Skip to main content

Full text of "Les poissons d'eau douce et la pisciculture"

See other formats


^-G 


HARVARD   UNIVERSITY 


LIBRARY 


OF  THE 


Muséum  of  Comparative  Zoology 


NOV  1  S 1928 


LES  POISSONS 


U  \L}5~ 


D'EAU  DOUCE 


ET  LA  PISCICULTURE 


PAR 


PH.   GAUCKLER 

Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées 
Officier  de  la  Léçrion  d'Honneur. 


PARIS 

LIBRAIRIE   GERMER  BAILLIÈRE   ET   C's 

108,    BOULEVARD    S AINT-GERMAIN,     108 


1881 


/'ctfS   • 


LES  POISSONS 

D'EAU  DOUCE 

ET  LA  PISCICULTURE 


DU  MEME  AUTEUR 

--■.--■        ■       r  -,      ■;:' 


Le  Beau  et  son  Histoire.  Un  vol.  in-18,  de  la 
Bibliothèque  de  Philosophie  contemporaine  (librairie 
Germer  Baillièrë  et  Cic)   .    .    .    .    .    ...'.'    2  fr.  50 


Paris    —  Typ.  G.  Chamerot,  19,  rue  des  Saints-Pères.  —  10182. 


NOV  1  8 1928 


LES  POISSONS 

D'EAU    DOUCE 

ET  LA  PISCICULTURE 


PAR 


PH.   GAUCKLER,?^- 


Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées 
Officier  de  la  Légion  d'Honneur. 


Si  des  filets  à  mailles  serrées  ne  sont  pas 
jetés  dans  les  étangs  et  les  viviers,  les 
poissons  de  diverses  sortes  ne  pourront  pas 
être  consommés.  Si  vous  ne  portez  la  hache 
dans  la  forêt  que  dans  les  temps  conve- 
nables, il  y  aura  toujours  du  bois  en  abon- 
dance. Ayant  plus  de  poissons  qu'il  n'en 
pourra  être  consommé  et  plus  de  bois  qu'il 
n'en  sera  employé ,  il  résultera  de  là  que 
le  peuple  aura  de  quoi  nourrir  les  vivants 
et  offrir  des  sacrifices  aux  morts  :  alors  il 
ne  murmurera  point.  Voilà  le  point  fonda- 
mental d'un  bon  gouvernement. 

Meng-Tseu.  I.  3. 

(Confucius  et  Mancius.  Traduit  du  chinois 
par  Pautuier.  Paris,  1841.) 


-°H^ 


PARIS 

LIBRAIRIE   GERMER  BAILLIÈRE  ET   G 

108,  BOULEVARD  SAINT -GERMAIN ,  108 

18  81 

Tous  droits  réservés. 


LES 


POISSONS  D'EAU  DOUCE 


ET 


LA  PISCICULTURE 


INTRODUCTION 


La  pisciculture,  ou  l'art  d'élever  des  poissons, 
a  été  pratiquée  dès  la  plus  haute  antiquité.  Plus 
de  deux  mille  ans  avant  notre  ère,  il  existait  en 
Chine  des  lois  qui  déterminaient  les  époques  aux- 
quelles on  pouvait  récolter  les  œufs  de  poissons, 
dans  le  hut  de  les  faire  éclore.  A  cette  époque 
reculée,  on  appliquait  déjà  les  procédés  de  la  pis- 
ciculture artificielle  telle  qu'elle  se  pratique 
encore  aujourd'hui  dans  ce  pays. 

Des  étangs  naturels  et  artificiels  étaient  exploi- 
tés de  tout  temps  aux  Indes,  en  Perse,  en  Judée 
et  en  Egypte.  La  Grèce  seule  semble  avoir  fait 
exception,  grâce  à  ses  conditions  géographiques. 
Selon  le  droit  romain,  la  pêche  des  rivières  était 
publique,  et   l'on  ne  pouvait  assurer  l'approvi- 

GAUCKLER.  \ 


2  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

sionnement  régulier  des  marchés  et  de  la  table 
des  citoyens,  qu'à  la  condition  de  parquer  dans 
des  viviers  le  poisson  vivant  pris  dans  les  cours 
d'eau.  Gela  explique  pourquoi  les  rustiques  des- 
cendants de  Romulus  !,  qui  aimaient  l'abondance 
en  tout  genre,  non  contents  d'établir  des  viviers 
auprès  de  la  plupart  de  leurs  métairies2,  peu- 
plaient des  lacs  naturels  en  y  jetant  de  la  semence 
de  poissons  de  mer.  C'est  ainsi  que  les  lacs  Vélin, 
Sabatin,  Vulsinien  et  Girnin  ont  fini  par  produire 
en  abondance  des  loups,  des  daurades  et  toutes 
les  autres  espèces  de  poissons  de  mer  qui  ont  pu 
s'accoutumer  à  l'eau  douce. 

Plus  tard,  des  réservoirs  d'eau  salée  furent  éta- 
blis avec  un  faste  inouï.  Lucullus,  qui  possédait 
une  villa  à  Tusculum.  sur  les  bords  du  golfe  de 
Naples,  fit  percer  une  montagne  et  construire  un 
canal  pour  conduire  l'eau  de  mer  dans  ses  viviers, 
afin  d'y  élever  des  poissons3.  A  Baïa,  il  autorisa 
son  architecte  à  dépenser  toute  sa  fortune,  s'il 
parvenait  à  alimenter  régulièrement  d'eau  de 
mer  une  piscine  qu'il  y  possédait.  Le  revenu  de 
ces  bassins  d'élevage  artificiel  était  très  élevé. 
G.  Hirrius,  qui,  le  premier,  établit  des  réservoirs 
à  murènes  pour  son  propre  usagée,  en  retirait  une 
rente  annuelle  de  120,000  francs.  Un  poisson 
coûtait  autant  qu'un  esclave  cuisinier,  et  ce  der- 

1.  C.OLUMELLE,  VIII,    16. 

2.  Varron,  III,  17. 

3.  Pline,  IX,  80. 


LNTHODUCTION.  :t 

nier  avait  trois  fois  la  valeur  d'un  cheval.  A  une 
certaine  époque,  les  mules  étaient  recherchées  au 
point  qu'Asinius  Geler,  ancien  consul,  en  paya 
une  au  prix  de  860  francs1.  Sous  Caligula,  une 
mule  de  2,500  grammes  fut  payée  1,500  francs 
par  Octavius. 

La  récolte  des  œufs  de  poissons  dans  le  but  de 
les  faire  servir  à  la  reproduction,  pratiquée  par 
les  Chinois  et  les  Romains,  paraît  avoir  été  aban- 
donnée après  l'invasion  des  barbares,  et  être 
tombée  en  oubli  jusqu'au  xiv°  siècle.  Dom 
Pinchon,  moine  de  l'abbaye  de  Réome,  aujour- 
d'hui Mou  tiers-Saint- Jean  (Gôte-d'Or)  2,  «  em- 
ployait des  boîtes  longues,  en  bois,  fermées 
aux  deux  extrémités  par  un  grillage  en  osier. 
Sur  le  fond  de  bois,  il  formait  un  lit  de  sable 
fin,  et  imitant  la  truite,  qui  creuse  un  peu  le 
gravier  avant  d'y  déposer  ses  œufs,  il  préparait 
une  légère  excavation  dans  la  couche  de  sable, 
pour  déposer  les  œufs  qu'il  avait  préalablement 
fait  féconder.  Il  les  plaçait  dans  un  lieu  où  l'eau 
était  faiblement  courante ,  et  attendait  l'éclo- 
sion ,  qui ,  à  son  dire ,  s'opérait  après  vingt 
jours,  et,  pour  tous  les  œufs,  dans  le  mois  à  peu 
près  ». 

Gomme  la  durée  de  l'incubation  indiquée  est 
très   inférieure  à  celle  qui  est  nécessaire,  il  est 

1.  Sénèqde,  Quaest.,  III,  17. 

2.  Baron  de  Momtgaudry,  Bulletin  de  la  Société  d'acclimatation, 
1854,11,  80. 


4  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

probable  que  ce  moine  se  bornait  à  récolter  des 
œufs  de  truite  déposés  dans  les  frayères  natu- 
relles, pour  les  soustraire  aux  chances  de  destruc- 
tion qu'ils  couraient  dans  les  rivières. 

Le  procédé  chinois,  consistant  à  établir  des 
frayères  artificielles  pour  récolter  des  œufs  adhé- 
rents, au  moyen  de  branches  d'arbres  feuillus  ou 
de  bouquets  d'herbes  aquatiques,  a  été  pratiqué 
depuis  un  temps  immémorial  au  lac  Paladru,  en 
France,  et  dans  certains  étangs  de  Bohême.  Un 
magistrat  suédois  nommé  Lund,  de  Linkœping, 
en  a  fait  usag*e  avec  succès,  en  1761 ,  après  avoir 
remarqué  que  les  œufs  de  poissons  qui,  par 
hasard,  s'étaient  collés  contre  des  branches  de 
genévrier,  prospéraient  mieux  que  ceux  qui 
étaient  tombés  à  terre.  En  Allemagne,  depuis 
longtemps,  on  favorise  la  reproduction  des  loches 
par  des  moyens  artificiels. 

Mais  le  premier  mémoire  relatif  à  la  féconda- 
tion artificielle  des  œufs  de  poissons  et  aux  soins 
à  leur  donner  pour  les  amener  à  l'éclosion,  a  été 
rédigé  par  G.-L.  Jacobi,  lieutenant  des  miliciens 
de  la  principauté  de  Lippe-Detmold,  plus  tard, 
major  au  service  de  la  Prusse  .  Ce  mémoire  , 
publié  en  partie  dans  le  Magasin  du  Hanovre, 
en  1763,  a  été  reproduit  en  entier,  en  1772,  par 
Duhamel  du  Monceau,  dans  son  Traité  général 
des  Pêches,  après  avoir  été  traduit  du  bas-alle- 
mand en  latin  par  M.  le  comte  de  Golstein.  Nous 
le  reproduisons  en  entier  dans  l'appendice. 


INTRODUCTION.  ;> 

Jacobi  établit  des  piscifactures  à  Hambourg1 
d'abord,  puis  à  Hobenhausen  et  enfin  à  Nortelen, 
où  il  obtint  des  résultats  assez  satisfaisants  pour 
être  récompensé  par  une  pension,  que  lui  ac- 
corda le  roi  d'Angleterre. 

Les  grandes  guerres  qui  désolèrent  l'Europe 
pendant  le  xvme  siècle  firent  tomber  en  oubli 
les  procédés  nouvellement  découverts,  et  ce  n'est 
qu'à  partir  de  1815  qu'il  se  produisit  en  Alle- 
magne quelques  faits  pratiques  qui  semblent  se 
rattacher  aux  publications  de  Jacobi,  mais  qui  ne 
reçurent  pas  de  publicité  à  cette  époque.  Ils  eurent 
pour  résultat,  dit-on,  le  repeuplement  de  quel- 
ques petits  cours  d'eau  des  principautés  de  Lippe- 
Detmold,   Lippe-Schaumbourg,  et  Saxe-Cobourg\ 

En  1834,  l'Italien  Mauro  Husconi  '  multiplia 
avec  succès  le  brochet,  la  tanche,  Table  et  la  per- 
che dans  le  lac  de  Corne,  pendant  que  MM.  Agas- 
siz  et  Vogt,  à  Genève,  entreprirent  leurs  travaux 
d'embryologie  des  salmonidés,  dans  le  but  de 
multiplier  dans  le  lac  de  Neufchàtel  la  palée,  nom 
local  de  la  fera. 

De  1833  à  1839,  M.  John  Schaw  de  Drumlarig 
recourut  à  la  pisciculture  artificielle  pour  aug- 
menter le  produit  de  la  pêche  des  saumons  dans 
la  rivière  de  la  Nith,  en  Ecosse.  Lord  Gray  limita 
en  1838  sur  la  rivière  de  la  Tay,  et  quelques 
autres  personnages  suivirent  cet  exemple  en  1841. 

1.  Bibliotheca  italiana,  vol.  LXXIX. 


C,  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

En  1842,  Joseph   Remy,  pêcheur  à  la  Bresse, 
village  situé  dans  les  Vosges,  près  des  sources  de 
la  Moselotte,  fît  ses  premiers  essais  pour  multi- 
plier artificiellement    les    poissons,   après  avoir 
retrouvé,  à  force  de  patientes  observations,  les 
procédés  publiés  déjà   par  .lacobi  quatre-vingts 
ans  auparavant.  Trop  pauvre  pour  subvenir  aux 
frais  des  installations  nécessaires,  Remy  s'associa 
avec  un  aubergiste  nommé  Géhin  pour  exploiter 
l'invention.    En    1848,  M.   de   Quatrefages   rap- 
pela le  mémoire  de  Jacobi,  ce  qui  motiva  de  la 
part  de  la  Société  d'émulation  des  Vosges,  d'Épi- 
nal,  une  réclamation  adressée  à  l'Académie  des 
sciences,  en  faveur  de  Remv,  dont  le  mérite  fut 
reconnu  en  1850.  A  ce  moment,  M.  Goste,  profes- 
seur d'embryogénie  au  Collège  de  France,  dont 
la  vive  imagination  avait  saisi  l'importance  de 
cette  découverte,  s'en  empara  et  la  fit  sienne.  Le 
14  mars  1852,  le  Moniteur  universel  publia  le  rap- 
port qu'il  adressa  à  l'Académie  des  sciences.  A 
son  intervention,  Remy  fut  récompensé,  et  réta- 
blissement   de    pisciculture    du    Lœchlebrunn, 
créé   sur   un   bras   du    Rhin    par  l'initiative  de 
MM.  Berlhot  et  Detzem,  ingénieurs  des  ponts  et 
chaussées,  fut  agrandi,  et  remplacé  plus  tard  à 
Rartenheim,  par  l'établissement  dit  de  Huningue. 
Les  publications  enthousiastes  de  M.  Goste,  cor- 
roborées par   les  travaux  de  M.  de  Quatrefages 
et  de  divers  membres  distingués  de  la  Société 
d'acclimatation,  déterminèrent  quelques  person- 


INTRODUCTION.  7 

nés  à  se  livrer  en  France  aux  pratiques  de  la  pis- 
ciculture artificielle.  Ëllesjfurent  encouragées  par 
les  distributions  gratuites  d'œufs  et  d'alevins,  que 
l'établissement  de  Huningue,  placé  dans  les  attri- 
butions du  service  des  travaux  du  Rhin,  prodi- 
guait largement  à  tous  les  demandeurs  français 
et  étrangers.  Pendant  les  dernières  années  de 
l'administration  française,  le  chiffre  des  distribu- 
tions s'est  élevé  à  vingt  millions  par  an,  unique- 
ment pour  les  espèces  qui  se  rattachent  à  la  fa- 
mille des  salmonidés. 

En  Angleterre,  l'esprit  industriel  transforma  les 
pratiques  de  la  nouvelle  science  en  spéculation 
commerciale.  Des  associations  se  formèrent  pour 
établir  des  manufactures  de  poissons,  et  les  pro- 
priétaires des  pêches  cherchèrent  à  en  développer 
artificiellement  le  produit.  Dès  1854,  MM.  Ash- 
worth  placèrent  260,000  saumoneaux  dans  la  ri- 
vière de  Longhcorrib  (Irlande).  Un  établissement 
particulier  fut  élevé  près  de  Perth,  sur  le  modèle 
de  celui  de  Huningue,  par  les  propriétaires  de 
la  pèche  de  la  Tay.  Enfin  la  Grande-Bretagne 
multiplia  dans  toutes  ses  rivières  à  saumons  les 
échelles  à  poissons  inventées  par  l'Irlandais 
Cooper,  de  Mackree-Castle  '. 

La  Hollande,  avec  ses  nombreux  cours  d'eau, 
ne  pouvait  pas  ne  pas  participer  au  mouvement, 
et  d'importants  établissements  pour  la  production 

I.  Francis,  Fiskcuïlure,  299. 


8  LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

artificielle  du  saumon  furent  créés  sous  l'habile 
direction  de  M.  de  Bont.  En  Belgique  et  en  Suisse, 
les  publications  françaises  eurent  leur  retentisse- 
ment. Le  jardin  zoolog'ique  de  Gand  et  celui  de  la 
Société  d'horticulture  de  Bruxelles  fournirent  des 
bassins  pour  les  essais;  en  Suisse,  sur  le  lac  de 
Genève,  à  Lausanne,  et  à  Meilen,  sur  le  lac  de 
Zurich,  on  se  livra  sur  une  grande  échelle  à  des 
pratiques  de  repeuplement  artificiel.  Puis  enfin 
vinrent  l'Autriche,  l'Italie,  l'Allemagne  et  la  Suède, 
sans  qu'on  puisse  dire  aujourd'hui  qu'aucun  de 
ces  pays  ait  contribué  d'une  manière  sensible  au 
progrès  de  la  science. 

L'Amérique  seule,  avec  son  initiative  puissante, 
a  obtenu  des  résultats  pratiques  au  moyen  de 
procédés  et  de  perfectionnements  nouveaux.  Qu'il 
nous  suffise  de  citer  les  travaux  de  Baird,  de 
Living-ston  Stone,  d'Ainsworth,  de  Seth  Green,  de 
Collins,  de  Mather,  etc.  Elle  a  fait  descendre  la 
science  du  domaine  de  la  spéculation,  où  trop 
longtemps  elle  a  été  maintenue  chez  nous,  dans 
celui  des  faits  palpables  et  des  résultats  rémuné- 
rateurs. 

Pour  élever  des  poissons  et  les  propager,  il 
faut  en  étudier  les  mœurs,  après  en  avoir  con- 
staté la  valeur,  afin  de  ne  multiplier  que  les  espè- 
ces les  plus  utiles,  et  de  leur  assurer  les  meilleures 
conditions  de  croissance  et  de  développement. 
Nous  allons  étudier  d'abord  les  caractères  et  les 
mœurs  des  poissons  qu'on  trouve  le  plus  habi- 


INTRODUCTION.  !» 

tuellement  dans  nos  cours  d'eau,  ou  qu'il  con- 
viendrait d'y  acclimater,  et  ensuite  les  procédés 
de  culture  qu'on  leur  applique  pour  les  faire 
prospérer  et  multiplier. 

Ce  livre  se  divise  donc  rationnellement  en 
deux  parties  :  la  première  traite  des  Poissons,  la 
seconde  de  la  Pisciculture.  En  dehors  des  modifi- 
cations qu'il  serait  utile  d'apporter  aux  disposi- 
tions légales  qui  régissent  aujourd'hui  la  pêche, 
nous  croyons  avoir  indiqué  tous  les  moyens  et 
procédés  par  lesquels  on  pourra  remédier  au  dé- 
peuplement progressif  de  nos  cours  d'eau.  Pen- 
dant dix  ans,  nous  avons  eu  l'honneur  de  diriger 
les  opérations  de  rétablissement  de  pisciculture 
de  Huningue  :  nous  donnons  ici  le  résultat  de 
nos  expériences  et  de  nos  études,  combiné  avec 
tout  ce  qui  est  arrivé  à  notre  connaissance  des 
travaux  utiles  des  savants,  amateurs  et  indus- 
triels, qui  se  sont  occupés  de  pisciculture,  en 
France  et  à  l'étranger. 


PREMIÈRE  PARTIE 


LES  POISSONS 


FAMILLE  DES  SALMONIDES 


LE  SAUMON 


Latin,  Salmo   salar.  —  Anglais,  The  Salmon.  —  Allemand,   Der 

Salm,  der  Lachs  *. 


Le  saumon  appartient  à  cette  classe  de  poissons 
voyageurs  qui  naissent  dans  l'eau  douce  et  y 
passent  leur  première  jeunesse;  qui  se  dévelop- 
pent ensuite  dans  la  mer,  s'y  engTaissent ,  et 
reviennent  à  leurs  lieux  d'origine  pour  se  repro- 
duire. 

Le  corps  de  ce  poisson  est  élancé,  aplati  latéra- 
lement2, et  mesure,  entre  les  ouïes  et  les  nageoires 
caudales,  environ  quatre  fois  la  longueur  de  la 
tête.  Le  museau  est  arrondi,  plus  long*  chez  les 

1.  A  moins  d'indication  contraire,  on  trouvera  en  regard  du 
nom  latin  do  chaque  poisson,  les  noms  anglais  et  allemand. 

2.  Gervais  et  Bodlaud,  Les  Poissons. 


14  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

mâles  que  chez  les  femelles,  avec  la  mâchoire 
supérieure  pourvue  d'une  fossette,  dans  laquelle 
s'eng-ag'e  la  pointe  de  la  mâchoire  inférieure1. 
Celle-ci  est  plus  ou  moins  courbée  et  relevée  au 
bout,  en  manière  de  crochet,  suivant  l'âg'e  du 
poisson  et  la  durée  de  son  séjour  dans  l'eau  douce. 
Chez  les  vieux  mâles,  il  arrive  que  la  proéminence 
de  la  mâchoire  inférieure  est  tellement  prononcée, 
vers  l'époque  de  la  fraie ,  que  la  bouche  reste 
béante  sur  les  côtés.  Ils  portent  alors  le  nom  de 
bêcards.  (Fig\  2.) 

Au  point  de  vue  de  l'utilité  commerciale,  la 
valeur  du  saumon  est  supérieure  à  celle  de  tous 
les  autres  poissons  d'eau  douce.  Elle  résulte  des 
grandes  dimensions  qu'il  atteint  en  peu  de  temps, 
de  sa  chair  délicate  et  colorée,  de  son  prix  élevé, 
et  surtout  de  cette  circonstance,  qu'il  tire  pres- 
que toute  sa  substance  de  la  mer. 

On  rencontre  le  saumon  dans  presque  toutes 
les  mers  de  l'hémisphère  boréal ,  situées  au- 
dessus  du  42e  degré  de  latitude.  Il  n'existe  ni 
dans  la  Méditerranée,  ni  dans  la  mer  Noire. 

La  robe  du  saumon  et  même  sa  forme  chan- 
gent avec  son  àg-e.  Peu  de  jours  après  sa  nais- 
sance, quand  il  a  résorbé  la  vésicule  vitelline,  le 
jeune  saumon  est  de  couleur  brun  clair,  avec 
quinze  à  dix-huit  bandes  noirâtres  qui  descen- 
dent   transversalement  du    dos  sur    les   flancs. 

I .  Blanchard,  Les  Poissons  des  eaux  douces  de  la  France,  p.  'toi . 


LE   SAUMON.  17 

Sa  taille  est  alors  de  0m  03.  Il  garde  cette  robe 
pendant  environ  un  an  et  porte  alors  en  Angle- 
terre le  nom  de  parr. 

Un  an  après  sa  naissance,  vers  le  mois  de  mai, 
un  brusque  changement  se  produit.  La  moitié  à 
peu  près  des  parrs  revêt  son  costume  de  voyage, 
pour  descendre  à  la  mer.  Leur  dos  se  colore  en 
bleu  d'acier.  Sur  les  flancs  brillent  cinq  ou  six 
taches  bleues  sur  fond  d'argent,  et  le  ventre  est 


Fig.  2.  —  Le  Bécard. 

d'une  blancheur  nacrée.  Entre  ces  taches  règne 
une  teinte  rougeàtre.  Le  changement  s'opère  en 
15  ou  20  jours  au  plus,  et  le  poisson  prend  le 
nom  de  smolt.  En  cet  état,  il  se  rend  à  la  mer 
pour  la  première  fois;  sa  taille  est  de  0m,12  à 
0m,15.  Ce  qui  reste  des  parrs  entreprend  le 
voyage  une  année  après,  et  quelquefois  seule- 
ment quand  ils  ont  atteint  leur  troisième  année. 
Après  moins  de  deux  mois  de  séjour  dans  les 
eaux  salées,  le  poisson  revient.  Il  pèse  alors 
1  kilogramme  1/2  à  2  kilogrammes  et  porte 
le  nom  de  grilse.  Sur  sa  robe  brillante,  les 
bandes  noires  du   parr,  visibles  encore    sur    le 

GAUCKLER.  2 


18  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

smolt,  ont  complètement  disparu.  La  tête  est 
plus  effilée,  l'échancrure  de  la  queue  a  beaucoup 
diminué.  Ce  sont  les  formes  et  la  coloration  du 
saumon  complètement  adulte,  mais  le  corps  est 
plus  allong-é,  et  la  teinte  générale,  plus  pâle,  ne 
porte  pas  encore  les  taches  noires  qui  la  rehaus- 
seront. Après  la  ponte,  les  grilses  retournent  à 
la  mer,  et  en  reviennent,  souvent  après  un  séjour 
de  deux  mois  seulement,  à  l'état  de  saumons 
adultes. 

Le  saumon,  âg^é  de  trois  à  quatre  ans  pèse  alors 
de  3  à  6  kilogrammes.  Son  clos  est  d'un  gris 
bleuâtre  ou  verdàtre,  parsemé  de  taches  noires, 
plus  ou  moins  arrondies,  qui  se  répandent  sur  les 
flancs,  depuis  la  tête  jusqu'à  la  queue.  Les  côtés 
sont  argentés  et  le  ventre  d'un  blanc  nacré.  Au 
moment  de  la  fraie,  les  teintes  deviennent  plus 
brillantes,  particulièrement  chez  le  mâle;  des 
taches  d'un  roug*e  vif  apparaissent  sur  le  milieu 
des  flancs  et  même  sur  les  opercules,  le  ventre 
s'empourpre  de  teintes  orangées.  Après  la  ponté, 
ces  riches  couleurs  disparaissent  et  le  poisson 
reprend  sa  robe  accoutumée. 

Les  parrs  vivent  isolés  dans  les  eaux  où  ils 
sont  nés,  et  y  séjournent  jusqu'au  moment  où 
ils  se  transforment  en  smolts.  Pour  effectuer  leur 
premier  voyag*e,  ils  se  réunissent  par  bandes,  et 
souvent  ils  deviennent  ainsi  la  proie  des  bracon- 
niers. On  les  connaît  en  France  sous  le  nom  de 
saumoneaux,  tacons,  reneys,etc.  Le  pair  se  tient 


LE   SAUMON.  19 

de  préférence  dans  les  plis  des  bancs  de  g'ravier, 
sur  lesquels  coule  une  eau  vive  et  peu  profonde. 
A  l'approche  du  danger,  il  se  cache  sous  les 
pierres.  Pendant  son  séjour  dans  l'eau  douce,  le 
jeune  saumon  g*randit  très  lentement,  et,  à  moins 
de  se  rendre  à  la  mer,  il  n'arrive  pas  à  dépasser 
la  taille  de  0m,25  à  0n\30.  Il  se  nourrit  d'insectes, 
de  petits  mollusques,  de  crustacés,  de  vers  et  de 
petits  poissons.  Le  parr  mâle  peut  devenir  fécond  ; 
la  femelle  ne  le  devient  qu'après  un  séjour  dans 
la  mer. 

C'est  à  l'état  de  gTilse  que  la  chair  du  saumon 
est  la  plus  délicate  et  la  plus  recherchée;  les 
Angolais  l'appellent  fresh-runfish.  Le  retour  du 
saumon  dans  l'eau  douce  s'effectue  au  printemps, 
bien  avant  la  ponte,  qui  a  lieu  en  novembre  et 
décembre.  Les  ovaires  et  la  laitance  ne  sont  pas 
encore  développés,  la  couleur  de  la  chair  est  plus 
foncée,  et  l'estomac  est  toujours  vide,  ou  rempli 
de  mucosités.  Quand  approche  le  moment  de  la 
fraie,  les  ovaires  se  développent  aux  dépens  de  la 
chair,  et  les  poissons  remontent  le  courant  par 
bandes,  guidés  par  les  plus  gros,  qui  tiennent  la 
tête.  Ils  suivent  toujours  le  courant  principal.  En 
route,  ils  s'apparient  ;  les  mâles  se  disputent  les 
femelles  et  se  livrent  souvent  des  combats  mor- 
tels. Les  couples  retournent  à  leur  lieu  d'origine 
et  y  cherchent  ensemble  un  endroit  propre  à 
établir  la  frayère. 

Dans  un  banc  de  gravier,  où  l'eau,  a  peu'  de, 


20  LES  POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

profondeur,  le  couple  creuse  un  nid  qui  ressemble 
à  une  bauge  allongée,  de  1  à  2  mètres  de  lon- 
gueur sur  0m,70  de  largeur,  et  d'une  profondeur 
de  0m,30  à  0m,45.  Quand  le  nid  est  achevé,  le  mâle 
s'y  couche  à  côté  de  la  femelle,  et  l'émission  des 
œufs  se  fait  en  même  temps  que  celle  de  la  lai- 
tance. La  ponte  se  renouvelle  à  plusieurs  reprises, 
et  les  femelles,  aidées  des  mâles,  recouvrent  les 
œufs  avec  du  gravier.  Au  moment  de  la  fraie,  le 
saumon  ne  connaît  plus  de  danger  et  ne  quitte 
pas  son  nid.  Il  devient  alors  une  proie  facile  pour 
les  pêcheurs,  qui  le  prennent  au  trident  ou  à  la 
foënne. 

Quand  le  travail  de  la  reproduction  est  achevé, 
les  poissons  sont  maigres  et  fatig^ués.  Leur  chair 
est  flasque,  livide,  et  prend  souvent  un  mauvais 
goût.  Les  ouïes  se  couvrent  de  parasites  blancs, 
qui  ne  disparaissent  que  dans  l'eau  salée,  et  le 
saumon  se  traîne  péniblement,  de  remise  en 
remise,  jusqu'à  la  mer.  En  Angleterre,  on  l'appelle 
kelt  quand  il  se  trouve  dans  cet  état,  et  la  pêche 
en  est  interdite. 

Les  œufs  déposés  dans  le  gravier  sont  de  la 
grosseur  d'un  gros  pois,  translucides  et  d'une 
belle  couleur  rosée.  Ils  éclosent  au  bout  de  90  à 
120  jours,  mais  ne  prennent  pas  immédiatement 
la  forme  du  poisson  parfait.  La  tête  est  très  grosse 
et,  sous  le  ventre,  s'étend  un  sac  rempli  de  ma- 
tière albumineuse,  appelé  la  vésicule  vitellineou 
ombilicale.  Pendant  30  à  40  jours  le  jeune  pois- 


LE  SAUMON.  21 

son  se  nourrit  exclusivement  de  la  substance 
contenue  dans  ce  sac,  qu'il  résorbe  peu  à  peu. 
Quand  la  vésicule  a  disparu,  le  parr  est  formé  et 
circule  librement  clans  les  eaux. 

Les  saumons  capturés  peuvent  être  conservés 
vivants,  pendant  près  d'un  mois,  dans  des  viviers 
flottants  ou  dans  des  bassins  abondamment  ali- 
mentés d'eau  vive. 

On  distingue  plusieurs  variétés  de  saumons; 
toutes  ont  à  peu  près  les  mêmes  habitudes.  Dans 
l'Océan  Pacifique,  il  se  trouve  des  saumons  qui 
fréquentent  les  mers  chaudes  et  pourront  peut- 
être  s'acclimater  dans  la  mer  Méditerranée.  Un 
essai  a  été  tenté  en  1879,  avec  des  œufs  fécondés 
provenant  de  la  Californie. 

On  peut  croiser  facilement  le  saumon  avec  les 
truites  et  les  ombres  chevaliers.  Les  métis  obte- 
nus prennent  une  croissance  plus  rapide  que 
celle  des  alevins  de  race  pure,  placés  dans  les 
mêmes  conditions. 


LE   SAUMON    DU   DANUBE 


Salmo  hucho.  —  Der  Huchen,  Rothfisch. 


Le  saumon  du  Danube  ne  se  rencontre  pas 
clans  les  bassins  des  autres  fleuves  de  l'Europe. 
Il  ne  fréquente  pas  la  mer  et  se  distingue  par  sa 
grande  voracité. 

La  forme  de  son  corps  et  de  sa  tête  est  plus 
allongée  que  celle  du  saumon  ordinaire.  Ses  cou- 
leurs sont  ternes.  La  région  dorsale  est  d'un  gris 
bleuâtre,  parsemé  de  taches  noires.  Les  flancs  et 
le  ventre  sont  argentés,  avec  une  teinte  rou- 
geâtre.  Pendant  sa  jeunesse,  il  possède  les  raies 
transversales  qui  caractérisent  le  parr  et  les  sal- 
monidés en  général,  ainsi  que  les  taches  rouges 
et  noires  sur  le  dos  et  les  flancs.  Toutes  ces  mar- 
ques disparaissent  avec  l'âge. 

Le  saumon  du  Danube  remonte  les  affluents  de 
ce  fleuve,  à  la  recherche  des  frayères,  qu'il  ren- 
contre dans  les  ruisseaux  à  fond  de  gravier,  dont 


LE   SAUMON   DU   DANUBE.  25 

l'eau  est  pure  el  fraîche.  La  ponte  a  lieu  en  mars 
et  avril. 

La  chair  de  ce  poisson  n'est  pas  aussi  délicate 
que  celle  du  saumon  ordinaire.  11  ne  se  nourrit  que 
•de  proies  vivantes  et  préfère  le  poisson  aux  in- 
sectes. C'est  un  grand  destructeur,  qu'on  ne  doit 
pas  propager  dans  les  eaux  susceptibles  d'être 
peuplées  de  truites  ou  de  saumons  ordinaires. 


LA   TRUITE   DE   RIVIÈRE 


Salrno  fario.  —  The  Troitt.  —  Die  Bachforelle. 


La  truite  commune  est  très  répandue  en  Eu- 
rope. On  la  rencontre  dans  toutes  les  rivières 
dont  les  eaux  sont  vives  et  froides,  et  elle  les 
remonte  jusqu'à  leur  source.  La  robe  de  la  truite 
présente  des  teintes  extrêmement  variées.  Géné- 
ralement les  parties  supérieures  du  dos  et  de  la 
tête  sont  d'un  vert  olive  assez  foncé,  qui  va  en 
se  dégradant  sur  les  flancs,  où  il  se  mêle  de 
plus  en  plus  de  jaune.  Le  ventre  est  d'un  jaune 
clair  et  brillant.  Sur  le  dos,  la  robe  est  mouchetée 
de  taches  noires  plus  ou  moins  arrondies,  pen- 
dant que  des  taches  rondes,  d'un  roug*e  très  vif, 
souvent  circonscrites  par  un  cercle  bleuâtre, 
parent  les  flancs,  au-dessus  et  au-dessous  de  la 
lig'ne  latérale.  Ces  couleurs  chang-ent  avec  l'àg'e 
et  varient  d'une  localité  à  une  autre. 

Lachairdela  truite  est  exquise;  tantôt  blanche, 
tantôt  légèrement  orang'ée  ou  rosée,  sa  couleur 


LA   TRUITE   DE   RIVIÈRE.  27 

dépend  de  la  qualité  des  eaux  qu'elle  fréquente.  Il 
n'est  peut-être  pas  de  poisson  qui  se  modifie  avec 
plus  de  facilité  que  la  truite,  selon  la  nature  du 
milieu  dans  lequel  il  se  trouve.  Les  eaux,  le  fond, 
l'alimentation  et  la  température  exercent  une  in- 
fluence marquée,  non  seulement  sur  la  coloration 
et  sur  la  chair,  mais  aussi  sur  la  taille,  et,  à  quel- 
ques ég-ards,  sur  les  formes.  Dans  des  eaux  froides 
dont  la  température  ne  dépasse   pas  10  degrés 


Fig.  4.  —  La  Truite  de  rivière. 


*b 


centigrades,  les  truites  croissent  lentement  et 
prennent  une  teinte  foncée,  presque  noire.  Leur 
développement  est  au  contraire  très  rapide  lors- 
que la  température  s'élève  jusqu'à  20  degrés, 
et  alors  leur  robe  devient  claire  et  presque  pâle, 
comme  dans  certaines  rivières  du  midi  de  la 
France.  Elles  ne  peuvent  vivre  dans  des  eaux 
dont  la  température  dépasse  25  degrés.  Pour  la 
reproduction  et  le  premier  élevage,  les  basses 
températures  sont  indispensables. 

La  truite  se  nourrit  surtout  d'insectes  :  la  mou- 
che de  mai  est  un  de  ses  aliments  préférés.  Elle 
consomme  encore  des  vers,  des  crustacés  et  de 


28  LES  POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

petits  mollusques  ;  quand  elle  a  acquis  une  taille 
suffisante,  elle  chasse  volontiers  la  loche,  l'ablette 
et  le  gardon.  Gomme  les  plantes  aquatiques  favo- 
risent la  production  des  insectes  et  des  petits 
crustacés,  la  truite  réussit  surtout  dans  les  eaux 
bien  garnies  d'herbes  et  de  végétaux  aquatiques. 
Lorsque  la  nourriture  est  insuffisante,  ces  pois- 
sons se  dévorent  entre  eux,  et  quand  une  truite 
a  une  fois  mangé  sa  semblable,  elle  y  revient 
toujours.  Le  peuplement  d'une  rivière  en  truites 
ne  pourra  donc  jamais  dépasser  un  certain  nom- 
bre, déterminé  par  la  quantité  de  nourriture 
qu'elle  renferme.  Si  on  dépasse  cette  limite  par 
l'introduction  d'une  population  artificielle  trop 
nombreuse,  on  provoqueje  cannibalisme  et  peu 
d'individus  survivent.  La  nourriture  préférée  des 
truites  consistant  en  insectes,  il  faut  éviter  de 
leur  donner  pour  compagnons  des  poissons  qui, 
comme  certains  cyprins,  vivent  exclusivement 
d'insectes.  A  toute  réduction  de  nourriture  cor- 
respondra une  réduction  proportionnelle  du  nom- 
bre des  truites. 

Ces  poissons  aiment  à  se  tenir  à  l'ombre  des 
arbres,  surtout  quand  leur  feuillage,  secoué  par 
le  vent,  leur  verse  une  abondante  nourriture. 
Ils  mangent  au  petit  jour  et  au  soleil  couchant. 
Nul  poisson  ne  séjourne  aussi  longtemps  que  la 
truite  au  même  endroit.  Il  semble  qu'elle  se  cir- 
conscrive son  territoire  de  chasse,  où  elle  ne 
tolère  qu'une  seule  compagne,  plus  petite  qu'elle. 


LA  TRUITE   DE   RIVIERE.  2<> 

Souvent  elle  se  tient  immobile,  la  tète  faisant  faee 
au  courant  le  plus  rapide,  et  g^uette  ainsi  les 
proies  qu'il  peut  lui  amener.  Elle  prospère  dans 
les  rivières  dont  la  vitesse  est  modérée,  la  tempé- 
rature tempérée  et  les  eaux  riches  en  nourriture, 
surtout  quand  ces  rivières  reçoivent  des  affluents 
à  fond  de  gravier,  dont  les  eaux  fraîches  et  vives 
sont  favorables  à  la  reproduction. 

A  l'approche  de  la  ponte,  la  truite  remonte  les 
cours  d'eau  à  la  recherche  des  frayères.  Elle 
creuse  son  nid  dans  le  gravier,  près  d'un  rapide 
ou  d'une  cascade,  où  l'eau  n'est  pas  profonde, 
mais  bien  aérée.  Dès  l'âg'e  de  deux  ans,  elle  de- 
vient apte  à  la  reproduction.  Elle  peut  alors 
pondre  de  200  à  500  œufs.  A  trois  ans,  elle  en  pro- 
duit environ  1,000,  et  jusqu'à  2,000  à  quatre  ou 
cinq  ans.  Dans  les  rivières,  un  très  petit  nombre 
de  ces  œufs  échappent  aux  causes  de  destruction 
qui  les  entourent. 

Les  œufs  ont  la  grosseur  d'un  petit  pois;  ils 
sont  translucides  et  d'une  teinte  jaunâtre,  pres- 
que blanche.  Selon  la  température,  ils  éclosent, 
en  liberté,  après  100  à  120  jours  d'incubation, 
et  mettent  de  20  à  30  jours  pour  résorber  la  vé- 
sicule ombilicale.  Après  réclusion  et  jusqu'à  ce 
qu'il  soit  complètement  formé,  le  petit  poisson 
se  cache  sous  les  pierres,  pour  éviter  l'influence 
pernicieuse  de  la  lumière  directe  du  soleil  et  pour 
échapper  à  ses  ennemis. 


LA  TRUITE    DES  LACS 


Salmo  trutta.  —  The  Laketrout.  —  Die  Lachsforelle,  Seeforelle. 


La  grande  truite  des  lacs  se  rencontre  surtout 
dans  les  bassins  lacustres  des  Alpes.  La  forme  de 
son  corps  est  moins  allongée  que  celle  de  la 
truite  ordinaire,  et  elle  atteint  un  poids  très  con- 
sidérable. Sa  robe  est  d'un  gris  verdàtre  sur  le 
dos,  nacrée  sur  les  flancs  et  le  ventre,  et  mou- 
chetée de  taches  arrondies,  noires  et  brunes.  Ce 
poisson  conserve  plus  longtemps  que  la  truite 
ordinaire  les  taches  transversales  qui  ornent  ses 
flancs  pendant  le  jeune  âge. 

Sa  chair  est  rosée  et  d'une  grande  valeur. 

Elle  remonte  les  affluents  des  lacs  pour  y  dépo- 
ser son  frai,  et  pond  pendant  la  même  saison 
que  la  truite  de  rivière.  Ses  œufs  sont  blancs 
jaunâtres  et  de  la  même  grosseur  que  ceux  des 
autres  truites. 


LA  TRUITE  DE  MER 


Salmo  lacustris.  —  The  Seatrout.  —  Der  Silberlachs,  lllanken. 


Les  parties  supérieures  de  la  truite  de  mer  sont 
d'un  gris  bleuâtre,  les   flancs  sont  argentés  et 


Fig.  6.  —  La  Truite  de  mer. 


parsemés,  ainsi  que  le  dos,  de  taches  noirâtres. 
Le  ventre  est  d'un  blanc  nacré. 

La  truite  de  mer  est  voyageuse  comme  le  sau- 
mon et  lui  ressemble  beaucoup,  mais  elle  n'atteint 
pas  sa  taille.  Elle  s'attaque  aux  petits  des  sau- 
mons et  en  dévore  les  œufs.  En  Angleterre,  on 
a  remarqué  '  que  le  saumon  diminue   dans  les 

1 .  Frank  Buckxand,  Familiar  history  of  british  fishes. 

GAUCKLER.  3 


34  LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

cours  d'eau  où  la  truite  de  mer  se  propage.  Elle 
fréquente  surtout  les  rivières  qui  communiquent 
avec  des  marais  tourbeux  dont  les  eaux  sont  de 
couleur  brune,  et  aime  à  se  tenir  près  des  embou- 
cbures,  où  les  eaux  sont  saumàtres.  Pour  frayer, 
elle  remonte  les  cours  d'eau  comme  les  saumons. 
On  la  rencontre  dans  les  lacs  de  la  Suisse. 


L'OMBRE  CHEVALIER 


Sulmo  umblu.  —  The  Char.  —  Der  Uitter,  Saelbling,  Roetheli. 


L'ombre  chevalier  est  une  des  espèces  de  sal- 
monidés les  plus  estimées.  Il  habite  la  profondeur 
des  lacs  de  la  Suisse,  de  l'Autriche,  de  la  Bavière 
et  de  la  Grande-Bretag*ne.  Habituellement  on  ne 
le  capture  que  pendant  les  mois  de  décembre  et 
de  janvier,  quand  la  saison  des  amours  le  porte 
à  se  rapprocher  de  la  surface. 

La  tête  de  ce  poisson  est  courte  et  bombée  à 
sa  partie  supérieure.  La  bouche  est  obtuse,  l'œil 
assez  grand.  Sa  robe  est  fort  élég-ante.  La  région 
dorsale  est  grise,  avec  des  reflets  bleuâtres;  les 
flancs  sont  plus  clairs,  et  le  ventre,  arg-enté,  a  des 
reflets  de  jaune  orangé.  Les  nageoires  ventrales 
sont  teintes  de  roug"e  et  d'azur.  Le  corps  tout 
entier  est  souvent  parsemé  de  petites  taches  blan- 
ches arrondies.  Sa  taille  est  limitée  ;  il  est  rare 
qu'il  atteigne  un  poids  de  3  kilogTammes. 

Gomme  les  autres  salmonidés,  l'ombre  cheva- 


36  LES  POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

lier  se  nourrit  d'insectes,  de  lombrics,  de  mollus- 
ques et  de  petits  poissons.  Ses  œufs  ressemblent 
à  ceux  de  la  truile,  avec  une  teinte  opaline  et 
mate.  Reproduit  par  la  pisciculture  artificielle, 
l'ombre  chevalier  peut  être  élevé  dans  des  étangs 
de  peu  de  profondeur,  pourvu  qu'il  y  trouve  des 
caches  pour  s'abriter  contre,  le  soleil. 


L'OMBRE    COMMUN 


Thymallus  vcxillifer.  —  The  Grayling.  —  Die  Aesche. 


L'ombre  commun  ne  se  rencontre  que  dans 
le  centre  et  dans  l'est  de  la  France  ;  il  est  répandu 
en  Suisse,  en  Italie,  en  Allemagne  et  dans  l'Amé- 
rique du  Nord. 

Le  corps  de  ce  poisson  est  allonge,  élevé  et  com- 
primé latéralement.  Ses  formes  sont  gracieuses, 
ses  couleurs  vives  et  ses  mouvements  très  agiles. 
Les  parties  supérieures  du  corps  sont  d'un  brun 
verdâtre,  mêlé  de  jaune.  Les  flancs  sont  d'un 
jaune  d'or,  ponctué  en  noir  vers  la  tête,  et  le 
ventre  est  blanc,  plus  ou  moins  argenté.  Quand 
il  nage  dans  l'eau,  son  corps  jette  des  reflets  mé- 
talliques, couleur  d'acier.  Sa  chair  est  blanche  et 
très  recherchée. 

L'ombre  commun  aime  les  eaux  tempérées  et 
pures.  Il  habite  les  régions  intermédiaires  entre 
le  barbeau  et  la  truite,  tout  en  se  rencontrant  dans 
les  mêmes  eaux  avec  ces  espèces,  aux  extrémités 


40  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

de  son  domaine.  Il  se  nourrit  de  larves,  de  phry- 
ganes,  d'éphémères,  de  crustacés,  de  toutes  sortes 
d'insectes  et  de  petits  poissons.  On  le  trouve  sur- 
tout dans  les  rivières  à  truites,  dont  il  habite  les 
parties  inférieures. 

Il  fraie  sur  du  gravier  pendant  les  mois  de 
mars  et  d'avril.  Ses  œufs,  un  peu  plus  petits  que 
ceux  de  la  truite,  ne  peuvent  se  transporter  qu'avec 
le  secours  de  la  glace,  pour  les  rafraîchir  pendant 
le  voyage.  Il  est  facile  de  les  féconder  par  les  pro- 
cédés artificiels;  mais  pour  nourrir  les  jeunes 
poissons,  il  faut  avoir  surtout  recours  à  la  proie 
vivante. 


Fig.  8.  —  L'Ombre  commun 


LES   COREGONES 

(Genre.) 
Coregonus.  —  The  Whitefish.  —  Die  Maraene. 

Les  corég^ones  sont  des  salmonidés  qui  vivent 
en  société  et  habitent  généralement  les  lacs.  Ils 
ont  le  corps  allong'é  et  comprimé  latéralement. 
Les  écailles  sont  petites  et  se  détachent  avec  faci- 
lité. La  tête  est  de  forme  triangulaire,  le  museau 
arrondi  et  la  bouche  très  petite.  La  robe  est  d'un 
gris  foncé  sur  le  dos;  les  flancs  et  le  ventre  sont 
argentés.  Une  ligne  grise  relie  les  ouïes  à  la 
queue.  La  nageoire  dorsale  est  verdâtre,  bordée 
de  noir,  avec  un  reflet  rose  pendant  la  jeunesse. 

Le  genre  corégone  se  subdivise  en  plusieurs 
espèces,  dont  les  mœurs  ne  sont  pas  tout  à  fait 
les  mêmes.  Les  plus  remarquables  sont  les  sui- 
vantes : 

La  fera  (Coregonus  fera;  allemand  :  Sand- 
Felchen,  Renke). 

Le  lavaret  (C.  lavaretus  ou  Wartmanni;  ail., 
Gangfischj  (fig.  9). 


44  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

La  grande  maraene  (Coreg'onus  maraena;  ail., 


grosse  Maraene 

Lïoxyrhynque  (G.  oxyrhyncus;  ail.,  Schnaepel). 

Tous  ces  poissons  possèdent  une  chair  des  plus 
savoureuses.  Les  deux  premières  espèces  n'habi- 
tent que  les  lacs  d'une  grande  profondeur  et 
n'atteignent  qu'une  taille  médiocre,  le  lavaret 
surtout.  La  grande  maraene  vit  dans  les  eaux 
d'étang",  de  profondeur  médiocre,  et  atteint  un 
poids  de  3  à  4  kilogrammes.  L'oxyrhynque  enfin 


Fig.  9. 


Le  Lavaret. 


se  rencontre  dans  les  mers  du  Nord,  et  remonte 
les  cours  d'eau,  à  la  recherche  des  étang-s,  où  il 
dépose  son  frai. 

Les  corég'ones  se  nourrissent  exclusivement  de 
petits  insectes,  de  vers,  de  crustacés,  et  principa- 
lement de  petits  mollusques.  Dans  les  lacs  on  les 
prend  en  grande  quantité,  quand,  au  commen- 
cement du  mois  de  décembre,  ils  remontent  des 
profondeurs  et  s'approchent  des  bords,  pour  se 
reproduire.  Ces  poissons  ont  la  constitution  déli- 
cate, et  ne  se  transportent  vivants  qu'avec  les  plus 
grandes  précautions. 


LES  CORÉGONES.  45 

Ils  fraient  en  novembre  et  décembre  clans  l'eau 
fraîche  et  tranquille,  sur  des  fonds  de  sable  ou 
de  gravier  fin,  dépourvus  de  végétation.  Les  œufs 
sont  très  petits  et  très  légers.  Leur  incubation 
dure  environ  60  jours,  et  la  vésicule  ombilicale  est 
résorbée  15  jours  après  l'éclosion. 

La  fera  et  le  lavaret  ne  se  rencontrent  abon- 
damment en  France  que  dans  le  lac  de  Genève 
et  clans  celui  du  Bourget.  Ils  ont  très  bien  pros- 
péré dans  le  réservoir  des  Settons  (Nièvre),  où  ils 
ont  été  acclimatés,  en  1864,  par  l'établissement 
de  Huningue.  La  fera  peut  être  élevée  clans  des 
bassins  de  peu  d'étendue  et  de  profondeur,  uni- 
quement alimentés  par  des  eaux  d'infiltration.  La 
grande  maraene  est  indigène  clans  l'Allemagne 
du  Nord  et  y  habite  les  lacs  et  les  étangs  des 
plaines  voisines  de  la  mer  Baltique.  On  cherche 
à  la  propager  à  cause  de  sa  rusticité  et  de  ses 
grandes  dimensions.  L'oxyrhynque  est  voyageur 
comme  le  saumon.  Il  est  inconnu  en  France  et  ne 
se  rencontre  en  Europe  que  dans  les  contrées  voi- 
sines de  la  mer  Baltique. 

De  tous  ces  poissons,  le  lavaret  est  le  plus 
estimé,  à  cause  de  la  finesse  remarquable  de  sa 
chair. 


II 


FAMILLE  DES  CLUPÉIDES 


L'ALOSE 

Alosa.  —  The  Shad.  —  Der  Maifisch. 

L'alose  appartient  à  la  famille  des  harengs,  des 
sardines,  etc.,  et,  de  toutes  ces  espèces,  elle  est 
la  seule  qui  fréquente  les  eaux  douces.  C'est  un 
poisson  voyageur,  qui  ne  séjourne  dans  les 
rivières  que  pendant  le  temps  nécessaire  pour  y 
déposer  son  frai,  Il  a  le  corps  élevé,  comprimé 
sur  les  côtés,  et  se  distingue  surtout  par  sa  carène 
ventrale,  dentelée  en  forme  de  scie.  La  tête  est 
petite,  la  bouche  large  et  les  yeux  grands.  Le  dos 
est  verdàtre,  le  reste  du  corps  est  d'un  blanc 
argenté  avec  une  ou  deux  taches  noires  derrière 
les  ouïes. 

L'alose  ne  mange  pas  dans  les  eaux  douces  et 
tire  toute  sa  substance  de  la  mer.  On  en  distingue, 


48 


LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 


en  Europe,  deux  espèces  principales  :  ?  alose  vul- 
gaire et  la  finie. 

L'alose  vulgaire  est  un  poisson  dont  la  chair  est 
estimée,  et  qui  atteint  une  taille  de  0m,60  à 
1  mètre  et  un  poids  de  2  à  3  kilogrammes.  Elle 
habite  toutes  les  mers  d'Europe  et  se  rencontre 
dans  tous  ses  fleuves.  Elle  vient  visiter  les  eaux 
douces  au  printemps,  un  peu  plus  tôt  ou  plus 
tard,  selon  la  température.   Elle  paraît  dans  le 


Wfmm^mmm: 


Figr.  10.  —  L!Alose. 


Rhône  en  avril  et  en  mai;  dans  le  Rhin,  en  mai 
et  en  juin;  dans  le  Nil,  on  la  pêche  pendant  les 
mois  de  décembre  et  de  janvier.  Elle  ne  séjourne 
pas  plus  de  deux  mois  dans  les  eaux  douces. 

Pendant  la  ponte,  ce  poisson  maigrit  beaucoup, 
et  s'épuise  au  point  de  mourir  de  faiblesse.  Les 
œufs  sont  très  petits  et  très  légers.  Ils  sont  pon- 
dus au  milieu  du  courant  d'eau,  qui  les  emporte 
flottants  vers  ses  parties  inférieures.  Une  femelle 
produit  50,000  à  100,000  œufs,  et  les  mâles  sont 
capables  de  se  reproduire  dès  la  première  année. 

L'alose  fin  te  (anglais  :  pilcharcl)  a  le  corps  plus 


L'ALOSE.  49 

allongé  que  l'alose  ordinaire.  Sa  robe  est  la  môme, 
mais  elle  est  mouchetée  de  cinq  à  six  taches  noi- 
res, placées  sur  les  flancs  et  partant  des  ouïes. 
Elle  est  plus  petite  que  l'alose  ordinaire,  et  atteint 
tout  au  plus  une  longueur  de  0m,40  et  le  poids 
de  1  kilogramme.  Elle  parait  dans  les  rivières  un 
mois  à  peu  près  après  sa  congénère,  et  fraie  en 
juin  et  juillet,  en  grand  rassemblement,  au  mi- 
lieu du  cours  d'eau.  Sa  chair  a  peu  de  valeur. 

L'Amérique  possède  une  espèce  spéciale  d'alo- 
ses, dont  la  chair  est  très  estimée.  Elle  fraie  dans 
le  milieu  des  rivières  lorsque  l'eau  est  très 
chaude.  On  est  parvenu  à  la  reproduire  artifi- 
ciellement en  grandes  quantités  et  à  l'acclimater 
dans  des  cours  d'eau  qu'elle  ne  fréquentait  pas 
antérieurement. 

L'alose  se  rencontre  en  abondance  en  Chine  et 
aux  Indes.  D'après  M.  de  Thiersant  ',  ce  seraient 
des  variétés  différentes  de  celles  qui  remontent 

nos  fleuves. 

1.  Dabrv  de  Thiersant,  la  Pisciculture  et  la  Pcehe  en  Chine. 


(..AL'i.KLER. 


III 


FAMILLE  DES  ÉSOCIDES 


LE  BROCHET 

Esox  lucius.  —  The  Pike.  —  Der  Hecht. 

Le  brochet  est  un  des  poissons  les  plus  répan- 
dus du  globe.  Son  corps  est  cylindrique  et  allongé; 
la  tête  est  déprimée,  large,  oblongue.  Le  museau 
est  en  forme  de  spatule,  la  bouche  très  fendue, 
large  et  fortement  armée  de  dents  recourbées  en 
arrière.  La  tête  et  la  partie  supérieure  du  corps 
sont  d'un  vert  grisâtre,  les  côtés  sont  plus  clairs 
et  le  ventre  est  blanc,  plus  ou  moins  pointillé  de 
noir.  Sur  les  flancs  se  dessinent  irrégulièrement 
des  bandes  transversales  de  couleur  olivâtre. 

La  voracité  du  brochet  est  proverbiale,  elle  l'a 
fait  surnommer  le  requin  d'eau  douce.  En  deux 
jours,  il  peut  consommer  son  propre  poids  de 
nourriture;  aussi  croît-il  très  rapidement.  En  un 


52 


LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 


an,  il  acquiert  une  longueur  de  0m,20  à  0m,30 
et  un  poids  de  500  à  1,000  grammes.  Il  atteint 
des  dimensions  considérables,  vit  très  long- 
temps, et  arrive  à  peser  plus  de  40  kilogrammes. 
Il  s'accommode  de  toute  espèce  d'eau,  pourvu 
qu'elle  ne  soit  pas  trop  fraîche,  ni  troublée  par  la 
vase  et  les  impuretés.  Il  est  éminemment  ichtyo- 
phage  et  dépeuple  rapidement  les  cours  d'eau  où 
on  le  laisse  foisonner.  La  chair  des  brochets  est 
blanche,  ferme  et  de  bon  goût,  surtout  quand  ils 


Fig.  11. 


Le  Brochet. 


proviennent  des  lacs.  Elle  devient  dure  et  coriace 
lorsque  ce  poisson  provient  de  rivières  dépeu- 
plées, où  il  est  obligé  de  se  donner  beaucoup  de 
mouvement  pour  chasser  sa  proie,  surtout  quand 
il  est  âgé,  et  que  son  poids  dépasse  3  ou  4  kilo- 
grammes. Dans  ce  cas,  on  ne  doit  la  consommer 
qu'un  ou  deux  jours  après  la  capture;  ce  retard 
rend  la  chair  plus  délicate. 

Le  brochet  ne  remonte  pas  les  rivières  pour 
frayer.  Il  vit  habituellement  d'une  manière  soli- 
taire, mais  au  moment  de  la  fraie  il  recherche  la 
société.  Fin  février  et  pendant  le  mois  de  mars,  il 
dépose  ses  œufs  sur  les  végétaux  qui  garnissent 


LE   BROCHET.  o3 

les  berges  des  rivières,  et  peut,  à  ce  moment,  se 
prendre  avec  beaucoup  de  facilité.  Il  est  très  pro- 
lifique. Ses  œufs  sont  petits,  mûrissent  à  une  tem- 
pérature de  10  à  12  degrés  centigrades  et  exigent 
de  12  à  14  jours  pour  éclore.  Les  alevins  vivent 
d'abord  d'infusoires,  de  vers  et  d'insectes;  mais 
dès  le  milieu  du  mois  de  juin  ils  se  mettent  en 
chasse  et  saisissent,  pour  se  nourrir,  le  frai  des 
poissons  qui  pondent  à  cette  époque. 

Dans  les  cours  d'eau  libres  il  faut,  sinon  dé- 
truire le  brochet,  du  moins  restreindre  sa  propa- 
gation le  plus  possible,  à  cause  des  ravages  qu'il 
exerce  autour  de  lui.  Dans  les  étangs  à  carpes,  sa 
présence,  au  contraire,  est  très  utile,  parce  qu'il 
fait  disparaître  tout  le  fretin  qui  enlèverait  de  la 
nourriture  aux  carpes,  et  qu'il  empêche  ces  der- 
nières de  frayer  et  de  s'affaiblir  par  la  ponte.  Le 
brochet  témoigne  d'une  prédilection  très  mar- 
quée pour  la  tanche,  qu'il  poursuit  sans  relâche, 
partout  où  il  la  rencontre. 


IV 


FAMILLE  DES  PERC1DES 


LA  PERCHE 


Perça  fluviatilis.  —  The  Perclt.  —  Die  Barsche. 

Dans  toutes  les  parties  tempérées  de  l'Europe, 
la  perche  se  rencontre  aussi  fréquemment  clans 
les  rivières  que  dans  les  lacs  et  les  étangs.  Elle 
aime  surtout  les  eaux  claires  et  les  fonds  de  gra- 
vier et  de  sable.  Son  corps  est  oblong*  et  com- 
primé; sa  robe  très  belle.  La  tête  et  le  dos  sont 
d'un  brun  verdàtre;  les  flancs  ont  des  reflels 
dorés  et  le  ventre  est  d'un  blanc  nacré.  Des  ban- 
des de  couleur  foncée,  au  nombre  de  cinq  à  huit, 
sillonnent  le  corps  de  haut  en  bas.  Les  nageoires 
anale  et  pectorale  sont  d'un  roug'e  vif. 

La  perche  est  carnassière  et  très  vorace.  Elle  se 
nourrit  d'insectes,  de  frai  de  poisson  et  de  petits 
poissons.  Elle  gTanditpeu;  rarement  elle  atteint 


56 


LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 


une  longueur  de  0m,50  et  un  poids  de  3  kilo- 
grammes. Les  nageoires  dorsales  sont  armées 
de  piquants  qu'elle  redresse  au  moment  du  dan- 
ger ;  on  retrouve  des  rayons  épineux  dans  les 
nageoires  ventrales  et  anales.  Ces  pointes  pro- 
tègent la  perche  contre  les  atteintes  des  poissons 
chasseurs. 

La  perche  fraie  depuis  le  mois  de  mars  jusqu'à 
la  fin  du  mois  de  mai.  Elle  est  extrêmement  pro- 


lifique, et,  quand  elle  est  de  taille  moyenne,  elle 
pond  jusqu'à  500,000  œufs,  qu'elle  dépose  aux 
endroits  où  le  courant  est  suffisamment  rapide. 
Ces  œufs  sont  agglomérés  par  une  matière  muci- 
lagineuse  et  s'attachent  aux  herbes  aquatiques  en 
longs  chapelets. 

La  chair  de  la  perche  est  très  estimée.  On  élève 
quelquefois  ce  poisson  dans  les  étangs  à  carpes, 
pour  remplacer  le  brochet,  mais  il  en  faut  sur- 
veiller la  multiplication,  qui,  trop  abondante,  peut 
amener  la  destruction  des  autres  espèces,  dont  la 
perche  dévore  les  œufs  et  les  rejetons. 


LE  SANDRE 


Lucioperca  sandra.  —  The  Perch-pike. —  Der  Schill,  Amaul ,Zander. 


Le  sandre  se  rencontre  dans  le  bassin  du 
Danube,  en  Prusse,  en  Suède  et  en  Russie.  Il 
ressemble  à  la  perche  par  la  forme  de  son  corps. 
Sa  robe  est  d'un  vert  jaunâtre,  qui  se  dégrade 
depuis  le  dos  jusqu'au  ventre,  avec  des  raies  ver- 
ticales de  couleur  foncée.  Les  nageoires  sont  ar- 
mées de  piquants  comme  celles  de  la  perche. 

Le  sandre  vit  aussi  bien  dans  les  eaux  courantes 
que  dans  les  étangs,  mais  il  répugne  aux  fonds 
vaseux,  où  l'eau  se  trouble  facilement.  Il  est  Car- 
nivore et  se  nourrit  surtout  de  cyprins.  Les  brèmes 
et  les  gardons  sont  l'objet  préféré  de  ses  chasses, 
pendant  lesquelles  il  déploie  moins  d'ardeur  ce- 
pendant que  le  brochet  et  la  perche.  Sa  chair  est 
plus  estimée  que  celle  de  ces  deux  poissons.  Ses 
dimensions  dépassent  celles  de  la  perche,  mais 
sont  très  loin   d'atteindre  celles  du  brochet.   Le 


o8 


LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 


sandre  fraie  d'avril  à  juin,  sur  les  berges  sablon- 
neuses, où  il  dépose  une  gTande  quantité  d'œufs. 

En  Bohême,  on  élève  ce  poisson  dans  les  étangs 
à  carpes.  Il  prospère  surtout  dans  les  eaux  fraî- 
ches et  profondes,  privées  de  végétation,  où  l'eau 
alimentaire  apporte,  des  cours  d'eau  voisins,  de 
nombreux  petits  poissons  blancs,  qui  lui  servent 
de  nourriture. 

On  a  inutilement  fait  l'essai   d'acclimater   ce 


poisson  en  Angleterre.  On  peut  cependant  le  trans- 
porter facilement  à  de  grandes  distances,  dans 
de  l'eau  froide  et  bien  aérée,  à  condition  de  ne 
choisir  les  voyageurs  que  parmi  les  poissons  bien 
portants,  revêtus  d'une  robe  d'un  vert  brillant. 
L'acclimatation  du  sandre  serait  désirable  en 
France.  Dans  les  étangs  à  carpes  il  remplace  en 
partie  les  brochets,  et  donne  des  produits  plus  dé- 
licats et  d'une  plus  grande  valeur,  tout  en  exi- 
geant moins  de  nourriture. 


V 


FAMILLE  DES  GADIDES 


LA  LOTTE 

Loto,  vulgaris.  —  The  Burbot.  —  Die  Rutte,  Quappe,  Trùsche. 

La  forme  de  la  iotte  est  remarquable.  Elle  est 
presque  cylindrique  et  ressemble  à  l'anguille.  Sa 
bouche  est  grande,  et  sa  mâchoire  inférieure 
porte  un  unique  barbillon  charnu.  Sa  robe  est  de 
couleur  jaune  verdàtre,  marbrée  de  taches  brunes. 

La  lotte  est  répandue  dans  presque  tous  les 
cours  d'eau  et  dans  les  lacs  de  l'Europe  moyenne 
et  septentrionale.  Sa  voracité  ég^ale  presque  celle 
du  brochet.  Elle  est  avide  surtout  de  frai  de  pois- 
sons, et  le  recherche  en  rampant  près  du  sol.  Elle  se 
cache  dans  la  vase,  ou  se  blottit  sous  une  pierre,  à 
l'affût  du  poisson,  qu'elle  attire  en  agitant  son 
barbillon,  qui  ressemble  alors  à  un  ver  sortant 
de  terre. 


00 


LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 


La  chair  de  la  lotte  est  très  estimée;  elle  est 
blanche,  ferme,  sans  arêtes  et  savoureuse.  Son 
foie  est  très  gros  et  assez  délicat  pour  être  re- 
cherché à  titre  de  gourmandise.  La  lotte  atteint 
une  longueur  de  60  à  70  centimètres,  et  un  poids 


Fier.  14.  —  La  Lotte. 


de  3  à  4  kilogrammes;  il  est  rare  qu'elle  les  dé- 
passe. 

Elle  fraie  à  partir  de  la  fin  du  mois  de  février, 
jusqu'au  mois  d'avril.  Les  œufs  sont  extrêmement 
nombreux,  très  petits,  et  éclosent  sur  le  sable, 
dans  des  eaux  tranquilles  et  peu  profondes.  On 
n'a  pas  réussi  jusqu'à  présent  à  reproduire  la 
lotte  artificiellement. 


VI 


FAMILLE  DES  SILUROIDES 


LE    SILURE 

Silurus  glanis.  —  Sheatfish.  —  Der  Wells,  Sc'hade. 

Ce  poisson,  qui  ressemble  beaucoup  à  la  lotte, 
est  très  commun  dans  le  Volg*a  et  le  Danube,  et 
se  rencontre  dans  quelques  lacs  de  la  Suisse;  il 
est  rare  dans  le  Rhin.  Il  a  la  tête  aplatie,  la  bou- 
che très  grande  et  porte  six  barbillons,  dont  qua- 
tre à  la  mâchoire  inférieure.  Sa  robe  est  foncée, 
d'un  noir  verdàtre,  parsemée  de  marbrures  plus 
sombres. 

Le  silure  est  très  vorace.  Quand  on  l'introduit 
dans  un  étang',  il  le  transforme  en  désert  et  le 
quitte  après  l'avoir  dévasté,  en  passant  par-dessus 
les  digues,  comme  font  les  ang*uilles.  Sa  chair  est 
huileuse  et  peu  estimée.  Il  se  nourrit  exclusive- 


62  LES  POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

ment  de  proies  vivantes,  et  peut  atteindre  le  poids 
très  considérable  de  200  à  300  kilogrammes. 


Fig.  15.  —  Le  Silure. 


Ce  poisson  ne  se  rencontre  pas  dans  les  eaux 
françaises,  et  ne  mérite  en  aucune  façon  les  hon- 
neurs d'une  acclimatation  qui  ne  pourrait  qu'être 
désastreuse. 


VII 


FAMILLE  DES    MTJRÉNIDES 


L'ANGUILLE 

Aiv/uilla  vulgaris.  —  The  Bel.  —  Ber  Aal. 

L'ang'uille  est  un  poisson  voyageur  qu'on 
trouve  clans  toutes  les  parties  du  monde.  Par  une 
exception  remarquable,  elle  manque  dans  les  bas- 
sins fluviaux  qui  versent  leurs  eaux  dans  la  mer 
Noire  et  dans  la  mer  d'Azow.  Elle  ne  fraie  pas 
dans  l'eau  douce.  Née  dans  la  mer,  elle  se  présente 
au  mois  de  mars,  en  immenses  quantités,  aux 
embouchures  des  fleuves,  pour  les  remonter. 

L'ang'uille  a  le  corps  cylindrique,  analogie  à 
celui  du  serpent,  couvert  d'écaillés  extrêmement 
petites.  La  tête  est  comprimée;  l'œil  est  petit  et 
placé  immédiatement  au-dessus  des  ang-les  delà 
bouche.  La  robe  est  très  variable,  selon  la  nature 
des  eaux.  Le  plus  souvent,  les  parties  supérieures 


64  LES   POISSONS  D'EAU    DOUCE. 

de  l'anguille  sont  de  couleur  grise  olivâtre  et  le 
ventre  est  blanc.  En  hiver,  les  teintes  sont  beau- 
coup plus  pâles  qu'en  été. 

A  son  arrivée  dans  les  eaux  douces,  l'anguille 
est  incolore,  filiforme  ;  elle  mesure  de  25  à  40  mil- 
limètres en  longueur  et  2  millimètres  en  diamètre. 
On  lui  donne  alors  le  nom  de  montée.  Une  an- 
guille femelle,  de  dimensions  moyennes,  renferme 


Fig.  1G.  —  L'Anguille. 

de  8  à  10  millions  d'œufs;  mais  dans  l'eau  douce, 
ils  restent  constamment  à  l'état  microscopique. 
Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas  constaté  de  capture 
d'une  anguille  de  sexe  mâle  dans  les  eaux  douces, 
mais  on  en  rencontre  dans  la  mer,  près  des  em- 
bouchures des  fleuves. 

Ce  poisson  grandit  dans  les  eaux  douces  et  se 
nourrit  de  toute  sorte  de  proies.  Il  consomme  des 
vers,  des  insectes,  des  limaces  et  des  petits  pois- 
sons, il  fait  surtout  la  chasse  aux  grenouilles  et 
auxécrevisses.  Pendant  la  nuit,  l'anguille  sort  de 
l'eau  pour  chercher  sa  proie  au  milieu  des  herbes 


L'ANGUILLE;  lia 

humides.  On  peut  l'élever  dans  des  espaces  très 
restreints,  avec  peu  de  dépense  et  sans  beaucoup 
de  peine.  Bien  nourrie,  elle  grandit  rapidement 
et  produit  une  chair  gTasse  et  savoureuse.  Elle 
peut  atteindre  un  po;ds  de  4  à  5  kilogrammes  et 
une  longueur  de  rn,50  à  lra,80.  Après  plusieurs 
années  passées  dans  l'eau  douce ,  elle  descend  à 
la  mer,  en  octobre  et  en  novembre.  Pendant  les 
nuits  obscures,  les  anguilles,  pelotonnéesen  grou- 
pes, se  laissent  emporter  au  fil  de  l'eau.  On  en 
prend  beaucoup  à  cette  époque  dans  des  verveux 
installés  dans  les  coursiers  des  usines,  et  d'autres, 
en  grand  nombre,  se  font  hacher  par  les  roues 
des  turbines. 

La  montée  d'anguilles,  emballée  dans  de  la 
mousse  humide  ou  dans  des  herbes  aquatiques, 
peut  se  transporter,  sans  perte  sensible,  à  de  gran- 
des distances,  et  servir  à  empoissonner  les  eaux. 

Aux  embouchures  du  Pô,  à  Gomacchio,  en 
Italie,  on  a  construit  de  grands  étangs  qu'on 
peut  alternativement  remplir  d'eau  douce  et  d'eau 
de  mer,  au  moyen  de  canaux  spéciaux  munis 
d'écluses.  On  y  récolte  la  montée,  on  l'y  engraisse, 
et  on  la  pèche  tous  les  ans.  Dans  cette  ville  et  sur 
les  bords  de  la  mer  Baltique,  la  pêche  de  l'an- 
guille, qu'on  apprête  de  différentes  façons  pour 
la  conserver,  donne  lieu  à  un  commerce  très 
étendu. 

On  distingue  en  France  plusieurs  espèces  d'an- 
guilles, qui  diffèrent  par  la  conformation  de  la 

GAUCKLER.  5 


«6  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

tète.  On  ignore  toutefois  si  l'on  se  trouve  en  pré- 
sence de  variations  de  formes  accidentelles  ou  de 
véritables  variétés  de  l'espèce.  On  distingue  les 
anguilles  communes,  de  celles  qu'on  appelle  an- 
guilles à  large  bec,  à  bec  moyen,  à  long  bec  et  à 
bec  oblong.  Il  est  probable  que  toutes  ces  variétés 
appartiennent  à  la  même  espèce,  car  toutes  ont 
le  même  nombre  de  vertèbres  et  les  mêmes 
mœurs. 

L'idée  a  été  émise  que  l'anguille  n'est  que  la 
larve  d'un  poisson  d'une  autre  forme.  Elle  ne 
peut  plus  être  soutenue  scientifiquement,  depuis 
qu'on  a  découvert  des  ovaires  garnis  de  myriades 
d'œufs  microscopiques,  dans  le  ventre  des  an- 
guilles qui  descendent  vers  la  mer,  et  constaté  le 
sexe  d'anguilles  mâles.  On  ig*nore  d'ailleurs  si 
l'anguille  est  ovipare  ou  vivipare.  Il  est  très  proba- 
ble qu'elle  est  dans  le  premier  cas.  Ce  qui  a  fait 
supposer  quelquefois  qu'elle  est  vivipare,  c'est 
qu'on  rencontre  souvent  dans  ses  intestins  de  pe- 
tits vers  abdominaux,  qui  ressemblent  à  la  montée. 
Jamais  ces  vers  ne  se  rencontrent  dans  la  cavité 
abdominale,  et  ils  ne  peuvent  par  conséquent  être 
des  rejetons  de  l'anguille. 


VIII 


FAMILLE  DES    COTTIDES 


LE  CHABOT 

Cottus  gobio.  —  The  Bullhead.  —  Groppe,  Kaulkopf . 

Ce  poisson  a  la  tête  large  et  déprimée;  le  corps 
va  en  s'amincissant  depuis  la  tête  jusqu'à  la  queue  ; 
la  peau  est  nue.  La  robe  est  terne,  d'un  brun 
tacheté  de  noir  sur  le  dos  et  les  flancs;  le  ventre 
est  blanc. 

On  le  nomme  quelquefois  têtard,  à  cause  de  son 
analogie  de  forme  avec  la  larve  de  la  grenouille. 
Le  chabot  est  répandu  dans  toute  l'Europe.  Il 
fréquente  les  eaux  vives,  à  fond  de  gravier,  et  se 
tient  habituellement  près  des  berges,  où  il  se 
cache  sous  les  pierres.  Ses  mouvements  sont 
saccadés,  mais  très  rapides.  Il  se  nourrit  de  sub- 
stances végétales,  d'insectes  et  surtout  de  larves 
de  libellules.  Sa  chair  est  savoureuse  et  appréciée 


68 


LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 


par  les  poissons  carnassiers,  qu'on  élève  dans  les 
étangs.  Sa  taille  ne  dépasse  pas  12  à  15  centimè- 
tres. 

Le  'chabot  fraie  en  mars  et  avril.  La  femelle 


Fig.  17.  —  Le  Chabot. 


dépose  sur  des  pierres  ses  œufs  groupés  en  pe- 
lote. Ils  sont  gros,  jaunâtres,  relativement  peu 
nombreux,  et  le  mâle  les  g*arde  pendant  30  à 
35  jours,  jusqu'à  leur  l'éclosion. 


IX 


FAMILLE  DES  GASTÉROIDES 


LEP1MOCHE 

Gasterosteus  aculeatus.  —  Sticklcback.  —  Stichling. 

Ce  petit  poisson,  au  corps  allongé,  orné  de  cou- 
leurs vives,  se  rencontre  dans  tous  les  cours  d'eau 
d'Europe,  à  l'exception  de  ceux  du  bassin  du 
Danube.  Son  dos  et  son  ventre  sont  munis  d'ar- 
dillons, épines  acérées  qui  le  protègent  contre  ses 
ennemis.  On  en  compte  de  trois  à  six  sur  le  dos; 
elles  sont  mobiles,  et  se  relèvent,  chaque  fois  que 
le  poisson  éprouve  de  la  crainte,  ou  lorsqu'on  le 
sort  de  l'eau. 

Il  se  réunit  par  bandes,  pour  attaquer  et  dévo- 
rer les  gros  poissons,  qui  ne  peuvent  se  défendre 
contre  ses  attaques,  qu'en  l'écartant  à  coups  de 
queue.  Il  se  nourrit  d'insectes,  de  vers,  de  chair 
de  poissons   et  surtout  de  leurs  œufs.  C'est  un 


70  LES  POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

grand  destructeur,  qui  n'a  aucune  valeur  par  lui- 
même. 

L'épinoche  fraie  en  juillet  et  en  août.  Dès  le 
mois  de  juin,  le  mâle  revêt  des  couleurs  vives  et 
brillantes,  et  construit  un   nid   d'herbes,    qu'il 


Fig..l8.  —  L'Épinoche. 

place  dans  une  excavation  du  sol,  ou  suspend  aux 
végétaux  aquatiques.  Dans  ce  nid,  il  féconde  les 
œufs  déposés  par  la  femelle  et  les  surveille,  même 
après  leur  éclosion. 

On  en  compte  environ  quinze  espèces,  qui  sont 
indigènes  dans  les  eaux  françaises. 


FAMILLE  DES  CYPRINIDES 


LA  CARPE 


Cyprinus  carpio.  —  The  Carp.  —  Der  Karpfen. 


La  carpe  est  le  véritable  poisson  de  culture  des 
étangs.  Elle  est  originaire  de  la  Perse  ou  de 
l'Asie  Mineure  et  était  connue  des  anciens.  C'est 
même  le  seul  cyprinide  cité  par  Aristote,  et, 
comme  du  temps  de  Pline,  elle  était  exotique  à 
Rome  :  on  la  prenait  poLir  un  poisson  de  mer.  Les 
Romains  l'introduisirent  dans  les  Gaules,  et,  au 
moyen  âge  déjà,  elle  peLiplait  les  nombreux  étangs 
exploités  par  les  seigneurs  et  les  couvents  :  il  en 
est  fait  mention  dans  une  ordonnance  de  1258. 
Elle  fut  activement  propagée  en  France  pendant 
le  règne  de  François  I".  En  Angleterre,  elle  ne  fut 
introduite  qu'en  1514,  et  en  1660  en  Danemark. 
Aujourd'hui  la  carpe  est  répandue   dans  toute 


72 


LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 


l'Europe.  Comme  elle  ne  se  reproduit  pns  clans 
les  eaux  froides  et  qu'elle  dégénère  dans  les  pays 
du  nord,  on  peuple  les  étangs  de  la  Suède  avec 
des  carpillons  importés  d'Allemagne  et  de  Hol- 
lande. 

La  carpe  a  le  corps  élevé,  comprimé  latérale- 
ment et  recouvert  de  grandes  écailles.  Son  dos 
est  plus  ou  moins  voûté.  La  tête  est  pyramidale; 


Fig.  10.  —  La  Carpe. 

la  bouche  petite,  portant  deux  paires  de  barbil- 
lons, dont  l'une  est  située  à  la  lèvre  supérieure  et 
l'autre,  plus  longue,  aux  coins  de  la  bouche.  La 
couleur  générale  de  la  carpe  est  d'un  brun  doré, 
assez  clair  chez  les  individus  qui  ont  vécu  dans 
les  eaux  courantes,  et  plus  sombre  chez  ceux  qui 
ont  passé  leur  existence  dans  les  étangs.  Souvent 
des  reflets  bleuâtres  se  manifestent  dans  la  région 
dorsale,  et  une  teinte  orangée  orne  ses  flancs.  Le 
ventre  est  blanc  jaunâtre. 

Depuis  l'époque  où  la  carpe  a  été  domestiquée 
dans  les  étangs  de  l'Europe,  il  s'est  produit  plu- 


LA   CARPE. 


73 


sieurs  variétés  remarquables.  On  distingue  la 
carpe  miroir,  qui  n'est  revêtue  que  de  quelques 
écailles  peu  nombreuses,  mais  très  grandes,  dis- 
posées sur  les  flancs  et  le  dos,  en  deux  ou  trois 
rangées  irrég'ulières  (fîg.  20).  On  connaît  encore 
la  carpe  à  cuir,  qui  a  la  peau  nue,  la  carpe  bossue, 
la  carpe  reine,  la  carpe  de  Hongrie  et  la  carpe 


Fig.  20.  —  La  Carpe  miroir. 


Kollar.  Cette  dernière  est  considérée  par  quelques 
auteurs  comme  un  métis  de  la  carpe  et  du  caras- 
sin.  Dans  le  Rhône,  on  pêche  le  carpeau,  dont  la 
chair  est  des  plus  délicates.  Il  est  moins  allongé 
que  la  carpe,  très  gros,  et  atteint  des  dimensions 
considérables.  On  ignore  si  c'est  une  variété 
spéciale. 

Les  carpes  aiment  les  eaux  tranquilles  et  riches 
en  végétaux;  les  fonds  de  glaise  et  de  tourbe  ne 
leur  répugnent  pas.  Elles  se  nourrissent  de  con- 
ferves,  de  débris  de  végétaux,  d'insectes,  de  vers 
et   même  de  petits   poissons.   On    les  engraisse 


74  LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

facilement,  et  on  obtient  des  résultats  remarqua- 
bles par  la  castration.  La  carpe  grandit  vite.  En 
trois  ans,  elle  peut  atteindre  le  poids  de  2  à  3  kilo- 
grammes. Elle  vit  fort  longtemps  et  peut  acquérir, 
avec  le  temps,  un  poids  de  30  à  40  kilogrammes. 

La  carpe  est  très  prolifique.  Quand  elle  ne  pèse 
que  250  grammes,  elle  pond  environ  200,000  œufs; 
avec  un  poids  de  2,500  grammes,  elle  arrive  à 
en  pondre  600,000.  Elle  fraie  au  mois  de  juin, 
quand  l'eau  a  atteint  une  température  de  20  degrés 
centigTades.  Quelquefois,  pendant  les  années 
cbaudes,  il  se  produit  des  pontes  au  mois  de  mai  et 
d'autres  au  mois  de  septembre.  Les  œufs  s'atta- 
cbent  aux  plantes  aquatiques.  Dès  le  quatrième 
jour,  on  aperçoit  les  yeux  du  petit  poisson,  et  l'é- 
closion  a  lieu  peu  de  jours  après.  La  carpe  se 
croise  avec  le  carassin  et  avec  la  chevaine,  et 
donne  alors  des  métis  de  qualité  inférieure. 

On  transporte  facilement  la  carpe  vivante  dans 
des  tonneaux  remplis  d'eau  aux  deux  tiers  de 
leur  profondeur.  Lorsque  la  distance  n'est  pas 
très  grande,  on  peut  l'emballer  simplement  dans 
de  la  mousse  humide,  en  lui  plaçant  dans  la  bou- 
che un  morceau  de  pain  trempé  d'eau. 

La  reproduction  artificielle  des  carpes  est  des 
plus  faciles.  Elle  est  subordonnée  à  la  condition 
de  maintenir  à  une  température  convenable 
l'eau  qui  sert  aux  fécondations,  et  dans  laquelle 
doivent  avoir  lieu  les  éclosions. 


LE  CARASSIN 


Cyprinus  carassius;  Cyprinopsis.  —  The  Crucian  carp. 
Lie  Karausche. 


Le  carassin  a  le  corps  épais,  allongée  et  d'une 
hauteur  moindre  que  la  carpe,  dont  il  est  loin 
d'atteindre  les  dimensions.  Commun  en  Allema- 


Fig.  21.  —  Le  Carassin. 


g*ne,  il  est  rare  en  Angleterre  et  ne  se  rencontre, 
en  France,  que  dans  les  environs  de  Lunéville, 
où  le  roi  Stanislas  l'a  importé  de  Bohême.  Il  s'est 


76  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

maintenu,  depuis  cette  époque,  clans  les  étangs 
des  environs  de  cette  ville. 

Le  carassin  se  nourrit  de  substances  végétales 
el  de  petites  proies  vivantes.  Sa  taille  ne  dépasse 
pas  um,25  à  0m,30,  mais  ce  poisson  est  très  rusti- 
que et  réussit  dans  les  plus  petites  mares  d'eau. 
C'est  le  vrai  poisson  domestique  désigné  pour 
l'élevag-e  aux  petits  fermiers  et  aux  propriétaires 
ruraux. 

On  évite  de  placer  du  carassin  dans  les  étangs 
à  carpes,  afin  de  ne  pas  provoquer  la  naissance 
de  métis,  dont  la  valeur  serait  inférieure  à  celle 
de  chacune  des  deux  espèces  qui  auraient  con- 
couru à  leur  production. 


LE  POISSON  ROUGE 

Cyprinopsis  auratus.  —  Tke  Goîdcarp.  —  Dp.v  GoldfLsck. 

Originaire  de  la  Chine  et  introduit  d'abord 
dans  File  de  Sainte-Hélène,  ce  poisson  a  été  ap- 
porté en  Angleterre  en  1728.  De  là,  il  a  passé  en 
Hollande,  et  les  premiers  qu'on  vit  en  France  y 
fuient  envoyés  à  3Ime  de  Pompadour. 

La  robe  de  ce  poisson  est  splendide.  Elle  varie 
entre  le  blanc,  le  brun  olivâtre  et  le  roug*e  d'or. 
Il  a  le  corps  épais  et  d'une  hauteur  moindre  que 
ses  congénères.  Les  écailles  sont  grandes  et 
arrondies.  Les  variétés  en  sont  nombreuses. 

Le  poisson  roug^e  se  nourrit  de  substances  vé- 
gétales, de  vers  et  d'insectes,  et  prospère  facile- 
ment dans  les  étangs  qui  ne  sont  pas  trop  exposés 
à  grêler  en  hiver.  Il  sert  à  orner  les  aquariums  et 
les  étangs  des  parcs  et  des  promenades.  C'est  un 
poisson  d'agrément,  qui  n'a  pas  d'autre  utilité. 


LA  CHEVAINE 


Squalius  clobula.  —  The  Chub.  —  Der  Doebel. 


Le  corps  de  la  chevaine  est  épais,  allongé  et 
couvert  de  grandes  écailles  striées.  Ses  formes 
sont  élégantes  et  ses  mouvements  rapides.  Les 
couleurs  de  sa  robe  sont  vives  :  le  dos  est  d'un 
vert  bronzé,  les  flancs  sont  dorés  et  le  ventre  est 
blanc  nacré.  Les  nag*eoires  inférieures  sont  rou- 
g*es  et  quelquefois  d'une  teinte  rosée  très  délicate. 

La  chevaine  est  extrêmement  commune  dans 
nos  cours  d'eau.  Elle  se  plaît  à  demeurer  près 
des  cascades  et  des  courants  d'eau  rapides,  sur- 
tout près  des  coursiers  des  usines  hydrauliques. 
De  là,  sans  doute,  lui  vient  le  nom  de  meunier, 
sous  lequel  elle  est  généralement  connue. 

Ge  poisson  est  très  vorace.  Il  se  nourrit  aussi 
bien  de  substances  végétales  que  de  proies  vi- 
vantes et  de  poissons.  Pour  cette  raison,  on  ne 
doit  pas  le  tolérer  dans  les  étangs.  La  croissance 
de  la  chevaine  est  rapide;  elle  peut  atteindre  une 


LA  CHEVAINE.  70 

longueur  de  0m,50  a  0m,60  et  un  poids  de  3  à 
4  kilogrammes.  Sa  chair  est  remplie  d'arêtes, 
molle  et  peu  estimée.  La  chevaine  fraie  en  mai 


Fig.  22.  —  La  Chevaine. 


*5 


et  en  juin,  la  ponte  se  prolonge  quelquefois  pen- 
dant un  mois.  Elle  est  très  prolifique  et  dépose 
ses  œufs  sur  les  pierres  et  au  milieu  des  graviers. 
Les  naturalistes  en  distinguent  plusieurs  va- 
riétés. 


LA  VÂNDOISE 

Squalius  leuciscus.  —  The  Dart  ou  the  Dace.  —  Der 
Weissfisch,  Rottel. 


La  vancloise  tient  à  la  fois  de  la  chevaine  et  du 
gardon.  Ses  écailles  sont  plus  petites  que  celles 
de  la  chevaine  et  son  corps  est  moins  arrondi  que 
celui  du  gardon.  C'est  un  des  poissons  les  plus 


Fig.  23.  —  La  Vandoise. 

communs  du  centre  de  l'Europe.  Sa  taille  ne  dé- 
passe pas  0ra,20  à  0m,25,  et  sa  chair  n'a  pas  de 
valeur. 

Elle  vit  dans  les  eaux  claires  et  limpides,  et 
fraie  sur  des  fonds  de  gravier  pendant  les  mois 
de  mars  et  d'avril.  On  en  connaît  beaucoup  de 
variétés. 


LE  GARDON 


Leueiscus  rutilus.  —  The  Roach.  —  Dus  Rothauge,  die  Ploetze. 


Le  gardon,  appelé  communément  la  rosse,  habite 
aussi  bien  les  lacs  que  les  rivières.  Il  est  répandu 
dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe.  Son  corps 
est  élevé  et  comprimé  latéralement;  la  bouche  est 
petite  et  sans  barbillons.  Sa  robe  est  brillamment 
colorée.  Le  dos  est  vert  foncé,  avec  des  reflets 
bleuâtres,  quelquefois  dorés  ou  irisés;  les  flancs 
sont  argentés,  avec  des  reflets  bleuâtres,  et  mou- 
chetés souvent  par  des  taches  et  des  points  bruns, 
éparpillés  en  plus  ou  moins  grand  nombre;  le 
ventre  est  blanc  d'arg*ent.  Les  nageoires  pecto- 
rales, ventrales  et  anale  sont  teintées  en  rouge  vif. 

Les  gardons  vivent  en  société.  Ils  aiment  les 
eaux  tranquilles  et  peu  profondes,  et  se  tiennent 
près  des  rives.  Leur  nourriture  consiste  en  végé- 
taux et  en  petites  proies  vivantes.  Ils  grandissent 
rapidement,  mais  il  est  rare  que  leur  taille  dé- 
passe 0m,3o,  et  leur  poids  est  presque  toujours 

GAUCKLER.  6 


82 


LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 


inférieur  à  celui  de  1  kilogramme.  La  chair  ren- 
ferme beaucoup  d'arêtes  et  n'est  pas  estimée. 

Les  gardons  sont  très  prolifiques.  En  mai  et  en 
juin,  ils  suspendent  leurs  œufs  contre  les  herbes, 
branches  d'arbres  ou  autres  objets  flottant  à  la 
surface  de  l'eau.  La  durée  de  la  fraie  est  de  5  à 


Fig.  24. 


Le  Gardon. 


6  jours,   et  l'éclosion  des  œufs  arrive  de  10  à 
15  jours  après  la  ponte. 

Il  existe  beaucoup  de  variétés  de  gardons.  Sou- 
vent on  les  confond  avec  le  rotengle  ou  gardon 
rouge,  qui  est  d'un  genre  différent  et  fraie  un 
peu  plus  tôt.  Ces  poissons  sont  indiqués  pour  ser- 
vir de  pâture  aux  truites  et  aux  brochets,  dans 
les  étangs  où  on  les  élève. 


LA   BRÈME 

Cyprinus  brama.  —  The  Bream.  —  Die  Brachse,  der  Bley. 

La  brème  a  le  corps  comprimé  et  très  élevé. 
On  la  rencontre  dans  la  plupart  des  lacs  et  des 
rivières  d'Europe,  où  le  courant  n'est   pas  trop 


Fig.  23.  —  La  Brème. 

vif.  Elle  prospère  sur  les  fonds  vaseux  couverts 
d'une  abondante  végétation  aquatique. 

La  brème  se  nourrit  de  végétaux,  d'insectes 
et  de  vers.  Elle  croît  rapidement  et  atteint  une 
long'ueur  de  0m,60,  avec   un    poids   de  plus  de 


84  LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

3  kilogrammes.  Elle  fraie  pendant  la  nuit,  en 
mai  et  en  juin,  et  dépose  ses  œufs  sur  les  herbes. 
Sa  chair  est  blanche  et  a  bon  g'oût,  mais  elle  est 
molle  et  par  suite  peu  estimée. 

On  distingue  la  brème  commune  et  la  brème 
bordelière,  qui  vit  dans  les  mêmes  eaux,  mais  lui 
est  inférieure  en  taille.  Ces  poissons  doivent  être 
exclus  des  étang's  à  carpes,  parce  qu'ils  leur  en- 
lèveraient une  partie  de  leur  nourriture. 


L'ABLETTE   COMMUNE 

Cyprinus  alburnus.  —  The  Bleak.  —  Die  Laube,  Maiblecke. 

L'ablette  commune  se  rencontre  en  abondance 
dans  toutes  nos  rivières.  Elle  a  le  corps  allongée, 
comprimé  latéralement.  Ses  écailles  sont  d'un 
blanc  d'arg-ent  nacré,  qui  les  a  désignées  pour  la 


Fig.  26.  —  L'Ablette  commune. 

fabrication  de  l'essence  d'Orient,  avec  laquelle  on 
colore  les  perles  fausses. 

L'ablette  se  nourrit  d'insectes  et  de  végétaux. 
Sa  taille  atteint  rarement  0m,25.  Elle  fraie  en 
mai  et  juin,  dans  les  herbes  aquatiques,  et  pond 
un  très  grand  nombre  d'œufs.  Sa  chair  est  peu 
recherchée  sur  les  marchés,  mais  les  poissons  car- 


86  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

nassiers  la  prisent  beaucoup  :  c'est  un  excellent 
appât  pour  les  brochets  et  pour  les  truites. 

On  distingue  encore  deux  autres  variétés  d'a- 
blettes indigènes  en  France  :  ce  sont  l'ablette 
Spirlin  et  l'ablette  Hachette. 


LE  BARBEAU 

Cyprinus  barbus.  —  The  Barbel.  —  Die  Barbe. 

Le  corps  du  barbeau  est  oblong,  il  s'élève  lé- 
gèrement de  la  tête  à  la  nageoire  dorsale  pour 
s'abaisser  ensuite  dans   la  région  caudale.  A  la 


Fig.  27.  —  Le  Barbeau. 

mâchoire  supérieure,  il  porte  quatre  barbillons, 
qui  lui  ont  donné  son  nom.  Ses  couleurs  sont 
vives.  Il  est  brun  sur  le  dos;  les  flancs,  à  reflets 
d'argent  et  d'or,  sont  parsemés  de  petites  taches 
noirâtres  ;  le  ventre  est  blanc. 

On  trouve  le  barbeau  dans  toutes  les  rivières 


88  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

de  l'Europe  centrale  et  méridionale;  il  se  plaît 
surtout  clans  les  eaux  vives,  à  fond  de  gravier, 
abondamment  pourvues  d'herbes  aquatiques.  Il 
vit  en  société  et  se  nourrit  de  larves,  d'insectes 
et  de  vers.  Il  grandit  rapidement  et  atteint  une 
longueur  de  1  mètre,  avec  un  poids  de  6  à  7  kilo- 
grammes. La  cbair  est  blanche  et  savoureuse. 

Les  femelles  ne  sont  pas  très  fécondes  et  pro- 
duisent en  moyenne  environ  10,000  œufs  de  la 
grosseur  d'un  grain  de  millet.  Ils  sont  de  couleur 
orangée,  s'attachant  aux  pierres,  et  on  leur  attri- 
bue des  propriétés  vénéneuses.  Elles  ne  fraient 
ni  dans  les  étang*s  ni  dans  les  eaux  tranquilles, 
mais  dans  les  eaux  vives  et  courantes. 


LE  GOUJON 


Cyprinus  gobio.  —  The  Gudjeon,  Grayling.  —  Die  Grundel, 

Kressling. 


Ce  petit  poisson  se  rencontre  dans  toutes  les 
rivières  d'Europe.  Par  ses  formes  et  ses  habitu- 
des, il  se  rapproche  du  barbeau  :  comme  lui,  il  vit 
en  société,  aime  les  eaux  vives  et  les  fonds  de 


Fier.  28.  —  Le  Goujon. 

gravier,  et  colle  ses  œufs  contre  des  pierres.  Mais 
sa  taille  ne  dépasse  pas  0m,10. 

Au  printemps,  le  goujon  remonte  les  cours 
d'eau,  pour  frayer  pendant  les  mois  d'avril,  de 
mai  et  de  juin.  Il  voyage  en  troupes  nombreuses, 
et  sa  ponte  se  prolonge  souvent  pendant  un  mois. 
Il  se  nourrit  de  végétaux,  de  vers  et  de  larves 
d'insectes.  La  délicatesse  de  sa  chair  le  fait  re- 
chercher pour  la  consommation. 


LA   LOCHE  FRANCHE 

Cobltis  barbatula.  —  The  Loach.  —  Die  Bartgrundel,  Schmerle. 

La  loche  a  la  tête  très  petite  et  le  corps  allonge; 
ses  lèvres  sont  épaisses  et  ses  mâchoires  dépour- 
vues de  dents,  mais  garnies  de  six  barbillons.  Sa 


Fi"'.  29.  —  La  Loche  franche. 


couleur  est  généralement  d'un  brun  verdàtre, 
plus  ou  moins  foncé,  marbré  de  taches  noires. 
Le  ventre  est  blanc  jaunâtre. 

Elle  est  répandue  clans  toutes  les  eaux  de  l'Eu- 
rope, et  sa  taille  dépasse  rarement  0m,12.  Elle 
fraie  en  mars  et  avril,  et  dépose  ses  nombreux 
œufs  sur  des  pierres  et  du  gTavier,  dans  l'eau 
courante.   Elle  se  nourrit  d'insectes,  de  vers  et 


LA  LOCHE   FRANCHE. 


91 


quelquefois  d'œufs  de  poissons,  qu'elle  rencontre 
en  fouillant  le  sable. 

En  Allemagne,  on  favorise  la  reproduction  de 
la  loche  de  la  manière  suivante  :  au  milieu  d'un 
ruisseau  d'eau  vive,  à  fond  de  cailloux,  on  creuse 


Fie-.  30. 


La  Loche  de  rivière. 


une  fosse  de  2,n,  50  de  longueur  et  de  moitié  de 
profondeur  et  de  largeur.  On  la  garnit  latérale- 
ment, à  une  distance  de  0m,20  des  bords,  avec 
des  claies  ou  des  planches  percées  de  trous,  qui 


Fig.  31.  — La  Loche  des  étangs. 


forment  une  caisse  sans  fond.  Dans  le  vide  qui 
se  trouve  entre  les  bords  et  les  parois  de  cette 
caisse,  on  tasse  du  fumier  de  mouton.  Il  s'y 
développe  une  grande  quantité  de  nourriture 
vivante,  qui  engraisse  la  loche  et  la  porte  àfse 
multiplier. 

On  distingue  en  France  deux  espèces  de  loches. 


2  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

La  loche  franche,  dont  Ja  chair  est  très  délicate 
et  fort  recherchée,  et  la  loche  de  rivière  (fig*.  30) 
(loche  épineuse  ou  mord-pierre),  qui  fraie  en  avril 
et  en  mai,  et  dont  la  chair  n'a  pas  de  valeur.  Cette 
dernière  est  plus  rare  dans  nos  eaux  que  la  loche 
franche.  On  distingue  encore  une  loche  des 
étang-s  (fig*.  3J). 


LA  TANCHE 


Cyprinus  tinca.  —  The  Tench.  —  Die  Schleihc. 


La  tanche  a  le  corps  élevé  et  comprimé  latéra- 
lement, ses  écailles  sont  très  petites.  La  bouche 
est  peu  développée  et  munie  de  deux  barbillons. 
Sa  robe  est  sombre,  brune,  dorée,  avec  les  reflets 
métalliques  du  bronze;  les  écailles  sont  engagées 
sous  la  peau  de  plus  de  la  moitié  de  leur  surface. 
Le  corps  est  enduit  d'une  mucosité  visqueuse, 
sécrétée  par  un  grand  nombre  de  pores  dissé- 
minés sur  la  tête  et  sur  le  tronc. 

Ce  poisson  se  rencontre  dans  toute  l'Europe. 
Il  habite  les  eaux  courantes,  mais  il  se  plaît  sur- 
tout dans  les  lacs  et  dans  les  étangs  dont  le  fond 
est  vaseux  et  couvert  de  végétations.  Il  se  nour- 
rit de  substances  végétales,  d'insectes  et  de  petits 
mollusques.  Sa  croissance  est  rapide.  Ag*é  d'un 
an,  il  pèse  125  grammes;  à  l'àg'e  de  3 ans,  il  pèse 
1,000  à  1,500  grammes.  A  G  ou  7  ans  il  atteint  le 


94 


LES   POISSONS    D'EAU  DOUCE. 


poids  de  3  à  4  kilogrammes.  Gomme  la  carpe,  la 
tanche  a  la  vie  dure.  Elle  se  conserve  dans  des 
milieux  où  tout  autre  poisson  trouverait  la  mort; 
elle  peut  vivre  hors  de  l'eau  pendant  plusieurs 
jours,  si  l'on  a  soin  de  lui  humecter  les  branchies 
toutes  les  3  à  4  heures.  La  chair  de  la  tanche  est 
estimée.  Mais  avant  de  livrer  ce  poisson  à  la  con- 
sommation, il  faut   le  faire    séjourner,   pendant 


Fig.  32.  —  La  Tanche. 


quelque  temps,  dans  des  eaux  vives,  pour  lui 
faire  perdre  un  g*oùt  désagréable  de  vase,  qu'il 
contracte  dans  les  étang*s. 

La  tanche  est  très  prolifique.  Elle  fraie  depuis 
la  fin  du  mois  de  mai  jusqu'au  milieu  du  mois 
de  juillet,  et  dépose  ses  nombreux  œufs  sur  les 
herbes  aquatiques  qui  garnissent  les  berges  des 
cours  d'eau.  On  l'élève  dans  les  étang's  à  carpes, 
pour  servir  de  pâture  aux  brochets,  qui  la  pour- 
chassent avec  ardeur.  Dans  les  étang's  trop  va- 
seux pour  que    la  carpe  puisse  y  prospérer,  la 


LA  TANCHE.  9b 

tanche  peut  rendre  de  belles  récoltes,  surtout  si 
on  empêche  l'excès  de  peuplement,  en  y  ajou- 
tant quelques  anguilles.  La  tanche  cependant  est 
moins  productive  que  la  carpe,  et  on  dit  qu'il  faut 
plus  de  terrain  pour  nourrir  100  tanches  que 
pour  engraisser  500  carpes. 


LE  NASE 

Chondrostoma  nasus.  —  Oessling  (ail.).  —  Savelta  (ital.). 

Ce  poisson,  très  commun  dans  le  Rhin  et  clans 
ses  affluents,  s'est  propagé  depuis  quelques  années 
dans  le  bassin  de  la  Seine,  où  il  a  immigré  par 


Fig.  33.  —  Le  Nase. 

suite  de  l'ouverture  du  canal  de  la  Marne  au 
Rhin.  On  en  rencontre  une  variété  dans  le  Rhône; 
d'autres  dans  le  Lot,  l'Aude  et  la  Garonne. 

Le  nase  a  le  corps  allongé  et  des  formes  élé- 
gantes. Le  dos  est  d'un  gris  verdàtre  foncé.  Les 


LE   NASE.  97 

flancs,  arg*entés  chez  les  jeunes  et  dorés  chez  les 
adultes,  sont  mouchetés  de  petites  taches  brunes. 
Il  n'atteint  que  des  dimensions  médiocres.  Le 
nase  se  nourrit  de  petites  proies  vivantes,  et  re- 
monte les  cours  d'eau,  pour  frayer,  en  avril  et 
en  mai.  Sa  chair  est  cotonneuse  et  de  peu  de 
valeur. 


GAUCKLER. 


LE  VÉRON 

Cyprinns  phoxinus.  —  The  Minnow,  Pink.  —  Die  Ellritze,  Pfrill. 

Ce  joli  petit  poisson  se  rencontre  clans  les  mêmes 
eaux  que  le  goujon.  Il  a  le  corps  allongé,  arrondi 
et  couvert  d'écaillés  très  petites.  Les  couleurs  de 
sa  robe  sont  des  plus  brillantes.  La  partie  supé- 


Fig.  34.  —  Le  Véron. 

Heure  du  corps  est  verte,  les  flancs  sont  plus 
clairs  et  parsemés  de  taches  foncées;  le  ventre 
est  argenté.  Au  moment  de  la  fraie,  les  parties 
inférieures  du  corps,  la  gorge  et  la  base  des  na- 
geoires se  colorent  d'un  rouge  vif.  Rarement  il 
atteint  une  longueur  de  0m,10. 

Le  véron  est  prolifique  et  fraie  sur  des  fonds 
de  gravier,  dans  l'eau  courante,  pendant  les  mois 


LE   VÉRON.  99 

de  mai  et  de  juin.  Il  grandit  lentement.  Les  truites, 
les  perches  et  les  brochets  le  chassent  avec  pas- 
sion, et  les  gourmets  apprécient  sa  chair  blanche 
et  savoureuse.  Il  se  nourrit  de  petites  proies  vi- 
vantes, d'insectes  et  surtout  d'œufs  de  poissons, 
mais  ne  mang*e  que  pendant  le  jour. 


XI 


FAMILLE   DES  STURONIENS 


L'ESTURGEON 

Acipenser  sturio.  —  The  Sturgeon.  —  Der  Stoer. 

Les  esturgeons  sont  des  poissons  de  grande 
taille,  qui  vivent  dans  la  mer  aussi  bien  que  dans 
l'eau  douce.  Leur  corps  est  allongé  et  diminue 
graduellement  de  largeur  de  la  tête  à  la  queue  ; 
il  est  couvert  de  cinq  rangées  de  plaques  osseuses, 
qui  remplacent  les  écailles.  Chacune  de  ces  plaques 
porte  à  son  centre  une  épine,  dirigée  en  arrière. 
La  tête  est  large  à  la  base  et  va  en  se  rétrécissant 
vers  l'extrémité  antérieure.  Le  museau  est  allon- 
gé. La  bouche  est  large  et  elliptique,  garnie  de 
barbillons  sous  la  mâchoire  inférieure.  La  couleur 
de  la  robe  est  terne;  verdâtre  sur  le  dos,  elle  se 
dégrade  jusqu'au  ventre,  qui  est  blanc  d'argent. 

Ce   poisson  est  commun  dans  le  nord  et  sur- 


102  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

tout  dans  l'est  de  l'Europe.  Il  est  devenu  rare 
dans  le  Rhin,  ainsi  que  dans  la  Garonne,  la  Loire 
et  le  Rhône,  où  autrefois  il  était  ahondant.  Il  ne 
remonte  pas  dans  les  petits  affluents  des  fleuves 
et  n'en  quitte  pas  les  parties  profondes.  L'estur- 
geon se  nourrit  de  plantes  et  de  proies  vivantes. 
Sa  chair  est  excellente;  fumée  ou  salée,  elle  s'ex- 
pédie au  loin.  Il  atteint  des  dimensions  considé- 
rables :  on  en  pêche  qui  mesurent  de  5  à  6  mètres 
de  longueur  et  qui  pèsent  jusqu'à  300  kilogram- 
mes. Il  fraie  dans  l'eau  douce  pendant  les  mois 
d'avril  et  de  mai.  Une  seule  femelle  peut  fournir 
jusqu'à  100  kilogrammes  d'œufs,  dont  on  fait  le 
caviar.  La  vessie  fournit  la  colle  de  poisson.  Pour 
les  populations  de  la  Russie  orientale,  la  pêche  de 
l'esturgeon  est  la  hase  d'un  commerce  impor- 
tant. 

La  famille  des  esturgeons  comprend  plusieurs 
espèces  remarquables,  dont  aucune  ne  se  ren- 
contre en  France.  Nous  citerons  les  sterlets,  les 
hausen,  et  ceux  qu'on  appelle  Dick  et  Scherg, 
dans  les  provinces  allemandes  de  l'Autriche - 
Hongrie. 


Ha 


Fisr.  35. 


L'Esturgeon. 


XII 


FAMILLE  DES  PÉTROMIZONIDES 


LA  LAMPROIE 

Petromizon  fluviatilis.  —  The  Lamprey.  —  Das  Neunauge. 

La  lamproie  se  rencontre  dans  presque  tous  les 
cours  d'eau  de  l'Europe.  Elle  ressemble  aux  an- 
guilles par  la  forme  allongée  et  cylindrique  de 
son  corps.  Sa  bouche  est  circulaire,  en  forme  de 
suçoir.  La  mâchoire  inférieure  est  garnie  de  sept 
denticules,  petits,  pointus,  et  recouverts  d'une 
matière  cornée  brunâtre.  La  mâchoire  supérieure 
est  armée  d'une  plaque  à  bord  tranchant,  munie 
d'un  crochet  de  chaque  côté.  Le  squelette  est  car- 
tilagineux. 

Ce  poisson  est  migrateur.  Il  remonte  de  la  mer 
pour  frayer  dans  les  eaux  douces,  depuis  le  mois 
d'avril  jusqu'au  mois  de  juin.  Il  dépose  ses  œufs 
sur  le  gravier,  et  on   croit  qu'il  meurt  après  la 


106  L]ES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

ponte.  On  distingue  trois  espèces  de  lamproies. 
L'une,  qualifiée  de  marine  et  appelée  grande  lam- 
proie, atteint  1  mètre  de  longueur  et  un  poids 
de  1,500  grammes.  On  la  trouve  dans  le  Rhône, 


'•-'     ■"%-"- .:-> 


Fig.  36." —  La  Lamproie  marine. 


l'Hérault,  la  Garonne,  la  Loire  et  la  Seine.  L'es- 
pèce dite  fluviaiile  n'atteint  que  la  moilié  des  di- 
mensions de  l'espèce  marine.  La  troisième,  plus 


Fig.  36  bis.  — Le  Lamproyon. 


petite  encore,  et  désignée  sous  le  nom  de  sept- 
œilou  de  lamproyon  (fig.  36  bis),  se  rencontre  dans 
toutes  les  eaux  d'Europe.  Elle  se  tient  presque 
toujours  cachée  dans  le  sable,  sous  les  herbes  et 
sous  les  pierres.  Elle  subit  des  métamorphoses  : 
à  l'état  de  larve,  on  l'appelle  ammocète.  Il  est  pro- 


LA  LAMPROIE.  107 

bable  que  les  autres  espèces  subissent  des  méta- 
morphoses analog'ues. 

Les  lamproies  s'attachent  aux  pierres  avec  leurs 
suçoirs,  et  laissent  leur  corps  flotter  au  gré  de 
l'eau.  Elles  se  fixent  sur  le  tronc  des  gros  pois- 
sons, dont  elles  déchirent  la  chair  et  sucent  le 
sang".  Pour  les  transporter  vivantes,  on  les  fait  se 
fixer  par  la  bouche  contre  une  barre  de  bois,  et 
on  les  place  ainsi  dans  un  cuveau  rempli  d'eau, 
dont  on  a  soin  de  maintenir  la  fraîcheur  et  l'aé- 
ration. 

En  captivité,  dans  un  réservoir,  les  lamproies 
peuvent  vivre  fort  longtemps. 


XIII 


CRUSTACÉS 


L'ÉCREVISSE 

Astacus  fluviatilis.  —  The  Crawfish.  —  Der  Kreb  s. 

Bien  que  l'écrevisse  soit  un  crustacé  et  n'ap- 
partienne pas  au  môme  embranchement  que  les 
poissons,  elle  joue  un  rôle  trop  considérable  dans 
nos  cours  d'eau,  pour  qu'on  la  puisse  passer  sous 
silence. 

Partout  où  les  poissons  peuvent  vivre,  on  ren- 
contre l'écrevisse.  Elle  aime  à  s'abriter  sous  les 
pierres,  derrière  des  racines  d'arbres  et  dans  les 
creux  des  rives,  ne  quittant  sa  demeure  que  pour 
aller  chercher  sa  pâture.  A  cet  effet,  elle  sort  vers 
le  soir  et  pendant  la  nuit,  et  parcourt  les  endroits 
de  peu  de  profondeur,  près  des  bords. 


i  10  LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

Les  écrevisses  se  nourrissent  de  substances  ani- 
males et  végétales.  Quand  elles  ne  trouvent  pas 
de  chair  à  dévorer,  vers,  grenouilles,  petits  pois- 
sons ou  rebuts  de  boucheries,  elles  s'accommodent 
de  choux  et  de  navets.  Bien  nourries,  certaines 
espèces  peuvent  atteindre  une  longueur  de  15  à 
18  centimètres.  Elles  croissent  lentement,  et  il 
leur  faut  quatre  ans  pour  atteindre  des  dimen- 
sions marchandes. 


Fig.  37.  —  L'Écrevisse. 


L'époque  de  la  fraie  commence  avec  l'automne. 
A  la  fin  d'octobre  et  au  commencement  de  no- 
vembre, des  œufs  apparaissent  sous  la  queue. 
L'accouplement  a  lieu,  pendant  la  nuit,  par  une 
opération  semblable  à  celle  que  pratiquent  les 
poissons.  Les  œufs  restent  adhérents  sous  la  queue 
de  la  femelle,  ordinairement  au  nombre  de  150 
à  200.  Ils  éclosent  au  mois  d'avril.  Après  l'é- 
closion,  la  mère  continue  à  porter  les  jeunes 
écrevisses  sous  sa  queue  pendant  8  à  15  jours. 
Durant  tout  ce  temps  elle  ne  quitte  pas  son  re- 
paire. Ce  n'est  que  lorsque  tous  ses  petits  Pont 


L'ÉCREVISSE.  Ml 

volontairement  abandonnée,  qu'elle  en  sort  pour 
chercher  sa  nourriture.  Peu  de  temps  après, 
elle  change  de  test. 

Ce  changement  de  test,  oumue,  a  lieu  du  15  juin 
au  15  juillet.  Pendant  toute  cette  opération,  les 
écrevisses  ne  sortent  pas  de  leurs  trous,  jusqu'à 
ce  que  leur  enveloppe  ait  repris  de  la  consistance. 
Les  mâles  muent  un  mois  plus  tôt  que  les  fe- 
melles. 

On  distingue  en  France  quatre  espèces  d'écre- 
visses  : 

L'écrevisse  dite  noble,  à  pattes  roug-es,  et  l'é- 
crevisse  bleue,  atteignent  de  grandes  dimensions 
et  sont  fort  recherchées  pour  le  service  des  cui- 
sines. Elles  fréquentent  les  eaux  claires,  calcaires, 
et  aiment  la  chaleur.  L'écrevisse  à  pattes  blan- 
ches ou  écrevisse  d'égout,  est  peu  recherchée  et 
vit  dans  les  eaux  stagnantes  et  marécageuses. 
Sa  taille  est  inférieure  à  celle  des  précédentes  et 
sa  chair  est  moins  fournie  et  moins  ferme.  Enfin, 
l'écrevisse  noire,  de  petite  taille,  affectionne  les 
eaux  siliceuses  et  froides.  Quoiqu'elle  ait  peu  de 
chair,  son  goût  est  excellent.  Son  test  est  très 
résistant,  ce  qui  fait  d'elle  un  adversaire  redou- 
table pour  les  autres  espèces,  qu'elle  dévore  par- 
tout où  elle  les  rencontre. 

L'écrevisse  assainit  les  rivières  et  les  étants, 
en  faisant  disparaître  les  matières  putrescibles 
qui  pourraient  infecter  les  eaux.  Sous  ce  rap- 
port, elle  remplit  un  rôle  très  utile.  Mais  comme 


412  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

elle  dévore  les  œufs  des  poissons  et  s'attaque  à 
leur  fretin,  il  faut,  autant  que  possible,  l'éloi- 
gner des  endroits  qui  sont  réservés  pour  la  re- 
production. 


DEUXIÈME  PARTIE 


LA  PISCICULTURE 


GAUCKLSR. 


LA  PISCICULTURE 


La  pisciculture  a  pour  objet  la  multiplication 
des  espèces  de  poissons  les  plus  utiles.  Elle  s'oc- 
cupe aussi  de  les  introduire,  de  les  propager  et 
de  les  faire  prospérer  dans  les  eaux  où  elles 
n'existaient  pas  auparavant. 

Pour  atteindre  ce  but,  on  emploie  des  procé- 
dés divers.  On  pratique  : 

1°  La  colonisation  des  eaux,  par  l'introduction 
de  poissons  adultes,  capables  de  se  reproduire  ; 

2°  L'élevage  dans  des  étangs  ou  dans  des  eaux 
fermées  ; 

3°  La  récolte  du  frai,  que  les  poissons  déposent 
naturellement,  son  transport  et  son  introduction 
dans  les  eaux  qu'on  veut  peupler; 

4°  L'appropriation  des  cours  d'eau  aux  conve- 
nances de  certaines  espèces,  par  l'organisation 
de  frayères  et  de  refuges,  par  l'extermination  des 


H6  LES  POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

espèces  nuisibles  et  par  l'établissement  d'échelles 
et  de  réserves; 

5°  La  pisciculture  artificielle,  qui  fait  interve- 
nir l'homme  dans  la  fécondation  des  œufs,  ainsi 
que  dans  leur  incubation,  pour  les  protéger  et 
faciliter  leur  éclosion,  et  ensuite,  pour  abriter  les 
jeunes  poissons  et  leur  donner  les  premiers 
soins; 

6°  La  destruction  des  animaux  ichtyophag'es. 


LA  COLONISATION 


Depuis  un  temps  immémorial,  on  a  pratiqué  la 
transplantation  des  poissons  d'un  cours  d'eau 
dans  un  autre,  afin  de  les  y  acclimater  et  d'enri- 
chir la  faune  d'espèces  nouvelles.  C'est  par  ce 
moyen  que  la  carpe,  originaire  de  la  Perse  et  de 
l'Asie  Mineure,  a  été  propagée  dans  toutes  les 
rivières  de  l'Europe,  que  le  poisson  doré  nous  est 
arrivé  de  la  Chine,  et  que  le  gourami  a  été  im- 
porté à  l'île  de  Bourbon  et  en  Australie.  Il  y  a 
plus  de  cent  ans,  on  a,  de  cette  façon,  introduit 
l'alose  dans  des  rivières  de  l'Amérique  du  Nord, 
où  elle  n'existait  pas  auparavant. 

Il  faut  être  très  prudent  dans  le  choix  des  es- 
pèces nouvelles  à  introduire  dans  des  eaux  libres, 
qu'on  ne  saurait  ni  pêcher  complètement  à  fond, 
ni  mettre  à  sec.  On  peut,  dans  beaucoup  de  cas 


4 18  LES  POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

faire  plus  de  mal  que  de  bien.  C'est  ainsi  qu'il 
serait  dangereux  d'acclimater  le  brochet  dans  des 
eaux  peuplées  de  truites  ou  d'ombres  communs, 
parce  que  ce  poisson,  si  vorace,  détruirait  des 
espèces  plus  précieuses  que  lui.  Le  brochet  em- 
pêche aussi  les  carpes  de  se  reproduire  :  cela  peut 
être  avantageux  dans  un  étang",  mais  non  clans 
les  canaux  et  les  rivières.  On  a  tenté  d'acclimater 
le  silure  en  France.  Heureusement,  cette  tentative 
n'a  pas  réussi,  car  ce  poisson  est  éminemment 
destructeur,  et  sa  chair  est  de  qualité  médiocre. 
Quelque  part  qu'il  se  rencontre,  il  ne  pourra 
qu'être  nuisible,  et  doit  être  exterminé  par  tous 
les  moyens. 

Malgré  sa  valeur,  au  point  de  vue  de  la  con- 
sommation, la  perche  ne  doit  être  propagée 
qu'avec  précaution.  Le  professeur  Baird  '  rapporte 
qu'en  1854,  M.  W.  Shriver  a  placé  dans  la  rivière 
du  Potomac,  en  Amérique,  un  certain  nombre 
de  perches  prêtes  à  frayer.  Au  bout  de  quelques 
années  ce  poisson  pullulait  dans  la  rivière,  où  il 
ne  se  rencontrait  pas  auparavant.  Mais  ce  ne  fut 
qu'aux  dépens  des  innombrables  essaims  de 
cyprins  et  d'écrevisses  qui  la  peuplaient  antérieu- 
rement, et  qui,  jusqu'alors  n'avaient  eu  pour 
ennemi  que  le  brochet.  Aujourd'hui,  que  cette 
population  primitive  a  considérablement  diminué, 
les  perches  sont  devenues   plus  rares.  Privées 

\.  Baird,  Rapport,  1874,  II. 


LA   COLONISATION.  H9 

d'une  alimentation  surabondante,  elles  sont  ré- 
duites à  dévorer  leur  propre  frai.  Il  s'est  établi 
une  espèce  d'équilibre,  analoguie  à  celui  qui  existe 
dans  lés  rivières  peuplées  de  percbes  depuis  long*- 
temps.  Le  résultat  final  a  été  une  diminution  du 
produit  de  la  pèche.  En  France,  les  perches  ont 
dépeuplé  les  lacs  des  Vosges.  Dans  celui  du  Bour- 
g*et,  elles  portent  préjudice  à  la  propag*ation  du 
lavaret,  dont  elles  dévorent  le  frai  et  les  jeunes 
rejetons.  Quand  elles  sont*  trop  nombreuses  dans 
les  étang*s,  on  dit  qu'elles  les  brûlent. 

Veut-on  introduire  dans  des  eaux  peuplées  d'es- 
pèces précieuses  des  poissons  de  qualité  infé- 
rieure, qui  doivent  servir  de  nourriture  aux  pre- 
mières, on  ne  saurait  prendre  assez  de  précau- 
tions. Dans  les  étang*s  à  truites,  les  tanches  sont 
nuisibles,  parce  qu'elles  leur  enlèvent  de  la  nour- 
riture :  elles  consomment  les  vers  et  les  insectes 
que  les  truites  préfèrent  comme  aliment.  Si  mi- 
gnon qu'il  soit,  le  véron  nuit  à  leur  propagation 
en  en  dévorant  le  frai.  M.  Francis1  rapporte  que 
des  eaux  à  truites  ont  été  complètement  dépeu- 
plées par  l'introduction  de  ce  petit  poisson. 

Lors  donc  qu'on  veut  introduire  dans  les  ri- 
vières des  espèces  nouvelles,  il  faut  en  étudier  les 
mœurs,  et  les  choisir  de  telle  façon  qu'elles  ne 
puissent  nuire  à  celles  qui  sont  indigènes;  sur- 
tout si  le  produit  de  la  pêche  est  satisfaisant,  tant 

I.  Francis,  Fishrulture. 


120  LES  POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

au  point  de  vue  de  la  quantité  que  de  la  qualité. 
Il  est  évident,  d'ailleurs,  qu'on  ne  saurait  coloniser 
avec  succès  des  cours  d'eau  dont  la  nature,  la 
température  ou  le  fond  ne  conviendraient  pas 
aux  espèces  à  introduire. 


Il 


LES  ÉTANGS 


On  nomme  étang  un  bassin  d'eau  qui  peut  être 
rempli  et  vidé  à  volonté.  Les  lacs  sont  des  bassins 
qui  ne  peuvent  pas  être  mis  à  sec. 

L'établissement  des  étangs  remonte  aune  haute 
antiquité.  Les  Chinois  en  ont  fait  usage  de  tout 
temps  l.  Presque  tous  les  anciens  temples  hin- 
dous en  étaient  pourvus.  Le  lac  Moëris,  en  Egypte, 
n'était  qu'un  vaste  étang"  utilisé,  à  la  fois,  pour 
la  pêche  et  pour  l'irrigation.  La  Bible  parle  des 
étangs  de  Hésebon;  de  l'étang'  supérieur,  établi 
par  Salomon  pour  l'usagée  de  la  maison  royale,  et 
de  l'étang"  inférieur,  servant  aux  habitants  de 
Jérusalem.  Elle  cite  encore  l'étang"  situé  près  de 
la  montag*ne  de  Sion,  ainsi  que  ceux  de  Siloë, 
d'Hiskiae,  de  Betherda,  deSamarieet  de  Gibéon. 
Les  Romains  se  livraient  avec  passion  à  l'élève 

1.  Meng-tseu,  Livre  1er,  i,  3,  et  Irvrc  II,  m,  2. 


in  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

des  poissons.  Caton  l'Ancien  possédait  des  viviers 
et  des  réservoirs  pour  approvisionner  les  mar- 
chés de  Fllalie  ancienne.  Après  lui,  Hortensius, 
Lucullus  et  César  établirent  des  étangs;  ils  se 
multiplièrent  sous  les  empereurs.  Au  moyen  âge, 
les  étangs  se  sont  répandus  dans  toute  la  chré- 
tienté, par  suite  de  la  sévérité  des  jeûnes,  du  nom- 
bre et  de  la  richesse  des  couvents. 

Depuis  la  fin  du  xviii0  siècle,  le  nombre  des 
étants  a  considérablement  diminué.  En  France, 
il  existe  aujourd'hui  environ  208,000  hectares 
d'étangs  d'eau  douce,  non  compris  les  rivières 
et  les  lacs.  En  Sologne,  entre  le  Loir  et  le  Cher, 
on  compte  1,370  étang-s  avec  une  surface  de 
17,000  hectares.  Dans  la  Dombe  et  la  Bresse 
(Ain),  il  en  existe  1,667,  couvrant  une  étendue  de 
20,000  hectares.  La  Brenne,  dans  l'Indre,  compte 
95  étangs,  occupant  7,000  hectares.  Puis  vien- 
nent le  Jura,  Saône-et-Loire,  l'Allier,  la  Nièvre, 
le  Lot,  Maine-et-Loire,  la  Marne,  les  Vosges,  etc. 

C'est  en  Autriche,  et  en  Bohême  surtout,  que 
la  culture  des  étangs  se  pratique  sur  une  vaste 
échelle.  Le  seul  domaine  de  Wittingau  comprend 
250  étangs,  d'une  superficie  totale  de  5,500  hec- 
tares, qui  sont  exploités  régulièrement  depuis 
600  ans.  D'après  Krafft1,  la  Bohême  possédait 
autrefois  22,140  étangs,  occupant  42,000  hectares 
de  terrains,  réduits  aujourd'hui  au  tiers. 

1.  Karl  Kuafft,  Situation  de  la  pêche  en  Autriche. 


LES   ÉTANGS.  123 

L' Allemagne  septentrionale  possède  également 
un  très  grand  nombre  d'étang's,  répandus  sur- 
tout dans  les  provinces  limitrophes  de  la  mer 
Baltique  et  de  la  mer  du  Nord.  Le  domaine  de 
Peitz-Cottbus  renferme  82  étangs,  d'une  superfi- 
cie totale  de  1,500  hectares.  Il  produit  en  moyenne 
100,000  kilogrammes  de  carpes  marchandes  par 
an,  soit  un  rendement  d'environ  90  francs  par 
hectare. 


1°  —  ETABLISSEMENT  D'UN  ETANG 


La  valeur  d'un  étang*  dépend  de  la  quantité  et 
de  la  qualité  des  eaux  qui  l'alimentent,  ainsi  que 
de  la  nature  du  sol  sur  lequel  on  l'établit.  Si  la 
quantité  d'eau  dont  on  dispose  est  suffisante,  il 
faut  en  examiner  la  température,  la  pureté  et  la 
composition  chimique,  qui  doivent  répondre  aux 
convenances  des  espèces  qu'on  veut  élever.  Il  est 
indispensable,  dans  tous  les  cas,  que  l'eau  soit 
suffisamment  aérée  pour  fournir  aux  poissons 
l'oxyg'ène  nécessaire  à  leur  respiration.  Delà  na- 
ture du  sol  dépendent  les  herbes  aquatiques  qui 
végéteront  clans  l'eau,  serviront  elles-mêmes  de 
pâture  aux  poissons,  ou  produiront  les  insectes  et 
autres  animalcules  nécessaires  à  leur  nourriture. 
Eau  et  sol  doivent  donc  avant  tout  être  étudiés  et 
analysés, 

L'eau  de  rivière  est  généralement  préférable  à 
l'eau  de  source  pour  alimenter  un  étang*  :  elle  est 
plus  aérée  et  renferme  plus  de  substances  nutri- 
tives. Un  fond  sablonneux  produit  peu  de  nour- 


ÉTABLISSEMENT  D'UN   ÉTANG. 


125 


riture  pour  les  poissons,  mais  elle  est  excellente; 
une  marne  saturée  d'humus  est  très  bonne;  la 
tourbe  même  est  utilisable,  pendant  que  l'argile 
compacte  et  les  fonds  pierreux  donnent  le  plus 
souvent  de  mauvais  résultats. 

Pour  qu'un    étang1  reste  étanche  et  conserve 


Fig.  38. 


Vue  d'un  étang. 


son  eau,  il  faut  que  le  sous-sol  soit  imperméable. 
Le  terrain  qui  jouit  de  cette  qualité  est  souvent 
appelé  terre  à  bois,  parce  que  les  forets  y  prospè- 
rent plus  que  les  autres  cultures.  Dans  l'Ain,  le 
Jura  et  dans  Saône-et-Loire,  on  l'appelle  terre 
blanche.  C'est  la  bolbine  du  Midi  ;  le  gmilt  et  sou- 
vent le  diluvium,  pour  les  géologues. 

Lorsqu'une  partie  du  sol  n'est  pas  imperméable, 


120  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

on  peut  l'étancher  au  moyen  d'un  corroi  de  terre 
végétale  imbibée  de  lait  de  cbaux.  On  l'étend  par 
couches,  on  le  dame  fortement  et  on  l'égalise  en 
le  comprimant  au  rouleau.  On  recouvre  le  corroi 
d'une  couche  de  terre,  afin  de  le  protéger  et  de 
permettre  à  la  végétation  de  s'y  propager.  Pour 
supprimer  les  fuites  d'eau,  il  suffit  quelquefois 
d'étendre  sur  le  sol  perméable  une  couche  de  cen- 
dres de  houille,  ou  d'y  répandre  des  résidus  de 
tanneries,  qui  viennent  obstruer  les  trous  ou  re- 
nards qui  se  produisent. 

Très  souvent,  on  met  les  étangs  à  sec,  pour  les 
cultiver  [pendant  une  année  ou  deux.  L'agricul- 
ture profite  ainsi  de  l'engraissement  naturel  du 
sol,  résultant  du  séjour  de  l'eau  et  des  poissons. 
L'étang  lui-même  s'assainit  et  devient  plus  fé- 
cond en  produits  vivants.  Selon  la  nature  du  ter- 
rain, on  y  peut  faire  des  récoltes  très  variées  : 
herbes  et  foins,  froment,  maïs,  avoine  et  orge  y 
réussissent.  Le  meilleur  sol  consiste  en  marne 
terreuse  imperméable,  dont  la  partie  supérieure 
se  charge  de  vase  et  d'humus  pendant  l'empois- 
sonnage.  Après  deux  ans,  il  est  assez  engraissé 
pour  fournir  quatre  récoltes,  successives  et  alter- 
nes, de  maïs  et  de  froment.  Ce  sol  se  rencontre 
dans  les  étangs  de  la  Brenne. 

Un  bon  étang  doit  pouvoir  s'alimenter  à  vo- 
lonté, et  sa  situation  topographique  se  trouver 
telle,  qu'il  ne  puisse  pas  plus  être  atteint  par  les  sé- 
cheresses que  par  les  inondations  des  grands  cours 


ETABLISSEMENT   D'UN   ÉTANG.  127 

d'eau.  Creuser  une  cuvette,  pour  y  établir  un  bas- 
sin de  retenue  d'eau  de  quelque  importance,  se- 
rait une  opération  trop  coûteuse  aujourd'hui  pour 
être  tentée  dans  le  but  de  créer  un  étang'  de  rap- 
port. On  profite  habituellement  d'une  dépression 
naturelle  du  sol,  ou  d'une  vallée,  qu'on  barre  au 
moyen  d'une  levée,  établie  au  point  le  plus  bas. 
Lorsque  la  vallée  présente  une  pente  très  accusée, 
on  y  construit  plusieurs  barrages  successifs,  plu- 
tôt que  d'élever  à  l'extrémité  inférieure  un  ou- 
vragée  d'une  grande  hauteur.  On   obtient  ainsi 
plusieurs  étangs  juxtaposés,  où  la  pêche  est  plus 
facile  pendant  qu'ils  sont  en  eau,  et  qui  peuvent 
servir  à  des  usag'es  différents,  comme  il  sera  dit 
plus  loin. 

La  digue  doit  s'élever  à  au  moins  0m,50 
au-dessus  du  niveau  de  l'étang*,  quand  il  est 
plein.  Elle  sera  toujours  fondée  solidement  sur 
un  sol  imperméable,  soit  naturel,  soit  artificiel. 
Sa  base  aura  une  largeur  triple  au  moins  de  la 
hauteur,  égalée  elle-même  par  la  largeur  de  la 
chaussée  qui  couronne  la  digue.  Du  côté  de  l'eau, 
le  talus  aura  3  de  base  pour  1  de  hauteur;  du 
côté  extérieur,  il  aura  de  1  à  1  1/2  de  base  pour 
1  de  hauteur.  Quant  les  talus  intérieurs  sont 
exposés  au  choc  des  vagues  poussées  par  le  vent, 
on  les  protège  soit  au  moyen  d'une  couche  de  ro- 
seaux fixés  par  des  clayonnag'es,  soit  avec  des 
perrés  en  pierres  sèches,  soit  encore  avec  un  re- 
vêtement de  mottes  de  gazon.  Des  plantations  de 


128  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

saules  nains  peuvent  procurer  une  couverture 
des  plus  efficaces  contre  les  érosions.  La  digue 
doit  être  munie  d'un  déversoir  solide,  qui  puisse 
débiter  toutes  les  accrues  exceptionnelles.  Le  dé- 
versoir est  surmonté  d'une  grille  en  bois  ou  en 
fer  galvanisé,  pour  empêcher  la  fuite  des  pois- 
sons. 

Ordinairement  on  construit  la  dig'ue  avec  les 
matériaux  qu'on  a  sous  la  main.  Le  nivellement 
du  terrain,  le  creusement  des  fossés  d'aménage- 
ment et  l'approfondissement  spécial,  appelé  la 
poêle,  fournissent  une  grande  partie  des  terres 
nécessaires. 

La  poêle  ou  pêcherie  est  un  approfondissement 
particulier  de  l'étang  ;  on  l'établit  près  de  la  bonde 
de  décharge.  C'est  dans  ce  creux  que  les  poissons 
viennent  se  rassembler  quand  on  soutire  les 
eaux;  c'est  là  qu'on  les  pêche.  A  cet  effet,  on  dis- 
pose le  fond  de  l'étang  de  telle  manière,  qu'au 
moyen  de  fossés  convergents,  toutes  les  eaux 
puissent  facilement  affluer  vers  la  poêle.  Quand 
on  veut  pêcher  l'étang%  ces  rigoles  sont  autant  de 
chemins  que  suivent  les  poissons,  pendant  que 
le  niveau  de  l'eau  baisse,  et  qui  les  conduisent 
dans  le  réduit  formé  par  l'approfondissement. 
Les  fossés  qui  sillonnent  le  fond  et  dirigent  les 
eaux  vers  la  poêle  et  la  bonde  de  vidange,  favo- 
risent aussi  l'assèchement  du  sol,  lorsqu'on  doit 
le  cultiver.  Ils  sont  surtout  avantageux  quand  le 
terrain  est  gras  ou  vaseux,  et  qu'à  l'état  humide, 


ÉTABLISSEMENT  D'UN  ÉTANG.  129 

il  est  incapable  de  supporter  le  poids  des  bêtes  de 
trait  qui  servent  au  labourage. 

La  poêle  doit  pouvoir  être  mise  complètement 
à  sec.  Elle  est  revêtue  de  planches  ou  de  perrés 
en  pierres,  et  plafonnée  solidement  avec  du  sable, 
des  planches  ou  des  pavages.  Elle  doit  être  éta- 
blie avec  beaucoup  de  soins,  et  nettoyée  à  fond 
après  chaque  pêche.  Sa  largeur  peut  varier  de  5  à 
10  mètres,  et  sa  profondeur  doit  dépasser  de  0m,50 
à  0ra,60  celle  du  reste  de  l'étang*.  Une  poêle 
de  10  ares  de  superficie  suffît  pour  un  étang 
de  25  hectares. 

Pour  pouvoir  soutirer  les  eaux  et  vider  l'étang, 
on  place  sous  la  digue  un  tuyau  de  conduite  ou 
un  canal  en  maçonnerie,  qui,  partant  du  point 
le  plus  bas  de  la  poêle,  débouche  au  dehors.  Fer- 
mée par  un  vannage  du  côté  de  la  poêle,  ou  bien 
au  moyen  d'un  clapet  étanche,  cette  conduite 
porte  à  sa  surface  supérieure  un  trou  conique,  le 
plus  souvent  circulaire,  dont  le  diamètre  inférieur 
est  égal  au  sien  et  le  diamètre  supérieur  un  peu 
plus  grand.  C'est  par  cette  ouverture  que  l'eau 
s'introduit  dans  le  canal  de  décharge.  On  bouche 
ce  trou  ou  œil,  au  moyen  d'un  pilon,  bondon,  ou 
bouchon  de  bois,  taillé  en  tronc  de  cône,  de  ma- 
nière à  le  remplir  exactement.  Le  pilon  se  ma- 
nœuvre au  moyen  d'une  tige  de  bois  ou  de  fer, 
qu'on  peut  soulever  ou  abaisser  à  l'aide  d'un  le- 
vier, d'une  crémaillère,  d'une  vis,  ou  d'un  treuil 
placé  sur   le  terre-plein  supérieur  de   la  chaus- 

GAUCKLER.  «J 


130  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

sée1.   L'ensemble    de  l'appareil  servant  à  faire 
écouler  les  eaux  se  nomme  un  thon.  (Fig.  39.) 
Quelquefois  le  thou  tout  entier  se  construit  en 


Fig.  39.  —  Thou  en  bois. 


pierres.  Dans  l'intérieur  de  la  levée,  au-dessus  de 
l'œil,  on  élève  un  puits  en  maçonnerie,  à  l'entour 


Maison  rustique,  IV,  page  181 


ËTAHLÏSSKMKNT   D'UN   ÉTANG. 


131 


duquel  les  terres  sont  pilonnées  avec  soin.  Ce 
puits,  qu'on  recouvre  d'une  dalle  mobile,  ren- 
ferme le  mécanisme  qui  sert  à  manœuvrer  la 
bonde.  Le  diamètre  des  bondes  ne  doit  pas  dépas- 
ser 0m,  50,  pour  que  la  manœuvre  puisse  s'opérer 


Fia:.  40. 


Thou  eu  maçonnerie. 


facilement.  Si  une  seule  bonde  ne  suffit  pas 
pour  évacuer  les  eaux,  on  en  établit  plusieurs. 
(Fig.  40.) 

Il  arrive  aussi  qu'on  place  au-dessus  de  l'œil 
un  tuyau  ou  un  puits,  présentant  une  face  ouverte, 
du  côté  de  l'étang*.  Les  parois  de  l'ouverture  por- 
tent des  rainures,  dans  lesquelles  s'eng'ag'ent  des 
poutrelles  ou  des  planchettes,  qui  peuvent  la  fer- 


132  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

mer  complètement.  L'enlèvement  successif  de 
ces  planchettes  et  leur  rétablissement,  permet- 
tent de  tendre  ou  d'abaisser  à  volonté  le  niveau 
de  l'eau.  Ce  mécanisme  présente  J'avantage  de  se 
prêter  à  une  surveillance  plus  facile  que  celle  qui 
peut  s'exercer  sur  les  bondes  :  on  peut  nettoyer 
l'orifice  à  volonté,  réparer  les  poutrelles  et  les 
remplacer  au  besoin.  Lorsque  les  étangs  sont 
traversés  par  de  petits  cours  d'eau,  il  est  facile  de 
maintenir  un  niveau  constant,  en  régulant  le  dé- 
versement qui  se  fait  par-dessus  la  poutrelle  su- 
périeure. 

Les  bondes  et  leurs  avenues  doivent  être  proté- 
gées par  une  grille  ou  un  treillage  en  bois  ou  en 
fil  de  fer  galvanisé,  pour  éviter  l'obstruction  du 
canal  de  fuite  et  pour  empêcher  le  poisson  de 
s'échapper. 

Au  delà  de  l'orifice  de  sortie  de  l'eau,  on  pra- 
tique un  petit  bassin  appelé  fosse,  dont  l'issue  doit 
être  grillée.  Elle  a  pour  but  de  retenir  le  poisson 
qui  aurait  pu  s'échapper,  soit  par  suite  d'un  acci- 
dent ou  d'un  défaut  de  la  grille  de  bonde,  soit  par 
une  ouverture  résultant  d'un  tassement  ou  d'une 
disjonction  des  pièces  qui  composent  le  thou.  La 
fosse  doit  toujours  être  alimentée  d'eau.  Lorsqu'il 
s'agit  d'étangs  de  grande  superficie,  on  la  revêt 
de  planches  ou  de  pierres. 

Il  peut  arriver  que,  par  suite  d'un  accident,  la 
bonde  laisse  échapper  l'eau,  alors  que  la  saison 
ne  permet  pas  de  mettre  l'étang  à  sec  et  d'exécuter 


ETABLISSEMENT  D'UN  ÉTANG.  133 

les  réparations  nécessaires.  Dans  ce  cas,  on  con- 
struit, en  avant  de  l'issue,  un  batardeau  s'élevant 
jusqu'au  niveau  de  la  retenue.  L'eau  du  batardeau 
faisant  équilibre  à  celle  de  l'étang',  les  fuites  de 
la  bonde  sont  supprimées.  On  appelle  ce  batardeau 
un  cul-de-lampe  '. 

Lorsque  l'étang*  est  marécageux,  et  que  son  sol 
ne  se  prête  pas  à  l'établissement  de  la  poêle,  on 
élarg*it  la  fosse  en  forme  de  vivier  dont  on  plan- 
cheye  le  fond,  et  on  la  ferme  au  moyen  d'une 
gorille  et  d'une  vanne.  Cet  arrangement  se  nomme 
tombereau.  Pour  pêcber  l'étang*,  on  ouvre  la  bonde 
et  on  enlève  sa  grille  :  le  poisson  s'échappe  avec 
l'eau  qui  remplit  le  tombereau.  Puis  on  referme 
la  bonde  et  on  ouvre  la  vanne  du  tombereau,  qu'on 
garnit  d'un  filet.  On  recueille  le  poisson  et  on 
recommence.  On  finit  ainsi  par  vider  et  pêcher 
tout  l'étang',  au  moyen  d'une  série  d'éclusées  suc- 
cessives. 

Dispose- t-on  d'assez  d'eau  d'alimentation  pour 
qu'il  soit  facile,  au  printemps,  de  remplir  complè- 
tement l'étang*,  il  est  utile  de  le  laisser  à  sec  après 
la  pêche  d'automne.  On  aère  ainsi  le  sol,  on  fait 
périr  les  ennemis  aquatiques  des  poissons,  et 
l'opération  ne  laisse  pas  d'être  avantageuse, 
même  si  le  terrain  ne  doit  pas  être  livré  à  l'ex- 
ploitation agricole.  Les  étang*s ,  au  contraire, 
qui  doivent  leur  alimentation  exclusivement  aux 

I.  Dl-hamel,  Traité  général  des  Pèches,  I,  3e  section. 


13'*  LES    POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

eaux  de  pluie,  doivent  être  remplis  immédiate- 
ment après  la  vidange  d'automne  :  ils  récoltent 
pendant  l'hiver  des  eaux  d'égouttement  renfer- 
mant beaucoup  de  substances  nutritives,  qui 
proviennent  des  champs  ou  des  villages.  Un 
printemps  trop  sec  pourrait  empêcher  leur  rem- 
plissage. 

Lorsque  l'étang  reçoit  un  cours  d'eau,  il  faut 
empêcher  les  poissons  de  s'échapper  en  remontant 
le  courant.  A  cet  effet,  on  en  barre  le  lit  avec  des 
fascines  superposées,  ou  bien,  si  la  pente  est  suf- 
fisante, au  moyen  d'un  mur  en  maçonnerie,  assez 
élevé  pour  que  les  déserteurs  ne  puissent  pas  le 
franchir.  A  défaut  d'un  barrage,  il  faut  au  moins 
placer  une  grille  en  travers  du  ruisseau.  Si  ce 
dernier  est  sujet  à  de  fortes  crues,  ou  qu'il  charrie 
du  sable  et  de  la  vase,  il  est  préférable  de  le  dé- 
vier et  de  lui  faire  faire  le  tour  de  l'étang.  L'eau 
d'alimentation  nécessaire  est  alors  approvisionnée 
par  une  prise  d'eau  spéciale,  qui  en  régularise 
l'admission. 

Quelquefois  il  se  forme  dans  les  étangs  des  touf- 
fes de  joncs  ou  de  roseaux,  qu'on  nomme  jonchères. 
Elles  grossissent  de  jour  en  jour,  et  forment  des 
îles  qui  ont  parfois  assez  de  consistance  pour  sup- 
porter le  poids  d'un  homme.  Ce  sont  des  retraites 
assurées  pour  les  mulots,  les  rats  d'eau  et  les  lou- 
tres, qui  dévorent  les  poissons,  sans  compter  les 
hérons,  canards,  etc.,  qui  profitent  de  ces  refuges 
pour  faire  leur  pêche.  Pour  détruire  les  roseaux 


ÉTABLISSEMENT  D'UN   ÉTANG.  135 

et  les  joncs,  on  les  faùcarde  plusieurs  fois,  pen- 
dant les  mois  de  mai  et  de  juin,  au-dessous  du 
niveau  de  l'eau,  et  on  en  brûle  les  racines  quand 
l'étang*  est  mis  à  sec.  Il  convient  aussi  d'enlever 
les  touffes  d'herbes  flottantes,  au  moyen  d'un  ba- 
teau et  avec  des  crocs,  et  de  les  transporter  hors 
de  l'étang1  avant  qu'elles  aient  pris  de  la  consis- 
tance. Si  elles  se  sont  accumulées,  il  faut  profiter 
de  la  vidangée  pour  débarrasser  l'étang"  de  ces  îles 
ou  imternes.  Il  peut  arriver  que  le  fond  se  soulève 
par  suite  de  la  fermentation  des  parties  maréca- 
geuses, où  des  gaz  se  dég*ag"ent  et  viennent  gon- 
fler la  vase.  On  y  creuse  des  fossés  qui  facilitent 
le  dég"ag*ement  des  g"az  et  permettent  de  ramener 
les  détritus  sur  les  bords  de  l'étang1.  Pendant 
l'assec,  par  un  temps  froid,  on  charg"e  les  sur- 
faces soulevées  avec  une  couche  de  sable,  de  0m,0(> 
à  0m,10  d'épaisseur.  Son  poids  empoche  le  gonfle- 
ment de  la  vase  pendant  les  chaleurs  subsé- 
quentes. 

Il  est  avantageux  que,  même  en  hiver,  l'ali- 
mentation des  étangs  soit  assurée  par  de  l'eau 
courante.  Quand  ils  se  couvrent  de  g'iace, 
on  peut  la  briser  pendant  quelque  temps,  au 
moyen  de  simples  manœuvres  des  vannes  d'ad- 
mission ou  de  la  bonde,  en  relevant  légèrement 
et  abaissant  alternativement  le  niveau.  Quand 
la  glace  devient  compacte  et  résistante,  il  faut 
y  pratiquer  des  trous,  dans  le  voisinage  de  la 
poêle,  où  les  poissons  hivernent,  mais  à  une   dis- 


136  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

lance  suffisante  pour  ne  pas  les  déranger,  ni  les 
exposer  à  être  pris  à  la  foënne  ou  au  trident. 

Si  un  fort  dégel  arrive  au  moment  où  la  glace 
est  couverte  de  neige,  et  qu'il  regèle  pendant  que 
la  neige  est  fortement  imbibée  d'eau,  les  poissons 
se  trouvent  en  péril.  Faute  d'aération,  l'eau 
changée  de  couleur  et  devient  laiteuse,  brune  et 
jaunâtre.  Les  dytiques  et  les  araignées  d'eau  vien- 
nent alors  mourir  à  la  surface  des  trous  pratiqués 
dans  la  glace,  où  les  poissons  affaiblis  se  rassem- 
blent pour  humer  l'air.  Les  écrevisses  périssent 
les  premières,  puis  c'est  le  tour  des  grenouilles; 
les  poissons  chasseurs  viennent  après,  puis  enfin, 
les  carpes  et  les  tanches.  Pour  parer  au  danger, 
il  faut  multiplier  les  trous  d'aération  ;  alimenter 
vigoureusement,  si  possible,  avec  de  l'eau  vive  ; 
procéder  à  des  insufflations  d'air,  et,  si  ces 
moyens  ne  réussissent  pas,  procéder  à  une  pêche 
de  sauvetage. 

Les  poissons  peuvent  aussi  courir  de  gTaves 
dangers  pendant  l'été,  s'il  arrive  que  par  un 
temps  chaud,  le  niveau  baisse;  que  les  vases  se 
gonflent  de  gaz  putrides,  et  que  des  végétations 
cryptogamiques  se  répandent  dans  l'eau,  ce  qui 
se  présente  surtout  lorsque  l'étang  reçoit  des 
égouttements  de  terres  fumées  et  du  purin.  Les 
poissons  viennent  alors  nager  près  de  la  surface, 
hument  l'air  et  meurent.  Si,  dans  ce  cas,  on  ne 
veut  pas  procéder  à  une  pêche  de  sauvetage,  il 
faut  que  l'eau  soit  fournie  en  abondance  pendant 


ETABLISSEMENT   D'UN  ETANG.  137 

plusieurs  jours,  de  façon  à  renouveler  l'approvi- 
sionnement de  l'étang"  dans  le  plus  bref  délai.  Si 
par  malheur  le  poisson  périt,  l'étang*  sera  mis 
complètement  à  sec  et  livré  à  la  culture  le  plus 
longtemps  possible,  afin  de  faire  disparaître  tous 
les  germes  d'infection. 


2°  —  ETANGS  A  CARPES 


De  tous  les  poissons  connus,  c'est  la  carpe  qui 
est  le  plus  généralement  élevée  clans  les  étangs. 
Elle  est  cultivée  depuis  tant  de  siècles,  qu'on  est 
arrivé  presque  à  la  réduire  à  l'état  domestique. 
La  carpe  croît  rapidement  pendant  les  quatre 
premières  années,  puis  son  développement  dimi- 
nue très  sensiblement.  Il  est  donc  rationnel  de 
ne  pas  lui  faire  dépasser  cet  âge,  d'autant  plus 
qu'à  quatre  ans  elle  atteint  habituellement  le 
poids  de  2  kilogrammes,  répondant  à  la  plupart 
des  besoins  du  marché.  Dépasser  ce  poids  revien- 
drait à  se  créer  des  difficultés  pour  la  vente,  tout 
en  augmentant  le  prix  de  revient  du  kilogramme 
de  marchandise. 

L'élève  de  la  carpe  nécessite  l'emploi  de  plu- 
sieurs étangs,  fonctionnant  chacun  dans  des  con- 
ditions spéciales,  en  vue  de  résultats  différents, 
qui  concourent  cependant  tous  au  même  but. 
D'après  les  fonctions  qu'ils  remplissent,  on  dis- 
tingue quatre  espèces  d'étangs  à  carpes  :  les 
étangs  à  feuilles  ou  à  pose,  les  étangs  à  empoisson- 
nage,  les  étangs  à  carpes  et  les  viviers  d'hivernage. 


ETANGS  A   CARPES.  130 

A.  —  Étangs  à,  feuilles. 

Les  étang*s  qui  présentent  des  dispositions  favo- 
rables à  Ja  fraie  des  carpes  sont  utilisés  pour  la 
production  de  carpillons  qu'on  nomme  feuilles  ou 
pose,  parce  qu'au  bout  d'un  an  ils  atteignent  la 
longueur  et  la  forme  d'une  feuille  de  saule,  et 
qu'à  cet  âg'e  on  les  retire  de  leur  lieu  d'origine 
pour  les  déposer  dans  d'autres  étangs  où  ils  doi- 
vent grandir. 

La  profondeur  des  étangs  à  feuilles  ne  doit  pas 
dépasser  1  mètre;  les  berges  seront  exposées  au 
soleil,  elles  auront  très  peu  de  pente  et  seront  cou- 
vertes d'herbes  de  peu  de  hauteur.  L'exposition 
doit  être  chaude,  afin  que  l'eau  puisse  acquérir 
le  degré  de  température  nécessaire  pour  permet- 
tre à  la  carpe  de  mûrir  ses  œufs  et  d'en  opérer  la 
ponte,  et  qu'ils  puissent  éclore  dans  des  condi- 
tions favorables.  La  poêle  doit  être  nette  de  végé- 
tation :  les  herbes  y  pourraient  cacher  et  retenir 
des  alevins  au  moment  de  la  pêche.  Le  niveau 
sera  maintenu  invariable,  surtout  pendant  la  fraie, 
sans  cela  les  œufs  déposés  sur  les  herbes,  près  des 
bords,  seraient  exposés  à  se  dessécher  et  à  périr. 

Les  reproducteurs  sont  placés  dans  l'étang  dès 
le  printemps,  afin  de  se  familiariser  avec  ses 
dispositions.  Pour  remplir  ces  fonctions,  on  choi- 
sit de  belles  carpes,  du  poids  de  2  à  3  kilogram- 
mes, à  corps  allongé  et  à  robe  brillante.  Elles  ne 


140  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

doivent  pas  servir  plus  d'une  fois.  Pour  une  sur- 
face de  75  ares,  on  choisit  trois  femelles  et  deux 
mâles  adultes;  on  y  ajoute  un  jeune  mâle  de  3  à 
400  grammes,  à  titre  d'excitateur.  Il  est  facile  de 
distinguer  les  mâles  des  femelles  par  la  forme  de 
l'anus,  même  en  dehors  de  l'époque  de  la  fraie. 
Les  femelles  ont  l'anus  convexe  et  gonflé  vers 
l'extérieur,  pendant  que  les  mâles  y  présentent 
une  concavité  *. 

L'expérience  prouve  qu'un  excès  de  mâles  est 
nuisible,  parce  qu'ils  fatiguent  les  femelles  et 
peuvent  les  empêcher  de  frayer.  D'un  autre  côté, 
si  le  nombre  des  mâles  est  trop  restreint,  et  si  l'on 
prend,  par  exemple,  un  mâle  pour  deux  femelles, 
on  obtient  un  excédent  de  carpes  femelles,  moins 
recherchées  pour  la  consommation  2. 

On  compte  sur  un  produit  de  1,000  à  2,000  feuil- 
les par  femelle,  mais  c'est  à  condition  que  l'étang 
ne  renferme  ni  anguilles,  ni  lottes,  ni  perches,  ni 
brochets.  Un  brochet,  dans  un  étang  à  feuilles, 
empêche  les  carpes  de  frayer  et  dévore  le  fretin 
de  celles  qui  auraient  pu  lui  échapper.  Outre  les 
poissons  voraces ,  les  carpillons  ont  une  foule 
d'autres  ennemis  aquatiques  :  insectes,  larves  et 
crustacés,  qui  rendent  indispensable  l'assèche- 
ment complet  de  l'étang*,  chaque  année,  pendant 
plusieurs  mois. 

A  l'époque  de  la  fraie,  la  femelle  est  souvent 

1.  Horack,  Culture  des  Étangs  en  Bohême,  1869,  p.  9o. 

2.  Ibidem,  p.  97. 


ÉTANGS  A  CARPES.  141 

poursuivie  par  plusieurs  mâles,  qui  fouettent  l'eau 
et  la  font  bouillonner  à  l'entour.  Ces  jeux  com- 
mencent pendant  les  premières  heures  de  la  ma- 
tinée, entre  sept  et  neuf  heures,  et  se  continuent 
jusqu'au  moment  de  la  ponte.  La  fonction  s'ac- 
complit quand  la  température  de  l'eau  est  suffi- 
samment élevée.  On  admet  que  la  carpe  ne  peut 
se  reproduire  dans  de  bonnes  conditions  que 
lorsque  l'eau  possède  une  température  d'environ 
20°  centigrades.  La  ponte  n'a  pas  lieu  toute  à  la 
fois;  elle  se  prolonge  pendant  plusieurs  jours,  et 
s'accomplit  plus  rapidement  par  un  temps  chaud 
que  par  la  fraîcheur.  Les  œufs  sont  déposés  sur 
des  roseaux,  des  joncs,  des  herbes,  voire  des 
fag-ots  de  branches  de  bouleau,  immergés  près 
des  berges,  et  ils  y  adhèrent.  L'éclosion  se  pro- 
duit au  bout  de  5  à  8  jours,  selon  la  température. 
Pendant  la  période  de  la  reproduction,  il  faut 
éviter  la  dépaissance  des  bords  par  les  bestiaux  : 
ils  troublent  les  carpes  occupées  à  frayer,  et  dé- 
truisent les  œufs  en  entrant  dans  l'eau.  A  ce 
moment,  il  convient  de  surveiller  aussi  les  oiseaux 
pêcheurs  et  d'interdire  l'accès  de  l'étang  aux 
oiseaux  de  basse-cour  qui  fréquentent  les  eaux  : 
ils  se  font  grande  fête  de  se  gorger  de  frai.  Si  le 
niveau  de  l'étang  tendait  à  baisser,  il  faudrait 
alimenter  avec  précaution.  L'admission  trop  abon- 
dante de  l'eau  pourrait  réduire  la  température,  ou 
bien  détacher  les  œufs  suspendus  aux  herbes  et 
les  rejeter  sur  les  berges.  Dans  ce  cas,  le  frai 


142  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

serait  exposé  à  périr,  aussi  bien  que  par  l'assèche- 
ment des  frayères. 

A  Wittingau,  on  pêche  habituellement  les 
étangs  à  feuilles  pendant  les  journées  couvertes 
du  mois  de  mai.  On  vide  l'étang1  très  lentement, 
afin  que  les  alevins  ne  restent  pas  retenus  parmi 
les  végétaux  aquatiques.  Le  plus  souvent,  on  ne 
pêche  ces  étang*s  qu'après  deux  étés,  afin  d'obte- 
nir de  la  pose  plus  vigoureuse  et  qui  puisse  faci- 
lement traverser  les  herbes,  pour  se  rendre  dans 
la  poêle.  En  Bohême,  1 00  carpes,  âgées  de  1 1  mois, 
pèsent  de  400  à  500  grammes;  après  deux  ans,  le 
poids  a  un  peu  plus  que  doublé.  Gomme  c'est  en 
été  que  les  carpes  rencontrent  le  plus  de  nourri- 
ture et  qu'elles  mangent  le  plus  volontiers,  on 
compte  habituellement  leur  âge  par  le  nombre 
d'étés  qu'elles  ont  vécu. 

B.  —  Étangs  à,  nourrain  ou  à  empoissonnage. 

Les  feuilles  sont  placées  dans  des  étangs  spé- 
ciaux, où  elles  doivent  gTandir  et  développer  leur 
squelette,  sans  se  mettre  beaucoup  en  chair.  Ce 
sont  les  étangs  à  nourrain.  La  profondeur  du  bas- 
sin doit  être  plus  grande  que  pour  la  production 
des  feuilles,  et  peut  atteindre  2m,o0  Les  berges 
seront  abruptes,  pour  empêcher  les  déprédations 
des  oiseaux  pêcheurs. 

Dans  ces  étangs,  lorsque  toutes  les  conditions 
sont  favorables,  le  poids  du  poisson  peut,  après  un 


ÉTANGS  A  CABPES.  143 

seul  été,  reproduire  de  cinquante  à  quatre-vingts 
fois  celui  de  la  pose.  Quand  on  obtient  trente  à 
quarante  fois  ce  poids,  le  résultat  est  encore  jugé 
bon,  car  dans  les  conditions  habituelles  on  n'ob- 
tient que  de  dix-huit  à  vingt  fois  le  poids  primi- 
tif. Dans  les  très  bons  étangs,  on  place,  par 
hectare,  de  600  à  800  feuilles;  en  moyenne,  on 
en  met  de  400  à  600;  dans  de  mauvaises  condi- 
tions, on  réduit  encore  ce  nombre,  et  on  en  met 
de  100  à  400.  Le  peuplement  peut  être  augmenté 
lorsque  l'étang  a  été  récemment  établi  ou  cultivé 
pendant  un  an. 

Lorsque  du  nourrain  de  brochet  arrive  à  péné- 
trer dans  ces  étangs,  il  grandit  très  vite  et  peut 
atteindre  le  poids  de  1  kilogramme  en  un  an. 
Mais  c'est  aux  dépens  des  jeunes  carpes,  qui  sont 
dévorées.  Il  faut  donc  se  garder  d'alimenter  les 
étangs  avec  des  eaux  qui  peuvent  y  amener  des 
brochetons,  et,  quand  on  n'en  a  pas  d'autres  à  sa 
disposition,  il  faut  les  filtrer  à  travers  du  gravier. 
Quelquefois  on  y  fait  séjourner  les  carpillons  pen- 
dant deux  ans.  Dans  ce  cas,  on  ajoute,  avant 
l'hiver,  de  15  à  20  kilogrammes  de  tanches  adul- 
tes, pour  chaque  millier  de  feuilles.  Au  mois  de 
mai  suivant,  on  ajoute,  pour  le  même  nombre, 
de  16  à  20  brochetons  de  la  grosseur  du  doigt. 
Ils  atteindront,  au  moment  de  la  pêche,  le  poids 
de  1  à  2  kilogrammes  et  détruiront  surtout  les 
rejetons  des  tanches. 

Quand  on  pêche  les  étangs,  on  sépare  la  feuille 


144  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

de  la  carpe  de  celle  de  la  tanche.  La  première  se 
vend  au  cent,  la  seconde  au  poids.  Le  cent  de 
feuille  d'empoissonnage  dans  l'Ain  est  de  80  pai- 
res ou  de  160  têtes;  dans  la  Brenne,  on  compte 
70  paires;  dans  la  Bresse  seulement  64.  Si  l'on 
admet  qu'on  grossit  le  nombre  pour  tenir  compte 
des  pertes,  elles  seraient  supérieures  dans  l'Ain  à 
celles  des  autres  contrées.  Quand  on  dispose  de 
peu  d'étangs,  comme  dans  le  Forez,  où  les  pêches 
à  un  an  ont  prévalu,  on  met  avec  un  millier  de 
feuilles  par  hectare,  en  moyenne  6  à  8  carpes  du 
poids  de  500  grammes  chacune,  des  moins  belles 
et  des  plus  vieilles.  Au  bout  de  l'année,  on  a  de 
rempoissonnag*e  de  200  à  250  grammes  par  tête, 
et  une  grande  quantité  de  feuilles  de  pose.  Les 
carpes  se  sont  très  bien  refaites.  On  n'obtient  pas 
de  brochets;  mais  on  n'a  à  acheter  ni  pose,  ni 
empoissonnag'e. 

G.  —  Étangs  à  carpes  marchandes. 

Des  étangs  à  nourrain,  l'empoissonnag'e  est 
transporté  dans  les  étang's  à  carpes  proprement 
dits,  où  le  poisson  doit  atteindre  le  poids  mar- 
chand, soit  1  à  2  kilogrammes  et  davantage.  En 
France,  on  l'y  fait  séjourner  habituellement  pen- 
dant deux  étés;  en  Allemagne,  pendant  un  été  de 
plus.  Ces  étang*s  sont  profonds  et  leurs  berg*es 
sont  abruptes. 

En  France,  où  la  carpe  croît  plus  vite  que  dans 


ÉTANGS  A  CARPES.  145 

le  Nord,  parce  que  son  climat  est  plus  doux,  il 
faut  i  à  5  feuilles  d'une  année  pour  peser  50  gram- 
mes; après  la  seconde  année,  il  en  faut  3  à  i  pour 
obtenir  500  grammes,  et  on  a  l'empoissonnage. 
La  troisième  année,  la  carpe  pèse  en  moyenne 
500  grammes  dans  les  pêches  à  un  an  ;  la  qua- 
trième, elle  pèse  750  grammes  dans  les  pêches  à 
deux  ans.  Ces  poids  sont  ceux  des  étangs  médio- 
cres de  l'Ain.  La  carpe  décuple  donc  de  poids 
pendant  la  seconde  année,  quintuple  la  troisième, 
et  augmente  seulement  de  50  pour  100  pendant 
la  quatrième.  Il  y  a  donc  avantage  à  exploiter  à 
trois  ans.  Mais  comme  on  met  pour  la  pêche  à 
deux  ans  moitié  en  sus  de  l'empoissonnage,  cette 
dernière  produit,  en  valeur,  déduction  faite  de 
rempoissonnag'e,  autant  que  deux  pêches  à  un  an, 
et  on  ne  fait  qu'une  seule  fois  les  frais  de  pêche 
et  d'empoissonnage.  En  outre,  pendant  la  pre- 
mière année,  la  carpe  prend  de  la  taille  et  du 
volume  ;  pendant  la  seconde,  elle  se  met  en  chair 
et  devient  meilleure.  D'ailleurs,  les  brochets  de 
la  deuxième  année  donnent  un  produit  bien  su- 
périeur. 

En  moyenne,  en  France,  on  place  240  têtes 
d'empoissonnage  par  hectare  de  bons  fonds; 
160  sur  les  fonds  médiocres  et  130  sur  les  mau- 
vais. On  ajoute,  par  cent  d'empoissonnag'e,  8  à 
10  kilogrammes  de  tanches  adultes  et  10  bro- 
chets de  250  grammes.  On  préfère  souvent  atten- 
dre pour  cela  la  fin  de  la  première  année.   Si 

GAUCKLER.  \  0 


146  LES   POISSONS    D'EAU  DOUCE. 

l'étang'  renferme  peu  de  feuilles  en  automne,  on 
met  10  brochets  de  500  grammes  par  cent  d'eni- 
poissonnag'e;  si,  au  contraire,  il  en  contient  beau- 
coup, au  lieu  de  10  on  en  met  de  15  à  30. 

En  Bohême,  on  laisse  habituellement  Fempois- 
sonnag^e  pendant  trois  ans,  avant  de  le  repêcher. 
Si  l'étang^  reste  en  eau  pendant  plus  de  temps, 
on  diminue  le  peuplement.  Dans  cette  contrée, 
lorsque  l'empoissonnage  pèse  de  250  à  500  gTam- 
mes,  on  ajoute  des  brochetons  de  1O0  à  120  gram- 
mes; pendant  la  seconde  année,  on  les  choisit  du 
poids  de  125  à  250  grammes.  Les  étangs  y  reçoi- 
vent la  première  année  le  tiers  de  leur  peuple- 
ment total  (la  moitié  après  un  assec)  et  le  surplus 
à  la  seconde  année.  On  compte  10  pour  100  de 
brochets  et  5  pour  100  de  sandres;  s'il  y  a  abon- 
dance de  poisson  blanc,  on  augmente  le  nombre 
des  brochets.  Dans  le  nord  de  l'Allemagne,  on  ne 
compte  que  4  à  5  pour  100  de  brochets. 

Aux  alevins  de  sandres  on  ajoute  quelques 
adultes,  du  poids  de  1  à  2  kilogrammes,  qui 
fournissent  de  très  beaux  rejetons  au  bout  de  deux 
ou  trois  ans.  Pour  un  étang  de  20  hectares,  on 
met  250  à  300  alevins  de  sandres,  et  8  à  10  adul- 
tes, dont  un  tiers  de  mâles  et  deux  tiers  de  femelles. 
Les  sandres  de  trois  ans  atteignent  un  poids 
de  1,5  à  3  kilogrammes.  Ni  les  sandres,  ni  les 
brochets  ne  proviennent  d'étangs  spéciaux;  leurs 
alevins  se  récoltent  dans  les  étangs. à  carpes,  où 
ils  se  reproduisent. 


ÉTANGS  A  CARPES.  147 

Quand  on  ne  tient  pas  à  l'élevage  spécial  de  la 
carpe,  on  augmente  le  nombre  des  sandres;  quel- 
quefois on  les  remplace  par  des  perches. 

En  France,  lorsqu'un  étang*  possède  un  bon 
fonds  et  qu'il  a  été  peuplé  d'empoissonnage  vi- 
goureux, on  le  pèche  avec  avantage  au  bout  de 
deux  ans,  c'est-à-dire  quand  l'alevin  y  aura  sé- 
journé pendant  deux  étés.  Il  peut  arriver,  dans 
ce  cas,  que  les  carpes,  au  bout  d'un  an,  se  trou- 
vent assez  grosses  pour  être  marchandes,  surtout 
si  l'empoissonnement  a  été  précédé  dune  année 
d'assec  :  une  année  d'assec  et  une  année  d'em- 
poissonnement valent  généralement  deux  étés. 
Quelquefois  aussi  on  pêche  au  bout  d'un  an,  parce 
que  l'étang1  a  besoin  de  réparations,  ou  qu'il  s'y 
trouve  de  gros  brochets  qui  détruiraient  le  peu- 
plement. Enfin,  quand  l'alevin  est  trop  petit,  le 
poisson  n'arrive  à  une  bonne  grosseur  qu'au  bout 
de  trois  ans.  Dans  ce  cas,  on  ne  met  le  brocheton 
que  la  seconde  année. 

Pour  l'empoissonnage,  la  taille  des  poissons  doit 
être  la  plus  uniforme  possible,  car  sans  cela, 
carpes,  brochets  ou  tanches,  les  grands  enlève- 
ront la  nourriture  aux  petits.  On  obtient  quelques 
belles  pièces,  et  du  reste,  rien  qui  vaille. 

Quelquefois  on  pêche  à  deux  ans  dans  un  seul 
étang*.  Au  printemps  de  la  première  année,  on 
place  dans  l'étang*  la  moitié  de  l'empoissonnage 
ordinaire  en  carpes,  dont  deux  tiers  laitées  et  un 
tiers  œuvées,  et  on  ajoute  4  à  5  tanches  de  deux 


148  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

ans,  par  cent  pièces  d'empoissonnage.  En  au- 
tomne, on  éprouve  à  l'épervier.  Suivant  qu'il  y  a 
beaucoup  ou  peu  de  pose,  on  met  15,  30  et  même 
40  têtes  de  brochets  de  500  grammes,  par  cent  de 
carpes  (80  paires).  On  obtient  de  beaux  et  bons 
brochets  et  les  tanches  disparaissent.  Cette  pêche 
est  fort  aléatoire,  c'est  pour  cela  qu'on  l'a  nommée 
pêche  folle. 

D.  —  Viviers  d'hivernage  et  de  vente. 

Les  viviers  d'hivernage  servent  à  conserver 
l'empoissonnage  pendant  la  mise  à  sec  de  l'étang* 
qui  l'a  produit.  Le  poisson  n'y  passe  que  la  saison 
froide  et  n'a  pas  besoin  d'y  trouver  de  nour- 
riture. 

Ces  étangs  doivent  être  profonds,  exempts  de 
vase,  et  très  abondamment  alimentés.  Ils  peuvent 
recevoir  par  hectare  100  à  140,000  poissons, 
qu'on  repêche  au  mois  d'avril.  Pendant  l'hiver, 
ils  ont  perdu  2  à  3  pour  100  de  leur  poids.  Après 
la  pêche,  on  procède  à  un  nettoyage  à  fond  et  on 
laisse  à  sec  jusqu'en  automne. 

Pour  les  besoins  de  la  vente,  on  tient  les  pois- 
sons dans  des  réservoirs  maçonnés,  où  l'on  a  soin 
de  loger  ensemble  les  poissons  de  même  espèce 
et  de  même  taille.  Le  sol  du  réservoir  destiné  aux 
carpes  sera  en  marne  battue.  On  l'exécutera  en 
sable  pour  le  brochet  et  le  sandre.  Il  aura  une 
légère  pente  transversale  pour  pouvoir  être  corn- 


ÉTANGS  A  CARPES.  149 

plètement  asséché.  On  nourrit  les  poissons  vora- 
ces  avec  de  la  blanchaille,  et  les  carpes  avec  de 
l'argile  pétrie  d'orge  à  moitié  cuite,  avec  des 
pommes  de  terre  et  d'autres  légumes  passés  à 
l'eau  bouillante. 


E.  —  Pêche  des  étangs  à  carpes. 

La  meilleure  époque  pour  la  pêche  des  étang-s 
à  carpes  est  la  seconde  moitié  d'octobre,  quand  le 
temps  est  frais  et  qu'on  n'a  pas  encore  à  redouter 
les  grands  froids,  qui  peuvent  faire  périr  tout  le 
peuplement  d'une  pêcherie,  s'il  y  g'èle  à  fond. 
L'eau  évacuée  pendant  cette  saison  peut  encore 
servir  utilement  à  l'irrigation  des  prairies,  et  l'on 
n'a  pas  à  craindre  l'action  du  soleil  sur  la  vase 
mise  à  découvert. 

On  commence  par  soutirer  l'eau  très  lentement, 
en  supprimant  toute  alimentation.  Quelques  jours 
avant  la  pêche,  on  ravive  l'eau  de  la  poêle  et  on 
y  rabat  le  poisson  le  plus  possible,  en  le  chas- 
sant, au  besoin,  des  fossés  où  l'eau  séjourne 
encore,  et  où  l'on  promène,  à  cet  effet,  des  filets 
traînants.  Puis  on  entoure  le  poisson  avec  un 
vaste  filet  qui  le  rassemble  clans  le  plus  étroit 
espace  possible.  Ce  filet  est  fixé  à  terre  et  main- 
tenu debout,  au  moyen  de  piquets  fichés  dans  le 
sol,  de  telle  façon  que  les  poissons  ne  puissent 
s'esquiver  ni  par-dessus,  ni  par-dessous.  Pendant 


150  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

toutes  ces  opérations  on  continue  à  alimenter  la 
poêle  avec  de  l'eau  vive,  et  on  maintient  son 
niveau  constant. 

Dans  l'intérieur  du  réduit,  dans  lequel  tout  le 
poisson  se  trouve  concentré,  on  pêche  à  la  seine. 
Chaque  fois  qu'on  la  tire,  tous  les  poissons  cap- 
turés sont  immédiatement  aspergés  d'eau  fraîche 
et  lavés  dans  le  filet  même.  Ensuite  on  enlève  à  la 
puisette  les  poissons  chasseurs,  brochets,  perches 
et  sandres,  s'il  s'en  trouve,  on  les  assortit  et  on 
les  dépose  dans  des  tonneaux  remplis  d'eau  fraî- 
che et  préparés  d'avance.  Ces  tonneaux  sont  dis- 
posés sur  des  voitures  qui  transporteront  la  pêche 
à  destination  :  vivier,  étang1  ou  marché.  Enfin, 
on  recueille  les  carpes,  on  les  trie,  on  les  pèse  et 
on  les  place  dans  les  cuveaux  munis  d'eau  pure 
qui  leur  sont  destinés.  Les  petites  tanches  et  les 
poissons  blancs  sont  le  plus  souvent  abandonnés 
en  paiement  aux  ouvriers  qui  viennent  aider  à  la 
pêche. 

Pendant  chaque  opération  de  la  seine,  l'alimen- 
tation est  interrompue.  Elle  est  reprise  durant 
les  intervalles;  mais  on  augmente  le  débit  de  la 
bonde  de  vidange,  de  manière  à  réduire  peu  à 
peu  la  surface  de  l'eau  à  pêcher.  Quand  il  ne 
reste  plus  que  peu  de  poissons,  on  lave  l'intérieur 
des  barques  et  on  les  remplit  en  partie  d'eau. 
Les  pêcheurs  entrent  dans  la  vase,  prennent  les 
poissons  avec  des  trubles  et  les  déposent  dans  les 
barques. 


„      ÉTANGS   A  CARPES.  1  Kl 

Après  la  poche,  au  commencement  du  mois  de 
novembre,  on  débarrasse  l'étang*  de  sa  vase,  au 
moyen  d'une  chasse  vigoureuse  d'eau  courante. 
On  ouvre  la  vanne  du  canal  de  décharge,  et  l'eau 
emporte  les  dépôts  terreux,  que  balaient  les  ou- 
vriers et  qu'ils  poussent  vers  le  fossé  central, 
avec  des  pelles  de  bois  et  des  racloirs. 


F.  —  Exploitation  agronomique  des  étangs 

à  carpes. 

Après  la  pêche,  l'étang1  doit  rester  à  sec  pour 
s'aérer  et  pour  faire  disparaître  tous  les  ennemis 
des  poissons  que  peuvent  receler  encore  les  herbes 
elles  petites  dépressions  humides  du  sol  :  gre- 
nouilles, dytiques  et  autres  insectes,  salaman- 
dres et  surtout  brochetons  et  perchettes.  S'il  res- 
tait une  seule  mare  remplie  d'eau,  elle  pourrait 
abriter  suffisamment  d'ennemis  pour  nuire  sen- 
siblement à  la  pêche  suivante.  C'est  pour  cette 
raison  qu'il  est  si  important  de  niveler  toutes  les 
dépressions  accidentelles  existant  dans  le  fond 
d'un  étang,  ou  au  moins  d'y  pratiquer  des  sai- 
gnées, qui  les  assèchent  pendant  la  vidange  et 
en  drainent  l'humidité. 

Après  que  le  sol  de  l'étang*  s'est  suffisamment 
consolidé  pour  supporter  le  poids  et  l'action  de 
la  charrue,  on  le  laboure  et  on  l'ensemence;  on 
y  récoltera  du  froment,  du  maïs,  de  l'orge,  de 


V62  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

l'avoine,  du  sarrasin  ou  du  trèfle.  Le  plus  sou- 
vent, la  culture  ne  dure  qu'un  an;  nous  avons  vu 
cependant  qu'elle  peut  se  prolonger,  lorsque  des 
circonstances  spéciales  favorisent  l'engraissement 
du  terrain.  Dans  le  Schleswig'-Holstein,  les  étangs 
sont  alternativement  en  eau  et  en  assec  durant 
deux  ans. 

La  mise  en  culture  augmente  dans  une  forte 
proportion  le  revenu  net  d'un  étang.  Elle  favorise 
le  développement  du  poisson  et  donne  à  l'agri- 
culture de  beaux  produits,  croissant  en  abon- 
dance sur  un  sol  engraissé  sans  frais.  Souvent 
l'exploitation  d'un  étang  fait  partie  de  celle  d'une 
ferme  agricole.  Dans  ce  cas,  les  herbes  aquati- 
ques et  les  roseaux  sont  utilisés  comme  fourrages, 
litières  et  chaumes.  Mêlés  aux  vases  évacuées  de 
l'étang,  après  la  pêche,  ils  servent  à  préparer  des 
composts  et  des  amendements  très  énergiques, 
surtout  si  l'on  peut  y  mêler  un  peu  de  chaux  ou 
de  plâtre. 

Les  déchets  de  la  ferme  peuvent  s'ajouter  à  la 
nourriture  que  les  carpes  rencontrent  dans  l'é- 
tang, ce  qui  permet  d'en  augmienter  le  peuple- 
ment. Les  résidus  du  jardin  et  de  la  cuisine, 
feuilles  de  choux,  herbes  diverses,  luzerne  hachée, 
pelures  de  carottes,  de  navets  et  de  pommes  de 
terre,  sont  consommés  volontiers,  et,  pour  rendre 
cette  nourriture  plus  profitable,  on  y  mêle  des 
substances  azotées  ou  qui  renferment  du  phos- 
phate de  chaux.   L'orge  gonflée  dans  de  l'eau 


ÉTANGS  A   CARPES.  1d3 

bouillante  conviendrait  à  merveille,  si  elle  n'était 
pas  d'un  prix  si  élevé.  On  la  remplace  économi- 
quement par  du  guano,  des  résidus  de  malt  des 
brasseries,  des  tourteaux,  des  marcs  de  raisins  et 
de  betteraves,  du  son,  etc.,  intimement  mêlés 
avec  des  végétaux  hacliés  menus.  Le  fumier  frais 
de  porc  et  de  mouton,  le  crottin  de  cheval  et  la 
bouse  de  vache  desséchés  qu'on  ramasse  sur  les 
pâturages,  de  la  pouclrette  même  des  usines  de 
vidanges,  renferment  beaucoup  de  substances 
nutritives,  que  les  carpes  s'assimilent  avec  succès. 
Le  fumier  de  six  porcs  à  l'engrais  suffit  pour 
nourrir  300  kilogrammes  de  carpes,  pendant  trois 
à  quatre  mois.  Après  ce  laps  de  temps,  elles  au- 
ront pris  assez  de  croissance  pour  qu'il  devienne 
nécessaire  d'augmenter  la  nourriture  ou  de  ré- 
duire leur  nombre.  Après  le  quatrième  mois,  il 
faut  doubler  la  quantité  de  nourriture,  si  l'on 
veut  qu'au  bout  d'un  an  le  poids  de  ces  poissons 
s'élève  à  750  kilogrammes. 

Le  fumier  ainsi  utilisé  n'est  pas  complètement 
perdu.  Outre  qu'il  a  produit  une  quantité  consi- 
dérable de  chair  de  poisson,  on  le  retrouve,  en 
partie,  dans  la  vase  des  composts,  et  on  emploie 
en  fumure,  sur  les  champs,  tout  ce  que  les  carpes 
ne  se  seront  pas  assimilé.  N'oublions  pas,  d'ail- 
leurs, que  les  herbes  aquatiques,  dont  on  n'au- 
rait pas  l'emploi,  peuvent  être  incinérées  et  don- 
ner des  engrais  riches  en  potasse. 

En  Chine,  chaque  famille  d'agriculteurs  qui 


134  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

exploite  une  petite  ferme  de  J  hectare,  possède 
un  étang'  de  quelques  ares  de  superficie  dont  elle 
tire  des  produits  abondants.  Il  est  beaucoup  de 
contrées,  en  France  et  en  Europe,  en  général,  où 
il  serait  facile  d'organiser  des  exploitations  ana- 
logues. 


3°  —  ETANGS  A  TRUITES 


Des  eaux  vives  et  fraîches  et  un  fond  de  gra- 
vier, de  gTos  sable  ou  de  rochers  permettent  d'é- 
tablir un  étangs  à  truites.  Les  eaux  doivent  être 
bordées  d'ombrages,  qui  maintiennent  leur  fraî- 
cheur et  qui,  de  leur  épais  feuillag'e,  secouent 
dans  l'eau  de  nombreux  insectes,  pâture  favorite 
des  truites.  Au  lieu  de  bords  plats  et  de  berges 
régulièrement  inclinées,  il  faut  des  rives  acciden- 
tées, déchirées  par  des  saillies  de  rochers,  héris- 
sées de  racines  et  de  troncs  d'arbres,  où  les  pois- 
sons trouvent  des  abris  et  des  retraites.  Sur  le  fond, 
on  peut  créer  des  abris  artificiels,  avec  des  pier- 
res plates  ou  des  dalles  reposant  sur  des  supports, 
avec  des  tuiles  creuses  et  des  tuyaux  de  drainage 
fendus  en  long"  et  placés  le  creux  en  dessous.  Au 
besoin,  on  crée  des  réfugies  avec  des  madriers  ou 
des  fag^ots  de  bois  flottants,  rattachés  avec  des 
cordes  à  des  corps  morts  fixés  au  sol  :  leur  ombre 
peut,  en  partie,  suppléer  à  l'absence  des  arbres 
sur  les  rives. 

Avant  de  peupler  un  étang1  avec  des  truites,  il 


156  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

faut  s'assurer  qu'il  ne  renferme  ni  brochets,  ni 
perches,  ni  vérons,  ni  épinoches,  ni  insectes  chas- 
seurs. La  présence  d'anguilles  ou  de  lottes  pour- 
rait être  désastreuse.  Puis  on  le  munira  large- 
ment de  gardons,  d'ablettes  et  de  goujons;  les 
moules  d'eau  douce  seront  avantageuses,  surtout 
pour  le  premier  âge.  Si  l'étang  n'est  pas  disposé 
naturellement  pour  que  les  truites  puissent  y 
frayer,  on  établira  des  frayères  en  gravier,  ou 
bien  on  recourra  aux  procédés  de  la  pisciculture 
artificielle. 

Il  faut  éviter  la  cohabitation  de  truites  de  taille 
très  différente,  parce  que,  sans  cela,  elles  se  dé- 
vorent entre  elles.  Gomme  il  faut  trois  ans  pour 
qu'une  truite  atteigne  le  poids  de  500  grammes 
à  1  kilogr.  et  devienne  marchande,  on  doit  pou- 
voir disposer  au  moins  de  trois  bassins,  qui  ren- 
ferment chacun  des  truites  du  même  âg*e.  A  ces 
bassins  il  faut  annexer  de  petits  compartiments 
spéciaux,  destinés  à  recevoir  les  sujets  qui  crois- 
sent mal  et  ceux  qui  se  distinguent  par  leur  vora- 
cité et  s'attaquent  à  leurs  compagnons. 

La  profondeur  des  bassins  doit  être  de  0m,50 
pour  la  première  année,  d'au  moins  1  mètre 
pour  la  seconde  et  dépasser  lm,50  pour  la  troi- 
sième. Si  l'on  peut  renouveler  constamment  le 
peuplement  en  poissons  blancs,  ou  qu'on  dispose 
des  ressources  nécessaires  pour  obtenir  une 
abondante  nourriture  artificielle,  on  peut  élever 
un  très  grand  nombre  de  truites  dans  des  espaces 


ÉTANGS  A  TRUITES.  157 

relativement  restreints,  à  condition  de  maintenir 
constamment  une  copieuse  alimentation  d'eau 
fraîche  et  bien  aérée.  Un  étang1  de  20  mètres  de 
longueur,  de  6  mètres  de  largeur  et  de  lm,50 
à  2  mètres  de  profondeur,  peut  log^er  sans  incon- 
vénient plusieurs  centaines  de  truites  pendant  la 
troisième  année  :  le  peuplement  peut  aller  jusqu'à 
deux  ou  trois  poissons  pour  chaque  mètre  cube 
d'eau.  Avec  une  alimentation  d'eau  de  1  mètre- 
cube  par  heure,  on  peut  élever  20  kilogrammes 
de  truites.  La  même  eau  peut  servir  dans  un  autre 
bassin,  si  elle  peut  s'aérer  sur  le  passage. 

Les  plantes  qui  conviennent  le  mieux  aux  étangs 
de  truites,  sont  celles  qui  favorisent  le  plus  la 
production  des  insectes  et  de  leurs  larves;  nous 
nous  bornerons  à  citer  la  fétuque  d'eau,  le  cres- 
son de  fontaine,  la  véronique  et  l'iris  jaune.  Les 
roseaux  et  les  joncs  doivent  être  proscrits;  ils  ne 
rencontrent  pas,  d'ailleurs,  clans  les  fonds  de  gra- 
vier,  favorables  aux  truites,  des  conditions  avan- 
tageuses à  leur  développement.  Les  truites  ne 
prennent  aucune  nourriture  végétale  :  elles  ai- 
ment à  chercher  le  frais  parmi  les  herbes  et  à 
y  faire  la  cueillette  des  insectes,  attachés  à  la  face 
inférieure  des  feuilles,  ce  qui  a  fait  croire  quel- 
quefois qu'elles  les  pâturaient. 

Quoiqu'on  puisse  nourrir  les  jeunes  truites 
avec  du  lait  caillé,  des  jaunes  d'œufs,  des  lom- 
brics broyés  ou  de  la  chair  hachée  menu,  il  vaut 
mieux  les  repaître  avec  des  insectes  et  avec  leurs 


158  LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

larves,  nourriture  qu'elles  préfèrent  à  toute  autre 
et  qui  leur  est  le  plus  profitable.  A  cet  effet,  ou 
a  inventé  en  Amérique  une  installation  spéciale. 
Au-dessus  de  la  surface  de  l'eau,  on  fixe  sur  un 
piquet  solidement  planté  dans  le  fond,  une  cor- 
beille en  treillis  de  fil  de  fer  galvanisé.  Dans  cette 
corbeille,  on  place  des  déchets  de  viande,  des  in- 
testins, etc.,  sur  lesquels  les  mouches  viennent 
déposer  leurs  œufs.  Bientôt  les  asticots,  ou  larves 
de  mouches,  éclosent  et  vont  tomber  dans  l'eau, 
où  les  attendent  les  truites.  Pour  empêcher  que  la 
chair  ne  se  dessèche  au  soleil,  qu'elle  devienne 
la  proie  des  oiseaux  carnivores  ou  répande  au 
loin  une  odeur  désagréable,  on  recouvre  la  cor- 
beille avec  un  tonneau  défoncé  par  le  bas,  qui 
forme  cloche  et  plonge  dans  l'eau.  Ce  tonneau 
est  percé  d'un  grand  nombre  de  trous  de  vrille, 
de  0m,00ô  à  CP,010  de  diamètre,  qui  permet- 
tent l'accès  des  mouches.  A  côté  du  tonneau  est 
planté  un  poteau  muni  d'une  console  qui  porte 
une  poulie.  Une  corde  passe  sur  la  poulie  et  vient 
se  fixer  au  centre  du  plafond  du  tonneau,  muni 
pour  cela  d'un  crochet.  Elle  permet  de  le  soulever 
et  de  l'abaisser,  quand  on  vient  visiter  les  provi- 
sions et  les  renouveler  l.  Deux  anneaux,  placés 
sur  une  même  ligne  verticale,  glissent  sur  une 
barre  de  fer  fixée  le  long  du  poteau,  et  servent  à 
maintenir  le  tonneau  dans  sa  position,  malgré 

1.  Seth  Green,  Troutcultwc,  p.  50.  —  Slack,  Pmctical  troutcul- 
ture,  p.  W'i. 


ÉTANGS  A  TRUITES.  lo9 

les  efforts  du  vent  et  le  choc  des  vagues.  Quel- 
quefois on  supprime  le  support  de  la  corbeille  et 
on  la  suspend  au-dessus  de  l'eau,  dans  l'intérieur 
du  tonneau.  Tout  en  empêchant  l'infection  de 
l'air,  ce  dernier  procure  aux  truites  un  abri  om- 
bragé, où  elles  viennent  guetter  la  proie  vivante, 
qui  leur  pleut  clans  la  bouche. 

On  peut  élever  les  truites  par  stabulation,  dans 
des  bassins  en  maçonnerie  très  étroits,  si  on  les 
fournit    abondamment  de  vivres.    La  meilleure 
nourriture,   après   les   insectes  et    leurs   larves, 
consiste  en  fretin,  petits  crustacés,  poisson  blanc 
haché  menu,  viande  de  cheval  découpée  en  petits 
morceaux,  vers  de  terre,  etc.  La  chair  salée  et 
le  hareng*  de  caque  sont  acceptés  et  consommés 
sans  inconvénients.  Quand  on  nourrit  les  truites 
artificiellement,  on  remarque  que  les  morceaux 
de  chair  ou  de  poissons  qui  ne  sont  pas  saisis 
pendant  qu'ils  flottent  dans   l'eau,   tombent   au 
fond  et  ne  sont  pas  consommés.  Cela  tient  à  la 
disposition  naturelle  des  yeux  de  ces  poissons,  qui, 
placés  à  la  partie  supérieure  de  la  tête,  ne  peu- 
vent voir  au-dessous  d'eux.  Pour  éviter  l'infection 
que  pourrait  causer  la  pourriture  des  restes  de 
pâture,  il  faut,  dans  l'étang1  de  première  année, 
prendre  soin  de  ne  pas  nourrir  avec  excès  et  de 
ne  répandre  la  pâtée  que  peu  à  peu,  au  fur  et  à 
mesure  qu'elle  est  absorbée.  Si  on  n'a  pas  le  temps 
de  se  livrer  à  ce  soin  minutieux,  on  place  la  nour- 
riture dans  une  corbeille  en  treillis  de  fil  de  fer, 


160  LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

couverte,  formant  râtelier  et  maintenue  immer- 
gée à  la  surface  de  l'eau.  Les  poissons  y  viennent 
choisir  les  bribes  qui  leur  conviennent.  Au-des- 
sous de  ce  râtelier,  on  place,  sur  le  fond,  un  large 
plateau  à  bords  relevés,  destiné  à  recueillir  les 
morceaux  perdus,  qu'on  enlève  de  temps  en 
temps.  Dans  les  étangs  de  deuxième  et  de  troisième 
année,  cette  disposition  n'est  pas  nécessaire:  quel- 
ques écrevisses  qu'on  y  répand  se  chargeront 
de  maintenir  la  propreté,  sans  nuire  aux  truites. 

C'est  surtout  dans  les  viviers  où  les  truites  sont 
élevées  artificiellement  et  réunies  en  grand  nom- 
bre dans  un  petit  espace,  qu'il  faut  avoir  soin  de 
se  ménager  de  nombreux  compartiments,  pour 
recevoir  chacun  des  truites  de  même  taille.  Sans 
cela  les  plus  fortes  dévorent  les  plus  faibles.  Il  suffît 
d'une  différence  d'un  quart  dans  la  longueur  pour 
mettre  la  plus  petite  en  danger.  Lorsque  la  nour- 
riture est  insuffisante,  les  truites  s'attaquent  en- 
tre elles,  quoique  de  mêmes  dimensions,  et  se  mor- 
dent près  de  la  queue.  Toute  truite  mordue  peut 
être  considérée  comme  perdue;  en  peu  de  jours, 
elle  meurt  de  sa  blessure. 

Il  est  rare  que  les  truites  puissent  frayer  dans 
les  étangs  mêmes.  Lorsque  les  circonstances  le 
permettent,  on  leur  prépare  des  frayères  artifi- 
cielles, soit  dans  les  rigoles  d'alimentation,  soit 
près  de  leur  embouchure,  afin  de  leur  procurer 
de  l'eau  vive.  En  tout  cas,  il  faut  munir  de  grilles 
les  rigoles  d'admission  ou  les  ruisseaux  qui  ali- 


ÉTANGS  A  TRUITES.  161 

mentent  l'étang-,  pour  que,  pendant  la  saison  des 
amours,  les  truites  ne  puissent  s'échapper,  en 
remontant  le  courant,  et  ne  deviennent  une  proie 
facile  des  braconniers  et  de  leurs  autres  ennemis. 
On  peut  élever  avec  succès  des  ombres  cheva- 
liers dans  les  étang-s  à  truites  et  dans  les  marnes 
conditions.  Le  saumon  ne  peut  pas  donner  de  ré- 
sultats, parce  que  le  séjour  dans  l'eau  de  mer  lui 
est  indispensable  pour  acquérir  tout  son  dévelop- 
pement. 


GAUCKLER.  \[ 


4°  —  ETANGS  A  COREGONES 


La  famille  des  corég*ones,  qui  comprend  la 
fera,  le  lavaret,  la  grande  maraene  et  d'autres 
espèces,  peut  s'élever  dans  des  étang*s  de  toutes 
dimensions,  même  quand  leur  profondeur  est 
limitée,  et  qu'ils  ne  sont  alimentés  que  par  infil- 
tration, pourvu  que  l'eau  soit  fraîche  et  pure. 

Pour  peupler  les  bassins,  il  suffit  de  semer  des 
œufs  fécondés  sur  un  fond  de  gravier  ou  de  gros 
sable,  dans  une  eau  aérée  mais  tranquille,  et 
à  une  profondeur  d'au  plus  0,"1  50  d'eau.  On 
aura  soin  de  les  éparpiller  et  de  ne  pas  les  ag*- 
g'Iomérer  par  groupes.  Il  est  indispensable  que 
les  œufs  ne  se  touchent  pas,  sans  cela,  la  perte 
de  quelques-uns  d'entre  eux,  qui  se  couvrent 
d'une  espèce  de  moisissure  appelée  byssus,  en- 
traînerait la  mort  de  tous  leurs  voisins. 

On  garnira  le  bassin  de  moules  d'eau,  de  pla- 
norbes,  de  lymnées  des  étang-s  et  d'autres  mol- 
lusques, dont  la  progéniture  sert  de  première 
nourriture  aux  alevins.  Quand  ils  ont  acquis  une 
taille  suffisante,  ils  dévorent  aussi  les  vers  et  les 


ÉTANGS  A   CORÉGONES.  103 

petits  insectes  que  l'exiguïté  de  leur  bouche 
leur  permet  de  saisir. 

En  1868,  on  a  obtenu  à  l'établissement  de  Hu- 
ningue  des  feras  adultes  pesant  environ  500 
grammes  et- provenant  de  fécondations  artificiel- 
les. Elles  vivaient  dans  un  bassin  d'un  peu  plus 
de  1  mètre  de  profondeur,  alimenté  uniquement 
par  les  eaux  du  sous-sol ,  et  formaient  une  popu- 
lation très  dense,  d'environ  trois  individus  par 
mètre  carré. 

Les  feras  peuvent  se  transporter  vivantes  à  de 
grandes  dislances  et  prospèrent  très  bien  après 
leur  voyage.  On  peut  donc  les  propager  par  colo- 
nisation. Leur  reproduction  par  la  pisciculture 
artificielle  n'est  pas  plus  difficile  que  celle  des 
truites. 

Gomme  les  grandes  maraenes,  surtout  celles 
du  lac  de  Madu,  en  Prusse,  atteignent  de  for- 
tes dimensions  dans  des  étangs  d'une  profondeur 
limitée,  il  serait  profitable  d'acclimater  en  France 
cet  excellent  poisson,  et  de  le  domestiquer  dans 
nos  bassins  d'eau. 


5°  —  ETANGS  A  ANGUILLES 


Presque  toutes  les  eaux  conviennent  à  l'an- 
guille; elle  prospère  dans  les  rivières  aussi  bien 
que  dans  les  étangs  et  les  marais,  mais  la  chair 
de  ce  poisson  sera  d'autant  plus  savoureuse 
qu'elle  proviendra  d'eaux  plus  vives  et  plus  pures. 

Les  étangs  à  anguilles  doivent  être  soigneuse- 
ment protégés  par  des  treillages  métalliques , 
pour  qu'elles  ne  puissent  pas  s'échapper  par  les 
vannes  d'admission  ou  les  bondes  de  trop-plein. 
On  fait  grandir  de  petites  anguilles  ,  provenant 
de  la  montée ,  dans  des  bassins  étanches ,  dont 
on  protège  les  issues  avec  de  la  toile  ou  une  gaze, 
qui  laisse  filtrer  l'eau  et  retient  les  poissons. 

Au  commencement,  les  petites  bêtes  filiformes 
se  nourrissent  d'infusoires,  qu'elles  rencontrent 
dans  l'eau.  Un  peu  plus  tard,  on  leur  donne  des 
lombrics  et  des  larves  d'insectes ,  écrasés  et  ré- 
duits en  pâte.  Quand  les  anguilles  ont  atteint  des 
dimensions  suffisantes,  elles  dévorent  du  frai  de 
grenouilles,  des  insectes,  des  limaces,  des  crus- 
tacés, des  mollusques  et  de  la  chair  hachée  :  du 
fumier  de  brebis,  qui  renferme  toujours  un  grand 


ÉTANGS  A  ANGUILLES.  105 

nombre  de  larves  d'insectes ,  peut  contribuer 
beaucoup  à  accélérer  leur  croissance. 

Dans  un  étang*  de  1  hectare,  on  place  environ 
2,000  anguilles  d'un  an.  On  ajoute  des  chevaines, 
des  gardons,  des  ablettes,  des  vérons  et  surtout 
des  gTenouilles  et  des  écrevisses,  dont  elles  sont 
extrêmement  friandes. 

S'il  existe  un  cours  d'eau  dans  le  voisinage  de 
l'étang1,  il  faut  isoler  ce  dernier  au  moyen  d'une 
petite  palissade  que  l'anguille  ne  puisse  pas 
franchir.  Sans  cela,  elle  gagnera  les  eaux  vives 
en  passant  à  travers  champs,  et  s'échappera. 
Dans  le  cas  contraire,  il  faut  ménager  des  berges 
assez  peu  inclinées,  afin  que  le  poisson  puisse, 
sans  trop  de  peine,  quitter  l'eau  pendant  la  nuit, 
et  aller  se  repaître  de  limaces  et  de  vers  de  terre, 
qui  sortent  à  l'air,  pendant  l'obscurité,  pour  dé- 
vorer les  herbes. 

En  trois  ou  quatre  ans,  l'anguille  arrive  à  peser 
1  kilogramme  et  à  devenir  marchande.  On  ne 
l'élève  que  dans  des  terrains  marécageux,  ou  à 
fond  de  glaise,  qui  ne  peuvent  servir  ni  pour  la 
carpe,  ni  pour  la  truite;  quelquefois  on  en  place , 
mais  en  petit  nombre,  dans  les  étangs  à  carpes. 
On  peut  les  nourrir  artificiellement  avec  des  tri- 
pailles,  du  foie  ou  du  poumon  de  bœuf  et  des  re- 
buts de  viandes  hachés.  Les  fonds  de  sable  ne 
conviennent  pas  à  l'anguille,  surtout  pendant 
l'hiver,  parce  qu'elle  ne  peut  pas  y  établir  les 
galeries,  où  elle  se  réfugie  durant  les  froids. 


6°  —  ETANGS  A  ECREVISSES 


Les  étangs  à  écrevisses  doivent  consister  sur- 
tout en  fossés  alimentés  d'eaux  vives,  afin  d'of- 
frir à  ces  crustacés  un  grand  développement  de 
rives,  dans  lesquelles  ils  choisissent  leurs  retrai- 
tes. Ces  fossés  peuvent  en  même  temps  servir  à 
élever  des  truites.  Le  plus  souvent,  on  se  borne 
à  tenir  les  écrevisses  dans  des  viviers  en  maçon- 
nerie, où  elles  grandissent  et  s'engraissent.  Le 
sol  doit  en  être  graveleux  à  une  gTande  profon- 
deur, et  l'alimentation  d'eau  vive,  très  abondante. 
Ces  viviers  peuvent  servir  de  cressonnières. 

Pour  que  le  test  des  écrevisses  puisse  se  renou- 
veler, il  faut  qu'elles  rencontrent  dans  l'eau  le 
calcaire  nécessaire.  Si  les  eaux  ne  renferment  pas 
de  chaux,  il  faut  que  les  pierres  des  parois  des 
viviers  la  leur  fournissent.  La  petite  quantité 
d'acide  carbonique  que  les  eaux  renferment  tou- 
jours, leur  fait  dissoudre  la  quantité  de  carbo- 
nate de  chaux  nécessaire,  dont  profitent  les  crus- 
tacés. A  défaut  de  cette  précaution  ,  on  risque  de 
voir  les  belles  et  grandes  écrevisses  à  pattes  rou- 


ÉTANGS   A  ÉCREVISSES.  167 

ges  dévorées  par  la  petite  écrevisse  noire,  qui 
prospère  dans  les  eaux  siliceuses  ,  ou  bien  le 
peuplement  meurt  et  disparaît,  faute  de  pouvoir 
remplacer  sa  carapace  pendant  les  mues. 

On  nourrit  les  écrivisses  de  larves  d'insectes , 
qui  se  développent  dans  le  fumier;  de  détritus 
de  toutes  sortes,  animaux  ou  végétaux,  de  sang' 
de  bœuf  frais,  etc.  Elles  aiment  surtout  la  cbair 
fraîche.  Bien  soignées,  elles  peuvent  atteindre 
des  dimensions  extraordinaires.  En  1590,  on 
mandait  de  Bohême  qu'on  disposait  d'écrevisses 
aussi  grandes  que  des  cochons  de  lait  âg^és  de 
deux  semaines  l. 

Les  écrevisses  croissent  lentement  et  doivent 
être  séparées  par  taille,  pour  ne  pas  s'entre-dévo- 
rer  au  moment  des  mues.  De  nombreux  réfugies 
leur  seront  ménagés  au  moyen  de  pierres  super- 
posées le  long  des  bords.  Les  petites  écrevisses, 
de  moins  de  1  centimètre  de  longueur,  s'enfon- 
cent dans  le  sol ,  quelquefois  à  plus  de  1  mètre 
de  profondeur,  et  y  passent  leur  première  jeu- 
nesse. 

1.  Horack,  Culture  des  étangs  en  Bohême,  p.  io6. 


7°   —  PRODUITS  VÉGÉTAUX  DES  ÉTANGS 


Nous  avons  vu  que  les  insectes,  les  mollusques 
et  les  crustacés  qui  vivent  dans  l'eau,  jouent  un 
grand  rôle  dans  l'alimentation  des  poissons,  et 
constituent  pour  eux  une  nourriture  aussi  agréa- 
ble que  substantielle.  Pour  produire  ces  petits 
animaux  à  profusion ,  il  faut  que  l'étang*  soit 
abondamment  pourvu  des  végétaux  qui  les  hé- 
bergent. Parmi  les  plantes  aquatiques,  il  en  est 
qui  sont  particulièrement  favorables  à  la  propa- 
gation d'insectes  nourriciers  ;  d'autres  le  sont 
moins,  mais  se  prêtent  à  divers  usages ,  qui  leur 
assignent  une  valeur  agronomique  assez  élevée; 
d'autres  enfin,  sont  inutiles  ou  nuisibles,  et  doi- 
vent être  proscrites.  Si  l'on  dispose  de  grandes 
étendues  d'eau ,  dont  l'exploitation  se  combine 
avec  celle  d'une  ferme  agricole,  on  réserve  des 
espaces  limités  à  la  culture  des  plantes  utiles, 
afin  de  parer  à  tous  les  besoins  de  l'économie  ru- 
rale. 

La  plante  qu'on  rencontre  le  plus  communé- 
ment clans  les  eaux  fermées  et  sur  les  rives  abri- 
tées des  rivières,  c'est  le  roseau  (arundo  phrag- 


PRODUITS  VÉGÉTAUX  DES  ÉTANGS.     16!) 

mites).  Il  prospère  dans  les  terrains  vaseux  et 
fertiles  ,  et  pousse  dans  tous  les  sols  qui  ne  sont 
pas  exclusivement  argileux.  Ses  usagées  sont  très 
variés  et  lui  constituent  une  utilité  exception- 
nelle. Très  jeune,  il  fournit  plusieurs  coupes  et 
sert  de  fourrag'e  vert  pour  les  chevaux.  On  le 
donne  aussi  aux  vaches,  mais  alors  il  est  haché 
avec  de  la  paille  ou  mélangé  avec  des  fourrages 
secs.  Sa  valeur  nutritive  est  très  grande.  Le  ro- 
seau sec  renferme  de  18  à  19  pour  100  de  pro- 
téine, quantité  supérieure  à  celle  que  contiennent 
presque  tous  les  autres  fourrages,  à  l'exception 
de  la  jeune  luzerne.  Quand  il  a  toute  sa  hauteur 
et  mesure  environ  2  mètres,  on  le  récolte  et  on 
le  fait  sécher  pour  servir  de  couverture  pour  les 
meules,  de  chaume  pour  les  hangars  ou  de  mu- 
railles pour  les  huttes  abris  où  se  tiennent  les 
gardes.  Dans  la  construction  des  maisons,  on 
s'en  sert  pour  garnir  les  plafonds  et  les  cloisons, 
qui  doivent  recevoir  une  couche  de  plâtre.  Enfin 
il  remplace  la  paille  et  les  feuilles  sèches  comme 
litière  pour  les  bestiaux.  La  production  du  roseau 
n'est  donc  nullement  indifférente,  au  point  de 
vue  du  rendement  pécuniaire  d'un  étang. 

On  emploie  différentes  méthodes  pour  propa- 
ger le  roseau.  Au  fond  des  eaux  permanentes, 
sur  un  sol  toujours  submerg-é,  on  ne  peut  recou- 
rir qu'à  l'ensemencement.  On  récolte  des  graines 
bien  mûres  et  on  les  pétrit  avec  de  la  terre  grasse 
de  manière  à  former    des  boules,    de    0m,06  à 


17(1  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

0m,10  de  diamètre.  Ces  boules  sont  disséminées 
sur  le  sol  qu'on   veut   garnir,    et,    bientôt,   les 
graines  g*erment  et  s'enracinent  dans  la  terre. 
Dans  les  étang's  on  profite  de  la  vidange,  pour 
planter  dans    des    fosses   de    0m,30  à  0m,60    de 
profondeur  (selon  la  longueur  des  racines),  des 
mottes  de  terre   portant  des  roseaux.   La  plan- 
tation se  fait  au  printemps,  avant  la  formation 
des  nouvelles  pousses.  Enfin  pendant  le  mois  de 
juillet,  on  peut  piquer  des  tigres  de  roseaux  clans 
des  endroits  vaseux  et  bien  abrités,  où  elles  pren- 
nent racine.  En  automne  ,  on  enlève  ces  boutures 
avec  leur  motte,  et  on  les  met  en  place.    Après 
la   plantation,   on  maintient  l'humidité  du  sol; 
mais  on  ne  le  mettra  en  eau  que  lorsque  les  jeu- 
nes pousses  auront  atteint  une  longueur  deOm,30. 
Les  plantations  de  roseaux  se  développent  avec 
une  grande  vigueur  ;  elles  finissent  par  former  des 
massifs  impénétrables  aux  poissons  de  moyenne 
taille.  Il  faut  donc  en  modérer  l'extension  et   la 
circonscrire  dans  certaines  limites,  pour  ne  pas 
porter  préjudice  au  développement  du   peuple- 
ment piscicole.   Par  contre,    ils  fournissent  au 
poisson  de  nombreux  insectes ,  des  graines  et  des 
détritus,  dont  il   fait  son  profit.   Comme  les  ro- 
seaux ne  peuvent  vivre  que  dans  des  profondeurs 
d'eau  inférieures  à  2  mètres,  leur  envahissement 
n'est  pas  à  redouter  dans  les  étang-s  profonds, 
dont  tout  au  plus  ils  peuvent  garnir  les  rives. 
Pendant  Fassec,  il  est  facile  de  les  extirper  en 


PRODUITS  VÉGÉTAUX   DES   ÉTANGS.  171 

arrachant  les  racines  et  les  brûlant,  opération 
que  la  charrue  facilite  beaucoup  ,  quoique  son  ac- 
tion ne  suffise  pas  pour  amener  seule  une  des- 
truction totale. 

Uacore  (acorus  calamus)  est  une  herbe  dont  la 
tige  atteint  I  mètre  de  Hauteur  et  porte  une  fleur 
en  forme  de  panicule.  Ses  racines,  qui  atteignent 
une  grosseur  de  0m,03,  sont  Recherchées  pour  la 
distillation,  la  pharmacie  et  la  confiserie.  Il  se 
plaît  clans  des  eaux  qui  n'ont  pas  plus  de  0m,30 
à  0m,60  de  profondeur.  On  le  plante  au  prin- 
temps,  en  lignes  distantes  de  2  mètres,  en  re- 
piquant, avec  des  intervalles  de  0m,60,  des  cayeux 
portant  des  feuilles.  La  culture  de  l'acore  est 
favorable  aux  poissons. 

De  toutes  les  plantes  aquatiques,  la  meilleure 
pour  le  peuplement  est  \<\,  fétuque  flottante  (festuca 
fluilans),  dont  les  feuilles  douces  et  tendres  sont 
consommées  par  les  carpes,  et  constamment  cou- 
vertes de  myriades  d'insectes  et  de  petits  crusta- 
cés. Ses  gTaines  sont  très  nutritives;  mais  ses 
fortes  racines  sont  une  g'êne  pour  le  labourage. 

La  lentille  d'eau  (lemna)  tapisse  la  surface  de 
l'eau  d'innombrables  petites  feuilles  flottantes, 
dont  les  faces  inférieures  portent  des  racines  plon- 
geantes. Elle  foisonne  surtout  dans  les  étangs 
qui  reçoivent  des  eaux  grasses,  et  abrite  de  nom- 
breuses colonies  de  petites  proies,  que  les  poissons 
y  viennent  récolter.  Cette  plante  ne  réussit  que 
dons   les  eaux    abritées;    les  vents   la    rejettent 


172  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

sur  les  berges  et  la  font  périr  par  dessication. 

La  châtaigne  d'eau  (trapa  natans)  est  une  plante 
annuelle  dont  les  feuilles  ressemblent  à  celles  de 
l'ortie;  ses  fruits  sont  mangeables.  Elle  aime  un 
sol  marneux  et  gras.  Ses  feuilles  sont  consom- 
mées par  les  chevaux.  Quand  elle  se  répand  à 
l'excès;  il  suffît  de  la  faucher  sous  l'eau,  avant 
la  maturation  des  châtaignes;  on  en  empêche 
ainsi  la  reproduction,  qui  ne  peut  avoir  lieu  que 
par  ensemencement. 

Parmi  les  plantes  utiles  dans  les  étangs,  nous 
citerons  encore  les  nénuphars,  qui  conviennent 
particulièrement  aux  étangs  à  truites;  la  spargule 
d'eau  (polygonum  amphibium);  la  renoncule 
aquatique  (ranuncula  aquatilis);  le  cresson  de 
fontaine  (nasturtium)  et  celui  de  marais;  l'iris 
jaune  (iris  pseud-acorus),  et  la  véronique  d'eau 
(veronica  beccabunga). 

Les  plantes  à  détruire  sont  les  joncs  (scirpus 
lacustris)  qui  produisent  peu  d'insectes  et  servent 
à  certains  usages  domestiques;  le  Typha  latifolia, 
la  Glyceriaaquatica,  la  Phalarisarundinacea,  etc. 


III 


LES  FRAYÈRES  ARTIFICIELLES 


De  temps  immémorial,  les  Chinois  ont  pratiqué 
la  pisciculture  au  moyen  de  frayères  artificielles. 
Voici  ce  qu'en  rapporte  Duhamel,  d'après  Y  His- 
toire générale  des  voyages  {  : 

«  La  Chine  offre  une  prodigieuse  abondance 
de  poissons;  les  rivières,  les  lacs,  les  étangs,  les 
canaux  même  y  sont  remplis  de  poissons,  qui 
fourmillent  jusque  dans  les  fossés  qu'on  creuse 
dans  les  champs,  pour  conserver  l'eau  qui  sert  à  la 
production  du  riz.  Ces  fossés  sont  remplis  de  frai 
ou  d'œufs  de  poisson,  dont  les  propriétaires  tirent 
un  profit  considérable. 

«  On  voit  tous  les  ans,  sur  la  grande  rivière 
du  Yang"-tse-Kiang\  à  peu  de  distance  de  Kien- 
King'-fou,  dans  la  province  de  Kiang-si,  un  nom- 
bre surprenant  de  barques  qui  se   rassemblent 

1.  Duhamel  du  Monceau,  Traité  général  des  pêches,  1772. 


174  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

pour  acheter  du  frai.  Vers  le  mois  de  mai,  les  ha- 
bitants bouchent  la  rivière  en  plusieurs  endroits, 
dans  l'espace  de  neuf  à  dix  lieues,  avec  des  nattes 
et  des  claies,  qui  ne  laissent  d'ouverture  que  pour 
le  passage  d'une  barque,  afin  d'arrêter  le  frai, 
qu'ils  savent  distinguer  du  premier  coup  d'œil, 
quoiqu'il  ne  produise  presque  aucun  changement 
à  l'eau.  Ils  emplissent  des  tonnes  avec  cette  eau 
chargée  de  frai,  pour  la  vendre  aux  marchands, 
qui  la  transportent  en  diverses  provinces,  ayant 
l'attention  de  remuer  cette  eau  de  temps  en  temps. 
Elle  se  vend  par  mesure,  à  ceux  qui  possèdent  des 
étangs.  Dans  l'espace  de  peu  de  jours,  le  frai 
commence  à  paraître  et  forme  de  petits  bancs, 
étant  si  petits  qu'ils  sont  presque  imperceptibles. 
On  les  nourrit  avec  des  lentilles  d'eau  et  des 
jaunes  d'oeufs,  à  peu  près  comme  on  nourrit  en 
Europe  certains  animaux  domestiques.  On  em- 
poissonne aussi  des  canaux  avec  des  poissons 
qn'on  tire  des  rivières  et  des  lacs.  » 

L'auteur  ajoute  :  «  Quelques-uns  disent  que 
si  l'on  arrache  une  racine  d'arbre  chargée  de 
chevelu  et  dépouillée  de  la  terre  qui  l'environnait, 
que  vers  la  fin  d'avril  ou  au  commencement  de 
mai,  on  la  mette  quelques  jours  attachée  à  une 
corde,  dans  un  endroit  où  le  poisson  fraie,  elle  se 
trouve  en  peu  de  temps  très  chargée  de  frai,  et 
qu'en  la  transportant  promptement  dans  une 
mare,  la  tenant  à  0m,10  sous  l'eau,  le  frai  y  éclôt 
et  l'empoissonne.  » 


LES   FRAYERES  ARTIFICIELLES.  17S 

Quelquefois  les  Chinois  récoltent  les  œufs  au 
moment  de  la  ponte,  au  moyen  d'un  petit  filet  à 
mailles  très  étroites.  Le  frai  est  placé  dans  des 
cuviers  remplis  d'environ  0m,05  d'eau,  et  placés 
dans  des  endroits  frais  et  ombragés,  mais  où 
les  rayons  du  soleil  puissent  pénétrer,  et  où  il 
éclôt1.  Ce  procédé  a  été  employé  dans  d'autres 
contrées.  En  France,  dans  le  département  de 
l'Isère,  depuis  un  temps  immémorial,  les  pê- 
cheurs font  au  lac  Paladru  la  récolte  des  œufs  de 
cyprins2.  Dès  les  premiers  jours  du  printemps, 
vers  le  milieu  du  mois  de  mars,  ils  déposent  dans 
le  lac  des  branches  d'arbres  verts  et  de  brous- 
sailles, qui  servent  aux  poissons  à  se  débarrasser 
de  leurs  œufs.  Ces  derniers  sont  transportés  en- 
suite dans  les  localités  destinées  à  être  empoisson- 
nées. Eu  Bohême,  on  garnit  de  branches  de  bou- 
leau les  berges  des  étangs  à  feuilles,  pour  recevoir 
le  frai  des  carpes. 

Les  frayères  artificielles  seront  disposées  d'une 
manière  différente,  selon  qu'il  s'agira  de  faciliter 
la  ponte  des  poissons  qui  déposent  leurs  œufs  sur 
les  plantes  aquatiques,  ce  qui  a  lieu  pour  un 
grand  nombre  de  ceux  qui  fraient  en  été,  ou  de 
ceux  qui  les  épanchent  sur  un  fond  de  gravier, 
comme  le  font  le  plus  souvent  les  espèces  qui  se 
reproduisent  pendant  la  saison  froide. 

1 .  Dabry  de  Thiersant  ,  La  Pisciculture  et  la  pêche  en  Chine, 
p.  110. 

2.  Dr  Soubeyran,  La  Pisciculture  chez  divers  peuples,  p.  21. 


176  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

Lorsque  les  eaux  renferment  une  grande  abon- 
dance d'herbes  propres  à  recevoir  le  frai,  on  se 
borne  à  les  faucarder  en  partie,  pour  obliger  le 
poisson  à  se  reproduire  exclusivement  sur  les 
herbages  ménagés  à  cet  effet.  On  peut  alors  faci- 
lement récolter  les  œufs,  en  coupant  les  herbes 
qui  en  sont  chargées,  pour  les  transporter  aux 
endroits  où  doivent  se  faire  les  éclosions. 

Si  les  herbes  font  défaut,  comme  cela  peut  arri- 
ver dans  un  étang'  à  truites  à  fond  de  gravier,  on 
y  peut  suppléer  artificiellement,  afin  d'obtenir  des 
reproductions.  A  cet  effet,  on  place  sur  les  bords 
de  l'étang'  ou  des  cours  d'eau,  des  fascines  de  bois 
menu  '.  Ces  fagots,  ou  bourrées,  sont  dressés  dans 
l'endroit  le  mieux  exposé,  à  quelques  mètres  de 
distance  les  uns  des  autres.  La  moitié  du  fagot 
qui  présente  le  plus  de  brindilles  plongera  dans 
l'eau;  l'autre  moitié  sera  fixée  sur  le  rivage.  Ces 
frayères  devront  être  placées  avant  l'hiver,  dans 
des  endroits  peu  fréquentés  par  l'homme,  pour 
que  le  poisson  s'accoutume  à  leur  vue,  et  aussi 
pour  que  le  bois  perde,  à  la  fois,  son  odeur  et  le 
tannin  qu'il  peut  contenir. 

On  peut  remplacer  les  fag'ots  par  des  claies  de 
lm,o0  à  2  mètres  de  longueur,  formées  par  un  ca- 
dre rectangulaire,  sur  lequel  on  fixe,  perpendi- 
culairement à  sa  longueur,  cinq  ou  six  lattes 
transversales.  On   garnit  les  claies  de  branches 

I .  Isidore  Lamy,  Nouveaux  éléments  de  pisciculture. 


LES   FRAYÈRES   ARTIFICIELLES.  177 

de  genévrier  ou  de  chevelu  de  racines  de  plantes 
aquatiques,  et  on  les  place  obliquement  contre  la 
rive.  La  partie  inférieure  est  maintenue  à  la  hau- 
teur voulue,  au  moyen  de  pierres  attachées  avec 
des  cordes,  et  la  partie  supérieure  est  fixée  à  terre. 

(FiS.  41.) 

Quelquefois  on  se  sert  de  claies  circulaires,  for- 


Fig.  41.  —  Frayère  à  claies. 


mées  de  cerceaux  qui  maintiennent  des  lattes 
croisées  à  leur  centre.  On  garnit  ces  disques  de 
branchages  et  on  en  place  plusieurs  les  uns  au- 
dessus  des  autres,  en  les  attachant  à  quelques 
piquets  plantés  dans  le  sol. 

Enfin  on  peut  se  servir  de  caisses  de  bois  rem- 
plies de  terreau,  où  l'on  a  planté  des  herbes  aqua- 

GAUCKLER.  12 


178  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

tiques  avec  leurs  racines.  On  immerge  ces  caisses 
aux  endroits  les  plus  favorables,  environ  trois 
mois  avant  la  ponte.  Elles  attireront  infaillible- 
ment le  poisson,  quand  il  éprouvera  le  besoin  de 
frayer.  (Fig.  42.) 

On  facilite  le  frai  des  carpes  dans  des  étangs 


■  ;■ 

•     ■■   ■ 


■:   ' 
S  ~         .  ■  ;  ■--.-■ 

,■<.  '  .   .      ■     - 

-    V  ,  '  .        '  r~     '  ]    ' 

■  ■      -.-  •  "-»        *<■■■;•>>     •  ":.•    ■    ■■■■■■■-  ,  ',. 


Fig.  42.  —  Frayère  artificielle. 

froids,  en  immergeant  des  tables,  auxquelles  on 
donne  une  légère  inclinaison.  On  les  couvre  avec 
des  mottes  de  gazon,  dont  les  herbes  sont  tour- 
nées vers  le  ciel,  et  qui  sont  surmontées  de  0m,20 
d'eau  à  la  partie  la  plus  basse,  et  de  0m,05  à 
la  partie  la  plus  élevée,  en  supposant  à  la  table 
une  longueur  de  4  à  5  mètres.  Par  l'action  du  soleil, 
l'eau  s'échauffe  singulièrement  sur  les  herbes  et 


LES   FRAYERES   ARTIFICIELLES.  179 

les  carpes  viennent  volontiers  y  déposer  leur  frai. 

Tous  ces  appareils  de  frayères  artificielles  doi- 
vent être  mis  à  l'abri  des  vagues  que  peut  sou- 
lever une  tempête,  et  défendus,  au  besoin,  contre 
elles,  par  une  cloison  en  planches  placée  à  une 
petite  distance. 

Au  moment  de  l'éclosion,  il  faut  protéger  les 
œufs  contre  leurs  ennemis  naturels.  A  cet  effet, 
on  dépose  dans  des  paniers  d'osier  les  herbes  et 
branchages  chargées  de  frai.  On  les  immerge  aux 
endroits  choisis  et  on  les  amarre  à  un  piquet, 
après  avoir  chargé  le  panier  d'un  nombre  suffi- 
sant de  pierres  pour  le  maintenir  sous  l'eau. 
Quand  les  alevins  sont  éclos,  il  suffit  d'ouvrir  le 
couvercle  pour  leur  donner  la  liberté.  On  rem- 
place quelquefois  les  paniers  par  des  caisses  dont 
les  parois  portent  des  jours  g'arnis  de  toiles  mé- 
talliques, à  mailles  assez  serrées  pour  empêcher 
l'accès  des  ennemis  du  frai,  sans  empêcher  l'eau 
de  circuler  et  d'apporter  des  infusoires,  des  con- 
ferves  et  de  petites  algues,  qui  seront  la  première 
nourriture  des  jeunes  poissons. 

Pour  créer  des  frayères  à  truites  dans  des  eaux 
à  fond  vaseux',  on  choisit  un  endroit  où  il  y  ait 
du  courant  et  peu  de  profondeur.  Au  mois  de  sep- 
tembre, on  y  transporte  du  gravier  bien  purgé, 
de  la  grosseur  de  0m,01  à  0m,04;  on  en  établit 
une  couche  de  0m,20  à  0m,25  d'épaisseur  sur  une 

1.  Millet,  La  Culture  de  l'eau,  p.  142. 


180  LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

surface  de  2  à  3  mètres  carrés.  Les  truites  vien- 
dront y  établir  leur  nid  et  y  déposer  leurs  œufs. 
Lorsqu'on   dispose   d'un    petit   ruisseau   à  forte 
pente,  qui  alimente  l'étang'  ou  qui  se  déverse  dans 
une  rivière  à  truites,  on  peut  établir  des  frayères 
dans  les  meilleures  conditions.  On  commence  par 
poser  une  gorille  à  l'endroit  qu'on  ne  veut  pas  voir 
dépasser  par  les  truites  qui  remontent  le  courant, 
soit  à  cause  des  dangers  qu'elles  pourraient  cou- 
rir au  delà,  soit  parce  qu'on  veut  borner  le  rayon 
de  la  surveillance   à  exercer.  Puis  on  y  dispose 
un  certain  nombre  de  frayères  artificielles.   On 
les  place  au  pied  des  rapides,  où  les  eaux  ne  g"è- 
lent  jamais  à  fond  et  sont  fortement  aérées.  Si  la 
pente  est  trop  accusée,  on  la  rompt  au  moyen 
d'une  série  de  petites  cascades,  qui  remplacent 
avantageusement  les  rapides  :  il  ne  faut  pas  que 
la  vitesse  d'écoulement  de  l'eau  soit  assez  grande 
pour  entraîner  les  œufs  pendant  la  durée  de  l'in- 
cubation. 

A  côté  de  chaque  frayère,  on  laisse  un  espace 
suffisant  pour  le  poisson  qui  remonte  ou  qui  des- 
cend Je  ruisseau,  afin  que  l'opération  de  la  ponte 
ne  soit  pas  troublée  par  le  va-et-vient.  Quand  la 
fraie  est  terminée,  et  que  la  femelle  a  achevé  de 
couvrir  les  œufs  avec  du  gTavier,  il  faut  empê- 
cher que  d'autres  couples  ne  viennent  frayer  au 
même  endroit.  En  creusant  leur  nid  à  leur  tour, 
ils  découvrent  les  œufs  antérieurement  pondus, 
les  détériorent  et  les  dévorent  avec  avidité.  On 


LES  FRAYÈRES  ARTIFICIELLES.  181 

recouvre  donc  la  frayère  au  moyen  de  quelques 
broussailles  fixées  par  des  piquets,  de  caisses  en 
planches  à  parois  percées  de  trous  de  vrille,  d'un 
treillage  en  fer  galvanisé,  ou  d'un  simple  panier 
d'osier  chargé  de  quelques  pierres.  Chaque  nid  ne 
doit  jamais  servir  qu'à  un  seul  couple. 

On  favorise  la  ponte  en  couvrant  les  frayères 
avec  quelques  planches  formant  pont  par-dessus 
le  ruisseau.  Elles  procurent  aux  poissons  l'ombre, 
la  tranquillité,  et  surtout  la  sécurité  contre  les 
oiseaux  pêcheurs,  qui  les  guettent,  eux  et  leur 
progéniture. 


IV 


AMÉNAGEMENT  DES  RIVIÈRES 


ET  DES  CANAUX 


Dans  les  fleuves,  les  rivières  navigables  et  dans 
les  canaux  de  navigation,  la  pêche  n'est  consi- 
dérée que  comme  un  produit  accessoire,  qui  a  été, 
le  plus  souvent,  complètement  sacrifié  aux  inté- 
rêts majeurs  des  transports  :  il  n'est  cependant 
ni  difficile,  ni  coûteux  de  concilier  ces  deux  in- 
térêts. 

La  canalisation  et  l'endiguement  des  cours 
d'eau,  en  rendant  mobile  le  fond  des  rivières 
pendant  les  crues,  y  ont  détruit  en  grande  partie 
les  végétaux  qui  servent  à  l'alimentation  et  à  la 
reproduction  des  poissons  les  plus  vulgaires, 
sans  lesquels  ne  peuvent  vivre  les  espèces  les 
plus  recherchées,  qui  s'en  nourrissent.  Le  mou- 
vement des  vagues  produites  parla  navigation  à 


184  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

vapeur  disperse  le  frai  déposé  sur  les  plantes 
qui  garnissent  les  rives;  les  œufs  sont  décollés 
des  herbes,  projetés  sur  les  berges  et  périssent,  en 
se  desséchant.  Les  crues  rapides  et  les  baisses 
qui  arrivent  subitement,  sont  autant  de  causes  de 
destruction  du  frai. 

Enfin  la  mobilité  du  fond,  dont  les  graviers 
broient  à  la  fois  l'œuf  et  son  alevin,  ne  permet 
pas  au  peuplement  de  se  maintenir. 

Si  ces  cours  d'eau  étaient  munis  d'un  nombre 
suffisant  d'abris  pour  le  frai,  pour  l'alevin  et 
pour  le  poisson  adulte,  si  on  rétablissait  les  pâ- 
turages herbeux,  produisant  insectes  et  feuillage, 
nourriture  de  la  plupart  des  poissons,  nul  doute, 
qu'eu  ég^ard  à  l'extrême  puissance  de  reproduc- 
tion de  ces  animaux,  en  peu  de  temps  nos  ri- 
vières récupéreraient,  en  grande  partie,  leur  ri- 
chesse d'autrefois. 

Dans  les  contrées  où  la  civilisation  n'a  pas  en- 
core accompli  ses  grandes  œuvres  ;  où  les  riviè- 
res ne  sont  pas  endiguées  et  reçoivent  les  eaux 
d'égouttement  d'immenses  pâturages;  où  les 
cours  d'eau  communiquent  librement  avec  de 
vastes  étangs  et  des  marécages,  dans  lesquels  le 
poisson  blanc  pullule  à  portée  d'une  nourriture 
inépuisable,  la  pêche,  malgré  tous  les  abus,  con- 
tinue à  donner  de  merveilleux  résultats.  Tel  est 
l'état  des  rivières  de  la  Hongrie,  et  en  général, 
de  l'Europe  orientale. 

La  construction   des  digues  a  isolé  nos  cours 


AMÉNAGEMENT  DES   RIVIÈRES.  185 

d'eau  navigables  de  leurs  anciens  bras,  d'où 
leur  arrivait  en  grande  partie  leur  peuplement. 
Serait-il  impossible  aujourd'hui  de  les  remettre 
en  communication,  tout  en  ayant  soin  de  mu- 
nir les  têtes  des  canaux  d'accès  de  vannes 
qu'on  pourrait  fermer  pendant  les  crues?  Ne 
pourrait-on  pas  endiguer  celles  des  noues  qui 
pour  cela  offriraient  des  facilités  particulières, 
et  les  réunir  au  lit  des  rivières  à  titre  de  ports  à 
poissons?  Nous  n'y  voyons  aucun  obstacle.  Ces 
vieux  bras  et  ces  ports,  constitués  en  réserves, 
abriteraient  le  poisson  pendant  la  saison  des 
amours,  et  lui  serviraient  de  refuge  pendant  les 
crues.  L'excédent  de  leur  population  se  déverse- 
rait incessamment  dans  le  cours  d'eau  principal 
et  en  enrichirait  la  pêche. 

Des  anses  ménagées  dans  les  rives  et  munies 
de  frayères  artificielles,  ou  des  bassins  établis 
dans  les  dépressions  naturelles  du  terrain,  pour- 
raient remplacer  les  anciens  bras  ensablés  au- 
jourd'hui. Une  baie  de  1  are  de  superficie  et 
d'une  profondeur  de  0m,40  à  0m,50  placée  de 
2  en  2  kilomètres,  suffirait  pour  approvisionner 
de  carpes  et  de  tanches  une  rivière  de  30  mètres 
de  largeur  !.  Si  on  ne  pouvait  pas  multiplier 
ces  baies,  une  mare  de  30  à  40  ares,  sans  com- 
munication avec  le  lit  principal,  suffirait  pour 
approvisionner,  par  colonisation,   une  longueur 

i.  Dr  Lamy,  Nouveaux  éléments  de  pisciculture,  p.  81. 


186  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

de  10  kilomètres.  Le  long  des  canaux  de  navi- 
gation, près  des  maisons  éclusières,  il  ne  serait 
ni  difficile,  ni  bien  coûteux  d'établir  des  bas- 
sins d'alevinage,  dont  les  reproducteurs  seraient 
fournis  par  les  locataires  mêmes  de  la  pèche.  Ces 
bassins  pourraient  servir  de  viviers  d'entrepôt 
des  poissons  pendant  les  chômages,  lorsque  la 
cuvette  des  biefs  serait  mise  à  sec  pour  recevoir 
des  réparations. 

Pendant  la  vidange  des  biefs  des  canaux  de  na- 
vigation, il  périt  toujours  une  immense  quantité 
de  jeunes  poissons,  qu'on  pourrait  sauver  pour 
repeupler  le  canal  lors  de  la  mise  en  eau.  1!  suffi- 
rait pour  cela  de  pratiquer  dans  les  biefs,  à  en- 
viron 10  mètres  en  aval  de  chaque  écluse,  un 
approfondissement  analogue  à  la  poêle  des 
étangs.  Sa  longeur  serait  déterminée  par  la  sur- 
face du  bief,  et  sa  largeur  ne  dépasserait  pas  la 
moitié  de  celle  du  fond  de  la  cuvette.  Quand  on 
fait  baisser  les  eaux,  les  poissons  remontent  le 
courant.  Il  suffirait  de  ralentir  l'écoulement  à  la 
fin  de  l'opération,  et  de  maintenir  un  petit  filet 
d'eau  fraîche,  découlant  de  la  porte  de  l'écluse 
supérieure,  pour  rassembler  tout  le  poisson  dans 
la  poêle.  La  pêche  y  serait  aisée,  ainsi  que  le  trans- 
port dans  le  bassin  de  dépôt.  Le  plus  souvent 
même,  on  pourrait  maintenir  cette  alimentation 
pendant  toute  la  durée  du  chômage.  Il  est  vrai 
qu'on  peut,  par  une  manœuvre  appropriée,  attirer 
une  partie  du  poisson  dans  le  sas  de  l'écluse  et  de 


AMÉNAGEMENT   DES   RIVIERES.  187 

là,  ensuite,  le  faire  passer  dans  le  bief  supérieur. 
Mais  on  ne  sauvera  pas  ainsi  le  fretin,  et  sou- 
vent il  est  nécessaire  de  mettre  à  sec  plusieurs 
biefs  consécutifs.  La  création  de  bassins  de  dé- 
pôts s'impose  donc  comme  une  nécessité,  si  on 
veut  maintenir  les  produits  de  la  pêcbe  dans  les 
canaux. 

Dans  les  rivières  et  les  canaux,  il  se  développe 
souvent  une  cause  de  dépeuplement  qu'il  con- 
vient de  surveiller  :  c'est  la  surabondance  des 
brochets.  Tous  les  ans,  à  la  fin  du  mois  d'août, 
une  pêche  générale  devrait  être  exécutée  au  filet 
traînant.  L'emploi  de  ce  filet  ne  présenterait,  à 
cette  époque,  aucun  inconvénient  pour  le  frai,  et 
il  est  indispensable  pour  capturer  tous  les  gros 
brochets  et  pour  détruire  une  partie  des  broche- 
tons.  La  population  du  brochet  ne  devrait  pas  ex- 
céder celle  d'un  deux-centième  des  autres  pois- 
sons de  même  taille,  quand  le  peuplement  est  com- 
plet. Lorsque  la  rivière  est  dépeuplée,  il  faut  y 
supprimer  tous  les  brochets  qu'on  peut  atteindre, 
et  dans  aucun  cas,  il  n'en  faudrait  conserver  dont 
le  poids  dépassât  500  grammes.  Lorsque  la  ri- 
vière nourrit  des  truites,  des  ombres  communs 
et  des  perches,  il  n'y  faut  tolérer  le  brochet  d'au- 
cune façon. 

Dans  une  rivière  dépeuplée  depuis  dix  ans,  il  a 
été  fait  en  1867  une  pêche  exceptionnelle,  dans 
le  but  de  prendre  un  gros  brochet  signalé  de- 
puis quelque   temps.    Sur  2    kilomètres  de  par- 


*8K  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

cours,  la  seine  a  capturé  une  trentaine  de  bro- 
chets, maigTes,  mais  fort  longes.  Ils  pesaient 
de  6  à  12  kilogTammes  et  leur  chair  était  sèche 
et  coriace.  Ils  avaient  fait  disparaître  les  truites 
et  les  ombres  communs  qu'autrefois  on  péchait 
avec  abondance. 

Ce  n'est  pas  qu'il  faille  détruire  complètement 
le  brochet,  qui  est  excellent  à  mang*er  quand  il 
n'est  pas  trop  âg*é  et  qu'il  a  été  bien  nourri;  mais 
il  en  faut  limiter  le  nombre  dans  les  canaux  et  dans 
les  rivières.  Il  ne  faut  le  supprimer  complète- 
ment que  dans  les  parties  réservées  pour  la  re- 
production, aussi  bien  que  les  lottes,  les  anguil- 
les et  les  perches,  qui  se  nourrissent  de  frai  et 
d'alevins.  En  g*ens  pratiques,  les  Anglais  ont  mis 
à  prix  la  tête  du  brochet  dans  toutes  leurs  ri- 
vières à  saumons. 

La  principale  richesse  des  gTands  cours  d'eau  est 
fournie  par  les  poissons  voyageurs.  Ils  ne  man- 
gent presque  pas  dans  les  eaux  douces,  et  tirent 
toute  leur  substance  de  la  mer.  Leur  conservation 
et  leur  multiplication  doit  être  un  des  principaux 
buts  de  la  pisciculture.  La  reproduction  artifi- 
cielle du  saumon  peut  contribuer  à  en  peupler 
les  rivières;  mais  il  faut  surtout  qu'il  puisse  y  re- 
monter à  son  retour  de  la  mer  et  s'y  multiplier 
naturellement.  Les  bassins  de  reproduction  ar- 
tificielle établis  dans  la  Grande-Bretagme  n'ont 
pas  donné  les  résultats  espérés.  C'est  encore  le 
frai  natuurel  du  saraon,  qui,  bien  surveillé  et  ef- 


AMÉNAGEMENT  DES   RIVIÈRES.  18!) 

ficacement  protégé,  constitue,  en  Ecosse  et  en 
Irlande,  la  base  du  repeuplement. 

Il  est  donc  essentiel  d'établir  des  passages  ou 
échelles  à  poissons  partout  où  des  barrages,  con- 
struits pour  favoriser  la  navigation  ou  pour  met- 
tre en  mouvement  les  roues  des  usines,  intercep- 
tent le  chemin  que  les  poissons  suivent  à  la 
montée.  Ces  échelles,  dans  nos  rivières  si  sou- 
vent appauvries  durant  les  sécheresses,  se  com- 
posent d'une  série  de  vasques,  juxtaposées  sur 
un  plan  incliné  d'un  cinquième  au  plus  de  la 
hauteur  à  franchir.  Elles  sont  assez  grandes  et  as- 
sez profondes  pour  que  le  poisson  puisse  s'y  repo- 
ser et  reprendre  son  élan,  sans  risque  de  se  bles- 
ser. Elles  communiquent  par  des  entailles  ou  des 
passes,  pratiquées  alternativement  sur  les  côtés 
des  retenues  et  produisant  de  petites  cascades.  Le 
fond  est  horizontal,  ou  incliné  légèrement  dans 
le  sens  du  courant,  afin  d'éviter  l'ensablement. 
Si  au  moment  de  l'élan  la  queue  du  poisson  tou- 
che le  fond,  il  peut  se  blesser,  perdre  quelques 
écailles,  et  dès  lors,  sa  vie  est  compromise.  L'is- 
sue inférieure  de  l'échelle  doit  toujours  se  trouver 
dans  le  courant  principal.  S'il  est  impossible  de 
remplir  cette  condition,  il  faut  par  un  moyen  ar- 
tificiel, cascade  ou  remou  produit  par  une  con- 
duite d'eau,  attirer  le  poisson  à  l'entrée  du  pas- 
sage. (Fig.  43.) 

Une  fois  la  libre  circulation  du  poisson  assurée, 
il  faut  étudier  les  affluents  où  il  aime  à  établir  ses 


190 


LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 


frayères.  Ces  cours  d'eau  doivent  être  constitués 
à  l'état  de  réserves  et  rigoureusement  surveillés. 
Pendant  la  fraie,  le  poisson  est  sans  défense  et  li- 
vré à  la  merci  des  braconniers.  Après  l'éclosion, 


Fig.  43.  —  Échelle  à  poissons. 


l'alevin  du  saumon  séjourne  pendant  un  an  dans 
son  ruisseau  d'origine,  et  devient  trop  souvent, 
sous  le  nom  de  reney,  de  tacon  et  de  saumoneau, 
la  proie  des  délinquants.  L'avenir  de  la  pêche  du 
saumon  repose  tout  entier  sur  la  conservation  du 
saumoneau.  Tous  les  efforts  qu'on  fera  pour  le 


AMÉNAGEMENT  DES   RIVIÈRES.  191 

repeuplement  ne  pourront  aboutir  h  aucun  ré- 
sultat, si  la  progéniture  du  poisson  n'est  pas  effi- 
cacement protégée. 

L'alose,  qui  est  un  des  éléments  principaux  de 
la  pêche  des  grandes  rivières,  fraie  en  pleine  eau, 
pendant  la  nuit.  Les  endroits  où  elle  pond  ses 
œufs  doivent  être  observés,  étudiés  et  bien  définis. 
Pendant  toute  la  durée  de  la  fraie,  la  pêche  y 
doit  êlre  interdite.  D'ailleurs  la  pêche  de  nuit  de 
ce  poisson  ne  devrait  être  permise  que  sur  les 
bords  de  la  rivière,  et  sur  un  quart,  au  plus,  de 
sa  largeur,  à  partir  de  chaque  rive. 

La  montée  des  anguilles  est  consommée  en 
masse  par  les  populations  riveraines  des  em- 
bouchures de  nos  fleuves.  Pour  un  maigre  repas, 
elles  détruisent  une  quantité  d'anguillules  capable 
de  peupler  tout  un  canton  de  l'intérieur.  La  pêche 
de  la  montée  ne  devrait  être  permise  que  dans 
un  but  de  repeuplement. 

Il  serait  utile  aussi  de  protéger  spécialement 
les  frayères  des  lamproies  et  des  éperlans.  La 
pêche  de  l'esturgeon  devrait  être  absolument  in- 
terdite, pendant  plusieurs  années,  jusqu'à  ce 
qu'il  se  soit  de  nouveau  multiplié  assez  pour 
qu'on  puisse  reconnaître  ses  frayères  et  les  pro- 
téger. 

Il  est  d'autant  plus  nécessaire,  nous  le  répétons, 
de  protéger  les  poissons  voyageurs,  qu'ils  ne 
consomment  presque  pas  de  poissons  indigènes 
et  s'engraissent  à  la  mer.  Ce  sont  des  émissaires 


192  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

de  nos  petits  cours  d'eau,  qui  vont  au  loin 
faire  de  grosses  récoltes,  pour  nous  les  rapporter. 
Des  expériences  officielles,  poursuivies  sur  le 
Rhin  £,  ont  démontré  que  le  saumon  qui  revient  de 
la  mer  ne  mange  plus  quand  il  se  trouve  dans 
l'eau  douce,  et  ne  peut  porter  aucun  préjudice  à 
la  population  sédentaire  des  rivières  qu'il  fré- 
quente. Il  en  est  de  môme  de  l'alose. 

En  repeuplant  les  rivières  au  moyen  d'alevins 
obtenus  artificiellement,  il  faut  avoir  soin  de  les 
disséminer  dans  les  affluents  qui  leur  convien- 
nent. Les  saumons  et  les  truites  ne  quittent  sou- 
vent qu'à  l'âge  de  deux  ou  trois  ans  les  ruisseaux 
où  ils  sont  nés.  S'ils  arrivaient  plus  jeunes  dans 
les  grands  cours  d'eau,  ils  seraient  trop  faibles 
pour  résister  aux  périls  qu'ils  y  rencontrent. 
Si  l'on  met  en  liberté,  dans  une  grande  rivière, 
des  saumoneaux  ou  des  truites  de  moins  d'un  an, 
il  y  a  gTande  chance  que  pas  un  poisson  n'en 
réchappe. 

Le  but  à  atteindre,  c'est  que  chaque  rivière 
pourvoie  naturellement  à  son  peuplement.  A  cet 
effet,  elle  doit  renfermer  un  nombre  suffisant  de 
reproducteurs.  Or  le  poisson  ne  peut  arriver  au- 
jourd'hui à  l'état  adulte,  ni  devenir  capable  de 
reproduction,  s'il  n'est  pas  protégé.  C'est  pour  lui 
assurer  cette  protection  qu'on  a  établi  les  réserves, 

I .  Darfurtii,  De  la  nourriture  et  des  mœurs  des  salmonidés  et  des 
aloses,  1874,  p.  20.  —  J.-G.  Bertram,  Theharvest  of  the  sea,  1865, 
p.  102. 


AMENAGEMENT  DES  RIVIERES.  193 

où  la  pèche  est  interdite  en  toute  saison.  Dans  ces 
parties  de  cours  d'eau ,  le  poisson  séjourne  et 
grandit  librement;  il  y  mûrit  son  frai  et  souvent 
l'y  dépose;  sa  progéniture  émigré  quand  la  po- 
pulation devient  trop  dense,  et,  quand  elle  se  met 
en  voyage  à  la  recherche  des  lieux  de  reproduc- 
tion, elle  revient  plus  tard  à  sa  demeure  habi- 
tuelle. Dans  ce  dernier  cas,  la  loi  protège  le  pois- 
son, même  dans  les  cours  d'eau  affectés  à  la 
pêche,  car  elle  interdit  de  le  capturer  pendant  la 
saison  des  amours.  Des  réserves  bien  distribuées 
et  surveillées,  sont  donc  un  moyen  très  efficace 
pour  maintenir  le  peuplement  des  eaux. 


GAUCKLER.  13 


REPRODUCTION  ARTIFICIELLE 


DES   POISSONS 


La  pisciculture  artificielle  a  pour  but  d'obtenir 
la  fécondation  d'une  manière  plus  complète  et 
plus  parfaite  que  celle  qui  a  lieu  sur  les  frayères 
naturelles;  de  protéger  les  œufs  et  les  alevins 
contre  leurs  ennemis  et  les  causes  de  destruction 
qu'ils  rencontrent  dans  les  cours  d'eau  ;  de  les 
placer  enfin  dans  les  conditions  les  plus  favorables 
à  leur  développement,  jusqu'au  moment  où  l'on 
peut,  sans  danger,  les  abandonner  à  eux-mêmes. 

L'expérience  prouve  que,  de  la  ponte  d'une 
truite  qui  peut  produire  500  œufs,  une  cinquan- 
taine à  peine  se  retrouvent  dans  les  frayères.  Sur 
ce  nombre,  la  moitié  au  moins  périt  avant  d'avoir 
atteint  l'âge  d'un  an.  Dans  un  étang  qui  sert  à, 
produire  la  pose  des  carpes  et  qui  est  bien  amé- 
nagé, on  obtient  dans  des  circonstances  favora- 


196  LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

bles  de  1^000  à  1,500  alevins  par  femelle,  alors 
qu'elle  a  pondu  plus  de  100,000  œufs,  dont  la 
plus  grande  partie  aurait  pu  survivre. 

Pour  réussir  par  des  procédés  artificiels,  il  faut 
imiter  le  plus  possible  les  procédés  de  la  nature, 
et  écarter  des  œufs  et  des  alevins  les  causes  de 
destruction,  ainsi  que  les  circonstances  qui  peu- 
vent entraver  leur  développement. 


1°  —  PONTE  DES  TRUITES  EN  LIBERTÉ 


A  l'approche  des  froids,  pendant  les  derniers 
jours  de  l'automne,  les  truites  recherchent  des 
eaux  à  courant  rapide  et  continu,  coulant  sur  un 
fond  de  gravier,  pour  y  déposer  leurs  œufs.  La 
ponte  commence  dans  la  seconde  moitié  d'octobre 
et  se  continue  jusqu'aux  premiers  jours  du  mois 
de  mars.  Plus  le  climat  est  froid,  plus  la  fraie  est 
précoce;  elle  a  presque  toujours  lieu  avant  les 
grandes  g'elées. 

A  ce  moment,  l'extérieur  de  la  truite  se  trans- 
forme d'une  manière  remarquable.  Le  ventre  de 
la  femelle  est  g-onfïé  par  les  œufs,  sa  robe  prend 
une  teinte  plus  foncée,  le  poisson  se  meut  avec 
lenteur,  on  dirait  paresseusement.  Les  couleurs 
du  mâle  au  contraire  deviennent  plus  claires  et 
plus  vives,  surtout  au  ventre  et  sur  les  flancs. 
Son  poids  diminue  sensiblement.  La  mâchoire 
inférieure  se  relève  à  son  extrémité.  La  chair  du 
poisson  perd  de  sa  qualité,  elle  devient  molle, 
filandreuse,  prend  un  aspect  livide  et  contracte 
souvent  un  g"oùt  désagréable. 


198  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

Vieux  mâles  en  tête,  les  poissons  remontent  le 
courant  le  plus  loin  possible  '.  A  ce  moment  les 
mâles  combattent  pour  la  possession  des  femelles. 
Leur  acharnement  est  tel,  que  souvent  il  en  ré- 
sulte la  mort  d'un  des  combattants,  quelquefois 
celle  de  tous  les  deux.  Les  combats  cessent  lorsque 
les  poissons  se  sont  appariés,  et  dès  lors  les  droits 
de  l'époux  ne  sont  plus  contestés,  même  par  des 
poissons  de  plus  forte  taille.  Il  les  chasse,  sans 
combat,  des  environs  du  lieu  de  la  ponte,  quand 
ils  s'en  approchent  pour  dévorer  quelques  œufs. 
Les  truites  établissent  alors  leur  nid  à  l'endroit 
choisi.  La  femelle  creuse  un  trou  circulaire  de 
0m,  30  à  O,  90  de  diamètre  et  de  0m,  18àOm,  15  de 
profondeur.  A  cet  effet,  elle  écarte  le  gTavier  avec 
sa  queue,  en  remontant  le  courant.  Elle  continue 
son  travail  pendant  plusieurs  jours,  jusqu'à  ce 
que  le  nid  soit  achevé  et  suffisamment  g'rand  pour 
la  contenir. 

Lorsque  tout  est  prêt  et  que  la  femelle  se  dis- 
pose à  expulser  une  partie  de  ses  œufs,  le  mâle 
est  couché  à  côté  d'elle  pour  les  arroser  de  sa 
laitance,  toujours  émise  en  même  temps  que  les 
œufs.  A  ce  moment,  les  poissons  font  des  mouve- 
ments particuliers.  Faisant  tête  au  courant,  ils  se 
courbent  et  redressent  la  partie  antérieure  du 
corps,  en  même  temps  qu'ils  frottent  le  ventre 
contre  le  gravier  et  avancent  d'environ  un  tiers 

\.  Seth  Green,  Troutculture,  p.  61. 


PONTE   DES   TRUITES    EN   LIBERTE.  191» 

de  leur  long'ueur  l.  Très  souvent  le  mâle  et  la 
femelle  sont  couchés  l'un  à  côté  de  l'autre,  les 
ventres  rapprochés,  pendant  que  leurs  têtes  se 
soulèvent  doucement.  Ils  atteignent  ainsi  une 
position  presque  verticale,  au  moment  de  l'émis- 
sion des  œufs  et  de  la  laitance.  L'opération  ter- 
minée, ils  se  quittent.  Le  mâle  se  cache  pendant 
une  dizaine  de  minutes  dans  quelque  retraite 
abritée,  et  la  femelle  couvre  les  œufs  avec  du 
gravier,  qu'elle  ramène  à  l'aide  de  sa  queue  et  de 
ses  nageoires  ventrales.  Puis  le  mâle  revient 
inspecter  la  frayère.  Il  mange  quelques  œufs  qui 
ne  sont  pas  couverts  et  retourne  dans  sa  cache. 
La  ponte  se  répète  à  plusieurs  reprises  et  de  la 
même  manière,  au  fur  et  à  mesure  que  les  œufs 
arrivent  à  leur  maturité  ;  ordinairement  elle  dure 
de  trois  à  six  jours  selon  la  température  2.  La 
frayère  achevée  peut  être  comparée  à  une  tau- 
pinière plate  de  0m,30  à  0m,40  de  hauteur.  Elle 
contient  souvent  une  brouettée  de  gravier  et  est 
bordée  par  un  fossé.  Les  œufs  sont  répandus  à 
peu  près  également  au  milieu  du  gravier,  qui 
les  recouvre  quelquefois  sur  une  hauteur  de  0m,35 
à0\  40. 

Après  la  fraie,  bien  des  germes  de  vie  nouvelle 
reposent  dans  le  gravier  des  ruisseaux,  et  il  n'y 
aurait  pas  lieu  de  se  préoccuper  de  la  multipli- 
cation  des   poissons,   si   de    nombreux   dangers 

1.  Slack,  Practical  Troutculture,  p.  59. 

2.  Frank  Buckland,  Nat.  hist.,  301. 


200  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

n'environnaient  pas  toutes  ces  jeunes  existences. 
Des  essaims  de  poissons  de  toute  espèce  explorent 
continuellement  les  bas-fonds  pour  dévorer  les 
œufs  et  les  jeunes  poissons  qui  viennent  d'éclore. 
D'autres  couples  arrivent  pour  frayer  et  déposer 
leurs  œufs  à  la  même  place.  Ils  détruisent  l'an- 
cienne frayère,  découvrent  les  œufs  en  creusant 
leur  nid,  et  les  dévorent  avec  délices. 

Quelques  œufs  ont  échappé  à  la  fécondation, 
d'autres  ne  sont  pas  recouverts  de  gravier  et  sont 
entraînés  par  les  eaux.  Des  crues  emportent  les 
frayèrps  ou  les  couvrent  de  vase  qui  étouffe  les  em- 
bryons, ou  bien  encore  elles  rendent  la  ponte  im- 
possible. La  baisse  des  eaux  met  les  œufs  à  sec  et  les 
fait  périr.  Puis  arrivent  les  oiseaux  pêcheurs,  les 
dytiques,  les  larves  des  éphémères,  les  rats  d'eau 
et  d'autres  destructeurs,  qui  accomplissent  leur 
œuvre  pendant  la  ]ong*ue  durée  de  l'incubation. 
A  considérer  toutes  ces  causes  de  perte,  qui  s'a- 
joutent à  l'effet  d'une  pêche  sans  trêve,  il  n'est  pas 
étonnant  de  voir  décliner  rapidement  la  popula- 
tion des  cours  d'eau  ;  il  faut  admirer  plutôt  que 
la  truite  n'en  ait  pas  complètement  disparu. 


2°  —  CHOIX  DES  REPRODUCTEURS 


Le  succès  des  opérations  de  la  pisciculture  arti- 
ficielle dépend  en  grande  partie  du  choix  des 
reproducteurs.  On  n'emploiera  que  des  poissons 
sains,  de  belles  formes,  pas  trop  gras,  et  on  rejet- 
tera impitoyablement  tous  les  sujets  qui  pré- 
sentent le  moindre  défaut.  Il  est  essentiel  que  les 
œufs  soient  complètement  mûrs  aussi  bien  que 
la  laitance,  et  qu'ils  ne  soient  pas  gâtés  par  suite 
d'un  retard  apporté  à  la  parturition.  Fécondations 
trop  hâtives  ou  trop  retardées,  dans  les  deux 
cas,  on  n'obtient  que  des  résultats  imparfaits.  Là 
où  des  pêches  abondantes  fournissent  un  grand 
nombre  de  femelles  mûres,  comme  c'est  le  cas 
pour  les  aloses,  les  ombres  chevaliers,  les  truites 
des  lacs  et  les  corégones,  il  est  facile  de  se  procu- 
rer sur  place  un  gTand  nombre  d'œufs  fécondés. 
On  peut  même  se  servir  des  poissons  morts  pen- 
dant la  pêche,  parce  que  les  œufs,  ainsi  que  la 
laitance,  conservent  pendant  plusieurs  jours  leurs 
facultés  de  reproduction,  à  condition  de  rester 
dans  l'intérieur  du  poisson. 


202  LES  POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

Il  est  moins  aisé  de  se  procurer  des  œufs  fécon- 
dés de  saumon  et  de  truites  de  rivière,  et  il  arrive 
parfois  que  la  laitance  manque,  surtout  à  la  fin  de 
la  saison  des  amours,  quand  les  mâles,  en  nombre 
insuffisant,  se  sont  prématurément  épuisés  f. 
Dans  les  contrées  où  l'on  a  pratiqué  la  féconda- 
tion artificielle  pour  le  peuplement  des  eaux,  ce 
sont  plutôt  les  femelles  qui  font  défaut.  En  An- 
gleterre, on  prend  souvent  7  à  8  mâles  pour  une 
femelle,  et  en  Bohême  la  proportion  atteint  le 
double 2.  La  rareté  croissante  des  femelles  a  été 
constatée  aussi  dans  le  lac  de  Zurich,  dont  le 
peuplement  artificiel  est  l'objet  des  soins  de  l'éta- 
blissement de  pisciculture  de  Meilen,  fondé  de- 
puis plus  de  vingt  ans. 

On  ag^ira  donc  sagement  en  capturant  le  pois- 
son avant  l'époque  de  la  fraie,  et  en  le  conser- 
vant dans  des  viviers  fortement  alimentés  d'eau 
fraîche  et  pure,  jusqu'à  l'heure  propice  pour  la 
fécondation.  Les  gros  saumons  sont  attachés  quel- 
quefois dans  les  eaux  où  on  les  a  pris,  au  moyen 
d'une  corde  passée  à  travers  les  ouïes,  et  conser- 
vés vivants  pendant  plusieurs  semaines.  Les 
reproducteurs  de  truites  sont  placés  dans  des 
viviers  spéciaux,  à  fond  lisse  et  exempt  de  gra- 
vier, où  on  vient  les  examiner  de  temps  en  temps. 
Pour  peu  qu'il  y  ait  de  gravier  sur  le  sol  du 
vivier,  les  truites  mûres  se  mettent  à  frayer  et  les 

i.  Frank  Buckland, Fish  hatchiny,  p.  292. 
2.  Fric,  loc.  cit.,  p.  6. 


CHOIX  DES  REPRODUCTEURS.  203 

œufs  sont  perdus  ou  dévorés.  Les  poissons  doi- 
vent être  examinés  fréquemment,  quand  appro- 
che la  saison  de  la  fraie  :  une  fois  au  moins  tous 
les  trois  ou  quatre  jours,  surtout  si  le  temps  est 
doux. 

Les  femelles  seront  saines  et  bien  nourries  ; 
les  gTOS  œufs  sont  généralement  meilleurs  que 
les  petits  ;  les  étés  chauds  leur  sont  plus  favora- 
bles que  les  étés  froids  et  humides.  A  l'àg^e  de 
deux  ans,  la  femelle  de  truite  commence  à  pon- 
dre et  peut  fournir  de  200  à  400  œufs.  Quand 
elle  est  plus  âgée,  on  compte,  en  moyenne,  sur 
2,000  œufs  par  kilogTamme  de  poisson,  et  la 
même  proportion  se  retrouve  pour  le  saumon. 
Pour  les  fécondations  artificielles,  opérées  avec 
la  main,  il  est  préférable  de  se  servir  de  truites 
dont  le  poids  ne  dépasse  pas  1  kilogramme. 
Elles  ne  se  blessent  pas  aussi  facilement  que  les 
sujets  plus  gros,  et  on  est  moins  exposé  à  les  per- 
dre par  suite  des  opérations  de  la  fécondation 
artificielle. 


3°  —  LA  RIGOLE-FRAYERE 


Spawning-race  l . 


On  nomme  rigole-frayère  un  canal,  en  forme 
de  ruisseau  d'eau  vive,  placé  à  l'amont  de  l'étang" 
à  truites,  ou  du  vivier  où  l'on  conserve  les  repro- 
ducteurs. Il  attire  les  poissons  quand  ils  sont 
mûrs  et  prêts  à  frayer,  par  les  facilités  qu'il  leur 
offre  pour  la  ponte. 

L'installation  de  la  rig*ole  est  différente  selon 
les  services  qu'elle  est  appelée  à  rendre. 

Tantôt  elle  sert  à  capturer  les  poissons  au  mo- 
ment précis  de  la  maturité  des  œufs,  pour  les 
faire  servir  aux  fécondations  artificielles;  tantôt 
elle  reçoit  le  dépôt  des  œufs  fécondés  naturelle- 
ment, qu'on  y  récolte  par  différents  procédés,  pour 
les  faire  incuber  ailleurs  ;  tantôt  enfin,  elle  fonc- 
tionne comme  une  frayère  naturelle,  d'où  l'on 
éloiguie    les  reproducteurs  après  la  ponte,  et  où 

].  Slack,  loc.  cit.,  p.  58,  et  Livingston,  Stone,  Domcsticated 
Trout,  p.  16o. 


LA   RIf.OLE-FRAYKKK. 


205 


les  petits  poissons  éclosent  et  peuvent  séjourner 
pendant  la  première  année. 

Tous  les  étang-s  qui  renferment  des  truites 
capables  de  se  reproduire,  doivent  être  pourvus 
de  rig-oles-frayères,  préparées  avec  le  plus  grand 
soin,  afin  d'attirer  les  truites  et  d'éviter  des  pertes 
d'oeufs.  Leurs  parois  seront  construites  en  briques 
et  ciment,  de  préférence  à  tous  autres  matériaux, 
pierres,  planches,  terre  ou  g-azon.  Excepté  dans 


Fig.  44.  —  Rigole-frayère. 


l'étang"  d'alevinag-e,  où  la  truite  passe  sa  première 
année,  le  fond  du  bassin  ne  doit  nulle  part  être 
graveleux,  pendant  que  la  rigole  sera  bien  garnie 
de  gravier  purgé,  tel  qu'il  convient  pour  les 
frayères.  La  pente  de  la  rig^ole  sera  d'environ 
0m,025  par  mètre,  afin  de  provoquer  un  cou- 
rant rapide,  et  son  fond  se  raccordera  avec 
celui  de  l'étang%  parce  qu'un  ressaut  brusque 
inspire  des  défiances  aux  truites.  Lorsque  la 
pente  est  trop  considérable  et  qu'elle  résulte  de  la 
déclivité  naturelle  du  sol,  on  la  brise  par  une 
série  de  déversoirs,  établis  en  travers  du  canal  et 
munis  chacun  d'une  échancrure,  de  manière  à 


200  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

représenter  une  échelle.  Les  échancrures  sont 
disposées  alternativement  à  droite  et  à  gauche 
des  déversoirs  ;  les  remous  qui  se  produisent  à 
leur  pied  attirent  les  poissons  et  les  provoquent 
à  remonter  d'un  compartiment  clans  l'autre.  Les 
dimensions  des  rigoles  peuvent  varier.  On  leur 
donne  une  largeur  de  0m,60  à  lm  60  et  au  moins 
4  mètres  de  longueur;  la  profondeur  du  courant  y 
varie  de  0m,15  à  0m,35,  selon  qu'on  peut  les  ali- 
menter  d'eau  avec  plus  ou  moins  d'abondance. 

A  l'approche  de  la  saison  de  la  fraie,  on 
nettoyé  soigneusement  la  rigole  et  on  y  étend 
une  couche  de  gravier  purgé,  d'au  moins  0ra,10 
d'épaisseur.  Ce  gravier  doit  provenir  de  car- 
rières sèches,  sinon,  il  doit  avoir  passé  au  moins 
un  été  au  soleil  et  à  l'air,  afin  de  se  débar- 
rasser des  larves  d'insectes  destructeurs  ou  de 
tout  autre  élément  d'insuccès  qu'il  pourrait  con- 
tenir. On  couvre  la  rigole  d'un  plancher  mobile, 
muni  au  besoin  de  charnières  et  de  contrepoids, 
qui  permettent  de  la  découvrir  sans  effort.  Ce 
plancher  sera  soigneusement  entretenu  et  revêtu 
d'une  couche  de  peinture  au  goudron  minéral. 

Lorsque  la  rigole  doit  servir  à  capturer  les 
poissons  reproducteurs  arrivés  à  maturité,  on  la 
munit  à  ses  extrémités  de  vannes,  qui  permettent 
de  l'isoler  et  de  la  mettre  à  sec.  Derrière  la  vanne 
d'aval,  on  pratique  une  fosse  d'environ  0m,60 
de  largeur  et  0m,20  de  profondeur,  où  viennent 
se   rassembler   les    poissons  quand  on  ferme  les 


LA  RIGOLE -F  RAYE  HE.  207 

issues  et  que  l'alimentation  d'eau  s'arrête.  On  les 
en  retire  avec  une  truble. 

Lorsqu'on  établit  des  rig^oles-frayères,  on  se 
propose,  le  plus  souvent,  de  substituer  la  fécon- 
dation naturelle  à  la  fécondation  artificielle  des 
œufs  de  truites.  Les  poissons  y  fraient  dans  les 
meilleures  conditions,  et  des  dispositions  ingé- 
nieuses, aujourd'hui  très  souvent  employées  en 
Amérique,  permettent  de  récolter  les  œufs  fécon- 
dés de  la  manière  la  plus  aisée  et  la  plus  complète. 

M.  Ainsworth  a  imaginé  de  placer  dans  la 
rigole  une  caisse  en  planches  qui  en  occupe 
toute  la  largeur.  Dans  l'intérieur  de  la  caisse, 
des  taquets  fixés  contre  les  parois  portent  deux 
cadres  superposés,  qui  bordent  des  treillages  en 
toile  métallique.  Les  mailles  du  treillis  supérieur 
sont  assez  largues  pour  livrer  facilement  passage 
aux  œufs  fécondés.  Ils  tombent  sur  le  treillis 
inférieur,  placé  à  environ  0m,08  plus  bas,  où 
ils  sont  arrêtés  par  les  fines  mailles  de  la  toile 
métallique.  Sur  0m,10  d'épaisseur,  le  cadre  supé- 
rieur est  recouvert  de  gravier  de  la  grosseur 
d'une  noix,  telle  qu'il  ne  puisse  pas  passer  à 
travers  les  mailles.  Les  truites  se  rendent  sur 
ce  gravier,  l'écartent  pour  faire  leur  nid  et 
fraient  sur  le  treillis.  Presque  tous  les  œufs 
tombent,  et  en  remuant  les  pierres  pour  les 
recouvrir,  les  truites  font  descendre  sur  le  treillis 
inférieur  presque  tous  ceux  qui  auraient  pu 
demeurer  dans  la  frayère.  On  les  récolte  en  enle- 


208 


LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 


vant  d'abord  le  cadre  supérieur  avec  le  gravier 
et  ensuite  le  cadre  inférieur.  L'application  de  ce 
procédé  exig"e  une  certaine  main-d'œuvre  et  pré- 
sente au  moment  de  la  récolte  l'inconvénient  de 
déranger  les  truites  occupées  à  frayer.  Cependant 


Mm 

mm 


mm® 


Fig.  45.  —  Appareil  de  M.  Ainsworth. 


les  résultats  qu'on  obtient  égalent,  quant  à  la 
proportion  des  œufs  fécondés,  ceux  que  donnent 
les  meilleures  fécondations  artificielles  ;  mais 
celles-ci  font  courir  au  poisson  et  au  frai  des 
dangers,  qu'on  évite  complètement  par  l'emploi 
de  l'appareil  de  M.  Ainsworth.  (Fig*.  45.) 

M.  Gollins  a  perfectionné  cet  appareil  de  la  ma- 
nière la  plus  beureuse. 


LA  R1G0LE-FRAYERE.  209 

Le  cadre  supérieur  reste  fixe  et  peut  dès  lors 
recevoir  de  grandes  dimensions.  Il  est  partagé  en 
compartiments  capables,  chacun,  de  recevoir  un 
couple  de  poissons. Ces  compartiments  communi- 
quent entre  eux  au  moyen  d'échancrures  demi- 
circulaires  se  faisant  face  sur  les  côtés  des  com- 
partiments, dans  le  sens  du  courant.  La  toile 
inférieure  est  sans  fin;  elle  repose  sur  des  rou- 
leaux actionnés  par  un  engrenage  à  axe  vertical, 
de  telle  façon  qu'on  puisse  la  faire  avancer  ou 
reculer.  En  avant  de  cette  toile  mobile,  à  l'aval, 
on  place  un  cuveau  armé  de  tigres  verticales, 
qui  permettent  de  le  soulever  et  de  le  retirer  de 
l'eau.  On  voit  qu'il  suffît  de  faire  avancer  la  toile 
mobile,  pour  faire  tomber  dans  le  cuveau  les 
œufs  qu'elle  a  recueillis.  Il  reste  à  retirer  ce 
dernier  et  à  les  récolter.  Le  cuveau  est  placé  à 
environ  0m,03  de  l'extrémité  de  la  toile  mobile, 
de  telle  sorte  que  les  gravois  qui  ont  pu  y  arri- 
ver de  la  toile  supérieure,  tombent  en  dehors  du 
cuveau,  où  l'eau  n'entraîne  que  les  œufs  fécon- 
dés. L'accès  de  la  toile  inférieure  est  interdit  aux 
truites  par  des  gTillag'es  qui  ferment  l'appareil 
vers  l'amont  et  couvrent  le  cuveau  en  aval. 
(Fig.  46  et  46  bis.) 

L'emploi  de  l'appareil  Collins  se  généralise  de 
plus  en  plus  en  Amérique,  à  cause  des  grands 
avantages  qu'il  présente.  En  un  quart  d'heure, 
un  seul  homme  peut  opérer  une  récolte  pour 
laquelle  l'appareil  Ainsworth  exigerait  une  demi- 

GAL'CRLER.  14 


210 


LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 


journée  de  travail  de  deux  hommes.  Dans  ce  der- 
nier, le  poids  du  gravier  à  soulever  n'est  pas 
sans  créer  des  difficultés,  et  expose  les   œufs  à 


Fig.  46.  —  Appareil  Collins. 


Fig.  46  bis.  —  Appareil  Collins. 

subir  des  influences  fâcheuses,  pendant  la  ma- 
nœuvre. Dans  l'appareil  Collins,  le  gravier  reste 
en  place.  Les  poissons  qui  y  fraient  ne  sont  pas 
dérangés  et  peuvent  continuer  la  ponte,  pendant 


LA  RIGOLE-FRAYERE.  21  i 

qu'on  récolte  le  frai.  Enfin,  avec  l'appareil  Ains- 
worth,  on  se  mouille  nécessairement  les  mains 
pendant  la  saison  froide,  et  l'on  peut  devenir 
inhabile  aux  soins  nécessaires  pour  faire  la 
récolte  des  œufs.  Ces  derniers  sont  exposés  eux- 
mêmes  à  subir  les  atteintes  du  froid  et  à  éprou- 
ver des  pertes.  Avec  l'appareil  perfectionné  tous 
ces  inconvénients  disparaissent. 

Les  essais  tentés  en  Amérique  avec  ce  nouvel 
eng-in  ont  donné,  sans  exception,  les  meilleurs 
résultats.  Son  emploi  tend  à  s'y  substituer  com- 
plètement à  la  fécondation  artificielle.  Les  éclo- 
sions  obtenues  des  œufs  qu'on  en  a  retirés  ont 
procuré  des  résultats  bien  supérieurs  à  ceux  de 
tous  les  autres  procédés. 

Quelquefois  les  rigoles-frayères  déversent  leurs 
eaux  dans  de  petits  bassins  qui  communiquent 
avec  l'étang1  à  truites,  et  peuvent  en  être  isolés 
au  moyen  de  vannag*es  grillés.  Les  petits  bas- 
sins peuvent  alors  recevoir  le  produit  des  éclo- 
sions  et  l'abriter  pendant  la  première  année.  Il 
est  difficile  cependant  d'en  écarter  complètement 
tous  les  poissons  adultes. 


4°  —  FECONDATION  ARTIFICIELLE 

DES    ŒUFS    LIBRES 


Habituellement  on  obtient  les  œufs  fécondés  en 
frottant  avec  la  main  le  ventre  d'un  couple  de 
poissons  mûrs,  et  en  mêlant  ensemble,  dans  de 
l'eau,  les  œufs  et  la  laitance  obtenus.  Le  procédé 
n'a  rien  de  difficile,  mais  pour  le  pratiquer  con- 
venablement, il  exigée  de  l'adresse  et  de  l'habi- 
tude. 

On  ne  doit  récolter  les  œufs  que  lorsqu'ils  ont 
atteint  leur  pleine  maturité,  il  ne  faut  jamais,  à  ce 
moment,  ajourner  les  opérations.  Les  premiers 
œufs  sortant  d'une  femelle  qu'on  a  trop  long- 
temps gardée  en  vivier,  sont  infécondables.  Avant 
leur  maturité,  ils  sont  renfermés  dans  deux  po- 
ches qui  finissent  par  crever  et  les  laissent 
échapper  dans  la  cavité  abdominale.  Ils  sortent 
alors  sous  la  moindre  pression  du  doigt,  et,  pour 
obtenir  la  ponte,  il  suffit  souvent  de  placer  le 
poisson  dans  la  position  curviligne  qu'il  prend  rm 
moment  de  la  fraie.  Aussi  'longtemps  que  les 
œufs  ne  sortent  pas  aisément   de    l'anus,  qu'on 


FÉCONDATION   ARTIFICIELLE  DES   OEUFS.     213 

peut  extérieurement  les  apercevoir  rangés  en 
ligne  et  que  le  ventre  est  dur  et  résistant,  le  frai 
n'est  pas  à  point.  Il  en  est  de  même  de  la  laitance, 
elle  n'est  mûre  que  lorsqu'elle  coule  sans  effort. 
On  reconnaît  la  maturité  aux  indices  suivants  : 
le  ventre  est  mou,  le  pourtour  de  l'anus  est  gonflé 
sous  forme  de  bourrelet  rouge  et  les  œufs  com- 
mencent à  sortir,  pour  peu  que  l'on  place  le  pois- 
son dans  une  position  approchant  de  la  verticale. 
On  sent  alors  les  œufs  se  déplacer  sous  la  plus 
légère  pression  des  doig'ts. 

Les  œufs  sains  et  mûrs  sont  transparents,  sans 
taches  et  ne  blanchissent  pas  l'eau  qui  les  reçoit1. 
Les  œufs  altérés  ont  des  teintes  louches  et  sont 
affectés  quelquefois  d'opacité.  Leur  transparence 
n'est  pas  parfaite  et  la  mucosité  qui  les  entoure 
blanchit  et  trouble  l'eau  où  on  les  plonge.  Ces 
œufs  doivent  être  rejetés.  Parmi  ceux  qui  ont 
bonne  apparence,  tous  ne  sont  pas  toujours  fécon- 
dés. Pendant  environ  20  jours,  ces  œufs  stériles 
restent  clairs  et  ne  peuvent  se  distinguer  des 
autres  que  par  leur  poids,  qui  n'a  pas  augmenté. 
Après  ce  temps,  ils  deviennent  opaques  et  se 
gâtent  rapidement. 

Pour  procéder  à  la  fécondation,  on  enlève  les 
poissons  des  viviers  et  on  les  place  dans  des 
cuveaux  larges  et  bas,  remplis  d'eau  fraîche,  en 
séparant  les  sexes.  Les  œufs  sont  reçus  dans  des 

1.  Coste,  Instructions  pratiques  pour  le  repeuplement  des  eaux. 


214 


LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 


cuvettes  plates,  dans  des  plats,  ou  dans  des  assiet- 
tes creuses  en  faïence,  en  verre,  en  métal  ou  en 
bois.  Avec  le  pouce  et  l'index  de  la  main  g'auche 
on  saisit  le  poisson  derrière  les  ouïes,  et  de  la 
main  droite  on  main  tient  sa  queue,  derrière  l'anus. 
(Fig*.  47.)  On  le  fait  sortir  vivement  de  l'eau,  on 
le  couche  à  moitié  sur  le  flanc  et  on  le  place  au 


Fig.  47.  —  Fécondation  artificielle  des  œufs. 


dessus  de  la  cuvette,  dans  un  angle  d'environ 
45  degTés,  l'anus  étant  placé  tout  près  du  fond. 
Ensuite  on  le  recourbe  en  forme  d'un  S  et  on 
laisse  couler  les  œufs,  en  augmentant  peu  à  peu 
la  courbure  du  poisson.  Quand  il  n'en  sort  plus, 
on  presse  légèrement  les  flancs,  entre  le  pouce  et 
les  autres  doig*ts  de  la  main  droite,  que  l'on  fait 
g*lisser  de  la  tête  vers  la  queue,  autant  de  fois 
que  cela  est  nécessaire. 


FÉCONDATION  ARTIFICIELLE  DES  OEUFS.       21b 

Il  arrive  parfois  qu'une  première  tentative  est 
sans  résultat,  et  que  la  femelle  retient  ses  œufs 
par  de  violentes  contractions.  Il  ne  faut,  dans  ce 
cas,  rien  brusquer,  mais  attendre.  Un  change- 
ment de  position,  une  immersion  complète  et 
quelques  légères  frictions  opérées  sous  l'eau, 
suffisent  ordinairement  pour  faire  cesser,  en  quel- 
ques secondes,  cet  état  spasmodique.  Les  œufs 
coulent  alors  sans  difficulté. 

Quelquefois  une  grosse  truite  se  défend  avec 
vigueur  et  ne  permet  l'opération  qu'au  risque  de 
la  blesser.  Dans  ce  cas,  on  l'accroche  à  un  hame- 
çon, dont  on  a  soigneusement  limé  la  barbe,  et 
on  la  maintient  dans  un  cuveau  rempli  d'eau  au 
moyen  d'une  corde  d'environ  lm,20  de  longueur, 
attachée  d'un  côté  à  l'hameçon,  et  de  l'autre,  à 
une  verge  flexible  et  élastique  de  la  même  lon- 
gueur. En  peu  de  temps,  l'animal  épuise  ses 
forces  et  se  laisse  manier  sans  difficulté. 

Les  œufs  sont  reçus  dans  une  petite  quantité 
d'eau,  qui  ne  doit  pas  les  dépasser  de  plus 
de  0m,05;  ils  sont  étendus  sur  le  fond,  sans  se 
recouvrir  mutuellement.  Si  l'eau  a  été  souillée 
par  d'abondantes  mucosités  ou  par  les  déjec- 
tions de  la  femelle,  il  faut  la  changer  immédiate- 
ment, avant  de  procéder  à  la  fécondation. 

Puis  on  saisit  le  mâle  et  on  en  extrait  quelques 
gouttes  de  laitance,  dont  on  facilite  la  dispersion 
sur  les  œufs,  en  imprimant,  soit  avec  la  main,  soit 
avec  une   barbe   de  plume,  soit  même  avec  la 


216  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

queue  du  poisson,  une  légère  agitation  à  l'eau, 
qui  prend  alors  une  faible  teinte  opaline. 

La  laitance  doit  être  de  la  couleur,  de  la  con- 
sistance et  de  la  fluidité  de  la  crème.  Elle  est  al- 
térée quand  elle  a  une  teinte  jaunâtre.  Si  on  est 
obligé  d'employer  la  force  pour  la  faire  sortir, 
elle  n'est  pas  mûre  et  ne  peut  donner  aucun 
résultat.  Il  est  des  mâles  qui  sont  stériles  et  ne 
donnent  jamais  de  bonne  laitance.  Il  convient 
de  les  isoler  et  d'en  disposer  pour  la  consom- 
mation. 

Un  seul  mâle  fournit  assez  de  laitance  pour  fé- 
conder les  œufs  de  plusieurs  femelles  :  avec  une 
goutte  de  laitance,  on  peut  féconder  2,000  œufs! 

Dans  aucun  cas,  il  ne  faut  recourir  à  l'emploi 
de  la  force.  Si,  par  des  frictions  trop  rudes,  on 
enlevait  la  mucosité  qui  tapisse  le  corps  du  pois- 
son, elle  favoriserait  plus  tard  la  formation  du  bys- 
sus  et  amènerait  la  perte  des  œufs.  Il  faut  éviter 
aussi  de  comprimer  trop  fortement  le  ventre, 
près  des  ouïes,  parce  qu'on  pourrait  produire 
des  lésions  intérieures  qui  deviendraient  mor- 
telles. Si  le  poisson  se  défend  et  fait  des  mou- 
vements désordonnés,  il  suffît  souvent  de  lui 
maintenir  le  doigt  pressé  contre  le  ventre,  et  sa 
résistance  même  facilitera,  dans  ce  cas,  la  sortie 
des  œufs. 

Il  faut  beaucoup  d'adresse  pour  maintenir  con- 
venablement un  poisson,  et,  quand  il  est  de  forte 
taille,  le  concours  de  deux  personnes  est  indispen- 


FÉCONDATION   ARTIFICIELLE  DES   OEFFS.      217 

sable.  D'après  Fric  l,  en  Bohême,  on  assujettit  le 
reproducteur,  soit  dans  un  morceau  de  bois, 
creusé  de  telle  façon  que  le  ventre  seul  reste  libre, 
soit,  quand  il  est  de  grande  taille,  entre  deux 
planchettes  reliées  par  des  courroies.  Les  dimen- 
sions de  ces  appareils  varient  naturellement  avec 
celles  des  poissons.  M.  Buckland2  maintient  les 
gros  poissons  dans  des  serviettes  en  toile  forte, 
pour  leur  éviter  des  blessures. 

Si  on  ne  procède  pas  avec  beaucoup  de  précau- 
tions, on  peut,  pendant  la  récolte  du  frai  et  sa 
fécondation,  faire  périr  beaucoup  de  poissons.  On 
doit  opérer  posément,  sans  violence  comme  sans 
précipitation,  et  tenir  les  mains  mouillées,  afin 
de  ne  pas  enlever  la  mucosité  qui  couvre  les 
écailles. 

Au  bout  de  quelques  minutes,  la  fécondation 
est  accomplie.  On  peut  la  favoriser  en  imprimant 
au  vase  une  légère  secousse  (une  seule  !).  Puis  on 
change  l'eau  et  on  place  les  œufs  dans  les  appa- 
reils d'incubation. 

Autrefois,  on  opérait  les  fécondations  artifi- 
cielles en  munissant  le  récepteur  d'une  couche 
d'eau  de  0m,05  à  0m,10  de  profondeur.  On  y  re- 
cevait la  laitance  et  les  œufs,  qu'on  mélangeait 
dans  le  liquide.  Depuis  environ  quinze  ans,  on  a 
remarqué  qu'on  obtenait  des  résultats  d'autant 
plus  parfaits  qu'on  employait  moins  d'eau. 

1.  Fric,  loc.  cit.,  p.   18. 

2.  Buckland,  Nat.  hist.,  p.  292. 


218  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

Seth  Green  l  raconte  que  lors  de  ses  premiers 
essais,  en  1864,  il  prenait  beaucoup  d'eau  et  peu 
de  laitance,  et  n'obtenait  que  25  pour  100  d'œufs 
fécondés.  Plus  tard,  il  réduisit  la  quantité  de  li- 
quide à  un  minimum  et  obtint  95  pour  100.  Il 
s'est  ainsi  rapproché  de  la  méthode  sèche,  qu'on 
nomme  le  procédé  russe,  parce  qu'un  pisciculteur 
de  Nikolsk,  nommé  Wrassky,  en  a  fait  déjà  usage 
en  1856. 

D'après  Slack  2,  ce  procédé  s'expliquerait  de  la 
manière  suivante.  Quand  les  œufs  sortent  au 
jour,  ils  ont  une  apparence  ridée,  qui  semble  in- 
diquer que  leur  enveloppe  est  trop  grande  pour 
le  contenu.  Ils  se  remplissent  d'eau  par  endos- 
mose. Jusqu'alors,  les  œufs  sont  en  quelque  sorte 
aplatis  et  agglutinés  parla  cohésion.  Ils  se  déta- 
chent les  uns  des  autres  en  se  remplissant,  et  de- 
viennent parfaitement  libres  quand  ils  ont  pris 
la  forme  sphérique.  Ils  restent  fécondables  pen- 
dant tout  le  temps  qu'ils  mettent  à  se  g*onfler, 
parce  que  les  spermatozoaires,  qui  pullulent  dans 
la  laitance,  y  pénètrent  avec  l'eau  et  ne  peuvent 
plus  y  parvenir  lorsque  l'œuf  est  plein  d'eau. 

Les  spermatozoaires  sont  des  êtres  microsco- 
piques, qui  ressemblent  à  des  têtards  et  fourmil- 
lent dans  la  laitance  en  quantités  innombrables. 
Ils  se  meuvent  clans  l'eau,  avec  une  rapidité 
extrême,  mais  n'y  vivent  que  peu  de  temps.  La 

i .  Forest  and  strcam,  II,  p.  08. 
2.  Slack, /oc.  cit.,  p,  83. 


FÉCONDATION   ARTIFICIELLE   DES   OEUFS.       219 

lai  Lance  n'est  féconde  qu'autant  que  ces  petits 
êtres  restent  en  vie.  Dans  l'eau  les  œufs  restent 
fécondables  pendant  environ  une  heure,  alors  que 
la  laitance  ne  peut  pas  servir  pendant  plus  de  dix 
minutes.  Par  contre,  elle  reste  vivante  durant 
deux  jours  si  on  la  conserve  pure  dans  des  flacons 
bien  bouchés.  En  1867,  on  a  obtenu  à  Huningue 
45  pour  100  d'œufs  fécondés,  en  faisant  usagée 
de  laitance  de  truites  recueillie  «à  Wurtzbourg, 
qui  avait  mis  quarante-deux  heures  pour  faire  le 
trajet. 

Après  la  fécondation,  les  œufs  demandent  à  être 
constamment  baignés  dans  de  l'eau  bien  aérée, 
sans  toutefois  qu'il  se  produise  un  courant  ca- 
pable de  leur  imprimer  des  mouvements.  Au 
commencement,  et  durant  trois  jours,  ils  aug- 
mentent  sensiblement  de  densité,  en  absorbant 
de  l'oxygène.  En  soixante-dix  heures,  ils  ga- 
gnent 5  pour  100  de  leur  poids.  A  partir  du  troi- 
sième jour,  l'aug-mentation  de  poids  journalière 
décline  rapidement  et  s'arrête.  Le  poids  diminue, 
au  contraire,  à  partir  du  jour  où  le  poisson  com- 
mence à  apparaître  tout  formé  dans  l'œuf.  Lors- 
qu'on connaît  l'heure  à  laquelle  une  certaine 
quantité  d'œufs  ont  été  fécondés,  on  peut  par 
une  simple  pesée,  exécutée  pendant  les  pre- 
miers jours,  reconnaître  combien  il  y  a,  dans  la 
masse,  d'œufs  non  fécondés.  Ce  procédé  servait 
autrefois,  à  l'établissement  de  pisciculture  de  Hu- 
ning'ue, à  contrôler  la  qualité  des  œufs  expédiés 


220  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

par  des  pêcheurs,  qui  n'avaient  pas  pu  être  sur- 
veillés pendant  l'opération  de  la  fécondation  arti- 
ficielle. Quelquefois,  manquant  de  mâles,  on  ex- 
pédiait des  œufs  non  fécondés,  qui  étaient  refusés 
à  l'arrivée. 

Voici  comment  on  procède  pour  la  féconda- 
tion à  sec,  recommandée  depuis  longtemps  par 
MM.  Ghavanne,  de  Lausanne,  et  G.  Vog't,  de  Ge- 
nève. On  reçoit  les  œufs  à  sec  clans  un  plat,  jus- 
qu'à ce  que  le  fond  en  soit  couvert  par  une  seule 
couche.  On  y  répand  la  laitance  et  on  remue  très 
doucement  avec  les  barbes  d'une  plume,  ou  avec 
la  queue  du  mâle,  jusqu'à  ce  que  le  mélange  soit 
complet.  Gela  fait,  on  ajoute  de  l'eau  au  point 
qu'elle  recouvre  les  œufs  de  0m,05.  On  remue  de 
nouveau  et  on  attend  pendant  15  à  45  minutes, 
que  les  œufs  se  soient  complètement  gonflés  et 
soient  devenus  libres.  Pendant  ce  temps  la  tem- 
pérature de  l'eau  ne  doit  pas  changer.  Puis  on 
les  lave  et  on  les  étale  dans  les  appareils  d'in- 
cubation. 

Quand  on  ne  dispose  que  de  très  peu  de  lai- 
tance on  modifie  la  manière  de  procéder.  Dans 
ce  cas,  on  la  recueille  dans  un  flacon,  on  y  ajoute 
rapidement  un  peu  d'eau  et  on  secoue  pendant 
quelques  secondes.  Ensuite  on  arrose  les  œufs 
récoltés  à  sec,  on  remue  et  on  lave,  comme  par 
la  méthode  précédente. 

La  fécondation  à  sec  a  l'avantage  de  procréer 
un  plus  grand  nombre  de  femelles  que  le  procédé 


FÉCONDATION   ARTIFICIELLE   DES   OEUFS.       221 

primitif.  Ce  dernier  donne  un  si  grand  excès  de 
mâles,  qu'il  peut  en  résulter  un  dépeuplement 
des  rivières  artificiellement  empoissonnées  '.  Par 
contre,  le  procédé  Wrassky  a  donné  dans  le  can- 
ton de  Vaud  un  grand  excès  de  femelles  2. 

Les  œufs  nouvellement  fécondés,  emballés  dans 
de  la  mousse,  et  enveloppés  de  linges  humides, 
ou  placés  dans  des  vases  remplis  d'eau,  peuvent 
être  transportés  à  de  grandes  distances,  à  condi- 
tion que  ce  soit  avant  le  sixième  jour  après  la 
fécondation.  Il  faut  alors  que  les  couches  superpo- 
sées ne  se  trouvent  pas  entre  elles  en  contact  im- 
médiat, que  des  corps  élastiques  les  protègent 
contre  les  chocs,  et  qu'un  double  emballage  les 
préserve  des  rapides  variations  de  la  température. 
Une  secousse  brusque,  un  changement  subit  de 
température  de  10  degrés  centigrades,  peuvent 
faire  perdre  tous  les  œufs  de  l'envoi. 

1 .  Fric,  loc.  cit.,  p.  9.  —  Vicomte  de  Beaujiont,  Études  théori- 
ques et  pratiques  sur  la  Pisciculture,  p.  161. 

2.  Renseignements   obtenus   à  Lausanne    le    12  juin  1879    : 
80  mâles  sur  598  femelles  de  truites  des  lacs. 


5U  —  FECONDATION  ARTIFICIELLE 

DES    ŒUFS    ADHÉRENTS 


Pour  la  fécondation  artificielle  des  espèces  dont 
les  œufs  adhèrent  aux  corps  sur  lesquels  ils  tom- 
bent, on  procède  exactement  de  la  même  manière 
que  pour  celles  dont  les  œufs  sont  libres,  sauf 
que  le  récepteur  est  disposé  d'une  manière  dif- 
férente. 

Dans  les  vases  destinés  à  recevoir  les  œufs,  on 
dispose  des  plantes  aquatiques ,  des  paquets  de 
bruyères,  des  joncs,  du  chevelu  de  racines,  etc., 
de  manière  à  les  en  garnir  complètement.  On  re- 
couvre les  branchages  d'eau  et  on  y  fait  couler 
de  la  laitance  qu'on  mêle  rapidement.  Puis  on 
fait  sortir  les  œufs,  qu'on  disperse  uniformément 
sur  les  plantes  où  ils  se  collent,  et  on  ajoute  de 
nouveau  de  la  laitance.  On  agite  doucement  et 
on  laisse  séjourner  une  ou  deux  minutes.  Puis  on 
enlève  la  frayère  et  on  la  remplace  par  une  autre, 
en  ayant  soin  de  changer  l'eau  à  chaque  opération. 

Les  branchages  garnis  d'œufs  sont  placés  dans 
des  bassins  à  éclosion,  où  ils  sont  couverts  d'envi- 


FECONDATION   ARTIFICIELLE    DES    OEUFS.      223 

ron  0ra,I0  d'eau.  Les  carpes  éclosent  6  à  8  jours 
après  la  fécondation. 

Il  faut  avoir  grand  soin  que  l'eau  dont  on  se 
sert  soit  à  une  température  convenable,  et  qu'elle 
marque,  par  exemple,  16  à  18  degTés  pour  les 
tanches,  20  degrés  pour  les  carpes,  etc.  Sans  cette 
précaution,  l'insuccès  est  certain.  Le  soleil  doit 
avoir  accès  aux  bassins  d'éclosion,  et  la  tempéra- 
ture y  doit  être  maintenue,  le  plus  possible,  la 
même  que  celle  qu'exig-eait  la  fécondation.  C'est  à 
l 'oubli  de  ces  précautions  qu'on  doit  attribuer  les 
échecs,  à  peu  près  constants,  qu'ont  éprouvés  les 
pisciculteurs  allemands,  quand  ils  ont  abordé  la 
reproduction  artificielle  des  carpes  *. 

1 .  Ackerhof,  Exploitation  des  étangs  et  des  cours  d'eau  (1869), 
p.  56.  —  Delius,  V Exploitation  des  étangs  (1875),  p.  60.  —  Dall- 
mer,  Journal  des  pèches  allemandes,  Stettin  (1879),  n°  8. 


INCUBATION  EN  PLEINE  EAU 


Pour  introduire  de  nouvelles  espèces  dans  un 
cours  d'eau,  ou  pour  repeupler  des  eaux  appau- 
vries, on  se  borne  quelquefois  à  y  semer  des  œufs 
libres,  sur  un  fond  de  gravier,  et  à  y  transporter 
les  herbes  et  branchages  chargés  de  frai  adhé- 
rent, qu'on  fait  éclore  le  long1  des  berges,  dans 
des  expositions  favorables.  Par  ce  procédé  on 
éprouve  des  pertes  inévitables,  parce  que  le  frai 
et  les  alevins  restent  exposés  à  tous  les  dangers 
que  leur  font  courir  les  éléments,  aussi  bien  que 
les  animaux  ichthyophages. 

Pour  arriver  à  l'éclosion,  les  œufs  fécondés  de- 
mandent tous  un  certain  temps,  dont  la  durée  est 
extrêmement  variable  selon  les  espèces.  La  tem- 
pérature y  joue  un  rôle  important  :  les  éclosions 
sont  d'autant  plus  hâtives  qu'elle  est  plus  élevée. 
Avec  de  F  eau  d'une  température  constante  de  10 
degrés  centigrades  on  obtient  des  éclosions  de 
truites  en  40  jours.  A  1  degré  centigrade,  la 
durée  de  l'incubation  est  de  120  jours,  soit  près 
de    9  jours   de  plus   pour  chaque  deg-ré  centi- 


INCUBATION   EN   PLEINE   EAU.  22o 

grade  de  moins.  A  la  température  de  la  glace 
fondante  on  peut  prolonger  la  durée  de  l'incuba- 
tion pendant  5  à  6  mois.  L'œuf  alors  semble  dor- 
mir et  peut  se  transporter  à  tous  les  points  du 
g^Iobe,  sans  s'altérer.  Toutefois,  on  devra  trier  de 
temps  en  temps  les  œufs  qui  sont  gâtés,  afin 
d'en  empêcher  l'envahissement  par  le  byssus. 

Comme  les  jeunes  poissons,  obtenus  des  œufs 
de  truite,  doivent  vivre  plus  tard  dans  des  eaux 
déterminées,  on  fait  bien  de  les  faire  incuber  à  la 
température  habituelle  de  ces  eaux  dans  les  ri- 
vières mêmes  et  près  des  frayères  naturelles,  où 
elle  se  maintient  presque  toujours  très  fraîche. 
Si  on  a  soin  de  choisir  des  œufs  qui  ont  été  fécon- 
dés à  l'époque  même  à  laquelle  dans  ces  cours 
d'eau  les  truites  libres  déposent  leur  frai,  on  ob- 
tient des  jeunes  poissons  au  moment  où  la  vie 
commence  à  se  développer  dans  l'eau,  par  l'effet 
de  la  chaleur,  et  l'alevin  ne  court  plus  le  danger 
de  mourir  d'inanition. 

Au  lieu  d'abandonner  les  œufs  aux  hasards  de 
la  nature,  on  les  abrite  dans  des  appareils  spé- 
ciaux. Ils  se  composent  généralement  d'une  caisse 
rectangulaire,  de  2  à  3  mètres  de  longueur,  sur 
0m,45  à  0m,60  de  largeur  et  0m,35  de  profon- 
deur. Elle  est  fermée  par  un  couvercle  qui  per- 
met d'en  visiter  le  contenu  et  présente,  aux  deux 
bouts  opposés  au  courant,  des  ouvertures  placées 
à  um,10  au-dessus  du  fond,  et  garnies  de  toiles 
métalliques,  dont  le  tissu   est   assez  serré  pour 

GAUCRLER.  15 


226  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

empêcher  les  insectes  de  pénétrer  dans  la  caisse, 
sans  entraver  la  circulation  de  l'eau. 

Une  couche  de  gravier  fin  est  étendue  sur  le 
fond.  On  y  sème  les  œufs,  de  façon  qu'ils  soient 
également  répartis,  sans  se  toucher  ni  se  recou- 
vrir les  uns  les  autres.  Ce  gravier  ne  doit  pas 
provenir  d'un  cours  d'eau  où  il  aurait  pu  s'infec- 
ter de  germes  ou  de  larves  d'insectes  destruc- 
teurs, mais  d'une  carrière  à  ciel  ouvert.  Si  on  est 
obligé  de  le  tirer  du  lit  d'une  rivière,  il  faut,  avant 
l'emploi,  le  chauffer  au  four  ou,  au  moins,  le  pas- 
ser à  l'eau  bouillante,  afin  de  le  purger.  Les 
caisses  ainsi  préparées  sont  immergées  dans  l'eau 
et  amarrées  à  des  endroits  où  le  courant,  suffi- 
samment rapide,  amène  de  l'eau  vive  et  aérée  et 
la  renouvelle  à  chaque  instant. 

Il  y  a  plus  de  cent  ans  que  ce  procédé  a  été  em- 
ployé par  Jacobi  et  il  donne  de  bons  résultats  '. 
Mais  il  a  l'inconvénient  de  rendre  difficiles  les  vé- 
rifications, ainsi  que  le  triage  des  œufs  gâtés,  et  il 
expose  les  caisses  aux  dangers  des  crues  subites. 
On  l'emploie  aujourd'hui,  surtout  quand  on  veut 
faire  éclore  des  œufs  qu'on  reçoit  tout  embryon - 
nés,  et  qu'on  ne  dispose  pas  d'une  installation 
spécialement  appropriée  aux  éclosions. 

Au  lieu  de  caisses  rectangulaires  on  emploie 
avec  succès  des  auges  circulaires  en  terre  cuite, 
criblées  de  trous  à  leur  pourtour  et  sur  le  cou- 

1.  Voir  à  V Appendice,  p.  27b,  le  mémoire  de  Jacobi  publié  par 
Duhamel  en  1772. 


INCUBATION   EN   PLEINE  EAU. 


22" 


vercle,  qui  ont  été  inventées  par  M.  Koltz  l,  ou 
bien  des  corbeilles  en  toile  métallique,  à  fond 
plat,  qu'on  place  dans  une  rig'ole  à  courant  ra- 


r        i 


O 


O 


oo 


bc 


pide.  En  place  de  gravier,  pour  recevoir  les  œufs, 
on  se  sert  souvent  de  claies  formées  de  cadres 
en  bois  dur  où  sont  enchâssées  des  bag*uettes  de 


1.  Koltz,  Traité  de  pisciculture  pratique,  p.  H4. 


228  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

verre.  Ce  ne  sont  là  que  des  variantes  d'un  même 
système,  qui  est  excellent,  lorsqu'on  a  soin  de 
bien  surveiller  la  marche  de  l'incubation. 

En  Amérique,  on  reproduit  artificiellement  une 
variété  d'aloses  spéciale  à  cette  partie  du  monde. 
Les  œufs  de  ce  poisson  ont  besoin  d'une  tempé- 
rature élevée  et  périssent  quand  elle  s'abaisse  de 
5  degrés  centigrades,  comme  cela  arrive  près 
des  bords  des  fleuves.  Il  faut  donc  opérer  en  pleine 
rivière  et  à  la  surface  de  l'eau.  M.  Seth  Green  a 
imag'iné  d'employer  des  boîtes  flottantes  de  0m,  60 
de  longneur  et  de  0m,  45  de  largeur  et  de  profon- 
deur, contenant  chacune  de  50,000  à  100,000 
œufs.  Ces  œufs  flottent  suspendus  dans  l'eau. 
(Fig*.  48.)  Les  caisses,  sur  leur  fond  et  à  leurs 
extrémités,  sont  garnies  de  toile  métallique,  re- 
couverte de  peinture  au  goudron.  Elles  sont  im- 
mergées à  la  surface  de  l'eau,  dans  un  courant 
dont  la  vitesse  atteint  3  kilomètres  par  heure. 
Afin  d'y  susciter  des  remous  favorables  à  l'incu- 
bation, les  caisses  sont  maintenues  inclinées  vers 
l'amont,  au  moyen  d'un  flotteur.  Ces  remous  em- 
pêchent aussi  les  œufs  de  s'agglomérer .  Les 
éclosions  ont  lieu  cinquante  ou  soixante  heures 
après  la  fécondation,  et  la  résorption  de  la  vési- 
cule ombilicale  prend  2  à  3  jours.  La  température 
de  l'eau  doit  dépasser  21  degrés  centigrades.  Ce 
mode  de  reproduction  se  pratique  sur  une  grande 
échelle.  (Fig\  49.) 

On  donne  la  liberté  aux  jeunes  poissons,  en 


INCUBATION   EN   PLEINE  EAU. 


229 


ouvrant  les  boîtes  au  milieu  du  cours  d'eau, 
parce  que  sur  ses  bords,  les  vandoises,  les  an- 
guilles et  d'autres  ennemis  encore,  leur  font 
une  chasse  sans  merci. 

Afin  de  protéger  réclosion  des  œufs  adhérents, 
on   place   souvent  les    branchages  qui  en  sont 


..-■■■■  ~  "" 


Fig.  49.  —  Disposition  des  boîtes  flottantes. 


chargés  dans  des  paniers  en  vannerie,  émergeant 
de  l'eau  par  leurs  bords  supérieurs.  On  les  cou- 
vre avec  un  couvercle  à  claire-voie,  suffisante 
pour  abriter  le  frai  contre  les  oiseaux  pêcheurs, 
sans  empêcher  l'action  du  soleil.  Les  éclosions 
obtenues,  on  immerge  complètement  le  panier,  et 
les  petits  poissons  s'échappent  à  travers  les  ouver- 
tures de  la  claire-voie. 


7°  —  INCUBATION  ARTIFICIELLE 


Lorsqu'on  a  de  grandes  quantités  d'œufs  à 
faire  incuber,  qui  doivent  être  abrités  contre  le 
froid,  la  neige,  le  vent  et  les  pluies,  un  simple 
hangar  peut  suffire,  à  condition  qu'on  le  puisse 
chauffer,  et  empêcher  la  congélation  de  l'eau  dans 
les  appareils,  durant  les  grands  froids. 

L'emplacement  choisi  pour  établir  le  hangar 
d'incubation  devra  présenter  des  ressources  con- 
venables au  point  de  vue  de  la  quantité  et  de  la 
qualité  de  l'eau  dont  on  y  pourra  disposer.  On 
croit  habituellement  que  l'eau  de  source  est  pré- 
férable à  toute  autre,  pour  l'incubation  des  œufs 
de  la  famille  des  salmonidés.  Cela  n'est  pas  tout 
à  fait  exact.  L'eau  de  source,  joint  à  l'avantage 
d'un  débit  constant,    celui  de   ne  pas  geler  en 
hiver  et  de  ne  pas  se  troubler  après  les  orages. 
Mais  lorsqu'elle  est  employée  à  sa  sortie  du  sol, 
elle  a  l'inconvénient  de  procurer  des  incubations 
trop  rapides,  à  cause  de  sa  température  relative- 
ment élevée.  Il  en  résulte  des  alevins  de  com- 
plexion  délicate,  tout  formés  et  éprouvant  le  be- 


INCUBATION  ARTIFICIELLE.  231 

soin  de  manger,  à  une  époque  où  la  saison  est 
encore  trop  rigoureuse  pour  qu'on  puisse  les 
mettre  en  liberté  sans  danger.  Les  petits  pois- 
sons qui  proviennent  d'une  incubation  prolongée 
sont  toujours  plus  robustes  et  plus  vigoureux. 
Puis  les  eaux  de  source  renferment  souvent  de 
notables  quantités  d'acide  carbonique  et  sont  pau- 
vres en  oxyg'ène;  circonstance  fâcheuse,  parce 
que  l'œuf  fécondé  respire  dans  l'eau  et  consomme 
de  l'oxygène  pour  se  développer.  L'insuffisance 
de  ce  gaz  peut  occasionner  de  sensibles  mécomp- 
tes. On  remédie  à  ces  inconvénients  en  recueil- 
lant l'eau  de  source  dans  un  réservoir  suffisam- 
ment spacieux,  avant  de  la  faire  servir  à  l'incu- 
bation ;  elle  s'y  refroidit  et  dégage  son  excès 
d'acide  carbonique.  On  l'aère  ensuite,  soit  en  lui 
ménageant  des  cascades,  avant  son  entrée  dans 
les  appareils,  soit  en  profitant  d'une  chute  pour 
faire  tomber  une  veine  d'eau  épanouie  dans  un 
tuyau,  muni  à  sa  partie  supérieure  de  trous  d'as- 
piration d'air,  comme  une  trompe  catalane.  Enfin, 
l'eau  de  source  renferme  beaucoup  moins  d'infu- 
soires  et  de  conferves  que  celle  des  rivières,  ce 
qui  la  rend  moins  propre  au  premier  élevage 
des  alevins,  qui  consomment  ces  êtres  micro- 
scopiques. 

L'eau  de  rivière  se  congèle  facilement  en  hiver, 
mais  sa  basse  température  la  rend  éminemment 
propre  à  la  production  d'alevins  alertes  et  bien 
constitués,  qui  arrivent  à  éclore  pendant  la  sai- 


232  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

son  favorable.  Pour  prévenir  le  gel  dans  le  han- 
gar, on  le  munit  d'un  appareil  de  chauffage,  ou 
bien  on  l'établit  à  une  certaine  profondeur  dans 
le  sol,  à  la  manière  de  ces  caves  où  la  tempéra- 
ture reste  à  peu  près  constante  en  hiver,  voisine 
du  point  de  congélation,  sans  jamais  l'atteindre. 
La  prise  d'eau  sera  pratiquée  près  du  fond  de  la 
rivière,  où  la  température  descend  rarement  au- 
dessous  de  3  à  4  degrés,  car  alors  l'eau  est  près 
de  son  maximum  de  densité.  On  peut  ainsi  se 
mettre  à  l'abri  du  gel  malgré  les  rigueurs  de  la 
saison. 

Souvent  les  eaux  courantes  sont  légèrement 
chargées  de  matières  vaseuses,  qui  encrassent  les 
œufs  et  les  étouffent.  On  remédie  à  ce  défaut,  en 
recueillant  ces  eaux  dans  un  bassin  suffisamment 
vaste  pour  que  les  matières  les  plus  lourdes  s'y 
déposent.  L'alimentation  de  ce  bassin  s'opérera 
par  sa  partie  inférieure,  près  du  fond,  et  l'écoule- 
ment vers  les  appareils  aura  lieu  par  des  issues 
pratiquées  près  de  la  surface.  Quelques  bondes 
de  fond  permettent  d'enlever  les  dépôts  et  de  pro- 
céder au  nettoyage. 

Les  eaux  qui  proviennent  du  bassin  de  dépôt 
ne  seraient  cependant  pas  encore  assez  pures,  si 
on  ne  leur  faisait  pas  traverser  des  filtres  de  gros 
sable  mélangé  de  gravier,  ou  des  flanelles  ten- 
dues sur  des  cadres  placés  en  travers  des  rigoles 
d'amenée.  Chaque  écran  de  flanelle  produit  une 
petite  perte  de  chute,  et  comme  il  est  nécessaire 


INCUBATION   ARTIFICIELLE.  233 

de  les  nettoyer  de  temps  en  temps,  et  par  consé- 
quent de  les  sortir  de  l'eau,  on  en  établit  au  moins 
trois  à  la  suite  les  uns  des  autres,  afin  qu'il  ne  pé- 
nètre jamais  d'eau  limoneuse  et  que  l'alimentation 
ne  subisse  pas  d'arrêt. 

La  rigole  d'amenée  des  eaux  que  débitent  les 
filtres  doit  toujours  être  maintenue  dans  un  état 
de  parfaite  propreté.  On  la  recouvre,  afin  que  les 
poussières  atmosphériques  ne  puissent  pas  se  dé- 
poser à  la  surface  de  l'eau.  Elle  peut  être  con- 
struite en  maçonnerie,  en  ciment  ou  en  terre  cuite, 
voire  en  fonte  de  fer,  avec  ou  sans  émail,  mais 
on  doit  éviter  l'emploi  du  bois  qui  donne  lieu  à 
des  dissolutions  résineuses  ou  tanniques,  et  à  des 
végétations  de  parasites,  dont  les  spores  sont  dé- 
létères pour  les  œufs.  Si,  faute  d'autres  ressour- 
ces, on  est  absolument  obligée  de  recourir  au  bois, 
il  faut,  tous  les  ans,  le  nettoyer  soigneusement  à 
la  brosse  et  le  recouvrir  d'une  bonne  couche  de 
peinture  au  goudron  minéral. 

Les  œufs  veulent  être  abrités  contre  l'action  de 
la  lumière  directe  du  soleil  ;  on  a  donc  soin  de 
couvrir  les  appareils.  Ces  couvertures  les  protè- 
gent aussi  contre  la  chute  des  poussières  atmo- 
sphériques et  les  préservent  des  atteintes  des  rats 
et  des  campagnols,  qui  viendraient,  sans  cela,  les 
dévorer  pendant  la  nuit.  Il  est  peu  pratique  de 
fermer  le  hangar  complètement  à  l'accès  du  jour, 
et  de  procéder  à  la  révision  des  œufs  à  l'aide 
d'une   lanterne  à  réflecteur,  comme  on  l'a  fait 


234  LES   POISSONS  D'EAU  DOUCE. 

quelquefois.  La  lumière  directe  seule  est  perni- 
cieuse, et  celle  qui  suffît  pour  soig'ner  les  œufs  ne 
peut  leur  porter  aucun  préjudice.  L'obscurité 
n'empêche  pas  la  production  du  byssus. 

Pour  faire  incuber  les  œufs  abrités  comme  il 
vient  d'être  dit,  on  applique  deux  méthodes  diffé- 
rentes. La  première  consiste  à  faire  usagée  des 
aug"es  préconisées  par  M.  Coste  et  qui  portent  son 


Fig.  50.  —  Appareil  Coste."' • 

nom;  pour  la  seconde,  on  emploie  des  rigoles  ou 
des  tables  dites  d'incubation.  Dans  les  établisse- 
ments de  pisciculture,  on  les  combine  souvent 
d'une  manière  très  variée. 

L1 appareil  Coste,  inventé  par  M.  Caron,  se  com- 
pose d'aug*es  rectangulaires,  en  terre  cuite  ver- 
nissée, capables  ordinairement  de  contenir  1,500 
œufs  de  truites.  Elles  ont  alors  0m,50  de  lon- 
gueur, 0m,  15  de  largeur  et  autant  de  profon- 
deur. Sur  leur  bord  supérieur,  près  d'un  ang*le, 
se  trouve  placé  un  bec  d'écoulement.  L'intérieur 


INCUBATION   ARTIFICIELLE. 


23o 


(fig*.  50)  présente  quatre  saillies  destinées  à  sup- 
porter les  grilles  qui  reçoivent  les  œufs  et  que 
l'eau  doit  surmonter  d'environ  0m,05.  Ces  saillies 
sont  donc    placées   aux  deux    tiers    environ   de 


*  ftdi  ahr 


o 


- 
o 


o 


6C 


la  hauteur  au-dessus  du  fond.  Les  grilles  sont 
composées  de  cadres  rectangulaires  de  bois,  qu'on 
a  fait  bouillir  dans  l'eau,  enchâssant  des  bag*uettes 
de  verre  de  0m,  005  de  diamètre,  écartées  l'une 
de    l'autre  de  0m,  0025.   Les  œufs  sont  rang-és 


230 


LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 


entre    ces    baguettes ,    qui    permettent    à   l'eau 
d'en  baigner  presque  toute  la  surface.  Les  auges 


O 
O 


m 
O 

C 


'CD 


sont  étagées  sur  des  gradins,  de  telle  façon 
que  l'auge  supérieure  déverse  son  contenu  dans 
l'auge  inférieure,    d'une  hauteur  de  0m,  05,  et 


INCUBATION  ARTIFICIELLE.  237 

que  l'écoulement  de  sortie  ait  lieu  par  le  côté 
opposé  à  celui  de  l'entrée.  L'eau  traverse  ainsi 
les  auges  clans  toute  leur  longueur  avant  de  se 
déverser.  (Fig\  51  et  52.) 

Ce  système  se  prête  avec  une  grande  facilité  à 
la  révision  journalière  des  œufs;  les  éclosions 
peuvent  s'y  produire  sans  inconvénient,  et  l'ap- 
pareil peut  être  maintenu  constamment  dans  un 
parfait  état  de  propreté.  Il  a  donné  à  Huningue, 
avant  1870,  jusqu'à  96  pour  100  d'éclosions. 

La  seconde  méthode  consiste  à  répandre  les 
œufs  sur  un  lit  de  gravier,  dont  les  grains  ont 
0m,002  à  0m,003  d'épaisseur,  garnissant  le  fond 
d'une  rigole  parcourue  par  un  courant  d'eau 
vive.  Ce  système  présente  de  sérieux  inconvé- 
nients :  il  ne  se  prête  pas  au  nettoiement  comme 
les  auges,  et  on  n'en  peut  pas  facilement  enlever 
les  œufs,  soit  pour  les  expédier  au  loin,  quand  ils 
sont  embryonnés,  soit  pour  les  transporter  dans 
les  appareils  à  éclosions. 

Les  deux  systèmes  peuvent  être  modifiés  et  se 
combiner  entre  eux  à  l'infini.  A  Huningue,  on  a 
rangé  des  grilles  en  verre  dans  des  rigoles  ma- 
çonnées et  aussi  sur  de  longues  tables  rectangu- 
laires à  bords  relevés,  où  elles  étaient  immergées 
de  0m,  05  Les  résultats  étaient  très  bons.  La  ré- 
vision des  œufs  s'y  pratiquait  aussi  facilement 
que  dans  les  auges  et  l'installation  était  plus  sim- 
ple. Les  tables  avaient  jusqu'à  8  mètres  de  lon- 
gueur   sur  0m,80   de  largeur.    De    distance   en 


238  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

distance  on  les  barrait,  ainsi  que  les  rigoles,  afin 
de  produire  des  petites  cascades,  où  leau  venait 
se  saturer  d'air,  après  avoir  baigné  un  certain 
nombre  de  grilles. 

On  peut  fabriquer  les  aug*es  et  les  rigoles  avec 
n'importe  quelle  substance,  pourvu  qu'elle  soit 
insoluble  dans  l'eau,  n'y  engendre  pas  de  produits 
toxiques,  et  ne  puisse  rien  lui  faire  perdre  de  ses 
qualités. 

En  Amérique,  on  donne  aux  tables  d'incubation 
une  pente  légère  pour  provoquer  le  courant;  les 
grilles  en  baguettes  de  verre  sont  remplacées 
par  des  toiles  métalliques.  On  a  imaginé  aussi 
de  superposer  plusieurs  de  ces  grilles  métalliques, 
dans  une  caisse  alimentée  par  la  partie  inférieure. 
Cette  disposition  économise  de  la  place,  mais  elle 
rend  la  révision  peu  commode  et  expose  les  œufs 
à  des  accidents  pendant  les  opérations  nécessaires 
pour  le  triage  et  le  nettoiement. 

Les  tables  d'incubation  garnies  de  grilles  en 
verre  se  recommandent  surtout  pour  l'incubation 
des  œufs  de  corégones,  qui  ne  réussissent  pas  aussi 
bien  dans  les  appareils  Goste.  Ils  sont  exposés  à  y 
être  influencés  par  les  remous  de  l'eau  provenant 
des  cascades,  qui  peuvent  leur  imprimer  de  légers 
mouvements.  Ces  œufs  sont  fort  petits  et  très  lé- 
gers. Pour  les  mettre  à  l'abri  de  toute  impulsion, 
il  est  bon  de  les  immerger  à  une  profondeur  d'en- 
viron 0>,  10,  et  d'alimenter  la  rigole  avec  de  l'eau 
fortement  aérée,  sans  toutefois   que   le  courant 


INCUBATION   ARTIFICIELLE.  230 

produise  aucune  agitation,  même  à  la  surface. 

Lorsque  toutes  ces  précautions  sont  prises,  la 
réussite  est  certaine.  En  1868,  l'établissement  de 
Huningue  a  fait  éclore  plus  de  3,000,000  d'œufs 
de  feras  et  de  lavarets,  fécondés  artificielle- 
ment, et  les  alevins  obtenus  ont  été  distribués. 
Au  lieu  de  grilles  en  verre  on  peut  incuber  les 
œufs  de  feras  sur  du  gravier  fin,  et  en  obtenir  de 
nombreuses  éclosions;  mais  il  faut  éviter  que  ces 
œufs  se  trouvent  en  contact  avec  des  herbes  aqua- 
tiques, ce  qui  amènerait  des  pertes  inévitables  et 
à  peu  près  totales,  comme  l'ont  prouvé  de  nom- 
breuses expériences. 

Pour  mener  l'incubation  à  bonne  fin,  il  nesuffît 
pas  d'abriter  les  œufs  contre  leurs  ennemis  et  de 
leur  fournir  une  eau  pure,  abondante  et  bien 
aérée.  Il  faut  encore  les  protéger  contre  les  causes 
de  maladie  et  contre  les  accidents  qui  peuvent  se 
produire  en  dehors  de  toute  prévision.  A  cet  effet, 
il  faut  soigneusement  écarter  les  œufs  morts.  On 
les  reconnaît  à  leur  couleur  blanche,  opaque 
et  terne,  qui  remplace  la  transparence  de  l'œuf 
vivant.  En  peu  de  temps,  les  œufs  morts  se 
couvrent  de  byssus,  champignons  laineux  qui 
se  répandent  rapidement,  envahissent  les  œufs 
voisins,  et  peuvent,  en  peu  de  temps,  les  faire 
périr  par  milliers. 

Les  outils  qui  servent  à  enlever  les  œufs  morts 
doivent  fonctionner  sans  qu'on  touche  aux  œufs 
vivants;  le  plus  léger  mouvement,  le  contact  seul, 


240 


LES   POISSONS   D'EAU    DOUCE. 


pourrait  leur  devenir  fatal.  On  emploie  la  pince 
en  fil  de  fer,  qui  a  été  en  usage  à  Huningue,  con- 
curremment avec  la  pipette.  (Fig.  53.)  Cette  der- 


Fig.  53.  —  Pince  en  fil  de  fer  et  pipette. 

nière,  toutefois,  sert  le  plus  souvent  à  nettoyer  le 
fond  et  à  transvaser  les  œufs  et  les  alevins.  La  pi- 
pette (fig.  54)  se  manœuvre  en  en  bouchant  une 


Fig.  54.  —  Pipette. 


ouverture  avec  le  doigt,  pendant  que  l'autre, 
plongée  dans  l'eau,  se  présente  devant  l'objet 
qu'on  veut  enlever.  En  écartant  soudainement  le 
doigt,  l'air  sort  de  la  pipette  et  l'eau  s'y  précipite 


INCUBATION   ARTIFICIELLE. 


241 


en  entraînant  les  objets  voisins,  œufs,  gTaviers 
et  dépôts  (fig*.  55).  En  Amérique,  on  a  adapté  à  la 
pipette  ordinaire  une  boule  en  caoutcbouc,  qu'on 
tient  dans  la  main.  A  l'autre  extrémité  on  fixe  au 


Fig.  55.  —  Emploi  de  la  pipette. 

moyen  d'un  bouchon  un  tube  en  verre  recourbé, 
dont  l'ouverture  étroite ,  entourée  d'un  léjrer 
bourrelet,  ne  permet  pas  le  passage  d'un  œuf. 


Fig.  56.  —  Boule  en  caoutchouc  adaptée  à  la  pipette. 

En  pressant  la  boule,  on  fait  sortir  l'air.  Si,  après 
cela,  on  présente  l'ouverture  du  tube  devant  l'œuf 
à  enlever  et  qu'on  diminue  la  pression,  il  se  colle 
contre  le  bourrelet  et  on  en  peut  débarrasser  la 
grille,  sans  qu'aucun  œuf  voisin  n'éprouve  de 

GAUCKLER.  16 


242  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

dérangement.  Ce  petit  instrument  est  à  la  fois 
simple  et  très  pratique.  (Fig.  56.) 

Depuis  quelques  années  on  fait  usag*e,  surtout 
en  Allemagne,  d'une  aug*e  dite  californienne , 
alimentée  de  bas  en  haut,  et  clans  laquelle  les 
grilles  sont  remplacées  par  de  la  toile  métallique. 
L'emploi  de  cet  appareil  ne  nous  paraît  pas  pré- 
senter d'avantages,  aussi  n'en  parlons-nous  que 
pour  mémoire. 


8°  —  TRANSPORT  DES  ŒUFS  EMRRYONNES 


Nous  avons  vu  qu'on  peut  transporter  avec  fa- 
cilité, à  de  grandes  distances,  les  œufs  nouvelle- 
ment fécondés.  Pendant  la  période  de  l'incuba- 
tion qui  suit  le  sixième  jour  après  la  féconda- 
tion, tout  mouvement  devient  fatal  aux  œufs.  Ce 
n'est  que  lorsque  le  jeune  poisson  est  à  peu  près 
formé  et  qu'on  aperçoit  distinctement  ses  yeux  à 
travers  l'enveloppe  transparente,  qu'ils  peuvent 
de  nouveau  être  transportés  sans  dang'er. 

De  même  que  les  œufs  récemment  fécondés, 
les  œufs  embryonnés  s'emballent  dans  des  boîtes 
où  on  les  dépose  entre  des  lits  de  mousse  humide, 
en  prenant  soin  de  ne  pas  les  agglomérer,  et 
d'exercer  sur  la  mousse  une  compression  suffi- 
sante pour  empêcher  tout  ballottement.  La  boîte 
d'emballag'e  est  placée  elle-même  dans  une  se- 
conde boîte  plus  grande,  où  l'on  a  tassé  de  la 
mousse  qui  entourera  la  première  de  toutes  parts. 
Pendant  les  temps  froids,  cette  mousse  est  main- 
tenue sèche  pour  garantir  les  œufs  contre  le  g'el. 


244  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

Elle  est  mouillée  d'eau  froide  et  même  mêlée  de 
neig'e,  au  printemps  et  pendant  les  temps  doux, 
pour  y  maintenir  une  température  modérée.  On 
donne  à  cette  enveloppe  de  mousse  une  épaisseur 
deOm,  06. 

Danscetétat,  les  œufs  peuvent  voyager  pendant 
quinze  jours  sans  perte.  Pour  des  voyages  de  plus 
longue  durée,  on  les  place  dans  des  appareils  à 
tiroirs,  dans  lesquels  on  maintient  la  température 
de  la  glace  fondante.  On  retarde  ainsi  les  éclo- 
sions,  et  on  peut  trier  les  œufs  qui  arrivent  à  périr, 
pendant  la  durée  du  trajet.  C'est  par  cette  mé- 
thode que  M .  Mather  a  importé,  en  Europe  et  en 
Australie,  des  quantités  considérables  d'œufs  de 
salmonidés  américains. 

Quelquefois  on  s'est  servi  de  flacons  en  verre, 
hermétiquement  bouchés  et  contenant  des  œufs 
mêlés  avec  de  la  mousse  humide  bien  tassée.  On 
les  a  placés  dans  une  boîte  garnie  de  coton  et  on 
a  expédié  par  la  poste. 

A  l'arrivée  des  boîtes,  on  les  dégage  de  l'embal- 
lage extérieur  et  on  les  fait  séjourner  dans  la  salle 
où  les  œufs  doivent  être  déballés.  Ceux-ci  pren- 
nent ainsi,  peu  à  peu,  la  température  du  milieu 
ambiant,  sans  qu'une  brusque  transition  les  ex- 
pose à  périr.  Puis,  on  immergée  la  boîte  dans  l'eau 
qui  alimente  les  appareils  à  éclosion,  ou  les  bas- 
sins qui  doivent  recevoir  les  œufs.  Quand  elle  a 
pris  la  température  de  cette  eau,  on  l'ouvre  et  on 
en  renverse  doucement  le  contenu  :  la  mousse 


TRANSPORT  DES   OEUFS   EMBRYONNÉS.        245 

surnage  et  les  œufs  tombent  au  fond.  On  les  net- 
toie par  lavage  et  on  les  distribue  dans  les  appa- 
reils à  éclosions. 

Les  œufs  embryonnés  sont  moins  délicats  que 
ceux  qui  viennent  d'être  fécondés.  Cependant  il 
est  nécessaire  de  ne  pas  épargner  les  soins.  Pour 
réussir  en  pisciculture  le  secret  consiste  à  exécu- 
ter des  opérations  très  simples,  avec  des  précau- 
tions très  minutieuses.  Sous  ce  rapport  le  luxe 
n'est  que  le  nécessaire. 


9°  —  ÉCLOSIONS  ET  ALEVINAGE 


Les  œufs  fécondés,  mis  en  incubation,  se  trans- 
forment en  quelque  sorte  sous  les  yeux  de  l'opé- 
rateur. Dans  ceux  des  salmonidés,  il  apparaît  une 
bulle  huileuse  qui  grandit  peu  à  peu  et  prend 
de  la  consistance.  Au  bout  d'un  mois,  à  peu  près, 
deux  points  noirs  se  distinguent  à  travers  l'enve- 
loppe :  ce  sont  les  yeux.  Puis  Ile  poisson  prend 
sa  forme  distinctive  et  éclôt  en  crevant  son  enve- 
loppe, dont  il  sort  presque  toujours  la  queue  la 
première. 

11  arrive  quelquefois  que  l'éclosion  présente  des 
difficultés.  Le  petit  poisson  s'agite  sans  parvenir 
à  percer  l'enveloppe  et  des  mortalités  se  produi- 
sent. Il  faut  venir  à  son  aide.  On  place  les  œufs 
dans  de  l'eau  dont  on  augmente  peu  à  peu  la 
température  de  quelques  degrés,  et  on  leur  im- 
prime un  mouvement  très  doux  en  agitant  légère- 
ment le  vase.  Immédiatement  les  éclosions  se 
produisent  en  masse. 

Le  poisson  éclos  n'est  pas  encore  parfait.  II 
reste  attaché  à  un  sac  en  peau,  nommé  la  vési- 


ÉCLOSIONS   ET  ALEVINAGE.  247 

cale  vitelline  ou  ombilicale,  renfermant  des  sub- 
stances albumineuses  dont  il  fait  sa  première 
nourriture  et  qu'il  absorbe  peu  à  peu.  Alourdi 
par  ce  sac,  l'alevin  se  traîne  péniblement  sur  le 
fond  et  cherche  à  se  cacher  sous  les  abris  qu'il 
peut  rencontrer.  On  les  lui  prépare  avec  des 
pierres  plates  placées  sur  deux  supports,  des 
tuiles  creuses,  etc. 

Pendant  cette  période,  l'alevin  ne  niante  pas 
encore  et  vit  de  sa  propre  substance.  Dans  les 
auges  et  sur  les  tables  destinées  aux  éclosions,  il 
ne  se  produit  presque  pas  de  mortalité,  lorsque 
les  soins  de  propreté  n'ont  pas  manqué  et  que 
l'alimentation  d'eau  aérée  est  largement  assurée. 
A  l'état  libre,  l'alevin  est  alors  à  la  merci  d'une 
foule  d'ennemis,  auxquels  il  ne  peut  pas  échap- 
per. Les  crues  des  rivières  occasionnées  par  la 
fonte  des  neig^es  l'emportent  au  loin  ou  l'écra- 
sent entre  les  graviers  charriés  par  le  courant. 
Les  oiseaux,  les  insectes,  les  crustacés,  les  rats 
d'eau  et  surtout  les  poissons,  grands  et  petits,  en 
consomment  de  grandes  quantités.  Dans  les  ali- 
gnes il  est  à  l'abri  de  tous  ces  dangers,  et  le  peu 
de  mouvement  qu'il  peut  se  donner  lui  suffît 
pour  se  placer  dans  la  position  la  plus  convena- 
ble pour  son  développement. 

Après  la  résorption  de  la  vésicule  ombilicale,  le 
poisson  est  complet  et  peut  être  abandonné  à  lui- 
même,  si  l'état  du  cours  d'eau  et  la  saison  le  per- 
mettent. Gomme  les  circonstances  peuvent  être 


248  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

défavorables,  malgré  le  soin  qu'on  a  pris  de  re- 
tarder les  éclosions,  par  l'emploi  de  l'eau  froide 
et  même  de  la  glace,  pendant  l'incubation,  il  faut 
nourrir  le  petit  poisson  s'il  ne  doit  pas  périr  d'ina- 
nition. On  a  employé  pour  cet  objet  du  foie  de 
bœuf,  de  la  cervelle,  des  jaunes  d'œuf,  du  lait 
caillé,  etc.,  toutes  choses  qui  servent  à  entretenir 
la  vie,  mais  qui  font  perdre  au  jeune  poisson 
l'instinct  qui,  dans  la  nature,  lui  fait  chasser  la 
proie  vivante.  Le  mieux  est  de  s'en  procurer  ar- 
tificiellement, en  faisant  éclore  des  insectes  aquati- 
ques dans  des  bassins  plantés  d'herbes,  qui  soient 
exposés  à  la  lumière  solaire  et  tenus  à  peu  près  en 
serre  chaude.  A  cette  nourriture  vivante  on  ajoute 
de  la  chair  de  petits  poissons  blancs,  de  lombrics 
recueillis  au  petit  jour  sur  les  pâturag'es,  après  les 
pluies,  de  moules,  etc.  Cette  chair  doit  être  broyée 
menu,  réduite  en  pâte  et  délayée  dans  de  l'eau 
qui  la  tient  en  suspension.  On  verse  cette  eau  par 
petites  quantités  dans  le  vivier,  immédiatement 
en  aval  de  l'entrée  de  l'eau  d'alimentation.  On 
voit  alors  les  petites  bêtes  se  précipiter  sur  la 
nourriture  et  s'en  disputer  les  morceaux.  Mais 
comme  la  vue  de  leur  proie  leur  échappe  quand 
elle  est  descendue  au-dessous  de  leur  niveau,  tout 
ce  qui  tombeau  fond  est  perdu  pour  l'alevin,  et 
devient  une  cause  d'infection  du  milieu.  Pour 
parer  à  cet  inconvénient,  on  ne  donne  la  pâtée 
que  peu  à  peu,  au  fur  et  à  mesure  qu'elle  est  con- 
sommée, et  on  garnit  le  fond  d'une  plaque  de 


ÉCLOSIONS   ET  ALEVINAGE.  249 

tôle  à  bords  relevés,  qui  reçoit  tout  ce  qui  échappe 
à  la  voracité  des  petits  poissons.  Cette  plaque 
pourra  ne  pas  excéder  0m,20  en  largeur,  mais 
sa  longueur  doit  être  telle,  que  le  courant  n'en- 
traîne pas  au  delà  les  filets  de  chair  qui  tom- 
bent au  fond.  De  temps  en  temps  on  enlève  la 
plaque  pour  la  nettoyer,  après  avoir  attiré  les 
poissons  clans  une  autre  partie  de  l'auge,  où  on 
les  appelle,  soit  en  y  installant  un  abri  procu- 
rant de  l'obscurité,  soit  en  ouvrant  un  autre  ro- 
binet d'admission,  après  avoir  fermé  le  premier, 
soit  enfin  en  les  chassant  avec  une  barbe  de 
plume. 

Aussitôt  qu'on  peut  se  procurer  en  quantité 
suffisante,  des  insectes,  leurs  larves  ou  toute  au- 
tre proie  vivante,  il  faut  se  hâter  d'en  nourrir  ex- 
clusivement les  élèves.  Avec  les  premières  cha- 
leurs on  pourra  se  procurer  abondamment  des 
éphémères,  qu'on  prend  avec  un  filet  de  g*aze,  le 
cyclops  vulgaris  qui  vient  dans  les  eaux  stag- 
nantes, les  tipulaires,  limnées,  phryganes, 
crevettes  d'eau  douce,  etc. 

Dans  le  commencement,  il  suffit  d'une  tasse 
pleine  de  nourriture  pour  100,000  truites.  Pour 
1,000  truites  de  deux  ans,  il  faut  journellement 
1,500  grammes  de  chair;  un  an  après,  il  en  faut 
2,500.  3  kilogrammes  de  poissons  blancs  ou  2  ki- 
logr.  1/2  de  chair  de  cheval,  produisent 500  gram- 
mes de  chair  de  truites.  La  voracité  de  ces  pois- 
sons est  d'autant  plus  grande  que  la  température 


250  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

est  plus  élevée.  Ils  mangent  avec  avidité,  surtout 
au  printemps,  au  retour  de  la  chaleur,  après  le 
long*  jeûne  qu'ils  ont  subi  pendant  l'hiver. 

Pour  nourrir  les  jeunes  feras,  nous  recomman- 
dons la  chair  des  moules  d'eau  douce,  broyée  avec 
de  l'eau.  Les  ombres  communs  refusent  la  nour- 
riture artificielle;  il  est  vrai  qu'ils  éclosent  au 
printemps  et  ne  donnent  pas  grand  embarras.  On 
les  nourrit  facilement  avec  de  la  fleur  de  foin, 
qu'on  rencontre  abondamment  dans  les  greniers 
à  fourrages  secs,  quand  la  majeure  partie  des  ap- 
provisionnements est  consommée.  C'est  une  pous- 
sière qui  renferme  d'innombrables  larves  d'in- 
sectes, que  les  petits  poissons  viennent  happer  à 
la  surface  de  l'eau. 

En  Hollande  on  se  sert  d'un  appareil  spécial 
pour  nourrir  les  jeunes  saumons  '.  Il  se  compose 
d'une  petite  boîte  en  zinc  de  0m,15  de  longueur, 
sur  0m,07  de  largeur  et  0m,10  de  profondeur. 
Le  fond  de  la  boîte,  qui  est  concave  vers  l'inté- 
rieur, se  compose  de  baguettes  de  verre  formant 
un  gril,  dont  les  ouvertures  sont  plus  ou  moins 
largues,  suivant  l'âgée  des  poissons  auxquels  l'ap- 
pareil doit  servir.  Ce  dernier,  appelé  râtelier,  est 
suspendu  par  deux  crochets  sous  la  chute  d'eau 
qui  alimente  le  bassin,  de  manière  à  en  immer- 
ger les  deux  tiers  de  la  hauteur.  Pour  nourrir 
les  poissons  on  y  place  un  morceau  de  cervelle  de 

1.  De  Bo.\T,  Culture  pratique  du  saumon,  1872,  p.  17. 


ÉCLOSIONS  ET  ALEVINAGE. 


2.il 


la  grosseur  d'un  œuf  de  poule  ou  un  peu  plus, 
auquel  la  chute  d'eau  communique  un  mouve- 
ment de  rotation.  Le  frottement  qui  se  produit 
ainsi  contre  les  baguettes,  détache  constamment 
des  parcelles  de  nourriture  qui  passent  à  travers 
les  ouvertures  du  gril.  Au-dessous  de  ce  gril  on 
place  une  boîte  servant  de  récepteur,  où  viennent 


Fig-.  57.  —  Appareil  de  M.  de  Bout. 

s'accumuler  les  parcelles  de  nourriture  qui  tom- 
bent au  fond.  (Fig.  57.) 

Dès  l'origine,  la  lutte  pour  l'existence  s'établit 
entre  les  jeunes  poissons  :  les  plus  forts  enlèvent 
la  nourriture  aux  plus  faibles.  Ils  les  empêchent 
de  se  développer  à  leur  gré,  et  les  dépassent  de 
plus  en  plus  en  vigueur  et  en  taille.  Il  est  par 
conséquent  utile  de  ne  pas  trop  peupler  les  bas- 
sins de  premier  élevage.  Bientôt  il  s'y  forme  deux 
camps.  Les  forts  d'un  côté,  de  l'autre  les  faibles, 
redoutant  déjà  le  sort  qui  leur  est  infailliblement 
réservé,  si  on  ne  les  sépare  de  leurs  voraces 
compagnons.  Après  deux  ou  trois  semaines,  ans- 


252  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

sitôt  que  les  agglomérations  s'accusent,  il  faut 
procéder  au  triage,  sinon  les  alevins  se  dévorent 
entre  eux.  Ceux  qui  ont  une  fois  goûté  delà  truite 
ne  veulent  plus  d'autre  nourriture.  Quand  on 
pratique  l'élevage  en  grand  et  qu'on  veut  opérer 
le  triage  des  alevins,  on  se  sert  d'une  caisse  dont 
les  parois  sont  formées  par  un  filet  de  soie,  à 
mailles  assez  étroites  pour  que  les  petits  poissons 
seuls  puissent  y  passer.  On  fait  la  pêche  et  on  en 
place  le  produit  dans  la  caisse,  qu'on  a  eu  soin 
d'immerger  aux  deux  tiers  de  sa  hauteur.  En  peu 
de  temps  on  n'y  trouvera  plus  que  les  pois- 
sons que  leur  taille  a  empêchés  de  s'échapper. 
L'emploi  successif  de  plusieurs  caisses,  dont  les 
mailles  de  filet  vont  en  augmentant,  permettra 
d'opérer  un  triage  aussi  complet  qu'on  peut  le 
désirer. 

L'eau  d'alimentation  des  hassins  d'alevinag'e 
doit  toujours  être  très  pure;  quand  il  s'agit  de 
salmonidés,  sa  température  ne  doit  pas  dépasser 
15  degrés  centigrades.  Sa  quantité  doit  augmen- 
ter avec  la  taille  des  poissons.  Celle  qui  a  pu  suf- 
fire à  la  respiration  d'un  grand  nombre  d'alevins 
à  peine  éclos,  ne  leur  apporte  plus  assez  d'oxygène 
plus  tard.  Une  partie  des  petits  poissons  périt 
étouffée,  pendant  que  les  autres  languissent  et 
perdent  de  leur  vivacité.  La  végétation  des  plan- 
tes aquatiques  propagées  dans  les  bassins  remé- 
diera, en  partie,  à  l'inconvénient  d'une  alimenta- 
lion   d'eau    insuffisante,    parce   que   les   feuilles 


ÉCL0S10NS   ET  ALEVhNAdE.  2o3 

d'herbes,  sous  l'action  de  la  lumière,  dégagent  de 
l'oxygène  qui  se  dissout  dans  l'eau. 

Un  déversoir  de  superficie  doit  débarrasser  le 
bassin  des  poussières  qui  surnag'ent.  Pour  empê- 
cher les  petits  poissons  de  s'échapper  par  cette 
issue,  on  reçoit  le  déversement  dans  une  aug*e 
fermée,  d'où  l'eau  fuit  par  des  toiles  métalliques 
qui  en  forment  les  faces.  On  visite  cette  auge  de 
temps  à  autre  et  on  en  retire  les  déserteurs,  au 
moyenVl'une  petite  truble  garnie  de  mousseline, 
ou  d'une  pipette.  L'emploi  de  cette  dernière  oblig*e 
de  laver  le  poisson  avant  de  le  replacer  dans  le 
bassin,  afin  de  ne  pas  y  rapporter  les  impuretés 
qui  ont  pu  s'accumuler  sur  le  fond  de  l'auge,  et 
que  la  pipette  a  aspirées  avec  le  poisson. 

Pour  nettoyer  les  bassins  d'alevinage,  il  faut 
toujours  éloigner  les  élèves  de  la  partie  où  l'on 
remue  les  impuretés  déposées  sur  le  fond.  Si  l'on 
dispose  d'une  surface  suffisante ,  on  divisera  le 
bassin  en  plusieurs  compartiments,  séparés  par 
des  vannes  et  qu'on  puisse  alimenter  chacun  dune 
manière  indépendante.  On  videra  d'alevins  le 
compartiment  à  nettoyer,  en  l'exposant  à  la  lu- 
mière pendant  qu'on  maintient  dans  l'obscurité 
ceux  où  on  veut  les  appeler.  Avec  de  l'obscurité 
on  peut  faire  aller  les  poissons  partout  où  l'on 
veut.  Un  balayage  combiné  avec  une  vigoureuse 
chasse  d'eau  ont,  en  peu  de  temps,  raison  de  tous 
les  dépôts. 

Au  jeune  poisson,  aussi  bien  qu'à  l'alevin  peu- 


254  LES   POISSONS   D'EAU    DOUCE. 

dant  la  période  vitelline,  il  faut  ménager  des 
endroits  obscurs,  des  caches  où  il  puisse  s'abriter. 
Nous  avons  déjà  mentionné  divers  procédés  qui 
sont  employés;  nous  y  ajouterons  les  planches 
flottantes  et  les  pots  de  fleurs  renversés  sur  le  sol. 
Dans  ces  derniers,  on  ménage  quelques  entrées 
au  moyen  d'échancrures  pratiquées  dans  les 
bords.  Le  fond  du  pot  est  rendu  mobile  pour  pou- 
voir inspecter  l'intérieur  et  enlever,  s'il  y  a  lieu, 
les  cadavres  des  poissons  qui  ont  pu  y  périr.  Il  est 
vrai  que  d'après  les  observations  de  M.  de  Beau- 
mont  ',  le  plus  souvent  les  alevins  s'en  débarras- 
sent eux-mêmes,  en  les  poussant  au  dehors. 

On  se  sert,  en  Hollande,  d'appareils  flottants 
pour  faire  éclore  les  jeunes  saumons.  Les  deux 
côtés  opposés  au  courant  sont  garnis  de  treillis  en 
cuivre  rouge,  à  neuf  mailles  par  centimètre  carré. 
On  fixe  la  caisse  à  des  flotteurs  et  on  crée  des 
abris,  au  moyen  de  cloisons  transversales  en 
planches,  percées  de  trous  de  0ra,01  de  dia- 
mètre, dans  la  direction  du  courant.  On  couvre 
ce  réservoir  au  moyen  d'un  filet,  pour  empêcher 
le  poisson  de  sauter  dehors.  Au-dessus  de  l'appa- 
reil, on  établit  un  plancher  porté  par  un  échafau- 
dage, qui  permet  de  soulever  la  caisse,  de  l'exami- 
ner et  de  la  nettoyer  au  besoin  2.  Les  jeunes  sau- 
mons sont  mis  en  liberté  au  commencement  de 
Thiver.  Jusqu'à  ce  moment  leur  nourriture  con- 

1.  Vicomte  de  Beaumont,  loc.  cit.,  p.  lii. 

2.  De  Bont,  loc.  aï.,  p.   22. 


ÉCLOSIONS   ET  ALEVINAGE.  25o 

siste  en  vers  de  terre,  petits  poissons  blancs, 
viande  de  cheval,  débris  de  boucheries,  moules, 
gTenouilles,  voire  des  harengs  salés.  Toute  sub- 
stance animale  leur  est  bonne,  pouvu  qu'elle  soit 
réduite  en  parcelles  assez  petites  pour  que  les 
poissons  puissent  les  engloutir.  En  dix  mois  ces 
saumons  atteignent  une  taille  de  0m,10  à  0m,15. 


10°  —  TRANSPORT  DES  JEUNES  POISSONS 


Sauf  de  rares  exceptions,  on  ne  peut  transpor- 
ter les  poissons  que  dans  de  l'eau,  dans  laquelle 
ils  doivent  trouver  les  deux  conditions  indispen- 
sables à  leur  existence  :  une  température  conve- 
nable et  un  aération  suffisante. 

L'eau  dans  laquelle  l'alevin  a  vécu  jusqu'au 
moment  de  son  départ,  doit  être  employée  de  pré- 
férence à  toute  autre,  pour  servir  au  voyage.  On 
lui  maintient  sa  température  habituelle  en  faisant 
usage  de  glace,  si  cela  est  nécessaire.  Pour  rem- 
placer l'oxygène  consommé  par  la  respiration,  on 
aère  l'eau,  soit  par  des  cascades  artificielles,  en- 
tretenues automatiquement  ou  par  l'action  d'un 
surveillant,  soit  par  l'insufflation  directe  d'air. 
Quand  on  fait  usage  de  glace  et  qu'on  la  plonge 
dans  l'eau,  il  convient  de  l'enfermer  dans  une 
poche  de  flanelle,  afin  que  ses  aspérités  ne  bles- 
sent pas  les  jeunes  poissons.  Mais  comme  la  glace 
peut  contenir  des  substances  nuisibles,  il  vaut 
mieux  la  placer  dans  un  compartiment  extérieur 
à  l'appareil,  dont  les  parois  soient  en  contact  avec 


TRANSPORT   DES  JEUNES   POISSONS.  237 

l'eau.  L'insufflation  de  l'air  ne  doit  occasionner 
ni  bouillonnement,  ni  agitation  :  le  mouvement 
violent  des  gTosses  bulles  d'air  pourrait  entre-cho- 
quer  et  blesser  les  petits  alevins. 

Une  grande  variété  d'appareils  ont  été  mis  en 
usagée  ou  seulement  proposés.  Celui  qui  nous  a 
toujours  donné  les  meilleurs  résultats  a  été  con- 
struit par  M.  Bienner,  et  employé  à  Huning'ue  dès 
l'année  1865.  Il  a  servi  à  transporter  de  gTos 
saumons,  des  truites,  des  ombres  et  des  feras 
adultes  à  des  centaines  de  lieues  de  distance,  pen- 
dant les  plus  fortes  chaleurs  de  l'été,  sans  qu'il 
se  produisît  de  pertes.  Les  poissons  sont  arrivés 
bien  portants  et  ont  continué  de  vivre  dans  les 
nouvelles  conditions  où  ils  ont  été  placés.  L'appa- 
reil a  donc  fait  ses  preuves,  et  comme  ses  dispo- 
sitions sont  extrêmement  simples,  c'est  le  seul 
dont  nous  donnerons  ici  la  description.  (Fig\  58 
et  58  bis.) 

L'appareil  de  transport  se  compose  d'un  cylin- 
dre horizontal  en  tôle,  dont  la  partie  supérieure 
peut  s'ouvrir  et  se  fermer  au  moyen  d'un  cou- 
vercle à  charnières.  Le  cvlindre  a  une  longueur 
variable  de  0m,60  à  lm,30  et  son  diamètre  est 
de  0m,35  à  0m,60.  Il  est  rempli  d'eau  aux  deux 
tiers  de  sa  hauteur  verticale  et  on  y  introduit 
les  poissons  par  l'ouverture  supérieure.  A  la 
partie  inférieure  on  adapte,  intérieurement,  un 
double  fond  percé  d'un  gTand  nombre  de  petits 
trous.  Il  est  légèrement  convexe  vers  le  haut,  et 

GAUCKLER.  17 


258 


LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 


forme  avec  la  paroi  inférieure  du  cylindre  un 
compartiment  destiné  à  loger  l'air,  qu'on  injecte 
avec  une  pompe.  La  pompe  se  compose  d'une 


a 


Fig.  58.  —  Transport  des  alevins. 

boule  creuse  en  caoutchouc  de  0m,l0  de  dia- 
mètre, munie  de  deux  ouvertures  diamétrale- 
ment opposées,  de  0m,012  de  diamètre.  La  boule 


Fig.  58  bis.  —  Appareil  Bienner,  pour  transporteries  poissons. 

est  logée  dans  une  dépression  hémisphérique 
pratiquée  à  la  partie  supérieure  du  cylindre, 
qui  la  garantit  contre  les  accidents.  Son  ou- 
verture inférieure    communique  avec  le  double 


TRANSPORT  DES  JEUNES   POISSONS.  259 

fond  au  moyen  d'un  tuyau  en  g*ulta-percha, 
adapté  à  un  des  trous  de  la  boule  par  une  de  ses 
extrémités,  et,  par  l'autre,  à  un  tuyau  en  tôle,  fixé 
contre  la  paroi  verticale  du  cylindre,  et  aboutis- 
sant à  la  partie  inférieure  de  la  cavité  du  double 
fond.  L'autre  trou  de  la  boule  de  caoutcbouc  se 
trouve  ainsi  placé  à  son  sommet. 

Il  suffît  de  comprimer  la  boule  en  bouchant  le 
trou  avec  le  doig't,  pour  que  l'air  qu'elle  contient 
se  rende  dans  le  double  fond,  d'où  il  ne  peut 
s'échapper  que  par  les  petits  trous  de  sa  partie 
supérieure.  Il  se  répand  dans  l'eau  et  monte  vers 
la  surface  sous  forme  d'innombrables  petites  bul- 
les, qui  sont  dissoutes  en  partie  pendant  le  trajet, 
et  ne  peuvent  donner  lieu  à  la  moindre  agitation. 

Extérieurement  au  cylindre,  à  la  moitié  de  sa 
hauteur,  on  dispose  deux  compartiments,  desti- 
nés à  recevoir  de  la  glace,  si  son  emploi  est 
jug'é  nécessaire  pour  maintenir  la  température 
de  l'eau  ' . 

Le  cylindre  est  suspendu,  comme  un  berceau, 
dans  un  châssis  supporté  par  quatre  pieds  légère- 
ment inégaux.  On  peut  ainsi  lui  imprimer  un 
mouvement  d'oscillation  ou  de  léguer  balance- 
ment, qui,   à  cause  de  l'inégalité  des  pieds,  ré- 


1.  Lorsque  cet  appareil  doit  servir  à  transporter  de  gros  sau- 
mons, ou  en  matelasse  la  paroi  intérieure  avec  de  la  toile  de  co- 
ton, afin  que  les  sauts  des  poissons  ne  leur  fassent  pas  perdre 
d'écaillés  :  dans  ce  cas  on  ne  place  qu'un  seul  sujet  dans  chaque 
cylindre. 


260  LES  POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

suite  même  automatiquement  des  trépidations  de 
la  voiture  servant  au  transport.  L'eau  prend  de 
cette  manière  un  mouvement  analogue  à  celui 
qui  anime  les  eaux  courantes,  trop  doux  de  beau- 
coup pour  enlre-choquer  les  petits  poissons  et  les 
blesser. 

Pour  que  l'eau  ne  soit  pas  troublée  pendant  le 
voyage  par  les  déjections  des  poissons,  on  a  soin 
de  les  faire  jeûner  vingt-quatre  heures  avant  le 
départ.  En  route  il  n'est  pas  besoin  de  nourriture. 
Toutefois,  si  on  place  dans  le  même  appareil  des 
poissons  de  taille  très  différente,  le  voyag'e  ne  les 
empêche  nullement  de  s'entre-dévorer. 

Il  faut  user  de  grandes  précautions  pour  met- 
tre en  liberté  les  poissons  arrivés  à  leur  destina- 
tion. Un  brusque  changement  de  la  température 
de  l'eau  et  de  sa  composition  chimique  peut  com- 
promettre le  succès  de  l'opération.  L'appareil, 
enlevé  du  châssis  par  deux  anses  adaptées  aux 
têtes  du  cylindre,  est  plongé  dans  l'eau  qui  doit 
recevoir  le  peuplement,  afin  d'en  prendre  peu  à 
peu  la  température.  On  ajoute  successivement  de 
petites  quantités  d'eau  à  celle  qui  a  servi  au  trans- 
port, jusqu'à  ce  que  l'eau  du  voyage  ait  été  à 
peu  près  complètement  remplacée  par  celle  de  la 
rivière  à  empoissonner.  On  met  le  poisson  en 
liberté  lorsqu'il  s'est  ainsi  familiarisé  avec  les 
conditions  de  sa  nouvelle  demeure. 

Quand  on  distribue  de  jeunes  salmonidés  dans 
une    rivière    importante,    il   faut  avoir  soin   de 


TRANSPORT  DES  JEUNES   POISSONS.  261 

les  éparpiller  aux  embouchures  des  différents 
affluents  et  sur  leur  parcours.  Sans  cette  précau- 
tion ils  restent  agglomérés  par  essaims,  et  sont 
facilement  détruits  par  leurs  ennemis.  Ils  épuise- 
raient d'ailleurs  en  peu  de  temps  les  ressources 
que  les  localités  voisines  pourraient  fournir  à 
leur  nourriture  et  se  mangeraient  entre  eux.  Les 
affluents  portent  toujours  de  la  nourriture  vers 
leurs  embouchures  et  présentent,  plus  souvent 
que  les  grands  cours  d'eau,  des  hauts  fonds  où 
s'abritent  les  petites  bêtes  et  dont  l'accès  n'est  pas 
possible  aux  gros  poissons. 

Lorsque  la  température  est  maintenue  dans  l'ap- 
pareil de  transport  à  environ  4  degrés  centigra- 
des, on  peut  loger  un  millier  d'alevins  de  truites 
âgés  de  trois  mois  dans  vingt-cinq  litres  d'eau.  Il 
faut  éviter  de  renouveler  l'eau  pendant  la  route, 
parce  qu'on  pourrait  en  rencontrer  dont  la 
composition  chimique,  trop  différente  de  celle 
qui  a  servi  au  départ,  amènerait  une  rapide 
mortalité. 

Il  faut  éviter  aussi  d'injecter  de  l'air  vicié  par 
des  émanations  délétères,  par  des  buées  sulfureu- 
ses ou  ammoniacales,  par  la  fumée  de  tabac,  etc. 
Une  très  petite  quantité  de  ces  matières  toxiques 
suffit  pour  faire  périr  les  alevins.  On  évitera  enfin 
de  voyager  par  un  temps  lourd  et  orageux.  Les 
petits  poissons  sont  très  sensibles  à  l'état  électri- 
que de  l'atmosphère,  et  souvent,  pendant  les  ora- 
ges, il  se  déclare,  dans  les  bassins,  des  mortalités 


262  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

subites,  qu'on  ne  peut  ni  prévenir,  ni  expliquer  : 
Quand  la  foudre  frappe  un  étang*  tout  le  poisson 
périt. 

Il  résulte  de  tout  ce  que  nous  avons  dit,  que 
les  pratiques  de  la  pisciculture,  artificielle  ou  non, 
ne  présentent  aucune  difficulté  et  peuvent  se 
généraliser  jusqu'à  former  une  branche  impor- 
tante de  l'économie  rurale.  Pour  réussir,  quand 
on  dispose  de  moyens  convenables,  il  suffit  de 
multiplier  les  précautions  et  de  ne  négliger  au- 
cun détail.  La  véritable  règ*le  pratique  de  la 
pisciculture  peut  se  résumer  en  peu  de  mots  :  du 
soin,  du  soin  et  encore  du  soin.  Les  résultats 
compenseront  amplement  les  peines  qu'on  aura 
prises. 


VI 


LES  ENNEMIS  DES  POISSONS 


Il  ne  suffit  pas  de  savoir  mettre  en  pratique  les 
meilleures  méthodes  qui  servent  à  multiplier  les 
poissons  et  à  les  élever,  il  faut  encore  connaître 
les  principaux  ennemis  qui  les  déciment,  afin  de 
pouvoir  les  détruire,  ou  préserver  de  leurs  attein- 
tes au  moins  les  alevins. 

Le  destructeur  par  excellence  du  poisson,  c'est 
la  loutre.  On  la  rencontre  dans  le  voisinage  de 
tous  les  cours  d'eau  un  peu  considérables,  qui 
n'ont  pas  encore  complètement  perdu  leur  peu- 
plement. Dans  les  étangs,  ses  ravages  sont  des 
plus  redoutables.  De  400  grandes  carpes  conser- 
vées clans  un  vivier  pour  servir  à  la  reproduction, 
les  loutres  en  ont  dévoré  352  dans  l'espace  de  six 
semaines  l.  La  loutre  nage  dans  l'eau  avec  beau- 
coup d'agilité  et  plonge  avec  une   merveilleuse 

\.  Max  von  dem  Borne,  La  Pisciculture,  p.  IH. 


264  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

adresse.  Sous  la  glace,  elle  respire  l'air  vicié  par 
l'action  des  poumons,  le  laisse  séjourner  à  l'état 
de  bulle  sous  la  surface  solidifiée,  et  vient  le  res- 
pirer de  nouveau  quand  il  a  repris  une  quantité 
suffisante  d'oxygène  et  qu'il  s'est  débarrassé  de 
son  acide  carbonique.  Cette  bête  vorace  atteint 
une  longueur  de  0ni,90,  non  compris  la  queue; 
ses  pattes  sont  palmées  et  armées  de  griffes  et  sa 
denture  est  des  plus  acérées.  En  une  seule  nuit, 
elle  est  capable  de  pêcher  une  demi-douzaine  de 
carpes  de  2  kilogrammes,  dont  elle  ne  dévore 
que  les  parties  les  plus  tendres,  sous  la  tête  et 
sous  le  ventre,  et  dont  elle  suce  le  sang.  Sa  four- 
rure est  recherchée. 

La  loutre  habite  des  terriers  ou  le  creux  des 
racines  des  arbres  qui  croissent  au  bord  des  eaux. 
Elle  s'y  construit  un  nid  de  feuilles  et  d'herbes 
sèches.  L'entrée  du  repaire  est  presque  toujours 
au-dessous  du  niveau  de  l'eau,  de  sorte  qu'il  est 
difficile  de  le  découvrir.  En  avril  et  mai  la  fe- 
melle jette  de  2  à  4  petits.  Les  loutres  vivent  en 
société,  par  compagnies  de  4  à  6,  et  font  ensem- 
ble des  voyages  de  plusieurs  lieues,  en  suivant 
toujours  le  chemin  le  plus  court,  pour  atteindre 
des  eaux  poissonneuses,  quand  elles  ont  dépeuplé 
celles  d'une  contrée.  Elles  ont  la  singulière  cou- 
tume de  s'amuser  à  se  laisser  glisser  le  long  des 
rives  abruptes,  mais  humides  et  vaseuses,  qui 
bordent  les  eaux  profondes.  On  rencontre  de  ces 
glissières  le  long  de  toutes  les  rivières  fréquentées 


LES   ENNEMIS   DES  POISSONS.  263 

par  les  loutres  et  elles  y  reviennent  toujours  '. 
Pour  sortir  de  l'eau,  elles  choisissent  un  haut  fond 
et  une  rive  plate,  non  loin  de  la  glissière.  On 
reconnaît  ces  sorties  à  l'herbe  foulée  et  aux  dé- 
jections des  loutres,  qui  sont  remplies  d'arêtes, 
d'écaillés  de  poissons  et  de  test  d'écrevisses.  C'est 
à  ces  endroits  qu'on  les  prend  le  plus  facilement 
au  moyen  de  pièges,  avec  ou  sans  appât. 

Lorsque  le  niveau  de  l'eau  reste  à  peu  près 
constant,  on  se  sert  d'un  piège  à  ressort  qu'on  a 
soin  de  placer  à  peu  près  au  milieu  de  la  sortie, 
à  environ  0m,l0  sous  l'eau,  et  qu'on  couvre 
de  vase  et  de  plantes  aquatiques.  Le  piège  est 
muni  d'une  chaîne  attachée  avec  une  forte  et 
longue  corde  au  pied  d'un  arbre,  ou  à  un  pieu 
solidement  fiché  dans  le  sol.  La  corde  est  recou- 
verte de  terre  qu'on  asperge  d'eau,  au  moyen 
d'une  branche  d'arbre,  de  manière  à  la  mouiller 
copieusement.  Quand  la  loutre  est  prise,  elle 
plonge  dans  l'eau  profonde  et  s'y  noie,  en  entraî- 
nant le  piège. 

Si  l'eau  est  susceptible  de  varier  subitement 
de  niveau,  on  dispose  le  piège  à  terre,  tout  contre 
l'eau  et  au  milieu  de  la  sortie.  On  l'enterre  au 
niveau  du  terrain,  en  ayant  soin  de  placer  un  peu 
de  mousse  au-dessous  et  de  le  couvrir  avec  de  la 
vase  et  du  sable  qu'on  asperge  avec  abondance. 
En  hiver  on  remplace  cette  couverture  par  des 

I.  M.  v.  d.  Borne,  loc.  cit.,  p.  112. 


260  LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

feuilles  sèches  ou  du  bois  pourri,  réduit  en  pou- 
dre, et  on  égalise  bien  le  sol.  On  attache  le  piège 
avec  une  corde,  assez  longue  pour  que  la  loutre 
puisse  gagner  la  profondeur,  et  on  la  couvre  de 
terre. 

Au  Canada  ',  on  place  le  piège  au  sommet  des 
glissières  et  on  dirige  la  loutre  en  disposant,  à 
l'entour,  des  broussailles,  qui  lui  barrent  tout  au- 
tre chemin  pour  y  arriver.  Pendant  les  fortes  ge- 
lées on  place  les  pièges  sur  des  piquets  de  bois 
plantés  dans  le  sol,  au-dessous  d'un  trou  pratiqué 
dans  la  glace.  Le  piquet  porte  à  sa  partie  supé- 
rieure deux  branches  de  0m,10  à  0m,12  de  lon- 
gueur qui  supportent  un  nid  de  mousse,  sur 
lequel  on  établit  le  piège.  L'anneau  de  la  chaîne 
est  passé  dans  le  piquet  même,  à  sa  partie  infé- 
rieure, et  un  bout  de  branche,  épargné  à  cet  effet, 
ou  un  clou,  l'empêchent  de  couler  dehors  et  de  se 
détacher  du  bois.  La  loutre,  arrivée  près  du  trou, 
saute  sur  le  piégée  et  se  noie  sitôt  qu'elle  est  prise. 

Gomme  ces  bêtes  aiment  la  chaleur,  on  peut 
quelquefois  les  surprendre  en  été,  quand  elles 
dorment  en  famille,  le  long  des  bords  desséchés 
d'un  étang.  On  les  empoisonne  avec  de  la  strych- 
nine, et  pour  les  attirer  à  l'appât,  on  le  frotte 
avec  une  huile  odorante  qu'on  fabrique  de  la  ma- 
nière suivante.  On  coupe  en  petits  morceaux  des 
anguilles,  des  truites  ou  d'autres  poissons  et  on 

1.  Newhouse,  The  trappers  guide. 


LES    ENNEMIS   DES   POISSONS.  267 

les  place  dans  une  bouteille  légèrement  bouchée, 
qu'on  suspend  au  soleil  pendant  deux  ou  trois 
semaines.  Il  se  forme  ainsi  une  huile  grasse,  d'une 
odeur  pénétrante,  qu'on  mêle  avec  quelques  gout- 
tes de  musc  de  loutre,  espèce  d'huile  distillée  par 
deux  glandes  placées  sous  le  ventre  des  deux 
sexes.  L'odeur  de  cette  composition  attire  les  lou- 
tres, les  belettes  et  les  putois. 

Un  dernier  moyen  de  destruction,  celui  dont 
on  se  sert  le  plus  fréquemment,  consiste  à  tirer  la 
loutre  à  l'affût.  Pendant  la  nuit  on  l'attend  à  sa 
sortie  de  l'eau,  après  sa  pêche.  Gomme,  en  na- 
geant,  elle  ne  montre  guère  que  l'extrémité  de 
son  nez,  et  que  souvent  elle  se  déplace  entre  deux 
eaux,  il  est  difficile  de  l'atteindre,  tant  qu'elle  n'a 
pas  pris  terre. 

Si  la  loutre  nage  admirablement  dans  l'eau,  la 
nature  lui  a  refusé  la  faculté  de  grimper  et  de 
faire  des  bonds  :  elle  ne  peut  pas  franchir  une 
petite  palissade  de  0m,60  de  hauteur.  Quand  les 
bassins  ne  sont  pas  trop  étendus,  ce  qui  arrive 
surtout  pour  les  étangs  à  truites  où  l'on  pra- 
tique l'élevage  artificiel,  il  suffit  d'une  enceinte 
de  lattes,  reliées  par  du  fil  de  fer,  pour  fermer 
aux  loutres  l'accès  de  l'eau. 

Le  héron  est  un  des  plus  hardis  déprédateurs 
de  nos  cours  d'eau.  «  L'oiseau  l  baigne  ses  lon- 

1.  Noury,  Journal  officiel,  17  avril  1879,  p.  3336. 


268  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

g*ues  jambes  clans  la  rivière,  posant  ses  doig-ts 
sur  le  gravier  du  lit  et  dirigeant  son  bec  en 
aval.  De  temps  en  temps  il  exécute  des  mouve- 
ments saccadés  de  bascule  sur  ses  fémurs.  Il 
relève  sa  queue,  incline  sa  poitrine,  la  plonge 
dans  la  rivière  en  lui  imprimant  dans  l'eau  une 
série  d'oscillations  latérales.  Subitement  il  se 
redresse ,  il  paraît  attendre.  A  son  attitude 
anxieuse,  à  la  vivacité  de  son  reg^ard  on  devine 
qu'il  guette  une  proie;  et,  en  effet,  le  voilà  qui 
lance  dans  l'eau  un  formidable  coup  de  bec  : 
avec  la  rapidité  de  l'éclair  il  a  saisi  une  truite. 
Il  l'avale,  si  elle  n'est  pas  trop  grosse,  car  ja- 
mais il  ne  dépèce  le  poisson.  Une  série  de  trui- 
tes remonte  de  même  le  cours  de  la  rivière  jus- 
qu'au béron  qui,  à  toutes,  fait  invariablement 
subir  le  même  sort.  » 

Quand  la  pêcbe  est  abondante  et  que  le  poisson 
est  gros,  le  héron  perce  la  truite  de  son  bec  effilé 
et  la  tire  hors  de  l'eau.  II  lui  mangue  les  yeux  et 
recommence  sa  pêche. 

M.  Noury,  intrigué  par  l'espèce  de  folie  qui 
attire  les  poissons  à  la  portée  du  bec  de  cet  oiseau, 
a  constaté  chez  le  héron  «  l'existence  de  larg-es 
loupes  graisseuses  entre  le  derme  et  le  peau- 
cier  des  régions  pectorale  et  pelvienne.  Les  ca- 
naux excréteurs  de  ces  grandes  débouchent  à 
la  base  des  plumules  que  recouvrent  les  grands 
filets  de  la  poitrine.  Au  contact  de  l'air  leur 
excrétion  se  résout  en  une  poudre  bleuâtre,  très 


LES   ENNEMIS   DES   POISSONS.  269 

fine,  onctueuse  comme  le  talc  et  d'une  écœu- 
rante fétidité.  Secoué  dans  l'eau  par  le  balan- 
cement du  corps,  qui  vient  d'être  décrit,  elle 
descend  lentement  le  courant.  L'odeur  qui  s'en 
dégage  paraît  être  pour  les  truites  d'une  incom- 
parable suavité,  car  à  peine  ces  poissons  l'ont- 
ils  ressentie,  qu'ils  en  recherchent  la  source,  et 
c'est  ainsi  qu'ils  se  rapprochent  du  héron  et 
tombent  sous  ses  coups.  » 

Les  braconniers  connaissent  depuis  longtemps 
la  propriété  qu'a  l'odeur  du  héron  d'attirer  les 
poissons,  et  fabriquent  Yhuile  de  héron  dont  ils 
oignent  leurs  appâts.  Pour  cela,  ils  plument  l'oi- 
seau sans  le  vider  et  le  pilent  dans  un  mortier. 
La  pâte  obtenue  est  conservée  dans  un  flacon 
hermétiquement  fermé  qu'ils  placent  pendant 
15  à  20  jours  dans  un  endroit  chaud,  jusqu'à  ce 
qu'il  s'y  forme  une  espèce  de  bouillie  huileuse. 
Puis  on  sépare  les  os  et  on  mêle  la  masse  restante 
avec  de  la  farine,  du  miel,  du  pain,  etc.,  qu'on 
conserve  dans  des  flacons  bien  bouchés  pour  en 
frotter  les  hameçons  et  les  appâts  au  moment  de 
la  pêche  *. 

Le  héron  retourne  toujours  faire  sa  pêche  au 
même  endroit,  aussi  longtemps  qu'il  y  trouve 
sa  proie.  Chassé  pendant  le  jour,  on  le  retrouve 
pendant  la  nuit,  péchant  au  clair  de  lune.  Il  niche 
dans  des  forêts  de  haute  futaie,  au  sommet  des 

1.  Horack,  Culture  des  étangs,  p.  i  90. 


270  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

grands  arbres,  souvent  à  des  distances  considé- 
rables des  pêches  qu'il  exploite.  On  le  prend  au 
piège  à  ressort,  qu'on  dresse  sur  de  petites  îles  arti- 
ficielles de  vase,  où  il  vient  se  placer  pour  pêcher, 
ou  sur  des  poteaux,  s'élevant  à  plusieurs  mètres 
au-dessus  de  l'eau,  où  il  va  se  percher.  On  le  dé- 
truit aussi  en  semant  autour  des  étang's  ou  dans 
leurs  îles,  des  poissons  remplis  de  pâte  phospho- 
rée.  Il  est  difficile  de  l'approcher  assez  pour  l'at- 
teindre avec  des  armes  à  feu. 

Le  martin-pêcheur  est  très  nuisible,  parce  qu'il 
s'attaque  aux  œufs  des  poissons  et  aux  jeunes  ale- 
vins dont  il  nourrit  ses  petits.  C'est  à  tort  qu'on 
respecte  dans  nos  campag*nes  ses  nichées,  qu'on 
devrait  détruire  à  l'ég^al  de  celles  des  oiseaux  de 
proie.  Le  merle  d'eau,  au  contraire,  ne  se  nour- 
rît que  d'insectes  aquatiques,  de  petits  mollusques 
et  de  crustacés. 

Les  faucons,  les  mouettes,  les  plongeons,  les 
canards  sauvages,  les  guillemots,  sont  autant 
d'ennemis  dont  il  faut  préserver  les  poissons  et 
qu'on  prend  le  plus  souvent  avec  des  pièges  divers. 
Viennent  ensuite  les  rats  d'eau,  les  campagnols, 
belettes,  fouines,  chats  sauvages,  etc.,  grands 
amateurs  de  la  chair  des  poissons  et  de  leurs  œufs. 
Il  est  bien  difficile  d'en  préserver  complètement 
les  étangs. 

Parmi  les  insectes,  le  plus  redoutable  est  sans 
contredit  le  dytique  et  sa  larve.  Les  larves  de 


LES   ENNEMIS   DES   POISSONS.  271 

libellules,  d'éphémères,  etc.,  sont  également  à 
craindre,  mais  seulement  pour  les  œufs  et  les  très 
jeunes  alevins.  En  mettant  un  étang*  à  sec,  pen- 
dant quelques  mois,  on  y  détruit  toute  cette  en- 
geance qui  périt  par  une  dessication  prolongée. 
Nous  devons  ajouter  toutefois  que  ces  insectes 
servent  de  nourriture  aux  poissons  d'un  âge  plus 
avancé  et  que  les  gros  brochets  s'accommodent 
fort  bien  des  rats  d'eau,  mulots,  canards,  etc., 
quand  ils  parviennent  à  les  saisir. 

Parmi  les  amphibies,  il  faut  écarter  des  étangs 
à  frai,  les  grenouilles  et  les  salamandres,  aussi 
bien  que  les  serpents  d'eau  qui  dévorent  les  œufs 
et  les  petits  poissons  en  grande  quantité. 

Nous  ne  parlerons  que  pour  mémoire  des  petits 
parasites  plus  ou  moins  microscopiques  qui  tour- 
mentent les  poissons,  ainsi  que  de  leurs  helmin- 
thes, des  végétations  ressemblant  à  des  moisissu- 
res, qui  les  recouvrent  et  déterminent  la  mort.  Le 
meilleur  moyen  de  les  en  préserver  c'est  de  leur 
créer  des  refuges  obscurs,  et  d'assurer  une  bonne 
alimentation  d'eau  fortement  aérée,  soit  par  des 
cascades,  soit  par  une  abondante  végétation;  cette 
dernière  dégage  de  l'oxygène  et  détruit  l'acide 
carbonique  et  les  matières  azotées  en  se  les  assi- 
milant. 


APPENDICE 


GAUCKLKR.  |,8 


APPENDICE 


Traduction  d'un  mémoire  allemand,  traduit  en  latin  par  M.  de 
Golstein,  et  rendu  en  français  par  M.  de  Fourcroy,  directeur 
des  fortip.cations  en  Corse,  'public  par  Duhamel  en  1772  '. 

SUR  LA  FAÇON  DE  FAIRE  NAITRE  DES  SAUMONS  ET  DES  TRUITES 

Traduit  de  l'allemand  des  bords  du  Weser. 

1 .  —  On  fera  construire  une  caisse  de  grandeur  à 
volonté;  par  exemple  de  12  pieds  de  long,  1  pied  de 
large  et  6  pouces  de  hauteur. 

2.  —  A  Tune  des  extrémités,  on  laissera  une  ouver- 
ture de  6  pouces  en  carré,  fermée  d'un  grillage  de  fer 
ou  de  laiton,  dont  les  fds  ne  seront  pas  éloignés  plus 
de  4  lignes  les  uns  des  autres.  A  l'autre    extrémité, 
sur  1«;  côté  de  la  caisse,   sera  pareille   ouverture   de 
6  pouces  de  large  et  4  de  hauteur,  grillée  de  même  : 
celle-ci  servira  pour  la   sortie  de  l'eau;  l'autre  pour 
son  entrée  et  le  grillage  empêchera  qu'il  ne  se  puisse 
glisser  dans  la  caisse  ni  rats  d'eau,   ni  aucun  autre 
insecte  (sic)  ennemi  ou  destructeur  des  œufs  de  pois- 
sons. 

1.  Duhamel,  Traité  des  pèches,  II,  p.  209. 


276  LES  POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

3.  —  La  caisse  sera  exactement  fermée  parle  des- 
sus pour  les  mômes  raisons  ;  on  peut  cependant  laisser 
au  couvercle  une  ouverture  de  6  pouces  en  carré, 
semblablement  grillée,  pour  donner  du  jour  au  jeune 
poisson;  mais  cela  n'est  pas  nécessaire. 

4.  —  On  choisira  quelque  lieu  commode  près  d'un 
ruisseau,  ou  mieux  encore  près  de  quelque  étang 
nourri  de  bonnes  sources,  d'où  l'on  puisse  par  une 
fente  ou  petit  canal  de  dérivation,  faire  couler  un  filet 
d'eau  d'environ  1  pouce  d'épaisseur,  à  travers  la  caisse, 
par  les  grilles  (n°  2),  après  l'avoir  placée  dans  la  si- 
tuation nécessaire  à  cet  effet. 

5.  —  Enfin  on  couvrira  le  fond  de  la  caisse  de  1  pouce 
d'épaisseur  de  sable  ou  de  gravier,  recouvert  d'un 
lit  de  petits  cailloux  jointifs  de  la  grosseur  d'une  noi- 
sette ou  d'un  gland. 

(On  aura  par  ce  moyen  un  petit  ruisseau  factice  rou- 
lant sur  un  fond  de  cailloux  :  on  en  verra  plus  bas  la 
nécessité.) 

6.  —  On  préparera  une  ou  plusieurs  de  ces  caisses 
en  lieu  convenable  pour  le  mois  de  novembre;  c'est  la 
saison  où  les  saumons  commencent  à  frayer  :  alors, 
mâles  et  femelles,  ils  remontent  des  grandes  rivières 
dans  les  ruisseaux  pour  y  jeter  leurs  œufs  et  leur 
semence,  comme  on  le  voit  arriver  près  de  Kaldorff  : 
c'est  alors  qu'il  faut  procéder  comme  il  suit. 

7.  —  On  versera  environ  une  pinte  d'eau  bien  claire 
dans  quelque  vase  bien  nettoyé,  comme  seau  de  bois 
ou  binet,  ou  baquet;  et  saisissant  la  femelle  du  saumon 
par  la  tête,  on  la  tiendra  suspendue  sur  ce  vase  :  si  les 


APPENDICE.  277 

œufs  sont  bien  à  maturité,  ils  tomberont  d'eux-mêmes 
dans  le  vaisseau  ;  sinon  en  lui  pressant  légèrement  le 
ventre  avec  la  paume  de  la  main,  les  œufs  se  détache- 
ront et  on  les  recevra  facilement  dans  l'eau. 

8.  —  On  en  fera  de  même  d'un  saumon  mâle  :  quand 
il  y  aura  sur  les  œufs  assez  de  laitance  pour  blanchir 
la  surface  de  l'eau,  l'opération  de  la  fécondation  des 
œufs  sera  finie. 

9.  —  On  répandra  les  œufs  ainsi  fécondés  dans  une 
des  caisses  ci-dessus,  et  on  y  fera  couler  de  l'eau  du 
ruisseau,  ayant  attention  qu'elle  n'y  coule  pas  avec 
assez  de  rapidité  pour  emporter  les  œufs  avec  elle  ;  car 
il  faut  qu'ils  demeurent  tranquillement  entre  les  cail- 
loux. 

10.  —  Il  faut  avoir  soin  de  nettoyer  de  temps  en 
temps  ces  œufs,  des  ordures  que  l'eau  y  apporte  et  y 
dépose;  cela  se  peut  faire  au  moyen  d'une  plume  que 
l'on  agite  sur  l'eau  de  côté  et  d'autre. 

il.  —  Quelquefois  au  bout  de  cinq  semaines  les 
petits  saumons  sont  déjà  formés  dans  les  œufs,  y  sont 
vivants  et  s'y  remuent  :  on  le  reconnaît  à  leurs  yeux 
qui  sont  noirs,  au  lieu  que  les  autres  parties  sont  dia- 
phanes et  ne  renvoient  point  la  lumière.  Huit  jours 
après  qu'on  a  distingué  les  yeux,  ces  petits  poissons 
percent  la  coque  ou  peau  tendre  de  l'œuf  et  se  pro- 
mènent dans  l'eau. 

Le  temps  nécessaire  pour  la  naissance  des  saumons 
n'est  cependant  pas  toujours  le  même.  Si  l'eau  de  la 
source  est  plus  chaude,  l'opération  sera  plus  tôt  faite, 
comme  aussi  suivant  la  température  de  l'air.  L'expé- 


278  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

rience  nous  a  appris  qu'il  faut  souvent  le  double  de 
temps  pour  faire  éclore  ces  œufs. 

12.  —  Pendant  que  le  poisson  croît  dans  son  œuf, 
on  y  distingue  très  bien  une  membrane  ou  pellicule 
séparée  delà  coque.  Le  petit  poisson  couché  dans  cette 
coque  est  adhérent  à  la  membrane,  qui  forme  un  sac 
autour  de  lui,  comme  si  c'était  un  pois  traversé  par  une 
petite  aiguille. 

13.  —  Ce  petit  sac  qui  tient  au  poisson  et  qui  rem- 
plit presque  toute  la  capacité  de  l'œuf,  lui  tient  lieu 
d'estomac  et  d'entrailles  :  le  poisson  se  nourrit  quatre 
ou  cinq  semaines  après  qu'il  est  éclos  de  la  matière 
renfermée  dans  cette  membrane.  Pendant  ce  temps-là 
sa  gueule,  d'abord  informe,  s'allonge  successivement; 
puis  ensuite  le  sac  disparaît  tout  à  fait,  et  l'animal  a 
pris  la  figure  qu'il  doit  avoir. 

14.  —  Après  les  quatre  ou  cinq  premières  semaines 
(n°  13)  la  faim  survient  à  ces  petits  poissons;  et  comme 
dans  les  caisses  ils  ne  trouvent  ni  les  vermisseaux 
propres  à  les  nourrir,  ni  l'espace  dont  ils  ont  besoin,  ils 
vont  chercher  l'un  et  l'autre  en  sortant  de  leurs  caisses 
à  travers  les  grillages.  Si  pour  lors  le  filet  d'eau  de  la 
caisse  aboutit  à  quelque  réservoir  suffisamment  grand, 
où  l'on  puisse  élever  les  saumons  jusqu'à  la  grosseur 
dont  il  les  faut  pour  rempoissonner  les  étangs,  c'est 
tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  convenable. 

15.  —  Les  saumons  et  les  truites  nouvellement  éclos 
peuvent  se  conserver  jusqu'à  dix  semaines  dans  quel- 
que grand  vase  de  verre  bien  net,  ou  de  quelqu'autre 
matière,  comme   de  porcelaine,  faïence,  etc.   Il  faut 


APPENDICE.  279 

seulement  faire  en  sorte  de  les  y  transporter  sans  les 
blesser,  et  avoir  ajouté  pour  cela  à  la  caisse  où  ils  sont 
nés,  un  petit  crible  de  crépon  monté  sur  une  planche 
qui  entre  juste  dans  le  travers  de  la  caisse.  Nous  ne 
nous  arrêtons  pas  davantage  à  cette  description,  pour 
abréger. 

16.  —  Pour  faire  naître  les  truites,  on  se  sert  préci- 
sément de  la  même  méthode,  à  laquelle  il  n'y  a  rien  à 
ajouter  :  j'avertirai  seulement  ici  que  leurs  œufs  et  lai- 
tances sont  à  maturité  et  en  abondance  dans  les  mois 
de  décembre  et  de  janvier;  et  comme  les  truites  sont 
plus  petites  que  les  saumons,  il  n'en  est  que  plus  aisé 
de  faire  sortir  leurs  œufs  et  laitances  sans  leur  faire 
courir  aucun  risque  de  la  vie. 

17.  —  Il  ne  faut  pas  croire  que  les  poissons  soient 
sujets  à  s'accoupler  en  mêlant  leur  sexe  comme  les 
autres  animaux,  quoiqu'on  ne  s'en  aperçoive  pas  ;  ni 
que  leurs  œufs  aient  été  fécondés  par  le  mâle  avant 
d'être  pondus,  en  sorte  qu'il  en  pût  éclore  de  petits 
poissons  sans  cette  formalité  superflue  d'y  répandre 
de  la  laitance  (n°  8),  comme  naîtraient  des  poulets,  en 
mettant  simplement  des  œufs  sous  une  poule  ou  dans 
un  four  ou  poêle,  ainsi  qu'on  le  pratique  aux  Indes. 
Pour  m'assurer  de  cette  vérité,  je  fis,  il  y  a  environ  six 
ans,  l'expérience  suivante. 

18.  — Je  tirai  d'une  truite  des  œufs  très  mûrs,  et 
j'en  eus  tout  le  soin  possible,  sans  y  mettre  de  lai- 
tances ;  jamais  il  n'en  vint  le  moindre  poisson  ;  tous  ces 
œufs  se  corrompirent  en  très  peu  de  temps,  j'en  ai 
conclu  avec  certitude  que  les  œufs  des  truites  et  des 


280  LES    POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

autres  poissons  ne  reçoivent  pas  leur  fécondation  tant 
qu'ils  sont  dans  le  corps  du  poisson,  et  attachés  à  lui, 
comme  cela  arrive  aux  autres  animaux,  mais  seule- 
ment lorsque  les  truites  les  ont  pondus. 

19.  — En  faisant  éclore  des  truites,  j'ai  quelquefois 
remarqué  quantité  d'avortons  ou  de  monstres,  certaines 
années  plus,  d'autres  moins.  Quelques-uns  avaient 
deux  têtes  et  le  corps  bien  formé.  D'autres  avaient  le 
ventre  commun,  et  du  reste  étaient  deux  poissons  bien 
distincts,  comme  seraient  deux  poissons  ordinaires  que 
l'on  coucherait  sur  une  table,  bien  serrés  l'un  contre 
l'autre  par  le  ventre.  D'autres  étaient  tellement  unis  par 
le  flanc,  qu'ils  ressemblaient  à  deux  truites  qui  se  tien- 
nent seulement  l'une  près  de  l'autre  dans  l'eau.  Quel- 
ques-uns avaient  deux  corps  par  en  haut,  se  réunissant 
en  un  seul  vers  le  milieu,  et  terminé  par  un  seul  ventre 
et  une  seule  queue.  Enfin,  parmi  ces  monstres  j'en  ai 
rencontré  un  qui  paraissait  formé  de  deux  poissons 
qui  se  traversaient,  n'ayant  qu'un  seul  ventre  pour  les 
deux. 

20.  —  De  tous  ces  avortons,  jamais  aucun  n'a  vécu 
jusqu'à  six  semaines,  c'est-à-dire  au  delà  du  terme  où 
la  matière  contenue  clans  la  membrane  ou  sac  de  l'œuf 
(n°  13)  et  qui  leur  sert  d'estomac,  peut  suffire  à  sa 
nourriture. 

21. —  On  peut  conjecturer  que  tous  ces  monstres 
de  poissons  proviennent  de  ce  qu'un  œuf  s'est  trouvé 
fécondé  par  plus  d'un  animalcule  de  la  laitance;  et 
comme  c'est  la  matière  contenue  dans  l'œuf  delà  truite 
et  des  autres  poissons  qui  fournit  au  petit  poisson  le 


APPENDICE.  281 

ventre,  l'estomac  et  les  intestins,  an  lien  que  les  autres 
parties  du  poisson  végètent  ou  poussent  (n°  12)  contre 
la  membrane  et  la  coque  de  l'œuf,  tous  ces  monstres 
se  trouvent  avoir  des  intestins  communs,  et  il  est  facile 
d'en  inférer  comment  se  produisent  les  monstres  dans 
les  poissons  et  les  animaux  ovipares.  Mais  ce  système 
ne  peut  avoir  lieu  pour  les  monstres  des  vivipares,  qui 
étant  nés  dans  une  matrice,  n'ont  pas  de  même  un  seul 
sac  destiné  à  leur  fournir  les  entrailles  en  commun.  Il 
n'est  pas  fort  rare  de  trouver  de  ces  monstres  dans  les 
oiseaux,  même  dans  les  quadrupèdes,  bien  plus  dans 
les  végétaux,  et  l'on  pense  que  quand  les  embryons 
étaient  très  tendres,  deux  se  sont  collés  et  ensuite 
comme  greffés  l'un  à  l'autre. 

22.  —  Les  œufs  de  truites,  principalement  quand  ils 
sont  à  maturité,  sont  totalement  séparés  les  uns  des 
autres,  ainsi  que  de  toutes  les  autres  parties  du  pois- 
son, et  couverts  d'une  peau  ou  coque  très  dure.  Il  n'y 
a  donc  pas  alors  beaucoup  do  circulation,  s'il  en  reste 
quelqu'une,  entre  les  liqueurs  du  poisson  et  celles  de 
Fœuf.  Aussi  les  œufs  de  truites  ne  se  corrompent-ils 
pas  aussitôt  que  le  poisson,  et  j'en  ai  vu  se  conserver 
sains,  quatre  ou  cinq  jours  après  que  le  poisson  s'était 
putréfié. 

23.  — -  Pour  m'en  assurer  par  expérience,  j'ai  pris 
les  œufs  mûrs  d'une  truite  déjà  pourrie,  étant  morte 
depuis  quatre  jours  et  très  puante,  je  les  ai  couverts 
des  laitances  d'un  mâle  vivant  (n°  8)  et  j'ai  eu  des  pois- 
sons comme  si  la  truite  qui  m'avait  fourni  les  œufs  eût 
été  vivante. 

24.  —  Et  attendu  que  la  vie  des  animalcules  des 


282  LES  POISSONS    D'EAU   DOUCE. 

laitances  n'est  pas  non  plus  tellement  liée  à  celle  de 
l'animal  qui  les  produit,  que  la  mort  du  poisson  puisse 
donner  aussitôt  la  mort  à  ces  petits  animalcules;  mais 
que  ces  animalcules  au  contraire  conservent  leur  vie 
et  leur  faculté  reproductive,  tant  que  le  fluide  qui  les 
contient  n'a  pas  contracté  de  putréfaction;  c'est  un  fait 
conséquent  et  d'expérience  tout  ensemble  que  cette 
espèce  de  paradoxe. 

25.  —  Par  le  moyen  de  laitance  et  d'œufs  de  truites 
déjà  mortes  et  en  partie  fétides,  on  peut  faire  naître  de 
nouvelles  truites. 

(On  sent  combien,  au  moyen  des  faits  de  ces  quatre 
derniers  numéros,  on  pourrait  trouver  de  facilité  à  se 
procurer  des  truites  dans  un  canton  où  il  n'y  en  aurait 
jamais  eu.) 

26.  —  L'exemple  des  mulets  entre  les  quadrupèdes 
et  des  carpes  métissées  de  carassins  entre  les  poissons, 
fait  voir  que  le  mélange  de  deux  espèces  en  produit 
une  troisième  qui  a  beaucoup  de  rapports  aux  deux 
premières.  Pendant  les  mois  de  novembre,  décembre 
et  janvier,  les  saumons  (n°  6)  et  les  truites  (n°  16)  ont 
leurs  œufs  et  laitances  en  maturité.  On  peut  donc  faire 
le  mélange  de  ces  deux  espèces,  et  éprouver  si  l'on 
aura  des  poissons  qui  ne  soient  ni  truites  ni  saumons, 
mais  qui  tiennent  un  milieu  entre  les  deux. 

27.  —  Il  ne  faut  pas  conclure  de  là  que  Ion  aura 
des  truites  saumonées;  celles-ci  ne  constituent  pas  une 
espèce  différente  de  la  truite  qui  a  la  chair  blanche  ;  j'ai 
fait  un  très  grand  nombre  d'expériences  qui  prouvent 
et  constatent  que  la  différence  entre  les  truites  sau- 
monées et  celles  qui  ne  le  sont  pas,  vient  en  partie  de 


APPENDICE.  283 

la  nature  de  l'eau  dans  laquelle  elles  vivent,  et  princi- 
palement de  leurs  aliments.  Nous  avons  dans  nos  can- 
tons le  Pourvoyeur  du  Carême  de  Vestrux,  qui  pos- 
sède un  vivier  dans  lequel  toutes  les  truites  jetées  de 
la  grosseur  du  rempoissonnement,  deviennent  en  un 
an  presque  saumonées.  Cette  fosse  reçoit  la  chute  d'un 
ruisseau  dont  l'eau  est  de  la  meilleure  qualité,  très 
propre  à  dissoudre  le  savon  et  nourrit  beaucoup  de  gou- 
jons et  de  barbillons,  comme  il  s'en  rencontre  beaucoup 
dans  les  ruisseaux.  On  trouve  de  môme  des  truites 
saumonées  communément  dans  tous  les  ruisseaux 
dont  l'eau  est  de  cette  espèce  et  qui  abondent  en  gou- 
jons. C'est  par  cette  raison  que  j'attribue  à  la  nature  des 
eaux  et  à  la  nourriture  des  truites,  cette  propriété  d'a- 
méliorer leur  goût  et  de  changer  la  couleur  deleurchair. 

28.  —  Les  brochets  fraient  au  mois  de  mars,  et  les 
truites,  comme  nous  l'avons  dit,  en  décembre  et  jan- 
vier, quelques-unes  même  en  février,  quoique  assez 
rarement.  Si  donc  on  trouvait  moyen  de  conserver  des 
œufs  de  truites  jusqu'en  mars,  ce  que  je  n'examine 
pas  ici,  on  pourrait  essayer  si  des  laitances  de  brochets, 
jetées  sur  des  œufs  de  truites,  produiraient  une  troi- 
sième espèce. 

29.  —  Il  est  bon  de  remarquer  que  les  animaux  métis, 
ou  produits  de  deux  espèces  différentes,  n'ont  pas  la 
faculté  de  se  reproduire  ;  et  il  est  évident  par  là  que 
Dieu,  en  créant  la  nature,  a  déterminé  la  quantité  d'es- 
pèces auxquelles  il  a  voulu  donner  l'existence. 

30.  —  Les  œufs  de  saumons  et  de  truites  se  pour- 
rissent infailliblement  s'il  y  séjourne  quelque  saleté  ou 
s'ils  restent  longtemps  sur  la  terre,  quoique  les  petits 


28i  LES   POISSONS  D'EAU   DOUCE. 

poissons  y  soient  déjà  tout  formés;  c'est  ce  que  m'ont 
appris  quantité  d'expériences,  et  c'est  la  raison  pour 
laquelle  ces  espèces  ont  reçu  de  la  nature  l'instinct  de 
les  déposer  sur  le  gravier  des  ruisseaux,  dans  des  en- 
droits où  le  courant  de  l'eau  les  nettoie  continuelle- 
ment de  toute  ordure. 

31.  —  Les  truites  qui  sont  dans  les  étangs  y  jettent 
bien  leurs  œufs  et  semences  dans  la  saison.  Ces  œufs 
tombent  sur  la  terre  ou  la  vase  ;  ou  s'il  se  rencontre  un 
fond  de  gravier,  pierres  ou  sable,  c'est  là  que  la  truite 
fraye,  et  par  son  mouvement  elle  travaille  tant  qu'elle 
peut  à  nettoyer  ses  œufs.  Mais  c'est  au  plus  si  elle  peut 
les  entretenir  propres  pendant  huit  jours.  C'est  un  fait 
certain  que  tout  ce  qui  repose  dans  l'eau  la  plus  pure, 
contracte  de  jour  en  jour  quelque  crasse.  Il  est  impos- 
sible que  les  œufs  de  truites  y  demeurent  environ  dix 
semaines  sans  devenir  sales.  Voibà  pourquoi  jamais  le 
frai  des  truites  ne  réussit  dans  les  étangs,  à  moins  que 
ce  ne  soit  dans  des  endroits  où  le  fond  soit  de  gravcir 
et  où  il  se  rende  des  sources  d'eau  vive. 

32.  —  Il  se  trouve  cependant,  mais  très  rarement, 
de  jeune  frai  de  truites  dans  quelques  étangs,  et  l'on 
s'imagine  qu'il  y  est  éclos.  Mais,  dans  ce  cas,  il  faut 
remarquer  qu'il  y  tombe  quelque  source  voisine  ou 
quelque  ruisseau  qui  coule  sur  du  gravier.  La  truite,  au 
mois  de  décembre  et  de  janvier,  ne  manque  pas  de 
monter  de  l'étang-  dans  ces  ruisseaux  pour  y  jeter  ses 
œufs  et  semences.  Dès  que  les  petits  sont  éclos,  ils 
cherchent  l'eau  et  leur  nourriture,  descendent  dans 
l'étang-  et  font  croire  à  ceux  qui  n'y  regardent  pas  de 
si  près,  qu'ils  y  ont  pris  naissance. 


APPENDICE.  285 

33.  —  Nos  observations  ci-dessus  font  voir  que  les 
truites  ne  peuvent  se  multiplier  dans  les  étangs;  on 
sait  d'ailleurs  qu'il  serait  impossible  de  tirer  tous  les 
ans  des  ruisseaux,  sans  un  dommage  considérable,  un 
rempoissonnement  ou  alevinage  en  ce  genre,  outre 
qu'il  ne  se  trouve  pas  partout  des  ruisseaux  qui  pro- 
duisent des  truites,  quoiqu'on  eût  dans  son  voisinage 
des  étangs  très  propres  à  les  nourrir.  On  ne  pourra  donc 
disconvenir  que  cette  invention  de  faire  naître  des 
truites  au  moyen  des  œufs  et  des  laitances,  ne  puisse 
procurer  un  grand  profit  dans  beaucoup  d'endroits, 
outre  le  plaisir  et  l'amusement  que  Tony  pourra  trouver. 

34.  —  Les  saumons,  dans  la  saison  de  leur  frai, 
passent  comme  les  truites,  des  rivières  dans  les  ruis- 
seaux caillouteux,  et  après  y  avoir  frayé,  reviennent 
dans  les  rivières,  où  les  petits  saumons  viennent  les 
trouver  dès  qu'ils  le  peuvent.  Tel  est  l'instinct  que  la 
nature  leur  a  donné;  d'où  l'on  peut  conclure  avec  vrai- 
semblance, que  les  jeunes  saumons  ne  se  tiennent  pas 
du  tout  dans  les  ruisseaux  et  qu'il  est  difficile  de  les 
contenir  dans  des  viviers,  quand  il  y  entre  et  qu'il  en 
sort  des  sources  abondantes. 

3o.  —  Les  poissons  voraces  de  nos  contrées,  comme 
brochets,  truites,  etc.,  lorsqu'on  les  garde  à  part  dans 
des  viviers,  se  nourrissent  principalement  de  rats  d'eau, 
de  grenouilles,  lézards,  salamandres  d'eau,  orvets  et 
autres  insectes  de  cette  espèce  (sic)  ;  et  comme  les  sau- 
mons se  nourrissent  de  même,  on  ne  perdra  pas  ses 
peines  si  l'on  jette  beaucoup  de  ces  insectes  dans  les 
étangs  où  l'on  veut  les  faire  profiter. 

36.  —  Les  eaux  d'étangs  propres  à  nourrir  les  carpes 


286  LES   POISSONS   D'EAU  DOUCE. 

sont  ordinairement  du  même  degré  de  chaleur  que 
celles  dans  lesquelles  les  saumons  aiment  naturelle- 
ment à  demeurer;  c'est  ce  qui  fait  que  les  eaux  tem- 
pérées leur  conviennent  mieux  que  les  étangs  plus 
froids,  dans  lesquels  les  truites  se  plaisent  davantage. 

37.  —  Les  saumons  ne  fraient  pas  dans  les  étangs 
(n°  30)  et  il  est  très  difficile  d'en  pêcher  dans  les  rivières 
pour  le  rempoissonnement.  II  suit  de  là,  que  notre  in- 
vention ci-dessus  des  œufs  et  laitances  des  truites  et 
saumons,  peut  être  très  utile,  pourvu  que  les  étangs 
où  l'on  voudra  les  garder  leur  fournissent  la  nourriture. 

38.  —  J'ai  actuellement  430  petits  saumons  de  la 
première  expérience  que  j'ai  faite  pour  en  élever;  lors- 
qu'ils ont  eu  six  semaines,  je  les  ai  dispersés  dans 
plusieurs  petits  viviers;  j'espère  qu'au  bout  de  l'année 
je  pourrai  juger  avec  certitude  s'il  se  trouve  quelque 
profit  à  nourrir  et  à  garder  ainsi  les  saumons  dans  les 
étangs. 

39.  —  Les  brochets  et  les  perches  fraient  dans  la  plu- 
part des  étangs,  au  lieu  que  les  carpes  et  les  carassins 
ne  fraient  que  dans  ceux  dont  les  eaux  sont  tempé- 
rées, aux  endroits  qui  se  trouvent  unis  sans  beaucoup 
d'herbes,  et  qui  ne  sont  pas  environnés  de  beaucoup 
de  vases  molles.  Si  la  nature  n'a  pas  ainsi  disposé  le 
terrain  d'un  étang,  il  est  très  facile  d'y  remédier  à  peu 
de  frais;  et  après  avoir  éprouvé  et  observé  comment 
il  convient  de  préparer  et  d'entretenir  les  étangs,  on 
pourrait  tirer  grand  profit  de  cette  éducation  artifi- 
cielle des  poissons,  h  l'exemple  de  tout  ce  qui  vient 
d'être  dit  sur  les  truites  et  saumons  de  notre  pays. 


APPENDICE.  287 

40.  —  Les  poissons  mâles  ont  près  de  l'arête  deux 
lobes  de  ce  qu'on  appelle  la  laitance  ;  c'est  une  matière 
blanchâtre  et  quelquefois  un  peu  grise,  dont  les  parties 
sont  assez  solides.  Cette  matière  s'accroît  ordinaire- 
ment depuis  le  printemps  jusqu'au  mois  de  novembre 
dans  les  saumons  et  jusqu'en  décembre  dans  les  truites  ; 
et  c'est  la  matière  prolifique  de  ces  poissons. 

44 .  —  Lorsque  le  temps  du  frai  des  saumons  et  des 
truites  est  arrivé,  il  se  liquéfie  journellement  dans 
chaque  mâle,  environ  la  sixième  partie  de  cette  matière, 
qui  du  reste  demeure  solide.  C'est  au  moment  de  cette 
liquidité  qu'elle  a  acquis  toute  sa  maturité;  et  alors 
elle  ressemble  à  un  véritable  lait  blanc  et  fluide  qui 
contient  les  animalcules  séminaux  parvenus  à  leur 
perfection. 

42.  — Les  femelles  de  ces  poissons  ont  pareillement 
leurs  œufs  assemblés  en  deux  lobes  contigus  à  l'épine 
du  dos  et  y  croissent  dans  le  même  temps.  Lorsque  ces 
œufs  à  l'approche  du  frai  ont  acquis  leur  juste  volume 
et  leur  maturité,  la  membrane  qui  les  unit  ensemble 
s'en  sépare,  en  sorte  qu'au  moyen  de  quelque  mouve- 
ment, soit  d'extension  ou  de  compression,  les  œufs 
sont  expulsés  l'un  après  l'autre  du  corps  de  la  fe- 
melle (n°  22). 

43.  —  Au  moment  du  frai  des  saumons,  comme  en 
novembre,  le  mâle  et  la  femelle,  dont  la  laitance  et  les 
œufs  sont  à  maturité,  sortent  des  grandes  rivières,  vont 
gagner  quelque  ruisseau  dout  l'eau  murmure  sur  un 
fond  de  cailloux,  sable  ou  pierres  (n°  4  et  5),  parce  qu'il 
faut  un  tel  fond  pour  que  les  œufs  s'étendent  (n°  30). 


288  LES   POISSONS   D'EAU   DOUCE. 

44.  Alors  le  mâle  se  tient  auprès  de  la  femelle, 
tous  les  deux  s'agitent  et  se  frottent  le  ventre  sur  le 
sable  ou  sur  le  fond,  afin  de  faire  sortir  par  ce  petit  choc 
ce  qu'ils  ont  d'oeufs  et  de  laitance  en  état  de  maturité 

(nos  7  et  3). 

45.  —  En  même  temps  que  les  œufs  tombent  du 
corps  de  la  femelle,  leur  poids  les  porte  vers  le  fond  ;  et 
comme  il  est  pierreux,  l'un  passe  derrière  un  caillou, 
l'autre  derrière  un  autre.  On  peut  remarquer  dans  les 
eaux  courantes  que  chaque  petite  pierre  occasionne 
un  petit  tourbillon  d'eau,  au  milieu  duquel  se  trouve 
un  point  de  repos,  dans  lequel  est  chassé  tout  corps 
léger  qui  se  rencontre,  et  par  conséquent  l'œuf  de  notre 
poisson.  C'est  ainsi  que  se  dispersent  et  s'étendent  les 
œufs  de  truites  et  de  saumons  sur  les  fonds  graveleux 
des  ruisseaux. 

46.  —  La  laitance  du  mâle  se  répand  en  même  temps 
par  petits  tourbillons  sur  le  sable  et  les  graviers,  com- 
posée, comme  on  le  sait,  d'une  infinité  d'animalcules 
séminaux,  dont  l'un  étant  porté  d'un  côté  de  l'œuf, 
l'autre  d'un  autre,  il  s'en  trouve  un  qui  rencontre 
certaine  cicatricule  de  l'œuf,  s'y  insinue  et  le  féconde. 
Après  cette  opération,  le  cours  et  le  choc  continuel 
de  l'eau  conserve  les  œufs  dans  la  propreté  qui  leur 
est  indispensable  (n°  9,  10,  30,  31);  et  après  environ 
dix  semaines,  arrive  au  jour  le  petit  poisson,  plus  tôt 
ou  plus  tard,  selon  que  la  source  est  d'une  température 
plus  ou  moins  froide  ou  chaude. 

47.  —  Si  l'on  compare  cette  histoire  de  la  propaga- 
tion naturelle  des  truites  et  des  saumons,  avec  les  pro- 
cédés que  nous  avons  déduits  pour  les  faire  naître  chez 


APPENDICE.  289 

soi,  nous  nous  flattons  que  l'on  reconnaîtra  dans  notre 
méthode  toutes  les  attentions  indiquées  comme  prin- 
cipales et  essentielles  par  la  nature,  en  sorte  qu'on 
pourra  en  hasarder  l'expérience  avec  confiance  de 
réussir. 

Nota  \  —  Ce  mémoire  fut  remis  à  M.  Fourcroy 
en  allemand,  à  Dusseldorff,  en  1758,  par  M.  le  comte 
de  Golstein.  M.  Fourcroy  dit  qu'il  se  rappelle  qu'il  lui 
avait  dit  avoir  toute  confiance  aux  faits  de  ce  mémoire, 
comme  le  tenant  de  très  bonne  main. 

Ni  M.  Fourcroy,  ni  M.  le  comte  de  Golstein,  ni  à 
plus  forte  raison  moi,  ne  sommes  en  état  de  certifier 
la  vérité  de  tous  les  faits  qui  sont  rappelés  dans  ce  mé- 
moire ;  mais  la  façon  dont  il  est  écrit  engage  à  y  avoir 
une  certaine  confiance  et,  peut-être,  pourra-t-il  déter- 
miner quelque  naturaliste  à  faire  des  tentatives  ana- 
logues pour  multiplier  d'autres  poissons. 

1.  De  Duhamel. 


GADCKLER.  19 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Introduction 


Pages. 


PREMIÈRE  PARTIE 
LES   POISSONS 

I.  —  Famille  des  Salmonidés. 

Le  Saumon 13 

Le  Saumon  du  Danube 22 

La  Truite  de  rivière 26 

La  Truite  des  lacs 30 

La  Truite  de  mer 33 

L'Ombre  cbevalier 35 

L'Ombre  commun 39 

Les  Corégones  (fera) 43 

II.  —  Famille  des  Clupéides. 

L'Alose 47 

III.  —  Famille  des  Ésocides. 

Le  Brochet 51 


292  TABLE  DES  MATIERES. 

IV.  —  Famille  des  Percides. 

Pages. 

La  Perche 55 

Le  Sandre 57 

V.  —  Famille  des  Gadidés. 

La  Lotte 59 

VI.  —  Famille  des  Siluroïdes. 

Le  Silure 61 

VII.  —  Famille  des  Murènides. 
L'Anguille 63 

VIII.  —  Famille  des  Cottides, 

Le  Chabot 67 

IX.  —  Famille  des  Gastéroïdes. 

L'Épinoche 69 

X.  —  Famille  des  Cyprinides. 

La  Carpe 71 

Le  Carassin 75 

Lé  Poisson  rouge 77 

La  Chevaine 78 

La  Vandoise 80 

Le  Gardon 81 

La  Brème 83 

L'Ablette. 85 

Le  Barbeau 87 

Le  Goujon 89 

La  Loche  franche 90 

La  Tanche 93 

Le  Nase 96 

Le  Véron 98 


TABLE  DES  MATIÈRES.  293 

XI.  —  Famille  des  Sturoniens. 

Pages. 

L'Esturgeon 101 

XII.  —  Famille  des  Pétromizonides. 

La  Lamproie 105 

XIII.  —  Crustacés. 

L'Écrevisse 109 

DEUXIÈME  PARTIE 

LA  PISCICULTURE 

La  Pisciculture 115 

I.  —  La  Colonisation 117 

II.  —  Les   Étangs 121 

1.  Établissement  d'un  étang 124 

2.  Étangs  à  carpes 138 

a.  Étangs  à  feuilles  de  pose 139 

5.  Étangs  à  nourrain  ou  à  empoissonnage.    .    .  142 

c.  Étangs  à  carpes  marchandes 144 

d.  Viviers  d'hivernage 148 

e.  Pêche  des  étangs  à  carpes 149 

/'.  Exploitation  agronomique  des  étangs  à  carpes.  151 

3.  Étangs  à  truites 155 

4.  Étangs  à  corégones 1 62 

5.  Étangs  à  anguilles 104 

6.  Étangs  à  écrevisses 166 

7.  Produits  végétaux  des  étangs 168 

III.  —  Les  Frayères  artificielles 173 

IV.  —  Aménagement  des  Rivières  et  des  Canaux.  183 


294  TABLE   DES  MATIÈRES. 

Pages. 

V.  —  Reproduction   artificielle  des  Poissons.    .    .  195 

1.  Ponte  des  truites  en  liberté 197 

2.  Choix  des  reproducteurs 201 

3.  La  Rigole-frayère 204 

4.  Fécondation  artificielle  des  œufs  libres 212 

5.  Fécondation  artificielle  des  œufs  adhérents.    .  222 

6.  Incubation  en  pleine  eau 224 

7.  Incubation  artificielle 230 

8.  Transport  des  œufs 243 

9.  Éclosions  et  alevinage 246 

10.  Transport  des  jeunes  Poissons 256 

VI.  —  Les  Ennemis  des  Poissons 263 

APPENDICE 

Mémoire  de  Jacobi 275 


PARIS 

TYPOGRAPHIE  GEORGES  CHAMEROT 

19,  RUE     DES     SAINTS-PÈRES,  ;i9. 


CATALOGUE 


DES 


LIVRES    DE    FONDS 


OUVRAGES    HISTORIQUES 


ET    PHILOSOPHIQUES 


TABLE  DES   MATIÈRES 


Pages. 

Collection  historique  des  grands 

philosophes 2 

Philosophie  ancienne 2 

Philosophie  moderne 2 

Philosophie  écossaise 3 

Philosophie  allemande 3 

Philosophie   allemande  con- 
temporaine   h 

Philosophie  anglaise  contem- 
poraine    5 

Philosophie     italienne    con- 
temporaine   5 

BIBLIOTHÈQUE  DE  PHILOSOPHIE  CON- 
TEMPORAINE         G 

BIBLIOTHÈQUE  D'HISTOIRE  CONTEM- 
PORAINE     10 


Pagos. 

Bibliothèque  scientifique  inter- 
nationale    12 

Ouvrages  divers  ne  se  trouvant 

pas  dans  les  bibliothèques.  .    ol 
fc-nquéte  parlementaire  sur  les 
actes  du  gouvernement  de  la 

défense  nationale 20 

Enquête  parlementaire  sur  l'in- 
surrection du  1 8  mars 21 

OEuvres  d'Edgar  Quinet 22 

Bibliothèque  utile 23 

Revue  politique  et  littéraire.  .    26 

Revue  scientifique 27 

Revue  philosophique 30 

Revue  historique 30 

Table     alphabétique     des    au- 
teurs     31 


PARIS 

LIBRAIRIE    GERMER    BAILLIÈRE    ET    C'c 

''08,   BOULEVARD   SAINT-GERMAIN,    108 
Au  coin  de  lu  rue  Hautefcuille 


\<t\  ItfBBtRK      s  •■■?»«> 


COLLECTION  HISTORIQUE  DES  GRANDS  PHILOSOPHES 


PHILOSOPHIE     ANCIENNE 


ARISTOTE  (Œuvres  d'),  traduction  de 
M.  Barthélémy  Saint-Hilaire. 

—  Psychologie  (Opuscules),  trad.  en 
français  et  accompagnée  de  notes. 
lvol.  in-8 10  fr. 

—  Rhétorique,  traduite  en  frewçais 
et   accompagnée    de  notes.   1870, 

2  vol.  in-8..    16  fr. 

—  Politique,  1868,  1  v.  in-8.  10  fr. 

—  Traité  du  ciel,  1866;  traduit  en 
français  pour  la  première  fois.  1  fort 
vol.  grand  in-8 10  fr. 

—  Météorologie,  avec  le  petit  traité 
apocryphe  :  Du  Monde,  1863.  1  fort 
vol.  grand  in-8 10  fr. 

—  La   luéta physique   d'Aristote. 

3  vol.  in-8, 1879 30  fr. 

—  Poétique,  1858.  lvol.  in-8.  5  fr. 

—  Traité  de  la  production  et  de 
la  destruction  des  choses,  trad. 
en  français  et  accomp.  de  notes  per- 
pétuelles. 1866.lv.gr.  in-8.  10  fr. 

—  De  la  logique  d'Aristote,  par 
M.  Barthélémy  Saint-Hilaire.  2  vo- 
lumes in-8 10  fr. 

—  Psychologie,  Traité  de  l'âme, 
1  vol.  in-8 (Épuisé.) 

—  Physique,  ou  leçons  sur  les  prin- 
cipes généraux  de  la  nature.  2  forts 
vol.  in-8 (Épuisé.) 

—  Morale,  1856.  3  vol.  grand  in-8. 

(Épuisé.) 

—  La  logique,  4  vol.  in-8.  (Épuisé.) 


LEIBNIZ.  «Euvres  philosophiques, 

avec     introduction     et     notes    par 
M.  Paul  Janet.  2  vol.  in-8.  16  fr. 

—  La  métaphysique  de  Leibniz 
et  la  critique  de  kant ,  par 
D.  Nolen.  1  vol.  in-8 6  fr. 

—  Leibniz  et  Pierre  le  Grand, 
par  Foucher  de  Careil.  In-8.    2  fr. 

—  Lettres  et  opuscules  de  Leib- 
niz, par  Foucher  de  Careil.  1  vol. 
in-8 3  fr.  50 

—  Leibniz,  Descartes  et  Spinoza, 
parFOUCHERDECARElL.lv.  in-8.  llît. 

—  Leibniz  et  les  deux  Sophie, 
par  Foucher  de  Careil.  lv.in-8.2fr. 

DESCARTES.  Descartes,  la  prin- 
cesse Elisabeth  et  la  reine 
Christine,  par  Foucher  de  Careil. 
lvol.  in-8 3  fr.  50 


S0CRATE.  La  philosophie  de  So- 

crate,  par  M.  Alf.  Fouillée.  2  vol. 
in-8 16  fr. 

PLATON.  La  philosophie  de  Platon, 
par  M.  Alfred  Fouillée.  2*  volumes 
in-8 16  fr. 

— ■  Etudes  sur  la  Dialectique  dans 
Platon  et  dans  Hegel ,  par 
M.  Paul  Janet.  1  vol.  in-8. .  .   6  fr. 

PLATON  et  ARISTOTE.  Essai  sur  le 
commencement  de  la  science 
politique,  par  Van  der  Rest. 
1  vol.  in-8 10  fr. 

ÉPICURE.  La  Morale  d'Épicurc 
et  ses  rapports  avec  les  doctrines 
contemporaines,  par  M.  Guyau. 
1  vol.  in-8 6  fr.  50 

ÉCOLE  D'ALEXANDRIE.  Histoire  cri- 
tique de  l'Kcole  d'Alexandrie, 

par  M.  Vacherot.  3  vol.  in-8.  24  f  r. 

— L'Ecole  d'Alexandrie, par  M. Bar- 
thélémy. Saint-Hilaire.  1  v.  in-8.  6  fr. 

MARC-AURÈLE.  Pensées  de  Iïlarc- 
Aurèle,  traduites  et  annotées  par 
M.  Rarthélemy  Saint-Hilaire.  1  vol. 
in-18 li  fr.  50 

RITTER.  Histoire  de  la  philosophie 
ancienne,  trad.  par  Tissot.  à  vol. 
in-8 30  fr. 

FABRE  (Joseph).  Histoire  de  la  phi- 
losophie, antiquité  et  moyen 
âge.  1  vol.  in-18 3  50 

PHILOSOPHIE  MODERNE 

SPINOZA.  BSieu,  S'houioie  et  la 
béatitude,  trad.  et  précédé  d'une 
introduction  par  M.  P.  Janet.  1  vol. 
in-18 2  fr.  50 

LOCKE.  Sa  vie  et  ses  œuvres,  par 

M.  Marion.  lvol.  in-18.       2  fr.  50 

MALEBRANCHE.  La  philosophie  de 

Malcbrancbe ,      par     M.    Ollé- 

Laprune.  2  vol.  in-8 16  fr. 

VOLTAIRE.  Les  sciences  au  XVIIIe 
siècle.  Voltaire  physicien,  par 
M.  Em.  Saigey.  1  vol.  in-8..   5  fr. 

BOSSUET.  Essai  sur  la  philoso- 
phie de  Bossuct,  par  Nourrisson, 
1  vol.  in-8 4  fr. 

RITTER.  Histoire  de  la  philoso- 
phie moderne,  traduite  par  P. 
Challemel-Lacour.  3 vol.  in-8.  20  fr. 


FRANCK  (Ad.).  t,n  philosophie 
mystique  en  Franco  au  xvm° 
siècle.  1  vol.  in-18 2  fr.   50 

DAMIRON.  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  «le  la  philosophie  au 
XVIIIe  siècle.  3  vol.  in-8.    15fr. 


MAINE  DE  BIRAN.  Essai  sur  sa  phi- 
losophie, suivi  rie  fragments  iné- 
dits, par  Jules  Gérard.  1  fort  vol. 
in-8.  1876 10  fr. 

BERKELEY.  Sa  vie  et  ses  œuvres, 
parPEKJON.  1  v.  in-8  (1878).  7  fr.  50 


PHILOSOPHIE  ECOSSAISE 


DUGALD  STEWART.  Eléments  de  la 
philosophie  tic  l'esprit  humain, 

traduits  de  l'anglais  par  L.  Peisse. 
3   vol.  in-12 9  fr. 

PHILOSOPHIE 

KANT.  Critique  de  la  raison  pure  , 

trad.  par  M.  Tissot.  2  v.  in-8.    16  fr. 

—  Même  ouvrage,  traduction  par 
M.  Jules  Barni.  2  vol.  in-8.  .    16  fr. 

—  Bïclaircîssemcnts  sur  In.  cri- 
tique de  la  raison  pure,  trad.  par 
J.  Tissot.  1  volume  in-8..  .      6  fr. 

—  Examen  de  la  critique  de  la 
raison  pratique,  traduit  par  M.  J. 
Barni.  1  vol.  in-8 (Epuisé.) 

—  5*rincipes  métaphysiques  du 
droit,  suivis  du  projet  de  paix 
perpétuelle,  traduction  par  M.  Tis- 
sot. 1  vol.  in-8 8  fr. 

—  Même  ouvrage ,  traduction  par 
M.  Jules  Barni.  1  vol.  in-8. . .    8  fr. 

—  Principes  métaphysiques  de  la 
-«orale,  augmentés  des  fondements 
de  la  métaphysique  des  mœurs,  tra- 
diict.  parM.TissoT.lv.  in-8.     8  fr. 

—  Même  ouvrage,  traduction  par 
M.  Jules  Barni.  1  vol.  in-S. . .   8  fr. 

—  La  logique,  traduction  par 
M.  Tissot.  1  vol.  in-8 4  fr. 

—  mélanges  de  logique,  traduction 
par  M.  Tissot.  1  vol.  in-8..     6  fr. 

—  Prolégomènes  à.  toute  eué- 
taphysique  future  qui  se  pré- 
sentera comme  science,  traduction 
de  M.  Tissot.  1  vol.  in-8. . .     6  fr. 

—  Anthropologie,  suivie  de  di- 
vers fragments  relatifs  aux  rap- 
ports du  physique  et  du  moral  de 
l'homme,  et  du  commerce  des  e 
d'un  monde  à  l'autre,  traduction  par 
M.  Tissot.  1  vol.  in-8 6  fr. 

KANT.  I.a  critique  do  liant  et  la 
métaphysique  de  Leibniz.  His- 
toire et  théorie  de  leurs  rapports, 
parD.NoLEN.  1  vol.  in-8.  1875.  6 fr. 


W.  HAMILT0N.  Fragments  de  phi- 
losophie, traduits  de  l'anglais  par 
L.  Peisse.  1  vol.  in-8..     7  fr.  50 

— -   E>a  philosophie  de  namilton, 

par  J.  StuartMill.  1  v.  in-8.  10  fr. 

ALLEMANDE 

FICKTE.  Méthode  pour  arriver 
ù  la  vie  bienheureuse,  traduit 
par  Francisque  Bouillier.  1  vol. 
in-8 S  fr. 

—  destination  du  savant  et  de 
l'homme  de  lettres,  traduit  par 
M.  Nicolas.  1  vol.  in-8 3  fr. 

—  Bïoctrincs  de  la  science.  Prin- 
cipes fondamentaux  de  la  science 
de  la  connaissance,  traduit  par 
Grimblot.  1  vol.  in-8 9  fr. 

SCHELLING.  Bruno  ou  du  principe 
divin,  trad.  par  Cl.  Husson.  1  vol. 
in-8 3fr.  50 

—  Ecrits  philosophiques  et  mor- 
ceaux propres  à  donner  une  idée 
de  son  système,  trad.  par  Ch.  Bé- 
nard.  1  vol.  in-8 9  fr. 

HEGEL.  Logique,  traduction  par 
A.   Véra.     2e    édition.    2   volumes 

in-8 14  fr. 

HEGEL.  Philosophie  de  la  nature, 
traduction  par  A.  Véra.  3  volumes 

in-8 25  fr. 

Prix  du  tome  II 8  fr.  50 

Prix  du  tome  III 8  fr.  50 

—  Philosophie  de  l'esprit,  tra- 
duction par  A.  Véra.  2  volumes 
in-8 18  fr. 

—  Philosophie  de  la  religion, 
traduction  par  A.  Véra.  2  vol.  20 fr. 

—  Introduction  à  la  philosophie 
de  Hegel,  par  A.  Véra.  1  volume 
in-8 6fr.  50 

HEGEL.  Esisaisde  philosophie  hégé- 
lienne, par  A.  Véra.  1  vol.   2  fr.  50 

—  l/Hegc!ïanisnie  et  la  philoso- 
phie, par  M.  Véra.  1  volume 
in-18 3  fr.   50 

—  Antécédents    de    l'ilcgcliu- 


nisuic     riuns      lu     philosophie 

française,    par    Beaussire.  1  vol. 
in-18 2  fr.  50 

—  La  dialectique  dans  ELegcl 
et  dans  Platon,  par  Paul  Janet. 
1  vol.  in-8 6  fr. 

—  La  Poétique,  traduction  par 
Ch.  Bénard,  précédée  d'une  pré- 
face et  suivie  d'un  examen  critique. 
Extraits  de  Schiller,  Gœthe,  Jean 
Paul,  etc. ,  et  sur  divers  sujets  relatifs 
à  la  poésie.  2  vol.  in-8.  .  .      12  fr. 

—  Esthétique.  2  vol.  in-8,  traduit 
par  M.  Bénard 16  fr. 

RICHTER  (Jean-Paul).  Poétique  ou 
B"lr,'oduetion  à  l'esthétique,  tra- 


duit de  l'allemand  par  Alex.  Buchner 
et  Léon  Dumont.  2  vol.  in-8.   15  fr. 

HUMBOLDT  (G.  de).  Essai  sur  les 
limites  de  l'action  de  l'État, 
traduit  de  l'allemand,  et  précédé 
d'une  Étude  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux de  l'auteur,  par  M.  Chrétien. 
1  vol.  in-18 3  fr.  50 

—  La  philosophie  individualiste, 
élude  sur  G.  de  Humboldt,  par 
Ciiallemel-Lacour.  1vol.    2  fr.  50 

STAHL.  Le  \italisitic  et  l'Ani- 
misme de  Stohl,  par  Albert 
Lemoine.  1  vol.  in-18.. .  .    2  fr.  50 

LESS1NG.  Le  Christianisme  mo- 
derne. Étude  sur  Lessing,  par 
Fontanès.  1  vol.  in-18.  .    2  fr.  50 


PHILOSOPHIE  ALLEMANDE   CONTEMPORAINE 


L.  BUCHNER.  Science  et  nature, 
traduction  de  l'allemand,  par  Aug. 
Pklondre.  2  vol.  in-18..  .  .      5  fr. 

—  r.i'  Matérialisme  contempo- 
rain, par  M.  P.  Janet.  3e  édit. 
1    vol.  in-18 2  fr.   50 

HARTMANN  (E.  de).  La  Religion  de 
l'a  tenir  .  1  vol.  in-18.  .      2  fr.  50 

—  La  philosophie  de  l'incon- 
scient. 2  vol.  in-8.  20  fr. 

—  Le  E&arwinismc,  ce  qu'il  y  a  de 
vrai  et  de  faux  dans  cette  doctrine, 
traduit  par  M.  G.  Guéroult.  1  vol. 
in-18,  2e  édit 2  fr.  50 

HjECKEL.  BBieckel  et  la  théorie  de 
révolution  en  Allemagne,  par 
Léon  Dumont.  1  vol.  in-18.  2  fr.  50 

—  Les  preuves  du  transfor- 
misme, trad.  par  M.  Soury.  1  vol. 
in-18 2  fr.  50 

—  Essais  de  psychologie  cellu- 
laire, traduit  par  M.  J.  Soury. 
1  voi.  in-12 2  fr.  50 

O.  SCHM1DT.  Les  sciences  natu- 
relles et  la  philosophie  de 
l'inconscient.  1  v.  in-18.    2  f .  50 

L0TZE(1I.).  Principes  généraux,  de 
psychologie  physiologique, trad. 
par  M.  Penjon.  1  vol.  in-18.  2  fr.  50 


STBAUSS.  L'ancienne  et  la  nou- 
velle foi  de  struuss,  étude  cri- 
tique par  Véra.  1  vol.  in-8.     6  fr. 

MOLESCHOTT.  La  Circulation  de  lu 

vie,  Lettres  sur  la  physiologie,  en 
réponse  aux  Lettres  sur  la  chimie 
de  Liebig,  traduction  de  l'allemand 
par  M.  Gazelles.  2  volumes  in-18. 
Pap.  vélin 10  fr. 

SCHOPENHAUER.  Essai  sur  le  lihre 
arbitre.  1  vol.  in-18..  .  .    2  fr.  50 

—  Le  fondement  de  la  morale, 

traduit  par  M.  Rurdeau.  1  vol. 
in-18 2fr.  50 

-—  Essais  et  fragments,  traduit  et 
précédé  d'une  vie  de  Schop.,  par 
M.  Bourdeau.  1  vol.  in-18.    2  fr.  50 

—  Aphorisme  sur  la  sagesse  dans 
la  vie,  traduit  par  M.  Cantaci'zène. 
In-8 5  fr. 

—  Philosophie  do  ("iehopenliauor, 

par  Th.  Ribot.  1  vol.  in-18.   2  fr.  50 

RIBOT  (Th.).  La  psychologie  alle- 
mande contemporaine  (Her- 
bart,  Beneke,  Lotze,  Feciineb  , 
Wundt,  etc.).  1  vol.  in-8.   7  fr.  50 


PHILOSOPHIE  ANGLAISE   CONTEMPORAINE 

STUABT  MILL.  Essais  sur  la  Reli- 
gion. 1  vol.  in-8 5  fr. 


STUART  MILL.  La  philosopïuo  de 
Hamilton.  1  fort  vol.  in-8.    10  fr. 

—  Mes   Mémoires.  Histoire  de  ma 
vie  et  de  mes  idées.  1  v.  in-8.    5  fr. 

—  Système    de    logique    déduc- 
tive  etinductive.  2  v.  in-8.     20  fr. 


—  Le  positivisme  anglais,  étude 
sur  Stuart  Mill,  par  H.  Tai.ne.  1  vo- 
lume in-18 2  fr.  50 


5  — 


HERBERT  SPENCER.  Ees  premiers 

Principes.  1  fort  vol.  in-8.   10  fr. 

—  Principe»)     «le     psychologie. 

2  vol.   in-8 20  fr. 

—  Principes  de  biologie.  2  forts 
volumes  in-8 20  fr. 

—  Introduction  à  la  Science 
sociale.  1  v.  in-8cart.  5e  éd.  6  fr. 

—  Principes  «le  sociologie.  2  vol. 
in-8 17  Tr.  50 

—  CTIassiflcation  «les  Sciences. 
1  vol.  in-18 2  fr.   50 

—  Uc  l'cMluciition  isjij'Ih'cîueïle, 
morale  et  physïtiue.  i  vol. 
in-S 5  fr. 

—  Essais  sue  le  progrès.  1  vol. 
in-S 7fr.50 

—  Essais    «le     politiiiue.       1vol. 

7  fr.  50 

—  Essais    scicntintjucs.    1     vol. 

7  fr.  50 
— Eesl»ascs«le  la  morale.  In-8.  6  f. 

BAIN.  Des  Sens  et  de  l'intelli- 
gence.   1    vol.    in-8.  10  fr. 

—  Ea  logique  induclive  et  dé- 
«luctive.   2  vol.  in-8..  20  fr. 

—  E 'esprit  et  !«>  corps.  1  vol. 
in-8,  cartonné,  2U  édition.  .      6  fr. 

—  Ea  science  «le  l'éducation. 
In-8 6  fr. 

DAtiWIN.  Ch.  Darwin  «t  ses  pré- 
curseurs français,  par  M.  de 
Qu.vtrefages.  1   vol.  in-S .  .      5  fr. 

—  Descendance  et  Darwinisme, 
par  Oscar  Schmiut.  In-8,cart.    ti  fr. 

DARWIN  .  Le  Darwinisme,  ce  qu'il  y 
a  île  vrai  et  de  faux  dans  cette  doc- 
trine, par  E.  de  Hartmann.  1  vol. 
in-18 2fr.  50 


DARWIN,  Ee  Darwinisme,  par  ÉM. 
FëRRIÈre.  1  vol.  in-18..     à  fr.  50 

—  Ees  récifs  «le  c«»:-jail  ,  structure 
et  distribution.  1   vol.  in-8.      8  fr. 

CAHLYLE.  E'idéaiisaie  anglais, 
étude  sur  Carlyle,  par  H.  Taink. 
1  vol.  in-18 2  fr.  50 

BAGEHOT.  Lois  scientifiques  du 
développement  des  nations 
dans  leurs  rapports  avec  les  prin- 
cipes de  la  sélection  naturelle  et  de 
l'hérédité.  1  vol.  in-8,  3e édit.     6  Ir. 

RUSKIN  (John).  L'esthétique  an- 
glaise, étude  sur  J.  Ruskin,  par 
Milsànd.  1  vol.  in-18  ...   2  fr.  50 

MATTHEW  AliNOLD.  Ea  crise  reli- 
gieuse. 1  vol.  in-8....      7  fr.  50 

FLINT.  Ea  philosophie  de  l'his- 
toire en  France  et  en  Alle- 
magne, traduit  de  l'anglais  par 
M.  L.  Carrau.  2  vol.  in-8.        15  fr. 

RI  BOT  (Th.).  Ea  psychologie  an- 
glaise contemporaine  (James 
Mill,  Stuart  Mill,  Herbert  Spencer, 
A.  Bain,  G.  Lewes,  S.  Bailey,  J.-D. 
Morell,  J.  Murphy),  1875.  1  vol. 
in-8,  2e  édition 7  fr.  50 

LIABD.  Ecs  logiciens  anglais  con- 
temporains (Hcrschell,  Whewell, 
Stuart  Mill,  G.  Bentham,  Hamilton, 
de  Morgan,  Beele,  Stanley  Jevons). 
1  vol.  in-18 2  fr.  50 

GUYAU.  Ea  morale  anglaise  con- 
temporaine. Morale  de  l'utilité  et 
de  l'évolution.  1  vol.  in-8.    7  fr.  50 

HUXLEY.  laume,  sa  vie,  sa  philo- 
sophie.  1  vol.  in-8 5  fr. 

d'une  préface  par  M.  G.  Compayré. 

JAMES  SULLY.  Le  pessimisme, 
traduit  par  M.  A.  Br.r.TRAND.  1  vol. 
in-8.  {Sous  presse.) 


PHILOSOPHIE    ITALIENNE    CONTEMPORAINE 


SICIL1ANI.  Prolégomènes  à  la 
psychogénio  moderne,  traduit 
de  l'italien  par  M.  A.  Herzën. 
1  vol.  in-18 2  Ir.  50 

ESPINAS.  Ea  philosophie  expé- 
rimentale en  Italie,  origines, 
état  actuel.   1  vol.  in-18.   2  fr.  50 

MARIANO.    Es»     philosophie,  con- 


temporaine en  Malie,  essais  de 
philos,  hégélienne. In-18.     2  fr.  50 

TAINK.  Ea  philosophie  de  l'art 
en  Italie.  1  vol.  in-18.       2  fr.  50 

FERHl  (Louis).  Essai  sur  l'histoire 
de  la  philosophie  en  Italie  au 
\l\c  siècle.  2  vol.  in-8.      12  fr. 


—  6  — 


BIBLIOTHEQUE 

DE 

PHILOSOPHIE  CONTEMPORAINE 

Volumes  in- 18  à  2  fr.  50  c. 

Cartonnés  :  3  fr.  ;  reliés  :  4  fr. 


H.  Taine. 

Le  Positivisme  anglais,    étude 

surStuartMill.  2e  édit. 
L'Idéalisme  anglais,  étude  sur 

Carlyle. 
Philosophie  de  l'art.  3e  édit. 
Philosophie  de  l'art  en  Italie. 

3e  édition. 
De  l'Idéal  dans  l'art.  2e  édit. 
Philosgphie  de  l'art  dans  les 

Pays-Bas. 
Philosophie  de  l'art  en  Grèce. 

Paul  Jianet. 
Le  Matérialisme  contemporain, 

2e  édit. 
La  Crise  philosophique.  Taine, 

Renan,  Vacherot,  Littré. 
!  s  Cerveau  et  la  Pensée. 
Philosophie   de  la   révolution 

française. 
Saint-Simon  et   le  Saint-Simo- 

NISME. 

Dieu,  l'Homme  et  la  Béatitude. 
[Œuvre  inédite  de  Spinoza.) 
Odysse  Barot. 
Philosophie  de  l'histoire. 

AIsmx. 
Philosophie  de  M.  Cousin. 

Ad.  Franck. 
Philosophie    du   droit    pénal. 

2e  édit. 
Philos,  du  droit  ecclésiastique. 
La    Philosophie    mystique    en 
France  au  xvme  siècle. 
Cba«-ies  de  mémusat. 
Philosophie  religieuse. 

Charles  liévêqne. 
Le  Spiritualisme   dans   l'art. 
S, a  Science  de  l'invisible. 

Emile  Salsset. 
L'Ameet  la  Vie,  suivid'une  étude 

sur  l'Esthétique  française. 
Critique  et  histoire  de  la  phi- 
losophie (frag.  et  dise). 


Auguste  Langel. 

Les  Problèmes  de  la  nature. 
Les  Problèmes  de  la  vie. 
Les  Problèmes  de  l'ame. 
La  Voix,  l'Oreille  et  la  Mu- 
sique. 
L'Optique  et  les  Arts. 

€balIetiiel»Iiacour. 
La  Philosophie  individualiste. 

Ii.  Biàcbner. 
Science  et  Nature.  2  vol. 
Albert  Leinolne. 
Le  Vitalisme  et  l'Animisme  de 

Stahl. 
DelaPhysion.  et  de  la  Parole. 
L'Habitude  et  l'Instinct. 

ftfilsand. 
L'Esthétique  anglaise,  étude  sur 
John  Ruskin. 

A.  Véra. 
Essais    de   philosophie  hégé- 
lienne. 

Beausslre. 

Antécédents  de  l'hegélianisme 

dans  la  philos.  française. 

Bout. 

Le    Protestantisme     libéral. 
Francisque  Boullller. 

Dë  la  Conscience. 

Ed.  Auber. 
Philosophie  de  la  médecine. 

déblais. 
Matérialisme  et  Spiritualisme. 

Ad.  Garnler. 
De  la  Morale  dans  l'antiquité. 

Scbœbel. 
Philosophie  de  la  raison  pure. 

Tissandler. 
Des  Sciences  occultes  et   du 
Spiritisme. 

Atb.  Coquerel  fils. 
Origines  et  Transformations  du 

Christianisme. 
La  Conscience  et  la  Foi. 
Histoire  du  Credo. 


7  — 


Jules  l.pv«llo!rt. 

DEISME  et  Christianisme. 
Canilllo  Seiden. 
La  Musique  en  Allemagne.  Étude 
sur  Mendelssohn. 

Fontanès. 
Le  Christianisme  moderne.  Étude 
sur  Lessing. 

Stuart  Min. 
Auguste  Comte  et  la  Philoso- 
phie positive.  2e  édition. 
Mariano. 
Là  Philosophie  contemporaine 
en  Italie. 

Saigey. 
La  Physique  moderne,  2e  tirage. 

E.  Faivre. 
De  la  Variabilité  des  espèces. 

Ernest  Bersoc. 
Libre  philosophie. 

a.  néviiic. 

Histoire  du  dogme  de  la  divinité 

de  Jésus-Christ.  2e  édition. 

W.  de  Fonvlelle. 

L'Astronomie  moderne. 

O.  Colgnet. 

La  Morale  indépendante. 

E.    Boutniy. 
Philosophie  de  l'architecture 
en  Grèce. 

Et.  Vacherot. 
La  Science  et  la  Conscience. 

Éni.   de  ïiaveleye. 
Des  formes  de  gouvernement. 

Herbert  Spencer. 
Classification  des  sciences. 

Gauckler. 
Le  Beau  et  son  histoire. 
Max  Millier. 

La  Science  de  la  Religion. 
Léon  Dumont. 

Haeckel  et  la  Théorie  de  l'é- 
volution en  Allemagne. 


Bertauld. 

L'Ordre  social  et  l'Orbre  mo- 
ral. 
De  la  Philosophie  sociale. 

Th.   Ribot. 

Philosophie  de  Schopenhauer. 

Al.   Herzen. 

Physiologie  de  la  volonté. 

Bentbam  et  Grote. 

La  Religion  naturelle. 
Hartmann. 

La  Religion  de  l'avenir.  2e  édit. 
Le  Darwinisme.  3e  édition. 

H.  EiOtze. 

Psychologie  physiologique. 

Schopenbauer. 

Le  Libre  arbitre.  2e  édit. 
Le  Fondement  de  la  morale. 
Pensées  et  Fragments.  3e  édit. 

Iiiard. 
Les  Logiciens  anglais  contemp. 

Marion. 
J.  Locke.  Sa  vie,  son  œuvre. 

O.    Schmidt. 
Les  Sciences  naturelles  et  la 
philosophie  de  l'inconscient. 
Haeckel. 
Les  Preuves  du  transformisme. 
Essais  de    psychologie   cellu- 
laire. 

Pi  Y.  Margall. 
Les  Nationalités. 
Barthélémy  Saint-Oilaire. 
De  la  Métaphysique. 
A.  Espïnas. 

Philosophie  expér.  en  Italie. 

P.  Siciliani. 

Psychogénie  moderne. 

Iiéopardi. 

Opuscules  et  Pensées. 


Les  volumes  suivants  de  la  collection  in-18  sont  épuisés;  il  en 
reste  quelques  exemplaires  sur  papier  vélin,  cartonnés,  tranche 
supérieure  dorée  : 

LKTOURNEAU.  Physiologie  des  passions.  1  vol.  5   fr. 

MOLESCHOTT.  I.a  Circulation  de  la  vie.  2  vol.  10  fr. 

P.F.AUQUJER.  Philosophie  de  la  musique.  1  vol.  5  fr. 


— oçvi^^o— 


—   8  — 

BIBLIOTHÈQUE  DE  PHILOSOPHIE  CONTEMPORAINE 

FORMAT  IN- 8 

Volumes  à  5  fr.,  7  fr.  50  etlO  fr.;  cart.,  1  IV.  en  plus  par  vol.;  reliure,  2  fr, 


JULES    BARNI. 
La  morale  dans  la  démocratie.  1    vol.  5  fr 

AGASSIZ. 
Ile    l'espèce    et     des    classiucation*:,     traduit     de    l'anglais    par 
M.  Vogeli.  1  vol.  5  (Y 

STUART    MILL. 
I.a  philosophie  de  Hamiltos,  trad.  par  M.  Cazelles.l  fort  vol.   10  fr. 
Mes  mémoires.  Histoire  de  ma  vie  et  de  mes  idées,  traduit  de  l'anglais 
par  M.  E.  Cazelles    1  vol.  5  (r 

Système  de  logique  déductive  et  inductive.  Exposé  des  principes  de 
la  preuve  et  des  méthodes  de  recherche  scientifique,  traduit  de  l'anglais 
par  M.  Louis  Peisse.  2  vol.  20  fr. 

Essais   sur   la  Religion,    traduit    par  M.  E.   Cazelles.  1  vol.      5  fr. 

DE    QUATREFAGES. 
Ch.   narnin  et  ses  précurseurs  français.    1  vol.  5  fr. 

HERBERT     SPENCER, 
■.es  premiers  principes.  1  fort  vol.,  traduit  par  M.  Cazelles.       10  fr. 
Principes  de  psychologie,  traduit  de  l'anglais  par  MM.  Th.  Ribot  et 
Kspinas.  2  vol.  20  fr 

Principes   de    biologie,    traduit     par    M.    Cazelles.     2    vol     in-8 
1877-1878.  20  fr! 

Principes  de  sociologie  : 

Tome  1er,  traduit  par  M.  Cazelles.  1  vol.  in-8.  1878.  10  fr. 

Tome  II,   traduit    par   MM.    Cazelles  et   Gerschcl.    1  vol.   in-8 

1879.  7fr.  50 

Essais  sur  le  progrès,  traduit  par  M.  Burdeau.  1  vol.  in-8.  7  fr.  50 

Essais  de  politique. 1  vol. in-8,  traduitparM.  Burdeau.  7  fr.  50 

Essais  scientifiques.  1  vol.  in-8,  traduitpar  M.  Burdeau.  7  fr.  50 

ne    réducafion    physique,   intellectuelle   et   morale.   1   volume 

in-8,  2e  édition.  1879.  5  fr. 

Introduction  à  la  science  sociale.  1  vol.  in-8,  5e  édit.  6  fr. 

Les  bases  de  la  morale  évolutlonnfste.  1    vol.  in-8.  6  fr. 

Classification  des  sciences.  1  vol.  in-18.  2  fr.   50 

AUGUSTE    LAUGEL 
Les  problèmes  (Problèmes  de  la  nature,  problèmes  de  la  vie,  problè- 
mes de  l'âme).  1  fort  vol.  7  fr.  50 

EMILE    SAIGEY. 
tes  sciences  au  XViBie  siècle.  La  physique  de  Voltaire.  1  vol.    5  fr. 

PAUL    JANET. 

Histoire  de  la  science  politique  dans  ses  rapports  avec  la  morale. 

2e  édition,  2  vol.  20  fr. 

Les  causes  finales.  1  vol.  in-8.  1876.  10  fr. 

TH.     RIBOT. 
n«  l'hérédité.  1  vol.  in-8.  10  fr. 

La  psychologie    anglaise    contemporaine  (école  expérimentale). 

1  vol.  in-8,  2e  édition.  1875.  7  fr.  50 

I.a  psychologie  allemande  contemporaine  (école  expérimentale). 

1   vol.  in-8.   1879.  7  fr.  50 


HENRI   RITTER. 
Histoire  de  lu  philosophie  moderne,  traduction  française,  précédée 
d'une  introduction  par  M.  P.  Challemel-Lacour.  3  vol.  in-8.        20  fr. 

ALF.    FOUILLÉE, 
i.a  liberté  et  le  déterminisme.  1  vol.  in-8.  7  fr.  50 

DE    LA  VELE  YE. 
l»c   lu   propriété    et    de  ses     formes    primitives.    1    vol.    in-8. 

2e  édit.   1877.  7  fr.  50 

BAIN    (ALEX.). 
l.u     logique    inductive    et    déductivc,     traduit    de    l'anglais   par 

M.  Compayré.  2  vol.  20  fr. 

Les  sens  et  l'intelligence.  1   vol.,  traduit  par  M.  Gazelles.        10  fr. 
■/esprit  et  le  corps.  1  vol.  in-8,  4e  édit.  6  fr. 

La  science  de  l'éducation.  1  vol.   in-8,  2e  édit.  6  fr. 

■.es  émotions  et  la  volonté.  1   fort  vol.  (Sous  presse.) 

MATTHEW    ARNOLD. 
■.a  crise  religieuse.  1  vol.  in-8.  1876.  7  fr.  50 

BARDOUX. 
Les  légistes  et  leur   influence  sur  la  société  française.  1  vol. 
in-8.  1877.  5  fr 

HARTMANN  (E.  DE). 

La  philosophie    de   l'inconscient,   traduit  de  l'allemand  par  M.  D. 

Nolen,  avec  une  préface  de  l'auteur    écrite  pour  l'édition  française. 

2  vol.  in-8.  1877.  20  fr. 

I.u  philosophie  allemande  du  \l  V  siècle,  dans  ses  principaux 

représentants,  traduit  par  M.  D.  Nolen.  1  vol.  in-8.  (Sous  presse.) 

ESPINAS    (ALF.). 
lies  sociétés  animales.  1  vol.  in-8,  2e  édit.,  précédée  d'une  intro- 
duction sur  Y  Histoire  de  la  sociologie.  1878.  7  fr.  50 

FLINT. 
B.u  philosophie   de    l'histoire  en  France,    traduit  de  l'anglais  par 

M.  Ludovic  Carrau.  1  vol.  in-8.  1878.  7  fr.  50 

■.a  philosophie   de    l'histoire   en  Allemagne,    traduit  de  l'anglais 

par  M.  Ludovic  Carrau.  1  vol.  in-8.  1878.  7  fr.  50 

LIARD. 
La  science  positive  et  la  métaphysique.  1  v.  in-8. 1879.    7  fr.  50 

GUYAU. 
La  morale  anglaise  contemporaine.  1  vol.  in-8.  1879.      7  fr.  50 

HUXLEY 
Hume,  sa  vie,  sa  philosophie,  traduit  de  l'anglais  et  précédé  d'une 
introduction  par  M.  G.  Compayré.  1  vol.  in-8. 

E.  NA VILLE. 
La  logique   de  l'hypothèse.  1  vol.  in-8. 

VACHEP^OT  (ET.). 
Essais  de  philosophie  critique.  1  vol.  in-8. 
La   religion.  1  vol.  in-8. 

MARION    (H.). 
We  la   solidarité  morale.  1  vol.  in-8. 

GOLSENET  (ED.). 
La  vie  inconsciente  de  l'esprit    1  vol.  in-8. 

SGHOPENHAUER. 
Aphorisme*  sur   i.:    sagesse  dans  lu    vie,   traduit  par   M.    Can- 
tacuzènc.   1  vol.  in-8.  5  fr. 


5  fr. 

5  fr. 

7 

fr.  50 

7  fr.  50 

5  fr. 

5  fr. 

—  10  — 

BIBLIOTHÈQUE 
D'HISTOIRE    CONTEMPORAINE 

Vol.in-18à3fr.50. 
Vol.in-8à5  et  7  fr.;  cart.,  1  fr.  en  plus  par  vol.;  reliure,  2  fr. 


EUROPE 

Histoire   de  l'Europe   pendant  la  Révolution    française,  par  H.  de 

Sybel.  Traduit    de   l'allemand  par  M"0  Dosquet.  3  vol.  in-8.   .   .     21     » 

Chaque  volume  séparément 7    » 

Histoire  diplomatique  de  l'Europe  depuis  1815  jusqu'à  nos  jours,  par 
Debidour.  1  vol.  in-8.  (Sous  presse.) 

FRANCE 

Histoire   de  la  Révolution  française,  par  Carlyle.  Traduit  de  l'anglais. 

3  vol.  in-18;  chaque  volume 3  50 

Napoléon  Ier  et  son  historien  M.  Thiers,  par  Barni.  1  vol.  in-18.  3  50 
Histoire  de  la  Restauration,  par  de  Roehau.  1   vol.   in-18,   traduit  de 

l'allemand 3  50 

Histoire  de  dix  ans,  par  Louis  Blanc.  5  vol.  in-8 25    » 

Chaque  volume  séparément 5    » 

—  25  planches  en  taille-douce.  Illustrations  pour  Y  Histoire  de  dix  ans.  6  « 
Histoire  de  huit  ans  (1840-1848),  par  Elias  Regnault.  3  vol.  in-8..    15    » 

Chaque  volume  séparément 5     » 

— 14  planches  en  taille-douce.  Illustrations  pour  l'Histoire  de  huit  ans.  4  fr. 
Histoire  du   second  empire  (1848-1870),    par   Taxile   Delord.   6    volumes 

in-8 42    » 

Chaque  volume  séparément 7     » 

La  Guerre  de  1870-1871,  par  Boert,  d'après  le  colonel  fédéral  suisse  Rustow. 

1  vol.  in-18 3  50 

La  France  politique  et  sociale,  par  Aug.  Laugel.  1  volume  in-8.  5  fr. 
Histoire  des  colonies  françaises,  par  P.  Gaffarel.  1  vol.  in-8.  .  .      5  fr. 

ANGLETERRE 

Histoire  gouvernementale  de  l'Angleterre,  depuis  1770  jusqu'à  1830,  par 

sir  G.  Cornewal  Lewis,  1  vol.  in-8,  traduit  de  l'anglais 7  fr. 

Histoire  de   l'Angleterre,  depuis   la  reine  Anne  jusqu'à    nos  jours,  par 

H.  Reynald.  1  vol.  in-18 3  50 

Les  quatre  Georges,  par  Thackeray,  trad.  de  l'anglais  par  Lefoyer.  1    vol. 

in-18 3  50 

La   Constitution  anglaise,   par  W.  Bagehot,  traduit   de  l'anglais.  1  vol. 

in-18 3  50 

Lomrart-Street,  le  marché  financier  en  Angleterre,  par  IV.  Bagehot.  i  vol 

in-18 3  50 

Lord  Palmerston    et  lord    Russel,  par  Aug.  Laugel.  1    volume  in-18 

(1876) ......      3  50 

Questions  constitutionnelles  (1873-1878).— Le  Prince-Époux.  — Le  Droit 

électoral,  par  E.  W.    Gladstone.    Traduit  de  l'anglais,   et  précédé  d'une 

introduction,  par  Albert  Gigot.  1  vol.  in-8 5  fr. 

Le  gouvernement  anglais,  ses  organes,  son  fonctionnement  ,  par  KlbaWy 

de  Fonblanque,  traduit  de  l'anglais  sur  la  14B  édition  par  V.  Dreyfus,  avec 

introduction  par  P.  Brisson.  1  vol.  in-8 5  fr. 

ALLEMAGNE 

La  Prusse  contemporaine  et  ses  institutions,  par  K.  Hillebrand.  1  vol. 

in-18 3  50 

Histoire   de  la    Prusse  ,   depuis  la    mort  de   Frédéric  II  jusqu'à  la   ba- 

laillo  de  Sadowa,  par  Eug.  Véron.  1  vol.  in-18 3  50 

Histoire  de  l'Allemagne,  depuis  la  bataille  de  Sadowa  jusqu'à  nos  jours, 

par  Eug.  Véron.  1  vol.  in-18 3  50 

L'Allemagne  contemporaine,  par  Ed.  Bourloton.  1  vol.  in-18.  ...      350 


—  11  — 

AUTRICHE-HONGRIE 

Histoire  de  L'Autriche,  depuis  la  mort  de  Marie-Thérèse  jusqu'à  nos  jours, 
par  L.    Asscline.    1  volume  in-18 3  50 

Histoire  des  Hongrois  et  de  leur  litte'rature  politique,  de  1790  à  1815,  par 
Ed.  Sayous.  1  vol.  in-18 3  50 

ESPAGNE 

L'Espagne    contemporaine,    journal  d'un  voyageur,    par  Louis   Teste.  1  vol. 

in-18 3  50 

Histoire    de    l'Espagne,    depuis    la    mort    de    Charles    III    jusqu'à   nos 

jours,    par  H.   Reynald.  1  vol.  in-18 3  50 

RUSSIE 

La  Russie  contemporaine,   par  Herbert  Barry ,  traduit  de  l'anglais.  1  vol. 

in-18 3  50 

Histoire  contemporaine  de    la    Russie,    par  M.    Créhange.  1  volume 

in-18 (Sous  presse.)      3  50 

SUISSE 

La  Suisse  contemporaine,  par  H.  Dixon.  1  vol.  in-18,  traduit  de  l'an- 
glais       3  50 

Histoire   du    peuple   suisse,  par  Daendliker,  traduit  de  l'allemand   par 
madame  Jules  Favre,  et  précède  d'une  Introduction  de  M.  Jules  Favre 
1  vol.  in-8 5  fr. 

AMÉRIQUE 

Histoire  de  l'Amérique  du  Sud,  depuis  sa  conquêle  jusqu'à  nos  jours,  par 
Alf.  Deberle.  1  vol.  in-18 , 3  50 

Histoire  de  l'Amérique  du  Nord  (Etats-Unis,  Canada,  Mexique),  par  Ad. 
Cohn.  1  vol.  in-18 (Sous  presse.) 

Les  Etats-Unis  pendant  la  guerre,  18G1-18G4.  Souvenirs  personnels, 
par  Aug.  Laugel.   1  vol.  in-18 3  50 

&~*ser&^ç> 

Etig.  ncspoîM.  Le  Vandalisme  révolutionnaire.  Fondations  littéraires, 
scientifiques  et  artistiques  de  la  Convention.  1  vol.  in-18 3  50 

Victor  Meunier.  Science  et  Démocratie.  2  vol.  in-18,  chacun  sépa- 
rément        3  50 

Jules  ESarni.  Histoire  des  idées  morales  et  politiques  en  France  au 
XVIIIe  siècle.  2   vol.   in-18,  chaque  volume 3  50 

—  Napoléon  Ier  et  son  historien  M.  Thiers.  1  vol.  in-18.   ...      3  50 

—  Les  Moralistes  français  au  xviii6  siècle.  1  vol.  in  18.  .  .  .  3  50 
Emile  Momtésut.  Les  Pays-Bas.  Impressions  de  voyage  et  d'art.  1  vol. 

in-18 3  50 

Emile  neaussire.  La  guerre  étrangère  et  la  guerre  civile.  1  vol. 

in-18 3  50 

.1.  C'Eaniagei-nn.  La  France  républicaine.  1  volume  in-18.  .  .  3  50 
E.    ntivergier    de    Hanranne.    La    République    conservatrice. 

1  vol.  in-18 3  50 

:>    tzez)     ^ 

ÉDITIONS  ÉTRANGÈRES 


Édition*  anglaises. 

A'  ai  ste  I.sufcEL.  The  United  States  du- 
ring  tlie  war.  ln-8.  7  shill.  6  p. 

Albert  Révillk.  Histnry  of  the  doctrine 
of  the  defty  of  Jesns-Cnrist.  3  sli.  fi  p. 
H. Tut;*.  ftaly{rTapleêetRorne).1sh.6p. 
H.  Tain-e.  The  Phtlosophy  of  art.    3  su. 


Paul  Janet.  The  Materialism  of  présent 
day.  1  vol.  in-18,  rel.  3  sliill 

Éditions  allemand ps. 
Jules  Babni.  Napoléon  I.  In-18.     3  m. 
Paul  Janet.  Per  Materialismna  m    ère. 

Zeit.  1  vol.  iu-18.  3  m. 

H.  Taihe.  Philosophie  der  Kun«t,  1  vol. 

in-18.  3  m. 


12 


PUBLICATIONS    HISTORIQUES    PAR  LIVRAISONS 


HISTOIRE    ILLUSTREE 

du 

SECOND      EMPIRE 

PAR    TAXILE    DELOKD 

Paraissant  par  livraisons  à  10  cent. 

ilcux  fois  par  semaine, 

depuis   le   10  janvier  1880. 

Tome  1,  1  vol 8  fr, 


HISTOIRE     POPULAIRE 
de 
LA.       FRANCE 

Nouvelle  édition 

1'. 'laissant  par  livraisons  à  10  cent 

deux  fois  par  semaine, 

depuis    le    16    février     1880. 

Tome  I,  1  vol 5  fr. 


L'Histoire  du  second  empire  et  Vllistoire  de  France  paraissent  deux 
fois  par  semaine  par  livraisons  de  8  pages ,  imprimées  sur  beau 
papier  et  avec  de  nombreuses  gravures  sur  bois. 

Prix  de  la  livraison 10  c. 

Prix  de  la  série  de  ô  livraisons,  paraissant  tous 

les  20  jours,  avec  couverture 50  c. 

ABONNEMENTS  : 

Pour  recevoir  franco,  par  la  poste,  YHistoire  du  second  empire  ou 
Vllistoire  de  France  par  livraisons,  deux  fois  par  semaine,  ou  par 
séries  tous  les  20  jours  : 

Un  an 1 6  francs.      |      Six  mois...      8  francs. 

BIBLIOTHÈQUE     SCIENTIFIQUE 

INTERNATIONALE 


VOLUMES   IN-8,   CARTONNÉS   A   L'ANGLAISE,    A   6    FRANCS 
Les  mêmes,  en  demi-reliure,  veau.  —  ÎO  francs. 

1.  J.  TYNDALL.  Les  glaciers  et  les  transformations  de  l'eau, 

avec  ligures.  1  vol.  in-8.  3e  édition.  6  fr. 

2.  MAREY.    La    machine  animale,    locomotion  terrestre  et  aé- 

rienne, avec  de  nombreuses  lig.  1  vol.  in-8.  2e  édition.    6  fr. 

3.  BAGEHOT.     I.ols     scientifiques     du     développement    «Ses 

nations  dans  leurs  rapports  avec  les  principes  de  la  sélection 
naturelle  et  de  l'hérédité.  1  vol.  in-8.  3e  édition-  6  fr. 

II.   BAIN,   L'esprit  et  le  corps,   i    vol.  in-8.  k"  édition.  6  Ir. 

5.    PETTIGREW.  La  locomotion   ctae»   les  animaux,  marche, 
natation.  1  vol.  in-8,  avec  figures.  6  fr. 

HERBERT  SPENCER.  La  science  sociale,  lv.  in-8.  5e  éd.    6   tr. 
SCHM1DT  (0.).  La  descendance  de  l'homme  et   le  darwi- 
nisme. 1  vol.  in-8,  avec  fig.  3e  édition,  1878.  6  fr. 
MAUDSLEY.  Le  crime  et  la  folie.  1  vol.  in-8.  4e  édit.      6  fr. 
9.    VAN   BENEDEN.    a.es  commensaux   et  les  parasites  dans 
le  règne  animal.  1  vol.  in-8,  avec  figures.  2e  édit.        6  fr. 

10.  BALFOUR  STEWABT.    La   conservation  de  l'énergie,    suivi 

d'une  étude  sur  la  nature  de  la  force,  par  M.  P.  île  Saùit- 
Robert,  avec  figures.  1  vol.  in-8.  3e  édition.  6  (r. 

1 1 .  DRAPER.  Les  coiiHits  de  la  science  et  de  la  religion,  i  vol. 

iii-!S.  6'"  édition.  6  fr. 


G. 
7. 

8. 


—  13  — 

12.  SCHUTZENBERGER.  Les  fermentations.  1  vol.  in-8,  «vcc  fig. 

3e  édition.  6  fr. 

13.  L.   DUMONT.  Théorie  scientifique  do  la  sensibilité.  1  vol. 

in-8.  2e  édition.  6  fr. 

14.  WHITNEY.  La  vie  du  langage.  1   vol.  in-8.  3e  édit.  6  fr. 

15.  COOKE  et  BERKELEY.  Les  champignons.  1  vol.   in-8,   ave- 

ligures.  3e  édition.  6  h. 

16.  BERNSTEIN.  Lcn  sens.  1  vol.  in-8,  avec  91  fig.  3°  édit.    6  fr. 

17.  BERTHELOT.  La  synthèse  chimique.  1  vol.  in-8.  ia  éd.    6  fr. 

18.  VOGEL.  La  photographie  et  la  chiuiio  de  la  lumière,  avec 

95  figures.  1  vol.  in-8.  2e  édition.  6  fr. 

19.  LUYS.    Le  cerveau   et  ses    fonctions,   avec  figures.    1    vol. 

in-8.  li°  édition.  6  fr. 

20.  STANLEY   JEVONS.   La  monnaie  et  lo    mécanisme  de  ré- 

change. 1  vol.  in-8.  2e  édition.  6  îr. 

21.  FUCHS.  Les  volcans.  1  vol.  in-8,  avec  figures  dans  le  texte  et 

une  carte  en  couleur.  2e  édition.  6  fr. 

22.  GÉNÉRAL  BRIALMONT.  Les  camps  retranchés  et  leur  rôle 

«Sans  la    défense  des   États,  avec  fig.   dans   le   texte   et 
2  planches  hors  texte.  2e  édit.  6  fr. 

23.  DE  QUATREFAGES.  L'espèce  humaine.  1  vol.  in-8.  6e  édition, 

1879.  6  fr. 

2U.   BLASERNA   ET   HELMHOLTZ.  Le  son  et   la   musique,   et    les 

Causes  physiologiques  de  l'harmonie,  musicale,  1  vol.  in-8,  avec 

figures.  2e  édit.  6  fr. 

25.  ROSENTHAL.   Les  nerfs   et  les   muscles.   1  vol.    in-8,    avec 

75  figures.  2e  édition.  6  fr. 

26.  BRUCKE     ET     HELMHOLTZ.     Principes     scientifiques     des 

beaux-arts,    suivi     de    l'Optique   et   la  Peinture,     avec 
39  figures  dans  le  texte.  6  fr. 

27.  WURTZ.  La  théorie  atomique.  1  vol.  in-8.  3e  édition.        6  fr. 
28-29.  SECCHI  (le Père).  Les  étoiles.  2  vol.  in-8,  avec  63  fig.  dans 

le  texte  et  17  pi.  en  noir  et  en  coul.  hors  texte.  2e  édit.     12  fr. 

30.  JOLY.   L'homme    avant    les    métaux.  1  vol.  in-8,  avec   fig. 

2e  édit.  6  fr. 

31.  A.  BAIN.  La  science  de  l'éducation.  1  vol.  in-8.  2e  édit.     6  fr. 
32-33.   THURSTON    (R.).  Histoire    des    machines    à    vapeur, 

précédé  d'une  introduction   par  M.  Hirsch.   2  vol.  in-8,  avec 
140  fig.  dans  le  texte  et  16  pi.  hors  texte.  12  fr. 

34.  HARTMANN  (R.).  Les    peuples   de    l'Afrique    (avec  ligures). 

1  vol.  in-8.  6  fr. 

35.  HERBERT   SPENCER.    Les  hases    de   la    morale  évolution- 

nistc.  1  vol.  in-8.  6  fr. 

36.  HUXLEY.    L'écrevisse,    introduction    à  l'étude   de  la   zoologie. 

1  vol.  in-8,  avec  89  figures.  6  fr. 

37.  DE  RORERTY.  De  la   sociologie.  1  vol.  in-8.  6  fr. 

38.  ROOD.    Théorie    scientifique    des    couleurs.     1   vol.    in-8 

(avec  figures).  6  fr. 

OUVRAGES   SUR    LE    POINT    DE    PARAITRE 

DE  SAPORTAet  MARION.  L'évolution  dans  le  règne  végétal. 
E.  GARTAILHAC.    La   Franco   préhistorique  d'après  les  sépul- 
tures. 
PERIER(Ed.).  [,-i  philosophie  xoologique  jusqu'à  Darwin.  1  vol. 
in-8  (avec  ligures). 


—  u  — 
RÉGENTES  PUBLICATIONS 

HISTORIQUES  ET  PHILOSOPHIQUES 
Qui    ne    se   trouvent    pas    dans   les    Bibliothèques. 


ALAUX.  La  religion  progressive.  1869.  1  vol.  in-18.   3  fr.  50 

AFIRÉAT.  Une  éducation  intellectuelle.  1  vol.  in-18.    2fr.  50 

AUDIFFRET-PASQUIER.  g»iscours  «levant  les  commissions  de 

réorganisation    de   l'année  et  îles  marchés,      2  fr.  50 

RARNI.  Voy.  Kant,  pages  3,  10,  11  et  25. 

RARNI.  tes  martyrs  de  la  libre  pensée.  2e  édit.  1  vol.  in-18. 

3fr.  50 

BARTHELEMY  SAINT-H1LAIRE.  Voy.  Aristote,  pages  2  et  7. 

RAUTAIN.  !La  philosophie  morale.  2  vol.   in-8.  12  fr. 

BÉNARD(Ch.).  J»e  la  philosophie  dans  l'éducation  classique. 
1862.  1  fort  vol.  in-8.  6  fr. 

BERTAULD  (P.-A.).  Introduction  à  la  recherche  des  causes 
premières. — Se  la  méthode.  Tome  Ier.  1  vol.  in-18.   3fr.  50 

BLANCHARD.  Les  métamorphoses,  les  mœurs  et  les 
instincts  des  insectes,  par  M.  Emile  Blanchard,  de  l'Insti- 
tut, professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle.  1  magnifique 
volume  in-8  jésus,  avec  160  figures  intercalées  dans  le  texte  et 
40  grandes  planches  hors  texte.  2e  édition.  1877.  Prix,  bro- 
ché.    25  fr.  —  Relié  en  demi-maroquin.  30  fr. 

RLANQUI.  L'éternité  par  les  astres.  1872.  In-8.  2  fr. 

BORÉLY  (J.).  nouveau  système  électoral,  représentation 
proportionnelle  de  la  majorité  et  des  minorités.  1870. 
1  vol.  in-18  de  xvm-194  pages.  2  fr.  50 

BOUCHARDAT.  Le  travail,  son  influence  sur  la  santé  (confé- 
rences faites  aux  ouvriers).   1863.  1  vol.  in-18.  2  fr.  50 

BOURDON  DEL  MONTE  (François).  Lhouunc  et  les  animaux, 
essai  de  psychologie  positive.  1vol.  in-8,  avec  3  pi.  hors  texte.  5fr 

BOURDET  (Eug.).  Principe  d'éducation  positive,  précédé 
d'une  préface  de  M.  Ch.  Robin.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

BOURDET  (Eug.).  Vocabulaire  des  principaux  termes  de  la 
philosophie  positive.   1  vol.  in-18  (1875).  2  fr.  50 

BOUTROUX.  »e  la  contingence  des  lois  de  la  nature. 
In-8.  1874.  4fr. 

BROCHARD  (V.).  »e  l'Erreur.   1  vol.  in-8.  1879.  3  fr.  50 

CADET.  BHygiène,  inhumation,  crémation  ou  incinération  des 
corps.  1  vol.  in-18,  avec  figures  dans  le  texte.  2  fr. 

CARETTE  (le  colonel).  Etudes  sur  les  temps  antéhistoriques. 
Première  étude  :  Le  Langage.   1  vol.  in-8.  1878.  8  fr. 

CHASLES  (Philarète).  Questions  du  temps  et  problèmes 
d'autrefois.  Pensées  sur  l'histoire,  la  vie  sociale,  la  littérature. 
1  vol.  in-18,  édition  de  luxe.  3  fr. 

CLAVEL.  La  morale  positive.  1873.  1  vol.  in  1S.  3  fr. 

CLAVEL.  Les  principes  au  XIXe  siècle.  1  v.  in-18.  1877.  1  fr. 

CONTA.  Théorie  «lu  fatalisme.  1  vol.  in-18.  1877.  k  fr. 

COQUEREL  (Charles).  Lettres  d'un  marin  à  sa  famille.  1870. 
1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

COQUEREL  fils  (Athanase).  Libres  études  (religion,  critique, 
histoire,  beaux-arts).  1867.  1  vol.  in-8.  5  fr. 


—  15  — 

COQUEREL  fils  (Athanase).  Pourquoi  la  France  n'est- elle 
pas  protestante  ?  2e  édition.  In-8.  1  fr. 

COQUEREL  fils  (Atliaaase).  t,-.i  ebarité  sans  peur.  In-8.     75  c. 

COQUEREL  fils  (Athanase).  Evangile  et  liberté.  In-8.        50  c. 

COQUEREL  fils  (Athanase).  ne  réducation  des  filles,  réponse  à 
Mgr  l'évêque  d'Orléans.  In-8.  1  fr. 

CORBON.  Le  secret  du  peuple  de  Paris.  1  vol.  in-8.     5  fr. 

C0RMEN1N  (de)-  TIMON.  Pamphlets  anciens  et  nouveaux. 
Gouvernement  de  Louis-Philippe,  République,  Second  Empire. 
1  beau  vol.  in-8  cavalier.  7  fr.  50 

Conférences  de  la  Porte-Saint-ISIartin  pendant  le  siège 
de  Paris.  Discours  de  MM.  Desmarets  et  de  Pressensé.  — 
M.  Coquerel  :  sur  les  moyens  de  faire  durer  la  République.  — 
M.  Le  Berquier  :  sur  la  Commune.  —  M.  E.  Bersier  ;  sur  la 
Commune.  —  M.  H.  Cernuschi  :  sur  la  Légion  d'honneur. 
In-8.  1  fr.  25 

Sir  G.  CORNEWALL  LEWIS.  Quelle  est  la  meilleure  forme  de 
gouvernement?  traduit  de  l'anglais,  précédé  d'une  Étude  sur 
la  vie  et  les  travaux  de  l'auteur,  par  M.  Mervoyer,  1  vol.  in-8. 

3  fr.  50 

CORTAMBERT (Louis).  La  religion  du  progrès.  In-18.    3  fr.  50 

DANICOURT  (Léon).  La  patrie  et  la  république.  1  vol.  in-18 
(1880).  2  fr.  50 

DAURIAC  (Lionel).  lîes  notions  de  force  et  de  matière 
dans  les  sciences  de  la  nature.  1  vol.  in-8,  1878.    5  fr. 

DAVY.  E.es  conventionnels  de  l'JEure  :  Buzot,  Duroy,  Lindet,  à 
travers  l'histoire.  2  forts  vol.  in-8  (1876).  18  fr. 

DËLBOEUF.  La  psychologie  comme  science  naturelle.  1  vol. 
in-8,  1876.  2  fr.  50 

DELEUZE.  Instruction  pratique  sur  le  magnétisme  ani- 
ma!. 1853.  1  vol.  in-12.  3  fr.  50 

DESTREM(J-).  Les  déportations  du  Consulat,  1  br.  in-8.  lfr.50 

DOLLFUS(Ch.).  De  la  nature  humaine.  1868,  1  v.in-8.     5  fr. 

ÛOLLFUS  (Ch.).  Lettres  philosophiques.  3e  édition.  1869, 
1    vol.  in-18.  3  fr.  50 

DOLLFUS  (Ch.).  Considérations  sur  l'histoire.  Le  monde 
antique.  1872,  1  vol.  in-8.  7  fr.  50 

DOLLFUS  (Ch.).  L'âme  dans  les  phénomènes  de  conscience. 
1  vol.  in-18  (1876).  3  fr. 

DUBOST  (Antonin).  nés  conditions  de  gouvernement  en 
France.  1  vol.  in-8  (1875).  7  fr.  50 

DUFAY.  Ftudcs  sur  la  Destinée.  1  vol.  in-18,  1876.        3  fr. 

DUMONT  (Léon).  Le  sentiment  du  gracieux.  1  vol.  in-8.    3fr. 

DUMONT  (Léon).  »es  causes  du  rire.  1  vol.  in-8.  2  fr. 

DU  POTET.  Manuel  de  l'étudiant  magnétiseur.  Nouvelle  édi- 
tion. 1868,  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

DU  POTET.  Truite  complet  de  magnétisme,  cours  en  douze 
leçons.  1879,  4e  édition,  1  vol.  in-8  de  634  pages.  8  fr. 

DUPUY  (Paul).  Études  politiques,  1874. 1  v.  in-8.  3  fr.  50 

DUVAL-JOUVE.  Traité  de  Logique,  1855.  1  vol.  in-8.       6  fr. 

Éléments  de  science  sociale.  Religion  physique,  sexuelle  et 
naturelle.    1  vol.  in-18.  3e  édit.,  1877.  3  fr.  50 

ÉLIPHAS  LÉVI.  Dogme  et  rituel  de  la  haute  magie.  1861, 
2e  édit.,  2  vol.  in-8,  avec  24  fig.  18  fr. 

ÉLIPHAS  LÉVI.  Histoire  de  la  magie,  In-8,  avec  fig.       12  fr. 


._  16   — 

ÉLIPHAS  LÉVI.  La  science  des  esprits,  révélation  du  domine 
secret  des  Kabbalistes,  esprit  occulte  de  l'Évangile,  appréciation 
des  doctrines  et  des  phénomènes  spirites.  1865,  1  v.  in-8.     7  fr. 

ÉLIPHAS  LÉVI.  Cler  des  grands  mystères,  suivant  Hénoch 
Abraham,  Hermès  Trismégiste  et  Salomon.  1861,  1  vol.  in-lx 
avec  20  planches.  12  fr. 

EVANS  (John).  Les  Ages  de  la  pierre,  1  beau  volume  grand 
in-8,  avec  467  fig.  dans  le  texte,  trad.  par  M.  Ed.  Barbier. 
1878.  15  fr.  —  En  demi-reliure.  18  fr. 

KVELLIN.  BnSinô  et  quantité.  1  vol.  in-8.  5fr. 

FABRE  (Joseph).  SSîstoârc  de  la  philosophie.  Première  partie: 

Antiquité  et  moyen  âge.  1  v.  in-12, 1877.  3fr.50 

Deuxième  partie  :  Renaissance  et  temps  modernes.  (Sous  presse.) 

FAU.  Anatomle  des  formes  du  corps  humain,  à  l'usage  des 
peintres  et  des  sculpteurs.  1866,  1  vol.  in-8  et  atlas  de  25  plan- 
ches. 2e  édition.  Prix,  fig.  noires.  20  fr.;  fig.  coloriées.     35  fr. 

FAUCONNIER.  La  question  sociale.   Iu-18,  1878.        3  fr.  50 

FAUCONNIER.  Protection  et  libre  échange,  brochure  in-8. 
3e  édition  (1879).  2  fr. 

FERBUS  (N.).  La  science  positive  du  bonheur.  1  v.  in-18.  3  fr. 

FEBRI  (Louis),  fessai  sur  l'histoire  de  la  philosophie  en 
Italie  au  XIXe  siècle.  2  vol.  in-8.  12  fr. 

FERRIÈRE  (Em.).  Le  darwinisme.  1872,  1  v.  in-18.      4  lr.  00 

FERRIERE  (Em.).  Les  apôtres,  essai  d'histoire  religieuse,  d'après 
la  méthole  des  sciences  naturelles*.   1  vol.  in-12.  4  fr.  50 

FERRON  (de).   Théorie   du  progrès,  2  vol.  in-18.  7  fr. 

FONCIN.  Kssai  sur  le  ministère  de  l'argot.  1  vol.  grand 
in-8  (1870).  8  lr. 

FOUCHER   Î)E  CAREIL.  Voyez  Leibniz,  [>  gc  2. 

FOUILLÉE.  Voyez  pages  2  et  10. 

FOX  (W.-J.).  Oes  idées  religieuses.  In-8,  1876.  3  fr. 

FREDÉRIQ.  Elygiène  populaire.  1  vol.  in-12,  1875.  4  fr. 

GASTINEAU.  Voltaire  en  exil.   1   vol.  in-18.  3  fr. 

GÉRARD  (Jules).  Maine  de  Uiran,  essai  sur  sa  philosophie. 

1  fort  vol.  in-8,  1876.  10  fr. 
GOUET  (Amédée).  Histoire  nationale  do  Franco,  d'après  des 

documents  nouveaux. 

Tome  I.  Gaulois  et  Francks.  —  Tome  II.  Temps  féodaux.  — 
Tome  III.  Tiers  état.  —  Tome  IV.  Guerre  des  princes.  —  Tome  V. 
Renaissance.  —  Tome  VI.  Réforme.  —  Tome  VII.  Guerres  de 
religion.  (Sous  presse.)  Prix  de  chaque  vol.  in-8.  5  fr. 

GUICHARD  (Victor).  La  liberté  «le  penser,  fin  du  pouvoir  spi- 
rituel. 1  vol.  in-18,  2°  édition,  1878.  3  fr.   50 

GUILLAUME  (de  Moissey).    Nouveau  traité  des  sensations. 

2  vol.  in-8  (1876).  15  fr. 
HERZEN.  Œuvres  complètes.  Tome  Ier.    Récits  et    nouvelles. 

1874,  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

HERZEN.    »e    l'autre  rive.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

HERZEN.  Lettres  de  France  et  d'Italie.  1871,  in-18.  3  fr.  50 
ISSAURAT.  Moments  perdus  de  l»ierre-Jean,  observations, 

pensées.  1868,  1  vol.    in-18.  3  fr. 

ISSAURAT.    Les   alarmes  d'un   père   de   famille,  suscitées, 

expliquées,  justifiées  et  confirmées  par  lesdits  faits  et  gestes  de 

Mgr  Dupanloup  et  autres.  1868,  in-8.  1  fr. 

JEANT  (Paul).  Voyez  pages  2,  4,  6,  8. 


—  17  — 

JOZON   (Paul).   Ucs    principes  do  récriture   phonétique  et 

des  moyens    d'arriver  à  une  orthographe  rationnelle  et  à  une 
écriture  universelle.  1  vol.  in-18.  1877.  3  fr.  50 

JOYAU,  ifce  l'invention  dans  les  arts  et  dans  les  sciences. 
1  vol.  in-8.  5  fr. 

LABORDE.  tes  hemnics  et  les  actes  do  l'insurrection  de 
Paris  devant  la  psychologie  morbide.  1  vol.  in-18.      2  fr.  50 

LACHELIËR.  Le  fondement  de  l'induction,  lvol.  in-8.  3  fr.  50 

LACOMBE.  Mes  droits.  1869,  1  vol.  in-12.  2  fr.  50 

LAHGLOIS.  Lhomuio  et  la  Révolution.  Huit  études  dédiées  à 
P.-J.  Proudhon.  1867.  2  vol.  in-18.  7  fr. 

LAUSSEDAT.  La  Suisse.  Études  médicales  et  sociales.  2°  édit., 
1875.  1  vol.  in-18.  3fr.  50 

LAYELEYE  (Em.  de).  SSe  l'avenir  des  peuples  catholiques. 
1  brochure  in-8.  21e  édit.  1876.  25  c. 

LAVELEYE  (Em.  de).  Lettres  sur  l'Italie  (1878-1879).  1  vol. 
in-18.  3  fr.  50 

LAVELEYE  (Em.  de).  L'Afrique  centrale.  1  vol.  in-12.       3  fr 

LAYERGNE  (Bernard).  L'ultramontanisiue  et  l'État.  1  vol. 
in-8  (1875).  1  fr.  50 

LE  BERQUIER.  Le  barreau  moderne.  1871,  in-18.      3  fr.  50 

LEDRU  (Alphonse).  Organisation,  attributions  et  responsa- 
bilité des  conseils  do  surveillance  des  sociétés  en 
commandite  par  actions.  Grand  in-8  (1876).  3  fr.   50 

LEDRU  (Alphonse).  fl»es  publicains  et  des  Sociétés  vecti- 
galicnncs.  1  vol.  grand  in-8  (1876).  3  fr. 

LEDRU-ROLLIN.  Discours  politiques  et  écrits  divers.  2  vol. 
in-8  cavalier  (1879).  12  fr. 

LEMER  (Julien).  Dossier  des  jésuites  et  des  libertés  de 
l'Église  gallicane.  1  vol.  in-18  (1877).  3  fr.  50 

L1TTRÉ.  Conservation,  révolution  et  positivisme.  1  vol. 
in-12.  2e  édition  (1879).  5  fr. 

LUBROCK(sir  Jobn).  L'homme  préhistorique,  étudié  d'après  les 
monuments  et  les  costumes  retrouvés  dans  les  différents  pays  de 
l'Europe,  suivi  d'une  Description  comparée  des  mœurs  des  sau- 
vages modernes,  traduit  de  l'anglais  par  M.  Ed.  Barbier. 
526  figures  intercalées  dans  le  texte.  1876.  2e  édition,  consi- 
dérablement augmentée,  suivie  d'une  conférenée  de  M.  P.  Bruoca 
sur  les  Troglodytes  de  la  Vezère.  1  beau  vol.  in-,br.  15  fr. 
Gart.  riche,  doré  sur  tranche.  15  fr. 

LUBBOCK  (sir  John).    Les  origines  de     la  civilisation.   État 

primitif  de  l'homme  et   mœurs   des  sauvages  modernes.  1877, 

1  vol.  grand  in-8  avec  figures  et  planches  hors  texte.  Traduit  de 

l'anglais  par  M.  Ed.  Barbier.  2e  édition.  1877.  15  fr. 

Relié  en  demi-maroquin  avec  nerfs.  18  fr 

MAGY.  De  la  science  et  de  la   nature.  In-8.  6  fr. 

MENIÈRE.    Cicéron    médecin.  1  vol.  in-18.  à  fr.  50 

MENIÉRE.  Les  consultations  de  madame  de  Sévlgné,  étude 

médico-littéraire.  1864,  1  vol.  in-8.  3  fr. 

MESMER.    Mémoires  et    aphorismes,    suivi   des   procédés  de 

d'Eslon.  Nouvelle  édition,  avec  des  notes,  par  J.-J.-A.  Ricard. 

1846,  in-18.  2  fr.  50 

MICHAUT  (N.).  »c  l'imagination.  1  vol.  in-8.  5  fr. 

MILSAIND.  Les    é  aides  classiques  et  l'enseignement  public. 

1873,  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 


—  18  — 

MILSAND.  Le  code   et  in  liberté.  1865,  in-8.  2  fr. 

MIRON.  l»o   la  réparation  du    temporel    et  du  spirituel. 

1866,  in-8.  3fr.  50 

MORIN.  B»u  magnétisme  et  des  sciences  occultes.  1860, 
1  vol.  in-8.  6  fr. 

MORIN  (Frédéric).  Politique  et  philosophie,  précédé  d'une  in- 
troduction de  M.  Jules  Simon.  1  vol.  in-18,  1876.  3  fr.  50 

MUNABET.  Le  médecin  des  villes  et  des  campagnes. 
4°  édition,  1862,  1  vol.  grand  in-18.  4  fr.  50 

NOLEN  (I).).  lia  critique  de  liant  et  la  métaphysique 
do  Leibniz.  1   vol.  in-8  (1875).  6  fr. 

NOURRISSON.  Essai  sur  la  philosophie  de  IBossuct.  1  vol. 
in-8.  4  fr. 

OGER.  ï.es  Bonaparte  et  les  frontières  de  la  France.  In-18.  50  c. 

OGER.  La  république.  1871,  brochure  in-8.  50  c. 

OLLÉ-LAPRUNE.  La  philosophie  de  Malebranche.    2  vol.  in-8. 

16  fr. 

PARIS  (comte  de).  Les  associations  ouvrières   en  Angle- 
terre (trades-unions).  1869,  1  vol.  gr.  in-8.  2  fr.  50 
Édition  sur  pap.  de  Chine  :  Rroché,  12  fr.  ;  rel.  de  luxe.   20  fr. 

PELLETAN  (Eugène).  La  naissance  «l'une  ville  (Royan). 
1  voi.  in-18.  2  fr. 

PENJON.  Berkeley,  sa  vie  et  ses  œuvres.  In-8,  1878.      7  fr.  50 

PEREZ  (Bernard).  L'éducation  «lès  le  berceau,  essai  de  péda- 
gogie expérimentale.  1  vol.  in-8,  1880.  5  fr. 

PETROZ  (P.).  L'art  et  la  critique  en  France  depuis  1822. 
1  vol.  in-18,  1875.  3  fr.  50 

POEY  (André).  Le  positivisme.  1  fort  vol.  in-12  (1876).  4  fr.  50 

POEY.  M.  Littré  et  Auguste  Comte.  1  vol.  in-18.        3  fr.  50 

POULLET.  La  campagne  de  l'Est  (1870-1871).  1  vol.  in-8 
avec  2  cartes,  et  pièces  justificatives,  1879.  7  fr. 

PUISSANT  (Adolphe).  Erreurs  et  préjugés  populaires.  1873, 
1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

PUISSANT  (Adolphe).  Recrutement  des  armées  de  terre 
c»  de  mer,  loi  de.  1872.  1  vol.  in-4.  12  fr. 

Réorganisation  des  armées  active  et  territoriale,  lois  de 
1873-1875.  1  vol.  in-4.  18  fr. 

RAMBERT  (E.)  et  P.  ROBERT.  Les  oiseaux  dans  la  nature, 
description  pittoresque  des  oiseaux  utiles.  1  vol.  in-folio  avec 
20  chromolithographies,  il  gravures  sur  bois  hors  texte,  et  de 
nombreuses  gravures   dans  le  texte,    dans  un  carton .  .      50  fr. 

—  Le  même,  reliure  riche.  60  fr. 

RÉGAMEY  (Guillaume).  Anatomîe  des  formes  «lu  cheval,  à 
l'usage  des  peintres  et  des  sculpteurs.  6  planches  en  chromo- 
lithographie, publiées  sous  la  direction  de  Félix  RÉGAMEY,  avec 
texte  par  le  Dr  Kuhff.  8  fr. 

REYMOND  (William).  Histoire  de  l'art.  1874,  1  vol.  in-8.      5  fr. 

III BOT  (Paul).  Matérialisme  et  spiritualisme.  1873,  in-8.  6  fr. 

SALETTA.  Principes  de  logi«|iie  positive.    In-8.  3  lr.  5  0 

SECRET  AN.  Philosophie  de  la  liberté,  l'histoire,  1'  dée. 
3e  édition,  1879,  2  vol.  in-8.  l'O  fr. 

SIEGFRIED  (Jules).  La  misère,  son  histoire,  ses  causes,  ses 
remèdes.  1  vol.  grand  in-18.  3e  édition  (1879).  2  fr.  50 

SIÉREBOIS.  Autopsie  de  rame.  Identité  du  matérialisme  et  du 
vrai  spiritualisme.  2°  édit.  1873,  1  vol.  in-18.  2  fr.  50 

S1ÈREB0IS.  La  morale  fouillée  dans  ses  fondements.  Essai  d'an- 
thropodicée.  1867,  1  vol.  in-8.  6  fr. 


—  19  — 

SMKE(A.).  mon  jardin,  géologie,  botanique,  histoire  naturelle, 
1870, 1  magnifique  vol.  gr  in-8,  orné  de  1300  fig.  et  52  pi.  liors 
texte.  Broché,  15  fr.  Cartonn.  riche,  tranches  dorées..     20  fr. 

SOREL  (Albert).  I,c  traité  de  Paris  du  30  novembre  «  SI  5. 

1873,  1  vol.  in-8.  4  fr.  50 

TÉNOT  (Eugène).  Paris  et  ses  fortification*,  1870-1880. 
1  vol.  in-8.  5  fr. 

THULIÉ.  La  folie  et  la  loi.  1867,  2e  édit.,  1  vol.  in-8.  3  fr.  50 

THUL1É.  La    manie   raisonnante  du  docteur    Campagne, 

1870,  broch.  in-8  de  132  pages.  2  fr. 

TIBERGHIEN.  Les  commandements  de  l'humanité.  1872. 
1  vol.  in-18.  3  fr. 

TIBERGHIEN,    Enseignement    et    philosophie.  In-18.      à  fr. 

TIBERGHIEN.  La  science  de  l'âme.  1  v.in-12, 3e édit.  1879.  6  fr. 

TIBERGHIEN.  Éléments  de  morale  univ.  1  v.  in-12,1879.    2  fr. 

TISSANDIER.  Études  de  Théodicée.  1869,  in-8  de  270  p.  4  fr. 

TISSOT.   Principes  de  morale.  In-8.  6  fr. 

TISSOT.  Voy.   Kant,  page    3. 

VAGHEROT.  La  science    et   la   métaphysique.    3  vol.   in-18. 

10  fr.  50 
VAGHEROT.  Voyez  pages  2  et  7. 

VAN  DER  REST.  Platon  et  Aristotc.  In-8,  1876.  10  fr. 

VÉRA.  Strauss  et  l'ancienne  et  la  nouvelle  fol.  In-8.    6  fr. 

VÉRA.  Cavour   et  l'Église   libre  dans    l'État    libre.  1874, 

in-8.  3  fr.  50 

VÉRA.  L'Hcgclianisme  et  la  philosophie.  In-18.        3  fr.  50 

VÉRA.  mélanges  philosophiques.  1  vol.  in-8.  1862.  5  fr. 

VÉRA.  Plntonis,  Aristotelis  et  Ilegolii  de  medio  terntino 
doctrina.  1  vol.  in-8.  1845.  1  fr.  50 

VÉRA.  Introduction  à  la  philosophie  de  Ilcgcl.  1  vol.  in-8, 
2e  édition.  6  fr.  58 

VILLIAUMÉ.  La  politique  moderne,  1873,  in-8.  6  fr. 

VOITURON  (P.).    Le  libéralisme    et  les   idées    religieuses. 

1  vol.  in-12.  4  fr. 

WEBER.  nistoire  de  la  philos,  europ.  In-8,  2e  édit.  10  fr. 

UNG  (Eugène).  Henri  BV,  écrivain.  1  vol.  in-8.  1855.   5  fr. 

ZEVORT  (Edg.).  Le  marquis  d'Argcnson,  et  le  Ministère  des 
affaires  étrangères  de  1744  à  1747.  1  vol.  in-8.  6  fr* 


—  20 


ENQUÊTE  PARLEMENTAIRE  SUR  1ES  ACTES  DU  GOUVERNEMENT 

DE   LA   DÉFENSE    NATIONALE 

DÉPOSITIONS  DES  TÉMOINS  : 

TOME  PREMIER.  Dépositions  de  MM.  Thiers,  maréchal  Mac-Mahon, maréchal 
Le  Bœuf,  Benedetti,  duc  de  Gramont,  de  Talhouët,  amiral  Rigault  de  Genouilly, 
baron    Jérôme    David,   général   de   Palikao,  Jules    Brame,  Dréolle,  etc. 

TOME  II.  Dépositions  de  MM.  de  Chaudordy,  Laurier,  Cresson,  Dréo,  Ranc, 
Rampont,  Steenackers,  Fernique,  Robert,  Schneider,  Buffet,  Lebretou  et  Hébert, 
Bellangé ,  colonel  Alavoine ,  Gervais,  Bécherelle ,  Robin,  Muller,  Boutefoy, 
Meyer,  Clément  et  Simonneau,  Fontaine,  Jacob,  Lemaire,  Petetin,Gnyot-Montpay- 
roux,  général  Soumain,  de  Legge,  colonel  Vabre,  de  Crisenoy,  colonel  Ibos,  etc. 

TOME  III.  Dépositions  militaires  de  MM.  de  Freycinet,  de  Serres,  le  général 
Lefort,  le  général  Ducrot,  le  général  Vinoy,  le  lieutenant  de  vaisseau  Farcy, 
le  commandant  Amet,  l'amiral  Pothuau,  Jean  Brunet,  le  général  de  Beau- 
fort-d'Hautpoul,  le  général  de  Valdan,  le  général  d'Aurelle  de  Paladines,  le  géné- 
ral Chanzy,  le  général  Martin  des   Pallières,  le   général  de  Sonis,  etc. 

TOME  IV.  Dépositions  de  MM.  le  général  Bordone,  Mathieu,  de  Laborie,  Luce- 
Villiard,  Castillon,  Debusschère,  Darcy,  Chenet,  de  La  Taille,  Baillehache,  de 
Grancey,  L'Hei-mite,  Pradier,  Middleton,  Frédéric  Morin,  Thoyot,  le  maréchal 
Bazaine,  le  général  Boyer,  le  maréchal  Canrobert,  etc.  Annexe  à  la  déposition 
de  M.  Testelin,  note  de  M.  le  colonel  Denfert,  note  de  la  Commission,  etc. 

TOME  V.  Dépositions  complémentaires  et  réclamations.  —  Rapports  de  la 
préfecture  de  police  en  1870-1871.  —  Circulaires,  proclamations  et  bulletins 
du  Gouvernement  de  la  Défense  nationale. —  Suspension  du  tribunal  de  la  Rochelle  ; 
rapport  de  M.  de  La  Borderie;  dépositions. 

ANNEXE  AU  TOME  V.  Deuxième  déposition  de  M.  Cresson.  Événements 
de  Nîmes,  affaire  d'Ain  Yagout.  —  Réclamations  de  MM.  le  général  Bellot  et 
Engelhart.  —  Note  de  la  Commission  d'enquête  (1  fr.). 

RAPPORTS  : 

TOME  PREMIER.  M.  Chaper,  les  procès-verbaux  des  séances  du  Gouver-* 
nement  de  la  Défense  nationale.  —  M.  de  Sugny,  les  événements  de  Lyon 
sous  le  Gouv.  de  la  Défense  nat.  —  M.  de  Rességuier,  les  actes  du  Gouv.  de  la 
Défense  nat.  dans  le  sud-ouest  de  la  France. 

TOME  II.  M.  Saint-Marc  Girardin,  la  chute  du  second  Empire.  —  M.  de 
Sugny,    les  événements  de  Marseille  sous  le  Gouv.  de  la  Défense  nat. 

TOME  III.  M.  le  comte  Darxtf  la  politique  du  Gouvernement  de  la  Défense 
nationale  à  Paris. 

TOME  IV.  M.  Chaper,  de  la  Défense  nat.  au  point  de  vue  militaire  à  Paris. 

TOME  V.  Boreau-Lajanadie,  l'emprunt  Morgan.  —  M.  de  la  Borderie,  le  camp 
de  Coidie  et  l'armée  de  Bretagne.  —  M.  de  la  Sicolière,  l'affaire  de  Dreux. 

TOME  VI.  M.  de  Bainneville,  les  actes  diplomatiques  du  Gouv.  de  la  Défense 
nat.  —  M.  A.  Lallié,  les  postes  et  les  télégraphes  pendant  la  guerre.  —  M.  Delsol, 
la  ligne  du  Sud-Ouest.  —  M.  Perrot,  la  défense  en  province  (1"  partie). 

TOME  VII.  M.  Perrot,  les  actes  militaires  du  Gouv.  de  la  Défense  nat.  en 
province  (2e partie  :  Expédition  de  l'Est). 

TOME  VIII.  M.  de  la  Sicotière,  sur  l'Algérie. 

TOME  IX.  Algérie,  dépositions  des  témoins.  Table  générale  et  analytique 
des  dépositions  des  témoins  avec  renvoi  aux  rapports  (10  fr.). 

TOME  X.  M.  Boreau-Lajanadie,  le  Gouvernement  de  la  Défense  nationale  à 
Tours  et  à  Bordeaux  (5  fr.). 

PIÈCES  JUSTIFICATIVES  : 

TOME  PREMIER.  Dépêches  télégraphiques  officielles,  première  partie. 
TOME  DEUXIÈME.  Dépêches  télégraphiques  officielles,  deuxième  partie.  — 
Pièces  justificatives  du  rapport  de  M.  Saint-Marc  Girardin. 

Prix  de  chaque  volume *5  fr. 

Prix  de  l'enquête  complète  en  18  volumes.   .  .  341  fr. 


—  21  — 

Rapports  sur  les  actes  du  Gouvernement  de  In  Défense 
nationale,   se  vendant  séparément  : 

E.  RESSÉGU1ER.—  Toulouse  sous  le  Gouv.  de  la  Défense  nat.  In-4.     2  fr.  50 

SAINT-MARC  GIRARDIN.  —  La  cliute  du  second  Empire.  In-4.  4  fr.  50 

Pièces  justificatives  die  rapport  de  M.  Saint-Marc  Girardin.  1  vol.  in-4.  5  fr. 

DE  SUGNY.  —  Marseille  sous  le  Gouv.  de  la  Défense  nat.  In-4.  10  fr. 

DE  SUGNY.  —  Lyon  sous    le   Gouv.  de  la  Défense  nat.  In-4.  7  fr. 

DARU.  —  La  politique  du  Gouv.  de  la  Défense  nat.  à  Paris.   In-4.  15  fr. 

CMAPER.  —  Le  Gouv.  delà  Défense  à  Paris  au  point  de  vue  militaire.  In-4.     15  fr. 

CIIAPER.  — Procès-verbaux  des  séances  du  Gouv.  de  la  Défense  nat.    In-4.  5  fr. 

DOREAU-LAJANADIE.  —  L'emprunt  Morgan.  In-4.  4  fr.  50 

DE  LA  BORDERIE.  —  Le  camp  de  Conlie  et  l'armée  de  Bretagne.  In-4.     10  fr. 

DE  LA  SICOTIÈRE.  —  L'affaire  de  Dreux.  In-4.  2  fr.  50 

DE  LA  SICOTIÈRE.  —  L'Algérie  sous  le  Gouvernement  de  la  Défense  nationale. 
2  vol.  in-4.  22  fr. 

DE  RAINNEVILLE.  Actes  diplomatiques  du  Gouv.  de  la  Défense  nat.  1  vol. 
in-4.  3  fr.  50 

LALLIÉ.  Les  postes  et  les  télégraphes  pendant  la  guerre.  1  vol.  in-4.       1  fr.  50 

DELSOL.  La  ligue  du  Sud-Onest.  1  vol.  in-4.  1  fr.  50 

PERROT.  Le  Gouvernement  de  la  Défense  nationale  en  province. 2  vol.  in-4. 25  fr. 

BOREAU-LAJANADIE.  Rapport  sur  les  actes  de  la  Délégation  du  Gouver- 
nement de  la  Défense  nationale  à  Tours  et  à  Bordeaux.  1  vol.  in  4.  5  fr. 

Dépèches  télégraphiques  officielles.  2  vol.  in-4.  25  fr. 

Procès-verbaux  de  la  Commune.  1  vol.  in-4.  5fr. 

Table  générale  et  analytique  des  dépositions  des  témoins.  1  vol.  in-4.         3  fr.  50 

LES  ACTES  DU  GOUVERNEMENT 

DE  LA 

DÉFENSE  NATIONALE 

(DU  4  SEPTEMBRE  1870  AU   8  FÉVRIER  1871) 

ENQUÊTE  PARLEMENTAIRE  FAITE  PAR  L'ASSEMBLÉE  NATIONALE 

RAPPORTS  DE  LA  COMMISSION  ET  DES  SOUS-COMMISSIONS 

TÉLÉGRAMMES 

PIÈCES  DIVERSES  —  DÉPOSITIONS  DES  TÉMOINS  —  PIÈCES  JUSTIFICATIVES 

TABLES  ANALYTIQUE,   GÉNÉRALE  ET  NOMINATIVE 

7  forts  volumes  in-4.  —  Chaque  volume  séparément  16  fr. 
L'ouvrage  complet  en  V  volumes  :   113  fr*. 

Cette  édition  populaire  réunit,  en  sept  volumes  avec  une  Table  analytique 
par  volume,  tous  les  documents  distribués  à  l'Assemblée  nationale.  — 
Une  Table  générale  et  nominative  termine  le  7e  volume. 


ENQUÊTE    PARLEMENTAIRE 


L'INSURRECTION  DU  18  MARS 

1°  RAPPORTS.  —  2°  DÉPOSITIONS  de  MM.  Thiers,  maréchal  Mae-Mabon,  général 
"Prêcha,  J.  Havre,  Ernest  Picard,  J.  Ferry,  général  Le  Flô,  général  Vinoy,  colonel 
Lambert,  colonel  Gaillard,  général  Appert,  Floquet,  général  Cremer,  amiral  Saisset, 
Schœlcher,  amiral  Pothuan,  colonel  Langlois,  etc.  —  3°  PIÈCES  JUSTIFICATIVES 

1  vol.  grand  in-4°.  —  Prix  :  te  fr. 


22  

COLLECTION    ELZÉVIRIENNE 

MAZZINI.  Lettre»  «le  Joseph  niazziui  à  Daniel  Stem  (1864 
1872),  avec  une  lettre  autographiée.  3  fr.  50 

MAX.  MULLEB.  Amour  allemand,  traduit  de  l'allemand.  1  vol. 
in-18.  3  fr.  50 

CORLIEU  (le  Dr).  La  mort  des  rois  de  France,  depuis  Fran- 
çois 1er  jusqu'à  la  Révolution  française,  études  médicales  et  his- 
toriques. 1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

CLAMAGERAN.   L'Algérie,   impressions  de  voyage.  1  vol.  in-18. 

3  fr.  50 

STUART  M1LL  (J.).  La  K&épubliquc  de  1848,  traduit  de  l'an- 
glais, avec  préface  par  M.  Sadi  Carnot.  1  vol.  in-18  (1875). 

3  fr.  50 

RIBERT  (Léonce).  Esprit  de  la  Constitution  du  25  février 
1875.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

NOËL  (E.).  Mémoires  d'un  imbécile,  précédé  d'une  préface 
de  M.  Littrè.  1  vol.  in-18,  3e  édition  (1879).  3  fr.  50 

PELLETAN  (Eug.).  Jarousscau,  le  Pasteur  du  désert.  1vol. 
in-18  (1877).  Couronné  par  l'Académie  française.  6e  édit.  3fr.  50 

PELLETAN  (Eug.).  Elisée,  voyage  d'un  homme  à  la  re- 
cherche de  lui-même.  1  vol.  in-18  (1877).  3  fr.  50 

PELLETAN  (Eug.).  l'n  roi  philosophe,  Frédéric  le  Cirand. 
1  vol.  in-18  (1878).  3  fr.  50 

E.  DUVEBGIER  DE  HAURANNE  (Mrae).  flistoire  populaire  de 
la  i&évoSuiion  française.  1  v.  in-18,  2e  édit.,  1879.    3  fr.  50 

ÉTUDES     CONTEMPORAINES 

B0U1LLET  (Ad.).  Les  bourgeois  gentilshommes.  —  L'armée 

d'Henri   V.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

—  Types  nouveaux  et  inédits.    1  vol.    in-18.  2   fr.  50 

—  1/arrièrey-ban  de  l'ordre  moral.  1  vol.  in-18.         3fr.  50 
VALMONT  (V.).   L'espion   prussien,  roman  anglais,  traduit  par 

M.  J.  Dubrisay.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

BOURLOTON  (Edg.)  et  ROBERT  (Edmond).  La  Commune  et 
ses  idées  à   travers  l'histoire.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 

CHASSERIAU   (Jean).   Du   principe  autoritaire   et  du    prin- 
cipe rationnel.  1873.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 
NAQUET    (Alfred).    La    République  radicale.  In-18.   3  fr.  50 
ROBERT   (Edmond).    Les  domestiques.  In-18  (1875).  3  fr.  50 
LOURDAU.  Le  sénat  et  la  magistrature  dans  la  démocra- 
tie française.  1  vol.  in-18  (1879).                                  3  fr.  50 
F1AUX.    La  femme,    le    mariage    et    le    divorce,    étude   de 
sociologie  et  de  physiologie.  1  vol.  in-18.  3  fr.  50 
PARIS  (le  colonel).    Le  feu  à  Paris   et  en  Amérique.  1  vol. 
in-18.  3  fr.  50 

j-*-j 


OEUVRES  COMPLETES 

DE 

EDGAR    QUINET 

Chaque  ouvrage  se  vend  séparément  : 
Édition  in-8,  le  vol ...     6  fr.  |  Édition  in-18,  le  vol.  3  fr.  50 


I.  —  Génio  des  Religions;  —  De  l'ori- 
gine des  dieux.    (Nouvelle  édition.) 

II.  —  Les  Jésuites.  —  L'Ultramonta- 
nisme.  —  Introduction  à  la  Philoso- 
phie de riiistoiredel'Humanité.  (Nou- 
velle édition,  avec  préface  inédite.) 

III.  —  Le  Christianisme  et  la  Révo- 
lution française.  Examen  de  la  Vie 
de  Jésus-Christ,  par  Strauss.  — 
Philosophie  de  l'histoire  de  France. 
(Nouvelle  édition.) 

IV.  —  Les  Révolutions  d'Italie.  (Nou- 
velle édition.) 

V.  —  Marnix  de  Saiiite-Aldegonde.  — 
La  Grèce  moderne  et  ses  rapports 
avec  l'Antiquité. 


VI.  —  Les  Romains.  —  Allemagne  et 
Italie.  —  Mélanges. 

VII.  —  Ashavérus.  —  Les  Tablettes 
du  Juif  errant. 

VIII.  —  Prométhée.  —  Les  Esclaves. 

IX.  —  Mes  Vacances  en  Espagne.  — 
De  l'Histoire  de  la  Poésie.  —  Des 
Epopées  françaises  inédites  di 
XIIe  siècle. 

X.  —  Histoire  de  mes  idées. 

XI.  —  L'Enseignement  du  peuple.  — 
La  Révolution  religieuse  au  xixe  siè- 
cle. —  La  Croisade  romaine.  —  Lu 
Panthéon.  —  Plébiscite  et  Concile. 
— ■  Aux  Paysans. 


Viennent    de    pmrteît»>e  : 

Correspondance.  Lettres  à  sa  mère.  2  vol.  in-18. . . .  •     7      » 

Les  mêmes.  2  vol.  in-8 12      » 

La  révolution.   3   vol.  in-18 10   50 

La  campagne  de  8895.  1  vol.  in-18 3  50 

Merlin    rencliamicur,     avec    une  préface    nouvelle,  notes   et 

commentaires,  2  vol.  in-18.  7  fr. 

Ou  2  vol.  in-S.  12  fr. 

La  création.  2  vol.  iu-1 8 7  fr. 

L'esprit    nouveau.  1  vol.  in-18 3  fr.  50 

La  république.   1  vol.  in-18.  3  fr.  50 


BIBLIOTHÈQUE    POPULAIRE 

BARNI  (Jules).  Manuel    républicain.   1  vol.  in-18.  1  fr. 

MARAIS  (Aug.).    Garibaldi  et   l'année    des   Vosges.   1    vol. 

in-18.  1  fr.  50 

FRIBOURG  (E.).  Le  paupérisme  parisien.  1  fr.  25 


—  24  — 
BIBLIOTHÈQUE    UTILE 

LISTE  DES   OUVRAGES  PAR   ORDRE  D'APPARITION 

Le  vol.  de  190  p.,  br.,  60 cent.  —  Cart.  à  l'angl.,  1  fr. 


Le  titre  de  cette  collection  est  justifié  par  les  services  qu'elle 
rend  chaque  jour  et  la  part  pour  laquelle  elle  contribue  à  l'instruction 
populaire. 

Les  noms  dont  ses  volumes  sont  signés  lui  donnent  d'ailleurs  une 
autorité  suffisante  pour  que  personne  ne  dédaigne  ses  enseigne- 
ments. Elle  embrasse  l'histoire,  la  philosophie,  le  droit,  les  sciences, 
l'économie  politique  et  les  arts,  c'est-à-dire  qu'elle  traite  toutes 
1rs  questions  qu'il  est  aujourd'hui  indispensable  de  connaître.  Son 
esprit  est  essentiellement  démocratique;  elle  s'interdit  les  hypo- 
thèses et  n'a  d'autre  but  que  celui  de  répandre  les  saines  doctrines 
que  le  temps  et  l'expérience  ont  consacrées.  Le  langage  qu'elle 
parle  est  simple  et  à  la  portée  de  tous,  mais  il  est  aussi  à  la  hau- 
teur du  sujet  traité. 

I.  —  Morand.  Introd.  à  l'étude  des  Sciences  physiques.  2e  édit. 

II.  —  Cruveilhicr.  Hygiène  générale.  6e  édition. 

IH.  —  Corbon.  De  l'enseignement  professionnel.  2e  édition. 

IV.  —  i,.  EMchat.  L'Art  et  les  Artistes  en  France.  3e  édition. 

V.  —  Ruche*.  Les  Mérovingiens.  3e  édition. 
VI. —  Buebeas.  Les  Carlovingiens. 

VII.  —  F.  Morin.  La  France  au  moyen  âge.  3e  édition. 

Vin.  —  Bastide.  Luttes  religieuses  des  premiers  siècles.  4°  éd. 

IX.  —  Bastide.  Les  guerres  de  la  Réforme.  4e  édition. 

X.  —  E.  Pelletan.  Décadence  de  la  monarchie  française.  4e  éd. 

XI.  —  i,.  Brotnier.  Histoire  de  la  Terre.  4e  édition. 

XII.  —  §>anson.  Principaux  faits  de  la  chimie.  3e  édition. 

XIII.  —  Turclt.  Médecine  populaire.  4e  édition. 

XIV.  —  Morin.  Résumé  populaire  du  Code  civil.  2e  édition. 

XV.  —  SEaborowskî.  L'homme  préhistorique.  2e  édit. 

XVI.  —  A.  ©tt.  L'Inde  et  la  Chine.  2e  édit. 

XVII.  —  Catalan.  Notions  d'Astronomie.  2e  édition. 

XVIII.  —  Cristal.  Les  Délassements  du  travail. 

XIX.  —  Victor  Meunier.  Philosophie  zoologique. 

XX.  —  fi.  Jourdan.  La  justice  criminelle  en  France.  2e  édition. 

XXI.  —  Cfa.  Rolland.  Histoire  de  la  maison  d'Autriche.  3e  édit. 

XXII.  —  E.  Despoïs.  Révolution  d'Angleterre,  2e  édition. 

XXIII.  —  B.  Gastineau.  Cénie  de  la  Science  et  de  l'Industrie. 

XXIV.  —H.  leneveux.LeRudgetdufoyer.Ecnnomiedomestique. 

XXV.  —  l..  Combes.  La  Grèce  ancienne. 

XXVI.  r-f-  Fréd.  I.oek.  Histoire  de  la  Restauration.  2e  édition. 

XXVII.  —  L.  Brothier.    Histoire  populaire  de  la   philosophie. 

XXVIII.  —  E.Margollé.  Les  Phénomènes  de  la  mer.  4e  édition. 

XXIX.  —  lu  Collas.  Histoire  de  l'Empire  ottoman.  2e  édition. 

XXX.  —  Xurcher.  Les  Phénomènes  de  l'atmosphère.  3e  édition. 

XXXI.  —  E.  Raymond.  L'Espagne  et  le  Portugal.  2e  édition. 

XXXII.  —  Eugène  Noël.  Voltaire  et  Rousseau.  2e  édition. 

XXXIII.  —  a.  OU.  L'Asie  occidentale  et  l'Egypte. 

XXXIV.  —  Cb.  Richard.  Origine  et  fin  des  Mondes.  3e  édition. 

XXXV.  —  Enfantin.  La  Vie  éternelle.  2e  édition. 


—  25  — 

XXXVI.  —  !..  Brothlcr.  Causeries  sur  la  mécanique.  2e  édition. 

XXXVII.  —  Alfred  Boneaud.   Histoire  de  la  marine  française. 

XXXVIII.  —  Fréd.  Lock.  Jeanne  d'Arc. 

XXXIX.  —  fHi'iiot.  Révolution  française.  —  Période  de  création 

(1789-1792). 

XL.  —  Cnrnot.  Révolution  française.  —  Période  de,  conservation 
(1792-1804). 

XLI.  —  Zurehcr  et  Margelle.  Télescope  et  Microscope. 

XLII.  —  Blcrzy.  Torrents,  Fleuves  et  Canaux  de  la  France. 

XLIII.  — p.  Sccchi,  Woir,  Briot  et  Woiannay.  Le  Soleil,  les 
Étoiles  et  les  Comètes 

XLIV.    —    Stanley     devons.    L'Économie    politique,   trad.   de 
l'anglais  par  H.  Gravez. 

XLV.  —  Ein.    Perrière.  Le  Darwinisme.   2°  édit. 

XLVI.  —  H.  Lcnevcux.  Paris  municipal. 

XLVII.  —  BSoiliot.  Les  Entretiens  de  Fontenelle  sur  la  pluralité 
des  mondes,  mis  au  courant  de  la  science. 

XLVIII.  —  E.  Zcvort.  Histoire  de  Louis-Philippe. 

XLIX.  —  Geikîe.    Géographie   physique,  trad.  de  l'anglais    par 
H.  Gravez. 

L.  —  Zahorow  ski.  L'origine  du  langage. 

LI.  —  H.  Blerxy.  Les  colonies  anglaises. 

LU.  —  Albert  liévy.  Histoire  de  l'air. 

LUI   —  Geikie.   La  Géologie  (avec  figures),  traduit  de  l'anglais 
par  H.  Gravez. 

LIV.  —  Zaborowski.  Les  Migrations  des  animaux  et  le  Pigeon 
voyageur. 

LV.  —  F.  Paulhan.   La  Physiologie  d'esprit  (avec  figures). 

LVI.  —  Zurcbcr  et  Margelle.  Les  Phénomènes  célestes. 

LVI1.  —  Girard  de  Riallc.  Les  peuples  de  l'Afrique  etde  l'Amé- 
rique. 

LVIII.  —  Jacques   Bcrtillon.    La   Statistique  humaine    de    la 
France  (naissance,  mariage,  mort). 

LIX.  —  Paul  Gaflarcl.  La  Défense  nationale  en  1792. 

LX.  —  Berbert  Spencer.  De  l'éducation. 

LXI.  —  .Iules  Barni.  Napoléon  Ier. 

LX1I.  —  Huxley.  Premières  notions  sur  les  sciences. 

LX III.  —  p.  Bosidois.  L'Europe  contemporaine  (1789-1879). 


—  26  — 


REVUE 

Politique  et  Littéraire 

(Revue    des    cours    littéraires, 

2"  série.) 

Directeur  : 

M.     Eus.    YtIW«i 


REVUE 

ScieiiliGque 

(Revue  des  cours  scientifiques, 

2e  série.) 

Directeurs  : 

.Y  32.    A.    UREGHET, 

et     i  h.     UI€iIET. 


La  septième  année  de  la  ci  «vise  <ie«  Cours  littéraires  et 
de  la  Revue  des  Cours  scientifiques,  terminée  à  la  fin  de  juin 
(871,  clôt  la  première  série  de  cette  publication. 

La  deuxième  série  a  commencé  le  1er  juillet  1871,  et  depuis 
cette  époque  chacune  des  années  de  la  collection  commence 
à  cette  date. 


REVUE   POLITIQUE   ET   LITTERAIRE 

La  Revice  politique  continue  à  donner  une  place  aussi  large 
à  la  littérature,  à  l'histoire,  à  la  philosophie,  etc.,  mais  elle 
a  agrandi  son  cadre,  afin  de  pouvoir  aborder  en  même  temps 
la  politique  et  les  questions  sociales.  En  conséquence,  elle  a 
augmenté  de  moitié  le  nombre  des  colonnes  de  chaque  numéro 
(48  colonnes  au  lieu  de  32). 

Chacun  des  numéros,  paraissant  le  samedi,  contient  régu- 
lièrement : 

Une  Semaine  politique  et  une  Causerie  politique,  où  sont  ap- 
préciés, à  un  point  de  vue  plus  général  que  ne  peuvent  le 
faire  les  journaux  quotidiens,  les  faits  qui  se  produisent  dans 
la  politique  intérieure  de  la  France,  discussions  parlemen- 
taires, etc. 

Une  Causerie  littéraire  où  sont  annoncés,  analysés  et  jugés 
les  ouvrages  récemment  parus  :  livres,  brochures,  pièces  de 
théâtre  importantes,  etc. 

Tous  les  mois  la  Revue  politique  publie  un  Bulletin  géogra- 
phique qui  expose  les  découvertes  les  plus  récentes  et  apprécie 
les  ouvrages  géographiques  nouveaux  de  la  France  et  de 
l'étranger.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'insister  sur  l'importance 
extrême  qu'a  prise  la  géographie  depuis  que  les  Allemands 
en  ont  fait  un  instrument  de  conquête  et  de  domination. 

De  temps  en  temps  une  Revue  diplomatique  explique,  au 
point  de  vue  français,  les  événements  importants  survenus 
dans  les  autres  pays. 


—  27    — 

Ou  accusait  avec  raison  les  Français  de  De  pas  observer 
avec  assez  d'attention  ce  qui  se  passe  à  l'étranger.  La  Revue 
remédie  à  c«  défaut.  Elle  analyse  et  traduit  les  livres,  articles, 
discours  ou  conférences  qui  ont  pour  auteurs  les  hommes  les 
plus  éminents  des  divers  pays. 

Comme  au  temps  où  ce  recueil  s'appelait  la  Revue  des  cours 
littéraires  (1864-1870),  il  continue  à  publier  les  principales 
leçons  du  Collège  de  France,  de  la  Sorbonne  et  des  Facultés 
des  départements. 

Les  ouvrages  importants  sont  analysés,  avec  citations  et 
extraits,  dès  le  lendemain  de  leur  apparition.  En  outre,  la 
Revue  politique  publie  des  articles  spéciaux  sur  toute  question 
que  recommandent  à  l'attention  des  lecteurs,  soit  un  intérêt 
public,  soit  des  recherches  nouvelles. 

Parmi  les  collaborateurs  nous  citerons  : 

Articles  politiques.  —  MM.  de  Pressensé,  Cli.  Bigot,  Anat. 
Dunoyer,  Anatole  Leroy-Beaulieu,  Clamageran. 

Diplomatie  et  pays  étrangers.  —  MM.  Van  den  Berg,  C.  de 
Varigny,  Albert  Sorel,  Beynald,  Léo  Quesnel,  Louis  Léger, 
Jezierski. 

Philosophie.  —  MM.  Janet,  Caro,  Ch.  Lévêque,  Véra,  Th.  Bibot, 
E.  Boutroux,  Nolen,  Huxley. 

Morale.  —  MM.  Ad.  Franck,  Laboulaye,  Legouvé,  Bluntschli. 

Philologie  et  archéologie.  —  MM.  Max  Muller,^ Eugène  Benoist, 
L.  Havet,  E.  Bitter,  Maspéro,  George  Smith. 

Littérature  ancienne.  —  MM.Egger,  Havet,  George  Perrot,  Gaston 
Boissier,  Geffroy. 

Littérature  française.  —  MM.  Ch.  Nisard,  Lenient,  Bersier,  Gidel, 
Jules  Claretie,  Paul  Albert,  H.  Lemaître. 

Littérature  étrangère.  —  MM.  Mézières,  Buchner,  P.  Stapfer, 
A.  Barine. 

Histoire.  —  MM.  Alf.  Maury,  Littré,  Alf.  Rambaud,  G.  Monod. 

Géographie,  Economie  politique.  —  MM,  Levasseur,  Himly, 
Vidal-Lablache,  Gaidoz,  Debidour,  Alglave. 

Instruction  publique.  —  Madame  C.  Coiguet,  MM.  Buisson,  Em. 
Beaussire. 

Beaux-arts.  —  MM.  Gebhart,  Justi,  Schnaase,  Vischer,  Ch.  Bigot. 

Critique  littéraire.  —  MM.  Maxime  Gaucher,  Paul  Albert. 

Notes  et  impressions.  — MM.  Louis  Ulbach,  Pierre  et  Jean. 

Ainsi  la  Revue  politique  embrasse  tous  les  sujets.  Elle  con- 
sacre à  chacun  une  place  proportionnée  à  son  importance. 
Elle  est, pour  ainsi  dire,  une  image  -vivante,  animée  et  Adèle 
de  tout  le   mouvement  contemporain. 

EETIE    SCIENTIFIQUE 

Mettre  la  science  à  la  portée  de  tous  les  gens  éclairés  sans 
l'abaisser  ni  la  fausser,  et,  pour  cela,  exposer  les  grandes 
découvertes  et  les.  grandes  théories  scientifiques  par  leurs  au- 
teurs mêmes  ; 


—  28  — 

Suivre  le  mouvement  des  idées  philosophiques  dans  le 
monde  savant  de  tous  les  pays; 

Tel  est  le  double  but  que  la  Revue  scientifique  poursuit  de- 
puis dix  ans  avec  un  succès  qui  l'a  placée  au  premier  rang  des 
publications  scientifiques  d'Europe  et  d'Amérique. 

Pour  réaliser  ce  programme,  elle  devait  s'adresser  d'abord 
aux  Facultés  françaises  et  aux  Universités  étrangères  qui 
comptent  dans  leur  sein  presque  tous  le6  hommes  de  science 
éminents.  Mais,  depuis  deux  années  déjà,  elle  a  élargi  son 
cadre  afin  d'y  faire  entrer  de  nouvelles  matières. 

En  laissant  toujours  la  première  place  à  l'enseignement 
supérieur  proprement  dit,  la  Revue  scientifique  ne  se  restreint 
plus  désormais  aux  leçons  et  aux  conférences.  Elle  poursuit 
tous  les  développements  de  la  science  sur  le  terrain  écono- 
mique, industriel,  militaire  et  politique. 

Elle  publie  les  principales  leçons  faites  au  Collège  deFrance, 
au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  à  la  Sorbonne,  à 
l'Institution  royale  de  Londres,  dans  les  Facultés  de  France, 
les  universités  d'Allemagne,  d'Angleterre,  d'Italie,  de  Suisse, 
d'Amérique,  et  les  institutions  libres  de  tous  les  pays. 

Elle  analyse  les  travaux  des  Sociétés  savantes  d'Europe  et 
d'Amérique,  des  Académies  des  sciences  de  Paris,  Vienne, 
Berlin,  Munich,  etc.,  des  Sociétés  royales  de  Londres  et 
d'Edimbourg,  des  Sociétés  d'anthropologie,  de  géographie, 
de  chimie,  de  botanique,  de  géologie,  d'astronomie,  de  méde- 
cine, etc. 

Elle  expose  les  travaux  des  grands  congrès  scientifiques, 
les  Associations  française,  britannique  et  américaine,  le  Congrès 
des  naturalistes  allemands,  la  Société  helvétique  des  sciences 
naturelles,  les  congrès  internationaux  d'anthropologie  pré- 
historique, etc. 

Enfin,  elle  publie  des  articles  sur  les  grandes  questions  de 
philosophie  naturelle,  les  rapports  de  la  science  avec  la  poli- 
tique, l'industrie  et  l'économie  sociale,  l'organisation  scienti- 
fiquedes  divers  pays,les  sciences  économiques  etmilitaires,  etc. 

Parmi  les  collaborateurs  nous  citerons  : 

Astronomie,  météorologie.  —  MM.  Faye,  Balfour-Stewart, 
Janssen,  Normann  Lockyer,  Vogel,  Laussedat,  Thomson,  Rayet, 
Briot,  A.  Herschel,  Callandreau,  Trépied,  etc. 

Physique.  —  MM.  Helmholtz,  Tyndall,  Desains,  Mascart,  Car- 
penter,  Gladstone,  Fernet,  Bertin,  Breguet,  Lippmann. 

Chimie.  —  MM.Wurtz,  Berthelot,  H.  Sainte-Claire  Deville,  Pas- 
teur, Grimaux,  Jungfleisch,  Odling,  Dumas,  Troost,  Pelig-ot, 
Cahours,  Friedel,  Frankland. 

Géologie.  —  MM.  Hébert,  Bleicher,  Fouqué,  Gaudry,  Bamsay, 
Sterry-Hunt,  Contejean,  Zittel,  Wallace,  Lory,  Lyell,  Daubrée, 
Vélain. 


—   29  — 

Zoologie.  —  MM.  Agassiz,  Darwin,  Haeckel,  Milne  Edwards, 
Perrier,  P.  Bert,  Van  Beneden,  Lacaze-Duthiers,  Giard,  A.  Moreau, 
Ë.  Blanchard. 

Anthropologie.  —  MM.  de  Quatrefages,  Darwin,  de  Mortillet, 
Virchow,  Lubbock,  K.  Vogt. 

Botanique.  —  MM.  Bâillon,  Cornu,  Faivre,  Spring,  Chatin, 
Van  Tieghem,  Duchartre,  Gaston  Bonnier . 

Physiologie,  anatomie.  —  MM.  Chauveau,  Gharcot,  Moleschott, 
Onimus,  Ritter,  Rosenthal,  Wundt,  Pouchet,  Ch.  Robin,  Vulpian, 
Virchow,  P.  Bert,  du  Bois-Reymond,  Helmholtz,  Marey,  Briicke, 
Ch.  Bichet. 

Médecine.  —  MM.  Chauveau,  Cornil,  Le  Fort,  Verneuil, 
Liebreich,  Lasègue,  G.  Sée,  Bouley,  Giraud-Teulon,  Bouchardat, 
Lépine,  L.  H.  Petit. 

Sciences  militaires.  —  MM.  Laussedat,  Le  Fort,  Abel,  Jervois, 
Morin,  Noble,  Reed,  Usquin,  X***. 

Philosophie  scie?itifique.  —  MM.  Alglave,  Bagehot,  Carpenter, 
Hartmann,  Herbert  Spencer,  Lubbock,  Tyndall,  Gavarret,  Ludwig, 
Th.  Bibot. 

Prix  d'abonnement  : 


Une  seule  Revue  séparément 

Six  mois.   Un  an. 

Paris 12f        20 f 

Départements.         15         25 
Étranger..  ..  18         30 


*&"■ 


Les  deux  Revues  ensemble 

Six  mois.    Un  an. 

Paris 20f        36 

Départements.         25         42 
Etranger. ...  30         50 


L'abonnement  part  du  1er  juillet,  du  1er  octobre,  du  1er  janvier 
et  du  1er  avril  de  chaque  année. 

Chaque  volume  de  la  première  série  se  vend  :  broché 15  fr. 

relié 20  fr. 

Chaque  année  de  la  2e  série,  formant  2  vol.,  se  vend  :  broché. .       20  fr. 

relié.. . .       25  fr. 

Port  des  volumes  à  la  charge  du  destinataire. 

Prix  de  In  eolleciiosa  de  Ha  première  série  : 

l'rix  de  la  collection  complète  de  la  Revue  des  cours  littéraires  ou  de 
la  Revue  des  cours  scientifiques  (1864-1870),  7  vol.  in-4.     105  fr. 

Prix  de  la  collection  complète  des  deux  Revues  prises  en  même  temps. 
14  vol.  in-4 182  fr. 

Prix  de  tla  collection  complète  des  deux  séries  : 

Revue  des  cours  littéraires  et  Revue  politique  et  littéraire,  ou  Revue 
des  cours  scientifiques  et  Revue  scientifique  (décembre  1863  —  juil- 
let 1880),  25  vol.  in-4 285  fr. 

La  Revue  des  cours  littéraires  et  la  Revue  politique  et  littéraire,  avec 
la  Revue  des  cours  scientifiques  et  la  Revue  scientifique,  50  volumes 
in-4 506  fr. 


—  30  — 

REVUE  PHILOSOPHIQUE 

DE    LA    FRANCE    ET    DE    L'ÉTRANGER 
Paraissant  tous  les  mois 

Dirigée  par  TTH.    RIBSOT 

Agrégé  de  philosophie,  Docteur  es  lettres 

(4e  année,  1880.) 

La  Revue  philosophique  paraît  tous  les  mois,  depuis  le 
1er  janvier  1876,  par  livraisons  de  6  à  7  feuilles  grand  in-8,  et 
forme  ainsi  à  la  fin  de  chaque  année  deux  forts  volumes  d'environ 
080  pages  chacun. 

CHAQUE  NUMÉRO  DE  LA  REVUE   CONTIENT  : 

\  °  Plusieurs  articles  de  fond  ;  2°  des  analyses  et  comptes  rendus  des 
nouveaux  ouvrages  philosophiques  français  et  étrangers;  3°  un  compte 
rendu  aussi  complet  que  possible  des  publications  périodiques  de  l'é- 
tranger pour  tout  ce  qui  concerne  la  philosophie;  à0  des  notes,  docu- 
ments, observations,  pouvant  servir  de  matériaux  ou  donner  lieu  à  des 
vues  nouvelles. 

Prix  d'abonnement  : 

Un  an,  pour  Paris,  30  fr.  —  Pour  les  déparlements  et  l'étranger,   33  fr. 
La  livraison 3  fr. 


REVUE  IliiSÏQiiiQUE 

Paraissant  tous  les  deux  mois 
Dirigée  par  JUI.  Ciabrie!  ItfOWOD  et  Gustave  FAttHlEK 

(4e  année,  1880.) 

La  Revue  historique  paraît  tous  les  deux  mois,  depuis  le 
1er  janvier  1876,  par  livraisons  grand  in-8  de  15  à  16  feuilles, 
de  manière  à  former  à  la  fin  de  l'année  trois  beaux  volumes  de 
500  pages  chacun. 

CHAQUE  LIVRAISON  CONTIENT  : 

I.  Plusieurs  articles  de  fond,  comprenant  chacun,  s'il  est  possible, 
un  travail  complet.  —  II.  Des  Mèlanyes  et  Variétés,  composés  de  docu- 
ments inédits  d'une  étendue  restreinte  et  de  courtes  notices  sur  des 
points  d  histoire  curieux  ou  mal  connus.  —  III.  Un  Bulletin  historique  de 
la  France  et  de  l'étranger,  fournissant  des  renseignements  aussi  complets 
que  possible  sur  tout  ce  qui  touche  aux  études  historiques.  — IV.  Une  ana- 
lyse des  publications  périodiques  de  la  France  et  de  l'étranger,  au  point 
de  vue  des  études  historiques.  —  V.  Des  Comptes  rendus  critiques  des 
livres  d'histoire  nouveaux. 

Prix  d'abonnement  : 

Un  an,  pour  Paris,  30  fr.  —  Pour  les  départements  et  l'étranger,  33  fr. 
La  livraison 6  fr. 


TABLE  ALPllABi::no(Jl« 


Agassiz.  8 

Alaux.  <3,  là 

Aristote.  2 

Arnold  (Matlhew).  5,  9 
Arréat.  14 

Asseline  (L.).  11 

Auber  (Ed.)-  G 

Audiffiet-Pasquier(d').  14 
Bagehot.  5,  10,  12 

Bain.  5,  9,   12,  13 

Balfour  Stewart.  13 

Barbier.  16,  19 

Bardoux.  9 

Barni(J.),  3,  8, 10,11,14 
23,  25 
Barot  (Odysse).  6 

Barry  (Herbert).  11 

Barth.  St-Hilaire.  2,7,14 
Bastide.  24 

Bautain.  14 

Beaussire.  4,  6,  11 

Beauquier.  7 

Bénard  (Ch.).  3,  4,  14 
Beneden  (Van).  12 

Bentbam.  7 

Berkeley.  3 

Bernsteiu.  13 

Bersier.  15 

Bersot.  7 

Bertauld.  7 

Bertauld  (P.  A.).  14 

Berthelot.  13 

Bertillon  (Jacques).  25 
Blanc  (Louis).  10 

Blanchard.  14 

Blanqui.  14 

Blaserna.  13 

Blerzy.  25 

Boert.  10 

Boillot.  25 

Bondois.  25 

Boreau-Lajanadie.  21 
Borély.  14 

Bossuet.  2 

Bost.  6 

Bouchardat.  14 

Bouillet  (Ad.).  22 

Bouillier  (Francisque)  3,  6 
Bourbon  del  Monte.  14 
Bourdeau.  4 

Bourdet  (Eug.).  14 

Bourloton  (Ed.).  10,  22 
Boutmy  (E.).  7 

Boutroux.  14 

Brialmont  (le  général).  13 
Breguet.  26 

Briot.  25 

Brothier  (L.).  24,  25 
Brucke.  13 

Brunetière.  17 

Bûchez.  23,  24 

Buchner  (Alex.).  4 

Buchner  (L.).  4,  6 

Beauquier.  7 

Bondois.  25 

Bourdeau .  4 

Burdeau.  4,  8 

Cadet.  14 


Cantacuzène. 

Garetti1. 

Garlyle. 

Carnot. 

Carnot  (Sadi). 

Carrau  (L.). 

Carlhailac. 

Catalan. 

Cazelles.  / 

Cernuschi. 


DES 

4,  9  | 
14 

5,  10 

22 

5,  9 
13 
24 

,  8,   9 
15 


Challemel-Lacour,2,4,6,9 


Chantre. 

13 

Chaper. 

21 

Chasles  (Phil.). 

14 

Chasseriau  (Jean). 

22 

Chrétien. 

4 

Cl'amageran  (J.).    11, 

22 

Clavel. 

14 

Coignet  (C). 

7 

Collas  (L.). 

24 

Cobenet. 

9 

Combes  (L.). 

24 

Compayré.          5,  9, 

10 

Comte  (Aug.). 

5 

Conta. 

15 

Cooke. 

13 

Coquerel  (Ch.). 

15 

Coquerelfils(Ath.).  6 

,15 

Corbon.                   14. 

24 

Corlieu. 

22 

Cormenin  (de). 

15 

Cornewal  Lewis.    10 

15 

Cortambert  (Louis). 

15 

Créhange. 

11 

Cristal. 

24 

Cruveilhier. 

24 

Daendliker. 

11 

Damiron. 

3 

Daru. 

21 

Danicourt. 

15 

Darwin. 

5 

Dauriac. 

15 

Davy. 

15 

Deberle  (Alf.). 

11 

Debibour. 

10 

Delaunay.                23, 

25 

Pelbœuf. 

15 

Deleuze. 

15 

Delondre  (Aug.). 

4 

Delord  (Taxile).    10, 

12 

Delsol. 

21 

Descartes. 

2 

Desmarest. 

15 

Despois  (Eug.).        11 

,24 

Destrem  (J.). 

15 

Dixon  (H.). 

11 

Dollfus(Ch.). 

15 

Doneaud  (Alfred) . 

25 

Dosquet  (Mlle). 

10 

Draper. 

13 

Dreyfus. 

10 

Dubost  (Antonin). 

15 

Dufav. 

15 

Dugald  Stewart.  3 

Dumont(L.).4,  7,  13,  15 
Du  Potet.  15 

Dupuy  (Paul).  15 


AUTEUHS 

Duval-Jouve. 
Duvergier  de 

Duvergier   de 

(Al"'"  E.). 
Eliphas  Lévi. 
Enfantin. 
Epicurc. 
Espiuas.  îi 

Evans  (John). 
Evellin. 

Fabre  (Joseph). 
Fagniez. 
Faivre(E.). 
Fau. 

Fauconnier. 
Favre  (Jules). 
Ferbus  (N.). 
Fenière(E.), 
Ferri. 

Ferron  (de). 
Fiaux. 
Fichte. 
Flint. 
Foncin. 
Fontanès. 
De  Fontblanque. 
Fonvielle  (W.  de) 


16 

Hauranne 

11 

Hauranne 

22 

15,  16 

23,  24 

2 

,  7,  8,9 

16 

16 

2,  16 

30 

7 

16 

16 

11 

16 

5,16,  25 

5,  16 

16 

22 

3 

5,  9 

16 

4,7 

10 

7 


Fouchcr  (de  Careil).  2, 16 


Fouillée. 
Fox  (W.-J.). 

Franck. 

Frédériq. 

Fribourg. 

Fuchs. 

Gaffarel. 

Garnier  (Ad.). 


2,  9,  16 

16 

3,  6 

16 

23 

13 

10,  25 

6 


Gastineau.       16,  23,  24 
Gauckler.  7 

Geikie.  24,  25 

Gerschel.  8 

Gérard  (Jules).         3,  16 
Germond.  9 

Gigot  (Albert).  10 

Girard  de  Bialle.  25 

Gladstone.  10 

Gouet  (Amédée).  16 

Griinblot.  3 

Grote.  7 

Guéroult  (G.).  4,5 

Guichard  (V.).  16 

Guillaume  (deMoissey)  16 
Guyau.  2,  5,  9 

Haeckel.  4,  7 

Hamilton  (W.).  3 

Hartmann(E.de).4,5,7,9 
Hartmann.  13 

Hegel.  2,  3,4 

Helmholtz.  13 

Herbert   Spencer.    5 ,   7 
8,  12,  13,  25 
Herzen  (Al.).       5,  7,  16 
Hillebrand  (K.).  10 

Humbold  (G.  de).  4 

Hume.  5 

Husson.  3 

Huxley.        5,  9,  13,  25 
Issaurat.  16 


—  32 


Lange. 
Langlois. 


iourdan  (G.).  24 

Jozon.  17 

Kant.  2,  3 

Laborde.  17 
La  Borderie  (de).         21 

Lachelier.  17 

Lacombe.  17 

Lallié.  21 
4 
17 

La  Sicotière  (de).  21 
Laugel(Aug.).  6,8,10,11 

Laussedat.  17 

Laveleye(E.de).  7,9,17 
Lavergne  (Bernard).     17 

Le  Berquier.  17 

Leblais.  6 

Ledru.  17 

Ledru  Bollin.  17 

Leibniz.  2,  3 

Lemer.  17 

Lemoine  (A.).  4,  6 

Leneveux  (H.).  24,  25 

Leopardi.  7 

Lessing.  4 

Létourneau.  7 

Levallois  (J.).  7 

Lévêque  (Ch.).  C 

Lévi  (Eliphas).  i  5 

Lévy  (Albert).  25 

Liard.  5,  7,  9 

Littré.  17,  23 

Lock  (Fréd.).  24,  25 

Locke  (J.).  2,7 

Lotze  (H.).  4,  7 

Lourdau.  22 
Lubbock  (sir  John).        17 

Luys.  13 

Magy.  17 

Maine  de  Biran.  3 

Malebranche.  2 

Marais.  23 

Marc-Aurèle.  2 

Marey.  12 

Margall  (Pi  y.).  7 

Margollé.  24,  25 

Mariano.  5,  7 

Marion  (Henri).  2,  7 

Maudsley.  12 

Max  Muller.  7,  22 

Mazzini.  22 

Menière.  17 

Mervoyer.  14 

Mesmer.  17 

Meunier  (V.).  11,24 

Michaut  (N.).  M 

Milsand.        5,  6,  17,  18 

Miron.  18 

Molescholt.  4,  7 

Monod  (Gabriel).  30 

Montégut.  11 

Morand.  24 

Morin  (Fr.).  18,  24 

Muller  (Max).  7 


Munaret.  18 

Naquet  (Alfred).  22 

Naville  (E.).  9 

Nicolas.  3 

Noël  (E.).  22,  24 

Nolen  (D.).  2,  3,  9,  18 
Nourrisson.  2,  18 

'Oger.  18 

Ollé-Laprune.  2,  18 

OU   (A.).  24 

Paris  (comte  de).  18 
Paris  (le  colonel).  22 
Paulhan.  25 

Peisse  (Louis).       3,  5,  8 
Pelletan  (Eug.).   18,  22, 
24 
Penjon.  3,  4,   18 

Perez  (Bernard).  18 

Perrier.  i  3 

Perrot.  21 

Petroz  (P.).  18 

Pettigrew.  12 

Pichat  (L.).  24 

Platon.  2 

Poey  (André).  18 

Poullet.  18 

Pressensé  (de).  15 

Puissant  (Ad.).  18 

Quatrefages(de).  5,  8,13 
Quinet  (Edgar).  23 

Bainneville  (de).  21 

Bambert.  18 

Raymond  (E.).  24 

Régamey.  18 

Kegnault  (Elias).  10 

Rémusat  (Ch.  de).  6 

Rességuier  (de).  21 

Réville  (A.).  7,  11 

Reymond  (William).  18 
Reynald  (H;).  10,  11 
Ribert  (Léonce).  22 

Ribot  (Th.)  4,  5,   7,  8, 
9,  18,  30 
Richard  (Ch.).  24 

Richet  (Ch.).  26 

Richter  (J.-P.).  4 

Ritter.  2,  9 

Robert  (Edmond).  22 
Robert  (P.).  19 

Roberty  (de).  13 

Rochau  (de).  10 

Rolland  (Ch.).  24 

Rood.  13 

Rosenthal.  13 

Ruskin  (John).  5 

Rustow.  10 

Saigey  (Km.).  2,  7,  8 
Janct(Paul).  2,4,6,8, 16 
Joly.  13  I 

Joyau.  17  ' 

Saint-Marc  Girardin.  21 
Saint-Robert  Me).  12 
Saint-Simon.  6 

Saisset  (Em.).  6 


Saporta  (de).  13 

Saletta.  18 

Sanson.  24 

Sayous  (Ed.).  11 

Schelling.  3 
Schmidt(Osc.).4,5,7,12 

Schœbel.  6 
Schopenhauer.      4,  7,  9 

Schutzenberger.  13 
Secchi(leP.).        13,  25 

Secrétan.  18 

Selden  (Camille).  7 

Siciliani.  5,  7 

Siegfried  (Jules).  18 

Sièrebois.  18 

Smee  (Alf.).  19 

Socrate.  2 

Sorel  (Albert).  19 

Soury  (J.).  4 

Spinoza.  2,  6 

Stahl.  4 

Stanley  Jevons.  13,25 

Strauss.  4 
Stuart  Mill.  3,4,6,7,8,22 

Sugny  (de).  21 

Sully'.  5 

Sybel  (H.  de).  10 

Tackeray.  10 
Taine  (H.).    4,  5,  6,  11 

Ténot.  19 

Teste  (L.).  11 

Thulié.  19 

Thurston.  13 

Tiberghien.  19 

Timon.  15 

Tissandier.  6,  19 
Tissot.                2,   3,  19 

Turck.  24 

Tyndall  (J.).  12 
Vacherot.        2,  7,  9, 19 

Valmont  (V.).  22 

Van  der  Rest.  2,  19 
Véra.               3,4,6,19 

Véron  (Eug.).  10 

Villiaumé.  19 

Vogel.  13 

Vogeli.  8 

Voituron.  19 

Voltaire.  2 

Weber.  19 

Withney.  13 

Wolf.  25 

Wurtz.  13 

Wyrouboff.  5,  17 


Yung. 


19,  26 


Zaborowski.  25 

Zevort.  19,  25 

Zinirnermann.  19 

Zurcher.  24,  25 

PB-32980-SB 
5-17T 


I"« 


Appareil  Coste,  pour  l'incubation  artificielle. 


Paris.  —  Typ.  G.  Chamerot,  19,  rue  des  Saints-Pères.  —  10182. 


Date  Due