiaux  et  les 
champs,  de  même  que  tes  ancêtres  chasseurs  s'étaient  toi^'ours 
partagé  les  armra  et  les  engins.  Grâce  à  la  prépondérance  tradi- 
ti<HinelIe  dont  jouissait  la  jeunesse,  l'instabililé  créée  par  la  force 


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•   BOkDIBH  DB  LA  CIIAIIPA6NB   POUILUniM- 


des  choses,  chez  les  familles  Tirant  de  la  chasse,  se  perpétua 
parmi  les  familles  devenues  agricoles.  Bien  avant  Fère  chrétienne, 
les  Gaulois  avaient  approprié  le  sol  cultivé  à  leurs  convenances 
traditionoelles.  Dès  qu'une  forêt  était  défrichée,  les  générations 
successives  procédaient  aux  partages  après  décès  et  morcelaient 
le  sol  à  l'infini.  Ce  morcellement  n'était  pas  spécial  au!c  plaines 
siluées  entre  l'océan  Atlantique  et  le  Rhin  :  il  s'était  étendu,  en 
certaines  directions,  sur  la  rive  droite  de  ce  fleuve,  sous  l'influence 
de  diverses  races  constituées  par  des  chasseurs. 

Les  influences  qui  transformèrent  les  Gaulois  en  Français 
introduisirent  souvent  une  modification  profonde  dans  la  famille 
et  la  propriété  rurale.  La  domination  romaine  mit  en  lumière  la 
fécondité  de  l'autorité  paternelle  appuyée  sur  le  testament.  Le 
christianisme,  en  propageant  le  Décalogue,  rappela  que  cette 
autorité  est  la  sanctiOD  pratique  de  la  loi  morale  et  l'une  des 
sources  du  bonheur  temporel.  Les  invasions  succesàves  des 
races  du  Nord  par  le  Rhin  et  ta  Manche  et  leurs  établissements 
mirent  en  évidence  la  supériorité  qu'offraient  la  discipline  et  la 
stabilité  de  ces  races  sur  l'instabilité  et  l'indiscipline  des  indigènes. 
Enfin  les  beaux  modèles  d'oiganisalioo  sociale  du  moyen  âge 
démontrèrent  aux  populations  que  l'alliance  et  la  transmission 
intégrale  des  trois  formes  de  la  propriété  foncière  (IV,  In.  s  à  ?), 
complétées  par  un  judicieux  régime  d'émigration,  assuraient, 
mieux  que  toute  autre  constitution  sociale,  le  bien-être  au  milieu 
d'une  race  d'hommes.  Sous  ces  influences  réunies,  l'autorité 
paternelle,  restaurée  dans  tes  esprits,  fit  son  œuvre  sans  le  con- 
coursd'aucune  contrainte  légale.  Les  grands  et  les  petits  domaines 
se  reconstituèrent,  même  sur  les  plaines  crayeuses  émiettées  par 
les  Gaulois.  Cette  transformation  fut  plutôt  sociale  que  territoriale  ; 
mais  elle  acquit  toute  sa  fécoadité,  grâce  aux  sentimenls  propagés 
par  les  familles-souches  de  gentilshommes,  de  paysans  et  de  bor- 
diers  (III,  iv,  11)  ;  et  de  là  sortit  une  admirable  organisation  du 
pâturage  et  de  l'agriculture.  La  prospérité  émanant  de  cette  orga- 
nisation s'accrut  dans  les  campagnes,  même  au  milieu  des  désor- 
dres provoqués  par  la  rébellion  des  grands  vassaux  ou  par  la 
corruption  des  claiBses  dirigeantes;  et  elle  ne  prit  fin  qu'au 


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âliHRNTS  DIVIBS  DB  U  GOIWTITDTION  SDCULB.  361 

XTi*  siècle,  à  l'époque  des  guerres  de  religion.  Depuis  lors,  les 
règnes  réparateurs  de  Henri  IV  et  de  Louis  XIII,  plus  léœmment 
l'ère  de  paix  qui  a  suivi  les  guerres  de  la  révolution  et  de  l'em- 
pire, ont  rendu  aux  campagnes  le  bien-être  matériel.  Mais,  à 
partir  du  gouvernementpersonnel  de  Louis  XIV,  presque  tous  les 
pouvoirs  publics  se  sont  employés  à  détruire,  dans  son  principe, 
l'œuvre  morale  du  moyen  âge.  Par  le  spectacle  de  leur  corruption 
et  surtout  par  des  contraintes  légales,  ils  ont  ramené,  dans  notre 
race,  les  sentiments  d'antagonisme  et  d'instabilité  qui,  avant  la 
domination  des  Romains,  des  Francs  et  des  Normands,  présidèrent 
au  dérrichement  des  Torêts.  Malgré  quelques  sympiônies  de  retour, 
à  la  vérité,  les  influences  prépondérantes  créées  par  la  révolution 
de  1789  restent  imprégnées  d'erreurs  que  condamnent  tous  les 
peuples  prospères.  En  ce  qui  louche  notamment  l'organisatioD 
territoriale,  elles  font  rétrograder  notre  race  jusqu'aux  plus  dan- 
gereuses traditions  de  la  Gaule. 

En  Champagne,  comme  dans  le  reste  de  la  France,  ces  vicis- 
situdes se  sont  produites  selon  les  lieux,  avec  des  particularités 
spéciales.  C'est  ce  qui  est  arrivé  notamment  sur  la  formation  de 
craîe  blanche  qui  a  été  le  théâtre  des  faits  signalés  dans  la  pré- 
sente monographie.  Même  aux  bonnes  époques  ou  l'autorité 
paternelle  avait  repris  son  empire,  le  sol  de  ces  vastes  plaines  est 
resté  morcelé  en  bandes  étroites  à  ce  point  que  la  largeur  en  est 
réduite  parfois  à  cinq  sillons  de  charme.  Au  centre  de  la  banlieue 
ainsi  morcelée,  sont  groupés  les  petits  bâtiments  qui  abritent  les 
familles,  les  animaux  domestiques  et  les  diverses  sortes  de 
récoltes.  Ces  bâtiments  peuvent  recevoir  séparément  et  au  besoin 
réunir  les  trois  destinations.  Sous  ce  rapport,  des  transformations 
continuelles  surviennent  au  gré  des  propriétaires  dont  les  conve- 
nances personnelles  varient  à  l'inâai,  selon  qu'ils  sont  en  voiede 
prospérité  ou  de  décadence,  et  surtout  quand  ils  ont  à  se  partager 
le  domaine  de  leurs  parents.  Dans  ces  villages  à  banlieue  et  à  bâ- 
timents morcelés,  les  domaines  se  sont  parfois  transmis  intégrale- 
ment de  génération  en  génération,  à  certaines  époques  de  stabilité 
et  d'autorité  paternelle;  mais,  d^uis  l'établissement  du  partage 
forcé,  ils  se  sont  adaptés  à  toutes  les  convenances  de  ce  régime. 


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36S  CH.  vu.   —  BO&DIEB  DE  LA  CBAMPAfiHB  POUIIXSCSB, 

Ils  résoWeat  le  problème  de  partager  entre  plusieurs  cohéritiers 
la  propriété  rurale,  è  peu  près  aussi  Tacilemeat  qu'un  sac  d'ëcus. 

Sous  le  régime  du  partage  forcé,  celte  organisation  territo- 
riale engendre  des  populations  qui  se  distinguent  des  autres 
races  rurales  par  des  caractères  très-spéciaux.  En  raison  des  faci- 
lités extraordinaires  qu'elle  offre  au  commerce  de  la  terre,  la 
Champagne  pouilleuse  produit  deux  classes  d'hommes  entre  les- 
quelles se  perpétue  un  contraste  profond.  Les  natures  pré- 
voyantes, énergiques  et  sobres,  issues  des  familles  pauvres,  s'en- 
richissent en  anne:iant  rapidement  les  bâtiments  et  les  parcelles 
de  terre  arable  au  premier  lambeau  de  propriété  que  leur  pro- 
cure le  travail  ou  l'héritage.  Les  natures  imprévoyantes,  molles  et 
sensuelles,  nées  dans  ce  même  milieu,  n'en  sortent  point,  parce 
cpi'elles  ne  trouvent  guère  autour  d'elles  lesconseils  et  les  secours 
qu'offrent  ailleurs  les  sociétés  stables.  Un  partage  analogue 
s'opère  parmi  les  enfants  des  paysans  riches  :  les  mieux  doués, 
partant  de  plus  haut  que  leurs  parents,  s'élèvent  plus  qu'eux  dans 
la  hiérarchie  ;  au  contraire,  les  imprévoyants  et  les  vicieux,  ayant 
d'abord  plus  de  moyens  de  se  livrer  au  mal,  tombent,  plus  encore 
que  les  pauvres  de  naissance,  aux  derniers  degrés  de  la  corrup- 
tion et  du  dénûment.  Les  défaillances  qui  se  produisent  ainsi 
dans  la  postérité  des  cultivateurs  qui  possèdent  le  sol  morcelé  de 
la  Champagne  sont  moins  rares  que  chez  les  propriétaires  qui, 
sans  s'élever  à  un  plus  haut  degré  d'aisance,  cultivent  dans  les 
autres  régions  des  domaines  stables  et  agglomérés. 

Les  paysans  aisés,  à  domaines  morcelés,  de  la  Champagne  et 
des  régions  du  Laonnais  qui  y  confinent  sont  l'objet  spécial  d'une 
monographie  insérée  au  tome  VL  Ils  se  classent  au  premier  rang 
parmi  ceux  qui  s'acharnent,  tant  que  les  forces  ne  leur  font  pas 
défaut,  à  conquérir  la  propriété  rurale  par  le  travail  et  l'épargne. 
Par  l'ardeur  qu'ils  apportent  à  la  poursuite  de  la  richesse,  ils 
égalent  presque  les  Israélite  qui  exploitent  en  Pologne  toutes  les 
branches  de  commerce.  Toutefois,  ils  leur  sont  fort  inférieurs  en 
ce  qui  touche  le  respect  des  parents  et  les  sentiments  de  charité 
qu'inspire  l'esprit  de  solidarité.  Le  paysan  champenois,  très-dur 
pour  lui-même,  est  peu  bienveillant  pour  les  journaliers  ruraux 


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ÉLéUGNTS  DIVERS  DB  LA  CONSTITUTION  SOCIALE.  363 

(|ut  ont  le  travail  des  bras  pour  unique  moyen  d'existence.  Ils 
□'accordent  pas,  même  à  ceuit  qu'ils  emploient  pendant  la  mois- 
son, le  patronage  qui  est  habituel  chez  les  paysans  stables  et  les 
grands  propriétaires  des  campagnes  bien  constituées.  Lairs  sen- 
timents à  l'égard  de  ceux  qui  vivent  du  salaire  quotidien  se  font 
jour  avec  naïveté  dans  le  terme  «  petites  gens  n  par  lequel  ils 
les  désignent.  Plus  que  dans  tes  autres  régions,  et  en  s'aidant 
de  moyens  plus  condamnables,  ils  cherchent  à  diminuer,  par  la 
stérilité  du  mariage,  tes  inconvénients  du  partage  foi'Cé.  Ils  sont 
devenus  presque  étrangers  au  christianisme  et  à  toute  notion 
religieuse.  Souvent,  dans  1^  plaines  qui  s'étendent  au  pied  des 
coteaux  de  la  Brie,  un  seul  curé  dessert  quatre  anciennes  pa- 
roisses ;  et  il  réussit  tout  au  plus  à  réunir  quelques  enfants  au 
catéchisme  et  quelques  Temmes  au  service  divin.  On  a  souvent 
signalé  au  sénat  du  second  empire  l'un  des  vices  habituels  de  ces 
races  de  paysans  :  on  a  flétri  les  mauvais  traitements  infligés  par 
tes  jeunes  ménages  aux  vieillards  qui  réclament  trop  longtemps 
la  rente  viagère  stipulée  en  échange  d'une  cession  de  Théritage. 
II  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  si  les  journaliers  ruraux 
de  la  Champagne  tombent,  au  point  de  vue  moral,  dans  l'état 
de  dégradation  signalé  pour  la  Tamille  décrite  dans  la  présente 
monograi'hie.  Seules,  les  natures  d'élite  résistent  au  mauvais 
exemple  des  paysans  qui  sont  pour  eux  «  la  classe  dirigeante  n. 
Les  salariés  sont,  pour  la  plupart,  inférieurs  à  leurs  maîtres, 
car  ils  n'ont  pas,  comme  ces  derniers,  pour  préservatifs  les  vertus 
solides,  quoique  matérielles  en  quelque  sorte,  qui  émanent  du 
travail  spontané  et  de  l'épargne.  Le  type  qui  fait  l'objet  de  ce 
chapitre  est  loin  de  donner  une  idée  complète  de  la  déchéance 
que  peut  subir  une  race  d'hommes  sous  un  régime  où  régnent, 
à  première  vue,  les  apparences  de  l'ordre  social.  Pour  connaître 
toute  l'étendue  de  la  dégradation  des  «  petites  gens  »,  en  Cham- 
pagne et  dans  les  régions  contiguâs,  il  faut  observer  méthodi- 
quement les  locaHtés  où  ils  s'agglomèrent  :  telles  sont,  entre 
autres,  les  fabriques  de  tissus  de  la  ville  de  Reims  et  certains 
domaines  exploités  par  les  riches  fermiers  de  l'Ile-de-France  et 
de  la  Picardie.  La  présente  monographie  laisse  à  peine  entrevoir 


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.   —  BOBDIBB   DB  LA  CBAUPAOIIB  MUtUBlISB. 


les  traits  les  plus  odieux  de  cette  corruptiou  :  les  attentats  com- 
mis sur  les  jeunes  filles  pauvres,  jusque  sous  les  yeux  de  leurs 
parents.  Pendant  trente  années  de  voyages,  je  n'ai  observé 
aucun  désordre  qui  engage  à  ce  point,  devant  Diea  et  devant  les 
gouvernants,  la  responsabilité  des  classes  dirigeantes,    f.  l-f. 

S  48- 

INFLDBNCB  FACHEDSE   EXEACÉB  SDK  LES   UtEDIlS  BUBALES 
PAR    LES   OUTBIESS  NOHADBS    des   TKAVADX  PDBLICB. 

Pour  compléter  le  système  des  canaux  et  développer  rapide- 
ment le  réseau  des  diemins  de  fer,  on  a  exécuté  depuis  vingt 
années  de  grands  travaux  d'art  sur  tous  les  points  du  territoire. 
Ces  travaux,  inconnus  aux  générations  précédentes  ou  terminés 
par  elles  dans  de  longs  délais,  ont  dû  s'achever  de  nos  jours 
avec  une  extrême  rapidité;  et  il  a  fallu,  pour  atteindre  ce  résultat, 
rassembler  un  grand  nombre  d'ouvriers.  Les  uns,  tels  que  les 
charpentiers  et  les  maçons  pour  lesquels  un  long  apprentissage 
est  indispensable,  ont  été  empruntés  à  des  corps  d'état  déjà 
constitués.  Ceux-là  ont  apporté,  sur  le  théâtre  de  ces  travaux, 
des  habitudes  de- race  ou  de  profession.  Ces  habitudes  ont  eu 
pour  sauvegarde  :  chez  les  premiers,  l'institution  du  compagnon- 
nage (ix,  18);  chez  les  seconds,  venus  en  général  du  Nivernais 
ou  du  Limousin,  le  désir  de  rapporter  au  pays  le  fruit  de  leurs 
épargnes.  Ces  maçons,  d'ailleurs  habitués  à  l'émigration,  n'ont 
pas  subi  un  ébranlement  anormal.  Au  lieu  de  venir  dans  les 
villes,  ils  se  sont  rendus  sur  les  points  où  les  appelaient  les  tra- 
vaux ;  mais  partout  ils  ont  conservé  leur  manière  de  vivre. 

A  câté  de  ces  ouvriers  d'élite,  peu  nombreux  relativement, 
il  a  fallu  réunir  toute  une  population  de  terrassiers,  de  mineurs 
el  de  manœuvres  de  toute  espèce.  Ces  fonctions  n'exigent  qu'une 
oerlaine  vigueur  physique.  Il  est  donc  venu  de  tous  côtés  pour 
les  remplir  des  hommes  habitués  à  la  fatigue  et  entraînés  loin  de 
leur  pays  par  l'espoir  d'un  salaire  plus  élevé  et  en  général  le 
désir  d'une  situation  meilleure.  Certaines  provinces,  comme 


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fLÉHBNTS  DIVGU  DK  LA  CONSTITUTION  HKliLB.  ^63 

l'AlsacQ  et  les  régions  voisines  de  rAIIemague,  le  Dord  de  la 
France  et  les  Flandres  d'un  côté,  la  Savoie  et  le  Piémont  de 
l'autre,  ont  fourni  un  grand  nombre  de  ces  ouvriers  émigraots. 
Mais  de  tous  les  points  sont  venus  se  joindre  à  ce  contingent 
les  ouvriers  des  villes  ou  des  campagnes  jetés  hors  de  leur  voie 
par  une  cause  quelconque  :  les  chômages  industriels,  le  mépris 
d'une  vie  plus  calme,  le  goût  de  la  dépense  et  souvent  aussi  le 
besoin  de  fuir  une  mauvaise  réputation. 

Une  réunion  d'hommes  ainsi  composée  ne  présente  guère  de 
garanties  d'ordre  et  de  moralité.  La  plupart  sont  célibataires  et, 
n'ayant  pas  été  initiés  aux  habitudes  de  prévoyance,  ils  dépen- 
sent pr^que  tous  la  totalité  de  leur  salaire,  dont  ils  pourraient 
épargner  une  partie.  Ceux  qui  sont  mariés  échappent,  à  cause  de 
l'éloignement,  aux  salutaires  influences  de  la  famille  et  cèdent  à 
l'exemple  ou  à  l'entraînement.  Un  assez  grand  nombre  enfin 
vivent  dans  )e  concubinage  et  subissent  les  déplorables  consé- 
quences de  ces  sortes  d'unions,  sans  cesse  en  querelle  avec  des 
compagnes  de  hasard  qui  n'agissent  sur  eux  que  pour  les  pousser 
au  désordre. 

Aucun  tien  n'existe  entre  ces  hommes  grossiers  et  étrangers 
les  uns  aux  autres;  et  ils  n'ont,  ni  habitudes,  ni  traditions  com- 
munes. Ils  restent  en  dehors  de  toute  pratique  religieuse;  et 
ceux  mêmes  qui  avaient  été  élevés  dans  des  idées  de  piété  les 
perdent  au  contact  de  leurs  compagnons.  Il  ne  r^te  donc  plus 
parmi  ces  hommes  aucune  des  institutions  qui  se  retrouvent,  h 
des  degrés  différ«its,  dans  les  sociétés  stables.  L'individu  est  là 
complètement  isolé,  et,  en  général,  aussi  mal  préparé  que  possible 
à  accepter  la  responsabilité  qui  résulte  pour  lui  de  cet  isolement. 
Quelquefois  cependant  l'isolement  n'est  pas  aussi  absolu.  On 
voit  les  ouvriers  originaires  d'une  même  province  constituer  des 
groupes  où  se  retrouve  un  certain  esprit  d'unité.  Les  étrangers 
surtout,  Piémontais,  Allemands  et  Belges,  se  rassemblent  ainsi 
en  familles,  qui  travaillent  et  vivent  en  commun,  qui  même  sou- 
tiennent leurs  intérêts  collectils  menacés  par  d'autres  groupes 
d'ouvriers.  Assez  souvent  aussi,  ces  unions  servent  de  points  de 
départ  pour  des  coalitions  dont  le  but  est  de  forcer  les  entrepre- 


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3fl6  CH.  VII.   —  BOBDtBB  DB  LA  CHAHPAGNK  POUILLBIjSB. 

Deursà  élever  les  salaires.  Ces  rivalités  d'intérêt  amènent  des 
lattes  quelquefois  sanglantes,  et  des  désordres  de  cabaret  si  fré- 
qurals,  qu'il  faut  presque  toujours,  dans  le  voisinage,  doubler 
les  brigades  de  gendannerie.  Mais  ceux-là  mêmes  qui  échappent 
à  l'isolement  complet  par  ces  espèces  d'associations  nationales 
ne  sont  pas  pour  cela  préservés  du  désordre.  Le  besoin  de  dis- 
traction, et  l'impossibilité  pour  eux  d'en  trouver  ailleurs,  les  con- 
duisent au  cabaret.  Pour  les  bommes  réunis  dans  ces  conditions, 
le  cabaret  tient  aujourd'hui  la  place  que  l'Église  occupait  dans 
l'ancienne  société.  C'est  là  que  se  passe  tout  le  temps  qui  n'est 
pas  donné  aux  repas  ou  au  travail.  L'invincible  attraction  exer- 
cée par  le  cabaret  sur  ces  ouvriers  les  rend  incapables  de  travail 
dès  qu'ils  ont  quelque  argent.  C'est  à  ce  fait  bien  connu  qu'est 
due  en  partie  l'habitude,  prise  par  les  entrepreneurs,  de  ne  payer 
qu'à  la  fin  du  mois  au  lieu  de  le  faire  cbaque  semaine.  Une  des 
conséquences  de  cette  habitude  a  été  de  supprimer  à  peu  près 
complètement  la  célébration  du  dimanche.  Mais,  ii  la  place  du 
repos  bebdomadaire,  il  s'est  institué  une  fête  de  an  de  mois  que 
célèbrent  même  les  ouvriers  les  plus  rangés.  Cette  fête  dure  deux 
jours  pour  la  masse  des  ouvriers;  mais  beaucoup  la  prolongent 
jusqu'à  ce  qu'ils  aient  dépensé  la  totalité  du  salaire  disponible. 
Tant  que  ce  but  n'est  pas  atteint,  tes  entrepreneurs  intéressés 
au  prompt  achèvement  des  travaux  ne  peuvent  1»  arracher  du' 
cabaret.  Souvent  les  excès  de  tous  genres  auxquels  ils  se  livrent, 
pendant  ces  journées,  les  rendent  malade;  et  ils  doivent  se 
reposer  de  ces  excès  avant  de  se  remettre  au  travail.  Aussi  beau- 
coup d'entre  eux  comptent-ils  quatre  jours  de  chômage  à  la  fln 
de  chaque  mois. 

Le  voisinage  de  ces  ouvriers  est  redouté  des  populations 
rurales,  dans  les  pays  où  ils  ont  déjà  travaillé.  C'est  ce  qui 
arrive  aux  environs  de  Reims,  où  depuis  seize  ans  ils  ont  été 
rassemblés  en  grand  nombre  pour  la  construction  des  canaux  et 
des  chemins  de  fer.  Partout  ils  ont  une  réputation  détestable. 
Cependant  le  désir  du  gain  les  fait  accueillir  dans  tous  les  vil- 
lages, où  souvent  ils  sont  nourris  et  même  logés  par  les  habi- 
tants. Il  s'établit  donc  entre  les  uns  et  les  autres  des  rapports 


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ittlIBHTI  DIVBHI    Dl   L&    COMIiTUTlOn   SOCIALB.  3S7 

cOQtÏDuels.  Au  poÎDt  de  vue  pécuniaire,  les  paysans  tirent  grand 
profit  de  ces  relations,  à  la  condition  pourtant  d'être  vigilants  au 
sujet  du  paiement.  Ces  ouvriers,  en  elTet,  ne  respectent  point  leurs 
engagements  :  ils  s'étudient  à  tromper  la  soTTeillance  de  leurs 
créanciers  ;  et  ils  réussissent  assez  souvent  à  s'échapper  sans  ao 
quiitffl*  leurs  deltes.  Ce  trait  de  leur  caractère  est  si  bien  connu 
que  partout  des  précautions  sont  prises  pour  éviter  ces  pertes. 
Quelquefois  ou  exige  la  garantie  desentr^raueurs  :  plus  souvent 
ces  derniers  appellent  les  intéressés  aux  jours  de  paieet  les  soldent 
directement,  ou  bien  les  créanciers  se  font  payer  sur  l'heure  par 
l'ouvrier  qui  vient  de  recevoir  son  ai^nt.  Ces  sortesde  spécula- 
tions ont  développé,  chez  les  paysans  les  plus  habiles,  le  goût 
du  négoce  et  des  entreprises  commerciales.  Habitués  à  n'obtenir 
de  leurs  travaux  qu'un  faible  salaire  et  à  attendre  pendant  une 
année  entière  les  résultats  de  leurs  cultures,  ils  ont  été  séduils 
par  ces  spéculations  qui  donnent,  à  jour  fixe  et  k  termes  peu 
éloignés,  des  bénéfices  en  argent  relativement  considérables. 

Sous  le  rapport  moral,  l'influence  des  ouvriers  nomades  dans 
les  campagnes  a  été  désastreuse.  Partout,  sur  leur  passage,  il  y 
a  eu  des  filles  séduites  et  des  ménages  troublés  {i).  Dans  plus 
d'un  cas,  des  femmes  mariées  ont  été  enlevées  à  leur  famille  et 
ne  sont  plus  revenues,  vouées  désormais  à  la  vie  errante  de  ceux 
qui  les  emmenaient.  Ou  a  remarqué  que  sous  ce  rapport  les 
ouvriers  les  plus  dangereux  ne  sont  pas  les  plus  grossiers,  mais 
plutôt  ceux  qui,  mêlés  pendant  quelque  temps  à  la  vie  des  villes, 
ont  gardé  certaines  habitudes  de  luxe  et  d'élégance.  Tels  sont  les 
tailleurs  de  pierre,  et  surtout  les  charpentiers,  qui,  gagnant  des 
salaires  élevés,  vivant  d'ailleurs  sans  se  mêler  aux  autres 
ouvriers  et  considérés  comme  d'une  classe  plus  distinguée,  pos- 
sèdent, à  ces  différents  titres,  des  moyens  puissants  de  séduc- 
tion. Les  grossiers  manœuvres  et  les  terrassiers  ont  en  général 
moins  de  succès  près  des  villageoises  ;  mais  ils  contribuent  plus 
encore  à  la  démoralisation  en  faisant  venir  des  villes  voisines  des 
prostituées  de  la  pins  basse  classe  (a).  La  présence  de  ces 
femmes  est  presque  toujours  l'occasion  de  quelque  scandale. 
Elles  se  montrent  au  public  en  état  d'ivresse;  et  elles  se  que- 


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368  CH.  Vil.   —  BOBDIER  DR  LA  CBIHPAONB  POUlLLBinB. 

relient  ou  échangent  des  propos  grossiers  avec  ceux  qui  les  ont 
amenées.  Les  habitants,  les  femmes  et  les  jeunes  allés  mèote, 
à  peine  surveillées,  accourent  à  ce  spectacle.  Ed6d  les  rappoits 
qui  s'établissent  entre  les  concubines  de  certains  ouvriers  et  les 
femmes  des  localités  oii  ils  vivent  ont  aussi  leur  part  dans  celte 
déplorable  invasion  des  mauvaises  mœurs.  Les  eRets  en  sont 
irrémédiables;  et  on  pourrait  citer  plus  d'un  village  des  environs 
de  Reims  oîi  les  habitudes  de  désordre  et  d'immoralité  se  soot 
développées  eocore  depuis  le  départ  des  ouvriers  qui  les  y  ont 
importées.  Les  cabarets  qui  n'existaient  pas  prospèrent  aujour- 
d'hui et  sont  fréquentés  par  presque  tous  les  habitants.  Les  jeunes 
gens  surtout  ont  pris  le  goût  des  dépenses,  et  se  sont  créé  des 
besoins  nouveaux,  tels  que  l'usage  du  tabac  et  des  liqueurs  qui 
tendent  h  se  substituer  au  vin. 

Une  des  suites  fréquentes  du  passage  des  ouvriers  a  été  de 
donner  lieu  à  des  mariages  entre  les  jeunœfilles  séduites  et  leurs 
séducteurs  (13).  Le  plus  souvent,  les  nouvelles  mariées  bnt  quitté 
le  pays  pour  suivre  leuis  maris.  Celles-là  n'ont  trouvé  en  géné- 
ral qu'une  vie  misérable  auprès  de  ces  hommes  qui  fournissent 
à  peine  à  leurs  besoins,  les  maltraitent  et  souvent  les  abandon- 
nent. Aussi  n'est-il  pas  rare  de  voir  ces  femmes,  après  quelques 
années  d'absence,  revenir  demander  asile  à  leurs  familles.  Il  en 
est  qui  parviennent  à  changer  les  habitudes  de  leurs  maris,  et 
qui  les  déterminent  à  se  fixer  dans  le  pays.  Ces  ménages  peu- 
vent alors  prospérer;  mais  il  est  rare  que  les  maris  deviennent 
complètement  rangés,  et  ils  restent  plus  ou  moins  séparés  de  la 
population.  Ordinairement  ils  sont  désignés  par  un  sobriquetqui 
rappelle  leur  fâcheuse  origine.  Ainsi,  par  exemple,  ils  continuent 
à  être  nommés  «  canalistes  b  ,  ou  a  chemins  de  fw  » .  Quelques- 
uns,  il  est  vrai,  mariés  à  des  filles  de  paysans  aisés,  sont  arrivés 
à  un  certain  degré  de  considération  ;  mais,  en  général,  ils  ta 
méritent  moins  par  la  dignité  de  leur  vie  que  par  l'intelligence 
dont  ils  font  preuve  dans  la  conduite  de  leurs  affaires. 

Les  faits  qui  viennent  d'être  cités  ont  été  .pour  la  plupart, 
observés  aux  environs  de  Reims;  mais  ils  peuvent  être  recueillis 
sur  tous  les  points  où  ont  séjourné  les  ouvriers  nomades,  et  spé- 


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iLBHBNTS   DIVERS  DB  LA  CONSTITUTION  tOCIALB.  369 

ciatement  sur  le  parcours  des  lignes  de  fer.  Partout  en  France 
ces  ouvriers  appporteut  les  mêmes  habitudes,  et  partout  aussi  les 
populatioos  rurales  sout  gâtées  par  leur  cootact.  Celles  mêmes 
qui  avaient  le  mieux  conservé  leurs  mœurs  n'ont  pas  échappé 
à  ces  funestes  influences.  Ainsi,  dans  les  Vosges,  au  point  où 
le  pays  est  traversé  à  la  fois  par  le  canal  de  la  Marne  au  Rhin 
et  par  le  chemin  de  fer  de  Strasbourg,  les  habitudes  et  le  carac- 
tère des  montagnards  ont  subi  de  profonds  changements.  Â  une 
autre  extrémité  de  la  France,  dans  les  landes  de  Bordeaux,  la 
moralité  dffî  habitants  a  été  atteinte  d'une  manière  plus  grave. 
Des  jeunes  fîUes  et  des  femmes,  travaillant  comme  les  hommes 
aux  terrassements,  passaient  les  nuits  avec  les  ouvriers  sous  des 
baraques  provisoires,  et  vivaient  avec  eux  dans  un  état  voisin 
de  la  promiscuité.  Au  point  de  vue  mora),  ce  désordre  a  eu  de 
déplorables  conséquences.  Au  point  de  vue  hygiénique,  il  a  mis 
en  grand  danger  l'avenir  de  ces  populations,  car  il  a  répandu 
parmi  elles  les  plus  graves  maladies.  Il  serait  facile  de  mul- 
tiplier ces  exemples;  mais  ce  qui  vient  d'être  dit  suffit  ponr 
montrer  combien  est  funeste  l'influence  exercée  sui"  les  popula- 
tions par  les  ouvriers  nomades.  Si  on  réfléchit  à  la  multiplidté 
des  travaux  qui  amènent  ces  ouvriers  sur  tous  les  points  du  ter'? 
ritoire,  on  trouvera  Sans  doute  que  ces  faits  ont  une  extrême 
importance  et  qu'ils  doivent  attirer  l'attention  de  ceux  qui  s'oc^ 
cupent  d'économie  sociale. 

S  w. 

■ODB    d'existence   DES  ODVRIEBS   NOHIDBS   ATTICHÉS 
AUX    TKAVACX    FDBUCS. 

Les  ouvriers  nomades  arrivent  ordinairement,  sur  le  théâtre 
des  travaux,  sans  argent  et  précédés  d'une  réputation  qui  leur  dte 
toute  chance  de  crédit.  Souvent  au^i  les  ressources  manquent, 
ou  sont  insuffisantes  dans  les  localité  où  ils  s'iOstallent.  Ilçn 
r^ulte  que  presque  (oiijours  les  entrepreneurs  doivent  intervenir 
pour  leur  assurer  les  moyens  de  subsistance.  Cette  (^ligatiui 


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-  BOBBIRR  DC  U  CHAHPAGNB  PODILLKl'Sit. 


suscite  en  général  des  difficultés  assez  graves;  et,  daos  certaios 
cas  où  les  obstacles  avaient  été  mal  calculés,  ces  difficultés  ont 
été  telles  que  le  succès  des  entreprises  a  été  compromis.  Ainsi, 
sur  le  chemin  de  Bordeaux  à  Bayonne,  les  entrepreneurs  ont 
subi  des  pertes  considérables,  obligés  qu'ils  étaient  de  faire  des 
dépenses  énormes  pour  amener  des  convois  de  vivres  au  milieu 
des  landes  et  pour  loger  leurs  ouvriers  dans  ces  plaines  désertes. 
En  dehors  de  ces  conditions  exceptionnelles,  on  a  recours  d'or- 
dinaire à  l'une  des  trois  combinaisooB  suivantes  : 

1°  Quelquefois,  l'entrepreneur  général  d'un  grand  travail  fait 
iûstaller  plusieurs  cantines  où  les  ouvriers  trouvent  à  la  fois  la 
Dourriture  et  le  logement.  Dans  ce  cas,  les  cantiniers  opèrent  à 
leur  compte;  mais  l'entrepreneur  leur  garantit  une  somme  fixe, 
3'  par  jour  et  par  homme,  en  moyenne.  Cette  somme  est  payée 
chacpie  mois,  au  moyen  d'une  retenue  préalable  faite  sur  le 
salaire  de  l'ouvrier.  L'entrepreneur  prélève  lui-même  3  p.  0/0 
feiir  cette  somine,  non  pas  à  titre  de  bénéfice,  mais  comme  com- 
pensation aux  petiéa  nombreuses  qu'il  supporte.  En  raison  de 
eet  inconvénient,  le  régime  des  cantines  n'est  employé  que  dans 
le  'CBS  ou  les  ressources  manquent  à  peu  près  complètement  sur 
le  lieu  des  travaux. 

S*  Quand  le  pays  offre  des  ressources  suffisantes  pour  que  les 
«nvriéfs  puissent  se  loger  et  faire  préparer  leur  nourriture,  l'en- 
trepreneur n'a  qu'à  fournir  les  matières  premières.  Quelquefois 
alors  un  entrepreneur  se  fait  fournisseur  géDéral.  Il  achète  de 
grandes  quantités  de  marchandises,  de  première  main  et  au  meil- 
leur marché  possible  ;  et  il  les  livre  en  détail  aux  ouvriers,  au 
prix  de  revient.  Il  soustrait  ainsi  les  ouvriers  aux  exigences  abu- 
sives du  commerce  de  détail. 

&'  Souvent,  ce  même  système  est  mis  en  pratique  d'une 
autre  manière.  Ce  sont  des  tâcherons  qui  se  chargent  de  fournir, 
aux  ouvriers  travaillant  avec  eux  ou  pour  eux,  tous  les  objets  de 
consommation.  Ils  achètenten  gros  diez  les  marchands  desvitles 
voisines  ^  et  ils  cèdent  presque  toujours  aux  prix  de  facture  ou 
de  taxe.  Hais  les  acheteurs  obtiennent  des  marchands  une  re- 
mise qui  assure  «u  service  une  juste  rémunération.  C'est  ordi- 


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ÉLÉMENTS  D1VKB8  DB  LA  CONSTITimoif  SOCIALK.  371 

Dairement  la  femme  de  l'acheteur  qui  fait  emploi  des  denrées. 
Dans  ce  cas,  les  ouvriers  étant  peu  uombreÙTL  et  la  surveillauce 
sévère,  il  y  a  pea  d'abus  à  craindre.  La  remise  obtenue  est  donc 
UD  bénéfice  net;  mais  elle  est  due  coEnme  compeusation  ^  un 
commerce  désagréable.  li  est  des  cas  cepeodaDt  oit  le  faénéScé 
prélevé  est  exagéré,  nou  pas  sur  les  objets  de  consommation, 
mais  sur  les  fouroitures  d'outils  faites  aux  ouvriers  par  les  tâche- 
rons. Dans  ces  deux  derniers  systèmes,  les  ouvriers  intelligents  et 
économes,  les  maçons  eu  particulier,  se  mettent  en  demi-pension 
et  achètent  eux-mêmes  Us  matières  premières.  Ils  paient  une 
somme  modique,  12  ou  15',  moyennaiit  laquelle  le  logeur  pour- 
voit à  tous  leurs  besoins  de  nourriture  et  d'abri.  Ce  sont  d'ordi- 
naire des  familles  de  paysans,  quelquefois  £ussi  des  ouvriers 
mariés,  qui  entreprennent  ces  spé(MilatioDs  très-fructueuses, 
comme  on  a  pu  en  juger  par  l'exempte  cité  dans-  la  présente 
monograpbie  (s) .  La  plupart  des  ouvriers  prennent  des  pensions' 
complètes;  ils  sont  ainsi  dispensés  d'acheter  leurs  aliments; 
mais,  conune  ce  sont  en  général  des  aubergistes  qui  tiennent  ces 
pensions,  ces  ouvriers  demeurent  en  réalité  au  cabaret.  C'est  là 
une  condition  déplorable  pour  eux,  car  ils  se  trouvent  sans  cesse 
sollicités  à  faire  de  nouvelles  dépenses  par  les  visiteurs,  et  sur- 
tout par  les  cabaretiers  eux-mêmes  qui  exploitent  avec  babileté 
leur  imprévoyance  et  leurs  vices. 

.  LesentrepreueursdetraTaux,  lorsqu'ils  sont  obligés  de  se f^re 
fournisseurs,  n'abuseut  pas  de  cette  position  pour  réaliser  aux 
dépens  de  leurs  ouvriers  des  bénéfices  illicites.  Ils  ne  s'adonnent 
point  aux  coupables  manœuvres  qui  ont  été  pratiquées,  en  Angle- 
terre, sous  le  nom  de  Truck  syslem.  En  résumé,  la  condition 
la  plus  favorable  pour  les  ouvriers  nomades  est  celle  dans 
'laquelle  ils  peuvent  vivre,  en  pension  complète  ou  en  demi- 
pension,  chez  d^  familles  de  paysans.  Ils  se  trouvent  là  dans  un 
milieu  plus  moral  que  dans  les  cantines  des  logetirs,  et  ils  sont 
moins  exposés  aux  dangereuses  tentations  du  cabaret. 


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CHAPITRE  Vni 

MAITRE-BLANCHISSEUR  DE  CLICHY 

(BANLIEUE  DB  PARIS) 

ODVIIIR    CHEF    DK    ViTIIB    >t    PIOPKlilM» 

diDi  la  ayiUme  du  truYiil 


LE    ICARËCHAL-FBRRANT   DU   HAINE  (33), 
D'APKbs   LES  RENaBiaNEHBNTS    kBCCRtLLlS   SUR    LES     LIKDX, 

SD*     LES     IHDICATIOHS    DE     H.     F.     LE     PLAY, 

Pas  h.  B.  LANDSBERG. 


OBSERVATIONS   PRÉLIMINAIRES 

D^nMISSAIIT  LA  CONDITION  DBS  DIVEIS  HBHBBES  DB  LA  FAHILL& 

iMftBlUwi   dw  llew,  de   l'«i««nlMll«B  hidwrtriell* 
•t  de  la  I 


§1- 
^TAT  DÛ  SOL,    DB  L'nfDUSTBlB  BT  RE  LA  POPDLATION. 

L'ôuirier  habite  le  village  de  Clichy,  situé  «ur  la  rive  droite 
de  la  Seine,  sur  la  oappo  de  terrain  d'alluvioD  que  traverse  le 
fleuve  eDtre  les  collioes  gypseuses  de  Montmartre  et  du  Mont- 
Valérien.  Le  sol,  médiocrement  fertile,  produit  cependant  de 
riches  récoltes,  avec  le  concours  des  fumiers  que  Paris  fournit 
en  abondance,  et  grâce  au  travail  assidu  des  cultivateurs.  Il  est 


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OUEBYATIONg   PSBLIHIHAUïS.  373 

exploité  par  des  maraîchers,  qui  aihivent  les  plaotes  potagères 
destinées  h  la  coosommation  de  Paris,  et  par  des  nourrisseurs 
de  vaches  laitières  (3o).  Ces  derniers  trouTeDt  également  à  Paris 
le  débouché  de  leur  lait,  et  leur  industrie  consiste  surtout  à  pro* 
duire  les  tourrages  (seigles  verts  et  luzernes),  les  racines  (bette- 
raves et  navets)  et  les  pommes  de  terre,  qui  composent,  avec  la 
paille  d'avoine  et  le  son  de  Troment,  la  nourriture  des  vaches.  La 
proximité  de  l'eau  fournie  par  la  Seine,  ou  par  des  puits  ayant 
au  plus  6  mètres  de  profondeur,  a  exercé  une  grande  influence 
sur  le  développement  de  l'industrie  des  maraldiers.  Elle  a,  en 
outre,  depuis  une  époque  fort  ancienne,  donné  naissance,  sur 
ce  point,  au  blanchissage  du  lioge,  que  l'on  peut  considérer 
comme  la  principale  industrie  du  pays,  en  ce  sens  qu'elle  donne 
du  travail  à  la  majeure  partie  des  habitants.  A  cette  population 
de  blanchisseurs,  de  maraîchers  et  de  nourrisseurs,  sont  venus 
s'adjoindre,  depuis  1S15,  des  familles  éb^ngères  à  la  localité, 
et  qui  y  ont  été  attirée  par  la  création  de  plusieurs  grands  ate- 
liers industriels  (cristalleries,  teintureries  et  fabriques  de  produits 
chimiques).  Ces  familles,  peu  sédentaires  et  provenant  de  loca- 
lités fort  diverses,  tranchent  fortement,  par  leurs  mœurs  et  leurs 
habitudes,  avec  l'ancienne  population  indigène. 

Les  ouvriers-journaliers  des  deux  sexes  originaires  deClichy 
sont,  pour  ta  plupart,  animés,  dès  le  début  de  leur  carrière,  du 
désir  de  s'élever,  dans  la  hiérarchie  industrielle,  au-dessus  de  la 
condition  dont.ils  doivent  d'abord  se  contenter;  mais  ils'restent, 
en  général,  attachés  au  même  patron  dans  chacune  des  positions 
qu'ils  occupent  successivement.  Dans  l'industrie  du  blanchissage, 
en  particulier,  ils  travaillent  ordinairement  pour  une  clientèle 
d'ouvriers  cheË  de  métier,  en  consacrant  k  chacun  d'eux,  sui- 
.  vaut  un  ordre  qui  se  reproduit  régulièrement,  un  ou  plusieurs 
jours  par  semaine  (s) .  Cette  organisation,  qui  se  représente  pour 
beaucoup  d'autres  professions  dans  les  contrées  de  l'Occident  oil 
domine  le  régime  des  engagements  momentanés,  a  tous  lœ  avan- 
tages qui  sont  propres  aux  rapports  permanents  des  patrons  et 
des  ouvriers.  Elle  donne  d'ailleurs  à  ces  derniers  plus  d'indé- 
pendance que  n'en  comporteot  ordinairement  les  relations  avec 


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Sll  CH.  VIII.  —  HiilTRE-BLANCntSSBUk  BB  LA  •Àln.lBDB  DB  PAUS. 

tin  patron  aoiqae.  Les  ouvriers  chefs  de  métier  (blanchissears, 
maraîchers  et  Donrrisseurs),  travaillant  pour  une  nombreuse 
clientèle  ou  pour  le  marché  public,  peuvent  être  considérés,  pour 
la  plupart,  comme  se  rattachant  an  système  du  travail  sans  enga- 
gements. 

^TAT  CIVIL  DE   LA   FAHILLB. 

La  famille  comprend  les  deux  époux  et  deux  enfants.  Un 
garçon  de  ]  5  ans,  étranger  à  la  famitte,  est  attaché  au  ménage 
en  qualité  d'ouvrier-domestique. 

1.  Loaa  B'", -chef  de  la  Imiille,  mirié  depidi  Uans,  né  t  Neailly..  40  *iu. 

3.  Hakii  D'",  n  remme,  u6e  à  Clicby 40  — 

3.  Léonie  T*",  leur  Qlle  tlaée,  d'au  premier  Ut,  née  fc  C\iatiy 10  — 

4.  &g«be  B"*,  leur  8*  eile,iiie  fc  Ciicbr 13  — 

5.  Antolae  L**,  banler-doiiieitlqne. 15  — 

La  femme  était  veuve  quand  l'ouvrier  l'a  épousée.  La  fille 
âgée  de  16  ans  provientde  son  premier  mariage. 


s». 

BELIGION  ET  HABITITDES  HOBALES. 

'  Tous  les  m«nbres  de  la  famille  sont  nés  dans  la  religion 
catholique  romaine.  Il  est  rare  qu'ils  suivent  les  exercices  du 
cuite,  soit  parce  que  l'éducation  reçue  Jusqu'à  l'époque  de  la 
praniô^  communion  est  insuffisante  pour  développer  la  ferveur, 
religieuse,  soit  parce  que  les  deux  époux,  désireux  de  se  créer 
des  ressources  pour  leur  vieillesse,  consacrent  au  travail  autant 
de  temps  que  le  comportent  les  fcH'ces  humaines.  On  remarque 
cependant,  dans  toute  ta  conduite  des  deux  époux,  des  symp- 
tômes évidents  du  sentimentreligieux.  C'est  ainsi  que  leur  préoc- 
cupation constante  pour  le  gain  et  t'épargne  n'engendre  point  la 


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OBSERVATIONS  PRELIIIIKAliea. 


dureté  de  cœur  qui  se  développe  souveot  ailteurssous  les  mêmes 
iDflueuces,  et  qui  se  rencontra  même  habituellement  dans  plu- 
sieurs localités  de  la  banlieue  de  Paris  (  1 9).  L'effet  en  est  contre- 
balancé par  Tesprit  de  charité  et  de  bonhomie  qui  est  traditionnel 
dans  le  village  (sa).  Dans  la  famille  décrite  par  la  présente 
monographie,  c'est  surtout  le  mari  qui  tempère  par  son  influence 
ce  qu'il  y  a  d'excessif  dans  l'esprit  de  prévoyance  de  la  femme. 

Le  voisinage  de  Paris  et  le  contact  continuel  que  la  profes- 
sion établit  entre  tous  les  membres  de  la  famille  et  la  classe 
bourgeoise  développent  une  tendance  au  lujce  qui  se  révèle  dans 
quelques  habitudes.  Cette  tendance  est  surtout  marquée  dans  le 
mobilier  et  les  vêtements  (1 0).  Cependant  l'esprit  d'ordre  et 
d'économie  inspiré  par  la  femme. retienti  à  cet  égard,  la  famille 
dans  de  justes  bornes.  L'ouvrierne  va  jamais  au  cabaret;  et  les 
dépenses  de  nourriture  sont  stiiotement  proportionnées  aux 
besoins  que  fait  nattre  un  travail  rude  et  soutenu  (1 8). 

L'amour  du  travail  et  les  bonnes  mœurs  ne  sont  pas  déve- 
'  loppés  au  même  degré  dans  toutes  les  familles  de  blanchisseurs. 
Cependant  on  peut  admettre  que,  sur  cent  familles  appartenant 
à  cette  profession,  vingt-cinq  environ  obtiennent  le  succès  que 
constate  la  présente  monographie;  cinquante  autres,  sans  arriver 
à  la  propriété,  se  maintiennent  dans  l'aisance;  vingt-cinq  seule- 
ment s'endettent  et  tombent  dans  une  condition  inférieure,  au 
point  de  se  voir  réduites  à  travailler  pour  le  compte  d'autrui.  La 
classe  des  maraidiers,  soumise  à  des  influences  plus  morali- 
santes, oQre  Ifô  types  supérieurs  en  pr(^)ortion  plus  considé- 
rable. Soixante  familles  au  moins  sur  cent  s'élèvent  &  la  pro- 
priété; vingt  se  contentent  de  vivre  dans  l'aisance,  et  vingt 
seulement  sont  obligées  de  déchoir  de  la  position  qui  leur  avait 
été  faite  par  leurs  parents. 

Les  OKBurs  des  jeunes  gens  des  deux  sexes  ont  eu  à  souffrir 
du  contact  ou  de  l' exemple  des  ouvriers  nomades  attirés  dans  le 
pays  par  l'industrie  manufacturière  fil).  Cependant  la  majorité 
échappejusqù'icià  cette  inQuencé.  Il  est,  d'aillénts,  fort  rare 
que  les  liaisons  illicites  ne  soient  pas  lég^imées  ç&  le  mariage, 
avant  la  naissance  des  enfants. 


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a7ft  GH.  TIll,    —  tfAITIE-BLAnCmeSBDB  Dl  U  BAHUBCB  DB  PABIB. 

sa. 

HTGIÈNB    ET    SEKTICB   DB   SANTÉ. 

La  i  ^alité  est  ealubre.  Malgré  sa  continuité,  le  travail  dn 
blanchissage,  lorsqu'il  s'exerce  avec  un  bon  régime  alimentaire, 
fortifie  la  constitution  au  lieu  de  l'affaiblir.  II  en  est  de  même 
pour  les  autres  proressions  de  Glichy  (i)  ;  aussi  n'est-il  pas  rare 
d'y  voir  des  irieillards  ayant  dépassé  l'âge  de  80  ans.  La  maladie 
habituelle  des  blanchisseurs  est  le  rhumatisme  dû  à  la  suppr^- 
sion  brusque  de  la  transpiration.  Elle  n'amène  guère  une  inter- 
ruption de  travail,  et  prend  fm  d'ailleurs,  en  beaucoup  de  cas, 
à  la  suite  d'une  transpiration  nouvelle.  La  famille  présentement 
décrite  jouit  depuis  longtemps  d'une  bonne  santé.  Elle  n'a  eu 
recours  que  dans  des  cas  fort  rares  à  l'assistance  de  l'un  des 
trois  médecins  établis  dans  la  localité. 

s  6- 

BAKO  DB  LA   FAHltXB. 

L'ouvrier  af^tioit  k  la  catégorie  des  chefs  de  métier;  il 
exploite  une  clientèle  de  vingt  femiltes  environ,  résidant  presque 
toutes  dans  l'intérieur  de  Paris.  Il  est  secondé  par  quatre  per- 
sonnes faisant  partie  du  [ménage  et  par  plusieurs  brigades  d'ou- 
vriers qui  viennent  à  tour  de  rôle  exécuter  les  divers  travaux  qui 
se  rattachent  au  blanchissage.  Dès  que  les  ouvriers  de  cette 
catégorie  veulent  faire  exécuter  la  totalité  de  leurs  travaux  par 
des  ouvriers  loués  à  cet  effet,  leurs  affaires  se  dérangent:  Ils 
échouent  même  tât  ou  tard,  quand  la  famUle  ne  concourt  pas  au 
moins  pour  moitié  à  l'exécution  des  travaux.  L'habileté  d'un 
blandiisseur  parvenu  à  cette  limite  consiste  donc  à  améliorer  sa 
dientèle  plutôt  qu'à  l'étendre.  Ce  fait  est  tellement  reconau 
qu'un  blanchisseur  n'hésite  jamais  à  renoncer  à  la  portion  de 
clientèle  qm  lui  échut  par  héritage,  lorsque  déjà  il  est  convena- 
t  pourvu. 


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OBSEKTATlONg  pnÉLiitraiiiiEa.  S77 

La  limite  supérieure  des  opéralious  qu'un  seul  blanchisseur 
peut  utilement  entreprendre  est  fixée  par  la  quantité  de  linge 
qu'il  peut  recevoir  et  distribuer  en  ud  jour  au  moyeu  d'une  voi- 
ture à  un  cheval.  Il  est  rare  qu'où  puisse  servir  à  la  fois  plus  de 
trente  ou  trente-cinq  ménages.  Les  clientèles  les  plus  recherchées 
se  composent  seulement  de  cinq  ou  six  ménages.  L'étendue 
ordinaire  d'une  exploitation  de  maraîcher  est  comprise  entre  un 
demi-hectare  et  un  hectare.  Le  nombre  des  vaches  qu'uu  nour- 
ri^eur  peut  entretenir  avec  le  plus  d'avantage  est  onlinairement 
compris  entre  seize  et  vingt. 


n»7CM  d'exiatence  de  la  fmmUle. 

§6. 

PnOPBIBTÉS. 
(Hoblller  et  Teiements  ddd  compri».) 

Immboblbs 0'  00 

L'ouvrier,  ayant  étéagriculteurdaas  sa  jeunesse  (i  s),  aime- 
rait à  consacrer  ses  économies  à  des  acquisitions  de  terrain  ;  il 
s'abstient  cependant,  parce  que  ce  genre  d'acquisition  n'est  pro- 
fitable qu'à  ceux  qui  peuvent  exploiter  de  leurs  propres  mains. 
Il  se  borne  à  cultiver  par  récréation  un  jardin  qu'il  loue  avec 
l'habitation. 

Argent 16,000'  00 

'  Somme  placée  bot  hypothèque,  à  S  p.  100,  OiOOCOO;  >— ummeplftcée  en  rentes 
■nr  l'Eut  (4  i/i  p.  tOO],  S.OOO'OOi  —  umme  placée  ea  Mtioiia  de  chemins  de  Ter, 
4,000'00;  —  somme  amassée  au.  logii,  Jiuqu'aa  moment  où  l'on  pourra  trouTer  un 
placement  faTOMble,  3,000'  UO. 

Aniuaux  dohestiqdes  entretenus  toute  l'année. . .       30' 00 

19  poales,  34' 00;  —  3  canards,  COÔ;  —  1  chien  (pour  mémoire). 

Anihaox  douesiiqdes  entretenus  seulement  une  partie  de 
l'année 2'  00 

5  lapins  d'uns  valeur  moyenne  ds  IS'OO,  entretenus  pendant  i  mois  i  laTaleur 
mojaDDe  calcoléa  pour  l'année  entière  éqoiTMit  t  S'  00. 


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378  CH.   VIII.  —  MAITBB-BLANCBI&SBDK  DE  LA  BlHLISnE  DB  PiBIB. 

Mat^biel  SP^ciiL  des  travaux  et  indusliHes 803'  00 

1°  Pour  ht  traVmu)  (b  blanehUtagt.  —  Dioi  la  ulle  dite  eoaleris  :  1  grmnd  emitr 
en  bois,  IWOO;  —  3  cuvien  moment,  ISO'M;  —6  petits  cariera,  dîta  tiiuttei, 
48' 00;  —  1  nudrier  pour  bsttre  le  linge,  dit  batlarit,  35' 00]  —  1  chiudiire  sn  (Onte 
ATBc  mafoanerie  en  briques,  lOOtOO;  —  10  battoirs,  S^OOi  — 4  letux,  10' 00;  —  dana 
Ia  Bille  à  repasser  :  1  poËle  en  briques  avec  cuvette  ea  Tonte,  90'  00;  —  1  grande 
table  à  repaseer  arec  a  petits  trdteaui,  30' 00;  —  1  graudo  table  pour  plier  le  linge,  et 
planche  pour  le  mettre  en  paquets,  SOI 00;  —  30  fen  à  repasser,  Û'OOi  —  eoMes 
pour  étendre  le  linge:  dans  la  salle  k  repasier,  lO^OOi—  dam  la  grenier,  lOiOO;  — 
dana  lo  champ,  20'  00;  —  écbalat  ou  percbes  amquela  on  Sie  les  cordes  [dans  le 
champ),  150'  00;  —  1  brouette,  lO'OO;  —  1  maillet,  O'SO;  —  {daii*  la  cour,  une 
tonne  i  eau  appartient  au  propriétaire  de  la  maison).  —  Tntal,  793'% 

30  Pour  laeuUuradu  jardin  iloui par  la  famille).  — i  bêche,  3' 00;  —  1  rSleau 
et  1  fourche,  3'  00  ;  —  1  arrosoir.  S'  50.  —  Total,  8'  50. 

Le  champ  où  se  fait,  en  été,  l'éteodage  du  lioge,  est  pourvu 
d'une  baraque  où  l'on  rentre  le  linge  dès  que  la  pluie  survient. 
Cette  baraque,  construite  par  le  propriétaire,  est  louée  avec  le 
champ  (le,  a). 

Fonds  de  bocleuent  des  travaux  et  industries. .  500  '  00 
Il  est  dû  régulièrement  à  la  famille  une  wmme  de  300'  00 
par  sa  clientèle  ;  on  peut  admettre  que  cette  somme  représente 
les  trois  cinquièmes  du  ronds  de  roulement  en  argent  dont  la 
famille  a  besoin  pour  l'exercice  de  son  industrie  principale;  le 
surplus  du  fonds  de  roulement  se  compose  de  la  valeur  des 
approvisionnemeDis  (savon  et  sel  de  soude). 

DfioiT  évENTosL  Bux  allocstioDS  d'uue  société  d'assurances 
mutuelles 0'  00 

La  famille  ne  fait  pas  partie  de  la  société  d'assurances 
mutuelles,  qui  compte  dans  l'endroit  beaucoup  d'adhérents  (i  a). 


:  Valeua  totale  des  propriétés..     17,âS&'00 

§7. 

SUBVENTIONS. 

.Une  famille  placée  dans  la  situation  décrite  par  la  présente 
monographie  sesuBil  complétemeutà  elte-méme  dans  toutes  les 


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OBSBIVITIOMS  rBéllHtNtinBS.  379 

éventualités  qui  peavent  se  préseoter.  Elle  ne  reçoit  de  subven- 
tions à  aucun  titre,  et  se  platt  au  contraire  à  assister  les  personnes 
nécessiteuses.  Les  pauvres  de  la  localité  ne  se  livrent  pas  à  la 
mendicité  sur  la  voie  publique;  mais  ils  viennent  de  temps  en 
temps  recevoir  quelques  secours  en  faisant  la  conversation  dans 
les  maisons  où  on  les  accueille.  Une  grande  partie  des  ouvriers 
de  Clichy  est  affiliée  à  une  société  d'assurances  mutuelles  (i  s), 
qui  leur  donne  des  secours  en  cas  de  maladie.  La  recette 
moyenne  des  souscripteurs  correspond  au  montant  de  leurs  ver- 
sements augmenté  des  souscriptions  faites  par  les  membres  hono- 
raires ou  patrons  de  la  société,  qui  s'associent  aux.  charges  sans 
jamais  réclamer  leur  part  d'avantages.  Les  mêmes  hommes 
pieux  qui  accordent, ce  patronage  aux  ouvriers  se  dévouent,  en 
outre,  en  qualité  de  membres  d'une  conférence  de  Saint-Vincent 
de  Paul,  h  assister  les  indigents,  en  se  soumettant  à  l'obligation 
de  les  visiter  au  moins  une  fois  chaque  semaine. 

s  8- 

TRAVAUX    ET    INDCSTBIES.' 

TsAVADx  DE  l'oovaiEB.  —  Le  travail  principal  de  l'ouvrier 
et  de  son  aide  a  pour  objet  les  diverses  manipulations  propres  à 
l'industrie  du  blanchissage.  Il  offre  un  des  exem[d^  les  plus 
remarquables  d'activité  qu'il  soit  possible  d'observer  en  Eu- 
rope (is).  On  conçoit  qu'en  présence  d'un  travail  aussi  absor- 
bant les  travaux  secondaires  n'aient  qu'une  médiocre  impor- 
tance. L'ouvrier  emploie  les  moments  de  loisir,  que  lui  laissent 
l'éteodage  et  le  séchage,  à  cultiver  des  légumes  dans  un  jardin 
qu'il  a  créé  lui-même  avec  une  partiedu  champ  loué  pour  l'éten- 
dage.  Les  soins  qu'il  donne  à  ses  canards  sont  pour  lui  une 
récréation  plutôt  qu'un  travail  proprement  dit. 

Travaux  de  la  fehhb  et  des  dbdx  filles.  —  Le  travail 
principal  est  le  même  que  celui  qui  absorbe  le  temps  du  chef  de 
fooiille  :  seulemeat  les  femmœ  sont  plus  spécialement  chargées 
de  certains  détails  (i>).Les  travaux  fiecoodaires  consistent  seu- 


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3S0  CH.    VIII-  —  HilT  RE -BLANCHIES  s  lis  DB  LA   BANLIEUE  D8  PAKIS. 

lement  dans  la  préparation  des  alimeote  :  celle-ci  a  lieu,  sans 
perte  de  temps,  dans  la  salle  même  où  s'exécutent  les  aulrfô 
b^vaux.  Le  linge  de  la  fomille  est  blanchi  et  raccommodé  en 
même  temps  que  celui  des  pratiques.  L'entretien  des  animaux 
domestiques  ne  réclame  chaque  jour  que  quelques  instants. 


n»de  d'extatence  de  la  IMnUlc. 

§9. 

-AUH£NTS   ET  BEFiS. 

Pendant  chacun  des  six  jours  que  la  ramille passe  à  la  maison, 
elle  fait  quatre  repas,  tous  composés  de  pain  et  de  mets  indi- 
qués ci-après  : 

1"  déjeuner  (5  heures  du  matin)  :  café  (avec  chicorée)  au 
lait  et  au  sucre;  beurre. 

3*  déjeuner  (ô  heures  du  matin)  :  les  restes  du  souper  du  jour 
précédent,  ou  uneomelette. 

Dîner  (2  heures  après  midi)  :  soupe  au  pain;  viande  avec 
légumes;  quelquefois  de  la  salade.  Dans  l'hiver,  lorsque  le  tra- 
vail pr^se  beaucoup,  ou  prépare  quelquefois  un  plat  de  haricots 
ou  de  lentilles  avec  du  gras  de  lard. 

Souper  (8  heures  du  soir)  :  viande  avec  légumes  ou  poisson 
de  mer;  puis  beurre  ou  fromage. 

On  mange  le  pain  ra^is  apporté  la  veille  par  le  boulanger. 
La  viande  est  fournie  par  un  boucher  de  la  banlieue,  l'une  des 
pratiques  du  blanchisseur.  Les  légumes  sont  en  partie  fournis 
par  le  jardin,  en  partie  achetés  d'un  colporteur  qui  apporte  aussi 
le  poisson.  Le  vin,  acheté  en  tonneau,  est  mis  en  bouteilles  par 
le  chef  de  famille.  Toute  la  famille  boit  du  vin  au  dîner  et  au 
souper;  elle  n'observe,  ni  les  jours  maigres ,  ni  les  jours  d'absti- 
nence. Le  mercredi,  jour  consacré  au  service  des  pratiques  rési- 
dant à  Paris,  la  famille  déjeune  avant  de  quitter  la  maison,  et 
■soupe  après  y  être  rentrée.  Pendant  la  journée,  elle  prend,  chez 


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OBSERVATIONS  PBÉLIUIMAIRKB.  381 

un  traiteur  de  Paris  fréquenté  par  d'autres  blanchisseurs,  un 
plat  de  viande  et  du  fromage,  avec  du  pain  et  du  vin.  Lom]ue 
le  temps  manque,  elle  se  borne  à  acheter  quelques  comestibles  ; 
et  elle  prend  son  repas  dans  la  voiture,  en  se  rendant  chez  les 
divorses  pratiques. 


HiBlTATlOir,   HOBILIBR   ET  VÊTBHBNTS. 

La  famille  occupe  à  loyer,  dans  nne  maison  à  deux  élages» 
le  rez-de-chaussée  et  le  grenier,  avec  une  partie  du  premier 
étage  et  de  la  cave.  Le  rez-de-chaussée  comprend  quatre  pièces, 
savoir  :  une  salle  carrée  de  5  mètres,  très-claire,  donnant  sur 
la  rue,  servant  au  repassage  du  linge  ;  une  chambre  dallée,  dite 
coulerie,  de  8  mètres  sur  5  mètres,  cootiguë  à  la  première,  ayant 
la  porte  d'entrée  sur  la  cour,servautàla  lessive  et  au  savonnage; 
une  grande  cuistue,  dans  laquelle  ou  emmagasiue  la  provision  de 
savon  (e)  ;  enfin  une  petite  chambre  pour  l'ouvrier-domes- 
tique  (3).  Au  premier  étage  se  trouvent  la  chambre  à  coucher 
des  deux  filles,  un  cabinet  et  la  chambre  à  coucher  des  deux 
époux,  qui  est  en  même  temps  la  pièce  de  luxe  de  la  famille.  Le 
grenier  sert  à  sécher  le  linge  pendant  les  temps  humides.  On 
place  dans  la  cave  la  provision  de  vin.  La  provision  de  coke 
n'excède  jamais  3,000  kilogrammes  :  on  peut  toujours,  en  effet, 
la  renouveler  quand  le  besoin  s'en  fait  sentir  ;  elle  est  déposée 
dans  la  cour. 

Le  mobilier  de  la  famille  déaote  l'aisance  et  même  une  ten- 
dance au  luxe  boui^^is  (  3)  ;  on  y  remarque  surtout  une  pendule, 
deux  grandes  glaces  et  deux  vases  d'ornement.  Ces  derniers  ont 
été  acquis,  à  titre  de  prime,  au  moyen  d'une  souscription  à  un 
ouvrage  illustré  paraissant  par  livraisons. 

Meubles  :  ensemble  complet;  bon  état  d'entretien.    958'  00 

1°  Lits,  —  1  lit  pour  les  3  époax  t  bois  de  lit  en  noyer,  f  mitelag  de  laine, 
1  nutelu  de  plucne,  9  eouvertnriu,  1  âdredoQ,  I  trerenin,  8  oreillers,  390^00;  — 
1  Ut  pour  les  3  ail»,  50'  DO  ;  —  1  Ut  pooi  l'oanicMomesUqae,  dStOfi.—-  Totst,  375^  00 


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SS2  CH.  Tin.  —  MAinR-BLUtCHiaSBim  di  u 

s*  MoittUtr,  —  1  Ubie  ordlnilM,  BiOOi  —  I  tabla  rOada,  d»  Inxe,  SCfOOi  — 
8  chtiBwatl  buic,l!'00;  —1  commode  Mlaeerétairaen  nojer,  130' COi  —  ^Tteilln 
commodes  (1  pour  lei  S  flileai  1  pour  l'oiiTrielHlomettiqae),  IS^OO;  —  1  baffet  m 
DOfw  MK  porta  «Itrée,  SO'OOj  —  pofilei  (voir  :  oatila,  6);  —  1  pendais  (duM  U 
cbuabre  à  coucher  dea  deai  époai],  ISV  00;  —  2  vaaea  (dam  la  cbambra  k  coucher 
de*  deai  époui\  30' 00;  —  4  tabloani  (d^na  la  chambre  k  coucher  det  deai  dpODi) 
(hUtoiradeM"'da  la  ValUère),  lO'OOi  —  3  grandm  glaceclOO^OO.  —  ToUl,  503' M. 

3°  Livrtt.  —  1  petite  bibliothèque,  composée  de  livres  élémentaires  de  lectore  et 
d'iu  ourrage  d'Hlitoire  de  francs  4llattré,  acquit  par  Muicription,  80'  00. 

Ustensiles  :  suOtsanl  à'  tous  les  besoias 19&'  00 

1>  Pour  le  itrviet  dt  l'alimantalion.  —  1  ehaadroueD  coivro,  l^'OO;  —  1  appa< 
reil  à  touroe-broche,  ID'DS;  —  1  grande  marmite  en  cuivre,  10' 00;— 3  caaserolei  en 
cuivre,  34'  00;  —  quelques  plats  et  60  assiettaa,  en  porcelaine  et  en  faïence,  18'  00;  — 
cafetière  de  luxe  [cadeau  de  noce},  S' OQi  —  St  tassas  t  café  [cadeau  de  noce),  30*00; 
—  3  carafes eo  cristal,  5' 00;  — 1^  couteaux,  3' (l<);  —  13  fourchettes  et  13  cuillers  en 
Atatii,  8' 00;  —  0  petltea  cuillers  argentées,  13' 00;  —  4  tonaMnx  à  Tin,  8' 00;  — 
400  bouteilles  k  vin,  40'  00.  —  Total,  176'  00. 

i"  Fif/tr.  —  Pincetia  et  pelle  pour  feu  de  cheminée,  V  00. 

3°  Totlsit*.  —  Lavabo  et  usteutilea  poor  la  toilette,  i'  00. 

4*  Utaot  dttwt.  —  1  parapluie  et  S  ombrellea,  10'  00. 

Linge  de  ménage  :  très-Dombreux  et  provenant  en  partie 
de  retenues  faites  sur  des  pratiques  insolvables. . . .       /|37'  00 

IB  paires  de  draps  de  lit,  310' 00;  —  rtdeaiu  de  lit,  SO' 00;  —  rideanide  fenêtre, 
IS'OO;  — aOsarriettas,  72' 00;  —  48  torchons,  30' 00. 

Vêtements  :  les  vêtements ordioaires de  laramilIesootd'uDe 
QXtréme  simplicité;  ceux  du  dimanche,  au  contraire,  sont  fort 
recherchés ■ 1,800'  00 

VÉTCHBNts  at  L'onviua  {350*  00). 

L'ouvrier  est  ordinairement  en  blouse,  même  lorsqu'il  va  k  Paris;  en  hiver,  il  met 
anus  aa  blouse  uns  veste  on  un  gilet  de  tricot.  Il  ao  coiffe,  pendant  le  travail,  atec  le 
bonnet  de  coton;  pendant  les  vojagss  à  Paris,  arec  une  castpiette.  , 

1*  VétimanU  du  dimcincha.  —1  habit,  50' 00;  —  1  redingote,  WOOi  —  1  dut* 
peau,  S'SO;  — 1  paire  de  bottes,  10' 00.  —  ToUI,  131' 50. 

S°  VfltmMU  ib  travaiL  —  3  blouses,  13'  00  ;  —  1  veste.  If  00  ;  —  3  glleia  de 
tricot  en  coton,  7' 00;—  3  gilets,  lO'OO;  —  3  pantalons  en  di>p,  50*00;  —3  panta^ 
Ions  en  toile,  ll'OO;  —  3  cravatas  en  indienne,  3' 75;  —  13  moucboin  de  poche, 
lO'DOi  — 13  cbemiies  en  toile,  84' DO;  —  0  paires  de  chaussettes  en  01,3' 00;  — 
3  paires  de  souliers,  15' 00;  —  1  casquette,  3' 75;  —  13  bonnets  de  CoIOd,  O'OO.  — 
Total.  S2S'  50. 

VtrUlINtS  OK  u,  FXHHB  [1,000' 00}. 

L'hsbiltemsat  ordinaire  de  la  femme,  lorsqn'etle  est  h  la  maison,  consista  en 
1  chemise,  1  camisole  de  laine  sous  la  chemise,  1  Japon,  des  bas  et  des  chaussons  de 
lisière.  Lorsqu'elle  va  à  Paris,  elle  met  une  robe  d'une  étoffe  ordinaire,  1  par-dessus, 
1  tablier,  des  bolUoes,  de*  ba*  blancs  et  1  bonnet  biftac  ft  dentelles  dont  la  fbrma 


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OBSERVATIOire   PRBLIllINAIIItS.  383 

Tîrie  ftvac  b  mode.  Enfla,  dtoi  lea  ru»  oecidoiu  (11}  où  I*  femnie  wrt  pour  aller 
voir  let  pmots,  pour  asiiater  à  une  noce  ou  poar  prendre  part  i  la.  IMa  patronale, 
elle  met  ane  robe  de  mérlnot  ou  de  mousseline  de  lilne,  un  bonnet  de  prii,  de*  gants 
]MD»-p«llle,  ane  montre  arec  ans  chaîne  en  or,  on  bracelet  «t  oa  grand  ehàle,  façon 
cachemire.  ■      ' 

i"  VtUmmtt  d»  âimaaeht.  —  8.  robeaje  mérinos,  de  mooMeline  de  laine  et 
d'indienne,  130' OOi  —S  tablien  en  satin  de  laloe  et  en  sole  noire,  54'00;  — 1  cor- 
■el,  WOO;  —1  collerette  de  prix,  IS'OO;  —  I  paire  do  bottine»,  8'€0;  —4  bonneta 
deprit  om  jade  dentelles  (Taienclenne},  H' 00;  —S  bonnet*  ornée  de  robans,  36'00; 

—  1  grand  chUe  {façon  cachemire),  TO'OOi  —  E^ta,  5' 00,  —  Total,  361' 00. 

!■  VéttmmUde  travail.  —  Jmbea  ordinaire!,  W  00;  —  Spar-defana,  U'OO;  — 
e  tabliers  en  indienne.  S' 00;  —  IS  Jupons  on  indienne,  36' 00;  — S  coraeta,  lO'OO; 

—  36  moDchoin  de  poche,  34' 00;  —  6  oolletettea,  4' 00;  —  34  paires  de  bai  blancs 
et  de  couleur,  48*00;  —  3  paireo  de  sonliere,  SCOO;  —S  paires  de  chaussons  de  U- 
»i6re,  4'00|— Uchemiae*  en  toile,  100' 00.  —  Total,  aïfOO. 

3°  Bijoux.  —  BoQclea  d'orelllea,  IS'OO;  —  montre  et  chaîne  d'or,  S^S'OO)  — 
bracelet  en  or,  IS'  00.  --  Total,  3D5'00. 

VtraHKrrs  di  ut  mu  Aofa  ni  10  us  (3SV0Ù). 
Ttramim  db  u  iille-  aoA  di  13  Ans  ^lOO'OO), 

VALEtiB  TOTALE  du  mobilier  et  des  Têtements. . .    3,389'  00 
S  11- 


L'ouvrier  et  sa  femme  troaveat  leur  principale  récréation 
dans  les  réflexions  et  les  entretiens  ayant  pour  objet  le  place- 
ment et  l'accroissement  du  capital  qu'ils  ont  déjà  épai^  (e). 
En  ce  qui  le  concerne  spécialement,  l'ouTTierne  se  livre  è  aucun 
plaisir  dispendieux  :  il  consacre  ses  rai^  moments  de  loisir  à 
cultiver  son  jardin,  à  soigner  ses  canards  et  à  exercer  l'intelli- 
gence et  le  dévouemeat  de  son  chien.  La  femme  aime  àseparçr 
avec  luxe  dans  les  rares  occasions  où  elle  qoitte  le  travail  pour 
assister  à  une  noce  ou  pour  faire  une  visite  aux  parents  du  mari, 
établis  à  h  kilomètres  de  Glichy.  De  temps  en  temps,-  la  famille 
reçoit  à  son  tour  la  visite  de  ses  parents  ;  et,  dans  ce  cas,  elle 
les  convie  à  ua  repas  dont  le  principal  conUngent  est  fourni  par 
la  basseMX)ur.  La  mère  et  ses  deux  Itlles  se  rendent  en  grande 
tenue  aux  réunions  qui  ont  lieu,  deux  dimanches  consécutifs,  à 
l'occasion  de  la  fôte  patronale  de  la  commune.  Elles  suivent  k 


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su  CR.  via.   —  MAtTkB-BUMGBlSEBnK  DE  LA  BANLIBCB   DE   PAKIS. 

cet  égard  les  usages  de  la  baolieae  de  Paris.  A  cette  occasioD,  on 
prend  le  plaisir  de  la  danse  et  on  assiste  à  un  feu  d'arti&ce.  De 
loin  en  loin,  le  dimanche,  les  deux  filles  quittent  le  travail  pour 
jouer  une  heure  au  jeu  nommé  o  le  volant  ».  La  fête  patronale 
est  signalée  h  Glichy  par  un  dirertissemenl  populaire  nommé 
«  course  au  tonneau  ».  Des  jouteurs,  placés  dans  on  tonneau 
sur  une  voiture  lancée  au  galop,  et  armés  d'une  longue  perche 
en  guise  de  lance,  prennent  part  à  une  sorte  de  jeu  de  bague 
grotesque  dont  le  matériel  rappelle  l'industrie  dominante  de  la 
localité.  Le  but  est  une  fente  pratiquée  dans  une  planche  fixée  à 
un  seau  plein  d'eau,  suspendu  comme  une  lanterne  d'éclairage. 
Le  jouteur  maladroit  imprime  une  forte  secousse  au  seau,  et  se' 
trouve  aspergé  quand  la  voiture  passe  au-dessous;  celui  qui 
atteint  le  but  y  fait  passer  la  perche  sans  se  mouiller,  et  reçoit, 
il  titre  de  prix,  ua  objet  de  vêtement  acheté  aux  frais  de  la  com- 
mune. Il  est  intéressant  de  constater  que  ce  même  Jeu  est  très- 
répandu  dans  quelques  districts  de  la  Belgique,  et  notamment 
dans  les  environs  d'Anvers. 


■     '■i«C«lr«  d«  ■•  linmllle. 

S  12- 

PHASES   PB.INCIPALES  SE   r.'EXISTBNCB. 

Pendant  le  premier  Age,  les  enrants  ne  peuvent  guère  être 
convenablement  soignés  par  des  parents  qui,  dans  toutesles  pro- 
fessions propres  à  la  localité,  sont  soumis  à  un  travail  très- 
absorbant.  Ils  peuvent  être  admis  dans  unn  asile  i,  gratuit  pour 
les  pauvres,  et  payé  journellement  0'  10  par  les  familles 
aisées. Les  maraîchers  (i)  tirent  quelqueprofit  du  travail  de  leurs 
enfants  âgés  de  /i  à  6  ans  ;  ils  ne  les  envoient  guère  régulière- 
mentà  l'école;  Us  leur  font  quelquefois  donner  des  leçons  le  soir. 
à  la  maison.  Dans  les  autres  familles,  les  garçons  et  les  filles 


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OBSERVATIONS   PBJLIltDIAIBBâ.  385 

sont,  pour  la  plupart,  vers  l'âge  de  6  ou  7  ans,  envoyés  à  deux 
écoles  distinctes.  Celles-ci,  comme  l'asile,  sont  gratuites  pour  les 
familles  nécessiteuses.  Les  ouvriers  les  plus  aisés,  cédant  quel- 
quefois à  la  tendance  irréfléchie  qui  les  pousse  è.  imiter  la  classe 
bourgeoise  (s),  placent  leurs  garçons  dans  une  institution  de 
Paris;  le  contact  qui  s'y  établit  avec  des  jeunes  gens  destinés  au 
commerce  ou  aux  professions  libérales  exotsesurces  enfantsune 
funeste  inQuence,  et  les  rend  impropres  à  continuer  le  mélierde 
leurs  parents.  Ceux  que  cette  éducation  a  le  moins  gâtés  ne  coq- 
entent  guère  à  travailler  de  leurs  mains.  Ils  se  bornent  ît  sur- 
veiller le  travail  des  ouvriers  qu'ils  emploient.  Dans  celte  fausse 
situation,  ils  ne  tardent  pas  à  tomber  au-dessous  de  la  condition 
que  leui^  parents  avaient  acquise;  et  ils  se  trouvent  bientôt 
obligés  de  renoncer  à  leur  profession.  Lorsqu'ils  restent  au  vil- 
lage, les  garçons,  après  avoir  appris,  è  l'écde,  à  lire,  h  écrire  et 
à  calculer;  les  filles,  après  avoir,  en  outre,  reçu  des  leçons  de 
couture  et  de  broderie,  font  leur  première  communion  vers  l'âge 
de'12  à  Ifi  ans.  D^  ce  moment,  ils  se  rendent  utiles,  soit  en 
travaillant  avec  leurs  parents,  soit  en  s'attachant,  en  qualité 
d'ouvriers-domësliques,  à  un  ménage  de  maratcher,  de  nourris- 
séur  ou  de  blanchisseur.  Quelques-uns  se  fout  admettre  dans  une 
des  manufactures  des  environs  (i).  Les  ouvriers-domestiques 
attachés  à  un  maître-blandiisseur  dans  les  conditions  '  présente- 
ment décrites  gagnent  teulement,  jusqu'à  l'âgé  de  18  ans,  15  fr^ 
par  mois,  c'est-à-dire  la  somme  nécessaire  à  leur  entretien.  Maia-j 
à  dater  de  cette  époque,  le  salaire  augmentant  progressivement,  ' 
ils  font  quelques  économies,  à^^l'aide  desquelles  ils  peuvent  à  leur 
tour  s'établir  comme  maîtres-blanchisseurs.  Les  filles  ayant  de 
l'activité,  de  l'intelligence  fit  une  bonne  conduite,  réussissent 
encore  mieux  dans  cette  [Nrof^siOn;  et,  lorsqu'elles  se  marient, 
C8  sont  elles  ordinairement  qui  fournissent  la  majeure  partie  des 
fonds  nécessaires  à  rétablissement  dà  ménage.   ' 

Les  maratchers  et  les  blanchisseurs  dont  l'intelligence  est 
«xtrêmemeiit  dévelopjlée  apprécient  parfaitemeot  les  inconvé- 
nients qui  s'attachent  au  morcellement  de  la  teire  et  des  clien- 
tèles. Ils  ont  donc  adopté,  à  cet  égaixl,  des  habitudes  diamétra- 


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386  CB.  Vtlt.    —  MAITKl-IlUnGBISSBDI  DE  LA  BAIÏLIBCB  DI   PAIII. 

lemeat  opposées  (so)  Scelles  qui  domioent  chez  la  plupart  des 
petits  propriétaires  français. 

Quelques  traits  spéciaux  compléteroot  l'histoire  de  la  famille 
décrite  par  la  présente  moQOgraphie.  La  femme,  ayant  fait  chez 
ses  parents  l'apprentissage  de  la  profession  de  blanchisseuse,  a 
épousé,  sans  dot,  en  premières  noces,  un  blanchisseur  déjà 
pourvu  d'une  clientèle  considérable.  Elle  n'a  eu  aucune  part  à 
la  clientèle  de  ses  propres  parents  (celle-ci  ayant  été  cédée  tout 
entière  à  sa  sœur  atnée,  mariée  elle-mêoie  à  un  blanchisseur). 
Bestée  veuve,  peu  de  temps  après,  avec  un  enfant  en  bas  âge,  die 
a  épousé  en  secondes  noces  un  jeune  agriculteur,  qui  a  vendu  au 
prix  de  3,000  francs  la  terre  qu'il  cultivait,  pour  venir  exproiter 
à  Qicby  la  clientèle  apportée  par  sa  femme.  Les  deux  époux, 
grâce  à  leur  activité  et  à  leurs  excellentes  qualités  (3),  ont  joui, 
depuis  leur  mariage,  d'une  prospérité  sans  cesse  croissante.  Une 
seule  circonstance  a  retardé  l'essor  de  leur  fortune  :  la  sœur 
aînée  de  la  mère  de  famille,  n'ayant  pu  réussir  à  conserver  la 
clientèle  qui  lui  avait  été  cédée  par  ses  parents,  est  devenue 
incapable  de  servir  la  rente  viagère  qui  avait  été  stipulée  pour 
prix  de  cette  cession;  celle  charge  a  dû  ôlre  supportée  dès  lors 
par  le  ménage.  Les  deux  époux  voient  approcher  le  moment  où, 
après  avoir  établi  leurs  deux  filles  et  cédé  leur  clientèle  k  l'une 
d'elles,  ils  pouiront  vivre  dans  l'aisance,  du  revenu  de  leur  capi- 
tal et  de  la  rente  viagèfë  qui  sera  stipulée  pour  la  cession  de  leur 
établissement. 

HfBOBS   ET   mSTITCIIONS   ASSDBAgT   LE   BIBN-ATBB  PHVnQUB 
ET   UOBAL   DE  U   FAUILLB. 

La  famille  trouve  dans  ses  qualités  personnelles  (s)  toutes 
les  garanties  désirables  de  sécurité,  tant  pour  le  présent  que 
pour  l'avenir.  Sous  ce  rapport,  elle  n'a  jfuuais  eu,  et  n'aura 
jaiqais  à  recourir  à  une  assistance  étrangère. 

Beaucoup  d'ouvriers  ne  possèdent  point  eo  eux-mftmes  ces 


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UBSSBVATIOKS    PBéLIIIinAIBKS.  '  387 

éléments  de  sécurité;  et  ils  ne  peuvent  guère  compter  sur  le 
patronage  des  chefs  dlodustne  auxquels  ils  sont  momentané- 
ment atlachés.  Pour  suppléer,  h  cet  égard,  à  leur  impuissance, 
Us  cherchent  la  protection  qui  leur  est  nécessaire  dans  une 
Eociété  d'assurances  mutuelles  (ai). 

Les  familles  indigentes  trouvent  assistance  dans  la  charité 
privée,  et  souvent  dans  une  institution  dite  «  conrérence  de 
Saint-Vincent  de  Paul.  »  Ces  conférences,  fondées  à  Paris,  oîi 
est  établi  le  chef-lieu  de  l'institution,  se  composent  de  laïques 
de  tout  âge  qui  contractent  deux  obligations  volontaires  :  pra- 
tiquer les  devoirs  religieux  prescrits  par  l'église  catholique: 
visiter  personnellement  les  pauvres  pour  leur  apporter  des 
secours  matériels,  des  conseils  et  des  consolations.  A  Paris,  plu- 
sieurs conférences  sont  surtout  formées  de  jeunes  gens  qui  fré- 
quentent les  écoles  de  l'enseignement  supérieur;  et  elles  ont 
exercé  l'influence  la  plus  heureuse  sur  les  mœurs  de  cette  jeu- 
nesse. Jusqu'alors,  en  effet,  les  étudiants  restaient  privés  à  Paris 
de  la  surveillance  paternelle  qui  est  organisée  dans  les  autres 
universités  européennes.  Les  cooférences  de  Saint-Vincent  de 
Paul  se  sont  rapidement  développées  après  la  révolution  de  1830. 
Elles  sont  fort  répandues  aujourd'hui,  non-seulement  à  Paris  et 
dans  les  grandes  villes  de  France,  mais  encore  dans  une  ^nde 
partie  du  monde  catholique. 

  Qichy,  comme  dans  plusieurs  autres  communes  de  la 
banlieue  parisienne,  le  clergé  apporte  un  appoint  considérable 
aux  aumônes  faites  par  les  conférences  de  Saint- Vincent  de  Paul 
et  par  les  particuliers.  Cependant  il  remplit  une  misâion  plus 
féconde  encore  t  il  restaure  dans  les  âmes,  surtout  chez  les 
enfants  et  les  jeunes  gens  des  deux  sexes,  les  forces  morales 
qu'ils  pourront  opposer  plus  tard  aux  tendances  vicieuses  qui 
engendrent  la  pauvreté.  Quelques  prêtres,  en  particulier,  ont 
compris  la  nécessité  de  remédier,  par  des  efforts  énergiques,  aux 
souffrances  physiques  et  morales  qui  désorganisent.  les  popu-. 
lations  de  Paris  et  de  la  banlieue  ;  et  ils  poursuivent  cette  tâche 
avec  UQ  dévouement  presque  surhtimain. 


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CB.  VIII.  —  HAirU-BLlKCniSSEDB  DE  LA   BAXLIADE  DR  PUIS. 

S  44.  —  BDDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SOURCES  DES  RECETTES. 

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telMWM. 

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BBCTION    I". 

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.  Vllt.   —  KjUTRB-BUNCBISSKDI   de  la  BANLieDB   DX  PARIS..  38^^ 

s  ^i.  ^  60DGBT'  DES  BECETTES  DE  L'AIjKÊE. 


i.om*»T  01 

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..RECETTES^ 

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—      (3  p.  100)  de  ««U  wmia 

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An.  1.  —  AiAocuiaira  dm  foiatTig  D'iamuMU  inrmuJU.    .     . 

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CB.    Vtll.    —    UAITBI-BULSCBlfiSBOK    DB    LA    BAHLIBDK    DB    BABIB. 

S  U.  —  BUDGET  DBS  EECBTTES  DE  L'ANNÉE  (SDITB). 


800RCBS  DBS  RECETTES  (SDITB]. 


BBCTION  III. 
•Kiokté*  par  Ik  farnUk. 


aiieali  u  compta  de  U  bmllle  : 
BceniBat  la  bUuthifge  dn  liage  (j  ci 


TAtAlt 

TnTini  dif  an  ci 

pria  la  linge  dk 
TriTMiiitiianH 

pu  i'Danlei,  an  qnallM  d'alda  du  mattra). . . 

TuTtci  aaaoïiDAïua,  aitculéi  aa  compta  da  U  famllla  : 

■titnul  A»  mintgt  i  prlpantion  daa  aUmaatt  (la  blucli 

■B«a  du  llng«,  dont  le  ulalra  te  moaU  i  100' 00,  «[  co 

pïTi  daâf  la  tiaTail  principal  de  U  bmlUa)... 

Coltan.   . 
Bolni  doni 


aa  uuiUalnB  da  pèra  et  de  lu 


Noijt .  —  Lea  «  BItac  IranlllaDlii 

Tmuiz  daa  loantAei  delanilumembieadaU  (uni  lia. . 


gDumrf  i»  ti&tau.  amonit. 


■  entivpn*»  par  II 

'<!  Km  piopn  cianpl*)( 


bMUTBBB  eatnpritM  ta  anopta  S»  la  tlmlUa  l 
na-fanx  da  blaachliaage.^*..,,^..   ........... 

CnUan  dujudin  (pni  i  lojû) 

Biploilttioii  daa  poule*. 


iiGoogle 


a.    TIII.     —    MAITRE -BLArtcmsSEOB    PB    LA    BANLIBUB    DB     PADIS,  391 

S  U.  —  BUDGET  DES  RECETTES  D6  L'ANNÉE  (SDITEJ. 


" 



Mo»T*«T  ou  ..omî'  il 

RECETTES  (5DITB). 

d^'^ 

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OUTriui. 
taMrilfU 

tt,  c. 

tr.  g. 

ft.  n. 

Cr.  t. 

SBCXIOH  11L 

100 

800 

90O 

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;». 

SUilntoU  ■ttribnt  t  M  tnnn. . 
giaiatn  proTSMiit  du  bUodiJt- 

100(00 

a,w» 

. 

• 

■ 

(Ancim  alii»  ne  pgut  étte  ■UHbu« 

4S00 

100 

Rilura  total  iltiibnt  *  ce  Iranil. . 

îoo 

100 

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: 

~        =         :: 

800 

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: 

TouuiduHlidiudtUliniiU* 

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a,8»0  15 

8BCT10»   IT. 

BteABoMdM  iadm^nm. 

Ml» 

jft«tB.Bg»rdéDcoiiun.n»rfct6âtldi.d«rooTriBlJ..  a5.B"I^ 

oit  «m  r^«d  J'miili'ii^'riiiiiîtoi'iimnlw)!  !  '(ÛS.S-rn 
ta  C«W  indiiliio (ia,C^ 

7M 
8S3 

Wuca  lifolUit 

Tonui  da  btnlAcw  lèuilUU  d«  lodnitiiM US.IQ 

11  IB 

Ml  GO 

nc*tWda&,liafSD(lfl,D},qulul.pp]iqa<sd.  iioiiT<uul»imtmaiiid<utriu;c.tU 

101*0X11 

MBUim 

■Bdal-tn 

nitfbâUi 

tutlodtpoo*.) t4,MTM 

ISS  a 

4,TMM 

iiGoogle 


•Jt.  VIII.   —  lIAITRB-IL^KCHISSEtlR  DB  LA  BlKlJitUE  DB  PAnIS. 

S  4S.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DB  L'ANKÈB. 


DÉSIGNATION  DES  DËPBRSSS. 


l'oaTriar.  U  fnnms,  a  Sllet  it  le  t(  da  la  ui  et  I  (nmin- 
neaiiqua  de  )S  tat,  pandanl  SU  jann  (SI  lepu  iicapUt),  « 
1  ouidèis  uiiiliun  pandiDl  GS  joùil.) 

Frnnant  :  éTilmA  1  l'éUt  d*  palo,  LOIS  UL  i  0'3ï3,  aSS^SS; 
—  titillé  1  l'iui  d«  biin*  (pam  Iw  micct],  S  UL  1  0(43, 

Bii  (ponT  giltaaai) 

Pdidttout  M  prix  ma^an 

Cmk  ei*S  I 

BaamdsTUbauM  (deËisligDa] 

CrHdaUrd 

Buile  (pool  ulids}» 

Fold*  toUl  al  prii  BuijBn 

lAiTMES  n  cEcn  1 

Ultdaiach* 

Pranage  de  Onijtèra 

Œnfi  da  poulai  :  da  U  buva-mui  du  ménige,  SM  plfrcai  1 0'IO, 
K'00[ie,B);  —  Mbatés,iOapiiceil  D'ors,  is'oo 

Paldi  loUl  atprli  moran 

Viumu  RT  POISMNI  : 

VUoda  da  boqclieria  :  Bœuf  on  vache,  ISO^'l  l'SO,  lCr7<Hr;-  — 

monton,  ItHk  i  l'w,  IWK... 

Gibin  :  s UpiDi  ,'..',." (IS.C) 

VeUlUai  :  8  ponlsti  at  liialUa  poule (IS.Bj 

PoinoDi  ;  Huang  fnJi,  matUn,  nia 

Poidi  taUl  at  prii  nojao 


iiGoôgle 


CD;    TIII. MIITDB-BUNGRISSBUK    DB    U    BAKLIS»    DB    VAÛIg.  ^3. 

S  45.  ~  BUDGET  DES"  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  ISOITE). 


DÉSIGNATION  DES  DftPkHSBS  <8DITE). 

nnuiN 

d«<ibleu 

ttitna. 

vm 

11  M 

580 

iso 

■  «0 
«M 
«40 

m40 

SB  80 

800 
MO  00 

18100 

6BCTI0M  I". 

■mbstcolsi  :  p™™».  d»  tam  :  du  judto,  80k  ;  _  «batiM,  80». 
Ugnma  fiiiaau  téà  i  LraËU^  «^'1  0180,  9^40;  -  brlmU 

NMitniiiiiiuiitn 

010 

! 

™ 

„~«, 

ISO 
BSO 

no 

SOO 

...» 

0  800 
OS» 

04S5 

Ugumai  nrt>  i  cdn  1  aoni,  W  1  O'IS,  KKJOi  -  paill*  poli, 
4>  1  O'W,S'a0;-l»ricMa  (musii  Tert»,  IS^  1  (KM,  t'«0.. 
L4giu»a.  «pieu  ;  OlgDon 

t4a.  4>' 1  O'SS.  l'4a;-«h<eori<,  4'10'60,S'DO;-célaii, 
«**0'80,î'«.,. ',...'..■,' .',','..." 

33SO 

0  IB3 

CoNDiMEiRS  n  smnLuns  : 

uo 

«0 
MO. 

no 

OMO 
BOOO 

IIUO 
1800 

75  1 
1,1(»0 

Eau-ils-Tl»  ;  Cognac  leço  an  wdwn  de  VipigiBr  choi  leqoel  U 

1500 
OSSO 

1.1(M0 

0S54 

AaT.  •.  -  Aui>i.iTa  r><FiaÉa  n  cotooumb  ai  Dueia 

AuiiEim  MTiBs  ; 
F^,  franuge,  Tiandet  d«  boocharla  oa  de  poic  al  Tia  cannaii 

il  k  laiia  chai  lo 

47  81 

1,784  87 

iiGoogle 


CD.  Tlll.   —  IIAITSE-BL4NCHISSEUR  OB  LA  BANUBCB  DR  PAUtS. 

S  45.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANKËtf. 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES. 

MTiR  M  «na-jl 

J»  <*»<■ 

■rnBL 

SBCTIOW    1". 

[Pu  l'OBincr,  U  (nuiM,  1  flllM  d«  10  at  d*  IS  ini  at  1  onrlsr- 
par  1  onrriin  MiiMtin  p<Dd«Dt  M  loiin.) 

Fromwt  :  éraln*  t  l'iUt  d*  Iiiia,  1,0»  UL  t  O'Slû,  3^^. 

-  é»lii4  1  l'4UI  d«  brins  [pont  l«t  nncc*),  8  UL  1  0H3, 

HM-iin 

taïuinn 

ISIDO 

6  7S 

soo 

35B'» 
080 

Î0  80 

108  SO 
1100 

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8-» 
~M00 

con'l* 

pukibr 

IJOS'O 
1  0 

0  800 

1,10*  0 

OSM 

Oart  e>*i  t 

SIO 
ISO 

■  too 

1  «00 
1  «00 

830 

1  yTO 

Urnois  «f  Œcn  1 

3400 

MO 

OMO 
«000 

ŒdTi  de  poaln  :  di  U  bMe-conr  du  iii«ntg<,  <M0  plicn  1  OtIO, 
»«'«l(lB,B)i-»cl,.(é>,  MOpièrMàO'OTS.  IB'OO 

«MO 

0W4 

Viude  d«  baachni»  :  Bout  00  Vidu,  lS«li  l'SO.  lOTtWj'  _ 

«00 
IBO 
SO 
«00 

1000 
OîOJ 

PDiMODt  :  HuBBg  trili,  merlu,  nl« 

MIO 

1  osi 

iiGoogle 


en.    THI.    —  «AITRK-BLAlttSSlSWDK    DB    LÀ    BtNUBOB    Dl    PlDtg. 

S  15.  —  SUDGET  des:  DÉPENSES  DE  VANNÉE  (SniTE). 


DÉSIGNATIOM   DBS  DtPXMSES  <aOIT8). 

MRin  M  riFnw.  Il 

dn'sblM 

«■«1. 

BBCTION  I". 

NMiintitaïuiini 

«'40 

mo 
oso 

«t40 
»80 

sao 
tso 

■  «0 

«M 
S40 

»40 

asm 

B  00 

MO  00 

laaoo 

«nin* 

par  kilo*. 

L£cDWF.3  iT  nvm  t 

Ligaam  tiifns»  ii^  i  IlstitJllM,  fi^'l  VtO.  S' 40;  -  baricoli 

WOfO 

sao 
ao 

no 

0*080 
OSDO 

oso« 

0  4SS 

Ilgumat  wt.  à  min  1  CboQT,  10»  à  O'IB,  ItfM  j  -  paliti  poli, 

BiUds  :  BosuiDs  du  jHdlu.  S^  1  VU.  K 10  ;  -  nmaine  icli»- 

FraiUip«piDetâiu>ju>:PDminn 

3310 

oira 

ConnnnMn  n  stihuluits  : 

ISO 

«0 
MO. 

no 

owo 

6000 
0400 

1000 

Viniign 

Tîl 

40 

1,100  0 

1«0 

Bon  Kit  S  nRWENTiis  : 

Bu-dii-ils  :  Cogiiic  ma  m  ctdaM  di  l'épiciar  chu  laqotl  U 

IGOO 

OS50 

1,1M0 

OSM 

ALiifiim  DiTiis  : 
IVn.  tiomtga,  Tiukdo  ds  bouchcris  o>  ds  porc  at  Tin  coBonui 

0  Min»o 
Hk  Fsni 

cbaigo 

.     .         Taj»x  dM  ddpniNicoiKsrBuilU 

muTltnn. 

<7  85 

LIMBI 

iiGoogle 


CB.    Vin.    —    UAITBE'SUKCUISSKUB    OB    U     BANLIBCB    D8    MtU. 

S  15.  -   BUDGET  DRS  DÉPENSES  DE  L'ANNËE  (SCIT8). 


■HUIT  iDitnm. 


DÉSIGNATION  SES  DÉPENSES  ^UITI^ 


SBCTIOK  II. 
DépeniOTi 

LocEHrar  : 

Lo^  :  putia  da  Idtct  da  lamifuD  t  aUrlbntr  t  lliibiUllon  (1«.C),  lOO'OOj  — entn- 
tien  à»  bi  mtdtoa  [U  dipenM  piindpmle  eit  ta  compla  ia  (raprUlaiT*)  :  pilitas 

rtpBUIiOD*,  S' DO 

UOBILiut  : 

BDlnUeD  d«a  dnpi  da  lit,  Nrtltttei,  (oitlioiii,  nilaniile*.  Me 

CuiiFruB  ; 
[La  duolhg*  M  doDDa  Uan  i  aiiediia  d^psou  paHietiIiin,  l«  fan,  «nlretuia  pour 
l'sutcica du méliei,  ■ofEiul mmpJéUmBnt  poar  la  chuiB'igadomMtlqna(]e,  A)]... 

ËcuiufiR  : 

L'telikigaaBtntMin  pou  l'ntrcfcadnméllaKiitBt  pont  rtddngadoDiMljqna..  (IBiA) 

ObjsU  achaUi,  étoffa  acbeliai,  tniTioi  d*  coofsctian.  iiceomniodigM (It^B) 

VtriHEltTS  DR  LA  FEHHB  ! 

Otqeti  achaUi,  MoSeï  acheUa,  Inniuda  conEaiitioa,  nccomoiDdiget (16,  H) 

VtrCHEFin  DES  DEUX  nu.BB  I 

Objet!  «cbaUa,  iloffei  ïcbaUai,  ttaimoi  de  eonfactioD,  iiccommoilaga  ;  dépaine  trt- 

BLANCBUSAGE  R  MINS  de  FROFKnt  1 
Bluchlntga  da*  TttemeDU  al  duliaitada  IttamiUe;  trtTMii  eitcotéi  pu  la  minase, 
lOD'OO;  —  fournituiai  dlrenu  pom  c«l  IriTani  (htod,  aie.),  SO'OO;  —  bUocliia- 
•aga  dai  TtUDiaoti  et  du  llaga  d*  l'oanlar-doniaatiqua  (10,  ¥),  SJ'OO;  —  bluchii- 
uga  et  rapuuge  dst  boiDtt*  da  U  famoia  (aiaeal^  i  ptli  d'uganl  par  me 
bliiichtueiuaaD£ii),roOi  — bubiat  (poailBbluchlHeuOiH'DO;  — diaga,  l'SO; 

Totaux  dai  dépanwM  coocsmul  la  ittamauu 

SBCTIOK  IV. 

!«■  bcMÎu  moranx  i  Iw  rjerjBtîoas 
•t  le  aenÎM  de  mbU. 

(L'aiaielea  da  culta  oa  doimg  Uan  1  ucttns  dépai»*) 

InSTRiiCTioii  DES  ENrann  : 

(Lai  antiTili  ddjà  gnndi  na  donsaot  pluliaa  lancnne  dépensa  da  catta  natma).,. 
Secodm  n  adhAhes  I 

Paniion  pnjie  1 1*  mèn  deUtamna,  IM'OOi  — aunWIn^doiiBiaildiraii^lG'OO.. 


iisroa 

S5  00 


100' 00 
100  00 


■noo 

871  os 


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CD.    vil].    — -MArriB-afiANQHISSBUR    DB    LA    BAKLŒDB    DE    l>ABI3. 

S  <5.  -  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  fSDITH). 


DÉSIGNATION  DBS  DÉPENSES  (BUITB^ 


BBCTION   IT. 


BJCniATIDIlS  R  lOLEHItlTâS  : 
Dépen«e  toppltoeotilrB  pam  Atni 

(bnits  daUd«p«iu  «t  compili  dani  US™I);—  inltaTS  da  jirdia, 

—._.:._  1 A.  ui.a        p^  d'aDtr*e  am  deni  t»li  da  la  Ute  patrnmlt 


kl'ôccailon  dei  Tliitaa  da  pannlt,  S' 00 


pont  û  mÂn  at  laa  daai  flUat,  l'SD. 
CadwaidonniildaipuaiitiiriKct^on  dalammariaga,  IS'OO; 


ToTAtn  d»  dApegaaa  caocantut  laa  baioiu 


Il  lu  rdcrtaUODi 


le*  indutilea,  Ici  drtuif  Ut  impMi 
•t  Im  mnaranoM. 

DiFHISES  CONCUNAIIT  LU  IflDUSTUES  : 

RAlribDtioD  as  srgaDtalloata  comme  gagaii  l'oairlDr-doniaalIqDs,  qui  l'emptoia  pour 
la*  THameoti  et  pour  laa  aoUM  dtimnaa  noiqualls)  Ja  rimlUs  se  poonoit  pu  par 
dM  iIlocatloDi  an  Ditore  (IS,  F)  (1«) 

HoTt.  —  L«  uilna  dipauaa  eancanuuit  laa  iDduatiiea  snirapriHi  an 
compta  da  la  fkmillB  montant  à lis,  D)      S.lMrgi 

BUai  aoiil  nmtwnnAas  par  lo  cecattaa  piuranut  da  cai  mtmu  laiar- 

AT«ot  et  objotl  aœplojé*  poni  lea  coniommatioiu  da  mina^  (ouTile 
domeitiqua  compiu)  on  Usut  pittla  d*  aai  tpugsaa,  et 
portiiàca  titra  duu  ta  prtwBt  budget '74'Sl 

ArgBDt*tobJatitppUqDtideilOD1e*uaaiiiiduiIrieB(14,B*alV}, 

paDT*DteowhineiuaestBgiiraTpumileidipeDiaidB  minage.  6,110  60 

Imtetn  DU  Dims  t 

(Aucona  detia,  mSms  puaag6ra,  n'>  iti  eonlnctie  par  la  Ikmille) 

IiiKnra  : 

ImpAI  mobilier,  deapoilBi  et  fenètna.l'T' 30  i  —  palaula,  SCOO 

ASSORANCU  CDKCOEKANT  ADABAKTin  LB  BJHI-tTUBPHTlIQDI  ET  HOlUI.  Dl  LA  rA>IU.B: 
La  lAmtlla  tioufa  toutu  laa  guantitu  d«sitablea  da  licurill  duu  lea  habitodaa  d'ordre 

qui  lui  lait  ipaigaer  cbatiue  loaie  une  lomme  cooaidérable,  eiSn  du»  le  diacerne- 
ment  avec  lequel  elle  uit  faire  rhll;tjSel^  cette  dpargse  par  daa  plaeementa  judicleu. 
.,.,__._.___  .^._.  _ ,.  .-.,_ objet.... 


Bile  n'a  dimc  A  lUrg  ïocase  dépeaia  ipÂciale  poor 


sooo 
10  oo 


et  lea  *i 


it  lea  iDduath»,  lea  dattoa,  1m  icDpdta 


n  BCtioa*  toduitiiaUea  onaiu  hjpctlièqaa 

i(d6l'uiAia(b*luiçantlMneattea) iAfiSPetf 


vmm 

t.IMM 


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396  OH.  yill.  —  KAITBE'BUMCniSWII»  BB  U  BANUBDB  PB  PABIB. 


§  16.  ■ 
COMPTES    ANNEXÉS   ADX   BUDGETS.  "^ 


COMPTES  DES  BÉNÉFICES 
lénltail  la  iidistriei  ttOtfma  pu  U  [uillt'(à  m  fnfn  tmjle). 


Di  u  rwiui  I  Tunn 


Somms  obtwDB  UDosUtunt  «d  rttribntloD  des  tranin  .  _.  ..._ 

sitenlti  poui  1«  dinrua  pnUqiBi  ;  «a  raoT*<i'>*  tW  ttaam  ftt  ■ 

TaLeuc  î  illribuai  m  tnniii  âe  bllDchiinaa  «I^catii  wr  1»  hogt  i» 
famille  ;  tiiriui,  IM'OOj  —  tonrnllunw,  «KOOi 

Vakur  à  attribuer  aux  inTaiu  de  blaochiiaace  nécotéa  m  le  linge  i 
t'ouniiii-iloiiiaalique  :  Iniaui  at  fauniiturea  ....   ( 

ToUu. . . 

Bomms  qs'ebliandiait  la  famille,  il  alla  aidcatalt  1»  mfanM  IraTani  1  la 
Joninte  poiu  le  compta  d'an  chel  d'indutria (M,8mii]) 

Dmiaatin  oa  eomme  obtmoe  pu  la  fkailla  an  int  dca  aalaJrea  qoi  nniaM 
attribata.  dua  loi  mémN  coDdtIJDa*,  t  de  «lmpl«  Jaunallen 

Lofer  de  U  partie  1*  tamaiion  appIiqaiaàl'indiutiiadabluichUuai....  (O) 

LojBr  da  cbamp  où  le  fait,  pandtnt  Vété,  r«1eadiiEa  da  liage <8) 

Salaiiai  pajéi  aiu  ouirlèna  ; 

BMjoDinteadeblBDchiaieaieiatdaiepaaleiunll'OO 

EDtJaam^da  couluiitra  (ooe  compria  la  nDorriiura  portM  an  compta  aTsc 

celle  du  mtnags,  15,  S«I) 

Oaga  asDuel)  de  l'ouTiier-dainnilqDe (F) 

Prix  de  location  d'nn  charal  «l  d'une  Toitoia  (1  jour  pai  aamaina)  pour 

aSaetner  laa  tranipoita  du  llog*  at  da  la  bmille  entra  Fuii  et  CUchr  : 

TBO  par  Jour 

Dipanae*  oecanonniea  par  le  chien  (qui  «arda  la  maiaon  pendasl  l'abaence 

deUfamlUrt  ;  O'IOpirJonr 

Coke  (acbat«  dana  nna  mine  i  gai)  :  Id.HO  kilogrammaa ftatSa 

Cotiat*  (faaclut   de  boit   tandn  pour  rallnmage   do  coka)  ; 

tOO  pikaa  1  VIS GO  00 

■    Sridaaonda.. 550  00 

SaTon:  «Kf  1  l'OO 

Bleu 

JUnidoB!  IStiOfOO Il  TO 

Banda  jaTelle , U  00 

BlU  da  la  Selna  tbunite  par  mia  adminiitratlan  qui  dUre,  as 
mma  d'une  machine  i  Tanar,  l'ean  da  U  Selna  pour  la  cos- 
dnlre  à  Clichr  at  dava  plManra  Tillagea  tojaint  :  ^nnamant 

aonueL 100  00 

Halle  poni  éclairage  :  40k  i  l'OO 40  00 

Cbasdalle  pooi  dclaiiage  1  ISk  à  l'W IB  OO 

1.15^  aa 


.  v^^» 

100" 00 

ar^t. 

ViSCOO 

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8,0m  M 

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45  00 

1,8TS00 

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890  0P 
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1,157  » 

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100  00 

4*01  as 

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CnHPTEl  AMMlfa  An  iOIKIKTa. 


Fnli  du  miUdtl  ipfeiil  : 
lottrtt  (5  p.  100)  i»  la  Tmltur  if  oM};  i<x  mohlIiiT  ot  dn  ndonlhi 

■mploréi  pou  le*  tnTiui  ds  bUnchltug»  (m' 30}  (B) 

BntmitB  di  a*  oUsU  :  corda.  •.'•'OO;  —  ichlil»  On  pcRhM,  irnOO;  — 

fer»  i  rapmar,  VK;  —  olfjMi  diton,  T50 

iDttièt  (G  p.  IDm  du  foDdl  de  ronlmwnt  (SOO'Oa) 

Ol>t*U  d*  iMamanl  M  d*  lÉngtria  p«diu  oa  dgkrti,  i  psjnr  uu  pn- 

Sibrtnci  rtnlUDIds  ['indiuUic ■••■ 

TdUI  CODUM  ci-canlte 

L*  UeiBa  d*  WtflO  éqnlnnl  i  db  inppMaieiit  jonniillo  de  Vtn  nu  le 
Mbiifl  nonnal  de  S'OO  âltribné  cl-de*iu>  t  l'ourrin  «t  1  h  famma,  oo  i 
BB  béBiflca  d(  (KIS  but  le  ibIbIm  atlribaj  1  cbaini*  louinie  d<*  auirien 
■Biiliaint  (iM  danx  9l1e>  de  la  miitoB  «t  l'OBnfet-donHtiqB*  comprla). 

On  uibII  pn  éUblii  d'ni*  niulto*  plai  prtdM  «Boon  I*  cooiptibiJlU  de 
riadoilii*  du  biBiichiaeBT,  «n  eompnoBit  pami  !■•  dlpeniM  ta  laleut  de  la 
aonnitOTB  doaflds  à  U  cootactèn  (Toh  ci-dMBO^  at  ravginuitBliDB  dM  d^ 
pBuea  de  BonTrilan  dno  aa  Tojagit  qna  U  famïUa  lait  à  Paria  chMina 
aamalDa.  D'an  antre  eCU,  on  aunit  M  teuanober.  d*  U  ' 
coke,  d'bnite  el  d«  cbaBdetl*.  U  dApcBie  que  la  Iksiilla  dei 

tiBction,  poBr  plut  de  oBiplleitd,  d*  e»i  areaniUDeei  qui  ■ 
pria,  on  t  en  dcarld  fort  peu  da  léanltal  qB'il  l'agiwalt  de  ( 


B.   —  ElPLOlTATlOH   MS  FOtlI.19. 


ŒBb  ;  980  piicM  i  QllO  (cOBwmméi  par  la  miaet*)- . 
■  paalata  et  1  vieille  poule  iconaommda  par  le  mAnago)* 

lnUr«t  (dp.  100)  de  laTaleni  daa  poidei  (U'OO) 

A»oi»e,  TOO»  à  0'  IS 

Ddbri*  de  la  noBrrilB»  dn  Bteage  (poor  miboln}... 

Traïasi  de  la  reniBie  et  dM  deni  Bllos. 

MflincB  rdnlUnl  da  rindtutci 

C.  —  BuVjtGl  BU   UPIIS. 

5  lipiM  (eoDtommti  par  le  Drfnaga)  «aluDl.. 

S  paasi  de  lapin 


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But» 

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en.  TIII.  —  UAITBS-^LAItCDlSSBCB  Dl  L4  BAHUEDB  DB  PID 


Achat  da  G  jtniw*  Upina  i  l'tS. 

lMt«T«t  iS  p.  1001  ds  U  Talsoi  ealenUe  dn  Uphii  (S<(I9)  (t) 

H«TbM  pour  naunilon  (acheliu) 

Tnmii  da  !■  teDune  «I  du  daoi  fiU«* 

Btnfrici  lAxilUDt  ds  riDdulris 

ToUni  c«mms  d-ceotn 

D.  —  RtsVKt  DRS  CQKPTD  DU  Bf^£ncE:  b£>iilutt  DR3  tMaïniE: 

(A  l  C). 

Objet!  emplojéi  en  natiiT*  pour  la  Doniritiire  da  la  ramilta 

KacetUi  «D  ugeat  i.  «mplDJei  pour  làt  induilriei  eUa>-ai4iDa) 

épai^iM 

Dfpmau  ■KrTAi.m, 
IntirtltdnpropriiléipoiaidteiparlB  famiila  at  employéai  par  allô  bdi  îd- 

duiirie». (14,  S"  1) 

Salalrai   tténuia  au   traïaui  uécuiii  par  U  famillB  pour   Isa  indua- 

tne. (H,  S- 1111 

Dipaniaa  ao  argent  qui  doirent  tica  rambounAei  par  daa  recatle*  riullant 

Totnui:  daadtpenHa  (5,19ir81) 

BiKÉncu  TOiiDi  tétoltant  dei  induatrica 

Totaoi  comma  ci-dataot 

SBCTION   tt. 

COMPTES  REUTIFS  AOX  SUBVENTIONS. 

Ncm.  —  La  tiunilla,  aiploilacit  tOD  indutrla  dam  Im  condidona  d'indd- 
pcâdaaea  proprM  aux  rbab  demitiar,  na  jouit  d'ancBUS  aabiaatjaii. 

SBCTION  III. 

COUPTES  DIVBHS. 
B.  —  Cu>ugx  REÇUS  pia  Là  fahilu. 
L'tpldar  cbu  leimal  U  famille  lehàla  ominaimieit  w  praTirion  ds  ait 
at  da  iBin,  loi  filt  cadaan,  1  l'occailon  ta  Joar  da  l'an,  d'mia  bontailla  da 
cognac  :  la  Tilanr  da  ce  cariaaa  tarait  1  rainnchcr  da  pili  d'achat  dn  ttSi 
qoBlabœlIleacIiAtscbBil'tpiciaT.  FoiuaimpliSar,  onn'^paa  Ut  calta  rtdnc- 
lion  du  prix,  at,  par  centra,  l'oD  n'a  a(trlbn«  aucana  lalear  1  ca  apiritaeui 


ïa  (18,  Sm  1). 


P.  —  Owpn  DE  u  BÏTsnimON  AinniELLB  noimiE  mb  u  famille 

A  L'ODTRIER-DOHESnODB, 

Oaget  pafda  CD  argent  :  IWOO  par  moia 

Hoûrritnie  éialaéa  i  1/i  du  montant  do  la  dipenie  du  minage  poar  noani- 

ittre, ..«..*... .•,,.,  flfi.fi«il 

Lofeiii«ot,ibanfriga,  éciatrageCpourmioioire) .  .  .  . 

Hlapchiaiga  «taluA  A  ÏS'OO,  laToii  :  ItaTaai,  iaHn  j  -  fonmltmei,  tfOO. . . . 
1  Tel»! 


V.L«a.         1 

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864  SS 
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connu  AKSKXM  AUX  IDMtTS. 


Libmtlla  ]fla  pu  unie  on  lofei  <ta 

On  pmt  dMrlboai  cette  d^psue  ïTaii  qn'il  (uii  : 

partie  de  la  miina  appliqua  1  l'habitation 

PtiHs  d*  U  maiion  appligui*  i  l'iniliuIriB  du  hUodiiittgB.. 

Partie  dn  chanii  ■ppUqDia  iritandac*  da  liaia 

Partie  du  champ  conTUtia  n  Jardin 


Df  pnsi  AnndELLi  POin  aciut 


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l  U^UKDK  tX  MKtS. 

ÉLÉMENTS  DIVERS  DE  LA  CONSTITUTION  SOCIALE 

FAITS    IMPORTANTS    D*ORGAMSATIOII     SOCIALE; 

PARTICOLARITËS    nBHARQDABLESi 

APPRÉCIATIONS  GÉNÉRALES;   CONCLUSIONS. 


CADSEs   d'Ébranlement  obsertées  dans  l'une   des  coh- 

MUNBS    DE    LA    BAHLIBOE    DE    PABI8    OÙ   LES    BONNES   MCBURS  SB 
CONSERVENT   ENCORE   AVEC  LE   PLUS  DB  FEMUTÂ. 

Des  causes  nombreases  de  corruption  ont  agi  sur  Paris  et  sa 
baDiieue  pédant  toute  la  durée  du  xvm'  siècle.  Elles  émanaient 
géoéralement  des  classes  richfô  ou  dirigeantes.  Les  foyers  du 
mal  étaient  parfois  moins  contagieux  daiis  la  ville  que  dans  cer- 
taines communes  de  la  banlieue,  les  individualités  scandaleuses 
y  étaient  plus  en  évidence;  et  l'on  retrouve  encore  aujourd'hui 
des  traces  visibles  de  ces  influences  locales.  En  revanche,  on 
peut  observer  plusieurs  communes  où  tes  conditions  matérielles 
de  la  prospérité  ont  en  partie  suppléé  à  l'affaiblissement  des 
forces  morales.  La  commune  de  Clichy,  où  ont  été  recueillis  les 
éléments  de  la  présente  monographie»  se  distingue  sous  ce  rap- 
port entre  toutes. 

La  population  indigène,  qui  justifie  cet  éloge»  est  composée 
de  blanchisseurs,  de  maraîchère,  de  jardiniers  fleuristes  et  de 
nourrisseurs  de  vaches.  Elle  est  cependant  fortement  ébranlée  : 
sur  les  sept  éléments  nécessaires  à  une  bonne  constitution  sociale 
(IV,  Id.  e),  six  sont  combattus  par  les  influences  dominantes, 
et  quelques-uns  font  à  peu  près  défaut.  Le  Décalogue,  l'auto- 
rité paternelle  et  la  religion  conservent  peu  d'empire  sur  les 
cœurs.  Le  clergé,  il  est  vrai,  reprend. enfin  l'œuvre  de  régéné- 
ration qui  fut  accomplie,  au  xvii°  siècle,  devaot  la  corruption 
propagée  par  tes  d^iersValoie.t-mais  les  défaillances  de  l'époque 


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ELEMENTS  D1VBS9  DB  U  CONSTITDTIO^f  lOCULE.  40t 

précédeota  oDt  laissé  leurs  traces;  ei  il  n'est  point  encore  sou-* 
tenu  par  l' opinion.  La  souveraineté  a  perdu  son  ascendant  :  elle 
est  donc  impuissante  à  commencer  les  réformes,  alors  même  que 
certains  gouvemants  en  comprennent  la  nécessité.  En  l'absence; 
de  la  communauté  et  du  patronage,  la  propriété  individuelle  est 
la  seule  force  matérielle  qui  supplée  à  la  désorganisation  des 
forces  morales.  Heureusement,  elle  opère  ici  arec  une  continuité 
etuneénei^iequejen'ai  point  rencontrées  ailleurs  dans  le  cours 
de  mes  voyages.  Je  donne,  au  paragraphe  suivant,  un  précis  de 
ces  prodiges  d'activité,  spéciaiix  aux  quatre  types  principaux  de 
la  banlieue.  Ces  qualités  ne  pourront  pas  toujours  souteoir  une 
constitution  sociale  privée  de  ses  appuis  moraux-,  mais  elles 
conjureront  un  écroulement  immédiat;  et  elles  apporteront  un 
concours  précieux  à  nos  gouvernants,  si  l'esprit  de  réforme  rem- 
place enfin  chez  eux  les  stériles  agitations  de  la  politique.  Après 
chaque  catastrophe  ameDée  par  nos  classes  dirigeantes,  je  me 
reprends  ii  espérer,  en  constatant  cette  vitalité  de  la  race  fran- 
çaise; et  je  m'assare  de  plus  en  plus  dans  l'admiration  et  lé 
respect  des  ancébres  qui  créèrent  les  forces  morales  que  nous 
gaspillons  depuis  200  ans. 

Les  blanchisseurs,  les  maraîchers,  les  jardiniers  et  tes  nour- 
risseurs  résistent  assez  bien,  sous  l'influence  du  travail  et  de  la 
propriété  individuelle,  à  certaines  défaillances  morales  qui  se  sont 
produites  au  sein  de  leurs  foyers  domestiques;  mais,  depuis 
quelques  années,  ce  genre  de  danger  devient  plus  redoutable.  La 
grande  industrie  manufacturière  commence  à  se  développer;  et 
elle  attire,  au  milieu  de  l'ancienne  population  relativement  saine, 
le  personnel  que  les  famille  françaises  ne  fournissent  plus  sous  le 
régime  actuel  de  partage  forcé  et  d'unions  stériles.  Les  ouvriers 
de  ces  nouvelles  entreprises  aOluent  incessamment  en  France 
par  les  frontières  de  l'Est  et  du  Nord;  et  ils  nous  amènent  les 
déclassés  et  les  nécessiteux  de  l'Europe  entière.  Ces  étrangers 
vivent  eu  partie  à  l'état  nomade;  et  ils  descendent  à  l'état  de 
dégradation  qui  a  été  décrit  précédemment  pour  un  atelier  de 
travaux  publics  (vii,  ib).  Par  leurs  déplorables  exemples,  ils 
augmentent  beaucoup  la  difficulté  qu'éprouvé  la  population  iadi- 


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40S  CB.  Tilt.  —  MltTIB-BLANCfllBSIDl  DB  LA 

gèoe,  déjà  privée  de  ses  forces  morales,  à  maînteDir  chez  les 
jeunes  fnéoératioDS  les  derniers  seotimeols  du  devoir.  Il  est  à 
craindre  que  l'iDvasioo  des  nomades  n'achève  bientôt  la  désor- 
gaoisatioD  de  cette  localité  ;  et  l'on  peut  déjà  prévoir  que  les 
richesses  créées  avec  l'aide  d'agents  aussi  dangereux  n'augmen- 
teront point  la  prospérité  de  la  France.  f.  l.-p. 

S  18- 

ACTIVUÛ  BlTBAORDINilBB  DÉVELOPP^B  CHAQCB  8BHAINB 
PAB  VNB   FAHILLB  DE  BLANCBISSEUBS. 

Chaque  semaine,  le  merra«di,  l'ouvrier,  accompagné  de  tous 
les  membres  du  ménage  (s),  transporte  à  Paris,  au  moyen  d'une 
voiture  à  un  cheval  louée  à  cet  effet,  le  linge  qu'il  avait  reçu, 
la  semaine  précédente,  pour  le  blanchir.  Laissant  ainsi  la  maison 
sous  la  garde  d'un  chien,  l'na  des  agents  essentiels  de  son 
industrie,  la  famille  part,  à  cinq  heures  du  matin  en  été,  .à  huit 
heures  en  hiver,  pour  ne  rentrer  que  de  huit  à  onze  heures  du 
soir,  avec  le  linge  à  blanchir.  Dès  le  Jeudi  matin,  on  procède  au 
triage  de  ce  linge  :  la  moindre  partie  est  directement  savonnée 
par  deux  ouvrières  travaillant  à  la  journée  ;  le  reste  est  soumis  à 
une  lessive  qui  se  poursuit  jusqu'au  vendredi  matin,  avec  le 
concours  de  tous  les  membres  de  la  famille.  Aussitôt  que 
la  lessive  est  finie,  la  femme,  assistée  de  ses  deux  filles  et  de 
quatre  ouvrières  qui  viennent  à  ce  moment  prêter  leur  concours, 
s'applique  au  savonnage.  De  sou  côté,  l'ouvrier,  secondé  par  son 
aide,  transporte  le  linge  complètement  lavé  au  lieu  où  doit  se 
foire  le  séchage  :  pendant  l'hiver,  dans  la  salle  à  repasser  et  dans 
le  grenier  ;  pendant  la  belle  saison,  dans  te  champ  loué  à  cet  effet. 
Le  dimanche,  toute  la  famille  s'occupe  du  pliage  du  linge,  qu'elle 
prépare  ainsi  pour  le  travail  de  repassage.  Celui-ci  est  exécuté 
le  lundi  et  le  mardi,  par  la  femme,  assistée  des  deux  filles  et  des 
quatre  ouvrières.  Enfin,  le  mardi  soir  et  souvent  la  nuit  suivante, 
ou  classe  le  linge  et  l'on  confectionne  les  paquets  qui  doivent 
être  portés  à  Paris  le  lendemain  et  remis  à  chaque  pratique. 


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DIVIM  t>K  LA  GONSTITDTIftN  SMUtl. 


S  19. 

MOEURS   DES    PETITS   PROPBJÉTAIRES   DB    LA    BAM.IBUE    D8    PARIS. 

Ed  aucune  confiée  d'Europe,  la  dasse  des  petits  propri^ 
laires  n'est  pIusdéveloppée()uedans  la  zone,  large deSàlO  kilo- 
mètres, qui  s'étend  autour  du  mur  d'enceinte  de  la  ville  de 
Paris.  Leur  ioduslrie  prindpale  CMUsiste  à  produire  les  plantes 
potagères,  les  légumes,  les  fraits,  le  lait,  les  œufs  et  les  fleurS) 
dont  les  marchés  de  cette  ville  oiïreat,  en  toute  saison,  le  place- 
ment assuré.  Sur  les  coteaux  conrenablement  exposés,  ils  culti- 
vent, en  outre,  des  vignes  donnant  un  vin  de  qualité  iafërieure, 
auquel  l'impôt  de  consommation  établi  dans  l'intérieur  de  la 
capitale  assure  dans  la  banlieue  un  débouché  avantageux.  Indé- 
pendamment des  objets  destinés  à  la  vente,  les  familles  de  petits 
propriétaires  produisent  elles-mêmes  la  plupart  des  objets  néces- 
saires -à  leur  nourriture.  Le  succès  iooul  de  ces  petites  cultures 
ne  dépend  pas  seulement  du  débouché  presque  illimité  qu'offre 
ta  consommation  parisienne.  Il  est  dû,  en  partie,  aux  immenses 
quantités  d'engrais  que  Paris  livre  à  bas  prix  à  la  banlieue. 
EoHn,  il  doit  être  attribué  aussi  aux  habitudes  laborieuses  de  la 
population  (is).  Jamais,  en  effet,  dans  le  cours  des  études 
entreprises  à  l'occasion  de  cet  ouvrage,  on  n'a  rencontré  une  race 
d'hommes  appliquée  au  travail  d'une  manière  aussi  soutenue, 
aussi  énergique,  on  pourrait  dire  aussi  acharnée. 

.Appliquée  à  un  sol  naturellement  ingrat,  cette  activité  réalise 
des  merveilles  de  production,  inconnues  dans  les  grandes  cultures 
des  régions  les  plus  fertiles.  Depuis  le  lever  jusqu'au  coucher 
du  soleil,  la  famille  tout  entière  travaille  aux  champs,  dans  les 
jardins,  ou  près  des  bâches  oîi  se  cultivent  les  primeurs  et  les 
produits  d'arrière-saiswi.  Les  enfants  eux-mêmes  font,  dès  le  pre- 
mier âge,  l'apprentissage  de  ce  dur  métier.  La  soirée  est  employée 
à  emballer  et  à  charger  sur  la  voiture  la  récolte  faite  pendant 
la  journée  ;  la  nuit,  à  transporter  cette  récolte  dans  l'intérieur 
de  Paris.  Après  minuit,  dès  que  les  règlements  de  police  per- 


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401  CH.  vni.  —  MAITBE-BL&NCHISSEUB  KB  LA  BAKUBDK  DK   PAtI9. 

meltent  aux  maratchers  d'occuper  les  emplacemeats  réservés, 
jusqu'alors  pour  la  circulatioD  géoérale,  on  voit  ces  cultivateurs, 
souvent  leurs  femmes  et  leurs  enfants,  prendre  rang  avec  leurs 
voitures  pour  être  admis  à  la  vente  qui  a  lieu  dans  la  balle,  de 
quatre  à  cinq  heures  du  matin.  C'est  ordinairement  pendant  cette 
Station  forcée  qu'il  leur  est  permis  de  prendre  un  peu  de  repos, 
car  ils  doivent  se  remettre  au  travail  aussitôt  qu'ils  soat  revenus 
à  la  maison. 

Une  préoccupation  exclusive,  incessante,  donne  aux  deux 
époux  la  force  d'accomplir  cette  t&che  presque  surhumaine  :  c'est 
le  désir  d'ajouter  de  nouvelles  parcelles  de  t^rain  à  celles  qu'ils 
possèdent  déjà.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  de  voir,  dans  les  loca- 
lités les  plus  favorables  à  la  culture,  ces  parcelles  se  morceler 
k  l'infini  et  se  vendre  à  uutaux  quidépaœe  parfois  20,000  francs 
l'hectare.  Tel  chef  de  famille,  sans  s'élever  au-dessus  de  la  con- 
dition d'ouvrier-propriétaire,  et  sans  être  obligé,  pour  cultiver  sa 
terre,  de  recourir  à  des  bras  étrangers,  parvient,  dans  le  cours 
de  son  existence,  à  acquérir,  dans  une  régiou  de  sa  commune, 
plusieurs  centaines  de  parcelles  non  contigu^. 

Les  maraîchers,  les  jardiniers  et  les  nourrisseurs  de  vaches 
de  la  banlieue  de  Paris  possèdent,  pour  la  plupart,  les  vertus  qui 
se  lient  à  l'amour  du  travail  et  à  la  possession  de  la  propriété 
individuelle.  Ces  vertus  se  rencontrent  à  un  degré  éminent  chez 
ceux  qui  réussissent  le  mieux  dans  leur  profession.  Les  femmes 
restent  chastes  et  les  hommes  tempérants  au  contact  d'une  pro- 
fonde corruption.  Une  économie  exemplaire  préside  toujours  h 
l'administration  domestique;  mais,  chez  les  types  les  plus  dis- 
tingués, elle  est  tempérée  par  l'intelligence  des  b^oins  réels  de  la 
famille  et  des  convenances  sociales  :  elle  ne  dégénère  donc  point, 
ainsi  qu'il  arrive  chez  beaucoup  de  familles  d'ouvriers  ruraux.eQ 
une  lésioerie  aveugle.  Les  femmes  sont  traitées  avec  déférence; 
souvent  même,  comme  dans  la  plupart  des  autres  contrées  de  la 
France,  elles  exercent  une  influence  prépondérante  dans  les 
afbires  de  la  communauté.  On  comprend  la  nécessité  de  donner 
de  l'instruction  aux  enfants,  au  prix  de  quelques  sacrifices.  Sou- 
vent, en  cas  de  maladie  de  l'un  des  membres  de  la  famille,  on 


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^LBMINn   DIVERS   DB    LA   CONBTlTtJTIOM   80CIALB.  (03 

n'hésite  pas  h  faire  toutes  les  dépenses  nécessaires  pour  la  gué- 
risoD.  Les  propriétaires  1^  plus  aisés,  quand  ils  se  font  aider  par 
un  journalier,  ne  manquent  jamais  de  l'admettre  à  leur  table  et 
de  le  traiter  exactement  comme  eux-mêmes.  Le  sentiment  reli- 
gieux, en  l'absence  d'une  éducation  convenable,  manque  sou- 
vent daus  les  ramilles.  Le  défaut  de  délicatesse  dans  les  transac- 
tions ne  dépasse  point  certaines  bornes,  et  conseille  raremeat  un 
acte  formel  d'improbité.  Les  familles  où  les  habitudes  religieuses 
se  sont  conservées  ont  sur  toutes  les  autres  une  supériorité  évi- 
dente, particulièrement  en  ce  qui  concerne  les  affaires  d'intérêt 
et  l'organisation  de  la  famille.  L'autorité  paternelle  s'y  maintient 
plus  ferme;  et  les  parents  éprouvent  moins  de  difGculté  à  garan- 
tir leurs  ^fants  des  influences  corruptrices  qui  émanent  sans 
cesse  d'un  grand  centre  de  population. 

Le  développement  des  sentiments  moraux  varie  considéra- 
blement d'une  commune  à  l'autre.  Dans  plusieurs  régions  de  la 
banlieue,  les  mœurs  ont  été  souvent  abaissées,  chez  les  dernières 
générations,  par  le  manque  de  direction  religieuse.  Plus  récem- 
ment, elles  ont  été  compromises  par  l'introduction  de  l'industrie 
manufacturière  et  par  les  vices  de  la  population  nomade  qui  y 
est  employée  (i).  Par  contre,  on  a  souvent  lieu  de  constater 
l'influence  bienfaisante  exercée  par  des  prêtres  dévoués  et  par 
les  associations  de  laïques  pieux,  connus  sous  le  nom  de  Confé- 
rence de  Saint-Vincent  de  Paul  (i  3) .  On  ne  remarque  pas  seule- 
ment cette  influence  dans  les  communes  rurales  de  la  banlieue  ; 
celle-ci  est  plus  marquée  peut-être  chez  les  petits  cultivateurs 
qui  n'ont  point  encore  été  expulsés  de  l'enceinte  de  Paris  par 
l'envahissement  des  constructions  urbaines.  Au  contraire,  dans 
les  communes  où  ces  influences  ont  manqué,  l'amour  du  gain 
s'est  incessamment  développé  sans  contre-poids.  lia  provoqué  des 
tendances  répréhensibles,  qui  ne  s'arrêtent,  en  général,  qu'aux 
limites  où  elles  encourraient  les  sévérités  de  la  loi.  Il  engendre 
des  traits  d'égolsme,  qui  ne  s'offrent  point  à  l'observateur  diez 
les  races  sauvages.  L'amour  désordonné  du  gain  fait  nattre  une 
envie  haineuse  contre  les  classes  supérieures  de  la  société;  sou- 
vent il  éteint  tout  dévouement  pour  la  chose  publique.  Cette 


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4aS  en.  VItt..   —  MAITRB-BLilNCBISSEnR  DE  ti  BANLIBDB  DB  PAHIfl. 

passion  provoque  même  l'oubli  des  sentimeafs  les  plus  intimée 
de  la  nature  humaiae.  Ainsi,  dans  quelques  communes  spéciale- 
meot  adonnées  à  la  culture  de  la  vigne,  il  n'est  pas  rare  de  voir 
des  chefs  de  ménage,  déjà  pourvus  du  bien  patrimonial  qui  Jeor 
a  été  cédé  à  la  condition  de  servir  une  rente  viagère,  manifester 
hautement  te  désir  qu'ils  ont  de  voir  celte  charge  cesser  par  la 
'  mort  de  leurs  parents.  Parfois  les  parents,  notamment  ceux  qui 
ont  été  mauvais  fils,  sachant  que  rien  ne  peut  amortir  ces  pas- 
sions cupides,  ne  craignent  pas  d'engager  contre  leurs  enfants 
une  lutte  d'égoïsme  et  d'avidité.  On  en  voit,  eu  effet,  qui,  par- 
venus à  l'âge  du  repos  et  jouissant  d'une  fortune  supérieure  à 
leurs  besoins,  mettent  leurs  enfants  en  demeure  de  servir  une 
rente  usuraire  pour  le  bien  qui  leur  est  cédé,  ou  de  voir  ce  bien 
aliéné  sans  cbance  de  retour.  Ces  moeurs  déplorables  font  régner 
l'esprit  de  lutte  et  de  haine  jusque  dans  le  sanctuaire  de  la 
famille,  où  les  lois  divines  et  humaines  assurent  ailleurs  un 
refuge  contre  les  atteintes  de  l'antagonisme. 

s  20. 

TBàNSHISSION    INTé6BU.E    DE    LA    Pr.TITB    PROPRI^TË   TERUl- 
TOItlALE   ET   DBS   GLIENlèLES   CHEZ    LES    UinAiCBSKSi   LES   NODR- 
RISSUUBS    DB    VACHES    ET    LES    BLANCDISSEUBS    DE    Ik    BANLIEUE 
DE    PARES. 

Les  principaux  chefs  de  métier  de  la  commune  de  Oichy  ne 
divisent  point  ordinairement  entre  leurs  enfants  la  terre  ou  la 
clientèle  qui  servent  de  base  à  leur  indusU-ie.  L'expérience  et 
l'étiide  intelligente  de  leurs  véritables  intérêts  leur  ont  révélé  la 
.  fécondité  du  principe  de  la  transmission  intégrale  des  biens  de 
famille.  Ils  ont  acquis  par  la  pratique  de  leur  vie  entière  l'intel- 
ligence de  la  vérité  qui  assure  le  mieux  la  prospérité  des  Anglo- 
Saxons  (III,  ix,  17).  Les  maraîchers,  par  exemple,  ne  partagent 
point  les  exploitations  dont  l'étendue  est  inférieure  à  an  demi- 
hectare;  car  une  étendue  moindre,  ne  suffisant  pas  pour  occuper 
le  temps  d'une  famille,  ne  permettrait  point  à  celle-ci  de  pros- 
pérer. D'un  autre  côté,  une  famille  perdrait  beaucoup  de  temps 


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JLénNTS  DIVEBS  OB  LA  CONBTITlITiaN  SOCIALE.  407 

et  éprooTerait  une  grande  difficulté  à  cultiver  et  è  surveiller 
plusieurs  parcelles  noo  cootiguës.  En  efTet,  le  morcellement  dfô 
cultures,  dans  une  industrie  qui  réclame  un  travail  journalier, 
offre  des  obstacles  qui  n'existent  pas  au  même  degré  dans  la 
culture  des  céréales  e(  de  la  vigne,  où  le  travail  est  intermittent. 

Les  héritiers  d'un  petit  maraîcher  exploitant  le  minimum  de 
l^rain  que  comporte  cette  industrie  cèdent  ordinairement  ta 
propriété  tout  entière  à  celui  d'entre  eux  qui  est  le  plus  capable 
d'en  tirer  parti  et  de  payer  aux  autres  une  soulte  en  argent.  Â 
défaut  d'une  telle  combinaison,  ils  se  décident  ordinairement  à 
vendre  l'héritage  paternel  à  un  cultivateur  offrant  les  garanties 
conveDables  et  à  partager  le  produit  de  la  vente  ;  en  sorte  que, 
dans  tous  les  cas,  le  sol  est  préservé  du  morcellement  exag^ 
qui  entrave  souvent  l'agriculture  de  ta  France. 

La  transmission  intégrale  des  clientèles  est  encore  plus  habi- 
tuelle dans  les  entreprises  de  blanchissage.  Un  blanchisseur  se 
retire  ordinairement  des  affairée  après  avoir  successivement  établi 
tous  ses  enfants;  il  laisse  son  établissement  principal  à  celui 
d'entre  eux  qu'il  juge  être  le  plus  capable  de  l'exploiter  avec 
succès,  en  lui  imposant  l'obligation  de  servir  une  rente  viagère. 
Ce  mode  de  transmission,  bien  qu'il  ne  donne  pas  toujours  satis- 
faction au  principe  de  l'égalité  du  partage,  est,  en  généra), 
approuvé  par  l'opinion  publique.  Il  ne  soulève  de  difficultés  que 
dans  le  cas  où  l'héritier,  ne  sachant  point  tirer  parti  de  sa  posi- 
tion, ne  peut  subvenir  aux  besoins  des  parents  et  laisse  retomber 
cette  obligation  sur  les  enfants  les  moins  pourvus  (i  s). 


S  21. 

fléSDUi  DBS  OF^BATIONS  D'uNB  SOCI^TIÎ  D'iSSDBAirCBS  HUtUElLBS 
DE    LÀ    BÀNLIEUB,    PBÈS    DE    CUCHT. 

La  société  se  compose  de  130  membres.  Parmi  ceux-ci  sont 
h.  membres  honoraires  qui  ne  réclament  jamais  leurs  droits  de 
sociétaires.  Quelques  membres,  moins  aisés,  ne  font  valoir  ces 
droits  que  de  Icnn  en  loin.  La  société  ne  donne  pas  de  subies 


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4(8  CB.  VIII.  —  HAITRB-BLtNCniSSBDEt  DB  LA  BAIILIBDB  DB  FAKIS. 

ea  argent  aux  malades  ;  et  elle  porte  à  200'  la  somme  payée  aux 
veuves  et  aux  orphelios  des  sociétaires. 

Les  recettes  effectuées  depuis  la  fondation  de  ladite  sodété 
{18&0)  jusqu'à  la  fia  de  l'année  1851  sont  indiquées  ci-après, 
savoir  :  versements  des  130  membres  actuels  de  la  société  (le 
versement  total  le  plus  élevé  a  monté  à  360' 00),  3^12'  80; 

—  versements  des  sociélaires  rayés  ou  décédés,  8,710'  80;  — 
versements  de  h  membres  honoraires,  1,156' 00;  —  intérêts  des 
capitaux  placés  en  rentes  ou  à  la  caisse  d'épargne,  3,69^'  30; 

—  sommes  payées  par  divers  sociétaires  pour  être  exempts  de 
certaines  obligations  à  remplir  è  tour  de  rôle,  119'  00;  — 
recettes  diverses,  quêtes  faites  à  l'occasion  des.  fêtes  annuelles, 
i  ,979'  00.  —  Total  des  recettes^  ft0,271  '  90. 

Les  dépenses  se  répartissent  ainsi  qu'il  suit  :  frais  de  maladie, 
d'inhumation  et  de  fournitures  diverses  faites  à  des  sociétaires, 
17,902'  90;  —  frais  d'administration,  2,842'  00  j  —  capital 
en  caisse,  19,527  '  00.  —  Total  comme  ci-dessus,  40,271'  90. 

Les  recettes  de  l'année  1851  sont  indiquées  ci-après  :  revenu 
donné  par  un  capital  de  16,009'  00,  placé  en  rentes  3  p.  100, 
700'  00;  —  revenu  donné  par  un  capital  de  800'  00,  placé  en 
rentes  k  1/2  p.  100,  SU'  00;  ~  une  somme  de  292'  95  se 
trouve  dans  la  caisse  du  trésorier  et  ne  donne  par  conséquent 
point  de  revenu;  —  versements  mensuels  et  extraordinaires, 
revenus  donnés  par  le  placement  des  versements  partiels  à  la 
caisse  d'épargne,  quête  à  l'occasion  delà  fête  patronale,  4,527'  60. 

—  Total  des  recettes  pour  185i,  5,261'  60. 

Les  dépenses  sont  ainsi  réparties  :  frais  de  médacin  et  de 
médicaments  pour  59 sociétaires  malades  (les  dépenses  ont  mont.', 
pour  un  sociétaire,  à  plus  de  300'  00,  et  ont  dépassé,  pour 
h.  autres,  la  somme  de  100'  00),  2,327'  35;  -—  fournitures 
diverses  faites  k  des  sociétaires  infirmes  et  autres,  23'  00;  — 
frais  d'inhumation  de  2  sociélaires,  144'  00;  —  frais  d'inhuma- 
tion de  2  femmes  de  sociétaires,  72'  00  ;  —  somme  payée  à  la 
veuve  d'un  sociétaire  mort  dans  l'année,  200'  00  ;  —  frais  d'ad- 
ministration, 70'00;  — accroissement  du  fonds  social,  2,425' 25. 

—  Total  comme  ci-dessus,  5,261'  60. 


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<l£iibnts  divbks  db  u 
§22. 

PRÉCIS  d'une  UONOGRAPHIB  &TANT  POUH  ODJET 
LE    UARÊCBAL-FERRAHT    DU    HAINE. 

I.  Définition  du  lien,  de  l'organisation  InâaBtrielle 
et  de  la  famille. 

L'ouvrier  présentement  décrit  exerce  son  ÏDdustrie  dans  le 
système  du  miTail  sans  engagements;  il  est  en  même  temps 
propriétaire  et  oiivrier  chef  de  métier. 

L'ouvrier  habite  la  commune  de  Louvigny  (Sarthe) .  Après 
avoir  travaillé,  dans  sa  jeunesse,  pour  divers  patrons  avec  les- 
quels il  n'avait  contracté  que  des  engagements  momeutanés, 
conrormément  aux  habitudes  décrites  ci-après,  l'ouvrier,  devenu 
patron  à  son  (our,  travaille  maintenant  pour  son  propre  compte, 
avec  le  concours  d'un  apprenti. 

La  ramiilé  comprend  les  deux  époux  et  quatre  enfante.  Le 
père,  né  à  Mamers,  marié  depuis  12  ans,  est  âgé  de  37  ans.  La 
femme,  née  dans  un  village  voisin,  est  âgée  de  33  ans.  Leurs 
quatre  enfants  sont  âgés,  les  trois  ataés  de  IJ ,  7  et  &  ans,  et  le 
dernier  de  6  mois.  Un  ouvrier-domestique,  âgé  de  20  ans,  fait 
partie  de  la  communauté. 

La  famille  a  été  élevée  dans  la  religion  catholique  romaine. 
Les  sentiments  religieux,  appréciables  chez  la  femme,  sont  nuls 
chez  l'ouvrier.  Les  bonnes  moeurs,  ou  plutôt  les  habitudes  régu- 
lières qui  distinguent  ce  dernier,  sont  entretenues  par  les  senti- 
ments et  les  préoccupations  qui  se  rattachent  aux  jouissances  de 
la  propriété.  Le  principe  de  sa  moralité  est  évidemment  dans  le 
travail  opiniâtre  auquel  il  se  livre,  et  dans  les  privations  qu'il  s'im- 
pose  pour  accroître  incessamment  la  propriété  territoriale  qu'il  a 
déjà  acquise.  Ces  dispositions,  et  surtout  l'énergie  apportée  au 
travail,  établissent  une  distinction  profonde  entre  ce  type  et  celui 
du  journalier-agriculteur  de  ta  même  localité,  qui  sera  décrit  au 
tome  suivant;  mais  Ja  plupart  des  autres  traite  du  caractère  lui 


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«10  CH.  Tlll.   —  KAITRB-BUKCBISSEUI  DE  U.  tÀSUROE  DE  PARIS. 

sont  applicables.  Peut-être  même  y  a-t-il  lieu  de  constater  que 
ta  vertu  de  l'épargne,  h  l'aide  de  laquelle  seulement  peut  être 
fracchie  la  barrière  qui  sépare  l'ouvrier  du  propriétaire,  empire 
souvent  les  dispositions  du  caractère  manceau  ;  elle  détruit,  chez 
beaucoup  d'enrants,  les  sentiments  de  respect  et  d'affection  pour 
les  parents  ;  elle  dégénère  parfois,  chez  les  personnes  d'un  Age 
mûr,  en  une  lésinerie  sordide  qui  détend  tous  les  liens  sociaux; 
trop  souvent  elle  éteint  toute  disposition  à  l'enthousiasme,  au 
dévouement,  au  sacrifice  personnel.  Ordinairement,  ces  traits  du 
caractère  des  ouvriers  les  plus  enclins  à  l'épargne  n'altèrent  point 
l'harmonie  des  ménages,  où  la  femme  enchérit  sur  l'avarice  du 
mari.  Chez  certains  ouvriers-propriétaires  de^cette  localité,  cet 
âpre  désir  du  gain  conduit  souveut  au  délit  de  l'usure  (34). 

La  constitution  physique  et  la  santé  des  membres  de  la 
famille  laissent  peu  à  désirer.  Dans  les  maladies  très-graves,  on 
appelle  un  médecin  d'une  petite  ville  voisine.  Répartis  sur  plu- 
sieurs années  consécutives,  les  honoraires  du  médecin  et  les  frais 
de  médicaments  ne  dépassent  pas  une  moyenne  annuelle  de 
10  francs. 

Le  maréchal-ferrant,  qui  a  fait  son  apprentissage  comme 
ouvrier-domestique,  a  acquis,  à  force  de  travail  et  d'économie, 
les  moyens  de  s'établir  à  son  propre  compte  ;  les  propriétés  ter- 
ritoriales acquises  plus  tard  ont  aussi  permis  à  la  femme  d'appli- 
quer  une  grande  partie  de  son  activité  h  des  travaux  exécutés  au 
compte  de  la  famille  :  conformément  aux  définitions  établies 
dans  le  précis  méthodique  annexé  à  ce  volume,  la  famille  se 
rattache  donc,  à  la  fois,  à  la  catégorie  des  chefs  de  métier  et  à 
celle  des  ouvriers-propriétaires. 

II.  Horeno  d'exlsteaoe  de  lu.  famille. 

immeubles  :  maison  valant  1,^50'  00,  dont  3/5  pour  la 
partie  servant  d'habitation  à  la  famille,  soit  870  '  00  ;  —  jardin- 
verger  de  5  ares,  attenant  à  la  maison,  350'  00;  —  champs  à 
céréales  de  80  ares,  1,100'  00  (ces  immeubles  ont  été  acquis 
exclusivement  avec  les  épargnes  du  ménage) .  —  Argent  :  sommes 


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tLÉHENTS  MVetS  t>B   LA  CONSTITDTIUK  SOCULB.  4M 

dues  par  ies  pratiques  ordinaires,  250'  00.  —  L'ouvrier  laisse 
ordinairement  l'argent  qui  constitue  uue  épargne  annuelle  aux 
bonnes  pratiques  et  aux  fermiers  aisés  auxquels  il  a  fait  des 
fournilures,  jusqu'au  moment  où  il  a  besoin  de  verser  le  prix 
d'une  acquisition  de  terrain  ;  mais,  par  compensation,  ses  débi- 
teurs lui  rendent  de  temps  en  temps  quelques  services,  surtout 
en  l'assistant  dans  son  exploitation  agricole.  Quelquefois,  il  prête 
son  argent  sur  simple  billet,  plus  rarement  sur  hypothèque,  aux 
fermiers  et  aux  propriétaires  voisins  :  jamais  il  ne  le  dépose  à  là 
caisse  d'épargne.  —  Animaux  domestiques  entretenus  toute  Pan- 
née. -5  poules  avec  élèves  10^  00.  —  Animaux  domesti^s  entre- 
tenus seulement  une  pariie  de  Pannée  :  d  porc,  d'une  valeur 
moyenne  de  3â'  00,  entretenu  pendant  6  mois;  la  valeur 
moyenne  calculée  pour  l'année  entière  équivaut  à  19'  00.  — 
Matériel  spécial  des  travauco  et  industries  :  partie  de  la  maison 
qui  sert  d'atelier,  580'  00;  —  outils  de  la  forge  :  1  enclume 
pesant  175  kil.,  ayant  coûté,  neuve,  k  V  80  le  kil.,  315'  00, 
valant  encore  265'  00;  —  1  soufflet  de  foi^  avec  plaque  en 
fonte  pour  garnir  la  tuyère,  135'  00;  —  1  meule,  80'  00;  — 
lélau,  80'  00;  —  1  bigorne,  30'  00;  —12  tenailles,  2/i'  00; 
—  12  marteaux,  48'  00;  —  potence  et  crémaillère  pour  fabri- 
quer ies  essieux,  10'  00;  —  broches  et  mandrins,  30'  00;  — 
bigornes,  limes  et  filières,  /lO'  00;  —  balance  avec  ses  poids, 
35'  00  ;  —  moules  à  clous,  6'  00;  —  2  seaux  et  une  auge  en 
pierre,  16'  00;  —  1  tablier  en  cuir  avec  poche,  15'  00;  — 
outils  servant  à  l'exploitation  agricole  :  2  faucilles,  3'  00;  — 
2bédies,8' 00; —1  r&teau,  2' 00; —1  brouette,  1' 00 (la mai- 
son et  les  oulils  de  forge  ont  été  acquis  avec  les  épargnes  faites 
par  les  deux  époux,  tant  avant  qu'après  le  mariage).  —  Fond* 
de  roulement  des  travauœ  et  industries  :  l'ouvrier  a  une  faible 
quantité  de  fer  et  de  charbon  en  magasin,  mais,  comme  il  a 
acheté  ces  matières  à  crédit,  on  admet  que  son  approvisionne- 
ment n'exige  aucun  fonds  de  roulement  appréciable.  —  Valeur 
totale  des  propriétés,  3,997'  00. 

La  famille,  déjà  parvenue  à  l'aisance,  renonce  naturellement 
à  une  partie  des  subventions  qui,  dans  la  m^e  localité,  sont 


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ut  GH.  VIII.  —  HAlTBK-SLANCIlIgSEUB  Dl  LA 

ÎDdispensables  à  l'existence  des  journaliers.  Cependant,  pour 
préparer  le  ftiœier  nécessaire  à  la  culture  des  champs  et  du  jar- 
din, les  enfants  ramassent  sur  les  voies  publiques  1^  excréments 
d'animaux,  comme  le  font  les  enfants  des  plus  pauvres  ouvriers. 
Travauso  de  l'ouvrier  {maître).  —  Le  travail  principal  com- 
prend les  diverses  occupations  auxquelles  se  livrent,  dans  toutes 
tes  communes  rurales,  les  forgerons  en  bâtiment  et  les  maré- 
chaux-ferrants.  X' ouvrier  est  assisté  par  un  aide,  qui  est  «itré 
dans  la  Tamille  en  qualité  d'apprenti,  et  qui,  devenu  com- 
pagnon, continue,  en  ce  qui  concerne  la  nourriture  et  l'habi- 
talioD,  à  faire  partie  de  ia  communauté.  L'ouvrier  consacre,  au 
travail  de  forge  et  de  maréchal^e,  âOO  journées  estimées  h 
2' 10.  Les  travaux  secondaires  sont  :  le  concours  apporté  à  la 
femme  pour  la  culture  ^u  jardin  et  des  champs  (6  joum.),  et 
l'entretien  de  la  maison  (2journ.).  —  Travaux  de  ia  femme.  — 
Le  travail  principal  a  pour  objet  les  travaux  de  ménage 
{130  joum.).  Parmi  les  travaux  secondaires,  le  filage  du  chanvre, 
pour  les  besoins  du  ménage  ou  pour  le  compte  de  diverses  per- 
sonnes, occupe  la  majeure  partie  du  temps  (126  joum.).  Ce 
travail,  ei  peu  lucratif  ailleurs,  donne  ici  à  la  femme,  grâce  à 
une  activité  soutenue  et  à  une  adresse  peu  commune,  un  salaire 
relativement  assez  élevé  (0'  Sk  par  jour). Les  autres  travaux  de 
la  femme  sont  :  la  culture  du  jardin  et  des  champs  à  céréales 
(27journ.),  l'explotlation  des  animaux  domestiques  (16  joum.), 
et  la  confection  des  vêtements  (20  journ.).  —  Travauso  des 
deux  enfants  aînés.  —  Les  deux  enfants  atnés  secondent  la  mère 
dans  ses  travaux  et  ramassent  du  fumier  sur  les  voies  publiques.  — 
Industries  entreprises  par  la  famille.  —  Parmi  ces  industries, 
l'exploitation  de  la  forge  maréchale  occupe  le  premier  rang.  La 
famille  tire,  en  outre,  de  notables  bénéfices  de  la  culture  du 
jardin  et  des  champs,  de  l'élevage  des  poules  et  de  l'engraisse- 
ment du  porc. 

III.  Kode  d'ezlBtenoe  de  U  fiunlUe. 

Contrairement  aux  habitudes  que  provoque,  dans  d'autres 
■  contrées,  rexerci(!e  des  travaux  de  forge,  les  produits  animaux 


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fiLlKlflINTS  DlVSeS  DS  LA  COKSTITDTION  SOCIALK.  4(3 

n'occupent  qu'un  rang  secoudaire  dans  la  nourritura  de  la 
Eaioille  ;  ses  aliments  principaux  sont  le  pain  et  une  boisson  f^~ 
mentée,  nommée  cidre,  faite  avec,  des  pommes.  On  a  constaté, 
ea  comparant  les  diverses  monographies  de  cet  ouvrage,  qu'il 
est  peu  de  familles  européennes  où  l'on  fasse,  toute  proportion 
gardée,  une  consommation  Je  pain  aussi  considérable.  Le  nombre 
et  la  composition  des  repas  sont  établis  ainsi  qu'il  suit,  dans  les 
saisons  d'été  et  d'hiver.  —  1"  Du  1"  juin  au  M  août  :  déjeuner 
(six  heures)  :  pain  avec  beurre  ou  fromage  j  —  dîner  (midi)  : 
soupe  maigre  (au  pain)  et  légumes  cuits,  auxquels  on  ajoute  du 
lard  le  dimancbe  et  un  autre  jour  de  la  semaine;  —  goftter 
(quatre  heures)  :  pain,  fromage  ou  fruits,  et  souvent  une  Miée, 
c'esl-à-dire  de  la  mie  de  pain  trempée  dans  du  cidre-,  —  souper 
(huit  heures)  :  soupe  faite  comme  celle  du  diner,  et  pain  avec 
fix)mage.  —  2'  Du  1"  septembre  au  31  mai  :  déjeuner  (huit 
heures)  :  soupe  (au  pain),  puis  pain  avec  fromage,  beurre  ou 
légumes  cuits  à  l'eau  et  au  sel  ;  ~—  dîner  (une  heure)  :  pain  avec 
fruits  ou  fromage  ;  le  dimanche  seulement,  on  ajoute  à  cet  ordi- 
naire le  lard  avec  lequel  la  soupe  du  déjeuner  a  été  faite;  — 
souper  (huit  heures)  :  soupe  maigre  (au  pain),  puis  pain  avec 
fromage.  —  La  famille,  y  compris  l'aide-ouvrier,  boit  par  jour 
&k  k  litres  d'une  boisson  composée  de  trois  quarts  de  cidre  pur 
et  d'un  quart  d'eau. 

La  maison  occupée  par  la  famille  se  compose  d'un  atelier 
de  forge,  d'une  grande  chambre  au  rez-de-chaussée,  d'une  cave 
et  d'un  grenier.  Les  lits  de  la  famille  se  trouvent  dans  la  chambre 
du  rez-de-chaussée,  celui  de  l'aide  est  placé  au  grenier,  dans 
un  compartiment  formé  avec  des  cloisons  en  planches.  Le  mobi- 
lier comprend  les  différents  objets  désignés  ci-après.  —  Meubles  : 
i  lit  pour  les  deux  époux,  1  lit  pour  les  enfants,  1  lit  pour  les 
plus  jeunes  enfants,  1  lit  pour  l'aide-ouvrier,  1  berceau,  1  table, 
10  chaises,  1  armoire  neuve,  1  armoire  vieille,   1    buffet, 

1  coffre,  1  garniture  de  cheminée,  1  horloge  à  poids,  1  glace, 
317  '  25.  —  Ustensi  les  :  2  pipes  (tonneaux)  pour  cidre,  2  poin- 
çons pour  tonneaux,  2  marmites,  6  fAais,  &8  assiettes,  12  verres, 

2  pots,  2  pintes,  H  couteaux,  12  cuillers  et  12  fourchettes. 


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444  GH.  VIII.   —  ■tAtTMK-BLAnCHIBSinil  DB   LA  BANLIIOB  Dl  PlaU. 

1  coOrâ  à  sel,  1  saloir  pour  la  Tiaode  de  p(»ï:,  1  grille,  1  lan- 
terne, 1  chandelier,  3  fers  à  repasser,  1  rouet  à  filer,  1  hache, 

1  Berpe,  92'  50.  —  Linge  de  ménage  :  10  paires  de  draps 
de  chanvre,  /[  nappes,  6  essuie-mains,  6  torchons,  ser- 
viettes, 8â'  00.  —  Vêlements .:  ils  se  réduisent  au  strict  néces- 
saire, sauf  en  ce  qui  concerne  les  chemisa  du  trousseau.  — 
Vêtements  du  mattre  :  pour  le  dimanche  :  1  veste,  1  gUet  et 
i  pantalon  de  drap  pour  l'hiver;  1  veste,  i  gilet  et  1  pantalon 
d'étoffe  de  coton  pour  l'éti  ;  J.  cravate  de  coton  ;  1  paire  de  sou- 
liers ;  1  chapeau  de  feutre,  /lO  '  00  ;  —  pour  le  travail  :  2  blouses, 

2  vestes  et  2  pantalons,  2  cravates,  2  paires  de  bas,  1  paire  de 
souliers,  1  casquette,  â  bonnets  de  coton  et  10  chemises,  56'  80. 

—  Vêtements  de  la  femme  :  pour  le  dimanche  :  2  robes,  2  ta- 
bliers et  k  fichus,  1  paire  de  souliers,  k  coiffes,  6  mouchoirs  de 
poche,  croix,  épingles  et  anneaux  en  or,  79'  00  ;  —  pour  le  tra- 
vail :2jupons  et  2  tabliers,  6  tabliers  de  travail,  6  fidius,  h  paires 
de  bas,  1  paire  de  souliers,  2&  chemises,  66'  50.  —  Vêtements 
des  enfants  :  pour  le  dimanche,  28' 00; — pour  le  travail,  12' 00. 

—  Valeur  totale,  775'  05. 

Les  récréations  sont  à  peu  près  les  mêmes  que  pour  la 
famille  du  jouroalier-agricuiteur  décrit  dans  le  tome  suivant  ;  il 
est  à  remarquer  que  les  dépenses  personnelles  de  l'ouvrier,  con- 
tenues par  l'esprit  d'économie,  sont  loin  de  s'accroître  en  raison 
du  degré  d'aisance  auquel  il  s'élève.  La  récréation  favorite  d'un 
ouvrier  de  cette  condition  moins  enclin  à  l'épargne  est  le  tir  à  la 
cible,  où  les  concurrents  se  disputent  un  prix  payé  par  les  caba- 
retiers  qui  provoquent  ordinairement,  dans  l'intérêt  de  leur 
commerce,  ce  genre  de  réunion. 

T7.  Histoire  de  la  fomille. 

Les  enfants  d'un  ouvner  placé  dans  la  condition  décrite  par 
ce  précis  fréquentent  l'école  jusqu'à  l'âge  de  Ik  ans  ;  ceux  qui 
ne  sont  point  pris  par  le  père  en  qualité  d'apprentis  entrent  alors 
ordinairement  au  service  d'un  fermier,  lis  font  chez  ce  dernier 
l'apprentissage  de  la  profession  d'agriculleur,  et  se  mettent  ainsi 


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iLÉHBNTB  DITBns  DB  LA  CONSTITUTION  SOCMLB.  418 

eo  mesure  d'entrefo^ndre,  avec  les  capitaux  avancés  par  leurs 
parents,  i'exploitatioa  d'une  ferme  et  plus  tard  celle  de  leur  héri- 
tage. Lorsque  le  maréchal-feirant  ne  prend  pas  son  apprenti 
parmi  ses  enfants,  il  le  choisit  parmi  ceux  des  ouvriers-jouroa- 
liers  de  la  localité  qui  se  recommandent  le  mieux  par  leur  vigueur 
physique  et  par  leur  aptitude  au  travail  ;  à  qualités  égales,  il  le 
prend  de  préférence  parmi  ses  parents.  Suivant  l'aDCtenne  cou- 
tume qui  s'est  conservée  intacte  chez  cette  classe  d'artisans 
ruraux  («  s] ,  le  jeune  apprenti  entre,  à  Ik  ans,  chez  son  patron  ; 
pendant  un  an,  il  y  reçoit  simplement  ta  nourriture,  le  logement 
et  le  blanchissage  ;  à  dater  de  son  entrée,  il  fait  véritablement 
partie  de  la  famille;  pendant  les  deux  années  suivantes,  il  reçoit, 
en  outK,  un  salaire  de  6  à  7  francs  par  mois.  Après  ces  trois 
ans,  l'apprend,  devenu  compagnon,  continue  à  rester  chez  le 
maréchal-ferrant,  et  y  reçoit  alors  12  à  13  francs  par  mois  ;  des 
indemnités,  des  pourboires  viennent  s'ajouter  à  cette  recette,  et 
lui  permettent  de  foire  annuellement  une  certaine  épargne.  Si  donc 
il  est  économe  et  industrieux,  il  peut  arriver  lui-même  à  la  con- 
dition où  l'exposé  de  ce  précis  suppose  le  patron  parvenu,  alors 
même  qu'il  n'aurait  aucun  secours  de  ses  parents.  Outre  ses 
épargnes,  qui  constituent  la  base  de  son  succès,  il  a  en  per- 
spective diverses  chances  d'améliorer  sa  position  :  il  peut  pré- 
tendre à  épouser  une  fille  possédant  une  certaine  dot,  souvent 
même  la  fille  de  son  patron;  en  cas  de  mort  prématurée  de  ce 
dernier,  ce  sera  lui,  en  général,  qui  sera  appelé  à  exploiter  la 
clientèle  d'un  commun  accord  avec  la  veuve  et  les  enibnts.  Dans 
tous  les  cas,  ses  économies  le  mettront  sûrement  en  position  de 
s'établir  lui-même  un  jour  dans  le  pays  eDTÏronaant,  sinon  dans 
le  même  village.  L'ouvrier  qui,  comme  compagnon  et  céliba- 
taire, avait  contracté  l'habitude  de  l'épargne,  la  conserve  après 
son  mariage  et  lorsqu'il  s'est  à  son  tour  établi  comme  chef  de 
méder.  Dans  ces  conditions,  il  ne  tanje  pas  h  devenir  proprié- 
taire de  son  habitation  et  de  plusieurs  lots  de  teire  arable  dont 
il  augmente  le  nombre  aussi  longtemps  qu'il  peut  continuer 
l'exercice  de  sa  profession.  L'admission  de  l'apprenli  dans  la 
famille  du  patrcrn  subsiste  encore  pour  beaucoup  de  professions} 


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E-BLANCniBSBUR  DE    LA  BAXLIEUi!  DB  PAlIg. 


elle  domine  même  à  Paris  dans  plusieurs  métiers.  Il  n'en  est  pas 
de  même  pour  les  compagnons,  qui,  dans  les  villes,  font  rare- 
meot  partie  du  méaage  auquel  ils  sont  attachés  par  leur  travail. 
L'admissioD  du  compagnon  dans  le  ménage  du  matlre  présente  ' 
cependant  une  combinaison  recommandable  à  beaucoup  d'égards  : 
elle  assure  au  palron  un  concours  exclusif,  assidu  et  dévoué; 
elle  préserve  le  jeune  ouvrier  contre  les  écueils  de  l'isolement  ou 
d'une  trop  grande  liberté;  elle  Tait  participer  l'un  et  l'autre  à  tous 
les  avantages  matériels  et  moraux  de  la  vie  en  commua. 

V.  Budget  domestique  annuel  et  avenir  de  la  famille. 

Recettes  de  la  famille.  —^  Revenus  des  propriétés,  171  '  50  ; 
—  produits  des  subventions,  1'  00;  —  salaires,  l,Oùl'  00;  — 
béDéfices  des  industries,  373'  60. —  Total des  receUeSyi,^&7^  00. 

Dépenses  de  la  famille.  —  Nourriture,  706'  50  ;  —  habita- 
tion, 153'  00;  —  vêtements,  173'  00;  —  besoins  moraux, 
récréations  et  service  de  santé,  66'  50;  —  industries,  dettes, 
impôts  et  assurances,  1 78'  00.  —  Total  des  dépenses,  i,'îll  '  00. 

Les  recettes  donnent  sur  les  dépenses  un  excédant  annuel 
de  310'  00;  celle  épargne  résulte  de  la  valeur  des  fournitures 
livrées  aux  pratiques  ordinaires  de  la  forge;  l'ouvrier  oe  réclame 
cette  somme  que  lorsqu'il  trouve  l'occasion  d'acquérir  un  lot  de 
teiTe  ou  de  la  prêter  à  intérêt.  Ce  précis  offre  l'exemple  d'une 
famille  établie  dans  une  contrée  dépourvue  de  ressources  indus- 
trielles et  surchargée  de  bras,  qui  parvient,  h  l'aide  du  travail, 
de  la  sobriété  et  de  l'économie,  à  se  créer  une  existence  assurée 
et  indépendante.  Ce  cas  est  fréquent,  en  Europe,  dans  la  classe 
intéressante  des  artisans  ruraux  :  il  prouve  que  la  possession  de 
certaines  qualités  morales  est  la  condition  essentielle  de  l'indé- 
pendance, tandis  que  l'absence  de  ces  mêmes  qualités  retient 
dans  une  condition  précaire  les  ouvriers  placés  dans  le  milieu 
social  le  plus  favorable  à  l'élévation  des  individualilés  inférieures 
(III  :  VI  et  vu,  la).  Les  maréchaux-ferrants  et  1^  forgerons 
en  bâtiment  sont  les  petits  chefs  de  métier  ruraux  qui  résistent 
le  mieux  aux  envahissements  de  la  grande  industrie. 


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lih^BNn  AITIU  •■  LA  «KtSntBTHlN  SQCULV. 


.    S23.  .  .     ; 

BOMHES  HCBCAS  COHSBBVÉEB   PAEVI   CBATÀIUS  TTPE8 
p'ODTBIBaS   HORIUX. 

Nous  avons  indiqué  dans  uoeautre  moDOgraphie(lV,vii,  >«) 
les  mémorables  découvertes  qui,  eu  substituant,  dans  le 
cours  du  xvii'  et  du  xvui'  siècle,  le  travail  des  moteurs  ioanimés 
et  celui  des  machines  au  travail  des  bras,  ont  dénaturé  peu  à 
peu  te  caractère  des  fabriques  rurales  collectives,  et  fait  tomber 
en  désuétude  l'antique  organisation  des  corporations  urbaines 
d'arts  et  métiers  (i,  1 9) .  C'est  à  ces 'découvertes,  beaucoup'  plus 
qu'aux  nouvelles  convenances  sociales  et  politiques,  qu'il  faut 
attribuer  les  modifications  profondes  qui  se  sont  iatroduites-daas 
l'ancieDoe  oi^aisation  de  l'Iadustrie. 

Cependant  l'esprit  des  anciennes  instilutioDs  industrielles' nç 
s'est  point  complètement  perdu  en  France  :  il  s'est  conservé,  eo 
partie,  dans  les  usiaes  métallui^ques  alimentée  par  le  combuB^ 
tible  végétal  (vi,  3i),et,  en  générai,  dans  les  grandes  usines  qui^ 
à  raison  de  la  supériorité  de  leurs  produits,  ont  pu  se  défendre 
mieux  que  les  autres  contre  les  atteintes  de  la  mauvaise  coneup- 
rence.  L'ancienne  organisation  est  à  peu  près  intacte  dans  les 
petits  ateliws  ruraux  des  fabriques  collectives  qui  ne  se  sont  point 
écartées  de  leur  principe.  Enfin,  les  atelio^  ruraux  affectés  a/a 
service  de  la  population  locale,  et  par  exemple  celui  qu'exploite 
la  famille  décrite  dans  le  présent  chapitre  (ss),  ont  gardé  les 
relations  de  communauté  qui  existaient,  dans  les  anciennes  cor- 
porations industrielles,  eatre  les  maîtres,  les  compagnons  et  les 
apprentis.  On  peut  même  c^server  encore  aujourd'bai  de  petits 
-  ateliers  où  le  principe  fondameotal  de  l'ancien  r^me,  la  soli- 
.  darilé  perpétuelle  du  patron  et  de  l'ouvrier,  a  été  fermemeat 
maintenu,  par  dérogation  aux  principes  généraux  de  la  législa- 
tion moderne.  Dans  plusieurs  localité  où  ces  relations  subsistait 
encore,  avec  le  consentement  mutuel  des  mattres  et  des  ouvriers, 
l'harmonie  sociale  est  fërmemçQt  garantie;  la.  qoléttide  mêibe 

IV.  « 


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4lB  <m.  VlII.  —  UITBK-BLANGBIURDH  Dl  LA  UNLtlVB  DB  P1M8. 

oh  vivent  les  populations  soumises  k  ce  régime  n'a  guère  permis 
que  rattentioQ  publique  se  dirigeât  vers  ces  districts  exception- 
nels. Les  personnes  qui,  dans  ces  derni^^  temps,  ont  critiqué 
l'organisation  actuelle  de  l'industrie,  auraient  sour^it.été  con- 
duites à  d'autres  conclusions,  si  elles  avaient  su  que  plusieurs 
institutions,  proposées  comme  des  réformes  utiles  à  l'Occident,  y 
ont  été  abrogées  par  le  progrès  même  des  nouveautés  de  l'époque 
actuelle.  Elles  ne  sont  restées  en  vigueur,  ^  et  là,  que  sons 
l'influence  de  circonstances  particulières.  Parmi  les  catégories 
d'ouvriers  qui  ont  ainsi  conservé  l'esprit  des  anciennes  institu- 
tions européennes,  le  saunier-kltrier  de  la  Saintonge  est  un  des 
types  les  plus  curieux  que  l'on  puisse  étudier. 

L'art  du  saunier  consiste  à  extraire,  pendant  la  saison 
chaude,  le  sel  marin  des  eaux  de  la  mer.  Ces  eaux,  admises 
dans  de  vastes  réservoirs  inférieurs  au  niveau  des  plus  hautes 
marées,  sont  ensuite  distribuées  sur  dff  vastes  espaces  où  elles 
subissent  l'action  des  vents  et  du  soleil.  Concentrées  progressi- 
vement sur  une  série  d'aires  d'évapo  ration,  elles  laissent  enfin 
déposer,  à  l'extrémité  de  ce  système  de  circulation,  le  selqu' elles 
.  tiennent  en  dissolution.  Le  saunier  préposé  à  la  direction  de 
chaque  atelier  exerce  cette  îadustrie  de  ses  pro[H%s  mains,  avec 
le  concours  de  sa  femme,  de  ses  enfants  et  quelquefois  d'un 
apprenti.  Le  simple  saunier  exploite  en  vertu  d'un  engag^nent 
contracté  avec  le  propriétaire  du  sol,  et  dont  la  durée  peut,  à  la 
volonté  de  chacune  des  parties,  ne  pas  excéder  le  terme  d'une 
année.  Le  saunier-lettrier,  au  contraire,  exploite  en  vertu  d'une 
lettre,  c'est-à-dire  d'un  acte  authentique  ou  sous  seing  privé, 
d'une  date  fort  ancienne,  qui  lui  confère,  ainsi  qu'à  ses  héritiers, 
le  droit  de  sauner  à  perpétuité  sur  une  étendue  déterminée  de 
marais,  alors  même  que  celui-ci  viendrait  à  être  subdivisé  entre 
plusieurs  propriétaires.  Cette  convention  grève  la  propriété,  au 
profit  de  l'ouvrier,  d'un  véritable  droit  exclusif  au  travail  :  sou- 
vent, la  lettre  ayant  été  égarée,  ce  droit  repose  seulement  sur 
la  nouviété  publique.  L'oavrier  peut  en  disposer  de  son  vivant 
en  faveur  de  l'un  de  ses  hântiers  ;  il  est  égalem«it  autorisé  par 
l'usage  à  le'constituer  en  dot  à  l'un  de  ses  entants.  Comao 


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ÉLÉHBKT*   DIVBBS  DB    Li  COKSTITinriON  SOaALB.  it9 

rétributioD  de  son  travail ,  le  saaaier  reçoit  le  tiers  du  prix  de  la 
récolte  de  sel  vendue  par  le  palroo*^  II  jouit,  en  outre,  de  tous  les 
produits  accessoires  du  marais,  produits  importants  pour  l'éco- 
nomie domestique  de  la  famille,  et  qui  peuvent  élre  considérés 
comme  de  véritables  subventions.  Au  nombre  des  plus  essentiels, 
il  faut  compter  les  céréales  et  les  légumes  récoltés  sur  les  Bossu, 
c'est-à-dire  sur  les  banquettes  fertiles  qui  séparentles  réservoirs 
des  aires  d'évaporation  ;  viennent  ensuite  :  l'herbe  des  pâturages 
naturels  formés  par  les  terrains  qui  ne  sont  que  momentané- 
ment submergés,  le  poisson  et  les  huttres  élevés  dans  des  réser- 
voirs spéciaux  coTistruils  par  le  saunier,  enân  le  bois  de  diauf- 
fage  provenant  de  la  coupe  réglée  des  arbrisseaux  croissant  dans 
le  marais.  En  échange  de  ces  avantages,  le  saunier  est  tenu 
d'exécuter  tous  les  travaux  de  saunage,  y  compris  l'accumala- 
tion  du  sel  dans  les  dépôts  où  ce  produit  est  repris  pour  être 
immédiatement  transporté  à  bord  des  navires.  Toutes  les  répara- 
tions, et  une  partie  des  établissements  nouveaux  à  créer  dans  le 
marais,  sont  à  la  charge  de  l'ouvrier;  mais  le  propriétaire  sup- 
porte de  moitié  avec  lui  les  dépenses  relatives  à  l'abaissement» 
au  stirhaussement  ou  à  la  reconstruction  complète  des  aires  du 
marais. 

L'industrie  du  saunier  a  donc  conservé  en  France,  jusqu'à 
ce  jour,  les  habitudes  qui  forment  encore  la  base  de  l'oi^nisa- 
tion  industrielle  de  l'Orient.  Ce  régime  garantit  contre  toute 
éventualité  l'exiâteoce  des  ouvriers,  en  leur  assurant  un  droit 
au  travail  aussi  stable  que  la  propriété  elle-même;  il  identi6e 
l'intérêt  de  l'ouvrier  et  celui  du  propriétaire;  il  écarte  les  ques- 
tions irritantes  que  soulève  la  fixation  du  salaire;  enfin  il  réalise, 
sous  la  forme  la  plus  positive  et  la  plusdirecte,  cette  association 
du  capital  et  du  travail  qui  se  retrouve  également  dans  beau- 
coup d'institutions  agricoles  de  l'Europe  méridionale.  Plusieurs 
économistes,  frappés  des  imperfections  du  régime  moderne, 
indiquent  justement  ces  associations  comme  le  meilleur  remède 
à  certains  embarras  de  cette  époque. 

Au  nombre  des  types  anciens  qui  se  sont  conservés  jusqu'à 
nos  jours,  contrairement  à  l'esprit  des  lois  modernes  et  nonob- 


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4t0  CR.  Ttir.   —  HAITM-^LUrCHUSKini  DR    LA  BANLIBDE  DB  PAHI9. 

£taDt  Ta  TolôQté  de»  propnétàires,  où  peut  encore  cita*  les  culti- 
-  valeurs  du  pays  de  Cambrai-el  de  plusieurs  districts  ruraux  du 
.  nord  de  la  France,  qui,  eu  se  fondant  sur  d'ancienoes  conces- 
r  fiioDâ,  revendiquent,  de  génération  en  génération,  le  droit  exclusif 
d'exploiter  certaines  propriétés  dans  le  régime  qui  est  encore 
désigné  dans,  ce  pays  sous  le  nom  de  mauvais  gré.  La  descrip- 
'  UoD  que  Fénelon  en  a  tracée  dans  les  termes  suivants  *  est  encore 
rapplicable  à  l'état  de  choses  qui  règue  aujourd'hui. 

«  Les  propriétaires  des  codsk  ou  des  terres  du  Gambrésis, 
les  ayant  uue  fois  données  à  ferme,  n'en  peuvent  plus  disposer 
dans  toute  la  suite  en  faveur  d'autres  fermiers.  Les  peuples  se 
sont  fait  un  point  d'honneur  de  demeura  chacun  dans  leurs 
occupations  de  crises  ou  de  terres,  malgré  les  propriétaires  et 
malgré  tous  ceux  qui  voudroient  les  en  déposséder.  D'autres  fer- 
miers  n'osent,  ni  enchérir  les  fermes,  ni  les  prendre  à  un  moindre  ' 
.  prix  ;  car,  ou  bien  ils  seroient  tuez  dans  le  temps  qu'ils  seroient 
le  moins  sur  leurs  gardes,  ou  bien  la  censé  ou  la  grange  où  ils 
auroieut  mis  les  grains  de  leur  première  récolle  seroient  infailli- 
blement brûlez.  Ce  malheur  fait  gémir  plusieurs  provinces 
-entières,  comme  le  Hainaut,  le  Gambrésis,  l'Artois,  la  chas- 
tetlenie  de  Lille,  la  plus  grande  partie  de  la  Flandre  et  de  la 
Picardie...  a 


VICES    KéCBHIfENT    DÉVELOPPIÉS    PiRUI    CERTAINES    CLASSES 
DE  PBÊTBUHS,  DE  COLFOBTEDRS  ET  DB  CABABETIER3. 

Parmi  les  types  sociaux  dont  cette  monographie  oG^  un 
exemple,  et  particulièrement  dans  la  ctassedes  petits  marchands, 
des  colporteurs  et  des  cabaretiers,  il  s'est  développé  eu  France, 
à  côté  des  personnes  qui  remplissent  honorablement  ces  profes- 

1.  J'ai  obteau,  par  l'obligMiite  iaterveadan  de  H.  le  comte  de  Gtaldneoart,  caiM 
place  iatéreuante  da  H.  Le  GUy,  directeur  des  «Khlras  géndralea  da  dâptrteONat  da 
Nord>  H.  Le  Glay  a  trouTâ,  dans  Isa  papien  de.Fdnelon,  t»  docomeot  écrit  de  U  main 
de  l'thM  De»  Anges,  secrétaire  iaiime  de  rarebeTêqae,  r.  l.-p. 


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DITBtS  M  LA  CONSTITUTION  SOCIALE,  W 

sions,  des  types  '  qui  sont  au  milieu  de  DOtre  société  une  cause 
permanente  de  démoralisation.  Ces  funestes  indÏTidualilés  sont 
également  développé»  en  Angleterre  et  dans  tout»  les  contrées, 
où  les  ouvriers  ne  sont  point  défendus,  contre  les  maux  résul- 
tant de  l'exercice  iaintelligent  de  leur  libre  arbitre,  par  le  patro- 
nage des  propriétaires  et  des  chefs  d'industrie.  Parasites  de  la 
plus  dangereuse  espèce,  ces  individus  vivent  aux  dépens  des 
ouvriers  imprévoyants  dont  ils  s'appliquent  à  exciter  les  vices  et 
les  passions.  Il  est  difficile  de  réprimer  leur  influence  dans  les 
pays  oh  les  institutions,  n'ayant  point  prévu  ce  danger,  visent  à 
donner  aux  transactions  la  plus  grande  somme  de  liberté. 

De  tous  les  symptômes  de  désoi^nisation  sociale,  le  plus 
affligeant  peut-être  est  offert  par  les  che6  d'industrie  qui  se  coa- 
lisent avec  les  petits  marchands  de  la  localité  pour  démoraliser 
leurs  ouvriers  et  pour  reprendre,  par  une  voie  détournée,  une 
partie  du  salaire  nominal.  Tel  est,  en  particulier,  le  cas  des  fabri- 
cantsdu  Staflbrdshire  qui  pratiquent  le  frucft  jj/«ïem,c'est^-dire 
qui  obligent  leurs  ouvriers  à  prendre  à  compte  sur  le  salaire, 
dans  des  boutiques  désignées,  des  objets  de  consommation  dont 
le  prix  est  porté  au-dessus  des  cours  ordinaires  du  commerce. 

Il  ne  parait  pas  que  les  ouvriers  français  aient  èi  souffrir  de 
semblables  manœuvres  ;  mais,  en  revanche,  ils  sont  exposés  aux 
embftches  de  diverses  catégories  d'usuriers.  Parmi  ces  derniers, 
les  plus  redoutables  exploitent  l'entraînement  irréfléchi  qui  porte  - 
vers  l'acquisilioa  des  propriétés  immobilières  l'ouvrier  posses- 
seur de  quelques  épargnes,  et  surtout  ie  petit  propriétaire  dési- 
reux de  s'arrondir.  Excitant  l'ouvrier  à  acquérir  plus  de  terre 
qu'il  n'en  peut  actuellement  payer,  ils  dissimulent  habilement  le 
délit  d'usure  en  ne  réclamant  qu'un  intérêt  modéré  sur  un  prix 
de  vente  bien  supérieur  à  la  valeur  réelle  de  la  parcelle  vendue. 
Dès  qu'un  pareil  marché  est  conclu,  le  propriétaire  est  menacé 
d'une  mine  certaine,  car  le  profit  annuel  à  tirer  de  son  acquisi- 
tion reste  toujours  inférieur  à  l'intérêt  qu'il  est  obligé  de  swvir. 
Après  un  délai  que  l'usurier  peut  tout  d'abord  calculer,  l'impru- 
dent propriétaire  doit  être  dépossédé  de  ses  nouvelles  acquisi- 
tions, souvent  de  son  héritage.  Les  usuriers  qui  vendent  à  crédit 


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411  CH,   VIII.  —  MAlTBB'BLANCaiSSEUK  DB   Lk  BANLIBUE  DE  FAHIS, 

tes  bestiaux  exercent  aussi  de  grands  ravages  citez  les  popula- 
tions qui,  D'ayant  pas  assez  d'empire  sur  elles-mêmes  pour 
amasser  la  somme  nécessaire  à  l'acquisition  des  animaux  domes- 
tiques, veulent  cependant  tirer  parti  des  pâturages  communaux. 
I^e  délit  d'usure  est  encore  exercé,  avec  une  variété  infinie  de 
combinaisons,  par  les  marctiands  d'objets  de  consommation 
usuelle,  qui  placent  les  ouvriers  dans  leur  dépendance  en  les 
excitant  h.  contracter  une  dette  qu'ils  ne  puissent  facilement 
acquitter,  et  qui  se  servent  ensuite  de  l'ascendant  acquis  de  cette 
manière  pour  obliger  la  famille  à  accepter  des  livraisons  de  qua- 
lité inférieure  ou  de  mesure  insuDisante.  Enfin,  les  ouvriers  des 
petits  hameaux  et  des  habitations  éparses,  qui  échappent  aux 
exactions  des  usuriers  établis,  sont  exploités  par  des  brocanteurs 
ambulants  qui  joignent  souvent  à  leurs  opérations  ostensibles  un 
commerce  clandestin  de  l'ordre  le  plus  dangereux  :  tel  est  le  cas 
des  colporteurs  qui  font  le  commerce  des  objets  volés,  qui  dis- 
tribuent dans  les  campagnes  des  images  et  des  objets  obscènes, 
ou  des  livres  attaquant  la  société  et  la  morale. 

lîn  France,  la  classe  la  plus  pernicieuse  pour  la  santé  et  les 
mœurs  des  ouvriers  est  celle  des  cabaretiers,  des  logeurs  et  des 
aubergistes  de  bas  étage  :  elle  exploite  leur  imprévoyance,  leurs 
passions  et  leurs  vices,  avec  une  fmesse  et  une  habileté  dont  on 
se  fait  dilTicilement  une  idée  quand  on  n'a  point  eu  occasion 
d'observer  leurs  manoeuvra.  Dans  la  nouvelle  orgaaisation 
sociale,  le  cabaretier  prend  devant  les  ouvriers  imprévoyauls  la 
place  qu'occupaient,  sous  l'ancien  régime,  les  corporations,  le 
patron  ou  le  prêtre.  Toutes  les  secousses  qui  rompent  quelque 
tradition  ancienne,  dans  une  société  imparEaitemeut  préparée 
pour  un  nouvel  ordre  de  choses,  n'ont  guère  d'autre  résultat 
matériel  que  d'accrottre  subitementle  nombre  des  cabarets.  L'une 
des  causes  les  plus  actives  de  cet  envahissement  est  la  suppres- 
sion des  habitudes  qui  assuraient  aux  ouvriers  une  honnête 
diversion  au  travail.  Les  meilleurs  ouvriers  commencent  à  iré- 
quenter  le  cabaret  pour  y  prendre  la  distraction  qu'ils  ne  trou- 
vent plus  chez  le  patron,  dans  les  corporations  ou  dans  l'église; 
mais  ce  besoin  légitime  dégénère  bientôt  en  intempérancet  et  la 


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i  DB  LA  CO^fSTITUTION  SOCIAU. 


famille  se  trouve  exposée  à  une  cause  permanente  de  désoi|[a- 
Disation. 

En  Angleterre,  en  Norvège,  aux  États-Unis,  où  une  extrême 
liberté  est  laissée  aux  entreprises  individuelles,  ces  mêmes  désor- 
dres se  font  sentir  :  l'influence  du  climat,  et,  à  ce  qu'il  semble 
aussi,  une  disposition  particulière  de  la  race,  y  ont  même  déve- 
loppé encore  plus  qu'en  France  le  nombre  des  cabarets.  Mais, 
par  compensation,  les  chefs  d'industrie  y  regardent,  pour  la 
plupart,  comme  un  devoir  de  conjurer  le  mat  en  donnant  aux 
ouvriers  l'exemple  des  pratiques  religieuses.  En  outre,  et  sans 
réclamer  d'autres  auxiliaires  que  la  force  des  mœurs  privées,  ils 
ont  combattu  d'une  manière  encore  plus  directe  l'influence  des 
cabaretiers  par  la  création  des  sociétés  de  tempérance  dont  le 
principe  est  indiqué  précédemment  (III,  n,  1  e). 


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CHAPITRE  IX 

CHARPENTIER   (du  devoir) 


D'APt&S    LIS    IBHSBrONBHBRTS    BBCOBILLIS    SUB    LBB    LIBDX, 
EK    AVRIL    BT    MAI    1858, 

Pak   HM.  A-  POCILLON   ET    F.   LE    PLAY. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 

D^PINIBBANT  Ll  GOKDITIOIf  DIS  DIVIRS  MBMBBIS  OB  LA  FAMILLB. 

»Mat«iMa  *u  Uen,    die   ■'•^aHiw«*a    ln«WBlrlelle 
et  dic  la  fMnllle. 

SI- 

ÉTKT  DU   SOL,   DE   lSnDUSTKIB  ET  DB   Ll   POPDLATION. 

La  Tamille  habite,  à  Paris,  une  maison  située  sur  un  des 
quais  de  ta  rive  droite  de  la  Seioe  (9°**  arrondissement) .  Cette 
maison  est  composée  de  plusieurs  corps  de  bâtiment  à  5  étages  ; 
on  y  compte  6â  locataires  (familles  entières  ou  célibataires). 
L'ouvrier,  qui  s'est  acquis  une  certaine  réputation  dans  son  art, 
est  attaché  à  un  chantier  de  charpente  pour  les  constructions. 
En  18&5,  il  y  avait,  à  Paris  et  dans  la  banlieue,  7,500  ouvriers 
de  cette  profession  ;  mais,  depuis  cette  époque,  l'emploi  du  fer 
et  de  la  fonte,  en  restreignant  incessamment  l'emploi  du  bois, 
B  réduit  ce  nombre  à  8,000  environ. 


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OBSBBV&TIONB  PRELIlIlKAIneB.  435 

Ces  Ouvriers  fioot  ainsi  partagés  :  500  compagnoos  du 
Devoir  (ib),  aax(]uels  il  faut  ajouter  1,500  ouvriers  mariés, 
ancieDS  membres  de  celte  corporation;  600  compagnons  de 
Liberté,  jeunes  et  anciens,  membres  de  la  société  rivale  de  celle 
du  Devoir  ;  enSn,  hOO  charpentiers  non  compagnons,  qui  ne  sont 
liés  que  par  une  société  de  secours  mulaels.  En  vertu  de  con- 
trats intervenus  à  certaines  époques  entre  les  ouvriers  coalisés  (si) 
et  les  patrons,  le  principe  de  l'invariabilité  et  de  l'égalité  des 
salaires  est  depuis  longtemps  mis  en  pratique  pour  les  compa- 
gnons de  ce  corps  d'étal;  mais  les  chefs  de  chantier  sont  payés 
d'après  des  conditions  spéciales  débattues  avec  le  patron  (s  s) .  La 
plupart  des  maîtres  charpentiers  sont  d'ailleurs  d'anciens  ouvriers 
que  tes  souvenirs  du  compagnonnage  unissent  à  ceux  qu'ils 
emploient.  Bien  que  les  rapports  des  deux  classes  soient  fondés 
en  principe  sur  un  régime  d'engagements  momentanés,  le  séjour 
prolongé  chez  un  même  patron  n'est  pas  im  fait  rare  parmi  les 
charpentiers  de  Paris. 

s  s. 

^TAT    CIVIL  DE   L\   FAHILLB. 

La  famille  comprend  les  deux  époux  et  deux  enrants,  savoir  ; 

I.  Ib»  M",  chef  de  famille,  marié  depuU  13  was,  né  à  Troye*  (Aalw}.  41  ta*. 

9.  Haiib  R",  «a  femmo,  née  h  h"  (Ueurlhe) 4S  — 

3.  Joseph  H",   lear  fils,  ni  i  Paris IS    — 

i.  Mirie-Aagaïtine  M",  leur  flile,  Dée  k  Paria. T  — 

Quant  aux  parents  des  deux  époux,  le  père  de  l'ouvrier, 
charpentier  comme  lui,  et  ancien  soldat,  est  seul  survivant.  Il 
habite  encore  la  ville  de  Troyes,  avec  une  femme  épousée  en 
secondes  noces,  et  dont  il  a  quatre  enfants.  Son  travail  et  une 
pension  militaire  soutiennent  encore  aujourd'hui  sa  nouvelle 
famille.  Marie-R"  a  perdu  son  père  et  sa  mère  ;  die  avait  3  frères 
et  1  sœur,  qui  ont  su  se  créer,  par  le  travail,  des  ressources 
honorables.  Éloignés  depuis  vingt  ans  des  lieux  de  naissance, 
les  deux  époux  ont  peu  de  rapports  avec  leurs  parents. 


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Ca.  IX.  —  GBABP£KT1BS  [OU  DBVO»)  PB  FUIS. 


S  3- 

BEUGIOIf  ET   HABITUDES  HORALES. 

Les  deux  époux  sout  nés  de  pareuts  catholiques.  L'ourner 
paratt  u'avoir  reçu  qu'un  enseiguement  religieux  insuffisant.  La 
perte  prématurée  de  sa  mère,  les  chaQgemeDts  considérables  sur- 
venus à  cette  époque  daus  la  Tte  de  son  père,  l'ont  éloigné  de  sa 
Tamille  dès  l'âge  de  ili  ajns.  Le  compagoonnage  est  la  seule 
influence  morale  qui  ait  agi  sur  lui  depuis  cette  époque.  Il  lui 
doit  une  certaine  distinction  que  l'on  trouve  rarement  diez  les 
ouvriers  isolés.  Soumis,  dès  son  début  dans  la  profession,  k  une 
surveillance  sévère  qui  contrôlait  sa  conduite  et  en  eût,  au  besoin, 
réprimé  les  écarts,  il  s'est  Tonné  bientôt  à  des  habitudes  d'ordre 
et  à  l'observation  journalière  d'une  loi  morale.  L'ouvrir  a  encore 
appris  dans  le  compagnonnage  à  s'imposer  une  tenue  décente.  La 
foi  dans  les  traditions  de  la  société,  le  respect  pour  la  «  Mère  »  (i  s) , 
figurent  aussi  parmi  les  traits  les  plus  remarquables  de  cette  édu- 
cation qui,  pour  lui,  a  suppléé  jusqu'à  un  certain  point  à  celle 
de  la  religion.  La  Mère  personnifie,  pour  les  compagnons,  l'as- 
sociationqui  a  protégé  leur  jeunesse.  Les  sentiments  que  ce  nom 
excite  chez  eux,  depuis  une  époque  reculée,  offrent  un  reflet  de 
ceux  que  le  nom  du  roi,  image  vivante  de  la  patrie,  entretenait 
autrerois  chez  les  populations. 

En  matière  religieuse,  Touvrier  est  d'une  indifférence  com- 
plète; et  il  n'observe  lui-même  aucune  pratique  du  culte.  Il  se 
plaît  cependant  à  se  rendre  à  la  messe  solennelle  du  jour  de  Sainte 
Joseph,  fête  des  charpentiers  (i  9) .  Doué  d'un  naturel  tranquille, 
il  attache  du  prix  à  l'estime  de  ses  camarades  et  de  ses  patrons, 
et  ambitionne  surtout  la  réputation  d'ouvrir  honnête  et  habile. 
R^ulier  dans  ses  mœurs,  il  a  cependant  perdu,  au  contact  de  la 
corruption  d'une  grande  ville,  l'énergie  et  la  suceptibilité  de  cer- 
tains sentiments  moraux.  II  s'applaudit  d'ailleurs  des  progrès  que 
lui  semblent  avoir  feits  depuis  25  ans  ses  camarades,  en  se  corri- 
geant des  habitudes  d'ivr^se  et  de  débauche  bruyante.  Enfin, 


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OBSERVATIONS 


comme  la  plupart  des  ouvriers,  celui-ci  vit  dans  une  complète 
imprévoyance  (s3);  et,  ainsi  qu'il  arrive  souvent  en  pareil  cas 
chez  les  ouvriers  parisiens,  une  générosité  facile  forme  un  trait 
aimable  de  sod  caractère.  A  une  époque  où  ses  moyens  d'exis- 
tence étaient  compromis  (18&8  à  1851),  il  adoucissait  les  derniers 
jours  de  sa  belle-mère  en  lui  dissimulant,  avec  une  courageuse 
abnégation,  les  charges  que  la  famille  s'imposait  pour  elle. 
Aujourd'hui,  dans  une  situation  plus  heureuse,  il  écarte  toute 
préoccupation  d'avenir,  pour  accroître,  jusqu'à  l'extrême  limite 
de  ses  ressources,  le  bien-être  matériel  de  la  communauté. 

La  femme  a  été  élevée  par  sa  mère  dans  les  habitudes  de 
religion,  et  les  a  conservées  pendant  toute  sa  jeunesse.  Intelli- 
gente, active  et  résolue,  elle  paraît  n'avoir  jamais  connu  de  pas- 
sion qui  l'ait  dominée.  Son  travail  opiniâtre  lui  a  permis  de 
soulager,  par  des  envois  d'argent,  sa  mère  dont  elle  connaissai 
les  chagrins  domestiques  (12),  et  de  se  ménager  à  elle-même 
quelques  épargnes.  Sa'  conduite  semble  avoir  été  exempte  de  ton 
reproche  ;  mais  on  ne  trouve  guère  en  elle  plus  de  délicatesse 
morale  que  chez  son  mari.  Ses  croyances  religieuses  ont  perdu 
toute  énergie;  et  leur  inOuence  ne  se  retrouve  guère  que  dans  les 
sentiments  qui  maintiennent  la  régularité  de  sa  conduite.  Le 
maigre  du  Vendredi-^aint  est  la  seule  pratique  religieuse  dont 
elle  ait  maintenu  l'observation  dans  la  famille.  Elle  va  assez 
souvent  à  ta  messe  le  dimanche  ;  et  elle  veut  que  ses  enfants  s'y 
rendent  habituellement.  Elle  leur  interdit  les  mots  grossiers,  et 
attache  un  grand  prix  à  leur  instruction.  Moins  soucieuse  de  leur 
moralité,  elle  leur  permet  trop  souvent  de  jouer  seuls  sur  les 
promenades  publiques,  sans  s'inquiéter  des  chances  de  déprava- 
tion dont  la  gravité  lui  a  été  déjà  signalée  à  plusieurs  reprises. 
Respectueuse  envers  son  mari,  elle  exerce  utilement,  et  du  con- 
sentement tacite  de  celui-ci,  une  influence  prépondérante  dans  la 
famille.  EUle  reçoit  immédiatement  en  dépdt  le  montant  de  la 
paie  mensuelle  ;  et  c'est  elle  qui,  chaque  matin,  donne  à  son 
mari  l'argent  nécessaire  pour  les  repas  qu'il  prend  hors  du  ménage. 
A  elle  seule,  en  un  mot,  conformément  à  la  coutume  qui 
domioe  chez  les  ouvriers  fraocais,  sont  confié^  l'administration 


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418  m.  IX.   —  CHABPBNTI8R  (DU  DBVOIB)   DB   PÀBIS. 

intérieure  et  la  libre  dispositioa  des  ressources  de  la  famille. 

L'instruction  de  l'ouvrier,  prise  surtout  dans  les  écoles  du 
compagQonaage  (is),  est  toute  spéciale  à  sa  profession.  Elle 
comprend  la  lecture,  l'écrilure,  le  calcul,  le  dessin  linéaire  et 
quelques  éléments  de  géométrie  descriptive.  La  femme  sait  k  peu 
près  lire;  mais  elle  ne  peut  tracer  que  quelques  lettres.  Les 
enfants  reçoivent  aux  écolee  de  la  ville  l'instruction  primaire;  et 
le  fils  se  prépare  avec  assez  de  soin  à  sa  première  commuoiOD. 

La  famille  est  entièrement  étrangère  aux  préoccupations 
politiques  qui,  depuis  18&8,  existent  chez  d'autres  corps  d'état. 
Satisfaite  de  son  sort,  elle  n'a,  ni  haine,  ni  envie,  pour  ceux  qui, 
partis  du  même  niveau  social,  se  sont  élevés  à  la  condition  dç 
mattres  (s). 

s»- 

HTGIÈNB  ET  SERTICE   DE  SANTâ. 

L'ouvrier  est  de  moyenne  taille  (l""  68),  et  de  force  ordi- 
naire. II  annonce  un  tempérament  sanguin  sans  plénitude;  ses 
cheveux  sont  châtains;  le  sommet  de  la  tète  est  entièrement 
dégarni.  Les  seules  maladies  de  son  enfance  ont  été  :  la  petite 
vérole,  qui  lui  est  survenue  à  3  ans  1/2,  et  qui  a  laissé  des 
traces  sur  son  visage;  la  rougeole  et  la  fièvre  scariatine.  Mainte^ 
naDt  il  n'éprouve  d'autre  indisposition  que  des  congestions  pul- 
monaires trte -communes  chez  les  charpentiers,  et  dont  Us 
expriment  assez  bien  la  cause  en  les  nommant  des  «ueurx  ren- 
trées. Chez  lui,  elles  cèdent  facilement  à  quelques  soins  de  sa 
femme.  Il  a  reçu,  dans  l'exercice  de  sa  profession,  cinq  blessures 
graves,  dont  quatre  intéressaient  les  membres  supérieurs.  Trai- 
tées, tantôt  par  les  médecins,  tantôt  par  les  empiriques  nommés 
rebouleurs,  elles  n'ont  donné  lieu  à  aucune  suite  fâcheuse. 

La  femme  est  également  de  taille  moyenne  (1°  62)  ;  son 
aspect  annonce  la  force,  la  bonne  humeur  et  l'intelligence.  Elle 
a  les  cheveux  châtains,  le  visage  pâle;  ses  formes  générales  soat 
.larges  et  carrées.  Depuis  l'âge  de  16  ans,  elle  souffre  habitoeller 


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OBBBBTATtOK»  nBLIllINAlHS.  (Sb 

ment  d'accidents  nerveux,  qui  out  en  grande  partie  le  caractère 
hystérique  et  que  oui  b'attement  n'a  pu  modifier.  Le  mariage, 
des  couches  nomhreuses  n'ont  pas  eu  plus  d'inlluence,  et  même, 
en  185i,  après  de  fatigants  efforts  pour  exercer  le  méti^  de 
polisseuse,  elle  Tut  atteinte  d'une  paralysie  du  bras  droit  qui  ne  se 
dissipa  que  lentement.  I^  accidents  nerveux  sont  d'ailleurs 
communs  dans  sa  famille;  un  de  ses  frères  est  atteint  d'un 
famollissèment  cérébral  qui  l'a  privé  de  la  raison  ;  sa  sœur,  morte 
à  52  ans,  était  depuis  27  ans  épileptique.  L'examen  détaillé  des 
faits  semble  indiquer  qu'il  faut  attribuer  ces  grares  altérations  de 
la  sauté  des  enfants  aux  habitudes  d'ivresse  qui  ont  abrégé  la  vie 
du  père. 

Mariée  à  39  ans,  Marie  R**  a  eu,  dans  l'espacé  de  8  années, 
6  couches  heureuses;  quatre  des  enfants,  élevés  au  bibéron,sont 
morts  d'afiectioDS  intestinales  avant  l'âge  de  18  mois.  Le  garçon, 
qui  est  l'alné  des  sis,  est  fort  et  d'une  bonne  carnation;  la  Glle, 
née  de  la  h"*  couche,  est  petite  et  chétive,  mais  sa  santé  est 
habituellement  bonue. 

Les  chaînes  de  la  maladie  sont  supportées  par  la  famille. 
Pour  épargner  les  ressources  du  ménage,  la  femme  a  fait  quatre 
couches  à  l'hôpital  ;  la  première  et  la  sixième  eurent  lieu  chez 
elle  :  l'une  entre  les  inains  d'un  médecin,  au  prix  de  hO  fr.; 
l'autre  par  les  soins  d'une  sage-femme,  à  qui  l'on  donna  9  fr. 
La  femme  se  croit  expérimentée  dans  certaines  pratiques  de  la 
médecine  usuelle,  et  traite  elle-même  les  indispositions  qui  sur- 
viennent dans  la  famille.  ConSantê  dans  les  idées  hygiéniques 
d'un  praticien  populaire,  elle  fait  grand  usage  de  l'eau  sédative  et 
des  préparations  camphrées  ;  elle  a  même  fait  contracter  à  son 
mari  l'habitude  d'inspirer  de  temps  en  temps  des  cigarettes  au 
camphre.  Elle  a  eu  recours  elle-même  au  tabac  à  priser,  |>our 
combattre  lés  somnolences  qui  caractérisent  ses  accidents  hysté- 
riques. La  plupart  de  ces  pratiques  d'hygiène,  b^habîtuelles  en 
d'autres  contrées,  se  retrouvent  communément  chez  les  femmes 
d'ouvriers  parisiens,  qui  s'attribuent  volontiers  dans  la  famille 
les  fonctions  de  médecin  et  se  transmettent  ainsi  on  certain 
nombre  de  recettes  traditionnelles^ 


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430  CB,  IX.  —  cnAHpntniK  (on  betoik)  db  paiis. 

Bi>G  DE  LA  FAMILLE. 

L'ouvrier,  avant  sun  mariage,  occupait  dans  son  compa- 
gnonnage un  rang  distingué;  plusieurs  Tois  il  en  a  reçu  des 
marques  de  confiance  (i  s),  et  il  y  a  laissé  une  réputation  hcHio- 
rable.  Il  est  un  des  anciens  (i  s)  que  viennent  parfois  consoller 
les  compagnons  lorsqu'ils  ont  besoin  d'être  inrormés  des  vieux 
usages  de  la  Société.  Estimé  de  ses  camarades  et  de  ses  patrons, 
il  exerce  dans  le  chantier  les  fonctions  de  chef  ou  gâcheur  (s  s) .  En 
cette  qualité,  il  dirige  les  ouvriers  et  leur  distribue  l'ouvrage;  il 
fait  la  ville,  c'est-à-dire  qu'il  est  chargé  des  travaux  exécutés  au 
dehors,  au  compte  de  son  patron,  chez  divers  propriétaires.  Son 
caractère  et  sa  capacité  l'ont  mis  au-dessus  des  habitudes  d'en- 
gagements momentanés.  Il  est  du  petit  nombre  de  ceux  que  l'on 
occupe  encore  aux  époques  de  chômage.  Depuis  5  ans  il  travaille 
chez  te  même  patron  ;  et  il  y  est  retenu  par  des  liens  mutuels 
d'estime  et  d'affection.  Le  compagnonnage  lui  a  donné  une  haute 
opinion  de  son  état,  et  il  tient  à  s'y  distinguer.  Il  a  tenté  de 
s'élever  par  une  entreprise  h  une  position  plus  indépendante; 
mais,  ayant  aperçu  bientôt  qu'il  devait  y  échouer,  il  s'est  résigné 
à  sa  cooditioD,  comprenant  qu'il  n'était  pas  fait  pour  en  sortir. 
Il  a  vu  plusieurs  de  ses  camarades  devenir  maîtres  charpentiers; 
et  l'un  d'eux  est  aujourd'hui  son  patron.  Jean  M**  attribue  leur 
succès  à  quelques  chances  heureuses,  sans  se  rendre  bien  compte 
des  vraies  causes  de  leur  supériorité.  II  a  tenté  momentanément  de 
les  imiter;  mais  ses  échecs  n'ont  laissé  en  lui,  ni  regrets,  ni  envie. 

La  famille  n'a,  ni  les  idées,  ni  les  qualités  nécessaires  pour 
s'élever  au-dessus  de  sa  position.  Peu  inquiète  de  l'avenir,  elle 
trouve  dans  son  état  actuel  de  bien-être  la  situation  ta  plus  heu- 
reuse qu'elle  puisse  espérer.  En  résumé,  une  cause  principale 
retient  le  chef  de  famille  dans  la  condition  inférieure  qu'il  accepte 
de  bonne  grâce  :  une  tendance  innée  à  l'imprévoyance,  déve- 
loppée par  l'éducation  urbaine  du  compagooDoage. 


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<»SnTA.TI0K8  PKELniNjlISBS. 


S  6. 

PROPRIÉTÉS. 
(HoblUsF  Bt  TMemenu  non  comprii.) 
ImiEOBLBS 0'  00 

La  Tamille  n'a  aucune  propriété  immobilière  et  ne  songe  mâme 
pas  à  la  possibilité  d'un  acquérir  jamais. 

Argent 208'  88 


Somme  dépotée  à  ta  cuue  fdpargna  et  provenant  d'an  legs  fait  k  la  remifle  par 
MaŒiir(33),40'M;  — rente  snnnelle  de  S'OO  en  fonda  rraii;ais(4  1/3  p.lOO),)jgute 
k  la  femme  par  aa  saur  (éraluée  an  conn  de  M' 00],  168' 88. 

Matéhjbl  sPiÉciAL  des  travaux  et  industries. ...       12'  15 

1°  duttff  d»  charpentiar.  ■—  \  Jaug»,  ou  règle,  de  O"  35  sur  0°K)3,  urrant  t  ira- 
cer  les  mortiiaes  et  1m  tenons,  O'SO;  —  1  BaitutU,  ou  iasirument  propro  i,  eniailler 
IcH  mortaises,  et,  en  même  temps,  à  algalser  les  scies,  3'  M  ;  —  1  compu  eo  fer, 
Or7S;  — 1  cordeaa  de  coton  inr  un  viralet  en  bois,l'âO;  —  1  Dinanll  plomb,  IV 50; 
—  1  rftclolr  pour  les  eacalien,  0'  75;  —  blanc  d'Espagne  ponr  blaocbir  le  cordeau  et 
tracer  les  ligues,  0'  00.  —  Toul,  V  30. 

Ce  matériel  est  celui  que  les  ouvriers  charpentiers  sont  tenus 
de  fournir  dans  les  villes  du  Tour  de  France  (is);  dans  d'autres 
pays,  comme  en  Normandie,  ils  doivent  posséder,  en  outre,  des 
outils  plus  coûteux,  tels  que  bâches  et  besaïgu^.  Cette  coutume 
éloigne  les  compagnons  des  contrées  où  elle  est  en  vigueur. 

3'  llatirûl  pour  U  blanehitiage  da  vétrmenU  et  du  iMgé.  —  1  baquet,  i  battoir 

en  boii,  1  brosse  de  chiendent,  S  fers  t,  repasser  ayec  1  gril  pour  les  cliauffcr  aa 
charbon  de  bols,  4'  85. 

Valeur  totale  des  propriétés 221'  03 

8  7. 


Les  seules  subventions  dont  jouisse  la  famille  consistent  en 
allocations  d'objets  ou  de  services.  Le  patron  abandonne  à  l'ou- 


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43t  CM.  IX.  —  -caAkPBNTisi  (do  bbvo»)  j>s  paris. 

Trier,  pour  les  besoins  de  son  inéoage,  tous  les  morceaux  de 
bois  mesurant  moins  de  0"  3â  de  longueur  et  provenaiit  de  la 
coupe  des  pièces  de  charpente  exécutée  hoi%  du  ctiantier.  L'ou- 
vrier a  ainsi  à  sa  disposition  tout  le  combustible  nécessaire  au 
chauiïage  domestique  ;  il  n'est  donc  pas  intéressé  à  aller  sous  ce 
rapport  jusqu'à  l'abus;  il  pense  d'ailleurs  que  ce  serait  manquer 
à  ses  devoirs  envers  le  patron.  Il  consomme  aiosi  chaque  année 
1,500  kilogrammes  de  sapin  et  de  chêne,  qu'il  rapporte  chez 
lui  par  charges  de  50  kîlog.  Celle  subvention  est  un  des  privi- 
lèges de  la  position  élevée  qu'il  occupe  dans  son  chantier  (s); 
le  surplus  de  ces  déchets  est  partagé  entre  les  autres  ouvriers  ;  il 
doit  en  outre  chaque  année  à  la  libéralité  du  patron  k  sacs  de 
copeaux  de  charpente,  pesant  kS  kîlog.  Cette  subvention  concer- 
nant* le  chauflage,  si  importante  pour  le  bien-être  de  la  famille, 
n'est  pas  la  conséquence  d'un  usage  établi;  c'est  un  fait  particu- 
lier dont  il  est  d'autant  plus  utile  de  constater  la  bienraisanle 
influence.  L'ouvrier  reçoit  encore  de  son  patron  les  mvceaux 
de  bois  et  les  clous  nécessaires  pour  l'entretien  des  meubles  du 
ménage.  La  dépense  annuelle  que  cette  nouvelle  subvention 
épargne  à  la  famille  peut  être  évaluée  à  1'  50;  mais  le  patron 
ne  la  limite  pas,  et  s'en  rapporte  à  la  discrétion  de  l'ouvrier. 

La  femme  doit  à  ses  occupations  antérieures  des  subventions 
d'une  autre  nature.  Elle  a  autrefois  (de  1S&8  à  1852)  vendu,  à 
la  halle,  des  légumes  et  des  fruits  ;  et,  en  souvenir  d^  relations 
contractées  h  cette  époque, elle  obtient,  des  marchandes,  certaines 
réductions  sur  le  prix  des  principale  denrées  alimentaires,  et 
même  quelques  dons  de  menus  objets.  La  recette  ajoutée  ainsi, 
dans  le  cours  d'une  année,  aux  ressources  de  la  famille  a  pu  être 
évaluée  à  S5'  29.  Les  ouvriers  demeurant  à  Paris  pi^  des 
halles  reçoivent  assez  souvent  des  subventions  de  ce  genre,  en 
échange  de  menus  services  rendus  aux  marchandes.  Il  faut  encore 
considérer  comme  une  subveotico  l'instruction  gratuite  donnée 
aux  deux  enfants  dans  les  écoles  publiques.  Pour  leur  procurer 
la  même  instruction,  la  famille  aurait  à  supporter,  en  recourant 
aux  écoles  j}rivées  pendant  les  onze  mois  consacrés  aux  études, 
ime  dépense  mensuelle  de  6' pour  le  gargoneideâ'  pourla&ile. 


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OUIITATIONS   PlBLIIIlIIAIRKa.  433 

S  8- 

TBATàOX   ET   INDOSTAIBS. 

Trataox  de  l'ouvrieb.  —  Tout  le  travail  de  l'ouvrier  est 
exécuté  au  compte  d'uu  patron,  hors  du  chautier  et  à  la  jour- 
née. Il  a  pour  objet  la  conrectioa  et  la  pose  des  pièces  de  char- 
pente employées  dans  les  constructions,  telles  que  pans  de  bois,  . 
planchers,  échafaudages,  combles  et  mansardes.  Ces  deux  der- 
niers  genres  de  travaux  préseuteut  souvent  de  grandes  diffi- 
cultés, et  les  coupes  variées  qu'on  y  rencontre  sont  d'abord 
tracées  géométriquement  par  les  charpentiers,  afin  d'être  exé- 
cutées avec  prédsion.  Eq  outre,  l'ouvrier  exerce  partout  où  il 
travaille,  les  fooctioDs  de  gâcheur  de  levage  (s  3) .  Il  surveille  tes 
travaux  ;  il  prend  les  iustrueiions  de  l'architecte  ou  de  l'entre- 
preneur du  bâtiment;  enfin  il  distribue  l'ouvrage  aux  compa- 
gnons et  tient  le  compte  de  leurs  journées  f93}.Depuisl8/i5(si}, 
l'heure  de  travail  est  rétribuée  à  raison  de  0'  50.  En  été, 
du  1"  mars  au  1"  décembre,  les  journées  sont  de  10  heures  de 
travail  efieclif;  pendant  les  mois  de  décembre,  de  janvier  et  de 
février,  les  journées  de  travail  deviennent  rares  et  ne  com- 
prennent que  8  heures,  vu  la  brièveté  des  jours.  Cette  organi- 
sation du  salaire  s'applique  uniformément  à  tous  tes  ouvriers 
charpentiers  de  Paris.  Outre  le  chômage  d'hiver,  il  faut  habituel- 
lement en  compter  un,  d'une  quinzaine  de  jours,  à  la  6n  de 
juillet.  Souvent,  après  le  temps  ordinaire  de  la  journée,  l'ou- 
vrier fournit  h  son  patron  des  heures  supplémentaires  de  travail  ; 
celles-ci,  lorsqu'elles  sont  au  moins  au  nombre  de  deux  le  même 
jour,  sont  payées  à  raison  de  0'  75.  Bnûn,  les  fonctions  de 
gâcheur  de  levage  lui  valent  de  temps  en  temps  des  suppléments 
de  salaire  fixés  de  gré  &  gré  avec  le  patron.  On  peut  considérer 
comme  des  travaux  secondaires  de  l'ouvrier  le  transport  du  bois 
de  chauiïage  accordé  par  le  patron,  et  les  réparations  faites,  de 
loin  en  loin,  aux  objets  en  bois  qui  font  partie  du  mobilier 
'  domestique. 

Tbavaux  de  la  fkaiue.  —  La  femme  consacre  tout  son 


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-  CHASPENTIBI  fon  DEVO»)    DE  PAIII9. 


temps  aux  soins  du  ménage.  Après  des  teDiatives  infructueuses 
qu'elle  a  faites  pour  se  créer  une  profession  lucrative,  elle  a  dû 
se  dévouer  presque  exclusivement  aux  travaux  qui  concernent 
la  famille.  Elle  confectionne  pour  son  mari  les  chemises,  les 
gilets  de  flanelle  et  les  vêtements  de  travail.  Elle  arrange,  avec 
les  vieux  habits  du  père,  des  vêtements  pour  le  fils.  Elle  confec- 
tionne aussi  ses  propres  vêtements  et  en  tire  parti,  lorsqu'ils 
'  sont  vieux,  pour  habiller  sa  811e.  Elle  emploie  une  autre  partie 
de  son  temps  à  l'achat  et  à  la  cuisson  des  aliments,  à  la  tenue 
du  ménage,  aux  soins  qu'exigent  les  enfants,  au  blanchissage  du 
linge  et  des  vêtements  de  la  famille.  Ënân,  les  heures  que  lais- 
sent libres  ces  occupations  sont  consacrées  par  elle  à  des  travaux 
de  couture  pour  diverses  personnes. 

Tbat&dx  DBS  BNFAHTS.  —  Les  enfanis  n'exécutent  aucun 
travail  lucratif.  Le  fils  suit  l'enseignement  de  l'école  primaire 
communale.  La  fille,  qui  suit  également  l'école  des  filles,  aide 
parfois  sa  mère  dans  quelque  travail  d'aiguille  à  la  portée  de 
son  âge. 

Inoostbies  entreprises  pab  Là  famille.  —  L'ouvrier  a  pour 
industrie  la  surveillance  exercée  au  compte  du  patron  sur  les 
travaux  exécutés  hors  du  chantier.  La  femme  a  pour  principale 
industrie  le  blanchissage  des  vêtements  et  du  linge.  En  outre, 
son  expérience  de  la  vente  deg  denrées  alimentaires  lui  permet 
d'en  effectuer  l'achat  par  des  moyens  économiques,  constituant 
une  véritable  industrie  qui  contribue  essentiellement  au  bien-être 
de  la  famille. 


m*ém  d*«slsteiMe  de  lu  UmMle. 

S». 

ALIUENTS   ET   REPAS. 

La  famille  fait  en  toute  saison  3  repas  par  jour;  mais  l'on- 
vrier  ne  peut  prendre  part  qu'à  celui  du  soir.  Il  fait  les  2  autres 
repas  chez  un  cabaretier,  près  du  lieu  de  son  travail.  Cette 


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OBSERVATIONS  PHÉLIHlKAIRBd.  4S5 

nécessité  lui  est  oaéreusé  et  occasionne  une  dépense  annuelle  de 
&00',  non  compris  an  demi-kiiogrammedepainempoilé  chaque 
jour  delà  maison.  On  peut  évaluer  œtle  dépense  au  double  de 
celle  qui  a  lieu  dans  les  circonstances  rares  où  l'ouvrier  peut 
venir  prendre  tous  ses  repas  chez  lut.  L'ouvrier  quitte  donc  sa 
famille  à  5  h.  1/2  du  matin  en  été,  à  6  h.  d/â  en  hiver.  A 
8  heures,  la  mère  et  les  eofaDts  font  un  déjeuner  composé  de 
soupe  ou  de  café  au  lait,  avec  du  pain.  Quelquefois,  pour  régaler 
les  enranls,  la  mère  de  Tamille  prépare  du  chocolat  au  lait.  Après 
le  déjeuner,  le  fils  et  ta  fille  vont  chacun  h  son  école,  emportant 
ordinairement  pour  le  goûter  une  tartine  de  fromage  ou  quelque 
reste  du  dtner  de  la  veille.  Si  la  mère  n'a  rien  à  leur  donner  en 
nature,  elle  remet  à  chacun  0'  05  pour  acheter,  chez  le  portier 
de  l'école,  une  petite  ration  de  légumes  cuits,  ou  de  fruits,  qu'ils 
appellent  une  gamelle.  Cette  dépense  s'élève  par  an  à  &'.  La 
mère  prend  elle-même  à  3  heures,  pour  son  goûter,  un  peu  de 
pain,  accompagné,  en  hiver  de  froioage,  en  été  de  quelques 
fruits. 

Vers  6  h.  1/3  du  soir  l'ouvrier  rentre,  et  la  famille  se  réunit 
pour  souper.  C'est  là,  sous  tous  les  rapports,  le  meilleur  repas 
de  la  journée.  Il  comprend  :  une  soupe  au  pain,  un  plat  de 
viande,  un  plat  de  légumes  ou  une  salade.  Ou  le  complète  par- 
fois avec  un  dessert  de  fromage  ou  de  pruneaux  cuits.  Deux  fois 
par  semaine  environ,  la  famille  met  le  pot-au-feu,  qui  fournit 
la  soupe  grasse  et  le  bœuf  bouilli.  Les  soupes  maigres  sont  ordi- 
nairement faites  avec  l'eau  de  cuisson  des  légumes,  ou  avec  des 
oignons  cuits;  cette  dernière  soupe  est  fort  en  usage  parmi  les 
ouvriers  parisiens.  Le  plat  de  viande  est  assez  varié.  Guidée 
surtout  dans  ses  achats  par  les  occasions  de  bon  marché,  la 
femme,  outre  le  bœuf  bouilli,  sert  :  tantôt  da  foie  de  bœuf; 
tantôt  du  gras-double,  ou  estomac  de  bœuf  roulé  en  paquet  et 
coupé  par  tranches  ;  tantôt  du  mouton  ou  du  veau.  Les  langues 
de  mouton  en  ragoût,  le  mou  de  veau,  le  pied  de  veau  accom- 
modé à  l'huile  et  au  vinaigre,  après  avoir  été  cuit  dans  le  pot- 
au-feu,  sont  aussi  des  mets  fort  recherchés  par  la  famille.  En 
hiver,  on  substitue  parfois  àces  viandes  un  morceau  de  porc  salé. 


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SS61  CH.    U.  — .  CBARPBM1ER   (DD  DBVOlk)   DE    PUIS. 

iépoisson,  lorsquâ'le  prix  en  est  modéré,  figure  aussi  sur  la 
table  pour  le  souper.  Deux  fois  par  an  environ^  ta  famille  mange 
uâe  oïe,  dont  la  graisseest  mise  en  réserve  pour  faire  la  ciùslae. 
Ce  r^l  ne  se  lié  pas,  comme  il  arrive  souvent  ailleurs,  à  une 
solennitë  anDuelle  :  le  bon  .marché  en  est  la  condition  première. 
JJes.  graisses  employée  pour  faire  la  cuisine  sont  :  le  beurre,  en 
été;  la  graisse  de  pbrc  ou  saindoux,  en  hiver.  A  la  viande  de 
qualité  inférieure,  on  ajoute,  pour  en  relever  le  goût,  de  la  chair 
à  saucisses,  ou  viande  de  porc  hachée  menu.  Les  légumes  con- 
sommés par  la  famille  varient  avec  les  saisons  ;  les  pommes  de 
terre  et  les  farineux  secs  ou  verts,  tels  que  les  haricots,  y  occu- 
pent une  place  importante.  La  diversité  des  salades  est  un  des 
Paractèrfê  reinarquables  de  cette  alimentation  ;  les  ressources  du 
cliioat-parisieD  permettent  aux  ménages  d'ouvriers  d'en  man- 
ger toute  l'année  (st).  Le  fromage  est  principalement  consommé 
par  les  enfants;  pour  le  goûter  qu'ils  font  à  l'école,  la  mère  prê- 
tre une  conserve  ainsi  composée  :  elle  fait  fondre  0^  liOO  de 
fromage  de  Marolles,  et  0''  060  de  beurre  dans  0''  SZk  de  lait 
crémeux  ;  celte  conserve  dure  environ  un  ■  mois,  et  se  prépare 
3  fois  par  hiver.  Le  vin  est  la  boisson  habituelle  de  la  famille; 
mais,  en  ce  moment,  son  prix  élevé  en  a  fait  abandonner  l'usage 
dans  les  ménages  d'ouvriers.  La  femme  y  supplée  en  préparant 
elle-même,  avec  des  raisins  secs,  de  l'eau  et  du  genièvre,  une 
liqueur  à  laquelle  On  donne  assez  improprement  le  nom  de 
cidre  (le,  f).  Le  mari  consomme  hors  de  chez  lui,  en  faisant 
'ses  deux  repas,  0*  75  dé  vin:  il  croit  cette  boisson  indispensable 
à  Tentretien  de  ses  forces.  On  ne  boit  d'eau-de^ie  dans  la 
famille  qu'à' de  très-rares  occasions  :  par  exempte,  lorsqu'on 
reçoit  à  dtoer  des  parents  ou  des  amis. 


S  10. 

";  HABITATION j   HOBIUBR   ET   VÊTEMENTS. 

La  famille  occupe,  au  S*  étage,  -deux  pièces,  dont  une  seule 
.iirei'eirel  la  lumière  d'une  fenêtre  et  d'une  lucanie  ovale.  La 


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,  .  .OB3Ba.VATtONS  .pr4'->minaikbs.„  437 

pièce  (Teatrée  n'est  éclairée  et- aérée  qu'indirectement.  La  sur- 
face totale  de  ce  petit  logement  est  de  31  mètrea  quarrés,  savoir  : 
chambre  à  coucher,  avec  cheminée,  feoéUv  et  lucarne,  IS*^; 
pièce  d'entrée  avec  poêle,  Q"*.  La  hauteur  de  la  pièce  est  de 
S'OS.  A  ce  logement  est  annexé  un  petit  grenier  sous  combles, 
où  l'on  ne  peut  se  tenir  dehout,  et  qui  sert  à  placer  le  linge  sale 
et  quelques  objets.  Le  père  et  la  mère  couchent  dans  la  chambre 
prÎDCipale  ;  les  deux  enfants  couchent,  chacun  séparément,  dans 
la  chambre  d'entrée. 

La  maison  est  médiocremeùt  tenue;  mais  le  logement  lui- 
m^me  est  aussi  propre  que  le  permettent  l'exiguïté  de  l'espace  et 
la  nécessité  de  cuire  les  aliments  à  la  cheminée  de  la  chambre  à 
coucher,  ou  au  poêle  de  la  pièce  d'entrée.  Sauf  ses  dimensions 
trop  resserrées,  ce  logement  est  sain.  Exposé  au  sud-ouest,  il 
reçoit  le  soleil  et  domine  un  des  espaces  les  mieux  aérés,  de 
Paris.  La  famille  paie,  par  trimestres,  un  loyer  annuel  de  180'; 
la  portière  qui,  en  l'absence  du  propriétaire,  exerce  l'autorité 
dans  la  maison,  y  ajoute,  il  titre  d'étrennes  ou  d'amendes  pour 
rentrées  tardives,  un  supplément  de  3' par  an  (ss). 

he  mobilier  est  exempt  de  ces  recherches  de  luxe  qui  mar- 
quent une  tendance  vers  la  vie  bourgeoise.  On  en  peut  fixer  la 
valeur  ainsi  qu'il  suit  : 

Meubles  ;  simples,  mais  tenus  avec  propreté. . . .     868'  70 

1°  Lits.  —  1  bois  de  Ht  en  nojer  atee  ungle,  75' 00;—  Smatelaide  ttlne.OS'OO; 

—  3  matelas  de  plame  commune,  flO'OO;  —  1  trstanlii  de  ^uuw  eommana.  S' 00: 

—  3  oreiller»,  10' 00;  —  1  édredoa  comman,  17' 00;  —  1  couverture  de  molleton  de 
laine,  15' 00;—  1  paire  de  rideaux  de  lit  etl  eonvre-piedi  en  calicot  blanc,  23' 00-,  — 
1  Ht  de  sangle  (pour  le  flis),  5'  00  ;  —  1  matelsa  de  plnme  commone  et  1  matalai  de 
laine,  10' 00;  —3  canTertoree,  34' 00;  —  1  orelUer,  S'OO;  —  1  petit  boU  de  lit  en 
merltier  (pour  la  Bile),  lO^OO;  —  1  pallluse,  4' 50;  —  1  couTre-pied,  S'OO;  —  1  oraU- 
ler,  4' 50;  —  1  traTertin.  4'00;  —1  couTertare  grise,  S'OO;  —  3c(nirtea>poIatBB  de 
laine,  3' 00;  -  S  peUta  rtdeaut  de  caUeot,  5'40.  — 'n)tal,4a7'4D: 

3*  Mmtlu  ie  (a  ehombr*  à  oouehir,  —  i  annoira  en  noyer,  arec  porte  à  deox 
Tantaai,  OS'OO;  — 1  t^le  da  pait  ea  aojer,  30' 00;  —  1  commode  en  norer,  50(00; 

—  1  tabla  à  manger  arec  toile  drée,  33'  00;  —  6  chafaea  en  boit  da  noyer  prniea.de 
paille,  3^  00;—  I  glace  del  mètre  sur  0- 80,  BS'OO;  — 1  glace  da 0- 70  anr  0°>  50, 
45' 00;  —  1  pendnla  en  boia  icnlpté  aoni  nn  cylindre  de  Terre,  00*00;  —1  corbeille 
de  fleura,  ions  verre,  4140;  —1  cadre  contenant  une  image  coloria,  0*35;  —  1  aU- 
tnette  de  la  Saints  Vtsrge,0'eOi  —  1  cage  pour  roiaoau,  avec  ses  uUeDillea,  S'OO.  — 
Toul,  384'35. 


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438  CD.  IX.    —  CHIRPSHTIER  (dU  DEVOIB)   DB  FAB». 

3*  Utubiuitla  pièù»  tTuont.  —  i  taUa  de  culilae,  S'OOi  —  1  poAle  da  cni' 
■ine  «a  fonte,  av«c  tOTaux,  SS'ID;  —  3  tabletlos  poiéei  pu  l'onTrier,  3'  75.  —  To- 
tal, 38^05. 

4*  Livrta.  —  i  ItTrea  if  égliw  (p&roiuient),  I  Imitation»  de  Jéau-Christ,  Combat 
■piritQCl,  InBtruction  cbrétienne,  cantiques  de  6«nt-Suipice,  calâchiime,  exercice  fpt- 
ritael,  mémoriil  dei  Vleiges  cbrétienae«,  Ange  condocteur,  l'Ame  élevée  yen  Dieu, 
dlctionoaire  rrançai*  de  CatiDcaa,  livre  dei  Codes,  lu  règles  do  ii  bicniéanca  par  Ijt 
Salle.  S  livre*  de  cuidne,  nooTelIe  géographie  de  Ardent,  hiiuire  de  la  Révolution  de 
FéYTier  par  Alfred  Delveau,  architecture  pratique  de  Bullet,  SI  livralioos  de  l'Histoire 
de  Fntoce  d'AnqaetU,  papier  i  écrira,  plumes,  cocrler,  20'  00. 

Li>GB  dbh^age:  suffisatDteteDtreteDuarecsoio.     19&'20 

13  draps  de  lit  en  cbanvro,  ISOrOOi  —  3  drape  d'enranl,  6'  30;  —  7  aervietles  àe. 
table,  31' 00i  —  3rideaai  de  feDétre,  4'TO;  —  1  nappe,  4'M;  —(0  serviettes  do  toi- 
latlo,  S'OOi  —  8  torchoDi,  3'!0. 

UsTKNSiLES  :  comprenant  les  articles  de  cuisine  et  de  table 
nécessaires  pour  reœvoir  deux  amis 69'  65 

!■>  Dépendant  d»  la  cktminMet  dapoél».  —  1  pelle  k  fea,  1  trépied  en  fer,  3  paires 
de  piocetles,  S^OO. 

3°  Emplûf/is  pour  ta  préparation  du  alimtnts.  —  S  poélous  en  terre,  3  plats  en 
lemou  on  faïence,  1  ânarmite  an  terre,  1  soupière  en  faïence,  4  tasses  i  café  cii 
faleace,  S'IOi  —  15  crticbons  et  bouteilles  pour  contenir  la  bolason  domesliqne, 
10  verres  h  boire,  7' 00;  —  3  vases  en  fonte  pour  lacoisine,  1  casserole  en  fer  battu, 
36  assiettes  en  terre  de  pipe,  cuillers,  fourclietles  et  couteaux,  17'  35  ;  —  1  faurneait 
de  cDiiine,  3'  09;  —  1  fontaine  avec  un  aeau  en  line,  1  terrine  en  poterie,  1  cruche  en 
tBTM,  n'flOi  —  1  cafetière  avec  filtre,  l'Wi  —  1  pasaolre  etl  écnmoire,  S'50.  — 
Total,  SI'  K. 

3°  Empiovétfoar  Ut  loim  d»  propnU.  —  1  miroir  A  barbe,  O'SS;  —  I  paii-ede 
rucir*.  S' OOi  —  1  pot4-l'e»n  et  1  cuvette,  1'  10.  -  Total,  3'  45. 

4f  Emplojfit  pouruiaçtt  divtn.  —  I  lampoA  tringle,  4' 00;  —  1  paire  de  mou- 
diettei,  VSOt  —  i  chandollera  de  cuivre,  4' 00;  —  I  tliermomttrc  A  alcool,  D' 75.  — 
Total,  »  tS. 

VËTBHENT8  :  les  deux  époux  aiment  à  porter,  même  les  jours 
de  travail,  des  vêtements  convenables 737'  45 

^        Vtmtwn  DK  L'oimiEa  :  lemblablet  A  ceux  de  la  petits  bonigeoisle  (167'  35), 
1"  VUammti  du  dimanchf.  —  1  surtout  (paletot)  d'hiver  en  drap  noir,  30f  00  ;  — 
1  habit  bleu,  que  l'ouvrier  met  rarement,  et  qui  date  de  14  808,30*00;  —  1  fjlei  de 
cachemire,  14' 00 1  r-  1  pantalon  de  drap  de  couleur  fbocde,  ll'OO;  —  I  chapeau  noir 
de  soie.  S*  00;  —1  cravate  de  satin  noir,  3'!S,  —Total,  SyîS. 

3°  VétmtnU  d$  tranail.  —  1  paletot  de  dr^  bleu,  acheté  d'occasion,  6'  00;  — 
1  gilet  de  cachemire.  S' 00;  —  1  gilet  d'Iii ver  eu  drap  et  A  maocbes,  S' 30;  —  3  paii' 
talons  d'été,  niéa,  l'OO;— 3  pantalonsen  grosse  toile,  41 50;  —  3  bourgerons  (blousée 
eourte«)en  toile,  3' 75;  —  7  diemisei  entoile  de  chanvre,  ÎS'OO;  —  4  chemises  en 
coton,  7'00;  —  3  gilets  de  flanelle,  3'  00;  —  3  cravates  de  coton,  O'tii  —  1  cravate 
longue  en  mérinos,  pour  l'hiver,  l'gO;  —  I  caleçon  de  tricot  d«  coton,  pour  rhlver, 
0<7S;  — SpalreadebaadecotOR,  3' 30;  — 4  paires  d«baade  talnr,  3'60; —  Spaires 
de  bottes,  14' OOt  —  1  coaqneUe,  l'SS,  —  Total,  83'10. 


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OBSBIVATIons   PKKLIMIXAIK&S.  i39 

Ttnmna  m  u  nma  :  coitame  popalkiro  aiec  le  bonoet  (50S'  70). 

t'  Vitfmtnli  du  dmonehc.  —  1  robe  noire  en  l*Iae,  !0'  00;  —  1  robe  on  Uioei 
de  cooleur  Toncée,  scbetée  d'occtiion,  8',00;  —  1  robe  de  aole  notre,  qu'elle  met  ran- 
DMDt  (c'est  larobadM  nocea),  40' 00;  —  1  ch&le,  iSfOU;  —  1  tablier  de  lûoe  noiret 
i'tSi  —  S  Jupons  bUno.S'OO;  —  3  Japon*  blanci  reçus  en  hËilMgedela«œDr,  6'00; 

—  1  pelre  de  bottiaee,  4'  00;  —  1  bonnet  en  tulle  noir  *vec  une  petite  dentelle  noir 
«t  de»  rùbeni  bleus,  3'  50.  —  Totd,  135'  ÎS. 

S*  VOanttntt  it  travail.  ~~  1  robe  i  curetut  de  contear  snr  Tond  blanc,  en  Islne 
dite  flanelle,  S'OO;  —  4  robea  de  laine,  reçues  en  hjrilage  de  la  sœar,  3' 00;  — 
I  robe  en  coton  imprimt,  penr  l'M,  S'OOi  —  2  nbei  en  colon  Imprlmi,  reçues  en 
héritata  delà  sceur,  5'00|  —  3  chllas,  SS'OO;  —  3  tabliers  de  cotonnade  bmne,  reçus 
en  héritage,  !'50;  — «Juponsconlëctlounis  aiec  de  Ti«ill«a  robea,  ll'OO;—  3  Jupons 
de  tricot  de  coton,  3' 50;  —  S  gltatt  de  trkot  de  coton,  l'OO;  —  1  gilet  de  tricot  de 
laine,  reça  en  héritage,  l'75;—  1  ewiet,  praujaB  os£,  0*501  —  4  Tleillea  cbemisea 
do  toile,  3'  50  ;  —  6  chemiteB  de  toile,  leçuet  en  bËritage  de  la  mère,  il  ;  a  cinq  ans, 
g<00;  — 47  cbemiietde  toile,  remues  en  héritage  delà  cœur  (déduction  hlte  de  40' 00 
pour  40  chemlMS  actoollement  engagéee  ta  HonMe-Plété),  40'00;  — 3  paiiei  de  bai 
de  laine,  pour  Tbiver,  1'  50;  —  S  pairaa  de  bas  de  coton,  pour  l'été,  l'OO;  —  1  paire 
de  souJieie  en  cuir.  S' 00;  —  1  paire  de  aabota,  0*30;  —  1  p^re  de  groa  chanaaona 
do  laine,  portAs  dans  tea  aaboLa,  l'OO;  —  1  honeeta  dn  matin  en  percale  blanche, 
0*25;  —  7  mouchoirs  de  cou  en  coton  (calicot),  l' OS; —S  moncholrt  do  coq  en  coton 
(calicot),  reçus  en  héritage,  0'  75;  —  1  moacboir  de  coa,  en  soie,  1'  00;  —  1  tIoui 
moncboirde  cou,  en  soie,  0'35.— l'otal,  154'4S. 

3*  Bi)<»a.  —  \  paire  de  boucles  d'oreillee  en  or  émallléi  S'  50  ;  —  1  broche  en  or 
avec  Terrotaries,  trouvée  dans  la  me,  1'  50;  —  1  montre  en  argent  et  1  chaîna  en  or, 
achetées  avec  l'argent  reca  en  héritage  de  la  ecenr,  iWCa,  ~-  Total,  SU' 00. 

Vtruams  bu  dioi  «ifants  :  lia  sont  tenu  arec  propreté  (03'  40). 

1°  VéUmnlt  du  garçon.  — 4  pantalons,  3'  15)  —  4blonaeB,B'00i  —  5  chemise!, 
S'IOi  — 1  caleçon, 0' 50;  —  3  paires  de  baa,0'45)  ~  3  crarale*  d'été,  0'30;  —  Icol 
de  aatln  noir,  donné  par  la  marraine,  0'  75;  —  1  csaquctte,  1'  10  ;  —  1  paire  de  son* 
lier»,  3'30.  — Total,  10' S5. 

%•>  YittmtTOi  de  la  Mla.  —  5  henneU,  0«  05;  —  t  robe  de  laine  donnée  par 
man^ne,  3' 00;  —  3  autres  robes  de  laine  ou  de  toile,  1'  10;  —  4  tabliers  dlndlenne, 
l'SO;  — 5  paires  de  bas,  1' 30;  —  4  chemises  de  telle,  l'OO;  —3  caleçons  de  trteet 
de  colon,  l'80;  —  7  japons,  l'SO;  —  8  paires  de  bottines,  6' 10;  —  9  châles,  reçna 
en  héritage  de  la  tante,  35' 00;  —  1  aurtout  de  corsage  (comeo)  en  laine" noire,  0' 60. 

—  Total,  44' 15. 


VALBoa  TOTALE  du  iDobilieret  des vâtements. . .    1,870'  00 


SU. 

Les  dépenses  qu'ils  foot  pour  le  bieo-étre  quotidien  ioter- 
diseut  tout  plaisir  coûteux.  La  famille  va  au  spectacle  une  fois 
par  au  seulement,  pour  amuser  les  enfants.  Elje  préfère  Iqs 
théâtres  du  Cirque,  des  FuDambules  ou  des  Délasseiueuts.O}- 


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440  eu.   IX.  —  CIIABPBNTIEI    (bU  DBVOIH]   DE  PAKIS. 

iniques.  Deux  fois  depuis  13  aus,  l'ouvrier  a  coadoit  sa  femme 
au  bal  des  compagnons  (le).  La  dépense  Taite  en  celte  occa- 
sion s'élève  à  10'.  Par  opposition  avec  l'usage  établi  dans  la 
majeure  partie  de  l'Europe,  la  famille  ne  fête  pendant  l'année 
aucune  solennité.  Le  mari  n'interrompt  son  travail  que  lé  pre- 
mier dimanche  du  mois,  lendemain  de  la' paie,  et  jour  habituel 
de  chômage  daos  les  chantiers.  La  femme  ne  travaille  pas  le 
dimanche  ;  elle  va  à  la  messe,  ou  tout  au  moins  y  envoie  ses 
enfanls.  Le  reste  du  (emps,  elle  recherche  particulièrement  les 
causeries  avec  ses  voisines.  Les  dimanches  de  paie,  la  famille 
sort  avec  les  vêtements  neufs,  et  se  rend  aux  Champs-Elysées,  à 
la  Villette  ou  à  quelque  autre  promenade  voisine  des  barrières. 
Elle  y  fait  parfois  quelques  menues  dépenses  pour  les  enfants. 
La  famille  a  aussi  ses  relations  d'affection  dans  la  société  d'un 
cousin,  ouvrier  maçon,  chef  de  famille.  Quatre  fois  par  an  envi- 
ron, les  deux  familles  se  réunissent  à  un  dîner  habituellement 
composé  du  pot-au-feti  (e) ,  d'un  ragoût  de  mouton  ou  de  veau, 
d'une  salade,  de  quelques  fruits,  d'une  petite  tasse  de  café  à 
l'eau,  avec  un  pe^t  verre  d'eau-de-vie  pour  chaque  convive. 
Aux  heures  qu'il  passe  chez  lui,  l'hiver  particulièrement,  l'ou- 
vrier s'occupe  volontiers  d'un  oiseau  {Fringilla  canaria,  Lalh.) 
qui  lui  a  été  donné  et  que  la  femme  nourrit  et  entretient  avec 
soin  dans  une  cage  élégante.  11  consulte  aussi  avec  intérêt  un 
thermomètre  à  alcool  fixé  dans  l'embrasure  de  sa  fenêlre. 

Au  milieu  de  ses  habitudes  de  travail,  l'ouvrier  est  assez 
fréquemment  exposé  à  des  causes  de  distraction,  qui  provoquent 
toujours  quelque  dépense  chez  le  marchand  de  vin  :  c'est  ce  qui 
arrive  surtout  le  jour  de  la  paie;  Chaque  fois  qu'une  construc- 
tion est  terminée,  le  propriétaire  donne  aux  ouvriers  qui  y  ont 
pris  part  une  somme,  nommée  pourboire,  qui  doit  être  parta- 
gée entre  eux.  Souvent  ils  la  dépensent  ensemble  dans  un  repas 
où  l'on  boit  assez  copieusement  :  l'ouvrier  aime  à  se  rappeler  la 
joyeuse  surexcitation  de  celle  ivresse  qui  n'excède  pas  cepen- 
dant certaine  bornes.  Les  charpentiers,  même  les  plus  rangés, 
considèrent  ces  réunions  comme  indispensables  au  maintien  des 
bonnes  relalions  qui  doivent  exister  dans  les  ateliers. 


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OBSEBVATIONS  PRÉLIIIINAIIIBS. 


ntalvlre  d«  ■•  fnmUle. 

§12. 

FDiSES  PRINCIPALES   DE  L'bXISTENCB. 

L'ouvrier  est  né  à  Troyes  (Aube)  en  J8I5;  son  père,  son 
grand-père  et  ses  oncles  paternels  étaient  charpentiers.  En  1825, 
il  perditsa  mère  et  resta,  avec  son  père,  au  pays  natal.  En  1827, 
le  jeune  botnme  commença,  sous  la  direction  de  son  père,  l'ap- 
prentissage du  métier.  Quelques  mois  après,  il  gagnait  déj^  0'  75 
par  jour.  A.  la  Saint-Joseph  de  l'année  1828,  il  entra  chez  un 
maître  charpentier  de  Troyes,  où  il  resta  plusieurs  années  avec 
un  salaire  journalier  de  1'.  Exempté  par  une  heureuse  circon- 
stance du  service  militaire,  il  vint  à  Paris  en  1836,  dans  le  désir 
de  compléter  son  instruction  proressionnelle.  Il  entra  aussitôt  eu 
relation  avec  des  compagnons  du  devoir,  qui  travaillaient  dans 
le  même  chantier,  et,  par  leurs  soins,  i)  fut  reçu  aspirant  ou 
renard.  En  1838,  conformémeot  à  l'usage  adopté  par  les  jeunes 
ouvriers  de  sa  profession,  il  commença  son  a  tour  de  France  », 
et  se  rendit  à  Auxerre  (Yonne),  où  la  société  des  compagnons 
lui  procura  immédialement  de  l'ouvrage.  A  la  Saint-Pierre  de 
l'année  suivante,  il  y  fut  reçu  compagnon;  pois  il  commença  à 
diriger  des  travaux,  en  recevant  comme  salaire  journalier  :  à  la 
ville,  â';  à  la  campagne,  1'  50,  non  compris  le  coucher  et  la 
nourriture  donnés  par  le  patron.  Quelques  démêlés  violents  avec 
les  compagnons  de  liberté  (is)  le  forcèrent  à  quitter  Auxerre, 
et  il  se  rendait  à  Lyon,  lorsque  sur  la  route  il  fut  attaqué  par  des 
compagnons  d'autres  coi^  d'état,  appartenant  à  des  sociétés 
rivales.  Après  une  lutte  sanglante,  il  lui  fallut  changer  de  direc- 
tion pour  échapper  aux  poursuites  de  l'autorité  ;  et  il  revint  à 
Paris  où,  avec  l'assistance  du  compagnonnage,  il  put  immédia- 
tement se  procurer  du  travaiL  Sédentaire  depuis  celte  époque,  il 
n'a  travaillé,  en  15  années,  que  chez  S  patrons.  En  18/l1,  il  eut 
l'honneur  d'être  désigné  pour  procéder,  axec  deux  autres  com- 


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'441  es-  IX.   —  CIIARPENTIBR    [OD  DBTOIB)  DB  PARI*. 

missaires,  au  remplacemeDt  et  à  l'iDstallation  de  la  Mère  des 
compagnons  charpentiers.  En  1843,  il  se  maria,  et,  coDformé- 
ment  aux  usages  alors  en  vigueur  dans  la  société,  il  cessa  de 
faire  partie  de  son  compagnonnage;  mais  il  coDServa  avec  1^ 
membres  actuels  de  bonnes  relations.  La  grève  de  1845  (îi) 
éleva  de  0'  10  le  prix  de  l'heure  de  travail;  il  en  profita,  sans 
avoir  joué  aucun  rôle  dans  la  lutte.  Depuis  lors,  l'uniformité  de 
sa  vie  n'a  été  ioterrompue  que  par  la  détresse  qui  suivit  la  révo- 
lution de  février  18/J8.  Dénué  de  ressources,  privé  de  travail,  il 
entra  aux  ateliers  nationaux;  ensuite  il  se  résigna,  non  sans 
une  profonde  humiliation,  à  vendre  dans  les  rues  des  journaux, 
puis  des  fruits  et  des  légumes.  Sa  femme,  qui  soutenait  énergi- 
quement  cette  épreuve,  s'était  établie  marchande  à  la  halle, quoi- 
qu'elle commençât  sa  k"  grossesse:  tous  leurs  elTorts  abouti- 
rent à  gagner  à  peine  1,000'  dans  l'année.  Peu  à  peu,  le  travail 
reprit,  et  l'ouvrier  put  revenir  à  son  métier;  mais  dans  cette 
crise  avaient  disparu,  pour  n'être  jamais  remplacés,  les  derniers 
restes  des  économies  que  la  femme  avait  apportéesen  se  mariant. 
Marie  R**  est  née  en  1814  à  L**  (Meurthe),  d'un  maréchal- 
ferrant  chargé  d'enfants,  bon  ouvrier,  mais  adonné  à  l'ivro- 
gnerie (i).  Jusqu'à  32  ans,  elle  resta  près  de  ses  parents  et  con- 
sola, par  son  aiïectioa  et  son  énergie,  sa  mère,  souvent  victime 
des  brutalités  du  père  de  famille  en  état  d'ivresse.  Elle  profila 
peu  du  temps  qu'elle  passa  à  l'école  ;  mais  elle  devint,  ainsi  que 
sa  sœur,  une  bonne  ouvrière  en  coulure.  En  1836,  elle  voulut 
entrer  en  service  pour  amasser  quelques  épargnes;  elle  fut  suc- 
cessivement placée  à  E**  (Meuse),  à  Paris  et  dans  la  banlieue. 
Partout  elle  montra  la  même  ardeur  au  travail.  Tout  en  envoyant 
.  à  sa  mère  une  partie  de  son  gain,  elle  réunit  en  7  années  un  petit 
trousseau  et  des  épargnes  qui,  à  l'époque  de  son  mariage,  s'éle- 
vaient à  900'.  C'est  aussi  pendant  ces  années  de  service  dans  d^ 
maisons  bourgeoises  qu'elle  acquit  les  habitudes  de  bonne  admi- 
nistration domestique  auxquelles  il  faut  attribuer  en  partie  le 
bien-être  matériel  dont  jouit  la  famille.  Apr^  son  mariage,  elle 
tenta  vainement  de  se  créer  une  profession  lucrative.  (Aligée  par 
sa  santé,  en  1853,  de  renoncer  à  vendre  à  la  halle,  elle  ne  put 


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OBBBBVATIONS   PKÏLlltlNAIHES.  443 

davantage  supports  le  métier  de  polissease  en  métaux,  qui  ne 
lui  rapportait  d'ailleurs  que  6'  par  semaine.  Elle  dut  donc  se 
boi-ner  à  ses  travaux  actuels  (s) ,  qui  concernent  son  ménage  et  y 
exercent  une  ioflueuce  Tort  utile. 

s  «• 

UCEDBS   ET  INSTITUTIONS   ASSURANT    LE    BIEN-ÊTRE    PnYSlQiDE 
ET  MORAL  DE    LA  FAMILLE. 

Avant  le  mariage,  l'ouvrier  a  trouvé,  dans  l'antique  institu- 
tion du  compagnonnage  (is),  non^seulemenl  dos  secours  en  cas 
de  maladie,  mais  encore  des  moyens  d'instruction,  une  direction 
morale  et  une  protection  efficace  contre  les  dangers  qu'enlratne, 
pour  un  jeune  homme  inexpérimenté,  le  séjour  à  Paris  (it). 
Privé  par'  son  mariage  des  avantages  de  cette  corporation, 
étranger  aux  préoccupations  qui  portent  les  individus  plus  pré- 
voyants à  se  créer  des  ressources  par  l'épargne,  ou  du  moins  à 
s'affilier  aux  sociétés  de  secours  mutuels,  l'ouvrier  n'a  plus  trouvé 
dès  lors,  dans  nos  institutions  actuelles,  aucun  moyen  de  con- 
jurer les  chances  fâcheuses  de  la  vie  humaine.  Les  deux  époux 
comprennent  cependant  qu'en  cas  de  revers  ou  de  maladie,  i)s 
n'auraient  d'autre  ressource  que  la  bienfaisance  publique  ou  la 
charité  privée.  Mais,  malgré  les  meilleures  résolutions,  ils  ne 
peuvent  se  décider  à  rien  retrancher,  en  vue  de  l'avenir,  du 
bien-être  dont  ils  jouissent  aujourd'hui.  C'est  ainsi  qu'ils  n'ont 
pu  encore  mettre  à  exécution  le  projet,  cent  fois  renouvelé,  de 
s'affilier,  moyennant  une  contribution  première  de  10^  à  la 
société  de  secours  mutuels,  dite  des  Agrichons,  fondée  entre  les 
anciens  compagnons  du  devoir  mariés  (so). 

En  résumé,  ta  famille  appartient  à  cette  catégorie  d'ouvriers 
qui  abonde  aujourd'hui  en  Occident.  Malgré  d'estimables  qua- 
lités, elle  souffre  de  l'état  d'isolement  qu'implique,  de  plus  en 
plus,  la  constitution  de  plusieurs  sociétés  européennes;  mais  elle 
ne  proGte  pas  des  moyens  de  succès  que  celles-ci  présentent  aux 
lamilles  les  plus  prévoyantes  et  les  plus  énei^iques. 


.yGoogle 


en.  IX..—  CCIAKPBNTIEB  (DU   DEVOIR}  DE  PARIS. 

S  U.  -r  PDDGET  DES  HECETTES  DE  L'ANNÉE. 


SOURCES  DES  RECETTES. 


SBCTIOK  I". 
PtepriMé*  poMéd<c*  p«f  U  fumah. 

kn.  \v.  —  PxoFMrfrii  iMuoniiiÉiin. 
{!■  funilla  a»  ponide  sucoM  propriété  de  ce  genre) , 

ABT.  >.  —  VU.IUI 


\Mcé  n»  l'ÉUl  «D  leDls  4  1/i  p,  lOD. . . 
I  •(  Induitria  : 
la  chiTiwiilier. 


(Li  luiiUe  ae  pnticipe  i  aucun  droit  de  et  geo») — > 

ViLiUK  TCIAL*  d«  pnpritléi  (uat didDCtion  d«  dellu  nenUeDDdei,  19,  S«  V). . 


eBCTIOM   II. 
■nIi*eDtH)BÉ  raçtu*  p«  la  famtlte. 

Ait.  iv.  —  PuDPiiiiiia  ■■fCB  m  atonan. 

(U  bmlUe  nt  npiit  «11008  prepiMl*  ea  moftolt) 

Aht.  3.  —  DKom  D'uiAOi  sur  lis  puniéiia  Touiiraa. 

(L>  AmlllS  ne  jonil  d'Ku:un  droit  da  ce  ganta) 

AM.  I.  —  ALLOUTiaiB  D'OBJBTi  II  DU  aiHTtCU. 

ALLOCMiex*  easoerpaDlla  DDunitata 


—  cooceniaal  llubltattoo. . . 


■t  let  técriitlona.., 


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CH.  tl.  —  CHARPENTIER  fHU  DEVOIK)  OK  PiSlS.  ' 

S  U.  —  BCDGEt  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE. 


UONTUtT  DU    rUCBTTU.  || 

.    BÈCÉtTE8. 

de.i>14«i 

arMU 

&BCTIOH   I". 

IU,Mn.  4.  pMpriM.. 

i 

1180 

OfU 

OU 

, 

TOT.UX  d=.  i«»nu  i«vmMtét. 

0» 

10  10 

8BCTI0K  II. 

AllT.  ».    —  PlÛDDH»  DU  DMITl  B'nuM. 

Aht.  a.  -  Oura  n  aHVicn  alloo*». 

.  rt- Z'... !7. ......: (n,Bi 

S<)KnDTBidatK>i>iii«uniitiiio)nid.D-n;p»*i>.  l^Unkil 01 

■  40 
800 

ÎSM 

Motcaui  S*  bail  M  eluo»  déuiét  par  1>  piilroi],  poor  renirsHïn  dn  noinlitr  *>- 

InitrucUon  «utuils  doniHa  ibi  «nraiiU  pir  la  irillg  da  l'arit 

■.■.■;.■  ÏÛ) 

14SW 

usa 

iiGoogle 


CH.  IX.   —  CBAKPSdTIEK    [du  D8T0IB)  DE  P1BI3. 

S  14.  —  BUDQET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SUITE), 


SOURCES  DES  BECETTES   (SDITE). 


SECTION  III. 
Trmvaax  «xtcntéi  p«r  la  funille. 


Traiail  (uppliineDUiie  da  charpeali  eiécnté  à  U  lia  det  jonnitoa  ordloiim,  énlai  ei 


Cacrcction  das  vttainenli  at  dn  lÎDfs  1  ]'awg«  de  la  fUnlI!*. 


a  ptltan  et  couoiDin*  pont  la  chauflkga 


Toutn  ds)  jsitniéei  dB>  diien  nwinbrc*  ds  ta  (amilla. 

SBCTION  IV. 
tadnrtriM  cntrapriiM  pm>  Im  familla 

(i  un  prop»  compU). 
BNiuruai  nbtlTS  am  tnTtni  d«  chârpanta  aiécutéa  pu  romler  pom  la  compte  di  patron. . 


itmiiu  «itnpi[iei  m  conipla  da  la  tamlll*  ; 

EnInUea  dumobitin  da  boia  du  raësaga 

BUocliliugB  dn  bnn  et  dn  liltmenlt  da  li 


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CB.  IX.    —  cnARPENTIBR    fDD  DBVOtB]    I)B   PABI3. 

S  U.  -  BDDGET  DES  RECETTES  DE  L'ANNÉE  (SOITE). 




UOMT*»T  D 

»   .U;.TTU. 

RECETTES   (SDITE). 

.«.„» 

«(ml. 

„.. 

pin 

min 

b.    0. 

tr.  c. 

6BCTI0K  III. 

BOO 

400 

• 

biladel-latârUduùltriel.  14.  &«l) 

Sllairo  dM  jourDlea  (S  beuKi)  da  l'hiTsr 

Pourboire  donn*  *  Touviiat  p«  lo)  cliaoU  du  pulron. 

[dMuclion 

: 

1,W1'S4 

SÏÏOO 
KOO 

SSIO 

100 
080 

Salilra  qua  raceynil  un*  OBïrière  eiicuUnt  la  méma  li 

■"»■;:: 

43ia 
eoo 

MOO 

(Les  BufuU  na  reçoÎTeal  lucon  lalaln). 

TTUUiduuUÎRid*  Ufamilla. 

M7Î 

1.W7  14 

Bbction  it. 

SiUin  moran  ijna  tteair.il  un  liuipte  eompwnoo  pour  ■•  tmaU  da 

4'88 
040 

ûss 

IMW 

40  77 

Tûiit  du  Miure  joanallOT  nwjBO  d»l'oniriaT 

SÏB 

(Ancan  MntSea  n« 
B«n«flca  rfaultiot 

:S!;tl 

S4  W 

'»" 

■  ■■cnTBi  dal'aDB««n»l>nc*iil1eadép«Ma)....  (s. 

08' 881... 

' 

"""" 

*«■» 

.,.»..  1 

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CD.  IX.  —  CRABPENTIBB  (Dn  DKVOIB)  DB  PtlIS. 

S  1S.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNËB. 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES. 


SBCTION  I", 


r.  1". 


M  Mfliiii: 


(Pu  l'miTrfar,  u  [smoiB  at  Hi  S  enfiots,  ptiidint  815  Jonn.} 

Piiniroiidi  daSk,  \rt  qanlilt,  on  plia  Umc 

PsIilipaiDi  loTigi,  di(i/Tû(ni,poni^a»uiie,  pouAtcluciu  O^ISD 

et  eoUtiDl  0' 10  :  SOJ  piècM 

FitJns  de  frameiii  pour  U  cnitia*  at  pour  qualquag  ptUuari» 

Ri.  pour  MBj;;;vimetadi«ri::!:  :;:!":!:;!;!!'■".!!;:!!;;■ 

V«nniceU«  atMinaulB 

Poiditoul  II  prix  mofto. 

Coups  c>*s  : 

B«uin  pour  U  cuiiina,  principdaiiuiill  pandint  l'tU  (da  mai  ao 

Gntua  d<  pore,  dila  taindoux,  pour  la  cuiiina,  prticipâliiiiEnl 

pendint  I  hiTac  (d'oclolirs  an  naii 

UdiI»  bliDcha  (da  dit«ud,  lltaalra  fli'apm,  L.  Tir.),  pour  Im 

Otiubb  d»  bœaT,  aitniLe  dîna  la  m^nige,  amplojia  pour  Li 
Poidi  total  it  piji  mojBit. 

Laitiiik  et  CBcn  : 

Lait  écrémj,  pour  i«  e*fé  ou  1«  lAocolit 

Lait  crémaui,  TOada  iDni  l«  DOm  da  trîmi,  coMomm^  itae  la 

Promaga  blanc  (caiium  frai:,  pour  donarl 

Fromagei  cDni«rT*t  da  Brie,  Qrufàre,  Cainpiè|pia,  UaroUai 

FromaHa  da  Orujèra  pour  ynatai-oni., ....,.,, 

œuFi  divirtemast  iccommodéi  :  ISS  piècai  lO'in 

Poidi  total  «t  ptii  0x7011 

Vunin  rr  poistoi»  : 

Viiuda  da  baof,  71*1  i  l'SS,  dMoclion  fiils  de  P7  da  graiu», 
M'MS;  —  foi«  d«  bœuf,  »t  i  irio,  fM;  —  «ni-donbla 
(eManuCdoboaf).  4'Sil'ï5,  SfeiS 

VlMda  da  mnuIoD.  M)'7  1  l'SO.  ïA'ai  :  —  UuguM  da  bouiod. 
M8à0'75a,  S'W 

ViandadiTMu,  9^41  l'TO.IS'SSi  — pJtdida  veau.  n'SâO'ue, 
S/W;  — moa(ponnionildeTeau,  IS^SàO'SO,  S'IO;  —  fralw 

TtiDde  daparc,  11^  1 1'40,  IS'fO)  —  cbirmlaria,  l'SS  i  iliàâ, 

ITW 

Volaillei  :  I  oiei,  dMuction  rtila  da  1^6  d«  gnli» 


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CD.  IX.   —    COABPBNTIBK  (DD  DEVOIR)   DE  PARU. 

S  45.  —  BUDGET  DES  DÉPENSES  DE  L'ANNÉE  (SDITE). 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SDITB). 


BECTION  I», 
DipnuM  «Dnoaniant  la  nonnilara  (■aïte]. 

VUNDES  ET  POISSONS   (SCItl)  1 
PulaDU  :  Uiquinaui,  bitengi,  morceaux  d>  nie,  eurelati, 
SS^Slono,  S3'«4:  —  mulluHiBn  :  hultna,  SB  piècts,  peunl 

t>6,  il'SlSla  kil.,  S'il 

Poidi  loUl  M  pili  aiDjan 

I.teDUEs  n  noTTs  : 

TubercnlH  ;  PomiDti  ie  lem  :  boDuida  jaana,  85^  i  0*  178,  VD  ; 
_ hollude Riiise.  S8>  1  0' MS,  a'»»:  — looda,  3»^  àVUt, 
S'Bftl 

UguiDeirariLeiaMic«:Hancotib!Mi«,  16'^iO'S^;,»'4li  — 
llaIlcat■[ougal,ls>7tO'.il3,SlO«;— lailliUc(,0>'-ItO'51S,0'ai. 

LâgamEiTBTU  1  cuiia:  Huicoti  bluci,  10^  i  OlSlO,  8'10{  — 
harieoti  TatU,  1*^9  t  ONjO,  &'S0;  — poli  veila,  lO^SA  l'OSS, 
ll'Sl;  ~  choui-flauia,  S^S  à  0'3A1,  VK;—  chou,  «"à 
oni4,  ysS;  — »»per««,  yoàO'ïSB.  1  ' TO i  —  «nidaiit.,  8*1 
i  Oimn,  O'SO;  —  chicorta,  1>S  i  0"lj0,  l'IÏ;  ~  aaBiUa, 

Léguniei  raci'oBt  ;  ciroiiwi  W'''»  à  Ô'aMVs'ai  i  — piiûi».'fl*Vi 
O'tSO.  l'tO:  ~  poiiaïai,  &'SàD'ïliO.  V01;  —  narau,  10' I 
1  I^IDS.   l'OI-,  —  uliiBi  iTm/oposan  pralnul,  L.),  V9  à 

O'Sia,  l'wj  — échalotai.O'Tàl'OO,  O'IO 

CncurbiUci>(u  ic'itioailléi.  A'B  i'o'îiia'Mi  —  iDàlQiiii,'à'4  « 

VU,  «'Sji  —  eocniclioiu,  a'4i  l'DO.  0'40 

Fruit!  pour  U  tamille  :  Ccriau,  I»  i  0<SS.  SItXI;  —  pcmmat, 

àO'SO,  l'WJ— n'mn.S'iiO'Bltt.  î'08;— p'raneiui,  B'S* 
O'tiO,  »'9l;  —  fraïua,  »i  à  a<eK,  l'H;  ~  gnnilla  à 

grBpp«i,ï'10'lS,  0'80;  —  fninboiK*,  D^SàO'lfl,  0'38 

Fruiu  poar  lu  snfkDU  :  Paiiu,  D>B  10'4eo.  VaS;  —  Duiaatlei, 
7> ta  D'ISS,  VVI;  —  abitcoliat  picbei.  O  àa'SO,  IflOi  — 

groasilla  1  maqutiMu,  1*4  1  O'IWS,  l'35 

Poldi  toUIstpiJi  majtD .. 

CoNDiuinTS  n  STIHCUim: 

Sel  gril.  It^lO'»},  SIBO)  — atlbUnc,  lkiO'4D,  l'SO 

Viaiigru  pour  uladei.  et  peur  la  cuiiiD* 

l>:^t  l'«0,  t'SOi  — uramél,  0^4  i  l'SSS,  l>''i» ' 

Buiuoiu  aïoiuitiquo  :  Cale  achcU  «d  Sitm  bMtat,  non  moD- 
luel,  I^B  14<U0,  31<20:  —  Ill6.  O^DSO  1  SO'OO,  l'OO;—  ch&- 

colul  poui  lu  «nhaU,  V  i  4' DO,  S^oo 

Poida  total Bt  prii  mojraB -.,..'1.'. 

Boisson*  FEnHEnrto  : 

inaclictupat  pininadalOboattiltei,  omollbn Q»iG) 

Aii.(le.Tla  poiu  la*  joun  do  réuDiODa  d'amia  OU  do  pannta. . , . . 
Poldi  lotil  et  pili  moTCi 


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CB^  IX.  —   CBABI'KNTIEl   (OC  BKVOW)  BE  P1B18. 

•S  <B.  —  BDDGET  DES  DÉPENSES  DB  L'ANNÉE  (SDITE). 


DÉSIGNATION  DB3  DÉPENSES  (SOITE). 

i-i-^^^^j 

««objet. 

anaoL 

A«T.  E     —    ALIIHSTB  PUBPlRis    »T    COHaUMUt»  »H  DBHOti  DU 

Rapu  prii  chiqaa  Joui  da  tnnll  (aso  jonmiet)  pu  1*  mui,  chai 

nu  cabutliar.  a 

• 

400"OJ 

Jm  fJourtol™ 

...  (H.S-IU) 

Nournrara  priw  pirtoi.  au  miliao  du  Joui  P"  lai  antaol».  si  aïbal*. 

diU  i*  portiar 

Tt-iu.  du  d*p«uu  eonCMMUl  li  noarriluta. 
SECTION  II. 
LocntNT  : 

i;BiUi 

IK50 
44  40 

leooo 

1173 

530 
SS  31 

Amendai  impoli^  par  la  portiar  poor  «nltée.  laidiTM,  l'OO  :  -  étrennat  •U»'J*|^ 

HOBIUER    : 
EatreUuD  dei  maublai  en  boû  par  l-oniriar  lui-mèma,  fl'SO;  —  ach 

t  d-iwtaniiia  «1 

CHAirrACt  : 

Boii  accordé  pir  la  patio*.  1.500*;  —  copaini  »ccord*i  p»r  la  palro 

.AB'- m 

ntre  la  auiilne 

Chandalla.  lS*eàl'».  15'lSi-hiiil.*brtler.B'iI'*0,T«>;-i»4cha»daM.tcra. 

60M 

m4î 

BSCTION  ni. 
ViTtuesTs ! 

30  4S 

■BSO 

18  19 

sa  10 

-          d«  1>  famma  .  du  dlmancba.  lii'ïo'j  -  de  lr.T«l,  46'8*.. 

:;:::■.:  il?;?) 

BLANcnissACE  ] 

lit  sa 

ÏOTT» 

. 

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CH,  IS.  —  CBtRPSNTIIK  (DD  DEVOIH)  DB  PA1II9. 

S  15.  —  BtnXÎET  DES  DÉPENSES  DB  L'ANNÉE  [SOITB). 


DÉSIGNATION  DES  DÉPENSES  (SUITE}. 


8BCTI0N  IV. 

DépcBaei  oonoenast  Im  httoiaà  moranx,  ■•■  réortatiODi 

•t  U  Mrvioa  de  Mnté. 

-  Mpenjoi  acddantallM. 

I:imiucTioi  bis  bnfiint)  : 


SeCODSS    et    ADUâNES    ; 

Donnh  à  im  camuiulsi  do  t'aaniar  btfpit  d'aceidenl,  on  à  du  imln  da  la  teamv. . . 

RtcHkiam»  et  MLEiniiTfs  : 
Bapu  prU  pu  l'aniiler  uac  lai  caioandai;  Ubac  à  tnDwr  M  i  priier;  ipoe- 
,  I»elB5 (18,  B) 

Sekvice  de  iiai-ri  : 


eett tlfl,P) 

Tn-iui  dei  dipanm  coumnual  l<>  bcsnCni  laoriDi,  la*  ifcrAatioi» 


8BCTI0N  T. 
Dépeiuea  cxmoemuit  le»  indiutriea  ■  iM  dettet  f  Im  InpAti 


DfnnsES 


iiuga  (cumprlt  lUu  coloi  àa  nuMlim].. 
Iméttts  DEj  DtriTES  : 
BiïetB  dipméa  lU  Uont-da-PiMA,  at  r^pondut  pour  ane  lomma  de  40 

ilîp.  lOQ) 

1^  rimille  a»  fa(b<tiie))aaBDl  andatléa  da  9B'IK  di«  la  bonlanger.  Ut 

«qDiialent  anTiion  i  on  iBttrtt  da  W  p.  100.  an  ds .' 

IhfMs  : 

la  tnppOTte  dinMsmcnt  mucan  impdl 

AlSVBAIlCBS  CONCODBMT  *  UMFIT»  LE  IIBTI-tTCB  raniQDBBT  MOIAt.  D 
Lu  rimilla  b*  participe  ^  aucune  aounnre  de  ce  gmre;  es  rai  da  maladia,  alla 
lUtiil  re«oai(  aa<  b0piUiu;  te.  eu  da  CHutioa  da  t»Ttil,  aui  bunani  da  bian- 

ToTtL  d«  dtponwi  eoBcenianl  lei  lodiiitilgi,  lu  daltet,  ta*  ImpUa  «I 


dépenat,  l'amplDi  la  pliu  profilablo  poiu  la  bién-ttra  aclD*I  de  la  fainille..  ; 

Ttrruix  DIS  Diramas  de  l'année  (baltm^àl  1«9  Tacattea)...  (1,I03'B§) 


Il  i:. 
SI  ss 


.yGoogle 


CD.  n.  —  GDARPBNTIBB  (l>U  DBVOin]   DU   PABI3. 


COMPTES   ANNEXÉS  AUX  BUDGETS. 

SECTION  T. 

COUPTES  DES  BENEFICES 
B^lUat  ia  itdnslms  talrcpriia  pir  U  fiBÎlle  1^  *m  yope  tomft). 


s    VtTBUUm    R    D 


Prix  qui  Etriit  pajt  pi 


D  propriMiiia  du  batuu  da  l>nga,  poor  ta  lauinga  ia 


on  pour  la  linge,  à  riiion  de  il'OS  par  hSBra.. 


RdlribulioD  pour  téchage  du  liDga  «a  buea 
Tntûl  ds  U  famine,  IS  journées  4  O'Sa... 
luttait  (S  p.  10O)  de  li  TaUur  du  maUiiel. . 
BfnfnCB  rénltaat  da  l'iodiutri* 


-  AcflAT  1   BOil   HABCnA  D 


I.fiH>Kea  i  tromteoi  bUna  o 
Viande*  :  Ttuda  do  bcftuf. . , 


Usuniai  al  (Mil 

Praiw 

iiGoogle 


COMPTES  AHHESBS  AUX  OUDGBTS. 


iolBcai  msB 


;ionni)  daûi  1«  ptéteot  eamplii  figurant  au  bodggt  dm 
teCBtUi  en  deoi  Baimw  portA«,  l'ana  (M.  S°>  II)  coinms  ubranUan. 
l'iDlie  (14,  B°*  111)  cciinme  monUot  dM  MnéOcw  d'un»  Indiutiie.  L«  tuinn- 
min  réii1ls4ai  isr  l'achat  d«  aliinstiti  unt  «n  effet,  pour  uia  put  éTalnio 
àtS'lU,  nnanbTeotion  dDB  i  dei  rapporti  ds  canlrateiaiti  p),tt.  poar  ona 
Buln  paît  tialo^a  t  49'  T7,  un  T4[IUble  MntBca  rtaïUut  da  l'induitri*  eu- 
trepiÎN  an  ptnflt  da  la  bmilia. 


S  DIS  Btftrsas  atscLTUir  ms  ikmistkib) 

(A  MB). 


rroduita  aœplojèi  ponr  lai  TUcmanla  de  la  ramlll (It,  B<»110 

tUcalM  CD  irgant  appliquiei  ani  dipenioailn  minage 

Dfnmu  TOTILBI. 

TnUrtt  da  la  Taleor  dai  proprUtii  poHUdca  p>r  U  lamille  et  amplaffei 

psr  ell»  ani  indiulris». (M.S"1) 

rroduiti  dat  (nbianlloni  reguea  par  la  familla  al  cmplo^t»  pu  alla  aai 

idduitria* (14,  S»  11) 

Ealaiiaa  affiianta  un  uarau  aiétntit  pat  I*  fanilla  poui  loa  Indua- 

Iriai (14,S«1II) 

DépeDtea  en  argaat  qui  deironl  tire  nmbonnle*  par  daa  racalla*  lémltanl 

doa  indnMrïBt 

ToUni  dH  dépanna  flS'aft 

Bi.iincH  TVTanx  riraltaat 


SBCTIOK   11. 

COMPTES  RELATIFS  AUX  SUBVENTIONS. 

Cm  complM  le  npporttat  i  da)  opéraliona  [eil  «opleaj  lia  ont  iià  a: 
-      il  daai  le  bodgat  lal-m«n*. 


-^ 

IDU 

• 

75'on 

SO  10 
'7S  0« 

M» 

TVsa 

17  60 
54  SB 

19  ~ 

1*  ta 

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6BCT10H  III. 

COMPTES  DIVERS. 


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COMPTES  AHMKXBS  AUX  BUBBtlI. 


E.  —  COUm  PB  LA  DtrENSB  AUnUELLI  CORCEtNUT 
LES   KfCB^TIOIlE. 

MpeniM  rtititf  dsai  foi*  en  IS  rnia  pour  rtlnr  1«  joar  ds  Siint- Joieph,  pltnni 

~  iiriatchisumenli,  tCIO;  —  déjtunii  d«  fioiille  la  lendïmiia  malin  cbi 

le  iraïUur,  S'90;  —  loUI,  ll'Off  :  Hit  posi  dipvDie  UDuelle 

R*K»I  l'i)  prélaT*  mr  le»  pontboirei,  et  ïOBMittŒ*  par  l'onniat  »ee  « 

Di'pensBi  iKddtnIelJei  t^i^m  peôdiDt  In  piomeudM  de  U  (unille,  lu  di 

Mhdh»  eoncn-nant  l'enlnlicD  et  U  oDoirinm  d'an  nliûn  (11) 

Tsbtc  tuiat  p*t  l'onTncr,  et  prùA  {ir  la  ronune 

TotlOz  de  la  ddpaau  liiiiDclle  coBcariUDl  In  ifciteUoBi 

F.  —  Comm  M  LA  Dfonisi  iiinuelle  concmiaNT  li  sbkvicb 

Alcool  camphre,  pour  Isa  blansn»  de  l'omrlaT,  pr^parf  danill  hmiU*. 

Ban  tidalÏTB  immoniacala  ds  Saipail , 

Pominada  camphre  pûar  lea  coupurta  et  âcorchorea,  préparte  dana  la  bmlUe, 

Camphre  ponr  înlialatiaDi  il  l'aide  do  clganttM 

Houblon  poor  1»  aofaota 

PniadBTialtaadnsiédacin 

roigatlt  an  léné,  dit  medicinf  du  euri  dt  Dnil 

Tout  dN  dtpeBaai  coniamant  la  «ciTio*  d«  aaiiW. . . . 

G.  —  Pb£pjUUttoh  d'skb  boisson  LiatBEVEitr  nsjnrrtB  SDBsrmfB 
AD  vin  qeanD  ce  oEKHrii  est  d'un  mu  nu>p  ii.Ert, 

La  rsmraa  pripan  ceUo  baliaan  eaTiron  (roi*  fols  p>t  oïDii;  dan  15  lltm 
d'eau  de  riDUlu.  elle  met  :  raliint  awi.  1  kll,  O'BO,  —  «cn^èTTB.O^Ott, 

La  HquBDT  alod  mAlangéB  lofaae  i  lYoLd  pandant  7  ou  8  haona,  al  doflnt 
aorAi  ce  (ompi,  par  aimpla  décnnlaUoo,  une  boiiioa  ÎDCOloie,  aiRretotte  el 
mooueuie.  Celle  boiatoa  TetieDI  1  O'OX  le  litie,  et  la  caoBommalion  i'6Ut< 

nomie  titelle;  catta  liquau  fude  al'  (qoeuaa  bb  pant  culflia  (oDjoar*  t  ta 

Kaiii  oo  7  joioi  an  diierasi  occuioDi  qualquealittea  de  Tin  qui  nmtHOt  It 
pmta  i  aon  lau  Itabllael  (IS,  S«  1). 


m 


H,  —   COHPTB  BE  LA   IlfFEHSl  «EUTITB  A  LA  NODBEITtlB 
PRIS!  PAI  L'OtVaiEB  BOBS  Ml  IfinAGE   (9J. 

le  Balin  aiaol  la  trmS  : 

Ban-da-Ti*>  CM,  mein»  dite  pttit  tirri,  coBaonmutlon  habiloella  ( 

TTJen  paifaitns  faite  chai  un  marchand  do  >Ln....... 

A  9  henrei,  dijennec  1  l'ordloAiia  d'an  cabuBtiar  : 

BsnilloD.  Ot  ISO;  — boni  bouilli,  0» US; —  ligamea.O' 100 

Vin,  O'M 

Pain  pria  wt  la  pTOTiiion  jootnalitn  dn  mtnajs,  Ctï. 

Fromage,' 0'M8...- 

Pain  du  minage,  Ok  19 

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CD.    II.  —  CHUIPBNTIEK  (OD  DEVOIR)  DE   PAU9. 


ËLËHENTS  DIVERS  DE  LA    CONSTITUTION  SOCIALE 


FAITS     IHPORTANTS    D'ORGANISATION    SOCIALGt 

PAnilCDLAltlTËS   RBHARQDABLESt 

APPRÉCIATIONS    GËNËBALESt   CONCLUSIONS. 

S  17. 

BN8EIGNEIIBNT  OFFERT  PAR  LA  CORPORATION  DES  CUARPENTIERS 
PARISIENS    TOUCHANT   LES  MOYENS  DB  BEU^DIER  A  l'ÉBRANLEHENT 
QDE   SDBIT,   DEPUIS  1661,  LA  SOCIÉTÉ   FRANÇAISE. 

En  poursuivant  lecoursdemes  étades  sociales,  je  me  reporte 
souvent  par  la  pensée  aux  tableaux  de  corruption  qui,  depuis 
deux  siècles,  rorment  en  quelque  sorte  le  fond  de  notre  histoire. 
Je  mesure  la  rapidité  de  cette  œuvre  de  désorganisation  en  mo 
rappelant  les  faits  qui  se  sont  produits,  pendant  vingt-cinq  ans, 
sous  mes  yeux  ;  et  je  me  demande  chaque  jour  comment  notre 
nation,  après  tant  d'ébranlements,  conserve  encore  certains  restes 
de  stabilité.  Heureusement  la  méthode  que  j'emploie  ne  me 
montre  pas  seulement  la  gravité  du  mal  ;  elle  m'eosetgne  aussi 
Ips  moyens  d'y  remédier.  Je  les  trouve  dans  la  pratique  des 
grandes  nations  qui  ont  conquis  l'ascendant  social  que  la  France 
possédait  au  milieu  du  xvu*  siècle.  Je  garde  même  ma  confiance 
dans  l'avenir  de  notre  race,  parce  que  je  rencontre  journellement, 
dans  tous  les  rangs  de  la  société,  des  individus,  et  même  des 
groupes  d'hommes,  fidèles  à  l'esprit  de  dévouement  ou  d'obéis- 
sance qui  animait  nos  ancêtres.  Tel  est  le  cas  pour  la  corporation 
des  charpentiers  parisiens. 

Pendant  toute  la  durée  du  xviii*  siècle,  les  ouvriers  voués 
aux  travaux  des  arts  manuels  ont  offert  un  contraste  complet 
avec  les  gouvernants,  puis  avec  les  lettrés  qui  prétendirent  sup- 
pléer h  la  défaillance  de  ces  derniers  et  donner  l'impulsion  à  la 
société  frangaise.  Tandis  que  les  classes  dirigeantes  s'appliquaient 


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BliyBNTS  DITBM  DB    LA  CONSTITUTION   SOCIAL!.  i67 

à  détruire  daos  les  esprits,  puis  dans  les  insfitutions,  tous  les 
éléments  fondamentaux  de  la  constitution  sociale,  les  classes 
ouvrières  défendirent,  autant  qu'elles  en  eurent  le  pouvoir,  les  tra- 
ditions de  leurs  métiers  :  elles  résistèrent  avec  le  parlement  aux 
violences  de  Turgot;  elles  restèrent  fidèles  et  soumises  aux  maîtres 
qui  voulurent  bien  conserver  les  anciennes  coutumes  de  patro- 
nages et  tel  m'apparut  le  régime  du  travail  lorsqu'en  1829,  à 
mon  retour  de  la  plaine  saxonne  (III,  m,  a),  je  commençai,  à 
Paris,  l'applicatioD  de  mon  plan  d'observations  comparées. 

Depuis  lors,  il  est  vrai,  cet  état  de  choses  s'est  profondément 
modifié.  Sous  la  Restauration,  la  bourgeoisie  parisienne  fut  sou- 
vent amenée  à  fournir  un  appoint  aux  entreprises  politiques  des 
«  lettrés  militants  »,  qui  continuent  et  agrandissent,  sous  nos 
régimes  parlementaires,  le  rôle  funeste  qu'ils  jouèrent  successi- 
vement dans  les  salons  parisiens,  puis  dans  les  assemblées  révo- 
lutionnaires. Elle  commit  une  faute  plus  grave  encore  :  elle 
associa  ses  ouvriers  aux  passions  et  aux  actes  de  violence  d'où 
sortit  la  révolution  de  1830;  puis  elle  se  dispensa  de  remplir 
envers  eux  les  devoirs  que  s'imposaient  les  classes  dirigeantes, 
sous  les  révoltes  de  l'ancien  régime.  Sous  la  Ligue  et  la  Fronde, 
en  effet,  puis  en  dernier  lieu  sous  la  Vendée,  des  liens  intimes 
unissaient  les  nobles  et  les  bout^eois  aux  paysans  et  aux  ouvriers  : 
la  solidarité  des  deux  classes  était  complète,  aussi  bien  dans  les 
sentiments  et  les  actes  qui  créaient  le  désordre  social  que  dans  les 
souffrances  qui  en  étaient  le  résultat  inévitable.  Au  contraire, 
pendant  tes  terribles  chômages  qui  suivirent  la  Révolution  de 
1830,  les  fabricants  de  Paris  et  ceux  desgrandesagglomérations 
manufacturières  se  montrèrent  infidèles  à  la  tradition  des  ate- 
liers :  ils  ne  se  crurent  point  obligés  de  fournir  à  leurs  ouvriers 
le  pain  quotidien.  C'est  de  ce  moment  que  date  le  cruel  déchire- 
ment qui  menace  l'avenir  de  la  constitution  française.  L'ouvrier 
a  senti  instioctivement  qu'il  n'appartenait  plus  à  la  famille  de  son 
ancien  patron.  Voyant  désormais  en  lui  un  étranger,  il  ne  se 
croit  plus  tenu  moralement  de  se  dévouer  au  succès  de  l'atelier  : 
il  débat  avec  ténacité  son  intérêt  personnel,  sous  le  régime  des 
n  grèves  »,  quand  il  croit  l'occasion  favorable,  au  risque  de 


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461  CQ.  IX.  —  GHIRPEKTIB»  [BO  DBTOIB)   DB   PÀBIS. 

ruiner  soq  mattre  et  de  détruire  ses  propres  moyens  d'exisfeoce. 
Beaucoup  de  seutimeots  se  brisent  dans  le  cœur  des  ouvriers 
après  ceux  qui  les  unissaient  aux  patrons;  et*  depuis  qu'ils  ne  se 
seatent  plus  liés  à  l'atelier,  ils  se  détachent  peu  à  peu  de  la 
patrie. 

Seuls  au  milieu  des  ouvriei's  parisiens,  les  cbarpenliers  ne  se 
sont  pas  associés  à  cette  œuvre  de  désoi^Disatton  sociale.  Les 
causes  de  cette  exception  singulière  sont  complexes.  Les  unes 
sont  liées  à  ta  nature  d'une  industrie  qui,  plus  que  toute  autre, 
diminue  en  quelque  sorte  les  rroltemenls  dans  tes  rapports 
mutuels  du  maUre  et  de  l'ouvrier  ;  qui  rend  l'ouvrier  moins 
exigeant  et  le  maître  moins  nécessaire;  qui  enfin  permet  à 
l'ouvrier,  mécontent  de  son  étal  de  dépendance  dans  les  grands 
travaux  urbains,  de  s'établir  mattre  dans  les  petits  ateliers  des 
campagnes.  Les  autres  causes  dérivent,  pour  la  plupart,  des  tradi- 
tions du  compagnonnage.  L'art  de  la  charpente  consiste,  en 
grande  partie,  à  manœuvrer  des  masses  lourdes  de  bois,  à  l'aide 
de  moyens  simples.  Il  est  peu  redevable  à  l'esprit  de  nouveauté 
qui  a  introduit  une  transformation  complète  dans  une  foute  d'in- 
dustries manufacturières.  Il  a  peu  profité  du  progrès  des  sciences 
exactes;  et,  au  contraire,  c'est  lui  qui  a  fourni  des  moyens  de 
développement  à  une  branche  de  la  géométrie.  Le  travail  du 
charpentier  se  U'ansmet  d'âge  en  ftge  par  une  science  positive,  et 
surtout  par  la  tradition  ;  et,  sous  ce  rapport,  c'est  l'art  usuel  qui 
participe  le  plus  à  l'immuable  enseignement  de  la  vie  morale. 
C'est  pourquoi  les  deux  enseignements  s'unissent  si  intimement 
dans  le  compagnonnage  de  celle  profession  et  lui  donnent  tant 
de  solidité.  Ainsi  s'expliquent  les  croyances  fermes  et  la  conduite 
prudente  qui  se  montrent  encore  chez  ces  artisans  pauvres  et 
illettrés,  tandis  que  les  erreurs  grossières  et  les  actes  insensés 
débordent  au  sein  des  classes  qui  s'appuient  sur  toutes  les  rea- 
sources  de  la  richesse  et  de  l'enseignement  scolaire. 

Dans  ses  croyances  naïves  et  dans  ses  coutumes  tradition- 
nelles, le  compagnonnage  conserve  tous  les  éléments  fondamen- 
taux d'une  bonne  constitution  sociale.  L'origine  de  l'iDStitutitm 
remonte  à  la  coostrucUon  du  temple  de  Jérusalem,  c'est-à-dire  à 


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BLéUBNTS  DITKIS  DE  LA   GO^STITUTIOX   80CIALK.  459 

celte  ëpoque  mémorable  de  la  tradition  religieuse  des  chrétiens,  où 
la  [ransitiOD  de  la  vie  nomade  k  la  vie  sédentaire,  chez  le  peuple 
élu,  eut  pour  couronnement  les  splendeurs  du  règne  deSalomon. 
Le  compagnonnage  s'est  d'ailleurs  rattaché  plus  spécialement  à 
l'origine  du  christianisme  en  prenant  pour  patron  saint  Joseph, 
le  premier  charpentier  chrétien.  Les  charpentiers  (du  Devoir)  do 
Paris  continuent  à  l'honorer,  le  19  mars,  à  l'église  de  Saint-Lau- 
rent, en  joignant  leurs  rites  .traditionnels  à  ceux  de  la  religion; 
et  il  m'a  semblé  que,  depuis  18fi8,  l'éclat  de  cette  soleonîté  aug- 
mente à  mesure  que  les  autres  ouvriers  parisiens  se  montrent 
plus  disposés  à  abandonner  les  pratiques  du  culte.  Assurément 
les  compagnons  charpentiers  ne  sont  point  à  l'abri  des  fléaux 
déchaînés  par  les  corruptions  de  l'ancien  régime  et  les  erreursde 
la  révolution  ;  mais  i!s  constituent  peut-être  la  seule  classe  qui 
continue  à  respecter  dans  leur  intégrité  les  traditions  nationales 
confiées  à  sa  garde.  Les  quatre  Forces  morales  sont  représentées 
par  les  secrets  et  les  rites  du  compagnonnage,  savoir  :  le  Déca- 
logue  par  les  souvenirs  du  temple,  la  religion  par  le  culte  du 
saiut  patron,  l'autorité  paternelle  et  la  souveraineté  par  l'obéis- 
sance à  la  Mère.  Quant  aux  trois  forces  matérielles  de  la  pro- 
priété, elles  ont  pour  équivalents  sérieux,  chez  ces  pauvres 
ouvriers,  le  lien  de  corporation,  l'apprentissage  du  métier  et 
l'assistance  mutuelle. 

Envahis  par  la  corruption  venue  d'en  haut,  les  ouvriers  des 
autres  professions  ont  généralement  perdu  lesavantages  du  même 
genre  qui  leur  étaient  jadis  partiellement  acquis;  mais  tous  s'ac- 
cordent à  reconnaître  la  supériorité  sociale  des  compagnons 
charpentiers.  Les  preuves  de  l'ascendant  acquis  à  Ipurs  «  au- 
torités sociales  »  m'ont  été  souvent  données.  Ainsi,  par  exemple, 
j'ai  pu  quelquefois  démontrer  à  des  ouvriers  intelligents  que  la 
paix  sociale  serait  restaurée  à  leur  grand  avantage  si  l'on  reve- 
nait à  l'ancienne  coutume  des  ateliers  de  travail  :  or,  dans  ces 
occasions,  mes  interlocuteurs  exprimaient  leur  approbation  en 
constatant  que  mon  enseignement  était  conforme  à  celui  do 
quelque  sage  charpentier.  Récemment  encore,  un  corJonnÎOT, 
qui  se  mêle  activement  aux  débats  soulevés  par  la  question  du 


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MO  ça.  a.  —  cBMntmm  (du  dbvoii)  db  puis. 

salaire,  déclarait  qae  cerlalns  faits  allégués  dans  notre  eatreUeD 
étaient  d'un  grand  prix  à  ses  yeux,  parce  qu'ils  s'accordaient 
avec  une  opinion  professée  par  une  des  lumikes  du  compagnon- 
nage, par  ■  Avignoanais-la-VerUi  s.  f.  l.-f. 


§18. 

COUTUHES  DO  COMPAGNONNAGE  OBSEBTÉES  CHEZ  LES  CHâJtPEMlEBS 

PABISIEHS. 

On  nomme  «  compagnonnages  »  des  sociétés  formC-es  entre 
les  ouvrio^  d'uQ  même  corps  d'élat,  dans  un  but  d'assurance 
mutuelle,  d'instruction  proressionnelle  et  de  moralisation.  Le  lieu 
qui  unit  les  associés  est  resserré  par  la  croyance  à  une  antiigue 
origine,  et  par  la  possession  exclusive  de  quelques  traditions 
mystérieuses.  Il  exisle  entre  les  charpentiers  deux  sociétés  de 
compagnonnage;  l'une,  qui  paraît  la  plus  ancienne  et  la  plus 
puissante,  est  celle  des  «  compagnons  passants  u ,  ou  a  compa- 
gnons du  Devoir  > .  A  Paris,  elle  occupe  principalement  la  Hre 
droite  de  la  Seine,  sur  laquelle  est  situé  son  cher-lieu.  La  seconde 
société,  dont  le  chef-lieu  est  sur  la  rive  gauche,  paraît  avoir  été 
rond*^e  par  des  dissidents  de  la  première;  ils  portent  le  nom  de 
«  compagnons  de  Liberté  >> .  La  société  des  compagnons  du  Devoir 
comprend  deux  classes  :  les  aspirants  nommés  «  renards  », 
et  les  compagnons  qui  sont  appelés  «  chiens  n.  Jusqu'à  ce 
qu'il  obtienne  le  titre  d'aspirant,  l'apprenti  est  désigné  sous  le 
nom  de  «  lapin  »;  le  patron  l'est  habituellement  sous  celui  de 
«  singe», qui,  comme  les  termes  précédents,  n'a  d'ailleurs  aucune 
acception  injurieuse.  Les  compagnons  doivent  appartenir  tout 
entiers  à  la  société;  aussi,  pendant  longtemps,  ont-ils  cessé  d'en 
faire  partie  dès  qu'ils  se  mariaient.  Ils  prenaient  alors  le  nom 
a  d'anciens  compagnons  »  ou  «  Agrichons  »  ;  et,  bien  qu'ils 
ne  prennent  plus  aucune  part  aux  dépenses,  ni  aux  secours  de  la 
société,  ces  anciens  compagnons  obliennentenoore  un  grand  res- 
pect ;  et  ils  sont  toujours  les  bienvenus  aux  solennités  du  compa- 
gnonnage. Depuis  peu  d'années,  on  a  l'cnoncé  à  cette  exclusion. 


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ifLiuENTS  DIVBIta   DE  LA   CONSTITCTIOS  EOaALB.  461 

mais  elle  explique  comment  aujourd'hui  ou  compte  moins  de 
compagnons  du  Devoir  à  Paris  que  de  compagnons  de  Liberté  (i  ) , 
ceux-ci  ayant  toujours  admis  parmi  eux  les  compagnons  mariés. 
La  société  des  charpentiers  du  Devoir  a  pour  but  de  former 
des  ouTiiers  habiles  et  éprouvés  ;  elle  exerce  en  même  temps  sur 
eux  une  pression  morale  dont  l'iofluence  est  considérable.  Elle 
les  astreint  à  une  certaine  régularité  de  conduite,  précisé- 
ment à  l'âge  où  les  passions  rendraient  dangereuse  pour  eux  la 
vie  errante  qu'ils  mènent  de  ville  en  ville.  Â  ces  conditions,  le 
compagnonnage  leur  assure  partout  sur  leur  route  une  protection 
fraternelle  et  des  secours  contre  la  détresse  ou  la  maladie.  Une 
antique  organisation  réalise  c^  heureux  résultats.  Elle  se  main- 
tient, nonobstant  le  contraste  qu'elle  forme  avec  les  habitudes 
modernes,  en  s'appuyant  sur  le  respect  des  traditions  et  sur 
l'expérience  journalière  des  avantages  qu'en  retirent  ceux  qui 
s'y  soumettent.  La  ville  de  Lyon  est  le  chef-lieu  du  compagnon- 
nage des  charpentiers  du  Devoir;  elle  renferme  les  codes  sacrés 
de  cette  corporation,  et  des  archives  qu'un  incendie  a  malheu- 
reusement détruites  en  partie,  il  y  a  quelques  années.  Ce  chef- 
lieu  est  tenu  par  une  cabaretière  que  les  compagnons  ont  choisie 
et  qui,  sous  le  titre  de  «  Mère  n,  personnifie  en  quelque  sorte 
leur  société.  Elle  est  de  leur  part  l'objet  d'un  respect  filial.  Un 
commis  l'assiste  pour  l'expédition  des  affaires  de  la  société.  Près 
d'eux  se  trouve  encore  le  «  rouleur  »,  plus  spécialement  chargé 
de  recevoir  les  nouveaux  venus  et  de  leur  procurer  de  l'ouvrage. 
Le  routeur  et  le  commis  sont  choisis  parmi  les  compagnons.  De 
même  que  les  corporations  analogues  qui  existent  encore  dans  les 
pays  étrangers  (III,  i,  1 8  :  i,  i  s),  la  société  des  compagnons  du 
Devoir  se  conforme  à  une  tradition  'séculaire  :  elle  a  organisé  en 
faveur  des  compagnons  un  voyage  d'instruction,  nommé  «  tour 
de  France  ».  A  cet  effet,  elle  a  fondé,  à  l'imitation  de  ce  qui 
existe  au  chef-lieu,  un  certain  nombre  de  bureaux,  à  la  tête  des- 
quels se  trouvent  placées  autant  de  Mères.  Les  villes  qui  offrent 
aux  compagnons  cet  avantage  sont  nommées  «  villes  du  Devoir  » . 
Leur  ensemble  constitue  le  tour  de  France  ;  ce  sont  aujourd'hui, 
"k  partir  de  Lyon  :  Nimes,  Toulouse,  Agen,  Bordeaux,  Bochefort, 


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461  CH.  a-  —  CDABPBNTIBB  (dU  DSVOIr)   DE  PAIIS. 

Naots,  Aegers,  Tours,  Biois,  Orléans,  Paris*  Âaxerre  etDijon. 
Les  autres  rilles  située  sur  le  tour  de  FraDce  se  Domment 
B  villes  bâtardes  a;  elles  ne  renferoient  pas  assez  de  compagnons 
pour  entretenir  une  Mère.  La  Mère  est  élue  par  les  compagnons 
suivant  des  Tormes  traditionnelles  :  c'est  toujours  une  femme 
mariée.  L'état  de  veuvage  serait  un  obstacle  h.  son  élection,  mais 
ne  détermine  pas  l'e^dusion  d'une  Mère  déjà  eu  fonctions.  L'hon-^ 
nêteté,  la  régularité  des  moeurs  sont  les  premières  qualités  qu'on 
exige  d'elle.  Des  commissaires  délégués  par  l'assemblée  géné- 
rale [H-éparent  son  installation  ;  ils  font  dresser  l'acte  notarié  qui 
assure  à  la  Mère  la  maison  où  la  société  s'établit;  ils  passent  avec 
elle  le  conirat  qui  règle  ses  obligations.  Après  la  réception  qui 
est  l'occasion  d'une  fête  solennelle,  elle  a  droit  aux  égards  par- 
tout où  elle  parait;  sa  présence  est  indispensable  dans  toutes  les 
cérémonies;  elle  suit  la  première  le  convoi  funèbre  du  compa- 
gnon; elle  a  la  place  d'honneur  à  la  fête  patronale  des  char- 
pentiers (19), 

Le  commis  est  un  compagnon  rétribué  par  la  société,  parce 
qu'il  lui  donne  tout  son  temps;  à  Paris  il  reçoit  1,800'  par 
an.  li  est  tenu  de  rester  chez  la  Mère  pendant  certaines  heures 
du  jour,  et  le  soir.  Si  un  voyage  Foblige  à  quitter  Paris,  dans 
l'intérêt  de  la  société,  celle-ci  lui  paie  les  frais  de  déplacement. 
Ses  principales  fonctions  consistent  à  tenir  le  livre  où  s'inscrivent 
l'arrivée  et  le  départ  des  compagnons,  à  régler  les  compta,  b 
recueillir  les  renseignements  relatifs  à  la  conduite  des  compa- 
gnons, et  à  convoquer  les  assemblées  aux  époques  voulues.  Il  est 
en  quelque  sorte  le  chef  de  la  société;  et  il  en  connaît  les  secrets 
et  les  traditions.  Souvent  ses  connaissances  à  cet  égard  sont  recoa- 
nties  insuITlsantes.  On  a  recours  dans  ce  ces  à  quelque  ancien 
compagnon  qui  s'est  créé  une  réputation  dans  la  société  :  on  va 
auprès  de  lui  recueillir  la  tradition  du  compagnonnage  pour  y 
demeurer  fidèle  en  tous  points  et  en  toutes  circonstances.  Le 
rouleur  est  un  compagnon  qui,  pendant  une  semaine,  donne  son 
temps  à  la  société;  chacun  paie  cette  dette  à  tour  de  rôle.  Il 
reçoit  les  nouveaux  venus;  et,  après  leur  inscription,  il  les  fait 
embaucher,  c'est-à-dire  qu'il  les  met  en  rapport  avec  les  patrons 


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.   ÉLÉMENTS  DIVEIS  DK  Ll  CONSTITUTION  SOCIALE.  4G) 

qui  ODt  besoin  d'ouvriers.  A  Paris,  il  n'a  même  pas  cette  mission 
qui  serait  trop  difficile  ;  et  il  se  borne  h  les  adresser  aux  divers 
compagnons  chefs  de  chantier  (ss).  Il  doit  encore  «  lever  tes 
acquits  »  des  compagnons  qui  partent.  Celte  formalité  consiste 
à  s'enquérir  si  l'ouvrier  ne  laisse  aucune  dette,  on  n'a  lui-raéme 
aucune  réclamation  d'argent  à  etercer.  Cela  constaté,  il  lui  en 
délivre  un  certificat  que  l'ouvrier  emporte  pour  justilier  de  sa- 
position  dans  les  villes  du  Devoir  qu'il  visitera  successivement. 
Les  compagnons  du  Devoir  ont  des  assemblées  mensuelles  au 
chef-lieu  de  leur  résidence;  elles  ont  pour  but  de  traiter  des 
intérêtE  de  la  société  et  d'en  régler  périodiquement  les  comptes. 
Il  n'est  dâ  par  les  compagnons  aucune  cotisation  fixe  :  à  la  Saint- 
Joseph,  à  la  Saint-Pierre  et  k  la  Toussaint,  on  annonce  à  l'as- 
semblée le  montant  des  obligations,  et  chaque  membre  en  paie  sa 
quote-part.  Â  Paris,  la  cotisation  d'un  compagnon  s'élève  habi- 
tuellement à  3  ou  /i'  par  mois;  ce  qui  pour  500  compagnons 
passants  suppose  une  dépense  annuelle  de  21,000'.  Elle  con~ 
sisle  en  frais  de  réunion,  frais  de  la  fête  patronale,  secours 
aux  compagnons  malades,  blessés,  ou  très-endeltés  sans  lucoa- 
duite,  frais  de  réception  des  nouveaux  venus,  loyer  du  local 
ccciipé  par  la  Mère  et  tenu  par  elle  à  la  disposition  de  la 
société. 

Les  charpentiers  reconnaissent  pour  patron  saint  Joseph,  et 
tes  compagnons  célèbrent  sa  fêle  te  19  mars  dans  toutes  les 
villes  du  Devoir.  Parmi  les  usages  de  cette  solennité,  il  faut  par- 
ticulièrement remarquer  l'hommage  rendu  aux  personnes  qui 
mettent  teur  influence  et  leur  position  de  fortune  au  service  de 
la  société.  Deux  riches  marchands  de  bois  ont  souvent  rempli, 
dans  ces  dernières  années,  une  mission  de  ce  genre  auprès  des 
compagnons  charpentiers  du  Devoir  ;  on  les  traite  dans  un  repas 
spécial,  un  jour  ou  deux  après  celui  qui  réunit  les  compagnons 
à  la  fête  patronale.  L'apprenti  charpentier  qui  désire  s'instruire 
est  affilié  par  quelques  compagnons  rencontrés  dans  les  chantiers, 
et  bientôt,  par  leur  entremise,  il  est  admis  comme  aspirant.  Dès 
lors,  il  travaille  sous  leur  direction  et  se  perfectionne  par  leurs 
conseils,  en  même  temps  que  le  soir  il  étudie  a  le  trait  »,  qui 


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464  CB.  tX.   —   CHABPBNTIBK   (DD  DBVOIB)   DS  PARIS. 

compreod  le  dessin  lioéaire  et  le  tracé  des  coupes  da  bois.  Le 
trait  est  enseigné  dans  des  écoles  ouvertes  par  quelques  compa- 
gDODS  habiles  à  démontrer  ;  les  ouvriers  qui  suivent  ces  cours 
paient  une  légère  rétribution,  et  rouraissent  la  chandelle,  le  papier, 
les  règles  et  les  crayons.  On  peutciter,à  Paris  et  dans  la  banlieue, 
six  écoles  de  trait,  qui  habituellement  ouvrent  à  la  Toussaint  et 
.ferment  vers  la  fin  de  mars;  elles  se  tienaenf  le  soir,  de  6  à 
10  heures.  Cette  éducation  se  donne  surtout  pendant  la  durée  du 
tour  de  France  ;  elle  Tait  connaître  aux  jeunes  ouvriers  toutes  les  . 
méthodes,  et  les  met  en  contact  avec  les  meilleurs  mattres. 
L'aspirant  obtient  le  titre  de  compagnon  dans  une  épreuve 
solennelle.  Les  réceptions  ont  lieu  surtout  à  la  Saint-Joseph,  et, 
en  moindres  proportions,  à  la  Saint-Pierre  et  à  la  Toussaint.  On 
n'admet  comme  candidats  que  tes  aspirants  libérés  du  service 
militaire,  exempts  de  dettes,  et  dont  la  conduite  a  été  laborieuse 
et  honnête.  A  ces  diverses  époques,  et  dans  les  salles  souter- 
raines où  se  tiennent  toutes  les  assemhlées  du  compagnonnage, 
chaque  candidat  suhit  un  examen  de  1  à  2  heures  devant  des 
compagnons  experts.  Les  plus  capables  (la  moitié  environ) 
obtiennent  leur  titre,  et  aussitàt  ils  passent  dans  la  salle  spéciale 
des  réceptions,  où  le  commis,  assisté  d'un  ancien  compagnon, 
les  initie  aux  secrets  du  compagnonnage.  C'est  alors  que  le  nou- 
veau compagnon  prend,  du  consentement  des  deux  Tonction- 
naires  qui  le  reçoivent,  un  de  ces  noms  de  guerre  qui  désignent, 
outre  le  pays  natal,  un  des  traits  distinctifs  du  caractère.  On  y 
ajoute  hahituellement  dans  les  chantiers  un  sobriquet  tiré  de 
quelque  signe  extérieur  ou  de  quelque  trait  des  moeurs  du  com- 
pagnon :  Vivarais  le  Conquérant,  dit  Sans-Barbe;  Dauphinois 
le  Courageux,  dit  le  Grand-Nez;  Maçonnais  la  Vertu,  dit  le 
Brun;  Champagne  la  Sagesse,  dit  la  Petile-Ckopine;  Manceau 
la  Prudence,  dit  Ut  Grande-Soupière;  Angevin  la  Fidélité,  dit/e 
lAMche;  Parisieti  l'Ile  d'Amour,  dit  Courte-Cuisse;  Jlontauban 
l'Enfant  du  génie,  àii  la  Grande-Bouche  ;  Nantais  l'Ami  du  trait, 
dit  le  Grêlé,  sont  des  noms  de  compagnons  charpentiers  du 
Devoir.  Les  nouveaux  admis  prennent  rang  à  la  fête  patronale 
qui  suit  leur  réception  ;  une  place  d'honneur  leur  est  l'éservée 


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iLÉMSNTS  DITSU  DS  LA  OONSTITUTiaH  lOClAUl.  4€S 

au  souper;  od  y  écoule  Toloutiers  quelques  chansons  où  ils 
cél^reot  leur  admission. 

Le  titra  de  compagnon  est,  à  la  fois,  aux  yeux  de  l'ouvrier, 
un  témoignage  honorable  pour  sa  vie  passée,  une  obligation 
sévère  pour  l'avenir.  Il  est  leou  de  payer  exactement  ses  dettes. 
Aux  premières  plaintes  portées  chez  la  Mère,  le  commis,  infor- 
mations prises,  secourt  le  compagnon  malheureux  ou  provoque 
une  réprimande  contre  celui  qui  se  conduit  mal.  Si  le  compagnon 
ne  s'amende  pas,  il  est  exclu  de  la  société  et  rayé  du  livre  d'in- 
scription. Le  vol  serait  puni  d'une  expulsion  ignominieuse.  Pen- 
dant toute  la  durée  du  tour  de  France,  le  compagnon  doit  ud 
compte  sérieux  de  son  temps.  Pour  se  rendre  d'une  ville  à  une 
autre,  il  a  un  nombre  de  jours  fixé.  S'il  est  contraint  de  le  dépas- 
ser, il  doit  en  informer  le  commis  de  la  ville  la  plus  voisine,  en 
indiquant  où  il  s'est  arrêté  et  quel  motif  le  retient.  Outre  ces 
devoirs  qui  concernent  la  vie  extérieure,  le  compagnon  est  tenu 
d'observer  les  statuts  de  la  société,  de  lui  garder  un  secret  invio- 
lable sur  certains  points,  de  lui  consacrer  une  part  détermini^e 
de  son  temps,  de  secourir  fratem^lement  ses  compagnons  en 
loutes  circonstances,  et  de  soutenir  partout  l'honneur  de  la  cor- 
poration. Ces  obligations  morales  donnent  à  l'ouvrier  ud  certaia 
empire  sur  lui-même  et  l'habîtaent  à  apprécier  la  valeur  de  ses 
actions.  En  même  temps,  la  foi  dans  les  traditions  du  compa- 
gnonnage, la  soumission  k  la  surveillance  exercée  par  ses  pairs, 
le  respect  pour  les  pratiques  et  les  secrets  de  la  société,  le  culte 
dévoué  pour  la  Mère,  sont  des  sentiments  d'un  ordre  élevé,  dont 
on  ne  trouve  guère  de  trace  chez  les  ouvriers  isolés.  Ces  habi' 
tudes  et  ces  traditions  que  les  compagnons  se  plaisent  à  reculer 
jusqu'à  la  construction  du  temple  de  Salomon,  tes  dénominations 
qu'ils  prennent,  leurs  réceptions,  et,  en  général,  toutes  leurs 
cérémonies,  ont  une  couleur  poétique,  qui  fait  trop  souvent  défaut 
dans  la  vie  moderne.  L'ensemble  de  ces  coutumes  développe  la 
délicatesse  du  cœur  et  les  sentiments  de  dignité  personnelle. 

Les  personnes  disposées  h  rechercber  dans  les  institutions  les 
conséquences  qui  eu  peuvent  logiquement  sortir,  plutôt  que 
celles  qm'  se  produisent  réellement,  seraient  peut-être,  au  pre- 


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466  CH.  IS.  —  CBAKPENTIEB    (DO  DBTOIH)   DB  PAU!. 

mier  aperçu,  portées  à  redouta  l'influence  du  compagnonnage. 
Il  est  Tacile,  en  effet,  d'imaginer  les  inconvénientâ  que  pourrait 
enlratoer,  eo  ce  qui  concerne  la  moralité  des  ouvriers  et  la  sécu- 
rité publique,  une  institution  occulte  réunissant,  en  une  associa- 
lion  puissante,  des  hommes  sortis  des  classes  les  moins  éclairées. 
Mais  les  choses  se  présentent  sous  un  autre  jour,  quand  on 
i-echercbe,  non  ce  qui  pourrait  arriver  à  la  rigueur  en  certains 
cas,  mais  bien  ce  qui  a  toujours  eu  lieu  jusqu'à  présent.  Tous 
ceux  qui  étudieront  sans  prévention  la  corporation  des  charpen- 
tiers de  Paris  se  rallieront  immédiatement  h  l'impression  que 
nous  avons  ressentie.  Ils  constateront  que,  sous  l'empire  des  tra- 
ditions établies,  la  corporation  oiïre  à  cette  catégorie  d'ouvriers, 
et  à  la  société  tout  entière,  des  garanties  qu'on  est  loin  de  ren- 
conb^r  aujourd'hui  dans  le  régime  d'isolement  où  vivent,  pour 
la  plupart,  les  autres  ouvriers  parisiens.  Peut-être  même  est-41 
vrai  de  dire  que  celte  association,  avec  ses  rites  secrets,  exerce 
sur  le  bien-être  et  la  moralité  des  charpentiers  uae  influence 
encore  plus  eETicace  que  celle  qui  résulte  de  beaucoup  de  sociétés 
de  secours  mutuels  établies  sous  le  patronage  des  maîtres  et  avec 
l'appui  de  l'autorité  publique. 


S  49. 

SOLENNITES  DU  COHPAGNONNAQB   DES  CQABPENTTBBS  (OO  DBTOIB). 

Le  19  mars,  jour  de  Saint-Joseph,  les  charpentiers  compa- 
gnons du  Devoir  se  réunissent,  entre  dix  et  onze  heures,  chez  la 
Mère,  rue  de  Flandre,  à  Pantin;  tout  le  monde  doit  s'y  trouver; 
les  absents  encourent  une  amende  de  5',  à  moins  qu'ils  n'aient  à 
présenter  une  excuse  légitime.  Chacun  doit  être  en  costume  de 
cérémonie;  on  n'admet,  ni  blouse,  ni  casquette;  mais  le  compa- 
gnon qui  n'a  pas  le  costume  convenable  est  dispensé  de  ce  devoir. 
A  onze  heures,  on  se  rend  en  corps  à  l'église  Saint-Laurent  pour 
assister  à  la  messe  de  midi  ;  la  Mère,  en  grande  toilette,  estcon- 
duite  en  tête  par  un  ancien  qui  lui  donne  le  bras  (en  1856,  par 
un  temps  pluvieux,  elle  vint  en  voiture  ;  les  compagnons  sni- 


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ÉLÉMENTS  DIVBBS  DK  LA   CONBTtTDnON  SOCIALE.  467 

valent  h  pied).  Le  chef-d'œuvre,  exécuté  ea  18&2,  est  porté  eu 
grande  pompe  dans  le  cortège;  c'est  un  modèle  d'une  pièce  de 
charpente  où  sont  réunies  et  surmontées  les  plus  grandes  difB- 
cultes  de  la  coupe  des  bois.  Comme  toutes  les  œuvres  de  celte 
espèce,  elle  a  élé  exécutée  par  les  plus  savants  compagnons  pour 
montrer  le  niveau  d'habileté  auquel  s'est  élevée  la  corporation. 
Le  cortège  est  formé  des  compagnons,  couverts  de  leurs  insignes 
et  marchant  sur  deux  61es  parallèles.  La  musique  d'un  régiment 
les  précède  durant  tout  le  trajet;  elle  entre  à  l'église  et  joue 
pendant  la  messe.  Les  musiciens  sont  invités  à  souper  le  soir.  A 
l'église,  la  Mère  prend  place  dans  le  chœur;  on  dépose  le  chef- 
d'œuvre  en  face  du  mattre-autel  ;  et  le  curé  dit  lui-même  la 
messe  solennelle  qui  est  suivie  d'un  sermon  où  l'on  introduit 
l'éioge  de  la  corporation  des  charpentiers.  On  quitte  l'église;  on 
retourne  à  Pantin  et  l'on  porte  le  pain  bénit  chez  le  maire,  les 
adjoints,  le  commissaire  de  police,  le  curé  de  la  paroisse,  quelques 
fournisseurs,  enfin  chez  deux  mai'chands  de  bois  qui  exercent  au 
profit  de  la  société  un  patronage  oUlcieux,  fort  utile  auprès  des 
autorités  et  des  personnages  influents.  A  cinq  heures,  on  revient 
chez  la  Mère  pour  le  souper.  Chacun  paie  5'  pour  son  écot;  les 
vins  recherchés,  l'eau-de-vie  et  le  café  se  paient  à  part,  La  Mère 
.  reste  jusqu'à  la  (in  du  repas,  qui  dure  environ  deux  heures  et 
demie.  Ordinairement  les  convives  occupent  deux  salles  dans 
l'une  desquelles  la  Mère  siège  Ji  la  place  d'honneur,  ayant  eo  face 
d'elle  les  anciens  de  la  corporation.  Dans  la  même  salle  sont  les 
compagnons  récemment  admis.  A  la  Qn  du  repas,  la  Mère  rend 
compte,  dans  un  discours  préparé,  de  l'état  de  la  société  pendant 
l'année  qui  finit.  Viennent  ensuite  les  chansons  de  compagnons. 
Jamais  une  femme  autre  que  la  Mère  n'assiste  ù  ce  repas.  Après 
le  souper,  on  va  s'habiller  pour  le  bal,  qui  a  lieu  dans  une  salle 
louée  à  cet  effet.  De  18Û8  à  1851,  la  gène  devenue  générale  fit 
supprimer  cette  solennité;  depuis  tors,  elle  a  eu  lieu  chaque 
année  au  Jardin-d'hiver.  Chaque  compagnon  a  droit  à  deux 
cartes  d'entrée,  et  un  cavalier  peut  amener  deux  dames.  Il  s'y 
introduit  de  la  sorte  quelques  filles  de  mauvaise  vie,  dont  la 
présence  est  tolérée,  pourvu  que  leur  tenue  soit  convenable.  La 


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-  CBUPHtriRI  IDD  DBl'OIH)  DB    PA«I8. 


Mère  onTre  le  bal  avec  l'aDciec;  elle  se  promène  ensuite,  rece- 
vant  partout  sur  son  passage  les  hommages  empressés  des  com- 
pagnons; elle  se  relire  après  une  couple  d'heures;  et  le  bal  se 
prolonge  ordinairement  jusque  vers  quatre  heures  du  matin. 

Le  coœpagDODDage  a  d'autres  réunions  moins  soleuneitee- 
Une  des  plus  touchantes  est  l'enteiremeot  d'un  compagnon.  Sous 
peine  d'une  amende  de  5',louslescompagnonsdela  villedoiveut 
y  assister  avec  certains  insignes  de  deuil.  La  Mère  marche  à  leur 
tèle  deiTÏère  le  corps.  Au  cimetière,  certains  ntes,  accomplis  sur 
la  tombe  et  accompagnés  de  cris  bizarres,  terminent  cette  pieuse 
cérémonie.  La  conduite  Taite  par  les  compagnons  auï  confrères 
quittant  l'ube  des  villes  du  Devoir  était  une  de  leurs  cérémouies 
les  plus  fréquentes.  C'était  aussi  celle  qui,  en  exaltant  les  senti- 
ments du  compagnonnage,  occasionnait  le  plus  fréquemment  les 
rixes  entre  les  diverses  corporations.  Aujourd'hui  l'industrie  des 
'  chemins  de  fer  foit  tomber  eu  désuétude  les  réunions  provoquées 
par  les  voyages  de  compagnons  :  on  se  fait  maintenant  les  adieux 
en  buvant  chez  la  Mère,  la  veille  du  départ.  Les  insignes  portés 
par  les  charpentiers  compagnons  du  Devoir  varient  selon  les 
diverses  solennités.  A  la  fôte  de  Saint-Joseph,  on  les  revêt  tous; 
ils  consistent  en  une  longue  canne  en  jonc  avec  bout  ferré  et 
pomme  en  bois  d'ébène  portant  les  lettres  de  la  société,  V.  G.  T.  U; 
deux  boucles  d'oreilles  portant  suspendues,  d'uu  cdté  une  petite 
besaiguS  (instrument  à  double  tranchant) ,  de  l'autre  une  petite 
équerre  croisée  avec  un  compas;  enSn,  des  rubans  ou  couleurs 
que  les  charpentiers  portent  enroulés  au  haut  de  la  forme  du 
chapeau.  Ces  rubans  sont  de  trois  couleurs  (rouge,  blanc, 
noir),  et  il  y  en  a  A  de  chaque  couleur  :  2  larges  de  6  cenU- 
mètres  et  longs  de  2  mètres,  3  étroits  de  1  mètre  de  long  sur 
3  centimètres  de  largeur.  Ils  portent  imprimés  en  or  ;  les  &  lettres 
de  la  société,  le  nom  du  compagnon  avec  les  figures  symboliques 
du  compas  et  de  la  besaiguë,  et  ordinairement  quelques  dessins 
relatifs  à  la  passion  de  Notre-Setgneur  Jésus-Christ.  lies  rubans 
De  se  vendent  qu'à  Saint-Ma\imin,  près  de  ta  Sainte-Beaume 
(Var).  Un  vieux  compagnon  (actuellement  un  ancien  charp«i- 
lier)  est  établi  là  pour  les  fournir  aux  membres  des  diverses 


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ELBNRNT3  DIVBU  DS  LA  CONSTITUTION  SOCI&LI.  469 

sociétés  de  compagnonnage,  mais  à  eux  seuls.  La  Saiote-Beaume 
(on  sainte  grotte),  que  les  traditions  désignent  comme  la  retraite 
où  riot  mourir  Sainte-Magdeleine,  est  le  lieu  sacré  de  tous  les 
compagnonnages.  Deux  cents  compagnons  visitent  habituelle- 
ment chaque  année  la  grotte  et  l'ermitage  voisin  ;  ils  apportent 
leurs  rubans  pour  les  Taire  toucher  à  la  statue  de  sainte  Alagde' 
deleine;  et,  moyennantO'  15,  le  gardien  appose,  sur  leurs  livrets 
et  sur  les  gravures  qu'ils  achètent,  le  cachet  qui  témoigne  de  leur 
passage  au  lieu  consacré*.  Le  commis  a  d'ailleurs  chez  la  Mère 
un  dépôt  de  rubans,  qu'il  vend  au  compte  de  la  société  et  sans 
qu'elle  en  tire  aucun  bénéfice.  Les  boucles  d'oreilles  se  trouvent 
chez  des  bijoutiers  spéciaux,  mais  non  privilégiés.  La  canne  est 
l'insigne,  et  au  besoin  l'arme,  du  compagnon  ;  il  la  porte  en  par- 
courant le  tour  de  France,  et  ne  peut  se  la  voir  enlever  sans  rece- 
voir une  injure  qui  est  ressentie  et  vengée,  s'il  est  possible,  par 
toute  la  corporation.  Les  rubans  s'emploient  diversement  :  lé 
rouge  est  la  couleur  des  fêtes;  on  fait  une  conduite  avec  le  blanc 
et  le  rouge;  le  blanc  et  le  noir  se  portent  aux  enterrements. 

§20. 

SOCIÉTÉ    DE    SECOURS   MUTUELS   DES   AGBICH0N5. 

La  société  des  charpentiers  compagnons  du  Devoir  assure  à 
ses  membres  des  secours  de  tous  genres,  lorsqu'ils  sont  malades. 
Elle  a  son  médecin,  qu'elle  paie  h  l'année  pour  leur  donner  des 
soins.  Elle  fournit  en  outre  les  médicaments,  et  alloue,  comme 
secours,  2'  par  jour  de  maladie.  Hais,  dans  tes  anciens  usages 
de  la  corporation,  le  compagnon  marié,  ne  prenant  plus  part  aux 
charges  de  la  société,  n'avait  plus  droit  à  être  assisté  par  elle.  ' 
Dans  cet  état  de  choses,  il  retombait  dans  t'isolemeat  et  ne  pouvait 
pourvoir  que  par  sa  prévoyance  personnelle  aux  chances  de  la 
maladie.  Depuis  peu  d'années,  les  compagnons  du  Devoir  ont 
renoncé  à  exclure  tes  compagnons  mariés,  mais  sans  rouvrir  leur 

1.  ItMa^nemcDU  fearaii  pu  M.  TÛnai  Giraud,  eoiudller  à  It  Cour  Impérials 
d'Ail  (BiMiche»-da-Rti6n«). 


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iîO  en.  IX.  —  cntftPBNTiBR  (du  nBvoin]  us  FÂBia. 

société-  aux  anciens  compagnons  que  le  mariage  en  avait  éloi- 
gnés. Eq  conséquence,  ces  derniers  avaient  été  conduits  à  fonder 
une  société  spéciale  de  secours  mutuels,  dans  laquelle  chaque 
compagnon  marié  verse  en  entrant  une  somme  de  10',  et  paie 
une  cotisalioQ  mensuelle  de  3'.  Pour  les  compagnons  âgés  de 
ko  ans  révolus,  le  premier  versement  est  de  16  ',  puis  il  aug- 
mente de  3'  par  année  jusqu'à  /|5  ans  ;  passé  cet  âge,  on  ne  peut 
plus  être  admis.  Chaque  membre  a  droit,  lorsqu'il  est  malade, 
auK  soins  gratuits  d'un  médecin,  aux  médicaments,  et  à  une 
allocation  do  1'  50  par  jour  de  maladie.  La  plupart  des  compa- 
gnons mariés  se  sont  joints  à  cette  société;  ceux  qui  n'en  font 
pas  partie  s'accordent  cependant  à  en  reconnaître  les  avan- 
tages (13).  La  famille  décrite  dans  la  présente  monographie 
partage  ce  sentiment;  mais  elle  n'a  pu  jusqu'ici  se  décider  à 
prélever  sur  ses  recettes  la  modique  contribution  d'entrée. 

§    21. 

GRÈVE   DBS    GHAIIFENTIERS  DE    PARIS  EN    18&5. 

On  appelle  u  grève  »,  à  Paris,  une  interruption  de  travail, 
provoqua  par  les  ouvriers  d'un  corps  d'état,  en  vued'obtenirde 
leurs  patrons  une  augmentation  de  salaire.  Les  charpentiers  de 
Paris  ont  eu  plusieurs  fois  recours  à  ce  moyen.  Ils  font  remonter 
à  une  grève  de  1822  les  conventions  qui  fixèrent  uniformément 
leur  salaire  k  0'  35  par  heure  de  travail  ;  en  1833,  une  nouvelle 
grève  le  fit  élever  à  0  fiO  ;  enfin  ce  tarif  lui-même  parut  insuffi- 
sant douze  ans  plus  tard.  Le  8  juin  18&5,  au  moment  où  les 
travaux  étaient  nombreux  et  pressants,  les  ouvriers  se  mirenten 
grève,  et  réclamèrent  0'  50  par  heure.  Plusieurs  patrons  consen- 
taient it  0'  fi5;  mais  ils  refusèrent  d'aller  au  delà;  tous  les  chan- 
tiers furent  abandonnés  et  l'on  organisa  la  grève  pour  assurer 
aux  ouvriers  les  moyens  de  vivre  malgré  l'interruption  des  tra- 
vaux. Il  y  avait  alors,  à  Paris,  7,500  charpentiers,  compagnons 
du  Devoir,  compagnons  de  liberté,  ou  bien  ouvriers  isolés,  qui  se 
réunirent  tous  pour  défendre  l'intérêt  commun.  Après  avoir  épuisé 


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ÉL^KKITTS   DIVBIS   DB  L4  CO!(STtTUtIO»  gOCIALB.  474 

dans  ce  but  toutes  leurs  ressources,  les  deux  sociétés  trourèreal 
crédit  auprès  de  plusieurs  founiisEeurs  et  de  quelques  aociens 
compagnoDS.  Les  patrons  qui  acceptaient  la  condiliou  imposée 
pouvaient  employer  des  ouvriers;  mais  ces  derniers,  ainsi  pourvus 
d'ouvrage,  obéissant  h  une  convention  analogue  k  celle  qui  sub- 
siste en  permanence  dans  les  unions  de  Sheflield  (III, vu,  si), 
remettaient  à  la  communauté  1',  sur  leur  journée,  pour  secourir 
leurs  camarades  inoccupés.  Quelques  charpentiers  essayaient  de 
travailler  à  l'ancien  prix,  malgré  la  grève.  On  ferma  les  yeux 
pour  ceux  qui  étaient  chargés  de  famille;  mais  les  autres  turent 
contraints  d'abandonner  les  chantiers,  et  la  police  dut  souvent 
intervenir  pour  s'opposer  à  ces  menées  illégales.  Dans  ces  con- 
ditions, les  assemblées  du  compagnonnage  ayant  été  interdites 
par  l'autorité,  les  ouvriers  furent  réduitsàse réunir  clandestine- 
ment. Quelques  arrestations  eurent  lieu;  et  la  Mère  elle-même  fut 
incarcérée  pendant  deux  Jours.  Cependant  cette  suppression  mo- 
mentanée des  ateliers  de  charpente  Interrompait  toutes  les  con- 
structions; les  autres  catégories  d'ouvriers  en  bâtiment,  les  ma- 
çons, les  serruriers,  les  menuisiers,  se  trouvaient  indirectement 
privés  de  travail.  En  vain  le  gouvernement  tenta  de  venir  au 
secours  des  patrons,  en  mettant  à  leur  disposition  des  charpen- 
tiers militaires.  L'inexpérience  de  ces  ouvriers,  en  fait  de  travaux 
civils,  et  la  nécessité  où  auraient  été  les  patrons  de  leur  fournir 
des  outils  et  des  babils  de  travail,  rendirent  ce  concours  peu 
utile.  Â  la  vérité,  les  ouvriers  chargés  de  famille  souffraient 
beaucoup  de  cet  état  de  choses;  mais  les  affaires  des  patrons  se 
Pouvaient  compromises  de  la  manière  la  plus  grave  ;  aussi  ces 
derniers  se  décidèrent-ils  enfin,  le  iO  août,  k  accorder  les  condi- 
tions qu'on  exigeait  d'eux.  C'est  dans  cette  situation  que  les  deux 
parties  signèrent  le  contrat  qui,  encore  aujourd'hui,  est  adopté 
par  tous  comme  la  charte  des  travaux  de  charpente.  Les  ouvriers 
rentrèrent  aussitôt  dans  les  chantiers.  Pendant  le  reste  de  lasaîson 
et  une  partie  de  la  campagne  suivante,  on  préleva,  sur  la  journée 
de  chaque  ouvrier,  O'dO  pour  amortir  les  dettes  contractées 
pendant  la  grève  par  les  deux  compagnonnages.  Depuis  cette 
époque,  aucune  modification  n'a  été  apportée  aux  conditions 


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m  ca     IX.  «-    CHAIPEHTIEK    [OD    DEVOIB)  DB  FABIS. 

établies.  En  ce  momeat,  les  charpentiers  coniinueDt  à  respecter 
ce  coDlrat,  oonobstant  l'augmentatioa  considérable  qui  a  été 
apportée  récemaient  à  Paris  aux  salaires  des  autres  catégories 
d'ouvriers.  L'analogie  signalée  ci-dessus  entre  la  grève  des  char- 
peotiers  de  Paris  et  les  agitations  des  couteliers  de  Sfaeffield  se 
relrouve,  en  général,  dans  l'ensemble  des  idées  propres  è  ces 
deux  coalilioDS.  Celles-ci,  en  effet,  tendaient  esseotiellement  à 
feire  prévaloir  le  principe  de  l'inTanabilité  des  salaires,  principe 
qui,  pour  des  ouvriers  soutenus  par  l'esprit  de  corporation» 
pourvus  d'un  enseignement  méthodique,  ou  trouvant,  dans  la 
proression  même,  une  série  de  situations  en  rapport  avec  la 
diversité  des  aptitudes,  n'a  pas  tous  les  inconvénients  qui  se 
présenteraient  dans  d'autres  conditions. 

Tout  en  condamnant  ces  interruptions  systématiques  de  tra- 
vail, on  doit  louer  l'e&pnt  de  conciliation  qu'ont  montré  à  Paris, 
comme  à  Sheflneld,  les  deux  classes  rivales.  Et  c'est  peut-être  ici 
le  lieu  de  remarquer  que  l'esprit  français,  avec  ses  habitudes 
impétueuses,  peu  compatibles  avec  une  résistance  calme  et 
méthodique,  a  rarement  fourni  l'occasion  d'un  tel  éloge.  Pendant 
plus  de  deux  mois,  les  ouvriers  et  les  patrons,  partagés  en  deux 
camps  ennemis,  se  sont  maintenus  dans  un  état  d'antagonisme 
direct,  avec  des  intérêts  vivement  surexcités,  sans  qu'on  ait  eu 
à  déplorer  une  elTusion  de  sang,  ni  même  une  violence  grave. 
Les  ouvriers  influents  des  deux  corporations  ont  atténué  autant 
que  po.ssibIe,  dans  la  forme,  l'illégalité  qui  existait  au  fond  de 
leur  entreprise.  Ils  se  sont  incessamment  appliqués  à  contenir 
les  impatiences  individuelles,  comprenant  qu'ils  avaient  intérêt 
à  se  concilier,  par  cette  conduite  prudente,  l'opinion  publique. 
Les  patrons,  de  leur  cêté,  sortis  pour  la  plupart  de  la  classe 
ouvrière,  disposés  ainsi  à  comprendre  ses  passions  et  ses  besoins, 
ont  fait  preuve,  en  cédant  à  ses  exigences,  d'un  louable  esprit 
de  conciliation.  Les  deux  parties  n'ont  eu,  an  reste,  qu'à  se 
féliciter  de  la  solution  qui  a  été  adoptée.  Si  les  ouvriers  y  ont 
trouvé,  à  l'origine,  un  salaire  un  peu  supérieur  à  celui  qu'eiit 
alors  indiqué  peut-être  une  appréciation  rigoureuse  de  l'indus- 
trie du  bâtiment,  les  patrons  doivent  aujourd'hui  regarder  ce 


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blbkshts  ditebs  db  ti  congTiTUTioN  sociiLit.  473 

salaire  comme  modéré.  En  conséquence  ils  se  trouvent  dédom- 
magés du  sacrifice  que  la  charte  de  18!|5  leur  a  d'abord  imposé. 


S  22. 

OBGANISATION  DES  CBANXIEBS  DB  CBAnPENTB  DANS  LA  TILLE 
DE   PABIS. 

L'organisation  des  chantiers  de  charpente  paraît  assez  unî- 
forme.  Elle  se  rapporte  h  deux  ordres  de  travaux  :  ceux  qui 
s'exécutent  au  chantier  du  patron  ;  ceux  qui  se  font  en  ville  dans 
les  bâiimenis  en  construction  ou  en  réparatioD.  Les  travaux  du 
chantier  ont,  pour  chef,  un  ouvrier  nommé  «  gâcheur  de  chan- 
tier »  ;  ceux  du  dehors  sont  dirigés  par  un  «  gâcheur  de  levage  » . 
L'un  et  l'autre  travaillent  par  eux-mêmes  comme  ceux  qu'ils 
dirigent. 

Le  gâcheur  de  chantier  surveille  en  outre,  dans  tous  leurs 
détails,  l'exécutioa  des  plans,  la  taille  et  la  mise  en  œuvre  du 
bois;  il  se  concerte  avec  les  architectes  ou  les  entrepreneurs; 
enfin,  il  embauche  et  congédie  les  ouvriers.  Ceux-ci  n'ont  en 
général  de  rapports  qu'avec  lui;  le  patron  traite  seulement  avec 
son  cher  de  chantier  ;  et  souvent  il  ne  connaît  pas  les  ouvriers 
qu'il  emploie.  Le  gâcheur  de  chantier  a  ordinairement  un  sup- 
plément de  salaire  journalier  de  2'.  Dans  quelques  chantiers 
considérables,  il  y  a  des  chefs  à  l'année  qui  gagnent  jusqu'à 
6,000'.  S'il  en  est  besoin,  le  gâcheur  de  chantier  prend  pour 
l'aider  un  ou  deux  compagnons  habiles,  auxquels  il  fait  accorder 
un  supplément  de  0'  25  par  jour. 

Le  gâdieur  de  levage  surveille  les  travaux  du  dehors.  Comme 
le  précédent,  il  réunit,  en  sa  personne,  les  deux  conditions  do 
chef  et  d'ouvrier  :  c'est  une  surveillance  qui  ne  coûte  presque 
rien  au  maitre.  Il  distribue  l'ouvrage  aux  charpentiers  qu'il 
dirige;  il  s'entend  avec  les  architectes  et  les  propriétaires  en  ce 
qui  concerne  l'exécution  des  travaux;  il  tient  compte  des  jour- 
nées de  ses  ouvriers  ;  il  reçoit  habituellement  de  0'  25  à  0'  50 
m  sus  du  taux  normal  de  la  journée. 


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CB.  IX.   —  CBABPEnTISB   (DU   DBTOIH)   OB  PAOtS. 


S  23. 

ItÉACTION     UORAXB     EXERCÉE    CONTRE    LES     HABITUDES    D'iH- 
PHÉVOTAKCB   ET   LES   ASPIRATIONS   AU    BIEN-ÊTRE   MATÉRIEL    SOUS 
L'iNFLUBKCB  d'un   legs    fait    PAB  l'affection    d'un   PAaSNT    A 
LA  FAMILLE   DÉCRITE. 

La  famille  décrite  dans  la  présente  monographie  se  montre 
constamment  disposée  à  dépenser  tout  ce  qu'elle  gagne  :  depuis 
13  ans,  aucune  éjjargDe  n'a  été  rcalisée;'eQ  aucun  temps  l'ouvrier 
n'a  pu  avoir  de  l'argent  à  sa  disposition  sans  l'employer  aussilôt 
à  accroître  le  bien-être  de  sa  famille  (3).  Si,  à  une  certaine 
époque,  il  a  cherché  à  s'élever  au-dessus  de  la  condition  d'ou- 
vrier (5),  c'était  avec  le  désir  de  donner  à  ses  profits  la  même 
destination.  Les  projets  que  les  deux  époux  aiment  à  faire  aux 
heures  de  causerie  ont  toujours  pour  but  une  dépense  de  ce 
genre  et  jamais  une  épargne.  Avant  son  mariage,  la  Temme, 
outre  son  trousseau,  avait  réuni  environ  900  francs  d'économies. 
Cette  somme,  notablement  diminuée  par  les  frais  d'entrée  en 
ménage,  a  bientôt  disparu,  et  c'est  à  peine  s'il  en  reste  un 
regret.  On  peut  prévoir  qu'elle  ne  sera  jamais  remplacée,  carie 
mari  a  peu  à  peu  détruit  toute  habitude  d'épargne  chezsa  femme, 
et  lui  a  fait  accepter  sa  facile  insouciance  et  son  aimable  géné- 
rosité. En  un  mot,  la  nécessité  seule  semble  pouvoir  ^dorénavant 
limiter  les  dépenses  de  la  famille,  qui  seront  toujours  portées  au 
niveau  des  recettes. 

Un  fait  très-digne  de  remarque  contraste  avec  cet  irrésistible 
entraînement.  En  185^,  la  sœur  de  la  femme  mourut  à  Nancy. 
Célibataire  et  unie  à  sa  sœur  par  des  liens  d'estime  et  d'affection, 
elle  lui  légua  par  testament  tout  ce  qu'elle  possédait,  en  souve- 
nir des  soins  dont  Marie  avait  entouré  la  vieillesse  de  leur  mère. 
Ce  legs  comprenait  du  linge,  des  vêtements,  350'  placés  à  la 
caisse  d'épargne,  et  une  rente  annuelle  de  8'  achetée  sur  l'État 
en  k  1/2  p.  100,  La  famille  ne  considéra  pas  ces  ressources 
inattendues  comme  de  nouveaux  moyens  de  satisfaire  ses  goûts 


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éL^KENTS    DIVERS  SB  LA    COKSTtTDTlON  SOCIAIK.  i7S 

ordinaipes  de  bien-être  imprévoyant.  Après  le  prélèTemeot  des 
frais  et  de  quelques  dépeoses  qu'il  fallut  faire  pour  aller  recueillir 
l'hérilage,  il  restait  à  la  caisse  d'épargne  une  somme  de  2/l  5 
que  la  femme  songeait  à  cooserver  comme  une  économie; 
le  mari  intervint  et  exigea  que  cet  argent  fût  convci-ti  eu  un  sou- 
venir durable.  Il  ne  voulut  pas  que  cette  somme  courût  les 
mêmes  chances  que  l'argent  acquis  par  les  voies  ordinaires,  et 
fût,  dans  un  moment  de  détresse,  déplacée  et  absorbée  dans  les 
dépenses  journalières,  de  telle  façon  que  la  pensée  de  la  mou- 
ninle  fût  anéantie  avec  le  legs  qui  la  représentait.  Ces  idées, 
exprimées  avec  insistance  dims  une  discussion  qu'eurent  à  ce 
sujet  les  deux  époux,  déterminèrent  la  femme  à  acheter,  au  prix 
de  205  ',  une  montre  en  argent  et  une  chaîne  en  or.  Le  reste  de 
la  somme  fut  laissé  à  la  caisse  d'éfiargne  et  y  est  encore  actuel- 
lement. Quant  à  la  rente  de  8',  elle  est  demeurée  intacte,  et  l'on 
n'a  mâme  pas  eu  la  pensée  de  toucher  au  petit  capital  qu'elle 
représente.  Enfin,  pour  compléter  ce  trait,  il  faut  ajouter  que, 
par  suile  de  la  gêne  qu'impose  aux  ouvriers  le  prix  élevé  des 
subsistances,  la  famille  fut  obligée,  pendant  le  chômage  de  1855 
h  1856,  de  faire  un  sacrilice,  et  de  recourir  au  legs  de  la  sœur. 
La  principale  préoccupation  fut  de  ne  rien  anéantir  de  ce  qui  en 
faisait  partie;  au  lieu  de  retirer  les  kO'  qui  restaient  à  la  caisse 
d'épargne,  on  se  décida  à  engager  au  mont-de-piété,  pour  la 
même  somme,  les  chemises  de  toile  provenant  du  même  legs. 
On  a  pu  s'assurer  ainsi  que  le  dernier  acte  d'un  être  aimé  avait 
profondément  touché  lés  deux  époux.  L'influence  morale  qu'il  a 
exercée  sur  eux  a  heureusement  neutralisé  l'attrait  irréfléchi  qui 
les  porte  à  la  satisfaction  des  appétits  matériels.  La  volonté  d'un 
mourant  a  créé  pour  eux  un  devoir;  il  a  transformé  le  modeste 
héritage  en  une  propriété  d'un  ordre  supérieur;  et  l'on  a  tenu 
à  honneur  de  ne  pas  l'aliéner.  L'action  moralisante  des  testa- 
ments a  été  souvent  constatée  pendant  l'étude  des  familles  dé- 
crites dans  cet  ouvrage.  Si  le  legs  de  quelques  objets  mobiliers 
a  pu  modiRer  à  ce  point  un  homme  imprévoyant,  on  devine 
l'influence  qu'eût  exercée  sur  lui  un  testament  confiant  à  sa 
garde  le  foyer  domestique  et  le  tombeau  des  ancêtres. 


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476  CD.  a.   —  GHABP8NTIBB  (OQ    DEVOIR]    DE   PARIS. 

S  24. 

ABONDANCE   DBS   SALADES    DANS    l'aLIHENTATION    DES    OUVRIERS 
PARISIENS. 

Les  nombreuses  espèces  de  salades  que  l'on  cultive  sous  le 
climat  de  Paris  se  produisent  assez  facilement  pour  que  les 
ouvriers  puissent  en  faire  un  usage  habituel.  La  famille  décrite 
dans  la  présente  monographie  consomme,  selon  les  saisons  :  en 
mars  et  aTtil,  le  cresson  (Naslurtium  of/icinalet  R.  Br.),  la 
laitue  (Lacluca  sativOj  L.)  ;  en  mai,  juin  et  juillet,  la  romaine 
(Laciuca  saliva,  L.,  var.)  ;  en  juillet,  août,  septembre  et  même 
octobre,  la  chicorée  sauvage  [Cichorium  Intyhvs,  L.),  et  l'esca- 
role  {Cichorium  Endivia,  L.,  var.,  lalifolia);  en  novembre  et 
décembre,  la  barbe-de-capucin  {Cichorium  Inty bus,  L.,  variété 
étiolée  par  la  culture  dans  les  caves)  ;  en  décembre  et  janvier,  la 
mâche  {Valerianella  olitoriaj  M œuch.),  le  cé\en  {Apium  graveo- 
lenSt  L.j  ;  enân,  en  février  et  mars,  le  pissenlit  {Taracoacvm 
Dens-leoniSj  Desf.).  Bien  des  contrées  de  l'Europe  peuventenvier 
au  climat  de  Paris  et  à  l'industrie  de  ses  maraîchers  (viii.ig) 
une  telle  variété  de  ressources  alimentaires. 


§25, 

AUTORITÉ   EXERCÉE  DANS  LES  MAISONS  DE  fARIS  PAR  LES  PORTIERS 
RÉGISSBDRS.' 

Dans  beaucoup  de  capitales  et  do  grandes  villes  de  l'Europe, 
les  maisons  sont  occupées,  pourla  plupart,  par  une  seule  femille; 
à  Londres  même,  dans  ta  région  la  pitis  populeuse,  on  simple 
ouvrier  occupe  souvent  une  maison  entière  (HT,  vi,  lo).  C'est 
alors  le  locataire  lui-même  qui  doit  pourvoir  à  la  réception  des 
visiteurs  et  à  l'exécution  des  règlements  de  la  police  municipale. 

Il  en  est  autrement  à  Paris.  Les  familles  qui  habitent  seules 
une  maison  sont  placées  dans  des  conditions  très-exceptionneltes. 


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iliuKTS  SITKKS   DE  U  OOmTITVTICRI  SOCliJJ.  il! 

Celles  mêmes  qui  appartiennent  aux  .classes  riches  se  trooTcnt 
ordinairement  réunies,  en  assez  grand  nombre,  dans  une  maison 
commune  dont  les  principaux  appartements  sont  desservis  par  la 
même  porte  et  le  même  escalier.  Dans  ce  cas,  le  service  de  la 
Toie  publique,  les  soins  de  propreté  qu'exige  la  partie  comiDune 
de  la  maison,  et  la  réceplîon  des  visiteurs  sont  dévolus  à  un 
agent  spécial,  nommé  portier  ou  concierge.  En  outre,  lorsque  le 
propriétaire  n'iiabite  pas  la  maison,  le  même  agent  se  trouve 
souvent  chargé  de  faire  les  locations  et  de  recevoir  le  montant  des 
loyers.  EnQn,  dans  les  maisons  d'ouvriers,  la  force  des  choses 
conduit  souvent  le  propriétaire  absent  à  attribuer  au  concierge 
une  véritable  autorilé  sur  les  locataires  pour  les  [])ier  à  certaines 
habituJes  d'ordre,  de  propreté  et  de  convenance.  Ici,  comm8>il 
arrive  souvent  pour  les  autres  genres  de  propriélé,  l'absenléisme 
du  propriétaire  a  de  graves  inconvénients;  et  il  est  parfois  assez 
difTicile  d'apercevoir  la  limite  existant  entre  l'abus  et  l'autorité 
utilement  exercée. 

Le  portier  reçoit  du  propriétaire  des  gages  en  rapport  avec 
l'importance  de  la  maison.  11  obtient  en  outre,  des  locataires,  cer- 
taines redevances,  qui  varient  selon  l'usage  de  chaque  quartier. 
Un  nouveau  locataire  donne,  sous  le  titre  de  «  denier  à  Dieu  n, 
une  indemnité  qui  annonce  l'intention  de  conclure  le  contrat  de 
location  dans  les  2fi  heures.  Une  ancienne  coutume,  qu'on  aban- 
donne chaque  jour,  obligeait  le  locataire  h  une  rétribution 
envers  le  portier,  proportionnelle  au  prix  du  loyer,  et  que  l'on 
nommait  le  a  sou  pour  livre  s.  Cette  rétribution  se  confond 
maintenant,  dans  la  plupart  des  maisons,  avec  le  prix  du  loyer. 
Le  chaulTage  du  portier  est  assuré  par  une  redevance  en  nature 
sur  le  bois  que  chaque  locataire  fait  apporter  pour  son  propre 
usage.  Cette  redevance  consiste  eu  une  grosse  bûche  par  double 
stère,  équivalant  à  2  p.  100  environ  de  la  consommation  du 
locataire.  L'emploi  du  charbon  de  terre  tend  chaque  jour  à 
détruire  cette  coutume  traditionnelle. 

Dans  la  maison  que  la  femille  habite  avec  6i  autres  loca- 
taires (i),le  portier  occupe  un  logement  exigu,  au  premierétage 
de  l'escalier  commun  qui  dessert  touB  les  logements.  Il  exerce 


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47j  ca.  IX.    —   CHAHPENTIBR  (DD  DEVOll]   DE   PlBtS. 

assez  durement  son  autorité.  Il  l'emploie  surtout  à  réprimer  la 
gaieté  bniyaDte  des  enfants,  et  à  interdire  les  entrées  et  les  sor- 
ties k  partir  d'une  cerlaine  heure.  Les  visiteurs  sont  expulsés  de 
la  maison  à  11  h.  1/2;  les  locataires  qui  rentrent  tardivement 
doivent  payer,  à  titre  d'amende,  0^  25  après  minuit,  et  0'  50 
après  1  heure.  La  sanction  de  ces  pénalités  est  le  droit  attribué 
au  portier  de  renvoyer,  dans  le  délai  de  6  semaines,  les  locataires 
récalcitrants,  et  de  les  soumettre  ainsi  aux  embarras  et  aux 
dépenses  qu'impose  toujours  un  déménagement.  Malgré  ses  habi- 
tudes régulières,  la  famille  décrite  dans  la  présente  monographie 
paie  annuellement,  à  ces  divers  titres,  en  sus  du  loyer  convenu, 
une  somme  de  3  francs.  Le  bois  de  chauiïage  étant  fourni  parle 
l^ron  (7),  et  apporté  peu  à  peu  par  l'ouvrier  iui-méme,  la 
famille  se  dispense  sur  cet  article  de  toute  redevance. 

Placé  dans  une  condition  voisine  de  la  domesticité,  ayant 
toutefois  à  exercer  une  certaine  autorité  pour  maintenir  le  boa 
ordre  dans  la  maison,  le  portier,  pour  remplir  convenablement 
ses  fonctions,  doit  posséder  des  qualités  toutes  spéciales.  Ces 
qualités  font  souvent  défaut  chez  des  hommes  qui  ne  sont  des- 
cendus à  cette  condition  qu'après  avoir  échoué,  faute  de  juge- 
ment ou  d'activité,  dans  une  situation  plus  indépendante.  Quel- 
ques-uns, par  exemple,  exercent  une  tyrannie  tracassière  ou 
montrent  des  prétentions  ridicules  qui  ont  plus  d'une  fois  éveillé 
la  verve  des  romanciers  populaires.  Ne  recevant  que  des  gages 
modiques,  les  porliers  complètent  pour  la  plupart  leurs  moyens 
d'existence  en  exerçant  les  métiers  sédentaires  de  tailleur  et  de 
cordonnier;  les  femmes  travaillent  souvent  de  leur  aiguille  ou  se 
chargent  de  servir  les  personnes  seules  ou  peu  aisées  qui  habi- 
tent les  étages  supérieurs  de  la  maison. 


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PRÉCIS 

MÉTHODIQUE  ET  ALPHABÉTIQUE 

INDIQUANT     SURTOUT 

LA  DÉFINITION  DES  MOTS  ESSENTIELS  A  LA  SCIENCB  SOCIALE; 
LES  INFLUENCES  QUI  DOMINENT  DANS  LA  CONSTITUTION  SOCIALE  DBS 
KAGES  ÉBRANLÉES  DE  L'OCCIDENT  ;  LES  DÉTAILS  OBSERVÉS, 
DE  1829  A  1855,  TOUCHANT  LES  TRAVAUX,  LA  VIE  DOUBSTIQUB 
ET   LA   CONDITION    MORALE    DB    LEURS   l'OPULATlONS    OUVaiÈRES. 

COHPOSt    rODR    LE   tOHI   CtNQlIlkUB    (l*  ÏDITlOIl}. 


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SOMMAIRE 

DU   PRÉCIS 


L'objet  et  U  méthode  da  Précis.  —  L«e  élémeots  du  Précli 
classés  selon  l'ordre  alpbsMlique. 


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PRÉCIS  , 

MÉTHODIQUE  El  ALPHABÉTIQUE 

L'OBJET  ET  LA  HÉTHODE  M  PRÉCIS. 


Ce'  Préds  du  Totume  est  anssi  un  Dietionnairê  de  teimce 
sociale.  Il  est  spécialement  appriqaé  à  la  coonaissance  des 
populations  qui  sont  encore  simplement  a  ébranlées  »,  mais  que 
menace  la  désorgabisation  décrite  au  volume  suivaut.  Outre  les 
faits  qui  caractérisent  partout  les  ateliera  de  ^vail,  les  foyers 
domestiques  et  les  familles,  ce  dictiounaire  mentionne  ceux 
qui  se  rapportent  plus  particulièrement  aux  idées,  aux  mœurs 
et  aux  institutions  des  sociétés  en  décadence.  On  y  trouvera 
surtout  des  renv<»s  fréquents  aux  nouv'eautés  qui  portent  main- 
tenant les  populatioûs  eur6péeùnes  à  oublier  les  vertus  et  les 
coutumes  e^ntielles  à  la  prospérité  des  races,  notamment  :  la 
soumission  au  Décalogue,  Tobéissance  à  l'autorité  patemelle, 
la  prépondérance  de  la  vie  rurale  sur  la  vie  urbaine,  la  solidarité 
intime  perpétuée  par  ta  tradition  entre  les  trois  éléments  qui 
constituent  la  population  des  campagnes.  Cependant,  on  y  verra 
encore  indiqués  les  lieux  et  les  institutions  locales  qui  ccm- 
servent,  tout  au  moins  en  apparence,  les  éléments  fondamentaux 
de  la  paix  sociale.  On  signalé  surtout  ceux  qui  assurent  deux 
biens  précieux  aux  classes  extrêmes  de  la  vie  rurale  :  eux  pro- 
priétaires,, la  récolte  exclusive  deij  produits  créés  par  le  travail; 
aux  ouvriers  non-propriétaires,  la  récolte  indivise  de  certaines 
productions  spontanées  du  sol. 


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4at  rSÉCIS   HBTBODtODB   BT   ALPRABATIDIJE, 

Ce  dicticmnaire  est  spécialement  destiné  au  lecteur  qui  veut 
consulter  à  son  heure,  plutôt  que  lire  avec  suite,  les  détails 
exposés  dans  ce  volume.  Les  mots,  quoique  mêlés  selon  l'ordre 
alphabétique,  appartiennent  à  trois  catégories  distinctes. 

Les  premiers  constituent  un  vocabulaire  social  :  i]s  dëS- 
nissent  le  sens  attribué  aux  termes  employés  dans  l'ouvrage, 
saus  renvoyer  le  lecteur  à  aucun  passage  spécial  de  ce  volume. 

Les  seconds  signalent  les  subdivisions  du  cadre  commun  à 
toutes  les  monographies  de  familles  :  pour  chaque  détail  relatir 
à  l'une  de  ces  Familles,  ils  rravoieat  le  lecteur  à  une  ou  plu- 
sieurs des  16  subdivisions  fixes  de  ce  cadre  et  aux  paragraphes 
qui  les  suivent  en  nombre  variable. 

Les  troisièmes  se  rapportent  aux  particularités  qui  distin- 
guent, soit  les  familles  décrites,  soit  les  conslitutions  sociales 
"dont  tes  éléments  sont  présentés  dans  V/nlroduelioà  et  dans  les 
'paragraphes  qui  complètent  les  16  subdivisions  Sxes  de  chaque 
Monographie  de  famille.  Les  renvois  placés  à  la  suite  de  ces 
-derniers  mots  sont  de  deux  sortes.  Ceux  qui  se  rapportent  aux 
treize  paragraphes  de  l'Introduction  sont  faits  par  l'un  des 
^ilTres  i  à  ts.  Ceux  qui  sont  relatifs  aux  neuf  monographies 
éônt  marqués  par  deux  chiffres  :  le  premier  (romain)  indique 
le  chapitre,  et  le  second  (arabe)  le  paragraphe  de  la  mon<^;m- 
-|)hie.  Les  faits  locaux  de  la  scteace  sociale  sont  généralement 
'désignés  par  les  mots  propres  à  la  localité.  Les  faits  plus  géné- 
trâiux,  mais  peu  signalés  jusqu'à  ce  jour,  sont  désignés  par  des 
-tnots  choisis,  dans  le  lan^ge  ordinaire,  parmi  ceux  i^ui,  dans 
Tune  de  leurs  acceptions,  ne  repoussent  pas  le  sens  attribué  par 
la  définition. 

Pour  saisir  cOnplétement  le  sens  d'un  mot  défini  dans  le 
l^^is,  il  Tant  souvent  recourir  à  d'aubres  mots  qui  entrent  dans 
cette  définition.  Ces  derniers  sont  toujours  désignés  par  une 
lettre  capitale.  Le  lecteur  est  ainsi  averti  (sans  renvoi  spécial) 
qu'il  peut  trouver,  ea  se  reportant  à  ces  mots,  un  om^ément 
'  d'information  sur  le  àujet  principal  de  sa  recherche. 


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FB^CIS  HBTRODlQn  IT   ILPHAkénQiri.' 

lES  ÉLÉMENTS  BU  PRÉCIS 

CL&SSÊS  SELON  L'OBDRB  ALPBABfiTlQDB. 


A1)seiitâitnii6. — Habitude  dn 
propriétaire  foncier  qui  ne  réààe 
pas  sur  l'Atelier  de  travail  dans 
lequel  il  puise  ses  principaux 
moyens  de  «nb^tance.  Elle  est 
vicieuse  an  double  point  de  vue 
'  moral  et  matériel  ;  et  elle  est  sur- 
tout répréhensible  cbex  le  pro- 
priétaire rural, 

AlansdesmotB.— CMTuption 
du  langage  qui  propagel'erreur  par 
deux  moyens  priacipaax  :  par  te 
sen)  énoncé  d'un  mol  détourné  du 
sens  qu'il  avait  aux  époques  de 
vertu;  par  l'introduction  d'un  mot 
non  défini.  De  notre  temps  l'abus 
'  a,  souvent  porté  sur  les  mois  Éga- 
lité et  Liberté,  Démocratie  et  Civi- 
lisation. 

Activité  dans  le  traTall. — 
Développée  à  un  degré  extraordi- 
naire chex  les  Blanchisseurs  de  la 
banlieue  de  Paria,  vm,  18. 

Adriatique  (l')  xt  u  DAinm. 

—  Les  Fiançailles  et  le  Mariage 
chez  les  races  Slaves  habitant  les 
régions  contiguSs,  i,  23. 

Age  mûr  (l*)  et  la  vibillsb^ 

—  Ils  jouent  un  rAle  prépondérant 
au  sein  des  sociétës  modèles  :  leur 


supérierîté  «st  dne  k  l'ÉducatîoD 
qu'ils  ont  puisée  dans  la  pratique 
'  de  la  vie;  et  c'est  par  ce  motif  qu'ils 
sont  partout  préposés  à  la  direction 
de  l'enfance  et  de  la  jeunesse. 

AgrlobonB.  —  Nom  qui  désk 
gne  les  Charpentiers  parisiens  nu- 
riés,  n,  20. 

Alimentation  sis  oonùs 
PARISIENS.  —  Abondance  et  variété 
dés  Salades  consommées  par  ces 
ouvriers,  u,  24. 

Alimenta  des  fitmlUes.  ^~- 
Le  mode  d'alimentaliott  et  lés 
dépenses  qui  s'y  rapportent  aoat 
iodiqnés,,  dans  chaque  monogra- 
phie, aux  SS  0  et  15. 

Allemagne.  —  Situation  des 
ouvriers  dans  les  ateliers  et  les 
usines  dn  Nord^Ouest,  n,  19. 

Allemagne  méridionale. 
—  Organisation  des  anciennes 
corporations  nrbaiatfl  d'arts  et  mé* 
tiers,  1, 18. 

Allianoe  dea  Travaux  de 
l'atelier  n  ins  uodstub  dohbs- 
mim.  —  Latroiaième  pratique  de 
la  Coutume  des  ateliers.  —  Orgaoi- 
satioa  do  tniTail  dans  laquelle  la 
famille  complète,  par  l'exercice  des 


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w 


>J|âqS  MÉT|)OI)lpttB,.19r    ALPBAI^TiaiTB. 


ÏDdDstriea  accomplies  au  Foyer,  les 
ressources  fouroies  à  son  chef  par 
l'Atelier.  r---  .    -    .-.^    ,  . 

Allooatioils  D''oBjm  '^  db 
SEBTicES  accordées  par. les  patroas 
à  leurs  ouvriers.  -^  ÉaaméVâes  et 
ëvalaées,  dans  chaque  monographie 
de  famille,  aux  SS  ^  ^^  ih- 

Anolenues  oommunautés. 
—  De  l'Auvei^e,  composées  de 
ménages,  Propriétaires  ruraux,  iv,- 
20  ;  —  du  Nivernais,  composées  de 
itnénagés,  Pitopriétaires'ramux,  Ti, 
^20; — dn  Nivernais,  cwnposées  de 
'  tnéDages,  Fermiers  ruravx,  vi,  23. 
-  Animanx  domestlqaea  pos- 

SÉDfiS  PAS  LES  TAMIULES.  —  llS  SOnt 

-ènumérés  et  évalués,  dans  chaque 

-  monographie,  aux  ^&et  ik. 

Antagonisme  soolal.— Sen- 
'timeots  habituels  dans  l'état  de 
^souffrance;  ils  sont  caractérisés 
':par.  l'affaiblissemeDt  du  prindpe 
d'autorité  et  manifestés  par  l'esprit 

-  de  révolte  dans  la  famille,  l'Ate- 
'  lier  et  les  institutions  de  la  yie 
^publique. 

-'  Axffent  (SttHyBs  d')  ^ssëuEes 
PAB  LES  PAHiLLKS.  — 1a  meDi)on  en 
testfaîte,  s'il  y  a  Jien,  dans  chaque 
'  moliographlfl;  au  ':$  6. 

A^tetooratleJ—  Undes  quatre 
éléments  de  la  Constitntioil  mo- 
dèle d'an  grand'  État  :  c'est  celui 
qnt  s'applique  au^nvemement 
de  la  Province.  —  Forlioaile  l'Au- 
'Ûrlté  publique,  exercée  par  des 
sages  que  déngne,  soit  la  nature 
des  rapports  sociaux,  âoit  le  choix 
-da:  monarque  ou  du  peuple.  Elle 
B0  'fordfiè  en  raison  ded^  services 
renânsM'iniblic.. 


Artisan  rural.— Petit  chef  de 

métier  résidant  à  la  campagne  où  il 
exerce;  entre  autres  spécialités,  les 
professions  de  forgeron,  de  char- 
pentier, de  ma(^n  et  de  tisserand. 
Il  possède  ordinairemeat  une  Bor- 
derie  qu'il  exploite  avec  leconcoors 
de  sa  famille,  quand  il  ne  travaille 
pas,  dans  le  Voisinage,  pour  le 
compte  du  Gendemao,  des  Paysans 
ou  des  fiordiers. 

Arts  libéraux.  —  Professions 
relatives  au  gouvernement,  ^  la 
religion,  à  la  justice,  à  la  guerre,  à 
-la  médecine  et  en  général  àla  cul- 
ture intellectuelle  on  morale.  Cette 
classe  de  professions  est  au  moins 
représentée  en  chaque  lieu  par  des 
individus  veillant  spécialement  i 
-la  santé  de  l'âme  et  du  corps. 

Arts  usuels-.  —  Professions 
ayant  pour  objet  la  production  ou 
l'extractioa,  les  élaborationssucces- 
siveSi  le  transport,  la  garde  et  la 
vente  des  objets  matériels.  Cest  - 
surtout  cette  classa  de  professiiHis 
qui  est  exercée  par  les  Sédentaires 
et  notamment  par  les  familles 
décrites  dans  les   monographies. 

Atelier  de  travail.  —  lieu 
où  s'exécutent  les  opérations  ca- 
ractéristiques de  chaque  profession 
HSuelle  ou  libérale. 
'Ateliera  mranx.  —  Situa- 
tion des  ouvriers  attachés  à  ces 
Ateliers  dans  les  usines  du  Dord- 
■ouest  de  l'Allemague,  ii,  19. 

Autorités  naturelles-  — 
Individus  dont  le  pouvoir  estinsti- 
tuéj  -dans-la  Vie  privée,  par  la  na- 
ture des  hommes  et  des  choses.  Ces 
autorités  sont  :  dans  la  famille, 


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niaa  KÉTHouKtuB  -n  AirHuiTiaoR. 


iS& 


père;-dap8  TAtolier,  le  Fatroor 
daas  IflVt^b)^,  le.Bage  déâgoô 
par  raffection  et  l'iotérét-de  la 
popu1ati<ffi. 

Aut(Hlté  paternelle.  —  Ud 
âes  sept  éléments  de  l'Édifice  so- 
cial. ,  -  . 

Antoritéa  puDliqoes.  — 
Personnes  ayant  charge  de  la  paix 
sociale,  dans  les  quatre  élénKnls 
de  la  GOD9litutioD  modèle  d'un 
grand  État. 

AutorltéB  BOOialra.  —  Indi- 
vidus qui  sont  devenus,  par  leurs 
propres  vertus,  les  modèles  de  la 
Vie  privée;  qui  montrent  une  gran- 
de tendance  vers  le  Bien,  chez  tou- 
tes les  races,  dans  toutes  les  con- 
ditions et  sous  tous  les  régimes 
sociaux  ;  qui,  par  l'exemple  de  leurs 
Foyers  et  de  leurs  Ateliers,  comme 
par  la  scrupuleuse  pratique  do 
Décalogue  et  des  Coutumes  de  la 
Paix  sociale,  conquièrent  l'aSéction 
et  le  respect  de  tous  ceux,  qui  les 
entourent. 

Autorités  sociales  (d'afi^ 
Platon).  —  «  Il  se  trouve  toujours, 
parmi  la  foule,  des  bommes  divins, 
peu  nombreux,  à  la  vérité,  dont  le 
commerce  est  d'un  prix  inestima- 
ble, qui  ne  naissent  paapluUkt  dans 
les  États  poltcds  que  dans  les  au- 


tres^ Xeq  citoyeits'qbi  vhrAtt  sAUK 
00  bon  -  gouvernement  ditivenb 
aller  à  la  piste  de  ces  hoaltnet 
quise-sont  préservés  delatwrrup- 
tioD,  etiescbercherpar terre  etpac 
mer,  en  partie  pour  atTermir  ce 
qu'il  y  a  de  sage  dans  1^  lois,  (te 
leur  pays,  en  partie  pou?  reclifier 
ce  qui  s'y  Irouverail  de  défectueux.- 
11  D'est  pas  possible  que  notre  r.é- 
pnblique  soit  jamais  parfaite,  si 
l'on  ne  fait  ces  observations  et  ces 
recberches,  ou  si  on  les  fait  mal.» 
(Platon,  les  Lois,  liv.  Xll.) 

Autriche.  —  Province  qu'ba- 
bite  le  Compagnon-menuisier  dé- 
crit au  cbapitre  i.  —  Organisatibn 
des  anciennes  Corporations  d'aj'ts 
el  métiers,  i,  18. 

Auveperne.  —  Stiptm  qo'ha- 
bite  le  Mineur  décrit  an  chapitre  vt. 
—  Causes  d'ébranlement  obser'' 
Tées  chez  les  populations  de  ce.tte 
région,  iT,  17.— Avantages  divers 
assurés  à  plusieurs  montagnes  de 
cette  province^  par  Texploitaiion 
des  Mines  métalliques  et  par  le 
régime  d'Émigration  de  ses  habi- 
tants, ir,  19.  —  Anciennes  conimu* 
nautés  composées-  de  ménages^ 
Prc^détaires  rurauz,  issus,  d'an 
commun  ancêtre,  ir,  20. 


B 


Banlieue  de  Paris.  —  Ré- 
gion qu'habite  le  Maftre-blanchiEh 
seor  décrit  au  chapitie  vni,  — 
Causes,  d'ébranlement  observées 
dans  t'K&e  des  communôs  de  la 


banlieue  de  Paris,  où  les  bonbeâ 
mœurs  -se  coniservent  encore  avei: 
le  plus  de  fermeté,  vui,  17.      - 

Bassin  rhénan:  ~  Étât^n^ 
cten  de  Stabflife  et  dtuses  ré^ceiiié% 


.yGoogle 


Plie»  HÉTHOBlQint   ET  kLPBUETlQn. 


d'^anlémeiit  cbM  les  populations 
manufactarïères  de  cette  ti^oa , 
n,17. 
Basques  français  on  u- 

MmiD.  —  ADcienoe  orgaDÙation 
des  Secours  mutuels,  y,  20.— An- 
cienoe  émigration  périodique  en 
Espagne,  v,  21.  —  Émigration 
transatlantique,  v,  22. 

Basques  (Patsabs).  —  Mono- 
graphie d'un  de  ces  paysans  dé- 
crite au  chapitre  v.  —  Système  de 
culture  t^atiqoé  par  les  Paysans 
du  Labourd,  v,  IS. 

Bavière  (Hadw-);  —  Contrée 
dans  laquelle  habite  le  Luthier  dé- 
crit au  chapitre  u,  21. 

Belglqna.  —  Régionqu'habite 
le  Compositeur-typographe  décrit 
au  chapitre  m.  —  États  successifs 
de  Subilité  et  d'Ébranlement,  m, 
17. 

Bien-fttre.  — État  dans  lequel 
la  population  est  et  se  croit  heu- 
reuse. CTest  l'un  des  biens  inhé- 
rents à  la  Prospérité;  c'est  la  cri- 
térium des  supériorités  sodales. 

Blen-ôtre  phtsioub  et  moral.— 
Les  mœurs  et  les  ioxtitniions  qui 
l'assurent  aux  familles  décrites 
sont  résumera,  dans  chaque  mo- 
Dographia.  ai)  j  18. 

Bien  (Le).  —  Le  Bien  a  deux 
aspects  :  d'une  part,  il  est  la  r^le 
imposée  à  la  volonté  par  le  Déca- 
logue  et  les  Coutumes  de  la  Pais 
sociale;  de  l'autre,  il  est  le  régime 
«réé  par  la  conformité  des  actes 
et  des  pensées  avec  cette  régie. 

BlonoMBseurs  sa  la  BAifmoE 
j»E  pAan.  —  Activité  extraordinaire 
développée  cbex  les  Ualtres  de 


cette  profession ,  vm,  18.  —  Trans- 
mission intégrale  des  clientèles, 
vnt,  30. 

Blé.  —  Nom  donné,  à  Tespëce 
de  céréale  qui,  chex  beaucoup  de 
peuples  sédentaires,  constitue  la 
base  principale  de  l'alimentation. 

Blé  OOHSOUHË  PAA  LES  FAWUfS. 

—  La  nature,  la  quanûtéetleprix 
en  sont  indiqués,  dans  chaque  ma- 
Dc^raphie,  aux  SS  ^  ^t  ^^■ 

Boissons  fermentées.  —La 
nature,  la  quantité  et  la  valeur  eo 
sont  indiquées,  dans  chaque  mo- 
nographie de  famille,  au  S  15. 

Bordier  de  la  Cliampagne 

ponlllense  (MonoceApaiB  dv).  — 
Décrite  au  chapitre  vti. 

Bordiers.  —  Propriétaires  ou 
Tenanciers  n'occupant  guère  que 
leur  habitation,  dite  Borderis,  avec 
quelques  dépendances  agricoles.  Le 
Bordier  fournit  son  travail  au  Gen- 
tleman ou  aux  Paysans  du  Voisi- 
nage en  échange  de  Salaires  on  de 
Subventions.  Les  autres  membres 
de  la  famille  exploitent  la  Borderie. 
Chei  les  populations  rurales  bien 
organisées,  la  Borderie  comprend 
souvent,  entre  autres  dépeodances, 
un  droit  de  parcours  sur  les  biens 
communaux,  un  jardin  potager, 
un  champ  pour  la  culture  des 
pommes  de  terre,  une  prairie,  une 
chènevière,  un  cochon,  une  chèvre 
ou  une  vache  laitière. 

Bruxelles.  —  Ville  de  Bel- 
gique qu'habite  le  Compositenr- 
lypographa  décrit  au  chapitre  m. 

—  Sociétés  de  Secours  mutuels 
fondées  par  tes  Ouvriers-tJiKigra- 
phes  de  cotte  ville,  m,  18, 


:,yGoogle 


CIldCIt  aiTBOblQSI.IT  ALPHAaâtlDVK* 


c. 


Oataretiers.  —  Vices  récem- 
meat  déreloppéa  parmi  eux,  vm, 
ib. 

Céréales  coKSomiiEs  pu  us 
FUOLLBS.  —  La  nature,  la  quantité, 
la  valeur  et  le  mode  d'emploi  en 
sont  indiqués,  dans  chaque  mono- 
graphie, aux  SS  9  et  15.  —  Des  dé- 
tails complémentaires  sur  la  pro- 
duction et  l'élaboration  sont  parfois 
mentionnés  auj  16. 

Champa^e  poulUense.— 
Région  qu'habita  le  Bordier  rural 
décrit  au  chapitre  vn.  —  Causes 
d'ébranlement  observées  chez  les 
populations  rurales  de  cette  région, 
VII,  17. 

Cliarpente  {CHiimBis  m).  — 
Organisation  des  deux  sortes  de 
chantiers  chez  les  Charpenfiers  pa- 
risiens, IX,  22. 

CharpentieT  (dn  Devoir} 
de  Paris  (Mokogiulpoib  do).  — 
Décrite  au  chapitre-ix.  —  Béaciîon 
morale  exercée  par  no  legs  fait  k 
la  famille,  ix,  28. 

Charpentiers  parisiens.  — 
Coutumes  du  Compagnonnage  ob- 
servées ohez  cette  classe  d'ouvriers, 
a,  18.  —  Solennités  du  Compa- 
gnonnage dont  la  tradition  est 
conservée,  n,  19.  —  Société  de 
Secours  mutuels  des  Charpentiers 
mariés,  dits  Agrichons,  a,  20.  — 
Caractères  louables  de  la  grève 
oi^anisée,  «o  Ift/|5,  par  ce  corps 
d'état,  IX,  21.  —Organisation  dée 
chantiers  où  ils  travaillent,  n,  22. 
-  L'un  des  priodpiiax 


moyeiu  de  subsistance  chez  les 
Sauvages  et  l'un  des  mojens  «c? 
cessoires  chez  les  Nomades  paa- 
teors  et  les  Sédentaires. . 

Oivillsatlon.  —  Mot  introduit 
à  tort  dans  le  langage  moderne.  U 
est  vague  et  inutile,  s'il  exprime 
simplement  l'état  d'un  peuple  qui 
s'agglomère  en  b&lissant  des  vilîea 
vouées  h  l'industrie  manufacturière 
ou  à  la  culture  des  arts,  des  scieit* 
ces  et  des  lettres.  11  est  faux  et  danr 
gereux,  tfil  implique  l'idée  que 
cette  agglomératicm  offre  le  modèle 
du  Bien  et  l'exemple  du  txmheur. 

Classes  sociale^.—  Groupes 
de  familles  entre  lesquelles  uqe 
distinction  est  établie  par  les  instir 
tutioas  et  les  mœurs. 

Clergé,  'r-  Classe  d'hommes 
employés  fc  renseignement  du 
Décalogue  et  &  l'exercice  du  culte, 
4Bna  les  contrées  où  le  culte  do- 
mestique de  la  vie  patriarcale  est 
devenu  insuffisant. 

Ollentôles.  —  Transmissio* 
intégrale  chez  les  Blanchisseurs  de 
la  banlieue  de  Paris,  vm,  20. 

Ooaotlon  gouTememeiL- 
tale.  . —  Caractère  distinctif  da 
gouvernement  des  raCea  réputées 
«contraintes  B  et  souffrantes,  diec 
4e8quelles  les  institutitns  coofèreut 
surtout  anz  Autorités  publiques  (9 
devoir  de  garder  la  Paix  sociale. 

Ooaotlon  patemeUB^--  Car 
ractère  distinctif  des  races  rou- 
lées «  libres  »  et  prospères,  chos 
lesquellM  iM  institutions  M  tv 


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i» 


rtsna  Méramitn  n  AtntàMÈtwmr 


mœurs  confèrent  surtoat  aux  pères 
de  famille  le  devoir  de  garder 
h  Paix  sociale. 

•  Ooloaies.  —  Établissements 
créés  hors  du  territoire  de  la  mèra- 
patris;  Décessaires  aux  races  fé- 
condes. Ils  soat  esseoUela  à  la 
constitution  des  Familles  patriar- 
cales et  des  Jamilles-souches. 

Golporteurs.  —  Vices  réœm- 
ment  dévelc^pés-paroii  eux,  vm, 
Sft. 

Oommunatité.  —  L'un  des 
trois  régimes  de  la  Propriété  Jm- 
mobilière  ;  la  jouissance  en  est  fré- 
quente cbsz  lesPropriétaires  ruraux 
groupés  en  Commune.  —  L'un  des 
sept  éléments  de  l'Ëdiflce  social. 

OonUttiiqaatés.  —  Associa- 
tions dont  les  membres  exereent 
en  commua,  en  toutou  en  partie, 
les  industries  agricoles,  manu&ic- 
turières'oB  commwciBleg,  et  en 
génial  les  tiravaiix  ayant  le  gain 
pourobjeL 

Oommimantés  de  l'Auver- 
gne (Ahciehmbs).  —  Composées 
de  menées,  Propriétaires  ruraux, 
Issus  d'un«ommun  ancêtre,  n,  20. 

Oommanantés  dn  Niver- 
nais (Axcnnns).  —  Composées 
de  ménages,. Propriétaires  ruraux, 
issus  d'oa  commun  ancétfe,  ti,  SO. 
—  Composées  da  ménages,  fer- 
miers de  domaines  ruraux,  vi,  23. 

Oommonanx  (PinnuuEs).  — 
Base  de  IVxploitation  des  brebis, 
cbez  les  Basques  UrançaiB  du  La- 
bourd.  T.  19. 

Oommnne.  -;  Circonscription 
4erritprialequi  correspond  au  qua- 
trième élément  dd  la  GofUtitutioa  , 


modèle  d'un  grand  État  t  la  Démo- 
cratie. Les  familles  s'y  concertent 
en  vue  de  pourvoir  &  certains  be- 
soins de  ta  Vis  puUique.  Eo  Europe, 
dans, les  campagnes,  elle  se.coo- 
fond  ordinairement  avec  la  drcqU' 
scriplioDdela  paroisse;  dans  les 
a^lomérations  urbaines,  elle  coin- 
prend  habituellement  plusieurs  pa- 
roisses. Une  solide  organisation 
de  la  Famille-souche  favorise  le 
développement  et  l'indépendance 
des  institutions  communales. 

Compa^non-meniiisler  de 
Vienne  (HoNOGRireiE  dd).  —  Dé- 
crite au  chapitre  u 

Oompagnonnage  (Coirrnns 
bd}.  ~  Observées  chex  les  Ghajw 
pentiers  parisiens,  ix,.  18. 

OompoBltenr-  typographe 
de  Bruxelles  (Mohooraphis  do). 

—  Décrite  aa  cbapitfe  m.  —  Aug- 
mentation de  salaire  attribuée,  en 
1&57,  k  cette  classe  d'ouvriers,  lo, 
19. 

Oondlments  etsUmolaiLts. 

—  La  nature,  la  quantité  et  la 
valeur  en  sont  indiquées,  dans  <^- 
que  monographie  de  fïmitle,  au 
S15- 

Oonaervatlon.  forcée.  — 
L'un  des  trois  r^mes  de  succes- 
sion. Le  Foyw  et  l'Atelier,. ou,  en 
d'autres  termes,  les  inunenbles.dé 
la  famille,  s'y  transmettent  inté- 
gralement en  dehors  de  la  volonté 
du  propriétaire. 

Oonaerves  de  lôgamea.  — 
Uoda  de  préparation  dans  la  Pro- 
vince rhénane,  n.  20.  . 

Oonatltation  jaod^  o'm 
SusD  ÉtàX,  —_  L'auiofité  y  corn- 


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PaiciS  HETBODIQDB  ET   ALPBABÉTKlVBt 


preod  quatre  éléments  :  la  Théo- 
cratie dans  le  monde  des  âmes*, 
la  Démocratie  dans  la  commune; 
l'Aristocratie  dans  la  province  ;  et  !a 
Monarchie  dans  l'État,  comme  dans 
la  famille. 

OonsUtntlonsooiale.  —Or- 
dre établi,  dans  toutes  les  branches 
d'activité  d'une  raced'hommes,  par 
la  nature  des  lieux,  par  les  Cou- 
tumes, par  les  Lois  écrites  et,  en 
général,  par  les  idées,  les  mœurs  et 
les  institutions.  Ces  branches  d'ac- 
tivité constituent  deux  groupes 
principaux  :  la  Vie  privée  et  la  Vie 
publique.  —  Dans  cet  ensemble  on 
peut  distinguer  sept  élémeols  prin- 
cipaux. Si  l'on  a  égard  k  leur  im- 
portance, et  si  l'on  a.ssimiie  la  Cout 
stitution  sociale  à  un  édifice,  on 
peut  les-subdï  viser  en  trois  groupes, 
savoir  :  a  deux  fondements  »,  le 
Décalogue  éternel  et  l'Autorité  pa- 
ternelle; deux  «  ciments  »,  la  Re- 
ligion et  la  Souveraineté  ;  trois 
K  matériaux  »,  la  Communauté,  la 
Propriété  individuelle  et  le  Patro- 
nage. 

CoBstltutlon  sociale  (ttt- 
MBins  DIVERS  DE  u).  —  Indîqués 
et  appréciés,  dans  chaque  mono- 
graphie, aux  SS  17  et  suivants. 

Ôorpcva.'O.oiia.  —  Associations 
dont  les  membres  se  livrent  en 
commun  à  des  travaux  où  l'intérêt 
intellectuel  et  moral  domine  l'io- 
tértt  matériel  et  financier. 

Oorporatlons  urbaines 
d'arts  et  ii£tiers.  —  Organisation 
de  ces  anciennes  corporations  de 
l'Autriche  et  de  l'Allemagne  mérl- 
-  dionale,  i,  18.  —  Causes  qui  les 


menacent  d'une-  ^saolntioa  [o^- 
diaioe,  I,  i9, 

Ctorps  gras.  —  Ceux  qni  sont 
consommés  par  les  familles  sont 
indiqués,  dans  chaque  œon(^p>a- 
phïe,  au  S  15. 

001Ttipti<m.  —  État  d'nne  so- 
ciété qui  abandonne  la  pratique 
du  Décalogue  et  la  tradition  des 
peuples  modèles;  qui,  en  d'autres 
termes,  renonce  aux  Coatuœes  de 
la  Paix  sociale. 

Corvées  récréatives.  — 
Travaux  accomplis,  par  les  habi- 
tants d'un  Voisinage,  au  sujet  d'une 
besogne  urgente  qui  serait  an-des- 
sas  des  forces  de  l'un  d'eux.  C'est 
an  acte  d'obligeance  fait,  à  charge 
de  revanche,  avec  l'attrait  de  co- 
pieux repas  offerts  par  l'obligé. 

Ooiltlime.  '—  Ensemble  des 
habitudes  traditionnelles  qui  con- 
stituent les  fondements  de  la  vie 
morale  et  des  intérêts  matériels 
d'une  société.  La  Coutume  prend 
naissance  à  l'origine  des  sociétés 
prospères-,  elle  implique,  plus  que 
la  Loi  écrite,  le  Bien-être  et  l'indé* 
pendance  des  populations. 

Ooutnme  des  ateliers.  — 
Ensemble  des  six  pratiques  qui, 
chez  toutes  les  races,  conservent 
raffeciionrédproqneeQtre le  patron 
et  les  ouvriers,  en  conjurant  toute 
éclosion  de  l'Antagonisme  social. 
Les  six  pratiques  s'énoncentcom  me 
il  suit:  1* permanence  des  Engage- 
ments ;  2*  entente  touchant  le  Sa.- 
laire;  S*  alliance  destravaux  del'Ale- 
lier  et  des  Industries  domestiques; 
ji>  habitudes  d'Épar^^e  ;  5*  union 
indissoluble  de  ^a  FaÉaille  et  du 


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f>BClB  HÉTHODigOE    BT  ALPBÀBETIQCB, 


Foyer;  &•  respect  de  la  femme. 
Elles  se  résumentdaos  la  première 
qui  implique  les  cinq  autres. 

Oroyanoffl  religieuses'  — 
Elles  ntlacbeotles  Mbles  à  la  pra- 
tique d'un  culte  et  elles  assurent 
le  respect  du  Décali^e  ed  eusei- 
gnant  que  les  dix  commandemeats, 
étant  révélés  par  Dieu,  ne  sau- 
raient étrB  améliorés  par  la  raison. 

Gro7aiLoesrellffleiisea(ÉTAi 
des).  —  11  est  iDdigué,  pour  les 
familles  Récrites,  dans  chaque  mu- 
nograpliie,  au  $  3. 

Cueillette. —  L'un  des  moyens 
(HÏQcipaux  de  subsistance  chez  les 
Sauvages  et  l'aD  des  moyens  ac> 
cessoires  chez  les  Nomades  pas- 
teurs et  les  SédeaUires. 

Culte.  —  Celui  qui  est  pro- 
fessé par  les  familles  est  indiqué, 
dans  chaque  mout^rapbie,  au  5  3- 


Culte  (Pratiques  dd), — ^D^nses 
faîtes  à  cesujetparleCompagnoD- 
meauiùer  de  la  ville  de  Vienne,  i, 
21. 

Onltnre  intellectuelle  (U). 
—  L'un  des  charmes  et  l'un  des 
trois  écueils  de  la  Prospérité.  — 
Sous  le  r^ime  de  la  Famille-sou- 
che, l'esprit  de  Nouveauté,  appli- 
qué aux  scieaces  physiques  et  aux 
arts  usuels,  la  développent  sou- 
vent, jusqu'à  compromettre  les  ira- 
diiions  du  Bien.  —  Sous  le  régime 
de  U  famille  patriarcale,  ce  déva- 
loppement  est  souvent  entravé  par 
l'esprit  de  Tradition  ;  mais  parfois 
aussi  il  s'opère  dans  une  direction 
meilleure  en  s' appliquant ,  avec 
persistance,  à  l'ordre  moral. 

Culture  (SisrtuB  de).  —  Prati- 
qu'é  par  les  paysans  basques  du 
Labourd,  v,  18. 


Danube  (Le)  et  l'Adkutiqde. 
—  Lea  Fiançailles  et  le  Mariage 
chez  les  races  slaves  des  régions 
contiguës,  I,  23. 

Céoadenoe.  —  État  d'une  so- 
ciété où  se  propage  la  Corruption, 
Ella  a  généralement  pour  cause 
l'abus  de  la  Hichesse  accumulée,  de 
la  Culture  intellectuelle  et  de  la 
Puissance  politique,  qui  ont  été  dé- 
veloppées, à  une  époque  antérieure, 
par  la  pratique  du  Décalogue  et 
des  Coutumes  de  la  Paix  sociale. 

Décadence  actuelle  de  la 
lïanoe.  —  Elle  a  été  lentement 
développée,  de  1661  à  1789.  par 


la  corruption  de  l'ancien  régime  ; 
depuis  lors,  elle  a  été  fort  accélé- 
rée par  le  Partage  forcé,  vi»  17. 

Décadence  fatale.  —  Erreur 
qui,  assimilant  l'existence  d'une 
race  d'hommes  à  celle  d'un  indi- 
vidu, enseigne  que  chaque  société 
doit  fatalement  passer  par  trois 
époques  :  la  naissance,  l'&ge  miXr, 
et  la  vieillesse,  pour  aboutir  k  la 
mort.  Elle  a  pour  prétexte  un  fait, 
savoir:  que  l'orgueil  engendré  par 
la  Prospérité  a  été  souvent  le  pré- 
curseur de  la  Décadence^ 

Décaloffue  étemel.  —  Réu- 
nion des  dix  préceptes  de  la  loi 


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Pftiicia    iriTBOBIQAE  KT    ALTBABliTIQITt. 


191 


divine  qui,  selon  la  croyance  des 
peuples  prospères,  ont  été  révélés 
par  Dieu  au  premier  homme,  et 
dont  la  pratique  ou  l'abaDdon  a 
toujours  entraîné,  pour  les  sociétés, 
la  Prospérité  ou  la  SoufTrance.  — 
Le  Décalogue  étemel  :  1*  prescrit 
le  cuite  de  Dieu  unique;  2"  prescrit 
le  respect  de  Dieu  jusque  dans  son 
nom  ;  3'  prescrit  le  repos  hebdoma- 
daire; A'prescritle  respect  do  père 
et  de  la  mère  ;  5*  interdit  le  meur- 
tre; 6*  prescrit  la  chasteté;  7*  in- 
terdît le  v(A  ;  8*  interdit  le  faux 
témoignage  ;  9*  prescrit  le  res- 
pect de  la  femme  et  i^union  dans 
le  mariage  ;  Ifi*  interdit  la  convoi- 
tise du  bien  d'autrui.  —  L'un  des 
sept  éléments  de  i'Édiflce  social. 

DédtlQtioii.—  Système  derai- 
sonnement  qui,  partant  d'un  pria- 
dpe  général  admis  comme  certain, 
en  tire,  comme  conséquences,  des 
idées  particulières. 

Démooratle.  —  Un  des  quatre 
éléments  de  la  Constitution  modèle 
d'un  grand  État.  — Portion  de  l'Au- 
torité publiqueeiercée  dans  chaque 
paroisse  ou  daos  chaque  commune 
pour  la  gestion  d'intérêts  spéciaux. 
—  Elle  comprend  tout  le  gouver- 
nement dans  une  petite  société  où 
les  familles  sont  assez  rapprochées, 
et  assez  soumises  à  la  loi  de  Dieu, 
pour  que  le  peuple  assemblé  puisse, 
tout  en  gardant  la  paix,  régler 
souverainement  ses  iotéfâts  com- 
muns. 

Dépenses  (Boockt  DE8).~Sub- 
dlvisé  en  5  sections  :  Noitrrintre; 
Habitation;  Yttements;  Beiointmth 
roux,  riwèatiwit  eturviet  tb  satM  ; 


Induttries,  data,  tmpdti  et  amir- 
ronces;  —  il  forme,  dans  chaque 
monographie,  le  $  15. 

Dieu-  —  L'Être  suprême  que 
les  peuples  prospères  ont  tous  con- 
ridéré  comme  leur  vrai  souverain. 
Selon  cette  croyance,  il  a  créé  le 
ciel  et  la  terre,  il  a  élevé  l'homme 
au-dessus  des  autres  êtres  de  la 
création,  en  lui  donnant  lelibrear- 
foitre;  et  il  a  réglé  l'usage  de  la  Li- 
berté en  révétanlau  premier  homme 
le  Décalogue  éternel. 

DiHtlnotlon  nuriQirB  du  bieh 
ti  DO  MAL.  —  Établie  chez  les  peu- 
pies  prospères  par  les  Coutumes  dé- 
rivées du  Décalt^ue  étemeL 

Domestiques.  —  Cat^orie 
spéciale  de  Serviteurs  qui  secon- 
dent les  Maîtres  dans  les  travaux 
du  royer. 

Droit  de  TéTolte.—  L'un  des 
trois  faux  dogmes  déduits  du  prin- 
cipe de  1789  (la  Perfection  origi- 
nelle] par  le  raisonnement  d-après. 
Les  hommes  naissent  parfaits  :  ils 
créeraientpartout  le  régne  du  Bien, 
s'ils  pouvaient  tous  y  concourir 
dans  les  conditions  de  Liberté  et 
d'Égalité.  Or,  tous  les  gouverne- 
ments ont  jusqu'ici  maintenu  les 
hommes  dans  des  conditions  oppo- 
sées; et  de  là  résulte  la  prédomi- 
nance universelle  du  Haï.  Il  faut 
donc  renverser  par  la  force  tous  les 
gouvernants  qui  tolèrent,  en  quoi 
que  ce  soit,  les  régimes  de  con- 
trainte et  d'inégalité. 

Droits  d'usage  POssCofs  pib 
LES  FAHiLLBs.—  La  mentiou  en  est 
faite,  dans  chaque  monc^iraphifl, 
anx$S6,  7  et  U. 


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nÉtm  «KTBODIOTB  ET  ILPIUBÉTIQDE.. 


E" 


ËbrELDlement  (ciusEs  s'].  — 
Observées  spedalement  :  — chez  le 
GompagDOD-meDaisier  de  Vienoe 
(Autriche),  i,  17;— cbezle  Tisserand 
de  Godesbei^  (Provioce  rbéuane), 
n,  17 1  —  chez  le  Compositeur-ty- 
pographe de  Bruxelles  (Belgique), 
m,  1 7  ;  -r-  chez  le  Mineur  des  ûlons 
argeotifères  de  PoQtgîbaud  (Au^r- 
gae),  IV,  17;  —  chez  le  Paysan 
baaque  du  Labourd  (France),  y,  17  ; 
—  chez  le  Manœuvre-agriculteur 
du  Morvan  (Nivernais),  vi,  17  ;  — 
chez  le  Bordier  de  la  Champagne 
pouilleuse,  vu,  17;  —chez  le  Maî- 
tre-blanchisseur de  la  banlieue  de 
Paris,  vm,  17;  —  chez  le.Cbarpeur 
tier  (du  Devoir)  de  Paris,  ix,  17. 

Éooles.  ~  Institutions  dans 
lesquelles  des  professeurs  spé- 
ciaux enseignent  les  connaissances 
et  inspirent  les  senlimenls  qai  ne 
sont  pas  safflsamment  propagés 
par  l'Éducation.  Chez  les  Nomades 
pasteurs,  soumis  exclusivement  à 
l'autorité  patriarcale,  le  père  est 
professeur  au  Foyer  domestique, 
comme  il  y  est  pontife  et  roi.  Les 
Sédentaires,  agglomérés  en  cités 
immenses,  créent  des  écoles  in- 
nombrables; mats  ils  ne  eooser- 
veat  la  Paix  que  si  les  professeurs 
spéciaux,  soumis  à  Dieu  et  au  sou- 
verain, se  considèrent  comme  les 
déi^és  du  pËre. 

Édlfloe  social  (Soalrfs  ho- 
lulKES  coiiFAtÉBs  A  Dif).  —  Hention 
de  ses  sept  élémeols  principaux 


distingués  en  trois^pvupes,  savoir  : 
«  deux  fondements  n  :  le  Déca- 
logue  étemel  et  l'Autorité  pater^ 
nelle;  «  deux  ciments  »  :  la  Reli- 
gion et  la  Souveraineté;  «  trots 
matériaux  »  :  la  Communaaté,  la 
Propriété  individuelle  et  le  Patro- 
nage. 

Éducation.  —  La  majeare 
partie  de  riastniction  normale  : 
celle  qui  est  puisée  paï  chacun 
dans  les  enseignements  du  Foyer 
domestique,  dans  les  travaux  de 
l'Atelier,  dans  les  relations  du 
Voisinage,  dans  l'observation  des 
Faits  sociaux  et,  en  général,  dans  la 
pratique  de  la  Vie  privée  et  de  la 
Vie  publique. 

Égalité.  —  Mot  dont  le  sens 
l^itime  est  fixé  par  le  Décalogue 
et  les  Coutumes  de  la  Paix  sociale. 
On  en  abuse  aujourd'hui  pour  mas- 
quer la  loi  d'Inégalité,  établie  par 
Dieu,  démontrée  par  l'observation 
des  Faits  sociaux,  développée  par 
l'usage  du  libre  arbitre,  indispen- 
sable au  bon  ordre  des  sociétés. 

Égalité  provldentiella.  — 
L'un  des  trois  faux  dogmes  déduits 
du  principe  de  1789  (la  Perfection 
originelle)  par  le  raisonnement  ci- 
après.  Tous  les  hommes,  naissant 
également  parfaits,  devraient  exer- 
cer le  même  pouvoir  et  jouir  des 
mêmes  avantages  dans  une  société 
fondée  sur  la  Justice.  Or,  jusqu'ici 
tontes  les  institutions  sociales  ont 
eu  pour  but  de  produire  l'ordre  de 


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»KCI8   HâTHODIQCB    KT  AlPHABriTlQUE. 


diose3(qiposâ.  Il  faut  donc  rétablir 
l'ordre  providentiel,  en  d^tnii^nt 
^es  ÎDSlltattons quiteadent, en  quoi 
que  ce  soit,  à  mainteair  l'in^alité 
des  conditions. 

Émigration.  —  Coutume  pro- 
preaux  races  facondes  qui  habitent 
un  territoire  complètement  défri- 
ché. Elle  attire  dand  lespays  étrao- 
géra  où  la  population  fait  défaut, 
et  dans  les  colouies  où  le  sol  reste 
iaculte,  lesindividus  qui  ne  peu- 
vent s'établir  convenablement  au 
lieu  natal.  Dans  les  familles  fécon- 
des, on  organise  deux  régimes 
opposés  :  VÉmigralion  riche  propre 
aux  familles  stables,  qui  trans- 
mettent intégralement  à  un  seul 
héritier,  le  domaine  patrimonial  ; 
Vêtnigration  pauvre  propre  aux 
familles  instables,  qui,  en  se  par- 
lageaut  indëCniinent  les  domaines, 
tombent  dans  la  condition  de  pro- 
priélaîres-iDdigenls.  L'Émigration 
est  permatiente,  quand  elle  a  lieu 
sans  retour;  momenUmie,  quand 
rémigrant  revient  se  fixer  au  pays 
natal  aveâ  une  fortune  faite;pM'o- 
(ftçue,  quand  l'émigrant  revient 
chaque  année  après  avoir  accompli 
au  fa>in  certains  travaux  tempo- 
raires. 

Émlgrrâtioii  périodique.  — 
Des  Basques  français  en  Espagne, 
V,  21. 

Émigration  (Réciue  d').  — ' 
Avantages  assurés  à  plusieurs  mon. 
tagnesde  l'Auvergne  parce  régime, 
IV,  19. 

Émigration  rlohe  (Bégimk 
p').  —  Lié  iniimement  à  l'organi- 
sation des  deux  sortes  de  familles 


stables;  à  la  fample  patriarcale 
et  à  la  famille-souche. 

Émigration  transatlan- 
tlqne.  —  Des  Basques  français  du 
Labourd,  v,  22. 

Engagements  (Les  tboq 

s  iiiTEs  d']  entre  les  MaIhibs-p&tbons 
Ft  LPS  OovRiBHs.  —  lls  Correspon- 
dent à  trois  sortes  de  Constitutions, 
selon  qu'ils  sont  permanents  far- 
cis, permanenu  voloniaires,  ma- 
menlanii. 

Engagements  moment&- 
nés.  —  Organisation  du  travail 
dans  laquelle  les  ouvriers  sont  liés 
momentanément  :  à  un  Maître;  sou- 
vent, en  outre,  à  une  Coloration; 
rarement  à  une  Communauté. 
-  Engagements  momenta- 
nés (Système  des).  — En  vigueur  : 
chez  le  Compagnon-menuisier  de 
Vienne  (Autriche],  i,  1  ;  —  chez  le 
Tisserand  de  Godesbcr^  (Province 
rhénane),  n,  1  ;  —  chez  le  Com- 
posiieur-typograplie  de  Bruxelles 
(Belgique),  lu,  1  ;  —  chez  le  Mineur 
des  filons  argentilëres  de  Pont- 
gibaud  (Auvergne],  iv,  1  ;  —  chez 
le  MancBuvre-agriculteur  du  Mor- 
van  (Nivernais),  vi,  1  ;  —  chez  le 
Bordier  de  la  Champagne  pouil- 
leuse, vu,  1  ;  —  chez  le  Cbarpentîer 
(du  devoir)  de  Pari?,  ix,  1. 

Engagements  permanents 
forcés.  —  Organisation  du  tra- 
vail où  les  Ouvriers  sont  attachés, 
en  permanence  :  à  un  Patron, 
quelquer<H3  à  une  Communauté, 
parlaCoutumeou  par  la  Loi  écrite. 

Ei^agements  permanents 
volontaires.  —  organisation  du 
travail  dans  laijuelle  les  Ouvriers 


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4H 


PiéCIB  HÉT&ODHtUB   IT  UFHABKTIQUt. 


sont  attacha,  en  permaDeaoe  :  à 
uD  Patron  par  lear  Vfdont^  guidée 
elle-mAme  par  la  Contnme  ou  fixée 
par  des  contrats  à  long  terme  ;  par- 
fois è  une  Gommunanté. 
Ensei^ement  Boolalre.— 

La  moindre  partie  de  l'iustrucdon 
normale  :  celle  qui  est  donnée  par 
-ladoctrine  et  la pratiqaedcs  Écoles. 

Enseignement  scolaire  des 
ENFANTS.  —  Les  faïts  concernant 
cet  enseignenient  et  les  frais  qu'il 
impose  sont  mentionnés,  dans  cha- 
que monographie  de  famille,  aux 
SS  ?  «  15. 

Entente  touchant  le  sa^ 
laire.  —  La  deuxième  pratique 
de  la  Coutume  des  Ateliers,  Elle 
assure  la  stabilité  des  bons  rap- 
ports établis  daos  l'Atelier  par  la 
Coutume,  en  évitant  les  débats 
contradictoires  relatifs  à  la  fixation 
du  salaire. 

Épargne.  —  Répugnance  que 
montrent  certaines  familles  pau- 
vres contre  les  habitudes  de  cette 
vertu,  I,  20. 

Épargrne  (Habitddes  d*).  —  La 
quatrième  pratique  de  la  Coutume 
des  Ateliers. —  Elles  contribuent  à 
la  conservation  de  la  famille  par 
la  frugalité  et  l'esprit  d'économie 
qu'ellesdéveloppent;  elles  assurent 


en  mdme  temps  ]'ëtabli«eiiieot  éts 
rejetons.  i' 

ErretiT.  —  EnsemUe  des  actes 
et  des  idéss  qui.  |du8  encore  que 
le  vice,  amènent  la  Souffrance  des 
individus  et  des  nations. 

Esolavaee.  —  Mot  fréquem- 
ment employé  en  mauvaise  part 
pour  désigner  la  condition  des  Ser- 
viteurs, sous  le  régime  des  Enga- 
gements permanents  forcés. 

Espagne.  — Émigration  pério- 
dique des  ouvriers  français  dans  ce 
pays,  V,  21 .  —  État  qu'habite  le  Mi- 
neur-é migrant  décrit  au  ch.  v,  S3. 
.  Essaimage  des  ÛLmllles 

—  Hoc   employé  pour   dés 
l'Émigration  organisée  par  les  deui 
sortes  de  Familles  stables. 

État.  —  Ensemble  des  institu- 
tions et  des  intérêts  de  toute  na- 
ture, qui  se  rapportent  aux  peu- 
ples et  aux  territoires  placés  sous 
une  même  Souveraineté. 

État  OiTll  DE  LA  FAMILLE.  —  Il 

est  indiqué,  dans  chaque  monogra- 
phie,auS2. 

États  allemands  (Modogka- 
PBiES  d'ouvriers  des). — CompagnoO' 
menuisier  de  Vienne  (Autriche),  i. 

—  Tisserand  de  Godesberg  (Pro- 
vince rhénane),  ii.  —  Luthier  du 
Werdeofels  (Haute-Bavière),  n,  21 . 


'  Faits  flodanx  (Obsbrtat]o(i 
des). —  Vrai  fondementde  la  science 
des  sociétés,  quand  elle  est  guidée 
par  un  plan  méthodique  et  par  le 
respect  de  la  Térité. 


Famille  (DfiFtNrmw  i«  u).~ 
Donnée,  dans  chaque  moni^ra- 
phie,  auxSS^lt  IS. 

Famille  (La)  et  sbs  trois  ttpes. 
—  Caractérisée  surtout  parla  lutte 


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raAcis  H^TaosiQUE  et  alpbab^tiqdb. 


tffi 


entre  l'Ecrit  de  tradition  et  l*E8prit 
de  nouveauté. 

1"  type  :  la  FamtUe  patriarcaU. 
Elle  conserve  prés  des  parents  tons 
les  fils  mariés  de  plusieurs  géaéra- 
tions.  Quand  l'babitation  est  deve- 
nue trop  étroite,  elle  favorise  l'Es- 
saimage par  ménagea  complets, 
BOUS  la  direction  d'un  vieillard.  Elle 
est  dominée  par  l'Esprit  de  tradi- 
tion. Mieux  que  les  deux  autres, 
%lle  conserve  la  Paix  sociale.  Elle 
la  perpétue  dans  certaines  Steppes, 
depuis  les  premiers  &ges;  mais 
ailleurs  elle  est  souvent  détruite 
elle-même  par  le  progrès  des  cul- 
tures et  des  cités. 

2"*  tfpe  :  la  FamtUe  iruuibte. 
Les  enfants  issus  d'un  même  ma- 
riage s'élablissent  tous  successive- 
ment au  dehors  du  Foyer,  puis  se 
divisent  i'Iiéritage  laissé  par  les  pa- 
rents, dès  que  ceux-ci  sont  morts 
dans  l'abandon.  L'Esprit  de  nou- 
veauté y  domine.  Cest  le  type  qui, 
sous  tous  les  régimes  du  travail, 
assure  le  moins  la  Paix  sociale. 

3»  type  :  la  Familte-souche.  E^le 
conserve  près  des  parents  l'un  des 
eoftnta  marié  et  désigné  comme  hé- 
ritier-associé. Elle  établit  au  dehors 
du  Foyer  les  autres  rejetons  de  cha- 
que ^nération,  avec  des  dots  for- 
mées par  la  totalité  des  produits  de 
l'Atelier.  Mieux  que  les  deux  antres, 
elle  concilie  ce  qu'il  y  a  de  bon  dans 
la  Tradition  et  dans  la  Nouveauté. 
C'est  le  type  qui,  à  défaut  de  la 
Famille  patriarcale,  conserve  le 
mieux  la  Paix  sociale  au  sein  des 
cultures  et  des  cités, 

rermiers  ruraux  (II£iuges 


m).  —  Constitués  en  ( 

tés  oontumiëres  on  taisibles,  au 

midi  du  Morvan  (Nivernais], VI, 23. 

Féodalité.  —  Le  régime  qui 
assure  le  mieux  le  Bien-être  da  la 
classe  inférieure.  —  II  a  pour  ca- 
ractères :  la  dépendance  réciproque 
du  Patron  et  de  l'Ouvrier;  les  de- 
voirs d'assistance  du  Patron;  l'usu- 
fruit perpétuel  du  Foyer  et  de 
l'Atelier  assuré  à  la  famille  de 
l'ouvrier. 

F@tes  et  solennités  tus  fa- 
milles. —  Le  détail  en  est  donné, 
pour  chaque  monographie,  anx 
S8"etl5. 

Fiançailles.  —  institution  fon- 
damentale des  races  modèles.  — 
Premier  engagement  du  mariage, 
célébré  en  présence  du  ministre  de 
la  religion,  des  deux  familles  et  de 
leurs  amis.  Selon  les  meilleures 
traditions  des  peuples  prospères, 
elles  intéressent  les  deux  fiancés  à 
s'assurer,  par  des  efforts  de  tra- 
vail et  d'épai^ne,  l'habitation,  le 
mobilier  et  les  vêtements  qui  seront 
nécessaires  au  futur  ménage.  Elles 
développent  ainsi,  grâce  au  plus 
puissant  attrait  de  l'humanité,  les 
habitudes  et  les  vertus  sur  les- 
quelles sera  fondé  le  bonheur  des 
^ux. 

Fiançailles  (Lis)  et  le  MAariGE. 
—  Chez  les  races  slaves  du  Danube 
et  de  l'Adriatique,  i,  23. 

Fondeur  (ati  bois)  dn  Nl- 
vemals  (Fhëcis  de  u  uottoGR^raiE 
dd).  —  Exposé,  comme  appendice, 
au  chapitre  vi,  SI. 

Force  armée.  —  Moyen  de 
gouvernement   qui  contraint   ao  . 


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4» 


nia»  nénoDiaiiB  n  kvmuftiviK, 


besoin  les  individus  à  obéir  îf  la 
Coutume  et  aux  Lois  écrites,  à  se 
soumettre  aaz  arrftts  de  la  justice 
et  i  respecter  la  Paix  sociale.  U  eat 
iFop  souvent  employé  pour  la  saoc- 
lioD  ou  la  violation  des  traités,  dans 
les  rapports  ÎDternatioaaux. 

Forêts  privées  (OaGAnisuion 
vinEosB  des}.  —  Imposée  aujour-- 
d'hoi  eu  France  à  ces  Forêts  ei  aux 
Usines  à  fer  (au  bois},  vi,  22. 

Pc^er  domestique  (Pos- 
session m).  —  En  vigueur  :  chex 
te  Luthiw  du  Werdeofels  (Haute- 
Uavière],  u,  21;  —  chez  le  Mineur 
des  filons  ai^^iifères  de  Fontgi- 
band  (Auvergne),  iv,  6  ;  —  chez  le 
Paysan-basque  du  Labourd  (France), 
V,  6; — chez  le  Miaeur-émigrant  de 
la  Galice,  v,  23  ;  —  chez  le  Bordier 
de  la  Champagne  pouilleuse,  vu,  6; 
—  chez  le  Uaréchal-ferrant  du 
Maine»  vui,  22. 

France.  —  Causes  qui  entra- 
vent l'exploitation  des  Mines  mé- 
talliques, IV,   18.  —   Instabilité 


actuelle  de  la  petite-  Propriété  ru- 
rale, Ti,  18.  —  Condition  ftcbense 
des  Manœuvres-apiculteurs  dans 
plusieurs  régions,  -n,  19.  —  Oi^a- 
nisatioa  vicieuse  imposée  aujour* 
d'bui  aux  Forêts  privées  et  aux 
Usines  à  fer  (au  bols),  vi,  22.  — 
Influence  f&chense  exercée  sur  les 
Mœurs  rurales  par  les  Ouvriers 
nomades  des  travaux  publics,  vn, 
18. — Hoded'existeacedes  Ouvriers 
nomades  attachés  aux  travanx  pu* 
blics,  vii,  19. 

Franœ  (Monogiuphibs  d'oo- 
VBiEHs  DB  u).  —  MiDeor  des  filons 
argentifères  de  Pontgihaud  (Au- 
vergne}, nr.  —  Paysan-basque  du 
Labourd,  v.  < —  Maiicsuvre-agrical- 
leur  du  Morvan.vi. —  Fondeur  (an 
bois}  du  Nivernais,  n,  21.  — Bor^ 
dier  de  la  Champagne  pouilleuse, 
VII.  —  Maître-blanchisseur  de  la 
banlieue  de  Paris,  vm —  HarécbaW 
ferrant  du  Maine,  vm,  22.  — Char- 
pentier (du  Devoir}  de  Paris,  a. 


Oalioe  (EsMGtft}.  —  Province 
dans  laquelle  habite  le  Minenr- 
émigrant  déoit  au  chapitre  v, 
23. 

Gentleman.  —  Grand  pro- 
.priéiaire  qui  réside  sur  son  domaine 
et  l'exploite  avec  le  coacourâ  d'Ou- 
vrters-domestiques  ou  de  TenaO" 
ciers.  Dans  les  bonnes  constitutions 
sociales,  il  se  charge  de  pourvoir,  à 
■litre  gratuit,  aux  intérêts  publics 


du  Voisinage,  de  la  Coinmaae  oa 
de  la  Province. 
Oodesberer  (PaovwcB  rhInanb). 

—  Commune  qu'habite  le  Tisse- 
rand décrit  au  diapiire  n. 

Ooavemement.  —  Partie  de 
la  Constitution  sociale  qui  pourvoit 
aux  intérêts  de  la  Vie  publique  et 
spécialement  au  règne  de  la  Paix. 

—  Chez  les  grandes  races,  riches  et 
lettréesi  il  comprend  quatre  élé- 


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raécis  hètbodiquë  et  jilpdabgtiqui. 


ments  priDcipani  :  U  lliëocratié, 
la  Démocratie,  l'Aristocratie  et  la 
Monarchie. 


'  Ordre  ses  cuapsiniiàis  '  nu-' 
ama,  en  18Ii5.  —  Caractères  loua- 
bles spéciaux  à  cette  lutte,  a,  SI. 


Hatltatlon  des  rAyiuES.  — 
La  description  en  est  faite,  dans 
chaque  monographie,  au  S  10. 

HléraroMe  sociale- —  Ré- 
partition de  l'iofluence,  des  fonc- 
tions et  du  pouvoir,  entre  les 
membres  d'une  Société.  Chez  les 
sociétés  modèles ,  elle  s'accorde, 
autant  que  possible,  avec  la  répar- 
tition de  la  richesse,  du  talent,  de 
la  prévoyance  et  de  la  vertu. 

Histoire  de  la  famille.  — 
Elle  est  retracée,  dans    chaque 


monographie,  aux  SS   1^  ^^  1'. 

HoulUÔTes.  —  Le  charbon 
qu'on  en  extrait  ébranle  aujour- 
d'hui l'Europe,  en  transfonnant  les 
méthodes  de  travail  :  l'époque 
actuelle  sera  donc  justement  nom- 
mée Fâge  de  la  houUlf;  m,  17.  — 
Transformation  opérée  dans  les 
usines  à  fer  du  Nivernais,  vi,  21. 

Eyg^lène-  —  Les  conditions 
hygiéniques  spéciales  aux  familles 
décrites  sont  indiquées,  dans  cha> 
que  monographie,  au  S  h- 


ï 


Idées  domliiaiiteB.  —  En- 
semble des'  opinioDs  qui  r^nent 
chez  UQ  peuple;  qui  déterminent 
les  Mœurs  et  les  Institutions;  qui 
engendrent  la  Prospérité  on  la 
Souffrance,  selon  qu'elles  sont  con- 
formes ou  opposées  au  Décalogue. 

Immeubles  des  fauillbs.  — 
Propriétés  qui  comprennent  pres- 
que exclusivemsot.les  Foyers  do- 
mestiques et  les  Ateliers  de  travail. 
—  Les  immeubles  possédiSs  par  les 
Ouvriers  décrits,  et-  le  caractère  de 
la  possesâoo,  sont  indiqués,  dans 
chaque  monographie  de  famille, 
aux-SS6etl((., 

ImpréToyanoe.  —  Péfaut 
des  personnes  qui  ^abandonnent 


à  l'impulsion  de  leurs  désirs  et  de 
leurs  appétits,  qui  ne  cherchent 
pas  h  .conquérir,  par  le  travail  et 
l'épargne,  une  situation  garantis- 
sant la  possession  du  pain  quoti- 
dien, et  qui  ne  songent  pas  même 
à  assurer,  en  toute  éventualité,  les 
moyens  de  subsistance  à  leur  fa- 
mille. 

Indnotjon.  -r  Système  .de 
raisonnement  par  lequel,  de  j>lu- 
sieurs  faits  obsery^,  on  conclat  là 
loi  générale  qui  semble  lesgonver- 
pet  tous.  ..,.■.  .      ,_    . 

Industrie.  —  Ensemble  des 

procédés  de  travail  qui  constituent 

un  Art  usueL  CeS;  pnjcédés  forment 

neuf  groupes  principaux  :  (a  Cucil- 

31 


:,yGoogle 


PBiCIS  H^THODIQUR  ET  ALPBABKTIQVB. 


lattet-  la  GbasBei  UtPècbe,  l'art  des 
HinM,  Tart  des  Forât?,  le  Pâturage, 
lIAgricvlture,  l'art  des  Maoufactu- 
res  et  le  Commerce. 

Industrie  (État  de  l').  —  Dé- 
crit, daas  chaque  monographie, 
aaSl- 

Industries  domestiques.— 

La  Daiure  et  les  produits  de  ces  in- 
dustries sont  iodiqués,  dans  chaque 
monographie  de  famille,  aux  S§  8, 
U  et  16. 

Inégalité.  —  L'ua  des  carac- 
tères dominants  des  Sociétés  ho- 
maioes.  Elle  dérive  toujours  des 
diversité  qui  existent  dans  les 
lieux,  les  aptitudes  individuelles, 
les  sexes,  les  Siges,  les  traditions 
de  famille,  les  besoins  sociaux  et, 
en  général,  dans  les  emplois  dii 
libre  arbitre. 

Instabilité.  —  État  de  souf- 
france qui  se  manifeste,  au  sein  des 
familles,  par  le  changement  brus- 
que des  conditions,  parfois  même 
par  la  privation  momentanée  des 
moyens  de  subsistance. 

Âistabillté  EN  ntiMCE.  —  Dé- 
cadence,  fruit  du  Paruge  forcé, 


IV  &  VI,  17.  —  Huinoqse  sortoot 
poar  la  petite  propriété,  vi,  18. 

Institutions.  —  Ensemble  des 
Coutumes  ou  des  Lois  écrites  qui 
règlent  les  rapports  mutuels  des 
individus,  dans  la  Vie  privée  et 
dans  la  Vie  publique. 

Instruction    normale.  — 

Ensemble  des  connaissances  et  des 
sentiments  qui,  selon  la  diversité 
des  lieux  et  des  conditions  sociales, 
complètent,  dans  une  société 
prospère,  le  développement  intel- 
lectuel et  moral  de  findividu.  Elle 
est  donnée  essentiellement  par 
l'Éducation,  avec  ou  sans  le  con- 
cours de  l'Enseignement  scolaire. 
Conformément  à  l'opinion  des  races 
jouissant  d'une  paix  complète,  cet 
état  de  l'esprit  et  du  cœur  consti- 
tue la  sagesse  :  il  n'apparaît  guère 
que  dans  l'Age  mftr  et  ne  se  com- 
plète que  dans  la  Vieillesse. 

Intestat  (Succession  a).  — 
Mode  d'iiéritage  r^lé,  en  l'absence 
du  testament  :  sous  les  régîmes 
de  Contrainte,  par  la  Lch  écrite; 
sous  les  régimes  de  Liberté,  par  ta 
Coutume. 


Jardin  potager  KXPLoiri  par 
LES  viMiLLES.  —  Le  mode  de  culture 
et  les  détails  qui  s'y  rapportent 
sont  mentionnés,  dans  chaque  mo* 
nographie,  aux  ^  8  et  15.  —  Des 
ilétails  complémentaires  figurent, 
s'il  y  a  lieu,  dans  les  comptes 
aunexés  aux  budgets  domestiques. 


Jeunesse  (U)  et  l'Eïifuice.  — 

Elles  Jouent  un  rftle  subordonné 
au  sein  des  Sociétés  modèles.  Lear 
infériorité  est  due  à  la  persistance 
des  Tendances  innées  vers  le  mal; 
et  elles  sont,  par  ce  motif,  l'objet 
d'une  snrveilltnce  assidue  et,  au 
besoin,  d'une  sévère  cwrection. 


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PRRCI8  HÉTHOVIQtJB   ET  ALPHABâTIQIIB.'  (99 

Justice.  —  Mot'  doot  lé  vrai  |  propager  les'  tri/is'  taai  àogniés 
sens  est  défini  par  le  Décalogue,  déduits  de  la  croyance  &  là  fer- 
mais dont  OD  abusa  souvent  pour  [  fection  originelle. 


Labonrd.  —  District  rural 
qu'habite  le  Paysan  français  décrit 
au  chapitre  v.  —  Système  de  cul- 
ture usité  dans  ce  pays,  v,  18.  — 
Exploitation  des  brebis  fondée  sur 
lesPAturagescomnianaus,v.  19.— 
Ancienne  organisation  de  Secours 
mutuels,  V,  20. 

Laitage  et  Œn&  consonufs 
PU  LES  VAHILU8.  —  Le  détail  en 
est  donné,  dans  chaque  monogra* 
phie,  au  S  15. 

Légistes. — Personnes  qui,  en 
France,  ont  aggravé  sans  raison 
les  régimes  de  contrainte  en  codi- 
fiant les  Coutumes  et  en  multipliant 
les  Lois  écrites. 

Legs  rAns  adx  paiollzs.  — 
Réaction  morale  exercée  par  un 
legs  fait  au  Charpentier  (du  De- 
voir) décrit  au  chapitre  a,  23. 

Légumes  ET  Fruits  coNsouuSs 
PAR  LES  PAUUXES.  —  Le  détail  en  est 
donné,  dans  chaque  monographie, 
au  S  15. 

Lettrés.  —  Personnes  ayant 
pour  profession  exclusive  de  pro- 
duire des  auvres  littérales  ou  d'en 
propager  la  connaissance. 

Liberté.  —  Mot  qui  exprime 
l'emploi  de  certaines  facoltés  In- 
times, mais  dont  on  abuse  souvent 
pour  louer  dés  idées  ou  des  actes 
condamnés  par  le  Décalogueetpar 
les  Coutumes  de  la  Paix  sociale. 


Liberté  BystématiqTie.  — 
L'un  des  trois  faux  dogmes  déduits 
du  Principe  de  1189  (la  Perfection 
originelle)  par  le  raisonnement  ci- 
après.  L'homme  naissant  parfait 
créerait  partout  le  règne  du  Bien; 
s'il  lui  était  permis  de  suivre  ses 
inclinations  naturelles.  Or  le  Mal 
apparaît  partout;  et  il  ne  peut  pro- 
venir que  des  institutions  coerci- 
tives  qui  jusqu'à  présent  ont  été  le 
fondement  de  toutes  les  sociétés! 
Il  faut  donc  détruire  systématiqtte^i' 
ment  toutes  les  insliCutioos  qui 
entravent,  en  quoi  que  ce  soit, 
depuis  les  premiers  ftges,  la  U- 
berté  des  individus. 

Liberté  testamentaire.  — 
L'un  des  trois  régîmes  de  Succès* 
sion.  Le  père  de  famille  y  régie 
souverainement  le  mode  de  trans- 
mission de  son  héritage. 

Lien  (DinsmOH  no)  mstri  pm 
LA  PAitiLLK.  —  Elle  est  donnée,  dans 
chaque  monographie,  an  §  1. 

Lii^re  de  méiutge  emplotC 
PAS  LES  PAïuius.  —  La  nature  et 
la  valeur  en  sont  indiquées,  dans 
chaque  monographie,  au  $  10. 

Liqttetirë  aloooUqueB  com- 
soMiiËES  PAR  us  PAUiLLES.—  La  na- 
ture, la  quantité  et  la  valear  en 
sont  indiquées,  dans  chaque  mono- 
graphie, aux  $S9et  15. 

LocatioA  du  Foyer  (it£e«i 


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soo 


PUCtS  MÊTBODIQUt  ET  ALPBAB^OUe. 


bb).  —  En  vigoeur.:  ch«r  la  Com- 
pagnon-menuisier .de  \^«nnd  (Au- 
triche), 1, 6  ;  —  chez  le  Tisserand  de 
Godesberg  (Province  rhënaoe),  n, 
6; — chezleCompositeiir-typogra- 
phe  de  Bruxelles  (Belgique),  m,  6; 
—chez  le  Manœuvre-agriculteur  du 
J^orvan  (Nivernais),  vi,  6;  —  chez 
1b  Fondeur  (au  bois)  du  Nivernais, 
n,  21;  — chez  le  Mattre-blancbîs- 
sear  de  Clichy  (banlieue  de  Paris), 
vin.  6;  —  chez  le  Charpentier  (du 
Devoir)  de  Paris,  n,  6. 


.  IiOls  éorltes.  —  PrescriptiODS 
imposées,  au  peuple  par  le  pouvoir 
souverain,  soit  pour  établir  une 
pratique  nouveJle,  soit  pour  fiier 
ou  modifier  une  Coutume. 

LOUVigny  (Maine),  —  Com- 
mane  qn'habite  le  Maréchal- 
ferrant  d.écnt,  comme  appendice, 
au  chapitre  vm,  22. 

Luthier   du    Werdenf^s 

(PnéCIS   DB   U   UOAOQRAPHIB  Dd).    — 

Eiposé,  comme  appendice,  an 
chapitre  n,  21. 


Halue.  —  Province  de  France 
qu'habite  le  Maréchal-ferrant  dé- 
CFÎt  au  chapitre  vni,  22. 

Ufrïtre  -  blanchisseur  de 
la  banlieue  de  Paris  (Mo- 
■oghifhie  do).  —  Décrite  au  cha- 
pitre VIII. 

~  MMtrea.  —  Personnes  de  toute 
condiiion,  dirigeant,  soit  seulement 
leur  Foyer  domestique,  aoit,  en  ou- 
tre, leur  Atelier  de  travail.  Ils  sont 
secondés  dans  leurs  travaux,  soit 
seulement  par  leurs  familles,  soit 
en  outre  par  diverses  catégories 
d*aux,jliaireB  qu'on  peut  désigner 
BOUS  le  nom  générique  de  Se> 
?itaur3. 

'  Maîtres  et  Serviteurs.  — 
Dans  les  Foyers  et  les  Ateliers, 
stables  et  prospères,  il  existe  entre 
eux  les  mêmes  devoirset  les  mêmes 
droits  que,  dans -chaque  famille, 
«nire  le  père  et  les  enfanta. 

Hal  (I^}>  — Le  contraire  du 
Bien  on  l'enaernble-iles  actes  et  des 


pensées  qui  violent  le  Décalc^ne 

Manœuvre-agriculteur  du 
Horvan  (MoNOGRAraiE  du).  — Dé- 
crite au  chapitre  vi. 

Manœuvres-  agrioulte  lira . 
—  Leur  condition  fâcheuse  dans 
plusieurs  r^ons  de  la  France,  ti, 
19. 

Maraîchers  db  la  banlieue  db 
Paris.  —  Transmission  intégrale  de 
la  petite  Propriété,  viir,  20. 
.  Marchands  (Pcnw).  —  vices 
récemment  développés  parmi  eus, 
vm,  24. 

Maréchal-ferrant  dn 
Maine  (Puias  ms  la  MOHOCiUPBiB 
ou). —  Exposé,  comme  appendice, 
au  chapitre  vui,  22. 

Mariage  des  ouvriers.  — 
Règlements  établis  à  ce  sujet  dans 
)a  ville  de  Vienne  (Autriche),  i,  22, 

Mariage  (Le;  bt.  lbs  Fuh- 
ÇAH-LES.  —  Chez  les  races  slaves 
du  Danube  et  de  l'Adriatique,  i, 
28, 


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PBBCI3   HBTHODIQVE    BT   ALPUABBTIQDK. 


sot 


Matériel  des  traraux.  — 

Celui  qùi~  est  employé  par  les 
familles  décrites  figure,  daBScba- 
que  monographie,  au  S  6. 

Ménages  en  ooTomnnan- 
tés.  —  De  Propriétaires  ruraux 
en  Auvergne,  vr,  20;  —  de  Pro- 
priétaires ruraux  en  Nivernais,  vi, 
20;  —  de  Fermiers  ruraux  au  sud 
du  MorVaa  (Nivernais],  vi,  23. 

Meubles  des  ûmillles.  —  La 
nature,  la  quantité  et  la  valeur  en 
sont  indiquées,  dans  chaque  mono- 
graphie, €u-$  10. 

Mines  métalliques.  — 
Causes  qui  entravent  en  France 
l'exploilatioD  de  ces  mines,  iv,  18. 
—  Avantages  assurés  à  plusieurs 
montagnes  de  l'Auvei^ae  par  l'ex- 
ploitation de  ces  mines,  iv,  19. . 

Mineur  des  filons  argen- 
tifères de  Fontglbaud  (Ho- 
HOGRAimE  Do),  —  Décrite  au  chapi- 
tre iv.  . 

Mineur -émigrant  de  la 
Oalioe  {^nica  de  la  MONOGRApmE 
du).  —  Exposé,  comme  appendice, 
au  chapitre. V,  23. 

Mittenwald  (Coiirf  m  Wea- 
DENFELs].  —  Commune  qu'habite 
le  Luthier  décrit,  comme  appen- 
dice, au  chapitre  n,  21. 

Modèles  (Les).  ^  Les  familles 
et  les  sociétés  qui  prospèrent  et 
vivent  en  paix  en  pratiquant  le 
Décalogue  et  en  évitant  les  vices 
que  font  naître  souvent  la  Richesse, 
la  Science  et  le  Pouvoir. 

Mœurs  (Bonnes).  —  Conservées 
h  Paris  par  certains  types  d'ou- 
vriers ruraux,  VIII,  23. 

Mœnrsét  institutions  Assn- 


UNT  LE  BIEM-StRE  PHTSIQDE  ET  MOUL 

DE  LATAuiLLE,  —  Ëlles  Sont  indi-. 
quées,  dans  chaque  mottographie, 
an  S  13. 

Mœnra  ^).  —  Ensemble  des 
habitudes  qui  se  reproduiseiH^oijN 
nellement  dans  une  société,  sand 
lier  légalement  les  indivîduscomme 
Ifffaitta  Coutume. 

Mœnrs  locales.  —Observées 
chez  les  petits  Propriétaires  de  la 
banlieue  de  Paris,  viu,  19, 

Mœurs  rurales.  —  Influence 
fôcheuse  exercée  en  France  par  lea 
Ouvriers  nomades  des  travaux  pu- 
blics, vn,  18. 

MoMller.  —  Mentionné  et 
évalué,  dans  chaque  monographie, 
au  S  10. 

Mode  d'^lstenoe  des  &• 
milles.  —  11  est  défini,  dans 
chaque  monographie,  aux$S  9,10, 
11  et  15. 

Monaroliie.  —  Un  des  quatre 
éléments  de  la  Constitution  modèle 
d'un  grand  Ëtat.  Pouvoir  du  chef 
préposé  au  gouvernement  de  toute 
Société.  —  Chez  les  Sociétés  mo*- 
dèles,  le  chef  se  distingue  par  deux 
devoirs  principaux  :  d'une  part, 
la  pratique  du  Bien  ;  de  l'autre,  ïa 
suprême  garde  de  la  Paix  publique. 
Le  chef  est,  tantôt  élu,  tantdt 
institué  par  une  Coutume  de  suc^- 


Monographie  de  fiamilld. 
—  Étude  spéciale  conforme  à  la 
méthode  appliquée  dans  cet  ouvra- 
ge. —  Elle  comprend  essentielle- 
ment trois  parties  :  les  observations 
-préliminaires  décrivant  la  coii- 
dition  delà  Famille, SSi  3 13 r lès 


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«M 


MIÉCIS  HSTBODIQDB   ST  AUHAHiTIQUB. 


budgets  des  recettes  et  des  dépen- 
ses, $$  i^^  1^>  '^  âlémeats  di- 
vers de  la  CoQstitutioQ  sociale, 
SS  17  et  suivants. 

HOnVle  [CaUPAGNES  SLAVES  DE 

u}.  —  Causes  aadeDoes  d'ébran- 
lement eiistant  dans  cette  région, 
1.17. 

Moroellement  du  sol.  — 
Commencé  en  France,  en  plusieurs 
lieui,  au  temps  îles  Gaulois,  no- 
tamment dans  les  plaines  crayeuses 
de  la  Champagne,  10;  vu,  17. 

Morvan  (Niverhais).  —Région 
de  montagnes  et  4e  foréu  qu'ha- 


bite le  Manœuvre^griculteur  dé- 
crit au  chapitre  vi.  —  Causes 
d'ébranlement  qui,  depuis  le  com- 
mencement du  zix*  siècle,  agissent 
sur  les  Populations  rurales  de  ces 
montagnes,  vi,  17.  —  Commu- 
nautés coulumières  composées  de 
ménages,  fermiers  de  domaines 
ruraux,  vi,  23.  —  Transforma- 
tion des  mœurs,  de  1755  à  1855, 
fi. 

Moyens  d'existenoe  des 
ËllulUes.  —  Ils  sont  iadiqtiéd, 
dans  chaque  monographie,  aux 
SS6.7,8,ift. 


N 


Naissance  (La)<  ~  Le  hasard 

jen  vertu  duquel  les  nouveau-nés 
possèdent  les  avantages  ou  subis- 
sent les  inconvénients  attachés  à 
la  condition  et  à  Tbabitation  des 
parents.  Dans  les  meilleures  con- 
stitutions sociales,  ces  inégalités 
sont  compensa  pajr  la  sollicitude 
de  la  Famille,  mieux  que  par  l'in- 
tervention des  gouvernants. 

Narcotiques  (Usage  des).  — 
La  mention  et  l'évaluation  des 
narcotiques  coosomméa  par  les 
familles  sont  faites,  dans  chaque 
monographie,  aux  SS  H  ei  l^* 

Nationalités  (Le  faux  principe 
des).  —  Erreur  on  doctrine  insi- 
dieuse de  certains  peuples  con- 
quérants qui  s'appuient,  soit  sur  la 
similitude  des  langages,  soit  sur 
l'histoire  du  passé,  soit  sur  la  na- 
ture des  lieux,  pour  violer  les  règles 
du  droit  des  gens. 


Naturalisme.  —  Fausse  doc- 
irine  propagée  surtout  par  certains 
lettrés  allemands.  E:ile  prétend  eu- 
blir  que  les  vrais  principes  du 
Gouvernement  des  hommes  sont 
les  lois  physiques  qui  r^gisseat  les 
autres  êtres  de  la  création  ;  elle 
est  souvent  réfutée  par  les  écrits 
mêmes  de  ses  adeptes. 

NlTernals.  —  Région  qu'ha- 
biient  le  Mauceuvre  -  agriculteur 
décrit  au  chapitre  vi,  et  le  Fondeur 
(an  bois]  décrit  au  chapitre  vi,  21. 
—  Anciennes  communautés,  com- 
posées de  ménages,  Propriétaires 
ruraux,  issus  d'un  commun  ancê- 
tre, VI,  20.  —  Ébranlement  sodal 
opéré  dans  cette  province  par  le 
Partage  forcé,  vi  17. 

Noblesse  (La).  —  L'élite  des 
classes  supérieures  et  dirigeantes, 
chez  les  Sociétés  modèles.  Les 
familles  de  la  noblesse  forment, 


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PK^Cn  MâTHODlflVB  BT  ÂLPBUBTIQDB. 


d'après  lear  origine,  deux  catégo- 
ries principales  :  les  niies  conser- 
vent, par  les  sentiments  de  devoir 
et  de  responsabilité,  l'iUnsirsUon 
conquise  dans  te  cours  d'une  seule 
vie  par  les  éclatants  services  d'un 
fondateur;  les  autres,  sorties  des 
derniers  rangs  de  la  société,  per- 
pétuent, sous  l'inspiralioD  des 
mêmes  sentiments,  les  traditions 
qui  ont  élevé  aux  premiers  rangs 
les  générations  successives  de  leurs 
ancêtres,  par  le  travail  et  la 
sobriété,  le  laleut,  la  soumission 
absolue  à  la  loi  morale  et  le 
dévouement  aux  intérêts  publics. 
La  viraie  noblesse  réside  dans  la 
trausmissioD  decesdenx  dernières 
vertus,  et  non  dans  celle  dn  sang, 
du  nom  et  des  titres.  Sous  les  meil- 
leures coutumes,  le  vrai  noble  se 
reconnaît  aux  caractères  suivants. 
Il  a  pour  résidence  principale  le 
grand  domaine  rural  et  forestier 
qni  lui  fournit  ses  moyens  de 
subsistance.  Il  consacre  gratuite- 
ment son  temps  et  ses  ressources 
an  service  public  en  qualité  de 
soldat,  de  juge  ou  de  gonveruant. 
II  atteint  la  perfection  quand  U 


concilie  l'exercice  de  son  devnr 
public  avec  celui  d'une  Autorité  so- 
ciale, c^estè-dire  quand,  dirigeant 
personnellement  la  population  ou- 
vrière attachée  à  la  culture  de  scfn 
domaine,  il  conquiert,  pour  lui  et 
pour  sa  famille,  les  sentiments  de 
respect  et  de  dévouement  qui 
étaient  accordés  dans  la  localité  k 
ses  ancêtres.  Il  complète  ces  grands 
eiemples  en  instituant,  par  son 
testament,  l'héritier  le  plus  capable 
de  les  continuer. 

Nord  de  ilïarope  (Ls).  — 
Région  complétant,  avecl^îrientet 
l'Occident,  les  i  subdivisions  adop- 
tées dans  cet  ouvrage  pour  la  de»- 
criptioQ  des  Ouvriers  européens.— 
Les  populations  de  cette  r^ion 
sont  représentées  par  nenf  fomilles 
décrites  dans  lo  tome  III. 

NoTurlBSdiiTS  de   Taches 

DE  LA  BAKUEUE  SE  Paris.  —  Trans- 
mission  intégrale  de  la  petite  Pro- 
priété, vlrt,  ÎO. 

NOUVeaatâ  (Espbtt  de).  —  En- 
semble des  tendances  qui  portent 
à  modifier,  dans  un  sens  favorable 
ou  fâcheux,  le  régime  établi. 


Occident  de  l'Europe  (L'). 

— Région  du  sud-ouest  complétant, 
avec  l'Orient  et  le  Nord,  les  3  sub- 
divisions adoptées  danscet  ouvrage 
pour  la  description  des  Ouvriers 
européens.  —  Les  populations  de 
celte  région  sont  subdivisées  en 
trois  catégories  principales,  savoir  : 


les  slabla  (tome  IV)t  les  ébran- 
lé» (tome  V};  les  déiorganùèet 
(tome  VI). 

Organisation  Industrielle 
(DÉramon  m  l').—  Doaaé»,  dans 
chaque  monographie  de  famille, 
au  SI. 

Orient  de  l'Sorope  (L').  — * 


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Vi 


pn^lS   HÉTHOpiJlOE    HT  àLPBASÉTIQDb 


BêgîOQ  ia  DO^-est  çomprenaat  la 
Russie,  la  Hongrie,  la  Turquie  et 
complétant,  avec  le  Nord  et  l'Occi- 
deoï,  les  5  subdiviaioas  adoptées 
dapi  cet  ouvrage  pour  la  descri|H 
tion  des  Ouvriers  eurcçiéens.  — 
Les  populations  de  cette  région 
sont  représentées  par  neuf  familles 
décrites  dans  le  tome  11. 

Ouvriers.  —  Personnes  exé- 
cutant les  travaux  manuels  des 
arts  usuels.  Ils  s'élèvent  souvent, 
par  transitions  insensibles,  de  la 
XonditioD  la  plus  modeste  à  la  plus 
élevée.  Selon  les  cas,  ils  sont  Do- 
mestiques, Journaliers,  TftcheroDS, 
Tenanciers,  Propriétaires,  Bor- 
diers,' Artisans,  Chers  de  métier. 

Ouvriers  olie&  de  métier. 
—Chefs  de  ménage,  parvenus  plus 
ou  moins  à  la  condition  de  Maîtres, 
exploitant  un  métier  et  rétribués 
.  par  la  totalité  des  produits  de  leur 
travail. 

Ouvriers  (CommoranEs).  — 
.Heureuse  influence  qu'exercent  les 
subventions  forestières;  principes 
économiques  qui  en  consentent  le 
maintien,  n,18.— Détails  observés 
dans  les  Ateliers  ruraux  et  les 
Usines  du  nord-ouest  de  l'Alle- 
magne, 11, 19. 

Ouvriers -domestiques.  — 

Ouvriers  faisant  partie  du  ménage 
.  d'un  patron;  travailla^t.exctusive- 
ment  pour  ie compte dece  dernier, 
rétribués  priocipalement,  ou  même 
.exclusivement,  en  proportion  dés 
besoins,  par  des.  allocations  dites 
SMbventipijs.. 
Ouvriers  européens  {Lm). 
*.—  Historique  des.é^{)es,  comateD' 


cées  en  1829,  qui  ont  amené  la  pu- 
blication de  cet  ouvragé,  III,  m,  21. 

Ouvriers  -  Journaliers.  ~t 
Chefs  de  ménage,  salariés  ou  sub- 
ventionnés, dont  le  travail  est 
mesuré  par  le  nombre  de  journées 
que  fournit  l'Ouvrier 

Ouvriers  (Mabuges  des).  — 

Règlements  établis  à  ce  sujet  dans 
la  ville  de  Vienne  (Autriche),  i,  23. 

Ouvriers  nomades.  —  In- 
fluence fàcheu:e  qu'ils  exercent  en 
France  :  sur  les  mœurs  des  cam- 
pagnes, vu,  18;  sur  les  mœursdes 
villes  et  des  manufactures,  vm,  3. 
—  Mode  d'existence  de  ceux  qui 
sont  attachés  en  France  aux  tra- 
vaux publics,  vn,  19. 

Ouvriers  parisiens.  — 

Abondance  des  Salades  dans  l'ali- 
mentation de  ces  ouvriers,  n,  Sti. 

Ouvriers-propriétaires.  — 
Chefs  de  ménage,  parvenus  plus  on 
moins  i  la  condition  de  Maîtres, 
possédant  une  propriété  immobi- 
lière, indépendamment  des  valeurs 
mobilières  et  des  droits  aux  allo- 
cations de  caisses  d'assurances 
mutuelles. 

Ouvriers  ruraux-  —  Bonnes 
mœurs  qu'ils  conservent  en  cer- 
taines localités,  vni,  23. 

Ouvriers  -  tâcherons.  — 
Chefs  de  ménage,  salariés,  dont  le 
travail  a  pour  mesnre  la  quantité 
de  produits  livrés  par  l'Ouvrier... 

Ouvriers  -  tenanders.  — 
Chefs  de  ménage  et  chefs  d'indus- 
trie, exploitant  des  immeubles 
fournis  par  un  propriétaire,  pro- 
duisant les  matières  brutes,  rétri- 
bués, sauf  le  prélèvement  du  pro- 


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PBBGI9  METHODIQUB    BT  ALPBAIBTIQIIK.  SOS 

prîétaire,  par  les  produits  de  leur  |  BanBLLEs.— Banquets  et  réunions 
travail.  annuelles  qui  sont  en  usage  dans 

Ouvriers -tTpOffT&plies  de  |  ce  corps  d'éut,  m,  20. 


Paix  et  Stabilité.  —  Symp- 
lâmes  les  plus  évidents  d'une 
bonne  Constitution  sociale.— Elles 
s'affaiblissent  par  la  slérilitâ  ou 
l'agglomération  exagérée  des  fa- 
milles; elles  se  fortifient  par  la 
fécondité  et  l'Émigration,  7. 

Paix  soaiale.  -*  L'un  des 
symptômes  évidents  de  la  Pros- 
périté. État  d'une  Société  dont 
le  principal  caractère  est  la  con- 
servation de  l'ordre  public,  sans  le 
concours  habituel  d'une  Force 
armée. 

Paris.  —  Ville  qu'habite  le 
Charpentier  (du  Devoir)  décrit  au 
chapitre  ix. — Easeignement  offert 
par  la  corporation  desCharpenliers 
parisiens,  touchant  les  moyens  de 
remédier  à  l'ébranlemeat  que  su- 
bit, depais  1661,  la  société  fran- 
çaise, B,  17.  —  Mélange  de  Bien 
et  de  Mal  chez  les  populalions  de 
la  banlieue  de  cette  ville,  viii,  17. 

Paris  (BAifUEDE  de).  —  Région 
qu'habite  le  Maitre-blanchisseur 
décrit  au  chapitre  vm.  — Activité 
extraordinaire  développée  chez  les 
Mattres-blanchisseurs,  vni,  18.  — 
Mœurs  des  petits  Propriétaires, 
TiD,  19.  —  Transmission  intégrale 
de  la  petite  Pi'opriété  territoriale 
et  des  Clientèles  chex  les  Harat- 
cbers,  les  Nourrisseurs  de  vaches 
^t  le»  Blanchisseurs,  nn,  20.  — 


Sociétés  de  Secours  mutuels,  vni, 
21. 

Paris  (Maisons  de).  —  Autorité 
exercée  par  les  Portiers  régisseurs, 
a,  25. 

Partage  forcé.  —  L'un  des 
trois  régimes  de  Succession.  L'hé- 
ritage des  parents  est  attribué, 
par  portions  égales,  aux  héritiers 
désignés  par  la  loi,  en  vertu  de 
la  naissance,  indépendamment  de 
la  volonté  exprimée  par  le  père 
de  famille  et  de  tout  devoir  accom- 
pli par  les  enfants. 

Partage  fljroô  (Rfcnis  no).  — 
Ses  fâcheux  effets  sont  fréquem- 
ment signalés  dans  ce  volume,  no- 
tamment dans  r introduction  et  au 
S  17  des  monographies. 

Pasteurs.  —  ^omades  ayant 
pour  principal  moyen  de  subsis- 
tance le  P&turage,  plus  ou  moins 
ccHnpIété  par  la  Chasse,  la  Pèche 
et  ta  Cueillette. 

Patries  de  la  vertu  et  de 
la  slmpUolté.  —  indication  des 
deuxrégionsqui  peuvent  être  ainsi 
désignées:  les  steppes  de  l'Orient; 
les  rivages  septentrionaux  de  la 
mer  du  Nord,  2. 

Patronage.  —  L'on  des  trois 

r^imes  de  la  Propriété.  Les  im- 
meubles, y  sont  de  deux  sortes: 
le  Propriétaire  a  la  jouissance  ex- 
clusive des  premiers;  il  conserve 


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Mica  liÉTHODIQUS    KT  ALPHABBTiaUB. 


It  nue  propriëtédes  secoods,  mais 
il  en  dë%iie,  iDOyecnant  rede- 
vance, l'usufruit  perpétuel  à  des 
TeDaociers.  —  L'un  des  sept  élé- 
ments de  l'édiGce  social. —  Oi^a- 
DÎsaiion  de  la  propriété  et  du  tra- 
vail, danslaquelle  les  Maîtres  elles 
Onvrierg  respectent  la  Coutume  des 
Ateliers.  Partout  les  Ouvriers  y 
restent  attachés  tant  que  les  Pa- 
trons en  remplissent  les  charges. 

Patrons.  —  Personnes  qui 
dirigent  les  Ateliers  eu  observant 
les  six  fH^ques  de  la  Contume. 
La  principale  de  ces  Coutumes  est 
la  permaoeoce  des  engagements 
entre  lee  Maîtres  et  les  Ouvriers. 

PAttlTage.—  Moyen  de  subsis- 
tance ntilisé  principalement  par  les 
Nomades  pasteurs;  conservé  plus 
on  moins  chez  les  Sédentaires. 

Ffttnraffes  oommunanz.— 
Base  de  l'exploitation  des  brebis, 
cbez  les  Basques  français  du  La- 
bourd,  V,  19. 

Paupérisme.  ~  État  hérédi- 
taire de  pauvreté,  spécial  ï  certains 
ouvriers  de  l'Occident,  et  saos 
exemple  dans  l'histoire.  Il  a  pour 
caractères  principaux  :  le  manque 
de  sécurité,  la  désorganisaUoo  de 
la  famille  et  ta  pennaaence  ou  le 
retour  périodique  du  déndment. 

Paysans.  —  Propriéuires  ou 
Tenanciers  qui  exploitent  leur 
domaine  avec  le  concours  de  leur 
famille,  complétée  exceptionnel  le- 
mentpar  des  Ou  vriers-domestiques. 
La  famille  trouve  sur  ce  domaine 
l'emploi  complet  de  ses  bras,  sans 
avoir  jamais  à  chercher  du  travail 
an  dehors.  Elle  exerce  aouvem  un 


droit  de  parcours  sur  des  terrains 
communaux. 

Paysan- basqtie  du  La- 
bourd  (MoKOGBAraiE  do).  —  Dé- 
crite au  chapitre  v.  —  Système  de 
culture  pratiqué  dans  ce  pays,  v, 
18. 

PsyBaaa-cifaarretiers.  —lis 
prennent  une  part  importante  à  la 
pnspétiti  des  régions  forestières 
^uand  il  y  a  solidarité  entre  l'ex- 
ploitation des  forêts etcelle  de  leur 
domaine.  Ils  sont  par^calièremeat 
cités  dans  ce  volume  pour  le  Mor- 
van,  Ti,  17, 

Pôohe.  —  L'un  des  moyens 
principaux  de  subsistance,  chez  les 
Sauvages;  l'un  des  moyens  acces- 
soires chez  les  Nomades  pasteurs 
et  les  Sédentaires. 

Perfeotion  originelle 
(Croiance  a  la).  —  Erreur  intro- 
duite en  France,  au  sviir  siècle,  par 
les  Anglais;  professée  ensuite  par 
i.^.  Rousseau;  propagée  par  les 
salons  parisiens;  adoptée  comme 
principe  par  les  novateurs  de 
1789,  de  1830,  de  181|8  et  de  1870  ; 
admise,  plus  ou  moins  ostensible- 
ment, par  les  théories  modernes 
hostiles  à  l'esprit  de  Tradition. 
Tel  est  le  cas  pour  les  écoles  de 
l'évolutionisme,  du  naturalisme 
et  du  droit  de  révolte.  Selon  les 
adeptes  de  cette  erreur,  l'enfant 
naît  avec  une  inclination  exclusive 
vers  le  Bien  ;  et,  en  conséquence,  le 
Mal  qui  apparaît  partout  provient 
de  l'action  corruptrice  exercée  par 
les  insUtutions  traditionnelles  de 
l'humanité.  Le  Principe  de  1789 
ne  repose  donc  qu«  sur  une  affir- 


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prAcis  méthodique  et  alvhabétiqus. 


607 


matîoa  dont  la  fausseté  est  uotver- 
sellement  connue  des  mèrea,  des 
nourrices,  des  médecins,  des  maî- 
tres d'école;  de  toua  ceux  enfin 
^ai  sont  en  contact  intime  et  jour- 
nalier avec  les  enranla. 
Fermanenoe  des  eneage- 

ments.  —  La  première  pratique 
de  la  Coutumedes  ateliers.  Caracté- 
risée par  la  dépendance  réciproque 
du  Patron  et  de  rOuvrier;  indispen- 
sable à  l'ordre  moral  et  matériel. 

Politesse.  —  Manière  d'agir 
et  de  parler  qui  est,  pour  chacun, 
«n  inoyea  usud  d'Éducation  et, 
pour  la  société,  un  moyen  efficace 
d'barmoDie.  Elle  a  surtout  pour 
objet  de  marquer  trois  devoirs  réci- 
proques :  le  patronage  chez  les  su- 
périeurs; la  bienveillance  entre  les 
égaux;  lercspect  chez  les  inférieurs. 

PontgriTsand.  —  Disirict  mi- 
néral d'Auvergne  qu'habite  le  Mi- 
neur des  filons  argenlifërSs  décrit 
au  chapitre  IV. 

POpUlatiCHL  (ÉTAT  DS  la)  ad 
HIUEO  DE  LAQUELLE  HABITE  U  FAUILLE. 

—  il  est  généralemeot  indiqué, 
dans  chaque  monographie,  au  g  1. 
PopolatlonB  rurales-  — 
Ensemble  des  familles  qui  habitent 
les  campE^nes  et  se  livrent  aux  tra- 
vaux de  l'Agriculture,  comme  Pro- 
priétaires ou  comme  Tenanciers. 
Dans  une  bonneorganisation  sociale, 
ces  familles  forment  trois  classes 
principales  :  le  Gentleman,  ie  Pay- 
san et  le  Bordier,  caractérisées  par 
l'étendue  des  domaines  occupés. 
U  faut  y  joindre  les  Artisans 
ruraux,  voués  dans  les  campagnes 
i  certains  travaux  conceroant  l'h»- 


IritatiOB,  le  mobilier,  fimlillme  et 
le  vêtement. 

Portiers  régrlsaenrs.—  Au- 
torité qu'ils  exercent  dansles  mai- 
sons de  Paris,  ne,  25. 

Frét^  de  monograpiileB 
cxposfs  coiim  ApnNDicEs.— Luthier 
du  Werdenfels  (Haute-Bavière),  ii, 
21.  — Hineur-émigrant  de  laGa- 
lice  (Esp^ne),  v,  23.  —  Fondeur 
(au  bois)  du  Nivernais  (FVance), 
VI,  21.  —  Maréobal-ferrant  du 
Maine  (France),  vm,  22, 

Prêteurs  d'ar^nt  (Pbîtts). 

—  Vices  récemment  développés 
parmi  eux,  vni,  iU- 

Prêt  sans  intôrôt.  — ■  Cou- 
tume du  Patronage,  touchant  les 
besoins  accidentels  des  ouvriers  et 
les  avances  nécessaires  aux  jeunes 
ménages  pour  l'acquisition  du  lo- 
gement, du  mobilier  et  des  ani- 
maux domestiques. 

Prévoyanoe.  —  Qualité  des 
personnes  qui  se  tiennent  en  garde 
contre  l'exagération  de  leurs  désirs 
et  de  leurs  appétits  ;  qui  aspirent  à 
conquérir  par  le  travail  et  l'épargne 
une  situation  plus  élevée;  qui,  tout 
au  moins,  se  préoccupent  d'assurer 
en  toute  éventualité  les  moyens  de 
subsistance  à  leur  famille. 

Prévoyance  {HAannuEs  k).  — 
durant  la  dignité  et  l'indépen- 
dance à  plusieurs  familles  de  l'Oc- 
cident. Voir  :  n,  21;  iv;  T,  23;  vi, 
21;  vn;  vm;  vm,  22. 

Prime.  —  Addition  m  Salaire 
faite  en  vne  d'ezdtar  l'ouvrier  à 
améliorer  son  travail- 
Principe  de    1789.    —Ce 
IK-éteodu  principe,  le  seul  qui  ant 


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W8 


PBECIS  VBTHQDIQDB    ET   AlPaiBRTIgVB. 


propre  anX  révolationnaires  de 
1789,  repose  sur  ub  fait  évidem- 
ment eiToné  :  la  PerfecUoD  origi- 
oelle.  On  en  déduit  logiquement 
trois  faui  dogmes,  lesquels  désor- 
ganisent toutes  los  sociétés  qui 
les  adoptent,  savoir  :  la  Liberté 
systématique,  l'Égalité  providen- 
tielle, le  Droit  de  révolte. 

Froduotions  spontané». 
—  Moyens  de  subsistance  que  four- 
nissent naturellement  le  sol  et  les 
eaux,  sans  le  concours  du  travail 
.humain  ;  qui,  en  outre,  sont  à  la 
disposition  du  premier  occupant 

Propriétaire -indigent  — 
■Individu  .attaché  à  une  localité  par 
un  lambeau  de  terre  qui  ne  lui  pro- 
cure aucune  ressource  appréciable 
et  qui  l'erapéche  indirectement  de 
trouver  ailleurs  une  meilleure  con- 
dition. Il  est  un  des  types  sociaux 
les  plus  fâcheux  produits  par  le 
Partage  forcé  des  immeubles. 

PropriétaireB.  —  Personnes 
possédant  les  biens  dits  immeubles, 
c'est-à-dire  les  Foyers  et  les  Ate- 
liers ;  ayant  pour  principal  moyen 
d'existence  les  produits  ou  la 
location  de  leur  propriété. 
.  Propriétaires  (Petits).  — 
Mœurs  observées  dans  la  Banlieue 
de  Paris,  vra,  19. 

Propriétaires  rnranx  (MC- 
HAGES  »b).  —  Constitués  en  com- 
munautés;: en  Auvergne,  ir,  20; 
en  Nivernais,,  vi,  20. 

Propriété.  —  Nom  générique 
qui,  daus  son  sens  le  plus  généra], 
comprend  les  meubles  et  les  im- 
meubles. Souvent,  quoique  employé 
.«eul,  il  s'ai^lique  exclusivement  k 


ces  deraierj.  La  propriété  privée 
des  immeubles  oecom  prend  guère 
que  tes  Foyers  domestiques  et  les 
Ateliers  de  travail.  Elle  est  consti- 
tuée sous  trois  régimes  principaux: 
la  Communauté,  la  Propriété  indi- 
viduelle et  le  Patronage. 

Propriété  (Cohstitutioii  «o- 
DËL.E  DB  Li).  —  Fondée  sur  l'al- 
liance de  la  Communaaté,  de  la 
Propriété  individuelle  et  cUi  Pa- 
tronage. 

Propriété  IndiTida^a.— 
L'un  des  trois  régiines  de  la  Pro- 
priété immobilière.  La  jqaissance 
eu  est  attribuée  exclusivement  à  un 
Propriétaire  exploitant. — L'un  des 
sept  éléments  de  l'ÉdiCce  social. 

Propriété  (Pmnt}.  —  Trans- 
mission intégrale  chez  les  Maraî- 
chers et  les  Nourrisseurs  de  vaches 
de  la  banlieue  de  Paris,  vm,  20. 

Propriété  rurale  (Petite).  — 
Son  instabilité  actuelle  en  France, 
VI,  18. 

Propriétés  poœédées  pu 
LES  FAuiLLES.  —  Los  immenbles, 
l'argent,  les  meubles  et  les  droits 
à  diverses  allocations  d'argent 
4ont  indiqués,  dans  chaque  mono- 
graphie, aux  SS  6  «tu. 

Prospérité  (La).  —État  d'une 
Société  qui,  en  pratiquantle  Déca- 
logue,  conserve  le  Bieu-ôtre.  Elle 
a  pour  symptômes  :  la  Paix  sociale, 
les  croyances  religieuses,  la  fniga^ 
lité,  la  simplîdté  des  idées.  Elle  a 
pour  écueils  trois  avantages-  qui 
développent  l'orgueil  et  engendrent 
la  souffrance,  savoir  :  la  Richesse 
acsumutée,]a.Gultnre  intellectuelle 
et  la  Puissance  politique. 


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PtBCIS   UÉTHODtQDB  BT   ALPnABÉTIQIIB. 


Frorlnoe.  —  CircooscripUoD 
territoriale  formant  le  plus  baut 
d«gré  du  gouvememeat  local. 
Elle  pourvoit  aux  besoins  très- 
généraux  de  la  vie  publique,  que 
ne  pourraient  régler  ou  servir  seules 
les  Communes  ou  les  circonscrip- 
tions intermédiaires.  Le  souveraio 
yesthabîtuellement  représenté  par 
UD  haut  fonctionnaire  auquel  il 
délègue  une  partie  de  ses  pouvoirs. 


ProTinoe  rhénaite.  —  Ré- 
gion qu'habite  le  Tisserand  décrit 
au  chapitre  n.  —  Mode  de  prépara- 
tion de  la  choacronte{s(iii«r  Kraw), 
n,  20.       .    - 

Puissance  politique  (La). 

—  Ensemble  des  ressources  qui 
fournissent  à  un  Gouvernement  te 
moyen  d'assurer  le  règne  de  la 
Paix  et,  trop  soiivent,  d'opprimer 
les  sujets  et  les  étrangers. 


Sang  de  la  âtmille.  —  Les 
détails  qui  s'y  rapportent  sont 
mentionnés,  dans  chaque  mono- 
graphie,  au  $  5. 

Seoettes  {Bddget  des).  — 
Subdivisé en^sections:  Propriitès; 
Subventions;  Salaires  du  travaio!; 
Industries  de  ta  famille  ;  —  il 
forme,  dans  chaque  monographie, 
le  SU. 

Kéoréations  des  familles, 
— Elles  sont  indiquées,  pour  chaque 
monographie,  au  $  11. 

Religion.  —  Ensemble  des 
dogmes,  des  rites  et,  en  général, 
des  Coutumes  qui  ont  pour  objet  le 
Culte  de  Dieu.  La  Religion  est  l'ia- 
stitutîon  qui  seconde  le  mieux  le 
père  de  famille  pour  assurer  le. 
rëgne  de  la  Paix  et  la  soumission 
au  Décalc^e. 

Religion  et  habitudes 
morales.  —  Elles  sont  indiquées, 
dans  chaque  monographie  de 
famille,  au  S  3. 

Religions  d'État  (  Réchib 
DEâ).  —  L'une  des  institutions 


fondamentales  ches  les  peuples 
prospères.  Elle  unît  dans  une 
haute  vue  de  bien  public  les 
agents  de  Dieu  et  du  souverain  : 
les  prêtres  et  les  gouvernants. 

Repas  des  familles.  — 
Les  heures  et  la  compa^ilîon  des 
repas,  chez  les  familles,  sont  géné- 
ralement indiquées,  dans  chaque 
monographie,  au  S  9. 

Respect  dé  la  femme.  — 
La  sixième  pratique  de  la  Coutume 
des  ateliers.  —  Elle  concourt  au 
Bien-être  des  populations,  en  rete- 
nant au  Foyer  la  femme  mariée  et 
en  protégeant  la  jeune  fille  contre 
la  séduction. 

Richesse  accumulée  (La). 
—  Fniitsdu  ti^vail  et  de  l'épargue 
qui  excèdent  les  besoins  journa- 
liers ou  la  consommation  annuelle 
d'une  Société,  et  qui  constituent 
ses  capitaux  disponibles. 
■  Routine  (EspMT  de).  —  Exa- 
gération de  l'Esprit  de  tradition, 
allant  jusqu'à  repousser  les  inno- 
vations utiles. 


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FBÉGIS  U^MODigOE   BT    ALPHABÉnQDl. 


-  État  de  respnt  et 
du  cœur  qui  caractérise  les  sages 
et  en  fait  partout  les  arbitres  de 
la  Paix  sociale.  Môme  chez  les  na- 
tures supérieures,  il  n'apparaît 
guère  que  dans  l'Age  mâr-,  et  it  ne 
se  complète  que  dans  la  Vieillesse. 

Salades  (ABo^DANGE  des).  — 
Daos  l'alimentation  des  Ouvriers 
pai'isîens,  a,  21t. 

Salaire.  —  Rétribution  accoi^ 
dée  à  l'Oi.ivrier  en  échange  de  son 
travail.  Chez  les  Sociétés  modèles, 
elle  comprend  deuxparties  :  l'une 
(le  Salaire  proprement  dit)  propor- 
tionnelle aus  efTorts  de  l'ouvrier  ; 
l'autre  (les  Subventions]  propor- 
tionnelle aui  besoins  de  sa  fa- 
mille. 

Salaire  bes  ïamilizs.  —  L'éva- 
luation en  est  faite,  dans  diaque 
monographie,  aux  g§  7,  8  et  1Z|. 

Salaire  (Hausse  dd). — Accor- 
dée :  en  1857,  aux  ouvriers  typogra- 
phes de  Bruxelles,  m,  19  ;  en  18ù!>, 
aux  charpentiers  de  Paris,  ix,  21. 

Sauer-kraut  (CaoucnouTE).— 
Mode  de  préparatioti  dans  la  Pro- 
vince rhénane,  u,  20. 

Sauvages.  —  Nomades  ayant 
pour  unique  moyen  de  subsistance 
la  récolte  des  Productions  sponta- 
nées, par  la  Chasse,  la  Pèche  et  la 
Cueillette.  Trois  circonstances  prin- 
cipales maintiennent  ces  formes 
de  société.  Dans  la  Polynésie,  l'ab- 
sence d'une  tradition  régulière 
touchant  le  respect  du  Décalogue. 


Dans  le  centre  de  l'Amérique  équa> 
tonale,  la  fréquence  des  fléaux- 
naturels  qui,  sur  des  sols  fertiles,, 
empêchent  la  population  de  se  dé- 
velopper au  delà  des  moyens  de 
subsistance  offerts  par  les  Produc- 
tions spontanées.  Dans  les  régions 
boréales,  la  rigueur  du  climat,  qui 
ne  permet  pas  à  une  seule  famille 
de  s'attacher  au  sol  par  le  pâtu- 
rage et  l'agricaltitre. 

Science  du  monde  (L*)!  — 
Ensemble  de  connaissances  que 
certains  esprits  d'élite  acquièrent 
par  l'Éducation,  beaucoup  plus  que 
par  l'Enseignement  scolaire.  Elles 
ont  surtout  pour  objet  les  idées,, 
l'activité  sociale  et  les  institutions- 
des  races  auxquelles  la  science 
doit  s'appliquer.  Ceux  qui  possè- 
dent ces  connaissances,  lorsqu'ils 
sont  soumis  aux  prescriptions  du 
Décalogne,  ont  une  aptitude  toute 
spéciale  pour  concilier  les  intérêts 
matériels  avec  les  intérêts  moraux. 
La  science  du  monde,  ainsi  définie, 
est  donc  indispensable  aux  gDu- 
vo'nants  et  aux  prêtres  dont  le  d&< 
voir  consiste  essentiellement  à 
food^,  sur  cette  conciliation,  le 
ri^ne  de  la  Paix  sociale. 

Sclenoe  du  monde  selon 
SAINT  François  de  Xaviee  (La)  — 
tt  En  quelque  lieu  que  vous 
soyez,  n'y  fussiez-vous  qu'en  pas- 
sant, t&chez  de  savoir,  par  les  habi- 
tants les  plus  boDorables,  les  inclî- 
nalions  du  peuple,  les  coutumes 


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PRECIS    MKTHODIQnB    ET  ALPHABBTIQVR. 


dn  paySi  ta'formeda  goavernemdnt, 
les  opinions  et  tont  ce  qni  touche 
à  la  vie  civile. ..  Cette  connaisiBDca 
acquise.'.,  vous  nijuiierez  plus  fad- 
lemeot  les  esprits,  vdqs  aurez  plus 
d'autorité  sur  eux,  vous  saurez  sur 
quels  points  vous  deveX'  le  pius 
appuyer  dans  la  prédication...  — 
Oq  méprise  souvent  les  avis  des 
religieux,  sous  prétexte  qu'ils 
ignorent  le  monde:..  Mais,  lors- 
qu'on en  rencontre  un  qni  sait  vivre 
et  qui  a  l'expérience  des  choses 
humaines,  on  l'admire  comme  un 
homme  extraordinaire...  Tel  est  le 
fruit  merveilleux  de  la  science  du 
monde. — Vous  devez  donc  mainte- 
nant travailler  à  l'acquérir,  avec 
autant  de  zèle  que  vous  eD  aviez 
autrefois  pour  ai^endre  la  doc- 
trine des  philosophes  et  des  théo- 
logiens. Seulement,  ce  n'est  pas 
dans  les  manuscrits,  ce  n'est  pas 
dans  les  livres  imprimés  qu'on 
acquiert  cette  science  :  c'est  dans 
les  livres  vivants,  <^est  dans  les 
relations  avec  les  personnes  sûres 
et  intelligentes.  Avec  cette  science 
TOUS  ferez  plus  de  hîen  qu'avec 
tous  les  raisonnements  des  doc- 
teurs et  toutes  les  subttlitée  de 
l'école.  »  (Instructions  de  Saint 
François  de  Xavier  au  père  Gaspard 
Barzée  partant  pour  la  mission 
d'Ormuz,  datées  de  Goa  eo  15I|9. 
—  Daurignac,  Histoire  de  Saint 
Fronçait  de  Xavier,  t.  II,  p<  Sh^ 
Soienoe  (U).  —  Mot  souvent 
détourné  de  son  senslégitime  pour 
affirmer  une  erreur,  savoir  :  que  les 
savants  modernes  remplacent  utile- 
ment, par  leurs  découvertes,  les  véri' 


téstraditionnelleadogenrehnmain. 

SeoourB  mntnels  (So<n«n!s 
db).  —  Fondées  par  les  Ouvriers- 
typographes  de  Bruxelles,  m,  18.-~ 
Chez  les  Basques  français  du  La- 
bourd,  V,  20.  —  Dans  la  banlieue 
de  Paris,  vm,  21. — ChezlesChan> 
pentiers  parisiens  mariés,  dits 
Âg  ichons,  n,  20, 

Séanrité  des  individus.  —  L'un 
des  biens  qui  caractérisent  la  Pros- 
périté. —  Assurée  aux  Ouvriers- 
par  le  respect  du  Décalogoe  et  de 
l'Autorité  paternelle,  par  raboQ<- 
dance  des  Productions  spontanées; 
par  la  Communauté,  par  la  Pro- 
priété individuelle  et  le  Patitmage. 
—  Exemples  :  en  Haute-Bavière,  n, 
21;  en  Auvergne,  iv,  13;  en  Iss- 
pagne,  T,  23;  dans  le  Hivernais, 
VI,  21  ;  dans  la  banlieue  de  Parisi 
VIII,  13;  dans  le  Maine,  vni,  22. 

Sédentaires.  —  Peuples  à 
demeures  fixes,  ayant  pour  princi- 
pal moyen  de  subsistance  l'Agri- 
culture complétée  par  les  Arts 
usuels.  A  ces  moyens  Rajoutent- 
souvent  le  Pâturage,  la  Chasse,  la 
Pêche  et  la  Cueillette. 

Servage.  —  Mot  fréquemment 
employé,  en  mauvaise  part,  pour 
désigner  la  condition  de  certaines- 
classes  de  Serviteurs. 

Servlae  de  sauté  (Le). — La 
nature  de  ce  service  et  les  frais 
qu'il  impose  sont  meutionnés,  dans 
chaque  mont^aphîe,  aux  Sg  & 
et  15. 

ServltOtirs.— Auxiliaires  per- 
manents ou  temporaires,  de  con- 
ditions diverses,  secondant  les  Mat- 
Ires  dans  leurs  travaux.  Ils  forment 


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6» 


nÈCia   MÉTHODIdUK  ET    ALPHABÉTIQUE. 


deox  catégories  priacipales  :  les 
Domestiques  qni  sont  attachés  an 
Foyer;  les  Ouvriers  qui  travaillent 
dans  l'Atelier. 

—  Slaves  (Races).  —  Causes  an- 
dennea  d'ébranlement  survenues 
en  Moravie,  i,  17.  —Les  Fiançailles 
et  le  Mariage  dans  lescominnnautés 
du  Danube  et  de  l'Adrialique,  i,  ^9. 

Société.  —Groupede  familles 
vivant  sur  le  même  territoire,  sous 
le  même  Gouvernement. 

Sociétés  de  secours  mn- 
taels.— Fondées  par  les  Ouvriers- 
tfp(^aphes  de  Brutelles,  m,  18. 

—  Chez  les  Basques  français  du 
I^hourd,  V,  20.  —  Chez  les  Char- 
pentiers parisiens  mariés,  dits  Agri- 
chons,  tx,  20. 

Sociétés  (Les  TBOis  ÉTATS  des). 

—  Caractérisés  par  le  principal 
'  moyen  de  subsistance,  savoir:  chez 

les  Sauvages,  par  la  récolte  des 
producUoDS  spontanées;  chez  les 
Pasteurs,  par  le  pâturage;  chez  les 
Sédentaires,  par  Tagriculture  et  par 
les  autres  industries  extractives. 

Sol  disponible  (Abondance 
Pti).  — L'une  des  trois  causes  prin- 
cipales du  Bien-être. 

Solennités  du  oompaenon- 
na^re.  —  Observées  chez  les  Chaiv" 
peniîers  (du  Devoir),  a,  19. 

Sol  (ÉTAT  do).  —  11  est  décrit, 
dans  chaque  monographie  de  fa- 
mille, au  §  1. 

Solidarité  sociale  (Ssim- 
HE,NT3  de).  —  Maintenus  et  déve- 
loppés par  te  dévouement  dés  chefs 
d'industrie  qui coQJurentdes  maux 
dérivant  du  chômage,  de  la  yieil- 
lesseetdela  maladie, — Exemples  : 


en  Anvergne,  rr,  13;  daiisIel^iTer- 
nais,  VI,  13,  21. 

Souffrance  —  État  d'une  So- 
ciété qui,  en  abandonnant  le Déca- 
logne,  perd  l'harmonie,  leBien-élre 
et  la  Sécurité. 

Sonveraineté.  —  Pouvoir 
suprême,  exercé  par  le  sôuveraiD, 
ç'est-à-dlre  par  la  personne  et  les 
autorités  complémentaires  qui  ont, 
tout  au  inoin3,-le  droit  et  le  devoir 
de  maintenir  la  Paix  publique 
dans  l'Ëtat.  —  Organisée,  chez  les 
peuples  bien  constitués,  à  l'image 
des  deux  tjpes  de  familles  stables, 
notamment  en  Turquie  et  chez  les 
peuples  du  Nord.  —  L'un  dos  sept 
éléments  de  l'Édifice  social. 

Stabilité.  —  .Condition  hen- 
reuse  qui  se  manifeste  surtout  an 
sein  des  familles  par  ta  conservation 
des  avantages  acquis  et  par  la  régu- 
larité des  moyens  de  sutisistaoce. 

Steppes.  —Constituées par  de 
vastes  plateaux  oh  la  végétation 
ationdante  et  exclusive  des  herbes 
est  assurée  par  l'accumulation  des 
DBiges  pendant  l'hiver.  Elles  sont 
éminemment  propres  à  t'exploi- 
ution  des  troupeaux  et  à  l'existence 
des  Nomades  pasteurs.  Le  princi- 
pal de  ces  plateaux  est  la  Grande* 
steppe  de  l'Asie  centrale. 

Subventions.  —  Partie  da 
salaire  qui  est  réglée,  moins  parla 
quantité  de  travail  de  Touvrier 
que  ipar  l'étendue  des  besoins  de 
sa  famille. 

Subventions  des  fïuuillea. 

—    Elles   sont    indiquées,    dans 

chaque  monc^raphie,  aux  §§7  et  lij. 

Subventions    forestières. 


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nriCIS  HRBOtllQDB  ET  ALPHÂBHTIQ08. 


613 


—  Heureuse  influence  qu'elles  ez- 
corcent  sur  le  Bien-âtre  des  ou- 
vriers; principes  économiques  qui 
en  conseillent  le  maintien,  u,  18. 
Snooesslon  (Bégiues  db).  — 
ils  sont  8u  nombre  de  trois  :  la 
CoDserraiion  forcée,   le 


forcé  et  la  Liberté  testamentaire. 
Ce  dernier  régime,  mieux  que  la 
Conservation  forcée,  assure  la  Sta- 
bilité et  la  Paix.  11  est  plus  propre 
que  le  Partage  forcé,  à  garantirle 
tiieiHétre  de  tous  les  descendants 
du  testateur. 


Tabao  (U3*flB  vo).  — Récréa-' 
tion  habituelle:  chez  le  Tisserand 
de  Godeaberg,  ii,  11;  —chez  le 
Luthier  du  Werdenfels  (Haute-Ba- 
vière), n,  SI  ;  —  chez  le  Composi- 
teur-typographe de  Bruxelles,  m, 
11;  —  ^ez  le  Mlneur-émigrant 
de  la  Galice,  y,  23;  —  chez  le 
Bordier  de  la  Champagne  pouil- 
leuse, vil,  U  ;  —  chez  le  Charpen- 
tier (du  devoir)  de  Paris,  tx,  11. 

Tenanolera.  —  Personnes  oc- 
cupant les  biens  dits  Immeubles, 
c'est-à-dire  les  Foyers  et  les  Ate- 
liers, à  charge  de  redevance  envers 
les  Propriétaires. 

•  TendanQes  innées  vaa  le 
tnsu  et  Ls  MAL,  — '  Toujours  nnies 
dans  la  nature  humaine.  Celles 
qui  portent  au  mal  sont  prédomi- 
nantes chez  le  jeune  enfant.  Elles 
y  sont  excitées  par  (es  appétits 
physiques  et  par  l'orgueil.  Elles 
provoquent  rapidement  le  malheur 
de  l'individu  et  la  ruine  de  la 
Soàélé,  quand  elles  ne  sont  pas 
réprimées  par  TAutorité  paternelle. 

Testament  (Lb).  —  Acte  par 
lequel  le  père  de  famille  règle  sou- 
Ventinement  latransmissionde  ses 
biens.  Après  le  respect  du  Déoa< 


logue,  le  respect  du  testament  est 
le  plus  solide  élément  do  Pais  et 
de  Stabilité. 

Théocratie.  —  Un  des  quatre 
éléments  de  laConatitution  modMe 
il'un  grand  État.  Portion  de  l'auto- 
rité publique  ou  privée  qui  fait  ré- 
gnerlapaixdansle  monde  des &me9. 

Tisserand  de  Gtodeabei^ 
(MoMOGRApaiB  nu).  —  Décrite  au 
chapitre  ii. 

Tradition  (Esprit  db).  —  En- 
semble des  tendances  qui  portent 
une  race  à  conserver  les  avantages 
du  régime  établi.  Quand  il  s'exa- 
gère au  point  de  repousser  des 
innovations  utiles,  il  dégénère  en 
esprit  de  Routine. 

Traditions.  —  Ensemble  des 
Idées,  des  Mœurs  et  des  Institutions 
qu'une  race  a  conservées  d'&ge  en 
&ge.  Chez  les  races  prospères,  elles 
comprennent  tous  les  fondetqeats 
essentiels  de  la  Prospérité. 

Travail  (Acrmrf  sus  u).  — 
Développée  à  un  degré  extraon^ 
haire  chez  les  BlaDchisseura  de  la 
banlieue  de  Paris,  viii,  18. 

Travail  sans  eng&gb- 
ments  (SrsridK  m).  —  En  vi- 
gueur :  chez  le  Paysaùdu  Labourd 
33 


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5U 


raricis  mbthodiqvb  bt  alphii^tiqur. 


(France),  v,  1  ;  —  étt&t  le  IfiDeor- 
émigrant  de  la  Galice,  v,  iS; — chez 
le  Maître-blanchisseur  de  ia  ban- 
lieue de  Paris,  Ttn.l;— chez  le  Ma- 
r6cha)-ferrant  da  Maine,  vin,  22. 

Travaux  de  la  Famlllô.— 

Ils  sool  énumérés  et  évalués,  dans 
chaque  monographie,  aux  §g  8, 
ilt,  là.  —  Qd  y  distingue  ceui  qui 


sont  exécutëi  par  le  père,  par  la 
mère,  par  tes  enfants  et,  an  besoin, 
par  les  auxiliaires  de  la  famille. 
Travaux  publics  (Gavatsas 
noiuDBs  des).  —  influence  fâcheose 
qu'ils  exercent  en  France  sur  les 
mœurs  rurales  et  uitiaines  :  vn, 
IS;  vm,  17.  —  Leur  mode  d^exis- 
tence  en  France,  vn,  19. 


Union  Indissoluble  de  la 

Famille  et  du  Foyer.  —  La 
cinquième  pratique  du  la  Coutume 
des  ateliers.  Elle  concourt  au  Bîeo- 
4tre  des  populations  en  favorisant 
la  dignité  de  la  famille,  le  respect 
des  Traditions,  l'Autorité  du  père 
et  l'Éducation  des  enfants. 

Uaiues  a  brcins  uécaniodes.  — 
-Situation  des  ouvriers  attachés  à 
ces  usines  dans  le  nord-ouest  de 
l'Allemagne,  n,  19. 

-  Usines  h  fer  (m  bcus).  —  0^ 
ganisation  vicieuse  imposée  aujour- 
d'hui en  France  à  ces  usines,  vi,  22. 

Usines  (Les  gruides).  —  Elles 
'  râmpreaDeat  troii  cuiégorisB  i  les 

-  Usines  rurales  et  forestières  ;  les 


Usines  hydrauliques  ;  les  Usines  à 
vapeur.  Elles  constituent,  avec  les 
Fabriques  collectives,  les  quatre 
organisationsdela  grande  Industrie 
ayant  pour  objet  l'estrac^on  on 
l'élaboration  des  maUères  bmtes. 
Usines  métallu^ques.  — 
BraDCbes  importantes  de  la  grande 
industrie  :  dans  le  Nivernais,  vi,  2f . 

Usines  HDRALES  BT   FORESUÈBES. 

—  Elles  assurent  la  Stabilité  aux 
Industries  métallurgiques  et  ma- 
nufacturières. 

Ustensiles  mpLorfs  t>u  lks 
FAunj.E3.  —  La  nature,  l'énumé- 
ration  détaillée,  la  quantité  et  la 
valeur  en  sont  indiquées,  dans 
chaque  monographie,  au  S  10> 


-  Vandenesse.  —  Commune  du 
'  Nivernais,  qu'habite  le  Fondeur 

(au  bois)  décrit  au  chapitre  vi,  SI. 
Vâtements  t»s  fimu^es.  — 

La  nature,  la  quantité  et  la  valeur 

en  BODt   indiquées,  dans  chaque 

inoat^aphie,  au  g  10. 


Viandes  et  Poissons  oeii- 

SOUUftS    PAB     LK3     fAULLES.    -^    Lft 

nature,  la  quantité  et  la  valeur  eo 
sont  indiquées,  dans  chaque  mono- 
graphie, aux  SS  9  et  15. 

Vloe  originel  (Existïhcb  m). 
—  Beconnoe,  depuis  les  premiers 


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PBÉCI8  IIBTBODIQSB  ET  ALPOàldTIQDK. 


545 


ftges,  par  tons  les  peuples  pros> 
pères.  i3Ie  est  le  point  de  départ 
de  toutes  les  fortes  CoDStitutions 
sociales.  Elle  se  résume  d'ailleurs 
en  un  fait  évidentiles enfants  nai»- 
sent  avec  une  inclination  prédomi- 
nante vers  le  Mal.  Elle  n'a  jamais 
élé  mise  en  doute  par  ceux  qui 
vivent  en  contact  intime  avec  l'£n> 
fance.  Elle  a  fait  naître,  dans  tous 
les  temps,  des  Institutions  dont  le 
principal  but  est  de  réprimer  les 
inclinations  vicieuses  qui  appa- 
raissent, chez  les  nouveau-nés, 
avec  les  premières  manifestations 
de  la  volonté. 

YiOeS  RÉCEMMÏNT  DÉVELOPPÉS.  — 

Parmi  certaines  classes  de  petits 
Préteurs  d'argent,  de  petits  Mar- 
chands, de  Colporteurs  et  de  Caba- 
retiers,  vin,  2/|. 

Vieillesse  (U).  —  Elle  consti- 
tue plus  que  tout  autre  âge  de  la 
vie  le  siège  de  la  Sagesse.  Elle  est 
préposée  avec  l'Age  mûr  il  la  garde 
du  Bien,  chez  les  peuples  modèles. 

Vienne  (Autmcob).  —  Ville 


qu'habite  le  Compagnon-menuisier 
décrit  au  chapitre  I.  —  Causes  r^ 
centes  d'ébranlement  observées 
dans  cette  ville  et  dans  les  régions 
contiguës,  i,17.  — Règlements  éta- 
blis touchant  le  mariage  des  Ou- 
vriers,  i,  22. 

Vie  privée.  —  Branches  d'ac- 
tivité sociale,  dans  lesquelles  la 
Paix  se  conserve  sous  la  direcUoa 
des  pères  de  Famille,  quand  ceux- 
ci,  soumis  à  Dieu,  exercent  l'Auto- 
rité qui  leur  est  déléguée  par  le 
Décalogue. 

Vie  publlçiue.  —  Branches 
d'activité  sociale  dans  lesquelles  lo 
souverain  ou  ses  délégués  inter- 
viennent pour  maintenir  la  Paix, 
avec  le  concours  de  la  justice  et, 
au  besoin,  de  la  Force  publique. 

ViUalba.  —  Village  de  Galico 
qu'habite  le  Hineur-émigrant  dé- 
crit au  chapitre  v,  23. 

Voisinage.  —  Petit  groupe  de 
familles  rurales  ou  urbaines, 
rapprochées  journellement  par  des 
rapports  d'intérêt  et  d'amiUé. 


Werdenfels  (Cour*  bd).  — 
Région  de  montagnes,  de  forêts 
et  de  prairies,  faisant  partie  de 
la  haute  Bavière.  C'est  dans  l'une 


des  petites  vallées  de  cette  région 
qu'habite  le  Luthier  décrit,  comme 
appendice,  au  chapitre  u,  21; 


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EPILOGUE 

PB  iBn 
(TOHB  CINQUIÈUE  —  f  EDITION) 

TODCHAHT 

LES  CHANGEMENTS  PRINCIPAUX 

aDBVIMDS,    VEPDIB    4855, 

(dfttadelkl'*  éditioD  (la-rolio)  des  Oinrin-*  twi^imul 

D&K5    LA     COKSTlTnTIOIf    80CULK 

DES  POPDLATIOnS   tBRAHL£BS    DE    L'OCClDEtlT. 


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SOMMAIRE 

DE    L'ÉPILOGUE. 


S  4".  Les  progrda  de  la  corraption  M  de  Terreiir  chez  les  popalalioiit 
ébranlées  de  l'Occident.  —  g  S.  La  loagne  durée  de  l'ère  actuelle  de  coimp- 
liOD  el  les  premiers  sjrmptAmes  de  la  réforme. 


Exemple 

des  signes  de  renvoi  an  $  8  de  l'ÉpUogoe 

employés  = 

dgDS  le  texte  mémb  de  cet  fipilogue .'..'...    S. 

~-    leBfiptlftgiiMdefÇ|,autfMT0luiiie8>dea0ut)r<«rt«»n)prfmi..  f,  Ëp.  s. 
--    les  autres  ouvragée  de  la  Bibliothèque OE,V,Ëp.  t. 

1.  Le  l"  Tolume  eat  ene  préptntioa  h  U  lecture  iea  5  «otree.  ChtcDH  de  ces  der- 
nien  est  aa  ubleau  de  l'ordre  de  cboMt  qn'offnit  l'Europe  «n  18A5,  et  comprend  irolt 
pvtiei  «Mentielle*,  MToir  i  r/ntraduclton,  VOrBanitation  it*  FamilUi  et  le  PNcit. 
Ancnne  de  ce«  puties  ioTtrieble*  ne  renTole  box  eli  Éfilogttn  qui  reatent  dtr«ng«r* 
an  eorpe  ds  l'ouTrage,  qui  ne  loat  du»  ctwqne  Tolume  qu'an  contpldoieDt  reluif  à 
l'époque  de  U  dernière  édittou  et  qui,  par  conséquent,  Tirlent  lelon  le*  tempe. 


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ÉPILOGUE 


SI. 

LES  PBOaaËS  DE   LA.  CORRUPTION  ET  DE  L'BRREDR 
CHEZ    LES    POPULATIONS   ËBRANLËES    DE    L'OCCIDENT. 

En  1855,  les  agglomérations  nrbaines  et  manufactu- 
rières de  l'Occident  étaient  déjà  des  foyers  redoutables 
de  corruption  et  d'erreur.  Servies  par  les  TOiee  nouvelles 
de  communication,  elles  commençaient  à  étendre  leur 
influence  jusqu'aux  frontières  de  l'Orient  (II,  In.  e):  par 
leurs  inventions  matérielles,  elles  stimulaient  le  désir  des 
richesses  ;  par  leurs  œuvres  littéraires,  elles  pervertissaient 
les  esprits.  A  la  même  époque,  des  agglomérations  plus 
considérables  s'étalent  également  constituées  dans  la  ré- 
gion du  Nord,  eu  Angleterre  (III,  vi,  is).  Elles  n'exer- 
çaient point  encore,  il  est  vrai,  l'influence  pernicieuse 
qui  émanait  des  lettrés  français  et  allemands  (III,  vi,  ai). 
Toutefois,  les  manufacturiers  anglais  agissaient  sur  l'Eu- 
rope entière  avec  plus  de  force  que  leurs  émules  de  rOcci- 
dent;  ils  ébranlaient  davantage  les  populations  stables,  en 
leur  offrant  l'appftt  des  pro6t8  assurés  par  les  nouvelles 
méthodes  de  travail. 

Depuis  1855,  ces  trois  pays  initiateurs  continuent  à 
ébranler  l'Orient  (II,  Ép.  i)  et  le  Nord  (III,  Ëp.  s  et*); 
mais  ils  exercent  cette  action  sur  eux-mêmes,  plus  encore 
que  sur  les  pays  étrangers.  C'est  ainsi  que  les  campagnes 
de  la  France,  de  l'Allemagne  et  de  l'Angleterre  participent  à 


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5M  iPILOGVB  D8  48TT. 

des  désordre»  sociaux  qui  n'apparaissent  encore  en  Orieni 
que  dans  certaines  capitales  (II,  Ép.  i).  En  réagissant 
l'un  sur  l'autre,  lés  trois  foyers  du  m&\  oiît  pris  un  sur- 
croît de  force  contagieuse.  Les  lettrés  anglais,  par  exemple, 
ontsubil'influencedeleursToisinsduConliuent(IlI,Ép.  9). 
Comme  ces  dernîers,  ils  enseignent  que  les  sociétés  hu- 
maines peuvent  prospérer  sans  l'aide  de  Dieu.  Ils  retom- 
bent dans  les  erreurs  qu'avait  repoussées  la  réforme  morale 
et  intellectuelle  accomplie  sous  le  régne  de  George  III; 
et  c'est  parmi  eux  que  se  trouvent  maintenant  les  plus 
habiles  apôtres  de  l'évolutionlsme  (II,  In.  e).  Dans  les 
trois  pays,  la  prépondérance  est  désormais  acquise  aux 
écrivains  qui  combattent  l'esprit  de  tradition,  et  aux  classes 
qui  s'adonnent  an  culte  de  la  richesse.  Sous  cette  direc- 
tion nouvelle  imprimée  aux  sociétés  de  l'Occident,  se  pro- 
duisent partoutles  mêmes  résultats  :  les  populations  stables 
sont  de  plus  en  plus  envahies  par  le  mal  ;  puis  ces  popula- 
tions ainsi  ébranlées  marchent  vers  la  désorganisation. 
C'est  ce  que  prouvent  les  faits  exposés  dans  ce  volume. 
En  Autriche,  les  corporations  de  mines  et  beaucoup 
d'établissements,  privés  ou  publics,  conservent  leur  an- 
cien état  de  stabilité  ;  mais  l'ébranlement  se  communique, 
de  proche  en  proche,  k  toutes  les  conditions  sociales  et  à 
toutes  les  branches  d'activité.  Les  grandes  usines  à  engins 
mécaniques  détruisent  les  fabrications  domestiques  et  les 
petits  ateliers.  Les  crises  commerciales  troublent  souvent 
les  existences  privées  et  les  intérêts  publics.  On  n'a  point 
rendu,  sous  une  nouvelle  forme,  aux  ouvriers  les  moyens 
desécurité  qne  leur  offraient  les  anciennes  corporations 
urbaines  d'arts  et  métiers;  et  les  atteintes  portées  à  l'ordre 
moral  par  les  règlements  qui  entravent  le  mariage  des 
pauvres  (i,  is)  n'ont  point  encore  été  efEacées  par  l'éta- 
blissement d'un  judicieux  régime  d'émigration. 


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s  1.   PIOOKÈS  M  LA  COIMJPTtON  BN  OCCIDBMT.  6tl 

Dans  rAllemagne  du  Nord,  des  transformations  ana- 
logues ont  été  commencées  plus  lût  et  poussées  plus  loin. 
Sous  l'influence  des  mines  de  bouille  exploitées  sur  une 
grande  échelle,  à  l'ouest  près  de  Sarrebruck,  h  l'est  en 
Silésie,  au  nord-ouest  sur  la  Ruhr  (III,  Ép.  4;  IV,  Ép.  s), 
l'ébranlement  social  se  montre  avec  les  mêmes  caractères 
qu'en  Belgique,  en  France  et  en  Angleterre.  L'antagonisme 
devient  le  trait  dominant  du  nouveau  régime  manuractu- 
rier.  Les  ouvriers  ne  sont  plus  dans  la  situation  que  j'ad- 
mirais en  1851  (III,  IV,  18  et  so).  Voyant  leurs  moyens 
de  subsistance  taris  périodiquement  par  les  crises  finan- 
cières, ils  cèdent  à  des  impressions  toutes  nouvelles.  Ils 
sentent  que  leur  bien-être  n'est  plus  garanti  par  leur  pa- 
tron; et  ils  se  persuadent  peu  k  peu  que  les  deux  intérêts 
doivent  être  opposés.  Dans  leurs  rapports  actuels  et  dans 
leurs  vues  d'avenir,  ils  sont  conciliants,  comme  le  sont 
encore  certains  ouvriers  français  (ix,  i7  et  si)  et  la  plu- 
part des  ouvriers  anglais  (III,  vu,  n).  Ils  semblent  étran- 
gers à  l'esprit  de  violence  déchaîné  chez  les  classes  diri- 
geantes de  la  France  en  1789,  et  propagé,  depuis  1830, 
jusque  dans  les  moindres  agglomérations  urbaines.  Ce- 
pendant, les  Allemands  du  Nord  n'offrent  guère  plus  que 
les  Français  des  éléments  de  paix  et  de  stabilité  aux  ate- 
liers de  travail.  Les  maîtres  s'enrichissent  en  développant 
leurs  entreprises;  mais  ils  oublient  de  plus  en  plus  les 
traditions  du  patronage.  Les  ouvriers  les  plus  habiles  em- 
ploient de  larges  suppléments  de  salaire  à  l'accroissement 
de  leur  bien-être  matériel.  Ils  sentent  le  besoin  de  la  sé- 
curité que  le  maître  ne  garantit  plus;  mais  ils  ne  songent 
guère  à  la  conquérir  par  l'épargne.  Les  plus  actifs  semblent 
chercher  le  mienx,  non  dans  les  traditions  éternelles  de 
la  paix,  mais  dans  les  nouveautés  condamnées  par  l'expé- 
rience. En  persévérant  dans  ces  tendances,  les  sociétés 


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ut  ÉPOOGUB  DB  t877. 

allemandes  marcheraient  bientôt  de  l'ébranlement  i  la 
désorganisation. 

L'ébranlement  social  est  à  peu  près  le  même  en  Bel- 
gique et  en  France  (m.  VI, via,  is).  Il  est  dû  surtout  au 
déTeloppement  exagéré  des  villes  et  des  manufactures. 
L'abondance  de  la  houille  est  l'une  des  causes  qui  favo- 
risent, dans  les  deux  pays,  les  agglomérations  malsaines. 
Toutefois,  le  mal  est  plus  général  dans  la  Belgique,  tra- 
versée de  l'est  &  l'ouest  par  un  riche  bassin  faouiller,  qu'en 
France,  où  de  nombreuses  régions  demandent  exclusive- 
ment le  combustible  aux  forêts.  La  Belgique  est  soumise, 
comme  la  France,  au  partage  forcé  des  foyers  et  des 
ateliers,  c'est-à-dire  à  la  cause  d'ébranlement  qui  agit  sur 
toutes  les  manufactures  de  l'Occident.  Plus  qu'en  France, 
néanmoins,  les  traditions  de  famille  et  les  libertés  locales 
ont  résisté  an  fléau  propagé  par  l'action  combinée  du 
Code  civil  et  des  agents  intéressés  au  morcellement  des 
immeubles. 

L'ébranlement  qui  était  imprimé,  dès  1855,  à  la  France 
entière  est  indiqué  dans  ses  traits  principaux,  pour  les  six 
localités  qui  font  l'objet  des  six  derniers  chapitres*  Depuis 
lors,  le  mal  a  pris  partout  des  caractères  plus  graves.  En 
Auvergne,  le  partage  forcé  a  désorganisé  les  anciennes 
communautés  de  propriétaires  ruraux,  qui  étaient  depuis 
dix  siècles  un  sujet  d'admiration.  Les  trois  classes  rurales, 
affaiblies  dans  les  pays  de  plaines  et  de  collines,  ne  résis- 
tent guère  que  dans  les  montagnes,  où  les  chemins  de  fer 
n'ont  point  pénétré,  où  se  perpétuent  les  solides  vertus 
des  ancêtres,  à  la  dure  école  de  l'émigration  périodique.  A 
l'ouest  des  Pyrénées,  chez  les  Basques  français,  les  familles 
gardaient,  en  1855,  la  stabilité,  gr&ce  à  l'isolement  intel- 
lectuel qui  était  maintenu,  dans  les  montagnes,  par  de 
vieilles  coutumes,  et  par  l'usage  d'une  langue  spéciale.  Elles 


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§  4.  rnooùs.  DV  la  cobboptiqn  bn  occidknt.  513 

s'ébranlent  njainleDant,  depuis  que  l^s  ehemiDs  de  fer  et 
les  voyageurs  propagent  la  langue  et  Jes  idées  du  Code  civil. 
Dans  le  Mor^^n,  les  races  de  paysans  et  de  bordiers  ont  été 
ébranlées,  souvent  même  désoi^nisées,  sous  les  mêmes 
influences.  Les  grands  propriétaires  ont  mieux  résisté  ;  et 
ils  perpétuent  encore  autour  d'eux  les  anciennes  coutumeâ 
de  patronage.  Cependant,  ils  sont  loin  d'avoir  conservé 
toutes  les  bonnes  traditions  du  siècle  dernier.  Les  mœurs 
locales  sont  entamées  par  les  idées  subversives  de  l'ancien 
régime  et  de  la  révolution,  par  l'absentéisme  des  grands 
propriétaires  e(  surtout  parle  luxe  que  développent  main- 
tenant lés  progrès  agricoles  etles  nouvelles  voies  de  com- 
munication. Enfin,  dans  les  plaines  dénudées  delà  Cham- 
pagne pouilleuse,  le  partage  forcé  des  immeubles  continue 
à  ébranler  les  populations  ;  mais  le  mal  se  propage  dans 
des  conditions  opposées  à  celles  qui  régnent  dans  lesbo-r 
cages.  Ici,  l'œuvre  du  Gode  civil  n'a  été  entravée,  ni  par 
tes  montagnes,  ni  par  les  forêts,  ni  même  par  de  simples 
clôtures  boisées.  Elle  a  été  favorisée  par  uo  morcellement 
antérieur  qui  ne  laissait  subsister,  ni  un  arbre,  ni  un  mur 
en  pierres  sèches.  Avec  de  tels  précédents,  l'instabilité 
sociale  atteint,  depuis  1855,  ses  plus  extrêmes  limites. 
Sur  de  vastes  espaces,  on  ne  rencontre  plus,  non-seule- 
ment un  grand  propriétaire,  mais  l'un  de  ces  paysans  et  de 
ces  bordiers  qui,  partout  ailleurs,  gardent  les  principes 
de  l'ordre  moral  avec  le  foyer,  le  domaine  et  le  tombeau 
des  ancêtres  (IV,  iv,  i?).  Acharnés  au  travail,  les  posses- 
seurs du  sol  n'accordent  leur  attention,  ni  aux  erreurs 
propagées  par  les  lettrés,  ni  aux  vérités  enseignées  par  le 
pt^tre;  en  sorte  que  leur  indifférence  pour  la  religion 
ne  va  point  jusqu'à  la  haine.  La  pulvérisation  et  la  mobi- 
lité du  sol  stimulent  la  prévoyance;  et  souvent  la  majorité 
possède  les  vertus,  en  quelque  sorte  matérielles,  que  sus- 


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tt4  ÊPiLOOUK  SX  1877. 

cite  la  conquête  de  la  propriété  rurale.  La  stérilité  do  sol 
ne  comporte  point  les  vices  qui  émanent  de  la  richesse  ou 
de  l'oisiveté.  -Dnrs  pour  eux-mêmes  et  travaillant  de  leurs 
bras,  les  paysans  ne  tolèrent  point  le  voisinage  des  journa- 
liers dégradés  par  l'intempérance;  mais  ils  n'aident  point 
le  prêtre  à  les  réformer.  Privé  de  conseils  et  contraint  de 
s'exiler  lui-même,  le  pauvre  ouvrier  va  demander  du  tra- 
vail i  des  maîtres  moins  scrupuleux.  Il  a  pour  refuges  les 
grandes  fermes,  les  fabriques  de  sucre  et  les  villes  manu- 
facturières des  régions  contiguês.  C'est  ainsi  que,  dans  les 
villes  et  surtout  à  Paris,  la  corruption  indigène  reçoit  un 
large  contingent  fourni  par  les  campagnes.  Les  deux  der- 
niers chapitres  de  ce  volume  montrent  même  qn'il  existe, 
dans  les  rangs  inférieurs  de  la  population  parisienne,  des 
types  qui  conservent  avec  une  ténacité  extraordinaire  nos 
meilleures  traditions  urbaines.  Le  chapitre  vni  indique 
comment  des  races  énergiques  de  blanchisseurs,  de  ma- 
raîchers, de  jardiniers  et  de  nourrisseurs  de  vaches  dé- 
fendent la  banlieue  de  Paris  contre  la  corruption  importée 
par  les  ouvriers  nomades,  venus  de  la  province  et  des 
pays  étrangers.  Le  chapitre  ix  signale  un  groupe  nom- 
breux d'ouvriers  qu'on  ne  devait  guère  s'attendre  à  ren- 
contrer au  milieu  de  classes  dirigeantes  ébranlées  par 
les  vices  de  l'ancien  régime  en  décadence,  égarées  par  les 
erreurs  de  la  révolution,  et  livrées  à  tous  les  excès  que 
propage  l'esprit  de  nouveauté.  Le  compagnonnage  des 
charpentiers  conserve,  à  Paris  et  dans  les  treize  autres 
grandes  villes  du  «  tour  de  France  a,  les  qualités  morales, 
et  les  moyens  d'éducation  qui,  dans  cette  profession,  ont 
donné  la  paix  et  la  stabilité  à  une  longue  suite  de  gé- 
nérations. Il  repousse  encore  avec  fermeté  les  causes 
d'ébranlement  qui  agissent  depuis  deux  siècles  sur  les 
gouvernants,  les  riches  et  les  lettrés.  Au  milieu  des  dé^ 


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g  s.  LBS  PIKHIKBS  StHPlàlIBS  DE  Ll  IBrOBME.  .5SB 

bordements  de  l'esprit  de  nouveauté,  de  simples  ouvriers 
tiennent  à  honneur  de  se  transmettre  iidèlement,  avec 
leurs  rites  secrets,  les  traditions  de  paix  sociale  dont  l'ori- 
gine se  perd  dans  la  nuit  des  temps. 

Je  n'ai  admis  parmi  les  populations  ébranlées  de  l'Oc- 
cident aucun  des  exemples  qu'auraient  pu  fournir,  à  la 
rigueur,  les  deux  grandes  péninsulesduSud-Ouest.L'Italie, 
l'Espagne  et  le  Portugal  ne  sont  point  exempts  de  mal.  Ces 
pays  ont  pris  souvent  des  initiatives  fâcheuses,  eu  ce  qui 
touche  la  corruption  des  moeurs  et  les  commotions  poli- 
tiques ;  mais  leurs  lettrés  commencent  à  peine  à  propager 
les  faux  dogmes  qui  ont  cours  eu  France,  en  Belgique,  eu 
Allemagne  et  en  Angleterre.  Ils  présentent  peu  d'ailleurs 
les  causes  de  l'ébranlement  que  les  mines  de  houille  ont 
imprimé,  dans  ces  dernières  contrées,  aux  agglomérations 
urbaines,  commerciales  et  manufacturières. 

En  résumé,  l'oubli  de  la  loi  morale,  l'aQaiblissement 
de  la  famille  et  la  désorganisation  du  travail,  propagent 
partout,  en  Occident,  la  souffrance,  la  discorde  et  le  règne 
de  la  force.  Les  chemins  rapides,  dont  nous  sommes  si 
fiers,  enlèveront  de  plus  en  plus,  aux  localités  qui  con- 
servent les  traditions  du  bien,  le  pouvoir  de  résister  à  une 
agression  injuste  (In.  s).  Ils  attribueront  successivement 
l'empire  du  mal  à  tous  les  peuples  qui  auront  inventé  le 
dernier  engin  de  destruction. 


S2. 

LA  LONGUE  DURÉE  DE  L'ÈRE  ACTUELLE  DE  CORRUPTION 
ET  LES  PREMIERS  SYMPTÔMES  DE   LA   REFORME. 

Le  premier  tome  de  cet  ouvrage  offre  la  conclusion  des 
faits  exposés  dans  les  cinq  derniers.  11  démontre  que  les 


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maax  actuels  de  l'Occidenl  ne  sont  pas  sans  remède.  Je 
crois  atiie  cependant  d'indiquer  l'espoir  d*un  meilleur 
avenir  au  lecteur  qui  a  seulement  le  présent  volume  sons 
les  yeux. 

11  faut  se  rappeler  d'abord  que  le  mal  est  invétéré  et 
que,  par  conséquent,  les  gens  de  bien,  pour  le  guérir,  doi- 
vent s'imposer  une  longue  suite  d'efïoris  et  de  sacrifices. 
Les  vices  sensuels,  développés  dans  les  cours  de  l'Occident 
i  ta  fin  du  XVII*  siècle,  sont  descendus,de  proche  eu  proche, 
jusqu'aux  rangs  iorérieurs  de  la  société.  Eu  France,  ils  ont 
perdu  les  formes  raffinées  qu'offraient,  au  xviu'  siècle,  les 
salons  parisiens.  Ils  ont  pris  les  caractères  repoussants 
qu'indiquent,  dans  le  tome  VI,  la  monographie  de  l'Ou- 
vrier-tailleur  de  Paris  (VI,  viii)  et  celledu  Débardeur  de  la 
banlieue  (VI,  ix).  Avertis  par  le  martyre  de  l'infortuné 
Louis  XVI  et  par  les  catastrophes  qui  démontrent  aux  moins 
clairvoyants  la  désorganisation  croissante  de  la  France, 
les  rois  de  l'Angleterre  et  du  Continent  sont  revenus  à  la 
pratique  de  l«ur  devoir  ;  et,  s'ils  pouvaient  suivre  l'impul- 
sion de  leurs  sentiments,  ils  donneraient  aux  gouvernants 
actuels  de  la  France  l'exemple  de  la  réforme  et  rétabli- 
Talent  le  règne  de  la  paix  sociale. 

Malheureusement,  celte  action  tutélaire  des  souverain 
notés  ne  se  fait  point  encore  sentir.  Elle  est  entravée  par 
les  deux  classes  d'hommes  qui  sedisputent  la  direction  de 
l'esprit  public  :  par  ceux  qui  cherchent  «  le  mieux  b  en  s'in- 
spirant  de  l'esprit  de  nouveauté;  et  par  ceux  qui  veulent 
ramener  le  bien  en  restaurant  l'esprit  de  tradition. 

Les  hommes  de  nouveauté  sont  k  l'œuvre  dans  toutes 
les  contrées  de  l'Occident,  lis  jouent,  presque  partout,  un 
rdle  prépondérant,  sinon  par  leur  condition  sociale,  du 
moins  par  leurs  talents  et  leur  activité.  Ils  continuent  l'en- 
seignement des  lettrés  du  xvtii*  siècle,  en  ce  qui  touche  la 


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g  3.   LKS    PKKUIBBS  STUPT^HBS  DB    LA  BâFOHMB.  5S7 

critique  et  la  réforme  des  sôciélés.  Ils  voient  la  cause  du 
mal  actuel  dans  les  institutions  traditionnelles  de  l'huma- 
nité, et  non  dans  la  corruption  momentanée  des  hommes 
qui  avaient  le  devoir  de  perpétuer  l'ascendant  de  ces  tra- 
ditions par  leurs  bons  exemples.  Ils  croient  à  la  perfection- 
originelle  de  chaque  enfant;  et  ils  sont  profondément 
divisés  par  les  erreurs  qui  naissent  de  cette  croyance.  Les 
hommes  qui  se  sont  fait  une  renommée  en  propageant 
quelqu'une  de  ces  erreurs  sont  donc  incapables  de  dres- 
ser en  commun  le  plan  d'après  lequel  les  sociétés  nou- 
Telles  seraient  ramenées  au  bien  ;  mais  ils  sont  d'accord 
pour  augmenter  la  division  des  esprits.  Leur  entente  est 
complète  dès  qu'il  s'agit  de  détruire,  au  profit  apparent 
des  classes  souifrantes,  l'un  des  éléments  de  l'ancienne 
société.  C'est  cet  accord  qui  explique  les  phénomènes 
actuels  d'ébranlement  et  de  désorganisation. 

Les  hommes  de  tradition  se  sont  relevés  peu  à  peu  de 
la  corruption  où  ils  étaient  tombés  au  dernier  siècle.  Ils 
ont  repris  l'intelligence  deséternels  principes, en  lesaffir^ 
mant  courageusement  aux  époques  de  persécution.  Quel- 
ques-uns commencent  à  s'unir  pour  opposer  à  l'œuvre  de 
destruction  les  forces  fournies  par  la  raison  et  l'expérience  ; 
mais  la  plupart  se  complaisent  encore  dans  la  quiétude  et 
les  défaillances  émanant  de  la  richesse.  Les  plus  militants 
n'ont  point  acquis  les  talents  et  l'activité  de  leurs  adver- 
saires :  ils  sont  divisés  comme  eux;  mais  ils  ne  savent 
pas  encore,  à  leur  exemple,  s'entendre  sur  un  principe 
commun  d'action.  En  France,  ils  semblent  parfois  enclins 
à  imiter  les  procédés  violents  usités  surtout,  depuis  1789, 
par  les  hommes  de  nouveauté  :  ils  pratiquent  peu  la  mé- 
thode de  persuasion  que  saint  Paul  employait  excellem- 
ment. Ils  ne  possèdent  guère  la  sagacité  temporelle  que 
saint  François  de  Xavier  exigeait  de  ses  collaborateurs. 


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538  inLoovE  db  1877. 

Souvent  ils  ignorent  les  méthodes  que  pratiquaient  leurs 
ancêtres  et  celles  qu'il  faudrait  enseigner  â  leurs  en- 
fants. Ils  dédaignent  d'ailleurs  honnêtement  les  faciles 
moyens  de  succès  que  procure  l'abus  des  mots  chez  les 
peuples  qui  se  sentent  mal  dirigés.  Us  n'invoquent  point 
n  la  liberté  et  l'égalité  »  détournées  de  leur  sens  légitime; 
mais  ils  excitent,  par  des  qualifications  impropres,  la 
méfiance  des  peuples  souCfraots.  Ainsi,  à  une  époque  où 
il  s'agit  surtout  de  réformer  un  état  flagrant  d'erreur  et 
de  corruption,  ils  ont  eu  la  malheureuse  idée  de  se  grou- 
per sous  le  nom  de  «  conservateurs  n. 

Mon  enquête  personnelle  d'un  demi-siècle  m'a  souvent 
montré  la  France  plus  désorganisée  que  le  reste  de  l'Eur 
rope;  mais  elle  commence  h  me  faire  entrevoir  une  vérité 
plus  consolante.  C'est  en  France,  plus  qu'ailleurs,  qu'ap- 
paraissent les  premiers  symptômes  de  la  régénération 
sociale.  Nos  catastrophes  inouïes  ont  porté  un  utile  en- 
seignement. La  jeunesse  studieuse  commence  à  voir  dans 
ces  désastres  la  condamnation  définitive  des  faux  dogmes 
de  1789.  Elle  est  prête  à  fournir  aux  gouvernants,  non  des 
conservateurs,  mais  «  le  personnel  de  la  réforme  ». 


riR    DU   TOUE    CtKQUIÈUC 


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TABLE  ANALYTIQUE 

PIS 

MATIÈRES  GONTENDES  DANS  LE  TOHB  CINQUIÈME. 


Sommaire  de  l'oeatra  complète  de  F.  Le  Play,  in  l"  janvier  1878,  coor- 
donnée  dans  la  Bibliothèque  de  la  tdence  tociaU,  arec  une  indicalion  sur  le* 
ûgnes  de  renvoi  qui  relient  entre  eux  tous  les  ouvrages  de  cette  BibliothèqiK. 
DivisioD  de  la  1"  éditiou  (nn  volume  iu-ftilio)  des  Oucrien  européen»,  ea 
tit.  tomes,  ayant  les  titres  suivants.  —  Tome  I  :  La  méthode  d'observation.  — 
Tome  II  :  Les  ouvriers  de  l'Orient.  —  Tome  III  :  Les  ouvriers  du  Nord.  — 
Tome  IV  :  Les  ouvriers  de  l'Occident  (populations  stables),  —  Tome  T  :  Les 
ouvriers  de  l'Occideot  (populations  ébraolées).  —  Tome  TI  :  Les  ouvriers  de 
rOccideut  (populations  désoi^anisées) page  i-iv 


INTRODUCTION 

Tonoha&t  U  oosBtltatloa  aoolale  dea  raoes  ébnuiUes  de  l'OeaUent, 

D'aptte  les  bits  obMrrés,  de  ISÏ»  à  18U,  pour  la  !<■  éditfon  (la-blio) 
des  Owxi»n  «wopUiu. 

§  4.  Las  trois  degrés  de  souflïvnce  correspondant  aux  populations 
stables,  ébranUes  ou  désorganisées,  décrites  dans  les  six  tomes 

des  Omneri  tvropéetu ix 

i.  Ganses  générales  d'ébranlement  qui  agiaseut  sur  les  familles  d^ 

crites  au  tome  V x 

3.  Caractères  spéciaux  de  l'ébranlement  imprimé  aux  neuf  régiwu 

qu'habitent  les  familles  décrites  au  tome  T uu 

4.  4"  région. —CompagnoD-menuiGier  de  Vienne  (Antricbe).  .  .  Ull 

5.  1~*  région.  —  Tiaserand  de  Godeeberg  (Province  rtiénane].  .  .  xr 

6.  3"  région.  —  Compositeur* typographe  de  Bruxelles  (Belgique),  xnii 

7.  !■*  région.  —  Mineur  de  Pontgiband  [Auvergne) xxu 

8.  B»  région,  —  Paysan-basqne  dn  Labourd  (France) xxr 

ft.  6-*  région.  —  Hanœuvre-agriculteur  dn  Hortan  (Nivnnais).  .  sxvu 

'  f  0.  7~  région,  —  Bordier .  de   la  Citampagne-  pouillens»'  (  plaines  - 

crayeuses  de  la  Hame  et  de  l'Aube) xxxvii 

<4.  8*"  région.  —  HsUre-blaDCbiaseur.de  Clichy  (banlieue  daParis).  xutt 

II.  9"  région.  —  CharpenUer  (du  Devoir)  de  Paris. U.T1 

13.  Résumé  du.  tome  Y  :  comment  se  produit^  dans  les  socîétéfi  de 

roccident,  la  transition  de  rd>ranlemant  à  la  déMffganisation.  xia 

T-  34 


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.  TABLS  AMUTTIQUR  DB)  UTIËBES. 


L'ORGANISATION  DES  FAUILLES 

Déorltea,  en  neuf  oïiapltres,  «ma  forme  de  itonogripIiléB. 

fitndei  aat  let  mnai,  U  vie  domeitlciae  et  la  condltioa  mwtla  de*  OuTrfen 
de  l'Occident  (II™  série.  —  Populations  ébruIAes), 

d'aprèt  let  fftits  obatirés,  de  1830  à  18S5, 
pour  la  1"  Mitlon  (fa-foUo}  des  Ouorin-t  wnpénu. 


CHAPITRE  I. -COMPAGNON-MENUISIER  DE  TIENNE 

(Aubiche). 

MONOORkPHie  DE  LA  FAMILLE. 

§9  1  à  46.  —  DéflDltion  du  lien,  de  l'organisation  Indnstrielia  et  de  la  Eunitle. 
—  HoyeDB  d'existence  de  la  famille.  —  Mode  d'existence  de  la  famille.  —  His- 
toire de  la  bmille.  —  Mœurs  el  institutions  assurant  te  bien-être  physique  ei 
moral  de  la  famille.  —  Budget  des  recettes  de  fannée.  —  Budget  des  dépensée 
de  l'année.  —  Comptes  annexés  aux  budgets là  30 

tLËHCHTa  oiVEna  de  la  constitutioi^  socialc 

§  17.  Causes  d'ébranlement,  andennesdans  les  campagnes  devee  de  la  Mo- 
ravie, récentes  dans  la  ville  de  Vienne,  observées  spécialement  dans  la  bmilte 
décrite 3t-3S 

g  ts.  Organisation  des  anciennes  corporations  urbaines  d'arts  et  métiers 
de  l'Autriche  et  de  l'Allemagne  méridionale 33-36 

§  49,  CiD^es  qui  menacent  d'une  diswiution  procbaina  tes  anoieenes  oor^ 
poratione  urbaines  d'arts  et  métiers ^ 36-38 

§  10.  Répugnance  que  monUent  certainee  fomiUes  contn  toute  habitude 
d'épargne 38-41 

$  S4.  Pratiques  du  culte  et  dépenses  qu'elles  imposent  à  la  famille  dé- 
crite.   il-4S 

9  f%-  Règlements  établis  dant  la  ville  de  Tiemie,  touchant  le  mariage  des 
ouvriers 41-44 

$  S3.  Les  fiançailles  et  le  mariage  chex  les  races  slaves  oontigttfls  au  Danube 
et  k  l'Adriatique ;  .  ; 44^9 


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TABLE  AtULITlflDB  DBS  HATIEMB*.  631 

CBAPIIRE  II.  —  TISSBRAND  DE  GODESBBKO 

(Province  rhàume). 

■  OKOOdAPHIC  DC  tA  FAMILLI. 

gg  t  à  46.  Description  de  la  fomille,  selon  l'ordre  et  avec  les  détails  men- 
tioQiiés  ci-dessus  an  chapitre  1 60-79 

-  ËtÉMENTS  DIVERS  OE  LA  CONSTITUTION  SOCIALE. 

g  n.  Rappel  de  l'ëlat  de  stabîlitâ  qui  existait  autrefois  dans  les  campagnes 
manufacturières  du  t»5sin  rhénao.  Causes  d'ébranlement  observées  aujourd'hui 
dans  la  population  locale  et  spécialement  dans  la  famille  décrite.  .  .   .    80-83 

§  18.  Heureuse  influence  qu'eiercent  sur  les  ouvriers  les  aubvénGoDS  foreft- 
tières;  principes  économiques  qui  en  conseillent  le  maintien 83-85 

g  19.  Situation  comparée  des  ouvriera  attachés,  dans  le  nord-ouest  de  l'Alle- 
magne, aux  petits  ateliers  ruraux  et  aux  usines  &  appareils  mécaniques.     S5-87 

g  SO.'PréparalîoQS  traditionnelles  des  conserves  de  choux  {iouer  Kraut]  et 
de  légumes  divers « 87-88 

g  SI .  Précis  de  la  mooograpbie  ayant  pour  objet  le  Luthier  da  Werdeofels 
(Hante-Bavière).  ...  .  ...........  .  .  ...  .  .  .    88-10» 


CB.  m.  —  COl^OSIIEDIL-TYP.^GBAf^B  DE  BRUXELLES 

(B«tgii»B).    :   :  ■   ■ 


MONOOnAPHIK  DE  LA  FAMILLI. 

gg  1  ft  16.  Description  de  la  famille,  selon  Tordre  et  avec  les  détails  men- 
tionnés ct-deasas  au  chapitre  L  . 103-134 

'  ËLËHENTS   DIVERS  Dl  LA  CONSTITUTION  SOCIALE.  ' 

§  17.  États  successifs  de  stabilité  et  d'ébranlement,  enilelgiqne. .  '  13&-1il 

g  18.  Associations  de  secours  mutuels  et  de  prévoyance  fondées  par  les 
ouvriers  typographes  de  Qmxelles.' .  .  .   ...   ,  .   .   .'......    1il-lt7 

g  19.  Augmentation  apportée,  en  18S7i  an  salaire  des  ouvriers  composi- 
leurs-typogrardies. U7-4i8 

g  10.  Banquets  ou  réunions  annuelles  des  ouvriers  typographes.  .    148-149 


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631  TABLI  IXAimorE  DBI  HATltUfl. 

CHAPITRE  IT.-  HINBUR  DB  PONTGIBADO 

(AvtergHe). 

MONOORAPHII    DC    tA   fABtLLE, 

gg  1  h  le.  DeacilptioD  de  la  famille,  aeloa  Tordre  et  avec  les  détails  meiw 
tionnte  ci-deesot  an  dupitre  1 4fi(MT7 

fLËRENTS  DIVEHB   DE    LA  CONSTITUTION  «OCIKLC 

g  47.  Cames  d'ébranlement  obseirées  chez  les  popnlalions  de  la  Basse- 
Amergae,  et  spécialement  dans  la  famille  décrite t7M80 

g  t8.  Causes  qui  enlraTent,   en  France,   l'exploitation  des  mines  métal- 

UquPS 1S(M83 

■  g  49.  AvantageB  assurés  &  plusieure  montagnes  de  l' Auvergne  par  le  régime 
d'émigration  et  par  l'eiploitalion  des  mines  métalliques 484-487 

g  SO.  Anciennes  communautés  de  l'Auvergne  composées  de  ménages,  pro- 
priétalrea  ruranx,  issus  d'un  commun  ancêtre 488-494 


CHAPITRE  T.  -  PATSAN-BASQDE  DIT  LABODBD 

(Frwue). 

■ONOaiIftPHIE  DE  LA  FkaiLLC 

gg  4  k  4S.  Description  de  la.  famille,  aelon  l'ordre  et  arec  les  détails  men- 
tiomiés  ci-detsuB  an  cbapitn  f. 491-S30 

tLtMKNTS  DIVERS  DB  LA  CONtTITUTION  SOCIALE. 

§  47.  Causes  d'ébranlement  obswréee  parmi  les  Basques  français,  et  Sf^ 

dalement  dans  la  famille  décrite S31-131 

g  48.  STStémede  culture  nsilé  dansia  Labourd 93S-t37 

g  49.  L'exploitation    des    brebis    fondée    sur   les    pâturages    commu- 
naux.     Ï37-13» 

g  10.  Ancienne  organisation  de  l'assistance  mutuelle  dans  lee  communfs 

dn  pays  basque 13S-140 

g  ST.  Emigration  périodique  des  Basques  français  en  Espagne.   .    140-S41 

g  SS.  Émigration  transatlantique  des  Basques  français 14S-349 

g  n.  Précis  de  la  monographie  ayant  pour  objet  le  Mineur-émigrut  de  la 
CUic»  (Bspagne) 149.S8S 


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TABLI  AlULniQUB  DBS  MATlbUfl. 


CBAPITfiB  TI—HANCBUTHE-AORIGULTEUR  DU  KOHTAN 
(Ittvemaii). 

■  ODOORAPHIK  Dl   LaVaMILIB. 

§9  1  il  16.  DesaiptiOQ  de  la  {unille,  kIdo  l'ordn  et  areo  Im  détails  mea- 
tionnéi  ci-dessus  an  chapitra  I 969-ISS 

ÉLÉMEMTt  DIVERS  DE  LA  COHtTITUTION  tOCIALE. 

g  17.  Causes  d'ébranTement  qai,  depuis  le  commeDcemeDt  dn  xn*  sitele, 
agissent  sur  la  population  rurale  du  Horvan S6S-S94 

g  1S.  Inetabililé  actuelle  de  la  petite  propriété  rurale  en  France.    I94-I9i 

g  49.  Conditioa  ficbeuie  des  menœuTres-BBricnltenrs,  dana  plutienrs  ré- 
gions de  la  France I94-S9T 

§  SO.  Anciennes  conununantés  du  Bas-Nivemsia  composées  de  ménagea, 
propriétaires  mraux,  issus  d'an  commun  ancêtre Sin-303 

g  91. -précis  de  la  monogiaphie  ayant  pour  objet  le  Fondeur  [au  bois)  dn 
KireniBis 30i-3l3 

g  n.  Organisation  vicieuse  imposée  aujourd'hui  en  France  aux  forêts  pri- 
vées et  aux  nsines  k  fer  qu'elles  alimentent-. 313-318 

§  S3.  Communauté,  coutumîères  on  tairibles,  dn  Nivernais,  composées  de 
ménages  fermiers  de  domaines  ruratu 31S-3S1 


CHAPITRE  TII.-B0RD1ER  DE  LA  CHAMPAGNE  POUILLEUSE 

(Fnmee). 

■  OHOanAPHIE  DE  LA  FAMILLE. 

gg  1  k  16.  Dwcrîption  de  la  bmille,  selon  l'ordre  et  avec  les  détails  men- 
tionnés  ci-dessus  au'  chapitre  1 3S3-3flT 

'  iLÊMENTa  DIVERS  DE  LA  COHSTITUTIOH  SOCIALE. 

§  17.  Causes  d'ébranlement  qui  agissent  en  Champagne  dans  la  localité 
qu'habile  la  famille  décrite  et  dans  les  régions  contignBa 388-364 

g  18.  Influence  Qchense  exercée  sur  les  monrs  rurales  par  les  ouvriers 
nonûdes  des  travaux  publics 36fc-369 

g  19,  Mode  d'existence  dee  onvrien  nomades  allwhés  aux  travaux  pu- 
blics     369-371 


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Bai  TABLB  AKALVnttDB  DB9   VfTIBaBS. 

GHA;!ITRB  TlII.^  WAITKB-BLAHCBISSBnR  PB  CLICHT 

(Banlieue  de  Pari*). 
■  ONOaRAPHie    DE    LA    FABULE. 

g§  \  b  16.  DeacriptioQ  At  la  bmille,  selon  l'ordre  «t  itw  les  détails  men- 
tionaés  cî-desras  au  chapitre  1 37t^99 

ÉLtMEKTt   DIVERB   DK   LA   CONSTITUTION   SOCIALE. 

g  17,  Causes  d'ébranlement  observées  dans  l'ane  des  commnaes  de  la  ban- 
ieoe  de  Paris,  où  les  boouea  mœurs  se  conservest  encore  avec  le  pins  de 
fermeté iOO-US 

g  18.  Activité  extraordinaire  développée  duqae  semaine  par  uoe  Eunitle 
de  blanchisseurs (OS 

g  19.  Hœurs  des  petits  propriétaires  de  la  banlieue  de  Paris.  .    iOMOfi 

g  SO.  Transmission  intégrale  de  la  petite  propriété  [arritoriale  et  dm  clien- 
tèles chez  les  maratchera,  les  nourrisseurs  de  vaches  et  les  blanchiaaenrs  de  Is 
banlieue  de  Paris (0&-407 

g  11.  Résumé  des  opérations  d'une  société  d'aasnrances  mutuelles  de  la 
banlieue,  près  de  Clichy i07-A08 

g  11.  Précis  de  la  monographie  ayant  pour  objet  le  Maréchal -ferrant  du 
.  Hune 409-416 

g  13.  Bûmes  mœurs  conservées  parmi  certains  types  d'ourriers  rn- 
ranx.  .  ."  . 417-410 

g  14.  Ticee  récemment  développés  pinn!  certaines  classes  de  préteurs,  de 
colporteurs  et  de  cabareiiers 4IIMS3 


CHAPITRE  IX.  -  CBAKPBNTIER  (DU  DBTOIR) 

(Para). 

MONOORAPHIE  DE  LA   PABILLI. 

gg  1  b  t<.  Description  de  la  famille,  selon  l'ordre  et  avec  les  détails  msn- 
tionoés  cî-dsssns  au  chapitre  1 49I4-4S5 

ÉLÉMENTS   DIVERS  DE  LA  CONSTITUTION  SOCIALE. 

g  1T.  Enseignement  oCTert  par  la  corporation  des  charpentiers  parisiens 
loncbant  les  moyens  de  remédier  à  l'ébranlemeni  que  subit,  depuis  1G61,  la 
'société  française. .     4K&-460 

g  18.  Coulâmes  du  compagnonnage  observées  chez  les  charpentiers  pari- 
siens  4G0-466 


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TABLB   ANAITTIQDB   DE!  HATIBBBS.  53S 

§  19.  SoIenDitâsdQcompagnoDnagedesch3rpeDtiers(dnDe70ïr].    466-469 

§  SO.  Société  de  secours  matnels  des  agrichoDs (69-470 

g  SI.  Grève  des  charpentiers  dfl  Paris,  en  tB4S 410-473 

§  II.  OrganisationdeschantiersdecliarpentedaDBlavilledeParis.  473 

§  i'i.  Réaciion  morale  exercée  coelre  les  babiludee  d'imprévoyance  et  les 

aspirations  an  bieD-étre  matériel  sous  l'inSnence  d'un  legs  fait  par  l'a&ectîon 

d'un  parent  à  la  famille  décrite 474-475 

§  14.  Abondance  des    salades   dans   ralîroenlation    des   ouvriers   pari- 
siens   476 

§  S9.  Autorité  exercée  dans  les  maisons  de  Paris  par  les  portiers  régis- 
seurs      476-478 


PRÉOIS  MÉTHODIQUE  ET  ALPHABÉTIQUE 


ta  OoaBtitntion  Booiale  et  rorganlsation  dea  famlUea 
ébranlées  de  l'Oooldent. 

L'objet  et  la  méthode  du  Précis 484-48S 

Les  éléments  du  Précis  classés  selon  l'ordre  alphabétique.  .  .  .    48ît-645 


ÉPILOGUE 

hK  4  S  77. 

Les  obongrements  prinolpsax  surreniis,  depuis  186B, 

dans  la  Oonstltatton  soolale  des  populations  ébranlées 

de  l'Oooldent. 

§  I.  Les  progrès  de  la  comiption  et  de  l'erreur  chez  les  populations 
ébranlées  de  l'Occident BI9-S16 

§  S.  La  longue  durée  de  l'ère  actuelle  de  corruption  et  les  premiers  symp- 
tAmes  de  le  réforme SS5-S18 


riN   DE   LA  TABLE   DU   TOUS  CINQDlbHK. 


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