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Full text of "Lettres écrites de la montagne"

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I 



Ç.o. 



OXFORD UNIVERSITY 



ST. GILES', OXFORD 0X1 3NA 



V 



5? 



LETTRES 

lÉCRITESDELA * 

MONTAGNE. 
fAR y. y. ROUSSEAU, 

SECONDE PARTIE, 



A AMSTERDAM^ 

Chez MARC MICHEL R E Y, 

M D C C L X I V, 



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LETTRES 



Écrite sDE la 



MONTAGNE; 

I 

SECONDE PARTIE. 

SEPTIEME LETTRE^ 

Vx)us m'aurez trouvé diffus ^ Monlieur; mai$ 
il jfaUdic rêcre , & les fujecs que j'avoîs à trai« 
ta: ne fe difcutenc pas par des épigrammes» 
D'ailleurs ces fujecs m'éloignoienc moins qu'il 
ne femble de celui qui Vous intérefTe; En pabr- 
lant de moi je penfois à vous ; & votre quef> 
tioil tendit fi bien à la mienne, que l'une e(l 
déjà réiiâue avec l'autre , il ne me refte quâ 
la conféquence à tirer. Far tout où l'innocen*: 
ce tfeft pas en IQreté, rien n'y petit être: par 
Van'it IL A 



2, SEPTIEME 

* . — ... 

êout où les Loîx font violées impunément, 
il n'y, a plus de liberté. 

Cependant comme on peut féparet l'intérêt 
d'un particulier de celui du public, ^os idées 
iirr ce point font encore incertaine^ î vous 
perfifkz à vouloir que je vous aide à les fixer. 
Vous demandez guel eft l'état préfent de vo- 
tre République , & ce que doivent faire fes 
Citoyens ? H eft plus aifé de répondre à la pre* 
jtîlierc ^^eftioiî qu'-à * Tàutre. ^ 

. Cette preniiere qîieftîon vous embarrâffe fû» 
tement înoins pîu: elle-niênae que par les folu* 
tîôns contradiéloires qu'on lui donne autour de 
vau». Des GeJw â^ très bcm fëns vius dife'nt ; 
nous fonunes le plus litige de tous les peuples ^ 
& d'autres Gens de très bon fens vous difent ; 

• » 

nous vivons fous le plus dur efdavagjs. Les- 
quels ont raifon^ me demandez- vous ? Tous^' 
McmGeur ; mais à dîQ^rèns ifg^ds : yne ë£^j 



LETTRE. .4 

tÎDélion très fknpie les coQcilîe. Rien n'efl 
plas libre que votre état 14gîflline ; rien fl*ç/l 
plus lèrvile que votre état aftuel. 

Vos loix ne tiennent leur autcirit-é que de 
vojus ; vous ne reconnoiffez que c^llei que vous 
faites ; vous ne payez que les droits que vous 
impofez \ vous éli&z 4es Chefs qui vous goq* 
vernent; ils n'ont droit de vous juger que pii;r 
des formes prefcrites. En Confeil général vous 
êtes Légifl^eùrs , Souverains , indépendans 
de toute poiilknce humaine; vous rati&ez lei^^ 
traités» vous décidez de la paix & de la guer« 
ce 9 vos Magiftrats eux - ternes vous traitent 
jàe Magnifiqties^ très honorés (^ fouverains Sep- 
gneurs. Voila votre liberté : voici votre fer- 
vîtude. 

Le corps chargé de Texécution de vos Loix 
en efl: l'interprète & l'arbitre fuprême ; il lep 
fait parler comme il lui plait; il peut les ùm 

A z 



4 SEPTIÈME 

taîre ; îl peut même les violer fens que vous 
puiffiez y mettre ordre ; il efl aa deflus dés 
Loir. 

Les C3ief$ que vous élîfez ont , indépendam- 
ment de votiEp choix, d'autres pouvoirs qu'ils 
ne tiennent pas de vous , & qu'ils étendent aux 
dépends de ceux qu'ils en tiennent. Limités 
dans Vos éledlioiis à uîi petit nombre d'hom- 
mes , tous dans les mêmes principes & tous 
animés du même intérêt , vous faites avec un 
grand appareil un choix de peu d'importance. 
Ce qui împorteroit dans cette affaire fèroit de 
pouvoir fejetter tous ceux entre lelquels oii 
vous force de choifif. Dans une éleftion libre 
en apparence vous êtes fi gênés de toutes parts 
que vous ne pouvez pas même élire un pre- 
mier Syndic ni hn Syndic de la Garde : le 
Chef de la République & le Commandant de 
là Place ne font pas à votre choix* 



t E T T R E. s 

Si rpn n'a pas le droit de mettre fur vous 
4e nouveajuic itnp^s, vous n'avez pa3 celui de 
lejetter les vieux. Les fijQajîccs de l'Etat; font 
fur un tel pied que fans votre concours elles 
peuv^m: J(u£re 9 touc^ Oq a'^ donc jamais 
befoin é^ vovu n}énager 4a|is cette vue , & 
vos droits à cet égaxd f^ réduifent à. être ex,- 
CA^pts en partie ôc à a'étre ^mai? nçceil^ires^ 

Les procédures qu'oiji doit fijivre en vous ju,- 
geanc fOTic prefcrites; mais quand le Confeil 
veut ne les pas fuivre perfonne ne peut l'y coor 
traindre,. m l'obligei; k.Vjé^^JtT les irrégularités 
qu'il cQpimet^^ L^-deiTus Je fuis qualifié pour 
fajre preuve,, & vous favez fi- je fuîsle fcuj. , 

En Confeil gépéral votre Souveraînç puif- 
fance eft enchaînée ; vous ne pouvez, agir 
que quand il plait à vo^ Magidrats , ni par- 
ler que quand ils vous interrçgeut. S'ils vqu- 
Ignt mêjne . ne point afTembler de Confoil. gér 

' A3 



a SÈPtÎEME 

néral , votre aiftorité votre sexîflfeâcô eft anéan- 
tie, fans que vous puîffiez leur bppofer que 
de vains murmures qu'ils font en poflèflioii 
de méprîfer.- • - : ^ 

Enfin fi vous êtes Souverains Seîgnewrs dans 
î'àflèrablée , en fortànt de • là vous n'êtes plus 
ïien. Quatre îieures par an SoùverSîÉs fobof- 
donnés, vous êtes fujets le r^fle de la vie 
& livrés fans icferve à la'difcrétîon d'àutruî. 

Il vous efl: arrivé, Meffieurs, ce qu'il arri- 
vé à tous lés ,G6uvémeniëns leùibîâbles au 
Vôtre. D'abord la pmflance Ilég}(Mive & la 
puîflance executive qui confctuent h fouve- 
raineté n'en font pas dHîtinéles. Le Peuplé Sou- 
verainveut par lùî-iriême, &*pàr luî-fnêmeil 
îait ce qu'il veiit. Kdhtôt FîncomiÊJioâîêé 3è ce 
"Concours de toiis à 'toute chofe force fe* Peuple 
"Souverain de charger quelques *tofli de les 
iHaembres -d'exééuter fes volonté ^ Ces^ Qffi*- 



; L, E T T R E» ; .-j 

.Qersjaprèf avoir rçn^li kvr cotnmîQIon en 

^ GgaHté. Pw>à-pea,ce$ cQPitiiiifi])^ d^- 

fenfiblemenc il fe forme un corps 9^i.^gi^|Qi^ 
jours. Ut> corps qui agit t^opjeur^ ae peut 

p^s œi«pfifj|q«/B des îxriftBiBWî Niajf^t fl 
vient «^.iJQsf ste.fl':en.jr§pç|çp.4>Mçua, JJ-jud;!» 

la.puiffjnc? q^ y^ut. JU-;rc4oçté •<i>ief..T«| 
ceofée $tce :^(|i celle d'^owjd^hMij a^ ]^ 
que l'afilït d^kf .n?. di&qjife jp^d^r a^ur* 
d'hoi.. . J&Bfift •riqaâàoi; de.,ia:.|>^î|&jicef;qeî 

il :;0e i«|b; ^ Jafti l'À^^t, ^'iiS!DlWi%6^ 

A 4 



• » •» « •• r 



8 SEPTIEME 

i. • ■ ; 

\ 

«giflante, c'efl Pexécutîve. La puîiTance exé-; 
çûtîve n'cft que la force, &. où règne la feur 
k force l'Etat eft diiljut. -Voilà, Monfieur;, 
çommeBt périffent à la fîfi tou^, les Etats dé- 
çiocratiquei, . .... 

Parcourez .le3' annales du vôtf e , àej^k le, 

tems pu \w Syndkè,- CnEipIes procureurs étar 

iblîs par fa. (Zémmtmité pour vaquer à telle ou 

telle affaire j-^toî readçîçnt' compte de leur Goth- 

^hiSièn le chapeau bas , & rentroieftf à 4^1n(lant: 

dans Tordre des particuliers , jurqù*à celui où 

. ces mêmes Syndics, dédaignant les droits de 

Clle& & de Jugés qu'ils çîennént de leur éleo 

tîon , leur préfèrent le pouvoir arbitraire d'un 

_. ■ * 

corps dont. la Communauté n'élit point lef 
membres, &• qùiVétàblit àfi defllis d'elle con^ 
4Sre les Loîx: fiiJvèz îes progrès qâîfépareot ces 
4eu3c termes , vous eonnjoitreâ: à ^el pokït 

VQUs enj êtes 6t par quels* dégrés, vous y êtes. 

» ■ ■> ' 

iparyenus* 



\ 



L E T T R E. • 

- Il y a deax-fiécles qu'un Pdhique aurait pn 
prévoir ce* qui vous arrive. Il ayroit dit ; . Ylrir 
ftiwion que vous formez eft borne pour te 
préfent , & mauvàift pour l^tenir ; fcUe eflr 
boâne pocn:.. ëcablm là tibêPt^ pubUquç , mau^ 
vaîfe pour la conferver , & ce qui fait mainte» 
naint vôtre fûrecé feà (fans- peu la matière de 
Vos chàinés; des trois co]ips.-qai ^i^eatrônc teK 
ieniénC' l^ft isitë l^^réT, qm^ii ftioincke c^ 

pend ra££ttité<fii-]^us:gFatïâifb!)i>*^équlSbm 
tant que Pà^ion au plus^airtd eft nécéflFaire Si 
que la Légi]Qation n^^ peut fâ 'padlîr::dû'Légi& 
k(teuf« ' Màië-quAld ntïè Mû- T^^bliflêmend 
fera fàîi>9 le corps qui Ta fioràié manquant de- 
pouvoir poér le nmnteûiri il îaudra''4uil tomu* 
Be en miiiè, & ce feront vo$ LoiJt tnêmes qsi 

« 

cauferonc votre deftrudlîon. Voila prëci(ë^' 
sient de qoi^ vous éfl: arrivé«> C'efb , faoT la 
dU^ro{)^oa) la clwtei du Gou\9ei^ Po^ 

A 5 



io s E P T J 2 M E 

lonoîs par rextréofûté contraire. La conftku- 
ticm de la République de Polqgne . n'efl boilae 
que pour un Gouvernement où il n y a p]u3 
rien à fajre. La vôtre, au contraire^ n'eft 
boone Qu'autiant oue le Cotds lésiilatif aak 



I' f 



toujours. ^ 

' Vos: M^jftrats ont trav^llé f de • tous* -lef 
tems & jGmi5 irelâche à faîre-pgfferle pouv;OÙ^ 
iiiprême du Conkil g^£^l «u pq(k Goofeil 
par ti gr.a<&tii9n: du Deux-Ceq^i :tQ^h leurs ef^ 
fewres caiirètt fl^^irife|S:dîf?rfeiifti; félon. la œa- 
wêre. dont-îîïirtfy^ font; pris.: rP^ffi^i ïputes 
leurs éntr6ptîfes;:d!éd{it ont QcfaiaQé , .pai;o9 
qa'2doES,iktW*:^FQûy^;de laMiftasçe^;^ §^ 
dans uii £|at t^ que le vôtre > •te.^éfjftjgfif^ 
publique eft ' tduj<^r$ j fûre ^ iquaGid. file eQ; 

:. La. raifoa de ceci eft 6^«teiifeiLtDws ^B»t 
Ssat^Hi Loi: paria où p^rJéslelSpwëais^ Qçi 



LETTRE; 

dans une Démoccade où le Peuple eft Souve^ 
rain , quand les dîvifiont întedmes £irpcndenc 
toutes 4es foitu^ & font taire to^ces les àa- 
torités^ la fienne feule demeure, & où fe por»- 
te alors le plus grand nombre , là réfide la Loi 
& rautorité* ^ 

Que fi les Citoyens & Bourgeois réunis ns 
fbnt pas le ^ouv^rotti , les Confals fiins ied Ci^ 
toyens & $($urgeoi9 le font ^Ibeancoûp moins 
encote , puifljulU 'H'^n- font qtie^'i la moindre 
|]fàrtieenqcântite.*'lSitôt qu'i] s 'aigji de f auto^ 
tité fuprême,-teut' r4^â?5'à û^v^ àmt^égai" 
ilté, ftîfen les tettnes de J'Ëdk. 'Que tôusifiAeiù 
tomens en dégFè de^' Citoyens^ Ècurgeùis^fim 

•ïif Se^neurie pâr->d^tis j(v au^mj 'Hors à» 
CJbijTeîl géHérâi^^ il-iâry à ^ia^dlaoire ^eu^e^ 

attaquée piûr Tes- Mkâftres-^ c'çftau hé^lïaxsm 



Il SE F- T I E .M .E 

à la foikenÎK, Voila ce qui Ait -que. parte uè 
où regae une véritable liberté, dàôs le» enti^e<r 
prifes marqiiéea le Peuple/a piefque tbpjouri 
l'avantago. ' , . * '.. i? • • . ' .. 

." Maî& de n'èfl; pas par Jxfcsr ewtreprîfç^: iïiajr* 
quées que vos Magiftrats ont amène- les. chofe? 
w point oà elks ToQt ; c'dk .paat dés efforts 
•modérés :&' continus , .pfc-.tfcA chaogeiiiçïfl 
çrefquerànfenûbles doni: vm» ne /]pouviez prêt 
voir Ha conféquencè , & ^ti'à*p§iJiq<inême pp% 
vîezi^vojis rc^âr^ùe?. Il n'e,fl: "p^^ poQîbte a# 
Peuple de fe tenir fana cefle en,gar4e cpntre 
tout ce qui fè f^t,; A cette ¥Îgîl^nc.e.^ui toMTr 
neroît ïB^e k rieproche. ,0n Taccuferoit d'êr 
tm înqufet- & reihuanç , toujours prêt à S'âliar- 
lùer fordes.rieM. M4s'de.c€s>.rîens-là fîir. kÇ 
qpels on fc^xt^M Confeii fait avec 1e:tçmi 
faire quelque chofe Ce%i fè.lpiage *aufillft» 
ineitt ibiij vos' yeux eu eft la pr^uye, 



1 E T T R Eii là 

Toute Fautorité de la RépubHÇbe irëficfe 
tians les Syndics qui font élus dans le Confeil 
général. Ils y prêtent ferment parce qu'il e/l 
leur feul Supérkor , & ils ne le prêtent que diuls 
ce Confeil , parce que c'efl; à lui feul qu'ils doi- 
vent compte de -leur conduite , de leur fidélité 
à remplir le ferment qu'ils y ont fait. Ils jil- 
tant de rendre bonne & droite juftice :; ib 
font les fèul& Magiffarats. qui jure&t cela datis 
Éette aiFemblée , parce ^'ils fùnt les fedis 
à qui . ce droit . foie conféré par le Souve- 
rain (a) y & qui l'exercent fous fa feule aui- 



I •» 



(û) Il n'ef! conféré â leur Lieutenant qu'en fous- 
brdre, & c'fefl: pour cela qu'il ne ^rétè point fer- 
ment en Confeil général. Mais , dit TAuteur des 
Lettres , le ferment que prêtent les membres du CorU 
Jeil eji'il moins obHgêtoire , (f VtréeuHên des engage^ 
mens tontroBés avec la divinité mime défend - elle du 
lieu dans lequel m lès contra&e ? Non ^ fans doute »y 
mais s'enfuit-il qu'il foit indifférent dans quels lieux 
& dans quelles mains le ferment foit prêté , & ce 
choix ne marque- 1- il pas ou par qui l'autorité cft 
conférée, ou à qui l'on doit compte de Tufage qu'on 



Ï4. S £ P T 1 E M E 

\ 

torieé. Date lé jugomeiit pûI^Jic des crîâlinelf 
ils jurent oocbie £eais devant Je Peui^e , oa 
fe levant (h) & haufTant letirs i)âtons/d'âft;^r 
J^ah droit jugetnent , fans bam fd favmt^ 
prianù Dieu de les punir s'ils ont fait au con- 
traire ; & jadia les fentences crîmindles fe 
jrendoient en leur nom feul^ ians qu'iUiit fait 
mention d'autre Confeil. qac de celui des Ci- 
toyens^ coamie on le vent par la fentence de 
McîreUi cî'ddvaik: tranfcrice, & par celle de 
Valentin Gentil rapportée dans ks opufcules 
de CaMn.' 

Or vous fentez bien que cette puîflànce ex- 
clufive y aînfî re$i» inuoédiatement du Feu- 
pie, gêne beaucoup les prétentions du Con- 

«n fait? A queh hommes d'Etat avons-nous à faire 
$'il faut Iciir dire ces chofes^îà? Les ignorent -ils, 
oa s'ils feignent de les ignorer? 

(h) Le Cônfeil eft préfcnt auffî , mais fes mem- 
bres ne jurent point & demeurent ai&s. 



;L E T T R JE.: î$: 

fcil. Il eft doûc îiaturel qae pour fe délivrer 
de. cette dépendance il tâche d'afioiblir peu-à^ 
pea l'autômé' des Syndics ^ de fi3ndre d«ns ta 
Confcil la jurifdi£lion qu'ils ont .reçue, & de 
tranfmectjfe in&nfibleitient à ce corps p^nsi- 
nent , dont le Peuple n'élit point les mem« 
bres , le pouvoir grand mais pajBager des Ma- 
gairats qu'il élît. Les Syndics eux-mêmes i 
loin de s'oppofer à ce changement doivent 
auffi le favorifer ; parce qu'ils font Syndic* 
feulement tous tes quatre ans , â: qu'ils peu* 
vent même ne pas l'être ; au lieu que , quoi 
^'îl arrive , ils font ConfeiDers toute leur vie, 
ie Grabeau n'étant plus qu'un vain cérémo«> 

# 






(<r) Dans la première Inftitutîon, les quatre Syn- 
dics nouvellement élus & les quatre anciens Syndics 
rejettoienc tous les ans huit membres des feize ref- 
tans du petit Confeîl & en propofoient huit nou- 
veaux, lefquels paiïbient enfuite aux fuiFrages des 



itï s E ï> "r I E M E 

Cela gagné, réleflion des Syndics devien- 
dra de même une cérémome tout auflî vaî^ 
ne que Tefl: déjà la tenue des Confeils géné^ 

raux^ 



( 



■ C l ' ' ' ■ I 



> 



i^^. 



Deux-Cens, i^our être adinîs ou rejettes. Mais in- 
fenûblement on ne rcjetta des vieux Confeillers que 
ceux dont la conduite aVoit donné prife au blâme, 
& lorfqu'ils avoiettt commis quelque faute grave, oa 
n'attendoît pas les élevions pour Jes piinir; mais 
on Ibs mettblt d*abord eii prîroi\ , St on leur faifoit 
leur procès comme au dernier particulier. , Par cet- 
te règle d*anticiper le châtiment & de le rendre 
ftvere, les Confeillers reftés étant tous irréprocha* 
ties ne'donnoient aucune prife à l'exclufion : ce 
qui changea cet ufage en la formalité cérémonièufd 
& vaine qui porte aujourd'hui le nom de Grabe^u. 
Admirable effet des Gouvernemens libres, oii les u- 
furpations .mêmes ne. peuvent s'établir qu'à l'appui 

de la vertu ! 

Au refte le droit réciproque des deux Cônfeîîi 
cmpêcheroit feul aucun des deux d'ofer s*en fervir 
fur l'autre linon de confcrt avec lui , de peur de 
i^expofçr aux répréfaillés. Le Gràbeau h^fert pro- 
pfemèntqu'à les tenir bien unis contre la bourgeoi- 
se , & à faire fauter l'un par l'autre les membre^ 
/ qui p'aur oient pas refprit du corps. 



L K T T2R E. i? 

Taiûc, & te pecic ConfHl verra fort palfible* 
ment les exclafions ou préférences que le 
Peuple peut dominer pour le Syndicat à iet 
membres 9 lorlque tout cela ne déddefa plus 
de rien. 

Il a d'abord pour parvenir à cette fin uni 
^nd moyen dont le Peuple ne peut connoî« 
cre : c^efl: la police intérieure du Cônfeil ^ 
dont , quoique réglée par les Edits , il peut 
diriger la forme à fon gré (d)^ n'ayant aucun 
furveillant qui l'en empêche ; car quant au 
Procureur général ^ on doit en ceci le comp- 
ter pour rien (f). Mais cela ne fuffit pas 



(J) Ceft aînfi que dès Tannée tôss le petit Con- 
feîl & le Deux -Cent établirent dans leurs Corps U 
balote & les billets» contre r£dit. 
• (t) Le Procureur général /établi pour être l'honv» 
fne de la Loi , n*eft* que rhomme du Confeil. Deux 
çaufes font prefque toujours exercer cette charge 
contre l'efprit de Ton inftitution. L'une ^(l le vice 
de riuftitution même qui fait de cette Magiftratttxt 

. Fartîe IL B 



^« S/E P T I J5 B M E 

«toCare } 3 faut aecôutumet le Peupte même 
à: ce craoiport de jurîfdiâion. Four cela oi 
§xù cozmnence pfts par ériger dans d'impor* 
lames *<a&kes des Tribunaux coippoiës de 
feuls Confêillersi mais on en érige. d'âbocd 
^ç nipins remarquables Tur des objets peu in- 
xéreiTws. On fait: ordinairement préûder cet 
^ïributiaux' par un Syndic àuquel'ori fabftitue 



t- ' > I ♦ 



tin degré pour parvenir au Confeil : au lieu qu'un 
frrociiteur général né devôlt rîën voir au deffus dé 
fa pl^ce &^utîl devoit lui §tr.e interdit par la Loi 
d'afpirer à nulle autre, La féconde caufe eft Tini- 
•^miteace du Pcufiïe Jqui confia cette chargâ à dèà 
hommes apparentés^ dans Je Confeil , ou qui font de 
familles en polTcffi'ôn "dV entrfer , Tans cTônlîdériei 
qu'ils ne manqueront pas ainfi d'employer contre lui 
Jjes' armes qu'il leur-4^«jnepoui fa (jéfenÇe*. J*aiout 
jtîes Genevois difîirtguer. l'homîûe du petij)!^ d'avec 
rhomme de la Loi , comme fi ce n'étoiCipçs }a m^ 
jEue chofe; Les Pi'ocureurs généraux devroient étrtf 
^durant leurs fix ans les Chefs de la B^urgeiorie , ^ 
f^îevenir fon confeil après cela: mais ne la voila-t-iJ[ 
'pas bien .protégée ,& bien conféillée, An'û-t-eU^ 
4«âs fort à. f^ félîeltcr.de fon..€boix? • . .j 



^iquefois QJQ ancien Syfadic , puis uta .Cçn*- 
Ifeiller, fans^que perfoiDDè y fâfle attention; o^ 
tiepecte fatts bruit cette, manœavre jufqa'à ce^ 
qu'elle fafle ufage; oh la tnnfpôrce au crinDi* 
neL Dans une occafion ^s «in^itànte^ on é^' 
Hge un Tribunal pôw juger des Citoyens. At 
la faveur de la Loi des xécuiations on ùk^ 
j^réfider ce Tribunal par un OonTeiQ^* Abr» 
le Peuple ouvre les yeux & murmure. On lui 
£t) dequQÎ vdus plaignez-vous? Voyez les 
«temples; nous n'innovons riea 
• Voila, Monfieur, la politique de Vctt Mi«> 
giitiats, ik font leurs innovations peukà-peu^ 
lentement ^ fans que peribnne en voye la con« 
fiquence*; & 4^and enfin Ton s'en ipper^oic 
^ qu'on y veut porter remède ^ ils arienc 
^'oA veiit mnoyer; 

i Et iroyez, en effets ans fortîr de cet eienf- 
^pte , œ qp'ili ont dit à cette t)ccafîon; Va 

Bi 



flo SEPTIEME 

s'appuyoient fur la Loi des récafations : on 
, leur répond; la Loi fondamentale de TEtac 
veut que lès Gcoyens ne foîent jugés que par 
leurs Syndic$. Dans la concurrence de ces 
cteux Lois celle « ci doit exclure Fautre ; en 
pareil cas pour les oblèrver toutes deux on 
devroit plutôt «éljie un Syhdic^â(â^/ffc A ce 
)not% tout eu, perdu ! Un Syndic ad aStum ï 
innovation! Pour moi, je ne vois rien là de (i 
nouveau qu'as dirent; fi c'efl le mot ,. oh $'q> 
fert tous les ans aux éleéUons; & fi c'efl la 
dîofe, elfe efl encc^re moins nouvelle; pùif- 
que les premiers Syndics qu'^^t eu la Vîlte. 
n^ont été Syndics ^a'ad aSlumi Lorique lé 
Procureur général ^ reàafable ,: n'en faut - 3 
^as .un autre ad aStum.'pour faire fés fondions; 
& les adjoints tirés du Deux -Cent pour ren> 
-plîr les Tribunaux , que font -ils autre cfaofe 
•que des Confeillers ad aStum ? Quand un noii; 



LETTRE. 21 

vel abus s'introduit ce n'efl: point innoyer que 
d'y propofer an nouveau remède ; au contrai-^ 
re, c eft chercher à rétablir les chofes fur Tan-^ 
cien pied. Mais ces Meffieurs n'aiment point 
qu'on fouille ainfi daps les antiquités de leur 
Ville : Ce n'efl que dans celles de Carthage & 
de Rome qu'ils permettent de cheicher Tex* 
. plîcation de vos JLoix. 

Je n'entreprendrai point le parallèle de cel* 
les de leurs entreprifês qui ont manqué & dé 
celles qui ont réuffi : quand il y auroit com^ 
penfation dans le nombre ^ il n'y en auroit 
point dans l'effet total. Dans une entreprife 
exécutée ils. gagnent des forces;. dans une en^ 
treprife manquée ils ne perdent que dii temà 
V0US9 au contraire , qui ne cherchez & ne 
pouvez chercher qu'à maint^iir votre confli<^ 
tuiion , quand vous perdez , vos pertes fbnti 
xéelles,. & quand vous gagnez , vous m 

r B3 



/ 



^? s ;E P T I E M E 

r 

gagnez rien. Dans un progrès de cette cA 
pece cornnpenç efpérer de relier s^ m^rne^ 
point ? 

«r 

De toutes lè^ époqiies qu'o£e à médite^ 
rhiftoire inftn^vç de yojtre Gouvernaient ^^ 
h plus lemar^^k pj^ fk çaufe ôf. la plus im« 
portante par %i.çffeC| eft, celle q[ui a produis 
k règlement dç la^ Médiation, Ce qu\ donna 
|bi primttiyement à ostte célèbre époque fut 
i^e entreprife indifaete, &ite hors de tems 
1^ voçi Magiftrats. Avant d'avoir ai^z , afFer*^ 
soÀ Jeur puiflà^ace ils voulurent ufurper le droio 
^ mettre de$ impôts. Aa lieu de réferver cev 
çpup pouc le derniei: Tayidité le leur fit por-:» 
ter avswç ks autres, & précifânent après une: 
^ompiotîon qui n'étoit pas bien afibiçie. Cet« 
te faute en atdri). de plus graadesy difficiles k, 
séparer. Ço9miq;iit de fi fins politiques igno«j 
IQÎeiK-9s une mvdrqp auflS fimple. que ^dtei 



c ^ 



' t ET "t R Ë. if 

fuMIs dioquerent ea cette occafion ? Par tour 
pays le. peuple ne s'apperçoît qu'on attente k 
fe liberté que lorlqu*on attente à fa bôurfe;' 
ce qu*au{n les ufurpajteo» adroits (ê gardent* 
bien de faire que tfmt le refte ne. foît fait.* 
Vs voulurent rçnverfet cet ordre & s'en ttouv 
yerent mal ^/). Les; fuites de cette aflFaîr^ 
fcoduifirent les mouveiaens de 1734 & Faf^ 
fi^us complot qpî en iut le fruit. ^ 

^ Ce fut une jfecoodô faute pire que la pré^ 
uaiere^ Tous les avantagés du tems font pout 
eiix^ ils ie ks ôteot dao^ les entreprifes bmf« 



m T " 



(/) L'objet des îinpôts établis en 1715 étoit la 
Aépenfe des nouvelles fortifications : Le plan de cet 
Qpav^lles fortiScacion&ctoit [:umenrc & il a éfé'cxé» 
caté en partie. De fî vaftes fortifications rendoîenc 
&éce(&ire une groi]& gami/bn , & cette groife guN 
aifon avoit pour but de tenir les Citoyens & Boac^ 
geois fous le joug. On parvenoit pair c^te voye et 
îormei à leur» dépends les. fers- qu'on iqur piFé{Ht> 
toit. Le projet étoit bien lié , mais, il marchoiC 
tUj^ Wl ordre fétiogra4e. A^3i n'a-t41 fHi réuffr. i 

B 4 



:^- 



»4 SEPTIEME 

4 

quesy & mettent la machine dans le cas de 
fe remonter tout d'un coup: c*eft ce qui fail- 
lit arriver dans cette affaire. Les événemens 
qui précédèrent k Médiation leur firent per- 
.^•e un (îécle & produifîrent un autre effet 
défavorable pour eux* Ce fut. d'apprendre à 
l'Europe que cette BourgeoiQe qu'ils avoient 
voulu détruire & qu'ils peignoient comme 
une populace effrénée, {kvoit garder dans fes 
avantages la modération qu'ils ne connurent 
jamais dans les leurs. 

. Je ne dirai pas fi ce recours à la Média*^ 
tion doit être compté comme une troifieme 
faute. Cette Médiation fut ou parut offerte; 
fi cette offre fut réelle ou follîcîtée c'efl: ce 
que je ne puis ni ne veux pénétreir : je fais 
feulement que tandis que vous couriez le plus 
grand danger tout garda le filencç, & que ce 
iilence ne fut rompu que quand le danger 



y' 



LETTRE. 25 

pafla dans Taatre parti. Du refte, je veux 
d'autant moins imputer à vos Magiftrats d'a<» 
voir imploré la Médiation, qu'ofer même en 
parler eft à leurs yeux le plus grand dei 
crimes. 

Un Citoyen le plaignant d'un empriibnne* 
ment illégal injufte & deshonorant , deman* 
doit conmient il falloit s'y prendre pour re* 
courir à la garantie. Le Magiffarat auquel 9 
s'adreflbit ofa '. lui répondre que cette feule 
propofition méritoit la mort. Qr vis-à-vis da 
Souverain le crime feroit auflS g^nd & plus 
grand, peut-êtie, de la parc du Conièil q^ç 
de la part d'un fimple particulier ; & je nç 
vois pas où Ton en peut trouver un digne de 
mort dans un fécond recours, rendu légitime 
par la garantie qui fut l'effet du premier. > 

Encore un coup , je n'entreprends poin( 
de difcuter une queflion fi d^iiç^te k trajter 



r m « « r 



i& SEPT I E ME 

• * 

$ fi difficile à réfoudre. . ^entreprends (rji\ 
plemeht d'examiner, fur Fobjet qui nous ocv 

# • * 

çope, Tétat de votre Gouvernement, fixéeî*' 
âetant/par le règlement deaÇlénîpotentiaîres, 
mais dénaturé maintenait par les nouveHefft 
çmreprifes de' vos MagiftraisîJ. Je fuis obligé 
de faire un long circuit poqr aller à inoabiit; 
mais daignez me fiavre y & «ous nous fe« 
«rou'c^ons feien. ' 

Je n'ai point la téméfîté de vouloir criti- 
quer ce règlement j au conarure , f en admiré ' 
la fegeffe & Jen refpeôe Fimpartiafité. J'y . 
terois vcrâr les intentions les ^us droites & les 
ëifpofitions les pbs. judideufês. Quand on. 

fait combla de croies étoiene contre voui 

/ 
/ 

dans ce moment critique, combien vous avîeé 
de pr^ugés à vaincre , quel crédk à furm'o^ 

▼ 

1er, qne de^ox expolës à détruire; quand on 
femppdleavee-quelle confiance vos advarâj^ 



f~ 



L E: T T B, fi, :: &f 



fès ' cdmptoient tous éhuiêr paf left thainÉ 
tcTautrôî , Ton hc peut qi^&)rïar6r le 2elé là , 
çondbnce & ]ès .taleQ3 4^ vos ^enfeurs^ Té^ 
quité des PuiHkoc^ médiàuiite^& Tintégricé 

des Plénipot(2miaires qui ont conibmmé cet 

» 

puvrage de paiist, ' . . ^ 

Quoi qu'on. CR puii9fedtre, VËdîe^xte la Mft 
4^3^tion a été k faluc de la République , Si, 
quand ou ne l'enfreindra pas 3 en liera la cott^ 
fcrvatîoii. Si cet Ouvrage n'tft |>às parfait 
^ lui-même j^ il l'eft relativement ; il P^ 
quant aux tem,s aux lieux aux çirconftahces^ 

« 

U eft le meilleur qui vous put convenir fi- 
4oit voua être inviolable & facré ^ar prudent 
ce , quand il ne le feroit pas par nécefllté^ 
•& vous n*en devries^ pas 6t&r taie Ligne ^ 
quand vous feriez les maî|:res dç fanéantiii 
'Ken plus , la raifon même qui le rend. néeeP 
Aue w le i?»d aéce^k^ dajis foo «ti^ 



«8 SEPTIEME 

me toiu lei articles balancés .forment ¥éqm]i- 

* 

bre^ un feul ardde altéré le détroit. Plus le 
r^lement efl; utile , plus il feroit nuifible ainfî 
mutilé. Rien ne feroit plus dangereux que 
plufîeun articles pris féparément & détachés 
du corps qu'ils afiFermifTent. Il vaudroit mieux 
que rédifice fut rafé qu'ébranlé. Laîflez ôter 
une feule pierre de la voûte , & vous ferez 
écrafes fous fes ruines. 

Rien n'eft plus facile à fentir par Texamen 
des articles dont le Confeil fe prévaut & de 
ceux qu'il veut éluder. Souvenez- vous , Mon- 
fieur » de l'eTprit dans lequel j'entreprends cet 
examen. Loin de vous confeiller de toucher 
à r£dit de la Médiation 3 je veux vous faire 
fentir conobien il vous importe de n'y laiffer 
porter nulle atteinte. Si je parois critiquer 
piques articles, c*efl pour montrer de quel- 
le conféquence il feroit d*ôter ceux qui liv 



t L E T T R E. '^ rs^ 

I 

reftîfient. Si je parois propofer des expédîenf 
qui ne s'y rapportent pas , c'eft pour mon- 
trer la mauvaife foi de ceux qui trouvent des 
difficultés infurmontables où rîen if efl: plus 
aîfé que de' lever ces difficultés. Après cette 
explication j*etitre en matière fëns fcnipule,^' 
bi^ pérfuâdé qiie je parle à un hofmme trop 
équitable pcnir me prêter un deflêin tout am^ 
traire au mieri^ / - ; - - ; 

; Je fens Ken "que fi je m'adreffois aox é^ 
tfàngers il conviéndroît pour me faire enten- 
dre de commencer par un tableau de votre 

conllitutîon ; mais ce tableaa fe trouve déjiè 

» • • * * 
tracé fuffifattMnent jpour eux dans Tartîde Ge- 
nève de M, d'Alérabert , & un expbfô plus 
détaillé feroit fuperflu pour vous qui connoîf- 
lèz vo« Lôix politiques mieux que moi-mê- 
me, ou qui du moins en avez vu le jeu dé 
^lus. prçs. J^ me borne dcmc à parcoiurir les 



|Q S 'E f T i E t^ Ê 

^c^es. d^i jroglfmiecit. qui tiennent 'à la ijoef^ 
(ion. préfente -^ q^i peuvœt le mieux eâ. 
fournir la û^lU^>^» - 

, Dèa Içi prç^nijçr; jp volt Votre Gotiverne^ 
jneni; com^ofé/ de cinq ordres fubordonné^ 
tnsûs, indépenj^^os., c'efl-À^dire exiftans nëcefi 
fiiryiy.nt^.^Q^ ^om iie.peut donner att^eio^ 
tff a^.dro|f:rfS( s^fibuts^ d'ua^ àuûre ^ & dans 
ces cinq ordres je vois compris le, Conf^ gé« 
jiécaL. ,jDès- là;|e voit daiië chaeoâ dés cinq 
pygie,r.portio«^|Mu:tî(;^ere du Gouvernement { 
tnais je p^'yj,y5^iS:>p9ii}t la Fc^ySSinçe conditutîvs 
^ les . étaIpUth, gui les liç, & 4q laquelle ili 
4ép^ent;tQu$.f je n'y vois point le Souverain» 
Qr dans to;itf.Çtaç p^o^tique:H':faut une Puiit 
fàpp^ fHp|:^ipçj,;^.«fgntre oîjtpui Te rapporte» 
im principe., d>pp;^çpiv d^iv^i ^m Souverain 
jgui.puiiTe tQUtç ,,,. ... 
^ r Fierez -vou^;^ Moi^içuri que quelqu'uii^ 



:\ ïi • E-j n T a X, 



8? 



9foti8 fefldalii: cdmpçe i}e Ja ccmftitutlob 4^ 
r^gletpïe vous.psirle ^ulû. i» Lie Gouvo^ 
9^ nement de b Grwde Bretkgtieell cûmpoTé 
^^ de quatre Qrdr^ dont. ameim&e peut a^ 
^^ tenter aux droite ^ attributiotis^des autres ; 
i« iaypir»le Roi , la Chambre haute , la Chan» 
,, bre baflc, & lePjurlemeiit^.Ne diries^vous 
p9s kYînÙaxïti vous vous: eroisfet : il n'y t 
que trois Ordres. Le Parlement qui^ lorique lé 
Rci y fîége , fes comprend tous^ n'en t& pas 
UK.qnatriemeiili^lettout,; il eft le pomrotr 
ooiqcie & fuprêmë duquel diacun tiie £bà 
çj^iftence & fôs droitt. . Rfivéti^ de! iWoriirf 
UfgHlative ^ îj pput chai^r. tnf me ia :îLoi £om 
4<¥9ientaJe en vesln dci hqiKHe chacun de cet 
pràge^ê «KÎfte ; il ]p. peut ^ & de^ jphiti^ii Sn faiti 
• . -Çptce réponfe eft jufte ^ Tapplicatiorf en e^ 
claire , & cependant il y a-encore cette diffé* 
i-ence que. le Parlèmçnt d^Angleterre n*eft fou* 



B» 



SEP t'I E M- E 



verain qa*en vertu de' la Loi & fëaleftiede 
par attribution & députatioo. Au tieu que le 
Conreil général de Genève n'ed établi ni dé* 
puté de perfbnne; il eft fouvérain de Ton prq- 
pre chef: il efl: la Loi vivante & fondamen* 
taie qui donne vie & force à tout le refte, & 
qui ne connoit . d'autres droits que les fiens. 
Le Confeîl généi^al n'ed pas un ordre dans 
TEtat, il eft l'Etat même. 

L'Article iecond porte que les^ Syndics ne 
pourront ètxç pris que dans le Confeil des 
Vingt'icinq» Or les Syndics font dès Magîf^ 
tiâts annuels que le peuplé éfit & choifit , non 
feulement pour être fes juges , mais pour ê- 
txe fts Proteâeurs au béfoin^ contre les mem« 
bres perpétuels desConfeilSy qu'il ne choific 

pas (g). L'ef- 

Il --■■ — .. ■ ■ 

(g) En attribuant la nomination des membres du 
petit Confeil au Deux-Genc rien n*éfioit plus aifé 



' L É f t R iS. ' ^j 

* 

iJ^Sét dé cette reftrîâion dépend de la dîf- 

V 

ferencâ qîf il y i entre l'âatbtîié* "cfes membreif 
cfâ'Confeil & cale des S^hâics. Ùt à H di&' 
f&oice -■ rfèft très grande; "& qu'un- Syndic ■ 
tfdMmë j^iià foà aotOTÏtJéamiuélle' comme Syn- 
dîe que HTôir àitôrîté perpétiiéllë comme Cton- 
feiller, œtte^lcétion lurféra pibbf^ue'îndî^^^^ 
itinte; if'fera'pêa'pour'l'ôtfl^ëinr'^ ne fera neq 
jpobr la ^jmi^: ' ^d'^'M menibfds-da' 
Cdnfeif afnfaig* ah bême ttfîftit' ^kâat \^ 



" •••X 



■» j » ■ ' I i i i iii ■! ! ■ ) f i II ■ ; 



K> 



qut^ ^ojp^gnrntvattG attiibkittoai fi(lan^la Loi foui 
(damentale. Il fi^ffifoît, pour cela d'ajouter qu'on ne 
pbuKoit entrer àù'Corffc» qû*aprô* 'avaîr été- AtidK* 
tçttf. vDe ce^ç ^amexe la gf^(kcioiid6s charges é- 
toit mieux obfervée , & les trois Confeîls concou* 
râtèttt ftOxicËofS^e celui qui fait 'tout mouvoir,* çév 
qui étoit.non feulement important mai$ indirpeafa*. 
bie, potif' jnalnçcnîr ruiiîté' de la côndîf u^idn:.^ Les^ 
Genevois pourront ne pas fentir Tavamage de cettie 
ciaufe , Vu que le choix dçs Auditeurs efib.aujour- 
d'hul de peu d'effet; maïs on l'eut cdniîdiré bici^ 
diffiiremmènt quand cette charge, fut devenue la 
feule-porte du Côrifeii; 

Partie H. C 



y 



34 SEPTIEME 

mêmes maximes^ le Peuple, fur une conduite 
commune à tous ne pouvant donner d'ex-» 
dufion à peribnne^ ni chpifir que 'des Syndics.^ 
déjà Confeillers , loin de sWure^ par cette é- 

leâion des Patrons contre les attentats du Con- 

• . . _ ^ ■ ♦ 

feil ^ ne fera que donner au Confeil de iKxt- 
velles force» pour e(>primer la liberté. 

Quoique, ce même/ choix., eut Jîeu|)0!ar Tor- 
dinaire ^dans Torigine: de . Tinflimpiop ,^ tant, 
qu'il fut libre iln^ei^t pas 1^ meiçe conTéquen-» 
ce. Quand le Peuple nommok tes Gonfiâllers 
lui-même, ou^and il lesnommoit indireâe- 
ment par les Syndics c^'il avoit non^nés y il 
lûî étoît indifférent & même avantageux do 
dioifir fes Syndic», paimi des Confeillers dép 
de fon choix (i) , & il étoit fàge alors de 



Il 1 i 



(i) Le petit Confeil dans fon origine n*étoL 
c|u'un choix fait entre le Peuple, par les Syndics, 
die quelqjues Notables ou Prud - hommes pour leui 



LETTRE. 35^^ 



\ 



préférer des diefs déjà verfés dans les affai- 
res : mais , une conGdération plus impcMtànté 
eut dû l'emporter aujourd'hui fur celle - làl 
Tant il eft vrai jqu*un même ufage a des ef- 
fets (fifférens par les changemens des ufages 
qui s*y rapportent , & qu*en . cas pareil c*eft 
innover que n'innover pas! 

L'Article lH. du ^Règlement eft plus confî- 
dérable. Il traite du Confeil général légitime- 



fervîr d'AffedTeurs. Chaque Syndic en choîfiflbîc 
quatre ou iclnq dont les fondions finliToient avec tes- 
lîennes : quelquefois même il les changeoit durant 
le cours de fon Syndicat. Henrt dit VEJ])agn^t\it le 
premier Confciller à vie en 1487 , & il fut établi 
par le Confeil général, H'n'étoit pas même nécef- 
fkire d*être Citoyen pour remplir ce pofte. La 1,01 
n'en fut faite qu'à Toccafion d'un certain Michel 
Guillet de Thonon, qui, ayant été mis du Confeil 
étroit, s'en fit chaffer pour .avoir nfé de mille fi,- 
nèfles ultramontaines q^u'il apportoit de Rome où 
H 2voi;'ité. nourri. Les.Magiftrats de la Vi11&, 
alors vrais Qénevois & Pères du Peuple , avoient; 
toutes CCS- fubtilités en horreur. 

Çz 



10 5 E P.T I E 1^ E 



^eac ^UTemb^é: il en traite pour fixer .les droits 
& attributions qui Jui font proprçs^ & il lui 

en rend plufie^r$ -que les Confeils infërieur| 

■• » . , ■ ^ 

avoîent ufurpés. Ce^. droits en totiiilîté font 
ff ronds & beaux » fans doute ; mais première- 
vient ils font fpécifîés , & par celia feul limi* 
«es ; ce qu'on ppfç.)e:çc]ud ce -qu'on ne pofe 
pas, & mêmic le mot limités eft ijans Mrtîde. 

Or il efl: de Tcflence de la Puiflànce Soiiveraî* 

> ■ - '. 

aie de ne pouvoir être limitée : elle peut tout 
t>u elle n'efl: rien. Comme elle contient émir 
nemment toutes les puiflànces actives de TE- 
Hat ^ qu il n'exifle que par elle , elle n'y peut 

" ■ 's 

Wconnoître d'autres droits que les (îens & 
<îeux qu^eBe communique. Autrement les po(^ 
f^fleuiv de ces droits ne feroienc point partie 
làu corps politique ; îl^ lui feroient étrangers 
par ces droits qui ne feroient pa3 en loi , & la 
perfonne morale manquant d'mûté s'éyanouï- 
r«it. 



J, Ç T T RHE., S? 

Cette limitation même eft pofîtive en 'ce * 
qm concerne les Impôts* Le ÇiHifeii Sou» 

\/* • . ■ • 

verain . lui • mên^ , n'a pas le droit d'aboli; 
eux qui étoit établis avant ^ZH^ > Lte ,voil^ 
donc k cet égard foun^ii k W^ pi^Taçce fu- 
férîemre. Quelle efl: cette PuifT^nce ? , 
.. Le pouvoir Législatif confiée en dçux cho? 
fes inféparables : faire les Loix ^ les mainte* 
Xlîrs ç'efl:-à<lire , avoir infoeftiop j^r le pou- 
v.oir exécutif. Il n'y a point d'Etat^ ipçnd^ 
OÙ le Souverain n'ait cette infpeâiop. Sm^ 
cela toute liaifqn toute fubordination n^anquant 

**■?■■' 

entre ces deux pouvoirs , le derqii^r De dépear^ 
droit point de l'autre j l'exécution n'auroit au- 
aih rapport néceflaire aux. Lc^ix j la Loi ne 
feroit qu'un mot , & ce mot ng fîgnîfieroit; 
rjçn. Le Confeil général eut 4^ tout tem* 
ce droit de prote^ion fur fon propre ouvra: 

gc , il l'a toujours exercé : Cependant il p'çu 

.•'.■. ■ \ "■• ■■ ■' \ "■ '■ . . \ 

C3 



$» SEPTIEME 

eft point parlé {dans cet article , & s'îî n*y 
étoit fûppléé dans un autre , par ce feul fî^ 
lence votre Etat feroît renverfé. Ce point eft 
important & j'y reviendrai ci -après. 

Si vos droits font bornés d'un côté dans cet 
Article , ib y font étendus de Tautre par les 
paragraphes 3 & 4: mai^ cela fait -il corn- 
penfation ? Par les principes établis dans te 
Contraél Social, on voit que malgré l'o- 
pinion commune , les alliances d'Etat à E^- 
tat , les déclarations de Guerre & les traité» 
de paix ne font pas des a£tes de Ibuveraine- 
té mais de Gouvernement , & ce fentiment 
eft confoYme à l'uâge des Nations qui ont le 
mieux connu lès vrais principes du Dipit 
politique» L'exercice extérieur dé la Puil^ 
fince ne convient point au Peuple ; lès gran- 
des maximes d'Etat ne font pas à fa portée; 
il doit s'en rapporter là-deflus à i^s chels quP> 



■> 



I . «• « «• • 



LETTRE. 89 

^oujouiis plus édgirés que lui for ce) point, 
ni'ont guère iiité;?êt à. faire au dehors des trai^ 
tés déiàvan|:ageQX à la patrie } Tordre veun 
t[u'il leur Ifdfle togç 4'&ht c«m^ & qu'il 
s'^ttaphe uoigqemient^aa rdi<k> Ce qui iippor-^; 
te.^endç%mpiÇ;à;Çhaq^^^ ,:c'efl: Yob*/. 

ftpf^on (k&Xoç ail dedasiS^ Azr propriété det. 
[ireté.des ^ajtkn^ers; Taost^ que tpuc 
' ira .bieç fur.5:e? .;roi#,point.3,r^^iqqz,;IeiB CbnfeîJs . 
négocjbr .& Jtnaitf r avec l'étranger ;, œ n'dl, 
pas delà que viendront vosi dangers les plus kr 
craindre. C'eft.autour.d^ in^fviflusqu'^ Ç^a;'; 
raflëinble3clçsi,droi«.du, PeqplQ:,/& quand on 
peut Tattaquer féparément on. le fubjuguç ^o^Sn 
jours» Je : ppurrois alléguer la fagelfe des J^p». 
mains qui , laifTant au Sénat un grand pouvoir 
au dehors le forjoient dans la Ville àrelpcéler 
le dernier Citoyen ; mais n'allons pas fî loin 
chercher des modèles. Les Bourgeois de 



r> 



4o S'È -P t I è M È 

Neufehâterfè fbdft cbiiduîts bî«^ ftoà fagemené 

fous Ifeurs' R?înces que voua foui vos Magifi 

• - ■ • ' ' ' • • 

Érats (*). Ils île font tà la paîX liî la' guerre; 

lis Qe ratifient pèht lès traîèés , niatis ils jooiT- 

. * ... .» 

ftiit en fllriete de kùA^frénchîfttf : ' & com- 

m& I» Léi- -ft'à poiiic prëSitné giié i&ns une' 

^te Viflé w peâTindmBre «Itoêtés JBoùr-' 

^oîs ferôfeht dès fcélérati ^'^* oiî ne redànie 

pbîat dani léàti mais y un' À'y corincnt p^^ 

ràême Rxîîèui' (froît cPémprifcitoer fàhr fcM-- 

nialîtë£ Ckd?y3iD« SnVèff'toojiii^s Idffé fé- 

dtttfe à râpparencé; &' Ion a*: néglige l'effen- 

fdKfèid.- On Veft''tbp ocàiipé du Confdt ge- 

ûérili ^^ pas^ affez de fes membres : îl fallôîc 

r 

fÉ^îns fonger à- l'autorité 5 '& plus â la liber-' 

. , té. 



4 • #^ 



ViCf)' Ceci foît dît en mettant à part' les abuS;» 
qn'ilTarémftÇit jVfuU bien éloigné d'approuver. 



t E T T R E. 4t 

i 

/ 

té. Revenons aux Confeîls généraux. 
' Ouoe les Limitations de T Article III, les 
Articles V & VI en offrent de bien plus é- 
iranges. Un. corps fouveraînqui ne peut nî 
fe former ni former aucune opération de lui* 
inême , & fournis abfolument , quant à fon ac* 
livité & quant aux matières qu'il traite, à des , 
tribunaux fubalternes. Comme ces Tribunaux 
n'approuveront certainement pas des propofî- 
tions qui leur feroient en particulier préjudî* 
ciables , fi Tintérêt de l'Etat fe trouve en coft- 
Ait avec le leur le dernier a toujours la préfé- 
rence, parce qu'il n'efl: permis au Légîflateur 
de connoître que de ce qu'ils ont approuvé. 

 force de tout foumettre à la règle on dé- 
truit la première des règles ,. qui eft la juftice 
& le bien public. Quand les hommes fèntî- 
ront - ils qu'il n'y a point de défordre auffi fu- 
nèfle que le pouvoir arbitraire , avec lequel ils 

Partie IL D 



4t SEPTIEME 

penfent y remédier? Ce pouvoir efl: lui-mêitté 
Te pire de tous les défordres : employer un tel 
moyen pour les prévenir , c*e{l tuer les gens 
afin qu ils n'aient pas la fièvre. 

Une grande Troupe formée en tumulte pei^ 
faire beaucoup de mal Dans une afleîrfbléc 
nombreufe, quoique régulière, fi chacun peut 
dire & propofer ce qu'il veut , ' on perd bien 
du tems à écouter des folies & Ton peut i^ 
tire en danger d*en faire* Voila des vérités 
înconteftables ; mais efl -ce prévenir Tabus 
d'une manière. raifonnable, que de faire dépen» 
Are cette aflèmblée uniquement de ceux qui 
voudroient l'anéantir, & que nrrl n'y puiflfe 
^ rien propofer que ceux q\n ont le plus grand 
intérêt de lui nuire? Car, Monfieur, n'efl-ce 
pas exaftement là l'ctàt des chofes , & y a-t- 
}1 un feul Génevùî* qui puîfle douter que fi 
fcxilleace du Conf^il généra! dépendoit toat 



LETTRÉ. 4j 

» 

%^'ïik du petit Confcilj le Cônfeil général 
ke fut pour jamais fupprimé? 
Voilà pourtant lé Corps qui feu! convoqué 

^ • r 

kés afleniblées & qui feul y propofe ce qu'il 
lui plait : car pour le Deux-Cent il ne fait que 
répéter les ordres du petit Cônfeil, & quand 
ttne fois celui-ci fera délivré du Cônfeil géné< 
kàl le Deux- Cent rie rembarfaflera gueres ; il 
jÉe fera que fuivre arec lui la route qu'il à 

frayée avec Vous; 

Or qu'aî-je à craindre d'un fupérietir incQ- 
ftiode dont je n'ai jamais belbin , qui né peut 
fe montrer que quand je le lui permets i ni ré- 
^ndre qiie quand je l'interroge ? . Quand ^é 
l'ai réduit à ce point ne puis-je pai m'en re- 
garder comme délivre i 

Si Ton dit que la Loi de TEtat à préveriii 
Fabolîtion des Confeils généraux eh les reri- 

4 

dane néceflàires à l'éleftion des Magiibats éè 

D s 



44 SEPTIEME 

à la fanftion des nouveaux Edîts; je réponds,' 
quant au premier point, que toute la force dd 
Gouvernement étant paflee des mains des 
Maglflrats élus par le Peuple dans celles du 
petit Confeîl qu'il tf élit point & d*où fe tirent 
les principaux de ces Magiftrats » Téleâion & 
raifemblée où elle fe fait |ie font plus qu'une 
vaine formalité fans confiftance , & que des 
Confeils généraux tenus pour cet unique objer 
peuvent être regardés comme nuls. Je réponda 
encore que par le tour que prennent les chofes 
il feroit même aifé d'éluder cette Loi fans que 
le cours des affaires en fut arrêté : car fup- 
pofons que/ fait par la rejeâion de tous les 
fujets préfentés y foit fous d'autres prétextes, 
on ne procède point àl'élefiion des Syndics^ 
le Confeil f dans lequel leur jurifdiélion fe fond 
infenfiblement , ne l'exercera - 1 - il pas à leur 
défaut, comme il l'exerce dès à préfent indé* 



LETTRE. 45 

pendamment d'eux ? N'ofe-t-on pas déjà vous 
dire que le petit Confeil , même fans les Syn* 
dics , eft le Gouvernement ? Donc fans les 
Syndics l'Etat n'en fera pas moins gouverné. 
Et quant aux nouveaux Edits , je réponds 
qu'ils ne feront jamais afiêz néceflàires pour 
qu'à l'aide des anciens & de fes ufurpations s 
ce même Confeil ne trouve aifément le mo- 
yen d'y fuppléer. Qui fe met au deflîis des 
anciennes Loîx peut bien fe palier des nou- 
velles. 

Toutes les mefures foçt prifes pour que vos 
Affemblées générales ne fbient jamais néceflài- 
res. Non feulement le Confeil périodique in- 
ftitué ou plutôt rétabli (f) l'an 1707. n'a ja- 



(î)Ces Confeils périodiques font auflî anciens que 
la Légiflation, comme on le voit par le dernier Arti- 
cle de l'Ordonnance eccléfiaftique. Dans celle de 1575 
imprimée en 1735 ces Confeils font fixés de cinq 
en cinq ans; mais dans TOrdonnance de 15^1 impri^ 

D3 



46 SEPTIEME 

^aîs été tenu qu'une foiç & feulement pgx» ^ 
l'abolir (k) , mais par le paragraphe 5 du troi- 
i(ieme Article du règlement il a été pourvC^ 
fans vous & pour toujours aux frais de radmi-; 
ifiiftration. XI n'y a que le ieul cas chimérique 
^'une guerre indifpeiifable ou le Confeil génét 
4[al doive ^fo)umet\t être convoqué, ^ 

Le petit Confeil pourroit ^ donc fuppjimer 
abfolumeot les Confeils généraux fans autre in* 
çonvénîent que de s'attirer quelques répréfen- 
^tions qu'il eft en poOTelTion de rebuter , ou 

V)ée en 1562 iU étoienc fixés de trois en trois ans. 
Jl n'eft pas raifonnable de dire que ces Confeils n'a- 
voient pour objet que la iedure de cette Ordonnan- 
ce , puifquc TimprefEon qui en fut faite en même 
xems donnoit â chacun la facilité de la lire â toute 
heure à Ton aife , fans qu'on eut befoin pour cela 
feul de Tappareil d'un Confeil général Malhcureu- 
fementpn a pris grand foin d'effacer bien des tradi- 
t;ions anciennes qui feroient maintenant d'un grand 
çfage pour l'éclairciffement des Edits. 

{k) J'examinerai ci-après cet Edit d'abolition. 



LETTRE. 4? 

4^xcîter quelques vains mi^rmures qu'il peu| 
picprifer fan» rifque ; car par les articles Vit 
XXIII. XXiV. XXV, XLIÏI. toute efpece 
de réfiflance eft défendue en quelque cas quç 
ce puifle être , & les rciTources qui font hori 
4e la conlHtution n'en font pas partie d( 
n'en corrigent pas les défauts. 

11 ne le fait pas, toutefois ^ p^rce quaq 
fond cela lui eft très indiflFérent , & quun lî-. 
mulacre de liberté fait endurer plus patie,iii^ 
ment la fefvitude. Il vous amufe à peu da 
filmais, foit par des élevions fans conlequence 
quant au pouvoir qu'elles confèrent & quant 
au choix des fujets élus ^ foit par des Loi^ 
qui paroiffent importantes , mais qu'il a foi^ 
4e rendre vaines, en ne les obfervant qu'au- 
Unt qu'il lui plaie. 

D'ailleurs on ne peut rien propofer dan» 
ççs aJQTendblées^ on n'y peut riea difcuter^ oi^ 

P4 



4S SEPTIEME 

/ 

\ 

n'y peut délibérer fur rien. Le petit Confeîl 
j préfide^ & par lui-même , & par les Syn- 
dics qui n*y portent que refprît du corps. Là- 
même il eft Magiftrat encore & maître de 
fon Souverain. N'e(l-il pas contre toute rai« 
ion que le corps exécutif réglé la police du 
corps Légiflatif , qu'il lui prefcrive les matiè- 
res dont il doit connoître, qu'il lui interdife 
Je droit d'opiner, & qu'il exerce ià puifFancc 
abfolue jufques dans les aâes faits pour la 
contenir ? 

Qu'un corps fi nombreux (/) ait befoîn de 

(/) Les Confeils généraux étoient autrefois très 
fréquens à Genève, & tout ce qui fe faifoit de quel- 
<3ue importance y étoit porté. En 1707 M. le Syn- 
dic Chouet difoit dans une harangue devenue célè- 
bre que de cette fréquence venoit jadis la foibleffQ 
& le malheur de l'Etat; nous verrons bientôt ce qu'il 
en faut croire. Il infîfte auflî fur Textrême augmen- 
tation du nombre des membres , qui rendroit au- 
jourd'hui cette fréquence impoflîble, aflSrmant qu'au- 
trefois cette aflèmblée ne palToit pas deux à trois 



LETTRE. 4P 

police & d'ordre, je I*accordç: Mais que cet- 
te police & cet ordre ne renverfent pas le 



cents , & qu'elle e(t à prêtent de treize à quatorze 
cents. Il y a des deux côtés beaucoup d'exagéra* 
tion. 

Les plus anciens Confeils généraux étoîent au 
moins de cinq à fîx cents membres ; on feroît peut- 
être bien embarrafTéd'en citer un feul qui n'ait été' 
que de deux ou trois cents. En 1420 on y en 
compta 720 (iipulans pour tous les autres , & peu 
de tems après on reçut encore plus de deux cents 
Bourgeois. 

Quoique la Ville de Genève foit devenue pluj 
commerçante & plus riche, elle n'a pCt devenir 
beaucoup plus peuplée , les fortifications n'ayant pas 
permis jd'aggrandir l'enceinte de Tes murs & ayant 
fait rafer fes fauxbourgs. D'ailleurs , prefque fans 
territoire & i la merci de fes voifins pour fa fubfif» 
tance, elle n'auroic pu s'aggrandir fans s'affoibifr. 
En 1404. on y compta treize cents feux faifant au 
moins treize mille âmes. Il n'y en a gueres plut 
de vingt mille aujourd'hui; rapport bien éloigné do 
celui de 3 à 14. Or de ce nombre il faut déduire 
encore celui des natifs , babitans , étrangers , qui 
n'entrent pas au Confeil général ; nombre fort aug- 
menté relativement i cetui des Bourgeois depuis lo 
léfuge des François & le progrès de llnduftrie. 
Quelques Con(ei|s généraux font allés de nos jours 



.^b J5 È P 1* i E MË 

but de fon înftitution. Efl-ce donc une chat 
fe plus difBcife d'établir la règle fins^ ielrvitùi 



à quatorze & même â quinze centt ; mais commii- 
îrémcrît*ils n'approchent pas de ce nombre; fî quel- 
ques-uns même vont à treize, ce n'elï que dini 
des occafîons critiques oii tous les. bons Citoyens 
çroirôient manquer à leur ferment de s*abfenter , & 
oïl les Magiftrats, de leur côté, font venir du de- 
hors leurs cliens pour, favorifcr Icurà manœuvres ; 
or ces manœuvres , inconnues au quinzième fiéclc 
n'exigeoient point alors de pareils expédiens. Gé- 
néralement le nombre ordinaire roule entre huit à 
neuf cents; q^ielquefois il reftc au-de(îbus de celui 
de Tân 1420, furtout lorfque raffemblée fe tient eii 
été & qu'il s'agit de chofes peu importantes. J'ai 
moi-même aflifté en 1754 ^ ^1 Confeil général qui 
n'étoît certainement pas de fept cents membres. 

Il réfulte de ces diverfcs confidérations que i 
tout balancé, le Confeil général eft à-peu-près au- 
jourd'hui, quant au nombre, ce qu'il étoit il y à 
deux ou trois fiécîes, ou du moins que la diffé- 
rence çfl peu confidérable. Cependant tout le mon- 
de y parloit alors ; la police & la décence qu'on y 
Voit régner aujourd'hui n'étoit pas établie. On- 
crioit quelquefois ; mais le peuple était libre , lé 
Magiftrat rcfpefté , & le Confeil s'aflembloît fré- 
quemment. Donc M. le Syndic Chouet accufoit 
iiux^ & raifonnoic ' mal: 



:• LB-T f & £ "^ jt 

tâe entre qb«I(|(tes;ceb(suââ8' dl^boiAkiei tâttii 

# 

rellemenc graves & froids , qu'elle ne Tétoit i 
Athènes j donc on nous parle 5 dans l^aflemblée 
de plufkurs miflièrs de Citoyens l»nportés 
bouillaiis & prefque effirénés j qu'elle ne rétoît 
daâs la Capitale du mondé, où le Beuple eA 
CGtps exerçoit en partie la Riiflance exécutif 
Ve, & qu'elle ne l'eil aujourd'hui même dans • 
te grand Confeil de Venife ^ âuffi notnbreuz 
que votre Cônféîl général? On fe plaint àt 
Timpolice qui règne dans le Parlement d^Ari- 
gletertej & toutefois dans ce corpis compofé 
de p1u$ de fept cents membres, où iè traitent 
de fî grandes affaires ^ où tant d'intérêts ûi 
croîfent , où tant de cabales fe forment , oà 
tant de têtes s'échauffent , où chaque membre • 
a le droit de parler , tout fe fait , tout s'expé- 
die ^ cette grande Monarchie va fon train ;'& 

■s 

^hez vous où les intérêts font fî fîmples fi peu 



i» s JE, P T I E. M Ë 

Qonçliqaés, où l'on n'a, pour ainfî i r^ky 
que tes afiaires' d'une fatnil^ , qn . vous f^ii 
peuF.des orag^ comme fi tout aHoic renverfer! 
Monfîeur, la police de votre Confeîl' général 
tÛ, la chofe du inonde la plus facile ; qu'on 
veuille fincérement rétablir pour le bien pu- 
blic , alors tout y fera libre & tout s'y paflèra 
, plus tranquillement qu'aujourd'hui. 

Suppofons que dans le Règlement on eut 
pris la méthode oppofée à celle qu on a fui- 
vie; qu'au Heu de; fixer les. Droits du Confeil 
général on eut fixé ceux des autres Confeils » 
ce qui par là-même eut montré les fîens ; con- 
venez qu'on eut trouvé dans le feul petit Con- 
feil un aflemblage de pouvoirs bien étrange 
pour un Etat libre & démocratique , dans des 
chefs que le Peuple ne choifit point & qui 
reftent en place toute leur vie. 
. D abord l'union de deux chofes par-tout ail- 
leurs 



LETTRE.- si 

leurs incompatibles; fàvoir, radminiftration 
des affaires de FEtat & Texerdce fuprême de 
la jufljce fur les biens la vie & Thonneur des 
Citoyens. 

Un Ordre, le dernier de tous par fon rang 
& le premier par fa puifTance. 

Un Confeil inférieur fans lequel tout efl 

mort dans la République ; qui propoiè feu], 

qui décide le premier, & dont la feule voix, 

même dans fon propre fait , permet à fes fu- 

. périeurs d*en avoir une. 

Un Corps qui reconnoit Tautorité d*un au- 
tre , & qui feul a la nomination des membres 
de ce corps auquel il efl: fubordonné. 

Un Tribunal fuprême duquel on appelle ; ou 
bien au contraire, un Juge inférieur qui pré- 
fide dans le^ Tribunaux fupérieurs au fien. 

Qui , après avoir fiégé comme Juge infé- 
rieur dans le Tribunal dont on appelle , non 

Partie IL E 






54 SEPTIEME 

Keolenient va fiéger comme Juge fuprême dani 
le Tribunal où efi: appelle , mais n*a dans çg 
tribunal fuprême que les collègues qu*il s*eft 
lui-même choifîs. 

Un Ordre, enfin , qui feul a ion aftivité 
propre y qui donne à tous les autres la leur, & 
^và dans tous foutenani les réfolutions qu'il a 
prifes, opine deux fois & vote trois (m). 



(m) Dans un Etat qui fe gouverne en RépublI* 
que & où Voh parle la langue françoife , il faudroic 
fe faire un langage à part pour le Gouvernement. 
Par exemple , Délibérer , Opiner , Voter , font trois 
chofes très différentes & que lès François ne diftin- 
guent pas affez. Délibérer^ c*eft pefer le pour & 
ie contre ; Opiner c*eft' dire fon avis & le motî* 
ver ; Voter c'eft donner fon fuffrage , quand il no 
Tcfte plus qu'à recueillir les voix. On nïet d'abord 
la matière en délibération. Au premier tour on 
opine; on vote au dernier. Les Tribunaux ont par 
tout à- peu -près les mêmes formes, mais comme 
dans les Mçnarchies le public n*a pas befoin d*en 
apprendre les termes, ils reftent confacrés au Bar- 
reau. Ceft par une autre inexactitude de la Lan* 
gue en cqs matières que M. de Monterquieu, qui 






I t t T 11 K t, ss 

L^appel du petit Conieil au Deux^Cent efi 
tm véritable jeu d'enfant. Ceft une fatce en 
politique^ s'il eii fut jamais. Aufli ti'appelle-t« 
on pas proprement cet appel un appel ; c'eft 
une grâce qu'on implore en jufliee , bn re«> 
cours en cafTatioù d'arrêt ; on ne comprend 
pas ce que c'efl:. Croit-on que (î le petit 
Confëil n'eut bien fenti que t^ dernier recours 
étoit fans conféquence^ il s'en fut volontaire*^ 
ment dépouillé conune il fit ? Ce défintérefle^ 
ment n'efl: pas dans Tes maximes. 

Si les jugemens du petit Conleil ne font 
pas toujours confirmés en Deux-Cent, c'eft 
•dans les affaires particulières & contradiâoi* 
jres où il n'importe guère ' au Magiftrat la*» 



U favoit fi>bîen, n'a pas làifTé de dire toujours là 
Puijfonte exécutrice y bleifant aînfi l'analogie, & faî- 
fant adjeétif le mot exécuteur qui eft fubftantif. Ceft 
la même faute que s'il eut dit; le Pouvoir Ugijlaieùtk 

£ % 



56 SEPTIEME 

quelle des deux Parties perde ou gagne fon 
procès. Mais dans les affaires qu on pourfuit 
d'office, dans toute affaire où le Confeil lui- 
même prend intérêt^ le Deux - Cent repare-t- 
il jamais. Tes injuftices, protege-t-il jamais 
^opprimé, ofe-t^lne pas confirmer 'tout co 
qu'a fait le Confeil , uCi^^t-îl jamais une- ièule 
fois avec honneur ^e ion droit de faire gca^ 
ce ? Je .rappelle à regret des*^^ tems dont la 
mémoire efl: terrible & néceflaîre. Un Ci- 
toyen que le Confeil immole à fa vengeance 
a recours au Deux • Cent ; Tinfortuné s'avilit 
jufqu'à demander grâce; ion innocence n'eil 
ignorée de perfonne ; toutes les régies ont été 
.violées dans fon f)rocès: la grâce eft refufée, 
& l'innocent périt. Fatio fentit fî bien l'inu- 
tilité du recours au Deux -Cent qu'il ne dai- 
gna pas s'en fervir. 
Je vois clairement ce qu'eft le Deux -Cent 



\ 



\ 



LETTRE. .57 

à Zurich , à Berne , à Frâbourg & ^ns }e$ 
autres Ecats ariftocratiques ; mais je ne faiiroi^ 
voir ce qu'il efl dans votre. Conftitudpn ni 
quelle place il y tient. Eft-ce un Tribunal 
fupérieur ? En ce cas , il ed abfurde que ]ç 
Tribunal inférieur y fiége. . EftrCe un, corps 
qui répréfente , le Souverain ?: En ce cas c'e^ 
au Répréfenté de nommer, fon Répréftntant;. 
L'établiflemenç du Deux - Cent ne peut avç^ 
d'autre fin que de modérer le ponvo^ énor- 
me du petit Confeil ; & au contraire , il ne fait 
que donner plus de poid? à ce^. même pouvoir. 
Or tout Corps qui agît conftamment contre 
Tefprit de fon Inflîtution e(l^.fl[ial inflitué. . 

Que fert d'appuyer ici fiir des cho.fes notoî- 
res qui . ne font ignorées d'aucun Genevois ? 
Le Deux- Cent n'efl rien par lui-même; il n'eft 
que le petit Confeil qui reparoit fous une autre 
forme. Une- feule fois il voulut tâcher de fe- 

E 3 



» . • 



^8 SEPTIEME. 

çouer le joug de ks maîtres & fe donqer une 
fxifknce iiidépepdanfe , & par cet unique ef- 
fort l'Etat faillît être renverfé. Ce n*eft qu*au 
feul Coflfeîl général que le Deujç - Ceut doîé 
^core une apparence (i'^utorit^. Cela fe vil 
bien dairement àjasxs Tépoque dont je parle ^^ 
& cel^ fe verr^ bi^ m^eu^ dans 1^ fuite , fi lè 
|)etit Cpnfeil parvient ^ fqn |;)ut \ ainfî quanc) 
tic concert avec ce dernier te Deux- Cent tra- 
vaille ^ déprimer le Confeil générî^l, il travail- 
3e à fa propre ruine, ^ s'il croit fuivre les brî- 
iëes du Deux ^ Cent de Berne , il prend bien 
croflipipement ^ c^nge i mais on a prelque 
toujours va dans ce Corps peu de lumières & 
xnoins de courage ^ & çel^ ne peut guère èr 
a(re autrement pat h mapierç dpnt il eft re^sv^ 

I mfmm0mmm ii n i ' ii ■ * ■ ■ ■ f i ii m^^Êi^-^êm , k fci I 

« 

- (n) Ceci s'entend en géhéral & feulement dei 
^^efprit dvjL ççx,]fs i ç^ ye (ais ^u*il y a dans le Deu:^* 



LE T T R E, 5^ 

Vous voyez , Moilfieur, combien m lieu 
de Ipécîfiet les drbîti du Conféil Souverain , 
il eue été p1u$ ucile de fpécitier les atfribu-^ 
(ions des corps qui lui font fubordbnnés,!^ 
fans aller plus loin^i vous voye^ plus évidém<^ 
inent encore 'que, par 1^ fôf ce de certains âr- 
tîde« pris f^parémen't , lé peut ' Cofaîey ék. 






Cçnt des meiubres tirés éclairés & qui ne manquent 
pas de zèle: mais incçfiamnieiK ioas^ 1er yeux du 
petit Confeil , livrés à fs^ merci fans appui fansi 
ifcflbMrce, & fentant bien qu'ils ferôicnt'stbandoAnés 
de leur Corps , ils s*^bftiennent de tenter des démaf^ 
ches inutile^i qui ne feroîenc que les compromettre 
^ les .perdre. ^ Lz vile courbe bourdonne 4( cri^ir 
phe. Le fage fe tait & gémit tout, bas.^ 

Au refte fc Deux-Cent n'a pas toujours été daiia 
le difçrédit'0^;ii eft tomhé. Ja4i« il jouît de l?.çôô- 
fidératiôn publique & de la confiance des Citoyen$: 
aull! lui laiffoîent-ïls fans inquiédide' exercer lea 
droits du Confeil général , que lq,pet\t Confeil tach.a 
dès -lors d'attirer â lui par cette voye indirede. 
Nouvelle preuve de ce qui fera dit plus bas , quç 
la Bourgecifîe de Genève eft peu remuante & ne 
cherche guère à s'întrîgtfer des ' afFâliçes 4*Etat^ 

^4, 



6o SEPTIEME 

r • • 

l'arbitre , fqprêine des Loix,& par elles da/ort 
de tous les particuliers. Quand on coofidere 
les droits des .Citoyens & Bourgeois aiTembles 
en Çonfeil géqéral , r^n u'eft plus brillant : 
Mais confidérez horsde-Jà çej.mêEoes Citoyens 
& Bourgeois comme indiyidu^i ; que font- ils , 
que deviennpijLt ils ? ECclaves d'un pouvoir ar- 
bitraire, ils font livrés fans défenfe à la mer- 
ci de vingt-cinq Defpotesj les Athéniens du 
.moins en avoient trente. Et que dis-je vingt- 
cinq? Neuf fulfifeat pour yn jpgement civil, 
treize pour un jugement crimîner(o). Sept 
ou huit d'accord dans ce nombre vont être 
pour vous' autant de Déceirivirs j . encore les 

Déoèmvirs futient ils élus jwr le peuple; au 

, I . • • • ■ 

lieu qu'aucqn de ces juges n'efl: de ■ votie 
choix; & Ton appelle cela être libres! 



rtteMN 



1 (?) Edits civils Tit. I. Art.. XXXVI. 



LETTRE. 6t 

HUITIEME LETTRE. 

J'ai tiré, Monlieur, lexaraen de votre Gou- 
vernement puéfent du Règlement de la Mé- 
diation par lequel ce Gouvernement efl: fixé; 
mais loin d'imputer aux Médiateurs d'avoir 
voulu vous réduire en fervitude , je prouve- 
rois aifément au con^aire , qu'ils ont rendu 
votre fîtuation meilleure à pluGeurs égards 
qu'elle n'étoit avant les troubles qui vous for- 
cèrent d'accepter leurs bons offices» Ils ont 
trouvé une Ville en armes ; tout étoit à leur . 
arrivée dans un état de crife & de confuHon 
qui ne leur permettoit pas de tirer de cet 
état la régie de leur ouvrage. Ils font remon- 
tés aux tems pacifiques, ils ont étudié la 
conftitution primitive de votre Gouvernement ; 
dans les progrés qu'il avoit déjà fait , pour 



éi HUITIEME 

le remonter il eut fallu le refondfç : la raifoA 
Téquité ne permettoient pas qu'ils vous en 
donnaient un autre ^ & vous ne Tauriei pas 
accepté. N'en pouvant donc ôter les dé- 
fauts , ils ont borné leurs fbiûs à TafFennir 
tel que Tavoient laifTé^ vos pères ; ils Tont 
corrigé même en divers points ^ âc des abut 
que je viens de remarquer , il n'y en a pas 
on qui n'exiftât dans la République longtems 
avant que les Médiateurs en' eufTent pris con-> 
noiilknce. Le feul tort qu'ils femblent vous 
avoir fait a été d'ôter au Légiflateur tout ex- 
ercice du pouvoir exécutif & l'uTage de h 
force . à l'apui de la juftice j maïs en vous 
donnant une reflburce aufli -fûre & plus légi« 
time, ils ont changé ce mal apparent en un 
vrai bienfaît : En fe rendant garants de vot * 
droits ils vous ont difpenfés de les défendre 
vous-mêmes* £h ! dans la miferc des chofet 



V ET T R IÇ. <J5 

■ 

bomaînes quel bien vaut la peine d'être ache* 
té du iang de nos frètes? La liberté même 
cfl: trop chère à ce prix. 

Les Médiateurs ont pu fe tromper ^ ils é« 
toient hommes ; mais ils n'ont point voula 
vous tromper; ils ont voulu être jufles. Cela 
fe voit y même cela ie prouve; & tout mon- 
tre , en effet y que ce qui ell équivoque ou 
déft)£hieux dans leor ouvrage vient ibuvent 

de néceflité, quelquefois d'eneur, jamais de 

* 

inauvaife volonté» Us avoient à concilier des 
chofes prefque incompatibles, les droits da 
Peuple & les prétentions du Confeil , Tempi* 
re des Loix & la puiflance des hommes , Fin- 
dépendance de TËtat & la garantie du Ré« 
glement. Tout cda ne pouvoir' fe faire fans 
un peu de contradiâiôn , & c'eft de cette 
Contradi6lion , que votre Magiftrat tire avan- 
tage, en tournant tout en la faveur, & fai- 



X 



r 
/ 



^ 



^ H U I t I E^ M E 

iant (ërvîr la moitié de vos Loix à violet 

r 

Fautre. : î 

n efl: clair d'abord que le Règlement laî^ 
même n'efl: point une Loi que les Médiateurs 
ayent voulu împôfer à la République , mais 
feulement un accord qu'ils ont établi entre fes 
membreis , & qu'ils n'ont par conféqùent porté 
nulle atteinte à fa fouveraîneté. Cela efl: daîr, 
dis- je par TArticle XLIV, qui laiiTe au Con- 
feil général légitimement affemblé le droit de 
faire aux articles du Règlement tel change* 
meqt qu'il lui plait. Ainfi les Médiateurs ne 
mettent point leur volonté au dêflus de la^flen* 
ne 9 ils n'interviennent qu'en cas de divifion. 
Ceft le fens de l'Article XV. 

Mais de là réfulte aufli la nullité des réfèrvei 
& limitations données dans l'Article III aux 
droits & attributions 'idu Codêil général : car 
fi le Confeil général décide que ces réferves 



L E T T R E. 65 

m 

& lîmicadons ne borneront plus fa puifTan^, 
ce , elles ne la borneront plus ; & quand tou^ 
les membres d'un Etat fouverain règlent fba 
pouvoir fur eux-mêmes , qui efl-ce qui a 
droit de s'y oppofer?. Les exclufioqs qu'on 
peut inférer de l'Article III ne fignifipt donc 
autre chofe, flnon que le Confeil général fe 
renferme dans leurs limites jufqu'à ce qu'il 
trouve à propos de les pafler. 

C'efl: ici l'une des contradiflions dont j'ai 
parlé, & l'on en démêle aifément la caufè. II 
étoit d'ailleurs bien difficile aux Plénipotentiai* 
res pleins des maximes de Gouvememens tout 
diiFérens , d'approfondir a0èz les vrais prind- 
pes du vôtre. La Conftitution démocratique a 
jufqu'à préfent été mal examinée. Tous ceux 
qui en ont parlé , ou ne la connoifFoient pas^ ou 
. y prenoient trop peu d'in#érêt , ou avoîent in- 
térêt de la préfenter fous un faux JQur. Aucum 

Partie IL F 



/ 



\ 



Bâ HUITIEME 

d'eux n'a fuffifamment diflirigué le Souveraut ' 
du Gouvernement , la PuifTancîe légîflatîve dfe 

* 

Fexécutive. II n*y a point d'Etat où ces deui 
{)Ouvoirs jtbient fi féparés, âc où Ton ait tààt 
àffedlé de les confoildre. Les utis s'imaginebt 
qu'une Démocratie êft un Gouvernement où 
tout le Peuple eft Magillrat à Juge. D'autres 
he voyent la liberté que dans lé droit d'éli- 
re les chefs, & ii'étaiit fournis* qû^à des Pritt- 
Cds , ctoyent que celui qui commande efl: 
toujours le Souverain. La Conftitution dé- 
mocratique eft cerfainement le Chef- d'œuvre 
de l'art politique * mais plus l'artifice en ttt 
admirable , moins il appartient à tous k$ 
yeux de le péîiétfen N'efl: * il pas vraî^ 
Monfîeur, que la preittîere précaution de 
tf admettre auctin Ccxifeil général légitime que 
' (bus la convoeatioit du petit Confeil , 3^ la 
fcèonde précaution de n'y foiffiîir aucude 



LETTRE. 67 

propofition qu'avec l'àpprobcicion du pecic 
Confeil, ruffifoîenc feules pour maintenir le 
Confeil général dans la plus entière dépendant 
ce ? La troiiienie précaution d y > régler h 
compétence des matières étoic donc la choie 
du monde la plus fuperflue ; âc quel eut été 
rinconvénîent de laiflèr au Q)nreil général la 
plénitude des dîoits fuprêmes, puifqu'il n'eit 
peut faire aucun ôfâge qu'autant que le petit 
Confeil le lui permet 9 En ne bornant p^ leà 
droits de là PuiiFance fbuveraine on ne la ren« 
doit pas dans le fait nloins dépendante & Ton 
évitoit une contradiâion : ce qui prouve que 
c*efl; pour n'avoir pas bien connu votre Con- 
ftimtibn qu'on à pris des précautions vaines 
en elles-mêmes Se coiitradiéloires dans leur 

On^ di^ti que ces limitations avoient feule* 

ment poi^i^ fin de marquer les cas où les Conr 

/ 

Fa 






6î HUITIEME 

feils inférieurs feroient obligés d'aflèmfaler le 
Confeil général. J'entens bien cela ; mais n'é- 
toît-il pas plus natarel & plus fîmple de mar- 
quer les droits qd lèra* étoieiit attribués à eux- 
mêmes, & qu'ils pouvoîent exercer fans le con- 
cours du Confeil gétiéral ? Les bornes éioient- 

elles moins Exées par ce qui efl au deçà que 

• • « . 

par ce qui efl au delà , & lorlque les Confeils 

inférieurs vôuloîerlt paflèr ces bornes, n'eft-il. 

pas clair qu'ils avoîdnt befoîn d'être autorifes ? 

Par là, je Tavoue, on mettoit plus en vue tant 

de -pouvoirs réunis dans lés mêmes mains^, 

maïs ' on préfentôit les objets dans Teur jour 

, véritable , on tîroît de la nature de la choie 

le moyen de fixer les droits refpeftifs des 

divers corps , & l'on fauvoic toute contra- 

diftîon. 

r 

A la vérité TAutèur des Lettres prétend 
que le petit ConfeH étant le Gouvernement 



LETTRE. 69 

même doit exercer à ce titre toute l'autorité 
qui n'eft pas attribuée aux autres corps ^de ¥E^. 
tat ; mais c'efl: fuppofer la fîenne anteVieurc* 
aux Edits; c^eft fuppofer que le petit Confcil^ 
fource primitive de la puiflance, garde ainfî 
tous les droits qu'il n'a pas aliénés. Recon^. 
noiflezr vous , • Monfieur , dans- ce principe ce* 

■ 

hii de votre: Confticutîon ? Une preuve fi eu-* 
rieufe mérite de nous arrêter un moment.- > 
Remarquiez d'abord qu'il s'agît là (pj da 
pouvoir du.petitiConieil, mis en oppofido» 
avec celui des Syndics , c'eft-à^dire ,; de jcha-" 
cun de ces deux pouvoirs féparé 'de î'aù^e. 
L'Edit' parle du poa^^oir ,des Syndics fans le 
Confei{:, il- ne parle point çiu pouvoir duf 
Confeil fias les Syndics; .pourquoi cela? Par- 
ce que te Confeil fans les Syndics efl le Gou» 



wtmmmmmmimi^ 



/ (p) Lettres écrites de la Capjpïigne cage ôô»' 

r3 



/ 



7Q HUITIEME 

vernement. Donc le filence même dps Edîej^ 
fjxt Je pouvoir, du Confeil loin^ de prouver la 
ijullité de ce pouvoir eij prpuve Fétendue.. 
Voila, fans doute ^ une conclunon bien neu^ 
ye. Admettoiw-la toutefois, pourvu que lan-^ 
décèdent foit prouvç. 

Si c^eft parce que le petif Confeil efl: la^ 
Çouvemement que les £dits ne parlent poinir 
de^ Ton pouvoir , ils diront du moins que là 
petit Confeil eft; le Gouyernemafl;; à moins^* 
^e'de preuve en preuve leur filence n'étaf 

tiifle toujours le contraire de ce qu'ils ont dit 

' ' « ,,■... .^ ^ 

Or je demande qu'on mè montre dans vos 
Edits où il efl: d^t que le petit Confeil ^^fl. le. 
Gouvcmemeni;, & en. attendant je vais vou> 
montrer, moi, où il eft dit tout le contraire» 

• ' 4. 

Dans rZdit politique de 1568, je trouva U 
préambule conçu dans Cies termes. P^urce que^^ 
le Gûuv^rnfiasnt^ EJiat de cet^ Fille cmâjie^ 



LETTRE.. 7t 

I^r quatre^ Syndicques , Zg, CdnfeiJ des vingt -cinq , 
fy Confeil des foixante ^ des D^ux-Çenfs ^ du Gêné', 
ral^S un Lieutenant: en lajujiiçe ordinaire ^ 0^ 
^ÇG mettes. Offices 9 'Jelop que borme police le rfz 
5f4ïVrf^, tant pour P^dmiriijff^tion du bien publiq 
que de lajufiice^ nous' avons recueilli P^^^rdre qui 

ÎHfyi'ifi a été obfervé .•..<^». ^'il foit. 

g^rdé à l'avenir. ,*,.*,. , . cçfnfn». s'ji^fui^.^ 

Dè$ raniGje preinierde TErfiç c(e 1738:, \^ 
vois encore que cinq^ Ordres compoferd; fe. Qour 
^é^rnement de Genève^ Or de ces cinq Ordre* 
]fip quatre Syndics tout feuls en font up, Ii^. 
Çonfeîj de8 vingt-cinq^ où font çertweroent 

çpmpriç les quatre Syndics en fait un autre, 

'< .- - 

^ le$ Syadiçs eutr^snt encore dan^ le^ troii, 

ftiivanç, I>e petit Confeil fanp; tes Syndic» 

n e(l dopç pas le Gx;)uvernement. . 

J'ouvre l'Edit de 1707, 5ï j'y vois à ÏAxf 

^opres, termes» qite Ji/i^ffiaai les 

• . F4 . . 



J 



y >» 



\ 



72 HUITIEME 

1 
• • • 

Syndics ont la direction fif le Gouvernement éâ 
TEtat. A rînftant je ferme le Lh^e , & je 
dîsj certainement félon lesEdits Je petitXon- 
feil fahs les Syndics n'eft pas le Gouverne- 
ment , quoique l'Auteur des Lettres affirme 
qu'il Tèft. 

On dira que moi-même j'attribue fouvent 
dans ces Lettres le Cîouvernement au petit 
Confeil.- J'en conviens ; mais c'efl: au petit 
Cbnfeil préfidé par les Syndics ; & aters il 
efl: certain que le Gouvernement provifîon» 
Bel y réffide dans le fens que je donne à ce 
mot : mais ce fens n'eft pas celui de* l'Auteur 
des Lettres ; puifque dans le mien le Côù- 
vemement rfa que les pouvoirs qui lui forié 
donnés par la Loi', & que dans le fira , au 
contraire , le Gouvernement a tous les pou- 
voirs que la Loi ne lai ôee pas. 

Refte donc dans toute fa force l'obieâioD 



' L E T T R E. 73 

dtùs Répréfentans, que , quand TEdic parle 
des Syndics , il parle de leur puiiTance ^ & 
que-, quand il parle du Confeil , il ne parle 
que de fon devoir. Je dis que cette objec- 
tion relie dans toute (à force ; car l'Auteur ' 
des Lettres n'y répon'd que par une aflèrtion 
démentie par tous les Edits. Vous me ferez 
plaifîr , Monfieur , fi je me trompe , de m'ap- , 
prendre en quoi pèche mon raiibnnement. 

Cependant cet Auteur , très content du 
fien, demande comblent, fi le Légiflateur r!^ 
v'mt pas çonfidéré de cet ml le petit Confeil^ 
en pourroit concevoir que dans aucun endroit de, 
FEdit il nen réglât l'autorité ; qu'il Fa fuppo-^ 
féf par tout ^ qu^il ne la déterminât nulle* 
part (q) ? 

J'olerai tenter d'éclaîrcir ce profon4 myA 

I a 

(^) Ibid. page d?. 



^4 H U I T i E M É , 

tere. Le Légiflaceur ne règle point la puU^ 
ânce du Gonfeil , patce qu'il ne lui en don- 
Be aucune indépendamment; des Syndics , & 
lorfqu'il la fuppofe, c'éft en le fuppôfant aUffi 
préfidé par eux. Il a déterminé la leur, par 
tonfécJUent il eft fuperflu de déterminer la 
fîende. Les Syndics ne peuvent pas tout fans 
le Confeil , niais le Cohfeil ne peut rien fans 

les Syndics ; il n'efl rien lans eux , il eft 

> 

moins que n'étdit le Deux-Cent même lorP 
qu'il fut préfidé par l'Auditeur Sarrazin. 

Voila , je cfois j la feule manière raifoii- 
hable d'expliquer le filmce des Edits fur le 
pouvoir du Confeil ; mais ce n'efl pas celle, 
tju'il convient. aux Magîftrats d'adopter. Oâ 
fcut prévenu dans le règlement leurs fingulie* 
tes înoerprétations fi Ton eut pris une tné- 
thode contraire , & qu'au lieu de marquer les 
' droits du Confeil généra! on eut* détermindles 



> u" É' î* T 1. ^ i .• ^.g-^ 

létlfji. -^âià p6\iï' n'îavéfi' jpsé Voifiit.t&e êè 
qùè li*ont {>aS dît les EdItS, <5ii i fait aîteii- 
dre ce qiî'iW il'oHC Jahiais feppo^ . 

Que de chores ëohtmii-es & te Bberté ^tâWfo 
que & aux ckoks des Citoyens & Bourgeois^ 
& cotTîbien n*en ^urrois-je-paô ajouter enco*. 
te? CepetidaûÉ tow ce^ déJàvàîlcages qui naif- 
foîeht ou fehîbloieijt naître de vôtre Conrtitu* 
tîon & qu'on n'aurait pu détruire fane Fétoan- 
1er , ont été balancés & repayés âVec la plaa 
grcihde fagefle par des cottipenrations qui en 
înailToient auffi , & telle étoît précifétnenc l'ia- 
tentîon des Médiateurs, qui, -ffeléh leur propre 
'déclaration , fut de confer^trà chacun f es droits 
fes attributions particulières provenant de la Loi 
•fondamentale dé FEtat. M. Mîchelî Du Cret 
aigri par fes malheurs contre cet ouvrâgfc dans 
îec|ucl il fat oublié, l'accufé de renverfer Fia- 
ftitution fendamentale du GouvçRiement & de 



TiS^ H .U I T I E M E 

• • ■ ■ 

dépoiylleir les Ckàyem & Bourgeois de leu» 
droits ; (ans ¥Ou]oir voir combien de ces 
droits, tant publics que particuliers » ont été 
confervés ou rétablis par cet Edit y dans les 
Articles III, IV, X, XI/XII, XXII, XXX, 
XXXI, XXXII, XXXIV, XLII, & XUVi 
fans fonger furtout que la force de tous ces 
Articles dépend d'un feul qui vous a aufli écé 
confervé. Article effenciel. Article équipon- 
derant à tous ceux qui vous font contraires, 
& fi néceflàîre à l'effet de ceux qui vous font 
favorables qu'ils feroient tous inutiles fi l'on 
venoit à bout d'éluder celui- là, ainfl qu'on l'a 
entrepris. Nous voici parvenus au point im- 
portant ; mais pour en bien fentir l'importance 
il falloit jiefer tout ce que je viens d'expofer. 
On a beau vouloir confondre l'indépendan- 
ce & la liberté. Ces deux chofes font fi dif- 
férentes que même elles s'excluent mutuelle « 

ment. 



" JL,;E T. T: R:iE.: ^7 

ment. Quand chacun fait ,ce ; qu*il , lui . plait ; 
on fait ibuvent ce qui dq)]àit à ' d'autres, dii;. 
Qela ne s'appelle pas un état libre.: La liberté 

confiDSe moirfô à faire fa volonté qua n'être 

-, ^ ♦ 

jpas fournis à/celle'.d'autrui; die confiée encore 
à ne pas foumettre la volonté d'autrui à la nô** 
ne. Quiconque eft. maître. ne peut être libre, 
& régner c'eft obéir. Vos Magiflxats favent 
cela mieux que perfbnne, eux qui. comme O* 
rfion n'omettent rien de fèrvile pour commant 
4er (r). Je ne connois de volonté vraiment 



. (r) En générait dit l'Auteur des Lettres, les bom' 
mes craignent encore plus d'obéir qu'ils rt aimera à corn- 
mander. Tacite en jugeoit autrement & connoiffoit 
le cœur humain. Si la maxime étoit vraie, les Va- 
lets des Grands feroient moins înfolens avec les 
Bourgeois, ôcPon verroit moins de fainéans ram- 
per dans les Cours des Princes. Il y a peu d'hom- 
mes d'un cœur affez fain pour favoir aimer la liber» 
té : Tous veulent commander , à ce prix nul ne 
craint d'obéir. Un petit parvenu fe donne cent 
maîtres pour acquérir dix valets. Il n'y a qu'à voir 

hrtîe IL G 



f 

t 

\ 



78 H U I T I E IVI E 

l^t que celle à laquelle nul n'a droit d'ôp^ 
1er de la réfiflance ;^ dans la liberté oommune 
fiul n'a diroitde faire ce que la liberté d'un au^ 
tre lui interdit , & la vraie liberté n'efl jamaîg 
deftruéiiye d'elle*même. Ainfî la liberté fan$ 
la juftice eft une véritable contradiflioa ; bat 
comme qu'on s^y prenne tout gène dans l'exé- 
cution d'une volonté déibrdonnée* 
♦ Il n'y a donc t)ôint de liberté fans Loix^ ni 
Où;quelqu'un efl au defîus des Loix: dans l'é^ 
tat inéme èit nature l'homme n'eft libre qu'à la 
faveur de la Loi naturelle qui commande à 
tous. Un peuple libre obéit , mais il ne fert 
pas; il a des chefs & non pas des maîtres ; il 

la fierté des nobles dans les Monarchies ; avec quel* 
le emphafe ils prononcent ces mots de ferotce & de 
fervir; combien ils s'eftiment gramls & refpeflables 
quand ils peuvent avoir l'honneur de dire , h Roi 
mon fnàttre i combien ils méprifent des Républicains 
^ui ne font que libres ^ & qui certainement font 
plus nobles qu'eux^ 



: L E T T R E. 7^ 

c6ëkaux Loix^maus il n'obéic qu^aïuc Loix^ 
& c'eft par la force des Lob^ qu'il D'oi>eit 
dux hommes. Toutes les barrières qu'on donne 
dans les Républiques au pouvoir des Magi« 
Ibrats ne font établies que pour garantir de 
leurs atteintes Tenceinte facrée des Loix : ils en 
font les Miniftres non les arbitres y ils doivent 
les garder non les enfreindre, Un Peuple d\ 
libre , quelque forme qu'ait ibn Gouverne» 
ment , quand dans celui qui le gouverne il nçi. 
Yoît point l'homme , mais l'organe de la Lo£» 
En un mot , h liberté fuit toujours le fort des 
Loix j elle règne ou périt avec elles >' je no 
fâche rien de plus certain. 

Vous avez des Loix bonnes & fages ^ foie 
tn elles-mêmes, foit par cela feul que ce fonc 
des Loix. Toute condition impofée à chacun 
par tous ne peut être onéreufe à perfonne, & 
h pire des Loix vaut encore mieux que le 

G 3 



\ 






«6 HUITIEME 

meilleur maître; car tout maître a des préfé^ 
rences , & la Loi n'en a jamais. 

Depuis que la Conftîtution de votre Etat 
a pris une forme fixe & ftable, vos fonc- 
tions de Légiflatcur font finies. La fureté de 
rëdifice veut qu'on trouve à préfent autant 
d'obftades pour y toucher quil falloît d'abord 
de facilités pour le conflruîre. Le droit ; né- 
gatif des Confëils pris en ce fens efl: Tappui de 
la République : FÀrticle VL du Règlement 
eft daîr ôC précis ; je me rends fur ce point 
aux raîfonnemens de l'Auteur d& Lettres, je 
ks trouve fans réplique, & quand ce droit fî 
jufteihent réclamé par vos Magîftrats feroît 
contraire à vos intérêts , il faudroît foufFrir âc 
vous taire. Des hommes droits ne doivent ja- / 
mais fermer les yeux à l'évidence , ni difputer . 
contre la vérité. 

L'ouvrage efl: confommé, il ne s'agit plu» 



> 



L vE T T R E. , 8i 

que de le rendre inaltérable. Or l'ouvrage du 
.Légiflateor ne s'alcere &'ne (e détruit jamais 
que d'une manière ; c'efl quand les dépofitaires 
de cet Quvrage abufent de leur dépôt j & fe 
font obéir au nom des Lois en leur défbbéif- 
Iknt eux-mêmes (s). Alors la pire chofe nait 
de la meilleure, &; la Loi qui fert de fauve- 
garde à la Tyrannie eft plus funefle que la 
Tyrannie elle-même. Voila précifément ce 

(s) Jamais le Peuple ne s'efl rebellé contre les 
Loix que les Chefs n'aient commencé par les en- 
freindre en quelque chofe. Ceft fur ce principe 
certain qu'à la Chine quand il y a quelque révolte 
dans une Piovince on commence toujours par punir 
le Gouverneur. En Europe les Rois fuivent con- 
ftamment la maxime contraire, auffi voyez comment 
profp'erenc leurs Etats! La population diminue par 
tout d'un dixième tous les trentç ans ; elle .ne dimi- 
nue point i la Chine. Le Defpotifmc oriental fc 
foi^tient parce qu'il eft plus févere fur les Grands 
'que fur lé Peuple: il tire ainfî de lui-même fon prô- 
.pre remède. J'entends dire qu'on commence à pren- 
dre à là Porté la maxime Chrétienne. Si cela eft, 
on verra dans peu ce qu'il en réfultera. 

G3 



i 



» 

I 



«» HUITIEME 

« 

que prévient lé droit de Répréfentation fH« 
pulé dans vos Edits & refbraint mais confij^ 
tné par la Médiation. Ce droit vous donner 
infpeâion , non plus fur la LégiAation conw 
xne auparavant, mais fur. Tadminiflration; <% 
vos Magiflrats, tout puiiTans au nom desi 
Loix, feuls maîtres d'en propofer au Légiflao 
teur de nouvelles , font fournis à C^s jugemen& 
$*ils s*écartent de celles qui font établies^ 
Par cet Article feul votre Gouvernement 
fujet d'ailleurs à pluGeurs défauts confident* 
bles, devient Iç meilleur qui jamais ait exif- 
té : car quel meilleur Gouvernement que celui 
dont toutes les parties fè balancent dans un 
parfait équilibre, où les particuliers ne peuvent 

V 

Cranfgrefier les Loix parce qu'ils font fournît 
à des Juges, & où ces Juges ne peuvent pa& 
non plus les tranfgrefFer , parce qu'ils font fuii^ 
veillés par k Peuple ? 



LE T T R E, )s 

Il eft vrai que pour trouver quelque réalité 
dans cet avantage, il ne faut pas le fonder 
fur un vain droit; mais qui dit un droit ne die 
pas une chofe vame. Dire à cehii qui a tranif 
grefie la Loi qu'il a tranfgreile la Loi , ç'eft 
prendre une peine biçn ridicule ; c'efl: h^ 
apprendre une chofe ^*il fait auffi bien quQ 
vous. 

Le droit efl^ fekm I^ifFradorf , une qualité 

■ 

4porale par laquelle il nous eft dû quelque chcv 
fe, La fimple liberté de fe plaindre tfeft donc 
pas un droit ^ ou du moins c'efl un droit que 
la nature accorde ? tous & que ta Loi d'aucun 
pays n'dte à perfîMine. S'avifa-t-c^ ^mais db 
ftipuler dan* des Loix que cehji qui perdroît 
un^ procès auroit la liberté de fè plaindre? S'a? 
yîfa t-on jamais de punir quelqu'un pour favoir. 
fait? Où eft le Gouvernement, quelque abfob 

qu'il pui0e être, qù to^t Citoyen n'ait pas k 

,>. -^ ' ^ . -^ -, 

04 



$. HUITIEME 

I 

I 

droit de donner des mémoires au Pi'ince ou 
à fon Miniftre fur cç qu'il croit utile à TE- 
tat, & quelle rifée n'excîteroit pas un Edît 
public par lequel on accorderoit formellement 
aux fujets le droit de donner de pareils mémoi- 
res ? Ce n'efl; pourtant pas dans un Etat deP* 
potique , c'efl: dans une République , c*efl: dans 
une Démocratie^ qu'on donne authentiquè- 
rent ^ux Citoyens, aux menjbres du' Souve- 
rain , la permiflion d'uTer auprès de leur. Ma- ^ 
giftrat de ce même droit que nul Defpote 
n'ôta jamais au dernier de fes efclàves. 

Quoi ! Ce droit de Répréfentation confif- 
ceroit uniquement à remettre un papier qu'on 
eft même difpenfé de lire, au moyen d'une 
réponfe féchement négative (r)? Ce droit fi 

(t) Tblle , par exemple , que celle que fit le 
Confeilleio Août 1763 aux Répréfentations reml- 
fesle 8 à M. le premier Syndic par* un grand nom- 
bre de Citoyens & Bourgeois. , 



LETTRE. 



8i 



folemnellement ftîpulé en compenfktîon de 
tant dé facrifices, fe bornéroît à la rare pré* 
rogarive de demander & ne rien obtenir? 
Ofer avancer . une telle propofition , c'efl; ac^ 
cufer les Médiateurs d'avoir ufé^av-ec Ja Bour* 
geoifîe de Genève de la plus indigne fuper-* 
clierîe , c'efl: oflFenfer la probité des Plénipo^ 
tèntiaîres, l'équité dès Puiflkaces médiatrices j 
c'eft bleflër toute bienféance , c'eft : outrager 
même le bon fens. 

^ Mais enfin quel eft ce droit? jufqu'où s'é- 
tend-il? comment peut-îl être exercé? Pour- 
quoi rien de tout cela n'eft-il fpécifié dans 
TArticle VII ? Voila dt s queflions raifonnà* 
blés ; elles offrent des difficultés qui méritent 
examen* 

La folution d'une feule nous donnera cel* 
le de toutes les autres, & nous dévoilera le 
véritable efprit de cette înftitution. 



«0 H/U 1 T I E M Ë ' 

t Dans un Etat tel que le vôtre , où la fbtl» 
veraineté èfl entre les mains du Peuple , le 
Légiflatéur exifte toujours , quoiqu'il ne fe 
montré pas toujours. Il n'eft raïTemblé & 
ne parle authentiquement que dans le Conieii 
général; mais bon dli Confeil général il a'ed 
pas anéanti; Tes membres font ëpars , mais 
ils ne font pas morts ; ils ne peuvent parler 
par des Lobt, mais ils peuvent toujours veH* 
1er fur Fadminiflration des Loîx ; c'efl: un 
droit , c*e(l même on devoir \ittaché à leurs 
perfonnes, &qui ne peut teur être ôté dans 
ncun tems. De -là I0 droit de Répréfenta^ 
lion- Ainfi la Répréfentation d*un Citoyen 
d'un Bourgeois- ou de pluOeurs n*eft que lu 
déclaration de leur avis fur une matière de 
leur compâence. Ceci efl le fens clair & 
néoeflàire de TEdit de 1707, dans TArticlef 
y qui concerne les Répréfentations» 



' ; 



vUIE: T T H E : Si 

i * DansL jcet : Artide oh profcrît avec raîfon 
h voye des ijgnatures, paroé que cette vm 
jé eft une manière de donner fon fufi&âge, 

ê 

de voter par tête ifomtne fî déjà l'on; étoit âi 
Coiifeîl général, & que la forme du CenfèU 
général ne doit être fuîvie qufc lorfqu'il efl: lé- 
gitimement aflèmblé. La voye des Réprélènt 
cations a le même avantage ^ fans avoir fe 
même inconvénient. Ce n'efl pas voter etk 
Confeil général , c'eft opiner fur les matiereà 
qui doivent 7 être portées ; puilqu'on ne 
compte pas les voix ce n'eft pas doimer Ion 
fufFrage , c'efl^ feulement dire fon avis. Cet 
avis n'eft, à la vérité, que celui d*un parti- 
culier ou de pluôeurs; mais ces particuliers 
étant membres du Souverain & pouvant lé 
répréfenter quelquefois par 1^ multitude, la 
raifbh veut qu^alors on ait égard à leur avis, 
non comme à une décifion , mais qomme à 



t 

I 



98 H I T r E ::m:e 

ane propofîtion gai la debûmde ^ & qoi^ I3 
lend quelqu^ois néçeflkire. 

Ces Répréfèntations peuvent rouler fur 
deux objets : priiic^aux , & la diiFérence de 
ces objets décide de la diverfe manière dont 
le Confeil doit faire droit fur ces mêmes Ré» 
préfentations. !be. ces deux objets , fun efl: 
de faire quelques changement à la Loi, ra,u* 
tre de r^arer quelque . tran(greffion de la 
Loi. Cette divifion eft coçiplette &' corn* 
prend toute la matière fur laquelle peuvent 
rouler les Répréfentations. Elle efl fondée 
fur TEdit même qui , diflingant les termes 

■ 

félon ces objets împofe au. Procureur géné^ 
fal de faire des infiances ou des remontrances 
félon que les Citoyens lui ont fait des flaïn^ 
tes ou des réquijîtions («). 

Cette 



(tt) Requérir n'eft pas feulement demander , mafs 



LE T T R «. 8^ 

. Cette diftînftion une fois e'tablie, le Coa-. 
feil auquel c^s RépréTentatiojis font adref-j 
fées doit les envi(àger bien. différemment. fe- 
Ion celui de ces deux objets auquel dles fb 
rapportent. Dans les Etats où le Gouverne- 
ment & les. Loix ont déjà Ipur affîete , oa 
doit autant qu'il fe peut, éviter d'y toucher j^ 
& furtout dans les petites Républiques , oit 
lé moipdre ébranlenient défunit tout. L'a- 
verfion des nouveautés eftdonc généralement 
biea fondée ; elle l'eft furtout. pour voijs qui 






demander en .vertu d'un droîc qu'on a d'obtenir. 
Cette acception eft établie pur toutes lés formglé^ 
judiciaires dans lefquelies^ te teri^e ^t Palais o^ 
employé. On dit requérir juftice; on n'a jamaîi? dit 
requérir grâce. Ainfî dans les déiix cas les Cito-' 
yens ayoient également droit dîexiger gue Içurs r^- 
quijitions ou leurs plaintes y rèjettécs par les Confeils 
infériefirs ^ fafTçnt portée» en Çoi^feil g^nér^l. rJWaîa 
par le mot ajo&té dans l'Article VL de TEdît de 
1738, ce droit eft reftraint feûlêmenc au cas dé la* 
plainte y comme, il fera dit dans le texte» 

Partie IL H 



^0 nui T i E M' E 



y 



ne pouvez qu*y perdre, & le Gouveraemeilc 

• » 

ne peut apporter un trop grand obftacle à 
' leiir établiffement ; car quelques utiles que fuit 
Teht des Loîx nouvelles , les avantages ert 
font prefque toujours moins fûrs que les dan- 
gers n'en font grands. A cet égard quand 
fc 'Citoyen, quand te Bourgeois a'propofé foii 
avisait a foit fon devoir, il doit au furplus 
avoir aflez 'de confiance en fon Magiftrat pour 
ïe Juger * capable de jSefer l'avantage de ce 
^*il lui propofe & porté à l'approuver s'il 
le croit lîtîle âù Heh" public. La Loi a donti 

• r • • f • ' 

très fagement pourvu à /ce que rétabliflèmenÉ 
& même là pTôpoMon de pareilles nouveau^ 
tés ne paflBt :p3s, iàn» l'aveu, des ^C&ofeils^ de 
voila en quoi doit cbnfifter le droit négatif 
qiills rédament; & qui, iêloii moi y leur ap« 
partient incontefhiblement.- , 
Mais le fécond objet ayant art ptîndpe tout 



., 



- L ET T k E. ^t 

*6ppatë doit être envifagé bfen diÔiérémitnent; 
Il ne s'agit pas ici d'îmover ; il s'agit, ait coih 
traire, d^en^êcher qu'on h%nove j il s'agit 
lion d'itablîr de nouvelles Lofe , maii de main- 
tenir les anciennes. Quand les cliofes tèndenè 

• - «.• 

laù changement par leur pente, il faut fans cef- 

fe de nouveaux foins pour les arrêter; Vôîhi 
ce que les Citoyens & Bourgeois , qui ont uiî 
n grand intérêt à prévenir tout changement; 
fe propofent dans les plaintes dont parle TE- 
fîit Le Légîflateur exiftàrit toujours voit Tef- 
fet ou Tabus de fes Loîx : il voit fi elles fonfc 
rtiivîes ou ttanfgndféès , interprétées ^e bonne 
bu de liiauvaife foi j il y veille , il y doit veil- 
ler ; cola eli: de fon droit, de fon devoir., mâ- 
tne de fon ferment; Ceft ce devoir qu'il rem- 
plit dans les Répréferitatîons , c'eft ce droit ^ 
alors, qu'il exerce ; & il feroît contre toute 
inifon , il feroit piême indécent , de vouloir 

H a 



S^ HUITIEME 

étendre le droit négatif du Cgafei] à, cçi; ob-^ 

Cela feroîc cmtre tppte raifon (juant aa Lé- 
giilateur; parce qu'ab^^ xout^ la folemmté des 
Loue feroic vain^ & ridioile^ & qoe réellement 
FEtat n'auroît point d'autre Loi-queja volon- 
té du petit CooTeil 5 maître ^bfolu de négligerai 

4 

jnéprifer, violer , tourner à fa mode les règles 

cpi lui feroient prercritesy& de prononcer noir 

où la Loi diroit pknci fans en réppndre à per^ 

fonne. A quoi bon s'afTembler folemnellemeiK 

dans le Temple de Saint Pierre, pour donner 

aux Edics.une ian6tion fans efFet; pour dire au 

petit Confeil : MeJJieurs , voila le Corps de Loix^ 

^ue. nous établirons dans l'Etat , fi? dont nous 

vous rendons les dépojîtair es , pour vous y confar* 

mer quand vous le jugerez à propos , iâ pour le 

tranfgrejjer quand il vous plaira. 

Cela feroit contre la raifon quant aux Ré- 



'■ L E t T -R E/ 95 

préfetitatîons. Parce qu'alors le droit ftipulé 
par un Article exprès de l'Edît de 1707 & 
confirmé par un Article exprès de l'Edît' de 
1738' ferôît un droit Sllufoire'& fallacieux, 
qui ne fignifièroit que la liberté de fe plaindre 
inutilement quand on eft vexé ; liberté qui; 
tfayant' jamais été difputée- à perfonne, e(l 
ridicule 'à établir par k ''Loi ' / - - - 

' Enfin 'ëda feroit indécent -'en ce qôe par 
une telle fuppofition la probîcé'des Médiateurs 
. feroît outragée , qiie ce férôît |)lrendre vos Ma* 
gidrats pour - des fourbes Se vos Bourgliidis 
pouf dès dupes d'avoir 'liégôcîé traitée tranfigé 
avec tant '<f isippareil pour nfcttre «ne dçs Pari 
ties à fent^re difcçéticin de l'autre, & d'avoir 
compenfé les concédions Tes plus foites par 
des fKreéës^qui ne fîgtiifieroient rien. 
Blai^^ difttit ^CË$ ]V£8fl[iêi)H!8 , les tennes de 

r 

fEdic font : formels : i7 nifira fiettfdrtém 

H3 



r 



P4 H U I T I E R^ B 

imifeil général qu'il n'ait été traité 1$ a^ouvi, 
d'abord dans le Confeildes Fingt'Cinqy puis dans, 
^elui des Deux -Centj. 

Eremiérement qti'çft-ce que c^la pxouyç ap? 
tre chofe dans la queftion prëfesite , fi c^ n*eft. 
une marché réglée & çpn(o^me à rQrdire, S^ 
(obligation dan$ le^ Çonfeils inCeneprs 4Ç: traîr 
ter & approuver préalablemçnt ce qui ào\\ 
^tre ^rcé^au ^Ç^ni^il gi^néral % Les Çonfeils 
^ fqQf; - ils p^s : tem^ d'approuver ce qjui e(t 
^ijdqrit par la if)i? Quoi î ft les^ÇqftljçiJ^ il'ap* 
prouvaient pas qç'qn p4!Qcéd^t à l[él6£lipn des 
Syndics, tfy devroit-on plu.;8 pi:pcé^qr,', ^ Çi 
Içsfuj^s qu'ils pfoppfent font jrejettéij ne 
IbntTÎIs pas çontrîii*S;^4ïpprciîiv^r^u'il e» foit 
pfopofô d'autres? n. .._:., 

D'ailleurs,. qui. BSSi y<5it que ce?. droit d'aç- . 
j)ro«v6r.&:dQ rejecteç^ pris dani foiiifens. 
abfolu s'applique, feulômenj: WK':propt)ûtiow, 



1 L E T T R E. SI5 

x^\ renG^nient des nrouYeaiirés , ^ non. ^ ççjlgs 
/ quî n'ont pour objet que Iç ;ij}aintien- de.;Cp 
^ui • eft 4t3tbli. ? . TjroQVçz- VQUisi . du bon fea«: f 
iuppofef, qu'il, faille unç apprpÈ^ation ndUyfliJIp 
çpur répii^ }est3ran(gr^iQqS;d*une ancipnijç 
Loi ? Pan^ l'approb^op 4<^Qnée à , ceuç Lqî 
ipzfqu'çHe.fujt promulguée, font .contenues, coor 
.|e& c<^e&. qui jfe |'a{)|K9^itf à foa exécution: 
. Qua*y«S;p>PP,?. Jjppioiiyer^ que cette Loi 
feroît étaWijS j^.îls a^proi^verent c^u'elle feroit 
oi)fery^ , p%r copf^nejy: gu'ian: en. piiû»oîc 
Içs ^tranfgsefli^urs ;. f& ^mfid^ks Bourgeois dans 

jtton &fljsi iHimÔPn , l'on : v^ut . qtfune telle pro- 
:^^tioa a&îîdJS noav^u befoin d'être a{^ro(H 
^ée? M»iifl|r> fi ce ,n^?ft pftS là fe moqi^ 
^ «^ ,, dises-inoi; ct^nuttent iui peut s'ep 

moquer ? ; 

: Xautt k^dpnlté confifbî donc id daiui te 

H 4 



I 

I 



ÎM5 HUITIEME 
lêule queftion de Bût. La Loi a- c- elle été 

r _ ^ _ 

tïanfgreffée , ou ne Ta-t-elle pas été ? Les Cî* 
toyens & Bourgeois difent qu'elle Ta écé ; les 
Magiftrats le nient. Or voyez, je vous prie; 
fi Ton peut rien concevoir de moins raîfonnar 
iie en pareil cas que ce droit néjgatif qu'ils 
^attribuent ? On leur dit , vouis avez tranC- 
grefle la Loi. ils répondent; nous ne Favôns 
pas trànfgreflee; &, devenus ainfl jugés fiipre^ 
mes dans leur propre cauiê , les voila juflifiés 
contre révidence par leur feule affirmation. 
• Vous -me defi«ukfe*te fi je prétends que 
Taffirmation contrée- Ibit toujours févîdence ? 
Jç ne dis pas cela; je dis c que qualnd elle le 
-jferoîc vos MagîSïatis ne s'en Uëiâllolent pas 
moins contre révicfends à leur^fidtëiKlu droit 
négatif.* Le . cas dl ' a£faiellei)ilài& fott vos 
yeux; & pour qui doit être ici le préjugé le 
plus légitime 9' Ëft<^ii aoyable, 4à4i mkuxd 



LE f T R E^ 



97 



i •» 



» ' e' • t 

que des panfeulièrs' fàùs pouvoir fans autdrîté 

fl 

• viennent diîrè à leurs Magîftrât* qui peuvent 
-être dônaîn'^-Iéurs Jugés ; vtus- a^iefs fait une 
htjttj^e^ , lotfque- cela n'eft \'pas Vtai' ? [Que 
paivent ëfpérèr ces partîculîè^s -d-ûaé démar- 
che auffifoflev.quàad-m€nie'iîb€etofeAt fûrs 
de Kmpunîté ? "PétiVent -^ H^peiifer quel des 
Magiftrats fi hautains jufqués dans leurs tortSy 
iront ccHiveinr fôttatiènt^des torts mêmes qu'ils 
nWoièht pas?' Ail d6nftàîre,3f' a-t-fl Vieil de 
plus haturérque^'dé%èr fes^-faSrtes^ (^^ a fai- 
tfei? NVt-on ipàs iitéi«t deles fébténîr, & 
h'eft-on^pâ^ t^âur» teiâié dë'le^tà lôrfqu'on 
ie peut- im{iuiiëmaiK''4St ^u'on-aflà force en 
maiti ? . ^kaâ le'^foible ^ fè fort'Iont^nfhn- 
5Iè i^uelqUe-dl^të, ce gui'^ifari^é'gaerài 

cela feul le plus probable élttoujours-^^'ell 
lie plus fort quî a torti ^*^'- '^ '--^ -^ 

H 5 



Les ptohàb^és y jf^ le f^yn^. ^nt pa&^dejs. 
preuves : M^ dans des ^tjs nocpkes com- 
parés, au^^ . Loijj j^ Icxrfi^oe . oombjp de . Citoy^gs, 
.^ffirmenf -qu^i} . .y .5k.'jpj#içe ,^ <Sf que k Ma- 

^ public .Inflruir^ & oft-trçuyeF t^.jjubJiç 
.inftroit.;.à:.Gaièye fiç çe^.^lî^J^s Ip. Coiiftii 
général co^t^é des 4e»Xs,ç?rtj«?-. , • ; 
, R.ç'K a.-PPipt «i'i^t, «pmoiuje .9ù,.le,% 

•jet }^'ii^.M:Mi^s?&im^:M.m?^ 

par ;q^^^ .T<^ 'flpr.«iffi feqPWPÇe ?a Sw^- 
yerain j;. iSç.la^craJQte qqe .qecçe r^Rwurçe in* 

.^; ParjçB}«J9?^ agx . Mx. -«ft :eçtrêroe, 1» .y* 

rêc Les Genevois ibni privés d'un pareil 



^,' E: T T ïl F. 



M 



.^yantage; la .P«y^,<pndaim(^ paf le« Coft- 
.j^ils ne peut plus , ep ijoel^ çigts.^que ce. 
^uiflë être ,-. ^çii; 9néa;^ tec^$ j^ Spayee 

pour fon intérêt p^iy^;, toql geflye»? 4e;faï- 
îTç pôuy riniS^çêr çqmiwn : çp toute ttanÇ- 

s 

greffion des Loîiç étant o^ie ât^iitjtô^pottéeÀ 
jb Uberté 4ewafc^ y^pfe ^îr^^, l»rf)liqae ^ ôç. 
quand la yc^rpu^li^ii^ â'élçvev%p^tedoit 
>êtro portée s^u S^vËca.!». B n'y, w^oit fans, 

tj^tre qui ue. fat armé d\i fooefle. poui^o^, 
^ti'ofe ufuipeii votre ]^^ %y aitrôje; 

po&t dans aucun, j^ de. fm, aaffî::dur qf»^ 
hvôtxe. Vous m Vouerez goiî .^e : ferait là, 
-une étrange: liberté l: 

^ iLie dcoit de fltépr^&ntition iit iatimemeQt 

lié à votre con(lituua&: ;il efl^Jec&o} tnajf;^ 

.pofibie ^msioh JibeHié ik Jlsi ii)bOC4iiMHPO^ 



ioo HUITIEME 

& de maîhteniir ]e Magiftrat dans la dépendan» 
<:e dçs Lois &is altérer foa autorité fur le peu- 
ple. Sî les plaintes font clairement fondées, fî 
les raiioQS font palpables, on doit préfumer 
le C(Hife9 aifez équitable pour y déférer.* S'il 
ne rétoit ^i , ou que ks griefs n'euflënt pas 
ce degré d'évidence qui les met au defius du 
doute, le ca&changeroicy & ce feroit alors k 
la volonté générale de décider ; car dans vo- 
tre Etat cette volonté eft le Juge faprémeî& 
Tunique Souverain, Or comme dès le c6m- 
meiicemeiit d^ la Répub^ue cette volontés- 
vok toufbiirs des moyens de feifaire enteiidie 
^& que ccsi moyens tenoiént k votre £onftîtu* 
ùotk , il Vea^t: que r£dit de 1707 fondé 
d'ailleurs fur un droit imiàémoriàl & Swt YjaÙL- 
ge confiant ^"^ ce droit /n'àvoît pas befoifl ck 
•ploB grande- explication. ' 

' * hn Médiateurs ayant eu pour maxime foq- 



■s. 



\ 



L E uT T R E, ' t&s 

laislentale de s'écarter des anciens Edits le 
mms qu'il éis)ît poBSblt j ont IdiSé cet ,Artî^ 
de td ^r écott auparavant , & même y onÉ 
i^nvojpé. jMnû par le Règlement jdè la Média^ 
tion votre droit fur ce point éi demoué psirs 
âkement le nnidme , pui%ie F Ar;:jde qui le» 
sppfe eft rappelle toitt enâer. 
. . Mais les Médiateurs n'ont pas vu que les 
cfaangeméns qu'ils ;étoient forcés- de: faSre à 
d'autres Articles les obligeoient^ pour être 
conféqyens » d'éclaircir cdui^d, & d'y apa« 
tgr de nouvdles explication que leur travail 
reri^ûit .^ néceff^res. L'effet des Répréfenti^ 
lions des particuliers négligées .eft de devenir 
enfin la voix du public & d'obvier aonfî au 
déni de juftice. Cette transformatipa étoit alors 
ll^time & confofflie à la Loi fondiimentale^ 
v^x , . psu: tout pays arme en . desnier- refS:>rt 
le Souverain dé la force public poar.l'ezé* 
cucion de fes volontés. 



« ■ » 



ios H::u I T il î M E 

. Les Médiateurs n'ont pas fûppôfé ce détà 
de jùftîte. X'éVâionpilc prcnivé qu'ils Font dû 
iRippoTer. Pour afioreir ]a^ tràngâillioé publique 
ib^ ont jugé à propos de iepaier da Droit là 
pcoâTaoce ^ & de foppriiner même les aiTetti- 
Uéès & dqmtatidns pacifiques de là bourgeois 
fie; mais puifqu'ih lui dut d'ailleujrs confirma 
foû droit, ils devoie&t hii fournir dans la for* 
îne de l'ibOiitutidn d'autres inoyens de le faire 
iraloir , à la place de ceux qu'ilâ kii dtoient i 
ib ne Tdnt pas fait. Lôur ouvrage à cet égard 
ëft donc rëlbé défe£hieux ; car le ^it étant ' 
demeuré le zhème , doit toujours avoir leâ 
snêmes efiecs. -^ 

ÂuHî voyez avec quel art vos Magîftrats Ce 

Rêvaient de Fciubli de$ Médiateurs ! En qUel^ 

qde'nond>r^ que voiis puifiiez être ils ne vd- 

yeiit plus «n vous que des particuliers $ <Si 

depuis qu'il vous a été interdit de voiis moiî- 

• 1 



LÉ T T R É. toâ 

tifer en corps ils regardent ce tor ps comme 
àhëaritî : il ne Tert pas toutefois , puîfquHI 

• • • » 

conferve tous fes droits , tôùS^ fès privilèges , 
i& qu'il fait toujours la principale partie de 
l'Etat & du^ Légiflateur, Ils partent de cet- 
te luppofitiôn faufle pour vous faire mille 

». ... 

difficultés chimériques fur l'autorité qui peut 
les obliger d'aflêmbler le Confeil général. Il 
nj a point d'autorité qui le p^iiIe hors cel- 
le des Loix , quand ils les obfervent : mais 
Fautorité de la Loi qu'ils tranfgreflent retour* 
ne au Légiflateur; & n'ofant nier tout-à-fait 
qu'en pareil cas cette autorité ne foît dans 
le plus grand nombre, ils raflemblent leurs 
obje6lions* fur les moyens de le conflater. Ces 

* 

moyens feront toujours faciles fîtôt qu'ils fe- 
ront permis, & ils feront fans inconvénient, 

Jmifqu'il eft aifé d'en prévenir les abus. 

' . * ■ 

Il ne s'agUFoit là ni de tumultes ni de 



to4 HUITIEME 

violence : îl ne s'agîflbît point de ces reflbaf • 
ces quelquefois néceflfaires mais toujours ter* 
ribles , qu'on vous a très (kgement interdi* . 

tes; non que vous en ayez jamais abufé» 

* 

puifqu'aa contraire vous n'en ufates jamais 
quà h dernière extrémité ^ feulement pour 
votre défenie^ & toujours avec une modâra«^ 
lion qui peut-être eut dû vous conferver le 
droit dès .armes , fi quelque peuple élit; pa 
l'avoir, fsns 'danger. Toutefois je bénirai le 
Ciel, quoi qu'il arrive, de ce qu'on n'en ver* 
ta plusJ'aSreqx appareil au milieu de vous. 
ToiU ejl permis dans les- maux extrêmes , dit 
plafîeurs fois l'Auteur des Lettres. Cela £ut«r 
il vrai tout ne feroit pas expédient. Quand 
l'excès de la Tyrannie met celui qui la fouf^ 
fre au defllis des Loix , encore faut - il que 
ce qu'il tente pour la détruire lui laifle quel-» 
que clppîr d'y réuflîr* Voudroit-on voa» ré- 
duire 



LETTRE. 10^ 

diuîre à cette extrêmîté ? je ne puis le croî- 
ïe, & quand vous y feriez, je penfe encore 

« 

tnoins qu'aucune voye de fait put jamais 
vous en tiren Dans votre pofition toute .faaf^ 
fe démarche eft fatale, tout ce qui vous in- 
duit à la faire efl uii piège , & fuffiez-vous 
un' infUnt les maîtres ^ en moins de quinze 
jours vous feriez* écï'afés pour jattiais. Quoi* 
que fàflent vos Magiflrats, quoique dife F Au« 
teur des Lettres , lies moyens vîolens ne con- 
viennent point à la caofe jufte : fans croira 
qu'on veuille vous forcer à les prendre , je 
drois qu'on vous les verroit prendre avec 
plaifir ; & je crois qu'on ne doit pas voui 
faire envifager comtne une refTource ce qui 
ne peut que vous ôter toutes les autres. Lg 
jufljce & les Loîx font^ pour vous ; ces ap« 
puis, je le fais, font bien foibles contre le 
crédit & l'intrigue} mais ils font les feul9 
Partie IL I 



io6 -H V I T I Ê Me 

qui vous reftent: tenez- vou8-7 jufqu'â la fiû. 
Eh! comment approuveroîs-je qu'on vou* 
lut troubler la paix civile pour quelque înté* 
rct que ce fut, moi qui lui facrifiai le plus 
cher de tous les miens? Vous le favez, Mon* 
fieur, j'étois déliré, follicité; je n'avoîs qu'à 
paroître ; mes droits étoient foutenos , peut* 
être mes affronts réparés. Ma préfence euC 
du moins intrigué mes perfécuteurs , & j'é* 
tois dans une de ces pofîtîons enviées, dont 
quiconque aime à faire un rolle fe prévaut 
toujours avidement. J'ai préféré Yaûl perpé- 
tuel de ma patrie j j'ai renoncé à tout, mê* 
me à l'efpérance, plutôt que d'expôfer la 
ôranquillité publique : j'ai mérité d'être cru 
fincere, lorfque je parle en fa faveur. 
* Mais pourquoi ^^pprimer des ailembléej 
paifibles & purement civiles , qui ne pou- 
Voient avoir qu'un objet légitime , puifqu'ellés 



/ 



L É t T R Et ïèy 

i^êuoient toujours dans la fubordination due , ait 
Magiflrat ? Pourquoi , laiflkht à la Bourgeoi- 
se le droit de faire des Répréfeotations , 'né 
» les lui pas laiflèr faire avec Tordre & Tautiien^ 
ticité convenables ? Pourquoi lui ôter les mo<> 
^ens d'en délibérer entre elle, &, pour éviter 
des aifismblées trop nômbreufes , au moins par 
les députés ? Peut-on rien imaginer de mieux 
iréglé y de pliis décent, de* plus convenable que 
tes aflëmblées par compagnies & la forme de 
traiter qii'a fuivi la Bourgeoifîe pendant qu'el- 
le a été là maîtiefle de l'Etat ? N'eft-îl pas 

I 

d'une police nlîeux entendue de voir monter à 
THôtel-de- Ville une trentaine de députés au 
hom de tous leurs Concitoyens ^ que de voir 
toute une Bourgeoifîe y mor\ter en foule ; cha- 
cun ayant fa déclaration à faire , & nul ne 
pouvant parler que pour foi ? Vous avez vu , 
Monueor, les Répréfentans en grand nombre^ 

i à 



ro8 HUITIEME 

♦ 

forcés de fc dîvîfer par pelotons pour ne pas 
faire tumulte & cohue , venir féparément par 
bandes de trente ou quarante, & mettra dans 
leur démarche encore plus de bienfëance & do 
nwdeftie qu'il ne leur en étoît prefcrît par la 
Loi. Mais tel eft Felprlt de la Bourgeoifle de 
Genève; toujours plutôt en deçà qu'en delà 
de Tes droits , elle efl ferme quelquefois , elle 
n'efl jamais féditieufe. Toujours la Loi dans 
le cœur 9 toujours le refpeâ du MagiOiat fous 
les yeux, dans le tems'même où la plus vive 
indignation devoit animer fa colère , & où 
rien ne l'empêchoit de la contenter ^ elle ne 
s'y livra jamais. Elle fut ju(te étant la plus 
forte; même elle fut pardonner. En eut -on 
p{i dire autant de les oppreffeurs ? On iaic 
le ibrt qu ils lui firent éprouver autrefois ; on 
ftit celui qu'ils lui préparoient encore. 
Tels {ont les hommes vraiment dignes de 



LETTRE. 109 

la liberté parce qu'ils n'enf abufent jamais , 
qu'on charge pourtant de liens & d'entraives 
camme la plus vile populace. Tds font les 
Citoyens , les membres du Souverain qu'oit 
traite ea fujets, & plus mal que des fujets 
mêmes ; puîGpie dans les Gouverneniens les 
plus abfolus on permet des aflemblées de 
communautés qui' ne font prélidées d aucun 
Magiflxat. 

Jamais, conkme qu'on) s'y prenne, des ré- 
glèiœns/contradiftoîres' rie pourront être ob-* 
fervés à la fois. On permet on autoriie te 
droit de Rëpréfentation y & Ton reproche aux 
Réprélèntans de manquer de confidence en les 
cmpiêchant if en avoir. Cela tfeft pas jufte , & 
quanà on' vouls met hors d'état de faire en' 

corps vôsdémairches, il ne faut pas vous, ob- 
jefter que vous n'êtes que ^ des particuliers. 
Comment ne voit «on point que il le poids 

I 3 -'{.J^n ■■ , 



15 



lia H .U J T i E M B 

T • - ' » I 

4e8. Répréfentatiom dépend da nombre de^ 
Kiépréfentans , quand elles font générales il efl; 
^mpoflîble de les. fave un à lui ; & quel ne^ 
feroit pas l'embarras du Ma^iûiat s'il avoit à 
lire fucceflîvement le^ Mémoires ou à écoutes, 
les difcouTS d'ua mijlîer d'hbmmés « - cpmme il 
y eft. obligé par, 1^ Loi ?^ .: • 

\ Voici donc la facile, folation de cette grartr 
de difficulté que l'Auteur des Lettres fait, va- 
loir comme infoIubFe (x), Que lorfque le Ma- 
giftrat n'aura eu nul éga^d aux :plaim:es deâ( 
particuliers portées en Répréfentatiôns^ il per« 
mette Taflèmblée des Compagnies, bcùirgeoi*- 
fes ; qu'il la perniette fëpar^mem; en des lieux 
en des- tems différens ; que œlles de ces Corn* 
jpagnies qui. voudroi» à la pluraUté, des fuffrar 
ges appuyer les Répréfentations le failënt pa;& 

Ijgurs Députés, Qu^lors . le nombre des D^pii^- 

- - - — -^— — — ^— ^^.^^^^ 

' (J»0 Page 83.. : • 



LETTRE. m 

tés répréfèntatis ie compte^ leur nombre total 
l5fl fixe ; on verra bientôt fi lears vœux font 

, t 

fiix ne foQt pas: ceux de TEtat, 
.. Ceci ne lignifie pas, prenèz-y bien ^de, 
jque ces affemblées partîeHes puiiTent avoir au*- 
çune autorité , fi ce n*eft de faire entendre 
leur' fentiment fur la matière des Répréfenta- 
tions. Elles n'auront , comme affemblées au- 
torifées pour ce feu! cas , nul autre droit que 
celui des particuliers ; leur objet n'efl: pas de 
changer h Loi mais de juger fi elle eft fuivici 
uide redrefïer des gfîefs riiaiîs de montrer le 
befoîn d'y pourvoir: leur avis ^ fut-il unanime, 
ne fera Jamàîs^ gu'uôe Répréfentation. Oti 
feura feulement pàr4à fi cette Répréfentatiôû 
mérite qu'on y défera > foît pour affembler le 
€ônfeil général fi les Magîftrats Itapprouvent, 
foîtr pour s'en difpenfer s'ils Taiment mieux , 
en faifant droit par eux - mêmes fur les juf- 

I 4 



. ^ 



jit HUITIEME 

tes; plaintes des Citoyens & Bourgeois. ' 

Cette voyeeft fimple, naturelle, (lire, elfe 
cft fans inconvénient. Ce rfeft pas même 
ane Loi -nouvelle, à faire, c*eft feulement un 
i^rtide à révoquer pour ce feul cas. Cepen- 
iîant fi elfe effraye «incore trop vos Magif- 
trats , il en refte une autre non moins fad^ 
le, & qui n'eft pas plus nouvelle: c'efl: de 
f établir les Confeik généraux périodiques, & 
d'en borner lobjet aux plaintes mifes en Ré» 
' préfentations .durant l'Intervalle écoulé de l'un 
i l'autre, fans qu'il foit permis d^y porter au-, 
(june autre queftjQn. CejS aflèmblées, qui par 
une diftinftion tr^s importante (y) n'auroient 
.pas l'aiKorité du Souvçrain mais du Magiftrat 
foprêmç, Ipîq de pouyoîr rien innover nci 
pourroient qu'empêcher toute innovatîoa dç. 



(?) y^e? IÇ Çontraa Social, i,. IIL Chap\ <7^ 



L E T ï R E. 



"3 



la part des Confeîls, & remettr^toutes cho- 
fes dans Tordre dé la Légiflatîon, dont le 
Corps dépofîtaîre <k k force publique peut 

~ tnaîntenant s'écarter fans gêné autant .>qu'il lui 
plaît. En ibrte que , pouTv faire tomber ces 
aflèmblées d'elles rmêmes, les Magillrats n'au« 
roient qu^à^feWr^ êxaét^neu!: les Loix : car la 
convocation d>Qh Confeil général fetoît inutile 
& ridicule lorfqu'on n'auroit rien à y porter ; 

>. & il y a grande -4i{^arence que c*eil ainfi que 
iè perdit Fuiàge des Confesls- gëÀémux pério- 
diques au feittiomerfiéde, Gonsne il^ a été dit 
ci -devant. 

Ce fut d^ns^^la vueque je viens d'expofer 
qu'on les rétablit en 1707, & cette vieille- 
çieftion rrooûvel^e aujoi|rd'koi fut di^idée 
alors par le fdk même de t|:ois;Cbnfeils géné« 
raox confécQtîfs , au dernier defqaels pallâ^ 
TArticle coficernant le droit fkJR^élènish 

I5 



/ 



^14 H U I r I I4 U E 

tion. Ce dfpk n'ét^^ ^ W^Cçft^- mais jéltidéj 
tas Magifl^r^i? u'ofoient . difconvegir qup IcçA 
qu'ils refafolenc d^ .f^çisfa^irô. â^iix plaintes de 
)a Bousg6oi£ie la qf^Q^ m ໣ ém pptté^ 
çn.Cqnfei|;géo,éËal;iîB(Wjis copi^* Jl ftpparpfelif 
g eax cfeQÈ! iic : te ednysoqBèra, âJîl . B^récendpîérlt; 
fùiiî ce :ptétisi^ pmwoir ça difféiîer là tenu© 
à leur; valonfié ; &i .tomptoknt ; JaffèT à* ioEce. d€^ 
délais la coûftiuice de fe Bgm^oW^'. .Tôucér 
fois f0.a.:difQifc. &tj^eiifiû fi bkn^rccQimu ^ii'ojft 
fit dès Iç.,îr.';^il.toQvoquer;i'affemWée génér.: 
raie pôw le jr.^dtr Maj^/a^, jàit lé Placard^ t/^.^ 

lever par ce, moyen les injînuatîons. qui ont'.ét'éj 
zépanduei , ^rh : çoj^ûcatim:im, pmrroit êtrù< 
éludée î^ rej^vgjiée^ençm lm:\ : v . 
1 £c ^u'oQ. ïiëdife pas que c^e ccnvacacioa^ 
fut îosçéc ^«rjqaelqQe a£te de . violeaée op par; 
qadque tatâube tendant à fédition^ puirqa&' 
teotfe'traitibit alors par dénutation. comme le 



L E T. T R. E; :: ^ijf 

ClonfeS Favoit ddîré , & que jamjiis les CU 
^oyens & Bourgeois ne furent pIUs palflble^ 
4ans Jeurs aflexxibl^es ^ eviiiaoc de: 1^$ faire trop. 
' nombreùfes &:dè. leiiE donaerr.un air impo 
fant. 4 Us pop;&èse^t;n^inei fl. loin la décenr 

ce &j }'ofe dire, la digniié, queoeux^d'entre 
eux qui portoient babi(ueUeinent Tepée la po- 
feient touJQufSipaus y aCâer (z). Ce ne fu& 
qu'après que. oopit^futifait, ç'eft«à-4î]?e à la fiii^ 
du troifkme CûoToil. génér jd s^^u^il y eue un cri 
' ^'atmes datti£e:{)a£iJa faute du Confeit, qui eut 
l'impsudenoe d'envoyer trois Compagnies de la 
lanûfoo la bayonnei^ a^ bout du funi, poim 



(z)' Ils eurent la même attention en .1734 dans, 
leurs Répréfcntatipns du'4 Mais, appuyies de rail- 
la ou douze cejits Citoyens ou Bourgeois en per- 
fonne» , dont pas un feul n'avoit Tépée au côto. 
Ces foins, qui paroîtrôient minutieux dtins tout au- 
tre Etat, ne le. font pas dans une Démocratie , Ôç 
caraâérifent peut-âcie^ mi(;ux un peuple que des traies^ 
plus écIatanSf 



ii6 HUITIEME 

forcer deux oa trois cens Citoyens encore a& 
femblés à Sàiot Piètre. 

Ces Confeîls périodiques rétablis en 1707. 
furent révoqués emq ans après; mais par quels 
moyens & dans quelles circomftaoces ? Un 
court cacamen de cet Edit . (ie i7:i2 , ûou« 
foa juger de fa validité. : 

Premièrement le Fec^k efiràyé par les exé« 
cutions & proTcriptipos récentes^ n'ai^oit ni U-< 
berté ni fileté ; il ne pouvoit' plus compter 
fur rien.s^éa la fracsdoleafe amniftie qu'on 
efnpldya pour le furprendre. 'il croyait 4 châ-^' 
que inltant jrevoir à fès portes les SuifîâS'qG$ 
fervirent d archers à ces langl^nte^ exécutions. 
Mal revenu d'un eflProi que le début de l'Edic 
étoit très propre à réveiller, il eut tout accor** 
dé par la feule crainte ; il fentoit bien qu'on 
ne l'afTembloit pas pour donner la Loi mais 
pour la* recevoir. 

Les motifs de cette révocation > fondés fur 



LETTRE. 



"7 



tes dangers des Confcîls généraux périodiques,' 
font d'une abfurdîté palpable à qui connoït le 
mains du inonde Te/prit de votre Conftitution 
& celui de votre Bourgeoifie. On allègue les 
tems de pefte de famine •& de guerre, comme 
fi la famine ou la guerre étoient un obftade à 
la tenue d'un Çonfeîl , & quant à la pefte , 
vous m'avouerez que c'efl: prendre fes précau- 
tions de lob; On s'effraye de l'ennemi, des 
mal -intentionnés, des cabales; jamais on ne 
vît des gens fi timides ; l'expérience du paffé 
devoit les rafTûrer : Les fréquens C!onièils gé- 
néraux ont été dans les tems les plus orageux 
le falut de la République j comme il fera mon- 
tré ci-après , & jamais on n'y a pris, que des 
rélblutions fages & courageufes. On foutient 
ces affemblées Contraires à la Conftitution , 
dont elles font le plus ferme appui ; on les dit 
contraires aux Edits, & elles font établies par 



ii8 ir ij i t I Ë ]v4 É 

ies Edîts; on les accufe de noaveauté, & eQeâ 
ibnc auiii anciennes que la Légiflation; Il n*y 
a pas one ligne dans ce préambule qui ne foit 
Une faufîecé ou une extravagance , & c'eft fur 
te bel expofé que la révocation paiTe^ fan^ 
programme antérieur qui ait infbuit les meni* 
bres de l'afTeniblée de la prbpofitîon qa'oii 
leur vouloît faire , fans leui donner le loifir 
d'en délibérer entre eux ^ même d y penfer^ 
& dans un cet^s où la BourgeoiQé mal ifl& 
traite de Thiftoire de Ton Gouvernement s'ert 
laiflbit aîférfiatit impofer pûf le Magiftrat. 

Mais un moyen dé nullité plus grave en- 
tore eil la violation de TEdic danâ fa partie 
à cet égard la plus importante , favoir la ma*' 
nicre de déchiÔrer les billets du de compter' 
ks voix } car dans l'Article 4 de l'Edit dé 
1707 il efl: dit qu'on établira quatre Secré- 
taires ad aSlum pour recueillir les fuSraged^' 



L Ê 1? T R lÊ. iip 

T 

deux des Deux-Cents & deux du ï^euple , lefl 
quel?, feront choifis (ur le champ par M. l6 
premier Syndic & prêteront foment dans lé 
Temple. Et toutefois dans le Confeil géne'- 
ral de 17 12, fans aucun égard à l'Edit pré- 
-cédent on fait recueillir les fufFrages par les 
deux Secrétaires d'Etat. Quelle fut donc la 
taifon de ce changement, & pourquoi cette 
manœuvre illégale dans un poîiit fî capital. 
Comme fi Ton eut youIu tranfgreffer à plaifit 
]a Loi qui venoît d'être faite ? On commencé 
par violer dans un article FEdit qu'on veut 
annuler dans un autre ! Cette marche eft-elle 
Jriguliere? fî comme porte cet Edit de révo- 
cation Tavis du Confeil fut approuvé prefqué 
unanimement {ad) , pourquoi donc la furprife 
& la conllernation que marquoient les Cite-, 

(flfl) far la manière dont il m'eft rapporté qu'on 
l*y priti cette unanimité a'étoit pas difficile à Qbttf 



t£0 



HUITIEME 



yena en (brtaût du Confeil) tandis qu^on vo 
yoîc un air de triomphe & de fatisfafitioi fat 
l^ vifages des Magiftrats (^6)? Cos différen- 
tes 

■ - — ^ 

nlr , & il ne tînt qu*à ces Meflîeurâ de la rendre 
complette. 

Avant l*aflemblée, le Secrétaire d'État Meftrezat 
dit: Laiffez les venir y je les tieris. Il employa, dit' 
on, pour cette fîn les deux mots approbation y* & Re- 
JeSion, qui depuis font demeurés en ufage dans le^ 
billets : en forte que quelque parti qu'on prit tout 
revenoit au même. Car fi Ton choKîflbit approbation 
l'on approuvôit l'avis des Confeili, qui rejettoît 
raflemblée périodique ; & û l'on prenoit Réjeàion 
l'on rcjcttoit l'aflemblée périodique. Je n'invente 
pas ce fait, & je ne le rapports pas fans autorité} 

I 

je prie le leâeur de le croire ; mais je dois à la vé- 
rité de dire qu'il ne me vient pas de Genève, & à 
la juftice d'ajouter que je ne le, crois pas vrai : je 
fais feulement que l^équivoque de ces deux mots a- 
buf^ bien des votans ùxr celui qu'ils dévoient choi^ 
fîr pt)ur exprimer, leur intention , & j'avoue encore 
que je ne puis imaginer aucun motif honnête ni au- 
cune excufe légitime i la tranfgreilion de la loi dans 
le recueillement des fulFrages. Rien ne prouve 
mieux la terreur dont le Peuple étoit faifî que le fi- 
lence avec lequel il laifla pafler cette irrégularité. 
(bb) Ils dlfoient entre eux en fortant, & biea 



L Ë Tf T R Ë. , iài 

» 

lès contenances font-elleâ naturelles ' à gens 
qui viennent d'être unanimement du même 
avis? 

Ainfi donc, pour .arracher cet Edît de ré* 
vocation l'on ufa de terreur, de furprife , 
vraifemblableihent de fraude, & tout au moins 
on viola certainement la Loi. .Qu'on juge fi ceS 
carafteres font compatibles avec ceux d'une 
Loîfacréè, comme on aiFefte de l'appeller? 

Mais fuppofons que cette révocation fok 
légitime & qu'on îi'en ait pas enfreint les 
conditions (ce) , quel autre eflfet peut-on lui 



d'autres Ten tendirent; naus tenons de faire une gran- 
de journée. Le lendemain nombre de Citoyens fu- 
rent fe plaindre qu'on les avoît tronipés , & qu'ils 
n'avolent point entendu rejetter les aflemblécs gêné* 
raies, mais l'avis des Confeils. On Te moqua d'eux» 
(ce) Ces conditions portent qu'aucun changement 
à VEdit n'aura force qu'il n'ait* été approuvé dans a 
fouverain ConfeiL Relie donc à favoir lî les infrac- 
tions de i*£dit pe font pài des changemefis à rEdlt? 

Partie H. K 



fÈS. 



HUITIEME 



donner , que de remettre les chofes fur le ple^ 
loù elles étoîent avant rétablifTement îde la Loi 
révoquée , & par conféquent la » Boufgeoîfîe 
ilans le droit dont elle étoit en pofljbiTion? 
^Quand on cafle une tranfaftîon, 1^ rartieâ 
pç reftent-elles pas comme elles étoient avai)t 
qu'elle fut paflee? 

: Convenons que ces Gonfeîls généraux pé-* 
fîodiques n'auroîent eu qu'un ièul inconvé- 
nient , mais terrible; c'eut été de forcer les 
Magiftrats & tous les ordres de fë contenir 
dans les bornes de leurs devoirs & de leurs 

4 

droits. Par cela feul je fais que ces affejn- 
blées fi eflfarouchantes ne feront jamais réta* 
blies , non plus que celles de la Bourgeoifie 
par compagnies; mais auffi n'eil-ce pas de 
cela qu'il s'agit ; je n'examine point ici ce 
qui doit ou ne doit pas fè faire , ce qu'pn 
fera ni ce qu'on ne fera pas. Les expédient 



' L Ë- T T R, E; , m 

^ùe j'îndjqae fimplement conime poflibles & 
faciles, comme tire's de votre conftitution ^ 
h'écanc plus conformes aux nouveaux Edita 
ne peuvent pafler que du ^ confeotement des 
Confèils i & mon avis n^eil: aflurément pa^ 
qu'on les leur propôle : mais adoptant un 
moment la fuppofition de routeur des Let^ 
tres^ je réfojiis des dbje6lions frivoles; je fais 
voir qu'il cherche dans la nature des chofes 
des obftacles qui n'y font point, qu'ils né 
font tous que dans la mauvaiib volonté du 
Confcil, & qu'il y avoit s'il l'eut voulu cenç 
moyens de lever ces prétendus obClacles ^ fans, 
altérer la Conftitutiôn , fkns troubler Tordre ^ 
& Ikns jamais expofer le repos public. 



Mais pour rentrer dans la queflion tenons- 
nous exa£):ement aii dernier Edit , ôc vous 
n'y verrez pas une feule difficulté réelle con- 
tre l'eflFet néceifaire du droit de Répréfen^ 
tatiofl. K 2 



124 HUITIEME 

1. Celle d'abord de fixer le tiombre des 
Répré(èntans eft vaine par FEdit même, qui 
ne fait aucune dUlindlion du nombre, & ne 
donne pas moînis de force à la Répréfenta- 
tion d'un fetrl qu'à celle de Cent. 

2. Celle de donner à des particuliers le 
droit de faire aflembler Je Confeil général efk 
vaine encore ; puifque ce droit , dangereux 
ou ^non , ne réfulte pas de TefFet néceflaire 
des Répréfentations. Comme il y a tous les 
ans deux Confeils généraux pour les élec- 

V 

lions , il n'en faut point pour ces effet aflem- 
bler d'extraordinaire. Il fuffit que la Répréfen- 
tatîon , après avoir été examinée dans les Con- 
feil^, foit portée au plus prochain Confeil gé^ ' 
néral , quand elle eft: de nature à Fêtre {dd). 
La féance n'en fera pas même prolongée d'u^ 

I 

(dd) pai diftingué ci-devant les cas où les Confeîjs 
font tenus de l*y porter, & ceux où ils ne le font pasw 



LETTRE. 125 

ne. heure, comme il efl: manîfefte à qui con- 
noit Tordre . obfervé dans ces affemblées. Il 
faut feulement prendre la précaution que la 
propofkion paife aux voix ^vant les éleftions : 
car fi Ton attendoit que l'ékâion fut faite , les 
Syndics ne manqueroient pas de rompre auffi- 
tôt raflèmblée, comme ils firent en 1735. 

3. "Celle de multiplier les Confeils généraux 
cft levée avec la précédente & quand elle ne 
le feroît pas , où feroient les dangers qu'on y 
trouve ? ç efl ce que je ne faurois voir. 

On frémit en lifant rénuméraiic«i de ces 
dangers dans les Lettres écrites de la Campa- 
gne, dans TEdit de 17 12;, dans la Harangue 
de M, Chouet ; mais vérifions. Ce dernier die . 
que la République ne fut tmnquille que quand 
ces affemblçes devinrent plus rares. Il y a là 
tme petite inverfion à rétablir. Il falloit dire 
que ces aflâmbl^es devinrent plus r^es quand 

K3. 



125 



HUITIEME 



la République fut tranquille. Lifez, Monfie^r•J^ 
ies faftes de votre Ville duranç le feîzieme fié- 
çle. Comment fecoua-t-elle le double joug qui 
récrafo ît ? Cmment étouj3ra-t«elle les fa6lion$ 

m 

qui la diéchiroîent ? Çonmient réfifta-t-elle â 
Tes voîfins avides , qui ne b feço^iroient que 
pour rafler\âr ? Comment s'établit dans foii 
iein la liberté évângélique 5f politique ? Com- 
inent {a çonflîtution prit- elle de la confîftance ? 
Comment fe forma le fyftême de fôn Gouver- 
nement ? L'hîftoire de ces mémorables terni 
(pfl: un enchainement de prodiges. Les Ty- 
rans, les Voifins, les ennemis , les amis, le^ 
fujets, les Citoyens, la guerre, la pefte, la fa- 
mine , tout fembloit concourir à la perte de 
eette malheureufe Ville. On conçoit à peine 
comment un Etat déjà formé eut pu échapper 
à tous ces périls. Non feulement Genève eit 
échappe , mais c'eiï disant ces crifes terrible^ 



I. E T T R E. 12^ 

^ue fe confomme le grand Ouvrage de fa Lé- 
giflatign. Ce fut par fes fréquens Confdls gë- 
néraux (ee) , ce fut par la prudence & la fer- 
meté que fes Citoyens y portèrent qu'ils vain- 
quirent enfin tous les obftades ^ & rendirent 
leur Ville libre & tranquille, de fujette & dé» 
chirée qu'elle étoit auparavant ; ce fut après 
avoir tout mis en^ ordre au dedans qu'ils fô 
virent en état de faire au dehors la guerre 
avec gloire. Alors le Confeil Souverain a- 
voit fini fes fondions , c'étoic au Gouverner 
ment de fiûreles fieniles ; il ne reftoit plus aux; 

^— — — i— I ■ ■ I 1 ■ I I II I II —IWWi 

< 

(ee) Comme on les affembloîc alors dans tous les 
cas ardus félon les Edits , & que ces cas ardus re- 
venoient très fouvent dans ces tems orageux , le 
Confeil général étoic alors plus fréquemment con- 
voqué que u'eft aujourd'hui le Deux-Cent. Qu*on en. 
juge par une feule époque. Durant les huit premiers 
mois de l'année 1540 il fe tint dix-huit Confeils gé« 
néraux, & cette année n*eut rien de plus extraordi- 
naire que celles qui avoient précédé & que celles 
^i Culvlrent. 

K4 



128 H U I T I E M E 

Genevois qu'à deTendre la liberté qu'ils v©- 

* 

noient d'établir, & à fe montrer auffî braves 
foldats en campagne qu'ils s'étoient montrés 
dignes Citoyens au Confeil: c'eft ce qu'ils fi- 
rent. Vos annales atteftent par tout l'utilité 
àe& Confeîls généraux ; vos Meflieurs n'y vo- 
yent que des maux effroyables. Ils font l'ob* 
je6lion, mais l'hidoire la féfout. 

4. Celle de s'expofer aux faillies du Peuple 
quand on avoifine à de grandes PuifTances le 
réfout de même. Je ne iàcKe ' point en ceci 
de meilleure réponfe à des fophifmei que des 
faits conftans. Toutes les réfolutîons des Coiv 
ièils généraux ont été dans tous les tems auifi 
pleines de fagefle que de courage ; jamais el- 
, les , ne furent infolentes ni lâches ; on y a 
quelquefois juré de mourir pour la patrie ; 
mais je dcfie qu'on- m'en cite lin feul , même 
4^ ceux où' le Peuple a le plus influé , dans 



LETTRE. 



lip 



lequel on ait par étourderîe iiidifporé les Puif- 
£uices voifînes , non plus qu un feul où Foa 
aie rampé devant elles. Je ne ferois pas un 
pareil défi pour tous les arrêtés du petit Con« 
feil: mais paflbns,. Quand il s'agit de nouvelles 
r^folutions à prendre , c'efl: aux Confeiis infé^ 
rieurs de les propofer , au Confeil général de 
ks rejetcer ou de les admettre ; il m peut rien 
Élire de plus ; on ne difpute pas de cela : Cette 
objeâion porte donc à faux. 

5. Cdle de jetter du doute & de l'obfcurîté 
fur toutes les Loix n*eft pas plu? folide, parce, 
qu'il ne s'agit pas ici d'une interprétation va- > 
gue , générale , & fufçeptible de fubtilités ; 
xoais d'une application nette & prédfe d'un 
£lit à la Loi. Le Magiflnt peut avoir Tes 
raifons pour trouver obfcure :uop çhofè ctûre , 
mstis cela n'en détruit pas la cl^é. Ces Me£^ - 
fleurs dénaturent, la que(lion« Montrer par il 

K5 



%3^ 



H V! I T I vE .M. E 



lettre d'anè L<m qu'elle a été violée rfeft pas 
ptopofer dei doutes fm ceite. Ld, S'il y a 
duns les termes de la Loi un feul fens feloq; 
lequel le f^it foit jûftifié , h Cotifeil dans (^ 
rèponfe fie manquera pas d'établir ce lens,. 
Alors la Répréfëhtation perd fa force , &' fl 
ÏJon y petfirte , eHe nombe infaîmblement en 
Cohfeil général : Car FintépÉtde tous «ft trop^ 
grand , trop préfcftt , trop fènifible j fiirtout dansi 
une Ville de conitiierce; pour que la gétlé-> 
ràlité veuille jamais ébranler l'àutoriÊé, le Gou- 
vernement , là Légiflàtion , eh prononçant' 
^'uneLqi â été ttatrfgreflëe, lorfqu'îl efl: po& 
fible qu'elle m Tait pas été,- 
. C'eft au liégîflatèur, c'eft au ràlafteur des 
Loix à n'en pa? lâiflèr les termes- éqliivoquei^ i 
Quand ils le font; c'eft à l'équité du Mdgifr^ 
trat d'en £^er \t feds àsns la pratique ; quand 
I^Loî a plafîeurs feôs » il ufe de fon droit en - 



«• 



L -E T T- R E; 13I 

préférant celui qu'il Juî plait: mais' ce droit ne 
va point jufqu^à changer le fens littéral de$ 
loix & à leur en donner un qu'elle n*ont pas ; 
autrement il tfy auroit plus de Loi. La qùeP 
tion aînfi pofée eft fi nette qu'il eft facile aii 
bon fens de prononcer, <Sf ce bon fens quî 
prononce fe trouve alors dans le Goiifeil géné«; 
rai Loin que de-l$ haîflerit des difcuflîons in? 
tèrmînables, c'ëfl par là qu'au contraire on ki 
prévient; c'eft par là qu'élevant le? Edîts au- 
deflus des intérprétatîonsî arbitraires & parti- 
culières que l'intérêt bu la paffion peut fugge% 
ïery on eft fur qu'îk difent toujours ce qu'iW 
difent, & que les particuliers ne font plus en. 
doute, fur chaque affaire, du fens qu'il plair^ 
au Magîftrat de donner à la Loi. N'efl-il pa$ 
çïair que les difficultés dont il s'agit maintes 
nant n'exifteroient plus fi l'on eut pris d'ab,o;4 
ce moyen de les réfoudfe ? "^ 



/ 



13? HUITIEME 

* 

6. Celle dé foumettre les Confeils aux or- 
dres des Citoyens ed ridicule. Il efl certain 
que des Répréfentations ne font pas des or- 
dres 9^ non plus que la requête d'un homme 
qui demande juftice n'efl pas un ordf e ; mais 
le Magiilrat n'en eft pas moins obligé de 
rendre au fuppliant la jûftice qu^il demande^ 
& le Confeil de faire droit fur les; Répré- 
fentations des Citoyens & Bourgeois. Quoi- 
que les MagiHxats foient les fupérieurs deji 
particuliers, cette fupériorité ne, \ts dilpenfe 
pas d'accorder à Idirs inférieurs ce qu'ils leur 
doivent , & les termes relpeélueux qu emplo- 
yent ceux-ci pour le demander n'ôtent rien 
au droit qu'ils ont de l'obtenir.- Une Réjpré- 
fentatîon eft, fi l'on veut, un ordre donné au 
Confeil, comme elle eft un ordre donné au 
premier Syndic k qui on la préfente de la 
communiquer au Confeil > car c eft ce qu il eft 



LETTRE. ijj 

toujours obb'géde faire, foît qu'il approuve. 
la Répréfentatîon , foit qu'il ne l'approuve pa$. 

Au rafle quand le Confeil tire avantage da 
mot de Répréfentation qui marque infériorité; 
en difanc une chofe que perfonne ne difpute , 
il oublie cependant que ce mot employé dans 
le Règlement n'ed pas dans TËdit auquel it 
renvoyé, mais bien celui dQ Remontrances qui 
préfente un tout %utre fèns: à quoi Ton peut 
ajouter qu'il y a de la différence entre les Re- 
montrances qu'un corps de Magifbrature fait 
à fon Souverain, & celles que des membres 
du Souverain font à un corps de Magifbratu- 
re. Vous direz que j'ai tort de répondre à 
une pareille objeâion ; mais elle vaut bien 
la plupart des' autres. 

7. Celle enfin d'un homme en crédit con- 
teflant le fens ou l'application d'une Loi qui 
le condanne, & féduifant le public en fâ fa- 



t3* H U i t î E M E 

veur, eft telle que je croîs devoir m'abflenîr 
lie la qualifier. Eh ! qui donc a connu là 
Bourgeoifîe de Genève pour un peuple fer- 
Vile, ardetit , imitateur, flupide, ennemi des 
]oix , & fi prompt à s'enflammer pour les in- 
térêts d'autrui ? Il faut que chacun ait bieii 

* 

VU le fien compromis dans les affaires publi- 
ques , avant qu'il ptiifiè fe réfbudre à s'eii 
mêler. • 

Souvent r^njuflice & k fraude trouvent 
des proteâeurs ; jamais elleâ n'ont le public 
pour elles; c'efl: en ceci que la voix du Peuplé 
efl la voix de Dieu ; mais malheureufemenfc 
cette voix fkcrée efl toujours foible dans les 
affaires contre le cri de la puiflancé, à là 
plainte de l'innocence opprimée s'exhale eni 
murmures méprifés par la tyrannie. Tout ce 
qui fe fait par brigue & féduâion fe fait par 
préférence au profit de ceux qui gouvernent j| 



LETTRE. 



3^ 



cela tie fauroic être autremenc. La nife y le 

* 

préjugé, l'intérêt, la crainte, l'efpoir, la va- 
nité, les couleurs fpécleufes, un air d'ordre 
& de lubordinatîon-, tont efl pour des hommes 
habiles coniliuiés en autorité & verfés dans 
l'art ffabufer le peuple. Quand il s'agît d'op- 
pofer TadrefTe à l'adrefle , ou lé crédit au cré- 
dit, quel avantage immenfe n'ont pas dans une 
petite Ville les premières familles toujours 
unies pour dominer , leurs amis , leurs cliens , 
leurs créatures , tout cela joint à tout' le pou- 
voir des Confeils , pour écrafer des particuliers 
qui oferoient leur faire tête ^ avec des fophiP 
mes pour toutes armes? Voyez autour de vous 
dans cet infiant même^ L'appui des loix , l'é- 
quité, la vérité, l'évidence , l'intérêt commun, 
le foin de la fÛreté particulière y tout ce qui 
devroit entraîner la foule fufEt à peine pour 
protéger des Citoyens refpeflés qui rédameiît 



r 



i^Ô H U I t î É M Ë - 

contre l'iniquité la plus manîfefte"; & l'on veut 
que chez un Peuple éclairé Tîntérêt d'uft 
bfouillon fafle plus de partifans que tt'en peut 
faire celui de l'Etat ? Ou je connoîs mal votre 
Bourgeoifîe & vos Chefs, ou fi jamais il fe 
fait une feule Répréfetitatîon mal fondée , ce 
qui n'eft pas encore atrivé que je fâche ; 
l'Auteur, s'il n'eft méprifable, eftunTiomme 
perdu, 

Eft-il befoîn d? réfuter des objefliîons de 
cette efpece quand on parle à des Genevois ? 
Y a-t- il dans votre Ville un féul homme qui 
n'en fente la mauvaîfe foi , & peut-on férîeu- 
fement balancer l'ufage d'un droit facré, fon- 
damental , confirmé , néceflTaire , par des in- 
convéniens chimériques que ceux mêmes qui 
les dbjeftent favent mieux que perfonne ne 
pouvoir exifter ? Tandis qu'au contraire ce 
droit enfreint ouvre la porte aux excès de la 

plus 



L Ê *r "r R E; is^ 

plus ôdieufé Olygarchie , au point qu'on là 
Voit attenter déjà faiïs prétexte à la liberté dek 

m 

Citoyens, & s'artroger hautement le pouvoï 
de les emprifbnhe!: fcàis âftri£Hbn liî condition ; 
làns formalité d*aucune ejpece , contre là te^ 
neùr des Loix les ]^lus précifes , & malgré 
tSDùtes let proteflatîons". 

L'eiplîcatîoh qû'oâ bfe dôhîàc? à dès Loîî 
eft plus infultante encore que la tyrannie qu'oA 
^etce eil leut nom. Dé qilels l'aifontleniais 
on vous paye ? Ce n'eft pas aflëfc de vocA 
traitet en êfclaves fi Ton ne Vous traite encore 
en en&ns. Eh Dieu ! Çomtiient a-t«on {hi 
tnettre .en doute des queftions auflî claire^,' 
commertt a-t-oti pu lei embrouiller à ce point? 
Voyei, Moûfîeur; flJes pofer n'efl: pas lés 
réfoudre ? En finiflant par là cette Lettre ,' 
j'efpere ne la pas . alongar de beaucoupé 

UnAiomme peut être ccnftitué prifbnnier il 

Partie IL h 



138 HUITIEME 

trois manières. L'une à YîùRBXice d*an auti? 
honmie qui faic contre lui Partie formelle ; la 
ih:and^ étant furpris en flagrant délit & faifi 
fur le cbf^mp , ou , ce qui revient ^ix même » 
pour orime notoire doi}( le public eft témoin j 
& h troîfieipç, 4'à£c99 par ]a fimple aytcuritç 
du Magîfhat, fur des avis feçrets, fi^r dies inr 

<(fiçi^,: ou fiiç 4-^uîrQ^ raiTops qu'il trouve fgf- 

- Dfi«s te parenû^CM,, il: eft ordonna pv \^ 
Ii(Wc^ l3$Bèw §90 l'agcuf^tear r^v^ lei 
•pdrifoas , aiofî qiie Fa/ccufé ; & dç plup ^ s'S 
n'jeftpas.folwble» qu'il 4pnpe cauti.os de^cjé- 

peada &'d© r*(UHgé. Afeû l'on a de ce côté 

dfif]$i ^intérêt de Tacciffateur une fureti^ rai* 
libnnabte que Je pr^venp p'eft pas arrêté in« 
ji^emtnî, 

D99S leiecond cas^ la preuve eft dans le 
fait tQême , & l'accufé dl en quelle forte 



LETTRE. i3f 

convaincu, par fa propre détention. 

Mais dans le troifieme cas on n*a pi la 
même flàreté que dans le premier, ni la mê- 
me évidence que dans le fécond, & c^eft pour 
ce dernier cas que la Loi , ruppofant le Ma-^ 
gîftrat équitable, prend feulement desmcfurei 
pour qu*il ne (bit pas furprîs. 

Voila les principes fur lefquelà le Légîfla- 
tcur iê dirige dans ces trois cas ; eh voici 
maintenant r application. 

Dans le cas de la Partie formelle , on a dès 
lé commencement un procès eh règle qu'il 
faiic fuîvre dans toutes les formes judiciaires : 
c*eft pourquoi l'affaire éft d'abord ^traitée en 
prehiiere itdlance. L'emprifonnement ne peùc 
^tre fait Ji, parties ouies^ il n'a été permis 
-far juJUce (ff). Vous favez que ce qu'on 
appelle à Genève la Jullice e(t le Tribunal 

{ff) Edits civils. Tit. XII. Art. i. 

La 



Ï40 



HUITIEME 



du Lieutenant & de Tes afliflans appelles 
Auditeurs. Ainfî c^ed à ces Magiilrâts & non 

m 

^ d'autres 9 pas même au^ Syndics , que la 
plainte en _pareil cas doit être portée , & c'efl 
à eux d'ordonner remprifonnemegt des deui 
parties ; fauf alors le recours de Time des deux 
aux Syndics, fi^ félon les termes de TEditj 
çlk fe fentoif grevée par ce qui aura . été, ction" 
vé (gg). Les trois premiers Articles du titre 
Xil^fur les matières criminelles fe rapportent 
évidemment à ce cas-là» 
. Dans le cas du flagrant délit, foit.pour.crt 
me, foit pour excès que la.poliee doit punir ^ 
il cil permis à toute perfonne d'arrêter, le cou* 
pable; mais il n'y a que les M^IJiKtrats char«- 
£és de quelque partie du pouvçîr exécutif^ 
tels que les.^yndics, le Confeil, le Lîeqca- 
allant, un Auditeur, qui puiil^nt F.écrouerf uâ 



Çgg) Ibicl% Art. 2. 



amam^'^f^mmmmmmmm^ 






LETTRÉ. t^i 

m 

I 

Confeîller ni pluGeurs ne le pourraient pas ; & 
k prifonnier doit être interrogé dans les vingt- 
quatre heures. Les cinq Artides fuivans da 
même Édit fe rapportent uniquement à ce* 
fécond cas ; comme il eft clair , tant par Tor- 
dre de la ftiatiere, que par le nom de crim" 
nel donné au prévenu , puifqu*il n'y a que le 
fèul cas du flagrant délit ou du crime notoi- 
re, où. Pofi puifîè -appeller criminel un accu- 
fé avant que fon procès lui foit fait. Que fl' 
l'on s*obftine à vouloir qu'accufê & criminel 
foient Anonymes , il faudra , par ce même' 
langage , qu'innocent. & criminel le foient auffi^ 
Dans le refte du Titre XII il n'efl plus 
queftîon' d'emprîfonnement , & depuis l' Arti- 
de 9 ÎHclufivement tout roule fur la procédu- 
re' & fur la forme du jugement dans toute 
elpece de procès criminel. Il n'y efl point 
parlé des emprifonnemens faits d'office.. 

•La 



142 HUITIEME 

Mais il en efl parlé dans TEdit politique 
fur rOffice des quatre Syndics. Pourquoi ce- 
la? Parce que cet Article tient immédiatement 
à la liberté civile, que le pouvoir exercé fur 
ce point par le Mag^iftrat efl un a£le de Gou- 
vernement plutôt que de Magiftrature , & 
qu'un fîmple Tribunal de juflice ne doit pas 
Être revêtu d'un pareil pouvoir. Auffi FEdît 
raccorde- t-il aux Syndics feuls, non au Lieu- 
tenant ni à aucun autre Ma^flrat. 

Or pour garantir les Syndics de la furprife 
dont j'sd parlée l'Edit leur preicrit de mander 
premièrement ceux quil appartiendra ^ d'exami- 
ner d'interroger , & enfin de faire emprifontier 
fi mejiier ejl. Je crois que dans un pays li- 
bre la Loi ne pouvoit pas moins faire pour 
mettre un frein, à ce terrible pouvo^. Il faut 
que les Citoyens aient toutes les flketés rai- 
fonnables qu'en faifant leur devoir ils pour» 
ront coucher dans leur lie 



LETTRE. 14$ 

L'Article fuîvant da même Titre rentre, 
comme il efl: manifefte , daiîs le ca^ da tri' 
me notoire & du fkgtant défit , de même 
que FArticle premier du Titre des matières 
ôriminelles , dans le même Edit politique. Tout 
cela peut paroître une répétition : mais dans 
PEdit civil la matière eft confidérée quant à 
Fexercice de la juftjce , & dans TEdit politi- 
que quant i la fureté des Citoyens. D'ailleurs 
les Loix ayant été faîtes ^en dîfFérens t&hs^ 
& ces Loix étant Toûvrage des homihes, on 
n*y doit pas chercher un ordre qui ne fe dé- 
mente jamais & une perfe£Hon fans défaut. 
Il fuffit qu'en mécStant fur le tout Se en com- 
parant les Articles, on y découvre fefprît 
du Légiflateur & les raifons.du diipofltîf de 
fon ouvrage. 

Ajoutez une réflexion. Ces droits fi judi« 
dçufeitient combmés; ces droits réclamés par 



\ 



144, H U I T ]^ E ]Ni E 

le$ l^épréÇentans en vertu des Edîts y vous 
e^ jouiiSez. fous la fouveraineté des Evêquesj^ 

]N[eufçhâ,tel en jpaît fous fes Princes , & à, 

» 

vous Républicains, oq vept les ôter !. Voyeji 
les ArUdes iq, xi, & plufieurs autres^ des 
^anchifes( de Genève dans Tafte d^Ademaru^ 
Fabri. Ce monument tfeft pas njoins jelpeç- 
table au^ Géipcvois que XfQ l'eil: aux AngloisL 
1^ grande Ci^arcre epopre plus ancienne , iS^ 
je doute qu'on fut bien venu chez ces der- 
^ers à parler de leur Chartre avec autant dç, 
5Piépris que F Auteur des Lettres ofe eu, xa^x 
^uer poijr la vôfre^ 

•i. 

•Ç prétend, qtfdle a ^té< abrogée p^r les. 
Çonfl;kutipns dç la Riépublique (hh\ Mais au 



(hV) Céioït par une Logique toute femblable 
qu'en 1742. on n'eut aucun égard au Tïtilté àt Sq^ 
Ieuredei579, foutenant qu'il étoit fur anné; quoi- 
qp'ilfut déclaré perpétuel dans TAfte même , qu'il 
^'^ic jamais été abrogé par aucun ^utre , & quU 



LETTRE. ^45 

contraire je vois tr^s fouyenc daps yos Edits 
ce mot, comme d'ancienneté.,^ qui renvoyé ai^ 
uiàges anciens , par coQféguene apx droits fur 
^efquels ils étoient fondés; & comme fi !'£-" 
yêque eut prévu que ççux qpi dévoient pro- 
téger les f ranchilèa les attaquerpienc , je voi^ 
qu il déclare dans l'A^e même qu'elles -feront 
perpétuelles , fans que le nonrufage ni aucune 
prefcription Içs pui^ abolir. Voici ^ vous en 
conviendrez , une. oppofition bien finguliere. 
jL.e favant Syndic Chpuet dit daqs fon Me* 
çioire à Mylord Towfend que. le. Peuple de 
Gpnève entra, par la Réformation, dans les 
droits, de l'Evoque , qui étoit Prince tempoi- 
rel & fpitituel de cette Ville, L'Auteur des 
t^ettres npus'aflîire au cogtraire*. que ce mer 

me Peuple perdit en cette occafîon .Içs fraa- 

\ 

é ^ 

ait'écé rappelle plufîcurs fois « notaiAgienc daas Tac* 
y? de Ig^ Médiation. 

L5 



146 HUITIEME 

diifcs que FEvêque lui avoît accordées. Au- 
quel des deux croirons-nous? 

Quoi ! vous perdez étant labres des droits 
dont vous jouiffiez étant lujets ! Vos Magif- 
trats vous dépouillent de ceux que vous, ac- 
cordèrent vos Princes ! fi tellp efl: la liberté 
que vous ont acquis vos pères , vous avez 
dequoî regretter le fang qu'ils verfèrent pour 
«die. Cet aâe fingulier qui vous rendant Sou- 
.verains vous ôta vos franclufes , valoit bien , 
ce me feidble, la peine d'être énoncé, &, du 
moins pour le rendre croyable, on ne pou- 
voit le rendre trop foIemneL Où eft-il donc 
cet aéte d'abrogatbn ? Afiurément pour fe 
prévaloir d'une pièce auffi bizarre le moins 
qu'on pioÛë faire efl de commencer par la 
montrer. 

De tout ceci je crois pouvoir conclure 
avec certitude 9 qu'en aucun cas peffîble, b 



LETTRE. 147 

Loi dans Genève n'accorde aux Syndics ni à 
perfonne le droit ^folu d'emprifoioner 1^ 
particuliers fans aftriâioa ni condition. Mais 
n'importe: le Codèil en réponfe aux R^ré- 
fèntations établit ce droit fans réplique. H 
n'en coûte que de vouloir , & le voila en 
pofleflion. Telle eft la comodité du droit 
négatif. 

Je me propofbis de montrer dans cette 
Lettre que le droit de Répréfentation , inti* 
mement lié à la forme 4ô votre CdnfUtu- 
tîon n'étoit pas un droit ilîufoire & vain; 
mais qu'ayant été formellement établi [par 
l'Edit de 1707 & confirmé par celui de 
173g, il devoit néceflairement avoir un e& 
îti réel: que cet effet n'avoît pas été ftipu-^ 
lé dans l'Aâe de la Médiation parce qu'il 
ne l'étoit pas dans TEdit, & qu'il ne l'avoît 

« 

pas été dans l'Edit, tant parce qu'H réfuitoit 



148 HUITIEME 

. ^ors par luî-^méme de h nature de votre 
Cdnftitxition , que parce que le même Edit 
en établilTok la fureté d'une autre manierez 
Que ce droit & fosi effet néceilkîre donnant 
leul de la. confîftance à tous les autres • étoit 
runîc^e & véritable équivalent de ceux.qu'oa 
^yoi(: Qtés à k fiourgeoîfie; que cet équiva* 
lent, Tuffifant pour établir un folide équilibre. 
ei)tré. tQutes Je^ parties de l'Etat , montroit 
la fageflè dti Règlement qui fans cela ièroit 
l'ouvrage le plus inique qu'il fut poffible d'i» 
maginer : qu'enfin les diffiodtés qu'on éle* 
voit contre l'exercice de ce droit étoienfr 
des difficultés * frivoles 9 qui n'exUloient que 
dans la mauvaife volonté de ceux qui les 
propofoient , &i qui ne balan^oient en, au? 
cune manière les dangers du droit négatiF. 
abfohi. VqUa, A^onfieuc , ce que j*ai vou-i. 
lu i^e> q'eft à.v:ûus à VQÎr fi j'ai réuûi 



L E T T k É. Ï0 

k E U V lEMÉLteTTRÈ. 

T'Ai cru , Moilfieûir, qu'il vàîoît mîéux établBr 
direâement ce que j'avois a dîfe , que de 
m'attacher à 'de longues réfutations. Entrepreh* 
dre un ^ameh fuîvi dés Lettres écrites de la 
éampagne fefbît s*embarqaer dans une mer de 
fophiftnes. Lès faîiGlr , les expofcr fèroit félon 
inoi les réfotoi'; mais ils nàgènt dans un tel 
flux de doéîxînè , ils en font fi fort inondés, 
qu'on fe noyé en voulant fes mettte à fed 

Toutefois, eii achevant mon- ^travail je lie 
puis me' difpenfer de jettar un coup d'ϔl fiir 
' celui de cet" Auteur. Sans analyftr les ifubtilités 
•prolitiques dont' il vous leurre V jfe 'mé conteii- 
terai d'en examiner les priftci^ , c& de vous 
: tnontrer dans quelques exemples > lé vice de té$ 
:raifonnemensi ' 



« . ni #• 



150 NEUVIEME 

Vous en avez vu ci-devant rinconféquenôs 
par rapport à moi: par rapport à votre Ré* 
publique ils (ont plus captieux quelquefois, & 
ne font jamais plus Mdes. Le feul & vérî- 
table objet de ces Lettres eft d'établir le pnd- 
tendu droit négatif dans la plénitude que lui 
donnent les ufuipations du Cof^feil C'eft à ^ 
but que tout fe rrapporte ; foîc: direétemenî, 
P^r un enchaînement néceflaire ; fpit indirec- 
tement par un tour d'adrelTe, en donnant le 
change au pqjjliç fuf Je fon4 de I^ queftiotu 

L^ imputations^ qui m^ ri^garde^t ibnt dans 

Iç pjsemler qas^- Le Confeil m'a JMgé contre la 

JU)î: dçs Ré)»r:é(eBtacions s'éti^vent. Pour éca- 

, blir le droit nég^f il h\\% .éooftdttire les Ré- 

.pré&Qtans; ^ur les ^conduire il faut prouver 

qu'ïs ont tort} pour prouver qu'ils ont tort 

il faut ioutenÛT qfie je fuis coupable, mais 

coupable à tel point que pour punir mon 



LETTRE. ist 

crime il a fallu déroger à la Loi 

Que les hommes fremiroient au premier mal 
qu'ils font , s'ils voyoîent qu'ils fe mettent dans 
la trifte néœffité d'en toujours faire, d'être 
méchans toute leur vie pour avoir, pu l'être 
un moment 9 &de pourfuîvre jufqu'à la more 
le malheureux qu'ils ont une fois perfécùté ! 
La queition de. la préf;dence des Syndics 
dans les Tribunaux criminels fe rapporte aa 
fécond cas. Croyez-vous qu'au fond le CcHifèil 
s'embarraflè beaucoup que ce foient des Syn- 
dics, ou des Confeillers qui préfîdent, depuis 
qu^il a fondu les droits des premiers dans tout 
le corp^ ? Les Syndics , jadis choifis parmi 

tout le Peuple (a) , ne Tétant plus que dans 

— ^ — — — 1 — -I ■»■■ I 

(a) On pouflbit lî loin Tattention pour qu'il n'y 
cUt daûs ce choix ni exclufion ni préférence autre 
que celle du imérite, que par un Edît qui a ét^ a- 
brogé deux Syndics dévoient toujours êtte pris dans 
jc Vas de la Ville & deux dans 1« bai>t. 



le Confeil , de chefs qu'ils étoient des autre* 
Magiflxats font demeurés leurs collègues, & 
TOUS avez pu voir clairement dans cette affai^ 
re que vos Syndics , peu jaloux d'une autorité 
paflagece , ne font plus que des Coiifeillersi 
Mais on feint de traiter cette qiieftion comme 
imputante , pour vous dîftraire de celle quf 
Pefl vérîtaBlement , pour vdus laiffer croire 
encore que vos premiers Magiflrats font tou^ 
jburs/ôlus' par vous, &, que leur puifTancé 
eft tôujôucs la même* • • 

Laîflons donc ici ces^ queïlîons âcceffoîreé 
que, par la manière dont l'Auteur les* traite' 
dn voit qu'A ne prend guère à tœtlr. Bor- 
nons -nous à pefer les raifons qu'il allègue 
en faveur du droit négatif auquel il s'attache 
avec plus de foin, & par lequel feul, admis 
où rejette, vous êtes efclaves ou libres. 

L'art qu'il employé le plus adroitement pou^ 

cela 



eela eft de réçluire en propofitÎQnf g^R^F?]^ 
un fyftême dont on verroxt trop sdfëmentvl^ 
foibleVil eti faifoit toujours rappHca^ 
vqusc écarter de l'objet particuJiier il .llate.ypi^ç 
anDK)ur^pippre en étendant yps vues lUrd^ 
:^ande$ qiieftions, & tandis .^'il met, ces quei^ 
lions hors de la portée de ceu; qu'il v$j]t^|^ 
duire, iljes.cajoie &Jes gagne en paroiijàtic 
les tfalter en hommes 4'J^<^t JJ'jébiouit: ain(i te 
peppjle ppur l'av^uglex , & change en th^ 
depljiiofçphie des qp^jons qm* tfexgœt quç 
du bon jTeaçiç ,- afin qu'9n,ne;juiffe re^jd^û-e*, 
& 4¥4!°% Uentemdvit: pa^^rS^ jB^\^&jQj(i^ 

1. Vçi^loir le fuivre d^nf fes ^hiToies^sd^llrai^ 

* ' • 

ferpi^tQHiber dans la %ite que je ^ r^ochi^* 
D'ailleurs , jur .4^ âu§Pï^*^¥?^> traitée^oq 
prend je patU , qUr'o](K ;Y^ut /us avoir j'»^ 

f ' * • 

tort : eax il.eaçta t$xt, 4,'jçlé|ne^;dans .<^|^|Xh 
P«mV //". M 



154 



N E U V I £ M E 



poiGtioni, on peut les ènvifàger par eaiit de 
fiica , qu'il y a toujours qudt[ue côeé fiifcepd* 
Ne de Taipeâ ^'on vàà leur donner. Qoand 
ôtt ftife pour tout lé pùbHc en géhéraf un Lî- 
Vie de po&îqne oh y peut ][)hilolbphér à fbn 
T^i^ r^tttem , ne voulant qu'étie lu & jog^ 
pair les hoîmnes înftruîts de toutes tes Nations 
êè Verië* dàSs fe matière qtf il t*aîte, abfttaît 
& ^értéfàS^é fms' crsâiïte } 9 ne s'âppélantit 
pCEd fur les détsSs élémèntsures. Si je parlois 
iwiis feul^, je poûnoîr ufer dééétté xhéiho^ 
it; màS le fiîjetHdFcfeir Lettres -îttéréflfe un 
|iettj8è*eÉrtîer, cbiopcife daris^fôlr pfes^^land 
jK>mbre d'hommes qui ont plus de lens* éc dé 
fi^ttjérif que <fe leéfefe & d'èttidë, * qui 
féùf tiivok pas Je j*fgon fôiébtîfîque^ tfen 
f6nt' que pbi»'ptoj^il mUthvté dam 
«dilgf iii^ fiinpfidté H faut!: opten en pareil 
oirâitïei Tmét^ de fA^teur ^ àdui des 



:■ LETTRE. iS5 

I 

htê:em i '&' qttî veut lë rëndfé plus utîte 
âtfUt tb i^foiidie à étfe iâo!tâ éblouHl^e. 
' l^àe' alffi% foidce à'&tétUi & de faufïgl 
t^liSiaâdnS) «ft d'àv^oi^ Miillë les idées de cfe 
isàk ttépif trop vag^ trop înexàâeis} cfe 
^ féfe tP diei ivëc an a^ de preuve lek 
^mkptë» i^ l'y rap^i^ le moins « à dé> 
-etSdfflèf 'Vôé Coâicftôyeîâ de leur objet ^ h 
fmi^ dg eëÉàc qt^oA ]ëaÉ prâêote, & foii^; 
-im im d«gaeil <!0Étfê feur faîTon, & à lel 
confoler douceifiéfi): à!& A'é&é pas plus lib^eà 
^ n» iOâlffei éiï ntââdë. Ofi fomQe avec 
Êîû^tkA dtâti rébfcurîcé des fiëdeS) où voaft 
^fbiâSâir aSfécMke chez les Peuples de fàa^ 
tiqtôé. Oll Vous èâSit fubcéffivemenc Aâiè* 
fies, ^atte, Rome, Caiffchage; oh voiiS jetW 
it^' yetn; fe ftblë -de la Lybié pour vous éîh) 
|;échëè'cle.>^»-eè g&i ië i>i^iRiteùr de vodS 
- qdW fixe â^ ^éiSiîoft, ci«âme fid tl^ 

Ma 



156 NEUVIEME 

ché de faire , ce droit négatif, tel que pré- 
tend Texercer le Confeil ; & je foutiens q\h*jl 
;n"y eut jamais un feul Gouvernement fbr k 
terre, où, le Légiflateur enchaîné de toutes 
manières par te corp^ exécutif ,. a^rà; avoir 
jivré les Loif fans réfêrve à (a.. i]tierçi , fi^t 
xéduit à les Jui voir- expliquer ^ éMisr, traoG- 
grefler à volonté, fans pouvoir^j^mais appor- 
ter i .cet abvs .d'autre oppojQtipn;. d'mtxe 

4roit, ^d'autre féfiftance qu'un* navurpiuf e înur 
tile&id'impuîilknte^ dameprs..: ;, -, ; 
:. Voyez en eflfet àqueV ppint votre Anony- 
fnç. efl; forcé de dénajturer^ la .q^e^qii, pqiir 
y nçporter moins mal-à-propcis jfe^ .eacen^f^s. 
^ .Le droit négatif riéiant pas , dit-iirpage iio, 
I^, pouvoir défaire des Loix , tmis _d}mpêcfxr 
que tout le monde indijiinftefneni nç puigi mettre 
eii mouvement la puijjànce qui fait' les Loix , £^ 
ne . donmnt pas /a facilité (T innover , mais le pou*^ 



•LE T T RE. 157 

voir de- s'oppofer aux innovations , va £reS;e- 
ment aut ,grand but que fe propofe une Jociété 
politique , qui ejldefe conferver en conferuant 
Ja con/lUutîon.' 

Voik un droit négatif très raifbnnable, & 
dans, le fens expofé ce droât eft en effet une 
partie fi eflèncielle de là conHitution démocra-' 
tique, qu'il feroît généralement impoffible 
qu'elle fe maintint , fi Jà Puiffance Légifl^ivo 
pou voit tou}oiurs être niifé en mouvement par 
chacun de ceux qui la'compofent. Vous çon-, 
oevez qu'il n'eft pas diflGicile d'apporter, des 
exemples en confirmation d'un principe aufli 
certain. 

. . Maisr fi cette notîoù n'eft point celle du 
droit négatif en queftioa, s'il n'y a pas dans 
ce pafiàge un feul mot qui ne porte à faux 
par l'application que- l'Auteur en veut faire^- 
vous m'avouerez que les preuves de l'avant^f 

M3 



159 N E U V I E ;M E 

% 
t 

ge d*un drcât néganf tout différée ne font 
pas fqrt oonduan^s en faveur de çdui qu'il 
veut établir. 

Le droit négatif riefi pas celid de fate des 
1.013;, Non , mais il eït celui de fe paâ^ de 
Loix. Fsure de chaque ade de fa votomé une 
Loi particulière efi: bien plus commode qcM( 
de foivre des Loix générales ^ quand même oa 
en fèroit /bi-memé FAuteor. Mais d*empêr 
^er çu tout le mondé inàftinSlement ne puiff^ 
mettre en mouvement la puijffance qui fait hs 
Imx. B falloît dire au lieu de cela : nutis d'erth 
fêcber que qui que ce f oit ne puiffi protéger Us 
Jjoix contre la puijjance qui les fubjugue, 

f^ ne donnant pas la facilité ff innover 

Fburquoi non ?' Qui eftce gtii* peut çmpedher 
d*innaver celpî ^i a, la force en main , & qui 
s^tft obligé de readK con^pte de fa çondui* 
le à p€i:foime? M^îs le pof^vir d'mfScber ks 



LETTRE. ts9 

innoverions. Difbns wkiXK ; k pouvoir d' cm fê* 
cber qu'on ne s'oppofe aux itmovations. 

Ceft ici , Monfîeor , le fopliKme le plus 
fubcil 9 & qui revient le pkis fouvent dans Té* 
«ît que j'acamîne. Cehii qui a la Fuif&nçe 
executive n*a jamais befoîn d'innover par. des 
•aétiohs d'édat. Il n'a jamais befoin de. coiv 
itater cette innovation par des afles (blêninels. 
H lui fijffit f dans rezerdoe œntkiu de fa puifr 
Tance de plier peu à peu chaque choTe à fa 
volonté, Se cela ne &it jamais une ienlàcion 
bien forte. 

' Ceux ^u cootndre qui ont Tœil aflez attentif 
& Tefprit aflez pénétrant pour remarquer ce 
progrès & pour en prévoir la conféquence , 
n'ont 9 pour Tarrêter qu^m de ' cet deux partis 
à prendre; ou de s'oppofer d'abord à la pre^ 

r 

gttélle v& ^ilon <Ai ^ os^ de-geas inquieti^ 

M4 • 



^ 



ii5o N EU V I E .M E 

brouillons , poindlfeas, toujours prêts à dier- 
cher querellejoutîen dé s'élever enfin contre 
-un abus qui fe renforce , & alors .on' crie à 
Tinnovation. Je défie que, quoique vos Ma- 
giftrats entreprennent,- vous puifliez en voi» 
y oppofant éviter à la fois ces deux reiMO- 
•dbes.^Mais à chok , préférez le premier. Cha- 
que fois que le Ccmfeil altère quelque uiàge , il 
H fqn but que perfcmne ne voit , & qu'il fe 
garde bien de montrer. . Dans le doute, arrê- 
tez toujours toute nouveauté , petite on gran- 
de. Si les Syndics étoient dans Tufage. d'entrer 
au Confeîl du.pîed droit, & qu'ils y vouluP- 
feniEjeiitrer du pied gauche, je dis qu'il fau« 
droit les .en empêcher, r 
T Npus avons ici h. preuve bien TenEblc ,de la 
£sic3ité de conclUrrele pour & le contre par 
h tméthode qs2e fu£ liotre Auteur/: c^ appilit 
quez au droit de Répréfentationicfi^ il^toyensi 



LETTRE. i6i 

ce qu'il ^appliqué au droit négatif des Con* 
feib , & vous trouverez que ià propofition 
générale convient encore mieux à votre ap- 
plication qu'à la . lîenne. LeJroit de Répréfen- 
tation^ direz^vous, riétata pas le droit de faire 
jdes LoïXy mais di" empêcher que la puijfance qui 
doit les /idminifirer ne. les tranfgreJJH , ^ ne dm^ 
nant pas le paaxwir d^innroer. mais de s'oppofer 
aux nouveautés , va JireStement au grand but 
que fe propofe une fociété politique ; celui de fe 
conferver en confervant fa confiitution. N'eft- 
ce pas exaâenient là ce que lès Réprélèntans 
avoient à dire, & ne femble-t*il pas que l'Au- 
teur ait raifonné. pour eux ? Il né faut point 
que les imots nous donnent le chanjge fur les 
idées. Le prétendu, droit négatif du Confdil ^ 
efl réellement un droit pofitif , & le .plus pofi;-:» 
tif même que Tdn puifle imaginer, pulfqu'il 
rend le petit Confeil ftul maître diréâ & 'ai>.: 

M5 - 



N 



itfe NEUVIEME 

fobi^de TEtat & dâ toutes les Lqix, & ic 
droit et' flépréfcDCaîu»} pris ilans &a Txai 
Ctm n'ék lai * mtee qo'tm tirait négatif. S 
coofifliè unsquemêot à ax^cher la puifiknce 
esu^cuetve de rien vsAcxixsx xxmtxt les Loix* 

Suivons les aveos: de FAuteur fur les pro<» 
poiitions qu'il préfente; avectrd» mots àjoâ-> 
tes ^ il aura pofë le mieux du monde votre 
état préfent. 

Cimme il ri y aurmt point de liberté dans un 

Etat oà le corps chargé de V exécution des Imîx 

auroit droit de les fére parler à fa fantaificy 

puifpiil pourrcit faire exécuter comme des Loix 

f es volontés les pàis tyranniques. 

Voila , je penie , nn udbkau d'après nature; 
VOUS allez voir on tableau de fant^e mis eo. 
cçpofîtîon. . . 

Il fCy auroit pint f^uffi i^ Gcuvemetnent dans 
un Etat ok k Peuple exercera fans règle la 



^ 



LETTRE. 143 

fwjpinci Légiftatm. .D'accprdj mais iqqi £0;* 
ce qui a propofé que le peapjç exor^ fana 
règle la pwffwqs Jégîflaûwe ? 

iVfiTèfi «vQÎr aoifi pofô QD sMïtre d»)&: toQgai- 
;if ^e celiû dom il.s'agit, l'Auteur s'inquiète 
^aycpup pour iavoir où Ton doit plàeer ee 
4rQit négatif dont il nç s^'agk point, & il éi%- 
tiit là-defEis un pnncipc qu'afTarenient jç œ 
jcontdlerai pas, Ceft que , yî cette ferc€ t^gch 
tm peut fans incowéniera rijider dans le Gou- 
vernement ^ il fera de la nature ^ du bien de h 
tbofe quon Fy place. Puis viennent leç exeov* 
plés, que je ne m'attacheraLpaa à foivre; par-^ 
ce qu'ils Içnt trop éloigné^ de t^ous de. de tout 
point étrangers à la queftion. 

Celui feul de l'Angleterre qui ê& ffSUB nos 
yeux & qu'il cite avec raiion conuQç un nuv 
dele de la jufte balance des pouvoirs refpee- 
tifs, mérite un moment d'examen, & je ne 



i64 NEUVIEME 

me permets ici qu'après lai la comparaifoo 
du petit au grand. 

Malgré b pmjjance Royale , qui eji très grath^ 
de , la Nation fia pas craint de donner ericore m 
Roi la voix négative: Mais comme 'il ne peut fi 
pajjer longtetns de la pmjjance légijlative , (f 

m 

quHl n*y auroit pas de fureté pour lui à F irri- 
ter 5 cette force négative n'efi dans le fait qu*un 
moyen éC arrêter les entreprtfes.de la puiffance 
légijlative, (^ le Prince j tranquUle dans la pof- 
fejjion du pouvêir étendu que la Conjlitution lui 
ajjure fera intétejfé à la protéger (b). 

Sur ce raifonnement & fur ràpplication 

qu'on en veut faire , vous croiriez que le pou- 

^^oir exécutif du Roi d'Angleterre efl: plus 

, grand que celiû du Confeii à Genève que le 

droit négatif qu'a ce; Prince èft femblable i 






(p) Page 117. 



L E T T R . E. , t6s 



cdai qa'ururpdit vos Magiffarats , que votre 
Gouvernement ne peut pas plus fe paiTer que 
celui d*Ai^tetetre de la puiflknce légiflatîve, 
& qu'enfin Tun & l'^^utre ont le même intérêt 
de protéger kr ocmilitution. . SS F Auteur tf a 
pas voulu dîïe cela ujtfait-îl donc voulu dire, 
& que Mt cet exemple à foitfujet? 
l Cefi pourtant tout le contraire â tous é- 
gards. : Le.Rdî d'^gteterre , revécu par les 
Xqix d'une fi, grande puiiIknce:po'ur Jes proté- 
ger, n'en a point pour les erfrebidre; pérlbn- 
4ac en ,par€tiLça| ©g lui voudroft obéi, chacun 
«aindroit pour fa tête; les.,%Ixniflïes.euxi-mê* 
4ifcs. la^ pftovent . perdre s'ils irritent le Parlai 
mient: ony ejcamine fa propre conduite; ' Tout 
Anglpjs à l'abri des Loix peut' hcaver k puift 
ftnçe Roysttej JjB dernier durpeuple peut exiger 
4c obtenir la: réparation la pliis authentiqué s*^ 
cft le moins dh monde ofi'^nfç 5.fiçpc)Ê qijê.Jè 



^ NE V I E M E 

Fniwe odt.ea&â^ëla Lei.dans' la moinân 
^diQfe I rinfâ6)û<ki ferôk à ïiSÊÙmt relevée jl il 
eft fàfis dircsfi fdK fooit fins pdtttoir |>oQr Jbi 

^KiaeiiiV. . • ■*':-- « - •*î". - 

: Gh^i/blks la Piaffaace dir périt Gonftil eft 
pbfôlue' àtoiiS' ë^rds }. il eH. b Minïtfie ÔL fe 
Prince, la pârtiô d lé Juge tdot^à-'la-foifa 
& ordotAie & ib exéiuQe ; ' 3' etee^ M faîfît^, il 
ifiliprifbniâs;» il jus^, if pnhlt lui-àiêmé : il a la 
Ibrce eir lïmio pot«r tout Mfë |:tâii <^b&^ll 
«mpbye foor^' iriéelieitfhâtlës' f fi ne ren^ 
icomilte.db fa condukè m de M letir à p&t£oûf^ 
tte ; iinV rieti â^ cr^dire da LégiflâteQf , au^ 
^d'il a &til di^k' d'ouvrir la boudée ^ & ès^ 
yanâ lequd il n'mpm s'accufer. II n'ed js^ 
mais QéntmméBtépd3tër ki ihjbftioêfi, & tdiïc 
ce qae peut ëftféif^r de plus kelif etix TinnocreâC 
|û'il op^îrttey:" tf «ft d'éch^pfjer &ên fadifi À 
Ëluf, nulis â^s ïâtUfst^OB tii^ d^d^àgetneâg 



LETTRE. i6j: 

■■: Jugez dejcette diffiâvcDce par ktfifahs les 
plus récens. On imprime à l^xmdrts \m oorra** 
ge tioleniment ût^que coDâreL tes MiuArei ^ 
le Gouvemûneiit, le Roi nlême. Les Imprî-r 
meurs ibnc airêtés. Lsu Loi.n!auiorâfe pas ceo 
met:, on lotirmare piibiic aPâeve^ 3 faut lea 
idâcher. L'affaifftnefinitLjHis )il: ksOaviienl 
prennent à Jeo^ toiir le:Magiftrat è pvde'^ & 
ils obtiennent d'inunenfes dotâitaages, &• m^ 
térêcs. Qu'on.' mette en. parade avec œtte 
affiure ceUe.dn %nr Jasdih libraire à Genè« 
Te; j'en parferai d-api^. Aufice cas ; il fb 
fait ùa vol dans la ViHe; lâhs indice & fus 
des Ibc^sons^esTair no Ckajett eft ^mprifonr^ 
âë contiie les toix; ùtïùà&yn ^ fouîBée » on 
né Un épargna aucun des affirents fdits pootf 
les malfaiteursi ]Çnfiii^fi>ii ionëeence eflf re«f 
connue, il\eft rdâché, il fe plàiA, on le laify 
fe. dire ^..&. tout. :dl 






t58 NEUVIEME 

..SnppoftMÎs qu'à hoairea j'eaflê ; eu; le ttai' 
heur de déplaire à la Cour, quelkns j«ftice;& 
fans, ràiïbn *fle- ear^afi le prétexte- rfwi de 
HiesLiw€* poarîle feiÉe'ï>i;ûler & me décsré» 
ter. J'aàfok:<i)réfenlé:;]£qaêee;^u 'Pixl&xuatt 
comme, ayant -été jugé xantce -ter Loixj-je 
raiii-ow'ptDÛvé!! j'aarois ctteèo la. ïatisfaÊUoa 
k plus açlieimqiie ,' & ;Ifr:jiigeeât".éoé .paniv 

peut-être cafTé. >* ^ » ^ ^ 

Ta-anfportoris maintenant. M.- Wîlkes k Ge* 
nève, di&nt, écrivant ^ imprioâm; , pubEant 
contre le >pe«it. Gonreil le -quart :de ce- qu'il a 
dit, ëcrfei'înçtîmé,; puBBéAaîitEinént à Lohn 
dreis contiele Gouvémaaœt Ja Gour le Rriar» 
ce, Jerf^rWerî» pas :al:CQlui9Ei».t qu'on Feut 
feit mourir, quoique je le.pçnfej mais fûre- 
nient il fut éçé./fiiîG daps rinftîknç. même, & 

dacis pçu . trè^ grièvement ' puni ^c). 

^ ^ On 

■ ^-^ ' "■' ■ , •■■; — 



(c) La Loi mettant M. Wilkes à couvert de cç 






LETTRE. 169 

On dira qae M. Wilkes était membre. cRi 
corps légiflacif dans ' fon pays ; & moi » ht 
reçois -je pas aufli dan^ le mîeô? Il eft vrdt 
que rAuceor des Lettres veut qu'on ,n*ak aa«> 
cun é^d à la qpiaGté de Citoyen. Les ré^ 
gksy dît-il, de la procédure font S doivent être 
égales four tous les hommes: elles ne dérivenù 
fas du droit de la Gté : elles émanent du droit 
de rhumanité (d). , 

Heureufement pouf vous le fiùt n'ef!: pas 
vrai (e) ; & quant à la maxime ^ c*eil fous 



tôté , il a fallu pour llnquiëtcir prendre un autr© 
tour , & c'eft encore la Religion qu'on a fait Inter- 
venir dans cette affaire* 
' («0 Page 54- 
(e) Le droit de recoUri h la grâcîe ft'appàrtetîoie 
par lIEdtt' qu'aux Citoyens è^Bourgeois ; mais pzt 
leurs bons ofiSces ce droit & d*autres furent com- 
muniqués aux natifs ^ habitans , qui , ayant fait 
Caufe commune avec eux , avoiênt befoin des mô- 
mes précautions pour leur fureté ; les éccangers en 
font demeurés exclus. L'on fenc aufll que le choix 

Partie II, N 



/" 



tf7o NE U V I E M E 



A$ mots très hoonêtes cadbor tm rofUSoit 
tAsa cnieL L*intàrêc du Magiflrat , qui dans 
Votre Etat le rend fouvent partie contre \t 
CStoyen^ jaimais contre l'étranger > esdgè dans 
le premier cas que la Loi ptesne dek pré^ 



^*^>M*i 



de quatre parèns ou amis pour afCfter le prévenu 
dans un procès criminel n'efl pas fort utile à ceâ 
derniers ; il ne I^eft qu'à ceux que le Magiftrat peut 
avoir intérêt de perdre , & à qui la Loi donne leur 
ennemi naturel pour Juge, II- eft étonnant mêtnt 
^^apri» tant d'exemples efrayans les Citoyens 6à 
. Bourgeois n'aient p^s pris plus de mefdres pour lai 
dXireté delei^s perfonoes^ & que totAe Jla inattefe 
criminelle refte , fans Ëdits & fans Loir , prefqud 
abandonnée à la difcrétîon du Corifcil. TJh fervïccf 
^our lequel feul les -Genevois & tous les -hommes 
juftes doiveqt bénir à jamais les Médiateur» eft l'a- 
bolition de la queflion préparatoire. J'ai toujours 
fur les lèvres un rire amer quand je vx>is' tant de 
lieaux Livres^ où ks Européens s'admirent & fefont 
compliment fur leur humanité y for tir des mêmes 
f ays où Ton s'amufe à difloquer & brlfer lt& mem- 
ijbres.des hommes , en attendant qu'on fâche s'ils 
ibnt coupables ou non.' Je définis la torture un mo* 
yen prefque infaillible ' employé par le fort pour 
icbaiseï k foi^le des crimes dont il le vsut punira 



'L "E rrvl* à ié. 






'^UdQQ6 bcâuéoùp plul gfa:fidês'pcN2r queTàc- 
^taifé Be fôh pas condànfté kirjuftemént. Cette 
idifliiiâioh n'dk que trop 'bien .coofinbée {iâr 
ks fidt». S ify a ;peatr£lré^]^, de{iais Fé- 
èâblifienàent de k R^uUiqœ, on îeul exem^ 
{deld'iq) jtigqoaièiit itgofe contre tm étxan* 
jger» & qui coniptera dans vos annales coai'* 
fakir ii y fin à dlùjaâes .& même d'àttoces 
teopcre lks^!iGb)c^etlsy Da nfte^ il ëft tzèir 
mi que /leéii i&écilitiiutt i^'ii io^^ de 

ËmS'foi^n^éfiiètît ft'éteodie tx^ot Jës piàéve^ 
joiùs y '{iacédoqu^ellés n'ont pas poiir boç dd 
£utm le^iX)9piète V ti^ 4e garaiidr l'iiincU 
Mât. ^Çcft poor cela qt^il n'dlfait aîicoM 
exception dans farticle XXX dû régleiiienfc^ 
qu'on voit afiez n'être utile qb'aiîx (îéhévoâa 
Revenons h h compàntifdn du droit tiégati( 
dans les deuk Etats. 

Ni : 



17» N, E U V I E.M E 

Celui du Roi d* Angleterre oonfifte tn dcur 
dio&s ; à pouTOÎr feul convoquer & diflou- 
dre le. corps légiflatif , & à pouvoir :rejetcer 
ks Loix. qu'on lui propose; mm Sne/xronGftâ 
jamais k empêcher là puiflknce légifladve 'd& 
connoîcre des^ infraâions qu'il peut^ fmè. su la 

-D'ailleurs cette Torce négatif eft Ipdi tenon 

{Itérée'; prèn^fèmenfï ffairJa Lûî.^rjâmiale (/y 

qui l'oblige: dëiGonsroquer uit nouveau 'Pâdef* 
ment aç Hout.â'iin'.œriain ijern^ ;':xle^îp]u5., par 
fa t^ropré tiéceffité jfii/roUigeu^rterJa^^ 
pfefque toujours aflSbmblé :.(^)>*;;'^enfiav;p?it le 
droit n^tif de Ja ichambre ;des^cxx)mmunes; 
qui en a, vis-à-vii de/ lui^oa«m£, ^m.noa 



■p " » " i I » » I 



• f 



(/) Devenue feptennale par une faute dont les 
AngWs:n© tont'pas'ilfe repeiatîr..;\T.:- j!/ : / * 

Çg) Le, Parlement ji.*accordant les fubfîdes que 
pour une année; force ainfi-Ic rW dcMes lui rede- 
mander tous les ans. 






LETTRE. 173 

ttiobis puiflanc que le lien. 

Elle eft t^npér^ encore par la pleiae av« 
tprké que chacune des deux Chambres une 
fois aflemblées a fur éHe-même ; foit pgur ; 

propofer, traiter, difcuter, examiner lès Loîx 
& toutes lés matières du Gouvernement ; Toit 
par la partie de la puiflànce executive qu'el- 
les exercent & conjointement & féparément; 

y 

tant dans la Chambre des Commîmes , qin ^ 
coanoit des' griefs publics & des atteintes 
portées aux Loix, que dans k Chambre des 
Pairs, Juges fuprêmes dans les matières cri- 
minelles , & furtout dans celles qui ont rap* 
port aux crimes d'Etat, . 

Voila, Monfieur, quel eft le droit négatif 
du Roi d'Angleterre. Si vos Magiftrats n'en 
réclament qu'iih pareil , ' je vous confeillë de 
se leieor pas conteflen Mais je ne vois point 
çiel befoin , dans votre iii^doii préiènte^ 

N3 



^74 N E U V I E U E 

ils peqycnt jamais, wom de b {ftiîlTaaice l^i^ 
iitive, ni ce qui peut 1^ contraindre à ^ 
convogae^ poqr agir réellemçni ^ àuis quel* 
que ç^ que ce pmSé èfxt ; puilque de nou^ 
ifeQes Loîs;^ ne fxvxt jamais nécefËdrie^ à gen« 
qui foçt au cbeflii^ des Loix, qu'un Gôuv^ 
^ment qui fubfiile avec fes finances & n'a 
point de guerre n'a nul be£bin de npuveauiç 
impôts,, ^ qu'en revêtant Je corps eatîer da 
f)ouyoir des che& qu'on en tite y on rend le 
tçboix de ces ^dle£K. preique indiSiérent. 

Je ne vois pas msme en quoi pourroit let, 
contenii: te L^iflateur, qui, quand ii exiflè, 

\ ^ • ' ' 4 

à 

ç'eidfle qu'un inftant, & ne peut jamais déc^* 
^er que Fytii^ue point fur lequel i)s l'^iter- 
logent,/ 

II' eft 'mi <ps le Roj d'Angteteire peut ùà^ 
te la guerre &; la paix; mais outre que cette 
4pui{&nee ^ plus apparente que réeQe ^ d^^ 



LETTRE. 175 

ê 

fnoU» quant à la goerre, j'ai déjà flic voir gî- 
jdevant & dans le Contraâ; Social que ce n'efl 
pas de cela qu'il s'agit pour vous, & qu'il fauc 
renoncer au^ droits honorifiques quand oq 
veut jouir de la liberté. J'avoue encore que ce 
f rince peut donner & ôter les places au ^^ 
4e fes vues , & corrompre en détail le Lé^f; 
lateur. C'eft précifément ce qui met tout Ta- 
Vantage du c^té du Conlèil » à qui de pareils * 
moyens font peu néceflaire^ Se qui vous en* 
chaîne à mpindres frais. I^i corruption eft un 
^s de la liberté ; mais elle e(l une preuve que 
1^ liberté eadfte, & l'on n'a pas befoin de cor- 
{ompre les gens que l'on tient en fon pouvoir : 
çfvmt aux places, fans çarlor de celles dont Iç 
Çonfeil difp^e ou par lui-même i ou par le 
Peux^Cent, il fait mieux pour les plus impc^- 
MQtei ; il Içs remplit de fes propres membreS|p 
9e qui lui eS: plq? avantageux encore ; car oa 

N4 



ï7tf NEUVIEME 

eft toujours plus fur de ce qu on fait par (et 
mains que de ce qu'on fait par œlles d'autrai. 
L*hiftoîre d'Angleterre cft pleine de preuves 
de la réfîltance qu^'ont faite hs Officiers ro- 
yaux à leurs Princes, quand ils ont vouls 
tranfgreffer les Loix. Voyez fi yous trouverez 
chez vous bien des traits d'une réfiflance pa« 

yeille faite au Confeil par les Officiers de l'E- 
tat, même dans les cas les plus odieux? Qui* 
conque à Genève efl: aux gages de la Répi> 
blique cefle à l'înftant, même d'être Citoyen j 
il n'eft plus que Tefdave & le fàtellite des 
vingt -cinq, prêt â fouler aux pieds la Patrie 
& les Loix fitôt qu'ils l'ordonnent. Enfin la 
Loi , qui ne laîflTe en Angleterre aucune pui& 
^ce au Roi pour mal faire, hii en donné 
vne très grande pour faire le bien^j il ne pa-» 
?oît pas que ce foit de ce côté que le Confeïl 
ç|l jaloux d'étendre h ijfiW!^ - 



LETTRE, • 177 

Les ' Rois d'Angleterre aflurés de leurs a-* 
vantages font intéreflës à protéger h conftitu<* 
tion préfente , parce qu'ils ont peu d'efpoir de 
la changer. Vos Magidrats, au contraire, 
lÛrs de fe fervir dès formes de la vôtre pour 
en changjer tout à fait le fond , font intéreflës 
k conièrver ces formes comme rinftrument de 
leurs ufurpations. Le dernier pas dangereux 
qu'il leur reflé à faire efl: celui qu'ils font au-» 
jourd'huL Ce pas fait » ils poisront fe dire 
encore plus întâreffés que le Roi d'Angleterre 
à conferver la constitution établie , mais par 
un motif bien différent. Voila toute la parité 
que je trouve entre l'état politique de l'Angle* 
terre & le vôtre. Je vous laiiTe à juger dans 
lequel efl; la liberté. 

Après cette comparaifon , l'Auteur » qui (e 
plait à vous préfenter de grands exemples j^ 
vous offre celui de l'ancienne Rome. Il lui 

N 5 



Î78 •ISfUUVII^Mi; 

fiproc^ ^veo d^daia fes Tribuns tiromllbi» 
^ fédideipE : . Il explore améren^at fous oect» 
^rageufe adminifkatiûii le trifte fort de oetca 
«lalheureufe VîHe, qui pourtant p-étant rien 
àncore. à Féreâion de . cette^ Magi(b;ature ^ 
^tfbus elle cinq cents a^s de gbire & de 
^roijpéricés , & devint la capitale du mon^ 

ê 

<fe. Elle finit eni^ parce qu'il £^lt ^ue touc 
$oif& ; elle finie par les ufurpations de iêa 
Grands, àfi fe$ Çonfuls, de fes Généraux qui 
l'envahirent : elle périt par Vexpès de ùl puif-« 
ftnce; mais elle ne Favoit. acquife que par bli 
bonté de fon Gouvernement. On peut dire 
di ce fens que fes Tribuns la d^truifirent (b). 



i "w*-^ip 



(h) Les Tribuns ne fortoîeot poist^ de U Ville; 
ils ix*avoLenc aucune autorité hors de fes murs ; auflt 
ks Confuis pour fe fouflraire â leui: InTpeftion te- 
noient-ils quelquefoiç les Comices dans la campagne* 
^r les fers des Rojnàins ne furent point forgés dansi 
9>oine^ mais dans fes armées , & ce 61 1 p^r Icm.!^ 



\ 



LE' T T' R B^ i?j| 

\\èfi xtîit p n'éxaik pas les. Ëintesi 4a Fini!* 
fsie Romain , je les aï dite$ dans le Contrat 



conquêtes qu'ik p<;rdi^ct»Jt leijir l^€T%é^ Cette perr 
te ne vint donc pas des Tribuns. , 

Il eiï vxai q:uç Ccfar fe &ryk d'tugs cojnime Sy^, 
la s'étoit feryl du Sénat ; chacun prenoit les mo- 
yens qu'il jugeoit les plus prompts ou les plus fûrs 
pour parvenir:, mais il f^ilolt bien que quelqu'un 
parvint, & qu'importoit qui de Marius ou de Syl- 
ik, de Céfar ou de Pompée » d'Oâave ou d'Antoine 
fut Tufurpateur ? Quelque parti qui l'emportât- Tu- 
furpation n'en êtoît pas moins inévitable ; il faîloft 
4es che& aux 'Armée? éloignées , ^ il étpit fik 
qu'un de ces chefs deviendroit le maître de l'Etat : 
X,e Tribunat ne faifok pas à. cela Is^ moindre chofé. 

Au refte, cetjtc même fortie que ffiit ici l'Auteur 
âes Lettres^ écrites de la Campagne fur les Tribuns 
du Peuple, ayoît^ été déjà faite en 171s par M, de. 
Çhapcaurouge Confeiller «l'Etat dans uji Mémoire 
contre l'Officç de Procureur générât, M. Louis Lt 
Fort, qui rempliffoit alors cette charge avec éclat, 
"Uii fit voir dans une très belle lettre en réponfe à. 
jçe Mémoire, que le crédit & rautotité des Tribuns 
^voient été le falut de la Republique, & que fa deCr 
tyuftion n'étoit point venue, d'eux, miflis des Con- 
fuis* Sûrement le Procureur général Le Fort ne. 
prévoyoit gueres par qui feroit renouvelle de oaf 
ïpura le fentimen^ qu'il réfuioi^ fi bien. 



180 N E U V I E M E 

9 

Social ; je Faî blâmé â*avoir ufurpé la pkiii^ 
lance executive qu'il dévoie feulement conte* 
nir (t). Pai montré fur quels principes le Tri- 
bunat devoît être inftitué , les bornes qu'on 
devoit lui donner ^ Se comment tout cela fe 
pouvoit faire; Ces règles furent mal Çiivies à 
Rome ; dles auroient pu l'être mieux. Toute* 
fois voyez ce que fit le Tribunat avec fes a- 
bus, que n'eut-il point fait bien dirigé ? Je 
vois peu ce que veut ici l'Auteur des Lettres : 
pour conclurre contre lui - même j'aurois pris 
le même exemple qu'il a choifi. 

Mais n'allons pas chercher fi loin ces illuf- 
très exemples , fi fafliueux par eux-mêmes, & 
C trompeurs par leur application. Ne laifl!èz 
point forger vos chaînes par l'amour -propFa 

S 

(0 Voyez le Contraû Social Livre IV, Chap. V, 
Je crois qu'on trouvera dans ce Chapitre qui eft 
fort court » * quelques bonnes maximes ilii cette 
matière. 



LETTRE.. r8i 

\ 

I 

Trcp petits pour vous comparer à rien ^ ref* 
C£z en vous-mêmes ^ & ne vous aveuglez 
point fur votre pofîtion. Les anciens Peuples 
né font .plus un modèle pour les modernes;, ils v. 
leur font trop étrangers à tousj%ards. . Vous 
lîntout^ Géfievois, gardez votre. place , & 
cTallez -point aux objets élevés qu'on vous 
pi^éfènte pour vous cacher Fabyme qu'on areii*; 
Ce ait devant de. vous. Vous n'êtes ni Ro^ 
moins y m Spartiates ; vous; a'étes pas mémo 
Athéniens. Xadflez-là ces grands noms ^iil ne 
Vdus^vont poiat: Vous êtes des Marchands , 
éç» Aiti&M, des bourgeois,: toujours occu« 

■ 

pés de;lears intérto privés de leur travail de 
leur trafic de leur gain ; des' gess pcHir qui ^ 
1^ Uberté -mêoien'eft qu'un .pôyeà d'acquérir 
fins obfbstde'&îde.pôifédÉ» en<lâ^ -^ 
^. Cette fituation^dem^e pour voiis des ma^ 
3iimes . particulières^ N'étant ^ psss ôiûfs conn 



$1» N-^E'-irrvi'.E -M E 

<ne étosênt -les «ickasts ^ei^Iek^^ yom œ pA^ 
Sifez comme mix vous peco^ fans -ceSe Aï 
G€nvë[iàaûnmi Bsaib.par.ccb même que tous 
pôuvtt îiicdns 7^ veiller dfe .fidoe, il doit être 
tnSkué .dermanidBejga'il vous fck piid aàfil 
tf ea voir; les. manœuvres & de pdurkdo: «oâ 
abus^. Tout fdin public ^ue votre iittérêt exU 
j^dok^t» léché rendu d'jsncaat plds £Kâq 
à ieioplc: giie «c^efl; un ibin-^ VDOff cxsùxâ 

& qœ uvpus. tië: prenez; pA volphtierl Cm 
vouloir mm ét^é^bsogericm-^à^Mt c'ait 
V0Qi(»r Gdïêr <Bem ^lifaresi il Êuic dpter, 4ilr 
le Phikffophe: bknfai&nt ; ^ & ceûk qai ^a^ 
peuvent 'iiippdrcer le^ mvaH^ tk^oht ^û^ bh^ 
cUer le repo^ dans la iêrvicodd : 
. Un peuple iliquiet défcëiivré féffloâftt, &i 
JFaute dtàffaires i^ardcufierea toàjou» prêt £ 
ie snêlér de «cdtea de YEm, a belbin: d'ète 
eoQsenfi^ : je ^/2lit> imùs mcore «n coup I» 



r- 



L E y T R É. ji^ 



]Boiitgeoifie de. (jeaève efl-dle xré Peiiple^à? 
|Uen fi'y refleoible moins; eUe -en efl; raniî^ 
pode. Ves Ckojpeas; timt àbforbés dansleun 
fppcupltioas domeftigoes ôc loujours froidi 
ibr le reft^) be fondent à rintéréc-public qufi 
fgiuQd le l^t {Mfopre e^ fttu^é» Trop pet 
ibigneux d'éclairer la conduite de leors chefs^ 
flf se vcifmt les fers ^'on lep jpr^pare que 
jfjmd;ils en ienteot le poids^. Toujours di^ 
iCraits i coajoors trpmpés , toujpurs fixés fur 
^d'autres objett^ ils ft laiifoic iikkmar le changp 
lur le. plus important de totls^ & voÉit toq- 
Joùrs cherchaât le ranede ^ faute d*av<Hr £2 
avenir H tâsk A fcnuce 4e iCQmpii&r kv» 
^marches Ss ne les font jaitiaii qa'fipiés coi^. 
Leurs lenteurs les aùisc^t ^^ perdus cent 
^ois II I'in](>atience du Magtftrat ne les eut 
-folVési & fî| prefle d'exercer ce pouvoir fu« 
prême auquel 11 afpire 1 il ne les eut lui-même 
avertis du danger* 



ià+ N fe tr V t Ê M E 

Suivez l'hiftôrique de ^oue Gouvemem^tf 

» 

VOUS verrez toujours le Confeil /ardent dam 
!ês entreprifes , les manquer le plus fouvenc 
par trop d'ettipreSeiheût à les accomplir ^ & 
Vous verrez toujours la Bourgedfie jrevenir én« 
fin fiir ce qu'elle a lai0*ë faire fans y mettre 
oppofîtion. - .. .j . . 

' En ii^dFEtatétdîtôbèé 4e dettes &r âf* 
âîgé^'de plufîèurr âëaux. Cooin^eif ëtoit maK 

•ftiré dans la circônltance dWemWer fcûvent 
îê Coiifeîl gêBétk^ on y p^opôfc d'iutorifer les 
<bh(èib 'di pd^^bit^ aâS Idéùm préfensf la 
-prdpofîtïdn^|mfre^ Ils partent xie ^ là pouf s^at 
rogier le drdt perpétuel d^éta^îr des impôts, 
•t& pdndaor |)Ius d'un flécle bn les iaiilè faire 
Tans la moindi^ (^pôfidon. ' '- 
' En 1714. oiï fait- paf^ des •vdes^fecrettes. (k) 






(k) Il en a été parlé ci-devant. 



LETTRÉ. 48J 

iHtfepHfe. immenfë & ricUcùIé des fortifrcd- 
tioiM , fans daigner coniùlter le Conreil ^éné- 
:l:al , & contrô la teneur des Edits. £9 confô- 
quence de ce beaiu projet on établît pour dix 
tms des impôts far lefquels on ne le confùlte 
pas davantage. II s'élève quelques plaintes ; on 
les dédaigne ; & tôUt fe tait. 

En 1725 le terme des impôts expire; il s'a- 
. git de les prolonger. C etoit pour k Bourgeoi* 
fie le moment tardif mais néceflkîre de revcn* 
^quer fbn droit n^gé fi bngtems. Mais la 
pefbde Marreîlle.& la Banque royale ayant 
dérangé te commerce , chacun occupé des dan* 
gers de.& fortune ouUie ceux de fa liberté* 
Le Confeîl , qui h^oublie pas fes vues , renou* 
velle en Deux^Gent les impôts , fans qu'il foie 
quefiion du Confeil général 

A l*ëxpiration du fécond terme les Citoyens 
(è réveillent , âc après cent foixante ans d'in« 

Partie IL O . 



i8<î NEUVIEME 



^olence, ils réclament enfin tout de bon leur 
droit. Alors au lieu de céder ou temporifer, on 
&ame .une conl^iration (/)ki Le complot fe 



■«ii^iiiiar 



(f) 11 s'agifibit de former , p;|r une cncçinte ban^ 
ricadée , . une efpece de Citadelle autour de l'éléva- 
tion fur laquelle efl: lHôtel-de- Ville , pour affervîr 
de -là tout le Peuple. Les bois déjà préparés pour 
cette enceinte , un plan de difpofîtion pour la gar- 
•»îr, les ortlres: donnas en conféquerice aeiç Çapitai- 
jies de lagarnifon, des tranlports de munitions & 
d'arffies de TArfenal à 1 *Hôtel- de- Ville ^ le tampon* 
.ixemenc de vingt-deux pièces de canon dans un bou« 
levard éloigné , le tranfmârchement clandeflin de 
.^luûeurs autres; en un inot tous les. apprîts.dç^ la 
plus violente entreprife faits fans l'aveu des Con- 
feils par le Syndic de iû garde & d'autre^Miagit- 
Crats, ne purent Cuffire ; quand. tout ceW fut décoa* 
vert, pour obtenir qu'on fit le procès aux 'coupa- 
J>Ies, ni même qa'ûir Improutât nèttànebt leur 
projet. Cependant la Bourgoifie, alors.maîtrefle de 
la Place, les laifla paifiblement fortir îànis troubler 
leur retraite, fans leur faite la' moindfe infulte, 
fans entrer dans leurs maifons^ fans inquiéter leurs 
familles , Xans toucher à rien qui leur appartint. £n 
tout autre pays le Peuple eut commencé . par ^^af- 
facrer ces confpirateurs> & mettre leurs maifons au 
pillage. 



décôUYre ; lèël Boui^eoîs font forcés de pren^^ 
dre jet arnifi8^& par cette violente entreprifô . 
le Con&îl perd en on moment un fiécle d'u- 
finpatiof^.. • 4 ' 

A peine tout femble pacifié que , he pou- 
vant eiiditferMoette elpece de défaite^ on fbr^ 
ttie imfKsuyàtai coinplpt;'!! fait: deirechef re* 
coapt an^ armes $ les Piiiilànoes voifînes in- 
târvieiiiiept^'& lefe droits [mutuels font enfîd 

'En lôgo^ics CanTéls ihJTéirieu^s iiitroduifent 
dans letuis cotp&une] manière -de[ fecueilUr les 
filjSirages^ meilleure que* cdle qui efl établie; 
mais qui n'eft: pas conforme aux Edits. On 
cantiniie en conféil générât de fiiivre l'ancien- 
ii^ où fe ^iffent bibn dès abus y & cela dure 
cinquante pnB&, davanbge , .avant que la 
Citoyens* foii^nt àife pteincUt de la contra^' 
.Vj^tiçn .Qu àxiemandet llntroduâion d*un psi- 

O t 



x88 NEUVIEME 

reil ufàgedansle Confiai dont ih fontman- 
brçs. lis la demandent enfsi, '& ce qa'ii y a 
d'incroyable efl: qu'on leur oppofe tranquille' 
ment ce même Ëdit qu'on viole depuis un 
demi*fiécle. 

- £n 1707. un Citoyen eft jugéxbnddline^ 

m^t contre les Lûix, condanné/ anjuebufé 

dans la prifon, un autre eft pendu» iiir la d^K>- 

fiâon dfun ièul faux-témoin connu pour td, 

un autre efl trouvé mort. Tout cela paflfe , & 

il n'en eJUipiiULipâdequ^isa^i^gi^ que quel- 

^un s'a^fe de dônand^ auMagiilrat des 

^loiiveHes du Citoyen arquebilfé trente ans 

auparavant . 

. En 1736 on crigfe des*.;Trîbunaux. criminds 

Kâns Syndi(^ Au milieu dès ^»:ôuBles.'qai re« 

gnoient ^lors, les Citoyens ; ioacupés de tant 

d'autres affaires , œ peu^nt fonger à tout. 

£n J758* OR répète la même manœuvre; celd 



LETTRE. 189 

qu'elle regarde veut fe phindre ; on le fait taî* 

^ re, & tout fe tait. En 1762* on la renouvel- 

le encore (m) : les Citoyens fe plaignent enfin 

(m) Et à quelle occafîon ! Voila une inquifitîon 
d'Etat à faire frémir* £ft-il concevable que dans un 
pays libre on puniffe criminellement un Citoyen 
pour avoir , dans une lettre à un autre Citoyen non 
imprimée , raifonné en termes décens & mèfurés 
fur \2, conduite du Magiftrat envers un troifîeme 
Citoyen ? Trouvez-vous des exemples de violences 
pareilles dans les Gouverncmens les plus abfolus ? 
A la retraite de M. de Silhouette je lui écrivis u- 
ne Lettre qui courut Paris. Cette Lettre étoit d*»ne 
hardieffe que je ne trouve pas moi-même exempte 
de blâme; c'eft peui-être la feule chofe répréhenfî- 
ble que j*aye écrite en ma vie. Cependant m*a-t-on 
dit le moindre mot à ce fujet ? On n'y a pas mê- 
me fongé. En France on punit les libelles ; on fait 
très bien ; mais on laiiïe aux particuliers une liber- 
té honnête de raifonner entre ei^x fur les affaires 
publiques , & il eft inoui qu*on ait cherché querelle 
^ quelqu'un pour ^voir , dans des lettres reliées 
jnanufçrites , dît fon avis , fisyis fatyrer & fans in- 
veâive, fur ce qui fe fait dans les Tribunaux; A* 
près avoir tant aimé le Gouvernement républicain 
faudra- t-il cbapger de fentlment dans ma Yieilleûfe, 
\& trouver enfin qu'il y a plus de véritable liberté , 
4aos U$ Monarchies qu^ dans nos Républiques ? 

03 



i-o^X. 



» « 






fgo N E U Y t E M; E 

raotlée fuîvance. Le Confeîl répoçtd,; voui^ ve^ 
]pez trop tard j rtiiàge^efl établi, 

En Juin 1762. un. Citoyen que le. Ccmfeil 
;ivoit pris en haine eft flétri d^ns fes Livres 3^ 
&, perfonnelleoient décrété contre l'Ëdic le 
plus formel Ses parens étonnés demandent par 
requête communication du décret ; elle leur eft 
Tefufée, & tout fe tait. Au -bout d'un an 
d'attente. le Citoyen flétri voyant ^ue nul ne 
• protefte renonce ^ fon droit de Cité. La Bour- 
^eoifie ouvre enfin les yeux & réclame contre 

la violation de là Loi : il n'étoit'plus tems. 
Un fait plus mémorable par fon efpece , 
quoiqu'il ne s'agii9& que d'une bagatelle eil 
celui du Sieur Bardin. Un Libraire commet 
à fon correspondant des e^emi^aires d'un Li- 
yre nouveau; ayant que les exemplaires aj> 
rivent le Livre eft défendu;, Le Libraire va 
déclarer au Magiftrat fa çommifliQQ , & dj&r 



LETTRE. 191 

mander ce qu'il doit faire. On lui ordonna 
d'avertir quand les exemplaires arriveront; ils 
arrivent , il les déclare ^ on les faifît ; il at- 
tend qu'on les lui rende qu qu'oft les lui 
paye; on ne fait ni l'un ni l'autre: il les re- 
demande , on les garde. Il préfente requête 
pour qu'ils foient renvoyés, rendus, ou pa- 
yés : On refufe tout. Il perd fes Livres , 
& ce font des hommes publics charges de 
punir le vol, qui les ont gardés. 

Qu'on pefe bien toutes les circonftances ' 
de ce fait , & je doute qu'on trouve aucun 
autre exemple jemblable dans aucun Parle- 

f • 

ment , dans aucun Sénat , dans aucun Con- ' 
feil , dans aucun Divan , dans quelque Tribu- 
nal que ce puiflè être. Si Ton vouloit attaquer 
le droit de propriété fans raifon fans prétexte 
& jufques dans fa racine , il leroit impoJTible 
de s'y prenche plus ouvertement. Cependant 

O4 



/ 

r 



\<^% 1S[ E U V I E M E 

Taffaire paflle, tout le monde fe cait^ 6c %i9 
des griefs plua graves il n'eut jamais 4té 
queflioQ de celuiJà. Combien d^autjes fon( 
îeflés dans Vobfcurité fautQ d*QCca(îpA$ pour 
ks mettre en évidence? 

Si l'exemple précédent efl peu important: 
en lui-même y en voici un d'un genre bîe^ 
différent. Encore un peu d'attention, Mon^ 
CewTjt pour <:ette ajERure, dlç je fupprime çoii-i 
tes celles quQJe pounois ajouter, 

L,e 20 Novembre 1763 au Conièil général 
aflemblé pour réle^ion du Lieutenant & dy^ 
Tréforier , les .Citoyens remarquent une difr 
féreace entre^l'Edit imprimé qu'ils ont & l'E-» 

dit manufcrit dont un Secrétaire d'Etat fai^e 

/ 

kfifeure , en ce 91e l'éleftion du Tréforiec 
doit par le prenyer fe faire avec celle de^ 
Syndics , & par le fécond avec celle du Lieu^ 
K«ant, Jl§ rçrn^r^qçqtj de plw, ^uç Tçleç» 



Ns 



LETTRE, I5J3 

tk)D du Tréforier qui félon FEdic doit ie fal*^ 
re tous les trois ws, ne fe iàit que tousSes 
ik ans félon Tu&ge , ^ qu^ w bout des trois 
8ns on fk contente de propoler h çonfirn»^ 
tion de celui qui çfl: en place. 

Ces diSférences du texte, de la Loi eQtre 
le Manufcrit du Çoofeil & TEdit imprima , 
qu'on n*avodt point encore obfervoes, en fbot 
remarquer d^autres qui donnent de Tinquiéti^- 
de fur le refl;e. Malgré Texpérieace qui ap* 
prend aux Citoyens l'inutilité de leurs Ré- 
préfentations les mieu:^ fondées , ils en font 
à ce fujet de nouvelles , demandant que le 
texte original des Edîts foit dépofé en Chan- 
cellerie ou dans tel autre Heu public au chose 
du Confeil , où Ton puifle con^parer ce texr 
ce avec l'imprimé. 

Or vous vous rappellerez, Monfieur, que 
par TArticle XLII de TEdit de 1738 ij eft dit 

Os 



194 NEUVIEME 

qu'on, fera imprimer au plutât \m Code gè^ 
aérai des Loix d^ r£cat^ qui contiendra tous 
les Edlts & Réglemens. H n'a pas encore 
ëté queftîon de ce Code au bout de vingt fix 
' ans, & les Citoyens ont gai-dé te filence - («^^ 
Vous vous rappellerez encore que, dans un 
Mémoire imprimé en 1745, un membre prof, 
crit des Deux-Cents jecta de violens foupçons 
lur la fidélité des Edîts" imprimés en 171 3 & 

réimprimés en 1735 j deux époques égale- 



(n) De quelle excufc de quel prétexte peut-oa 
couvrir rinobfervatîon d'un Article auffi exprès & 
»uffi important ? Cela ne fe conçoit pas. Quand 
par hazard on en parle à quelques Magiftrats en 
converfatîon , ils répondent froidement. Chaque R- 
dit particulier eft imprimé , raJfembUz - les. Comme fî 
Ton étoit fur que tout fut imprimé , & comme fi le 
recueil de ces chiffons formott ui; corps de Loix 
. complet, un code général revêtu de l'authenticité 
requife & tel que Tannoce l'Article XLII I Eft-ce 
ainfi que ces MefOeurs remplifient un engagement 
auflî formel ? Quelles conféquences finiftres mç 
pourroit-on pas tirer de pareille! omiffions ? 



L E* T T R: E. Ï95 

méat .fufpeâes* ..Il dk. avoir collationni fur 
des Edits m^nufcrîts ces in^ritnés, dans ]elr 
quels il affirme avoir trouvé quantité d-erreurs 
<lQ(it II a. fait noté, Sç, il rapporte les propres 
termes d'un Edit de 1^556^^ .omîsr toat entier 
dans rimprîmé, A des imputations û gravée 
le Cdnfeil n*a rien répondu, df les Citoyens 
ont gardé lefilence, 

Accordons , fi Ton veut , que là dignité dii 
Confeil nç lui permettoît pas de répondre ai 
lors aux imputations' d'un profçrît. Cette mê-r 
me dignité, l'honneur comproïdis, la fidélité 
fofpeftée exîgeoient maintenant une vérifica^ 
tîon que tant d'indices rendoient néceflkire, 
& que ceux qui la demai^doient avaient droit 
d'obtenir. / ' 

Point du tout. Le petit Confeil juftîfie le 

changement fait à l'Edit par un ancien ufagè 

. zu^ael le Confeil ^énér«(l ne s*^tant pas t>pr: 



f 



jpd NEUVIEME 

pofô dans fbn origine n*a plus droit de s^opi 
poler aujourd'hui 

fi donne pour raifon de la différence qui 
eH encre le Manufcrît du Confeil & Timpri- 
wéy que ce Manufcrît eft un recueil des £^ 
êks avec les changemens pratiqués , & con^ 
jentis par le iilence du Confeil génér^d ; an 
Beu que Timprimé n'eft que le recueil des 
saêmes EditSy cels qa*ib ont paffê en Confeil 

l^néraL > 

II juftifie la confiraiation du Tréfbrier con- 

tre l'Edit qui veut que Ton en élife un au* 

tfé, encore par un ancien ufage* Les Cîto* 

yens n'appcF^ivent pas une contravention 

aux Edits qu'il n'autorife par des contraven^ 

tjons antérieures : ils ne font pas une plaintç 

». 
qu'il ne rçbute, en leur reprocl^ant de ne 

^'être pas plaints plutôt* 
£t quant 9 h communication du texte or^ 



/ 



L É t ^ É. Ê. 



^ 



W 



gîûâl des Lok, feBe efl: âettemeAt refufëe (a) j • 

ibît tommt étant contraire aux réglés; fokpaf- 

• ••"*• ' ■ '• ' 

ce.^ue les Citoyens & Bourgeois ne âorJetJt 



^ - 



• . (<>) Ces refus il durs & fî (tirs è toutes les Ré* 
préfentations .les plus; raifonnables & l^s plus jfufles 
ï)ar6T(rent peu fi'îiturëls.' Éft-îl concevable que lé 
Ç^(ejl/àe,fy&li^yf i cpmpofé im$. fa majeure ipar* 
, tic d'hommes éclairés & judicieux, n'ait pas fentî 
!« fomdale odieux & même effrayant de refufér î 
^es hommes libres, à des inembies du I^égiflacpur ^ 
îa communication du texte authentique des Loix, & 
^ fj)m^tej aiaQ cQmme à piaifir dea foupçotis pro^ 
duits par Tair de myfterc &, de ténèbres dont il 
'«'environne fans;. cefFe' à leurs yeux? Pour moi, je 
penche à croire que ces refus lui coûtent , mais 
qu'il s'eft prefcrit pour règle de faire tomber Tufa- 
ge4es Eëpréfcntations , pai? des i:éponres conftam- 
ment négatives. ,En effet eft-il i préfumer que les 
îiommes les plus patiens ne fc rebutent pas de de» 
fl^ander pour ne rien obtenir ? A^utez la propofî- 
tion déjà faite en Deux-Cent d'informer contre les 
' Auteurs des dernières RépréfcntatîoJ» , pour avonf 
Ufé d'un droit que la Loi leur donne. Qui voudra 
^léfojrpiaia s*expofer à des pourfaites pour des dé- 
marches qu'on fait d'avance être fans fuccès ? Si 
:c'eft là le plan que s'eil fait le petit Confeîl, il 
faut avouer qu'il le fuit très bien. 



m N 'P jj .^ ]t e; M Ê 

, connoîpre i autre tex^e ttes.Loix'qtfe If texte 

» * ^ 

imprimé j .quojq^ie. le petit. Çoriiil en fjiiv,e^wa 
iautre & le fapre..fiiivre'3çn. Ç^ gériétaL (p}^ 
II, eftjdoncL contre, les xegles que celui qui 
1^ paflë m $M^ ah oonUQuoication de Torigi- 
nal de cet a£te , lorfqué les variantes dans lès 
copies les lui: font fôup^oûnet .dé falliflcatiDà 
ça 4'incorrfeâion , & il qÇl dms la regk qu'oa 

ait de;ux différéns textes' des mêmes Lôîx^ 

' ' I 

Tua pour les partiCruliers & Faùtre pour fe 

Gouvernement ! Ouïtes- vous jan^ nen . de 

lémblable? Et toutefois fur Coûtes ces décou- 

I » * 1 . . ' < • ; • - I ; 

Vertes iBxdivoSj fut tous, ces refus réfdtâûsi 

les Citoyens, éconduîts d^s le,urs deroaodes 

* .... . ■• ' 

les plus légitimes ^ fe taîfent,' rfttértdent, ât 
denaeurent en reposa 



»»■ ■ < 1 1 i l 



(p) Extrait des R^ftres du .Gonfeil du 7. Dé^ 
cembre 1763 eâ répbiife auxiRépréfentations tcv-^ 
baies faites le %i Novembre par fis Gitoyens'' ou 
BouxgcoiSi ', * 



L E T T RE. ïp^ 

« 

Voila , Monfieur , des feit? fiôtoîres dans 
votre Ville, & tous plu? coûnusde vous que 
de moi ; j'en pourroîs ajouter cent autres^ 
fans compter ceux qui me font échapés^. CeuK-^ 
ci ftiiEront pour juger fî la Bourgeoifie de 
Genève eft ou fut jamais , > je ne dis pas re« 
muanoe'âe fôdirïèulë) çiais vigilasite, attenti*^ 
ve^ facile à s'émouvoir pour < défendre iès 
droits les mieux établis 4? le .plas ouvarte^ 
ment attaqués? 

On nous die qu'u»^ N^îm 'fA^ f^inginieufi 
^ trèijs occupée de fes droits politiques' auroh un 
extrêjne befoin de donner à fon Gmvernemenf 
une force négative (q). En expliquant cettô 
force négative on Jieut cônvéûîr dû pthkQU 
pe; mais ^ft- ce & vous qu'on -en veut Fairfe 
ratification? A-t-on donc oublié qu'on vous 



(f) Page X70. 



|«o Nj E U V I E M Ê 

doime ailleurs plus de fang^&oid qu'aux âut^eâ 
PeujJes (r) ? Et comtoenc petit- on dire que 
celui de Genève 7 js'occape beaucoup de fes 
droits politiques , quand on voit qu'il ne s'en 
occupe jamais que tard , avec répugnance , & 
feulement quand le {iéril le .plus prefËtat/Fy 
contint ? Pe forte qu'en n'attaquant pas fî 
bmfquem^nt les droits de lafiourgeoifie^ il 
œ ti^nt qu'au CoiUki qu'Ole. ne s'en occupe 
jamsds. ' ^ 

^ Mçttons un moment en parallèle les tieux 
par^ p^mr jt^ï duqud Faâivité efl: le plus à 
fF^ndr«^ & ohdmL être placé le droit négatif 
pour modérer cette afjbivité» 
/ D'un côté je voie un peuple très-peu nom- 
breux ^ p^iQi;)^ & &oid , comjgofé d'hommes 

labo* 



(r) Page 154, 



Le t t R É; hbi 

laborieux , amateurs du gain , fournis pour lelit 
propre intérêt aux Loîx & à' leurs Miniftfëy , 
tout occupés de leur négoce ou de leurs mé^ 
tiers î tous, égaux par leurs droits & peif 
diftîngués par la fortune, n'ont entre eux iil 
chefs ni cliens ; tous , tends pair leUr com- 
merce par leur état par leuts biens dans une 
grande dépendance du Magiflrat , - ont à lé 
ménager; tous craignent de lui déplaire; s'i\i 
veulent fe mêler des affaires publiques c'eft 
toujours au préjudice des leurs; Diftraitj 
d'un côté par des objets plus întéreflaris pouJ^ 
leurs familles; de l'autre, arrêtés par des coA- 
fidératîons de prudence., par l'expérience dé 
tous les temsj qui leur apprend combien datlé 
un auffi petit Etat que le vôtre où tout parti- 
culier efUnceflamment fous les yeux du Con- 
feil il eft dangereux de l'offenfer j Ds ibnt por*-» 
tés par les raifons les plus fortes à tout facri^ 
Partie II. P 



sba -NEUVIÈME 

fiar à la paix ; car c'eft par elle feule qu'ils paîF' 
vent profpérer ; & dans cet état de choies 
chacun trompé par fbn intérêt privé aime en- 
core mieux être protégé que libre, & fait fa 
cour pour faire fcm bien. 

De Fautre côté je vois dans utie petite 

ViSe, dont les affîiires font au fond très pea 

de chofe ^ un corps de Magiftrats indépendant 

& perpétue] , prefque oidf par état, faire fh 

principale occupation d'un intérêt très grand ^ 

Ce très naturd pour ceux qui commandent , 

c'eft d'accrdtre incefTamment (oa empire ; car 

l'ambition comme Tavarice fe nourrit de (es 

avantages , & plus on étend (a puiflanse y plus 

i^n éï dévoré du défir de tout pouvoir. Sans 

cefle attentif à marquer des diftances trop peu 

Ibnfibles dans ies égaux de naiifance , il ne 

voit en eux que fes inférieurs , & brûle d'y 

voir fes fujets^ Armé de toute la force publP 



LETTRE. 2bâ 

^e, dépofkàîre de toute l'autorité, interprété 
'& difpenfàteur des Loix qui fe gênent , il s'en 
irait une amie oiQfenfîve' & défenfîve , qiii le 
rend redoutable , refpeélâble, facré pour tous 
ceux qu'il veut outrager. Cefl: au nom même 
de ]a Loi qu'il peut la tranfgrefTer împuné- 
ment. It peut attaquer la cbnftitution en fei« 
gnant de lâ défendre ; il peut punir comme 
un rebelle quiconque ofë la défendre en effec 
Toutes les entreprifes de ce corps lui devien- 
hent faciles; il ne lailTé à perfonhe le droit de 
les arrêter ni d'en cdnnoître: il peut, agit , dif- 
férer, fuiffiendre; il peut féduire effirayer pd« 
nîr ceux qui lui réfiftent, & s'il daigne eni- 
ployer pour cela des prétextes, c'eftplus par 
bienféànce que par néceflité. Il a dond la vo- 
lonté d'étendre fa puilTanob , & le moyen de 
parvenir à tout ce qrfîl veut. Tel eft Fétat ré- 
Utif do petit Confdl & de la BourgeoîOe de 

P a 



£Q4 N E U V I E M Ë 

Genève^ Lequel de ces deux corps doit avoir 
le pouvoir négatif pour arrêter les entréprifes 
de l'autre ? L'Auteur des Lettres aiTure que 
c'eft le premier. 

Dans la plupart des Etats les troubles inter- 
nes viennent d'une populace abrutie & ftupî- 
de , échauffée d'abor4 V^ d'infupportables 
vexations , puis ameutée en fecret par des 
brouillons adroits ^ revêtus de quelque autorité 
qu'ils veulent étendre Maïs efl-il rien de plus 
faux qu'une pareille idée appliquée à la Bour- 
geoifie de Genève ^ à fa partie au moin» qui 
fait face à la puiffance pour le maintien des 
Loix? Dans tous les tems cette partie a tou- 
jours été l'ordre moyen entre les riches & les 
pauvres, entre les chefs de l'Etat & la popu- 
lace. Cet ordre, compofé d'hommes à-peû- 
prêis égaux en fortune, en état, en lumières, 
n'efl: ni affez élevé pour avoir des prétentions» 



LETTRE. 105 

BÎ aflea bas pour n'avoir rîen à perdre. Leur 
grand intérêt leur intérêt commun eft que les 
Loix foient obftrvées , les Magiflxats ré(pec- 
t4Sy que la cônftitution fe fcnitienne & que 
TEtat foit tranquille. Perfonne dans cet ordre- 
ne jouît k nul égard d'une telle fupériorité 
fiir les autres qu'il pfuifre- les mettre en jeu 
poiur fon ist^rêt particulier. Ceft la plus fôîrie- 
partie de la République, la feule qu*on (ait ' a(^ 
furé ne pouvoir dans fa conduite fe propofer 
d'autre objet que le bien âe tous. Auffi voît-^. 
on toujours dans leurs démarches communes 
une décence, une modeftie, ime fermeté rèt 
peéhiêufe , une certaine gravité dlicMSitô^ qui 
fe' fentent dans leur droite quî'fèr tiennent' 
dans leur devoir. Voyrâ , au coiitrâiie , de- 
quoi rauoe parti s'étaye'^ • de gen^ qui iia-> 
gent dsoi^' l'opulence, & du peuple le plus ab- 
jeL ]^Il-jœ dans ces deux extrême» ^ Pua :fai^ 

P3 



,0(5 N E U V I B IH E 

t 

pour acheter Tautre pour fe vendre , qrfoi% 
4oit chercher l'amour de \^ juflice & des loix ?. 
Ceft par eux toujours que l'Etat dégénère : Le 
riche t|ent I» Lp; dans fa bourfe ,, & le pauvre; 
aime mieux du {mix que la liberté. I] fafEt de. 
comparer ces deux partis pouf jugec^ lequel 
ïjoît porter ai^^ Lpîx la première:, iitteinte ; & 
cherchez en effet dans votre hiftoîire fi tous, 
les complots ne Çont pas to^jouis ver^$ du cbr 
t^'de la Magiflxajwre , ô^ fi jattoais. les. Cito- 
yens ont eu reçouf s à la force que lor^u'il l'a 

r§llu pour s'en garantir.?. 

» •■ • 

; On raille, làns, doute, quand, fur Içs cotSér 
^enc;es du droit que réclainent vos Çondto* 
55ens, on voi¥ répséfeote l'Etat en proye à la 
^^^% à. to fôbifticsi. , au pi:etnîer venu. Ce; 
droit négaitif qui& veut avok h Conièil fut icr 
ÇQluiU: jiifqû'ici; ^^a maux œ e(b«il arriva ?* 
It en iuC aixΥ4 d'aj^reux s'il eut. voulu ix ce* 



LETTRE. 207 

fiîr quand la Bourgeoifie a fait valoir le fîen. 
Rétorquez Fargument qu'on tire de deu>t cents 
zm de profpérîté ; que peut-on répondre ? Ce 
Gouvernement, direz - vous , établi par le 
tems , foutenu par tant de titres , autorifé par 
tin Cl long ufage , confacré par Tes fuccés , & 
où le droit négatif des Confeils fut toujours 
ignoré , ne vaut-il pas bien cet autre Gou ver- 
Jiement arbitraire, dont nous ne Connoîflbns^ 
encore ni les propriétés, ni fes rapports avec 
notre bonheur, & où la raifon ne peut nous 
çiontrer que le comble de notre mifere ? 

Suppofer tous les abus dans le parti qu'on 
attaque & n'en fuppofer aucun dans le fîen, 
efl: un fophifine bien groffier &, bien ordînax- 
îe, dont tout homme fenfé doit fe garantir.'' 
Il Ëiut fuppofer des abus de part & d'autre^ 
parce qu'il s'en gliflè par tout; maîsce n'cflr' 
p^ i^ dire qu'il y ait égalité dans leurs coa* 

P4 



»q8 NEUVIEME 

fé^ueaces. Touç abus eft un iml^ fouveot in4* 
vit^ble , pour lecjuel on ne cioit pas profcrire 
ç^ qui efl: bon ça foi. M^s compare^ , & 
yous trouverez d*uQ côté des nuu:): fûrs , d^ 
,Tsm\?i terri]bles fans boroe &; fans fin, ; de Taur 
^re l'abus même (J^f&cile , qui s'il efl: grand fer» 
pafTager, & tel, que quand il a, liçu il portç 
toujours a,vec lui fon renjede. Car encore une 
ifois ij n'y a de libi^rté pplïîbje que djans l'obt 
feryation, des. Loia^^ ou de la volonté généra: 
\e^^ il ri'eft pas pjus^ daijs la volpntç géné- 
i^ale de nujxe à tou.s , que dafis la volonté^ 
particulière de nuii;e à foi-mèmer. M^is fiç- 
pofons cet ^us de la, liberté aMl£.nàjturel que^ 
l'abus de la puiflance. li y aura toujours cettç. 
différence entre l'un & l'autre, ^ que Faljus dç. 
|a Ijiberté tpurne au préjudice du peuple, qui^ 
çn^ abure, & le pu^iOant ^e fqn propre tort. 
^e, force à en chercher krenj^ej aiafideçç. 



LETTRE. 200 

côté le mal n'efl: jamais qu'âne erife , il ne 
peut faire un état permanent. An lieu que 
l'abus de la puiilànce ne tournant point au 
préjudice du puif&nt mais du foible, efl: par 
fk nature fans meilure lans frein ans limites: 
Il ne finit que par la deflruélion de celui qui 
ijsxâ en reflem le mal. Difons donc qu'il fauc 
que le Grouvemement appartienne au peti& 
nombre , rinijpeâioa fur le Gouvernement à 
la généralité , & que fî de part ou d'autre 
l'abus eft inévitable, il vaut- encore mieux- 
qu'un peuple foit malheureux par fa faute 
qu'opprima fous la maîn d'autrui. 
■ Le premier & le plus grand intérêt public 
eft toujois's k joflice.. Tous veu)^nt que les 
conditions foient égales pour tous, & la ju& 
tice n'eft que cette ég^té. Le Citoyen ne 
veut que les Lpix & que l'ôbifërvation de& 
i.oh. Chaque particuljier dac^ le peuple f^t^ 

^5 



2IO N. Z U V J JE M E 

bien que s*il y a des «Kceptions, elles ne fe-^ 
atone pas eso fa faveur. Aînii tous çraigoent les 
exceptions ^& qui craint les exceptions aime 
la Loi. Che^ les Chefs c'efl: toute »itre chofe ; 
leur état même eil un état de préférence, 3c 
ils cherchent des pi^férences par tout (x). S^ila 
ventent des Loix, ce rfeft pas pour leur obâr^ 
Q'efl pour ^ être les arbitres. Ils veulent def 
hoïX pour iè mettre à leur place '& pour fo 

faire craindre en leur nom^ Tout les favo» 
jçife dans ce. projet. Us fe &rvait des droits 

i '■ > t I II. I ■ . I II » I «fc»— ■ I m . I .. 

(j) La juftice dans le peuple efl: une vertu d'é- 
tat; la violence ft h Tyrannie eft de même dans les 
Chefs un. vice i'étzx. Si nous étiops à leur^ places 
nous autres narticuliers , nous deviendrions commer 
eux vîolerrs ^utpateurs IniqxiesL Quand des Mftgif- 
trats viennent donc nous prêcher leur intégrité leur 
môdtiration , leur juftice , ils nous trompent, s'ils 
vçulent obtenir aînû b confiance que nous' nç Ic«t 
devons pas : non qu'ils ne puiflent avoir perfonnel- 
lement ces vertus dont ills fe vantent; mais alers ils. 
font une exception; & ce n*eft pas aux ex^eptloni. 
que la Loi doit avoir égard. . 



LETTRE. 



%iik 



^'ib ont pour ufurper fans rifque ceux qu'ilj 
n'ont pas. Comme ils parlent; toujoiurs aiP nom 
de la Lpi, même en la violant;, quicqnqae pfQ 
la défendre cçntre çux eft uq f^ditieui; un re^. 
^Ue: il dolc péxir^ & pour ei^x , ccHijoucs fûrf 
de rimpunité dqns leurs çntreprî^, h pis gui 
leur arrive eft de ne pas léuflîr. S'ils ont 
befoin. d'gppjuîs., pa^ tout. il« ea tcouvènr, 
Ç'j^fl une ligue, naturelle que, celle des forts ^^ 
^ ce qui f^ît 1^ foibleffe dÇ6 &îbks' eft de 
H^ pouvoir fe lîguçr ainfu Td eft le idçftin 
d^ peuple d^avoir toujours au dediaris. & a* 
deh^s fes. pa];ties. ppur juges. Heureux! qûandj 
il en peut trouver d'affez équitables pour le, 
^rotoger contre leurs propres maximes , con-^ 
tire ce fentimént fi, gravé dans le cœur Iiut. 
main d'aimer & favorîfer les intérêtis fembla^ 
bks 2Lm QÔtres. Vous ave:^ eiA cecaiiziantage;, 
ipe. fois, 6( ce fut. contre toctç attente. ,<^uand> 



ti2 NEUVIEME 

la Médiation fut acceptée , on vous crut é* 
crafés: mais vous eûtes des défenfeurs édaî* 
ij^s & fermes , des Médiateurs intègres & gé- 
néreux ; la juftîce & la vérité triomphèrent 
PoifTiez-vous être heureux deulx foisî vous 
aurez jouï d'un bonheur ^bien^ rare , & dont 
vos oppreflèurs ne paroifient guère allarmés; 
Après vous avoir étalé tous les maux ima- 
ginaires d'un droit auili ancien que vo'û'e 
Conftitution & qui jamsûs n'a produit aa<:un 
mal , oQ pallie on nie ceux du Droit nouveaa 
qu'on ufuFpe & qui fe font fentir dès aujôur- 
tfjiuî. Forcé d*a^ouer que le Gouvernement 
peut abufér du droit négatif jufqu'à la 'plus^ 
intolérable tyrannie , on affirme que ce qui 
suTive n'arrivera pas, & Ton change en pof-*- 
fibilité.fans vraifemblance ce qui fe pafle au* 
jourd'hui fous vos yeux. Perfonne, ofe-t*otv 
dire ^ ne dira que le Gouvernement ne fo 



L E t T. REk £13 

équitable & doux ; & remarquez que cela ft 
dit en réponfe à des Répréfentations où Ton 
fe plaint des injuftices & des violences du 
Gouvernement»' C'eft là vraiment ce qu'on 
peut appeller du beau ftyle: c'eft l'éloquence 
de Périclès , qui renverfé par Thucydide à 
la lutte, prouvoit aux ipeâateurs que c'étoic 
lui ^ui Tavoit terraflë. 

Ainfi donc en s'emparant du bien d'autrui 
{ans prétexte , en emprifonnant fans raifon letf 
innocens , en flétriiTant un Citoyen fans l'ouïr j 
en jugeant illégalement un autre , en proté* 
géant les Livres obfcenes , en brûlant ceux 
qui refpirent la vertu , en perfécutant leurs 
auteurs, en cachant le vrai texte des Loîx, 
en refufant: les fatis&élions les plus juiks, 
en exerçant le plus dur defpotifme , en dé- 
truifant la liberté qu'ils devroîent défendre, 
en opprimant la Patrie dont ils devroient ê- 



\ 



tî4 NEUVIEME 

tire les peres , Ces Meffieurs fe font cdmplîi 
ment à euj^-mêmes fur là grande équité dé 
leurs jugemens, ils s'extaGent fur la douceuï 
de leur admîniftration , ils affirment avec coii- 
iBarice que tout le monde efl: de leur avis fut 
ce point; Je doute fort, toutefois, que cet 
avis foît le vôtre j & je fuis fur au moins 
qu'il n'efl: pas celui de» Répréfentans, 

Que l'intérêt particulier îie me rende point 
înjufte. C'èft de tous nos {iénchàns celui con- 
tre lequd je me tiens le plus en garde & 
auquel j*dpete avoir le mieux réfifié. Votre 
Magiftrat efl: équitable dans les chofes îndîf- 

^ • 

férentes, je le croîs porté même à l'être tou- 
jours ; (es places font peu lucratives ; il rend la 
jufliîce & ne la vend point ; il efl: perfonnelle- 
ment intègre, défintérefl'é , & je fais que dané 
ce Confeil fi defpotique il règne encore de la 
droiture & des vertus. En vous ntontrtat 



LETTRÉ. 



sij: 



les cobféqueQces du droit; négatif je vous ai 
moins die ce qu'ils feront devenus Souverains, 
que ce qu'ils continueront à faire pour Têtre* 
Une fois reconnus tels leur intérêt lera d'être 
toujours juftes, & il Teft dés aujourd'hui d'ê» 
tre juftes le plus fouyent: mais malheur à 
quiconque ofera recourir aux Lois encore, 
& réclamer la liberté ! Ced contre ces infor» 
tunés que tout devient permis, légitime. L'é- 
quité , la vertu , l'intérêt même ne tiennent 
point devant l'amour de la domination , & 
celui qui fera jufle étant le maître n'épargne 
aucune injuflice pour le devenir. 

Le vrai chemin de la Tyrannie n*eft point 
d'attaquer direâement le bien public ; ce ferdt 
réveiller tout le monde pour le défendre ; mais 
e'efl: d'attaquer fucceflivement tous fes défen- 
feurs, 6i d'eflfrayer quiconque oferoit encore 
afpîrer à l'être^ Perfuadez à tous que l'intérêt 



Bi<5 NEUVIEME 

puWîc rfeft celui de perfonne , *& par cela 
feul la fervicude eft. établie ; car quand <jiaain 
fera Tous le joug où fera la liberté commune ? 
Si quiconque ofe parler eft écrafé dans Tin- 
' fiant même 9 où feront ceux qui voudront l'i- 
miter » & quel fera Torgane de la généralité 
quand chaque individu gardera le (llence ? Le 
Gouvernement févira donc contre les zélés 
& fera jufle avec les autres, ju(qu*à ce qtfil 
puifTe être înjufte avec tous impunément* 
Alors fa juftice ne fera plus qu'une écono- 
mie pour ne pas diOiper fans' raifon fbn 
propre bien» 

II y a donc un fôns dans lequel le Confeil 
cft jufte, & doit rêtre par intérêt: mais il y 
en a un dans lequel il efl; du fyftême qu'il s'efl 
fait d'être fouverainement injufle , ^ mille ei* 
emples ont du vous apprendre combien la pro« 
teâion des Loix efl infuffifante contre la hai« 

ne 



:: U K 1 t ^ t fcî| 

ré da Magifixat. Qiie &ta<céj loff^ne ^ea' 

4 

m feul maître abfolu par &a droit négsicif U. 
ne fera jks ^êné par rîefi dans fk conduite , & 
ne trouvée plils id'obfhcle à fès pa0ions? 
Dans «lit û petit Et^t où nul né peut fe igiçh«r 
dans la foule , qui ne vi^a pas iilors dans d'é^^ 
temelles fcacfcaxsj & ne ftautira . pas à çbaquQ 
inftant de fa vie le malheur d'avoir (çs égaui; 
pour maîtres? Dans les ^-ands Etats les par« 
ticuliets font trop loia du Prince & des chefs 
pour en être vus , leur petiteflç les fauve^ S( 
pourvu, que le peuple paye on le iaiffe en paî^^ 
Mais vous ne pourrez f»re un pas fans fentir 
le poids de vos fets» Les parens, les amis^ Jet 
protégés ^ les efpipns ^e vos maîtres feronc 
plus vos niattres qu'eux; vou^ n'olçrez ni dé-^ 
fendre vos droits ni réclamer votre bien ^ 
crainte de vous faire des emnemis ; les recoins 
Ifps pîus oblçuR ne pourront ypus dérober k là 
Partie tt q 






"ïytàBftrâcî^ 3 Êuidnu'n&efliikesfimt . en être fa^^ 
iiêllite OU' viâlma ^ Vou^ fendrez à la foit 

tM^falsivage politi^ & leiclvU, k p^e bfe^ 
tsÈi^^oaë'^t^pvt» m libértéi Vôi)â ^.Monfieur^ 
èè'd^t hafiQîj^Httnetït voite mëitef l*u&ge du 
dkâc négadf tsé t^t te C&nCmir^ Tatroge. Je 
erok gu^il n'ënvciti^a pasïai^e ui{ ufage aaffi 
funeâe^ mdkUiepwmL certaanefttient , & là 
ièale certitude ^'il^'p^iic impunéineDC être in « 
ji^^ vous fefâ femif les mêmes maux que s'il 
l^QÎt en effet. • , 
• ' Je vous aï ffiontjpé y. Monfi^r > récat de vô- 
fîie. Gonfldmtioh tet^it^fè préfôncê à rae* 
^eux. lî réfiilte dé cet expdfô que cette Con- 
{litutierh, prife dansTo» eBfembleefl: \ionfit & 
fmù£^& qiT^T. donnant à Ja liberté Xts vérî« 
t;^bles. bornes ,. die. lui donne en même tems 
tc^te la Solidité. qu!elle- doit avoir. Car le 
Couvememenc ayant ua droit négatif contre 



rieSiL<ftx içtdf s fe^nent &:régQeTH: fur^touss::4g 
|)wnuêr'<<ie.ri|a^. ne leur r4ft:|>aft\roQif|ç %W« 

aiul înté?êf pa«kulfer 6e pewfc^ changer, .& 

w desSrtmênfciJeSfeufe ^ft*es.,'.'&; .qi^life^iiifr 
fentlwiiÈre purter.Qu w&e a kw gré: .ft te 
droit de BéprÔfentsutton sÉbl g|fsnt des Uilf. 
A de:.la.llil»tté:c!êtt. 'qU'.«Qr;^r9Ît!inuroiFa ifik 

açettaiie';.je:nel«roû point 4» &f!f^^§ ^^i^ 
à la y^act & rântage de h libéré n'eO:' piu» 
djïz voaij qtt^n leurre! in^rHàût; ôj^puéntei 
igu'il eft HVêmetiiidëQeat .d'feffirir. à; deft htwraw 
fenfSs. Qoft fert alprs dîaŒïftihteî te Wgiflikr 
ceur 9 puifcpië. la rolonté du QwfeU ^ J'i^ 

Qa 



>^ 



■ îio N't Ù 'VI tut 

/ ■ 

que Loi ? Que Tèrt dTëlirC' folerffnêll^nent dH 
Magîftrats qo^#avtece *ëtGÎ8n« ^% -Vos Ju- 
ges , & qiif-iïê tiennent M stfettè :.étefticAi 
qu'un pouvoir 'qu'ils exerçoknt aupànvaût ? 
Soumettez- ^ous de. bonne graoê, & i«nôi!C€E 
à ces jeux d'enfents ^ qui ,* devenus frivoles , ne 
font pour vous qu'un avîliflfemenc dé plni 

Cet état étant le pite où P^Ppaifle -tonflbef 
ii'a qu'un avantage ; c^eft qu*if hê'ikxxroit chan* 
ger qu'en mieux. C'efl: funiqucf tefifciurce des 
^auz extrêmes^ mais cette refiburce dl tou* 
jeufs grande V^âi^ des honmscs de Ifens & 
de cœur là leiïtênt & favent s^i pr&raMn 
<^ue la bertitudë de ne podvoii.itornbef plus 
bas que vous n'êtes doit vous lândrc: fermes 
dans vos démarches ! mais foyez (bis que 
t^ous ne fortiriez point de l'abîme , titut que 
' vous ferez divîfés, tdnt que leâ uns. voiBSront 
agir & les hmes fefter tranqùiQesJ 



:• 'L :E T .T .R ,E.. au. 

Me Tokt f Mcinfieur , à la : condufion de ces 
irCttxes. Après vou^ ^voir xAontré l'état; oik 
vous êûçs , JQ n'entrepr^drai'j>oînt de yÇHî 
tracer la route que vous devez fuivre pour jea 
fbrtir, .^[il en efl: uqe , étant, fur les lieux mç* 
mes^ vqus i^ vos Conckoyens la devez yoii; 
mieus que ingi-,; quand on fait ou 'Ton ef|; 
^ où l'on doit aller, -on peut fè diriger Cami 
peine, . . 

L'Auteur des Lettres dit que fi on remar- 
quoit dans un .Gouvernement une pente à la vio- 
lence il M faudmt' fas attire à Iq redrejjir 
que la Tyrannie iy fuk fortifiée (t). |1 dît . ea- 
çore; en fuppofant un cas qu'il traite à la yé* 
Jptê de chimère,. qu*i7 refteroit. ujn remedç trijie 
tnais légal j ^ qui dans ce cas extrême pourroif 
itre employé commt on einploye la main d'ufp 

^ > • • m 

(IÇ) Page 172. 

Q3 



t2S N •£ U V 'I E M E 

• * • • • 

OiruTgtcn , (j^^^tm/ - /a- gangrénf fi àkUte ( « )^. 
Si vous êtes ob ûdH dans ce cas fôppofé 
èhîiàérique ^ ceft w qi^ je tiens d^ëxatni- 
fier. Mon confcil n*efl; donc plus îçi lïécef- 
faire ; T Auteur des Lettres vous Pa donné 
jpout moL Tdù3. îes moyens de Tédamj^r 
contre rinjûftîce (ont pernak quand ils font; 
{mTibles^' à p]iis*fbftei^ûil font perkiis ceux. 
Çu autorifeat les loix. v 

Quand elles fcHit tran^refféès dans d^ cas. 
particuKeFs vous avez le droit de Répr éfenta-». 
tîon pour y pourvoir^ ' Mais quand ce droic 
inênie eft conteft^,. "c'efl; le cas de la garantie^ 
Je ne - Tsii point niHè au nombre des n9oyen$. 
qui peuvent rendre efl^cace une RéjHréfcntai^ 

tîon y les' Médiateurs -eux * mêmes n'ont pornft 

( • . • 

entendu fy mettre^ puifqu'Hs xmt décl^ nç^ 



1 



t E T T R E. 223 

vouloir poner nulie attente à Findépendaace 
4e r£cac, âp qu's^Iors, œpendaiit , lis aoroirat 
«lis, pour imd dire, 1;^ Clef da Gouv^rne^ 
mène dans leur poche (x). Abu dans le cas 
particulier Yefj^ot des RépréfentadoQS rejetcées 
eft de produire un Confeil généra ; mais^ Tef* 
fec du drok Toême de Répré&ncation rejette 
|>aroit être le recoun k la gaiaotie. Il faut 
^ue la machine ait en elle - marne tou$ les 
îeflbrts qui doivent la fajbre jouer ; quand 
die s'arrête, il &ut appdlei: l'Oavtier pour 
Il remonter. 



T— » 



(x) La cbnféquencc- dfun tel fyAêroe eut été d'é* 
toblir un Tribunal de la Médiation réfident â Ge- 
nève, pour connolrre des. tranfgreffions des Loix. 
Par ce.T;ribunaI i^ fouveraipc<^ de la R^uljliqpt 
eut bientôt éti détruite, mais, la liberté des Cito- 
yeD& eut été beaueotip phis nflurée' tj'u'eHe ne peut 
l'être fi l'on ôtt; Je drqit de Rçpréfentadon. Or de 
p'^ctre Slouverain queâe'nom ni fîgnifîe ^as "grand • 
«ftoCft^. nwjbi d:âcre iliir» 'cn eSà Hfpï^ b.eau^Qtfi^ 

<i4 



424 NEUVIEME 

Je voîi trop ù\i va cette -.rcflfei^rce , ^ & jeir 
fcns encore mon cœur patriote, en gcmir^. 
Auffi, je le icpetc, je ne vous prppoTe rienj 
qu oferois-je dire ? JDélibérez avec vos Concit 
tpyens & ne comptez les voix qu'après Içs a<r 
voir. pefées.Déficç- vous de la turbulente jeun 
nefTe , de l'opulence infolenle & de l'indigen^ 
ce vénale.; nul fàlutairç confèil ne peut veniir 
de ces côtés-là. Confulte? ceux qu'une hoii^ 
qête méd^crité gvantit d^ féduâions de 
r^mbitîon <& de 1r mifere ; ceui: dont UQe ha*, 
norable vieillefTe couronne une vie fans repro:? 
che ; ceux qu'une longue expérience a verfés 
dans les aifaires publiques; ceu:^ qui, fans am- 
bition dans l'Etat n'y veulent d^ZMtxt rang que 
celui de Citoyens ; enfin ceux qui n'ayant 
jamais eu pour objet dans leurs démarches quç 
le bîea de la patrie & le maintien des Loix^ 

« • 

ont mérité par leurs^ vertus l'ellim&du pur 



r.^ 



li Ë r T R Ë. ' àâi 

Uk j ôf la* coQfiàfice de ktxn ëgàuXé 

Mais furtout réuniflez - vous tous. Voos ô* 
les' perdus fans refiburcd fi vcus^ feilez àivu 
tè^. Ec pourqiioi le feriez* vdus, ^uand de fl 
grands intérêt^ communs voas unifient? Conlî 
ment dans un pareil danger la bafle jaloufle 
&les petites paflions ofent- elles fe faire en- 
tendre ? Valent -elles qu*on les contente à 
û haut prix , & faudrait- il que vos enfans 
difent un jour en pleurant fur leurs fers ; Voila 
le fruit des diflentîons de iios pères ? En un 
mot , il s'agit moins Ici de délibération que 
de concorde ; le choix du parti que vdu$ 
prendrez n*eft pas la plus grande affaire : Fut- 
il mauvais en lui-même, prenez -le tous en* 
femble; par cela feul il deviendra le meilleur^ 
& vous ferez toujours ce qu'il faut faire pour- 
vu que vous le faffiez de concert. Voila mon 
avis, MonGeur, Si je finis par où j'ai com- 

.Q5 



ts6 N Ê: ÙT, V I -Ê ià t 

ïnencé. En vous ohéii&âc j'ù nmpii moA 
dernier devoir enVers la ftitrie* Maiotenanc 
je prends congé de ceux goi l'habiieilt } il ne 
leur r^c aucun jnal. à më.fotns, & je.^ 
puis pias leur faite aucun bien. 

■■'tin:- '■■■' - - - 



^ 



CATA- 



C A T AL O G U E 

L I V R E S 

Quon. trouve chez Marc Miciîel Rey 

Libraire à Amfterdam. 

oeuvres de Jean Jaques Roufleau. in douie 8. voL fig. 
,. Amfterdam. i 

ilépréfentatioris des Citoyens & Bourgeois de Genève 

au premier Sindic de ceue. République , avec les xé- 

ponfes du Confeil à ces repréfentations. .8. 1763, 
Bibliothèque de Campagne ou amufemens de VECprit 

& du Cœur. 12. 12 vol. avec 12'Frontifpices & 12 

Vignettes analogues - aux fujets , deflîflés par Mr. 

Bolome)^ gravés par Mr. Boily. 
Conlidéràtions fur le Gouvernement ancien & préfent 

de la France, par le Marquis à'ArgenJm 8. i. vol. 

Amfterdam. Ï764. 
Confîdérations fur les Corps oi^ganifez par Mr. Bonnet. 

8. Amfterdam. 1764. 
Contemplation de la- Nature par le même 2 vol. gl 
'/Amfterdam. 1764. . 

Ttaité de la connoiflance de foi-môme par Jean Mafon. 
" maître -es arts, traduit de TAnglois par Jaques Abà 

jBrwfiwr Pafteui'de l'Eglife Françoife à Leyde. 8. i.voi. 

Amfterdam. 17^5. 
Inftruftion paftorale de Mr. VEvêque du Puy, fur la 

prétendue philofophie des incrédules modernes». ï2* 

I. vol. Amfterdam. 1765. ' 

Journal des Savans depuis fon commencement en i6Ss 

jufqu'en 1753, faifant 170. volumes 12. Amfterdaan. 
Table générale • alphabétique du Journal des Savar« 

dépuis fon commencement en 1665, jufqu'à TAnnée 

1753. incluGvement. 12. 2 vol. Amfterdam. ' 
Journal des Sçavans combiné avec les Mémoires de 

Trévoux dépuis Janvier 1754. juf^u'en Décembre 

i76y. en 79 volumes, avec leur Tâ^ble des Mattis- 

res. 



/ 

y 



thTAlôùtjt 



• 

Ji[>umal des Sçayans avec des Extraits des meilleurs Jour^ 
ïiaux de France & d'Anglettcrre fuite des rjo. vol; 
du Journal de^ Sçavans & des 79. vol, du mêirfë Jout- 
«al combine avec Icà Mémoires de "trévoux; 1764. 

OfFrande aux autels & à la patrie, côntenaht Défenfc 
d\i Çhriftianifme ou réfutacion du Chapitre huit du 
Contracl Social. Examen hidorique. des qiiatres Sic* 
clés de Mr^ de Voltaire. Quels font les moyens de 
tirer un Peuple de fa corruption, par Jaq^ Ant 
Rauftan . Minjdre du Saint Évangile à Genève. 8 
I. vol. Amftcrdam. 1764. 

République de Platon pu Dialogue fur la Juflice dîvi^ 
en dix Livres, i*. 2 vol. Amfterdam. 1763. 

Jlifloire naturelle générale & particulierç avec la def* 
iCri|Ttîon du cabinet du Roi, par Mrs. Dé fiuffon & 
d'Aubcntôn 4. Il vol. fijgures Paris. 

■F idcim pn peut avoir les Tomes io, 11 fépa- 

j-cmcnt. 

»p..- im * idem. in-i2. is vol. âgures- Un peut avoi^ 
les Tomes 14. & 15. féparément. 

Taftlquc navale, ou Traité des Evolutions & Signaux ; 
par Mr; Pe JVlprogues, 4. i voL.fig, Amfterdam 

{}illoitc dç .Guftaye-Adolphe Eoi de Suéde , compoféf 
fur tout ce qui a paru de plus curieux, & fur un 
grand nqmbrç de Manufcripts, & principalement fur 
teux 4c Mr. Ârkenljoltz, par Mr. D. M; ProfelTeur 
ftc. 4. I vol. Figuras Amfterdam. 1764. 

— n îdem. 12. 4 vol. Çigures. 17(54. 

aritbvietiça* Àumre If: Newton. Cum cimmeiitam J6* 

jiannis Caftillioneï , 4. 2 vol. fig, AmJielodamL 1701» 
Additions ^ 1%(M fur THiftoire univerfelle par Mr. 

de Votoire; 8. i vol. Amfterdaxu. 1763. 
AOerfions (Extraits des) des jefuites. <8. 3 vol. Aot- 
. fterdam. 1763* 
Lliomme en Société ou nouvelles vues politiques pour 

porter I9 population au plus haut digïé en France. 9. 

2 vol. Ajnflejrdam^ 1763. 
La: voix dç b tiîtuxe ou les ayaiituries 4e Madme. h 

Marquif» de ♦^. 8. 5 part. Amflerdam 1764. 




AVIS. 

^Auteiir n*aydnt pu fuivre rimpreffioH àe fis 
l feuilles , des fautes de coûte dans le Afanuf- 
crit , des qui-pro-quo de l'imprimeur dans les 
renvois :^' ont rendu plufieurs endroits inintelligibles > 
fur-tout dans la quatrième Lettre. Les correBions 
enferoient trop longues a indiquer , ^ le leEleur ne 
pr endroit pas là peine de les faire. On fe borne à 
marquer ici les plus faciles , fur des fautes qui 
font équivoques ou contre fens ; on néglige toutes 
Ih autres. 

ERRATA 

iFour Sédition des Lettres écrites de la. 
Montagne par Mr. J. J. RousSEAU. 

PREMIERE PARTIE. 

^age 50 , lixne 4. Certaincmcni', lifez, très certainement» 

J»ge 140 , li^ne 1. tout émcrYeiWs, lifex. tout émerveil- 
lées. 

7age 101 , /« ligne 10 ©* Us deux fuivantes ne ioiinnt 
point être en italique y ni former un alinéa , mais s'écrire 
à la fuite des précédentes e* du même caraQere. 

TMge 108 , ligne 9. Ce mot , dtt-oa , doit être en itaUqun 
comme le refte de la ligne, 

Tage 144 , ligne 3. Ta fait , lifesL la fait* 

Tage 14 c , ligne 3. tel , lifez. telle. 

lage z6z , ligne 3, paffer , ajoutez, une virguU» * 

lage 177 , ligne 14. ti'intérct & , lifez d'intérêt ou. 
SECONDE PARTIE. 

Tftgexi., ligne \i, Otez le pajfage quijuit : Avant d'atoît 
aflez affermi leur puifTancc ils voulurent ufurper le droit 
de mettre des impôts • or fubfiituez -y celui - ci : Ils 
avoient doucement ufurpé le droit de mettre des impôts t 
mais avant d'avoir afTez afFcrmi leur puiflàncc Us yealll* 
rcnt abufer de ce droit. 

^H^ 51 > ligne i. pour ainfi , ajout eX ditC^ 

^n^ 99 > '«»# 11, W f« , lifef, fur* 



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